RAT TRP EN ses + ro Ne ne 7h NHnTe SR 1 te = — qe Te SEL ar k OU DICTIONNAIRE. | DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS, PAR UNE SOCIÈTÉ DE GENS DE LETTRES. “4 MIS EN ORDRE ET PUBLIÉ PAR M. *** | Tantüm féries junéluraque poller, Tanrim de medio fumpris accedit honoris ! HORAT, TOME SEZIEME. TE—VENERIE (ie | PAU A NEUFCHASTEIL, Curz SAMU EL EAU LCHE& Compagnie ; Libraires & Imprimeurs. Er no Fr 4 ne tt Mae Lu. ; : re > rés À email k He x ras lan PATENT 1 ANS À ut é Mid ROUE Fe SU SN RTE RTS PE a SR ON 2 rare at LE n © © cry A M y} D: | a $ 1 C3 œ ÿ # RAR ARR RER N nee A EANUM, ( Géog. anc.) ville SE Leu À d'Italie, dans la Campanie & ke ci dans les terres | aujourd’hui TRS dE LES ee" & NA # : * Tiano. Pline, Liv. IT, ch. v. tu Étb: Er ÿ LL n d 1 d 1 5 Bee ‘| quilur donne le titre ÉCOlOnxE É MAUREE )| romaine , la furnomme Sidici- ES A , : g KOF num ; & en effet elle avoit be- bite tautechasks"f foin d’un furnom , pour pou- Voir être diftinguée d’une autre Téanum qui étoit dans la Pouille, Tite-Live , Zv. XXII, ch, lyij. Stra- bon, Gv, F. & Frortin, de Colon. l’appellent auf Tianum-Sidicinum. Quelques-uns néanmoins difent fimplement Teanum, & alors c’eft Teanum-Sidici- nur qu'il faut entendre ; car cette ville étoit beau- coup plus confidérable que l’autre, & fon nomécrit, ou prononcé fans marque diftin@ive , ne devoit pas être fujer à équivoque. Les habitans de la ville & du territoire étoient appellés Sidicini.On les trouve néan- moins auf nommés Tearenfes dans quelques infcrip- tions. Voyez le tréfor de Gruter jp. 381. n°. 1. & 389. n°.2, Teanum des Sidicins. étoit la plus grande & la plus belle ville de la Campanie après Capoue, & {ur le chemin de cette ville par Suefla Aurunca. Elle étoit célebre par fes bains d'eaux chaudes, &c Ausuite en fit une colonie romaine. 2°. Teanum , ville d’italie dans la Pouille & dans lesterres; Teanum Apulorum : & dans Strabon ; AV, WI. p. 285. Tearnum Apulum ; on la diffingue auf de Teanum dans la Campanie. Le nom national étoit Teanerfes, felon Tite-Live. On voit encore les rui- nes de cette ville à feize milles au-deflus de l’embou- chure du Tortore , anciennement le Trento. C’eft aujourd’hui un lieu nommé Gvira , ou Civirate , qui fut évêché avant l'an 1062 , maïs dont le fiege a été transféré , où plutôt uni à celui de Saint - Severo. (D: JT) TEARUS, ( Géog. anc. ) fleuve de Thrace. Pl ne, iv. I. ch. x. & Hérodote, Liv. 17. en font men- tion. Le. Tearus tivoit fa fource de trente-huit fon- reines , & fe jettoit dans l’Hebrus. Darius 4ls d'Hyf- tafpes s'arrêta trois jours furles bords de ce fleuve : ët 1l en trouva les eaux fi délicieufes, qu’il y fit dref- fer une colonne , fur laquelle fat gravée une infcrip- tion en langue grecque, portant que ces eaux fur- pañloient en bonté & en beauté celles de tous les au- tres fieuves de l'univers. ( D.J.) TEATE, ou TÉATEA, ( Géo. anc. ) ville d’Ita- Be, Ptolomée, 4v. LIL. ch, j. la donne aux Marru- cim, dont elle étoit la capitale, felon Pline , Liv. TITI, ch. xij. qui la connoît fous le nom de fes habitans ap- pellés Tearini. Silius Italicus, Ly, FAIT, y. $20. fait l'éloge de certe ville : Marrucina fémnl Trentanis emula pubes Corfini populos | magnumaue Veate trahebar. L'itinéraire d'Antonin , qui nomme cette ville Teaté-Marracinum Va marque fur la route de Rome à Hadria, en paflant par la voie valérienne. Elle fe frouve entre Interbromium & Hadria , à dix - fept milles de la premiere de ces places , & à quatorze milles de la feconde. Lenom moderne eft Tieri,aqu’on écrit plus conmunément Cher , Où Civita di Chicri, (D: TÉATE , o4 THÉATE, ( Géog.mod. ville d'Italie, au royaume de Naples, dans PAbruzze citérieure. Clément VI. Périgéa en métropole, Elle a donné le nom aux Phéatins, parce que Jean Pierre Carafe : le principal fondateur de cet ordre , avoit été éve- Tome XVI, que de Théate, &t renonça à cette dignité pour fe faire religieux. ( D. J. TEBECRIT , ( Géog. mod. ) ville d'Afrique , au royaume d'Alger , dans la province de Humanbar , au pié d’une montagne , fur le rivage de la Méditer- ranée. Quelques-uns prénnent cette. ville pour la Thudacha de Prolomée , Zv. IF ch, à. CDS) TEBELBELT , ox TABELBELT, ( Géog. mod. ) canton d'Afrique , dans le Bilédulgerid , au milieu du defert de Barbarie, à 7o lieues du grand Atlas du côte du midi, & à 34 lieues de Segelmefñe. Le chef. lieu de ce canton eftfous les 23. deg, 10, de longitude, & à 209. deg. 13, de latiude. ( D. J. TEBESSA , ( Géog. mod.) ville d'Afrique, au royaume de Tunis, fur les confins du royaume d’Al- ger, au-dedans du pays , à 55 lieues de la mer, On croit qu’elle a été bârie parles Romains, parce qu’on y voit encore des reftes d’antiquité , âvec des inf- criptions latines ; cependant la contrée des environs eft fiérile ; & tout y mangue, excepté des mûres Ët des noix. Long. 26. 48, latir. 35, 7. (D.JT.) TÉBETH, f. m. ( Culend. des Hébreux. ) dixtieme mois de l’année eccléfiaffique des Hébreux, & qua- trieme de leur année civile, qui répond en païtie à Janvier , & en partie à Février. [l n’a que 29 jours ; le {econd jour de ce mois, on finifloit l’oûave de la _ dédicace du temple purifié par Judas Macchabée see dixieme étoitun jour folemnel de jeñne » nmémoire du fiege de Jérufalem par Nabuchodonofor , la hui- tieme année du reone de Sédécias , SOI ans avant FRGPPET) TEBURT, o4 TIBURT, ( Géog. arc. ) peuple de l’'Efpagne tarragonoife, Ptolomée, Liv, /L ch. 7 leur donne une ville nommée Nemetobriga. ( D..J.) TEBZA., ( Géog:mod. )ville d'Afrique, au royau- me de Maroc , capitale dela province de mêmenom, fur la pente du grand Atlas. Elle fait du trafic en blé 5 en troupeaux ëc enlaine. ( D. J. ) ECA , ( Hif, nat. Bosan. exor. ) forte deblé qui croît aux Jndes occidentales, &c dont les feuilles-di£ ferent fort peu de celle de Porge. Le tuyau s’éleve à la hauteur de l’avoine , &le grain eft un peu plus menu que celui du feigle. Les Sauvages le moiflon- nent avant qu'il foit entierement mûr , & le font fe- cher au foleil. Ils Le tirent des épis dans le befoin Re le grillent fous les cendres. Quand il ef rôti , ils le réduifent en pâte , qu’ils portent avec eux dans leurs voyages. Elle eft extrèmement nourriflante ; enlorte qu'une petite mefure fuffit à un homme pour plu- fieurs jours. En la détrempant avec beaucoup d’eau, ils s’en fervent pour breuvage, & en font destifanes humeétantes dans leurs maladies, à-peu-près comme nous faifons nostifanes d'orge , d'avoine &de gruau. lne faut pas confondre cette plante avec le sheca, [Voyez THECA , Botan. ( D. J. | TECCALIT , {. m. ( Poids.) poids dont on fe {ert dans le royaume de Pégu ; les cent seccalis font qua- rante onces de Venife ; un giro fait vingt-cinq tec— calis , êt un abueco douze zeccalis & demi. Savary. COTE TECEUT , ox TECHEIT , ( Géog. mod. \ ville d'Afrique , au royaume de Maroc, dans la province êt {ur la riviere de Sus, dansune plaine qui abonde en dates , ea orge & en froment. Long. ®. 42. larir. 20 M2 (DENT) TECH, LE, o7 TEC, ( Géog. mod. ) riviere de France, dans le Rouffllon ; elle prend fa fource dans les Pyrénées ,au nord du Prat de Molo , en lieu qu’on appelle la Rocca ; de-là cette riviere coule du fud- . > TEC oueft , au nord-eft, 8 arrofe les bouros d'Arlas , de Ceret, del Bolo & d’Eln, d’où elle fe jetre dans le golfe de Lyon. C’eft fa riviere dont Polybe, Stra- bon , Ptolomée font mention fous le nom d’Iiberis, où Z/liberris, Mela la nomme Tichis , 6c il dit d'elle & dela Tes, que c’étoient deux petits fleuves qui de- veñnoient dangereux quand ils fe débordent : parva fumina Telis & Tichis ; ubi accrevere, perfæva, (D, J.) TECHNIQUE , ( Belles lestres.) quelque chofe qui ârapport à l'art. Woyez ART. Ce mot eft formé du grec rexmxos , artificiel, ou TePH à AE C’eit dans ce fens là que lon dit : des mots rechri- ques, Vers techniques , Ge. & que le docteur Harris aintitulc fon diétionnaire des arts & des fciences, Lexicon technique. Cette épithete s'applique ordinairement. à une for- te de vérs qui renferment les regles ou les préceptes de quelque art oufcience, & que lon compofe dans la vue de foulager la mémoire. Voyez MÉMOIRE, On fe fert de vers schniques pour la chronologie, Gc. tels font , par exemple , les vers qui expriment l’ordre & les mefures des calendes , nones, ides, Ge. Voyez CALENDES, Ceux qui expriment les fai- fons, Foyer AOUST. Ceux qui expriment l’ordre des fignes. Voyez SIGNE. Lep. Labbe compofé une piece de vers sechniques latins, contenant les principales époques de la chro- nologie , & à fon exemple le p, Buffer a mis en vers françois la chronologie &c l’hiftoire , & même la géo- AT : graphie. Les vers zechniquesfe font ordinairement en latin, ils font généralement mauvais, & fouvent barbares; mais on fait abftraétion de tous leurs défauts, enfa- veur de leur utilité : pour en donner ici une idée, 11 fufira de rapporter ces deux vers, où les cafuiftes renferment toutes les circonftances qui penvent nous rendre complices du vol, où de quelqu’atre crime d'autrui. | Juffio, confilium , confenfus , palpo, recurfus , Participans, mutus, nonobflans , nonmanifelans. Et ceux par lefquels le p. Buffier commence fon hiftoire de France: Ses loix en quatre cent Pharamond introduit , Clodion cheveln qu’ Aëtius vainquit. Mérovée, avec lui combattit Arrila ; Childeric fut chaffé , mais on le rappella. Les mots rechniques {ont ce que nous appellons au- trement zer/es de l’art. TECKI-TSYOCKU, ox TSUTSUSE, f. m. (Æif.' nat. Bot.) c’eft un arbrifleau du Japon, nomme le cifhus des Indes, à feuilles de ledum des Alpes, & à grandes fleurs de Paul Herman. Cet arbrifleau eft couvert d’une écorce verte brune ; fes fleurs font monopétales , & reflémblent à celles du martagon; leur couleur varie beaucoup; cet arbriffeau eftcom- mun au Japon, &c fait l’ornement des campagnes & des jardins ; il eft tantôt à fleurs blanches, marque- tées de longues taches rouges, tantôt à fleurs d’un violet blanchâtre, marquées de taches d’un pourpre foncé ; tantôt à petites fleurs purpurines. TECKLENBOURG., ( Géog. mod.) bourg d’Al- lémagne , dans la Weftphalie , à quatre nulles de Muniter ; c’eft le chef-lieu. du petit comté de même nom , & la un ancien château bâti fur une colline. Long. 25, 42. lat, 52, 21, (D.J.) ss TECELX, ( Géog, mod.) 1 y a trois îles de ce nom dans la mer Orientale, êc elles font partie de celle des Larrons : on les a découvertes ên 1664. .| CDI) À pce ” TECMESSE , ff. ( Mythol.) cette illufite fille de Téleutas, captive d'Ajax, & bientôt après fon épou- fe , a été immoïtalifée par Sophocle dans fon Ajax furieux. [introduit cette brincelfe, doût là Beauté étoit admirable , tâchant de détourner fon mari du defiein qu'il a de Le fier, & ilui fait tenir un dit cours fitendre 6 fi pathétique, qu'il ef difficile de n'en être pas ému; ce font les exprefions les plus vives de l'amitié conjugale, qu’elle emploie pouf toucher Ajax ; elle ini met devant les yeuxune épou- fe & un fils unique , que fa mort va reduire à l’ef clavage, & aux plus cruels affronts ; un pere &une mere qui, dans léur extrême vieilleffe , n’ont d’au- tre confolation que celle de demander aux dieux & d’etperer {on retour fortuné ; enfuite revenant en-, core à ce qui la touche: Hélas, dit-elle! phrygienne de naïflance , jadis votre efclave, aujourd'hui vo- tre époule , que deviendrai-je ? vous avez délolé toute ma maron ! là parque va m’enlever mes pa- rens; fans fecours, fans patrie, fans afyle, ilne me refte qu’un malheureux fils ! vivez pour lui, vi- vez pour moi! réduite au dernier défefpoir , je nat plus de reflource qu’en vous... (D, J. TECOANTEPEQUE , ( Géogr. mod.) ville de PAmérique feptentrionale , dans la nouvelle Efpa- gne , au g@uvernement de Guaxaca , fur la côte de la mer du Sud. Son port eft le meilleur de ceux du pays pour la pêche, Luz, 41. 55, ( D. JT.) TECOLITHUS;, m.(Æif. nar. Lisholog. ) nora donné par quelques auteurs à la pierre judaique. Voyez cesarticle, TECOMAHUCA , ou TEcomataic, £ m. ( Æif: nat. Bot, ) grand, arbre du Mexique , dont les feuil- lés font rondes & dentelées , 8&c qui porte à l’extré- mite de fes branches un petit fruit rond , jaunâtre, plein d’une fubftance femblable à celle du cotonnier.; le tronc répand une odeur aromatique & d’un goût âcre ; 1l en fort une réfine, foit naturellement , foit parincifion. Quelques Indiens défignent auffi cet ar- bre fous les noms de copalyhot, & de memayal-qua- hui. , TECOMAXOCHILT, £. m. (Botan, ) les Mexi- cains appellent ainfi une efpece d’apocyrum bâtard , nommé gel/eminum hederaceum indicum masxtmum,flore phæniceo , Ferrar. pfeudo-apocynum virginianum , alias gelfeminum maximum americantwm,flore phæniceo, Park. Il n’eft d'aucun ufage dans la médecine. Ray, hift. plant, (D.J, | TECOPAL-PITZAHUAC, f£. m. (Æiff. nar. Bot.) arbre réfineux du Mexique & de la nouvelle Efpa- gne , qui produit une réfine en larme qui tire fur le noir ; fes feuilles ne font guere plus grandes que celles de la rue, & font rangées par ordre aux deux côtés des branches ; le fruit que cet arbre porteeft fort petit, d'une couleur rougeûtre ,. aflez femblable à du poivre rond ; il croit aufli des deux côtés des branches. | : | TECORT , ou TOCORT , ( Géog. mod, ) royau» me d'Afrique, dans la Batbarie , au pays appellé le Gérid. Sa capitale lui donne fon nom. (D.J.) TECORT, où TOCORT., ( Géog. mod, ), ville d’A- frique dans la Barbarie , aux états de Maroc, fur une colline , au-bas de laquelle coule une petite riviere. Long.25.42. lat. 29413.(D.J.) TECTOSAGES, Les , ( Géog.unc. ) peuple de la Gaule narbonnoïfe ; ils faifoient partie des Y'o/ce. Strabon, 2, 17. & Ptolomée, Z. IT.c. », les érendent' juiqu’aux monts Pyrénées, 1UPOE SLR M. Samfon dit que le peuple Volcæ-Teflofages , oc- cupoit l’ancien diocèfe de Touloute, 8 encore ap- paremment celui de Carcaflonne , qui font préfente- ment, tout le haut Languedoc &c davantage. Il faut remarquer que l’ancien diocèfe de Touloufe eit au- jourd'hui divifé en huit diocèfes ; favoir Pouloufe, Lombez , Montauban, Lavaur, S. Papoul, Riez,, Pamiés, & Mirepoix, Ptolomée même comprenait =: LES parmi les! Teéfofages , le quartier dé Narbonne & le Roufillon.. : Les Teélofages étoient célebres dans les armes , 2,50 ansavant la naiffance de J, C. Lorfque les Gau- lois ; dit Tite-Live , jetterent la terreur dans toute l'Afe, juique vers le mont Taurus , les plus fameux d’entr'eux, qu’on appelloit les Teéfofages | pénétrant lus avant , s’étendirent jufqu'au fleuve Hälys, à une journée d’Angora, qui eft l’ancienne ville d’Ancyre, où ils s’établirent: Quand Manhus, conful romain, eut-défait une partie des Gaulois , au mont Olympe, al vint attaquer les Teëfofages à Ancyre , dont Pline eur attribue la fondation ; mais ils n’avoient fait'que rétablir cette ville, puifque long-tems avant leur ve- aueen Afe, Alexandre-le-grand y avoit donné au- dience aux députés de la Paphlagonie. Il eft furpre- nant que Strabon qui étoit d’Amafa , n’ait parlé d’An- cyre que comme d’un château des Gaulois. Tite-Live lui rend plus de juftice , 1l l’appelle re ville illufire. Nous voyons encore dans l’hiftoire des Teifofages en Germanie , aux environs de la forêt Hercynien- ne. Céfar dit que ces Teilofages de la Germanie étoient dortis des Zo/ce-Teélofages, de la Gaule narbonnoife. Rhenanus croit qu'ils habitoient fur la rive droite du Necker, & que l’ancien château de Teck conferve encore une partie de leur nom. Les Teüofages qui refterent dans leur patrie , fu- rent toujours confiderés , jufqu’à la prife de Toulou- fe , par Servilius Cépion , cent fix ans avant l’ere chrétienne. Ils avoient amañlé des tréfors immenfes , que ce capitaine romain pilla & emporta ; mais la pefte lempêcha, lui & les fiens, d'en profiter. (D.J.) TECTUM DISPLUVIATUM , ( Archit. rom.) “un toit en croupe ; il y avoit chez les Romains deux fortes de toits , l’un appellé d/pluviatum , lorfque le faitage allant d’un pignon à l’autre, l’eau étoit Jettée à droite & à gauche ; l’autre toit fe nommoit se//udi- zatum , parle moyen duquel l’eau tomboit de quatre côtés. Les premiers font encore appellés peéinara , parce que les chevrons qui defcendent du faitage fur fl’entablement, avoient la forme d’unpeigne. (D. J. TÉCUITLES, £. m. pl. ( if. mod.) c’eft ainfique les Mexiquains nommoient ceux qui avoient été re- çus dans une efpece d’ordre de chevalerie, où l’on n'étoit admis qu'après un noviciat très-rude & très- bizarre. Cet honneur ne s’accordoit pourtant qu'aux fils des principaux feigneurs de Pempire. Le jour de la réception, le récipiendaire accompagné de fes pa- _ rens & desanciens chevaliers fe rendoit au temple; après s’être mis à genoux devant l'autel, un prêtre lui perçoit le nez avec un os pointu ou avec un on- gle daigle; cette douloureufe cérémonie étoit fuivie d’un difcours dans lequel Le prêtre ne lui épargnoit point les injures ; il fmfloit par lui faire toute {orte d’outrages, & par le dépowiller de fes habits. Pen- dant toutce tems, les anciens chevaliers faifoient un feftin pompeux aux dépens du récipiendaire , auquel on affectoit de ne faire aucune attention ; le repas étant fini , les prêtres lui apportoient un peu de paille pour fe coucher , un manteau pour fe couvrir, de la teinture pour fe frotter le corps, & des poinçons our fe percer les oreilles, les bras & les jambes. On Le lui lafloit pour compagnie que trois vieux {oldats chargés de troubler fans. cefle fon fommeil pendant quatre jours, ce qu'ils faifoient en le piquant avec des poinçons , auflitôt qu'il paroïfloit s’afloupir. Au milieu de la nuit il devoit encenfer lesidoles, & leur offrir quelques gouttes de fon fang, ce qui étoit fuivi de quelques autres cérémonies fuperfütieufes. Les plus courageux ne prenoient aucune nourriture pen- dant ces quatre jours ; les autres nemangeoient qu’un peu de maiz , & ne buvoient qu’un verre d’eau. Au bout de ce tems le récipiendaire prenoit congé des ærètres, pour aller renouveller dans les autres tem- _ dem XFl, mu + is TE D 3 ples des exercices moins rudes à la vérité | mais qui duroient pendant un an; alors on le remenoit au pre- mier temple où on lui donnoit des habits fomptueuxs le prêtre lui faifoit un grand difcours rempli des élo- ges de fon courage ; 1l lut recommandoit la défenfe de la religion & de la patrie , & la fête fe terminoit par des feftins & des réjoufflances. Les Técuilres fe mettoient de l’or, des perles ou des pierres prérieu- fes dans les trous qu’on leur avoit faits au nez, ce qui étoit la marque de leur éminente dignité. TECULET , ( Geog. mod, ) ville d'Afrique, dans la province de Héa, au royaume de Maroc, proche de embouchure de la Diure , où elle a un petit port. Les maïfons n’y font que deterre. Long. 8. 32. larir. 30:43: (D. J) | TEDANIUS, ( Géog. anc. )fleuve de l’Illyrie , felon Pline, 2. ZIL. c, xx. & Ptolomée, 2. LT, c, æviy. Ce fleuve formoit la borne de la Japygie. Son nom moderne eft Zamagna. ( D. J.) | TEDELEZ, ( Géog. mod.) ville d'Afrique , ax royaume de Tremecen, fur la côte de la Méditerra- née , à dix lieues d'Alger. La côre des environseft extrèmement poiflonneufe, Long, 21.48. latir, 3 4.5. TE-DEUM, f.m. ( Æif. des rirs eccléfraft. ) on appelle de ce nom un cantique d’ufage dans l’églife catholique. Il.eft ainfi nommé , parce qu’il fe dit or- dinairement à la fin des matines, les jours qui ne font point fimples féries , ri dimanches de carême & d’avent ; on attribue ce cantique à $S. Ambroife ou à S. Auguftin, Au commencement du x}. fecle, on fe plaignit dans un concile que les moines chantoient le £ Deum pendant l’avent êz le carême., contre l’u- fage de l'éplife romaine; mais ils répondirent qu'ils le faifoient {uivant la regle de S. Benoît approuvée par $. Grégoire, & on les laiffa dans leur ufage, Loifel , dans fon dialogue des avocats, fait men- tion d’une fameufe caufe qui fut plaidée au parle- ment de Paris par M° Boulard & Defombres, & que l’on nomma la caufe du se Deum laudamus. Voici le fait tel qu’il eft raconté par l’auteur. Un chanoine de Chartres avoitordonné par fon teftament qu’on chan- tât le ze Deum en l’églife au jour & heure de {on en- terrement, ce que l’évêque Guillard trouva non- feulement nouveau , mais f fcandaleux , qu'il lui re- fufa ce qu'il avoit defiré, ajoutant que c’éroit une hymne de louange & de réjouiflance non convena- ble au fervice des trépañlés. L'avocat du mort foure- noit au contraire qu'il n’y avoit riea que de bon & de pieux dans cette hymne, & pour le prouver, il parcourut tous les verfets dont elle eft compofée, avec de belles recherches & interprétations dont il les orna; enfin il juftifia qu'il contenoit même une priere formelle pour les morts, en ces mots: se erga quæfumus , famulis tuis fubveni , quos pretio[o fangui- ne redemifit, Æternà fac cum fanctis tuis in glorié nu- merari. Bref, la caufe fut fi bien plaidée , que letef- tament &g le se Deum ordonné par icelui furent con- firmés par arrêt qu'on baptifa du nom deze Deurr laudamus. Le re Deum {e chante encore extraordinairement en pompe &c en cérémonie , pour rendre publique- ment graces à Dieu d’une viétoire remportée par terre ou par mer ; C’eft ce qui fit dire à une dame d’efprit du dernier fiecle, que le re Dem des rois étoit le de profundis des particuliers, Un poëte écri voit dans le même tems à ce fujet : Jaivu les nations avides de carnage, En faire un métier glorieux , Er des trifles effets de leur funefle rage ; | Aller pormpeufement rendre graces aux dieux. TEDIUM , ( Geog. anc. ) ville de l'Arabie défer: te, au voifinage de la Méfopotamie, près d'Oragana ue Ds ; | nn A GET 8c de Zagmais, felon Ptolomée, Z 77 c. xx, (D. J.) TEDLA , ( Géog. mod.) petite province d’Afri- que, au royaume de Maroc, dont elle eff la plus orientale, Elle eft abondante en blé, en huile & en pâturages. Sa capitale porte fon nom, & eft fur la riviere de Deérne. (DJ) TEDMOR,, ( Géog. mod.) Long. fuivant Abulfé: da , 62. larir, 26. dans le fecond climat. Foyez PAr.- MYRE, (D. J.) TEDNEST , ( Géog. mod. ) ville d'Afrique, au ‘royaume de Maroc, capitale de la province de Héa, fur une riviere qui l'entoure prefque de tous côtés. Les Portugais prirent cette ville en 1514, &t én fu- rent chaflés quelque tems après par le chérif Mo- hammed. Long. 10. latit. 30. 28.(D.J:) TEDSI, ( Géog. mod.) ville de l'Afrique , au royaume de Maroc, dans une plaine, à une lieue de la rivière de Sus, à douze de Tarudant, à vingt de la mer, & à fept du grand Atlas ; elle eft la réfidence dun souverneur. (D. J. ) TÉES LA, ( Géog. mod. ) petite riviere d’Angle- terre , en Yorck-Shire; elle fépare cette province de celle du Durham , & après avoir reçu la petite rivie- te de Lune , elle fe jette dans la mer. (D. J.) TEFETHNE, ( Géog. mod.) riviere d'Afrique , au royaume de Maroc. Elle a fa fource au mont Ga- belelhadi, & fe jette dans la mer vis-à-vis du cap ëêt de l’île de Magador. (D. JT.) TEFEZARA , ( Géog. mod.) ville d'Afrique , au foyaume de Tremecen, à cinq lieues eft de la ville de Tremecen. Son territoire a non-feulement des mines de fer, maïs il rapporte beaucoup de blé, & éft couvert de bons päturages. Longir 17.14. larie. 34. 45. (D. JT.) , TEFF , { m.( Hiff. nat. Botan. ) efpece de grain qui fe cultiveabondamment en Ethiopie & en Abyt- finie, & qui fait la principale nourriture des habi- tans du pays. Il eft d’une petirefle extrème, n'ayant, dit-on, que la dixieme partie de la grofleur d’un gtain de moutarde; cependant on en fait une efpece de pain qui feroit aflez bon, f l'on prenoïit plus de foin à le faire. TEFFILIN, f. m. (Æiff. judaïg.) nom que les juifs modernes donnent à ce que la loi de Moiïfe appelle totaphot ; ce font de certains parchemins myftérieux qu'ils portent dans le tems de leurs prieres, & que Léon de Modene décrit ainfi dans fon livre des cére- monies des juifs, part. I. ch. xj. On en diflingue de deux fortes, dont Pun eft la seffila de la main ; &c l’au- tre la reffla de la tête. On écrit fur deux morceaux de parchemin avec de l’encre faite exprès, & en let- tres quarrées, ces quatre pañlages de la loi ; écoure Ifraël, &c. le fecond, & il arrivera ft im obéis , Gt. le troïfième, fañéhifie-mot rout premier né, Go. le | quatrieme , 6 guand le Seigneur fe fera entrer , &c. Ces deux parchemins {ont roulés enfemble en forme d’un petit rouleau pointu, qu’on renferme dans de la peau de veau noire ; puis on la met furun morceau quarré & dur de la même peau, d’où pend une courrore auff de veau latge d’un doigt, & longue d’une coudée &z demie ou environ. [ls pofent ces seffilins au pliant du bras gauche, & la courroie , après avoir fait un pe- Ét nœud en forme de 7od, fe noue à l’entour du bras ên ligne fpirale, & vient finir au bout du doigt du milieu. Pour l’autre seffila, on écrit auffi les quatre pañfa- ges ci-deflus mentionnés fur quatre morceaux de ve- lin féparés , dont on forme un quarré, fur lequel on trace la lettre fèm ; puis on met par-deflus un autre petit quarré de veau, dure comme l’autre , d’où il fort deux courroies femblables en longueur,& en f- gure. à celle du premier teffila. Ce quarré fe met fur le front, & les corroïes après avoir ceint la tête, for- iment un nœud derriere qui approche de la lettre dz- lerh , puis elles viennent fe rendre vers leftomacà S. Jerome fait mention de ces sefflins des juifs dans. fon commentaire {ur S. Matthieu, ol eftsarlé des Phylaéteres : « les Pharifiens, dit-il, expliquant mal » ce paflage , écrivoient le décalogue de Moïfe fur » du parchemin qu'ils rouloient & attachoient fur: » leur front,'éc en fafoient une efpece de couronne à » l’entotir de leur tête, afin de les avoir toujours de= » vant les yeux». Au refte , il n'y a quedes juifs rab< binites qui fuivent cette pratique, & les Caraites leurs adverfaires les appellent par raillerie des 4nes bridés avec leur teffilin. Voyez FRONTEAU. TÉFLIS, 04 "1 AFLIS , ox TIFLIS , (Géog, mod. } en latin Acropolis Iberica, ville d'Afie, dans le Gur< giftan, que nous appellons la Géorgie, &z fa capitale. Elle eft fituée au pié d’une montagne fur la rive droïte du Kur , le Cyre, ou un bras du Cyre des anciens! qui a fa fource dans les montagnes de Géorgie, & {e: joint à PAraxe, d’où ils fe rendent conjointement dans la mer. Tiflis eft une des belles villes dePerfe , & la ré- fidence du prince de Géorgie; elle s'étend en lon= gueur du midi au nord, &c eft peuplée de perfans, de géorgiens, de grecs, d’arméniens , dejuifs, de ca= tholiques. Elle eft défendue par une bonne forterefle que les Turcs y bâtirent l’an 1576, après qu'ils fe furent rendus maitres de la ville &z de tout le pays dalentour , fous la conduite du fameux Muftafa Paz cha , leur généralifime. | Il s’y fait un grand commerce de foies, de four- rures , & de la racine appellée Po:a. "Il y a dans Te flis des bains d’eaux chaudes , de grands bazars bâtis de pierres, & des caravanferais, | Les capucins y ont une muiflion avec une maifon depuis plus d’un fiecle. La congrégation ne leur ac- corde que dix-huit écus romains pour chaque mif- fionnaire, mais ils exercent la médecine ; & quant au {pirituel, ils ont la permiffion de dire la meffe fans perlonne pour la fefvir, de la dire en toutes fortes d’habits, d’abfoudre de tous péchés, de fe dépuifer, d'entretenir chevaux & valets, d’avoir des efclaves; d'acheter & de vendre ; de donner &t de prendre à SIM ; ù intérêt. Maloré de fi beaux privileges, ces mifñion- naires ne font guere de profélytes , carle peuple . de Géorgie eft fi ignorant, qu'ils ne croyent pas mé- me que les capucins foient chrétiens, parce qu'ils ont appris qu’en Europe , ils ne jeünent pas comme à Té- fus. Auf les capucins n’ont que deux pauvrès mai- fons dans toute la Géorgie. On compté une quinzaine de mille ames dans Téflis , dont il y en a environ deux cens de catholi- ques romains. Le patriarche desGéorgiens y demeure; c’eft une ville afléz moderne. Long. 63. 45. lat, 43, ACL) TEFTANA, (Géogr. mod.) petite ville d’Afrique, au royaume de Maroc, fur la côte de l'Océan, où elle a un port capable derecevoirles petits bâtimens. C’eft l’Herculis-Portus des anciens, que Prolomée met à 7d. 30, de longitude, 6 a 30%. de latitude. (D.1J.) TEFTARDAR, f. m, serme de relation ; voyez Dsrrarpar. C’eft le tréforier des finances dans l'empire turc; il eftaflis au divan à côté du nichandoï- bacchi qui eft le garde des fceaux de Pétat. Le sefterdar, comme l'écrit Pocock,; eft en Esypte le tréforier des tributs qu’on paie fur les terres au erand-feigneur ; il n’eft nommé dans fa charge par la Porte que pour un an , maïs il eft ordinairement con- tinué plufeurs années de fuite. Cet office eft quelquefois donné à un des plus pau vres beys, pour l'aider à foutenir fon rang , &c fré- uemment à un homme qu’on croït d'un caraétere éloigné de Pintrigue , car aucun parti ne defire qu’- un homme remuant du parti oppofé, foit revêtu d’un emplos auf lucratif &e auffi important, que leftées hi du #eferdan( D, Ji), EE 2 TEGANUSA 04 THEGANUSA, ( Géogr. ane) 1ÿs Grecs écrivent ce nom patun Th: Île que Pline, fiv. LP, ch si. met dans le golfe de Laconie ;' mais qu'ilconvient deplacer dans le golfe de Meñlénie ; puifqu’elle eftfituée devant le promontoire Acritas, entre Méthone & Corone, deux villes de la Meffé- mie. Le promontoire Acritas court dans la met , dit Paufanias, Meffen. ch. +xxiv. & au-devant eflune île deferte, nommée Theganufe. Ptolomée qui écrit The ganuifz, le metipareillement dans le golfe de Meffés mie, près du promontoire Acritas, qui eft bien éloi- gne du golfe de Laconie. Le nom moderne eff Îfola a cervi,felon leP. Hardouin, qui n’a pas pris garde que Pine avoit mal placé cetteîle , que l’on appelle préfentement Venerica. CD, JT ÿ 0e | . TEGAZA ou TEGAZEL, pays d'Afrique, dans laprovincede Sondan, au levant du royaume de Sé- népa. C’eft un defert de la Lybie, plein de mine de fel. On n’y trouve qu'une feule ville de même nom, ftuée entre les montagnes de fel, & les habitations des Oulets arabes, Lars 21. 36, TÉGÉ,, (Géogianc,) Fegea , ville du Péloponnè- te, dans les terres, près du fleuve Alphée, felon Pau- fanias, qu. dit que ce fleuve fe perdoitfous terre dans le territoire-de larville de Tégée. Cette ville fut au- trefois confidérable: Polybe en: parlebeauicoup, mais # ne marque point fa fituation.Il dit dans un endroit, que Philippe partit de Mégalopolis, & pafa par Té.- gé avec fon armée, pour fe rendre À Atgos : il ra- conte, Z. ÎT. c. xvj. que Philopæmen ayant pris d'em- blée la ville de Tégée, alla camper le lendemain fur le bord de l'Eurotas. j pen Les Achéens finrent quelquefois leuraffemblée ges ncrale dans cette ville durant leur guerre contre les Lacédémoniens. Strabon, 4 Y'III. en parlant de plus feurs villes ruinées par les guerres. dit que Tégée fe foutenoit encore pañlablement. Ses habitans font ap- _pellés Tegeate. Tégée devint dans la fuite une ville épifcopale, & la notice d'Hiéroclès la met fous la mes . | tropole de Corinthe. C’eft aujourd'huiun petir bourg appellé Muchli, à 6 lieues de Napoli de Romanie ; vers le midioccidental, | + Paufanias décrit un monument élevé par Les habi- fans de Tégée à Jafius. On voit, dit-il , dans la place publique de Tégée, vis-à-vis du temple de Vénus, deuxcolonnes avec des ftatues. Sur la premiere étoit la flatue des quatre légiflateurs de Tégée | Antipha- nès, Cræfus, Tyronidas, & Pytias. Sur l’autre, on voyoit celle de l’Arcadien Jañus, monté à cheval ; Où ayant un cheval auprès d'elle, & tenant de la droite une branche depalmier. … La ville de Tégée & fon territoite faifoient partié de PArcadie , & fut fous la domination des rois ar- Cadiens , jufqu’à la fiñ de la feconde guerre de Mef. fene; enfuite [a ville de Tégée commença à former une république {éparée des autres cantons de l’Arca- die, mais nous ne favons pas combien de tems {ube fifla cette république. | Il avoit à Tégée un temple de Minerve, farnom- mée A/éa, & qui avoit été bäti par Aléus. Ce temple étoit un azyle pour les criminels de toute la Grece, êc le lacédémonien Paufanias s’y réfugia. Arifatque , poëte tragique , qui parut fur la fin de la Ixxx}. olympiade , & qui vécut un fiecle , étoit na- tif de T'égée, Plutarque fait le fameux Evhémere régéare dansfon | ouvrage fur les dogmes des philofophes ; & Meffé. nien dans le traité d'Ifis & d'Ofris. Quoi qu'il en {oït, Evhémere florioit du tems de Caffandre , roi de Macédoine , qui en faifoit grand cas. C’étoit en ‘effet un philofophe du premier ordre, qui voyagea dans une partie du monde, &-parcourut les côtes TEIGT j méridonales.de l'Océan: Himmortalifafon fo par {on hifloire factée, due le.-poëte Ernitts tradu;(t eñ latiñ. Si Pauteur intitula fon ouv: ge #iffoiré facrée ce n'efbpas qu'il érût quele fujet en fût {acré ; és il y fouténoit que les dieux n’étoient Originaifement que des hommes qu’on avoit déifiés, &il appüyoit cetté opuuon fur les infcriptions qu'il avoit trouvées dans les plus añciens temples ; mais :l employa ce titre pour s’accommoder à l'opinion reçue, . Cette hiftoire finguliere: d'Evhérmere Ju; fufcita bien des énnemis, & les Gtécs À lenvi travaillerent à la décréditer, On le furnomma l’une par excel- lence, & ce n’eft pas le feul homme qui convaineu de lPexiftence d'un Dieu , ait été accufé d’athéifine. On ne fit aucune grace à fon ouvrage, & l’on empéz cha fi bien de paroîtré un monument qu''anéantifloit la religion dominante, que ni Voriginal , ni la trad PROMIS 1e adu= éuon d'Ennius n’ont pañlé jJufqu’à nous, | Ce n’eft pas qu’il faille ajouter foi aux infériptions d'Evhémere, Il les avoit fäns doute fabriquées lui même ; c’eft dumoins ce qui paroît en particuker de celles du temple de Jupiter Triphylien, qu’ilttouà va dans l'ile de Panchée ; ile cui n’a jamais exiflé dans le monde, comme Eratofthene le prouva de-fon tems, Voyez PANCHÉE, Géog. ane, COHEN Lx TEGGIAR-TZAIR , (Géogr. mod.) botte de Na: tolie , célebre dans l’hiftoire turque & chrétienne, parce que Mahomet IT, y finit fes jours en 1481. Pers fonne n’ignore que c’eft un des plus grands conaue- trans dont l’hiftoire fafle mention. I1 a fignalé fon ré- gne par la conquête de deux empires, de douzé royaus mes, & de deux cens villes confidérables. C’eft ainfi qu’il a mérité les titres de grand » & de pere de La pic soire ; titres que les Turcs lui ont donnés pour le dif tinguer de tous les autres fultans, & titres que led chrétiens même ne lui ont pas conreftés, : . Quoique d’un naturel fou pueux &c plein d’une am bition démefurée , il étoufà cette ambition, & écouta le devoir d’un fils quandil fallut rendre letronie qu’A2 murat fou pere lui avoit cédé, Il redévint deux fois fujet fans exciter le moindre trouble ; 6tc'eft un fait unique dans l’hiftoire, Les moines ont peint ce Stand conquérant comme un barbare infenfé , qui tantôt coupoit la tête À une maîtrefle qu'il aïmoit éperduement pour appaïer les murmures de fes foldats , tantôt faifoit ouvrir le ven» tre à quelques-uns de fes ichoglans pour découvrir qui d'eux avoit mangé un melon : toutes ces fables {ont démenties par les annales türques, Ce qui montre évidemment, dif M. de Voltaire , maloré les déclamations du cardinal Ifidore & de tañt d’autres, que Mahomet étoit un prince plus fage & plus poli qu'on ne le croit, c’eft qu'il Jai aux chré- tiens vaincus la liberté d’élire un patriarche. Il linf talla lui-même avec la folemnité ordinaire : 1l Jui don: na la crofle & lanneau que les empereurs d'Occi: dent n’ofoient plus donner depuis long-tems: & s'il s’écarta de Pufage, ce ne fut que pour reconduire jufqu'aux portes de fon palais le patriarche élu , nom: me Gennadins | qui lui dit « qu'il étoit confus d’un » honneur que jamais les empereurs chrétiens n°2 » voient fait à fes prédécefleurs. Cependant toutes : les belles a@ions de ce grand monarque ont été con: tredites où diffimulées par la phipart des hifforiens chrétiens. Gar il n’y a point d’opprobre ou de titres outrageux dont leur plume n’ait voulu térnir [a mé» moire de ce prince, j Souverain par droit de conquête d’une moitié de Conftantinople sil eut l'humanité ou la politique d'offrir à l’autre partie la inême capitulation qu'il avoit voulu accorder à la ville entiere ; 6c 1] la garda religieufement, Ce fait eff fi vrai , Qué toute les églis fes chrétiennes de la baffesville furent confervées juique fous fon petit-£ls Séim > Qui en fit abaitre tiques. I aimoit la cifelure, la mufique , & la pein- avoit récompenfé Apelles, par des dons &c par fa dûe, dit que quelques habitans de Kamtchatka lui 5 REG plufieurs. On'les appelloit les mofquées 2’Iffevr. TRévi ft enturc.le nom de, Jéfu. Ajoutons à fa gloire. qu'il fut le premier fultan qui goûtades arts & les fciences, 8t qui les ait ché- æies,. Il étudia l’hiftoire , l entendoit le latin, 1l par- doit le grec, arabe , le perfan ; il favoit ce qu’on pouvoit favoir.alors de géographie &e: de mathéma- ture avec pafñon. 11 fit venir de Venife à Conftantinople le fameux gentil Bellino, & le récompenfa comme Alexandre familiarité. Il lui fit préfent d’une couronne d’or, d’un colier d’or, de trois mille ducats d'or, & le ren- YVoya avec honneur, Îleût peut-être fait fleurir les arts dans fes états S'il eût vécu davantage ; mais il mourut à 52 ans, & Horfquil fe flattoit de venir prendre Rome , comme ilavoit pris Conftantinople. Depuis fa mort la lan- gue greque. fe corrompit, & l’ancienne patrie des Sophoctes & des Platons , devint bientôt barbare, (D. JT.) TEGLIO , ( Géog. mod. ) gouvernement dans la Valteline, dela dépendance des Grifons; il eft divifé entrente-fix petits départemens, ( D. J.) _ TEGORARIN, ( Géog. mod.) pays d'Afrique, dans la Barbarie, au Bilédulgérid; il contient plu- fieurs villages, &les caravanes s’aflemblent dans les uns ou dans les autres, pour traverfer les deferts de a Lybie; le bourg ou village principalprend le nom du pays. Long. 21.18. laut. 30. (D. J.) TEGTEZA, (Géog. mod.) ville d'Afrique, au royaume de Maroc, fituée fur une montagne fi roi- de, qu'on n’y peut monter que par un fentier fort étroit, & pat des degrés creufés çà &c là dans le roc. Ses habitans paflent pour les plus grands voleurs du pays. (2. J.) TEGULCHITCH , (Hif. nat. anim.) Ceft une efpece de rats qui fe trouvent en abondance dans la peninfule de Kamtchatka ; ils font d’une couleur brune & de la groffeur de nos plus gros rats d'Euro- pe; ils en different néanmoins par leur cri, qui ref- femble à celui d’un petit cochon. Ces rats amaflent pendant l'été des provifions deracines dans destrous, qui font divifés en compartiment ; ils kes en tirent pour les faire fécher au foleil lorfqu’il fait beau ; pen- dant cette faifon ils ne fe nourriflent que de fruits, fans toucher à la provifon deftinée pour l'hiver. Ces rats changent d’habitation comme les hordes errantes des Tartares; quelquefois ils quittent le Kamtchatka pour plufeurs années; ce qui alarme beaucoup les habitans , qui croient que leur retraite annonce une année pluvieufe & défavorable à la chaffe. Ces rats partent communément au printems; ils fe raffemblent alors en très-grand nombre, diri- gent leur route vers l'occident ; ils traverfent les ri- Vieres, & même des bras de mer à la nage; lorf- qu'après avoir long-tems nagéils atteignent les bords, ils tombent fouvent de laflitude , & Fon diroit qu'ils font morts; mais peu-à-peu 1ls fe remettent êc con- tinuent leur marche. Leur troupe eft quelquefois fi nombreufe , que les voyageurs font obligés d’atten- dre deux heures que cette armée de rats foit pañlée. M. Kracheninicof, à qui cette defcription eft ont afluré que ces rats en quittant leurs trous, ont foin de couvrir d'herbes venimeufes les provifions qu'ils y ont amaffées ; ils le font pour tuer les autres rats Où animaux qui pourroient venir les voler en leur abfence. Lorfque par hafard ils trouvent qu'on leur a enlevé leur magañn, & qu'il ne leur refte plusrien pour fubffter, ils ont linftin@t de s’étran- gler.en preflant leur cou entre des rameaux four- chus. Ces rats font resardés comme de fibon au- Gc, On a aufli donné le nom de seigne aquatique à gure pat des habitans, aw’ils ont foin de leur mettre de quoi fe nourridans leur trou quand ils en décou- vrent par hafard. TEGUMENT,[, m.rerme d’ Anatomie , qui fe dit des peaux ou membranes qui couvrent le corps, comme font leépiderme , la peau , le panmicule char- nu, 8 la tunique réticulaire, f tant eft qu’elle exi- Îte, Voyez PEAU , EPIDERME , PANNICULE, 6:c: Ce mot eft compoié de segumentum,, de tego, je couvre On donne aufli le nom de ségument, aux mem- branes particulieres qui enveloppent «certaines par- ties du corps; par exemple, aux tuniques de l'œil. Voyez MEMBRANE, TUNIQUE, ŒIL, Gr. TEGYRE, Tegyra, ( Géog. anc.) ville de la Béo: tie; Plutarque femble marquer la fituation de cette ville vers le mont Ptoon , entre le lac Copæs, & l'Euripe ; il y avoit à Tegyre un oracle d'Apollon, (D. J.) | TEHAMA , ox TAHAMAH, ( Géog. mod. ) con- trée de l’Arabie-heureufe , fur le bord de la mer Rouge. Elle eft bornée au nord par l’état du shérif de la Mecque; à l’orient par le pays appellé Chau- lan ; au midi par le territoire de Moka. (D. J.) TEHEBE , ( Géog. mod. ) village du royaume d'Ormus , du côté de l’Arabie ; il-eft bâti dans une. ouverture de ces affreux rochers qui y-regnent le long de la mer. Il entre dans cette ouverture une eau claire qui forme un canal fi large, que les bar- ques d’une grandeur médiocre y peuvent rarrivet commodément. Ce lieu ne contient qu’une centains de cabanes bâties de terre & de bois, habitées par quelques arabes du pays; cependant entre les ou= vertures étroites de ces rochers, on découvre quan- tité de palmiers , d’orangers, &c de citronniers , qux portent des fruits pleins de jus. (2. J.) TEICHMEIER , ( ORBICULAIRE DE) , Tegh“ meier médecin & profefleur d’Anatomie, de Chi- rurgie , & de Botanique dans luniverfité de Gènes, parle dans fes élémens d’une antropologie d'un of- {elet de l’owie, lenticulaire , qu'il prétend avoir découvert Le premier dans la tête d’un veau, entre l'articulation du marteau avec l’enclume , & qui porte fon nom. Caffebohom dit lavoir obfervé une fois dans l’oreille humaine. Voyez OREILLE. TEICHOPŒUS ,f. m. ( Antig. grecq. ) reemrobos magiffrat d'Athènes , chargé de prendre foin des murs de la ville ; le nombre de ces fortes de magiftrats étoit égal à celui des tribus; car chaque tribu en nommoit un, Potter, Ærchæol. grec. 1. I. pag, 84, (D) TEIGNE, f. f. sinea, ( Hiff. nas. ) infeéte du genre des chenilles , qui fe fait un fourreau , &c qui fe méta- morphofe en phalene. Il y a un trés-grand nombre de différentes efpeces de seïgnes ; les unes font do- meftiques , & fe trouvent fur les habits, les tapife- ries, & en général, dans toutes les étoffes de laine 8 dans les pelleteries ; cette efpece n’eft que trop con- nue par les trous qu’elle fait dans les étoffes, non- feulement pour fe nourrir, mais encore pour fe for- mer un fourreau de poils ou de laine, dont elle chan- ge plufieurs fois, à mefure qu’elle groffit. D’autres tigres reftent fur les arbres ; elles fe tiennent collées fous les feuilles, & elles fe nourriflent de la fubftan- ce qui eft entre la membrane fupérieure êr la mem brane inférieure des feuilles; elles fe font avec les membranes un fourreau qui eft de couleur de feuille morte, & quia différentes figures, felon lefpece de teignes qui a formé. On trouve de ces teignes fur beaucoup de plantes, & principalement fur le ché- ne, l'orme, le rofer , le poirier, é:c. Il y a auff des teignes aquatiques qui fe nourriffent &e qui fe font un fourreau avec les feuilles des plantes qui croïffent dans l’eau , comme le potamogeton, la lentille d’eau, # ne PISE. une efpece de ver qui fe trouve dans les ruifleaux, “&t qui fe fait un étui ou-fourreau de grainsde fable, de morceaux de bois, &c. On l'appelle charrée. Poe: CHARRÉE. Cetinfeéte n’eft point du genre des ei gness, 8tau lieu de fe transformer en phalene, il fe change en une-mouche à quatre ailes. I1 y a desel- peces de sexgnes qui reftent fur les murs, & qua for- ment leurs fourreaux de petits grains de pierre. Line térieur du fourreau de toutes les efheces de Lignes, eff tapiifé de doïe que l’infedte file, On trouve fur Les tiges & fur les branches des arbres des seignes qui fe nourrifent. des plantes parafites qui y croiflent , tels que le lichen, & qui s’en font un fourreau. Mém. pour fervir à L'hifl. des Infeëtes , par M. de Réaumur, tome IIT, Voyez INSECTE. | Fauffe-teigne ; M. de Réaumur a donné ce nom À des infeétes qui fe font un fourreau comme les teignes, mais qui en different en ce qu'ils ne traînent pas leur fourreau avec eux comme les seiones. Il ya beaucoup de différentes efpeces de funffes-reignes ; les principa: les & lesmieuxconnues font celles des abeilles & du blé; celle-cicaufent beaucoup de dommage dans les gremierss elles fe font un fourreau de plufieurs grains de blé qu’elles attachent les uns aux autres avec de la foie qu’elles. filent , & elles fe nourrifient de la farine que contiennent cés' grains. On trouve dans les ruches des abeïlles des fzuffes-teignes | elles mangent la cire des alyéoles quine contiennent point de miel. Souvent ces infeétes obligent les abeilles À changerderuches par les dégâts qu’ils font dans leurs gâteaux ; ils r’attaquent point les alvéoles où il ya du miel. Mém pour fervir à Phiff. des infeëtes , par M. de Réaumur, some LIT. Voyez INSEOTE. THIGNE , LÉ dinea , (serme de Chirurgie. ) mala- die appelée par les auteurs arabes fahafari > St qui reflembleaux achores. Voyez ACHORE. La signe eft une forte de lepre, Les auteurs en comptent ordinairement trois efpeces ; favoir, une Jeche, une humide & une lupineufe; mais qui ne font ene ffet que divers decrés de la même maladie. Foyez LEPRE. | Turner définit la zeigne,un ulcere qui vient à la tête desenfans par une humeur vicieufe, corrofive , ou faline ; & qui rongeant les glandes cutanées en dé- truit avec le tems le tiflu. | | Cette maladie eft appellée signe , parce qu’elle reffemble auxtrous que fait au papier , &c. l’infe&e qui porte le même nom: Dans le prermer état la peau eft couverte d’une matiere blanche leche, crouteufe ou écailleufe. Dans le fecond état , elle paroît ore- nue. Dans le troïfieme, elle eft ulcérée. | Les remedes'internes propres pour la teioze, font les mercuriaux, les purgatifs convenables ; les'adou- ciflans. La falivation , fur-tout par les onétions mer- curielles, a quelquefois réuffi, après que les-autres méthodes s’étoient trouvées inutiles. Les remedes externes dont, les fomentations avec les racines de patience , d’anftoloche , de raphanus rufticanus, d'abfynthe, &c. bouillies dans l’eau > CC exprimées, uxquelles on ajoute l’efprit-de-vin camphré, &c. des linimens avec le lard , des onguens avec le préci- pité blanc &c le foufre pulvériié ; ou avec la poudre de vitriol romain & de vitriol blanc, le précipité rouge, &c, Le On traite de la reigne, &avec fuccès , une quan- tité de pauvres enfans à Phôpital.dela Salpétriere:; On ne fait point ou fort peu d'ufage de remedes in- tétieuts : on.emploie un emplôtre très-agolutinatif,, Qui ne s’arrache qu'avec peine , & qui enleve là ra- cine des cheveux ; lorfaw’on a empotté les cheveux des'endroits affe@és , On guérit les malades avec un oneuent defficatif doux. Par cétraitément on déracine le mal avec sûreté. -L’extra@ion des. cheveux, déchire:le bulbe &: lafle _ donner la confiftance d’onguent, (7) HE Ï 7 couler FPhumeut âcre qui y féjourne, & qui eft la caufe du mal, Il eft aflez ordinaire que les malades guériflent avecune dépilation, ce qui attire quelque- fois des reproches au chirurgïen ; de forte ; dit Paré, que plufieurs ont laiffé là cure aux empiriques 6€ aux femmes, On réufit quelquefois À détruire en apparence cette maladie par les remedes defficatifs, que les empiriques & les femmelettes n'ignorent Point ; mais on trouve dans les auteurs.une infiniré d'exemples qui doiventfaire prendre des précautions pour éviter la fuppreffion indifcrete dé l’humetr de la signe. Les faignées ,-les purgations, les fondans mercuriaux , les cauteres cles véficatoires en dé- tournant cette humeur fupprimée, peuvent garantir le genre nerveux de fa malignité, Anbroïfe Paré propofe , d’après Jean Deviso , un onguent'qu'1l dit être fouverain pour la puérion de la signe : en voici la compofition. Prenez hellébore blanc &c noir, orpiment, litharge d’or, chaux vive ; vitriol, alun , noix devalle, fuie & cendres ETAVe=- lces, de chacune demi-once : vif argent éteint avec un peu de térébeénthine & d’axongée , trois onces : verd-de-gris, deux gros. Pulvérifez ce qui doit l'être ; puis prenez fucs de bourrache , de {cabieufe , defu- meterre, de lapatum &e de vinaïiore, de chacun cin Onces , & vieille huile , une livre. Faites bouillir juf- qu’à la confomption des fucs ; fur la fn de la cuiflon On mettra les poudres , en ajoutant une demi-once de poix liquide & autant de cire qu'il en faudra pour Le doëteur Cook, médecin anglois, propofe un remede fort fimple pour la guérifon de cette mala- die: c’eft de mettre quatre onces de vif argent très- pur dans deux pintes d’eau ; de faire bouillir le tout dans un pot de terre vernifié, jufqu’à rédution de la moitié de l’eau; & de conferver cette eau dans une bouteille pour l’ufage , qui confifte À s’en frotter la tête, Cette même eau peutauffi être employée tant intérieurement qu’extérieurement pour détruire les vers, pour faire pañler toutes les éruptions de la peau, pour guérir les ulceres, & pour purifier le fans. # TEIGNE , ( Maréchal.) maladie des chevaux dif. cile à guérir, Elle confifte dans une Pourriture puante qui leur vient à la fourchette. Voyez FOURCHETTE, TBIGNE, {. £ ( Charpenr.) les ouvriers en bois 29. pellent signe une maniere de pale qui vient fur l’é- corce dubois; plufeurs d'eux écrivent 8 prononcent tigne pour joujfe. (D. J.) TEILLE, { £ (Jardinage. ) eft une enveloppe qui. couvre le bois des arbres , laquelle eft ordinairement épaifle , avec beaucoup de fentes ; & dé couleur cendrée, TEILLER,, v.a@. ( Econ. ruft.) c’eft détacher le chanvre ou la filafe, Poyez larricie CHANVRE. TEINDRE, v. ad. (Gran) c’eft porter fur une fubflance quelconque une couleur artificielle. On teint prefque toutes les fubftances de la matiere ; les pierres, les cornes, les cheveux, les laines >les bois, les os, Les foies, 6e. Voyez l'arsicle TeiNturr. TEINT , £ m. (Gram.) il {e dit de la couleur de la peau du vifige. Une femme alle seine beau lorfque . fa peau eft d’un blancéclatant » & quefesjoues font d'un rouge vermeil, . DENT, dm, (Teizture.) l'art de teindre par rap- port aux étoffes de lainerie fe diffingue en France en grand 8 bon sent, & en petit reins. Le grandrez#t et celui ohilne s'emploie que les meilleures drogues , êt celles qui font dés couleurs aflurées. Le petit rein eft celur où il eft permis de fe fervir de drogues mé- diocres, & qui font de faufles couleurs. Les plus ri- ches étoffes font deftinces augrand seint, &tles moin dres Ont refervées pour le petit sie. Le bléu, Le rouge.& lejaune appartiennent par préférence au 8 Ti ET grand rcint ; le fauve &c le noir font communs au grand &t au petit wir. (D. J.) TEINT , mettre une glace au reint, en rermes de Miroitiers, Ceft mettre une lame ou feuille d’étain derriere la glace, & appliquer enfuite du vif-argent deflus ; au moyen de quoi l’on voit les objets dans la glace du miroir. Voyez GLACE, MiROïR, VERRE- RIE. | TEINTE, f. £. (Teinr.) nuance de couleurs , mé- lange de plufeurs couleurs pour en compofer une qui imite celle de l’objet qu’on veut peindre. C’eft de l'expérience qu’on apprend fingulierement ce qui re- garde le mélange des couleurs, & ce qu’elles font lesunes avec les autres. C’eft cette même expérience qui nous enfeigne la maniere d'appliquer les cou- leurs pour donner du relief aux figures, pour bien marquer les jours,les ombres & les éloignemens. Le grand fecret de la peinture confifte à bien donner les teintes & les demi-rerntes. ? On appelle demi-teintes \| un ménagement de lu- miere par rapport au clar-obfcur, ou unton moyen entre la lumiere & l’ombre. La déoradation des cou- leurs fe fait par ces nuances foibles & bien ména- gées du coloris qu’on appelle deri-ceinte. On nomme sente vierge , une feule couleur fans mé- lange d’aucuneautre. (D. J.) TEINTÉ papier, ( cerme de Papetier. ) ils nom- ment papier teinté, du papier fur lequelonajetté une couleur légere , pour en ôter Vâcreté du blanc , qui nuit fouvent à un deflein ; ou plutôt pour avoir oc- cafon de rehaufler ce deffein avec du blanc dans les parties qui étant fuppofées le plus en avant, doivent recevoir toute la lumiere. Cette derniere pratique rend ce qu’on a voulu exprimer d’un grand relief ;. & le fait paroître lumineux. (D. J.) TEINTURE, f. f. art de porter des couleurs fur la plüpart des fubftances de lanature , & des ouvra- :ges des hommes. La seinsure des draps , étoffes de laine, foie, fil &z coton, étant un objet des plus intéreflans pour le commerce, on donnera en commençant le détail de cet art les noms des couleurs , nuances, pour les draps , étoffes de laine , poil, de foies &c cotons ; enfuite le détail des ingrédiens employés dans les différentes teirtures , leur origine, culture, nature, qualité , efpece , leurs propriétés & leur ufage, les cas pour la déterminer &c fixer l’ufage, de même que celui del’interdire. Après quoi on expliquera Le mé- chanifime ou la main-d'œuvre de la seinrure, de même que les termes employés par les ouvriers, les outils, uftenfles, &c. dontils fe fervent, &c enfin la théorie phyfique de toutes les sinures en général. La seinrure eft compofée de cinq couleurs matri- ces où premietes , dont toutes les autres dérivent ou font compofces. Ces couleurs font le bleu , le rouge , je jaune , le fauve êc le noir. Les couleurs qui dérivent des cinq couleurs pre- mieres font : Alize. Amaranthe cramoifie. . Amarante commune. Ardoïfe cramoifie. Ardoife ordinaire. Aurore fin. | Aurore de garence. Bleu naïflant. Bleu mignon. Bleu turquin. Bleu de roi. Bleu pers. Bleu d’enfer , fleur de guefde aldeso. Bleu en général, Cannelle. Bleu beau. Cannelle cramoïfe. Bleu brun. Céladon, . Bleu célefte. Cerife. Bleu clair. Chamois. Bleu mourant, Citron. Bleu pâle. Colombin cramoifi. Bleu blanc, Colomhbin commun. TÆT Cramoïift. Demi-cramoifi. Ecarlate. | : Ecarlatte ancienne , dite de France ou des Go- belins. EÉcarlate cramoïfe. Ecarlate d'Hollande. Ecarlate incarnate cCra- moifie, Ecarlate pourpre. Ecarlate rouge. Ecarlate violette cramoi- fie. Fauve en général. Fauve couleur de racine ê&t de noïfette, Gc. Feuille morte. Fiamette cramoïlie. Fleur de grenade. Fleur de lin cramoïfie. Fleur de pécher. Fleur de pommier. Gingeolin. Gris en général, Gris argenté cramoifi. Gris argenté commun. Gris-blanc cramoifi. Gris-blanc commun. Gris-brun cramoifi. Gris-brun commun. Gris d’ardoile cramoïifi. Gris d’ardoife commun. Gris d’eau. Gris de breda. Gris de caftor. Gris fleur de lin cramoi-. fie. Gris fleur de lin commu- ne. Gris de lin cramoïfi. Gris de lin commun. Gris de lin fylvie. Gris de maure. Gris de mouron. Gris de perle. Gris de ramier cramoïifi. Gris de ramier commun. Gris de rat. Gris de fauge. Gris de fouris. Gris d'ours. Gris lavandé cramoifi. Gris lavandé commun. Gris merde d’oye. Grisminime ou gris noir. Gris pain-bis cramoïfi. Gris pain-bis commun. Gris plombé cramoifi. Gris plombé ordinaire. Gris fale. Gris fur brun cramoïfi. Gris fur brun commun. Gris tanné. Gris verd. Gris vineux cramoifi. Gris violent cramoïfi, Gris violent commun. Gris violet commun. Incarnadin, Incarnat cramoifi. Incarnat de garence. Ifabelle. Ifabelle de garence, Jaune en général. Jaune de graines. Jaune doré. Jaune d’or de garence: Jaune pâle. Jonquille. More doré. Mufc. Mufc minime; Nacarat. Nacarat de boutre. Nacarat de garence. Noir. Noïifette. Olive. Orangé de garence. Orangé fin. Orfeille. Pañle-velours cramoif. Pelure d’oignon. Penfée cramoifie. Penfée commune. Poil de bœuf, Poil d'ours. Ponceau fin. Ponceau de bourre de ga- rence. à L Pourpre cramoifi. Ratine ou ponceau com- mun. Rouge brun. Rouge cramoifi. Rouge de bourre. Rouge flamette. _ Rouge incarnat. Rouge nacarat ou de bourre. Rouge ordinaire dit de garence. | Rofe cramoife, Rofe feche cramoifie. Rofe feche commune. Soufre. Soupe en vin cramoife. Sylvie. Tanné cramoifi. Tanne commun. Triftamie cramoifie. Triftamie commune. Tuile. Ventre de biche. Verd. Verd brun. Verd céladon. Verd de choux. Verd de laurier. Verd de mer. Verd d'herbe. Verd d’œillet. Verd d'olive. Verd de Perroquet, -Verd de pomme. Verd gai. Verd d'herbe. Verd jaune. Verd moleauin. Verd naïffant. Verd obfcur. Verd roux. Violet cramoifi. Violet commun. Après la diftribution de toutes les couleurs êc nuanécs CE: L atances fuit Le nom de tous les ingrédiens colorans &non-colorans, qui entrent dans la seiryure. Agaric. _ Alkermès ou vernullon, même chofe que le _ pañftel ou graine d’é- carlate. Alun. Alun de roche ou de Ro- me, Amidon. Ârlenic. Bois de Bref. Bois de campêche. Bois de fufter.. Bois d’Inde & cuve d’In- de: , L Bois jaune. Boue. Bourre ou poil de che- _ vre. Caffenolle, Cendres sravelées. Cendres communes, Cendres cuites. Cendres vives, Cérufe. | Cochenille maeftrek ou pure cochenille. Cochenille campétiane, €ochenille mefteque. Coucoume ou terra me- rita. Coques de noix, Chaux. Couperofe. Fau-forte. Eaux de galle, Eaux füres. Ecorce d’aulne. Ecorce de noyer, Efprit-de-vin. Etain. Farine de blé. Farine de pois. Fenu-grec. Feuilles de noyer. Fovic ou rodoul. Fuftel. | Galle d’épine d'Alep ou d'Alexandrie, Garence. Garouille. Gaude. Geneftrolle. | Graine d’écarlate, demi- “graine, É:c. autrement dit vermillon. Gravelle, Guefde, Indigo. Limarlle de fer ou cuivre, huile d'olive, Malherbe, Moulée destaillandiers & émouleurs. Orcanette. Oreille, Paftel. | Paftel d’écarlate, qui eft le pouflet de oraine d’écarlate ou du ver- millon. Potafe ou foude. Racine de noyer. Réagal Où arfenic. Rocou ou raucour. Rodoul. Roudol vieux, Safran bâtard, autrement dit fafranboure, Salpêtre. Savette. Savon blanc. Savon noir. Sel armoniac. Sel commun, Sel de tartre, Sel gemme. Sel minéral, Sel nitre. / Sommail où fumach vieux , qui a fervi à pañer les marroquins. Soude ou potañe, | Soufre. Sublimé. Son. Sumach. . Suie de cheminée, Suveftre. Tartre. Terra merita. Teftale,. Tournefol. ‘Trentanel,. Verdet ou verd-de-pris. Vermillon, c’eft le pañtel & la graine d’écarlate, Urine. Urfolle ou orfeille. Vouede. Vinaigre. De tous les ingrédiens , les uns font colorans , les autres ne le font pas. Les derniers ne fervent qu’à difpofer les matieres à recevoir les couleurs qui leur font imprimées par les ingrédiens colorans , ou pour en rendre les couleurs plus belles & plus afürées. Pour affürer une perfetion conftante dans les tentures de laines , les anciens & les nouveaux re- _glemens ont diflingué deux manieres de teindre les laines ou étoffes, de quelque couleur que ce {oit. Lune s'appelle sindre en grand & bon teinr, L’autre ; teindre en petir où faux teint. La premiere confifte À employer des drogues ou ingrédiens qui rendent la couleur folide, enforte qu'elle réfifte à Pation de l'air, 8 qu’elle ne foit que difficilement tachée par les Hiqueurs âcres ou corrofives : les couleurs du pe- tit teint au contraire fe paflent en très-peu de tems Tome XVI, F4 tr Ur DEL, ‘4 à l'air , & fur-tout fi on les eéxpofe au foleil » & la plüpart des liqueurs lestachent, de façon qu’il n’eft prefque jamais pofñble de leur rendre le premier éclat, | On fera peut-être étonné qu'y ayant un moyen de faire toutes les couleurs en bon teint, l’on per- mette de teindre en petit teint ; mais trois raifons font qu’il eft dificile , pour ne pas dire impofñfble, den abolir l’ufage. 1°. Le travail en ef beaucoup plus facile ; la plûpart des couleurs & des nuances $ ‘qui donnent le plus de peine dans le bon teint , {e font avec une facilité infinie en petit teint. 2°. La plus grande partie des couleurs de petit teint {ont plus vives & plus brillantes que celles du bon teint. 3° - Et cette raifon eft la plus forte de toutes , le pe- tit teint fe fait à beaucoup meilleur marché que le bon teint. Quand il ny auroit que cette derniere raiOn, on jugera aifément que les ouvriers font tout ce qu'ils peuvent pour fe fervir de ce genre de sei7- ture préférablement à l’autre : c’eft ce qui a déter- miné le gouvernement à faire des lois pour la diftine- tion du grand & du petit teint. Ces lois prefcrivent les fortes de laines & d’étoffes qui doivent être de bon teint, & celles qu'il eft per- mis de faire en petit teint. C’eft la deflination des laines filées & le prix des étoffes qui décidént de la qualité de la seirture qu’elles doivent recevoir. Les lainés pour les canevas &r les tapiferies de haute & bafle-liffe , & les étofles dont la valeur excede de quarante fols laune. en blanc, doivent être de bon teint. Les étoffes d’un plus bas pux , ainf que les laines grofieres deftinées à la fabrique des tapiferies, appellées Sergame &t point d'hongrie , peuvent être em petit teint. Tel étoit l’efprit du réglement de M. Col. bert en 1667 ; & c’eft fur le même Principe qu'a été fait celui de M. Orry » Contrôleur-général des finan- ces en 1737. On y a éclairci un grand nombre de dificultés qui nuifoient à l'exécution du premier, & on y eft entré dans le détail qui a été jugé néceflaire pour prévenir, ou au-moins pour découvrir toutes les prévarications qui pourroient fe commettre. C’eft pour ces mêmes raifons que les Teinturiers du grand & bon teint font un Corps féparé de ceux du petitteint , & qu'il n’eft pas permis aux uns d’em- ployer , ni même de tenit. chez eux les ingrédiens affe@tés aux autres. Il y a dans le royaume une troi- fieme communauté , qui eft celle des Teinturiers en foie, laine & fil. Ceux-ci ont la pernuflion de faire le grand & le petit teint : mais cette communauté forme trois branches , dont l’une eft pour la foie, la . feconde pour la laine filée, &r la troifieme pour le fil. Le teinturier qui a opté pour un de ces trois gen- res de travail, ne peut faire que ce qui eft permis à ceux.de fa branche : ain celui qui a opté pour le | 'ravail des foies , ne peut teindre m la laine filée ,ni ‘le fil: il en eft de même des auttes. Le teinturier de cetté troifieme communauté , qui a choif le travail des laines filées , peut avoir chez lui les inprédiens du grand &'du petit teint; mais il ne lui eft pas permis de faire ufase de ceux affeétés au petit teint, que fur les laines groffieres dont on vient de parler. Quoique , fuivant les ordonnances, il.ne {oit pas permis aux teinturiers du grand & bon teint d’avoir chez eux des ingrédiens affectés aux teinturiers du petit teint, & à ceux-ci d’avoir des ingrédiens affec- tés aux teinturiers du grand & bon teint; néanmoins il eft de ces mêmes ingrédiens affedtés & communs aux deux corps féparés, tels que la racine, écorce & feuille de noyer, brou de noix » garouille:, galle, fumach:, rodoul, fovie & couperofe: mais les tein- turiers du grand & bon teint ne doivent-tenir que fort peu de ces quatre derniers ingrédiens , & feu- lement ce qui peut leur être nécelaire pour quel- | que légere bruniture, qu'il leur ef loifible de don B ; 0 s'TRENE neraux couleurs , qu'il leur feroit difficile d’aflortir autrement à leurs nuances; fans qu’il leur foit per- mis d’en diminuer pour cela le pié néceflaire, qui doitêtre toujours auffi fort que celui des échantillons parfaits qui doivent fervir de pieces de comparailon. Les drogues non colorantes , ou qui ne donnent point de couleur fervant au bon teint , font l’alun, le tartre ou la gravelle, l’arfenic, le réagal, Le fal- pêtre, fel nitre, fel gemme, fel ammoniac, fel com- mun, fel minéral, fel ou cryftal de tartre, agaric, efprit de vin, urine, étain , fon , farine de pois ou de froment, amidon, chaux, cendres communes, cendres recuites & cendres gravelées. Toutes ces drogues fervant à difpofer les étoffes pour attirer la couleur de l’ingrédient colorant, &c rendre les couleurs plus belles & plus aflurées, doivent ètre défendues aux teinturiers du petit, où elles ne fervi- roient que de contravention. Les drogues colorantes qui doivent être em- ployées par les teinturiers du grand & bon teint,font le paftel, voüede, graine d’écarlate ou kermès, co- chenille, garence, gaude , farette, indigo, orcanet- te, bois jaune ,catriatour, géneftrolle, fénugrec, brou de noix , racine de noyer, écorce d’aulne, noix de galle, &c. Les drogues colorantes défendues aux teinturiers du bon & grand teint font le bais d'Inde ou de Cam- pèche, bois de Bréfil, de Ste Marthe, du Japon, de Fernambouc, fantal, fuftel, ni aucuns bois de #ein- ture, tournefol, terra-merita , orfeille , fafran bä- tard, roucou, teinture de bourre, fuie, graine d’A- vignon, Gc. tous ces ingrédiens étant affectés aux teinturiers du petit teint. Par la même raïfon, les teinturiers du petit teint ne peuvent tenir chez eux aucuns ingrédiens fur- vans, favoir paftel, vouede, indigo, cochenille, graï- ne de kermès, garence, farette, géneftrolle, fénu- grec, orcanette ; ni même des ingrédiens non colo- rans affectés au grand & bon teint. Les ingrédiens ou drogues qui croïffent en France {ont , le paftel ou le vouede pour Le bleu ; le vermil- lon & la garence pour le rouge; la gaude, la farette & la géneftrolle pour le jaune ; la racine, écorce de noyer, & coque ou brou de noix pour le fauve, au- trement appellé couleur de racine où norfette ; le rou- doul, le fovie & la couperofe pour Le noir; Palun, la gravelle & le tartre pour Les bouillons : nous avons auf le verdet , le fel commun , la chaux, la cendre cuite & potafle, la cendre gravelée, &c la plupart des ingrédiens qui ne donnent point de couleur ; ëe outre ces drogues qui font bonnes, nous avons en- core la caffenolle, l’écorce d’aulne, le fuftel, la mal- herbe, le trantanel, la garouille &t l'orfeille, qui font des ingrédiens employés dans les foies, fl, co- ton, &c. Digrédiens. Defcription de leur origine, culture, ra- _ sure, qualité, efpece ; leurs propriétés 6: ufages ; en quel cas il peur étre fixé ou interdit. Agaric minéral qui fe trouve dans les fentes des rochers, en quelques endroits d'Allemagne, qui ref- femble à de la craie. Efpece de champignon qui croit fur le barix pulverifé, pour fervir à la seizture d’é- carlate; c’eft un ingrédient non colorant affecté au grand & bon teint. Alkermès, vermillon ou graine d’écarlate, ef une graine qui croit naturellement fur une efpece de etit houx, dans les lieux vagues & inutiles de la se , du Languedoc & du Rouflillon, qui vient _ d'elle-même n’ayant pas befoin de culture , laquelle ne doit être recueillie que quand elle eft bien mûre, parceque c’eftalors qu’ellerend plus de pouflet,qu’on nomme communément paffel d’écarlate. C’eftle pre- mier ingrédient dont on s’eft fervi pour la belle écar- late ; mais parce qu’elle a moins de feu, & qu’elle _eft plus brune que Pécarlate qui fe fait aujourd’hui MENT en France, on ne fe fert plus de cet ingrédient, quoi que la couleur qu’il donne foutienne plus long-tems fon éclat, & qu’elle ne craigne point la tache de la boue & des liqueurs âcres. Les Vénitiens emploient encore cet ingrédient dans leurs écarlates , appel- lées communément écarlates de Venife. I1s’en emploie encore à Alger & à Funis une quantité affez confi- dérable qui eft tirée de Marfeille. Cet ingrédient colorant eft du bon & grand teint. Alun de Rome, minéral qu’on trouve auf dans les mines des Pyrénées du côté de la France, un peu falugineux , ce qui fait qu'il eft moindre que celui qui fe tire de Rome ou Civita-Vecchia; peut-être encore que s’il étoit auf bien purifié, qu'il feroït auf bon , excepté que la qualité de la mine ne con- tribut à fa bonté, & à la préférence qu’on lui donne. Ingrédient non colorant du bon &r grand teint. Amidon , ingrédient tiré du fon de froment, fert au bon & grand teint, quoique non colorant. Arfenic, minéral, zdem comme ci-deflus, compo- {é de beaucoup de foufre & d’un fel caufhque. Bois de Bréfil, de Fernambouc , de Ste Marthe, du Japon, fe tire du pays dont il porte le nom; c’eft un ingrédient qui n’eft propre que pour le petit teint: il eft colorant. Bois de Campêche ou bois d'Inde, ingrédient co- lorant tiré du pays dont il porte le nom; il eft d'un très-grand ufage pour Le petit teint : il vaut mieux que le bois de Bréefil. Bois de fuftel, petit bois qui fe tire de Provence, quine s’emploïe que dans Le petit teint ; c’eft un in grédient colorant. Bois jaune , idem. Bourre ou poil de chevre, dont la couleur qui en provient eft appellée macarat de bourre ; eft une com- pofition de ce même poil, qui eft garencé par le tein- turier du bon & grand teint, qui la remet enfuite au teinturier du petit, qui la fait fondre à l'aide d’une quantité fufifante de cendres gravelées, de façon que ce poil étant totalement fondu, 1l s'enfuit une com- pofñtion propre à faire des cerifes en dégradations , qui ne peuvent être faites que par le teinturier du pe- tit teint, attendu le peu de folidité de la couleur qu en provient; c'eft un ingrédient colorant. Caffenole ou galle qui vient fur les chênes, ingré- dient non colorant du bon & grand teint. Cendres gravelées, ingrédient non colorant qui fe fait de la lie du vin qu’on fait brûler ou calciner, affe- été au bon &c grand teint. Cendres communes, tout le monde les connoït; elles font pour le grand teint. Cendres cuites, dem. | Cendres vives, c’eft la chaux éteinte dans Peau ou à l'air, ingrédient non colorant pour le bon teint. Cérufe , préparation du plomb, par le moyen du vinaigre dont on lui fait recevoir la vapeur, ingré- dient non colorant propre à blanchir les laines ; il fe trouve en France:ileft pour le bonteint. | Cochenille maëftrek ou pure cochenille; fous ce nom eft connue la cochenille mefteque ou tépat- te, & la cochenille fylvefire ou campétiane. La cochenille mefteque, eft un infeéte dont on fait une tecolte confidérable dans le Mexique; les habi- tans du pays ont foin de leretirer de deflus la plante qui le nourrit, avant la fafon des pluies. Ils font mourir & {écher ce qu’ils ont deflein de vendre, & confervent le refte pour le faire multiplier quand la mauvaife faifon eft paflée. Cet infeéte fe nourrit &c multiplie fur une efpece d’opuntia- épineux , qu’on norme sopal; il fe conferve dans un lieu fec fans fe gâter. La cochenille fylveftre ou campetiane, fe tire auffi du Mexique. L'infeéte s'y nourrit, y-croït 8e multiplie fur les opuntias non cultivés, qui y lont en abondance. Il y eft expofé dans la fafons des : TEI pluies , À toute l'humidité de l'air, _6T ÿ meurt natu” réllement. Cette cochenille eft toujours plus menue que la cochenille fine ou cultivée, Sa couleur eff meilleure & plus folide que celle qu’on tire de la cochenille fine; mais elle n’a jamais le même éclat: & d’ailleurs il n’y a pas de profit à employer, puit qu'il en faut quatre parties, & quelquefois davantage pour tenir lieu d’une feule partie de cochenille fine. Coucoume ou zerra merita, eft une racine qui eft apportée des Indes orientales, On la réduit en pou- dre très-fine pour s’en fervir ; c’eft un ingrédient co- lorant qui n’eft pas de bon teint, cependant on s’en fert pour donner plus de feu à l’écarlate, &z quelque- fois pour dorer les jaunes faits avec la gaude, Coques ou brou de noix, ingrédient fervant au grand & petit teint : tout le monde en fait l’origine, Couperofe, fe tire des mines de Flandre, de Liege 8 d'Angleterre; il y en a des mines dans les Pyré- nées du côté de la France, mais elle eft plus orofle & plus argilleufe ; c’eft un ingrédient colorant afeûté au grand & petit teint. Eau de galle, compofition pour la teinture des foies ; c’eft l'engalage même, ou l’eau dans laquelle la galle eft infulée : cet ingrédient eff non colorant. Eau-forte , ingrédient non colorant dont la com- pofition eff très-connue , affe@té au bon teint. Eaux sûres, ingrédient non colorant, affedé au grand teint. C’eft une compofition faite du fon de froment bouilli dans de l’eau, qu’on laifle repofer pour en faire ufage. Écorce d’aune, écorce de noyer , ingrédient co- lorant affecté au grand&s petit teint; chacun en con- noît l’origine, Efprit-de-vin, ingrédient non colorant, affe@é au grand & bon teint, dont l’origine ou compoñition eft connue. Eftain , idem. Farine de blé, affeétée au grand teint. Farine de pois, idem. Fénu-gret ou fenu-grec, herbe qui croîten France ; ingrédient non colorant du bon & grand teint , {er- vant à aviver les couleurs. Feuilles de noyer, ingrédient colorant du grand & du petit teint. Fuitel ou fuftet, petit bois qui fe tire de Provence. Il donne une couleur orangée qui n’eft pas folide, &t ne s'emploie que dans le petit teint , comme la racine de noyer ou le brou de noix. | Galle d'épine, d’Alep , & d’Alexandrie , fe tire des pays dont elle porte le nom, ingrédient qui croît fur les chênes, qui eft affe@é au grand & petit teint. Il eft colorant , les meilleurs viennent d'Alep & de Tripoli. Garence , ingrédient colorant du grand & bon teint, racine qui vient naturellement dans la plüpart des provinces du royaume, qui eft cultivée avec foin dans la Flandre & dans la Zélande , & dont la meilleure fe recueille aux environs de Ffle, dont la culture & l’entretien font fort faciles. Elle croit dans les terres médiocrement bonnes & qui ne font pas trop arides, quoiqu'il foit néceflaire d'empêcher que l’eau n’y croupifle pas , parce qu’elle la pourriroit. Les terres dans lefquelles on defire femer la pa- rence , doivent être profondément rompues & fu- mées avant l'hiver ; celles qui font un peu fablon- neufes donnent plus de facilité à la garence de orof- fir fa racine ; celles qui feroient trop feches produi- roient le même effet. La garence fe feme ordinairement au mois de Mars , & fe couvre feulement avec la herfe ou: le Tateau, pour que la terre {oit plus unie. Il faut avoir foin de choifir & arracher les herbes étrangeres , principalement dans le commencement , afin qu’el- les r’attirent pas la fubftance de la terre, & nemé- Tome XVE, E . TEI x lent pas leurs facines avec celles de la parenté , qu’elles empêcheroient de croître & de eroflir. Il faut lafler grofüir la racine de la garente aÿant de l’arracher , ce qui ne fauroit être que dix-huit mois après qu’elle a été femée, On commence de cueilbr la plus groffe dans le mois de Septembre , & ayant coupé la feuille des racines qui refteront rex de terre, lorfque la graine fe trouvera affez mûre pour être recueillie | on couvrira bien de terre le refte des racines, pour les laifler grofir jufqw’au mois de Septembre fuivant, qu’on pourra auf ar- tacher les plus grofles ; &c ainfi confécutivement d’an: née en année au mois de Septembre » pendant huit ou dix ans que la garenciere demeurera toujours peus plée ,foit des racines qu'on y aura laiffées pour Les laiffer grofir, ou foit de celles qui refteront au fond de la terre , ou qui fe formeront des filamens ; petits oignons ou refte des autres racines qu’on aura arra- chées : après quoi il fera befoin de renouveller au tre part la garenciere, parce que cette terre {era alors plus propre pour le blé que pour la remettre en garenciere, La garence produit fi facilement que fa tige même couchée en terre, prend racine, & fert à repeupler la garenciere qui a été trop épuilée de fa racine. | La garenciere fe peut auf refaire avec le plant , en amafant toutes les petites racines dela vieille ga= renciere pour lesreplanter. La racine de la garence étant arrachée , eft mife fecher au foleil ; ou bien dans les pays fort chauds, on Ja fait fécher à l'ombre, pour lui conferver plus de fubftance & de couleur; elle doit être mife au moulin enfuite pour la réduire en poudre, & pour être enfuite bien enfachée ou empaquetée dans de doubles facs , afin qu’elle ne s’évente, pour être en- fuite employée. La ‘garence qui eft fraîche fait la couleur plus vive, celle qui eft faite d’un an, donne davantage de couleur; mais celle qui vieillit trop, en perdant de fa couleur , perd aufli de fa vivacité , devenant terne & rendant fa couleur de même. Les étrangers vendent des garences fous le nom de illon de garence, qui bien fouvent n’eft que de la terre rougeâtre, mêlée avec quelque pouffiere de Ja garence, ou de la grappe de celle qui a déja été eme ployée dans leurs pays, ce qui eft une fraude des plus grandes ; le public fe trouvant trompé par la faufle sinture | qui n'ayant point de couleur , ne fert qu’à ronger la laine des étoffes où la terre s’attache. Onne s’eit étendu fur la defcription de cette plan: te, que parce que de tous les ingrédiens affe@tés au bon teint, il n’en eft point de f utile que la garence, êt peu de couleur où elle n’entre. La garouille eft un ingrédient colorant du bon teint, ou plante qui croît en Provence, Languedoc &t Rouffillon. | La gaude, ingrédient colorant du bon & grand teint, eft une plante qui vient naturellement ou par culture, dans prefque toutes les provinces de la France. Il faut la faire fécher lorfqw’elle eft cueillie, &t empêcher qu’elle ne fe mouille pas; on ne doit pas la cueillir qu’elle ne foit bien mûre: La geneftrolle eft une plante, de même que la gaude , ingrédient du bon teint. Gravelle, ingrédient non colorant ; qui provient de la ie de vin, de même que le tartre. Guefde, la cuve du bleu compofée. Le lieu où font les cuves pour le bleu eft auffi nommé gefée. Indigo, ingrédient colorant du grand&c bon teint, eft la fécule d’une plante qu’on nomme 7/ ou exil, Pour faire cette fécule, on a trois cuves, l’une au deflus de l’autre, en maniere de cafcade. Dans la pre: miere , qu’on appelle srempoire ou pourriture | &c qu’on remplit d’eau; on met la plante chargée dé fesfeuil. les, de fon écorce &c de fes fleurs. Au bout de quel« B y 12 TET ue tems, le tout fermente; l’eau s'échauffe &c bouil. lonne, s’épaiffit & devient d’une couleur de bleu, tirant {ur le violet ; la plante dépofant tous fes fels, felon les uns, & toute fa fubfiftance felon les autres, Pour lors on ouvre les robinets de la trempoire, & lon en fait fortir l’eau chargée de toute cette fubf- tance colorante de la plante, dans la feconde cuve appellée la barterie , parce qu'on y bat cette eau avec un moulin à palettes, pour condenfer la fubftance de lindigo , & la précipiter au fond, enforte que l’eau redevient limpide & fans couleur, comme de l’eau commune. On ouvre les robinets de cette cuve pour en faire écouler l’eau jufqu'à la fuperficie de la fécule bleue : après quoi on ouvre d’autres robinets qui font plus bas, afin que la fécule tombe au fond de la troifieme cuve, appellée repofoir, parce que c’eft-là où l’indigo fe repofe & fe déffeche. On l'en tire pour former des pains , des tablettes. _ L'on trouve à la côte de Coromandel &7 à Pondi- chéry deux fortes d’indigo, Pune beaucoup pius bel- le que l’autre; il yen a encore plufieurs autres for- tes qui augmentent de prix felon leur qualité. L’in- digo de Java, ou indigode Javan, eft le meilleur de tous ; c’eft aufli le plus cher, & par conféquent il y a peu de teinturiers qui lemployent. Le bon indigo doit être fi léger, qu'il flotte fur Peau: plus il enfon- ce , plus il eft fufpeét d’un mélange deterre, de cen- dre ou d’ardoife pilée. Sa couleur doit être d’un bleu foncé, tirantfur Le violet, brillant , vif, & pour ainfi dire éclatant. Il doit être plus beau dedans que de- hors, & paroiître luifant 8 comme argentée. Il faut en difloudre un morceau dans un verre d’eau pour l’é- prouver. S'il eft pur & bien préparé, il fe diffoudra entierement ; s’il eft falfifié , la matiere étrangere fe précipitera au fond du vaifleau. Le bon indigo brûle entierement ; & s'il eft falfifié, ce qu’il y a d’étran- gers refte après que l’indigo eft confumé. Limaille de fer ou de cuivre, ingrédient non colo- rant prohibé dans le grand & petit teint. Huile d’olive utile à la seirture du noir. Malerbe, plante d’une odeur forte dans fon em- ploi; ingrédient colorant qui croît dans le Langue- doc & dans la Provence, affeëté au bon & grand teint. - Moulée des. Taillandiers & Emouleurs , ingrédient fervant au noir prohibé aujourd'hui, Orcanette prohibe. Orfeille, ingrédient affeété au petit teint, dont la compoftion k d’une efpece de mouffe appellée pe- relle ; de la chaux vive & de l'urine qu’on fait fer- menter , enl’humectant & remuant de temsen tems, jufqw’à ce qu’elle foit devenue rouge. Il y a de Por- feille d'herbe ou des Canaries, qui eft beaucoup meilleure que lorfeille faite avec de la perelle. Elle eft compofée de même. Paftel, ingrédient colorant pour lebleu , affeété au bon & grand teint. Le paftel vient d’une graine qu'on . feme toutes Les années en Languedoc ; le meilleur eft celui qui croît dans le diocèie d’Alby; fa feuille eft femblable à celle du plantain. On le feme ordi- naïrement au commencement de Mars, &c il s’en fait quatre recoltes, quelquefois cinq; il s’en eft fait jufqu’à fix, mais il faut pour cela des belles faifons, &t la fixieme recolte ne fert qu'à gâter celui des précédentes , fi elles font mêlées enfemble, Quoique la premiere recolte du pañtel femble de- voir être meilleure que la feconde, & ainfi des au- tres; néanmoins le contraire arrive, lorfque le prin- tems fe trouve humide ou pluvieux, & que les autres faifons {e trouvent plus tempérées 8: plus feches; la trop grandehumidité, en rendant la feuille du paftel plus grande & plus grafle, en diminueraufñ Ja force &cla fubftance. | Le pañtel ne doit être cueilli que lorfqu’il eft bien mür, On doit laïfler flétrir la uille quelque tems. après qu’elle eft ramañlée ; après quoi on la met fous la roue pour la faire piler, ce qui n’eft que pour la muürir davantage &c lui faire perdre une partie de fon fuc huileux qui pourroit nuire à fa bonté; après qu'il eft moulu, on le laiffe huit ou dix jours en pile, ayant foin de boucher les fentes & crevafles qui s'y font journellement, pour le laiffer égoutter du refte de cette humeur fuperfîlue, Après que le paitel eft égoutté, on en fait de petites boules qu’on appelle cors ou coraigres qu’on met fecher à l’ombre fur des claies qui font mifes exprès; on les retire enfuite pour les garder en magafin jufqu’à ce qu’on veuille les piler ou mettre en poudre, ce qui fe fait ordinairement au mois de Janvier, de Février ou de Mars. Le paftel étant rompu avec des mafles de bois | on le mouille avec de l’eau la plus croupie, pourvu qu’elle ne foit pas infeétée, fale ou graiffeufe , étant toujours la meilleure; & après lavoir bien mouillé & mêlé pour lui faire prendre également fon eau } on le remue de tems en tems pendant quatre mois, du-moins trente-fix. fois, même jufqu’à quarante, afin qu'il ne s’échauffe & qu’il prenne également fon eau par-tout ; après quoi 1l eft en état d’être em- ballé & employé dans la seinture, quoiqu'il foit meil- leur d'attendre qu’il foit plus vieux avant de l’em- ployer; le bon pañtel augmentant toujours de force &t de fubftance pendant fix, fept , même jufqu’à dix ans, s’il eft du meilleur. Paftel d’écarlate , voyez Alkermès. Potafle , ingrédient non-colorant, c’eft le fel ot le fiel du verre, qui eft une écume féparée de deflus la matiere du verre avant qu’elle fe vitrifie. La potaffe pour la sirture et une efpéce de cens dre gravelée qui fe tire de Pologne & de Mofco- vie, ingrédient non-colorant, | Le raucou , ingrédient colorant affeété au petit teint, eft une efpece de pâte {eche qui vient de l'Amérique. Cette matiere donne une couleur oran- gée àä-peu-près comme le fuftet; &c la seirrure n’en eft pas plus folide, parce que Pair l'emporte & lefface. Rodoul & le fovie , ingrédiens colorans, font des feuilles de petits arbrifleaux qui ne fe cultiveut pas, affectés au petit teint pour Le noir. Safran, appellé fafrano par les teinturiers de foie, ingrédient colorant qui n'entre point dans la æin- cure de laine, fe tire du Levant &c de l'Italie. On en cueille auffi en France, mais il n’eft pas auffi bon que celui qu’on tire de l'étranger : il produit fur la foie le même effet que la cochenille fur la laine, à laide du jus de citron. Le fafranbourg ox fafran bâtard, fe trouve en Al- face & en Provence, ingrédiens pour Le petit teint. Salpêtre , ingrédient non-colorant affeété au bon teint, connu de tout le monde. Santal, arbre qui croit dans les montagnes de Candie, dont le bois eft rouge &c dur. Sarette, plante colorante, qui vient naturelle- ment : elle eft affe@tée au bon teint. | Savon blanc & noir, compoñtion très-connue. Sel ammoniac, {el commun, fel de tartre, fel gemme, fel minéral , fel nitre, voyez CHIMIE, ex= traits des minéraux, tous ingrédiens non-colorans. Soude; la meilleure foude fe tire d'Alhicante ; c’eft un alkali des plus forts. C’eft une plante qui croit aux bords de la mer dans des pays chauds , qu contient beaucoup de fel. Les Efpagnols la font cal- ciner dans des trous faits exprès dans la terre; ce qui produit une cendre, dont les parties s’uniflent fi fort, qu'il s’en forme de petites pierres qu'il faut cafler avec le marteau pour en faire ufage. Soufre , trop connu pour en faire la defcription; T ET ingrédient propre à blanchir les laines & les foies. Sublimé, ingrédient non colorant, affetté au grand teint; minéral corrofif extrait du mercure. __ Son, connu de tout le monde, fert au grand teint. ui à Sumach, arbriffeau qui croît quelquefois à Ja hau- teur d’un arbre, dont la fleur étant pañlée renferme une femence quireflemblé à une lentille:il croît dans les lieux pierreux : ce fruit a un goût acide & aftrin- gent ; inprédient pour le bon teint. Suie de cheminées, affettée au petit teint. Tartre, ingrédient non-colorant, affe€té au grand teint , fe tire de la lie de vin attachée au tonneau, qui eft très-dure. Terra merita, voyez Coucoume. Tournefol, prohibé dans le grand & petit teint. Trentanel , plante qui croît dans le Languedoc & dans la Provence, afledtée au grand teint. Verdet oz verd-de-gris , ingrédient colorant , fait du marc de raifin & du cuivre, affe@é au grand & bon teint. Urine, connue. : Vouéde, plante qui croît en Normandie, qui pro- duit le même effet que le paftel, mais dont la quan- tité doit être plus confidérable : elle fe prépare de même. Vermillon, voyez Alkermès. Vinaigre, connu. | Life des termes ufisés chez les Teinturiers, Abattre Je bouillon ; c’eft rafraïchir le bain avec de l’eau froide , avant d’y mettre l’étofe, | Achevement eft l'ouvrage de finir une étoffe en noir par le teinturier du petit teint. Acquérir du fonds; c’eit quand une couleur, bien loin de diminuer à l'air, devient plus belle. Afleoir une cuve; c’eft y mettre tous les ingré- diens qui doivent la compofer. Affiette d’une cuve; ce {ont les ingrédiens pofés. Aviver ; c’eft donner du feu au rouge. Barril , petit tonneau pour mêler ou humecter les drogues, avant que de les mettre dans la chau- diere. Balai, pour nettoyer les chaudieres. Bain, reinture compofée prête à recevoir l’étoffe ou la laine. ) } Bouillon, préparation des ingrédiens non-colo- rans pour difpofer Pétofte à recevoir la couleur de lingrédient colorant. Brevet, bain d’un guefde ou d’une cuve, qu’on difpofe à faire réchauffer. Bruniture, sinture ou bouillon, qui fur une cou- leur claire, rend l’etoffe plus brune. Brunit, idem. Coup de pié, cuve qui a été garnie de chaux en | la réchauffant, & qui s’ufe trop promptement. Cuve d'inde; c’eft une cuve compoiée d’indigo fans paftel , dans laquelle on teint à froid. | Cuve en œuvre, quand elle n’a ni trop ni trop peu de chaux, & qu'il ne lui manque que d’être chaude pour travailler. Cuve garnie, cuve compofée de tous les ingré- diens, & qui n’eft pas encore formée pour tra- vailler, ou qui n’a pas aflez fermenté. Cuve rebutée, qui ne jette du bleu que quand elle eft froide. Cuve qui fouffre, qui n’a pas affez de chaux. Cuve ufée, quia trop de chaux, laquelle ne peut travailler, que la chaux ne foit ufée. Cuve fourde, cuve qui commence à faire du bruit ou des petillemens pour fe former. Pofer une cuve ; c’eft y mettre tous Les ingrédiens fervans à fa compoñition. Afleoir une cuve, idem. Affette de la cuve, ç'eft le guve garnie. TÉI 13 Pallier la cuve; c’eft remuer ou bouillir le mare où Ja pâtée de la cuve avec le liquide. _ Heurter la cuve; c’eft poufer brufquement & avec force la furface du bain jufqu’au fond de la cuve, 8 par-là y donnet de l'air. Cuivreux, écume qui paroît fur la furface du bain de la cuve. Dégarnir la cuve. C’eft y mettre du fon & de la, garance à diferétion pour qu’elle foit moins chargée. Débouilli ou débout. Epreuve qui fe fait pour connoître fi une étoffe eft de bon teint ou non. Donner leau, C’eft achever de remplir la cuve qui ne jette pas du bleu, & y mettre de lPindigo pour qu’elle en donne. | Donner le pié. C’eft donner de la chaux à la cuve à proportion du! paftel. Donner le pié ou le fond à une étoffe , c’eft lui donner une couleur qui fert de fond , & fur laquelle il en fera paflé une autre. Par exemple , pour faire un vert, 1l faut donner un pié de jaune, & pañler enfuite l’étoffe fur une cuve de bleu. Pour faire un noir , il faut donner un pié de bleu à létoffe, & la paffer enfuite fur un bain de noir préparé. Demi - bouillons. C’eft retrancher le tartre des bouillons ordinaires, Quart de bouillon, idem, Eclaircir, C’eft diminuer le brun de la couleur d’une étoffe. Event, C'eft découvrir une cuve pour la pallier & y introduire de nouvel air. Eventer une étoffe ,\ c’eft lui donner de lait aw fortir dela cuve ou dela chaudiere »pour que la cou- leur foit plus unie, Eau crue. Qui ne diflout pas le favon. Fleurée. C’eft l'écume qui eft ordinairement fur la furface de la cuve du bleu lorfqu’elle eft tranquille. Fonte de bourre. Voyez Nacaret de bourre , AUX ingrédiens. Friller. Pétillement que fait Ja cuve avant que d’è« tre formée où venue à doux. Frillement , idem. Fleurée. Voyez Cuivreux. Flambures. Taches ou inégalités qui fe voientdans une étoife quandelle n’eft pas teinte comme’elle doit être , ou quand elle n’a pas été éventée, Guefde. Cuves de pañtel : le lieu où elles font po- fées. Guefderon. Ouvrier qui a foin des cuves. Il eft de conféquence qu’il y ait un bon guefderon chez les maïtres Teinturiers. Gauder. C’eft jaunir une étoffe avec dela gaude. Gaudage. L’aétion de jaunir. Garniture. Indigo qu’on met dans lacuve pour{er- vir de garniture à la chaux. La pâtée. C’eft le marc qui eft au fond de la cuve. Laïffer la laine für le bouillon ; c’eft laifler la laine pendant cinq à fix jours dans un lieu frais > après qu’elle a bouilli pendant deux heures; ce retard fert à faire pénétrer davantage le bouillon, & à augmen- ter lation des fels. Lifer, rerme de Teinturier de foie ; C’eft remuer les pantimes ou échevaux qui font fur le bain du haut en bas , pour que la couleur prenne également par- tout. Maniement. Aion de manier le bain ou brevet de la cuve pour connoître fi elle eft bonne. Paftes. C’eft plonger l'étoffe dans la cuve. La plon- ger à plufieurs reprifes , c’eft lui donner plufieurs pales. Rabat. C’eft l’écume qui fe trouve fur la cuve: du bleu lorfqu’on la pallie avec lerable. Répandre la chaux. C’eft en fournir À la cuve après qu’elle eft bien palliée. | Rofer. C’eft donner un œil cramoifi au rouge & le rendre plus brun ; c’eft le contraire d’aviver, Rançir, C’eft le même qu'aviver, Le F4 KE I Rance, C’eft quand l’écarlate et trop orangée ou qu’elle jaunit un peu. Racinage. Mamere de teindre les laines avec la ra- cine. Rudir Pétoffe. C’eft, dans le noir, augmenter de couperofe. Rabat. Bruniture d’une étoffe avec des ingrédiens convenables. - Rabattre. Aftion de brunir l’étoffe. Rejets. Voyez Pañle. Santaller. C’eft pafler une étoffe fur-un bain com- pofé de fantal & autres ingrédiens colorans, Surmonter la galle. Foyez Rudir. Trancher , tranche. C’eft quand l’intérieur du tiffu d’un drap eft égal à la fuperficie , lorfqw'on le coupe, de quelque couleur qu’il foit. Venir à doux. C’eft lorfque la cuve jette du bleu à la furface. Ufer de chaux. Qualité du paftel qui en demande plus ou moins. Principaux infirumens propres a la einture. Planche premiere. La citerne, le chapelet , le refervoir, la foupape. fu Planche IT, Le laboratoire. Le fourneau , le cheva- let , les chaudieres , letour , Le robinet. Planche IIT. Le guefde. Chaudieres à rechauïfer les tuves du guefde. Gouttiere pour conduire le brevet ou bain dans les cuves. Cuves du guefde. Barque , vaifleau long à l’ufage des teinturiers en foie. Planche IV. Coupe du fourneau pour chauffer les chaudieres. Tour fur lequel font pañlés les draps qui font teints dans les chaudieres. Lifoir pourtenirlafoie ou la laine filée qui pañle dans les échevaux. Poufloir pour plonger les draps à la riviere. Batte pour les battre à mefure qu’on les lave. Fendoir ou martin pour fendre Le bois. Pêle à braife. Planche V. Champagne. Cercle de fer garni de cordes qui eft fufpendu dans la cuve , afin d’empé- cher l’étoffe de toucher au marc ou à la pâtée. Moulinet pour tordre Le drap quand on le fort de la cuve ; letordoir , le crochet qui tient la champa- gne fufpendue dans la cuve. Il y en atrois , quel- quefois quatre. Crochet avec lequel on mene le drap en cuve. Jallier, bâton pour conduire les draps qui fe tei- gnent dans la chaudiere à mefure qu'ils tournent. Chafle fleurée , planche de bois qui fert à tirer l’é- cume , ou la fleurée de la cuve de côté , afin que le drap ne foit point taché. Bâton à tordre Les laines filées ou foies, Rable pour pallier la cuve. Jet pour {ortir ou donner de l'eau dans les cuves. La cuve du guefde. Planche VI. Rame pour dreffer les draps lorfqu’ils font teints. | | Table ou couchôir à drap pour les broffer quand ils font fecs. Faudets dans lefquels le drap fe ramañle à mefure qu’on le broffe ; brofle à coucher le poil du drap, tamis pour pañer les drogues , febille ou tranchoir pour prendre les drogues. ‘Pañfloir pour les liquides. Jatte pour les compoñitions. Manne pour le tranfport des laines en toifon. Outre ces inftrumens , on fe fert encore du mou- lin àindigo, ou d’un mortier pour le broyer, d’une civiere, qui eft une efpece d’échelle qui fe met au- travers de la cuve ou de la chaudiere, fur laquelle on met la laine en toifon teinte pou la faire évout- ter, d’un chauderon pour les eflais, poélons , fceaux, tonneaux ou tonnes, étouftoirs , planches à fouler, fourgons, réchauds , baffin de cuivre , vaifleaux de verre ou de grais pour contenir la compoñtion de l’écarlate, balais de jonc pour nettoyer les chaudie- res , leurs couvercles , fablon , éponge, &a : Des couleurs du grand & bon teint, On appelle tous tes les couleurs folides, couleurs de grand & bon teins ; & les autres, couleurs de petit reins. Quelquefois on nomme les premieres, couleurs fines ; & les autres, couleurs faufles. Mais cette expreflion peut être fu- jette à équivoque ; parce qu'on peut confondre quelquefois les couleurs fines avec les couleurs hau- tes, qui font celles où entre la cochenille, & dont le prix eft plus cenfidérable que celui des autres. Les expériences , qui font un très-boñ guide dans la Phyfique ainfi que dans les arts , ont démontré que la différence des couleurs , felon la diftin&tion précé- dente, dépend en partie de la préparation du fujet qu’on veut teindre, & en partie du choix des ma tieres colorantes qu’on emploie enfuite pour lui don- ner telle couleur. Ainf on penfe, & on peut le dire comme un principe général de l’art , que toute la méchanique de la seirzure confifte à dilater les pores _du corps àteindre, à y dépofer des particules d’une matiere étrangere , & à les y retenir par une efpece d’enduit, que mi l’eau de la pluie , n1 les rayons du foleil ne puiflent altérer ; à choïfir les particules co- lotantes d’une telle ténuité , qu’elles puiffent être retenues , fufffamment enchäflées dans les pores du fujet , ouverts par la chaleur de l’eau bouillante, puis refferrés par le froid, & de plus enduits de l’efpece de maftic que laïflent dans ces mêmes pores les fels choïfis pour les préparer. D’où 1l fuit que les pores des fibres de la laine dont ona fabriqué, ou dont on doit fabriquer des étoffes, doivent être nettoyés , agerandis, enduits, puis reflerrés , pour que lato- me colorant y foit retenu à-peu-près comme un dia mant dans le chaton d’une bague. L'expérience a fait connoïtre qu’iln”y a point d'in« grédient de la clafe du bonteint , qui n’ait une fa- culté aftringente & précipitante , plus ou moins grande ; que cela fufht pour féparer la terre de Pa- lun , lun des fels qu’on emploie dans la préparation _ de la laine avant que de la teindre ; que cette terre unie aux atomes colorans formeune efpece de lacque femblable à celle des Peintres , mais infiniment plus fine ; que dans les couleurs vives , telles que lécar- late , où l’on ne peut employer lalun, il faut fubft- . tuer à fa terre , qui eft toujours blanche quand l’alun eft bien choïfi, un autre corps qui fournifle à ces atomes colorans une bafe auffi blanche ; que létain pur donne cette bafe dans la seinture en écarlate ; que lorfque tous ces petits atomes delacque terreufe {e font introduits dans les pores dilatés du fujet, l’en- duit que le tartre , autre felfervant à fa préparation, y a laifé, fert à y maftiquer ces atomes ; & qu’enfin le reflerrement ‘des pores , occafionné par le froid , fert à les y retenir. Peut-être que ces couleurs de faux teint n’ont ce défaut, que parce qu’on ne prépare pas fuffamment le fujet , enforte que Les particules colorantesn’étant que dépofées fur la furface life , ou dans des pores dont la capacité n’eft pas fufifante pour les recevoir, il eft impoffible que le moindre choc ne les détache. Si l’on trouvoit le moyen de donner aux parties co- lorantes des bois de sezzture Vaftriétion qui leur man- que , & qu’en même tems on préparât la laine à les recevoir , comme on la prépare, par exemple, à re- cevoir le rouge de la garence, il eft certain qu'on parviendroit à rendre Les boïs auffi utiles aux teintu- riers du bon teint, qu’ils l'ont été jufqu'a préfentaux teinturiers du petit teint. TEI Du bleu. Le bleu fe donne aux laines ; ou ctoffes de laine de toute efpece, fans qu’il foit befoin de leur faire d'autre préparation que de les bien mouiller dans l’eau commune fiede, & de les exprimer enfui- te, ou les laiffer égoutter : cette précaution ef né- ceffaire , afin que la couleur s’introduife plus facile- ment dans le corps de la laine, & qu’elle fe trouve par-tout également foncée : & il eft néceflaire de le faire pour toutes les couleurs, de quelque efpece qu’elles foient , tant fur les laines filées , que fur les étoffes de laine. d À l’égard des laines en toifon , qui fervent à la fa- brique des draps, tant de mélange que d’autre forte, &t que pour cette rafon on eft obligé de teindre avant qu'elles foient filées, il faut avoir foin qu’elles foient bien décraiflées. On a fait voir dans le traité de la draperie la façon de faire cette opération, ainfi on n’en parlera pas dans celui-ci ; il fufira d’obferver que le dégrais eft néceflaire pour toutes les laines qu'on veut teindre avant que d’être filées ; de même qu'il faut toujours mouiller celles qui le font , & les étoffes de toute efpece, afin qu’elles prennent la couleur plus également. ve Des cinq couleurs matrices ou primitives dont il a été parlé au commencement de cet article , il yen a deux quiont befoin d’une préparation que l’on donne avec des ingrédiens qui ne fourniflent aucune cou- leur, mais qui par leur acidité, & par la finefle de leur terre, difpofent les pores de la laine à recevoir la couleur ; cette préparation.eftappellée Le fouillon; 1l varie fuivant la nature & la nuance des couleurs ; celles qui en ont befoin {ont le rouge , le jaune , & les couleurs qui en dérivent; le noir exige une pré- paration qui lui eft particuliere ; le bleu & le fauve, ou couleur de racine, n’en demandent aucune , il fuflit que la laine foit bien dégraiflée & mouillée ; & même pour le bleu , il ny a pas d'autre façon à y faire , que de la plonger dans la cuve , y bien re- muer , &c l’y laiffer plus ou moins long-tems, fuivant qu'on veut la couleur plus où moins foncée. Cette raifon , jointe à ce qu'il y a beaucoup de couleurs pour lefquelles 1l eft néceffaire d’avoir précédem- ment donné à la laineune nuance de bleu , fait qu’on commencera par donner fur cette couleur les regles les plus précifes qu’il fera poffible : car s’il y a beau- coup de facilité à teindre la laine en bleu , lorfque la cuve de bleu eft une fois préparée ; il n’en eft pas de même de la préparation de cette cuve , qui eft réel- lement l'opération la plus difficile de tout l’art de la teinture ; il ne s’agit dans toutes les autres que d’e- xécuter d’après des procedés fimples, tranfmis des maitres à leurs apprentifs. Il y a trois ingrédiens qui fervent à teindre en bleu ; favoir le paftel , le vouede , & lindigo : on donnera les préparations de chacune de ces matieres, en commençant par le pañtel. | De la cuve de paflel. Pour mettre en état le paftel de donner fa reinture bleue ,. on fe fert de grandes cuves de bois de dix à douze piés de diametre , & de fix à fept d’hauteur ; elles font formées de douves ou pie- ces de bois de fix pouces de largeur & de deux d’é- paifleur., & bien cerclées de ferdetrois piés en trois piés ; lorfqu’elles font conftruites , on les enfonce dans la terre, enforte qu’elles n’excédent que de trois piés & demi, ou quatre piés au plus }afin que lou- vrier puiflemanier plus commodement les laines ou les étoffes qui font dedans; ce qui fe fait avec de petits crochets doubles , emmanchés de longueur convenable , {elon le diametre de la cuve; lé fond de ces cuves n’eft point de bois, mais pavéavec chaux & ciment ; ce qui cependant n’eft pas eflen- tiel, & nefe pratique qu’à caufe de leur srandeur, &z parce qu'il feroit difficile qu’un fond de bois d’une # grande étendue , plt foutenir tout le poids de ce 1 EI 15 que la cuve doit contenir; plus ces cuves font gran- des , mieux l'opération réufit. Ordinairement on prend trois ou quatre balles de paîtel, & ayant bien nettoyé la cuve, on en fait l’afliette comme il fuit. | On charge une chaudiere dé cuivre proche de la : cuve, d’eau la plus croupie qu’on puifle avoir, ou {1 l’eau n'eft pas corrompue ou croupie, on met dans la chaudiere une poignée de geneftrolle ou de foin , c’eft-à-dire environ trois livres , avec huit livres de garence bife, environ , ou le bain vieux d’un garen- çage ; pour épargner.la garence , qui même fera un meilleur effet. La chaudiere étant remplie, &tayant allumé le feu deflous, on la fait bouillir une heure & demie, deux heures, même jufqu’à trois, puis on la verfe, au moyen de la gouttiere, dans la gran- de cuve de bois, bien nétoyée, &'au fond de laquelle on.doit mettre un chapeau plein de fon de froment. En furvuidant le bain-bouillant de la chaudiere dans la cuve , & pendant qu'il coulera, on mettra dans cette cuve les balles de pañftel, Pune après l’autre , afin de pouvoir mieux lès rompre, pallier, & re- muer avec les rables: on continuera d’agiter jufqu’à ce que tout le bain chaud foit furvuidé dans la cuve, & lorfawelle fera remplie un peu plus‘qu’à moitié , on la couvrira avec des couvertures où draps un peu plus grands que fa circonférence, & on la laifleta re- pofer quatre bonnes heures. Quatre heures après laffiette, on lui donnera l’é- vent , & on y fera tomber pour chaque balle de paftel , un bon tranchoiïr de cendres ou de chaux vi- ve : quand après l’éparpillement de cetre chaux , la cuve aura été bien pallicée, on la recouvrira de même qu'auparavant , excepté néanmoins un petit efpace dé’quatre doigts , qu’on laiffera découvert pour lui donner un peu d’évent. | Quatre heures après on la retranchera , puis on la recouvrira & la laiffera repofer deux ou trois heu- res , y laiflant, comme deflus, une petite communi- cation avec l’air extérieur. | | Au bout de ces trois heures on pourra la retran- cher encore , en palliant bien , fi elle n’eft pas venue à doux ; il faut, après l'avoir bien palliée, la laifler repofer encore une heure 87 demie , prenant bien garde fi elle ne s'apprête point, & fi ellé ne vient point à doux. Alors on lui donnera l’eau , y mettant l’indigo dans la quantité qu’on jugera à propos : ordinairement on en emploie de délayé , plein un chaudron ordi- naire d’attelier, pour chaque balle de paftel ; ayant rempli la cuve à fix doigts près du bord , on la pallie- ra bien, &con la couvrira comme auparavant. Une heure après lui avoir donné l’eau ; on lui . donnera le pié, favoir deux tranchoirs de chaux pour chaque balle de pañtel, plus ou moins, felon la qualité du paftel , & felon qu’on jugera qu'il ufe de chaux. | Ayant recouvert la cuve, on y mettra au bout de trois heures , un échantillon qu'on y laïfera entiere- ment fubmergé pendant une heure ; au bout de ce ems ; vous le retirerez pour voir fi la cuve eft en état ; fielle y eft, cet échantillon doit fortir verd, & prendre la couleur bleue ; étant expofé une mi nute à Pair. : Trois heures après il faudra la pallier, & y re- pandre de la chaux ce dont elle aura befoin ; puis la recouvrir , & au bout d’une heure & demie, la cuve étantrafife, on y mettra un échantillon qui ne fera leve qu’au bout d’une heure & demie, pour voir l’ef- fet du pañtel ; & fi l'échantillon eft d’un beau verd , & qu'ilprenne unbleu foncé à l'air, on y en remettra encore un autre pour être afluré de l’effet de la cuves ficetéchantillon paroît aflez monté en couleur , on achevera de remplir la cuve d’eau chaude, & s'il fe peut d’un vieux bain de garençage, &t on la palliera 3 16 HET f on juge que la cuve a encore befoin de chaux , on lui en donnera une quantité fufifante , felon qw’à l’odeur & au maniement on jugera qu’elleenade be- fon : cela fait, on la recouvrirä, étune heure après, fi elleeft enbon état, on mettra les étoffes dedans , & on.en fera Pouverture. La cuve étant préparée, & avant que d’en faire l'ouverture, on place dedans une champagne, qui fert à empêcher que les laines ou étoffes ne tombent dans le fond, & ne fe mêlentavec la pâtée ou le mare qui y eft : on la foutient pour cet effet, à la hauteur que l’on veut, par le moyen de trois ou quatre cor- des que l’on attache aux bords de la cuve. Cern’eft pas encore aflez de favoir pofer une cuve, il faut encore favoir bien la gouverner; c’eft pour cela qu’il eft d’uneronféquence extrême que les maï- tres téinturiers aient des bons guefderons , afin de connottre lorfque la cuve eft bien en œuvre, c’eft à- dire, quand elle eft en état de teindre en bleu, ce qui fe connoît quand la pâtée, ou le marc qui fe tientau fond.eft d’un verd:brun ; quand il change étant tiré hors dela cuve; quandla fleurée eft d’un beau bleu turquin ou perfe , & quand l'échantillon qui ya été tenu plongé pendant une heure, eft d’un beau verd d’herbe foncé. Lorfqu’elle eft bien en œuvre, elle a auffi le bre- vet ouvert clair & rougeñtre, & les gouttes & re- bords qui fe font fous le rable , en levant le brevet, font bruns. Quand on manie le brevet , 1l ne doit être ni ru- de entre les doigts, mi trop gras; & il ne doit avoir ni odeur de chaud, ni odeur de leffive: voila à-peu- prés toutes les marques d’une cuve qui eft en bon etat. . Les deux extrémités auxquelles la cuve fe trouve expofée , font celles d’avoir trop ou trop peu de chaux ; les bons guefderons favent remédier à ces inconvéniens., en jettant dans la cuve ou dutartre, ou du fon , ou de urine, quandelleefttrop garnie de chaux ; & quand elle ne left pas aflez , il faut en mettre, crainte que la cuve ne fe perde ; ce qui arrive lorfque le paftel a ufé route fa chaux ; ayant foin de la pallier jufqu’à ce qu’elle foit portée au deoré con- venable pour être en état de travaiiler. La quantité de paftel & d’indigo qui conviennent pour afleoir une cuve, doit être proportionnée à fa grandeur, obfervant néanmoins qu'une livre d’indi- 90 de guatimalo, produit autant d'effet que feize de paftel, ce qui fait que la dofe ordinaire d’indigo eft de fix livres pour une balle de pañtel de cent cinquan- telivresenvaron. Lorfque la cuve commence à s’affoiblir , & à fe refroidir , il faut la rechaufler; cette opération de- amande autant de foin que pour la pofer ; pour y parvenir il faut pallier la cuve, après l’avoir remplie de l’eau chaude, & la laifier repofer deux jours au- moins, après quoion remet le brevet dans la chau- diere de cuivre, en le faifant paffer de la cuve, par le moyen de la gouttiere, & lorfqu'il eft bouillant on le fait repañler de nouveau dans la cuve, palliant la pâtée à mefure quele bain chaud y tombe par lex- trémité du canal: on peut y ajouter enmême tems un plein chauderon d’indigo préparé, c’eft-à-dire quiau- ra été broyé & fondu dans une quantité d’eau quiau- ta bouilli à gros bouillon pendant trois quarts-d’heu- res, ou environ, dans laquelle on aura ajouté fur quatre-vingt livres , douze ou treize livres de ga- rence, & quarante livres de cendres gravelées ou environ, le tout fur vingt-cinq feaux environ d’eau claire : on peut y ajouter encoreun chapeau plein de {on de froment. Lorfque la cuve a été réchauffée, 1l faut attendre qu’elle {oit en œuvre pour la garnir. Si on le faifoit un-peu trop tôt, elle fe troubleroit; il arriveroit la UE À même chofe, f on avoit mis un peu de pâtée dans la chaudiere. Le remede en ce cas eft de la laïfler repo- fer avant que de la faire travailler , jufqu’à ce qu’elle foit remife , ce qui va quelquefois à un jour. On pourroit afleoir des cuves avec du pañtel fans indigo, mais outre que le bleu ne feroit pas auffi beau, la quantité du paftel qui fe confommeroit ne feroit pas revenir les frais de rezture à un meilleur prix ; au contraire, puifqu’il a été vérifié par des expérien- ces répétées, que quatre livres de bel indigo de gua- timalo rendent autant qu'une balle de pañtel albi- geois , 6 cinq livres autant qu'une balle de lauragais qui pefe ordinairement deux cens dix livres : aïnfi lemploi de l'indiso , mêlé avec le paitel, eft d’une grande épargne & évite beaucoup de frais ;puifque pour avoir autant d’étoffes teintes par une feule affiet- te avec de lindigo , il en faudroit faire deux, fion le . fupprimoit; encore n’auroit-on pas précifément au- tant de sezniure. | L'indigo deftiné à la cuve de paftel, a befoin d’é- tre préparé dans une chaudiere particuliere, qui doit être dans l'atelier ou guefde, où 1l faut le faire dif- foudre ou fondre. Quatre-vinet ou cent livres d’in- digo , demandent une chaudiere qui tienne trente à trente-cinq feaux d’eau. On le fond dans une leffive ; & pour la faire, on charge la chaudiere d'environ vingt-cinq feaux d’eau claire, on y ajoute plein un chapeau de fon de fro- ment, avec douze ou treize livres de garence non robée, & quarante livres de cendre gravelée ; cette quantité d’ingrédiens eft pour quatre-vingt livres d'indigo. Il faut faire bouillir le tout à gros bouillon pendant trois quarts-d’heure environ ; enfuite retirer le feu de deffous le fourneau, & laïfler repofer cette _ lefive pendant demi-heure, afin que la lie fe dépofe au fond. Enfuite il faut furvuider le clair dans des tonneaux nets, placés exprès auprès de la chaudie- re. Oter le marc refté dedans la chaudiere, & la faire bien laver, y renverferla lefive claire quiavoit été vuidée dans des tonneaux; allumer un petit feu def- fous, & y-mettre en même tems les quatre-vingt Hi- vres d’indigo réduits en poudre. Il faut entretenir le bain dans une chaleur forte, mais fans le faire bouillir, & faciliter la diflolution de cet ingrédient, . en palliant avec un petit rable fans difcontinuer!, afin d'empêcher qu'il ne s’encroûte &t ne fe brûle au fond de la chaudiere. On entretient le bain dans une cha- leur moyenne & la plus égale qu'il eft poffble, en y verfant de tems-en-tems du lait de chaux qu'on aura préparé exprès dans un bacquet pour le refroidir. Lorfqu’on ne fent plus rien de grumeleux au fond de la chaudiere, & que l’indigo paroït bien délayé ow bien fondu ; on retire le feu du fourneau, &c on ny laife que fort peu de braife pour entretenir feule- ment une chaleur tiede : il faut couvrir lachaudiere avec des planches & quelque couverture ; & y met- tte un échantillon d’étoffe pour voir s’il en fort verd, ê&c fi ce verd fe change en bleu à Pair; parce que fi cela n’arrivoit pas, il faudroit ajoutér à ce bain une nouvelle leflive préparée comme la précéctente. C’eft de cette diffolution d'indigo dont onprendun, deux ou plufieurs feaux pour les ajoutenaupañtel, lorfque la fermentation l’a affez ouvert pour qu'ilcommence à donner fon bleu. | Ce détail:de la préparation d'une cuve de pañtel n’eft pas exaétement conforme à la méthode ordinai- re des T'einturiers d'à préfent, maisileft le plus für, fuivant les expériences qui.en ontiétésfaites par un des plus:habiles hommes:de ce fiecle dans le genre de la seinrures Il fautibien prendre garde de ne jamais réchauffer la cuve de paftel,, qu’elle ne foit en œuvre, c’eft-à- dire qu’elle n'ait nitrop, ni trop peu de chaux ;1en- forte que pour êtreientétatide travailler ,säline lui mañque Manque que d’être chaude. On reconnoît qu'elle à trop de chaux à Podorat , c’eft-à-dire par l'odeur pi- quante que l’on fent. Oh juge, au contraire ; qu'il n’y en a pasaflez, lorfqu’elle a une odeur douçâtre, & que l’écume ou le rabat qui s’éleve à la furface en la heurtant avec le rable, eft d’un bleu pâle, On doit avoir attention, lorfqu'on veut réchauffer la cuve , de ne la point garnir de chaux la veille, bien entendir qu’elle n’en auroit pas trop befoin; car fi elle étoit garnie , elle courroit rifque d’avoir un coup de pié ; parce qu'en la réchauffant , on donne plus d’attion à la chaux qui y eft, & qu’elle s’ufe plus promptement. On remet ordinairement de nouvel indigo dans la cuve chaque fois qu'on la réchauffe, & cela à pro- portion de ce qu'on a à teindre; mais il ne feroit pas néceflaire d’y en reméttre, f l’on n’avoit que peu d'ouvrage à faire, & qu’on n’eüt befoin que de cou- leurs claires, À la forme des anciens réglemens, on ne pouvoit mettre que fix livres d'indigo pour chaque balle de pañtel, parce qu'on croyoit que la couleur de l'indi- go n’étoit pas iolide , & qu'il n’y avoit qu'une quan- tité de paitel qui püt l’aflurer & la rendre bonne ; mais par des expériences faites par d'habiles gens, il a été reconnu que.la couleur de Pindigo, même em- ployé feul, eft toute auf bonne, & réfifte autant À Vaétion de l’air, du foleil, de la pluie & des débouil- lis, que celle du paftel. Ona réformé cet article dans le nouveau réglement de 1737, & on a permis aux teinturiers de bon teint, d'employer dans leurs cu- ves de pañtel la quantité d'indigo qu'ils jugent à pro- pos: Lorfqu’une cuve a été réchauffée deux ou trois fois , & que l’on a bien travaillé deflus, on conferve fouvent le mème bain, mais on enleve une partie de la pâtée que l’on remplace par de nouveau paftel. On ne peut prefcrire-aucune dofe fur cela, parce qu’elle dépend du travail que le teinturier a à faire. Il y a des Teinturiers qui confervent pluñeurs années le même bain dans leurs cuves, ne faifant que les re- nouveller de paftel & d’indigo à mefure qu’ils tra- vaillent deflus: d’autres vuident la cuve en entier & changent de bain, lorfque la cuve a été réchauffée #x ou fept fois, & qu’elle ne donne plus aucune sez#- sure. [n’y a qu'un long ufage qui puifle apprendre laquelle de ces pratiques eft la meilleure ; il eff ce- pendant plus raifonnable de croire , qu’en la renou- vellant en entier de tems-entems, elle donnera des couleurs plus vives & plus belles. Les meilleurs Tein- turiers n’agiffent pas autrement, Il faut encore obferver de ne pas réchauffer la cu- ve loriqu’elle fouffre, parce qu’elle fe tourneroit en chauffant , & courroit rifque d’être entierement per- due; enforte que la chaleur acheveroit d’ufer en peu. de tems la chaux qui y étoit déja en trop petite quan- tité. Si on s’en apperçoit à tems , le remede feroit de la rejetter dans la cuve fans la chauffer davantage, & de la garnir de chaux. On attendroit enfuite qu’elle flit revenue en œuvre pour la réchaufter. Quand on la réchaufte , il faut prendre garde de mettre de la pâtée dans la chaudiere avec le bain ou * brevet, Il faut auffi avoir grande attention de ne la pas chauffer jufqu'à faire bouillir, parce que tout le volatil néceffaire à l'opération s’évaporeroit. Il y a quelques teinturiers, qui, en réchauffant leurs cuves, ne mettent pas lindigo aufhtôt après que le bain eft ver{é de la chaudiere dans la cuve, & quine l'y font entrer que quelques heures après, lorfqu'ils voient quela cuve commence à venir en œuvre. Ilsne pren- nent cette précaution , que dans la crainte qu'eile ne réuflifle , & que leur indigo ne foit perdu : inais de cette maniere l’indigo ne donne pas f bien fa couleur; gar on eft obligé de travailler fur la cuve , aufhi-tôt * Tome XVI, hs TEÏ 17 Qu’elle.eft en état, afin qu’elle ne fe refroidifle pas, & Pindigo n'étant pas tout-à-fait diffout ou tout-à-fait incorporé , de quelque maniere qu’on l’ernploye, il ne fait pas d'effet. Aïnfi il vaut mièux Le mettre dans la cuve auflirôt qu'on y ajetté le bain, & la bien pal. | lier enfuite, … On conftruit en Hollande des cuves qui n’ont pas befoin d'être réchauffées fi fouvent que les autres, Il y ena de femblables en France, Toute la partie fu périeure de ces cuves, à la hauteur de trois pics, eft de cuivre. Elles font de, plus entourées d’un petit mur de brique, qui eft à fept où. huit pouces de dif. tance du cuivre. On met dans cet intervalle de la braife qui entretient pendant très-long-tems la cha leur de la cuve, enforte qu’elle demeure plufieurs jours de fuite en état de travailler fans qu'il foit né- ceflaite de la réchauffer. Ces fortes de cuves font beaucoup plus cheres que les autres, mais elles font très-commodes, fur-tout pour y pafler des couleurs fort claires, parce que la cuve 1e trouve toujours en état de travailler quoiqu’elle foit très-foïble; ce Qui | n'arrive pas aux autres, qui Le plus fouvent font la couleur beaucoup plus foncée qu’on ne voudroit, à moins qu’on ne laifle confidérablement refroidir ; êt en ce cas la couleur n’eft plus f bonne & n’a plus la même vivacité. Pour faire Les couleurs claires dans des cuves ordinaires, il vaut mieux en pofer exprès qui foient fortes en paftel, & foibles en indi- go, parce qu'alors elles donnent leur reinmture plus ; P lentement, & les couleurs claires fe font avec plus de facilité, Meñieurs de Vanrobbais ont quatre de ces cuves à la hollandoife dans leur manufaêture, dont la pro= fondeur eft de fix piés. Les trois piés & demi d’en: haut font en cuivre , &les deux piés & demi du bas font de plomb. Le diametre du bas eft de quatre piés êt demi, & celui du haut de cinq piés quatré pouces, enforte qu’elles contiennent environ dix-huit muids; La cuve du vouëde ne differe en aucune façon de celle du.pañftel, quant à la maniere de la préparer. Le vouëde eft une plante qui croît en Normandie, & qu’on y prépare prefque de la même maniere que le pañtel en fanguedoc. La cuve du vouëde fe pofe comme celle du pañtel : toute la différence qu’on peut y trouver, c’eft qu'il a moins de force &c qu'il four: nit moins de reiréure. fe On fait auf des cuves d'inde ou d’indigo dont la préparation eft très-fimple; on mêle feulement une livre de cendres gravelées avec une livré d'indiso, & on en mer dans la cuve une quantité égale, c’eft: a-dire autant de livres de cendres que d'indigo ; mais comme ces cuves ne font pas d’ufage pour les seirz- tures, de laine, on n’en dira pas davantage, _ On fait encore des cuves d’indigo à froid avec de l'urine qui vient en couleur à froid , & fur lefquelles on travaille auf à froid. On prend une piñte de vi- naigre pour chaque livre d'indigo qu’on fait digérer fur les cendres chaudes pendant vingt-quatre heures. Au bout de ce tems, fi tout ne paroît pas bien dif. fout, on le broye de nouveau dans un mortier avec la liqueur, &c on y ajoute peu -à- peu de l'urine, &g un peu de garence qu’on y délaye bien, Quand cette préparation eff faite on la verle dans ün tonneau rem: ph d'urine; cette forte de cuveeftextrèmement com= mode, parce que lorfqwelle a été mile en état une fois, elle y demeure toujours jufqu’à ce qu’elle foit entierement tirée, c’eft-à-dire que l’indigo ait donné toute fa couleur ; ainfi on peut y travailler À toute heure, au-heu que la cuve ordinaire a befoin d’être préparée dès la veille. RH On peut faire encore des cuves chaudes d’indigo à Purine ; elles fe préparent de la même façon à-peu- près que les froides ; mais comme ces cuves ne font d'ufage dans aucune manufaéture de HAE ; d je | E que celles qui ont êté faites dans ce goût n’ont fervi qu'à fatisfaire les curieux ; on penfe qu'il feroittres- inutile d'entrer dans les détails de leur compoñtion: On eft en ufage à Rouen, & dans quelques autres villes du royaume, de teindre dans une cuve d'inde À froid &r fans urine, différente des précédentes , mais on né peut y teindre que le fil &le coton, êc les cuves ne peuvent fervir pour les laines. Il eft vrai que ces cuves font très - commodes en ce qu'elles viennent plus promptement que les autres , èe qu’el- les n’ont aucune mauvaife odeur : car 1l faut remar- quer que fi on vouloit teindre des étoffes de laine dans les cuves à l'urine, foit à froid ou à chaud, ces mêmes étoffes , quoique bien dégorgées, confervent toujours une partie de la mauvaife odeur dont Puri- ne les accompagne, ce qui eft différent dans cette derniere qui eft compofée d’indigo bien pulvérifé, dans trois chopines d’eau-forte des favonniers, qui eft une forte de leffive de foude & de chaux vive, ou d’une diflolution de potañle. On laïifle aux phyficiens le foin de donner la théo- re de la méchanique invifble de la teinture bleue, dans laquelle il n°eft pas poflible d'employer les au- tres bleus dont les peintres fe fervent , tels que font le bieu de Prufle, qui tient du genre animal & du genre minéral ; l’azur, qui eft une matiere minérale vitrifice ; l'outre-mer , qui vient d’une pierre dure préparée ; les terres colorées en bleu, 6:c. toutes ces matieres ne peuvent, fans perdre leur couleur en tout où en partie, être réduites en atomes aflez tenus pour être fufpendus dans le liquide falin, qui doit pénétrer Les fibres des matieres, foit animales, foit végétales, dont on fabrique les étoffes : car fous ce nom on doit comprendre auf - bien les toiles de fil & de coton, que ce qui a été tiflu en foie ou laine. On ne connoïît donc à préfent que deux plantes qui donnent le bleu après leur préparation ; lune eft le paftel en Languedoc &r le vouede en Normandie ; on a dit que leur préparation confifte dans la fer- mentation continuée prefque jufqu’à la putréfaétion de toutes les parties de la plante, la racine exceptée; par conféquent dans un développement de tous leurs principes , dans une nouvelle combinaifon &t arran- gement de ces Mèmes principes, d'où il réfulte un aflemblage de particules infiniment délices , qui, ap- pliquées fur un fujet quelconque, y réfléchiflent la lumiere bien différemment de ce qu’elles ferotent fi ces mêmes particules étoient encore jointes à celles que la fermentation en a féparées. L'autre plante eft l’anil qu’on cultive dans les In- des orientales & occidentales, & dont on prépare cette fécule qu’on envoie en Europe fous le nom d'inde ou d'indigo. Dans la préparation de cette der- niere planté, les Indiens & les Américains, plus in- duftrieux que nous, ont trouvé l’art de fépater les feules parties colorantes de la plante, de toutes les autres parties inutiles; & les colonies françoites & efpagnoles qui les ont imités, en: ont fait un objet confidérable de commerce, | Du rouge, Le rouge eft, comme on Pa déjà dit, une des cinq couleurs matrices où primitives, re- connues pour telles par les Teinturiers. Dans le bon teint il ya quatre principales fortes de rouge, qui font la bafe de toutes les autres. Ces rouges font, 1°. l’écarlate de graine, connue autrefois foùs le nom d’écarlate de France , & aujourd'hui fous celui d’écar- Late de Venife; 2°. lécarlate à -préfent d’ufage , ou écarlate couleur de feu, qui fe nommoiït autrefois ‘écarlate de Hollande, & awi eft connue aujourd’hui de tout le monde fous le nom'd’écarlate des Gobelins ; 3°. le cramoiïfi; 4°. &c le rouge de garence. Il y a Auf le demi-écarlate & le demi-cramoifr; mais ce ne font que des mélanges des autres rouges, qui ne doivent pas être regardés comme des couleurs par- ticulietes, Le touge ou ñacarat de boufre étoit per: mis autrefois dans le bon teint , mais fon peu de foli- dité l'en a fait bannir par un nouveau réglement. Les rouges font dans un cas tout différent des bleus, car la laine ou Pétotfe de laine ne fe plonge pas immédiatement dans la seizture , elle reçoit au- parayant une préparation qui ne lui donne point de couleur, mais qui la difpofe feulement à recevoir celle de lingrédient colorant. Cette préparation, comme on l’a déjà dit, fe nomme how/lon : elle fe fait ordinairement avec des acides, comme eaux fures, alun & tartre, qui peuvent être, regardés comme tels, eau-forte, eau régale, &c. on met ces ingrédiens préparans en différente quantité, fuivant la couleur & la nuance qu’on veut avoir : on fe fert fouvent aufli de noix-de - salle, & quelquefois de fels alkalis. - | De l'écarlare. On fait différentes fortes d’écarlate, comme on l’a déja dit. L’écarlate de graine, appel- lée anciennement écarlate de France, & aujourd’hui écarlate de Venife, eft faite avec une galle infette, appellée kermès , qui fe cueille en France , 8 en gran de quantité en Elpagne du côté d’Alcant & de Va- lence. Ceux qui l’achetent pour l'envoyer à Pétran- ger , l’étendent fur des toiles, & ont foin de larro- fer avec du vinaigre pour tuer les vermifleaux qui font dedans, & qui produfent une poudre rouge qu’on fépare de la coque ; après l'avoir laiflée fécher en la paflant par un tamis. Lorfqu’il eft queftion de donner le bouillon, on fait bouillir la laine ou étoffe dans une chaudiereune demi-heure environ; & après l’avoir laïflée écoutter, on prépare un bain frais, dans lequel on ajoute à l’eau qui lé compole un cinquieme d’eau fure, quatre li- vres d’alun de Rome pilé groflierement , & deux li- vres de tartre rouge: on fait bouillir Le tout, & auffi- tôt on y met la laine ou étoffe , que l’on y laïffe pen- dant deux heures, ayant foin de la remuer conti= nuellement, ou l’étoffe avec le tout. IL faut obierver que lorfqué le bain où lon a mis l'alun eft prêt à bowihr , il fe leve quelquefois très- promptement & fort de la chaudiere, f Pon n’afoin d’abattre le bouillon en y jettantun peu d’eau froide, Lorfque la laine ou étoffe a bouilli pendant deux heures {ur le bain, on la leve & onlalaïffe égoutter ; on exprime la laine légerement , & on lenferme dans un fac de toile que l’on porte dans un lieu frais, où on la laifle cinq ou fix jours , & quelquefois plus long-tems ; à l'égard de l’éroffeon la phefimplement, 8 on la met égoutter fur un chevalet : cela s’appelle laiffer La laine ou étoffe fur le bouillon. Le retard fert à le faire pénétrer davantage, & à augmenter l’aétion des fels; parce que comme une partie de la liqueur fe diffipe toujours , il eft clair que ce qui refte étant plus chargé de parties falines, en devient plus adtif , bien entendu qu’il yreftecependantune quantité fuffifante d'humidité ; car les fels étant une fois cryttallifés &r à fec, n’agiffent plus. | Après que les laines ou étoffes ont été fur le bouil- lon pendant cinq à fix jours, ellesfont en état de re- cevoir la teinture, On prépare donc un bain frais , fuivant la quantité de laine ou étoffe qu’on veut tern- dre ; & lorfqu'il commence à être tiede , on y jette douze onces de kermès pour chaque livre pefant de laine ou étoffe àteindre , fi l’on veutune écarlate bien pleine & bien fournie en couleur. S1 le kermès étoit trop vieux ou éventé , il en faudroit davantage &c à proportion de fa qualité. Il faut que la laine ou étoffe bouille pendant une bonne heure, après quoi on la leve pour la laïffer égoutter, ayant eu foin de la bien remuer pendant le tems qu’elle étoit dans la chaudiere, après quoi on la porte À la riviere pour la laver. Quelques teir- turiers ont foin de pañler la laine ou étoffe,avant que TEI de la porter à la riviere, fur un bain d’eau ün peu tiede, dans laquelle on a fait fondre éxaétement une petite quantité de favon ; ce qui donne de lPéclatà la couleur ; mais en même tems la rofe un peu. On appelle écarlate demi-graine, cellé où | où em- ploie moitié kermès &t moitié garence. Ce mélange donneune couleur extrèmement folide, mais quitire un peu fur la couleur defang. Ne VOA Il faut obferver que la quantité d’ingrédiens qui entre dans la teinture de toutes les étoifes en général, ne doit point être aufli confidérable ; eu égard au poids, pour l’étoffe fabriquée, que pour la laine filée ou en toifon, attendu que la tiflure ferrée du drap empêchela couièur de pénetrer ; ce qui fait qu'il w’eit pas néceflaire que l’étoffe fabriquée féjourne auf long-tems fur le bouillon que la laine : on pourroit même la mettre à la seréurele lendemain qu'elle a té bouillie. be les épreuves qui ont été faites de l’écarlate de graine ou de kermés, foit en expofant au foleil , foit par les différens débouillis, on a reconnu qu'il h’ya point de meilleure couleur ni de plusfolide: elle va de pair pour la folidité avec les bleus dont cn a parlé. Cependant le kermés n eft préfque plus d’u- fage en aucun endroit qu’à Venife. Le goût de cette couleur a pañlé entierement depuis qu'on a pris celui des écarlates couleur de feu. On appelle préfente- ment cette écarlate de graine, we couleur de fang de bœuf. Cependant elle a des grands avantages fur Pau- tre ; car elle ne noircit point & ne fe tache point , &c fi l’étoffe s’engraifle , on peut enlever les taches fans endommager la couleur. Elle n eft plus de mode néan- moins , & cette raifon prévaut à tout. | De l’écarlate couleur de feu. L’'écarlate couleur dé feu, connue autrefois fous le nom d’écarlate d’Hol- lande, & aujourd’huifous celui d'écarlatedes Gobelins, eft la plus belle & la plus éclatante couleur de la reinture. Elle eft aufli la plus chere, & une des plus difficiles à porter à fa perfeétion. On ne peut mêmé guere déterminer quel eft ce point de perfeétion ; car indépendamment des différens goûts qui partagent les hommes fur le choix des couleurs, 1l ÿ a aufh des goûts généraux , pour ainfi dire , qui font que dans uhtems des couleurs font plus à la mode que dans d’autres : ce font alors ces couleurs de mode quifont des couleurs parfaites. Autrefois , par exemple, on vouloit les écarlates pleines , foncées, d’une couleur que la vue foutenoit aïfément : aujourd'hui on les veut orangées , pleines de feu ,& que l’œil ait peine À en foutenir l'éclat. On ne décidera point lequel de : ces goûts mérite la préférence ; & on vadonnerla maniere de les faire d’une façon & de l’autre, & de toutes les nuances qui tiennent le milieu entre ces xtrémités. i La cochenille mefteque ou tefcalle eft l’ingrédient qui donne cette belle couleur ; on en a donné une defcription , de même que de la cochenille filveftre ou campetiane, ainfion ue dirarien de plus. I fufit de dire qu'iln’y a point de teinturier qui n'ait une récette particuliere pour faire l’écarlate, ëc chacun d’eux eft perfuadé que la fienne eft préférable à tou- fes les autres. Cependant la réuflite ne dépend que du choix de la cochenille, de l’eau qui doit fervir à: la reinture , &c de la maniere de préparer la diffolution de Pétain , que les teinturiers ont nommé compo/i- tion pour l’écarlate. at Comme c’eft par cette compoñtion qu’on donne la couleur vive de feu au teint de la cochenille, qui fans cette liqueur acide feroit naturellement de cou- leur cramoifi , on va décrire la maniere de la prépa- rer quiréuffit Le mieux : Il faut prendre huit onces d’efprit de nitre, qui eft toujours plus pur que J’eau-forte commune , & de bas prix , employée ordinairement par les temturierss On affoiblit cet Teme XVI, TEI 19 acide mitreux en verfant deflus huit onces d’eau de riviere filtrée. On y diffout peu -à-peu une demi- once de fel ammoniac bien blanc pour en faire üne eau régale, parce que le nitre feul n’eft pas le dif- folvant de l’étain : enfin on y ajoute feulement deux gros de falpètre de la troifième cuite; on pourroit À la rigueur le fupprimer, mais on s’eft apperçu qu’il contribuoit à unir la couleur, c’eft-à-dire à la faire prendre plus également. Dans cette eau répale affoi- blie, on fait diffoudre une once d’étain d'Angleterre en larmes , qui ont été grenaillées auparavant en le jettant fondu d’un peu haut dañs une terrine pleine: d’eau fraîche ; mais on ne laïffe tomber ces petits grains d’étain dans le diflolvant, que les uns après les autres ; attendant que les premiers foient diffous avant que d'en mettre de nouveaux, afin d'éviter la perte des vapeurs rouges qui s’eleveroient en grande quantité , & quife perdrotent fi la diffolution du mé- tal fe faifoit trop précipitamment, Ces vapeurs font néceffaires à conferver ; &z elles contribuent beau coup à la vivacité de la couleur , foit parce que c’eft un acide qui s’évaporeroit en pure perte , foit qu’el- les contiennent un fulphureux particulier au falpêtre qui donne de l'éclat à Ja couleur. Cette méthode eft beaucoup plus longue à la vérité que celle des tein- turiers , qui verfent d’abord leur eau-forte fur lé- tain grenaillé , & qui attendent qu'il fe faffe une vive ! fermentation ; & qu'il s’en élevé beaucoup de va- peurs pour Pafoïblhirpar l’eau commune. Quand lé- tain eft ainfi difous peu-à-peu , la compofition d’é: carlate eft faite, & la liqueur eft d’une belle diffolu- tion d’or, fans aucune boue précipitée , ni fédiment noir, Plufieurs teinturiers font leut compoñtion d’une autre maniere. Ils mettent d’abord dans un vaifileau de grais de large ouverture , deux livres de fel am- montac!, deux onces de falpêtre rafiné & deux li- vres d’étain grenaïllé à l’eau, ou pour le mieux en rapures , parce que quand il a été fondu & srenaillé, il ÿ én a une petite portion de convertie en chaux, laquelle ne fe diflout point. Ils pefent quatre livres d’eau dans-un vaiffeau à part, &ils en jettent envi- ronun démi-fetier fur le mélange dans le vafe de grais, Ils ÿ mettent enfuite une livre & demie d'eau-forte commune qui produit une fermentation violente. Lorfque l’ébullition eft ceflée , ils y remettent encore autant d’eau-forte , & un inftant après ils y «en ajou- tenténcore une livre ; après quorils y ver{entle refte des quatre livres d’eau qu’ils avoient mis à part. Ils couvrent-bien le vaiffeau , & ils laiffent repofer la compofition jufqu’au lendemain. On peut mettre dif= foudre le falpêtre & Le fel ammoniac dans l’eau-forte, avant que d'y mettrel'étain; ce qui revient abfolu< ment au même, felon eux, quoiqu'il foit für que cette derniere maniere eft la meilleure. D’autres mêlent l'eau &r Peau-forte enfemble, & mettent ce mélange fur l’étain & le fel ammoniac ; d’autres enfin fuivent différentes proportions. | Le lendemain de la préparation de la compofition on fait le bouillon pour Pécarlate , qui ne reflemble point à celui dont on a parlé en premier lieu. Voici de quelle maniere onle prépare. Pour une livre de laine ou étofe, on met dans une petite chaudiere vingtpintes d’eau bien claire qui foit de riviere, non de puits ou de fource trop vive. Lotfque l’eau eft un peu plus que tiede, on y jette deux onces de crême de tartre en poudre fubtile, & un gros & demi de cochemille pulvérifée & tamifée. On poule le feu un peu plus fort ; & lorfque le bai eft prêt à bouillir , on yJjette deux onces de compo- fition. Cette liqueur acide change tout-d’un-coup la couleur du bain , qui de cramoifiqu'ilétoit, devient couleur de fang d’artere. Auffi-tôt que le bain a com: mencé de bouillir, on y plonge la laine ou étoffe, C ÿ 20 T E Ï \ aui doit précedemmentavorrété mouillée dans l’eau chaude, 8&cexpriméelou égouttée ; on remuefans dif- continuer la laine ou étoffe dans'le bain, & only : Jaïffe-bouillir pendant une heure & demie ; après quoi on la leve, onlexprime doucement , & on la | lave dans de l’eau fraiche. En fortant de ce bouillon la laine eft de couleur de chair aflez vive, ou méme de quelques nuances plusfoncées, fuivant la force de : la compoñtion & la force de lacochenille. La cou- leur du!bain eft alors entierement pañlée dans la lai- ne , en forte qu’il demeure prefqw'aufi clair que de l’eau commune ; c’eft ce que on appelle £oxillond'é- carlate., & la premiere préparation que l’on doit faire avant que. de teindre; préparation abfolument né- ceflaire | & fans laquelle la seirture de la cochenile ne tiendroit pas. , Pour achever la seinture, on prépare un nouveau bain d’eau claire ; car la beauté de l’eau importe in- finiment pour la perfection de l’écarlate; on y met en même tems une demi-once d’amidon; &z lorfque le bain eft un peu plus que tiede , on y mêle fix gros de cochenille, aufi pulvérifée & tamifée. Un peu avant que le bain bouille, on y verfe deux onces de compofition ; le bain change de couleur comme la premiere fois. On attend qu’il ait jetté un bouillon, &z alors on met la laine dans la chaudiere on l'y re- mue continuéllement comme la premiere fois; on l'y laifle bouillir de même pendant une heure & demie ; après quoi omla léve.,;on l’exprime, 6 on la porte laver à la riviere : lécarlateeft alors dans fa perfeëtion. Ii fuffit d’une once de cochemille par livre de laine, pour la faire belle & fufhfamment fournie de cou- leur, pourvu qu’elle foit travaillée avec attention de la maniere qw’on vient de le dire, & qu'il nerefte aucune seirture dans le bain. Si cependant on la vou- loïit encore plus foncée de cochenille, on en met- troit un gros ou deux de plus ; mais f on alloit, au- delà, elle perdroit tout fonéclat & fa vivacité. Du cramoift. Le.cramoif eft, comme on fa déjà dit , la couleur naturelle de la cochenille, ou plutôt celle qu’elle donne à la laine bouillie avec lalun & le tartre, qui eft le bouillon ordinaire pour toutes les couleurs. | . Voici la méthode qui eft ordinairement en ufage pour les laines filées ; elle eft prefque la même pour les draps, ainfi qu’on le verra ci-après. On.met dans une chaudiere deux onces 8c demie d’alun, & une once & demie. de tartre blanc pourchaque livre de laine. Lorfque le tout commence à bouillir, on : plonge la laine, que lon, remue, bien, & qu'on... laiffe bien bouillir pendant deux heures. On la leve enfuite ; on l’exprime legerement ; on la met. dans unfac, &. on. la laifle ainfi fur le bouillon, comme pour l’écarlate de graine, êc pour toutes-les autres couleurs. Pour la teindre, on prépare un bain frais, dans lequel on met une once de cochenille pour. .cha- que livre, de laine : lorfquele bain eft un peu plus que tiede, & lorfqu'’il commence à bouillir, on y met la laine qu’on remue bien fur fes lifoirs ou bâ- tons , comme on a dù faire pour le bouillon, & on l’y laifle de la forte pendant une heure; après.quoi on la leve ; onl’exprime, & on la porte laver à la riviere. huit Si on veut en faire une fuite, & qu'on veuille en tirer toutes les nuances, dont Les dénominations font purement arbitraires, on fera, comme 1l a: été.dit pour l’écarlate, c’eft-à-dire, qu'on ne mettra que mortie de cochenille ; & on y paflèra toutes les nuan- ces l’une après l’autre, en laiflant {éjourner dans:le bain lesiunes plus long-tems que les autres ,. & com- mençant toujours par les plus claires. | On fait encore de trés-beaux cramoifis, en bouil- lant'de lallaine comme pour l’écarlate ordinaire, & fafantrenfuite un fecond bouiilon avec deux onces d’alunr& une once de tartre pour chaque livre de laine : on la laifle une heure dans.le bouillon ; on prépare tout de fuite un baïn frais, dans lequel on met fix gros de cochenille pour chaque livre de lai ne. Après qu'elle a demeuré une heure dans ce bain, on la leve & on la pañle fur le champ dans un bain de foude. &c de fel ammoniac. On fait auffi par cette méthode des fuites de nuances du cramoif fort bel- les, en diminuant la quantité de la cochenille, Il faut. obferver que dans ce procédé, on ne met que fix: gros de cochenille pour temdre chaque livre de lai- ne , parce que dans le premier bouillon pour l’écar- late qu’on lui donne, on met un gros & demi de cochenille fur chaque livre. On peut faire aufli la même opération , en em- ployant une partie de cochenille fylveftre où cam- petiane , au lieu de cochenille finerou mefteque, & la couleur n’en eft pas moins belle, pourvu qu’on en mette fufhfamment; car pour l’ordinaire! quatre parties de cochenille fylveftre ne font pas plus d’ef- fet en seinture:, qu'une partie de cochénille fine, Ecarlates de gomme lacque. On peut aufli employer la partie rouge de la gomme lacque à faire de l’é- carlate; & fi cette couleur n’a pas exatement tout l'éclat d’une écarlate faiteavec la cochenille fine em- ployée feule , elle a Pavantage d’avoir plus de foli- dité. La gomme lacque la plus eftimée pour la reinture, eftcelle qui eft en branches ou petits bâtons; parce qu’elle eft la plus garnie de parties animales, Il faut choïfir la plus rouge dans Pintérieur ; &c la plus ap- prochante du brun noïrâtte à l'extérieur; quelques, teinturiers lemployent pulyérifée & enfermée dans un fac de toile, pour teindre les étoffes : mais c’eft une mauvaile méthode ; car il pale toujours au-tra- vers des, mailles dela toile quelques portions de la gomme réfine qui fe fond dans l’eau bouillante dela chaudiere, & qui s'attache au drap où elle effif ad. hérente quand le drap eft refroidi, qu’on eft obligé de la gratter ayecun couteau. D’autres la réduifent en poudre ; ils fa font bouillir dans l’eau , 87 après ques lui. a communiqué toute fa couleur, ils laif- ent refroidir la liqueur; la partie réfineufe fe dé- pofe au fond. On décante l’eau colorée, & on la fait évaporer à Pair où elle s’empuantit ; & lorf qu'elle. a pris une confiftance de cofignat, on la met dans des vaifleaux pour la conferver. Sous cette for- me, il eft aflez difficile de déterminer au jufte la quantité qu'on-en.emploie ; c’eft ce qui a fait cher- cher le moyen d’avoir cette sinture féparée de fa sommeréfine, fans être obligé de faire évaporer une fi grande quantité d’eau pour lavoir feche & ré- duité én:poudre. |, | La racine de grande confoude eft celle qui jufqu’à . préfent a le mieux réufli. On Pemploye feche & ré- duite en poudre groffiere , & on met un demi-gros par pinte d’eau qu'on fait bouillir un bon quart- d'heure; enfuite.on [a pañle par un linge, & on la verfe toute chaude fur la gomme lacque, pulvérifée 8 pañlée par un tamis de crin. Elle en tite fur le champ une belle serrure cramoïfie ; on met le vaifleau digérer à chaleur douce pendant douze heures, ayant foin d’agiter fept ou huit fois la gomme qui fe tient au fond ; enfuite on décante l’eau chargée dela couleur dans.un vaifieau aflez grand pour que les trois quarts puiflent refter vuides , &c on les remplit : d’eau froide. On verfe enfuite une très-petite quan- , tité d’une forte diflolution d’alun de Rome fur cette . reinture, extraite, puis noyée: le teint mucilapineux fe précipite ; & fi l’eau quile furnage paroït encore colorée, on ajoute quelques gouttes de la diflolution d’alun pour ächever la précipitation, & cejufqu'à, £e que lea furnageante foit auffi décolorée que de l'eau commune. Quand le mucilage cramoifi s’eft bien afaiflé au fond du vaifleau , on tire l’eau claire avec un {yphon, & on verfe le refte fur un filtre, pour achèver de Pégoutter ; après quoi on le fair fé- cher au foleil. Si la premiere opération n’avoit pas tiré tout le teint de la gomme lacque, on répétera tout ce qui a _été fait dans la premiere extrattion. De cette ma- niere, on fépare toute la ezzsure que la gomme lac- que peut fournir ; & comme on la fait fécher pour Ja pulvérifer enfuite, on fait ce que ceite somme a rendu , & on eit aufhi plus sûr des dofes qui font employées dans la seineure des étoffes , que ne le font ceux quife contentent de l’évaporer en confiftance d'extrait ; parce que le plus compaét fera plus colo- rant que le plus humide. Îl ÿ a une circonftance dans la sinrure d'écarlate qui mérite attention : 1] s’agit de favoir de quelle matiere doit être la chaudiere dont on fe fert. Tous Les Teinturiers font partagés fuf ce point : on fe fert en Languedoc de chaudieres d’étain fin; il y a à Paris quelques teinturiers qui s’en fervent aufhi. Cepen- dant M. de Juliene, qui fait des écarlates fort re- cherchées , ne fe fert que de chaudieres de cuivre jaune. PNCE PIE, ja On n’en a pas d’autres non plus dans la manufac- ture des seztures de S. Denis. On a feulement la pré- caution de placer un grand réfeau de corde, dontiles mailles font aflez étroites, dans la chaudiere , afin que l’étoffe n’y touche point. Au-lieu d’un réfeau , d’autres fe fervent d’un grand panier d’ofier, écorcé à claire voie, qui eft moins commode que le réfeau, parce que jufqu’à ce qu'il foit chargé du drap ou der létoffe qu’on doit y plonger, 1l faut un homme de chaque côté de la chaudiere pour appuyer deflus , &z l'empêcher de remonter à la furface du bain. Suivant plufeurs expériences , on a reconnu que le drap ou étoffe teint dans une chaudiere d’étain avoit plus de feu que celui qui étoit teint dans une chaudiere de cuivre , dans-laquelle il faut employer un peu plus de compoftion que dans celle d'étain. Ce qui fait que le drap eft plus rude au toucher. Pour : éviter ce défaut , les Teinturiers fe fervent de chau- dieres de cuivre , employent un peu de £errz merira ; | drogue de faux teint prolibée par les reglemens aux Teinturiers du grand teint, mais qui donne à l'écarlate cette nuance quis eft préfentement en mode, c’eft-à-dire la couleur de feu que la vue a peine à foutenir, Il eft aifé de reconnoiître cetteforte de falfification, quand on en a quelque foupçon ;4l n'ya qu'à couper un petit échantillon du drap avec: des cifeaux, & en regarder la tranche, elle fera d’un beau blanc ,, s’il n’y a point de serra merita | &: elle paroîtra jaune, s’il y en a. L’écarlate légitime ne tranche jamais : on l'appelle /égisime , & l’autre » | faififiée , parce que celle où l’on a employé le sera merita , et plus fuette que Pautreà changer de cou- | leur à l’air. Mais comme le goût des couleurs varie beaucoup, que les écarlates les plus vives font pré-: | fentement à la mode , & que pour fatisfaire l’ache- teur, 1l faut qu'elle ait un œil jaune, il vaut beau coup mieux tolérer ’emploi-du serra merira, quoique defauxteint, que de laiffer mettre une trop grande: | ; fur le fil, foit fur Le coton:, il faut que la même ma- quantité de compoftion pour-porter l’écarlateà.ce ton de couleur ,.parce-que., dans le dernier cas’, le: drap s’en trouveroit altéré 5 & qu'outre qu'il ef: | d'autant, plus-tachant àlla boue, qu'il a eu plus: de compofñtion acide dans fa-enture ;: c'eft qu’il e dé: chire plus aïfément,, parceque es acides roidiffent: les fibres de lalaine & les rendent caflantes. Il faut encore ajouter, que fi. l’on fe fert-d’une chaudiere de cuivre, il faut qu’elle foit d’une -pro= | prete infinie.Cependantl vaudroit beaucoup mieux L | lon. FEI ai fe fervir de chaudiere d’étain ; puifque fans étain on ne peut faire de Pécarlate : une chaudiere de cé métal ne peut que contribuer à fa beauté. left vrai que cés Chaudieres coûtentttrois à quatre mille li vres, ce qui eft un objet, & dès une premiere op£- ration , elles peuvent être fondues par linattention des compagnons. Cependant il n’y a point de doute qu'un tel vafleau ne foit préférable à tous les autres : il ne s’y fait aucune rouille ; & fi l'acide de la hqueur en détache quelques parties, ces parties détachées ne fauroient nuire. ç Du rouge de garence. Pour teindré en rouge de ga- rence, le bouillon eft ä:peu-près le mêmé que pour le Kérmès ; on Le fait toujours avec lalun & Le tar- tre. Les Teinturiers ne font pas toujours d'accord fur les proportions; on penfe néanmoins que la meil- leure eft de mettre cinq onces d’alun & une once de tartre rouge pour chaque livre de laine filée, ou une aune de drap; on peut mettre environ une douzieme partie d’eau füre dans le bain du bouillon , & y faire bouillir la laine ou étoffe pendant deux bonnes heu res. Si c’eft de la laine filée, on la laïffe fur fon bouil- lon pendant fept ou huit jours ; &f c’eft du drap, on peut achever le quatrieme. … Pour teindre cette laine ou étoffe | on prépare un baïn frais ; &c lorfque l’eau eft chaude à pouvoir y {ouffrir encore la main, on y jetteune demi-livre de la plus belle garence grappe pour chaque livre de laine Ou aune de drap, & on afomde la faire bien pallier & mêler dans la chaudiere avant que de mettre la laine ou étoffe qu’on y tient pendant une Heure fans faire bouillir le bain , parce que la couleur feroit terne. Mas pour mieux aflrer la seirsure, on peut le faire bouillir fur la fin de l’opération feulement pendant, quatre Où Cinq minutes. La garence appliquée fur les étoffes , fans lesavoir | préparées à la recevoir par le bouilion. d’alun & du tartre,, lui donne à la vérité fa couleur rouge, mais elle la donne malunie , & de plus elle n’a aucune fo: ldité ; ce font donc les fels qui en affürent la sir ture, Ce qui eft commun à toutes les autres couleurs, ronge où Jaune, qui ne peuvent fe faire fans un bouil- Du jaune. Les nüances.de jaune les plus connues dans l'art de la Teinture font le jaune paillé ou de paille, le jaune pâle, le jaune citron &c le jaune nai£. | fant. 2: Pour teindre en jaune, on donne À la laine flée ou à létoffe le bouillon ordinaire, dontila déja été. parlé plufeurs fois , c’eft-à-dire celui de tartre & dalun. On met quatre onces d’alun pour chaque li-- vre de laine ou aune de drap. À l’égard du tartre, if fuffit d’en mettre une once par livre, au-lieu de deux : onces qu'on emploie pour les rouges. Maniere de teindre le jaune Gle verd fur le fil 6 cos tort en bon teint. Il faut leffiver le coton dans un bain préparé avec des cendres de bois neuf, enfuite le bien laver &r le faire fécher. Il faut préparer un bain dont l’eau foit prête à bouillir , y faire fondre de l’alun de Rome la pefan= * teur du quart du poids de matiere qu’on veut tra- vailler. | Il eft à obferver que fi on veut faire du verd , foit: |tiere , après avoir été bien décruée, foitteinte en bleu; des nuances qu’on defire ; qu’il foit enfuite bien dégorgé dans l’eau & bien féché. On'agite enfuite Le tout dans le bain d’alun pen- dant quelques minutes, on couvre la chaudiere , on retire lefeu, & on laifle infufer dans cet alunage ! pendant vingt-quatre heures, après lequel tems on : fait fécher fans laver. Il eft à remarquer que plus dettemsilrefte fec ; mieux il prend la couleur, On * 2. TE peut auffi fe difpenfer de le laver avant de le rnettre, foït en jaune , {oit en verd. | Ayant préparé un fort bain de gaude ( de cinq quarterons pour livre), on y plonge le coton ou fil aluné ; on jette dans ledit bain un peu d’eau frat- che, pour faire cefler le bouillon ; on laiffe ladite matiere jufqu'à ce qu’elle ait la nuance que Pon defire. Quand le tout eff teint, on le plonge dans un baïn chaud , fans être bouillant, fait avec le vitriol bleu, qui doit être aufi compofé d’un quaïteron par li- vre de matiere. On laïfiera macérer dans ledit bain pendant une heure & demie ; enfuite de quoi on jet- tera le tout fans le laver dans unautre bain de favon blanc bouillant , compoié d’un quarteron par livre pefant de fon poids. Après qu’on y aura bien manié &t vagué ledit coton ou fil, on le fera bouillir Pef- pace de quarante minutes , ou tant qu'on voudra , dans ledit bain de favon. On peut même diminuer la dofe de favon jufqu’au demi-quart de fon poids qui pourroit fuflire, mais plus grande quantité ne peut que bien faire. L’opération du favon finie, il faut bien laver le tout, le fécher & le mettre en ufage. « Nous fouflignés infpeéteurs , pour le roi, des » manufaétures des toiles & toileries en la généra- # lité de Rouen, certifions & approuvons le préfent » conforme à l’original refté en nos mains. A Rouen, »# le 24 de Juin 1750. Signé, CLÉMENT 6 MOREL». Pour une livre de fil de coton ou de lin, d’alun, de vitriol , de favon, de gaude, uné bonne lefive de cendres de bois-neuf, bien cou- lée à fin. L'opération du bouillon ou la maniere de bouillir eft femblable aux précédentes. Pour le gzudage, c’eft- à-dire pour jaunir le fujet, après que la laine ou l’é- toffe eft bouillie, on met dans un bain frais cinq à fix livres de gaude pour ne livre d’éroffe : on enferme cette gaude dans un fac de toile claire, afin sn ne fe mêle point dans l’etoffe ; & pour que le DIDE SCENE ac ne s'éleve point au haut de la chaudiere, on le charge d’une croix de bois pefant. D’autres fontcuire leur gaude, c’eft-à-dire qu'ils la font bouiliir jufqu’à ce qu’elle ait communiqué tout fon teint à l’eau du bain , & qu’elle fe foit précipitée au fond de la chau- diere , après quoi ils abattent deffus une champagne ou cercle de tt d’un réfeau de cordes ; d’au- tres enfin la retirent avec un rateau lorfqu’elle eft cuité &c la jettent. On mêle aufñ quelquefois avec la gaude du bois jaune , & quelques-uns des autres ingrédiens dont on vient de parler, fuivant la nuance du jaune qu’ils veulent faire. Mais en variant les do- fes & les proportions des fels du bouillon, la quan- tité de l’ingrédient colorant &c le tems de lébulli- tion , on eft certain d’avoir toutes ces nuances à linfini. Pour la fuite, ou les nuances claires du jaune, on s’y prend comme pour toutes les autres fuires , fice n’eft qu’il eft mieux de faire pour les jaunes clairs un bouillon moin fort. On ne mettra, par exemple, que douze livres & demie d’alun pour cent livres de lai- ne, on retranchera le tartre , parce que le bouillon dégrade un peu les laines ; & que quand on n’a de be- foin que de nuances claires , on peut les tirer tout de même avec un bouillon moins fort, & que par-là on épargne aufli la dépenfe des fels du bouillon. Mais auf ces nuances claires ne réfiftent pas aux épreu- ves , comme les nuances plus foncées qui ontété faites fans fupprimer la petite portion du tartre. Pour employer le bois jaune , on le fend ordinai- fement en éclats, 6: on le divife autant qu’il eft pof- fible. De cette façon 11 donne mieux fa réinture | 88 par conféquent on en emploie une moindre quantité. De quelque façon que ce foit , on l’enferme toujours dans un fac, afin qu’il ne fe mêle point dans la laine, ni dans l’étoffe, que ces éclats pourroïent déchi- rer. On enferme auffi dans un fac la farrete & la gé- neftrole , lorfqu’on s’en fert au-lieu de gaude , ou qu'on en mêle avec elle pour changer fa nuance. Du fauve, Le fauve, où couleur de racine , ou couleur de noifette ; eft la quatrieme des couleurs primitives des Teinturiers. Elle eft mife dans le rang, parce qu’elle entre dans la compoñition d’un très- grand nombre de couleurs. Son travail eft tout diffé- rent des autres ; car on ne fait ordinairement aucune préparation à la laine ou étoffe pour la teindre en fauve ; & de même que pour le bleu, on ne fait que la mouiller dans l’eau chaude. On fe {ert pour teindre en fauve du brou de noix, de la racine de noyer , de l’écorce d’aulne, du fan- tal, du fumach; du rodoul ou fovie, de la fie, &c. De tous les ingrédiens qui fervent à teindre en fauve , le brou de noix eft le meilleur; fes nuances font belles, fa couleur eft folide, il adoucit les lai- nes, & les rend d’une meilleure qualité à travailler, Pour employer le brou dé noix, on charge une chau- diere à moitié , & lorfqu’elle commence à tiédir, on y met du brou à proportion de la quantité d’étoffes que l’on veut teindre , & de la couleur plusou moins foncée qu’on veut lui donner. On fait enfuite bouil- lir la chaudiere, & lorfqw’elle a bouilli un bon quart: d'heure, on y plonge les étoffes qu’on a le foin ‘de mouiller auparavant dans de Peau tiede, on les tour- ne, & on les remue bien , jufqu’à ce qu’elles aient acquis la couleur que l'on defire, Si ce font des laï-. nes filées dont 1l faille afortir les nuances dans la derniere exattitude ; on met d’abord peu de brou, & on commence par les plus claires : on remet enfuite du brou à proportion que la couleur du bain feitire , & on pañe les brunes. À l'égard des étoifes, on commence ordinairement par les plus foncées ; & lorfque la couleur du bain diminue, on pañle les plus claires ; on les évente à l'ordinaire pour les re- froidir, & on les fait fécher & apprêter. La racine de noyer eft, après Le brou , ce qui fait le mieux pour la couleur fauve : elle donne aufi un très-grand nombre de nuances , & à-peu-près les mêmes que le brou; ainfi on peut les fubftituer Pun à l’autre, fuivant qu'il y'a plus de facilité à avow l'un que Pautre : mais il y a de la différence dans la maniere de l’employer. On remplit auxtrois quarts une chaudiere d’eau de riviere , & on y met de la racine hachée en copeaux la quantité que l’on juge convenir , proportionnellement à la quantité d’étof- fes que l’on a à teindre, &c à la nuance à laquelle on la veut porter. Lorfque Le bain eft affez chaud pour ne pouvoir plus y tenir la main, on y plonge la laine ou étoffe, &z on l’y retourne jufqu’à ce qu’elle ait acquis la nuance que l’on defire ; ayant foin de Pé- venter de tems en tems, & de la paffer entre les mains dans les lifieres pour faire tomber les petits. copeaux de racine qui s’y attachent & qui pourroient tacher l’étoffe, Pour éviter ces taches , on peut en- fermer la racine de noyer hachée dans un fac, com- meila été dit à l’égard du bois jaune. On. pañle en- fuite les étoffes qui doivent être de nuances plus clai- res, êc l’on continue de la forte, jufqu’à ce que la racine ne donne plus de rezzture. Le racinage, c’eft-à-dire , la maniere de teindre les laines avec la racine , n’eft pas trop facile ; car fi l’onn’a pas une grande attention au degré de chaleur, &t à remuer les laines & étoffes, enforte qu’elles trempent bien ‘également dans la chaudiere, on court rifque de les rendre trop foncées, ou d’y faire destaches, ce qui eft fans remede, Lorfque cela ar- Li rive , lefeul parti qu'il yaà prendre, c'eft de les tét- tre en marron, pruneau & café. Pour éviter les m- convéniens , il faut tourner continuellemenñt les étof- fes fur le tour, & même ne les laifler pafler que piece à piece; & fur-rout, ne faire bouillit le bain que lorfque la racine ne donne plus de couleur, ou qu'on veut achever d’en tirer toute la fubftance. A l'égard de l'écorce d’aulne , il n’y a rien à dire que ce qu'on a dit de la racine de noyer, fi ce n’eft qu'il y a moins d'inconvénient à la later bouillir au commencement , parce qu’elle donne beaucoup moins de fond à Pétofe. Le fumach eft employé de là même maniete que le brou de noix : il donne encore moins de fond de couleur, & elle tire un peu fur le verdâtre. On le fubflitue fouvent à la noix de galle dans lescouleurs que l’on veut brunir, & il fait fort bien ; mais il en faut une plus grande quantité que de galle, Sa cou- leur eft auf très-folide à air, On mêle quelquefois enfemble ces différentes matieres; & comme elles font également bonnes , & qu’elles font à-peu-près le même effet, cela donne de la facilité pour certat- nes nuances. Cependant il n’y a que lufage qui puifle conduire dans cette pratique des nuances du fauve , qui dépend abfolument du coup d'œil, 8 qui n’a par elle-même aucune difficulté, _ Du noir, Le noir eft la cinquieme couleuf primi- tive des Teinturiers. Elle renferme une prodigieufe quantité de nuances, à commencer depuis le gris- blanc, ousris de perfes, jufqu’au gtis de more; ëc enfin au noir. C’eft à raïfon de ces nuances qu'il eft mis au rang des couleurs primitives ; car la plüpart des bruns , de quelque couleur que ce foit, font ache- vés avec la même seinture, qui fur la laine blanche, feroit un gris plus ou moins foncé. Cette opération fe nomme bruniinure. : Il faut donc aduellement donner la manieredefaire le beau noir fur la laine. Pour cette effet, on fera obligé de parler d’un travail qui regarde le petit teint. Car pour qu’une étoffe foit parfaitement bien teinte en noir, elle doit être commencée par le tein- turier du grand & bonteint , & achevée par celui du petitteint, à 11 faut d’abord donner aux laines, ou étoffes de laine que l’on veut teindre en noir, une couleur bleue , la plus foncée qu'il eft poffible ; ce qui fe nomme Ze pié ou Le fond. On donne donc à Pétoffe le pié de bles pers , qui doit fe faire par le teinturiet du grand & bon teint, de la maniere qu'il a êté ex- pliqué dans l’article du bleu. On lave létofle à la riviere, aufi-tôt qu’elle eft fortie de la cuve de paf- tel, & on la fait bien décorger au foulon. Il eft im- portant de la laver aufli-tôr qwelle eft fortie de la cuve , parce que la chaux qui eft dans le bain, s’at- tache à l’étoffe, & la dégrade fans cette précaution : il eft néceflaire auffi de la désorger au foulon, fans quoi elle noirciroit le linge & les mains, comme cela arrive toujours, quand elle n’a pas été fuffifame ment désorgee. | * Après cette préparation , l’étoffe eft portée au teinturier du petit teint, pour l’achever & la noicir ; ce qui fe fait comme il fuit. | Pour centliv.pefant dedrap ou autreéroffe,qui felon les réolemens , a du recevoir Le pié de bleu pers, on met dans une moyenne chaudiere dix hivres de bois d'inde coupé en éclat, & dix livres de galle d’alep pulvérifée, le tout enfermé dans un fac : on fait bouil- lir ce mélange dans une quantité fufifante d’eau pen- dant douze heures. On'tranfporte dans une autre chaudiere le tiers de ce bain, avec deux livres de vert-deoris , & on y pañle l’étoffe, la remuant fans difcontinuer pendant deux heures. Il faut obfervet alors de ne faire bouillir le bain qu'à très-petits bouil lons, ou encore mieux , de ne le tenir que très= | | Te 2 chaud fans boiulir, On léVera enfuite l'étoffes on jettera dans la chaudiere lé fecond tiers di bain 4veë lé bremier qui eft déja, & on ÿ äjoutera huit livres de couperole verte : on diminuera le fe deflous la chaudiere, & on laïflera fondre la couperofe , & rafraichir le bain environ une demisheure ; après quoi on y mettra l’étoffe, qu’on y menera bieñ pen= dant une heure; on la levera enfuite, & on l’éven: tera. ‘On prendra eñfin le refte du bain , qu’on mê- lera avec les deux premuers tiers , ayant foin auffi de bien exprimer le fac. On y ajoutera quinze ou vingt livres de fumach: on fera jetter un bouillon à ce bain , puis on le rafraichira avec un peu d’eau froi- de , après y avoir Jetté encore deux livres de coupes rofe, & on y pañlera l’étoffe pendant une heure : on la lavera enfiute, on l’éventera, & on la remettra de nouveau dans la chaudiere , la remuant toujours encore pendant une heure. Après cela, on la por- tera à la riviere, on la lavera bien , & on la fera dégorger au foulon. Éorfqu’elle fera parfaitement dégorgée, & que l’eau en fortira blanche ; on pré- parera un bain frais avec de la gaude à volonté, & on l’y fera bouillir un bouillon ; & après avoir ra- fraîchi le bain, on y pañlera l’étoffe. Ce dernier bain l’adoucit &t aflure davantage le noït. Decette manie- re, l’éroffe fera d’un très- beau noir, &c aufi bon qu'il eft poffible de le faire, fans que létoffe foit def- féchée. l | On teint quelquefois auf en noit,fans avoir donné lepié de bleu, & il a été permis deteindre de la forte des étamines, des voiles, & quelques autres étoffes de même senre , qui font d’une valeur trop peu cons fidérable pour pouvoir fupporter le prix de la sn ture en bleu foncé , avant que d’être mifes en noir, Maison a ordonné en même tems de raciner les étof: fes, c’eft-à-dire , de leur donner un pié de brou de noix , ou de racine de noyer ; afin de n’être pas obli< gé, pour les noircir, d'employer une trop grande quantité de couperofe. Ce travail pourroit regarder le petit téint; cependant , comme dans les endroits où il a été permis on a accordé aux teinturiers du grand teint la permiflion de le fairé , concurfemment avec les teinturiers du petit teint, il a paru que c’é- toit ici le lieu d’en parler ; puifqu'on eft aux couleurs qui participent du grand & de petit teint. Il n’y a aucune difficulté dans cetravail. On racine l'étoffe, comme onl’a expliqué dans l’article du fau ve, & on la noircit enfuite de la maniere qu’on vient de le dire, ou de quelqu’autre à-peu-près femblas ble, Les nüances du noiït font les gtis, depuis le plus brun jufqu’au plus clair. [ls font d’un très-prandufage dans la seznture , tant dans leur couleur fimple , qu’ap: pliqués fur d’autres couleurs. C’eft alors ce qu’on appelle Bruniure, Il s’agit maintenant des gris fim- ples confidérés comme les nuances qui dérivent du noir, ou qui y conduifent , & on rapportera deux manieres de les faire. 22 | La premiere & la plus ordinaire eft de faire boul: Et pendant deuxjheures de la noix de galie concaf: féé avec une quantité d’eau convenable, On fait dif: foudre à part de la couperofe verte dans de Peau ; & ayant préparé dans une chaudiere un bain pour la quantité de laines ou étoffes que l’on veut teindre ; on y met lorfque l’eau eft trop chaude pour y pou- voir fouffrir la main , un peu de cette décoétion de noix de galle, avec de la diflolution de couperofe, On y pañle alors les laines ou étoffes que l’on veut tein- dre en gris le plus clair: Lorfqu’elles font au point que lon defire ; on ajoute fur le même bain de nou- velle décottion de noix de galle, 87 de l’infufñon où ‘diffolution de couperofe verte , &c on y pañle les lai: nes de la nuance au:deflus, On continue de la forte jufqu’aux plus brunes, en-ajoutant toujours de 24 FTET ces liqueurs jufqu’au gris-de-maure,& même jufqu’au noir : mais il eft beaucoup mieux pour le gris-de- maure , &c les autres nuances extrémement foncées, d’yavoir donné précédemment un pié de bleu plus où moiïns fort, fuivant que cela fe peut , & cela pour les raifons qui ont été données ci-deyant. La feconde maniere de faire les gris, me paroit préférable à celle-là, parce que le fuc de la galle eft mieux incorporé dans la laine, & qu’on eft für de n’y employer que la quantité de couperofe qui ef abfolument néceffaire. [Il réfulte même des expérien- ces qui ont été faites,que Les gris font plus beaux, & que la laine a plus de brillant. Ce qui détermine à donner la préférence à cette feconde méthode, c’eft ‘qu'elle eft auffi facile que la premiere, & qu’outre cela elle altere beaucoup moins la qualité de la laine, On fait bouillir pendant deux heures dans une chaudiere la quantité de noix de galle qu’on juge à- propos , après l’avoit enfermé dans un fac de toile claire. On met enfuite la laine ou étoffe dans le bain, on ly fait bouillir pendant une heure , la remuant & la palliant : après quoi on la leve. Alors on ajoute à ce même bain un peu de couperofe difloute dans une portion du bain , & on y pañle les laines ou étoffes qui doivent être les plus claires. Lorfqw’elles font teintes, on remet dans la chaudiere encore un peu de diflolution de couperofe, & on continue de la forte comme dans la premiere opération , jufqu’aux nuan- ces les plus brunes. Il eft à-propos d’obferver qw’outre la fhpticité de la noix de galle, par laquelle elle a fa propriété de pré- cipiter Le fer de la couperofe , & de faire de l’encre, elle contient aufh une portion de somme; cette gom- me entrant dans les pores ferrugineux, fert à les maf- tiquer : mais comme cette gomme eff aflez aifément difloluble , ce maftic n’a pas la ténacité de celui qui eft fait avec un fel difficile à difloudre ; auf les bru- nitures n’ont-elles pas en sinture la folidité des au- tres couleurs de bon teint appliquées fur un fujet préparé par le bouillon de tartre & d’alun; & c’eft pour cette raifon que les gris fimples n’ont pas été Joumis aux épreuves des débouillis. On croit avoir donné la meilleure maniere de faire toutes Les couleurs primitives des teinturiers ; ou du- moins de celles qu'ils font convenus d’appeller de ce nom, parce que de leur mélange & de leurs combi- naïfons, dérivent toutes les autres couleurs. On va maintenant les parcourir , affemblées deux-à-deux , en fuivant le même ordre dans lequel elles ont été décrites fimples. Lorfquw'on aura donné la maniere de faire Les couleurs qui réfultent de ce premier de- gré de combinaïfon, on en joindra trois enfemble ; &c en continuant toujours de la forte , on aura rendu compte, pour ainfi dire, de toutes les couleurs ap- perçues dans la nature, & que l’art a cherché à imiter. Des couleurs que donne le mélange de bleu & de rouge, On a dit en parlant du rouge, qu'il y en avoit qua- tre différentes efpeces dans le bon teint. On va voir maintenant ce qui arrive , lorfque ces différens rouges font appliqués fur une étoffe qui a été précé- demment teinte en bleu. Une étoffe bleue bouillie avec l’alun & le tartre, teinte avec le kermès , il en réfultera ce qu’on appelle a couleur du roi, la couleur du prince, La penfée , le violer &t le pourpre, & plufieurs autres couleurs femblables, Du mélange du bleu & du cramoifi fe forme le co- lombin, le pourpre, l’amaranthe, la penfée & le violet & plufieurs autres couleurs plus ou moins fon- cées. Du bleu & du rouge de garence fe tirent auffi la couleur de roi & la couleur de prince, mais beaucoup : moins belles que quand on emploie Le kermès, le m1- re rime , le tañné, l’âämaranthe obfcur , le rofe feche ; toujours moins vives. Du mélange dubleu & du jaune. I ne vient qu'une feule couleur du mélange du bleu & du jaune : é’eft le verd. Mais il y en a une infinité de nuances, dont les principales font le verd jaune ,verd naïflant, verd gai, verd d’herbe, verd de laurier, verd molequin, . verd brun, verd de mer, verd céladon, verd de perroquet, verd de chou; on peut ajouter le verd d’ailes de canard , &c le verd céladon fans bleu, Tou- tes ces nuances, & celles qui font plus ou moins fon- cées fe font de la même maniere & avec la même fa- cilité. Le bleu plus ou moins foncé fait la diverfité des couleurs. On fait boullir l’étoffe avec alun & tars tre, comme pour mettre en jaune à l’ordinaire une étoffe blanche, & on la teint enfuite avec la gaude , la farrete , la geneftrole, le bois jaune ou le fénu- grec. Toutes ces matieres font également bonnes pour la folidité ; mais comme elles donnent des jau- nes un peu différens, les verds qui réfultent de leur mélange le font aufli. La gaude & la farrette font les deux plantes qui donnent les plus beaux verds. On peut mettre en jaune les étoffes deftinées à être faites en verd, & les pafler enfuite fur la cuve du bleu ; mais les verds auxquels la couleur bleue aura été donnée la derniere , faliront le linge beaucoup plus que les autres , parce que fi le bleu a été donné le premier, tout ce qui peut l’en détacher a été en- levé par Le bouillon d’alun. Le verd céladon, couleur particuliere, & du goût du peuple du Levant, fe peut faire à la rigueur en bon teint, c’eft-à-dire, en donnant à l’étoite un pié de bleu. Mais cette nuance de bleu doit être f foi- ble, que ce n’eft, pour ainf dire, qu’un bleu blanc, lequel eft très-difficile à faire égal & uni. Quand on a été aflez heureux pour faifir cette nuance ; on lui donne mieux la teinte de jaune qui lui convient avec la virga aurea qu'avec la gaude. On permet quelque- fois aux teinturiers du Languedoc de teindre des cé- ladons avec du verd-de-gr1s, quoiqu'alors cette cou- leur foit de la claffe du petint teint, Les Hollandois font très-bien cette couleur. Du bleu & du fauve. On fait très-peu d’ufage des couleurs qui pourroient réfulter du melange du bleu & du fauve. Ce font des gris verdätres ou des efpe- ces d'olives, qui ne peuvent convenir que pour la fa- brique des tapifleries, | À l’égard du bleu & du noir, il ne s’en tire aucune nuance. | | Des mélanges du rouge & du jaune. On tire de l’é- carlate de graine ou du kermès & du jaune , Pauro- re , le couleur de fouci, l’orangé &e plufieurs autres couleurs plus ou moins foncées. On tire de lécar- late des Gobelins & du jaune les couleurs de lan= goufte , & de fleurs de grenade; mais elles ne font pas d’une grande folidité. On en tire auñli Les cou- leurs de fouci , orange , jaune d’or, êc autres nuan- ces femblables, qu’on voit aflez devoir être produi- tes par le mélange du jaune & du rouge. Du mélange du rouge & du fauve. On ne fe fert pour les couleurs qui réfultent de ce mélange,que des rou- es de garence, parce que cet ingrédient produit un auf bel effet dans ces fortes de couleurs-que le ker- mès ou la cochenille , 8 que ces mêmes couleurs ne peuvent devenir éclatantes à caufe du fauve quiles ternit. Ce mélange produit les couleurs de canelle, de tabac, de chataigne, mufc, poil d'ours &r autres femblables, qui, pour ainfi dire , font fans nombre, & qui fe font fans aucune difficulté, en variant le pié ou tond de garance depuisle plus brun jufqu’au plus clair, & les tenant plus ou moins long-tems fur le bain de racine. Du mélange du rouge 6 du noir. Ce mélange fertà faire tous les rouges bruns , dè quelque efpece qW'ils foient.; fotent; mais ils ne font ordinairement d'ufage que - pour les laines deftinées aux tapiferies, On tire aufi de ce mélange les gris vineux , en donnant à la laine une légere teinture de rouge avec le kermès, la cochenille, ou la garance ; & la paf- fant enfuite fur la bruniture plus ou moins long- tems, felon qu’on veut que le vineux domine dans le gris. | Du mélange du jaune E du fauve. On forme de ce mélange les nuances de feuille morte & de poil d'ours, &c. A l'égard du mélange du jaune & du noir ,1l n’eft utile qué lorfqu'il eft queftion de faire quelques gris qui doivent tirer fur Le jaune. Du mélange du fauve & du noir. Ontire de ce mé- lange un très-srand nombre de couleurs , conime les café marron, pruneau, mufc, épine & autres nuan- ces femblables, dont le nombre eft prefque infini êc d'un très-grand ufage, On vient de montrer autant qu'il a été poffble , toutes les couleurs ou nuances qui peuvent être pro- duites par le mélange des deux couleurs primitives, prifes deux à deux. On va préfenter maintenant l’e- zamen qu’on a fait des combinaifons de ces mêmes couleurs primitives prifes trois à trois ; ce mélange en fournit un très-grand nombre. [left vrai qu’il s’en trouvera de femblables à celles qui réfultent du mé- Jange de deux feulement; caril y a peu de couleurs qui ne puifient être faites de diverfes facons: alors c’eft au teinturier à chotfr celle qui lui paroît la plus facile , lorfque la couleur en eft également belle. . Des principaux mélanges des couleurs primirives pri- Jes trois «trois. Du bleu, du rouge &c du jaune fe font les olives roux, les aris verdâtres, & quelques autres nuances femblables de peu d'ufage, fi ce n’eft pour les laines deftinées aux tapifleries. Du bleu , du rouge & du fauve fe tirent lesolives, depuis Les plus bruns jufqu’aux plus clairs; &'enne donnant qu'une très-petite nuance de rouge, les otis ardoïfés, les gris lavandés & autres femblables: Du bleu, du rouge &c du noir fe tirent une infinité de gris de toutes nuances , comme grisde fauge , gris de ramier, gris d’ardoiie, gris plombé, les couleurs de roi &c de prince plus brunes qu’à l'ordinaire, & une infinité d’autres couleurs dont on ne peut faire l’énumération , &c dont plufieurs nuances retombent dans celles qui fe font par d’autres combinaifons. Du bleu, du jaune &r du fauve fe tirent les verds, merde d’oie, & olive de toute efpece. Du bleu, du jaune & du noir, on fait tous les verds bruns, jufqu'au noir. Du bleu , du fauve &c du noir les olives bruns &c les gris verdâtres. Du rouge, du jaune & du fauve fe tirent les oran. gers, couleur d’or, fouci, feuille morte, carnations de vieillard, canelles brûlées, & tabacs de toutes ef- peces. Du rouge, du jaune & du noir, à-peu-près les mêmes nuances; &c le feuille morte foncé. Et enfin, du jaune, du fauve & du noir les cou- leurs de poil de bœuf, de noïfette brune, & quel- ques autres femblables. On n’a donné cette énumération que comme une table qui peut faire voir, en gros feulement, de quels ingrédiens on doit fe fervir pour faire ces for- tes de couleurs qui participent de plufieursautres. On pourroit aufli mêler quatre de ces couleurs erfemble , & quelquefois cinq; ce qui eft cependant très-rare. Maistout détail à ce fujet paroîtroit inutile, parce que tout le poffble eft fouvent fuperfu. On ne fauroit trop recommander dans cette efpe- ce detravail, de commencer toujours parles nuances Les plus claires, les laines deflinées aux tapifieries, parce qu'il arrive fouvent qu'on les laifle plus long- rems qu'il ne faut dans quelqu'un de ces bains, & Tome XVI, TETI 2$ alors on eft obligé de’ deftiner cet échevean à une nuance plus brune, Mais lorfque les nuances claires font une fois aflorties & bien dégradées , ii n’y aplus de dificulté à faire les autres. À l'égard des Ctoffes FI ilrarrive prefque jamais qu’on en fafle de cette fini te de huances , ni qu’on mêle tant de couleurs en femble ; prefque toujours deux où trois luffifent ; | puifqu’on a vu qu'il naifoit tant de couleurs de leur combinaifon, qu’on ne peut pas trouver aflez de difa férens noms pour les défigner, On ne croit pas avoir rien obinis de tout ce qui regarde la seinture des laines ou étoffes de laines, en grand & bon teint; & on ne doute pas, qu'en fuivant exaétement tout ce qui eft prefcrit fur chaque cou- leur, on ne parvienne facilement à exécuter dans la derniere perfeétion, toutes les couleurs & toutes les nuances imaginables,, tant fur les laines en toifon + les laines filées, que fur les étoffes fabriquées en blanc. De la teinture des laines en peris int, On a dit a commencement de Particle de la reizeure des lainesow des étoffes, qu’elle étoit diftinguée.en grand & perir teint. Les replemens ont fixé la qualité des laines & des étoffes qui doivent être teintes en bon teint , & quelles font celles qui doivent, ou peuvent être en petit teint, Cette diftinétion a été faite fur ce princi- pe, que les étoffes d’une certaine valeur, &c qui font ordinairement le deflus des habillemens , doivent re- cevoir une couleur plus folide & plus durable ,que des étoftes de bas prix , qui deviendroient néceffiri- rement plus cheres , & d’un débit plus difficile, f on obligeoit de les teindre en bon teint, parce que le bon teint coûte réellement beaucoup plus que le pe- tit teint. D'ailleurs les étofes de bas prix, qu'il eft permis de tendre au petit teint, ne font pour Pordi- naire employées qu’à faire des doublures, en forte qu’elles ne font prefque point expofées à ladion de Vair ; &c fi on s’en fert à d’autres ufages, elles s’'ufent trop promptement à caufe de la foiblefle de leur tif fure, & par conféquent il n’eft pas néceflaire que la couleur en foit auffi folide que celle d’une étoffe de plus iongue durée, On enfeignera bien-tôt les moyens de faire les mêmes couleurs que celles du bon teint, avec d'autres ingrédiens que ceux dont on a parlé jufqu’i- ci, & qui, s'ils n’ont pas la folidité des premiers, ont fouvent l’avantage de donner des couleurs plus vives & plus brillantes ; outre que la plupart rendent la couleur plus unie, & s’emploient avec beaucoup plus de facilité que les ingrédiens du bon teint. Ce {ont là les avantages de ces matieres qu’on nomme faux ingrédiens ; & quoiqu'il füt à defirer que l’uda- ge en füt beaucoup moins répandu qu'il ne left ; OIL ne peut pas dire qu'ils aient auf leur utilité pour des étoffes moins expofées à l’air, ou dont la couleur n'a pas befoin d’être fort durable, On peut encore ajouter que les couleurs s’aflortiffent prefque tou jours avec beaucoup plus de facilité & plus vite, en petit teint, qu'on ne pourroit le faire en bon. teint, On ne fuivra point pour ce genre de smre, le même ordre qui a été fuivi dans le bon teint, parce qu’ici on ne reconnoït point de couleurs primitives. Il y en a peu qui fervent de pié à d’autres: la plupart ne naiflent pas de la combinaifon de deux, ou de plufieurs couleurs fimples. Enfin il y a des couleurs, comme le bleu, qui ne fe font prefque jamais en petit teint, | On ne répétera point ici les noms de tous les in- grédiens qui doivent particulierement être afe@és au petitteint , ni leur defcription ; on donnera feu- lement la maniere d'employer chacun de ces ingré- diens , & d’en tirer toutes les couleurs qu'ils peuvent fournir, On verra quil y a plufieurs de ces ingré- 26 TEI diens qui donnent des couleurs femblables ; enforte qu'il'eñtété impofhble de traiter ces couleurs fépare- ment , fanstomber dans des répétitions ennuyeules, & même embarraflantes pour Le leéteur. De la seintre de bourre. Une laine teinte en jaune avec la gaude pañlée dans la seinewre de bourre,, don- ne un bel orangé tirant fur le couleur de feu , c’eft- à-dire, de la couleur appellée racarat , &t connue chez les Teinturiers fous le nom de zacart de bourre, -parce qu'il fe fait communément avec la bourre fon- due , quoïqu'on puiffe Le faire aufli beau & beaucoup meilleur en bon teint. On peut faire, fur le même bain, plufeurs couleurs en dégradation, depuis le cerife & couleur de feu, jufqu'au couleur de chair le plus pâle. D'el'orfeille. La couleur qu’on peut tirer de cet in- grédient, eft un beau gris-de-lin , violet , lilas, ama- ranthe, couleur de penfée. On.fait encore de la demi- écarlate avec l’orfeille , en la mêlant avec la compo- fition ordinaire dans le bouillon & dans la rouge. Dubois-d'inde ou de campéche. Le bois-d’inde eft d’un très-grand ufage dans le petitteint; & il feroit fort à fouhaiter qu'on ne s’en fervit pas dans le bon “teint, parce que larcouleur que ce bois fournit ) perd en très-peu de terms tout fon éclat , & difparoît mé- me en partie étant expofée à l’air. Son peu de valeur eftune des raïfons qui le font employer fi fouvent ; mais la plus forte efque par le moyen des différen- tes préparations & des différens fels, on tire de ce bois une grande quantité de couleurs &c de nuances , qu’on ne fait qu'avec peine lorfqu’on ne veut fe fer- vir que des ingrédiens de bon teint. Cependant il eft pofible de faire toutes les couleurs fans ce fecours ; ainfi on a eu très-grande raifon de défendre , dans le bon teint , l’ufage d’une matiere dont la seaxure n’a aucune folidité. On fert du bois -d'inde pour l’acheyement des noirs ; mais c’eft l'ouvrage des teinturiers du petit teint. On s’en fert encore avec la galle & la coupe- rofe , pour toutes les nuances de gris qui tirent {ur lardoifé , le lavandé , le gris de ramier , le gris de plomb , & autres femblables jufqu'à linfini. On ne peut fixer la dofe desingrédiens de cette efpece,parce que les teinturiers du petit teint étant en ufage de. teindre fur les échantillons qui leur font remis , des petites étoffes pour {ervir de doublure, ils fe reglent àla feule vuede leur ouvrage , & commencent tou- jours àtenirles étoffes plus claires qu'il ne faut , & les bruniffent en ajoutant l’ingrédient convenable, juiqu’à ce qu’elles foient de la couleur qu'ils defi- rent. . On fait encore , avec le bois-d'inde, des beaux violets , en guefdant-premierement l’étotfe , & l’alu- mant enfuite. Il donne encore une couleur bleue, mais fi peu folide , & le bleu de bon teint coûte fi peu, quandil n’eft pas des plus foncés , qu'il n'arrive prefque jamais qu’on en fafle ufage. On peut auffi, par le même moyen, faire le vert en un f{eul bain. Pour cela , on met dans la chaudiere du bois-d’inde , dela graine d'Avignon &c du vert-de- gris ; ce mélange donne au bain une belle couleur verte. Il fufit alors d'y pafler la laine, jufqw’à ce quelle foit à la hauteur que l’on defire. On voit que ce vert fera de la nuance que l’on voudra, en met- tant la quantité qu’on jugera à-propos de bois-d’inde :& de graine d'Avignon. Cette couleur vertesne vaut pas mieux que la bleue , & elles devroient être l’une 168 l’autre bannies de la seineure. L’ufage le plus ordinaire du bois-d’inde dans lepe- tit teint, eft pour les couleurs de prune, de pruneau, ‘de pourpre , ‘êc leurs nuances &c dégradations. Ce bois , joint à la noix de galle donne toutes ces cou- leurs avec beaucoup de facilité fur la laine guédée : ‘on les rabat avec un peu de couperofe verte qui Les brunit ; & l'on parvient pat ce moyen & tout d'uñ coup , à des nuances qui {ont beaucoup plus dificiles à faifir en bon teint, parce que les degrés différens de bruniture font beaucoup moins aïfés à prendre, tels qu’on les veut, fur une cuve de bleu , awà Parde du fer de la couperofe, Mais ces couleurs ont le dé- |. faut de pafler très-promptement à l'air ; & en peu de jours, on voit une fort srande différence entre les parties del’étoffe qui ontété expofées à Pair, & celles qui font demeurées couvertes. | Dubois de Bréfil. On comptend fous lé nom ge- néral de bois de Brelil , celui de Fernambouc | de S'ainte-Marthe , du Japon, & quelques autres dont ce n’eft pas ici le lieu de faire la diftinétion, puifqu'ils s’emploient tous de la même maniere pour la rein= ture. | Es 7. Tous ces bois donnent à-peu-près la même cous leur que le bois-d'inde ; fouvent on les mêle enfema ble. Il n’eft pas poffible de fixer la quantité de cet in- grédient pour les couleurs qu'on veut faire, parce qu'il y en a qui donnent plus de couleur les uns que les autres , ou qui la donnent plus belle; mais cela vient fouvent des parties de ce bois qui ont été expo- fées à l'air les unes plus que les autres, ou de ce qu’il y a des endroits qui auront été éventés où pourris. il faut choïfir , pour la reinture , le plus fain &z le plus haut en couleur. | La couleur naturelle du Bréfil, & celle pour las quelle il eft le plus fouvent employé, eft la fauffe écarlate , qui ne laïfle pas que d’être belle 8 d’avoir de l'éclat, mais un éclat fort inférieur à celui de l’é- carlate de cochenille ou de gomme lacque. Du fuflel. Le bois de fuftel donne une couleur orangée qui n’a aucune folidité. Il s'emploie ordinai- rement dans le petit teint ; comme la racine de noyer ou le brou de noix, fans faire bouillir l’étoffe ; en- forte qu’il n’y a aucune dificulté à employer. On le mêle fouvent avec le brou & la gaude pour faire les couleurs de tabac, de canelle & autres nuances femblables. Mais on peut regarder ce bois commeun très-mauvais ingrédient ; Car fa couleur expofée à Pair pendant très-peu de tems , y perd tout fon éclat & la plus grande partie de fa nuance de jaune. Silon pafle fur la cuve du bleu une étoffe teinte avec le fuftel, on a un olive affez defagréable, qui ne réfifte point à l'air, & qui devient très - vilain en peu de tems. On fe fert, dans le Languedoc, du fuftel pour faire des couleurs de langouite qu’on envoie dans le Levant : 1l épargne confidérablement la cochenille; on mêle, pour cet effet , dans un même bain, de la gaude , du fuitel &z de la cochenille avec un peu de crême detartre , & l’étoffe bouillie dans ce bain en fort de la couleur qu’on nomme /azgoufle ; & {uivant la dofe de ces différens ingrédieus , elle eft plus où moins rouge, ouplus ou moins orangée. Quoique cet ufase de mêler enfemble des ingrédiens du bon teint avec ceux du petit teint foit condamnable , il paroït cependant que dans ce cas, qui eft très-rare , & pour cette couleur feulement , que les commiffionnaires du Levant demandent detemsen tems ,on peuttolé- rer le fuftel; parce que la même couleur ayant été tentée avec Les feulsingrédiens du bon teint, elle n’a pas ététrouvée plus folide. Du rocou. Le rocou ou raucourt , donne une cous leur orangé à-peu-près commele fuftel , @ la serrure n’en eft pas plus folide. Ce ne feroit pas néanmoins par le débouilli de lalun qu'il faudroit juger de la qualité du rocou : car il n’altere en rien fa couleur, & elle-n’en devient que plus belle ; mais l’air lem- porte & l’efface en très-peu de tems ; le favon fait ta même chofe ; & c’eft en effet par le débouilli qu’ilen faut juger , ainfiqu’il eft prefcrit dansl'inftruétion fur ces fortes d'épreuves. Cette matiere eft facilement DR remplacée dans le bon teint, par la gaude &z la ga- tance mêlées enfemble ; mais on fe {ert du rocou dans le petit teint pour les autres jaunes, 6. En gé- néral le rocou eft un très-mauvais ingrédient pour la teinture des laines, & mêmeil n’eft pas d’un grand ufage , parce qu'il ne larfle pas d’être cher, & qu'il eft facilement remplacé par d’autres plus tenaces, &t à meilleur marché. De la graine d’ Avignon. La graine d'Avignon eft de très-peu d’ufage en szzvure: elle fait un affez beau jaune , mais qui n'a aucune folidite ; non plus quele vert qu'elle donne, en pañlant dans fon bain une étoffe qui a reçu un pié de bleu. De La terra merita. La terra merita s'emploie à-peu- près de même que la graine d'Avignon; mais en beaucoup moindre quantité, parce qu’elle fournit beaucoup plus de seirture. Rle effun peu moins mau- vaife que les autres ingrédiens jaunes dont il a été parlé précédemment. Mais comme elle eft chere, c'eft une raifon fufhifante pour ne Pemployer prefque jamais dans le petit teint. On s’en fert quelquefois dans le bon teint pour dorer Les jaunes faits avec la gaude , & pour éclaircir & oranger les écarlates; mais cette pratique eft condamnable , car l’air em- porte en très-peu de tems toute la partie de la cou- leur qui vient de la terra merita ; enforte que les jau- nes dorés reviennent dans leur premier état , & que les écarlates bruniflent confidérablement ; quand cela arrive à ces fortes de couleurs , on peut être afluré qu’elles ont éte falfifiées avec ce faux ingrédient qui n’a aucune fohidiré: Voilà tout ce qu'il y a à dire fur les ingrédiens du petit teint : ils ne doivent être employés dans la si ture que pour les étoffes communes ou de bas prix. Ce n’eft pas qu'on croye impoffble d’en tirer des couleurs {olides ; mais alors les couleurs ne feront plus précifément celles que ces ingrédiens donnent naturellement, où parles méthodes ordinaires; com- me :l faut y ajouter l’adftriétion &c le gommeux qui leur manque, ce n’eft plus alors le même arrange- ment des parties ; & par conféquent les rayons de la lumiere feront réfléchis différemment. Tnftruttion fur le debouilli des laines € étoffes de laine. Comme il a été reconnu que Pancienne mé- thode prefcrite pour le débouilli des serrures n’eft pas fufifante pour juger exaétement de la bonté ou de la faufleté de plufieurs couleurs; que cette mé- thode pouvoit même quelquefois induire en erreur, & donner lieu à des conteltations ; 1l a été fait, par ordre de fa majefté, différentes expériences fur les laines deftinées à la fabrique des tapifferies pour con- noiître le degré de bonté de chaque couleur, & les débouillis les plus convenables à chacune. _ Pour y parvenir, il a été teint def laines fines en toutes fortes de couleurs, tant en bon teint qu’en petit teint, & elles ont été expoñées à l'air & au foleil pendant un tems convenable. Les bonnes cou- leurs fe font parfaitement foutenues ; & les faufles fe font effacées plus ou moins, à proportion du de- gré de leur mauvaife qualité : & comme une cou- leur ne doit être réputée bonne, qu'autant qu’elle réfifte à l’aion de l'air & du foleil, c’eft cette épreuve qui a fervi de regle pour décider fur la _ bonté des différentes couleurs. Il a été fait enfuite , fur les mêmes laines dont les échantillons avoient été expofés à l'air & au foleil, diverfes épreuves de débouilli; & il a d’abord été reconnu que les mêmes ingrédiens ne pouvoient pas être indifféremment employés dans les débouillis de toutes les couleurs, parce qu'il arrivoit quelquefois qu'une couleur reconnue bonne par lexpofñtion à Vair, étoit confidérablement altéree par le débouilli, & qu'une couleur faufle réfiftoit au même dé- bouilli. Tome XVI, TEIT 27 Ces diférentes expériences ont fait fentir l’muti= lité du citron, du vinaigre, des eaux fures & des eaux fortes, par Pimpofhbilité de s’aflurer du degré d’acidité de ces liqueurs; & il a paru que la mé- thode la plus fûüre eft de fe fervir , avec de l’eau commune , d'ingrédiens dont l’effet eft toujours égal. En fvant cet objet, il a été jugé néceflaire de féparer en trois clafles toutes Les couleurs dans lef- quelles les laines peuvent être teintes, tant en bon qu’en petit teint, &c de fixer les ingrédiens qui doi- vent être employés dans les débouillis des couleurs comprifes dans chacune de ces trois clafes. Les couleurs comprifes dans la premiere clafle, doivent être débouillies avec l’alun de Rome; celles de la feconde, avec le favon blanc ; & celles de la troifieme , avec le tartre rouge. Mais comme il ne fuffit pas, pour s’aflurer de la bonté d’une couleur par l'épreuve du débouill, d'y employer des ingrédiens dont l'effet foit toujours égal; qu'il fautencore, non-feulement que la durée de cette opération foit exaétement déterminée; mais même que la quantité de liqueur foit fixée, parce que le plus où moins d’eau diminue ou aug- mente confidérablement laétivité des ingrédiens qui y entrent, la maniere de procéder aux diférens débouillis , fera prefcrite par les articles fuivans. Article premier. Le débouwuilli avec l'alun de Rome fera fait en la maniere fuivante. On mettra dans un vafe de terre ou terrine, une livre d’éau 8 une demi-once d’alun; on mettra le vaifleau fur le feu; &c lorfque l’eau bouillira à gros bouillons, on y mettra la laine dont l'épreuve doit être faite, & on l’y laffera bouillir pendant cinq minutes ; après quoi on la retirera & on la lavera bien dans l’eau froide : le: poids de léchantillon doit être d’un gros ou environ. 2. Lorfqu'il y aura plufieurs échantillons de laine à débouillir enfemble, il faudra doubler la quantité d’eau & celle d’alun , ou même la tripler ; ce qui ne changera en rien la force &c l'effet du débouilli, en obfervant la proportion de l’eau & de lalun, en forte que pour chaque livre d’eau, il y ait toujours une demi-once d’alun. ! 3. Pour rendre plus certain l'effet du débouilli, on obfervera de ne pas faire débouillir enfemble des laines de différentes couleurs. 4. Le débouilli avec le favon blanc fe fera en la maniere fuivante. On mettra dans une livre d’eau, deux gros feu- lement de favon blanc, haché en petits morceaux; ayant nus enfuite le vaifleau fur le feu, on aura foin de remuer l’eau avec un bâton, pour bien faire fondre le favon ; lorfqu’il fera fondu , & que l’eau bouillra à gros bouillons, on y mettra l’échantillon de laine, qu’on y fera pareillement bouillir pendant cinq minutes, à compter du moment que l’échan- tillon y aura êté mis, ce qui ne fe fera que lorf- que l’eau bouillita à gros bouillons. s. Lorfqu'il y aura pluñeurs échantillons de laine à débouillir enfemble , on obfervera la méthode pref- crite par l’article 2, c’eft-à-dire, que pour chaque livre d’eau, on mettra toujours deux gros de favon. 6. Le débouwili avec le tartre rouge fe fera préci- fémenr de même, avec les mêmes dofes & dans les mêmes proportions que le débouilli avec Palun ; en obfervant de bien pulvérifer le tartre , avant que de le mettre dans l’eau, afin qu'il foit entièrement fondu lotfqu’on y mettra les notons de laine. 7. Les couleurs fuivantes feront débouillies avec Palun de Rome; favoir, Le cramoifi de toute nuan- ces , l’écarlate de Venife, l’écarlate couleur de feu, le couleur de cerife, 8 autres nuances de l’écar- late, les violets & gris-de-lin de toutes nuances, D x 23 TEI les pourpres , les langouftes, jujubes, fleurs de gre- nade, les bleus , les gris ardoifés, gris lavandés , gris violens, gris vineux , & toutes les autres nuances #emblables. 8. Si, contre les difpofitions des réclemens fur Les reintures , il a été employé dans la sixmre des Jaines fines en cramoiïfi, des ingrèdiens de faux teint, la contravention fera aïfément reconnue par le dé- bouilli avec lalun ; parce qu’il ne fait que violenter un peu Île cramoifi fin, c’eftä-dire, le faire tirer fur le gris-de-lin; mais il détruit les plus hautes nuances du cramoifi faux, & 1l les rend d’une cou- Jeur de chair très-pâle ; il blanchit même prefqw’en- tièrement lés bafles nuances du cramoïfi faux : ainfi le débouilli eft un moyen afluré pour diftinguer le cramoif faux d'avec le fin. 9. L’écarlate de kermès ou de graine n’eft nulle- ment endommagée par le débouill; il fait monter écarlate couleur de feu ou de cochenille à une cou- leur de pourpre, & fait violenter Les bafies nuances, en forte qu'elles tirent fur le gris-de-lin ; mais il emporte prefque toute la faufle écarlate du Bréfil, & il la réduit à une couleur de pelure d’oignon:1l fait encore un effet plus fenfble fur Les bafles nuan- ces de cette faufle couleur. Le même débouilli emporte auf prefque entiere- ment l’écarlate de bourre , & toutes Les nuances. 10. Quoique le violet ne foit pas une ‘couleur fim- ple , mais qu’elle foit formée des nuances du bleu & du rouge, elle eft néanmoins fi importante , qu’elle mérite un examen particulier. Le même débouilli avec l’alun de Rome ne fait prefque aucun effet fur le violet fin, au-lieu qu'il endommage beaucoup le faux ; mais on obfervera que fon effet n’eft pas d’em- porter toujours également une grande partie de Ia nuance du violet faux , parce qu’on lui donne quel- auefois un pié de bleu de paftel ou d'indigo ; le pié étant de bonteint, n’eft pas emporté par le débouuli, mais la rongeur s’efface, & les nuances brunes de- viennent prefque bleues, &t les pâles d’une couleur défagréable de lie de vin. | 11. A l’égard des violets demi-fins, défendus par le réglement de 1737 ,1ls feront mis dans la claile des violets faux, & ne réfiftent pas plus au débouilli. ©‘ r2, On connoîtra de la même mamiere les gris-de- lin fins d'avec les faux, mais la différence eff légere ; le gris-de-lin de bon teint perd feulement un peu moins que le gris-de-lin de faux teint. 13. Les pourpres fins réfiftent parfaitement au dé- bouilli avec l’alun , au-lieu que les faux perdent la plus grande partie de leur couleur. 14. Les couleurs de langoufte, jujube , fleur de grenade, tireront fur le pourpre après le débouilh , elles ont été faites avec la cochenille ; au lieu qu’- elles pâliront confidérablement fi on y a employé le fuftet, dont l'ufage eft défendu. 13. Les bleus de bon teint ne perdront rien au débouilli , foit qu'ils foient de paitel ou d’indigo ; mais ceux de faux teint perdront la plus grande partie de leur couleur. 16. Lesgris layandés, gris ardoïfés, gris violets, gris vineux, perdront prefquetoute leur couleur, s'ils font de faux teint , au lieu qu'ils fe foutiendront parfaitement, s’ils font de bon teint. 17. On débouillira avec le favon blanc les cou- leurs fuivantes ; favoir , les jaunes, jonquilles, ci- trons , orangés , & toutes les nuances qui tirent fur le jaune ; toutesles nuances de verd, depuis le verd jaune ou verd naïffant , jufqu’au verd de chou, ou verd de perroquet, les rouges de garance, lacanelle, la couleur de tabac, & autres femblables, 18. Le débouilli fait parfaitement connoitre fi les jaunes &c les nuances qui en dérivent font de bon ou de faux teint ; car il emporte la plus grande partie de LI T EA1 leur couleur, s’ils font faitsavec la sraine d'Avignon; le rocou, la serra merita , le fuftet ou le fafran, dont l’ufage eft prohibé pour les seirvures fines ; maïs il n’altere pas les jaunes faits avec la farrete ; la genef- trolle , le bois jaune , la gaude & le fenugrec. _ 19. Le même débouilli fera connoître auffi par- faitement la bonté des verds ; car ceux de faux teint perdent prefque toute leur couleur , ou deviennent bleus s'ils ont eu un pié de pañftel où d’indigo ; mais ceux de bon teint ne perdent prefque rien de leur uance, 20. Les rouges de pure garance ne perdentrien au débouilli avec le favon , & n’en deviennent que plus beaux ; mais fi on y a mêlé du bréfil, ils per- dront de leur couleur à proportion de la quantité qui y a été mife. 21. Les couleurs de canelle, de tabac & autres femblables , ne font prefque pas altérées par le dé- bouilli , fi elles font de bon teint ; mais elles perdent beaucoup fi on y a employé le rocou, le fuftet ou la fonte de bourre. 22. Le débouilli faitaveclalunne feroit d’aucune utilité, & pourroit même induire en.erreur fur plu- fieurs des couleurs de cette feconde clafle ; car 1 n’endommage pas le fuftet, ni lerocou, qui cepen- dant ne réfiftent pas à l’adion de lair, &c 1l emporte une partie de la farette & de la geneftrolle , qui font cependant de très-bons jaunes &t de très-bons verds. 23. On débouillira avec le tartre rouge tous les fauves ou couleurs de racine ( on appelle ainfi toutes les couleurs qui ne fontpas dérivées des cinqcouleuts primitives ); ces couleurs fe font avec Le brou de noix , la racine de noyer , Pécorce d’aulne, le fu- mach ou roudol , le fantal & la fie ; chacun de ces ingrédiens donne un grand nombre de nuances diffé- rentes , qui font toutes comprifes fous le nom géné- ral de fauve, ou couleur de racine. : 24./Les inorédiens dénommés dans Particle pré- cédent , font bons, à l'exception du fantal & de la fuie, qui le font un peu moins, & qui rudiffent la laine lorfqu'on en metune trop grande quantité ; ainfs tout ce que le débouilli doit faire connoître fur ces fortes de couleurs , c’eft fi elles ont été furchargées de fantal ou de fuie, dans ce cas elles perdent confi- . dérablement par le débouilli fait avec le tartre ; &cfi elles font faites avec les autresingrédiens, ou qu'il n’y ait qu'une médiocre quantité de fantal ou de fe, elles réfiftent beaucoup davantage. 25. Le noir étant la feule couleur qui ne puifle être comprife dans aucune des trois claffes énoncées ci-deflus, parce qu'il eft néceflaire de fe fervir d'un débouilli beaucoup plus aétif, pour connoître fi la laine a eu le piéfle bleu de turquin , conformément aux réglemens,le débouilli en fera fait en la maniere fuivante. | On prendra une livre d’eau, on y mettfa une once d’alun de Rome, & autant de tartre rouge puivé- rifé ; on fera bouillir le tout, & ou y mettra l’échan- tillon de laine , qui doit bouillir à gros bouillons pen- dant un quart d'heure ; on le Lavera enfuite dans de l’eau fraîche, & il fera facile alorade voir fi elle a ew le pié de bleu convenable; car dans ce cas la laine demeurera bleue, prefque noire, &cfielle ne Fa pas eu , elle grifera beaucoup. 26. Comme il eft d’ufage de brunir quelquefois les couleurs avec la noix-de-galle & lacouperofe, 6c que cette opération appelée éruziure, qui doit être permife dans le bon teint, peut faire un effet parti- culier fur le débouilli de ces couleurs , on obfervera que quoique après le débouilli, Le baïs paroïfle char- gé de reinture, parce que la brüuniture aura été eme portée, la laine n’en feraipas moins réputée de bon teint, fi elle a confervé {on fond; fau contraire elle 8 perdu fon fond ou fon pié de couleur, elle fera dé- clarée de faux teint. "2 27, Quoique la bruniture qui fe fait avec la noix: de-gale & la couperofe foit de bon teint,comme elle rudit ordinairement la laine, il convient , autant que faire fe pourra , de fe fervir par préférence de la cuve d'inde , ou de celle de pañtel. 28. On ne doit foumettre à aucune épreuve de déborulli les gris communs avec la galle &c la coupe- rofe , parce que ces couleurs font de bon teint , & ne fe font pas autrement ; mais il faut obferver de les engaller d’abord, & de mettre la couperofe dans un fecond bain beauconp moins chaud que le premier , parce que de cette maniere ils font plus beaux .êc plus aflurés. Teinture de foie. La teinture de la foie eft différente de la reznture de lalaine , en ce que cette premiere fe teint en grand & bon teint, & en petit teint indif- tinétement. Al eft des couleurs qui n’auroient point ‘d'éclat en bon teint, telles que les violets, amaran- thes , aris-de-lin, &c. la couleur ponceau fin ou cou- leur de feu, ne fauroit être faite en bon teint ; ce- pendant c’eft une couleur qui vaut depuis 12 liv. la livre de winture jufqu’à 30 lv. la livre de foie réduite à Onze onces. Comme le luftre de la foie en eft la principale qualité, & qu'il eft important de le donner en per- feétion , ce qui dépend particulierement de bien dé- creufer ladite foie , les maîtres teinturiers en foie font tenus de bien & duement faire cuire &c dé- creufer toutes fortes de foies pour quelque couleur que cefoit fans exception , avec du bon favon blanc, en les faifant bouillir trois heutes au-moins dans la chaudiere à gros bouillon, & jufqu’à ce que lafoie, qui, en la mettant dans la chaudiere fe foutenoit fur Peau,étant purgée des parties poreufes qui lui étoient affeétées, tombe au fond comme du plomb. Il faut avoir foin encore debien ranger la foie en écheveaux ou pantimes dans des facs faits exprès , pour la faire cuire , afin qu'elle ne fe brouille point, ce qui em- pêcheroit le dévidage quand elle eft teinte, parce qu'il ne faut cefler de la remuer pendant la cuite, crainte que la chaleur de la chaudiere ne la brüle. Leteinturier doit avoir foin encore que les parties de foies qui font dans les différentes fachées ou facs deflinés à cuire , ne foient pointtrop ferrées, crainte cuil ne fe trouvât des parties qui ne feroient pas fufifamment cuites, qui, felon les termes de Part, font appellées Afcuirs,, parce qu'ilfaut les faire cuire une feconde fois pour qu’elles puiffenf recevoir la couleur & l'éclat qwelles doivent avoir. Toutes les foies en général diminuent d’un quart chaque livre lorfqu’elles font cuites comme il faut ; de façon que la livre de foie , qui ordinairement eft de quinze onces , fe trouve réduite à onze au plus lorfqu’elle eft cuite. | Pour cuire les foies deftinées pour blanc , il faut au-moins une demu-livre defavon pour chaque livre de foie ; 1l eft vrai que pour cuire enfuite les foies deftinées à être mifes en couleur, le même bouillon où la même eau peut fervir. Il eft cependant des fa- briquans quu exigent que toutes les {oies qu’ils font teindre , foient cuites en blanc, perfuades que les couleursferont plus brillantes; dans ce cas, ilspayent la ceinture plus chere. Il eft néanmoins des couleurs qui ne font pas auf belles lorfqu’elles font cuites en blanc, que quand el- les le font en couleur; telles que le cramoifi & autres couleurs rouges : la blancheur que la foie acquiert par la quantité de favon dont la cuiteeft compofée, em- pêche la couleur de la couvrir , ou en diminue le brillant ; ce que les maîtres teinturiers appellent fa- rer attendu la légere tranfpiration du blanc, qui produit une efpece de picottement imperceptible, TE 29 qui ne faute aux yeux que des connoifleuts. Lorfque les foies font cuites, il faut avoir foin de les faire dégorger à la riviere, en leslavant & battant pour faire {ortir le favon ; après quoï on les met dans un bain d’alun de rome, tout à froid, & non à chaud, attendu que la chaleur dans lalun perd le luftre de la foie , & deplus, larendrude & âcre. Les foies pour ponceaux fins , ou couleurs de feu, feront paflées au jus de citron au-lieu d’alun , & en fuite feront mifes dans un bain de faffran d’Alexan- drie , lequel bain fera renouvelléauff long-tems , & auf fouvent qu'on voudra donner du feu à cette foie , & fuivant le prix que le fabriquant voudra mettre pour la seinture, ayant foin de donnerunbain de rocou , avant que de la pañfer fur le bain, pour que la couleur ait plus de feu. Toutes les couleurs en dégradations, depuis le ces rie vif jufqu’au rofe pâle, ou couleur de chair, fe- ront faites fur le même bain , fans donner aucun pié à la foie , obfervant toujours de donner un bain de jus de citron au-lieu d’alun. : Les foies pour rouge cramoifi, après avoir été bien alunées & dégorgées de l’alun , feront faites de pure cochenille maëftrek , y ajoutant la oalle à l'épi- ne, le terra-merita, l’arfenic, & le tartre de Mont- pellier, le tout mis enfemble dans une chaudiere plei- ne d’eau claire prefque bouillante ; ellé feront mifes enfuite dans ladite chaudiere pour y bouillir inceffam- ment l’efpace d’une heure & demie , après quoi lef- dite foies feront levées, & le feu Ôté de deffous la chaudiere; lefquelles foies étant refroidies par l’évent qu’on leur fera prendre , elles feront jettées dans le refte des bains de cochenille, & mifes à fond pour y demeurer jufqu’au lendemain , fans y mêler devant ni après, aucun brefil, orfeille, rocou , ni autre ingrédient. Les violets cramoifis feront auf préparés de mê- me, & faits de pure cochenille , avec la galle à lé- pine, plus modérément qu’au rouge, l’arfenic , & le tartre; puis bouilis comme les autres ci-deflus, & enfuite bien lavés & pañlés dans une bonne cuve d'inde &c dans fa force, fans mélange d’autres ingré- diens. : Les canellés ou tannés cramoifis, feront faits com- ne les violets ci-deflus , & s'ils font clairs, on les pourra rabattre avec la couperofe ; mais s'ils font bruns & violets , feront pañlés fur une cuve d’inde médiocre , fans mélange d’autres ingrédiens. Les bleus pâles , 8 bleus beauxferontteintsde pu- re cuve d'inde, fans être alunés. Les bleus céleftes ou complets ; auront pié d’or- feille , autant que la couleur le requerra , puis pañlés fur une bonne cuve d'inde. Les gris-de-lin , amatanthes, 6c. feront faits d’or- feille , puis rabattus avec un peu de cuve d'inde, sil en eft de befoin., ou de la cendre gravelée. Les citrons feront alunés, puis teints de saudes ; avec un peu de cuve d'inde. Les jaunes de graines feront alunés , puis forts de gaude , avec un peu de cuve d'inde. Les jaunes pâles feront alunés , & teints de gaude feule. Les aurores pâles 8 bruns feront alunés, & puis gaudés fortement, & enfuite rabattus avec le rocou, lequel fera préparé & diflout avec cendre gravelée potaile ou foude. Les ifabelles pâles & dorés feront teints avec un peu de rocou préparé comme deflus, & furle feu. Les orangers feront teints furle feu , de pur rocou préparé comme deflus, & les bruns feront enfuite alunés , & on leur donnera un petit bain de brefil s’il eft befoin. Les râtines, ou couleur de feu , auront même pié de rocou que les orangés, puis feront alunés , & on 30 TE A leur donnera un bain ou deux de brefil, fuivant la couleur. Les écatlates, ou rouges rancés n’auront de pié de rocou , que la moitié de ce qui s’en donne aux oran- gés , puis feront alunés ; & enfuite on leur donnera deux bains de bréfil. | Les céladons , verds de pomme , verds de mer, verds naiflants , verds gais, &c. feront alunes, & enfuite gaudés avec gaude ou farrette , fuivant la nuance ; puis pañlés fur la cuve d'inde. Les verds bruns feront alunés, gaudés avec gau- de , ou farrette, &c pañlés fur une bonne cuve d'inde, puis rabattus avec le verdet & le bois d'inde. Les feuilles mortes feront alunés , puis teints avec lagaude & fuftel, &c rabattus avec la couperofe. Les olives, & verds roux, feront alunés, puis montés de gaude & fuftel , & rabattus avec le bois _ d'inde & la couperofe. Le rouge incarnat & rofe faux , feront alunés & faits de par brefil. | Les cannelés & rofe-feche , feront alunés 8 faits de brefl & bois d'inde. _ Lepgris violent fera aluné & fait de bois d'inde. Les violets feront montés de bréfl, bois d'inde, ou de l’orfeille , puis pañlès fur la cuve d'inde, Les gris plombés feront tous faits de fuftel, ou avec de la gaude ou farrette, bois d'inde , eaux de galle & couperofe. Les mufcs, minimes, gris de maure , couleur de roi & de prince , triftamie , noïfettes , &t autres couleurs femblables, feront faits de fuftel, bréfil, bois d'inde &’couperofe. En toutes les couleurs ci-deflus ne fera donné au- cune furcharge de galle, attendu que la galle appe- fantit les foies , ce qui caufe une perte confidérable à ceux qui les achetent & emploient. Les foies pour mettre en noir feront bien décraf. fées, comme les précédentes , & enfuite bien lavées 8 torfes , après quoi on fera bouillir un bain de galles, &c une heure après qu'il aura bienbouilli, la foie fe- ra tmife dansledit bain, & laiffée pendant un jour & demi ou deux jours, puis fera tirée dudit bain , & bien lavée dans de l’eau claire, & après torfe & bien chevillée : enfuite fera mife dans une chaudiere de galleneuve , où ne fera mis de galle fine que la moitié de la pefanteur de la foie , pour y demeurer un jour ou deux au plus , & après fera pañlée fur la teinture noire, & y baillez trois feux au plus , & non davan- tage, après fera bien battue & bien lavée , puis adou- cie avec du favon blanc de bonne qualité , & non autre : enfuitetorfe & chevillée, & mife fécher. Les gris noirs, vulgairementappellés gris minimes, feront engallés comme le noïr , &c pañlés fur la sex sure noire , autrement appellé ur feu , une fois feu- lement. Toutes les foies deftinées à demeurer blanches, après avoir été bien decruées &x dégorgées, feront pañlées à Peau de favon avec azur , pour les reblan- chir, & enfuite foufrées , fi elles ne font pas defti- nées à filer l'argent, dans lequel cas il ne faudra ni les foufrer , mi les aluner. Teinture du noir pour la foie, à la maniere des Ge- nois , des Morenrins, & des Napolitains. La façon ‘dont les Génois , les Florentins, &les Napolitains , fe fervent pour teindre les foies eu noir, eft infini- ment plus fre que celle des François, il faut en faire lexplhication. Lorfque la foie eft débouillie ou cuite , de façon qu’elle fe trouve réduite aux trois quarts de fon poids, Îe teinturier la prépare pour la païñler fur la cuve qui contient la préparation des drogues pour le noir ; plus cette préparation eft ancienne , plus le noir qu’- elle produit fe trouve beau. Nos teinturiers de Fran- ce ont foin de préparer eux-mêmes leurs cuves , lef- TET quelles ils tenouvellentfouvent. Il n’en eft pas demê: me chez les étrangers ; chaque ville de fabrique a un endroit de referve, nommé /e feraglio | où font pofées continuellement huit à dix cuves , qui font entretenues à {es dépens ; ces cuves font pofées de- puis trois à quatre cens années plus ou moins, c’eft- à-dire , préparées pour pafler la foie deftinée pour noit , n'ayant befoin que d’être entretenues de dro- gues convenables, à mefure que la matiere diminue par l’ufage qu’on en fait; le pié y demeurant toujours, ce qui forme une efpece de levain qui aide à la fer- mentation des nouvelles drogues qu’on eft obligé d'y ajouter ; les vaifleaux qui contiennent ces drogues , font tous de fer, 8 non de cuivre comme en France; cette derniere matiere étant plus propre à diminuer la folidité du noir , qu'à augmenter fa perfedion, par rapport au verd-de-gris qui en eft inféparable , attendu l’humide , &z qui ne contribue pas peu à fon imperfeétion ; au-lieu que la cuve de fer ne pouvant produire que de la rouille, ingrédient qui perfec- tonne le noir, il s'enfuit que la qualité de la cuve , & lPancienneté de fa préparation , ne peuvent que contribuer à la perfeétion de la couleur qu’elle con- tent. Tous les maîtres teinturiers font obligés de porter Les foies qu’ils ont préparées pour noir , au feraglio, afin de les pañler fur une des cuves difpofées pour cette opération , & donnent tant chaque livre de foie, ce qui ne leur porte aucun préjudice , parce qu'ils font payés des premieres préparations qu'ils ajoutent à larétribution qu’ils donnent pour l’entre- tien des cuves. | On fait un inventaire toutes les années , pour fa- voir fi la dépenfe des perfonnes prépofées à l’entre- tien des cuves, les drogues qu'on y emploie , & généralementtous les autres frais excédent la rétri- bution donhée-par les teinturiers: Jorfque la dépenfe excede, la ville fournit au furplus des frais, & dort que la rétribution eft au-deflus , le furplus fert d’in- demnité pour les années où elle fe trouve au-defflous. Voilà la façon des étrangers, qui certainement eft préférable à celle des François. Teinture de fl, Avant que de mettre aucun fil à la teinture, 1l fera décrufé , ou leflivé avec bonne cen- dre, & après, tors & lavé en eau de riviere ou de fontaine, & aufliretors. Le fil pers, appellé vulgairement f/ 4 marquer, retors & fimple , & le bleu brun, clair & mourant , feront teints avec cuve d'inde ou indigo. Leverd gai fera premierement fait bleu , enfuite rabattu avec bois de campêche & verdet , puis aude. | Le verd brun fera fait comme le verd gai, mais bruni davantage, & puis gaude. “ Le citron jaune pâle & plus doré fera teint avec gaude & fort peu de rocou. | | L’oranger 1fabelle couvert, ifabelle pâle jufawau clair & aurore , fera teint avec fuftel, rocou & gaude. Le rouge clair & plus brun , ratine claire plus cou- verte, feront teints avec bréfl de Fernambouc & autre, & rocou. Le violet rofe feche , amaranthe claire ou brune, fera teint avec bréfil , & rabattu avec l’alun d'Inde on indigo. | La feuille morte claire & plus brune, & la cou- leur d’olive , fera brunie avec gale & couperofe , & rabattue avec gaude, rocou ou fuftel fuivant l’é- chantillon. Le minime brun & clair , mufc brun & clair, fe- ra bruni avec gale & couperofe , &c rabattu avec gaude , rocou ou fuftel, Le gris blanc , le gris fale , gris brun , de caftor, de breda , & toutes autres fortes de gris, feront bru- nis avec galle à l’épine & couperofe, êr rabattus avec gaude , fuftel, bréfil, campêche, & autres ingré- diens néceflaires, fuivant les échantillons & le ju- gement de l’ouvrier. HN & Lenoir fera fait de galle à l'épine & couperofe, lavé &c achevé. avec bois de -campêche; & your d’autres noirs , als feront courroyés avec boue ;, huile d'olive & cendre gravelée, fans y employer dé mauvaife huile. wi Ii ne fera employé auxdites seinrures autre favon que celui de Gènes & d’Alicante , ou de femblable bonté &r qualité. Tous les fils de lin du royaume, de Flandre & autres pays étrangers , ne feront teints en bleu commun, mas feulement en cave: | On pourra faire débouillir les foies & fils comme les éroffes & laines, pour connoître fi elles font de- bon teint; ce qui ne fera exécuté qu’à l'égard de celles qui feront teintes en cramoifi,, les autres cou- leurs , excepté le bleu & le verd , étant prefque tou- tes de faux teint. Comme il a pu être rémarqué par les ingrédiens affectés aux petits teints, qui entrent dans là compoñtion de leur serrure, on ne parlera pas ici de la serre du coton, qui eft la même à: peu-près que de fil, à l’exception du rouge cramoif femblable à celui des Indes , dont le fecret a été trouvé depuis peu par M. Goudard, qui a été récom- penfé du confeil à proportion de fa découverte ; M. Fefquet de Rouen a trouvé le même {ecret. Les rou: ges foutiennent des débouillis de 60 minutes & plus, ans que les ingrédiens qui entrent dansla compo- dition, aient altéré en aucune façon la seinrure dé cette inarchandife. | | On ajoutera en fimiflant cetarticle de seinsure , que tous les jours il fe trouve des perfonnes qui potle- dent quelque fecret dans un art aufi étendu & auf délicat. Le nommé Faber allemand | vient tout ré- cemment de donner la façon de faire un verd au- quel on a donné le nom de verd de Saxe. Cetrecou- leur, qui ne peut foutenir un débouilli, ni même ré- fifter à l’ation de l’air , eft venue à la mode; il pourra fe faire que dans la fuite quelques perfonnes plus habiles en formeront une couleur de bon teint. Un ingrécient hafardé pourra occafonner cette dé- couverte. Qui auroit penfé que le jus de citron ; dont l'acidité corrobore toutes les couleurs de la foie par fon union avec le fafran, donnât une cou- leur plus belle & plus brillante que Pécarlatte; que Pétain diffous avec de l’eau forte ou eau régale don- nât à la cochenille le feu qui la rend fi différente du ÉCOr- ce d'orange, de chacun une once; de clou de giro= fle &t de baies de laurier, de chacun fix gros ; ma= ci5, demi-once: toutes ces chofes étant convenable- ment hachées ou concaflées ; faites-les macérer dans un vaifleau de verre, fermé pendant fix jours, avec quatre hvres & demie d’efprit de citron, & deux on- ces.êt demie d’efprit de nitre dulcifié ; exprimez la liqueur & filtrez, gardez pour l'ufage. Cette seinture eft véritablement carminative, du moins eft-elle re- tirée des matières regardées comme éminemment Carminatives, voyez CARMINATIF ; & le menftrue qu'on y.employe eft aufli mêlé d’une matiere, à la- quelle les auteurs de matiere médicale accordent auf une vertu carminative très-décidée ; favoir l’efprit- de-nitre dulcifié. Voyez ACIDE NITREUX /ous Le mot NITRE. Cette seiniure eft de plus ffomachique, cordiale , emménagogue, nervine, &c. {a dofe eft d'une cuil- lerée à café jufqu’à deux, donnée dans une liqueur appropriée. (4) | | | TEINTURES MARTIALES, ( Mar. méd.) Voyez Mars. TEINTURIER - CHAPELIER , c’eft ainfi. qu'on appelle les Chapeliers qui s’adonnent principalement à l’occupation de teindte les chapeaux; car quoiqu'il ny ait dans la communauté des Ghapeliers qu'une feule maîtrife , les maîtres fe font en quelque façon partagés en quatre profeffions diftinguées ; les uns fabriquent les chapeaux, d’autres les mettent en tein- ture; d'autres les apprêtent & en font le débit : d’au- tres enfin ne travaillent qu’en vieux, | Tome XF, * En : FEXK ., 33 TEINTURIER EN CUIR , {. m. ( Peaucerie.).artifan qui met les peaux en couleur , foit de fleur , foit de Chair, foit À teinture chaude, foit à froide: foit en- fin à fimple broflure, Ces artifans qu’on nomme au trement Peauciers, compofent une des communautés des Arts & Métiers de Paris. Savary, (D, JT.) TEISCHNITZ, ( Géog. mod.) petite ville d’Alles magne, en Franconie, & dans l'évêché de Bambere. Elle eft le chef-lieu d’un petit bailliage, (D.1.) TEISS, LA, ( Gog. mod. ) riviere de Hongrie ; elle a fa fource dans les monts Krapack ; aux confins de la Pokulie, &£s jette dans le Danube, vis-à-vis de Salankemen; c’eft peut-être la riviere du monde la plus poiflonneufe , car quelquefois. on y pêche tant de carpes, qu’on en donne mille pour un ducat, Cet- te riviere eft connue des anciens, fous les noms de Tibufcus , Tibefis & Pathiflus, (D. J.) te TEITCICAR , ( Géog. med.) province de la Tar- tarie-chinoiïfe orientale ; elle eff bornée au nord, par celle de Kirin, & au couchant, par les Tartates kal- kas, Sa capitale qui porte le même nom , eft fituce fur la riviere Nonni, vers le 49 degré de latitude, (2.1) | TETLEI, £m. ( Æf. nat, Ornitholog.) nom d’un oïfeau du Brefl, qui eft de la taille d’un rouge-gorge, Son bec eft noir , gros & court ; fa tête, le haut de fon cou , fondos, fes aîles & fa queue font d’un noir bleuâtre, brillant comme Le plus bel acier poli ; fon gofier , la partie inférieure du cou , fa gorge & fon ventre tirent fur le jaune. Ses jambes & fes piés font de couleur brune ; la femelle différe du mâle par des mouchetures vertes , jaunes & grifes. On met cet offeau en cage à caufe de fa beauté & de la douceur de fon chant. Marggravii, 4iff. brafil. ( D. 72) TEITO ox JAMMA-BUKI, f. m. (Hif. nas. Bot.) c’eft un arbriffeau fauvage du Japon, qui reflemble au cytife. Sa fleur eft jaune , à cinq , fix ou fept pé- tales, & femblable à [a renoncule. On en di ingue un autre, dont la fleur eft jaune & double, TEJUGUACU , f. m. ( Hif ner. Zoolog, ) nom d'une efpece de léfard du Bréfil , qu’on appelle auff cemapara. Î refemble beaucoup à l’ignana pour la f- gure, mais 1l en differe en ce que tout fon corps eft noir, avecun petit nombre de mouchetures blan=- ches.; 1l n’a point, comme Pignana , fur tout Le dos une dentelure de pointes. L’orteil extérieur du pié de derriere eft plus éloigné & plus court que les au- tres ; fa langue eft grande, rouge , fendue en deux 5 1l peut la darder hors de la bouche à la diftance d’un pouce, mas1l ne fait aucun fiflement. Il aime beau- coup à fucer les œufs , mais il peut fupporter la faim très-long-tems; car Marsgrave rapporte en avoir con- fervé un en vie pendant fept mois fans aucune nour- riture ; & , fuivant le même auteur, fi l’on coupe la queue de ce léfard, elle renaît de nouveau, (2. VE TEIUNHANA , f. m. ( Hiff. rar, Z oolog. ) nom d'un léfard d'Amérique qui n’eit pas plus gros que le petit doigt ; il a le nez pointu, la queue très-me- - nue , longue de fix travers de doigts , terminée en une pointe prefque auf fine qu’une aiguille, & ce- pendant couverte d’écailles quarrées d’un finefle in- croyable; fa tête eftcouverte d'écailles brunes; cel- les de la gorge & du ventrefontquarrées, blanches; avec un agréable mêlange de taches d’un beau rouge, fanguin; fon dos , fes côtés & fes jambes font revé- tues d’une fine peau auffli douce que du fatin, rayées, de brun & de verd., & d’une fuite de jolies taches vertes &c noires, qui décourent fur toute la longueur du corps. Saiqueue eft d’un jaune brun par-deflus, & d’une belle couleur de chair rouge par-deflous, Ray, fynopf: quadrup. (D. J.) . TEKEES, (Géogr.mod.) riviere de la grande Far+ tanie. Elle a fa fource dans les Landes, au midi.dà lac Sayflan , & fe perd vers les frontieres du Tur= 34 TEL queftan, entre les montagnes qui féparent Ce pays des états du Coutaifch. (2. J.) TÉKIN ou TECHNIA , ( Géog. mod.) ville des états du ture dans le Budziac ou la Befférabie, fur la rive droite du Niefter , aux confins de la Pologne & de la Moldavia. Cette villeeft encore plus cañnue fous le nom de Bender que lui donnent les Turcs. ! Charles XIL. a rendu ce nom celebre par le long féjour qu'il y fit après fa défaite à la journée de Pultawa. ( D. J. ) TEK-KIDA, £ m, (if. mod.) fête qui fé céle- bre avec beaucoup de folemnité parmi les habitans du Tonquin. On y fait une efpece d’exorcifme, par le moyen duquel on prétend chaffer tous les dé- mons ou efprits malins du royaume. Toutes les troupes y afliftent, afin de prêter main-forte aux exorciites. TÉKUPHE , £ m.( Calend. judaig.) e’eft le tems qui s'écoule pendant que Le {oleil avance d’un point cardinal à l’autre, par exemple , du commencement du bélier jufqu’au commencement delécrevifle, Éc. Les sékuphes s'accordent par conféquent avec les quartiers dans lefquels nous divifons communément l'année. On appelle encore tékuphe le moment auquel le foleil entre dans le point cardinal, felon le calcul des juifs. Ces peuples n'ont par conféquent que quatre ékuphes ; favoir le sékuphe de sh fer, au commence- ment de l'automne ; le rékuphe de tébeth, au commen- cement de lhiver: le sékuphe de nifan ,au commence- cement du printems ; & le rékuphe de tarcrès , au commencement de l'été. (D. J.) TEL, (Géog. mod. ) petite ville d'Italie dans la Valteline ; fur une hauteur. On croit que la Valteline même en a tiré fon nom. Elle eft le cheflieu d’une communauté qui fe divife en trente fix contrafules où parties. (D. J.) hr: TÉLA , {.m.( Monnoie.) efpece de moñnote, où plutôt de petite médaille d'or qui fe frappe à l’avé- nement de la couronne de chaque roi de Perfe. Les sélas font du poids des dücats d'or d'Allemagne , à n’ont aucun cours dans le commerce. (D, J.) * TÉLAMON , ( Geéogr. anc.) promontoire d'Tta- lie dans la Tofcane, felon Polybe, Ptolomée & Pom- ponius Méla. Pline, Z. {11.c. y. y met un port de même nom , &c on nomme aujourd’hui ce port Téla- mone. ( D. J.) M TÉLAMONE , (Géogr. mod.) petite ville d'Italie, fur la côte de Tofcane , dans l’état de g% Prefidii, à l'embouchure du torrent d'Ofa , avec un petit port 8 une forterefle, à 15 milles au nord d'Orbitello. Long. 28. 49. latit. 42. 35. (EDS) TÉLAMONES, f. m. (Archir. rom. ) les Latins ap- pellént ainfr ce que les Grecs nomment a/as, les ñ- gures d'hommes qui foutenoient les faillies des cor- niches. Un auteur de ces derniers fiecles trouve que le mot grec slémon, r\ipér qui veut dire un ma/heu- reux habitué à fupporter le mal avec patience , con- vient très-bien à ces ftatues qui foutiennent les cor- niches dans les bâtimens. ( D. J.) ù Ha TRLANDRUS où TELANDRUM , (Géog, anc.) ville de PAfie mineure dans Ja Lycie, felon Pline, LP cxxvij: ou dans la Carie, felon Etienne le géo- graphe , ce qui revient au même. (2. J.) | TÉLARSKI-BIELKE, ( Fourrure.) forte de four- rure awon tire de la Sibérie &c de quelques autres états du é7ar, qui fe trouvent fur la route de Mof- co x Pékin, particulierement à Tomskoy, ville confidérable par fon commerce, fituée fur le Tom. “Ces fourrures font d’une grandeur extraordinaire &z d’une blancheur qui égale célle de la neige ; les Mofcovites lés eftiment beaucoup , &c les réfervent prefaué toutes pour Les magafins & l’ufage des prin- ces ILEn paffe pourtantplufieurs à la Chine, (2.J.) TEÉLCHINES , fm. (Myrhol.) anciens perfonna= ges des tems fabuleux, fur lefquets il regné d’étran- ges contrariétés dans les traditions mythologiques , contrariérés qui fe font étendues jufque fur le nom de rélchines ; en s’éloignant de fa fignification natus relle & primitive , la fable a changé en magiciens odieux ceux qui ont éré Les inventeurs des arts les plus néceflaires. Mais c’eft M. Freret qui a le premier débrouillé ce mélange d'idées 8 d’attributs dans des mémoires pleins de fagacité , qui embelliflent beau- coup l’hiffoire de l'académie des Infertptions G Beiles- Lettres. Tee Nous devons, ditce favant profond & ingénieux, rejeiter également les deux traditions oppofées qui faifoient les Telchines, peres ou enfans des Daétyles idéens. Ces noms, comme ceux des Corybantes &t des Cureres , n’étant point des noms de peuples ow de familles , mais de fimples épithetes,, ilne faut les regarder que comme fervant à défigner lemplo: 8 les occupations de ceux auxquels l'antiquité les don- noit. Ontrouve des Te/chines dans Le Péloponnèfe fous les premiers. defcendans d’Inachus , & long - tems avant l’arrivée des Daëtyles. On fuppofe qu’ils habi- toient le territoire de Sycione , qui porta d’abord le nom de Telchinie ; & qu'après une guerre de qua= rante-fept ans , 1ls furent chaflés du pays par Apis, fucceffeur de Phoronce. Onajoute que du continent de la Grece ils pafferent en Crete, de-là dans l'ile de Chypre, &c de cette ile dans celle de Rhodes où ils s’établirent enfin, Mais tous ces voyages font une fable imaginée par les critiques du moyen âge, qui trouvant le nom de Te/chines donné à des hommes, de différens pays , fuppoferent qu’ils avoient paité de l’un dans l’autre , fans réfléchir que dans le tems. où ils plaçoient ces tranfmigrations fuccefives, les: Grecs n’avoient point de varffeaux. Ces paffages pré- tendus des Telchines font antérieurs à Cécrops , à Cadmus , à Danaüs,, d’environ trois cens ans, felon Ja chronologie de Caftor,adoptée par Africain &c par. Eufebe. R La plus légere attention fur ce que fignifioit le nom-des Telchines autoit détrompé les critiques. Ce, nom écrit indifféremment Télchines où Telghines fe dérivoit du mot Says, foulager, guérir, adowcir la douleur. C’eft de la même racine que fortoient le nom de regie, donné à Junon par Les Jalyfens, & celui de rage, qu'Apollon portoit dans quelques tem- ples. | Cependant nous voyons dans Héfychius & dans Strabon, que malgré fa figmfication prinutive, ce terme étoit devenu dans la fuite un mot injurieux, un fynonyme des noms d’enchanteurs, de forciers, d’empoifonneurs, cle génies ou démons malfaifans. On accufoit les TeZchines d’avoir inventé cette magie qui donnoit le pouvoir d’exciter des orages , & de jetter des forts fur les hommes. Ils fe fervoient, dit- on, d'un mélange de foufre avec de l'eau du Styx pour faire périr les plantes. Ovide leur attribue même la faculté de fafciner ou d’empoifonner par leur fimple regard, les végétaux êc les animaux. | * Malgré ce déchainement de la plüpart des grecs, occafionné peut - être par les inveétives des anciens écrivains de l'hiftoire d’Argos , dévoués aux fuccef- {eurs de Phoronée, les Telchines avoïent leurs parti- fans, qui regardoient toutes ces imputations comme les fuites de la jaloufe infpirée par le mérite de leurs découvertes. | Les Telthines étoient, felon Diodore, fils de Ia Mer, & furent chargés de Péducation de Neptune : d’autres leur donnciént une mere nommée Zaps 3 mais zaps dans l’ancien grec; fignifoit la mer, fl nous en croyons Euphorion & le poëte Denys, cités, par Clément Alexandrin, Stromat, v. 415. ils furent LE TC chargés de Péducation de Neptune. Cette origine 8e cet emploi, qui les fuppofent des navigateurs, s’ac: . cordent avec la tradition, qu leur faoit habiter fucceflivement les trois iles principales de la mer Egée. On vantoit aufli leur habileté dans la Métal: lurgie ; c’étoit eux, difoit-on, qui avoient forgé la faulx dont la Terre arma Saturne, & le trident de Neptune. On leur attribuoit l’art de travailler le fer & l’airain : probablement ils l’apprirent dans l’île de Chypre, celebre par fes mines, & dont les habitans furent les premiers mettre le cuivre en œuvre. L’ufage de ce métal, aufli connu fous le nom d’ai- rain, avoit précédé celui du fer, du-moins dans la Grece, & on en fabriquoit des armes. Le fer étoit rare dans cette contrée ; la dureté qu'il eft capable d'acquérir par la trempe, lui fafoit donner le nom d’adarmas, d’inflexible, qui depuis a pañlé au dia- mant, | Comme les anciens ufages confacrés par la reli- gion s’obfervent toujours avec un foin qui les per- pétue, on continua d'employer lairain pour les inf- trumens des facrifices, 6c dans la fabrique des armes qu’on offroit aux dieux. Il eft même affez vraiflem- blable que ces épées & ces inftrumens de cuivre qu’on déterre de tems-en-tems, eurentautrefois cetre deffination exclufivement à toute autre, En effet, dès ue le fer devint commun, on ne continua pas, fans Rte à fe fervir comme auparavant, du cuivre, métal aire, caflant, & beaucoup plus pefant que le fer. Si l’on ne découvre aujourd’hui que peu d’armes de fer, c’eft que le fer fe détruit par la rouille, au- lieu que celle du cuivre le couvre d’un vernis qui en conferve la fubftance , & dont la dureté refite quelquefois au burin le mieux trempé. Il n’eft pas furprenant que les premiers fauvages de la Grece aient cru tout ce qu’on débitoit du pou. voir magique des Telchines. Cette crédulité regna dans les fiecles les plus éclairés d'Athènes & de Rome. Peut-être même ce mélange du foufre avec l'eau du Styx, réduit au fimple , n’eft que l’ancienne pratique de purifier les troupeaux avec la fumée du foufre , avant que de les mener aux champs pour la premiere fois à la.fin de l'hiver, Peut-être a-t-il quelque rapport à cet autre ufage, non moins an- cien, d’arrofer ou de frotter les plantes avec des in. fufions de drogues ameres, pour les garantir des infeétes. Caton, Columelle, Pline, & tous les Géo- poniques font pleins de différentes recettes qu’on croyoit propres à compoler ces fumigations & ces liqueurs. | L'orfqu'on examine les pratiques de l’ancienne magie, on adopte l’idée que Pline s’en étoit faite. Ce judicieux & favant naturalifte la regardoit com- me une efpece de médecine fuperftitieufe, qui joi- gnoit aux remedes naturels, des formules auxquel- les on croyoit de grandes propriétés. Caton nous rapporte férieufement quelques-unes de ces formu- Tes : nous voyons même que le préjugé vulgaire at- tribuoit à de fimplesremedes, à des fumiganons, le pouvoir d'empêcher la grêle & de chafler les démons. Végece , dans un de fes ouvrages, termine la longue recette d’une fumigation qu'il prefcrit, par ces mots étranges = Quod fuffimentum præter curam jumentorum, Janat hominum pafliones , grandinem depellir , d&mones abigit, & larvas. Cette fumigation, utile aux trou- peaux, guérit de plus les pafions des hommes, dé- tourne la grêle, chafle les démons & les {pettres. Quel texte à commenter pour la philofophie ! Æf. de l’acad. des Belles- Lettres, rome XXIIT. in - 4°. (2.J.) | TELCHINES, ( Géogr. anc.) peuples dont parlent Ofrofe, Z I. c. v. Stobée, de invidiä. Is tiroient leur origine de l'ile de Crète ; ils s’établirent enfuite dans file de Cypre, & enfn ils pañlerent dans celle de Tome XVI, Rhodes, où 1ls inventerent lufage du fer & de l'ai. rain, 6 ils en Grent une faux à Saturne, On les ae cufoit d’être magiciens ; mais ce crie leur fut 1m puté par les envieux, qui ne pouvoient fans jaloufe les voir excellez dans les arts, (D, 7) TELCHINTA , (Mythol:) Minerve avoit ün tetn- ple au village de la Teumofle , près dé Thèbes, en Béotie, fous lé nom de Minerve Telchinia, où il ny avoit aucune ftatue. Paufanias croit que ce furnom venoit des anciens Telchines de l'île de Rhodes, dont plufieurs paflerent dans la Béotie, & y bâtirent apparemment ce temple à Minerve, qu'ils difoient être la mere des auteurs de leur race. Minerve pafloit pour la mere des Telchines, parce que ces penples excellotent dans les arts: la jaloufie fit dire à leurs voifins, qu'ils étoient des enchanteuts, des magi: ciens. (2. J, | TELE , (Antig. grecq. ) rean, nom aw’on donnoit chez les Athéniens aux revenus qui fe percevoient fur les terres, mines, bois, & autres domaines dont on mettoit à part les fonds pour les befoins de l’état ; on nommoit aufl sé/é , le produit des taxes impofées fur les étrangers & les affranchis, ainfi que le pros duit des douanes fur certains effets 8& marchandifes, Foyez Potter, Archæol. græc. tom. p. 80. (D, 1.) TELEARQUE, £. m. ( Æif. anc.) nomque don noient les Thébains à un masiftrat dont la fontion. confiftoit à fairenettoyer les rues, emporter les fus mets, & prendre foin des égouts pour faire écouler les eaux. Cette charge étoit d’abord de peu de con: féquence, & les ennemis d’Epaminondas la lui ayant fait donner comme pour avilir fon mérite & {es ta. lens, 1l leur répondit qu'il leur feroit voir que, 707 Jeulement la charge montre quel eff l’homme , mais auffe que l'homme montre quelle eff la charge : & en effet, 1l éleva à une grande dignité cet office qui n’étoit rien auparavant. TELEBOAS , (Geéog. anc.) fleuve que Xénophon, L IV. p. 327. & Étienne le géographe, mettent au voifinage des fources du Tigre. | TELEBOIDES INSULÆ , ( Géogr. anc.) îles comprifes au nombre des Echinades, Les îles Té/éboides où Taphiènnes, Étoïent devant Leucade, à favoir Taphias, Oxiæe, & Prinoefto. Les Téléboëns ou Talphiens étoient un peuple de lAcarnanie, que Strabon dit avoir été peuplée par trois nauons, à favoir les Curettes, les Léleges, &e les Téléboëns. Ces derniers, ou une partie d’entre eux, paflèrent enltalie, & s’établirenr dans l'ile de Caprée, au rapport de Virgile, Eneid, liy. PIL y, 735.8 de Tacire, 19. Annal, c. Ixvij : ce font eux qui nommerent Téléboïdes ,de leur nom, lesîles qui {ont voifines de l’Acarnanie. Etienne le géographe dit que la Téléboïde eft une partie de l’Acarnanie, ainfi nommée à caufe de Télé. boas , &c qu'on Pappelloit auparavant le pays des Ta phiens ; &c le fcholiafte d’Apollonius dit que Taphos eft une île d’entre les Echinades où habiterent les Téléboëns, qui avoient auparavant habité l’Acarna- nie, Il ajoute que les T'éléboëns font les mêmes que les Taphiens. Si cela eft, conclut Cellarius, les îles Echinades étoient comprifes fous les Téléboides; & Strabon, Z X. remarque que les Té/éboides n’étoient pas tant diffinguées des autres par un intervalle qui les féparoit, que par les chef qui les avoient gou- vernés, & qui avoient été autrefois Taphiens & Téléboëns. (D.J.) \ TÉLÉEN , (Mytholog.) Teleus, épithete ou fur nom que les Romains donnoient à Jupiter; on in- voquoit Jupiter Téléer dans les mariages, & Junon Téléenne préfidoit aux noces : ce mot eft orec , sehcr08 veut dire parfait. TÉLÉOLOGIE, £ f. ( Phyf. 6 Métaphyf.) {cience des caufes finales, Voyez CAUSE he &t joignez: 1] LS 26 TEL y les réflexions fuivantes du chancelier Bacon. L'examen des caufes finaleseft , dit-il, plus dans Vordte de la Morale que dela Phyfique, qui s’appau- vrira toutes les fois qu’elle voudra éradier les faits dans les motifs, & qu’au lieu de s'informer comment la nature opere , elle demandera pourquoi. Cette cu- riofité, qui vient d’une inquiétude naturelle de l’ef- prit , & de fon penchant fecret à franchir les limites, peut avoir fa place, mais à la fuite de toutes les au- tres queftions. La Providencenous permet de fuivre fes voies pour Les adorer,, mais non pas d’approfon- dir es vues. Elle fe plaît à faire fortir du cours de la nature des événemens inopinés, où tous nos Juge- mens vont échouer ; & par ces routes fecreres qua la dérobent à nos yeux, elle devient plus refpeétable encore fousle voile du myftere, que fi elle avoit marqué dans tous fes pas Les deffeins de fa fageffe. C’eft à fon exemple que lesmaitres de la terre ont befoin de fe rendre quelquefois invifibles pour con- ferverleur majefté ; plus admirables, quand ils font naître le bonheur & la tranquillité publique de Fo- rage des brigues & des pafñons , que s'ils faifoient ouvertement tout plier fousle poids de leur autorité. Auf les matérialiftes qui n’ont point apperçu les traces d’une intelligence fupérieure dans le gouver- nement de l'univers, d’ailleurs connoïfloient mieux la nature que la plüpart des autres philofophes , qui voulant fuivre la marche de la Providence, lui prè- toient des conttadiétions ingignes. Comme l’homme eft porté à fe croire le plus par- fait de tous les êtres , il{e croit aufli Ja caufe finale de toute création. Les philofophes, réputés ortho- doxes dans tous les fiecles , ont enfeigné que le mon- de a été fait pour l’homme ; laterre pour fon habita- tion , &tous les corps lumineux pour lui fervir de fpe&acle. Les rois n’en font pas tant, lorfqu'ils s1- maginent être la caufe finale pour laquelle toutes les Lociétés ont été formées, &dles gouyernemens infti- tués. (D. J.) TELEPHIEN , adj. serme de Chirurgie j'ulcere dont la guérifon eft difficile. Voyez ULCERE. Ce mot vient de Teléphe , qui avoit été blefé par Achille , & dont la plaie dégénera en un mauvais ul- cere. (YF) TELEPHIOIDES , ff. ( Hifi. nas, Botan. ) gente de plante à fleur en rofe compofée de plufieurs pé- tales difpofés en rond. Le piftil fort du calice , & de- vient dans’la fuite un fruit arrondi &c divifé en fix loges, qui renferment chacune une femence de la même forme que le fruit. Tournefort , #f£. rez herb. corol. Voyez PLANTE. Miller en compte cinq efpeces , favoir Le se/ephor- des grecum , hum fufum , flore albo, Tour. Cor. Elle a été découverte en Grece par Tournefort, qui conftitua ce genre, lui donnant un nom tiré de {a reffemblance avec le véritable orpin d'impera- tus. Cette plante eft extrèmement rampante , 8 fub- fifte rarement plus de deux années. La feconde efpece , selephioides americanum , erec- cum , folio olivali , fubtüs glauco , floreherbaceo, Houf- ton , croît aux Barbades, dans la Jamaique , & dans plufieurs autres endroits de l'Amérique. Latroifieme efpece , elephioïdes americanum , ar- borejéens , fruëtu parvo , folus acuminatis , Houft. fut découverte à la Vera-Cruz par le doéteur Houftoun , qui envoya defes femences en Angleterre.Elle poufle une tige ligneufe à la hauteur de huit ou dix piés. Ses feuilles font diviféesen plufeurs lobes; {es fleurs, qui font petites & d’un verd blanchâtre , naïffent fur le revers des feuilles , & font fuivies d’un petit fruit qui n’a pu mûrir jufqu'à préfent en Angleterre. La quatrieme efpece , eft le se/ephioïdes america- num ; arborefcens , foliis lais, fubrotundis , fubtus 1n- canis , fruëlu maximo. Hoult, TEL La cinquieme efpece , eft le se/ephioïdes america- . num, arborefcens, foliis larioribus, fubrotundis ; fruëtu majorc ex longo pediculo pendulo. Houft. Ces deux dernieres efpeces furent découvertes par lémême dofteur Houftoun à Campèche,, où elles croiffentà la hauteur de douze à quatorze piés : leurs féuilles font larges , & difpofées alternativement. Le fruit de la cinquieme eft gros à-peu-près comme une petite noix ; il croît fur le revers des feuilles, & eft attachéà un pédicule fort long. Celui de la quatrieme eft auffi gros qu’une châtaigne , &c eft couvert d’une coque fort dure. ( D.J.) TELEPHIUM , {.m.( Hifl. nat. Bot. ) genre de plante à fleur en rofe compofée de plufieurs pétales difpofés en rond ; le calice eft formé de plufeurs feuilles ; Le piftil fort du calice , &z devient dans la fuite un fruit à trois pointes & divifé en trois cap- fules : ce fruit renferme des femences qui font le plus {ouvert arrondies. Ajoutez aux carafteres decesenre que les feuilles font alternes Le long des tiges. Tour- nefort , 2nf?. rei herb. Voyez PLANTE. Tournefort compte quatre efpeces de &/:phium où d'orpin , dont la pluscommune,tephinm PDiofcoridis, Imperati, eft nommée par les Anglois she wtld-orpine. Cette plante poufle destiges groiles, rondes , unies, fouvent rougeâtres en bas : fes feuilles font fembla- bles à celles du pourpier , mais plus petites, blan- châtres , rangées alternativement le long des tiges, épaifles , charnues, remplies de fuc , la pläpart inci- fées légerement en leurs bords : fes fleurs naïflent au fommet des tiges en gros bouquets , ow en ombelles ; chacune d'elles eft compofée de plufeurs pétales dif- pofés enrofe, de couleur blanche & verdâtre: quand cette fleur eft pañlée , 1l lui fuccede un fruit triangu- laire,, qui renferme des femences prefque rondes : la racine du se/ephium ordinaire eft divifée en plufieurs branches oblongues, blanches, entremêlées de f- bres. Cette plante croit aux lieux rudes & pierreux. (D.1.) | TÉLÉSCOPE , £. m. ( Oprig. & Affr. ) télefcope, ce mot compofé des mots grecs rnAe, loin, ÊT cnome regarder, fignifoit uniquement dans fon origine , un inftrument formé de différens verres ou lentilles ajuf- tés dans un tube , au-travers defquels on voyoit les objets fort diftans. Mais aujourd’hui , 1l fe dit en gé- néral de tout inftrument d'optique, qui fert à décou- vrir & voir des objets très-éloignés, doit que ce {oit direftement à-travers de pluñeurs verres; ou par réflexion au moyen de plufieurs miroirs. L'invention du sé/efcope eft une des plus nobles &r des plusutiles dont les derniers fiecles puiflent fe vanter ; car c’eft par fon moyen que les merveilles du ciel nous ont été découvertes, & que PAftrono- mie eft montée à un degré de perfetion dont les fie- cles pañfés n’ont pas pu feulement fe former une idée. Voyez ASTRONOMIE. Quelques favans ont avancé que les anciens Egyp- tiens avoient l’ufage des séle/copes , &t que d’une tour fort élevée de la ville d'Alexandrie , ils découvroient les vaifleaux qui en étoient éloignés de 600 milles ; mais cela eft impoffñble , à-moins que ces milles n’aient été fort courts, puilque la rondeur delaterre empêche de voir de deflus une tour , un objet fitué fur l'horifon à une plus grande diflance que 12 où 14 milles d'Hollande, &c un vaifleau à la diftance de 0 milles. On doit donc regarder comme fabuleux ce qu’on rapporte fur cela des Egyptiens. Jean-Baptifte Porta , noble napolitain, filon en croit Wolfius , eftle premier quiait fait un #/e/cope, comme il paroît par ce pañlage de fa magie naturelle, imprimée en 1549. | 4 Pourvu'que vous fachiez la maniere de joindre » ou de bien ajufterles deux verres, favoir leconca- » ve & le convexe, vous verrez également les ob- TEL » jets proches & éloignés, plus grands &: mËmeplus » diftin@ement qu'ils ne paroiflent au naturel, C’eft # par ce moyen que nous avons foulagé beaucoup » de nos amis, quine voyoient les objets éloignés # ou proches, que d’une maniere confule , & que » nous les avons aidés à voir très-diftin@tement les # uns & les autres ». Ces paroles de Porta , prifes dans un certain fens (que depuis la découverte du sé/eféope on peut leur donner) , pourroient bien faire penfer qu'il en eft Pinventeur , comme le prétend Woifus. Cependant fi lon remarque qu’il n’entendoit pas lui - même les chofes dontail parle , & les conféquences réfultantes de la confiruétion que ces paroles indiqueroient, fi elles avoient été écrites dans le fens qu’on leur donne aujourd'hui ; enfin qu'il traite de ces lentilles con- vexes & concaves d’une maniere fi obfcure & f confufe , que Kepler chargé de l’examiner par un commandement exprès de Pempereur Rodolphe, dé- clara que Porta étoit parfaitement inintellisible. On fera fort tenté de croire qu’il ne découvrit pas Le 4e. Jefcope, & que ce qu'il ditlà-deflus avoit trait à autre chofe. Cependant cinquante ans après on préfenta au prin- ce Maurice de Naffau un r/efcope de douze pouces de long , & fait par un lunetier de Middelbourg ; mais les auteurs ne font point d’accord fur le nom de cet. artifte. Sirturus , dans fon traité du sé/efcope, imprimé en 1618, veut que ce foit Jean Lipperfon. Borel, dans un volume qu’il a compoié exprès fur linven- teur du séle/cope, & qu’il a publié en 1655, fait voir que c’eft Zacharie Janfen , ou comme l'ortogranhie Wolfius, Hanfen. Voici de quelle maniere onraconte cette hiftoire de la découverte du sé/e/cope par Janfen. Des enfans en fe jouant dans la boutique de leur pere, lui firent, dit-on, remarquer que quand ils tenoient entre leurs doigts deux verres de lunettes, & qu'ils mettoient les verres Pun devant l’autre à quelque diftance , ils voyoïent le coq de leur clo- cher beaucoup plus gros que de coutume, & comme s'il étoit tout près d’eux, mais dans une fituation ren- verfée. Le pere frappé de cette fingularité , savifa d’ajufter deux verres fur une planche , en les y te- nant de bout , à l’aide de deux cercles de laiton, qu’- on pouvoit approcher ou éloigner à volonté. Avec ce fecours, on voyoit mieux &c plus loin. Bien des curieux accoururent chez le lunetier ; mais cette in- vention demeura quelque-tems informe &c fäns uti- lité. D’autres ouvriers de la même ville firent ufage à l'envi de cette découverte, & par la nouvelle for- me qu’ils lui donnerent, ils s’en approprierent tout lhonneur. L'un d'eux, attentif à l’effet de la lumie- re, plaça les verres dans un tuyau noirci par-dedans. Par-là, il détourna & abforba une infinité de rayons, qui en fe réfléchiffant de deffus toutes fortes d’objets, ou de deffus les parois du tuyau, & w’arrivant pas au point de réumion , mais à côté, brouilloient ou ab- forboient la principale image. L’autre enchériflant encore fur ces précautions, plaça les mêmes verres dans des tuyaux rentrans &c emboités l’un dans l’au- tre, tant pour varier les points devue, en alongeant Pinftrument à volonté, felon les befoins de l’obfer- vateur , que pour rendre la machine portative, & commode par la diminution de la longueur quand on la voudroit tranfporter, ou qu’on n'en feroit pas ufage. Jean Lappuy , autre artifte de la même ville, pafle pour le troifieme qui ait travaillé au sélefcope, en ayant fait un en 1610, fur la fimple relation de celui de Zacharie. En 1620, Jacques Métins , frere d’Adrien Métius, profefleur de mathématiques à Francker , {e rendit À Middelbourg avec Drebel, & y acheta des sélefcopes des enfans de Zacharie, qui les rendirent publics. TEL 57 Cependant Adrien Mérius'attribue à fon frere l’hon- neur de la découverte du sé/efcope,, &t a fait donner Defcartes dans la même erreur. Mais aucun de ceux qu'on vient de nommer n’ont fait des s/efcopes de plus d’un pié êc demi de long. Si- mon Marius en Allemagne , & Galilée en Italie, font les premiers qui aient fait de longs sé2e/copes, propres pour les obfervations aftronomiques. Le Roffñ raconte que Galilée étant à Venife apprit que l’on avoit fait en Hollande une efpece de verre optique,propre à rapprocher les objets : furquoi s’é- tant misäréflechir fur la maniere dont cela pouvoit fe faire ,1l tailla deux morceaux de verre du mieux qu'il lui fut pofhble , & les ajufta aux deux bouts d’un tuyau d'orgue, ce qui lui réuflit au point, qu'immé- diatement après , 1l fit voir à la noblefle vénitienne toutes les merveilles de fon invention au fommet de la tour de S. Marc. Le Roffi ajoute que depuis ce tems-là Galilée fe donna tout entier à perfedionner le rélefcope ; &t que c’eft par-là qu'il fe rendit digne de l'honneur qu’on lui fait affez généralement de l’en croire l'inventeur, &c d’appellet cet inftrument Ze tube de Galilée: Ce fut par ce moyen que Galilée ap- perçut des taches fur le foleil, Il vit enfuite cet aftre le mouvoir fur fon axe, &c. Le P, Mabillon rapporte dans fon voyage d’Alle- magne , qu'il avoit vu à l’abbaye de Scheir , dans le diocèfe de Freifingue, une hïftoire fcholaftique de Peirus Comeflor , à la tête de laquelle étoient Les figu- res des arts libéraux, 8 que pour fignifier PAftro- nomie, Ptolomée y étoit repréfenté, oblervant les étoiles avec une lunette, comme nos lunettes d’ap- proche. Celui qui a écrit le mémoire fe nommoit Chonradus , & toit mort au commencement du xiij. fiecle , comme D. Mabillon l’a prouvé par la chroni- que de ce monaftere , que Chonrad avoit continuée jufqu’à ce tems-là. Ceïte date eft d'autant plus re- marquable, que les fimples lunettes qui femblent de- voir être inventées les premieres,ne l’ont été que plus de 100 ans après, comme on le peut voir par une lettre très-curieufe de feu M. Carlo Dati, florentin, que M.Spon a infèrée dans les recherches d'antiquité, p. 213. elle contient un paflage remarquable d’une chronique de Barthelemi de S, Concorde de Pife, qui marque qu’en 1312un religieux , nommé 4/effandro Difpina, faifoit des lunettes , & en donnoit libérale- ment , tandis que celui qui les avoit inventées refu- foit de les communiquer. Mém. de l’acad. des Infcr. com. IT. Il y a deux remarques à faire fur ce récit du P. Mabillon ; la premiere, Que ce favant a pu fe laiffer féduire par les apparences, &c prendre pour une lu- nette, ce qui n’en étoit pas une ; ce qui feroit defirer qu’il nous en eût tranferit le deflein. 2°, Qu'il fe pourroit très-bien faire que les figures des arts libé- raux ayent été faites long-tems après que le manuf- crit avoit ete écrit. Cela paroit d'autant plus vraif- femblable , que fi on fuppofe que cette efpece de lu- nette ne repréfentât qu'un tuyau, qui fervoit à re- garder les aftres, &c à défendre l’œ1l de la lumiere des objets étrangers ; il feroit aflez fingulier que les auteurs d’affronomie n’en euffent point parlé. Enfin il femble que les aftronomes ne durent point penfer à la précaution de regarder les étoiles avec un tuyau; cette précaution étant aflez inutile pour obferver dés aftres la nuit. Au refte, l'ufage des verres convexes & conca- ves étant connu, & les principes d’optique fur lef- quels font fondés les sélefcopes, fetrouvant renfermés dans Euclides, il fembleroit que c’eft faute d’y avoir réfléchi, que le monde a été privé fi long-tems de cette admirable invention. Mais il falloit connoitre la loi de la réfraétion , pour y être mené par lathéo- tie , & on ne la connoïfoit pas encore. On ne doit EL TET donc pas s'étonner, finous devons cette découvette uniquement au hazard, & ainfi être moins fâchés de Fincertitude où nous fommes fur fon auteur; puif- qu’il n’a dans cette découverte quele mérite. du bon- heur, & non celui de la fagacité. Telle eft la mar- che lente 8 pénible de lefprit humain, Il faut qu'il fafle des efforts incroyables pour fortir des routes or- dinaires, & s’élancer dans des routes inconnues ; encore n’efl-ce prefque jamais que le hazard qui le tire des premieres pour le conduire dans les fecondes. Et l’on ne peut douter que nos connoïflances aétuel- les , foit en phyfque, foit en mathématique , ne ren- ferment un nombre infini de découvertes, quitien- nent àune réflexion finaturelle,ou à un hazard fi fim- ple, que nos neveux ne pourront comprendre com- ment elles nous font échappées. Divers favans tels que Galilée , Képler, Defcar- tes, Grégory , Huyghens , Neuton, 6’. ont contri- bué fucceflivement à porter le sé/efcope au point de perfedion où il eft aujourd’hui. Képler commença à petfe@ionner la conftruétion originaire du sé/e/cope, en propofant de fubftituer un oculaire convexe à un oculaire concave. C’eft ce qui paroît par fa dioptri- que imprimée en 1611; car dans cette dioptrique il décrit un sé/efcope compofé de deux verres convexes, auquel on a donné depuis le nom de sé/efcope aftro- nomique, Il y a différentes fortes de sé/ejcopes qui fe diftin- guent par le nombre & par la forme de leurs verres, & qui reçoivent leurs noms de leurs différens ufa- es. Tel eft le premier sé/efcope ou le sé/efcope hollan- dois ; celui de Galilée , qui n’en differe que par fa longueur : Le rélefcope célefte ou aftronomique, le sé leftope terreftre, & le séle/cope aërien. Il ÿ a encore, comme nous l’avons dit, le ré/efcope compofé de mi- roirs ou de réflexion. Nous allons donner fucceflive- ment la defcription de ces différens sé/efcepes, & ex- liquer les principes fur lefquels font fondés leurs ef- Êe , leurs avantages & les caufes d’où naïflent leurs différentes imperfettions. | Le rélefcope de Galilée ou allemand, eft compofé d’un tuyau dont on peut voir la ftruëure à Parsicle Tuge, dans lequel eft à Pun de fes bouts un verre objettif concave , & à l’autre un verre oculaire con- cave. C’eft la plus ancienne de toutes les formes des se- lefcopes, & la feule qui leur ait été donnée par les in- vénteurs, Où qui ait été pratiquée avant Huy- ghens. Confiruition du télefcope de Galilée ou allemand, Au- bout d’un tube eft ajufté un verre objectif convexe d’un feul ou deux côtés , & qui eft un fegment d’une {phere fort grande : à l'autre bout eft ajufté de même un verre oculaire concave des deux côtés, mais for- mé d’un fegment d’une moindre fphere, &c place à une telle diftance du verre objectif, que le foyer vertical de ce verre oculaire réponde au même point que le foyer réel du verre convexe. Woyez FOYER. Théorie du télefcope de Galilée. Par le moyen de ce télefcope tout le monde, excepté les myopes, ou ceux qui ont la vue courte, doivent voir diftinétement les objets dans leur fituation droite , naturelle , & grof- fis à-proportion de la diftance du foyer virtuel du verre oculaire , à celle du foyer du verre obje- tif. Mais pour que les myopes puifent voir diftinéte- ment les objets au-travers d’un tel inftrument , 1l faut rapprocher le verre oculaire du verre objeétif, Voici les caufes de ces différens effets. 1°, Comme on ne regarde avec le ré/efcope que des objets éloignés , les rayons qui partent du même point d’un objet tombent fur le verre objectif fous des lignes fi peu divergentes entre elles, qu'on peut regarder cés fayons comme paralleles,87 conféquem- ment par la réfration qu'ils fubiffent dans ce verre convexe, il faut qu'ils deviennent convergens, com- me on l’a vu à larricle FOYER; C’eft-à-dire, qu'ils fe rapprochent , en tendant vers un certain point qui fe trouve par la conftruétion , ainf qu’on l’a dit , au- delà du verre oculaire, Or, par la féonde réfraétion qu’ils fubiffent dans ce verre concave, il faut qu'ils deviennent de nouveau paralleles, &c que dans cette difpofition ils entrent dans l’œil. #oyez Rayon, CoONCAVITÉ , CONVEXITÉ 6 CONVERGENT. Et tout le monde , à l’exception des myopes, voyent diftinétement les objets dont Les rayons entrent pa- rallelement dans l'œil. foyez VISION & PARATLELE; ce premier point ne fouffre point de difficulté. 2°, On fuppofe qi” 4 (PL. d’'Optrique, fs. 41.) eftle foyer du verre objeétif, & qu’à la droite de Fobjer A C, eft le rayon le plus éloigné qui pañle par letus be : après la réfraétion , ce rayon devient parallele à l'axe B I, &t conféquemment après une feconde ré- fration qu’il fubit en paflant par le verre concave, 1] devient divergent, c'eft-ä-dire, qu'il s'éloigne du foyer virtuel : c’eft pourquoi, commetouslesrayons qui viennent de ia même extrémité vers Pœil, placé derriere le verre concave, font paralleles à LÆ &c que ceux qui partent du milieu de l’objet font paral- leles à FG, comme on l’a obfervé ci-deflus, le cen- tre de l’objet doit être vu dans l’axe G 4, & l'extré- mité droite doit être vue du côté droit ; {avoir dans la ligne ZLN, ou parallele à ce côté; c’eft-à-dire , que l’on doit voir l’objet droit ou de bout ; ce quu ef le fecond point que nous avions à prouver. 3°. Comme toutes les lignes paralleles à ZN coupent laxe fous le même angle ,le demi-diamerre de l’objet doit être vu à-travers Le ré/efcope fous angle 4EN, ou EF : les rayons LE & G1 entrant dans l'œil de la même maniere que fi la prunelle fe trouvoit pla- cée dans le point Æ. Or fi l'œil nud étoit placé dans Je point 4, il verroit le demi-diametre de l’objet fous l'angle c 46 ou CAB ; mais comme on fuppofe lob- jet fort éloigné, fa diftance 4F ne fait rien à cet égard, & par conféquent l'œil nud , füt-1l même dans le point F, verroit le demi-diametre de Pobjet fous un angle égal à l'angle 4. Ainf menant FM parallele à À c,le demi-diametre de l’objet vu de Pœil nu eff à celui qui eft vu par le rélefcope, comme 1M à LE. Or il eft démontré qu’IM eft à LE , comme IF eft à AB ; c'eft-à-dire, que le demi-diametre vu de l'œil nu, eft au-demi-diametre vu à-travers le s/e/cope, comme la diftance du foyer virtuel du verre oculaire FI ef à la diftance du foyer du verre objettif 4B , ce qui prouve le troifieme point. Enfin comme les myopes ont la rétine trop éloi- gnée du cryftallin, & que les rayons divergens fe raflemblent dans l’œil à une plus grande diftance que ne font les paralleles , & que ceux-ci deviennent di- vergens, en rapprochant le verre oculaire du verre obje@if, il faut que parle moyen de ce rapproche ment les myopes voyent diftinétement Les objets à- travers le sélefcope ; ce qui fait la preuve du quatrieme point. D'où il fuit 1°. que pour voir l'objet tout entier,le demi-diametre de la prunelle ne doit pas être plus petit que n’eff la diftance des rayons LE &c GI, par conféquent plus la prunelle eft dilatée , plus grand doit être le champ, ou l’étendue que l’on voit par le célefcope , & au-contraire plus la prunelle eft contra- étée , plus cette étendue doit être petite. Deforte que fi l’on fort d’un lieu obfcur, ou que lon ferme l'œil quelque tems avant de l'appliquer au verre , la vue embraflera une plus grande étendue du premier coup d'œil, qu’elle ne fera dans la fuite , &t après que la prunelle aura été contraétée de nouveau par Fau- ementation de lumuere, Voyez PRUNELLE, 28: Puifque la diftance des rayons EL & IG eltplus grande quand loeil eft à une plus grande diflance du- verre, 1ls’enfuit que plus on s’éloignera du verre, moins il entrera de rayons dans l'œil; par conféquent l'étendue que la vue embrafie d’un coup d'œil, au- gmentera à-mefure que lœil fera plus prêt du verre | concave. à gl | - 3°. Puifque le foyer d’un verre objettif plan - con- vexe, &c le foyer virtuel d’un verre oculaire plan- concave, font à la diftance du diametre ; &c que le foyer d’un verre objettif convexe des deux côtés, & le foyer virtuel d'un verre oculaire concave des deux côtés font à la diffance d’un demi-diarnetre ; f le verre objettif eft plan-convexe, & le verre ocu- laire plan-concave , le sé/efcope augmentera le dia- metre dePobjet à-proportion du diametre de la con- cavitéau diametre de la convexité. Sile verre objectif eff convexe des deux côtes, & le verre oculaire concave des deux côtés, Le rd7ef- copeaugmentera le diametre de l’objet à-proportion du demi-diametre de la concavité ,au demi-diametre de la convexité. Si le verre objectif eft plan-convexe, & le verre oculaire concave des deux côtés, le de- mi-diametre de l’objet augmentera à proportion du demi-diametre dela concavité , au demi-diametre de la convexité; &erifin file verre objettifeft convexe des deux côtés, & le verre oculaire plan-concave, l’au- gmentation fe fera fuivant la proportion du diametre de la concavité au demi-diametre de la convexité, 4°. Pufque la proportion des demi-diametres eft la même que celle des diametres entiers , les sé/e/copes grofäiflent les objets de la même maniere, foit que le verre objectif foit plan-convexe , & le verre ocu laire plan concave, ou que l’un foit convexe des deux côtés, & l’autre concave des deux côtes. 5°. Puifque le demi-diametre de la concavite a une moindre proportion au diametre de la convexité, que na le diametre entier , un s/e/cope groffit davan- tage les objets quand le verre obje&if eft plan-con- vexe , que loriqu'il eft convexe des deux côtés. On prouvera à-peu-près de la même maniere qu’un ocu- laire concave des deux côtés vaut mieux qu’un ocu- laire plan-concave. 6°, Plus le diametre du verre objettif eft grand, & plus le diametre du verre oculaire eft petit, plus la proportion du diametre de Pobjet vu à l’œil nud, à fon diametre vu à-travers.un s/e/cope eft petite, & par conféquent plus Le £/e/cope doit groflir l’objet. 7®, Purique le denni-diametre de l’objet s’augmen- te, fuivant la propoñtion de lPangle Æ£ FI, &t que plus cet angle efterand , plus la partie de l’objet qu'on embrafle d’un coup d'oeil eft petite ; à mefure donc que ce demi-diametre fera grofli ou augmenté , le sé. deftope repréfentera une moindre partie de l’objet. C’eft cette raïfon qui a déterminé les Mathémati- ciens à chercher une autre efpece de #/efcope , après avoir reconnu l'imperfection du premier qui avoit éte découvert par hafard;leurs efforts n’ont point été infrulueux, comme il paroît par les effets du seé/ef- cope aftronomique,, dont la defcription eft ci-def- fous. | | | Si le demi-diametre d’un verre oculaire a unetrop petite proportion au demi-diametre du verre obje- if, l’objet ne fera point vu affez clairement à-tra- vers lerélefcope ; parce que le grand écart des rayons fait que les différens pincéaux qui repréfentent fur la rétine les diférens points de l’objet, font en trop petit nombre | | On a trouvé aufli que des verres objeétifs égaux, ne font point. le même effet'avec des verres oculai- -res de même diametre , quand ils font d’une tranfpa- rence, ou d'un polidifférent. Un vetre objettif moins -tranfbarent, où moins parfaitement taillé ou formé, “demande ün verre oculaire plus fphérique ; que ne ! és éd e né TEL 39 demande unautre verre obje@if plus tranfparent & fueux pol. À: states inf, quoiqu'on ait l’expériènce qu'une lunette eft bonne, lorfque la diffance du foyer d’un verre objeétif eftdefix pouces, & que le diametre dü verre oculaire plan concave, eft d'un pouce & une hgne, ou que le diametre d’uñ Verre oculaire également concave des deux côtés eft d’un pouce 7 demi: ce- pendant l’artifte ne doit jamais s’attacher à ces fortes de combinailons , comme fi elles étoient fixes &c in- variables ; 1l doit au contraire eflayer des verres ocu- laires de différens diametres fur les mêmes Verres objectifs ; & chorfir celin avec lequel on voit le plus clairement & le plus diftinétement les objets. j Hévélius recommande un verre obje@if convexé des deux côtés, &c dont le diametre foit de quatré piés, melure de Dantzick, & un verre oculaire con- cave des deux côtés, & dont le diametre foit de qua: tre pouces &c demi, ou dixiemes d’un pié. Il obferve qu'un verre objeétif également convexe des deux côtés , & dont le diametre eft de cinq piés , démande un verre oculaire de cinq pouces & demi ; & 1l ajou= te que le même verre oculaire.peut férvit auf âun verte objectif de huat ou dé dix piés. Ainfi comme la diffance du verre chje&if 8c du verre oculaire , eft la différence entre la diftance du foyer du verre objeëtif, & celle du foyer virtuel du verre oculaire ; la longueur du fé/e/cope fe regle par la fouftration que Pon fait de lune à l’autre, c’eft- à-dire, que la longueur du #é/efcope eff la différence qu'il y a entre les diametres du verre obje@if, 87 du verre oculaire, fuppofé que le premier foit plan convexe, & le fecond plan concave; ou c’eft la différence qu'il y a'entre les demi-diametres du ver- re objectif & du verre oculaire; fuppoté que le pre: mier foit convexe des deux côtés, &t que lefecond foit concave des deux côtés : ou c’eft la différence qu'il y a entre le demt-diametre du verte objettif, ë le diametre du verre oculaire, fuppofé que le premier foit convexe des deux côtés, & que le fe- cond foit plan concave ; ou enfin, c’eft la différence qu'il ya entre le diametre du verre obje&if, & le demi-diametreé du verre oculaire, fuppoté que lé premier foit plan convexe, &r que le fecond foit con: cave des deux côtés. Par exemple , fi le diametre d'un verre objéétif convexe des deux côtés eft de quatre piés , & que le diametre d’un verreoculairé concave des deux côtés, foit de quatre pouces, la longueur du ré/e/cope fera d’un pié 10 pouces. Le rélefcope aftronomique difere du précédent ; en ce que l'oculaire y'efl convexe comme l'objeqif, Voyez CONVEXITÉ. On lui a donné ce nom, parce qu'on ne s’en fert que pour les obfervations aftronomiques, à caufe qu'il renverfe les objets. On a vu plus haut que Ké: pler fut le premier qui en donna l'idée ; & il paroît certain que le pere Scheiner fut le premier qui dans la fuite exécuta réellement ce #Z/cope. Confirutlion du téleftope ajronomique. Le tube étant fait de la longueur néceflare, on ajuite dans un de {es bouts un verre objeëtif, foit plan convexe , {oit convexe des deux côtés ; mais qui doit être un feg+ ment d’une grande fphere : dans l’autre bout on ajufte de même un verre oculaire convexe des deux côtés, mais qui doit être le fegment d'une petité fphere , & on le place dans le tube de façon qu’il foit au-delà du foyer du verre obje@if, précifément d’un efpace éval à la diftance de fon propre foyer: Théorie du télecope aflronomigue. Le téleftope étant ainf conftruit, l’œil placé près du foyer du verre oculaire verra diftinétement les objets , mais renver= fés & groffis dans le rapport de la diflance du foyer du verre oculaire , à la diffance du foyer du.veire OBjÉEE arm PE ea Eh 40 TEL Car 1°, comme les objets qw’on voit par le se/ef- cope font extrèmement éloignés, les rayons qui par- tent d’un point quelconque de lobjet, viennent frap- per parallelement le verre objeétif, & par confé- quent après la réfraétion ils fe réuniffent derriere ce verre dans un point qui eff Le foyer du verre ocu- laire. Depuis ce point, ils commencent à devenir divergens , & en s’écartant ainfi, ils viennent frap- pet le verre oculaire , où ayant fubr une autre réfra- étion , ils entrent parallelement dans l’œil. Aïnfi comme tout le monde, excepté les myopes, voit diftinétement par rayons paralleles , un ré/e/co- pe difpofé de la maniere ci-deffus, doit repréfenter diftinétement Les objets éloignés. Suppofé le foyer commun des verres en F, (fig. 42.) & faites À B égal à BF, puifqu’un des rayons A C partant du côté droit de l’objet, pafle par À, le rayon C E fera parallele à V’axe 4 1, & conféquem- ment, après la réfraction qu’il aura fubi dans le verre oculaire, 1l tombera avec lui dans le foyer G. Com- me l’œil eft placé contre ce foyer, & que tous les autres rayÿons, qui, avec £ G, partent du même point de l’objet, fubiffent une réfra@ion , qui les en- voie parallelement de ce côté-là, le point qui fe trouve dans le côté droit de l’objet doit être vu dans la ligne droite £ G. De même, il faut que le point du milieu de l’objet fe voie dans Paxe G B, de forte que l’objet paroïfle renverfé. | 2°. Il paroït par ce qu’on a déjà prouvé ci-deflus, que le demi-diametre de l’objet fera vu à-travers le sélefcope fous Pangle Æ G I, & que l’œil nu, placé dans À, le voit fous langle £ 4 c. Suppofez main- tenant 1 F, égal à la diftance du foyer 1 G. Comme les angles droits en T font égaux , 1l s'enfuit que l’an- gle E G Feft égal à £ F1; or, en tirant la ligne FM, parallele à 4 C, vous aurez l'angle 1FM, égal à B AC; par conféquent le demi-diametre de l’objet vu de l’œil nu, eft à ce même demi-diametre vu par le sé/efcope, comme 1 M eft à TE, Tirez la ligne À E , parallele à F M ; vous trouverez qu’IM eit à 1 E, comme 1 F eft à IX. Or, en vertu du parallélifme des deux verres CE=B1,=BF,+ FI,=AB+FI; & en vertu du parallélifme des lignes droites C4, & EK, CE— AK; parcon- féquent, BI= 4 K, & A B=IK ; de forte que I M eft à TE, comme 1F eft à AB, c’eft-à-dire, que le demi-diametre de l’objet vu à la vüe fimple, eft au demi-diametre vu à-travers le sélefcope , com- me la diffance du foyer du verre oculaire ZF, eft à la diftance du foyer du verre obje@if; ce qu'il fal- loit prouver. Il fuit de tout ce qui vient d’être expofé, 1°. que fi ce sélefcope eft moins propre pour repréfenter les corps terreftres, puifque leur renverfement empêé- che fouvent de les reconnoître; il n’en eft pas moins commode pour obferver les aftres, qu'il eft aflez in- différent de voir droits ou rénverfés. 2°. Que fi entre le verre oculaire & fon foyer G, il fe trouve un miroir plan de métal parfaitement bien poli ZN, de la longueur d’un pouce, & d’une figure ovale, incliné fur l’axe fous un angle de 45 d, les rayons EP & MQ feront refléchis de maniere que venant à {e joindre en g,1ls formeront un an- gle Pr Q , égal à PGO; & par conféquent l’œil étant placé en g, 1l verra l’objet de la même grandeur qu'auparavant, mais dans une fituation droite ou re- dreflée. Aïnf en ajoutant un pareil miroir au #é/efco- . peaftronomique, on le rend commode pour obferver les corps terreftres. Voyez MIROIR. 3°. Comme le foyer d’un verre convexe des deux côtés eft éloigné d’un demi diametre de ce même verre, & que le foyer d’un verre plan convexe en eft éloigné d’un diametre, fi ce verre objeétif eft conve- xe des deux côtés ainf que le verre oculaire, le 1£- lefcope groffira le diametre de l’objet fuivant la pro- portion qu'il y a du demi diametre du verre oculaire, au demi diametre du verre objeétif: maïs fi le verre objectif eft plan convexe, il Le groffira fuivant la pro- portion qu'il y a du demi diametre du verre oculai- re au diametre du verre objeétif, 4°. Aïnfi comme Le demi diametre du verre ocu- laire a une plus grande proportion au demi diame- tre du verre objeëtif, qu’à fon diametre , un sé/eftope groflit davantage quand le verre objeétif eft plan convexe , que lorfqu'il eft convexe des deux côtés. Par la même raïfon un rélefcope groffit davantage lorf- que oculaire eft convexe des deux côtés, que lorf- qu'il eft plan convexe, 5°. La proportion du demi diametre du verre ocu- laire au diametre, où demi diametre du verre obje- €hif, diminue à mefure que le verre oculaire eft un fegment d’une moindre fphere , & que le verre ob- jectif eft Le fegment d’une plus grande fphere. C’eft pourquoi un sé/efcope sroffit d'autant plus que le verre objeétif eft un fegment d’une plus grande fphere, & le verre oculaire le fegment d’une moindre fphere. Cependant la proportion du demi diametre du verre oculaire au verre objeëtif ne doit pas être trop pe- tite, car fi elle l’étoit, la refraétion ne pourroit pas fé faire de maniere que les rayons , partant de cha- que point de Pobjet , entraflent dans l'œil féparé- ment & en quantité fuffifante, ce qui par conféquent rendroit la vifion obfcure &c confufe. | À quoi lon peut ajouter ce que nous avons dit de Ja proportion du verre obje@if au verre oculaire, en parlant du sé/efcope de Galilée, De Chales obferve qu’un verre objetifde 2 :piés, demande un verre oculaire de 1 + pouce, & que pour un verre objeétif de 8 ou ro piés, il faut un verre oculaire de 4 pouces; en quoi il eftappuyé par Euftache de Divinis. Le réleftope aérien eft une efpece de réJefcope aftro- nomique, dont les verres ne font point renfermés dans un long tuyau. Cependant à la rigueur , le sé/efcope aëtien n’eft à proprement parler qu’une façon particuliere de mon- ter des verres objectifs ( dont le foyer eft très di tant), & leurs oculaires , de façon qu’on puifle les diriger avec facilité pour obferver les corps céleftes pendant la nuit, & éviter les embarras des sélefcopes aftronomiques, qui deviennent fort incoramodes & fort gËnans, lorfqu’ils font très-longs. C’eft au célebre Huyghens que nous fommes re- devables de cette invention. Conftruthion du télefcope aérien. 1°. On plante per- pendiculairement un mât AB (fig. 46. n°. 2.), de la longueur dont devroit être le tuyau du séZe/cope. Avant de l’élever on l’applanit d’un côté, l’on y at- tache deux regles paralleles entre elles, & éloignées lune de Pautre d’un pouce & demi, de forte que l’ef- pace qu’elles laïflent entre elles, forme une efpece de rainure ou canal (un peu plus large en dedans qu'en dehors ), qui regne prefque du haut de ce mât jufqu’en bas. Au haut de ce mât eft une roulette 4, qui tourne fur fon axe, 8 fur laquelle pañle une cor- de Gg, deux fois plus longue que le mât. Cette corde de la grofleur du petit doigt, ou à-peu-près, eft ce que l’on appelle 7e corde fans fin; elle eft garme d’un morceau de plomb #, dont le poids eft égal au verre objectif, &c à tout l’équipage qui doit le fou- tenir. | Une latte CD ; longue de deux piés, & formée de maniere qu'elle puifle glifler librement, mais fans jeu , le long du canal , porte à fon milieu un bras de bois £ , qui s’éloigne d’un pié, du mât, & quifou- tient à angles droits, un autre bras Ff d’un pié & demi demi de long, l'un & l'autre étant fitués parallélé- ment à l’horifon. LENS 2°. On ajufte un verre objeëétif dans uñ cylindre ÆK, de trois pouces de long; on fait tenir ce cylin- dre fur un bâton fort droit d’un pouce d’épais, & qui le déborde de 8 ou 10 pouces. À ce bâton eft attaché une boule de cuivre M; cette boule eft portée &c 1e meut librement dans une portion de fphere creufe, où elle eft emboitée. Cette portion de fphere eft or- dinairement faite de deux pieces, que l’on férre en- femble par le moyen d’une vis, ce qui forme une efpece de genou; & afin que le verre obje&if puifle être mis en mouvement avec plus de facilité, on fufpend un poids N7, d'environ une livre, à un gros fil de laiton , de forte qu’en pliant ce fil d’un côté on de l’autre, on parvienne facilement à faire rencon- trer enfemble le centre de gravité commun du poids, & du verre objectif, & celui de la boule de cuivre. On attache au-deffous du bâton XL, un fil de cuivre élaftique L, que l’on plie en-bas, jufqu’à ce que fa pointe foit autant au-deflous du bâton , que le cen- tre de la boule M, & on lie à cette pointe un fil min- ce de foie LF. | 3°. On ejufte un verre oculaire O, dans un cy- Hndre fort court, auquel on attache le bâton PF. A celui-ci pend un petit poids S, fuffifant pour le con- trebalancer ; en Q on attache une poignée À, tra- verfée par un axe que l’aftronome tient à la main; &c le bâton PF, tourné du côté du verre objecuf, eft attaché au fil de foie LY. Ce fil qui pañle par le trou f’, eff roulé fur une petite cheville T, attachée au milieu du bâton, de forte qu’en la tournant , on. auomente & on diminue, comme on veut, la lon-” gueur du fil, : | 4°. Afin que l’aftronome puifle tenir ferme le ver- re oculaire, il appuie fon bras fur une machine #, dont on peut voir la conftruétion dans la figure dont nous parlons. | Enfin pour écarter la foible lumiere dont Pair pourroit frapper l’œil on couvrele verre oculaire dun cercle Ÿ,troué au miliew, & ajuité à un bras mobile & flexible. | - Legrand sé/efcope de Huyghens , qui a fait connoi- tre d’abord l’anneau de Saturne, & un de fes fatelli- tes, confiftoit en un verre objeétif de 12 piés, & un verre oculaire de 3 pouces &z quelque chofe de plus. Cependant il fe fervoit fouvent d’un réefcope de 23 piés de long, avec deux verres oculaires joints en- femble, & ayant chacun un pouce & demi de dia- metre. | | Le même auteur obferve qu'un verre objettif de 30 piés, demande un verre oculaire de trois pouces & trois feiziemes de pouce ; & 1l nous donne une ta- ble de proportion pour la conftruétion des sé/efcopes aftronomiques , dont voici un abregé, ra Tome XV 4: : 4 : RS TES AE Diftance du foyer Pappore dans Hal ouverture, [des Verres oculaires,kies diametrés dés ob-} jets font groflis, . + | Diametre de jroyer des vet-| p lues objectifs, l Diftance du ss musesanese | te. à Pouc. Dixiem. |Pouces. Dixiemés & Piés: & cent. centiemes de de pouc. | pouces: 3 (e EX TE 0) Gi 20 FE © 77| © 85 28 3 169) Ë ) 34 4 I 9} : 20 40 ) Re u 35 44 6 D 34/7 47 49 7 TON AS L 6o 53. 8 IL UE 7I 56 9 1 64| 7 80 60 -XO-- EE ES EU: 90 63 15 2 12 DAPATETS ie 20 GX Mu Ponant D À 89 oo 2. 74 | 2 74 106 30 3 AE A UT à 109 40 3 46 3 56 126 so SAS ta 26 At 6o ANT 24 AN 66 154 Joan SG" 4 166 OA AS L SEMI ESTAAINSS 178 24 ÿ ed je 183 100 SU ANGES 2 *#0 _ Sidans deux ou plufieurs sé/efcopes, la proportion entre le verre objeëtif & Le verre oculaire eff la mê- me ,ils groffiront également les objets. 4 | On pourroit en conclure qu'il eft inutile de fairé de grands rélefcopes ; mais il faut fe fouvenir de ce qui a te dit ci-deflus, favoir qu'un verre oculaire peut avoir une moindre proportion, à un plus stand ver- re objeétif, qu'à un plus petit. Par exemple, dans le télefcope de Huyghens, qui eft de 25 piés, le verre oculaire èft de 3 pouces ; & fuivant cette propor- tion, un sé/e/cope de $o piés devroit avoir un verre | oculaire de 6 pouces :'cependant la table fait voir . qu'il fufiit d’en prendre un de quatre pouces & demi. Iparoît par la même table, qu'un sé/efcope de $o piés groffit dans la proportion d’un à 141, au lieu qu'un _ télefcope de 25 piés ne groffit que dans la proportion d’un à 100. D'ailleurs plus les lentilles ouvertes font fegmens d’une grande fphere,, plus 115 réuniflent exattément les rayons , 8 plus par conféquent l'i- , mage eff diftinéte. "Il faut ajouter ‘encore, & cet ce : qu'il ÿ a de. plus important, que plus les lentilles font partie d’une grande fphere , plus elles récoivent de rayons; de façon qu'une lentille dont le foyer eft : deux fois plus diftant que celui d’une autre, reçoit (en fuppofant que les éparfleurs foient proportion- nélles à la diftance des foyers), quatre fois plus de rayons. Ceci donne laraifon pour laquelle les obje- Cfs d’un plus grand foyer, peuvent avoir des ocu: laires d’un foyer plus court que ne le compofteroienr les proportions quife trouvent entre les obieétifs d’un. : «plus court foyer & leurs oculaires. Comime la diftance desivertes eft évale à la fom- me des diftances des foyers des verres objedifs & oculaifes; que le foyer d’un verre convexe des deux côtés en eft éloigné d’un demi diametre, & que le : foyer d’un verre plan convexe en eft éloigné d’un. diametre, la longueur ‘d’un sé/efcope eft évale aux fommes des demi diametres des verres, quand ils: font tous les deux convexes des deux côtés": & lorf- que Pun où l’autre eft plan convexe , cetté longueur eft égale à la fomme du demi diametre du-verre con-. vexe des-deux côtés, & du diametre de celui’ qui eft. plan convexe. 1 Le TOR Maïs comme le: demi diametre du‘verre oculaire efbfôrtipetit , en comparaifon de celui du verre ob. jeétif, on reole ordinairement la longueur d'un séef° copé aftronomique fur la diftance du foyer de-{on 4 42 TEL verre objeif, c’eft-à-dire fur fon demi diametre, f cet objectif eft convexe des deux côtés, ou fur fon diametre, s’il eft plan convexe. Aïnf l’on dit qu'un rélefcope eft de 12 piés, quand le demi diametre du verre objeétif, convexe des deux côtés, eftde 12 piés ; @e. pi Comme les myopes voient mieux les objets de près, il faut rapprocher pour eux le verre oculaire du verre objeétif, afin qu’en fortant de cet oculaire, les rayons foient encore-divergens. Maniere de raccourcir le télefcope affronomique ; c’eft-à-dire de faire un ré/efcope qui étant plus court que les célefopes , groflira cependant autant Les objets. 1°. Il faut ajouter dans un tuyau de lunette le verre objedif £ G , fig. 43. qui foit un fegment d’une fphe- re médiocre; que le premier verre oculaire B D foit concave de deux côtés, & placé dans le tube de ma- niere que le foyer du verre objeétif 4 fe trouve der- riere lui, mais plus près du centre de la concavité G ; alors l’image viendra fe peindre au point Q,, tel que G À fera à GI, comme 4 B eft à Q 1; enfin .ajuftez dans le même tube un autre verre oculaire convexe de deux côtés, & qui foit un fegment d’un moindre fphere, de forte que fon foyer foit en Q, Ce célefcope groflira davantage le diametre de l’ob- jet, que fi le verre objeétif devoit repréfenter fon image à la même diftance £ © , 6c par conféquent un, pareil sélefcopeplus court qu'un é/efcope ordinaire doit faire le même effet que ce dermier. Cependant cette conftruétion n’a pas réuffi dans la pratique. On en devinerafacilement la raifon par ce quenous ayons dit un peu plus haut fur les objeétifs. | Le selefcope terreftre ou célefcope de jour, que lon doit au pere Rheïta, eft un sé/efcope compofé de plus de deux verres, dont l’un eft ordinairementun verre objectif convexe , & les trois autres des verres ocu- : lairesconvexes. C’eft un ré/efcope qui repréfente les objets dans leur fituation naturelle, comme celui de Galilée, mais qui en differe cependant , comme on vient de le voir , par le nombre &c la forme de fes verres. On lui a donné le nom de serreflre ; parce qu’il fert à faire voir pendant le Jour les objets qui {ont fur l’horifon , ou aux environs. Pour faire uncéleftope terreftre, ajuftez dans un tube un verre objedtif , qui foit convexe de deux côtés , ou plan convexe, & qui foit un fegment d’une grande-fphere ; ajoutez-y trois verres oculaï- res , tous convexes des deux côtés , & fepmens de fpheres ésales., 8 difpofez-les de maniere queila dif tance de deux de ces verres foit la fomme des diftan- ces de leurs foyers, c’eft-à-dire que les foyerside déux verres voifins fe répondent. | | Théorie du télefcope cerreffre ; œil appliqué au foyer du dernier verre doit voir. les objets d’une maniere très-diftinéte, droits & grofls, {uiyant la proportion de la diftance du foyer d’un des verres oculaires L K, fig. 44. à la diftance du foyer du verre objectif À B. Car 1°. fuivant ce que nous avons déja dit, les rayons venant à frapper pareillement l’objeéhf, Pi- mage de l’objet doit être reprélentée renverfée à da diflance du foyer principal; ainfi comme cette 1ma- ge eft au foyer du premier verre oculaire, les rayons, après-une feconde réfraétion, deviennent paralleles, & venantà frapper le trofieme verre, après y avoir fubi une troifieme réfraion ,1lsrepréfentent l’image renverfée de nouveau , c’eft-à-dire une image droite de l’objet. Cette image fe trouvant donc dans le foyer du troifieme verre oculaire, les rayons, après une quatrieme réfration , deviennent paralleles, & lœil les reçoit dans cette fituation ; parconféquent la vifon, doit être diftinéte, &c l’objet doit paroître dans {à fituation. naturelle. | 2811 Qeft égal à IX, c'eft-à-dire ; à la diftance TEL du foyer du verre obje&if, un œil placé en M doit voir le demi-diametre de l’objet groffi dans la pro- portion de Z M à À I ; mais le rayon 4 Q partant du foyer Q du verre objettif 4 8 , après la réfrac- tion , devient parallele à l’axe Z L ; par conféquent le premier verre oculaire € D le joint à l'axe en M, qui eff la diftance d’un demi-diaietre. Et comme le foyer du fecond verre oculaire £E F eft auffi en M ,lerayon F A, après laréfra@ion , de- vient parallele à l'axe N O ; de forte que le troifieme verre oculaire le joint à l'axe en P ; mäis les demi- diametres des verres G H& CD , font fuppofés égaux; par conféquent P O eft égal à L M.; ainf comme les angles droits en O & en L font égaux, & que AO eft égalà CL, l'angle O PH eft égal à C M L; c’eft pourquoi le demi - diametre de Pobjet paroît lemême en P &c en M; & par conféquent il eft groffi dans la proportion de L M, oude PO à XL, D'où il fuit 1°. qu'un sé/efcope aftronomique peut aifément être changé en sé/e/cope terreftre, en y met- tant trois verres oculaires au-lieu d’un feul; &cle ré lefcope terreftre en sélefcope aftronomique , en fupori mant deux verres oculaires , la faculté de oroffir de- meurant toujours la même. 2°. Comme la diftance des verres oculaires eft fort petite, l'addition de deux de ces verres n’augmente pas de beaucoup la longueur du sé/efcope. Cette conftruétion fait connoiître évidemment que la longueur du ré/efcope terreftre fe trouve en ajou- tant cinq fois le demi-diametre des verres oculaires au diametre du verre obje@if , fi celui-ci -eft plan convexe ,.ou-bien à fon demi - diametre s’il eftcon- vexe des deux côtés. Huyghens a obfervé le premier que c’eft une chofe qui contribue beaucoup à la perfe&tion des sé/eftopes tant aftronomiques queterreftes, que: de placer dans l'endroit où fe trouve l’image qui rayonne fur le der- nier oculaire, ou celui qui eft le plus près de l'œil | que de placer, dis-je , un petit anneau de bois cude métal, ayant une ouverture un peu plus petite que la largeurdu verre oculaire. Parce moyen onein- pêche les couleurs étrangeres de troubler la clarté de l’objet, dont toute l'étendue renfermée dans fes pro- pres bornes, vient frapper l’œil d’une maniere plus: diftinéte & plus précite qu'ellenepourroït faire fans : cet anneau. On fait quelquefois des £é/efcoprs terreftres àtrois verres, dont Képler donna auffi la premiere idée. Ces scélefcopes repréfentent également les obiets droits & groflis ; mais ils font fujets à de grands in- couvémiens ; car les objets y paroïffent teints, bar- bouillés de faufles couleurs & défigurés vers les : bords, On:en fait encore à cinq verres, & jufqu'ici : il avoit paru qu'ils ne pouvoient repréfenter les ch- jets que d’une maniere aflez foible &affez confuie à caufe des rayons qui doivent être interceptés en paf- fant par chacun de ces verres. Cependant M. Dof- land , célebre opticien anglois , a fait voir derniere- ment par plufeurs excellentes lunettes à fix verres, que Pinterception de ces rayons n’étoit point autant qu’on l’imaginoit, un obftacle à la perfeétion des ze- lefcopes. Enfin, on fait depuis quelques années, en Angleterre, des lunettes d'approche de nuit, qui fer- vent principalement fur mer pour fuivre un vaifleau, reconnoître une côte , l’entrée d'un port, @c. Ces lunettes , dont la premiere idée nous paroït dueaw doéteur Hook , font compofées d’un obje&tif d'un grand diametre , afin qu’il puiffe recevoir beaucoup de rayons, & de deux ou de quatre oculaires. Ces ‘oculaires fervent principalement à diminuer [a lon- gueur de ces lunettes , dans lefquelles on voit Les ob- jets renverfés. Cet inconvénient eft moindre qu’on ne le croiroit d’abord, parce que pour l’ufage auquel on les deftine , 1l fufñt qu'elles puiffent faire recon- re TEL nôître & difinguerfenfiblement les maffes. De plus , habitude de s’en fervir doit bientôt diminuer , ou même cet inconvénient doit difparoiïtre. Les Impri- meurs, comme on fait, par l’ufage qu'ils ont de compofer en renverfant les lettres pour l’imprefion, fifentaufli-bien dans ce fens , comme fi elles étoient droites. | Le séle/cope catoptrique ou Cata-dioptrique, ou de réflexion , eft principalement compofé de miroirs en place de verres ou de lentilles ; & au-lieu de repré- tenter les objets par réfraétion comme les autres, il les repréfentent par réflexion. f’oyez CATOPTRIQUE. On attribue ordinairement l’invention de ce rélef- cope à lilluftre Newton. Ses grandes découvertes en optique, les voies par lefquelles il a été méné à l’ima- giner ; le fuccès qu'il a eu en lexécutant, ayant été le premier qui en ait fait un ; enfin fon nom, font au- tant de titres auprès de beaucoup de perfonnes pour l'en regarder comme l'inventeur. Cependant, s’il l’inventa, comme on n’en peut prefque pas douter , par ce que nous rapporterons dans la fuite, il ne fut pasle premier. Il ne commença à penfer à ce selefcope | comme il le dit lui - même, qu’en 1666, & trois ans auparavant, c’eft-à-dire en 1663 , Jacques Gregorie, favant géometre écoflois, “avoit donné dans fon optica promota , fa defcription d’un sélefcope de cette efpecc.Caflegrain,en France, avoit eu auffñi à peu-près dans le même tems, une idee femblable ; mais ce qu’on aura peut-être de la peine à croire, c’eft que la premiere invention de ce télefcope date de plus de 20 ans auparavant, & ap- partient inconteftablement au pere Merfenne. En effet, on trouve dans la propofition feptieme de fa catoptrique , où 1l parle de miroirs compolés , ces paroles remarquables. « On compofe un grand # miroir concave parabolique, avec un petit con- » vexe,ou concave auffi parabolique , y ajoutant, fi » onveut, un petit miroir plan, le tout à deflein de »# faire un miroir ardent qui brülera à quelque diftan- » ce auxrayons dufoleil. La même compoñtionpeut # auf fervir pour faire #7 miroir à voir de loin, € » groffir Les efpeces, comme les lunettes de longue vue ». Immédiatement après, il dit encore la mêmechofe, en fuppofant feulement qu'au-lieu du petit miroir parabolique , on lui en fubftitue un hyperbolique. Dans fa balliftique , 1l donne la figure de cette efnece de miroir, & on voit diftinétement dans cette fieure une grande parabole , au foyer de laquelle, ou plu- tôtun peu plus loin , fe trouve une petite parabole qureéfléchit parallélementau-travers d’une ouvertu- re, faite dans le fond de la premiere, les rayons paralleles qui tombent fur celle-ci. Or ce qui montre que cette idée d'un se/efcope de réflexion n’étoit point, comme on le pourroit croire , de ces idées vagues qui paflent par la tête d’un favant, & dont il parle fouvent fans s’en être occupé , c’eft ce qw'ontrouve dans deux lettres de Defcartes. Voyez la xxix € la sat. du vol. IL, de fes lettres, où il femble répondre à ce pere, qui apparemment lui avoit demandé fon fentiment touchant ces nouveaux sé/efcopess « Les lunettes, dit-il, que vous propofez avec des » miroirs, ne peuvent être ni fi bonnes ni fi com- » modes que celles que l’on fait ayec des verres; # 1°. pour ce que l'œil n’y peut être mis. fort pro- » che du petit verre ou miroir, ainf qu'il doit être; » 2°. qu'on n’en peut éxclure la lumiere comme aux » autres avec un tuyau; 3° quelles ne devroient + pas être moins longues que les'autres, pour avoir » les mêmes effets, & ainfi ne feroient guere plus » faciles à faire; & s’il fe perd des rayons fur Les fu- » perfcies des verres, 1l s’en perd aufli\ beaucoup » ur celles des miroirs. Dans la feconde lettre , il ajoute: « Vos dificultés .» touchant les lunettes par réflexion, viennent de ce Tome XVI, À ÿ que vous cônfidérez les rayons qui viennent paral: » leles d’un même côté de l’objet, & s’affemblent en » un point, fans confidérer avec cela ceux qui vien- » nent des autres côtes, & s’aflemblent aux autres # points dans le fond de l'œil où ils forment l'image »# de objet. Car cette image ne peut être aufi gran » de , par lé moyen de vos miroirs, que par les ver- » res, fi la lunette n’eft aufi longue; 87 étant fi lon- » gue ; l'œil fera fort éloigné du petit miroir, À fa- » voir de toute la lonoueur de la lunette, & on » n’exclud pas fi bien la lumiere collatérale par vo- » tre tuyau ouvert de toute la largeur du grând mi- » roir que par les tuyaux fermés des autres lunettes. Ces deux pañlages font f importans, que j'ai cru devoir les rapporter en entier: En effet ils prouvent que le P, Merfenne , comme nous l'avons dit, s’étoit fort occupé du rélefcope de réflexion, & que la conf- truttion qu'il comptoit lui donner, étoit toute fem- blable à celle qu'ils ont aujourd’hui ; le grand miroir devant être (comme on le voit par les objé&ions de Defcartes) dans le fond d’un tuyau, & le petit mi- roir à une certaine diftance. Ils montrent encoré ce que Pon pouvoit conclure du pañlage de ce pere; rapporté plus haut, que dañs la conftruétion de fon célefcope, il n’y auroit point eu d’oculaire, les rayons devant être rétléchis parallèlement par le petit mi- roir, &t entrer ainfi dans l’œil, Car Defcartes infifté fur ce que l'œil n’y pourroit être mis auffi proche de ce miroir, qu'il étoit néceflaire , devant par cette confiruétion en être éloigné de toute la longueur de la lunette: _ | Lorfque Defcartes prétentoit que, pour voir les objets diftinétement avec ces nouveaux #é/efcopes; il falloit qu'ils fuffent aufi longs que les autres; il n’étoit pas difficile de lui montrer qu'il fe trom- poit. Il oublioit qu’un obje&if convexe des deux côtés a fon foyer au centre de la fphere dont il fait partie, pendant qu’un miroir concave, & dont la concavité fait aufli partie de la même fphere , a fon foyer une fois plus près, c’eft-à -dire; à la moitié du rayon. Il n’étoit pas moins facile de ré- pondre à la pMipart de fes autres obje@ions : cepen- dant 1l eft très-vraiflemblable qu’elles empêcherent le P. Merfene de s'occuper plus long-tems de ces nouveaux-re/efcopes , & lui firent abandonner le def fein de les perfe@ionner,; ou d’en faire exécuter. Tel eft le poids des raïfons d’un grand homme, qu’a-pene ofe-t-oh en appeller. Nous avons dit que ce pere avoit imaginé ce séle/cope plus de vingt ans avant que Grégorie en eût parlé; c’eft ce qui eft prouvé par le tems où ces lettres de Delcartes que nous ayons rapportées, ont été écrites. On voit par la date de celles qui fuivent, qu’elles le furent à peu-près vers le milieu de l’année 1639: Au refte, la vérité nous oblige de dire, que fi elles furent écri: tes dans ce tems:là; elles ne furent publiées que plus de vingt ans après la date de leur premiere im: preffon ; n'étant que du commencement de 1666. Ainfi Gregorie ne pouvoit les avoir vues; mais il auroit bien pu avoir connoiflance du traité de l'op: tique & de la catoptrique du P. Merfenne, d’où nous avons tiré le paflage que nous avons rapporté : car la publication de ce traité eft antérieure de quinze ans, ayant été imprimé dans l’année 1651: H paroît par les paroles de Defcartes ,.que la con: fidération des rayons qui fe perdent en paffant à-tra= vers.le verre , engagea le P. Merfenne à imaginer le télefcopede réflexion. Gregorie y fut conduit par une railon à-peu-près femblable; mais qui étoit d'autant mieux fondée , qu’elle portoit fur Fimpofbilité qu£ paroïfoit alors de donner aux éé/fcopes dioptriques une certaine perfeétion. En effet, comme les verres hyperboliques qu'on vouloit fubftitaer aux verres fphériques, pour produire une réunion plus pars F 3 44 "LRETE faite des rayons , avoient eux-mêmes un très-srand inconvénient, en ce qu'il falloit les faire fort épais, dès aw’on vouloit que l’image dans un se/c/cope qui soffor à un certain point , füt fuffifamment lumi- ñeufe ; il s’enfuivoit que ces verres hyperboliques par une grande épaifleur, devoient intercepter un * grand nombre de rayons. Ce nouvel obftacle à la perfection de ces rélefopes, donna donc à Gregorie, comme il le rapporte lui-même, l’idée de fubftituer des miroirs aux verres, & de faire un sé/efcope de réflexion. Mais quelques tentatives qu'il fit, &c 1l en fit beaucoup , elles ne furent point heureufes. Il eut-lé chagrin, faute d’être fecouru par d’habiles artiftes, de ne point jouit de fa découverte, & voir avec cé nouveau se/e/cope. Il étoit réfervé à Newton d'en prouver la poffibilité par des eflais heureux, 8c de montrer inconteftablement les avantages par fes découvertes, Car, comme elles lui apprirent que les différens rayons dont un feul rayon eit compoié, ne font pas également réfrangibles ; il en conclut qu’il étoit impofññble quelque forme qu'eût une lentille, foit fphérique, foit hyperbolique, qu’elle pût réunir tous les rayons dans un même point, & par confé- quent qu'il n’y eût de l'iris. Il trouva, comme on le voit dans fon optique , que les plus grandes erreurs dans la réunion des rayons au foyer, qui viennent de la figure fphérique d’une lentille, font à celles qui naïflent de l'inégale réfrangibihité de diférens rayons, comme 1 à 1200 : il réfultoit de-là que toutes les peines que l’on s’étoit données pour avoir des verres hyperboliques, étoient inutiles; puifque l'erreur qui naïfloit de la fphéricité des lentilles étoit peu fenfible par rapport à l'autre, & que l’inégale réfrangibilité des rayons limitoit entierement la per- fe@tion des télefcopes dioptriques. Mais ces difficultés ne devoient point avoir lieu, lorfque ces objets fe- roient vus par réflexion, la lumiere dans ce cas ne fe décompofant point; Néwton devoit donc être conduit en conféquence à imaginer une maniere de les voir de cette façon, ou en d’autres termes, à inventer le sélefcope de réflexion, & c’eft ce qu'il fit. Il fit plus, comme nous l'avons dit. Il en confiruifit un d’un peu plus de fix pouces de long, avec lequel il pouvoit dire de plus loin qu'avec une bonne lunette d’ap- proche ordinaire avec un oculaire concave, & qui avoit quatre piés de long. Il avoit feulement le dé- faut de repréfenter les objets d’une mamiére un peu obfcure , ce qu'il attribue à ce qu’il grofffloit un peu trop, & à ce que plus de rayons fe perdoïent en fe réfléchiffant de deflus le miroir, qu’en pañlant à- travers ce verre. Plus bas, il nous dit que! cette 1n- vention n’attendoit que la main d’un habile artifte, pour être portée à fa perfeétion. Par cet expofe, 1l paroît ptefque hors de doute que Newton imagina le rélefcope de réflexion, comme l’avoit fait avant lui le P.Merfenne , & après ce pere, Gregotre & Caïe- grain. Ce qu'il y a de certain, c’eft que sl ne fut pas le premier qui en ait eu l'idée, on ne lui en doit pas moins cet inftrument, par la maniere dont il en établit & en prouva les avantages, & par les foins qu’il fe donna pour l’exécuter. Cependant, malgré ce qu’on en pouvoït efpérer , il fe pafla un long-tems , fans que perfonne tentät d’en faire. Ce nefut qu’en 1719 que M. Hadley, de la focièté royale de Londres, parvint à en faire deux de ÿ piés 3 p. d'Angleterre, qui réuflirent fi bien, qu'avec un de ces rélefcopes il voyoit les fatellites de Jupiter & de Saturne auf diftin@tement qu'avec un de ces rélef- copes ordinaires de 123 piés. M. Hadley ayant com- imuniqué depuis à M. Bradley, aftronome du roi &z à M. Molyneux, fes lumieres fur l'exécution de cet infttument, ces Meflieurs s’aflocierent pour tâcher d’en faire de 26 pouces de long : leur but principal dans cette entreprife étoit de f.bien perfeétionner l'art des rélefcopes, que les plus habiles artifles de Londres puffent en faire à un prix raifonnable, & fans s’expofet à fe ruiner par des cflais infrutueux. Ce noble deffein, qu’on ne peut trop louer, fera éter- nellement honneur à fes auteurs: & il feroit bien à fouhaiter pour le progrès des arts, qu'il trouvât un plus grand nombre de généreux imitateurs. Ces Meffieurs ayant réuffi, communiquerent en confé- quence à M. Scuflet, habile opticien, & à M. Héarne, imgénieur pour lesinftrumens de Mathématique, tout ce qu'ils favoient fur cette matiere. Depuis ce tems- là ces rélefcopes font devenus communs de plus en plus : on en a fait non feulement en Angleterre, mais encore en Hollande, en France, &c, MM. Paris & Gonichon aflociés, & M. Pañffe- mant méritent ici une place & nos éloges, pour avoir eu le courage de tenter de faire de ces rélef- copes , & y avoir réuffi fans aucun des fecours qu’a- voient eu les opticiens anglois. Les premiers sé/efto- pes de MM, Paris & Gonichon furent faits vers l’an- née 1733 ; ceux de M. Pafflemant un an ou deux après. Depuis, ces célebres artiftes n'ont ceflé de perfetionner cet inftrument , & il auroit été à fou- haïter qu’on les eût encouragés davantage , pour qu'ils euflent pu porter cette partie de l'optique auf loin que les Anglois. Avant de terminer cette hiftoire des ré/efcopes de ré- flexion, nous ne pouvons nous empècher de faire remarquer qu'il {e pafla près de 60 ans, en ne datant que depuis Gregorie, avant qu'on parvint à faire de ces rélefcopes avec quelque fuccès , pendant qu'à peine connoiît-0n un invervalle entre le tems de l’in- vention du céle/cope dioptrique, & fon exécution. La raïfonen eft fimple : on favoit déja polir les ver- res, & leur donner la forme convexe ou concave; tout étoit ainfi préparé pour leur réuflite: mais il n’en étoit pas de même des autres. L'art de polir des miroirs, & de leur donner la forme qu’on defiroit, n’étoit pas encore connue. Gregorie, comme on a vu, y échoua , & malgré les efpérances de Newton, ce ne fut que longtems après la publication de {on optique, que MM. Hadley, Bradley & Molineux parvinrent à faire de ces sélefcopes : tant il eft vrai que la pratique, fi fouvent méprifée par les fa- vans, vains de leurs fpéculations, eft importante; &c que faute d’être aflez cultivée, nombre d’inven- tions heureufes reftent long-tems inutiles, ou même font quelquefois perdues. Pour procéder avec plus d'ordre, nous commen- cerons par donner la defcription du sé/efcope de Gre- gorie qui eft aujourd’hui le plus en ufage , & la théo- rie de fes effets. Nous dirons enfuite en quoi en difs fére celui de Caflegrain , & enfin celui de Newron: nous parlerons des avantages refpeltifs des uns &c des autres, & de leurs inconvéniens: nous ferons voir particulierement en quoi celle de Newton l’em- porte fur les deux autres. Nous ajouterons quelque chofe fur la compofñtion des miroirs &c fur la maniere de les polir. Enfin nous ferons tout notre poffble pour diretout ce qui eft néceflaire fur ce #é/efcope, fans cépendant entrer dans un détail trop étendu &e qui nous meneroït non à faire un article, maisun livre. Conftruétion du télefenpe de Gregorie. Cet inftrument eft compofé d’un tube f 3 B 4 4, & d'un plus petit tube 1 B K A mo; dans le fond du grand tube en F Feftun grand miroir concave percé à fon centre d’une ouverture d’un + pouce de diametre, ou aux environs. En f eft un autre miroir concave «a c d’un ! p. de diametre, dont la concavité fait partie d’une plus petite fphere que le grand miroir, &c qui eft placé de façon que fon foyer z fe trouve un peu au-delà du point T, foyer de grand miroir : en X eft placéune lentille ou'un oculaire %. Théorie de ve télefcope. La conftrudion précédente La: dns T'ET 7 | bien entendue, on conçoit facitement que les rayons partant d’un objet éloigné P peuvent être regardés comme paralleles, ainfi tombant fur ce grand miroir en F Fils feront réfléchis & réunis à fon foyerenT, où ils formeront l’image de Pobjet,mais divergens de ce point ,1lstomberont fur le petit miroir a c b, d’où ils feront encore réflechis; & comme par fa pofition & facourbure, il doit réunir ces rayonsau point q, ces rayons .divergens une feconde fois, entreront dans l’oculaire Z. Cr par la conftruétion le point g étant le foyer de l’oculaire, ils en fortiront néceffai- rement paralleles. Et, comme nous l'avons dit plus beut , tousles objets vus par des rayons paralleles, étant vus difinétement, l’on verra de même l’objet F quieft fort éloigné du rélefcope. Pour favoir main- tenant dans quel rapport l'objet eft grofñ; on fera attention à ceci, que la grandeur apparente d’un ob- jet efttoujours comme l’image qui s’en forme dans Poœil,êz que cetteimage eft toujours proportionnelle à l’angle fous lequel on voit l’objet ; il n’eft donc queftion que de trouver le rapport de Pangle p 24, où Ro, à l'angle S £ T, angle fous lequel on le verroit ; fi l'œil étoit placé en Æ. Or on fait, par les loix dela catoptrique( Voyez MIROIR CONCAVE, Ec.), que l'image d’un objet qui fe forme au foyer d’un miroir concave eff toujours déterminée par un rayon P £ S, que l’onfuppofe venir de l’extré- mité de l’objet, & pañler par le centre £. La oran- deur de lPimage de l’objet P au foyer du nuroir 4 A B fera donc S T; mais de même la grandeur de cetteimage après la feconde réflexion en a bfera dé- terminée par un rayon $ 6 p, pañlant par e centre du petit nuroir +, elle fera donc.e égale à p 9, pl g, ou fon égal À o Z, fera donc l’angle fous lequel on verra l'image, au-travers de l'ocuiare 0. On fait de plus que de petits angles qui ont même finus, peuvent être regardés comme étant en raifon inverfe de leurs côtés. L’angle T e S fera donc à l’angle T Æ S comme T'EàT e; mais lesangles TeS & peq étant oppofés au fommet font égaux, l’angle p e q fera donc à Pangle TES , comme TE à Te; l'angle pq Left à angle pe q, commeeg,a l, on aura donc ces deux analooies ; l'angle T'es; Pangle TE S::T £; Te: l'angler qg/; langleTes::eqg,q1.Oren les multipliant, il viendra que LpXx gl. LTXES:: TE Xeg:Tex gl, donc objet vu à travers le zé- . TE xeg. + lefcope fera grofñ dans la raifen de ext JAis par les principes de la catoptrique. Voyez Foyer, Mi- DE VE ) ROIR CONCAVE, &c.ona que £ T.cc::2c.rq,& en divifant, & en renverfant que re, T ou Te::T:: 2q9,moueg:te, celt-à-dire, en permutant que Teseg::1T:retîre:1q; donc en fubftituant à la q gs : place d’eg, &t de Te leurs proportionnelsrg,se;on - TE»: aura que l’objet fera groffi dans la raïfon de 7" d texql ou dans la taifon compofée de la diftance du foyer du grand miroir, à celle du foyer du petit, & de la difiance du foyer du petit miroir au-lieu de l'image “après la feconde réflexion, à la longueur du foyer de l’oculaire, comme il y a deux réflexions; on voit -que l’objet qui doit être vü dans fa fituation naturel- le: car fi après la premiere il eft renverté , il Peft encore de nouveau après la feconde ; & par confé- quent l’image fe trouve dans la même fituation que l’objet. Telle eft en général la théorie de ce réefcope. Téletope de Caffegrarn. Le réleftope propofé par M. Caflegrain , ne differe de celui de Gregorie que nous venons de décrire, que par la forme du petit “nuroir , qui eft convexe dans ce rélefcope , au lieu d'être concave; c’eft pourquoi nous n’entrerons dans aucun détail fur fa théorie. Nous dirons feulement qu'il réfulte de cette forme deux chofes; 1°. qu’on “peut le faire plus court que celui de Gregorie ; -2°, qu'au Heu de repréfenter comme celui-ci, es ob- TEL 4 jets dans leur fituation naturelle , 1] les renverfe. On concevra facilement le premier point, fi l’on fait at- tention que le petitmiroir étantconvexe , ilne peut faire tomber les rayons qu'il réfléchit, fur oculaire, fous le même angle , que le petit miroir concave de la même fphériaté, & auquel on le fuppofe fubfi- tué, qu'autant qu'il eft placé plus près dugrand mi: roir, d’un eéfpace égal au double de la diffance de leur foyer. Car en décrivant le rélefcope de Grevo+ rie, nous avons dit , que le petit miroir devoit être placé de façon aue fon foyer füt un peu au-delà de celui du grand miroir, afin que les rayons après la réfléxion fufflent convergens vers le foyer de l’ocu- laire. Le petit miroir convexe dans le ré/fcope de Caflegrain, doit donc être placé en-decà du foyer du grand miroir, d’une quantité telle que fon foyer virtuel tombe au même point où fe feroit trouvé ce: lui du petit miroir concave. En effet, en y réfléchi£ fant , on verra par-là que les rayons , après la réflé- xion de deflus ce petit miroir , convergeront vers le même point, que s'ils avoient été réfléchis de deflis le petit miroir concave. Il fuit de-là, comme on voit, qu'on peut faire ce sé/:/tope plus court que celui de Gregorie , de deux fois la diftance du foyer du petit miroir. En fecond lieu, nous avons dit, qu'il renver- foit les objets, c’eft ce qui ne fera pas plus difficile à comprendre ; car après la feconde réfléxion fur le petit nuroïr convexe , les parties de l’image fe trou- veront encore du même côté de l'axe du sé/fcope , qu’elles fe feroient trouvées au foyer du grand mi- roir, c’eft-à-dire que celles qui fe feroient trouvées à droite, feront de même à droiïté , après cette réflé- xion. Parce que pour peu qu'on y réfléchifle, on verra que.les rayons ne fe croifent pour arriver à leurfoyer, que comme ils auroient fait pour arriver au foyer du gaand miroir. Or, comme nous l'avons dit, en parlant du sé/c/cope de Grégorie, l’image de lobjet.eft renverfée à ce foyer, elle le fera donc en- core après la feconde réfléxion, & ainfi en entrant dans l'œil , après avoir traverlé loculaire: Comme ce rélefcope peut être plus court que celui de Gre- gorie , de deux fois la diftance du foyer du petit mi. roir, & qu'il groffit un peu plus ; 1l s’enfuit qu’on peut llemployer avec avantage dans l’aftronomie , -où comme nous lavons déja dit , il eft indifférent que les: objets foient renverfés , par exemple, dans la chaife marine de M. Grutin , où il importe .que l'infirument {oit le plus court poffible. Au refe, cette conftruétion paroît ju(au’ici avoir été aflez né- gligée , malgré les avantages dont nous venons de parler. On lui à préféré celle de Gregorie & celle de Newton, quoique pour l’affronomie, ce sé/efiope paroît avoir l'avantage fur celui de ce grand homme, par la plus grande facilité que l’on a de trouver les objets. En effet, dans le fien , comme on le verra dans un moment, oneft obligé de fixer fur le tube une lunette , dont l'axe eft parallele À celui du télef= cope , pour le diriger avec plus de facilité vers l’objet qu’on veut obferver. La feule chofe qu’on pourroit objeéter en faveur de ce dernier, c’eît qu'il eft plus commode pour ob- ferver lesaftres très-près du zénith. Télefcope de Newton ou newtonien, Le rélefcope de Newton, differe de celui de Gregorie & de Cafle- grain ,.en ce que le grand miroir concave n’eft point percé, que le petit miroir n’eft mi convexe, ni con- cave; mais fimplement plan, elliptique, & incliné à l'axe du sé/e/cope de 45 deg.enfin, que l’oculaire con- vexe eft placé fur le côté du sé/e/cope dans la perpen- diculaire à cet axe, tirée du centre du petit miroir, Ainfi dans ce réleftope , le grand miroir réfléchit les rayons qui viennent de l’objet, fur le petit, qui les” réfléchit à fon tour fur l’oculaire, d’où ils fortent pa. ralleles, Pour cet effet, le petit miroirefliplacé en- #5. , HAE ecà du foyer du grand , d’un efpace tel qu'il eft égal à la diftance du centre de ce petit nuroir au foyer de loculaire. De facon, que les rayons après avoir été réfléchis fur ce miroir,allant fe réunir en un point entre lui & l’oculaire, ce point eft le foyer de ce der- nier. Cela fufira pour entendre Îa théorie de ce ré- lefcope , en fe rappellant ce que nous venons de dire fur celle du séZefcope de Gregorie, Ge. Voyez La fi- gure. Par cette confiruttion , on comprendra facilement que dans ce ré/efcope , on doit voir les objets renver- fés. En effet, comme nous l’avons déja dit, l’image de l’objet eft renverfée au foyer du grand miroir , & comme fa pofition ne change point , par la réfléxion fur le petit, les parties de cette image qui ctoient en-haut , reftant encore en-haut; de même celles qui étoient en:bas reftent encore en-bas. Il s’enfuit que l'œil doit voir cette image dans la même fituation qu'avant cette réfiéxion, &c ainfi voir les objets ren verfés ; un oculaire convexe, comme nous l'avons: dit plufieurs fois, ne changeant rien à la fituation de l’image peinte à fon foyer. +. Par la potion de l'œil dans ce £é/efcope , ileft afez difiicile de Le diriger vers un objet; ceft pourquoi pour y parvenir avecplus de facilité, on place def- {us une petite lunette dioptrique , dont Paxe eft pa- rallele à celui du séefcope. Les Anglois l’appellentun zrouveur, nous pourrions l’appeller en françois un di- retteur. Cependant malgré ce fecours, on a encore quelquefois de la peine à diriger cet inftrument. Sans cétinceonvénient, ce télefcope feroit préférable, à plu- fieurs égards, au* deux autres; car le grand miroir n'étant point percé, êc lepetit miroir Ctant placé dans une pofition oblique, 1l s'enfuit, qu'il y a bien moins des rayons du centre perdus, & Pon fait, qu’ils font les plus précieux, parce qu’ils font les feuls qui fe réumflent véritablement en:un point, c'eft-à- dire au quart du diametre, Auf Newton prétendoit- il que fon télefcope étoit fort fupérieur à celui de Grégorie, & qu'avec cehni:c1 on devoit voir les objets fort imparfaitement. En effet, la théorie fem- bloit l’annoncer ainf; cependant expérience a mon- tré, que lorfqu’il eft bien exécuté, 1l repréfente les objets avec beaucoup de netteté, &c auffi-bien que celui de Newton : une partie des inconveniens quu- ne rigueut géométrique y faioit voir dans la théo- rie, difparoifant dans la pratique. Au refte, comme toutes les fois qu’un objeëtif eft plus parfait, qu'il réunit plus de rayons, &r qu'il les réunit d’une ma- niere plus exaéte, oculaire peut être d’un foyer plus court, d’où il réfulte que linftrument aura plus de puiflance pour groflir les objets; de même, dis-je, dans le rélefcope de Newton, le miroir concave réu- niflant plus de rayons, &c d’une maniereplusprécife, l’oculaire peut être d’un foyer plus court ; d’où, com- me nous venons de le dire, ce ré/efcope pourra-erofür davantage. Au refte, ces s/efcopes étant de différen- tes longueurs , leur puifflance de groflir fera comme leur champ , ou comme les diametres des miroirs, diametres-qui doivent être entr'eux comme les cubes des racines quarrées des longueurs refpeétives des - zélefcopes. Lorfque le grand miroir d’un sé/efcope New- tonien éft auf parfait qu'il eft poffible , le rapport dans lequel il groffit les objets, eft à celui dans le- quel il grofliroit dans celui de Caffeprain,,, toutes chofes étant d’ailleurs égales, dans le rapport de 6 à 5. Lorique nous avons parlé du sé/e/cope de Grego- rie, nous avons fimplement expoié fa conftruttion &c la théorie de fes effets, afin de commencer.par en donner une idée générale ; :l faut maïntenant.entrer dans un détail plus particulier. Nous avons fuppoié qu’il n'avoit qu’un oculaire convexe ; dans la pratique on lui en donne toujours deux a@uellement pour augmenter un peufon champ. NÉE Voici fur quoi cela eft fondé , & comment on détefs mine les foyers de ces oculaires, fuppofant que l’x foit la diftance focale (il faut nous permettre ce mot} du fimple oculaire 2k; fi. on prend vers les miroirs lm=ilx, & ln=2lm, 8 qu'au lieu de oculaire Lk, on en fubfüitue deux autres en ê& en 7, dont les foyers foient refpedivement comme /m 8 /n; le séle/cope grofhra autant qu'auparavant, & {on champ fera plus net & plus exempt d'iris vers les bords ; c’eft pourquoi on pourra mème l’augmenter un peu, s’il étoit auparavant fuffifamment difin@. Car ayant partagé #12 en deux également au point 4 ; on aura par la confiruion gr = nl, & ayant fait mf— ml, On aura x f eft à x 7 & x m à xq, comme 3 à 14 Aïnfi les rayons du pinceau principal, qui par la ré- fléxion, auroient convergés vers x, feront mainte- nant réfrangés au travers de l’oculaire » , en g, & traverfant enfuite Poculaire z{ortiront parallelement. Huit de-là, que parle moyen de l’oculaire 7, l’image æ x Îera réduite à l’image p 4 , terminée en p, par la ligne #2& : tirant donc la ligne #7, on aura les. deux triangles ifoceles & femblables 72 p 2, mæœl; d’où ilfuit que l’œil dans un point quelconque o verra l’objet fous un angle pz2q, ouæ/lx, c’eft-à dire de la même grandeur, qu'avec le fimple oculaire Z. Main- tenant, pour prouver que fi l’on partage la ligne /x, en deux également au point o , l’œil pläcé dans ce point verra le plus grand champ pofüble, fuppofant qu'a g foit le rayon d’ün pinceau oblique, qui tom- be fur l’oculaire #7, dans une ligne parallele à fon axe ; après la réfraétion , iltendra vers /, foyer prin- cipal de cet oculaire, jufqu'à ce que rencontrant l’autre oculaire z, 1l en fortira dans la ligne Lo, pa- rallele à p 2, & partagera en deux également la ligne 7 l'au point o. Et puifque tous les rayons de ce pin- ceau fortiront paralleles à Lo, & extrèmement près de cette ligne ; nous pourrons en conféquence pren- dre ce point o pour la place de Pœil. Suppofons maintenant que les oculaires #, 2, foient Ôtés, le rayon parallele + g tombera fur locu- laire fimple X l'en Æ , &c fera réfrangé dans la ligne KT, parallele à /æ , à laquelle tous les autres rayons de ce pinceau font aufli paralleles. Mais la vifion d’un objet , produite par les mêmes rayons, eft plus dif tinéte lorfque l’œil eft placé en O , que lorfqw’il eft placéenz, parce que plus la diftance focale d’un ocu- laire a un grand rapport avec fon diametre , plus cette vifon fe fait diftinétement. Or les rapports des diftances focales aux ouvertures refpeétives des ocu- lairesm,n,ceft-à-dire de Z 77 à mg & de/nànk, font chacun en particulier dans la raifon double du rapport de la diftance focale de oculaire Zà fôn ou- verture ou à fon champ , c’eft-à-dire de celle de L 5 ou/xà/X ; donc, comme nous venons de le dire, ils procureront une vifion plus diftinéte. On augmentera encore la netteté , en faifant les oculaires», 2 plans convexes, 8 en tournant leur côté plan vers l'œil , de façon que leur feconde ré- fraion des rayons dans l'air , qui contribue beau- coup plus à la produétion des iris, que leur premiere, fera moindre qu’elle n’auroit té en les tournant dans le fens contraire. re - La grandeur du grand miroir étant donnée, il eft important de déterminer celle du petit. Pour cet effet, Soit T Le foyer,ê&c T C la diftance focale du grand : miroir , 4 B, B 4,CA la moitié de fon diametre, C_B le demi-diametre de fon trou, au-travers duquel la derniereimage & x de Pobjet éloigné, P Q eff ré- fléchie par le petit nuroir a c 2. Si on fuppofe que les rayons Q 4, Q À, les plus éloignés de l’axe & qui lui font paralleles, pañlent après la premiere ré- flexion par le foyer T, &c aillent tomber fur le petit miroir ere ; 4 , la furface, donc la largeur fera «ca, LE fera fufhfanté pour recevoir tous les principaux rayons & les réfléchir en x, centre de la derniere image. Et fi le petit miroir eft moins grand que zx, quelques rayons, après la premiere réflexion , paf- feroient au-delà & feroient perdus ; &c s'il eft plus large que 4 a , il interceptera une plus grande quan- tité de rayons qui feront auffi perdus. Quant au diametre du trou 2 B du grand miroir, s'il eft plus grand que z «, quelques-uns des rayons les plus intérieurs ÿ entreroient & feroient perdus ; ëc s'il eft moindre que 44, dont l’ombre eft plutôt plus grande que lui, iln’entombera pas davantage de rayons fur le miroir, que s’il étoit auf grand, C’eft pourquoi le point x, auquel ces rayons font réflé- chis, fera auf éclairé qu'il eft poflible , lorfque a largeur a 4 fera fufifante pour recevoir le pinceau de rayons principal , & que 8 Bne fera pas plus grand que a a. Suppoñfant que le trou dans le grand . miroir refte de la grandenr que nous venons de dé- terminer ; fi l’on augmente le petit miroir d’une petite zone, dont la largeur foit à la largeur de la moitié de la premiere image , comme la difance entre les deux miroirs eft à la diffance focale du plus grand, la der- mere image fera alors éclairée d’une maniere umfor- me , Mais un peu moins vivement que fon centre ne l'étoit auparavant, parla perte d'autant de lumie- 7-5 que cette zone en intercepte. Car ayanttiré les lignes 4$,AS,l'arczca coupera l’une en 4 ; & sil eft prolongé, touchera l’autre en 4 » & alors les ayons tombant du point P fur l'arc 4 4 ; &t appar- tenant à S, après leur premiere réflexion feront tous reçus fur Parc cd, &: en feront réfléchis en x 3 & En tournant cet arc c, a, d, autour de l’axe c T ,le petit miroir a c a fera augmenté d’une zône de la lar- geur a d, &t recevra tous les rayons , partant d’un objet circulaire décrit par PQ, tourné furle même axe Q ©. Or par les figures femblables 4 a d, ATS , on autaad.TS::(4a: AT::) Cc,CT, Donc, &c. I réfulte de ce qui vient d’être dit ; que l’image TABLE des dimenfions de quelques télefcopes de La forme de ceux de Grégorie , & des rapports dans lefquels | ils groffeffenr. À œ : Diftances du | foyer du grand mi-[mage au-delà de foyer du grand mi-|foyer du petit mi- Diftances du Diftances de lil Diftances du Loir. ce miroir, après lalroïr au petir mi-|roir. feconde réflexionroir. . a — Pouces & décimales.| Pouces & décimales. Pouces & décimales. enr: 2e O87. dr, IST LI MOTO. 9> 60. |'4, , 023. A GS 300 let, ÿ.. Dr 050% 075,,048. 12,0, 545. 2, 146. 36; 4 3» 714. | 3, 432. 607 6, Ole 0 12e La table que nous venons de donner n’a été cal. culée, comme on peut le voir, que pour un oculaire, . afin de fimphifier le calcul. Maïs comme on en em- ploie toujours deux actuellement, voici une autre petite table qui enfeignéra la diftance de leurs foyers TE L 47 | de l’objet fera plus vive lorfque le diamette du petit miroir fera de la grandeur déterminée par la regle précédente , & qu’elle fera d’une lumiere plus uni- forme , mais moins vive, quand on augmentera ce petit miroir dans la proportion que nous venons de donner, M. Short, célebre opticien de Londres, & qui paroït jufqu’ici lavoir emporté fur tous les at- tiftes qui ont fait des séefcopes de réflexion ; préfere de donner au petit miroir un peu plus de largeur qu’à l'ouverture du grand, & cela dans la raifon de Gas: | sn” Nous avons fuppoté que le diametre du grand mi- roir étoit donné , cependant c’eft une des parties du téleféope qui doit être déterminée avec non moins d'attention que les autres ; car s’il eft trop grand pour la diftance de fon foyer, l’image fera confufe , Les rayons qui la compoferont n'étant pas aflez parfai- tement réunis ; sl eft trop petit, l’image ne fera pas âflez éclairée , & il n’embraflerà pas un affez grand champ. Newton prefcrit néanmoins de le faire un | peu plus grand que les proportions des autres parties | nele comportent, voulant que Le champ du ré/efcope {oit limité d’une autre maniere, ceft-ï-dire par une petite plaque percée & fituée près de l’oculaire. Et comme la détermination de ouverture de cette pla- que , pour qu’en écartant tous les rayons qui pour= roient troubler ou altérerla netteté de lPima ge, elle ne diminue cependant point trop Le champ du sé/efcope, n'eft pas moins importante que celle de Ja grandeur de ce miroir, & qu'il y a encore plufieurs parties qui méritent également d’être determinées;nouscro yons ne pouvoir mieux faire que le donner ici la table calculée par le do&eur Smith, pour les dimenfions des diverfes parties de rélefcopes de différentes lon: gueurs , depuis $ pouces jufqu’à $ piés. Voyez {on Optique. Elle eft calculée fur les mefures d'Angle- terre, dont le pié & par conféquent le pouce’eft au nôtre comme 107 eft à 114. Dei -diametres| Démi-diamerres Diftances du |Rapports-dans le: du grand miroir, [du perir & pareïl-|foyer de l'oculai-|quels les objets lement du trou dulre, font groffis, grand miroir. Pouces & décimales.|Pouces & décimales.\Pouces & décimales. | Pouces & décimales, Pouces & décimales MEL EM PL Re TEEN 1, 15.| 0, 198. | 1, 565$. | 6o, : 1,465, 250: "fr, 973: | 86, 46. 3 132 | 0, 324. | 2, 414% | 3; refpedifs, celle où ils doivent être l’un de l’autre l'ouverture du modérateur de la lumiere , Gc. elle fe rapporte à la figure avec laquelle on a expliqué la fubftitution des deux oculaires À un feul, TABLE des dimenfions & des pofitions des deux oculaires, : Diltances du pre-{ Diltances de la face Diftances du foyerlmier oculaire de la poltérieure du pre- du grand miroir. : [face extérieure du mier oculaire à la S grand miroir, face poftérieure du fecond. . s ———_—— be © GT SN 764. | tee 631. 2e LU A nt O7 s. ‘15; JO es 075. 2, 631. pu 36 23 439.1, 32. 415% | “Go, E, 4120010103 Pouces & décimales, Pouces & décimales, Pouces & décimales, Pouces & décimales, Pouces & décimales. Pouces & décimales. Diitances du foyer dui Diitance de l’ocu. Diftances du foyerlfecond oculaire, & dulaire de l’ouverture Demi-diametre du du prémier oculaire, point où l’on doir pla- par laquelle on doictrou du modérateur cer lé modérareur délregarder. ide la lumiere, la lumiere, — nn Pouces & décimales. 446. | o, 815. 0, 408. | 10, 136. 130. 1, 043: 0; 522. |: 0, 174. SCOR PER CLS C0 EC 658. 10, 220. ns Tr 6070 nero rat S4allr VO, LL DR: 134 her ett44s ar, 072726, 359: : grand rapport poffble, en confervant cette netteté; _ préfque iplus aujourd’hui que de métal ; ce feroit au refte on trouvera à l'arsie Miroïr , ce qu'il eft 43 LEE “Ces tables ont été calculées d’après ün exteflent sélefcone de M. Short de 9 pouces de foyer, dont wroici les dimenfons. poutc. décime Diffance focale du grand miroir, 9, 6. ‘Son diametre, SUIS Diffance focale du petit miroir, Ce -Sa largeur, La} oO, 6. Diametre du trou danslesrandmiroir, o, 5. Diflance du petit initoir au premier OCU- laire, TA; Diffance entre les deux oculaires, 2 ue Diftance focale du premier oculaire, 351 20 Diftance focale du fecondou du plus près de Poil, Eyoit: . 9 D’après ce que nous ayons dit fur la maniere de déterminer les parties principales du sé/eféope, & d’après ces tables, on pourrafacilementenconfiruire un : nous pourrions ajouter icila maniere de calculer les dimenfions de toutes les parties d’un #/efcope , ou de réfoudre ce probleme ; la longueur d’un #/ef- | cope étant donnée , déterminer les proportions de toutes fes parties, pour qu'ayant le deoré de diftinc- tion & de netteté requis, il y grofhfle dans le plus mais ce problème nous jétteroit dans trop de détail , &t dans une analy{e trop étendue : nous en dirons de même de plufiéurs chofes que nous pourrions ajouter ur la théorie de ce s/efcope ; de plus, la pratique a tant d'influence dans la perfettion de cetinftrument , ae fi les miroirs ne font pas d’une forme très-régu- liere, f le poli n’en eft pas dans la plus grande per- fe&ion , quand même.on auroit obfervé avec la plus grande précifion toutes les proportions-requifes dans {a conftruétion , il.ne feroit qu’un effet médiocre. Meffieurs Bradley & Molineux, dont nous avons parlé, quoique parfaitement inftruits de ces propor- tions ; & éclairés des lumieres que M. Hadley avoit acquifes fur la fabrication de cetinftrument , & leur avoit communiquées, firent, avant de réuffir, nom- bre d’eflais infrudueux. Eneffet , lorfque ces miroirs ne font pas d’un métal aflez compaét , affez dur pour. prendre le plus beau poli, & refléchir la plus grande * quantité -de rayons pofibles’, lorfqwils ne font pas” | de la forme la plusexatte ; ils rendeñt les images des "| objets d’une maniere tout-à-la-fois confufe &c obf- cute. On fait que les irrégularités dans la forme des miroirs , produifent deserreurs fix fois plus grandes, que celles que produiroient les mêmesarrégularités dans un obje@if Cette difficulté d’avoir des-miroirs de métal, qui n’abforbaflentpas beaucoup de rayons, a fit confeiller à Newton’, dans {on optique , de faite les miroirs de #4/copede verte ; iltenta mème «| de faire un sé/efcope de quatre piés , avec un miroir de cette efpece; miais:, comme 1l noûs-lapprend , quoique ce miroir parüt d’une formetrès-réguliere &c: bien poli, aufli-tôt qu'on leut mis au teint, on y: découvrit un grandinombre d'irrégularités, & enfin il ne téfléchifioit les objets que d’une maniere fort obfcure & fort confufe. Cependant M. Short, dont nous venons de parler , a étédépuis plis heureux ; il a fait plufieurs sé/efcopes avec ces miroirs, qui ont fort-brenréuffr, & un'entrautres de quinze pouces de foyers avec lecquel'on Kfoit (/es Tranfac. philof.) à deux cens trente piés ; mais l’extrème dificulté de faite ces miroirs par la peine qu’on a à rendre les deux furfaces convexes & concaves., bien paralleles lune à l’autre; les a “fait abandonner : on n’en fait peut-être ici lelieu d’expoferles moyens néceflaires pour.lescbien former êc les bien|polirs cependant, ” comme le dit Newton:, c’eft un at que la pratique | peut béaucoup mieux enfeigner , que les préceptes: TEL néceflaire de favoir pour faire ces nüroits. Quant à leur compoftion, 1ly enaunf grand nombre, qu'il feroit difficile de déterminer quelle eft la meilleure. M. Hadley, dont nous avons déja parlé , rapporte qu'il en à eflayé plus de cent cinquante, & quil n’en a trouvé aucune qui fût exempte de toutes efpe= ces de défauts. En voici une cependant qu'il regarde comme excellente, 8 comme la meilleure; le {eul défaut qu’elle a eft d’être couteute, Prenez du cuivre rouge, de Fargent, du régule d’antimoine, de l’étan, de l’arfenic ; faites fondre, êt coulez le tout dans des moules de laiton fort chauds, Voici une autre compofñtion que M. Pafñle- ment a bien voulunous communiquer , & qu'il sous a dit réuflir très-bien. Un miroir de cette compoñtion ayant été expofé aux injures de lait pendant plu- fers années, n’en fut ni alteté niterni. . Prenez vingt onces de cuivre, neuf onces d’étain de mélac, le tout étant en fufon un quart d'heure, après lavoir remué deux ou trois fois avec une barre de fer, verlez-y fept gros de bon antimoine cru, remuez le tout, &le laïflez en fufñon pendant quinze ou vingt minutes, en prenant garde aux vapeurs qui s’en élevent. On voit ici la haïfon des fciences , les unes avec les autres : car ce feroit un beau préfent qué la chimie feroit à l’optique , fi elle lui fournifloit un métal compaét, dur, peu fufceptible des impref- fions de lai, & capable de recevoir le plus beau poli, & de réfléchir le plus grand nombre de rayons. Cette circonftance de réfléchir le plus grandnombre de-rayons eft fiimportante , 8e mérite tant d’atten- tion, que dans les ré/c/copes de réflexion, les objets ne paroïflent jamais éclairés d’une maniere aufli vi- ve que dans les sé/e/copes de réfraétion, ou dioptrique, parce que: dans ces derniers il: y a moins de lumiere de perdue par fon pañlage à-travers plufieurs verres, qu’il n’y en adans les premiers, par l’imperfettion de la réflexion. Cet effet eft tel que dans un sé/fcope de réflexion, conftruit pour groflir autant qu'un sé/e/co- . pe de téfraéion , Pimageparoïît toujours moins gran- de que dans celui-ci. Cette différence d'apparence dé grandeur des deux images, dans ces deux diffé : rens éé/efcopes , a furpris M. Molineux &c plufieurs autres ; cependant cet effet n’a rien d’extraordinaire, il éft facile à expliquer ; ilréfulte de cette vérité ex- périmentale d'optique, que les corps qui font plus éclairés que les autres, quoique vus fous le même añgle, paroïflent toujours plus grands. On peut voir dans la Planche d’optiquel des figures , Les différens célefcopes dont nous venons de parler. : { f, - En expofant les raifons qui ont déterminé Newton à Finvention du sc/e/cope de réflexion, nous avons dit! que c’étoit particulierementla décompoñtion que les rayons éprouvoient dans les sélefcopes dioptriques , en-pañlant à-travers l’objettif, ou les oculaires , & qu'il repardoitcétté décompofition comme un obfta- cle infurmontable à la perfeétion de ces inftrumens. Cependant en 1747: M'Euler imagina de former des | obje@tifs de deux matieres différemment refrinsen- : tes , efpérant que par l’inévalité de leur vertu re-. fra@ive;ils pourroient compenfer mutuellement leurs effets, c’eft-à-dire que l’un ferviroit à raflemblerles rayons défunis , ou féparés par l’autre. Il forma en, conféquence des objeétifs de deux lentilles de verre, ! qui renfermoient deleau entre elles}; ayant formé | une hypothèfe fur la proportion des qualités réfraéti- : ves de ces deux matières, relativement aux difé-! “ ! ri . ,e. | - / | rentes couleurs, il parvint à des formules générales : * pour les dimenfons des sélefcopes', dans tous les cas! _propofés. M. Dollond ,dont nous avdns déja parlé, | entreprit de tirer partilde cette nouvelle théorie de! M. Euler ; mais ne s’en tenant-point aux dimenfons- mêmes des objeétifs qu'ilavoitdonnées,parce qu’elles étoient fondées fur des lois de réfraétion purement ii d . hypothétiques ; a bypothétiques , il leur fubfitua celles de Newton; mais les avant introduites dans les formules de M, Buler, ilen tira un réfultat facheux pour fa théorie; c’eft que la réunion défirée des foyers de toutes les L … couleurs, ne pouvoit {e faire qu’en fuppofant au se- defcope une longueur infinie ; cette objeétion étoit fansrepliqué, à moins que les lois de réfraétion don- nées par Newton, ne fuflent pas exaétes, Autorifées d’un f grand nom, M. Euler n’ofa pas les révoquer en doute; il prétendit feulement qu’elles nes’oppo: foient à fon hypothèfe que de quantités trop petites pour renvetfer une loi qui, fuivant lui, étoit fondée ur la nature de la chofe. Il paroifloit d’ailleurs d’au- tant moins ébranlé parl’expérience de Newton, que l’on rapportoit, &c par le réfultat qu’onentiroit, que l’un &x l’autre n’alloient pas moins qu’à détruire toute pofibilité de remédier à la décompoñtiondes rayons par un milieu , en les faifant pafler enfuite par un autre : cependant la vérité de cette correétion des effets d’un milieu fur Jes rayons, par un autre mi- Heu, lui parorfloit d'autant plus néceflaire , qu’elle étoit prouvée par le fait ; l’œil étant compofe d’hu- meurs différemment refringentes., difpofées ainfi par Vauteur de la nature, pour employer les inégalités de leurs vertus réfraétives à fe .compenfer mutuel- lement. Quelques phyficiens anglois peu contens de voir que M. Dollond n’oppofoit jamais aux raifonnemens rétaphyfiques de M. Euler,que le nom de Newton & fes expériences ; engagerent M. Clairaut à lire avec foin le mémoire de ce favant géometre , fur-tout la partie de ce mémoire où le fujet de la conteftation étoit portée à des calculs trop compliqués, pour qu'il fit permus à tout le monde d’enjuger. Par l'examen qu'il en fit , :l parvint à une équation qui lui montra que la loi de M. Euler ne pouvoit point avoir lieu, & qu'ainf il falloit rejetter les rapports de réfra@ion qu'il en avoit conclus, généralement pour tous les rayons colorés. Cependant en 1755. M. Klingftier- na , profefleur en l’univerfité d'Upfal , fit remettre à M. Dollond, un écrit où il attaquoit l'expérience de Newton, par la métaphyfique & par la géométrie , & d’une telle mamere , qw’elle forca M. Dollond de douter de l'expérience qu'il avoit fi long-tems oppo- fe à M. Euler. Les raïfonnemens de M. Klingftier- na firent plus, ils obligerent M. Dollond à changer de fentiment; 8 ayant en conféquence recommencé les expériences en queftion , il les trouva faufles, & ne douta plus de la poffibilité de parvenir au but que M. Euler s’étoit propofé ; la propoñition expé- rimentale de Newton, qui perfuada pendant tant de tems à M. Doilond , que ce que propofoit M. Euler éroit impraticable , {e trouve à la page r45 defon optique, édition françoïfe 22-4°. Newton s’y expri- me dans les termes fuivans: « Toutes Les fois que les »# rayons de lumiere traverlent deux milieux de den- >» fité différentes , de maniere que la réfraéion de »* l’un détruïife celle de l’autre, & que par confé- » quent les rayons émergens {oient paralleles aux # incidens , la lumiere fort toujours blanche »; ce qui eft vraiment remarquable , & qui montre qu’on ne doït jamais s’en laiffer impofer par l’autorité des grands hommes, c’eft que la faufleté de cette expé- rience que Newton cite, eft très-facile à reconnoi- pe tre, & qu'il eft étonnant que lui, qui avoità un fi haut degré le talent de faire des expériences , fe foit trompé : car lorfque la lumiere fort blanche, ce n’eft point lorfque les rayons émergens font paralieles aux rayons incidens. En effet , par l'expérience que M. Dollond en fit, il trouva que dans un prifme d’eau renfermé entre deux plaques de verre, le tranchant tourné en en-bas , auquel on joint un prifme de vet- re dont le tranchant eft tourné en en-haut ; lorfque les objets vus à-travers ces prifmes paroiffent à la Tome XVL, = Min _ 49 tatives ,1lnous fuffira de dire que celles qu'il ftavee des objeétifs compoñés de verre &t d’eau ; n’eurent aucun fucces,; mais qu'il réuffit , lorfqu'ayant remar- que que différentes efpeces de verre ayant dés vertus téfractives différentes, 1l conçut qu’en les combinant enfemble , on pourroit en obtenir des obje&tifs com- pofés, quine décompoferoient pas la lumiere, 11s’af fura de la vérité de cette conjeéture , & de fon fuc« cès, en conftruifant desiprifmes de deux fortes de verres , 6 en changeant leurs angles jufqu’à ce qu'il en eut deux prifmes qui, appliqués l’un contre l’au- tre ,en ordrè renverfé, produififlent comme le prif- me compote d’eau & de verre, une réfraétion moyen- ne ©t fenfible, fans cependant décolorer les objets, Enfin pour abréger , 1l parvint tellement à vaincre les difficultés que la pratique offroit dans l'exécution de cettethéorie, qu'ila fait fuivant ces principes, des lunettes d'approche extrémement fupérieutes à tou- tes celles qu'on a faites jufqu’ici ; les petfonnes qui enont vues, prétendent que celles de cinq piés font autant d’effer que les lunettes ordinaires de quinze. Comme M.Dollond n’a point indiqué la route qu'ila fuivie, pour faire Le choix de fpheres propres à détruire les abérations , & qu'on ne trouve pas même dans fon mémoire de ces fortes de réfultats , par lefquels on pourroit parvenir à les découvrir, M. Clairaut a jugé que cet objet étoit digne qu'ils’en occupât. Nous n’entreprendrons point de prévenir ici le public fur ce qu'il a déja fait Ace fujet, & dont ilrendit compte par un mémoire à la rentrée publi- que de l’académie delaS. Martin de lannée derniere (1760);nous dirons feulement que pour porter cette théorie des, s/efcopes dioptriques à la pluserande per- fetion, il fe propofe de faire toutes les expériences néceflaires, &t de mettre les artiftes en état, par là fimplicité de fes formules , de pouvoir faire ces télef- copes avec la plus grande précifion. Au refte nous nous fommes crûs obligés d'ajouter ceci ( que nous avons tiré du mémoire même de M, Clairaut qu'il a bien voulu nous communiquer ), pour ne laiffer rien à défirer {ur ce qui regarde les sé/2ftopes, inftruire le public du progrès de l'optique, & {urtout montrer par cette hiftoire combien on doit fe défier des pro- pofitions générales, & n’abandonner'les chofes que lorfque des expériences réitérées & inconteitables en ont démontré l’impoflibilité ; enfin qu'il ne faut jamais regarder la vérité que comme le fruit du tems ë&t de la nature , ainf que le dit Bacon, & qu'il ne faut regarder les décifionsdes grands hommes comme infaillibles, que lorfqu’elles {ont marquées du fceau de la vérité par des démonftrations fans réplique ou des expériences inconteftables. Arr. de M. 1E Ror. TÉLESCOPIQUE , adj. ( 4ffron. ) étoiles ré/efco- piques{ont des étoiles qui font invifibles A la vue fim- ple, & qu'on ne péut découvrir que par le fecours d’un télefcope, Voyez ÉTOILE, Toutes les étoiles au-deffous de la fixieme gran- deur font s/efcopiques pour des yeux ordinaires, & le nombre de ces étoiles séfeftopiques eft fort grand, Chambers. TELESIA 07 TELESCIA , ( Géog. ane.) ville d’I: talie qui , fuivant Frontin, étoit une colonie romaine établie par les triumvirs. Ptolomée, Z. ZIL. 6. j, don: ne,cette ville aux Samnites, & la marque entre Tr cinum & Beneventum. On la nomme aujourd’hui 7e _lefe, boute ruiné du royaume de Naples, dans laterre de Labour, fuf le Volrorno. (D, J.) ee 22 EUEÈMNE TÉLESPHORE, f.m.( Liriérar. @& Mysholog.) c’e- toit un dieu que les Grecs invoquoient pouf ja fanté, ainf qu'Efculape & la déefle Hygéia, qui répond à la déefle Salus des Romains. Les figures de ces trois divinités fe trouvent enfemble fur un grand nombre de médailles ; fur d’autres ,on voit Te/AYeUX, beau-pere , belle-mere, ni les freres & fœurs l’un contre l’autre ; on étend même cela aux beaux-freres &t belles-œurs, à caufe de la grande proximité. Lesfurieux & les imbécilles ne font pas recus à porter témoignage. KP Les impuberes ea font auffi exclus jufqu’à âge de puberté Les confefleurs ne peuvent révéler ce qu’ils favent par la voie de la confefion : il en eft de même de. ceux qui ne favent une chofe que fous le fceau du fe- cret, on ne peut pas les obliser à le révéler ; il faut cependant toujours excepter le crime de léfe-ma- jefte. | La preuve par sémoins ne peut pas être admife pour fomme au-deffus de 100 iv. f ce n’eft qu’il y ait un commencement de preuve par écrit, ou que ce foit dans un cas où l’on n’a pas été à portée de faire pa£. 54 TEM fer une oblisation ou reconnoifance ; voyez l’ordon- nance de Moulins, art. 54. & l'ordonnance de 1667, titre des faits qui giflent-en preuve vocale on listérale. Sur les smoins en géneral, voyez au digefte 8aau code les sis. de teflibus , & les traités de seflibus par Balde , Farinacins & autres , celui de Danty fur la preuve par témoins. Voyez aufli les mots CONFRON- TATION , ENQUÊTE, PREUVE ; RÉCOLEMENT. (4) TÉMOIN AURICULAIRE eft celui qui ne dépofe que de faits qu'il a oui dire à des tiers, & non à la perfonne du fait de laquelle il s’agit. Ces fottes de rémoins ne font point foi, aïnfi que le décide la loi divus 24. ff de teffam. milir, auf. Plaute ditail , que pluris eff oculatus teflis unus quam auriti decern, Voyez TÉMOIN OCULAIRE. _ TÉMOIN CONFRONTÉ eff celui qui a fubi la con- frontation avec l’accufé , pour voir s'il le reconnoi- tra, & s’1l lui foutiendra. TÉMOIN corrompu eft celui qui s’eft laiflé ga vérité. TEÉMOIN DOMESTIQUE eft celui qui eft choifi dans la famille ou maïfon de celui qui pañle un ae ou qui fait quelque chofe , comme fi un notaire pre- noit pour témoin {on clerc ; unteftateur , fon enfant ou fon domeftique ; le témoignage de ces fortes de perfonnes ne fait point foi. TÉMOIN , faux, eft celui qui dépofe contre [a con- noïflance qu’il a de la vérité, _ TÉMOIN 1DoINE eft celui qui a l’âge & les qua- lités requiles pour témoigner. TÉMOININSTRUMENTAIRE eft celui dont la pre- fence concourt à donner la perfeétion à un acte pu- blic, comnie les deux soins en la préfence def- quels un notaire inflrumente au défaut d’un notaire en fecond. TÉMOIN IRRÉPROCHABLE eft celui contre le- quel on ne peut fournir aucun reproche pertinent & admifible. Voyez REPROCHE. TÉMoIN MUET eft une chofe inanimée qui fert à la convition d’un accufé ; par exemple, fi un homme gner par argent ou par autres promefles pour célerla a été égorgé dans fa chambre, &c que l’on y trouve un couteau enfanglanté, ce couteau eft un sémoir rue , Qui fait foupçonner que celui auquel il appar- tient peut être l’auteur du délit ; mais ces sémoins muets re font point une preuve pleine & entiere, ce ne font que des indices & des femi-preuves. Woyez CONVICTION , INDICE, PREUVE, TÉMOIN NÉCESSAIRE eft celui dont le témoi- onage eft admis feulement en certains cas par nécef- fité, & parce que le fait eft detelle nature, que l’on ne peut pas en avoir d’autres témoins ; ainf les do- meftiques dont le témoignage eft recufable en géné- tal dans les affaires de leur maïtre , à caufe de la dé- pendance où ils font à fon égard, deviennent semoins néceffaires lorfqu'il s’agit de faits pañlés dans linté- rieur de la maifon , parce auw’eux feuls font à portée d’en avoir connoifflance, comme sil s’agit de faits de févices &: mauvais traitemens du mari envers fa femme, ou de certains crimes qui ne fe commettent qu’en fecret ; dans ces cas 8 autres femblables, on admet le témoignage des domeftiques, fauf à y avoir tel égard que de raifon. Woyez la loi confenfu, cod. de repud. & la loi 3, cod. de tefhibus. TÉMOIN OCULAIRE eft celui qui dépofe de fait qu'il a vu, ou de chofes qu’il a entendu dire à l’ac- cufé même ou autre perfonne du fait de laquelle il s’agit : la dépoftion de deux rémoins oculaires fait une foi pleine & entiere, pourvu qu'il n’y ait point eu de reproche valable fourni contr'eux. TÉMOIN RECOLÉ eft celui auquel on a relu fa dé- poñtion avec interpellation de déclarer sl y per- fifte. Voyez RECOLEMENT, TÉMOIN RÉPÉTÉ eft celui qui étant venu à révé- lation , a été entendu de nouveau en information Voyez RÉVÉLATION. TÉMOIN REPROCHABLE eft celui contre lequel il ya de juñtes moyens de reproches, & dont en con= iéquence le témoignage eft fufpeét & doit être re- jetté ; par exemple, fi celui qui charge l’accufé , a quelque procès avec luiou quelque inimitié capitale. Voyez REPROCHES. TÉMOIN REPROCHE eft celui contre lequel on a fourni des moyens de reproches. Voyez Repro= CHES. TÉMOINS REQUIS eft celui qui a été mandé exs près pour une chofe : Comme pour affifter à un tefta» ment, à la différence de ceux qui fe trouvent fortuià tement préfens à un aûte, . TÉMOINS SINGULIERS font Ceux qui dépofent chacun en particulier de certains faits, dont les au> tres ne parlent pas, Chaque dépoñition qui eft unique en fon efpece ne fait point de preuve : par exemple, fi deux sémoins chargent chacun l’accufé d’un délit différent , leurs dépoñtions ne forment point de preuve en général; cependant lorfqw’il s’agit de cer: tains délits dont la preuve peut réfulter de plufieurs faits particuliers , on raflemble ces différens faits A comme quand il s’agit de prouver le mauvais com \ J s ENT. } imerce qui a été entre deux perfonnes , oh raproche toutes les différentes circonftances qui dénotent une habitude criminelle. Voyez la loi 1.<. 4. ff de quæf?. & Barthole fur cette loi ; Alexandre, z. 1. confeil 41. n°, 4.61, VIL. confeili3.n°.23, Gconfeil 47. n°. 198 Defpeiffes , s, LIT, tir. 0. fect. 2. TÉMOINS EN FAIT D'ARPENTAGE ET DE BOR=< NES, font de petits tuileaux , pierres plates ou autres marques que l’arpenteur fait mettre deflous Les bor= nes qu'il fait pofer , pour montrer que ces bornes font des pierres pofées de main d'homme & pour fervir de bornes. | | Quand on eft en doute fi une pierre eft une borne ou non , on ordonne fouvent qu’elle fera levée pour voir s’il y a deflous des sémoins qui marquent que ce foit effectivement une borne, (4) TÉMOIN, ( Cririg. facrée. ) celui qui rend témoi- gnage en juftice ; la loi de Moïfe , Deut. xvij. 6. de- fendoit de condamner perfonne à mort fur le témoi- onage d’un feul sémoin ; mais le crime étoit cru fur la dépoñition de deux ou de trois, felon le même loi. Lorfqu’on condamnoit un homme à la mort, fes ré- moins devoient le frapper les premiers ; ils lui jet- toient , par exemple , la premiere pierre s’il étoit lapidé, En cas de faux témoignage , la loï condam- noit les sémoins à la même peine qu’auroit fubi lac cufé ; voilà les ordonnances de Moïife fur ce fujer. L'Ecriture appelle aufli sémoën celui qui publie quelque vérité. Aïnfi les prophetes & les apôtres font en ce fens nommés sémoins dans le nouveau Teftament. Enfin rémoin défigne celui qui fait pro- feffion de la foi de efus-Chrift, & qui la fcele de fon fang, un martyr de la religion, comme on regar- doit le fang de faint Etienne fon sémoin , roù papSupos coù , dit S. Paul dansles 46. xxiÿ. 20. (D.J) TÉMOINS, paffage des trois , (Critiq. facrée.) c’eft le paflage de la I. épit. de $. Jacques, chap. v. verf. 7. il y en a trois qui rendent témoignage au ciel, le Pere, la Parole & PEfprit. Nous avons en latin les adumbrations de Clément d'Alexandrie fur cette, épi- tre de S. Jean. Il parle des trois sémoins de la terre, lefprit qui marque la vie ; l’eaz qui marque la ré- génération &c la foi; & le fang qui marque la recon- noïffance , & ces trois-là, continue-t-1l , font un: Edition de Potter, p. 1011. Clément d'Alexandrie ne dit pas un mot des trois sémoins du ciel, Ce paflage de S. Jacques manque, felon M. Affeman, non-feu- ment dans le fyriaque , mais aufli dans les verfions T'EM arabes @r éthiopiennes , fais parler de plufieurs an- ciens manuferits. Ce font es paroles : Non folum kpud Syros défideraneur , féd'eriam in verfione arabicé É æthiopicé, ut antiquos plurimos codices mf]. taceam. Bibl. orient. s. I. p. 2, p: 139. Voyez pour nouvel- les preuves le Teftament grec de Mill, & une fa- vante diflertation angloife {ur ce fameux pañlage. Jai eu un T'eftament latin imprimé à Louvain dans le fei- ziemefiecle , i2-12. dédié au pape, &capprouvé par les théologiens de Louvain, où cerpaffage manquoit auf. (D...) des | | Témoix , c’eft le nomqu’on donne, dans lArril: lerie | à un morceau d’amadou de même dimenfon que celui dont onfe fertpour mettre le feu au faucif- fonde la mine. On met le feu en même tems à ces deux morceaux d’amadou ; celui qu’on tient à la main , fert à faire juger de linftant où la mine doit jouer, & du tems que l’on a pour fe retirer ou s’éloi- gner. Voyez MINE. (Q) FÉMOIN, f. m. (Commerce de blé.) on appelle se- moir dans les marchés une ou deux poignées de blé que les bourgeois portent ou font porter à la halle, & qui fert d’échantillon pour vendre celui qu'ilsont dans leurs gremiers. Les laboureurs &c les blâtiers apportent communément leurs blés par charges ou par fommes à la halle, mais les bourgeois y envoyent feulement du rémbir, & ceux qui en ont acheté fur ce rémoin vOontaux greniers des mafons bourgeoifes, pour fe faire livrer la quantité qu'ils ont achetée, TÉMOINS, f. mm. pl. terme de Cordeur de bois, ce font deux buches qu'on met de côté & d'autre de la membrure , lorfqu’on corde le bois au chantier. (D. 7.) TÉMOIN , ( Jardinage. ) ce {ont des hauteurs de terre ifolées que laiffent les terraffers dans leurs at: teliers, pour mefurer la hauteur des terresenlevées, êt en faire la toife cube. On paye les terraffers à la toïfe cube , qui doit avoir fix piés de tout fens, & contenir en tout 216 piés en-bas. TÉMOIN, {.m. terme de Relieur, feuillet que les Relieurs laïffent exprès fans rogner , pour fre voir qu'ils ont épargné la marge du livre. (D. J.) . TEMPATLAHOAC , fm. ( Æif£. nat. Ornithol. ) oïfeau à large bec des Indes occidentales , que Nie- rembete croit être une efpece de canard, dont il ala taille ; fa tète & fon cou font d'un verd , d’un noir, & d’un pourpre aufh brillant que fur le paon ; fon corps eft d’un jaune brun, marqueté de deux gran- des taches blanches de chaque côté près de la queue, qui eft bordée de blanc, &c réunit fur le deflus tou tes les couleurs de celle du paon , mais elle eft noire par-deflous ; on prend cet oïfeau fur les lacs du Mexique , & fa chair eft fort bonne à manger. (2. 1.) TEMPE , £ f ez Anatomie, les rempes font deux parties de la tête, qui s'étendent depuis le front & les yeux jufqu’aux deux oreilles. Voyez TÊTE. Les sempes {ont principalement formées de deux “os, appellés os emporaux. Voyez TEMPORAL. Ces parties, fuivant les Médecins, ont été appel- Iées semporz, parce qw’elles font connoître le tems où l’âge d’un homme par la couleur des cheveux, qui blanchiflent dans cet endroit plutôt que par-tout ailleurs ; à quoi Homere femble avoir fait attention en appellant les hommes po/iocrotaphi, c’eft-à-dire aux ternpes grifés.. TEMPE, (Géog. anc.) vallée célebre dans la Thef. falie , entre le mont Ofla & lé mont Olympe. Per- fonne ne doute qu’elle ne fût dans la Theflalie ; les épithetes que les anciens lui donnent le prouvent fufifamment, Tite-Live, Z XXIIL. c. xxxv. dit 3 Theffalica Tempe ; & Ovide, mezmiorpk. L IL. verf. 222. Theffala Tempe ; mais dans quelle contrée de la Theflalie la placerons-nous? C’eft ce qu'il faut exa- | miner. Ce que dit Catulle, carm. LXIF. perf. 35, feroit croire qu’elle étoit dans la Phthiotide. e s C] CL Linquunt Phthiotica Terpe. Mais on ne voit point que la Phthiotide fe foit ja- mais étendue jufqu'à la vallée de Tempé, dont elle fut toujours féparée par le mont Othry ou.par d’au- tres terres. Les Pélafoiotes pofléderent divers lieux au voilinage du Pénée, aujourdhui la Salzmbria, en- tr'autres Gonnum &.Cranon ; mais ils ne poflédoient rien à l'embouchure de ce fleuve, car ellefetrouvoit dans la Magnéfie, Les defcriptions que divers auteurs ont données de cette vallée décideront la queftion. Le Pénée, fe- lon Pline, Z. 1F, c. viy. coule lefpace de cinq cens ftades,, entre le mont Offa & le mont Olympe, dans une vallée couverte de forêts, & eft navigable dans la moitié de cet efpace ; ce qu'on appelle la va/Zée de Tempé, occupe cinq milles pas de ce terrein en lon- gueur , & prefque un arpent & demi de largeur. À droite 6z à gauche s’élevent des montagnes à perte de vue, dont la pente eft aflez douce , &c au milieu coule le fleuve Pénée ,-dont les bords font couverts d'herbes toujours fraiches ,êtremplis d’oifeaux dont le gazouillement forme un agréable concert. Strabon, Z. IX, p. 430: après avoir rapporté la fa- ble qui veut que le Pénée retenu par les montagnes qui font du côté de la mer, forme en cet endroit une efpece d’étang., ajoute que, par un tremblement de terre., l'Offa ayant été féparé de l’Olympe ,le fleuve trouva entre ces deux montagnes une 1flue pour fe rendre à la mer. Ælier, Var. hift, 1, TILL c. j. convient avec Pline & avec Strabon pour la fituation de la vallée de Tempé. C’eft, dit-il, un lieu entre les monts Offa &z Glympe, de quarante ftades de longueur, 8 au mi- lieu duquel le Pénée roule fes-eaux. C’eft, ajoute-t:il,. unlieu délicieux, où lanature préfente mille chofes agréables, & où linduftrie des hommes n’a aucune part : de-là il feroit aïfé de conclure que la vallée de Tempé toit dans la Pélafgiotide , qui s’étendoit an- ciennement Jufqu’à l'embouchure de, Pénée , mais dont la partie du côté de la mer fut comprife dans la Magnéfie. Cependant comme le Pénée féparoit la Fheflalie de la Macédoine , ilfemble qu’on ne peut s'empêcher de mettre la vallée de Tempé aux confins de ces deux contrées. Procope, ædif. L. IV..c. 7. a donné une defcrip- tion de la vallée de Tempé fans la nommer. Le Pénée, dit-il , a par-tout un cours fort doux &c fort tran- quille jufqu’à ce qu’il fe décharge dans la mer. Les terres qu'il arrofe font très-fertiles | 8 produifent toutes fortes de fruits. Les habitans ne tiroient aucun avantage de cette abondance, à caufe de l’appréhen- fion continuelle où1ils étoient d’être accablés par les ennemis, faute d’une place forte où ils puflent fe mettre à couvert. Les murailles de Larifle & de Cé- farée étant prefqu’entierement tombées, Juftinien les fit réparer, & rendit par ce moyen au pays fon ancienne fertilité. Il s’éleve tout proche, ajoute Pro- cope , des montagnes efcarpées &z couvertes de fo- rêts qui fervirent autrefois de demeure aux centau- res , & qui furent le champ de la bataille qu’ils don- nerent aux Lapithes, f: nous en voulons croire la fable , qui parle d’une efpece d'animaux monftrueux, qui étoient moitié hommes & moitié bêtes. À toutes ces defcriptions , nous Joindrons celle de Tite-Live, qui, peu touché des bois rians, des fo- rêts d’une verdure charmante, des endroits délicieux & des agréables prairies, a tourné toute fon atten- tion vers les longues 8 hautes montagnes qui s’éten- dent à droite & à gauche, pour mieux décrire l’hor- reur qu’eut l’armée romaine, quand il lui fallut fran- chir ces montagnes. Ce qu’on appelle Temps, dit-il, 56 TEM eft un boïs qui, quoiqu'il ne foit pas dangereuxpour une armée, eft difficile à pafler : car outre des défi- lés de cinq milles de longueur , où 1ln°y a de paffage libre que pour un cheval charge , les rochers font tellement efcarpés de côté &c d'autre, qu'on ne peut guere regarder en-bas fans que les yeux foient frap- pés, & fans fe fentir faifi d'horreur, On eft efraye \auffi du bruit que-fait le Pénée, &c de la profondeur de la vallée où il coule. Maïs f la topographie des lieux eftpour Tite-Live, les poëtes font pour moi, dans l'idée raviflante que j'ai prife de Tempé en les lifant. [ls m'en font des def= criptions qui difputent du prix de la beauté avec le lieu qu'ils dépeignent. D'ailleurs Tempé a pañlé en proverbe pour un endroit délicieux ; &c fes vallons repréfentent toutes les autres vallées du monde, les plus agréablement coupées par des rufleaux , les mieux tapiflées de verdure , les plus ombragées de toutes fortes d'arbres & d’arbuftes , &c telles enfin que les oifeaux ne ceflent d’en célébrer les charmes. Én un mot, Tite-Live m’attrifte , la fable nv'égaie & m'enchante, je m’en rapporte donc à la fable pour mon amufement. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) - TÉMPÉRAMENT,, f m. ( Philo/op.) eff cette ha- bitude ou difpofñtion du corps , qui réfulte dela pro- portion des quatre qualités primitives &c élémentai- res dont il eft compofé. Voyez QUALITÉ & ÉLÉ- MENT. : L'idée de rempérament vient de celle de mélange, c’eft-à-dire du mélange de différens élémens , comme laterre, l’eau , l'air ele feu, ou pour parler plus ju- fe, à la maniere des Péripatéticiens , du mélange du chaud , du froid , du fec& de humide, Ces élémens ou qualités, par leur oppoñtion, tendent à s’afotiblir mutuellement, 8 à dominer lés unes fur les autres, & de toutes enfemble, réfulte une forte de tempéra- ture ou de mélange en telle ou telle proportion; en conféquence de quoi, felon la qualité qui prédomi- ne, nous difons un ernpérament chaud, où froid, fec ou humide. Voyez MÉLANGE , CRASE , &c. * Ondifpute dans les écoles , fi le rés pérament com- prend proprement les quatre premieres qualités, où fi l’altération que fouffrent ces qualités , par Paétion réciproque qu’elles ont les unesiur les autres, ne les détruit pas entierement, en forte qu’il en réfulte une cinquieme qualité fimple. Les auteurs diftinguent deux fortes de rempérament, Pun awils appellent uniforme, & l’autre qu'ils appel- lent difforme. Le premier eft celui où toutes Les qua- lités font mêlées dans un degré égal. Le fecond eft celui où elles font mêlées dans un degré inégal. Il ne peut yavoir qu’un feul sempérament unifor- me. Le rempérament difforme admet huit fortes de combinaifons , piifqu’une feule qualité, ou deux qualités à la fois peuvent dominer ; de-là le rermpéra- ment chaud & humide, le sempérament froid 87 humi- de, &c.: De plus, quelques-uns confidérant que les qualités qui dominent, peuvent n'être pas en degré égal , &c de même celles qui ne dominent pas; ils font plufieurs autres nouvelles cnmbinaifons de tempéra- mens , & en ajoutent jufqu’à douze au nombre ordi- naire. En effet, comme il y a une infinité de degrés entre le plus haut point & le plus bas point de cha- cun des élémens, on peut dire auffi qu'il y a un nom- bre infini de différentes smpératures. Voyez DEGRÉ. TEMPÉRAMENT , ez Médecine, s'entend plus par- ticulietement de la conftitution naturelle du corps de l’homme , ou de l’état des humeurs dans chaque fujet. Voyez CONSTITUTION 6 HUMEUR. L'idée de rempérament vient de ce que le fang qui coule dans les veines & les arteres, ne fe conçoit pas comme une liqueur fimple, mais comme une forte ‘de mixte imparfait, ouun aflemblage de plufeurs au- gres liquides ; car il n’eft pas compoié feulement des quatre qualités fimples ou primitives, mais encore de quatre autres humeurs iecondaires qui en font aufh compofées, &: dans lefquelles-on fuppofe qu'il peutferéioudre ; favour la Dr/e,, le phlegme, la mélan- colie & le fang proprement dit, Voyez BiLE, PHLEG- ME, MÉLANCOLIE , SANG. De-là, fuivant que telle ou telle de ces humeurs domine dansun {ujét, on dit qu'il eft. d’un serpéra= ment biieux, phlegmatique, mélancolique: fanouin, Éc. Foy. SANGUIN, MÉLANCOLIQUE, BiLIEUX, Éc. Les anciens médecins prétendoient que le zempe- rament animal répondoit au sempérament univer{el décrit ci-defius..Ainfison eroyoit que le tempérament fanguin répondoit au tempérament chaud & humide, le cempérament flegmätique au smpérament froid & humide, le sempéramens mélancolique au sepérament froid & {ec ; &c. Galien introduifit dans la médecine la doärine des tempéramens qu'il avoit tirée des Péripatcticiens, &c il en fit comme latbale-de toute la Médecine. L'art de guérir les maladies ne confftoit, felon jui, qu'à tempérer les degrés des qualirés des humeurs, &c, Voyez GALÉRIQUE DEGRÉ, &c. | Dans la médecine. d'aujourd'hui on confidere beaucoup moinsiessempéramens. Le doéteur Quincy, & d’autres auteurs méchaniciens, retranchent la plus grande partie de la doëtrine de Galien, comme inutile & incertaine, & regardent feulement les ze71- péramens comme des diverfités dans le fang de diffé rentes perfonnes, qui rendent ce liquide plus capa- ble dans un corps que dans un autre , à de certaines combinaiions , c’eft-à-dire de tourner vers la bile, le phlegme, &c. D'où, fuivant ces auteurs, les gens iont nommés bieux,, phlegmatiques, &c. Voyez SANG. Lesanciens diftinguoient deux fortes de sempéra- mens dans un même corps ; l’un qu’ils nommoient «d pondus , l'autre qu'ils noimioient 44 juflisiam. Le sempérament ad pondus eft celui où les qualités élémentaires fe trouvent en quantités & en propor- tions égales: c’eft ainfi qu'on les fuppoloïit dans la peau des doigts ; fans quoi ces parties ne pourroïent pas diftinguer aflez exaétement les objets. Le rempérament ad juflitiam eft cel où les qua- lités élémentaires ne {ont pas en proportions éga- les, mais feulement autant qu’il eft néceflaire pour lafonétion propre à une partie. Teleft le sempera- ment dans nos os, qui contient plus de parties terreu- fes que d’aqueufes, añn d’être plus dur & plus foli- de pour remplir fa fonétion de ioutenir. Galien obferve que le sempérament ad pondus n’eft qu'imaginaire; & quand il feroir réel, il ne pourroit fubffter qu’un moment. Le doéteur Pitcairn regarde Les sempéramens com- me autant de maladies naturelles. Selon cet auteur, une perfonne de quelque serspérament qw’elle foit , a en elle-mêmeles femences d’une maladie réelle; un tempérament particulier fuppofant toujours que cer- taines fécrérions font en plus grande proportion qu'il ne convient pour une longue vie. Comme les différences des erpéramens ne font autre chofe que des différences de proportions dans la quantité des liquides, lefquelles proportions peu- vent varier à l'infini; 1l peut.y avoir par conféquent une infinité de sempéramens, quoique les auteurs n'en aient fuppofé que quatre. Ce qu’on appelle d’ordi- naire sempérament lañnguin, Pitcairn dit que ce r’eft qu'une plérhore. Voyez PLÉTHORE. TEMPÉRAMENT, {.m. ez Mufique, eft la maniere de modifier tellement les fons, qu’au moyen d’une légere altération dans la jufte proportion des 1n- tervalles, on puiffe employer les mêmes cordes à former divers intervalles, & à moduler en différens tons, fans déplaire à l'oreille, li ( Pythagore , TEM Pythagore, qui trouva le premier Les rapports des ntervalles harmoniques, prétendoit que ces rap- ports fuflent obfervés dans toute a rigueur mathe- matiques fans rien accorder à la tolérance de loreil- le. Certe févérité pouvoït être bonne pour fon tems, où toute l'étendue du fyftème fe bornoit encore à ur fi petit nombre de cordes. Mais comme la plûüpart des inftrumens des anciens étoient compolés de cor- des qui fe touchoient à wide, & qu’il leur falloit , par conféquent, une corde pour chaque fon;à mefure que le fyflème s’étendit, ils ne tarderent pas à s’ap- percevoir que la regle de Pythagore eût trop multi- plié les cordes, &c empêché d’en tirertous lesufages dont elles étorent fufceptibles, Arittoxene , difciple dAriftote, voyant combien l’exaétitude des calculs de Pythagore étoit nuïfible au progrès de la Mufique , &t à la facilité de exécution, prit l’autre extrémité ; êt abandonnant prefque entierement ces caleuis, il s’en rapporta uniquement au jugement de l'oreille , ‘êt rejetta comme inutile tout ce que Pythagor avoit Cela fotia dans la Mufique deux fetes qui ont Îong-tèms fubfité chez les Grecs; l'une , des Arifto- xémens, qui étoient les muficiens de pratique ; & l'autre, des Pythagoriciens , qui étoient les philoz ophess _- . MSNM Dans a fuite, Ptolomée & Dydime trouvant ; âvec raïon, que Pythagore & Ariftoxene avoient donné dansdes extrémités également infoutenables ; &t confultant à la-fois le fens &z la raifon , travaille- rent chacun de leur côté à la réforme de l’ancien {yf- ème diatonique, Mais comme ils ne s’éloignerent pas des principes établis pour la divifion des tétracordes, &c que reconnoiïflant la différence du ton majeur au ton mineur , 1ls n’oferent toucher à celui-ci pour le partager comme l’autre par une corde chromatique en deux parties égales , le fyftème général demeura éncore long-tems dans un état d’imperfe&ion qui ne permeftoit pas d’appercevoirlevrai principe dusem- pérafént, 2 7. Enfin Güy d’Arezzé vint, qui refondit en quelque nañiere la Mufque, & quiinventa , dit-on, le cla- Vecin. Orileft certain que cetinftrument n’a pu fub- fifier , non plus que l'orgue, du-moins tels ou à-peu- prés que nous les connoïflons aujourd’hui, que l’on n'ait er rnêrhe tems trouvé le sempérament , ans le- quel ileftimpofible de les äccorder. Ces diverfes in- ventions , dans quelque tems qu’elles aient été trou: vées , n’ont donc pu être fort éloignées l’une de l’au- tre ; c'eft tout ce que nous én favons; Mais quoique la regle du £empérament foit connue depuis lone-temis, il n’en éft pas de même du principe fur lequel elle eft établie. Le fécle dernier qui fut le fiecle des découvertes en tout genre , eff le premier Qui noûs ait donné dés lumieres bien nettes {ur cette pratique. Le pete Merfenne & M. Loullié {e font éxercés à en nous en donner dés regles. M. Sauveur a trouvé des divifions de l’oétaye qui fourniffent tous les sempéramens poffibles, Enfin M. Rameau , après touslesautres , a cru developper tout de nouveau la Véritable théorie du sempérament, & a même prêten: du fur cette théorie établir fous fon nomune pratique frés-ancienne dont fous parlerons bientôt. En voilà aflez fur l’hiftoire du 2mpérament; pañlons à la chofe même; .* | Si l'on accorde bien jufte qüafré quintes de fuite Comme #, fol, ré, la, mi, on tfouvera que cette Quatrieme quinte 71, feraavec l’ur une tierce majeu- te difcordante, & de beaucoup trop forte; c’eft que ce 7r1 engendré conime quinte de /z, n’eit pas le mé- ime fon qui doit faite la tierce majeure de l’ur. En voici la raïfon. Le rapport de la quinte eft de2à3, où, fi l’on veut , dx à 3 ; carc’eftici la même chole, 2 & 1 Étant l’oftave l’un de l’autre ; ainfi la fuccet- _Tome AVI, | T'EM fon des auintés fotmañt une prosreflof triple , On aura ver, fol 3,réo, (427,8 mir, Confidérons maintenant ce "7 comme tieïcé tas jeure d’xs. Son rapporteft4, 5 out, $ ; car 4 n’eft que la double oétave d’r, $i nous rapprochôns doc: tave en octave ce 721 du précédent, noustronvèrons ME $ , 7nÉ 10 , mi 20, ni 40 & m1 80 ; aïnfi la quinté de a étant mi 81, la tiérce majeure d’ur ef y So ÿ ces deux 721 ne {ont donc pas le même ; leur rapport eft 57 : ce qui fait précifément le comma majeur, D'un autre côté ; fi nous procédons de quinté éfr quinte jufqu’à la douzieme, puiffance d’ze qui eft le Æ dièfe , nous trouverons que ce 1 excede l’z3 dont il devroit faire Puniflon, & qu'il eft avec lui en rap: port de ÿ31441 à 524188, rappoït aùi donne lé comma de Pythagore. De forte que parle calcul pré- cédent le Z dièle devroit exceder l’z de trois com: ma majeurs, & par celui-ci ; il doit feulement l'ex: céder du comma de Pythagore. | Mais il faut que Le ntême fon #: qui fait là quinté du Z+ ; ferve encore à faire la tierce majeure de lu à il faut que le même f dièfe ; qui forme la tréizieme quinte de ce même wz , en fafle en même tems l’oc- tave , 6 1l faut enfin que ces deux différentes regles fe combinent de mamiere qu’elles concourent à Ja cohftitution générale de tout le {yftème. C’eft 14 maniere d'exécuter tout cela qu’on appelle rempez rament, À Si oh actorde toutes les quintés juftes ; toutes les tierces majeures feront trop fortes, paï conféquent les tierces mineures trop foibles , &c la partition, aus lieu de fe trouver jufte , vôyez PARTITION > dons nera à la treizieme quinte une oûtave de beaucoup trop forte: S1 l'on diminué chaque quiñte de la quatriemé partie du comma majeur, les tierces majeures feront très-juites ; mais lestierces mineures feront encore trop foibles ; & auand on fera au bout de la parti= uon, on trouvera l’oétave faufle , & trop foible dé beaucoup: Que f Pon diminue proportionnellement châqué quinte ( c’eft Le fyftème de M. Rameau), feulement de la douzieme partie du comma de Pythagore, ce fera la difiribution la plus égale qu'on puiile imagi- ner, &C la païtition fe trouvera jufte ; mais toutes les tierces majeures feront trop fortes: Tout ceci n’eft que des conféqueticés nécefaires de ce que nous venons d'établir, & l’on peut voir par-là qu'il eftimpofñlible d'éviter tous les inconvé: riens. Onne fauroit gagner d’un côté qu’on ne perde de l’autre, Voyons de quelle maniere on combiné tout cela; & comment par le tempérament ordinaire on met cette perte même à profit. Il faut d’abord remarquer ces trois chofes : 1°: que l'oreille qui fouffre & demande même quelqué afoibhffement dans la quinte, eft bleflée de la moin: dre altération dans la jufteffe de la tierce majeure. 2°; Qu'en tempérant les quintes,comme on voudra, il eft impofñble d’avoir jamais toutes les tierces juftess 3°. Qu'il y a des tons beaucoup moins ufités que d’autres, & qu’on n’emploie guere ces premiers qué pour les morceaux d’expreffion. | Relativement à ces obfervations , les réglés du tempérament doivent donc être 1°, de rendre autant qu'il eft poffible les tierces juftes, même aux dépens des quintes , 6£ de rejetter dans les tons qu’on em: ploïe le moins celles qwon eft contraint d’altérer 5 car par cette méthode on fait entendre ces tierces lé plus rarement qu'il fe peut, & l’on les referve pour les morceaux d’expreflion qui demandent une hara monte plus extraordinaire. Or c’eft ce qu’on obferve parfaitement par la regle commune du sempéremenr, Pour cela 1°. on commence par lu du milieu du clavier ; & l’on affoiblit les quatre Reise quinteé 58 TEM en montant , jufqu'à ce que la quatrieme 77i-faffe [a tierce majeure bien jufte avec Le premier fon ut, Ce qu’on appelle la preuve, 2°. En continuant d accor- dér par quintes , dès qu’on eft arrivé fur les diètes , on renforce les quintes, quoique les tierces en fouf- frent , & l’on s’arrète quand on eft arrivé au fo/dièfe. 3°. On reprend lus, 6 lon accorde les quintes en defcendant, favoir, fa » bémol, Éc. en les renfor- cent toujours, Jufqu’à ce qu on foit parvenu au ré bés mol, lequel , pris comme #7 dièfe , doit fe trouver d'accord, & faire la quinte avec le /o/ dièfe auquel on s’étoit arrêté. Les dernieres quintes fe trouveront un peu fortes . de même que les tierces. Mais cette dureté fera fupportable, la partition eft bien faite, &t d’ailleurs ces quintes par leur fituation font ra- rement dans le cas d’être employées. Les muficiens & les faéteurs regardent cette ma- niere de sempérament comme la plus parfaite que Von puifle pratiquer; en effet , Lestons naturels Jouifient par cette méthode de toute la pureté de Fharmonie, & les tons tranfpofés qui forment des modulations peu ufitées , offrent encore des reflources au mu cien auandila befoin d’exprefhons dures Gt marquées. Car il eft bon d’obferver, dit M. Rameau, que nous recevons des impreffions différentes des intervalles à proportion de leurs différentes altérations. Par exemple, latierce majeure qui nous exçite naturel lement à la joie , nous imprime jufqu'à des idées de fureur lorfqu’elle efttrop forte > Ja tierce mineure qui nous porte naturellement à la douceur êc AALE tendrefle , nous attrifte lorfqw’elle efttr op foible, _ Les habiles muficiens, continue le même auteur, favent profiter à -propos de ces différens effets des intervalles, & font valoir par Pexpreflion auw’ils en tirent, l’altération qu'on pourroit y condamner, Mais dans fa génération harmonique, M, Rameau parle bien un autre langage. Il fe reproche fa condef- cendance pour l’ufage actuel ; &t détruifant en un mo- ment tout ce qu'il avoit établi auparavant, il donne une formule d’onze moyennes proportionnelles entre les deuxtermes de l’oftave, fur laquelleil veut qu’on regle toute la fucceffon du fyflème chromatique; de forte que ce fyfème réfultant de douze femi-tons parfaitement égaux, c’eft une néceflité que tous les intervalles femblables quienferont formés foient auf parfaitement égaux entreeux. ; Pour la pratique, prenez, dit-il, telle touche du clavecin qu'il vous plaira ; accordez-en d’abord la quinte jufte, puis diminuez-la f peu que rien, pro- cédez ainfi d’une quinte à l’autre toujours en mon- tant, c’eft-à-dire du grave à l'aigu, jufqu’à la derniere dont le fon aigu'aura été le grave de la premiere , vous pouvez être certain que le clavecin fera bien d'accord, &c: Te M Il ne paroït pas que ce fyflème ait été goûté des muficiens , ni des facteurs. Le premier ne peut fe re- foudre à fe priver de la variété qu'il trouve dans les différentes impreflions qu'occafonne le smpéramenr. M. Rameau a beau lui dire qu'il fe trompe, & que le goût de variété fe prend dans l’entrelacement des modes , & nullement dans l’altération desintervalles; le muñcien répond que Pun n'exclut pas l'autre, & ne fe tient pas convaincu par une affertion. A l'égard des faéteurs , ils trouvent qu'un clavecin accordé de cette maniere n’eft point aufli bien d’ac- cord que laflure M. Rameau ; les tierces majeures leur paroïffent dures &7 choquantes ; & quand on leur répond qu'ils n’ont qu'à s’accoutumer à Paltération des tierces , comme ils l’étoient ci-devant à celles des quintes , ilsrepliquent qu'ils ne conçoivent pas comment l'orgue pourra s’accoutumer à ne plus faire les battemens défagréables qu’on y entend par cette mamere de l’accorder: Le pere Merfenne remarque que de fon tems plufieurs pénfoient que les premiers T EM qui pratiquerent fur le clavecin les femi-tons, quil appelle finies , accorderent d’abord toutes les quin- tes à-peu-près juftes, felon l'accord égal que nous propofe aujourd’hui M. Rameau;mais que leur oreille ne pouvant fouffrir la difonance des tierces majeures néceflairementtrop fortes,ilstempérerentl’accord en affoibliffant les quintes pour baïffer lestierces majeu- res. Voilà ce que dit le pere Merfenne. Je ne dois point finir cet article fans avertir ceux qui voudront lire le chapitre de la génération harmo- nique , où M. Rameau traite la théorie du rempéra- ment, de ne pas être furpris s’ils ne viennent pas à bout de l'entendre, puifqu'il eft aifé de voir que ce chapitre a été fait par deux hommes qui ne s’enten- doient pas même l’un l’autre, favoir un mathémati- cien &c un muficien, La théorie du rempérament offre une petite diffi- culté de phyfque , de laquelle il ne paroït pas qu’on fe {oit beaucoup mis en peine jufqu’à préfent. Le plaifir mufñcal, difent les phyficiens , dépend de la perception des rapports des fons. Ces rapports {ont-ils fimples ? les intervalles font confonans , les fons plaifent à Poreille, Mais dès que ces rapports deviennent trop compofés, lame ne les apperçoit plus, & cela forme la diffonance. Si l’uniflon nous plait, c’eft qu'il y a rapport d'égalité qui eft le plus fimple de tous ; dans l’otave, le rapport eft d’un à deux, c’eft un rapport fimple, toutes fes puiffances font dans le même cas; c’eft roujours parla fimplicité des rapports que notre oreille faïfit avec plaïfir les tierces , lés quintes, & toutes les confonnances ; dès que le rapport devient plus compofé feulement com- me de 8 à9 , ou de 9 à 10, l'oreille eft choquée ; - elle eft écorchée quandil eft der à16 Cela étant, je dis qu’un clavecin parfaitement d’ac- cord, devroit , étant bien joué , produire la plus af- freufe cacophonie que lon puiffe jamais entendre; prenons la quinte we , fol, on rapport efl=, rapport fimple & facile à appercevoir; maisila fallu dimi- nuer cette quinte ; 6 cette diminution qui eft d’un quart de comma, formant une nouvelle raïfon, le rapport de la quinte w, fol, ainf tempérée , ef juf- ht mac tement de 2 V 8o %x V 81,à 240. Je demande donc en vertu de quot, un intervalle dont les termes font en telle raifon , n’écorche paslesoreilles. Si lon chicane , & qu'on foutienne qu’une telle quinte neft pas harmonieufe ; je dis en prémier lieu que fi Von eft inftruit, ou qu’on ait de lorellle, c’eft parier de mauvaife foi; car tous les-muficiens favent bien Îe contraire : de plus , f l’on nadmet pas cette qunte ainf altérée , on ne fauroit nier, du-moins, qu’une quinte parfaitement jufte ne foit fufceptible de quelque altération fans être moins agréable à l’o. reille. Or il faut remarquer que, plus cette altération fera petite , & plus Le rapport qui en réfultera fera compoié ; d’où ils’enfuit, qu'une quinte peu altérée devroit déplaire encore plus que celle qui le feroit davantage, Dira-t-on que dans une petite altération, l'oreille fupplée à ce qui manque à la jufteffe de l'accord, & fuppofe cetaccord dans toute fon exaétitude à qu'on eflaye donc d'écouter une oftave fauffe ; qu’on y fup- plée ; qu'on y fuppofe tout ce qu'on voudra , & qu'on tâche de la trouver agréable. (S | TEMPERANT ,ady, (Thérapeutig.) remede tempé. rant , ou fédatif; c’eft un nom que les Médecins mo- dernes donnent à certains remedes, ou bien c’eft une certaine vertu de remede déterminée par les modernes , &c aflez mal déterminée , & qui confitte felon l'idée qu'ils attachent à ce mot , à calmer l’or- gane , ou la fougue des humeurs , & l’aftion excef- five des folides : cette vertu paroït compofée de Pa nodine ; de la raïraïchiflante , de l’antiphlogiftique , TEM $c de lantifpafmodique ; & de toutes celles-Ià, il paroit par la propriété dominante connue des réme- des auxquels on a donné le titre de sempérant, ou fé- daiif, que ç’eft la vertu rafraichiflante à laquelle elle eft le plus analogue. | : Ces remedes font les acides, le nitre, & le fel fé- datifque M. Baron qui a plus travaillé fur ce fel qu’au- cun autre chimifte, croit ne devoir fa vertu fédative qu'à un principe acide : fur quoi on peut obferver que fi ce principe acide n’eft pas bien démontré, la vertu fédative du fei fédatif eft moins démontrée encore. | Quant à la qualité epérarre du nitre, elle paroit un peu plus conftatée; mais malgré l’autorité de Sthal, êc les éloges qu’il donne au nitre( voyez Nr- TRE },nifes estets le plus clairement annoncés, ni fes effets aflurément moins bien définis par cette qua- lification de tempérant , ne font encore des chofes re- connues en médecine fans contradi@ion. ( 2) TEMPÉRANCE , f £ ( Morale. ) la rempérañce dans un fens général, eft une fage modération qui retient dans de juftes bornes nos defirs, nos fenri- mens, & nos pañlions ; cette vertu fi rare, porte les hommes à fe pafler du fuperflu. Le fage dédaigne les moyens pénibles que l'art a inventés pour fe procu- rer l'aile, & ce qu'on nomme fauflement /e plaifer ; il fe contente de ia fimplicité naturelle des chofes: modéré dans la jouiffance de ces mêmes objets, fon cœur n’eft point agité par la convoitife , remperat a luxuria return. Mais nous prendrons ici la sermpérance dans une f- gnification plus limitée, pour une vertu qui met un frein à nos appétits corporels , & qui les contenant dans un milieu également éloigné de deux excès op- potes, les rend nôn-feulement innocens , maisutiles, & louables. | Parmi les vices que réprime la rempérance, les prin- cipaux font l’incontinence & la gourmandite, voyez ces deux mots. S’ileft d’autres vices contraires à la ternpérance , ils émanent de l’une ou de l’autre de ces deux fources, & par conféquent ces deux branches {ont la chaîteté & la fobriété. On ne doit pas confondre , comme on le fait {fou- vent, la continence avec la chafteté ; l’abus des ter- mes entraine avec foi la confufion des idées ; comme on peut être chafte fans s’aftreindre à la continence, tel aufli s’en fait une loi, qui pour cela n’eft pas cha- fte. La penfée toute feule peut fouiller la chafteté ; elle ne fufit pas pour enfreindre la continence ; tous les hommes fans diftinétion de tems, d'âge, de fexe, &t de qualités, font obligés d’être chaftes , mais au- cuns ne font obligés d’être continens. La continence confifte à s’abftenir des plaifirs de l'amour; la chafteté à ne jouir de ces plaïfirs, qu’au- tant que la loi naturelle Le permet. La continence, quoique volontaire , n’eft point eftimable par elle mème, &c ne le devient qu'autant qu’elle importe accidentellement à la pratique de quelque vertu, ou à l'exécution de quelque deflein généreux : hors de ces cas, elle mérite fouvent plus de blâme que d’é- loges. Quiconque eft conformé de maniere à pouvoir procréer fon femblable, a droit de le faire ; c’eft le droit ou la voix de la nature ; & cette voix mérite plus d’égard que les inflitutions humaines, qui fem- blent la contrarier, Je ne fais point de raiton qui _ oblige à une continence perpétuelle ; 1l en eft tout au plus qui la rendent néceflaire pour un tems ; mais c'en eft aflez fur cet article. | Quant aux autres appétits fenfuels oppofés à la tempérance , je n’apporterai que la feule réflexion de M. J.J. Roufleau , fur le peu de fagefle qu'il y a de s’y livrer. « Puifque la vie eft courte, dit-il, c’eft » une raïfon de difpenfer ayec économie fa durée, JE XVI, 3 LE Mi j9 » afin d'en tirer le meilleur parti: quil eft poflible, # Srun Jour de fatiété nous Ôteun an de jouiffance, » Cell une mauvaïfe philofophie d’aller jufqu'où Le » defir nous mene, fans confidérer f nous ne fe- » rons point plutôt au bout de nos facultés que de » notre Carriere, &c finotre cœur épuifé ne moutra » point avant nous. Il arrive que ces vulgaires épi- » Curiens toujours ennuyés awfein des pluGrs, n’en » goûtent réeilement aucun. Ils prodiguent le tems » quäls penfent économifer, & fe ruinent comme » les avares, pour ne favoir rien perdre à propos ». (2-00 Te TEMPÉRATURE , voyez TEMPÉRAMENT. TEMPÉRATURE, LEMPÉRAMENT, INTEMPÉRIE) ( Langue franç. ) le premier fe dit de l’air, & le fe- cond de la conftitution naturelle des hommes; mais intempérie Le dit de lait & des humeurs. Tempérament {e dit encore en agriculture des ter- res, & figurément en morale , d’un adouciffement, d’un milieu qu’on cherche, ou qu’on trouve en affai- res, pour accorder des parties. ( D. J. TEMPÉRE , adj. ( Géog. ) z0nes rempérées, font les deux zones qui font entre la zone torride & la zone froide ; l’une dans l’hémiphere feptentrional , l’autre dans l’hémifphere méridional. On les ap- pelle sempérées , parce que la chaleur y eft beaucoup moindre que dans la zone torride , &.le froid moin- dre que dans les zones froides. Les habitans de ces zones participent d'autant plus de la chaleur où. du froid, qu'ils {ont plus près dela zone sempérée ou de la zone froide, & Le climat que nous habitons , eit peut-être à cet égard le plus doux & le plus repéré qui foit fur la terre, (©) TEMPÊTE, { f. ( Phyf.) agitation violente de l’air avec de la pluie ou fans pluie, ou avec de la grê- le , de la neige, &c. Voyez VENT, OurAGAN, &r. Il y a des endroits dans la mer plus fujets que d’au- tres aux tempêtes; par exemple, vers la partie fep- tentrionale de l’équateur,entre le quatrieme & le di: xieme degré de latitude, & entre les méridiens qui s’étendent au-delà des iles hefpérides. On a tou- jours entre les mois d'Avril & de Septembre, du tonnerre , des éclairs , des ouragans , des ondées, &c, qui fe fuccedent fort vite Les uns aux autres ; il fait auffi fouvent des tempéres proche les côtes d’Angola. Muffch, effai de Phyfique. (O }: | Tempête, ( Mychol. ) les Romains avoient déi- _fié la Tempéte ou les tempéres ; elle avoit un temple à Rome, Ovide, dans le VI. liv. des Faftes : Té quoque Tempeftas , meritäm delubra fatemur, Cm penè eft Corfis obruta claffis aquis. « Nousavouons que la Tempérsa mérité des tem- » ples quand notre flotte fut prefque fubmergée près » de Corfe », Cela arriva lan de Rome 494: lorf- que le vieux Scipion qui étoit alors conful, prit Cor- le, fes vaifleaux furent en grand danger; c’eft pour- quoi il voua un temple à la Temipéte dans le premier quartier de Rome; c’eft ce qu'il eff facile de jufu- fier par un monument de ce tems-là, que Gafiendi rapporte dans la vie de M. de Peiresk. On ne fera pas fâché de le lire ici; car c’eft uné chofe aflez curieufe de voir de quelle maniere les premiers latins écrivotent leur langue. Honc. Oino. Ploirume. confentiont. R. Duonoro. Optimo. Fuiffe. Viro. Luciom. Scipione. filios. Barbati. Confol. Cenfor, Aidilis, Hic Fuë. A. Hic cepie. Corfica. Alrériaque Ur- be dedet. tempeflatibus, Aide Mereto. Voici comment on l’écriroit aujourd’hui, Æune unum plurimi confentiunt Romani bonorum optimnurt faille virum Scipioñem , filius Barbati, confut, cenfor ; ædilis , hic fuit, aurem hic cepit Corficam , A'tertam que wrbem, dedie tempe/latibus ædem merird “ c’eft- » à-dire, la plüpart des Romains GRSSE d'accord, 1] 60 TEM » quebucius Scipion fils de Barbatus , étoit le plus » honnête homme de la république ; 1l fut conful, » cenfeur,, & édile ; il prit Corle & la ville d’Alté- » ria, & il confacra aux sempétes le temple qu'elles »-avoient bien mérité ». (D. J. * Témpêre, ( Peine. poéiig.) voilà le phénomène de la nature , fur lequel les anciens poëtes ont le plus exercé leurs talens; mais de l’aveu des connoii- feurs, c’eft Virgile qui a remporté le prix dans cette carriere ; je n’excepte pas même Homere, quoique le prince des poëtes latins ait pris la defcription du F. livre de l’odiffée pour modele. Celle de Lucan, liv, F. eft peut-être ridicule; & celle d'Ovide , Me- tam, II, & Trifi. I. eft certainement trop badine; mais Virgile s’eft furpaffé par la vérité du coloris, la force & la grandeur des images. Je relis avec un nouveau plaifir fa defcription, pour la trentieme fois, êg je croirois manquer au bon goût, que de ne la pas tranfcrire dans cet ouvrage. Venti velut agmine faëlo , Qué data porta ruunt ; 6 terras turbine perflans, iacubuere mari , tocumque a fedibus 1rmis Una Eurufque Notufquetruunt, creberque procellis Aphricus , &vaflos volvuntad littora fluilus. {nfequitur , clamorque vtrum, féridorque rudentuin, Eripiunt fubird rubes | cœlurmique, diemque Tencrorum ex oculis , porto nox% incubat atra : Intonuere poli, G\crebris micat ignibus æther. Prefintemque viris intentant OIILIA MmOrLeNT Talia jaélantifiridens Aquilone procella V'elum adverfa ferit , fluitufque ad fidera sollis : Franguntur remit, étui prora avertit, 6 undis Dai latus , infequiur curnulo præruptus aquæ mons. Hi fummo in fluëlu pendent . his unda d:hifcens Terram inter flutus aperit , furit œffus aremis. Tres Notus abreptas in faxa latentta torquet , Saxa vocantTtali , mediis que fluchibus àras, Dorfum immane mari fummo , tres Eurus ab alio În brevia & fyrteisurget, miferabile vifu, Lilidiique vadis, atque aggere CINQLE arerlœ, Unam, que Lycios, fidumque vehebat Orontem, Ipfius ante oculos 1ngens d vertice pOnRIUS În puppim ferit , excutitur , pronufque imagifler Voivitur in caput ; af 1llam ter fluctus bien Torquet agens cireum , & rapidus vorat æquore vortex. Apparent rari nantes in gurgite Vaffo : Arma virhm , tabulæque & Troïa gaza per undas, Jam validam Îlionei navem , jam fortis Achatæ Et qua veëtus Abas, © qua grandævus Aluthes Vicit hyems , laxis laterum compagibus omnes Accipinat inimicum imbrem , rimifque fatifcunt. Æneid. L.L v. 87. &c. & 106. Fc. A l'inftant tous les vents en foule fortentimpétueu- fement de leurs cavernes , & fe répandant fur la terre & fur la mer, y excitent la plus affreufe rempéte. Le jour fuit ; les nuages épais dérobent le ciel aux Troiens, & les plongent dans les ténebres. Les cris des matelots, le bruit des cordages, la nuit répandue fur les ondes , les fréquens éclairs dont Pair eften- flammé , le tonnerre qui gronde au feptentrion êc au midi,tout offre l’image d’une mort inévitable. La rem- péte augmente , & l’aquilon luttant contre les voiles , déploie fes fureurssiléleve les vagues jufqu'auxnues, & brifeles rames; la proue des navires fe renverfe,ëe ils prêtent le flanc aux vagues qui, comme de hautes montagnes , les accablent; les navires femblent tan- tôt plongés dans le fein de la mer, tantôt élevés jufqu’aux nues ; trois furent jettés par le vent du fud ur des bancs de fable, & contre ces vañtes rochers à fleur d’eau , que nous appellons auxels ; trois furent emportés parle vent d’eft vers les Syrtes , où ils tou- cherent les fables & échouerent; celui qui portoit le fidele Oronte, & lesLyciens , reçut un coup de va- TEM gue qui fubmeté&ea fa poupe dans les flots; Le piloté tombe , le vaifleau tourne, & eft bientôt entevel dans les gouffres de Neptune ; à peine un petit nom bre de ceux quile montoient, püt-il fe fauver à la nage ; on voit flotter au tour d’eux les débris de leur naufrage ; déja les navires d'Ilionée, d’Acate , d’A= bas , & du vieux Alethès , fuccombent fous les fu: reutrs de la rempére. Tous enfin fracaflés & entr'ou- verts, font eau de toutes parts, & font prets d’être engloutis. - 4 Entre lesmodernés , les Anglois ont excellé. Y a: t-il ailleurs de plus belle defcription de sempéte que celles de Milton, du chevalier Blackmore , & de M. Thompfon. Il eft difficile de rendre leurs vers en notre lans gue, Voici une efquifie de la sempére du dernier des trois poëtes que j’ai nommés, Tout eft dans Pétonnement , la crainte, & Île fi: lence , quand tout-à-coup Péclair fe montre au fud, à œil effrayé; le tonnerre qui le fuit plus lentement, fait entendre fa voix terrible à-travers les nuages, dans la vafte étendue de l’air ; la serpére eronde &z réfonne dans les cieux ; mais quand l'orage appro- che, qu'il roule fon terrible fardeau furles vents, les éclairs forment alors des fillons plus larges, & le bruit redouble. Auffitôt une flarame livide fe dé- ploie fur la tête, le nuage s'ouvre & fe ferme fans- cefle , fe ferme & s'ouvre encore, s’érend, &c en- veloppe tout dans une mer de feu ; le bruit fuit de près , augmente , brife fesliens , s’approfondit, de- * vient une confufion ; le fracas répété, écrafe & dé- chire le ciel &c la terre. Un déluge de grêle bruyante , & de pluie chaude en grofles gouttes , fe précipite avec fracas, 6z les nuages ouverts verfent un fleuve entier ; cependant le flambeau de linvincible éclair n’eft pas encore éteint ; 1l fait de nouveaux efforts; le tonnerre tour- noyant en balles rouges, déchire fierement, & al- lume les montagnes avec une rage redoublée; le pin brifé 8 noirci du coup , demeure-un tronc informe & hideux ; les troupeaux frappés, reftent étendus comme un grouppe inanimé : 101 , les douces brebis, avec le regard toujours innocent, femblent ruminer encore, le taureau paroit froncer le fourcil , &c le bœuf eft à moitié de bout. Lerocher efcarpé eff frap- pé du même coup, ainfi que la vénérable tour , & le temple en pyramide, qui tombent, &c perdent pour jamais leur ancien orgueil ; Les bois obfcurs tref- {aillent à l'éclair, & les arbres antiques, environnés de feux, tremblent jufque dans leurs profoñdes ra- cines ; lé rugiflement furieux retentit au nulieu des montagnes de Carnarvon, le fommet hériflé tombe en éclat dans la mer enflammée, détache des roches de Pennamaur , entaflées jufqu’aux cieux; la pointe de Snowden fe fondant, quitte fubitement fes neiges éternelles ; le haut du Chéviot plein de bruyeres , fe : woôft de loin enflammé , & Thulé retentit à travers fes iles les plus reculées. Enfin les nuages difperfés de la furface des cieux errent en défordre ; le firmament fans bornes s’éle- ve, & étend furle mondeunazur plus pur; la nature après la rempéte fe pare de nouveau ; l'éclat &z le calme fe répandent en un inftant à travers l'air qui s’éclaircit ; une écharpe éclatante de joie, ornée d’un rayon jaune, figne du danger pañlé, environne les champs baignés encore après l'orage. ( Le chevalier DEJAUCOURT.) TEMPIAT , ( Soirie. ) inftrument deftiné à tenir l’étoffe en largeur ; il eft garni de pointes qui entrent dans lalifiere de létoffe ; 1l eftcompofé de deux par- ties, dont l’une fe meut dans l’autre par le moyen. dune vis, qui fert à alonger ou à raccourcir fon étendue. TEM _ TEMPLE , TEÉMPE, L £ (Syronÿm. )on ne me indifféremment par ces deux termes, la partie double delatête , qui eft à Pextrémité du front, en tre les yeux &c les oreilles. L’académie françoife pré- fere rempleàtempe, & je ne crois pas qu’elle ait rai fon, car outre que rempe Ôté l’'équivoque , il répond au mot latin empora , qui défigne le tems ou l’âge de Phomme, à caufe que lepoil de cet endroit blanchit ordinairement le premier, De-là vient qu'Homere appelle poliocroraphes les hommes qui grifonnent ; en grec TOMOLPOTL DIE de FoIGE 9 chauve » & Hporapos cempora ; latempe. ( D. 7.) IVEMPLE, ÉGLISE , ( Synonym. ) ces motsfioni- fient un édifice deftiné à l'exercice public de la reli- gion ; mais semple eft du fivle pompeux ; éo/ife du ftyle ordinaire, du moins à l'égard de la religion ro- maine : car à l'égard du paganifme , & de la religion proteftante, on fe fert du mot de seple, même dans le ftyle ordinaire, au-lieu de celui d’éife. Ainfi lon . ditle sermple de Janus, le sriple de Charenton, legñ- fe de S, Sulpice, A _ Temple paroïtexprimer quelque chofe d’augufte, & fignifier proprement un édifice confacré à la divi- nité. Æglile paroit marquer quelque chofe de plus commun, & fgnifier particuherement un édifice fait pour l’aflémblée des fideles. - Rien de profane ne doit entrer dans le remple du Seigneur : on ne devroit permettre dans nos égrifes que. ce qui peut contribuer à l’édification des chré: tiens. L'efprit & le cœur de l’homme font les semples ché- ris du vrai Dieu ; c’eft-là qu'il veut être adoré ; en- vain on fréquente les. églifès , 1l n'écoute que ceux qui lui parlent dans leur intérieur. Les remples des faux dieux étoient autrefois des afyles pour les criminels ; mais c’eft, ce me femble, deshonorer celui du très-haut , que d’en faire un réfuge demalfaiteurs. Si lon ne peut apporter à Pe- glife un efprit de recueillement , al faut du moins y être d’un air modefte , la bienféance l'exige , ainf quela piété. Girard, ( D.J.) x FeMPie, { m, ( Archi, ) c’eft dans l’ancienne architecture , un bâtiment deftiné äu cuite divin., & où l’on fafoit les facrifices : ce bâtiment étoit com- poié de quatre parties, La premiere étoit fofmée par -desailes en forme de galerie, ou portiques, nommés pleromata. La feconde étoit un porche appellé p#0- 7405 ;-une partie à-peu-près femblable étoit oppofée à celle-ci ; & une troifieme beaucoup plus grande, -toit au-milieu de ces trois parties. L’art de Parchiteéture des semples étoit auffi perfec- “tionné que diverffié chez les Grecs & les Romains ; -mais 1] s’agit feulement d'expliquer iciles principaux ‘termes qui prouvent cette diverfité. Ternple amphirroftyle , où double proffile. Temple qui -avoit des colonnes devant & derriere, & qui étoit “aufñ tétraftyle. Woyez ci-après TEMPLE TÉTRAS- TILE. : Temple à antes. C’étoit, felon Vitruve, le plus fimple de tous les semples ; il n’avoit que despilaftres -angulaires, appellés ares ou paraflates, à fes encoi- .gnures , & deux colonnes d’ordre tofcan aux côtés -defa porte. >: Temple diptere. Temple qui avoit deux rangs de colonnes ifolées en fon circuit, & qui étoit o&tofty- le, c’eft-à-dire , avec huit colonnes de front; tel . étoit le remplede Diane à Ephefe. Le mot dipterevient “dugrec drrrepcc, qui a deux ailes. Temple hypétre. Temple dont la partie intérieure - Étoit à découvert, ainf que l'indique le mot Aypé ‘ tre , dérivé du grec sœaœiTpas , qui fignifie Lieu décou- . vert, Hétoit décaftyle,ouavec dix colonnes de front, &c avoit deux rangs de colonnes en fon pourtour ex- térieur , & un rang dans l'intérieur, Tel étoit le « fémple de Jupiter Olyinpien à Athenes Templemonoptere, Vempie rond & fans murailles, qui avoit un dômeporté ur des colonnes; c'eft aini quétoitle serple d'ApollonPythien, à Delphes, Temple périptere, Temple qui étoit décoré de Quas tre rangs de colonnes ilolées en fon pourtour, & qui étoit hexaftyle , c’eft-à-dire , avec fix colonnes de front ; comme le semple de l'Honneur & de l4 Vertu à Rome. Le mot péripiere eft formé de deux mois grecs , æep1, alentour , Gt œrepor, aile Temple périprere rond. Femple dont un rang de cos lonnes forme un porche circulaire , qui environne unerotonde, comme les semples de Vefta à Rome , &r dela Sybille à Tivoli, & une petite chapelle près S. Pierrein montorio, à Rome , bâtie par Bramante, fameux architette, | Temple proflyle, Temple qti n'avoit des colonnes qu'à la face antérieure , comme le semple d'ordre dorique de Cérès Eléuñs, en Grece. Le mot proflyle elt dérivé de deux mots @po, devanr ; 8 cuñce, cos lonne, Temple peudodiptere, où diptere imparfair, Temple qui avoit huit colonnes de front , avec un feul rang de colonnes qui régnoit au pourtour , Comme le sers 2 | gle de Diane, dans la ville de Magnefe.en Grece, Temple vésraftyle, Le mot grec rérpaslice, qui fis gnife quatre colonnes de front , caraGérife ce à temple, Vel étoit celui de la Fortune virile à Rome, (2.2) | | TEMPLE, de Dieu, (Critique facrée.) 1ewé rè Ovoë : ce mot, outre le fens propre d’un édifice confacré au culte public: de Dieu, fe prend au figuré dans l’Ecriture,r°. pourleféjour desbienheureux, 2°.pour l'Eglife de Jefus-Chrift. « L’antechtift,dit Saint Paul, .» ÎL, Theffalon. 1j, 4. fiégera dans le’remple de Dieu, » c’eft-à-dire,ufurpera dans FEclife le pouvoir &les » honneurs divins », 3°, Pour les fideles : Vous êtes le semple de Dien ; car l’efprit de Dieu habite‘en vous, I: Corinthi 7. 16. Un poëte grec a dit de la divi= nité ,« qu'elle trouve autant de plaïfir à habiter » chez les gens de‘bien que dans l'olympe. (D. J DEMPLE de Salomon, ( Hifi facrée.) David raf- fembla:lons-tèéms des matériaux pour la conftruc- tion de ce remple, que Salomon éleva fur le mont de Sion, & qu'il acheva dans le cours de deux ans & avec des dépenfes prodigieufes. Ce n’étoit cepen- dant qu'une mañe de bâtiment , qui n’avoit que cent cinquante piés de long, &c autant de large en pre- nant tout le corps de l'édifice d'un bout à l’autre, ce qui eft au-deflous de plufieurs de nos églifes pa- .roïffiales. On ne conçoit guere qu'un f petit édifice ait occupé cent foixante mille ouvriers, que les rois d'Egypte &c de Tyr fournirent à Salomon, au rap- port de Clément qui dit avoir lu cette particularité dans un ouvrage d'Alexandre Polyhiftor. Il faut donc fuppofer que c’étoit au travail exquis des ornemens &t des décorations intérieures, que la plñpart de ces ouvriers furent occupés. Le livre des chroniques, ch. 1. dit que la feule dépenfe des décorations du faint des faints, qui étoitune place de trente piés en quarré & de trente piés de haut, montoif à fix cens talens d’or. S'il ne s’eft point gliffé d'erreur dans le texte, C’eft une fomme de quatre mullions trois cens vingt mille livres fterling pour cette feule pat- tie du rerple, mais cela n’eft pas vraiflemblable. Les édifices extérieurs étoient fort confidérables s Car la cour dans laquelle le remple étoit placé, & celle du dehors nommée la cour des femmes, étoient envi- ronnées de bâtimens & de bâtimens magnifiques. Les portes qui y conduifoient , répondoient à cette magnificence. Enfin, la cour intérieure qui formoit un quarré de mille fept cens cinquante piés de chaque côté, & qui embrafloit tout le refte, étoit entourée d’une galerie foutenue de trois rangs de colonne à 62 TEM trois de fes côtés, &C de quatre rangs au quatrieme. C’étoit-là qu’étoient les logemens des prêtres & des lévites, & les magafins de toutes les chofes nécef- faires au culte pubhe. | he Au milieu de cette derniere enceinte étoit Le fanc- tuaire, le faint, & le veflibule. Le fanéiuaire for: moit un cube parfait, ayant trente piés en tous fens. Au milieu étoit placée l’arche.de l'alliance. À fes deux extrémités on voyoit deux chérubins dé quinze piés , A ce 4 de haut, un d’un côté, l’autre de Pautre, à égale. difiance du centre de l'arche & du mur de chaque coté. Ces chérubins, en étendant leurs aîles, occu- poient toute la largeur du fanétuaire 5 voilà pour- quoi PEcriture dit fi fouvent, que Dieu habitoit en- tre les chérubins. | * Le faint contenoit Le chandelier d’of, la table des pains de propofñtion , &x Pautel d’or, fur laquelle on offroit les parfums. Ce métal étoit femé avec profu* fon dans tout l'intérieur du remple; les tables, les chandeliers ; les vafes nombreux, de toutes efpeces, étoient d’of. L'auteur du ZI. des Paralyp. viy. x. dit noblement , pour en peindre l'éclat : 4ycfias Domini implevit domum , la majefté du Seigneur remplifoit fon palais. Na ce beau smple, depuis fa conftruction, ef= fuya bien des malheurs. [fut pillé fous Roboam par Sézac roi d'Egypte. Achaz roi de Juda le ferma, Manaflès le changea jufqu’à fa converfon , en récep- tacle de fuperfition & d'idolatrie. Enfin Fan 593 avant Jefus-Chrift, & la premiere du regne de Sédé- cias, Nabuchodonofor s'étant rendu maitre de Jéru- falem par la rebellion de } ehojakim, ruima le temple de Salomon , en enleva tous les vafes, tous les tré- fors qui y étoient , & les tranfponta à Babylone. On fait la fuite des événemens qui concernent ce remple. Il demeura enfeveli fous fes ruines pendant l’efpace de cinquante-deux ans, jufqu’à la premiere année du regne de Cyrus à Babylone. Ce prince, Van 536 avant Jefus-Chrift, permit aux Juifs de re- tourner à Jérufalem, & de rebâtir leur temple ; la dédicace s’en fit l'an 15 avant Notre Seigneur , &t la feptieme année du regne de Darius fils d'Hyftafpe. Ce fecond semple, dont on'‘trouvera Phiftoire au 7704 JérusALEM , fut pillé & prophané l'an 171 avant Jéfus-Chrift par Antiochus qui y fit un butin, qu'on eftima dix-huit cens talens d’or. Trois ans après, Ju- das Macchabée le purifia & y rétablit le culte de Dieu. Pompée s'étant rendu maitre de la ville l’an 63 avant Jefus-Chrift, fous le confulat de Catus Anto- nius & de Cicéron, il entra dans le semple, en vit toutes les richefles, & fe fit un fcrupule d'y tou- cher, Neuf ans après, Craflus moins religieux, les ravit par un pillage facrilege qui montoit à plus de deux millions fterlings. Hérode abattit ce triite édi- fice qui depuis cinq cens ans d’exiftance > avoit beaucoup fouffert &t des fieges des ennemis, & plus encore des injures du tems. Il éleva à fa place un nouveau semple qui fut réduit en cendre à la prife de Jérufalem par Titus. (D. TJ) | TempLes, (Lisérar.) Eft-ce la piété ou la fuperf- tition qui éleva tant de cemples fuperbes au culte des dieux? Pour moi je penfe que la politique fe flatta par de magnifiques ouvrages de Part, d'imprimer ‘plus de refpeét, & d’exciter plus de crainte dans Pefprit des peuples. | Les arbres furent les premiers autels, &c les champs les premiers remples. C’étoit fur des pierres brutes ou des mottes de gafon, que fe firent les premieres of- frandes à la Divinité. Dans des tems où l’on ne con- noifloit ni l’Architeure ni la Sculpture, on choifit pour le culte religieux des bois plantés fur des hau- teurs, & ces bois devinrent facrés ; on les éclaira de lumieres, parce qu'on y pañloit une, parte de la mut; on les erna de guirlandes & de bouquets de & fleurs ; on fufpendit dans les chapelles de treillage les dons à les offrandes. L’on y fit des repas publics; accompagnés dans les années fertiles, de chants, de danfes, &c de toutes les autres marques de la joie & de la reconnoiflance. | Les temples de pierre &t de marbre naquirent avec . Les progres de l’Archite@ure, Il arriva même alors, que pour conferver l’ancien ufage, on continua de planter des bois autour des semples , detles environ- ner de murailles ou de haies, &t ces bois pañloient pour facrés. | Bientôt on éleva dans les villes des zemples fuver- bes en l’honneur des dieux, & la Sculpture taïlla leurs flatues. Phidias, par l'effort d’un art également. . brillant & heureux, d'un bloe de marbre, fit Le dieu qui lance le tonnere. Tremblez , humaïns ; faites des vœux ; Voila le maïtre de la Terre ! C’eft en Egypte que la conftruétion des remplies prit naïflance. Elle fut portée de-là chez les Affy- riens, les Phéniciens & les Syriens, pafla dans la Greceavec les colonies, & de la Grece vint à Rome; Telle a été la marche conftante de la religion, des fciences & des beaux arts. IL n’y eut que quelque peuples, tels que les Perfes , les Indiens’, les Getes &£ les Daces qui perffterent dans le fentiment , qu’on ne devoit pas enfermer les dieux dans aucun édifice de la main des hoïnmes, quelque magnifique qu'il pût être: parietibus nunquam includendos deos , quibus omnia deberent effe patentia, comme s'exprime Cice- ron ; mais l'idée contraire des nations policées pré- valut dans le monde: Il arriva même, avec le tems, que chaque divinité eut fes remples favoris, dont elle ne dédaignoit point de porter le nom , & c’étoit-là que fon culte étoit le plus floriflant. Les villes qui leur étoient dévouées, & qui fe donnoient le titre ambitieux de villes fz- crées , tirant avantage du grand concours de peuple qui venoit de toutes parts à leurs folemnités, pre- noijent fous leur proteétion, ceux que la religion, la curiofité ou le libertinage y attiroient, les défen- doient comme des perfonnes inviolables , & com- battoient, pour lFimmunité de leurs rersples , avec autant de zele que pour le falut de la patrie. Pour en augmenter la vénération,1ls n’épargnoient ni la fomptuofité dés bâtimens, n1 la magmficence des décorations , ni la pompe des cérémonies. Les miracles 8 les prodiges excitant encore davantage le refpe@ & la dévotion populaire ,1ln°y avoit guere de remples renommés dont on ne publiât des chofes furprenantes. Dans les uns, les vents ne troubloient jamais les cendres de l'autel ; dans les autres il ne pleuvoit jamais, quoiqu'ils fuflent découverts. La fimplicité fuperftitieufe des peuples recevoit aveu- glément ces prétendues merveilles , & le zele inté- reffé des miniftres de la religion les foutenoir avec chaleur. L'afpe&t de ces semples étoit fort impoñfant. On trouvoit d’abord une grande place accompagnée de galeries couvertes en forme de portiques, à Pextré- mité de laquelle on voyoit le emple, dont la figure étoit le plus fouvent ronde ou quarrée. Il étoit ordi- nairement compofé de quatre parties ; favoir, d’un porche ou veftibule faifant la façade; d’une autre femblable piece à la partie oppofée; de deux aîles formées de chaque côté par divers rangs de co- lonnes; & du corps du semple appellé ce/la ou vais. Ces trois premieres parties ne fe trouvoient pas néanmoins dans tous les semples. Les semples envi- ronnés de colonnes de toutes parts, étoient appel” lés périprères : on leur donnoit le nom de diprères , quand il y en avoit double rang : tel étoit le fecond temple d'Ephèfe. TEM On peut voir dans Hérodote quelle étoit là ma- gmficence du smple de Vulcain à Memphis, que tant de rois eurent bien de la peine à achever; c’étoit une gtande gloire, fi dans un long regne un prince avoit pu en conftruire un portique. On con- noît la defcription du semple de Jupiter olympien par Paufanias. Le serple de Delphes étoit auffi fameux par fes oracles que par les préfens immenfes dont 1l étoit rempli. Le semple d’Ephele, qu’un infenfé brûla pour acquérir l’immortalité, pañloit pour un chef- d'œuvre de Part : on le rebâtit encore plus fuper- bement. Les semples de Minerve à Athènes & à Saïs ne font pas moins célebres. Le remple de Jupiter ca- pitolin à Rome, incendie tant de fois, épuifa la pro- digalité de Domitien pour le rebâtir. Le corps du panthéon fubfifte toujours dans fon entier fous le nom de l’églifè de rous Les faints , auxquels il eft con- facré, comme il Pétoit dans le paganiime, à tous les dieux. Le smple de la Paix failoit, au rapport de Pline, un des plus beaux ornemens de Rome, Enfin, rien n'étoit plus étonnant dans le paganifme que le temple de Belus,compofé de fept étages, dont le plus élevérenfermoit la ftatue de ce dieu. Il y a beaucoup d’autres semples moins célebres, dont nous tracetons Phiftoire avec quelque foin, parce qu’elle eft très- intéreflante. Les Antiquaires ont fait defliner le plan de quelques-uns de.ces fameux édifices, fur-tout le P. Montfaucon , qu’on peut confulter dans fon antig. explig. tom. ÎT. pag. 54. € fuiv. Le refpeët que lon avoit pour les semples répon- doit à leur beauté ; 1ls étoient, comme je Pai dit ,un lieu d’afyle pour les coupables &c pour les débiteurs; on n'oloit y cracher; &c dans les calamités publi- ques , les femmes venoient fe profterner dans le fanétuaire, pour en balayer le pavé avec leurs che- veux. Rarement les conquérans ofoïent en enlevet les richefles; car la politique & la religion contri- buoïient également à rendre ces monumens facrés & inviolables. | L'intérieur de tous ces semples étoit communément décoré deftatues de dieux &c de ftatues de grands hom- mes,de tableaux,de dorures,d’armes prifes fur les en- nemis, de trépiés, de boucliers votifs,& d’autres ri- chefles de ce genre, Outre ces fortes d’ornemens, on paroit Les reples, dans les jours de folemnité , des décorations les plus brillantes, & de toutes fortes de feftons de fleurs. | * De plus, comme ces smples étoient deftinés au culte des dieux, on avoit égard dans leur ftruéture, à la nature & aux fonétions qui leur étoient attri- bués. Ainfi, fuivant Vitruve, les semples de Jupiter foudroyant, du Ciel, du Soleil, de la Lune, & du dieu Fidius, devoient être découverts. On obfer- voit cette même convenance aans les ordres d’archi- tecture. Les serples de Minerve, de Mars & d’'Her- cule devoient être d'ordre dorique, dont la majefté convenoit à la vertu robufte de ces divinités. On employoit pour ceux de Vénus, de Flore, de Pro- ferpine, & des nymphes des eaux, l’ordre corin- thien , agrément des feuillages, des fleurs & des volutes dont 1l eft égayé, {ympathifant avec la _ beauté tendre & délicate de ces déefles. L'ordre ionique qui tenoit le milieu entre la févérité du do- tique & la délicatefle du corinthien, étoit mis en œuvre dans ceux de Junon, de Diane, & de Bac- chus, en qui l’on imaginoïit un jufte mélange d’agré- iment & de majefté, L'ouvrage ruffique étoit con- facré aux grottes des dieux champêtres. Enfin, tous les ornemens d’archite@ure que l’on voyoit dans les sezples, faïloient auffi-tôt connoïtre la divi- nité qui y préfidoit. Aurefte, ce né fut pas aux dieux feuls que lon bârit des semples, les Grecs , les Afatiques, & les Sy- #ens-en çonfacrerent à leurs bienfaiteurs ou à leurs | TEM 03 maîtres. Les lois romaines laifloient même la liberté aux proconfuls de recevoir des honneurs pareilss cet ufage même étoit établi dès le tems de la tépus blique , comme Suétone le remarque , & comme il feroit aifé de le prouver par un grand nombre d'exemples. (D. J.) TEMPLES DES ÉGYPTIENS. (Anrig, Éoypt. ) Voici la forme des remples d'Esvpte fuivant Strabon, À l'entrée du remple, dit-il, eft une cour pavée de la largeur d’un arpent, & de la longueur de trois , de quatre ou même davantage. Ce lieu s’appelle dromos en grec, mot qui veut dire la courfe, Le long de cet efpace, des deux côtés de la lara geur, font pofés des fphinx de pierre à vingt cou dées, & même plus de diflance l’un de l'autre, de forte qu'il y en a un rang à droite, & un rang à gauche. Après les fphinx eft un grand vefibule plus avant il y en a un fecond, puis un troifieme : mais n1 le nombre des veftibules, ni celui des fphinx n'eft fixé; il y en a plus ou moins, à proportion dé la longeur &c de la largeur des dromes, Après le veftibule eft le £erple qui a un grand par: vis, mais le remple même eft petit : il n’y a aucune figure, ou s’il y en a, ce n’eft point celle d’unhom= me, mais de quelque bête. Des deux côtés du pars vis s’étendent les aîles, ce font des murs audi hauts que le remple. D’abord leur diftance eft an peu plus grande que toute la largeur du remplie ; enfuite ellee ie rapprochent lune de l'autre jufaqu’à Cinquanté ou foixante coudées. Ces murailles font pleines-ds grandes figures {culptées pareilles aux ouvrages des Fofcans ou des anciens Grecs. Il y a auffi un bâtie ment facré foutenu fur un grand nombre de coloma nes, comme à Memphis, d’une fabrique dans le coût barbare ; car outre que les colomnes font grandes êÈ en grand nombre & difpofées en plufeurs rangs, il n'y 4 ni peinture m grace; c’eft plutôt un amas dé pierres qui a: couté inutilement beaucoup de tra vail. | | Les Esyptiens avoient des smples monolythes, ou faits d’un feul morceau de marbre fouillé duns des carrières éloignées, & qu’on avoit amenées par des machines, que nous ne pouvons confttuire aujours d'hui, tous favans que nous croyons être dans la méchanique. Rièn de plus fuperbe que leurs temples, dit Clé- ment d'Aléxandrie, (Pædap. lib. 171. Cap. 2. p. 216.) rien de plus grave que leurs facrificateuts; mais quand on entre dans le fanétuaire, & qué le prêtre levant le voile, offre aux yeux la divinité, il fit éclater de rire les fpettateurs à l'afpe@ de objet de fon adoration; on voit un chat, un crocodile ; un ferpent étranger qui fe roule fur des tapis de pourpre. C’eft là-deffus que faint Clément compare ces dieux égyptiens dans leurs semples aux femmes qui fe patent de riches habits; l'extérieur de ces fein- mes, continue-t-1l , eft magnifique, mais l’intérieur en eft méprifable, Ce que Clément d’Aléxandrie avance de la Map NI = ficence des emples de l'Egypte, eft confirmé par les hiftoriens prophanes. Hérodote, Lucien & autres, n’en parlent pas autrement : ils témoignent tous que l'Egypte avoit un grand nombre de mples plus ri- ches, &c plus fhlendides les uns que les autres. Tels étoient ceux d'Ifis & d'Ofris en général ; tels étoient en particulier ceux de Jupiter à Diofpolis, & à Her- munthis, celui de Vulcain à Memphis, & celui de Minerve à Sais. Nous parlerons de ces deux der- niers à leur rang. (D. J) TEMPLES DES GRECS. (Amrig. Greg.) Les Grecs avoient un fi grand nombre de remples , de chapelles. & d’autels, qu'on en trouvoit à chaque pas dans les villes, dans les bourgades & dans les campagnes, G TEM Pour s’en convaincre, on n'a qu'à lire les anciens auteurs, fur-tout Paufanias qui.s’eft attaché particu- dicrement à les décrire, &c qui enparle prefque à chaque page de fon voyage de la Grece. Pari tant de temples, Vitruve en edmirûit prin- cipalement quatre bâtis de marbre, &c fi-noblement entichis, qu'ils faifoient l’étonnement des plus grands connoïfieurs,êr étoient devenus la regle des bâtimens dans lés trois ordres d’architetture, Le dorien, lionien & le corinthien. RE Le premier de ces beaux oùvrages, étoit Le semple de Diane à Ephèfe ; le fecond celui d’ Apollon dans la ville de Milét, Puün &c l'autre d'ordre ionique ; le troifieme étoit le remps d'Eleufs, d'ordre dorique ; le quatrieme étoit le remple de Jupiter Glÿmpien à Athènes, d'ordre corinthien. On penfe bien que ces quatre semples ne feront pas oubliés dans notre lifte; il ne s’agit 1ci que d’obfervations générales fur tous Îles remples de la Grece. | Ils étaient partagés en plufieurs parties qu'il ef bon de diflinguer pour éntendie fes defcriptions qu’en font les hiftorrens: La premiere étoit le vefti- bule, où étoient la pifcine, dans laquelle lès prêtres, ædiüui ; puifoient l’eau lufttale , pour expier ceux qui vouloient entrer dans les zemples ; enfuite venoit la nef, umce ; 8 le lieu faint appellé pererrale, facra- rium , adytum, dans lequel il n’étoit pas permis aux particuliers d'entrer ; il y avoit enfin l'arriere semple, m1 Sodipos ; Mails tous n’avoient pas cette partie. Les temples grecs avoient fouvent des portiques, & tou- jours des marches pour y monter; il y en avoit auff plufieurs avec des galeries autour ; ces galeries étoient formées d’un rang de colonnes pofées à un certain efpace du mur couvertes de grandes pierres : ces fortes de remples fe nommoient pereprères, c’eit- à-dire, ailes; diprères, quand la galerie avoit deux tranos de colonnes ; pro/lyles, lorique Îles colonnes formoient le portique fans galerie; & enfin kype- thres , quand ils avoient en-dehors deux rangs de co- lonnes, &c autant en-dedans, tout le milieu étant découvert à-peu-près comme nos cloitres. Les Ro- mains imiterent toutes ces différentes fruétures. Vi- truve remarque encore d’autres particularités qu’on peut voir dans fon ouvrage : je n’en citerai que deux. 1°, Un semple ne pouvoit être confacré fans la fta- tue du dieu qui devoit être placée au milieu. Il y avoit au pié de la ftatue un autel fur lequel les pre- mieres offrandes qu’on faifoit, étoient de légumes cuites dans de l’eau, & une efpece de botullie qu'on diftribuoit aux ouvriers qui avoient élevé la ftatue. 2°. Quoique communément les hommes & les femmes entraflent dans les semples, il y en avoit dont l'entrée étoit défendue aux hommes; tel étoit éelui de Diane à Rome, dans la rue nommée Wicus- patricius , ainfi que Plutarque nous l’apprend ; & néanmoins tout Le monde pouvoit entrer dans les au- tres remples de cette déefle, On croit que la raïfon de cette défenfe venoit de ce qu’une femme qui prioit dans ce emple, y reçut Le plus fanglant affront. Enfin, les politiques confidérant la magnificence des remples de la Grece, le nombre de prêtres & de prétrefles de tous ordres qui les deflervoient, & les frais des facrifices ; les politiques , dis-je, deman- dent avec curiofité, par quel moyen on fuppléoit à de fi grandes dépenfes. Je réponds d’abord que les cemples à oracles n’avoient befoin de rien pour leur fubfftance; ils regorgeoient de préfens, &c les autres avoient des revenus particuliers qui leur étoient af- fectés: voici ceux de ma connoiffance. L'un de ces revenus à Athènes étoit le produit des amendes auxquelles on condamnoit les particuliers , amendes dont la dixieme partie appartenoit à Mi- nerve Poliade, & la cinquantieme aux autres dieux, TEM ët aux héros dont les tribus portoientle not, Des plus, lorfque les Prytanes ne tenoient pas les aflem- blées conformément aux lois, chacun d'eux étoit puni pat une amende de mille dragmes qu'il falloit payer à la déefle, Si les proëdres, c’eftà-dire, Les iénateurs chargés de faire À ces affemblées le rap= : port des matieres fur lefquelles on devoit dclibérer, rele faifotent pas fuivant les regles, 8 dans l’ordre prefcrit, ils étoient auffi condamnés à üne amende de quarante dragmes, appliquée comme l’autre au profit de Minerve, ce qui devoit l’enrichir., Outre cette efpece de revenu appartenant en éom- mun aux dieux, & qui varioit fivant Le nombre & la grandeur des fautes , les semples en avoient de par- ticuliers; c’eft le produit des terres confacrées aux divinités : rien n’étoit plus commun dans la Grece que ces fondations. Je ne parle pas ici des terres que l’on confacroit aux dieux, & qui étoient condamnées à refter éternellement incultes, comme le territoire de Cirrha profcritpar le decret folemnel des amphic: tions, la campagne fituée entre Mécare &c l’Attique confacrée aux déefles d'Eléufs, & plufeurs autres : il ne s’agit que de celles que l’on cultivoit, & dont les fruits faufoient la richefle des zemples, A Tel fur le champ que Xénophon confacra à Diane d'Ephèfe, en éxécution d’un vœu qu’il lui avoit fait pour fon heureux retour dans la tetraite des dix mille. Il Pacheta d'une partie de l’argent qui prove: noit des dépouilles des Perfes, & de la rançon de leurs prifonniers; ce champ étoit fitué auprès de Sci lunte, petit bourg fondé par les Lacédémoniens fur la route de Sparte à Olympie ; il employa ce qu'il eut de refte après cet achat, & à faire bâtir un semple fur le modele de celui d'Efphèfe : un trait de reffemblance affez fingulier entre ces deux édifñi- ces, c’eft leur fituarion. Le fleuve qui couloit auprès du semple d’Ephèfe fe nommoit Selène, & noutrfloit beaucoup de poiflon. Un ruifleau du même nom, & qui avoit le même avantage, arrofoit la campagne où Xénophon fit élever le ni Ses environs, auffz variés que fertiles, offroient des terres laboutables, des päturages excellens , où les animaux deflinés à fervir de viétimes trouvoient une nourriture abon dante, des forêts remplies de gibier de toutes efpè- ces, &t qui fervoient de retraite à une grande multi= tude de bêtes fauves. Le temple étoit-environné d’un bois facré & de jardins plantés d'arbres fruitiers de toute faifon, De: vant la porte de cet édifice, on voyoit une colomne que Xénophon fit élever comme le monument de la fondation, & fur laquelle on lifoit ces mots: Z004 e nopos Tûs Apriuiduc : terre confacrée a Diane. Elle étoit affermée; celui qui percevoit les fruits devoit en payer la dixme à la déefle, & dépofer le refte pour être employé aux réparations &c aux dépenfes ordinaires. Cette dixme fervoit aux facrifices offerts dans la fête folemnelle que Xénophon inftitua en l’honneur de Diane. Elle fe célébroit tous les ans, & duroit plufieurs jours; tous les habitans du bourg & des environs s’y trouvoient, & la divinité nourrifloit pendant tout le tems fes adorateurs, en leur four- niflant du blé, du vin, & toutes les chofes né- ceffaires à la vie. Xénophon même, afin de procu- rer l’abondance , indiquoit auparavant une chafle générale , à laquelle il préfidoit avec fes enfans. Jax rapporté tousces détails d’aprèsles Mé. des Inferipr. parce que c’eft peut-être la feule fondation dont les particularités nous ayént été confervées, & qu’elle peut donner une idée de toutes les autres. (D. J.) Tempres DES ROMAINS, ( Ant. rom. ) Rome & l'Italie n’avoient peut-être pas moins de semples que la Grece. Donnons une idée générale de leur origine +v TEM. origine, de leur confécration & de leur ftruéture ; les détails font réfervés à chaque semple en parti- culier. On fait aflez que les anciens romains ont eu beau- coup d’attachement pour leur religion ; je dirai mieux, beaucoup de fuperfhtion daus leur culte. fl ne leur atrivoit guere d’heureux ou fâcheux fuccès , qui ne füt fuivi de [a conftruétion de quelque rerple. Le nom même des semples qu'ils confacrerent aux dieux , tire {on origine du semple augutral, c’eft-à- cire, d’une fimple enceinte dans laquelle les augures obfervoient le vol des oifeaux. Tous les lieux tracés par les augures étoient même appellés temples, rer- Pla , quoiqu'ils ne fuffent pas deftinés au culte de la rehoion; c’eft ainfi que les angures trouverent le fe- cret d’accréditer leur ouvrage. Les uns attribuent la fondation des premiers ceir- ples de l'Italie à Janus, par linvocation duquel on commencçoit tous les facrifices ; les autres en donnent da gloire à Faune, &c prétendent que le mot farzum en tire fon origine. Quoi qu'il en foit, ces premiers æermples n’étoient que des bois facrés , puifque les Ro- mains, au rapport de Varron, ont été fans semples pendant l’efpace de 170 ans. Ainfi le semple de Jupi- ter Féretrien & celui de Jupiter Szator n'étoient point apparemment confacrés , & le semple de Janus pe doit être envifagé que comme un monument de l'union des Romains & des Sabins, dont la fiatue de ce dieu à deux vifages étoit le fymbole , & le fut aufhi de la paix & de la guerre. FE Les formalités requifes pour l’établiflement d’un véritable remple, étoient Pautorité des lois, l’obfer- vation des aufpices , les cérémonies de la confécra- tion. Un magiftrat qui avoit fait vœu de bâtir un sew- ple, n’engageoit pont larépublique fans fon confen- tement. Quand la conftruttion du reraple avoit été ré- {oiue dans Le fénat , il falloit une loi ou un plébifcite pour l’exécution du projet. Sous les empereurs, leur volonté tenoit lieu de loi. Enfuite on confultoit les augures qui s’affem- bloient par ordre des duumvirs ; c’eft-à-dire, des commifiaires nommés pour la conduite de l’ouvrage. Les augures commencoient par le choix du terrein, en quoiils avoient égard à la nature & aux fonétions des dieux auxquels le semple devoit être confacré. Suivant les obfervations de Vitruve, les semples de | Jupiter, de Junon & de Minerve devoient être cont- truits fur des hauteurs, parce que ces divinitésavoient infpeétion fur toutes les affaires de l’empire dontelles prenoient un foin particulier. Mercure, Ifis & Séra- pis, dieux du commerce, avoient leurs remples pro: che des marchés. Ceux de Mars, de Bellone, de Vulcain & de Vénus étoient hors de la ville ; onles regardoit comme des divinités ou turbulentes ou danpereufes. Il eft vrai queces convenances n’ont pas toujours été obfervées. Le lieu de la conftruétion étant choifi, lesaugures prenoient les aufpices , &c files aufpices étoient favo- rables, ils traçoient le plan du remple : c’eft ce qu’on appelloit efarz ou fiflere semplum. On pofoit la pre- miere pierre avec plus de cérémonie encore, Les veftales accompagnées de jeunes garçons & de jeu- nes filles , ayant pere & mere, arrofoient la place de trois fortes d’eaux ; on la purifoit encore par Le fa- crifice d’un taureau blanc & d’une genifle. Le grand prêtre invoquoit les dieux auxquels le remple étoit deftiné. La pierre fur laquelle étoient gravés les noms du magiftrat & du fouverain pontife, étoit mife dans la fondation avec des médailles d’or & d'argent, & du métal tel qu’il fort de la mine , aux acclamations de tout le peuple qui s’emprefloit d’y prêter la main. Lorfque le semple étoit bâti, on en faifoit la dédi- cace. Cette fonétion appartenoit dans les premiers tems aux grands magiftrats; enfuite à caufe des dif. Tome XVI, À TE M 65 fenfons qui furvinrent à cette occafion, on eut rez cours à la priflance du peuple. Enfin on en lai la difpofition au fénat, avec l'intervention des tribuns du peuple , qui n’y eurent plus de part fous Les em pereurs. Le jour de la dédicace d’un remple étoit une fête {o- lemneile , accompagnée de réjouiffances extraordi- naires. On immoloit des viétimes {für tous les autels; on chantoit des hymnes au fon de la flute. Le remple étoit orné de fleurs & de bandelettes, Le magiftrat qui faifoit la cérémonie , mettoit la main fur le jam- bage de la porte, appellant à haute voix le fouverain pontife, pour lui aider à s’acquitrer de cette fonc- tion, en prononcçant devant lui la formule de la dédi: cace qu'il répétoit mot-à-mot. Ils étoient f fcrupu= leux fur la prononciation de ces paroles, qu'ils st maginoient qu'un feul mot ou une fyllabe oubliée ou mal articulée gâtoit tout le myftere, C’eft pour: quoi le grand pontife Metellus qui étoit begue, s’ez xerça plufieurs mois pour pouvoir bien prononcer le mot d’opifera. Le deuil étoit incompatible avec la {o- lemnité; on le quittoit pour y affifter en habit blanc; Sur ce prétexte, les ennemis d’Horatius Pulvillus qui faioit la dédicace du sezple du capitole, vin- rent troubler la cérémonie, en lui annoncant la faufle nouvelle de la mort de fon fils, mais il fa reçut fans s’'émouvoir , &c continua ce qu'il avoit commencé, Tacite, y. I, parlant du rétabliffement du capi- tole, nous a confervé la formule & les autres céré monies de la confécration du lieu deftiné à bâtir un temple. Vefbañien, ditl, ayant chargé L. Veftinus du foin de rétablir le eapitole , ce chevalier romain con: fulta les arufpices,, & il apprit d'eux qu'il falloit com: mencer par tranfporter dans des marais les reftes dit vieux temple, ten bâtir un nouveau fur les mêmes fondemens l’onzieme jour avant les kalendes de Juil- let, le ciel étant ferain. Tout l’efpace deftiné pou? Pédifice fut ceint de rubans & de couronnes. Ceux des foldats dont le nom étoit de bon augure , entre- rent dans cette enceinte avec des rameaux à la main; puis vinrent les véftales accompagnées de jeunes gar- çons & de jeunes filles dont les peres & meres vi- voient encore, quilaverent tout ce lieu avec de l’eau de fontaine , de lac & de fleuve. Alors Helvidins Prif eus, préteur, précédé de PlauteElien, pontife, aches va d’expier l'enceinte par le facrifice d’une vache & de quelques taureaux qu'iloffrit à Jupiter ,à Junon, à Minerve & aux dieux patrons de l'empire, & les pria de faire enlorte que lebâtiment que la piété des hommes avoit commencé pour leur demeure, fût heureufement achevé. Les autres magiftrats quiaflif toient à cette cérémonie, les prêtres , le fénat, les chevaliers &c le peuple pleins d’ardeur & de joie, fe mirent à remuer une pierre d’une groffeur énorme, pour la traîner au lieu où elle devoit être mife en œuvre. Enfin on jetta dans les fondemens plufieurs petites monnoies d’or & d’autres pieces de métal, comme nous venons de le dire, Les noms des magif- trats étoient gravés au frontifpice des semples qu'ils avoient dédiés. Ceux qui les fafoient rebâtir, en y mettant de nouvelles infcriptions, n’en ôtoient pas celles des premiers fondateurs, | Quoique la partie du emple appellée cella fùt def tince au culte de-la religion, on ne laïifloit pas d'y traiter d’affaires profanes après les facrifices, en ti- rant des voiles quicouvroient les ftatues &c les autels. Elle ne pouvoit être dédiée à plufeurs divinités, à moins quelles ne fuffent inféparables, comme Caftor & Pollux ; maïs plufieurs dieux pouvoient avoir cha- cun la fienne fous un même toit; & alors ce remple s’appelloit delubrum, quoique ce terme foit un terme générique. La ftatue du dieu y étoit placée quelquefois dans une niche ou tabernacle appellé ædicula. Elle repar- 66 TEM doit le couchant, afin que ceux qui veñoient l'ado- rer, eufent le vifage tourné vers lorient, Autour étoit le fanétuaire. RU | Il y avoit ordinairement trois principaux autels dans le remple. Le plus confidérable étoit placé au pic de la ftatue. Il étoit fort élevé, &c par cetre raifonon Vappelloit a/sare. On brüloït deflus l'encens & les parfums, & l’on y faifoit des libations. Le fecond étoit devant la porte du smple , & fervoit aux facri- fices. Le troifieme étoit un autel portatif nommé 47- clabris , fur lequel on pofoit les offtandes ëc les vafes facrés. Les autels des dieux céleftes étoient plus hauts que les autres ; ceux des dieux terreftres étoient plus bas, & ceux des dieux infernaux fort enfoncés. Il y avoit toujours grand nombre de tables, de toutes fortes d'uftenfiles & de vafes facrés dans les semples. On fufpendoit les offrandes ëc les préfens à la voûte nommée sholus. On attachoit aux piliers les dépouilles des ennernis , les tableaux votifs, les ar- mes des gladiateurs hors du fervice. | Tout ce qui fervoit aux temples, comme les lits fa- crés appellés pulvinaria , & les préfens qu’on y avoit offerts, étoient gardés dans une maniere de tréfor appellé donarium. Les particuliers y mettoient aufh leurs effets en dépôt. Les fatues des hommes illuftres , leurs images en bas-relief enchâflées dans des bordures appellées c/y- peivorivi, & les tableaux repréfentans leurs belles adions & leurs vitoires , faoient l’ornement des zemples. L'or , le bronze, le marbre &c le porphy- re y étoient employés avec tant de profufion , que Von peut dire que la fomptuofité de ces édifices étoit digne de la grandeur & de la magnificence de l’an- cienné Rome. La plüpart étoient ouverts à tout le monde , & fouvent même avant le jour pour les plus matineux, qui y trouvoient des flambeaux allumés. Enfin il faut remarquer qu'il y avoit à Rome des zemples particuliers nommés curies, qui répondoient à nos paroïfles, & des remples communs à tous les Romains , où chacun pouvoit à fa dévotion aller faire des vœux & des facrifices, maïs fans être pour cela difpenfé d’aflifter à ceux de fa curie, & furtout aux repas folemnels que Romulus y avoit inftitués pour entretenir la paix & l'union. . Ces temples communs étoient deffervis par difiérens colleges de prêtres ; au lieu que chaque curie l’étoit par un feul qui avoit infpettion fur tous ceux de fon quartier. Ce prêtre ne relevoit que du grand curion, qui faïfoit alors toutes les fonétions du fouverain pontife. (D. J.) | TEMPLE des affemblées du férat, ( Antig. rom.) {elon les regles de la religion, le fénat ne pouvoit s’affembler dans aucun lieu profane ou privé; il fal- loit toujours que ce fût dans un lieu féparé, &t fo- jemnellement confacré à cet ufage par les titres & les cérémonies des augures. Au rapport des anciens auteurs , on en voyoit plufeurs de cette efpece dans les différentes parties de la ville. Le fénat s’y affem- bloit ordinairement felon la deftination des confuls & la commodité particuliere de ces magiftrats, ou celle des fénateurs, ou felon la nature de l'affaire qu’on y devoit propofer où terminer. Ces maïfons ou ces lieux d’aflemblée du fénat furent appellés cz- ries ; telle étoit la curie calabre bâtie , fuivant l'opi- nion commune, paf Romulus , la curie hoftilienne bâtie par Tullius Hoftilius, &c la curie pompeienne, par Pompée. LL Maisles affemblées du fénat furent le plus fouvent tenues dans certains seples dédiés à des divinités patticulieres, tels que celui d’Apollon Palatin, de Bellone , de Caftor & Pollux, de la Concorde, de la Foi, de Jupiter Capitolin, de Mars, de Tellus, de Vulcain , de la Vertu, Ge. Voyez-en les articles. Tous les cerples que nous venons de nommer, ont été célébrés par les anciens auteurs, parce quele fénat y fut fouvent convoqué. Dans chacun de ces semples on voyoitun autel ,&c une ftatue élevée pour le culte particulier de la divinité dont il portoit le nom. On les appelloitcuries, à raïfon de lufage qu’on en faifoit ; ce nom leur étoit commun avec les cu- ries propres ou les maifons du fénat, qui à caufe de leur dédicace folemnelle, furent fouvent appellées temples ; car le mot semple dans le premier fens qu’on y avoit attaché, ne fignifioit rien de plus qu’un Lez Jéparé & confacré par les augures , {oit qu'il fût ouvert ou fermé, ou qu'il fe trouvât dans la ville ou dans la campagne. En conféquence de cette idée, nous voyons que le fénat s’aflembloit dans certaines oc- cafions en un heu découvert, principalement dans les tems où les efprits étoient ébranlés par des récits de prodiges ; mais on étoit bien guéri de cette vaine fuperftition dans les fiecles polis de la république; les Romains, du tems de Séneque , ne donnoïent plus dans ces erreurs populaires. | La politique en rendant les serwples propres à lufa- ge du fénat, étoit de graver aufh fortement qu'il fe püt, dans l’efprit des fénateurs , obligation de fe conduire felon Les lois de la juftice &c de la religion, ce qu'on pouvoit en quelque maniere fe promettre . de la fainteté du lieu &c de la préfence , pour ainf dire, des dieux. Ce fut l’objet de l’un des cenfeurs, lorfqu’il enleva la ftatue de la déeffe Concorde d’un quartier de la ville où elle fe trouvoit placée, & qu'il la fit porter dans la curie qu'il confacra à cette divi- nité ; il préfumoit ainfi, dit Cicéron, qu'il banniroit toute diflenfion de ce semple deftiné au confeil pu- blic, & qu'il avoit confacré au culte de la Concorde. Lorfque pour afflembler le fénat, on choififloit les temples des autres divinités, tels que celui de Bello- ne, de la Foi, de la Vertu, de l’'Honneur, c’étoit toujours dans l’objet d’avertir les fénateurs par la fainteté du lieu, du refpeét & de la vénération dûe à ces vertus particulieres, que leurs ancêtres avoient déifiées, à raifon de leur excellence. Ce fut pour ac- créditer de plus en plus cette maxime religieufe, qu'Augufte ordonna que chaque fénateur, avant que de prendre place, adreffàt la priere à la divinité du temple où le fénat etoit affemblé, & qu'il lui offrit de l’encens & du vin. Le fénat en deux occafons particulieres s’affem bloit hors les portes de Rome, ou dans le se2ple de Bellone , ou dans celui d’Apollon; premierement , lorfqu’il étoit queftion de recevoir les ambaffadeurs, particulierement ceux qui venoient de la part des ennemis, & auxquels on maccordoit pas la liberté d’entrer dans la ville ; en fecond lieu , pour donner audience aux généraux romains , & régler avec eux quelque affaire importante; car 1l ne leur étoit pas permis de venir au-dedans des murs, tant que leur commiflion duroit, ou qu'ils avoient le commande- ment actuel d’une armée. (D. J.) | TEMPLE D’ADONIS, ( Antig. épypr. & greg. ) ce prince de Byblos dut fon apothéofe & l'étendue de fon culte aux foins d’une époufe paffionnée, On lui bâtit des semples en Syrie, en Paleftine , en Perfe, en Grece & dans les îles de la Méditerranée; Ama- thonte , entr’autres, bâtit un semple célebre à ce nou- veau dieu. Je ne dirois rien ici des honneurs que lu rendoit la ville de Dion en Macédoine , ni du sermple qu’on lui avoit élevé dans cette ville, fans une par- ticularité qui mérite quelque attention. Hercule paf- fant auprès de ce smple, futinvité d’y entrer, pour aflifter à la fête d’Adonis ; mais ce héros fe mocqua des habitans, & leur dit ces mots qui devinrent dans la fuite un proverbe, oùder iepor, mihil facrum. Ce pro- pos dans la bouche d’un de nos philofophes moder- nes pafleroit pour une belle impièté, mais Hercule étoit bien éloigné d’en dire ; il voulut au contraire faire entendre par ce difcours qu’Adonis n’avoit-pas mérité d’être tmis au nombre des dieux, & afluré- ment à! avoit raïon. Si l’on doit honorer la mémoire de quelqu'un, c’eft fans contredit de celui qui par fes travaux, fes bienfaits, fes Inmueres, où qui par des découvertes utiles, a rendu d’importans fervices aux hommes ; mais 1l étoit honteux de déifier un jeu- ne efféminé connu feulement par l'amour d’une déefle’ | infenfée, dont les galantes ayantures devoient plutôt, | être enfévelies dans loubli , qu'immortalifées par des fêtes qui en rappellotent à jamais le fouvenir. (2. J.j PEMPLE D'ALEXANDRIE, ( Anig. épypt. ) c’eft ainfi qu’on nommoit par excellence du tems des Pto- Lemées , les Sérapéon. Voyez SÉRAPÉON, 6 TEMPLE we Sérapis. ( D. J.) | TEMPLE D'ANAÎTIS , ( Azig. cappadoc. ) il eft vraiflemblable que cette déeffe des Cappadociens ef ® Diane, ou la lune; Plutarque ne laïfle aucun lieu d'en douter, puifqu’il dit dans la vie d’Artaxerxès Mnémon , que ce prince établit à Afpañe fa concu- bine, prétrefle de la Diane que les habitans d’Ecba- tane appellent Anais. De plus, Paufanias nous ap- prend que les Lydiens avoient un srple de Diane dous le nom d’Anairis. + 16 Mais l’anecdote la plus curieufe fur cette déefle, {oit qu’elle füt Diane, la lune ou Venus , nous la de- vonscette anecdote à Pline , Zy. ÆAXXII. ch. xx. # Dans une expédition, dit-il, que fit Antoine con- > tre Arménie , le seriple d’Anaitis fut faccasé, & # faftatue qui étoit d’or mife en pieces par les foldats, # ce qui enenrichit plufieuts. Un d’eux qui s’étoit » établi à Boulogne en Italie, eut l’honneur de re- »# cevoir un jour Âugufte dans fa maifon, & de lui # donner à fouper. Eft-1l vrai, lui dit ce prince , pen- + dant le repas, que celui qui porta les premiers # coups à la déefle, perdit auflitôt la vûe, fut per- » clus de tous fes membres, & expira fur le champ? # Si cela étoit, répondit Le foldat, je n’aurois pas le » bonheur de voir aujourd’hui Augufte chez moi, » Étant moi-même celui qui lui donnai le premier #» coup, dont bien m'en a pris; car fi je poflede » quelque chofe, j’enaiobligation àlabonne déefle, s» t c’eft d’une de fes jambes, feigneur , que vous » foupez aujourd’hui ». (D. J.) | | TEMPLE D'APOLLON, ( Ang. grèg. & rom. ) le fils de Jupiter &c de Latone eut des remples fans nom- Dre dans toute la Grece , fur-tout à Delphes, à Cla- ros, à Ténédos & à Milet. Ce dérnier semple étoit un des quatre qui fafoit l'admiration de Vitruve. On Pavoit bâti d'ordre ionique , ainfi que celui de Cla- ros; mais l’un & l’autre n’étoient pas encore achevés du terus de Paufanias. , Apollon eut aufli des semplès dans toute l'Italie, & principalément à Rome. Entre ceux qui embellif- foient cette capitale , le premier & le plus renommé eft fans doute celui qu'Augufte lui confacra fur 1 mont Palatin , après la viétoire d’A&tium. | Ce remple fut conftruit de marbre blanc & de forme ronde. Il étoit par fes ornemens l’un des plus magni- fiques de Rome. Le char du foleil en or maffif, dé- coroit le frontifpice, les portes étoient d'ivoire ; en. entrant dans le remple, on voyoiït une belle ftatue d'Apollon ouvrage du célebre Scopas; un chande- lier à plufieuts branches, fufpendu à la voute, éclai- roit l’intérieur de l'édifice; ces ouvrages des. plus célébres artifles avoient été enlevés des semples de la Grece. Le fanduaire du dieu étoitorné de plufieurs trépiés d’or. | Auoufte dépofa dans la bafe de la ftatue d’Apol- Tonles livres des Sibylles enfermés dans des caflet- tes dorées, Le jeune Marcellus fon neveu, confacra dans ce sémplé | une précieufe collettion de pierres sue L'édifice étant achevé, l’empereur en fit la dédicace l’an 726 de Rome, trois ans après la bataille Tome AVI , TE M 67 d’Aétium, Horäce compoña dans cette occañon l’ode qui commence par ces mots : Quid dedicatum pofcit Apollinen Vates ! Le temple Apollon Palatin étoit précédé dune cour de figure ovale, environnée d’une fupetbe co: lonnade de marbre d'Afrique ; les ftatues des Danaï- des remplifloient les autres colonnes, On avoit placé au milieu de cette courles ftatues équeftres des fils d'Egyptus; l'autel du dieu étoit accompagné des fta- tues des filles de Prœtus, ouvrage de l’artifte Myron armenta Myronts, dit joliment Properce. Augufte fit bâtir près du semple une galerie qui contenoit deux magnifiques bibiotheques ; Pune pour les ouvrages de poéfie-&r de jurifprudence écrits en letin ; l’autre étoit deftinée aux ouvrages des auteurs grecs. Ces édifices devoient être fort élevés , Car il, y avoit dans Îa bibliotheque grecque une ftatue d’ A pollon , haute d’environ quarante-cinq piés ; Lucul= lus l’avoit enlevée de la ville d'Apollonie du Pont, ëc cette Ville l’avoit payée cinq cent talens > ENVI= ron deux milhons cinq cent mille livres de notre mon noie, Les favans de Rome s’aflembloient ordinaire ment dans ces bibliotheques; on décidoit dans ces aflemblées des nouveaux ouvrages de pocfie. Le fénat fut fouvent convoqué par Auoufte dans le semple d'Apollon ; il ordonna même que la diftri= bution des parfums pour purifier le peuple, & le difpofer à la folemnmité des jeux féculatres, fe feroit devant ce smple, comme devant le semple du capi« tole; & cet ufage étoit encore obfervé fous le regne de Donutien, La derniere aflemblée de la fête {éculaire , fut auffi convoquée dans ce semple ; les chœurs des enfans ÿ Chanterent des hymnes facrés en l’honneur d'Apol- lon, adoré fous le nom & l’emblême du foleil , dont. le char décoroit comme nous l’avons dit le frontif pice de lédifice ; après ces chants , ils firent deg vœux pour la profpérité de l’état. Aline fol, curru nirido diem qui Promis 6 celas, alinfque € idem : Najceris ; poffis nihil urbe Roma Vilère majus, se Eee AN IR re OI SL 6 Co es Sz Palatinas vider æquus arces , Rem que Romanam , latinmaue felix à Alrerumiin luftrum, meliusque femper Proroger ŒvVurr. Le foleil, au bout d’un certain nombre de révoluz tions dans le zodiaque , devoit ramener la même fo= lemnité & les mêmes vœux pour la puiflänce éter= nelle de l'empire romain. | | Sur l’une des portes du s£#ple d'Apollon Palatin ; on voyÿoïit les Gaulois qui tomboient du capitole, & fur l’autre les quatorze enfans de Niobé, fille de Tan tale, qui périrent miférablement pour loroueil de leur mere , qui avoit irtité la colere de Latone & d'Apollon, Au refte Properce, Lv. IT. éleg, #xwx7. à fait la def cription de ce smple, on peut la lire ; j’ajouterai feulement que c’étoit aux branches du magnifique candelabre de ce semple , & qui en éclairoit tout l'in- térieur, que les poëtes attachoient leurs ouvrages après que le public les avoit couronnés. | Lorique Pacadémie françoife fut placée au louvre ; elle fit frapper une médaille qui n’eft pas trop modef- te. L'on voit fur cette médaille Apollon tenant {a lyre, appuyé fur le trépié d’où fortent fes oracles ; la légende eft, Apollon au palais d Augufte. ( D. J.\ TEMPLES DE BACCHUS, ( Azrig. ) on reconnoit- foit ce dieu dans toutes fes ftatues, à fa couronne dé pampre, à fon air de jeuneffe , à fes longs cheveux ; | Vi 65 DL F M à la beauté de fon vifage ; à l’embonpoint de {on corps, qu'Orphée & Théocrite ont tant célébrée, & -qui a fait dire à Ovide, .. + Tibierim inconfumpta juvera eff. Tu puer erernus tu fermofiffimus alio Confpiceris cælo. C'étoit l'affefleur de Cérès. Virgile leur fait en ‘commun une invocation at commencement de fes séorgiques, parce que leurs fêtes fe célébroient en même tems , & que leurs emples étoient communs. Bacchus en eut dans toute la Grece, qui de plus inftitua en fon honneur ces fêtes tumultueufes fi con- nues fous le nom d’orgyes. Téos lui rendoit un culte particulier ; il avoit un ewmple à Eleufis & dans d'aus tres villes, fous le nom d’Iacchus. Dans fon remple à Phigalie, le bas de fa flatue étoittoute couverte de feuilles de lierre & de laurier ; lé refte étoit enlumi- ré de vermillon. Enfin ce dieu étoit extrêmement honoré dans Îles gaules, ainfi que le prouvent plufeurs monumens trouvés en différens endroits; mais il l’étoit fur-tout dans une petite ile fituée à l'embouchure de la Loire, où il avoit une efpece de chapelle, deflervie par des femmes qui célébroïent fes orgyes. Strabon qui parle de cette île, /y,17, &du culte qu’on y rendoïit à Bac- chus, ajoute que les femmes dont je viens de parler, enlevoienttousles ans, avant quele folerl füt couché, & remettoient dans le même lien, le toit de cette chapelle. (D. J.) NÉ TEMPLE DE BELLONE, (Æwriq. rom.) ce temple étoit felon Donat hors la ville , près de la porte Car- mentale , & du Cirque de Flaminius, aû lieu où l’on voit Le palais Savelli & l’églife faint Ange zx Pefche- ria. Dans le veftibule de ce semple , étoit placée la colonne bellique , contre laquelle les confuls, tou- tes les: fois qu'on avoit réfolu la guerre, tirorent une fleche, ou frappoient d’une javeline, vers là partie éùrépondoit Le peuple qu’on alloir attaquer. Ce rem- plefut bâti par le cenfeur Appius Claudius, vers lan de Rome 457, & fervit quelquefois aux affemblées du fénat. ( D.J.) | : Tempce DE BÉLUS , (Antiq. babyloniennes.) fi ce temple étoit le plus ancien de tous ceux du paganif- me, comme on a lieu de le penfer, il étoit auffi le plus fingulier par fa ftruêture. Berofe, au rapport de Jofephe, -én attribue la conftruétion à Bélus, qui y fut lui-même adoré après fa mort ; mais il eft cer- tain que fi Le Bélus de cethiftorien eft le même que Nemrod, comme plufeurs favans le croient , {on deffein ne fut pas de bâtir un remple, mais d'élever üne tour qui pût le mettre à couvert , lui & fa fuite, des inondations ou autres défaftres. Cette fameufe tour qu’on appelle vulgairement la sour de Babel, formoït dans fa bafe un quarré , dont chaque côté contenoit un ftade de longueur, ce qui lui donnoit un demi-mille de circuit. Tout ouvrage étoit compote de huit tours, bâties l’une fur l’autre, &t qui alloient toujours en diminuant. Quelques au- teurs, comme le remarque M. Prideaux, trompés par {a verfon latine d'Hérodote , prétendent que chacu- ñe de ces tours dit été haute d'un ffade, ce qui mon- teroit à un mille de hauteur pour le tout ; mais le texte grec ne porte rien de femblable, & il ny eft fait aucune mention dé la hauteur de cetédifice. Stra- bon qui a décrit ce emple , ne lui donne qu'un fta- de dé haut, & un de chaque côté. Le favant éditeur de l’imprefion de l'ouvrage de M. Prideaux, faite à Trévoux, dit qu’en fuivant la Mefure des ftades qui étoient en ufage du tems d’Hé- rodote, le feul des anciens qui parle pour avoir vû cet édifice, il ne devoit avoir que 69 toifes de hau- feur où environ, c’elt-à-dire un peu plus d’une fois fa hauteur des tours de l'Eglife de Paris; ce quim’eft ‘ à is TEM. pas frexceffif, y la magnificence de quelques bâti mens de l'Europe. Le même éditeur remarque enCoïe, que comme cet ouvrage m'éroit fait que de briques , que des hom: mes portoient fur leur dos, comme nous l’apprenons des anciens , {a conftruétion #’a rien qui doive fur- prendre; & quoiqu'il fût plus haut de 119 piés que la grande pyramide , comme elle étoït bâtie, ou du- moins couverte de pierres d’une longueur exceffive, qu'il falloit guinder à une fi prodigieufe hauteur, elle doit avoir été imfimiment plus dificile à conftruire. Quoi qu’il en foit , nous apprenons d’Hérodote ; qu'on montoit au haut de ce bâtiment par un deoré qui alloit en tournant , &c qui étoit en- dehors. Ces huit tours compofoient comme autant d’étages , dont chacun avoit 75 piés dehaut , 8 on y avoit pratiqué plufieurs grandes chambres foutenués par des piliers, &c de plus petites, où fe fepofoient ceux qui y mon- toient. La plus élevée étoit la plus ornée, & celle en même tems pour laquelle on’avoit le plus de vé- nération. C’eft dans cette chambre qu'étoient, felon Hérodote , un lit fupéïbe, & une table d’or maff, fans aucuné flatüe. Jufqu’au tems de Nabuchodonofor, ce rémple ne contenoit que la tour & les chambres dont on vient de parler ) ÔC qui étoient autant de chapelles particu- liérés ; mais ce monarque , au fäpport de Berofe, lui donna beaucoup plus détendue, par les édifices qu’il fit bâtir tout-au-tour, avec un mur qui les énfermoit, & des portes d’airain, à la conftruétion defquelles le même métal &c les autres uftenfiles du semple de Jéru- falem avoient été employés. Ce remple fubfftoit en- core du tems de Xerxès, qui au retour de fa malheu- reufe expédition dans la Grece, le fit démolir, après en avoir pillé les immenfes richefles , parmi lefquel- les étoient des ftatues d’or mafñif, dont il y en avoit une, au rapport de Diodore de Sicile, qui étoit de 46 piés de haut, &c qui pouvoit bien' être celle que Näbuchodonofor avoit confacrée dans la plaine de Dura. L’Ecriture, à la vérité, donne à ce coloffe 00 piés de haut; mais on doit l’entendre de la flatue &z de fon pié-deftal prisenfemble. Ii y avoit dans le même serple plufieuts idoles d’or mafhif, êc un grand nombre de vafes facrés du même métal, dont le poids, felon le même Diodore, alloit à 5030 talens; ce qui joint à la flatue, montoit à des fommes immenfes. C’étoitaurefte , du sempleaoran- di par Nabuchodonofor, qu’Hérodote, qui Pavoit vû, fait la defcription dans {on premier livre; & fon autorité doit l’emporter fur celle de Diodore de Si- cile, qui n’en parloit que fur quelques relations. Hé- rodote dit, à la vérité. que dans une chapelle bañle de ce cemple, étoit une grande ftatute d’or de Jupiter, c’eft-à-dire de Bélus ; mais il n’en donne ni le poids, ni la mefure, fe contentant de dire que la ftatue, avec une table d’or, un trône &t un marche-pié, étoient tous enfemble eftimés par les Babyloniens , huit cens talens (175 mille li. fterlings ). | Le même auteur ajoute que hors de cette chapel- | le, étoit auffi un autel d’or, & unautre plus grand | fur lequel. on immoloit des animaux d’un âge parfait, parce qu'il n’étoit pas permis d’en offrir de pareils : {ur lautel d’or mais feulement de ceux qui tetoient encore ;, & qu’on brüloit fur le grand autel chaque année le poids de cent nulle talens d’encens. Enfin il faitmention d’une autre ffatue d’or maflif, qu'il n’a- | voit pas vie, & qu’on lui dit être haute de douze coudées ,.c’eft-à-dire de 18 piés. C’eft fans doute de la même, que parle Diodore , quoiqu'il lui donne 40 piés de hauteur, en quoi il eft plus croyable, fi c’é- toit celle de Nabuchodonofor , comme 1l y a toute forte d'apparence. | | Quoi qu'il en foit, j'ai dit d’après Hérodote, que’ dans la plus haute tour, il y avoit un hit maorifique; T'EM & cet auteur ajouté, qu'il n’étoit permis À perfonne d'y coucher; excepté à une femme de la ville que le prêtré de Bélus ehoïfifloit chaque jour , lui faifant accroire qu’elle y étoit honorée dé la préfence du Dieu. (D.J.) : TEMPLE de Ponxs eventus, ( Antiq. rom.) te dieu du bôn fuccès avoit à Rome un smple fort fréquen- té, dans lequel on voyoit une de fes ftatues faite de la main de Praxitele. Cette flatue ingénieufe avoit un bandeau fur le front, tenoit une patere de la main droite; & de là gauche, un épi & un pavot. (D.J.) TEMPLE DE CARDIA , ( Antig. rom. ) cette déefle allécorique eut un semple fur le ment Cælius , que Brutus lui bâtit, après avoir chaflé Tarquin le fuper- be, de Rome. (D. J.) | | TEMPLES DE CASTOR ET DE POLEUX ; ( Anriq. grecg. & romr, ) Paufanias, dans fon voyage de Co- rinthe , Z 11. c. xxij. décrit le semple de Caftor & de Pollux;, où lon voyoit de fon tems les ftatues, non- feulement de ces dieux, & de leurs femmes , Hi- laire & Phébé, mais, de leurs enfans ; ces ffatues , ainf que leurs chevaux, paroïffent avoir Été les plus anciennés flatues équeftres qu'il y eût en Grece, car elles étoient d’ébéne , de la main de Dipoenus &r de SCYISN … Le principal smple des Diofcures à Rome, & dans léquel le fénat s’aflembloit quelquefois, étoit dans le cirque dé Flaminius. Les Romaïns dans leurs fer- mens , juroient d'ordinaire par ces deux divinités ; qu'ils resgardoient comme de fûrs garans de fa vérité de leurs démarches. On trouve dans les anciens poë- tes comiques des veftiges de ces fermens: Po, Per. Ecufior. Mehercle, Medius Fidius. … Dans un quartier de Naples , entre a vicairerie & le château ; on voit encore Îe portique d’un fameux remple , bâti en l'honneur de Caftor & Pollux, par Fibère Jule, achevé & confacré par Pélagon', affran- chi d’Augufte, ainfi qu’il patoît par l’inféription orec- que qui s’y lit aujourd'hui , & que je rapporté en latin: Tiberius Julius, Tarfus, Jovis filiis & urbi, Templum; 6 que in templo, Pelagon Aügufli liberius , Et procurator perficiens , Ex propris confervavir. * Le portique eft corinthien: lés entre-colonnes ont plus d’un diametre & demi. Les bales font attiques , & les chapiteaux à feuilles d'olive, travaillés par ex- cellencé. | L'invention des caulicolés fous la rofe , eft belle ë& particuliere , en ce qu'ils s’entrelacent , & fem- blent fortir des feuilles montantés fur d’autres cauli- colés ; qui portent les cornés du tailloir du chapi- teau. Cet exemple F0 quelques autres encore proû- vent qu'un architecte peut quelquefois s’écartér des régles ordinaires , poutvü qu'il le fafle avec juge- ment , & toujours conformément, à la nature des chofés qu'il imite. Le frontifpice eft enrichi dé la re- préfentation d’un facrifice én Bas-relief. (D.J) TEMPLES DE CÉRÈS , (A4wiq.grecq. G rom.) Prima Ceres ferro mortales vertere rerram Inflituit, | = Géorg: Lis: IL. elle méritéroit toujours le titre dé déefle du blé & dé la terté, quand même elle n’auroit fuit qu'établir des‘loïs’fur da propriété des terres, afin que chacun pôt recueillir le'blé qu'il avoit femé , &, pour nex- primer avec Virgile, pariri limite campurn. EN _ Auf touté la Grecé, la Sicile & lItalie inftitue- rent dés fêtes en fon honneur, & éléverent des zer- ples à {a gloire, Les féuls Phénéates lui én confacre- rent DIRES dans din petit efpace de terrein: : — en, TEM 65 On voyoit; du tems de Paufanias , à Stiris, ua de fes temples bâti de briques crûes ; mais la déeffe étoit du plus beau marbre, & tenoit un flambeau à la Man’, ! à Elle ävoit un £eple à Thébes, fous le nom de Cêrès Thefmophere , où la Ægrflatrice ; on y gardoit des boucliers d’airain , qu'on difoir être ceux des principaux officiers de Parmée lacédémonienne qui furent tues à Leuétres.. | be Un feu éternel brüloit dans fon semple à Mantinée, ville d'Arcadie. | r Son semple , aux Thermopiles ; étoit bâti au milieu d’une grande plaine près du fleuve Afope , & c’étoit- là que s’aflémbloïtent les Amphiétions, &c qu'ils lui offroient à leur arrivée ün facrifice folemnel, La mêms déefle avoit à Rome plufeurs sepes à dont le plus beau étoit dans la onzieme région de là ville. Différentes clafles de miniftres , & fes feules prètrefles, jouirent à Rome jufqu’au reane de Néron, du privilese d’affifter au combät de la lutte. | ; Cicéron vous donnera une belle defcription des ftatues de Cérès, que Verrès enleva des remples de la Sicile. [left heureux qu'il nait pas été nommé pré- teur d’Eleufis, 1l en auroit pillé le beau rerzple ; dont il ne refte plus de veihiges, ainfñ que de tous les au tres élevés à la gloire de cette grande divinité. Plus de nouvelles,de celui qu’elle ävoit À Sparte , &t dont les cérémonies empruntées d'Orphée , don- nerent lieu au bon mot de Léotichidas rapporté par Plutarque. Le facrificateur de ce semple appellé Phi- lippe ; initioit les horames dans les cérémonies d'Or: phée. Il étoit réduit à une vie fi néceMiteu£e , qu'il mendioit fon pain; cependant il publioit que les La- cédémoniens qui entreroient par fon miniftere dans fes folemnités , feroient aflürés après leur mort d’une félicité fans pareille. Eh ! fou que tu es, lui dit Léo: | tichidas, que nete laïffes-tu donc vitement mourir, our prendre pour toi la félicité que tu promets aux AUTRES (CD TJ.) NE | pre PEMPLE DE LA CONCORDE, ( Aarig. rom.) curia concordiæ ; On trouve à la defcente du capitole des débris de'ce remple dédié folemnellement à la Con: corde par Camille. Il férvoit de lieu d'afflémblée du { nat pour ÿ traiter des affaires publiques , d'où l’on voit qu'il avoit été confacré,paree que le fénatne gaf- fembloit dans aucun cemple pour les affaires d'état ; fi Ce cernple n’avoit été confacré, c’eft-à-dire , bâti en contéquence de quelque vœu ou de quelqueaugure. Parmi le grand nombre de ffatues dont il étoit en- :richi, les hiftoriens ont principalement mentionné celle dé Eatone, tenant dans fes bras Apollon & Diane fes deux enfans; celle d'Efculape 6 de la déefle Hygéa; celle de Mars & de Minerve ; celle de Cérès & Mercure ; enfin celle d’une vidtoire: Cette derniere pendant le confulat de M. Marcellus & de M. Valérius , fut frappée d’un coup de foudre, On voit par linfcription. qui fubffte encore dans la fri- fe, que ceremple ayant été confumé parun incendie; le fénat & le peuple romain le firent rebâtir : voici Mnfeription. S. P. Q. R. izcendio comfumptum refi= cuit. (VE | . Les entre-colonnes ont moins de deux diametres : les bafes font compofées de l’attique & de l’ionique; & different en quelque chofe de la maniere ordinaire ; mais elles ne laiffent pas d’être belles. Les chapiteaux font aufli compofés de l’ordre dorique & ionique , &e font très-bien travaillés ; l’architrave avec la frife dans la partie extérieure de la façade , ne fontqu'une bande toute unie , fans aucune diftinétion de leurs moulures , ce qui fut fait pour y mettre linfcriprion ; mais par dedans, c’eft-à-dire , fous Le poitique, ils ont toutes leurs moulures diftinétes ; comme on le peut remarquer dans le déffein qu’on en a fait. La cor- niche eit fimple fans ornémens ;"il ne refte plus au: 70 TE M cune partie antique des murs de la nef, .& même ils ont été mal réparés. Il y avoït un autre petit re2ple de la Concorde bâr par lédile Flavius, & joint au grœcoftale, c’étoit le lieu où les ambafñladeurs envoyés vers le fénat at- tendoient fa réponfe, Le fénat y rendoit auf quel- quefoisdes jugemens ; Pline ,/. XX XIJII. dit fénacu= * dum fuprè græcoffafim, uhi œdes Concordie , & bafilica opinia. 1 avoit été réparé par Opimius. (D. J.) TempLes DE CYBELE, ( Antig. greg. @ rom.) la mere des dieux fut extrêmement honorée en Phry- gie, & eut.le plus fuperbe de fes seples à Peffinunte, capitale du pays. Les Romains ne reconnurent cette divinité que vers l’année 548 , fous le confulat de Cornelius Scipion, furnomme l'Africain, & P. Lici- nus, au fujet d’une pluie de pierres durant la feconde verre punique. Îls eurent recoursaux livres dela Si- bylle, & on trouva que pour chafler les Carthagi- nois d'Italie , il falloit faire venir la mere des dieux de Peffinunte à Rome. On dépêcha donc auff-tôt des ambafladeurs au roi Attalus, qui leur fit délivrer la déefle repréfentée par une grofle pierre informe & non taillée, M. Valerius , l’un des députés , étant arrivé à Terracine avec cette pierre , en donna avis au fénat, & lui manda qu'il étoit néceflaire d'envoyer avec les dames le plus homme de bien de toute la ville pour la recevoir. Le fénat jetta les veux fur P. Cornelius Scipion Nafica ; 11 alla la recevoir avec les dames romaines au port d'Offie , qui l’apporterent à Rome, & la mi- fent dans le remple de la viétoire fur le mont Palatin. L'année fuivante M. Livius & Claudius cenfeurs, firent bâtir un semple particulier pour elle, &c treize ans après , M. Junius Brutus le dédia. ( D. J. ) TEMPLES DE DAGON, ( 4mtig. phéniciennes. ) cette divinité célebre des Philiftins, & dont l’Ecri- ture parle fouvent , avoit des temples magnifiques en. Phénicie , entr’autres à Gaza & à Azoth. Dagon eft un nom phénicien, qui veut dire froment ; Dagon le dieu du blé, l'inventeur du labourage , ménitoit bien après fa mort , les honneurs divins. (D. J.) TEMPLE DE DELPHES, ( Arugq. grec...) Voyez DELPHES, cemple de jil nous manque une defcription détaillée de ce semple célebre , bâti par les Amphu- €tions, & qui fubfftoit encore du tems de Paufanias; mais 5 il n’étoit pas auf magnifique pour fa ffruéture que celui de Jupiter Olympien à Athenes, il poñie- doit du-moins un chef-d'œuvre de Phidias, & de plus il étoit ineftimable par les préfens immenfes que lui procuroit fon oracle ; toute la terre y avoit apporté {es offrandes , il falloïit bien que le nombre en fütin- fini, puifque malgré tous les pillages qwen firent confécutivement tant de peuples & de rois , Néron dans fon voyage de la Grece, quarante ans après que les Thraces eurent faccagé & brûlé ce fameux remple, y trouva & en enleva encore cinq cens ftatues de bronze. ( D. J.) ‘TempLes DE DIANE, ( Antiqg. grecq. & rom.) cette grande divinité des Ephéfiens étoit encore ho- norée dans toute la Grece par quantité de semples, dont Paufanias vous donnera la defcription : bor- nons-nous à parler de ceux qu'elle avoit à Rome. Le prémier smple qu'on lui bâtit fut fur le mont Aventin, fous le regne de Servius Tuilus, à la per- fuañon duquel les Romains & les Latins lui éleve- rent ce temple à frais communs; ils s’y aflembloient tous les ans , y faifoient un facrifice au nom des deux peuples, & y vuidoient tous leuts différends : & afin qu'il reftât un monument éternel de cette conféde- ration, on fit graver fur une colonne d’airain les conditions de cette alliance avec les noms de toutes les villes qui y étoient comprifes, & des députés qui les avoient fignées. Ce temple étoit garni de cornes de vaches, dont |: Plutarque &: Tite - Live rapportent le fujet. {ls nous difent qu'un certain fabin, nommé Autro Coratius, ayant une vache d'une beauté extraordinaire, un devin l’avertit que s’il immoloit cette vache à Diane dans fon femple du mont Aventin, il ne manqueroit jamais derien, &c que {a ville foumettroit toute lIta- lie fous fon empire. Autro étant venu à Rome pour ce fujet, un de fes valets avertit le roi Servius de la, prédiétion du devin; ce prince ayant confulté fur cet article le pontife Cornélius, il fit avertir Autro de s’aller laver dans les eaux du Tibre, avant de {a- crifier cette vache, & cependant le roi Servius la facrifia lui-même, & en attacha les cornes aux mu. railles du serrple. Augufte éleva un semple à Diane dans la Sicile; après las défaite de Sextus Pompéius & le recouvre- ment de cette province. Il fitgraver au frontifpice de ce semple trois jambes, qui {ont le fymbole de la Trinacrie ou de la Sicile, avec cette infcription, imperaior Cœfar. trabon, lv. IV. de la defcription du monde, raconte qu'en l'ile d’Icarie on voyoit un smple de Diane nommé rauporonos , & Tite-Live ,2.1F. de la cinquieme décade, appelle ledit temple Tazropolium, &r les facrifices qui s’y faifoient sauropolia ; toutefois Denis dans fon livre de fitu orbis ; dit que Diane n’a pas été nommée Tauropola du peuple , mais des tau- reaux dont 1] y avoit grande abondance dans le pays. (D.J.) TEMPLE DE TOUS LES DIEUx, (Anriq. rom. } le semple de tous les Dreux, étoit l'édifice Le plus {u- perbe & le plus folidement bâti de la ville de Ro- . me; il eft vrai que jen ai déjà parlé au 770 PAN- THÉON { c’étoit fon nom |, mais j'ai beaucoup de chofes à rectifier & à ajoûter à cet article. Le corps de ouvrage fubfifte encore aujourd’hui fous le nom de Roronde ou d’églife de tous les Saints, auxquels. ce semple eft confacré, comme il Pétoit dans le paganifme à tous les dieux : on en trouvera le de£ fein dans le ZI. tôm. de l’Anrig. expliqg. par le pere Montfaucon, qui l’a pris pour le plan de Serlio, & _ pour Le profil dans Lafreri. Ce fuperbe édifice ne reçoit le jour que par un trou fait au milieu de la voute, mais fi ingénieufe- ment ménagé, que tout le semple en eft fuffifamment éclairé. Sa forme eft de figure ronde, & il femble que Parchiteéte ait voulu, comme en un grand nom- bre d’autres remples de la premiere antiquité, imiter en cela la figure qu’on donnoïit au monde: gzod for- ma cjus convèxa, fafligiatam cœli fimilitudinem offen- déres, | _ La bâtiffe de ce semple eft fort ancienne; on ignore le tems de fa conftruétion. Agrippa, gendre d’Au- oufte, ne fit que le réparer, le décorer, & y ajoûter le portique que l’on admire aujourd’hui, & fur la frife duquel 1l a fait mettre fon nom; de-là vient qu'on nomme ce semple le Panthéon d’Agrippa. Son portique eft compofé de feize colonnes de marbre granit, chacune d’une feule pierre : ces co- lonnes ont cinq piés de diametre, & plus de trente- fept piés d’hauteur, fans y comprendre la bafe & le chapiteau. De ces feize colonnes 1l y en a huit de fice &:huit derriére, le tout d'ordre corinthien. Comme on trouva, du tems du pape Eugene, près de cet-édifice, une partie de la tête d’Agrippa en bronze, un pié de.cheval &z un morceau de roue du même métal, il y a apparence que ce grand homme étoit repréfenté lui-même en bronze fur ce portique, monté {ur un char à quatre chevaux. | de * Diogène, athénien, dit Pline, décora le Panthéon d’Asrippa, & les caryatides, qui fervent de colon- nes au seznple, font mifes au rang des plus belles cho- Les , ainf que les ftatues pofées fur le haut du sep2e, maïs elles font trop élevées pour qu’on puifle leug rendré toute la juftice qui leur et die Septime Sévere fit encore dans la fuite des répa- rations confidérables à ce beau monument de la piété des anciens ; mais le serple eft toujours demeuré tel qu'il étoit au tems de Pline, avec la feule différence qu'il a été dépouillé de fes ftatues, & de cette gran- de quantité d’ornemens de bronze dont il étoit enri- chi. On ne voit pas même où pouvoient être piacées les caryatides dont Pline fait mention ; on a foup- ÿvnné qu’elles avoient occupé l’attique qui regne au-deflus des colonnes, dans l’intérieur de l'édifice. On ignore le tems auquel elles ont été fupprimées, &t on n’eft pas plus infiruit du motif de leur deftruc- ton. Il y a cependant apparence qu’on eft venu à cette extrémité lorfque le semple a été converti en églife, il a fallu en Ôter les ftatues des divinités ; & les caryatides furent mifes apparemment au rang des fiatues, par des gens qui ne favoient pas que les caryatides étoient un ordre d’architeéture, & n’a- voient aucun rapport avec le culte religieux, Les plaques de bronze dorées qui couvroient toute la voute, furent enlevées par l’empereur Conf tance JT. Le pape Urbain VIT. fe fervit des poutres du même métal pour faire le baldaquin de S. Pierre, & les groffes pieces d'artillerie qui font au château Saint-Ange ; en un mot, toutes les chofes précieufes dont ce remple étoit rempli ont été diffipées. Les fta- tues des eux, qui étoient dans les niches qu’on voit encore dans l’intérieur de semple, ont été où pillées ou enfouies ; & il n’y a pas bien long-tems encore, qu'en creufant près de cet édifice, ontrouva un lion de Bafalte, qui eft un beau marbre d'Eoyte, 6t puis un autre, qui fervirent à orner la fontaine de Sixte V. fans parler d'un grand vafe de porphire, qu’on plaça près du portique. (D. J.) TEMPLE D'ÉLEUSIS, ( Arrig. grecq.) ün des plus célebres du monde, élevé en l'honneur de Cerès & de Proferpine. Hetinus le fit d'ordre dorique , & d'une fi vafte étendue, qu’il étoit capable de conte- nir trente mille perfonnes; car il s’en trouvoit du- moins autant, & fouvent plus, à la célébration des myfteres de ces deux déeffes ; c’eft un fait que cer- tifient Hérodote, Z. VIII. ch. Zxv. & Strabon, Z IX. pag. 365, Vitruve obferve que ce rempléétoit d’a- bord fans colonnes au -dehors , pour laïfler plus de * place & de liberté aux cérémonies religieufes qui fe pratiquoient dans les tacrifices éléufiniens; mais Phi- lon dans la fuite y ajouta un portique magnifique. (D.1J.) TEMPLE D'ÉPHÈSE, ( Ariq. grecq. ) Voyez ÉPHÈSE, remple d’. | Le premier semple d'Ephèfe, qui fut brûlé par Ero- ftrate, pañloït pour une des fept merveilles du mon- de : on ayoit employé 220 ans à l’élever. Les richef. fes de ce temple devoient être immenfes, puifque tant de rois avoient contribué à l’embellir. & auil 9 q , n’y avoit rien de plus fameux en Afie que cet édifice, Le fecond semple d’Ephèfe fut conftruit par Cheiro- moctate, le même qui bâtit la ville d’Alexancrie, & qui du mont Athos vouloit faire une flatue d’Alexan- dre. Ce dernier smple, que Strabon avoit vû, n’étoit ni moins beau, ni moins riche, ni moins orné que le premier. Xénophon parle d’une ftatue d’or maflif qui y étoit. Strabon afure aufli que les Ephéfiens , par reconnoïflance, y avoient placé une flatue d’or en honneur d’Artémidore. Le concours de monde qui fe rendoit à Ephèfe pour voir ce zemple, étoit infini. Ce que raconte faint Paul, 46. 19. de la fédition tramée par les orfévres d’Ephèfe , qui gagnoient leur vie à faire de petites flatues d'argent de Diane, eft bien propre à nous prouver la célébrité du culre de cette déelle. Vitruve obferve que le semple dont nous parlons étoit d'ordre ionique & diptérique, c’eft.à-dire qu'il regnoit tout-à-lentour deux rangs de colonnes , en TEM 71 forme d’un double portique; il avoit 1 toifes de lon- gueur, fur plus de 36 de largeur, & l’on y comptoit 127 colonnes de 6o piés de haut. Ce remple étoit un afyle des plus célebres ») qui s’étendoit à 125 piés aux environs. Mithridate l’avoit borné à l’efpace d’un trait de leche. Marc Antoine doubla cette étendue ; mais Tibere pour éviter les abus qui fe commettoient à l’occafon de ces fortes de droits, abolit cet alyle : aujourd’hui on ne trouve plus, d’un fi fuperbe édifice, que quelques ruines 5 dont on peut voir la relation dans le voyage deSpon, (D. J.) TEMPLES D'ESCULAPE, (Antig. greg. G: rom.) ce dieu de la fanté fut prémierement honoré À Epidau- re, ville d'Efclavonie, où il avoit un temple magni- fique & une ftatue d’or & d'ivoire d’une grandeur ex- traordinaire, fculptée par Trafñimede de l'ile de Pa- ros. Le dieu étoit repréfenté affis fur un trone , te= nant d’une main un bâton, & s'appuyant de l’autre fur la tête d’un dragon, avec un chien à fes piés. Pau fanias dit que ce chien étoit mis aux piés d’Efculape, parce qu'un chien l’avoit gardé lorfqu’il fut expolé ; On pourroit auf penfer , dit M. le Clerc, que ce chien étoit l'emblème de l’attachement ; du zèle, & des autres qualités néceffaires À un médecin dans {à ” profeffion. Les Romains éleverent un empze à Efculape dans l’île du Tibre. L’occafon en fut extraordinaire au récit d’Aurélius Viéor. Rome & le territoire qui l’environnoit » étoient ra- vagés par la pefte. Dans cette défolation > On envoya dix ambafñladeurs à Epidaure avec Q. Oguinius à leur tête, pour inviter Efculape à venir au fecours des Romains. Les ambafladeurs étant arrivés À Epidaure, comme ils s’occupoient à admirer la flatue extraord; naire d’Efculape, un grand ferpent fortit de deflous fon autel, & traverfant le temple , 1l alla dans le vaif= feau des Romains, & entra dans la chambre d’'Opul- mus. Les ambañladeurs comblés de Joie à ce préfase, mirent à la voile, & arriverent heureufement À An- tium , où les tempêtes qui s’éleverent alors , les re- tinrent pendant quelques jours. Le ferpent prit ce tems pour fortir du vaifleau ; & il alla fe cacher dans un temple fitué dans le voifinage, qui étoit dédié à Efculape. Le calme étant revenu fur la mer, le fer- pent rentra dans le vaifleau , & s’avança fur le rivage où on lui bâtit un semple, & la pefte cefla. Pline dit qu’on bâtit un remple d'Efculape en cet endroïtpar une efpece de mépris pour l’art qu’il avoit inventé, comme fi les Romains avoient envoyé à Epidaure une ambaflade folemnelle » à deffeïn d’inju- tier le dieu dont ils ayoient alors befoin. Plutarque a rendu une meilleuretaifon au jugement de M. le Clerc, du choix qu'on faoit de certains lieux ,pour y bâtir les smples d'Efculape. Il a penfé que celui des Romains’, & prefque tous ceux de la Grece, avoient été fitués fur des lieux hauts & dé couverts, afin que les malades qui s’y rendoient, euflent l'avantage d’être en bon air. [ny à pas de doute que ce ne fût à limitation des Grecs, que les Romains placerent-le temple d'Efcu- lape hors de Rome; & l’on pourroit apporter une ex- cellente raifon de la préférence que les Grecs don- nerent à cette fituation : ils avoient éloigné le temple d'Efculape des villes, de peur que la corruption occafionnée par la foule des malades qui s’adref- foient aux prêtres de ce dieu pour être ouéris, ne pafsät dans les lieux qu’ils habitoient , fi les temples en avoient été voifins , ou qu'ils n’euflent refpiré un air empefté par la même caufe, s'ils avoient été éles vés dans les villes. (D. 7.) TEMPLE DE LA FÉLICITÉ, ( Antig. rom.) emplim Felicitatis, Les Romains dreflerent un semple & un autel à çette-déefle, & firent faire fa ftatue. par Ar 72 TEM chéfilas flatuaire ; elle avoit couté à Lucullus foixante grands fefterces, c’eit-à-dire environ 6000 francs. (2.J.) TEMPLE DE LA For , (Antig. rom.) le temple de la Foi , bâti fur le mont Capitolin, & dans lequel le fé- nat s’aflembloit quelquefois , n’étoit pas éloigné du temple d'Apollon. Numa Pompilius avoit placé la Fi- délité parmi Les dieux, dans l’objet d'engager chaque citoyen , par l’appréhenfion de cette divinité, à gar- der la foi dans les contrats, ce qui eft confirmé par Cicéron , div. III. des Of. & par Pline , 4 XX XF. & la hauteur des colonnes, y compris la bafe & le chapiteau, eft de douze diametres. Les bafes n’ont point de plinthe, mais les marches où elles pofent, leur en fervents larchiteéte aufé de cet artifice afin que l'entrée de fon portique reftât plus libre, parce les colonnes y lont fort preflées. Le diametre de la nef, en comprenant l'épaifleur des murs, eft égal à la haue teur des colonnes. Les chapiteaux font taillés À feuil_ les d'olive. On n’y voit plus rien de là corniche ; Mais Palladio la fupplée dans le plan qu'il nous a donné de cet édifice, & en a ajouté une de fon defein. Les ornèmens de la porte & des fenêtres font fort fimples & de bon goût. Sous le portique & au-dedans du temple, les fenêtres font foutenues par des cimaifes qui vont reégnant tout-autour ; elles forment comme une elpece de piédeftal., ou d’embafement au mur êc à la couverture. Ce mur fous le portique eff fait d’u- ne maçonnerie de pierres divifées par carreaux de- puis la.corniche de lembafement jufqu’au fofite, Il eft tout uni par-dedans, avec une autre corniche, à dos de celle qui eft fous le portique d’où commen- ce la voûte. | À Tivoli, à cinq ou fix lieues de Rome , fur la caf. cade du Téveronne, on voit un autre temple de Vefla dont la forme eft ronde. Les habitans difent que c’é- toit autrefois la demeure de la fibylle Tiburtine ; il eft aflez vraiflemblable que c’étoit un sempie dédié à la déefle Vefta; cet édifice eft d’ordre corinthien. Les entre-colonnes ont deux diametres ; le pavé eft élevé au-deflus du rez-de-chauflée à la hauteur dun tiers des colonnes; les bafes n’ont point de focle; le but de l’archite“te, en le fupprimant ) à été de ren- dre la promenade fous le portique plus libre. Les co- lonnes font précifément auffi hautes que le diametre de lanefeft large, & penchant en-dedans vers lemuz du semple, de telle forte que Le vif du haut des co- lonnes tombe à plomb fur le vif du pié de leur fût en-dedans. Les chapiteaux font taillés à leur d’olive &t très-bien exécutés, d’où l’on peut conjeéturer que cette fabrique a été faite dansun fiecle de goût. L’ou- verture de la porte & des fenêtres eft plus étroite par le haut que par le bas , ainf que Vitruve enfei- gne qu'on le doit pratiquer. La maçonnerie de ce cemple et de pierre tiburtine incruftée de ftuc fi pro- prement , qu'il femble être tout de marbre, C’eft là la defcription qu’en fait Palladio. (D. J.) ‘TEMPLES DE LA VICTOIRE, (Antig. greg. Érom.) Paufanias nous apprend que cette divinité avoitplu- fieurs semples dans la Grece, & Tite-Live parle de ceux qu’elle avoit à Rome; ilfaut confulter ces deux auteurs; les Romains lui bâtirent le premier semple durant la guerre des Samnites » fous le confulat de Lucius Pofthumus & de M. Attilius Regulus. (2. J.) TEMPLES DE VULCAIN , ( Antiq. égypt. G rom.) Le remple de Vulcain où le {énat s’aflembloit, étoit placé à côté de celui de la Concorde; ils étoient tous deux fitués dans le lieu appellé par les anciens, ve- La, à vellendis gregibus, qui, felon Varron, s’éten- doit depuis Parc de Titus, jufqu’à celui de Conftan- tin. Tatius, au rapport de Denis d'Halycarnaffe, lui fit bâtir ce emple hors de l'ençeinte de la ville ; Les ] TEM atiüres ayant déclaré que le dieu du feu rie devoit pas être dans la ville même. | Mais parmi les anciens peuples, les Ecyptiens font ceux qui-ontle plus honoré ce dieu : il avoit à Mem- phis Ce emple magnifique décrit par Hérodote, & relativement à l'hôtel d'Eflex , qui faifoit auffi partie de la demeure des Templiers ;,& l’autre s'appelle lé temple extérieur, comme étant fitué hors de la barre du cerple. es Dr à La Du tems des Templiers, le tréfor du roi d’Angle- terre étoit gardé dans Le semple intérieur, comme ce= lui du rorde Frañce au mple à Paris. Le chef de cette maïfon s’appelloit le mafre dr temple squi fut cité au parlement la 40° année du regne d'Henri Il. & le principal miniftre de Péglife du temple, s'appelle encore aujourd'hui du même nom, Voyez MAÎTRE, | . Nousayonsauff à Paris une efpéce d’ancienne for terefle nommé le semple, qui étoit la maïfon ou le monäfteré des chevaliérs Templiers. Après la def: truétionde ceux-ci, elle à pañlé avec leurs autres biens à l'ordre de fant Jean de Jérufalem ou de Malte; mais elle a téujours confervé Le nom de rempie. C’eft dans fon enceinte qu’eft fitué le palais du grand prieur de la langue de France, qui y a un bailli, d’autres officiers , & une jurifdiétion particuliere: L’enceinte " du temple eft un liéu privilégié pour des ouvriers & artfans qui n’ont pas droit de maîtrife dans Paris. On ne peut pas non plus y arrêter un homme pour det- tes. L'églife eff deffervie par des chapelains de lors dre de Malte, les archives & la chancellerie de la langue de France y font aufi renfermées, & le cha- pitre général s’y tient tous les ans le 11 de Juin. TEMPLE, {on (oxril de Charron.) c’eft un motrceaw de bois, de la longueur de trois piés ou environ, qut eft gros dé deux pouces, large à-peu-près de-même par en-bas ; plus plat que rond ; dont latête eft plus plate & plus large , un peu ronde, percée au milieu d'un petit trou. Voyez la fig. PL du Charron. Les Charrons fe fervent de cet outil pour entayer, c’efl-ä-dire, pour marquer, quand les raies font pla- cées dans le moyeu; là diftance à laquelle il faut former les mortaïfes dans les jantes, Cela s’éxécute en plaçant le bout large & plat du rabat fur le milieu du moyeu, en fufant pañer une petite cheville de fer dans le trou de la tête du rabat & enfuite dans le trou qui eft au milieu du moyeu, de façon que le rabat peut tourner autour de la roue prête à êtré montée, & alors l’ouvrier marque les places des mortaifes fur les jantes avec de la pierre noire: TEMPLE, Î, ms (terme de Férändin.) crémaillere conipofée de deux petites lames de bois. dentelées , arrêtées l’une contre l’autre par une boucle cou lante & terminées par des pointes d'épingle, (D, J.\ 86 TEM TEMPLE, (verme de Tifferañd.) ‘ce font deux bar- resde bois attachées l’une à l’autre par une ficelle, &z dont les extrémités font garnies de petites pointes de fer. On accroche les deux bouts du 79/4 aux deux lifieres de la toile auprès de endroit que lou- vier travaille. Lesempleeft garni dansle milieu de petits crans, pour pouvoir cn éloigner où écarter les deux barres, felon la largeur dela toile. Il a outre cela une efpece d’anneau de cuir mobile, appellé le cuirer, pour émbrafler les deux barres à-la-tois & les empêcher de s’écarter. TEMPLET , f. m. (zerme de Relieurs.) forte de petite tringle, ou de bâton quarré, qu'on leve du coufoir, & dont on fe fert pour tenir lés chevillet- tes, quand on coud quelques livres. (D, J.) TEMPLIER , fm. (Æiff. des ordr. relig. 6 milis.) chevalier de la-milice du temple. L'ordre des Templiers eft le premier de tous les or: dres militairesreligieux ;1l commença vers lan 1118 À Jérufalem. Hugues de Paganès & Geoffroide Saint- Ademat en font les fondateurs. Ils fe réunirent ayec fept autres perfonnes pour la défenfe du faint fépul- cre, & pour la proteëtion «les pélerins qui y abor- doient de toùtes parts. Baudouin IT. roi dé Jéru- falem, leur préta une maifon fituée auprès de Pé- glife de Jérufalem, qu’on difoit avoir été autrefois le temple de Salomon; c’eft de-là qu'ils eurent le nom de Templiers où de chevaliers de la milice du temple ; delà vint auffi qu'on donna dans la fuite le nom de semples à toutes leurs maifons. Fi Les chevaliers de cet ordre furent d’abord nom- més à caufe de leur indigence, les pauvres de la fainte cité ; & comme ils ne vivoient que d’aumOnies, le roi de Jérufalem , les prélats & les grands leur donne- rent à l’envi des biens confidérables , les uns pour un tems, & les autres à perpétuité. | Lesneufpremiers chevaliers de cet ordrefrenit en- feimble les trois vœux de religion entre lés mains du patriarche de Jérufalem; J'entends'par les trois vœux de religion, ceux de pauvreté, de chaflcré &t d'ohéiffance , auxquels ils ajouterent un quatrieme vœu, par lequel ils s’engageoient de défendre les pélerins , & de tenir les chemins libres pour ceux qui entreprendrotent le voyage de la terre-fainte, Mais ils n’agregerent perfonne à leur fociété qu'en 1125, où ils reçurent leur regle de faint Bernard après le concile tenu à Troies en Champagne par: l'évêque d'Albe, lésat du pape Honorius I. Ce concile or- donna quais porteroient habit blanc ; & en 1146 Eugene IL. ÿ ajouta une croix fur leurs manteaux. Les principaux articles de leur regle portoient, qu'ils entendroient tous les jours Poffice divin ; que quand leur fervice militaire Les en empêcheroit, ils fuppléeroient par un certain nombre de parer; qu'ils feroient maigre quatre jours de la femaine, &c le vendredi en viande de carême; c’ett-à-dire, fans œufs ni laitage; que chaque chevalier pourroit avoir trois chevaux & un écuyer; & qu'ils ne chafferoient ni à l’oifeau n1 autrement. Après la ruine du royaume de Jérufalem arrivée lan 1186, l'ordre des Templiers fe répandit dans tous les états de l’Europe, s’accrut extraordinaire- ment , & s'enrichit par Les libéralités des grands & des petits. ne Matthieu Paris aflure que dans le tems de lex- tinétion de leur ordre en 1312, c’eft-à-dire, en moins de deux cens ans, les Templiers avoient dans l'Europe neuf mille couvens ou feigneuries. De fi ‘grands biens exciterent l'envie, parce que Les Tex- pliers vivoient avec tout l’orgueil que donne lopu- lence & dans les plaifirs effrenés que prennent les gens de guërre qui ne font point retenus par le frein du mariage. Ils refuferent de fe foumettre au patriarche de Jérufalem, & montrerent dans leur conduite beaucoupide traits d’arrosance. Enfin sil devinrent odieux à Philippe-le-bel qui entreprit de ruiner leur ordre, & exécuta ce deflein. Voici ce qu'en a écrit l’auteur de l'Effai fur l'hifloire générale des nations, dont les recherches fur cette maricre, méritent d'être recueillies dans cet ouvrace. | La rigueur des impôts, dit-il, & la malverfation du confeil de Philippe-le-bel dans les monnoies, ex- cita une fédition dans Paris en 1306. Les Templiers ‘qui avoient en garde le tréfor du roi, furent accu- {és d’avoir eu part à la mutinerie, | De plus, ce prince les accufoit d’avoir envoyé des fecours d'argent à Boniface VII. pendant fes dif: férens avec ce pape, &c de tenir en toute occañon des difcours féditieux fur fa conduite & fur celle de fes deux favoris, Enguerrand de Marigny, furinten- dant des finances, & Etienne Batbette, prevôt de Paris. & maître dés monnoies, ds" .Plihppe-le-bel étoit vinditatif, fier, avide, pro- digue, & s’abufant toujours fur les moyens que fes miniltres employoient pour lui trouver de l'argent, Il ne fut pas difficile de lui faire goûter le projer d'une vengeance qui mettroit dans fes coffres Ja dépouille dés Juifs & une partie des richeffes que les Templiers avoient en,partage. Il ne s’agifloit plus que de trouver des accufateurs, & l’on en avoit en main. Re j Les deux prémiers qui fe préfenterent furent, un bourgeois de Béfiers, prieur de Montfaucon près Touloufe, nommé Syin de Florian, & Noffodei, florentin, Templiers apoftats, détenus tous deux en ptifon pour leurs crimes. Ils demanderent à être conduits devant le roi à qui feul ils vouloient révé- ler des chofes importantes. S'ils :n’avoient pas fa quelle étoit lindrgnation du roi contre les Templiers, auroient-ils efpéré leur grace en les accufant? Ils fu rent écoutés. Le roi ; fur leur dépofition ,ordonna À tous les baïllis du royaume, à tous les officiers, de rendre main-forte ; leur envoie un ordre cacheté, avec défenfe, fous peine de la vie, de l'ouvrir avant le 13 Oétobre 1309. Ce jour venu, chacun ouvre fon ordre : il porteit de mettre en prifon tous les Templiers. Tous font arrêtés. Le roi aufi-tôt fait faifir en fon nom les biens des chevaliers, jufqw’à ce qu'on en difpole. Il paroit évident que leur perte étoit réfolue très- long-tems avant cet éclat : l’accufation & lempri- fonnement font de 1309; mais on a retrouvé des lettres de Philippe-le-Bel au comte de Flandre, da- tées de Melun 1306, par lefquelles ille prioit de fe joindre à lui pour extirper les Templiers. Ïl falloit juger ce prodigieux nombre d’accufés. Le pape Clément V. créature de Philippe, &: qui demeu- roit alors à Poitiers, fe joint à lui; après quelques difputes fur le droit qu’avoit l’Eglife d’exterminer ces religieux, & le droit dusroi de punir fes fujets, le pape interrogea lui-même foixante & douze che- valiers ; des inquifiteurs , des commifaires délégués procéderent par-tout contre les autres. Les bulles furent envoyées chez tous les potentats de l’Europe pour les exciter à imiter la France. On s’y conforma en Caftille, en Arragon, en Sicile, en Angleterre ; mais ce ne fut prefque qu’en France qu'on:fit périr ces malheureux. Deux cens & un témoins les accunferent de renier ‘J. C. en entrant dans l’ordre, de cracher fur la croix, d’adorer une tête dorée montée fur quatre piés, Le novice baïfoit le profes qui le recevoit , à la bouche, au nombril, & à des parties qui certainement ne font pas deftinées à cet ufage : 1l juroit de s’abandonner à fes confreres. Voilà, difent les informations confer- vées jufqu'à nos jours, ce qu'avouerent foixante & douze templiers au pape même, & cent quarante-un de ces acçufés à Guillaume Cordeler, inquifiteur L dans TEM dans Paris, en préfence de témoins; on ajoûte que le grand - maître de Pordre , même le grand- maitre de Chypre, les maîtres de France, de Poitou, de Vicpne, de Normandie, firent les mêmes aveux, à trois cardinaux délégués par le pape. pour Ce qui eft indubitable, c’eft qu'en fit fubir des tortures cruelles à plus de cent chevaliers, &t qu’on en brûla vifs cinquante-neuf en un jour près de Pab- bayeS. Antoïne de Paris. Le grand baïlli, 3 acques de Nolay ,& Guy, dauphin , fils de Robert IT. dauphin d'Auvergne, commandeur d'Aquitaine » deux des principaux feigneurs de l’Europe, l’un par fa dignité, l'autre par fa naïflance, furent anfu jettés vifs dans les flammes, Le lundi 18 Mars 1314, à l’endroit où eft à-préfent la flatue équeftre du roi Henri IV. - Ces fupplices dans lefquels on fait mourir tant de citoyens, d’ailleurs refpeétables, cette foule de te- moins contre eux, ces nombreufes dépoñtions, des accufés même, femblent des preuves de leur crime, & de la juftice de leur perte. | Mais aufi que de raifons en leur faveur ! Premie- rement , de tous ces témoins qui dépofent contre les Templiers , la plûpart n’articulent que de vagues ac- cufations. Hs Secondement , très-peu difent que les Templiers tenioient Jefus-Chrift ; qu’auroient-ils en effet gagné en maudiflant leur religion qui les nourrifloit 6c pour laquelle ils combattoient ? | Le Troifiemement, que plufieurs d’entreux, témoins & complices des débauches des princes &t des ecclé- faftiques de ce tems-là, euffent fouvent marqué du mépris pour les abus d'une religion tant deshonorée en fie & en Europe, qu'ils euflent parlé dans des momens de liberté, comme on dit que Boniface VIIT. en parloit, c’eft un emportement très-condamnable de jeunes gens, mais dont l’ordre entier n’eft point comptable. 1 ME: + Quatriemement, cette tête dorée qu’on prétend wilsadoroient, & qu’on gardoit à Marfeille, devoit leur être repréfentée : on ne fe met pas feulement en peine de la chercher ; & 1l faut avouer qu'une telle accufation fe détruit d’elle-mème. Cinquiemement, la maniere infâme dont on leur reprochoit d’être reçus dans ordre, ne peut avoir pañlé én loi parmi eux. C’eft mal connoître les hom- mes de croire qu'il y ait des fociétés qui fe foutien- nent par les mauvaites mœurs, & qui faffent une loi de limpudicité. On veut toujours rendre fa fociété refpedtable à qui veut y entrer, 1l n’y a pas d’exem- ple du contraire. On ne doit pas douter que plufieurs jeunes sempliers ne s’abandonnaffent à des excès hon- | feux de débauche, vices qu’il ne faut point cepen- dant divulguer par des punitions publiques. Sixiemement, fi tant de témoins ont dépofé contre les Templiers , il y eut auf beaucoup de témoignages étrangers en faveur de Pordre. Septiemement, files accufés vaincus par les tour- mens ; qui font dire le menfonge comme la vérité, ont confeflé tant de crimes, peut-Ëtre ces aveux . font-ils autant à la honte des juges qu’à celle des chevaliers : on leur promettoit leur grace pour. ex- torquer leur confeflion.. À : Huitiemement , les cinquante - neuf qu’on brüla prirent Dieu à témoin de leur innocence, & ne voulurent point la vie qu’on leur offroit, à condi- fion de s’avouer coupables. Neuviemement, foixante êc quatorze cempliers non accufés , entreprirent de défendre l’ordre, & ne furent point écoutés. à Dixiemement, lorfqu’on lut au grand-maitre fa confeffion rédigée devant les trois cardinaux, ce vieux guerrier qui ne favoit ni lire’ ni écrire ainfi que fes confreres , s’écria qu’on lavoit trompé, que Fon avoit écrit une autre dépofñtion que la fienne; Tome XVI. sn oO TE M. . 9 que les cardinaux, miniftres de cette perfidie, méri toient qu'on les punit, comme les Turcs puniflent les: fauflaires , en leur fendantle-corps &c la tête en deux. Enfin, on eût accordé la vie à ce grand-maître & à Guy , dauphin d'Auvergne, s'ils avoient voulu fe -reconnoitre coupables publiquement, & on ne les brûla que parce qu’appellés en prefence du peuple fur un échaffaut, pour avouer les crimes de ordre, ils jurerent que lordre étoit innocent. Cette décla- ration qui indigna le roi, leur attira leur fupplice, & ils moururent en invoquant la colere célefte con. tre leurs perfécuteurs. | Cependant en conféquence de la bulle du pape &c de leurs grands biens, on pourfuivit les Terzpliers dans toute l’Europe; mais en Allemagne ils furent empêcher qu’on ne faisit leurs perfonnes : ils foutin- | renten Arragon des fièges dans leurs châteaux. Enfin, le pape abolit l’ordre de fa feule autorité ; dans un confiftoire fecret, pendant le concile de Vienne , tenu en 1312. U Les rois de Caftille & d'Arragon s’emparerent d’une partie de leurs biens, 8 en firent part aux che- valiers de Calatrava. On donna les terres de l’ordre en France, en Italie, en Angleterre, en Allemagne, e . 7 LA 2 aux hofpitaliers nommés alors chevaliers de Rhodes, parce qu'ils venoient de prendre cette île fur les Turcs, & lPavoient fu garder avec un courage qui méritoit au-moins les dépouilles des chevaliers du Temple pour leur récompenfe. Denis, roi de Portugal, inftitua en leur place l'or: dre des chevaliers du Chrift, ordre qui devoit com: . battre les Maures, mais qui étant devenu depuis un . ain honneur , a ceflé même d’être honneur à force * d’être prodigue. Phihppe-le-Bel fe fit donner deux cens mille livres,: &z Louis Hutin fon fils, prit foixante mille livres fur les biens des Templiers. Le pape eut auffi fa bonne part de leurs dépouilles ; mais il faut lire fur toute cette affaire l’Aif/oire des Templiers, par M. Dupuis. L’abolition de leur ordre, ainfi que le fupplice de tant de chevaliers , eff un événement monftrueux, foit qu'on imagine que leurs crimes fuflent avérés, foit qu'on pente, avec plus de raifon, que la haine, la vengeance, & l’avarice les euflent inventés. Il eft trifte, en parcourant les annales du monde, d’y trou- ver de tels faits qui font frémir d'horreur. (D.J. TFEMPLIN , ( Géogr. mod, ) petite ville d’Allema- gne, dans l'éleétorat de Brandebourgs , dans PUker- marck, près du lac de Dolgen, aux confins de la moyenne Marche. (D...) TEMPLOIE , f. m. owsil de Relieur, c’eft une trin- gle de bois de 25 pouces de long fur 8 lignes envi- ron de largeur, & 10 à 12 lignes de hauteur , échan- crée par les deux bouts ; la couturiere met cette trin- ole dans la rainure de la table du couloir, du côté où elle cout, après qu’elle y a pañté les ficelles & qu’elle les’'a arrêtées dans les chevillettes ; elle fert à rete- nir Les chevillettes fous la table & à rapprocher les ficelles contre le bord du coufoir, Voyez Cousoir, CHEVILLETTE. | | | TEMPLUM, ÆDES SACRA, ÆDICULUM, SACELLUM, FANUM, DELUBRUM , (Synonymes.) tous ces mots défignent en général des édifices fa- crés, maïs de diverfes efpeces , que nous allons ex- pliquer brievement. Quoique serplum foit générique , il s'applique fpécialement à ces édifices facrés qui furpafloient les autres.en dignité & en fainteté de cérémonies ; ils étoient ordinairement voués par Les rois, les con- fuls , les empereurs , pour obtenir quelque victoire à l’apprôche d’une bataille; après la vidtoire , ils étoient bâtis par lessvainqueurs fur les lieux défignés par les augures, enfuite dédiés 8 confacrés par cer- taines cérémonies qu’ils appelloient Éd à ; œ TEM &c qu'ils imaginoïent les rendre encore plus faints & * plus vénérables ; fans ces inaugurations, un édifice facré ne fe pouvoit appeller un temple, mplum, mais on le nommoit fimplement, ædes facra. Ædiculum &t facellum, figniñoient une efpece de petit temple , avec cette différence que les ædicules ‘étoient couvertes, & les petits lieux facrés dit /à. cella , étoient fans couverture. Fanum, défignoït une autre efpece de temple, ainfi nommé 4 fando, à caufe des paroles que le pon- tife proféroit en les confacrant aux empereurs après leur apothéofe, Voyez FANUM. Delubrim figniñie quelquefois un édifice facré , un temple, ou feulement une partie d’un temple. Je vois ce mot employé pour le temple entier dans ce pañlage d’Ammien Marcellin au fujet du temple Capi- tolin ; Jovis Tarpeii delubra guantum terrenis divina præcellunt ; mais il ne marque qu'une portion de temple dans cet autre pañlage , Proferpinæ tabula fuir in Capitolio , in Minervæ delubro. Ce mot fe prend dans Pline pour une des trois parties du même tem- ple Capitolin; & alors les Latins employoient vo- lontiers pour fon fynonyme le mot de ce//e ou de confortia , comme dans ce vers d’Aufone : Tria in Tarpeio fulgent confortia semplo, (D. J. TemPium, (Géog. anc.) nom que Tacite, 27 via Agricole, donne à une partie de la Ligurie, Voici le paflage : ram claffis Orhoniana licenter vaga dum in Templo ( Ligurie pars efl ), hofliliser populatur | ma- trem Agricole in prediis fuis interfecit. On foupçonne qu'il y a faute dans cet endroit de Tacite, & qu’au- Leu de dum in Templo , il faut lire dur Inremelios. Unancien manufcrit porte , dum [ntemelium , Liou- rie urbs eff. 1 fembleroit que cette derniere façon de lire devroit être préférée , étant appuyée fur un ma- nufcrit. La feule difficulté qui arrête, c’eft qu’on con- noît un peuple de Ligurie nommé Jrremelis, & qu’on ne voit point de lieuappellé Znremelium. ( D. J. TEMPO DI GAVOTTA , ( Mufrg. ital, ) c'eft un air compofé dans le mouvement de la gavotte, fans s’aflujettir à fuivre le nombre des mefures, ni les reprifes ordinaires à la gavotte; il y a fouvent des morceaux de cette nature dans les fonnates. Tempo di minuerto eft un mouvement femblable à celui du menuet, & qui eff de trois tems légers. (D.J.) TEMPORAL , LE, adj. ez Anatomie, ce quiap- partient aux tempes , eft un os de chaque côté de la tête, ainfi nommé à caufe de fa fituation dans les tempes. Voyez; TEMPES. La figure de cet os eft prefque circulaire. La par- tie antérieure & la fupérieure font très-minces , & ne font compofées que d’une feule table. La partie inférieure & la poftérieure font épaifles, dures & inégales. Voyez CRANE. L’os remporal eft joint à l'os coronal par la future écailleufe ; c’eft pourquoi il eft appellé en cet endroit os écailleux. Sa partie inférieure eft jointe à l'os oc- cipital & au fphénoïde. Il eft Jointà ce dernier, comme auff aux os de la mâchoire fupérieure,par le moyen de certaines apophyfes, &c en cet endroitil porte le nom d'os pierreux. Voyez l’article PIERREUX. Quoique los emporal ne {oït compofé que d’une feule piece dans les adultes, on y remarque dans les enfans trois pieces différentes, favoir l’écailleux qui occupe le deflus de los, Pos pétreux ou le rocher, & le cercle qui s’offiñie à l'extrémité du conduit audi- tif. Ce cercle dansl’adulte eft uni de telle forte au refte de l'os, qu’on ne trouve aucun veftige qui puifle donner à juger qu'il en ait été féparé ; il croït de ma- niere avec le refte de l'os, qu'il forme un canal , le- quel fait dans l'adulte une partie du conduit de l’o- reille, (D.J.) TEMPORAL, eft un mufcle qui vient par une fi: gine charnue & demi-circulaire d’une partie de l’os coronal , de la partie inférieure du pariétal, & de la partie fupérieure du semporal; de-là paffant fous l’ar- cade zygomatique, & fe réuniflant comme dans um centre , il fe termine par un fort & court tendon à Papophyfe coronoide de la mâchoire inférieure qu'il t.re en haut, Voyez nos PL. d’ Anatomie, & leur expli- cation. Ce mufcle fe nomme auf crotaphite, @t il eft cou- vert d’une expanfon tendineufe & forte appellée ca- lotte aponevrorique. Voyez CROTAPHITE. Il eft bon d’obferver ici que quand on eft obligé de découvrir los fitué fous le muftle temporal pour apphiquer le trépan , il faut faire l’incifion felon la direction des fibres de ce mufcle, qui vont de la cir- conférence au centre , c’eft-à-dire de haut en bas, par une feule fe&tion faite en fon milieu ou en deux endroits en forme d’F majufcule, ou en 7 de chiffre : mais cette incifñion m'eft pas indifférente à caufe des * gros vaifleaux qui montent en cet endroit à la tête, & qui peuvent occafionner une grande hémorrha- gie. Ajoutez 1c1 l’avis que donne Hippocrate , qw- une incifion étant faite au mufcle de la tempe , prin- cipalement en-travers ; la convulfion furvient au côté oppofé , & réciproquement du côté gauche au côté droit, ce qui arrive par la ceffation de l’é- quilibre. Il faut pourtant convenir que l'expérience apprend tous les jours qu’on peut fans danger, file cas le requiert abfolument, couper ce mufcle en-tra- vers, principalement dans fa partie fupérieure &c dans fa partie moyenne. (2. J.) TEMPOREL , adj, & fubft. fe dit des biens & des pofieffons de la terre par oppoñition aux biens fpi- rituels. | En certaines occafons on oblige les évêques &c Les autres bénéficiers à exécuter les lois du prince , fous peine de faïfie de leur temporel. TEMPOREL DES ROIS, ex Théologie, fignifie tant les terres ou pofleffions qui appartiennent aux fou- verains , que l'autorité avec laquelle ils gouvernent leurs peuples. C’eftune queftion vivement agitée dans les écoles que de favoir fi Le pape ou même l’Eglife ont un pou- voir, foit direét, foit indireét fur le sermporel des rois, ou fi ni l’un n1 l’autre ne leur appartiennent en aucune maniere. Touslesultramontains prétendent que lapuiffance eccléfiaftique a pour objet non-feulement le fpirituel des états, & en conféquence ils accordent au pape, qu’ils regardent comme le feul principe &t l'unique fource de la jurifdiétion fpirituelle , le pouvoir de difpofer de tous les biens terreftres, des royaumes- mêmes & des couronnes. Mais ils fe partagent fur la nature de cette autorité. Les uns foutiennent qu’elle eft directe , les autres fe contentent d’enfeigner qu’- elle eft indirecte. Dire que lEglife & le pape ontun pouvoir direét fur le temporel des rois, c’eft reconnoitre qu’ils peu- vent immédiatement l’un & l’autre,par la nature-mé- me de la puiffance dont Jefus-Chrift leur a confié ladminiftration , dépouiller les hommes, même les rois de leurs dignités , de leurs charges &r de leurs biens quand ils manquent à leur devoir, & que cette févérité eft néceflaire pour la tranquillité des royau- mes, Bellarmin lui-même, quoique très-zélé pour les droits & pour les privileges des fouverains pon= tifes , rejette cette doétrine &c la combat avec force. Voyez {on traité de roman, pontif. lib. W, c. j. Avancer que l’Eglife & le pape en fa perfonne ont un pouvoir indirect fur le smporel des rois, c’eft pré- tendre qu'ils font lun & l’autre en droit d’en difpo- fer lorfquils ne peuvent par des peines fpirituelles ramener les pêcheurs, 8 qu’ils jugent que linflion We des peines corporelles éfFabfolumentniécefaire oûr le'bien de PEpRÉE"E pour lefalut des armes. Telle et Pidée que Béllärmin lui-même donfe de ce pouvoir indire&, dont ilprend L& défente ave c Vivacité dans Fouvrase que nous vénons de citer, iv, F. . ch, Ve È : Avant que de rapporter les raifons ‘für fefquelles Béllarmin foñde Cetté opinion nous remarquerons don én fixé ordinairementi'orgine à Gregoire VII. dur vivoit dans ex): fiecle.« Ge pape, dit M; Fleus #ry, néavecÜn grand courage, bc cleve dans la dif- » cipline monaftique la plus répgukéré, avoit un zele # ardentde purger PEglife des vices dont il la voyoit “infectée; maïs dans un fiecle fpeuéclairé il avoit #5 pas toutes lés'fimières néceflaires pour régler fon # zele; &t prenant quelquefois de fatifes lueurs pour + des vérités folides ; 1l en tiroït fans héfiter les plus #'dangereufés conféquences. Le‘blus grandmäl , c’eit # qu'il voulut foutenir les peines {prrituelles par les # temporelles Qui n’étoient pas de fa compétence... #'Les papes avoïent commence plus de 200 ‘ans au- #paraävant à vouloir régler par dutorité les droits des » couronnes. Gregoire V IL fuivit ces nouvelles # maximes, 8tles pouffa éncote plus loin , préten- dant que comme pape , il étoif'en droit de dépoler s'lés fouveraïns rebelles à l'Eglife: Il fonda cette pré- # tention frincipalement fur lexcommunicarion. On # doit éviter lésexcommuniés , n'avoir aucun, come »mercé avec eux, ne pas même leur dire 40 Jour ; # fivantl’apôtre S' Jean. Donc un prince excommu- # mé doit être abandonné de tout le monde ; il n’eft # plus permis dé lui obéir; de recevoir fes ordres, » de Fapprocher; il eftexclu'de toute fociété avec les » chrétiens. “I eff vrai que Grégoire VIT. n’a jamais # fait aucune décifion fur ce point, Dieu ne la pas #permis. Îl n’a pas prononcé formellement dans au- # Cun concile nr par aucune décrétale,que le pape a » droit de dépofer les rois ; maïs il l’a fuppofé pour » conftant, comme d’autres maximes aufli peu fon- # dées qu'il croyoit certaines ; par exemple , quel'E- » glife ayant droit de juger des chofes fpirituelles , » elle avoit droit à plus forte raifon de juger des tem- » porelles ; que le moindre exorcifte eft au-deflus des # empereurs, pufqu'il commande aux démons ; que # la royauté eft l'ouvrage du démon, fondé fur l’or- » pgueil humaïn; au-heu que lefacerdoce eft l'ouvrage # de Dieu ; enfin, que le moindre chétien vertueux # eft plus véritablement roi, qu’un roi criminel, # parce qué ce prince n’eft plus un roi, mais un ty- » ran. Maxime que Nicolas [avoit avancée avant » Gregoire VI. 8: qui femble avoirététirée du livre # apocryphe des corflrations apofloliques où élle fe # trouve exprefiément ...."C’eft{ur ces fondemens » que Gregoire VIT. prétendoit en général que, fui- » vantle bon ordre, c'étoit l'Eglife ani devoitdiftri- » buer les couronnes , & juger les fouverains ; & en # particulier ilprétendoit que tous les princes chré= » tiens lui devoient prêter ferment de fidélité ; & lui # payer tfibut ». Diftours fur l'hifloire eccléftaftique, depuis lan Goo jufqu'à l'an rio, n°. xviy. 6 xvii. Ces prétentions ont paru trop excefivesauxthéo- logiens ultramontains eux-mêmes; ils fe fontconten- tés de foutenir la puiffance indireéte du pape {ur le zemporeldes rois. Bellarmin appuie cétte opinion de rafonnémens & de faits. Ikes principaux rafonne- mens qu'il emploie fe réduifent à ceux-ci. 1°. Que la puiflance civile eft foumifeà la puiffance rémporelle, quand l’une & l'autre foñt partie de la république chrétienne ; &cpar conféquent que le prince fpirituel doit dominer fur le prince #mporel, &c difpofer de Les États pour de bien fpirititel ; par la raïfon quetout füpérieur peut commander à{on inférieur. 2°, Que la fin de la puiffance remporelté eff fubordonnée à la fin de la puiffance fpirituelle , la fin dé l'une étant la félicité cémporelle des peuples ; & l'autre ayant pour Tome XVI, è l ' ni de ' F'EM 07 fin leur félicite éternelle; d’où il conclut ue la'pre- miere doit être foumile & céderà la fecon ‘ 32.Que: RS’ rois &'les pontites, les’ cléres & les laiques ne. font pas deux républiques > IMAiS une feule,, un feul corps quieftl'Eglite.. Or, ajoute-t-il, dans quelque Corps que ce 4oit , les membres dépendent de quels que chefprincipal ; on convient que la puiflance fps, rituelle ne dépend pas de la Æmporelle,; c'eft donc celle-ci qui dépend de l’autre. 4°, Si Padminifiration | temporelle empêche le bien fpirituel, le prince efl tenu de la changer, &c l’Eplife a droit de l’y contraindre ; car ellé doit avoir toute la puiffance néceflaire pour | procurer ce bien fpirituel: or la puiffance de difpotér } | du smporel des ‘rois et quelquefois nécefaire pour || cet effet, autrement les princes impies pourroient | impunément favorifer les: hérétiques »1renverfen la religion, &c. 59. Il n’eft pas permis aux Chrétiens de tolerer ün roi infidele où hérétique, sil s’efforce de . pérvertir fes fujets, Or, il n'appartient qu’au pape ou. à PEglite de juger s’il abufe ainfi de fa phiflance ; 8. par conféquent c’eft au pape’ où à l’Eglife à décider s’il doït être dépofé ou reconnu pour légitime fouve- , Train, 6”. Quand les princes ou Les rois {e convertit. fent au chriftianifme, on ne les reçoit que fous la condition exprefle ou tacite de fe foumettre à Jefus- Chrift, & de défendre fa religion ; on peut donc les privér de leurs érats , s'ils manquent à la remplir. 7°. Quand Jefus-Chrift a confié à S. Pierre, & À fes fuccefleurs le foin de fon troupeau, il lui a accordé. le pouvoir de le défendre contre les loups, e’eft-à- dire les hérétiques & les infideles ; or la puiflance remporellé eft néceffaire à cet effet. 82, Les princes féculiers exercent leur pouvoir fur des.chofes fpiri- ruelles en faïfant des lois fur ce qui concerne le culte de Dieu , ladminifiration des facremens, la décence du fervice divin ; l’Eglife peut donc écalement exer- cer fa. puifance fur les chofes temporelles lorfqu'elle Je juge néceflaire pourla défenfe & la confetvation de la religion. d'un; Tous ces raifonnemens de Bellarmin , ou font de purs fophifmes qui fuppofent ce qui eft en queftion.,, Où partent de principes évidemment faux, Car 1°.de ce que l'Eghfe peut exercer fa jurifdiétion fpirituelle fur à perfonne des rois en tant que fideles, s’enfuit-il qu’elle ait quelqu’aurorité fur eux en tant qu'ils font rois? Efl-ceen cette qualité qu'ils lui fontinférieurs à 2°. La fin que fe propofe chaque puiflance eft bien différente l’une de l’autre , leurs limites font diftin- guces, & elles font parfaitementindépendantes cha- cune dans fon genre. 3°. L'Éplife n’eft qu'un feul corps, mais auquel la puiflañce £mporelle n'appartient pas ; le pouvoir que lui a confié Jéfus-Chrift eft pu- rerment fpirituel ? & comme empire ne doit point empiéter fur les droits du facerdoce, le facerdoce ne doit point ufurper ceux de l'empire. 4°, L’Eplife a droit de contraindre les princes à procurer le bien de la religion, en employant les confeils les exhor- fations , même les peines fpirituelles fi elles font ab- folument néceflaires ;: mais s’enfuit-il de-là qu’elle ptifle les dépofer & les priver de leurs états ? Sont- ce-là les armes qu’elle a employées contre les perté- cufions des empereurs payens ? 5°, On convient Qu'il n’eft pas permis de tolérer un prince impie &. hérétique , c’eft-à- dire de fervir fon impiété , de foutenir fon erreur ; mais ces vices ne lui ôtent point fafouveraineté, & ne difpenfent point fes fujets de lobéiffance qu lui eft due Guant au £emporel ; les premiers fideles toléroïent en ce fens les Nérons & les Dioclétiens ; non par foiblefe , comme le prétend Bellarmin , mais par principe de confcience » parce, qu'ils étoient pérfuadés au’en aucun cas la révolte “neft permife à des fujets. 6°. La condition que fup- pofe Bellarmin dans la foumifion des princes à l'E- glife,eft une pure chimere : ils fe foumettent aux pei= Mi 92 TE Mr nes {pirituelles que l'Eglife peut décerner contretons fes enfans, du nombre defquels font les princes ; mais ils tiennent leur puiflance swporelle immédiatement. de Dieu ; c’eft à lui feul qu’ils en font comptables. 79. Jefus-Chrift n’a donné à S: Pierre & à fes fuc- cefleurs, en qualité de chef de l'Eglife , que la puif- fance fpirituelle pour préferver leur troupeau de la contagion de l'erreur. 8°, Les princes font les pro- teCteurs de l'Eglife 8 fes défenfeurs ; mais 1ls n’ont pas pour cela de pouvoir fur Le fpirituel ; PEglife n’en a donc pas davantage fur leur emporel | quoiqu’elle fafle des lois contre ceux qui refufent d’obéir à leurs légitimes fouverains. i ] TLé même auteur accumule différens faits, tels que la conduite de S. Ambroiïfe à l'égard de Théodofe ; le privilege accordé parS. Grégoire le grand au mo- naftere de S. Médard de Soiffons ; l’exemple de Gré- goire Il. qui défendit aux peuples d'Italie de payerles tributs accoutumés à l’empereur Léon, furnomme Brife-images , que ce poutife avoit excommunié; la dépofñition de Childeric , de Wamba roi des Goths, des empereurs Louis le Débonnaire & Henri[V. Fré- déric Il. & Louis de Baviere , G'c. mais tous, ces faits ne concluent rien, parce que ce font autant d’ufur- pations manifeftes de la puiffance pontificale fur l’au- torité temporelle ; d’ailleurs Bellarmin les rapporte fouvent d’une maniere infidéle, contraire à la narra- tion des auteurs contemporains ; il les tourne à l’a- vantage de fa caufe d’une maniere qui toute fubtile qu’elle eft, fait peu d'honneur ou à fon jugement, ou à fa bonne foi. Confultez fur ces faits la défenfe de la décla-ation du clergé pat M. Bofluet , & imprimée en 1728. L’églife gallicane qui dans tous les fiecles ne s’eft pas moins diftinguce par fa vénération envers le faint-fiege , que par fa fidélité pour les fouverains , s’eft conftamment oppofée à cette doétrine des ultra- montains ; fes théologiens établiflent le fentiment contraire fur les autorités les plus refpeétables,&c fur les raifonnemens les plus folides. Le premier principe dont ils partent , eft que la puiflance que Jefus- Chtif à donnée à fes apôtres & à leurs fucceffeurs, eft une puiflance purement fpirituelle , & qui ne fe rapporte qu’au falut éternel. En effet, les minifires de la religion n’ont , en vertu de linfutution divine, d'autre autorité que celle dont Jefus - Chrift - même étoit dépofitaire en qualité de médiateur : Comme mon Pere m’aenvoyé, leur dit-il , Je vous envoie auffe de même. Joan. xx. 21. Or le Sauveur du monde, confidéré comme médiateur, n’avoit aucun pouyoir {urle semporel des princes. Ses difcours r fes aétions concourent à le démontrer. Interrogé par Pilate sil eft vrai qu'il fe croit roi des Juifs , il protefte qu'il ra aucun pouvoir fur le semporel des rois , qu'il ne vient pas pour détruire les états des princes de la tetre: mon royaume, répond-il, #°e/f point de ce monde; JE mon royaume étoit de ce monde, mes fujets combat- croient pour empécher qu’on ne me livrät aux Juifs: mais mon royaume n’eff point d'ici, ibid. 36. Le magiftrat romain infifte, vous êtes donc roi, tbid. 87. out ; lui dit Jefus-Chrift, vous le dises , Je fuis roi , c’efl pour cela que je fuis né, © que Je fuis venu dans le monde, afin de rendre témoignage à la vérité. Quiconque appar- cient à La vérité écoute ma voix. Pouvoit-il marquer plus précifément que fa royauté ne s’étendoit que fur des chofes fpirituelles , qu'il étoit roi d'un royaume rout divin & tout célefte que fon Pere alloit former par fa prédication & par celle de fes apôtres dans tout l'univers. Lui-même pendant fa vie mortelle fe foumet à l’empire des Céfars , & leur paye le tribut. Si le peuple, épris de fes miracles , veut le faire roi, ‘ilprend la fuite pour fe fouftraire à leurs follicita- ions. Un homme lui propofe d’être arbitre entre fon frere & lui au fujet d'une fucceffion qui lui étoit TEM échue., illuiirépond que ce n’eft point à lui à juger des chofes remporelles , qu'il s’adrefle à ceux qui ont cepouvoir : © homme, quim'a établi pour vous juger, & pourfaire vos partages ? Luc, xig, 14: recommande également lobéfance qu’on doit aux Céfars, com: me celle qu’on doit à Dieu. | Mas , dira-t-on, fi Jefus-Chrift n’a pas lui-même exercé cette puiffance, peut-être l’a-t-1l accordée à fes apôtres, c’eft ce dont on ne trouve nulle trace, dans l'Ecriture ; toute la puiffance que, Jefus-Chrift accorde à fes apôtres, fe réduit au pouvoir d’annon: cer l'Evangile , de baptfer , de lier,ou de délier les péchés , de confacrer l'Euchariftie, d’ordonner. les miniftres ; en.un mot, de conférer.tous tes facre- ! mens, de lancer l’excommunication , ou d'infliger. d’autres peines canoniques contre ceux qui fe révol- | teroïient contre les lois de l’'Eglife ; enfin:il leur dé-, clare expreflément que leur miniftereeftunmimiftere de paix, de charité, de douceur, de perfuañon, qu'il n’a rien de commun avecla domination que les prime ces semporels exercent fur leursfujets. Reges gentum dominantur eorum , vos tautem non fic. Luc, xvij. 25. Leur fecond principe eft que l’Eglife ne peut chan ger ni détruire ce quieft de droit divin. Or telle eft d'une part la puifance des fouverains fur leurs peu- ples, &c d’une autre lobeiffance que les peuples doivent à leurs fouverains, Ces deux vérités.fe trou: vent également établies par ces paroles de S. Paul: toute perfonne vivante doit être foumife aux puiflances fouveraines ; car il n'y a point de puillance qui ne vienne de Dieu, & celles qui font, font ordonnées de Dieu ; ainf£ qui réfifie à la puiflance, réfifle à l’ordre. de Dieu, Rom. xij. 2. La feconde ne left pas moins évidemment par ce que dit S. Pierre : foyez foumis à toute créature hu maine a caufe de Dieu, Joit au roi comme an plus ex: cellent, foit aux chefs comme envoyés. par fes ordres , € dépolitaires de fon autorité. Epit, I. c. 17.13. C’étoit de Néron & des empereurs payens que les apôtres parloient de la forte. Si la révolte eût jamais pü être colorée de quelque prétexte, c’eût été fans doute de celui de défendre la religion contre fes perfécuteurs ; mais les premiers fideles ne furent jamais qu'obéir &s mourir. La tradition n’eftpas moins formelle fur ce point que l'Ecriture. Tous les doéteurs de l'Eglife enfet- gnent 1°. que la puiffance féculiere vient immédia- ment de Dieu, & ne dépend que de lui feul, Criflia- zus , difoit Tertullien, zullius eff hoffis nedum tinpe- tatoris quem fciens à Deo fuo conflitui , necefleeff ur € ipfum diligat & revereatur G honorer & falvum velir, Colimus ergo imperatorem ffc quomodo & nobis licet, & ipf£ expedit ue hominem à Deo fecundum , 6 quidquid ef a Deo confecutum & folo Deo minorem , Lib, ad {capul. c. y.Optat. 2. ITI. contr. Parmentan. fuper 1m- peratorem non eff uni folus Deus qui fecit imperatoren ; & S. Auguftin, Lb. V7 de civis. Dei, cap. xx]. nor tribuemus dandi regni aique imperit poteflatem, nifi Deo vero 2°, Qu'on doit obéir aux princes, même quand is abufent. vifiblement de leur puiffance, & qu'il n’eft jamais permis à leurs fujets de prendre les armes contre eux : Negue sun , dit S. Auguftin en parlant des perfécutions des empereurs paiens, céviras Chrijfs adyerfus impios perfecutores pro falute temporali pu- gnavit. Ligabantur, cedebantur , ncludebantur , ure- bantur , torquebantur . .…. .. non erat eis pro falute pu- gnate nififalurem pro falvasore contemnere. de crvit Dei, lib. IL, cap. v. & fur le Pf. cxxiv. le même pere s’ex» prime ainfi : Julianus extitis infdelis imperator .…. .. milices chrifliani fervierune imperatort infideli. Ubi ve. niebatur ad caufam Chrifli nor agnofcebant nf? illum quiin cœlo erat. Si quando volchar ut idola colerent ; ut thurificarent , preponcbant illi Deur : quando autem di- cebat , produgito aciem , ite contra illam gentem , flarim obtemperabant, Diflinguebane Dominum eternum à do: mino temporal , 6! caren fubdisi erant propter Domi: Am ternum etiam domino, temporal, S. Jérôme, S. Ambroïfe ,S. Athanafe, S, Grégoire de Nazianze, Tettullien & les autres apologiftes de la religion tiennent le même langage, 3°. Que comme les princes ont reçu de Dieu le glaive matériel pour exercer la juftice vindicative , ë&t contenir les méchans ; l'Eglife n’a reçu qu'un glaive fpirituel , pout exetcer fa ptiflance fur les ames, Pacificos vuls Chriflus effe [uos difcipulos , dit Origenes fur le chap. «y. de S. Matthieu , ze bellictim gladium depoñentes , alrerim pacificum accipiant gla- dium quem dicit feriptura gladium fpiritus : & S. Chry- 10fôme , rex habez arma fenfibilia , facerdos arma fpi- rutualià. Mais n'eft-il pas permis au-moins à l’Eglife de fe fervir du glaive matériel, quand la religion eft en pé- ril 8&t pour fa défenfe ? Voici ce qu’en penfoit Lattan- ce : Non eft opus vi G:injurié, quia religio cogi non po- cef..... defendenda eff non occidendo fed moriendo, non fævitii Jed patientid , non féelere [ed fide , Lib, V. &ivin. inffitur. ILett prefqu'inconcevable qu'après une do@rine fi fondée & fi publique , il ait pù fe trouver des théo- logiens qui ayent foutenu les prétentions des papes ou. même de l’Eglife fur le zemporel des rois : lindé- pendance des deux puiffances & leurs limites n’é- toient-elles pas aflez marquées à Les fouverains pontifes eux-mêmes avoient re- connu cette vérité, «Il y a deux puiflances, dit le » pape Gélafe L. écrivant à l’empereur Anaftafe , qui # gouvernent le monde ; l'autorité des pontifes & # la puifflance royale . . ..fachez que quoique vous # préfidiez au genre humain dans les chofes rem- » porelles, vous devez cependant être foumis aux » miniftres de Dieu dans tout ce qui concerne la re- » ligion : car fi les évêques fe foumettent aux lois # que vous faites touchant le temporel , parce qu'ils » reconnoïffent que vous avez reçu de Dieu Le gou- w vernement de l'empire , avec quelle affection ne devez= » vous pas obéir a ceux qui font prépofés pour L'admi- #_niffration des faints myfleres ? some IF. des concil. ». fnnocent III, cap. per venerabilem , dit expreflément , que le roi de France ne reconnoit point de fupérieur pour le remporel : 8 Clément V. déclare que la bulle ar Janlam de Boniface VIII. ne donne a ! ‘Eglife romaine aucun nouveau droit [ur le rot, ni fur le royaume de France. Dira-t-on que ces pontifes fi éclairés igno= rotent ou aéoligeoient leurs droits à La doétrine des ultramontains eft donc diamétra- lement oppofée à celle de Ecriture, des peres & des papes mêmes ; il y a plus, elle choque manifefte- ment la raïfon en réduifant même leurs prétentions au pouvoir indiret, Car pour que ce pouvoir fûüt quelque chofe de réel, il faudroit ou que le pouvoir des clés eût par lui-même la force de dépouiller im- médiatement dans le cas de befoin non-feulement des biens céleftes , mais encore des biens semporels ; ou que la privation des biens fpirituels, effet immé- diat &c naturel du pouvoir des clés, emportât par fa nature , dans le cas de nécefité, la privation même des biens semporels, Or ni lune ni l’autre de ces fup- ‘pofitions ne peut être admife, 1°. L'effet propre &c “unique du pouvoir des clés, même dans les circonf- ‘tances les plus preffantes, fe borne au dépouillement ‘des biens fpirituels. SZ yorre frere n'écoute pas l'Eviife, dit Jefus-Chrift, Matth. xvxy. perf. 17, qu’il fois a votre égard 'commeun paien G un publicain ; C'eft-à- dire , ne le regardez plus comme une perfonne qui uifle vivre en fociété de religion avec vous , ne Édmes, ni aux prieres communes, ni à la partici- pation des facremens , ni à l'entrée de l’églife, ni À À {épulture chrétienne. Voilà précifément à quoi fe TEM 93 téduifent les effets les plus rigoureux de fa püiffance eccléfiaftique.. Les faits doteurs n’en ont jamais reconnu d’autres , &t routes les fois que cette févez rité n’a point produit cé qu’on en efpéroit, PEglife n’a eu recours qu'aux larmes, aux prieres: &t aux gé: miflemens. 2°. [left faux que la privation juridique des biens fpirituels emporte par fa propre efficace : dans le cas d’une nécefhité preffante } le dépouille- ment des biens semporels, L'Eglife n’a jamais admis ce principe, &ul eft même impoflble de le recevoir, Car la févérité plus rigoureufe de la puiffance‘ecclé- fraftique ne peut s'étendre qu’au dépouillement des biens que l'on a comme fidele, & il eft conftant d’aiL leurs qu'on ne poffede pas les biens terreftres à titre de chrétien; mais titre de citoyez | qualité qui ne donne aucun lieu à la jurifdiétion eccléfiaftique, Enfin on regarde avec raifon cette doctrine com me dangereufe | capable de troubler la tranquillité des états , & de renverfer les fondemens de la fo+ ciété. En effet les conféquences de ces principes font affreufes ; en les fuivant , « un roi dépoté n’eft plus » un rot, dit M. l'abbé Fleury ; donc s’il continué » à fe porter pour roi, c’eftun tyran, c’eft-à-dire » un ennemi public , à qui tout homme doit courir » fus: Qu'il fe trouve un fanatique qui ayant lu dans » Plutarque la vie de Timoléon ou de Brutus 1e per- » fuade que rien n’eft plus glorieux que de délivrer. » fa patrie ; ou qui prenant de travets les exemples » delEcriture, fecroye fufcité comme Aod ou com- » meludith, pour affranchirle peuple de Dieu. Voilà » la vie de ce prétendu tyran expofée au caprice de » ce vifionnaire , qui croira faire une adion héroï- » que & gagner la couronne du martyre, Il n’y en »# a par malheur, continue cet écrivain., que trop » d'exemples dans l’hiftoire des derniers fiecles », Dit. Jur L'hifl. eccléftaft. depuis l’an 660 jufqu’à lan 1100 , 2°.18, C’eft donc à jufte titre que les plus célebres uni- verfités , & entre autres la faculté de Paris , & les églifes les plus floriffantes , telles que celle d’Alle- magne, d'Angleterre & d’Efpagne, ont profcrit cette doëtrine comme dangereufe, De tout tems léglife gallicane Fa rejettée ou combattue , mais fur - fout par la fameufe déclaration du clergé en 1682, fur la- quelle on peut confulter ouvrage de M. Dupin , & celui de M. Boffuet dont nous avons déja parlé. TEMS, f. m. (Méraphyfique. ) fuccefion de phé- nomenes dans l’univers, ou mode de durée marqué par certaines périodes & mefures , &. principale- ment par le mouvement 8 par la révolution appa- rente du foleil. Foyez Maps & Durés. Voici les différentes opinions des philofophes fur le rems. M. Locke obferve que l’idée du sms en général s’acquiert en confidérant quelque partie d’une du- rée infinie , divifée par des mefures périodiques ; & l’idée de quelque ses particulier ou de longueur de durée , comme eft un jour, un heure, &. s’acquiert. d’abord en remarquant certains corps qui fe meu- vent fuivant des périodes régulieres, &, à ce qu'if femble , également diftantes les unes des autres. Comme nous pouvons nous repréfenter ou répé- ter tant que nous voulons ces longueurs ou mefures de ms, nous pouvons auf nous imaginer une du- rée , dans laquelle rien ne fe pañle ou n’exifte téelle- ment, &c. c’eft ainfi que nous nous formons l’idée de ce qu’on appelle Jezdemain , année prochaine » CC. Quelques-uns des philofophes modernes définif- fent le sers ; la durée d’une chofe dont l’exiftence n’eit point fans commencement, ni fans fin ; ce: qui diftingue le sens de l'éternité, Voyez ÉTERNITÉ. Ariftote & les Péripatéticiens définiflent le sms, Aumerus motôs fécundum prints & pofferiis ; ou une mut- titude de parties de mouvement qui pañlent & fe fué. 94 ŸT'EIM cedent les nés des autres dans un flux continuel, “ét qui ont rapport enfembleentant-que Lestines fon antérieures êtes autres poftérieures. f1 s’en fuivroit de-là que le ses n’eft autre chofe que le mouvement lui-même; ou du-moinsla durée du mouvement: :confidéré comme ayant plufieurs parties, dont lesunes fuccedent continuellement aux autres; mais, fuivant ce principe , le ss où ladurée temporelle n’auroient pas lieu par rapport aux-corps qui ne fontpoint en mouvement; cependant perfonne ne peut nier que ces corps mexiftent dans less, où ‘qu'ils-n’ayèntiune durée fucceflive. LE LU D Pour éviter!/cet inconvément ; les Epicuriens & les-Corpufculaires définiffent lesens , une forte de flux ou de fucceffion différent du mouvement, & confiftant dans-une infinité* de parties qui fe fucce- dent -continuellement &c immédiatement est unes aux autres ; mais d’autres philofophes rejettenit cette notion , comme établiffantun être éternel indépen- dant de Dieu : en effet, comment concevoir un-sems avant lexiftence de chofes qui foient fufceptibles de flux ou de fucceffion ? &c d’ailleurs. 11 faudroit dire ce qué c’eft que ce flux, frc’eft une fubftance où un accident. | Plufieurs philofophes diftinguent le #75 comme on diftingue le lieu , en tés abfolu êc en sems relatif. Foyez LIEU. Le sems abfolu eft le sems confidéré en lui-même, fans aucun rpport aux corps, n1 à leurs mouvemens; ce tems.s'écoule également, c’eft à-dire qu'il ne va jamais ni plus vite, ni plus lentement , mais quérous les degrés de fon écoulement , fon peut parler ainfi, font égaux ouinvariables. Le tems relatif ou apparent eft la mefure de quel- que durée , rendue fenfible par le moyen du mouve- ment, Comme Le flux égal & uniforme du sems n’af- feête point nos fens , & que dans ce flux il ny a rien qui puife nous faire connoître immédiatement le tems même , ilfaut de néceflité avoir recours à quel- que mouvement , par lequel nous puiflions déter- miner la quantité du ses , en comparant les parties du-rems à celles de l’efpace que le mobile parcourt. C’eft pourquoi , comme nous jugéons ; que les seyzs font égaux , quand ils s’écoulent pendant qu'un corps qui eft en mouvement uniforme parcourt des efpa- ces égaux ,:de même nous jugeons que les ser?s font égaux quand ils s’écoulent pendant que le foleil, la lune ê& les autres luminaires céleftes achevent leurs révolutions ordinaires, qui, à nos fens , paroïflent. uniformes. Woyez MOUVEMENT 6: UNIFORME. Mais comme lécoulement du res ne peut être accéleré.ni retardé , au-lieu que tous.les corps fe meuvent tantôt plus vite, & tantôt plus doucement, &r que peut-être il n’y a point de mouvement par- faïtement uniforme dans la nature , quelques auteurs croient qu'on ne peut conclure que le ss abfolu eft quelque chofe de réellement &c effectivement dif- tingué du mouvement : car en fuppofant pour un moment , que les cieux &c Les aftres euflent étéfans | mouvement depuis la création , s’en fuit-ilde-là que le cours-du vems auroit été arrêté où interrompu ? &x la durée de cet état de repos n’auroit-ellé point été égale au sems qui s’eft écoulé depuis la créa- tion ? Comme le sems abfolu eftiune quantité qui coule d’une maniere uniforme &c qui eft'très-fimple de fa nature, Les Mathématiciens le repréfentent à l’ima- gination parles plus fimples grandeurs fenfibles, & enparticulier par des lignes droites & parides cer- cles, avec lefquels le -ze72s abfolu paroît avoir beau- coup d’analogié pour ce qui regarde la fuccefhion, la fimilitude des parties, &c. À la vérité, il n’eft pas abfolument néceflaire de anefurer le sms parle mouvement:; car lé retour T EM À Le AE _conftañt périodique d'une chofe qui arrivé ou fe maniféfte par intervalles également éloignés les uns des autrés ; comme par exemple , l'épanouifiément. d’une plante , 6: peuvent faire la même chofe. En. effet ; M. Locke fait mention d’un peuple de lAmé- rique, lequel a coutume de compter les années par” l'arrivée 8e par le départ des oifeaux. Chanibers: Voici ce que penfe fur la notion du sems M. For, mey dans l'afticle quil nous a communiqué fur ce, fujet. Il en eft, dit-il, à-peu-près de la notion du . ms comme de celle de lefpace. On eft partagé fur la réalité. Cependant il y à beaucoup moins de par- tifans du sems réel, que de l’efpace réel, & l’on con- vient affez généralement que la durée n’eit que lor-, dre des chofes fucceflives entant qu’elles fe fucce- dent, en faifant abftrattion de toute autre qualité interne que de la fimple fucceffion. Ce qui fait naître la fuccefion confufe 8 imaginaire du sms , comme de quelque chofe qui exifte indépendamment des êtres fucceflifs, c’eft la poffibilité idéale. On fe figure le res comme un être compofé de. parties continues & fucceflives , qui coule unifor-, mément ,. qui. fubffte indépendamment des chofes qui exiftent dans le ses qui a été dans un flux con- tinuel de toute éternité &c qui continuera de même. Mais cette notion du £es conduit aux! mêmes difh- cultés.que celle de l’efpace abfolu , c’eft-à-dire que, {elon cette notion , le sers feroit un être néceffaire, immuable , éternel., fubfftant par lui-même , &c que par conféquent tous les attributs de Dieu lui con viendroient. C’eft ce que nous avons déja obfervé. . Par la poffbilité idéale du ss, nous:pouvons ef: fe@ivement concevotr une. fuccefion antérieure la’ fucceflion réelle , pendant laquelle il fe feroit écoulé: un sems aflignable. C’eft decette idée qu'on fe forme du sems qu'eft venue la fameufe queftion que M: Clarke farfoit. à M.Leibnitz, pourquoi Dieur’avoit: pas.créé le monde fix mille ans plutôt ou-plus tard à M. Leïbnitz n’eutipas depeine à renverfer cette ob= jeétion du doéteuranglois 8 fon opinion fur la na ture du ses par Le principe de la raifon fufifante il n’eut befoin pour:y parvenir que de Pobjeétion: même de M. Clarke dur larcréation.-Car file rems eft un: être abfolu qui confifte dans un flux uniforme, la queftion pourquoi Dieu n’a pas créé le monde fix mille.ans plutôt ouplustard devient réelle, & force. à reconnoitre qu'il eftarrivé quelque chofe fans rai- fon fufifante. En effet, la même fucceflion des êtres de l'univers étant confervée , Dieu’ pouvoit faire commencer le monde plutôt.ou plus tard, fans cau- fer le moindre dérangement. Or, puifque tous les inftans font égaux; quand on ne fait attention qu’à la fimple fucceffon , il n’y a rien en eux qui eût pi faire préférer l’un à Pautre , dés qu'aucune diver= fité ne-feroit parvenue dans le monde par ce choixz ainfirun inftant auroit été choif par Dieu préférable: ment à unautre, pour donner l'exiftence à ce monde fans raïfon fuffifante ; ce qu’on ne peut point ad= mettre. | Le rems n’eft donc qu’un être abftrait qui r’eft rien’ hors des chofes, & qui n’eft point par conféquent fufceptible des propriétés que l'imagination lux attri= bue: voici comment-sæous arrivons à fa notion. Lorf- que nous fafons attention à la fuccelfion continue de-plufieurs êtres ; & que nous nous repréfentons l'exiftence du premier 4 diftinéte de celle du fe- cond 3, & celle du fecond B diftinéte de celle du troifieme €", & ainfi de fuite, 8 que nous remar= : quons que deux mexiftent jamais enfémble; mais que-A ayant ceffé d’exifter, B lin fuccede auffitôt , -que B'ayant cefé:, € lui fuccede, Éc. nous nous formons la notion de cet être que nous appellons tems : 8e entant que nous rapportons lexiftence d’un être permanent à ces êtres fucceflifs, nous difons qu’il a duré un certain semis. À On dit donc qu’un être dure, lorfawil co -exifte à plufieurs autres êtres fuccefhfs dans une fuite con- tinue. Ainf la durée d’un être devient explicable & commenfurable par l’exiftence fucceflive de plufieurs autres êtres ; car on prend l’exiftence d’un feul de ces êtres fuccefñfs pour un, celle de deux pour deux, êc ainf des autres; & comme l'être qui dure leur co- exifle à tous, {of exiftence devient commenfurable par l’exifte e tous ces êtres fuccefhfs. On dit, par exemple, qu’un corps emploie du tems à parcourir un efpace , parce qu'on diftingue lexiftence de ce corps dans un feul point, de fon exiftence dans tout autre point ; êt on rematque que ce corps ne fauroit exifter dans le fecond point, fans avoir ceflé d’exifter dans le premier, & que Pexiftence dans le fecond point fuit immédiatemment l’exiftence dans le premier. Et en tant qu'on aflemble ces diverfes exif- tences & qu'on les confidere comme faifantun, on dit que ce corps emploie du ems pour parcourir une ligne. Ainf le ses n°’eft rien de réel dans les chofes , qui durent; mais c’eft un fimple mode ou rapport extérieur , qui dépend uniquement de lefprit, en tant qu'il compare la durée des êtres avec le mouve- ment du foleil , & des autres corps extérieurs, ou avec la fucceflion de nos idées. Car lorfqu’on fait attention à l’enchaînement des idées de notre ame, on fe repréfente en même sems le nombre de toutcs ces idées qui fe fuccedent ; & de ces deux idées , fa- voir de l’ordre deleurfucceffion & de leur nombre, on fe forme une troifiemeidée , qui nous repréfente le ems comme une grandeur qui s’augmente conti- nuellement, : L’efprit ne confidere donc dans la notion abfraite du sems, que les êtres en général ; éc abftraëtion faite de toutes les déterminations que ces êtres peuvent avoir, on ajoute feulement à cette idée générale, qu'on en a retenu celle de leur non-co-exiftence, . c’eft-à-dire , que le premier êtle fecond ne peuvent point exifler enfemble, mais que le fecond fuit le premier immédiatement, & fans qu’on en pure faire exifter un autre entre deux , faifant encore ici abftrac- tion des raïfons internes, & des caufes qui les font fuccéder lun à l’autre. De cette maniere l’on fe for- me un être idéal, que l’on fait confifter dans un flux uniforme , & qui doit être femblable dans toutes fes parties. - Cet être abfirait doit nous paroître indépendant des chofes exiftantes ; & fubfftant par lui - même. Car puifque nous pouvons diffinguer la maniere fuc- ceffive d’exifter des êtres , de leurs déterminations internes, & des caufes qui font naître cette fuccef- fion , nous devons regarder le sers à part comme un être conftitué hors des chofes , capable de fubfifter fans elles. Et commenous pouvons aufli rendre à ces déterminations générales Les déterminations particu- heres, qui en font des êtres d’une certaine efpece, 1l nous doit fembler que nous faifons exifter quelque chofe dans cet être fucceflif qui n’exiftoit port au- paravant, & que nous pouvons de nouveau lôter fans détruire cet être. Le ses doit aufli néceflaire: ment être confidéré comme continu ; car fi deux êtres fuccefifs 4 & Bine font pas cenfés continus dans leur fuccefhion, on en pourra placer un ou plu- feurs entre deux, qui exifteront après que À aura exifté, & avant que B exifte, Or par-là même on admet un ms entre l’exiftence fucceflive d 4 & de B, Ainfi on doit confidérer le sms comme continu. Toutesices notions peuvent avoir leur ufage, quand il ne s’agit que de la grandeur de la durée & de com- pofer les durées de plufieurs êtres enfemble. Comme aans là Géométrie on n’eft occupé que de ces fortes de confidérations , on peut fort bien mettre alors la TEM DS notion imaginaire à lt place de [a notion réelle, Mais il faut bien fe garder dans la Métaphyfique & dans la Phyfique de faire la même fubflitution ; car alors on tomberoit dans les dificuités de faire de la durée un être éternel , & de lui donner tous les attributs de Dieu. | Le tems n’eft donc autre chofe que l’ordre des êtres fucceflifs , & on s’en forme une idée en tant qu’on ñe confidère que l’ordre de leur fucceffion. Aünfi il n’y a point de sems fans des êtres véritables &t fuccefhfs , rangés dans une fuite continue ; &il a du sems, aufhi-tôt qu'il exifte de tels êtres. Mais cette reflemblance dans la maniere de fe fuccéder des êtres, & cet ordre qui naît de leur fucceffion, ie font pas ces chofes elles-mêmes. J'en eft du sms comme du nombre , qui n’eft pas, les chofes nombrées , &c du lieu, qui weft pas les chofes placées dans ce lieu : le nombre n’eft qu’un aggrège des mêmes unités, & chaque chofe devient uñe umité, quand on confidere le tout fimplement comme un être ; ainfi le nombre n’eft qu’une relation d'un être confidéré à l'égard de tous; & quoiqu'il {oit différent des chofes nombrées , cependant il n°e- xifte aétuellement qu’en tant qu'il exifte des chofes qu'on peut réduire comme dés unités fous la même claffe. Ces chofes polées , on pofe un nombre, &c quand on les ôte , il n’y en a plus. De même le sems, qui n’eft que l’ordre des fucceffions continues, né fauroit exifter , à-moins qu'il n’exifte des chofes dans une fuite continue ; ainf il y a du sems lorfque ces chofes font, & onlôte , quand on Ôteces chofes ; &t cependant il eft , comme le nombre, différent de ceschofes qui fefuivent dans une fuite continue. Cette comparaïifon du zems & du nombre peut fervir à fe former la véritable notion du sms, & à comprendre que le £ems , de même que l’efpace , n’eft rien d’ab: {oiu hors des chofes. Quant à Dieu, on ne peut pas dire qu'il eft dans le sens, car il n’y a point de fucceflion en lui, puif- qu'il ne peut lui arriver de changement. Dieu eft toujours le même, & ne variepoint dans fa nature. Comme: eft hors du monde, c’eft-à-dire, qu’il n’eft point lié avec les êtres dont l'union conftitue le mon- de , 1l ne cocexifte point aux êtres fuéceffifs comme les créatures. Aïnfi fa durée ne peut fe mefurer par celle des êtres fucceflifs ; car quoique Dieu continue d’exifter pendant le sms , comme le ss n’eft que l’ordre de la fucceflion. des êtres , & que cette fuc- ceffion eft immuable par rapport à Dieu , auquel toutes les chofes avec tous leurs changemens font préfentes à la fois , Dieu n’exifte point dans le sms. Dieu eft à la fois tout ce qu'il peut être, au lieu que les créatures ne peuvent fubit que fucceffivement jes états dont elles font fufceptibles. Le sers actuel n’étant qu’un ordre fucceflif dans une fuite continue, on ne peut admettre de portion dusems , qu’en tant qu'il y a eu des chofées réelles qui ont exifté & ceflé d’exifter ; car l’exiftence fuccef- five fait le res, 8 un être qui co-exifte au moindre changement a@uel dans la nature , a duré le petit msaëtuel; &t les moindres changemens:, par exem- ple , les mouvemens des plus petits animaux , défi- gnent Les plus petites parties aétuelles du ses dont nous puifons nous appercevoir. | On repréfente ordinairement le sems par Le mou- vement uniforme d’un point qui décrit une ligne droite , & on le mefure auffi par le mouvement uni- forme d’un objet. Le point eft l’état fuccefif, pré- {ent fucceflivement à différens points , & engendrant par fa fluxion une fucceflion continue, à laquelle nous attachons l'idée du ses, Le mouvement uni- forme d’un objet mefure le sems ; car lorfque ce mouvement a lieu , le mobile parcoutt, paf exem- ple , un pié dans le même sems, dans lequel il en a 96 TEM parcouru un premier pié : donc la durée des chofes qui co-exiftent au mobile pendant qu'il parcourt un pié, étant prife pour un , la durée de celles qui co- exifterontà fon mouvement pendant qu'il parcourra deux piés fera deux , & ainfi de fuite ; enforte que par-là le rems devient commenfurable 3 puifqu'on peut affigner la raifon d’une durée à une autre durée qu'on avoit prife pour Punité ; ainfi dans les horloges l'aiguille fe meut uniformément dans un cercle, & la douzieme partie de la circonférence de ce cercle fait unité , & l’on mefure le sems avec cette unité, en difant'deux heures , trois heures, 6c. De même on prend une année pour un, parce que les révolu- tions du foleil dans l’écliptique font égales, au-moins fenfiblement , & on s’en fert pour mefurer d’autres durées par rapport à cette unité. On connoït les efforts que les Aftronomes ont faits pour trouver un mouvement uniforme qui les mit à portée d’en me- furer exaétement le sems , & c’eft ce que M. Huypg- hens a trouvé par le moyen des pendules. FoyezPEN- DULE , &c. Comme ce font nos idées qui nous repréfentent les êtres fucceffifs , la notion du sers naït de Îa fuc- ceffion denosidées, & non du mouvement des corps extérieurs ; Car nous aurions une notion du ses, quand même il n’exifteroit autre chofe que notre ame , & en tant que les chofes qui exiftent hors de nous font conformes aux idées de notre ame qui les repréfentent , elles exiftent dans le ses. A Le mouvement eft f loin de nous donner par lui- même l'idée de la durée, comme quelques philofo- phes l’ont prétendu , que nous nacquérons même l'idée du mouvement, que par la réflexion que nous faïfons fur les idées fucceflives, que le corps qui fe meutexcite dans notre efprit par fa co-exiftence fuc- ceflive aux différens êtres qui lenvironnent. Voilà pourquoi nous n’avons point l’idée du mouvement , en regardant la lune ou l'aiguille d'une montre, quor- que lune ëc l'autre foit en mouvement ; Car Ce MOU- vement eft filent, que le mobile paroït dans ce me- me point pendant que nous avons une longue füt- ceflion d'idées. Le sems bien loin d’être la même chofe que le mouvement, n’en dépend donc à aucun égard. Tant qu'il y aura des êtres dont l’exiftence fe fuccédera , il y aura néceffairement un ses, foit que les êtresfe meuvent ou qu'ils foient en repos. Il n’y a point de mefure du sems exaétement jufte. Chacun a fa mefure propre du 4e”s dans la prompti- tude ou la lenteur avec laquelle fes idées fe fucce- dent , & c’eft de ces différentes vitefles en diverfes pérfonnes , où dans la même en divers tems , que naïflent ces façons de parler, j'ai trouvé letems bien long ou bien court ; car le rems nous paroît long, lorf- que les idées fe fuccedent lentement dans notre ef- prit, & au contraire. Les meiures du sers font arbi- traires., & peuvent varier chez Les différens peuples ; la feule qui foit univerfelle , c’eft linftant. Lifez fur la mefure du sens les écrits de Meffieurs Leibnitz & Clarke , dans le recueil de diverfes pieces , publié par M. des Maïzaux ; le some I. chap. vj. des inffiturions de phyfique de Madame du Châtelet ; & les paragra- phes 569. 587. de l’ontologie de M. Wolf. Article de M, FORMEY. Quelques auteurs diftinguent le sms en aftrono- mique &c civil. re - Lerems aftronomique eft celui qui fe mefure pu- rement & fimplement par Le mouvement des corps céleftes. * Le vems civiln’eft autre chofe que le ses aftrono- mique, accommodé aux ufages de Ja fociété civile, & divilé en années, mois, jours, &c. Voyez JOUR, SEMAINE, Mois, ANNÉE, Gc. Voyez auffz ALMA- NACE, CALENDRIER, 6. | Le cems fait l’objet de la chronologie, Foyez CHRo- NOLOGIE. … On diffingue auffi dans l'Affronomie le sms vrai ou apparent , & le sms moyen ; on en peut voir Pexplcation à l’arsicle ÉQUATION DU TEMS. Cham- . bers. TEMS, {. m.(Gramm.) les Grammairiens , f lon vent juger de leurs idées par les dénominations qui les défignent , femblent n'avoir eu jufqu’à préfent que des notions bien confufes des sers en général & de leurs différentes efpeces. Pour ne pas fuivre en aveugle le torrent de la multitude, & pour n’en adopter les décifions qu’en connoïffance de caufe, qu'il me foit permis de recourir 1c1 au flambeau de la Métaphyfique ; elle feule peut indiquer toutes les idées comprifes dans la nature des sems , &c les diffé- rences quipeuvent en conftituer les efpeces : quand elle aura prononcé fur les points de vue poflbles , if ne s'agira plus que dé les reconnoîïtre dans les ufages connus des langues , foit en les confidérant d’une ma- niere générale , foit en les examinant dans les difié- rens modes du verbe. | ART. I. Notion générale des tems. Selon M. de Ga- maches ( dffers. I. de fon Aftronomie phy/fique ) que lon peut en ce point regarder comme l'organe de toute l’école cartéfienne, Ze sems eff la [ucceffion même attachée à l’exiflence de la créature. Si cette notion du tems a quelque défaut d’exaétitude, 1l faut pourtant avouer qu’elle tient de bien près à la vérité, puifque lexiftence fucceflive des êtres eft la feule mefure du tems qui foit à notre portée, comme le sers devient à {on tour la mefure de l’exiftence fuccefive. Cette mobilité fucceflive de l’exiftence ou du sers, nous la fixons en quelque forte , pour la rendre com- menfurable , en y établiffant des points fixes carac- . térifés par quelques faits particuliers : de même que nous parvenons à foumettre à nos mefures & à nos calculs l’étendue intelleétuelle , quelque impalpable aw’elle foit, en y établiffant des points fixes carac- térués par quelque corps palpable & fenfble. On donne à ces points fixes de la fuccefflion de Vexiftence ou du sms, le nom d’époques ( du grec ‘ren, Venu de ezfxev, morari , arrêter ), parce que ce font des inftans dont on arrête , en quelque ma- niere , la rapide mobilité, pour en faire comme des lieux de repos , d’où lon obferve , pour ainfi dire , ce qui co-exifte, ce qui précede & ce qui fuit, On appelle période , une portion du #ems dont le com- mencement &c la fin font déterminés par des épo- ques : de 7m, circum , &T os , via ; parce qu'une potion de #er:s bornée de toutes parts, eft comme un efpace autour duquel on peut tourner. Après ces notions préliminaires &c fondamentales, il femble que l’on peut dire qu’en général Les sems font les formes du verbe , qui expriment les difftrens rap- ports d’exiflence aux diverfes époques que l’on peut en- vifager dans la durée. - Je dis d’abord que ce font les formes du verbe, afin de comprendredans cette définition ,non-feulement les fimples inflexions confacrées à cet ufage , mais | encore toutes les locutions qui y font deftinées ex- clufivement , & qui auroient pu être remplacées par des terminaï{ons ; enforte qu’elle peut convenir éga- lement à ce qu’on appelle des sms fémples ; des terms compofes où furcompofés ; 87 même à quantité d’idio- tifmes qui ont une deftination analogue , comme en françois , je viens d'entrer, j'allois fortir , le monde doit finir , 6tc. | 4 Jajounte que ces formes expriment les différens rap= pores d’exiflence aux diverfes époques que l’on peuten- viager dans la durée : pat-là après avoir indiqué le matériel des sems , j'en caraétérife la fignification dans laquelle il y a deux chofes à confidérer , favoir les rapports d’exiftence à une époque , & l’époque qui éft le terme de comparaïfon. . s # - SI. Prermiere divifongénérale des TEMS.L’'exiftence peut avoir, en général , trois fortes de rapports à l’é- poque de comparaïfon : rapport de émulranéité, lorf- que lexiftence eft coincidente avec l’époque ; rap- port d’anériorité, lorfque l’exiftence précede l’épo- que ; & rapport de poflériorité , lorfque l’exiftence fuccede à époque. De-là trois efpeces générales de cems , les préfens, les prétérits &c les futurs. . Les préfens font les formes du verbe, qui expri- ment la fimultanéité d'exiftence à l’égard de l’époque de comparaïfon. On leur donne le nom de préfezs, parce qu'ils défignent une exiftence , qui, dans le rems même de l’époque , eft réellement préfente, puifqu’elle ef fimultanée avec l’époque. Les prérérits font les formes du verbe , qui expri- ment l’antériorité d’exiftence à l’égard de l’époque de comparaïfon. On leur donne le nom de prerérits , parce qu'ils défignent une exiftence , qui, dans le tems même de l’époque, eft déja paflée"( praterita ), puifaw’elle eft antérieure à l’époque. Les futurs {ont les formes du verbe , qui expri- ment la poftériorité d’exiftence à l'égard de l’époque de comparaifon. On leur donne le nom de futurs, parce qu'ils défignent une exiftence, qui, dans le sems mème de l’époque, eft encore À venir (fzrura), puifqu’elle eft poftérieure à l’époque. C’eft véritablement du point de l’époque qu’il faut envifager les autres, parties de la durée fucceflive pour apprécier l’exiftence ; parce que l’époque ef le point d'obfervation : ce qui co-exifte eft préfent, ce qui précede eff, pañlé ou préténit:, ce qufuiteftave- nir ou futur, Rien donc de plus heureux que les dé- nominations ordinaires pour défigner les idées que lon vient de développer; rien de plus analogue que ces idées , pour expliquer d'une maniere plautible les tèrmes que l’on vient de définir. , L'idée de fimultaneité caraétérife trèstbien [espré- fens ;: celle d’antériorité eft le caraétere exa& des prétérits ; & l’idée de poftériorité offre nettement la différence des futurs. Il n’eft pas poffible que les sms des verbes expri- ment autre chofe que des rapports d’exiftence. à, |! quelque époque de comparaïfon.; al eft également, impofhble d'imaginer quelque efpece de rapport au- tre que ceux que lon vient d’expofer: 1l ne peut donc en-effet y ayoirque trois efpeces générales de sens, & chacune doit être différenciée par l’un de cestrois rapports genéraux. | ” . Je dis srorsefpeces géncrales de TEMS,parce que cha- que efpece peut fe foudivifer, & fe foudivife réelie- ment en plufeurs branches , dont les caraéteres dif. tinétfs dépendent des divers points de vue acceffoi- res qui peuvent fe combiner avec les idées générales & fondamentales de ces trois efpeces primitives... | 2. Seconde divifion générale des TES. La foudi- vifon la plus générale des sers doit fe prendre dans Le maniere d’envifager l'époque de comparaifon , ou: fous un point de yue-sénéral & indéterminé ,,owfous un point de vue fpécial êc déterminé: : Sous le premier afpe@ , les sems des verbes expri- ment tel on tel rapport d’exiftence à une époque quelconque & indéterminée : fous le fecond afpeét,, les sers des verbes expriment tel ou;tel rapport d’exiftence à une époque précife & déterminée. : _ Les noms d’irdéfinis & de définis employés ailleurs abufivement par le commun des Grammairiens, me paroïflent affez propres à cara@térifer ces deux diffé- rences de ss. On peut donner le nom, d’irdefinis à, ceux de la premiere efpece,, parcequ'ils.ne tiennent effetivement à aucune époque précife, & détermi- née, & qu'ils n’expriment en quelque forte que l’un des trois rapports généraux d'exiftence,avec abftrac- tion de toute époque de comparaïfon. Ceux dela fe- conde efpece peuvent être nommés défis, parce Tomé AVT, 4 , . l | \ TEM 97 qu'ils font eflentiellement relatifs à quelque époque précife &c déterminée, Chacune des trois efpeces générales de rems eft {ul ceptible de cette diftinétion, parce qu’on peut égale. ment confidérer 8 exprimer la fimultanéité, l’anté. riorité &c la poftériorité, ou avec abftraétion detou- te époque , ou avec relation à une époque précife &c déterminée ; on peut donc diftinguer en ézdéfnis &t définis , les préfens , les prétérits &c les futurs. Un préfentündéfini eft'une forme du verbe qui ex- ptime la fimultanéité d’exiftence à l’égard d’une épo= que quelconque ; un préfent défini eff une forme du verbe qui exprime la fimultanéité d’exiftence À l’é- gard d’une époque précife & déterminée. Un prétérit indéfini eft une forme du verbe qui ex» prime l'antériorité d’exiftence à l'égard d’une époque quelconque; un prérérit défini elt une forme du verbe qui expriment l’antériorité d’exiftence à l'égard d’une époque précife & déterminée, Un futur indéfini eft une forme du verbe qui ex- prime la poftériorité d’exiftence À l’égard d’une épo- que quelconque; un fazur défini eft une forme du verbe qui exprime la poftériorité d’exiftence à Pé« gard d'une époque précife & déterminée. $.3. Troifeme divifion générale des Terms. n'ya qu'une maniere de faire abftraétion de toute époque, & c'eft pour cela qu’il ne peut y avoir qu’un préfent, un prétérit & un futur indéfini. Mais il peut y avoir fondement à la foudivifion de toutes les efpeces de tems définis , dans les diverfes pofitions de l’époque précife de comparaifon, je veux dire , dans les di- vérfes relations de cette époque à un point fixe de la durée. Ce point fixe doit être lemême pour celui qui par- le & pour ceux à qui le difcours eft tranfmis , foic deive.voix#oit par écrit; autrement une langue ançcienne,feroit, f.Je puis le dire, intraduifible pour les,modernes ; le, längage d’un peuple feroit incom- municable à un autre peuple, celui même d’un home me feroit inintelligible pour un autre homme, quel- que afhmté qu'ils euflent d’ailleurs. Mais dans, cette fuite infinie d’inftans qui fe fucce- | denr.rapidement , & qui nous échappent fans cefle, auquel doit-on s’arrêter, & par quelle raifon de pré- 71 1 . férence {e détermineta-t-on pour l’un plutôt que pour . l'autre ? Il en eft du choix de ce point fondamental, dans la grammaire » comme de celui d’un premier méridien, dans, la géographie; rien de plus naturel que de fe déterminer pour leméridien dulieu même \ 1 L , OP L où Le géographe opere; rien de plus raïfonnable que de fe fixer à Pinftant même de la produétion de la pa- role. C’eft en effet celui qui, dans toutes les langues, fert. de dernier terme à toutes les relations de rems a Le ; : , que. l’on a befoin d'exprimer, fous queique forme que l’on.veuille les rendre fenfbles. On peut donc dire que la potion de l’époque de | comparaïfon.eft la relation à l’inftant même de l'acte de la parole. Or cette relation peut être auf ou de | fimultanéité, ou d’antériorité , ou de poftériorité , , Ge qui peut faire diftinguer trois fortes d’époques dé- terminées : une époque aëuelle qui coïncide avec laëte dela parole : une époque artérienre:, qui pré= cede laéte.de! la parole : & une époque pofiérieure, qui fuit l’aëête de la parole. : De-R ladiftinétion des trois efpetes de rems défi- rus entrois.efpeces fubalternes , au me femblent ne pouvoir être mieux caraétérifées que par les déno- minations d’aéfuel, d’antérieur & de pollérieur tirées de la pofition même de l'époque déterminée qui les différencie. Un préfent défini eft donc auel , antérieur où pof térienr ,felon qu'il exprime la fimultanéité d’exiftence à l’égard d’une époque déterminément aétuelle , an- térieure ou poftérieure.. | + = il 98 TEM Un prétérit défini eftaéuel, antérieur où poférieur, felon qu’il exprime l’antérionté d’eéxiftence à l’épard d'une époque déterminément aétuelle , antérieure ou poñtérieure. Enfin un futur défini eft pareillement aûfuel, anté- rieur où pofiérieur, felon qu'il exprime la poftériorité d’exiftence à l'égard d’une époque déterminément actuelle , antérieure ou poftérieure. ART. I. Conformité du fyfleme méthaphyfique des TEMS avec lesufages des langues. On conviendra peut- être que le fyftème que je préfente ici, eff raifonné, que les dénominations que jy emploie, en caracte- rifenttrès-bien les parties, purfqu’elles défignent tou- tes les idées partielles qui y font combinées , & lor- dre même des combinaifons. Mais on a vu s'élever &êc périr tant dedyflèmes ingénieux & réguliers , que lon eft aujourd’hui bien fondé à fe deñer de tous ceux qui {e préfentent avec les mêmes apparences de réoularité ; une belle hypothèfe n’eft fouvent qu’- une belle f@ion; & celle-ci fe trouve fi éloignée du langage ordinaire des Grammairiens , {oit dans le nombre desirems qu’elle femble admettre , foit dans les noms qu’elle leur affigne, qu’on peut bien la foup- conner d'être purement idéale, &c d’avoir aflez peu d’analogie avec les ufages dés langues. La raifon, j'en conviens , autonife ce foupcon; mais elle exige un examen avant que de pañler con- damnation. L'expérience eft la pierre de touche des {yflèmes , & c’eit aux faits à profcrire ou à juftiher les hypothèfes. $. 1. Syflème des PRÉSENS jufhifié par lufage des langues. Prenons donc la voie de l’analyie; & pour ne point nous charger de trop de matiere, ne nous oc- cupons d'abord que de la premiere des trois efpeces générales de ses, des préfens. I: Lenveft un qui eft unanimement reconnu pour préfent par tous les Grammairiens ; /wm, je fus, leu- do, je loue, ziror, j'admuire, 6. Fa danses langues qui l’admettent, tous les caraéteres d’un préfent vé- ritablement indéfini, dans le fens que jai donné à ce terme. 1°,On l’emploiecommepréfentaëtuel; aïnfi quand je dis, par exemple, à quelqu'un, 7e vosis Joué d'avoir fait ceire a&ion, mon ation de louer eft exprimée comme coexiftante avec laéte de la parole. 2°, On l’emploie comme préfent antérieur. Que lon-dife dans un récit, 7e le rencontre en chemin, je lui demande où il va , je vois qu'il s'embarrale ; « en tout » cela, où il n’y a que des sens préfens, 7ele rencon- »# rc elt dit pour Je Le rencontrai ; je demande pour Je » demandai; où il va pour ou il alloir ; je vois pour Je » vis 3 Gt qu'il S'embarraffe pour qu’il s'embarraffoit. » Regnier ;:gramm.franç: in-12, pag. 343, in-4°. pags 1360. Eneffet, dans cet exemple les verbesye rencon- tre, je demande, je vois , défignent mon aétion de ren- contrer, de demander, de voir, comme coexiftante dans le période antérieur indiqué par quelqw'autre circonftance du recit; &c les verbes 17 va, il S’embar- raffe,énoncentl’aétion d’a//erêde s’ersbarrafler comme coexiftante avec l’époque indiquée par les verbes précédens Je demande 8t je vois, puifque ce que je de- mmandai, c'elt.où 11, alloir dans l’inftant même de ma demande, &ice que je vis, c’eft qu'il s’'embarraffois dans le moment même queyele voyois. Tousles ver: bes de cetté phrafe font donc réellement employés comme des préfens antérieurs, c’eftzà-dire, comme exprimant la fimultanéité d’exiftence à l'égard d’une époque antérieure au moinent de là parole. 3°. Le même sms s'emploie encore comme pré- {ent poftérieur. Je pars demain, je fais tantôt mes adieux ; c’eft-à-dire, je partitai demain, & ‘je ferai tantôtmes adieux : Je pars & je fais énoncent mon a@ion de partir & de faire, comme fimultanée avec époque nettement défignée par les mots demain & TEM tantôt, qui ne peut être qu’une époque poftérieute au moment où je parle. 4°. Enfin l’on trouve ce £ems employé avec ab{- traétion de toute époque , ou fi l’on veut, avec une égale relation à toutes les époques pofhbles; c’eft dans ce fens qu'il fert à l’expreffion des propofñitions d’éternelle vérité : Diez ef? jufle, Les trois angles d'un triangle font éjaux à deux droits : c’eft que ces véri- tés font les mêmes dans tous les es, qu’elles coexif- tent avec toutes les époques, & le verbe en confé- quence , fe met à un ses qui exprime la fimultanéité d’exiftence avec abftraétion de toute époque , afin de pouvoir être rapporté à toutes fes époques. Il en eft de même des vérités morales qui contien- nent en quelque forte l’hifloire de ce qui eff arrivé, & la prédiction de ce qui doit arriver. Ainfi dans cette maxime de M. dela Rochefoucault( perfée LF.) la haine pour les favoris n’eft aurre chofe que l'amour de la faveur , le verbe ef} exprimé une fimultanéité re- lative à une époque quelconque , & atuelle , & an- térieure , & poitérieure. Le rems auquel on donne communément le nom de préfent, elt donc un préfent indéfini , un ses qui n'étant nullement aftreint à aucune époque, peut de- meurer dans cette généralité , ou être rapporté indif- féremment à touteépoque déterminée, pourvu qu’on lui conferve toujours fa fignification efentielle 6 inamiffble, je veux dire , la fimultanéité d’exiftence. Les différens ufages que nous venons de remar- quer dans le préfent indéfini, peuvent nous conduire à reconnoitre les préfens définis ; & il ne doit point yenavoir d’autres cal ceux pour lefquels le préfent indéfini lui-même eit employé, parce qu’exprimant effentiellement la fimultanéité d’exiftence avec abif- traétion de toute époque, s’il fort de cette généralité, ce n’eft point pour ne plus fignifierela fimultanéité , mais c’eft pour l’exprimer avec rapport à uneépoque. détérnineée. Or II. Nous avons vu le préfent indéfini employé pour le préfent aûuel , comme quand on dit, 7e vous” ! Joue d’avoir fair cette attion; mais dans ce cas-là mé- me ,ilny a aucun autre sms que Pon puifle {ubfti- tuer à 7e loue ; & cette obfervation eft commune à. toutes les langues dont les verbes fe conjuguent par LEINLS, - La conféquence eft facile à tirer : c’eft qu'aucune. langue ne reconnoit dans les vérbes de préfent adtuel proprement dit, & que pattout c’eft le préfent indé- fini qui en fait la fonétion. La raifon en eff fimple : le préfent indéfini ne fe rapporte lui-même à aucune époque déterminée ; ce font les circonftances du dif- cours qui déterminent celle à laquelle on doit le rap-* porter en chaque occañon ; ici c’eft À une époque: antérieure; à, à une époque poftérieure ; ailletrs à toutes les époques poffbles. Si donc les circonftan- ces du difcoürs ne défignent aucune époque prétife, lé préfent indéfini ne peut plus fe rapporter älors qu'à l'inftant qui fert'efflentiellement de dernier ter-" me de comparatfon à toutes les relations de ms, ceft-àdire , à l’inftant même delapatole: cet inftanc dans toutes les autres occurrences n’eft que le terme éloigné de la relation; dans celle-ci, il en eftleterme prochain & immédiat, puifqu'il eft Le feul. * I. Nous avons vu le prélent indéfini employé comme préfentantérieur, comme dans cétte phrafe, je Le rencontre en chemin, Je lui demande où il vx, je vois qu'il s’embarraffe ; & dans cés cas, nous trouvors. d’autres sers que l’on peut fubfhituer au préfent in- défini ; Je rencontrai pour je rencontre, je demanda pouf Je demande, &c je vis pour Je vois, font doncdes préfens antérieurs ; £/ allo pour il va, & il 'emrbar= rafoit pour il s’embarralfe, font encore d’autres pré- fens antérieurs. Ainf nous voilà forcés à admettre’ deux fortes de préfens antérieurs ; un, dont on TE M trouve.des exemples dans prefque toutes les langues, era, j'étoiss laudubam, je Iouois,-rmirabar , j'admi rois ; l’autre, qui n’eft connu que dans quelques fan gues modernes de PEurope, Fxalien, l’efpagnol le françois , jefus. jetlouur,, J'admiras. É 19, Voici.fur.la premiere efpece ,. comment s’ex- plique le plusicélebre des grammairiens philofophes, enparlant des ses que j'appelle définis, &c qu'ilnom- me compofés dans de feus,« Le premier, dit-il, (gra. » gén, part. IT. ch, xiv, édit, de: 1560 9, ch. y: édit, de » 2786), eft celui qui marquele:pañé avec rapport, »au préfent,. & on l’a nommé prétérit iriparfair, » parceiqu'il ne. marque pas la chofe fimplement te » proprement comme faite, nas comme prétente GI » l'égard.d’une chofe quieft déja néanmoins pañlée. » inf quand.je dis, cam, intravir, cœnabam,, je fou » pois, lorfqu'il.eft entré, l’aétion de fouper eit bien » paflée au regard du zens auquel je parie, maisje » la marque comme préfente.au regard de la.chofe » dont je-parle , qui eft l'entrée d'untel,.». | De l’aveu mème. de cet auteur, cerers qu'il nom- me prétéris, masque doncla-chofecomme préfente à l'égard d’une autre qui eft déja pañlée, Or quoique cette chofe en foi doive êtrerénutée paffée à Pégard du émsoù.lonparle,vique ce-n'eft pas-là le pointde vueindiqué parlaforme du verbe dont 11 eft q ueftion; il falloir conclure.que cette formesxarquele préfent avec rapport au paflé, plutôt que dedire au contraire qu'elle marque le pafé avec rapport au préfent. Cette inconféquence eft dûe à Fhabitude de donner a ce terns , fans examen:& {ur lafoi des Grammairiens ; le nomabuñfde préréris;on y trouve aifément une idée d’antériorité. que lon prend.pour l'idée, principale, & qui femble éneffet fixer cesems dans la clafle des prétérits; on y apperçoit enluite, confufément une idée de fimultanéité que l’onveroitfécondaire éc mo: dificative de la premiere: c'efk une méprie ;. qui à parler exattement:, renverfe lordre des id6es ; CCE le fent bien par l'embarras qui naît de ce défordre ; mais que faire? Le préjugé prononce que le sers en queftion eftprétént y la raifon réclame , on la laxile dire , mais on lui donne, pour ainfi dire, aéte: de.fon oppoñtion,en donnant àce prétendu prétérit le noi d’imparfait :\dénominationiqur caractere moins Pis dée qu'il faut prendre de ce 1475, que la maniere dont on l’a envifagé. | 2°, Le préjugé-paroît encore plus fort fur la fe- conde efpece de préfentantérieur ; mais dépouillons- nous de toute préoccupation, & jugeons de la vés- table deftination de ce tems parles uiages des langues qui lPadmettent., plutôt Que parles dénonunations hazardées 8 peu réfléchies des Grammairiens. keur unanimité même déja prile en défaut fur le prétendu prétéritimparfait & fur bien d’autres points, a enco- re ici des caratéres d'incertitude quilarendent juite- ment fufpeéte de méprife, En s’accordant pour pla- cer au rang des prétérits 7e fus, je louai, J'adrmirai, les uns veulent que ce prétendu prétérit foit défini, & les autres qu'il foit indefini où aorifle , termes qui avec un {ens très-clair ne paroïffent pasappliquésuci d’une maniere trop précife. Laïflons-les difpurer fur ce quiles divife, &profitonstdece dont ils convren- nent fur l'emploi de ce sers ; 1ls font à cet égard des témoins irrécufables de fa valeur ufuelle. Or en le regardant comme un prétérit, tous les Grammairiens conviennent qu'il n’exprime que les chofes pañlées dans un période de rems antérieur àcelui dans lequel on parle. | | Cet aveuvcombiné avec le. principe fondamental de lanotion dessems , fufitpour décider la queftion. Il faut confidérer dans les vèms 1°. une relation géné- rale d’exiflence à unterme de comparaïfon , 2°, Le terme mème de comparaifontC’eft en vertu de lare- lation générale: d’exiftence qu'un sens eft préfent, DO XFN TEAM 099 À Et, LVa | 5 5 prétentowptur.fclon qu'il exprune dat iltanété, 5 2 + CFE : 1 r no AE lantériontéou la poilérionté d'exiftenee; c’eft par la maniere denvifaver le terme, ou fousun point de vue général êr indéfimi, où fous unpoint devuefhée cial &t déterminé que ce sers cit indéfni où défini; & c’eft par la potion déterminée duterme, qu'un tems défini eff aëtuel , antérieur ou pofléricur, {elon que;le terme a luizmême lun deces rapports atimos ment de laéte de la parole, Orle éems, dont s'agit, a pour terme de coms paraïfon:, non une époque inflantanée, mais:un Dés riode de sems: ce période, dit-on, doit être antés rieur à cehu,.dans, lequel.on parle; par conféquent ’eft un mis quieft dela cleffe des définis, & entre ceuxic1 1leftde l’ordre desvems antérieurs. Ilrefte donc à déterminer lefsèce aénérale de rapport que ce sers exprime relativement à ce période antérieur: mas ileft evident qu'ilexprime la fimultancité d’exis Ë > puiiqu'il défigne la chofe comme pañlée dans ce re ce période, & non avant ce période; JE £11s hier vos tre lectre, c'eft-à-dire que mon aftion de fre étoit fa multanéeavecile jour d'hier, Ce rems eftdoncen effet un.préfent antérieur. Onvfent bien qu'il différe aflez du pteinier pour n'être pas-confondu fous le même nor c’eit par le terme de comparaïfon qu'ils different, & c’eft delà qu'il convient de tirer la différence de leurs dénomi- tions. Je difois donc que j'érois, je louois, j'admirois hs ? : font au préfères antérier Jimple, Ge que Je fus, Je lorai J'admirai {ont au préfent aurérisur périodique. Je ne doute pas que plufeurs ne regardent coms un paradoxe, de placer parmi Les préfens, ce sers que l'on atoujours regardé commeun prétérit. Cette Opi= mon peut néanmoins compter fur le fuffrage d’un grand peuple, 8 trouver un fondement dans une laugue’ plus ancienne que les nôtres. La langue alle mande ; quin’a point de préfent antérieur périodi- que, fefert du: préfeñt antérieur fimple pour expri- mer, Ja même idee : ichwar (Petois o je fus };'c’eit inf qu'onle trouve dans la conjugaifon du verbe auxihaire /eyr (être ),1de lasrammaire allemande de M: Gottiched par MkQuand (die, de Paris, 1344. th vyipagnaqu)s 4 laureur prévoyant bien que cela peut furprendte ; dit expreflément dans üne note, que limparfaitexprime en même temsen al- lemand La prétérit éc l'imparfait des françois: Il ef alé de s'entappercevoir dans la maniere de parier des Allemands qui ne font pas encore aflezmaîtrés de notre langue : prefque par-tout où nous employons le préfent antérieur périodique , ils fe fervent du préfent antérieur fimple,-& difent, par exemple , Je letrouvoïs hierten chemin ; je lui demaridois où il va, Je voyoisiquil s'embarraflz, aukeuide dire , je le trous vai hier en chemin, je lui demandai où il allois, je vis quil s'embarrafjoit: c'eft le germanifme qui perce a-travers les mots françois, & qui dépofe que nos verbes Je trouvai, je dermandai, je vis {ont en eflet de la même clafle que , je srouvois | jé demandois , je voyois. Les Allemands, nos voifins & nos contem- porains, &c peut-être nos peres ou nos freres en fait de langage, ont mieux faif l’idée caradtérifie que de notre préfent antérieur périodique Pidée de fimultancité, que ceux de nos méthodiftes françois qui fe fonteattachés fervilement à lalsrimmaire la: tine, plutôt que de confulter lufage , à: qui feul ap- partent la lésiflation grammaticale. La langue an gloife eft encore dans le même cas que l’ailemande ; t'had (Javois & jJ'eus); à was (j'étois 6 je fus ). On peut voir la grammaire françoife- angloife de Mauger, pag. 69 , 70 ; & la grammaire angloife- françoife de Fefteau pag 42, 48. (in-8. Bruxelles, 1693.) Au refte je parle ei à ceux qui faïfiflent les preuves métaphyfiques, qui les apprécient, 8 qui s'en contentent : ceux qui veulent des preuves da N i 2e GES 100 TEM fait, &c dont la métaphyfique n’eft peut-être que plus sûre, trouveront plus loin ce qu'ils defirent ; dés témoignages, des analogies , des raïtons de fyn- taxe , tout viendra par la fuite à Pappui du fyftème ue l’on développe ic. IV. Continuons & achevons de lutter contre les préjugés, en propofant encore un paradoxe. Nous avons vu le préfent indéfini employé pour le pré- fent poftérieur, comme dans cette phrafe, je pars demain; dans ce cas nous trouvons un autre s715 que Pon peut fubflituer au préfent indéñni , êt ce ne peut être que le préfentpoftérieur lui-même : je par- sirai eft donc un préfent poftérieur. Les gens accou- tumés à voir Les chofes fous un autre afpeét 8&c {ous un autre nom, vont dire ce que m'a déja dit un homme d’efprit, verfé dans la connoïfiance de plu- fieurs langues , que je vais faire des préfens de tous les tems du verbe. fl faudroit pour cela que je con- fondifle toutes les idées diflinétives des sers, & j'ole me flatter que mes réflexions auront une meilleure 1ffue. | ve Un préfent poftérieur doit exprimer la fimulta- néité d’exiftence à l'égard d’une époque déterminé- ment poftérieure; & c'eft précifément Pufage naturel du ms dont il s’agit ici. Ecoutons encore l'auteur de la grammaire générale, « On auroit pu de même, » dit-il (loc. ci.) , ajouter un quatrieme #15 com- » poié, favoir celui qui et marque l'avenir avec » rapport au préfent . .… néanmoins dans l’ufage on » l'a confondu... & en latin même on fe fert pour # cela de futur fimple : cum cœnabo, trtrabis (vous » entrerez quand je fouperai); par où je marque » mon fouper comme futur en foi , Mais comme » préfent à l’épard de votre entrée». “al On retrouve encore ici le même défaut que j'ai déja relevé à l’occafion du préfent antérieur fimple : l’auteur dit que le sms dont il parle, efr marqué l'a- venir avec rapport au préfent ; ë& il prouve lui-même qu'il falloit dire qu'il eds marqué le préfent avec rapport a Lavenir, puifque, de fon aveu, cæxabo, dans la phrafe qu'il allegue, marque mon fouper comme préfent à l'égard de votre entrée, qui en oi eft à venir. Cænabo (je fouperai ) eft donc un prétent pof térieurs À . Non , dit M. Lancelot; le préfent poftérieur n’e- xifte point; c’eft le futur fimple qui en fait office dans loccurrence. Si je prenois linverfe de la thé- fe, & que je dife que le futur nexifte point, mais que le préfent poftérieur enfait Les fonétions ; je crois qu'il feroit difficile de décider d'une maniere raifon- nable entré les deux aflertions : mais fans recourir à un faux-fuyant qui n'éclairciroit rien, qu'on me dife feulement pourquoi on ne tient aucun compte dans la conjugaïfon du verbe des sers très-réels cænaturus um, cœnaturus eram , C@naturus ero, qui font évidem- ment des futurs? Or s'il exifte d’autres futurs que cænabo, pourquoi refuferoit-on à cænabo la dénomi- nation de préfent poftérieur , puifqw'il en fait réelle- mentlesfonétions. , ee Ceux qui auront lu larsicle FUTUR , m'objeéte- ront queje fuis en contradiétion avec moi-même, puifque j'y regarde comme futur Le même #ms que 1e nomme ici préfent poftérieur. J'avoue la contra- diétion de la doétrine que j'expofe ici, avec Particle en queftion : mais il contient déja le germe qui fe développe aujourd’hui. Ce germe, contraint alors par la concurrence des idées de mon collègue, nant pu ni dû fe développer avec toute Paifance que don- ne une liberté entiere : & l’on ne doit regarder com- me à moi, dans cet article, que ce qui peut faire partie de mon fyflème; je défavoue le refte, ou je le retratte. a S. 2. Syffème des PRÉTÉRITS Juflifié parles ufeges des languts, Comme nous avons reconnu quatre pré: TEM fens dans notre langue, quoiqu’on n’en trouve que trois dans la plñpart des autres; nous allons y re- connoître pareillement quatre prétérits, tandis que les autres langues n’en admettent au plus que trois, I. Le premier, fui (jai été ), landavi (jai loué }, miraus fu (j'ai adnnré }, &c. généralement recon- nu pour prétérit, & décoré par tous les srammai- riens du nom de prétérit-parfair, a tous les caraéteres exigibles d’un prétérit indéfini: & quoiqu’en effet on ne lemploye pas à autant d’ufages diférens que le préfent indéfini, il en a cependant aflez pour prouver qu'il renferme fondamentalement labftra- Con de toute époque, ce qui eft l'eflence des zems indéfinis. | 1°. On fait ufage de ce prétérit pour défigner le prétérit aëtuel. J’a1 zu l'excellent livre des Tropes, c’eft-à-dire , mon aëlion de lire ce livre eff antérieure aus moment même où je parle, Il ÿ a plus; aucune langue n'a établi dans fes verbes un prétérit aûtuel propre- ment dit; €’eft le préténit indéfini qui en fait les fone- tions , & c’eit par la même raïfon qui fait que le pré- fent indéfni tient lieu de préfent aîtuel, raifon, par conféquent , que je ne dois plus répéter, 2°, On emploie fréquemment Le prétérit indéfns pour le prétérit pofférieur. J’417 FINT dans un mv- ment; fe vous AV EZ RELU cet ouvrage demain, vous en direz votre avis : dans le premier exemple , ja fini , énonce lation de fnir comme antérieure à l’é- poque défignée par ces mots, dans un moment, qui eft néceflairement une époque poftérieure ; ef comme fi l’on difoit, J'AURAI FINI dans un me- ment, Où dans un moment je pourrai dire, J'AI FINI: dans le fecond exemple, vous avez relu , préfente l’aëtion de relire comme antérieure à l’époque pofté- tieure indiquée par le mot demaiz, & c’eft comme # lon difoit, Jorfque VOUS AUREZ RELU demain cer ouvrage, vous m'en direz votre avis, Ou lorfque dimair Vous pourrez dire que VOUS AV EZ RELU , ec. 3°. Le prétérit indéfini eft quelquefois employé pour le prétérit antérieur. Que je dife dans un récit= Jur des accufations vagues & contradiloïres qu'on alle- guoit contre lui, je prends fa défenfe avec feu 6 avec Juccès : à peine AI-JE PARLÉ , qu'un bruir fourd s'ë- leve de toutes parts, &tc. Dans cet exemple , ai-je parlé énonce mon ation de parler comme antérieure à époque défignée par ces mots, x bruit Jourd s’élevsz mais le préfent indéfini s’éfeve eft mis ici pour le pré- fent antérieur périodique s’éleya; 8 par conféquent l’époque eft réellement antérieure à laéte de la pa- role, Ai-je parlé et donc employé pour avois-}e par- lé, & il énonce en effet l’antériorité de mon aétiom de parler à l'égard d’une époque antérieure elle-ænê- me au moment actuel de la parole. 4°. Le prétérit indéfini n’eft jamais employé dars le fens totalement indéfini, comme le préfent: c’ef pe ES > u que les propoftions d’éternelle vérité, effentielle- ment préfentes à l'égard de toutes les époques, ne font ni ne peuvent être antérieures n1 poftérieures à aucune : &c les propoñtions d’une vérité contir- gente ont nécefflairement des rapports différens aux diverfes époques ; rapport de la fimultanéité pour lune, d’antériorité pour l’autre, de poftériorité pour une troifieme. IL. Le fecond de nos prétérits, eft le prétérit an- térieur fimple, fxeram (J'avois été ), laudaversæ (javois loué), miratus fueram ( j'avois admiré }. Les grammairiens ont donné à ce sems Le nom de prétéri-plufque parfait, parce qu'ayant nommé par- fait le prétéritindefint, dont le caraétereeft d’expri- mer l’antériorité d’exiftence, 1ls ont.cru devoir a;ou- ter quelque chofe à cette qualification , pour dé- figner un sems qui exprime l’antériorité d’exiftence & l’antériorité d'époque. Mais qu’il me foit permis de remarquer que la dé: RS NP nomination desplfque parfair a tous les vices les “plus propres à la faire profcrire. 1°. Elle implique contradiétion , parce qu’elle fuppofe le parfait fuf- ceptible de plus où de moins , quoiqu'il #’y ait rien de mieux que ce qui eft parfait. 2°, Elle em- porte encore uneautre fuppoñtion également faufle, favoir qu'il y a quelque perfe@ion dans lantério- rité, quoiqu'elle n’en admettre m1 plus ni moins que la fimultancité & la poftérionité. 3°. Ces confidéra- tions donnent lieu de croire que les noms des pré- térits parfaits ST plufque patfaits n'ont été introduits, que pour des diftinguer du prétendu prétérit impar- fait; mais comme 1l a été remarqué plus haut que cette dénomination ne peut fervir qu’à défigner Piin- perfeétion des idées, des premiers nomenclateurs, il faut porter le même jugement des noms de par- fair & de plufque-parfait qui ont le même fonde- ment. Quoi qu'il en foit, ce fecond prétérit exprime en effet l’antériorité d’exiftence à l’égard d’une époque antérieure elle-même à laéte dela parole ; ainf quand je dis cænaveram cum intravit , ( J'avois {oupé lorfqu'il elt entré }; cænaveram, (j'avois foupé), exprime FPantériorité de mon fouper à l'égard de l’époque dé- fignée par éatravie, (il eit entre); & cette époque eft elle mème antérieure au tems où je Le dis: cænayveram eft donc véritablement un prétérit antérieur fimple , ou relatif à une fimple époque. 1. En françois , en italien , & en efpagnol , on «trouve encore un prétérit antérieur périodique, qui eft propre à ces langues, & qui differe du précédent parle terme de comparaifon , comme le préfent an- térieur périodique differe du préfenr antérieur fimple; J'euseté, j'eus loué, j'eus admiré, font des prétérits antérieurs périodiques ; & pour s’en convaincre , il n’y a qu'à examiner toutes les idées partielles défi- gnées par ces formes des verbes étre, louer, admi- rer, ÊTC. Quand je dis , par exemple, j’eus foupé hier avant qu'il enirät : 1left évident 1°. que j’indique l’antério- _rité de mon fouper., à l'égard de l’entrée dont il eft queftion ; 2°. que cette entrée eft elle-même anté- rieure au #72 où je parle, puifqu’elle eft annoncée comme fimultanée avec le jour d'hier; 3°. enfin il eft certain que l’on ne peut dire }'eus foupé , que pour marquer l’antériorité du fouper à l’égard d’une épo- que prife dans un période anterieur à celui où l’on parle : il eft donc coaftant que tout verbe, fous cette forme , eft au prétérit antérieur périodique. IV. Enfin nous ayons un prétérit poftérieur , qui exprime l’antériorité d’exiftence à l’égard d’une épo- que poftérieure au rer2s où l’on parle ; comme fuero, (j'aurai été), laudavero, (j'aurai loué) , rzirarus er0, (j’auratadmiré ). | « Letroifñieme sens compofé , dit encore l’auteur » dela grammaire générale (oc. cie.) eft celui qui » marque lavenir avec rapport au pañlé, favoir le » futur parfait |, comme cœnavero ( j'aurai foupé) ; » par où je marque mon ation de fouper comme » future en foi, & comme pañlée'au-regard d’une » autre chofe à venir qui la doit fuivre ; comme » “quand j'aurai foupé il entrera : cela veut dire que # mon fouper qui n’eft pas encore venu , fera pañlé » lorfque fon entrée , qui n’eft pas encore venue, » fera prefente ». | . La prévention pour les noms reçus fait toujours illufon à cetauteur ; 1l eft perfuadé que Le es dont 11 parle eft un futur , parce que tous les grammai- riens.s’accordent à lui donner cenom : c’eft pour cela qu'il dit que ce rems marque l'avenir avec rapport au palfé : au-lieu qu’il fuit de l'exemple même de la grar- maire générale, qu’il marque. le pallé avec rapport a la- venir. Quelle eft en effet l'intention de celui qui dit, gqand j'aurai foupé ilentrera ? c’eft évidemment de f- FE jôi xet le rapport du ss de fôn fouper au #75 de l’én _trée de celui dont il parle; cette entrée eft l'époque de comparaifon, & ie fouper eftannoncé comme ans térieur à cette époque ; c’eft l'unique deftination de la forme que le verbe prend en cette occurrence , & pär conféquent cette forme marque réellement lan- tériorité à l'égard d’une époque poftérieure au rems de la parole , ou, pour me fervir des termes de M. Lancelot, mais d’une maniere conféquente à l’obfer- vation , elle marque le palé avec rapport à l'avenir, Une autre erreur de cet écrivain célebre, eft de croire que cœravero , (j'autai foupé ) , marqué mon ation de fouper comme future en foi, & comme paf fée au regard d’une autre chofe à venir, qui la doit fuivre, Cœnavero , &t tous les sms pareils des autres verbes, n’expriment abfolument que le fecond de ces deux rapports, & loin d'exprimer le premier, il ne le fuppofe pas même. En voici la preuve dans ua raifonnement d’un auteur qu'on n’accufera pas de mal étrire, ou de ne pas fentüir la force des termes de notre langue ; c’eft M. Pluche. « Sile tombeau, dit-1l (fpeétacle de la nature, » difc. prél. du tom. VIII, pag. 8.6 9.), eft poux » Jui (l’homme ) la fin de tout; le genre humain fe » divife en deux parties, dont lune fe livre impuné« » ment au crime, autre s'attache fans fruit à la ver- » tu...les voluptueux &c les fourbes. .. feront ainf » les feules têtes bien montées, & le Créateur , qui » à mis tant d'ordre dans lemonde corporel, n’AURA » ÉTABLI niregle ni juftice dans la nature intelli- » gente, même après lui avoir infpiré une très-haute » idée de la regle & de la juftice». Dès le commencement de ce difcours , on trouve une époque poitérieure , fixée par un fait hypothé- tique ; {£ le tombeau ef} pour l’homme La fin de tour, c’eft-à-dire , en termes clairement relatifs à Pavenir, fi Le tombeau doit étre pour l'homme la fin de tour : quand on ajouteenfuite que de Créateur n'AURA ETABLI ni regle ni juflice, on veut fimplement défigner l’anté- riorité de cet établiflement à l'égard de l’époque hy- pothérique, & il eft conftant qu’il ne s’agit point ici de rien ftatuer fur Les aétes futurs du Créateur ; mais qu’il eft queftion de conclure, d’après fes atespañés, contre Les fuppofñtions abfurdes qui tendent à anéan- tir l’idée de la providence. Le verbe aura établi, n’ex- prime donc en foi aucune futurition, & l’on auroit même pu dire, /e Créateur n'a établi pi regle ni juffice ; ce qui exclut entierement & inconteftablement li- dée d'avenir ; mais on a préféré.avec raïfon le prété- rit poftérieur , parce qu'il étoit eflentiel de rendre fenfible la aifon de cette conféquence, avec Phypo- thefe de la deftrution totale de l’homme , que l’on fuppole future ; & que rien ne convient mieux pour cela , que Le prétérit poftérieur , qui exprime eflen- tiellement relation à une époque poitérieure. $. 3. Syflème des FUTURS, juffifé par les ufages des langues. L'idée de fimuitanéité, celle d’antério- rité, & celle de poftériorité, fe combinent également avec l’idée du terme de comparaifon: de-là autant de formes ufuelles pour l’expreflion des futurs , qu’il y en a de généralement reçues pour la diftinétion des préfens & pour celle des prétérits: Nous devonc donc trouver un futur indéfini , un futur antérieur, & un futur poftérieur. I. Le futur indéfini doit exprimer la poftériorité d’exiftence avec abffration de toute époque de com- paraïfon ; & c’eft précifément le caraëtere des sems latins & françois, furus [um , (je dois être) ; Zau- daturus fum , ( je dois louer) ; mératurus fum, (je dois admirer } ; &c. Par exemple dans cette phrafe , sous homme DOIT MOURIR , qu eft l’exprefion d’une vérité morale, confirmée par l'expérience de touslestems, ces mots dois mourir , expriment la poftériorité de la mort , Feb TEM avec abfrattion dé toute époque , & dès-Ki avec re- lation à toutes Les époques; & c’eft comme fi l’on di- foit , vous les hommes nos prédéceffeurs DEV OTENT MOURIR, ceux d'aujourd'hui DOIVENT MOURIR, 6 ceux qui nous fuccéderont DEVRONT MOURIR : ces mots doit mourir, confütuent donc ici un vrai futur indéfini. Ce futur indéfim fert exclufivement à l’expreffion du futur attuel, de la même maniere, 6t pour la mê- me raifon que le préfent &r le prétérit aétuels n’ont point d’autres formes que celle du préfent & du pré- térit indéfini : ainfi quand je dis, par exemple, Je redoute le jugement que le public DOIT FORTER dercet vuvrage x Ces mots, doit porter | marquent évidem- ment la poflériorité de Paétion de juger, à l'égard du rems même où je parle, & font par conféquent ici l'office d’un futur aduel: C’éft comme fi je difois fim- plement , Je redoute le jugement à venir du public Jur cel OUVIAS ES Onttrouve quelquefois la même forme employée dans le fens d’un futur poflérieur ; par exemple dans cette phrale : je DOS jamais SUBTR ur nouveleta- men, je My préparerai avéc foin ; ces mots 7e dois ju= bir , défigneñt claïrement l4° poftérioriré de laëion de fubir à l'égard d’une époque poftérieure ellemé- meauvsems où je parle, & indiquée pat le mot jamais ; ces mots font donc ici l'office de futur poftérieur, & c’eft conune fije difois ‘57 ef} jamais un tems où je DEPRAI SUBIR, Cc, - IT. Le futur antérieur doit exprimer lapoftériorité à l'égard d’une époque antérieure à l'acte der la paro- le ; c'eft ce qu'il eft aifé de reconnoïtre dans fwrrus eram, (jé devois être ) ; laudaturus ram; (je devois louer); sriraturus eram , (je devois aamirer ); &c. Aïñf quandon dit, je DEF OTS hier SOUPER avec yous , l'arrivée de mon frère men empécha ; ces mots , je dévois fouper | expriment la poftériorité de mon foùper à lPépard du commencement du jour d'hier, qui eftune époque antérieure au sems où Je parle; 7e dévois Jouper eft donc un futur antérieur. HT, Le futur poftérieur doit marquer la poftériori- té à l'égard d'une époque poftérieure elle-même à l'acte de la parole ; & il eff facile de remarquer cette cômbinaion d'idées dans ferrus ero, (je devrai être); laudaturus ero, (je devtailouer ) ; mraturus ero, (je devrai admirer }; 6e ù Ainfr quand je dis, lorfque je DEFRAI SUBIR un examen, je my préparerai avec foin ; il eft évident que mon aûtion de /xbir l'examen, eft défignée ici com- me pofiéricure à un ses à venir défigné par /or/que : je devrai fubir eft donc en effet un futur poftérieur, puifauw’il exprime la poftériorité à l'égard d'une épo- que poltérieure elle même à l’aête de la parole. ART. [IL Conformité du fyflème des TEMS avec les analogies des langues. Quil me foit permis de retour- ner en quelques forte fur mes pas, pour confirmer, par des obfervations générales, Péconomie du fyf tême des sens , dont je viens de faire l’expoñition. Mes premieres remarques tomberont fur lanalogie de la formation des sems, & dans une même langue, & dans des langues différentes ; des analogies adop- tées avec une certaine unanimité , doivent avoir un fondement dans la raïfon même, parce que , com- me dit Varron ( de ling. lat. VIII, üj. ) , qui in lo- guerndo confuctudinem , quéoportet uti , Jeqmitur, non fêne ea ratione. I] femble même quece favant romain Wait mis aucune différence entre ce quieftanalogi- que, & ce qui eft fondé en raïfon , puis qu'un peu plus haut, il emploie indifféremment Les mots rario & anälogia. Sed hi qui in loquendo, dit-il, ( Zbid.1.) parti fequi jubent nos confuetudinem , partim rationem, non tam difcrepant ; quod confuetudo & analogia con- jJunéhores funt inter Je quam hi credunr. Le grammairien philofophe, car il mérite ce titre, TEM ñe pofoit ce jugement de l’analogie ; qu'après l’as voir examinée & approfondie : il y avoitentrevule, fondement de la divifion desses , tel quete Pai pro: pofée , & il s’en explique d’une manierefi poñitive Be fi précife , que je fuis extrèmement furpris que perfonne n’aitfongé à faire ufage d'une idée qui ne peut que répandre beaucoup de jour fut la généras tion des res dans toutes les langues. Voicifes paro: les, & elles font remarquables ( Jhid, 564), Similie cer errant qui dicunt ex uträque parte Verba Omnia com mutare fyllabas oportere ; 41 in his , pungo, pungam, pupugi; tundo , tundam , tutudi : diffénilia enim con« fèrunt, verba infoüla tm perfe@is, Qudd ft imperfetta modo conferrent | omnia verbi principia ircommutalilia viderentur ; ut in his pungebam, pungo , pungam à É contra ex utrdque parte commutabilin, ff perfetta pos nerent\; Hs pupugeram, pupugi , pupugero: On voit que Varron diftingue 1e1 bien nettement les trois sers quejé comprends fous le nom général de préfens, des trois que je défigne par la dénomina- tion commune de prérérirs ; qu'ilannonce une analo- gie commune aux trois #7 de chaque efpece , mais différente d’une efpece à l'autre; enfin qu'il diftin- gue ces deux efpeces par des noms différens, don- dant aux semis de la premiére le nom d'imparfaits, imperfeita ; & à ceux de la fecondelenomde parfaits, perfeita. : Ce n’eft pas parle choïx des dénominations que je voudrois juger dela philofophie de cet auteur : avec de lérudition, de Pefprit, de la fagacité même , ïl n’avoit pas aflez de métaphyfique pour débrouiller la complication des idées élémentaires , fije puis parler ainfi, qui conftituent le fens total desformes utuelles du verbe; ce n’étoit pas leton de fon fiecle; mais 1l étoitobfervateur attentif, intelligent, patient, fcru- puleux même ; & c’eft peut-être le meilleur fond fur lequel puifle porter la faine philofophie. Juftifions celle de Varron par le développement du principe qu'il vient de nous préfenter. Remarquons d’abord que dans la plüpart des lan- oues, il y a des sers fimples 8t des sens compofés, Les sms fimples , {ont ceux qui ne confftent qu'en un feul mot, & qui etes tous fur une même racine fondamentale, différent entr'eux par les infléxions & les terminaifous propres à chacun, Je dis inflexions & rerminaifons ; & j'entends par le premier de ces termes ; les chañgemens qui fe font dans le corps même du mot avant la derniére fylla« be ; & par le fecond,, les changemens de la derniere oudes dernieres fyllabes. Voyez INFLEXION. Purg-0 8e pung-am ne different que par les terminaïfons , &c il en eit de même de pzpuger-O Gt pupuger-am : au contraire , purgo & pupagero ne different que par des inflexions, de même que purgem &tpupugeram, puifs qu’ils ont des racines &t des terminaifons communes : enfin, purgam & pupugero different &c par les infle- xions, & par les terminaifons. Les TEMS compofés, font ceux qui réfultent de plu fieurs mots, dont l'un eft un #ws fimple du verbe même, &c le refte eft emptunté de quelque verbe au- xiliaire. On entend par vetbe auxiliaire, un verbe dont les rems fervent à former ceux des autres verbes; &r l’on peut en diftinguer deux efpeces, le naturel & Pu- fuel. | Le verbe auxiliaire rarurel, eft celui qui exprime fpécialement & effentiellement lexiftence , & que lon connoît ordinairement fous le nom de verbe fub- ftantif; Jam en latin , je fais en françois, io fono en italien, yo s’oy en efpagnol, ich bin en allemand, sui en grec. Je dis que ce verbe eft auxiliaire naturel, parce qu’exprimant eflentiellement Pexiftence, il pa- roît plus naturel d’en employer les sms, que ceux de tout'autfe verbe, pour marquer les différens rap- ports d’exiftence qui caraétérifent les és de tous les verbes. nt Le verbe auxiliaite 4/4e/, eft celui qui a une figni- fication originelle, toute autre que celle de l’exiften- ce, & dont l’ufage le dépouille entierement, quand ilfert à la formation des ses d'in autre verbe, pouf ne lui laïfler que celle qui convient aux rapports d’e- xiftence qu'il eft älors chargé de caractérifer. Tels font , par exemple, en françois, les verbes avoir & devoir, quand on dit, j'ai loué, je devois fortir ; ‘ces verbes perdent alors leur fignification originelle ; avoir ñe fignifie plus pofeffion , mais antériorité ; de- voir ne marque plus obligation , mais poftériorité. Je dis que ces verbes font auxiliaires ufuels, parce que leur fignification primitive ne les ayant pas deftinés à cette efpece de fervice ; ils n’ont pà y être aflujet- indéfini. antérieur fimple. antérieur périodique: - _poftérieur. | PRÉSENT, 2°. Tous les sens Où nous avons reconnu pour Ca raétere fondamental & commun, l’idée d’antériori- té, & dont, en conféquence, j’ai formé la clafe des prétérits, font compofés dans les trois langues ; dans toutes trois, c’eft communément le verbe qui fignifie TEM 103 bis que par l’autorité de lufage , guem péñes arbitriume ef G jus € horma loquendi. Hor. art, poër, 72, Les langues modernes de l’Éurope font hien plus d'ufage dés verbes auxiliaires que les langues ancien= nes ; maïs les unes &c les autres font également gui= dées par le même efprit d’analogie. $. I. Analogies des TEMS dans quelques langues m0: dernes de l’Europe. Commençons par reconnoître cet efprit d’analogie dans les trois langues modernes que nous avons déja comparées, la françoife, l'italienne & l’efpagnole. 1°. On trouve dans ces trois langues les mêmes sms fimples; & dans l’une, comme dans l’autre ,il n'y a de fimples, que ceux que je regarde comme des préfens, franc. Rutas efpagn, Je loue. lodo. alabo, Je louois. lodava, alabava, je louai, lodaz, alabé, Je louérai. lodéro, alabaré, originellement pofe fon, quelquefois celui qui expri me fondamentalement lexiftence » qui eft employé comme auxiliaire des prétérits, & toujours avec le füpin ou le participe paffif du verbe conjugué, rat 34 l franc. ital. Me efpag. indéfini. J'ai hd S he à L La Ï - TE Eu k } & g Est à Prérèrrr à antérieur fimple, RE LC OT 7" _ ?}antérieurpériodique. peus NO hébh © yve SR poitérieur. j'aurai havero uviere © 3°. Les futurs ont encore leur analogie dftindive dans les trois langues ,: quoiqu'il y ait quelque difé- rence de l’une à l’autre. Nous nous fervons en ftan- çois de l’auxiliaire devoir, avec le préfent de l'infins tif du verbe que Pononjugue. Les Efpagnols em- ployent le verbe aver (avoir), fuivi de ja prépoñi- tionde & de l’infinitif du verbe principal ; tout ellip- tique qui femblé exiger que l’on fous-éntende le nom £ hado (à déftination) , ou quelqu’autre femblable. Les Haliens' ont adopté le tour françois & plufeurs autres : Caftelvetro, dans fes notes fur le bembe (4 de Naples 1714, in-4°. p. 220. ) cite, comme expref- fions {ÿnonymes, debbo amare, ( je dois aimer ), ko ad amare; (J'ai à aimer ), ko da amare, (J'ai d'aimer },, Jono per amare , (je fuis pout aimer } ; je crois cepen- dant qu'il y a quelque différence, parce que -les lan- gués n'admettent ni mots , ni phrafes fynonymes, & apparemment le tour italien femblable au nôtre ef le feul qui y correfponde exatement, . * - ÿ 4 Fa LA AS ; . Le pp PT . fran, ital, _Efpags | " iñdéfini, Je dois Sn devo & he FUN FUTUR, { antérieuf. Je devois S dovevo à avia À à nd DE Po poftérieur. Je déprai * dovero N uyiére À Gr. Analopies des TEMS dans la langue latine. La Sr _AÉ pat. langue latine, dont le génie paroît d’ailleurs & dife- FR indéfint, laudo. laudor. rent de celui des trois längues modernes, nous con- | PRÉSENT, À antérieur, ,.eudabam, laudabar, duitrencore aux mêmes conclufions par {es analogies - poftérieur. Zaudabo, landabor, latin , fänt à la voix aétive , qu’à la voix pañlive; & als-ont tous'une racine immédiate commune, « adif, 2°. Tous les rems que je nomme prérérirs ; paité que l'idée fondamentale qui leur eft commune , ft celle d’antériorité, font encore fimples à la voix ac- tive ; fais le changement d’inflexions à là racine corimune , leur donne une racine immédiate toute différente , & qui. caracterife leur analogie propre : d’ailleurs , les ms correfpondans de la Voix paflive {ont tous compofés de auxiliaire naturel & du pre= térit du participe paññf, ps paññf, è Ip.» > ka F À % ; indéfini: laudayi, à Jum ou fur, PRÉTÉRIT À antérieur. laudaÿeram. S S érat Où fuerairs £ poftérieur. landavero: & Ÿ ero Où fucro. 3°. Enfin , tous les sms que jé nomme furs , à caufe de l'idée de poftériorité qui les caratérife , {ont compofés en latin du verbe auxiliaire naturel & du futur du participe adtif, pour la voix active : ‘où du futur du participe pañif, pour la voix pañiive, 104 TEM indéfint. à FUTUR, À antérieur. À poftérieur. à Il. Nous trouvons dans les verbes de la même fan- gue une autre efpece d’analogie, qui femble entrer encore plus fpécialement dans Les vües de mon fyf tème: voici en quoi elle confifte. Les préfens & les prétérits aëtifs font également fimples, & ont par conféquent une racine commune, qui ef comme le type de la fignification propre à chaque verbe: cette racine pafle enfuite par différen- tes métamorphofes, au moyen des additions que Pon y fait, pour ajouter à l’idée propre du verbe lesidées accefloires communes à tous les verbes : ainf Zad eft la racine commune de tous les rems fimples du verbe Zaudare (louer ) ; c'en eft le fondement 1m- muable , fur lequel on pofe enfuite tous les divers @ UI72 RECU - us af, 2 paf. a: | ETAT à œ ETAT à ero. À ro. caracteres des idées accefloires communes à tous les verbes. | Ces additions fe font de maniere, que les différen- ces de verbe à verbe carattérifent les différentes con- jugaïifons , mais que les analogies générales fe retrou- vent par-tout. __Aïnf o ajouté fimplement à la.-racine commune, eft le caraétere du préfent indéfni qui eft le pre- muer de tous: cette racine fubiffant enfuite l’inflexion qui convient à chaque conjugaifon, prend un & pour défigner les préfens défimis , qui different entr'eux par des terminaifons qui dénotent, ou l’antériorité ou la poftériorité. Conug. Prét. indef. Préf. ant. Prét. poft, 1e laud-o. lauda-b-am. lauda-b-0, 2” doce-0. doce-b-am. doce-b-0. 1e reg-0. rege-b-am. rege-b-0o, anciennement 4 expedi-0, expedie-b-am. expedi-b-0 , anciennement, Au refte il ne faut point être furpris de trouver ici regebo pour regam, n1 expedibo pour expediam ; on en trouve des exemples dans les auteurs anciens, &c 1l eft vraiflemblable que l’analogie avoit d’abord intro- duit expedie-b-o, comme.expedie-b-am. Voye la me- thode latine de P. R. remarque fur les verbes, ch. 1j. art. 1 dis TEMS. | : Conjug. Prét. indéf. I. laudav-1, 2e docu-1. 3 e rex-1. A expediv=1. Ïl réfuite de tout ce qui vient d’être remarqué, 1°. Qu'en rétranchant la terminaïfon du préfent indéfini, 1 refte la racine commune des préfens dé- finis; & qu’en retranchant la términaifon du prétérit indéfini , 1l refte pareïllement une racine commune aux prétérits définis. : é: 2°, Que les deux remis que je nomme préfens définis ont une inflexion commune à, qui leur eft exclufive- ment propre , & qui indique dans ces deux 175 une idée commune , laquelle eft évidemment a fimulta- néité relative à une époque déterminée. 3°. Qu'il en eft de même de-linflexion er, com- mune aux deux ses que j'appelle préterirs définis; qu’elle indiqué dans ces deux rerrs une idée commu- ne, qui eft l’antériorité relative à une époque déter- minée. péras, | 4%, Que ces conclufons font fondées fur ce que ces inilexions caraétérifliques modifient, ou la racine qui naît du préfent indéfini , ou celle qui vient du prétérit défini, après en avoir retranché fimplement la terminaion. FA 5°. Que l’antérionité ou la poftériorité de l’époque étant la derniere des idées élémentaires renfermées dans la fignification des 'sems définis , elle y eft indi- quée par la terminaïfon même ; que lantériorité, {oit des préfens, foit des prétérits, y eft défignée par am, lauda-b-am, laudav-er-am; & que la poftériorité y eft indiquée paro, lauda-bo , laudav-ero. L’efpece de parallelifme que j'établis ici entre les préfens & les prétérits, que je dis également indéñ- nis ou définis , antérieurs on poftérieurs, fe confirme encore. par un autre ufage qui eft une efpece d’ano- malie : c’eft que zov, rmeminti, &t autres pareils, fer- vent également au préfent &c au prétérit indéfini; zo- La terminafon ; ajoutée à la racine commune mo: difiée par l’inflexion qui convient en propre à cha- que verbe , caraëtérife le premier des prétérits , le prétérit indéfini. Cette terminaifon eft remplacée par l’inflexion er dans les prétérits définis , qui font dif- tingués l’un de l’autre par des terminaifons qui déno- tent ou l’antériorité ou la poftériorité. Prét: ant. Prét. poft. laudav-er-ain. laudav-er-0. docu-er-arm. docu-er-0. rex-eT-ar. TEX-ET-O. expediv -er-ams expediv=er-0 veram , memineram , pour le préfent & le prétérit an: térieur ; zovero , meminero , pout le préfent & le-pré+ térit poftérieur. Rien ne prouve mieux, ce mefem- ble , l’analogie commune que jatindiquée entre ces tems , & la deftination que j'y ai établie : il en réfulte -effettivement , que le préfenr eft au prétéris | précifé- ment comme ce qu’on appelle srparfair eft au £ems que l’on nomme plufqueparfait ; &t comme celui que l’on nomme ordinairement fueur , eft à celui que les anciens appelloient furur du fubjonühif, & que la Grarm- maire générale nomme futur parfair« or le plufquépar- fair &c le futur parfait font évidemment des efpeces de prétérits ; donc l’emparfair & le prétendu. fur font en effet des efpeces de. préfens, comme.je VPax avancé, UE JL, La langue latine eff dans l'ufage de n’employer dans les conjugaifons que l’auxiliaire naturel, ce.qui donne aufli le développement naturel des idées éle- mentaires de chacun des ses compofés. Examinoris d’abord les futurs du verbe atif; : : Füturindéfint, - Zandarurus , a ,um,fums Futur antérieur, laudaturus, a , um, eram: Futur poftérieur, laudaturus , a ,‘um, ero. On voit que le futur du participe eft commun à ces trOiS rerms : Ce qui annonce une idée commune aux trois. Mais … , a, um eft adjectif , &, com- me on le fait, il:s’accorde en genre, en nombre, & en cas avec le fujet du. verbe:; c’eft qu’il en:exprime le rapport à l’aéhon qui conftitue la fignification pro- pre du verbe. On. voit d'autre part les préfens du verbeauxilai- re, fervir à la diffinétion de ces trois sms. Le pré- fent indéfini, fur , fait envifager la futurition expti mee ITEM miée par le participe, dans lefens indéfini & fans rap: port à aucune époque déterminée ; ce qui, dans loc- currence , la fait rapporter à une époque a@tuelle ÿ # laudaturus aunc fur, LUS 1h Le préfentantérieur, eram, fait rapporter la futu- ririon du participe à une époque déterminément an- térieure, d’où Cette futurition pouvoit être envila- gée comme actuelle : laudarurus eram , c'eft-à-dire , peteram tunc diéere, laudaturus rurc fm. C’eit à proportion la même choie du préfent pot térieur , ero ; il rapporte la futurition du participe à uñe époque determinément poflérieure , d'où elle pourra être envilagée comme atuelle: /azfasrus ero, c'eft-à-dire , poscro tunc dicere | laudaturus nunc Gene. C’eft pour les préterits la même analyfe & la mé- me décompoftion, on le voitfenfiblement dans ceux des verbes déponens: | Prétéritindéfini, precatus fum : DE < Pretérit antérieur, précatus eram ; Prétérit poftemieur, precatus ero. . Le prétérit du participe, commun aux trois #ems , &c aflujetti,à s’accorder en genre, en nombre, & en ças avec le fujet, exprime l’état par rapport à l’a&ion auu fait la fignification propre du verbe, état d’anté- rioriéquidevient dès-lors le caractere commun des tTO1S Lerns. - Les trois préfens du verbe auxiliaire font pareil- lement relatifs aux différens afpe@s de l'époque. Pre- catus fum doit quelquefois être pris dans le fens indé- fini; d’autres fois dans le fens aétuel, precatus nunc Jim. Precatus eram , C’eft-à-dire , tunc poteram dicere, precatus runcfum, Et precatus ero ; C’elt ruric potera dicere y précaius nunc fur. . Quoique les préfens foient fimples dans tous les verbes latins, cependant l’analyfe précédente des fu- turs & des prétérits nous indique comment on peut décompofer & interpréter les préfens. Precer, c’eft-àcdire, Jam preans | ou runc fum pre- Cars. - Precabar ,c’eft-à-dire ; eram precans | où turc pote- £erarn dicere , nunc [um precans. … Precabor, c’eft-à-dire , ero precans | où sunc potero dicere, nunc fur precans. | On voit doncencore ici l'idée de fimultanéité com- mune à ces trois sers, & défignée par le préfent du participe; cette idée eft enfuite modifiée par les di- vers afpeéts de l’époque , lefquels font défignés par les divers préfens du verbe auxiliaire. Toutes les efpeces d’analogies, prifes dans diver- {es langues, ramenent donc conftamment les ems du vexbe à la même clafification qui a été indiquée par le développement métaphyfque des idées compries dans la fisnification de ces formes. Ceux qui con- noiflent, dans l'étude des langues , le prix de l’analo- sie, fentent toute la force que donne à mon fyftème _ gette heureufe concordance de lanalogie avec la mé- taphyfique , & avoueront aïfément que c’étoit à jufte titre que Varron confondoit l’analogie & la raifon. | … Seroit-ce en effet le hafard qui reproduiroït fi conf- tamment & qui aflortiroit fi heureufement des ana- logies fi précifes & fi marquées, dans des langues d’ailleurs très-différentes ? Il eft bien plus raïfonna- ble & plus für d'y reconnoitre le fceau du génie fu- périeur qui préfide à l’art de la parole, qui dirige Pefprit particulier de chaque langue , & qui, en abandonnant au gré des nations les couleurs dont el- les peignent la penfée, s’eft réfervé le deflein du ta- bleau , parce qu'il doit toujours être le même, com- me la penfée qui en eft l'original ; & je ne doute pas qu'on ne retrouve dans telle autre langue formée, où l’on en voudra faire l'épreuve , les mêmes analo- Tome AVI. T EM 10$ gres Ou .d’autres équivalentes également propres à confirmer mon fyfteme: Art. IVe Conformicé du fÿflème des TEMS avec les vues de la fyntaxe. Voici des confidérations d’une at tre efpece , mais également concluantes: FE Si l'on conferve auxerts léuts anciennes déno finations , & que l’on en Juge par Les idéés que ces dénominations préfentent naturellement, il faut en. . convenir, les cenfeurs de notre langue en jugent rai- fonnablement; & en examinantles divers emplois des tems, M. Pabbé Reonier a bien fait d'écrire en titre que Pufage confond quelquefois les TEMS'des verbes, Cgram. fr. in-12. p. 342. & Juiv. in-4°,p. 389.) & d'aflurer en effet que le préfent a quelquefois la f« gmiñcation du futur, d’autres fois celle du prétérit, & que le prétérit à fon tour eit quelquefois employé pour le futur. Mais ces étonnantes pérmutations ne peuvent qu'apporter beaucoup de confufion dans Le difcours, & fure obflacle à l'inftitution même de la parole. Cette faculté n’a été donnée à l’hommeé que pour la manifeftation de fes pentées ; & cette manifeftation ne peut fe faire que par une expofition claire, dé- barraflée de toute équivoque & , à plus forte raïfon, detoute contradiétion. Cependant rien de plus con- tracétoire que d'employer le même mot pour expri- mer des idées auf incommutables 87 même auffi op- pofées que celles qui carattérifent les différentes ef peces de cems, Si au-contraire.on diffmgue avec moi les trois ef peces générales de #5 en indéfinis & définis, & ceux-cienrantérieurs & pollérieurs, toute contradi- bon difparoît. Quand on dit, je demande pour je demandat, OÙ 1} va pour Où 22 alloit , je pars pour je partirat , le préfent indéfini eft employé felon fa def. tination naturelle : ce sems fait eflentiellement ab{ traétion de tout terme de comparaifon déterminé ; il peut donc fe rapporter, fuivant l’occurrence, tantôt à un terme &c tantôt à un autre, & devenir en con? féquence, aétuel , antérieurou poitérieur , felon l’e- xigence des cas. Ilen eft de même du prétérit indéfini ; ce n’eft point le détourner de fa fignification naturelle, que de dire, par exemple, j'ai bientôe fait pour j'aurai bien1ôe fait : ce tems eft effentiellement indépendant de tout terme de comparaïfon; de-là la poffbilité de le rapporter à tous Les termes pofibles de comparai- fon, felon les befoins de la parole. | Ce choix des rems indéñfnis au Leu des définis , n’eft pourtant pas arbitraire : 11 n’a lieu que quand il con- vient de rendre en quelque forte plus fenfbie le rap- port général d’exiftence , que le terme de comparai- fon ; diftinétion délicate, que rout efprit n’eft pas en état de difcerner &c de fentir. C’eft pour cela que l’ufage dupréfentindéfini eft f fréquent dans les récits, fur-tout quand on fe pro- poie de {es rendre intéreflans ; c’eit en lier plus ef fentiellement les parties en un feul tout, par l’idée de co-exiftance rendué, pour aïnfi dite, plus fail- lante par l’ufage perpétuel du préfent indéfini , qui n'indique que cette idée , & qui fait abitraétion de celle du terme, Cette maniere fimple de rendre raifon des diffé. rens emplois d’un même sms, doit paroître, À ceux qui veulent être éclairés & qui aiment des folutions rafonnables , plus fatisfaifante &c plus lumineufe que l’énallage , nom myftérieux fous lequel fe cache pom- peufement ignorance de l’analogie, & qui ne peut pas être plus utile dans la Grammaire, aue ne l’étoit dans la Phyfique les qualités occultes du périparé- tifine. Pour détruire le preflige, il ne faut que tra- duire en françois ce mot grec d’origine , & voir quel profit on en tire quand il eft dépouillé de cet air feientihique qu'il tient de fa fource, Efl-on plus éclai- 106 TEM ré , quand on a dit queye pars, par exemple , eft mis | rats Rs | pour je partirai par Un changement ? car Voilà ce que: | fisniñie lemot érallage. Ajoutons ces réflexions à cel- les de M. du Marfais, & concluons avec ce grammai- æien raïfonnable ( voyez ENALLAGE); que lézal » lage eft une prétendue figure de confiruétion, que » les gramimairiens qui ralonnent ne connoiflent # point, mais que les grammatittes célebrent ». HI. Li frit évidemment des obfervations précéden- tes, que les notions que jai données des res font un moyen für de conciliation entre Les langues, qui, pour exprimer la snême chofe , emploient conftam- ment des sms différens. Par exemple, nous difons en françois, JE le TROUVE , je le lui diraï ; les Ita- liens fe Ze TRorERO , glie lo dird. Selon les idées or- | dinaires , la langue itahenne eft en regle, êc la lan- gue françoife autorife une faute contre les principes de la Grammaire générale, en admettant un préfent au Lieu d’un futur. Mais fi l’on confulte la faine phi- lofophie, il n’y a dans notre tour ni figure , ni abus; il ef naturel & vrai : les Italiens fe fervent du pré- ent poftérieur, qui conviént en effet au point de vue particulier que Fon veut rendre 3 &C nou, NOUS em- ployons le préfent indéfni y parce qu indépendant par nature de toute époque , il peut s’adapter à tou- tes les époques, à coniéquemment à une époque pofiérieure. Ne FE Mille autres idiotifmes pareils s’interpreterorent auffi aifément & avec autant de vérité par les mèmes prin- cipes. Le fuccès en démontre donc la juftefle , & met en évidence la témérité de ceux qutaxent hardiment les ufages des langues de bifarrerie ; de caprice, de confufion, d'inconféquence., de contradiétion. Il eft plus fage, je l'ai déjà dit ailleurs, &c je le répete ici; il cft plus fage de fe défier de fes propres lumieres , que de juger irrégulier ce dont on ne voit pas la re- gularité. *- Art. V. De quelques divifions des TEMS , particu- Lieres à la langue françoife. Sije bornois ici més ré- flexions fur la nature &c le nombre des tems, bien des leéteurs s’en contenteroient peut-Ëtre, parce qu'en effer j'ai à-peu-près examiné ceux qui font d un ufage plus univerfel. Maïs notre langue en a adopté quel- ques-uns qui lui font propres, (a qui dès-lors méri- tent d’être également approfondis » moins encore parce qu’ils nous appartiennent, que parce que la réa- lité de ces rems dans une langue en prouve la poffibi- lité dans routes , & que la fphere d'un fyftème phi- lofophique doit comprendre tous les potfbles. 1. Des TEMS prochains € éloignées. Sous le rap- port de fimultanéité, l’exiftence eft coincidente avec Pépoque; mais fous les deux autres rapports, d’an- tériorité & de poftériorité , Pexiftence eft féparée de l’époque par une diftance , que lon peut envifager d’une maniere vague & générale, où d'une maniere fpéciale & précile ; ce qui peut faire diftinguer les prétérits & les futurs en deux clafles. 2 Dans l’une de ces claffes , on confidéreroit la dif- tance d’une maniere vague à indéterminée ; OÙ plu- tôt on y confidéreroit lantériorité ou la poftérionité fans aucun égard à la diflance , & conféquemment avec abftradion de toute diftance déterminée. Pour ne point multiplier les dénominations , On pourroit conferver aux sems de cette claffe les noms fimples de prérérits on de futurs, parce qu'on n'y exprime effedivement que l’antériorité ou la poftériorité ; tels fontles prétérits 6c Les futurs que nous avons vus jui- qu'icr. mu | Dans la feconde clafle, on confidéreroit la diftan- ce d’une maniere précile & déterminée. Mais il nef pas pofhble de donner à cette détermination la pré- cifion numérique; ce feroit introduire dans Îles lan- pues une multitude infinie de formes , plus embarraf- antes pour Ja mémoire qu’utiles pour l'exprefñon , TEM qui a d’ailleurs nulle autres refflources pour rendre la précihon rumériquermême, quand ileft néceffai- te. La diltance à l’époque ne peut donc être dérermi- née dans les sens du verbe, que par les caraéteres généraux d'éloignement ou de proximité rélative- ment à l'époque: de-là la diffinétion des remsde cette feconde ciafle, enréloignés 8e En prochains. . Les prétérits ou les futurs éloronés, féroient des formes qui exprimercient Pantérionté où la pofté- riorité d’éexiftence, avec l’idée accefloire d'une gran- de diftance à Fégard de l'époque de comparaïfon. Sous cet afpeét, les prétérits & les futurs pourroient être, comme les autres, indéfinis, antérieurs 8 po- fiérieurs. elles ferosent , par exemple , les formes du verbe Zre qui fionifieroient Pantériorité éloignée. que nous rendons par ces phrafes: {/ y a long-tems que j'aidu, il y avoirlong-sems que j'avois lu, 1l y au- ra long-tenrs que j'aurai lu ; ou la poftériorité éloignée que nous exprimons par celles-ci: je dois étre long- tems fans dire, Je deyvois étre long-tems fans lire, je des vrai étre long-tems fans lire, : Je ne fache pas qu'aucune langue ait admis des formes exclufivement propresà exprimer cette efpe- ce de tems; mais, comme je l’ardéjà obfervé, la foule pofibilité fufit pour en rendre l'examen néceflaire dans une analyfe exafte. Les prétérits ou les füturs prochains, feroïent des formes qui exprimeroient l’antériorité ou la pofté: riorité d’exiftence, avec l’idée accefloire d’une cour- te difiance à l'égard de Pépoque de comparaifon. Sous ce nouvel afpeét, les prétérits & les futurs peu- vent encore être indéfinis , antérieurs & poftérieurs. Telles feroient ; par exemple, les formes du verbe lire, qui fignikeroient Pantériorité prochaine que les Latins rendent par ces phrafes: #ix leoi, vix legeram, vix legero ; ou la poftétiorité prochaine que les La- tinsexpriment par celles-ci: jamyam leclurus jum , jam am letlurus eram, jamjam leflurus ero. La langue françoïle qui paroiït n’avoir tenu aucun compte des res éloignés, n’a pas négligé-de même les sems prochains : elle en reconnoit trois dans l'or dre des prétérits, &c deux dans l’ordre des futurs; & chacune de ces deux efpeces de sms prochains eft diftingnée des autres s72s de la même clafle par fon analogie particuliere. Les prétérits prochains font compofés du verbe auxiliaire ver, & du préfent de Pinfinitif du verbe conjugué , à la fuite de la prépofition de. Le verbe auxiliaire ne fignifie plus alors le tranfport d’un lieu enunautre, comme quand il eft employé felon fa deflination originelle ; fes res ne fervent plus qu’à marquer la proximité de l’antériorité , &z le point- de-vûe particulier fous lequel on envifage l’époque de comparaifon. Le préfent indéfini du verbe vezir fert à compofer le prétérit indéfini prochain du verbe conjugué : 7e viens d’être, je viens de louer , je viens d'admirer, Gtc. Le préfent antérieur du verbe venir fert à compos fer le prétérit antérieur prochain du verbe conjugué: je venois d’être, je venois de louer, je venois d'admirer s ëtc. Le préfent-poftérieur du verbe verir {ert à compos fer le prétérit poftérieur prochain du verbe conju- oué : e viendrai d'être, je viendrai de louer, je viendrai d'admirer, CC, Depuis quelque tems on dit en italien, io vengo de lodare , i0 venivo di lodare, &c. cette exprefhoneftun sallicifme qui a été blâmé par M. l'abbé Fontanini; mais lPautorité de l’ufage la enfin confacrée dans la langue italienne ; & la voilà pourvue, comme la nÔ= tre , des prétérits prochains. Les futurs prochains font compofés du verbe au- xiliaire aller, fuivi fimplement du préfent de l’inf- tif du verbe conjugué, Le verbe auxiliaire perd en= TEM core ici fa figmification originelle, pouf ne plus inar- quer que la proximité de la futurition; & fes divers préfens défignent les divers points-de-vîe fous lef- quels on envifage l’époque de comparaifon. Le préfent indéfini du verbe aZ/er {ert à compofer le futur indéfini prochain du verbe COMJUQUÉ : Je Vars étre , je vais louer, je vais admirer , &c, Le préfent antérieur du verbe æ/er fert à compo- fer le futur antérieur prochain du verbe conjugué: J'allois étre, j'allois louer; j’allois admirer, &ec. Quand je dis que notre langue n’a point admis de tems éloignés, ni de futurs poftérieurs prochains, je ne veux pas dire qu’elle foit privée de tous Les moyens d'exprimer ces diférens points de-vüe ; il ne lui faut qu’un adverbe, un tour de phrafe, pour fubvenir à tout. Je veux dire qu’elle n’a autorifé pour cela, dans fes verbes ; aucune forme fimple, ni aucune forme compofée réfultante de l’aflociation d'un verbe auxiliaire qui fe dépouille de fa fignifica- tion originelle, pour marquer uniquement l'antério- rité ou la poftériorité d’exiftence éloignée, ou la po- flériorité d’exiftence prochaine à l'égard d’une épo: que poftérieure. Je fus cette remarque, afin d'éviter toute équivoque & d’être entendu ; &c je vais y en ajouter une feconde pour la même raifon. Quoique j'aye avancé que les verbes auxiliaires ufuels perdent fous cet afpe& leur fignification ori- ginelle ; le choïx de Pufage qui les a autorités À faire ces fonéhons, eft pourtant fondé fur la fignification même de ces verbes, Le verbe vezir, par exemple, fuppofe une exiftence antérieure dans le lieu d’où l’on vient; &t dans le moment qu’on en vient, il n'y a pas long-tems qu’on y étoit: voilà précifement la tailon du choix de ce verbe, pour fervir à l’expref- fion des prétérits prochains. Pareillement le verbe aller indique la poftériorité d’exiftence dans le lieu où l’on va; dans le tems qu’on:y va, on eft dans l’in- tention d’y être bientôt : voilà encore la juftification de la préférence donnée à ce verbe pour défigner les futurs prochains, On juftifieroit par des induétions à- peu-près parerlles , les ufages des verbes auxiliaires avoir Ët devoir , pour défigner d’une maniere généra- le l’'antériorité & la poftériorité d’exiftence. Maisil n'en demeure pas moins vrai que tous ces verbes, : devenus auxiliaires, perdent réellement leur fignif- cation primitive & fondamentale, & qu'ils n’en re- tiennent que des idées accefloires & éloignées, qui en font plutôt l’appanage que le fonds. $. 2. Des sems pofitifs 6 compararifs. Pour ne rien omettre de tout ce qui peut appartenir à la langue françoife , il me refte encore À examiner quelques zems qui ÿ font quelquefois ufités quoique rarement, parce qu'ils y font rarement néceflaires. C’eft ainfi qu’en parle M. l’abbé de Dangeau, l’un de nos pre- | mers grammairiens qui les ait obfervés & nommés. Opuji. fur la langue frang. page 177. 178. U les ap- pelle sms furcompoles, & 1 en donne le tableau pour les verbes qu'il nomme a&ifs, neurres-aëtifs & neuvres- paffifs. Ibid, Tables E. N. Q. page 128. 142. 148. Tels font ces sems : j'ai eu chanté, j'avois eu marché, J'auratèté arrivé, | | Je commencerai par obferver que la dénomina- tion de rems furcompolés eft trop générale, pour ex- citer dans l’efprit aucune idée précife , & conféquem- ment pour figurer dans un fyftème vraiment philofo- phique. Jajouterai en fecond lieu, que cette dénomina- tion n’a aucune conformité avec les lois que le fimple _ bon fens prefcrit fur la formation des noms techni- ques. Ces noms, autant qu'il eft poffible, doivent in: diquer la nature de l’objet : c’eft la regle que j'ai tà- ché de fuivre à l'égard des dénominations que les be- foïins de mon fyfème m'ont paru exiger ; & c’eft celle dont l’obfervation paroït le plus fenfiblement Tome API, 107 dans la nomenclature des fciences & des arts, Oril eft évident que le nom de /rcompofés mindique ab= {olument ‘rien de la nature des res auxquels on lé donne, & qu'il ne tombe que fur la forme extérieur re de ces sers, laquelle eft abfolument accidentelle, [l peut donc être utile, pour la génération des es, de rémarquer cette propriété dans ceux que l’ufagé y a foumis ; mais en faire comme lé caractère diftins if, C’eftune méprife, & peut-être une erreur de lopique. M: ie‘ Je remarqueraï en troïfieme lieu, que les relations d’exiftence qui caraérifenit les ems dont il s’agitici, font bien différentes de celles des rems moins compo- {és que nous avons vus jufqu’à préfent : J'ai él aimd, J'avois eu entendu, j'aurois eu dir, font par-[à très- différens des sems moins COmpOÏÉS, J'ai aimé, J’avois entendu, J'aurois dit, Or nous avons des tems farcoïn- pofés qui répondent exaétement à ces derniers quant aux relations d'exuitence ; ce font ceux de la voix pañlive, j'ai été aimé, j'avois été entendu , j'aurois été dis. Ainfi là dénomination de furcompogés compren- droit des téms qui exprimeroient des relations d’exi- ffence tout-à-fait différentes, & deviendroit par-là tréséquivoque; ce qui eft Le plus grand vice d’une nomenclature , & {ur-tout d'une nomenclature te- chnique, À Une quatrieme remarque encore plus confidéra- ble, c’eft que Les tables de con; ugaifon propofées par M. l'abbé de Dangseau, femblentinfinuer queles verbes qu'ilnomme pronominaux , n’admettent point de remis furcompofés ; & il le dit nettement dans l’explica- tion qu’il donne enfuite de fes tables. « Les parties » furcompolées des verbes fe trouvent, dit-il 4 » (Opufc. page 210.) dans les neatres-paflifs, & on » dit, quandila été arrivé : ées ne fe trouvent point » dans les verbes pronomiiaux neutrifés; on dit » bien, après m'être proment, mais on ne peut pas » dire, après que je n'ai été promené long-tems ». Je conviens qu'avec cette forte de verbes on ne peut pas employer les fes compofés du véfbe auxiliaire étre, Mi dire, je m'ai été Jouvenu , comme on diroit J'ai été arrivé: maïs de ce que lufage n’a point autori- {é cette formation des rems furcompofés , il ne s’en- fuit pomt du tout qu'il nen ait autorifé aucune autre. | On dit, après que J'ai eù parlé, verbe qui prend l’'auxiliaire avoir ; après que j'ai été arrivé, verbe qui prend Pauxiliaire érre ;Pun & l’autre fans la répétition du pronom perfonnel : mais il eft conftant que d’après les mêmes points-de-vüe que l’on marque dans ces deux exemples, on peut avoir befoin de les défigner aufhi quand le verbe eft pronominal ou réflechi ; & il n'eft guere moins sûr que l’analogie du langage n’au- ra pas privé cette forte de verbe d’une forme qu’elle a établie dans tous les autres. De même que Pon dit, dès que j'ai eu chanté, je fuis parti pour vous voir (c'eft un exemple du favant académicien) ; dès que J'ai été forti, vous étes arrivé : pourquoi ne diroit-on pas dans le même fens, & avec autant de clarté, de précifion, & peut-être de fondement, dès que je me Jus eu informé, je vous ai écrit? Au-lieu donc de dire, après que je m'ai été promené long-tems, expreflion ju- ftement condamnée par M. de Dangeau, on dira, après que Je me fuis éu promené long-tems , où après 717 Ë: tre eu promené long-tems, es | Il eft vrai que je ne garantirois pas au’on trou: vât dans nos bons écrivains des exemples de cette formation : mais je ne défefpererois pas non plus dy en rencontrer quelques-uns, fur-tout dans les comiques, dans les épiftolaires, & dans les auteurs de romans ; & je fuis bien afluré que tous les jours, dans les converfations des puriftes les plus rigou- reux, On entend de pareilles expreffions fans en être choqué, ce qui eft la marque la plus certaine quels O 1 105 T EM les font dans l'analogie.de notre langue. Si elles,ne font pas encore dans le langage écrit. elles méri- tent.du moins de n’en..être pas rejettéess toutles y réclame, les intérêts de .cette, précifion! plulofo- phique , qui eft un des caratteres de notre langue; & ceux mêmes de la langue, qu'on ne fauroit:trop enrichir dès. qu'on peut.le faire fans contredire les | ufages analogiques... w+ Mais, me dira-t-on, l’analogie même n’eft pas trop obfervée 1c1:les verbes fimples qui fe conjueuent avec lauxiliaire avoir, prennent un.sers compoié de cet-auxiliaire, pour former leurs sers furcompofés ; j'aien chanté, j'aurois emchanté, Ge. les verbes fm- plès qui fe conjuguent avec auxiliaire re, pren- neot un.zers compolé.de:cet auxihaie, pour former leurs rems furcompofés; j'ai. été arrivé, j'aurois éte arrivé, &e. au contraire les sers furcompoiés des ver- bes pronominaux prennent un 2928 fimple du verbe étre avec le fupin du yerbe avoir; ce qui eft ou paroïît du-moins être une véritable anomalie. Je réponds qu'il faut prendre garde de regarder comme anomalie, ce qui n’eft.en effet. qu’une, diffé- _ rence néceffaire dans l’analogie.Le verbe aimer fait j'ai aimé., j'ai eu aimé :1$al devient. pronominal, il fera je me fuis aime ou aimée au premer de ces deux rems où il n'eft plus queftion du füpin, mais du par- ticipe : mais quant au fecond, il faudra donc pareil lement. fubitituer Le participe au fupin, &c pour ce qui eft de auxiliaire avoir, il doit, à caufe du dou- ble. pronom perfonmel, fe conjuguer lui-même par le fecours de l’auxiliaire évre; jeme fuis eu, comme Je ane fuis aimé; mais ce fupin du verbe avoir ne change point & demeure indéchinable, parce que fon véri- table complément eft Le participe aimé dont il eft fuivi, voyez. PARTICIPE. Ainfi airer fera très-ana- losiquement je me fuis eu aimé OÙ aimée. Mais quelle eft enfin la nature de ces sens, que nous ne connoïflons que fous le nom de préréries fur- compolés? L'un des: deux auxiliaires y cara@térife, comme dangles autres ; l’antériorité;.le fecond, fi nos procédés font analogiques ; doit défigner encore un autre rapport d’antériorité, dont. l'idée eft accef- foire à l'égard de la premiere qui eft fondamentale. L'antériorité fondamentale eft relative à l’époque que l’on envifage primitivement; &t Pantériorité ac- cefloire eft relative à.un autre événement nus en comparaïfon avec celui qui eft direétement exprimé par le verbe, fous la relation commune à la même époque primitve. Quand je dis, par.exemple, dès ‘que j'ai eu chanté, je fuis parti pour vous voir ; lexif- tance de mon chant & celle de mon départ font éga- ment préfentées comme antérieures au moment où je parle; voilà la relation commune à une même époque primitive, &c c’eft la relation de Pantério- rité fondamentale : maïs l’exiftence de mon chant ef encore comparée à celle de mon départ, &t le tour “particulier 7 ai eu chanté fert à marquer que lexif- tence «de mon chant eft encore antérieure à celle de mon départ, & c’eft l'antériorité accefloire. C’eft donc cette antériorité accefloire , qui dif- tingue des prétérits ordinaires ceux dont 1l eft ici queftion ; &c la dénomination qui leur convient doit indiquer, sil eft poffible, ce caraétere qui les diffé- rencie des autres. Mais comme l’antériorité fonda- mentale de l’exiftence eft déjà exprimée par le nom de présérit, &c celle de l’époque par l’épithete d’arré- rieur ;al eft difficile de marquer une troifieme fois la même idée, fans courir les rifques de tomber dans une forte de battologie : pour l'éviter, je don- nerois à ces sems le nom de prétériss comparatifs, añn d'indiquer que lantériorité fondamentale, qui conf- titue la nature cornmune de tous les prétérits, eft mie en comparaïfon avec une autre antériorité ac- cefioire ; car es chofes compoñées doivent êtreho. TEM mogènes. Or il y a quatre prétérits comparatifs. 3. Le prétérit indéfni comparatif, comme j'ai ex chante | d' 2. Le prétéritantérieur fimple comparatif, com me j'avois el! chanté. 4 3. Le prétérit antérieur périodique comparatifs comme j’eus eus changé. ‘ 4. Le prétérit poftérieur comparatif, comme jau- rai.eu chante, | | « | Il me femble que les prétérits qui ne font point comparatifs, font fufifamment diftingués de ceux qui le font, par la fupprefion de lépithete, même de comparatifs ; car C’eft être en danger de fe payer de paroles, que de multiplier les noms fans néceflité. - Mais d'autre part, on court rifque de n’adopter que des idées confufes, quand on men atrache pas es caratteres_ diftinétifs à un aflez grand nombre de dé- nominations : & cette remarque me détermineroit aflez à appeller pofsifs tous les prétérits qui ne font pas comparatifs, {ur-tout dans les occurrences où l’on parleroit des uns, relativement aux autres. Je vais me fervir de cette diftinétion dans une derniere re- marque fur l’ufage des prétérits comparatifs. | … Ils ne peuvent jamais entrer que dans une propo- fition qui eft membre d’une période explicite ou 1m- plicite explicite ; 'aiex lu tout ce livre avar que VOUS en euffiez lu la moiié: implicite; j'ai eu du tout ce livre avant vous , C’eft-à-dire , avant que vous Peut- fiez lu. Or c’eft une regle indubitable qu’on ne doit fe fervir d’un prétérit comparatif, que quand le verbe de l’autre membre de la comparaifon eft à un pré- térit pofitif de mÊême.nom; parce que les termes comparés, comme je lai dit cent fois , doivent être homogenes. Ainfi lon dira ; quand j'ai eu chanté, je fuis forei ; fe j'avois eu chanté, je feroës fort avec vous > Quand nons aurons été fortis,, ts auront renotté Îæ partie , &c. Ce feroit une faute d’en ufer autrement, & de dire, par exemple , f J’avois eu chanté, je for- tirois , EC: -Art, VE. Des tems confidérés dans les modes. Les verbes fe divifent en plufieurs modes qui répondent aux différens afpeéts {ous lefquels on peut envifager la fignification formelle des verbes, voyez Mon. On retrouve dans chaque mode la diftinéhon des tems , parce qu’elle tient à la nature indeftruéhble du verbe, (voyez VERRE.) Mais cette diftinétion re- coit d’un mode à l'autre des différences fimarquées, que cela mérite une attention particuhere. Les obfer- vations que je vais faire à ce fujet, ne tomberont que fur nos verbes françois , afin d'éviter les embar- ras qui naîtroient d’une comparaïfon trop compli- quée ; ceux qui m'auront entendu, & qui connoi- tront d’autres langues, fauront bien y appliquer mon fyflème , & reconnoître les parties qui en au- ront été adoptées ou rejettées par les différens ufages de ces idiomes Nous avons fix modes en francois: l'indicatif, lim- 3 pératif, le fuppoñtif, le fubjonétf, l'infinitif & le participe , (voyez ces mots) : C’eft l’ordre que je vais - fuivre dans cet article, $. 1. Des tems de l'indicatif. Il femble que l’indi- catif foit le mode le plus naturel. & le plus nécef- {aire : lui feul exprime direttement 8 purement la propoñtion principale; & c’eft pour cela que Sca- liger le qualifie Jo/us modus aptus Jeientus , folus pater verisatis ( de cauf. L. L, cap. cxv].) Aufh eft-ce le feul mode qui admette toutes les efpeces de semis sautorifées dans chaque langue. Ainf 1l ne s’agit, pour faire connoïtre au lecteur le mode indicatif, _que de mettre fous fes yeux le {yftème figuré des _tems que je viens d’analy{er. Je mettrai en parallele | trois verbes: l’un fimple, empruntant auxiliaire avoir ; le fecond également fimple , mais fe fervant -de l’auxiliaire naturel ére ; enfin le troifieme prono- TE M minal & pour, cela même différent des deux au- tres dans la formation de fes prétérits comparatifs. TV EM 109 » Ces trois verbes feront chanser, arriver, fe révotrer, SYSTÈME DES TEMS DE L'INDICATIF. k palm ee CE AN CG) 1 see + o 8 | Lu » ‘ s y TE L LEE 7, indéfini. | je chante, J'arrive, à "je me révolte, : 2 = ( antérieurs 3 fimple. Je Chartors, à J'arrivois, Ur 7 Je 7720 TéVoLroiSS … DR, US # définis. + périodique. Je chantai. … J'arrival. Je Me révolrar ft & poftérieur. AMEL: chanterat, J'artivérals …:. je merévolierais Des | : Cindéfin. TT J'ai. » gerZe fus: + x 8 Je me fuis à bi ner fimple. J'avois À J'éois È Se m'étois & S F tit ! ° antérieurs, » + « . S 7 S À. : s m ls } définis. ” périodique. Jj'eus = Je fus Ÿ D Jesme fus pa 2 = Hthe _poftérieur. : J'aurai …… Je ferai F Jeme ferai * DU à à ‘ a” = fe 4 , | TN pou LE, - e cn Len 1 pp 4 3 / me } = Çindéfinti. | J'ai eu n :.J, 41 éfé 8 Jerne fuis en S : La k À ' DURS) a Es 3 4 MU UIONN & « SAR x E- 1 / Re ar antétieurs, v HMple. J'avois eu À. J avois té à à JEm étois eu s à E+ } E définis. Spériodique. J’edsen à. J'eus été © Jermefuseu RS à sf , re . " .s . a cs 5 "3 + st 17) v £ 3 h : 1 poftérieur. ] aurai eu J'aurai été À Jeme feraieu É SE “indéfint. jJeviens à JE Viens») LR Jeviens À is 1 - . . ‘ 4 pe N RSR SAN nIenr JAVEROIS ES Re EVER LS À ere Ven os 5 à 5 © défini. 3 pe 5 QE à . UNE En, AT $ ; Sos ©. * 2poñtérieur. Jeviendrat N Jeviendrai N° Jeviendrai à $ | «2 Mindéfini. Je dois Ÿ Je dois à je dois 8 SAS L deu AE Je devois À Jedevois Ÿ° Je devois en A L EN PO , e Cas “ « LAS u k [ae à A poftérieur, Je devrai SU Jedevrai + Je devrai $ ps Ce " . « e D . ° F ‘ 5 À = indéfini. Je Vals S Je Vais Ê jé vais $ 3 Ë « : e z : Da 5 : LCR 3 .(& È EH #70 | défini, antérieur. j'allois S J'allois Ÿ J'allois 8 &. es . 2. Des terms de l'impératif. V’'ai déta prouvé que p J q _ notre impératif a deux sms ; que le premier eft un préfent poftérieur , & le fecond , un prétérit pofté- rieur , (voyez IMPÉRATIF.) J'avoue ici, que malgré tous mes efforts contre les préjugés de la vieille rou- tine, je n'ai pas diflipé toute l'illufion de la maxime d'Apollon. (Z6. I, cap. xxx:), qu’on ne commande pas les chofes préfentes ni les pa/ées. Je pentois que ce qui ayoit trompé ce grammairien, c’eft que le rapport de poftériorité étoit effentiel au mode impé- tauf: Je ne le croi plus maintenant, & voicice qui . me fait changer d'avis. L'impératif eft un mode qui ajoute à la figmification principale du verbe, l’idée accefloire de la volonté de celui qui parle : or cette volonté peut être un commandement abfolu, un defñr, une permiffion, un confeil, un fimple ac- quiefcement. Si la volonté de celui qui parle ef un commandement, un defir, une permifion, un con: | feil;, tout cela eft néceflairement relatif à une époque poftérieure , parce qu'il n’eft poflible de comman- der, de defirer, de permettre, de confeiller que relativement à l’avenir : maïs fi la volonté de celui qui parle eft un fimple acquiefcement, il peut fe rap- porter indifléremment à toutes les époques, parce qu’on peut également acquiefcer à ce qui eft aûtuel, antérieur ou poftérieur à l’égard du moment où l’on s’en explique. Un domeflique, par exemple, dit à fon maître qu'# a gardé la maïfon, au’: n'eft pas forti, qu’il ne s'ef? pas enyvré; mais fon maître, piqué de ce que néanmoins 1] wa pas fait ce qu’il lui avoit ordonné lui répond: 4Y£ GARDE la 7naïfon , 11e SOIS Le SORTE, Hé TE SOIS pas ENYV RÉ, que m'importe, fe tu T'as pas fait ce que je voulois. I] eft évident 1°, que ces exprefhons aye gardé | ne fois pas Jorti, ne te fois pas enyvré, ont à l'impératif, puifqwelles indiquent l’acquicfcement du maître aux aflertions du domeft:… que : 2°. qu'elles font au prétérit a@uel, puifqu’elles énoncent l'exiftence des attributs qui y font énon- cés, comme antérieurs au moment même où l’on parle ; & le maître auroit pu dire, Tù 4s GARDÉ da mao, TU n'ES Pas SORTI, TU ne T'ES pas EN- YVRE , que m'importe, &c. | Le prétérit de notre impératif peut donc être rap- porté à différentes époques, & par conféquent il eft indéfini. C’eft d’après cette correion que je vais préfenter ici le fyflème des rems de ce mode, un peu autrement que je n’ai fait à l’article qui en traite ex- preflément. Ceux qui ne fe rétraétent jamais, ne don- nent pas pour cela des décifions plus sûres ; ils ont quelquefois moins de bonne foi. * SYSTÈME DES TEMS DE L’IMPERATIF. [. PRÉSENT poftérieur. chante. PRÉTÉRIT indéfini. Les verbes pronominaux n’ont pas le prétérit in- défini à l'impératif, f ce n’eft avec re pas, comme . dans l'exemple ci-deflus, ze te fois pas enyvré ; mais on ne diroit pas fans négation, £e fois enyvré ; il fau- droit prendre un autre tour. On pourroit peut-être croire que ce feroit un impératif, fi on difoit, re fois- tu emyvré pour la derniere fois ! Mais linverfion du pronom fubje@if 4 nous avertitici d’une ellipfe, & aie charte, IT. IT. arrive. révolte-toi, Jois arrivé où vée. Ê c’eft celle de la conjonétion que & du verbe optatif Je defire, je defire que su te fois enyvré , ce qui marque le fubjonékif: (voyez SuzsONCTIF. ) d’ailleurs le pro- nom fubjeétif n’eft jamais exprimé avec nos impéra- tifs, & c’eft même ce qui en conftitue principale- ment la forme diftinive. ( Foyez IMPÉRATIF. ) $. 3. DES TEMS du fuppofiif. Nous avons dans ce mode un fems fimple, comme les préfens de l'in- ÿxo TEM dicatif;" 7e chanterois, j'atriverois , je me révolterois: nous en avons un qui eft compofé d’un ses fimple de lauxiliaire avoir, ou de l’auxiliaire étre, comme les prétérits pofitifs de l'indicatif; j’aurois chanté , je ferois arrivé en vie, je me férois révolté Ou tée : un au- tre vems eft furcompolé , comme les prétérits com- . paratifs de l'indicatif, ÿ’aurois eu chanté, jaurois été arrivé où vée ,je me ferois eu révolte ou rée : un autre emprunte l’auxiliaire vezir, comme les prétérits pro- chains de l'indicatif; Je viendrois de chanter, d'arri- 4 ï I. ÿ PRÉSENT. : je chanterois. PRE 4 . ! « posté - J'aurois chanté. PRÉTÉRITS ane j'aurois eu chante. 2 © prochain. FUTUR.- Je devrois chanter, Achevons d'établir par des exemples détaillés, ce qui n’eft encore qu'une conclufion générale de Pa- nalogie ; & reconnoïflons, par l’analyfe de Pufage, la vraie nature de chacun de ces sems, 1°. Le préfent du fuppoñitif eft indéfini; il en a les caraéteres, puifqu’étant rapporté tantôt à une époque, & tantôt à une autre, 1] ne tient effeétive- ment à aucune époque précife & déterminée. Si Clément NIL, eñt traité Henri: VIII. avec plus de modération , la religion catholique SEROIT encore au- jourdhui dominanteen Angleterre. I] eft évident par Padverbe aujourd'hui, que féroit eft employé dans cette phrafe comme préfent aétuel. En peignant dans un récit le defefpoir d’un hom- me lâche , on peut dire : 17 s’arrache les cheveux, 1l fe jette à terre, il fe releve , il blafphème convre le ciel, 11 déteffe la vie qu’il en a reçue, il MOURROIT s’il avoit le courage de fe donner la mort. Il eft certain que tout ce que l’on peint ici eft antérieur au moment où lon parle ; 47 s’arrache , ül Je jette, 1 Je relève, il blafphème, il dérefle, font dits pour 47 s’'arrachois, il fe jestoie, il fe relevoit , il blafphémoir , il dérefloit, qui font des préfents antérieurs, & qui dans l’inftant dont onrap- pelle le fouvenir, pouvoient être employés comme des préfents aétuels : mais 1l en eft de même du ver- be il mourroit ; on pouvoit l’employer alors dans le fens atuel, &c on emploie 1c1 dans le fens antérieur comme les verbes précédens, dont il ne differe que par l’idée accefloire d’hypothèfe qui caraétérife le mode fuppoñitif. Si ma voiture étoit prête, JE PARTIROIS demain : l'adverbe demain exprime fi nettement une époque poftérieure, qu’on ne peut pas douter que le verbe je partirois ne foit employé ici comme préfent po- ftérieur. 2°. Le prétérit pofitif eft pareïllement indéfini, puifqu'on peut pareillement le rapporter à diverfes époques, felon la diverfité des occurrences. Les Romains AUROIENT CONSERVÉ l'empire de la terre, s'ils avoient confervé leurs anciennes vertus ; c’eft-à-dire, que nous pourrions dire aujourd’hui, Les Romains ONT CONSERFÉ , Gc. Or, le verbe on confervé étant rapporté à awjourd’'hui, qui exprime une époque actuelle , eft employé comme prétérit atuel : par conféquent 1l faut dire la même chofe du verbe azroient confervé, qui a ici le même fens, fice n’eft qu'il ne énonce qu'avec l’idée accefloire d’hy- pothèfe , au lieu que l’on dit o7t conferyé d’une ma- niere abfolue &c indépendante de toute fuppoñtion. J'AUROIS FINI cer ouvrage a la fin du mois pro- chain, ft des affaires urgentes ne m’avoient détourné : le prétérit pofitif j’awrois fin: eft relatif ici à l’époque défignée par ces mots , la fin du mois prochain , qui eft certainement une époque poftérieure ; & c’eft com- J'arriverois. je férois arrivé ou vée, j'aurois été arrivé ou vée. je me ferois en révolté ou tée. je viendrois de chanter, je viendrois d'arriver, je devrois arriver. TEM ver, de me dérober : enfin , il en eft un qui fe fért de l’auxiliaire devoir, comme les futurs pofitifs de l’in- dicatif ; Je devrois chanter, arriver, me révolter, L’a- nalogié, qui dans les cas réellement femblables , éta- blit toujours les ufages des langues fur les mêmes principes, nous porte à ranger. ces sers du fuppoñ- tif dans les mêmes clafles que ceux de Pindicatif aux- quels ils font analogues dans leur formation. Voilà fur ‘quoi eft formé le . SYSTÈME DES TEMS DU SUPPOSITIF, IL. HI. je me révolterois. je me ferois révoleé ou rée. je viendrois de me révolter. je devrois me révolier. me fi l’on difoit , je pourrois dire à la fin du mois pro- Chain, J'AI FINI, &c. j'aurois fini eft donc employé dans cette phrafe comme prétérit poftérieur. 3°. Ce qui eft prouvé du prétérit pofitif, eft éga- lement vrai du prétérit comparatif ; 1l peut dans dif- : férentes phrafes fe rapporter à différentes époques ; il eft indéfini. Quand J'AUROIS EU PRIS toufes mesmefires avant l'arrivée du miniflre , je ne pouvois réuffir fans votre cré- dit. I y a ici deux événemens préfentés comme an- térieurs au moment de la parole, la précaution d’a- voir pris toutes lesmefures, & l’arrivée du mimiftre ; c’eft pourquoi j’aurois eu pris eft employé ici comme prétérit aétuel, parce qu'il énonce la chofe comme antérieure au moment de la parole :ileft comparatif, afin d'indiquer encore l'antériorité des mefures pri- fes à l'égard de l’arrivée du miniftre, laquelle eft également antérieure à l’époque aétuelle, C’eft com- me f l’on difoit, quand à l'arrivée du miniffre ; ( qua eft au prétérit aétuel, puifqu’elle eft aétuellement pañlée ), j'aurois pu dire, ( autre prétérit également actuel), JAI PRIS toutes mes mefures, ( prétérit rap- porté immédiatement à l'époque de l’arrivée du nu- niftre , & par comparaifon à l’époque actuelle ). Si on lui avoit donné le commandement, j'étois shr qu'il AUROIT EU REPRIS toutes nos villes avant que Les ennemis puffenc fe montrer ; c’eft-à-dire, je pouvoirs. dire avec certitude, il AURA REPRIS toutes n0S vil= Les, &c. Or il aura repris eft vraiment le prétérit po- {térieur de l'indicatif; £/ auroit eu repris eft donc em- ployé comme prétérit poftérieur , puifqu’il renferme le même fens. 4°. Pour ce qui concerne le prétérit prochain , il eft encore indéfni , & on peut l'employer avec ré- lation à différentes époques. CE | Quelqu'un veut tirer de ce que Je viens de ren- trer , une conféquence que je defavoue , &c je lui dis: quand JE VIENDROIS DE RENTRER, cela ne prou- ve rien, Il eft évident que ces mots je vierdrois de ren- trer, font immédiatement rélatifs au moment où Je parle, & que par conféquent c’eft un prétérit pro- chain aduel ; c’eft comme fi je difois, J'avoue que JE VIENS DE RENTRER actuellement, mais cela ne protve rien. , Voici le même ses rapporté à une autre époque, quand je dis: allez chez mon frere, 6 quand'il F1EN- DROIT DE RENTRER, ameneg-le ice. Le verbe ame nez eft certainement ici au préfent poftérieur, &c il eft clair que ces mots, 7 vierdroit de rentrer, expri- ment un événement antérieur à l’époque énoncée par amenez, qui eft pofiérieure ; par conféquent 17 viendroit de rentrer eft ici un prétérit poftérieur. <°, Enfin, ie futur pofñtif eft également indéfini, puifqu'il fert aufli avec relation à diverfes époques, comme on ÿale voirdans ces exemples, Quand je ne DEFROIS pas VIF RE long-tems, je veux cependant améliorer certe terre ; c'eft-à-dire, quand Jeferois sérque jene DOIS pas VAVRE : 0x je dois vivre eft évidemment le futur poftif indéfini de Pin- dicatf, employé ici avec relanon à une époque aétuelle ; & 1lne prend la place de je devrois vivre , qu'autant que Je devrois vivre, eft également rappor- té à une époque aftuelle; c’eft donc ici un futur actuel, Nous lui avons fouvent entendu dire qw’il voloit aller & ce fige, quand méme il y DEF ROIT PÉRIR ; c'eft-à-dire, guand même 1] feroir sûr qu'il y DEF OIT PÉRIRE Or 1 devoir périr eft le fütur poñitif antérieur de Pindicatif, & puifqu'il tient ici la place de 7 de- vroit périr, C’eft que il devroir périr, ‘eft employé dans le mêmefens , & que c’eft ici un futur antérieur. Tous les ses du fuppoñitif font donc indéfnis ; on vient de le prouver en détail de chacun en parti- culier : en voici une preuve générale. Les #5 en eux-mêmes font fufceptibles partout des mêmes di- vifions que nous avons vies à l'indicatif, à-moins que lidée accefloire qui conflitue la nature d’un mode, ne foit oppofée à quelques-uns des points de vue de ces divifions , comme on l’a vu pour les zems de l'impératif. Mais: Pidée d’hypothèfe & de: fuppoñition, qui diflingue de tous Les autres le mode fuppoñitif, s'accorde très-bien avec toutes les manie- res d’envifager les remis ; rien n'y répugne. Cépen- dant l’ufage de notre langue n’a admis qu'une feule SYSTÈME DES TEMS DU SUBJONCTIF. indéfini, | PRÉSENS , défini antérieur. ( indéfini. : 4 POSITIFS, { défini antérieut. Ë ‘indéfini. PRÉTÉRITS ,{ COMPARATIFS, défini antérieur. Ë 3 indéfini. PROCHAINS, À défini antérieur. indéfini, % Posirirs, lens antérieur: indéfini. PROCHAINS, défini antérieut. Il n’y a que deux sems dans chaque clafle ; & je nomme le premier indéfini , & le fecond défini anté- æieur :c’eft que le premier eft deftiné par lufage à ex- primerle rapport d’exiftence, qui lui convient , à l’é- _garddune époque envifagée comme atuelle par com- parañon , ou avec un préfent aûuel, ou avec un pré- dent pofiérieur ; au lieu que le fecond n’exprime le forme pour chacune des efpeces qui font foudivifées dans l'indicatif par les diverfes manieres d'envifagér l’époque: il eft donc néceffaire que cette forme uni: que, dans chaque efpeèce de fuppoñitif, ne tienne à aucune époque déterminée, afin que dans l’occur: rence elle puifle être rapportée à l’une ou à l'autre felon les befoins de l’élocution; c’eft-à-dire, que chacun des sms du fuppoñitif doit être indéfini, Cette propriété, dont j'ai cru indifpenfable d’êtas blir la théorie, je n’ai pas cru devoir l'indiquer dans la nomenclature des ms du fuppoñitif; parce qu’elle eff commune à tous les sems , & que les dénomina= tions techniques ne doivent fe charger aue des Épi- thetes néceflaires à la diftinétion des efpecés compris fes fous un même genre. F5. 7 À À … S. IV. Desrems du Jubjonéif, Nous avons au fub- jonétif les mêmes claftes générales de ses qu’à l’ins dicatif; des préfens, dés prétérits & des futurs. Les prétérits y {ont pareillement foudivifés en pofitifs ; Comparatifs & prochains; & les futurs, en poñtifs & prochains. Toutes ces efpeces font analogués ; dans leur formation ; aux éfpéces correfpondantes de l’in- dicaf &c des autres modes: les préfens y font fim- ples ; les prétérits poñtifs font COmMpOIÉS d’un zemns fimple de l'un des deux auxiliaires avoir ou érre : les comparatifs font furcompoiés des mêmes auxiliaires, ëc les prochains empruntent le verbe venir + les faturs pofñtifs prennent l’auxiliaire devoir ; & les prochains : l'auxiliaire a//er, 1e IT. ; III, ; que je chante, J'arrive, je me révoliés Je chantäffe, J'arrivälfe. Je me révoltäffes : S RENAN DE : k = 3 à x J'ayé Smai/ois à Jemefois È È © 2 >. A LS « A E& . + J'eéifé ” je féffe 8 Jerme füffe &. ee] 4 tre À à 0 fn. " ée J'aye eu o J'aye ëte Ÿ Jemefois en à | È < < T © Le > A A r +) 5 : o J'eñfle eu “ j'eñfle ere s Jemefüffleen à ë ss jévienne dé à jevienne à Jeviennedemé à S 3 o | ae ‘ > &° . n: 0 PS ° % Je vénffe de * je vinife S je vénffe de me * 7e doive & Je doive s Jedoiveme à à È ë, : SET " SL È je diffe ” je dâffe ” Je diffeme À j'aille o. / aille à j'aille me S : : à , S ° À S °. A = à J'allaffè * J'alläffe. ï J'alläfféme rapport qui lui convient, qu’à l'égard d’une époque envifagée comme actuelle, par comparaïifon avec un préfent antérieur. En voici la preuve dans une fuite {yftématique d'exemples comparés, dont le fecond, énoncé par le mode & dans le fens indicatif est perpétueliement de réponfe au premier , qui eft énon- cé dans le fens fubjonif. Las 112 TEM a a soyre Saduel. je ne crois pas Le indéfini, ES tp PTE A poféerieur, | Je ne Croirai pas ga défini, antérieur. | je ne Croyois pas h défini Mr jenecrois pas DS 2? poftérieur. | je ne croirai pas À ©} défini, antérieur. | jene Croyois pas ; 1e actuel. je ne crois pas BIS RES 3 ee g js - = e » nm.) à } pofierieur, | je ne croirai pas #4 ë : | D 19 (défini, amtérieur. | Je ne croyois pas em À. Eu on : : DS 11e csaütuel. Je ne crois pas n'a f indéfint , Fa ee ù = ? poflérieur. | je ne croirar pas ‘| & défini, : antérieur. | je ne croyois pas | - attuel, je ñe crois pas æ Cindéfini Ne ) 2 pr : _ E Lpofierieur. | Je ne crorai pas O nm Sid An fo s« ji 5) 3 Len Sp défini, antérieur. | je ne croyois pas 0 Q 0 D + qre » çaûtuel, e ne crois pas ‘D À.S cindéfini, : A es Hs pojiérieur. | je ne croirai pas ) tf è } à « e = { défini, antérieur. | je ne croyois pas Les préfens du fubjonéif, que vous entendiez ; que vous entendiffiez, dans les exemples précédens , expri- ment la fimultanéité d’exiftence à l'égard dune épo- que qui eft aduelle , relativement au moment mar- qué par lun des préfens du verbe principal, 7eze crois pas, je ne croirai pas, Je ne CroÿOIs pas: & c’eft à l’é- gard d’une époque femblablement déterminée à Pac- tualité , que les prétérits du fubjonétif , dans cha- cune destroisclafles, expriment l’antériorié d’exiften- ce, & que les futurs des deux claffes expriment la poftériorité d’exiftence. Je vais rendre fenfble cette remarque qui eft importante , en l’appliquant aux trois exemples des prétérits pofitifs. 19, Je necrois pas que vous ayez entendu , c’eft-à-dire, Je crois que vous n'avez pas entendu : OT VOUS 4VEZ en- rendu exprime l’antériorité d’exiftence, à l'égard d’une époque qui eft aétuelle, relativement au moment déterminé par le préfent a@tuel du verbe principal je crois, qui eft le moment même de la parole. 2°, Je ne croirai pas que vous ayez entendu , c’eft-à- dire, je pourrai dire, je crois que vous n'avez pas enten- du:0r vousavez entendu exprime ici l’antériorité d’exif- tence , à l'égard d’une époque qui eft actuelle , rela- tivement au moment déterminé par Je crois, qui, dans l’exemple, eft envifagé comme poftérieur; Je croirai, OU Je pourrai dire, Je crois. 3°. Je ne croyois pas que vous eufliez entendu, c’eft- à-dire, jepouvois dire , Je crois que vous n'avez pas er sendu: Ot vous avez entendu exprime encore l’anté- iorité d’exiftence, à l'égard d’une époque qui eft aduelle , relativement au moment déterminé par 7e crois, qui dans cet exemple, eft envifagé comme an- térieur ; je croyois, Ou Je pourrai dire, je Croës. Les développemens que je viens de donner fur ces trois exemples , fufiront à tout homme intelligent, pour lui faire appercevoir comment on pourroit ex- pliquer chacun des autres , & démontrer que chacun des sems du fubjondif y eft rapporté à une époque aétuelle, relativement au moment déterminé par le préfent du verbe principal. Mais à l'égard du premier rems de chaque clafle , l’aétualité de l'époque de com- paraifon peut être également relative , ou à un pré- {ent actuel, ou à un préfent poftérieur, comme on le voit dans ces mêmes exemples; & c'eft par cette confidération feulement que je regarde ces ses çom- qle VOUS ayez entendu, que vous ayeg entendu. que vous eAffiez enterdtt. | quévois ayez eufeni long- que vous ayez eu fini long- que vous enfflez eu fini | que vous veriez d'arriver. | que vous veniez d'arriver. quevous vinffiez d'arriver. | que vous deviez fortir la | que vous deviez fortir la | que vous déffiez Jorsir le | que vous alliez fortirs queyous alliez\fortir | que vous alläffiez fortir. TEM Sens fubjonétif, Sens indicatif, y que vousentendie?, | j'entends. | que VOUS ENLERALET à j'entendrai, ss que vous enténdiffeezs J’entendoiss À | j'ai entendu. | J'auraientendus | j'avois entendu, | j'ai eu fini longtems | avant vous. | J'aurai eu fa longtems | avant Vous. | j'avois ex fu longtems - avant VOUS. tems avant moi. téms avant moi. longtéms avant moi. | je viens d'arriver. | Je viendrai d'arriver. | Je vernois d'arriver. | je dois fortir la femaine |. prochaine. | Jedevrai fortirla femai- ne prochaine. je devois fortirle lende- | main, femaine prochaine. | femaine prochaine. lendemain. je vais fortir. L je ferai fur de poins d | = fortir. | . | j'allois fortir. me indéfinis : je regarde au contraire les autres com- me définis, parce que l’aualité de Pépoque decom- paraïfon y eft néceflairement &c exclufivement rela- tivé à un préfent antérieur ; & c’eft aufñ pour cela que je les qualifie tous d’antérieurs. Aïnfi le moment déterminé par l’un des préfent du vérbe-principal, eft pour les ses du fubjonéuf, ce que le feul moment de la parole eft pour les sms de l'indicatif; c’eft le terme immédiat des relations qui fixent l’époque de comparaifon. À l'indicatif, les zems expriment des rapports d’exiftence à une époque dont la poñtion eft fixée relativement au moment delaparole: au fubjon&tif ils expriment des rapports d’exiftence àuneépoque dont la pofition eft fixée rela? tivementau moment déterminé par Fun des préfens du verbe principal. Or cemoment déterminé par lun des préfens du ver- be principal, peutavoirlui-mêmediverfes relationsau - moment de la parole , puifqu'il peut être, ou aétuel , ou antérieur, ou poftérieur. Le rapport d’exiftenceau moment de la parole, quieft exprimépar un ses du fubjontif, eft donc bien plus compofé que celui qui eft exprimé par un sems de l'indicatif: celui de l'indi- catif eft compofé de deux rapports , rapport d’exife tence à l’époque, &c rapport de l’époque an moment de la parole : celui du fubjonétifeft compote de trois ; rapport d’exiftence à une époque, rapport de cette époque au moment déterminé par lun des prélens du-verbe principal ; &&rapport de ce moment pfin- cipal à celui de la parole. | Quand j'ai déclaré & nomméandéfini Le premier de chacune des fix clafles de ses qui conftituentile fubjonétif, & que j’ai donné au fecond la qualifica- tion & le nom de défini antérieur ; jene confidérois dans ces sems que les deux premiers rapports élémen taires, celui de l’exiftence à l’époque , & celui de l’époque au moment principal. Pa: dû en agir ainfi, pour parvenir à fixer les caratteres diférentiels, & les dénominations diftinétives des deux sems de cha- que clafle : car fi lon confidere tont à la fois les trois rapports élémentaires , lindétermination devient générale, &c tous les ses font indéfinis, Par exemple, celui que j'appelle préfent définian- térieur peut, au fonds, exprimer la fimultanéité d’e- xiftence, xiltence, à l'égard d’une époque , ou aduelle, où an- térieure, ou poftérieute. Je vais le montrer dans trois exemples,oùlemêmemotfrancoisferatraduitexaéte- ment en latin pat trois sems différens qui indiquerent fans équivoque Paétualité, Pantériorité, & la poftério- rité de lépoqueenvifagée dans le même ses françois. 1°. Quand je parlaï hier au chimifle, je ne croyois pas que vous entendiffez ; (audire tenon exiftimabam.) 2°. Je ne crois pas que vous entendiffiez hier ce que je vous dis, puifque vous n'avez pas fuivi mon confeil ; (audiviffe te non exiftimo. 3°. Votre furdité écoit [? grande, que je ne croyois pas que vous entendifflez jamais ; (ut te unquam auditurum effe non exifimarem. ) Dans le premier cas , vous entendiffez eft relatif à une époque aétuelle , & il eft rendu par le préfent audire ; dans le fecond cas, l’époque eft antérieure, Ëc vous entendiffiez efttraduit par le prétérit audiviffe ; dans le troifieme enfin, il eft rendu par le futur av- diturum effe, parce que l’époque eft poftérieure : ce qui n'empêche pas que dans chäcun des trois cas, vous entendiffiez n’exprime réellement la fimultanéité d’exiftence à Pégard de l’époque, & ne foit par con- féquent un vrai préfent. Ce que je viens d’obferver fur le préfent antérieur, fe vérifieroit de même fur leg trois prétérits & les deux futurs antérieurs ; mais 1l eft inutile d’établir par trop d'exemples, ce qui d'ailleurs eft connu & avoué de tous les Grammairiens , quoiqu’en d’autres termes. « Le fubjonétif, dit l’auteur de la Mérhode La- » sine de P.R, (Rern, fur Les verbes, ch. IL, S, ii.) SYSTÈME DES TEMS : I. PRÉSENT, chanter graine , avoir chanté. PRÉTÉRITS + 2 comparatif. avoir en chante, Q prochain. verir de chanter. FUTUR ÿ devoir chanter. Je ne donne à aucun de ces zems Le nom d'indéf- fi, parce que cette dénomination convenant à tous ; ñe fauroit être diftinétive pour aucun dans le mode infinitif, | rat 1 Le préfent eït indéfini, parce qu'il exprime la fi- multanéité d’exiftence à l'égard d’une époque quel- conque. L'homme veur être heureux ; cette maxi- me d’éternelle vérité | puifqu’elle tient à l’effen- ce de l’homme qui eft immuable comme tous les au- tres, eft vraie pour tous les sers : & l’infinitif étre fe rapporte ici à toutes les époques. Ænfn je puis vous embraffer ; le préfent embraffer exprime ici la fimulta néité d’exiffence à l’écard d’une époque a@uelle, comme fi lon difoit , Je puis vous embraffer atfuelle- nent. Quand je voulus parler ; le préfent parler eft te- latif ici à une époque antérieure au moment de la parole, c’eft un préfent antérieur. Quund je pourrai fertir ; le préfent Jortir eft ici poftérieur, parce qu'il eft relatif à une époque poftérieure, au moment de la parole. | Après les détails que j’ai donnés {ur la diffin&ion des différentes efpeces de rems en général, je crois Pouvoir me difpenfer ici de prouver de chacun des zems de l’infimtif, ce que je viens de prouver du pré- {ent : tout le monde en fera aifément l'application. Maïs je dois faire obferver que c’efl en effet l’indé- termination de l’époque qui a fait penfer à Sandius, que le préfent de linfinitif n’étoit pas un vrai préfent, Tone XVI, TEM 113 ÿ imârque toujours une fignification indépendante & » comte fuivante de quelque chofe : c’eft pourquoi » dans tous fes sms, il participe fouvent de lave: » nir ». Je ne fais pas fi cet auteur voyoit en effet, dans la dépendance de la fignification du fubjon&if, l’indétermination des rems de ce mode; mais il la voyoit du-moins commè un fait, puifqu’il en récher- che ici la caufe : &. cela fuffit aux vües que J'ai en le citant. Voflius , ( Azal. III. xv.) et de même avis fur les ses du fubjon@if latin; ainf que l’abbé Régnier, ( Gramm. Jr. in-12, Pag. 344. ir4. pag. 361.) fur les ems du fubjon@if françois. Mais indépendamment detoutes les autorités , Cha cun peut aifément vérifier qu’il n'y a pas un feul sems à notre fubjon@if, qui ne foit réellement indé£n; ; quand on les rapporte {ur-tout au moment de la pa- role: & c’eft un principe qu’il faut faifir dans toute fon étendue, f l’on veut être en état de traduire bien exatement d’une langue dans une autre, & de ren- dre felon les ufages de l’une ce qui eft ‘exprimé dans l'autre ; fous une forme quelquefois bien différente, SV. Des sems de linfinieif. Vai déja fufifamment établi ailleurs contre l’opinion de Sandius & de fes partifans , que la diftinétion des rems n’eft pas moins réelle à Pinfinitif qu'aux autres modes. (Poyez INFI- NITIF.) On va voir ici que l'erreur de ces Grammai- - riens n’eft venue que de l’indétermination de Pépo- que de comparaifon, dans chacun de ces tes, qui tous font eflentiellement indéfinis. I] yen a cinq dans l'infinitif de nos verbes françois, dont voici lexpofi: tion fyftématique, l'AUE DE L’'INFINITIF. IT. IL, arriver. Je révofcer, être arrivé OÙ vée, avoir été arrivé ou Ÿée, Veruir d'arriver. s'être révolré ou rée, s’étre eu révolté ou rée. venir de fe révolrer. devoir arriver, devoir fe révolter. ni le prétérit un vrai prétérit , que lun 6 l’autre étoit de tous les rems. In reliquum , tu, (Min. I, iv.) inféniti verbi tempora confufa [uns » © à verbo per- Jonali semporis fgnificationem mutuantur : ut cupio le= gere Jeu legifle , preféntis eft ; cupivi legere /èu lesif> le, pratiriti ; cupiam lepere /ez legifle , fururi, In paf: | Jévé verd, amari, leoi , audiri, fêne difcrimine omnibus deferviunt ; ue voluit dilieï; vult dilioi; cupiet diliei. Ce grammairien confond évidemment la pofition de époque &la relation d’exiftence : dans chacun des cms de Vinfinitif, l’époque eft indéfinie, & en con- féquence elle y eft envifagée, ou d’une maniere 6: nérale, ou d’une maniere particuliere , alt comme actuelle, d’autres fois comme antérieure , & fouvent comme poftérieure ; c’eft ce qu'a vu Sanc: tius : mais la relation de l’exiftence À l’époque ; qui conftitue l’eflence des ems , eft invariable dans chaz cun; c’eft toujours la fimultanéité pour le préfent, l’antériorité pour les prétérits, & la poftériorité pour les futurs; c’eft ce que n’a pas diftingué le gram: mairien efpagnol, $. VI. Des sems du participe. I] faut dire la même chofe des sms du participe, dont J'ai établi ailleurs la diftinétion, contre l'opinion du même grammai« rien & de fes fe&tateurs. Ainf je me contenterai de préfenter ici le fyftèmeentier des zems du participe; | paï rapport à notre langue. P 114 T F M | TEM SYSTEME DES TEMS DU PARTICIPE. L 1 ps té = PRÉSENT, : chantant. poñtif. ayant chante. PRÉTÉRITS,< comparatif. ayant eu chante. prochain. venant de chanter. FUTURS, devant chanter. ART. VIL Offervations générales. Après une expo- ftion fi. détaillée & des difcufions fi longues fur la nature des rems, fur les différentes efpeces qui en conftituent le {yflème, & fur les caraéteres qui les différencient, bien des gens pourront croïre que J'ai trop infifté fur un objet qui peut leur paroître minu-. | tieux, & que le fruit qu'on en peut tirer neft pas proportionné à la peine qu’il faut prendre pour dé- mêler nettement toutes Les diftinétions delicates que j'ai afignées. Le favant Voflius, qui n’a guere écrit fur les cms que ce qui avoit été dit cent fois avant lui, & que tout le monde avouoit, a craint lui- même qu’on ne lui fit cette objeétion, & il y a ré- pondu en fe couvrant du voile de l'autorité des an- ciens ( Anal, II. xiij.) Si ce grammairien à cru cou- riren effet quelque rifque, en expofant fimplement ce qui éroit reçu, & qui faifoit d’ailleurs une partie effentielle de fon fyftème de Grammaire ; que n’au- ra-t-on pas à dire contre un fyffème qui renverfe en effet la plûpart des idées les plus communes & les plus accréditées , qui exige abiolument une no- menclature toute neuve, & qui au premier afpeét reflemble plus aux entreprifes féditieufes d'un hardi novateur, qu'aux méditations païfñbles d’un philofo- phe modefte ? ; Mais j’obferverai, 1°. que la nouveauté d’un fyf- tème ne fauroit être une raïfon fufifante pour la re- jetter, parce qu'autrement les hommes une fois en- gagés dans l’erreur ne pourroient plus en fortir, & que la fphere de leurs lumieres n’auroit Jamais pu s'étendre au point où nous la voyons aujourd’hui , s'ils avoient toujours regardé la nouveauté comme un figne de faux. Que l’on foit en garde contre les opinions nouvelles , & que lon n’y acquiefce qu’en vertu des preuves qui les étayent; à la bonne heure, c'eft un confeil que fuggere la plus faine logique : mais par une conféquence néceflaire , elle autorife en même tems ceux qui propofent ces nouvelles opinions , à prévenir & à détruire toutes les impref- fions des anciens préjugés par les détails les pius propres à juftifier ce qu'ils mettent en-avanf, 29, Si Fon prend garde à la maniere dont j'ai pro- cédé dans mes recherches fur la nature des sers, un lecteur équitable s’appercevra aïfément que je mai fongé qu’à trouver la vérité fur une matiere qui ne me {emble pas encore avoir fubi Pexamen de la phi- lofophie. Si ce qui avoit été répêté jufqu'ici par tous les Grammairiens s’étoit trouvé au réfultat de lana- lyfe qui m’a fervi de guide, je Paurois expofé fans détour , & démontré fans apprèt. Mais cette analyfe, fuivie avec le plus grand fcrupule, m'a montré, dans la décompofition des sms uftés chez les différens peuples de la terre., des idées élémentaires qu’on n’avoit pas aflez démêlées jufqwà préfent; dans la nomenclature ancienne , des imperfeétions d'autant plusgrandés qu’elles étoient tout-à-fait contraires à la vérité ; dans tout le fyflème enfin, un defordre, une confufion, des incertitudes qui m'ont paru-m'au- torifer fuffifamment à expoler fans ménagement ce qui m'a femblé être plus conforme à la vérité, plus | fatisfaifant pour l’efprit, plus marqué au coin de la bonne analogie. Amicus Arifloteles, amicus Plato ; magis AMDCA VETILASs ayant été arrivé ou vée, venant d'arriver. devant arriver. IL EI. artivarits 1e levOLLarI£. étant arrivé OÙ Vée, metant révolte OU rées D étant er! rev o/rée OU téêe venant de me révolter. devant me révolrer. 3°. Ce n’eft pas juger des chofes avec équité, que de regarder comme minutieufe la doétrine des res à ilne peut y avoir rien que d’important dans tout ce qui appartient à l’art de la parole, qui differe fi peu de l’art de penfer, de l’art d’être homme, « Quoique les queftions de Grammaire paroïflent » peu de chofe à la plüpart des hommes, & qu'ils # Les regardent avec dédain, comme des objets de » l'enfance, de loifiveté, ou du pédantifme; il eft » certain cependant qu’elles font très -importantes à » certains égards, & très - dignes de l'attention des » efprits Les plus délicats &t les plus folides. La Gram- » maire a une liaifon immédiate avec la conftruétion » des idées; enforte que plufeurs queftions de Gram- » maire font de vraies queftions de logique , même » de métaphyfique ». Ainfi s'exprime l’abbé des Fon- taines » au commencement de la préface de fon Ra- cine vengé : & cet avis, dont la vérité eft fenfible pour tous ceux qui ont un peu approfondi la Gram- maire, étoit, comme on va Le voir, celui de Voffius, & celui des plus grands hommes de l'antiquité. Majoris nunc apud me funt judicia augufle antiqui- ia ; quæ extifftmabar, ab horum notitiä non multa modd oetarum ai Hifloricorum loca lucem fœnerare , fed & graviffèmas juris controverftas, Heœc propternec Q.Scæ- volæ pater, nec Brutus Manilinfque , nec Nipidius figu- lus, Romanorum poft Varonem dothffimus,, difquirere gravabantur utrèin vox {urreptum erit 47 pof? faëla ar ante faita valeat, hoc eff, fusurine an præreriei fit tem- poris, quando in veteri lege Atinié legitur ; quod fur- reptum erit, ejus rei æterna autoritas eflo, ec pu= duis Agellium häc de re caput integrum contexere xViJ< atticarum notium libro. Apud eumdem, cap. 1. libri X VIIL. Zegimus, inter faturnalitias quwfliones eam fuif[e pofiremam ; fcripferim , venerim, legerim, cujus rer poris veiba fint, præteriti, an futuri, an utriufque. Quamobrem eos mirari fatis non poflum, qui huju/inods fébi à pueris cognitiffima fuiffe partm prudenter aut pu= denter adferunt ; cum in its olim hefitérint viri excellen- tes, & quidem Romani, fuæ fine dubio linguæ fcientif- Jr. Voff. Anal. TI, xuy. Ce que dit ici Voflius à l'égard de la langue lati- ne, peut s'appliquer avec trop de fondement à la langue françoife, dont le fond eft fi peu connu de la plûpart même de ceux qui la parlent le mieux, parce éwaccoutumés à fuivre en cela l’ufage du grand monde comme à en fuivre les modes dans leurs ha- billemens , ils ne réfléchiflent pas plus fur les fonde- mens de l’ufage de la parole que fur ceux de la mode dans les vêtemens. Que dis-je ? il fe trouve même des gens de lettres, qui ofent s'élever contre leur propre langue, la taxer d’anomalie , de caprice, de bifarrerie, & en donner pour preuves les bornes des connoïflances où ils font parvenus à cet égard. « En lifant nos Grammairiens, dit l’auteur des » jugemens fur quelques ouvrages nouveaux , (tom. IX. » pag. 73. )il eft fâcheux de fentir, malgré foi, dimi< » nuer fon eftime pour la langue françoile , où l’on » ne voit prefque aucune analogie, où tout eftbifarre » pour l’expreffion comme pour la prononciation, & » fans caufe ; où l’on n’apperçoit n1 principes, nire- » oles, ni uniformité ; où enfin tout paroït avoir été » diété par un capricieux génie. En vérité, dit-il ail: AT TE M » leurs CRacite veñge, Iphio. LE, v. 46.) l’érüde de fa » grammaire frañçone anfpire un peu la tentation de » mépriler notre langue ». | | Je pourrois fans doute détruire cette calomnie paf une foule d'obfervations viétorieufes, pour faire avec füccès l'apologie d’une langue, déjà aflez vengée des nationaux qui Ont la maladrefle delaméprifer, par Pa: cueil honorable qu’on lui fait dans toutes les cours étrangeres, je n’aurois qu'à ouvrir les chefs-d’œuvre qui ont fixé l’époque de fa gloire, &c faire voir avec quelle facihité Gt avec quel tucces elles” prête à tous les caraéteres, naiveté, juftefle,, clarté, précifon, dé licateffe,pathétique,fublime, harmonie, ce. Mais pour ne pastropm écarter de mon fujet, je me contenterai de rappeller ici l'harmonie analogique des ses, telle que nous l'avons obfervée dans notre langue : tous les préfens y font fimples ; les prétérits poltifs y font compofés d’un ser: fimple du même auxihaire avosr ou étre; les comparatifs y font doubiement compo- és; les prochains y prennent lauxiliaire verir. ; les futurs pofitifs y empruntent conftamment le fecours de auxiliaire devour ; &t les prochains, celui de lau- xiliaire afler : & cette analogie eft vraie dans tous les verbes de la langue, & dans tous les modes de chaque verbe. Ce qu'on lui a reproché comme un défaut, d'employer les mêmes res, ici avec relation à une époque, & là avec relation à une autre, loin dé la deshonorer, devient au contraire, à la faveur du nouveau fyffème, une preuve d’abondance &c un moyen de rendre avec une juftefle rigoureufe les idées les plus précifes: c’eft en effet la deftination es éras indéfnis, qui, faifant abftraftion de toute époque de comparafon, fixent plus particuhiere- ment l'attention iur la relation de Pexiftence à l’epo- que, commeon l’a vu en fon lieu. Mis ne fera-t-1l tenu aucun compte à notre lan: | gué de cette foule de prétérits &c de futurs ,ignorés dans la langue latine, au prix de laquelle on la re- arde comme pauvre? Les regardera-t-on encore comme des bifarreries, comme des effets fans cau- fes, comme des expreffions dépourvues de fens, comme des fuperfluités introduites par un luxe aveu- ole & inutile aux vues de l’élocution ? La langue ita- lienne , en imitant à la lettre nos prétérits prochains, fe {éra-t-elle donc chargée d’une pure battologre ? J’avouerai cependant à l’abbé des Fontaines, qu’à juger de notre langue par la maniere dontle {yltème elt expoié dans nos grammaires, on pourroit bien conclure comme il a fait lui-même. Mais cette con- clufioneft-elle fupportable à qui a [à Bofluet, Bour- daloue , la Bruyere, la Fontaine, Racine , Boileau, Pafcal, &c. Ec. 6c. Voilà d’où il faut partir, & l’on conclura avec bien plus de vérité, que le déiordre, l’anomalie, les bifarreries iont dans nos erammaures, & que nos Grammairiens n’ont pas encore faifi avec aflez de jufiefle, n1 approfondi dans un détail fufhi- fant lé méchanifme & le génie de notre langue. Come ment peut-on lui voir produire tant de merveilles fous différentes plumes, quoiqu'eile ait dans nos grammaires un a mauflade, irrégulièr &c barbare; êt cependant ne pas foupconner le moins du monde l’exaéiitude de nos Grammeuriens , mais invectiver contre la langue mème de la maniere la plus inde- cente & la plus injufte? C’eft que toutes les fois qu’un feul homme vou- dra tenir un tribunal pour y juger les ouvrages de tous les éenres de littérature, & faire ieul ce qui ne doit & ne peut être bien exécuté que par une fociété aflez nombreufe de. sens de lettres choifis avec foin ; 1l n'aura jamais le loifir de rien appro- fondir ; il fera toujours preflé de décider d’apres des vues fuperficielles ; 1l portera fouvent des jugemens iniques & faux, & alterera ou détruira entierement les principes du. goût, &c le goût même des bonnes Tome XVT, | TEM 115 Études, dans ceux qüi auront le malheur de prendré confiance en lui, & de juger de fes limieres par Pas furancé de fon'ton, & par l'audace de fon entrez prie, , # | 4°, À s’en ténir à la nomenclature ordinaire, au catalogue recu, & à l’ordre commun dés #65; notre langue n’eft pas la feule à laquelle on puiffé repro- cher lanomalie ; elles {ont toutes dans cé cas, & il eft même difficile d’afligner les res qui fe répon= dent exaétement dans les divers idiomes, ou de dé terminer précifément le vrai fens de chaque terms dans une teule langue. ouvre la Méhôde grecque de P.R, à la page 120 (édition de 1754), & j'y trouve fous le nom de futur premier, 5:50, &c fous le nom de futur fecond, rw, tous deux traduits en latin par 4o- norabe : le premier aorifte ef érice , le fecond èrro ; & le prétérit parfait semya; tous trois rendus par le même mot latinhororavi, Eftil eroyable que des mots’ fi difiérens dans leur formation, & diffingués par des dénominations différentes , foient deftinés à fignifier abfolument la même idée totale que défigne le feu mot latin hororabo, ou le {eul mot honoravi ? Il faut: donc reconnoître des fynonymes parfaits nonobftant les raifons les plus preflantes de ne les regarder däns les langues que comme un fuperflu embarraffant & contraire au génie de la parole. Foyez SYNONYMES, Je fais bien que l’on dira que les Latins n’ayanr pas les mêmes sens que les Grecs, il n’eft pas pofible de rendre avec toute la fidélité les uns par les au tres, du-moins dans le tableau des conjugaifons: aus je répondrai qu'on ne doit point en ce cas en« treprendre une traduétion qui eft néceflairement in- fidelle, & que l’on doit faire connoître la véritable valeur des ses, par de bonnes définitions qui con- tiennent exactement toutes les idées élémentaires qui leur font communes, & celles qui les difereris: cient, à-peus près comme je l'ai fait à l’ésard des sms de notre langue. Mis cette méthode, la feule qui puifle conlerver furement la fignification précife de chaque sens, exige imdifpenfablement un fyffème: ézune nomenclature toute différente : cetteefpece d'innovation a quelques inconvéniens, ils ne feront que momentanes, & ils font rachetés par des avans tages bien plus confidérables. Les grammairiens auront peine à fe faire un noue veau langage; mais elle n’eft que pour eux, cette peine, qui doit au fond être comptée pour rien dès” qu'il s’agit des intérêts de la vérité: leurs fuccefleurs l’entendront fans peine, parce qu’ils n'auront point de préjugés contraires; &c ils l’entendront plus aiféz’ ment que celui qui eft reçu aujourd’hui, parce que le nouveau langage fera plus vrai, plus exprefif, plus énergique. La fidélité de la tranfmifion des idées d'une langue en une autre, la facilité du fy£ tême des comjugaifons fondée fur une analogie ad- mirable 8x univerfelle, lintrodution aux langues débarraflée :par-là d’une foule d’embarras & d’ob- ftacles, font, fi je ne me trompe, autant de motifs favorables aux vues que je préfente. Je pafle à quel ques. objeélions particulières qui me viennent de bonne main. | La fociété littéraire d'Arras n'ayañt fait l’honneur : de m'infctire {ur fes regifres comme aflocié hono- raire, le 4 Février 1758 ; je crus devoir lui payer mon tribut académique ; en lui communiquant lés principales idées du fyftème que je viens d’expofer, &t queye préfentar fous le titre d’£Effaz d'analyfe fur le verbe, M. Harduin, fecrétaire perpétuel de cette compagnie, & connu dans la république des lettres comme un grammairien du premier ordre, écrivit lé 27 O&tobre fuivant, ce qu'il en penfoit, à M, Bauvin , notre confrere & notre ami commun. Après quelques éloges dont je fuis plus redevable à fa po- litefle qu'à toute autre caufe, & quelques obfer- P à 216 TE NM wations pleines de faseffe &c de vérité ; il termine ainfi ce qui me regarde: « J'ai peine à croire que » ce fyftême puifle s’accorder en tout avec le mée- # chanifme des langues connues. Il m’eft Yenu à ce # fujetbeaucoup de réfléxions dont j’aijettéplufieurs » fur le papier ; maïs j'ignore quand je pourrai avoir # le loïfir de les metire en ordre. En attendant, » voici quelques remarques fur les prétérits, que » j'avois depuis long-tems dans la tête, mais qui »# n’ont été rédigées qu’à l’occafion de l'écrit de M. Beauzée. Je ferois bien aife de favoir ce qu'il en » penfe. S'il les trouve juites, je ne conçois pas qu'il » puifle perffter à regarder notre aoriffe françois, » commeun préfent ; (je l'appelle pré/ent antérieur » périodique ) ; à moins qu'il ne dife aufh que notre » prétérit abfolu ( celui que je nomme préteérit indéfint » pofiiif ) exprime plus fouvent une chofe préfente # qu'une chofe pañice ». Trop flatté du defir que montre M. Hardiun de fa- voir ce que je penfe de fes remarques fur nos prète- tits, je fuis bien aife moi-même de déclarer publi- quement , que je les regarde comme les obfervations d’un homme qui fait bien voir, talent très-rare, par- ce qu'il exige dans Pefprit une attention forte, une fagacité exquife, un jugement droit, qualités rare- ment portées au degré convenable, & plus rare- ment encore réunies dans un même fujet. Au refte que M; Harduin ait peine à croire que mon fyftème puifle s’accorder en tout avec Île mé- chanifme des langues connues; je n’en fuis point fur- pris, puifque je n’oferois moi-même laflürer : il fau- droit, pour cela, les connoîitre toutes, & il s’en faut beaucoup que j’aye cet avantage. Mais je aivu s’ac- corder parfaitement avec les ufages du latin, du françois, de l’efpagnol, de litalien ; on m’aflüre qu'il peut s’accorder de même avec ceux de lallemand & de l’anglois : 1l fait découvrir dans toutes ces lan- gues, une analogie bien plus étendue & plus régu- diere que ne faïloit l'ancien fyftème ; &c cela même me fait efpérer que les favans & les étrangers qui voudront fe donner la peine d’en faire application aux verbes des idiomes qui leur font naturels ou qui font l’objet de leurs études, y trouveront la même concordance, le même efprit d’analogie , la même facilité à rendre la valeur des es ufuels. Je les prie même, avec la plus grande inftance, d’en faire lef- fai, parce que plus on trouvera de reflemblance dans les principes d°s langues qui paroïffenr divifer les hommes, plus on facilitera les moyens de la com- munication univerfelle des idées, & conféquemment des fecours mutuels qu'ils fe doivent , comme mem- bres d’une même fociété formée par l’auteur même de la nature. Les réfléxions de M. Harduin fur cette matiere, quoique tournées peut-être contre mes Vués,ne man- queront pas du-moins de répandre beaucoup de lu- miere fur le fond de la chofe : ce n’eft que de cette forte qu’il réflechit; & il eft à defirer qu'il trouve bientôt cet utile loïfir qui doit nous valoir le précis de fes penfées à cet égard. En attendant, je vais tà- cher de concilier ici mon fyftème avec {es obferva- tions fur nos prétérits. » Il eft de principe, dit-il, qu’on doit fe fervir du » prétérit abiolu, c’eft-à-dire, de celui dans la com- » poñtion duquel entre un verbe auxiliaire, lorfque » le fait dont on parle fe rapporte à un période de » tems ou l’on eft encore; ainfi il faut néceffairement » dire, telle bataille s’efl donnée dans ce frecle-ci : j'ai » vu mon frere cette année : je lui ai parlé aujourd’hui ; ; Y C2 # & l’on s’exprimeroït mal, en difant avec l’aorifte, » celle bataille fe donna dans ce fiecle-ci : je vis mon s» frere cette année: je lui parlai aujourd’hui ». C’eft que dans les premieres phrafes, on expri- me ce qu'on a effeétivement deflein d'exprimer, l’an- tériorité dexiftence à Pégard d’une époque aûuelles ce qui exige les prétérits dont on y fait ufage : dans les dernieres on exptimeroit toute autre chofe, la f- multanéité d’exifence à l’égard d’un période de sms antérieur à celui dans lequel on parle; ce qui exige en effet un préfent antérieur périodique , mais qui n’eft pas ce qu’on fe propofe ici. M. Harduin demande fi ce neft pas abufivement que nous avons fixé les périodes antérieurs qui pré- cédent le jour où l'on parle, puifque dans ce même jour , les diverfes heures qui le compofent , la ma- tinée, l'après-midi , la foirée , font autant de pério- des qui fe fuccedent; d’où il conclut que comme on dit, 7e le vis hier, on pourtoit dire audli, je /e vis ce matin, quand la matinée eft fimie à l’inftant où l’on. parle, C’eft arbitrairement fans doute, que nous n’avons aucun égard aux périodes compris dans le jour mê- me où l’on parle; &la preuve eneft, quece que l’on appelle ici aorifle, ou prétérit indéfini ,{e prend quel- quefois, dans, la langue italienne, en parlant du jour même où nous fommes ; 0 a viddi flo mane. ( je le vis ce matin). L'auteur de la Méthode italienne, qui fait cette remarque, ( Par, II. chi. . 4. pag. 86.) obferve en même tems que cela eft rare, même dans Pitahien. Mais quelque arbitraire que {oit la pratique des Italiens & la nôtre, on ne peut jamais la regar- der comme abufive, parce que ce qui eft fixé par l'ufage n’eft jamais contraire à lufage, ni par con- féquent abufif, | # Plufieurs grammairiens , continue M. Harduin ; êt c’eit proprement ici que commence le fort de fon chjeétion contre mon fyftème des rems : « plufieurs » grammairiens font entendre , par la maniere dont » ils s’énoncent fur cette matiere, que le prétérit » abiolu & l’aorifte ont chacun une deftination tel- » lement propre, qu’il n’eft jamais permis de mettre » Pun à la place de l’autre. Cette opinion me paroît » contredite par l’ufage, fuivant lequel on peut tou- » jours fubftituer le prétérit abfolu à l’aorifte, quoi- » qu'on ne puifle pas toujours fubftituer l’aorifte au » prétérit abfolu ». Ici l’auteur indique avec beau- coup de juitefle & de précifion les cas où l’on ne doit fe fervir que du prétérit abfolu, fans pouvoir lui fubfituer Faorifte ; puis 1l continue ainf : « Mais » hors les cas que je viens d’indiquer,on a la liberté » du choix entre l’aorifte & le prétérit abfolu. » Aïnfi on peut dire, Je Je vis hier, ou bien , je l'ai » vu hier au moment de fon départ ». C’eft que , hors les cas indiqués, il eft prefque toujours indifférent de préfenter la chofe dont il s’a- gift, OU comme antérieure au moment où l’on parle, ou comme fimultanée avec un période antérieur à ce moment de la parole, parce que que funt eadem uni tertio , funteadem inter fe, comme on le dit-dans le langage de léco. S'il eft donc quelquefois per- mis de choïfir entre le prétérit indéfini pofitif & le préfent antérieur périodique , c’eft que l’idée d’anté- riorité, qui eft alors la principale, eft également mar- quée par l’un &c par l’autre de ces ses, quoiqw’elle {oit diverfement combinée dans chacun d'eux; & c'eft pour la même raifon que, fuivant une derniere remarque de M. Harduin, « il y a des occafons où limparfait même ( c’eft-à-dire le préfent anté- rieur fimple ) entre en concurrence avec l’aorifte » &z le prétérit abfolu, & qu'il eft à-peu-près égal » de dire, Céfar fut un grand homme ‘ou Céfar a été » un grand homme, ou enfin Céfar étoit un grand hom- PL Net nr -» me »: l’antériorité eft également marquée par ces trois res, &t c’eft la feule chofe que l’on veut expri- mer dans ces phrafes, Mais cette efpece de fynonymie ne prouve points comme M. Harduinfemble le prétendre, que ces ems aient une même deftination, ni qu’ils foient de la imême clafe, & qu'ils ne different entr'eux qe par de trèsléceres nuances. Il en eft de l’ufage & de dis verfes fgnifcations de ces #ms, comme de Pemploi &c des différens fens, par exemple, des adjeétifs 22 meux , illuftre, célebre, renommé : tous ces mots mar- quent la réputation, & l’on pourra peut-être s’en fervir indiftinétement lorfqw’on n’aura pas befoin de marquer rien de plus précis, mais il faudra choïir, pour peu que l’on veuille méttre de précifion dans cette idée primitive. ( Joyez les SYNONYMES FRAN- ço1s ), M. Harduin lui-même, en aflignant les cas où il faut employer le prétérit qu'il appelle ab/o/x , plutôt que le sms qu'il nomme aorife, fournit une preuve {ufifante que chacune de ces formes a une deftination exclufivement propre, & que je puis adopter toutes fes obfervations pratiques comme vraies, fans cefler de regarder ce qu'il appelle notre aorifle comme un préfent, & fans être forcé de con- venir que notre prétérit exprime plus fouvent une chofe préfente qu'une chofe pañlée. (B.£.R. M.) TEMS, (Crisig. facrée.) ce mot fignifie proprement la durée qui s’écoule depuis un terme jufqu’à un au- tre ; mais 1l fe prend aufli dans plufieurs autres fens; 1°, pour une partie de l'année (Gex. 7. 14.) 2°. pour Vefpace d’un an; les faints du pays, dit Daniel, v7. 235. tomberont entre Les mains de ce puiffant roi pour un sems, des semis, &t la moitié d’un tems , ad rempus, tempora, © dimidinm temporis ; ces expréfhons hébrar- ques fignifient les trois ans & demi que durerent les perfécurions d’Antiochus contre les Juifs: sempus fait unan, éempora deux ans, dirmidinm temporis une demi- année ; 3°. ce mot figniñie l’arrivée de quelqu'un, € 1f. xiv. 1.) 4°. le moment favorable & paffager de faire quelque chofe ; pendant que nous en avons le terns , faifons du bien à tous , Galar, y. 10. R acheter Le tems, dans Daniel, c’eft gagner du ems ; comme les mages confultés par Nabuchodonofor, qui lui demandoient du ses pour expliquer fon fon- ge ; mais racheter le rems dans faint Paul , Ep, y. 16, £Éxyopacouat TOY Xaæipoy 9 c’eft laifer pañter le sens de la colere des méchans, & attendre avec prudence des circonftances plus heureufes. Le tems de quelqu'un, c’eft le moment où il recoit a punition de fon crime, Ezech, xxij. 3. Les tems des fiecles palfés ( Tite j. 2. | {ont ceux qui ont précédé la venue de Jefus-Chrift. Les tems d'ignorance , poree vaç ayvolac, font ceux qui ont précédé les lumieres du chriftianifme, par rapport au culte de la divinité. Saint Paul annonce, As xyÿ, 30. que Dieu, après avoir diffimulé ces tems, Veut maintenant que toutes les nations s’amen- dent, c’eft-à-dire qu’on ne rende plus de culte aux idoles. (D. J.) | TEMS, (Mycholog,) on perfonmifa, on divinifa le tems avec fes parties ; Saturne en étoit ordinairement le fymbole., On repréfentoit le sens avec des aîles, pour marquer la rapidité avec laquelle il pañle, & avec une faux , pour fignifier fes ravages. Le zems étoit divifé en plufeurs parties; Le fiecle, la généra- tion ou efpace de trente ans, le luftre, l’année, les faifons , les mois , les jours &z les heures ; & chacune de ces parties avoit fa figure particuliere en hommes Ou en femmes , fuivant que leurs noms étoient maf- culins ou féminins ; on portoit même leurs images dans les cérémonies religieufes. (D. J.) TEMSs, fe dit auf de l’état ou difpofition de lat- mofphere, par rapport à l'humidité ou à la fécherefe, au froid ou au chaud, au vent où au calme, à la pluie , à lasrêle, &c. Voyez ATMOSPHERE, PLUIE, CHALEUR, VENT, GRÊLE, &c. Comme c’eft dans l’atmofphere que toutes les plantes & tous les animaux vivent, & que l'air eft fuivant toutes les apparences le plus grand principe Fr 4) à & se 1 E I 117 dés productions animales & végétales (voyez At), anf que des changemens qui leur arrivent, il r°y a rien en Phyfique qui-ñous intérefle plus immédiate: ment que l’état de l'air. En effét, tout ée Gui a vie n'eft qu'un afñlemblage de vaifleaux dont les liqtieurs font confervées en mouvement par la preffion de Patmofphere ; 8&c toutes les altérations qui arrivent ou à la denfité ou à la chaleur , ou à la pureté de l'air, doivent néceflairement en produire {ur fout ce qui Y vit: | qu'un peut changement dans Le tems produit, peuvent Être aitément connues à l’aide d’un tube plein de mer: cure ou d’efprit-de-vin , ou avec un bout de corde, ainft que tout le monde le fait paï l’ufage des thermos metres , barometres &c hygrometres: Fôyez BAno: METRE, THERMOMETRE , HYGROMETRE ; Ge: Et c’eit en partie notre inattention, & en partie le dé: faut d’uniformité de notre genre de vie ;, qui nous em: pêche de nous appercevoir de toutes les altérations & de tous les changemens qui arrivent aux tubes, cordes & fibres dont notre corps eft compo, H eft certain qu'une grande païtie des animaux à beaucoup plus de fenfbilité & de délicatefle que les hommes fur les changemens de 1ems. Ce n’eft pas qu'ils aient d’autres moyens ou d’autres organes ue nous; mais c’eft que leurs vaifleaux, leurs fibres Étant en comparaifon de ceux des hommes, dans un état permanent ; les changèmens extérieurs produi« fent en eux des changemens intérieurs proportion: nels. Leurs vaifleaux ne font proprement que des ba: rometres , 6c. affectés feulement par les caufes exté: rieurés ; au lieu que les nôtres recevant des impref- fions du dedans auffi-bien que du dehors, il arrive que plufieurs de ces impreflions nuifent où empê- cheñt l’effet des autres. Il n’y a rien dont nous foyons plus éloignés que d’une bonne théorie de l’état de l’air. Mais on ne fau- toit y parvenir fans une fuite complette d’obfervas tions. Lorfque nous aurons eu des resiftres tenug exattement dans différens liéux de la terre , & pens dant une longue fuite d’années , nous ferons peut: être en état de déterminer les dire@ions , la force & les Hmites du vent, la conflitution de l’air apporté par le vent, la relation qui eft entre l’état du ciel de diférens climats , & les différens états du ciel dans le même lieu; & peut-être nous faurons prédire alors les chaleurs excefives , les phues, la gelée , les fé- cherefes, les famines, les peftes, & autres maladies épidémiques, Ces fortes d’obfervations s’appellent du nom général d’obférvarions méréorologiques. Voyez MÉTÉOROLOGIQUES, Etafme Bartolin' a fait des obfervations météoro: logiques jour par jour pour l’année 157r.M. W.Mer- le en a fait de pareilles à Oxford pendant les fept années 1337, 1338, 1339 1340, 1341, 1342, 1343. Le doéteur Plot au même lieu pour l’année 1684. M. Hillier au cap Corfe pour les années 1686, 1687. M. Hunt, éc. au college de Gresham pour les années 169$, 1606. M. Derham à Upminfter, dans la province d'Eflex pour les années 1697, 1692, 1697; 1698 , 1699, 1703 ; 1705, 1707. M. Town- ley , dans la province de Lancaftre, pour les années 1698, 1699, 1700, 1701. M. Hocke, à Oats, dans la province d'Eflex, en 1692. Le docteur Scheuchzer à Zuric en 1708 ; & le dotteur Tilly à Pife la même année, Voyez Tranfaëfions philofophiques. Nous joindrons' ici la forme des obfetyations de M. Derham, pour fervir d’échantillon d’un journal de cette nature, en faifant remarque qu’il dénote la force des vents par les chifftes o, 1,2, 3, Gc. & les quantités d’eau de pluie reçues dans un tonneau en livres & en centiemes, Toutés ces altérationsimmentfes , ais réguliers, Le m8 T\EM Obférvations météorologiques. Oëtobre 160 7. Jours: HEUR. TEMS. VENT. BAROM. | PLUIE. 27 7 : | Beau. SES ZT OR TES 12 luvieux. |S,O. parO.5 | 29 34|, 9 | Orageux. ) | 29 88|0o 29 Afin de faire voir un effai de lufase de ces fortes d’obfervations, nous ajouterons quelques remarques générales tirées de celles de M. Derham. 1°, Les ses lourds font monter le mercure auffi- bien que les vents du nord ; ce qui, fuivant M. Der- ham, vient de l’augmentation de poids que l'air re- çoit par les vapeurs. dont il eft chargé alors. Foyez BrouILLAR D. M.Derham remarque qu'ilen eft de même dans les sers de bruine. Voyez BRUINE. 2°, Le froid&t la chaleur commencent &c finiflent à-peu-près dans le même tems en Angleterre & en Suifle , & même toutes les températures d’air un peu remarquables lorfqw’elles durent quelque tems. 3°. Les jours de froid remaquables pendant le mois de Juin 1708 en Suifle, précédoient communément ceux d'Angleterre d'environ; jours ou plus, & les chaleurs remarquables des mois fuivans commen- cerent à diminuer dans les deux pays à-peu-près dans le même tems, feulementun peu plutôten Anpleterre qu’en Suifle. | 4°. Le barometre eft toujours plus bas à Zurich qu’à Upminfter , quelquefois d’un pouce, quelque- fois de deux, mais communément d'un demi-pouce; ce qui peut s'expliquer en fuppofant Zurich’ plus élevé que Upminiter. 5°. La quantité de pluie qui tombe en Suifle & en Italie eft plus grande que celle qui tombe dans la province d'Eflex, quoique dans cette province il pleuve plus fouvent ou qu'il y aït plus de jours plu- vieux que dans la Suifle. Voici la proporuon des pluies d’une année entiere en difiérens lieux , tirée d'aflez bonnes obfervations. À Zurich la hauteur moyenne de la pluie tombée pendant un an étoit de 312 pouces anglois ; à Pife 43 ,; à Paris 23 ; à Lifle en Flandre 23: ;à Townley dans la province de Lan- caftre 42 +; à Upminiter 19 5. Voyez PLUIE. 6°. Le froïd contribue confidérablement à la pluie, vraiflemblablement à caufe aqw'il condenfe les va- peurs fufpendues &c les précipite; enforte que les faifons les plus froides & les mois les plus froids font en général fuivis des mois les plus pluvieux, ês Les étés froids font toujous les plus humides. 7°. Les fommets glacés des hautes montagnes agif- fent non-feulement fur les lieux voifins, par les froids, les neiges, les pluies, 6:c. qu'ils y produifent, mais encore fur des pays aflez éloignés, témoin les Alpes, dont l'effet agit jufqu'en Angleterre; car le froid extraordinaire du mois de Décembre 1708, & les relâchemens qu'il eut ayant été apperçus en Îta- lie 8 en Suifle quelques jours avant qu’en Angle- terre, doivent , fuivant M. Derham, avoir pañlé de lun à lautre. Depuis un certain nombre d'années, on fait par toute l’Europelesobfervationsmétéorologiques avec une grande exa@itude. La fociété royale de Londres adreffa il y a environ vingt ans, un écrit circulaire à tous les favans pour les y exhorter. Il y avoit déja long-tems que l’on Les failoït dans l’académie royale des Sciences de Paris. Dès avant 1688, quelques-uns de fes membres avoient obfervé pendant plufeurs AT me L ; - années, la quantité d’eau de pluie & de neige qu'il tombe tous les ans, foit à Paris, foit à Dion; ce qui s’en évapore, & ce qui s’en imbibe dans la terre à plus ou moins de profondeur, comme on en peut ju- ger par quelques ouvrages fort antérieurs, touchant TEM l’origine des fontaines & des rivieres, 87 fur-tout par le Traité du mouvement des eaux, de M. Mariotte. Mais il eft certain qu’en 1688 , la compagnie réfolut de mettre ces chfervations en regle. | M. Perraultdonna le deflein d’une machine propre à cet ufage, & M. Sedileau fe chargea des obferva- tions. Après M. Sedileau, ce fut M. de la Hire, 6e êt enfin , elles ont été continuées jufqu'à aujourd’hui fans interruption. On y Joignit bientôt les obferva- ticns du barometre & du thermometre, le plus grand chaud êrle plus grand:froid qu’ilfait chaque année, chaque faifon, chaque jour, & avec les circonftances qui y répondent, les déclinaifons de l'aiguille aimans tée,, & dans ce fecle les apparitions de l’aurore bo- réale. Pronoflics du ms. Nous ne voulons point entretez nir ici le leéteur de ces vaines êc arbitraires obfervas tions du peuple. Nous abandonnons cette foule de prédiétions qui ont été établies en partie par larufe, ëc en partie par la crédulité desgens de la campagnes elles n’ont aucun rapport naturel & néceflaire que nous connoiffions avec les chofes en elles-mêmes, T'elles font les prédiétions de la pluie & du vent qu’on tire du mouvement qui eft parmi les oifeaux aquati- ques. pour fe raflembler vers la terre, &c les oïfeaux terreftres vers l’eau; qu'on conclut encore , lorfque les oïfeaux élaguent leurs plumes, que les o1es crient, que les corneilles vont en troupe, que les hirondelles volent bas êz geroillent, que les paons crient, que les cerfs fe battent, que les renards & les lonps heur- lent, que les poiffons jouent, que les fourmis & les abeilles fe tiennent renfermées , que les taupes jet- tent de la terre, que les vers de terre fe traînent, &c. Nous noffrirons rien de cette nature, mais ce qui peut être fondé en quelque maniere fur la nature des chofes, ce qui peut jetter quelque lumiere fur la cau- le & les circonftances de la température de l'air, où du-moins aider à découvrir quelques-uns de fes effets fenfibles. Le 1°. Lorfque le ciel eft fombre, couvert, qu’on eff quelque tems de fuite fans foleil , ni fans pluie, il devient d’abord beau , & enfuite vilain , c’eft-à-dire qu’il commence par devenir clair | & qu’enfuite il tourne à la pluie; c’eft ce que nous apprenons par un journal méteorologique que M. Clarke a tenu pendant trente ans, & que fon petit-fils, Le favant Sa- muel Clarke , a lailfé à M. Derham: Il afluroit que cette regle lui avoit toujours paru s’obferver du- moins lorfque le vent étoit tourné à lorient, Mais M. Derham a obfervé, que la regle avoit également lieu pour tous les vents; &c la raifon, felon lui, en eft aflez facile à trouver, L’atmofbhere eft alors rem- pli de vapeurs, qui font à la vérité fufifantes pour réfléchir la lumiere du foleil 8 nous Pintercepter mais n’ont pas aflez de denfité pour tomber. Enforte que tant que ces vapeurs reftent dans le même état, le 1el ne change pas, & ces vapeurs y reftent quelque tems de fuite à caufe qu'il fait alors ordinairement une chaleur modérée , &t que Pair eft fort pefant.& propre à les foutenir, ainfi qu'on le peut voir par le barometre qui eft communément haut dans ce tems- là. Mais, lorfque le froid approche, 1l rafflemble ces vapeurs par la condenfation à en forme des nuages détachés entre lefquels paflent les rayons du foleil , jufqu’à ce qu’enfin la condenfation de ces vapeurs devient fi confidérable, qu’elles tombent en pluie. 2°, Un changement dans la chaleur du ss, pro duit communément un changement dans le vent. Ain- fi les vents de nord & de fud, qui font ordinairement réputés la caufe du froid & du chaud, ne font réelle- ment que les effets du froid &z de la chaleur de Pat- mofphere. M. Derham aflure, qu'il en a tant de con- firmations, qu'il ne fauroit en douter. [left commun, par exemple, de voir qu'un vent chaud du fud fe . change énvun vent froid du notd, lotfqu'il vient à #omber de la neige ou de la grêle, & de même de voir un vent nord & froid régner le matin, dégéné- rer en fud fur le foir,, lorfque la terre eft échauffée par la chaleur du foleil, & retourner enfuite au nord ou à left, lorfque le froïd du foir arrive. Voyez VENT. Chambers. (O) TEMs. Effets du tems fur les plantes. La plûpart des plantes épanouiflent leurs fleurs &c leurs duvets au foleil, & les reflerent fur le foir ou pendant la pluie, principalement lorfqu’elles commencent à fleu- rir, & que leurs graines {ont encore tendres &c fenfi- bles. Ce fait eft aflez vifible dans les duvets du dent- de-lion & dans les autres, mais {ur-tout dans les fleurs de la pimprenelle , dont l'épanouiffement & le ref- ferrement,fmivant Gerard,ferÿent aux gens de la cam- pagne à prédire le tems qu'al doit faire le jour fuivant, l’épanouiflement promettant le beau tems pour le lendemain , 8 le reflerrement annonçant le vilain zems, Ger. herb. Z. FI. | E ft € alia (arbor in Tylis ) fimilis, folioftor tamen, roferque florts ; quern noûËu Comprimens , aperire incipit Jolis exortu, méridie expandit. Incole dormire eum di- curt. Plin. Na. herb. lib. XII. cap. 1. La tige du trefle , fuivant que l'a remarqué milord Bacon, s’enfle à la pluie & s’éleve, ce*qui peut être auf remarqué, quoique moins fenfiblement, dans les tiges des autres plantes. Suivant le même auteur, on trouve dans les chäumes une petite fleur rouge qui indique une belle journée , lorfqu’elle s’épanouit du matin. On conçoit aifément que les changemens qui arti- vent dans le tes influent fur les plantes , lorfqu'on imagine qu'elles ne font autre chofe qu’un nombre infini de trachées ou vaifleaux à air, par le moyen defquels elles ontune communication immédiate avec Vair , & partagent fon humidité, fa chaleur, &c. ces irachées font vifibles dans la feuille de vigne , dans celle de la fcabieufe, &c. Voyez PLANTE , VÉGÉ- TAUX , Gc. 1! fut de-là que tout bois, même le plus dur & le plus compaët , s’enfle dans les remshumides , les va- peurs s'infinuant aifément dans fes pores, fur-tout lorf- que c’eft un bois léger & fec. C’eft de cette remar- que qu'on atiré ce moyen fi fingulier, de fendre des roches avec du bois, Voyez BOrs. Voici la méthode qu’on fuit dans les carrieres: on taille d’abord une roche en forme de cylindre ; en- fuite on divife ce cylindre en plufeurs autres, en faifant des trous de diffance en diftance dans fa lon- gueur &c à différens endroits de fon contour. Et l’on remplit ces trous de pieces de bois de faule féché au four. Lorfqu'il furvient après un sers humide , ces pieces de bois imbibées de humidité de Pair fe gon- flent, & par l’effet du coin elles fendent la roche en plufieurs pieces. APE TemMs, (Philof. & Mor.) la philofophie & la mora- le fourniflent une infinité de réflexions fur la durée du sms , la rapidité de fa courte, & l'emploi qu’on en doit faire; mais ces réflexions acquiérent encore plus de force, d'éclat, d'agrément & de coloris, | quand elles font revêtues des charmes de la poéfie; c’eft ce qu'a fait voir M. Thomas, dans une ode qui a remporté le prix de académie Françoife en 1762. Sa beauté nous engage à la tranfcrire ici toute entie- re, pour être un monument durable à la gloite de 2 5} T +3 2 A A À Vauteur. L'Encyclopédie doit être parée des guir- landes du parnaffe, & de tous les fruits des beaux gé- _nies qui ont fommeillé furle fommet du facré vallon. Voici l’ode dontil s’agit. Le compas d'Uranie a mefuré lefpace. © terms, étre inconnu que l'ame feule embrafle , Juvincible sorrent des feecles 6 des jours , TEM 1 L'andis que ion pouvoir entraîne dans la tombe , el , Ù 2 J Ofè, avant que j'y tombe, M'arréter un moment pour contempler on cours. Qui me dévoilera l'inflant qui sa v4 naïsre à Quel il peut remonter aux [ources de tonétre ? Sans doute ton berceau touche a l’éternire. Quand rien n’ésoit encore, enfeveli dans l'ombre De cet abime fombre, Ton germe y repofoit , mais fans aîtivice, Du cahos tout-a-coup les portes s'ébranlerent » Des foleïls allumés les feux érincelerent , M Tu naquis ; l'éternel te preftrivis ta loi. I! dis au mouvement | du tems fois la mefure; TJ dit a la nature, Le tems fera pour vous , Pérernité pour moi. Dieu, telle eff son effence : eui, l'océan des âges Roule au-deffous de soi fur tes frèles OHVrAgES , Maïs 1 rapproche pas de ton trône immortel. es millions de jours qui l'an l’autre s’effacent ; Des frecles qui s’'entaffens S'ont cornine le neart aux yeux de l'Eternel, Mans noi, fur cet amas de fange € de pouffiere Envain contre le tems, je cherche ne barriere » 5 li / r « Son vol impétueux me prefle 6 me pourfuir; . Je occupe qu'un point de la vafte étendue ; £Er mon arme eperdue Sousimes pas chancelans , voir ce point qui s'enfuit} De la défiruülion tout m'offre des images. Mon œil épouvanté ne vou que des ravages ; Îci de vieux tombeaux que la mouffe a couverts : La des murs abattus , des colonnes brifèes , Des villes embrafees, Par-tout les pas du tems empreints fur l'univers: S 5 17/7 . * Cieux, terres, élémens , rout eff fous [a puiffance & Mais tandis que fa main , dans la nuit du fitence, Du fragile univers fappe les fondemens ; . Sur des aïles de feu loin du monde élancée K | Mon alive penfée Plane fur les débris entaflés par le tems. Srecles qui n'êtes plus , G vous qui devez naître ÿ J’ofe vous appeller ; hätez-vous de parotirez Au moment où je fuis, venez vous réunir. Je parcours tous les points de l'immenfe durées D'une marche affurée ; | J’enchaëne le préfent, je vis dans l'avenir. Le foleil épuifé dans [a brélane courfe De Jes feux par degrés verra tarir la fource : Er des mondes vieillis Les ref[orts s’uférone. Ainrft que les rochers qui du haut des montagnes | Roulent dans les campagnes, Les afires l'un fur l'autre un jour s’écrouteront. La de l'ésernité commencera L'empire : Et dans cet océan | où tout va fe détruire ; Le tems s’engloutira comme un foible ruiffeans Mais mon ame immortelle aux fiecles échappée Ne fera point frappée , & Et des mondes brifés foulera le tombeau. Des valles mers, grand Dieu, tu firas des limites à Ceff ainft que des tems Les bornes font prefcrires, Quel fera ce moment de l’érernelle nuit ? To feul tu le connois ; &u lui diras d’éclore s Mais l'univers l'ignore s Ce n'eff qu'en périffant qu'il en doit étre inffruis Quand l'atrain frémifflant autour de vos demeures à Mortels , vous avertit de la fuite des heures, Que ce fignal terrible éponvante vos fens. A ce bruit tour-a-coup mon ame fe reveille : | E Ile prête l’oreille, | Et croïs de la mort méme entendre les accenss- 120 TEM Trop aveugles himains , quelle erreur vous entvre ! Vous n'avez qu'un inflant pour penfer G pour vivre, Et cet inflant qui fuit eff pour vous un fardeau, Avare de fes biens, prodigue de Jon être, Dès qu'il peut Je connoïtre , L'homme appelle la mort & creufe fon tombeau. L'un courbé fous cent ans eff mort dès [a naif[ance , L'autre engage à prix d’or fa venale exiflence ; Celui-cila tourmente à de pénibles jeux 3 Le riche fe délivre au prix de [a fortune Du tems qui l'umportune ; Ceftenne vivant pas que l'on croit vivre heureux. Abjurez , é mortels , cette erreur infenfée. L'homme vit par Jon ame, 6: l’ameef? la penfée. C’eff elle qui pour vous doit mefiurer le terms. Culrivez la fageffe: apprenez l’art fuprème De vivre avec foi-même, Vous pourrez fans effroi compter tous vos irflans. Si je devois un jour pour de viles richeffes Vendre ma liberté, defcendre à des baffeffes ; Simon cœur par mes Jens devoit étre amolli $ O tems, je ve dirois , préviens ma derniere heure ÿ Fiate-roi , que je meure | J'aime mieux n'être pas, que de vivre avili. Mais fi de la vertu les généreufes flèmes Peuvent de mes écrits palfer dans quelques ames ; Si7e puis d'un ami foulager les douleurs ; S'il ef? des malheureux dont ! ’obfcure innocence p Languilfe Jans défenfé, Er dont ma foible main doive effuyer les pleurs. O tems, fufpens ton vol, refpeile ma Jeunefle à Que ma mere long-tems témoin de ma tendreffe > Regoive mes tributs de refpeët & d'amour ! Er vous, gloire, vertu , décffes immortelles , Que vos brillantes aîles Sur mes cheveux blanchis fe repofent un jour. (2.J.) TEMS DES MALADIES , (Médec. Patholog.) les Pa- thologiftes prennent ce mot ses dans diverfes ac- ceptions en l’appliquant au cours des rraledies ; quel quefois ils emploient pout mefurer leur durée & en diftinguer les jours remarquables; d’autres fois ils s’en fervent pour défigner les périodes & les érars dif- férens qu’on y a obfervés. Dans la premiere fignification, la longueur du fers a donné lieu à la divifion générale des maladies en aiguës & chroniques; la durée de celle-ci s’étend au- delà de-quarante jours, celles-là font toujours ren- fermées dans cet efpace de zems limité ; mais elles peuvent varier en durée d’autarit de façons qu'on compte de jours différens, Car, fuivant les obferva- tions répétées , il y a des maladies.qui fe terminent dans un jour , connues fous le noni d’éphémeres ; d’au- tres font décidées dans deux , dans trois, dans qua- tre, & ainf de fuite jufqw’à quarante. Cependant, fuivant ce qui arrive le plus ordinairement, on a dif- tingué quatre ou cinq ses principaux dans la durée des maladies qui en décident la briéveté, (acuries). Dans la premiere clafle, on a compris les maladies &ui font terminées dans l’efpace de quatre jours, on les a appellées perper-aïguës ; telles {ont l’apoplexie , la pete, la fueur angloife, &c. La feconde comprend celles qui durent fept jours, qu’on a nommé srès- aiguës ou per-aiguës, de ce nombre font la fievre ar- dente & les maladies inflammatoires, légitimes, ex- uifes, La troifieme clafle renferme les maladies ap- pellées fimplement aiguës , qui s'étendent jufqu’à quatorze Où vingtun jours, comme la plüpart des fievres continues ; enfin les autres , connues fous le nom d’aigués par décidence, traînent depuis le vingt- unieme jour jufqu’à quelqu'un des jours intermédiai- fes eñtre le quarantieme, au-delà duquel , f: elfes perfftent , elle prennent le titre de chroniques ; &t dans cette acception, lorfqu’on demande à quel #ws le malade eft de fa maladie, on répond qu'il eft, par exemple , aufeptieme jour depuis linvañon de la maladie , ems qu'il eft aflez difficile de connoître au juite. En fecond lieu , les anciens ont diftingué trois pé- riodes ou états dans le courant d’une maladie aiguë, qu'ils ont défigné fous le nom de sms. Le premier cemseft celui qu'ils ont appellé de crudire , alors la na- ture 8 la maladie font, fuivant leur expreflon ; en- gagées dans le combat, la viétoire ne panche d'aucun côté , le trouble eft confidérable dans la machine, les fymptomes font violens, & les bonnes humeurs font confondues avec les mauvaifes, ou font crues, M. Bordeu a appellé ce tems ems d’irriration, parce qu’älors le pouls conferve ce caractere; 1l eft tendu, convulfif, &c nullement développe. Le fecond sems eft le rems de coëtion ; il tire cette dénomination de l’état des humeurs qui font alors cuites, e"eft-à-dire que les mauvaifes font, par les efforts de la nature victorieufe , féparées du fein des bonnes , &c difpo- fées à l'excrétion critique , qui doit avoir lieu dans le troifieme sms, qu’on nomme en conféquence fes de crife, Pendant les sers de la colion, les fymptomes fe calment, les accidens difparoiflent, harmonie commence à fe rétablir , le pouls devient mol , dé- veloppé &rebondiffant, les urines renferment beau: coup de fédiment. Le sems de crife eft annoncé par une nouvelle augmentation des fymptomes , mais qui eft paflagere , Le pouls prend la modification eri- tique appropriée ; &c les évacuations préparées ayant lieu , débarraflent le corps de toutes les humeurs de mauvais caracteres ou fuperflues , &c la machine re- vient dans fon afliette naturelle. Voyez CRUDITÉ, CocTion, Crise & PouLs. Les modernes ont ad- mis une autre divifion qui pourroit fe réduire à celle des anciens, & qui eft bien moins jufte, moinsavan- tageufe , & moins exaête ; ils diflinguent quatre terms ; 1°. le terns de l’invafion ou le commencement qui comprend le res quis’écoule depuis que la maladie a commencé jufqu’aà.celui où les fymptomes augmen- tent 3 29, le sens d’ausmentation , qui eft marqué par la multiplicité & la violence des accidens ; 3°. Péras où les fymptomes reftent au même point fans aug menter, ni diminuer ; 4°, la déclinaifon, sems auquel la maladie commence à baifler & paroït tendre à une iflue favorable : ce dernier £ms répond à ceux de coûtion & de crife des anciens, & les trois autres aflez inutilement diflingués ne font que le sems de crudité ; lorfque les malades fe terminent à la mort, elles ne parcourent pas tous ces périodes, 6£ ne par- viennent pas aux derniers 715. L Troïfiemement , dans les maladies intermittentes & dans les fievres ayec redoublement, on obferve deux états, dont l’un eft cara@terifé par la ceflation ou la diminution des fymptomes , & l’autre par le retour ou leuraugmentation; on a diftingué ces deux états fousle nom de sens , appellant le premuet sems de la remiffion, & l’autre rems de l'accès ou du redou- blemers ; le médecin, dans le traitement des mala- dies, ne doit jamais perdre de vue toutes ces di- {indions de rems, parce qu'il peut en tirer des lu- mieres pour leur connoiflance & leur pronoftic, êc far-tout parce que ces sms exigent des remedes très- diférens. Voyez FIRVRE EXACGERBANTE , INTER- MITTENTE , PAROXISME , ÉPILEPSIE, GOUTTE!, HYSTÉRIQUE , paffion, êtc. « Il eft auf très-important de faire attention aux tems de l’année, c’eft-à-dire aux faifons ; voyez PRIN- TEMS; AUTOMNE, ÊTÉ, HIVER , SAISONS, ( Ae- decine) ; & aux-sems de la journée , voyez MATIN 6 Soik , ( Médecine ), parce que les maladies eee ans TEM dans ces différens sers , & qu'il y a des regles con- cernant l’'adminiftration des remedes, fondées fur leur diftin&ion. (») _ TEms AFFINÉ , (Marine.) voytz AFFINÉ. | TEmMs À PERROQUET , ( Marine. ) beau rems où lé vent fouffle médiocrement , & porte à route. On Pappélle ainfi , parce qu’on ne porte plus la voile de perroquet que dans le beau ses; parce qu’étant ex- trèmement élevée, elle donneroit trop de prife au vent, fi on la portoit dans de gros sems. Voyez Ma- TURE. TEMS DE MER 04 GROS-TEMS, (Marine. ) tems de tempête où le vent eft très-violent. TEMS EMBRUMÉ, ( Marine.) rems où la mer eft couverte de brouillards. Tems, (Jurifprud.\ fignifie quelquefois une cer- taine cozontiure , Comme quand on dit en £ems de otre. Tems fignifie auffi délai ; 1] faut intenter le retrait Bgnaper dans lan & jour, qui eft le cms prefcrit at la coutume. Tems d'étude, eft l’efpace de rems pendant lequel un gradué doit avoir étudié pour obrenir réguliere- ment fes grades. Voyez ETUDE, DEGRES , GRADES, GRADUÉS, UNIVERSITÉ, BACHELIER , LICENCHÉ, Docrteur. (4) | | TEMS, f. m. ez Mufique , eft en général toute mo- dification du fon par rapport à la durée. On fait ce que peut une fucceflion de fons bien di- figée eu égard au ton ou aux divers degrés du grave: à l’aigu & de l’aigu au grave. Mais c’eft aux propor- tions de ces mêmes fons , par rapport à leurs diver- fes durées du lent au vite &z du vite au lent, que la : imufique doit une grande partie de fon énergie, = Le sems eft lame de la mufique ; les airs dont la mefure eft lente, nous attriftent naturellement ; mais un air gai, vif & bien cadencé nous excite à la joie, ê£ à peine nos piés peuvent-ils fe retenir de danfer, tez la mefure, détruifez la proportion des sems, les mêmes airs refteront fans charmes &c fans force, & deviendront incapables de nous émouvoir, & même de nous plaire : mais le sers a fa force en lui-même, qui ne dépend que de hu, & qui peut fubffter fans la diverfité des fons. Le tambour nous en offre un exemple, quoique groffier & très-imparfait, vu que le fon ne s’y peut foutenir. Voyez TAMBOUR. On confidere le sms en mufique ou par rapport à la durée ou au mouvement général d’un air ,'&, felon ce fens, on dit qu'il eft vite ou lent, voyez Me- SURE , MOUVEMENT ; ou bien, felon les parties ali- quotes de chaque mefure , qui fe marquent par des mouvemens de la main ou du pié, & qu’on appelle . proprement des sms ; ou enfin felon la valeur ou le zems patticulier de chaque note. Voyez VALEUR DES NOTES. Nous avons fufifamment parlé au #04 RHYTME des sens de la mufique des Grecs ; il nous refte à ex- phiquer ici les sems de la mufique moderne. Nos anciens muficiens ne reconnoïfloient que deux efpeces de mefures; l'une à trois es, qu'ils ap- peiloïent rrefure parfaire ; & l'autre à deux, qu’ils traitoient de e/ure imparfaire, &tils appelloient sms, nodes ou prolations les fignes qu’ils ajoutoient à la clé pour déterminer l’une’ou l'autre de ces mefures. Ces fignes ne fervoient pas à cet unique ufage comme aujourd'hui, mais ils fixoient auf la valeur des no- tes les unes par rappoït aux autres, comme on a déja pu voir aux 015 MODE & PROLATION, fur la maxime, la longue &c la femi-breve. A l'égard de la breve , la manicre de la divifer étoitce qu'ils appel- loient plus précifément sms. Quand le séns étoit par- fait, la breve ou quarrée valoit trois rondes ou femi- breves, cils indiquoient cela par un cercle entier, Tome XVI, TEM 123 barré ou non-barré , & quelquefois encore par ce chiffre ?, | À: Quand le fers étoit imparfait, la breve ne valoit que deux rondes , & cela fe marquoit par un demi cercle ou C. Quelquefois ilstournoient le C à rebours amfi),& cela marquoit une diminution de moitié fur la valeur de chaque note ; nous indiquons cela aujourd’hui par Le C barré , d ; & c’eft ce que les Îtas liens appellent empo alla breve. Quelques-uns ont auf appellé sers majeur cette mefure du C barré où les notes ne durent qne la moitié de leur valeur or- dinaire, &c sèms mineur celle du C plein ou de la me: fure ordinaire à quatre res. Nous avons bien retenu la mefure triple des an Ciens ; mais par la plus étrange bifarrerie, de leurs deux manieres de divifer les notes , nous n'avons re- tenu que la foudouble ; de forte que toutes les fois qu'il eft queflion de divifer une mefure ou un tems en trois parties égales , nous n’avons aucun figne pour cela , & lon ne fait guere comment s’y pren- dre ; 1l faut recourir à des chiffres & à d’autres mifé- rables expédiens qui montrent bien l’infuffifance des fignes. Mais je parlerai de cela plus au-long au wo TRIPLE, Nous avons ajouté aux anciennes mufques une modification de £ems qui eft la mefure à quatre; mais comme elle fe peut toujours réfoudre en deux mefures à deux ses, on peut dire que nous n’avons que deux £ems êc trois sens pour parties aliquotes de toutes nos différentes mefures. Il y a autant de différentes valeurs de sms qu'il y _a de fortes de mefures & de différentes modifications de mouvement. Mais quand une fois l’efpece de la mefure & du mouvement font déterminés , toutes les mefures doivent être parfaitement égales, & par conféquent les rems doivent auffi être très-écaux en- treux : or pour s’aftrer de cette égalité, on marque chaque rems par un mouvement de la main ou du pié ; êc fur ces mouvemens, on regle exactement les différentes valeurs des notes felon le caratere de la mefure. C’eft une chofe très-merveilleufe de voir avec quelle précifion on vient à bout, à l’aide d’un peu d'habitude , de battre la mefure, de marquer &e de fuivre les ses avec une fi parfaite égalité, qu'il n’y a point de pendule qui furpañle en juftefle la main ou le pié d’un bon mufcien. Voyez BATTRE LA ME- SURE, | Des divers sems d’une mefure , il y en a de plus fenfibles & de plus marqués que les autres, quoique de valeur parfaitement égales ; le'ems qui marque davantage s’appelle sers fort, &c sems foible celui qui marque moins. M.Rameau appelle cela, après quel- ques anciens muficiens, ems bon 8T tems mauvais, Les tems forts {ont le premier dans la mefure à deux terns , le premier &cle troifieme dans la mefure à trois &t dans la mefure à quatre ; à l’égard du fecond sms, il eft toujours foible dans toutes les mefures, & il en eft de même du quatrieme dans la mefure à quatre LENS. Si l’on fubdivife chaque fers en deux autres pat ties égales qu’on peut encore appeller ss, on aura de-rechef sems fort pour la premiere moitié, &c rems foible pour la feconde, & il n’y a point de parties d’un zems fur laquelle on ne puifle imaginer la même divifion. Toute note qui commence fur le erms foible &c finit fur le sems fort, eft une note à contre-sems , & parce qu’elle choque & heurte en quelque ma- niére la mefure, on l'appelle fyzcope, Woyez SYN- COPE,, | Ces obfervations font néceffaires pour apprendre à bien préparer les diflonnances : car toute diflon- nance bien préparée doit l'être fur le sers foible & frappée fur Le sems fort, excepté cependant dans des fuites de cadences évitées , où cette regle , quoi- 122 THEN qu’encore indifpenfable pour la premiere diflon- nance , n’eft pas également praticable pour toutes les autres. Voyez DISSONNANCE , PRÉPARER, SYN- COPE. (S) TEms , ex Peinture, C’eft un très-petit contour. On dit, entre ces deux contoursily a unsezs, On dit encore, ce contour a deux sms ; C'eftà-dire , unefi petite finuofité, qu’elle ne forme pas deux contours difinés. TEMs , on appelle aïnfi en sermes de Manege, chä- Que mouvement accompli de quelque allure que ce {oit ; quelquefois ce terme fe prend à la lettre | & quelquefois il a une fignification plus étendue. Par exemple, quand on dit au manege, faire un tems de galop, c'eft faire une galopade qui ne dure pas long: tems ; mais lorfqu'on va au pas , au trot ou au galop, &c qu’on arréte un tems, C’eft arrêter prefque tout court, & remarcher fur le champ. Arrérer un demi- tems ,n’eft que fufpendre uninftant la vitefle &c Pal- lure du cheval pourla reprendre fans arrêter. Tes écoutés , c’eft la même chofe que Jourenus , voyez SouTEenus. Unbon homme de cheval doit être at- tentifh tousles sms du cheval, & les feconder à point nommé ; il ne doit laïiffer perdre aucun #75, autre- ment il laifle interrompre , faute d'aide , la cadence du cheval. | TEMS , effocade de , ( Efcrime.) c’eft frapper l’en- .nemi d’une botte dans l’inftant qu'ils’occupe de quel- que mouvement. TEMs, terme de Vénerie ; on dit revoir de bon tems , lorfque la voie eft fraiche &c de la nuit. . TEMPYRA, ( Géogr. anc. ) paflage étroit dans la Thrace , aux confins des Æri du côté du fepten- trion , felon Tite-live , y. XXXIII. chap. xl. Ovi- de en parle, Trife, eleg.viiy. Inde levi vento Zerynthia littora naülis Thraciam cetigit fa carina famon ? Salsus ab hac terré brevis ef Vempyra petentr. : Cellarius , geogr. ant. liv. Ile. xv. croit que c'eft le Temporum de Vitinéraire d'Antonin. (D. J. ) TENABLE, adj. serme de l'Art militaire, qui fe dit d’une place ou d’un ouvrage defortification que lon peut défendre contre les affaillans. Ce terme vient du latin rezere , tenir. On ne {e fert du mot sr4ble qu'avecunenégative: quand une place eft ouverte de tousles côtés,ou que {esfortifcations font abattties,on ditque la place n'eft plus srable : de même quand l'ennemi a gagné une certaine éminence qui domine un pofte ; on dit ce pofte n’eft plus senable. Chambers. TÉNACE & TÉNACITÉ, {. £. (Phyfique.) on dé- figne pat ces mots cette qualité des corps parlaquelle ils peuvent foutenir une preffion , une force , un ti- raillement confidérable fans fe rompre ; la qualité qui lui eft oppofée fe nomme fragilité. Les corps £é- naces fupportent l'effort de la percuflion ou de la pref- fon fans recevoir aucun dommage ; mais ici, com- me dans plufieurs autres cas, où nous employons les mots dur , doux, flexible, &c. nous les prenons dans un fens relatif aux degrés ordinaires de là force hu- maine ; autrement il feroit bien difficile de dire ce que c’eft que rénace , caffant , rude, doux, &c. Mém. de Pacad. de Berlin , année 1745: (D. 1.) TÉNACERIM, LA PROVINCE, ( Géog. mod. ) province des Indes au royaume de Siam , fur le golfe de Bengale. Elle prend fon nom de fa capitale. TÉNACERIM , ou TÉNASSERIM , ville des Indes, au royaume de Siam , dans la province de Ténace- rim, & près du golfe de Bengale , fur la riviere de même nom. Cette ville autrefois très-marchande , ne left plus aujourd’hui. Latir. 12. 45. (D.J.) TÉNACERIM, le, ( Géog. mod. jrivieredes Indes, au royaume de Siam; elle defcend des montagnes | TEN d'Ava, eft d'une grande étendue jointe à un cours rapide, parce qu'elle eft pleine de rochers. (D. J.) TÉNACITÉ pes numeurs, ( Médec. ) vice des humeurs , dont voici les effets. Elle caufe des ob- ftrutions , des “extenfions de vaifleaux , des dou- leurs, des tumeurs fur-toutaux glandes & aux plexus artériels. Lorfque l’acrimonie eft pareillement jointe À la rénacité, fuivant la diverfe proportion du con- cours de ces deux qualités , les petits vaïfleaux fe dé- truifent , les fluides s’extravafent, ce qui produit en- fuite des puftules, des inflammations , des gangre- nes, des ulceres , la carie & autres maux femblables. r Pacrimonie tantôt accompagne , & tantôt fuit la: cénacité. Les fignes de la réracité trop augmentée, font des tumeurs , des douleurs, des anxiétés ; Ja circulation , les excrétions empêchées, la lenteur ou la vifcofité des humeurs de la circulation , des fecrétions , des excrétions. Si le froid fe trouve avec ces fignes, foyez sûr que les matieres pituiteufes dominent ; mais s'ils font accompagnés d’une grande chaleur, cela dénote des matieres épaifles & enflammées. Les remedes à la réracité des humeurs confiftent À les rendre mobiles, &c en état depañer par les vaif-. feaux , on y parvient: 1°, Par des diffolvans aqueux, tiedes , en forme de boiflon , de fomentation, de vapeurs , debain , d'in- je&tion , appliqués de façon qu’ils foient approches de la partie obfédée le plus qu'il fera poffble, 2°. Par des falins réfolutifs appliqués de la même maniere. Le nitre , le fel de prunelle, le fel polycrefte , le nitre {bié, le fel gemme , le fel marin, le fel armoniac, la fleur de fel armoniac avec un fel aikalifixe , Le bo- rax, le fel de verre, les fels des végétaux brülés, les fels alkalis fixes, les fels alkalis volatils, le tartre fo- luble, le tattre régénéré, font les principaux. 3°. Par les matieres favonneufes faites d'huile tirée par ex- preffion , & d'alkah volatil, d'huile difillée & d’al- kali volatil. La bile des animaux fert aufli au même ufage, & Îles fucs déterffs des plantes. La laiue, l’hiéracium , {a dent-de-lion, lafcorfonere, labarbe- de-houc, la chicorée, l’endive, la faponaire, font les principales &c les meilleures. 4°. Par les matieres contraires à la caufe particuliere , qui faitla sracisés en {e {ervant de deux alkalis dans la coagulation pro- duite par des acides, des matieres fayonneufes dans la coagulation occañonnée par le repos, d'herbes ni- treufes & faponacées dans la ténacité phlogiftique. $°. Par les cordiaux , falns , aromatiques huileux , fpiritueux , confidérés comme devant fervir d’ai- euillons. On remet les voies embarraflées en état de laïfler pañler les liqueurs ; 1°. én ouvrant les conduits par la boiffon , les fomentations , les vapeurs , le bain ; par des éaux chaudes mélangées avec des émolliens , & des falins tempérés ; par une chaleur modérée, par des fridions feches où humides, chaudes. 2°, La même chofe fe fait en fomentant , en amolliflant, en agitant la matiere embarraflée dans les vaifleaux; en forte que le relâchement , la putréfa&tion , la fuppu- ration & la réfolution de la partie affettée , produi- {ent un écoulément de matiere purulente. Il convient d'employer à cet effet de douces farines de froment, defeigle, d'avoine, de lin, de feves , de pois, de lentilles , de fénugrec , Éc. des racines émollientes de mauve, de guimauve, de lis blanc, d'oignons cuits, des fleurs d’althæa,, de bouillon blanc, de mé- Jilot ; des feuilles de mauve , de gumauve, de branche urfine, de mercuriale , de pariétaire , de figuier, des jaunes-d'œufs ; des sommes aromatiques, | âcres, le fagapenum , le galbanum , lopopanax ; les emplätres , Les cataplafmes , les onguens qui Le font avec ces matieres. 3°. En ouvrant les voies à la ma- tiere ainfipréparée , par une inçifion faite avec un TEEN | fcalpel , où par l'application d’un cauftique, (D..7) TENAILÉE , f Ê (eurla l'ufage de prefque tous les Ouvriers.) ilfert à arracher ou à tenir quelque chofe. On appelle le mord de laterarlle, les deux demi-cer- cles qui font à un bout, parce qu'en fe rencontrant quand on les ferme , 1ls mordent pour ainf dire tou- tes Les chofes quife trouvent entre deux. Outre cette tenaille commune à toute forte d'ouvriers >H1yena de particulieres à certains arts & métiers , comme aux orfévres, aux fondeurs, aux monnoyeuts , aux maréchaux, aux ferruriers, Gc. V oyez les articles fuivans. TENAILLE , 1 f, (Docimaffique.) entreles uftenfi- les que l’art des eflais rend indifpenfables , on fait ufage de quatre fortes de ténailles, forcires. La premiere eft compoléede deux leviers de fer, longs de deux piés , épais de deux lignes, & attachés par le milieu à Paide Le axe qui permet à leurs bras de s'ouvrir & de fe fermer fans vaciller, Les bras def tinés à prendre les vaifleaux fe termineront en une efpece d’are de cercle , dont la convexité fera tour- née du côté de la partie extérieure, l’un defquels fera garni, comme d’une fous-tendante, d’une petite branche de fer large de deux lignes , épaifle, d’une feule , & longue à-peu-près de deux pouces. La par- tie de rayon, comprife entre chacun de fes arcs & fa corde, fera de trois lignes. Pour manier aifément cette senaille | on fait des anneaux à fes. bras fupé- rieurs en les courbant. Elle fert à retirer de deflous la moufile , les fcorificatoires , les coupelles & au- autres petits vaifleaux ; ce qui fe fait en infinuant les doigts de la main droite dans Les anneaux de fa partie fupérieure., la foutenant avec la main gauche pour lui donner plus d'appui, & en pinçant le bord droit du vaifleau , l'arc foutenu étant tourné en-dehors, pour l'empêcher de vaciller. La feconde zenaille efturne pince faite d’une lame d'acier fort polie, trempée comme un reflort, pref- que pointue par fon extrémité inférieure, & longue de fix pouces. Elle eft employée à prendre les grains de fin qui reftent {ur les coupelles ; ou autres petits corps quelconques. La troifieme seraille déflinéeà prendre des moyens creufets de fufon , ef longue de deux piés, ainfi que la premiere, & n’en differe que parce que les leviers dont elle eft compofée font plus forts, & que fes bras inférieurs {e terminent par-un bec long d’un pou- ce & demi & large de fix lignes; ce bec doit être arqué ; afin de s’ajufter aux parois des creufets qu'il doit embrañer étroitement : elle eft particulierement faite pour manier les vaifleaux médiocres dont l’on verfe le métal fondu dans des moules , ou dans une lingotiere. Comme les grands creufets , & principalement ceux qui contiennent une grande quantité de métal font plus fujets que les petits à contracter des félures, qui, à-moins qu’elles ne viennent de l’humidité de la tourte, commencent toujours par leur partie fu- périeure, & s'étendent pour l'ordinaire jufqu’au fond du creufet , fe formant aflez rarement en ligne circeu- laire ; on fe fert pour les Ôter du feu, d’une quatrie- me ceraille plus forte & plus longue que la premiere: à la partie interne de fon bras inférieur fera attaché un demi-cercle, dont le rayon de quatre pouces fera perpendiculaire au bras de la senaiile : \efecoud bras feramunide deux autres demi-cercles, l’unplus grand & l’autre plus petit que le précédent , & placés de même que lui ; mais difpofés de façon qu’il reftera entre chacune de leurs extrémités voifines un inter- valle d'un pouce , propre à recevoir le demi-cercle du premier bras. On peut, à la faveur de cette fruc- ture, tranfporter les moyens comme Les plus grands yaifleaux. Avant que de fe fervir de cette rezaille , on rougit médiocrement fes pinces , & on les appli- Tome XVI, TEN 123 que un peu au-deflons du bord fupérieur du creufet, que l’on enleve en sûreté au moyen du cercle dont l'un de fes côtés eftenvironnié. M. Cramera joint à là defcription qu'on vientdelire, des tenailles néceffai. res aux eflais, les figures de chaque wxaille en parti- cuber. (D. J.) | TENAILLES INCISIVES , n/frument de Chirurgie dont on fe fert pour couper deselquilles & des cartilages. Il y en a de différentes efpeces ; la premiere ( Voyez fe; 2. PL. XXI. ), eftlongue de fept pouces & demi; c'eft une efpece de pincette dont les branches font jointes par jonétion pañlée. Voy. JONCTION PASSÉE, L'extrémité antérieure de chaque branche eft un demi-croiflant, un peu alongé, plus épais près de fa jonétion, mais qui va en diminuant d'épaifleur, pouratuigmenter en largeur, &c fe terminer parun tranchant qui a un pouce quatre lignes d’étendue. Les extrémités poftérieures de ces branches-ont environ cing pouces , elles font épaifles près de leut jonfhon, où elles ont cinq lignes & démie de latge; leur fürface extérieure eft placée près de leutjonc- ton, & elle devient plus large & arrondie vers leut extrémite, afin de leur tenir lieu de poignée; ces extrémités font naturellement écartées l'une dé l'au- ire, par un reñort de deux pouces fept lignes de long, dont la bafe eft attachée fur la branche femel- le , par un clou rivé. - Pour peu qu'il y ait de réfiftance dans les parties qu'on veut couper avec ces rezailles, on a beaucoup de difficultés , parce que les deux tranchans s’afron- tent & s'appliquent perpendiculairement lun fur l’au- tre: on fe fert plus commodément de lefbece de c:- feaux appellés par les ouvriers cifoires. Voyez Cisor- RE, Cet inflrument connu des ouvriers qui coupent le fer, peut être fortutileen chiruroie; il a beaucoup de force, parce que la puiffance eft éloignée du point d'appui, &t que la réfiftance eft proche ; & en outre parce que les tranchans ne font point oppofés l’un à l'autre , comme dans la reraille incifive Que nous ve- nons de décrire. à L'ufage des cifoires confifte à couper des efquilies d'os, des côtes , des cartilages, &c. Voyez figure 4. PL XL | La figure 3. repréfente une autre efpece de senaille incifive, fort utile pour couper les ongles des piés &€ des mains , & principalement ceux qui entrent dans la chair. Voyez PreriGyum. On s’en fert auf pour coupér les petites efquilles d'os, & principalement les grandes inégalités qui fe trouvent quelquefois après l'opération du trépan , ou bien les pointes qui percent , ou peuvent percer la dure-mere, Ces {or- tes de pincettes n’ont pas plus de quatre pouces de longueur ; les branches font jointes par jonétion paf- fée; leur partie antérieure eft une petite lame longue dedix lignes, évuidée en dedans, convexe & polie en dehors , coupée en talus depuis la jonétion jufqu’à la pointe , & terminée en pointe; chaque lame eft tranchante par l'endroit qu’elles fe joignent ; les deux branches poftérieures , qui font la poignée, font recourbées en arc, & fe tiennent écartées paf un fimple reflort, qui doit avoir au moins un pouce de long. (F) TENAILLE, (owil d'Arquebufier.) ces tenaillesrel- femblent aux tezailles en bois des fourbiffeurs ; les ar- quebufers s’en fervent pour ferrer un canon de fufil dans lPétau ; ils en ont auñf qui font garnies de pla- ques de liege, pour ferrer un bois de fufil dans lé- tau ; attendu que s'ils ne prenoient point cette préé caution , les senailles marqueroient fur le bois, êc le gâteroient, Voyez les Planches du Fourbifiur. TENAILLES DROITES , ( outil dArquebufier ) ces tenailles font faites comme celles des ferruriers , & fervent aux arquebufers pour faire chauffer le fer à Q ï 124 T EN a forge , &letenir furlerclume. Voyez TENAÏLEES, {:Serrurerie.) TENAILLESA CROCHET, (owril d Arquebujiér) ces “senailles font faites comme celles des ferruriers , &z fervent-aux arquebufiers aux mêmes ufages querles “tenailles droites. \ . | TENAILLES AVIS , (oucil d’Arquebufier ) ces fénail- des à vis s'appellent auf ésau à main, & font fates comme celles desferruriers:, horlogers , &c. les ar- quebufiers s’en fervent à differens ufages , &c eñ ont à mâchoire plate, 8 à mâchoire d'étau. Voyez PI «d Horlogerie. TENAILLES A'CHANFRIN, (outil d Arquebufrerÿces #erailles font exaËtement faites comme celles des fer- ruriers, & fervent aux arquebufiers pour tenir des pieces de côté dansleuriétau &t les limer plus fa- cilement. ETUDE) TENAILLES, en teriie de Batteur d’or, font des pin- ces dont les mâchoires font plates & unies, dont l’une des branches à l’autre extrémité, s’arrète dans une petite plaque de fer percée de plufeurs trous ; ces tenaïlles font foutenues fur une efpece de patteen cercle, foudée à. deux pouces des mâchoires, afin qu'elles foient de la hauteur del’outil, qu’elles aflu- jettiflent pendant qu'on lemplit, Voyez OvTiz. TENAILLES À BOUCLES , en terme de Bijoutier , font des renailles dont les queues font droites &c pla- tes dans toutes leur longueur, &c arrondies par le ‘bout, le long defquelles coule une boucle de fer qui fert à ouvrir ou fermer plus ou moins les mâchoires des enailles , qui n'ont rien de particulier quant à eut forme. Voyez PI. d'Horlogerie, TENAILLES CROCHES , e terme de Metteur èn œu- re, font des térailles qui ne différent des pinces or “dinaires que par l’une de leurs mâchoires, qui forme ‘un demi-cercle , & fe termine en une pointe qui en- ‘tre dans la place deflinée au chaton , &c. on fefert des renailles croches pour le limer; fa culaffe s’appuie contre la mâchoire droité & plate , pendant que le morceau de métal où l’on a fait fa place , eft retenu dans la mâchoire courbe : on les appelle encore se- nailles à chaton. Voyez les Planches du Merreur en œuvre, TENAILLES PLATES , ex rerme de Bijoutier , font des pinces dont les mâchoires font plates, 8 dont les branches qui fervent de queue on manche, font re- courbéesen-dedans. Vcyez PL. d’Horlogerie. -TENAILLES , inftrument de fer dont les Bourreliers {e fervent pour tirer & alonger leur cuir. Ces serail- Les font faites exa@tement comme les renailles des cor- donniers. TENAILLES , er terme de Bouronnier, font des ef- eces de pinces d’une feule piece , dont chaque mä- choire eft plate en-dedans , & forme en dehors une efpece de glacis, jufqu’à l’endroit qui s’'appuye fur Pétau : on s’en fert fur-tout pour tenir les gros clous de catofle dans létau. Voyez les Planches du Doreur Jar cuur. TENAILLES , outil de Charron , ces tenaïlles font exaltement faites comme les pinces de forge des ma- réchaux , & fervent aux charrons pour tirer du feu les chevilles qu'ils font rougir, &c Les pofer dans leurs ouvrages. Voyez les Planches du Maréchal. TENAILLES, ( Cordon.) elles n'ont rien de remar- quable que leur force ; elles fervent à arracher les clous. Voyez les Pl. du Cordonnier bottier. _ TENAILLES, (Cour.) ‘ces forgerons ont les mêmes tenailles que les ferruriers & Îles taillandiers. Voyez ces TENAILLES. Quelques-unes font échancrées en- treles mâchoires, de maniere à pouvoir y placer la queue d’une piece à demi forgée : on les appelle se- naille a rabattre, TENAILLES , ez cerme de Diamantaires , font des gfpeces de pinces plates , dont les mächoires ont TEEN uñe gravüfe par le bout pour recevoir la queué de la coquille, elles font preflées plus où moins paf un écrou-; la queue de ces reraillès ne forme qu'us feul brin plat, & qui-va toujours en s’élargifant juiqu'à fon extrémité qui fe cloûe fur deux pies dé bois de la même piece, qui repréfentent uné forte d'arcade, les renailles s'appurent par chaqué bout contre deëx chevilles , lune à gauche, & Pautre à droïte, pour les fxer fur le même point, & fe chargent de plombs plus forts à proportion qu’on veut faire plus-ou moins manger le diamant. Voyez les PL du Diamantaire, | La premiere repréfente es rezailles en fituation fut la metle. Voyez MOUTIN. | “La feconde repréfente la renaille entiere, garnié d’une coquille , dont la queue pañle au-deflus dé la tenaille, elle eft retenue entréles deux mâchoires par Pécrou. TELE La roifierne fioure tepréfente la même rezaille dont la mâchoire ‘antérieure eft ôtée, la piece de bois faite en arcade, avec laquelle eft aflembiée la ma- choire immobile, la’ vis qui traverfé les deux mâ- choires, le bifeau fur lequel s’appuye l’autre imâ: choire , qu’on peut auffi affembler à éharniere, l’au- tre mâchoire, #l’écrou quiferre les deux mâchoires lune contre l’autre , enfin la clé qui fert à ferrer lécrou: TENAILLES À BOUCLES , en serme de Doreur , font des remailles dont les mâchoires renverfées en-de- hors, repréfentent la lettre T', elles fe ferrent dans létau, & fervent à appréter les boucles ; elles font d’une grandeur proportionnée aux boucles, 6, Foy, Les PL, du Doreur. TENAILLES À DRESSER, ezrermed'Epinglier, née different des serailles ordinaires que parce que leurs mächoires font tranchantes: on les appelle sriguoifes, TENAIELES , outil de Ferblantier, ces tenailles w’ont rien d'extraordinaire. Voyez les Planches du Fer- _blantier. TENAILLES des Fondeurs ; appellées kappes ; fortes de pinces avec lefquelles ils prennent les creufets dans le fourneau, pour verfer le métal fondu qu'ils contiennent dans les moules dont on veut qu'ilpren- nent la figure, Woyez PL du Fondeur en cuivre, & l’article HapPEes , 6 FONDEUR EN SABLE. TENAILLES TRANCHANTES, outil dont les Bim= bloriers faifeurs de dragées au moule fe fervent pour fé- parer les dragées qui tiennent à la branche ou jet principal. Voyez des fig. des Planc, de la fonte des dra- gées moulées. Ces renailles font compofées de deux branches c C, b B jointes erifemble par un clou à deux têtes À. Les becs cc, bb de ces renaiïlles {ont des tran- chans d’acier bien afñlés, entre lefquelles on préfente les branches de dragées, enforte que les tranchans coupent Les jets qui uniffent chaque dragée à la bran- che qui eft le jet commun. On coupe en ferrant dans la mair les deux poignées de bois BC, qui terminent les branches de la serxille, TENAILLES DE BOIS, ex erme de Fourbiffeur, font des fortes de pinces de bois dans lefquelles on ferre les pieces d’une garde pour les cifeler, & empêcher que létau neles endommage. Voyez les PL. du Four- biffeur, TENAILLES À vis , eft un outil repréfenté dans les PI, de la Gravure,dont fe fervent les Graveurspour tenir la planche, & ne fe point brûler pendant qu'ils noirciflent le vernis, comme on peut le voir aux fig. de la vignette, ou aux fig. de la même Planche, qu repréfente une planche prife par la senaille. TENAILLE, ( Horlogerie, ) inftrument dont on fe fert pour tenir quelque piece de métal ou agirfurelle avec force. Il y en a de différentes efpeces ; celles dont les Horlogers font ufage, font 1°.les sezzilles à vis, Voyez-les dans les Pl, de l'Horlogerie ; elles confif= TEN Yentendeux brañches 42, 4C, dont Puns 4 ef mobile autour du point À, êt fur un refiort cireu- laire r, par le moyen de là vis 7: On appro- che leurs machoires € B l’une de l'autre, & l’on ÿ prefle la piece que lon y veut tenir. Dans la même Planche on a repréfenté une petite reraille de la mêmeefpece, terminée par un manche. 2° Les Jig.fur- vantes dela même Planche repréfentent des tenaitles qu'on appelle senailles à boucles ; dont les mâchoïres 1ont prefiées l’une contre l’autre a moyen des bou- clés où coulans B BP, & dont les branches font ou mobiles für un centre en €; ou à reflort, comme celle de lapetite reraile Tqui eftune efpece dé porte- crayon ajuité dans un manche, lequel eft percé d’ou- tre-en-outre , pour laifler pañler le fil de laiton dont on fe fert pour faire des goupilles, 3°, Les senailes à couper dont les machoires mm font tranchantes ; © fervent à couper de petites parties de métal. TENAILLES de Menuifrer, elles font communes ; elles fervent à arracher les clous. TENAIDLES À ETIRER, er rerme d'Orfevre, font de grofies pinces proportionnées néanmoins à la srof. £eur du fil qu’elles prennent en fortant dela fliere. Leurs machoires font taillées comme une lime. Elles font compoices de deux branches qui s'appliquent lune für l’autre en fe croïfant un peu, s’approchent Pune de Pautre à la tête, autant qu'on veut , 8 qué la piece qu’elles tiennent le permet. Chacune de ces branches fe terminent à l’autre bout par un crochet où s'attache là corde ou la fangle. Foyez CORDE 04 SANGLE. Voyez les Planches. TENAILLES À FONDRE , en rérime d'Orfèvre en grofe Jerie, ce font de grofles senaïlles qui different peudes éerzailles ordinaires, fi/ce n'eft que les pinces font longues & recourbées quarrément, On s’en fert pour | tirer les creufets du feu, & pour verfer l'argent où Por dans les lingotiers. Voyez les Planches. TENAILLES A FORGER, 62 terme d'Orfèvre, font des wrailles groffes par proportion à la piece que lon forge ; on les appelle senilles à forger , parce qu'on sen fert pour retenir les pieces d’orfevrerie fur l’enclume. Foyez Zes Planches. TENAILLE A JETTER, owril de Potier d’étain ÿ qui fert à jetter en moule de la vaifelle ; cette renaitle eft compofée de deux branches de fer qui fe féparent au miheu pourpañet la queue du noyau du moule ;elles joignent enfemble par Le boutau moyen d’un crochet & d'un trou où iltient, & par l’autre bout qui eft du côté de ouvrier qui travaille ; les deux bouts font garnis de dents rondes; on ferre ces branches qui embraflent le moule avec la main droite, & de la gauche on poufle un anneau ovale de fer qui tient tout en refpeét lorfqu’on jette ; le moule doit être à plat fur la seraille, lorfqu’on le ferre ou qu'on le veut Ouvrir, & Cette ceraille eft pofée fur la felle à jetter. #oyez JETTER L’ÉTAIN EN MOULE 8 Les figures des Planches di Porier d’érain, TENAIÏLLE À PAILLONNER , eft ün autre oùtil de fer qui fert à tenir les pieces de vaïfielle fur le feu , quand on les pailionne. Les queuesfeferrentauff avec un anneau , & ont des dents comme la tenaille à jer- £er. Voyez PAILLONNER & Zes mêmes PL. ci-deffus. TENAILLE , ( Serrwrier, les senailles de forces font compofées de deux branches de fer fixées enfemble par une rivure. Laipartie qui fert à ferrer le fer à for- geffleit de fer quarré depüis la rivure , & porte de longüeur depuis trois pouces jufqu’à cinq: Les btan- ches depuis la rivure jufqu’à leurs extrémités font arrondies, 6c plus menues , plus où moins longues, felon la force de la renaille. I] y ena de droites & de: coudées. | Laterarlle à chamftein a fa rivure À l'extrémité des branches, & fes deux machoires font coudées l’une {ur l’autre en bâton rompu, On la place dans l’éfau; elle ferre la piece à limer, TEN 123 La téraille à vis reflémble 4 un petit êtau à main qui n’a point dé patte, On s’en fert pour tenir les pieces d'ouvrages à limer. | TENAYTLLES, enverme de Cornerier Tabletier , Ce font des pinces à main qui ne different des pinces propre: iment dites, gwen ce qu’elles font plus courtes, fans, clé, 8r que c’eft par leur moyen que l'ouviier abat des pinces une piece qu'il Veut ouvrir. Poÿéz Les Planches. TENATELE, ( Tailand.) ce font les mêmes que celles du ferrurier &c des autres forgerons. j FENAILLES des Enfèüles, (Hifl. desinfeët. partié creufe &t percée que plufieurs infeétes ont au bout de la tête, & dont ils fe fervent pour piquer , tuer d’autres infe@tes, & les fucer. Il y a divers genres d’infectestrés-carnaciers ; aux quels on n’apperçoit d’abord ni bouche, ai trompe , ñi aucune ouverture apparente par où l’on puffé . foupçonner qu'ils prenhent leur nourriture. On fe fisureroit prefque qu'ils vivent de Pait, fi deux orandes jezailles en forme de cornes recourhées qu’ ils ont àvla tête , n’aännonçoient qu'il leur fut un als ment plus folide, Ce font ces deux smailles même _ Qui leur fervent de trompe & de bouche; elles font creufes &T percées, où fendues vers leur extrémité à ils les enféncent dans le cofps des animaux dont ils Veulent fe nourrir | 8e fücent au-travers de ces ve nailles tout l'intérieur de l'animal faifi Voyez la f- gure de cette partie des infe@es dans la Micographie de Hook. (D: J.) | TENATLLE LA , ér1 teÿme dé Fortificahon, eft une efpece d'ouvrage extérieur compofé de deux faces qui fofment un anglé rentrant, & de plus de deux longs côtés paralleles ou à-péu-près paralleles. Cette forte d'ouvrage n’eft plus guere en ufage, parce que l’angle rentrant que formént fes faces, n’ett point dés fendu: Ipeut fervir feulement dans des retranche- mens Ou autres ouvrages de terre très-peu élevés. Voyez; OUVRAGE EXTÉRIEUR, ANGLE MORT G@ QUEUE D’ARONDE. [l'y a deux fortes dé tenailles , favoit la firmple 8 la double : la renuille fimple eft un grand ouvrage extérieur, comme D 4 BCE, compofé de deux faces ou côtés 4 B & CB > Qui renferment l'angle faillant 2: Voyez PL 1. de fortif. fo. 12. La zeraille double où flanquée eft auf un grand Ouvrage extérieur compolé de deux snailles fimpies ou de trois angles faillans & de deux angles rentrans FG H & HI, Vôyez PL I de fortif. fig. 14, Voyez auf FLANQUÉ. Les grands défauts dés señailles font 1°. qu’elles embraflent ttop de terrein, ce qui donne de l’avanta- ge aux ennemis; 29. que l’angle B eft fans défenfe : la hauteur du parapet empêchant les affiévés de voir ce qui fe pafñlé en-bas, de forte que les ennemis peu vent s’y loger & fe mettre ä-couvert; 3°. que les faces 4 B & B C ne font pas flanquées fufifam- ment, C'eft pour toutes ces raifons [à queles plus habiles ingénieurs ont exclu les senailles des fortifications, & que ; fi quelquefois ils en font encore, cen'eft que faute de tems pour faire un ouvrage à cornes, La senuille de la place eft le front de la placé com: pris entre les pointes de deux baftions voifins ; ellé eft compofée de la courtine des deux flancs élevés fur cette ligne &c des deux faces qui joignent ces flancs. Voyez BASTION, COURTINE » Gc. de forte que la sezaille eftee qu’on appelle auf la face où plu: tôt le front d’une forterefle. Voyez FACE, FRONT & PLACE FORTIFIÉE, : TENAILLE DU FOSSE , eftun ouvrage bas aûé lon fait devant la courtine au milieu du fofé. Poyez FOSSE. On en fait de trois fortes ; la premiere eft compos M6 TEN fée d’une couttine, de deux flancs & de deux faces; le rempart de la courtine contenant le parapet , & le talut n’a que cinq toïfes d’épaifleur ; maïs le rem- part des flancs & des faces en a fept. Voyez cab. fornif. Fig. 21 litre. / La feconde que M. de Vauban trouve de fort bon- " ne défente, n’eft compofée que de deux faces élevées far les lignes de défenfes ; fon rempart & es faces font paralleles, | La troifieme forte ne differe de la feconde qu’en ce que fon rempart eft parallele à la courtine de la place. Telle eft celle que M. de Vauban a confiruite à Landau &c au neuf Brifach. Elles font toutes trois de bonne défenfe pour le foflé , & elles font fi bafles, que le canon des affé- . geans ne peut y atteindre avant qu'ils foient maitres du chemin couvert, & qu'ils y aient planté leur ar- HHÉRE La renaillefert à augmenter la défenfe dufofié. Les coups qui partent de cet ouvrage qui eft peu élevé , font plus dangereux que ceux qu font tirés desflancs de la place. La premiere efpece de senaille, c'eft-à- dire, celle qui a des flancs, fe nomme sexaille à flancs; les deux autres fe nomment rezailles fumples, M. Je maréchal de Vauban qui eft l'inventeur des salles, après s'être d’abord fervi des sezailles à flancs, leura préféré dans la fuite les fimples, parce que les flancs des premieres peuvent être aifément enfilés du rem- part de la demi-lune. Cet inconvénient ne fe trouve point dans la renaille fimple, mais auff fon feu eft fort oblique. Pour conftruire la seraille à flancs, 1l faut r°.me- ner ( PL. I. des fortif. fig. 8. )la ligne G X parallele à la courtine R S, & éloignée de trois toifes de cette ligne; 2° mener Les lignes G J & AK paralleles aux flancs RE ,SF, à la diftance de cinq toifes; 3°. ti- rer les lignes de défenfe 45 & B R ; puis du fom- met M de l'angle flanquant , il faut prendre de part & d'autre MN, M P égales chacune à la moitié de MI& MK, & des points N & P abaïfier les per- pendiculaires NO, P Q fur les lignes de défenfe BR, AS. Ces perpendiculaires feront Les flancs de la renaille ; IN & P R en feront les faces, & O Q la Courtine ; 4°. à trois toifes du trait principal on lui menera en-dedans des paralleles à la diftance de trois toifes, pour déterminer fon parapet. On donnera cinq ou fix toiles au terreplein de la senaille vis-à-vis les faces , & deux ou trois à celui de la courtine. Si la diftance de la ligne G H à la courtine O Q eft moindre que de cinq toifes ,on commencera par me- ner une parallele de deux toifes à la ligne G pour le terre-plein de la enaille vis-à-vis la courtine, êc enfuite une autre parallele à la diftance de troistoifes de cette ligne, qui terminera la longueur des flancs NO, PQ par fa rencontre avec ces flancs, & qui fera le côté extérieur du parapet de la courtine de la tenaille. Il y a une banquette à [a senarlle, comme au para- pet du corps dela place ; on en conftruit même ordi- nairement deux (is-à-vis les faces, parce que pour couvrir les flancs, on en éleve davantage le parapet. La cenaille fe partage en deux parties par un petit foflé M V qu’on pratique au milieu de fa courtine. On communique dans les deux parties de la srarlle par un petit pont qui les joint enfemble. Pour conftruire la reraille fimple , 1l faut auffime- ner d’abord( PL. I. de fortificarion fig. 9. ) une paral- lete D C à la courtine 4 B, qui en foit éloignée de trois toiles : tirer après cela les lignes de défenfe OB, P A, & mener des paralleles D ÆE, CFaux flancs AG, B H à la diftance de cingtoiïfes. On mene en- fuite des paralleles au trait principal £ M F, à la dif- tance de trois toifes , pour avoir le parapet de la £e- naille, & d’autres paralleles à cette derniere à la dif- TEN tance degina où fix toifes pour.en avoir le terre- leur. CCR Les Lorfque les lignes À X, NF qui terminent le terreplein de la sezaille, rencontrent la ligne 2Cpa- tallele à la courtine dans des points Xée P( PZ I de fortification fig. 10. ) éloïgnés de plufieurs toifes du milieu de la seraille, alors cet ouvrage eft brifé dans cette partie. On termine dans ce cas le terreplein du milieu de la remaille par une parallele 4 D € prife à la diflance de deux eu trois toifes de cette ligne, & le parapet par une autre parallele à la diftance de trois toifes de la précédente ; elle donne le côté ex- térieur de la partie RS de la renaille, c’eft-à-dire qu’elle coupera les lignes £ M, M Fdans des points R 8 S qui termineront :a brifure de la seraille. Il eft évident par la conftruétion qu’on vient de donner des différentes renailles, que cet ouvrage eit entierement olé ou détaché de la place. Sa diftance au revêtement du rempart le met à l'abri des éclats caufés pat la ruine ou la deftruétion du rempart. Sa fituation vis-à-vis la couttine ne permet pas qu'ilfoit enfiié. Ainf la renaille a tous les principaux avantages de la faufle braie fans’en avoir les défauts. Auffi M. le Maréchal de Vauban l’a-t-il fubftituée aux faufles, braies. Voyez FAUSSES BRAIES. (Q) | TENAILLÉE , {.f, en rerme d'Epinglier, c'eitune quantité de tronçons que lempointeurprend à-peu- près pour les porter fur la meule. Il les tient dans Les deux mains comme on le voit PJ, de l’Epinglier ,re- préfenté ; on les fait rouler entre les doigts en avan- çant & retirant alternativement les pouces des deux mains pour préfenter les différens côtés des tronçons à la meule. Voyez les fig. de la même Planche. TENAILLER , v.aét. ( Hiff. des fup. ) c’eft tour- menter un criminel avec des tenailles ardentes. On ” ne condamne guere à ce fupplice que ceux qui ont attenté à la perfonne du roi. Ravaillac fut semarlle aux mamelles, aux bras & aux cuifles, pour avoiraffaffiné Henri IV. l TENAILLONS o4 GRANDES LUNETTES, font des ouvrages qui couvrent les faces des demi-lunes,êc qui leur fervent d’efpece de contre-gardes. ” Le terme de rezaillons ne paroïît avoir été enufage que depuis le fiege de Lille, en 1708. On appelle ainfi les grandes lunettes dans la relation de ce fa- meux fiege , & ce terme eft aétuellement plus com- mun & mieux établi parmi les militaires que celui de grandes lunettes. | Pour conftruire les senaïllons ou grandes. lunettes, il faut prolonger les faces BD, CD de la demi-lune, ( PL. V. des Fortifications , fig. 1.) ndéfinitivement au- delà de fa contrefcarpe ; prendre EF de 3otoifes, & HG de 15; tirant enfuite la ligne GF, l’on aura la moitié de la lunette, donc GF'& FE feront les faces: HE 8 HG les. demi-gorges. Si lon fait la même opération fur le prolongement de l'autre face CB de la demi-lune # , on aura la lunette ou le serarflon tracé. La lunette aunrempart,un parapet,8c un foffé le long de fes faces, comme la demi-lune : fon rempart eft feu- lement de 3 piés plus bas que celui de la demi-lune, êt fon foffé a la même largeur que celui de cet ou- vrage. La lunette ou senaïllon eft flänqué de la face du baftion & de celle de la demi-lune. (Q) TENAN , (Géog. mod.) petite province du royau- me de Tonquin, la plus orientale de ce royaume rapporte principalement du riz. (2. J.) TENANCIER , {. m, (Gran. 6 Jurifprud.) eft ce- lui qui tient & poflede un héritage ou fa part d'un tenement ou domaine; les co-tenanciers font ceux quitiennent conjointement un même domaine. Poyeg PERSONNIER, TENEMENT. (4 TENANT , fm. (Æif. de la chevalerie.) on appel- loit proprement £erans , ceux qui ouvroient le car- l roufel , & qui faifoient les premiers défis par les cär- tels que publioient les hérauts ; c’étoit eux qui com- pofoient la premiere quadrille ; les autres chevaliers étoient les aflaillans. Les sans furent ainf somimés, parce qu'ils foutenoient les armes à la main Les pro- pofitions qu'ils avoient avancées, (D. J.) he TENANT , terme de Blafon , ce mot fe dit de ce qui foutient les écus ou les armoiries , & eît Le plus fou- vent fynonymeavec /upporr, La différence que quel- ques-uns y mettent, c’eft de dire que les fezars font feuls, & que les fupports font doubles , 8& mis des deux côtés de l’écu ; ou bien les fupports font des f- gutes d'animaux, &c les cenans des figures humaines. Il y en a de plufeurs figures, de même que les fup- ports, conune les anges , les pucelles, les religieux, les fauvages , les mores, les bons, les Iéopards , li- cornes, aioles, griffons, re. Les armes de Naples, par exemple ; font d’azur femé de fleurs-de-lis d’or au lambel de gueule en chef, &g1l a pour serans deux fyrenes ou femmes marines au naturel. Les premiers renans ont été des troncs ou des bran- ches d'arbres , auxquels les écuflons étoient attachés avec des courroies & des boucles. Depuis on a re- préfenté les chevaliers serans eux-même leur écu attaché à leur cou , ou fur lequel ils s’appuyoient, .comme on voit Philippe de Valois fur les deniers d'or battus en 1336. L'origine de ces £enans vient de ce que dans les anciens tournois les chevaliers faïfoient porter leur écu par des valets déguifés en ours , lions, monf- tres, G'c. pat des mores, des fauvages ou des dieux fabuleux de l'antiquité, lefquelstenoient auff, & gar- doient les écus que les chevaliers étoient obligés d'employer pendant quelque-tems , pour ouvrir les pas d'armes , afin que ceux qui les vouloient com- battre les allaflent toucher. Il y a eu auf des sezans qui ont été tirés des corps des devifes & des animaux du blafon , comme le porc-épi de Louis XIT. la fala- mandre de François I. &c. P. Menerrier. (D. J.) TENANS ET ABOUTISSANS , (Jurifprud.) font les confins d’un héritage, ceux auxquels 1l tient & abou- tit dans les contrats de vente ou de louage , dans les aveux & reconnoïfflances, on doit exprimer les sezans & aboutiffans, & fur-tout dans les demandes en défif tement ou en déclaration d’hypotheque, &z autres . femblables , afñn que l’on puifle connoître d’une ma- _niere certaine dequel héritage il s’agit. Voyez Aveu, CoNFINS , DÉCLARATION, LIMITES, RECONNOIS- . SANCE. (4) TÉNARE, {.m. (Mycholopie.) comme à moitié de _ la hauteur de ce promontoire de la Lacomie , il fe _trouvoit un abime ou prodigieufe caverne dont l’en- trée étoit très-obfcure , £erariæ fauces , il n’en fallut pas davantage aux poëtes pour en faire le foupirail _des enfers, où Pluton donne des lois, rex férreus orci, fligii dominator averni. Là, difent-ils, La regne en un morne filence Ce tyran aux féveres traits , Près de la beauté dont l’abfence Caufa tant de pleurs a Cérès ; La douleur, la faim, le carnage, Le defefpoir , l’aveugle rage Sont fes minifires odieux, Que pour plaire au roi du Ténare Se difputent l'honneur barbare De mieux peupler les [ombres lieux. Orphée , fi nous en croyons les mêmes poëtes, pénétra par le foupirail du promontoire de Laconie dans les profondes demeures du tartare, & enchanta * tous les habitans par les accords de falyre, C’eftpar-la qu'un mortel, forçant les rives fombres Alu Juperbe tyran qui reane fur les ombres Fit refpeëter fa voix ; Heureux, forrop épris d'une beauré rendue , Par un excès d'amour il ne l'eûr poire perdue Une feconde fois. ; Hécatée de Milet a eu une idée fort raifonnable, quand 1l dit que cette çaverme du sézare, fervoit aps paramment de repaire à un gros ferpent, que lon appelloit Le chien des enfers | parce que quiconque en étoit mordu , perdoit la vie ; mais Hercule trouva le moyen de le tuer & de le faire voir à Euryfthée, (D;.3.) TÉRARE, (Géog. anc. ) Tenaria, promontoire au midi du Péloponnèfe , entre le solfe de Meflénie & celui de Laconie, avec une ville de même nom. Ptolomée , Z. LIL, c. xyj. appelle le promontoire Tæ- naria, ct la ville Tenarium. Le promontoire Terarum, dit Paufanias , Lacon. cap.xxv. avance confidérablement dans la mer ,& at bout de quarante ftades, on trouve la ville de Cue. zopols , dont l’ancien nom étoit Tœnarum. Il y avoit outre cela un célebre temple de Neptu: ne fur le promontoire Tænarum : Frum Nepuni ef Tenart, dit Cornélius Népos , god violare nefas di- cunt Grœct. Strabon ajoute que ce temple éroit dans un bois facré ; Paufanias nous apprend que ce tem ple étoit en forme de caverne, & qu'au-devant on voyoit la ffatue de Neptune, Ces deux derniers au: teurs rapportent la fable qui vouloit que ce fût par- là qu'Hercule füt defcendu aux enfers. Le promontoire eft nommé aujourd’hui le Cap de Marapan , &t la ville Tœnarium pourroït bien être Le port des Cäilles, Porro-Caglie, On tiroit autrefois du mont Tézare du cryftal de roche, &t d’autres pierres dures; les Grecs difent que les veines en font encore fécondes, &z que les habitans ne les négligent , que pour ne pas attirer les Turcs chez eux, (D, 7.) TENARIEN, MARBRE , Tenarium marbor ( FH ff, nat.) nom d'un marbre dont il eft parlé dans les ou- vrages des anciens ; 1l y en avoit de deux efpeces très-différentes , l’un étoit noir, très-dur > & prenant un trés-beau poli, il {e tiroit.du promontoire de Te nare dans le territoire de Lacédémone., L'autre qui étoit plus eflimé & plus rare étoit d’un verd tirant fur le jaune; quelquefois ce dernier étoit appellé mmarmor herbofum ou xanthon, TEÉNARIES ) ( {nt1q. greques. ) Tæs/æpre fête en l'honneur de Neptune furnommé Ténarien, de Téna- re,promontoire en Laconie, où il avoit un temple, Potter. Arch&ol. græc. 1. I. p.432. (D.J7.) TENARIUS ; (Myrhol.) furnom de Neptune, à caufe du temple en forme de grotte que €e dieu avoit fur le promontoire de Ténare. TENBY , (Géog. mod.) ville à marché d’Anoles terre , en Pembrock-Shire , fur la côte ra nord de la pointe de Ludfol. Elle eft jolie, & renommée pour l’abondance de poïffon qu’on y prend, TENCHE , voyez TANCHE. TENÇONS ou TENSONS, £ mi. ph (Lang. franc.) c’eft ainfi qu’on appelloit des queftiôns galantes fur l'amour , que les anciens poëtes francois mirent en vogue, &c qui donnerent lieu à l’établiffement d’une cour, qu’on nomma la cour d'amour, Là des gens d’ef prit terminoient par leur décifion , les difputes que les serçons avoient fait naître , & les arrêts de ce tri bunal étoient irréfragables, La Picardie tenoit aufi à Pimitation de la cour d'amour de Provence, fes plaids 6 giéux fous lormel,qui avoient la même origine & le même but. Martial d'Auvergne nous a donné un re- cueil de ces jugemens galans , ou du-moins faits À leur imitation , fous Le titre d’erre/fa amorum ; jen ai parlé ailleurs. On trouve plufieurs exemples de #7- Jons dans les poëfies de Thibaut, comte de Champa- 127 D ES 2 10) de Navarre, (2, J,) FE BT 128 TER TENCTERI, ( Géog. arc.) peuples de la Germa- nie. Les Cattes les ayant chaflés de leur premmere demeure , fs fürent errans pendant trois ans, &e vin- rent en£n s'établir fur le Rhin, à la droite de ce fleuve dans le pays des Ménapiens. Drufus les fub- jugua , &c ils devinrentälors amis du peuple romain. Il paroît qu'ils habitoient vis-ä-Vis de Cologne, dont ils étoient féparés par le Rhin. Teneteri , dit Facite, Hifi. 1. IV. c. lxiv. difereta Rheno gens ; il foufentend ab ubiis , ou agrippinenfibus. Le nom de ces peuples eft différemment écrit dans les auteurs anciens, car ils difent Tenéferi, Tenchiert, Tanchari, Ténterides , Tingri, ou Tenchateri. Maistous ces noms défignent toujours les mêmes peuples ; & comme les T'enereres ont eu leurs migrations & leurs expéditions en commun avéc les Ufpiens , nous renvoyons leur hiftoire au mor USIPIT, Géog. anc, CDR | TENCTÉRIENS , £ m. pl. (Æif. anc.) peuples de l'ancienne Germanie, qui du tems de Céfar habi- toient en Weftphalie, vers les bords du Rhin. TENDANCE. , £ £ (Phyfia.) c’eft l'effort que fait un corps vers un point quelconque ; ainfi lon dit, la endance des corps vers le centre de la terre. La tendance d’un corps mu circulairement pour $’échap- per par la tangenre. À TENDANT, (Gram.) participe du verbe cendre ; qui a un but auquel il eft duigé, un raifonnement tendant à prouver que la raifon ne peut rien contre les événemens. Des moyens seézdans àune fin illicite. Deux requêtes sændantes à obtenir un privilege. TENDE, comTÉ pe, (Géogr. mod.) comté de Piémont dans les Alpes. Il eft borné au nord par la provinee de Conti; à lorient par la province de Mon- dovi ; au midi par le comté de Nice; & à l'occident ar le comté de Beuil. On trouve dans ce comté Tende , {a capitale, & le co! de Tende qui eft un paf fage éiroit entre de hautes montagnes fur la route de Tende à Vernante. (2. J.) TENDE, (Géog. mod) ville d'Italie dans le Pié- mont, capitale du comté de même nom, fur la rive droite de la Roja, à dix lieues au fud-oueft de Coni, &c à vingt au midi de Turin. Longit, 26. 8. lat. 44. COST TENDELET , {. m. terme de galere; c’eft un rer- delet ordinaire, formé d’une piece d’étoffe, portée par la fleche &c par des bâtons appelés perregues ëc pertiguetes , qui fert à garantir la pouppe des ar- deurs du foleil & de la pluie. Voyez MARINE, PL III. fig. 2. cott. (A TENDERIE, f. f. (crme d'Oifel.) toute chafe où lon tend des filets aux oïfeaux pour les faire tomber dans ce piege. (D. J.) TENDEUR , £ m. (Fauconn.) celui qui prend les oïfeaux de proïe au paflage par Le moyen d’un filet &x d’un duc dreflé à cet effet, qui les appelle, & les ut donner dedans: Le rendeur, dès qu'il a pris l'oifeau , le cille, lui met des gets, avec la vernelle & la longe, le garnit de fonnettes avec un chape- ron à bec, le défarme de la pointe du bec & des pointes des ferres ; puis Le veille, le pait & le purge; & ne le met fur {a foi, ni hors de filiere, qu'il ne foit bien affuré & de bonne créance. (D. J.) TENDINEUX , adj. ez Anatomie, épithete des parties formées par des tendons. | On appelle censre tendinieux du diaphragme, la partie moyenne de ce mufcle qui réfulte du concours des fibres cendineufes des différentes portions de mufcles dont il eft compofé. Voyez DIAPHRAGME. TENDOIR, f. m. (terme de Tiffér.) c’eft un bâton qu’on fait entrer, dans le trou qui eft au bout de la poitriniere, qui fert à l'empêcher de fe dérouler &t à tendre l'ouvrage. | TENDOIRES,, f, € pl, (Laitape.) ce font des BEN morceaux de bois de charpente, ou de fimples per- ches préparées pour faire fécher les étoffes après qu’elles auront reçu leurs apprèts. Savary. (D.J.) TENDON, sendo, en Anatomie; c’eft une partie blanche, la plus ferme & la plus tenace de celles qui compofent les mufcles dont il forme les extré- mités. Voyez MUSCLE. La plüpart des mufcles ont au-moins deux #rdons, un à Chaque extrémité. Celui qui eft attaché à la partie vers laquelle fe fait le mouvement , fe nomme la rére du mufcle. Celui qui eft attaché à la partie qui eft tirée vers une au- tte, fe nomme la queue du mufcle. Voyez TÊTE © QUEUE. Lorfque les sndons s’épanouifent en forme de membranes : ces expanfons font appellées apore- vrofes. Voyez APONEVROSE. On a cru que les fibres qui compofent le sezdon, | étoient nerveufes; mais on trouve aujourd’hui qu’- elles ne font autre chofe que des produétions des mêmes fibres qui forment le.ventre ou corps du mufcle, Toute la différence eft que dans le corps du mufcle elles font lâches &c à uné certaine diftance l'une de l’autre ; au lieu que dans le sendon elles {ont unies enfemble plus étroitement & plus fortement. Voyez FIBRE. Leur blancheur vient uniquement de ce qu’à rai- {on de leur tiflu ferré elles n’admettent pas la partie rouge du fang. En effer,1l y a la même différence entre ces deux fortes de fibres qu'entre un écheveau de fil, & une corde faite du même fil, Les fibres des endons ne fouffrent pas de contrac- tion ou de dilatation, comme font celles du corps des mufcles : elles agiflent fimplement comme des cordes pour tirer une partie vers l’autre, TENDON D’ACHILLE, (Anat.) tendon large &c fort , qui fert à étendre le pié, &c qui vient du milieu de la jambe au talon Ceft, je crois, le plus fort & le plus gros de tous les sendons. Il eft formé par l'union imtime des se2- dons de deux mufcles différens , lun appellé les 7u- meaux , & l'autre le folaire ; il va s'attacher à la par- tie poftérieure du calcaneum , & produit par lépa- nouiffement de fes filets, l’aponévrofe plantaire. Un homme bleflé au srdon d'Achille, ne peut fe tenir droit, parce que quoique les mufcles jambier & péronier poftérieurs foient fufifans pour étendre le pié ; le point par où ces mufcles pafent de la jambe au pié eft trop proche de Pappui. Cette obfervation montre que l'éloignement du tendon d'Achille, fait toute la force du pié, & que plus ce tendon eft éloigné de l'articulation, plus il a de force. Les animaux qui courent & fautent avec plus de facilité, font ceux qui ont ce #zdor plus éloigné ; les hommes qui ont le talon fort long, fe fatiguent moins à marcher, & plus le pié eftlong, plus la longueur du talon eft néceflaire. Mais tout fort qu’eft le sezdon d'Achille, il peut fe rompre completement ou incompletement. Voyez donc l’article qui fuit. (D:J.) | TENDON D'ACHILLE ; bleffure du, (\Chirurgie.) parlons maintenant des bleflures du sedor d'Achille, ce font de cruels accidens fort délicats ätraiter , 6 qui par conféqüent ne doivent pas étre inconnus aux maitres de l'art. Non-feulement le serdon d’ Achille eft'expofé à la rupture ; mais encore à différentes fortes de bleflu- res. Sal eft piqué, percé, ou coupé feulement en pattie , le malade fe trouve attaqué de fymptomes très-dangereux, qui font d'autant plus terribles , que ce tendon eft plus gros que lesautres. C’eft fans doute pout cette raifon que les anciens médecins ont re gardé les bleflures de ce £zdon comme mortelles, où du moins comme inguériflables.Les fymptomes qu’é- prouve L TEN prouve le malade lorfque Le serdon eft confidérable- ment bleflé, font moins cruels que quand la plaie eft plus Iévere ; énforte qu’alors il faut achever de le couper pour faire cefler la douleur &c les convul- fons;cependant il n’eft pas impofble de réunir fans future le zendoz d'Achille, aufli - bien que d’autres tendons offeniés , fi l’on peut bander le pié de ma- hiore que les deux extrémités du sezdoz foient main- tenues dans un état de contaét. Nos chirurgiens ont finalement hafardé de réunir fe serzdor par la voie de la future, & Cowper nous en a life une defcription détaillée , que M. Heïter a rendu encore plus intelligible que le fameux chi- ruroien de Londres ne l’a donnée lui-même. Le bleffé avoit 30 ans ; le sendon d'Achille de fa jambe gauche étoit entierement coupé à la diftance de trois travers de doigts du calcaneum ; la partie fupérieure Ctoitretirée en er-haut d'environ deux pouces. Cowper commença par découvrir, par la Voie de l’incifion,.les tégumens , pour pouvoir par- venir aux extrémités du ærdo7. Îl prit deux aiguilles drôttes & menues, &introdiufit, au moyen de la premiere avuille, un fil de foie ciré dans la partie _fupérieure du 2407 ,à un demi-pouce du bout. Avec ine autre aiguille enfilée parcillement d’un fil de foie , 1l perça de même la partie fupérieure du ze2- don, la faifant entrer un peu plus bas que la pre- mere ; enfuite 1l pafña les deux aiguilles dans la par- tie inférieure du sezdon. Il étendir le pié du malade, &tftapprocher les deux ex:rémités du se2doz au point qu'elles fe touchafent , en tirant les deux bouts de fl Pun à l'autre , lefquels 1l la de maniere que lesextré- mités du se7/6n fuent maintenues en état de conta®, faifant toujours tenir au bleflé fon pié alongé; puis 1l coupa les bouts des fils. Cela fait, 1l panfa la plaie avec de la charpie qu’il trempa dans de l’huile de térébenthine, & y apph- qua une comprefle & un bandage. Mais afin que le pié fût toujours comme il le falloit , dans un état d'extenfion, & que les extrémités du sezdon conti- nuaflent de fe toucher, il fit une efpece d’arc de car- ton fort &c épais, qu'il appliqua tellement à la partie antérieure du pié & de la jambe , que le pié ne pût point ayoir de mouvement ni la future fe rompre. Cowper obferve que le blefié fe plaignit de douleurs aigués , lorfqu'il lui perça avec l’aiuiile la partie fupérieure du serdon, mais qu’il n’en fentit point lors de la perforation de la partie inférieure. L’opération faite , le malade fut mis au lit; on lui tira du bras quatorze onces de fang , pour obvier, par cette grande faignée, aux accidens qui pouvoient furvenir ; on lui donna fur le foir une once de fyrop de diacode., pour lui procurer du repos. Le lendemain le malade fe trouva aflez bien: ï avoit dormi : feulement il fe plaignit que pendant la nuit ilavoit fenti des douleurs lancinantes au oras de la jambe , lorfqu’il lui étoit arrivé de s’éveiller. Le troifieme jour Cowper panfa la plaie de même que le premier, yajoutant feulementune fomentation d’ab- fynthe , de fauge , de romarin & de feuilles de lau- rier. Le quatrieme jour la plaie parut humeëtée d’une humeur féreufe, appellée fynovie ; le fix cette ma- tiere étoit épaifhe ; le huit elle l’étoit encore davan- tage , après quoi elle difparut d’elle-même. Pendant tout ce tems-là les deux extrémités du tendon ne s’écarterent point du tout ; mais il parut à l’endroit de leur conjon@ion une fubftance blan- che , fur laquelle M. Cowper appliqua du baume de térébenthine & de la teinture de mytrhe. Bientôt après cette fubftance fe diflipa , & alors les deux ex- trémités parurent couvertes d’une autre fubftance fongueufe & charnue. M. Cowper ne mit plus rien alors que de fec fur la plaie, tantôt de la charpie feche , ét tantôt dela poudre de térébenthine, Le di- Tome XVI, T'EN 120 nt & 3 L 7 xieme jour un des fils parut lâche , Cowper le cous pa & le retira. Deux où trois jours après l’autre fil étant lâche auf, il le coupa &c le retira de même, Pendant tout ce tems le pié éroïit toujours étendu ; au moyen du carton qui étoit attaché par deflus, Au bout de trente jours, le malade fut en état de mar cher un peu , mais en boïtant. Petit À petit il marcha plus aifément , & fur la fin du fécond mois , ilrecous vra entierement l’ufage de fon pié, La defiruétion du srdon d Achille emporte ave elle celle de la faculté qui produit le mouvement du pié ; ain, à moins que ce cerdon ne foit bien repris s le bleflé en demeure eftropié pour toujours. (D.J.) Voici une Continuation fur le même accident : par M. Louis , chirurgien &c fecrétaire de PAcadémie de chirurgie. Elle efftirée d’un mémoire de M. Pe- tit , dont M. de Fontenelle a donné l'extrait qui fit, dans les recueils de l’Académie des Sciences, Les tendons {ont des efpeces de cordes qui paf une de leurs extrémités partent d’un mufele, & par l’autre s’attachent à un os, de forte que quand le mufcle eft en aËtion ,ou fe contraété , le 2endon tire À foi los au quel il eft attaché, & lui fait faire le mouvement dont il eft capable, Les sendons font d’une nature à ne sé: tendre pas, fi ce n’eft dans des contra@ions de leurs mufcies extraordinaires & outrées : en ce cas-[À ) fi los qu’ils doivent tirerne peut leur obéir affez &z les fuivre, ou l'os caffe par la tra@ion du ré2do7 trop forte , ou le srdon fe rompt par fon extenfion trop violente. Il faut encore confidérer que dans certames ac- tions, comme celle de fauter de bas en haut, tout le poids du corps eff porté, 8 même furmonté par un nombre de mufcles , qui ayant été mis dans une forte contra@ion , fe débandent brufquement tout à la fois, 8 par-là canfent le faut. Si dans l’inftant où ces mufcles étendent violemment leurs sezdons ,1lar- rive un accident qui fafle que ces serzdons foient en- core tirés en en-bas par tout le poids du corps ,ilne fera pas étonnant qu'ils ne réfiflent pas à une exten= fon f exceffive. C’eft ainf que le fauteur de M, Pe- tit fe cafla le sendon d'Achille ; vouloit fauter fur une table élevée de plus de trois piés , il n’en at- trapa que le bord du bout de chaque pié , où le e7- don d'Achile étoit alors fort étendu par l'effort né ceffaire ,1l retomba droit, & dans cette chûte le #n- don d'Achille fut encore étendu par le poids de tout le corps qui le tiroit. On peut ajouter que la force de ce poids fut augmentée par l'accélération d’une chüte de trois piés. Le tendon d'Achille eft formé par l'union intime des sendons de deux mufcles différens , l'un appellé les Jumeaux , Vautre le folaire, Si ces deux rendons , qui compofent celui d'Achille, font caflés, la rup+ ture eft complete ; elle eft incomplete, sil n’y a que lun des deux. Dans l’incomplete que M. Petit a vue, c’étoit le sezdon des jumeaux qui étoit café, l’autre reftant entier. [l ne faut pas entendre que cette divi- fon des ruptures foit fondée fur un grand nombre d'expériences. M. Petit n’en a vu qu’une incomplete, qu'il n’a reconnue pour telle, & diflinguée de la complete, que par une grande exa@titude d’obferva- tions; & 1l a jugé de plus que celle qu’Ambroife Paré a rapportée, étoit de la même efpece, Pour l’autre incomplete , 1l ne fait guere que la conje@urer par une efpece d’analogie. Il ne s'agira donc ici que de la premiere incomplete, qui fera en oppoñition avec la complete. Il y a entre elles des différences, dont quelques- unes pourroient furprendre. L’incomplete eft très. douloureufe , &c la complete nel’eft point. Lorfqu'un tendon eft abfolument rompu, fes deux parties {épe- rées fe retirent naturellement, comme feroient cel= R 130 TEN Les d’une corde à boyau, l'une d’un côté, l’autre du côté oppofé. Si elles tiennent à des parties voïfines, elles ne pourront fe retirer, fans Les tiraïller, Les agi- ter, lesirriter, & cela avec d’aurant plus de force, ‘êt par conféquent d'autant plus douloureufement , que leur adhéfion fera plus grande. Cela peut aife- ment aller au point de caufer des inflammations, qui s’étendront enfuite; la fevre, des infomnies, des délires. Mais hors de ce cas-là, deux parties du re7- don féparées fe retirent paifiblement chacune de fon côté, & il n’y a nulautre mal, que le rerdon caffé, devenu inutile. Cela eft fi vrai, que pour pré- venir les douleurs & les accidens qui naîtroient d’un tendon à demi rompu, on le coupe tout-à-fait. Le tendon d'Achille eft enfermé dans une gaine où 1l coule librement, 1l n’a point d'attache aux parties voifines ; &c par-là, fa rupture complete eft fans douleur. Mais n’en va pas de même de l'incomplete. Le feul son des jumeaux étant rompu, il fe retire en &deore- nadiets. [Left vrai que fon terroir eften général fort inégal ; &t rempli de rochers arides ; maïs on plante des vi- gnes dans les petits intervalles de terre qu'il laiffe ; & c’eft une terre fulphureufe extrémement fertile : on y voit tous les grains & tous les fruits de l’Europe, ils font excellens quoïqu’en petite quantité : on ya auf la plüpart des meilleurs fruits de l'Amérique ; il y a des années où les recoltes de blé vont À cent pour un : On y trouve du gibier en abondance ; le poiffon n’y manque pas , miles fontaines & les fources d’eau fraiche ; enfin l'argent eft fort commun dans cetre : ile. Sa capitale s’appelle Lagura ; mais la fimeufe montagne de cette île, nommée le Pic de T énérifle, mérite en particulier notre attention. Voyez TÉNÉ- RIFFE, Picde, (D.J) TÉNÉRIFFE, Picde, (Géop. mod.) le Pic de Téné- riffe, que les habitans appellent Pico de Terraira “er repardé comme la plus haute montagne du monde 3 &c on en voit en mer le fommet à foixante milles de diffance. On ne peut monter fur cette montagne que dans les mois de Juillet & d’Août, car dans les autres mois le Pic eft couvert de neige ; fon fommet paroît diffinétement au-deflus des nues; fouvent même on les voit au milieu de fa hauteur ; mais puifque la nei- ge tombe & s’y conferve, il en réfulte qu'il n’eft pas au-defAlus de la moyenne région de l'air. [1 faut deux jours pour arriver au haut de cette montagne, dont l’extrémité n’eft pas faite en pointe, comme on pourroit l’imaginer de fon nom , mais elle eft unie & plate. C’eit de ce fommet qu’on peut ap- percevoir diftinétement , par un tems ferein , le ref- te des iles Canaries , quoique quelques-unes en foient éloignées de plus de feïze lieues. Ontire de cette montagne une grande quantité de pierres fulphureufes , & de foufre minéral , que l’on tranfporte en Efpagne. Il eft dificile de douter que cette montagne nait été autrefois brulante, puifqu'il y a plufeurs endroits fur Les bords du Pic qui fument encore ; dans d’autres, fi on retourne les pierres 4 136 TEN on y trouve attaché detrès-beau foufre put ‘on trou- Ve aufh çà & là, des pierres luifantes , &7 femblables au mâchefer ; tout le fonds de l'ile paroït chargé de foufre : on y rencontre dans fa partie méridionale des quattiers de rochers brulés , entaflés les uns fur les autres , par des tremblemens de terre. Cette ile en éprouva un terrible en 1704 ; il dura depuis Le 24 Décembre, jufqu'’au $ Janvier de Pannée fuivante ; la terre s’érant entr'ouverte , 1l s’y forma deux bou- ches de feu, quijetrerent des cendres, de la fumée, des pierres embrafées , des torrensde foufre ,&z d’au- tres matieres bitumineufes. Tout cela eft confirmé par la relation de M. Evens, qui fit un voyage dans cetteile en 1715. Voyez les Tranfaë. philo]. 7°, 345. Nous devons au pere Feuillée des obfervations im- portantes qu'il a faites au Pic deTénériffe , & par lef- quelles il a trouvé que la hauteur du fommet du Pie, au deflus du niveau de la mer, étoit de deux mulle deux cens treize toifes. Ce pere partit dans le mois d'Août, avec M. Verguin, M. Daniel médecinir- landois, & d’autres curieux, pouf monter fur le Pic. Au bout d’une marche de cinq heures fort difü- cile à caufe des rochers & des précipices, ils arrivez rent à une forêt de pins, fituée fur une croupe de montagne, appellée monte Verde; on y fit l’expe- rience du barometre , le mercure fe tint à23 pouces o ligne; après avoir monté jufqu’auprès du pic ifolé qui fait le fommet dela montagne , on fut obligé d'y paffer la nuit ; le lendemain le p. Feuillée fe bleffa en montant fur une roche, & fut obligé de refter au bas de ce pic ifolé; 1l y fit l'expérience dumercure, qui. fe tint à 18 pouces 7 hignes +. M. Vereuin cles au- tres monterent avec beaucoup de peine au fommet U pic... Ce fommet eft terminé par une efpece de cône tronqué, creux en-dedans ,. qui eft l'ouverture d’un volcan, & qu’on appelle à caufe detcela , Za caldera, c’eft-à-dire la chaudiere. Ce creux eft ovale , & fes bords terminés inégalement ; on en peut cependant prendre une idée aflez jufte, en imaginant le bout dun cône tronqué obliquement à l’axe : le grand axe de cette ovale, eft d’enyiron 40 toifes., le petit.de 30 ; le mercuré ayant été mis en expérience fur fon bord le plus élevé , fe tint à 17 pouces $ lignes: le fond de ce creux eft fort chaud ; 1len fortune fumée fulphureufe , à-travers une infnité de petits trous recouverts par de gros rochers ; on y trouve du fou- fre qui fe liquéfie , & s’évapore facilement par une chaleur égale à celle du corps humain. Ceuxqui étoient au fommet du pic, parierent à ceux qui étoient reftés au fommet de la pointe , d’où on les entendoit fort diftinétement , même lorfqu'ils parloient entr’eux; mais ils ne purent jamais enten- dre les réponfes qu’on leur fit ; ils roulerent le long de la croupe du pic, de groffes pierres qui defcen- doient avec une rapidité étonnante , & qui en bon- diffant, fatfoient un bruit plus grand que les coups de gros canons: ce qui fit juger que cette montagne eftcreufe en-dedans. En defcendant de la montagne, als paflerent à une citerne naturelle , dont l’ouvertureeftà lorient de la montagne, & dont l’eau eft extrèmement froide ; 1ls ne virent aucune vraiflemblance de ce que quelques voyageurs ont rapporté , que cette citerne commu- nique avec la mer. Nous avons aufli des relations denégocians anglois, qui ont eù la curiofité de monter au fommet de cette montagne. Telle eft la relation publiée par Sprat, dans fon hiftoire de la fociété royale. Les curieux dont il parle , eurent à peine fait une lieue pourgrim- per fur le pic, que le chemin fe trouvant trop rude pour y faire pañler leurs montures , ils le laïfferent avec quelques-uns de leurs valets : comme ils s’avan- çoient toujours vers le haut , Pun d’entre eux fe fen- TEEN tit tout-à-coup faif de friflons de fevre avec flixde ventre, & vomiflement. Le poil des chevaux qui étoient chargés de leur bagage, étoit hériflé comme la foie des pourceaux ;'le vin qui pendoit dans des bouteilles ,.au dos d’uncheval, étoit devenu f.froid wils furent contraints d'allumer du feu pourle chauf- 2e avant que d'en boire , quoique la conftitution de l'air füt aflez tempérée. | Après que le foleil fut couché, il commença à faire f froid , par un.vent impétueux qui Le leva, qu'ils s’arréterent entre de grofles pierres fous un rocher; où 1ls firent un grand feu toute la-nuit ; furles quatre heures du matia , 1ls recommencerent À monter, êe étant arrivés.une lieue plus haut, un des leurs, à qui les forces manquerent,, fut contrant de demeuter à l'endroit où les rochers noirs commencent ; les ait: tres pourfuivirent leur voyage jufqu’au pain de fu- cre, où ils rencontrerent.denouveaudufable blancs êt étant parvenus aux rochers noits qui font tout unis comme un pavé, 1l leur fallut encore marcher une bonne heure , pour grimper auplushaut du pies oùenfin ils atriverent. - | ) Ils découvrirentde-là, Pile de Palme à feize lieues, &t celle de Gomer à fepr. Le foleil ne fut pas fort élevé, que les nuées qui remplirent l’a, dérobe- rent à leur vue 8c.la mer , & toute lile.. à la refetve des fommets des montagnes fituées plus bas que.le pic , auquel elles paroïoient attachées ; après s'é- tre arrêtés au fommet pendant quelque tems , als def- cendirent par un chemin fablonneux,& ne trouves rent dans toute la route que des pins, & une certai- ne plante garnie d’épines comme la ronce, qui croit parmi ce fable blanc. From Atlas far, beyond a wafteof plains , Proud Tenerife , his giant-brother reigns > With breathing fire his prichy noftrils glow, As from his fides , he shakes the fleecy [now : Around their hoary prince, from warry béds, His fubjeit iflands rife their verdant heads ; The waves fo gently wash each rifing lil, The land feems floating, and the ocean fill. . C’eft Garth, excellent poëte & médecin de grand mérite, quia fait ces beaux versfur le pic des Cana- ries. Longitude de ce pic, fuvant Cafhni, 1. 51. 30, latir.28. 30. Long. fuivant le pere Feuillée, 2. 9.30. latit. 28.13. 20. Les obfervations réiterées , faites à l’'Orotava, ville fituée dans Pile de Ténériffe, par le même pere Feuillée | donnent très-exattement la différence en longitude , entre Paris & le pic de Ténériffé, de 18. 3.00. OU 1.15. 32.ce quieft d'autant plusutile que les cartes hollandoifes font pañler par ce pic leur premier méridien, .& qu’on en découvre le fommet en mer, à la diftance d'environ trente lieues. Il étoit important de déterminer la longitude du pic de Ténériffe , puifqu’elle doit être d’un grand fe- cours fur mer, pour corriger les routes eftimées. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) | TÉNÉRIFFE, (Géog. mod.) ville de PAmérique méridionale , dans la T'erre-ferme , au gouvernement de Sainte-Martbe , fur la rive droite de la riviere ap- pellée Rio-grande de la Madalena, à 40 lieues de la ville de Sainte-Marthe. Lazit. 9, 46, (D. J.) TENESIS , ( Géog. anc. ) contrée de l'Ethiopie, {ous l'Egypte, dans les terres. Strabon, Z XL p. 770. dit, que ces peuples avoient une reine à la- quelle obéfloit aufli l'ile de Méroée, qui étoit voi- fine de at » & qui étoit formée par le Nil DEN: | TÉNÈSME , £ m. ( Médecine. ) maladie qui con- fifte dans une envie fréquente d’aller à la felle, & dans des efforts violens appropriés, qui n’ont que peu ou point d’effet, Les Grecs lui ont donné le se (e) 4 DEN dé rwequos , Où mieux révesuoé, dérivé derbi, bé ‘re , ÊT rives, tenfion, pour exprimer l’extrème con- tenfion des malades lorfqu’ils fe préfentent au bafin; quelques-uns l’ontäppellé Brques, de fre, effort, à cau- fe de la violence des efforts qu'ils font obligés defaire, Le rénefme eftquelquefGis entierement fec, le plus fouvent il eft accompagné de déjeétions, mais rrès- modiques; &c ce ne font point les exctémens qui en font la matiere : mais quelqués gouttes d’huineurs slaireufes , phlegmatiques, où feules, où mêlée: avec des ftries de fang , de la fanie ou du pus; ces inatiez res toujours âcres, corrofives, excitent en paflant par le fondement, ou en fe détachant, des douleurs & des cuiflons vives, & un fentiment infupporta- ble d’érofion. Il eft rare que la flevre furvienne À ces accidens, ä-moins qu'ils ne foient portés à un très-haut point d’intenfité, La caufe générale qui lés détermine , eft une irri- tation conftante qui a fon fiese à l'extrémité du re- étum, ou fur Le fphin@ter de l'anus ; cette irritation peut Être produite par une inflammation, par un ulcere, par l’excoriation , le déchirement ; la ble. fure de cette partie à la fuite d’un coup , d’une con- füpation opimiâtre qui n'aura pu êtte vaincue que par des efforts violens , de l’introduétion forcée & maladroite de la canule d’une feringue , d’un fuppo- fitoire trop irritant, des ragades qui s'étendent jui= Que à la partie interne du fphin@er, des hémorrhoï- des aveugles &t douloureufes ; des afcarides qui font ordinairement niches à l'extrémité du re@um, peu- vent auffi déterminer les mêmes fymptomes; aux caufes locales qui agifant fur la partie affeêtée con- dtituent le rérefme idiopathique, on peut ajouter cel- les qui produifent dans d’autres parties une irritation qui fe communique par fympathie, c’eft-à.dire, par les nerfs au fphin@ter de l’anus. Telles font l’inflam- mation &t l’ulcere des profiates, du col de la veffie, de la matrice, les tumeurs de cet organe, & les ef. forts d’un accouchement laborieux. Telle eft auf plus fouvent lirritation oécafonnée par la pierre dans la veflie, Le mufcle qui détermine les excré- tions des matieres fécales étant irrité , doit fuivant les lois de l’irritabilité ou fenfibilité, entrer dans dé fréquentes contraétions, & donner lieu par-là aux efforts répétés, & à l’envie prefque conftante de cette excrétion : mais ces mêmes efforts en appa- rence deftinés à emporter la caufe du mal, ne fort que l’enraciner davantage , & rendre la maladie plus douloureufe & plus opiniâtre : quine riroit d’un ar: mifle où flahlien qui viendroit foutenir que cette ma- ladie eft un bienfait de la nature ou de l'ame bonne & prévoyante mere, qui dirige ces efforts à la guéri- fon de la maladie, qui les excite même fous prétexte d'une indifpenfable néceflité, & dans l’efpérance d'un avantage qu'on attendroitinutilement d’ailleurs? Eft-ce qu'un ulcere, une inflammation, un déchire- ment de l’anus, ne s’augmentent pas dans les eforts réiterés du sé7e/7rte ? Efl.ce qu'un pareil vice dans les parties voifines peut en recevoir quelque foulage- ment ? eft-ce qu’un hémorrhoïdaife ne feroir pas mieux dégagé par l'écoulement du fang que par des douleurs & des cuiflons qui ne font que le tourmert- ter davantage ? &c. &c. N'eft:il pas en un mot, plus naturel de penfer que tous ces mouvemens tout à- fait hors de Lao de l’ame, font la fuite néceffaire de la difpofition organique de ces parties : il y a des loïs primitivement établies, relatives à lorganifa- tion de la machine , fuivant lefquelles fe font les'di- Vers mouvemens, fans qu'il foit befoin qu'un être intelligent foit fans cefle occupé à les produire & à les diriger; c’eft ce qui fait qu'il y a des maladies qui font avantageufes, 8&c d’autres qui ne le font pas ; ce mélange de bien & de mal fuppofe toujours un aveu- ole machinifme, 7 Tome XVI, | | TEN 137 | … Quoique Îe idrefme fie foit pas pour lPordinaire mortel, 1l ñe laiffe pas d’être une maladie fouvene lérieufe, [a fource de douleurs cuifantes , & de beä: coup d’incommodités ; lofqu'il eft produit par uñ ulcere du fphinéter, il rifque s’il eft négligé de depes nerer en une fiftule qu’on ne guérit qu'avec beau coup de difficulté, & qui peut même tendre à abté ger les jours du malade, Lorfqu'il et la fuite d’une lepere excoriation, des vers afcatides, des hémor: rhoïdes qui ont de la peine à percer; d’un accoû: chement difficile, &e. Il fe diffipe aflez promptement par la ceflation de ces caufes, pat la mort ou l'ex pulfion de vers, le flux des hémorrhoïdes » © la for: tie de l'enfant : alors il occafionne plus de defagré: ment que de danger. Il y aune circonftance où le rés néfine peut devenir fâcheux, c’eft lorfqu’il fe rencon: tre dans une femme enceinte, Alors, fuivant l’ob: fervation d’Hippocrate, dont la raifon eft affez claire; il excité l’avortement ? æulieris niero gerenti tenefrrrs J'uperveniens abortivè facie , ( Aphor.27. Gi, VII. ) le sénefme d'automne eft pour l'ordinaire contagieux ; Ët devient épidémique. L'indication qui fe préfente à remplir dans le traite- ment du séze/me,eft defaire cefer l'irritation locale qui en détermine les fymptomes ; mais pour y téufüir, 1l faut varier les remedes, &cles proportionner aux dif: férentes caufes qui l'ont excitée ; & qui l’entretien- nent; ainfi dans les cas d'inflammation ; phlogofe , excoriation, il faut infifter davantage für les adou: ciflans , émollieris ; anodins pris par la bouche, don: nés en lavement, ou appliqués fous forme de fomen: tation ou d’étuves : quelquefois même il éft à propos de recourir à la faignée, qu’on peut même fi le cas l'exige, réitérer juiqu’à deux ou trois fois. Ces mê- mes remedes peuvent convenir dans Les s#nefnes fyme pathiques, qui doivent leur naïflance à l'inflamma- tion de la veflie de la matrice, Gc. Voyez INFLAM: MATION. Les ulceres demandent qu'aux émolliens On ajoute, ou même fi les douleurs ne font pas vi- _ves, on fubflitue Pufage des baumes pris intérieure- ment, Ou injeétés par l'anus; les lavemens térében- thins font très-appropriés; on peut combattre les vers par les antheimintiques ordinaires, & fur-tout par desfuppoñtoires faits avec le miel & l'extrait d’ab {ynthe, ou autre amer, mais qui n'irrite pas beau- COUp ; quant au rérefine qui eft l'effet d’un accouche- ment laborieux, ou d’une pierre dans la vefie, ileft évident qu’on ne peut le guérir que par la fortie de ces corps étrangers ; on peut cependant calmer les douleurs, & diminuer la violence des efforts, parles lavemens de mauve, de pariétaire , de branc-urfine, de pfllium, &c, qu’onrendra plus anodins par Pad: dition du firop de pavot ou du laudanum en {ubftan: ce; Ces mêmes narcotiques peuvent être employés intérieurement fans danger dans la pierre; mais il ÿ auroit de l'inconvénient à les donner dans laccou= chement difficile, & leur fecourseft beaucoup moins néceflaire, parce que le #refine n’eft pas de loñguse durée; & que les efforts qu'il excite peuvent aider à l’accouchement, Dans le rénefne qui furvienr aux Hémorrhoïdes aveugles , ilfaut tourner toutes fes vues de ce côté ÿ tâcher de les faire percer ; les remedes indiqués dans cette circonftance font fi les douleurs font vives , 16 bain local , l’étuye faite avec des plantes émollien- tes, les linimens avec l’onguent populeum, & furtout Papplication des fangfues aux vaifleaux gonflés s'ils paroïffent à l’extérieur,qu’on fecondera efficacement par une bonne prife d’aloës, remede émineniment hé: morrhoïdaire, ou d'extrait de l’élixir de propriété.(#} TENETTE, f f. inftrument de Chirurgie, qui iert à faifir &c tirer la pierre de la vefie dans l'opération de la taille, Voyez TaAïLLe. | La seneire eft une efpece de pincette Fe polie, 138 TEN compofée de deux pieces qui ont la figure de deux f fortallongées;chaquepiecele divifeenquatre parties, La premiere eft l'anneau qui eft plus rond & plus vrand que ceux des cifeaux, parce qu’on eft obligé d'avancer les doigts plus avant dedans, afin d'avoir plus de force. Les anneaux des cenetres font faits par la courbure de l’extrémité de la branche. Ce qui fuit anneau jufqu’à la jonéhion fe nomme La branche ; {a figure eft cylindrique ; elle va en aug- mentant de volume pour avoir plus deforce dans les efforts qu’on fait pour tirer la pierre : les branches font un peu courbées, & laiffent une efpace entre elles pour ne point pincer les parties. La partie qui fuit la branche , repréfente le milieu de Lf, & eft par conféquent courbé en deux fens : cet endroit eft plus large que la branche & fort ar- rondi dans tous fes angles; 1l a intérieurement une dépreffion qui fe joint par entablure avec la dépref- fion de l’autre piece. Cette jonction eff aflujettie par un clou exactement limé fur Les deux pieces, de forte qu'il eft à leur niveau, && ne fait aucune faillie ; c’eft ce que les Couteliers appellent rivûre perdue. La quatrieme partie des renerres eit ce qu’on ap- pelle Zeurs prifes : ce font deux efpeces de cuilliers fort alongées, caves en-dedans, convexes & fort polies en-dehors,, &t formant par leurs extrémités un bec camus &c fort adouci. La partie antérieure de ce bec, que les ouvriers nomment Ze mord des tenettes, doit être fort artifte- ment conftruite pour bien charger les pierres; on doit éviter avec grand foin que leur cavité aille jufqw’au- près de l’entablure , & encore plus les dents qu’on a coutume d’y graver en façon de rape ; ces défauts font fouvent {errer la pierre auprès du clou ; &c com- me elle caufe pour lors un écartement des anneaux , on s’imagine qu’elle eft bien groffe. Cela n'arrive point fi la cavité ne commence qu'à un demi-pouce de l’entablure , & fi elle eft dans ce commencement fort life, polie, & comme en glacis, afin que la pierre ait plus de facilité à glifer vers l'extrémité du mord. Pour cette raifon il ny aura que trois ou qua- tre rangées de dents vers l'extrémité de chaque cueil- lier; il ne faut pas que ces extrémités fe touchent quand la enerte eft fermée ; on courroit rifque de pincer la vefhe. Les renettes doivent être d’un bon acier, & d’une trempe qui ne foit ni trop dure ni trop molle. Il y en a de droites & de courbes : celles-ci fervent à pren- dre la pierre cantonnée dans les côtés de la veflie. Il faut en avoir de grandes, de moyennes, & de petites, pour s'accommoder aux différens âges des malades & aux différentes. fituations de la pierre. Les plus grandes ont ordinairement huit à neuf pouces de longueur , trois pouces de mord; plus d’un d’enta- blure, & environ cinq pouces de branches, y com- prenant les anneaux. Les moyennes & les petites sererres diminuent à proportion. Voyez les fig. 9. G& 10. PL. X, La fig. 7. montre des éenesres propres à cafler des grofles pier- res dont on ne pourroit faire l’extrafion ; les poin- tes pyramidales qui en garniflent les mords fe mon- tent à vis. On a donné le nom de seneëre àune efpece de pincettes propofées par M. Helvetius pour l’opé- ration du cancer. Voyez fig. 1. Planche VI. elles ne font point en ufage. Quandaprès lextirpation il refte quelque dureté carcinomateufe ou skirrheufe qu'on ne peut faifir avec les doigts, on fe fert de Périgne pour les foulever & permettre au biftouri de Les en- lever. oyez CANCER 6 ERIGNE. (F) TENEUR., { m. (Gram, & Jurifprud.) du latin £e- nor, eit ce que contient un atte ; on ordonne qu'une fentence fera exécütéefelon fa forme &c sreur, c’eft- à-dire ,fuivant ce qui eft porté en fon çontenu. (4) TENEUR DE LIVRES , {. m. (Commerce. ) commis qui tient les mémoires , & charge les livres des faits de commerce , de crédit & débit. Ce font des gens fort employés & indifpenfables. Juré reneur de livres eft celui qui eft pourvu par let- tres-patentes de fa majefté, & qui a prêté ferment en jufbice , pour vaquer à la vérification des comptes êc calculs lorfquil y eft appellé. (D. J.) TENEUR , serme de Fauconnerie, il fe dit du trorfie- me oïfeau qui attaque le héron de fon vol. TENEZ, ( Géogr. mod.) province d'Afrique, au royaume de Tremecen; elle eft bornée au nord par la Méditerranée, au midi par le mont Atlas, au le- vant par la province d'Alger, & au couchant par celle de Tremecen, C’eft un pays abondant en blé & en troupeaux. Sa capitale porte le même nom. TENEZ, (Géogr. mod. ) ville d'Afrique, au royau- me de Tremecen, capitale de la province de même nom, à demi-lieue de la mer, furle penchant d’une montagne , entre Oran & Alger. Il y a une forterefle obontient toujours garnifon. Quelques-uns croyent qu’elle occupe la place de Céfarée de Mauritanie. Long. 19. 32. latit. 36. 24. Tv TENEZ ou TENEX, ( Géogr. mod.) ville des états du turc en Egypte, dans la partie de cette contrée appellée Beheyra, à left de Danuette. Elle a un golfe ou lac que quelques-uns prennent pour Le lac Sorbo- nis de Ptolomée, (D. J. TENEZA , (Géogr. anc.) petite ville d'Afrique, au royaume de Maroc , fur la pente d'une branche du grand Atlas , à trois lieues eft de la riviere d'E- cifelmel. On recueille dans fon territoire de l’orge, du froment , & la plaine nourrit beaucoup de bétail. TENGA,, {. f. (Hifi. nat, Bo. ) genre de plante dont les fleurs & les fruits naïflent fur les mêmes branches, mais féparément les uns des autres. Les fleurs font compofées de trois pétales, elles ont des étamines & des fommets ; mais elles font ftériles. Les fruits ont une trompe & renferment une amande, Pontederæ anthologia. Voyez PLANTE. TENGEN , (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans la Suabe, au-deflus de Stulingen; elle dépend du domaine de la maïfon d'Autriche, mais elle eft entierement délabrée. ( D. J. ) TENHALA , f. m. (Hifi. mod.) c’eft le nom que les habitans du Sénégal donnent aux princes du fang de leurs fouverains, qu'ils nomment Dame, Les no- bles du pays fe nomment f#hibobos. Le fouverain a fous lui deux feigneurs revétus des poñtes Les plus éminens de l’état; le premier s'appelle kondi , il eft chargé du département de la guerre & du comman- dement des armées; le fecond s’appelle le grand yz- rofo , il a le département des affaires civiles êc eft le chef de toutes les cours de judicature ; le damel ou fouverain lui-même ne peut point annuller fes déci- fions ; il eft chargé de parcourir les provinces , afin d'écouter les plaintes des peuples, contre les a/cazres, qui font des magiftrats municipaux , chargés de la perception des revenus de Pétat. TÉNIE , £ f serme d’Archireîture, moulure plate, bande ou liftel qui appartient à l’épiftyle dorique ; la rénie reflemble à une regle, & fe met au-deflous des triglyphes, auxquels elleferten quelque forte de bafe. TENIR, v. aét. neut. (Gram.) il y a peu de verbes qui ait un auf grandnombre d’acceptions : il fignifie pofléder ; snir une lettre ,un livre, un piftolet , un _ glaive , l’encenfoir, le fceptre , une place, la cam- pagne , la vie d’un autre ; à la gorge, aux cheveux, enprifon, par la main, à un mur, à un clou, à un filet , à un grand , à quelqu'un , par des liaïfons, pa intérêt, par amitié, par goût, paï fon pofte; à fon rot, À fa maîtrefle , à fes enfans , à fa femme , à fon culte, à fon gouvernement, à fon pays , à fes maitres; COn- tre la raifon, la violence, la perféçution, lemauvais tes, l'orage, le froid, la pluie, la chaleur ; de fon pere, de fa mére ; du bleu, du jaune , du violet ; de lof, de l'argent, du cuivre, ou tel autre alliage; chapitre, aflemblée , confeil , concert ; la main à l'exécution , l'œil à la chofe » a parole, fon ferment, à l'humeur, à la vertu, à fa haine; la plume, la cafe , la bourfe , boutique , magafin , falle d'arme à auberge, académie, manege, table, fon coin , {on quant-à-moi, fon férieux ; un muid, une pinte, un grand nombre d'objets , beaucoup de monde, à fes frais & dépens , à gage, à titre d’écuyer, de femme de compagnie, en allarme, en joie, en fufpens, la mef , un MAUVAIS propos, un difcours ingénieux &c poli; le dez, la converfation , la balle, la queue de la poële, &c. d’où l’on voit que de quelque maniere que ce verbe s’emploie ,1lmarque toujours une forte de jouiflance ou de pofieffion. FENIR, dans le Commerce, a un très-srand nombre d’acceptions dont voici les principales, | Tezir pors ; C’eft refter un certain tems fixé par les féglemens de police dans les ports où les voituriers par eau arrivent pour y vendre les grains, bois, vins, charbons , Gc. &c autres denrées dont ils font char- gés. À Paris les voituriers par eau doivent tenir port Quinze jours pour toutes fortes de marchandifes à l'exception des vins pour lefquels ils les doiventtenir pendant un mois. Tenir magafin, {e dit des marchands en gros qui m’étalent pas leurs marchandifes dans des boutiques fur la rue, mais qui les tiennent renfermées dans des magafins où ils les vendent en pieces ou balles. Voyez MAGASIN. , … Tenir boutique ; C’elt occuper une boutique , & y faire commerce de quelque marchandife, 7’ oye; BOU- “TIQUE. Tenir la éaiffe; c’eft chez les marchands, négocians ê: banquiers être prépofé pour recevoir ou payer les fommes qui entrent dans la caiffe ou qui en fortent, ëc d’en tenir regiftre. Voyez CAISSE... Tenir la banque ; faire le négoce d’argent qu'exer- cent les marchands banquiers. Voyez BANQUE. Terir les livres ; terme de négoce & de banque ; c’eft avoir foin de potter & d'écrire fur des regiftres qui ont différens noms, fuivant les ufages auxquels. ils font deftinés, les marchandifes qui font achetées Ou vendues par un négociant, l'argent qu entre dans üne caïfle où qui en fort, les dettes activés ou pañ- ves , &t autres chofes femblables , que nous avons amplement expliquées , aufi-bien que les différentes manieres de sezir les livres , tant en France que dans les pays étrangers fous le m0: Livres. Voyez aufñ TENUE DE LIVRES. Tenir compte ; c’eft faire entrer quelque marchan- dife où quelque fommie qu’on a reçue d’un autre dans le chapitre de la recette de fon compte. Voyez Comp- TE. Diéfion, de commerce, TENIR, (Marine) ce terme pris dans Îe fens gé- néral, eft fynonyme à prendre & à amarrer : mais il a différentes fignifications , fuivant qu’il eft joint avec un autre, comme on va le voir dans les articles faivans, | TENTR AU VENT , (Marine.) c’eft naviguer avec le vent contraire, | TENIR EN GARANT , (Marine.) Voyez GARANT. TENIR EN RALINGUE, (Marine.) V. RALINGUE. TENIR LA MER, (Marine.) c’eft être & demeurer à la mer. TENIR LE BALANT D'UNEMANGŒUVRE, (Marine) C’eft amarrer le balant d’une manœuvre , afin qu’elle ne balance pas. | TENIR LE LARGE, ( Marine.) c’eft fe fervir de tous les vents qui font depuis le vent de côté, jufqu’au vent d’arniere inclufivement. Voyez LARGUE. TENIR LE LIT DUYENT , (Marine.) c’eft fe fervit Tome XVI, TEN 139 d’un vént di femblé contraire À la route. Poyey Aïe LER À LA BOULINE. ACER: TENIR LE LOF, ( Marine.) Voyez Lor, . TENTR LE VENT, (Marine) c’eft être au plus près du vent. | ri l | TENIR SOUS vVOILEs , ( Marine.) c’eft avoir tous tes les voiles appareïillées , & être prêt à faire route, TENIR UN BRAS ; (Marine) c’eft haler un bras &é l’amarter, LE | TENIR UNE MANGUVRE, (Murine.) c'eft attacher une manœuvre ou l’âmarrer, | VENIR A L’ARBRE , ( Jardinage.) on fe fert de ca terme pour les fruits qui ne tombent pas aifément de l’aïbre , tels que Les poires de Martin-fec , de franéx réal, QUE , TENÏR DE CHAIR , 2er de Chamoifeur ; c'eft dons ner aux peaux .de mouton, de chevre , & autres peaux de cette forte qu’on pale en huile ou en cha= mois, une façon fur le chevalet ; après qu’elles ont été effleurées , & avant que de les mettre à la riviere pour les faire boire. . Cette facon fe donne avec le couteau qu'on pañle le plus ferme qu’il eft poffible fur les peaux du côté de la chair , afin d’en enlever tout ce qui pourroit être refté des premieres prépatations, & par-là les rendre plusunies, plus douces & plus maniables, Quelques ouvriers appellent cette façon écharner. Savary. (D. J. .) | TENIR À MONT, #ermes de Fauconnerie , c’eft lorfa que loïfeau fe foutient en l’air pour découvrir quel» que chofe , on dit l’oifeau tient à mont. Tenir la voie, c’eft la fuivre, TENIR, v.n. (Tridrac, ) c’eft continuer de Jouer après qu’on a gagné un Ou plufieurs trous de fon pro: pre dé ; alors on a la liberté de rompre fon jeu ; de s’en aller, de recommencer tout de nouveau , Où bien de senir, c’eft-à-dire , de continuer le jeu dans l’état où chacun fe trouve. Il eft quelquefois bien danges reux de zenir , parce qu’on s’expofe à une enfilade ; & c’eit une des chofes des plus délicates de ce jeu ; que de favoir renir, ou s’en aller à-propos. Acad, des Jeux. (D.J.) TENNA, LA, ou TINGO, ( Géogr, mod, ) rivière d'Italie, dans la marche d’Ancone. Elle prend fa four: ce au pié de PAppennin, & fe jette dans le golfe de Venife , près de Porto-Fermano. (D,J.) TENNSTADT, (Géog. mod, ) ville d'Allemagne, dans la Thuringe, à trois milles d’Erfurt. Elle appar: tient à l'électeur de Saxe, & ne s’éft pas retablie de- puis qu’elle a été prife & pillée par les Impériaux en 1632, & en 1641. (D.J.) | TENON , f. m. ( Archir. ) bout d’une piece de bois ou de fer , diminué quarrément , environ du tiers de fon épaïfleur , pour entrer dans une mortaife, On appelle épaulemens les côtés du séron qui font COUPÉS obliqiement, lorfque la piece ef inclinée ; & déco: lement, la diminution de fa longueur, pour cacher la | gorpe de fa mortaife, Téror en abour. Tenon qui n’eft pas d'équerré avec fa mortaife, mais coupé diagonalement, parce que la piece eft rampante, pour {ervir de décharge, ot inclinée, pour contreventer & arbalêtrer, Tels font les serons des contrefiches , guettes, croix de faint- André, EC. pe Tr 4 Tenon 2 queue d'aronde. C’eftun re70% qui eff taillé en queue d’aronde , c’eftà-dire qui eft plus large à fon about qu’à fon décolement, pour être encaftré dans une entaille, Daviler, (D. J.) | TENONS , serre d’Arquébufier. ce font depetits more ceaux de fer quartés , de l’épaiffeur d’une ligne, & de la largeur de deux qui foudés dé diftance le long du ca: non ; ces roms font percés au milieu:, & entrent dans des petites mortaifes pratiquées dans le creux du bois de fufil, & fervent à aflujetir le canon dans le « bois ,par le moyen de petites goupilles qui tfaverfent: 5 1 140 FTEN le bois &c paffent dans les trous qui font au milieu des tenons, ; TENON, ex terme de Boiffelier, efpece de pince, de bois dont les Boïfleliers fe fefvent pour tenir joints les deux bouts du corps du feau , du minot, du boifleau & autre piece femblable de boïffelerie , êc les attacher plus aïfément enfemble. Voyez Les fig. Pl.dn Boiffelier. > a | FENOKS, f m. pl. (serre d'Horloger.") pieces d’a- cier qui font fur une montre de poche, &c quifervent Atenir fermé le grand reflort. (D.J.) TENON, ( Jardinage.) fe dit de certaines agraffes ou mains avec lefquelles s’attachent aux murs & s’en- tortillent aux plantes voifines, les vignes, vignes- viergés ,.coulevrées , heres &c autres. TENONS, f. m. pl. ( Sexlpr. ) ce font des boflages, dans les ouvrages de fculpture, dont lufage eft d’en- tretenir les parties qui paroïflent détachées, comme ceux qu’on laïfle derriere les feuilles d’un chapiteau pour les conferver. Les Sculpteurs laïffent auffi des serons aux figures dont les parties ifolées & détachées pourroient fe rompre enles tranfportant, &t ils ont coutume de les fcier , lorfque ces figures font en place. (2. J.) TENON, { im. (verme de Virrier. ) 1l nomme ainfi de petites ligatures de plomb qui fervent à lier Le vi- trage avec les verges, afin de le tenir fermé, & que le vent ne puifle point lendommager. ( D. J.) TENON, (Marine. ) Voyez TON. L'TENON DE L’ÉTAMBORD , ( Marine. ) petite par- tie du bout del’étambord, qui s’emmortoife dans la quille du vaiffeau. © TENONS DE L'ANCRE , ( Marine.) ce font deux petites parties de la vergue dé Fancre, qui s’entail- lent dans le jas, pour le tenir ferme. TENONTAGRA , f. f. (Lexicog. méd.) revvraypa, de revdr, rendon , & de dyp , Jaififfement ; efpece de goutte dont le fiege eft dans les tendons larges ; par exemple, dans les ligamens tendineux de la nuque du cou. On trouve ce mot dans Cœlius Aurelianus, cap. 5. Marb: chron, lib. IT. vers la fin. (D. J.) TENOR , f. m.ez Mufique. Voyez TAILLE. TENOS'ou TENUS, (Géog. anc, ) aujourd'hui Teno , ou Tine jile de la mer Egée, & l’une des Cy- clades , au midi oriental de lile d’Andros , dont elle n’eft féparée que par un détroit de mille pas, fe- lon Pline. Nousparlerons amplement de Tezos au mot TiNE. Ne Il fufit de dire ici, que c’eft des peuples de cette île, ou de la ville de même nom qui y étoit ancien- nement, que fait mention une médaille de lempe- reur Sévere, fur laquelle on lit ce nom THNION. Te- niorum. Pline, iv. IV, chap. xi. qui lui donne quinze mille pas de longueur , dit fur le témoignace d’Arif tote , qu’elle fut anciennement appellée Hydruffa, à caufe de Pabondance de fes eaux. Etienne le géogra- phe ajoute qu’on la nomma ainfi Ophiufz , à caute de la quantité de ferpens qu'on ÿ trouvoit. La ville de Tenos, à ce que dit Strabon, Zv. X. fub finem, n’étoit pas grande; c’eft de cette ile dont . parle Ovide dans ces vers, Mésamorph. liv. VIT, Ve 409. | AtnonOliaros, Didymæque, & Tenos, 6 Andros, Er Gyaros : nitideque ferax Peparechos Oliyæ , . Groffiacas juvere rates. 2%. Tenos:où Tenus, eft auf dans Hérodote une ville de l'Æolide ; & dans Ariftote 11 y a une ville de: cenom dans la Theffalie: (D. J.) FENSEMENT , f. m.( Grami €& Jurifpr.) rena- mentimypéiparcorruptiontaffamentiun, tenfamentum , senfatio, C'étoit un droit impofé fur les maïfons & autreshéntages, êtqui fe payoit en argent ou en efpecetdansipluñieurs titres, &c eft ffipulé outre Le “ cens ; 1l en eft parlé dansun cartulaire de Pabbaye de Saint-Denis de l'an 11709,où 1l eft nommé zu mentunr; dans autres anciens titres , il eft nommé talamentum. Voyez le gloff. de Lauriere. (4 TENSIO-DAI-SIN , 1. m. ( Mythologie & culte. } c’eft le plus grand dieu des Japonois qui profeffent la rehgion du fintos; on le résarde comme le patron &c le proteéteur de l'empire. On celebre fa fête le feizieme jour du neuvieme mois, avec une pompe & un magnicence extraordinaire. Li TENSION, £ £ (Phyf.)eft lation par laquelle un cofps eft tendu. Sur quoi, voyez l’article CORDE. TENSION , ( Phyfiolog. ) les animaux ne fe {ou- tiennent & nee meuvent que par la srfion de leurs mufcles & de leurs nerfs. Une corde rend un fon plus aigu ou plus grave , fuivant qu’elle a plus ou moins de senfion. Voyez CORDE , SON, &c. TENSION , ( Médecine, ) la renfcon dans les mala- dies , eft un fymptome de l’inflammation & de toutes les tumeurs inflammatoires , de même que des afec- tions {pafmodiques. Cette sezfon eft naturellement différente , felon la délicatefle des tempéramens ; elle dépend de la fenfñbilté des parties, du nombre des nerfs , de la préfence du liquide nerveux. Cette renfion Îe guérit par les relächans , les cal- mans , lesanodyns , les anti-fpafmodiques. | TENSONS , 1. m. plur. ( Lang. franç. ) autrement dits Jeux partis, queftions galantes fur l’amour qué l’on failoit & qu'on décidoit en vers ou en profe, Voyez TENÇONS. ( D. J.) | TENTATION, L. f. en termes de Morale on de Théo: logie , eft une induétion , ou follicitation au mal, oc- cafionnée par les attraits du monde , par la concu- pifcence de la chair , ou par la malice du démon, Les myftiques appellent semcarions utiles, ces épreuves où l’ame doit pafler avant de pouvoir arri- ver à la vie unitive & à la paix intérieure. Quand l'ame furmonte cette fecherefle & ces ténebres où elle tombe par une fufpenfon des effets fenfibles de l'amour de Dieu, & qw’elle réfifte au monde &c à tous fes attraits, ces sezzarions S’appellent des sera sions ‘utiles & frudtueufes. TENTATIVE , ( Gram. ) terme qui s'emploie en, certaines occafons , comme un adjeétif ; ainfi nous difons, une méthode serrarive , pour exprimer une méthode encore grofhiere 87 imparfaite , & que l’on tâche de perfectionner par des effais & des expé- riences. Tentative s'emploie auffi comme un fubffantif, &z fignifie un effai ou un effort que l’on fait pour mefu- rer {es forces, pour fonder une affaire , & pour voir fi l'on réuflira ou non. Dans les umiverfités de France , la ensarive eft [a premiere thefe, ou le premier aéte qu’un candidat en Théologie eft obligé de foutenir pour faire con- noître fa capacité : quand on eft content de fes ré- ponfes fur les dificultés qu'on li a faites dans la difpute , on’ lui confere le degré de bachelier, Voyez ACTE, THese, DEGRÉ, BACHELIER, 6, TENTE , { £ ( Æortificarion. )tabernacle , pavil- lon ou logement portatif que l’on dreffe en pleine campagne pout fe mettre à l'abri des injures du tems. Voyez T'ABERNACLE. | Ce mot eft formé du latin semtorium, de rendo , je tends , parce que les serres le font ordinairement de canevas ou de coutils, que l’on étend & que l’on foutient avec des perches , des cordes, & des che- villes ou piquets. Les armées campent fous des serres. La plüpart des Tartares & des Arabes, qui font des peuples errans & vagabonds , logenttoujours ous dés serres, Voyez Horpes , NOMADES , Gr. Les Hébreux, dans le défert , logerent pendant quarante ans fous des sers , çe qui leur donna occa TEN fon d’inftituer la fcenapégie ou fête des tabernäcles. Poyez SCENAPEGIE. Charnbers. Les rentes dont fe fervent les foldats{ont appellées Cannonieres, | 5 Quoique Pufage des sentes foit fort ancien , & que les Romains s’en foient toujours fervis ; il étoit ce» pendant prefqu'entierement aboli en Europe, & ce n’eft guere que depuis Louis XIV. que-les cavaliers © les foldats francois ont des rentes, Ayant le regne de ce glorieux monarque, les, armées étant bien moins nombreufes qu’elles ne Je font devenues depuis, elles fe fervoient des villages pour y trouver quelque abfi, & elles fe trouvoient par-fà féparées en plus fieurs parties ou quartiers éloignés les uns des autres ) ce qui étoit fujet à bien des inconvéniens. L'ans les fieges où dans les camps à demeure , les cavaliers & les foldats fe faifoient des baraques de paille qu’on rangeoit avec ordre. Les princes d'Orange, quiont beaucoup contribué au rétabliflement de la difcipline militaire en Europe, n’en ufoient pas autrement. Leurs foldats & leurs cavaliers fe baraquoïent ; mais les officiers & ces princes mêmes Le fervoient de Leriies, ( Q ). \ TENTE DU LEVANT, ( Lfages des Orientaux. )les | tentes di Levant font moins embarraflantes que-celles de ce pays-ci. Elles n’ont qu’un arbre au milieu qui fe démonte en deux, quand on veut plier bagage, mais qui foutient, lorfque la zeneeft placée, un pa- villon de grofe toile bien ferrée » fur laquelle l’eau coule aïfément ; le pavillon eft arrêté dans {à circon: férence avec des cordons que l’on accroche à des Cheviles de fer fichées en terre ; aux deux tiers de la hauteur de ce pavillon font attachées des cordes que Von bande fortement par Le moyen d’autres chevilles plus écartées de l'arbre queles premieres ; ces. cor- des tirent le haut du pavillon en dehors ; à lui font faite un angle faillanten maniere de manfarde. (D...) TENTE d'HERBAGE, serme de galere : ç'eit une rente de gros draps de couleur de burre. Voyez TEN- DELET, Ah: TENTE, ex Chirurgie, eft un toulean de charpie , d'une figure cylindrique, que l’on met dans les plaies "& dans les ulceres. | Les enres s'emploient pout empêcher qu'une plaie ne fe ferme trop tôt. Maisplufieurs auteurs de chi- rurgie, & en particulier l’auteur du livre intitulé le Chirurgien de l'hôpital | donnent quantité d’exemples où lufage des senres, &t:fur-tout des serres dures ; seft trouvé nuifible, ayant prolongé le traitement, attiré des inflammations, produit des finus ,; Fi mor- tification , &c. dans les plaies & les ulceres. Voyez BOURDONNET. Poui remédier à ces inconvéniens j 1l propofe que les linimens , &c. foient d’une confif. tence liquide, ou par eux-mêmes , ou en les échauf- fant ; &c que lorfque les senes paroïffent indifpenfa- blement néceflaires, comme dans les grandes cayi- tés , On peut aggrandir l’ouverture » © mettre au Ben de sentes des bourdonnets mollets » Qui n'auront pas les inconvéniens des sexes. Voyez ULceRr. On fe fert d’une serre dure , longue & grofle com ime le petit doigt dans les panfemens de l'opération de la fiftule à l'anus. Pour faire cette sense , Onprend plufieurs brins de charpie longs de fix pouces ; onles range à côté les uns des autres; on les plie par le milieu , 8 on en fait un rouleau lié exaétement par des circonvolutions de charpie dans l'étendue de deux pouces & demi où environ, On étend le refte de la charpie pour en faire une tête circulaire & ho rifontale au corps de là sexe, Nous ayons parlé de la Méthode de la placer fans douleur au 04 F ISTULE. À. L’ANUS. ; La Chirurgie moderne a proferit les rentes du trai- tement des plates à la fuite de Popération de la taille, Cette reforme à commencé du tems de Fabricius Hildänus:Cet habile prâticien difeute fes ceux qui défapprouvoient les tentes ÿ 8 il conclu pour leur ufagei Ce point de Pratique eft digne de l'attention des maîtres de Part ; & je penfe qu'il y à bien des! faits favotables À leur méthodique applicas tion: Les: -obfervations contraires Pourroient n’en montrer que Pabus: : LA L’académie royale de Chirurgie a propoié , pour TAr faïlons.dé Je ptix del’innée 1734, de déterminer quels font , {elon les différens cas , les avantages & les inconyé- menside l'ufage dés séries & autres dilatans. Le mé- - mOMRÉ qui a étércouronné 8e celui qui a concour pour le prix ; font imprimés dans lé wreémier some de l'ouvrage intitulé ; réémeil des Pieces qui One concours Pour le prix “de l'académie royale de Chirurgie, Les in- convéniens des dilatañs ne {ônt point difimulés : on dit tout ce qu'il éft poible d'imaginer pour les ban- nir de la pratique, On réconnoir cependant qu'il y a des cas iqui exigent qu’on s’en ferve 5 ces cas fontrangés: fous trois clafles. La premiere renferme les: cas où-les dilatans font ufles avec peu ou point d'inconvéniens, Lafeconde, qui femble rentrer dans la premiere comprend les cas où l'utilité qui réz fulte des dilatans furpañe les inconvéniens annexés à leur ufage. La troifieme claffe eft de ceux où les in- convéniens mêmes des dilatäns déviennent néceffai- res. Le détail de tous ces points de difeufion mene- roit trop loin; fous avons rémpli nottetâche, en indiquant les fources où lon peut prendre les ren- feignemens les plus étendus lur'ces Objets. ( ) TENTE , en serme de Boyardier, ce font fept mon- fans percés à jour dans toute leur lonoueur , dont trois font:plantés à un bout &trois à l’autre , Chacun à la diftance de deux piés & demi l’un de Pautre , & le feptieme au milieu , éloigné de chaque bout d’en- viron neuf piés. C'eft fur cette charpente que l’on étendles boyatx pour fes fécher. Les fept montans font autañt de longueurs différentes. Celle qui prend au premier montant À droite, & finit à celui du mi- lieu, s’appelle longueur f’mple : a:telle paflé fur cé dernier, pour aller gagner le premier des trois dé Vautre.bout , c’eft une longueur double : commence t-elle au fecond à droite, & finitelle à celui du mi- heu , c’eftiun travers femple ; delà paife-t-elle au fe: cond de l’autre bout, c’eft un rai, double, Cette tenrè eft la même chez tous les Boyaudiers » & fert de re- gle pour les marchands de provinces qui demandent tant de longueurs fimples ou doubles » tant de tra vers , Gc, fixent en même téms la grofleur & le prix de la marchandife qu’on leut envoie. TENTES: 04 BAS-PARCS à crois TANBS CONIQUS à fortes depêcheries. Les Pécheurs-tendeurs de baile eau de Quineville , dans le reflort de lamirauté de la Hougue, ont des bas-parcs à trois rangs , telle: ment contigus &c joints Les uns aux autres , qu'il eff abfolument impoffible aux poiffons de monter à la côte lorfqu'ils font dansles pêcheries ; Où fi la marée eft dans letems des vives eaux ; & que les poifons ayent franchi le remier rang des parcs, ils en trou: vent.un fecond , & même üh troifième , Enforte que les petits poiffons ne peuventretouraer à 14 mér Ces pêcheries font les véritables bas-pares où ve- nets de l’ordonnance; il ne faut pas appeller 452 Pares feulement ceux qui font à la bafe-eau , & hauts Parcs ceux qui font à la côte, la dénomination de bas-pares leur convient à tous , car les haut-pares dE ferent des b45-parcs en ce que les filets dont ils font parmis , ontbeaucoup plusde hauteur, TENTELE, ff (Hifi. nat.) nom générique que les habitans de l’île de Madagafcar donnent au miel, dont leur pays produit plufieurs efpeces, Celui de la premiere efpece fe nomme voa-tentele, c’eft le miel ordinaire des abeilles : le fecond s’appelle f4, il ett produit par des mouchés qui font vertes ; le troifiems 142 T'EN ett produit par des fourmisailées , qui le raffemblent dans les arbres creux ; la quatrieme efpece eit pro- duite par des fourmis d’une grandeur finguliere , qui le font dans des efpeces. de tas de terre d’une forme conique & percés d’une infinité de trous, Il ÿ a de plus une autre forte demiel, qui a plus de confiftence & qui a la dureté du fucre , on le nomme renrele- facondre:; les mouches qui le font, l’attachent aux feuilles de certains arbrifleaux, où elles font enfuite transformées en chryfalides jaunes, vertes ou rou- ges. Quelques-uns ont cru que ce dernier migLou fucre étoit le même que les Arabes nomment r2Bex1r. L'île de Madagafcar fournit enfin un miel, quieftun poifon très-violent ; ce qui vient, dit-on, de ce queles mouches qui le produifent fucent lesfleurs d'un arbre, nommé caracarac ,; qui eft d’une mauvaife qualité. TENTER,, v. a@. (Gram.) ce verbe outre fa figni- fication prife dans l'Ecriture ; :& dont nous avons déja parlé, a d’autres fens fort bons & fort com- runs ; on sense un valet pour le débaucher du fervice de fon maître ; on serre un officier, un miniftre pour le retirer des intérêts de fon prince. Tenter dans ce fens , c’eft faire à quelqu'un des propoñitions capa- bles de corrompre fa fidélité. Quelques-uns difent auf, rencer une perfonne, pour dire, fonder une per- fonne : hypocrites pourquoi me rezcez-vous ? Mais je penfe que Jozder feroit ici beaucoup meilleur. On dit fort bien renter Dieu ; mais c’eft dans une autre figni- fication } ceux-là serrent Dieu , qui attendent tout de fa providence, ou qui fe jettant dans des dangers manifeftes , efperent que Dieu fera des miracles pour les délivrer du péril. Tezer fe prend encore pour hafarder , rifquer ; tenter la fortune du combat. Avant l'aurore éveiller des chanoines , Qui jamais l’entreprit ! Qui l’oferou tenter? Eff-ce un projet, 6 ciel ! qu'on puiffe exécuter ? | | Defpréaux. Il veut dire quelquefois effzyer ; senter tous les moyens de rentrer en grace; il fe dit aufä pour excrser, érnouvoir : Fui, traître , ne viens point braver ici ma haine, Ertenter un courroux que je retiens à peine. Racine, dans Phedre. (2.7) TENTER, (Cririque facrée.) ce verbe fignifie com- munément éprouver, dans Ecriture. Ainfi quand elle dit que Dieu sezte les hommes , cela ne veut pas dire que Dieu cherche à les féduire pour les faire tomber dans le péché, mais cela fignifie qu'il éprouve leur vertu, foit par des commandemens plus ou moins pénibles, foit par des traverfés attachées à l’huma- nité, Tenrer Dieu, dans l’ancien Teftament , c’eft vouloir éprouver follement fa toute-puiffance ; c’eft s’expofer à des dangers dont on ne peut fortir fans un effet miraculeux de fon fecours. Vousne serrerez point le Seigneur, Deur. yj.18. Voici une réponfe de la Pythie qui fe trouve dans Hérodote , renter Dieu G le faire, c’eff la même chofe ; to œepad Aves vou OiÈ » À) TO GOT » 400) d'uvaras, lib. VI. num. 8C. page 360. D. JT.) TENTHREÉNIODES, (Lexicogr. Médec.) veySpn= nddus , épithete qu'Hippocrate donne au poumon, &z par laquelle 1l défigne que ce vifcere. eft percé d’un grandnombre de petits trous, femblables à ceux dun rayon de miel, c’eft-à-dire, felon Galien de ufu partium, lib. VII. c. ix. que le poumon eft d’une fubftance molle & poreufe. (D. J.) TENTOI, f. m. (Haure-lifferie. ) on nomme ainfi parmi les haute-lifliers les barres qui fervent à ten- dre & à tourner les. deux.enfubles où font attachés les fils de la chaîne de l’ouvrage, lorfqu’on monte le métier. La barre de l’enfuble: d’en-haut s’appelle le TEN grand zenoi, &c celle du rouleau d’en-bas le petit ze7- toi. Dité, du comm. ( D. 3.) TENTORES , fm. ( Lrréérar. ) on nommoit ainf chez les Romains les gardiens établis pour avoir foin des habitans , de ceux qui difputoient le prix du cir- que dans la courfe des chars. Piifeus. ( D. JT.) TENTURE de deuil , {. f. terme de Juré-Crieur, bande de ferse de plufeuts aunes de long qu’on tend dans la chambre , aux portes de la maïfon, & même dans l’églife, aux funérailles de quelqu'un qui eft dé- cédé. Il y a une serrure noïre & une serrure blanche. On fe fert de la noire pour les gens mariés , & de la blanche pour les files êcles garçons. Savary. (D. J,) TENTURE de tapifferie, c’eft un certain nombre de pieces ou d’aunes de tapiflerie fuffifante , pour tendre &t tapifler un appartement. Li TENTYRE, ( Géog. anc.) ville d'Egypte, & la métropole d’un Nome , appellé Nomus Tentyrites, du nom de cette villé, felon Strabon, Pline, Ptolo- mée, & Etienne le géographe, Le premier, Z. XWIT. p. 814. ajoute que les Tezsyrites faifoient la guerre aux crocodiles plus qu'aucune autre nation ; &r qu'il y avoit des gens qui croyoient que lès Temsyrires avoient un don particulier de la nature pour pouvoir réduire ces animaux ; mais Séneque, /, IV, c, 1j. dans fes queftions naturelles , nie que les Tezzyrites euflent en cela reçu de la nature aucun avantage fur les au- tres hommes. Ils ne maîtrifent les crocodiles , dit-il, que par le mépris qu'ils en ont, & par leurtémérité; ils les pourfuivent vivement ; ils leur jettent une corde, les lient, & les traînent où ils veulent : auf en voit-on périr beaucoup de ceux qui n’apportent pas toute la préfence d’efprit néceffaire dans une oc- cafon fi périlleufe. Cette antipathie des Tezzyrites pour les crocodiles que les habitans des autres villes adoroïent, caufa entr’eux une haine qui produifit une guerre ouverte, dont Juvenal parle dans fa quinzieme fatyre, verf.3,3. Inter finitimos vetus atque antiqua fimultas, Immortale odium, G-nunquam fanabile vulnus Ardes adhuc , Ombos & Tentyra , fummus urrims ue, Indè furor vulgd , quod numina vicinorum Odit urerque locus , quum folos credat habendos E [fe deos ; quos 1pfe coli. (2.1) TENU , adj. (Gram.)dulatinseruis; menu, mince, délié ; une poudre sezue, une membrane serue ; un trait mince & en ; une écriture senue ; les particules tenues de l'air , de l’eau, du feu ; les confonnes de l'alphabet grec fe divifent en moyennes, sezues 8c af- pirées. De reru on a faitreruité, qui n’eft guere d’u- fage qu’en Phyfique ; la renuiré des atomes. TENUE , f. f. (Gram.) état fixe, ftable; on dit la tenue de lefprit , du caraétere , des idées. On dit d’un cavalier qu’il n’a point de serve à che- val ; on le dit auffi de la felle ; la felle à Pangloife n’a pas desenue. En marine , qu'un fond n’a pas de senues La serue d’une affemblée , d’un concile, d’un congrès, Voyez TENIR. La senue d'un fief. Voyez TENURE. Faire au triétrac une sue malheureufe. Voyez TE: NIR au triérac. TENUE , voyez FOND DE BONNE TENUE. TENUE , {. £ en Mufique, eft un fon foutenu par une pattie durant deux ou plufeurs mefures , tandis que d’autres parties travaillent. Voyez MESURE, PAR: TIE, TRAVAILLER. Il arrive quelquefois, mais ra- rement, que toutes les parties font des sexes à-la- fois. { S | TENURE , £ f. (Gram. 6 Jurifprud.) eft la ma= niere & le titre auquel on poffede un héritage ; 11ÿ a plufieurs fortes de sengres , favoir la snure en fran TEN _che-aumône , la sure en franc-aleu , la sure en fef par hommage, la remure par parage, la rezxre par bourgage , la serure en cenfive. Voyez l’article 103, de la coutume de Normandie, & les mors ALEU, AUMONE, BOURGAGE , CENSIVE , FIEF , For, FRANC-ALEU, HOMMAGE, PARAGE. (4) TENURE , ( Rubanier. ) fe dit de quelques fupet- fluités qui fe trouvent dans les foies de la chaîne, qui occafñonnent des filanderies qui, par le continuel frottement du travail , fe confondant emfembie , em- pèchent entr'elies Ta levée des brins qu’elles occu- pent , & les font cafler quelquefois Pun & l’autre, f l’on n’y remédie de bonne heure ; ce qui fe faiten arrachant ces filanderies avant qu’elles ayent acquis plus de tenuité. | TENZEGZET , (Géog. mod.) ville d'Afrique , au royaume de Trémecen, furlehaut d’unrocher, entre Frez & Trémeçen, proche la riviere de Tefma, Les * Turcs en font les maitres , & y tiennent garnifon. UDLT, : ; TÉGRREGU, ( Géog. mod.) contrée d'Afrique, dans la Barbarie, entre Tripoli & le défert de Barca. C’eft une contrée prefque déferte, & qui ne porte que des palmiers. Long. 36.5. latir. 26.57. (D. J.) TEOS , (Géog. anc.) ville de FAfie mineure , dans Plonie , fur. la côte méridionale d’une péninfule, vis-à-vis de l'ile de Samos, entre Chalcis & Lebedus. Strabon , Z. XI, p, 644. lu donne un port; mais du tems d’Anacréon, les habitans de Téos ne pouvant fouffrir Les infultes des Perfes, abandonnerent leur ville, & fe retirerent à Abdere ville de Thrace , ce qui donna lieu au proverbe.: \£ 1 \ \ À Cd'npe QaAR Thiwr amoiyits Abdera pulchra Teiorum colonia. Cependant dans la fuite quelques-uns d’entr'eux y retournerent. Hérodote, Z. I. c. clxviy. loue ces peuples d’avoir mieux aimé abandonner leur ville, que de vivre dans l’efclavage. Ils furent traités plus doucement par les Romains que par les Perfes: On en cite pour preuve le grand nombre de médailles que cette ville fit frapper à l'honneur de divers em- pereurs. Il nous en refte d’Augufte, de Néron, de Domitien, de Commode & de Valerien, fur lefquel- les on lit ces mots THION, Teiorum. Dans une de ces médaïlles, Augufte eft dit fonda. teur de la ville de Téos, parce qu’il l’avoit fait répa- rer, où parce qu'il avoit embellie. Cellarius, Géopr. ant. L. III, c, 17, prétend qu’on ne doit avoir aucun égard à ce que dit Pline, lorfqu'il fait entendre qué la ville de Téos étoit dans une ile de même nom, Le P. Hardouin n’eft pas de ce fentiment : il dit à la vé- rité avec Strabon & avec divers autres anciens, que la ville de Téos étoit dans une péninfule , mais de fa- çon que cette péninfule devenoit une ile, lorfque la mer étoit haute & agitée. C’eft un tempérament que Penvie de fauver l'honneur de Pline lui a fait ima iner | 2°, Téos, ville de Scythie. Etienne lé géographe la donne aux Dytboœr. C2 C’eft Téos de lIonie qui eft la patrié d’Anacréon. Horace l’a peint en deux mots, O% IX. 1. 1. «Le » tems n'a rien Ôté de fon prix à l’élégant badinase # d’Anacréon », Nec, fi quid olim lufic Anacreon Delevit œras, | _ C’eff tout Anäcréon peint d'un féul trait. Perfonné n’a fu mieux que lui badiner avec légereté , avec dé- licatefle ;avec naïveté, Ses potfiés ne font que des chanfonnetes produites par fentimént plutôt que par réflexion. On voudroit feulement qu'il eût plus ref petté la pudeur dans la peinture qu'il nous fait dés plaifirs. Îl leuriffoit , felon M. le Feyré , dans la TEN 143 lex. olymprade, vers l'année 263 de Rome, 489 avant Jefus-Chrift; mais c’eft s'exprimer frOp vague= ment, Je ne faurois marquer d’olympiade précife pour un homme qui a vécu 85 äns, d'autant mieux qu'Eufebe a choifi la lxij, olympiade, & Suidas la li, ce qu'il y a de für, c’eft qu'Anacréon fleurifloit au tems que Polycrate regnoit à Samos, & qu'Hyppar- chus jouifloit à Athènes de la domination que {on pere Pififtrate y avoir ufurpée. Cambyfes étoit alors toi de Perte ; & c’eft ce qu'il eft bon de remarquer, afin que les leéteurs puuffent fe repréfenter avec plus de facilité le tems auquel Anacréon a vécu. On trouve dans fes poéfies la paflion dont il brû- loit pour Bathyllus, & ce feul exemple refute l’ex= ceflive charité d’Elien, &c celle de M. Lefeyre pour le poëte de Téos: Valere Maxime, Z. LA « x, attri= bue fa mort à un pépin qui l’étrangla; & il ajoute, qu'une fin fi douce n’étoit dûe qu'à une faveur par- ticuliere des dieux. On connait les éditions d’Anactéon données par Henri Etienne , Tannegui Lefevre, Barnes, Baxter, & Corneille de Pauw. L'édition de ce dernier litté- rafteur a paru à Utrecht en 1732 ,17-4°. Non-feule: ment 1l y parle avec le dernier mépris de tous les commentateurs d’Anacréon qui l'ont précédé , mais même des poéfies qu'il publie, déclarant nettement qu'il ne penle pas qu'il y en ait aucune qui foit d’Anacréon. Il prétend que comme il s’en trouve de mauvaifes dans le recueil d'Henri Etienne , fiufle- ment attribuées à Anacréon., 1l pourtoit en être au= tant de celles qui font. bonnes. Il remarque enfin, que Suidas avoit dit qu’Anacréon écrit en diale@e ionienne, très-différente de celle dans laquelle font la plüpart des odes qui portent le nom d’Anacréon, Le fyflème de ce littérateur eft auffi fingulier que ridicule ; rien de plus aïfé que de le détruïre. Ce n’eft pas uniquement parce que les odes dont il s’agit {ont bonnes awon les a attribuées à Anacréon, mais fur le confentement des manuicrits, qui eft décifif en ces fortes de matieres ; & s’il fe rencontre quelques pieces, fur la lepitimité defquelles les favans aient quelque doute, cela ne fait rien pour le corps même du recueil, qui, fuivant toutes les regles d’une faine critique , teftent toujours à celui que les manufcrits en défignent comme l’auteur, On répond au raïfonnement de M. Pauw, fondé fur le témoignage de Suidas, qu'indépendamment de la quantité de vers qu’on peut citer, qui font remplis de mots uniquement employés par les au- teurs qui on écrit en dialecte ionienne; exemple d'Hérodote prouve que la conféquence de l'éditeur n’eft pas jufte. Le petit nombre d'ionifimes qui fe yoyent dans cet hiftorien , empêche pas qu’on ne le Taïfie dans une poflefion païfñble de fon hiftoire ; lé petit nombre de ceux qu’on rencontre dans les odes d’Anacréon, ñe doit pas non plus empêcher qu'on ne Pen reconnoiffe Pauteur, d'autant plus qué les poëtes fe font moins aftreints que les écrivains en profe ; à Le fervir de la même dialelte, _ Mais voici trois raifons tranchantes contre M, Pauw ; on lui oppofe, 1°. que les ouvrages d’Ana« créon fubfftoient du tems d’'Horace & du tems d'Ovide: eft-il dificile de concevoir que dans la haute réputation où ils étoient ils ont pu fe confer- ver jufqu'à Aulugelle qui les cite? 2°, Il fe trouve dans lanthologie & fous le nom d’Anacréon quel= unes de ces mêmes odes qu'on retrouve dans le res cueil qui nous-refte, 3°, Alcyonius dans fon premier | livre de exilio, dit avoir entendu raconter dans fà jeunefle à Démétrius Chalcondyle, que les prêtres avoient fi bieñ fait auprès des empereurs de Conf. | tantinoplé, qu’ils avoïent obtenu d'eux qu’on brûles roit les exemplaires des ançiens lyriques grecs, 144 TEEN dont les ouvrages pouvoient nuire aux mœurs. Ana- créon étoit du nombre ; il en reftoit alors des copies. Îl feroit à fouhaiter que les deux manufcrits fur lefquels Henri Etienne publia le premier Anacréon à Paris en15$4, 27-4°. il feroit, dis-je, à fou- haiter, que ces deux manufcrits, qui font les feuls qu'on ait vus de ce poëte, euflent été confervés. Henri Etienne par malheur , étant tombé dans une efpece d’aliénation d’efprit fur la fin de fes jours, laiffa périr ces deux manufcrits avec quelques autres qu'il ne communiquoit à perfonne , pas même à fon gendre Cafaubon. Il avoit traduit en françois les mêmes odes d’Anacréon qu’il a mifes en vers latins; mais 1l nofa publier fa traduétion après avoir vù celle de Remi Belleau. Renvoify mit en mufique Pan 1558, la traduction de Belleau. La traduétion de Longepierre vit le jour à Paris l'an 1673 ; le grec eft d’un côté, la tradu@ion en vers françois de l’autre, & les obfervations critiques du traducteur font à la fin de chaque piece. L'édition de mademoifelle Lefevre parut à Paris lan 1681, avec le texte grec d’un côté, la verfion en profe françoile de l’autre, & des remarques fur chaque poëme d’Anacréon. M. Regnier Defmarais, fecrétaire de l'académie Françoïe , publia en 1693 la traduétion d’Anacréon de Barthelemy Corfini en vers italiens avec des re- marques ; mais il a paru dernierement une traduc- tion italienne en vers, d’Anacréon, fupérieure à toutes les précédentes; elle eft intitulée, Ze ode di Anacreonte , nuovamente da varii 1lluffri poeti nella ira- liana favella tradoite, &c. 1732. Voicila premiere ode de cette traduétion, qu’on pourra comparer avec celles que nous avons en vers françois, de diverfes mains. Degli atridi io canterei E dicadmo : cafirei; Ma dal mio voler difcorda Dalla cetra ogni corda, Æ lafcolto a tutte l’ore Solo dir cofe d’amore. Poco fa cetra carnbiat , Che di nuove corde armat s E a narrare il cor s’accefe Del grand” ercole l’imprefe , Ma contraria a me rifpoje Pocti tenere e amorofe. Dunque gite in pace o eroi , Che ingombrate i miei penfiert ; 10 non poffo dir di voi L’alte gefta e ï noms alrert, Se la cetra a turte l’ore Sol rifponde ,amore, amore. (Le chevalier DE JAUCOURT. ) TEPEACA, ( Géog. mod. ) province de l’Améri- que feptentrionale, dans la nouvelle Efpagne, & dans l'audience du Mexique. Fernand Cortez con- quit cette province en 1520, & y bâtit Segura de Ia Frontera, fur la hauteur de 184. 40/. au nord de la ligne. (D. J.) ges À TEPECOPAELI-QUAHUITL, { m. (Æff. nat. Botan.) arbre du Mexique & des autres parties de la nouvelle Efpagne. Il eft d’une moyenne gran- deur, & porte un fruit qui reflemble au gland, &c qui. eft couvert d’une peau bleue qui eft gluante &r réfineufe, & qui eft fort femblable à encens; ce qui fait que les Efpagnols la nomment ircienfo de Los Îndios , encens des Indiens : on lui attribue de très- : grandes vertus ; On croit que cette réfine eft celle qui eft plus connue fous le nom de gomme animée, TEPETOTOLT , f.m. (Æiff. nat, Ornirholog.) nom d’un oifeau du Bréfil , du genre des coqs d'Inde, &t qu’on appelle plus communément mu -poragu. Voyez ce mot, ( D, J.) TEN TEPHRAMANCIE ox SPODOMANCIE, ( Div.) _dugrec rcpe & orodve qui figniñient également de la cendre , & de payrera divination , efpece de divination dans laquelle on fe fervoit de la cendre du feu, qui, dans les facrifices avoit confumé les viétimes: on la pratiquoit fur-tout, fur l’autel d’Apollon Hmenien ; c’eit peut-être ce qui a fait donner à Sophocle dans fa tragédie d'Œdipe roi, le nom de devinerefle à la cendre payes codes. Delrio dit que de fon tems on avoit encore en quelques endroits la fuperftition d'écrire fur de la cendre le nom de la chofe qu’on prétendoit favoir ; au’on expofoit enfuite cette cen- dre à l'air, & que felon que le vent effaçoit les let- tres en enlevant la cendre ou les laifloit en leur en- tier, on auguroit bien ou mal pouf ce qw’on vouloit entreprendre. Delrio, Difquifir, magic. Lib, IF. cap. 1. queft. vi. feë 1. pag. 552. On prétend que tous les Alsonquins & les Abenas quis, peuples fauvages de l’Amérique feptentrio- , nale, pratiquoient autrefois une efpece de sephraman: cle Où pyromancie dont voici tout le myftere. Ils ré- duifoient en poudre très-fine du charbon de bois de cèdre ; 1ls difpofoient cette poudre à leur maniere, puis y mettoient le feu; & parle tour que prenoit le feu en courant fur cette poudre, is connoïfloient, difoient-ils, ce qu'ils cherchoient. On ajoute que les Abenaquis, en fe convertiflant au chriftianifme , ont eu bien de la peine à renoncer à un ufage qu'ils regardoient comme un moyen très-Innocent de con: noitre ce qui fe pañloit loin de chez eux. Journal d'urs voyage d'Amérique, par le P. Charlevoix , lettre xxv. Page 303. A TÉPHRION , £ m. (Pharmac anc, ) legpr, nora d’une collyre de couleur cendrée ; il s’appelloit auffi cythion : On en trouve la préparation dans Aetius , 1. VII. & dans Celle, Z WI. c. vj. mais d’une maniere différente. (D.J.) ° TEPHRITES, (ff. nar. Litholog.) nom donné par quelques auteurs anciens, à une portion de la corne d’'ammon pétrifiée. : TEPIDARIUM, f. m. (Lirrérat.) chambre des thermes des anciens, appellée auffi corcamerata fuxa- tio : c’étoit une étuve voutée pour faire fuer, un bain de vapeur ; ces lieux étoient arrondis au cothpas, afin qu'ils reçuflent également en leur milieu la force de la vapeur chaude, qui tournott êt fe ré- pandoit dans toute leur cavité. Îls avoient autant de largeur que de bauteur jufqu’au commencement de la voute , au milieu de laquelle on laioiït une ouver- ture pour donner du jour, 8 on y fufpendoït avec des chaînes un bouclier d’äirain, par le moyen du- quel ; en le hauffant &c baiflant, on pouvoit augmen- ter ou diminuer la chaleur qui faïloit fuer. Le plan- cher de ces étuves étoit creux & fufpendu, pour recevoir la chaleur de lhypocaufte, qui étoit un gran fourneau maçonné au-deffous, que Pon avoit foin de remplir de bois & d’autres matieres combuftibles, & dont l’ardeur fe communiquoit aux étuves, à la faveur du vuide qu’on laifloit fous leurs planchers. * Ce fourneau fervoit non: feulement à échaufer. les deux étuves, mais-aufi une autre chambre ap- pellée vafarium , fituée proche de ces mêmes étuves. & des bains chauds : l’on plaçoit dans cet endroit trois grands vafes d’airaia appellés miliaria, à caufe de leur capacité; lun étoit deftiné pour l'eau chau- de, l'autre pour la tiede, & le troifieme pour la froide. Ces vafes étoient tellement difpofés, que Veau pouvoit pañler de l’un dans l’autre par le moyen de plufieurs fyphons, & fe diflribuoït par divers tuyaux ou robinets dans les bains vorfins , fuivant, les befoins de ceux qui s’y baignotent. 7 Le repidarium qui {ervoit aufli de garderobe, pa= toifloit d’une ftru@ture magmfique dans les thermes, de Dioclétien avant la démolition : ç toit un AU Di à due | falion fon oftogone de figure oblongue, dont chaque ficé formoit un derni- cercle, & dont la voure toit outenue par plufieurs rangs de colonñes d’une hau- teur extraordinaire, . | On a trouvé à Lincoln, fous terie, en 1739 , les reftes d’un zepidarium des Romains, & l’on en peut voir la defcription dans les Tranf. pilofophiques n°. 461./e&, 29. (D.1J.) | : TÉPIS, {. m. (Comm. ) étoffe de foie & coton qui fe fabrique aux Indes orientales, (D.J.) _ TEPPIA, LA, ( Géog. mod.) riviere d'Italie, dans lacampagne de Rome. Elle a fa fource près de Roc- ca de Maffimo, & fe perd dans le fleuve Sifto ; c’eft lañcien Amasène, qui trayerfe les maraïs Pomprins, & tomboit dans la mer de Tofcane, près du pro- montoire de Circé. (D.J.) | TEPULA-4QUA,(Géog. ant.) Pline, Ziv. XXXVI, ch, xv. & Frontin, Lb. de aqgueduëtib. don- nent ce nom à un des aqueducs qui conduifoient . Veau à Rome & dans le Capitole : cette eau venoit du territoire appellé Lucullanus, & que quelques- uns croyent être le même que T#/culum. L’aqueduc pañloit par la voie Latine. Cn. Servilius Cœæpio, & L. Caffinus Longinus l’avoient fait faire dans le tems - qu’ils étoient cenfeurs, dans la 629. année de la fon- dation de Rome, fous le confulat de M. Plautius Hyplœus, & de M. Fulvius Flaccus. ( D. J:) TER, LE, ( Geogr. mod. ) en latin Thiais, riviere‘ d'Efpagne , dans la Catalogne. Elle a fa fource près du mont Canige, baïgne les murs de Gironne, & Va fe perdre dans la Méditerranée, | TERAIN, LE, 07 THEREIN oz THARAIN, (Géop, mod.) en latin vulgaire Tara, riviere du Beauvoifis ; fon nom eft formé de la racine ser 8&c du latin amnis, d'où l’on a fait air, comme dans plufieurs autres noms de rivieres. Elle tire fa fource d’un village du côté de Dieppe, & fe jette dans l’Oïfe à Montalaire. DRE S TERAMO: (Géog. mod.) ville d'Italie, au royau- me de Naples, dans PAbruzze ultérieure , au con- fluent du Tardino & de la Viciola, entre Afcoli & Civita-di-Pena , à 8 lieues d’Aquila. Cette ville eft l'Interamna du pays des Prægutiens ; Prolomée , Zip. III, c. 7. écrit Interamnia. Elle a préfentement un évé- ché fondé l'an $oo, & qui ne releve qué-du pape: Long. 31. 29. lat. 42. 37. | Palladino (Jacques ) auteur eccléfiaftique du qua- torzieme fiecle , connu fous le nom d’Ænrcharano, & plus encore fous celui de Jacques de Téramo, parce qu'il naquit dans cette ville en 1349. Il devint évêque üe Monopoli en 1391, archevêque de Tarente en 1400, archevêque de Florence en 1401, évêque & adminiftrateur du duché de Spolete en 1410. Il fut envoyéen Pologne, en qualité de légat du faint fiése en 1417, & il y mourut la même année. Le-feul de fes ouvrages qui a eu cours, mais un cours incroya- ble , eft une efpece de roman de piété, qu'on a tra- duit dans prefque toutes les langues de l'Europe. * M. Dupin a eu tort de dire, que ce roman n’exif- toit qu’en manufcrit dans les bibliotheques d’Angle- terre ; 1l a été mis au jour pluñeurs fois, & fous des titres différens. Voïci ceux des premieres éditions : 1°. Jacobi de Antharano , proceffus Lucifiri contra Ihe- Jum, coram judice Salomone ; c’eft une très-vieille édi- tion, z2-folio, fans aucune indication, ni date. 2°, Re- Verendi patris domini Jacobi de Theramo , confolatio eccatorum nuncupatum , & apud nonnullos Belial vo- citatum, id eff, proceffus Luciféri principis demoniorum, quorum procurator Belial, contra [hefum redemptorem , ac falvatorém noftrum , cujus procurator Moyfes | de fpo- Lo animarum quæ in lymbo erant, cèm defcendit ad in- ferna ..:... coram judice Salomone ; c’eft encore une très-ancienne édition, é-fo/io, en aflez beaux carac- teres , fans aucun nom de ville, & fans aucune date. Tome XVT, TER 145 On a d’autres éditions du même ouvrace. x. Une d'Ausbôure , chez Jean Schufler en 1472, in-folio y 2. Une intitulée: Lis Chrifli & Belial ; judicialirer cos ram Salomone judice ; Gondæ, per Gérardum Leen en 1481. 17-folio, en caracteres gothiques. 3. Une fans nom de ville, ni d’imprimeur en 1482. /#-foio. 4: Une en 1484. in-folio. 5. Une à Ausbourg,, chez JehanSchoënbarger en 1487. in-folio, 6. Une à Stras: bourg en 1488. in-folio. 7. Une à Vicenceenr 506: in-foho. 8. Une à Hanovie en 1611. in-8° TRES D Palladino n’avoit que trente-trois ans, loriqu'il compofa cet ouvrage, dont voici un court précis; car J'imagine que peu de perfonnes en France connoiffent ce livre fingulier. | L'auteur après avoir dit en deux mots, que la chûte de Pomme avoit obligé J,C, à mourir pour la ré- demption du genre humain , fuppofe que fon ame defcendit aux enfers immédiatement après fa motts ÿ entra triomphante, en délivra les ames des bien- heureux, enchaina Lucifer , 8 mit en fuite les dé- .mons. Ces démons s'étant räflemblés, élurent Bé- lal pour leur procureur, & lenvoyerent demander juftice à Dieu contre Jefus, comme contre un per: . turbateur & un ufurpateur. Belial obtint de Dieu ; Salomon pour juge. Jefus cité devant ce roi, & ne pouvant comparoïtre en perfonne , prit Moiïfe pour {on procureur. Moïfe comparut, & Belial l’admit, fe | contentant de lui faire effuyer le reproche du meur- tre de l’égyptien. … Moïfe ayant propofé fes moyens, voulut faire ouit fes témoins ; & Salomon leur ft ptêter ferment fur le livre des Evangiles, de ne rien dire que de vérita= ble : ce qui n’eft pas moins plaifant que Pimagination de ces peintres ignorans , qui, dépeignant lannon-. ciation du Verbe, y méttoient bonnement la Vierge Marie à genoux devant un crucifix. Excepté le feul Jean-Baptifte, Belial recufe tous lès autres témoins ; favoir Abraham , à caufe de fon concubinage public ; Ifaac, à caufe de fon parjure ; Jacob , à caufe de fes fraudes; David, à caufe de fon meurtre & de {on adultere ; Virgile , à caufe qu'il s’étoit laïffé fufpendre d’une tour, & expofer à la ri- {Ce du peuple par une femme ; Hippocrate, À caufe du meurtre de fon neveu; & Ariftote , à caufe du vol' des papiers de Platon. Belial propofe à fon tour fes moyens ; mais astès de longues conteftations, {elon la forme du barreau 5 &c l’allégation de plufieurs paffages tirés de la bible; Belialeff condamné par Salomon. {Len appelle à Dieu, qui lui donne pour fouverain juge , Jofeph le patriar- che: devant qui la caufe fut encore plaidée vivement. Bell fait propofér par David de mettre l'affaire en arbitrage , & les parties en conviennent. Ces arbi- tres, qui font l’empereur Augufte & le prophete Jé- _rémie, pour Belial; Ariftote & le prophete Ifaie ; pour Moife, prononcent enfin un arrêt, dont les deux parties s’attribuent l'avantage. | Jefus ayant reçu cet arrêr de la main de Moïfe ; s’en réjouit avec {es difciples , & leur donne fes inf. truétions. Enfuite les ayant quittés pour monter au ciel , Dieu le pere &c le S. Efprit, accompagnés de millions d’anges , viennent au-devant de lui, & lin: troduifent dans le. féjour de la gloire éternelle ; bien- tôt après il envoie le S. Efprit à fes difciples, qui fe - répandirent par tout l'univers, pour enfeigner & en: doétriner les différentes nations. | Il n’eft pas néceflaire de dire que tout cela eft auffi groffierement traité, qu’on voit qu'il eft imaginé ; c’eft Le fruit d’un fiecle barbare. Lés paflages de P'E- criture y font cités d’une maniere comique, & plus propre à faire rire, qu’à édifier. Belial y-turlupine même quelquefois Moife , comme quand il lui dit en fe moquant de lui: loquere , domine, quia fervus tuus audit ; pag. 86; ou comme quand il fe contente de ,» 146 TE réfuter les merveilles de l’hiftoire du Meflie par ce ‘trait ironique : Amice Moifes, confufus non Jim, quia quetu.dicis verificabuntur , cm Deus fiet homo, p. 131. Il lui fait auf quelquefois des difficultés malignes, comme lorfqu'il luidit, p.114. Dicmihi, 6 Moifes, _quare imputatur judæis mors Chriffi , poflquam fuerant excæcati ab ipfo Jef, atque indurati corde ; & p.116. hoc non afcendit in cor meum , quod Deus tradideris in morte flium fuum pro homine fervo. Hecabhorrent Le- ges € natura, & omri audienti efl incredibile. Et, :quod pejus eff, su Deum effe paffibilem afferis. Quelquefois l’auteur y fait dire des hétérodoxies à Moife, comme lorfqu’il reconnoit trois Dieux dans ce dernier verfet du pf. 66. benedicat nos Deus, Deus nofler ,-benedicat nos Deus : ecce David nomiriat tres Deos , dit-il, en propretermes, pag. 131. quelquefois ; il lui fait dire, comme sl avouoit fa défaite: ©! Belial, valdè me pungis, 6 fubriliter me arguis, pag: 184. De plus, on voit dans cette piece Moife ne fe dé- fendre qu’en fe fâchant, & qu’en fe répandant en1n- jures; au lieu que Belial fe contente de dire paifible- ment fes raifons, & recommande la douceur à Moïfe, ÆErtunc, ait Moïfes ad Belial ; 6 Belial, dic mihi, ne- quiffime. Ait Belial, Moifes , eflo fapiens , 6: dic guod vis & coram judice non loquaris vituperofe ; quia patien- der audiarn, Ce défaut regne encore plus dans le procès de faran contre la Vierge, devant Jefus. La Vierge criaille, pleu- re, dit des inveétives , & veut à peine laïffer parler fon adyerfe partie ; jufques-là , que fon fils eft obligé. de lui impofer filence, & de lui dire avec quelque forte de févérité: O mater ! dimitre ipfum dicere , quia incivile eff, nift eum tot lege perfpetté aliquid judicare, vel refpondere permiféris, pag. 30. fatan au contraire , fait fe modérer , & fe défend avec beaucoup de tran- quillité. | Si cette piece avoit été compofée dans un fiecle éclairé, on auroit raifon de la regarder comme un artifice criminel de celui qui en feroit l’auteur ; mais la barbarie & la groffiereté du tems dans lequel vi- voit Palladino, femble le mettre à couvert de ce foup- çon. Quelques perfonnes même penfent qu’il ne corm- pofa cet ouvrage, que pour remettre devant les ÿeux des peuples de ce tems-là , l'Ecriture-fainte & la re- ligon, dont ils n’avoient plus aucune idée, & pour leur en donner au-moins quelque teinture. En ce cas- là, fa malhabileté étoit encore plus grande quele ri- dicule de fes contemporains, Qui fortement zélés en leur fimpricite , Jouoient les Suints , la Vierge & Dieu par piété. Mais je croirois plutôt que l'unique but de Palla- dino , étoit d’exercer fes talens pour le barreau , fut quelque fujet intéreffant & peu commun, & de fe fingularifer par une femblable entreprife; enforte que rien ne lui parut plus propre à y réufhir , qu’une ima- gination auf extraordinaire , que celle d’un procès entre le diable & J.C., ou entre fatan &c la Vierge Marie. | _ L'ouvrage dont nous parlons a ététraduit, comme je l'ai dit, dans prefque toutes les langues de lEuro- pe. Il yen aune verfionallemande, imprimée à Stras- bourg en 1477. in-folio, avec des figures en bois ; à Ausboure.en 1470, en 1481 & en 1493.27-folio ; &c de nouveau à Strasbourg en 1508. i7-4°. Le jurif- confulte Jacques Ayerer a revü cette ancienne tra- duétion:, en a changé le langage , & l’a publiée de nouveau à Francfort en 1600. :z-folio. Cette édition a été renouvellée en 1656. ë7-4°. avec plufieurs com- mentaires. La plus vieille tradu@tion françoife eft intitulée : Procès fait & démené entre Belial, procureur d’enfer, 6 Jhefus fils de la Vierge Mare, tranflaté de latin en com- mur langage, par vénérable 6 difcrete perfonne frere Pierre Farget, de l'ordre des Anguftins ; elle eft impri- mée fans indication de vilfe, n1 d’imprimeur , mais probablement à Lyon en 1482. en caraéteres gothi- ques, & avec figures, 7-fo/o. La feconde verfion eft intitulée, Ja confolation des poures pécheurs, où le pro cès de Belial a l'encontre de Jhefus ; cétte verfon a été mife au jour à Lyon, par Jean Fabrién 1485.27-4°; &c réimprimée au mêmetendroit & de la même for- me, en 1490 & en 1312, Loutes ces éditions font remplies de figures en bois, mal faites & fort.grotet- ques. Mid DA CES On a du même livre une verfion flamande , mie au jour à Harlem en 1484. iz-folio, & donnée plu- fleurs fois depuis ; favoif , à Anversen 1512, en 1516, en1$51,en1598. 27-folio, © ailleurs. . L'index d'Efpagne des livres prohibés , condamne une verfion efpagnole du même livre, & l’indexro- main en condamne une italienne. La tradution dancile eft de l’an 1580, | Comme l’impreffion de toutes: ces tradu@ions ne s’eft faite qu'avec approbation & permiffion, & que rien métoit autrefois plus en ufage que leur leéture, 1l ne faut point douter qu’elles ne fuflent encore au- jourd’hui fort en vogue, fi les lumieres du chriftia- nifme n’en avoient fait fentir tout le ridicule. Je ne fai même, s’il n'entre pas beaucoup.de politique dans linterdiétion de l'index romain ; les auteurs de cet index auroient honte de fe trouver encore expofés aux juftes reproches qu'ils ont effluyés fi long tems, d’autorifer des livres pleins de ridicule; mais un ou- vrage beaucoup plus condamnable, & approuvé fin- gulherement en Italie, c’eft cehu du jéfuite françois qui a travefhi l’Ecriture-fainte en roman ; fous le ti- tre féduéteur , d’hfloire du peuple de Dieu, tirée des feuls livres faints. (Le chevalier DE JAUCOURT.) TERASSON , ( Géog. mod.) bourg que nos géo- graphes nomment ville de France, dans le haut Pé- rigord ; à quatre lieues/de Sarlat, fur la riviere dé Verère, Il y a une abbaye de l'ordre de S. Benoit. Long. 18.56. lan. 45:91 D.J.) 1 | TERATOSCOPIE, { £. divination par Pappari= tion & la vue des monfîres, des prociges, des fpec: tres, des phantomes; ce mot eft formé de regaes, pro- dige , & de conso, jeconfideres | Ce fut par la seratofcopie que Brutus , le meurtrier de Céfar, augura qu'il perdfoit la bataille de Phihp- pe, lorfque la veille de cette ation , un fpectre lus apparut dans fatente. Cefut aufli par elle que Julien l'apoftat étant à Paris fe laiffa proclamer auguitepas l'armée des Gaules ; le génie de l'empire, qui lux apparut, dit-il, la nuit , fous la figure d’un jeune homme, l’ayant follicité 8 comme forcé de condef- cendre à la volonté des foldats. Il étoit aifé par am bition , ou par d’autres femblables motifs, d’imagi- ner des prodiges & des apparitions, & de feindre qu’on fe rendoit à la volonté des dieux ; lors même w’on ne fuivoit que fon penchant, . TERBEDH , ox TERBADH, f. m.( Mar.médic. des Arabes.) nom donné par Avicenne au turbith purs gatif, dont tous les auteurs de fon tems font men- tion , quoiqu’en général d’une maniere fort confufe. Le turbith de Sérapium eftle tripolium des Grecs. Le turbith des autres auteurs, eft la racine alypums toutes chofes fort différentes entre elles, &t plus en= core du vrai turbith de nosdroguiftes , décrit par Garcias; cependant, il-paroît que le srbedh d’Avi., cenne , eft véritablement notre turbith ; en effet, 1} dit quele srbirh étoit une fubftance ligneufe qu'on. apportoit des Indes orientales, &c que cette fubftan- ce étoit cathartique. Garicas nous aflure de même qu’Avicenne , que les Indiens en font ufage pour.pur< ger les férofités , & qu'ils en corrigent la violence avec du gingembre. (D. J.) |- des TERCEAU , f,m, ( Gram, & Jurifprud, ) tertia Jeu * Bertin pars ,eltuneredevance feigneuriale qui eft die en quelques lieux aufeigneur , pour la conceflion de terres plantées en vignes. :4 Dans la coutume de Chartres , ou ce droit a lieu, fuivant l'article 113, il fe prend fur les vins, à la cuve, ou autre vaiffeau à vin, &c lefujet doit avertir le feigneur, fon procureur , receveur, ou commis, avant de tirer fon vin, à peine de foixante fols d’a- mende. É Ce droit paroît venir de la tierce, serta, ou troifie- me partie des fruits en général, qui fe payoit ancien- nement au propriétaire par fon ierf, ou colon, qui faifoit valoir la terre de fon maitre. Voyez BOUQUE. Ce droit de rerceau revient à ce que l’on appelle complaire en Poitou , quart-pot en Bourbonnois , vé- nage à Senlis, ( 4) | TERCERE,, (Géog. mod. ) ile de la mer du Nord, & la plus confidérable entre Les Açores ; elle a envi- ron quinze lieues de tour , trente nulle habitans, &c efttoute environnée de rochers qui la rendent pref- -que imprenable. Cette île eft abondante en poriion , en viande, en fruits , en gros bœufs qui font les plus beaux du monde , enracines qu’on nomme barates , &c en blé ; mais ellemanque d'huile, de el, de chaux, &c de toutes fortes de poterie. On conferve le blé dans des puits creufés en terre, & {cellés d’une pier- re à leur ouverture, La capitale de l’île fe nomme Æzgrz ; elle a cinq paroïfles, &c eft le fiege d’un évêque , fuffragant de Lisbonne. Son havre fait en forme de croiflant , eft le feul mouillage qu'il y ait dans Pile; le principal commerce de Tercere , eft en pañtel ; les pañlages des flottes de Portugal & d’Efpagne , qui vont aux Indes, au Bréfil, au Cap-verd, apportent par le commerce du profit aux habitans. Les Portugais ayant obfervé que lorfqu’un vaif- feau eft au méridien des Açores, l’aiguille marine frottée d’aiman , regarde direétement le feptentrion, fans aucune variation mi vers l’orient, n1 vers ’occi- dent , mais qu’au-delà & au-decçà, elle incline un peu vers l’une ou l’autre partie du monde, cette ob- fervation leur a fait placer à Tercere le premier méri- dien , au-lieu que les François le pofent dans Pile de Fer, l’une des Canaries. ( D. J.) TERCOT , TERCO, ox TERCOL.,, Voyez Tor- TOU: TÉRÉBENTHINE ; { £ (Hiff. des drogues exot.) £’eft un fuc réfineux de divers arbres; car quoique ce mot ne convienne qu’à la feule réfine qui découle du térébinthe , on l’étend à divers autres {ucs ; mais on connoit en particulier, dansles boutiques des dro- guiftes curieux, cinq fortes de rérébenthines , dont nous allons parler , favoir celle de Chio , de Perfe de Venife, de Strasbourg, &z la commune. La sérébenthine de Chio, s’appellezerebenthina Chia, vel Cypria , off. c’eft un fuc réfineux liquide, qui découle du térébinthe , blanc, jaunâtre, ou de la couleur du verre, tirant un peu fur le bleu , quel- quefois tranfparent, de confiftance tantôt plus fer- me, tantôt plus molle , flexible & glutineux. Lorf- qu’on frotte la sérebenthine entre les doigts , elle fe brife quelquefois en miettes; le plus fouvent cepen- dant , elle eft comme le miel folide , elle cède & s'attache aux doigts comme lui; fon odeur eft forte, mais non défagréable, femblable à celle de la réfine du mélefe , c’eft-à-dire à la sérébenthine de Venife, fur-tout lorfqu’on la manie dans lesmains , ou qu’on la jette fur les charbons ; elle eft modéremment amere au goùt&t acre : on eftime beaucoup celle qu’on ap- porte direétement des îles de Chio , & de Cypre; c’eft deces îles qu’elle tire fon nom. Les anciens la connoïfloient , & en faifoient ufage. Cette réfine découle d’un arbre qui vient {ans cul- ture dans l'île de Chio, Il eft déja décrit : parlons Tome XVI, sd | | “ TER donc du même térébinthe de Languedoc & du Daus phiné ; c’eft le serébinthus vulgaris, €. B. P.rerébinehns, J, B, Cet arbre eft toujours verd, de la groffeur d’un poirier ayant une écorce cendrée & périée; fes brana ches s'étendent au large , & les feuilles y font alters nativement rangées ; conjuguées , foides & fermes ; peu différentes de celles du laurier ; mais plus obf cures ; les fleurs , au commencement de Mai, fé trois vent ramaflées par grappes au bout des petites brañs ches ; ces fleurs font des étamines de couleur poura pre , auxquelles 1l ne fuccede aucuñ fruit; car l’efs pece qui rapporte du fruit, à des fleurs qui n’ont point d’étamines ; les fruits viennent auf en prap pes ; 1ls font arrondis, longs de deux ou trois livhes ; ayant une coque membraneufe , rougeâtre où jaus nâtre ; un peu acide, ftyptique , & réfineufe : cetta coque n'a qu’une loge, fouvent vuide ; d’auttes fois pleine d’une amande, L Cet arbre eft chargé vers l'automne de certaines veflies attachées aux feuilles & aux rameaux, affez femblables à celles qui naïffent fur les feuilles de l’ors me, mais de couleur purpurine ; quelquefois lo trouve à l’extrémité des branches des excroifflances cartilagineufes , de la figure des otnlchohs , longues de quatre, cinq, fix doigts, & davantage ,; de fora mes différentes ; creufes & rouflâtres : ces excroifa fances étant ouvertes ; Paroiffent contenir , de mes: me que les veflies, une petite quantité d’humeut vif queufe , couverte d’ordures cendrées & noirâtres 5 ë de petits infeétes aîlés, Tous les auteurs qui ont parlé de cetarbre , ont fait mention de ces excroifs lances , &c elles ne font autre chofe que des efpeces de gales produites par des infeétes qui piquent les feuils les, y dépofent leurs œufs ; & leur fourniflent para là une matiere propre à les faire éclore, lesnourrit enfuite , &c les conferver par une fage prévoyance de la nature, On ne ramafñie point de réfine de ces vefhes, ni de ces excroïffances ; mais on la retire du bois : on fait des incifions aux troncs ; & aux brana ches de cet arbre, après qu'il a pouflé fes bourse geons , ainfi qu'aux autres arbres qui font réfineux 5 de ces incifions 1l découle une réfine d’abord liquide sr , NA quis’épaifht peu-à-peu , & fe déffeche. Celle que répand abondamment le térébinthe de Chio , eft épaifle , d’une couleur blanche tirant fu le bleuâtre ; prefque fans faveur, & fans odeur, s’attachant fort légerement aux dents, & s’endurcif fant facilement. La récolte de ce fuc fe fait en inciz fant en-travers , avec une hache, les troncs des gros térébinthes , depuis la finde Juillet , jufqu’en Oûtoz bre; la cérébenthine qui en coule, tombe fur des piers res plates, placées fous ces arbres par Les paylansz ils Pamañfent avec des petits bâtons qu’ils laïffent égoutter dans des bouteilles : on la vend{ur les lieux trente ou trente-cinq parats l’oque , c’eft-à-diré, les trois livres &t demie & une once. Toute l'ile n’en fournit pas plus de trois cens oques. Cette liqueur pañle pour un grand ftomachique dans le pays ; nous parlerons plus bas de fes vertus, Kæmpfer fait particulierement mention de la sé rébenthine de Perfe , très-ufitée.parmi les Orientaux à elle n’eft pas différente de celle de Cypre : on la re- cueïlle des térébinthes qui abondent dans les monta- gnes , danslesdéferts , aux environs de $chamachia en Médie, de Schiras en Perfe , dans les territoires de Luriftan , & ailleurs. Les habitans retirent beau- coup de liqueur réfineufe , qui coule pendant la grant- de chaleur , du térébinthe auquel on a fait une inci= fion , ou de lui-même , où des fentes & des nœuds des fouches qui de pourriffent, Ils font un peu cuire cette liqueur à un feu lent, & ils la verfent avant qu’elle commence à bouillir; étant refroidie , elle a la couleur & la confiftance de la poix blanche. Cette sérébenchine ne fert chez les Orientaux que Ti 145 TER de maficatoire. Les femmes qui demeurent au-delà dufleuve Indus , font fi habituées d’en mâcher, qw’el- les ont de la peine à s’en pafler ; elles prétendent que cette réfine, en provoquant l’excrétion d’une [ym- phe furabondante , les délivre des fluxions, qu'elle procure de lablancheur & de la fermetéauxdents, & qu’elle donne à la bouche une haleine agréable : on en trouve par-tout dans les boutiques , &c chez des parfumeurs des Tures , des Perfes, & des Ara- bes, fous le nom turc de fakkis , &t fous le nom per- fan de £onderuun. Les habitans du mont Benna en Perfe , ne tirent pas la térébenthine du tronc de l’arbre par des incifons, mais ils brulent le bois même du serébinthe pour en faire la réfine , jufqu’à ce qu’elle ait la couleur d’un rouge brun foncé : elle fert aux peintres à caufe de la vivacité de fa couleur ; car cette réfine eft dure, fiable , & brillante: on en trouve chez les Furcs, dans les boutiques, fous le nôm de fab Benne ,c’eft- à-dire noir du mont Benna. | On fait ufage de la sérébenthine perfique , comme des autres sérébenthines , extérieurement & intérieu- rement : elle eft bonne extérieurement pouramollir, réfoudre, purifier les ulcères, & réunir les levres des plaies récentes : on la compte au nombre des re: medes balfamiques & vulnéraires internes : on la prefcrit dans les exulcérations des vilceres , dans la toux invéterée , dans le commencement de la phthi= fie, & le crachement purulent; elle donne aux uri- nes l'odeur de violette, &r eft avantageufe dans leur fupprefion , quand cette fuppreflion procede d’une férofité Âcre, épaifle , & gluante, fans inflammation. La sérébenthinede Chio , pafle pour être douée des mêmes vertus : on l’emploie dans la thériaque d’An- dromaque , le mithridate de Damocrates, &c les trochifques de Cyphi.On pourroit préparer avec cet- te rérébenthine ,ainfi.qu'avec la perfique , une huile, & une colophone; maisontrouve rarement ces deux réfines dans nos boutiques, où on né connoït guere que la sérébenthine des mélefes, qui d’ailleurs fournit plus d'efprit quela réfine destérébinthes. La sérébenchine de Venife ,'ou des mélefes , sercben- sina veneta, laricea, off. eft une fubfance réfineufe, liquide , limpide , gluante, tenace , plus gtofliere que l'huile, plus coulante quele nuel; elle découle également & entierement du doigt que l’on y a trem- pé, eft un peu tranfparente comme du verre , de couleur jaunâtre , d’une odeur réfineufe , pénétran- te, agréable, & cependant un peu dégoutante ; d’un ooût fin, âcre, un peu amer, qui furpañle par fon Acreté &z fa chaleur, la réfine du térébinthe. On efti- me.celle qui eft récente, pellucide, blanche, hqui- de, qui n’eft pas falie par des ordures, & dont les gouttes s’attachent à Fongle, fans couleur. On l'ap- pelle sérébenthine de Venife, parce qu'autrefois on l'apportoit de ce lieu ; mais préfentement on l’ap- porte du Dauphine és de La Savoie; cette efpece de réfine étoit connue des anciens Grecs, & dèsletems de Galién , à ce qu'ikrapporte. Le mélefe, dont nous avons donné la defcription en fon lieu, produit cette sérébenthine ; elle en dé- coule d'elle-même, où par une incifion faite à Par- bre au printems à en automne, comme une eau limpide, & de la confiftance del'huile; maïsbientôt après elle jaunitun peu,& elle s’épaiflit avec letems. . Hparoït par l’analyfe.chimique, que la sérébenthine deméleie eft compoiée d’une huile fubtile, telle- ment unie avec un fel acide, que les deux enfemble font un.compofé réfineux; qu’elle ne: contient que ætrès-peu. ow point de terre, à une très-pétite por- tion de felalkali fixe , que l’on apperçoit à peine. En effet, fi lon fait digérer de l'eiprin deusérébenchine avec l'acide vitriolique , quelques jours apres ils de changent en une réfe fembleble à+la sérébenthine , rz ü PE qui s’épaiflit de plus en plus en continuant cette dis geftion , & elle fe change enfin en un.bitume noir. I faut obférver que la rérébenshine prife non-feules ment par la bouche &t en layement , mais encore ap- pliquée extérieurement eft aflez célebre; c’eft pour- quoi il n’y a prefque aucun liniment , aucun emplä- tre , ou onguent pour les plaies &c les ulceres, ou la térébentine de Venile n'entre. Les chirurgiens en pré- parent un onguent digeftif, très-ufité &c très-recom- mandé dans les plaies ; 1ls mêlent avec la sérébenthine une fufifante quantité de jaunes d'œuf & de l’huile rofat, ou quelqu'autre liqueur convenable, Dans la dyflenterie, les exulcérations des intef- tins, la néphrétique, la fuppreffion de Purine ; on donne utilement des lavemens avec la sérébenthine, faut cependant l'employer avec prudence, &c dans les cas où l’on n’a pas lieu de craindre linflammation des vifceres.Elle eft encore d’ufage dans lagonorrhée, & les fleurs blanches, La réfine du térébinthe, la ré- rébenthine de Venife,ët celle de Cypre,ont les mêmes propriétés On préfere cependantlazeréhenthine du mé- lefe à toutes les autres pour l'ufage intérieur. On pré- pare avec cette sérébenthine un efprit & un huile de sé= rébenthine , ainfi que de la colophone;enfin la sérében= thine du mélefe entre dans prefque tous les onguens, & les emplâtres des pharmacopées. La récébenthine de Strasbourg, ou plutôt la réréber- thine de fapins, eft nommée dans les auteurs réfine liquide des fapins; cerebenthina abietina , terebenthina argentoratenfrs, c’eft une fubftance réfineufe , liquide lorfqwelle eft récente, plus tranfparente que celle du mélefe , moins vifqueufe & moins tenace : fon odeur eft plus agréable & plus amere, & reflemble en quelque façon à celle de l'écorce de citron, dont elle a prefque le goût : elle jaunit 8 s’épaiflit avec le tems. On Pappelle rérébenthine de Strasbourg , parce qu’on l’apporte de cette ville à Paris. Cette liqueur réfineufe découle du fapin nommé abies taxi folio , frutu furfum fpetlante, 1, R. H. 58, abies conis Jurfum fpettansibus , five mas, C.B.P. sos. Cet arbre eft grand, & furpañle le pin par fa hauteur. Son tronc eft droit, nud par le bas, couvert d’une écorce blanchâtre & caffante. Ses branches croiffent tout-autour du tronc, quelquefois au nombre de quatre, de cinq, de fix, & même davantage; elles {ont ainfi arrangées de diftance en diftance jufqu’au fommet. Ces branches donnent des rameaux difpo- fés le plus fouvent en forme de croix, fur lefquels naïflent de tous côtés de petites feuilles moufles, d’un verd foncé en-deffus , un peu blanchâtres en« deflous , & traverfées par une côte verte. Ses fleurs font des chatons compofés de plufieurs fommets d’éramines , qui fe partagent en deux lo- ges , s'ouvrent tran{verfalement, 8 répandent une poufliere très-fine ; le plus fonvent de la figure d’un croifiant, comme on l’obferve au microfcope, Ces fleurs font ftériles: Les fruits naïiflent dans d’autres en+' droits dumême arbre: cz font des cones oblongs pref: que ovoides, plus courts &z plus gros que ceux de la peffe ou picea:ils font compolés d'écalles laroésa leur partie fupérieure,attachés à un axe comman, fous lef: quelles fe trouvent deux femences garnies d’un feuil- lèt membraneux,blanchâtres,remplies d’une humeur grafle &c âcre. Cés cônes {ont verds au commencez nent de l’autonine , & donnent beaucoup'de réfines &c vers le commencement de l'hiver ils parviennent à leur maturité. Cet arbre eft très commun en Alleï magne , &c dans les pays du notd. { On tire la réfineou l’huile de fapin’, non-feulement de la tige &c des branches , mais encore de quelques tubercules qui {ont placées entre l'écorce. Celle qui découle de fa tige par l'incifion que Pon y fait eff moins odorante & moins précieufe : lorfqu’elle”"eit feche, elle reflemble un peu à encens par fa cott: . Teut & fon odeur; c’eft pourquoi quelques-uns la fui ubflituent ; mais la réfine qui découle des tubercu- Les auxquels on a fait une incifion ; Cft fort eftimée ; on l'appelle fhécialement larme de fapin, huile de fa- pin , 8 communément Ægior. Voici la maniere de tirer cette réfine. _ Les bergers, pour ne pas être oififs pendant le jour, vont dans les forêts des fapins , portant à la main une corne de vache creufe. Lorfqu’is rencontrent de jeu- nes fapins revêtus d’une écorce luifante > & remplis de tubercules, car les vieux fapins ridés n’ont point de tubercules, ils conje@urent aufitôt qu'il y a de Vhuile fous ces tubercules ; ils les preflent avec le bord de leur corne, & en font couler toute l'huile. Ils ne peuvent pas cependant par cette manœuvre recueillir plus de trois ou quatre onces de cette huile en un jour; car cheque tubercule n’en contient que quelques gouttes : c’eft ce quirend cette réfine rare &t chere. Mais on tire une bonne quantité de sérében: thine de la tige des fapins & des picea par des inci- ions qu'on leur fait au mois de Mai. Les payfans commencent Le plus haut qu'il peu- vent atteindre avec leurs coïgnées À enlever l'écorce de l'arbre, de la largeur de trois doigts depuis le haut, ans cependant defcendre plus bas qu'à deux piés de terre : 1ls laiflent à côté environ une palme d’écorce, à laquelle ils ne touchent point ; & ils recommen- cent enfuite la même opération, jufqu'à ce qu'ils aient ainf enlevé toute l'écorce de difiance en dif- tance, depuis Le haut jufqu’en-bas. La réfine qui coule aufhtôt eff liquide , & elle s'appelle zérébenthine de Szrasbourg ; cette térébenthine s’épaiflit avec le tems; &t deux ou trois ans après Les plaies faites aux arbres, font remplies d’une réfine plus sroffiere ; alors ils fe _{ervent de couteaux à deux tranchans y recourbés, attachés à des perches pour enlever cette feconderé- fine, qu'ils confervent pour en faire de la poix. La pure rérébenthine de Strasbourg a les mêmes princi- pes que celle de Venife, & elle a prefque les mêmes vertus, La rérébenthine commune, la: groffe sérébenthine, refina pureu , eft une fubflance réfineufe ; Vilqueufe, tenace, plus groffere & plus pefante que celle du fà- pin ou du mélefe, Elle eft blanchâtre » prefque de la confifiance de huile un peu condenfée par le froid , d’une odeur réfineute ; défagréable | d’un golt âcre , un peu amer, & qui caufe des naufées. Cette réfine découle d'elle-même, où par Pinci- fion , de différentes efpeces de pin ; ais on la tire fur-tout dans la Provence près de Marfeille & de Æoulon , & dans la Guyenne près de Bordeaux , du pin appellé pirus fylveftris, vulgaris genevenfis, par JB. 1.253, © pinus Jÿlveftris , par C. B. P, 497. Cet arbre n’eft pas différent du pin ordinaire. Il eft {eu- lement moins élevé, fes feuilles font plus courtes, & fes fruits plus petirs. Il découle deux fortes de réfine de ces arbres, Pu- ne nommée réjône de cones,, parce qu’elle en fuinte nattirellement ; l’autre qui eff tirée par lincifion que lon fait à l'arbre , eft appelée réfne de pin. Lorfque cet arbre eft.plein de réfine , il eft nommé torche , da en latin, La trop grande abondance de réfine, eft une maladie propre & particuliere au pin fauvage. Elle confifte en ce que non-feulement la fubitance interne , mais encore la partie externe du tronc; abonde tellement en fuc réfineux, que cetiarbre eft comme fuffoqué par la trop grande quantité de fuc nourricier. On en coupe alors, fur-tout près:deila racine., deslattes srafles, & propres pour allumer le feu , & pour. éclairer. La peffe 87 lé mélefe-deviens nent aufli torches , mais très-rarement. Dans la Pro- vencénon-feulement on recueille cetté réfinetousles ans; mas onüre encore de l'arbre des fucsiréfineux, en on, fait enfuite diverles dortes de poix: 7° oÿez OIX, f D ER 149 Les médecins emploient rarément la réréhémrhine commune tirée du pin fauvage & du picæa, quoi- qu’elle art les mêmes qualités que celle de Strasbourg; mais plufieurs ouvriers en font ufage. ( Le Chovalier DE JAUCOURT.) TÉRÉBENTINE, huile de , (Chimie.) inflammation des huiles par les acides pareit d’abord avoir été dé. couverte par Glauber, qui en a-parlé affez au long dans plufeurs de fes ouvrages ; Becher la auf con nue ; mais 1l y a près de quatre-vingt-dix ans que Borrichius propofa dans les journaux de Copenha: gue, ann. 1671. d’enflammer l'huile de rérébenthine par lefprit de nitre, fuivant un procédé qu'il don- noït, Son problème chimique à pendant long-tems exercé le génie & l’adrefe des plus grands artiftes, À Penvi les uns des autres, ils ont fait plufieurs ten- tatives {ur cette inflammation ; ils ont d’abord êté peu heureux; 1l y en a même qui ont eu fi peu de fuc- cès, qu'ils ont regardé ce phénomene comme un pro: blème très-dificile à réfoudre, parce que l’auteux n'a pas aflez détaillé des circonftances , qu'il a peut- être ignorées lui-même. D’autres moins modérés ont traité cette expérience de paradoxe. Le mauvais fuccès fur l'huile de térébenthine, loin de décourager plufeurs autres artifles, les a au con- traire conduits à tenter le mélange de Pacide nitreux avec d’autres huiles effentielles ; ils ont fon-feule- ment réufli à enflammer les huiles effentielles pes fantes , mais encore quelques huiles empyreumati- ques, telles que celles de Gayac. Dippelius, Hoffman & M. Geoffroi font parvenus à enflammer l’hule de 1ésébenthine | & un nombre d'huiles effentielles léseres par l'acide nitreux , mais avec le concours de quelques portions d’acide vitrio- lique concentré. Enfin M. Rouelle a trouvé le fecret du procédé de Borrichius, confiftant à enflammer l’Aile de rérébenthine par l’acide nitreux feul , & c’eft une chofe aflez curieufe ; voici l’effentiel du procédé de Borrichius. Il emploie quatre oncés d’Anile de térébenthine 8 fix onces d’eau-forte, ou d'acide nitreux. Il demande que L'huile de térébenthine foit nouvellement diftillée, que l’eau-forte foit bonne , récente, & que le yaif- feau foit ample ; il les méle enfemble & les agite ; 1] couvre le vaifleau , & au bout d’une demi-heure , if le découvre; alors les matieres produifent enfemble une cffervefcence des plus violentes, accompagnée d'une fumée très-épaille, & elles s’enflamment en furmontant le vaifleau & fe répandanr. Ce n’efl pas de la force de l’efprit de nitre que dé pend abfolument le fuccès de l'expérience de Borri- chius; 1l faut cependant que l’efprit de nitre foit au moins aflez fort pour agir fur l'huile auflitôt qu’il lui eftmêlé ; plus foibleilne feroit aucun effet; mais plus 1] fera fort & concentré, plus le fuccès de l'opération era afluré. À l'égard de l’huile de térébenthine , il n° a aucun choix à en faire; ancienne ou nouvelle, elle eft également bonne. Il faut verfer peu d’acide nitreux à la fois fur le Champignon : sl arrive qu’il ne s’enflimme pas, on attend que le charbon paroifle davantage &c {oit plus confidérable; alors on verfe de nouvel acide, & avec un peu d'ufage, 1l eft rare qu’on ne réuffifle pas. Les vaiffeaux doivent être larges d'ouverture, afin que le mélange préfente une plus grande furface à l'air, qui aide beaucoup au fuccès de cette expé- rience. ; Ondoit employer parties égales d’acide 8 d’Auite detérébenthine ; mais quand on mettroit plus d'acide, On ne ntiroit aucunement à l’inflammation. L'on ob- {ervera feulementque le fuccès de l'opération eft plus afluré , quand:on emploie des dofes un peu confidé- rables. | . M. Rouelle ayantitrouvé cette clé, a réuffi dans #30 TER les mêmes expériences fur d’autres huiles effentiéiles; favoir, celles de cédra , de genievre &c de lavande; cette derniere demande feulement un acide un peu plus fort. Mais l'huile de girofle, quoique de même efpece que les deux autres, a offert une fingularité remar- quable , 8 qui fait une exception à la regle que nous avons donnée , de prendre toujours par préférence acide le plus fort , pour aflurer le fuccès de Popé- ration : mêlée avec de l’efprit de nitre trep fort, lefferveftence eft fi vive, qu'il fe fait une efpece d’explofon, 8c que l'huile eft jettée hors du vaïfleau. M. Rouelle-n’a pu téuffir à l’enflammer , qu’en em- plovant le plus foible & le moins concentré des ! pioy P trois efprits de nitre dont il s’eft fervi dans fes expé- riences. Quant aux huiles par expreffon , les unes comme es huiles de lin, de noix, d’œillet & de chenevis, s’enflamment comme les huiles effentielles , par Pa- cide nitreux feul, pourvu qu'on le mêle avec elles en plus grande proportion, & qu'il foit récent, & très-concentré. D’autres huiles par expreflion, tel- les que celles d'olive, d'amande douce, de fène & de navette, ne s’enflamment point par l'acide nitreux {eul , quelque concentré qu'il puiffe être , &c en quel- que dofe qu’on le mêle avec elle; il faut pour qu’el- les s’enflfmment , ajouter l’acide vitriolique à celui du nitre. Ainf parle moyen de lacide nitreux, &c de l'acide vitriolique , on peut enflammer prefque toutes les huiles. Un artifte pourroit imaginer des vaiffeaux &c des efpeces de grenades qui puiffent contenir ces feux li- quides , comme difoit Glauber, & les mettre en ufage dans les opérations militaires. Mais quand on vien- droit à-bout de diipofer à fon gré d’un élément auffi terrible que le feu, quel avantage en réfulteroit-il ? Pourroit-il demeurer fecret? Les hommes n’ont trou- vé malheureufement que trop de moyens de fe dé- truire, Mémoires de l’acad. des Sciences , année 1747. REP TÉRÉBINTHE, {. m. érebinthus, genre de plante dont la fleur n’a point de pétales : elle eft compofée de plufeurs étamines garnies de fomfnets ; les em- bryons naïflentfurdes individus qui ne donnent point de fleurs , & deviennent dans la fuite une coque qui n’a qu'une ou deux capfules, &c qui renferme une femenceoblongue. Ajoutezaux caraéteres de ce genre que les feuilles naïffent par paires le long d’une côte terminée par une feule feuille. Tournefort, ënf£, rei herb. Voyez PLANTE. Je crois qu'entre les fept efpeces de sérébinthe que compte Tournefort, 1l faut nous arrêter à la defcrip- tion de celui de Chio, dont on tire la meilleure téré- benthine de la Grece moderne. Voyez TÉRÉBEN- THINE. Ces arbres réfineux naïflent dans cette ile, fans culture , fur les bords des vignes & le long des grands chemins; leur tronc eft aufhi\ haut que celui du len- tifque , auf branchu , touffu & couvert d’une écor- ce gerfée, grisâtre, mêlée de brun. Ses feuilles naïf- fent fur une côte, longue d'environ quatre pouces , rougeâtre , arrondie fur le dos, fillonnée de l'autre côté, & terminée par une feuille ; au lieu que les au- tres font difpofées par paires: toutes ces feuilles ont un pouce & demi ou deux pouces de long, fur un pouce de largeur vers le milieu , pointues par les deux bouts, relevées fur Le dos d’un filet confidéra- ble, fubdivifé en menus vaifleaux jufque fur les bords; elles font fermes, d’un vert luifant un peu foncé , & d’un goût aromatique mêlé de fhipticité. Il en eft du rérébinthe comme du lentifque, c’eft-à-dire que les piés qui fleuriffent ne portent point de fruit, &c que ceux qui portent des fruits, ordinairement ne fleuriflent pas, Les fleurs naiflent à l'extrémité L des branches fur la fin d'Avril, avant que les feuilles patoifent. Ces fleurs font entañlées en grappes branchues , & longues d'environ quatre pouces ; chaque fleur eftà cinq étamines qui n’ont pas une ligne de long, char- gées de fommets cannelés, vert-jaunâtres ou rou- seâtres, pleins d’une poufliere de même couleur; toutes les fleurs font difpofées par bouquets fur leurs grappes; & chaque bouquet eft accompagné de quel- que petite feuille velue, blanchätre, pointue, lon- eue de trois ou quatre lignes, Les fruits naïflent fur des piés différens , rarement fur le même que les feuilles : ils commencent pardes embryons entaflés aufli en grappes, de trois ou qua- tre pouces de longueur, & s’élevent du centre d’un calice à cinq feuilles verdâtres, pointues, qui à pets ne ont une ligne de long * chaque embryon eff lui- fant, life, vert, ovale, pointu, terminé par trois crêtes couleur d’écarlate ; 1l devient enfuite une co- que aflez ferme, longue de trois ou quatre lignes, ovale , couverte d’une peau orangée ou purpurine, un peu charnue, fliptique , aigrelette, réfineufe ; la coque renferme un noyau blanc, enveloppé d’une peau roufsâtre. Le bois du sérébinthe eft blanc. Comme cet arbre étoit commun dans la Judée, qu'il donne beaucoup d'ombre, & qu'il étend fes branches fort au loin, l’Ecriture lemploie dans fes riches comparaifons. Aïnfi dans lÆEcc/ef. xxiv. 22. la Sagefle éternelle, à caufe de fa protection égale- ment grande & puifante, fe compare à un cérébinthe. De même, aie vj. 13. voulant peindre la corrup- tion générale de la nation juive , compare ce peuple à un sérébinthe dont les branches mortes s’étendent de toutes parts. C’eft fous un sérébinthe, qui étoit derriere Sichem, que Jacob enfouit les ftatues des faux dieux, que fes gens avoient apportées de la Mé- fopotamie, afin qu’elles ne devinflent pas par la fuite une occañon de fcandale, Genef. xxxv. 4. Enfin rien n’eft fi fameux dans lhiftoire eccléfa-= flique, que le cérébinthe fous lequel lon a imaginé qu’Abraham reçut les trois anges; aufli n’a-t-on pas manqué de débiter bien des fables contradiétoires fur la pofition & la durée de ce prétendu sérébinthe, Jofephe le place à dix flades d'Hébron, Sozomène à quinze ftades, & S. Jerôme à deux milles. Eufebe _aflure qu’on le voyoit encore de fon tems, & qu’on lui portoit une finguliere vénération, Les sérébinthes fubfftent-ils un fi grand nombre de fiecles, je Le de- mande aux Botaniftes? Mais de plus, l'arbre fous lequel Abraham reçut les hôtes céleftes, étoit-ce bien un rérébinthe ? La preuve en feroit d’autant plus dificile , que l’Ecriture ne nomme point cet arbres elle dit feulement qu’Abraham pria les anges de fe repofer fous l'arbre : reguiefcire [ab arbore. Genef.xvii. 4. (D. J.) | TÉRÉBINTHE, éherebinthus , petit arbre qui fe trouve dans les pays méridionaux de l'Europe, dans l'Afrique feptentrionale & dans les Indes. On peut. avec quelques foins, lui former une tige droite, & lui faire prendre 15 ou 20 piés de hauteur. Son écorce eft roufle fur Les jeunes branches, & cendrée furle vieux bois. Ses racines font fortes & profon- des. Sa feuille eft compofée de plufeurs follioles de médiocre grandeur , au nombre de cinq, de fept où neuf, & quelquefois jufqu'à treize, qui font atta- chées par couples fur un filet commun, terminé par une feule folliole: elles font d’un verd brillant & foncé en-deflus , mais blanchâtre & mat en-deffous. Cet atbre donne au moïs de Mai de groffes grappes de fleurs mouffeufes & rougeâtres, qui fortent du bout des branches en même tems que les feuilles commencent à paroître. Les fruits qui fuceëdent font des coques réfineufes & oblongues, de la groffeur d’un pois: elles font rougeätres au commencement, uis elles deviennent:d’un bleu:verdAtre dans Îetems . deleur maturité, qui arrive vers le commencement -d'Oétobre : chaquecoque renferme une petite aman: de qui a le goût étla couleur de la piffache. Toutes les parties de cet arbre ont en tout téms une odeur de “æérébenthine. PACE Les fanciens auteurs d'agriculture difent que le ré: rébinthe fe plaît fur les montagnes; cependant en Provence, on ne voit pas beaucoup dé ces arbresfur les leuxrélevés : c’eft particulierement dans les cô- teaux ; à lexpoñition du midi, qu’on cultive le pifta- chier, 8 feulement jufqu’au tiers ou aux trois quarts -de la pente des montagnes ; maïs il paroît qu’on peut élever cet arbre ayantageufement par-tout où la vi- gne féuflit dans les pays chauds. On prétend même qu'il n'y a point de fi mauvais terrein où cet arbre ne puifle croître , & qu'il vient entre les pierres & fur les rochers comme le pin. Maïs cette facilité ne doit s’entendre que pour les provinces méridionales du royaume. À l’ésard de la partie feptentrionale, Onne peut guete ÿ expofer cer arbre en plein champ fans rifquer de le voir périr dans les hivers longs & rigoureux. Tout ce qu’on peut hafarder de plus, c’eft de le mettre contre des murs bien expofés; encore ne faut-ilen venir 1 que-quand il eft âgé de quatre ou cinq ans. | Le rérébinthe fe multiplie de femence, de branches couchées & par la greffe, On nefe fert de ce dernier moyen que pour perfeétionner les piftaches & les avoir plus groffes. Les branches couchées font une mauvaile reflource, parce qu’elles manquent fou- vent, & que celles qui réuffiflent ne font fuifam- . ment eñracinées qu'au bout de deux ou trois ans. La graineleft donc l’expédient le plus avantageux pour La multiplication déeet arbre. Mais pour le climat de Paris, il vaut rmeux la femer dans des terrines qu’en pleine térre; on s’ÿ prendra de bonne heure au printems. Il eft bon de faire tremper les graines pendant deux jours : fi élles font fraîches elles leve- ront sûrement, I! fera à:bropos de ferrer les terrines pendant lhiver, en forté qu’elles foient feuiement garanties des fortes gelées. Lés jeunes plants pour- sont refter dans les terrines pendant déux ans ; mais au printems de la troifieme année, ilfaudra les met- _tre chacun dans un pot, & au bout de quatre ou cinq ans on pourra les placer à demeure, parce qu'ils au- ront alors communément fix à fept piés dé hauteur. En s’y prenant de cette façon, le fuccès eft afluré ; mais lorfque le sérébinthe eft plus âgé, ou qu'il a été _ tranfporté de loin, fans avoir eu la précaution de lui conferver au pié une motte de terre, il reprend très- difiicilement. Il fouffre aflez bien la taille, & il ny faut d'autre attenttion que dé ne retrancher les bran- ches qu'avec ménagement & à mefure que la tige fe fortifie, fans quoi on la rend effilée, & on retarde fon accroiflement. Cet arbre eft de longue durée, & ilfe foutient encore plus long-tems lorfqu’onle met en efpalier , oùil fait une bonne garniture fans exi- ger aucune culture. Son bois eft blanc, fort dur & aflez fouple ; cependant on n’en fait nul ufage pour les arts. | | On peut ; comme on l’a dejà dit , greffer le rérébzn- the, foit pour fe procurer lesefpeces de cétarbre qui ont rares , foit pour donner au fruit plus de perfec- ton. On peutfe fervir pour cela de routes les facons de greffer qui font connues, Cependant la greffe en fente lui réuflit difficilement ; celles en écuflon & en flûtes ont plus de fuccès. Le mois de Juillet eft le tems le plus convenable pour cette opération, & les meïlleurs fujets font ceux qui n’ont que deux ou trois ans. La culture du sérébinthe a pour objet dans les pays chauds, d’en tirer un fuc réfineux que l’on nomme éérébinthe ; mais le climat de la Provence n’eft pas af. L fez chañd pour en donner l'Garidel aflire én avoir fait leflai fans fuccès. Cellé qui vient de Chio eft [a plus rare, la plus eftimée 85 la meilleure. Cette {orte de réfine eft vulnéraire & balfamique ; la médecine en fait ufage dans plufieurs cas: mais comme on eft dans lufage de donner le nom de rérébinthe à plus fieuts autres fucs réfineux que l’on tire dé diférené genres d'arbres, Voyez Le mot TÉRÉBENTHINE. On connoït plufieurs efpeces deré#ébimihes. . 1°. Letérébinthe Jauvage. C'eft à cette efpece que lon doit particulierement attribuer Le détail ci-def fus: On le nomme perclir en Provence , où il vient communément dans les haîes, & dans les terreins pierreux 8 ffériles. C’eft le meilleur füujet dont on puifle fe fervir pouf preffer les autres efpeces. La feuille de cet arbre eft plus grande , plus arrondie & plus belle que celle du piffachier. Son fruit n’a d'autre ufage en Provence que de fervir d’appât pour pren: dre des grives qui en font fort ffiandes. Les chafz feurs , lors du pañfage de ces oifeaux, imirent le cri que fuit la rouge-gorge quand elle appercoit le fau con’; la prive refte immobile fur la branche & fe laiffe approcher de très-près ; maïs ce fruit peut être une nourriture dangereufe à l’homme: on a vu en Pro- vence des perfonnes mourir aflez promptement pour en avoir mangé un peu abondament, Il eff de très- longue durée, parcé qu'il repoufle toujours de fa fouche, qui devient très-srofle dans les mOontaones de la Provence; ce qui fair qu’on y voit rarement des térébinthes qui aentle port d’un arbre, 2°. Le térébinthe 4 gros fruir. Cet arbre fe trouve dans les bois dés environs de Montpellier. Il devient plus grand que le précédent ; {es fruits font plus gros &c ronds, 1ls ont le même goût que les piftaches ; & fes feuilles font arrondies & affez refflemblantes à cel. les du pifachier, fi ce n’eit qu’elles font compofées d’un plus grand nombre de follioles. 3+ Le rérébinthe à petic fruit bleu. Cet arbre ef: une variété du précédent , dont il différe en ce qu'il eft plus petit dans toutes fes parties ; mais fon fruit eft “épalément bon. Le menu peuple lé mange avec du - pain dans la Syrie, d’où cet arbre ef originaire, ainf que de quelques contrées plus orientales. 4. Le térébinthe de Cappadoce. Les branches de cet arbre fonttortues , noueufes & caffantes ; fes fouilles font d’un verd plus brun que dans toutes les autres efpeces. Ses fleurs viennent en grappe très-ferrées ; elles font d’un verdjaunâtre , mêlé de purpuürin. 5. Le piffachier, Cetarbre eft originaire des grandes Indes, Ceftla plus belle éfpece de sérébinshe &la plus utile. I! s’éleve à la hauteur d’un pommier en Pro- vence , où on en cultive quelques plans dans Les jar= dins ; mais il n’y réuflit que fur les bords de la mer, & jufqu’à la hauteur d'Aix ; pañlé cela le climat n’eft plus affez chaud. Il porte fon bois droit, &il fait peu de branchage. Sa feuille n’eft compofée que de trois ou cinq follioles qui font plus larges & plus rondes que celles du srébinshe commun , mais qui fe recourbent en différens fens ; elles font d’un verd blanchâtre & de la même teinte en-deflus qu’en- deffous. Ses fleurs font difpofées en grappes, plus longues , plus raffemblées & plus apparentes que celle du sérébinrhe, On multiplie afémentle piftachier enfemantles piftaches que vendent les épiciers, pour- vu qu’elles ne foient pas furannées. Mais fi l’on veut avoit de plus beaux & de meilleurs fruits , il faut le greffer fur le sérébinthe fauvage , où on a remarqué que la greffe réuflit plus sûrement que fur fa propre elpece , & que les piftachiers greffés étoient de plus longue durée que les autres. Les piftaches fultanes font les plus grafles &c les plus eftimées. Quoique ce fruit foit agréable au goût, qu'il excite Pappérit, & qu'il foit très-ftomachique, il n’eftces pendant guere d’ufage de le manger crud & ifolé ; TER 152 mais on entire diférens fervices pour la table, & | on en fait des dragées, des conferves, &c. La Méde- cine en tire aufhi quelques fecours. | 6. Le pilachier à zrois feuilles. Cet arbre vient de | Sicile. Ses feuilles ne font compofées que de trois folioles:, & elles font d’un verd brun. Les piftaches qu’il rapporte font d’aufli bon goût que celle du pf- tachier ordinaire. | Il eft néceffaire d’obferver que dans chacune des efpeces de rérébinthe &t de piftachier que lon vient de détailler, il fe trouve encore une différence indi- viduelle , en ce que chaque forte a des individus mâ- les & des individus femelles, 8 que ceux-ci ne font d'aucun rapport & demeurent conftamment dans la ftérilité, s'ils ne font fecondés par un individu mâle; d'où il réfulte que fi l’on veutavoir des fruits, faut que les deux efpeces mâles & femelles foient plantées |. près l’une de l’autre, c’eft-à-dire à une diffance peu éloignée , comme à dix, douze ou quinze piés. Ce- pendant les Siciliens ont un moyen de fuppléer au défaut de proximité , en prenant fur un arbre mâle une branche garnie de plufeurs grappes de fleurs épanouies , qu'ils attachent à l’arbré femelle ; mais cette pratique n’eft point en ufage en Provence. Il eft bon d’oblerver encore que la fécondité peut fe faire entre un individu mâle & unindividu femelle d’efpe- ces différentes; par exemple un sérébinthe mâle peut fervirà féconder un piftachier femelle. Arsicle de M. d'AUBENTON le Jubdélègné. TÉRÉBINTHE, ( Crisig. facr. ) comme cetarbreré- fineux étoit fort commun dans la Judée, qu'il fait beaucoup d’ombre & étend fes branches au loin da fageffe dont la force & l'efficacité fe répand de toutes parts, fe compare à un sérébinthe | Eccl. xxÿy. 22. D'un autre côté, Ifaie , v7. 13. compare le peuple juif à un sérébinche mort, dont les branches feches couvrent un grand efpace de terrein. On prétendoit pat tradition { carla Gén. xyüy. 4. nenomme pas lar- bre) que ce fut fous un zérébinthe qu'Abraham recut | Œ q Tes lestrois anges; & Eusèbe rapporte que ce prétendu sérébinthe étoit encore de fon tems en grande yénéra- tion. La crédulité religieufement flupide peut tout adopter. (D. J.) TÉRÉBRATION , £ £ ( Born. ) art de tirer le | fuc des arbres enles perçant. Il y a dans les plantes des fucs aqueux. vineux , oléagineux , gommeux, réfineux , bitumineux ; il y en a de toutes fortes de couleurs & de qualités. Ces fucs fortent quelquefois d'eux-mêmes & fe coagulent en gomme. Quelquefois ils fortent par incifion de leur écorce , comme font les ucs de la fcamonée, du pavot, rc. qu’on fait enfuite defécher au foleil. On tire des fucs par contufon , . par expreflon ou par la difüllation. Mais il yÿ a une nouvelle maniere de tirer des fucs, particulierement les fucs des arbres. Elle fe fait par la zérébration ; c’elt-à-dire en perçant le tronc d’un ar- breavecune tariere, lorfque la feve vers le commen- cement du printems commence à monter, Cette ma- niere a été inconnue aux anciens , du-moins on ne fache pas qu'aucun en ait fait mention ; nous tenons : cette invention des Anglois. L'immortel Bacon , chancelier d'Angleterre, parle de cette sérébration ; mais il ne la propofe quecomme un remede pourfaire, | mieux fru@ifer les arbres: é’eftpour cela qu’il la com- pare à la faignée. On a bien enchéri fur les premieres vues de Bacon. Les Anglois ont mis la sérébration en | reple & l’ontréduite en méthode.Enfuiteilsonttrouvé que ces fucs tirés par cette sérébration méthodique pouvoit avoir de grandes utihités. - Voici l’ordre qu'il y fautgarder , felon le dde Tonge:Ily a, dit-il, différentes manieres de tirer le fuc d’un arbre. Pour en avoir beaucoup, il ne fuffit pas d'entamer l'arbre légerement avec un couteau. 11 faut percer le tronc du côté du midi, pafler au-delà TER de la moëlle , &7 ne s'arrêter qu’à un pouce près de l'écorce, qui eft du côté du feptentrions Omdoit con- duire la tariere de telleforte quelle trou monte tou- jours, afin de donner lieu à Pécoulementde la feve. Il eft bon d’obferver quele trou doit être fait pro che de la terre ; premierement pour ne pointgâter le tronc de l'arbre ; fecondement: afin qu'il nelfoit pas befoin d’un long tuyau pour conduire lafexre dans le vaifleau qui la doit recevoir, : 1 Le asaoue#t Une racine coupée par lextrémité rend plus de fuc qu'une branche, parce qu'il en monte au-deflus de la racine plus qu’au-deflus de la branche ani le- coulement doit être plus abondant.: Il eft:pobable que plus les arbres approchent de leur perfeéhion, plus 1l en diftille de fee. Le Il ya auf plus de fels dans la racine que.dans l'é- corce ; plus dansles végétaux durant le printems que durant l'automne ; parceque durantles moisd’été les fucs falins s’évaporent en partie, & en partie mürif- fent par Pa@ion & le mélange de la lumiere. C’eftune obfervation de Théophrafte, que quand les plantes &r les arbres pouffent , c’eft alors qu'ils ont le plus defeve; maislorfqu'ils ceffent.de gerimer & de produire , alors leur feve a Le plus de force, 8 carattérife mieux la nature de la plante ; & qu'à caufe de cela les arbres qui rendent la réfine , ne doivent être incifés qu'après leur pouffle. Il ya auf toutliem -de penfer que le fuc des vieux arbres dont les parties organiques ne forment point de nouvelle feve , eft plus mür que celui des autres. : Ainf le tems de percer les arbres pour en extraire le fuc, c’eft depuis la fin de Janvier jufqu'’au miliem du mois de Mai. Le noyer ne fe doit percer qu'à la fin de Mars. M. Midfort, homme d’une attentiom merveilleufe à ramafler & à conferver des fucs, af fure que le peuplier &z le frêne font inondés de {eve à la fin de Mars, & que le fycomore donne des fucs même en pleine gelée. Les arbres ne donnent aucun fuc en automne , & n’en donnent au printems qu'environ durant un mois. Quand le printems eft trop fec , on tiretrès-peude {eve ; s’ileft forthumide, 1l en difille davantage, &r toujours à proportion de ce qu'il én monte parles pores du tronc. La térébration ou le percement des arbres fe fai avec plus de fuccès à midi, dans la chaleur du jour, parce que les fucs font d'ordinaire plus er mouve- ment. La chaleur fait monter la feve, c’eftun alem bic fait de la main de la nature, & les alembics ar tificiels n’en font que des copies. Les arbres qui fourniflent abondamment des fes {ont le peuplier, le frêne, le plâne ou fycomore, le faule , le bouleau , le noyer , le chêne, l’ormeaw, lérable, 6:c. ne — | M. Ratraï , favant écoflois, dit qu'il fait par fa pro- _pre expérience, que dans le printems on pourra eæ un mois tirer du bouleau une aflezgrande quantitéde feve , pour égaler le poids de larbre avec fes bran- ches, fes feuilles & fes racines. Le doéteur Hervey eft defcendu de la rérébration des arbres à la ponétion des plantes. Ila trouyélete- cret de tirer des têtes des pavots l’opium le plus pur. Il commence par expofer au foleil durant quelques heures les plantes entieres, enfuite il en pique les têtes, & en peu de tems il en tire plein une tale de fuc de pavot, qui eft l’opium véritable. Maïs ce quo a déja eflayé de faire fur les pavots, fe peut auf pra- tiquer fur les péones mâles & fur plufeurs autres plantes fingulieres dont on célebre les vertus. On fe flatte d'obtenir par la sérébration les sommes ,1lés ré- fines , les teintures, les fels , les odeurs. 4 On conjetture que les fucs quicoulent d’eux-mê- mes , font plus efficaces que les fucs 87 les extraïts qu'onfaiten chimie, parce que dans ces prépara- tions E R tons forcées , on perd. fouvent & nécefaifement les parties volatiles qui font la vertu de plufieurs vé- : gétaux. Les fucsconcrets coagulés ou le fel fucculent, | comme l’appellent f bien Lauremberg & Schroder, a deux avantages fur le fel tiré par la voie de l'inci- nération. 1°, Îl eft plus doux, plus tempéré, moins ec & moins mordicant. 2°, Il tient encore dela plante le foufre & le mercure que le feltiré des cendres n’a plusdu tout. Enfin onne peut trouver que des avan- tages à perfectionner la méthode de la sérébrarion. D.J. ; rue > LE (if nat.) anomie, conchiti anomit | muftuli anomit ; c’eft une coquille foffile dont le caractere eft d’avoir toujours comme un bec crochu &r recourbé. Il paroït que c’eft une efpece de moule ou de daille. Cette coquille eft con- nue fous le nom de poxlerre. Il y en a d’ovales, de plates & arrondies, de rondes &{phériques, de liffes & de fillonnées. M. de Juffieu a vu l’analogue vivant de cette coquille qui fe trouve dans la Méditerrance fur les côtes de la Provence, Voyez OsTRÉOPECTI- NITE. | PS TEREBUS , (eos. añc. ) fleuve de l’Efpäone tarragonoïfe. Ptolomée , Z. II. c. vj. marque {on embouchure entre le promontoire Scombraria & la ville Alonæ. Le manufcrit de la bibliotheque palatine Lit Térebris au-lieu de Terebus, Ce fleuve prend fa fource dans les mêmes montagnes où le Betis, au: jourd’hui le Guadalquivir, a la fienne. Le nom mo- . derne du Taber ou Terebus, eft Segurca. (D.J.) . TEREDON, (Géog. anc.) ville d’Afie dans la Ba bylonie. Ptolomée, 4f£x sab, 5. la marque dans l’île que forme le Tiore àfon embouchure. D’autres pla- cent la ville de Teredon à l'embouchure de lEuphra- te. Strabon dit qu’il y avoit mille ftades depuis la ville de Babylone jufqu’aux bouches de l'Euphrate, & à la ville de Teredon. Denis le périegete , y. 082. met auffi la ville de Teredon à l'embouchure de l’Éuphrate. Peut-être étoit-elle entre l’Euphrate & le Tigre vers leurs embouchures ; car chacun de ces fleuvesavoit anciennement fon embouchure particuliere dans le golfe perfique. Les chofes purent changer dans la luite par le moyen de divers canaux que l’on tira de l’Euphrate, ce qui aura été caufe qué Ptolomée n’a point parlé de l’embouchute de ce fleuve. , La ville de Teredon eft nommée Diridoris par Ar- ten , if. indic. n°, 41. finous en croyons Taver- mer , voyage de Perfe, Ziy. 11. c, vi. On voit les ruines de Teredon dans Le defert de l'Arabie, à deux lieues de Balfara. Ces ruines, ajoute-t-1l, font con: noître que la ville étoit confidérable. On y trouve encore un canal de briques par lequel l’eau de l'Eu: phrate étoit conduite en cette ville. Les arabes y vont enlever des briques pour les vendre à Balfara , où l'on en fait les fondemens des maïfons. (D. J. ) . TEREGAM , {. m. (Hif. nat, Botan. exot,) nom d'un figuier qui croît au Malabar , & que Commelin appelle srieus Malabrica, foliis rigidis, fiuëlu rocundo : lanuginofo, flavefcente, cerafi magnitudine. | C’eft un grand arbre haut de trente piés, dont la racine broyée dañs du vinaigre, préparée avec du cacao , & prifele matin à jeun, pañe pour htimec- tante & rafraichiflante. On donne au fruit de ce f- guier les mêmes qualités. (D.J) TÉRENJABIN , £ m,. ( Mai. méd. des Arabes.) ce Mot défigne communément dans les écrits des an- ciens arabes une efpece de manne > nommée par quelques-uns manne de maflic, marna mafhchina , à caufe de fes grains ronds, reflemblans à ceux du maf- tic; mais prefque tous les médecins du monde la nomment aujourd’hui mañne de Perle, manna per- ICE L, M. Geoffroi a cru que le serniabin ou terenjabin, étoir une forte de manne liquide, trompé par Bellon, | vme XVI, TER 15? qui l'avôitété le premier parles récits des'foines dû mont Sinaï, Bellon penfe que la manne liquide ré cueillie par ces moines , & qu’il nomme terenjabin eft le miel de rofée , mel rofcidum de Galien , ou lé miel de cedre d'Hippocrates; mais cern’eft point là le serenjabin des anciens Arabes, ni la manne perf: que des modernes. Il eft bien vraiflemblable:que {a manne Hquide des moines du mont Sinaieft la même {nbftance que le miel de rofée de Galien, ouile miel de cedre d’Hippocrate, mais ce n’eft point là le ses renjabin des anciens Arabes. ru a. . La defcription que fait Galien de {on miel de ro: fée , & de la maniere dont on le recueilloit de {on tems fur le mont Sinaï, convient très-bien avec le récit de Bellon ; mais il ne paroît point qu’on en fit le moindre ufage en médecine, ni dutems de Galien ; ni moins encore du tems-d’Hippocrate. Les médecins arabes paroïffent être les premiers qui Pont employé comme purgatif, Galien parle plutôt de fon miel de rofée, ou manne liquide, comme d’une curiofité 5 que comme d’une médecine, n’indiquant nulle part ni fes vertus, ni fon ufage; il{e contente de dire qu'on en recueilloittous les ans quantité fur le mont Sinaï ; mais qu’on en apportoit très-rarement dans fon Pays. De plus, ii paroït par le témoignage de l’ancien au- teurgrec, cité par Athénée , & dont Saumaife a rap= porté le paflage, que ce miel de rofée étoit un objet de luxe par fa faveur, plus agréable au goût que lé miel même , outre fon parfum délicieux, Dans l'ouvrage apocryphe , intitulé de dynamiis ; attribué à Galien , il eftbien vrai qu’on y ordonne de mêler de la fcammonée avec du miel ; mais il n’y eft pas dit un feul ot de la manne : or , comme Galien Ù entre dans tous les pluspetits détails de la matiere mé: dicale de fon tems , 1l s'enfuit que fon filence eftune forte preuve que dans fon tems le miel de rofée du mont Sinaï nétoit point d'ufage en médecine , & moins encore toute autre efpece de manne. Philofop: tranfaë. n°.472.(D.J) | TERENTE , ( Géog. anc.) Terentum ; lieu d'Italie 5 dans le champ de Mars , près du Tibre, felon Valere Maxime, /iv. IT. c. jv. car le champ de Mars , comme nous Papprend Tite-Live, étoit autrefois hors de Rome. Servius dit qu’on donnoit auf le nom de Te rentum à une Certaine partie du Tibre dans Rome ; fans doute après que le champ de Mars eut été rén- fermé dans cette capitale ; Martial, Epigr, L. epife, 1x. au-lieu de Terentum, fe fert du pluriel Terersri : Capit, maxime, Para , que folebat Nunc offendere canium Terentos. Il emploie pourtant le même motau fingulier, y, Xi epife, lxiiy. Bis mea romano fpettata eff vita Terento, Et Aufone , Zy. IV. epivr, j. dit Terensus pour Teren-= Étm à Er que Romuleus facra Tereñtus aber. (D.T.) TÉRENTE , fm, ( Ancig. rom.) Terenrus, lieu dans le champ de Mars aflez près du capitole;,où étoit le temple de Pluton & de Confus , & un autel fou- terrein confacré à Pluton & à Proferpine, On ne le découvroit que pour les jeux féculaires, & on le couvroit aufhtôt après. Ce mot vient de rerere , frot- ter, ufer en frottant, parce que les eaux du Tibre alloient fe brifér auprès de ce lieu. Voici , felon Va- lere Maxime, 2, II. c. iv. la maniere dont cet autel fut découvert. Les deux fils & la fille d’un certain Vale- fius étoient attaqués d’une maladie défeifpérée ; leur pere pria fes dieux lares de détourner für lui-même la mort qui menaçoit fes enfans. !] lui fut répoñdu qu'il obtiendroit le rétabliffement de leur fanté , en fuivant le cours du Tibre, il les conduifoit juf- qu'à Térente, Il prit un verre , puifa de l’eau dans le 154 TER fleuve, & la porta où il apperçut de la fumée ; mais n’y trouvant point de feur, 1l en alluma avec desima- tieres combuftibles, chauffa l’eau qu'il avoit, la fit boire à fes enfans, & elle les guérit. Ils lui dirent alors qu'ils avoient vu enfonge un dieu qui leuravoit ordonné de célébrer des jeux noëturnes en honneur de Pluton & de Proferpine, & de leur immoler des viétimes rouffes. Valefius ayant réfolu de bâtir un autélipour le facrifice, fe mit à creufer, &c en trouva un tout prêt avec une infcription en l’hon- neur des deux divinités qui commandent aux enfers. Les réjouiffances durerent trois Jours de fuite ; en mémoire de ce que les dieux lur avoient accordé au bout de trois jours la guérifon de fes enfans. (D. J.) TÉRENTINS rEux, (Anrig. rom.) Ferentini ludr, jeux inflitués à Rome pour honorer les dieux infer- naux 3 on folemnifoit ces jeux de cent ans en cent ans dans un endroit du champ de Mars qui fe nom- moit Terénrum : on facrifioit dans cette cérémonie des bœufs noirs à Pluton & à Proferpine. ( D. J.) TERFEZ , f.m.( Boran. exor. ) c’eft le nom d’une efpece de truffe où racine qui naît dans le fable des déferts de Numidie , & qui ne poufle point de tige. Cette truffe a la figure d'un fruit , gros tantôt comme une noix , & tantôt commeune orange, Elle eft nour- riflante, bonne à manger cuite dans les cendres , ou bouillie dans l’eau! (D. J.) TERGA, (Géog. mod.) ville déferte d'Afrique, au royaume de Maroc, fur la riviere d'Ommirabi, à dix lieues d’Azamor, dans une fituation aflez avan- tageufe par la bonté des campagnes du voifinage. D. J.) TERGESTE, (Géog. anc.) Tergefle , felon Pline, 1. LIL, c. xvuij. Terpeflum , {elon Ptolomée, Z. ZIL, c. j. urbs Tergeftræorum, felon Denys le periégete, vers 382, ville d'Italie dans le forum Jubir. Pomponius Mela, Z IT. c. ii. la met au fond du golfe auquel elle donnoit fon nom , & qu’on appelloit Tergeflinus fr- nus. Le véritable nom de cette ville eft Tergefle, &t c’eft ainfi qu'il eft écrit dans les anciennes inicrip- tions. En voici une rapportée par Gruter, pag. 389, APT Aed. IT. vir. jur. D. Tergefre. La table de Peutinger porte aufli Tergeffe. Le nom moderne eft Triefte, felon Lazius ëc Léander. Pline &r Ptolomée donnent à cette ville le titre de colomie ; mais on ignore le items de fon établifiement. Il eft furprenant que Strabon , /. VII. p. 314, quia écrit fousTibere , appelle Tergefle un village de la Carmie, à Targeffa, vico carnico. Cependant Denys le perié- sete, qui, felon Pline, Z. #7. c. xxvij. a Écrit fous Le Augufte, donne à Tergeffe le titre de vi//e ; mais peut- être Strabon a-t-il fuivi pour cette qualification quel- que ancien auteur qui avoit précédé létabliffemert de la colonie, à moins qu’en ne dife que Strabon dif- tingue Tergefla de Tergefie , dont il fait ailleurs, Z. 7 p. 215, une petite ville, oppidum Tergefte. ( D. J.) TERGESTINUS-SINUS, ( Géog. anc. } golfe d'Italie, fur la côte de la mer Adriatique. Pline dit que ce golfe prenoit fon nom de la ville de Tergefte qui y étoit bâtie. D’autres Pont appellé Aquilerus fr rus. On convient que c’eft aujourd’hui le golfe de Triefte. (D. J.) TERGETTE oz TARGETTE, f. £ ( serme de Ser- rurier. ) plaque de fer délice, de forme ovale, com- pofée d’un vetrouil & de deux crampons qui tien- nent ce verrouil : on attache cette plaque de fer fur les portes , chaffis de croifées éc. (D. J.) TERGIVERSATEUR, {. m. ( Gram. 6 Jurifp. ) eff celui qui ufe de détours & de tergiverfations pour furprendre quelqu'un. Foyez TER GIVERSATION (4) FERGIVERSATION , £ £ ( Gram, & Jurifprud.) TER eft lorfque quelqu'un ufe de détours & de furprife pour arriver à fes Ans. Voyez TERGIVERSATEUR ; Dérour, DoL, FRAUDE / SURPRISE, FOr MAU- VAISE. (4) F LE FTERGOW , ( Géog. mod. ) prononcez Tergax, ville des Provinces-Unies , dans la Hollande méri- dionale, fur l’ifel, à trois lieues de Rotterdam. Wal- vis( Jean) en a donné une bonne defeription en hol- —Jandois. On nomme cette ville plus communément Gouda. Voyez-en article. Son églife eft remarquable par fes vitres émaillées & hiftorices avec un art qui ne fe trouve point æl- leurs. De grands rois & princes tant féculiers qu’- eccléfiaftiques, & des communautés, y ont génereu fément contribué : c’eft l’ouvrage de deuxfreres nés dans cette ville, Théodore & Gautier Crabeth, les plus habiles gens de leur tèms pour cette forte de travail. (D. J.) TERGOWITZ, TarGovisco, TERGOwISK, on Tarvis ,( Géog. mod. ) ville de la Turquie euro- péenne, dans la Valachie , fur le Jaloniez , &c capi- tale de la province de Valachie. Ceux qui penfent que c’eft le Tirifcum de Ptolomce, font moins fondés que Lazius, qui croit que Tiriféum s'appelle aujour- d'hui Turo. Loris. 43. 7. latir. 43. 36. (D. 1.) TER-HEYDIN , (Géog. mod.) village des Pays- Bas, fur la Merk, dans la baronnie de Breda. Ce vil- lage eft plus confidérable que plufieurs de nos villes. I! contient deux paroïfles. Son gouvernement civil eft compofé d’un ichout , de fept échevins, d’un fe- crétaire & d’unreceveur. (D. /J. TERIAS, ( Géogr. anc. ) fleuve de Sicile, felon Pline, 4 IIL cvii. Thucydide & Diodore de Sicile parlent de ce fleuve ; maïs le premier écrit Tareas, & le fecond Turias. Ortelius dit qu’Aretius êc Fazel nomment ce fleuve Jarrerta où Giarretta ; Pun'êt Pau- tre eft une faute. Le Jarretta eft, felon plufieurs fa- vans , le Sinærhus des anciens; mais le Terias, felon le p. Hardouin & M. de Lifle, eff nommé aujour- ‘d'hui Tiunce di [. Leonardo. ( D. J.) TERJETTE , { £ (zerme de manufaüture, ) c'eft une efpece de manicle de cuir dont fe fervent Les lai= neurs-aplaigneurs. (D. J.) TERJEÏTER , v.aét. ( Verrerie.) c’eft vuider dans les pots à cueillir Ja matiere propre à faire le verre, qui a été préparée & mife en parfaite fufion dans les deux pots du grand ouvreau, &t dans les deux autres pots du derriere du fourneau à verre. ( D.J.) TERINA , (Géog: anc.) ville d'Italie, chez les Bru- tiens, felon Pline, le périple de Scylax & Etienne le géographe. Diodore de Sicile , Pomponius Mela ëc Strabon font aufi mention de cette ville. Pline, /. ZT. c.v. l'appelle Crotonenfium Terina, parce qu’elle avoit été bâtie par les habitans de Crotone. Elle donnoït fon nom au golfe fur lequel elle étoit fituée , & qu’on nommoit Sizus-Terinæeus. C’eft aujourd’hui le golfe de Sainte-Euphémie. Quant à la fituation précife de Terina, on ne s'accorde guere. Le p. Hardouin pré- tend que c’eft Nocéra. ( D. J.) TERKAN ou TACKAN , f. m. ( Hiff. mod. ) c’eft ainfi qu’on nommoit parmi les Tartares Monguls fou- mis à Jenohis-Kan, ceux qui pour quelque grande ation ou quelque grand fervice étoient exemptés par le grand kan de toute taxe; il leur étoit permis de s'approprier tout le butin qu’ils faifoient à la guerre, fans en faire part à l’empereur. Ils pouvoient fe pré- {enter au fouverain toutes Les fois qu’il leur plaïfoits &t leurs fautes, de quelque nature qu’elles fuflent, leur éroient pardonnées jufqu’à neuf fois. TERKI, ( Géog. mod. ) ville fortifiée d’Afe , ca- pitale dela Circailie, fur la riviere de Terck, à une demi-lieue de la mer, & environnée de marais. Le czar y tient une forte garnifon, Long. GC, 34. larie. 43.23: ( D. J.) TERMAILLET » {, m. ( Langue fran.) Vieux rot Qui fignifoit quelque ornement ou ajuftement de femme qu’on ne connoit plus. On trouve ce mot dans Jean le Maire. « Quand , dit-il, la déefe eut mis bas + fes habits & achetmes, qu’elle eut défeublé coëf- sfe, guimpe, atour , & autre accouflrement dé » tête, cermaillers chaînes, anneaux, buletes, &tiffus » jufqu’aux galoches dorées, demeurant torquées , » fans plus de riche couvrechef, €. (D. J. TERME , {. m.( Gram. & Logique.) les rermes {ont diflingués des mots , en ce que-ces derniers font de la langue, & que les premiers font du fujet, ainf que les expreffions font de la penfée ; Pufage décide des mots ; la convenance avec les chofes fait la bon- té des rermes ; le tour fait le mérite de l'expreffion : ainf lon dira fort bien, que tout difcours travaillé demande que les z0rs foïent françois » Que les sermes foient propres , & que les exprefions foient nobles. Les rermes fe divifent en plufeurs claffes. 1°. Ils fe divifent en concrets & en abftraits. Les termes concrets {ont ceux qui figniñent les manieres ; en marquant en même tems le fujet auquel elles con- viennent. Les zermes concrets ont donc eflentielle- ment deux fignifications ; l’une diftinée, qui eft celle du mode ou maniere ; l'autre confufe, qui eft celle du fujet; mais quoique là fignificatiôn du mode {oit plus difbinéte, elle eft pourtant indireëte ; & auxcon- traire celle du fujet , quoique confufe , eft dirééte. Le mot de blanc fignifie dire&tement > Mais confufe- ment , le fujet , &t indireétement, quoique diftinéte- ment ; /a blancheur, | | Lorfque par une abftraétion de ’efprit on conçoit des modes, des manieres , fans les rapporter à un certain fujet , comme ces formes fubfiftent alors en quelque forte dans lefprit , par elles-mêmes , elles s'expriment par un mot fubitantif, comme J'agèffe, blancheur , couleur : or les noms qui expriment ces! formes abftraites , je les appelle rermes abffraits ; com- me les formes abitraites expriment les efences des chofes auxquelles elles {e rapportent; il eft évident que puifque nous ignorons les eflences de toutes les fubftances , quelles qu’elles foient , nous n'avonsau- cun £errme concret qu ioit dérivé des noms que nous donnons aux fubftances. Si nOus;pouvions remonter à tous les noms primitifs, nous! reconnoîtrions qu'il ny a point de fubfantif abftrait , qui ne dérive de quelque adjettif, ou de quelque verbe. La raifon qui a empêché les fcholaftiques de joindre des noms ab=t fraits àun nombre infini de fubftances , auroit bien dû auf les empêcher d'introduire dans leurs écoles ces zermes batbares d’arimaliré | d'hurmaniré > de,cor- poréire , & quelques autres; lébon {ens ne les auto- rife.pas plus à adopterices series ; que ceux-ci, au= reitas | faxeitas ; metalleisas ; huneicas + &c! la raifon- de cela ,:c’eft qu'ils ne connoïfient pas miéuxce que c’eft qu'un homme:, un animal JUN: Corps qu'ils ne connoïflentce quec’eft quel’ot ; lapierresilé métal, le bois : c’eft à la doëtrine des ormes-Jubflantielles, êt à laconfiance téméraire de certaines perfonnes def- tituées d’une connoïfiance qu'ils prétendoïentavoir que nous fommes redevahles detous ces mots d'un; nalité, d’humaniré,, de pévrétré. Etc, mais grace au bon goût, ils ont été bannis detousiles cercles polis, &t n'ont jamais pü être de‘mile parmiles gens raifon- nables. Je fais bien que lemot hurmaziras étoit en ufà- ge parmi les Romains ; maïs dans un.fens bien d'#£- rent: car1l ne fignifoit pas l’effence abftraite d’au- cuñe fuübftance ; c’étoit le nom abftrait d’un mode . fon concretétant humanus | & non pas 4omo : c’eft ainfi qu'en ffançois , d’Aurain , NOUS avons fait hu- Mariite. | Comme les idées générales font des abftra&ions de notre efprit, on pourroit auffi donner le nom de rer. mes abffraits à ceux qui expriment ces idées univer- | Tome XVI, | 35 felles; mais Pufage à voulu que ce nom ft Releryé aux feules formes abitraires, | 2° Les #ermes e divifent en fimples & en cote plexes, : | Les tèrmes fimples ont ceux qui par üñ feul mot éxpriment un objet quel qu’il {oit. Ainii Rome, Sos crate , Bucephale, homme ; ville , cheval , 1ônt des termes fimples, Abo lee Les rermes complexes font compofés de pluñeurs térmes joints enfemble : par exemple , ce font deg termes complexes , un /ommeprüdenr, un corps tranf: Parent, Alexandre fils de Philippe, Cette addition fe fait quelquefois par le pronom relatif, comme fi je dis , un COTpS qui ef? tran/fparerit à Alexandre qui eff Jets de Philippe, le Pape qui eff picar: re de Jéfus-Chrifé LS Ce quil y a dé plus rérnarquable dans ces Ze7mes Complexes , eft que l'addition que l’on fait À un rermé eft de deux fortes : l’une qu’on peut appellez explicaz tion, & l’autre dérermination. | L'addttion eft explicative, quand elle ne fait qué développer où ce qui étoir énfermé dans la compré: henfion de l’idée du premier serme, ou du moins cé qui lui convient , comme un de fes accidens, pour- vu qu'il lui convienne généralement & dans touté fon étendue ; comme fi jé dis, ’homme qui eu an: mal doué de raifon , où l'homme qui defire d'être nat rellement heureux, Ou l’horimne qui eff mortel ; ces ad ditions ne font que des éxphéations , parce qu’elles ne changent point du tout l'idée d'homme , & ne la reftreignent point à ne fignifier qu'une partie deshoma mes ; mais marquent feulement ce qui convient à tous les hommes! 5 1 Toutes les additions qu'on ajouté aux noms.qui, marquent difinétement un individu , font de cetté fotte ; comme quand on dit, Jyes Céfar qui a ére lé plus grand capitaine du monde ; Paris qui.eff la plus belle ville de L Etrope ; Newton le plus grand de sous les mathématicièns ; Lonis XF, roi de France = car.les crmes individuels diflinétement exprimés , Le pren+. nent toujours dans toute leur étendue, étant dèter munés tout ce qu'ils peuvent l'être, Ja L'autre forte d'addition , qu’on peut appeller désers minatives ,‘ eft quand ce qu'on ajoute à un mot géné, tal, en refffeint la fieniñcation, & fait qu'il ne fe. prend plus pour té mot général.dans toute:fon ten due, mais feulément pour uné partie de cette étens. due, comme fi je dis, Les corps tranfparens.. les\homz: mes JaVañs , un animal raifonnable : ces additions.ne. font pas de fimples explications, mais des ditermi= nations, parce qu’elles reflreignent l'étendue du pre> fier srmée, en faifdnt que le.mot corps ne fignife plus, qu'une partie des coips, & ainfi des dutres : & ces. additions font quelquefois telles; qu’elles rendent un mt général individuel, quand on: y ajoute des conditions individuelles ;.Comme quand Je.dis. le, roi qui eft aujourd hui, cela détermine le mot général. de roc à la perfonne de Louis XP. EE | On peut diftinguer de plus deux fortes de terres complexes , les uns dans l’exprefñon , & les autres, dans le féns féuilement : les premiers font ceux dont. l'addition eft exprimée ; les derniers font ceux dont l'addition n’eft point éxprimée , mais fe lément {ous- entendue : Comme quand nous difons en France, /é roi, c'eft un serme Complexe dans le fens, parce que! ñous n'avons pas dans l’efprit, en prononçant ce mot de ro1, la feule idée générale qui répond àtce fot ; mais nous y joignons mentalement l’idée de Louis XY, qui eft maintenant roi de France. Mais ce qui eft de plus femarduable dans ces ser mes complexes , eft qu'il ÿ en a qui font déterminés dans la vérité à un feul individu , & qui ne laïflent pas de conferver une certaine univerfalité équivos que , qw'on peut appeller urié LE d'erreur » Y 1] 156 TER parce que les hommes demeurant d'accord que ce £erme ne fighifie qu'une chofe unique , faute de bien difcerner quelle eft véritablement cette chofe uni- que , l’appliquent les uns à une chofe, & les autres à une autre; ce qui fait qu'ila befoin d’être encore déterminé , ou par diverfes circonftances, ou par la fuite du difcours , afin que l’on fache précifément ce qu'il fignifie. | Ainf le mot de véritable religion ne fignifie qu’une Teule &unique religion; mais parce que chaque peu- ple & chaque feéte croit quefa religioneft [a vérita- ble, ce mot eft très-équivoque dans la bouche des hommes , quoique par erreur ; & fi on lit dans un hiftorien ; qu'un prince a été zélé pour la véritable religion, on ne fauroit dire ce quilaentendu par-là , fi on ne fait de quelle religion a été cet hiftorien. Les rermes complexes, qui font ainf équivoques par erreur, font principalement ceux qui enferment des qualités dont les fens ne jugent point , mais feu- lement lefprit, fur léfquelles il eft facile par confé- quent que les hommes aient divers fentimens: fi je dis, par exemple : /e roi de Pruffe, pere de celui qui re- gne aujourd'hui, r'avoit pour la garde de [a maifon, que des hommes de fix piés ; ce terme complexe d’hor- mes de fix piés, n’eft pas fujet à être équivoque par erreur, parce qu'il eftbien aïfé de mefurer des hom- mes , pour juger s'ils ont fix piés; mais fi Pon eut dit qu'ils étoienttous vaillans, le serme complexe de var/- lans hommes eût été plus fujet à être équivoque par erreur. Les sermes de comparaïfon font auffi fort fujets à être équivoques par erreur : le plus grand géomerre de Paris , le plus favant , le plus adroït ; Car quoique ces termes foient déterminés par des conditions indivi- duelles, ny ayant qu’un feul homme qui foit le plus grand géometré de Paris, néanmoins ce mot peut être facilement attribué à plufeurs ; parce qu'il eff fort aifé que les hommes foient partagés de fentiment fur ce fujet , & qu’ainf plufieurs donnent ce nom à ce- lui que chacun croit avoir cet avantage par-deflusles autres. sd Les mots de férs d’un auteur , de doûtrine d’un au- teur fur un tel [ujet , font encore de ce nombre, fur- tout , quand un auteur meft pas fi clair, qu'on ne difpute quelle à été fon opinion: ainfi dans ce con- fliét d'opinions, les fentimens d’un auteur, quelque individuels qu'ils foient en eux-mêmes , prennent milleformes différentes, felon les têtes par lefquelles ils paflent : ainfi ce mot de /èzs de l'Ecriture, étant ap- pliqué par un hérétique à une erreur contraire à VE- criture , fignifiera dans fa bouche cette erreur qu'il aufa cru être le fens de l’Ecriture, & qu'il aura dans cette, penfée appellée Le fers de Ecriture ; c’eft pour- quoi les hérétiques n’en font pas plus catholiques, pour protefter qu'ils ñe fuient que la parole de Dieu: car ces mot de parole de Dieu figmfent dans leur bou- che toutes les erreurs qu'ils confondent avec cette parole facrée. Mais pour mieux comprendre en quoi confifte l’é- quivoque de ces sermes que nous avons appelés égui- voques par erreur, il faut remarquer que ces mots font connotatifs ou adjectifs ; 1ls font complexes dans lex- preflion , quand leur fubftantif eft exprimé ; com- plexe dans le fens , quandil eft fous-entendu : or, comme nous avons déja dit, on doit confidérer dans les mots adjettifs ou connotatifs, le fujet qui eft di- retement, mais confufément exprimé , & la forme ou le mode qui eft diftinétement , quoique indirecte- ment exprimée : ainfi le arc fignifie confufément un corps, & la blancheur diftinétement : ferment d'Ariflote , pat exemple , fignifie confufément quel- die opinion , quelque penfée , quelque doétrine ; &z iitinétement la relation de cette opinion à Arifto- £e auquel on attribue, TER Or , quandilarrivede l’équivoque dans cesmots, ce n’eft pas proprement à caufe de cette forme ou de ce mode , quiétant diftinét , eft invariable ; ce n’eft pas auffñ à caufe du fujet confus , lorfqu’il demeure dans cette confufion : car, par exemple, le mot de prince des plülofophes ,ne peut jamais être équivoque , tant qu'il demeurera dans cette confufion, c’eft-ä- dire, qu'on ne l’appliquera à aucun individu diftinc- tement connu ; mais l’équivoque arrive feulement, parce que l’efprit , au-lieu de ce fujet confus , y fub- flitue fouvent un fujet diftiné & déterminé , auauel il attribue la forme &z le mode. Le mot de vérirable relipion,n’étant point jointavec l’idée diftinéte d'aucune religion particuliere , & de- meurant dans fon idée confufe, n’eft point équivo- que, puifqu'il nefignifie que ce qui eft en effet la vé- ritable religion ; mais lorfque l’efprit a joint cette idée de véritable religion à une idée diflinéte d’un certain culte particulier diftinétement connu, ce mot devient très-équivoque, & fignifie dans la bouche de chaque peuple , le culte qu’il prend pour vérita- ble. Foyez la logique de Port-royal , d’oùfont extrai- tes les réflexions que nous venons de faire fur les différens rermes complexes. 3°. Les rermes {e divifent en univoques , équivo- ques &c analogues. | Les univoques font ceux qui retiennent conftam- ment la même fiemfication à quelques fujets qu'on les applique. Tels font ces mots , homme , ville, cheval, Les équivoques font ceux qui varient leur fienifi- cation, felon les fujets auxquels on les applique, Ainfi le mot de canon fignifñie une machine de guerre , un décret de concile , & une forte d’ajuflemens ; mais il ne les fignifie que felon des idées toutes différentes. Nous venons d'expliquer comment ils occafionnent nos erreurs. | Les analogues font ceux qui n’expriment pas dans tous les fujets précifément la même idée, mais du- moins quelque idée, qui a un rapport de caufe ou d'effet, ou de figne , ou de reffemblance à la pre- miere , qui.eft principalement attachée au mot ana- logue ; comme quand le mot de /a5z s’attribue à lani- mal, à l’air 8 aux viandes. Car l’idée jointe à ce mot eft principalement la fanté qui ne convient qu'à l’ani- mal; mais on y joint une autre idée approchante de celle-à, qui eft d’être caufe de la fanté, laquelle fait qu'on dit qu'un air eft air, qu'une viande eft faine , parce qu’ils contribuent à conferver la fanté. Ce que nous voyons dans les objets qui frappént nos fens, étant une image. de ce qui fe pafle dans linte- rieur de l'ame, nous ayons donné les mêmes noms aux propriétés des corps & des efprits. Aifi ayant toujours apperçu dumouveèement & du repos dans la : matiere ; ayant remarqué de penchant ou l’inclina- tion des corps; ayant vu que l'air s’agite , fe trou- _ ble & s’éclairait; que les plantes fe développent , fe : fortifient & s’afoibliffént : fous avons dit le mouye- ment, lerepos ;linclination &r le penchant de lame; nous avons ditque l’efprit%’agite , fe troublé, sé claircit, e développe fe:fértifie ; s'affoiblit! Tous ces mots font analogues , par le rapport qui fe trouve entre une aétion délame 8tune ation duscorps. Il n’en a pas fallu d'avantage älufage , pour les autori- . fer &c pour les confacrer. Maisice feroit une grande erreur d'aller confondre deux objets, fous prétexte qu'il y a entr’eux unrapport quelconque , fondé fou- vent furune analogie fort impatfaite , telle qu’elle fe trouve entre lame &c le corps. Voyez les mors où l’on explique l'abus du langage. | | 4°, Les sermes {e divifent en abfolus & en relatif, Les abfolus expriment les êtres entant qu’on s’arrête à ces êtres, @c qu’on en fait l’objet de fa réflexion, fans les rapporter à d’autres : au-hieu que les relatifs TER lente de plus l’idée d'un homme qui {e roidit contre la mort, 8x qui lenvifage fans effroi : image beau- | TER 157 coup plus vive que n’eft la penfée même à laquelle elle eft jointe, Ainf il n’eft pas étrange qu’elle frappe davantage , parce que l'ame s’inftrut par les images des vérités ; mais elle ne s’émeut guere que par l’ima- ge des mouvemens. SL vis me flere, dolendum ef Primim ipfe bi, Mais comme le ftyle fouré fignifie ordinairement avec les chofes les mouvemens que nous reflentons en les concevant & en parlant , on peut juger par-là de l'ufage que l’on en doit faire, &z quels font les fujets auxquels il eft propre. Il eft vifible qu'il eft ri- dicule de s’en fervir dans des matieres purement fpé- culatives , que lon regarde d’un œil tranquille , & qui ne produifent aucun mouvement dans Pefprit, Car puifque les figures expriment les mouvemens de notre ame,celles que l’on mêle en des fujets où l’ame ne s’émeut point , font des mouvemens contre la na- ture 6 des efpeces de convulfions. C’eft pourquoi il n'y a rien de moins agréable que certains prédica- teurs , qui s’écrient indifféremment fur tout, 8 qui ne s’agitent pas moins fur des raifonnemens philofo- phiques, que fur les vérités les plus étonnantes &cles plus néceflaires pour le falut. | Mais lorfque la matiere que l’on traite eft telle qu’elle nous doit raifonnablement toucher , c’eft un défaut d’en parler d’une maniere feche , froide & fans mouvement, parce que c’eft un défaut de n’être pas touché de ce que l’on doit. Ainf les vérités divines æ’étant pas propofées fimplement pour être connues, mais beaucoup plus pour être aimées , révérées & adorées par les hommes, il eft certain que la maniere noble, élevée & figurée, dont les faints peres les ont traitées , leur eft bien plus proportionnée qu'un ftyle . fimple & fans figure, comme celui desfcholaftiques ; puifqu’elle ne nous enfeigne pas feulement ces véri- tés mais qu’elle nous repréfente auf les fentimens d'amour & de révérence avec lefquels les peres en ont parlé; c que portant ainf dans notre efprit l’ima- gede cette fainte difpofition,elle peut beaucoup con- tribuér à y en imprimer une {emblable : au-lieu que . le ftyle fcholaftique étant fimple, féc, aride & fans aménité ; eft moïñs capable de produire dans l’ame les mouvemens de refpe& & d'amour que l’on doit avoir pour les vérités chrétiennes, Le plaïfir de l'ame confifte plus à fentir des mouvemens, qu'à acquérir des connoïflances. Cette remarque peut nous aider à réfoudre cette queftion célebre entre les Philofophes, s°/ y 4 des mots déshonnétres , à à réfuter les raïfons des Stoiciens qui vouloient qu’on pût fe fervir indifféremment des expreffions qui font eftimées ordinairement infames êt impudentes. Hs prétendent , dit Cicéron ; qu'il n’y a point de paroles fales ni honteufes. Car ou Pinfamie, difent- ils ,-vient des chofes , ou elle eft dans les paroles. Elle ne vient pas fimplement des chofes , pufqu’il eft permis de les expriner en d’autres paroles qui , ne paffent point pour déshonnêtes. Elle n’eft pas auffi dans les paroles confidérées comme fons ; pufqu’il | arrive fouvent qirun même fon fignifiant diverfes chofes , & étant eftimé déshonnête dans une fignifi- cation ne l’eftipoint dans l’autre. Mais tout cela n’eft qu'une vaine fubtilité qui ne naît que de ce que les Philofophes n’ont pas affez confidéré ces idées accefloires , que l’efprit joint aux idées principales des chofes. Cat il arrive de - là qu'une même chofe peut être exprimée honnêtement par un fon , & déshonnêtement par un autre, fi un de fes {ons y joint quelque autre idée qui en couvre Pinfamie ; & fi au contraire l’autre la préfente à l’ef. prit d'une maniere impudente. Ainfiles mots, d'adul- éere , G'incefée, de péché abominable ne font pas infa- 158 TER mes quoiqu'ils repréfentent des aétions très infatnes, parce qu’ils ne les repréfentent que couvertes d'uñ voile d'horreur , qui fait qu’on ne les regarde que comme des crimes , de forte que ces mots fignifient plutôt le crine de ces aétions que lesaëétions mêmes: au-lieu qu’il y a de certains mots qui les expriment fans en donner de l'horreur , & plutôt comme plai- fantes que criminelles , 8 qui y joignent même une idée d'impudence & d’effronterie ; & ce {ont ces mots là qu’on appelle zzfames &t déshonnétes. Il en eft de même de certains tours par lefquelson exprime honnêtement des aétions qui, quoique Légi- times , tiennent quelque chofe de la corruption de la nature, Car ces tours font en effet honnêtes , parce w'ils n'expriment pas fimplement ces chofes ; mais aufñ la difpofirion de celui qui en parlede cette forte, & qui temoigne par fa retenue qu'il les envifage avec peine , & qu'il les couvre autant qu'il peut & aux autres & à lui-même. Au-lieu que ceux qui en parle- roient d’une autre maniere, feroient paroître qu’ils prendroient plaifir à.regarder ces fortes d'objets ; & ce plaifir étant infame, 1l n’eft pas étrange que les mots qui impriment cette idée foient efhimés con- traires à l'honnêteté. Voyez Logique de Port Royal. TERME , {. m. ( Phyfique.) eft en général l’éxtré- mité de quelque-chofe:, ou ce qui termine & limite fon étendue. | | TERME er Géométrie, fe-prend auf quelquefois pour un point, pouraue ligne, 6c.un-point eft Le, terme d’une ligne , une ligne éff le serme d’une furface, & la furface eft le serme d’un folide. Voyez POINT , LIGNE, SURFACE, c. C’efl. ce qu’on appelle dansles écoles serre de quan- tite. ; TERME, dans une-auantité algébrique , comme a+ b— a d, ce font les différentes parties 4, 6, c, d, {épatées parles fignes + êT —. TERMES d'une équation en Algebre, font: les. dif- férens monomes dont elle eftcompofée ; ainf dans léquationa+b=c,a,b,c,font les sermes. Lorfque l’équation renferme une inconnue élevée à différentes. puuffances on ne.prendalors d'ordi- naire-que-pour un, serme la fommerot l’aflemblage de tous les sermés,, où l'inconnue fe trouve à la même puiflance. , ryitis Ainfi dans cette équation xx#4+6x=R; les trois termes dont xx, bz& Rs. ré (ET Et dans cellecixx+bxtex=Rdæ+de, les termesAont xx bx+ ox 8 Rd + dc, quine font que trois zermes , parce que a b+ac;où a fe trouve dans la même dimenfion en l’une & l’autrepartie;yne | font comptés quepour un-werme, ; | . Dans une équation, on.prend ordinairement pour le premier serme celui où la lettre inconnue a la plus haute dimenfon : le serme qüi contient la racine êle- vée à la puffance plus bafle immédiatement après, eft appellé le fécond terme , &c. Ainfi dans Péquation xiLaxxtbbx=cs, a xx eft le fecond rrerme bbx letroifieme, &c. fi le srmeaxx manque, ou le sermebbx, ou tous les deux, en ce cas on ditque l'équation n’a pas de fecond ou de troifieme serre, ou manque du fecond & du troifiemersermes. Woyez SECOND TERME. TERMES DE PROPORTION , ez Mathématiques, fignifient tels nombres , lettres ou quantités que l’on veut comparer les uns aux autres. Voyez PROPOSI- TION. Par exemple, fi4::5:1%, Alors a, b,c, d,ou 4, 8,6, 12, font appellés les cermes de la proportion , defquéls « ou 4 eft appellé le premier terme , 6 ou 8 le Jecond terme , êtc. Voyez SECOND. ai a &c s'appellent auf les anrécédens, & b & d les conféquens. Voyez ANTÉCÉDENT 6 CONSÉQUENT, Chambers, (O ) . lierement à exprimet quelque chofe. : *\ TéRMes mititAiRes , ( Lirrérat.) c’étoient chez les Grecs certaines têtes de divinités, pofées fur dés. bornes quarrées de pierre, où des gaines de serme qui fervoient à marquer les flades des chemins , c’eft ce que Plaute entend pat Lares viales j ces termes étoient ordinairement dédiés à Mercure , parce que les Grecs croyoient que ce Dieu préfidoit à la füreté des grands chemins. Il y en avoit aufli à quatre têtes. Qn en voit encore deux de cette forte à Rome à l’ex- trémité du pont Fabricien , nommé aujourd’hui à caufe de cela Ponte di quatro capi. Ces termes repré- fentoient véritablement Mercure, que les latins ap- pelloient Mercurius quadrifons, parce qu’ils préten- doient que ce dieu avoit enfeigné aux hommes les lettres , la mufique, la lutte & la géométrie. (2. J.) TERME, ( Mythologie.) dieu protecteur des bornes que l’on met dans les champs, & vengeur des ufur= pations , deus Terminus." C’étoit un des plus anciens. dieux des Romains ; la preuve eft dans les lois ro- maines faites par les rois, dans lequel onne trouve le culte d'aucun dieu établi avanticelui du dieuTerme.Ce fut Numa qui inventa cette divinité, comme un frein plus capable que les lois d’arrêter la cupidité, Après avoir fait au peuple la diftribution desterres, 1l bâtit au dieu Terme un petit temple fur la roche Tarpéien- ne. Dans la fuite, Tarquin Le fuperbe ayant voulu bâtir un temple à Jupiter fur le capitole , il falut dé- ranger les ftatues, & mêmeles chapelles qui y étoient déja : tous les dieux céderent fans réfiftance la place qu'ils occupoient; le dieu Térme tint bon contre tous les efforts qu’on fit pour l'enlever , & il falut nécef- fairement le laifler en fa place : ainfi ile trouva dans le temple même qui fut confiruit en cet endroit. Ce conte fe débitoit parmi le peuple, pour lui perfua- der qu’il n’y avoit rien de plus facré que les limites des champs : c’eft pourquoi ceux qui avotent l’audace de les changer étoient dévoués aux furiés , &c il étoit permis! de les tuer. Le dieu Terme fut d’abord repréfenté fous la figure d’une grofle pierre quarrée ou d'une fouche : dans la fuite, on lui donna une tête humaine placée fur une borñe pÿramidale ; mais 1l étoit toujours fans bräs & fans piés!, afin, dit-on, quil ne püt changer de place. On honoroit ce dieu non-feulement dans fes tem- plés, mais'encore fur les bornes des champs qu’on ornôit ce-jour-là de guirlandes, 8 même fur les grands chemins. Les facrifices qu'on lui fañfoit ne furent pendant long-téms que des hbations de vin &é de lait, avec dés cffrandes dé fruits &c quelques ga- teaux de farine nouvelle. Dans la fuité, on lui rm mola des agneaux & des triés, dont on fafoit un feftin aupres dé’la borne: Les faérifices &c les fêtes en l'honneur dé ce dieu! fe nommoient “erminaless Voyég TÉRMINALES. (D. J:ÿ pre TénMes, (Jérifprud.) font les mots ui fervént & exprimer les penfées ; on en‘diftingue en Droit plu END 22 fieurs fortes. ©! - CM Te Termies confacrés ont ceux qui font deftinés fingux LOL 29 I Termes demonftratifs {ont ceux qui ne fervent que d'indication, &/non de limitation : 1ls {ont oppolés aux series limitatifs. Par exemple’, quand ur teftas teur legue/üne rente à quelqu'un , &c qu'il affigne le payement fur une telle maifon, ces termes ne font | que démonftratifs ; de forte que fi la maïfon vient à périr , la rente n’en.eft pas moins de : mais s’illegue’ une telle maifon & qu’elle vienne à périr,, le legs eft caduc, parce que le legs eff conçu en sermes mi tatiTS oe Termes direës font ceux par lefquels on ordonne! direétement quelque chofe, & qui rombent direëte- ment fur la perfonne qui eft appellée à une fuccef= | fion oulegs. Voyez termes obliques Où sndireits. TER . * Termesimpératifs lont ceux par lefquels Le légifla- teur ou un teftateur ordonnent quelque chofe,: ! Termes indirects ,NOYeztermes obliques, Termeslimitanfs ,voyÿerz termes dérmonflrarifs. Fermes négarifs lont ceux.qui défendent de contre- venir à une difpofition. Termes obliques {ont ceux par lefquels on ordonne indireétement quelque chofe , où qui s’adreffent in- directement à quelqu'un. ? T'érmes prohibirifs font ceux par lefquels lé lésifla- teur ou un teflateur défendent quelque chofe :ils font prokibitifs, négatifs, lorfau’il eft défendu defaire au- cune difpoñition ou convention contraire à ce qui eft ordonne. Termes propresfont ceux qui conviennent pour ex- primer quelque chofe ; propres termes {ont les rermes mêmes d'un aête que lon rapporte littéralement. Foy les mors ACTE , CLAUSE , CONVENTION, Dis- POSITION , LOT, TESTAMENT. (4) TERME, {.m. (Arche) ce mot dérivé du grec terma, Enute, fignifie une flawe d'homme ou de fem- me , dont la partie inférieure fe termine en gaîne, On la place ordinairement au bout des allées &z pa- liffades dans les jardins. C’eft ainfi qu’ils {ont diftri- bués à Verfailles. Quelquefois les sermestiennent lieu de confoles, & portent des entablemens dans les édifices , comme dans Le couvent des PP, Théatins à Paris. : . | Ferme angéliqie ; figure d’ange en demi-corps, dont la partie inférieure eft en gaine, comme ceux du chœur des grands Auguftins à Paris. Terme double ; terme combofé de deux demi-corps ou de deux demui-buftes adoffés , qui fortent d’une même gaine, enforte qu'ils préfentent deux faces, June devant , l’autre derriere ; tels étoient les her- mathènes. Terme en buffe ; terme fans bras, & qui n’a que la partie fupérieure de Peftomac. Il y a des rermes de cette efpece à l'entrée du château de Fontainebleau &t dans les jardins de Verfailles, Terme en confole ; terme dont la gaîne finit en en- roulement, & dont le corps eft avancé pour porter quelque chofe. C’eft ainfi que font Les sermes angéli- ques de métal doré au maitre-autel de l’églife S, Sé- verin à Paris. Terme marin ; terme qui, au-lieu de saîne, a une double queue de poflon , tortillée : ce serme convient aux décorations des grottes & fontaines. Tels font les sermes de la fontaine de Vénus dans la vigne Pam- phile à Rome. Terme ruffique ; terme dont la gaîne, ornée de bof fages ou de glaçons , porte la figure de quelque di- vinité champêtre : ce serme convient aux grottes & fontaines. I] y a un de ces sermes à la tête du canal de Vaux. L'origine des srmes que nous voyons aux portails _& aux balcons de nos maïfons vient des hermes athé- niens qu'on plaçoit aux veftibules & dans les tem- ples. On feroit donc mieux de les nommer des her- mes que des sermes ; car quoique les sermes , appellés sermini par les Latins , fuflent des pierres quarrées auxquelles ils ajoutoient quelquefois une tête, néan- moins ils étoient plutôt employés pour marquer les limites des champs & des poffeffions de chaque par- ticulier que pour décorer des bâtimens. Les Latins même avoient d’autres noms pour fignifier les fiou- res des femmes fans bras & fans piés ewils p'açoient dans les édifices , pour foutenir les galeries & les portiques , & pour porter les architraves ; ils les ap- pelloient ; d’après les Grecs , carvatides ou perfiques : & ils nommoïent se/amones les figures d'hommes qui foutencient les faillies des corniches ; maïs la langue françoife qui craint les afpirations, a préferé le nom de sermes à celui de hermes, (D. J.) FER 159 TERMES, (Géog. anc:)\ Ville d'Éfpagne dans la Celtibérie , felon Pline, ZT. c, iij. & Florus, 2 1#°: c. x, Ptolomée, Z I.c. vj. la donne aux Arevaëi » CE Appien, p. 533$. dit que Termifus étoit une grande ville. Le nom moderne, felon plufieurs, eft Lerma ou Lerme fur l'Arlançon ; {elon d’autres, c’eft Nuefire Sennora de Tiermes. | | Les habitans de cette ville font appellés Termeffinr par Tite-Live, Il s’agit de favoir ti la ville de Terimans tiä d’Appien eft la même ville que Termes, & fi les Termantini {ont le même peuple qui eft appellé Ter- meflini pat Tite-Live. Une chofe donne matiere à ce doute , c’eft qu'il n’eft guere naturel qu’un même auteur, dans un même livre & dans la defcription de la même guerre, appelle la même ville tantôt Te. trantia, tantôt Termifus ; cependant la plûpart des modernes jugent qu'Appien fous ces deux noms a entendu parler de la même ville. (D. J.) TERMES d'un nivellement , (Hydraul.) ce font les deux extrémités où commence & finit un nivelle- ment. Elles font différentes des deux points d’un coup de niveau , qui font compris dans les deux fta= tions d'où Pon part & où l’on s'arrête, lefquelles peu- vent fe répéter plufieurs fois dans un long nivelle- ment, (Æ) TERMES, ( Marine.) ce font des ftatues d'hommes Ou de femmes, dont la partie inférieure fe termine en gaine , & dont on décore la poupe des vaif feaux. TERMED , (Géog. mod.) ville d’Afe dans la Tran- foxiane, fur l'Oxus. Long. felon de Lifle, 85, 30. (D. J.) TERMENEZ, (Géog. mod.) petit pays de France, dans le Languedoc , au fud-eft de Carcaffonne, & dans le diocefe de Narbonne, Il a pris fon nom du château de Termes, qui étoit la plus forte place de ce pays-là. (D. J.) | TERMERA , (Géog, anc. ) ville libre de la Carie: Strabon, Z. XTY. p.657. qui écrit Termerium, placé cette ville près du promontoire des Myrndiens, qu’on appella promontoire Termerium. (2, .) < TERMES , SPADIX, ( Botan. ) ce ne font pas deux mots fynonymes chez les-auteurs latins. Termes, gen. écis, m. eft une branche d’olivier ou de palinie 2 P r qui eft encore fur l'arbre. Spadix eft cette même branche détachée’avec fon fruit. ( D. à TERMESSE , (Géog. anc.) c’eft, felon Strabon Fe. 1. XIII. & L. XIV. une ville de Pifidie, proche le col où l’on pafloit le mont Taurus pour aller à Myhas ; c’eft pourquoi Alexandre voulant dégager ce paflage commandé par la ville de Terrmefle, la fit démolir. Arrien , L. I. p. 60. diftingue aufh Te/2ffe en Lycie de Termeffle en Phrygie; mais il les nomme toutes les deux Te/meffe. Il paroît qu'il a eu tort, & qu'il faut appeller Te/mefle celle de Lycie, & Termeffe celle de Pifidie. M. Spanheim cite une médaille fur laquelle on lit d’un côté TEPMHSSEON, &c de l’autre oay. MmMos, Cette médaille prouve manifeftement que la ville de Pifidie, appellée par Teuurco eft bien nom- mée ; car puifque le côteau qui étoit fur le promon- toire de Termeffe , S’appelloit Solyme, & que les Ter- mmeffiens s’appelloient aufi S olymes au rapport du mê- me Strabon , /, XJ11. p. 433. il eft clair que Îe peu- ple qui a cette grande affinité avec les Solymes, doit avoir le nom exprimé dans la médaille : or, c’eit le nom des Termeffiens | & non des Telmeffens: Il réfulte de-là que Trefle eft une ville de Pif- die, & que Te/mefle eftune ville toute différente, - tuée aux extrémités de la Lycie, & dont les habi- fans étoient pour ainf dire nés devins. Poyez-en l’ar- ticle, parce qu'il eft curieux. (D. J.) TERMINAIRE, £. m. serme monachal ;: nom dure- lHoteux prédiçateur que chaque couvent des ordres 60 TER mendians dans fes pays-bas envoie précher danses lieux de {on difiriét ; ce-mot eft formé de zerminus , parce que Les serminaires font renfermés dans Les bor- 1 nes d'un diftri@. (D. J.) cn QU TERMINAIÏSON , ££ (Gram.) on appelle ainf, -dans le langage srammatical, le dernierfon d’un mot, modifié, filon veut, par queiques articulations fub- féquentes , mais détaché de toute articulation anté- cédente. Ainfi dans Dorun-us, Dormin-t, Domin-o, | Domin-e, &c. on voit le même radical Domir javec les cerminaifons différentes #5 ,1,0,e: & non pas ‘Aus, 1, 710, ne, quoique Ce foient les dernieres fyl- Yabes. | Términaifon & inflexion {ont des termes aflez fou- ent confondus quoique très-différens. Voyez INFLE- -XION. TERMINALES , ( Anrig. rom. ),terminalia ; fète inflituée par Numa, & qu’on célébroit le 21 Février ‘en l'honneur du dieu Terme, Les Romains avoient un grand refpet pour cètte divinité, c’eft-à-dire, pour la pierre , où pour le tronc qui fervoit de borne. Ovide lui-même confefle ha vénération qu'il li porte. Narn veneror feu flipes habet deferius in agris Seu vetus in trivio florere ferta lapis. * Je refpette, dit-il, lé dieu Terme couronné de fleurs ; {oit qu'il foit de pierre ou de bois. Ce refpeét alloit jufqu’à Padoratron parmi les gens de la campa- gne. Îls couronnoïent le dieu des fleurs , ils lenmail- lotoient avec des linges, & lui faifoient dés facrifi- ces, d'abord de fruits , enfuite d’un agneau ou d’un cochon de lait, ve/ agna fefhis cafa Terminalibus , dit Horace. (D. J.) TERMINALIS , (Mythol.) furnom de Jupiter : avant que Numa eût inventé le dieu Ferme, on ho- noroït Jupiter comme protecteur des bornes, & alors on le repréfentoit fous la forme d’une pierre; c’étoit même par cette pierre que fe faifoient les fermens les -- - folemnels. (D. J:) TERMINATEUR , adj. &f (Gram.) c’eft le nom qu’on donne à un cercle qui tracé fur le globe fépa- reroit la partie qui eft éclairée, de celle qui eft dans Pombre. On l’appelle en latin erminator lucis € um- bre. TERMINATEUR, (Æi/f, ecclef.) c’eft dans quelques églifes de la Sicile ce quis’eft nommé ailleurs raérre des cérémonies. Sa dignité & fa fonétion s'appelle ser- Minatio., termination ou terminaifon. TERMINER , v. a@. (Gram.) finir, borner , être à la fin, arriver à la fin; il y a trop de mots dans notre langue terminés par des e muets; éerminer un deffein , une affaire ; la mort sermine tout; cela s’eft terminé par la ruine & le déshonneur de cet homme, Termimer la guerre , &c. TERMINI, (Géog. mod.) ville de Sicile, dans le val de Mazara , fur la côte feptentrionale, à Pem- bouchure d’une petite riviere de même nom , 1/ Fiu- me di Termini. Elle eft munie pour fa défenfe d’une efpece de citadelle, & de quelques fortifications. Long. 31.25. latir, 38. 10. | La ville moderne de Termini tft voifine de l’an- . cienne Himera, chantée par Pindare , & qui pañfloit pour avoir vu naître la comédie; car ce fut dans fon fein, qu’au rapport de Silius Italicus, ce fpeétacle amüfant parut pour la premiere fois. Diodore de Sicile rapporte que cette ville célebre par fes richeffes &c par fa puiffance l’étoit encore par des bains fameux, où les étrangers venoient de tou- tes parts, Annibal la détruifit de fond en comble, On la rebâtit enfuite à la diftance d’environ quatre mille pas. Scipion l’africain y mena une colonie romaine, ëc 1l y fit rapporter les tableaux &t les ftatues que les Carthaginois avoient enlevés de la premiere. Voïlà TÉR. PHimére qui fubffte aujourd’hui fous le noï de Ter= mini, mais qui eft maintenant muérable. dé Volaterra aflure qu’on y voyait plufieurs monu- mens antiques , un théatre à deini ruiné, les reftes d’ufi aquedic qui étoit d’une excellente maçonnerie, &t quantité d’inferiptions qu’on peut lire dans cet au- teur. (D. J.) dn4 TERMINT, GOLFE DE , (Géopr. mod.) grand golfe fut la côte feptentrionale de la Sicile. Il commence après qu'on a pañlé le cap de Zofarana, & eft à 14 milles de Terrini, . TERMINT, Le, (Géog. mod.) riviere de Sicile, dans le val de Mazzara. Elle a fa fource près la bourgade de Prizzi , 8 tombe dans la mer près de la ville Ter mini. (D, J.) Mie LI _ TERMINISTES ,f. m. pl. (if. ecclef.) eft le nom qui a été donné à une feéte ou à un parti des Calvi- niftes; leurs opinions particulieres peuvent fe redui- re à cinq points; favoir, #°, qu'il y a beaucoup de perfonnes dans l’Eglfe & hors lEglife , à qui Dieu a fixé un certain terme avant leur mort , au bout du- quel terme Dieu ne veut plus qu’elles fe fauvent, quelque long que foit le tems qu’elles ont encore à. vivre après ce terme ; 2°, que c’eft parun décret im- pénétrable que Dieu a fixé ce terme de grace ; 3°. que ce terme une fois expiré, Dieu ne leur oïfre plus les moyens de fe repentir ou de fe fauver , mais qu’il retire de fa parole tout le pouvoir qu’elle auroit de le convertir ; 4°. que Pharaon, Saul, Judas , la plüs. part des juufs , 8 beaucoup de gentils ont été de ce nombre ; que Dieu fouffre encore aujourd’hui beau= coup de gens de cette forte , & même qu’il leur con: fere des graces après l'expiration du terme , mais qu'il ne le fait pas dans l'intention de les convertir, Voyez CALVINISME ; Tous les autres proteftans, & en particulier les Luthériens, ont de l'horreur pour ces fentimens , comme étant contraires à la bonté de Dieu, deftruc= tifs de toutes les vertus chrétiennes , & oppolés à Ecriture , furtout aux textes ci-deflous , Æzech. ce Xyij eV: 23. 3Oi 3 32. GE c, XX. p.11. Î'tim. cire v. 1. 16, 2. Pier. c. üij. v. 9, Akes, c. xilj. V. 30. 3la Mare. c. xj,v. 28, Ifa. c, lxv, y, 2. Heb, c, if. v. 7 13. Rom, c. 1j. v. 5, &c. | TERMINTEHE , fm. (Médec.) rerminthus : efpece de tubercule inflammatoire , rond , noiïrâtre , fur le- quel fe forme une puftule noire & ronde , qui en fe: féchant dégénere en bouton écailleux femblable en quelque maniere au fruit de térébinthe , appellé en grec répuuvbos » les jambes en font ordinairement le ES ICDND TERMOLI , (Géog. mod.) ville d'Italie, au royaus me de Naples , dans la Capitanate, fur les confins de P'Abbruzze citérieure, près de l'embouchure du For- tore , avec un évêché fuffragant de Bénévent. Cette ville eft l’ancienne Buba , felon quelques auteurs Long. 33. 25. latit. 42, 8. TER-MUIDEN , ( Géog. mod.) petite ville des Pays-bas, dans la Flandre , à une demi-lieue au nord- eft de l’Eclufe. Elle eft toute ouverte, & n’a que quatre rues; mais elle appartiènt aux Provinces- Unies , & fa confervation leur eft importante, Auffs leurs hautes-puiflances en nomment le fchout à vie, le bourguemeftre , &t les échevins tous les ans. Vol | À , (Géogr. ane. ) fleuve de Pile de Sar= daïgne, Ptolomée, Z. LIL, c. iy. marque fon embou- chure fur la côte occidentale de l'ile, entre le pro montoire Mermeuni & le port Corvcodes, (D. J.) TERNAIRE, NOMBRE, (Ariéhm. anc.) c’eft un nombre parfait, dit Plutarque; mais il ne faut pas entendre ces paroles fuivant la définition du zombre parfait d'Euclide, qui veut que le nombre parfairfoit celui qui eft égal à toutes fes parties aliquotes join- Êes FPE tes chfemble , comme font 6 & 28. Ên ee lens le nombre zerzaire eft plutôt un nombre défaillant que parfait : lorfque Plutarque dit encore que lenom- bre ternaire eft le commencement de multitude, il parle à la mode des Grecs ; qui ont trois nombres dans leur déclinaifons , le fingulier , le duel 8 le plu- riel, & ne fe fervent du dernier que lorfqu'il s’agit. de plufeurs chofes , c’eft-à-dire trois au-moins, Enfin quand cet auteur ajoute que le #rmaire comprenden {oi les premieres différences des nombres, il faut en- tendre par ces premueres différences, lepair & l’imz pair, parce que ce font effectivement les premieres différences rémarquées entre les nombres. On dit pour prouver la perfeétion du nombre ser: naire dans l'opinion des Payens, qu'ils attribuoient à leurs dieux un triple pouvoir, témoin les #72 virginis ora Diane , le trident de Neptune , le cerbere à trois têtes , les trois parques, Les trois furies , le trois gra- ces; &c.Enfin le nombre de trois étoit employé dans les luftrations & les cérémonies les plus relisienfes ; d'où vient que Virgile, Ænéïd, div. BI, v. 188, dit: Ter circim accenfos , cn@1 fulgentibus armis Decurrere r0g05. (D.J.) TERNATE ,( Géog. mod. }île de la mer des In- des, la principale des Moluques, fous la ligne , à un demi-degré de latitude feptentrionale , à 2 lieues de Tidor. Elle en a fix de circuit. Le pays eft monta- neux. L'air y eft chaud & fec, & les volcans y font “ grands defordres: Lamer fournit beaucoup de poif- {on ; les orangers , citronniers , cocotiers &c aman- “diers, viennent en abondance à Terzate, Il y a dans cette île un roi particulier, qui fait fon féjour à Ma- layo, capitale. Ses fujets font mahométans, paref- feux, fobres, ignorans, fans ambition, & fans va- nité. Tous leurs meubles confiftent enune hache, un arc, des flêches ; quelques nattes &c quelques pors. Leur principale nourriture eft de pain de fagou, ou de mais, Les Hollandois ont débufqué les Portugais de cette île, & le roi de Ternate s’eft foumis à la compagnie des Indes orientales , en arrachant tous les girofliers de {on pays ; la compagnie pour Le dédommager de cette perte, lui donne chaque année environ dix-huit mille rixdallers en efpeces, ou en valeur par d’autres effets. | On ne connoït guere de volcan plus terrible que celui de Pile de Termate, La montagne, qui eft roide & difficile à monter, eft couverte au pié de bois épais ; mais fon fommet qui s’éleve jufqu’aux nues, eft pelé &c efcarpé par le feu. Le foupirail eftun grand trou qui defcend en ligne fpirale, & devient par de- gré de plus petit en plus petit , comme l’intérieur d’un amphithéâtre, Dans le printems & en autom- . ne, vers les équinoxes, quand il regne un certain vent, & fur-tout le vent du nord, cette montagne vomit avec grand bruit des flammes mêlées d’une fu- mée noire & de cendres brülantes ; & toutes les cam- _pagnes des environs fe trouvent couvertes de cen- dres. Les habitans y vont dans certain tems de Pan- née pour y recueillir du foufre, quoique la monta- gne foit fi efcarpée en plufieurs endroits, qu’on ne peut y monter qu'avec des cordes attachées à des cro- chets de fer. (D.J.) TERNATÉE, cernatea, {, f. ( Hifl, rar. Botan.) genre de plante à fleurs légumineufes , dont léten- dart cache prefque les ailes & la feuille inférieure , ainfi que le piful. Ce piftil devient une souffle, qui s'ouvre dans fa longueur en deux coffes , lefquelles renferment des graines aflez rondes. Il faut ajouter aux caraéteres de ce genre les feuilles rangées com- me par paires fur une côte terminée par une feule feuille. Tournefort , mé. de l'acad, roy. des Sciences, année 1700. Voyez PLANTE, Tome XV 1. \ PME tér TERNE où TERNI , adj. (Gram.) oppolé à éciez tant; qui a perdu fon lüftre, fon poli, fon éclat; cette glace eft serne ; cet or ef rerne. | : TERNÉS, aw jeu dé Trittrac, c’eft un doublet qui arrive, quand les deux dés amenent chacuntrois, TERNEUVIER, fm. (zerme de navigation.) bâti: ment de met deftiné & équipé pour aller.en Ferfés neuve faire le commerce & la pêche des morues. Les vaifleaux françois terreuviers font ordinairement à deux ponts, du port de cent à cent cinquañte ton: neaux, & montés de vingt à vinot-cinq hommes d’és quipage, compris le capitaine & les moufles: Les Hollandoïs les nommentzerzeeu-vaarder. ( D; J.) TERNI, ( Géog. mod. ) en latin {rreramna, aies ramnia, Trteramnium, ville d'Italie, dans l’état de és ghfe , au duché de Spolete. Elle eft dans une île for: mée par la riviere de Nera, à vinet lieues de Rome, Elle a été autrefois confidérable , & fe gouvernoit en république. Elle n’a de nos jours qu'environ dix mille habitans divifés en fix quartiers, qui contiens nent plufieurs monafteres & confrairies de pénitens: La cathédrale eft belle ; fon évêché ne releve que du faint fiege. Les environs de Terni font adimirables pat leur fertilité en pâturages, en fruits, en légu- mes , en volaille, en gibier, en huile & en vins ex= quis. Au-deflus de la ville, à deux milles ou environ, eft la belle & grande cafcade nommée dans le pays cafcata delle marmore ; c’eft la chute de la riviere Ve- lino , qui fe précipite toute entiere dansla plaine de Terni, pour aller {e joindre à la Nera. Long. 30.18: latit, 42, 34. Pighins a découvert par une infcription qui eft dans la cathédrale de Térri, que cette ville fut bâtie 544 ans avant le confulat de €. Domitius Ænobarz bus & de M. Camillus Scribonius, qui furent confuis de Rome Pan 624. Elle fe vante d’être la patrie de Corneille Tacite, 8 ce n’eft pas une petite gloire ; car c’eft un des plus célebres hiftoriens, & l'un des plus grands hommes de fon tems. Il s’éleva par fon mérite aux premieres charges de l’empire, De pro- curateur dans la Gaule belgique fous Titus, il devint préteur fous Domitien, & conful fous l'empire de Nerva.Mais toutes ces dignités ne lui donnent qu’une trèspetite gloire , fi on la compare à celle qu'il s’eft procurée par les travaux de fa plume, Ses annales &r fon hiftoire font dés morceaux ad: mirables, & lun des plus grands efforts de efprit hus main , foit que lon y confidere la fingularité du fty- le , foit que l’on s'attache à la beauté des penfées, & a cet heureux pinceau avec lequel il a fu peindre les déguifemens des politiques, & le foible des paf- fions. Ce n’eft pas qu’on ne puifle reprendre en lui trop de finefle dans la recherche des motifs fectets des aétions des hommes , & trop d’art à les tourner fans cefle vers le criminel, Tacité, dit très-bien l’auteur des MéZañges des poë- Jees , d’éloquence & d'érudition, étoit un habile politis que ; & encore un plus judicieux écrivain; ila tiré des conféquences fort jnftes fur les événemens des tegnes dont il a fait l’hifoire, & il en fait des maxi: mes pour bien gouverner un état, Mais s’il a donné quelquefois aux aétions 87 aux mouvemens de la rés publique, leurs vrais principes, sl en a bien démê: lé les caufes, il faut avouer qu'il a fouvent fuppléé par trop de délicateife & de pénétration à celles qui n'en avoient pas. Il a choïfi les aétions les plis fu ceptibles des finefles de l’art : les regnes auxquels il s’eft principalement attaché dans fon hiftoire, fems blent le prouver. : Dans celui de Tibere, qui eff fans conteftation fon chef-d'œuvre, & où il a le mieux réuffi, il y trous. voit une efpece de gouvernement accommodé au caraétere de fon génie. Il aimoit à démêler les intris gues du cabinet , à en affigner les çaufes , à donñer X 62 LU E À des défleins au prétexte, &de la vérité à de trom- ‘peufestapparences. Génie trop fubtil,il voit du myf- tere dans toutes les aétions de ce prince. Une fincere déférence de fes deffeins-au jugement du fénat étoit tantôt un piege tendu à fon intégrité, tantôt une ma- miere adroite d'en être le maître ; mais toujours l’art de-le-rendre complice defes defleins, &c d'en avoir exécution fans reproches. Lorfqw'il punifloit des {é- ditieux, c’étoitun effet de fa défiance naturelle pour les citoyens, ou de légeres marques de colere ré- pandues parmi le peuple pour difpofer Les efprits à de plus grandes cruautés. Icilacentrariété d’humeurs de deux chefs eft un ordre fecret de traverfer la for- tune d’un compétiteur , & le moyen de lui enlever V'affetion du peuple, Les dignités déférées au mérite étoient d’honnêtes veies d’éloigner un concurrent ou de perdre un ennemi; &t toujours de fatales récom- penfes. En un mot, tout eft politique , le vice &c la vertu y font également dangereux, &t les faveurs auf faneftes que les difgraces. Tiberen'y eft jamais naturel; il ne fait point fans deflein les aétions les plus ordinaires aux autres hommes. Son repos n’eft jamais fans conféquence , êc fes mouvemens em- braflent toujours plufieurs mences. Cependant l'art de Tacite à renfermer de grands fens en peu de mots; fa vivacité à dépeindre les évé- nemens , lalumiere avec laquelle il pénetre Les tène- bres corrompues des cœurs des hommes, une force & une éminence d’efprit qui paroît partout , le font regarder aujourd’hui généralement comme le pre: miér des hiftoriens latins. IL ft fon hifoire avant {es annales ; car il nous renvoie à l’hiftoire dans l’onzieme livre des annales touchant des chofes qui concernoient Domitien; or il eft für que fon hiftoire s’étendoit depuis l'empire de Galba inclufivement, jufqu’à celui de Nerva ex- clufivement. Il deftinoit pour fa vieilleffe un ouvra- ge particuher aux regnes de Nerva & de Trajan, comme il nous l’apprend lui-même, Af£. 1. I.c. J.en rt ces mots dignes d’être aujourdhui répétés: quêd ft visa fuppeditet , principatume divi Nerve & Lmperiure Trajani , uberiorem fecurioremque materian Jeneëtutt fe- pofui: rard temporum félicitate | ubi fentire que velis, € que fentias dicere licer, LT | Il nè nous refte que cinq livres de fon hiftoire qui ne comprennent pas uñ an ÔT demi zx tandis quetout l'ouvrage devoit comprendre environ vingt-neuf ans. Ses annales commençoient à la mort d'Auouite, & s’étendoient jufaw’à celle de Néron ; il ne nous en refte qu'unepartie, favoir les quatre premerslivres, quelques pages du cinquième, tout le fixieme, l’on- zieme , douzieme , treizieme , quatorzieme , & une partie du feizieme ; les deux dernieres années de Né- ron , qui formoient les derniers livres de l'ouvrage, nous manquent. 2700 re On ditque Léon X. épris d'amour pour TFacite, ayant publié un bref par lequel 1} promettoit de lar- gent, de la gloire & des indulgences à ceux qui dé- couvriroient quelques manuferits de cet hiftorien , il y eut ur allemand qui fureta routes les bibhothe- ques , & qui trouva finalement quelques livres des annales dans le monaftere de Cormey. Il vint les préfenter à fa fainteté qui les reçut avec un plaïir extrème, & remboutfa magnifiquement allemand de toute la dépente qu'il avoit faite; ilft plus, car afin de lui procurer dela gloire & du profit, 1] voulut Jui laifer l'honneur de publier lui-même Tacite ; mais l'allemand s’en excufa , fur ce qu'il mañquoit de l’érudition néceflaire à l'édition d'un tel ouvrage. Ona faittant de verfons de ce grand hiftorien ro- main, &c on la tant commenté, qu'une femblable collettion pourroit compofer une bibliotheque afiez confidérable. Nous avons dans notre langue les tra- dudions de M. Amelot de la Houflaye , de M. de la Blettefie 8: de M. d'Alembert , qui fontiles troii meilleures. Entre les commentaires de critique fur Tacite, ‘on fait srand'cas de celui de J ufte-Liple; &c entre les commentaires politiques , les Anglois efti- ment beaucoup celui de Gordon, qui eft plein de fortestéflexions fur la liberté du gouvernement. (Le Chevalier DE JAUCOURT. ) TERNIER , voyez PIC DE MURAILLE, - TERNIR , v.a@t. ( Gram. ) ôter l'éclat. L'haleinè fafit pour rxir une glace: ce tableau eft#rzi ; air figuré, ôn dit serzir la réputation: l'envie s’occupé fans cefle à sernir la mémoire des grands hommes, mais elle a beau s’efforcer à attacher à leurs aétions ou à leurs ouvrages fon haleine impure, le tems là fait difparoitre. | TERNISSURE, f. f. ( Gram. ) tache qui ôte à un corps fon éclat, | TERNOV A ox TERNOVO , (Géog. mod.) petité ville de la Turquie européenne , dans la Bulgarie, {ur la riviere de Jantra, au nord occidental du mont Balkan. On croit que c’eft le Ternobum , ville des nn. & impri= mée à Rome en 1706 iz-4°, ( D, J ) Tome XVI, TER 163 TERRAGE, L m. ( Gran & Juriforu ) éltüne fedevancé annuelle qui fe paye én nature fur les fruitæ que là terre a produit. | | | Quand il tient lieu du cens ibeft feigneurial, Quandil,eft dû à unautre qu'au feioneur, il nef Confidéré que comme une renté fonciere, , Ce droit eft la même: chofe que ce qu’on appelle ailleurs chempart, ou agrier. Pogez ci-devans CuAm- PART , & les coutumes de Mantes, Berty, Char tres, Orléans, Blois, Ponthieu, Boulenois , Cam: bray , Aire, Hefdin, &c. | LR … TERRAGEAU, £ m. (Gran. & J'urifpräd.) ef le feipneur auquel appartient le droit de térrage ot champart, Voyez TERRAGE , TERRAGER, TERRA: GEUR, | | | sir . TERRAGER , L m. ( Gram. & Jurifprud, ) fioni- fie lever le terrage ou champart: On entend auff quelquefois par særrager, celui quitient une terre À charge de terrage. Voyez la coutume de Poitou 5 4rt 64. 82, S. Jean d'Angely, are. 18, TERRAGERESSE , GRANGE, ( Gram. & J'urifz prud. ) eft le lieu où l’on ef obligé de porter le ter- rage dû au feigneur, Voyez TERRAGE. TERRAGEUR , { m. ( Gram. & Jurifprud.) eftle feigneur ou autre qui a droit de terrage où cham- part; on Pappelle ailleurs serragear. Quelquefois pour serraçeur, on entend le prépoié du feigneur, & qui leve pour lui le terrage, Voyez la coutume d'Artois, arricle C2. (A) TERRAGNOLE, adj. (terme de Manège.) épithete qu’on donne à un cheval qui a les mouvemens tro retenus, & trop près de terre, qui eft chargé d’é- paules , 8c qui a de la peine à lever le devant . TERRAILLE, £ f, ( Porerie. ) poterie aflez fine ; jaunâtre ou grisâtre , qui fe fabrique à Efcrome près le pont du Saint-Efprit, petite ville de France fituée fur le Rhône ; les fayanciers de Paris lappellent serré du Saint-Efprit, Savary. (D, J. ) TERRAIN , voyez TERREIN. . TERRAON, oz TORRAON, ( Géog. mod.) pe- tite ville, & pour mieux dire, bourg de Portugal, dans l’Alenteio, fur la route de Béja à Lisbonne , aw bord de la riviere Exarrama. On a trouvé dans ce bourg quelques anciennes infcriptions , entre autres la fuivante aui a été faite par la grande prêtrefle de la province à l'honneur de Jupiter, Jovi O. M. Fluz vial, F. Rufina. Emerirenfis Flaminica Province, Lufi- taniæ, Îiem. Col. Emeritenfrs. Perper. & Municipi, Sa: lac. D. D, (D.JI) | TERRAQUÉE, adj, (Phyl. & Géogr.) épithete que l’on donne au globe de la terre, en tant qu'il confifte en terre & en eau, qui forment enfemblé toute fa mañle, Voyez GLOBE, GÉOGRAPHIE , & TERRE. | 0e Quelques philofophes, & en paiticulier le dodeus Burnet, difent que la forme du globé terreftre eft grofere , d’où ils inferent qu'il eft très-abfurde de croire qu'il foit forti en eet état des mains du Gréa=. teur ; de forte que pour Îe rendre tel qu'il eft aujour= d’hui , ils ont recours au déluge, Foyez DÉrucr. Mais d’autres prétendent qu'il y a un art admira- ble , même dans ce défordre apparent ; 6c en partis culier M. Derham foutient que la diffribution de la terre & de l'eau, ne peut être que l’ouvrage d’une intelligence fuprème ; l’une étant jointe À l'autre aveë tant d'art & de juftefle, que tout le globe fe trouvé dans un équilibre parfait, que l'océan feptentrional balance océan méridional, que le continent de l'A: mérique fait le contre poids de celui de PEurope ; le continent d’Afriqué , de celui de lAfe, 7 OyeË OCEAN , Ga + af. | Comme on pouvoit lui objetér que les eaux OC= cupent une trop grande partie du Eiobe , & qu'il 164 1: ER vaudroit peut-être mieux qu’une partie de l’efpace qu'occupent les eaux fût rempli par la terre ferme ; il prévient cette objeétion , en difant que ce change- ment priveroit la terre d’une quantité fuffifante de pluie &c de vapeurs : car files cavités qui fe trou- vent dans les mers, lacs, &rivieres, étoient plus profondes, & que cependant elles continflent la même quantité d’eau, létreciflement &c la diminu= tion de leur furface priveroient la terre d’évapora- tion, à proportion de cer étreciflement, &T caufe- roient une fécherefle pernicieufe. - Onne fauroit douter que la diftribution des eaux & du continent étant l’ouvrage du Créateur, n’ait été faite de la maniere la plus avantageufe pour nos be- foins : mais l'équilibre prétendu que M. Derham croit appercevoir entre l'océan méridional & fepten- trional, & entre les continens d’Afie, d'Afrique, & d'Europe, peut bien être traité de chimere ; en effet, que veut dire l’auteur par cet équihibre ? Prétend-il que l’océan feptentrional 8 méridional font de la grandeur & de l’érendue néceflaires , pour qu’une de ces mets ne fe jette pas dans l’autre; mais une pa- reille fuppoñition feroit contre les premiers princi- pes de l’hydroftatique : la même liqueur fe met de ” niveau dans les deux branches d’un fyphon, quel- que inégalité de groffeur qu'il y ait entre ces bran- ghes ; & le fluide contenu dans la petite, a toujours autant de force que le fluide contenu dans la grande, quoiqu'il ait beaucoup moins de poids. Aïnfi quand l'océan feptentrional , par exemple, neferoit pas plus grand que la mer Cafpienne, il feroit toujours en équilibre avec l’océan méridional , c’eft-à-dire, que fi. ces deux océans communiquoient enfemble, l’eau fe mettroit toujours dans l’un & dans Pautre au mê- me niveau, quelque différence qu'il y eût d’ailleurs dans l'étendue des deux. Le fentiment du doéteur Burnet ne pafoït pas plus fondé, du-moins à quelques égards : car toutes les obfervations aftronomiques, & les opérations faites dans ces derniers tems , nous apprennent que la fi- sure de la terre eft celle d’un fphéroïde applati vers les poles, &aflez régulier, & les inégalités qu’il peut y avoir fur fa furface , font ou totalement infenfbles par rapport à la mañle du globe, ou celles qui font le plus confidérables, comme les montagnes , font le refervoir des fontaines & des fleuves, & nous procurent les plus grandes utilités. Ainfi on ne peut point regarder la terre dans l’état où elle eft aujour- d'hui, comme un ouvrage indigne du Créateur. Ce que M. Burnet ajoute que le déluge peut y avoir caufé des bouleverfemens, paroît plus vraiffemblable. En effet, pour peu qu’on jette les yeux fur une mappemonde, il eft difficile de ne pas fe perfuader qu'il foit arrivé beaucoup de changemens fur la fur- face du globe terreftre. La figure des côtes de la Méditerranée & de la mer Noire, les différens détroits qui aboutiffent à ces mers, & les îles de l’Archipel , tout cela paroît n'avoir point exifté autrefois ; &c on eft bien tenté “de croire que le lieu que la Méditerranée occupe, étoit anciennement un continent danslequel l'océan s’eft précipité, ayant enfoncé les terres , qui fépa- roient l'Afrique de l’'Efpagne. Il y a même une an- cienne tradition qui rend cela plus que conjettural; la fable des colomnes d’Hercule paroît n’être autre chofe qu'une hiftoire défigurée de lirruption de l’o- céan dans les terres, & alterée par la longueur des tems. Enfin, tout nous porte à croire que la mer a cauféfur notre globe plufieurs bouleverfemens. Voyez ConTINENT. (0) Une preuve des irruptions de l'Océan fur les con- tinens, une preuve qu'il a abandonné différens ter- reins, c’eft qu’on ne trouve que très-peu d'îles dans le milieu des grandes mers, &tjamais un grandnom- TER bre d’iles voifines les unes des autres. Les mouvemens de là mér font les principales caufes des changemens qui font arrivés & qui arri- vent fur la furface du globe ; mais cette caufe n’eft pas unique, ïl y en a beaucoup d’aufres moins con- fidérables qui contribuent à Ces changemens, les eaux courantes, les fleuves, les ruiffeaux, la fonte des neïîges , les torrens , les gelées, 6x, ont changé confidérablement la furface de la terre, Varenius dit que les fleuves tranfportent dans la mer une grande quantité de terre , qu'ils dépofent à plus où moins de diffance des côtes, en raïfon de leur rapidité ; ces terres tombent au fond de la mer, & y forment d’abord dé petits bancs qui s’augmen- tent tous les jours, font des écueils, & enfin for- ment des îles qui deviennent fertiles. La Loubere , dans fon voyage de Siam, dit que les bancs de fable &c de terre augmentent tous les. à e JR jours à l’embouchure des grandes rivieres de lAfie, pat les limons &t les fédimens qu’elles y apportent, enforte que la navigation de ces rivieres devient tous les jours plus difficile , &: deviendra un jour impofii- ble ; on peut dite la même chofe des grandes rivie- res de l'Europe, &c fur-tout du Volga, qui a plus de foixante & dix embouchures dans la mer Cafpienne, du Danube qui en a fept dans la mer Noire, &c, Comme il pleut très-rarement en Egypte, l'inon- dation réguliere du Nil vient des torrens qui y tom- bent dans Ethiopie ; il charrie une très-grande quan- tité de limon, & ce fleuve a non-feulement apporté fur le terrein de l'Egypte plufieurs milliers de cou- ches annuelles , mais même il a jetté bien avant dans la mer les fondemens d’une alluvion qui pourra for- mer avec le tems un nouveau pays; car on trouve avec la fonde à plus de vingt lieues de diflance de la côte, le limon du Nil au fond de la mer, qui aug- mente tous les ans. La baffle Egypte où eft mainte- nant le Delta, n’étoit autrefois qu’un golfe de la mer. La ville de Damiette eft aujourd’hui éloignée de la mer de plus de dix milles, & du tems de faint Louis, en 1243, c'étoit un port de mer. Cependant tous les changemens que les fleuves occafonnent {ont aflez lents, & ne peuvent devenir confidérables qu’au bout d’une longue fuite d’an- nées ; mais il et arrivé des changemens brufques êc fubits par les inondations & les trembleimens de ter- re. Les anciens prêtres Esytiens, Goo ans avant la naïflance de Jefus-Chrift, afuroient , au rapport de Platon dans le Timée , qu'autrefois il y avoit une grande île aupres des colonnes d’'Hercule, plus grande que l’Atie & là Lybie prifes enfemble, qu’on : appelloit Ai/antides ; que cette grande ile fut inon- dée &t abymée fous les eaux de la mer après un grand tremblement de terre. Traditur Athenienfis civitas ref- nue olim in numeris hoffium copiis quæ ex Atlantico mari profeile , propè cunctam Europa Afiamque obfè- derunt ; tunc enim fretum tllud navigubile, habens in ore 6 quafi veflibulo ejus infulam quas Herculis columnas cognominant : ferturque infula 1lla Lybià fimul& Ajiä major fuiffe, pèr quam ad alias proximas infulas pate- bat aditus, atque ex infulis ad omnem continentem à confpeülu jacéntem vero mari vicinam ; ed intra os ipfum portus angufo finu traditur pelagus 1llud verum mare; terra quoque illa verè erat continens , &cc. Poff hæc in- genii terr@ motu Jugique diei unius & noëis 1lluvione faülum eff, ut terra dehifcens omnes illos bellicofos ab Jorberet, & Atlantis infula [ub vaflo gurgite mergeretur. Une troifieme caufe de changement fur la furface du globe, font les vents impétueux ; non-feulement ils forment des dunes & des collines fur {es bords de la mer & dans le milieu des continens , mais {ou- vent ils arrêtent & font rebroufler les rivieres, ils changent la direétion des fleuves , 1ls enlevent les terres cultivées, les arbres, ils renverfent les mai- TER fons;, ils inondent pour-ainf-dire des pays tout" er tiers; nous avons un exemple de ces inondations de - fable en France, furles côtes de Bretagne ; l’hiftoire de l’Académie, añnée 1722, en fait mention dans les termes fuivans. « Aux environs de Saint-Paul-de-Léon, en baffe » Bretagne , il y a fur la mer un canton, qui avant » l’an 1666 étoit habité & ne l’eft plus, à caufe d'un » fable qui le couvre jufqu’à une hauteur de plus de »# vingt piés, & qui d'année en année s’avance & » gagne du terrein, À compter de Fépoque marquée »1l a gagné plus de fix lieues, & il n’eft plus qu'à » une demi-lieue de Saint-Paul ; de forte que , felon » les apparences ; il faudra abandonner cette ville. » Dans le pays fubmergé on voit encore quelques » pointés de clochers & quelques cheminées qui » fortent de cette mer de fable ; les habitans des vil. ». lages enterrés ont eu du-moins le loifir de quitter » leurs mawons pour aller mendier. » C’eft le vent d’eft où du nord qui avance cette » Calamité ; 1l éleve ce fable qui eft très - fin, & le ».porte en f grande quantité & avec tant de vitefle, » que M. Dellandes, à qui l’Académie doit cette ob- » fervation , dit qu’en fe promenant dans ce pays-là » pendant que le vent charrioit, il étoit obligé de fe- » couer de tems-en-tems fon chapeau & fon habit, ». parce qu'il Les fentoit appefantis : de-plus, quand ».ce vent eft violent; il jette ce fable par -defus un » petit bras de mer jufque dans Rofcof, petit port ».aflez fréquenté par les vaifleaux étrangers ; le fa- » ble. s’élere dans les rues de cette bouroade jufqu'à » deux piés , & on l’enleve par charretées : on peut * remarquer en pañlant qu’il y a dans ce fable beau- » coup de parties ferrugineufes , qui fe reconnoïflent # au couteau aumnanté, » L'endroit de la côte qui fournit tout ce fable, eft » une plage qui s'étend depuis Saint-Paul jufque vers » Plonefcat, c’eft-à - dire un peu plus de quatorze » lieues, & qui eft prefque au niveau de la mer lorf » qu’elle eft pleine : la difpoñition des lieux eft telle, » qu'il n’y a que le vent d’eft ou de nord-eft qui ait » la direétion néceflaire pour porter Le fable dans les s terres. Il eft aifé de concevoir comment le fable » porté & accumulé par le vent en un endroit , eft »repnis enftute par le même vent & porté plus loin, » Ôt qu’ainfi le fable peut avancer en fubmergeanr » le pays , tant que la miniere qui le fournit en four- » rira de nouveau ; car fans cela le fable en avan- » çant diminueroit toujours de hauteur, & cefleroit » de faire du ravage. Or il n’eft que trop pofäüble » que la mer jette ou dépofe long -tems de nouveau » fable dans cette plage, d’où le vent l’enleve : il eft » vrai qu'il faut qu'il {oit toujours auffi fn pour être » aifément enlevé. » Le défaftre eft nouveau , parce que la plage qui » fournit le fable n'en avoit pas encore une aflez » grande quantité pour s'élever au-deflus de la furfa- » ce de la mer, ou peut-être parce que la mer n’a » abandonné cer endroit, & ne l’alaiflé à découvert à ».que depuis un tems; elle a eu quelque mouve- », ment fur cette côte, elle vient préfentement dans » le flux ,une demi-lieue en-decà de certaines roches ». qu’elle ne pafloit pas autrefois, | » Ce malheureux canton , inondé d’une façon fin: * puliere, juitifie ce que les anciens & les moder. * nes rapportent des tempêtes de fable excitées en » Afrique, qui ont fait périr des villes, & même des #» armées ». Non-feulement donc il y a des caufes générales, dont les effets font périodiques & reglés, par lefquels la mer prend fucceffivement la place de la terre, & abandonne la fienne ; maïs il ÿ a uñe grande quantité jde caufes particulieres qui contribuent À ces change- mens, & qui produifent des bouleverfemens , des ville. | inondations, des affaiflemens > 8c la furface dé latète re; qui eft ce que nous cônnoiflons de plus folide ; eff fujette, comme tout le:refte de la nature, à des. Vicifitudes perpétuelles. Æ/£ rar. gen. 6 parr. I, Foyez TERRE, MER, MONTAGNE » FIGURE DE LA TERRE, &c. + | | TERRASSE, f CArthilir.) c’étoit dans les Res ges des anciens, un épaulement énvironnant fur le’ bord du foffé, tout femblable à nos tranchées ,) où les: archers & les frondeurs-tiroïent à couvert & fans cefle contre les défenfes de la ville, pendant qu’on infultoit de toutes parts. Les terraffes fervoient auffi > de contrevallation pour brider, & referrer de plus près ceux de la:piace. On appelloit auf ser;affe, un > cavalier élevé fort haut pour dominer lesmurs d’uné On commençoit la £errafé fur le bord du fois , Où du-moins fort près, & elle formoit un quarré lons, On la formoit à la faveur des mantelets ) qu'on éles ? voit fort haut, derriere lefquels les foldats travail loient à couvert des machines des affiégés. Les ver: raffes qu'Alexandre fit élever aux fieges du roc de ? Coriénez & d’Aorne , & celle de Mafläida, dont Jo: fephe donne la defcription, font fameufes dans Phif. foire; | Terraffe fe prend auffi pour le-comblementdu foffé : des places afliegées ; mais on ne doit pas confondre : ces fortes de serrafles, avec les cavaliers où terraffes élevées fur le bord du foffé Pour dominer les murail. les, & voir ce qui fe pañloït fur le parapet, Les tra: duéteurs & les commentateuts tombent fouvent dans cette erreur. Il eft aifé de diftinguer les térraffes con- fiderées comme comblemenr, & les cerrafles confide- rées comme cavaliers ; car lorfqu’on s’appercçoit qu'il y a de beliers fur la serraffe, il ne faut pas douter que l’auteur ne veuille parler du comblement de fofié ; s’il paroït que ces beliers font fur un cavalier il faut décider que l’hiftorien eft un ignorant qui ne fait ce que c’eft que la guerre. Polybe, commenté par Folard tom. IT, (DJ) TERRASSE, (Jardin.) ouvrage de terre élevé & revêtu d’une forte muraille > Pour raccotder Pinéosa- lité du terrein, La maçonnerie n’eft pas cependant : toujours néceflaire pour fire une cerraffe. Quand la terre eft forte, on fe contente de faire des taluds & *: des glacis, qu’on coupe À chaque extrémité. On laifle une pente douce fur la sérraffè, pour l'écoulement : des eaux, d'environ un pouce & demi par toife, feion la grandeur de la terraffe; & cette pente {e prend - toujours fur fa longueur. On orne les cerraffes d’at- brifleaux , d'ifs & de charmilles 4 hauteur d'appui, avec des vafes, des caifles & des pots de fleurs, po- {és fur des dés de pierre. Les figures & les fontaines ! contribuent encore beaucoup à leur décoration, Mal gré ces ofnemens, les serraffes n’embéliffent pas beat. Coup un jardin; auffi en doit-on faire le moins qu'on peut, & les éloigner toujours les unes des autres. Foyex des modeles de cerraffe dans la théorie & ja pras tique du jardinage. On appelle contre-terraffe , une terrafle élevée au deflus d'une autre, pour quelque raccordement dé terrein, ou élévation de parterre. (0.7) TERRASSE, (Joaillerie) ce terme fe dit en ftyle d'ouvriers lapidaires , de quelques parties dans une pierre précieufe qui ne peuvent fouffrir le poliment, TERRASSE, (Peinr,) on appeile cerraffe en Peintus re, un efpace de terre qu’on place d'ordinaire fur le devant du tableau. Les terrafles doivent être fpacieu= fes & bien ouvertes ; on peut y repréfenter quelque verdure, ou même des cailloutages qui s’y trouvent comme par accident. (2. J.) | TERRASSE, (Sculpt.) c’eft le deflus de la plinthe en pente fur le devant, où on pofe une figure , une ftas tue, un grouppe, &c, (D, J,) nl : 3. 166 TER. TERRASSE, srme de Tireur d'or, c’eft une efpece de vaïfleau ; fait en forme de cuvetteun peu longue, formé de-brique où de pavé de grais, avec de hauts rebords, dans lequel ces ouviiers font: chauffer le gros fil d'argent qu'ils veulent dorer, avant delle paf- fer aux flieres. Savary. (D. J.) TERRASSE de bâtiment s(Archic.) c’eft la couver- ture d’un-bâtiment, en plate-forme. On la fait de plomb, ou de dales de pierre. Telles {ont les serraf- fes du périfiie du Eouvre 8 del’obfervatoire. Celle- ci eft payée de pierres à fufñil, à bain de mortier de ciment & dechaux. (D. +). 24 | Terrasse de marbre, (Archit.) c’eft un tendre, C'eft-à-direun défaut dans les marbres, qu'on appel- le houzin dans les pierres. On corrige ce défaut avec de petits éclats, & de la poudre du même marbre, mêlée avec du maftic delpareille couleur. (D. T1.) TERRASSE, er cermé de Blafon, fe ditde la pointe de l’écu faite en forme de champ plein d'herbes. TERRASSEUR , f: 1m. (Magçonnerie.) nom qu’on donne àides gens qui travaillent à hourder des plan- chers & des cloïfons. Dans les pays où la pierre & le plâtre font rares, on voit plus de serraffeurs que de plâtriers 8 de maçons, parce que toutes les maifons y font de colombage, hourdées avec de la terre jau- ne: Onne dit guere seraffer en ce fens, mais hour- der ; & au contraire On ne dit point howrdeur , mais terraffeur. ( D.J.) TERRASSIER, f. m. (Jardin.) c’eft la qualité d’un ouvrier qui entreprend de faire des terrafles, ëc celle de ceux qui travaillent fous lui à la tâche ou à la journée. Un maïtre rera(fier doit favoir tirer des nivaux, & jälonner jufte, afin que furle plan qu'on lui donne à exécuter, toutes les proportions foient bien prifes. ILdoit encore avoir quelque légere tein- _ture du deflein, parce que fouvent il fe trouve obligé de tracer fur terre certains compärtimens où il n’eft as néceflaire d’appeller un traceur. (D. 1.) TERRE , ez Géographie Een Phyfique ,{e dit prin- cipalement de ce globe que nous habitons; fur quoi voyez l’article FIGURE DE EA TERRE. On convient généralement que le olobe de la serre a deux mouvemens; l’un diufne pat lequel 11 tourne autour de fon axe, dont la période eft de 24 heures, &c qui forme le jour ou le nychtemeron. L’autre annuel & autour du foleil fe fait dans une orbite elliptique, durant l’efpace de 365 jours 6 heu- res, ou plutôt 365 jours ÿ heures 49 min. qui fot- ment l’année. Voyez ÂXE. C’eft du premier mouvement , qu’on déduit la di- verfité de la nuit 8: du jour, voyez Nuit & Jour, & c’eft par le dernier qu'on rend raifon de la viciff- tude des faifons , Éc. Voyez SAISON, PRINTEMS , ETé, Hiver, &c. __ On diftingue dans la serre trois parties Où régions ; favoir, 1°. la partie extérieure, c’eft celle qui pro- duit les végétaux, dont les animaux fe nourriflent. 2°, La partie du milieu ou la partie intermédiaire qui eft remplie pat les foffiles , lefquels s'étendent plus loin que le travail de l’homme ait jamais pù pé- nétrer. 3°. La partie intérieure Ou centrale qui nous eft inconnue ; quoique bien des auteurs la fuppofent d’une nature magnétique, que d'autres la regardent comme une mafle ou fphere de feu ; d’autres comme un abime ou amas d’eau , furmonté par des couches de serre; & d’autres enfin , comme un efpace creux & vuide , habité par des ammaux qui ont , felon eux leur foleil , leur lune, leur plante, & toutes les au- tres chofes qui leur feroient néceflaires pour leur fubfiftance. # _ Ilyen a aufi qui divifent le corps du globe en deux parties , la partie extérieure qu'ils appellent écorce, & qui renferme toute l’épaiffeur des couches folides , & l'intérieure qu'ils appellent zoya , qui TER : eftd’anenature différente de la premiere, & qui eft remphe, fuivant leur fentiment, par du feu, de l’eau ou quelqu’autre matiere que nous ne connoifflons point. - tb | La partie extérieure du globe, où bien nous pré= | fente des inégalités , comme des montagnes & des vallées, ou eft plane &r de niveau, où creufée en ca-' naux, en fentes, enlits, &c. pour fervir aux mers , aux rivieres, auxlaës, @e. Voyez RIVIERE, LAC, OcÉAN, &c. | La plûpart des phyficiens fuppofent, que ces iné= galités font provenues d’une rupture où bouleverfe= ment des parties de la verre, laauelle a et pour caufe des feux ou des eaux fouterraines. | Burnet, Stenon, Woodward,Whiflon & d'autres fappofent, que dans fon origine & dans fon état na- turel , la serre a été patfaitement ronde, unie &céga- le; &c’eft principalement du déluge qu'ils tirent lex plication de la forme inégale &c irréguliere que nous” lui voyons ; fur quoi Foyez DÉLUGE, TRÉMBLE- MENT DE TERRE, GC. On trouve dans la partie extérieure de la serre dif- ! , 9, À 1 3° férens lits qu'on fuppofe être des fédimens dont les eaux de differens déluges étoïent chargées, c’eft-à- dire des matieres de differentes efpeces qu’elles ont J F or LA . dépoées, en fe Jéchant ou -en formant des marais. On croit aufli qu'avec le tems, ces differentes matie- res fe font durcies en differens lits de pierre, de char- bon, d'argile , de fable, &c. Le d'. Woodward a examiné avec beaucoup dat- tention ces differens lits, leur ordre, leur nombre, leur fituation par rapport à l'horifon , leur épaifieur, leurs interfeétions , leurs fentes , leur couleur , leur” confftence, &c. & il a attribué l'origine de leur for- mation au grand déluge. Il fuppofe que dans cette terrible révolution , les cotps terreftres furent dif- fous & fe confondirent avec les eaux, & qu'ils y” furent foutenus de façon à ne former avec elles qu'u-" ne mafle-commune. Cette mañle des particules ter- reftres ayant donc été mêlée avec l’eau, fe précipita enfuite au fond, felon cet auteur, &c cela fuivant les lois de la gravité, les parties plus pefantes s’enfon- çant les premieres , puis de plus légeres , & ainfi de ? fuite. Il ajoute que les differens lits dont la serre eft compotée fe formerent par ce moyen, & qu'ayant acquis peu-à-peu de la folidité & de la dureté, ils ont fubfifté depuis en cet érar. ILprétend enfin, que ces fédimens ont été paralleles, puis concentriques, & que la furface de la serre qui en étoit formée étoit parfaitèment unie &t réguliere, mais que les trem- blemens de verre, les éruptions des volcans, &c. y ayant produit peu-à-peu divers changemens, l’ordre & la régularité des couches fe font alterées ; de forte que la furface de la serre a pris la forme irréguliere : que nous lui voyons à préfent, Tout cela, comme l’on voit, eft purement hypothétique & conjectural. Voyez à ce fujet, le premier article de l’Aif?, nat. de M. de Buffon. Terre, e7 Affronomie ; c'eft, fuivant le fyfème de Copernic, lune des planetes qu'on appelle pre- mieres. Voici le caraétere par laquelle on la défigne &. Voyez PLANETE, | Dans l'hypothèfe de Ptolomée, la serre eft le cen- tre du fyftème. Voyez SYSTÈME. Le grand point qui diftingue le fyftème de Ptolo- mée & celui de Copernic, c’eft que le premier de ces auteurs fuppofe la serre en repos, &t que l'autre la fait mouvoir ; c’eft-à-dire que l’un la met dans le centre, êc fait tourner autour d'elle de lorient à l’oc- cident le foleil, les cieux &c les étoiles; au lieu que l’autre, fuppofant les:cieux &c les étoiles en repos , fit mouvoir la serre de l'occident à lorient. Foy: SYSTEME DE COPERNIC & DEPTOLOMÉE. L'induftrie des Aftronomes de notre fiecle a mis: \ TER hors de, doute le mouvement de la serre, Copernic: ) Chen ; Kepler ; Hoock, Flamfteed » &c. fe font: Aurtout fait par là une réputation à jamais durable, Il et vrai, que d'anciens philofophes ont foutenu ce même mouvement: Ciceron dit dans fes queftions “tufculanes, que Nicetas de Syracufe avoit découvert le premier, que la #yre a un mouvement diurne, par lequel elle tourne autour de fon axe dans ? efpace de: 24 heures ; & Plutarque de placie, Philojoph. nous ap, prend ,, que Philolaus avoit découvert fon mouve- ment annuel autour du foleil. Environ cent ans après Philolaus, Ariftarque de Samos foutint le mouvement delarerre, en termes encore plus clairs & plus forts, fuivant que nous l’apprend Archimede dans fon trai- 1e de numero aren@. | Mais les dogmes trop refpedtés de la RES payenne ; émpêcherent qu'on ne fuivit davantage ces idées ; car Cieanthes ayant accufé Ariflarque de facrilege, pour vouloir faire mouvoir de fa place la ‘déeffe Velta & les autres divinités tutelaires de Puni- vers , les philofophes commencerent alors à aban- ‘donner un fentiment qui paroïfloit fi dangereux. . Plufeus fecles après, Nicolas de Coœfa, cardinal fitrevivre cet ancien fyftème ; mais ce fentiment ne fut pas fort en vogue jufqu’à Copernic, qui démon- tra fes grands ufages &c les avantages dans l’Aftrono- mie. Îl eut bientôt pour lui tous ceux qui oferent fe dépouiller d’un préjugé vulgaire & qui ne furent point effrayés de cenfures injuftes. Auffi Kepler fon ‘contemporain n'héfite-t-il pas de dire ouvertement: Hodierno cmpore praflantiffimi quique plulo[ophorum & affroñomorum Copernico ad/fipulantur : jeta eft hœc glacies ; vincimus Jaffragiis melioribus : cæterispenè fola obJtat fuperfitio aut metus a Cleantibus. Les arpgumens qu'on à alleoués contre le mouve- ment de la serre; font foibles ou frivoles. On ob: ee 4 . Que la serre elt un corps pefant & par confe- quént, ajoute-t-on > peu propre au mouvement. 2°. Que fi la serre tourne autour de fon axe en vingt-quatre heures, ce mouvement devroit ren- verler nos maïfons , nos bâtimens, &c. . 3°. Queles corps ne tomberoient pas précifément fur les endroits qui font au-defflous d’eux loriqu on les laïfle échapper. Une balle, par exemple; au’on laifferoit tomber perpendiculairement à À êerre, tom- beroit en arriere de l'endroit fur Jane} elle auroit été avant que de tomber. S Que ce fentiment eft contraire à à Ecriture. 2. Qu'il contredit nos fens qui nous repréfen- en la re en repos, êc le foleil en mouvement. Les preuves qu’on donne du mouvement de l terre font d’une elpece bien différente ; & portent à lefprit une évidence à laquelle on ne “fauroit fe re- fufer ; ce qui vient de ce qu’ellés font tirées des ob- fervations & des phénomenes actuels & non des raifonnemens vagues ; 5 les voici en racôurci : on trouvera la réponfe à celles dés obje&tions prété- dentes qui font les rhoins déraifonnables: 1°. Le foleil doit également paroïtre en mouve- ment, & la serre en repos à un fpeéateur placé {ur la serre, foit que le foleil fe meuve, & que la serre foit en "repos fort qu’au contraire , ce foit le foleil qui refte en repos & la serre qui fe meuve. Car fup- ofons la serre en T (Pz d’Ajtron: fig. 16.) & le {o- al en Z, Le foleil paroïtra alors en y; & fuppofant que le foleil fe meuve dans une orbite qui entoure la serre de 1 en 2, il paroïtra eñfuite en © ; & s'il continue à aller en 3 ; il paroïtra en #, de forte qu'il femblera toujours fe mouvoir dans F écliptique ; fuivant l’ordre des fignes. Suppofons maintenant la serre en 1 & Le foleil en T. Le foleil fera vu, Où paroitra alors en #. ; que la serre avance de 1 à 2; & le foleïl paroîtra alors en la rerre parvient en 3, PER aux Subitast de jai terre avoir avancé de "uen m, &! le foleil paroïtra s'être avancé de m. jufqu'en +, &-ainfr de fuite: ; fuiÿänt lordre desi fignes:de l'écliptique. d'est Le foleil par ojtta donc toujours également fe mou- voir, foir qu'il fe meuve. réellement où qu'il foi, en repos ,& ainf on he doit faire aucun cas de l’ob- jeétion qu'on. tire, des apparences. fenfibles: Voyez) Vision. . 2°, Si lon: fappofe qu une dés planetes ue mue d’une certaine quantité de l’éccident à lorient, le foleil , la serre & les autres planetes, doivent pa- roitre sis habitans de cette premiere. planete s'être mue d’une même quantité en fens contraire. Car. imagirons: une. étoile M, (fe. 35:) dans le zenith d’un habitant d’une plancte placé en 7, & fuppo- fant que la planete ait tourné fur fon axe de locci- dent à l’orient , le foleil paroîtra après un certain SRE de tems être ‘arrivé au zenith de T, puis lé= toile Z paroïtra y être arrivée à fon tour, puis M, puis la planete L, puis enfin l'étoile M, le foleilS, la planete L y& és étoiles] MN, paroîtront done s'être mis. Fe fens contraire autour de la planete. S'il y avoit donc des habitans. dans les planetes, la fphere du monde, le foleil,les étoiles & les autres planetes fr leur paroître fe mouvoir autour d'eux de l’orrent à l'occident, Or les habitans de no- tre planete’, c’eit-à -à-dire, de la serre, font fujets aux, mêmes lufions que les autres. 3°. Les orbites de toutes les planetes. renferent le foleil comme leur centre commun, Mais il w ÿ & que les orbites des planetes fupérieures qui renfer- ment la serre, laquelle n’eft cependant placée au cen- tre d'aucune de ces orbites, fuivant tque nous l'avons fait voir dans lés articles SoLert. & PLANETE. 4°, Comme il eft prouvé que l'orbite de la serre eft fituée entre celle de Vénus & celle de Mars, il s'enfuit de-là que la syre doit tourner autour du foleil ; car puifqw’elle eft renfermée dans les orbites des planetes fupérieures ; leur mouvement pourroit à la vérité lui paroître inégal & irrégulier fans cette fuppoñtion ; mais au-moins fans cela elles ne pour- roient lui paroïître fationnaires ni rétrogrades. 5°: Les orbites & les périodes des différentes pla- netes autour du foleil, de la lune autour de la serre, des fatellites de Jupiter &c de Saturne autour de ces deux planètes , prouvent que la loi de la oravi- tation fur la serre, fur Jupiter & fur Saturne ; eft la même que fur le foleil, & que les tems pério- diques des différens corps qui fe meuvent autour de chacune de ces ee font dans une certaine pro- portion avec leurs diftances refpedives. Voyez PE- FRS é DisraNce: r il eft certain que dans la fappoñtion du mou- Dir annuel de la serre, fon tems périodique fe trouveroit fuivre exactement cette loi; enforte qu'il y auroit entre {on tems périodique & les tems périodiques de Mars & de Vénus, le rapport qui règne entre les tems périodiques des autres pla- netes ; c’eft-à-dire , Le rapport qui regne entre les ra- cines quarrées des cubes des diffances de ces pla- netes au foleil; au-lieu qu’on s’écarte prodigieufe- ment de cette loi, fon fuppole Re foit Le foleil qui tourne autour de la serre. En effet ; fi la terre ne tourne pas autour du foleil, Le foleil Mourners donc; ainfi que la lune; autour de la terre. Or le rapport des diftances du Loleil &: de la lune à la #rre eft de 22000 à 57; & la période de la lune eft d’ailleurs moindre que de vingt- -huit jours, il faudroit donc (pour que la proportion des tems périodiques eût Leu) que la révolution ‘du foleil ne fe fit qu’en plus de quarante-deux ans , au-lieu qu'elle n’eft que d’une année. Cette réflexion feule a paru à M. Whi- fon d’aflez grand poids pour terminer la difpute. 168 TER fur les deux fyftèmes, & pour établir le mouve- tuent de la serre, Voyez RÉVOLUTION. | . 6°. Oubien les corps céleftes tournent tous au- tour de la serreen 24 heures, ou-bien il faut que la rerre tourne dans le même téms autour de fon axe; or les planètes qui tournent autout du foleil font leur révolution en plus ou moins de tems , füivant que leurs orbites font plus ou moins #randes, c’eft-à-dire, fuivant qu’elles font plus ou moins éloignées du fo- leil; d’où il s'enfuit que fi les étoiles &c Les planetes tournoïent autour de la serre, elles feroient de même leur révolution en des tems inégaux , fuivant que. leurs orbites ou leuts diftances feroient plus ou moins grandes ; au-moins feroit-il vrai que les. étoiles fixes qui font à des diftancesfi prodigieufes de la rerre, ne fautoient fe mouvoir autour d’elle en z4heures,cofn- me on fuppofe que les font les planetes les plus voi- fines. | - 7%. Dans tous les ouvrages de la nature qui font foumis à notre connoïffance , Le créateur paroît agir par les moyens les plus courts , les plus aifés ëc les plus fimples; or, fi la érre paroït être en repos, &c les étoiles fe meuvent, la viteffe des étoiles de- vra être immenfe, au-lieu qu'il ne faudroit, pour expliquer ces mêmes effets, que fuppofer à la serre un mouvement plus modéré. En effet, la moyenne diftance de la lune à la serre eft de s7 demi-diametres de laserre; ce qui,fuppofant le demi-diametre de la rerre de 3440 nulles géogra- phiques , fe monte à 196080 milles ; la circonférence du cercle diurne dela luneeft donc de 1231380 mil- les, & par conféquent fon mouvement horaire de 483308 milles ; de forte que dans chaque feconde ( efpece de tems moindre que celui qui eft employé À chaque battement d’artere) , la lune , quoique le plus lent de tous les corps céleftes, parcourt 3 mil- les & +, c’eft-à-dire plus d’une liene & demie. 70yez Lune. De-plus la moyenne diftance du foleil à la serre eft dé 22000 demi-diametres de la serre, ou de 75680000 milles géographiques ; d’où1l s'enfuit que le mouvement diurne du foleil, lorfqu’il eft dans l’é- quateur , devroit être de 475270400 nulles, & que par conféquent dans Pefpace d’une fecondeil devroit parcourir 5480 milles géographiques , ou plus de 2000 lieues ; de-plus , la diftance du foleïil à la serre eft à celle du foleil à Mars, comme r eft à 2 ; à celle du foleil à Jupiter, comme un eftà ÿ &c + ; & à celle du foleil à Saturne , comme x eft à 9 : ainfi puifque les efpaces diurnes , & tous les autres efpaces fem- blables décrits dans un même tems, devroient être éntreux comme ces diftances ; Mars devroit donc dans un clin-d’œil décrire 8222 milles, Jupiter 28688 milles, & Saturne 520652 milles, c’eft-à-dire envi- #on 20000 lieues : enfin , les étoiles fixes étant bien plus éloignées de la serre que Saturne, leur mouve- ment dans l'équateur ou auprès de l'équateur, devra donc être par cette raïfon beaucoup plus prompt que celui de cette planete. 80, Si la serre eft en repos, & que les étoiles fe meuvent d’un mouvement commun , les différentes planetes décriront chaquejour différentes fpirales qui s’éloigneront jufqu’à un certain terme vers le nord, & retourneront enfuitevers Le terme oppofé du côté du fud dans des limites tantôt plus &c tantôt moins étroites. Car les différences des diftances des planetes au zé- nith varient chaque jour, & elles augmentent jufqu’à un certain point vers le nord, & décroiflant enfuite vers le fud ; ainfi puifqu’on trouve en même tems la hauteur du poletoujours la même, & que les pla- netes ne retournent pas au même point du méridien, on doit conclure de-là qwelles décriront non pas des cercles, maïs des fpirales ; à quoi il faut ajouter que comme les différentes planetes ne confervent pas TER toujours la mème diftance de la rer, mais qu’elles |. s’en approchent quelquefois , 6t que d’autres fois elles s’en éloïgnent , elles décrivent donc de plus- grandes fpitales à de plus grandes diftances , & de plus, puifque leur mouvement devient plusent lorf- que la planete éft plus éloignée de la serre, 11 s’en- fuit de-là que les plus grandes fpirales devront être décrites en moins de tems que les plus petites; or, toute cette complication de mouvemens enfpirale peut-elle être admife, lorfqw’on a un moyenfi fimple d'y fuppléer , en admettant le mouvement de la terre. ? R | | 9°. On trouve que la force de la gravité décroït à mefure qu’on approche de l'équateur , & cela arrive dans tous les corps qui ont un mouvement fur leur axe : & dans ceux-là feulement, parce que c’eft en effet le réfultat néceflaire d’un pareil mouvement, Voyez GRAVITÉ @ FIGURE DE LA TERRE. En effet, lorfqu’un corps tourne fur fon axe, tout tes lesparties, outous Les corps qui lurappartiennent, font un effort continuel pour s’éloïgner du centre ; ainfi l'équateur étant un grand cercle, 8c les paralle- les allant toujours en diminuant vers les poles, c’eff dans l'équateur que la force centrifuge eft la plus grande , & elle décroît vers les poles en raïfon des diametres des paralleles, à celui de Péquateur. Or la force de la gravité détermine les différentes parties vers le centre du fyftème total ; & par conféquent la force centrifuge qui agit en fens contraire de la force de la gravité, retarde la defcente des graves, & elle la retarde d'autant plus qu’elle eft plus grande. Le doëteur Keïff prouve par le calcul que la force de la gravité eft à la force centrifuge vers l'équateur, com- me 289 eft à r , & que pat conféquent les corps qui s’y trouvent y perdent -, partie du poids qu'ilsau- roient fi la serre étoit en repos. La force centrifuge étant donc extrèmement petite vers les poles , les corps qui ne pefent à l'équateur que 288 liv. pefe- ront aux poles 289 livres ; or, on a remarqué en effet que la pefanteur eft moindre à Péquateur qu'aux po- les. La rerre tourne donc fur fon axe, 1o°. Voici une démonftration du mouvement de la serre tirée des caufes phyfiques, nous en fommes redevables aux découvertes de M. Newton ; &le doëteur Keïff la regarde comme très-concluante, & même fans replique. Il eft démontré que toutes les planetes gravitent furle foleil , &toutes les expériences confirment que le mouvement foit de la serre autour du foleil, foit du foleil autour de la serre , fe fait de maniere que Îles aïres décrites par les rayons reéteurs de celui de ces deux corps qui eftmobile , font égaux en tems égaux, ou font proportionnels au tems; mais il eft démontré auffi que lorfque deux corps tournent l’un autour de Pautre, & que leurs mouvemens font réglés par une pareille loi, l’un doit néceflairement graviter fur l'autre. Or fi le foleil gravite dans fon mouvement fur la serre , comme l’a&tion & la réaétion font d’ail- leurs égales & contraires, la serre devra donc pareil- lément graviter fur le foleil. De plus, le même au- teur a démontré que lorfque deux corpsgravitent Pun fur l’autre , fans s'approcher diréétement l’un de l’au- tre enligne droite, 1l faut qu'ils tournent lun & Pau- fre fans s'approcher direétement lun dé l'autre en ligne droite, ilfaut qu'ils tournent Pun &c l’autre au- tour de leur centre commun de gravité. Le folerl & la serre tournent donc autour de leur centre commun de gravité ; mais le foleil eft un corps fi grand par rapport à la serre, laquelle n’eff, pour ainfi-dire, qu’un point par rapport à lui, que le centre commun de gravité de ces deux corps , doit fe trouver dans Je foleïil même , 8 peu loin de fon centre; la serre tourne donc autour d’un point qui eft fitué dans Île corps plus petites {pirales à de plus petites diflances : de L] BER corps du foleil;8con peut dire parconféquent qu'elle: tourne autout'du folerl" TL Ætabes Wu ÆEnun mot, fuppoler la terre en répos, cefticons fondre & détruire tout l’ordre & route l'harmonie! delunivers; c’efténrenverfer les lois sr'eften fire combattre toutes les parties les unes avec les autres” c’'eft vouloir enlever au: créateut là moitié devla béauté de fon ouvrage , 16 aux hommes: le blaifir de Padmirer. En effet, on rend par-là inexpliquables & inutiles les mouvemens des planetes; 8 cela eft fi vrai, que ceux des aftronomes modétñes qui avoient foutenu cette opimon avec le plus de zele'} ont été ôbligés de Pabandonner lorfqu'ils ont voulu calculer les mouvemens des planetes: Aucun d'eux n’a jamais tenté de calculer ces mouvemens dans des fpirales variables , mais ils ont tous fuppofé tacitement dans leur théorie que la serre fe mouvoit fur, fon axe, & ils ont changé par-là les mouvemens diufnes en cer- cles, = ” Riccioli, par exemple, qui pat ofdre du pape ; s’oppofa de toutes fes forces au mouvement diurne de la serre, comme contraire à PEcriture-fainte, fut cependant obligé, pour conftruire des tables qui fe fapportaflent un peu aux obfervätions:, d’avoir re: cours au mouvement de la serre. C’eft ce qu'avoue franchement le P. des Chales de Ja même focièté. P: Ricciolus 24//as vabulas aptare poruit que vel mediocrirer obfervationibus refponderènt, Aile fecundum Jÿffema terræ more ; & cela quoiqu'il S’aidât de tous lès fecours étrangers qu’il pouvoit tirer des épicycles. Le fyftème qui fuppofe la serre en repos, eft donc par luismême abfolument inutile dans lAftronomie , &t on n’en doit pas faire beaucoup de cas en Phyf- que, puifque ceux qui le foutienñent fontobligés à tout moment d’avoir recours à l’aétion immédiate de la divinité , oubient à des raifons &c à des principes inconnus. | Il y a des auteurs qui rejettent le mouvément de la serré comme contraire à la révélation , parce qu’il eft fait mention dans l’Ecriture-fainte du lever & du coucher du foleil; qu'il y eft dit, par exemple, que le foleil s’arrêta dans le tems de Jofué , & qu'il recula dans le tems d'Ezéchias. … Mais on ne doit entendre autre chofe par lever du foleil , que le retour de fon apparition fur l’hori- {on au-deflous duquel il avoit été caché; & par fon coucher , autre chofe que fon occultation au-deffous de Phorifon après avoir été vifible pendant un rems au-deflus ; amfi lorfque lEfprit-faint dit dans l’E- cléfiafte , Ze foleil fe leve & Je couche, 6: revient a l'en- droit d'où il étoit parti , n'entend par-là rien autre chofe, finon que le foleil qui auparavant avoit été caché , fe voit de notveau fur l’horifon; & qu'après avoir paru , 1lfe cache de nouveat pour reparoiître enfuite à lorient ; car c’eft-là ce qui paroït à une perfonne qui voit le foleil, & par conféquent c’eft cela , & rien de plus que les Ecritures ont dû avoir en vue. ve e | De-même lorfqué dans Jofué, x. 12. 13. il eft dit que le folerl &c la lune fe font arrêtés , ce qu’on doit entendre dans cet endroit par le mot de ffarion , c’eft que ces luminaires n’ont point changé de fitua- tion par rapport à la £rre ; car en difant, fo/eil, ar- réte-toi [ur Gédéon , & roi lune [ur la vallée d Ayalon : ce général du peuple de Dieu n’a pu demander au- tre chofe , finon quele foleil qui paroïfloit alors fur cette ville ne changeât point de fituation ; or de ce qu’il demande au foleil de s'arrêter dans la même fi- tuation , On feroit très-mal fondé à conclure que le {oleil tourne autour de la serre, &c que la serre refte en repos. | Gaflendi diftingué fort à-propos à ce fujet deux livres facrés ; l’un écrit qw’on appelle / bible, l'autre Tome XVI, NE rer TA qu'onappellé orerire out modes cet eau’ développe dans ce paflage fingulier:x Dieu eftinias »inifefté lui-même par, deux lunétes,; l'unécélie » de la févélation,-êc l’autre celle de-lardémonftra »tion.sor les interprètes de la premiere {ont les théos » logtens, & les intérprètés de l’autre font:les math » maticiens ;, ce font ces derniers, qu'il ut-conftls ster furles matieres dont laconnoifänceeftfotmise » à lefprit ; comme fürles points-de:foi-on'doit con» » fulter les premiers; &:comme où reprocheroitaux » mathématiciens dess’éloigner dece:qui'eft delleus » reflort , s'ils préténdoient revbquer.en-douté; où » rejetter les articles de foi, en vertu-de-quelques » taonnemens géométriques jlauff doit-oneonvehif »que les théologiens ne s’écattent pas moins des:li » mites qui leuriont marquées, quand ils fe häfardent »a prononcer fur quelque point des fciencésnatu2 » relles au-deflus de Ja portée de ceux qui ne font » pas verfés dans la géométrie & dans l'optique , ent » fe fondant feulement fur quelque pañfage de l’Ecris » ture-ainte , laquelle n’a prétendu nous rien: aps # prendre là-deflus ss, | Après avoir ainfi prouvé le mouvement dela #rré; il faut obferver de plus que la serre va dans fon orbite dé mamiere que fon axe fe maintrent conftammentt parallele à lui-même. Voyez Axe 6 Parartétismes _ L’axe de la serre a Cependant un pétit mouvement autour des poles de l’écliptique ; c’eft de ces mou vemens que dépend la préceflion des points équië noxiaux. Voyez MUTATION 6 PRÉCESSION: ‘ Sur Pinchinaifon de l'axe de [a serre, voyez Incit: NAISON , ÉCLIPTIQUE & OBLIQUITÉ, TERRE, e7 Géométrie , eft ce globe mêlé de par tes folides & fluides que-nous habitons Voyez TER RAQUÉE ; voyez diff OCEAN, MER, CONTINENT ; Ge: Wolf &t Chambers, (0) TERRE , couches de la, ( Hifls nai. Minéralogie. ) ftrata telluris ; Von nomme couches dé la terre les difs férens lits, oubancs de serres , de pierres, de fa bles’, 6. dont notre globe eft compofé. Pour per qu’on obferve la nature, on s’apperçoit que le globe que nous habitons eft recouvert d’un grand:nombre de différentes fubftances, difpofées par couches hoz rifontales & paralleles les unes aux autres, lorfque quelque caufe extraordinaire n’a point mis obftacle à ceparallélifme. Ces couches varient en diférens.en: droits | pour le nombre ; pouf leur épaifleur , & pour la qualité des matieres qu’elles contiennent ; dans quelques terreins on ne trouvera en fouillant à une très-grande profondeur , que deux , trois, ou quatre couches différentes ; tandis que dans d’autres ; on trouvera trente ou quarante couches placéesles unés au-deflus des autres. Quelques couches font pu- rement compofées de serres, telles que la glaife, la craie , l’ochre , &c. d’autres font compofées de fa: ble , de gravier ; d’autres font remplies de cailloux & de gallets, ou de pierres arrondies , fembiables à celles que l’on trouve fur le bord des mers & des rivieres ; d’autres contiennent des fragmens de ro: ches qui ont été arrachés ailleurs & raflemiblés dans à des lieux où on les trouve atuellement; d'autres cou: ches ne font compofées que d’une roche fuivie , qui occupe un efpace deterrein quelquefois très-confidé- fable ; ces roches ne font point par-fout dela même nature de pierre ; tantôt c’eft de la pierre à-chaux ; tantôt c’eft dugypfe, du marbre, de lalbâtre, du grais , du fchifte , ou de l’ardoiïfe | & fouventil ar- rive que la roche qui forme une couche ; eftelles même compofée de plufieurs bancs, oulitsdepierres, qui différent entre elles: ontrouve des couches qui font remplies de matieres bitumineufes ; e’éft ainfi que font les mines de charbon de serres Voye Gars BON MINÉRAL. D’autres font un amas de matieres Y j 170 TER falines ; C'eft'ainf quefetrouvent le natron , &lefel gemme. Woyeg ces articles. 60 7 Plufieurs couches enfin, ne font que des amas de fubftances métalliques , & de mines qui femblent avoir été tranfportées par les eaux dans les endroits où nous les trouvons , après avoir été arrachées des endroits où elles avoient pris naïfflance. Poyez Lar- cle MiNEs. Toutes ces différentes couches font quelquefois remplies de coquilles , de madrepores ; de corpsmarins , de bois , & d’autres fubftances vé- gétales , d’oflement de poiffons & de quadrupedes ; & d’un grandnombre de corps entierement étran- gers à [a terre. ne Toutes ces circonftanées qui accompagnent les couches de la terre ; ont de tout teims exercé l’imagi- ñation des phyficiens ; ils ont cherché à rendre rai- {on de l’arrangement qu'ils y remarquoient, &t des autres phénomènes qu'elles préfentent : la pofition horifontale de la plûpart de ces couches, & la fitua- tion parallele qu’elles obfervent entre elles, ont fait aifément fentir qu'il n'y avoit que les eaux qui euf- fent pù leur donner cet arrangement uniforme. Une expérience très-fimple fufit pour confirmer cette idée ; fi l’onjette dans un vafe plein d’eau, quelques poignées de serre , de fable , de gravier, G'c. chacu- ne de ces fubftances s’y dépofera plutôt, ouplus tard, en raifon de fa pefanteur fpécifique , &t le tout forme- ra plufieurs couches qui feront paralleles les unes aux autres : cela pofé, on a conclu qu'il falloit que les couches de la terre euflent auff été formées par des fubftances qui avoient été délayées dans un fluide immenfe , d’où elles fe font fucceflivement dépofées. Comme l'hiftoire ne nous a point confervé le fouve- nir d’une inondation plusuniverfelle que celle du déluge, les naturaliftes n’ont point fait difficulté dé Le regarder comme le feul auteur des couches de la ter- re ; parmi ceux qui Ont adopté ce fentiment, Wood- ward occupe le premier rang ; il fuppofe que les eaux du déluge ont détrempé & délayé toutes les parties de notre globe, &que lorfque les eaux fe retirerent, les fubftances qu’elles avoient détrempées, fe dépo- ferent & formerent les différenslits dont nous voyons la serre compofée. Cette hypothèfe, plus ingénieufe que vraie, a eu un grand nombre de feétateurs; ce- pendant pour peu que l'on y fafle attention , on ver- ra que le prétendu détrempement de toute la male de notre globe, eft une idée très-chimérique. De plus , il n’eft point vrai que les couches de la terre fe {oient dépofées en raïfon de leur pefanteur fpécifi- que ; vû que fouvent quelques-unes de cescouches, compofées de fubftances plus légeres , font au-def- fous de couches compofées de matieres plus pe- fantes. En général le déluge n’eft point propre à rendre raïfon de la formation des couches dont nous par- lons ; on ne peut nier qu'il n’en ait produit quel- ques-unes ; mais ce {eroit {e tromper, que de les lui attribuer toutes indiftinétement , comme ont fait quelques auteurs. En effet, comment concevoir qu’u- ne inondation paflagere, qui, fuivant le récit de Moïfe , n’a pas même duré une année ; ait pu pro- duire toutes les couches de fubftances fi différentes , dont les différentes parties de notre globe font com- poiées ? | Le fentiment le plus vraïflémblable fur la forma- tion des couches de la terre, eft celui qui en attribue la plus grande partie au féjour des mers qui ont fuc- ceffivement., & pendant plufieurs fiecles ; occupé les continens qui font aujourd'hui habités. C’eft au fond de ces mers que fe font dépofées peu-à-peu les différentes fubtances que leurs eaux avoient détrem- pées ; les fleuves qui fe rendent dans lesmers, char- rient fans ceffe un. limon qui ne peut manquer à la longue de former des dépôts immentes ,. qui hauf- TER feñt le litde ces mers ; & les force à fe jettér vers d’autres endroits. Notre globe étant expofé à des ré: velutions continuelles ; a dû changer de centre de gravité, ce qmi a fait varier l'inclination de fon axe; & ce mouvement a pu fufire pour mettre à fec quel: ques portions du globe, de La terre ; nous fourniflent même des preuves con- vainquantes que les eaux de la mer ont couvert & ont abandonné à plufeurs reprifes, les mêmes: endroits de la serre: Woyez l’article FOSSILES. Ce feroit cependant fe tromper, que d'attribuer À la mer feule la formation de toutes les couches que nous voyons fur la serre ; les débordemens des ri vieres portentfur les terreins qu’elles inondent , une quantité prodigieufe de limon, qui au-bout de plu-. fieurs fiecles, forment des lits que l'œil diftingue faci- lement , & par lefquels on pourroit compter le noms bre des débordemens de ces rivieres, dont le lit para 1à même eft fouvent forcé de changer: Quelques pays préfentent aux yeux des couches, d’une nature trés:différente de celle dont nous avons parlé jufqu’ici ; ces couches font des amas immenfes de cendres, de pierres calcinées & vitnifices, de pierres ponces, éc. Ileft aifé de fentir que ces fortes de couches n’ont point été produites par les eaux; el les font l'ouvrage des embrafemens fouterrains &t des volcans , qui dans différentes éruptions ont vomi ces matieres à des intervalles quelquefois très-éloi- gnés les uns des autres : telles font les couches que ‘on trouve en Sicile près du mont Etna, en Itahe près du mont Véfuve, en fflande près du mont Hé- cla , &c. c’eft l'infpeétion de ces fortes de couches , qui a fait croire à Lazzaro Moro ; que toutes les couches de La terre n’avoient été produites que par des volcans , d’où lon voit qu'il a étendu à tout notre globe les phénomènes qui n’exiftoient que dans la contrée qu'il habitoit, & dans d'autres qui font fu- jetes aux mêmes révolutions. , Un grand nombre dé montagnes ne font formées que d’un afflemblage de couches deterre,, de pierres, de fable, &e. placés les unes au-deflus des autres. On a fait voir en quoi elles différent des montagnes pris mitives , qui font aufli anciennes que le monde. Voyez larucle MONTAGNES. Les montagnes par couches font d’une formation plus récente que les autres, puifqu’elles contiennent fouvent des fubE tances qui ne font que des débris des montagnes pri- mitives. Quelques-unes des montagnes compofées de couches , font fouvent très-élevées. M. Sulzer a ont été couvertes autrefois par les eaux ; en effet ce {avant naturalifte a trouvé que le mont Rigi étoit couvert d’une couche , compofée d’un amas de caïl- loux & de pierres roulées.de toutes fortes d’efpeces , & liées par un gluten fablonneux & limoneux, qui n’en Edo qu'une feule maite. À l'égard du dépôt qui a formé les couches de La ter- re ,ilne s’eft point toujours fait de la même maniere ; quelquefois ce dépôt s’eft fait dans des eaux tran- quilles , & fur un fond uni ; alors les couches pro- duites par ce dépôt, fe font trouvées horifontales 8c unies; mais lorfque Le dépôt eft venu à fe faire dans des eaux violemment agitées, ces couches ont ex des inégalités, voilà pourquoi l’on rencontre quel- quefois des lits dans lefquels on remarque commedes bofles & des ondulations , & des fubftances en dé; fordre & confondues enfemble. Lorfque le dépôt des matieres détrempées & charriées par les eaux, s’eft fait contre la grouppe d’une montagne primiti- ve, les couches qui ont été He , ont dù nécefr fairement prendre la même inc inaïfon que le terrein qui leura fervi d'appui ; de-là vient l'inclinaifon que l’on remarque dans de certaines couches. &t pour en fubmerger d’au-, tres, La difpofñition &t la nature de quelques couches. fait en Suifle une obfervation qui prouve qu’elles: TER | Enfin l'onrémarque que les couches detaverretont Quelquefois brifées & interrompues dans leur couts; al paroïît naturel d'attribuer ces intetruptions aux €branlemens caufés par lestremblemens de serre, par les affaiffemens de certains terreins, occafñonnés par les excavations qu'ont faites les eaux foutertaines. ‘ ee , révolutions de La, (Hifl. rar. Minéralogie.) pour peu que l’on jette les yeux fur notre slobe, on trouve des preuves convaincantés qu’il a dû éprou- ver autrefois , & qu’il éprouve encore de terns à au- tres , des changemens très-confidérables, Les phy- fciens ont donné le nom de révo/urions aux évene- mens naturels par lefquels la serre eft altérée en tout ; où dans quelques-unes de fes parties. L’hifloire nous a tranfrmis Ja mémoire d’un grandnombre de ces ré- volutions ; mais il y ena un plus grand nombre en- core qui eff demeuré dans ka nuit des tems, & dont nous ne fommes aflurés que par les débris & les ra- vages dont nous voyons des traces dans prefque tou- ttes Les parties du globe que nous habitons: c’eftain- hi que Moife nous a tranfmis dans la Genèfe , le fou- venir du déluge univerfel ; lhiftoire profane nous a parlé des déluges de Deucalion & d’Ogyoès; mais aucuns monumens hiftoriques ne nous ont appris lé- poque de plufieursauires révolutions très-marquées, quiont confidérablement alteré la furface de la serre. Ces révolutions de la terre {ont de deux efpeces , il y en a qui fe font fait fentir à la mafle totale de no- tre globe, &c l’on peut les appeller gérérales ; d'autres n operent des changemens que dans de certains lieux 4 nous les appellerons Zocales ; quelques-uns de ces changemens font opérés par des caufes qui agiflent fans ceffe ; d’autres font opérés par des caufes mo- inentanées. À 4 Tous les phyficiens conviennent aujourd’hui que la serre s’eft applattie par fes pôles , & qu’elle s’eft par conféquent étendue vers l'équateur. On a lieu de préfumer pareillementque l'axe de la serrea éhan- ge d'inchnaïifon & de centre de gravité ; il eft aïfé de fentir que des changemens de cette nature, ont du faire une impreffion très-forte fur la mañle totale de notre globe; ils ont du changer totalement le cli- mat de certains pays, en préfentantau foleil des points de la serre différemment de ce qu'ils étoient aupara- vant; 1ls ont dû fubmerger les parties de la serre qui Étolent continent, & en mettre à fec d’autres qui {ervoïent de baflin ou de lit à la mer ; & ces change- mens fi confiderables ont pu influer fur les produc- tons de la nature , c’eft-à-dire , faire difparoître de deffus la terre certaines efpeces d'êtres, & donner naïflance à des êtres nouveaux: telles font les révo lutions les plus générales ,que nous préfümons avoir té éprouvées par la terre. Il en eft d’autres qui fans avoir entierement chan gé la face de la serre, n’ont pas laïflé de produire fur elle des altérations très-confidérables ; decenombre font fur-tout les tremblemens de serre 3 par leurs moyens nous voyons que les montagnes font fen- dues , & quelquefois englouties dans le fein de ja terre ; des lacs, des mers viennent prendre la place du continent ; Les rivieres font forcées de changer Jeur cours ; des terreins immenfes font abîmés & dif- paroïfient ; des îles & des terres nouvelles fortent du fonddes eaux. Voyez TREMBLEMENS DE TERRE. Une expérience journaliere & funefte nous ap- prend que les vents déchaînés, pouffent fouventavec violente les eaux des mers, fur des portions du con- tinent qu’elles inondent, & d’où enfuiteelles ne peu- vent plusfe retirer. Ces mêmes caufes arrachent quel- quefois des parties confidérables de la serreferme tee en font desiles: c’eftainf que lon eft en droit de pré- fumer que la Sicile a été autrefois arrachée de l’Ita- lie ; la Grande-Bretagne a été féparée du continent Tome XVI, TER 171 de fa France ; les iles de PArchipel du continent de PAfie , 6e. | | Ceselletsont été quelquefois produits par plufieurs Caufes combinées ; les feux fouterreins & les trem- blemens de terre ont fouvent frayé la route aux eaux dés mers, qui elles-mêmes ont été mifes dans un mouvement impétueux par les vens, & alors les raz vages ontété plus terribles, | Des caufes moins violentes operenteñcore des al: térations très-frappantes à la furface de notre globes les eaux des pluies détrempent & dérachent peu-à- peu les terres & les pierres des montagnes , & s’en fervent pour combler les vallées ; les rivieres entraf- nent fans cefle un limon très-abondant , qui au bout de quelques fiecles forme des serres aux endroits qui auparavant étoient entierement couverts parleseaux; c’eff ainfi que l’on peut conjeQurer que les eaux du Rhin ont formé peu-à-peu le terrein de la Hollande, C'eft ainfi que les eaux du Rhône ontvraiffemblablez ment produit Pile de la Camargue Les eaux du Nit ont formé à l’embouchüre de ce fleuve le Delta » Ge Les eaux de la Seine ont produit les mêmes effets en Normandie. La force de l'air & des vents fufifent pour tranf: porter des montagnes entierès de fable, &z par-là d’un pays fertile en font un defert avide & affreux : nous avons un exemple dans les déferts de la Lybie &z de PArabie. er Les volcans en vomiffant de leurs flancs des amas immenfes de cendres, de fable, de pierres calcinées de lave, alterent totalement la face des terreins qui les environnent, & portent la deffruétion dans tous les lieux qui en font proches. Poyiz VOLCAN. Nous voyons toutes ces caufes, fouvent réunies ; agir perpétuellement fur notre globe ; il n’eft doné point furprenant que la serré ne nous offre prefque à chaque pas qu’un vafte amas de débris & de ruines. La nature eft occupée à détruire d’un côté pour aller produire de nouveaux corps d’un autre. Les eaux travaillent continuellement à 2baiffer les hauteurs & à hauffer les profondeurs. Celles qui font renfermées dans le fein de la serre la minent peu-à-peu, & y font des excavations qui détruifent peu-à-peu fes fonde mens. Les feux fouterreins brifent & détruifent d'au: tres endroits ; concluons donc que la serre a été 8e eft encore expolée à des révolutions continuelles , qui contribuent fans cefle , foit promptement , foit peu-à-peu, àdui faire changer de face. 74 oyez les arz ticles FOSSILES, TREMBLEMENT DE TERRE , VOL- CANS, LIMON, TERRE, couches dé la tèrre , &e.(— TERRE, (Chimie & Phyfique.) c’eftun corps {oli- de qui fert de bafe à tous les autres corps de la nature. En eflet, toutes les expériences & les analyfes de la chimie, lorfaw’elles font poufiées jufqw’où elles peu- vent aller , nous donnent une serre ; c’eft-[à ce qui à fait regarder la serre comme un ptincipe élémentaire des corps; mais c’eft une erreur que de la regarder commeunÉlement, ou comme un corps parfaitem ent. fimple ; toutes les serres que nous pouvons apperce= ? VOir par nos fens, font dans un état de combinaïfom êt de mixtion, &c quelquefois d'aggrésation , & mé- me de furcompoñtion. Ce font les différentes com binaïfons de la rerre,fes différentes élaborations & at: ténuations, qui leur donnent des propriétés fi variées, & quelquefois fi oppofées. Le célebre Becher regarde tous les corps de la na= ture comme compoñés de trois serres | dont les diffé- rentes combinaïfons & proportions produifent des êtres fi variés. La premiere éerre eft celle qu’il appelle vitrefcible ; elle fe trouve dans les fels, dans les cail- loux, dans les métaux, & c’eft à elle qu'eft dûe la proprièté de fe vitrifier par l’aétion du feu. La feconde serre de Becher eft celle qu’il nomme J'ulfureufe ou irfiemmable , & que Stahl a Nic noms tj \ 172 TER mé phlogiflique. C'eft cette terre qui donne aux corps de la nature l'éclat, la couleur, odeur & la pro- priété de s’enflammer. Voyez l'article PHLOGISTI- QUE. La troifieme eft, fuivant Becher, la serre mercu- rielle , elle eft propre aux métaux ; &x leur donne la Éculté d'entrer en fufñon; tandis que Les deux autres terres leut font communes avec les végétaux ër les animaux. Voyez MÉTAUX. Quelque dénomination qu'on veuille donner à ces différentes serres , il eft certain que les analyfes chi- miques nous font trouver des £erres de nature diffé- rente dans tous les corps qui tombent fous nos fens, Il n'eft point douteux que l’eau la plus pure ne con- tienne une portion de serre avec laquelle elle eftainti- mement combinée au point de ne point perdre fa tranfparence; cette serre fe montre auflitôt qu’on fait évaporer l'eau;c’eft ainfi qu'une goutte d’eau depiuie mife fur une glace bien nette, y laifle une tacheaprès _qw’elle eft évaporée. Tous les fels tant acides qu’al- kalins, tant fluides que folides,, ne font que des serres combinées avec de l’eau. L'air contient une portion fenfible de serre. L'eau contenue dans l'air eft chargée de ce principe ; les “vapeurs, les fumées , Les émanations qui s'élevent ‘dans notre atmofphere ne peuvent manquer d'y por- ter fans ceffe une grande quantité de serres diverfe- ment modifiées. _ Ce font des particules inflammables , c’eft-à-dire des serres qui fervent d’aliment an feu. En appliquant l’aéion du feu à toutes les fubftances tant végétales qu’animales & minérales , Le réfultat eft toujours une rerre ; on la trouve dans les cendres, dans la fie, dans les fels, dans les huiles, dans la partie aqueufe ‘que l’on nomme phlegme; en un mot dans tous les produits des opérations qui fe font à l’aide du feu, les végétaux & les animaux donnent une serre lorf- qu'ils entrent en pourriture : mais toutes CES z67res n’ont point les mêmes propriétés ; d'où il eft aïfé de conclure qu’elles ne font point parfaitement pures, mais dans un état de combinaïfon. _ C’eft la rerre qui fort de bafe à toutes ces fubftan- ces, c’eft elle qui eff la caufe de leur accroiflement ëc de leur entretien ; les pierres, les métaux ne font que des compofés de serres. Mais vainement cherche- +-on dans la nature une #erre pure, fi elle exiftoit feu- le, elle échapperoit à tous nos fens ; ainfi quand on parle d’une serre pure , cette pureté n’eft que re- lative. (—) | | Terre , (Hifl. nat. Minéral.) on a vu dans Parti- cle qui précede ce que les chimiftes entendent par terre ; nous allons examiner ‘ci la nature des fubftan- ces, à qui on donne ce nom dans la minéralogie. * On peut définir les serres des fubftances foffles fo- lides, compofées de particules déliées qui n’ont que peu ou point de liaifon entre elles, qui ne {ont point {olubles dans l’eau , qui demeurent fixes au feu , &c qui quand elles font pures , n'ont ni faveur, ni odeur, Les différentes serres que l’on rencontre fur notre globe varient confidérablement pour leurs couleurs , leurs mélanges & leurs propriétés, c’eft-là ce quia déterminé les naturaliftes à en faire différentes clafles relativement à ces propriétés. Woodward divife toutes les serres, 1°. en celles qui font onétueufes ou douces au toucher; 2°. en celles qui font rudes au toucher. Stahl, relativement aux effets que l'action du feu produit fur les serres , les divife en rerres vitri- fiables, c'eft-à-dire, que ladion du feu change en verre, & en calcinables , que le feu convertit en chaux, Wolterfdorff divife les serres en argilleufes , dont la propriété eft de prendre de la liaifon dans l’eau 8z de durcir dans le feu , &c en a/kalines, qui comme les fels alkalis fe diflolvent par les acides, &t que l'ac- tion du feu éonvertit en chaux. Cartheufer , dans fa minéralogie, fait deux claffes de serres; il appelle les premieres serres diffolubles. Ce font celles quifontpro- pres à fe détremper, &c refter quelque tems mélées avec l’eau , telles font les argilles , lesterres favon- neufes, &c. Il nomme les fecondes serres indiffolubles; ce font celles qui ne fe détrempent point dans l'eau, & qui fe dépofent promptement au fond ; telles font la craie , la marne, &c. . Le célebre Wallerius divife les serres en quatre clafles: La premiere eft celle des serres en pouffiere , elles n’ont aucune liaifon, font feches au toucher, ne fe détrempent point dans l’eau, 8 n’y prennent point de corps ; maïs elles s’y gonflent & occupent un plus grand efpace. Illes nomme serres maigres, &c les lou- divife en deux genres ; favoir , le terreau, humus ,&€ la craie, 2°, Les terres onflueufes où compaétes,telles que les argilles, dont les parties ont de la ténacité,qui paroif- fent grafles au toucher, qui fe détrempent dans l’eau, & peuvent enfuite prendre une forme. 3°, Les serres compofées , ce font celles qui font më-= les de fubftances étrangeres , falines , métalliques’, bitumineufes , fulphüreufes , &:c. 4°. Les fables qui doivent avec plus de raïfon être mis au rang des pierres que des serres, Enfin M. Emanuel Mendez Dacofta , de la fociéte royale de Londres, a divifé les serres en trois clafles, qu'il foudivife en fept genres. Selon cet auteur, 1°. la premiere claffe eft celle des serres quifont naturel- lement humides, d’un tiflu compaéte & douces au toucher , telles font les serres bolaires , les argilles &e les marnes. 3°, La feconde clafe eft celle des serres qui font naturellement féches , d’un tiffu lâche, & qui fonf rudes au toucher; dans cette claffe on met la craie & les ochres. 3°. La troïfieme clafle eft celle des serres compo- fées , elles font mélangées de fubftances étrangeres qui font qu’elles ne font jamais pures ; telles font les glaifes 8 le terreau. Telles font les principales divifions que les miné- ralopiftes nousont données des terressii eft aifé defen- tir qu’elles font purement arbitraires , ër fondées fur les différens points de vue fous lefquels 1fs ont con- fidéré ces fubftances, & l’on voit que fouvent ils fe font arrêtés à des circonftances purement accidentel les, & qui ne nous peuvent rien apprendre fur les qualités effentielles qui mettent de la différence entre les serres. | Quelques auteurs ont fait différentes clafles des terres, & leur ont affigné des dénominations d’après les ufages auxquels on les employoit dans les arts &c métiers ; c’eft ce qui a donné lieu aux divifions des terres en médecinales & en méchaniques ; par Les pre= mieres , on entend celles que le préjugé ou l'expé- rience a fait trouver propres aux ufages de la méde- cine & de la pharmacie , telles que Les serres bolaires, les serres figillées , dont l'efficacité n’eft commune- ment dûe qu'aux parties ferrugineufes &c étrangeres qui y font mêlées dans différentes proportions , tan dis que ces serres n’agiflent point du tout par elles- mêmes, ou fi elles agiffent, ce ne peut être que com- me abforbantes., & alors elles font calcaires , parce que les serres calcaires étant les feules qui fe difol- vent par les acides, font aufl les feules qui peuvent pafer dans Péconomie animale ; quant aux serres ar- gilleufes & non calcaires, les fubftances avec qui elles font mêlées peuvent produire quelqw'’effet , mais les verres elles-mêmes font incapables de pañler au- delà des premieres voies dans le corps humain, n’é- tant point folubles dans les acides, êt par conféquent elles ne peuvent y rien produire , finon d'obftruer s "2 TER d'embarrailer ; 8e de charger l’eftomac de ceux à qui! on le donne. Les serres méchaniques font celles que l’on emploie dans diférens arts & métiers , telles font les serres colorées dont on fe fert dans {a peinture, les serres à potier , les serres à foulon , les serres à pipes , les serres à porcelane, é, | | On a encore donné différentes dénominations aux terres, {elon les noms de différens endroits dont on les fait venir, c’eit ainfi qu’on a appellé la serre de Lemnos, serre cimolée , serre de Cologne, &c, . Quoi qu’il en foit de ces différentes divifions & dénominations de serres, il eft certain que le regne minéral ne nous en offre point qui foïent parfaitement pures, elles fonttoujours mélangées de plus ou moins de fubftances éirangeres qui font la caufe de leurs couleurs , de leur faveur & des autres qualités que l'on y découvre. Les végétaux, les animaux & les minéraux fe décompofent fans cefle à l’aide du‘mou- vement, les eaux fe chargent de molécules qui en ont été détachées, & elles vont porter ces molécules À la cerre, qui par-là devient impure & mélangée. L’air lui-même eft chargé de particules falines, volatiles _&t inflammables , qu'il doit néceflairement commu- niquer aux eyres qu'il touche & qu’il environne, c’eft donc un être de raifon qu’une serre parfaitement pure, (=) | _ TERRES des {les Antilles , ( Minéralogie.) toutes les différentes #ezres dont le {61 des iles Antilles eft com- poié, font tellement remplies de particules métalli- ques, qu'on pourroit les regarder en général comme des serres minérales. Mais fi on les confidere avec at= tention , 1l fera aifé de les diftinguer en serres pure- ment minérales, fervant, pour ainf dire, de matfice à la formation des minéraux & en serres accidentelle- ment minérales , c’eft-à-dire que les minéraux tous formés s’y trouvent mêlés & confondus par des cau- les étrangeres ; ce que l’on peut attribuer aux boule- Verfemens occafionnés par les tremblemens de serre, aux pluies abondantes , & aux torrens groflis qui fe précipitant du hautdesmontagnesinondent lefonddes vallées, délayent les serres & y dépofent les particules minérales entraînées par la force du courant. D’après cette diffin@ion , 1l fe forme naturellement deux claffes. La premiere comprend toutes les efpeces de terres bitumineufes & fulphureufes, les rerres vitrio- liques, les alumineufes , celles même qui contien- hent du fel marin , les ochres rouges & jaunes hauts en couleur, &7 généralement toutes les serres de fubf- tance métallique. . Dans la feconde claffe font les serres meubles, pro: pres à la culture, les différentes fortes d’argilles , comme les glaifes , les serres à potier, les marnes, les terres bolaires &c les efpeces de craie, Les fables peu- vent être compris dans cette feconde clafle, étant plus ou moins mêlés de fubflances minérales , & de particules métalliques ferrugineufes , toutes formées &c attirables par l’aimant , af que j’ai éprouvé plu- fieurs fois. . Selon la nature de ces serres, on y trouve beau- coup de roches & de pierres détachées , compofées des mêmes fubftances , mais plus atténuées & mieux liées , fans cependant être moins apparentes au coup- d'oeil. Les serres des îles Antilles propres à la culture font de différentes couleurs , on en voit de grifes mêlées de petites pierres ponces, comme il s’en trouve beau- Coup aux quartiers du fort S. Pierre, du Corbet, du Prècheur & de la baffe-pointe À la Martinique ; les terres rouges du morne des cafleaux à la Capfterre de la même ile, étant lavées par les pluies, préfentent à P’œil une multitude de paillettes noires, très-bril- lantes , qui ne font autre chofe que du fer tout formé ë& attirable par l'aimant, Les mornes rouges & de TER 173 Cambala en l'ile de la Grenade contiennent beau- Coup d’une pareille serre, mais dont les paillettes font moins apparentes ; cette efpece ne manque pas à fa Guadeloupe ; elle durcit beaucoup en fe féchant , & fe divife en groffes mañles prefque parallélépipedes., ou ä-peu-près cubiques, lorfqu’elle a été étendué par couches de l’épaifleur d’un pié, La plûpart des serres jaunâtres contiennent du gra: vier, On y trouve quelquefois des marcaflites bril- lantes , qui, étant pouflées au feu, fe diffipent en fu- mées fulphureufes. ui Certaines serres brunes mêlées de jaune, contien: nent beaucoup de fer ; on en voit de cette efpece en l'île de la Grenade, au quartier des fauteurs, près de Levera, chez le fieur Louis le jeune , au pié d’un gros rocher, dont les éclats brillent comme de l'acier pol. Ce fér eft aigre, &entre difficilement en fufon; ila befoin de beaucoup de fubftances calcaires pour le déloufrer, | k Les serres blanchâtres , feches , fe réduifent facile- ment en poufhere , & font moins propres à la cul: ture que les précédentes. Les meilleures de toutes font les serres brunes , moyennement grafles , & celles qui ne font pas d’un noir trop foncé ; on en trouvé beaucoup de cette forte, tant à la Martinique qu’à la Guadaloupe , à Ste Lucie, à S, Vincent , à la Gre: nade , & dans prefqte toutes les îles un peu confidéi rables.. | ! Plufeuts cantons fourniflent de la sérrè propre à blanchir le fucre. C’eft une argille femblable à celle de Rouen dont on fait des pipes ; elleeft blanche, & ne fait point effervefcence avec les acides. Foyez les remarques à la fin de l’article Sucre. Près de la riviere de l'Ayon, à la Dominique, au côté du vent, on trouve dans les falaifes une serré grife, blanchâtre , mêlée de paillettesbrillantes qui fe difipent au feu : cette serre contient beaucoup de fer & un peu de cuivre ; quelques particuliers préten- dent qu'il fe trouve des mines d'argent aux envi ons; | | Les serresà potier & celles dont on peut faire de la brique , font affez communes dans plufeurs en- droits des iles. Aux environs de la riviere Simon, près dela prande riviere en l'ile de la Grenade, on trouve fur le bord de la mer un fable noir très-brillant & fort pefant. Celui de PAnce-noïre ; à la baffe serre de la même île, eft un peu moins éclatant ; maisiltient , ainfi que le précédent, beaucoup dé fer attirable pat lairmant ; il y a lieu de préfumer qu'on pourroit y trouver de Vor, en le travaillant felon l’art. , On rencontre dans plufeurs montagnes de la Mar- tinique & ailleurs des petits amas d’une serre, cou= leur de cendre blanchâtre , fine, compaéte, en con: fiffance de pierre , ayant quelque rapport à la mar- ne, mais plus dure ; elle fe broye & craque entre les dents , fans être fablonneufe ni pâteufe , à-peu-près comme de la serré à pipe cuite ; les negres la nom- ment szo%a ; 1ls La mangent avec une forte d’appétit qui dégénere en pañlon fi violente, qu’ils ne peuvent fe vaincre : malgré les dangers auxquels lufage de cette serre les expofe , ils perdent le goût des chofes faines, deviennent boufis , & périflent en peu de tems. On a vu plufieurs hommes blancs poffédés de la manie du taoua ; & j'ai connu des jeunes filles en qui le defir , fi naturel à leur fexe de conferver fes graces, fe trouvoit anéanti par l’appétir de ce funefte poifon, dont un dés moindres effets eft de détruire lembonpoint & de défigurer les traits du vifage. Le remede le plus efficace qu’on ait trouvé juf- qu'à préfent eft de faire prendre au malade deux oti trois cuillerées d’huile de ricinus ou palma-chriftis nouvellement tirée à froid ; on en continue Pufage tous les matins pendant plufeurs jours, jufqu’à «& 174 TER que les évacuations ayentemporté la caufe du mal: mais il eft à-propos de s’y prendre de bonné-heure , &zne pas laifer le tems à la serre de fe fixer dans Pefto- mac, où elle formeroit une mafle.qu’aucun rémede ne pourroit détacher. h: Âu défaut de taoïa, les maniaques mangent de la serre commune , des efpeces.de petits cailloux , des pipes caflées , &c d’autres drogues non moins préju- diciables à la fanté. Arsicle de M. LE ROMAIN, Terre d foulon, (Hifi. nat. des foffiles.) terre foflile, grafle , onétueufe, friable étant feche , pleine de ni- tre, & d’un très-srand ufage en Angleterre pour dé- graiffer les laines. Cette serre | qu’on nommoit fimplement fu//er's- earth , eft fiprécieufe dans toute la grande Bretagne pour l’apprêt de fes étoffes de laine, que Fexporta- tion en a été défendue fous les mêmes peines que celle de fes laines même ; eneffet , cette serre, lameil- leure de toutes pour fon ufage, eft telle que la Hol- lande, la France & l’Efpagne n’en poffedent point de pareille. , On en trouve près de Ryegate en Surrey, prèside Maidftone dant la province de Kent, près de Nutley en Suflex , près de Wooburn en Bedfordshire, près de Brickhill en Staffordshire , & dans l’ile de Skies en Ecofle. Dans la province de Surrey , on creufe -cette serre dans des trous en forme de puits, dont les côtés font foutenus comme ceux du charbon, On voit entre Brickhill & Wooburn une grande bruyere qui couvre quelques collines pleines de cette même zerre. Le trou eft un vafte découvert, creufé en forme de cône renverfé qui montre la cou- leur & l’épaifleur de différens lits de fable, au-deflus defquels on trouve la serre à foulon à environ cin- quante ou foixante piés de la furface. Sous la furface de la serre à un pié de profondeur eft une couche de fable fin, jaune , rougeâtre, de l’épaifleur de neuf à dix piés ; enfuite pendant trente à quarante piés il y a divers lits de fable gris &c blanc; plus bas, une cou- che de deux à trois piés de fable gras mêlé de veines rougeâtres ; puis un pié de serre médiocrement grafle, encore un peu fableufe ; enfin la terre a foulon pure pendant environ fept à huit piés. | Ce banc de serre eft diftingué en différentes cou- ches ; l’affiette de ces bancs .eft fur un plan horifon- tal régulier qui, communément en toutes fortes de lits & couches de serre ou mines, annonce unegrande étendue. Les ouvriers font employés à fouiller cette serre avec la pioche, & deux hommes fuffifent à en fouiller & charger dans un chariot mille livres pefant dans un jour ; cette charge vaut, prife fur le lieu, Ashelins,.4 liv. 12 f. tournois. Cette serre eft d’une couleur #r1is-verdâtre, qui fe dégrade à l'air ; fa confiftance , médiocrement ferme, fe divife aifément en morceaux à la pioche ; à fé- cher , elle devient dure comme du favon ; fa qualité eft grafle & pleine de nitre. Elle ne fe difout dans Veau qu’en la remuant beaucoup ; le fédiment qui s’en forme lorfqu'l eft féché , eft doux & gras au toucher , très-friable , & fe réduit entre les doists dans une poudre prefaue impalpable qui femble fe perdre dans les pores de la peau, &c. Certe pouffiere vue au microfcope eft maîte, opaque , & n’a point le brillant des parties fableufes ; ces qualités la ren- dent très-propre à s’infinuer dans les pores delalaine & à s’imbiber de fa graifle , fans offenfer le tiflu de l’étoffe par les plus violens frottemens. ( D. J.) TERRE LEMNIENE, terra lemnia, forte de terre médicale , afñtringente , d’une confiftance grafle, & d’une couleur rougeâtre , dont on fe fert dans le même cas que des bois. Yoyez BOLs. Eile prend fon nom de la serre de Lemnos , d’où on l’apporte principalement. On la metfouvent en gâteaux ronds qu’on cachete, ce qui ja fait nommer éerre figillee, TER Terre pe Pouzzotes, forte de #rre rougeñtre dont on fe fert en Italie au-lieu de fable. La meilleure eff celle aui fe trouve auprès de Pouz- zoles , de Baies & de Cumes, dans le royaume de Naples ; & la premiere de fes villes lui a donné fon nom. | Cette rerre mêlée avec la chaux fait le meilleur mortier qu'il foit poffible. Voyez MORTIER.Ilfe durcit & fe pétrifie dans l’eau ; il pénetre les pierres à feu noires, & les blanchit.On s’en fert beaucoup pourla conffrution des moles, & desautresbâtimens qu’on éleve dans les places maritimes. Agricola préfume que la serre de Pouzzoles eft d’une nature fulphureufe & alumineufe, Voyez Vitruve , Pline, deLorme, &e. qui tous font un grand cas de cette serre. TERRE SAMIENNE o4 TERRE DE SAMOS , rerra Samia , forte de bol ou serre afringente, venant de l'ile de Samos, dans la mer Egce, Poyez TERRE. La meilleure eft appellée par Diofcoride co/!y- rium , parce qu’on Pemploie dans les médecines de ce nom : elle eft blanche , fort luifante, douce, friable , de bon goût, & un peu glutineufe fur la langue. Il y en a une autre efpece plus dure, plus fale & plus glutineufe , qu’on appelle affer Samius , à caufe de plufieurs pailles brillantes qu'on y trouve quel- uefois , & qui font difpofées en forme de petites étoiles. Chacune de ces deux efpeces eft regardée comme fort aftringente, & propre à deffécher & à guérir les bleflures. Elles ont beaucoup de qualités commu nes avec le bol d'Arménie. Voyez ARMÉNIEN € BoL. Il y a auffi une pierre qu’on nomme pierre de Sa- m0 , MŸ06 Eouos ; & qui fe tire de quelques mines dans la même île. Cette pierre eft blanche, elle s’at- tache à la langue quand on l’y met deflus, & pañle pour être aftringente & échauffante. Les Orfevres s’en fervent aufh pour polir l'or, & lui donner de éclat. TERRE SIGILLÉE, serra figillata , voyez SIGILLÉE. TERRE VERTE, ( Al, nat, des foffiles.) nom d’une serre dure , d'un verd bleu foncé , qu’on trouve par couches de grands morceaux plats qui ont quatre ou cinq piés de diametre ; on les caffe irrégulierement en les coupant, ce qui fait qu'on nous lapporte en pieces de différentes groffeurs. Cette serre eft lifle, luifante, douce au toucher, & femblables à quelques égards au morochtus ; elle s’attache fermement à la langue , ne teint point les mains en la maniant , mais en la frottant fur un corps dur , elle y imprime une rayure blanchâtre qui tire fur le verd ; elle ne fer- mente point avec les acides, & prend en la brûlant une couleur brune foncée. On la fouille dans l’ile de Chypre , dans le voifinage de Vérone & en plufeurs endroits de ceroyaume ; on emploie beaucoup pour la peinture , fur-tout la peinture à frefque , parce qu’elle donne un verd durable, & qu’on la mêle uti- lement avec d’autres couleurs. (D. J.) TERRES 04 REMEDES TERREUX, ( Médecine. ) les Médecins ont employé dès long-tems à titre de re- medes un grand nombre de matieres pierreufes & terreufes. Le doûteur Tralles, médecin de Breflau, qui a écrit il y a environ vingt ans, un long traité fur les remedes terreux, fait de ces remedes l’'énumération fuivante : Du regne animal, le crâne humain, le cal- cul huïnain, la corne de cerf, la dent de fanglier, livoire, la corne d’élan, la dent d’hyppopotame, les veux ou pierres d’écrevifles, Les pierres des car- pes, & celles des perches, la mâchoire de brochet, le talon de lievre, l’unicorne ou Pivoire foffile, lunicorne vrai, le nombril de mer, les coquilles, les perles, la mere de perle , le befoard oriental & ; De SE ocçidental, les coquilles d'œuf, les éçailles d’huitre, TER Ex. M. Tralles a oublié encore l'os de feche, les fayes des cruftacées, 6. Duregne minéral, le bol d'Arménie, les terres ficlées ou fipillées de divers pays; telles que la terre de Eemnos, la terre de Malte la terre de Golberg, celle de Strigau , Cc. les pierres précieufes telles que la topaze, l'émeraude , le faphir, le æubis , l’hyacinthe , le grenat, le chry- {olite, le-ctyftal de roche, & un grand nombre d au- tres-pierres, telles que la pierre judaïque, la pierre de linx, la pierre néphrétique , l'ofteocole, la pierre d’éponge, &c. l’auteur a oublié encore ici la craie commune ou. de Champagne, la marne, la craie de Briançon , Le tal , la pierre d’aigle , &c, 23 Quant à plufieurs pierres évidemment métalli- ques, comme da pierre d’afur, la pierre hématite, &c. illes a fans doute omifes à deffein èt avec raron, car leurs vertus fpécifiques & propres doivent être déduites de leurs principes métalliques plutôt que de leurs principes terreux, & 1l ne s’agit 1c1 que des remedes purement terreux; M. Tralles fait cependant une troïfieme clafle des remedes purement terreux, de plufeurs fubffances métalliques, tellement alte- rées par des-opérations chimiques qu’elles ne font plus, félon lui, relativement à la vertu médicinale, que des corps purement terreux ; il met dans cetie clafle Pantimoine diaphorétique, la cérule d’anti- moine, la matiere perlée , Le befoardique minéral, folaire, martial, auxquels l’auteur pouvoit joindre encore le jovien ou antiheétique de Poterius , la ma- gnéfe blanche, le prétendu foufre fixe d’antumoine, &c. on peut très-vraiflemblablement ranger dans la même clafle la serre douce de vitriol & les foufres de mer abfolus, c’eft-à-dire parfaitement calcinés; s’il eft vrai pourtant ce qui eft dit dans plufieurs livres modernes de la deftruétion abfolue des quali- tés médicamenteufes du fer par la diffipation totale du phlogiftique. Voyez Mars, Mar. médic.. Quant à la queftion de fait, favoir fi les matieres ci-deflus alléguées font toutes purement terreufes, c’eft-à- dire infolubles dans les liqueurs aqueules, fans goût, fans odeur, & fans aétivité vraiement médicamenteufe fur les folides & les fluides des ani- maux , ce point eft exminé en détail dans des arzicles particuliers, aû’on a deftinés à ceux des corps quiont paru mériter cette difcuffion particulier. 1 outes les matieres tifées du regne animal ont paru être dans ce cas. Voyez tous ces articles particuliers 6: l’article SUBS- TANCES ANIMAËES. PA Nous répeterons feulement 1c1, que toutes les matieres , à tirer les fubftances terreufes anima- les, ne different entre elles que par le plus ou moins de mucofité ou de lymphe animale qu’elles contien- nent ; & que ce principe étant détruit par quelque moyén que ce foit, toutes ces fubftances deviennent abfolument identiques, & ne different plus entre elles que par le degré de dureté : nous dirons encore qu’elles font toutes changées en chaux vive par la calcination ; altération qui leur. donne de nouvelles propriétés médicinales. Voyez CHAUX, Chimie, 6 CHAUX, Médecine. Enfin nous obferverons encore que toutes ces matieres, foit calcinées, foit non-calcinées, lorf- qu’elles font devenues exaétement & purement ter- reufes, c’eft-à-dire qu’elles ont perdu cette portion de mucofité animale, qui marque dans quelques- unes le principe terreux, comme cela arrive émr nemment dans livoire, 6. ( Voyez IVOIRE), que dans cet état, dis-je, purement terreux, fec, maigre, acer, toutes ces matieres S’uniffent aux acides, & mêmes aux acides très-délayés. Quant aux fubftan- ces terreufes & pierreufes retirées du regne minéral, il eft évident qu’elles font exaétement dans le cas fuppofé. On peut prononcer hardiment fur celles-ci, que toutes celles qui ne font pas calçaires, & même TER 175 y Qui quoique de nature calcaire ne foht pas d'un tif aflez rare pour qu’elles puiflent être atraquées fact: lement par les acides foibles; que celles-ci, dis-je, n'ont abfolument aucune vertu médicinale, Or de toutes les matieres minérales dont nous avons donné la life, nulle excepté la craie, n’a cette propriété; le bol & toutes les serres fcellées ; qui font {péciale- ment regardées comme aftringentes &c cicatrifantes, pourroient tout-au-plus avoir quelque efficacité à titre de topique , mais encore cette qualité eft-elle fort douteufe ; ces serres font pour le moins fort inu- tiles dans l’ufage extérieur ; elles font des ingrédiens impertinens de plufieurs compoñtions pharmaceus tiques deftinées à l’ufage intérieur ; telles que lathé- riaque, la confeétion hyacinthe ; & même de quel- ques autres confacrés à l’ufage extérieur, comme l’emplâtre coztra rupturam : nous n’avons pas meil- leure idée des pierres précieufes. Voyez l’article par- ciculier FRAGMENS PRÉCIEUX, Le troïfieme ordre de corps terreux, favoir les chaux métalliques, nous ont paru mériter fpéciale- ment d’être examinées chacune en particulier ; ainfñ voyez fur ce fujet les articles ANTIMOINE; MATIERE PERLÉE, MAGNÉSIE BLANCHE, VITRIOL; MARS; MATIERE MÉDICALE. Il réfulte de ce que nous avons avancé fur les corps terreux naturels ; que ceux qui font retirés du. règne animal & la craie, ont une vertu médicinale réelle, favoir la vertu abforbante ( voyez ABsor- BANS) mais qu'ils vont que celle-là; & qu’ainf; excepte le cas de la préfence des acides dans les pre: mieres voies ; tous ces remedes font purement inuti: les. L’obfervation prouve d’ailleurs qu'ils font fou- vent nuifbles : ainfi ils ont aflurément mérité d’être privés de tous les titres faflueux que les anciens médecins leur avoient donnés, & qui s’étoient per: pêtués par la charlatanerie & la routine. Je ne fais pourtant point fi c’étoit la peine d'écrire un aflez gros 22 -guarto pour démontrer qu’il étoit très-dou= teux que les remedes terreux paflaflent dans le fang ; qu'ils n’étoient point ni diaphorétiques , ni diuréti- ques, ni anti- fpafmodiques , ni anti-épileptiques, ni roborans, ni cardiaques, ni antorgaitiques, ni raffraichiffans; ni capables d'arrêter les hémorrha- gies internes, n1 anti-phlogiftiques , ni anti-néphré- tiques , ni fébrifuges, ni fpécifiques contre les fievres éruptives, malignes & pourprées, ni contre les in- termittentes, niutiles contre les catarrhes, la goutte; & le rhumatifme, ni propres à réfoudre le fang coa- gulé; & enfin que quelques-uns de ces reedes ne poflédoient point de vertus dépendantes de leur fià gnature, comme par exemple l’oftéocole, celle de procurer la réunion des os, parce que cette pierre imite groffierement la figure d’un os, &c. Quoi qu’il en foit, toutes ces affertions font vraies, & l’ouvrage de M. Tralles, qui eft ce gros iz-quarto dontjeparle, eft plein de recherches &c d’obfervations utiles ; & cette prolixité que nous lui avons prefque reprochée eft peut-être pardonnable dans ce qu’on appelle un craité complet. (b) | | TERRE DOUCE DE VITRIOL, ( Chim, € Mat, miéd.) Voyez VITRIOL & Mars. TERRE FOLIÉE DE TARTRE ; ( Chim:; 6 Mac. rméd.) la serre folies de tartre eft la même chofe que ce qu’on nomme tartre régénéré. Voyez TARTRE RÉGÈNERÉ. J'ajouterai feulement que pour fa préparation , il. eft néceflaire d’employer un fel alkali très - pur ; les cendres gravelées réuffliffent fort bien; on remarque encore que plus on emploie de vinaigre, plus les feuillets de ce fel font larges &c blanés , outre que la furabondance de vinaigre en rendant la serre foliée pluspure, prévient encore fa trop grande alkalcité : cette serre au refte devient plus blanche &c plus pure par des diffolutions ; des évaporations , &c des liqué- fa étions réitérées. 176 HER ‘Ce rémede, dépuis un demi -9ros jufqu'à deux sros, eftun bon altérant &run.excellent diurétique ; | depuis trois jufqu'à fx gros äl forme unspurgatif | ‘doux, quiine caufe aucun défordre dans la machine, “Étiquiconvient particulierement:dans Phydropifie. Terre, (Jürifprud) fgnifie quelquefois un champ, | quelquefois une certaine étendue de pays, une fer gneurie. 11e dove 2e Terre allodiale ft celle qui eft poflédée en franc aleu: 3 Terrexaumonée, celleiqui'a été donnée-en franche aumoneà l'Eghife. 2e tug € Terreremblavee, celle quireftenfemencée en blé. Terreshermes,eft une serre vacante &inculte. Voyez HERMES.. | Terrejeitile,eft de la éerrejettée 87 amañlée de main d'homme ; dans'un lieu pour l’exhaufler, à la diffé- rence des serres qui font dans leur état naturel, Voyez L'article s 92. de la cotturme de Paris. Terrenoble, efucelle qui eftpoflédée à titre de fief ‘ou de franc aleu noble. _ à Terrertitrée , eftune fefgneurie qui a titre de duché owprincipauté, comté, marquifat, baronie, ou cha- tellenie, &c. Foyez FIEF, SEIGNEURIE, DUCHÉ, CoMTÉ , 6e (A) 1% 21 Terres , Mefure des, la diverfité des termes em- ployés pour la yrefure des verres ; fait fouvent une dif- ficulté embarraflante ; arvenr , journal , acre,, ferier, faumée , 8cc. font des termes ufités en parlant d’ar- pentage : mais fi ces noms font differens , les mefu- res ou les quantités qu'ils expriment ne le font gue- re moins; il y a plus, c’eft que le:même terme ne fignifie pas toujours la même chofe; par exemple , J'arpenteft plus ou moins grand, fuivant les differen- tes contumes, ce qui fait varier la pratique de Par- pentage , & la rend même plus difficile. L’arpenteft ordinairement de cent perches, mais les perchesvarient beaucoup; tantôt elles font de 18 piés en tous fens, où pour mieux dire en quarté , tantôt de 20 : ailleurs, elles font de 22 ,; de 24, &c, fur quoi il feroit à defirer qu'on püt établir dans leroyaume, des mefures &c:des dénomunations qui fuflent les mêmes dans toutes les provinces ; lart de mefurer lesserres deviendroit plus uniforme & plus aifé. À Plufeursfavans, amateurs d'agriculture, emploient dans leurs calculs l’arpent de cent perches, à 20 piés en quarré par perche. Cette mefure moyenne entre les extrêmes feroit fort commode , elle donne des comptes ronds , faciles à entendre &c à manier , & dès-lors elle mériteroit la préférence. Si l’on admettoit la perche de 20 piés en quarré , en multipliant 20 par 20 pour la perche quarrée, on auroit 400 piés quarrés pour la perche de serre ; en ajoutant à ce produit deux zeros pour multiplier par cent, lenombre des perches dont larpent eft com- pofé , on auroit 40000 piés quarrés pour lParpent total. x | Du refte, pour faciliter les opérations de Parpen- teur, au lieu de fuivre les varietés de la perche, on poutroit s’en tenir à une mefure commune & plus conftante , je veux dire le pié de 12 pouces qu'on appelle pié de roi ; anfi, lon n’auroit qu’à mefurer par piés les deux côtés d’une piece quelconque, pie- ce ou quarrée où réduite en triangles, fuivant les procedés connus; pour lors par une feule multipli- cation dont les moindres calculateurs font capables, on fauroit le nombre de piés quarrés contenus dans une piece de gérre. Si l’on avoit choïfi l’arpent moyen dont nousavons parlé , il y a mille occafñons où lon en pourroit con- venir; alors autant de fois qu’on auroft 40000 piés quarrés ; autant on auroit d’arpéns de la grandeur VER converue. Quant auxfraétions, autantde fois dion aufOit 20000 Ou 10000 , autant de fois onaurôit des demis ou des quarts; & quant aux fraions'ultérieu- res , autant de foisiqu'on auroit 400 piés ; attant’on!| auroit de perches quarrées. ‘Il feroitsaifé de, firen pour cela des tables’ qui ñe feroient nilongues!, ni embartaflantes , 8 qui rendroient/l'arpentagéune opération fimple 8 à'la portée des moindres! villas geois ; au lieu qu'il faut aujourd’hui pour-ceitravail : de prétendus experts qui font les importans, &c qui’ font payer chérement leuts vacations) 2,800 0. Pour opérer dans cette méthode’, -ôn:prend'une: chaîne de 20 piés, otrles demisêc ‘les quafts, les piés même font marqués. Onmefure les deux dimen- fions d’un quarré quelconque; le nombrerdes chaiz nes contenues en Chaque côté ferédintiaifément en centaine & en tulle, &onlés porte féparément fur le papier: Au furplus , à chaque piece mefuréedans fes deux côtés, on multiplie Pun parPautre leinom- bre de piés qu'on atrouvès en'chaque dimenfon:, êz l’on en porte le produit à part, ce que lon pratique de même à toutes les pieces l’une après l’autre} après quoi on n’a plus que la peme d’additioner:cestpro- duits, & comme où la dit, autant:detfois qu’on al 49000 piés quarrés , autant on compte d'arpens- Bien eñtendu, que s'il ya quelque inévalité dansles cô- tés oppotés, on redreffeletouten prenantune moyens ne proportionelle ; je veux dire, que fun côté avoit! 110 piés, tandis que ne Oppofé n’en auroït qué 102," alors on additionergit ces deux nombres & l’on en: prendroit la moitié 106 pour en faire Pun des mem- bres de de la multiplication; mais du refle céfont-là des notions qu’on doit fuppofer danstout homme qui fé mêle d'arpentage. La table qui fuit eff relative à la propofition précédente, 400 piés font une perche quarrée. 600 piés font une perche & demie, 800 piés font deux perches. 1000 piés font deux perches & demie, 1200 piés font trois perches. 1600 piés font quatre perches. 2000 piés font cinq perches. - 3000 piés font fept perches & demie, 4000 piés font dix perches. 000 piés font douze perches &c demie, 6000 piés font quinze perchées. 7000 piés font dix-fept perches & demie. : 8000 piés font vingt perchés, 9000 piés font vingt-deux perches 8 demie: 10,000 piés font vingt-cinq perches. 20,000 piés font cinquante perches: : 30,000 piés font foixante-quinze perchées. 49,000 piés font cent perches ou larpent moyen. 606,000 piés font cent cinquante perches. 80,000 piés font deux censperches ou deux arpens; 100,000 piés font deux arpens & demi, 200,000 piés font cinq arpens. 300,000 piés font fept arpens &c demi. 400,000 piés font dix arpens. 500,000 piés font douze arpens & demi. 600,000 piés font quinze arpens. 700,000 piés font dix-fept arpens & demi. 800,000 piés font vingt arpens. 900,000 piés font vingt-deux arpens & demi. 1,000,000 de piés font vingt-cinq arpens. La méthode que je propoie du pié de roi pour unique mefure des arpenteurs, conviendroit à toutes les varietés admifes par nos coutumes ; car fil’en- tier qu’on cherche foit journal , acre ou faumée, 6. fi cet entier contient , par exemple , 36,000 piés ‘quartés, plus ou moins peu importe ; autant de fois qu'on aura 36 mille piés quarrés , autant de fois on aura des mefures ou des entiers cherchés ; ê à pro- portion portion dés moindres fraëions ou quantités. Il n'y auta-qu'à faire des tables relatives à ces différentes mefures pour abreger les opérations, & fur-tout pour les rendre beaucoup plus faciles à tout le monde. La méthode propofée, conftamment plus mania: ble auvulgaire des arpentéurs, fe pratiqueroit éga- lement pour toifer les ouvrages de maçonnerie & tous autres. Pour cela, 1l faudroit chercher par la multiplication le nombre de piès quarrés conrenus dans la piece ouvragée ; écrire à melure le produit de piés. qu'on trouveroit en chaque partie; faire en- fuite l’addition de ces articles ou produits, & voir en- fin dans unetable qu’on auroit exprès, combien de fois la toile quarrée fe trouveroit avec fes fraions dans l’ouvrage qu'on examine. Par cette méthode, le moindre particulier, homme ou femme maniant tant-foit-peu la multiplication, pourroit fuivre 8 mê- me retiñer le calcul d’un expert ou d’un ouvrier. Article de M. FAIGUET, T. D.F. TERRE, ( Marine.) on ne définit pas autrement ce terme fur mer que fur serre: mais 1l y a à cet égard differentes façons de parler, dont voici l'explication. TERRE, (Marine. ) mot que crie à haute voix ce- hu qui apperçoit le premier la zerre. TERRE DE BEURRE, ( Marine. ) c’eftun nuage qui paroiït à l’horifon, qui reflemble à la serre , & que le {oleil difiipe ; ce qui fait dire aux gens de mer, que la serre de beurre fond au foleil. TERRE DÉFIGURÉE , ( Marine.) terre qu’on ne peut as bien reconnoïtre , à caufe de quelquesnuages qui 4 couvrent, TERRE EMBRUMÉE , ( Marine.) terre couverte de brouillards. TERRE FINE, ( Marine.) terre qw'on voit claire- ment, fans aucun brouillard qui en dérobe la vûe. _ TERRE HACHÉE, (Marine.) terre entrecoupée.. TERRE qui affeche , (Marine.) Voyez ASSECHER. TERRE QUI SUIT, ( Marine.) terre qui faïfant un coude, s'éloigne du lieu où lon eft. TERRE QUI SE DONNE LA MAIN, ( Marine.) c’eft une serre qui n’eft féparée par aucun golfe, niau- cune baie. TERRES BASSES , ( Marine. ) ce font les rivages qui font bas, plats, & fans remarques. TERRES HAUTES, ( Marine.) ce font les monta- gnes ou les rivages, qui font beaucoup élevés au- deflus de la furface de la mer. | Voici encore d’autres façons de parler. Aller & terre. Voyez RANGER. Aller chercher une terre ; c’eft cingler vers une serre, pour la reconnoître. Dans la terre Où dans les terres ; façon de s’expri- mer, pour parler de quelque chofe qui eft éloigné du bord de la mer. La terre mange ; cela fignifie que la serre cache quel- que chofe , & le dérobe à la vie. La terre nous refle. Voyez RESTER. Prendre terre ; c’eft aborder une serre , y arriver. Tout à terre ; on entend par-là qu'un vaifleau eft très-proche de la serre. TERRE, (4rchir. & Jardin.) on entend par ce mot € le confiftance du terrein fur lequel on bâtit, & le terrein même qu’on deftine à un jardin. Ainfi nous devons examiner la serre par rapport à l'art de bâtir, & relativement au jardinage. Nous l’examinerons aufñ fuivant fes bonnes qualités & fes façons. De la terre par rapport a l'art de bétir. Terre fran- che. Efpece de serre grafle, fans gravier, dont on fait du mortier & de la bauge en quelques endroits. Terre maffive. Nom général qu’on donne à toute terre confiderée folide & fans vuide, & toifée cubi- quement, ou réduite à la toife cube pour faire l’efti- mation de fa fouille. Terre naturelle. Terre qui n’a point encore été éven- Tome XVI, TER 177 tée nt fouillée: 6nla nomme auf rerremenve 1 Terre rapportée. Tetrequiaété tranfpottée d’un lieu a un autre; pour combler quelque foifé, &'pour:ré- galer &c drefler un terrein de miveau, | Terres Jettiffes. On appelle ainfi, outre Les verres qui font remuées- pour être enlevées, célles qui reftent pour faire quelque ‘exhauflement de terraflfe-où de parterre dans un jardin. Si cetexhaufflement fe fait contre un murmitoyen,comme 1 effà craindre que |: la poufiée de ces serres jethiffes ne le faffe pétir, parce que-les rez de-chauflée des deux héritages ne font plus pareils, ileftà-propos , 8&:même nécefaire, que pour réfifter à cette pouflée, on-fafle un contre-mus lufifant, réduit au ners de Pexhauffement ; & qu'on ajoute des éperons du côté des serres. De laterre par rapport au jardinage. Terre bonne. ou fertile, C'eit une terre où tout ce qui eft femé ow planté croit aifément, & fans beaucoup d’amende- ment & de façon, Elle eft ordinairement noire, grafle & lévere, - | Terre franche, Terre fans mélange, faine, fans pier- res nigravois, & qui étant grafle tient aux doigts, & fe paîtrit aifément , comme le fonds des bonnes prairies. | | Terre härive. Terre qui eft d'une bonne qualité & en belle expoñtion, comme au midi fur une-demi- côte, &t où ce qu’on plante produit de bonne heure. Terre meuble, Terre qui eft légere & en pouflere ; les Jardinrers l’appellent riesse : elle eft propre à gar- nir le deflus d’un arbre quand on le plante , & à l’en- tretenir à-plomb. | Terre neuve, Terre qui n’a encore rien produit. Telle ef la serre qu'on tire à cinq ou fix piés de pro- fondeur, De la terre fuivant [és mauvaifes qualités. Terre chaude ou brulante. Terre légere &c feche , qui fait pä- lir les plantes dans la chaleur, fi elle n’eft amendée. | On l’emploie ordinairement pour les efpaliers. Terre forte. Terre qui tient de l’argille ou de la glai- fe , & qui étant trop ferrée, ne vaut rien fans être amendée, On s’en fert pour les baflins. Terre froide. Terre hunude qui eft tardive, mais qu’on amende avec du fumier. Terre grouette, Terre pierreufe qu’on pañle à la claie pour l'améliorer, | Terre maigre. Terre fablonneufe , feche, ftérile 8 qui ne vaut pas la peine d’être faconnée, Terre tuffiere. Terre Qui approche du tuf, & qui eft par conféquent maigre & très-ingrate. On l’ôte d’un jardin, parce qu'elle coûteroit plus à amender, qu'à y fubflituer de ia bonne serre. Terre veule, Terre où les plantes ne peuvent pren- dre racine, parce qu’elle eft trop légere, & qui s’a- mende avec de la serre franche, D: laterre fuivant fes façons, Terre amendée, C’eft une £erre Qui après avoir été plufñeurs fois labourée &t fumée, eft propre à recevoir toutes fortes de plan- tes. On appelle auf séfre amendée,, une terre dont on a corrigé les mauvailes qualités, par le mélange de quelqu’autre. Terre préparée. Terre mélangée pour chaque efpece de plante ou de fleur. - Terre rapportée. C’eft de la bonne serre qu’on met dans les endroits d’où l’on a ôté la méchante pour y planter. | Terre repofée. Terre qui a été un an ou deux en ja- chere, c’eit-à-dire fans avoir produit, ni fans avoir été cultivée, | Terre ufée. Terre qui a travaillé long-tems fans être amendeée, (D. J.) hs TERRE CUITE, (Ars anciens.) les anciens ont fait plufieurs ouvrages de serre cuire qui nous reftent encore ; ils les ont formés fur le tour ou fur la roue, & les ont ornés de toutes fortes de figures, Cette 178 TER opération, minfi que la préparationtdes matiéres, Da roit-avoir été la même que celle de nos travaux en fayence 8 en porcelaine. Voicieomme M.le comte de Caylus penfe que fe faïfoit cette opérations | Il a remarquédeux fortes de serre dans leurs ciffé- rens ouvrages} une blanche ; 8c l'autre noire, Îleft vrai que cefte derniere ne:fe trouve pas employée | aufñ fréquemment que la premiere. Plus on examine ces ouvrages, & plus on voit,-dir-1l, qu'ils ont été reparés avec le plus grand foin, avant ue d'être mis aufeu. Cesmorceduainfipréparés, ontété cuitstrès- lévérement pour faire ce que nous nommons le #if° cuit, fur lequel on met enfuitelacouverte ou Pémail. Sil'on appliquoit cette couvèrte fur lés morceaux avant. que de les cuire, elle pénétreroit la serre, ou plutôt elles incorporeroit dans fes pores, êe il feroit très-dificile de la bièmenlever, comme la-chofe étroit néceffaire dans la pratique des. plus beaux ouvrages de cegenre. 3 Cette couverte placée en tout autre tems, auroit pêché d'exécuter avec nne airfi grande délicatefle d'outil, les defleins dont les ouvrages de serrereuite des anciens, font ornés. La rerre étant cuite efkmoins inégale êc plus denfe, & la couverte ne s'attache que médiocretnérit, lorfqw’elle n'alréçu qu’un feu-lèger ; alors il eft aifé de l'enleveriou plutôt de la décou- per, fans qu’elle laïffe la trace la plus légere. Cette couverte étoit faite avec une serre bolatre très-martiale , la! même que celle que nous em- ployons dans notre favence , connue fous Le nom de manganeze Où maganefia vitriarlorui. Cette serre prend'auff dans la cuite une Couleur rouge très-fon- cée ; maïs qu'il eft facile de‘réndre noire avec la moindre mixtion de couleur, ou d’autres serres. /Cet- te matiere à dû être préparée & broyée parfaite- ment, pour la mettre en état de s'étendre, & de cou- ler au pinceau comme les émaux. Mais avant que de mettre cette couleur noire, les Etrufques avoient foin de tremper leurs ouvrages, ou de leur donner une couleur rougeûtre, claire & fort approchante de celle de notreserre cuire. Ils prenoient cette précau- fon pour corriger la teinte naturelle & blanchâtre de leur serre, qui ne produifoit pas l'effet qu'ils aï- hotent à voir dans leurs plus beaux-ouvrages. L’e- xamen de plufeurs morceaux étrufques fuflira pour faire fentir aux curieux ces différences, & connoître à fond les détails. Les rèrres fe trouvant ainfi préparées, voici l’o- pération la plus efflentielle pour la maniere de les orner. Quand la couverte noïré ou rougé Étoït fe- che , le peintre, ou plutôt le deffinateur, devoit né- ceffairement calquer ou poncer fon deffein ; & felon Pufage de ce téms , il n’a pu fe fervir pour y parve- nir, que de lames de cuivré trèstminces, fufceptibles de trous les éontours , &c découpées comme lon fait aujourd’hui ces mêmes lames pour imprimer les let- tres & les orñemens. | Il prenoit enfuite un outil fort tranchañt , avec lequel il étoit maître de faire ce qu'on appelle de re- ferve, les traits les plus deliés ; car il émportoit êz toit la couverte noire fur tout ce qui devoit être clair : on ne peut mieux comparer cette manœuvre qu’à cellé de notre gravure en bois. Alors la couleur rouge fe difhnguoit, &c faifoit voir fort nettement les figures , les ornemens êc tout ce qu’on avoit en- trepris dé repréfenter. La feule infpetion de la plus grande partie de ces serres démontre ces fortes d’o- érations. Enfin ces ouvrages étant parvenus: à cé point, on leur donnoit lafeconde cuite, un peu plus forte que la premiere. JE | [1 eft bon de rernarquer que! tous les ouvrages de gérre cuite des ‘anciens , ne fontipas fabriqués avec le mêémefoin. On entrouve dont la serre blanchätrefou- vent mal cuite, n’a pasrecu la prennere couleur rou- cé. Ty énad'autres dont laserreeftbiencuite &bien travaillées & qui ne font recouverts qué par la cou- léur roûge:, qui forme ouile fond, où lés ornemenss Êt ces morceaux paroiflent les moins communs! Tou- tes les couleurs noïres ne font pas également belles, Il y'en a qui font ternes &c fans aucun éclat, 87 d’au- tres qui par leur mat &c leurpolx, iihitent en quelque facon Pémail de nos porcelaines. 0 FIFA à _ La couleur blanche qu’ils mettoient toujours avec lé pinceau fur les fonds, comme fur les efpécés dé couverts, n’a aucune tenue: C’eft une efpece dé serre dé Crete ; qui n’eft pas comparable pour la fohdité, aux couleurs dont on vient de parler ; & c’eft pour cela fans doute, qu'ils emploient avec tant dé mé navement, & le plus fouvent pour des parties de’ coëffures, de braflelets & de réveillons dans lés or: nemeris: | : nr Enfin of ne peut doutér que pour conferver la propreté & l’exattitude de leurs ouvrages, ils ne fe foient fervis de ce que nous appellons des gayeres, c’eft-à-dire des pots couverts, dans lefquels on fait cuite aujourd’hui les morceaux à l’abti de tout air extérieur. L’on ne connoïffoit alors rien de plus par- fait qué cette serre cuire; & Von employoït pour la mettré en œuvre les mains des plus fameux artiftes, Antig. étrufq. tom. LE (DJ) | TERRE DE BELLIEVRE ; 1. f, (Glaces.) où nomime aïinfi dans les manufaétures dés glaces, la serre avec laquelle 6n conftruit le dedans êc le glacis des fours, Savary (D. J.) +17: TERRE À TERRE, (Danfe.) on applique ce terme aux danfeurs qui ne font point de caprioles, &c qui ne quittent prefque point la terre, ne TERRE À TERRE, fe dit auffi er rerines de Manepe, des chevaux qui ne font ni courbettes, ni balotades, mais qui vont uniment fur le terrein un galop ferré, en faifant feulement de petits fauts, & en levant un pêu les prés de devant. | Le terre à terre eft proprement üne fuite de petits fauts aifés que le cheval fait en avant , en maniant de côté 8 fur deux allures; dans ce mouvement il leve les deux jambes à la fois, & quan® celles-ci font fur le point de donner énterre, 1l les accompagne des jambes de derriere, par une cadence prompte & courté, maniant toujours fur les hanches, de forte que les mouvemens des quartiers de derrière font ex- trémement courts 8 vifs, TERRE D'OMBRE, Î. f. (Peinture) efpece de terre ou de pierre fort brune , qui fert aux Peintres & aux Gantiers.Il y en a de deux fortes; lune d’une couleur minime tirant fur le rouge, & l’autre feulement prie, La premiere eft la meilleure; l’une & l’autre vient du Levant, & particulierement d'Egypte : il faut la choïfir tendre & en gros morceaux. Avant que de broyer la rèrre d'ombre, foit pour peindre, foit pour mettre des gants en couleur , il faut la brüler, ce qui là rend plus rougeâtre, &t par conféquent de meil- leure qualité ; maïs en la brüilant1l faut en éviter la fumée qui eft nuifible & puante, Il y a encore une efpece de rerre d'ombre, qu’on appelle terre de Cologne; mais elle eft beaucoup plus brune que l’autre : fon nom apprend d’où on latire. Il faut la choïfir tendre, fable , bien nette &c fans menu. Savary. (D.J.) TERRES RÉANIMÉES, 1, f pl. ( Su/pérrerie. ) Les Salpétriers appellent anfides serres qui ont fervi dans des cuviers qu’on fäit{écher, & qu’on arrofe enfuite à plufieurs reprifes avec les écumes & les rappura- ges , les eaux meres ou ameres, que l’on à détrem pées auparavant dans l’eau, afin que les serres s’hu mectent plus facilement.Les s7res amendées peuvent toujours fervir:à l'infini; de forte qu’au moyen dé cesrerres on ne peut jamais manquer de falpêtre. (D.J.) LE - ah RE TERRE A SUCRE , LÉ, ( Sucrerie.) on nomme ainf une forte de terre avec laquelle on blanchit fe:fu- cre, pout en faire de la caflonade blanche, Celle _ qu'on emploie aux iles françoifes de l'Amérique , vient de France, particulierement de Rouen, de Nantes & de Bourdeaux. El s’en trouve aufi à la Gua- daloupe. Savary. (D. J.) TERRE DU JAPON, ( Boran. exot. ) terra japonica, Voyez CACHOU. | TERRE, TERROIR, TERREAU , TERREIN, TER- RITOIRE , ( Syronym. ) terre fe dit de la serre en gé- néral ; la verre nourrit tous les animaux. Terroir fe dit de la serre, entant qu’elle produit des fruits ; un bon , un mauvais serroir. Terreau, fe dit d’un fumier bien confommé & ré- duit en serre ; on fait des couches de serreau pour y élever des falades, des melons, des légumes. Terrein fe dit en général d’une efpace de serre con- fidéré par rapport à quelque euvrage qu’on y pour- roit faire. Îl faut ménager le serreir, On dit dans lé même fens, en terme de manege, ce cheval garde bien {on serein. Territoire eft l’efpace dans lequel s’exerce un dif- triét , une juxifdiétion ; un serritoire fort étendu. (2. 1.) Terre, ( Cricig, facrée.) yà, xS0v; ce mot fignifie 1°. élément terreftre qui nous foutient. 2°, lama tiere qui fut créée au commencement, Gen. y. 3°, tout ce quieft contenu dans le globe terreftre , Pf. si 1. 4°. les hommes qiu l’habitent, Gen. vy. 11, °, un lieu particulier : Bethléem , serre de Juda. 6°. ee fruits de la serre ; les fauterelles dévoreront la terre; 7°. le tombeau, Job. x. 22. 8°, la serre des vi- vans : c’eft la Judée au propre , 8 au figuré, le fé- jour des bienheureux.(2. 7.) | Terre, (Myshol.) 1 y a eu peu de nations payen- hes quin’aient perfonifé fa Terre, &t quine luiaient rendu unculte religieux. Les Égyptiens, les Syriens, les Phrygiens, lesScythes, Les Grecs &r les Romains ont adoré da Terre, & vont mife avec leciel & Îles aftres au nombte des plus anciennes divinités. C’eft que dans les premiers tems tous les cultes fe rappor- toient à des êtres matériels, & que l’on croyoit alors que les aftres,, la Terre &t la mer étoient les caufes de tout le bien & le mal qui arrivoient dans le monde. Héfiode dit que la Terre naquit immédiatement après le chaos: qu’elle époufa le ciel, 8 qu’elle fut ere des dieux 8c des géans,, des biens & des maux des vertus 8r des vices. On Jui fait aufli époufer le tartare, &ile pont ou la mer , qui lui firent produire tous les onftres que renferment ces deux élémens, c'eft-à-dire , que les anciensiprenoient la Terre pour lanature ou la mere univerfelle des chofes, celle qui œrée & nourrit tous les êtres; c'eftipourquoion Pap- elloit communément la grande mere, 2974 mater. Île avoit plufieurs autres noms, Trée où Firéia , Ops,, Téllus, Véfla, & même Cybelle; cat ona fou- vont confondu la Terreravec Cybelle, Les philofophes les plus éclairés du paganifme croyoient que notre ame étoit une portion de la | nature divine, divine particulm.aure | ditHorace. | Le plus grandinombre s’imaginoit que l’homme étoit mé de la Terre imbibée d’eau & échauffée par les rayons du foleil. Ovide:a compris Pune :&c Pautre | opinion dans .ces beaux vers où il dit que l’homme fut formé, foit que l’auteur de la nature Peñt com- poié .de cette femence divineqwlureft propre. ou de 'ce germe renfermé dans le fein dela Terre, lor£= qu'elle fut féparée du.ciel. Paufanias parlant d’un géant indien d’une taille extraordinaite, ajoute :« fi dans les premiers tems » La Terre -encoretoute humide venant à être échauf- » fée parles rayons dufoleil, a produitles premiers # hommes , quelle partiedela Terkifut jamais plus | Tome XVT, «Us EF 79 »propre à produire des hommes d’une grandeur ex » traordinaire, que les Indes, iqui encore aujourd’hui » engendrent dés animaux tels que les éléphans à s I eft fouvent parlé dans la Mythologie des enfans de la Terre; en général lorfqu’on ne connoïfloit pas l’origine d’un homme célebre , c’étoit un fils de la Terre, c’eft-à-dire, qu'il étoit né dans le pays , mais qu’on 19noroit fes parens. | La Terre eut des temples , des autels, des facriñ ces ; on la nommoït Omriparens ; on fait ce beau vers de Lucrece, Ormnniparens cadem rerun: commune fepulcrumi À Sparte 1l y avoit un temple de la Terre qu'on nommoit Gafepton, je ne fais pourquoi. À Athènes on facrifoit à la Terre, comme à une divinité qui pré fidoit aux noces. En Achaiïe, fur Le fleuve Crathis, étoit un temple célebre de la Terre qu’on appelloit la décffe au large Jein , Eupusepror ; fa ftatue étoit de bois. On nommoit pour fa prêtrefle une femme qui dès ce moment étoit obligée de garder la chafteté, encore falloit:il qu’elle n’eût été mariée qu'une fois; &cpour s’aflurer della vérité, on lui faifoit ubir l'épreuve de boire du fang detaureau:fielle étoit coupable de par: jure, ce fang devenoit pour elle un poilon mortel. Les Romains firent bâtir leur premier temple à [a déefle Tellus, ou la Terre l’an de Rome 268; mais les hiftoriens ne nous apprennent point quelle figure on donnoit à la déefle ; 1l y avoit plufieurs attributs de Cybelle qui ne lui convenoient que pat rapport à la Terre , comme le lioncouché & apprivoité, pour nous apprendre qu’il n’eft point dé serre fi flérile & Îi fauvage, qui ne puifle être bonifiée par la culture. Le tambour , fymbole du globe de la serre : Les tours fur la tête, pour repréfenter les villes femées fur la furface de lazerre, : Avant qu'Apollon füt en pofleffion de l’oracle ds Delphes, c’étoit la Terre qui y rendoit fes oracles , & qui les prononçoit elle-même, dir Paufanias; mais elle étoit en tout de moitié avec Neptune. Daphné, lune des nymphes dela montagne, fut choïfie par La déefle Tellus pour préfider à Poracle, Dans la fuite Teilus céda tous fes droits à Thémis tur Delphes, & celle-ci à Apollon. ( 2.7.) | TERRE /4,( Géog. mod, ) ce mot, en géographie, a plufieurs fignifications qu'il eft bon de diftinguer, 1°. Il fignifie cettemafle compofée fur laquelle nous vivons, & en ce fens la verre eft la même éhofe que le globetterreftre ou terraquée ; on y comprend tou- tes les eaux dont fa furface eft couverte. 2°. 1 fignifie la partie. de cette mafle qui par l’agri- culture devient plus oumoins fertile, & dans ce {ens on ne comprend point les mers. | 3°. ILfe prend auffipour l’étendue d’un.état, d’un pays, d’une domination. On dit en ce {ens-cerre de France, terre de l'Empire. ; | 4°, Chez les mariniers, le mot serre a différens fens, ét entr'autres celui de rivage, Ils appellent verre embru- mée un rivage que les brouillards éouvrent:serre dé figurée celle qu'on ne peut bien réconnoître àcaufe de quelques nuages qui la dépuifent : serre fine, celle que l’on découvre clairement.8r fans ohftacle: groffe terre , un rivage haut, élevé : rerre qui fuit; celle qui faifant un coude, s'éloigne de la route que fait le vauleau : serre qui fe donne la main , celle que l’on voit de fuite ; fans qu’elle foit coupée par aucun gol- fem aucune baie : terre qui affeche , une terre que la mer fait voir après qu'elle s’eft retirée. Ils appellent terre de beurre, un nuageà l'horizon qu'on prend-pour la serre, & que le foleil difpe; on dit, aller terre-a- terre, pout dire zavigerle long des côtes, & prendre serre, pour dire aborder. | | Enfin 1l y a des pays d’une grande étendue que l’on appelle rerre en géographie, comme & cerre fainte ; r80 A HO la terre ferme , la cerre neuve, les serres arétiques, les sèrres autrales , &c. (D.J.) TERRES-ANTARCTIQUES, ( Géog. mod.) Ce font les rerres oppotées aux serres arétiques Ou feptentrio- nales : on les appelle autrement continent méridional, terres méridionales ; terres atifirales. Elle font bornées par la mer du fud, l'Océan éthiopique & l'Océanin- dien. Voyez TERRES AUSTRALES. (D. J.) TERRES ARCTIQUES, /6s , ( Géog. mod. ) c’eft-à- dire, les serres feptentrionales. Les Géographes appel- lent rerres arétiques , les terres les plus voifines du pole feptentrional, comme font les pays de Groënland , & les autres qui fe trouvent au nord de l'Amérique, autour des détroits de Hudfon, de Davis & de la baie de Baffin. On donne aufh ce nom au Spitzberg, | qui eft'au nord de l'Europe, à la nouvelle Zemble, & à la nouvelle Irlande, 6. De toutes les serres arhiques on n’en connoit enco- re que quelques côtes, & on ignore pleinement fi du fond de la baie de Baflin, ou en d’autres endroits, il y auroit point quelque pañlage d’une mer à l'autre. C’eft cependant l'envie de trouver au nord une communication denosmersavec celledes Indes orien- tales, qui a fait entreprendre tant de navigations pé- rilleufes, dont on peut voir les détails dans les voya- ges de la compagnie hollandoife des Indes orientales &z dans lé recueil des voyages au nord. C’eft ä cette efpérance, que l’on doit la découverte de la nouvelle Zemble , de la nouvelle Irlande, êt du Spitrberg au nord de l'Europe, de Groenland, des iles de Cum- berland & de Raleigh, du nouveau Danemarck , èc de la serré de Jeflo, qui eft au nord de l'Amérique 8x de l’Afie. (D. J.) TERRES AUSTRALES, 45, ( Géog. mod. ) ce font les terres fituées vers le pole méridional, oppoiées au pole arctique. Elles renferment la nouvelle Guinée , la serre des Papoux, la nouvelle Hollande , la serre de la Circoncifion, la serre de Feu, la nouvelle Zélande, l'île de Feu , l’île de Horn ëc lesiles de Salomon , au- tant de pays qui nous font inconnus. L Nous ne fommes pas auffi avancés en connoïffan- ces vers le midi que verd le nord ; en voici quelques raifons : les navigateurs partant de PEurope, avoient plus d'intérêt de connoître le pole dont elle eft voifi- ne, que celui qui lu eft oppofé. La navigation du nord fe pouvoit faire à moins de frais que celle du midi, On cherchoit un pañlage aux Indes, le grand objet des'navigateurs des quinze &c feizieme fiecles. Quand on eut doublé le cap de Bonne-Ffpérance, on fe vit tout-d’un-coup dans la mer des Indes , &c il ny eut plus qu'à fuivre Les côtes, en prenant la faïfon 6s vents favorables. Quand on eut trouvé paflage dans la mer du fud par le détroit de Magellan, on fe trouvoit auxcôtes du Chili 8 du Pérou, & on s'em- barafla peu des pays qu'on Jaïfloit à la gauche du dé- troit ; des vaifleaux chargés de provifions où de mar- chandifes fe flattoient d'arriver, fans fe détourner de leur route que le moins qu'il étoit pofible. D'un autre côté, on ne fait pas fi Le port décou- vert par Drak au 300° degré de longitude, vers le 61. degré de latitude méridionale, appartient à quel- que ile ou à quelque continent, ni fi les glaces vues par M. Halley entre les 340 &t 355 degrés de longi- tude parles 53 degrés de latitude méridionale , ont quelque diaifon avec les verres de vue. C’eft aux na- vigateurs que les ordres de leurs maîtres ou les ha- zards de leur profeflion porteront dans ces climats, :À nous dire ce qu'ils y trouveront ; ce n’eft pas aux géographes à prévenir leurs découvertes par des con- jedures que l’expérience détruiroit. On s’eft fi mal frouvé de cetteefpece de divination, qu'on devroit bien en être corrigé. (D. J.) TERRE AUSTRALE DU SAINT-ESPRIT, 4, (Géog. | mod. ) partie des serres auftrales, auwmidi de là met du Sud. Elle fut découverte par Fernand deQuiros, efpagnol; c’eft pour cela que quelques-uns la nom- ment serre de Quiros. Il n’en a cependant parcouru que quelques côtes, comme les environs du golfe de Saint-Jacques & de Saint Philippe , & nous n'en connoïffons pas davantage aujourd’hui. Nous igno- tons même fi la nouvelle Guinée , la nouvelle Hol- lande , la rerre de Diémen, & larerre auftrale du Saint- Efprit font une serre continue, ou fi elles font fépa- rées par des branches de l'Océan. (D. J.) TERRE AUSTRALE PROPRE o4 TERRE DE GON- NEVILLE , ( Géog. mod, ) pays des serres auftrales ou antar@iques. Ce pays eft à l'occident de la nouvelle Hollande , & au midi de l’ancien continent. Il fut dé- couvert en 1603 par un capitaine françois nommé Gonneville, qui y fut jetté par la tempête, & qui en donna une relation. En 1697, le capitaine Vlamming, hollandois, envoya fur [a serre auffrale propre trois vaifleaux , qui pour toute découverte y remarque- rent quelques havres aflez bons & des rivieres fort poiflonneufes. (D. J.) Terre DE BAIRA , ( Hifi. nat. ) nom donné en Italie à une serre blanche , qu’on trouve près de Baï- ra, & à peu de difance de Palerme ; on l'appelle aufli poudre de Claramont , en l'honneur de cehu qui en fitle premier ufage pour la guérifon des fievres malignes , &c pour arrêter toutes fortes d'hémorrha- gies ; mais enfin le monde a été détrompé fur les vertus prétendues de cette serre , comme fur celles de tant d’autres. (D. 7.) TERRE DE LA COMPAGNIE, a ; (Géog. mod.) ile fituée à l'entrée d’un golfe, qui entre dans la serre de Karmfchatka , dont ilfait une prefqu'ile, Elle a été découverte par les Hollandois en cherchant un pañla- ge du Japon à la mer du Nord. Ils lui donnerent ce nom pour l’approprier à leur compagnie des Indes orientales. Elle eft entre le 45 &c le 52 degré de Zuri- mude , au 175 de longitude pour la partie occiden- tale. (D. J.) TERRE DES ETATS, ( Géog. mod.) ile de la mer du Sud, Elle fut découverte par Jacques le Maire en 1616 : elle eft fituée à lorient de celle de Feu, dont eile n’eft féparée que par Le détroit de le Maire ; elle eft entre Le 37 & le 40 degré de Jasitude méridionale, CPI) | TerRE-FERME, ( Géog. mod.) on appelle ainfi en général toute serre qui n’eft pas une ile de la mer. C’eft en ce fens que les Vénitiens appellent l’éras de Terre-Ferme, les provinces de leur république qui {ont dans le continent , pour les diftinguer des iles de la Dalmatie , de Corfou & de Venife elle-même, qui n’eft qu’un amas d’iles , fans parler de Zante, de Céfalonie, de Candie & de quantité d’autres que les Vénitiens poflédoient anciennement. C’eft auffi par cette même raïfon que les Efpa- gnols qui avoient commencé la découverte de l'Amé- rique par lesîles Lucayes , par Cuba , Saint-Domin- gue, Portoric, & par l'ile de la Trinité, appellerent Terre-Ferme , ce qu'ils trouverent du continent entre cette derniere ile, & l’ifthme de Panama. (D. J. ) TERRE-FERME , l’état de, ( Géog. mod.) l'état de Terre-ferme des Vénitiens comprend le Bergamafque , le Crémafque, le Breffan, le Véronèle , le Trévi- fan, le Frioul , le Polefñn de Rovigo, le Padouan & l'Iftrie. (D.J.) | TERRE-FERME , ez Amérique , (Géog: mod.) vaîte contrée de l'Amérique , fous lazone torride, entre le treizieme degré de latitude feptentrionale &r le deuxies me de latitude méridionale. Elle comprend fix gou- vernemens fur la mer du Nord ; favoir , Paria, ou la nouvelle Andaloufe, Venezuela, Rio de la Hacha, Sainte-Marthe, Carthagène & la Terre ferme propre- ment dite. Elle comprend fur lamer du Sud deux autres gouvernemens ; favoir, le royaume de Gre- nade & le Popayan. Le nom de Caffille d’or étoit autrefois commun à une grande paftie de ce pays-là, qui eft aujourd’hui partagé entre trois audiences ; celle de Saint - Do- mingue , celle de Santa-Fé & celle de Panama. La Terre-ferme proprement dite, eft une province particuhiere du grand pays qui eft le long de la côte {eptentrionale de PAmérique méridionale ; c’en ef proprement la partie, qui eft entre la nouvelle FE pagne , la mer du Nord , la mer du Sud & le golfe de Darien. Panama & Puerto-Belo en font les prin- cipales villes. (D. J.) TERRE-FRANCHE , la, ( Géog. mod. ) canton des Pays-Bas dans la Flandre françoife, Il comprend les chatellenies de Bourrugob, de Bergue S. Vinox & de Gravelines ; Dunkerque en failoit autrefois une païtie. Ses principales villes font Gravelines, Bour- bourg & Bergue S. Vinox. (D. J.) TERRE DE FEU, fes de la, ( Géog. mod. ) les Ef- pagnols difent improprement Terra del Fuepo,comme G c’étoit un continent; les îles de la Terre de Feufont fituées entre le détroit de Magellan & celui de le Maire. Ce font plufieurs îles qui s'étendent environ Go lieues eft & oueft , le long du détroit de Magellan, &z qui en forment la côte méridionale. . Le nom de Terre de Feu fut donné à cette côte, à çaufe de la grande quantité de feux & de la grofle fumée que les navigateurs, qui la découvrirent les prenners, y apperçurent. On croyoit alors qu’elle Joignoit à quelque partie des terres auftrales ; mais quand on eut découvert le détroit de S. Vincent ou de le Maire, on s’apperçut qu’elle étoit ifolée. Les. nouvelles découvertes ont fait cennoître que cette. terre eft divifée en plufieurs iles; que pour pañler dans la mer du Sud , il n’eft pas même néceflaire de dou. bler le cap de Horn ; qu’on le peut laifler au fud en entrant par left dans la baie de Naflau , & gagner la haute mer par Poueft de ce cap ; enfin, que comme. on voit par-tout des anfes , des baies & des golfes ,: dont la pläpart s’enfoncent dans lesterres autant que. la vue peut s'étendre , 1l eft à préfumer qu'il y a des paffages dans la grande baie ou golfe de Naffau, par où les vaifleaux pourroient traverfer dans le détroit de Magellan. | Les iles de la Terre de Fu, font habitées par des fauvages qu’on connoît encore moins que les habi- tans dela Terre Magellanique. Dom Garcias de Mo- delayant obtenu du roi d’Efpagne deux frégates pour obferver ce nouveau détroit, y mouilla dans une baie, où:1l trouva plufieurs de ces infulaires, qui lui paru- rent d’un bon naturel. Ils font blancs commeles eu- ropéens ; mais ils fe défigurent le corps , en chan- geant la couleur naturelle de leur vifage par des pein- tures bizarres. Ils font à-demi couverts de peaux d’a- nimaux, portant au cou un collier d’ecailles de mou- les blanches & luifantes |, & au-tour du corps une ceinture de cuir. Leur nourriture ordinaire eft une certaine herbe qui croît dans le pays, & dont la fleur eft à-peu-près femblable à celle de nos tulipes. . Ces peuples font armés d’arcs& de fleches , où ils enchäffent des pierres , & portent avec eux une ef pece de couteau de,pierre. Leurs cabanes font faites de branches d'arbres entrelacées les unes dans les autres ; 8 ils ménagent dans le toit , qui fe termine en pointe , une ouverture pour donner un libre paf. fage à la fumée. Leurs canots faits d’écorces de gros atbres, font aflez artiflement travaillés. Ils ne peu- vent çontemr que fept à huit hommes , r’ayant que douze ou quinze piés de long fur deux de large. Leur figure eff à-peu-près femblable à celle des condoles de Venife. y … La côte dela Terre de Feu ft très-élevée ; le pié des montagnes eft rempli de, gros arbres fort hauts : L'rERR i8i mais le fommeteft prefque toujours ceuvett de neige. On trouve en pluñeurs endroits un mouillagé affez bon pour faire commodément du bois &c de l’eau ; mais il regne dans ces îles des fréquentes tempêtes produites par les vents d’oueft ; c’eit pourquoi éeux qui veulent faire route à loueft , évitent la côte de ces îles autant qu'ils peuvent , 6 courent au fud où ils trouvent les vents du fud qui les conduifent en toute sûreté au lieu de leur deflination. (D. 7.) TERRE DE GUINÉE , ( Géog. mod.) pays de l'A: frique occidentale , à la droite de la riviere Niger, ou Sénégal , après qu’on a pañlé la Barre. Ce pays eft beaucoup plus agréable que la pointe de Barba- rie. Il eft uni, couvert çà-8r-là de verdure, avec dés bouquets de grands arbres de différentes efpeces , en: tremêlées de cocotiers & de palnuers. (D. J.) TErRE-NEUVE, ile de, ( Géog. mod. ) grande île de l'Océan fur la côre orientale de l'Amérique fep: tentrionale , à l’entrée du golfe de S. Laurent, éntré . le36 &cle ;3 degré de latitude. Cetteîle fut reconnue en 1497 par Jean & Sébaftien Cabot pere & fils, en: voyés pour des découvertes pat Henri VIL. roi d’An- aleterre; c’eft pourquoi les Anglois la nommerent Newfound-land. On lui donne près de 306 lieues de tour. La difpute des Anpglois & des François fur la premiere découverte de cette ile n’a plus lieu depuis que par le traité d’Utrecht, la France a cédé la pof- feffion entiere de Terre-Neuve à la grande-Bretagne. C'eft à foixante lieues de Terre Neuve qu’eft le grand banc pour la pêche de la morue, érendue de pays que l’on eftime avoir 200 lieues de longueur; les morues y font fi abondantes , qu’un bon pêcheur en prend plus d’une centaine dans un jour. Cette pêche y eft très ancienne , car un anglois rapporte avoir trouvé l’an 1521, Cinquante bâtimens de es | férentes nations. On en voit aujourd'hui chaque an- née cinq ou fix cens, anglois , françois ou hollan- dois ; c’eft auffi tout l'avantage qu’on retire de Terre- Neuve, qui eft un pays remgli de montagnes & de bois. Les brouillards y font fréquens & de longue durée. Le grand froid en hiver eften partie caufé ‘par les olaces, qui venant à flotter fur les côtes, refroidiflent l'air {enfiblement. Les fauvages de Terren Neuve {ont de petite taille, n’ont que peu ou point de barbe , Le vifage large & plat, les yeux gros, & le nez couit. (D. J.) | _ TERRE DE PATNA, ( Ai. nas. ) terre qui fe fait à Patna . ville des Indes fur.le bord du Gange , &c ca- pitale d'une province à laquelle elle donné fon nom, Cette terre eft areilleufe, approchante de laterre fi- gillée | de couleur grife tirant fur le jaune, infipide au goût, & d'une odeur agréable ; on en fait dans ce pays-là des pots, des vafes, des bouteilles, des ca- rafes minces & filégeres que le vent les emporte fa- cilement, On nomme ces carafes gargouleres, Voyez GARGOULETTE. . p faité | La rerre de:P atra pafle pour abforbante & propre pour arrêter les couts de ventre; mais Partifice de cette poterie eft plus joli que les vertus qu’on lur attribue ne font réelles, On s’en fert dans le ferrail du mogol , 8 dans Les ferrails des princes indiens, (GORE NIMES | PR 22 be, TERRE PERSIQUE, ( Hiff. nat.) perfica terra dans lesauteurs d’hiffoire naturelle, eft unéterre du genre des ochres . nommée dans les boutiques de Londres rouge-indien,, 27dian red; c'eft un ochre d'un très- beau pourpre , d'une téxtüre compaéte &c très-pe: fante. On la trouve dans la terre d’unrouge fanouin, 8x 1l faut fe fervir de crocs. de fer pour l’en‘tirer en mafles irrégulieres ; fa furface eft fale inégale, pleine de particules larges, blanches & brillantes ; cette rerre eft rude au toucher, tache Les mains profonde _ment , eff d’un goût très-aftringent , êc fait une vio+ lente effervefcence ayec des menftrues acides. (On 182 TER la fouillé dans Pile d'Ormus au golfe Perfique, & dans quelques patties des Indes orientales, (D, J.) TERRE DE PORTUGAL , (Mar, méd. ) c’eltunbol fort aftringent qu'on trouve en abondante dans les parties feptentrionales du Portugal. Ce bol eft com- act , ferré, très-pefant, d’un rouge éclatant , d'une tiflure life & brillante, fe rompant ailément entre lés doigts, êc lesteignant légérement. Is’attache fort À la langne , fe fond promptement dans la bouche, a une faveur très-aftfingénte , mais laifle comme un peu de fable entre les dents. [ne férmente pointavec les acides, & ne change que très peu fa couleur au UNE “TERRE-SAINTE , /2, (Géog. mod.) pays d’Afie, ainfinommé par excellence , pour avoir été fanétifé par la naïflance & par la mort de notre Sauveur. On appelle proprement ce pays La Judée, la Palefhine , Voyez ces deux moIs. _ C’eff aflez de dire ici qté ce pays reconnoït au- jourd’hui le turc pour fon fouverain, êc qu'il ma plus que des bourgades dépeuplées.On lui donne {oixante lieues détendue du midi au nord, &c trente dans fa plus grande largeur. Il eft en proïe aux courfes des Arabes, quoique préfentement partagé entre trois émirs qui relevent du grand-feigneur, lequel outre cela y entretient deux fangiacs fubordonnés au bacha de Damas. Cestrois émirs font l’émir de Seyde , l’é- mir de Cafair, &c l’émir de Gaza. _ L'émir de Seyde occupe prefque toutes les deux Galilées, & pofiede depuis le pié de PAntiliban jui qu'au fleuve de Madefuer. L'émir de Cafair tient la côte de lamer depuis Caïpha , fous le mont Carmel , jufqu’à Jaffa exclufivement. L'émir de Gaza a fous lui lidumée. Les deux fangiacs, ou gouverneurs turcs , prennent les noms de leur réfidence , qui font Jéru- falem & Naploufe. Celui de Jérufalem a pour dépar- tement la Judée , & celui de Naploufe commande dans la Samarie. Au-delà du Jourdam eft ce qw'on appelle royaumerdes Arabes. (D. J.) TERREAU , f m. (Hifi. nat, des Terres, ) terre noire, mêlée de fumier pourri dont tous les Jardi- niers font des couches dans les jardins potagers pour fertilifer leurs terres &t avancer la végétation de leurs plantes &c -de leurs légumes ; 1ls appellent autrement krros ce vieux fumier bien confumé , bien pour ; éT mêlé avec dela terre; ce n’eft pas cepen- dant ce dont il s’agit dans cet article. Nous entendons avec les Phyficiens par serreau, une terre naturelle, qui n eft pas en tous lieux d’une profondeur égale, n'ayant qu'un pié dans quelques endroits ; dans d’autres deux, quelquefors trois felon les diférens terreins. Ce terreau eft lamatrice propre des vÉSÉtAUX ; &T c’eft, pourquoi les Phyficiens ont cherché d’en connoître la nature par le moyen de l'eau & du feu. Pour y parvenir par le moyen de Peau. EE 1 2 | à / 1°. On prend , par exemple , quatre Hvres de bon : rerreau frais, noir, réduit en poufliere , : & qui aura été expofé à Pair pendant un an, fans avoir été épuifé par la végétation. Eee à 2°, On leflive ce terreau dans de Peau bouillante , claire & nette, jufqu’à ce que toutes les parties ca- pables de s’y diffoudre foient épuifées, ou imbibées par l'eau. ÉT | 3°. Après avoir obtenu par ce moyen une leffive ou diffolution de ce cérreau', on la filtre à-travers un double papier gris fort épais, jufqu'a ce qu’elle don: he une. liqueur tranfparente , ou au-moïns dégagée de toutes les parties groffieres &c terreftres., dont elle Étoit Chat ee ON, | LT | 4°. Cette diflolution contiéndra toutes les par- ties du sereau qui font folubles dans l’eau botrllante. - c$2. Pour rapprocher ces parties de maniere qwel- les puïffent fe manifefter aux fens, &c particuliere- 1 | = — ; TER ment at goût, on fait évaporer le fluide Le plus aqueux. | 6°, On compare alors cette diffolution concentrée avecune portion de la premiere qui n'aura point été évaporée , & on lui trouvera évidemment le goût plus fort , ou plus falin. | 7°. Pour que l’obfervation foit encore plus exaéte, il faut pouffer plus loin l’évaporation dela liqueur , &c la faire cryftallifer , pour voir fi elle ne donnera point quelques fels. 8°. On verfe fur un partie de la diflolution filtrée du firop violat, 6. pour favoir fi elle eft acide , al- kaline , ou neutre; on la trouvera plutôt neutre qu’a- cide , ou alkaline. 9°. On lavera enfuite dans plufieurs eaux ce qui fera refté de lamatiereterrefire, & on décantera à chaque fois la liqueur de la partie bourbeufe ; on la laïffera repofer quelque tems , afin d’obtenir le fable pur qui eft contenu dans le serreau, &t on trouvera quil en fait une très-grande portion. Cette expérience, ou plutôt cette combinaïfon d'expériences, nous ehfeigne une méthode pour ré- duire laterte matrice des végétaux à fes parties conf- tituantes, fans altérer leur forme naturelle ni leurs propriétés, D’après ces obfervations, il paroït qu’on peut éta- blir un jugement certain fur le serrea, tant en géné- ral qu'en particulier, auf loin que les expériences précédentes, ont punous conduire. On acquiert par cet examen une réglé pour compofer un rerreau arti- ficiel par le mêlange dés matieres qui le compoñent. Ontrouve donc par l'examen du serreau, qu'il con tient une certaine quantité de terre très-fine capable de nager dans le liquide ; une plus confidérable dont la nature eft plus groffiere & plus pefante qui tombe au fond du vafe ; un peu defel neutre, & une très- grande quantité de fable. Pour rendre encore cette expérience plus inftruc- tive, & plus utile À la découverte des principes de la végétation , & de la nature des différentes efpeces de terres & de plantes, il faudroit la comparer avec une analyfe femblable de quelque matiere végéta- ble. Pour cet effet on pile une plante tendre: on fait une leflive avec de l’eau chaude de toutes fes partres folubles , on fait évaporer enfuite Phumidité fuper- flue, & on met à cryftalifer ce qui fera refté après l’'é- vaporation: on obrendra la pattie {line de la plante, fous une forme folide, qui fera de l’efpece tartareufe ounitreufe , conformément à la nature dece végétal. Si on arrofe pendant le tems de fa végétation quelque plante alkaline , comme le creflon avec une diffolution de nitre, quoique ce dernier fournifle beaucoup d’efprit acide dans la diftilation , la plante fera toujours alkaline: il en eft de même de toutes les autres plantes & des autres fels qu'on a jufqu'à préfent eflayés dans Les mêmes vies.Cette expérien- ce prouve qu'il y a dans les plantes une faculté pour convertir la nature de tous les fels en celui qui feut eft propre, & on trouve d’après lexpérience que les compofés de rerreau qui abondent en fel marin, en nitre ou en fel urineux, s'accordent tous à favori- fer la végétation. Comme il pourroit y avoir cependant quelques parties naturellement plus fixes contenues dans le terreau , qui fe difloudroient dans Peau bouillante, & an’elles peuvent être affez dégagées & aflez di- gérées pour être capables de s'élever dans les VÉgC- taux, par lation continue du foleil & de Patmo- fphere, il eft à-propos de tenter une analyfe plus puiffante fur Le même fujet, c’eft celle du feu. _ Après avoir pefé deux livres de la même efpece de serreau vierge. que celui de l’expérience préce- dente, on le met dans une retorte de terre, on Pex- pofe à feu nud, & on la diffille à un few très-donx dansuñrécipient deverre, omauemente le feu par degré jufqu'àice que la retorte foit-ouge … &lonlà tient. dans'cet état pendant quelqueitems. I paflera 1°, de l’eau; 2°. de l'huile; 3% un efprit volatil} preique femblable à celui de corne de cerf, OUrcOmMe- me f on diflloit quelque matiere animale : & 4% 1l reftera dans la retorte, felon toutes les apparences (la diffillation étant finie), uñ cape mormium fort ec, ou uneterte fixe 8 inadive. afin que la terre ait plus de confiftence, | Le merlleur serein pour fortifer, eft ce qu’on ap- pelle serre graffe ou forte. Cette terre eft mamable; on n’eff point obligé de piloter les fondemens qu’on y jette, ni de revétir les remparts, à-moins que l’on ne le veuille bien. (D. J) TERREIN, ( Peins. ) ce mot 5’entend en Peinture, fur-tout en fait de payfages,, d'un efpace deterte di fingué d'unrautre 8c un peu nud,, für lequel n’y a niboïs fortélevés, nimontagnes fort apparentes. Les terreirs aident beaucoup à la perfpeétive d’un paye fage, parce qu'ils fe chaffent les uns les autres, {oit par leurs frottemens, foit par le clair-obfcur, ot par la diverfité des couleurs, foit enfin paf üne liai- 1oninfenfible qui conduit d’un sérréix à l’autre. (D: J) TERRENEUSE , ox TER-NEUSE ) (Géog. mod) fortérefle & efpece de petite ville de a Flandre hole landoife, à deux lieues au nord dela ville d’Axel , fur le bordide l'Efcaut occidental, & éntte les branches de ce bras de mer; cette efpece de fort eff délabré, &t contient à peiné deux cens habitans. (DJ TERRE-NOIX , ff. (HE. nar, Bo, ) ulboca/fz- um , genre de plante à fleur'en rofe & én ombelle A compoiée de plufieurs pétales dpofés en rond & foutenus par un calice, qui devient dans la fuite un tuitcompolé de deux petites femences oblongués ; ces femences font ou liflés où ftriées, relevées en boile d’un côté & plates de l'autte. Ajoutez aux ca- raéteres de ce genre, que la racine eff charnue & tu berculeufe. Tournefort, Tnfl, rei herb. Voyez PLANTE. TERRE-PLEIN, £ m. ( Hydraul.) {e dit d’un grand plein-pié ou efpacé deterre un peu étendu, dont onjouit für une terrafle, {ur un rempart dont le terrein eft entierement plein. G'Æ TERRE-PLEIN, LE, entèrmes de Forsification ,éftla partie fupérieure du rempart où l’on place le canon Gr où les afliegés fe mettent pour défendre la place, Voyez REMPART. On l'appelle rérre-plein, parce que c’eft [a partie vuide durempart fur laquelle on peut faire les ma- nœuvres néceflaires pour défendre [a place. Le serre-plèin a une pente infenfible vers la place pour Pécoulement des eaux , afin qu'elles ne féjour- nent pas fur le rempart ; ce qui pourroit le dépradet, Le cerre-plein eft terminé parle parapet du côté de là campagne , 8 par un talud intérieur du côté de la place : fa largeur eft de 24 à 30 piés. Voyez PARA PET ,&c.(Q) + TERRER UN ARTIFICE, serme d'Artificier, c’eft Sarnir la sorge du cartouche de pouffiere de térre leche pilée & preflée, pour empêcher que le feu qui eft fort , n’aggrandifle Le trou du dégorgement ; en brûlant le cartouche, (22, 7,) en SA Lac ri GE & 184 TER Trënen , (Jardinage. ) c’eft faire apporter de la terre:dans les places creufes, ou dans cellesique lon veut élever. TERRER wne vigne , ( Agriculture.) c’eft lamen- der paride nouvelles terres choïfies, pour la rendre plus fertile. ten La haute vigne, plantée dans les jardins, où la terré efordinairement bonne d’elle-même, n’a pas befoin d’être cerrée ; mais dans la moyenne vigne, le tranfport de terres lui eft extrèmement néceflaire , fur-tout lorfqu’on voit que cette vignene donne plus que de chétives produétions ; voici donc comme fe faitle terrage des vignes. On prend d’un endroit deftiné à amender les vi- gnes dela terre qui y eft, qu'on porte dans des hottes plus ou moins grandes à un bout de la vigne, obfer- vant toujours que c’eft à celui qui ef le plus haut de la vigne qu'on doit la porter, à caufe qu’elle def- cend aflez dans Le bas par le moyen des labours qu'on lui donne. Lorfqu’on serre ces fortes de vigne , ou l’on ne fait fimplement que des têtes tout du long de leur extre- mité du bout d’en-haut, ou bien on les serre tout le long des perchées. Si ce ne font que des têtes, on fe contente de porter de ces terres deftinées au bout d’en-haut, & commençant à faire une tête, on jette hottée de terre fur hottée, jufqu'à ce qu'il y ait un pié & davantage de haureur, & douze piés de lon- gueur , le tout également haut. Si on terre les vignes tout du long des perchées, il faut que {ur le haut de chacune, il y ait feulement une tête de la hauteur deterre qu'on a dit, & longue de quatre bons piés. C’eft affez pour le refte que la terre foit mife le long de chaque perchée à Pépaif- feur de quatre doigts. Une perchée étant terrée de cette maniere, on en recommence une autre , & on continue ainfi jufqu’à ce que louvrage foit fini. Pour les vignes ruellées, on jette la terre que lon porte dans les rigoles, les hottées diftantes Pune de l’autre, autant qu'on Le juge à propos. Ce travail fe prati- que depuis le mois de Septembre jufqu'au mois de Mars. I] faut remarquer que dans lune êr l’autre efpece de vigne , lorfqu’on a été obligé de faire des pro- vins, & qu'il eft queftion la feconde année qu'ils foient repris, de les serrer pour leur faire prendre des forces, on peutles serrer feuls & par trous, fans qu'il foit befoin pour cela d'attendre que la vigne où ils font, demande qu’on la verre entierement. loutes vi. gnes qui ont été rerrées , & où par conféquent la terre a été mife groflierement, doivent dès le premier la- bour qu’on leur donne, être labourées à uni, & fort profondément. Enfin, on remarquera qu’en serrant quelque vigne que ce foit, plus on s’approche du bas, moins on doit mettre les hottées de terre près les unes des autres, à caufe que cette terre defcend toujours. (D. J.) Trrrer l'énffe , ( Dégraifferie. ) c’eft la glaifer , ou l’enduire de terre à foulon. (2. J. TERRER du fucre , ( Sucrerie. ) c’eft le blanchir pour en faire la caffonade blanche, Trévoux. (D. J.) TERRER , SE, v.n. ( Vénerie. ) il fe dit des anrmaux qui fe retirent dans des trous faits en terre ; qui Y vivent ou qui s’y réfugient contre la pourfuite du chaffeur. TERRESTRE, TERREUX , TERRIEN, (Sy- non.) cerreffre figmifie qui appartient à laterre, qui vient de laterre, qui tient de la nature de la terre; les animaux serreffres, exhalaifon serreftre, bile fa- blonneufe & serreffre. Terreflre eft auf oppolé à Jpi- rituel & à éternel; la plûpart des hommes n’agiflent que par des vues rerreffres &z mondaines. Terreux fi- gnifie qui eft plein de terre, de craffe ; un vifage zer- reux, des mains serreufes, des concombres £erreux. Celui qui poffede plufieurs terres étendues, eft un grand srrien : les Éfpagnols difent que leur roi eff le plus grand rerriez du monde ; que le foleil fe leve &c fe couche dans fon domaine; mais il faut ajouter qu’en faifant fa courfe, il ne rencontre que des cam= pagnes ruinées, &c des contrées defertes. (2. J.) TERRESTRE , globe, ÊERRAQUÉE , globe, (Syÿron. Géog.}le globe verrefire eft ainfi dit par oppofition at globe célefte, fur lequel les conftellations font ran- gées pour l'étude de l’aftronomie. Le g/obe rerraquée eft dit ainfi, parce qu'il fert à faire connoître la fi- tuation des continens , des îles & des mers qui les environnent pour l’étude de la géographie. Quoique cette différence d’afpe& femble établir une différence d’ufage entre ces deux mots, il faut néanmoins avouer que fort peu d'auteurs difent Le g/obe serragnée. D, J. | DERETTE , . f. (Hiff. nat: Botan.) c’eft une ef pece de calamenth , celamentha humilior , flore rotur= diori, I. R, H. nommée communément Jierre terreffre, Voyez LIERRE TERRESTRE. Un. TERRETTE , ( Géogr.mod.) petite riviere de Fran- ce, dans la Normandie, au Cotentin. Elle a fa fource vers le village de Lourfeliere , &c fe décharge dans le Taute. TERREUR , ff. (Gram.) grand effroi caufé par la préfence ou par le récit de quelque grande cataf- trophe. | : | Il femble aflez difficile de définir la rerreur ; elle femble pourtant confifter dans la totalité des inci- dens, qui en produifant chacun leur efet, êt me- nant infenfiblement l’aétion à fa fn’, opere fur nous cette appréhenfon falutaire , qui met un frein à nos pañfions fur le trifte exemple d'autrui, & nous empé- che par-là de tomber dans cesmêmes malheurs , dont la repréfentation nous arrache des larmes ; en nous conduifant de la compañion à la crainte , elle trouve un moyen d'intérefler notre amour-propre par un fentiment d'autant plus vif du contre-£oup, que l’art de la poéfie ferme nos yeux fur une furprife aufh avantageufe, & fait à l'humanité plus d'honneur qu'- elle ne mérite. On ne peut trop appuyer fur les beautés de ce qu'on appelle cerreur dans Le tragique. C'eft pourquoi nous ne pouvons manquer d’avoir une grande Opi- nion de la tragédie des anciens : Punique objet de leurs poëtes étoit de produire la serrer & la pitié. Ils choififloientun fujet fufceptible de ces deux gran- des pañions , & le façonnoient par leur génie, Il femble même que rien n’étoit plus rare que de fi beaux fujets ; puifqu'ils ne les puifoient ordinaire- ment que dans une ou deux familles de leurs rois. Mais c’eft triompher de l'art que de réuflir en ce genre , & c’eft ce qui fait la gloire de M. Crébillon fur le théâtre françois. Toute belle qu’eft la defcrip- tion de l'enfer par Milton, bien des gens la trouvent foible auprès de cette fcène de Hamlet, où le phan- tome paroît. Il eft vrai que cette fcène eft le chef- d'œuvre du théâtre moderne dans le genre terrible: elle préfente une grande variété d'objets , diverfifiés de cent façons différentes, toutes plus propres l’une que l’autre à remplir les fpeétateurs de cerreur ët d’ef- froi. Il n’y a prefque pas une de ces variations qui ne forme un tableau, &c qui ne foit digne du pinceau - d'un Caravage. (D. J.) TerREUR , (Mythol.) divinité du paganifme. Hé- fiode dans fa théogonie, dit que la erreur & la crainte étoient nées de Mars & de Vénus, Lorfqu'Ho- mere décrit les armes de Minerve allant au fecours de Diomede & des Grecs , il met {ur fon égide la Peur , la Difcorde, la Terreur & la Mort. Dans le Liv. LL où il décrit le bouclier d’Agamemnon qui fe prépare au combat, il dit qu’au milieu de:ce bouclier étoit gravé en relief Fépouvantable Gorgone accom- UNE 1 apnée * TER pagnée de la Terreur &e de la Fuite. Dans le XP, || Jorique Mars apprend par le récit de Junon que l’on a tué fon fils Afcalaphe, ce dieu ému de colere or- donne à la Zerreur &c à la Fuite d’atteler {on char. CT) be TERRIER , £ m. (Gram. Jurifprud.) ou papiertere | rier, eft le recueil de fois & hommapes , aveux & dénombremens , déclarations & reconnoiffances pal- fées à une feigneurie par les vaflaux cenfitaires, em- phitéotes & jufticiables. | | On énonce auffi ordinairement dansle préambule des rerriers tous les droits de la terre & les fiefs qui en dépendent. Ces préambules ne font pas obliga- toires, à moins que les redevables n’y aient parlé. Mais lorfque les cerriers font anciens, ils font une preuve de poñefñon. Pour la confeétion d’un rerrier, on obtient ordinai- rement en gtande ou petite chancellerie des lettres, qu'on appelle Zessres. de terrier | à l'effet de contrain- dre tous les vaflaux & fujets àrepréfenter leurs titres &t pailer nouvelle reconnotflance. Les feigneurs qui agiflent en vertu d’un ae d’in- féodation, bail à cens ou autrecontrat, n’ont pas be- {oïin de lettres de rerrier pour fe faire pañlet récon- noiflance : les lettres ne font néceflaires que pour contraindre leurs vaflaux & fujets à repréfenter leurs titres, & à pafler reconnoïflance devant le notaire qui eft commis. L’ordonnance de Blois 87 Pédit de Melun difpen- fent les eccléfaftiques d'obtenir des lettres de serrier pour ce quireleve de leurs bénéfices: Lorfqu'un feigneur a plufeurs terres en différen- tes jurifdiétions, &t qu'il ne veut faire qu’un feul rer- rier , il faut qu'il obtienne des lettres en grande chan- cellerie, portant que le notaire qui fera commis re- cevra les reconnoïffances même hors de fon ref- fort, | Les lettres de serrier doivent être enregiftrées pat le juge royal, auquel elles font adreflées ; cependant quand les terres ne relevent pas en premiere inffance d’un juge royal, on autorife quelquefois pour les lettres le juge royal à déleguer le juge des lieux pour regler les conteftations. Les lettres de serrier enrepiftrées , on fait enfuite des publications au marché , s’il y en a un dans le lieu, ou à l’iflue des mefles de paroïfle, & l’on met enfuite des affiches qui en font mention. ù | F À me Ces publications tiennent lieu d’interpellation gé nérale à tous les vaffaux &t fujets pour pafler recon- noiflance dans le délai qui eft indiqué, & faute d'y fatisfaire, ils peuvent être contraints par amende. On inferoit autrefois dans les lettres de £errier un relief de prefcription en faveur du feioneur; mais Vufage de cette claufe a été abrogé par une déclara- tion du r9 Août 1681. Le zerrier doit régulierement être fait dans l'an de | l’obtention des lettres. _ Lorfqu'il eft parachevé, il faut le faire clorre par le juge. : Un serrier pour tenir lieu de titre doit avoir cent ans, & en rappeller un autre ; 1l y a néanmoins des cas où une feule reconnoifflance fuit. Voyez AVEU, DÉCLARATION , RECONNOISSANCE, PRESTATION. Voyez Henris , Liv. III. ch. üij. qu. 19. Bañlet , Liv. III. tit. 7. le sraité des serriers de Belami, la pratique des ter- riers de Freminville. (4) TERRIER D'ANGLETERRE grand, (Juri/prudence.) liber judicialis vel cenfualis Angliæe , le livre judiciai- re, ou le reviftre de tous les biens en fonds de terre du royaume d'Angleterre eft un regïftre très-ancien, | fait du tems de Guillaume le Conquérant , pour con- noitre les différentes comtés ou provinces , les can- tons ; divifions de cantons, 6%, dont l'Angleterre toit compofée. | Tone AVI ‘Jugement , qui fut dépofé dans léelif T'EMX dr8s Le deffein que l’on fe prôpofà dans lacomipoñtion e ce hvre, fut que l’on eût toujours un regiitré, par lequel on püût juger des tenemens des biens + il fert encore aujourd’hui à décider cette fimeufe quéftion fi les terres font unancien domaine ou non, Les vers ‘fuivans contiennent un fommaire de ce qui ef ren- fermé dans ce regiftre, Quid debent fifto, que ; qualia, quanta tribura Norine , quid cenfus, que Veiisalia, quantare Quifque reneretur feodali folvere jure; Qui Junt exempt , vel quos angaria damne? , Qui funt vel glebe fervi, vel condirionis, Quove manumiffus patrono jure lisarur, On conferve encore ce livre dans l’'Echiquier, al efttrèstnet ctrès-lifible; ilconfifte en deux volumes, un grand 6e un petit : le plus grand contient toutes les provinces d'Angleterre, excepté le Northumber. land, le Cumberland , le Wéfimoreland, le Durham êt une partie du comté de Lancashire , qui n’ont ja- mais été afféntées, & encore les comtés d'Eflex, de Suffolk &cde Norfolk, quifont renfermés dans le plus petit volume , terminé par ces mots : 42%0 millefmo otopefemo fexto ab incarnations Domini , vigeféno vero regiSWilhelme, faita ef? ifta defcriprio, non folum per hos éres commitatus [ed etiar alios. IPeft appellé iber judicialis, à caufe qu'il contient une defcription jufte 8c exacte de tout le royaume, avec la valeur des différens héritages, &r. Il fut commencé par cinq juges , que l'on nomma à cet effet dans chaque comté en 1081 , &c il fut ache- vé en 1086. Cambden lPappelle Gzielmi Librum cen- Jualem ; le livre des taxes du roi Guillaume. ou dé ces regiftres serriers, Tngulfus nous apprend ut fait le fangea | dans un repiftre appellé domboc, c'eft-à-dire, livre de À Gr 427 e de Winchefter, c’eit ce qui fait qu'on l'appelle auff Z Livre de Win- chefler, & Rotulus Wintonienfrs , & c'eft fur le modele de ce domboc que l’on finle srand serrier de Guillaume le Conquérant. Gelui du roi Alfred renvoyoit au tems du roi Ethef. red, & celui de Guillaume le Conquérant au tems d'Edward le Confefleur : les enresiftremens étoient- conçus de la maniere fuivante ; €, sener rex Gulielnus in dominico, & valet ht ducatæ, Gc. T. R.E. valebar, c’eft-à-dire ; valoit autant fous le regne du roi Ed- vard , éempore regis Eduardi, ‘ Il y a un troïfieme domboc, ou resifire serrier in- 4°. qui differe de l’autre z-f0/io beaucoup plus par la forme que par la matiere. Il fut fait par l’ordre du même conquérant, & paroît être le plus ancien des deux. | Il ÿ à un quatrieme livre dans l'Echiquier , que lon appelle domes-day , qui n’eft qu’un abregé des deux autres, quoique ce foit un fort gros volume. On voitau commencement un grand nombre de portraits êt de lettres d’or, qui renvoyent au tems d'Edward le Confefleur. ( TERRIERE, ff. terme de Laboureur , trou que les renarüs , les lapins, 8 quelques autres animaux font dans la terre pour fe cacher. ( D. J.) TERRINE , 1. f. terme de Potier de terre, ouvrage de poterie qui a le bord rond, qui eft creux , qui n’a ni piés , mi anfes, & qui depuis le haut jufqu’au fond, va toujours en étréciflant. : TERRIR , v.n. (Murine.) c’eft prendre terreaprès une lonoue traveriée. TERRITOIRE , {. m. (Gran. & Jurifprud, à eft À a 186 TER une cettainé étendue de terrein qui dépend d’une province , d’une ville , feigneurie , juftice ; ou pa- roifle, | Quelques-uns tirent l’étymologie de ce mot à zer- rendo , parce que le magïitrat a dans fon territoire - Jus terrendr. Mais l’étymologie la plus naturelle , eft que lon a dit serrirorium a terrd, parce qu’en effet le serrisoire eft univerfisas agrorum intra fenes. Le serritoire d’un lieu eft fouvent différent du ref- fort : carle serritoire défigne le pays , & le reflort dé- figne la juffice à laquelle ce heu reflortit, foit direc- tement, ou par appel ; ainf un lieu peut être du ser- ritoire de Bourgogne, & être du reflort du baillage de Mâcon. L’enclave eft auff différent du serritoire ; en effet, celui-ci eft l'étendue du terrein, &c Penclaveeft l’en- ceinte qui forme la circonfcriptionde ce terrein. Foy. Loifeau, des feigneuries , ch. xiy. &t lesmors ENCEIN- : TE, ENCLAVE, LIMITES, DISTRICT , JUSTICE, JURISDICTION , PAROISSE , SEIGNEURIE. (4) TERROIR, £. m. ( Agricult. ) terre, ou efpace de terre confidéré felon fes qualités : on dit un bon zerroir, un terroir ingrat, un #rroir humide, fec, ma- récageux , pierreux , fablonneux, gras , maigre , fté- rile, fertile, à vigne, à blé, &c. . TERROTER,, v.a€t. ( Jardinage.) c’eft repandre duterreau , d’un/pouce ou deux d’épaifleur , fur une couche , furune planche de potager , fur une plate- bande de parterre, fur des caifles d’orangers , & au- tres arbres à fleurs. Cette opération empêche les terres d’être trop battues par les pluies , donne de amour à celle fur laquelle on l’étend , & fert à faire avancer les praï- nes, à faire fleurir les arbres, &c à les entretemir bien verds. TERRURE, £ f. (Agriculs. ) partage de terre dansun lieu. Il ne faut qu'une cerrure nouvelle, mais. en petite quantité, au pié des vignes bañles , & la re- ole eft de mettre toujours un pié de diftance entre une hottée & une autre : une serrure plus forte pourroit dénaturer les vignes , Ôter la finefle au vin, &c for- mer fur le pié une épaïfleur capable de le priver de ces influences de Pair, qui y portent le feu &r les fucs les plus parfaits. (D. J.) TERSER, v. at. (Agriculr.) c’eft donner un troi- fieme labour à la terre ; il eft tems de serfer Les vi- nes. TERSET , ox TERCET , f. m. (Lisérar. ) fe dit de trois vers liés enfemble par Le fens, qui nefe repofe qu'à la fin de ces trois vers. Boileau dit du fonnet & des regles de ce petit poëme , préfenté par Apollon même : Tlvoulut que fix vers , artiflement rangs > Fuffent en deux terfets, par le fens partagés. TERTIAIRE , CHANOINE , ( Jurifprud.) Voyez au mot CHANOINE, Particle CHANOINE TERTIAIRE. TERTIANAIRE , £f (Æiff. nai, Bot.) cette plan- te eft l’efpece de caflide nommée par Tournefort , caffida palufiris , flore cæruleo, LR. H. Sa racine eft menue , noueufe, blanche, rampan- te , fibreufe, vivace ; elle poufle des tiges à la hau- teur d'environ deux piés, quarrées , rameufes, un peurudes ; foibles , &cinclinées vers laterre, où el- les s’enracinent de nouveau par le moyen des fibres qui partent de leuts jointures ; fes feuilles font lon- gues , étroites , pointues , dentelées en leurs bords, ameres , attachées à des queues courtes, 6c d’un verd brun; fes fleurs fortent des aiffellesdes feuilles , oppolées l’une à l’autre, petites , formées en gueu- le ,ou en tuyau découpé par le haut en deuxlevres, dontla fupérieureeftun cafque, accompagné de deux oreillers , & l'inférieure eft ordinairement échan- HAEURe | crée; cette fleur eftyvelueendehors, de couleur vio- lette , bleuâtre , & marquée de petits points d'un bleu foncé ; à ces fleurs fuccedent quatre femences prefque rondes , renfermées dans une capfule qui a fervi de caliceàla fleur, & qui reflemble à une tête couverte d’une toque. : | Cette plante croit le long des étangs ê des foflés, des ruifleaux, & autres lieux aquatiques ; elle fleurir en Juin, Juillet, & Août ; on lemploie rarement en médecine ; Ray en a fait une efpece de lyfimachie, (D.J) | TERTIAS , adj. ( Ordon. pharmac. ) la formule latine ad tertias', dont on fait un ufage fréquent dans les ordonnances de pharmacie , n’eft pas bonne, parce qu’elle fouffre deux interprétations différentes; car lorfqu’il s’agit des décoétions, elle peut fignifier un iers Ou deux fiers : ainfi fi l’on ordonne que lé- bullition foit pouflée ad sertias, on peut entendre que la Hiqueur foit réduite àuntiers, & qu'il s’en évapore deux ; ou que la liqueur foitréduite à deuxtiers, & qu'il s’en évapore un. Il fauts’énoncer nettement dans une ordonnance , & ne jamais laïfler le moindredou- . te à l’'apoticaire fur l'intention qu’on a. (D. J.) TERTRE, f m, (Jardinage.) eftune éminence qui s’éleve au milieu d'une plaine , en forme d’un mon- ticule qui eft détaché des côtes voifines, Il y en a de deux fortes , le naturel & Partificiel ; le naturel eft celui dont on vient de parler; artificiel eft un terre- plein, élevé, ou une terrafle faite de main d'homme. TERTRE , {. m. ( Tannerie.) morceau de boïs de la groffeur de la jambe , 8c long de quatre ou cinq piés ; il eft pofé horifontalement fur trois piés, dont deux font au deux bouts &t prefque perpendiculaires, & le troifieme eft au nulieu , mais en affourche, s’é- loignant par fon extrémité d’en-bas, de plus de deux piés &T demi en arriere ; c’eft fur quoi pofent les mains & s’appuyent les garçons tanneurs, qui font des tourbes ou des mottes des vieilles tannées. Di&, du Comm. (D. J.) TERTYLLIEN , (Jurifpr.) ou felon quelques-uns Tertullien eft le furnom d’un Jénarus fconfulre qui fut ainf appellé d’un certain Tersyllius , ou Tertullus , qui en fut l’auteur. Quelques-uns ont confondu ce Tersyllius ou Ter- tullus , avec le fameux Tertullien , auteur de lapolo- gétique ; mais c’eft une erreur qui a été relevée par plufieurs auteurs : on peut voir à ce fujet l’Azf. de la qurifpr. rom. de M. Terraflon, &le 4, de Morery, à l’article de Terrullien. Tertyllius , ou Tertullus fut conful fous empire d’Adrien, Jufqu’alors , fuivant [a loi des douze tables, les cognats, cograti, c’eft-à-dire ceux qui étoient parens feulement par les femmes, ne fuccèdoient point ; la mere même ne fuccédoit point à fes enfans , ni les enfans à la mere. Cependant pour adoucir la risueur de ce droit, le préteur accorda depuis à ces perfonnes , la pofleffion des biens appellés vrdè cognati, L'empereur Claude admit la mere à la fucceffon defes enfans, Le fénatus confulie rerryllien , qui fut fait fous le confulat de Tertyllus & de Maxime, admit à la fuccef- fion de fes enfans, la mere ingénue qui en avoit trois, &c la mere affrancie qui en avoit quatre , voulant. recompenfer ainf la fécondité de la mere. Cette fucceflion tertullienne fut appellée Zuéuofa ; parce qu’elle eft contre l’ordre de nature. Lé fenatus confulre tersyllienn'admettoit cependant la mere à la fucceflion de fes enfans, qu’au défaut des héritiers fers, ou de ceux qui en tenoient lieu, c’eft- à-dire , les enfans émancipés que Le prèteur appelloit comme héritiers /zens. | Il falloit auffñi pour que la mere fuccédât, qu'il n’y L 1 LS eût point d’enfans de la fille décedée, car s’il y en avoit, ils étorent préferés à leur ayeule, quand mè- me ils n’auroient pas été héritiers fiens de leur dé- funte mere. | ; NE | . Le pere &r le frere étoient auffi préferés à la mere; mais la fœur confanguine étoit admife avec elle, bien entendu que lamere ne concouroit qu’au cas qu’elle eût le nombre d’enfans que l’on a expliqué. Mais Juftinien a dérogé au /enatus confüulre rersyl-" lien, en admettant la mere à fuccéder, quoiqu’elle n'ait pas eu le nombre d’enfans qui étoit requis par le fénarus confulre. Voyez la loi mariri, ( ex menftum ad lep, juliam de adulreriis) , & auxinftitutes, Gv. IT. Le tit, 3. de fenatus confulto terrylliano : voyez aufi ME- RE, EDIT DES MERES, SUCCESSION DES MERES.( 4) TERUEL, (Géog. mod.) en latin Tiarulra ; ville d’Efpagne, au royaume d'Aragon, fur les confins de celui de Valence, au confluent du Guadalaviar &c de PAlhambra, à 26 lieues de Saragofle , & à 48 de Madrid. C’eft une viile confidérable par fon évêché, fufragant de Saragofle , & par le commerce qw’on y fait ; il y a huit paroiïfles, cinq couvens, & un riche hôpital; les fruits que fon terroir produit, font exquis ; cette ville fut érigée en cité en 1347. par dom Pedro IV. les états y furent tenus en 1427, par Al- phonfe V. quiconfirma tous fes privileges. Quelques- uns croient que c'eft la Turbula de Ptolomée, Z. IT. c, vj. Long. 16. 38. latit, 40. 27. (D. J) TERUNCIUS , dans l'antiquité | étoit une petite piece de monnoie de cuivre, en ufage chez les Ro- mains. Voyez COIN. Comme on ne fut pas long-tems à s’appercevoir combien ces petites pieces étoientincommodes dans le commerce, & fujettes à fe perdre , elles ceflerent ‘d’avoir cours, &t onn’en conferva que le nom, pour en faire une monnoïe de compte. Voyez MONNOIE. Le serincius fut d’abord le quart de las , ou de la livre romaine : ainfi comme l'as contenoit douze on- ces , le reruncius en contenoit trois, d’où lui vint le nom de zerwncius , OU piece de trois onces. Le reruncius fe prenoit auffi pour le quart du dera- rius, denier ; ainfi quand Le denier valoit dixas, le zeruncius en valoit deux & demi ; & quand le denier én valoit feize, le seruncius en valoit quatre. Voyez DEXNIER. TERWERE , ( Géog. mod. ) petite ville des Pro- vinces-unies. Voyez WERE. (2. J.) TESCATILPUTZA , ( ff. mod. Superf. ) nom d'une divinité adorée par les Mexiquains, à qui ils adrefloïent leurs vœux pour obtenir le pardon de leurs fautes. Cette idole étoit d’une pierre noire, lui- fante & polie comme du marbre, & parée de rubans; elle avoit à la levre inférieure des anneaux d’or & d'argent, avec un petit tuyau de cryftal , d’où for toitune plume verte oubleue ; la trefle de fes cheveux étoit dorée , & fupportoit une oreille d’or fouillée par de la fumée, pour repréfenter les prieres des pe- cheurs. Cette ftatue avoit fur la poitrine un lingot d’or fort grand ; fes bras étoient couverts de chaînes d’or, & une grande émeraude formoit fon nombril ; elle tenoïit dans la main gauche une plaque d’or unie comme unmiroir, d’obfortoient des plumes de diffé- rentes couleurs ; la main droite portoit quatre dards. Ce dieu étoit très-redouté des Mexiquains , parce qu’on craignoit qu'il ne punit 8 ne révélât les crimes que l’on avoit pu commettre. Sa fête fe célébroittout les quatre ans , c’étoit une efpece de jubilé , qui ap- portoit un pardon général de toutes les fautes. TESCHEN , ( Géog. mod.) ville de la haute Si- léfie , aux confins de la Moravie, de la petite Polo- gne , 6 de la Hongrie, fur la rive droite de l’Elfe, à treize lieues de Cracovie au couchant , & à douze au levant d’Olmutz, avec un fort château. Elle eft en partie fur une hauteur , 8 en partie dans une vallée, Tome XVI, TES 15 Ceft la capitale du duché de Tefchen, Long. 36.28. latit, 49. 45. (D. J.) TESCHEN, duché de, (Géog: mod. ) petit pays du _ royaume de Boheme , dans la haute Siléfie, [la la petite Pologne à l'Orient , la haute Hongrie au midi, & le duché de Rahborau feptentrion, I tire fonnom de fa capitale & unique place. (2. J.) TESEGDELT, ( Géog. mod. ) ville d'Afrique, au royaume de Maroc , fur un rocher efcarpé, proche de la riviere. Elle a un gouverneur au nom du chérif. On y recueille beaucoup d'orge & d’huile. (2. J.) T'ESTIK-AGASI-BACEHIT, serme de Relar, c’eft ain- fi qu’on nomme en Perfe le commandant de la garde du roi, compofée de deux mille fantaflins. ( D. J. ) TÉSIN , LE, ( Géog. mod. ) ou plutôt Tefénoi, en latin Ticinus,, riviere d'Italie , dans le Milanez. Elle a deux fources , lune au montfaint Gothard, & l’au- tre au bailliage de Bellinzone. Cette riviere baigne Pavie, & à quelques milles au-deffous fe perd dans le Pô. ( D. J. ) TESKEREGI-BACHI , £ m. ( Æiff. mod.) grand ofücier de la Porte ottomane, pour ladminiftration des affaires de l’empire fous le grand vifir. C’eft le premier fecrétaire d'état , chargé de toutes les affaires importantes qui fe décident , foit au galibé divan, foit par le princeen fon particulier, Le resKeregi-bachi expédie toutes les lettres patentes & miflives du grand-feigneur , les faufs-conduits , kat-chérifs, & autres mandemens. Tous les fecrétaires , tant du prince que des bachas , & destréforiers de l'épargne, en un mot de tous ceux qui manient la plume pour les affaires de l’état , de la guerre &c des finances , font foumis à ce fecrétaire majeur , qui eft leur chef, ainf que Le porte fon nom ; seskeregi en langue turque fig- nifiant /écrétaire; &t bachi, chef, c’eft-à-dire chefou fiur- intendant des fecrétaires. Guer. Mœurs des Turcs ,t II. TESQUA où TESCA , neut. pl. ( Lisrérar. ) étoit un mot fabin qui fignifioit proprement des lieux em- barraflés de ronces, & où il étoit difficile de péné- trer. On la employé enfuite pour défigner toutes for- tes de lieux élevés, couverts de bois & d’un accès difficile. Les Grecs diloïent J'usyse, Adius dans le Philoëtète : Quis su es mortalis qui in deferta lemnia Ertefca te adportas loca. # Qui es-tu toi qui viens dans ces défertsde Lemnos, » dans ces lieux inacceflibles & inhabités ?» Enfin comme les æ/yua étoient des lieux fauvages & éle- vés ; on nommoit du même nom les lieux de cette efpece deftinés à prendre les augures ,en confidérant le vol des oifeaux. Te/ÿua, dans Varron, défigne aufh certains lieux inhabités à la campagne & con- facrés à quelque divinité. AA _ Horace dans fon épitre à Pintendant de faterre lui dit : | Nam que deferta & inhofpita tefqua Credis | am@na vocat , mecum qui fentir. « Ces lieux qüe tu appelles une folitude affreufe, » un homme qui les regarde de même œil que moi, _ » les'trouve des lieux enchantés. » Laterre d'Hotace paroïfloit à fon intendant un dé- fert, un lieu inhabité, parce qu’il n’y trouvait ni ca- batet, ni courtifane. (2. J.) TESSARACONT A , (Antiq. grecq.) Teorspauovre, c’eft ainfi qu'on nomma chez les Athéniens quarante maoiftrats inférieurs qui dans Le diftriét des différens bourgs foumis à leur jurifdiétion , décidoient des pe- tites batteries entre particuliers & des procès dont la valeur en argent n’excédoit pas dix drachmes, Potter. Archæol. Græc. tom. I. p. 122. ( D.J.) | TESSARACOSTON, (Antiq. grecq. ) Ticrapatos go, {olemnité relisieufe FRERE les femmes a 1j 198 TES le quatorzieme jour après leurs couches, en feren- : dant au temple, & en marquant aux dieux par quel- ques préfens la reconnoïflance dont elles éroient pé- nétrées pour leur heureufe délivrance. Potter. 4r- chæol. grecq.1om. I. p.432, & tom. Il. p. 335. (2.1) TESSEAUX , voyez BARRES DE HUNE. TESSERÆ LAPIDEÆ ou DÉS FOSsiLEs, (Hift. rar.) c'eftainfi que quelques auteurs ont nom- mé des dés à jouer que lon trouve, dit-on, aflez {ouvent dans la terre, dans le voifinage de Ia ville de Bade en Suifle, ce qui a fait aufli nommer ces dés xeffere badenfes. Quelques auteurs ont pris ces dés pour des-pierres à qui la nature avoit donné la figu- re qu'ils ont; mais pour peu qu'on renonce à l’idée du merveilleux, on s’apperçoit aifément que ce font des véritables dés femblables à ceux avec lefquels on joue actuellement, faits d'os comme eux, excep- té que leur féjour dans la terre & l'humidité ont pu leur caufer quelque altération. Il n’eft pas fi aifé de deviner par quel accident ces dés ont été portés dans l'intérieur de la terre. TESSÉRAIRE,, ( Are milis. des Rom.) parmi les Romains le sfféraire étoit un bas officier qui prenoit à l’armée le mot du tribun écrit fur une tablette , & le portoit au centurion. Gette maniere de donner le mot du guet parut plus füre que de le donner de vive voix, parce que le mot donné de vive voix peut être mal entendu 8 mal rapporte. #oyez MILITAIRE , difcipline des Romains. ( D. J.) TESSERE, ( Lirtérar. ) teffera ; ce mot avoit chez les Romains plufieurs acceptions différentes. Il figni- fioit un dé a jouer ; il vouloit dire auffñ le 07 du guet, à la faveur duquel les foldats fe reconnoïfloient en- treux & fe difinguoient des ennemis. Plufieurs croyent que ce mot figniñoit encore une mefure de blé qu’on donnoit aux foldats. Du tems des empe- teurs on diftribuoît au peuple des sefferes, pour aller cecevoir les préfens qu’on luifaifoit en blé, en huile, enor, enargent, & en autres chofes d’un prix plus ou moins confidérable. Quelques sef/eres ont fervi de fceaux. Le nom de seffére fe donnoir aufli aux marques ou | jontremarques qu'on diftribuoit au peuple pour l’en- trée des théâtres. Celles de ce genre qui font fort communes, juftifient, ou plutôt font excufer l'ufage où nous fommes de les attribuer fans diftinétionaux théâtres: Leur matiere étoit arbitraire , & leur forme varioit fuivant leur deftination. Plufieurs sefferes étoient d'ivoire ; elles exigeoient néceflairement la main du fculpteur pour former le relief dont elles étoient décorées , &t celles du gra- veur pour marquer les lettres ou les différens fignes que portoient ces trois fortes de billets. Parmi celles de cette efpete qui nous font reftées, 1l y en a un grand nombre de forme ronde &c femblables aux pie- ces de monnoie ; l’une repréfente une tête d’empe- | reur, avec des lettres au revers ; une autre un maf- que de thcâtre, ayant auf des lettres au revers ; une troifieme un homme à cheval ; le revers ne pré- fente point de lettres, mais feulement un figne de convention. Plufeurs autres sefferes étoient de bois, ainfi que celles que l’on a trouvées à Herculaneum; leur for- me eft finguliere. Voyez-en les Planches. | Un grand nombre étoit de plomb & de formefem- blable aux monnoïies. Elles repréfentoient des divini- tés égyptiennes ou grecques, des têtes d'empereurs, | ou tels autres fignes qu’on jugeoit à-propos. Voyez TESSÉRAIRE , T'ESSERE DE GLADIATEUR, Î'ESSERE D'HOSPITALITÉ , Ge. (D. J.) TESSERE DE GLADIATEUR, (.4r#ig. rom.) efpece de certificat d’os.ou d'ivoire fur lequel on Bt qu'un tel gladiateur a combattu un tel jour en public. La plüpart des infcriptions font gravées {ur une TES petite tablette d’os de la forme d’un cube prolongé _par les deux côtés oppofés, ou d’un prifme quadri- latere, & cette tablette eft parfaitement femblable à plufieurs de celles que Thomaflin a fait graver dans fon traité de tefferis hofpisalitaits. Parmi les différentes efpeces de sefféres dont cetan- tiquaire a parlé dans fon ouvrage, 1l n’a pas négligé de faire mention des sefferes qu’on avoit coutume de diftribuer dans les jeux folemnels, & en particulier de celles qu’on donnoïit aux gladiateurs, commeune forte de certificat qu'ils avoient combattu un tel jour en public. C’eftmême de cette efpece de sefères qu’on trouve un plus grand nombre aujourd’hui. Il y en & quelques-unes dans Le fecond dialogue d'Antoine Au- guftin fur les médailles , dans les recueils de Gruter & de Reinéfius ; mais on peut en voir une colleétioæ beaucoup plus ample dans l'ouvrage de Fabretti. La figure de toutes ces sefferes eft la même; elles font toutes, ou d’os, ou d'ivoire; les inferiptions qu’on y lit, font ordinairement diftribuées en quatre lignes qui occupent les quatre faces du prifme, &z quelquefois entroislignesfeulement; ces inferiptions ne contiennent que le nom du gladiateur, le jour où il avoit paru en public, & les noms des confuls de cette année; ratement y eft-1l fait mention de l’arme dont le gladiateur s’eft fervi ; 1l y en à cependant une fur laquelle eft gravé un trident, pour marquer que Philomufus eft du nombre de ces gladiateurs nommés rériaires , qui Combattoient avec un filet dans une main & untrident de l’autre, La seflere d'Her- mia qui étoit dans le cabinet de M. le préfident de. Mazangues, n’eft chargé d'aucun fymbole; ainfi if n’eft pas poffble de décider dans quelle efpece de combat ce gladiateur s’eft diftingué. L’infcription doit. être lue ainfi: Hermia fpettatus ante diem xv.kalen= das Decembris, Q. Fufio R Vatinio confulibus. La plus ancienne de ces refleres qui nous foit con= nue , eft datée du confulat de M. Terentius & de C. Cafius, c’eft-à-dire , l'an de Rome 68»; la feconde eft de l’an 684; la troïfieme de l’an 694; la quatrieme de Pan 696; la cinquieme de lan 7o1 ; celle de M. de Mazangues eft la fixieme dans Pordre des tems puifqu’elle eft de lan 707. Mém. des Infcript. tom XV. in-4°. (D. J.) TESSERE DE L'HOSPITALITÉ , ( Hif. rom.) sefferæ hofpitalitatis , marque juftificative de lhofpitalité qu’on avoit contraétée avec quelqu'un. Les perfonnes de quelque rang chez les Romains poffédoient dans leurs maifons beaucoup plus de lo- gement qu’elles n’en pouvoient occuper, afin d’avoir toujours des appartemens prêts pour y recevoir les. étrangers avec lefquels elles jugeoient à-propos da contracter un droit d’hofpitalité; &t ce droit, par une obligation refpeéhve, fe tranfmettoit jufqu'aux defcendans. Le gage & Île témoignage afluré de la convention confiftoit dans certaines marques doubles d'ivoire ou de bois, qu’ils nommerent sefferes d’hofpiralité. On ne peut donner une idée plus approchante de ces marques , qu’en les comparant à ces tailles dont fe ferventnos boulangers & quelques ouvriers, pour marquer la quantité de marchandifes qu'ils nous ont fournies à diverfes reprifes. C’étoient pareillement des marques de bois coupées dans la même piece , qui faifoient deux morceaux féparés, & qui en fe joignant n’en formoient plus qu’une, fur laquelle on avoit gravé quelques caraéteres qui fe correfpon- doient. Ces fortes de tailles formoient la lettre de créance, & à leur préfentation on reconnoiffoit fes hôtes. Quand deux perfonnesavoient contraëté enfemble l'engagement d’hofpitalité, chacune gardoit uneide ces marques ; elles fervoient non-feulement à ceux quiavoient çe droit perfonnellément, mais ençore TES à ceux à qui ils le vouloient prêter , enforte que le porteur de cette efpece de bulletin, ou lettre de créance, étoit aufh bien reçu, logé & nourri, qu’au- Toit été celui à qui il appartenoiït. Les anciens fe f- rent une efpece de religion des lois & des droits de cette vertu de bénéficence qu’ils nommerent 4o/piza- liré ;@& même ils établirent des dieux pour punir ceux qui les violeroient. Voyez HOSPITALITÉ. Tajoute qu'il me paroît étrange que cet ufage qui eftune noble charité, foït fi fort aboli chez les Chré- tiens, qui font une profeffion particuliére de cette vertu ; 1l femble d’abord que ce n’en feroit pas une de l'exercer, comme les anciens , envers des vOoya- geurs aifés , mais ces voyageurs, quelque riches qu’- ils foient , ne peuvent guere trouver pour de l'argent en pays étranger , un logement aufli commode que celui que Îes honnêtes gens du lieu pourroient leur donner , fi c’étoit encore la coutume ; & qu’ainfi la dépenfe qu’on feroit à les loger gratuitement, com- me autrefois , feroit, à le bien prendre , un fervice honnêteté des plus louables & des mieux placés. (2. J.) TESSIN,(Géog. mod.) petite ville , ou plutôt bourg d'Allemagne, dans le duché de Mecklenbourg, fur la riviere de Rackénis, entre Defnin & Roftock. (DE) TESSIO, ( ff. nat. Botan. ) c’eft une efpece de palmier du Japon dont on fait le fagou ; on prétend ue lhumidité fait fur fon bois , le même effet que le feu für le parchemin: qu’on lui met au pié, de la li- maille de fer au lieu de fumier , & que lorfqu’une de fes branches fe cafle, on l’attache au tronc avec un clou pour la faire rependre. Le {ro ou ffodo appro- che beaucoup du palmier des montagnes de Malabar; mais il eft fiérile au Japon. Le foos/kz en eft une pe- tite efpece dont les feuilles font pointues comme celles du rofeau. TESSOTE , (Géogr. mod.) petite ville d'Afrique, au royaume de Fez , dans la province de Garet. Elle eft bâtie fur une roche haute. (D. J.) TESSUINUM, ( Géog. anc.) ville d'Italie, aux éonfins de la région prætutienne & du Picenum , {e- Jon Pline, 4. 111. c. xiiy. Quelques exemplaires lifent Tervium.( D. J.) TEST, {m. (Corchyl.) en latin se/fz, c’eft la fubftance la plus dure qui forme Le corps d’une co- quille; ainfi se/facéefe dit d’une coquille dure & épaifle. CDS TEST, ( Hijf. mod.) en Angleterre, mot tiré du Hatin ce/fimonium. C’eft une proteftation ou declara- tion publique fur certains chefs de religion & de gou- vernement que les rois & les parlemens ont ordonné de faire à ceux qui prétendoient aux dignités de l’é- ghfe anglicane ou aux charges du royaume. On y a joint des lois pénaîes contre les eccléfaftiques , Les feigneurs du parlement, les commandans & officiers qui refufent de prêter le ferment conformément àces zefis , dont voici les principaux formulaires. Tef? des ecclefraffiques. « Je N. déclare ici fans diffi- # mulation que j’approuve & confens , foit en géné- » ral, foit en particulier, à tout ce qui et compris # dans le livre intitulé , Ze Zivre des communes prieres, » de l’'adiminiffration des facremens , G autres exercices » Gcérémonies de l'églife, faivant lufagede léglife an- #» glicane.'» Loi pénale. « Celui qui fera en demeure de faire # cette déclaration, fera entierement déchu de toute » promotion eccléfiaftique. Tous les doyens, cha- » noïmes , prébendaires, maîtres, chefs, profef- » feurs, G:c. ne feront point admis à leur emploi, qu’- » 1ls m’aient fait cette proteftation.» Tef? du ferment de fuprémarie. « Ve N. confefle & dé- » Ciare pleinement convaincu en ma confcience , que # le roi ft le feul fouverain de çe royaume & de TES 189 » toutes les puiffances &7 fcisneuries, auf bien dans » les chofes fpirituelles & cecléfiaftiques que tempo » relles, ‘c qu'aucun prince étranger , prélat, état » Ou puiffance n’a & ne peut avoir nulle jurifdiion » ni prééminence dans les chofes eccléfiaftiques on » fpirituelles de ce royaume. » Loi pénale, « Perfonne ne pourra être reçu À au- » cune charge ou emploi, foit pour le fpirituel , foit » pour le temporel:il ne fera non plus admis À aucun » ordre où dégré du doétorat, qu'il n'ait prêté ce » ferment, à peine de privation dudit office où em- > ploi. » Fenri VIIL après fa féparation d’avec l’éslife ro- maine, impofa la néceflité de ces ze/?s, dont les for- mules varierent à quelques épards fous les regnes, d'Edouard VI. d'Elizabeth , de Jacques L. & de Char- les L. En 1662 Charles H. révoqua les zefs, & accor- da la liberté de confcience: ce quil renouvella en 1669 &c 1672. Jacques IF, qui lui fuccéda, en ufa de même; mais après la révolution qui détrona ce prin- ce, le scjf fut rétabli, & on le prête encore aujour- d'hui. En 1673 le parlement dreffa un nouveau tefe, par lequel tous ceux qui entreroient dans quelque charge publique, ou qui en feroient revêtus rejet- teroient par ferment le dogme de la tranffubftantia- tion, fous peine d’exclufion defdites charges. On aus- menta en 1678 ce ve/? dont la formule étoit conçue en ces termes : « Moi N. J’attefte, juftifie & déclare folemnelle- » ment &c fincerement en la préfence de Dieu , que » Je crois que dans le facrement dela cene du Sei- » gneur , il n’y a aucune tranflubftantiation des élé- » mens du pain & du vin dans le corps & le fans de » Jefus-Chrift, dans & après la confécration faite par » quelque perfonne que ce foit, & que l’invocation » où adoration de la vierge Marie ou de tout autre » faint, & le facrifice de la mefle, de la maniere qu’- » 1ls font en ufage à préfent dans léglife de Rome, » ét fuperflition & idolatrie, » On déclare enfuite que ce ferment eft fait fans aucune réticence , c’eft-à-dire , fans aucune réftric- tion mentale. | TESTACE 04 DOHOLO , ( Géopgr. mod.) en latin Teflacins mens , montagne dans l’enceinte de Rome : elle eft à environ deux cens pas de la pyramide de Ceftius : elle à-peu-près demi-mille de circuit, & cent cinquante piés de hauteur perpendiculaire. Ce n’eit qu’un amas de vaïfleaux deterre rompus; On y a creufé des grottes où l’on tient du vin, & on yen vend ; ce monticule n’eft pas loin de la porte qu’on nommoit Porta Trigemina. ( D. J.) TESTACÉES , on a donné ce nom aux animaux couverts d’un teft dur : cefont les coquillages ; par le nom de seffacées , on les diftingue des cruftacées qui font couverts d’une taie, &£ non pas d’un teft : tels font les écrévifles, les crabes, les langouftés, 6c. TESTAMENT , { m. (Théologie.) dans l’Ecriture fe prend pour a/liance | & répond à l’hébreu erisk : êt au grec daSngn, qui fignifie l’'ade de la volonté derniere dune perfonne , qui, en vue de la mort " difpofe de fes biens , & ordonne de ce qu’elle veut qu'on fafie après fon décès. | Le nom de se/fament ne fe trouve jamais en cefens dans l’ancien Te//ament , mais feulement dans le fens de paite 8 d'alliance. MaisS. Paul, dans l’épitre aux Hébreux , chap. 1x. verf. 15. & fuiv, raïfonnant {ur le terme grèc MéSiyn , qui fignifie proprement le reffa- ment dune perfonne qui fait connoître {es dernieres volontés , dit ces paroles’? #Jefus-Chrift eft le mé- » diateur du Tefamensnouveau , afin que par la mort » qu'il a foufferte pour expier les iniquités qui fe » commettoient fous le premier Teffamenr , ceux qut » font appellés de Dieu reçoivent l'héritage éternel. » qu'il leur a promis ; Car où il y a un sefament 190 ic E9S » eft néceffaire que la mort du teftateur intervienne, » parce que le sfament n'a lieu que par la mort, » wayant point de force tant que le teftateur eft en » vie ; c’eft pourquoi le premier même ne fut con- » firmé qwavec le fang » &c. où l'on voit qu'il parle de l'alliance ancienne & de la nouvelle comme de deux Teffamens , dans le fens d’une difpofition de la derniere volonté d’une perfonne. Dieu a fait plufieurs alliances avec les hommes, comme avec Adam, Noé, Abraham , mais on ne leur donne pas proprement le nom de se/fameni. Voyez ALLIANCE. | Cetitre s'applique plus particulierement aux deux alliances qu'il a faites avec les hommes par le mi- niftere de Moile & par la médiation de Jefus-Chrif, f premiere fe nomme l’ancienne alliance où le vieux Téflament ; l'autre fe nomme la nouvelle alliance où le nouveau Teflament. Mais comme dans l’un &c dans l'autre les volontés de Dieu n’ont pu être connues aux hommes que par des révélations &c des attes où écrits qui les continffent pour être tranfmis à la pofte- rité, chaque Te/fament a eu fes écrivains infpirés &c fes prophetes. Voici le catalogue de leurs écrits, fe- lon qu'ils font reçus dans l'Eglife catholique. Les livres de l’ancien Te/amens , au nombre de quarante-cimq , font La Génefe. Les grands prophetes , Ja-. L’Exode. VOIT s Le Lévitique. Ifaie. Les nombres. Jérémie. Le Deutéronome. Baruch. Jofué. Ezéchiel. Les Juges. Daniel. Ruth. Les douze petits prophetes , Les quatre livres desRoïs. qui font. Les deux livres des Para- Ofée. | lypomenes. Joël. Les deux livres d'Efdras. Amos. Tobie. Abdias. Judith. Jonas. Efther. Michée. Job. Nahum. Les Pfeaumes. Habacuc. Les Proverbes. Sophonie. Le Cantique des Canti- Aggée. ques. Zacharie. L’Eccléfiafte. Malachie. Le livre de la Sageffe. Les deux livres des Mac- L'Ecléfaftique. chabées. Les livres du nouveau Teffamens déclarés canoni- ques par le concile de Trente, auffi-bien que les pré- cédens , font au nombre de vingt-fept. Les quatre Evangikes, fa- Aux Coloffiens. voir , I. & IL. aux Theffalo- S, Matthieu. niens. S. Marc. I. & II. à Timothée. S. Luc. A Tite. S. Jean. À Philémon. Aux Hébreux. Les aûtes des Apôtres. Les épitres canoniques au Les épiires de faint Paul, Lu. MUAVOIL nombre de fept. Aux Romains. I. de S. Jacques. 1. & IL. aux Corinthiens, I. &IL. de S. Pierre. Aux Galates. I. IL. &c IL. de S. Jean. Aux Ephefens. I. de S. Jude, apôtre. * Aux Philippiens. L’Apocalypfe de S. Jean. - Nous avons traité de tous ces livres fous Particle de chacun, ou du-moins de ceux fur lefquels on forme quelque queftion tant foit peu importante. Nous avons aufh parle des livres apocryphes , tant de l’ancien que-dunouveau Teffament , fous le 7704 APOCRYPHE., On peut d’ailleurs confulter fur ces matierés., pour.en ayoir une connoïflance plus pro- fonde & plus étendue , les deux ouvrages de M. Fa- TES bricius intitulés : Codex pfèudopigraphus veteris Teja- menti, & Codex apocryphus novi Teflamenti. Les pré- faces de dom Calmet fur chacun des livres-faints, 8 fon diétionnaire de la Bible. | TESTAMENT DES DOUZE PATRIARCHES eft un ouvrage apocryphe , compofé en grec par quelque juif converti au premier ou au fecond fiecle. Origene fur Jofué, Hor. 1. témoigne qu'il avoit vu cet ou- vrage, & qu'il y trouvoit quelque bon fens, M. Grabe conjetture que Tertullien l’a aufi connu. Il fut long- tems inconnu aux favans de l’Europe, & même aux Grecs; & c’eft aux Anglois que nous avons l’obliga- tion de nous l'avoir procuré. Robert Grofletète, évé que de Lincoln, en ayant eu, connoïflance par le moyen de Jean de Bañngesker,fdiacre de Lépies, qui avoit étudié à Athènes, en fit venir un exemplaire en Angleterre, & le traduifit par le fecours de maïtre Nicolas, grec de naïffance & clerc de l’abbé de S. Al ban vers l'an 1252 ; depuisil a été donné en grec par M.Grabe dans fon fpicilege des peres, & encore de- puis par M. Fabricius dans fes apocryphes de l'an- cien Teffament. L'auteur y donne diverfes particula- rités de la vie & de la mort des patriarches qu’il fait parler, & à qui il fait raconter &c prédire ce qu'il juge à propos. Il parle de la rue de J érufalem , de la venue du Mefie , de diverfes aëtions de fa vie , 8 même des écrits des évangéliftes d’une maniere qui ne peut convenir qu'à un chrétien, mais apparem- ment converti du Judaïfme , & encore rempli de di- vers préjugés de fa nation. Calmet, Dié, de la Bible, tome III. p. 551. Il y a encore plufieurs autres Te//amens apocry- phes cités par les Orientaux , comme ceux d'Adam, de Noé , d'Abraham , de Job, de Moife &c de Salo- mon. Lambecius parle d’un manuferit grec, intitulé Le Tefiament d'Abraham , mais c’eft un ouvrage récent & fabuleux. Dans Le catalogue des livres condamnés. par le pape Gélafe , on trouve le Teffament de Job. S. Athanafe & quelques anciens font mention du Te Pamens de Moïfe , compofé par les hérétiques Sé- thiens, Enfin M. Gaulmin cite dans fes notes fur Pfellus un manufcrit grec, qui a pour titre Ze Te/fa. ment de Salomon , mauvais ouvrage de quelque grec moderne. L : TESTAMENT , (Jurifprud. eft la déclaration que fait quelqu'un de ce qu'il veut être exécuté après fa mort. , | ” L’ufage des seffamens eft fort ancien, on Va même fait remonter jufqu'’au tems des premiers patriarches, & nous avons un recueil de leurs £e/famens , mais que 1 critiques ont juftement regardé comme apocry= es. Ë Eufebe 8 après lui Cédrenus rapportent que Noé, fuivant l’ordre de Dieu, fit fon se/fament , par lequel il partagea la terre à es trois fils ; qu'après avoir dé- claré à fes enfans ce partage , il drefla un écrit qu'il {cella & remit à Sem , lorfqu'l fe fentit proche de fa fin. Ainfi l'origine des ‘sffamens doit être rapportée au droit naturel des gens, &non au droit civil; purf qu'ils fe pratiquoient dés le tems que les hommes n’avoient encore d'autre loi que celle de la nature, on doit feulement rapporter au droit civil les forma lités & les regles des seffamens. Il eft certain, fuivant les livres facrés, que Pu- fage des teflamens avoit lieu chez les Hébreux long- tems avant la loi de More, En effet Abraham, ayant qu'il eûtun fils, fe pro: pofoit de faire fon héritier le fils d'Eléazar fon inten- dant. Ce même patriarche donna dans la fuite tous {es biens à Ifaac, &c fit feulement des legs particu- liers aux enfans de fes concubines. Il eff auf parlé de legs & d’hérédité dans le prophete Ezéchiel, Haac donna fa bénédiétion à Jacob ,.&c lui laiffa fes pofief- ions les plus fertiles, 8& ne voulut point révotquer cette difpofition ; quoiqu'il en füt vivement folitiré par Efau. Jacob regla pareillement l’ordre de fuccé- der entre fes enfans ; il donna à-Jofeph la double patt qui appartenoit à l'aîné, quoique Jofeph ne le fût pas. | Les Hébreux avoient donc l’ufage des seflamens , ils étoient même aflujettis à certaines regles ; ils ne pouvoient pas tefter pendant la nuit : ceux qui avoient des enfans avoient toute liberté de difpofer entre eux, ils pouvoient même faire des legs À des étrangers ; mais après l’année du jubilé , Les immeu- bles légués devoient revenir aux enfans du teftateur, ou à leurs héritiers. es Égyptiens apprirent l’ufage des seffamens de leurs ancêtres defcendans de Cham, ou, en tout Cas, des Hébreux qui demeurerent en Egypte cent dix ans. Les lépiflateurs grecs qui avoient voyagé en Egyp- te, en emprunterent les meilleures lois : aufi voit-on lufage des re/famens reçu à Lacédémone, à Athènes ; &t dans les autres villes de Grece. Les Romains emprunterent à leur tour des Grecs de quoi former la loi des douze tables qui autorife des ze/famens, IL paroïît même par ce que dit Tite-Live du less que Procas avoit fait à fon neveu du rOyau- me d'Albe, que les se/famens étoient ufités à Rome dès fa fondation. Toutes les autres nations policées ont auf reçu lufage des se/lamens , {oït que les Romains l’y euffent introduit , ou qu’il y fût déja connu auparavant. Dansles Gaules en particulier, les seffamens étoient enufage, si poon de Marculphe, Gré- goire de Toufs & des capitulaires. Il n’y dvoit d’abord chez les Romains que deux fortes de seflamens ; celui appellé calaris comiriis ) Qui fe faifoit en tems de paix dans les comices ; & celui “quon appelioit in procinüté, que faifoient les foldats prèts à partir pour quelque expédition militaire, Dans la fuite, ces deux fortes de tefamens étant tombés en défuétude ; on introduifit une troifieme forme, appelléeper æs & libram, qui étoit une vente fitive de la fucceffion à l'héritier futur. Les inconvéniens que l’on trouva dans ces ventes imaginaires firent encore changer la forme des tefla- mens"; &c le préteur en introduifit une autre, fayoir que le seffamens feroït revêtu du fceau de fept té- moins. Les empereurs ayant augmenté les folemnités de ces seffamens ; On les appella s/famens écrits ou {o- lemnels, pour les diftinguer dès tefhemens nuncupa- tifs que l’on pouvoit faire fans écrit. On introduifit aufü le se/famens militaire en fiveur des foldats qui étoient occupés à quelque expédition militaire. Les ze/famens des peres entre leurs enfans , les e/4- mens rutiques , c’eft-à-dire faits par les perfonnes qui étoient aux champs , & ceux qui étoient en fa- veur de la caufe pie furent auffi difpenfés de certai- nes formalités. EN Dans les pays de droit écrit, il n’y a point de e/- rent proprement dit fans imftitution d’héritier ; cat on ne peut y donner ni y ôter l’hérédité par un fim- ple codicille, Foyez INsrrrution & Héririer. … En pays coutumier aucontraire, tousles teflamens ne font que des codicilles, c’eft-à-dire qu'ils ne re- quierent pas plus de formalités qu’un codicille. _ Lorfque le teftateur n’a point excédé ce qu'il fui étoit permis de faire , & que le seffament eft revêtu des formes prefcrites , fes difpofitions tiennent lieu de lois pour la fucceffion du teftateur , tant pour le choix d’un héritier ou autre fuccefleuruniverfel ,que _pour les Îegs particuliers & autres difpofitions qui y font contenues, TES . Maïs le sefament ne prend fon effet que pat la mort du teftateur, jufque là il eft toujours révocable. , Le teftateur en peut faire fucceffivement plufieurs, &t révoquer à mefure les précédens , foit expreffe. ment ou tacitement par des difpofitions poftérieures ‘ contraires aux premieres, Il peut auffi révoquer, augmenter, diminuer & changer les difpofitions par des codicilles fans révo- quer tout {on feffarnent. On mettoit autrefois dans les teflamens des claufes appelées révocasoires | au moyen defquelles le 0/42 ment ne pouvoit être révoqué, à-moins que dans le reflarmènt poftérieur on n’eût rappellé la claufe révo- catoife ; mais l'ordonnance des teflamens a abrogé l’'ufage de ces fortes de claufes, La faculté de tefter appartient en général À tous ceux qui n’ont point d'incapacité, Entre les caufes d’incapacités , il y en à de pérpé- tuelles , d’autres qui ne {ont que temporaires, De l’efpece de ces dernieres eft lincapacité des impuberes ; qui ne dure que jufaw’à l’âge de puberté, ou autre âge fixé par la loi ou par la coutume du lieu qui régit les biens. Telle eft auf l'incapacité des fils de fimille , qui ne dure qu'autant qu'ils font.en la puiflance d’autrui, Ils peuvent même en attendant difpofer de leur pé- cule ca/frenfe ou quaft caftrenje. Les femmes , quoiqu’en puiffance de mari y peu= vent tefter fans leur confentement » parce que leur difpofition ne doit avoir effet que ‘dans un tems où leur perfonne ni leuts biens ne feront plus en la puiffance du mari, Les vieillards , quoique malades & infirmes , peu vent tefter , pourvu qu'ils foient en leur’bon fens. Maïs les infenfés ne peuvent tefter ce ne foït dans quelque bon intervalle. Ceux qui font interdits pour caufe de prodipalité, ne peuvent pas non plus faire de seffamene, Les étrangers , ni les condamnés À mort ) NE peu= vent aufñ teiter. Mais les bâtards le peuvent faire. Les religieux ont auffi cette faculté > Pourvu qu'ils en ufent avant leur profefon, | Il ÿr a des perfonnes qui {ont également incapables de tefter & de recevoir par te/ament, comme les étrangers , les religieux, les condamnés à mort ; d’aus tres qui font feulement incapables de tefter ; Mais qui peuvent recevoir par teffament comme les impu- beres êcles fils de fanuile, Poyez Donation > HÉRE TIER, LEGS, - Les formalités prefctites pour la validité des teffa- mens font difiérentes , felon les pays & felon la qua- lité du se/lament que l'on veut faire. Tout ce que Pon peut dire en général fur cet objet, c’eft qu'il faut fuivre les formalités prefcrites par la loi du lieu où eft fait le seffamens. En pays de droit écrit, quand un se/armenr ne peut valoir comme s/fament , il peut valoir comme codi- cille ; fi le teftateur a mis la claufe codicillaire , C’efts à-dive s'il la ainfi ordonné. | On peut difpofer par se/ffamens de la totalité de fes biens , fauf la légitime des enfans, & les autres ref triétions ordonnées par rapport à certains biens, tels que les propres en pays coutumier, dont on ne peut communément léguer que le quint, ce qui dépend de la loi du lieu où les biens font fitués. Les regles principales que Pon fuit pour. Pinter- prétation des seflamens font de confulter d’abord la volonté du teftateur ; fi dans quelque endroit {a vo- lonté ne paroît pas claire, on cherche À connoître quelle a êté fon intention par les autres difpofñtions & par les différentes circonftances, L’exécution du se/fament appartient naturellement a l'héritier, à moins que le teftateur ne lait confiéeà > à-mOoins que 102 WE. quelque autre perfonne, ayez EXÉCUTEUR, TEST“ MENTAIRE. Il eft cependant permis aux légataires & à tous ceux qui y ont intérêt d'y veiller de leur part. Quand le ceflament eft imoficieux à quelqu'un des héritiers , ls ont la voie de s’en planüre, Voyez EN- FANT, EXHÉRÉDATION, INSTITUTION, HÉRITIER, INOEFICIOSITÉ, QUERELLE D'INOFFICIOSITÉ, PRÉ- TÉRITION LÉGITIME , SUBSTITUTION. Voyez au code & aux inftit. le titre de seflamentis, 6t au code êr digefte le titre qui téflamenta facere poffunt, aux inftit. le titre qui tefhamenta facere non poffunt. Voyez auffi Julius, Clarus, Gaïll. Bénéd. Manticon , Bouchel, Defpeifes, Ricard, Furgoles, &c les arsisles qui fui- vent. (4) TESTAMENT per æs G libram, comme qui diroit par le poids &c l'argent, étoit une forme finguliere de tefter, qui fut introduite chez les Romains par les jurifconfultes , peu de tems après la loi des douze tables. Le teftateur feignoit de vendre fa famille, &c pour cet effet il faifoit venir un acheteur, nommé pour cette raifon emptor familie ; celui-ci donnoïit l'argent \ 1 JL , à un pefeur appellé Abripens, parce qu alors on ne. comptoit point l'argent, on le pefoit ; on faifoit ve- nir enfuite cinq témoins, qui devoient être males, puberes, & citoyens romains. Ce 1effament renfermoit deux formalités effentiel- les ; la premiere étoit cette vente imaginaire de la fuccefion à l'héritier futur; & comme il arrivoit quelquefois que l'héritier attentoit à la vie du ven- deur, on prit dans la fuite la précaution de faire acheter la fucceffion par un tiers, &c par un écrit fe- aré l’on déclaroit lenom de l'héritier. L'autre formalité étoit appellée zwrcupatio ;c’étoit la déclaration publique de la volonté qui étoit écrite fur destablettes de cire, encadrées dans d’autres ta- blettes de bois; cette zwncupatio fe faïloit en ces termes : Hæc uti his tabulis ceris ve fcripta funt ita lego , 1ta teflor ; itaque vos quirites teffimonium præbitote. En prononçant ces derniers mots le teftateur touchoit les témoins par le bout de l'oreille, laquelle on croyoit être confacrée à la mémoire ; c’étoit -là uni- quement à quoi ils fervoient, car on n’exigeoit d'eux alors ni fceau, ni foufcription, comme les préteurs l’exigerent dans la fuite. Cette forme de seffament fut plus long-tems ufitée que ceux appellés calaris comitis &cin procinüu ; ce- pendant peu-à-peu elle tomba en defuetude : lempe- teur Conftantin fupprima ces ventes imaginaires, Voyez la loi qguoniam cod. de 1eflam. &c aux anfut. le tit. de reflam. ordin. (A) TESTAMENT apud aëta , c’eft-à-dire fait devant le juge du lieu, ou devant quelqu'un des officiers mu- nicipaux; cette forme de tefter qui étoit ufñtée chez les Romains, fuivant la loi 19. cod. de teflam. eft en- core recue à Touloufe, & dans plufieurs coûtumes, entre autres celles de Vermandois, .arr. 58. & Pe- ronne , art. 162. mais ces coutumes exigent deux témoins que le droit romain ne demande pas. Par Part. 24. de la nouvelle ordonnance des #e/famens, fa majefté déclare qu’elle n'entend point déroger aux coutumes &c ufages des pays où les officiers de juf- tice, y compris les grefhers municipaux, font mis au nombre des perfonnes publiques qui peuvent rece- voir des seflamens ou autres difpoñtions à caufe de mort, ce qui aura lieu, eft-il dit, de même dans les provinces régies par le droit écrit où le mêmé ufage feroit établi, Foyez Turgot, des seflamens, tom. I. pag. 46. TESTAMENT D'UN AVEUGLE, chez les Romains, l'aveugle de naiffance ou qui l'étoit devenu par ma- ladie ou autre accident pouvoit faire un ve/fament écrit folemnel, il ne pouvoit tefter que devant un tabulaire, officier dont Les fonétions étoient diffé- rentes de celle du notaire ou tabellion. | La forme de ces seffamens eft reglée par la loi 4e con/ulriffime. | Par la nouvelle ordonnance des s/famens,, art. 74 fi le téflateur eft aveugle , ou fi dans le tems du se/z- ment ina pas l’ufage de la vue, on doit appeller un témoin outre le nombre de fept quieftrequis pour le seflamenr nuncupatif, lequel doit figner avec les autres témoins. | Dans les autres pays où un moindre nombre de temoins fufit , on ajoute de même un témoin de plus. Mais dans les re/lamens entre enfans faits devant deux notaires, ou un notaire & deux témoins, il n’eft pas befoin d’appeller un troïfieme témoin, quoique le tef- tateur loit aveugle. 7, Furgole:, des teffam.t. EL p.50. TESTAMENT calatis comitiis ,ou fait dans les co- mices convoqués & aflemblés, c’eft-à-dire dans Pa femblée du peuple romain, étoit une ancienne ma- niere de tefter ufitée.en tems de paix chez les Ro- mains: ceux qui vouloient tefter ainfi commençoient par convoquer l’aflemblée du peuple défignée par ‘ces mots calatis comiriis ; cette convocation de faloit par le héraut des décuries, où par le trompette des centuries : cette cérémonie fe faifoit deux fois dans l’année; l'exploit de convocation. qui fe faloit pour tefter dans cette afflemblée annonçoit l’cbjet de la convocation , c étoit conçu en ces termes: Veliris, Jubeatis quirites uti L. Tisius, L. Valeriortam jure legeque herés Jcbi fier, quam fi jus flius familias proximufve agnatus éffer hec ita ut dixi, ita vos quirites rogo : C’eft ainfi qu'Aulugelle nous rapporte la formule de cette convocafion. | Ceux qui n’avoient point d'entrée dans les comi- ces ne pouvoient point alors tefter ; tels étoient les fils de famille, les femmes. | L’ufage de ces fortes de se/lamens calanis comitris ; fut abrogé par la loi des douze tables. Foyez aux infiis, le tit. de teflam. audiri, TESTAMENT en faveur de la caufe pie, eft celui par lequel le teftateur fair quelques legs pieux. Quoique le droit romain net point fait d’excep- tion pour ces se/flamens, cependant les interpretes prétendoient qu'on devoit les exempter de toutes formalités. . Mais la nouvelle ordonnance des se//amens n'ayant fait aucune idiflinion de la caufe pie , ces se/fa- mens font demeurés aftreints aux mêmes reoles que les autres. Voyez Tiraqueau , de privileg: caufe pie, Furgole, des teffam.tom. I. pag. 33: TESTAMENT FAIT AUX CHAMPS. Voyez c:-après TESTAMENT RUSTIQUE. TESTAMENT Civil, eft celui qui eft fait felon toutes les formes prefcrites par la loi, à la différence du seffament militaire, qui eft difpenfé d'une partie de ces formes. L’ufage des reffamems civils eft plus ancien que celui des se/famens militaires; les pre- miers eurent lieu dès le tems de Romulus, les autres commencerent du tems de Coriolan. Voyez l’hifloire de la Jurifprud. rom. de M.Terraflon, pag.119. TESTAMENT CLOS ET CACHETÉ, eft la même chofe que le s/famens myftique ou fecret. Voyez ci= après TESTAMENT MYSTIQUE. TESTAMENT COMMUN, eft celui qui eft fait con: jointement par plufieurs perfonnes ; ces fortes de teflamens ont été abrogés par l’article 77. de ordon- ñance des donarions, même ceux qui feroient faits entre mari @c femme. TESTAMENT D'UN DECONFER, étoit celui que PEghfe faifoit anciennement pour les perfonnes qui étoient décédées fans avoir rien donné ou legué à PEglife, ce que lonappelloit mourir deconfer; VEolife fuppléoit à ce que Le défunt auroit dit farre ,; &or- donnoït qu'une partie de fes biens feroit appliquée sal el en œuvres pieufes. \On trouvé dans Toenxés Gall, | un arrèt de 1388, qui annulle un teflament feralla- ble fait par ordonnance de l’offcial de Sens ; carydit Parrêt, erar loqui facerexdefunitos dicendo lego tal & tali; cet abus a cependant duré plus de 400 ans sul en reftoit encore des veftiges en 1507 , 1 SO5,1512, même en 1560, fuivant diversi arrêts de ce tems, | Voyez les léttres hiflorig, fur Le Parlement, tom, IT, page 374 : TESTAMENT ÉCRIT 04 SOLEMNEL, on appelloit ainñ chez les Romains, celui qui étoit rédigé par écrit, à la différence du teflament nuucupatif, qui fe failoit alors fans écrit. Foy. TesraMenr SOLEMNEL 6 TESTAMENT NUNOUPATIF, TESTAMENT ENTRE ENFANS, incer liberos , ou du pete entre les enfans, eft celui par lequel un pere difpofe de fes biens entre fes enfans. … Cetteefpece de sefamenr, qui exige moins de fors malités que les autres, fut introduite par Conftantin, comme onle voit au code théodofen, y. J. famil. ercife. 8t qui eft rappellée dans le même titre du code de Juftinien, Loi derniere. Conftantin ne parloïit que de l'écrit du pere, mais Jufiimen a étendu ce privilege à la mere & À tous les.afcendans. L’ordonnance des teflamens veut que le nombre de témoins requis pour les autres teflamens ne foit point réquis pour ceux-ci, & qu'ils puifient être faits par- tout devant deux notaires ou tabellions ; où devant un notaire & deux témoins, La forme du sfamenc ologtaphe peut auffi par fout pays-être employée pour le teffament du pere -éntre {es enfans. Mais les difpoñitions faites dans ces refamens inver liberos,äu profit d’autres queles enfans &c defcendans, {ont nulles. Voyez l'ordonnance des teflamens, arricles 15,6 fuivans, TESTAMENT HOLOGRAPHE, Voyez c-après TEs- TAMENT OLOGRAPHE. es L'ESTAMENT INOFFICIEUX, eft celui qui bleffeles droits de quelque héritier préfomptif, foit qu'il y foit deshérité ou'préterit injuftement, foit que le teftateur lui donne moins que ce qui lui doit reverir fuivant la loi. Voyez EXHÉRÉDATION, INOFFICIOSITÉ » LÉGI- TIME,PRÉTÉRITION, QUERELLE D'INOFFICIOSITÉ. TESTAMENT énter liberos. Voyez ci-devanr Tes- MENT ENTRE ENFANS. | TESTAMENT ab trato, où fait ab 1rato, eft celui qui eff fait par un mouvement de colere ou de haine contre l'héritier préfomptif, plutôt que par une en- vie fincere de gratifier celui en faveur duquel le teflateur difpofe de fes biens à fon préjudice. Lorfque les faits de colere & de haine font prou- vés,, & que l'héritier ne l’a pas mérité, la difpofition eft annullée comme injufte, & comme ne partant pas d’une volonté libre, Mais les héritiers collatétaux ne font prouver les faits de colere & de haine. des donat. part. I. n. 610. fuiv. TESTAMENT DEVANT LE JUGE. Voyez ct - devant l'article TESTAMENT apud aita. | Lt TESTAMENT MARITIME, eft celui qui eft fait par quelqu'un étant en voyage fur mer, quand ce feroit un paflager. - Suivant lordonnance de la marine, Ziv. LIL. sir, 4. ils peuvent être faits en forme de ceflament ologra- phe, ou reçus par l'écrivain du vaifleau en préfence ke trois témoins qui doivent figner avec le teftateur. Quand Le teftateur eft de retour, ce seffament de- vient nul, excepté s’il eff olographe, & que cette forme foit ufitée dans le lieu de fa réfidence, Le £/fament olographe peut avoir fon effet pour toutes fortes de biens du teftateur; mais celui qui eft reçu par l'écrivain ne vaut que pour Les eflets que le Tome AVI | : pas admis à Voyez Razard, T'ES teftatenr'a dans le Vaifleau, -fercient dûs. | | Les difpofñtions faites au profit dés officiers du Vaifleau font nulles, à-moins qu'ils ne foient parens, Foyer lecommentaire de M, Valin for 4 ordonnance de da inarine, 1e ET EE : TESTAMENT MittraiRE, eff la difpoñition faite par un homme de guerre, occupé quelque expédis tion militaire, Il VEN Ÿ à, à Cette efpece de ceflaniens a {uccédé À celle qu'ori appelloit ir procinéhr , avec cette difference ; que le teftament 22 procinétu fe faïfoit avant de partir pour l'expédition , au lieu que le teflainenr militaire ne fe Peut faire que pendant l'expédition même, Le tcflantent milicaire differe das autres; en ce qu'if n'eft pas aflujetti aux mêmes formalités. Anciennement il pouvoit être fait {ans écrit, pré< fentement l'écriture y eft néceflaire, | . Lepere de famille peut tefter militairement de toux fes biens, le fils de famille de fon pécule caftrenfe. L'ordonnancé des te/famens, veut que les tefamens Où codiciles militaires puiflent être faits en quelque pays que ce foit en préfence de deux notaires ou ta bellions , ou d’un notaire on tabellion, & de deux témoins, ou en préfence de deux des oficiers Ci-après nommés ; favoir les majors 8 ofMciers füuperieurs ;; les prevôts des camps & armées , leurs lieutenans ou. grefiiers &c les commifläires des guerres , ou de l’un de ces oficiers, avec témoins. | | Au cas que le teftateur foit malade ou bleffé , :f peut tefter devant un aumonier des troupes ou des hôpitaux militaires , avec deux témoins ») Ce, en< core que les aumoniers fuflent réguliers. Le seflament doit être fisné par le teftateur y pa ceux qui le recevront &par les témoins: fi le teftateur ne fait où ne peut figner, on en doit faire mention # êc dans ce cas , il faut appeller des témoins qui fa= chent fisner. CUS Les té/lamens olographes valent aufñ par tout payg comme teflamens militaires, VrA . Le privilege de tefter militairement , nalieu qu'en! faveur de ceux qui font a@tuellement en expédition! militaire, où quifont en quartier ou en garni{on hors le royaume , ou prifonniers chez les enneinis , fans. que ceux qui font en quartier ou en garnifon dans le royaume puflentufer de ce privilege, à moins qu'ils ne foient dans une place affégée , ou dans une cita- delle ou autre lieu, dont les portes fuffent fermées & la communication interrompue à caufe de Ja guerre, Ceux qui font à la fuite des armées ou chez les en: nemis à çaufe du fervice qu'ils rendent aux ofciers à ou pour les vivres & munitions, peuvent auf tefter militairement; tous zeffamens militaires {ont nuls 4x mois après que celui quiles a faitsefbrevenu dans ui lieu où il a la liberté de tefter en la forme ordinaires Foyer aux enflir. le dir. de teflam. milir, & l'ordonnan-. ce des #c/famens , art. 27. & fuiv. TESTAMENT DE MORT, eft la déclaration que fait un criminel prêt à fubir le dernier fupplice, pour ré veler fes complices; Cette déclaration eftregardée non comme une preuve complette, mais comme un. indice prochain capable de faire arrêter ceux contre qui elle eff faite, mais non point de les faire mettre à la torture , à moins qu’il ny ait d’ailleurs quelque autre adminicule de preuve, Voyez les inffit, au Droit crime, de M. de Vouglans, pag. 348. TESTAMENT D'UN MUET; ceux qui font fourds & muets de naïfflance ne peuventtefter en aucune {= çon , mais ceux qui font muets par accident, quand même ils feroient fourds, peuvent tefter: pourvi. qu'ils fachent écrire, ils peuvent faire un zeflament, myfique. Voyez les articles 8, 9 & 12. de l’ordon- nance, &t Particle TESTAMENT MYSTIQUE. TESTAMENT MUTUEL, eft celui que . fait par, 193 &c pour les gagés Qui lui = TES 104 ‘deux perfonnes, conjointement &c au profit lune de ! l'autre. L'empereur Valentinien avoit permis ces for- tes de re/famensentre mari 8 femme. Mais l'ordonnance des seffamens veut qu'à l'avenir Jes #flamens de cette efpece foïent reputés nuls, foit entre mari & femme, ou autres perfonnes. Woyer Parc, 77. | | TESTAMENT MYSTIQUE 0% SECRET, qu'on ap- pelle auffñ seflament folemnel, parce qu'il requiert plus de folemnités, quelle reflament nuncupatif eft une forme de tefter ufitée en pays de Droit écrit, qui confifte principalement en ce que Pon enferme & ca- chete en préfence de témoins; écrit qui contient le delraniernt. F La forme qui avoit lieu chez les Romains pour les teflamens folemnels où myftiques, étant expliquée ci- après à l’article seffarmens folemnels, nous nous bor- erons ici à expliquer lés regles prefcrites par lor- donnance des seffamens ,; pour ceux qu’elle appelle rmryfhiques où fecrets. Suivant cette ordonnañice , le teflateur qui veut faire un sefament myftique, doit figner fes difpofi- tions , foit qu'il les ait écrites lui-même , ou qu'il Les ait fait écrire pat un autre. + Le papier qui contient les difpofitions, enfemble celui qui fert d'enveloppe, sil y en a une, doit être clos & fcellé, avec les précautions en tel cas requi- fes &z accoumées: Le teftateur doit préfenter ce papier, ainf clos & fceilé à fept témoins au moins, y compris le notaire ou tabellion, ou bien il le fera clore &c fceller en leur préfence, & déclarer que le contenu en ce papier eft fon seffament, écrit & figné de lui, ou écrit par un autre-êc figné de lui. Le notaire ou tabellion doit drefler l’aéte de fuf- cription qui fera écrit fur ce papier ou fur la feuille fervant d’enveloppe, & cet aëte doit être figné , tant par le teftateur , que par le notaire ou tabellion, en- femble par les autres témoins, fans qu'il foit nécef- faire d’y appofer le fceau de chacun defdits témoins. Toutes ces opérations doivent être faites de fuite, &c fans diversir à autres attes. Au cas que le teftateur par un empêchement fur- venu depuis la fignature du reffament, ne püt figner Pate de fufcription, on doit faire mention de fa de- claration , fans néanmoins qu'il foit néceflaire en ce cas d’argumenter le nombre des témoins. - Si le teftateur ne fait pas figner ou s’il n’a pù le faite, lorfqu’il a fait écrire fes difpofitions , 1l doit être appellé à l’aéte de fufcription un témoin de plus qui doit figner , & l'on doit faire mention de la cau- fe pour laquelle on l’a appellé. | | - Ceux qui ne favent ou ne peuvent lire, ne peu- ent faire de seffament myfiqne. En cas que le teftateur ne puiffe parler mais qu'il puifle écrire, 1l peut faire un seffarent myftique , pourvû qu'il foit entierement écrit, daté & figné de fà main, qu'il le préfente au notaire ou tabellion, & aux autres témoins, & qu’au haut de l’aéte de fuf- cription,, il écrive en leur préfence que c’eft fon ef tament , après quoi le notaire doit écrire l’aéte de fufcription , & y faire mention que le teftateur a écrit ces mots en la préfence & devant Les témoins. ® Au furplus, ordonnance n’a pas entendu déroger aux difpofitions des coutumes qui exigent un moin- dre nombre de témoins, excepté pour les cas parti- culiers où elle ordonne d’en appeller un de plus. TESTAMENT NUNCUPATIF , chez les Romains, étoit celui qui étoit fait verbalement en préfence de fept témoins ; Pécriture ny étoit pas néceflaire, on en faïfoit la preuve par la réfomption judiciaire des témoins. Cette forme de tefter s’étoit confervée dans quel- Gues-uns des pays de Droit écrit. ŒIL ES Maïs par ordonnance des se/famens, toute difpo- F x A / .- ; fition à caufe de mort doit être par éent, quelque modique que foit la fomme qui en fafle lobjer. L’ordonnance confirme feulement les re/famens nuncupatifs dans les pays de Droit écrit & autres, où ils font en ufage. Pour faire un tel seffament , il faut Le prononcer in. teligiblement devant fept témoins , y compris Le no- taire ou tabellion qui doit écrire les difpofitions.à mefure qu’elles font diétées , 8 enfuite faire leure du seflament 8 y faire mention de cette leéture ; en- fin le seffament doit être figné par le teftateur, le no- taire & les témoins ; & hi le teftateur ne fait ou ne peut figner, on en doit faire mention ; &e s’il étoit aveuole ou n’avoit pas alors Pufage de la vüe, il faut appeller un témoin de plus qui fipne avec les autres. Voyez la loi hac confultiffima cod. de flam, & l'or- dorinance des reffamens , article 1. jufques & compris le TESTAMENT OLOGRAPHE, Où comme on Écrivoit autrefois HoLocrAPHE , eft celui qui eft entiere- ment écrit, daté &c figné de la main du teftateur. Cetterme olographe Vient du grec c'ace, Jolus; & ypa- ço, Jcribo, ce qui fignifie que le teftateur a écrit feul tout fon roffament; &t comme ce terme vient du grec & au’il fe prononçoit avec une afpiration , c’eft pourquoi l’on écrivoit autrefois kolograplhe. Cette forme de tefter paroît avoir été empruntée de celle du te/fament inter liberos, & de la novelle de Valentinien le jeune, rapportée au code Theodofien, tir, de teflam. | Mais cette novelle n’étant pas rapportée dans le code de Juftinien, elle n’a pas été reçue dans Les pays de Droit écrit, fi ce n’eit dans l'Auvergne &x le Mäconnois. Les re/lamens elographes ont feulement lieu en pays de Droit écrit pour les re/famens des peres entre leurs enfans. L’ordonnance de 1629 avoit pourtant autorifé les teflamens olographes dans tout le royaume, mais la difgrace de {on auteur a fait qu’elle n’a point été ob- fervée. Îl n’y a donc guere que les pays coutumiers , où ces fortes de se/famens loient reçus. L’ordonnance des teffamens en confirme lufage pour les pays, & les cas où ils avoïent été admis jufqu’alors. Foyez le recueil d'Henris,ë les notes de Bretonnier au recueil de queji. | TESTAMENT in pace , étoit celui qui fe farfoit en tems de paix & fuivanr les formes prefcrites pour ce genre de reffarnent ; tels étoient ceux qu'on appelloit calaris comitiis , qui fe faifoient dans les comices ou affemblées du peuple. TESTAMENT VAGANIQUE , paganicum,eit oppofé au reffament militaire ; c’eit celui qui eff fait par d’au- tres que des militaires, ou par des militaires mêmes lorfqu’ils ne font pas occupés à quelque expédition militaire, Il fut ainfi appellé , parce que c’étoit la fa- con de tefter des vieux ioldats retirés du fervice, & appellés pagani, parce que pagos habitabant. Ce tefiament fe divifoit chez les Romains en sefa- ment écrit ou folemnel , & en nuncupatif. Foyez Bor- cholten fur les 2affir. sit. de milir, teflam. TESTAMENT EN TEMS DE PESTE; fa forme chez les Romains étoit la même que celle dés autres se/4- mens , finon quil n’étoït pas néceflaire d'y appeller tous les témoins dans le même infant. Par l'ordonnance des feffamens en rems de pefle, on peut tefter par tout pays devant deux notaites OU ta= bellions, ou deux des officiers de juflice royale ou municipale, jufqu’au greffier inclufivement, ou de- vant un notaire outabellion & deux témoins, ou de- vant un des officiers ci-deflus nommés &c deux té- moins , ou en préfence du curé, deffervant, vicaire, ©u autre prêtre chargé d’adriniftrer les malades; quand même il feroit régulier, & deux témoins. Les reflamens olographes font aufli valables par- tout pays en tems de peñte. | | Il fuit pour telter dans ces formes d’être dans un lieu infeété de la pefte, quand même on ne feroit . pas malade. | à ” Ces reftamens demeurent nuls fix mois après que le commerce a étérétabli dans le lieu, à-moins qu'ils ne fuflent conformes au droit commun. Ordonnance des teftamens , arr, 3,3. € fuir. TESTAMENT DEVANT LÉ PRINCE, £e/lamernrum principi oblatum ; c’étoit une forme de tefter ufitée chez les Romains, comme il fe voit en la loi 10, au cod de ceflamentis ; mais cette efpece de se/lamens n’a point lieu parmi nous. TESTAMENT ?2 procinétu , étoit celui qui fe fai- foit dans le tems que les foldats étoient fur le point de partir pour quelque expédition militaire, & qu'ils étoient revêtus de la ceinture appellée cingw/um mi- line, c’eft pourquoi on l’appelloit teftament z7 pro- cindu , celui-ci différoit du teftament ir pace ou cala- zls comitils , en Ce que pour donner autorité à celui- ci, il falloit affembler le peuple, au lieu que pour le teffament #7 procinüu, on aflembloit les foldats cor vocatis tommilisombns, comme dit Cujas. Juftinien nous apprend que cette derniere façon de tefter ne fut pas long:tems en ufage ; les seffamens militaires y ont fuccedé. Voyez aux inftitut, le sir. de seffam. ordin. êt ci-devant l’article TESTAMENT MILITAIRE. TESTAMENT PUBLIC, eft un ce/fament folemnel écrit, qui n'eft point myftique ou fecret, Voyez TES: TAMENT MYSTIQUE. ; TESTAMENT RUSTIQUE, eft celui qui eft fait à la campagne ; chez les Romains les perfonnes ruftiques n'étoient pas aftreintes à toutes les formalités des zeffamens : au lieu de fept témoins, 1l fufifoit qu'il y en eût cinq dont un ou deux fuffent figner , fi on ne pouvoit pas en trouver davantage. Cette forme de tefter étoit autorifée par la loi 42 antiquo,cod. de teftam, fur laquelle les interpretes ont agité grand nombre de queftions, notamment pour favoir fi les perfonnes lettrées, les sentilshommes, bourgeois, ou gens d’affaires , réfidant à la campa- gne , jouifloient de ce privilege, & pour déterminer les lieux qu’on devoit regarder comme campagne. La nouvelle ordonnance des seffamens a tranché toutes ces queftions , en décidant , arc. 45, que dans les villes & bourgs fermés, on ne pourra employer que des témoins qui puiflent figner , & que dans les autres lieux il faut qu'il y ait au-moins deux té- moins qui puifient figner; c’eft à quoi fe reduit tout le privilege des se/famens faits à la campagne. TESTAMENT SECRET ou MYSTIQUE , voyez ci-de- vant TESTAMENT MYSTIQUE. TESTAMENT SOLEMNEL, chez les Romains étoit celui qui étoit rédigé par écrit en préfence de feptté- moins, | L'écriture étoit de l’effence de ce seffament,à la dif- férence du seffament nuncupatif, que l’on pouvoit faire alors fans écrit. Le seflament pouvoit être écrit par un autre que le teflateur, pourvu qu’il parût en avoir diété le con- tenu. Lorfque le teftateur écrivoit lui-même fa difpofi- tion , il n’avoit pas befoin de la figner. Pour la confirmation ou authenticité de l'écriture, il falloit 1°. L’affiftance de fept témoins citoyens romains mâles & puberes qui fuflent requis & priés pour af- fifter au sefflament. 2°. Que le teftateur préfentât aux témoins l'écrit plié ou envelopé à avec déclaration que c’étoit {on teflament. Qu'il en ft dreflé un afte au dos dureffa- Tome XVI, £ TES 195 ment, 8e que le teftateut le fignât, s’il lavoir éerite, finon qu'il ajoutât un huitieme témoin qui fgnêt pour lui; enfuite il préfentoit l'écrit aux témoins pour y appofet leurs {ceaux. “X | - Quand le teftateur avoit écrit lui-même Îe corps du seffamenr, il n’etoit pas befoin qu'il fignât äu dos, ni de figner le se/fement , ni d'appeler un huitieme témoin, * Anciennement 1l falloit qué lé noïn de l'héritier fit écrit de la main du teftateur , mais cela fut changé pat la novelle 119: EURE! 7 E 3°. Les fept témoins devoient tous en préfence & à la vue du teftateur, figner de leurs mains la partie extérieure du seffamens, & y appofer chacun leur fceau; mais la novelle 42 de Léon retrancha la for malité des fceaux , & de la fignatute des témoins, 4°. Tout ce qui vient d’être dit devoit être fair #0 contextu, c'eft-à-dire, defuite &c fans divertir À autres actes : (4. Parti nous la forme des se//ameñs folémnels Myfti= ques ou fecrets eft reglée par la nouvelle ordonnance. Voyez ci-devant TESTAMENT MYSTIQUE, On entend aufli par se/fament folemnel , tout {fa ment en général qui eft reçu par un officier public; à la différence du #/fement olographe qui eft feule= ment écrit & figné par le teftateur. Voyez TESTAs MENT devant un curé, TESTAMENT devant notaire, TESTAMENT D'UN SOURD ; celui qui n’eft pas fourd & muet de naïflance , mais feulement fourd pa accidetit, peuttefter. | Il Le peut auffi quand même il feroit auf met pat accident , pourvu qu’il fache écrire. Poyez Furgole , des teflamens, tome 1, p. 52. & l’article TESTAMENT B’UN MUET: TESTAMENT SUGGERE, eft celui qui n’eft point l'ouvrage d’une volonté libre du teftateur ; mais lefs fet de quelque impreffion étrangere. Voyez CAPTA= TION , SUGGESTION: (4) : TESTAMENT SYRIAQUE , souveau, ( Hi. crié, des verf. du N, T.) la premiere des éditions du nouveau Teftament.fyriaque , eft celle que Widmanftadius publia à Vienne en Autriche , en 1555. L’hiftoire de cette édition donnée par M. Simon , eft également imparfaite &c fautive ; elle eft fautive en ce qu’il met la date de cette édition à l’an 1562. On voit par ce.que rapporte Widmanftad lui-mê: me qu'il avoit formé le deffein de publier le rouveau Teflament [yriaque ; que la rencontre du prêtre de Merdin dont parle M. Simon, l’encouragea à entre- prendre cette tâche ; & qu'il obtint de l’empereur Ferdinand que fa majefté feroit les frais de cette édiz tion. Cependant dans le manufcrit apporté d'Orient qu’on fuivit dans l’édition de Vienñe, il manquoit la feconde épitre de faint Pierre, la feconde & la troi- fieme de S. Jean, celle de S: Jude , & l'Apocalypfe : fans doute, comme le conjeéture Louis de Dieu, parce que ces livres n’avoient pas êté àädmis dans le canon des Ecritures par les églifes des Jacobites, quoiqu’ils fuffent entre leurs mains. Perfonne n’a voit penfé à remplir ce vuide, jufqu’à ce que le fa vant , dont on vient de parler, fit imprimer f’Apoca« lypfe en fyriaque en 1627, avec le fecours de Da niel Heïnfus, fur un manufcrit que Jofeph Scaliger avoit donné entre plufeurs autres à l’univerfité de Leyde. Ainf il reftoit encore à publier en cette lan= gue les quatre épitres dont on vient de parler ; M. Pocock entreprit de les donner, fouhaitant qu'on eût le nouveau Teftament complet en une langue, qui étoit la langue vulgaire de notre Sauveur lui-mê- me, & des apôtres. & Ce qui favorifoit fon deflein , c’étoit un très-beaw manufcrit qu'il trouva dans la bibliotheque bodléien« ne, qu Contenoit çes épitres avec DES autres 1] 6 TES livres du nouveau Teftament. -Alexemple.de M..de. Dieu, il copia ces épitres en, caraéteres lyriaques ;äl y ajouta les carateres hébreux,, avec lès pornts-pla- “cés, non pas comme de coutume, maisfeloniles.re- -gles fyriaques, telles que:les-ont données Ldeux fa ‘vans maronites Anura & Sionita. dl y joignit.encore unenouvelle verfonlatine comparéeaveccelle d'Et- | ‘zeltus,êt indiqua danslesendroits importans,la saifon ‘pourquoi il .s'éloignoit de fa verfion,;Al.y.ajouta de plus le texte grec , le tout accompagné d’un srand s0mbre de notes favantes & utiles. M,Pocock n’ayoit.que, 24-ans lorfqu'ilfiniticet.o:- rage ; & quoiqu'ily ebtapportétoutlefoin.êrtoute V’exattitude imaginables , al avoit tant de.modeftie, &c fe défioit fi fort de lui-même , jqu'iline.put fe ré- Æoudre à le publier qu'unejannée après, qu'il perrut qu’on limprimät ; limpteflion fut faite à Leyde en 2630 ,27-4°.(.D,.3.) ù | _ TESTAMENTAIRE , adj. (Gram. & Jurifprud.) fe dit de.ce qui eff relatif à un seflamerr. | Par exemple , une difpoñition sefamentaire.eft.celle ‘quieft contenue dans.un.teftament. | ‘Unhéritier &/famentaire.eit cehu qui eftinfituéjpar ‘téflarent., | AU Lt) | _ Un tuteur sefamentaire, cel qui eft nommé par teflament. ' L’exécution seffamentarre ; et l’accompliflement des difpoñitions d’un teftament. On entend auf quel- quefois par-là celle d’un çcodicille. Foyez TESTA- MENT , HÉRITIER, TUTEUR, EXÉCUTION & Ex£- CUTEUR TESTAMENTAIRE,.. (4) TESTATEUR , f-m.{(Gram. € Jurifprud.) eftce- lui qui fait un teftament où codicille. #oyez Copi- CILLE , LEGS, HÉRITIER, SUCCESSION , TESTA- MENT, TESTER. (4) TESTER, v.n, (Grarm. 6 Jurifprud.) du latin ref ati ; c'eft mettre.par écrit {es dernieres volontés , faire fon teflament. Voyez CODICILLE ; TESTA- MENT. (4) TESTICULES, £ m. ex Anatomie, font deux par- ties qui font propres aux animaux mâles, & qui fer- vent à la génération. Voyez nos Planches d’'Anatomie, G leur explic. Voyez aufi GÉNÉRATION. | .… Lls font appellés re/icules par un dirainutif de sefles, témoins , comme étant témoins de la virilité : c’eft ce qu'on'appelle proprement gégitoires , en latin ge- zitalia. Les Grecs les nomment didymi, c'eft-à.dire Jumeaux. Dans l’homme & dans la plupart des animaux les teflicules {ont extérieurs ; dans quelques-uns, comme dans les o1feaux, ils font intérieurs. Voyez GÉNI- TAL, Quelques hommes n’en ont qu’un. Ordinaiement ils en ont deux. Il s’en eft trouvé qui en avoient na- turcllement trois, & certains anatomiftes aflurent qu'ils en ont trouvé jufqu’à quatre. Les s/ficules font des corps mous, blancs, de f- gure ovale, de la groffeur environ d’un œuf de pi- eon. On les a cru d'une fubftance:glanduleufe, & ue l’idée que l’on a préfentement des glandes, on peut convenir qu'ils en-font en effet... Foyez GLANDE. … Ts font formés d’un.entortillement de diverfes for: tes de vaifleaux , & particulierement des veines &c atteres fpermatiques, dont.les dernieres apportent le fang , d’où l’on prétend que la liqueur féminaleeft féparée dans les circonvolutions des sefhicules ,.& les premieres le réportent après que la fécrétion eft faite. Foyer SEMENCE G SPERMATIQUES. … Le refte du se/ficule.eft formé. des vaiffeaux fper matiques qui ne font que des cordons continus diver- fement entortillés en façon ,-pour ainfi dire, d’un péloton, mais d'une mamiere fi lâche , qu'ileft aifé de les. déveloper dans tonte leur longueur, & même ES dans.lessre/ieulés des rats, qui font d’un tiflu plus ferré. Les refficules fe terminent par les épididymes. Foyer EPIDIDYME. à OUEN 28 À Les sefficules avec les épididymes paraflates, font enveloppés danstroismembrânes,ou., tuniques pro- pres: La premiere eft la mufculaire , qui vient du mufcle crémafter : la feconde eft l’élythroide,ou var - gnale. qui eft une continuation.de la lame externe d-MONS qu'ils ne foient cachés dans le ventre , il:en réfulte une ftérilité certaine ; 11 faut fe donner de garde.de prendre pour un sefhicule l'enflure de Pépididyme, ou du corps pyramidal, ou une hernie, ou un bus bon. 2°. Dans l’âge de puberté & dansles fujets quiont beaucoup de tempérament , l'augmentation de la groffeur du se/fcule neft point morhifique; de même que fon décroiffement ou fon defféchement dans les vieillards &t dans une longue abfinence, 3°. Dans différentes maladies qui exigent des trai- temens particuliers , les se/licules fe sonflent, & c'e ce qu'on connoît aifément par le toucher. 4°, Dans les perfonnes portées à l'amour dans la belle faifon , le gonflement trop confidérable des ze/: ricules (maladie connue fous le nom de /permatocele), demande les rafraichiffans. | 5°. Mais l'humeur aqueufe, vifqueufe , froide, in dolente, répandue dans la tunique vaginale,ou l'ad- hérence de la fubftance du sefficule, qui donne naif fance à un hydrocele , exige les difcuffifs accompa- gnés d’un bandage capable de foutenir la partie ma- lade. | 6°, Les veines du So pyramidal devenues va riqueufes, ou attaquées de gonflement, produifent fa varice : quand cette maladie n’eft point née à la fuire d’une compreflion faite au-deflus du cordon fpermas tique, les difcuffifs afiringens avec un bandage, dis munuent les accidens, 7°. La tumeur plus folide du sefhicule ou du corps pyramidal, qui préfente une fubftance charnue ,nom- mée farcocele,& qui. eft indépendante du virus véné- rien, a befoin des réfolutifs. 8°, Dans la tumeur dure ,âpte , indolente , skir= theufe du sefhicule, il faut éviter avec foin les irri- tans, & tâcher de réfoudre cette tumeur, mais la cancéreufe plus dolorifique, plus confidérable, & quis’étendautour du cordon fpermatique, demande une prompte amputation ; car fi une fais elle fe porte dans le bas-ventre, il n’y a point de remede. 9°. À l'égard de la tumeur écrouelleufe , froide ; dure, qui fe trouve feulement dans la fubftance du téfieule,, on tâchera de la diffiper par les réfolutifs chauds. 10°, La tumeur qui ef produite par une contu- fon récente préliminaire , a befoin dans la métho= decuratve, des relächans 8 des réfolutifs réunis. - 41°, fa tumeur dolente ,jpulftive, Qui fouveit f; communiquedelarougeuraux bourfes en-mêmetems ‘qw’elle donne la fievre, veut être traitée par l’appli- ! cation des antiphlooiftiques….* 1T 12°. Lorfqu’après une-anciénne maladie vénérien- ne, 8 fur-tout la Hupprefion, d'une ‘gonorrhée vi- rulente , le t/fcnle s’énfle, Papplication. prudente des mereuriaux,paroîtnéceffairement indiquée, - 13°. La douleur des zefficules {ans tumeur & fans caufe mamfefte, diminueraparl’application des ano- GS eu l'an | | 14°. Lesise/ficules relâchés,& frop pendans.,.ce qui artive fouvent dansles-enfans,, &z défigne la feibleffe de leur conflitution., doivent être foutenus., & en même tems renforcés par. l'application des corrobo- ans. 2 1€ . 15°: Siles sefficules reçoivent d'autre part.des hu- meurs morbifiques, accident aflez cominim dans les malades ;de la poitrine, .& qui. annoncent une f- cheufe méraftafe, il faut ramener ces humeurs à leur cours naturel, ou plutôt.en faire la dérivation fur des ‘endroits moins dangereux. (D..J.) TESTICULES, inflammation des ,( Médec.& Chir.) Jun ou Fautre des tefticules,, ou quelquefois tous des deux , font attaqués d’une inflammation-accome pagnée de tumeur & de. douleurs cruelles ; fut-tout Jorfque cette inflammation eft un peu.confidérable, . Ce mal peut venir de.deux caules. 1°. De quelque injure extérieure, comme ün coup , une chôte, une —ontufon ;.ce qui arrive fouvent en montant À che- val avec précipitation , & fans prendre garde à foi. 2°. D'une maladie vénérienne, comme d’une 2Onor- xhée ; imprudemment & trop-tôt arrêtée. On diffinguera linflammation des se/ficules, de tou- te autre maladie, fur-tout.de l'hernie au fcrotum ; | lorlqu'il y aura l’une des caufes-dontnous venons de * parler, ique Le malade fe plaindra de gonflement, de chaleur, &de rougeur aux ze/Koules ; que la tumeur Ë l'inflammation {e manifefteront à l'examen des parties ,1& fur-tout lorfqu’en touchant le rfhicule af- Jeété, on le trouvera d’une groffeur contre nature ; & quelquefois égale à celle du poing, Cette maladie ne vent point être traitée legére- ment , car fouvent il furvient un ab{cès ou fphacele; Le malade en perd la virilité où la wie ; ou le mal dé- gépere en unskirrhe, où en-un cancer que la mort {ut infailiblement, ouenfinen farcocele ou kydro- cele, maladies fort incommodes. On emploie pour réfoudre Pinflammation des #ÿ° ricules | les mêmes remedes qui font recommandés pour Pinflammation des mammelles ; fur-tout le vi- aigre de litarge , Peau de chaux mêlée avec l’efprit- de-vin camphré , la tuthie, & là pierre calaminaire. … Pour le tems de la nuits où les fomentations ne fe font pas commodément, on appliquera l’emplâtre de grenouilles avec une quantité double de mercu- re, ou l’emplâtre de'diachylon. Il ne faudra pas né- ghger les digefifs intérieurs. Si le mal provient de + -quelque injure extérieure ,-ou d’un fang épaifi, on recourra aux poudres d’yeux d’écrévifles préparées, d’écailles d’huitres ,8c à l’arcenuimduplicatum , Saux décothions.de racines, de bois , & de plantes difcuf- fives : on défend tout ce qui échautfe le fang, & tou- te nourriture-de difhcile digeftion; fi la chaleur eft violente , il eft néceffaire demêler un peu de nitre avec Îles poudres dont on a fait mention , & d’ajou- ter quelque efprit de vitriol ou de foufre dans la boit on du malade; s'il eft pléthorique , on lui tirera du fang par le bras. Lorfque quelque maladie vénérienne eft la caufe de Finflammation, on ufera de purgatifs , mêlés avec le mercure doux, & detous:les remedes qui operent contre le virus vénérien: on ne négligera point les tifanes faites de.reglifles &d'anis bouillis dans l’eau $ TES y Où dutres femblables;-outre qu'elles-temperent Oirat- ténuent le fans , elles tendent encore yéalnrer din. flammation. Si l'on appellé Le chirurgienttrop tard ouf l'inflammaon eft tropwWiolente-pouricédez eue remedes ;difcuffifs queinoùs, venons indiquer, it Faut s'attendre à la fyppnration:ouà la gangrene , & -par conféquent recoufiraux rémêtles tüppüratifs: Sile pus eftimûr, &.que-labicès tarde àls'onvrir de lui-même, on y-ferauneincifion HON-ÉVACUCÉA la matiere, on nettoiera ia: plaie avec géelque-:on- guent digeftf, ou quelque inje@ion{piritueufe qui réfiite à la putréfadion ; & l'on achevera-la cuireaves un baume vulnéraire + on facilitera la dipeffion de lamatiere, & lon diminuerales douleursavecdl’em plâtre.de jufquiame.,, & celle. de diachylôns-avéciles gommes : cepehdant on travaillera fortement dé truire Le virus vénérien; quand bienmémeleferotuim feroit confumé,, &lec/hiede expofé à lavue, filon fait tirer-partides remedes digettifs@c-balfamiques , le fubftance détruite du ferotumfe régénere quelque- fois ; enfin l’art ne connoir point d'autre fecours, Heïfter., Chirurgie, (DT. à 5€ _ FESTICULES des poiffons, (dchthyol:) ces parties manquent dans plufieurs genres-de :poiffons: Les PREU- VE, 6 TEMOIN, (4) TESTIMONIALES ,Wevres, ( Jurifpr. ) font'les at. tefiations ; foit fur la naiflañce, foit fur les vie & mœurs que les évêques donnent aux eccléfiaftiques de leur diocèfe, & les fupérieurs réguliers aux reli- gieux de leur ordre , foit pour être promus aux-or- dres facrés , doit à l'effet d'obtenir des degrés, où quelque bénéfice, foit lorfqu'ils vont d'un lieu à un autre, | On met auf danscette clafle leslettres de fchola: fité. Voyez les mémoires du clergé, &t les mots CON- SERVATEUR,, GARDE GARDIENKE 5 SCHOLARI- TÉ ; UNIVERSITÉ. ( 4° | - TESTON , f. m. ( Æf4 des Monnotes. ) monnoie qui füccéda aux gros tournois ; & que Louis XIL. ft battre en 1513. lle fut appelle selon, à éaufe de la tête du roi qui y eft gravée. Nous avons eMmpTunè té cette monnoie des Italiens, & lui avons lafé le même nom qu'ils lui ayoient donné, L’argentien étoit à 11 deniers 18 grains, & conféquemment plus fin que celui des gros-tournois ; le poids en étoit auf beaucoup plus fort, car ils pefoient 7. deniers 12 grains +lapiece , & valoïent ro fois. On fabriqua des ceftons {eulement en Ecofé, mais point es France, fous le regne dé François IL. au nom de ce prince, de Marie reine d’Ecoffe fon époufe. Cette monnoite dura dans notre royaute, jufaues fous Henri. Gui en interdit la fabrication en 1575. Pendant cetef: pace. de tems , les zfos furent toujours de même poids ; mais on diminua ’aloi dé quelques grains, êT on en augmenta le prix de quatre fols fix deniers, en forte. que lorfau Henri ME. en défendit la fabrica- tion , 1lsvalcient 141ols 6 deniers. CD.J.) TESTUDO, ez Chirurgie, fignifie une tumeur lar. ge & mollafle | ou unamas d'humeurs impures , ens tre le crâne & la peau, appellé auf re/pa , comme 198 TET æeflemblant'anx tournoyemens fouterreins dela tor- que & delataupe, Foyer TAzPA. TESURER, v.n.\ Wénerie.) ancien mot qui fi- “gnife braconner, ou chafler vilainement fans chiens, mioffeaux ; &c rienne détruit tant le gibier. . TET, 1e, (Géogimod.) riviere de France, dans 4e Rouffillon. Ellé'tire fa fource des Pyrenées, au- «deflus de mont-Louis,coule de Poueftà left. & dans on cours qui eft fort tortueux, elle arrofe Ville- franche, Perpignan, & fe jette dans le golfe de Lyon. Le Tereft vraiflemblablement la riviere que Pempo- nius Mélanomme Thelis. (DJ TETANUS , f.m. ez Médecine, eit une forte de #pafine ,ou de convulfiôn ; par laquelle les mufcles «du devant 8 du derriere de la tête deviennent roi- -des &'inflexibles , fans qu'on puifle la pancher ni ‘d’un côténi d'unautre. Voyez CONVULSION. Ce moteft formé du grec reve, tendre. Tetanus, -outeranos , {e prend auf dans un fens plus général, pour une convulfon univerfelle, ou rigidité , qui faifit tout le corps à la fois. | Dans ce fens le seranos{e foudivife en emproftho- tonos!&r opifthotonos. Voyez EMPROSTHOTONOS, -& OPISTHOTONOS.! "Les remedes de ces efpeces de convulfons , font les mêmes que les remedes généraux des vapeurs & des affeétions antifpafmodiques. Voyez CONVUL- SION. TÉTARD, fm. (if. nar. des Infei.) en latin gyrinus, & enanglois sadpole, c'elt ainfi qu’on nom- me le fœtus de la grenouille, dès qu'il commence à paroître le‘quatrieme jour après la ponte, avec fes enveloppes au milieu de l'œuf, & de la matiere mu- cilagineufe qui les environne ; au fixieme jour , le fœtus fort de fes enveloppes, & du mucilage qui eftau-tour, alors il nage &c il paroît à découvert fous Ja forme de rérard ; le mucilage s’eft en partie diflous chaque jour jufqu’à ce tems, deforte qu'ilfe trouve, pour ainf dire, raréfé dans un plus grand volume, & qu'il reflemble dans cet étatà un nuage ; le fésard y rentre de tems-en-tems ; pOur y prendre de la nourriture , & pour s’y repofer lorfqu'il s’eft fatigué en nageant, Car ce nuage le foutient fans qu'il faffe aucun effort. Le sétard , aufortir de ces enveloppes , femble n’è- tre compofé que d’une tête &c d'une queue ; mais la partie ronde que l'on prend pour la tête , contient auffila poitrine & le ventre : dansla fuite, les jambes de derriere commencent à paroître au-dehors ; mais celles de devant font cachées fous la peau qui recou- vre tout le corps , même les jambes de derriere :en- ‘fin il fe dépouille de cette peau; alors fes quatre jam- bes font à découvert, il prend la forme de grenouil- de, & il ne lui refte de sérard que la queue qui fe déf- {eche peu-à-peu , & s’oblitere en entier ; lorfqu’elle a difparu, la transformation de sérard en grenouille , eft entierement achevée; ce font les obfervations de Swammerdam. C'eft' du rérard que fe fervent ordinairement les phyficiens, pour faire voir aux curieux la circula- tion du fang. Si l’on garde au printems pendant trois ou quatre jours du frai de grenouille , dans une perti- te quantité d’eau de foffé où ce frai fe trouve, on y découvrira quantité de petits sérards , qui paroïffent comme tranfparens, lorfqu’ils commencent à nager dans leur mucilage ; cependant, fi pour lors on les met devant un microfcope, dans un petit tube ,avec un peu d’eau , on y diftingue le cœur, fes battemens, la circulation du fang qui fe fait dans chaque partie ducorps, & fur-tout à la queue, où plufieurs vaif- feaux fe préfentent aux yeux tout-à-la-fois ; au bout de peu d'heures, ces petits séards paroïflent déja moins tranfparens, & dans un couple de jours , leur peaudevient trop opaque pour y découvrir la circu- TE T ‘fation du fang ; on ne la voit alors que dansla quérre ; où mieuxencore dans les nageoires , à lajointure de latête. (D. J.) TÉTARD , voyez; CHABOT. TÉTARD , voyez MUNIER. TÊTE, £ f. ( Anar.) la partie la plus haute du M.de la Hire a remarqué,qu’il y.a à la bafe des femen- ces qu’elle porte,entre les graines & le côté inférieur du calice , une efpece de dent pointue, courbée par le bout en-haut , arrondie par-deflous , creufée par- deflus , ayant une arrête dans le milieu fuivant fa longueur. Cette partie fe diflingue aïfément d’avec les embryons des femences , non-feulement par fa 200 TETF figure. mais-par fa couleur ; on peut mème l’apper- cevoir à Ja vue fimple , quoiqueles embryons des {e- mences foient encore très-petits, cat elle a preique autant de volume elle feule , que lés embryonsenont tous quatre enfemble , & elle excede Ordinairèment eur grandeur, (D. J.) Pi TÊre D'UNE COQUILLE, ( Conchyl.) autrement dite c/avicule ; c’eft la partie pyramidale extérieure & intérieure d’une coquille tournéeten fpirale; elle prend vers le milieu jufqu’au fominet, ( 2. J.) TÊTE ,‘c’eft un mot ufñté dans les anciens écrits pour exprimer chef ou perfonne. Poyez CHEF. Ce mot eft évidemment formé du mot pole ; la sére ou le chef étant, pour ami dire , le pole du micro- cofme, Voyez POLE. +4 C’eft pourquoi les Anglois fe fervent du mot ro pol, pour l’'aftion de recueillir & d'écrire les noms des perfonnes qui donnent leur voix à une éleétion. Voyez VOTER , Voix , SUFFRAGE , ELECTION, c. TÊTE, ( Critiq. facrée. ) negaxan ; ce motau figuré fe prend dans l’Ecriture, 1°. pour commencement ; 2°. pour le point capital de quelque chofe, Luc, x. i7+ La pierre rejettée eft la principale du coin. 3°. pour le chef qui gouverne, Z. Roïs, xy. 17. N’è- tes - vous pas devenu le chef de toutes Les tribus d'Ifraël ? 4°. pour la vie, I. Paral, xi. 10. David retournera à Saül fur le péril de notre rére ; 5°. pour état, royaume : Ephraim fortiudo capitis ei, pal. v. 9. Ephraïm eft la force de mon royaume; 6°. pour origine, fource de quelque chofe , bras d’un fléuve, 7°. 1l figmfie porfon ; il fucera la réte des af- pics, Job , xx. 16: ; Voiciles façons de parler proverbiales mention- nées dans l’Ecriture. Æ//er la tre baiffée, C’eft gémir dans la trifteffe, Jérém. 1. 10. courber la tére, c’eft affeéter un air moitifié. Le jeûne, dit Zf: lviy. &. confifte-t 1l à faire comme un cercle de fa réte, en baïflant le cou ? Donner de la téte contre quelque chofe, c’eft s’obftiner à le faire avec enrétemenr. Les Juifs fe font opiniâtrés, dederunt caput, à vouloir re- tourner à leur premiere fervitude. 21. Efdras , ix. 17. Elever la tête de quelqu'un , c’eft le mettre en hon- neur, IV. Rois, xxv. 27. Oindre la tête de quelqu'un avec des parfums, c’eft le combler de toutes fortes de biens, PJ. xx. 5. Lever la tête, c’eft prendre coura- ge, Ecclef. xx, 11. Branler la tête , exprime les différens fentimens dont on eff affeété; ainfi c’eft quelquefoisun figne de mépris & d’infulte. Sennacherib a fécoué fa réte der- riere vous, Ô Jérufalem! 7. Rois, xix. 21. D’autres fois c’eft une marque de joie & de fenfbilité. Les parens de Job, après fa guérifon, vinrent s’en ré- jouir avec lui, & hochoïens la sére fur lui, Job, x, 11. ; Découvrir la tête, marquoit quelquefois le deuil, Levit, x. 6. & quelquefois aufli on fe couvroit la sére dans des momens d’amertume. Le roi couvrir [a sére, en s’écriant, 707 cher fils Abfalon! II, Rois, xix. 4. (D. JT.) TÊTE , (Jurifprud.) on entend par-là celui qui prendune portion virile ou entiere dans une fuccef- fon. Faire une sére, c’eft être compté pour une portion virile. Succéder par rétes, eft lorfque chacun des héri- tiers prend une portion virile; au lieu que fuccéder: par Jouches, ou par tige, c’eft lorfque plufeurs héri- tiers, delcendans d’une même fouche, viennent par repréfentation de leur pere & mere, ou autre pa- rent, &t ne prennent tous enfemble que la part qu’- auroit eu le repréfenté. | Pour favoir quand on fuccede par fouches ou par tête), Voyez REPRÉSENTATION, SOUCHE , SUCCES- SION, (4) PET Têre, L £ (Ars Numifinar.) côté de la médaille OPpolé au revers. L'on voit peu de médailles anti- ques fans séte, c'efl-à-dire fans. qu’on y ait frappé la réte Où 16 bufte, foit de quelque divinité ,foit de quelque perfénnage humain; ou bien il fe rencontre fur ce côté de la médaille, quelque chofe qui éntient lieu. [fe trouve aufli très-peu de médailles antiques fans revers, à moins qu'ellés rie foient incules. Les téres fe connoïflent d’abord par la légende; mais es ornemens qui les accompagnent, font au- tant d’énigmes capables d’embarrafler par leur ob{- curité, fi lon n’a au-moins les premieres nofions de la fcience des antiquaires. C’eft à tracér ces prémie- res notions, à l’égard de réres,, que cet article eft de- füiné, ©: | Les rétes ou peérfonnages qui fe voient fur les mé- daïlles , font quelquefois de fimples réres qui finiflent avec le col; quelquefois ce font des buftes avec les épaules, & les bras; quelquefois des figures à mi- corps. Chacune de ces pofitions recoit des ornemens différens. Ca" Les fimples rétes font quelquefois toutes nues, d’autres fois couvertes en diverles facons. Nous ne parlerons point de celle des femmes, par- ce qu'il n'eft pas poffible de donner de noms propres à leurs différentes coëffures, On ne peut que les con- noître à l'œil, & les exprimer enfuite par des noms qui aient quelque analogie aux coëffures modernes: cependant on trouvera dans le Va/effana , pag. 99. 103.un petit article fur les coëffures qui fe voient {ur les médailles des impératrices. Ce léger effai auroit dû porter des antiquaires à faire quelques recherches fur les différentes coëffures qui ont été en uface » tant dans le haut que dans le bas Empire; mais per- fonne n’y a fongé. Dans les médailles impériales, lorfque la sére eft toute nue, c’eft ordinairement la marque que ce n’eft point uné séxe d'empereur, mais de quelqu'un de fes enfans, ou véritables ou adoptifs, ou de quelque hé- ritier préfomptif de PEmpire. Tel eft le jeune Néron, Aelius adopté par Hadrien, Aurelius par Antonin, &e. ou bien ce font des princes qui n’ont jamais re- gné, comme Drufus, Germanicus, 6e. Cependant On ne peut fur cela faite de regle générale, car f Pon vouloit dire que perfonne n’a porté fur les médailles la couronne avant que de regner , on feroit voir de fimples céfars couronnés de laurier, ou parés du dia- dème, comme Conftantin le jeune, & Conflantius dans la famille de Conftantin. Etf l’on vouloit avan- cer, qu'au moins tous les empereurs regnans ont pris la couronne ou Le diadème, on montreroit avec la même facilité plufieurs médailles d’Augufte dejà empereur, de Néron, de Galba, d’Othon, d’Ha- drien, 6c. où leur rére fe trouve toute nue. Les séres couvertes, le fontiou du diadème , ou d'u ne couronne, ou d’un cafque, où d’un voile, ou de quelque ornement étranger. Des ornemens de tètes ur les médailles. Le diadème eft plus ancien que la couronne. C’eft le propre or nement des rois, qui n’eft devenu que dans le bas Empire, celui des empereurs. Je fai qu'un favant a prétendu que le diadème étroit un privilége attaché à la qualite d’augufle. Et Jornandès dit, qu'Aurelien eft le premier des empereurs romains qui s’en foit ee ; À x paré. Le diadème eït un tiflu , tantôt plus & tantôt moins large, dont les extrémités nouées derriere la rére tombent fur le col, Ce n’eftque depuis Conftan- tin que les empereurs romains s’en font fervis, en le relevant par des perles & par des diamans, ou fim- ples ou à double rang; & permettant même aux im- pératrices de le porter, ce qui ne s’étoit point vw dans le haut Empire, ou jamais re de femme ne fut couronnée, Je dis dans l’Empire, & dans le haue ÆEmpire, parce que nous trouvons des reines fur les | médarltes TET médailles greques & dans le bas Empite, qui portent le diadème ou la couronne, témoin Jotape , Theo- dora, Galeria Valeria. | La couronne des empereurs eft. ordinairement de laurier , Le droit de la porter fut accordé À Jules- Céfar par le fénat, & fes fuccelleurs ont continué. den jorur. | . Juftinien eft le premier qui ait pris une efpece de couronne fermée, qui tantôt eft plus profonde en forme de bonnet, & tantôt plus plate en approchant du mortier de nos préfidens, excepté qu’elle ef fur- montée d’une croix, & fouvent bordée de perles à double rang. C’eit ce que M. du Cange nomme ca: melaucium , que l’on a Confondu ordinairement avec le mantelet qu’on appelle camail, à caufe de la ref- femblance du mot, quoique l’un foit fait pour cou- vrir les épaules, au lieu que l’autre eft pour couvrir la rête. Les couronnes radiales fe donnoient aux princes, lorfqu'ils étoient mis au rang des dieux, foit devant, foit après leur mort : cetre forte de couronnes n°6. tant propres qu'à des déités, comme dit Cafaubon. Je ne prétens pas néanmoins faire de cela une ma- xime conftante ; car je fai combienil y faudroit d’ex- céptions, particulierement depuis les douze Céfars. Nous ne voyons point qu'aucun empereur vivant ait pris la couronne radiale avant Néron , Qui la mé- ritoit le moins de tous; Augufte même n'ayant eu cet Honneur qu'après fa mort. ; r I fe trouve fur les médailles plufieurs autres fa- çons de couronnes qu'il faut diftinguer : les unes ap- pellées roftrales , font compofées de proues de vaif- feaux enlacées les unes dans les autres ; elles fe don- noient après les viétoires navales. Agrippa reçut cette couronne d'Auguite , après qu’il eut défait les flo ttes de Sextus Pompeius, & de M. Antoine. | D’autres appellées rurales, font compofées de tours ; C’étoit la récompenfe de ceux qui avoient pris des villes, comme c’eit l’ornement des génies & des déités qui les protegent. C’eft pourquoi Cybele, déeffe de la terre, & tous les génies particuliers des provinces & des villes, portent des couronnes tou relées. Onen voit de chêne que l’on donnoit à ceux qui avoient fauvé la vie à un citoyen ; telle eft celle qui enferme les infcriptions , ob cives Jervatos , & qui fe voit quelquefois fur la séte même du prince. Il y en a de deftinées à couronner ceux qui rem- portoient le prix aux jeux publics. Aïinf aux jeux de lifthme de Corinthe, nommés iffhrmia, lès viéto- rieux étoient couronnés d’ache, qui eft une efpece de perfil plus fort & plus grand que le nôtre ; on en voit la forme fur une médaille de Néron. Hadrien en faveur d’Antinoüs , en fit faire une de lotus > à la- quelle il donna fon nom, Avrivotia ; Qui fe lit fur {es médailles. Les prêtres pour marquer le facerdoce , en fai- foient de crânes de bœuf, enlacés avec les plats où l'on mettoit les entrailles des vitimes , & les rubans dont elles étoient parées quand on les conduifoit à Pautel; cette couronne fe trouve fur une médaille d’Augufte, Les déités ont leurs réres ornées de couronnes par- ticulieres ; Bacchus eft couronné tantôt de pampre, tantôt de lierre ; Hercule en porte une d’un feuillage femblable au lierre ; celle de Cérès eft d’épis de blé; celle de Flore eft de fleurs. Au refte, le leéteur peut voir fur les couronnes, les diadèmes & les autres ornemens de rée > repré- fentés fur les médailles des rois des empereurs, des impératrices, des prêtres , des athletes, &c. le favant ouvrage de Charles Pafchal, intitulé Cro/i Pafcha- dii coronæ opus, libris X. difinélum , quibus res omnis Cororaria, à prifcorum IMONUINENIS erHtA, Continernr, Tome XVI, mA sr. médailles d’Eudoxia & de fon ; TET 20 Paris , 1610 ih-40, & Led. Bar. 1671, in-89, On peut aifément connoître À Poil les différentes façons de cafques, foit à la greque, foit À la romais ne. C’eft le plus ancien habillement de tête Qui pas roiffe fur les médailles, 87 le plus univerfel ; les rOIS, les empereurs , & les dieux même s’en font fervis: Le cafque qui couvre la rée de Rome » a d'ordinaire deux ailes, comme le pétafe de Mercure. Celui de quelques rois eft paré des cornes du J upiter Ham- mOn, Ou fimplement de cornes de taureau ou de be- lier, Pour marquer une force extraordinaire. Les habillemens étrangers font la mitre des rois d'Arménie & de Syrie, prefque femblable à celle de nos évêques , excepté qu’elle eft quelquefois carrée, ou crenelée par le haut. Tel eff fur les médailles Por- nement de ste d'Abgare roi d'Edefle, La tiare, fort femblable à celle des Voit aux rois de Perfe & aux Parthes. On voit auffi le bonnet phrÿypgien ou arménien, fur les médailles de Midas, d'Athys, & fur celle de Le-= mufcès, dent le revers qui repréfente l’adoration des mages, fait voir ces trois Princes avec ce même bonnet, Telle eft du moins la penfée de M. du Can- 8e; que tout le monde n’approuve pas : mais ce n’eft pas 1ci le lieu de décider ce diférend. Plufieurs rois grecs ont affedé de fe coëffer de la dépouille de lion, à limitation d'Hercule, comme Philippe pere d'Alexandre. A leur exemple quelques empereurs s'en font parés, Commode » Alexandre, Severe, &c. c’eit ce qui paroît par les sétes de leurs médailles. . Le voile qui couvre fouvent la ré des princes êz des princeffes, marque ou les fonions facerdotales qu'ils exercent comme de faire des facrifices, ou qu'ils font mis au rañg des dieux ; honneur qui leur a été rendu par les Payens jufqu’à Conftantin, dont on fouffrit l’apothéofe fur la monnoie , les empereurs chrétiens ne fe croyant pas encore aflez maîtres pour bännir généralement toutes les cérémonies payennes. Mais bientôt après, les princes & les prin- cefles affeéterent par dévotion, de faire paroître fur leurs médailles une main qui fortoit. du ciel , & qui leur mettoit la couronne fur la cére ; telles font les Arcadius, d’'Ho: papes ; fer- norius, de Galla Placidia, 6. On remarque quelquefois, fur-tout dans les mé= dailles du bas Empire, tout-autour de la sée des em- pereurs, une efpece de cercle rayonnant que l’on ap: pelle rimbe. Voyez NiMBe. À Les réres des déités portent comme les princes, où la couronne, ou le caîque , ou le voile » Ou le bonnet, où quelqu’autre fymbole qui les doit faire recon- noître, La couronne de laurier diftingue Apollon, & le génie du fénat ou du peuple, appellé spa ouvxasroc spoç d'uuoc. | La couronne d’épis, eft le fymbole de Cérès, La couronne de fleurs fait connoître Flora. La couronne de lierre ou dé pampre , marque Bac: chus ou les bacchantes. La couronne de rayons marque le Soleil, quand les rayons partent de la tée , fans être liés par un cercle. Le cafque convient à Mars & À Minerve; mais quand'il eft furmonté par le chat-huant ; C’eft indubi- tablement Minerve. La barette avec deux aîles, ef le chapeau de Mer: cure, nommé par les Latins perafus. Un bonnet fans bords, comme nos bonnets de nuit, marque Vulcain, les Cyclopes ; ou les cabires &tforgerons. L'eux femblables bonnets , furmontés chacun d'u: | ne étoile, marquent Caftor & Pollux. On dit que ce font les coques des œufs dont on piétend qu'ils font fortis, Ce 302 TET Le bonnet recourbé en pointe , fe donne au dieu Lunus. , Le boïffeau qui fe voit fur la rére de Sérapistéc de tous les génies, défigne la Providence , qui ne fait tien qu'avec mefure, & qui nourrit les hommes & les animaux. Télefphore dieu de la fanté, porte une capotte toute femblable à celle de no$ matelots, où des fol- dats qui font l’hiver en fation. Junon eft fouvent voilée; mais éelle qui préfide ‘aux nôces fous le nom dé Jwr0 pronuba, eft enve- loppée prefque à mi-corps, d’un grand voile nom- mé flammeum. Junon, dite Sofpita, eft coëffée d’une dépouille de chevre avec les deux cornes. Il y a d’autres déités, particulièrement chez les | Egyptiens, qui ont la sé nue avec un fymbole ; Apis eft un taureau qui porte une fleur de lotus en- tre les deux cornes, une marque blanche au milieu du front, & le croiffant blanc fur la rés Ofiris a le même fymbole; Ifis & le Canope, portent fur le devant de la sére, une efpece de fleur plus large & plus épanouie que le lys: on dit que c’eft la fleur d'aurone , dite par les Grecs a Bporo re. Elle eft com- mune aux deux Canopes, pour l’un & l’autre fexe, comme on le voit fur quelques médailles; le dieu re- ténant le nom de Cazope, & la déefle prenant celui d'Euményrhis. VEfpérance porte la même fleur, plus approchante du lis. Les céres parées des fymboles de plufieurs déités différentes, fe nomment Panchées. Voyez PANTHÉES. Des ornemens de buftes. Les buftes qu'on voit fur les médailles, fe trouvent accompagnés dé fÿmboles qui leur font particuliers, fur-tout quand les deux bras paroïflent, comme il eft ordinaire dans les mé- daïllons, & dans les plus petites médailles du bas Empire. Souvent ils tiennent dans la maïn un globe, pour marquer qu'ils font Les maîtres du monde. Ce globe eft quelquefois {urmonté d’une Viétoire ailée, qui tient une couronne afin de faire connoiïtre que c’eftà la ViQoire que Le prince doit empire du mon- de ; quelquefois ce globe eft furmonté d’une croix, fur-tout depuis Conftantin. Le fceptre qu'ilatiennent à lamain lorfqu’ils font en habit confula c’eft ainfi que font prefque toujours les em monté d’un globe chargé d'une aigle. Dès le tems d’Auegufte, on voit fur les médailles le fceptré con- fulaire dont nous parlons. Phocas eft le premier qui ait fait ajouter une croix àfonfceptre. Lorfqu’ils font repréfentés en armes, outre le caf- ne & le bouclier, ils ont ordinairement un javelot À la main ou fur l'épaule. _ . Quand ils font'en robe dans le bas Empire, le _{ceptre eft une férule, nomimée raplné, qui confifte en une tige aflez longue, dont le haut eft carré & plat. L’ufage en eft fort ancien parmi les Grecs, qui appelloïent leurs princes #arricophores, porte-férules. Dans la famille de Conftantin, & dans quelques autres, on voit fouvent les princes portant une efpe- ce de guidon, nommé labarum. Ia foudre qui eft quelquefois placée derriere la réte des princes, comme fur une médaille d'Augufte, marque la fouveraine autorité, &c un pouvoir égal à celui des dieux. LE Depuis Anaftafe, on voit dans la main des empe- reurs une efpece de fachet, ou de rouleau long êz étroit, dont 1l n’eft pas aifé de pénétrer lemyftere. Les uns prétendent que c’eft un mouchoir plié, que celui qui préfidoit aux jeux jettoit de fatloge pouries faire commencer; & que c’eft pour cela queles côn- fuls dont nous avons les figures , en tiennent un femblable. D'autres veulent que c’eft ce fachet que Von préfentoit à Pempereur à la cérémonie de {on eurs de Conftantinople , eft fur- | TET ficre il étoit plein de cendre & de pouffiere, &on | le nommoit zkakia. Peut-être que ceux qui difent fimplement, que ce n’eft qu'un rouleau de papiers êr |: de mémoires que lof préfentoit aux princes & aux | confuls, &c qu'ils ténotent à la main pour y répon-. dre, 1ont auifi bien fondés que les autres dans leurs ! conjeélutes; d'autant plus que lorfque les flatues |! font entieres, on voit ordinairement au pié une pe- tité caflette pour ferrer ces papiers. 4 Le Le croiflant eff fouvent employé pour foutenir le | buftedes princefles ; elles tiénnent dans l’état, dont | léprince eft le foferl, la place que Pondonne à lalune dans le ciel. Le dieu Lunus porté le croiflant aux . épaules’ pour fymbole naturel, felon la penfée fu, petftitieufe de certains peuples quiônt cru que la fu- | ne’étoit une déité mâle, & que ceux qui l’adoroient | Ë ! 7 . Î ! comme une déefle étoient malheureux dans leur ma-. : | riage. ; : Le bufte des Amazones eft ordinairement orné d’une petite hache d'armes, qu’elles portent fur Pé-, | paule avec un petit bouclier fait en croflant, que les Lâtins nomment pe/ra. \E Les Cabires ‘portent un gros maillet à deux réres; & Vulcain-des tenailles & un marteau , qui fouvent dans le revers fé mettent avec Periclume. } Anubis eft connu par fa rére de chien, & par le fif- tre d’TIfis qu'on lui met à la main, La maflue & la dépouille de lon eit le fymbole d'Hercule, & des princes qui prétendoient être de fes defcendans , ou les mitateurs de fa valeur, com- | me les Macédomiens. | Je finis par ces efpeces de buftes qui vont jufqu’à mi-corps, tels qu'il s’en rencontre fur des médaillons ou fur le grand bronze. On y voit le cafque , le bou- chier, & un cheval qu’on tient par la bride, pour | marquer les viétoires remportées , ou dans les.com- bats de la suerre, ou dans les jeux du cirque. | ‘Il fe trouve encore fur les médailles, principale- ment fur les preques, d’autres pétits fymboles du côté de la rée, qui font la marque ‘ou des charges que poflédoient ceux qui y font repréfentés, où des victoires qu'ils avoient remportées, ou les mono- grammes des villes, ou les fymboles des déités hono- rées fingulierement par les princes ou par les villes, ou des contre-marques de la différente valeur des monnotes. (Le chevalier DE JAUCOURT. TÊTE DE MAURE, (Chi. ) chapiteau d’un alem- bic à long col, pour porter les vapeurs dans un ton- neau qui fert de réfrigérant, TÊTE DE MOUCHE, ( Médecine. ) nom françois de la maladie des yeux, nommée par les médecins grecs myocephalon , mot formée de px, mouche, &de xépañn, téte ; C'eit une petite tumeur pas plus srofle que la tête d’une mouche, qui fe forme fur l'uvée de l’œil par une petite rupture de la cornée. Cette efpece de ftaphylome ne caufe pas tant de difformité que les autres, quelque partie de l'œil qu’elle oc- |_cupe, &c ne détruit pas entierement la vue, quand elle fe trouve dans la cornée opaque; mais quand elle eft dans la cornée tranfparente , elle la détruit prefque toujours , ou fa diminue confidérablement tant à caufe du dérangement de l’uvée, que par la cicatrice qui a précédé. Il ne faut point toucher à cette petite tumeur, parce qu’elle eft fans remede. Tout ce qu'on peut faire dans les commencemens, c’eft de fe fervir de collyres defléchans & aftrin- gens ; afin d'empêcher autant qu'il eft poffble laccroiflement de la petite tumeur. Dans la fuite 1 arrive fouvent qu’elle vient à diminuer en fe deflé- chant. % + VÊTE DE NEGRE, (Comm. d'Afrique.) c’eft ainfi qu'on nomme fur les côtes d'Afrique, où les Euro péens font la traite des neÿres, ceux qui font âgés depuis 16 ou 17 ans jufqu’à 30. On leur donne le même nom aux iles Antilles, Ricard, | TET Tère, ( Arr, ) ornement de feulptute qui fert à la clé d’un arc, d’une platebande, Ge, Les tes repréfentent ordinairement des divinités, des ver tus, des faifons, des âges, éc. avec leurs attributs, comme un tridentà Neptune, un caîfque à Maïs, un caducée à Mercure, un diadème à Jupiter, une couronne d'épis à Cerës, éc. On emploie auf des têtes d'animaux par rapport aux lieux, comme une tére de bœuf ou de bélier, pour une boucherie; de chien, pour un chenil; de cerf ou de fanglier, pour un parc ; de cheval, pour une écurie, Gr. Tése de bœuf, où de bélier décharnée, Otnement de fculpture des temples des payens , par rapport à leurs facrifices, qui entroit dans les métopes de la frife dorique , & dans d’autres endroits. Il y a une téte de bœnf à une fépulture de la famille Métella, près de Rome, appellée à caufe de cela, capo di boye. Téte de chevalement. Piece de bois qui porte fur deux étaies, pour foutenir quelque pan de mur ou quelque encoignure , pendant qu'on fait une reprile par fous-œuvre. Fête de mur, C'eft ce qui paroît de l’épaiffeur d’un mur dans une ouverture, qui eft ordinairement re- vêtu d'une chaîne de pierre ou d’une jambe étriere. Téte de vouffoir. C’eft la partie de devant, ou de derriere d’un vouloir d’arc. Tére perdue. On appelle ainfi toutes les t&es ou boutons, vis & cloux qui n’excedent point le pare- ment de ce qu'ils attachent ou retiennent. Davifer. TÊTE DE CANAL, (Archis. hydranl, ) c’eft l'entrée dun canal, & le partie la plus proche du jardin, où les eaux viennent fe rendre après lejeu des fontaines. C’eft auffi un bâtiment ruftique en maniere de grotte, avec fontaines &c cafcades, au bout d’une Jongue piece d’eau. Telle eft la sée du canal de Vaux-le- Vicomte, qui eft un ouvrage très-confidérable, TÊTE DE MAURE, (Areillerie.) efpece de grenade qu'on tire avec le canon. ( D. j.) TÊTE DE PORC, caput porcinum, dipofñtion de troupes dont les anciens fe fervoient quelquefois. Voyez Coïx. Fête , fe dit dans la marche des troupes, de la pat- fie la plus avancée ou qui marche la premiere ; ainf la té d'une colonne, dans les marches, eft formée des premieres troupes de la colonne. La sére eft op- poiée à la queue, qui eft formée des troupes qui marchent les dernieres. La tête du camp, eft auflifa partie la plus avancée où qui fait face à l'ennemi. Voyez FRONT DE BANDIERE. Dans les fapes, la sére et de même la partie la plus avancée du travail vers la place. TÊTE DE LA TRANCHÉE, (Fortific. ) c’eft fa par- tie la plus avancée vers la place. Voyez TRANCHÉE. TËTEOZ TÊTE DE MORE, ( Marine.) Voyez CHOUQUET. TÊTE DE L’ANCRE, (Marine. ) c’eft la pattie de Pancre, où la vergue eft jointe avec la croifée. TÈTE DU VENT, ( Marine.) ceft le tems où le vent commence à foufiler. TÊTE, en Mufique ; la réte ou le corps d’une note, eff cette partie de la note qui en détermine la pofi- tion, & à laquelle tient la queue quand ellé en 2. Voyez QUEUE. Avant l'invention de l'Imprimerie 11 n’y avoit que des notes noires; car la plüpatt des notes étant quar- rées, il eût été trop long de les faire blanches en écrivant. Dans l’impreflion, on forma des #ées de notes blanches, c’eft - à - dire vuides dans le milieu. Aujourd’hui les unes & les autres font en ufage, &, toutes chofes d’ailleurs égales , une rére blanche mar. que toujours une durée double de celle d’une rére noie. Voyez NOTES, VALEUR DES NOTES » Gc. Tor € XFT « Le ED _ #è; TÊTÉ DU ROURT, e% sermie de Cardenr ceft jé bout durouet qui pole à terre, & qui porte les mas rionettes, les tafleaux, & la broche. TÊTE, e7 rerme de Cirier, c'eft l'extrémité d’une bougie, d’un cierge, c. par laguelle ils doivent être allumés: on a foin d’énfermet la se dé Ja meché dans un feret, pour l'empêcher de s’imbiber de cire, Voyez FERET. TÊTE DE BOUGIE, (Cirerie.) c’eft le côté où la meche n’eft point couverte de cire : cette rée fe fait en mettant le haut de la meche dans des ferets lorf- qu'on commence la bougie, & en coupant avec ua couteau de bois la cire du côté de cette meche, quand on l’a roulée pour achever. Savary. (D.J.) TÊTE À TROIS COUPS, ( Clourerie. ) on appelle ainfi les clous ordinaires pour les diftinguer des clous à crochets & des clous à sé%e plate : ce nom de sée & trois conps, leur vient de ce qu’on en forge la réte eñ la frappant trois fois du marteau, ce qui forme trois efpeces de triangles irréguliers. (D. Le) TÊTE DE CAHMPIGNON, ( Clourerie.\ ce font de grands clous dont la sée eft ronde, de prés d’un pou- ce de diametre, & prefque d'autant de hauteur, creufe en-dedans, &t de la fieure d’un champignon ; ils ont deux pointes foudées enfemble, longues d’en: viron fix pouces, qui s'ouvrent & fe rivent féparé: ment, quand elles ont percé les planches & traver: fes où on les attache ; ils fervent aux portes coche: res dont ils arrêtent les barres qui font derriere , £ forment en - devant une efpece d’ornement en quinconce, ( D. J.) , TÊTE EMBOUTIE, ex terme de Cloutier, c’eft la plus grofle forte de broquettes qui fe faflent & fe débi- tent par les cloutiers : elle eft ainfi nommée de ce que la réte du clou en eff relevée & atrondie.(2D, JF) TÊTE PLATTE, ( Courerie. ) on nomme ainf les clous à ardoïfe 87 à latte, qwon appelle autrement clous a bouche, COPA) TÊTE RABATUE, ( Couterie.) les clous à réte ra: battue, fort de gros cious qui fervent à clouer & at- tacher les bandes de fer qu’on met aux roues dé charrette ; ceux qui font deftinés aux roues de car- roffes & de chaïfes ne font pas fi forts, & s'appellent fimplement clous à bandes. ( D. J.) TÊTE DE MORT, zerme de Doreur, les peintres & doreurs du pont Notre-Dame & du quai de Gê- vres , appellent ainfi les bordures de bois uni qui ont fix pouces de hauteur fur quatre pouces neuf hgnes de largeur : leur nom vient de ce que les pre- mieres eftampes pour lefquelles on les fit, reprefen- toient une réte de mort. Savary. (D. J. TÊTE, er cerme d’Epinglier, n’eft autre chofe qu'un tour de laiton en forme d’anneau, que l’on a filé fur le moule au rouet, & coupé un-à-un, pour être fortement appliqué fur le métier, à la partie de l’épingle deftinée à l'empêcher de bleffer les doigts, ou de fortir de l’endroït où on l’a piquée. TÊTE, (Fonder. de caratteres. ) ce mot fe prend quelquefois parmi les fondeurs de cara@eres d'in primerie, pour ce qu’on nomme autrement /’æi/ de La lettre ; on doit pourtant y faire quelque différence, Poil étant proprement la gravure en relief de la let- tre , &c la sére le haut ou ta table de lalettre où eft cette gravure : une lettre bien fondue ne doit être ni forte en pie, n1 forte en rére. ( D, J.) TÊTE, (Jardinage.) s'emploie pour défigner le haut d’un parterre ; on dit la séte d’un bois , d'un ca- nal, d'une cafcade, pour exprimer la partie par où commencent ces pieces. TÊTE ET QUEUE, #rme de Manufuëfluriers, on dit chez les Manufa@uriers & chez les Marchands à qu'une piece d'étoffe à rére & queue, quand elle n’a point été entamée, qu’elle ef toure entiere. (D. J.) TÊTE DE CHEVAL, (Maréchal) se doit en gé- | ci 304 TET héral être menue, feche, déchargée de chair, & médiocrement longue. Elle eft compofée dés oreil- les, du toupet, du front, des earmies , des falieres , des yeux , du chanfrein, de la ganache , du canal, de la barbe ou barbouchet, du menton, des nafeaux, du bout du nez, des levres. Le dedans de la bouche eft compofé des dents de devant, des erocs, cro- chets ou écaillons , des dents mächelieres, des bar- res, de la langue & du palais. Voyez chacun de ces mots aux lettres qui leur conviennent. Il ya desséres de conformations différentes; favoir, de longues, de larges ou quarrées, de courtes, de bufauces ou moutonnées , & de petites; mais la beauté d’une réte de cheval eft d’être petite , déchar- gée de chair, defaçon que les veines paroïflent à- travers la peau ; celles qui approchent le plus de cette defcription approchent le plus de la beauté. Les têtes bufquées où moutonnées, c’eft-à-dire celles qui depuis les yeux juiqu'au bout du nez , forment une ligne convexe quand on les regarde de côté, paflent pour Elles; mais celles qui en les regardant ainfi, forment une ligne concave en s’enfonçant vers le milieu du chanfrein , & fe relevant enfuite pour for- mer les nafeaux, font les plus vilaines & les plus ignobles de toutes. C’eft un défaut pour une rése d'être trop longue. Le front large qui fait la rére quarrée, n’eft pas une beauté. La sé groffe eft un défaut , de même que la sére mal attachée ou mal pendue , c’eft- à-dire commençant un peu trop bas, & au deffous du haut du cou, Liffe en tête, voyez CHANFREIN:. Marquéen tête, voyez ÉTOILE. La tére à la muraille, voyez PASSEGER. Porter bien La tére , la tête dans les nues , voyez PORTER. Placer Ja tére, voyez PLACER, Relever la tête, voyez RELEVER. On dit aux voltes qu'un cheval a la séte dedans , lorfqu’on le mene de biais fur la volte , & qu’on lui fait plier un peu la rére en-dedans de la volte. Courir les têtes | exercice d’a- cadémie ; on place une rérade carton dans la carriere, & l'écolier tantôt armé d’une épée, & tantôt d’un dard , tâche de l'enlever ou de la frapper en courant à cheval à toutes jambes, | TÊTE, ex cermes de Marchand de modes , eft un rang de blonde beaucoup plus étroite,qui fert comme de bord au côté du fichu qui touche fous le menton. Voyez Ficau. Ce petit rang eft monté &c froncé fur un ruban ainfi que les deux autres qui forment le bas du fichu. TÊTE DE CHEVEUX , terme de Perruquier | c’eft le côté des cheveux par où ils ont été coupés & déta- chés de la rére; l’autre extrémité fe nomme /4 pointe. C’eft par le côté de la réte qu’on trefle les cheveux fur le métier pour pouvoir en faire une perruque. Voyez CHEVEUX. ; TÊTE À PERRUQUE ; ( Perruquier. ) ce font des morceaux de bois fculptés, auxquels on a donné la forme & les dimenfions d’une rére d'homme, Elle eft ordinairement montée fur un pié ou pivot d’une hau- teur fufifante pour que l’ouvrier puifle s’en fervir commodement. | _ Ilya des rétes qui ne fervent que pour y mettre les perruques ; quand on veut les peigner & pou- drer. | Il y en a d’autres qui font faites exprès pour mon- ter les perruques. Elles font conftruites de la même maniere que les autres, excepté qu’on y attache en plufieurs endroits de petits clousou pointes crochues, par le moyen defquelles le perruquier aflujettit la coëfe quand il veut monter une perruque. Comme on fait des perruques fuivant la groffeur de la réce de ceux qui les commandent, & que les têtes ne font pas toutes de la même grofleur, les per- ruquiers ont des cères & perruques de fix ou fept grof- feurs différentes : ils les d'finguent par les numéros t,2,3, 4, Gc.la pluspetiteeit appellée du numéro. 1, & ainfi de fiute. - TE T Quand la rése de celui qui commande né perrus que ne fe trouve pas préciiément de la groffeur de auelqu’une de ces différentes séres à perruque , lou- vrier fe fert de la rére du degré immédiatement au- deflous, & fupplée au défaut de grofieur par des cartes ou papiers qu'il placeentre la séce & la coëffe, Voyez les figures. TÊTE, ex termes de Raffineur , eft le petit bout d’un pain de fucre. Toute l’étude d’un rañneur eft de faire de belles séres au fucre, parce que comme c’eit la derniere qui fe fait, 1l eft à préfumer que le pain entier eft parfait quand elle eft belle ; & c’eft pour cela que les marchands ne vifitent que la sée des pains quand ils achetent de cette marchandife, Voyez les PI, TÊTE D'UN ROT, ( cerme de Rotiers.) ils nomment la réte d’un rot , la partie fupérieure d’un rot, & la partie inférieure ifs appellent Zepre. (D. J.) T£rE, (Sculpture, )ornement qu’on place à la clé d’une arcade, d'une plate-bande, au-deflus d’une porte, d’une fenêtre , & en d’autres endroits. Ces fortes de réres reprélentent quelquefois des divinités, des vertus , des faïlons, des âges, 6x. avec leurs attributs , comme un trident à Neptune, un cafque à Mars, un caducée à Mercure ,un diadème à Junon, une couronne d’épis de blé à Cérès, &c. On emploie auffi dans ces fortes d’ornemens, non-feulement des' rétes d'hommes , mais des séres d'animaux ; ainfi on met des sétes de cerfs fur la porte des parcs , des séres de chien pour les chenils, des séres de cheval pour une écurie, comme à la belle écurie de Chantilhi, ÉEACD OT) TÊTE, en termes de Serrurerie & Taillanderie , Ge, eff la partie du marteau qui eft ordinairement quarrée, ou ronde, oppoiée à la panne; elle doit être acérée. TÊTE D’ARGUE , f. f. ( serme de Tireur d’or. ) c’eft la partie fupérieure d’un gros billot quarré élevé de deux piés de terre, qui a deux entailles, dont Fune fert à placer &c appuyer les filieres , & l’autre à faire pañfer les lingots par les pertuis des mêmes filieres pour les tirer à l’argne, Savary. (D. JT.) TÊTE, ( Tifferanderie.) on nomme en terme de ro- tiers, la rére d’un rot, la partie fupérieure du rot ; l’inférieure s'appelle Ze pié. ( D. J.) TETE, {. f (rerme de Manege,) Ce mot entré .en'plufieurs façons de parler de manege: ainfondit, paflager un cheval la #ére & leshanches dedans ; cette phrafe fignifñie, porter .un cheval de côté fur deux lignes paralleles au pas, ou au trot ; de forte que le cheval pliant le cou, tôurne la sése au-dedans de la volte , & regarde le chemin qu'il va faire. On dit qu'un cheval place bien fa sée , qu'il porte en beau lieu, en parlant de fon aétion &t de fon encolure. On dit aufli qu’il ala sére dedans , quand il manie fur les voltes de biais, & en pliant un peu la sée. (D. J.) TÊTES, COURIR LES, ( erme de Manege.) ceqw'on nomme courir les têtes, eftune fotte d'exercice à chez val, qui fe fait en quatre courfes à toute bride. La premiere pour enlever âvec la lance une réte de car» ton pofée pour cet effet fur un poteau ; la feconde pour lancer un dardcontre une cése femblable; la troi- fieme pour lancer un dard contre une réte de Médufe peinte fur un rond de bois ; & la derniere pour rele- ver de terre une troifieme sére avec la pointe de lé- pée. (D. J.) TÊTE, ez Fauconnerie, on dit faire la sére d'un oi- feau , c’eft-à-dire Paccoutumer au chaperon. Tére fe dit auf du bois de cerf, Les cerfs quittent tous les ans leurs séces, c’eft-à-dire leur bois, on dit une sére bien née. à On connoît l’âge d’un cerf par la sée ; on dit qu’un cerf eft à {à premiere sée. Voyez DAGUES. La deuxieme 1éte du cerf, eft le bois aw’il pouffe en commençant fa trouieme année dite porte fix, parce ET Que chaque perche porte deux petits andouillers ou- tre les deux bouts de la perche. Troifeme tête qu'il poufle en commençant fa qua- trieme année. | … Quarrieme tére en comménçant la cinquieme an- hce. Cinquième tée eñ commençant fa fixieme année; pañlé fix ans, c’eft un vrai cerf de dix cors. Téte portant trochures | qui portent trois ou quatre chevilles andouillers ou épois à la fommité de leur bois. Téte enfourchée, dont les dards du fommet font la fourche , on dit auf sére bien chevillée, Tête paumée, celle dont la fommité s'ouvre & rer préfente Îes doigts & la paume de la main. Téte coxronnée , celle dont les cors font une efhece de couronne, elles fontrares. Tére faux marquée, eft celle dont les deux côtés ne portent pas autant de cors l’un que Pautre; par éxemple , quand il n’y a que fix cors d'un côté & fept de l’autre ; on dit alors , sére faux marquée, ce cerf porte quatorze faux marqués, car Le plus em- porte le moins, | TÊTE ROUÉE , erme de Wénerie; tête roue fe dit des téres de cerfs, daim & chevreuil, dont les perches font ferrées. S'afrove. (D.7.) . TÊTE DE MAURE, serme de Blafon, on appelle rétes de maure des têtes repréfentées de profil, bandées , liées & tortillées. (DJ) _ TÊTE, ax jen du revertier, {e dit de la onzieme cafe, ou de la lame du coin qui eff à la droite de celui con- tre qui on joue, Il eft à-propos de la bien garnir, parce que l’on cafe bien plus aifément apres. Il n’y a aucun rifque d'y mettre jufqu'à fept ou huit dames. . TÊTE-CHÈVRE, CRAPAUD VOLANT, caprimulgus, oifeau de nuit qui reflemble plus au coucou qu'à la chouette ; il a environ 16 pouces de longueur, de= puis la pointe du bec jufqw’à l'extrémité de la queue; fa sére eft grofle à proportion du corps, cependant cette différence eft moins fenfible que dans les au- tres oïfeaux de fon genre, tels que les chouettes, les hiboux, Ge, il a le bec petit, noir & un peu courbe; l'ouverture de la bouche eft un peu grande; il ya fur les côtés de la piece fupérieure du bec des poils noirs & roides, qui reflemblent à des foies. Toute la face inférieure de cet oifeau eft variée de petites ban- des noires & de bandes blanches, mêlées de roux ; le derriere de la rére & le deflus de la face fupérieute du cou font cendrés ; à l'exception du milieu de cha- que plume qui eft noir. Les grandes plumes des aîles . & celles du fecond rang font d’un noir mêlé de roux, èz les petites ont de plus un peu de cendré. La queue a 4 pouces & demi de longueur , elle eft compote de dix plumes qui ont des bandes noires tranfverfa- les; l’efpace qui fe trouve entre les bandes eft d’un cendré , mêlé d’une teinte de roux avec de petits points noirs ; les deux plumes extérieures de chaque côté ont à leur extrémité une tache d’un jaune pâle, thêlé de noir. Les piés font couverts de plumes pref que jufqu'’aux doigts feulement fur la partie anté- rieure; ces doiots ont une couleur noirâtre ; ces on- gles font petits & noirs; celui du doigt du milieu eft le plus long, &.il a fur le côté intérieur un appen- dice denté comme celui des hérons. Cet oifeau varie un peu pour les couleurs, foit par rapport à l’âge ou à la différence du {exe ; il y a des individus qui ont üne grande tache blanche fur les trois premieres gran. des plumes des ailes, & une autre fur les deux plu- mes extérieures de la queue près de leur extrémité. On a donné le nom de rére-chevre à cet oïfeau, parce qu'on prétend qu'l s'attache aux mamelles des che- vres dans les campagnes , & qu'il en fuce le lait. VWillughbi , ornir. Voyez Oiseau. : MÊTE-PLATE, (ff, d'Amérig.) nom françois qui fépond à celui d’omagres, dans la langue du Pérou & à celui de cemberas, dans la langue du Bréfil, Les peuples qui habitent le long de la riviere des Amazo: nes ; ont la bifarre coutume de prefleér entre deux planches, le front des enfans qui viennent de naître ; & de leur procurer l'étrange figure applatie qui en réfulte, pour les faire mieux reflembler, difentils, à la pleine lune. Le plus difficile à comprendre, c’ef qu'il n’en réfulte pas des dérangemens confdérables : dans organe du cerveau. (DJ). TÊTE-RONDE , ( AE. d’Angler. ) fobriquet qu'on donna fous Charles I. en 1641 au parti du peuple , qui vouloir exclure les évêques de la chambre hau- te. Les apprentis de plufieurs métiers qui couturent cette année dans Londres & dans Won. en ciiant , point d'évéques ; portoient alors leurs che- veux coupés en rond. La reine voyant dans la foule de ces apprentifs , un nommé Barnadiflon, fe mit à dire, ho la belle réte-ronde ! Telle eft l’origine du noni de séte-ronde qui fut donné aux parlementaires de la chambre baffle , éomme le nom de cavalier fut donné aux pattifans du roi. Ces deux fobriquets durerent jufqu’au rétebliffement de Charles II, qu'ils furent changés peu-à-peu , en ceux de Lorys & Whigs: (D.J.) TÊTE 4 L’ANGLOIS, MELON ÉPINEUX, melocac tu, gente de plante à fleur monopétale, campanifor: me tubulée, profondement découpée & foutenue par un calice qui devient dans la fuite un fruit femblable a une olive , & charnu, qui renferme une petite fe- mence, Ces fruits font réunis en maniere de sére dans beaucoup d’efpeces, Tournefort, infl,rec herb. Voyez PLANTE. ; TÊTE D’ANE, Voyez CHABOT, | TETER , laiton de, (Phyficlo ie, ) j’allois prefz que dire Le sesement , tant On eft porté à forger les fubflantifs dont on a befoin, qui manquent fouvent dans notre langue , 87 qui ne feroient que l’enrichir. , L'aëlion de tesereft la fuccion & la compreffion que font les parties de la bouche de l’enfant fur le ma melon de la nourrice , au moyen de laquelle fuccion & comprefhon il tire le lait de la mamelle pour fa noufriture. TE On ne peut qu'admirer la fasacité avec laquelle quelques animaux , y compris homme, cherchent naturellement la mamelle & favent rerer dès le mo=- ment de leur naïflance, tandis que les Phyfciens font embarraffés & même partagés entre eux pour expli quer la méchanique de cette ation. Le fentiment le plus général eft que l'enfant en avançant les levres fait une forte de tuyau, qu'il poule dans la cavité de ce tuyau la langue qui eft alors une efpece de pifton , & qu’en la retirant il forme un vuide entrelle & le mamelon , d’où il ar- rive que les mamelles preffés par l'air extérieur do vent verfer le lait dans cet efpace vuide d'air, L’en- fant ayant faifi le mamelon, baie la mâchoire infe- rieure, & oblige par-là la langue à-reculer & à for: mer le vuide dont nous venons de parler. C’eft à-peu-près ainf qu'un membre de l'académie des Scrences explique comment uñ nouveau-né qui n'a point de palais ne fauroit sser, parce qu’alors l'air qui pale continuellement parle nez pour larefbiration entrant dans la bouche de enfant, preffe le bout du maimelon , &c empêche la fortie du ldit, la bouche ne faifant plus office de pompe afpirante, piufqu'il ne fe fait plus de vuide. Quand on donna cette explica tion à l’académie, M. Petit le chirurgien ne convint point qu’un tel enfant né fans palais fût incapable de zetèr, mu qu'un vuide datis La bouche fût abfolument neceflaire pouf lation de seier. Bientôt aprèsen173 5; 1] appuya fes raifons d’un mémoire fur cette matiere, dont voici le précis, , TT - Les femmes qui trayent les vaches font {ortir le 106 - TET lait par la feule compreffion de leurs mains aw’elles conduifent l’une après l’autre du haut du pis juiqu’en- bas, enforte qu’une main reprend toujours où Pau- tre a quitté. Îl n'y a là ni vuide ni pompe afpirante. Qu'on examine bien un enfant, il en fait tout au- tant. Quand une nourrice lui préfente la mamelle,, elle a foin de lui élever la tête avec une de fes mains, pendant qu'avec l’autre elle lui porte le mamelon à la bouche en preffant doucement la mamelle, &c dif- pofant ainfi le lait à pañler par les ouvertures qui fout à l’extrémité du mamelon ; c’eft ce qui déter- mine l’a&tion des levres , de la langue & des mâchoï- res de l’enfant. Il faifit le mamelon avec fes levres _qu'ilavance en fermant la bouche comme quand on fait la moue, & dont il fait une efpece de canal char- nu qui ferre doucement le mamelon. L’Anatomie démontre qu'il y a dans ce canal des fibres de deux différentes direétions , les longitudi- nales &z les tranfverfes qui font circulaires. Les der- nieres font celles du mufcle orbiculaire ; les longi- tudinales font fournies par les mufcles incififs, ca- nins , zygomatiques , buccinateurs , triangulaires & quarrées. Avec les longitudinales aufli alongées qu’elles peuvent l'être , l'enfant prend le mamelon le plus près de la mamelle qu’il peut ; & quand ces mêmes fibres fe contrattent & s’accourciflent , elles amenent le lait de la mamelle dans Le mamelon, Pour les fibres tranfverfes , elles ne font que ferrer plus ou moins. ; Le mamelon des nourrices eft plus large à fa bafe qu’à fa pointe , c’eft ce qui le difpofe toujours à gliiler hors de la bouche ; c’eft aufhi ce qui fait que les vaifleaux laiteux ne peuvent être comprimés au point que le cours du lait en foit intercepté ; c’eit enfin par cette même difpofition que l'enfant , pour retenir le masnelon gliflant, eft excité aux mouve- mens les plus propres à faire couler le lait. En effet, malgré l'attention qu'ont les nourrices de tenir la tête de leurs enfans proche de la mamelle, le mame- lon s'échappe , fi les enfans ne le retiennent dans la bouche : inftruits par la nature, ils favent fe fervir utilement de leurs levres pour le retenir , & Île reti- ter par une efpece de mouvement ondoyant ou ver- miculaire. Sices premiers mouvemens ne fufifent pas pour faire entrer le mamelon , lenfant les répete jufqu'à ce que le mamelon foit fuffifamment entré, &ilne peut répéter ces mouvemens fans obliger le lait à fortir du mamelon. On obferve même que pour ti- rer le mamelon plus promptement &c plus avant dans la bouche, l'enfant le retient avec les mâchoires pen- dant qu'il éleve les levres en-dehors auf près de la mamelle qu’il eft poffible ; puis il ouvre les mâchot- res pour lâcher le mamelon, afin que les levres fe retirant le faflent entrer plus avant dans la bouche. La langue fert aufli aux enfans à retirer Le mame- lon par une efpece de fuccion ; mais pour celail faut que les mâchoires foient ouvertes , 8 que les levres ne foient appliquées que mollement au mamelon, fans quoi la langue en fe retirant nel pourroit aife- ment l’attirer à elle pour le fairer rentrer dans la bouche. Quand la langue a fait entrer fufifamment le ma- melon , elle cefle de le retirer, fe place deflous , & s’y moulant en forme de gouttiere, non-feulement elle s’y applique &c le retient fous la puiflance des levres , mais elle agit de concert avec elle par un mouvement vermiculaire qu’elle exécute, fans cefler entierement d’être appliquée au mamelon, puifque fa furface s’y joint toujours par quelques points , Les uns ne s’en féparant que lorfque d’autres s’y font ap- pliqués. Quelquefois la langue ainf appliquée au mamelon, TET pour le comprimer plus exaftement, le tire jufque {ous les mâchoires dont l’aétion eft plus forte, mais qui wétant garmes que de la chair des gencives , le preffent fans Le blefler ; par cette prefion plus vive, le lait coule dans la bouche en plus grande abon- dance, Enfin la langue toujours appliquée au mame- lon le tire quelquefois plus avant dans la bouche, ée le preffe contre le palais ; c’efl là que par fon mou- vement vermiculaire ou cndoyant, allant &c venant fucceffivement de la bafe à la pointe, elle agit fur tout le mamelon , & qu’elle en exprime le lait avec plus de facilité. Jufqu’ici les levres , les mâchoires &c la langue n’ont fait fortir du lait des mamelles que par la feule comprefion ; & fi nous avons parlé de la fuccion , ce na été qu’entant qu’elle fert à tirer le mamelon dans la bouche, pour le foumettre à la preffion des levres, de la langue & des gencives. Cependant ce n’eft pas Punique effet qu’on puiffe’ attribuer à la fuccion ; elle fuffit évidemment par elle-même pour faire fortir le lait des mamelles , pourvu que leslevres non-feulement entourent, mais encore {errent aflez exattement le mamelon pour l'empêcher de fuivre la langue, lorfqu’elle viendra à être tirée vers le gofer , alors le lait fortira du ma- melon , & occupera dans la bouche l’eifpace qu'aura quitté la langue. La bouche, dans ce cas, fait office d’une vraie pompe. | Si pour quele lait ou tout aütre liquide entre dans la bouche , il fuffit que le mamelon ou le vaifleau contenant le liquide foit exaétement entouré par les levres, & qu’enfuite la langue fe retire en arriere, ou que la mâchoire inférieure s'éloigne de la fupé- rieure ; fi cela, dis-je, fuffit, il eft clair que la réfpi- ration n’eft point toujours néceflaire pour l’intro- duétion du liquide dans la bouche. L’expérience même le prouve d’une façon fenfible , puifqu’on peut remplir la bouche de liquide fans refpirer, ê&c que, qui plus eft, on peut expirer dans le tems même que la bouche fe remplit de boiffon. R Quoique les différens mouvemens que nous ve- nons de parcourir , foit des levres, foit des mâchoi- res, foit de la langue, puiffent chacun féparément exprimer le lait du mamelon, 1ls ne peuvent pas tou- jours le faire couler avec une certaine abondance , ni avec'une certaine afance ; par exemple, le feul mouvement des levres ne feroit peut-être pas fufi- fant pour fatisfaire un enfant avide ou affamé non plus que la fuccion fimple, c’eft-à-dire celle qui, fans la compreffion alternative des levres, peut tirer le lait des mamelles ; ce n’eft que par le concours & la combinaifon de tous les mouvemens dont nous avons fait l’'énumération, que l’enfant peut serer abondam- ment & avec le moins de travail poffble. De toutes les façons de seser qui réfultent de cette combinaifon de mouvemens, la plus naturelle ou la plus commode pour lenfant, c’eft celle qui s’exé- cute par la fucceffion alternative &c prompte de la comp effion que tout le canal formé par l’avance des levres fait fur le mamelon par la fuccion , mais par une fuccion telle que le bout de la langue ne foit pas appliqué à l'extrémité du mamelon. La fuccion alors a le double avantage de tirer le lait par elle- même , en même tems qu’elle foumet le mamelon à la compreffion des levres & des gencives. Il eff encore une autre façon de ser, qu'on peut regarder comme une efpece de repos &c de délaffe- ment que l'enfant prend enserans. Ce cas arrive lorf- que les premiers fucemens ont procuré une telle dérivation de lait, que le mamelon le fournit pref- que de lui-même par le resgorgement des vaifleaux - Jaiteux. Alors une légere preflion des levres &.des mâchoires eft tout-au-plus néceffaire, & la langue ne fait que s’avancer pour recevoir ou ramafñler le T'ET lait, Scferetirer en arriere pour Îe pouffer dans le BOfEn 1e DIR PU Jah: | Excepté ce dermer cas, la bouche dans l’aAion de seter fait le double office de pompe afpirante &#oue lante. Le boutantérieur'de ja langue, en fe rétirant, fait le pftofide la premiere Pompe ; étattire le laït contenu dans le mamelon’, enfuite®la partie poité- rieurede la langue en preflant le lait contre le fond du palais, la cloifon du gôfier & le gofier même , & en fe retirant fur l'embouchure de Pœfofhage fait le pifton:de la pompe foulante Cette double a@ion de la langue s'exécute prefqué dans le mêmeünitant ; fa racine n'ayant point achevé fon coup de pifton foulant pour avaler , que-déja fon bout a commencé celui de pifton afpirant pour fucer. ; Par toutce qui a été dit jufqu'ici , 1l eft clair, fais vant M. Petit, qu'un enfantné fans palais non feule- ment peut exprimer le läit du mamelon par la fimple comprefionides levres, ainf qu’on la expliqué, mais encore que fa bouche peut faire la fon@ion d’üñe pompe äfpirante. Cette pompe à la vérité fera plus courte que dans l’état naturel, puifqu’elle n’aura que la longueur du canal charnu formé par l’avance des levres ; maïs fon jeu féra toujours le même. Ainf l'enfant qui manque entiérément de palais ne mour- ra point faute de pouvoir exprimer ou fucer le lait du mamelon 3 mais fi la bouche n’eft point capable de faire loffice de la pompe foulante , il doit nécef- fairement périr faute de pouvoir avaler. Il n'en eft pas de même lorfque les narines ne font ouvertes dans la bouche que par le feul écartement des os ; qui forment la voîte du palais ; cette mau- vaife conformation n’empêche point entierement les enfans d’avaler, En effet ; dans ce cas, la langue en s'appliquant au palais en bouche la fente , &tagiten- fuite fur chacune des portions du palais, comme elle feroit fur le palais entiér, Quand la cloifon charnue fe trouve aufli {éparée en deux, il eft bien vrai qu’une portion plus où moins confidérable du lait pañle par lenez; mais cela n'empêche pas que la racine de la langue, fur-tout lorfqw'elle fe retire précipitament , he fafle rentrer une partie du lait dans Le canal de Poœfophage. On fent qué dans ces différens vices de conformation l’enfant ft obligé pour ser de faire des mouvemens extraordinaires auxquels il ne peut pas toujours s’habituer , cé qui le met en danger de périr. On a vu plus d’une fois, dans de femblables cas, rechappér des enfans en leur donnant le pis d’une chevre, . Pourie rendre propre à cette fon@ion , on le vuide à demi avant que de le préfenter à l’enfant ; la grof- feur , la longueur & la flaccité ou la mollefe de ce _ Pis font qu'il fupplée ‘au vice des organes en rem- pliflant le vuide du palais 8 des narines. Le pis s’a- quite fi bien à toutes ces parties & les ouvertures en font même fi'exatement bouchées , qu’à chaque in- ftant on eft obligé de retirer le pis pour laifler refpi- rer l'enfant, | | Il vient auf quelquefois au monde des enfans qui ne peuvent pas serer, en conféquence de quelque cohérence de la langue au palais. Dans ce vice de conformation , il ne s’agit que de débrider la langue, la détacher, la tenir abaïflée avec une fpatule, faire infenfiblement cetté opération avec prudence , 8 oindrela plaie avec du miel rofat le plus fouvent qu’il eft poflible , pour empêcher la réunion des parties qu'on a divifées, | Après avoir expofé la maniere dont fe fait l’a&ion de rerer, on conçoit fans peine comment les payfan- nes, en tirant le pis de fa vache ou d'autre quadru- pede femelle , en font fortir le lait, & qu'il ne fort pas de lui-même, Il ne fort pas de lui-même, parce que les tuyaux excrétoires étant ridés par plufieurs filets ligamenteux &t élaftiques., ces rides , comme TE 207 |. autant de valvules, s’oppofent À 14 bite dy lait , * dont les conduits laiteux font remplis, Ajoutez qu’en tirant avec un peu deforce le bout du pis où mame- lon ; On alonge en même tems le pis dé Pantmal, d’oit réfulte un retréciflement latéral qui poufle le lait vers les tuyaux ouverts ; fouvent dans une fernme ; en comprimant légerement la mamelle & en prets | fantle lait vers le mamelon , On le fait fortir par les tuyaux laiteux, fans qu'il foit befoin d'employer la luccion. ( Le chevalier be JAUCOURT.) | TETH YE ; tthya, A, (Hif na, ) zO0phyte Couvert d’une peau dure {emblable à du cuir ; COM= me les holothuries, & qui refte toujours attaché aux Pierres où aux rochers de la mer, voye? HOLOTH US RIE, Les £eshyes ont à Chacune de leur extrémité une ouvérture pour prendre & rejetter l’eau, L’efs pece de cüir qui les recouvre eft brun & dur au toucher ;'elles ont à-peu-près une figure ovale, Ron- ; 2 delet, Air des infètes € 0ophytes , Chap. xix, Poyeg | ZOOPHYTE, . TETEYS, ( Myshol, ) fille du ciel'& de laterre, & femme de l'Océan. Son char étoit une conque d'une mérveilleufe figure, &c d’une blancheur plus éclatante que l’ivoire, Ce’ char fembloit voler {or la _ face des eaux. Quand Ia décffe alloit fe promener , es dauphins enfe jouant , foulevoient les flots. Après eux ve- noïenr des tritons qui fonnoïent de la trompette avec leurs conques recourbées. Ils environnoient le char de la déefle trainé par des chevaux marins plus blancs que le neige, & qui fendant Ponde falée , laïfloient loin derrière eux un vafte fillon dans la mer. Leurs yeux étoient enflammés » © leurs bou ches étoient fumantes. Les Océanides, filles de Te thys ; couronnées de fleurs ; nageoiïent en foule der- riere fon char ; leurs beaux cheveux péndoiïent fur leurs épaules , & flottoient au oré des vents. Téthys tenoit d’une main un fceptre d’or pour commander aux vagues; de l’autre elle portoit fur fes genoux le petit dieu Palémon fon fs pendant à la mammelle. Elle avoit un vifage ferein &une dou: ce majefté qui faifoit fuir les vents {éditieux , & tou: tes les noires tempêres. Les tritons conduifoient fes Chevaux, & tenoïient les rênes dorées. Une grande voile de pourpre flottoit dans les airs au-deflus du char. Elle étoit plus où moins enflée par le fouffle d’une multitude de petits zéphirs qui la poufloient pat leurs haleines. | Eole, au milieu des airs , inquiet, ardent, tenoit en filence les fiers aquilons, & repoufloit tous les nuages, Les immenfes baleines & tous lés monftres marins, faifant avec leuts narines un flux & reflux de Ponde amere, fortoient à la hâte de leurs orottes profondes, pour rendre hommage à la déefle, Cet Téchys qui délivra Jupiter, & le remit en lie berté , dans le tems qu'il avoit été arrêté & lié pat les autres dieux, c’eft-À-dire que Jupiter trouva le moyen de fe fauver par met des embûches que lui avoient tendues les titans à qui il faifoit la guerre ; ou bien en prenant cette guerre du côté de l’hiftoire ; une princefle de la famille des Titans employa des fecours étrangers pour délivrer J upiteér de quelque péril. Mais Téhys , {lon les apparences, n’eft qu”- une divinité purement phyfique, ainf nommée de FBwn, qui fignifie mourrice , parce qu’elle étoit la déefle de l'humidité qui eft ce qui nourrit & entre- tient tout, Îl ne faut pas confondre notre Térhys avec la Théris mere d'Achille; leur nom eft écrit diffé: remment. (D. J.) TETIERE , £ f. ex terme de Chirurgie , eft un ban- dage de tête ufité lorfque la tête a étébleflée, oyez COUVRE-CHEF. a un La TÊTIERE, £ ( serre de Bourrelier.) c’eft la partie de la bride où fe met la tête du cheval, La #étiere et 205 TET compofée de deux porte-mords, d’un frontal, dune foñgorge , & d’une muferolle. TÊTIERE , {. f. (rerme de Lingere.) forte de voile de toile qui tient la rête de l’enfant nouveau-né , &z qué cet enfant porte jufqu'à ce qu'il puifle un peu foutenir fa tête. (D.J.) | Têrieres, ( Lucherie.) dans les foufflets d'orgue ce font les pieces qui font les plis de la tête du fouf- flet. Ce font des planches de bois de chêne d’un quart de pouce d’épaifleur ; ces planches {ont cou- vertes de parchemin du côté qui regarde l'intérieur du foufflet, & aflemblées les unes avec les autres à uné des bandes de peau de mouton parée , & avec les écliffes par les aines & demi-aines; elles doivent toujours être en nombre pair. Voyez SOUFFLETS D'ORGUE. TETIMIXIRA , L. m. ( chhyol.) poïflon d’Amc- que, connu plus généralement fous le nom de pu- diano ; C’eft un petit poiffon femblable à la perche. IL a le dos de couleur pourpre , le ventre & les côtes jaunes. ( D.J.) | TÉTINE , £.£.( Bouch.) il fe dit du pis de la va- che ou de latruie, confidéré comme viande. TÉTINE, (Are milir. ) bofle faite à une cuirafle par la balle d’une arme à feu. TETIUS,, ( Géog. auc. ) fleuve de File de Cypre. Son embouchure eft marquée par Prolomée, Z. y. « XIV. entre Amathus & Citium ou Cetium, ( D. J. ( TÉTON , f. m. partie éminente & extérieure de la poitrine, terminée par le mamelon. Il fe dit des hommes & des femmes. TETRACERA , ff. (Æiff. nar. Bot.) genre de plante dont voici les caracteres felon Linnæus ; le calice eft à fix feuilles, arrondies & déployées; quoiqu’elles ne paroïiflent pas dans cette plante quand elle eft feche, ce qui a jetté dans l'erreur le favant botanifte Houfton. Les étamines font de fimples filets nombreux, de la longueur du calice, & toujours permanens ; leurs boffettes font fimples ; les germes du piftil font au nombre de quatre, de forme ovale ; les files font très - courts &c pointus ; les fHgma font obtus ; le fruit eft compofé de quatre caplules, ovales & crochues ; elles contiennentune feule loge qui s’ouvre près du fommet dans la matu- rité ; elle renferme des graines fimples êc rondelettes. Linnæi, gen. plant. pag. 249. (D. J.) TÉTRACORDE, f. m. dans la mufique ancienne, étoit, felon l'opinion commune, un ordre ou fyflème particulier de fons réfultans de quatre cordes diffé- remment ordonnées , felon le genre & l’efpece. Je trouve de grandes difficultés à concilier les au- torités des anciens fur ce qu’ils ont dit de la forma- tion des premiers sétracordes. Nicomaque, au rapport de Boëce, dit que la mu- fique, dans fa premiere fimplicité, n’avoit que qua- tre fons ou cordes, dont les deux extrèmes fonnoient le diapafon entre elles, & que les moyennes, diftan- tes d’un ton l’une de l’autre, fonnoient chacune la quarte avec l’extrème dont elle étoit la plus proche, &c la quinteavec elle dont elle étoit la pluséloignée, & il ajoute qu’on attribuoit à Mercure l'invention de ce cérracorde. Boëce dit encore qu'après l'addition des trois cor- des faites par différens auteurs, Lychaon, famien, en ajouta une huitieme, qu'il plaça entre la trite ou paramefe, qui étoient alors la même corde, & la mefe; ce qui rendit l’oftacorde complet, & compolé de deux rétracordes dis joints, de conjoints qu'ils étoient auparavant dans leptacorde. J'ai confulté là-deflus ouvrage de Nicomaque, & je trouve qu’il ne dit rien de tout cela. Il dit au con- traire que Pythagore s’appercevant que, bien que le fon moyen des deux sétracordes conjoints fonnât la confonance de la quarte avec chacun des extrèmes, TET ces exfrèmes comparés entre eux fe trouvoient di fopans , il ajouta une huitieme, corde qui, écartant d’un ton les deux sérracordes, produit le diapafon entre leurs extrèmes, & introduifit encore une now- velle confonnance, qui eft la quinte entre chacun de ces extrèmes& celle des deux cordes moyennes qu lui étoit oppofée, Sur la maniere dont fe fit cette addition, Nicoma- que & Boëce font tous deux également embrouillés, &c non contens de fe contredire entre eux, chacun d'eux fe contredit encore avec foi- même. 7'oyez SYSTÈME, TRITE, PARAMESE. Si Von avoit égard à ce que difent Boëce &c plu- fieurs autres anciens écrivains, on ne pourroit don- ner de bornes fixes à l’étendue du sérrécorde ; maïs foit que l’on compte ou qu’en pefe les voix, on trou- vera également que la définition la plus exaéte eft celle du vieux Bacchius, qui définit Le sésracorde wn fon modulé de fuite dont les cordes extrèmes fon- nent la quarte entre elles. En effet, cet intervalle de quarte eft effentiel ax tétracorde , c’eft pourquoi les fons qui le forment font appellés émnuables par les anciens, à la différence des fons moyens qu'ils appelloient wobiles ou chan geans, parce qu'ils pouvoient s’accorder de plufieurs manieres. Il n’en étoit pas dé même du nombre de quatre cordes, d’où le sérracorde a pris fon nom: ce aom- bre lui étoit fi peu eflentiel, qu’on voit dans l’an- cienne mufque des sésracordes qui n’en avoient que trois. Tel fut, felon quelques-uns , le sésracorde de Mercure ; tels ont êté durant quelque tems les sérra- cordes enharmoniques ; tel étoit, felon Meibomius, le fecond sérracorde disjoint du fyftème ancien, avant qu’on y eût ajouté une nouvelle corde. Quant au premier, 1l étoit certainement complet avant Pytfha- gore, ainfi qu'il eft aïfé de voir dans le pythagoricien Nicomaque ; ce qui n'empêche pas M. Rameau de dire très-décifivement, à fon ordinaire, que, feioæ le rapport unanime, Pythagore trouva le ton, le di-ton , le femi-ton , & que du tout il forma le cévre- corde diatonique ; au-lieu de dire qu’il trouva feule- ment les raifons de tous ces intervalles, lefquels, felon un rapport plus unanime & plus vrai, Étorent trouvés bien long-tems avant Pythagore, Les rétracordes ne demeurerent pas long-tems bor- nés au nombre de deux, il s’en forma bientôt un troifieme, puis un quatrième; nombre auquel le fyftème des Grecs demeura borné. Tous ces séracor- des étoient conjoints, c’eft-à-dire que la derniere corde de l’un fervoit toujours de premiere corde au fuivant, excepté un feul lieu à laigu ou au grave du troifieme éérracorde où 1l y avoit disjonétion, c'eft-ä- dire un ton d'intervalle entre la corde qui termi- noït le sétracorde, & celle qui commençoit le fivant. Voyez CONSOINT , DISIOINT, SYNAPHE, DiaAzEu- xIS. Or comme cette disjonétion du troifieme sérra- corde fe fafoit , tantôt avec le fecond , & tantôtavec le quatrieme, cela fit approprier à ce césracorde wa nom particulier pour chacune de ces deux circonf- tances. Voici les noms de tous ces sésracordes. Le plus grave des quatre , & qui fe trouvoit placé un ton au- deflus de la corde proflambanomenc ou ajoutée, s'ap- pelloit le sérracorde hypathon ou des principales, fe- lon la traduétion d’Albinus. Le feconden montant, lequel étoit toujours conjoint au premier, s’appellont résracorde mefon ou des moyennes. Le troifieme, quand il étoit conjoint au fecond & disjoint du qua- trieme , s’appelloit séracorde fynnemenon ou des cox- joints ; mais quand la comoë@tion fe faifoit avec ie uatrieme, & par conféquent la disjonétion avec Îe ee ; alors ce même troifieme sésracorde prenoït le nom de cézracorde diezeupinenon ou des divifées; enfin le le .quatrieme, s'appelloit le Sword kyperbolson, ou des excellentes, L’Arétin ajouta i tout cela; un cie quieme sésrecorde que Meibomius. prétend. qu'il n’a fait que rétablir; quoi qu'il en foit, les fyftèmes par-. de Potave qui les contient-tous, L. a .… Les cinq céracordes dont je viens de parler étoient appellés zmuables | parce que. leur accord ne chañ- geoit jamais ; mais 1lS contenoient chacun deux cor- des qui, bien,qu'accordées,de la même maniete dans tous les cinq séeracordes ….étoient pourtant. fujettes} comme je l’ai.dit, à être hauflées.ou baiflées , felon le genre, ce; qui fe faïfoit dans-tous les sérracordes également ; c’eft pour cela que ces cordes s’appel- loient sobiles. | "1? : | L'accord diatonique ordinaire du réracorde for- moit trois intervalles, dont Je premier étoit toujours d’un femi-ton,.& les deux.autres d’un ton-chacun 5 ticuliers des rétracordes. firent. bientôt placé: à-celui de cette maniere , #i.fa fol La. | Pour le genre chromatique , il falloit baïfler d’un femi-ton la troifieme corde , & Pon avoit deux feini- tons confécutifs, puis une tierce. mineure m2 fa fa diefe, Ja, | | . Enfin, pour le genre enharmonique il falloit.bai£ fer les deux cordes du milieu jufqu’à ce qu'on eût deux quarts de. ton confécutifs ; PUIS une tierce rha- jeure: ainfi #1 15 demi-diefe fe La ; ou bien , à la ma- niere des Pythasoriciens, #1 mi diefe fa 8 La. IL y avoit après cela plufieufs autres modifications de chaque genre qu’on pourra voir aux mors SYN- TONIQUE, FONIQUE MOL, HÉMIOLIEN. (S) TETRACTIS, ( Arichmée. Pythagoric.) je ne fais comment on rendroit ce mot en françois, fi ce n'eft par celui de quaternaire, nombre fur lequel le fils de Pythagore compofa, dit-on » quatre livres. L’a- imour des Pythagoriciens pour les propriétés des nombres eft connu des favans. Il éft vrai que les re- cherches des queftions que préfentent les rapports des nombres, fuppofent la plñpart une théorie utile ; mais il faut convenir que le foïble des Pythasori- ciens pour ce genre de fubtilités fut extrème., & quelquefois ridicule. Ferhard Weigelius s’eft imaginé que cette serrac- Zis fameufe étoit une arithmétique quaternaire, c’eft- à-dire ufant feulément de période de 4, comme nous employons celle de ro. Il a fait fur cela deux ouvra- ges, l'un intitulé Tesraéfis fummum tm arich. tùm Philof. compendium , artis magne fciendi, gemina ra- dix : l’autre, Tesraëlis, retrait Pythagorice repondens, 1672, 4. lenæ. On voit par lé premier que cet écri- vain entrant dans lesidées pytha goriciennes, croyoit tirer de grandes merveilles de cette efpece d’arith- métique; mais il eft fans doute le feul qui en ait conçu une idée fi fort avantageufe, L'illuftre Barow a formé une ingénieufe conjec- ture au fujet de cette rezratis, ou de ce quaternaire fi fameux chez Pythagore , & qui occupa tant fon fils. 11 penfe qu'ils avoient voulu défigner par-là les quatre parties des Mathématiques qui n’étoient pas alors plus étendues ; il explique donc ainfi cette for- me de ferment pythagoricien, affèvero per illum qui anim noffre tradidis quaternarium : je le jure par celui qui nous a inftruit des quatre parties des Ma- thématiques ; il y a quelque DEP AAN dans cette conjecture, Moztucla. (D, de) | TÉTRADI, ( Géog. mod. )riviere d’Afie , dans l’Anatolie, queles Turcs nomment Cherfan - Barefir. Elle fe jette dans la mer Noire , à quarante milles de celle d'Argyropotami. (D:J) TÉTRADIAPASON , er Mufique, c'eft Le nom grec de la quadruple ofave, aw’on appelle auff vingt neuvieme. Les Grecs ne connoïfloient que le nom de cet intervalle, car il: n’entroit point dans Tome XVI. | T'ET 209 leur ffème de mufiques Voyez Son, SYSTÈME, Musique, OcrAvE. ÇS 2: TETRADITES, f m.ipl. CAR: ecéléf) not cui le donnoit autrefois àplufieurs feftes d'hérétiques, à caufe d’un refbe& pattieulier qu'ils avoient pour lé nombre de quatre, que:lon exprime en grec par TÉT PA 2loenssks Fey Les Sabbathaires s’appelloient: Téstudires parce qu’ils vouloient célébrer. la fête de Pâquesle 145, jour de la lune dé Mars jéc.qu'ils jednoient Le Hara credi, où le quatrième jour dela femaine, … On appelloit de même:les Manichéens 8 autres qui admettoient en Dieu une quaternité où quatre Perfonnies au-lieu deitroist 7 OMez MANICHÉENS - Les fétareurs de Pierte le Foulon portoient auff le nom de Térradires 5 Parce qu'ils ajoutoient quelque chofe au trifagion pour favorifer une erreur, {avoir que ce n’étoit pas le Fils, ni aucune des trois Per. {onnes particulieres de la Trinité qui eût foufert dans la pafñion de Notre Sauveur, mais la Divinité toute entiere, Voyez FRISAGION. Fer Les anciens donnoïent auffi le nom de Térradiies aux enfans qui naïfloïént fous la quatrieme lune, & ils croyoient que le fürt de ces enfans ne pouvoit être que malheureux: | l : TETRADRACHME de Tyr, ( Monnoie ancienne de Tÿr.)fuivant Jofephe, la pièce d'argent roux de Tyr, valoit quatre dragres attiques ; ainfi le séras drachme de Tÿr, étoit a-peu-près la même chofe que le flatere , ou le ficle des Juifs. Le cardinal Noris af fure que les sérradrachmes de Tyr, mis dans la balan- ce , fe font trouvés de même poids que les ficles des Juifs, En même tems, il obferve que les Tyriens & É Juifs ares s PEU la facilité du commerce, es MmOnnoies d’arpent de mên > même ne g me poids , & de même On trouve en France au cabinet du ro: , & chez des particuliers, plufieurs efpeces de ces anciennes monnotes , dont il eft facile de faire la comparaï{on. On peut voir dans le some X XT. de l'acad, des Belles Lettres, la defcription de deux de ces tétradrachmes que les Antiquaires nomment. médaillons | & qui étoient dans le cabinet de M. Pellerin, Ils font très- bien confervés , & pefent trois gros, & cinquante- un grains. En fuppofant qu'ils font au même titre que l'argent qui a cours en France » le éétradrachme de Tyr vaut au poids Cinquante-{ept fols fix de- mers de notre monnoïé aQuelle. (D. 7.) TÉTRAËTERIS » (Chronolog. d'Athènes, ) Ferpaes Tüpss ; C’étoit dans la chronologie athénienne un Cy* cle de quatre ans, fur lequel voyez Potter, Archæol, grec, L. IL. c.xxvy. £, I, p. 439: & fuiv. (D. JT.) TÉTRAGONE , fm. er Géomérrie , C'eft une f- gure de quatre angles. Foyez QUADRANGULAIRE. Ce mot eft formé du STEC rélpe , quatre, & vovta angles. Ain le quarré, le parallélogramme, le rhome be, le trapefe, font des figures sécragones, Poyez QUARRÉ, Ge. | TÉTRAGONE, er Ajrologie, eftun afped de deux planetes par rapport À la terre ; dans lequel ces deux planetes font diftantes l’une de l’autre de Ja quatrie- me partie d’un cercle, ou 90 degrés ; comme 4D ( Planche aftron. F8. 3+ ) Voyez ASPECT. L’afpet dé. s tragone fe marque par le caraûtere q. 79 € - rene) que p | Ü. Foye: QUA TÉTRAGONIA, £.£. (Æif. nat, Botan.) nom donné par Linnæus à un genre de plante que les a tres botaniftes appellent tétragonocarpos , dont où peut lire l’article. Voici Cependant fes caraéteres, felonle fyftème du favant botanifte fuédoïs. Le calice eft compofé de quatre feuilles ovalés, colorées , frêlées dans les bords, & qui fubfftent après que la fleur eft tombée ; il n'y a point de pé- D d | 7 de 1 210 TET tales : les'étamines font une vingtaine de filets Che- velus, plus courts que le calice ; les baflettes font courtes; le germe du pifil eftarronéi, quadrangu- daire , & placé fous le réceptacle; les files font qua- tre en nombre pointus, crochus, &c de la longueur des étamines ; les ftygmas font. alongés &e blancs ; le fruit eft coriace & quadrangulaire ; la graine eft fimple , offeufe, 8€ faite en noyau oblons. Linnæi, gen. plant. p.249. (D. J.) TETRAGONIS , (Géog.anc. ) ville de PAracho- fie , au pié du mont Caucafe ; Pline, Z Pl c, xx. dit que cette ville avoit été nommée auparavant Car- sana.( D: J.) | TÉTRAGONISME ; f. m.1( Géom.) c'eft un ter- me dont quelques auteurs font ufage , pour ex- primer la quadrature du cercle. Voyez QUADRA- TURE. TÉTRAGONOCARPOS, f. m.( if. "ar. Bo- zan. ) genre de plante dont voici les caraéteres ; fes feuilles font difpofées confufément ; le bout du pé- dicule devient un ovaire fur le fommet duquel croit une fleur ou un calice fendu en quatre, & plus ra- rement.en cinq, ouvert.& garni d'un grand nombre d'étamines qui vont au nombre de dix-huit.ou vingt; l'ovaire a quatre tubes droits , &c devient un fruit à quatre caplules avec une graine fimple dans chacu- ne ; quelquefois le calice eft fous lovaire & lafleur; Boerhaave en compte trois efpeces. ( D. J.) TÉTRAGRAMMATON ,f. m.(Théolog.) du grec rerpaypapparor , nom de quatre lettres; c’eft ainfi qu'on appelle fouvent. le nom de 7éhoyah , que les Hébreux par refpeét ne prononcent plus. Ils difent en fa place adonaï où elohim ; & quand ils parlent de ce nom facré , ils l’appellent Jcher hamphorafck , c'eft-à-dire , om explique. Les Grecs fe fervent plus volontiers du mot réragrammaton, qui marque les quatre lettres dont eff compofé le mot hébreu 7eko- yah, favoir Jod, hé, vau, he. TÉTRAHEDRE, { m. rerme de Géométrie, c’eft un des cinq folides , ou corps réguliers, compris fous quatre triangles égaux & équilatéraux. Voyez SOLI- DE 6 RÉGULIER. | On peut concevoir le ssrahedre comme une pyra- mide triangulaire, dont les quatre faces font égales, Voyez PYRAMIDE. On voit le sérrahedre repréfenté, PI. géom. fig. 59. Voyez CORPS RÉGULIER. Les Mathématiciens démontrent que le quarré du côté du rérrahedre eft au quarré du diametre d’une fphere , où il eft infcriptible , en raifon fousfefqui- altere, c’eft-à-dire, comme deux eft à trois ; d’où 1l fuit quele côté du serrahedre eft au diametre d’une fphere, comme y 2 eff à y” 3 > par conféquent ces deux lignes font incommenfurables. Chambers. (GED) TÉTRALOGIE , £ f. (Poëfie dram. des anc.) on nommoit chez les Grecs résralogie, quatre pieces dra- matiques d’un même auteur , dont les trois premie- res étoient des tragédies, & la quatrieme fatyrique ou boufonne ; le but de ces quatre pieces d’un mê- me poëte, étoit de remporter la viétoire dans les combats littéraires. On fait que les poëtes tragiques combattoient pour la couronne de la gloire aux dionyfiaques , aux lé- nées , aux panathènées , & aux chytriaques, folem- nités, qui toutes, à l’exception des panathénées , dont Minerve étoit l’objet, étoient confacrées à Bac- chus. Il falloit même que cette coutume fût aflez an- cienne spuifque Lycurgue, orateur célebre , qui vi- woit à Athènes-du tems de Philippe & d'Alexandre, la remit en vigueur; pour augmenter Pémulation parmi les Poëtes; ilaccorda même le droit de bour- geoife à celui qui feroit proclamé vainqueur aux chytriaques. Plutarque prétend que du tems de Thefpis, qui vivoit vers la 60° olympiade, les poëtes tragiques he connoïfloient point encore ces jeux littéraires ; 8 que leur ufage ne s'établit que fous Efchyle ë&c Phrynichus; maisiesmarbres d'Oxford, ainf qw’Ho- _ race, difent formellement le contraire. If eft vrai néanmoins que ces combats entre les auteuts', ne de: vinrent célebres que vers la 7o°olympiade, lorfque les Poëtes commencerent à fe difputéer le prix par les pieces dramatiques qui étoient connues fous le nom énéral desésralogie , rerpæhoyiæ. Br -Ileft fouvent fait mention de ces sésralogies chez les anciens ; nous avons même dans les ouvrages d'Efchyle & d'Euripide , quelques-unes des tragé- dies qui en faifoient partie. On y voit fous quel ar- chonte elles avoient été jouées, 8c le nom des con- currens qui leur avoient enlevé ou difputé la ve toire. | Les sésralogies les plus difficiles &c les plus efti- mées, avoient chacune pour fujet une desavantures d’un même héros, par exemple d'Orefte, d'Ulyke, d'Achille , de Pandion , &c. C’eft pourquoi on don- noit à ces quatre pieces ‘un feul 8& même nom , qui étoit celui du héros qu’elles repréfentoient. La pan- dionide de Philoclès, & l’oreftiade d’Efchyle., for- moient quatre tragédies , qui rouloient fur autant d’a vantures de Pandion & d’Orefte. La premiere des tragédies*qui Compotoient Pore- fade, étoit intitulée Agamemnon ; la feconde , les Cæphores ; la troïfieme, les Ewménides. Nous avons encore ces trois pieces; mais la quatrieme , qui étoit le drame fatyrique, 8 intitulée Prosée , ne fe trouve plus. Or quoique, fur-tout dans l'Agamemnon, il ne foit parlé d'Orefte qu’en paflant , cependant comme la mort de ce prince, qui étoit pere d'Orefte, eff loccafon & le fujet des Cæphores &cdes Euménides, on donna le nom d’Orefliade à cette rétralogte. Ælien, hf. variar, L. XI. c. vi. nous a confervé le titre de deux sésralogies, dont les pieces ont encore entr’elles quelqu’affinité. Il dit qu'en la xcj. olym- piade , dans laquelle Exainete d’Agrigente remporta le prix de la courfe, un certain Xénoclès, qui lui étoït peu connu, obtint le prix de sésralogie contre Eu- ripidé. Le titre des trois tragédies du premier étoit Œdipe , Lycaon &c les Bacchantes, fuivies d’Atha- mas, drame fatyrique. Vous voyez que ces trois pie- ces , quoique tirées d’hiftoires différentes, rouloient cependant à-peu-près fur des crimes de même na- ture. Œdipe avoit tüé fon pere, Lycaon mangeoit de la chair humaine, & les bacchantes écorchoïent quelquefois leurs propres enfans. On peut dire la même chofe de la séralogie d'Euripide , dont la pre- miere tragédie avoit pour titre d/exandre ou Paris, la feconde Palamede , & la troifñieme /es Troyennes ; ces trois fujets avoient tous rapport à la même hiftor- re, qui eft celle de Troie. Les poëtes grecs faifoient auff des sésralogies, dont les quatre pieces rouloient fur des fujets différens, & qui n’avoient enfemble aucun rapport dire& ou indi- ret. Telle étoit une sérralogie d'Euripide , qui com- prenoit la Médée , le Philoétete, le Diétys &c les Moiflonneurs; telle étoit encore la sésralogie d'Efchy- lé , qui renfermoif pour quatre pieces , les Phynées, les Perfes , le Glaucus & le Prométhée. - Le fcholiafte d’Ariftophane obferve qw’Ariftarque & Apollonius , confidérant les trois tragédies fépa- rément du drame appellé ztyre , les nomment des rilogies | spacysa 3 parce que les fatyres étant d’un genre comique , n’aVoient aucune relation , foit pour le ftyle , foit pour le fujet, avec les trois tragédies aui étoient le fondement de la cérralogie. Cependant dans les ouvrages des anciens tragiques , il eft parlé de sérralogie, & jamais de trilogie. Sophocle, que les Grecs nommoient /e pere de la tragédie, en connoïfloit fans doute d'autant mieux la dificulté , qu'il avoit plus approfondi ce genre d’é- b EF crie. C’eft peut-être par cette raifon, que dans les combats où 1l difputa le prix de la tragédie avec Ef- chyle, Euripide , Chærilus , Ariftée & plufeurs au- tres poètes, 1lfut le premier qui commença d’oppos fer tragédie à tragédie , fans entreprendre de faire des sétralogies. | On peut compter Platon parmi ceux qui en avoient compofé. Dans fa jeunefle, ne fe trouvant point de talent pour les vers héroiïques , il prit le parti de fe tourner du côté de la tragédie. Déjà il avoit donné aux comédiens une sésra/ogie, qui devoit être jouée aux,prochaines dionyfiaques ; mais ayant par hafard entendu Socrate , il fut fi frappé de fes difcours, que méprifant une viétoire qui mavoit plus de charmes pour lui, non-feulement 1l retira fa piece, maisil re- nonça au théatre , & fe livra entierement à l’étude de la philofophie, Maïs les combats entre les poëtes tragiques devin- rent fi célebres , que peu de tems après leur établife- ment, Thémiftocle en ayant donné un, dans lequel Phrynicus fut couronné; ce grand capitaine crut de- voir en immortalifer la mémoire, par une infcription qui eft venue jufqu’à nous. La serralogie 'Eurypide, dont nous avons parlé ci- deflus, fut jouée dans la 87° olympiade , fous l’ar- chonte Pythiodore, & l’auteur ne fut couronné que le troifieme ; car on ne décernoit dans tous les com- bats littéraires que trois couronnes. On fait qu’elles étoient de feuilles d'arbre, comme celles des com- bats gymniques ; mais quelle autre récompenfe eût- on employée , fi lon confidere la qualité des con- currens qui étoient quelquefois des rois , des empe- reurs , des généraux d'armée , ou les premiers ma- gitrats des républiques. Il s’agifoit de flatter l'amour propre des vainqueurs, & l’on y réuffit par-là mer- veilleufement. Auffi les poëtes couroïent après ces fortes de couronnes avec une ardeur dont nous n’a- vons point d'idée. Quand Sophocle, tout jeune, donna fa premiere piece, la chaleur des fpedateurs qui étoient partagés entre lui & fes concurrens, obligea Cimon d’entrer dans le théatre avec fes col- legues, de faire des libations à l'honneur des dieux, de choïfir pour juges dix fpeGtateurs choifis de cha- quetribu, & de leur faire prêter le ferment avant qu'ils adjugeaflent la couronne. Plutaraue ajoute, que la dignité des juges échauffa encore l’efprit des fpettateurs & des combattans; que Sophocle fut en- fin déclaré vainqueur , & qu'Efchyle qui étoit un : de fes rivaux , en fut fi vivement piqué, qu’il fe re- tira en Sicile, où il mourut peu de tems après. Les Romains n’imiterent Jamais les sésralogies des Grecs, vraiflemblablement par la difficulté de l’exé- cution. Il arriva même dans la fuite chez les Grecs é foit que les génies fe fuflent épuités, foit que les Athé- niens euflént confervé un goût continuel pour les ou- vrages de leurs anciens poëtes tragiques ; il arriva, dis-je,qu’on permit aux auteursquileur fuccéderent, de porter au combat les pieces des anciens poëtes corrigées : Quintilien aflure que quelques modernes, qui avoient ufé de cette permiffion fur les tragédies dEfchyle, s’étoient rendus, par ce travail, dignes de la couronne ; & c’eft peut-être auffi la feule à la- quelle nous pouvons afpirer. ( Le chevalier DEJau- COURT.) | TÉTRAMETRE, f. m. ( Listérar.) dans l’ancienne poéfie greque & latine. C’étoit un vers iambe com- pofé de quatre piés. Voyez IAMBIQUE. Ce mot eft formé du grec spa, quatre, & de pe- Tpor , éfure, On ne trouve de ces vers que dans les poëtes comiques , comme dans Térence. TETRAO, f.m. (Æif. nat. Ornithol.)nom donné par Linnæus au genre d’oifeaux de l’ordre des pou- les ; leurs caraéteres diftin@ifs font d’avoir à chaque pié quatre orteils , les paupieres nues & chargées de Tome XVI, Es ds À ET 311 tubercules charnus. De ce gente font les phaïfans, la perdrix, la caille, &x. Linnæi, Sy nat. p. 48: TETRAODION , fm. serme d'Eglife, nom qu’on donne dans l’Eglife grecque à un hymne que l'on y chante le famedi; on la nomme ainfi, parce qu’elle eft compolée de quatre parties; le mot même l'in dique; rélpa fignifié quatre, & on, chant. (D. JT.) TETRAPÉTALE, FLEUR, (Botan.) c’eftuné fleur compofée de quatre pétales ou feuilles colorées, qué les Botaniftes appellent pérales, pofées autour du pif= til. Selon M. Ray, les fleurs récrapérates conftituent un genre particulier de plantes, M. de Juffieu lés aps pelle polypérales à quatre pieces, & en fait auf un gente à part. ( D. J. by TETRAPHRARMACUM , fm. ( Phaÿmacie. ) en général, fignifie un remede compoié de quatre for: tes de drogues. Ce mot eft formé de TeTpa , glaire, êC Qaphiæror, dros gue Ou rémede, On a donné ce nom à l’onguent bañilic. Foyez ON: GUENT. | TÉTRAPHOE, £ £ ( Æf. nat. Bot. exot. ) nor donné par les peuples de Güinée, à une plante dont 1ls ufent en déco@tion pour les cours de ventre ; ceité plante croït aufli dans le Malabar, & fa racine eft employée pour les hémorrhoïdes : les Malabares nomment cette plante we//ia cadavalli : Petiver lap- pelle en botaniite xarchium malabaricum , capitolis lanuginofis , &c la range parmi les efpeces de gloute- ron. Sa tige eft ligneufe , rameufe & cotonneufe, Ses feuilles fontattachées par paires fur de couttes queries, velues dans leur primeur , & devenant enfuite rudes &c âpres. Les fleurs naïffent en bouquets , & font compofées de pétales d’un beau verd , à étamines écarlates ; ces fleurs témbent facilement, & fe chan: gent enfuite en un fruit ligneux, tout hériffé de pic- quans doux & crochus ; ils font femblables À nos grateculs, ou fruits d’églantiers mais d’un tiers moins gros. Philof. sranf: n°, 232. (D, J.) | TETRAPHYLIA , ( Géog. anc.) lieu de la Macé- doine , dans lAthamanie. Tite:Live st XX XVIII: c. J. nous apprend que c’eft dans ce lieu que l’on gar+ doit le tréfor royal. | TETRAPLES , f. m. pl. (Æif£. eccléffoflique. ) ért termes d’hiftoire eccléfaftique , fignifient la Pie ran- gée par Origene fur quatre colonnes, dans chacune defquelles étoit une verfon greque différente ; fa- voir, celle d’'Aquila, celle de Symmaque, celle des feptante , & celle de Théodotion. Voyez BIBLE. Ce mot eft formé du grec rparace ; quadruple, Sixte de Sienne confond ces rétraples avec les he, xaples : quoique ces deux ouvrages foient différens, êt que le premier ait été fait fur le fecond en faveur de ceux qui ne pouvoient pas fe procurer celui-ci. Poyez HEXAPLES. | Quelques auteurs font d’opinioni que les rétraples m’avoient point cet ordre que nous venons de leur donner , & que la verfion des feptante étoit rangée dans la premiere colonne : mais S, Epiphane dir ex- preflément le contraire, & il place cette verfion dans la troïfieme : il rapporte même laraifon pour laquelle Origene l’a placée dans cet endroit ; favoir ; parce qu'il convenoit de mettre la meilleure verfion au mi- lieu , afin qu'il fût plus aifé au le“teur dé confronter avec elle les autres verfions , & de les corriger où el les pouvoient être fautives. Cependant Baronius dans fes annales , &c fur l’ari- née 231, prétend que la verfon des feptante occu- poit la troïfieme colonne dans les hexaples , mais qu’elle tenoit la premiere dans les sétraples | quoique S. Epiphane lui donne la même place dans ces deux ouvrages. à + Re: TETRAPOLE, (Géog.añc.) nom grec qui fignifie quatre villes ; & que Von a donné à diverfes contrées Di TET à L2. où fe trouvoient-quatre villes qui avorent quelque { #elationenfemble. | Terrapolis Artica, tétrapole de PAttique ;‘on’ap- pelloit ainf une contrée au fepténtrion de PAttique, où étoient quatre villes bâties par Xutbus, pere d’Io, : | dans le tems qu’ilregnoit dans ce quartier de la Gre- ée, Ces quatre villes étoient, felon Strabon;, /, FF, P:393.. Oenoë, Marathot, Probalinthus:, Tricorython. Feftus dans l'interprétation qu'il donne du mot guadrurbs , femble reconnoïtre uñe autre Zésrapole de PAttique : Quadrurbem , ditl, ÆAthenas, Auins ap- pellavit , quod ftilicèt ex quatuor urbibus 1 unaäm do- micilia contulerunt , Braurone , Eleufine, Pireæo ,Si- mo ; ni Meurfius, ni Cellarius, geogr. anr. L. I, c. xiij, ne font aucune difculté de dire que Feftus-s’eft trompé groflierement dans cette explication ; car, outre qu'il eft faux qu'Athenes ait été compofée pré- cifément de ces quatre villes, 1l n’eft pas vrai qu'At- tius, par le mot Quadrurbs, entende la ville d’Athè- nes : ii ne veut parler que des quatre villes qui com- pofoient la Tésrapole de PAttique. Tétrapolis Dorica, contrée de la Grece, dañis la Doride. Les Doriens, dit Strabon, /, IX, p. 427. fabitoient entre les Etoliens & les-Ænéianes ,& leur pays sappélloit Térrapok ,| à caufe qu'il y avoit quatre villes. Cette Térapole , ajoute-t-il, païle pour avoir donné l’origine tous les Doriens. Onnommoit les quatre villes: Erineus, Boium, Pindus , Cytunium. Tetrapolis Syrie, contrée de la Syrie, qui renfer- moit quatre villes principales ; favoir , Antioche , Séleucie , Apeiñnée, Laodicée. Strabon, y. XWT. P. 749. qui fait mention de cette Tesrapole, dit que ces quatre villes étoïent appellées fæurs , à caufe de eur concorde. Elles avoient eu toutes quatre le mé- me fondateur. (D. J.) TETRAPYRGIA ; ( Géog. ac. ) ville de la Ci- lice , oufelon Ptolomée, Z. #7. c. y. de la Cappado- ce, dans laGarfaurie. ( D.J.) TÉTRARQUE » ( Critig. facree E Littérat.) TETPU xnc ce mot grec fignifie proprement celui qui gou- ÿerne la quatrieme partie d’un érat. Hérode le zérar- que ouit la renommée de Jefüs. March. xiv. 1. Cet Hérode , dont parle l’Ecriture ; étoit Antipas, fils du fameux Hérode, qu'Augufte avoit gratifñé de là qua- îrieme pattie du royaume de fon pere, fous Îe nom de etrarchiæ. Il en avoit donné une feconde à Philhp- pe, avec la niême qualité de sérarque ; &t les deux autres à Archélaus, fous le titre d’echrarque, qu'Hé- tode porte aufli fur les médailles ; cependant 1l eft nommé joi, au verf. 9. quoiquil n’eût point cette dignité, & que ce füt pour lavoir ambitionné qu'il fe perdit; mais les Latins donnoiïenteux-mêmes le titre de rois aux sérrarques , commeil paroït par l’oraifon de Cicéron pour Déjotarus, qui n’étoit que férrarque, Les Helléniftes abufoient aufli de ce titre , & Le pro- diguoient même aux gouverneurs cle province, com- ine où le voit Z. des Macch. ch, 7. ( D.J.) TETRAS , PIERREDE, (if! nat. ) Théophrafte dit qu'aux environs de Tésras en Sicile , vis-a-vis de Liparo, on trouvoit des pierres que lation du feu fendoit poréufes. Cette pierre nous eft aétuellement fnconnue, aufli-bien que l’endroitoiellefetrouvoit; fur quoi M. Hill remarque qu’ilferoit avantageux de connoître une pierre qui jettefoit un orand Jour fur fa nature dela piefre-ponce. Voyez le Traïté des pier- | jes de Théophrafte, avec les oies de Hili. TETRASPASTON , {. m, ez Méchanique , c’eft üne mäaghine compofée de quatre poules. Voyez POULIE. ; | Ce moteft grec répuamasur, qui vient de rélp«, quatre, ST aa. jetire. Voyez MOUFELE: TÉTRASTIQUE , ( Belles - Lettres, ) quatrain s. flance, épigramme , ou autre petite piece de quatre, vers. Voyez QUATRAIN. 4 . TETRASTŒCHON ., £m. ( Hiff. nat. Bot. anc.) ce mot, dans Fh£ophrafte , & autres auteurs grecs. eft employé pour défigner une plante, un fruit quia TélaçpadlaËcis, quatre rangs de grains dans fes cellutes; c’eftuneexpreflion empruntée des mots #aa dolor, _ufités dans les danfes qui ctoient compofées de plu- fieurs bandes de danfeurs , qu’on nommoiït éoiros flechi, & chaque bände étoit formée d’un certain nombre de perfonnes qui fafoient enfemble les mê- mes mouvemens. Pline trouvant dans la defcription de l'éronymus de Théophraîte , le mot réraffæchon . l'a fuppofé fynonyme à rérragonon , & a traduit ce mot par graine de forme quadrangulaire ; mais il eftbien, évident que sezraflæchon ne fignifioit point un fruit contenant des graines quarrées , mais un fruit qui renfermoit dans fes loges quätre flæchi, ou fuite. de graines ; tel étoit l’eronyrius des Grecs , qui avoit une soufle femblable à celle du féfame, pour renfer- mer fes graines; il fuit de-là que leronyrus de Théo- phrafle n’eft point la plante que les modernes nom- ment fafain, & que c’eft Pline qui nous a jetté dans, l'erreur par fa méprile & fa faufle interpretation du mot grec. ( D.J. ) La Ë | TÉTRASTYLE , {. m. ex rerme d'ancienne Archi reture , eft un bâtiment, & particulierement un tem ple à quatre colonnes de front. Voyez TEMPLE. Ce moteft formé du greclpa., quatre, & de élinces colonne, | TÉTRATONON, fm. ex Mufigue, c’eft le nom grec d’un intervalle de quatre tons , eñ autant de degrés, lequel s’appelle-aujourd’hui qgurnte fuperflue. Voyez QUINTE.(S) ne | . TETREUMA, £m. (Hiffi.nar. Bor.exot.) nom donné parles peuples de Guinée àune efpece de bu fon très-commun dans leur pays. Petiver le nomme arbor guineenfis , lauruflini facie, à caufe de fa grande fefflemblance au buiflon que nous appellons /aurier in. Ses feuilles font opaques, roides, larges de plus d’un pouce , & longues de deux pouces êc deini ; el« les font placées alternativement fur la tige , &c atta-, chées à de courtes queues ; les fleurs naïffent dumi- liéu des feuilles, & forment des bouquets comme celles du laurier:tin, Les naturels de Guinée féchent. les feuilles de cet arbrifleau , les pulvérifent, les hu= mettent enfuite de quelque liqueur, & les appliquent en fomentation pour guérir les panaris. ( D.J.) . TETRICUS - MONS , ( Géog.anc.) ou Terricæ rupes, montagne d’Itahe, dans la Sabine , ou du moins, aux confins des Sabins , felon Pline, Z. LIT. c, xiy, Vars sile parle de cette montagne , Enéide, . WII, v, 7132. 1 Qui retricæ horrentes rupes , montemque feverum Carperiamque colunt _ Cette montagne étoit très-efcarpée ; c’eft aujours. d’hui, felon Holiten , l’affreux fommet de rochers qui. éft entre la montagne de la Sibylle & Afcoff, & qui, domine fur fous les autres fommets de l’Apennin. - TÉTRIPPAÀ, ( Lütér.) c'étoient des chars élevés fur des arcades, comme on le voitrencore fur plu- fieurs médailles ; ‘on pet traduire ce mot par arc de triomphe. Cicéron dans une de fes lettres à Atticus, lib. W. épift. 21. lui mande que les peuples de fes dé», partemens d’Afe, auroïent bien voulu lui élever des: ftatues, des temples, des arcs de triomphe ,T6pe mx," mais qu'il ne le fouffrit point , s'étant. contenté des remercimens publics. (2.7). | . TÉTU, f m. ( Maçonnerie”) outil de maçon qui {ert à démolir les anciens ouvrages dé maçonnefie. C’eft une efpece de gros marteau, dont la tête qui et: fort large parun bout, fe termine en pointe par Pau: fort à proportion, ordinairement de-plus de vingt pouces de longueur. Le sé% & arrête, qui fert auf + ux maçons pour la démolition des bâtimens , eft pro- pre à brifer & rompreles pierres qui font trop dures, &z qui refiftent au ré4 commun ; C'eft une efpéce dé alle de fer, dont les deux bouts, qui chacun fé {é- tre extrémité; le manche qui eft de bois eff long & | parent en deux coins, en forme de dents, {ont tran- chans & fort acérés ; il n’a guere que huit à dix pou- ces de longueur, mais il eft fort épais ; fon manche eft plus long qu’au sétx ordinaire, pour lui donner plus de coup. Le ré à limofn, qu’on nomme aufi un gurlet , tient des deux tés dont on vient de par- ler ; 1l a la tête fendue d’un côté , Comme le séru à arrête, 6 eft pointu de l’autre, comme le #4 com- mun. (D.J.) | L TÉTUAN,(G éog. mod.) ville d'Afrique auroyau- me de Fez,fur lariviere de Cus, à une lieue dela côte de la mer. Elle eft ancienne & commandée par un château ; c’eft une des plus ägréables villes de la Bar- barie. Les Juifs y font en aflez grand nombre, & font unbon commerce. Long. 12. 2Omat135, (D) TETUS, oz TABTOIE, ( Géog, mod. ) petite ville de la Tartarie mofcovite , à la droite de la rivie- te de Zerdik, qui ef un bras de la grande riviere de Kama, Cette ville eft fur une haute montagne , & eft à cent vingt weïftes , ou vingt-quatre lieues d’AI- Iemagne , de Cafan. Long. 30. 24. lar. 35. 12. (D. : TETY-POTE BA, f. m. ( A mor. Bor. exot. | en latin visis arbuffiva Pifonis :cette plante ef, dit-on, produite paï la fente d’oifeaux , appellés rélyas, dépofée près des orangers , avec lefquels elle s’unit ante cedres dans leurs vergers. (D. 7.) TEZELA, ( Géog: mod. ) ville ruinée:d’Afriqué, auroyaume de Tremecen, dansune grande plaine, à fix lieues d'Oran. Les interprètes de Ptolomée croient que Tezela eft V Arina de ce géographe , 4r. IV. cuij. ville de la Mauritanie céfariente., qu'ilmet à13. 20. de long. , &t à 30.50. delat. (D. J.) TEZELLE , {. f. terme de Pêche, c’eft un filet placé à l'embouchure des petites éclufes.. | TEZOTE, (Géog. mod.) petite ville d'Afrique, au royaume de Fez, dans la province de Garet , dont elle.eft capitale, fur la pointe d'un rocher , à trois lieues de Melile. Long. 15. 38. lat. 24.401 (D. JT.) T EF TFUOI, £ m. (Porc. chin.)nom chinoïs d'une efpe- ceparticuliere de vernis qu’ils mettent à la porcelaine, pour lui donner un fonds violet,êc y appliquer de lor par-deflus. Leur ancienne méthode étoir de mêler l'or avec le vernis ordinaire , & d’y ajouter du bleu, où de la poudre d’une agathe groffiere calcinée , qu’on trouve en abondance fur Les bords de leurs ri- vieres ; mais ils ont remarque depuis que le vernis brun , qu’ils nomment //ekir, réuflit beaucoup mieux, le bleu fe change en violet, & Por s’y attache par- faitement. Les Chinois verniflent encoré leur porce- laine d’une maniere variée, en la verniflant de blanc intérieurement , & ‘extérieurement d’une couleur brune avec beaucoup d’or. Enfin ils diverfifient les nuances de la même couleur extérieurèment , en faifant fur la porcelaine plus ou moins de couches du même vernis. Obférvations fur les coutumes de l'AKe. (D.J.) T H THABARESTAN, LE, ox THABARISTAN, ( Géog. mod. ) province de Perfe , bornée au nord par la mer Cafpienne , au couchant par les provinces de Ghilan & de Dilem , au levant pat le Giorgian , & | 4 & au midi en partie par le Khoraflan ; & en partie par lrack perfenne. On n'y féme que du riz à caufe de Pabondance des eaux Lapoñtion de ce payscon- vient aflez bien à l’'Hyrcanie des anciens. D Thabarisa où 41 Thabarilnaquit dans cette pro- vince l’anvde l'égire 224:, qui répond à l’année de 3. C, 839. Il écrivit une hiftoiremahométane , qui lui fit une grande -réputanon. George Almakin où Elmacinus l’a fotivent citéidans fon hiftoire des.Sar- rafins dépuis letems de Mahomet: Le livre de Tha: barita eft cependant un ouvrage plein de minuties ridicules, (D:J.) THABAT-MARIAN , (Géog. mod.) montagne de l'Abyfhnie , 8, fuivant Mendez; la plushaute dé cet empire; d’ailleurs elleeft fort fpacieufe , &four- nit la fource de deux rivieres, dont {on pié eft ar- rofé. (D.J.) THABOR , ( Géog. anc. & facrée,) montagne de Galilée , nommée parles Grecs Zrhaburins où Atha- burius ; le nomde Thaboren hébreu fignifieure has- teur Ôt le nombril. Eufebe place cette montagne fur les frontieres de Zabulon au milieu de fa Galilée à 10 milles de Diocéfarée vers l'Orient. Jofephe, Zy. IP. c.ij, ditque le Thabor eft haut de 30 ftades > SE qu'à fonfommet il ÿ a une plaine de 26 Rades de dr- cuit, environnée de murailies, &inacceflible du côté “du feptentrion. Polybe , div. WIIL, c. Ix. affute qu'il ÿ avoit une ville fur fon fommet. Le Thabor eft entierement ifolé au milieu d’une grande campagne, où il s’éleve comme un pain de fucre. Le pere Nau dit quil y avoit autrefois trois petites églifes , mais il n’en refte plus que les ruines 3: cette montagne étant entierement deferte, Il en eft parlé dans l’Écriture. Ofée, c. w. y. 1. reproche aux princes d’Ifraël & aux prêtres des veaux d’or, de tendre des pieges à Mafpha , & de mettre des filets fur le Thubor; ces pieges & ces filets font des ex- preffions figurées, qui défignent peut-être desidoles , des autels, que l’on avoit dreflés à Mafpha , au-delà du Jourdain , &t fur le Thzbor en Galilée, pour fé- duire les peuples d'Ifraël, & les engager dans l'idolà- trie, (D. J.) THABOR , (Géog. mod.) ville de Bohème fur une hauteur, proche la riviere de Lanfnitz entre Prague & Budwifs, dans Le cercle de Bechin. Elle a été fou. vent prife durant les guerres d'Allemagne, Long. 32, 43. lat. 49.20. ( D. J.) THABORITES, f. m. pl. (Æif. eccléf.) une des feétes des Huffites, qui fe retira fur une petite mon- tagne en Bohème, à quinze lieues de Prague, & s’y établit fous la conduite de Zifca. 7 oyez SABORITES. THABORTENUS MONS, ( Géop. anc.) mon- tagne d’Afe, dans la Parthie. Juftin, 4v. XLL, c. v. dit que Seleucus y bâtit une ville appellée Dara. La fituation de cette montagne, ajoute-t-1l, étoit telle qu'on ne pouvoit trouver aucun lieu , ni plus fort ni plus agréable. ( D. J.) THABRACA, (Géog. anc.) ville d'Afrique, dans la Numidie. C’étoit une colonie romaine , Qui devint dans la fuite un fiege épifcopal. Pline écrit Tabracha, & Pomponius Mela Tabraca, (D. J.) THABUCA, (Géog. anc.) ville de lEfpagne ter- ragonoiïfe. Ptolomée, Z. 11. c. v;, qui la place dans les terres, la donne aux Farduli, (D. J .) THACAS, f. m. (Antig. grecq.) Od'ras ; nom géné. ral que les Grecs donnoient au lieu où les aupures faifoient leurs obfervations, & prenoient les aufpi- ces. Potter. 4rchæol, grec. 10m. L. p. SLIDE) THÆNA, (Géog. anc.) ou Thene ; ville d'Afri- que fur la côte, vers le commencement de la petite Syrte, felon Strabon, Z XF11. P. 834. Il eft auf parlé de cette ville dans Pline, dans Ptolomée & dans une ancienne infcription rapportée par Gruter, page 363- en la maniere fuivante : Decuriones , & coloni £ Tome XVI, 1 HA colonie lie Augufle Méreérialis, There. (D.Ÿ 217 | % THAIEE ; (Géo. mod.) ou Thoif» Ville ou Pays d’'Hagiaz , eñ Arabie, Son terroir , terhilifé pat deg eaux vives, produit foutes fortes de fruits. Long, fuivant Naflir-Eddin, 77, 30, /ar. Jéptéñé, ht, 20, (D.J) “04 | THAIM , fm vèrme de relarion, Provihion que la Porte fournit aux princes à qui elle accorde un afy- le. Mehérmet. Baltagi,"prand-vifir, retrancha at ro: de Suede fon sain qui étoit confidérable > confiffant en cent Ccus par jour en argent, & dans Une profus fion de toût'ée qui peut contribuer À l'entretien du. ne cour, dans'la fplendeur &c dans Pébondance, 727. taire, (D, Ji) va ja \ THAIS , 4m, (Phare, ane.) dues cétà propre à donner une couleur vérmeille au Vifage. in Egis nete en donne la defcription, Z JZL. c. zxy THALA , (Géog. anc.) ville de l'Afrique propre, dans la Numnidie. Sallufte » Bell, Jisurth, ch, 3x», Strabon, Z. Z. Tacite, Aanal. L II. %. xx. & Flo rus, 2. JT, c. j. parlent de cette ville : mais aucun d'eux n’en marque la fituation précife, Sallufté dif qu'il vint des députés pour demander du fecours À Metellus, dans le tèms même de {a prife de Thaa, L’on peut feulement conjecturer de-là, que Lepte & Thala étoient à peu de diflañce l’une da l’autre ; peut-être que la Tha/a de Ptotomcée eft la Thala des autres autéurs que nous avons cités. (22, J. THALAME, (Géog. arc.) felon Polybe, & Tha- lama felon Paufanias, ville du Péloponnèfe. Polybe la met au nombre des villes des Eleuthérolacones : ce qui fembleroït dire qu’elle n’étoit pas éloignée du golfe Argolique : car Paufanias met les Eleuthérola- cones fur la côte; mais Polybe, z# excerpt, Valefta- rs , ex, XVI, donne lui-même à Thalaine, une po- fition bien différente, L’Eurotas, dit-il, & le terri- toire des Sellafiens font fitués À l’orient d'été de 1a ville de Sparte ; & Thalzme, Fer, & le fleuve Pamifus, font au couchant d’hiver : ainfi Tha/ame devoit être entre l’Eurotas & le Pamifus: Selon Pautanias, Z. LIT. c, xxyj, cette ville étoit à près de quatre-vingt ftades d'Oetylus, & à vingt fta- des de Pephnus. Comme dans un autre endroit Paus fanias dit que Thalameæ étoit une ville de Mefénie, quelques-uns ont cru qu'il ÿ avoit deux villes de mé me nom; l’une dans la Laconie, l’autre dans la Mefñlé nie: & Ortelius femble même en admettre trois; [as voir , deux dans la Laconie , & une dans la Meffénie, Mais je crotrois plutôt que ce n’eft que la même vil. le, dont Paufanias parle dans trois endroits de fa def: cription de la Laconie., | Quoi qu'il en foit, il y avoit à T'halame detaco- nie, un temple & un oracle de Pañphaë, On alloit coucher dans ce temple, 8 [a nuit la déefle faifoit voir en fonge tout ce qu’on vouloit favoir, Lesrins prennent Pafñphaë pour la fille d’Atlas; & d’autres pour Caffandre fille de Priam, quife retira à Thalame après la prife de Troie, & y porta le nom de Pafi= pPhaë, parce qu’elle faifoit des prédiGtions à tous ceux qui fe préfentoient; car c’eft ce que fignifie fon nom. On pourroit encore dire avec plufeurs, que cette Pafphaë eftla même que Daphné, qui ayant pris la fuite pour éviter Les pourfuites d’Apollon, fut chan- gée en laurier, & recut de ce dieu le pouvoir de pré: dire l’avenir. Quelle que foit celle qui rendoît l’oras cle, il eft certain qu’elle fut d’un grand fecours au roi Âgis, quand il effaya de remettre le peuple fur le pié où il avoit été »lorique les lois de Lycurgue, abo- lies de fon tems, étoient en vigueur, (D. J.) THALAMEGUS, f. m, (Letiérar.) c’étoit un vaiïf- feau de parade & de plaifir ; nous dirions un Yacht, dont les rois &cles grands feioneurs fe fervoient dans leurs promenades fur Peau, Ces fortes de vaifleaux avoient tous une belle chambre avec un lit pour s’y E e 219 TH A: tenir, & pour fe coucher. Philopater roi d'Egÿpte ; ät faire un bâtimentmagnifique de cette efpece, dans lequel il fe promenoit publiquement fur le Nibayec fa femme & fes enfans. L’hiftoire rapporte que ce vaifleau avoit trois cent piés de longueur, près.de cinquante de large, êc environ foixante de hauteur, y-compris celle du pavillon qui étoit bâti deflus. La ftrudure de ce vaifleau paroît avoiriété fort fingule- re, car il étoit fort large-dans le haut, particuliere- ment fur Ja pattie|de devant; 1},y avoit-une double - proue & une double.poupe le tilac.étoit bordé de deux longuesugaleries à 'baluftrades d'ivoire , pour s’y promener en dureté, & agréablement. (2. JR)» THALAMITÆ , {.m. ( Listérat.) dans les galeres à trois rangs de rames, êt trois ponts lun {ur autre: on nommoit halamiræ ; Sanapiras, les rameurs qui étoient au plus baspont; ceux du milieu s’appelloient sygite, Cuytrars & ceux du haut shranit@ ; Spoytres ; l'ancien auteur des Taétiques dit,que ces rangs étoient les.uns fur les autres enhauteur. Des favans qui ont bien de la peine à comprendre ces étages de rames les uns fur. les autres , eftiment que le mot.sriremis, défigne une galere qui avoit de chaque côté trois hommes fur chaque rame , quelque nombre de ra- mes qu'il y eût d'ailleurs: en ce cas thalamitæe. étoient les rameurs qui fe trouvoient placés au miliéu de chaque rame. (D. J.) | ne THALAMOS , ( Mythol.) c'eft ainf qu'on appel- loit à Memphis, felon Pline , les deux temples qu'a- voit le bœuf Apis, où le peuple lalloit.voir, & d'où iltiroit des préfages & des augures. Thalamos figni- fie proprement des chambres & coucher. (DJ ) THALASSARCHIE , f. £, (Linérar.) ce mot grec fignifie Pempire des mers ; le plus avantageux de tous les empires; les Phémiciens le: poflédoient autrefois, &c c’eft aux Anglois que cette gloire appartient au- jourd’hui fur toutes les puiflances maritimes, (D. J.) THALASSOMEZLT, im. (Pharmac. anc.) Ounac- CLEA » defañacoz, la mer, & FAN 5: miel ; c’eft, dit Diofcoride, un cathartique fort efficace ,. compofé d’une égale quantité d’eau de pluie, de mer, ëtde miel, qu'on coule & qu’on expofe au foleil durant la canicule, dans un vaifleau enduit de poix. Quelques- uns mettent deux parties d’eau de mer &une de miel dans un vaifleau ; & cette compofition opere avec beaucoup moins de violence que l’eau de mer toute {feule. Diofcoride, Lb. V. cap. xx. (D. J.) THALATTA, (Géog. anc.) nom d’une ville de la Babylonie , felon Ptolomée, & 2°. d’un étang au pié du mont Caucafe, qui felon Ariftote, déchargeoit {es eaux dans le Pont-Euxin, (2. J.) THALER ox DALER , ( Commerce. } efpece de monnoie uftée en Suede, où l’on en diftingue de deux efpeces ; le caler filvermunt où taler d'argent, vauttrente-deux {ols, monnoïe de France. Le shaler Kopparimunt où thaler de cuivte, vaut dix fols & de- mi, atgent de France. THALI 04 THALLI, (Géog. anc.) peuples d’Añe, voifins des Sauromates, & qui habitoient à l’orient de embouchure du Volga , appellée autrefois fauces maris Cafpii. Le P. Hardouin croit que les Thalis ha- bitoient cé qu’on appelle aujourd’hui le royaume d'Aftracan ; & fi l’on s’en rapporte à Pline, on ne peut les placer ailleurs. (D. J.) à. TÉALIA , £ £. (Hifi. nat. Botan.) genre de plante nommé par le P. Plumier, coreufa , &t dont voici les carateres, felon Linnæus. Le calice eft une enve- loppe ovale, pointue, & compofée d’une feule ferul- 12, La fleur eft à cina pétales, qui font d’une figure ovoïde alongée , creux, & ondés dans les bords, mais il y en a deux près du calice qui font petits & recoauillés. Le germe du piful eft ovoide ; le fruit eft une baie ovale, contenant une feule femence of- feufe, partagée en deux loges, dans chacune defquel- T H À : les eft un noyau fortmenu. Plumier; 8 Linnei gen. | rat ENG2A CD TAN | 7, THALICTRUM ; 1. m. ( Hiff. nat. Boran.) genre de plante à fleur en rofe, compofée de plufeurs pé: tales difpofés en rond. Le-piftil s'éleve du milieu de cette fleur ;1l eft entouré, d’un grand nombre d’éta- mines, &c il devient dans la fuite-un fruit dans lequel on trouve plufieurs. capfules réunies en maniere dé tête, qui font ailées du fans ailes, & qui renferment chacune une fementcele plusfonventoblongue. Tour: nefotti,unf£. reiherb Voyes PLANTE. — 1 THALINA , (Géog. anc.) ville de la grande Arme: nie.-furle bord de l'Euphrate, Ptolomée., Zv. F. c. xii. la marque entre Chor/z &t Armauria. (D. J.) THALITRON , (Mar, méd.) ou fcience des Chi- rurgiens Jophia chirurgorum ; cette plante eft de la clafle des cruciferes de Tournefort; fon alkali volatil {pontané eft aflez vif êc aflez abondant , äpeu-près au même degré de température que dans les creflons au genre defquels les Botaniftes rapportent Le sha/i- tron. Les vertus réelles de cette plante font fufifam- ment déterminées par ce que nous avons dit de cel- les du creflon, voyez CRESSON ; la femence de #hali- tron eft cependant la partie de cette plante qui eft la plus employée. C’eft un remede fort ufité à Paris, parmi. le peuple, qu'un gros de cetté femence pris dans du bouillon ou dans du vin pour arrêter le cours de ventre. Le nont de fophia chirurgorum lui a été donné, parce qu'on la employée autrefois aflez communément dans le traitement extérieur des plaies 87 desulceres, qu’on l’a regardée comme un déterff, un éicatrifant afluré | & que fon ufage intérieur a été recommandé contreces maladies externes à titre de vulnéraire, Gc. cet ufage du rhalirron eft abfolument vieilli, &£ doit être vraifemblablement peu regretté. (4) THALIE,, £ f. (Myzhol.) mere des dieux palices, une des-graces & des neuf mufes, dont le nom figni- fie la foriffante, de 8 nn, je fleuris. On la fait pre- fider à la comédie & à la peinture naïve des mœurs & des ridicules qu’on expofe au théatre. Des jeux innocens de Thahe L’'amufant pettacle étalé, Des hommes montre la folie ; Aux ris Le vice ef? immolé ; La fureur du jeu, l’imprudence, Le faux-favoir & l’arrogance Y Jonx percés de mille traits. La Le mifantrope bifarre, Le jaloux ; Pimpofleur , Pavare, Rougiffens de voir leurs portraits. On repréfente Thalie, appuyée contre une colon ne , & tenant un mafque de la main droite. (D. J.) THALLO , ff. (Mythol.) c’eft , felon Hygin, c. clxxxiiy. une des heures, fille de Jupiter & de Thc- mis ; Paufanias dans fon voyage de Béotie , l'appelle Thalloré ; maïs la Thallo dont parle Clément d’Alé- xandrie , Protrept. Z. I. & qu'il joint aux Parques , au deftin & à la déeffe Auxo, n’eft point une heure ; c’eft plutôt la déefle de la germination, comme Au- xo eft la déefle de laccroiflement. (2. J.) THALLOPHORES , f. m.(Antg. grecq.) Banxopo- pu ; on nommoit ainfi chez les Athéniens , les vieil- lards & les vieilles femmes qui portoient des rameaux d’olivier dans leurs mains à la proceflion de la fête des Panathénées. Potter. Archæol, grec. #, I, p. 421. D. J.) THALPUSA ox THELPUSA , ( Géog. anc.) ville & petite contrée de ’Arcadie , felon Paufanias , iv, VIII. & Pline, Ziv. IV. ch. vj. Le pere Hardouin-dit que c’eft la Delphufa d’'Etienne le géographe, & cela paroït très-vraiflemblable. (D.J.) THALUDA, (Géog. anc.) fleuve de la Mauritanie k - tingitane. Prolomée, 4 IF. e. 7. place fon embou- chure fur la côte de l'Océan Eee entre Jagath &cle promontoire Oleaftrum; c’eft le Tamuida des “modernes. (D. J.) | THALUDE, ( Géog. mod. ) petite ville d’Afe, dans les états du roi de Maroc, au royaume de Fez, dans la province d'Errif, fur une riviere, à deux milles de la Méditerranée. (D.J.) - THALYSIES, £ £ pl ( Arrig. grecq.) bardore » fêtes &t lacriices queles laboureurs célébroïient dans l’Attique, en l'honneur de Cérès &r de Bacchus, pour l’heureux fuccès de leurs moiïflons & de leurs ven- danges. Voyez {ur l’origine & les cérémonies de cette fête, Potter, Archæol. græc. tom. I. pag. 400. ( D. J.) THAMESIS, ( Géog. anc. ) fleuve de la Grande- Bretagne , dont parle Céfar, L Fc. xvi. Ptolomée a fort bien connu cette riviere; c’eft la Thamite. (2.J.) 4 THAMIMASADES, f. m,.( Mythologie, ) divinité adorée par les Scythes;ils la repréfentotent fous une _ figure moitié femme & moitié poiflon, & c’étoit un fymbole de la lune &c de la mer. (2.7) THAMISE, LA, (Géog. mod.) les François écri- vent à tort Tamife, riviere d'Angleterre, la plus con- fidérable de toute la Grande-Bretagne; elle fe forme de deux rivieres, qu’on appelle Thame & Ifis, qui fe joignent près de Dorchefter , dans Oxfordshire : de- là elle coule à left , féparant la province de Buckin- gham de Berkshire, Midelefex d'avec Surrey, & Efex d'avec Kent. Dans fon cours elle pafle auprès de Wind{or, à Kingfton, à Londres, à Barking dans Eflexs & à Gravelend dans Kent ; enfin elle fe dé- charge dans la mer d'Allemagne par une très-grande embouchure. C’eft la riviere la plus avantageufe de l’Europe pour la navigation. Son courant eft aïfé , fes marées font commodes , &t {on eau fe purifiant par la fer- mentation dans les voyages de long cours, devient bonne à boire quand on en a le plus de befoin: c’eft à cette riviere qu’eft dûe la grandeur & l’opulence ae Londres, Quelle incomparable puiffance Fait fleurir [a gloire au- dehors ? Quel amas d'immenfes tréfors Dans fon [ein nourrit l'abondance À La ‘Thamife, reine des eaux, Voir fes innombrables vaileaux Porter [a loi dans les deux ondes, Er forcer jufqu'aux dieux des mers, D'enrichir fes rives fécondes , Des tributs de tout l'univers, La marée monte jufqu’à cent milles depuis l’em- bouchure de ce fleuve, c’eft-à-:dire environ vingt mulles plus haut que Londres. Îl y a plus de trente : mille matelots qui fubfftent du commerce de cette feule riviere, & Londres éprouve chaque jour les avantages infinis qu’elle lui procure. Sur un refus que cette capitale avoit fait à Jac- ques, [. du prêt d’une grofle fomme, ce roi piqué, menaça le maire 8 les échevins de s'éloigner de leur ville, & de tranfporter dans un autre lieu les archi: ves du royaume, ainfi que toutes les cours de juffice. « Sire, répondit le maire, votre majefté fera ce qu’il » lui plaira, & Londres lui fera toujours foumife ; » une feule chofe nous confole, c’eft que votre ma- » jefté ne fauroit tran{porter la Thamife avec elle ». Le chevalier Derham a faït à la louange de cette riviere un très-beau morceau de poéfie, qu’on peut voir dans fes ouvrages ; il commence par le vers fui: vant. Thames , the moft lov'd of all the Ocean's fons, &c. . M. Thompfon parle auffi de la Thamife en ces ter- Tome XVI, regis. LT EH A mes magnifiques : « Belle Thamifé, vafte, 219 douce, # profonde, 8: majeflueufe reine des fleuves ; tu » fus deftinée à faciliter ton premier reflort, le com- » merce.! c’eft fur tes bords qu’on voit s'élever une » foule de mâts, femblablesà une forêt dans Phivers » les ancres fe levent , lés voiles fe guindent, le na- » vire s’ébranle ; la fplendide berge voguant tout- » autour, étend fes rames femblables à des aîles ; les » cris du départ fe répandent &c font retentir la rives » le vaifleau fend les ondes & va porter au -loin la # gloire & le tonnerre britannique». ( Le chevalier DE JAUCOURT. | THAMMUZ, (Calend. des anc. Hébreux. ) nom d’un mois des Hébreux. Voyez TAMUS. THAMNA , (Géog. facrée.) ville dont parle l’Ecri- ture. I femble qu’elle fait trois villes de ce nom 4 mais toutes les trois paroiflent être la même qui étoit dans la Paleftine, fur le chemin de Jérufalem à Diof. polis. (D.J.) THANE , 1. m. (Æifé, mod.) eft le nom d’une di: gnité parmi les anciens Anglo-Saxons. oyez No- BLESSE. Skene dit que la dignité de rhane étoit égale autre- fois à celle de fils d’un comte; mais Cambden prés tend que les hanes n’étoient titrés que relativement aux chatges dont ils étoient revêtus. Il y avoit deux fôrtes de rhanes, favoir les hanes du roi êc les shanes ordinaires : les premiers étoient des courtifans ou des officiers fervant à la cour des rois anglo -faxons , & poflédant des fiefs qui rele= voient immédiatement du roi ; de-forre que dans le grand cadaftre d'Angleterre , ils font appellés indif- féremment rhanes 8e officiers du toi, chant 6 fervientes Peu de tems après que Les Normands eurent fit la conquête de Angleterre, le nom de rhaxes fut aboli, & remplacé par celui de barons du roi, 84ro- nes regis. Voyez BARON. | L'origine des shanes elt rapportée au roi Canut, qui ayant compofé fa garde de la principale nobleflé danoïfe,, au nombre dé 3000 hommes, & les ayant armés de haches & de fabres à poignées dorées, il les appella rhing-lirs ; des deux mots danois, then, cotps de noblefle, & Z:h, ordre de bataille. Les fianes ordinaites, #hani minores, étoient les feigneurs des terres, qui avoient la jurifdi@tion par= ticuliere dans l’éténdue de leurs feigneuries, & ren- doient la juflice à leurs fujets & tenanciers. F’oyez SEIGNEUR & MANorR. Ces deux fortes de zhanes chancerent leur nom en ceiui de barons, & c’eft pour cela que leurs jurif- diétions s’appellent encore aujourd’hui cours de ba- rons, Voyez COUR 6 BARON. Dans les anciens auteurs & dans les vieilles char- tes , le nom de shane fignifie un 7ob/e, quelquefois un vaÿ/al libre, & fouvent un magiftrar, Terres des thanes, étoient celles dont les rois {a- xons avoient invefli leurs officiers. | THANET , ( Géog. mod.) enlatin Thezos ou Tha= ratos dans Solin , île d'Angleterre dans la partie fep- tentrionale du comté de Kent, dont elle fait partie, à quinze milles de l’embouchure de la Thamife, au levant. Elle.eft formée par la Stour en fe déchargeant dans Océan pat deux embouchures ; elle a 8 milles de longueur fur 6 de largeur, & contient dix paroïf- fes où hameaux. Stonar qui eft un poit de mer, ef fon chef-lieu. La terre de cette ile eft toute de marne: blanche, & abonde en froment: Ce fut dans cérte île que le moine Auguftin, depuis archevêque de Cane torbery , aborda lorfquil vint annoncer l'Evangile | aux Bretons: les Saxons y defcendirent auffi quand ils S'emparerent d’une partie de l'Angleterre. (D. J.) - THANN , ( Géog.mod.) bourg plutôt que ville de France, dans la haute Alface, & le chef-lieu d’un E ei 220 T H A bailliage; c’eft auprès de ce bourg que commence la montagne de Volse, qui s'étend jufque vers Weïf- fembourg. (D. J.) | THAPSAQUE , (Géogr. anc.) Thapfacus où Thap- Jacum, ville de Syrie , fur l'Euphrate, où l’on pafloit ce fleuve pour venir de la Méfopotamie dans l'Ara- bie déferte, & pour aller de l'Arabie déferte dans la Méfopotamie. Elle n'étoit pas loin de Vembou- chure du Chaboras dans l’'Euphrate ; les anciens en ont beaucoup parlé. Il paroït par la route que te- noient les rois d'Affyrie en venant vers la Paleftine, qu'ils devoient pañler l'Euphrate à Thapfaque. Tous les anciens géographes ne s'accordent pas À mettre cette ville dans la Syrie. Ptolomée, 4y. F. ch. xix. la marque dans l’Arabie déferte, mais aux confins de la Syrie. Pline, Av. W. ch. xxiv. BE Etienne le géographe la mettent dans la Syrie. Ce dernier dit qu’elle fut bâtie par Seleucus: cela ne fe peut pas, du-moins n’en jetta-t-il pas les fondemens ; il put la J P P réparer ou l’orner. Ce qu'il y a de certain, c’eft que Thapfaque fubfiftoit long-tems avant Séleucus. Xé- mophon, de Ciriexped. Liv. IL. pag. 150. nous apprend que cette ville étoit grande &c opulente du tems de Cyrus. C’eft à Thapfaque, felon Arrien, /. I. p. 16, & Liv. IIT, p. 168. que Darius pañfa l'Euphrate, {oit lorfqu’il marcha contre Alexandre, foit dans fa fuite, après qu'il eut été vaincu. (D. J.) THAPSIA, f. f. (Hifi. nar. Botan. anc.)les anciens ont décrit fous le nom de shapfia, outre la racine vénéneufe que nous connoïflons, trois autres plantes fort différentes ; favoir le bois de Lycie qui teint en jaune, la racine de Scythie, qui eft notre régliffe, & la luteola , qui eft notre gaude ; le mot grec kap- Jos fignifie une couleur jaure-pâle, &c s'applique in- différemment à une chofe qui eft telle en elle-même ou par artifice. (D. J.) Entre les huit efpeces de ce genre de plante comp- tées par Tournefort, nous décrirons la plus culti- vée par les curieux, #kapfia, feu turbith garganicum, femine latiffimo, I. R. H. 315. Cette plante eft haute de deux ou trois piés ; fa tige. & fes feuilles font férulacées ; fes fleurs font en fes fommités difpofées en ombelles ou parafols , comme celles del’anet ,de couleur jaune ; chacune de cesfleurs eft ordinairement à cinq pétales difpofés en rofe vers l'extrémité du calice : lorfque cette fleur eft pañlée , ce calice devient un fruit compole de deux graines longues, grifes, canelées fur Le dos, en- vironnées d’une grande bordure applatie en feuillet, 8c échancrée ordinairement par Les deux bouts: fa ra- cine eft moyennement grofle, longue, chevelue en fa partie fupérieure, de couleur grue-blanchâtre , & quelquefois noirâtre en-dehors , empreinte d’un fuc laiteux très-acre, corrofif & amer. Cette plante croît aux lieux montagneux : on fait fécher fa racine pour la conferver, après en avoir Ôté Le cœur ; elle a à- peu-près la même figure que celle du véritable tur- bith, maiselle eft plus légere, plus blanche, &c beau- coup plus âcre. Elle excite des convulfions très-dan- gereufes , qu'on ne peut appaïfer , dit Clufus , que par les acides & l'huile ; auf eft-elle bannie de la mé- decine ; mais les racines de quelques autres efpeces de thapffe ne font pas firedoutables. (D. J.) THAPSOS, fm. (Hif. na. Botan. anc.) nom donné par les anciens à une efpece de bois d’un jaune pâle , dont ils fe fervoient pour la teinture de leurs lames. Quelques favans ont imaginé, fans aucune bonne raïfon , que hapfos & 1hapfia étoient une même plan- te : cependant le shapfia étoit une plante dont la ra- cine pañloit pour vénéneufe, &c le shapfos étoit un ar- bte dont le bois, je ne dis pas laracine , mais le bois du tronc &c les grofles branches , fervoient à la tein- ture; comme la couleur naturelle de ce bois étoit THA d’un jaune pâle & livide, il devint ‘un emblème de la mort, & quelques écrivains grecs employerent le mot shapfos pour unnom de lacouleur des corpsmorts. Il eft vraifflemblable que le skap/os étoit Le bois du ty- cium, dont les peuples de Crete fe fervorent alors pour teindre les étoffes en jaune. Diofcoride nous dit que de fon tems on l’employoit auf pourteindreles cheveux de cette couleur, & pour les rendre d’un blond doré queles Grecs goûtoient beauconp.(D.J.} THAPSÜM , {.m. (Hifi. nat. Botan. anc. ) nom que les anciens auteurs romains ont donné au wer- bafcum, en françois molaine où bouillon blanc ; mais comme il y avoit plufeurs autres plantes dont les noms approchoient de celui de shapfum., entr'autres le hapfra , on jugea néceflaire d'ajouter une épithete au “hapfum pris pour le verbafcum , &t on lappella thaplum barbatum. Les Grecs employerent le mot shap/on ou thapfos pour le bois d'un arbre qui téignoit en jaune, ainfi que pour défigner la couleur jaune. Le ge- nifiella tinélorie , en françois /pargelle , fut appellé thapfum , parce que fes fleurs {ont jaunes. Le verbaf= cum eut aufh ce nom par la même raïon, êc les fleurs de ces deux plantes fervoient également à teindre Îles cheveux en blond doré. L’épithete ézrbarum vient peut-être des feuilles qui font couvertes d’un duvet cotoneux, dont elles paroiflent comme barbues. D, J.) s | THAPSUS, ( Géog. anc. ) ville de l'Afrique pro- pre. Ptolomée, Z. IF. c. vien faitune ville mariti- me au midi de la petite Lepris. Dans la table de Peu. tinger, Thapfus eft marquée à huit milles de la petite Leptis. Strabon écrit de deux façons le nom de cette ville. Dans un endroit il dit #pcç @arlw, ad Thapfo, & plusbas,aprèsavoir parlé d'Adrymeou Adrumete, il dit : ere @ados œwus, deinde eff urbs Thapfus. Cette ville étoit très-forte ; &c la guerre de Céfar, & en- core plus fa viétoire , rendit la ville de Thapfus fa- meute. (D. J.) THARAZ , (Géog. mod.) ville des confins du Tur- queftan. Tous les habitans font mufulmans. Long. fuivant Abulfeda , 89.50. laur. feprentrionale, 44. 2HACDITNSS TARGÉLIES , { £. pl. (Az. greque.) Sapyanse y fêtes que les Athéniens célebroïent en l'honneur du Soleil, auteur de tous les fruits de la terre. On y far foit l’expiation des crimes de tout Le peuple , par un crime encore plus grand , c’eft-à-dire, par le facrifice barbare d’un homme &c d’une femme, qu’on avoit eu foin d’engraifler auparavant à cet effet : l’homme {ervoit de viétime expiatoire pour les hommes, &z la femme pour fon fexe : on nommoit ces viétimes gap- pator ÊT ta Saparee La premiere dénomination leur venoit d’un cer- tain Pharmacos , qui anciennement avoit été lapidé pour avoir dérobé les vafes facrés deftinés au culte d’Apollon , larcin dans lequel Achille avoit furpris. Peut-être regardoit-on ces viétimes comme des mé- dicamens , papuaæ ; PrOpres à purger Athènes de fes iniquites. ) | Ces viétimes portoient de colliers defiguesfeches; elles en avoient les mains garnies, & on les frappoit pendant la marche avec des branches de figuier fau- vage, après quoi on les brüloir, 8 on jettoit leurs cendres dans la mer. Comme les figues entroient pour beaucoup dans cette cérémonie cruelle, de-là vient le nom ou l'air qu’on y jouoit fur la flûte pa dar, de #pad, figuier | branche de figuier, comme qui diroit l'air des figuiers; mais quant aux autres détails qui concernent les shargelies, on peut confulter Meur- fius dans fes leçons attiques,, Z. LFP, & dans fa grecie feriata. Voyez auffi Potter. Archeol. græc. L. IE, c, xx. 2, I. p.400. & Juiv. (D.J.) SRE OU THARGELION , f. m. (Calend, d'Athènes.) mois TH A attiqueson lappelloit ainfi,parce que pendant ce mots, on célebroit les fêtes du Soleil nommées thargélies, Le Soleil lui-même s’appelloit Supysasce, comme qui diroit Sepaymv tue , le Soleil échauffans la terre, Le vafe dans lequel on failoit cuire Îles prémices des moiflons 8e des fruits qu’on offroit à ce dieu, fenom- moit Sapyaacc. Le mois hargélion répondoit au mois d'Avril , felon le P. Pétau ; c’étoit le onzieme mois de l’année athénienne , & il avoit trente jours. (D. J.), Ver THARSIS, (Géog. facrée.) lieu maritime dont il eft parlé en plufieurs endroïts de l’Ecriture {ainte ; furtout à l’égard des navigations qui furent faites fous le repne de Salomon. Comme on ne trouve le nom de ce lieu dans aucun ancien géographe, les favans ignorent parfaitement fa fituation, mal gré toutes leurs recherches pour la découvrir. PR Jofephe, à qui le vieux Teftament étoit connu ,4 fuivi la tradition de fon tems, qui expliquoit Tharfis par la 7er de Tharfe, L'idée des navigations de $Sa- lomon étoit déjà entierement perdue ; on favoit bien qu'elle s’étoit faite, maïs on ne favoit pas où. D’ail- Ieurs Jofephe, auteur peu exa@, 8 d’un jugement borné, pour ne rien dire de plus, confond perpétuel- lement les marchandifes d’Ophire & de Tharfis. Si Strabon,Pline,& les autres séographes euffent connu Vendroït nommé Tharfs dans l’Ecriture, nous fau- ions à quoi nous en tenir ; mais faute de guide, tous les commentateurs de l'Ecriture s'accordent # peu dans leurs opinions conjetturales , qu’onne fait la- quelle préférer. Les uns, comme le paraphrafte chaldaïque , S.Je- rome & plufeurs modernes, ont pris avec les lep- tante T'harfis pour la mer en général, Ainfi ils ont enten: du par varfleau de Tharfis tous ceux qui voguent fur la mer quelle qu’elle foit; c’eftuneidée commode,&c qui mettroit à larfe, s’il n’étoit conftant par plufieurs pañlages que l’Ecriture entend par Tharfis un lieu par- ticuher , riche en argent, en mines, éc. En effet, fi par ce terme de vaifféan de Tharfis on devoit enten- dre vaifleau de la mer | TOUS ceux qui voguent fur la mer quelle qu’elle foit, mer Egée , mer Adriatique , mer Noire , feront des vaifeaux de Tharfis ; & quel- que part qu'ils aillent, foit du côté de l’orient ou de l'occident, 1ls feront toujours cenfés aller à Tharfs., ce qui feroit de la derniere abfurdité. Il réfulte donc que lEcriture appelle vasffeaux de Tharfis ; des vaif. feaux qui devoient aller à Tharfs , ainfi que la flotte d'Ophir alloit à Ophir. Plufeurs commentateurs ont cherché Thar/fis en Afrique, Bochart dans les Indes, & M. le Grand en Arabie. Enfin quelques modernes ont cru que Thar- Jis devoit être plutôt dans la Bétique, c’eft-à-dire à dans PAndaloufe , ou près du détroit de Gibraltar. Cette derniere opinion eft celle de toutes qui paroït la plus raïfonnée. Les Phéniciens ayant une colonie à Carthage, pouflerent aifément leur navigation jufqu’au détroit de Gibraltar, où ils eurent des établiflemens confi- dérabless ils {ortirent du détroit , & furent les fon- datenrs de Cadix. Ils bâtirent Tarteflus, & y éleve- rent un temple en l’honneur d'Hercule, Le géographe nomme trois Tartefles , toutes trois dans la Bétique; Vune , favoir, Carteia, dans la baie de Gibraltar; l’autre Gardir ou Gades , au golfe de Cadix; & l’an- cienne Tarteflus, fondée par les Phéniciens à Pem- bouchure du Guadalquivir, entre les deux forties de ce fleuve; c’eft dans cette troïfieme Tartefle que les premiers Phéniciens commerçoient , & c’eft celle qui paroït être la Tharfis de l’Ecriture, & qui poflé- doit des richeffes immenfes, comme il paroît parun paffage d’Ariftote dans fon livre des merveilles. On! dit, rapporte-t-il, que les premiers Phéniciens qui. navigerent à Tarteflus, y changerent lhuile.&au- T H A 227 tres ordurés qu'ils portoient fur leurs vaifeaux, con tre de l'argent, en telle quantité que leurs navires ne pouvoient prefque Le contenir. Si donc l’on joint la richeffe du pays à fa fituation , & au commerce qu'y faifoient les Tyriens, on aura moins de peine à res garder Tarteflus pour la Tarfés de l’Ecriture, Ajoutez ce paflage d'Eufebe, Deæpresc «6 ToÙ ICapes, T'haris Ex gu0 Tberi, T'arfis de qui font venus Les Ibériens ou les E£ pagnols. Dès le tems de Jofué les Phéniciens étoicnt pañlés en Afrique. Des vaiffeaux qui rafoient la côte de Phæs nicie, &c enfuite celle de Cilicie, arrivoient aifément à Pile de Candie , & aux autres îles qui font au midi de la Morée, de-là ils ne perdoïent point la vue des terres pour côtoyer la Grece, la côte méridionale d'Italie & celle de Sicile ; à la pointe occidentale de Sicile , ils touchoient prelque aux côtes d'Afrique , où étoit leur colonie de Carthage. De-là en fuivant cette côte, ils trouvoient Le détroit de Gibraltar: je ne dis rien ici qui ne foit conforme aux témoignages de l'antiquité, & À la plus faine géographie. Ce voyage de Cilicie,de Carthage & du détroit,a pu être appellé le voyage de Tharfis,parce que Tharfis étoitle premier terme : de même nous appellons voyage du Levant, unvoyage qui s'étend quelquefois jufau’à la Perfe;& , Voyage des Indes |, un voyage qui s'étend jufqu’au Tonquin & à la Chine. On ne doit donc pas s’éton- ner fi quelques anciens par Tharfis ont entendu les environs de Tharfes, d’autres Carthage , d’autres l'Afrique, fans défigner quelle païtie de Afrique. À l'égard de Thar/s en Efpagne, la différence qu'il y à entre ce nom & celui de T'arteflus , ne doit point faire de peine ; car les Phæniciens peuvent avoir changé le premier W enr, c’eft-à-dire l’sen £, COM me on a dit lÆswrie pour l'Affyrie, la Baranée pour le pays de Batan : peut-être auffi n’ont-ils rien chan- gé à cenom. Polybe rapportant les conditions d’un traité fait entre Les Romains & les Carthaginois, dit: ilnefera point permis aux Romains de faire des pris fes au-delà de Maftia & de Tarfeïum ) n1 d'y aller trafiquer , ni d'y bâtir des villes. Taper, Tarfeium, felon Etienne le géographe eft une ville auprès des colomnes d’Hercule. Le nom de Tharfis eft bien re- connoïffable en celui de Tharfeium. Auff Goropius , Hifpan. 1... VI. VI, Grotius, ir 1r1. Rep: c. x, y. 28. Pineda, de rebus Salom. L. IF. 0. xiv. & Bochart, Phaleg. L III: c. vij. n’ont-ls fait aucune difficulté d’aflurer que c’étoit le même nom, & le même lieu. Il n’eft pas douteux qu’on ne trouvât dans la Béti- que les marchandifes dont :1 eft dit que la flotte de Tharfis fe chargeoït en revenant. Ces marchandifes étoient de l’argent en mafle ou en lame » la chry{o- lite, de l’ivoire, des finges, des perroquets , & des efclaves éthiopiens. La Bétique produifoit de lar- gent, Comme nous avons vu, & comme elle avoit, {elon Pline, des chryfolites du poids de douze livres, on voit bien qu’elle ne devoit pas être ftérile de cette {orte de pierres, | Les Phéniciens avoient des établiffemens au-delà du détroit de la Nigritie. Ils étoient fur les flottes de Salomon ; ils favoient bien comment lui procurer de Pivoire , des finges, des nepres , & des perro- quets. La côte occidentale d'Afrique ne manque point de tout cela, & il n’eft pas néceflaire d'aller bien loin, ni jufqu’au coin de la Guinée, pour en trouver ; encore moins de faire le tour de l'Afrique. Les Phéniciens de la Bétique avoient foin de fe four- nur d’une marchandife qu'ils voyoient que la flotte combinée de Hiram & de Salomon emportoit avec plaifir ; & le terme de trois ans, qui s’écouloit d’un voyage à l’autre, étoit bien affez long pour les amaf fer au lieu où la flotte abordoit, fans qu’elle eût la peine de les aller chercher ailleurs qu’à Tharfs, 20% T H A D'après cette hypothèfe, on pourroit peut-être concilier tous les paflages de l’Ecriture fur Tharfs, avec les propofitions fuivantes. IL n’y avoit qu'une Tharfis proprement dite , que lon connut d’abord; favoir, Tharles & les envi- ons, connus enfuite fous le nom de Cx/icie. Les Phéniciens vers le tems de Jofué, ayant fait des établiffemens en Afrique , leurs vaifleaux fre- quenterent le port de Carthage. Cette navigation les mena peu-à-peu vers le dé- troit de Gibraltar , & leur fit découvrir le pays de T Tharfis en Efpagne; c’eft de cette Thar/fis, du détroit | ou des environs , que Salomon tiroit tant d'argent, d'ivoire ; &c. La Tharfis d'Holoferne eft la Tharfis de Cihcie , & ne peut être l'Arabie. C’eft auff celle du pfeaume , où ileft parlé des rois de Tharfis &t des îles. Pour aller à Tarfis, on s’embarquoit à Joppé, comme Jonas, ou à Tyr dur les vaifleaux des mar- chands dont parle Ezéchiel. V8 Les paffages que l’on cite du livre des rois &c des Paralipomenes, pour en conclure que la flotte de Tharfis partoit d’Afiongaber, ne le difent point; & il eff plus naturel & plus raifonnable d'entendre dans les paroles mêmes de l'Ecriture, une diftinétion réelle entre ces deux flottes & ces deux voyages, que de donner lieu à une contradiétion dont on ne fait com- ment fortir. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) THARTAC , {. m,. ( Critique facrée. ) nom d’une idole qu’adoroïent les Hévéens, 1 Roës , æviy. 31. Elle eft repréfentée fous la forme d’un homme à tête d'âne, tenant un petit bâton à la main. (D. ) THASE , ( Géog. anc, ) île de la mer Egée:, fur la côte de la Thrace , à l’oppofite de lembouchure du fleuve Neftus. La plüpart des géographes écrivent Thafus ; maïs Polybe & Etienne le géographe, difent Thaffos, & Pline Thaffus. pas Thaflius ls d’Agenor, rordes Phéniciens; pañe pour avoir peuplé cette île, ét poury avoir demeuré plufeurs années : il li donna fon nom. L'ile fut en- fuite augmentée d’une nouvelle colonie grecque; qu’on y avoit menée de Paros; ce qui la rendit confi- dérable entre les autres îles fituées dans laimer Egée; mais elle ne continua guere deljouir de cette heu- reufe poñition : elle tomba fous la domination des Cériniens & des Entriens. Ces peuples s’y étoient rendus de la Thrace, ou des confins de lAfie. À la fin les Athéniens fe rendirent les maîtres de Thafe ; ils la dépouillerent entierement de fa liberté, en de- farmerent les habitans, & pour les tenir plus aifé- ment dans la fujétion , ils les accablerent de conti- nuels impôts. | Les Athéniens en furent dépoffedés par les Macé- doniens, & ceux-ci par les Romains. Tha/e efluya depuisle gouvernementtyrannique de plufieurs ufur- pateurs , & finalement elle fut contrainte de fuivre le fort de l’empire de Conftantinople, & de fubir le joug de la donuination turque. Mahomet IL. s’en em- para dès lan r453; elle fut traitée d’abord avec la derniere rigueur; mais dansla fuite y les Turcs même y établirent un négoce ; ce qui y attira derechef de nouveaux habitans. Cette île contient aujourd’hui trois bourgs aflez peuplés, & mis par des fortifications en état de de- fen{e. On donne même au plus grand de ces bourgs le nom de ville de Thafo. Les deux autres bourgs re- . tiennent en quelque maniere leurs anciens noms; l’un eft appellé Ogygia ou Gifr, &t l'autre Etra, ou Tyrra. Le commerce y attire des étrangers, &c plu- fieurs bâtimens dans le port; il en vient fur-tout de Conftantinople. Le terroir de cette île abonde en toutes chofes néceflaires à la vie ; les fruits particulierement font délicieux; &elle a un excellent vignoble, célebre déja dès le tems de Varron; Virgile, Géore. L IE. v. 91..en parle ainf : | Surt Thafiæ vitres, funt & Maræotides albæ. Pinguibus he terris habiles, levioribus ille. Cette île a encore des mines d’or & d'argent, & des carrieres d’un marbre très-fin. Pline remarque que ces mines & ces carrieres rapportoient beaucoup dès le tems d'Alexandre le grand. Les empereurs ot: tomans ne les ont pas laiflées en friche ; Sélim I. en- tre autres, & Soliman IL. en ont tiré un profit con- fidérable. Le fultan Amurath fit creufer âvec fuccès dans la montagne qui eftvers le feptentrion de l’île, vis-à-vis de celle de Neflo : mais au bout de cinq mois, on difcontinua ce travail, parce que la veine étoit manquée , ou plutôt parce qu'on avoit perdu le fil. Les habitans de l’île de Thafe avoient jadis fait une alliance étroite avec ceux de la ville d’Abdera, à deffein de fe mettre à couvert des incurfons des Sar- rafins, &c d’autres peuples barbares de l’Afie; mais ils les abandonnerent dans les plus preflans'befoins , lorfque ces barbares vinrent avec une armée ravager toute la côte méridionale de [a Thrace. Après leur départ, ceux d’Abdere s’étant remis, pénferent aux moyens de fe venger des Thafens qui avoient man: qué à la foi promife, de s’aflifter mutuellement; ils aborderent pour cet effet à l’impourvu dans cette ile , & firent tout leur pofible pour s’en rendre les maîtres. Les peuples voifins prirent part àcette guer: re, & 1ls obligerent les Thafens à donner une fatis- faétion convenable aux habitans d’Abdere, Théagene étoit de Thaje ; il fut fouvent couronné dans les jeux de la Grece , & mérita des ftatues & les honneurs héroïques dans fa patrie. Un de fesen nemis ayant voulu un jour infulter une de fes fta- tues, vint de nuit la fuftiger par vengeance; comme fi Théagene en bronze eût pu fentir cet affront. La flatue étant tombée tout-à-coup fur cet infenfé, le tua fur la place. Ses fils la citerent en juftice , comme coupable de la mort d’un homme, &c le peuple de T'hafe la condamna à être jettée dans la mer, fuivant la loi de Dracon, qui veut que l’on extermine juf- qu’aux chofes inanimées , qui, foit en tombant, foit par quelque autre accident , ont caufé la mort d’un homme. | Quelque tems après , ceux de Tha/e ayant fouffert une famine caufée par la ftérilité de la terre, en- voyerent confulter l’oracle de Delphes : 11 leur fut répondu que le remede à leurs maux étoit de rap- peller tous ceux qu'ils avoient chaflés ; ce qu’ils f- rent, mais fans en recevoir aucun foulagement. Ils députerent donc une feconde fois à Delphes, avec ordre de repréfenter à la Pythie qu'ils avoient obé, & que cependant la colere des dieux n’étoit point ceflée : on dit que la Pythie leur répondit par ce vers : Et votre Théagene ef?-1l compté pour rien ! Au milieu de leur embarras, il arriva que des pé- cheurs retrouverent la ftatue perdue, enjettant leurs filets dans la mer. On la remit dans fon ancienne pla- ce ; Ôt dès ce moment le peuple de Thafé rendit les honneurs divins à Théagene ; plufieurs autres villes, foit grecques, foït barbares, en firent autant. On regarda Théagene comme une divinité fecourable, & les malades fur-tout lui adreflerent leurs vœux. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) THASIUS, (Myrhol. ) furnom d’'Hercule, pris de la ville de Thafe, dans une ile de la mer Egée : les habitans de cette ville honoroïent Hercule, comme leur dieu tutélaire, parce qu’il les avoit délivrés de quelques tyrans dont ils étoient opprimés. ( D. 7.) THASPE , (Géog, anc. ) ville de l'Afrique pro- pre, dans la province proconfulaire, C’eft-1à où Juba ayant pour ainf dire ranimé les reftes de la guerre civile en Afrique ;, pat les confeils de Julius Scipion, &7 de Caton, eut le malheur d’être défait par Jules Céfar, à cette bataille qu'on nomma Ze Journée de Thafpe. Cette. ville eft préfentement un lieu ruiné, dans le royaume de Tunis, entre Souzet &r Elfaque: D. J.) | THATA, (Géog. mod.) Dotes par les Allemands, Totis dans la carte de la Honorie de M, de Lifle , en 17173 Tata dans celle de 1703 , & c’étoit mieux, cat les Hongrois écrivent Tara ; c’eft une petite ville, aujourd’hui bourgade de Hongrie , entre Ja- varin & Grau. ( D.J.) FHAU, { m:( Gram.& Cririque facrée. ) derniere lettre de Falphabet hébreu, qui avoit d’abord la for- me d’une efpece de potence, avant que les Juifs fe ferviflent du caraétere chaldaique , & qui du tems de S. Jérôme, confervoit encore cette figure dans lal- phabet famaritain. Dans la fuite, on l’a un peu chan- gée, &c on lui a donné la forme de T, quelle a en artie. aujourd'hui 1; cette lettre tire fon origine Lun mot hébreu, qui fignifie marque, figne ; & c’eft par ces derniers mots que les feptante ont traduit le paflage d’Ezéchiel , ch, ix. 4. en difant: « metréz » une marque (un /gza/ ) au front de ceux qui font » dans la douleur, & qui gémiflent de voir toutes » les abominations qui fe font dans la ville ». (D. J.) THAU, l'étang de, ( Géog. mod. ) étang de France fur les côtes de Languedoc; cet étans eft nommé Taurus par Avienus ; & Larerra par Pline, Il s’étend prefque de l’eft à l’oueft, environ douze bonnes lieues au midi du diocèfe de Montpellier, & d’une partie de celui d'Agde. On lui donne dans le pays les diférens noms d’écang de Frontignan | de Maguelone, & de Péraut, que l’on emprunte de lieux qui font ur fes bords. Cet étang fe débouche dans Le golphe de Lyon par le grau de Palavas, ou pafläge de Ma- guelone, 6c par le port de Cette, où commence le canal de Languedoc, (D. J.) THAULACHE, £ £ (Ac. mil. franç, ) forte d'armes des anciens françois, dont les unes étoient offenfives en forme de hallebarde ou d’épieu ; les au- tres étoient du nombre des armes défenfives, & étoient des efpeces de rondelles, ou petits boucliers. (D: 1.) | THAUMACT, (Géog, anc.) ville de la Phthiotide ; Tite-Live, 2. ÆXXIT. c. iv. dit qu’en partant de Py- æ, & du golfe Maliacus , & pañlant par Lamia, on rencontroit cette ville fur une éminence , tout près du défilé appellé Cæze, Il ajoute que cette ville domi- noit fur une plaine d’une fi vafte étendue que l’on ne pouvoit en voir l’extrémité , & que c’eft cette efpece de prodige qui étoit l’origine du nom Thaumaci, Etien- ne le géographe prétend que ce fut Thaumacus fon fondateur qui lui donna fon nom; ce feroit un fait difficile à vérifier, ou du moins il faudroit aller cher- cher des preuves dans des fiecles bien reculés, car cette ville fubfiftoit déja du tems d'Homere, Iliad, B, y. 716 Où d'épa Munloroy y} Caupatiny érépoile. .Quivero Merhonem & Thaumaciam habitabant. Pline, Z. IF. c. ix. nomme auf cette ville Thaw- macia , & la met dans la Magnéfie ; je ne fais fur quoi fondé. Phavorin , /exic. dit qu'il y avoit une ville nommée Thaumacia, dans la Magnéñe, & une autre de même nom fur le golfe Maliaque ; il pour- toit bien multiplier les êtres. Ce qu’il ya decertain, c'eft que la ville de Thawmaci de Tite-Live, étoit dans les terres. (D. J.) À THAUMANTIADE , { Mychol. ) la déeffe Lris fut ain nommée, {oit parce qu’elle étoit fille de Thaumas & d'Eleûre , {oit du mot grec Gauualw, Tum »33 j'admire, parce que les couleurs de fa belle robe ex- Citent l'admiration de tout le monde. (D. 7) THAUMATRON , f. m.( Anriq. grecq. ) mot grec qui fignifie la récompenfe qu’on donnoit À celui qui avoit fait vor quelque chole de merveilleux au peu= ple ; cette forte de libéralité de deniers fe prélevoit fur le montant de la fomme payée par ceux qui avoient aflifté à cefpeétacle, Le hawmatron revenoit au icettum des jeux olympiques, &c du cirque, & aux Prabeia , que l’on donnoit aux afteurs de théatre, aux baladins , & aux pantomimes, (D, J. THAUMATURGE , fm. &£ ( Hife. eccl,) far- nom que les catholiques ont donné à plufieursfaintss quife font rendus célebres par le grand nombre , &c par l'éclat de leurs miracles. Ce mot eft formé du grec douux | merveille , & «pyov , OUVrage. Saint Grégoire de Neo-Céfarée , furnommé Ta: maturge ; fut difciple d'Origène vers l'an DE CC depuis évêque de Céfarée dans le royaume de Pont : il affifta en cette qualité, au premier concile d’An- tioche , &aàcelui d’Ephèfe, contre Paul de Samofa- te. Saint Léon de Catanée fut furnommé auffi Thau- maturge, il Vivoit dansle huitième fiecle, & fon corps eft honoré encore aujourd’hui dans l'églife de faint Martin de Tours à Rome. Saiat François de Paule, & S. François Xavier, font les grands Thawmar troes des fiecles derniers. Foyez MrrAcLE. THAUN , ( Géog. mod, ) petite ville, ou*pour mieux dire, bourg d'Allemagne dans le Palatinat, au comté de Spanheim, &z au confluent des rivieres de Nalu & de Simmeren, (D. J. y, THE , £ m. ( Bor. exor. ) C’eft une petite feuille défféchée, roulée, d’un goût un peu amer lévére- ment aftringent, agréable , d’une douce odeur ) QUE approche de celle du foinnouveau & dela violette. L’arbrifleau qui porte Le rhé, s’appelle chaa par C. B. P. 147. thea frutex , bons, eronymo affinis , arbor ortentalis , nucifera , flore rofeo, Pluk. Phyt. mais cet atbriffeau eft encore mieux défini par Kæmpfer : he frutex, folio ceraf, flore rofe fylveftris > J'uËu uni- cocco , bicocco, 6 ut plurimim tricocco : c’efl-A-dite ; qu'il a la feuille de cerifier , la fleur femblable à 1a rofe des champs, & que fon fruit n’a qu'une , où deux , où tout au plus trois coques: les Chinois le nomment £heh , les japonoïses/a , ou 15janokr. Ce qu'il y a de plus commode dans une plante fi débitée , c’eft qu’elle n’occupe point de terrein qui pue fervir à d’autres; ordinairement on en fait les bordures des champs de blé, ou de riz », Nlesen- droitsles plus ftériles font ceuxohelle vient le mieux; elle croît lentement, & s’éleve À fa hauteur d’une brafle, & quelque chofe de plus ; à racine ef noire . lgneufe , &jetteirrésulierement fesbranches ; lati ge en fait de même de fes rameaux, & de fes rejet- tons ; il arrive affezfouvent qu’on voit {ortir enfem- hle du même tronc , plufieurs tiges fi ferrées l’une contre l’autre , 87 qui forment une efpece de buiflon f1 épais , que ceux qui n’y régardent pas d’aflez près, croient que c’eit un même arbriffeau ; au-lieu que cela vient de ce que l’on a mis plufieurs graines dans la même foie. L’écorce de cetarbriffeau eft couverte d'une peau fort mince , qui fe détache lorfque l'écorce devient feche ; fa couleur eft de chataigne, grifâtre à la tige , & tirant fur le verdâtre ; fon odeur approche fort de celle des feuilles du noïifetier, excepté qu’elle eft plus défagréable ; fon goût elt amer , dépottant , & aftringent ; le bois eft dur, cCOMmpoié de fibres fortes &t épariles , d’une couleur verdâtre tirant furle blanc, &t d’une fenteur fort rebutante quand il eft verd ; la moëlle eft fort adhérente au bois. Les feuilles tiennent à une queue ou pédicule ; court, gros, & vert, aflez rond, &uni en-deflous , 224 THE mais creux & un peu comprimé au côté oppofe ; ef- les ne tombent jamais d’elles-mêmes, parce que l’ar- brifleau eft toujours verd , & 1l faut les arracher de force ; elles font d’une fubftance moyenne, entre la membraneufe & la charnue , mais de différente sran- deur ; les plus grandes font dè deux pouces de long, & ontun peu moins de deux pouces dans leur plus grande largeur : en un mot, lorfqu’elles ont toute leur crue , elles ont parfaitement la fubftance, la fi: oure , la couleur , & la grandeur du griottier des vergers , que les botaniftes nomment cerafus horren- és » fruilu acido; mais lorfqu’elles font tendres, qui eft le tems awonles cueille, elles approchent davan- tage des feuilles de ce qu’on appelle erozymus vulga. ris fruëlu acido, excepté pour la couleur. | Ces feuilles, d’un petit commencement deviennent à-peu-près rondes, puis s’élargiffent davantage, &c enfin elles fniffenten une pointe piquante ; quelques- unes font de figure ovale , un peu pliées, ondées 1r- régulierement fur la longueur, enfoncées au milieu, & ayant Les extrémités recourbées vers le dos ; elles font unies des deux côtés , d’un verd fale & obfcur, un peu plus clair fur le derriere, où les nerfs étant aflez élevés, forment tout autant de fillons du côté oppoñe: Elles font dentelées ; la denture eft un peurecour- bée , dure, obtufe, & fort preflée , mais les pointes font de différentes grandeurs ; elles font traverfées au milieu pat un nerf fort remarquable , auquel ré- pond du côté oppofé un profond fillon , 1l fe parta- ge de chaque côté en fix ou fept côtes de différentes longueurs, courbées fur le derriere ; près du bord des feuilles, de petites veines s'étendent entre les côtestraverfieres., | Les feuilles, lorfqu’elles font fraiches , n’ont au- cune fenteur , & ne font pas abfolument aufli défa- gréables au goût que l'écorce, quoiaw’elles foient af- tringentes, 6c tirant fur l’amer ; elles different beau- coup les unes des autres en fubftance , en grandeur, &r en fisure ; ce qui fe doit attribuer àleur âge, à leur fituation , & à la nature du terroir où l’arbrifleau eft planté : de-là vient qu’on ne peut juger de leur gran- deur , ni de leur figure, lorfqu’elles font féchées & portées en Europe. Elles affeéteroient la tête fi on les prenoiït fraîches , parce qu’elles ont quelque chofe de narcotique qui attaque les nerfs , &t leur caufe un tremblement convulfif; cette mauvaile qualité fe perd quand elles font féchées. En automne, les branches de cet arbriffeau font entourées d’un grand nombre de fleurs, qui conti- nuent de croître pendant l’hiver ; elles {ortent une à une, ou deux à deux des ailes des feuilles, &tne ref- femblent pas mal aux rofes fauvages ; elles ont un pouce ou un peu plus de diametre , &t font compo- fées de fx pétales , ou feuilles , dont une ou deux fe retirent , & n’approchent pas de la grandeur &c de la beauté des autres ; ces pétales, ou feuilles , font rondes & creufes, &£ tiennent à des pédicules de demi-pouce de long, qui d'un commencement petit & délicat , deviennent infenfiblement plus grands; leur extrémité fe termine en un nombte incertain, ordinairement de cinq ou fix enveloppes, petites 8 rondes, qui tiennent lieu de calice à la fleur. Ces fleurs font d'un goût défagréable , tirant fur Pamer : on voit au fond de la fleur un grand nombre d’étamines blanches, extrèmement petites, comme dans les rofes ; le bout en eft jaune , & ne reffemble pas mal à un cœur. Kæmpfer nous aflure qu'il a compté deux cens trente de ces étamines dans une feule fleur. | Aux fleurs fuccédentles fruits en grande abondan- ce ; ils font d’une, de deux, &c plus communément de trois coques ; femblables à celles qui contiennent la femence du riem , compolées de trois autres ço- THE ces rondes , de la groffeur des prunes fauvages qui croiflent enfemble à une queue commune , comme à un centre , mais diftinguées par trois divifions aflez profondes. j Chaque coque contient une gouffe , une noiïfette, & la graine; la goufle eft verte, tirant fur le noir lorfqu’elle eft mûre ; elle eft d’une fubftance grafe, membraneufe, & un peu ligneufe, s’entrouvrantau- deflus de fa furface , après qu’elle a demeuré une année fur l’arbriffeau , & laiffant voir la noïfette qui eft renfermée; cette noifette eft prefque ronde, fi ce n’eft du côté où les trois coques fe joignent , ellé eftun peu comprimée; elle a une écaille mince, un peu dure , pole, de couleur de chataigne , qui étant caflée fait voir un pepin rougeärre, d’une fubftance ferme comme celle des avelines , d’un goût doucea- tre , aflez défagréable au commencement, devenant dans la fuite plus amer, comme le fruit du noyau de cerife ; ces pepins contiennent beaucoup d’huile, &ranciflent fortailément , ce qui fait qw’à peine deux entre dix germent lorfqw’ils font femés, Les Japo- nois ne font aucun ufage mi des fleurs ni des pepans, Ce n’eft pas une chofe fort aifée que la récoite du thé : voici de quelle façon elle fe fait au Japon. On trouve pour ce travail des ouvriers à la journée, qui n’ont point d’autres métiers ; les feuilles ne doi- vent point être arrachées à pleines mains , illes faut tirer avec beaucoup de précaution une à une , & quand on n’yeft pas ftylé, on n’avance pas beaucoup en un jour : onne les cueille pas toutes en même tems, ordinairement la récolte fe fait à deux fois, aflez fouvent à trois ; dans ce dernier cas, la pre- miere récolte fe fait vers la fin du premier mois de l’année japonoife, c’eft-à-dire les premiers jours de Mars ; les feuilles alors n’ont que deux outroisjours, elles font en petit nombre, fort tendres , 6 à peine déployées ; ce font les plus eflimées, êtles plus ra- res ; il n’y a que les princes & les perfonnes aifées qui puiflent en acheter, & c’eft pour cette raifon qu’on leur donne le nom de shé impérial : on lappel- le auf fur de the. Le thé impérial, quand il a toute fa préparation , s'appelle sick: tsjau , c’eft-à-dire hé moulu, parce qu’on le prend en poudre dans de l’eau chaude : on lui donne auffi le nom d’udf rsjaa , &t de racke facki 15jan , de quelques enaroits particubers , où il croit; le plus eftimé en Japon , eit celui d'£/4f, petite ville aflez proche de Méaco. On prétend que le chimat y eft le plus favorable de tous à cette plante. Tout le hé qui fert à la cour de l’empereur &c dans la famille impériale , doit être cueilli fur une monta- gne qui eft proche de cette ville; auffin’eit-1l pas con-- cevable avec quel foin & quelle précaution onle cul- tive : un foflé large & profond environne le plan, les arbriffleaux y font difpofés en allées, qw'on ne manque pas un feul jour de balayer : on porte Pat- tention Jufqu'à empêcher qu'aucune ordure ne tom- be fur les feuilles; & lorfque la faifon de les cueïl- lir approche, ceux qui doivent y être employés, s’abftiennent de manger du poiffon , êz de toute autre viande qui n’eft pas nette, de peur que leur haleine ne corrompe les feuilles ; outre cela, tant que la ré- colte dure , il faut qu'ils fe lavent deux ou trois fois parjour dans un bain chaud , & dans la riviere; & malgré tant de précautions pour fe tenir propre , il n’eft pas permis de toucher les feuilles avec les mains nues, 1l faut avoir des gants. | Le principal pourvoyeur de la cour impériale pour leshé, a l'infpeétion fur cette montagne ; qui forme un très-beau point de vue; il y entretient des com- mis pour veiller à la culture de Parbriffeau, à Ja re- colte, & à la préparation des feuilles ; &t pour em- pêcher quelesbêtes &c les hommes ne pañent le foñé qui environne la montagne ; pour ceîte raïfon ni oin foin de le border en plufieurs endroits d’une forte haie. 0 - ME Les feuilles ainfi cueillies & préparées de la mar niére qué nous dirons bientôt, font mifes dans des facs de papier, qu’on renferme entuite dans des pots te terre ou de porcelaine, & pour mieux confer: ver ces feuilles délicates, on achève de remplir les pots avec du hé commun, Le tout aihf bien empa- queté , eft envoyé à la cour fous bonne & sûre gaf- de , avec une nombreufe fuite. De-h vient. le prix éxorbitant de ce ché impérial} car en comptant tous les frais de laculture , de la récoite » de Ja prépara- tion, & de l’envoi , un ki monte à 30 Où 40 thaels, c’eft-à-diré À 42 ou 46 écus ; ou onces d'argent. Le shé des feuilles de la feconde efpece, s'appelle, dit Kæmpier , sootsjaa, C’eft-à-dire hé chinois, par- ce qu'on le prépare à la maniere des Chinois. Ceux qui tiennent des cabarets à «2#, ou qui vendent le hé en feuilles, fous-divifent cette efbece en quatre autres, qui different en bonté & en prix ; celles de la qua- trieme font ramaflées pêle-mêle, fans avoir égard. à leur bonté, ni à leur grandeur, dans le tems qu’on croi quechaque jeune branche en porte dix Où quin- ze’au plus ; c’eft de celui-là que boit le commun peu- ple. Il eft à obferver que les feuilles, tout le tems qu’elles demeurent für l'arbriffeau , font fujettes à de pr'ompts changemens, eù égard à leur grandeur & à leur bonté, de forte que fi on néplige dé les cueillir à propos, elles peuvent perdre beaucoup de leur vet- tu en une feule nuit. On appelle ban-r5/4a , celles de la troifieme efpe- ce; & comme elles font pour la plüpart fortes & grof- fes, elles ne peuvent être préparées à la maniere des Chinois, c'eft-à-dire féchées fur des poëles & frifées ; mais comme elles fontabandonnées aux petites gens , il n'importe de quelle maniere on les prépare. Dès que les feuilles de ské font cueillies , On les étend dans une platine de fér qui eft fur du feu , & lorfqu’elles font bien chaudes, on les roule avec la paume de la main , fur une natte rouge très-fine, jufqu’à ce qu’elles foient toutes frifées ; le feu leur Ôte cette qualité narcotique & maligne dont j’ai par- lé, & qui pourroit offenfer la tête : onles roule en: core pour les mieux conferver, &afn qu’elles tien- nent moins de place ; mais il faut leur donner ces fx. çons fur le champ, parce que fi on Îes gardoit feule- ment une nuit, elles fe noirciroient & perdroient beaucoup de leur vertu : on doit auf éviter de les Jaifler long-tems en monceaux, elles s’échaufferoient d’abord & fe corromproient. On dit qu’à la Chine, on commence par jetter Les feuilles de la premiere ré- colte dans l’eau chaude , ot on les tient lefpace d’u- ne demi-minute, & que cela fert à les dépouiller plus aïfément de leur qualité narcotique. | Ce qui eff certain, c’eft que cette premiere prépä- ration demande un très-grand foin: on fait chanter d’abord la platine dans une efpece de four, où il n’y a qu'un feu très-moderé ; quand elle a le degré con- venable de chaleur ; on jette dedans quelques livres de feuilles que l’on remue fans cefle ; quand elles font fi chaudes que l’ouvrier a peine à y tenir la main, il les retire & les répand fur une autre platine pour y être roulées. Cette feconde opération lui coûte beaucoup, il fort de ces feuilles roties un jus de couleur jaune, tirant fur le verd , qui lui brûle les mains , & malgré la douleur qu'il fent , il faut qu'il continue ce travail juiqu'à ce que les feuilles foient refroïdies ,» parce que la frifure ne tiendroit point files feuilles n’étoient pas chaudes , de forte qu'il eftmême obligé de les re- ” mettre deux ou trois fois fur le feu. Il y a des gens délicats qui les y font remettre juf- qu'à {ept fois , mais en diminuant toujours par degrés la force du feu , précaution néceflaire pour confer- Terme XVI, THE 23; vét aux feuilles une couleur vive Qui fait une par- tie de leur prix. Il ne faut pas manquer aufl.-de Jayer àchaque fois la platine avec de L'eau chaude, parce que le fuç qui_eft exprime des feuilles , s'attache {es bords, & aue les feuilles pourroient s’en imbi- ber dénouveau. NT etes . Les feuilles ainf frifées , {ont Jettées fur lelplan- cher , qui eft,couvert d'une natte,, & on fépare celles qui ne jont past bien frifées >. OÙ: qui font trop.ro- ties; les feuilles de zhé mpérial doivent être roties À ün plus grand degré de fécherefe , pour être plus aifément moulues & réduites en poudre ; mais. quel- ques-unes de ces.feuilles font f jeunes & fi tenidress qu’on les met d’abord dans l'eau chaude ; enfuite fur un papier épais ; puis on.les faitfécher fur les char- bons fans'être roulées , à Caufe de-leur extrême peti- tefle. Les gens dela campagne ontune méthode plus courte, &c.y font bien moins de facons: ils fe conten: tent de-rotr les. feuilles dans des chaudieres deter- re, fans autre préparation ; leur #he n'en eftpas moins eftimé des-connoifleurs., -& Al eft beaucoup moins CAÉT. de EURE C'eft par tout pays que les facons même. les plus inutiles font prefque toutle prix deschofes, parmi ceux quiavont rien pour fe diftinguer du pubhe que la dépenfe. Il paroït même quer ce thé commun doit avoir plus de force que le ché impérial, lequelaprès avoir été gardé pendant quelques mois, eft.encorse remis fur le feu pour lui Ôter, dit-on, une certainehu- midité qu’il pourroit avoir contraée dans {a faifon despluies;. mais on prétend qu'après celail peut être gardé long-tems , pourvû qu'on ne lui laifle point prendre l’air ; car l’air chaud du Japon en diffiperoir aifément les {els volatils » Qui font d’une grande fub- tilité. En effet tour le monde convient que: ce ché, & à proportion tous lesautres » les ont prefque tous perdus quand ils arrivent en Europe , quelque foin qu'on prenne de les tenir bien enfermés. Kæmpfer aflure qu'il n’y a jamais trouvé hors du Japon, nice goût agréable , ni cette vertu. modérément rafrai- chifflante qu’on y admire dans le Pays: | Les Japonois tiennent leurs provifions de 4 Commun dans de grands pots de terre, dont Pouver< ture eff fort étroite. Le zké impérial {e confeèye or- dinairement dans des vafes de porcelaine ,. & partir culierement dans ceux qui font très-anciens, & d’un fort grand prix. On croit communément que ces der- niers non-feulement confervent le #44 > Mais qu'ils en augmentent la vertu. L'arbrifleau de la Chine qui porte le rké difere peu de celui du Japon ; il s’éleve à la hauteur detrois, de quatre ou de cinq piés tout-au-plus ;.1l eft toufu & garni de quantité de rameaux. Ses feuilles font d'un verd foncé , pointues , longues d’un pouce, larges de ciñq lignes , dentelées àleur bord en ma niete dé fcic ; fes fleurs font en grand nombre, fem- blables à celles du rofer fauvage , compofées de fix pétales blanchâtres où pâles , portées fur un calice partagé en fix petits quartiers ou petites feuilles ron- des, obtüfes , & qui ne tombent pas. Le centre de ces fleurs eft occupé par un nombreux amas d’étami: nes,environ deux cens, jaunâtres. Le pifil fe change en un fruit fphérique tantôt à trois angles & à trois capfules , fouvent À une feule. Chaque capfule ren- ferme une graine qui reflémble À une aveline par {a figure & fa sroffeur, couverte d’une coque mince, life, rouflâtre, excepté la bafe qui’eft blanchâtre. Cette graine contient une amande blanchâtre , hui- leufe , couverte d’une pellicule mince & grile, d'un goût doucâtre d’abord , mais enfuite amer ; EXCitant des envies de vomir, & enfin brûlant & fort defle- chant: Sès racines font minces, fibrenfes & répan- dues fur la furface dé la terre. On cultive beaucoup cette plante à la Chine ; elle fe plait dans Fe plaines 526 THE | 1 ] +témpérées écexpofées au fofeit, “8 non dans déster- : ' “res{ablonneufes ou trop grailes.” ,: > “On appérte beaucoup de foïn &c d'attettidipoit leshé de l'empereur de fa Chine , coînme pour celui “de l'eriperéur du Japon ,-oh fait un choix ferupu- - leux-de fes feuilles dans la faifon Convenablé. On -cuillé les premiétes quirparoïffent 4û fofmét des | ‘plus téndfes ranièaux ; lés'autres féuilles foat d'un Drixmédiocte. Oh les féché toutes à l'ombre, & on ST Les garde fous le nom dene impérial ; pari “celléstquifont plus grandes ; car le Prix Varie felon la grandeur des feuilies,. pluts elles font Srandes, plus tions chéandriques furent examunés avec des aften- tions infinies au concile de Latran tenu en 649, où le pape Martin réfuta folidement la notion des opé- rations rhéandriques, & fit voir que le fens dans le- quel $. Denis employa d’abord ce terme , étoit ca- cholique , &c très-Cloigné du fens des Monophyfites & Monothélites. Voyez PERSONNE & TRINITÉ. THÉANTHROPE, { m. ( Théologie, ) Homme- Dieu, terme dont onfefert quelquefois dansiles éco- les pour défigner Jefus-Chriffquieft Dieu &r Homme; ou qui a deux natutes dans une feule perfonne, Voyez PERSONNE 6 TRINITÉ. 2 . Cemot eff formé du grec@:x , Dien, & apres , homme. THÉATINS, £ m. (ff. eccléfaf.) ordrereligieux de prêtres réguliers , ainfi nommés de don Jean- Pierre Caraffa, archevêque de Chieti dans le rOyau- me de Naples, qui s’appelloit autrefois Théatre. Le même archevêque fut élevé au fouverain pon- tificat fous le nom de Pau! IF, Ce prélat, fuivi de Gaëtan sentiihomme vénitien , de Paul Confiliari & de Boniface Colle, jetta les premiers fondemens de cet ordre à Rome en 1524. Les Théatins furent les premiers qui prirent le nom de clercs réguliers : non-feulement ils ne poffe- dent point de terres, & n’ont point de revenus fixes, ni en COMMUN , ni en propriété, mais ils ne peuvent même rien demander ni mendier, & ils font réduits à vivre de ce que la providence leur envoie pour les faire fubffter. Ils s’emploient le plus fouvent dans les miffions étrangeres ; & en 1627, ils entrerent dans la Min- grelie, où ils fe firent un établiflement. Ils en eurent auf en Tartarie, en Circaflie & en Géorgie , mais ils furent obligés de les abandonner par le peu de fruit qu'ils tiroient de ces miflions. Leur premiere congréoation parut à Rome en 1524 , & y fut confirmée la même année par Clé- ment VIT. leur regle fut dreflée dans un chapitre gé- néral en 1604, & approuvée par Clément VIIL fls portent la foutane & le manteau noir , avec des bas blancs. Le cardinal Mazarin les fit venir en France en 1644, &t leur acheta la maifon qu'ils ont vis-à.vis les galeries du Louvre, où ils entrerent en 1648. Le même cardinal leur avoit légué par fon teftament une fomme de cent mille écus pour bâtir une églife ; qui vient d’être achevée par les foins de M. Boyer, de Pordre des Théarins, Ayant été élevé à l'évêché de Mirepoix, il a été enfuite précepteur de M. le dau- phin. Cette congrégation a donné à l’Eglife des mif- fionnaires apoftoliques , d’habiles prédicateurs & des prélats diftingués par leur fcience & par leur vertu. THÉATINES ,{£ (AL. eccléfraft.) ordre de re- ligieufes fous la dire&ion des Théatins. Voyex THÉ A- TINS. Il y a deux fortes de Théatines fous le nom de fœurs de l'immaculée Conception ; elles forment deux congré- gations différentes ; les religieufes de l’une s’enga- gent par des vœux folemnels , & celles de l’autre ne font que des vœux fimples. Leur fondatrice com- mune étoit Urfule Benincafa. Les plus anciennes font celles qui font des vœux fimples, & on les appelle fimplement Théarines de la congrégation. Elles furent infütuées à Naples en 1583. | . Les autres s’appellent Théatines de l’hermitage. El- lesnont autre chofe à faire qu’à prier Dieu en re- traite, & à vivre dans une folitude auftere , à quoi elles sensagent par des vœux folemnels. Celles de la premiere congrégation prennent foin des affaires temporelles des autres, leurs maifons fe touchent , & la communication eft établie entre les deux fortes de religieufes parle moyen d’une grande falle. Leur fondatrice dreffa leurs regles ou confti- tutions, & jetta les fondemens de leurs maifons ; mais elle mourut avant qu’elles fuflent achevées. . Grégoire XV. qui confirma ce nouvel inflitut fous la regle de S. Auguftin, mit les deux congrégations fous la dire@tion des Théatins. Urbain VIIL révoqua cette difpofition par un bref de l’an 1624 , & foumit es Théarines au nonce de Naples. Mais Clément IX. annullace bref, & les remit de nouveau fous la di- reétion des Théatins par un bref de l’an 1668. THEATRE, {. m. (Architeët.) les anciens appel- Joient ainfi un édifice public deffiné aux fpeltacles , Tome XFT, L TRE compofé d’un amphithéatre en demi-cercle , entouré de portiques & garni de fieges de pierre ; ces fieges environnotent un efpace appellé orcheftre, au-devant duquel étoit le profcenium ou pulpitum, c’ett-à-dire le plancher du shéasre | avec la Îcène formée par une grande façade décorée de troïs ordres d'archite@ure, &c derriere laquelle étoit le lieu appellé profterium, où.les aéteurs fe préparotent. Chez les Grecs & chez les Romains, le shéarre avoit trois fortes de fcënes mobiles , la tragique, la comique &r la fatyrique. Le plus célebre shéatre qui refte de l'antiquité eft celui, de Marcellus à Rome. Nous avons défini le mot rhéatre felon fon étymo- logie , tirée du grec rhéasron , fpe&acle, parce que Pufage qu’on fait aujourd’hui de ce terme dans Part de bâtir, eft abuñif. Cependant, pour ne rien laiffer en arriere, nous dirons qu’on entend aujourd’hui par théatre , particulierement chez les Italiens, l’enfem- ble de plufieurs bâtimens qui, par leur élévation & une difpoñition heureufe, préfentent une agréable fcène à ceux qui les regardent. Tels font la plüpart des bätimens des vignes de Rome, mais principale- ment celui de ronte Dragone, à Frefcati, & en France le château de S. Germain-en-Laye, du côté de la ri- viere. (D. J.) THÉATRE des anciens, ( Architeët. & Liriér. ) les Grecs & les Romains étendoient plus loin que nous le fens du mot théatre ; car nous n’entendons par ce terme qu'un lieu élevé où Paéteur paroît, & où fe pañle l’aétion : au-lieu que les anciens y compre- noient toute l'enceinte du lieu commun aux adeurs & aux fpettateurs. Le shéatre chez eux étoit un lieu vafte 8c magnif- que, accompagné de longs portiques, de galeries couvertes, &c de belles allées plantées d’arbres, où le peuple fe promenoiten attendant les jeux. Leur shéatre fe divifoiten trois principales parties | fous lefquelles toutes les autres étoient comprifes , & qui formoient pour ainfi-dire, trois diférens dé- partemens ; celui des aéteurs , qu’ils appelloient en général la Jcère ; celui des fpeltateurs ; qu’ils nom- moient particulierement le shéatre ; & l’orgueffre, qui étoit chez les Grecs le département des mimes & des danfeurs , mais qui fervoit chez les Romains à placer les fénateurs & les veftales. Pour fe former d’abord une idée générale de la fi- tuation de ces trois parties , & par conféquent de la difpofition de tout le shéatre , il faut remarquer que fon plan confiftoit d’une part en deux demi-cercles décrits d’un même centre, mais de différent diame- tre ;, & de l'autre en un quarré long de toute leur étendue, & moins largede la moitié ; car c’étoit ce qui en établifloit la forme , & ce qui en fafoit en même tems la divifion. L’efpace compris entre les deux demi-cercles, étoit la partie deflinée aux fpec- tateurs : le quarré qui les terminoit, celle qui appar- tenoit aux autres ; & l'intervalle qui reftoit au mi- lieu, ce qu'ils appelloient lorgueffre. Ainfi l'enceinte des shéarres étoit circulaire d’un côté, & quarrée de l’autre ; & comme elle étoit toujours compofée de deux ou trois rangs de porti- ques, les shéatres qui n’avoient qu’un ou deux étages de degrés, n’avoient que deux rangs de portiques ; mais les grands rhéarres en avoient toujours trois éle- vés les uns fur les autres ; de forte qu'on peut dire que ces portiques formoient le corps de édifice: on entroit non-feulement par deflous leurs arcades de plain-pié dans lorqueftre , & l’on montoit aux difé- rens étages du shéatre | mais de plus les degrés où le peuple fe plaçoit étoientappuyéscontre leur mur in- térieur ; & le plus élevé de ces portiques fafoit une des parties deftinées aux fpettateurs. De. là les fem mes voyoient le fpeétacle à Pabri du foleil-&z des in- jures de l’air, car.le refte du shéarre js cÉrouvers 1 22% ? 28 THE & toutes les repréfentations fe fafoient en plein jour. | | (ur Pour les degrés où le peuple fe plaçoit , ils com- mençôient au bas de ce dernier portique, ët defcen- doïent jufqu’au pié de l’orqueftre ; 8 comme l'or- queftre avoit plus où moins d’étendue fuivant les æhéatres , la circonférence des degrés (gradationes ), étoit auf plus ou moins grande à proportion ; mais elle alloittoujours en augmentant à mefure que les degrés s’élevoient , parce qu'ils s'éloignoient tou- jours du centre en montant. | | Il y avoit dans les grands sheatres jufqu'à trois éta- ges, & chaque étage étoit de neuf degrés, en comp- tant le pâlier qui en faïfoit la féparation, & qui fer- voit À tourner au-tour ; mais comme ce palier tenoit la place de deux degrés, il n'en teftoit plus que fept où lon pût s’affeoir, &t chaque étage n’avoit par conféquent que fept rangs de heges. Ainfi quand on lit dans les auteurs que les chevaliers occupoient les quatorze premiers rangs du shéatre , 1l faut entendre le premier & le fecond étage de degrés, le troifieme étant abandonné au peuple avec le portique fupé- rieur, & l’orqueftre étoit, comme nous avons dit, refervé pour les fénatenrs &t pour les veftales. [1 faut néanmoins prendre garde que ces diftin- ions de rangsnecommencerent pas en même tems; car ce fut, felon Tite-Live, l'an 568, que Le fénat commença à être féparé du peuple aux fpeétacles , 8 ce ne fut que l’an 685, fous le confulat de L. Metel- lus & de Q. Martius, que la loi rofcia afigna aux che- valietsles quatorze premiers rangs du shéatre. Cene fut même que fous Augufte, que les femmes com- mencerent à être féparées des hommes, &r à voir le fpeétacle du troifieme portique. Les portes par où le peuple fe répandoit fur les degrés , étoient tellement difpofées entre les efca- liers, que chacun d’eux répondoit par en-haut à une de cespottes , & que toutes ces portes fe trouvoient par en-bas, aumilieu des amas de degrés dont ces ef- caliers faifoient laféparation. Ces portes &c ces efca- Liers étoient au nombre de trente-neuf en tout ; &c 1l en avoit alternativement fix des uris &c fept des au- tres à chaque étage, favoir fept portes &c fix efca- liers au premier,fept efcaliers &e fix portes au fecond, & fept portes & fix efcaliers au troifieme. Mais comme ces efcaliers n’étoient à proprement parler, que desefpeces de gradins pour monter plus aifément fur les degrés où l’on s’eflayoit , ils étoient pratiqués dans ces degrés mêmes, & n’avoient que a moitié de leur hauteur & de leur largeur. Les pa- liers au contraire qui en féparoientles étages,avoient deux fois leur largeur , & laifloient la place d’un de- gré vuide ; de maniere que celui qui étoit au-deflus avoit deux fois la hauteur des autres; tous ces de. grés devoient être tellement allignés qu’une corde tendue depuis le bas jufqu’en haut en touchât toutes Tes extrémités. C’étoit fous ces degrés qu’étoient les pañlages par où l’on entroit dans l’orqueftre , &c les efcaliers qui montoïient aux différens étages du sheatre ; êc comM- me une partie dé ces efcaliers montoit aux degrés, & les autres aux portiques , il falloit qu'ils fuffent différemment tournés ; mais ils étoient tous égale- ment larges entierement dégagés les uns des autres , 8e fans aucun détour, afinque le peuple ÿ fût moins prefléenfortant. | | Jufqu’ici le shéatre des Grecs &c celuides Romains étoiéntentierementfemblables ,; 8 ce prermier dépar- tement avoit non-feulement chez eux la même for: me en général, mais encore les mêmes dimenfons en particulier ; &iln’y avoit de différence dans cette partie de leur shéatre, que par les vafes d’airain que les Grecs y plaçoient,afnque tout cequife pronon- çoit fur la feène fit difinétement entendu de tout Le monde. Cet ufage même s’introduifit enfuite chez les Romains dans leurs shéatres fohides. Voyez Vase de théatre. . Les Grecs établirent beaucoup d’ordre pour les places, &c les Romains les imiterent encore. Dans la Grece les magiftrats étoient, au chéarre, féparés du peuple, & le lieu qu'ils occupoient s’appelloit Æ- aours1e : les jeunes gens y étoient auf placés dans un endroit particulier, qu’on nommoït coubxos ; 8c les femmes y voyoient de même le fpeétacle dutroi- fieme portique ; mais il y avoit outre cela des places marquées où il n’étoit pas permis à tout lemonde de s’afleoir, & quiappartenoient en propre à certaines perfonnes. Ces places étoient héréditaires dans les familles , & ne s’accordoient qu'aux particuliers qui avoient rendu de grands fervices à Pétat. C’eft ce que les Grecs nommoïent #pscdpias , &c il efft aifé de juger par ce nom, que c’étoient les premieres pla- ces du shéatre, c’eft-à-dire les plus proches de l'or- queftre ; car l’orqueftre étoit , comme nous avons dit , une des parties deftinées aux aéteurs chez les Grecs, au-lieu que c’étoit chez les Romains la place des fénateurs & des veftales. Mais quoique l’orqueftre eût des ufages différens chez ces deux nations, la forme en étoit cependant à-peu-près la même en général. Comme elle étoit fituée entre les deux autres parties du shéarre, dont lune étoit circulaire, & l’autre quarrée , elle tenoit de la forme de l’une &c de l’autre, & occupoit tout l’efpace qui étoit entr’elles. Sa grandeur varioit par conféquent fuivant l'étendue des shéarres ; mais fa largeur étoit toujours double de fa longueur, à caufe de fa forme , & cette largeur étoit précifément le de- mi-diametre de tout l'édifice. La feène , chez les Romains, fe divifoit comme chez les Grecs, en trois parties, dont la fituation, les proportions & les ufages étoient les mêmes que dans les shéatres des Grecs. La premiere & la plus confidérable partie s’appel- loit proprement /a fcène , & donnoit fon nom à tout ce département. C’étoit une grande face de bâtiment qui s’étendoit d’un côté du shéarre à l’autre, &c fur laquelle fe plaçoient les décorations. Cette façade avoit à fes extrémités deux petites aîles en retour, ui terminoient cette partie ; de l’une à l’autre de ces aîles s’étendoit une grande toile à-peu-près fembla- ble à celle de nos shéatres, & deftinée aux mêmes ufages , mais dont le mouvement étoit fort différent ; car au-lieu que lanôtre fe leve au commencement de la piece , & s’abaifle à la fin de la repréfentation, parce qu’elle fe plie fur le ceintre , celle des anciens S'abaifloit pour ouvrir la fcène , & fe levoit dans les éntr'aétes, pour préparer le fpeétacle fuivant , parce w’elle fe plioit fur le chéasre ; de maniere que lever & baiffer la toile, fignifioit précifément chez eux le contraire de ce que nous entendons aujourd’hui par ces termes. Voyez TOILE de théatre. Lafeconde partie de la fcène, que les Grecs nom- moient indifféremment pooumio 8 rouler, les Latins ptofcénium 8 pulpirum , en françois l'avanr - féène, étoit un grand efpace libre au-devant de la fcène où les aéteurs venoient jouer la piece, & qui par le moyen des décorations, repréfentoit une place pu- blique , un fimple carrefour , ou quelque endroit champêtre, mais toujours un lieu à découvert ; car toutes les pieces des anciens fe pañloient au-dehors, 8 non dans l’intérieur des maïfons, comme la plü- part des nôtres. La longueur & la largeur de cette partie varioïent fuivant l'étendue des shéatres , mais la hauteur en étoit toujours la même, favoir de dix piés chez les Grecs, & de cinq chez les Romains. La troifieme & derniere partie étoit une efpace ménagée derriere la fcène , qui lui fervoit de déga- gement, & que les Grecs appelloient #zparirionr C’êtoit où s’habilleient les aéteurs , où l’on ferroit les décorations, & où étoit placée une partie des machines , dont Les anciens avoient de plufieurs for: tes dans leurs shéetres , ainfi que nous Le verrons dans la fuite. Comme ils avoient de trois fortes de pieces, des comiques, des tragiques & des fatyriques, ils avoient auffñ des décorations de ces trois différens genres. Les tragédies repréfentoient toujours de grands bâti- mens avec des colonnes, des flatues , & les autres ornemens convenables ; les comiques repréfentoient des édifices particuliers, avec des toits & de fimples croées, comme on en voit communément dans les villes ; & les fatyriques , quelque maïfon ruftique , avec des arbres, des rochers, & les autres chofes qu’on voit d'ordinaire à la campagne. Ces trois fcènes pouvoient fe varier de bien des manieres, quoique la difpofition en dût être toujours La même en général; & 11 falloit qu’elles euffent cha- cune cinq différentes entrées , trois en face , & deux fur les aïîles. L'entrée du milieu étoit toujours celle du principal aéteur ; ainfi dans la fcène tragique , c’é- toit ordinairement la porte d’un palais ; celles qui étoient à droite & à gauche étoient deftinées à ceux qui jouoient les feconds rôles ; & les deux autres qui étoient fur les aïîles , fervoient l’une à ceux qui arri- voïént de la campagne, & l’autre à ceux qui venoient du port , ou de la place publique. C’étoit à-peu-près la même chofe dans la fcène co- mique. Le bâtiment le plus confidérable étoit au m1- lieu; celui du côté droit étoit un peu moins élevé , & celui qui étoit à gauche reprefentoit ordinairement unehOtellerie. Mais dans la fatyrique il ÿ avoit tou- jours un antre au milieu , quelque méchante cabane À dtoite & à gauche; un vieux temple ruiné, ou quelque bout de payfage. On ne fait pas bien fur quoi ces décorations étoient peintes ; mais 1l eft certain que la perfpettive y étoit obfervée ; car Vitruve remarque que les regles en furent inventées & mifes en pratique dès le tems d’Efchyle par un peintre nommé Agatharcus, qui en laiffa même un traité , d’où Les philofophes Démo- crite & Anaxagore tirerent ce qu'ils écrivirent depuis fur ce fujet. Voyez PERSPECTIVE. Parlons à-préfent des machines , car, comme je Pai dit, les anciens en avoïent de plufieurs fortes dans leurs shéarres ; outre celles qui étoient fous Les portes des retours, pour introduire d’un côté les dieux des bois &z des campagnes ; & de l’autre les divinités de la mer , il y en avoit d’autres au-deflus de la fcène pour Les dieux céleftes, & de troifiemes fous le shéatre pour les ombres, les furies & les autres divinités infernales. Ces dernieres étoient à-peu- près femblables à celles dont nous nous fervons pour ce fujet. Pollux nous apprend que c’étoient des ef- peces de trappes qui élevoient les aéteurs au niveau de la fcène, & qui redefcendoient enfuite fous le théatre par le relâchement des forces qui les avoient fait monter. Ces forces confiftoient, comme celles de nos rhéarres , en des cordes , des roues & des con- trepoids. Celles qui étoient fur les portes des re- tours, étoient des machines tournantes fur elles-mê- mes , qui avoient trois différentes faces , & qui {e tournoient d’un ou d’autre côté , felon les dieux à qui elles fervoient. De toutes ces machines, il n'y en avoit point dont lufage fût plus ordinaire , que de celles qui defcen- doient duciel dans les dénouemens, & dans lefaquel- les les dieux venoient pour ainf dire au fecours du poëte. Ces machines avoient aflez de rapport avec celles de nos ceintres; car aux mouvemens près, les ufages en étoient les mêmes, & les anciens en avoient comme nous de trois fortes en général ; les unes qui ne defcendoient point jufqwen bas, & qui ne fai- THE 539 : foïent que traverfer le shéerre ; d’autres dans lefquels les les dieux defcendoient jufque {ur la fcène, &de. troifiemes qui fervoient à élever ou à foutenir en V’air les perfonnes qui fembloïent voler, Comme ces dernieres étoient toutes fernblables à celles de nos vols , elles étoient fujettes aux mêmes accidens. Nous lifons dans Suétone qu’un a@teur qui jouoit le rôle d’Icare, & dont la machine eut malheus reufement le même fort, alla tomber près de lens droit où étoit placé Néron, & couvrit de fang ceux qui étoient autour de lui, " à Mais quoique toutes ces machines euflent aflez de rapport avec celles de nos ceintres , comme le 14644 tre des anciens avoit toute fon étendue en largeur , & que d'ailleurs il n’étoit point couvert, les mouve: mens en étoient fort différens ; car au-lieu d’être em portées comme les nôtres par des chaflis courans dans des charpentes en plafonds, elles étoient guin» dées à une efpece de grue | dont le cou pañloit pare deflus la fcène , & qui tournant fur elle-même ; pen dant que les contre-poids faifoïient monter ou def: cendre ces machines, leur faifoit décrire descourbes compofées de fon mouvement circulaire , & de leur direction verticale ; c’eflt-à-dire , une ligne en forme de vis de bas en-haut, ou de-haut en-bas, à celles qui ne faifoient que monter ou defcendre d’un côté du srhéatre à l’autre. Les contrepoids faifoient auffi décrire différentes demi-ellipfes aux machines , qui après être defcen- dues d’un côté jufqu'au milieu du rhéarre , remon- toient de l’autre jufqu’au deflus de la fcène , d’où elles étoient toutes rappellées dans un endroit du poftcénium , où leurs mouvemens étoient placés, Toutes ces machines avoient différentes formes & différens noms, fuivant leurs ufages ; mais c’eit un détail qui ne pourroit manquer d’ennuvyer les lec- teurs. Quant aux changemens des héarres | Servius nous apprend qu'ils fe faifoient ou par des feuilles tour nantes, qui changeoient en ün inftant la face de la fcène, ou par des chaflis qui fe tiroient de part 8 d’autre , comme ceux de nos shéatres. Maïs comme il ajoute qu’on levoit la toile à chacun de ces chan gemens , il y a bien de l'apparence qu’ils ne fe fais ioïent pas promptement. | D'ailleurs, comme les aîles de la fcène fur laquelle la toile portoit, n’avançoient que de la Htitieme par tie de a longueur, les décorations qui tournoïent derriere la toile, ne pouvoient avoir au plus que cette largeur pour leur circonférence, Ainfi il falloit qu'il y en eût au moins dix feuilles fur la fcène , huit de face., 8 deux en aîles ; & comme chacune de ces feuilles devoïit fournir trois changemens, il falloit néceffairement qu’elles fuffent doubles, & difpofées _de maniere qu’en demeurant pliées, elles formaflent une des trois fcènes ; & qu’en fe retournant enfuite les unes fur les autres, de droite à gauche, ou de gauche à droite, elles formaflent les deux : ce qui né peut fe faire qu’en portant de deux en deux fur un point fixe commun, c’eft-à-dire en tournant toutes les dix fur cinq pivots placés fous les trois portes de la fcène , & dans les deux angles de fes retours. Comme il n’y avoit que les portiques & le bâti ment de la fcène qui fuflent couverts, on étoit obli: gé de tendre fur le refte du shéarre, des voiles foute- nues par des mâts & par des cordages, pour défendre les fpectateurs del’ardeur du foleil. Mais comme ces voiles n’empêchoïent pas la chaleur, caufée par la tranfpiration & les haleines d’une fi nombreufe af- femblée , les anciens avoïent foin de la tempérer par une efpece de pluie, dont ils fafoient monter l’eau jufqu’au deflus des portiques, & qui retombant en forme de roiée, par une infinité de tuyaux cachés dans les ftatues qui regnoient autour du share, fer - EE 330 TL ONE. voit non feulement à y répandre une fraîcheur agréa- ble, mais encore à y exhaler des parfums les plus ex- quis ; car cette pluie étoit toujours d’eau de fenteur. Ainf ces fatues qui fembloient n’être mifes au haut des portiques que pour l’ornement, éfoïent encore une fource de délices pour l’affemblée, &c enchérif- fant pat leur influence fur la température des plus beaux jours, mettoient le comble à la magnificence du rhéatre, & fervoient de toute maniere à en faire le couronnement. Je ne dois pas oublier d’ajouter un mot des porti- ues qui étoient derriere les shéarres, &t où le peuple fe retiroit lorfque quelque orage en interrompoit Les repréfentations. Qüoique ces portiques en fuflent entierement détachés, Vitruve prétend que c’étoit où les chœurs alloient fe repofer dans les entre-ac- tes, & où ils achevoient de préparer ce qui leur re- {toit à repréfenter ; mais le principal ufage de ces portiques confftoit dans les deux fortes de prome- nades qu’on y avoit menagées dans l’efpace décou- vert qui étoit au milieu, & fous les galeries qui en formoient l'enceinte. Comme ces portiques avoient quatre différentes faces, & que leurs arcades étoient ouvertes en de- hors, on pouvoit, quelque tems qu'il fit, fe prome- ner à l'abri de leur mur intérieur, & profiter de leur différente expoñtion fuivant la faïfon ; & comme l’ef- pace découvert qui étoit au milieu , étoit un jardin public, on ne manquoit pas de l'orner de tout ce qui en pouvoit rendre l’ufage plus agréable ou plusutile; car les anciens avoient foin de joindre l’utile à Pa- gréable, dans tous leurs ouvrages, & furtout dans ces monumens publics qui devoient tranfmettre leur goût à la poftérité, &c juftifier à fes yeux ce qu'ils pu- blieroient eux-mêmes de leur grandeur. Je dois ces détails à un excellent mémoire de M. Boindin , inferé dans le recueil de l’académie des Infcriptions ; & c’eft tout ce que J'en pouvois tirer fans joindre des figures aux defcriptions. Mais les théatres de Rome en particulier, m’offrent encore quelques particularités qu’il ne convient pas de fup- primer. | Si nous remontons aux Grecs mêmes, nous trou- verons d’abord que jufqu’à Cratinus , leurs shéarres, ainfi que leurs amphitéatres, n’etoient que de char- pente; mais un jour que ce poëte faifoit jouer une de fes pieces, l’amphithéatretrop chargé fe rompit &c fondit tout-à-coup. Cet accident engagea les Athé- ‘niens à élever des théarres plus folides ; -8t comme vers ce tems-là la tragédie s’accrédita beaucoup à Athènes, & que cette république avoit depuis peu extrèmemnt augmenté fa puiflance & fes richeñles , les Athéniens firent conftruire des shéatres qui ne le cédoient en magnificence à aucun édifice public, pas même aux temples de dieux. Ainf la fcène née de la fimplicité des premiers ac- teurs, qui fe contentoient de Pombre des arbres pour amufer le public, ne fut d’abord compofée que d'arbres affemblés , & de verdures appropriées. On vint enfuite à charpenter des ais informes qu'on couvrit de toiles. Enfin l’Architeure éleva la {cène en bâtiment ; le luxe l’embellit de tapifleries, & la Sculpture & la Peinture y. prodiguerent leurs plus beaux ouvrages. | _ Les shéatres à Rome ne fe bâtifloient ancienne- ment que de bois, & ne fervoient que pendant quel- ques jours, de même que les échaffauds,que nous faifons pout les cérémonies. L. Mummius fut le pre- mier qui rendit ces shéatres de bois plus fplendides, en enrichifflantles jeux qu’on fit à fon triomphe, des débris du shéatre de Corinthe. Enfuite Scaurus éleva le fien avec une telle magnificence,, que la defcrip- tion de ce shéasre paroït appartenir à Phiftoire des Fées. Le théatre fufpendu.& brifé de Curion , fitvoir une machiñe merveilleufe , quoique d’un autre gen. re. Pompée bâtitle premier un magnifique #héusre _de pierre & de marbre. Marcellus en confiruifit un autre dans la neuvieme région de Rome, & ce fut Augufte quile confacra. Voyez THÉATRE deS cours, THÉATRE de Curion , ŸHÉATRE de Pompée, THÉA- TRE de Marcellus. Les rhéatres de pierre fe multiplierent bientôt ; on en comptoit jufqu’à quatre dans le feul camp de Fla- minius. Trajan en éleva un des plus fuperbes, qu’A- drien fit ruiner, Caïus Pulcher fut un des premiers qui à la diver- fité des colonnes & des ftatues, joignit les peintures: pour en orner la fcène. Catulus la fit revêtir d’ébene ; Antoine enchériflant, la fit argenter; & Néron pour régaler Tiridate, fit dorer tout le shéazre. Entre les rideaux, tapifleries , ou voiles du shéarre des Romains , les uns fervoient à orner la fcène, d’au- tres à la fpécifier, & d’autres à la commodité des fpe- @ateurs. Ceux qui fervoient d'ornement , étoient les plus riches; & ceux qui fpécifioient la fcène, repré- fentoient toujours quelque chofe de la piece qu'en jouoit. La décoration verfatile étoit un triangle {u£ pendu, facile à tourner, & portant des rideaux où étoient peintes différentes chofes qui fe trouvoient avoir du rapport au fujet de la fable, ou du chœur, ou des intermedes. D Les voiles tenoient lieu de couverture, & on s’en fervoit pour la feule commodité des fpeétateurs , afin de les garantir des ardeurs du foleil. Catulus imagina Le premier cette commodité, car il fit couvrir tout l’efpace du shéatre & de lPamphitéatre de voiles éten- dues fur des cordages, qui étoient attachés à des mâts de navires, ou à des troncs d'arbres fichés dans les murs. Lentulus Spinther en fit de lin d’une finefle jufqu’alors inconnue. Néron non feulement les ft teindre en pourpre, mais y ajouta encore des étoiles d’or, au milieu defquelles1l étoit peint monté fur un char; le tout travaillé à l'aiguille, avec tant d’adrefle &c d'intelligence, qu’il paroïfloit comme un Phoœbus qui modérant fes rayons dans un jour férain, ne laif- foit briller que le jour agréable d’une belle nuit. Ce n’eft pas tout, les anciens par la forme de leurs: théatres donnoient plus d’étendue, & avec plus de yraiflemblance à l’unité du lieu, que ne le peuvent les modernes. La fcène, qui parmi ces derniers ne repréfente qu’une falle , un veftibule, où tout fe dit enfecret, d’oùrien ne tranfpire au dehors, que ce que les aéteurs yrépetent; Zafcère, dis-je, fi reflerrée parmiles modernes, fut immenfe chezles& Grecs les Romains. Elle repréfentoit des places publiques; on y voyoit des palais, des obélifques, des temples, 8x fur-tout le lieu de Paétion. Le peu d’étendue de la fcène théatrale moderne; a mis des entraves aux produétions dramatiques. L’expoñtion doit être faite avec art, pour amener à-propos des circonftances qui réunifient dans un feul point de vûe, ce qui demanderoïit une étendue de lieu que l’on n’a pas, Il faut que les confidensinu- tiles foient rendus néceflaires, qu’on leur fafle de: longs détails de ce qu’ils devroient favoir, &t que les: catraftrophes foient ramenées fur la fcène par des narrations exates. Les anciens par les 1llufions de la perfpedtive, & par la vérité des reliefs, don- noient à la fcène toute la vraiflemblance , & toute: . l’éténdue qu’elle pouvoit admettre. Il y avoit à Athe- nes une partie confidérable des fonds publics defti-. née pour lornement & lentretien du héarre. On dit même que les décorations des Bacchantes, des Phé- niciennes, de la Médée d’Euripide,d'Œdipe, d’An- : tigone, d'Eleûre & de Sophocle, coûterent prodi- gieufement à la république. | La vérité du lieu qui éroit obfervée fur Le théatre ançien, facihtoit lillufon ; mais des toiles grofhere-: sent peintes, péuvent-elles reprélenter I Remi du Louvre? & là mafure d’un bon villageois, pour- roit-elle doriner à des fpettateurs le fentimient du pa- läis magnifique d’un roi faflueux? Cé qui éroit au tréfois Fobiet des premiers magiftrats; ce qui fanoit la gloire d’un archontegrec, & d'un édile romain j'éntens de Dréfider à des pieces dramatiques avec lafemblée de tous les ordres de l’état, n’eft plus que l'occupation lucrative de quelques citoyens os. Alors le philoïophe Socrate &e.le favetier Mycicle ; alloient également jouir des plaïfirs inocens de Ja _ Comme le fpeétacle chez les anciens, fe donnoit dans des occafions de fêtes & de triomphes, il de- mandOit un #héare immente, & des cirques ouverts; mais comme parmi les modernes; la foule des fpecta- teurs eft médiocre, leur chéaire a peu d’étendue, & n'offre qu'un édifice mefquin, dont les portes ref- femblent parmi nous, aux portes d’une prifon, de- “vant laquellé on a mis des gardes, En un mot, nos théatres {ont fi mal bâtis, fi mal placés, fi négligés, qu'il paroït aflez que le gouvernement les, protege «moins qu'il ne les tolere. Le théatre des anciens -étoit au-contraire un de ces monumens que les ans -auroient eu de la peine à détruire, fil'ignorance & là barbarie ne s’en fuflent mêlées. Mais que ne peut le tems avec un tel fecours? Il ne lui eft échappé de ces vaftes ouvrages, que quelques reftes aflez confi- -dérables pour intérefler la curiofité, mais trop mu- tilés pour la ‘fatisfaire, (Le Chevalier DE JAv- COURT.) . | gr THÉATRÉ DE SCAURUS, ( Archir. Décorar. des Rom. ) théatre de charpente élevé à Rome pour fer- “wirà l’ufage des fpettacles pendant le cours d’un feul ‘mois, quoique cé-shéarre ait furpailé en magnificence des édifices bâtis pour l'éternité. Celui-ci fut le fruit de la prodigalité incroyable d’un édile de la noble fa- mille des Emiles. | L'hiftoire nomme deux Marcus Æmilius Scautus, TPun pere, l’autre fils. Le pfemier {e trouva fipauvre, «qu'il fur.obligé de vendre du charbon pour pouvoir Habiter. H fe confola de fa mauvaife fortune avec deslivres, & fe diftingua dans le barreau. Il entra de bonne-heure dans le fénat ,en devint le prince. exer- ça plufieurs fois le confulat, & triompha des Lieu- riens. Etant cenfeur, il fit bâtir le pont Milvius, & payer un dés plus grands chemins d'Italie, qui fut ap- pellé de fon nom /4 voie émilienne. Il mit au jour l'hif- toire defa vie, & publia d’autres ouvrages dont Les anciens ont parlé avec éloge. ee ht M. Æmuilius Scaurus {on fils ne fut point conful, ne trompha point, n’écrivit point, mais il donra aux Romains le plus fuberbe fpeétacle qu’ils aient jamais vu dans aucun tems. Voici la traduétion du pañlage de Pline, /, XX XVI. c. xv. où il décrit la grande magnificence dont je veux parler, “ Je ne fais , dit cet hiftorien, fi l’édilité de Scau- » ruS ne contribua pas plus que toute autre chofe, à # cofrompre les mœurs , & fi les profcriptions de » Sylla ont fait autant de mal à la république , que + les richeffes immenfes de fon beau-fils..Ce dernier » étant édile, fit bâtir un zhéarre auquel.on ne pent # comparer aucun des ouvrages qui.aient jamais été » faits, non-feulement pour une durée de quelques # jours , mais pour les fiecles à venir. Cette {cene # compofée de rois ordres , étoit foutenue par trois # cens foixante colonnes, & cela dans une ville où » l’on avoit fait un crime à un citoyen des plus re- # commandables d’avoir placé dans fa maïfon fix co- û # lonnes du mont Hymette. | . # Le premier ordre étoit de marbre ;-celui du mi- » lieu étoit de verre , efpece de luxe que l’on n’a pas » renouvelé depuis; & l’ordre le plus élevé étoitde # bois doré, Les colonnes dupremier ordre avoient ALCPERRE en RE ».trente-huit piés de haut, & les flatues.de bronze » diftribuées dans les intervalles, des. colonnes * » étorent au nombre de trois mulle; le rhéusre pou- » VOit contenir quatre-vingt mille perfonnes; tandis » que celui de Pompée , qui n’en contient que: qua- » rante nulle ; fut à un peuple beaucoup plusriom- » breux,, par les diverfes augmentations que la valle » de Rome a reçues depuis Scaurus, TT 1» S1 l’on, veut avoir une juite idée des tapiferies » fuperbès, des tableaux précieux, en un mot, des » décorations en tout genre dont le premier dexces » théztres fut orné, il fuffra de remarquer que Scau- » rus après la célébration de fes jeux, ayant fait por- » ter à fa maifon de Tufculum ce qu'il avoit de trop, » pour l’employer à différens ufages , fes efclaves Y » mirent le feu par méchanceté, & l’on eflima le » dommage de cet incendie cent millions de fefter- ».ces, environ douze millions de notre monnoie ». Ce paflage eft forr connu; car il fetrouvetranferit dans plus de mille ouvrages des modernes ;.mais les idées de ces magnificences font À tel point éloignées des nôtres , qu’on en relit toujours la defcription avec un étonnement nouveau. . Un hifiorien ajoute au récit de Pline , que Pen: trepreneur chargé de l’entretien des égoûts de Rome e crûüt obligé d'exiger de Scaurus qu'il s’engageÂt à payer le dommage que le tranfport de tant de co- |. lonnes fi pefantes pourroït caufer aux voûtes, qui depuis Tarquin l’ancien, c’eft-à-dire , depuis près de fept cens ans, étoient toujours demeures immo- biles ; & elles foutinrent encore une f violente fez Guine peutappartenir à l'Encyclopédie, non plus que ce- lui del’invefligation du éme grec. 2°, Le fecond ufage que l’on fait en grammaire , du motzhéme, et pour exprimer la pofrion de quel- que difcours dans la langue naturelle , quidoit être traduit en latin, en grec, ou en telle autre langue que l’on étudie. Commencer l'étude du latin ou du grec par unexercice fi pémble , & peu utile, f nuïfi- ble même, eft un refte de preuve de la barbarie où avoient vêcu nos ayeux , Jufqu’au renouvellement des lettres en France, fous le regne de François I. le pere des lettres : car c’eft à-peu-près vers cetems que la méthode des shômes s’introduifit prefque partout ; aujourd’hui juftement décriée par les meilleutes té- tes de la littérature , perfonne ne peut plus ignorer lesraifons qui doivent la faire profcrire, & qui n’ont plus contreelle quel’inflexibilité de l’habitude établie par un ufage déja ancien. Voyez ÉTUDES, Lirré- .RATURE , & MÉTHODE. « Aurefte , dit M. du Marfais , ( Préf. dune gram. » lat. .wj..)je fuis bien éloigné de defapprouver, » qu'après avoir fait expliquer du fatii pendant un > certain tems , & apresavoir fait obferver fur ce # latin les regles de la {yntaxe , on faffe rendre du »# françois en latin , foit de vive voix , foir par écrit. » Je fuis au-contraire perfuadé que cette pratique » met de la varieté dans les études , qu’elle fait voir » denouveau ( & fous unautre afpeét ) la réciproca- # tion-des deux langues, &t qu’elle exerce les jéunes » gens à faire l'application des regles qu'ils ont ap» # prifes dans lexphcation : êc des exemples qu'ils y # ont remarqués ; inais le latin que le difciple com- » pole, ne doitétrequ'uneimitation de celui qula # vu auparavant. Aux L El » Quand votre difciple fait bien décliner &c bien » conjuguer, & qu'il à appris la raïfon des cas dont » 1la remarqué l’ufage dans les auteurs qu'il a ex- » pliqués, vous ferez bien de lui donner à mettre en # latin , un françois compoté fur Pauteur qu'il aura » expliqué, en ne changeant guere que les tems , & » quelques lègeres circonitances : mais il faut lui » permettre d’avoir Poriginal devant les yeux, afin >» qu'lle puifle imiter plus aifément : pourquoi l’em- » pêcher d’avoir recours à fon modele ? plus ille li- » ra, plus il deviendra habile ; c’eft à vous à difpo- » fer le françois de façon qu’il ne trouve ni Pouvrage # tout fait, ni trop éloigné de l'original» On peut encore, quand le difciple a acquis une certaine force , lui donner le françois de quelque chofe qu’il a déja expliqué , & lui en faire retrouver le latin : vous ferez cela fur une explication du jour; peu après vous le ferezfur celle de laveille, enfuite fur une plus ancienne. Infenfiblement vous pourrez lui propofer Le françois de quelque trait qu'il aura pas encore vu , & lui en demander le latin ; vous ferez für de le bien corriger, & de lui donnerun bon modele, fi vous avez pris votre matiere dans un bon auteur. Un maitre intelligent trouvera aifément mille reflources pour être utile ; le véritable zele eft un feu qui éclaire en échauffant, « Jene condamne donc pas, continue M. du Mar- s fais (ibid. ), la pratique de mettre du françois en # latin ; j'en blâme feulement l'abus & l'ufage dépla- # cé ». Ainfi penfe lerédaéteur des :7f/ruéions pour des profeffeurs de la grammaire larine , faites & publiées IWENE 24; par ordre du roi de Portugal, à la fuite de fon édit fur le nouveau plan des études d’humanités, du 28 Juin 1759. « Comme pour compofer en latin il faut aupas » ravantfavoir les mots, les phrafes, & les proprié- » tés de cette langue, & que les écoliers ne peuvent » les favoir qu'après avoir fait quelque leéture des » livres où cette langue à été dépofée, pour être »* Comme un diétionnaire vivant, & une grammaire » parlante. Les hommes les plus habiles foutiennent » en conféquence que dans les commencemens on » doit abfoliument éviter de faire faire des rhémes. … » ils ne fervent qu’à molefter les commençans , & à » leur infpirer une grande horreur pour l'étude ; ce » qu'il faut éviter fur toutes chofes, felon cet avis » de Quintilien, dans fes inftitutions: (Ze. I. cap. 7. » 4.) Nam id in primis cavére oportet , ne fludia » guiamare nord potelt, oderit ; 6 amaritudinem fe= » melpreceptar, etiam ultra rudes annos, reformidet », Infiruét. pour les profefleurs de la grarmm lat, K.xir, (B.E.R. M.) THÈME, ez terme d'affrologie , eft la figure que tracent les aftrologues , lorfqu'ils veulent tirer l’ho- rofcope de quelqu'un, en repréfentant l’état du ciel par rapport à un certain point, où par rapport au moment dont 1l eft queftion ; én marquant le lieu où en font à ce moment-là les aftres & les planetes, Voyez HOROSCOPE, Le chéme célefte confifte en douze triangles que l’on enferme dans deux quatrés, & qu’on appelle les douze maifons, Voyez MAISON. THEMIS , (Mythol, ) fille du Ciel & de la Terre, ou d'Uranus & de Titaia , étoit {œur ainée de Saturs ne, &C tante de Jupiter. Elle fe diftingua par fa pru- dence ê£ par fon amour pour la juftice : c’ef elle » dit Diodore, quia établi la divination, les facrifices ; les lois dela religion, & tout ce qui fert à maintenir l’ordre &c la paix parmi les hommes. Elle régna dans la Theflalie , & s’appliqua avec tant de fageñle à ren: dre lajuftice à fes peuples , qu’on la regarda toujours depuis , comme la déeffe de la juftice , dont on lui fit porter le nom : elle ‘appliquaauffi à Vaftrolosie , & devint très-habile dans l’art de prédire l'avenir ; ët après fa mort elle eut des temples où fe rendoient des oracles, Paufanias parle d’un temple & d’un ora- cle qu’elle avoit fur le mont Parnaïle, de moitié avec la déeffe Te/lus , & qu’elle céda enfuite à Apollon. Thémis avoit encore un autre temple dans la cita- delle d'Athènes , à l'entrée duquel étoit le tombeau d'Hyppolite. La fable dit que Thémis vouloit garder fa virgini- té, mais que Jupiter la força de l’époufer, & lui don- na trois filles, l'équité, la loi, & la paix. C’eftun emblème de la juitice qui produit les lois & la paix, en rendant à chacun ce qui lui eft dû. Héfiode fait encore Thémis mere des Heures & des Parques. Thé- mis, dit Feflus, étoit celle qui commandoit aux hommes de demander aux dieux ce qui étoit jufte & rañonnable : elle préfide aux conventions qui {e font entre les hommes, & tient la main à ce qu’elles foient obfervées, ( D. 3.) | THEMISCYRE , ( Géog. anc. ) Themifcyra, ville de PAfie mineure dans le Pont, Arrien dans fon péri- ple du Pont-Euxin, ne marque entre les fleuves Iris &c Thermodonte , aucune place qu'Héracleum, dont il dit que le port eft à trois cens quarante ftades de embouchure de Iris, & à quarante ftades de celle du Thermodonte ; mais Ptolomée, Z. #. €. y. avant que d'arriver à Herculeum , nomme la campagne Phanaroca ; car c’eft ainf qu'il faut écrire avec Stra- bon, & non, comme portent les exemplaires de Pto- lomée, Phanagoris , qui eft le nom d’une ville fur le Bofphore cimmérien, Ptolomée nomme encore The- mfeyra, dont il fait une ville. Le périple de Scylax en fait autant, & il dit que c’étoit une ville grecque, 246 H E Strabon-necofinoit qtune Campagne qu'il momme Themifeyra , & dont il loue beaucoup la fertilité. Etienne le géographe ne parle non plus que de la campagne, qu'il étend depuis Chadifia jufqu'au fleu- ve Thermodonte. Il a pu y avoir une campagne & une ville de même nom; & on ne peut rafonable- ment en douter, parce qu'un trop grand nombre d'auteurs font mention de l’une & de autre. Dio- dore de Sicile, Z. 19.,c. xvj. en parlant d'Hercule, dit qu'il navigea jufqu’à l'embouchure du Fhermo-, donte , & qu'il campa près de la ville de Themufcyre, où étoit le palais royal de la feine des Amazones. Hérodote, L. IV. c.Ixxxv].met aufh la ville de The- mifeyre fur le fleuve Thermodonte. Pomponius Mela, LL c. xix. dit qu'il y a une campagne près du Ther- modonte, &r que c’eft dans cette campagne qu'avoit été la ville de Themifeyre. Elle ne fubfitoit plus ap- paremment de fon téms. ” “ Enfin Apollonius, 2 II. y. 371, jomtle promon- toire Themifcyreum avec l'embouchure du Fhermo- donte. Il ne donne pas à la campagne voifine le nom de Themifeyra, il l'appelle Dæantis campus. Sur cela {on fcholiaîte, verf. 373, remarque que Dæas &c Alcmôn étoient freres ; puis 1l ajoute que dans la campagne de Dæas:il ya trois villes, favoir Lycafha, Themifeyra & Chalybia , êt queles Amazones avoient habité ces trois places ; mais comme l’hiftoire des Amazones eft mêlée de bien des fables , on ne peut prefque rien dire de certain de leurs villes ni de leurs demeures. Cellar. Géogr. antig. L. III. c, viy. (D. J.) THÉMISONE , (Géog. anc.) Themifomum, ville, &t contrée de l’Afie mineure, dans la Phrygie ,felon Paufanias , L X, c. xxx. Strabon,, Z. XI1. p.570. & Etienne le géographe ; Prolomée, Z. 7. c.z. pla- ce Themiforinm dans la grande Phryoie, &c met des peuples nommés Themifonu dans la Lycie. (D.J.) THÉMISTIADES , ( Anug. greg. ) c’eft le nom des nymphes de Thémis, ou des prétrefles de fon temple à Athènes. (D. J.) THENÆ, où THENNÆ, ( Géog, anc.) ville de lîle de Crete’, au vorfinage de Gnoffe. Callimaque en fait mention. (D. J.) THENAR, f. m. ez Anatomie, eft un mufcle qui fert à éloigner le pouce du doigt indice ; c’eft pour- quoi on le nomme aufh abdziteur du pouce. Il y a un femblable mufcle qui appartient au gros orteil , & qui eft auffi appellé herar ou abdudteur de gros orfeil. Le chenar, où l’abduéteur du pouce de la main, eft fitué le long de la partie interne de la premiere phalange du pouce, ou de l'os du métacarpe qui fou- tient le pouce. Il vient du ligament annulaire interne de los du carpe , qui foutient Le pouce & fe termine le long de la partie externe de la derniere phalange, êt à la partie fupérieure de la premiere. Le rénar , ou l’abdu@teur du gros orteil, eft fitué tout le long de la face inférieure de l’os du métatarfe qui foutient le doigt &c le long de la face inférieure, il vient de la partie latérale interne du calcaneum de Pos naviculaire , & fe termine au côté interne du pouce fur los féfamoide interne. THENSE , LT. (Ami. rom.) en latin cherfa. Les thenfes étoient comme nos châfles, ornées de figures. On les fatfoit en forme de char, de bois, d'ivoire, & quelquefois d'argent. Il y a une médaille de Pempe- reur Claude, qu’on trouve également en or & en argent, repréfentant d’un côté La tête de ce prince couronné de laurier , & ayant de l’autre une shenfe. C’eft un des honneurs qui fut rendu à l’empereur Claude après fa mort, par ordre du fénat. On por- toit dans des shenfes les ftatues des dieux ; & s’il eft permis de fe fervir du, mot fuivant, en parlant des faux dieux, toutes leurs religues, qui s’appelloient exuyiæ, dépouilles, (D.J.) | l THE THENSY , £ m. (Æif£. nai. Litholog.) nom queles Chinois donnent à une pierre qui fe trouve, dit-on, dans le Katai. Quand on la met fur la Jangue, on la trouve âcre & cauftique; mile dans le feu, elle ré- pand une odeur arfémicale &c défagréable, On en vante lufage externe pour les tumeurs, après Pavoir fait difloudre dans de Peau, Voyez EPHÉMÉRIDES, nat. curiofor. | | | THEOBROMA , £. m. (Bosan.) genre de plante qui renferme le cacao êc le suazuma du P. Plumier: voici fes caracteres. Le calice particulier de la fleur eftouvert, 8&c-compoié de feuilles ovales, concaves &t qui tombent. La couronne de la fleur eft formée de cinq pétales , droits, ouverts, en cafque, & ter- - mminés par une foie fendue en deux. Le neariumeft fait en cloche, plus petit que la fleur, & compofé de cinq pétales. Les étamines font cinq filets pointus, de la longueur du neétarium ; chaque filet a {on {om- met diviié en cinq feemens, & porte cinq boffettes. Le germe du pifül eft ovale ; le file eft pointu, & de la longueur du neétarium; le ftigma eft fimple. Le fruit eft igneux, divifé en cinq côtes fur la furface, qui contiennent autant de cellules remplies de fe: mences. Les femences font nombreufes, charnues, de forme ovale ; 1l fe trouve quelque différence dans le fruit , felon les différentes efpeces d’arbres qui le produifent. Le cacaotier a un fruit long , pointu des deux côtés. Le guazuma ale fruit globulaire, chargé . de tubercules ; ef percé comme un crible, & divifé intérieurement en Cinq cellules. Linnæi, Gez. Plant: . ; : 7. Plumier, Gez. 18, Tourn. {nff. pag. 444: D, J. THEOCATAGNOSTES, f. m. pl. (Æi/4. ecclef) feëte d’hérétiques ou plutôt de blafphémateurs, qu fort affez téméraires, pour trouver À redire à cer- taines paroles ou aétions de Dieu, & pour blâmer plufieurs chofes rapportées dans l’Ecriture, Ce mot eft formé du grec dece, dieu, & naranivos= #0, JeJuge OU Je condamne, Marshal, dansfes Tables, place ces hérétiques dans le feptieme fiecle, on n’en fait pas la raifon ; car faint Jean Damafcène, qui eft le feul auteur qui en ait fait mention, ne dit pas un mot du tems où cette feûte s’éleva dans l’'Eghie. À quoi lon peut ajouter que S. Jean Damafcène dans fon Traité des héréjtes appelle fouvent hérétiques, ces gens impies & pervers qu’onatrouvés dans tous les tems, &t qui cependant n’avoient jamais été au- teurs, ni chefs de feétes. THÉOCRATIE, £ f. (Æif. anc. & polisig.) c’eft ainfi que Pon nomme un gouvernement dans lequel une nation eft foumife immédiatement à Dieu, qui exerce fa fouverainete fur elle , & lui fait connoître fes volontés par l’organe des prophetes & des mini- Îtres à qui il lui plait de fe manifefter. La nation des Hébreux nous fournit Le {eul exem- ple d’une vraie rhéocrasie, Ce peuple dont Dieu avoit fait fon héritage, gémifloit depuis long-tems fous la tyrannie des Égyptiens, lorfque l'éternel fe fouve- nant de fes promefñles, réfolut de briler fes liens, & de le mettre en pofleffion de la terre qu’il lui avoit deftinée. Il fufcita pour fa délivrance un prophete, à qui il communiqua fes volontés; ce fut Moïe, Dieu le chotiit pour être le libérateur de fon peuple, &. pour li prefcrire des lois dont lui-même étoit L’au- teur. Moife ne fut que l’organe & linterprete des volontés du ciel, il étoit le miniftre de Dieu, qui s’é- toit refervé la fouveraineté fur les [fraélites ; ce pro- phete leur prefcrivit en fon nom, le culte qu'ils de- voient fuivre, & les lois qu’ils devoient on Après Moife, le peuple hébreu fat gouverné par des juges que Dieu lui permit de choïfir. La #héocra- cie ne Cefla point pour cela ; les juges étoient les ar- bitres des différens, & les généraux des armées : afi- A EL E : flés par un fénat de foixante &c dix vieillards, ine leur étoit point permis ni de faire de nouvelles lois, n1 de changer celles que Dieu avoit prefcrites ; dans les circonftances extraordinaires , on étoit obligé de confulter le grand-prêtre & les prophetes, pour fa- voir les volontés du ciel: ainfi on regloit fa conduite d’après les infpirations immédiates de la divinité, Cette sheocratie dura jufqu’au tems de $Samuël; alors les Ifraélites par une ingratitude inouie, fe [affectent d’être gouvernés par les ordres de Dieu même, ils voulurent à Pexemple des nations idolatres, avoir un roi qui les commandât , 8 qui fit refpeéter leurs rmes. Le prophete Samuël confulté fur ce change ment, s’adrefle au Seigneur qui lui répond, j'ai en- tendu de peuple ,ce n'eft pas toi qu'il rejette, c’eff moi- nêsne. Alors létérnel dans fa colere confent à lui donner un roi; mais ce n’eft point fans ordonner à fon prophete d'annoncer à ces ingrats Les inconvé- miens de cette royauté qu'ils préferojent à la shéocra- lie. « Voici, leur dit Samuel, quel fera le droit du roi » qui regnera fur vous: 1l prendra vos fils, & fe fera » porter fur leurs épaules ; il traverfera les villes en » triomphe ; parmivos enfans, les uns marcheront à » pié devant lui, & les autres le fuivront comme de » vils efclaves; 11 les fera entrer par force dans fes » armées ; il les fera fervir à labourer fes terres, & à couper fes moiffons; 1lchoïfira parmi eux les ar- » tifans de fon luxe & de fa pompe; ii deftinera vos » filles à des fervices vils & bas; il donnera vos » meilleurs héritages à fes favoris & à fes ferviteurs; » pour enrichir fes courtifans, il prendra la dixme » de vosrevenus; enfin vous ferez fes efclaves, & il vous fera inutile d’implorer fa clémence , parce ” que Dieu ne vous écoutera pas, d'autant que vous » Êtes les ouvriers de votre malheur #. Woyez Sa- muél, ch. vuy. verf. 9. C’eft ainf que le prophete ex- pofa aux Ifraélites les droits que s’arrogeroit leur rois telles font les menaces que Dieu fait à fon peu- ple, loriqu'il voulut fe fouftraire à fon pouvoir pour le foumettre à celui d’un homme. Cependant la flate- rie s’eft fervie des menaces mêmes du prophete pour en faire des titres aux defpotes. Des hommes per- vers & corrompus ont prétendu que par ces mots l'être fuprême approuvoit la tyrannie, & donnoit fa fanétion"à l’abus du pouvoir : quoique Dieu eût fait connoître ainfi aux Hébreux les dangers du pouvoir wils alloient conférer à l’un d’entre eux, ils perfi- tree dans leur demande. « Nous ferons, direntils, »# comme les autres nations, nous voulons un roi » qui nous juge, & qui marche à notre tête contre # nos ennemis ». Samuel rend compte à Dieu de FPobftination de fon peuple; l'éternel irrité ne lui ré- pond que par ces mots, donne leur un roi : le pro- phete obéit en leur donnant Saul; ainfi finit la shéo- cratie, Quoique les Ifraélites foïent le feul peuple qui nous fourmiffe l’exemple d’une vraie shéocratie, on a vü cependant des impoñteurs, qui, fans avoir la mif- fion de Moïfe , ont établi fur des peuples ignorans & féduits , un empire qu'ils leur perfuadoient être ce- lui de la Divinité. Ainf, chez les Arabes, Mahomet s’eft rendu le prophete, le légiflateur, le pontife, &t le fouverain d’une nation grofliere & fubjuguée ; Falcoran renferme à-la-fois les dogmes, la morale, & les lois civiles des Mufulmans ; on fait que Maho- met prétendoit avoir reçu ces lois de la bouche de Dieu même; cette prétendue shkéocrarie dura pendant plufieurs fiecles fous les califes, qui furent les fouve- rains , & les pontifes des Arabes. Chez les Japonois, la puiffance du dairi ou de lempereureccléfiaftique, reflembloit à une shéocratie, avant que le cubo ou empereur féculier, eût mis des bornes à {on autorité. On trouve des veftiges d’un empire pareil chez Les æ LA w THE 247 anciens gäulois; les druides exercoient les fondions de prêtres & de juges des peuples, Chez les Ethio. prens & les Egyprieñs, les prêtres ordonnoïent aux rois de fe donner la mort, loriqu'ils avoient déplu à la Divinité ; en un mot il n’eft guere de paÿs où le facerdoce n’ait fait des efforts pour établir fon auto: . tité fur les ames & fur les corps des hommes, Quoique Jefus-Chrift ait déclaré que fon toyaurme n’eit pas de ce monde; dans des fiecles d'ignorance, on a vü des pontifes chrétiens s’efforcer d’établir leur puiffance fur les ruines de celle des rois; ils pré: tendoient difpoler des couronnes avec une autorité qui n'appartient qu'au fouverain de l’univets, Lelles ont été les prétentions & les maximes des Grégoire VIT. des Bomiface VIT. & de tant d’autres pontifes romains, qui profitant de limbécilité fuper- ftitieufe des peuples , les ont armés contre leurs fou verains naturels, & ont couvert l'Europe de carnage & d'horreurs; c’eft fur les cadavres fanglans de plu: . fieurs millions de chrétiens que les reptéfentans du Dieu de paix ont élevé l’édifice d’une puiflance chis mérique, dont les hommes ont été long-tems les triftes jouets & les malheureufes viétimes, En géné= ral l’hifloire & l'expérience nous prouvent que Le fas cerdoce s’eft toujours efforcé d'introduire furlaterre une efpece de shéocratie ; les prêtres n’ont voulu fe foumettre qu’à Dieu , ce fouverain invifible de la na- ture, ou à l’un d’enir'eux, qu'ils avoientchoifi pour repréfenter la divinité; 1ls ont voulu former dans les états un état féparé indépendant de la puiffance ci- vile ; ils ont prétendu ne tenir que de la Divinité les biens dont les hommes les avoient vifiblement mis en poffefhion. C’eft à la fagefle des fouverains à ré- primer ces prétentions ambitieufes & idéales, & à contenir tous les membres de la fociété dans les juftes bornes que prefcrivent la raifon &c la tranquil- lité des états. Un auteur moderne a regardé la héocrasié comme le premier des gouvernemens que toutes les nations aient adoptés ; 1l prétend qu'à l’exem ple de l'univers qui eft gouverné par un feul Dieu, les hommes réu- ns en fociété ne voulurent d'autre monarque que l'Ëtre fuprème. Comme l’homme n’avoit que des idées imparfaites 8 humaines de ce monatque célefte, on lui éleva un palais , un temple, un fanétuaire, & un trône, on lui donna des officiers & des miniftres. On ne tarda point à repréfenter le roi invifible de ja fociété par des emblèmes & des fymholes qui indi- quotient quelques-uns des fes attributs ; peu-à-peu lon oubla ce que lefymbole défignoit, & l'onrendit ace fÿmbole ce qui n'étoit dû qu’à la Divinité qu'il reprélentoit; ce fut là l’origine de l’idolâtrie à la- quelle les prêtres, faute d'iuftruire les peuples, ow par intérêt, donnerent eux-mêmes lieu. Ces prêtres n'eurent point de peine à gouverner les hommes au nom des idoles muéttes & inanimées dont ils étoient les minfîres ; une affreufe fuperfition couvrit la face de la terre fous ce gouvernement facerdotal , il mul- tiplia à linfini les facrifices, les offrandes, en un mot toutes les pratiques utiles aux miniftres vifibles de la Divinité cachée, Les prêtres enorgueillis de leur pouvoit en abuferent étrangement ; ce fut leur Incontinence, qui, fuivant l’auteur, donna naïfance à cette race d'hommes qui prétendotent defcendre des dieux , & qui font connus dans la Mythologie fous le nom de demi- dieux. Les hommes fatigués du joug infupportable des miniftres de la shéocrarie, voulu- rent avoir au milieu d’eux des fymboles vivans de la Divinité, ils choifirent donc des rois, qui furent pour eux les repréfentans du monarque invifible. Bientôt on leur rendit les mêmes honneurs qu’on avoit rendu avant eux aux fymboles de la shéocrarie : ils furent traités en dieux, & ils traitent en efclayes les hommes, qui, croyant être toujours fourmis à 248 THE LÊtre fuprème, oublierent de reftraindre par des lois falutaites Le pouvoir dont pouvoient abufer fes foi- bles images. C’eft-là, fuivant l'auteur, la vraie fource du defpotifme , c’eft-à-dire de ce gouvernement ar- ‘bitraire & tyranique fous lequel gémiffent encore aujourd’hui les peuples de PAfe, fans ofer réclamer les droits de la nature & de la raifon, qui veulent que l’homme foit gouverné pour {on bonheur. Voyez PRÊTRES. THÉODOLITE, f. m. ( Arpentage,) inftrument en ufage dans l’arpentage, pour prendre les hauteurs & les diftances ; 1l eft compofé de plufieurs parties, 1°. un cercle de cuivre divifé en quatre quarts de oo repréfentant les quatre points cardinaux de la bouf- {ole, left, l’oueft, le nord, & le fud, & marqué des lettres E,O, N,S; chacun de ces quarts eft di- viféen 90 degrés, &fubdivifé autant que la grandeur de l’inftrument le peut permettre communément par les diagonales. Les quatre quarts doivent être mar- qués de 10,20, 30, 6c. deux fois, commençant au oint du nord & du fud, finiffant à 90 aux points de l’eft & de l’oueft ; 2°. une boite &une aiguille placées juftement fur le centre du cercle, fur lequel centre linftrument, l'index avec fes guidons, doivent être mis de-forte qu'ils puiffent tourner &t fe mouvoir en rond ; mais la boîte & l’aiguille demeurent fixes. Au fond de la boîte il faut qu'il y ait une bouflole atta- chée de -forte qu’elle réponde aux lettresE,O, N, S, marquées fur l’inftrument; 3°. par-derriere un emboîtement ou plan, ou, ce qui eft le mieux, un rond, pour entrer dans la tête d’un pié à trois bran- ches , fur lefquelles l’inftrument eft porté ; 4°. ce bâ- ton ou ce pié pour pofer l’inftrument deflus , & dont le cou ou manche vers la tête doit entrer dans l’em- boîtement qui eft derriere linftrument. Au refte, il y a plufieurs autres manieres de faire les théodolites ; il faut préférer la plus fimple , la plus exaéte, la plus prompte, & celle dans laquelle Pinf- trament mathématique foit du tranfport le plus fa- cile. L'ufage du shéodolise eft abondamment juftifié par celui du demi- cercle qui eft feulement un demi- théodolite ; mais M. Siflon a perfeélionné cet inflru- ment par de nouvelles vues: on trouvera la defcrip- tion de fon shéodolire dans le livre anglois de M. Gar- dner, intitulé Praüical furveying improved , &t dans un traité de géométrie pratique publié en anglois à Edinburg 1745, in-8°. par le célebre M.Macclaurin. (D. J. THEODORIAS , ( Géog. anc.) nom commun à une ville d’Afie, fituée aux confins de la Colchide, &t à une province eccléfiaftique d’Afie, aux environs de la Cœlé-Syrie. Laodicée étroit la métropole de cette province, & avoit trois évêchés fuffragans. VS ‘ as ORIEN , ( Philof. grecq. ) les Théodoriens étoient une fecte de philofophes de l'académie d’A- thènes, 8 qui avoient eu Théodore pour maïtre. Le feul bien de l’homme, difoient-ils, c’eft le plaïfir des {ens, ou même l’affemblage de toutes les voluptés ; que de gens parmi nous qui font de cette feéte | LI ! THEODOROPOLIS, ( Géog. anc.) ville de Thrace, dans la Moefie. Juftinien fonda cette ville, & la nomma Théodoropole, du nom de l’impératrice Theodora fon époufe. (D. J.) THÉODOSIE, (Géog. anc.) Theodofia, ville de la Cherfonnèfe taurique. Le périple de Scylax, Stra- bon, /. VII. p. 309. Pomponius Mela, Liv. II, c, 7. Pline & Ptolomée , /v. IV. ch. xij. font mention de cette ville ; préfentement on l'appelle Caffz. (D. J.) THÉODOSIEN , conE, (Jurifprud.) Voyez ci- devant au 704 CODE, l’article CODE THÉODOSIEN. THEODOSIOPOLIS, (Géog. anc.) nom com- THE mun à quelques villes 8x à divers fiéges épifcopaux. 1°, T'heodoftopolis, ville de l'Arménie , fur Les fron- tieres de la Perfaménie : on croit aflez communé- ment, dit Tournefort, qu'Ergeron eft l’ancienne ville de Théodo/topolis ; la chofe néanmoins ne paroïît pas trop aflurée, à-moins qu’on ne fuppofe, comme cela fe peut, que les habitans d’Artze fe fuflent reri- rés à T'heodofiopolis, après qu’on eut détruit leurs maillons. 2°. Theodofiopolis , ville de la Méfopotamie, fur le bord du fleuve Aborras. 3°. Theodofiopolis, ville de la grande Arménie, fondée par Anaftafe, & qui ne put jamais lui Ôter fon premier nom. Procope en parle beaucoup dans fes éloges des édifices de Juftimien. ‘ 4°. Theodofiopolis eft le nom, 1°. d’un fiége épif- copal de la province d’Afie; 2°, d’un fiége épifcopal de la Thrace; 3°. d’un fiége épifcopal d'Egypte, dans la province d’Arcadie; 4°. d'un fiége épiicopal d’'E- gypte, dans la premiere Thébaide ; 5°. d’un fiége épifcopal de PAfie proconfulaire ; 6°. d’un fiége épif- copal d'Afie, dans lOfrhoëne. (D. J. THÉOËNIES, £ f. pl. (Anig. grecq.) fêtes de Bac- chus chez les Athéniens; le dieu lui-même étoit ap- pellé Théoënos , le dieu du vin, de dos, dieu, 8 once, du vin. (D.J.) THÉOGAMIE , ff. pl. ( Anziq. grecq. ) Bioyauta, fête qui fe célébroit en l’honneur de Proferpine, & en mémoire de fon mariage avec Pluton: ce mot fi- gnifie mariage des dieux , de Oéce, dieu, 8t yauoc, ma= riage, Voyez Potter, Archæol. grec. L. IL, c. xx. rom. I. p. 402. (D. JT.) THÉOGONIE, £ f. (Hifi. anc.) branche de la théologie payenne , qui enfeignoit la génération de leurs dieux. Voyez Dieu. Ce mot eft formé du grec rheos , Dieu, & de gone, génération, femence, généalogie. Héfiode nous a donné l’ancienne shéogonie dans un poëme qui porte ce titre. Le doéteur Burnet obferve que les anciens auteurs confondent la shéogonie, avec la cofmogonie : en effet la génération des dieux des anciens Perfans ; favoir, le feu, l’eau êz la terre , n’eft probablement autre cho- fe que la génération des premiers élémens. Voyez CHÆos. | THÉOL, LE, ou LE THÉO, (Géog. mod.) petite riviere de France , en Berri, éleétion d'Ioudun., Elle a fa fource à 14 lieues d’Ifloudun , & fe jette dans PArnois, à Rewily. (D. J. THÉOLOGAL , {. m. ( Hif£ eccléf.) nom qu’on donne dans les cathédrales &c dans quelques collé- gialés à un théologien prébendé, pour prêcher à cer- tains jours & pour faire des leçons de théclogie aux jeunes clercs. Le pape Innocent III. dans le fecond concile de Latran , ordonna que dans chaque églife métropoli- taine , On nommeroit un théologien pour interpréter lEcriture-fainte, & pour enfeigner ce qui regarde le foin des ames. Pour récompenfe il affigne à celui qui fera ces Leçons , le revenu d’une prébende. Le cons cile de Baïle , féff. 3 1.can. 3.dont le decret fut inféré dans la pragmatique fanétion , étend à toutes les égli- fes cathédrales la néceflité d’avoir un théologal qui n’étoit auparavant que pour les églifes métropolitai- nes. Cette difpofition a pañlé de la pragmatique dans le concordat , approuvé par le cinquieme concile de Latran, Il porte qu’il y aura une prébende #héo/ogale dans toutes les églifes cathédrales & métropolitai- nes affectée à un dofteur, licencié ou bachelier for- mé en théologie. Il doit faire au-moins deux lecons par femaine, fous peine d’être privé, s’il y manque, de fes diftributions ; mais quand il enfeigne , il doit être cenfé préfent au chœur , & ne rien perdre de tout ce qui peut revenir aux autres chanoines. Le THE Le concile de Trente, Jef. 5. c. j. affe&e auf une prébende au shéologai, qu'il veut qu’on établiffe dans chaque cathédrale. Suivant les décifions de la con- grégation du concile, les chanoines & les autres pré: res de la cathédrale font obligés d’affifter aux leçons : du théologal, 8&T on peut priver celui-ci de fa prében- de , s’il manque à fatisfaire à fes devoirs. Dans le cinquieme concile de Milan, on oblige le théologal d'interpréter publiquement l’Ecriture{ain- te dans l’églife cathédrale tous les jours de fêtes & de dimanches. S. Charles dans fon onzieme fynode diocéfain , enjoint au #héologal de faire trois leçons par femaine, & de prêcher quelquefois. Ainfi le 460: logal qui n’étoit d’abord que le doéteur des clercs , eft devenu aufli celui du peuple. Les ordonnances d'Orléans & de Blois prefcri- vent l’établifement d’un théo/ogal dans les cathédra- les ; elles veulent qu'il prêche tous les dimanches & têtes folemnelles , & qu'il fafle des leçons publiques fur l’Ecriture- fainte trois fois la femaine, Les cha- noines font obligés d’aflifter à fes lecons, fous peine d’être privés de leurs rétributions ; mais toutes ces difpoñtions {ont aujourd’hui fort négligées. Thomaf. fin, difciplin. de l'Eglife, part. IP. iv. IL. c. Ixix, @ ZCVIT, THÉOLOGIE, Theologia, du grec 840, Dieu, & Àoyos , difcours , prife en général , eft la fcience de Dieu & des chofes divines, même entant qu’on peut les connoître par la lumiere naturelle. C’eft en ce fens qu'Ariftote, Mechaphyfic. 1, VI. appelle skéo- dogie, la partie de la philofophie, qui s’occupe à trai- ter de Dieu & de quelques-uns de fes attributs. C’eft encore dans le même fens que les Payens donnoient à leurs poëtes le nom de #héologiens , parce qu'ils les resardoient comme plus éclairés que le vuloaire, fur la nature de la divinité & fur les myfteres de la reli- sion. Les anciens avoient trois fortes de #héologie ; fa- voir, 1°. la mythologique ou fabuleufe qui florifloit parmi les Poëtes, & qui rouloit principalement fur la théogonie ou génération des dieux. Voyez FABLE , MYTHOLOGIE & THÉOGONIE. 2°, La politique , embraflée principalement par les princes , Les magiftrats , les prêtres, & le corps des peuples, comme la fcience la plus utile & la plus néceflaire pour la füreté, la tranquillité & la profpé- rité de l'etat. 3°. La phyfique ou naturelle, cultivée parles Phi- lofophes , comme la fcience la plus convenable à la nature & à la raifon, elle n’admettoit qu’un feul Dieu fuprème , & des démons ou génies , comme média- teurs entre Dieu &c les hommes, Foyez Démon € GÉNIE. Les Hébreux qui avoient été favoriés de la réyé- lation ont auff leurs Théologiens , car on peut don- ner ce titre aux Prophetes fufcités de Dieu pour les inftruire, aux pontifes chargés par état de leur ex- pliquer la loi, & aux fcribes ou doéteurs qui faifoient profeflion de l’interpreter. Depuis leur difperfion , les Juifs modernes n’ont manqué ni d'écrivains , ni de livres; Les écrits de leurs rabbins font répandus -par tout le monde. Voyez RABBINS & Tac mu. Parmi les Chrétiens , le mot de Théologie fe prend -en divers fens. Les anciens peres , & particuliere- -ment les Grecs, comme faint Bafile & faint Grégoire de Nazianze, ont donné fpécialement ce nom à la partie de la doëtrine chrétienne qui traite de la divi- nité; de-là vient que parmi eux on appelloit lévan- gélfte S. Jean, le théologien par excellence, à caufe “qu'il avoit traité de la divinité du Verbe, d’une ma- _niere plus profonde & plus étendue que les autres apôtres. Ils furnommoient auf S. Grégoire de Na- zianze , le chéologien | parce qu'il avoit défendu avec “zele la divinisé du Verbe contre les Ariens ; & en ce Tome XVI, T'ENE 249 fens les Grecs difinguoient la shéologie , de ce qu'ils appelloient écozomie , c’eft-à-dire de la partie de Ja doëtrine chrétienne qui traite du myftere de l’incar- mation. DS Mais dan®ün fens plus étendu, Pon définit la TAéos logie ; une fcience qui nous apprend ce que nous de: vons croire de Dieu, & la maniere dont il veut que nous le fervions ; on la divife en deux efpeces , qui font la Théologie naturelle & la Théologie furnatu= relle. La Théologie naturelle eft la connoïffance que nous avons de Dieu & de fes attributs, par les feules tua micres de la raifon & de la nature, & en confidérant les ouvrages qui ne peuvent être fortis que de {es mains. La Théologie furnaturells où Théologie proprement dite eft une fcience, qui fe fondant fur des principes révélés, tire dés conclufons, tant fur Dieu, fa na ture, {es attributs, 6:c. que fur toutes les autres cho: {es qui peuvent avoir rapport à Dieu : d’oùil s’en- fuit., que la Théologie joint dans fa maniere de procé: der l’'ufage de la raifon à la certitude de la révéla tion, ou qu'elle eft fondée en partie fur les limieres de la révélation, &c en partie fur celles de la raïfon. Toutes les vérités dont la Théologie fe propole la recherche & l'examen, étant ou fpéculatives ou pra tiques, on la divife à cet égard en Théologie fpécu- lative, & Théologie pratique ou morale. La Théolo> gie fpéculative eft celle qui n’a pour objet que d’é- claircir , de fixer, de défendre les dogmes de la reli- g1on, en tant qu'ils doivent être crus. La Théologie, pratique ou morale , eft celle Qui s'occupe à fixer les devoirs de la religion, en traitant des vertus & des vices, en prefcrivant des regles, & décidant de ce qui eft jufte Ou injufte, licite ou illicite dans Pordre de la religion. Quant à la maniere deitraiter la Tho/ooie , on la diftingue en poñitive & en fcholaftique. La Théologie poñitive , eft celle qui a pour objet d’expofer & de prouver les vérités de la religion par les textes de l'Écriture, conformément à la tradition des peres de VEglife & aux décifions des conciles,, fans s'attacher à la méthode des écoles, mais en les traitant dans un ftyle oratoire , comme ont fait les peres de PEglfe. La fcholaftique eft celle qui emploie a diale@i- que , les argumens & la forme ufitée dans les écoles pour traiter les matieres de religion. Quelques auteurs penfent, que la différence qui fe trouve entre la Théologie pofitive & la fcholaftique, ne vient point de la diverfité du ftyle & de l’élocu- tion ; en un mot, de la forme {cholaftique propre à la derniere, & qu’on ne remarque pas dans la pre- miere; mais de ce que lesThéologiens {cholaftiques ont renfermé en un feul corps & mis dans un cer- tain ordre, toutes les queftions qui regardent la:doc- trine, au lieu que les anciens ne traitoient des dog- mes de la religion, que féparément & par occafon : mais cela ne fait rien quant au ftyle, car les moder- nes auroient pù traiter tout le plan de la religion en ftyle oratoire, &c les anciens n’en traiter que .quel- ques queftions en ftyle fcholaftique. La véritable différence entre la pofitive& la {cholaftique-dépend donc de la forme du ftyle ,-puifque pour le fonds les matieres font les mêmes, Nr Luther appelloit la Théologie [cholaffique une fes. pline à deux faces , compofée du mélange.de lEcri ture-fainte & des raïfons philofophiques: Mixrione quadam ex divinis eloquiis & philofophicis-rationious Lariquamt ex centaurorurr genére-biformis-difciplina:con= flata eff. Mais on verra par la fuite , qu'il n°en.avoit qu'une faufle idée 8 qu’il en jugeoit par Les abus. M. l'abbé Fleury dans fon cinquieme.difcours fur l'hiftoire eccléfiaftique , ne paroït pas non plus fort favorable à la fcholaftique ; car après RE objeité , 4 250 THE Sil n'eft pas vrai que les fcholaftiques ont trouvé une méthode plus commode & plus exaëte pour en- feigner la Théologie, &c fi leur ftyle n’eft pas plüs 1o- lide & plus précis que celui des anciens, il répond , » Je l'ai fouvent oui-dire, mais je ne Puis en con- » venir, &.on ne me perfuadera jamais, que juf- » qu'au douzieme fiecle la méthode ait manqué dans » les écoles chrétiennes. Il eft vrai, ajoute-tAl, que » les anciens n’ont pas entrepris de faire un cours » entier de Théologie , comme ont fait Hugues de » Saint-Viétor, Robert Pullus, Hildebert de Fours, w &c tant d’autres. Mais ils n’ont pas laiffé que de » nous donner dans leurs ouvrages le plan entier de » la religion, comme $. Auguftin dans fon Enchuri- » dion, montre tout ce qu’on doit croire, ëe la ma- » miere de l'enfeigner dans le livre de la doétrine » chrétienne. On trouve de même labregé de la morale dans quelques autres traités, comme dans » le pédagogue de S. Clément Alexandrin ». » Que manque-t-il donc aux anciens, continue-t- » il? Étt-ce de n’avoir pas donné chacun leur cours » entier de Théologie, recommençant toujours à di- » vifer & à définirles mêmes matieres? J'avoue que » les modernes l’ont fait, mais je ne conviens pas » que lareligion en ait été mieux enfeignée. L'effet » le plus fenfble de cette méthode eft d'avoir rem- » pli le monde d’une infinité de volumes, partie 1m- » primés , partié encore manufcrits qui demeurent » en repos dans les grandes bibliotheques , parce » qu'ils n’attirent les lecteurs ni par l'utilité, ni par >» l'agrément : Car qui lit aujourd’hui Alexandre de » Hales ou Albert le grand»? Et ilavoit remarqué plus haut qu'il ne voyoit rien de grand dans ce der- nier que la grofleur êc Le nombre des volumes. ILobferve enfuite que lesfcholaftiquesprétendotent fuivre la méthode des géometres, mais qu'ils ne la . fuivoient pas en effet ; prenant fouvent l'Écriture dans des fens figurés &c détournés, pofant pour prin- cipes des axiomes d’une mauvaife philofophie, ou des autorités de quelqu’auteur profane. Puis 1l ajoute : 4 fi les fcholaftiques ont imité la méthode des géo- »metres , ils ont encore mieux copié leur ftyle fec » &-uniforme. Ils ont donné dans un autre défaut, »en fe faifantun langage particulierdiftingué de tou- tes les langues vulgaires &c du vrai latin, quoi- #'qu'ilen tire fon origine. Ce qui toutefois n’eft point » néceflaire, puifque chacun peut philofopher en » parlant bien fa langue. Les écrits d’Ariftote font en bon grec; les ouvrages philofophiques de Cice- »ron en bon latin , & dans:le dernier fiecle Defcar- :ytes a expliqué fa doûrineen bon françois. … » Un autre erreureft de croïre qu’un ftyle fec, -# contraint, & partout uniforme , foit plus clair ëc » plus court que le difcours ordinaire & naturel, où 5 lon fe donne la liberté de varier les phraïes , & » d'employer quelques figures, Ce ftyle gêné &jetté :#en moule, pour ainfi dire, eft plus long, outre -» qu'il eff très-ennuyeux. Ony répete à chaque page :» lesmêmes formules, par exemple ; fur certe matiere »on fair fix queftions ;@ la premiere , on procede ainfi, » puisitrois\objettions ; puis Je réponds qu'il faut dire , » &c.enfuite viennent les téponfes aux objeétions. # Vous diriez que l’auteur eft forcé par une néceflité » inévitable de s'exprimer toujours de même. On nd LA “y répete àchaque ligne les termes de Part : propoñ- -» tion, affertion, majeure, mineure, preuve , con- »dufion, Ge, or ces répétitions alongent beaucoup :» le difcours. .. »Les argumens en forme-allongent encore nota- - wblement le difcours, &impätientent celui qui voit » d’abord la conclufion. Il eft foulagé par un‘enthy- » mème ou-par une fimple propofition , qui fait fous- - y» entendretout le refte. ‘Il faudroit referver des fyl- . »logifmes entiers pour.des oceafions rares, lorfqu'il THE » faut déveloper un fophifme fpécieux,ou tendre fen- » fible une vérité abffraite. | » Cependant, conclut-il, ceux qui font accoutu= » més au ftyle de l’école ne reconnoiffent point les » raïfonnemens, s'ils ne font revêtus de la forme fyl- » logiftique. Les peres de l'Eglife leur paroïfent des, » thétoriciens pour ne pas dire des difcoureurs, parce » qu'ils s'expliquent naturellement, comme on fait » en converfation, parce qu'ils ufent quelquefois » d'interrogations , d’exclamations & d’autres figures » ordinaires , &c les fcholaftiques ne voyent pas que » les figures & les tours ingénieux épargnent beau- »-coup de paroles, & que fouvent par un mot bien » placé, on prévient ou l’on détourne uneobjeétion » qui les occuperoït long-tems. Ces accufations font graves, &t Pon ne peut gue- res dire plus de mal de la fcholaftique ; mais elles ne tombent que fur l’ancienne fcholaftique défgurée par des queftions ffivoles & par un ftyle barbare. Car il faut convenir que depuis le renouvellement des étu- des dansle xv]. fiecle la fcholaftique a bien changé de forme à ces deux égards. En eflet, à la confidérer dans fon véritable point de vue, elle n’eft que la con- noifance des divines Ecritures, interpretées fuivant le fens que l’Eglife approuve, en y joignant les ex- plications &c les cenfures des peres,, fans toutefois négliger les fecours qu’on peut tirer des fciences pros fanes pour éclaircir & foutenir la vérité. Scholafhica theologia ef? divinarum feripturarum peritia , recepto quem ecclefia approbat fenfu, non fpresis orthodoxorure doëorum interpresationibus @cenfuris , interdum alta- rum difciplinarum non contempto fuffragio. C’eft ainfi que l'a connue la faculté de shéologie de Paris, qui la cultive fur ces principes, & dont le but en y exer- çant fes éleves eft de les accoutumer à la juftefle du raifonnement par l’ufage de la dialeétique. Retranchez en effet de la fcholaftique un grand nombre de queftions futiles dont ia furchargeoïentles anciens , écartez les abus de leur méthode, & rédui- {ez-la Atraiter par ordre des vérités intéreffantes du dogme & de la morale, & vous trouverez qu'ellereft aufli ancienne que l’Eglife. Tant d'ouvrages polémi- ques8c dogmatiques des peres detouses fecles, dans lefquels ils érabliffent les divers dogmes de la reh- gion attaqués par les hérétiques, en font une preuve inconteftable, Car ilsne:fe contentent pas d’y expo- {er fimplement la foi de l'Eglife , 6 d'apporter des pañlages de l'Ecriture & des peresfurlefquels elle eft fondée, maisäls emploient auffi la dialeétique &c le raifonnementpour établirle véritable fens des’ palla- ges qu'ils citent , pour expliquer ceux qui font allé- ‘eués par leurs adverfaires, pout réfuter Îes dificul- tés qu'ils propofent, pour éclaircir & développer les conféquences des principes qu'ils trouvent établis dans l’Ecriture fainte & dans la tradition, écpour con- vaincre d'erreur les fauflesconféquences tirées par les hérétiques : enfin ils ne négligerent rien de tout ce qui peut fervir à faire connoître, à éclaircir 8r à foutenir la vérité, à petfuader ceux qui n’en font pas convaincus, à retirer de l'erreur ceux quisy fonten- gagés ; pour y-réuflir, ils emploient les‘principes de laraifon natutelle, la fcience des langues, les fubti- Jités de la diale@tique , lestraits deléloquence, Fau- torité des philofophes & celles des hiftoriens. On trouve-dans leurs écrits des propofitions , des preu- ves, des objeétions, des réponies , des argumens?, -des conféquences, :c. toute la différence vient donc -dece quela méthode des'moderneseftmoinscachée, &ciqu'ils:ne font pas tou n’affeétent pas-de paroïtrefi -éloquens.. Maïs ‘au fond, ten font-ils moins folides quandils ne s’attachent qu'aux points éflentiels, «8 walsles traitent (par les grands principes, come font les fcholaftiques modernes, (ur-tout dans'la fa- -culté de shéologie de Paris? Les défauts d'uneméthode naïflante ne prouvent pas toujours qu’elle foit mau- vaile , & font fouvent l'éloge de ceux qui Pont per- fectionnée. Les théologiens ont coutume de traiter plufeurs aueftions fur la dignité, Putilité, la nécefhté de la fcience qu'ils profeflent, & nous renvoyerons fur tous ces articles le lecteur à leurs écrits : nous nous contenterons de toucher ce qui regarde la certitude de la Théologie ou des conclufions théologiques. Par conclufions théologiques on entend celles qui font évi- demment &c certainement déduites d’une ou deux prémifles, qui font toutes deux révelées , ou dont lune eft révelée, & l’autre eft fimplement connue par la lumiere naturelle, & l’on demande fi ces con- clufons font d'une égale certitude que Les propof- tons qui font de foi. 2°. Si elles font plus ou moins certaines que les conclufions des autres fciences. 3°, S1 elles égalent en certitude les premiers principesou axiomes de géométrie, philofophie, &c. La décifion de toutes ces queftions dépend de fa- . voir quel eft le fondement de la certitude des conclu- fions théologiques, c’eft-à-dire , quel e&le motif qui détermine lefprit à y acquiefcer, On convient géné- ralement que la révélation immédiate de Dieu pro- poiée par l’Eglife , eft le motif qui porte à acquiefcer aux vérités qui font de foi, & que la révélation vir- tuelle ou médiate , c’eft-à-dire, la connexion qui fe trouve entre une conclufion théologique & la révé- lation,connexion manifeftée par la lumiere naturelle, eft le motif qui porte à acquiefcer aux conclufions théologiques. | De-l 1l eft aifé d’inférer 1°. que les conclufons purement théologiques n’ont pas le même degré de certitude que les vérités de foi , celles-ci étant fon- dées 1°. fur la révélation immédiate de Dieu ; 2°, {ur la décifion de l'Eglife qui attefte la vérité de cette ré- vélation, au lieu que les conclufñons théologiques n'ont pour motif que leur liaifon avec la révélation , mais laïfon apperçue feulement parles lumieres de la raifon ; le motif d’acquiefcement, & le moyen de l’autre d’adhérer aux vérités de foi. 3°, Parce que la foi même eft en quelque forte appuyée fur la raifon : car, difent-ils, Pourquoi croyons-nous à la révélation à parce que nous favons que Dieu eft la vérité par effence, qui ne peut m tromper , ni être trompé; & qui eft-ce quinous manifefte cette vérité ? [a raifon fans doutes c’eft elle aufi qui par divers motifs de crédibilité nous perfuade que Jefus-Chrift eft le mefie » GE que fa religion eft la feule véritable : fi donc la rafon nous mene comme par la main jufqu’à la foi, & fi elle en eft en quelque forte le fondement > Pourquoi veut-on que les conclufionsthéolo giques qu'onavoue Être moins certaines que Les vérités de foi, le foient davantage que les axiomes & les premiers principes de la raïon? Holden. de refolut. fidei, L I, c, ïjj, € clemens, theolog. c. j. p. 12. THÉOLOGIE MYSTIQUE, fignifie une éfpece de théologie rafinée 87 fublime , que profeffent les myf- tiques. Voyez Mysriques & THéoLocrr. Cette rhéologie confifte dans une connoiffance de Dieu & des chofes divines » On pas celle que l’on acquiert par la voie ordinaire | maïs celle que Dieu infufe immédiatement par lui-même » & qui eft aflez puiflante pour élever l'ame à un état calme , pour la dégager de tout intérêt propre, pour lenflammer d’une dévotion afeétueufe, pour l’unir intimément à Dieu , pour illuminer fon entendement > OU pour chauffer ou animer {a volonté d’une façon extraor- dinaie, Parmi les œuvres que l'on attribue à S, Denis PA réopagite, on trouve un difcours de théologie myfH- que, & plufieurs auteurs anciens & modernes ont écrit fur le même fujet. THÉOLOGIE POSITIVE, eff celle qui confifte dns la fimple connoïffance ou expofition des dogmes & des articles de foi, autant qu'ils font contenus dans les faintes Ecritures, ou expliqués par les peres & les conciles, dégagées de toutes difputes & contro- verfes. Voyez THÉOLOGIE. En cefens, la shéologie pofirive eft oppofée à la théologie [cholaflique & polémique, | THÉOLOGIEN ,f, m. (Gram.) qui étudie, enfei- gne ou écrit de lathéologie. Voyez TH£oLoc:ir, THEOLOGIUM , f. m. ( Littérat.) on donnoit ce nom chez les anciens à un leu du théatre , levé au- deflus de l’endroït où les a@eurs ordinaires paroif- foient. C’étoit celui d’où les dieux parloient, & des “machines fur lefquelles ils defcendoient. I falloit un theologium pour repréfenter Ajax de Sophocle & l'Hippolyte d'Euripide. Fe oyex Scaliger, poër. LI, c. j. & Gronoyius , fur l’Aercules Æneus de Sophocle, ail, V'. verf. 1940. Le mot latin theologium eft formé de Séoç, dieu, & nôyce, difcours. (D. J.) THÉOMANTIE > f. (Antig. greg.) Seouavrére > divination qui fe faifoit par linfpiration fuppotée de quelque divinité ; les détails en {ont curieux ,letems ne me permet pas de les décrire, mais vous en trou- verez le précis dans Potter. 4rchæol, græc. L. II, c, Xif tome I, p.298. & [uiv. (D. J.) THÉOPASCHITES, f. m. pl. ( Æif£. ecclé[.) héré- tiques du v. fiecle , & fe&tateurs de Pierre leFoulon ; d’où 1ls ont été appellés quelquefois Fr/oniari. Leur doëtrine diftinétive étoit que toute la Trinité avoit fouffert dans la paflion de Jefus-Chrift. Voyez PATRIPASSIENS, Cette héréfie fut embraffée par les moines Euty- chiens de Scythie, lefquels en s’efforçant de lintro- li ï 252 THE duire dans l’Eclife, yexciterent de stands troubles au commencement du vj. fiecle. Elle fut condamnée d’abord dans Îles conciles te- nus à Rome &c à Conftantinople en 483. On la fit revivre dans le ix. fiecle , & elle fut condamnée de nouveau dans un concile tenu à Rome fous le pape Nicolas L en 862. Le P, le Quien, dans fes notes fur $. Jean Da- . mafcene, dit que la même erreur avoit déja étéavan- cée par Apollinaire, dont les difciples furent les pre- miers qui euffent êté appelés Théopatites où Théo- pafchires. Voyez APOLLINAIRE. THÉOPHANIE, £ £ pl (Areig. greg.) Seopaéra, C’étoit la fête de l'apparition d’Apollon à Delphes, la premiere fois qu'il fe montra aux peuples de ce canton. Ce mot eft compofé de Sécc, dieu, qaive, j'apparois ; je manifefle. Foyex Potter, drchæol. grec. 1. ile, wx.tomel. p.402. (D. J.)} THÉOPHANIE , {. f. verme d'Eglife , nom que lon a donné autrefois à l'Epiphanie ou à la fête des rois ; on l’a auffi appellé shéoprie. Le P. Pétau, dans fes no- tes fur S. Epiphane , obferve que , felon Clément d'Alexandrie , lorfque la shéophanie, qui étoit un jour de jeûne , tomboit le Dimanche , il falloit jei- ner. Cette pratique a bien changé, puifqu’aujour- d’hui , bien-loin de jeüner le jour de la Nativité lorf- qu’elle arrive le Dimanche , au contraire lorfquw’elle arrive un Vendredi ou un Samedi, qui font des jours d’abftinence dans l'Eglife romaine, les lois eccléfafti- ques difpenfent de cette abitinence ; l’on faitgras, &c c’eft un jour de régal. (D. 1.) THÉOPHRAST À, f. f. ( Hiff. nat. Botan.) genre de plante ainfi nommé par Linnæus. Le calice de la fleur eft une petite enveloppe légerement découpée en cinq fegmens obtus , & il fubiifte après la chute de la fleur. La fleur eft monopétale, en cloche, fine- ment divifée en cinq fegmens obtus ; les étamines font cinq filets pointus plus courts que la fleur ; les boflettes des étamines font fimples ; le germe du piftil eft ovale ; le ftile eft afilé, & plus court que la fleur ; le ftigma eft aigu ; le fruit eft une grofle capfule ronde , contenant une feule loge; lesfemen- ces font nombreufes, arrondies , & attachées à cha- que partie de leur filique qui eft lâche. Linnæi, pes. plant. p.66. (D. J.) * - THEOPNEUSTES, ( Lirtérar.) Desrrets y, ÉPI- thete que les Grecs donnoient à leurs prêtres , quand ils étoient faifis de l’efprit prophétique. Potter , 4r- chæol. grec. tome 1. p. 302. (D. J. | THEOPROPIA, (Liutérat.) D eompoTia ; c’eft l'épi- thete même que les Grecs donnoient aux oracles, Voyez ORACLE. (D. J.) THÉOPSIE , £ £ (Mythologie) c’eftà-dire Pappa- rition des dieux. Les paiens étoient perfuadés que les dieux fe manifeftoient quelquefois , apparoïloient à quelques perfonnes , &c que cela arrivoit ordinaire- nent aux jours où l’on célébroit quelque fête en leur honneur. Cicéron, Plutarque, Arnobe & Dion Chry- foftôme font mention de ces fortes d’apparitions. THÉOPTIE, £ £ rérme d’Eglife, c’eft la même chofe que Théophanie où Epiphanie. Ce mot vient deevzc, Dieu, & cœlopai, Je VOIS. (D. J. ) THÉORBE oz TUORBE, f. m. (Lurherie.) inftru- ment de mufique fait en forme de luth, à la réferve qu'il a deux manches, dont le fecond, qui eft plus ons que le premier , foutient les quatre dermers tanes de cordes qui doivent rendre les fons les plus graves. Voyez LUTH, 6 La fig. Planches de Lutherte. Ce mot eft fräncois, quoiqu'il y en ait qui le déri- vent de litalien orba, qui fignitie la même chofe ; il y en a d’autres qui prétendent que c’eft le nom de celui qui a inventé cet inftrument. , - C’eft le rhéorbe qui, depuis environ cent ans, a pris la place du luth, & qui dans les concerts fait la bafñle continue, On dit qu'il a été inventé en France par le MATE fieur Hotteman , & qu'il a paflé de-fà en Italie. La feule différence qu'il y a entre le shéorbe & le luth, c’efl que le premier a huit grofes cordes plus longues du double que celle du luth : cette longueur confidérable fait rendre à ces cordes un fon fi doux, & qu’elles foutiennent fi long-tems, qu'il ne faut point s'étonner que plufieurs préferent le #héorbe au claveflin même, Le shéorbe a du-moins cet avantage, qu’on peut aifément changer de place, Toutes fes cordes font ordinairement fimples, ce- pendant il y en a qui doublent les plus grofles d'une petite oftave, 8 les minces d’un unifion ; & comme, dans cet état, le zhorbe reflemble davantage au luth, les Italiens l’appellent arci-leuto ou archi-luch. Voyex ARCHI-LUTH. . THÈORE , fm. (Anrig. greg.) Sspos , les chéores étoient des facrificateurs particuliers ; que les Athé= niens envoyoient à Delphes offrir en leur nom de tems en temis à Apollon pythien des facrifices folem- nels , pour le bonheur de la ville d'Athènes &c la profpérité de la république, Ontiroit les shéores tant du corps du fénat, que de celui des thefmothetes. THÉORÈME , £. m. en Mathémarique , C'eft une propofition qui énonce & démontre üne vérité. Ainf f l'on compare un triangle à un parallélograis me appuyé fur la même bafe & de même hauteur, en fafant attention à leurs définitions immédiates, auffi-bien qu'à quelques-unes de leurs propriétés préalablement déterminées, on ent inéere que le pa- rallélogramme eft double du triangle : cette propo- fition eft un shéorème. Voyez DÉFINITION , &c. Le shéorème eft différent du problème , en ce que fe premier eft de pure fpéculation , & que le fecon a pour objet quelque pratique. Voyez PROBLÈME. Ï1 y a deux chofes principales à confidérer dans um théorème, la propoñtion &c la démonfration ; dans la premiere on exprime la vérité à démontrér. Voyez PROPOSITION. Dans l’autre on expofe Îles raifons qui établiffent cette vérité. | Il y a des shéorèmes de différente efpece : le shéo- rème général eft celui qui s’étend à un grand nombre de cas ; comme celui-ci, le rectangle de la fomme ê£ de la différence de deux quantités quelconques ef égal à la différence des quarrés de ces mêmes gran- deurs. Le ‘héorème particulier eft celui qui ne s’étend qu'à un objet particulier ; comme celui-ci, dans un trian- ele équilatéral re@iligne , chacun des angles eft de 60 degrés. Un théorème négatif exprime limpofhbilité de quel qw’affertion ; tel eft celui-ci : un nombre entier qui n’eft pas quarré ne fauroit avoir pour racine quarrée un nombre entier plus une fraétion. Le shéorème réciproque eft celui dont la converfe eft vraie; comme celui-ci : fi un triangle a deux côtés égaux , il faut qu'il ait deux angles égaux : la con- verfe de ce shéorème eftaufñ vraie , e’ett-à-dire que ft un triangle a deux angles égaux, il a néceflairement deux côtés égaux. Voyez RÉCIPROQUE, INVERSE 6 CONVERSE. Chambers. THÉORÉTIQUE ou THÉORIQUE , qui a rap- port à lathéorie, ou qui fe termine à la fpéculation. Dans ce fens , le mot eft oppofé à prarique, &c 1l ré- ond à dogmatique, Il eft formé du grec Sewpso , je vois, j'examine , je contemple. Les fciences fe divifent ordinairement en shéore- tiques où fpéculatives , comme la Théologie, la Phi- loiophie, &c. & en prariques , comme la Médecine, le Droit, Gc. Voyez SCIENCE. THÉORÉTIQUE , eft un nom qui fut donné en par- ticulier à une ancienne fete de médecins oppolés aux empiriques. Voyez MÉDECIN. Les Médecins shéorériques étoient ceux qui s’apphi- quoient à étudier & à examiner foigneufement tout ce qui regarde la fanté & les maladies ; les p'incipes du corps humain , fa ftruéture , fes parties, avec leurs aétions & leurs ufages ; tout ce Qui arrive au cotps , foit naturellement , foit contre nature , les différences des maladies , leur nature, leurs caufes, leurs fignes, leurs indications, 6’c. le tiflu, les pro- priétés, &v. des plantes & des autres remedes , @c. en un mot , les Médecins rhéorériques étoient ceux qui fe conduifoient par raifonnement , au-lieu que les Médecins empiriques ne fuivoient que l’expé- rience. Voyez MÉDECINE 6 EMPIRIQUE. THÉORETRE, {. m, (Anciq. greq.) Ssops por ; de Sono , je vois , nom qu'on donnoit en Grece au pré- ent qu’on fufoit aux jeunes filles prêtes à fe marier, Jorfqu’elles fe montroïient la premiere fois en public en Ôtant leur voile. Scahger , poé. L, III, c. cy, pré- tend que ce mot défignoit les préfens que l’on faifoit à la nouvelle époufe , lorfqu'on la conduifoit au lit nuptial, Quoi qu’ilen foit, ces mêmes préfens étoient encore appellès oprheres | anacalypteres &t prophteng- £eres , parce que l'époux futur voyoit alors à fa vo- donté {a future époufe, (2. J.) THÉORIE , { £ (Philof.) doëtrine qui fe borne à la confidération de fon objet, fans aucune applica- tion à la pratique, foit que l’objet en foit fufceptible ou non. Pour être favant dans un art, la £héorie fuffit ; mais pour y être maître, 1l faut joindre la pratique à la théorie. Souvent les machines promettent d’heureux fuccès dans la shéorie, & échouent dans la pratique, Voyez MACHINE. On dit la #héorie de l’arc-en-ciel , du microfcope, de la chambre obfcure, du mouvement du cœur , de l'opération des purgatifs, éc. Théories des planetes , &tc. Ce font des fyftèmes ou des hypothefes , felon lefquelles les Aftronomes ex- pliquent les phénomenes ou les apparences de ces planetes, & d’après lefquels ils donnent des métho- des pour calculer leurs mouvemens. J’oyez SYSTÈME, PLANETTE, Gc. Chambers. THÉORIE, f. f. ( Anïiq. greg.) bcopere, pompe {a- crée compolée de chœurs de mufique que les princi- pales villes greques envoyoient toutes les années à Délos. Plutarque , en racontant la magnificence & la dévotion de Nicias, dit : avant lui Les chœurs de mufique que les villes envoyoient à Délcs pour chan- ter des hymnes & des cantiques à Apollon, arri- voient d'ordinaire avec beaucoup de défordre, par- ce que les habitans de Pile accourant fur le rivage au- devant du vaifleau, n’attendoient pas qu'ils fuflent defcendus à terre; mais pouflés par leur impatience, ils les prefloient de chanter en débarquant, de forte que ces pauvres muficiens étoient forcés de chanter dans le tems même qu’ils fe couronnoient de leurs chapeaux de fleurs, & qu'ils prenoient leurs habits de cérémonie , ce qui ne pouvoit fe faire qu'avec beaucoup d’indécence & de confufion. Quand Ni- cias eut l’honneur de conduire cette pompe facrée, il fe garda bien d’aller aborder à Délos; mais pour éviter cet inconvénient , il alla defcendre dans l’île de Rhène, ayant avec lui fon chœur de muficiens, les viétimes pour le facrifice & tous les autels pré- paratifs pour la fête; 1l avoit encore amené un pont qu'il avoit eu la précaution de faire conftruireà Athèe- nes felon la mefure de la largeur du canal qui fépare Vîle de Rhène & celle de Délos. Ce pont étoit d’une magmfcence extraordinaire, orné de dorures, de beaux tableaux & de riches tapifleries. Nicias le fit : jetter la nuit fur le canal, &c Le lendemain au point du jour ilfit pafler toute fa proceffion & fes muficiens fuperbement parés , qui en marchant en bel ordre & avec décence , remplifoient l'air de leurs cantiques. Dans cette belle ordonnance il arriva au temple d’A- THE . pollon. On choififloit pour la conduite des chœurs un des principaux citoyens , & c’étoit une grande gloire que d'être intendant des théores. Voye THÉORE. Voyez auf pour les détails de cette céle- bre procefion navale, qu’on nommoit théorie, les archæol. grec. de Potter, 2. IT, c. ix. 1, I. pag, 284 € Jaiv. (D. JT.) THÉORIUS, ( Mychol. ) Apollon avoit un tem- ple à Troëzène, fous ce nom qui fignifie je vois, & qui convient fort à ce dieu confidéré comme le {o- leil, C’étoit le plus ancien temple dé cette ville: 4 fut rebâti &c décoré par le fage Pithée, (D, J. THÉOSOPHES, Les, ( Æf. de La Philofophie. y voici peut-être l’efpece de philofophie la plus fingu- liere, Ceux qui Pont profeflée | regardoient en pitié la raïfon humaine ; ils n’avoient nulle confiance dans fa lueur ténébreufe & trompeufe ; ils fe prétendirent éclairés par un principe intérieur, furnaturel & di- vin qui brilloit en eux , & s’y éteignoit par inters valles , qui les élevoit aux connoiffances les plus fu blimes lorfqu'il agifloit, ou qui les laïifloit tomber dans l'état d'imbécillité naturelle lorfqu'il cefloit d'agir ; qui s’emparoit violemment de leur imagina- nation, qui les agitoit, qu’ils ne maîtrifoient pas, mais dont ils étoient maïtrilés, & qui les condufoit aux découvertes les plus importantes & les plus cachées fur Dieu & fur la nature : c’eft ce qu'ils ont appellé la shéofophie. Les théofophes ont paflé pour des fous auprès de ces hommes tranquilles & froids, dont l'ame pefante ou rafifle n’eft fufceptible ni d'émotion, n1 d’en- thoufiafme, nide ces tranfports dans lefquels l’hom- me ne voit point , ne fent point, ne juge point, ne parle point, comme dans fon état habituel. Ils ont dit de Socrate & de fon démon, que fi le fage de la Grece y croyoit, c’étoit un infenjé , & que s’il n’y croyoit pas, c'étoit un fripon, | Me fera-t-1l permis de dire un mot en faveur du démon de Socrate & de celui des shéofophes? Nous avons tous des preffentimens, & ces preflentimens font d'autant plus juftes & plus prompts, que nous avons plus de penétration & d'expérience. Ce font des jugemens fubits auxquels nous fommes entraînés. Par certaines circonflances très-déliées. Il n’y a au cun fait qui ne foit précédé &c qui ne foit accompa- gné de quelques phénomenes. Quelque fu gitifs, Mo» mentanés &c fubtils que foient ces phénomenes, les hommes doués d’une grande fenfbilité , que tout frappe ; à qui rien n’échappe, en font afle@és, mais fouvent dans un moment où ils n’y attachentaucune importance. Îls reçoivent une foule de ces impref- fions. La mémoire du phénomene pañle; mais celle de Pimprefion fe réveillera dans l’occafon ; alors ils prononcent que tel évenement aura lieu; il leur femble que c’eft une voix fecrette qui parle au fond de leur cœur, & qui les avertit, Ils e croyent infpi- rés, & ils Le font en effet, non par quelque puiffan- ce furnaturelle & divine, mais par une prudence particuhere & extraordinaire. Car qw’eft-ce que la prudence, finon une fuppoñition dans laquelle nous fommes portés à regarder les circonftances diverfes où nous nous trouvons, comme les caufes poffbles d'effets à craindre ou à efpérer dans l'avenir ? or'il arrive que cette fuppoñtion eft quelquefois fondée fur une infinité de chofes légeres que nous avons vues, apperçues, fenties, dontnous ne pouvons plus nous rendre compte ; ni à nous-mêmes , ni aux au- tres,mais quin’en ont pas une liafon moins néceflai- ren moins forte avec l’objet de notre crainte & de notre efpérance. C’eft une multitude d’atomes im- percepubles chacun , maïs qui réunis forment un poids confidérable qui nous incline , fans prefque favoir pourquoi. Dieu voit l’ordre de l’univers entier dans la plus petite molécule de la matiere, La pru- 254 THE dence de certains hommes privilégiés tient un peu de cet attribut de la divinité. Ils rapprochent les analo- gies les plus éloignées ; ilsvoyent des liaifons prefque néceflaires où les autres font loin d’avoir des conjec- tures. Les pafons ont chacune leur phyfionomie par- ticuliere. Les traits s’alterent fur le vifage à mefure qu’elles fe fuccedent dans Pame.Le même homme pre- fente donc à l’obfervateur attentif un grand nombre de mafques divers. Ces mafques des pañions ont des traits carattériftiques & communs dans tous les hom- mes. Ce font les mêmes vifceres intérieurs quife meu- vent dans la joie, dans l’indignation, dans la colere, dans la frayeur, dans le moment de la difimulation, du menfonge, du reflentiment. Ce font les mêmes mufcles qui fe détendent ou fe refferrent à l'extérieur, les mêmes parties qui fe contraétent ou qui s’affaif- {ent ; fi la pañion étoit permanente, elle nous feroit une phyfionomie permanente, & fixeroït fon mafque furnotre vifage. Qu’eft-ce donc qu’unphyfionomifte? C’eftun homme qui connoit les mafques des pañions, qui en a des repréfentations très-préfentes, qui croit qu’un homme porte ; malgré qu'il en ait , le mafque de fa paffion dominante , & qui juge des caratteres des hommes d’après les mafques habituels qu'il leur voit. Cet arteft une branche de laforte de divinanon dont il s’agit ici. Si les paffñions ont leurs phyfionomies particulie- res, elles ont auf leurs geftes , leur ton, leur ex- preffion. Pourquoi ai-je point été furpris qu'un homme que j’avois regardé pendant de longues an- nées comme un homme de bien, aït eu tout-à-coup la conduite d’un coquin? C’eft qu’au moment où j’ap- prends fonaëion , je me rappelle une foule de peti- tes chofes qui me lavoient annoncé d'avance, &c que j'avois négligées. Les shéofophes ont tous été chimiftes, ils s’appel- loient les philofophes par Le feu. Or il n’y a aucune fcience qui offre à l'efprit plus de conjeätures délices, qui le remplife d’analogies plus fubtiles , que la chi- mie. Il vient un moment où toutes ces analogies fe préfentent en foule à l'imagination du chimifte: elles l'entrainent ; il tente en conféquence une expé- rience qui lui réufñt , & il attribue à un commerce intime de fon ame avec quelque intelligence fupé- rieure, ce qui n’eft que l'effet fubit d’un long exer- cice de fon art. Socrate avoit fon démon ; Paracelfe “avoit le fien ; & ce n’étoient l’un & l’autre n1 deux fous, ni deux fripons , mais deux hommes d’une pé- nétration furprenante, fujets à desilluminations bruf- ques & rapides, dont ils ne cherchoïent point à fe rendre raifon. Nous ne prétendons point étendre cette apologie à ceux qui ont rempli l'intervalle de la terre aux cieux, de natures moyennes entre l’homme & Dieu, qui Leur obéifloient , & qui ont accrédité fur la terre toutes les rêveries de la magie , de l’aftrologie &c de la cabale. Nous abandonnons ces shéofophes à toutes les épithetes qu’on voudra leur donner. La fe@e des rhéofophes a été très-nombreufe. Nous ne parlerons que de ceux qui s’y font faitun nom, tels que Paracelfe , Valentin , Fludd, Boëhmius , les Van-helmont & Poiret. Philippe Aureolus Théophrafte Paracelfe Bombaf de Hobenheim naquit en Suifle en 1493. Il y a or- te de calomnies que fes ennemis n’aient hazardées contre lui. Ils ont dit qu’un foldat lui avoit coupe les tefticules, dans la Carinthie où il étoit employé à conduire un troupeau d’oies. Ce qu’il y a de certain, c’eft que les premieres années de fa vie furent diflo- lues, & qu’il n’eut jamais de goût pour les femmes. I garda le célibat. Son pere prit fur lui-même le foin de fon éducation. Il lui montra les humanités , &c Pinftruifit des principes de la médecine ; mais cet en- fant doué d’un génie furprenant, & dévoré du defir de connoître ; ne demeura pas long-tems fous Paile paternelle. Il entreprit dans l’âge le plus tendre les voyages les plus longs & les plus pénibles , ne mé- prifant ni aucun homme ni aucune connoïflance , & conférant indiftinétement avec tous ceux dont il ef- pétoit tirer quelque lumiere. Il fouffrit beaucoup ; il fut emprifonné trois fois ; il fervit ; 1l fut expofé à toutes les miferes de la nature humaine : ce quine lempêcha point de fuivre l’impulfon de fon enthou- fafme , & de parcourir prefque toutes les contrées de l’Europe, de l’Afie & de l'Afrique. L’enthoufiaf- me eft le germe de toutes les grandes chofes, bon- nes ou mauvaifes, Qui eft-ce qui pratiquera la vertu au milieu des traverfes qui l’attendent , fans enthou- fiafme ? Qui eft-ce qui fe confacrera aux travaux con- tinuels de l'étude, fans enthoufiafme? Qui eft-ce qui facrifiera fon repos, fa fanté, fon honheur, fa vie, aux progrès des fciences & des arts & à la re- cherche de la vérité, fans enthoufiafme ? Qui eft-ce qui fe ruinera, qui eft-ce qui mourra pour fon ami, pour fes enfans, pour fon pays, fans enthoufafme à Paracelfe defcendoit à vingt ans dans les mines de l'Allemagne ; 1l s’'avançoit dans la Rufle; 1l étoit fur les frontieres de la T'artarie; apprenoit-il qu’unhom- me poflédoit quelque fecret, de quelqu’état qu'il füt, en quelque coin de la terre qu'il fût relegué , il Le vi- fitoit, Il s’occupoit particulierement à recueillir les ouvrages des chimiftes ; 1l alloit au fond des monaf- teres les arracher aux vers, aux rats & à la poufliere; il feuilletoit jour & nuit Raimond Lulle & Arnaud de Villeneuve; il conféroit fans dédain avec les char- latans, les vieilles, les bergers, les payfans, les mi- neurs, les ouvriers; 1l yécut familierement avecdes hommes d’un rang le plus diftingué , des prêtres, des abbés,des évêques. Il difoit avoir plusappris de ceux que le monde appelle des igrorans , quetoute école galénique ne favoit; il faifoit peu de cas des auteurs anciens; il en abandonna la leéture de bonne heure; il penfoit qu'il y avoit plus de tems à perdre avec eux que de vraies connoïflances à recueillir. I afeétoit furtout le plus grand mépris pour les médecins qui lavoient précédé. Les médecins de fon tems ne le lui pardonnerent pas. Il brüla publiquement à Bâle les ouvrages d'Avicenne ; mon maïtre, difoit-1l, je n’en reconnois point d’autre que la nature & moi. Il fub- fütua les préparations chimiques à la pharmacie ga- lénique. Ses fuccès dans les cas les plus defefpérés lui firent une réputation incroyable. Jean Frobenius quis’eft immortalifé, finon par l'invention, du moins par la perfeétion de Part typographique, étoit tour- menté de la goutte au pié droit ; les remedes qu’on lui ordonnoit, ne faifoient qu'irriter fon mal ; on. étoit fur le point de lui couper Le pié; Paracelfe le vit & le guérit. Si l’on en croit Vanhelmont, la lepre, l'afthme , la gangrene, la paralyfe, l’épilepfe, la pierre , l’hydropifie, la goutte , le cancer &c toutes ces maladies qui font le defefpoir de nos médecins, ne lui réfiftoient pas. Les habitans de Bâle l’appelle- rent à eux , & le nommerent à une chaire de phyfi- que. Il fit fes leçons en langue vulgaire, & il eut l’au- ditoire le plus nombreux. il ne favoit point de grec; la langue latine lui étoit peu familiere ; d’ailleurs il avoit un fi grand nombre d’idées qui lui étoient pro- pres, & qui n’avoient point de nom dans aucun idiome , foit ancien , foit moderne, qu'il eût été obli- gé de s’en faire un particulier, Il s’appliqua beaucoup plus à l'étude dela matiere médicale , à la pratique de la chimie, à la connoïffanceërà la cure des maladies, qu’à la théorie & à l’érudition de l’art. Cependant il ne négligea pas entierement ces dernieres parties. Il ftun ufage furprenant du laudanum qu’on appel- loit dans fon école Z rerede par excellence. Il parle fouvent dans fes ouvrages de lazoth qu'il définit Z- … gaum 6 linea vite. On prétend que çet azoth eft le re- mede univetfel, la pierre philofophale, I auroitpu jouir à Bâle de la confdération des kommes & du repos, les deux plus grands biens de la vie; maisil connoifloit l'ignorance & les autres vices de fes col- lègues, & il s’en expliquoit fans ménagement, Ses cures les ulcéroient;1es découvertes les humilioient:; fon défintéreflement leur reprochoit fans ceffe leur avarice ; ils ne purent fupporter un homme d’un mé- rite fafligeant ; ils chercherent l’occafion dele mor- tifer. L'imprudent & vain Paracelfe la leur offrit ; 11 entreprit la guérifon d’un chanoine de Bäle ; ilen vint à bout; les magiftrats reglerent fon honoraire à un prix dont la modicité choqua Paracelfe ; ils’en plaignit avec amertume ; 1l fe compromit par lindif- crénion de fa plainte, & 1l fut obligé de fortir de Bà- le & de fe réfugier en Alface, où 11trouva des hom- mes qui furent honorer & récompenfer fes talens. Oporinus fon difciple, & le conduéteur de fon labo- ratoire, préparoit les médicamens , Paracelfe les admimitroit ; mais cet homme avoit pris du goût pour la vie errante 87 vagabonde. Il quitta PAlface, ilrevint en Suifle, il difparut pendant onze ans. Ildi- _foit qu'il ne convenoit point à un homme né pour foulager le genre humain, de fe fixer à un point de la terre, ni à celui qui favoir lie dans le livre de la nature , d’en avoir toujours le même feuillet ouvert fous les yeux. Il parcourut PAutriche, la Suiffe, la Baviere , guériflant les corps, & infeétant les ames d’un fyftème particulier de théologie qu'il s’étoit fait. Il mourut à Salsbourg en 1541. Ce fut un homme d’un mérite &t d’une vanité pro- digieufe ; il fouffroit avec impatience qu’on le com- parât à Luther, & qu'onle mit au nombre des difci- ples de cet héréfiarque. Qu'il fafle fon affaire, di- foit-1l, & qu'il me laifle faire la mienne; fi je me mêlois de réforme , je m’entirerois mieux que lui : on ne nous aflocie que pour nous perdre. On lui at- tribue la connoïfance de tranfmuer les métaux; ileft le fondateur dela pharmacie chumique ; 1l exerça la médecine avec le plus grand fucces ; 1l a bien mérité . du genre humain, par les préparations dont il a en- richi l'art de guérir les maladies. Ses ennemis J’accu- ferent de plagiat; illes défia de montrer dans quel- qu’auteur queice fût, le moindre veftige de la plus petite de fes découvertes, & 1ls refterent muets : on . lui reprocha la barbarie de {es termes &c fon obfcuri- té, & ce fut avec raifon. Ce ne fut pas non plus un homme pieux : habitude de fréquenterle bas peuple, le rendit crapuleux ; les chagrins,, la débauche, &c les veilles , lui dérangerent la tête : al pafla pourforcier, ce qui fignifie aujourd'hui que fes contemporains étoient des imbécilles, Il fe brouwilla avec les Théolo- giens; le moyen de penfer d’après foi, & de ne fe, pas brouiller avec eux ? Il a beaucoup écrit ; la pli- part de ceux qui le jugent , foit en bien, foit en mal, mont pas lu une ligne de fes ouvrages : 11 a laiffé un grand nombre de difciples malinftruits., téméraires ; ils ont nui à laréputation de leur maitre, par la mal- adrefle qu’ils ont montrée dans l'application de fes remedes. Il eut pour difciple , pourfecrétaire, & pour ami, Oporinus. Adam de Bodeftan profefla le premier pu- -bliquement fa .doétrine, Jacques Gohory la fit con- noître à Paris. Gerard Dornée expliqua fa méthode & fes procedés chimiques. Michel Toxite s’appliqua à définir fes mots obfcurs. Ofwald Crollius reduifit - le paracelfifme enfyftème. Henri. Kunrath,& Jofeph- François Burrhus laifferentlà ce qu’il y'ayoit de vrai | &t d'important, pour {e précipiter dans le z4éo/o- | phifme. Voici les principaux axiomes dela. dottrine de Pa- racelie , autant-enil eft pofñble.de lesirecueilhx d’a- . prèsunauteuraufh obfour-& auf découfu. La vraie .philefophie & la médecine ne s’appren- | -néntnides anciens, ni par la créature, elles vien ! F _ É É HE 255 nent de Dieu s 1left Le feul auteur des afcanes : c’eft lui qui a figré chaque être de fes propriétés. Le médecin naît par la lumiere de la nature & de la grace, de Phomme interne & invifble, de ange qui eft en nous, par la lumiere de la nature qui fait à fon égard la fonéhion de maître qui linftruit , c’eit l’exer- cice qui le perfe@ionne &x le confirme ; il a été pro= duit par l'inftitution de Dieu & de la nature, Ce ne font pas Les fonges vains des homimés qui fervent de bafe à cette philofophie &c médecine; mais la nature que Dieu a imprimée de fon doigt aux corps fublunares , mais fur-tout aux métaux : leur origine remonte donc à Dieu. Cetre médecine , cette momie naturelle, ce pepin de nature , elt renfermé dans le foufre, trélor.dela nature entiere ; il a pour bafe le baume des yéaé. taux, auquel 1l faut rapporter le principe.de toutes les aétions qui s’operent dans la nature, & par la ver- tu duquel feul toutes les maladies peuvent être gué- ries, Le rapport ou la convenance de homme, ou du petit monde au grand, eit le fondement de cette {cience. Pour découvrir cette médecine il faut être aftro- nome & philofophe ; l’une nous inftruit des forces & des propriétés dela terre &t de l’eau ; Pautre , des forces & des propriétés du frmament & de l'air. C’eftla philofophie & laftronomie qui font le phi- lofophe interne & parfait , non-feulement dansle macrocofme , mais aufi dans le microcofme. Le macrocofme eft comme le pere , &tle micro- cofme , ou l’homme , eft comme l'enfant ; il faut difpofer convenablement l’un à l’autre, Le monde intérieur eft comme un miroir, où le petit monde ; ou l’homme, s’apperçoit; ce n’eft pas par la forme extérieure , ou la fubftance corporelle, qu’ils conviennent , mais par les vertus & les forces; ils font un 8 même quant à l’eflence 8 à la formein- terne ; ils ne different que par la forme extérieure, Qu'eft-ce que la lumiere de nature ? fi-non une certaine analogie divine de ce monde vifiblé , avec le corps microcofmique. Le monde intérieureftla figure de l’homme; l’hom- me eft le monde occulte, car les chofes qui font vif: bles dans le monde, font invifibles dans l’homme ; & lorfque ces invifibles dans l’homme fe rendent vifi- bles , les maladies naiflent, La matiere de l’homme étant un extrait des quatre élémens , il faut qu'il ait en lui de la fympathie avec tous les élémens & leurs fruits ; il ne pourroit fubfi{- ter ni vivre fanseux. Pour éviter le vuide, Dieu a créé dans les auatre élémens des êtres vivans, mais inanimés, ou fans ame intelleétuelle ; comme il ÿ a quatre élémens , il y a quatre fortes d’habitans élémentaires ; ils different de l’homme quia été créé à l’image de Dieu , en enten- dement , en fagefle , en exercices , en opérations & en demeures, Les eaux ontleurs nymphes ; leurs ondains , leurs mélozénis , éc leurs monftres ou bâtards;, les firenes qui habitent le,;même élément, Les terres ont leurs gnomes , leurs lémures, leurs fylphes, leurs montains,leurs zonnets , dont les monf- tres font les pigmées. 1 L’airafes fpeëtres , fes fylvains {es fatyres ,'dont les monftres {ontles géans. Le feu , oule firmament, a fes vulcanales, fes _pennates,.fes falamandres,, fes fupérieurs,. dont Les -monftres {ont.les zundels. Le cœur macrocofmique eftigné, aërien ,aqueux, ÉCHBTEENX,. 6 | . L’harmonie célefte ft comme {a maîtrefle & di- Cr: » re € - C À CAE Dr E rettrice de lPinférieure ; chacune a fon ciel, fon {o- ER EE ER LEE RTE E : [3 ” | } pe 47 F3 1h) jeil, fa lune, fes planetes, &c fes étoiles ; les chofes 256 THE fupérieures font de l’aftrologie ; les inférieures de la chymiologie. La providence & la bonté du créateur ont fait que les aftres invifibles des autres élémens, euflent leurs repréfentations en efpeces vifbles , dans Pélément fuprème, & que lesiois des mouvemens, & les pro- duétions des tems y fuflent expliquées. Il y a deux cieux ; le ciel externe, ou l’agorégat de tous les corps dans le firmament; l’interne, ou l’aître invifble , le corps infenfble de chaque aftre ; celui- ci eft l’efprit du monde ou de lanature; c’eft hylecs; ileft diffus dans tous les aftres , ou plutôtil les conf- titue ; illes eft, Tout émane du dedans, & naît des invifñbles & occultes ; ainf les fubftances corporelles vifibles viennent des incorporelles , des fpirituelles , des aftres , & fontles corps desaftres; leur féjour eft dans les aftres ; les nues font dans les antres. Il fuit que tout ce qui vit, tout ce qui croît, tout ce quieft dans la nature , eftfigné, poflede un efprit fyderé, que j'appelle le ciel, Paftre, ouvrier ca- ché, qui donne à ce qui eft, fa figure & fa couleur , & qui a préfidé à fa formation : c’eft-là le germe &c la vertu. Il ne faut pas entendre ce qui précede du corps vi- fible ou invifible des aftres dans le firmament, mais de l’aftre propre de chaque chofe ; c’eit celui-ci, &c non l’autre quiinflue fur elle. Les aftres intérieurs n’inclinent ni ne néceflitent l’homme, ceft l'homme plutôt qui incline les aftres, & les attaque par la magie de fon imagination. Le cours de chaque ciel eff libre ; lun ne gouver- ne point l’autre. Cependant les fruits des aftres, ou femences célef- tes, aériennes , aqueufes , terreftres , confpirent & forment une république qui eft une ; elles font ci- toyennes d’une même province; elles fe fecourent & fe favorifent mutuellement ; c’eft l'anneau de Pia- ton , la chaîne dèHomere , ou la fuite des chofes fou- mifes à la divine providence ; lafympathie umiverfel- le ; Péchelle générale. Il y atrois principes des chofes ; ils font dans tout compofé ; la liqueur ou le mercure, le foufre ou l'huile, & le fel. La Trinité faite a parlé ; fon verbe un & triple, que cela foit fait, a été proféré, & touta été cru un éc triple ; témoin lanalyie fpagirique. Dieu a dit ge cela foir | & la matiere premiere a été ; eu égard à fes trois principes , elle fut triple ; ces trois efpeces qu’elle contenoit fe féparerent en- fuite, & il y eut quatre efpeces de corps ou élémens. Les vrais élémensfpirituels{ont les confervateurs, les nourriciers , les lieux, les matrices, les mines êz les refervoirs de toutes matieres ; ils font l’eflence, l'exiflence , la vie & l’a@ion des êtres, quels qu'ils foient. Ils font partagés en deux fpheres , lune fupérieu- re , c’eftle feu , ou le firmament & Pair, qu’on peut comparer au blanc ou à la coque de l'œuf ; l’autre inférieure , c’eft l’eau &laterre, qu'on peut com- parer au jaune. Le Créateur, par la vertu du verbe, développant la multitude qui étoit dans l'unité , & cet efprit qui étoit porté fur les eaux, combinant les principes des corps, ou lesrevêtant de l’habit fous lequel 1ls de- voient paroître fur la fcène du monde , & leur affi- gnant leurs lieux, donnerent à ces quatre natures in- corporelles, inertes, vuides & vaines, la lumiere &c'les raifons féminales des chofes qui les ont rem- plies par la bénédiction divine, & qui ne s’y étein- dront jamais. Les femences des chofes, les aftres qui les lient, font cachés dans les élémens des chofes, comme dans un abime inépuifable , où dèsle commençement f de la matiere les vifibles fe font par les invifibles, les extrèmes fe touchent & fe joignent , tout s’engendre dans des périodes de tems marqués ; les élémens conf- pirent au bien général ; c’eft ainfi que la fÿmpathie unverfelle fubffte ; les élémens préfident au monde, ils fufifent à fon éternité. Les germes, ou principes des chofes, ont recu du Verbe la vertu de génération & de multiplica- ton. | . On ne peut féparer les femences ou germes, des élémens ; ni les principes du corps, des lois de na- ture. | Les produétions , &c les femences les pluspetites, fuivent l'harmonie univerfelle, & montrent en abre- gé l’analogie générale des élémens & des principes. Les élémens font entout , ils font combinés, & la combinaïfon s’en conferve par le moyen du baume & de lateinture radicale. Toutes les créatures font formées des élémens : on rapporte à l'air la produétion des animaux , à la ter- re celle des végétaux , à l’eau celle desminéraux; le feu donne la vie à tout ce qui eff, Le corps des élémens eft une chofe morte & téné- breufe ; lefpriteft la vie ; il eft diftribué en aftres qui Ont leurs productions &: qui donnent leurs fruits ; de même que Pame fépare d’elle le corps , & y habite ; les élémens fpirituels , dans la formation générale, ont féparé d’eux les corps vifibles , & y habitent. Du corps 1gné fe font féparés les aftres vifibles; du corps aqueux, les métaux ; du corps falin, les mi- néraux ; du corps terreux, les vésétaux. fl y a deux tèrres ; la terre extérieure vifible, qui eft le corps de l'élément , Le foufre, le mercure du {el ; la terre interne & invifble qui eft l'élément, la vie ; l’efprit, où font les aftres de la terre , qui pro- duifent par le moyen du corps terreux , tout ce qui croît : la terre a donc en elle les germes &c la raïfon féminale de tout. Il en faut dire autant des autres élémens ; ils font où corps & compolés de ces trois principes; ou ils font élémens , un & efprit, & contiennent les aftres d'où naïflent comme d’une mer ou d’un abime les fruits des élémens. | Notre feu n’eft pointun élément, ilconfume tout , tout meurt par lui ; maisle feu , premier & quatrie- me élément , quicontient tout, comme la coque en- veloppe l'œuf, c’eft le ciel, Un élément n’eft ni ne peut être féparé de tout autre; 1] y a en tout combinaifond’élément. Les aftres des élémens font les germes ; il y a qua- tre élémens ; il y a deux chofes toujours unies, le corps & l’aftre, oule vifible & linvifible ; le corps naît & s'accroît de l’aftral , le vifible de linvifble ; ilrefteenlui; & c’eft ainfi que fe propagent & mul- tiplient les puifflances ou vertus invifibles , les fe- mences , les aftres; elles fe diftribuent fous une in- finité de formes diverfes ; elles fe montrent en une infinité d'êtres, par le moyen du corps vifble. Lorfqu’une femence , un germe, ou unañftre meurt ou fe corrompt dans fa matrice ; auffitôt il pafle dans un nouveau corps & fe multiplie : car toute corrup- tion eft caufe d’une génération. Voila la raïfon pour laquelle les chimiftes ontre- cours à k putréfaétion ; c’eft ainfi qu'ils obtiennentla régénération , dans laquelle les trois élémens fe ma- nifeftent avec toutes leurs propriétés fecrettes. Les trois élémens premiers font unis dans tout corps ; c’eft cette union qui conftitue le corps fain ; la fanté ef la température de l’union ;oùelle n’eft pas ou s’altere, la maladie s’introduit , & avec elle le principe radical de la mort. Les maladies font ou élémentaires, ou aftrales & firmamentales; celles-ci naïfient du firmament ou ciel de l’homme ; celles-là, de fon germe ou de fes aftres, L'homme THE L'homrie eu évard À fon corps, a un double ma- gnétifme; ung portion tire à foi les aftres & s’en nourrit , de là la fagefle, les fens., les penfées ; une partie tire à foi les élémens & s'en répare, de-là la chair &c le fang. - Le firmament eft cette lumiere de nature qui influe naturellement fur l'homme. | Les aftres ou les élémens qui font efprits, n’ont point de qualité; mais ils produifent tout ce qui à qualité. | Les maladies ne fe guériflent point par les contrai- res; 1l ne s’agit pas de chafler de l’homme des élé- mens. Il faut pofléder des arcanes ; il faut avoir en fa difpofition les aftres ; il faut avoir appris par la chimie à les réduire de la matiere derniere à la ma- tiere premiere, Les aftres n’ont ni froid ni chaud aétuel. L’efprit de Dieu habite au milieu de nos cœurs. Nulle connoïffance ne reftera. perpétuellement dans l’ame, que celle qui a été infule au-dedans , & qui réfide dans Le fein de l’entendement. Cette con- noïflance eflentielle n’eft ni du fang , ni de la chair, ni de la le@ure, ni de l'inftruétion, ni de la raifon; c’eft une pañlion ; c’eft un acte divin; une impreffion de l’être infini fur l'être fini. L'homme a poflédé tous Les avantages naturels & furnaturels; mais ce caractere divin s’eft obfcurci par le péché. Purgez-vous du péché, & vous le recou- vrerez en même proportion que vous vous purifie- rez. | La notion de toutes chofes nous eft congenere ; tout eft dans l'intime de l’elprit : 1l faut dégager l’ef- prit des enveloppes du péché, & fes notions s’éclair- ciront. L’efprit eft revétu de toute fcience , maïs il eft ac: cablé fous le corps auquel il s’unit; mais il recouvre fa lumiere par les efforts qu'il fait contre ce poids. Connoïffons bien notre nature & notre efprit; & ouvrons l’entrée à Dieu qui frappe à la porte de notre: cœur. De la connoïffance de foi naît la connoïfflance de Dieu. Il n'aura que celui que Dieu inftruira lui-même qui pue s’eléverà la vraie connoïflance de l'univers: La philofophie des anciens eft faufle ; tout ce qu'ils ont écrit de Dieu eft vain: : Les faintes écritures font labafe detoute vraie phi- lofophie; elle part de Dieu & y retourne. Larenaif- fance de homme eft néceflaire à la perfeéion des arts: or il n’y a que le chrétien qui foit vraiment ré- généré. Celui qui fe connoît , connoît implicitement tout en lui, & Dieu qui eft au-deflus de l’homme , & les anges qui font à côté de Dieu ; & le monde qui ef au-deflous , & toutesles créatures qui le compoñent. L'homme ef la copule du monde. ika été formé du Hmon de la terre , où de l’eflence très-fubtile dela machine univerfelle, extraite & concentrée fous for- me corporelle par le prandfpasirifte. L'homme par fon corps repréfente le macrocofme fenfible & temporel; par fon ame, le grand archety- pe. Lorfqu'il eut en lui les propriétés des animaux, des végétaux & des minéraux, le fouffle de Dieu y furajouta lame. Dieu eft le centre & la circonférence, on l'unité detout ce qu’il a produit, tout émane de Dieu ; il comprend, il pénetre tout. L'homme, À limitation de Dieu, eft le centre & la circonférence , ou l'unité des créatures; tout eft relatif à lui, & verfe fur lui fes propriétés. L'homme contient toutes les créatures, &ilre- porte avec lui à la fource éternelle tout ce qui en eft primitivement émané, Il y a dans l’homme deux efprits; l'un du firma- Tome XF, THE 357 ment & fideté; l’autre qui eft le foufle du tout-puif. fant ou l’ame. L'homme ef un compofé du corps mortel, de Pef. prit fideré & de l'ame immortelle. L’ame eft l'imagé de Dieu, & fon domicile dans l'homme. . L'homme a deux peres; l’un éternel, l’autre mor: tel: lefprit de Dieu & l’ünivers. Il n’y a point de membre dans l'hotime qui ne correiponde à uñ élément, une planete, une intellià gence ; une méfure, une raifon dans larcherype. L'homme tient des élémens Le corps vifible, enve: loppe & téjour de l'ame; du ciel où du firmament ; le corps invifible ; véhicule de lame, fon lien avec le corps vifibles : & … , M L'ame pafle par lé moyen du corps invifible, en conféquence de l’ordre de Dieu, à l’aide des intelli- gences, au centre du cœur , d’où elle fe répand dans toutes les autres parties du corps: Ce corps éthéré & fubül, participe de la nature du ciel; ilimite dans fon cours celui du firmament ; :f en attire à lui les influences. Ainf les cieux verfent fur l'homme leurs propriétés, l'en pénetrent, & lui communiquent la faculté de connoître tout. Il y a trinité & unité dans l’homme, ainf que dans Dieu; l’homme eft un en perfonne ; il eft triple en effence : il y a Le foufle de Dieu ou l’ame, l'efprit fi- deré & le corps: “y a auifitrois cieux dans l’homme ;il cortefpond à trois mondes, ou plutôt il eft le modele le plus par- fait du grand œuvre, ou de la complexion générale des chofes. Citoyen de trois mondes, il communique avec l’archetipe, avec les anges, avec les élémens. Il communique avec Dieu par le foufle qu'il en à reçu. Ce foule ÿ a laïffé le germe de fonorigine; aufii n'y a-t-il rien en Phomme qui n'ait un caraétere di: vin, I communique avec les anges par le corps invif- ble ; c’eft le lieu de fon commerce poffble entre eux & lui, Il communique avec Punivers par fon corps vifi- ble. Il a les images des élémens; les élémens ne chan: gent point. La conformité des images que l’homme en a eftinaltérable : c’eft ainfi que la notion qu'il & des végétaux & des minéraux et fixe: Le corps fideré eft le génie de l’homme, fon lare domeftique ,fon bon démon, fon adech interne, fon éveftre ; l’origine de preflentiment , la fource de la prophétie. h En tont laftre ; le corps invifible ou l’efprit, quoi: que privé de raifon ; agit en imaginant & en infor mant: c’eft la même chofe dans l’homme. E’imagination eft corporelle ; cependant exaltée ; échauffée par la foi, elle eft la bafe de la magie. Elle peut fans nuire à l’efprit aftral, engendrer produire des corps vifibles; & préfente ou abfente ; exécuter des chofes au-deflus de lintelligence humaine. Voilà Porigine de la magie naturelle , qui veut être aidée par l'art ; elle peut faire invifiblement tout ce que la nature fait vifiblement, L'homme eft la quintefcence du macrocofme ; il peut donc imiter le ciel, il peut même le dominer & l: conduire. Tout eft foumis au mouvement , à l’é- nergie , au defir de fon ame. C’eftla force de l'arche: type qui réfide en nous ; qui nous éleve à ini, & qui nous aflujettit la créature &c la chaîne des chofes cé- leites. | La foi naturelle infufe nous affimile aux efprits c’eft le principe des opérations magiques , de l’éner- gte de l'imagination & de toutes fes merveilles. L’imagination n’a de l'efficacité que par l'effet de fa force attraétive fur la chofe conçue. Il faut que cette force foit d’abord en exercice; il faut qu’elle fe féconde, par la produ&ion d’un ni a delà 258 THE chofe. Ce fpeltre fe réalife enfuite ; c’eft à céqu'on appelle l'ert cubaliflique.. wr L'imapination peut produire par Part cabalhiftique, tout ce que nous voyons dans le monde, Les trois moyens principaux de Part cabaliftique ; font la priere qui unit l'efprit créé à lefprit ancrée ; la foi naturelle 8&c l’exaltation de Pimagination. Les hommes à imagination trifte & puñllanimes font tentés & conduits par l’efprit immonde. L’ame purifiée par la priere tombe fur Les corps comme la foudre; elle chaffe les ténebres qui les en- veloppe , & les pénetre intimement. La médecine réelle &fpécifique des maladies ma- térielles, confifte dans une vertu fecrette, que le verbe a imprimée à chaque chofe en la créant. Elle n’eft ni des aftres, ni du concours des atomes,, ni de la forme des corps, ni de leur mixtion. Il faut diftribuer toute la nature inférieure en trois claffes principales, les végétaux, les animaux & les minéraux: Chacun de ces regnes fournit une multitude iné- puifable de reflources à la médecine, On découvre dans ces axiomes le premier germe de la théorie chimique; la diftinGtion des élémens ; la formation des mixtes ; la difficulté de leur décom- pofition; l’origine des qualités phyfiques ; leurs aff nités ; la nature des élémens qui ne font rien en uni- té, tout ce qu'il plaît à la combinaïifon en maffe, à plufieurs autres vérités dont les fuccefleurs de Para- celfe ont tiré bon parti. Mais cet homme étoit do- miné par fon imagination; il eff perpétuellementen- veloppé de comparäifons , de fymboles , de méta- phores , d’allégories ; créateur de la fcience , & plein d'idées nouvelles pour lefquelles il manquoit de mots , ilen invente qu'il ne définit point. Éntrainé par le fuccès de fes premieres découvertes, 1l n’eft rien qu'il ne fe promette de fon travail. Il fe livre aux accefloires d’une compataifon comme à des vé- rités démonttées. À force de multiplier Les finulitu- des , il n’y a fortes d’extravagances qu'il ne débite: Ïl en vient à prendre les fpeëtres de l’imagination, pour des produétions réelles. Il eft fou, êc il prefcrit . férieufement la maniere de le devenir ; 6c il appelle cela s'unir & Dieu, aux anges, 6 zmmiter da nature. Gilles Gushmann & Jule Sperber enchérirent dur Paracelfe. Voyez l'ouvrage qué le premier a publié fous letitre de: Reveatio divinæ majeflatis , qué ex- plicatur quo paëlo in principio omnibus ele Deus crea- suris Juis, & verbo, & faëlo manifelaverit , € qua ra- tioncopera fua omnia, eorumque virtutem, aftribu£a ; G operationes fcripto brevi eleganter comprehenderit , atque primo homini ad fuum imaginenfabipfo condiro tradi- derit, Et l'écrit du fecond qui a paru fous celui de: Tagoge in veram triunius Dei 6 naturæ COgTiitLOnIEe C’eft un fyftème de platonico-pithagorico-péripati- co-paracelfico-chriftianifme. : Valentin Weigel, qui parut dans le quinzième fie- cle, laiffa des ouvrages de héofophie , quifirent grand bruit dans le feizieme & dix-feptieme. Il prétendoit que les connoïflances ne naïfloient point dans l'hom- me du dehors; que l’homme en apportoit en naïflant les germes innés ; que le corps étoit d’eau 8 deterre; Pame, d’air&c de feu ; & l’efprit, d’une fubftance aftrale. Il foumettoit fa deftinée aux influences des cieux ; il difoit que par la lumiere de la révélation, deux contradiétions fe pouvoient combiner. Leib- nitz, qui lui accordoit du génie , lui reproche un peu de fpinofifme. Robert fut dans le xvij. fiecle, ce que Paracelfe avoit été auxvj.Jamais on n'extravagua avec tant de talent, de génie, de profondeur, &c de connoïfian- ces. Celui-ci donna dans la Magie, la Cabale , PA- ftrolovie ; fes ouvrages font un cahos de phyfique , de chunié, de méchanique, de-médecine, de latin, M GE de grec, & d'érudition; mais fi bien brouillé., que ie leéteur le plus opiniâtre s’y perd. : | Boehmius fut fuccefivement pâtre, cordonnier, êc chéofophe : voici les principes qu'il s’étoit fait; 1l difoit : Dieu ef l’eflence des eflences ; tout émane de lui; avant la création du monde, foneffence étoit la feule chofe qui fût; il en a tout fait; on ne conçoit dans lefprit d’autres facultés que celles de s'élever, de couler, de s’infinuer, de pénétrer, de fe mouvoir, & de s’engendrer. Il y a trois formes de génération, Vamer, lacerbe, & le chaud; la colere & l’amour, ont unmême principe; Dieu n’eftnianier, niacer- be, ni chaud , ni eau, ni air, niterre; toutes chofes font de ces principes, & ces principes font de fni ; 11 n’eft ni la mort ni j’enfer ; ils ne font point en lui; ils font de lui. Les chofes font produites par le foufre, le mercure & le fel; on y difingue lefprit, la vie, &t l’aétion ; le fel eft Pame , le foufre la matiere pre- miere. Le refte des idées de cet auteur font de la mème force , & nous en ferons grace au leéteur : c’eft bien ici le lieu de dire, qu'il n’eft point de fou quine trouve un plus fou qui l’admire. Bochmius eut des feétateurs, parmi lefquels on nomme Quirinus Kuhl- mann, Jean Podage, &c Jacques Zimmermann. Ils prétendoient tous que Dieu n’étoit autre chofe que le monde développé: ils confidéroient Dieu fous deux formes, & en deux périodes de tems ; avant la création & après la création ; avant la création, tout étoit en Dieu ; après la création , il étoit en tout; c’é. toit un écrit roulé ou déplié; ces idées finguheres n’étoient pas nouvelles. Jean-Baptifte Van-helmont naquit à Bruxelles en 1474 ; il étudia les Lettres, les Mathématiques , VA- ftronomie ; fon goût, après s’être porté légerement fur la plüpart des fciences &c des arts, fe fixa à la Médecine & à la Chimie; il avoit reçu de la nature de la pénétration ; perfonne ne connut mieux le prix du tems; ilne perdit pas un moment; il pafla dans fon laboratoire tous les inftans qu'il ne donna pas à la pratique de la Médecine ; il fit des progrès furpre- nans en Chimie ; ilexerça l'art de guérirles maladies avec un fuccès incroyable ; fonnom a été mis à côté de ceux de Bacon, de Boyle , de Galilée, & de Def cartes. Voici les principes de fa Philolofophie. Toute caufe phyfique efficiente m’eft point ex- térieure , mais intérieure, effentielle en nature. Ce qui conftitue, ce qui agit, la caufe intérieure , je l'appelle archée, | Il ne faut à un corps naturel, quel qu'il foit , que des rudimens çorporels; ces rudimens font fujets à des vicifitudes momentanées. Il n’y a point de privation dans la nature. Il n’y faut point imaginer une matiere indétetmis née, nue, premiere; cette matiere eft impoñble. Il ny a que deux caufes , l’efficiente &c la maté- rielle. | Les chofes particulieres fuppofent un fuc séréri que , & un principe féminal, efficient, générateur; la définition ne doit renfermer que ces deux élé- mens. | L'eau eft la matiere dont tout ef fait. Le ferment féminal & générateur éft le rüdiment par lequel tout commence &+ fe fait. Le rudiment ou le germe, c’eft une même chofe, Le ferment féminal eft la caufeefficiente du germe. La vie commence avec la produétion du gerrne. Le ferment eft un être créé; il n’eft ni fubftance, ni accident ; fa nature eft neutre; il occupe dès le commencement du monde les lieux de fon empire; 11 prépare les femences ; il les excite ; il Les précede. Les fermens ont été produits parle Créateur; ils dureront jufqu’à la confommation des fiècles ;'ils fe “effets. LA AO =, L’eaueft l'uniquecaufe matérielle des chofes ; elle a enelle la qualité imitiante ; elle eft pure; elle eft Simple ; elle eftréfoluble;-éc tous les corps peuvent s'y réduire comme à une.matiere defniere, : Lefeua été deftiné à détruire, & non à engent- tirer; fon origine n'eftpoint féminalé , mais partieue here; ileft entre les chofes créées, un être un, fin- guler 8 incomparable. Entre les caufes eficientes en nature, les unes font efficiemment efficientes; les autres efedive- ment; les femences & leurs efprits ordinateurs, com. pofent la premiere clañe ; les réfervoirs &r les orga- nes immédiats des femences , les fermens qui dfpo- fent extérieurement de fa matiere, les palingénéfies compofent la feconde. . Le but de tout agent naturel eft de difpofer la ma- fiere qui luieft foumife, à une fin qui lui eit connue, êt qui eft déterminée, du-moins quant à la géné- tation. ; | | Quelque opaques & dures que foient les chofes, elles avoient avant cette folidité que nousleur re: marquens , une vapeur qui fécondoit la femence , & Qui y traçoit lespremiers linéamens déhiés & fubtils de la génération conféquente. Cette vapeur ne fe fé. pare point de l’éngendré ; elle le fuit jufqw’à ce qu’il difparoïfle de la {cené ; cette caufe efficiente intéz rieure eft l’archée, Ce qui confhtue l’archée , c’eft l'union de l’aure féminale, comme matiere, avec l’image féminale, ou le noyau fpirituel intérieur qui fait & contient le principe de la fécondité de la femencé ; la femence Vifible n’eft que la filique de larchée. L’archée auteur & promoteur dela génération, fe revétit promptement lui-même d’une enveloppe corporelle : dansles êtres animés , 1l fe meut dans les replis de fa femence ; il en parcourt tous les dé- tours & toutes les cavités fecretess 11 commence À transformer la matiere, felon Pentéléchie defonima= ge, 6til refte le difpofiieur,'le maître, & l'ordi nateurinterne des effets, ju{qu’à la deftrudion der: niere, | | | Une conclufion forme.une opinion, & non une démonftrarion. +. Il préexiite néceffairement en nous la connoiffan: ce de la convenance des termes comparés dans le fyllogifme avant la conclufion ; en forte qu’en géné ral je favois d'avance ce qui eft contenu dans la con- clufion, & ce qu’elle ne fait qu'énoncer, éclaircir, & développer: | .… La connoïffance qite nous recevons par la démon- ftration, étoit antérieurement en nous; le fyHogifme la rend feulement plus diftin@e , mais le doute n’eit jamaïs entierement diffipé; parce que la conclufion fuit Le côté foible des prémifles. | La fcience eft dans l’entendement comme ün feu fous la cendre, qu'il peut écarter de lui-même , fans le fécours des modes &c des formes fyllogiftiques. La connoïflänce de la conclufion n’eff pas renfer- mée néceflairement dans les prémifles. | Le fyllogifme ne conduit point à l'invention des Sciences ; 1} diflipe feutement les ténebres qui les couvrent, + Les vraies fciences font indémontrables ; elles n°é- manent point de la démonftration. | La méthode des Logiciens n’eft qu’un fimple rez fumé de ce qu’on fait. Le but de cette méthode fe termine donc à tranf: mettre fon opinion d’unemaniere claire & difinde à celui qui nous écoute, &à réveiller facileinent en Tone AVI, THE 5 LR à ; D Ér Ar 1 2 F OT lui la rémiifcerice, par a force dela connex:où Fa 2 F. eV AE Pole cet TM ga ÿ. . " \ ! EL LE ÿ 4 quighorance 6c erreur dans Ja phyfatré d'Arifiote (es de Galen; il ut recourir à des prince pes plus folidés: : : Sie ; : , Lan ni #9" pod EME ever A Me 2 Le ciel, la terre 8x Peau , Ont été dans le commet. Cement la matiere créée de tous les êtres fiturs ; le ciel contenoit l’eau & la vapeur fécondante on Pame. : Jne faut pas compter le feu parmi les élémenss ‘on ne voit point qu'il ait été créé. | La terre iveit point une partie dû mixte: elle n’eft point la mere, mais lamatrice des Corps. L'air 82 l’eau ne convertiflent rien en eux. . Au commencement la terre étoit continue , indie vifée ; une feule fource larrofoit; elle fut féparée en portions diverfes parle déluge. | L'air & l'eau ne fe convertiffent point l'uñ en l'autre, . Le globe, compofé d'eau & de terré ; ef rond : il va d’orient en orient par l’occident ; il eft rond dans le fens de {on mouvement, elliptique d’ailleurs, … Le gas & le blas font deux rudimens phyfiques que les anciens n’ont point connus ; le gas eft uné exhalaifon de l’eau, élevée pat le froid du mercure, Étatténuée de plus en plus par la défficcation du {ou- fre, le blas eft le mouvement local & alternatif des étoiles : voilà Les deux caufes initiantes des météores, L'air eft parfemé de vuides ; on en donne la dé monfration méchanique par le feu. | Quoique les porofités de l'air foient actuellement: vuides de toute matiere, ïl Y a Cependant un être créé & réel; ce n’eft pas un lieu puri mais quel- que chofe de moyen entre l’efprit & la matiere ; qui n'eft ni accident ni fubftance, un neutre, je Pappelle mnapneale, MATE | | Le magnale w’eft pointlumiere, c’eft une certaine forme une à air, les mélanges font des produits ma: tériels de Feau feule,il n’y a point d’autre élément r Ôtez la femence ; & le mercure fe réfoudra en Uuné eau infpide; les femences, parties fimilaires des con. crets, fe réfolvent en fel, en foufre, & en mercure, - Le ferment qui empreint de femence la mañle ; n’eéprouve aucune viciffitude féminale. Ïl'y a deux fortes de fermens dans fa nature ; l’un contient en lui-même l’aure fluante ; l’archée {émis nal qui tend dans fon progrès à l’état d’ame vivante 5 l'autre eft le principe initiant du mouvement ou de la génération d’une chofe dans une chofe. Celui qui a tout fait de rien , crée encoré la voie 5 Potigine , Ja vie & la petrfethon en tout : l’effet des cautes fecôndes n’eft que partiel. Dicu créa les hommes de rien. rs: Dieu eft effence vraie, parfaite & aQuelle dé tout. Les effences des chofes font des chofes ; ce n’eft pas Dieu. Lorfque la génération commence » l’archée n’eft pas lumineux; c’eft une aure où la forme, la vie, l'ame fenfitive du générateur eft obfcute, jufqu’à ce que dans le progrès de la génération il s’éclaire & imprime à la chofe une image diftinéte de fon’ éclat: Cette aure tend par tous les moyens poffibles à organifer le corps & à lui tranfmettré fa lumiere & toutes les qualités qui en dépendent; elle s’enflammé de plus en plus; elle fe porte avec ardeur für le corps ; elle cherche à l’informer & à le vivifier: maie cet effet n’a lieu que par le concours de celui qui eft la vie; la vérité &lalumiere - - bé code Lorfqu’un être a conçu l’archée, il eff én lui le gais dien de la vie, le promoteur des tranfmutations des puis la premiere qufqu’à la derniere. | Il'y a de la convenance entre les ärchées, par leut qualité vitale commune & par leur éclat; maisilsne fé reçoivent point réciprogtiément ; ils ne fe trous blent poïat dans leur ordre & leur diftri&. Kki mas sen 260 THE La vicifitude en nature n’eft point Peflet de là matiere, mais du feu. La corruption eft une certaine difpoñtion de la “matiere conféquente à lextindion du feu recteur; ce n’eft point une pure privation, fes caufes font poftives. Ce font les fermens étrangers qui introduifent {a corruption ; c’eft par eux aw’elle commence , fecon- tinue, & s’acheve. | Entre les chofes, les unes périflent par la difhipa- tion du Baume de nature, d’autres par la corruption , La nature ignore &c n’admet sien de contraire à fon vœu. LH y a deux-blas dans Phomme , Jun mu naturelle- ment , Pautre volontairement, La chaleur n’eft point la caufe_ efficiente de la digeftion , qu’elle excite feulement. Le ferment fto- machique eff la caufe eficiente de la digeftion. La crainte de Dieu eft le commencement de la fagefle. L’ame ne fe connoit ni par la raifon nipar des images : la vérité de Peffence & la vérité de l’enten- dement fe pénetrent en unité & en identité; voilà pourquoi l’entendement eft un être immortel, Il y a plufeurs fortes de lumieres vitales. La lu- miere de l'ame -eft une fubftance {pirituelle, une matiere vitale & lumineufe, Ceux qui confondent notreidentité avec Piammen- lité de Dieu, & qui nous regardent comme des par- ties de ce tout, font des athées. L’entendement eft uni fubftantiellement à la vo- lonté qui n’eft ni puiflance ni accident, mais lumiere, eflence fpirituelle, indivife, difliméte de l’entende- ment par-abftraition. | Il faut reconnoître dans l’ame une troifieme qua- lité, l'amourou le defir de plaire. Ce neft point un aëte de la volonté feule ni de l’entendement feul, mais de l’un & de l’autre conjointement. L’efprit eft un aéte pur, fimple, formel, homoge: ne, indivis, immortel, image de Dieu, incompré- henfible, où tous les attributs qui conviennent à fa nature font raflemblés dans une unité. L’entendement eft la lumiere de l'efprit, & lef- rit eft l’entendement éclairé ; il comprend, il voir, 1l agit féparément du corps. L’entendement eff lié aux organes du corps ; il eft foumis aux adions de l'ame fenfitive : c’eft par cette union qu'il fe revêtit de la qualité qu'on appelle IRAgINAION. Il n’y a rien dans l'imagination qui wait été aupa- avant dans la fenfation ; les efpeces intellectuelles font toutes émanées des objets fenfibles. La force intelligente concourt avec la faculté phan- taflique de lame fenfitive, fur le caraétere de l’or- gane , & lui efl foumife. L’ame a fon fiége particulier à l’orifice fupérieur de l’eftomac ; la mémoire a fon fiége dans le cerveau. L’entendement eft effentiel à l'ame ; la volonté ëc la mémoire font des facultés caduques de la vie fen- fitive. L’entendement brille dans la tête, mais d’une [u- miere dépendante de la liaïfon de lame avec le corps, & des efprits étherés. L'intelligence qui naît de l'invention & du juge- ment, pañle par une irradition quife fait de orifice de leftomac au cerveau. | L’orifice de l’eftomac eftcomme un centre d’où J’ame exerce fon énergie en tout fens. ” Lame, image de la Divinité, ne penfe rien prin- cipalement, ne connoit rien intimement, ne con- temple rien vraiment que Dieu, ou Punité premiere, à laquelle tout le refte fe rappotte. "Si une chofe s’atteint par le fens ou par la raïfon, €e ne {era point encore une abftraétion pure & com- plette, - —: . THE Le moyen d'atteindre à l'abftraion pute & com. plette eft très-éloigné ; il faut être féparé de Parten: tion àtoutes chofes créées, &c même incréées; 1 faut que Paétivité de lame foit abandonnée à elle-même: qu'il n’y ait aucun difcours ni intérieur ni extérieurs aucune aétion préméditée, aucune contemplation dé- terminée ; 1l faut que l’ame n’agiffe point, qu’elle. attende dans un repos profond linfluence gratuite d’enhaut ; qu'il ne lui refte aucune impreffion qui la ramene à elle ; qu’elle fe foit parfaitement oubliée ; en un mot qu'elle demeure abforbée dans une inexif- tence, un oubli, une forte d’anéantiflement qui la rende abfolument inerte & pañive. Rien ne conduit plus efficacement & plus parfaite ment à ce dépouillement, à ce filence, à cette priva- tion de lumiere étrangere ; à ce défaut général de diftraétion, que la priere,, fon filence &c fes délices: exercez-vous à l’adoration profonde. Dans cette profondeur d'adoration lame fe per- dra, les fens feront fufpendus , les ténebres qui en: . veloppent {e retireront , &c la lumiere d’enhaut s’y réflechira : alors il ne lui reftera que le fentiment de l'amour qui occupera toute entiere, | Nous pourrions ajouter beaucoup d’autres propo= fitions tirées des ouvrages de cet auteur à celles qui précedent , mais elles ninftruiroient pas davantage. D'ailleurs ce Van-helmont s’exprime d’une maniere fi obfcure & fi barbare, qu'on eft bientôt dégoûté de le fuivre, & qu’on ne peut jamais fe promettre de le rendre avec quelque exattitude. Quw’eft-ce que fon blas, fon gas, & {on archée lumineux? qu’eft-ce que cette méthode de s’abrutirÿpour s’unir à Dieu de fe {éparer de fes connoïffances, pour arriver à des découvertes, & de s’afloupir pour penfer plus vive- ment? Je conjecture que ces hommes , d’un tempérament fombre & mélancolique , ne devoient cette pénétra- tion extraordinaire & prefque divine qu’on leur re- marquoit par intervalles , 8 qui les conduifoit à des idées tantôt fi folles, tantôt fi fublimes , qu’à quel- que dérangement périodique de la machine. Ils fe croyoient alors infpirés &c ils étoient fous : leurs ac- cès étoient précédés d’une. efpece d’abrutifflement , qu'ils regardoïent comme l’état de l’homme fous la condition de nature dépravée. Tirés de cette léthar- sie par Le tumulte füubit des humeurs qui s’élevoient en eux , ils imaginoient que c’étoit la Divinité qui defcendoit , qui les vifitoit , qui les travailloit; que le foufile divin dont ils avoient été premierement animés, fe ranimoit fubitement & reprenoit une portion de fon énergie ancienne & originelle, & ils donnoient des préceptes pour s’acheminer artificiel- lement à cet état d’orgafme & d’ivrefle où ils fe trou- voient au-deffus d'eux-mêmes & qu'ils reerettoients femblables à ceux qui ont éprouvé l’enchantement &le délire délicieux que lufage de Popium porte livreffe, ftupides dans le repos , fatigués , accablés ; ennuiés , ils prenoient la vie commune en dépoütz ils foupiroient après le moment d’exaltation, d’inf- piration, d’aliénation. Tranquilles ou agités, ils fuyoient le commerce des hommes, infupportables à eux-mêmes ou aux autres. O que le génie & la folie {e touchent de bien près! Ceux que le ciel a fignés en bien & en mal font fujets plus ou moins à ces fymptomes : ils les ont plus ou moins fréquens , plus ou moins violens. On les enferme & on les enchaï- ne, ou on leur éleve des ftatues : ils prophétifent où {ur le trône, ou fur les théatres, ou dans les chaires; ils tiennent l’attention des hommes fufpendue ; ils en font écoutés, admirés, fuivis , ou infultés, ba- foués, lapidés ; leur fort ne dépend point d'eux, mais des circonftances dans lefquelles 1ls fe montrent. Ce font les tems d'ignorance & de grandes calamités dans l’imagination & dans les fens, heureux dans cs qui les font naître: alors les hommes qui Le croÿent pourfuivis par la Divinité, fe faflemblent autour de ces efpeces d’infenfés, qui difpofent d'eux. Îls ordonnént des facrifices, & ils font faits ; des prières, St l’on prie; des jeünes, & l’on jeûne; des meur- tres, & l’on égorge; des chants d’allegrefle & de joie , & l’on fe couronne de fleurs & l’on dante & Von chante ; des temples, & l’on en éleve; les en- treprifes les plus defefpérées, &c elles réuffiffent; ils meurent, &c 1ls font adorés. Il faut ranger dans cette claffe Pindare, Efchile, Mahomet, Shakefpear, Roger Bacon, & Paracelfe. Changezlesinftans, & celui qui fut poëte eût été ou magicien, ou prophete, ou ié: grflateur. O hommes à qui la nature a donné cette grande & extraordinaire imagination , qui criez, qui fubjuguez , que nous qualifions infenfés ou fages, quieft-ce qui peut prédire votre deftinée ? Vous na- quites pour marcher entre les applaudiflemens de la terre ou lignominie , pour conduire les peuples au bonheur ou au malheur, & laïfler après vous letranf- port de la louange ou de l’exécration. , François - Mercure Van-helmont , fils de Jean- Baptifte, naquit en 1518 ; il n'eut ni moins de génie, ni moins de connoïflances que fon pere. [l pofféda les langues anciennes & modernes , Orientales & eu- ropéennes. Il fe livra tout entier à la Chimie & à la Médecine , & 1l fe fit une grande réputation par fes découvertes & par fes cures. 11 donna éperdument dans fa cabale & la shéofophie. Né catholique, il fe fit quaker. Il n’y a peut-être aucun ouvrage au monde qui contienne autant de paradoxes que fon ordo Je- culorum. Ile compofa à la follicitation d’une femme qui lécrivit fous fa dictée. Pierre Poiret naquit à Metz en 1546 de patens “pauvres, mais honnêtes. Il étudia autant que fa fanté le lui permit. [fut fucceffivement fyncretifte , éclec- tique, cartéfien, philofophe, théologien 8 rhéo: Jophe, Attaqué d’une maladie dangereufe , il ft vœu, s’il en guérifloit, d'écrire, en faveur de la religion, contre les athées & les incrédules. C’eft À cette cir- Confiance qu'on dut l'ouvrage qu’il publia fous Le ti- tre de cogztationes rationales de Deo , animé 6 malo, I fit connoïffance étroite à Hambourg avec la fameufe Antomette Bourignon , qui l’entraina dans {es fenti. mens de myfticité. Il attendit donc, comme elle »Til- lumination pañive, & il fe rendit l'apolosifte du f- lence facré de l'ame & de la fufpenfon des fens ; & le détraéteur de la philofophie & de la raifon. Il mou rut en Hollande âgé de foixante-trois ans, après avoir. pañlé dans la retraite la plus profonde , les dernieres années de fa vie : entre les qualités de cœur & d’ef- prit qw’on lui reconnoït , on peut louer fa tolérance. Quoiqu'il fût très-attaché à fes opinions relipieufes, il permettoit qu’on en profeffit librement de contrai. res ; ce qui fuffit feul pour caradérifer un honnête homme & un bon efprit, Ce fut dans cetems, au commencement du XViJ. fiecle , que fe forma la fameufe fociété des rofe-croix, ainfi appellée du nom de celui qu’elle regarda comme {on fondateur ; c’étoit un certain Rofencreuz , né en Allemagne en 1388. Cet homme fit un voyage en Paleftine, où 1l apprit la magie , la cabale , la chimie & l'alchimie, Il fe fit des afociés , à qui 1l confia fes fecrets. On ajouta qu’il mourut âgé de cent vingtans. L’aflociation fe perpétua après {a mort, Ceux qui la compofoient fe prétendoient éclairés d’en-haut. Ils avoient une langue qui leur étoit propre, des arca- nes particuliers ; leur objet étoit la réformation des mœurs des hommes dans tous les états, & de la {cience dans toutes {es branches ; ils poflédoient le fecret de la pierre philofophale & de la teinture ou médecine univerfelle, Ils pouvoient connoître le pañlé & prédire l'avenir, Leur philofophie étoit un mélange obfçur de paracelfifme & de chéofophi, Les PFHE 361 LA bear 1 3" ap 4 vase HE : Merveilles qu'ils difoient d'eux , leur ättachetent beaucoup de feétateuts, les uns fourbés les PR autres dupes. Leur {ociété répandue par toute! a terté na | Voit point de centre, Delcartes chercha Partout des Rofe:croix , 8 n’en trouva point. Cependant on pu= blia leurs ftatuts : mais l’hifloire des Rofe-croix s'eft tellement obfeurcie depuis que l'on regardé pref: qu'aujourd'hui ce qu’on en débitoitautrefois commé autant de fables, «7 Pa Il fuit de ce que précede qui les Théojophès 6nt été des hommes d’une imagination ardeñte ; qu'ils ont corrompu la Théologie, obfcuréi la Philofo pluie, ôt abuté de leurs connoïfiances chimiques, & qu'il eft dificile de prononcer s'ils ont Plus nui que fervr au progrès des connoïflances humaines! I y a encore quelques chéofophes parmi fous, Ce font des gens à demi-inftruits , entêtés de rapporter aux faintes: Ecritures toute l’érudition ancienne &' toute la ‘philofophie nouvelle ; qui deshoñorent la révélation par la ftupide jaloufie avec laquélle ils défendent les droits ; qui retréciffent autant qu’il eft en eux empire de la raifon, dont ils nous interdi- rotent volontiers l'ufage ; qui {ont toujours toit prêts à attacher l’épithete d’héréfie à toute hypothefe nou velle ; qui réduiroïent volontiers toute conñoïflance à celle de la religion ; 8: toute ledure aux livres de l’ancien & dunouveau Teftament, où ils voient tout: ce quin’y eftpas & rien de ce quiy eft; qui ont pris en averfon la Philofophie &c les Philofophes , & qui réufhroient à éteindre parmi nous lefprit de décous: vertes &c de recherches , 8 à nous replonger dans la barbarie , file gouvernement les appwioit, comme ils le demandent. Het | L THÉOXENIES., ff. pl (Ana. greg.) SeoËye : fête folemnelle des Athéniens où lon facrifioit à tous les dieux enfemble. Elle eft aiifi nommée » Parce qu’on y fafoit des préparatifs comme Pour recevoir à un feflin tous les dieux, Fapa ve Éeviye rêe ee. On célébroit auf la même fête dans d’autres villes de Grece: : | | On en attribue linftitution à Caftor & à Polluxi Le fcholiafte de Pindare rapporte que les diofcures avoient inftitué les théoxénies , pour célébrer la mé- moire de FPhonneur que les dieux avoient daigné leur faire , d’aflifter à un feftin qu'ils avoient Préparé, Les poëtes, pour infpirer l’hofpitalité envers les étrangers , affürotent. qu’on POuvoit d’autint moins s’en difpenfer , que les dieux revêtus de la forme hu maine venoient quelquefois vifiter la terre ; pour obferver les mœurs des hommes, C’eft pourquoi Té- lémaque reçut Minerve dans fa maifon fans la con- noiître , ce dont il fut bien récompenfé, Au contraire Jupiter ; humana lufrans fub imagine tèrras, pour me fervir des termes d'Ovide , vint aborder chez Ly= caon qui refufa de Le recevoir , &il le changea en loup à caufe de fon inhumanité, En un mot , tout, chez les paiens, infpiroit cette vertu de bienfaifance. S. Paul , en recommandant d’autres devoirs aux Hé. breux , xiij. 2. y joint celui-ci : N ‘oubliez point Phofe Pitalité, car quelques-uns ont logé des anges, La loi des peuples de la Lucanie condamnoitàl’amende celuiqui manquoit à cette charité; onluiintentoit l’adion d’in- hofpitalité | & l'amende étoit au profit de Jupiter hofpitalier. | Quand chez les anciens un étranger demandoit à être reçu , le maître de la maifon fe préfentoit ; il mettoit, ainfi que l'étranger , un Pié fur le feuïl de la porte, & là ils juroient de ne fe faire aucun pré= judice ; celui qui violoit cet engagement, {fe rendoit coupable du plus grand parjure , & étoit en eXécra= tion aux autres hommes ; en uñ mot , Püuifque l’haf- pitalité étoit une chofe fainte & facrée, voyez-en l'arsicle ; voyez auffi VESSERE d’hofpitalité. (D.J.) THEOXENIUS!, ( Mychologie.) farnom d'Apol- #02 on qu'on {ui donnoit à Pellene en Achaïe. Ily avoit ? “un temple où fa ftatue étoit .en-bronze ; on célébroit ‘auf dans cette ville des jeux en fon honneur, où es feuls citoyens de Pellene étoient admis ; mais il ne faut pas-cConfondre .ces.jeuxavec les héoxenies. THÉRA, (Géoganc.) x0.ile de la mer de Crete; elle eft du nombre de celles de PArchipel, que les ‘anciens appelloient Sporades, parce qu’elles éroient femées çà & là dans la mer. Ptolomée s’eft trompé ‘dans la pofition de cetteile, en la mettant proche des côtes de l’Attique, au-deffous de l’île d'Eubée; peut- être s’eft-il trompé conféquemment en attribuant à cette ile les deux villes d'Oea & d’Eleufine, parce ‘qu'il n’en eft parlé dans aucun autre auteur ; & parce que fi ce géographe et connu cette île, il eût cer- tainement fait mention de la ville de Théra que Thée- ras y avoit bâtie, 8 qui en étoit la capitale. L'ile de Théra eft fituée environ au 56 deoré de longitude, & au 37 êc demi de latitude feptentrio- male. Elle a au midi l'ile de Crete, dont elle eft éloi- gnée d'environ 90 milles; ëc autour d’elle, à diverfes diftances, font les îles de Thérafie , d’Anaphé , d’A- morgos, d’Ios , Érc. | | Strabon lui donne deux cens flades de circuit, c’eft-à-dire vingt-cinq mille pas géométriques : les voyageurs modernes lui en donnent trenre-fix mille, qui valent douze grandes lieues de France. Paime mieux accufer Strabon de n’avoir pas connu exaéte- ment fon étendue, que de croire qu’elle ait reçu au- cun accroiflement depuis Le fiecle de Strabon ; parce qu'aucun auteur ne l’a dit, & que, dans les fréquens tremblemens de terre qu’ellea effluyés depuis ce tems- là , elle a plus perdu, fans comparaïfon, qu’elle n’a acquis. , | Les habitans de cette île font encore aujourd’hui dans l'opinion qu’elle s’eftélevée du fond de la mer, par la violence d'un volcan qui depuis a produit cinq ou fix autres îles dans fon golfe, On peut appuyer cette opinion du témoignage des poètes, fuivant lef- quels l'île de Théra étoit née d’une motte de terre, qu'Euphème avoit laiflé tomber par mégarde dans le. lieu où cette île eft fituée. Pline le naturalifte, Z. ZT. c. lxxxvi, L, IVe c x]. dit formellement que l'ile de Théra n’a pas toujours été, &r que lorfqu’elle parut hors de la mer, elle fut appellée CaZ/fle. Enfin une derniere preuve qui paroît aflez forte, c’eft que le volcan qui l'a produite n’eft pas même encore éteint. Dans la quatrieme année de la cxxxv. olympiade , felon Pline ,environ 233 ansavant] efus- Chrift, ce volcan pouffa hors de la mer l'ile de Thé- rafñie , qui n’eft éloigné de l’île de Théra que d’envi- ron une demi-lieue. Quelque tems après , le même volcan produifit une île nouvelle de x $0o pas de cir- cuit, entre les deux iles de Théra & de Thérañe. On vit pendant quatre Jours ; dit Strabon , Z. I. la mer couverte deflammes qui Pagiterent extrèmement, & du milieu de ces flammes fortirent quantité derochers ardens, qui, comme autant de parties d’un corps or- ganifé, vinrents’atranger lesuns auprès des autres, & prirent enfin la forme d’une île. , Cette île fut appellée Hiera & Auromuté. Les Rho- diens , qui éroienr alors fort puiffans fur mer, cou- rurent au bruit qu’elle fit en naïflant, & furent aflez hardis pour y débarquer 6 pour y bâtir un temple qu’ils confacrerent à Neptune, furnommé 4/pha- diert. Cetteïle s’eft accrue à deux reprifes différentes; la premiere fois, fous l’'empirede Léon l'Iconoclafte, Van 726 de Pere chrétienne ; 8 la feconde fois l'an 1427, Le 2$ de Novembre , comme on Papprend d’une infcription en vers latins que Pon: a trouvée à Scaro fur un marbre. On appelle aujourd’hui pu saura ; grande brâlée , pour la difünguer d'une autre qui patuten 1503, que l’on nomme PÉRPA HapjserR 3 ou petite brilée. Pline, Séneque &z Dion Cafius nous parlent d’une autre île fort petite, qui avoit paru l'an de Rome 799 ou 8oo au mois de Juillet, Pline lui dorine le nom de Tkiv. Je ne fais ce qu’elle eft deye- nue ; peut-être s'eft-elle jointe à l'ile d’'Hiéra, dans lun de fes deux accroïfflemens , car elle n’en étoit qu'à trois cens pas. J Enfin an 1707, le volcan fe ralluma avec plus de furie que jamais , dans le même golfe de l'ile de T#e- ra, entre la grande & la petite Cammént , & donna le fpeétacle d’une ile nouvelle de cinq ou fix milles de circuit, : | ae | Je ne parlerai point dû fracas épouvantable qui précéda & qui fuivit fa naïffance , on peut s’en in- ftruire dans les relations que l’on en a données au publie : ce que l’on y apprendra fur la produékion dé la derniereile, eft tout-à-fait conforme à ce due les anciens ont dit fur la produ&tion de celles qui Pont récédée, , Tr LE L'ile du Théra fut appellée d’abord Culliflé, Kan= xiçn, c’eftà-dire srès-belle, L'état affreux où elle eft aujourd’hui ,ne répond nullement à ce premiernom; de fertile & peuplée quelle étroit, elle eft devenue ftérile & peu habitable. Les tremblemens de terre &c les volcans l'ont bouleverfée plufeurs fois ; &c fon port, autrefois excellent, a été ruiné par les iles qui en font {orties , de maniere que l’on n’y trouve plus de fond pour l’ancrage des vaïffleaux: Théras fit per dre le nom de Cu/liffé, &t lui donna le fien: elle fe nomme aujourd'hui Sani-Erini où Santorini , ro vao rûs dylas Bipnias, comme l’appellent les Grecs moder- nes, c’eft-à-dire /’{e de Ste Irene , qui en eft la pa- trone. Lès François difent Sanrorin; mais voyez SANT: : ERINI. Les Phéniciens en ont été les premiers habitans, Cadmus apperçut cette île en pañlant dans la Grece. [sy arrêta , &c y bâtit deux autels, Pun à Neptune, l’autre à Minerve, Il en trouva le féjour fi agréable , qu'il y laiffa une partie des Phéniciens de fa fuite. {ous les ordres de Membliarès , fils de Pélicée, pour la tenir en fon nom. Membliarès, felon Hérodote, étoit parent de Cadrnus ; felon Paufamas , 1l n’étoit qu'un fimple particulier. Théras qui defcendoit en ligne direéte , crut avoir des prétentions légitimes fur la fouveraineté de cette île, quoique les defcen- dans de Membliarès la poflédaffent depuis plus dé 300 ans. Il s'y en alla avec trois galeres chargées de Lacédémoniens & de ceux des Minyens, qui s’étoient aflociés à fon entreprile. Si nous en croÿons Paufa- nias , les defcendans de Membliarès fe foumirent à leuf nouveau maître , fans lui faire de réfiftance, fans lui alléguer, du-moins contre fon droit prétendu, la longue poffeffion où ils étoient de Pile Callifté. Di- fons plutôt, qu'ils fe foumirent, parce qu'ils furent ou qu'ils fe crurent les plus foibles ; êt c’eft ce qu'Hés rodote nous fait enrendre, lorfqu'il dit que Théras ne voulut point chafler les anciens habitans de l'ile, & qu’il les affocia à la colonie qu'il y avoit menée. Aïnfi les Phéniciens , les Lacédémoniens & les Mi- nyens vont être confondus, & ne feront qu'un feul peuple ; & de ce peuple doivent fortir à la treizième génération le fondateur & les premiers habitans de Cyrene. 2. Fe Perfonne n'ignore que les chefs des colonies avoient accoutumé de fe vouer à quelque dieu, {ous la proteétion duquel ilsalloïent chercher de nouvel- les habitations. Apolton fut le dieu à qui Théras fe voua. Il lui confacra en afrivant toute l'ile Callifté, 8 y établit en fon hanneur cette fête célebre des La- cédémoniens , appellée xaprusæ, les Carnéennes, &c qui pafla enfuite de l'ile de Théra à Cyrene. La feconde chofe que fit Théras en arrivant fut de bâtir une ville de fon nom, pour y loger fon peupics TRE Ïl ÿ a lieu decroïre qu’il la bâtitfur une Montagne ; _ appellée aujourd'hui la montagne de S. Etienne, On y voit encore les ruines d’une ville qui paroît avoir été confdérable, Les pierres qui font reftées de Ja démolition de fes murailles font d’une grandeur ex- traordinaire, On ya trouvé des colonnes de marbre blanc toutes entieres, des ffatues, & fut-tout quan- tité de fépulchres : monumens qui prouvent quetcette ville a été la capitale de l’île. Et qui peut douter que cette ville capitale n’ait été la ville même de There, appellée dans plufieurs auteurs 42 ville mérropole de Cyrere ? TE | Quant à la forme du gouvernement que Théras établit dans fon petitroyaume , il eft A préfumer qu’il l’érablit fur le modele de celui de Lacédémone , dont il s’étoit bien trouvé pendant le tems de fa régence ; du-moins n’en trouve-t-on rien de particulier dans les auteurs , fi ce n’eft une coutume ou une loi tou- chant le deuil qu'Euftathe nous a confervée dans {on commentaire fur Denys le géographe, Les Thé- réens, dit-il, ne pleuroient ni les enfans qui mou- roient avant feptans, ni les hommes qui mouroient au-delà de cinquante ans. Ceux-ci, parce qu'appa- remment ils étoient cenfés avoir aflez vécu, &c ceux: là, parce qu’on ne penfoit pas qu'ils euflent encore ‘1 vécu. Les Théréens crurent ne pouvoir trop reconnoître les biens que Théras leur avoit fait pendant fa vie; als lui rendirent après fa mort des honneurs divins, récompenfe ordinaire qu’on rendoit autrefois aux fondateurs des villes & des états. Il laiffa en mourant in fils appellé Serus , lequel eut deux fils, Téléma- que & Clytius. Ce dernier fuccéda à fon pere, &c Télémaque pañla dans la Sicile avec une colonie, La fuite des defcendans de Clytius eft perdue jufqu’à Æfamius, pere de Grinus, le dernier des rois de Théra que nous connoïfhons , & fous qui Battus pafa dans la Lybie. . Quoique Pile de Théra aitextrèmement changéde face par les tremblemens de terre , on voyoit encore dans le dernier fiecle fur une des collines du mont Saint-Etienne, les ruines d’un temple à colonnes de marbre. Peut-être que c’étoit celui de Neptune que les Rhodiens ÿ bâtirent, & peut être auffi un temple de Minerve ou d’Apollon,; car l’île de Théra étoit confacrée à ce dernier dieu , & c’eft pour cela que Pindare l’appelle une f/e facrée, M, Spon a recueilli dans fes antiquités éurieufes toutes les infcriptions qu'il a trouvées parmi les rui- nes de la plus jolie ville dePilede Thére, & quiétoit illufire encore {ous la belle Rome, puifqw’on lui per- -mit de confacrer des monumens à {es empereurs. Voici en françois les infcriptions dont nous par- lons ; car 1l feroit pénible de les tranfcrireen grec, T. Infcription..« Cœranus fils d’Agnofthène, & » Agnofthène fon fils, au nom du peuple , marquent » leur attachement pour Tibere, Claude, Céfar, » Augufte, Germanique, . [ _ IT. « Par les {oins d’Afclépiade & de Quietus , » magiftrats pour Le feconde foisavec Alexandre fils -» d'Euphrofyne, le fénat & le peuple de l'ile de » Théra ont fait ériger la ftatue de l’empereur Céfar, | » Marc-Aurele , Antonin, Augufte, confacrée par » Poluchus , grand prêtre pour la feconde fois. _ HE « Le fénat &c le peuple de T'héra aflurent l’emm- » pereur Céfar , L. Septime Severe, Pertinax, Au- » gufte, deleurentier dévouement. IV. « Sous les magiftrats M. Aurele I{ocléc fils » d’Afciépiades , Aurele Cleotelès fils de Tyrannus, » t Aurele Philoxène fils d’Abafcantus , par ordre » du fénat & du peuple de Théra » Aurele Ifoclée, » premier magiflrat pour la feconde fois , a fait la » dépenfe , & pris le foin de faire ériger la ftatue » du très-grand empereur Céfar, Marc Aurele Se- PS x EE. i IE 203 » vere, Antonin Pie, Avgufte, Arabique > Adisbé- » nique , Parthique, Germanique, V. «-Aurelius Tychafus pour fon pere, & Elpi- _»zoufa pour fon cher mari Tychafius, confacrent » les témoignages de leur tendrefle. VI. « Carpus a confacré par ce monument fon » amour pour là chere femme Socide, qui n’avoit » point eu d'autre mari, » Quelques-uns font naître Ariftippe dans l'ile de Théra, &t Horace l'appelle or&cus Arifhippus; mais tous les hiftoriens donnent à ce philofophe pour pa- trie la ville de Cyrène en Lybie, aujourd’hui Cars roam, dans le royaume de Barca ; cependant on peut défendre l’épithete d'Horace comme poëte, & dire qu'Arifhppe étoit grec d'origine, parce que l'ile de Théra avoit été peuplée par une colonie greque , ë& que la ville de Cyrène fut enfuite bâtie par une colonie de Théra. ( Lechevalier px JAUCOURT.) THERAPEUTES ,f. m. pl, (Hi/f. jud. ) terme srec qui fignifie férviseurs, 8c en particulier ceux qui fe confacroient au fervice de Dieu y dérivé de Depameue, qui fignifie guérir ou férvir. Les Grecs donnoient le nom de sherapeures à ceux qui avoient embraflé une vie contemplative, foit que ce fût par rapport aux foins extrèmes qu'ils prenoient de l'affaire de leur {a- lut, foit par rapport à la façon particuliere d’exer- cer leur religion. Le mot therapeuein d'où eft venu celui de sherapeutes, fignifie Les Joins qu'un médecin prend de fon malade, & le fervice qu'un homme rend à Ur aire. Philon dans fon premier livre de la vie contempla- tive, raconte quil y avoit un peuple répandu dans prefque toutes les parties du monde, connu furtout dans PEgypte , aux environs d'Alexandrie , & nom- mÉ sherapeutes : que ces gens-là renonçoient à leurs amis & parens, à leurs biens.& à leur patrie: qu'ils fe débarrafloient de toutes leurs affaires temporelles, & qu'ils fe retiroient dans les folitudes oh ils avoient chacun leur habitation particuliere nommée Jémneée ou z0oraffere. Voyez MONASTERE, Il ajoute que les rherapentes s’y livroient entiere= ment aux exercices de la priere & de la contempla= tion , qu'ils fe regardoient comme étant continuelle- ment en préfence de Dieu, quls faifoient des prie- res publiques le foir & le matin, qu’ils ne mangeoient qu'après le coucher du foleil, & qu'il y en avoit beaucoup qui ne mangeoient qu'une fois en trois jours , où inême en fix jours de tems, & que pour toute nourriture ils ne prenoient alors qu'un mor iceau de pain affaifonné d’un peu de fel ou d'hyflope : qhe dans leur femnée ils ne fe chargeoïent que des livres de Moile, des prophetes, des pfeaumes &z d’autres écritures femblables , où ils cherchoient les fens des expreffions myftiques & alléooriques, dans la perfuafon qué les Écritures-faintes n’étoient que des ombres ou figures dontil falloit découvrit les fens cachés & myflérieux : qu'ils avoient auf quelques livres qui leur avoient ététranfinis par les fondateurs de leur feéte : qu'ils s’aflembloient tous les fimédis dans un grand monaftere pour conférer enfemble, & participer aux myfteres de leur religion: Les critiques font extrèmement divifés fur deux points concernant ces shérapeutes ; il et queftioh de favoir s'ils étoient juifs ou chrétiens; & fuppofé qu’: ils fuflent chrétiens , s’il étoient moinés ou {écuhers. À l'égard du premier point, Scaliger, de errend. temp, {outient qu'ils étoient des juifs efléens; mais de Valois &c Eufebe rejettent l'opinion de Scaliger , 1°, _ parce que Phulon ne les a appellés nulle-part efféens 5 2°. parce que les Efléens n’habitoient que la terre fainte, au lieu que les Thérapeures s’étoient répandus dans la Grece & dans tous les pays des peuples bar: bares; 3°. parce que Jofephe quientre dans un grand détail fur les Efléens, ne dit pas un feul mot des Thé 264 TER E rapeutes, mn de la Vie thérapeutique. Peyez ESSÉEN ou ESSÉNIEN. Cependant de Valois convient qu'ils étoient juifs, St en celaileft appuyé par Photiis. Les principales raifons qu’en apporte de Valois, font 1°. que fuivant Philon , ils nelitoient d’autres livres que la loi & les prophetes : 2°, qu'ils avoient quelques livres de leurs fondateurs, ce qui ne peut pas s'entendre des chré- tiens, puifque dans ce tems-là Le chriftianiime ne ve- noit que de naître: 3°. que les Theérapeurés ne prioient Dieu que deux fois par jour ; au heu que les Chré- tiens le prioient alors plus fouvent: 4°. que les Chré- tiens ne commencerent à chanter des hymnes & des pfeaumes qu’aptès la mort de l’empereur Antonin , & enfin que les Chrétiens ne pouvoient encore Être répandus par toûte la terre. Malgré toutes ées raïfons, Eufebe, 4b. II. life. ecclef. cap. xvÿ: S. Jérôme, Sozomène , Nicephore, Baronius , Perau , Godeau, Montfaucon & autres maintiennent que les Thérapeutes étoient chrétiens , & tâchent de le prauver, en difant que rienne peüt être plus conforme à la vie des premiers chrétiens, que celle qui eft attribuée par Philôn aux Thé’apet- ses : que ces livres de leurs fondateurs étoient les évanoiles & les écrits des apôtres, & même que Philon femble indiquer par fonrécit qu'il yavoit pat- mi eux des évêques & d’autres mimitres évangéli- ues, Mais M. Boühier ; préfident au parlement de Di- jon , refute ce fentiment, parce qu’il y auroit de Fab- furdité à fuppofer que Philon qui étoit un juif, eût fait un livre exprès à la louange des Chrétiens. Ce qui n'empêche point que divers auteurs , COm- me Caffen , le p. Helyot , & autres ne foutiennent que les Thérapeures étoient des chrétiens, & même des religieux. Et en effet M. Bouhier avoue que s’s étoient chrétiens , il n’y a plus à douter qu'ils nefuf- fent des religieux. Pour ce qui eft de l'argument que Philon n’auroit jamais fait le panégyrique des Chrétiens , on répond que les Thérapeutes étoient des gens de fa propre na- tion oujuifs , comme il Le déclare lui-même, & qu'il les regardoit feulement comme une feéte de Juifs dont les vertus extraordinaires faifoient honneur à la nation. Mais quoique le chriftianifme des Thérapeutes pa- roifle affez probable, on aura bien de la peine à prou- ver qu'ils étoient des moines. Voyez MOINE. Les raïfons qu’on apporte encore pour prouver que les Thérapeures n’étoient point chrétiens, font 1°. que tous les auteurs qui ont parlé du chriftianifme des Thérapeutes , n’ont fait que copier Eufebe qui ne s’étoit fonde que fur le témoignage de Philon; or ce qu’en dit Philon ne prouve pas que Îles Fhérapeutes aient été chrétiens. On peut très-bien expliquer tout ce aw'il en dit d’une feête de juifs plus religieule &c plus épurée dans fes fentimens que le commun de la nation. Les auftérités, le filence, la retraite, le mé- pris des richefles , la continence même ne font pas des preuves univoques du chriflianifime. Tant de payens ont été defintéreflés, aufteres, retirés, con- tinens. Tous les Thérapeures n’étoient pas obligés d’obferver la virginité; il n’y avoit que ceux dont les femmes &c les enfans ne vouloient pas obferverle même genre de vie. Les veilles, l’obfervance du fab- bat & du jour de la pentecofte, les hymnes , les ex- plications allégoriques font plus du caraétere des Juifs que des Chrétiens. Les diacres ou mimiftres font connus dans Les aflemblées des Hébreux & dans leur fynagogue. Le repas myftique de pain levé êc du fel mêlé avec de l’hyflope ne peut être le repas eucha- riftiqueoù ilentroit toujours du vin , mais jamais ni felnihyflope. Enfin ce que Philon ajoute que ce repas ' nl , . « 1 . «1° où certe sable étois inffituée , par une diflinition refpec- “ira , THE iüeufe pour la table fainte, pofee au veflibule du téinple; Jur laquell: on ne mertoit que du pain fans levain 6: du el {out plir, PIQUVE encore que c’étoit une cérémo- nie purement fudaique. .. 2°. Le terme de moxafferes Ou de femnées ne doit inpofer à perfonne. Les anciens moines Ont pui eri- prunter ce terme des Thérdpeutes ,ainf'que plufieurs de leurs pratiques , de même que l'éplife a emprunté plufieurs termes & plufeurs pratiques des Juifs, fans qu’on en puifle conclure pour cela queles Chrétiens {ont juifs. 3°. Les convenances générales qui fe trouvent eh- tre les Thérapeures & les Chrétiens ; ne prouvent pas que les premiers aient profeflé le chriftianifme. Il faudroit pour cela trouver dans les premiers quel- que carattere particulier aux Chrétiens, quelque dogme qu'ils ne puflent avoir appris que de Jefus- Chrit, & qui ne püt leur être commun avec aucune autre region. 4°. La vie commune des Thérapeutes qu’on regarde comme femblable à celle des premiers fideles, re prouve rien non plus ; car elle eff accompagnée de eirconftances qui ne font point applicables à tous les premiers chrétiens. Les premiers quittoent leur pa- trie, leurs biens , feurs parens, & fe retiroient dans la folitude. Il et certain que ce caraétere ne convient pas à tous les Chrétiens, pas même aux premiers fi- deles qui vivoïent dans les villes, dans leurs proprès maifons, avec leursparens , leurs femmes, leurs en- fans. L’ufage de quitter les villes & de fe retirer dans les folitudes n’eit venu que longtems après Philon, & lorfqu’on ne parloit plus de Thérapeutes. _5°«Philon reconnoit que les Thérapeutes étoierit répandus en plufeurs endroits de la terre, mais fur- tout qu’ils étoient nombreux en Egypte. Cela peut:l défigner les Chrétiens, qui comme on fait , étoient bien-plus nombreux dans la Paleftine 87 dans la Syrie que dans l'Egypte, du tems de Philon? Enfinles Thé- rapeutes étudioient les Ecritures faintes & les écrits que leuravoïent laiflés leurs ancêtres touchant la ma- niere allégorique de Les expliquer : ceci convierit mieux à des juits d'Esypte qu'aux Chrétiens, qui du tems de Philon ne failoient que de naître, qui n’a- voient point d'auteurs anciens , ni de livres allégo- riques, genre d'étude auff- commun chez les Juif, quil l'étoit peu parmi les Chrétiens. .De toutes ces raïfons le p, Calmet de qui nous les avons empruntées, conclut quil eft très-probable que les Thsrapeutes étoient juifs & non pas chrétiens; & l’on en peut conclure à plus forte raifon qu'ils n’é- toient pas moines, dans le fens où ce mot fe prend par les auteurs eccléfiaftiques. Diéionn. de la Bible, om. III. lettre T ; au mot Thérapeutes, pag: Cyr. THÉRAPEUTIQUE, f. f. ( Méd.) partie de l'art de guérir les maladies , qui traite de la mañiere de les découvrir & de les appliquer. Elle fe divile en Diete, Chirurgie & Pharmacie. THERAPHIM , { m. ( Æiff. jud. } mot hébreu, dont l’explication a donné beaucoup de peine aux critiques. On le trouve treize ou quatorze fois darts l’Ecriture, où1l eft traduit ordinairement par le mot d’idoles : mais les rabbins ne fe contentent point de lui faire fignifier fimplement des idoles; ils prétendent qu'il doit être appliqué à une efpece particuliere d’i- doles ou d'images que l’on confultoit fur les événe- inens futurs, comme les oracles. Lé rabbin David de Pomis obferve qu’on les ap- pelloit chéraphim de raphah , laïfer, parce que le peuple quittoit tout pour Les aller confulter. Ii ajoute “queles héraphims avoient la figure humaine, êe qu’en les mettant de bout , ils parloïent à certaines heurés du jour , & fous certaines conftellations, par les in- fluences des corps céleftes : mais c’eft-là une fable rabbinique que David avoit apprife d’Abenezra. D’autres TH E D'autres prétendent que les shéraphirss Étoïent des inffrumens de cuivre qui marquoient les heures & Les minutes des événemens futurs , comme pouver- nés par les aftres. De Pois enchérit fur Abenesra, en difant que les shéraphims étant faits fous une cer- taine conftellation, le demon les failoit parler {ous cet afpe@ du ciel. Voyez TALISMAN. Le fabbin Eliezer nous dit la raifon pourquoi fes confreres veulent que les shéraphims parlent & ren- dent des oracles ; favoir, parce qu'il eft écrit dans fe prophete Zacharie, x. 2. que 2s chéraphims ont dit des chofes vaines. Le même rabbin ajoute que pour faire un shéraphim on fuoit un enfant nouveau-né, qu'on fendoit fa tête, & qu’on laflaifonnoit de fel & de d'huile : qu'on gravoit fur une plaque d’or le nom de quelque ef prit impur , & qu'on mettoit cette plaque jous la lan gue de l'enfant mort , qu’on attachoit la tête contre un mur, quon allumoit des lampes, & qu'on faioit des prieres devant cette tête, qui parloit enfuite avec fes adorateurs. ) Quoi qu'il en foit, Vorftin obferve qu’outre le pañlage de Zacharie que lon vient de citer ; 1lparoiît auf par celui d'Ezéchiel, xx7. 22. que les shera- phims étoient confultés comme des oracles, De Pomis s'efforce de prouver que Le shé/aphim qui fut mis par Michol dans le lit de David, n'en étoit point un de cette efpece, parce qu'iln’avoit pasune figure humaine. Mais le rabbin Eliezér eft d'un {en- fiment contraire, Mais quoi qu’en difent lesrabbins , & que le texte hébreu porte rhéraphim , que la vulgate rend par //e: luam On croit communément que c'étoit une figure faite à [a hâte avec quelque bois, que l'on revênit de Hnges, comme une grofle poupée , ou comme un épouventail de chéneviere , que Michol mit dans le ht de fon mari pour faire croire à ceux qui le cher- choient de la part du roi qu'il étoit malade. * Pour cé qui eft de la maniere de faire les rhéras Phims , Vorftius eft perluadé que c’eft une vaine tra- dition rabbinique , quoiqueles rabbins Tanichuma, 8 Jonathan dans fonsargum, gen: xxxy. 19. laient rapportée après Le rabbin Eliézer ; il {e fonde prin- cipalernent fur ce que Laban, qui avoit pas abfolu- ment perdu toute notion du vrai Dieu , comme il pa- foît par le pañlage de la Genele , xxx. 53. ne pou- voit pas être capable d’une cruauté fi affreule : mais Voritius n’a pas fait attention que cette coutume, pour n’avoir point encore te établie du tems de La- ban, pouvoit fort bien être devenue réelle dans la fuite , outre qu’il eft certain que les Hébreux ont brülé quelquefois leurs enfans à honneur de Mo- loch, Le pere Kircher nous conduit en Egypte pour y chercher l’origine des shéraphims,ajoutant que ce mot eft égyptien lui-même. Spencer, en fa differtation fur Purem éCehuimmintoutient que chéraphim elt un mot chaldéen, &qu'il fignifie la même chofe que /eraphim, parce qu’on fait que les chaldeens changent fouvent le Yen, c’eft-à-dire, ls en, il ajoute que ces images venoient des amorités chaldéens ou fyriens, & que leferapis des Egyptiens eft la même chofe que le théraphim des Chaldéens, Voyez SELDEN, des dieux de Syrie, fyne. I. c 17. | Le pere Calmet obferve que la figure du ferpent aïlé ; nommé/éraph,. d’où l'on a fait le nom jeraphim, a pu donner aüuffinaiffance au mot #héraphun , parce que fur les abraxas, & autres talifmans des anciens Qui font devrais shéraphamis , on trouve desfigures de ferpens repréfentés tantôt avec des aïles 16 tanrôt fans ailes; d'oùil conclut que Les saéraphims de La- ban, qui furent enlevés par Rachel,étoient de vérita- les talifians 04 JE | 1: M. Jurieu.a propoié fur.çes éhéraphims de Laban une Tome XVI, THE. 26% tonjeQurés C'éltaue ces rhéraphiis Étoïent lac di | ] 3 [ue Ces Pheraphiins Ctotent les dieux pénates ou domeftiques de Laban, Ces dieux laps roule, Po . - . ne D ° EU ML ait ditail, étoïent les ames des héros de fimilles aient avoit déifiés, & qu’on y adoroit, Ainfles théraphisrs de Laban;felon cet auteur, étoient les images de Noé, ji du genre Bumain » Gt de Sem ; chef de Là famille de Laban. Celui-&i ne fe plaint pas feulement +. LR > 20 r 3 > ; qu'on fui a dérobé des dieux ou des flatues en au il : . k y A . . RL ] avoit confiance, & à qui il rendoitun culterelioieuxs sp : $ PES ce AUX S QE TES il dit qu’on lui a ravi es dieux, c’eft-à-dire , les dieux de fa matfon , eur furatms es deos meos ? Gens: HXSÿ Jurieu, kiff, des culres: ; j _ Mais, comme le remarque dom Calmet, cette con: Jeéture n’eft pas folide, Il n’eft nullement croyablé que le culte des dieux pénates &c jares ait été connu Lane Ve RE 2 ou du tems de Laban : 1l eft même fort douteux qu'il l'ait Cté parmi les orientaux plufieurs fiecles après cé patriarche, D'ailleurs efl-1l croyable , que Laban ait mis au rang des dieux Noe & S:m, qui étoient morts depuis fi peu de terms ? Car Noé mourut l’an du mon: de 2006, & Sem l’an du monde 27 58, c’eft-à-dire, 87 ans feulement avant que Jacob arrivât en Méfopo: tamie auprès de Laban: Calmet, déffionn. de la Bibl, com. 11 lettre "T, au mot Théraphim, p, 674 THERAPNE, ou THERAPNÆ,ou THE RAM: Re. A G 1 49 NÆ s (Géog, anc:) ville du Péloponnèfe dans la Laa conte, au vorinage de la ville de Sparte, Panfanias, Lacon. & ax, fait entendre que pour aller de Sparte ar herapné ; il falloit travérfer le fleuve Eurotas, IL donne à Therapné le titre de ville; mais Suidas Le fert fimplement du nom de lier , & le fchohafie de Pindare ; ode 7. v, 43: en fait un village, Ce dernier ajoute, qu'il y avoit un-temple dédié à Caftor & Pollux.” Left à quoi Stace , Selyar, 1, If, carm vifs v, 52, fait allufion dans ces vers : | Æ + vos Tyndaride > gl0s 01 horrenda Lycürai Lay getra ; umbrofæque magis coluere herapnæ. Ce même poëte ; Thébaïd. 2 FIL. v. 703.parlant de Caftor & de Pollux, les appelle Therapnet frivres. Pindare& laplüpartdes auteurs anciens qui ont parlé de ces deux jumeaux, racontent ce qui leur arrivoit de deux jours lun à Therapné après leur mort. Jupia ter, difent-ils, ordonna qu'ils pafleroient alternati vement un jour dans le ciel, 67 un autre jour au-de£ fous de la’terre ; c’eft-à-dire, qu'ils fe cacheroient fous l'hémifphere ; & c'étoit {ous Therapré qu'ils fe cachotent, Aïnfi cette fon poétique étoit mêlée à Paftronomie. Pour rendre une raifon ingémieufe du lever & du coucher des deux étoiles appellées Calor & Pollux ; les anciens ont dit qu'elles fortoient de l'hémiphere inférieur du côté de T'hérupné, qui eft éritablement vers l’horifon oriental de Lacédémo- ne, © que par le mouvement diurne-, elles s’éle. voient à la plus haute partie du ciel: En effet , il ne s’en faut que de cinq à fix degrés qu’elles: ne foient véritables , & dans le zénith de Lacédémone. Therapné étoit encore célebre, pour être le leu où : Diane avoit été adorée pourla premiere fois. On y VOyoit un temple confacré à Ménélas ; aui y avoit été enterré avec Hélene. Comme cette belle lacédé- mOntenne ÿ avoir été élevée, les poëtes l’ont ap- pelle la nymphe de Therapné. On cherche envain le tombeau de certe belle nymphe , ilrefte à peine des racines de la ville même. (0. J. THERARQUE , L. m.(Litiérat, ) Sepapyre > dans la milice des anciens Grecs on appeloit chérarque celui qui commandoit deux éléphans ; zoarque , ce- lui qui n'en commandoit qu'un , épitherarque , celui qui en Commandoit 43 irarque celui qui én comman- doit 85 é/éphantarque celuiquiencommandoit 16, & Kérarque celui qui en commandoit 3 2. Trévoux. (2.7. THERE NUS , (Géog. anc.) fleuve de L'ile de Crex te, elon Diodore de Sicile, Ce fleuve couloit près L 1 266 THE de Gnoflus, où la fable dit que furent célébrées les noces de Jupiter & de Junon. (D. J.) | THÉRIAQUE, ff. (Pharm. T hérapeutig. ) abfo- lument décidé tel par le bon ufage , qui ne peut être que celui qui eft confacré par les gens de Part à qui cet objet appartient , c’eft-à-dire, dans le cas préfent par les médecins. La rhériaque eft une des plus anciennes & des plus célebres compofñtions de la pharmacie ; elle eft düe à Andromachus l’ancien ou le pere,médecin célebre, archiatre de l’empereur Néron. Galen prétend que la cheriaque eft un très-noble & très-ancien remede , que plufieurs médecins célebres avoient travaillé à la perfeétionner ; & qu’ Andromachus y mit la derniere main, en y ajoutant les viperes. Maïs 1l y a apparence que ç’aété une affaire plus fimple que la produétion de cet antidote , c’eft qu’Andromachus né fit qu'imi- ter l’antidote de Mithridate, ou le zichridar. Voyez MirurinAr,dont larecerte avoit été apportée à Ro- me Jong-tems auparavant par Pompée, Ce nouvel antidote fut appellé d’abord par fon in- venteur galené, c’eft-à-dire , tranquille ; &t il prit en- fuite le nom de shériaque du mot grec Smprov, béte vé- nimeufe , tant parce qu’elle contenoit une efpece de ces bêtes , favoir les viperes ; que parce qu’elle étoit regardée comme utile contre Îles motfures des bêtes vénimeufes. La compoñtion de la rhériaque a varié en divers tems , tant par Le nombre &r lefpece de drogues, que par rapport au wodus confictendi. Les pharmaciens modernes fe font fur-tour appliqués à la reformer ; depuis que la chimie éclairant la pharmacie a décou- vert les vices énormes de cette compofñition, qui ne put qu'être barbare dans fa naïffance , comme Part qui la produifoit, Mais &c les foins que fe font don- nés ces réformateurs pour reétifier cette compofi- tion , & les prétentions de ceux ‘qui ont cru qu'il n’étoit point permis de toucher à une compofition fi prétieufe,annoncent également un refpeét aveugle & fuperflitieux pour la célebrité , aflurement très-pré- caire de ce remede , qu’on peut juftement appeller un monfire pharmaceutique, La meilleure réforme étoit donc aflurement de chafler la rhériaque des difpenfai- res & des boutiques ; car elle eft certainement pire encore que le mithridate duquel Pline a écrit avec raifon qu'il étoit manifeftement dû à loftentation de l’art & à un monftrueux étalage de fcience : o/fenta- sio artis , & portentofa fcientiæ, venditatio manifefla, Mais le vice effentiel de la shériaque ne confifte pas feulement dans l’amas bifarre d’une foule de drogues de différentes vertus, ftomachiques, cordiales , af trinsentes, natcotiques , purgatives , & même des poifons; mais encore en Ce que tout cela eft réduit fous une forme peu propre à la confervation, à la durée, ou plutôt fous une forme deftinée à faire fu- bir à ce mélange une altération prévue & inévita- ble, de laquelle on attend des correttions & de nou- velles vertus; enforte que la perfe&tion de la shéria- que, quant à fes qualités médicamenteufes , doit dé- pendre de l’imperfeétion même de fa préparation. On a beau dire que ce remede une fois formé par le mélange de tant de chofes diverfes , & même par Valtération dont nous venons de parler, produifant conftamment un grand nombre d'effets utiles, peu importe qu'il ait été fait ou non, fuivant les re- gles de l'art; qu'il foit dû à la charlatanerie ou à l’i- norance, ou qu'il ait une origine plus honnête : car 1°. il faudroiït fans doute que la thériaque füt plus efü- cace dans les mêmes cas , que plufeurs remedes beaucoup plus fimples ,-&c préparés felon les regles d’un art qui a des principesttrès-furs. 2°, Il faudroit au-moins encore que les vertus abfolues attribuées à. la rhériaque fuflent réelles quant au plus grand nom- bre : or aflurement çela n'eft point; la prétendue THE LA vertu contre le venin lui eftabfolument refuféedepuis que Les médecins connoïffent mieux la nature & les vrais remedes des poifons ; on fe fouvient à peine de fa vertu fébrifuge; elle poffede la vertu calmante à un degré très-intérieur ; on ne s’en fert point poux es maladies de poitrine, pour les ulceres internes, pour Phydropife, la jaunifle, 6c. toutes maladies contre lefquelles elle fut célebrée d’abord comme un fpécifique ; on ne connoïffoit pas même les ufages que Galien lui attribue pendant la fanté; enfin elle partageavec un très-grand nombre de remedes, êrne poflede qu'à un degré très-commun les vertus fto- machique, cordiale, nervine, emménagogue, fudori- fique , Ge. Cependant comme la rhériaque eft un remede f fameux , qu’on doit le faire connoïtre, ne füt-ce que pour fatistaire la curiofité du leéteur, en voici la defcription d’après Andromachus lui-même, &c telle qu’elle eft rapportée dans Gälien, Zb. de theriacd ai Pifonem. Paflillorum theriacorum drachmas viginti-quatuor, Pafftlorum fcilliticorum drachmas xlyilj. piperis longt, fucci papaveris , fpinament hedÿchroi , finguloru drachmas xziiÿ, rofurdin feccarum , iris ilyrice , glrcir- rhize , feminis napt fylyejiris, græci buniada appellant, fcordii, opobalfami , cinnamomi , agarici, fengulorum drachmas xij. myrrhæ, corti, croci, cafiæ , nardi, fh«- ni, ideff,junci odorati floris, thuris, piperts albiG: nigri, ditamni ; martubii, rhet, flæechados , petrocelini ma- cedonici, calamintha, terebinthine, ringiberis , quinque folii radicis , fingulorum drachmas vj. polii, chamæpi- tyos , fiyracis, amomi racemi, meu, nardi gallitæ, Goilli lemni, phu pontici, chamædrios cresicæ , folio- rummalabathri, chalcitidistortæ , genticine , anifr, hy- pociflidis fucci, balfami fruêlus | gummi , fæniculi [e- TLTUS à cardament , Jefelis , acauæ thlafpis , hyperics, fagapeni , ameos finsulorum drachmas li]. cartorii ; ariftolochiæ tenuis , dauci feminis, bituminis Judatci , opopanacis, centauri tenus, galbani, fingulorum drach- mas duas , mellis libras decem , vini falerni quod fatis cf (8) Thériaque celefle | compofition moderne bien plus parfaite que la shériaque ancienne , même la plus re- formée; 8c qui n’eft compofée que de corss chimi- quement homogenes , la plüpart féparés & purifiés par la chimie, tels qu’extraits, réfines , huiles effen- tielles , &c. Nous ne donnerons pointici-la defcrip= tion de ce remede, parce qu’il eff prefque inufité ; & au’encore qu'on ne puifle lui refufer de pofféder en un degré éminent les vertus ranimante , tonique, cordiale , ftomachique , emménagogue, fudorifique, Ec. & cela dans un volume concentré, rapproché, efficace , à petite dofe, 6c. que malgré ces avanta- ges, disje, c’eft un reproche très-grave que celui qu'on déduit de fa trop grande compoñtion. Voyez COMPOSITION , Pharmac. Car il faut toujours en revenir au précepte : frufére ( 8c au - moins fruffra, fice n'eft pis).fr per pluraquod poteff feriper pauciora, Thériaque diareffaron , où de quatre drogues de Me; fue ; prenez racines de gentiane & d’ariftoloche ron- de , baies de laurier, & myfrhe choifie, de chacun deux onces , miel choïfi écumé deux livres ; faites un éleétuaire,, felon l’art. Il ne manque à celle-ci que l'opinion pour pofléder les principales des vertus téelles de la grande shériaque. C’eft un bon cordial, ftomachique , anticolique , &c. qui a d’abord été ainfi fimplifié pour les chevaux, en. cela mieux traités que Les hommes.pour qui on réfervoit la gran- de zhérisque. La dofepourles adultes peut être por= téelans inconvénient jufqu’à demi-once. Thériaque des Allemands ; c’eftun des noms du rob ou extrait de genievre. (à) THÉRISTRE ,£. m. ( Lirtérar. ) le shériftre, felon Cælius Rhodiginus:, Anrig.e@, L'IXLIL cv]. était. THE l’habit d'été, vêtement fort léger, que les honnètes . femmes portoierit par-deflus leurs autres habits, mais que les femmes débauchées portoient {ur la peau 1m- médiatement , & feul, fans autre habit par-deflus. DFA | S rte , (Mytholog. ) il y avOÈT hérapné, ün temple de Mars Théritas, ainfi nomimé de Théra 3 hourrice de ce dieu, ou felon Paufanias, du mot biiper 5 qui fignifie la chaffe , pour faire entendre qu'un guer- rier doit avoir l'air terrible dansles combats. La fta- tue de Mars Thérita$ avoit été apportée de Colchos, par Caftor & Pollux, felon la fable, (D.J.) * THERMA, (Géog. anc. ) 1°. bains de l’Afie mi- neure dans la Bithynie. Etienne le géosraphe dit qu’on les appelloit kerma pythia, Ces fources d’eau chaude étoient apparemmentau voifinage d'Aftacum; car le même géographe met Pythium près du golfe Aftacène. Procope, Z. F. œdif. c. üj. fait mention de ces bains, Dans un endroit appellé Pyshia, ily a, dit-il, des fources d’eau chaude , d’où plufieurs per- fonnes, & principalement les habitans de Conftan- tinople , tirent un notable foulagement dans leurs maladies. Juftinien Lâtit dans ce lieu un bain pour Pufage du public, & ft conduire par un canal , des aux fraiches , afin de tempérer la chaleur des eaux chaudes, : 2°: Therma , ville de la Cappadoce; elle eft mar- guée dans l'itinéraire d'Antonin, fur la route de Taria à Céfarée. | - : 3°. Therma, étoit encore une ville fituée aux con fins de la Macédoine, & de la Theflalie, vers les Thermopyles, felon Hérodote, Z. Y1I. (D. J.) THERMZÆ , ( Géog. anc.) le nom Thermæ ; ‘ainf que Zerma , a eté donné à quelques lieux où fe trou- Voient des fources d’eau chaude. C’eft ainfi que les géographes ont nommé Thermæ, non-feulement un heu de l’Attique , au voïfinage de la ville de Corin- the , où fe trouvoient des bains chauds, mais encore divers autres lieux: par exemple , Therma toit un lieu de Sicile , avec titre de colonie , fur la côte mé- ridionale de l'ile, Les fources d'eaux chaudes qui avoient donné le nom de Thermæ à ce lieu, font ap- pellées agtæ larodæ , par l'itinéraire d’Antonin , qui les marque à quarante milles d’Agrisente. Ces bains fubfiftent encore & fe trouvent au voifinage du bourg Scracca. ( D.J.) THERMAUS SINUS , (Géog. anc.) golfe de la mer Egée, fur la côte de la Macédoine. On le nom- meaufli l'hermatius firus ; & ce nom, comme Îe pre- mer , vient de celui de Therma, que portoit ancien- nement la ville de Theflalonique , quoiqu'il yen ait qui diftinguent Therma de Theffalonique. Ce golte qui s’avance beaucoup dansles terres, mouille là pé- ninfule de Pallène, la Paraxie , la Chreftonie, la Mygdonie, la Botriée , la Piérie , la Perrhébie , &c la Magnéfie ; c’eft ce qui à fait que Pline, Z IP, c. x. Fa nommée par excellence le golfe de Macédoine , f- us Macedonicus : on l'appelle préfentement go/fe de Salonique , ou golfo di Salonichi. ( D. J. THERMALES , adj. ( Médecine. ) les eaux chau- des tirent leur vertu d’un mélange de feu & de {oufre, qui fe trouvent dans les mines voifines des fources : joint à un alkali qui divife cesminéraux & les étend dans Peau, les y rend mifcibles &g leur en communi- que la faculté & les vertus ; les différentes indications dans les maladies fe réduifent à lever les obftruétions, à corriger les humeurs péccantes , à rétablir la force des fibres, & à chaffer tout ce qui nuit à la conftitu- Hon;: onne peut mieux y fatisfaire que par l’ufage des eaux chaudes , puifqu’ellesont la vertu d'incifer, de réfoudre, & de fondre les humeurs qui croupiflent : car elles débouchent les vaifleaux, elles émouffent & corrigent les humeurs acides & falines logées dans les premieres voies ; elles divifent lamucofñté gluan- Tome XVI. THE 207 te du fañg , délaient les fucs cruds & mal digerés ; elles abforbent, enveloppent les parties falines avec lefquelles ils font mêlés ; elles rétabliffent Pädtion & le jeu desifolides , & par-là elles augmentent la cir- culation du fang, hâtent les fecrétions &les ExXCrÉ- tions en général &en particulier; elles fontfalutaires dans la phthifie &la cacochymie , dans les maladies de l’eflomac, telles que fa boufiflure, fon telâche- ment , le défaut d'appétit, la pefanteur comme dans le cochémar ; elles foulagent & arrêtent le vomifie- ment ordinaire & journalier ; elles arrêtent les chutes de l'anus ; elles Calment le ténefine. Elles peuvent aufh foulager dans la cachexie » le fcorbut, & les fievres quartes rebelles. | On emploie avec fuccès les eaux thermales, pour appaifer les hémorrhagies dans plufieurs cas, foit du poumon, foit des hémorrhoïdes ou de la matrice ; & lorfque les écoulemens périodiques font arrêtés , rien n'eft plus propre pour les rétablir ; que ces mêmes eaux. Elles nettoïent les conduits urinaires, & prévien- nent la gravelle,la pierre, & la dyfurie ; elles font bon- nes dans Les abfces des reins, de l’'urctere , & dela vefle, mais avec certaines précautions. Quant aux maladies du poumon, elles rendent à refpiration plus libre, en débarraftant Les bronch esde la lymphe vifqueufe, dans l'afthme, la fauffe périp- neumone, & la phthife, fur-tout lorfque ces mala- dies font produites par l'obftruétion & [a lenteur des humeurs ; auf le célebre Morthon ordonne-t-il les eaux ‘hermales dans la phthifie | 8&c d’autres remedes qui agiflent en fuivant les mêmes indications. | Sile favon eft un grand remede dans les maladies arthritiques , on peut dite queles eaux chaudes étant fulphureufes 8 favonneutes, font bonnes dans les différentes efpeces «le gouttes , telles quela fciatique, le rhumatifme, foit prifes intérieurement > {oit appli- quées au-dehors en bains , en douches > Ouen fo- mentations. Elles font auffi émollientes & réfolutives pour les tumeurs dures &c skirrheufes ; elles fortifient auft les fibres relâchées , tandis qu’elles relâchent celles qui font affe@tées de fpafme, ce qui fait que ces eaux {ont très-bonnes dans la paralyfe & la contradion convulfive des membres, Comme elles détergent & nettoient les conduits excrétoires , elles foulagent dans nombre de mala- dies cutanées, comme la pale, la gratelle, & la le- pre, elles font efficaces dans les obftrudions des glandes de la peau, dans la fuppreffon de la tran{pi- ration, dans la dureté & la rigidité de la peau. Mais comme Îles remedes les plus falutaires nuifent fouvent , fur-tout fi les vifceres font afeñés ,» de mé- me les eaux chaudes font préjudiciables dans certai- nes maladies de la tête, dela poitrine, & du bas ven- tre, comme les skirrhes , les tubercules, ou lorf- que ces parties , ou leurs vifcères font ulcerés ou af: feétés d’un émpieme. \ L’ufage de ces eaux eft auf préjudiciable à ceux qui font difpofés à l’apoplexie , à la nugraine, à lépi- lepfie , aux mouvemens convulfifs » aux polypes, & aux anévrifmes , elles nuifent dans les hydropi- fies, dans les phthifies confirmées , dans les cancers, dans les ulcères phagédéniques. Lorfqu’il y a desinflammations externes ou inter. nes, on doit les éviter jufqu’à ce que les maladies {oïent fort calmées. L’ufage de ceseaux, foit intérieur, {oit extérieur, demande l’adminiftration des remedes généraux. 1°, la faignée eft néceffaire dans les pléthoriques , & dans ceux qui ont le fang épais , pour diminuer la réfif. tance qu'il oppoferoit à leur aétion, 2°. Les purgatifs doivent précéder , de peur que les eaux n’entrainent avec elles la FR dés pre 1] 268 THE. mieres voies , dans les troifiemes voies. Les purga- tifs conviennent auffi au milieu & à la fin deleur ufa- ge ; mais il faut que ce foit des minoratifs, autrement ils ne difpoferoient pas efficacement à l’aétion des eaux chaudes. °, Si on boit les eaux, 1l faut commencer par de légeres dofes, que l’on augmentera par degré , pour y accoutumer l’eflomac peu-à-peu ; l'exercice &c le | régime font abfolument néceflaires, felon lardofe &x la quantité des eaux ; les fruits furtout, & le vin doivent être évités. 4°. Les pañfñons lentes , & les violentes , telles que le chagrin &c la colere , font évalement contrai- res dans leur ulage; il faut éviter de les ordonner auffi aux perfonnes qui font difpofées à ces pañions , attendu que leur conftitution elt trop roide ou trop foible. 5°. Il faut prendre garde de prendre le bain trop | chaud , ou de boire les eaux trop chaudes ; mais on ne peut faire de regles précifes à ce fujet; la chaleur externe ou interne que cette pratique cauferoït dans le corps, produiroit un mouvement d’expanfon trop violent dans le fang & dans les humeurs, ce quine manqueroit pas d'attirer des inflammations , des dou- leurs de tête, & des conftriétions fpafmodiques, avec des anxiétés dans les vifceres du bas ventre. 6°. Ce n’eft pas tout d’approprier les différentes efpeces d’eaux fhermales aux maladies ; il faut avoir égard aux fibres &c à la différence de leur tiflu : car dans le cas de fibres tendres &c délicates , 1l faut em- ploier des eaux chaudes douces, émollientes , & qui foient peu a@tives ; cela a fur-tout lieu pour les eaux dures que l’on emploie dans les bains, comme leur preffion eft violente , elles produiroient des effets dangereux pour les entrailles. C'eft ainf qu'entre les plus fameufes eaux #2er4- Les, celles d’Aix-la-chapelle font les plus fortes ët les plus purgatives , de forte qu’elles ne conviennent qu’à des eftomacs capables d’en fupporter la chaleur & le dégoût. Les eaux de Bourbon tiennent le mi- lieu entre ces premieres & celles de Bath; elles font moins chaudes, moins degoûtantes êt moins purga- rives. Celles de Bath contiennent moins de foufre &t plus de feu que les deux autres ; elles ne purgent point, à moins qu’on ne les prenne avec trop de pré- cipitation, Ou en trop grande quantité. THERMASMA , f.m. ( Med. anc.) beaux ; ter- me employé par les anciens, pour défigner en géné- ral tout ce qui eft propre à échauffer le corps ; mais ce mot défigne en particulier une fomentation chau- de, prefcrite par Hippocrate, pour adoucir les dou- leurs de côté qu’on reffent dans les pleuréfies. (D. J ) - THERMES, (Antig. rom.) les thermes étoient chez les Romains de grands édifices , principalement def tinés pour les bains chauds ou froids ; nous verrons dans la fuite que ces bains étoient publics ou parti- culiers. | Therme , du grec Gun , chaleur. Tite- Live, Liv. VX XVI. c.xv. en décrivant le pas des thermopyles, dit que ce lieu étoit nommé pylæ, & par d’autres chermopylæ , parce qu'on trouvoit des eaux chaudes dans l’endroit le plus refferre entre les montagnes. Les Romaïns par ce mot fherma, entendoient des bains d’eau chaude ; & on l’appliqua tellèment aux édifices où étoient ces bains, qu’il s’étendit même jufqu'à ceux où l’on fe baïgnoit dans de l’eau froide. Les thermes eurent rang parmi les édifiées les plus fomptueux de Rome: on s’y lavoit l'hiver avec de Veau tiede , quelquefois avec des eaux de fenteur, ou bien par une autre forte de molleffe, on faifoit feulement fentir à fon corps les vapeurs chaudes de Veau. Pendant l'hiver, on s’oignoit Le corps avec des huiles & des parfums de prix ; &t pendant l'été après être forti du bain tiede, on alloit fe rafraichir dans de l’eaufroïde. Gordien voulut bâtir dans un même lieu des thermes pour l’hiver & pour l'été, mais la mort quille prévint l’'empêcha d'achever l'ouvrage. L’empereut Aurelien fit bâtir au-delà du Tibre des thermes pour l'hiver feulement. - Les hermeétoient f vaftes, qu'Ammien + Marcel- lin, Liv. XP. c. vj. pour donner une idée de leur grandeur, les compare à des provinces entieres , i# modum provinciarurn extruicta lavacra. Ce qui nous refte encore aujourd’hui de quelques anciens #4ermes nous fait juger de leur étendue prodigieufe. Le nombre de ces hermes étoit auf furprenant à Rome, que leur grandeur. Publius-Viétor dit , qu’il en avoit plus de huit cens, & Pline le jeune, y. IF. epif. 8. dit qu'ils s’étoient augmentés à l'infini : Que runc Rom ad infinitum auxere rumerum. Les empereurs les firent d’abord bâtir pour leur ufage particulier, enfuite ils les abandonnerent au peuple, ou en firent bâtir pour lui. Outre les shermes où l’on ne payoit rien , il y en avoit qui fe donnoient à fer- me, & de plus les principaux citoyens avoient des bains particuliers chez eux. Ces rhermmes étoient accompagnés de divers édifi- ces, & de plufieurs pieces & appartemens. Il y avoit de vaîtes réfervoirs où fe raflembloit l’eau par le moyen des aqueducs ; des canaux qu’on avoit ména- gés , fervoient à faire écouler les eaux inutiles. Les murailles des réfervoirs étoient fi bien cimentées,, que le fer avoit de la peine à rompre la matiere em- ployée à la liaifon des pierres. Le pavé des shermes, comme celui des bains, étoit quelquefois de verre, le plus fouvent néanmoins on y employoit la pierre, le marbre, ou des pieces de rapport qui formoient un ouvrage de marqueterie de différentes couleurs. La defcription des thermes de Dioclétien qui nous a été donnée par André Baccius , fournit une idée complette de la grandeur &t de la magnificence ro- maine dans ces fortes d'ouvrages. On y voit entrau- tres un grand lac dans lequel on s’exerçoit à la nage, des portiques pour les promenades , des bañliques où le peuple s’affembloit avant que d’entrer dans le ‘bain , ou après en être forti ; des appartemens où lon pouvoit manger, des veftibules &c des cours or- nées de colonnes , des lieux où les jeunes gens fai- foient leurs exercices, des endroits pour fe rafrai- chir, où l’on avoit pratiqué de grandes fenêtres, afin que le vent y püût entrer aifément ; des lieux où lon pouvoit fuer, des bois délicieux, plantés de planes & autres arbres; les endroits pour l'exercice de la courfe ; d’autres où l’on s’affembloit pour conférer enfemble, & où il y avoit des fiéges pour s’affeoir ; des lieux où l’on s’exerçoit à la lutte, d’autres où les Philofophes , les rhéteurs &c les poëtes cultivoient les fciences par maniere d’'amufement ;.des endroits où l’on gardoit Les huiles & les parfums ; d’autres où les lutteurs fe jettoient du fable Pun fur l’autre, pour avoir plus de prife fur leurs corps qui étoient frottés d'huile. | L'ufage des rhermes, comme celui des bains, étoit très-ancien à Rome. Les peuples de l’Afie en donne- rent l'exemple aux Grecs, & ceux-ci le tranfmirent aux Romains, qui avoient des shermes, avant que les Médecins grecs euffent mis le pié à Rome, époque que l’on rapporte à lan 535. de la fondation de cette ville, fous le confulat de L. Emilius, & de M. Laci- nius. Homere , odiff. 8, v.248. compte Pufage des thermes Aeurpà bepua , au nombre des plaïfirs honnêtes de la vie. Semper autem nobis conviviumq:ie gratum, Citha= ræque , chorique Veftefque mutaroriæ , lavacraque calida ; G cubilia. Plaute décrit dans les deux vers fuivans, les exer- . cice auxquels on formoit la jeunefle dans les #herres. THE bi curfx, luéfando , hafa, co, Pagilatu Pia, Saliendo , fefe exercébant magis quam fcorio aut Jfaviis. C’étoit une des fins qu’on s’étoit propofées dans l’é- tabliffement des shermes. Par ces exercices, on aug- mentoit la force des jeunes gens , on leur donnoit de l’adrefle, & on les inftruifoit dans Les Sciences, Une autfe vûe que l’on avoit eue, c’étoit la confervation de la fanté , & peut-être la volupté y entra-t-elle auffi pour quelque chofe. J'ai déja dit qu’il y avoit des thermes où lon entroit librement, & fans qu'il en coutât rien , & que dans d’autres 1l falloit payer ; du refte , la fomme que l’on donnoit étoit modique ; on “étoit quitte pour la plus petite piece de monnoie, comme Juvenal le remarque dans la fixieme fatyre, Cadere fylvano porcum , & quadrante lavari, Cette piece pourtant ne fufifoit pas lorfqu’on ve noit trop tard , c’eft-à-dire après les dix heures; 1l falloit alors payer’, felon le caprice des perfonnes prépofées pour le fervice des shermes. Martial, Z. X. epif. 70. a fait allufion à cette forte d’exa@ion, quand al a dit : | Balnea poft decimam laffo, centumqne petintur Quadrantes , &c. Les édiles avoient infpeétion fur les rhermes | & fous eux étoient plufieurs miniftres inférieurs , de forte que l’ordre y régnoit, malgré l’entiere liberté que l’on y trouvoit. Il n’y avoit aucune diftinétion pour les places; le peuple, comme la nobleffe; larti- fan, comme le magiftrat , avoit droit de choïfir par- mi les places vides, celle qui étoit le plus à fon gré. Ordinairement les thermes n’étoient point com- muns aux hommes & aux femmes ; ce ne fut que fous quelques empereurs corrompus que cette indé- cence eut lieu. Les endroits où les hommes fe baï- gnoient, furent prefque toujours féparés des lieux deftinés aux bains des femmes ; & même pour met- tre encore mieux à couvert l'honneur de celles-ci, Agrippine, mere de Néron, fit ouvrir un baïn defti- né uniquement à l’ufage des femmes ; exemple qui fut imité par quelques autres dames romaines, com- me nous l’apprend Publius-Viétor. On lit dans Spar- tien, que l’empereur Adrien ordonna que les bains des femmes feroient féparés des bains des hommes, Le fignal pour venir aux bains &c pour en fortir, fe donnoit au fon d’une cloche ; fi l’on s'y rendoit un peu tard, on couroit rifque de n’avoir qué de l’eau froide pour fe baigner ; c’eft ce que fignifient ces deux vers de Martial, Lv. XIV. epig. 163. Redde pilam : fonat æs thermarum ; /udere perois? Virgine vis folé, lotus abire domum. L’heure pour entrer dans les #hermes , étoit, felon Pline , Zv, III. c. y. la huitieme heure du jour en été, & la neuvieme en hiver. Martial, Zv. IV. épig. 8, femble dire la même chofe dans ces vers. Sufficis in nonam nitidis oétava paleftris. Spartien, 7 Adriano, nous apprend que l’empe- reur Adrien défendit qu’on fe mit dans le bain en public avant ldhuitieme heure. La plüpart ne fe bai- gnoient qu'une fois par jour; quelques-uns néan- moins , plus adonnés aux exercices qui s’y faïfoient, y retournoient jufqu’à fept fois dans un même jour, Galien de fanitate tuenda , liv. V. rapporte, qu’un certain philofophe nommé Primigène | étoit attaqué de la fievre le jour qu’il manquoit de fe baigner. L’ufage des bains n’étoit interdit qu’à l’occafion d’un grand deuil ou d’une calamité publique , com- me nous le voyons dans Tite-Live & dans Suétone. Mais S. Clément d'Alexandrie, Pédag. 2, IL, e, v. THE 269 dit que les nobles faifoient porter aux bains des draps _ de toile très-fine , & des vafes d’or &c d’argent, fans nombre, tant pour fervir aux bains, que pour le boi-: re & le manger. Lee: Ain le luxe s’introdufit dans un ufage que le man- que de linge , la chaleur du climat, & la néceffité de la propreté avoient fait naïtre.Les empereurs romains {e prêterent aux befoins de la nation qu'ils gouver- noient, en bâtifflant pour elle des #hermes publics , plus grands ou plus magnifiques les uns que les au- tres. lels furent ceux d’Augufte, de Néron, de Ti tus, de Trajan, de Commode, de Severe, d’Anto- min, de Caraçalla & de Dioclétien. Ces deux der= mers furpañlerent tous les autres par leur étendues On ne peut voir les ruines des thermes de Caracalla , fans être furpris de limmenfité qu’avoit ce bâtiment; mais 11 ny en eut point de plus fomptueux, plus chargés d’ornemens & d’incruftations, ni qui fit plus d'honneur à un prince, que les shermes de Dioclétien, Une feule falle de ces édifices fait aujourd’hui l’é- glife des Chartreux à Rome ; une des loges du por= tier fait Péglife des Feuillans, ( Le chevalier DE Jaw- COURT. Ë THERMES DES NYMPHES, (Liriérat,) les Poëtes peuploient tous les élémens de dieux, de déefñles , de nymphes ; & la plus petite fontaine avoit {à divinité comme le plus grand fleuve. Les bains connus dans Phiftoire, font également fameux dans la fable, Si l’on en croit Diodore, les anciennes traditions por= toient qu'Hercule revenant d’Efpagne , & amenant les bœufs de Géryon, pañla par la Sicile; 1à s’étant arrêté près d'Himère , Minerve ordonna aux N yin= phes de faire fortir de terre des bains où ce héros pût {e délaffer ; & les Nymphes obéirent, C’eft peut-être pour cette raifon que Pindare les nomme fimplement les bains des Nymphes. Cet événement fabuleux a trouvé place fur les médailles. Nous en avons une repréfentant Hercule, & au revers trois nymphes qui font fortir de terre les bains d'Himère. L'autre médaille figure un char attelé de deux chevaux, mon- - té par un homme que l’on croit être Ergoteles; cet homme tient les rènes de la main droite, & de la gauche une efpece de bâton ayec une vitoire au- deflus ; au revers eft une nymphe tenant une patere élevée fur un brafier. Derriere la nymphe eft Her- cule dans le bain , fur les épaules duquel un lion ac- croupi verfe de l’eau. (D. J.) THERMESIA, (Mytholog.) 1 ÿ avoit dans le territoire de Corinthe, un temple de Cérès Therme= Jia , ainfi nommée parce que le culte qu’on y rendoit à la déefle avoit été apporté de Thermefñle, île voi- ne de la Sicile, dont parle Strabon. (D. J.) THERMIDA, (Géog. anc.) ville de l'Efpagne tarragonoïfe , felon Prolomée, Z. IT. c, vj. qui la don- ne aux Carpétains.Quelques favans croient que c’eft aujourd'hui Rayas, village d’Efpagne dans la nouvel- le Caftille, entre Madrid & Siguença, (D. J. THERMIE , L'ILE, ( Géog. anc. 6 mod.) ou l’île Thermia ; le de l’'Archipel, lune des Cyclades , entre | l'île de Zia au nord, & l’île de Serpho au midi; elle eft à quarante milles de Syra ou Syros , & à trente- fix du port de Zia , mais feulement à douze milles de ce dernier port en droiture. Le voifinage de ces deux îles ne permet pas de douter que Thermie ne foit l'île de Cytnos, dont les anciens eftimoient tant les fromages , puifque Di- céarque dans fa Defcription de la Grece, la place entre Céos &c Sériphus. Il en fortit un grand peintre que Euftathe appelle Cydias. C’eft encore dans cette île que fut rejetté par la tempête, le faux Néron efcla- ve, grand joueur du luth & grand mufcien, accom- pagné d’une troupe de gens de fa forte, armés & fou- levés, comme Tacite, Æiff, 2, IL, c. vif. nous l'ap- prend, 270 THE L'ile Thermie a quatorze ou quinze liettes de tour. Elle a pris fon nom des thermes ou bains d'eaux chau- des, qui la rendoient autrefois célebre. Ces eaux chaudes font dans le fond d’un des culs-de-fac du port, au nord-eft à droite en entrant. La principale fource bouillonne au pié de la colline, dans une mai {on où l’on va laver Le linge, & où les malades vien- nent fuer; les autres fources fortent à quelques pas de-là, par petits bouillons, &s forment un ruiffeau qui va de rendre dans la mer, d’où toutes ces eaux étoient venues ; car elles font très-falées, &s'échauf- fent fans doute en traverfant La colline parmi des mien nes de fer, ou des matieres ferrtigineufes : ces matie- res font la véritable caufe de la plupart des eaux chaudes. Celles de There blanchiflent lhuile de tartre, &c ne caufent aucun changement à la folution du fablimé corrofif. Les anciens bains étoient au milieu de la vallée ; on ÿ voit encore les reftes d’un refervoir bâti de briques &c de pierres, avec une pe- tite rigole, par le moyen de laquelle Peau du gros bouillon fe diftribuoit où lon vouloit. On remarque dans les ruines d’une ville de cette ile, trois cavernes creufées à pointe de cifeau dans le roc, & enduites de ciment, pour empêcher que les eaux de la pluie ne s’écoulaflent par les fentes ; mais On n’y découvre aucune infcription qui donne le nom de la ville. In°y a qu’un bourg dans l’île Therria qui porte le nom de Thermie; à deux lieues de ce bourg eft un gros village. On ne compte que quatre mille perfon- nes dans toute l’île, qui {ont tous du fit grec, excep- té une douzaine de familles latines, dont la plupart font des matelots françois. Le terroir de cette île eft bon & bien cultivé ; c’eft même un endroit de bonne chere , mais on n’y fait prefque aucun commerce, 1l n’y a point de bois, & lon n’y brûle que du chaume. (D. 4.) te Thermius, (Mytholog.) farnom d’Apollon pris pour le foleil : il figmifie chaud, brillant, Ce dieu avoit un temple à Elis, fous le nom de Thermius. (D. J.) THERMODON , (Géog. anc.) fleuve de la Cap- padoce. Ptolomée, Z, #. c. yj. marque fon embou- chure dans le Pont-Polémoniaque. Ce fleuve eft fa- meux, fur-tout chez les Poëtes, parce qu'ils vou- loient que Les Amazones habitaffent fur fes bords. Vir- gile, Æneid. l, X1. verf. 659. en a parle. Quales Threicie, quum flumina Thermodontis Puljant 6 piitis bellantur Amazones armis. Properce, Z, IT. Eleg. xiv. dit: Qualis Amayzonidum nudatis bellica mammis Thermodonteis surba lavatur aquis. Et Valerius Flaccus, 2. IV. Argonaur. verf. Goo. Quid memorem , quas Iris aquas , quas torqueat An- con ? Proxima Thermodon hic jam fecat arva, memento, Inclyta Amazonidum, magnoque exorta gradiva Gens ubi. On fait que le Thermodon arrofoit une partie du pays des fameufes Amazones; cette riviere rappelle toujours agréablement l’idée de ces héroines, fur léfquelles peut-être on a avancé bien des fables. D.J. : NOT e , m. (Pkyf.) c’eft un inftru- ment qui fert à faire connoître, ou plutôt à mefurer les degrés de chaleur &c de froid. Foyez CHALEUR 6 THERMOSCOPE. Un payfan hollandois, nommé Drebbel, pañle pour avoir eu au commencement du xvij. fiecle la premiere idée de cet inftrument. _ I y a différentes fortes de shermomerres, dont voici les conftruétions, les défauts, les théories, 6 Ancienne conflruéion d’un therhometre dors l'effet dépend de la raréfation de l’ar. Dans un tuyau BC, PI. de Pnèumatique, fig. 3. n°. 2. auquel eft attachée une boule de verre 4B, on met une quantité d’eau commune, mêlée d’eau régale, pour empêcher qu’el- le ne fe gele l’hiver ; on ajoute à cette mixtion une teinture de vitriol , diflous pour la rendre verte. Eh empliflant le tuyau, il faut avoir foin de laifler dans la boule & dans Le tuyau, affez d'air pour qu'il puiffe remplir précifément la boule au plus fort de l'hiver, lorfque l'air fe trouve le plus condenfé; 6 qu'il ne puiffe point chafler du tuyau toute la liqueur dans les plus fortes chaleurs de l'été, lorfque l'air eftau plus haut degré de {a raréfa@ion. A Pautre extrémi- té du tuyau eft attachée une autre boule de verre € D, ouverte du côté de l’air en 2: des deux côtés du tuyau on applique une échelle, ou une platine EF, fur faquelie on marqueles degrés, ou un certain nombre de lignes épalement diftantes les unes des autres. Dans cet état, quand Pair qui environne le tuyat devient plus chaud, l’air renfermé dans la boule & dans le haut du tuyau venant à fe dilater, chafle la liqueur dans la boule inférieure , & par conféquent fait defcendre la liqueur : au contraire, quand l'air qui environne le tuyau devient plus froid , l'air ren- fermé dans la boule venant à fe condenfer, fait mon- ter la liqueur, Voyez RARÉFACTION 6 CONDENSA- TION. Ancienne conffruétion du thermometre avec du vif argent. C'eft de la même manière & avec les mêmes précautions, que l’on met une petite quantité de mercure où de vifargent, qui n'excede point lé- paiffeur d’un pois, dans un tuyau BC, fig. 4. n°. 2. que l’on coude en plufieuts endroits, afin qu’on puifle le manier plus aément, & qu'on rifque moins dé le cafler ; on divife ce tuyau dansun certain nombre de parties égales, qui fervent d'échelle, Dans cet état, les différentes approches du mercure vers la boule 4, marqueront les accroiflemens ou les diférens degrés de chaleur. Les défauts de ces deux skermometres confiftent en ce qu'ils font fujets à recevoir les impreffions d’une double caufe; car ce n’eft pas feulement laugmen- tation de la chaleur, mais aufli une augmentation du poids de latmofphere, qui peut faire monter la li- queur dans le premier, & le mercure dans le fecond de ces shermometres ; & d’un autre côté ce peut être la diminution du poids, aufli-bien que la diminution de la chaleur de l’atmofphere , qui fera defcendre la liqueur &c le mercure dans les deux £hermomerres Voyez BAROMETRE. | Conjtruition du thermometre commun ou de Floren- ce. Les académiciens del Cimento ayant remarqué les imconvéniens, ou défauts des shermometres c:-def- fus, ils eflayerent d’en conftruire un autre par le moyen duquel ils fe flattoient de mefurer les degrés de chaleur & de froid de l'air, par la raréfattion & condenfation de l’efprit de vin; quoique la raréfac- tion & condenfation de cette liqueur foit moins con- fidérable que celle de Pair, & que par conféquent Les variations dans les degrés de chaleur doivent y être beaucoup moins fenfibles, : Voici la conftruétion de leur shermemetre. Sur quelques petits morceaux de turmeric, qui eft une forte de racine dont on fe fert pour guérir la jau- nifle, on verfe une certaine quantité d’efprit de vin rectfié , pour lui donner une teinture rouge; enfuité on filtre plufieurs fois l’efprit de vin par un papier gris , afin que les particules groflieres de la racine fé iéparent de la liqueur, De cet efpritde vin ainfi teint &c préparé, on emplit une boule de verre 4B, fo. 5. n°, 2. & un tuyau BC, &c afin que tout l’efprit de vin ne defcende point dans la boule pendant l'hiver, THE il eft à-propôs de mettre cette boule dans un petit tas de neige mélée de {el: ou f cer inftrument fe fait pendant l'été, on met la boule dans de l'eau de four- ce impregnée de falpètre, afin que Pefprit de vin étant extrèmement condenié, on puifle voir à quel point il s’abaiffera dans le plus fort de la gelée, Si lefprit-de-vin monte à une trop grande hauteur au-deflus de la boule , il faut en ôter une partie ; & afin que le tuyau ne foir pas exceffivement long , il eitä-propos de mettre la boule, remplie defon etprit- de-vin, dans de l’eau bouillante , 8 de marquer le point le plus éloigné où monte pour-lors l’efprit-de= vin. - C’eft à ce point que le tuyau doit être fermé her- métiquement par la flamme d’une lampe; & dés deux côtés du tuyau on applique une échelle comme aux autres thermornerres. L’efprit-de-vin étant fufceptible d’une raréfition & d’une condenfation confidérables, il fe dilate à mefure qu'augmente la chaleur de l’air qui Penviron- ne, & par conféquent il monte dans le tuyau; de même à mefure que dimiaue la chaleur de Pair, let prit-de-vin defcend dansle tuyau, & lon voir fur Péchelle de combien de degrés amonté ou defcendu d’un jour à l’autre. - Si on n’a pas foin de faire fortir de la liqueur tout l'air qu’elle contient, ce qui eft extrèmement diffici- le , 1l faut laïfler de Pair dans la partie fupérieure du tube. Car autrement fi elle fe trouve fans air, la li queur ne manquera pas de fe féparer en divers en- droits à caufe de l’air qui fe trouve dans les interiti- ces de fes parties. Or fi on laifle de Pair dans la pat tie fupérieure du tube, cet air produit un autre in- convénient ; car en vertu de fa pefanteur il doit ten- dre en en-bas , & empêcher par conféquent la liqueur de monter ; ou fi la liqueur monte , elle doit com- primer l’air, & augmenter par conféquent fon élafli- cité. Comme l'expérience a fait connoître qu’un moin- L dre degré de chaleur fe communique plus aifément à Pefprit-desvin qui eft dans la boule, que ne faït un plus grand degré de chaleur, les raréfaétions de ef prit de-vin ne {ont pas proportionnelles aux caufes qui les produifent. Il paroït donc que le shermometre de Florence, quoi- qu'il foit fort en ufage , ne donne rien moins qu’une mefure exaéte du froid & du chaud. À quoi l’on peut ajouter ce que dit le deéteur Halley dans les 2ra7/4- étions philofophiques | favoir, qu'il a appris de ceux qui avoient gardé long-tems de l’efprit-de-vin, que cette liqueur perd à la longue une partie de fa vertu expaniive. | De plusle'verte n’eft pas moins dilaté par la cha- leur que la liqueur , & le froid les condenfe l’un & Pautre ; par conféquent lorfque la Kqueur eft chaude elle ne monte pas fi haut qu’elle monteroit, filaboule ë le tube avoient toujours la même capacité. Par la mème raïfon la liqueur defcend moins lorfqw’elle eft froide, qu’elle ne feroit f le verre ne {e condenfoit pas.Onne peut donc favoiraujufte quel eft l'effet de la chaleur fur la liqueur feule. C’eft ce aw’on remar-- que fort fenfiblement quand on vient à plonger un thermometre dans une liqueur très-froide où très- bouillante ; car dans le premier cas la liqueur com- mence par monter, parce que le verre eft condenié avant la liqueur, & quand la Condenfation parvient juiqu’à la liqueur elle rédefcend ; dans le fecond cas, parune raïfon contraire , la liqueur comunence par baïfler à caufe de la dilatation du verre, & elle re- monte enfuite, | Un autre défaut confidérable de ce #hermomerre & des antres, Ceft que ces shermometres ne peuvent point être comparésentr'eux. À la vérité ils marquent les diférens degrés de hand & de froid, mais chacun DAME en ne les marque que poitr lui-même & à fa facon partis culiere. De plus ils ne partent point de quelque point fixede chaleur ou de froid, & c’eff encoïe un défaut commun à tous les shèrmometres. [Len eft de ces inftrus mens comme de deux pendules, qui pouf n’avoir point été réglées d’abord fur l’heure du folel, mar- queront à la vérité qu'il y a une, deux, où plufieurs heures de pañlées, mais ne marqueront point l’heure précifé du jour ou du foleil. D'ailleurs quand la li- queur a monté d'un degré dans deux vhermomerres différens, nous ne pouvons pas être aflurés que tous les deux ayent reçu lamêmeimpreflion d’une chaleur égale & additionnelle, puifqu'il fe peut faire que Pef prit-de-vin ne foit pasle même dans l’un & dans Pautre , &t qu’à proportion que cet efprit eft plus ou moins rectiñé, 1l montera plus ou moins dans le tuyau par le même degré de chaleur. Ce n’eft pas encote tout, car en réolant les désrés des rhermometres , on juge de l'égalité de Pélévation de efprit-de-vin par légalité de lalongueur du tuyau, enfuppofant que les diametres du tuyau font écaux dans toute fa longueur , ce quiarrive très-rarement; mais il ya tant d'irrégularités dans l’intérieur, qu’uné certaine longueur de tuyau demande quelquefois pour être remplie, le double de liqueur qu'il fautpour emphr un autre tube de même longueur &t de même diametre ; ce qui ne vient que des inégalités d’épaif= feur des parois destuyaux & des éminences & cavités quife trouvent toujours aux furfaces intérieures mais lur-tout de ce qu'ils font prefquetoujours plus épais à une des extrémités qu'ils ne le font à l’autre. C’eft pour cela que les comparaïfonsdes shermome= tres font fi défeétueufes & fi difiiciles à faire ; cepen: dant ce qu'il y a de plus curieux & de plus intéref- fant dans Pufage des shermomerres , c’eft le réfultat de ces comparaifons ; car c’eit par ce moyen que lon peut connoître le desré de chaud ou de froïd d’une autre faon, d'une autre année , d’un autre climat, ëc quel eftle degré de chaud ou de froid que peuvent fupporter les hommes & les animaux, M. de Réaumur a inventé un hermometre nouveau, êt qu'il aflure être exempt des défauts ci-deflus mens tionnés. La principale propriété de ce shermomerre eft de fervir à comparer les différens degrés de chaleur à des mefures connues , comme la dilatation & la condenfation d’une liqueur quelconque, telle que l’efprit-de-vin. Pour connoître les dectés de dilatation ou de con= denfation de Pefprit-de-vin, il ne s’agit que de mefu- rer Paccroflement ou la diminution de fon vélume , par rapport au volume qu’il avoit dans un certain état dont on eft convenu. M, de Réaumur prend pour cet état celui de la liqueur quand elle eff envi: ronnée d'eau qui commence à fe glacer, ou plutôt de neige ou de glace pilée qui commence à fe fon- dre. M. de Réaumurcommence par graduer le tuyau en y verfant de l’eau &c du vif-argent , au moyen de différentes petites mefures qu'il aflure être très-exas tes, enftute il vmidele tuyau , & le remplit d’efprit- de-vin jufqu'à environ un tiers de la longueur aus deflus de la boule : alors il plonge la boule dans la glace, la Hqueur defcend jufqu’à un certain endroit où elle demeure flationnaire; & l’on ajoute ou l’on Ôte ce qu'il faut d’efprit de-vin pour que le terme de la congélation foit préciément à l’endroit qui mar- que 1000 parties. Quand le point de la congélation eft ainfi déterminé, on chafle le peu d'air qu'ilya dans le tuyau, & onle {celle hermétiquement.Enfuité on écrit d’un côté o au point de la congélation, & au-deflus les nombres 1,2,3, 4, &c. qui doivent exprimer les degrés de chaleur; de:même au-deffoug en allant vers la boule, on écritr,2,3,4, 6e qui marque les deorés de froid. De autre côté du tuyau, vis-à-vis o ; on écrit 1000, & tant au-deffous qu'ans #7 TIME deflus les nombres roor , 1002, 1003, Éc. quimat- quent les désrés de condenfation ou de raréfa&ion de la liqueur. Ïl eftahfolument néceflaire de fe fervir dumême efprit-de-vin pour avoir des shermomerres qui foient comparables étant confiruits fur.ces principes ; & comme il s’en trouve qui ont diffiérens degrés de dilatabilité, M. de Rcaurur a choïfi celui dont le vo- lume étant 1000 à la congélation, devient 1080 par la chaleur de l’eau borullante. Voyez les mé, de lac. royale des Sciences, ann.1730,p: 645. ff. pen. diem 17341, pe 354. Mif p. 7. | Malgré toutes ces précautions, M. Muflchenbroeck penfe que lethermomerre de M. de Réaumur eftencore fujet à plufieurs des défauts du shermorrerre de Flo- rence , favoir que l’efprit-de-vin perd à la longue fa vertu expanfñve; que le verre fe dilate aufli-bien que la liqueur, qu’en général les shermometres à efprit-de- vinne peuvent fervir que pour melurer de petits de- grés de chaleur ; car auffi-tôt que la liqueurcommen- ce à bouillir, 1ls ne peuvent plus marquer. Or l’efprit- de-vin reétifié bout un peu plutôt que l’eau, de forte que l’on ne peut découvrir à l’aide de ce sherrome- tre quel eft le degré de chaleur de l’eau qui bout, & encore moins celui d’une plus grande chaleur, com- me celle de l'huile bouillante , du favon bouillant, du mercure qui bout, 6. enfin ils ne peuvent mar- quer quelle peut être la chaleur des métaux fondus. Voilà les objeétions de M. Mufchenbroeck contre ce thermometre, que nous nous contentons fimplement de rapporter, fans nous en rendre garans, & fans prétendre rien Ôter à M. de Réaumur de lutilité de fa découverte. | Plufieurs auteurs ont ptopofé diverfes méthodes pour trouver un point fixe ou un degré de froid & de chaud , afin de régler fur ce degré les autres deprés, & de pouvoir comparer les obfervations faites dans les mêmes tems, ou dans des tems différens, & en différens endroits, | Quelques-uns marquent l’endroit où fe trouve la liqueur dans l'hiver quand l’eau commence à fe geler, comme auffi dans l’êté quand le beurre mis auprès de la boule du shermomerre commence à fe fondre ; 1ls divifent l’efpace intermédiaire en deux parties éga- les, dont le point du milieu, fuivant leur façon de compter, répond à la chaleur tempérée ; & ils fubdi- vifent chaque moitié en dix degrés , ajoutant encore quatre autres degrés égaux à chacune des deux ex- trémités. Mais cette méthode fuppofe que le même degré de chaud & de froid répond à la congélation de toutes fortes d'eaux & à la fonte de toutes fortes de beutres; comme aufli que toutes fortes de kermo- metres reçoivent les mêmes impreflions du même de- gré de chaleur, quoique toutes ces fuppoñtions foient contraires à l’expérience. | D’autres propofent de mettre la boule du hermo- metre dans une certaine quantité de neige & de fel, &t de marquer le point où s'arrête la liqueur; enfuite on defcend le shermomerre dans une cave profonde où Vair extérieur ne fauroit pénétrer ; de forte que la li- queur recevant limpreffion d’un air tempéré , puiffe marquer le degré de la chaleur tempérée. Enfin on divife l’efpace intermédiaire en quinze ou plufeurs parties égales , ce que l’on continue de faire au-delà de chaque extrémité : mais cette méthode eft fujette aux mêmes inconvéniens que la précédente. Le dotteur Hälley prend pour un degré fixe de chaleur celui où l’efprit-de-vin commence à bouillir; mais 1l y a lieu de foupçonner que cet expédient n’a pas plus de jufteffe que les autres, quoique M. Amon- tons S’arrète comme lui au degré de chaleur qui ré- pond à l’eau bouillante pour faire l'échelle de fon thermometre de mercure ; mais comme les diflérentes gravités fpécifiques des eaux marquent une différence THE dans leut mañe 8c dans leur texture, il eff ttès-brOs bable quela chaleur de toutes fortes d'eaux bouillans tes n'eltpas lamême , de forte que le point fixe refte encore indérerminé. M. Muffchenbroeck paroïît préférer À totis les aus tres shermometres ceux qui {ont faits avec du mercuré, qui, felon li, a beaucoup d'avantages fur l’efprit-des vin ; Caron peut lavoir pur , 1l refte toujours le mês me quoiqu'on lait gardé pendant plufeurs années, &T il fe raréfie toujours également quelque vieux qu'ilfoit.M.Mufchenbroeck prétend que le principal défaut de ces shermomerres eft celui de la dilatation & de la condenfation du verre qu’on ne fauroit empês cher. Il propofe cependant différens expédiens pour remédier à ce défaut; on en peut voir Île détail dans le chapitre du feu de fon effai de phyfique. Cependant il n’ofe aflurer que ce chermomerre ait encore toute la perfe@ion que l’on peut defirer. Mais il lé croit fu- périeur à tous les autres. Les shermomerres de imer- cure les plus en ufage aujourd’hui font celui de Fa renheit &c celui de M. de Lifle, Ces shermometres dif- ferent du shermomerre de Florence, 1°. en ceqw'ons’y fert de mercure bien purgé d'air, au-lieu d’efprit-de- vin; 2°, en ce que le tuyau de verre eft capillaire &c fort étroit, & fe termine non par une boule, mais par une bouteille cylindrique, d'une capacité propor- tionnée au diametre du tuyau ; 3°. en ce que les di- viñons y font beaucoup plus exaétes , fur-tout dans le shermometre de M, de Lille; caronne marque point ces divifions par des parties égales fur la longueur du tuyau , attendu les inégalitésintérieuresqui peuvent être au-dedans ; mais on verfe {ucceffivement dans le tuyau une petite quantité de mercure quiefttou- jours lamême , 8 qui occupe plus où moins d’efpace en longueur dans le tuyau, felon que le tuyau eft moins ou plus large en-dedans ; c’eft par ce moyen qu'on parvient à graduer les shermometres. Ceux qui defireront un plus grand détail fur ce fujet, peuvent confuiter Peffur de Phyfque de Muffchenbroeck, les mifcellanea Berolinenfia , tom: IF. p. 343. & Vappen- dice qui eft à la fin des Zeçons de phyfique de M. Cot- tes , traduites en françois, & imprimées à Paris en 1742. (0) On a encore donné depuis quelques annéesle nom de rhermometre à une machine compofée de deux métaux , quien même tems qu’elleindique les varia- tions du froid & du chaud , fert à compenfer les er- reurs qui en réfultent dans les horloges à pendule. M. Graham , illuftre membre de la fociété royale de Londres , fut un des premiers qui tenta de remé- dier aux erreurs qu'occafionnent dans les horloges à pendule , les contraétions ou dilatations des métaux, par les différens degrés de chaud & dé-froid quais éprouvent. Voyez MÉTAL. Il imagina pour cet effet de mettre en place de la lentille un tuyau contenant du mercure, afin que ce fluide fe dilatant, oufe contraétant parle chaud ou par le froid, il s’élevât ow s’abaiffàt dansle tube,& fit par-là monterou defcen- dre le centre d’ofcallation précifément de la même quantité dont il feroit defcendu ou monté ; par Pa- longement de la verge du pendule. L'auteur, apparemment , n’a pas tiré de fon in- vention tout l’avantage qu'il auroit pu defirer , car il n’ena point fait ufage dans la pendule que meflieurs les académiciens ont porté au nord. Pour parvenir au même but, M. le Roy fe fert d'un moyen tout différent , & fans-doute préférable, Il place perpendiculairement à l’horifon, fur Le coq, ou autrement dit la potence qui porte le pendule ,un tuyau de cuivre TF( Woyez CoQ , & nos PL, d'horl. }, long de 54 pouces , dans lequel pafle une barre d’a- cier de même longueur; celle-ci porte par fon-extré- mité fupérieure fur le bout du tuyau , & par l’in- férieure elle eft attachée aux reflorts de fufpenfon ER, ARR, én telle forte que le poids du pendule ne it effort {ur la potence, qu'après avoir agi fur la barre ët fur letube ; par ce moyen la chaleur alongeantle tube de laiton plus que la barre d’acier qu’il contient, elle fait monter le pendule dans la fente du cog, & le raccourcit autant qu’il alonge , par le fürcroit de cette chaleur, ce qui produit une exacte compen- fation. L'effét que je viens de décrire, fe manifefte par unindex Æ auquel l'extrémité inférieure de la barre fait parcourir les divifions d’un limbe, Les métaux de même nom n'étant pas toujours entierement femblables , & l'expérience prouvant que les différentes efpeces de cuivre jaune s’alon- gent plus ou MOINS par {a chaleur »' felon la quantité de pierre calaminaire ou autres ingrédiens qui en- trent dans leur compofition : ileft à propos de rap- porter ici la méthode que M, le Roy met en ufage pour rendre la longueur de fon tube proportionnelle à celle de fa verge: on-pourra juger par-là del’exac- titude qu’on doit attendre de fa conftruéion, Outre l'index dont nous avons parlé, M. le Roy en place un fecond de même genre, en 7 ; au bas du pendule, le plus près que l’on peut de fon centre d’ofcillation, enforte qu'il puifle être mu par l’extré- mité de fa verge. Il échauife enfuite beaucoup l’en- droit où cet appareil eft fitué; s’il voit que l'index inférieur ne fe meuve point, tandis que le fupérieur parcourt les divifions de fon limbe , 1l conclut que le tuyau a fait autant remonter la lentille, gwelle eft defcendue par lalongement ; fi au-contraire il ap- perçoit qu'il fe meuve, il allonge ou raccourcit le tuyau , felon le chemin que lPindex inférieur a pris Quelquefois auffi 1l met deux tubes l’un dans l’au- tre, &c après avoir attaché des lames de fer au bas de celui du dedans deftiné à porter la barre où font hixés les reflorts de fufpenfon, 1lle fait foutenir fur celui du dehors par l’extrémité fupérieure du tuyau Yatérieur ; par ce moyen, la hauteur du tube eft di- minuée de moitié. J’oyez SUSPENSION. Plufieurs perfonnes , d’après ce #hermometre , in- venté en 1738, en ont imaginé d’autres , où ils ont combiné en différentes mamieres des verges de cui- vre 6c d'acier pour produire le même effet ; mais on peut dire que de toutes les méthodes qui ont été mules en ufage , celle de M.le Roi eftinconteftable- ment la meilleure , tant par fa fimplicité que par fa olidité : car rien n’eft plus propre à foutenir un far- deau , que le tube; cependant pour ne rien laïfler à defirer , jen rapporterarune feconde qui a étéinven- tée par M. Elicott, célebre horloger de Londres, elle pourroit êtreutile dans le cas où on voudroit fuf- penûre le pendule fur des couteaux ; &c dans celui ou la longueur du tuyau précédent pourroit caufer quelque-embarras, par rapport à la difpoñition des Veux, oùla pendule devroit être fituée : felon cette nouvelle méthode , au haut de la verge d’acier du ! pendule , on-enattacheune autre de laiton de même longueur ; elle eft comme on voit contenue dans la largeur‘ de da verge d'acier , fon extrémité s’appuie fur les bouts desleviers £X adaptés à la verge d’a- cier, & mobile au-tour des points 7 ; fur les extrémi- tés X des leviers , portent les bouts des vis 7°#, qui tiennent à la lentille TT TT creufe en dedans. D’a- près cette defcriptron, on‘encomprendra facilement l'effet, car la verge de cuivre /,Z, &c, s’alongeant par la chaleur plus que celle d'acier , preflera en Æ lur les boutsdesleviers X£ , & fera par conféquent monter un peu la lentille , au moyen des vis F, dontles extrémités peuvenrapprocher plus on-moins près du centre J : on a la facilité de varier leffet de la verge 7, /, 7, en alongeant ou raccourciffant le bras du levier 1 X. | , THERMOPOLIUM , { m ( Lisrérar, ) c'étoit * Tome XVI, ? 1HE 273 Chez les Romains une efpecé decabaret, où Pon ven: doit des liqueurs douces & chaudes; ééftce Qui pas roit par un pañlage du pfeudolus de Plaute , a, ÎT. Je.iv, v, 80, ce mot vient de due, chaud, &c de œante, Je vends. (D. JE) | THERMOPYLES , ox PYLES, ( Livrérar. pañla- ge à jamais célebre , de foixante pas de largeur, 46 parant la Phocidede la Thefalie, Divers lacs »oufré la mer de Locride & le mont Œta , émbarraffoient cette efpece de défilé, qu'onnommoit 4 clé de Lx Grèce. Kerxès dépeupla les états pour le pafet ; fon armée immenfe mit à fec le fleuve Liflus, en ÿ abreu= vantfes chevaux: que produifirent tous fes efforts À Trois cens Greës retranchés au Pas des Thermopyles ; Rendirent en un jour fes efforts inutiles > £tles Athéniens aimerent mieux cens fois Æbardonner leurs murs que de fubir fes lois Dans la fuite des tems, les Phocéens voulant leur tour avoir une barriere de facile garde contre les Theflaliens , bâtirent une muraille aux T'herrnopyles ; unique voie qui conduifoit de Theflaie en Phocide. Les ouvertures laiflées dans cette muraille, pour he Pas entierement boucher le chemin , s’appellerent @UAar, portes ; à quoi quelques bains chauds d’alen- tour firent ajouter Sema), chaudes : & de ces mots Le fit celui de Thermopyles, Quoiqu’on donnât communément foixanté pas de largeur à ce paflage, il y avoit des endroits où une Voiture pouvoit à peine pañler : ce qui a fait qu'Hé= rodote , Z. WIT. c.clxvj. a appellé ce détroit aua@rée pauvn. Il ajoute que la montagne quu forme le paflage des Thermopyles , du côté de l'occident , eft inaccef- fible &c très-efcarpée, & que lamer inonde une par= tie du-chemin , du côté de l’orient. C’eftprèsde ce défilé qu’on faifoit en certains jours les aflemblées de route la Grece : elle y tenoit deux foires, & les Amphyétions leurs congrès, Tout le monde fait que Léonidas, premier de ce nom , TO des Lacédémoniens , dela famille des Aoïdes , défense dit avec trois cens hommes feulement, le pañlage des Thermopyles , contre une armée effroyable de Perfes , conduite par leur roi Xerxès. Cette multitude n’é- branla point le courage de Léonidas, &c quelqu'un lui ayant dit que le foleil feroit obfcurci des fleches des Perfes : tant-mieux , reprit, nous combat- trons al’ombre. Il fut tué avec tous les fiens, à cette Journée mémorable, fur laquelle Simonide fit quatre beaux vers grecs, dont voici le fens : Thermopyles Joyez à jamais célébrées ! Vous fervez de tombe & d'autel A ces braves guerriers, dont les ombres facrées Ont tiré de leur chute un triomphe immortel. L’épitaphe gravée fur leur tombe , aux Thermopy: les mêmes, portoit ces mots : « Paflant, va dire à » Sparte, que nous fommes morts pour obéir à {es » faintes lois ». Malheur à celui qui n’admire pas la beauté de cette épitaphe ! il n’eftfair que pour goûter les infcriptions des places Vendôme & des Vi&toi- | res, (D. 1.) THERMOSCOPE , f. m.( Pkyf.) eft un inftru- ment qui fait connoître Les changemens qui arrivent dans l’air, par rapport au froid & au chaud, Foyez ÂIR, TEMS, &c. Le mot de shermoftope fe confond en général avec celui de thermometre : cependant il y a quelque dif- férence dans la fignification littérale de l’un & de lautre. Le premier fignifie uninftrument qui marque ou repréfente aux yeux les changemens de chaleur & de froid ; il eff formé du grec dépun, chaleur , & de coœew, Je vois ; au-liéu que le fecond eft un inftru- ment fait pour mefuret ces changemens , &c qu’il eft formé de pur, chaleur : © de perpew , Rex ; de m 274 Te-FINES forte que fivant. cette étymologie, Le thermo metre devroit Être un shermofcope plus exa& &c plus parfait que les shermofcopes ordinaires: M. Wolf, regarde tous les thermometres qui font en ufage, comme de fimples rhermofcopes, prétendant qu'il.n'y en apas un feul qui mefure,. à proprement parler, les chan- semens de froid & de chaud, & qu'ils ne font qu'in- diquer ces changemens , &c qu'ainfi quoique les dif- férentes hauteurs où ils montent d’un jour à l’autre, marquent une différence de chaleur , cependant com- me elles ne matquent point la proportion qu'il y a de la chaleur d’hier à celle d'aujourd'hui, on ne peut pas à la rigueur leur donner le nom de shermomerres. On trouve dans le journal intitulé, aéfa. erudir. Lipf. une méthode pour régler l’échelle des thermo- metres communs, de forte que leurs divifions inéga- les répondent à des degrés égaux de chaleur, au moyen de quoi la proportion qu'il y a de la chaleur d'aujourd'hui à celle d'hier, peut être melurée, & par conféquent un shermofcope peut être porté à la perfeélion d’un thermometre, | Cette méthode eft d’un phyficien nommé Renal- dinus, & les éditeurs de Léipfic Pont rendue en ces termes. Prenez un tuyau de verre mince, d’environ quatre palmes de long , avec une boule attachée au- bas ; verfez-y autant d’efprit-de-vin qu'il en faut pour emplir exaétement la boule pendant qu’elle eft en- vironnée de glace ; dans cet état, fermez herméti- quement l’orifice du tuyau, & prenez fix vaiffeaux qui puiflent contenir chacun une livre d’eau, ouquel- que chofe de plus ; dans le premier verfez onze on: ces d’eau froide, dans le fecond dix onces, dans le troifiemeneuf, é:c. cela fait , enfoncez le thermome- tre dans le premier yaifleau , & verfez-y une once d’eau chaude , en remarquant à quelle hauteur l’ef- prit-de-vin monte dans letuyau, & en marquant ce point de hauteur par le chiffre r ; enfuite plongez le thermometre dans le fecond yaifleau , où vous ver- ferez deux onces d’eau chaude, & marquerez le point où monte l’efprit-de-vin par le chifire 2; en continuant cette opération jufqu’à ce que toute la li- vre d’eau foit dépenfée, l’inftrument {e trouvera di- fé en douze parties , qui marqueront antant de ter- mes ou degrés de chaleur ; de forte qu'au n°. 2, la chaleur eff double par rapport à celle du n°. 1. au n°, 3. elleeft triple, 6rc. M. Wolf fait voir que cette méthode eft défec- tueufe & fondée fur des fuppoñtions faufles : car elle fuppofe qu'une once d’eau chaude mife fur onze on: ces d’eau froide , nous donne un degré de chaleur ; deux onces d’eau chaude, fur dix d’eau froide, deux degrés, &c. elle fnppofe qu’un fimple degré de cha- leur agit fur Pefprit-de-vin quieft dans la boule ; par une puiffance fimple ; un degré double, par une puif- fance double , &c. enfin elle fuppofe que fi l’effetqui fe produit ici par l’eau chaude, fe produit dans. le thermometre par la chaleur de l’air qui l’environne, l'air a le même degréde chaleur que l’eau. Mais il n’y a aucune de ces fuppoñtions qui foit vraie: car à l’ésard dela premiere, quand on ac- corderoit que la chaleur de l’eau chaude étant diftri- buée également dans Peau froide ,1l fe trouverapour lors un degré de chaleur diftribué également dans les onze parties de l’eau froide ; deux degrés dans les dix ; trois dans les neuf, &c. la chaleur ne fera point double dans l’une , triple dans une autre , quadruple dans une troifieme , &c. | Lapremiere fuppoñition eft donc erronée; la fecon- de ne l’eft pas moins; car la chaleur de l’eau chaude ne fe diftribue point également partoute Peau froide, &c la chaleur de l’eau chaude n’agit point d’une ma- niere uniforme fur l’efprit-de-vin; c’eft-à-dire qu’elle ne conferve pas la même force pendant tout le tems de fon action. Pour cequieft de latroïfieme fuppoñrion ; la cha leur de air qui environne lethermometre, agit non- feulement fur lefprit-de-vin qui eft dans la boule, mais auffi fur celui qui eft dans letuyau; de forte qu'il doit arriver du changement à l’un auff-bièn qu’à l’autre. Chambers. Pour fe convaincre du peude folidité de toutes ces hypothèfes fur la mefure des degrés de chaleur, on n'a qu'à fe demander ce que c’eft que la chaleur: onne pourra pas s’en former d’autre idée nette que celle de la fenfation qu’elle excite en nous : or quelle abfurde entreprife que de comparer nos fenfations entr'elles par des nombres? (O0 THESE , L f, (Gram. ) propoñtion paradoxale qu'on avance dans le deffein de la défendre , f elle eftattaquée. On entend encore par ce motune fuite de propoftions ou de mathématique ;ou de philofo- phie, ou de théologie, dont on s'engage à démontrez publiquement la vérité. On donne le même nomau placard fur lequel ces propoftions font indiquées. THESÉES o7 THESÉENES , 1. £ pl. (Hif, anc.} fêtes que les Athéniens célébrotent tous les ans le 8 d'Ottobre en l'honneur de Théfée, & en mémoire de ce qu’à pareïljour il étoitrevenu de l'ile de Crete après avoir tué le Minotaure. . . Cehéros bienfaiteur & léciflateur de fa patrie quil avoit délivrée du tribut infame qu’elle payoit tous les ans à Minos d’un certain nombre de jeunes gens de l’un & de l’autre fexe pour être dévorés par le minotaure , fi l’on en croit la fable, & felon lhiftoi- re, pour être réduits en fervitude ; ce héros, disje, ne put éviter Pingratitude de fes concitoyens qui le bannirent. Il s’étoit retiré à Scyros chez Lycomede qui le tua par Jaloufie. : Incontinent après fa mort , les dieux , felon quel- ques-uns,. le-vengerent par une horrible famine. qui défola l’Attique. L’oracle confulté dans cette occa- fion répondit que la calamité ne cefleroit point qu”- on n’eüût vengé la mort de Thefée; les Athéniens f- rent la guerre à Lycomede, le tuerent, 67 ayant rap- porté dans leur ville , les os de Thefée,, ils lui bâti- rent un temple, & infüituerent en fon honneur les fêtes chéféenes. Plutarque donne à tout cela une origine bien dif férente ; car 1l affure qu’à la bataille de Marathon les Âthéniens ayant cru voir Thefée, qui comme un dieu tutélaire combattoit à leur tête ; loracle qu'ils confulterent fur ce prodige , leur ordonna de recueillir les os de Thefée enfevelis dans l'ile de Scy- ros , qu'après bien des recherches un nouveau pro- dige les indiqua à Cimon iqui les. fit tranfporter à Âthènes avec beaucoup. de pompe. On les dépofa dans un fuperbe tombeau élevéau milieu de la valle, & en mémoire du fecours.que ce prince avoitidonné aux malheureux pendant.fa vie, fon tombeau devint un afyle facré pour les efclaves. D'ailleurs on lui bä- tit un temple où on lui ofroit des facrifices le huit de chaque mois ; mais la plus grande folemnitéétoit le huit d'Otobre. Quoi qu’ilen foit de ces deux origines, la divinité prétendue de Thefée f anthentiquement reconnue à Athènes ne létoit pas également à Rome, puifque dans le VI. Liv. de l’Eneide, Virgile place Theféedans le tartare parmi les fcélérats tourmentés pour leurs crimes. La théolosie payenne étoit pleine de ce contradictions. | | THESEI-ARA, ( Géog. anc. ) ou Thefei-fexum | lieu du Péloponnèle, furle chemin qui conduiloit de Frozène à Hermione. Paufanias, /. 11. c. xxxiy. & 34,dit que ce lieu s’appella d’abord laure de Ju- pitr fthénien ; mais qu’il changea de nom, lorfque Thefée en eut enlevé l'épée &c la chauflure d'Egée, qui étoient cachées fous la roche fur laquelle étoit l'autel. Cette roche eft nommée par Callimaqne T#e- Je Jaxum. (D, J.) w THÉSÉIDE, £. £. ( Mytholog.) partie dune my thologie des anciens, compofée en vers ; c’étoit un centon de différens poètes nommé Le cycle épique. Le morceau qui concernoit Thefée , fon regne , fes ac- tions , s’appelloit shéféide. Larhéféide étoit encore une maniere de fe rafer la tête introduite par Théfée. Ce héros étant allé à Delphes , offritaux dieux fa che- velure ; ce fut ceux de devant qu'il fit couper. On Pimita d’abord , enfuite la mode changea ; & l’on -donna le nom de sheféide à l'ancienne. Les Romains ont eu un poëme intiiule Z+ shéféide dont Juvenal s'eftmoqués rauci thefeide Codri. Codrus étoit l’au- teur de ce poëme infñpide. THÉSIS , £. f. (er Mufique.) poftrio, abaïffement. ‘C’eft ainfi qu’on appelloit autrefois le tems fort ou le frappé de la melure, à la différence du levé qui portoit le nom d’Arfis. Voyez Arsis & Tesis. (S) THESKERÉ ox TESCARET , f. m. (Comm. ) on nomme ainfi dans les états du grand fesgneur, & par- _ticulierement à Smyrne , un certificat qie donnent les commis de la douane, lorfque les marchandifes y ont payé les droits d'entrée. En vertu de ce sheskeré Ou acquit, ces marchandifes doivent pañler franches -dans Les autres villes des états du grand feigneur où on les peut envoyer , c’eit-à-dire, dans l'étendue de la ferme où elles ont payé ; car dans les autres, com- me dans celles du Caire, elles doivent payer unnou- -veau droit. Didlionn. de Commerce. THESMIE 04 THESMOPHORE , ( Anriq. greg.) -épithete de Cérès qui fignifie la /égiflatrice. Elle avoit fous ce nom un temple à Phénéon en Arcadie, au -bas du mont Cyllène, & un autre à Tithronium en Phocide, oit la fête des thefmophories fe célébroit ‘tous les ansa vecungrand concours de peuple. Foyez THesmornorkiess. (D. J.) THESMOPHORIES , £ £ plur. ( Ari. greque.) &espcpopia , On appelloit ainfi les fêtes qui fe célé- broient dans lAttique au mois Pyanepfon ( Novem- bre, felon le p. Petau ), en Fhonneur de Cérès légif- ‘latrice, parce que cette déefle avoit , dit-on , donné de fages lois aux mortels. Il w’étoit point permis aux hommes d’afifter aux he/mophories , &c il n’y avoit que les femmes de condition libre qui puflent les cé- Iébrer ; elles fe rendoient en proceflion à Eleufis, x fafoient porter par des filles choifies les livres fa- crés. Toutes ces femmes étoient vêtues de robes: blanches , felon Ovide; & durant la folemnité qui étoit de cinq jours , elles étorent obligées de fe féparer de la compagnie de leurs maris, pour célé- brer les myfteres de la déefle avec plus de pureté. Voyez ÉLEUSINIES. Potter, dans fes archæol. græc. 1. I, p. 403 & fuir. a décrit plufieurs détails de cette folemnité , conful- tez-le. ( D.J.) THESMOTHETE , f.m. (Anriq. greg.) Besuobirce, grand magiftrat d'Athènes ; 1l y avoit fix shefinocheres won tiroit du nombre des neuf archontes , & qu’on éloit tous les ans, pour être les furveillans & les confervateurs des lois. Les fix derniersarchontesd’A- thènes étoient appellés d’un nom commun shefino- chetes | parce qu'ils avoient une intendance particu- liere fur Les lois. Leur principal devoir étoit de veil- ler à leur intégrité, de s’oppofer aux nouvelleslois, avant qu’elles euflent êté examinées , 8 de mainte- nir les anciennes dans toute leur pureté. Ils jugeoient | ce qui regarde l’adultere ; lesinfultes, les calomnies, | les faufles infcriptions & citations , la corruptiondes mapiltrats & des juges inférieurs, les fraudes des marchands &c des contrats de commerce ; ils pou- voient convoquerles affemblées extraordinairement, quand les affaires le requéroient, punir de la peine du talon les faux accufateurs, & marquer le rang des juges8c des affefleurs. Pour entendre ce mot aff Jèur , 1 faut favoir que les trois premiers archontes Tome XVI, T'ARTRE 273 fe choififloient chacun deux coadjuteurs pour former leur tribunal ; c’étoient comme des confeillers s ils les préfentoient au fénat, & les faifoient agréer au peuple. On pouvoit appeller de leurs jJugemens, & dans le cas d'appel, c’étoit à eux d'introduire les parties au tribunal où la caufe étoit renvoyée. (D.J.) THESPHATA, ( Littérar, ) Oecgara , c’étoit un des noms que les Grecs donnoient aux otacles. Voyez ORACLE. ( D. J.) THESPIADES , ( Mytholog. ) furnom des mufes pris de < ville de Thefpie, où elles étoient honorées, (D. J. THESPIE , ( Géog. anc.) Thefpia ou Thefpie ; car cemot, felon Strabon, s'écrit de ces deux manieres. C’étoit une ville dela Béotie , au pié du mont Héli- con, du côté du midi, fur le bord dugolfe Chryffeus, . Paufanias, Bæor, c. xxvÿ, dit qu’elle étoit au pié de l'Hélicon; de façon qu’elle regardoit auffi le mont Ci- théron. Le périple de Scylax, Hérodote, Etienne le géographe, Tite-Live & Pline parlent de cette Ville. Ce dernier, Z. IF. c. ir. en fait une ville bre, itinéraire d’Antonin la marque fur la route de lEpire, de la Theffalie & de la Macédoine, en fui- vant la côte, & il la place entre Phocides & Mépgare, à quarante milles du premier de ces lieux ) OT à égale diftance du fecond. Les habitans de Thefpie faifoient gloire d'ignorer tous les arts, fans excepter même l’agriculture. Les Thébains viétorieux fous Epaminondas faccae gerent Thefpie,& n’en épargnerent que les temples. Athènes recueillitles Thefpiens quieurent lebonheur d'échapper à la fureur du foldat. Ceux-ci avoient été de tout tems fi dévoués aux Athéniens ; qu'autant de fois, c’eft-à-dire de cinq ans en cinq ans, que les peuples de lAttique s’affembloient dans Athènes pour la célébration des facrifices ; le héraut ne man- quoit pas de comprendre les Thefpiens dans les vœux qu’il faifoit à haute voix pour la république. On célébroit à The/pie une fête folemnelle en lhonneur des mufes ; & pendant cette fête on fai- foit des jeux qui étoient appellés mufées. Il ÿ en avoit auf d’autres qu’on nommoit éroidies, à l'honneur de Cupidon , 8& on décernoit des prix non-feulement aux muficiens , mais encore aux athletes. On admiroit dans cette ville une flatue de bronze de Jupiter fauveur; lhiftoire dit qué c’étoit un jeune ‘homme nommé Cléoftrate qui fe dévoua pour fa pa- trie , & que les Thefpiens érigerent cette ftatue en fon honneur ; mais Cicéron dans une de fes haran gues contre Verrès, & Pline, Z XXXFI. cv, pré- tendent que l’on alloït à Thefpie uniquement pour y voit le Cupidon de Praxitele, Ils ont tous raifon, en diftinguant les tems. (D. J. THESPROTIE, ( Géog. anc.) Thefproria ; felon “Etienne le géographe, 8 Thsfproris, {elon Thucy- dide , Z I. p. 32, petitecontrée de l’Epire, Le péri- ple de Scylax appelle Les habitans de cette contrée Thefprori ; ils avoient au midi la Chaonie, à l’orient l’Ampracie & le lac Ambracius. Hérodote , 2 ZIIL c. xlvy. les dit voifins des Ambraciotes, Dans la fuite les Caffiopenfes ayant été féparés des Thefprotes, le pays de ces derniers eut des bornes plus étroites. C’eft dans la The/protie qu'étoit oracle de Do- done, & ces fameux chênes confacrés à Jupiter. On y voyoit auff le marais Achérufeia, le fleuve Ache- ron &c le Cocyte dont l’eau étoit d’un goût fort défa- gréable. Il y a bien de l'apparence qu'Homere avoit vifité tous ces lieux, dit Paufanias, & que c’eft ce qui lui a donné l’idée d’en tirer parti dans fa defcrip- tion des enfers , où il a confacré les noms de ces fleuves. Plutarque, dans la vie de Thefée, dit que le roi des Thefprotiens étoit Pluton , qu’il avoit une femme ap- pellée Proférpine , une fille nommée Coré, & un chien M m 1 56 THE aui s'appelloit Cerbere, chien redoutable , CHË tre$ crant lingue , tergeminumque caput. Mais n’ayons plus peur de ce terrible animal, inferne portior aule,; il doit être mort depuis des fiecles. (2.7. ) THESSALIE, ( Géog. anc.) pat ce mot, on en- tend tantôt une grande contrée de Grece, & tantôt une parie de cette contrée, appellée communé- ment la Theffalle propre, & quelquefois la Thefa- Liotide. La Theffalie prife en général, s'étend, felon Stra- bon, à lorient, depuis les Thermopyles; ufqu’à Pem- bouchure du Pénée, Au midi elle eft bornée par cette chaîne de montagnes qui prend depuis le mont Œta, jufqu'au mont Pindus; au couchant, elle a les Eto- liens, les Acarnaniens, & les Amphiloques. Du côté du nord , fes bornes {ont moins connues; G néanmoins on tire de l'embouchure du Pénée une ligne parallele au mont (ta & au Pindus, on aura = peu-près les limites du côté du feptentrion. En effit, le Pénée ne fervoit pas de bornes entre la Macé- doine & la Theffalie ; ce n’étoit qu'à fon embouchure qu'ilféparoit ces deux contrées. Quant à ce que Stra- bon dit, que le Pénée fépare la Theffalie de la Phthio- tide; où quand Ptolomée dit qu'il fépare la Thf]a- lie de la Pélafgiotide , ces auteurs nentendent par- ler alors que d’une partie de cette contrée, ou de la Theffalie propre, appellée Thefjaliotide par Strabon. Pline, /, IV. 6, viy. remarque que ce pays changea fouvent de nom, fuivant les différens rois qui Le gou- vernerent. On lenomma Æmonia, Pelafoicum , el das, Theffalia , Argos, & Dryopis: C’eft-là, ajoute Pline, que naquit le roi Græcus, qui donna fon nom À la Grece, & Hellen, du nom duquel les Grecs fu- rent appellés Hellenes. + Strabon divife la Theffalie en quatre parties; fa- voir, la Phthiotide , VÉffaotide , la Thefflahotide, la Pélafgiotide ; fi l’on y veut joindre la Magnéfe, on aura une cinquieme partie; at quoique Strabon la diffingue de la Theffalie, elle y a été compnife par plufeurs auteurs, entre autres par Ptolomée. Parcourons maintenant l’hiftoire de fa Theffalie fuivant les anciens hiftoriens. Avant la guerre de Troie, difent-ils, Pélhas, & après lui, Jafon fils d’Æfon, furent rois d’Lolcos, ville de la Theffalie : Jafon & fon fils Pirithous, fe rendirent maîtres d’une partie de cette contrée, qui eut plufieurs petits rois en ce tems-là, comme Achil- le, fils de Pélée, prince de la Phthiotide ; Euripile qui poffédoit une partie de Îa Magnéfe ; Protéfilas, Philo@ete, & Phœnix gouverneur d'Achille. Apres cela, les Theflaliens fecouerent pour la plñpart le joug de leurs princes. Ils ne firent qu'un feul corps, &c fe gouvernerent par une affemblée folemnelle, qu’on appelloit pylaique. Is ne laifloient pas d’avoir encore quelques rois du tems de la guerre du Pélo- ponnèfe. Dans ce tems-là , Pharfalus roi des Thefla- liens chafa Orefte, fils d'Echécratides, qui fut con- traint de quitter la Theffulie pour fe retirer à Athènés. Vers cemême tems , une partie dela Theffalie étoit {ous la domination des T'hraces; & ceux qui avoient confervé leur liberté, favorifoient plus ies Athé- niens que les Lacédémoniens. Tandis qu'une partie de cette province vivoit ainf libre , Jafon ufurpa la ville de Phérès, & perfuada aux Theflaliens de ie rendre maîtres de la Grece. Il devint leur chef, ëc enfuite leur feigneur &c leur tyran; cette puifflance {e nommoit Tageie. Jafon fut tué par fes frères Poly- dore & Polyphron, la troïfieme année de la r02° olympiade. Après ce meurtre, Polyphron fe défit de Polydore, & régna feul une année ; enfuite 1] fut empoifonné par {on frere Alexandre , qui régna dou- ze ans, & fut plus méchant que les trois autres. Les Theflaliens fecourus par les Thébains, taillerent fes troupes en piece fous la conduite de Pélopidas , & THE Alexandre fe vit obligé de rendre leurs villes, & de garder feulement celle de Phérès. Il ne put éviter les embuches que lui tendirent fa femme Thebé, &c fes freres Lycophron & Tifiphon, qui après fa mort de- vinrent tyrans. | Les Alévades qui étoient les principaux nobles de Theffalie, ayant envoyé prier Philippe, pere du grand Alexandre, de les affranchir de la tyrannie, il les en délivra dans la quatrieme année de la cent cinquie- me olympiade ; & il les eut toujours pour amis de- puis ce tems-là ; de forte qu'ils Paflfterent lui & fon fils Alexandre dans toutes leurs guerres. Il eft vrai que Philippe, lorfqu’il eut rendu la liberté aux Fhef- faliens, fe les aflujettit, &c s’empara de leurs mines. Alexandre le grand fut auffi reconnu pour prince de la même nation, qui lui laiffa la jouiffance de tous {es revenus ; depuis lors la Theffzlie étant comme unie à la Macédoine, eut même fortune; &c enfin, les Romains conquirent l’une & lPautre. On donnoit communément le nom de cavalerie aux troupes des Theflaliens, à caufe qu'ils avoient d’ex- cellens cavaliers, La Theffalie étoit fi abondante en bons chevaux, qu’elle mérita les épithetes l'arcrpe- cor» & Eurœcs ; on prétend même qu’on lui doit l’in- vention de les dompter. C’eft pourquoi dans Les an- ciennes médailles , la Theffalie, & particulierement - Lariffe fa capitale , ont pour fymbole un cheval qui court ou qui pait ; le fameux Bucéphale éroit thefla- lien. L'on conferve encore en Theffalie les bonnes races de chevaux avec un foin qui répond prefque à leur ancienne réputation. | Mais fi leurs chevaux font excellens ; le caraétere des peuples ne l’étoit pas; les Theflaliens étoient re- gardés dans toute la Grece pour perfides. Une trahi- {on s’appelloit #2 sour des Theflaliens , Heoyunoy sogio- ue; & la faufle monnoie, monnoie de Theffalie, 8:5- canor voue; Euripide dit qu'Etéocle dans fon com- merce avec les Theflaliens, avoit appris la rufe & la mauvaïle foi. La Grece, & particulierement Athènes, éprouva fouvent leur perfidie, & dans de grandes occañons. Non content d’avoir appellé Xerxes dans la Grece, ils fe joignirent à Mardonius après la bataille de Sa- lamine, & lui fervirent de guides pour envahir lAt- tique. Une autre fois au fort du combat qui fe don- noit entre les Athéniens & les Lacédémoniens, ils abandonnerent les Athéniens leurs alliés, & feran- gerent du côté des ennemis, * Siles Theffaliens favoient fi bien trahir, les Thef- faliennes pafloient pour être les plus habiles en ma- sie, Que n’ai-je à mes gages une forciere de Theffa- lie , dit Strepfade dans Ariftophane, &c que ne puis- je par foh moyen faire defcendre la lune en terre? Les Theflaliens, fur-tout ceux de Pharfale &c de La- tifla, étoient les hommes les mieux faits de toute la Grece ; les femmes y étoient fi belles, qu'on a dit d'elles qu’elles charmoient par des fortiléges. Elles excelloient fi bien dans la coqueterie, que pour les cajoler , on difoit que les charmes étoient leur feul partage. Ce fut une fleurette qui échappa {pirituelle- ment à Olympias , femme de Philippe, & mere d'A- lexandre. Dans le dernier fiecle, les beautés de Thef- falie n’épargnerent pas plus Mahomet IV. que Phi- lippe roi de Macédoine : une jeune theffalienne vint À bout de lenchanter dans les plaines de Pharfale. On fait qu'il s’eft donné dans ces mêmes plaines des batailles à jamais célebres ; mais ils y en füt don- hé une des plus grandes dont l’hiftoire etit parlé, f les Grecs avoient accepté le défi de Mardomius , gé- néral des Perfes, qui leur envoya dire de fortir de leurs places, & qu’il leur livreroït bataille dans la Theffalie, où il y avoit des campagnes aflez belles , &c qui avoient aflez d’étendue pour y déployer leur valeurs | + THE Le P. Briet a divifé la Theff/ie en cinq païties, qui | font les mêmes que celles du géographe d’Amafe, Lariffa, aujourd’hui Lariz0 , eft la capitale de la Pé- lafgiotide ; les fleuves Pénée, Atrax, Pamife, & Té- tarèfe, arrofent cette partie. Tricala eft la principale ville de PEfthiatide; Hy- pata & Thaumafñ font dans la Theflalotide ; Phar- fale , Thebes, aujourd’hui Zetton, ainfi qu'Héraclée, Trachinienne , font les principaux lieux de la Phthio- tide. Le mont Œta s’y trouve, &c elle eft arrofée par les fleuves Enipeus, Amphryfius, & Sperchius; la Magnéfie avoit Pheræ, Zerbeos, Démétrias ; les monts Ofa , Olympe , & Pélion, aujourd'hui Pé- tras. Selon la notice d’'Hiéroclès, la province de Thef- Jalie comprenoït quatorze évêchés , 8 deux métro- poles. La Theffalie s'appelle aujourd’hui la Jane : nous avons vu que c’étoit une région de la Grece, entre la Macédoine &c l’Achaïe. Les vallées de Tempé fi vantées par Les Poëtes, s’étendoientle long du fleuve Pénée, entre le mont Olympe au nord, à le mont Offa au fud, dans la partie orientale de la Pélaigio- tide, qu'occupoient les Perrébiens , vers le golphe Termaique, maintenant nommé le go/phe de Saloni- que ; le Pénée eft la Sélambrie, La Janna eft un excellent pays pour tous Les fruits du monde : les figues , les melons, les orenades, les citrons, les oranges, s’y trouvent en abondance ; le raifin y eft exquis ; le tabac y eff fort; & les oignons beaucoup plus gros que les nôtres ÿ ont un meilleur goût. Les campagnes y font couvertes de fetanum &t de petits arbres de coton; les montagnes y pro- duifent Le cyftus, de la lavande, de la marjolaine, du romarin, ê&cplufeurs autres plantes aromatiques. Les planes font auffi beaux du côté de la Macédoine, qu'ils létoient autrefois près d’Abdere, lorfque Hippocrate trouva fous lombrage épais d’un de ces arbres, fon ami Démocrite occupé à confiderer les labyrinthes du cerveau. ( Le chevalier DE Jau- COURT. ) THESSALIENS , Les, ( Géogr. anc. ) Theffali, Pine, 2. WI. c. lyij. remarque que les Theffariens, auxquels on avoit donné le nom de Cezsaures, habi- toient au pié du mont Pélion, & qu'ils avoient in- venté la mamere de combattre à cheval. Je ne crois pas, ditle P. Hardouin, qu'il faille entendre ce mot ce combattre, des batailles que les hommes fe livrent les uns aux autres : car l’ufage de fe battre à cheval, éft plus ancien fans doute que Pinvention dont Pline attribue la gloire aux Theffaliens, Je croirois plus vo- lontiers, continue ce favant jéfuite, qu'il feroit que- lion des combats contre les taureaux à la chafle fur le mont Pélion; ce qui, felon Palæphatus, leur fit donner le nom de Centaures : cette conjeäure eft vraiflemblable. (D. J.) THESSALONIQUE , ou Theffalonica, ( Géogr. anc.) ville de la Macédoine, fur le golfe Thermaï- que, auquel elle donna fon nom ; car anciennement cètte ville s’appelloit Thema. Etienne le géographe dit qu'elle fut nommée Theffalonique par Philippe de Macédoine, en mémoire’de la viétoire qu’il rempor: ta près de Therma fur les Theffaliens. Cette ville fous les Romains étoit la capitale de la Macédoine, & lefiége d'un préfident & d’un quef- teur. Pline lui donna le titre de ville libre , Theffa- . lonica liberæ conditionis. On la nomme aujourd’hui Falonichi ; elle eft peuplée de mahométans , de chré- tiens grecs & dejuifs. Îl y avoit déjà dans cette ville, du tems del. C. un aflez grand nombre de juifs qui y poflédoientune fynagooue; venerint Thef[alonicam ubi erat fynagoga judæorum', A. 17. 1.5.Paul y vint l'an 52. de l’ere vulgaire ; & étant entré dans la fynagogue, felon THE Ta couture, 1l éntretint l’aflemblée des écritures & de J. C. durant trois jours de fabbat. Une muüultituz de de gentils & quelques juifs fé convertirent ; mais les autres juifs , pouflés d’un faux zèle, exciterent du tumulte, & tenterent de fe faïfir de Paul & de Silas qui logeoient dans la maifon de Jafon, pout les traduire devant le magifirät romain. Paul fe re: tira à Bérée, d’où il fe rendit à Athènes, & d’Athè- nes à Corinthe ; c’eft vraiflemblablement de certé dernière ville qu'il écrivit fa premieré épître aux Thefflaloniciens, dans laquelle il leur témoigne beau: coup de tendrefle & une grande eflime pour la fer- veur dé leur foi. La ville de Thefalonique | iétropole de 4 pro: vince d’Illyrie & de la premiere Macédoine , a été le fiége du vicaife du pape jufqu’au fchifme des Grecs ; & la notice d'Hiéroclès met fous cette mé- trôpole une trentaine d’évêchés. Selon Pétat moder: ne du patriarchat de Conftantinople , publié pa Schelftrate, le métropolitain de Thefzlonique à {ous lui neuf évêchés; mais ce font des évêques qui n'ont pas de part. Patrice ( Pietre }, celebre par fon crédit & fes né- gociations fous l'empire de Juflinien, étoit né à Theffalonique. A fut revêtu par ce prince dela char- ge de maire du palais. On a des fragmens de fon hiftoire des ambafladeurs fous le regne des empe- reurs romains ; & cette hiftoire étoit divifée en deux païties. La prémiere commence à l’ambafade des Parthes à Tibere , l'an de J, C. 35. pour lui deman- der un roi, & finit par l’ambaffade qui fut envoyée par les Barbares à l’empereur Julien, La feconde par- tié comménce à l’ambaflade de l’empereur Valérien : à Sapor, roi de Perle , pour obtenir de lui la paix en258, & finit à celle que Dioclétien &c Galere en- voyerent àNarsès, pour traiter de la paix avec lui, Pan 297. Ces fragmens ont été traduits de grec en latin par Chanteclair, avec des notes auxquelles Henri de Valois a ajouté les fiennes en 1648. On a imprimé ces fragmens au louvre dans lé corps de la byzantine, | | Gaza (Théodore }, né à Thefaloniquie, pafla en Italie après la prife de Conftantinople par les Turcs , & contribua beaucoup par fes ouvrages à la renaif- fance des Belles -lettres. F tradiifit de grec en latin l’hiftoire des animaux d’Ariftote; celle des plantes dé Théophraîte. Il tradüifit de latin en grec le fonge de Scipion, & le traité de la vieilleffe de Cicéron. Il donna lui-même une hiftoire de l'origine des Turcs, un traité de menfibus articis | & quelques au- tres ouvrages. Il mourut à Rome en 1475, âgé d’en- viron 80 ans. Andronicus, né pareïillement à Theffalonique , fut encore un des grecs fuginuifs qui porterent l’érudi= tion en Occident au xv*. fiecle. Il pafloit pour êtté fupérieur à Théodore Gaza dans la connoïffance de la langue srecque ; mais , comme il arrive ordinais ment, {es lumieres dans la langue ne lenrichirent pas. Il fe flata fur la fin de fes jours de trouver en France plus de reflources ; il s’y tranfporta, & y mourut peu de tems après. [l ne faut pas Le confon-. dre avec un autre Andronicus qui enfeignoit de fon tems à Bologne, & qui étoit de Conftantinople. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) THESTIA , (Géogr. anc. ) nom commun à une ville d’'Epire, dans l’Acarnanie, & à üne ville du Péloponnèfe, dans la Laconie, fur l’'Eurotas.(D.J.} THESTIS ,(Géog. anc.) nom commun, 1°.à une ville des Arabes; 2°. àune ville de la Lybie; 3°. & ‘à une fontaine de la Cyrénaique, près de laquelle les Cyrénéens remporterent une grande viétoire fur les Egyptiens, felon Hérodote, Z. 17. 2°. 159. (D. J.) THETA, ( Lirtérature.) cette lettre grecque, qui eft la premiere du mot Saralor, la mors, fervoit chez 278 THE les Romains à donner {on fuffrage pour la condam- nation à la mort; d’où vient que Martial l'appelle mortiferum theta, &c que Perfe dit: yixo , nigrumque præfigere theta. (D. J. ) THETES, (Antig.grecq.) ônre, nom de [a plus bañle claffe du peuple à Athènes. Ariftides fit revivre la loi de Solon qui excluoit cette clafle de citoyens, d’avoir aucune charge dans le gouvernement de la république. (2.J. THETF ED # Log: mod.) ville d'Angleterre, dans la province de Norfolck, {ur la riviere d’Oufe, à 18 milles de Norvich, à 22 à l’orient de Dély, à 31 de Cambridge, & à 6o de Londres. Elle eft bâtie fur Les ruines de l’ancienne Szromagum : elle a droit de députer au parlement & de tenir marché. (D J. ) THETIDIUM , ( Géog. anc.) bourgade en Thei- falie, près de la vieille & de la nouvelle Pharfale. Strabon , 4v. IX. pag. 431. & Polybe , li. XXVII. n°. 16. parlent de cette bourgade. (2. J.) | THÉTIS, (Mychotog.) fille de Nérée & de Doris, étoit la plus belle des néréides. Jupiter, Neptune &c Apollon la vouloient avoir en mariage ; mais ayant appris que, felon un ancien oracle de Thémis, il naïtroit de Théris un fils qui feroit plus grand que fon pere , les dieux fe défifterent de leurs pouriuites, & céderent la nymphe à Pélée. Les noces fe firent fur le mont Pélion avec beaucoup de magnificence, & toutes les divinités de l’Olympe y furent invitées, excepté la déefle Difcorde. Pour ôter à ce récit l'air de fable, on dit qu'aux noces de Thésis & de Pélée, les princes & princefles qui y aflifterent prirent ce jour-là le nom des dieux &r déefles, parce que Thé- sis portoit celui de Méréide. Quoi qu'il en joit, ce n’eit point le nom de Mérérde que portoit Thétis ;ce n’eft point encore fa beauté & la fomptuofité de fes noces qui ont immortalifé fa gloire, c’eft d’avoir eu pour fils Achille, dont Homere a chanté la colere &c les exploits. (D, J.) THÉTYS, ( Myckolog. ) femme de l'Océan, & la fille du Ciel & de la Terre. Voyez TÉTHIS. THEUDORIA, ( Géog. anc.) ville de PAthama- nie. Tite-Live, Ziv. XX XVIII. chap. J. dit que les Macédoniens en furent chañlés par les Romains. CDs) THEUDURUM,(Géog. anc.) ville de la baffle Germanie. L’itinéraire d’Antonin la marque à 9 milles de Mederiacum , & à 7 de Corioyallum ; on croit que c’eft aujourd’hui un bourg appellé Tuddere : 1l eft fi- tué dans le duché de Juliers, fur le Rebecq. ( D. J.) THEUMEUSIA-ARRA & JUGA ,(Géog. anc.) champs & montagnes de la Boëotie. Theumeufta Juga font vraiflemblablement la montagne Theumef[us de Paufanias. ( D. J.) THEU-PROSOPON, (Géog. anc.) en latin Facies Dei, promontoire de Phénicie. Ptolomée, Zy. F. ch. xxv. le place entre Tripolis & Botrys : c’eft V'Euprofopon de Pomponius Mela. (D. J.) THÉURGIE 0x THEOURGIE, f. f. ( Divina.) efpece de magie chez les anciens, dans laquelle on avoit recours aux dieux ou aux gémies bienfaifans , pour produire dans la nature des effets furnaturels & abfolument fupérieurs aux forces de Phomme, du mot Geo, Dieu , ÊT epyov , ouvrage. La chéurgie, fi on en veut croire ceux qui en fai- foient profeflion, étoit un art divin, qui n’avoit pour but que de perfectionner lefprit & de rendre lame plus pure; & ceux qui étoient aflez heureux pour parvenir à l’autopfe , état où l’on croyoit avoir un commerce intime avec les divinités , fe croyoient revêtus de toute leur puiffance. L'appareil même de la magie théurgique avoit quelque chofe de fage & de fpécieux. Ilfalloit que le prêtre theurgique ft irréprochable dans fes mœurs, que tous ceux qui ayoient part aux opérations fu{- THE L': fent purs, qu'ils n’euflent eu aucun commerce avec les femmes, qu'ils n’euffent point mangé de chofes qui euflent eu vie, & qu'ils ne fe fuffent point fouil- lés par l’attouchement d’un corps mort. Ceux qui vouloient y être initiés devoient pafler par différen- tes épreuves toutes difficiles, jetner, prier, vivre dans une exaéte continence, fe purifier par diverfes expiations : alors venoient les grands myfteres où il n'étoit plus queftion que de méditer & de contem- pler toute la nature, car elle n’avoit plus rien d’obf- .Cur ni de caché, difoit-on, pour ceux qui avoient fubi ces risgoureufes épreuves ; on croyoit que c’étoit par le pouvoir de la héurgie qu’Hercule, Jafon : Théfée , Caftor & Pollux, & tous les autres héros opéroient ces prodiges de valeur qu’on admiroit en eux. Ariftophane & Paufanias attribuent l'invention de cet art à Orphée, qu'on met au nombre des magi- ciens theurgiques ; 1l enfeigna comment il falloit {er- vit les dieux, appaifer leur colere, expier les crimes . 6t guérir les maladies : on a encore les hymnes com- poiés fous {on nom vers le tems de Pififtrate : ce font de véritables conjurations théurgiques. Il y avoit une grande conformité entre la magie théurgique & la théologie myttérieufe du paganifme, c’eft-à-dire celle qui concernoit les mylteres fecrets de Céres de Samothrace , 6. 1 n’eft donc pas éton- nant, dit M. Bonami, de qui nous empruntons cet article, qu’Apollonius de Thyane, Apulée , Por- phyre , Jamblique, l’empereur Julien, & d’autres plulofophes platoniciens & pythagoriciens accufés de magie fe foient fait initier dans fes myfteres ; ils reconnoifloient à Eleufis les fentimens dont ils fai- foient profeffion, La shéuroie étoit dont fort diffé- |. rente de la magie poëtique ou goëtie, où l’on invo- quoit les dieux infernaux & les génies malfaïfans ; mais il n’étoit que trop ordinaire de s’adonner en même tems à ces deux fuperftitions, comme faifoit Julien. Les formules théurgiques, au rapport de Jambli- que , avoient d’abord été compofées en langue égyp- tienne ou en langue chaldéenne. Les Grecs & les Ro- mains qui s’en fervirent, conferverent beaucoup de mots des langues originales ; qui mêlés avec des mots - grecs &t latins, formoient un langage barbare & in- intelligible aux hommes; mais qui, felon le même philofophe, étoit clair pour les dieux. Au-refte, il falloit prononcer tous ces termes fans en omettre, fans héfiter ou begayer, le plus léger défaut d’articu- lation étant capable de faire manquer toute l’opéra- tion théurgique. Mém. de l'académie | tome VII, Les démonopraphes & les théologiens prouvent que la rhéurgie étoit fuperfitieufe & illicite, parce que les démons intervenoient dans fes myfteres, quoi qu’en difent fes défenfeurs. : THEUTAT o4 THEUTATES, f.m. ( Mycholog. &Hiff. anc. ) noms fous lequel les Celtes adoroient la divinité , connue aux Grecs & aux Romains fous lenom de Mercure. Le mot cheutat dans la langue des Celtes fignifoit pere du peuple ; ils le regardoient camme le fondateur de leur nation, & prétendoient en être defcendus. Ilétoit le dieu des arts &c des fciences, des voyageurs & des grands chemins , des femmes enceintes , des voleurs, & il avoit des temples dans toute la Gaule, C’eft ce même dieu qui étoit connu des Gaulois fous lenom d'Ogrius , ou du dieu de l’éloquence, que Lu- cain a confondu avec Hercule. Voyez OcNius & MERCURE. THEUTH, f. m. (Mychol. égyptienne.) nom d’un dieu des anciens Egyptiens. Parmi les anciens auteurs , les uns comme Platon, écrivent Theuch, d’autres, comme Cicéron Thoyt, d’autres Thoyih, d’autres Thor , d’autres Thoutk ; quelques lavans prétendent que de Thow, lon fit Theot , d’où les anciens Germains avoient fait Woth, Wothan, Wodan, Woden, Wode, & enfuite Guosh, Goth, God à Got, qui encore aujourd’hui fignifie D'ennesupiir LE Le Theuth des Egyptiens n’étoit point le Dieu fuprème ,mais une divinité dont tous Les arts tiroient leur origine. Scaliger prétend que ce Theurh étoit fi fage, qu’on donna dans la fuite ce nom à tous ceux quiie brtent par leur fageñle, I prétend encore que le Theutatès des :Germains étoit le Theuch des Égyptiens; ce qu'il y a de für, c’eft que toutes les hypothèfes für cette matiere font également chiméri- ques. (D.J.) .Tueutx o4 Tuor , (Calendrier égyprien.) c’étoit felon Cicéron de zac. deor. L.-III, n°, 36. chez les Egyptiens Le nom du premier mois de leur année, c’eft-à-dire, le mois de Septembre, felon La&ance. Ce mois commençoit Le 29 Août du calendrier Ju- lien , répondoit au mois Elul des Juifs, & au mois Gorpiæus des Macédoniens. (2. J.) | THEXIS , ( Médec. anc.) Snë , terme employé par les anciens auteurs en médecine , quelquefois pour fignifier les bleflures ow piquures, faites avec de petits inffrumens pointus ; quelquefois pour le traitement.des plaies par la future ; &c quelquefois pour. la réunion des levres d’une’ bleflure , en pro- diufant la.plus petite cicatrice poffible. (D. 7.) THILA , (Géogr. anc.) 1° ile de la mer Egée, & une des Cyclades, felon Pline, Liv. F7. ch, Ixxxvi. Cette île du naturalifte de Rome, n’efl qu'un mé- chant écueil , qui n’a pas même de nom aujour- d’hui, | .29, Ville du Pont cappadocien , fur la route de Trapézunte à. Satala;, felon l’itinéraire d’Antonin, -3°. Lieu de Grece dans la Béotie. (D.J.) THIARUBERESSIS, f. f. sérme de relation, ba- JTayeur des mofquées en Perfe ; cet emploi parmi nous méptifable, eftrecherché en Perle, &appar- tient à un ordreinférieur du clergé mahométan de ce royaume. THIE, ff (Oui de Fileufe.) petit inftrument de fer ou d'autre matiere, dans lequel les fileufes met- tent le bout de leur fufeau. La shie paroït être le verri- cilla des Latins; on difoit autrefois verreil ou verreau. _- Dans le Maine , l’Anjou, le Poitou, & autres pro- vinces de France , la shie eft un petit inftrument de fer, de cuivre ou d'argent, qui.eft creux , & où l’on fourre la pointe d’en-haut du fufeau à la main, com- me ton fourre une baguette de piftolet dans un tire- bourre. Cette shie eft cannelée à colonne torfe , c’eft- à-dire qu'elle a une rainure enfoncée qui tourne en v15 deux ou trois tours. Cette cannelure foutient le fil fans pouvoir aller à droit ni à gauche, & facilite aux fileufes , la maniere imperceptible dont le fl u’elles lent, fe place comme de lui-même fur leur es ; Les fileufes qui ne {e, fervent point de she, font obligées de s'arrêter. à chaque aiguillée de fl qu’elles ont filé, afin de les dévider fur leur fufeau. Savary, (D. TL) ne : | re EHIÉRACHE, (Géogemed.) pays de France qui fait partie de la province & du gouvernement mili- taire dela Picardie. Ileftbornéau nord par le Hainaut &t le Gambréfis,, au midr par le Laonoïs., au levant par là Champagne 8 .au couchant par le Verman- dois. Philippe Aupufte.le réunit à la couronne après la mort d'Elifabeth.,,comtefle de Flandres. file du dernier comte-de, Vermandois. Il abonde en blé; Guife en, eftle cheflieu. (2... 0 THIERS, (Géog, mod.) ville de France ; dans l’Au- vergne,.ausdiocele de Clermont, fronticte du Fo- rez , fur la Durole,sà ro/leues au couchant de Cler- mont jayec.titre de wicomte.:Il y a undéminaire , une collégiale ,;jufice-royäle ; enfin une abbaye Ua TIHAX 2% d'hommés de l'ordre S: Benoît. Il s’y fifoit autrefois beaucoup de commerce en quinquaillerie , papier , cartes & cartons. Long. 21.12, latir. 48. $o. | Guilles (George), écrivain fpirituel , naquit dans cette ville vers l'an 1625, & mourut à Paris en 170$, Son livre intitulé les ares de l’homme d'épée, ou le die uionnaire du genrilhomme ; al été imprimé partout 3 | mais On fait encore plus de cas de fon Æhenes & de fa Lacédémons ancienne € nouvelle: Ce font deux li- vres charmans , & qui deviennent rares. (D.J. THILE, LA, ou LA THIELE, (Géogr, mod, ) ris viere de Suifle , au pays de Vaud. Après s'être jet= tée à Yverdun dans le lac de Neuchatel, elle entre dans celui de Bienne ,en fort, & fe perd dans l’Aar, (2.3) | THILEMARCK., (Géog. mod.) petite province de Norwege, dans le gouvernement d’Ageherus. Elle dépend de Pévêché de Berghen. THIMERAIS, (Géog. mod.) en latin du moyen âge ZLheoderemenfis ager; pays de France, qui fait partie du Perche, & qui eft uni au gouvernement militaire de l’ile de France. Châteauneuf en eft le lieu principal. “THIMIN ,f. m. (Monnoie.) monnoie aui a cours dans PArchipel; elle valoit cinq fols quand l’écu étoit fur le pié de trois livres douze. ( D. J. THIN, fm. (Mas, méd. des Arabes.)nomdonné par les anciens médecinsarabes à toute efpece deterre ou de bol d’ufage en médecine. Ainf le bol d'Arménie de Galien eft nommé par Avicenne shix Armeni ; de-là le mot muthin fignifie tout ce qui eft terreux , &c qui approche de la nature des bols médecinaux. 548 TEINÆ, ( Géogr.mod.) ville d'Afie, à laquelle Ptolomée, Z, VII, c.v. donne le titre de wécropole des Chinois , &z la place dans les terres. Le nom moder- ne, felon Mercator, eft Tezdue. (D. TI.) THINITE , { m. (Hifi. d'Egypre.) c’eft le nom qu'on donne aux rois d'Egypte qui ont regné à This, capitale de leur royaume. Îl y a eu deux dynafties de shirifles. La premiere commença à Ménès, & f- nit à Bienachès : elle comprend'huit rois; la feconde commença à Boëthus , & finit à Neperchetes ; elle comprenddixrois,en{orte qu’il y aeuen tout dix-huit rois chinites | qui ont poffédé ce royaume pendant fix cens.trois ans. Ce royaume , felon Uflerius, com- mença 2130 ans avant J.C. (D.J. THIOIS , LE , (Langue) le chiois, autrement dit théotifque | eft la même chofe que l’ancienne langue téutonique ou tudefque. Joyez TUDESQUE. THIONVILLE, (Géog. mod.) en latin du moyen âge Theodonis villa ; ville de France, dans le Luxem- bourg, fur le bord de la Mofeile, entre Metz & Sierck. Cétte petite ville, qui eft chef-lieu d’un bail liage , a été originairement une maïfon royale ; c’eft aujourd’hui un gouvernement de place, avec état major. Le pont qu’on y pañle eft défendu par un ou- vrage à corne. Les Efpagnols étoient les maîtres de Thionville, lorfque.M. le prince s’en faifit en 1643 , après la bataiile de Rocroy. Elle fur cédée à la Fran- ce par le traité des Pyrénées en 16509: Long. fuivant Cafini, 23. 42. lat. 41.29. 40. (D. J.) LEUR, mm. (Calend. des Ethiopiens.) nom du ciri- quieme mois de Ethiopiens, qui répond fuivant Lu- doif, au mois de Janvier. THIRENSTEIN o7 FHIRUSTEIN , (Géog. mod.) petite viile d'Allemagne , dans la baffle Autriche, pro- che le Danube, à un mille au-deflus de Stein, avec un château , où l’on dit que Richard L. roi d’Angle- terre , fut détenu quelque tems prifonnier par Léo- pold duc d'Autriche; celui-e1 rendit Le ro1 Richard à l’empereur Heari VI. qui ne le mit, en liberté, en 1194, qu’en le rançonnant.à cent nulle marcs d'ar- gent. (D.J.) . | … THIRSK , (Géog. mod.) petite ville ou bourg #80 THI Angleterre, dans la province d'Yorck. Elle a droit -de tenir marché 8c de députer au parlement. (2. J.) THISBÉ, ( Géog. anc. ) -ville de la Béotie, felon Paufanias, Av. LÉ. ch. xxxiy. elle avoit pris fon nom ‘d'une nymphe qui s’'appelloit ainfl. | THKSOA, L £ (Mythol.) une des trois nymphés qui ‘éleverent Jupiter fur Le mont Lycée en Arcadie. (D. 4.) ( nee , PRIOR ; (Calend, fyrien.) nom que les -Syriens donnent au premier mois de l’année. la 3 jours. Le mois qui fuit immédiatement , & qui a 30 jours , eft appelle Thifïin poflerior. THIVA, ( Géog. mod.) ville de la Livadie , bâtie {ar une éminence , où étoit jadis Pancienne Thèbes, capitale de la Béotie , cette ville fameufe par fa gran- deur, par fon ancienneté, par fes malheurs & par es exploits de fes héros. Voyez THERX, n°2. Depuis qu’Alexandre eut détruit cette belle ville, elle n’a jamais pu fe relever ; c’eft fur fes ruines qu'on a bâti Thiva ou Thive. En y arrivant, dit M. Spon, hous paflames un petit ruifleau qui coule le long des murailles ; & ce doit être la rivière d’Ifménus , que d’autres, avec plus deraifon, n’appellent qu'une foz- taire ; mais Wheler n’eft pas de ce fentiment. Selon lui ; Thiva eft entre deux petites rivieres, lune au levant, qu'il regarde être l’Ifménus, &c l’autre au cou- ‘chant, qu’il prend pour Dircé, Je ne comprens pas, pourfuit-il , ce qui oblige M. Spon à être d’un autre fentiment , puifque Paufanias, après avoir décrit les côtés du nord &c de l’eft de la porte Proetida vers la Chalcidie , recommence à la porte Neïtis, &, après avoir remarqué quelques mônumens qui y font, pañe cette riviere de Dircé, & va de-là au temple de Ca- bira &c de Thefpia, ce qui eft au couchant de Thè- bes. M. Spon ajoute que la riviere Ifménus eft hors de la ville à main droite de la porte Homoloïdes, & pafle près d’une montagne appellée auf Jfménus ; tout cela né répond à aucune chofe qui foit au cou- chant. La forterefle nommée Crdmie , dont les murailles &c quelques tours duarrées qui y reftent font fort antiques ; cette forterefle , dis-je, eft ovale; & tout ce qui eff renfermé dans les muraïlles eft beaucoup mieux bâti, & plus élevé que ce que l’on bâtit au- joutd’hui dans lé pays. On croit que Tliva a une lieue & demie de tour, & qu'il y a trois ou quatre cens habitans. Les Turcs, qui en font les maîtres & Qui font la moindre partie , y ont deux mofquées ; & les Chrétiens y ont quelques églifes , dont la cathé- drale s'appelle Paragia-Chryfaphoritza. On n’y voit rien de remarquable que quelques fragmens d’anciennes infcriptions parmi les carreaux du pavé. On trouve deux kans dans cette ville. Au- lieu de trois à quatre cens habitans, M. Spon en met, parune grandeerreur , trois à quatre mille , en y com- prenant les fauxbourgs , dont le plus grand, mais également dépeuplé , eft celui de S. Théodore ; il y a une belle fontaine , qui vient d’un réfervoir fur le chemin d'Athènes. C’eft ce ruiffeau que M. Spon prend pour le Dircé des anciens. On voit vers le chemin de Négrepont le lieu d'où Pon tire la matiere dont on fait les pipes à fumer du tabac. Ceux qui jugent qu'il y a de cette matiere dans un endroit , en achetent le terroir du vayvode, & y font creufer à quinze ou vingt piés de profondeur, &t de la largeur d’un puits ordinaire. Enfuite ils y font defcendre des gens quitirent'une terre fort blanche qui s’y trouve ; elle eft molle comme de la cire. On la travaille ou fur le heu même, où dans les bouti- ques avec un couteau, & on la façonne avec des fers pour en faire des bottes de pipes à la turque , c’eft- à-dire fans manche, parce qu’on y ajoute dé grands tuyaux de bois. Cette terre ainfi figurée s’endurcit à Vair, fans lafaire cuire ; êcavecle tems elle devient auffi dure que la pierre. La plus pefanteséft la meil leure, & la moins fujette à fe cañer. Les moindres le vendent cinq afpres la piece , & les plusbelles neuf à dix. | La notice épifcopale de Nilus Doxapatrius appelle cette ville Thebæ græcie , &t en fait une province ec- cléfiaftique, avec trois évêchés qu’elle ne nomme point. Il paroïit , par la notice de l’emperéur Andro- mc Paléolopue le vieux, que Thèbes étoit une mé- tropole fous le patriarchat de Conftantinople, & que du cinquante-feptieme rang , ‘elle paffa au foixante- neuvieme. Dans la même notice, elle eft comptée parmi les villes qui avoientchangé denom, Zaoria, nunc Thebæ. Thiva eft dans la Livadie , & appartient aux Turcs qui y ont quelques mofquées ; les Grecs y ont un prêtre qui prend le titre d’évégue. Long. 41:48, larie. ne = obfervations de M. Vernon, 38, 22. THIUS où THEIUS , ( Géog. anc.) riviere de lArcadie. Paufamias dit , Z VIII. c, xwxv, qu’en al lant de Mégalopolis à Lacédémone le long de VAI. phée, on trouve au bout d'environ trente flades le one , qui fe joint à P'Alphée du côté gauche. THLASIS , 1. f, (Médec, anc.) Shdois où rNague A contufion ; collifion , efpece de fraéture dés os plats. qui confifte dans une contufñon, & un enfoncement des fibres offeufes ; ce mot vient du verbe Saxo, je Jroiffe. Thiais, dans Hippocrate & dans Galien , eft toute contufion faite par un corps émouflé, &toute bleffure produite par un infttufnent mouffe qui a con- us les parties, ( D. J.) ; ‘ui T'HLASPT, £. m. (#1ff. nat. Botan.) senre de plante à fleur en croix , compofé de quatre pétales :le piftil fort du calice, &c devient dans la fuite un fruit plat, arrondi , bordé le plus fouvent d'une aile où d’un feuillet , & échancré à fa partie fupérieure ; ce fruit eft divifé en deux loges par:une cloïfon intermé- diaire , dirigée obliquement relativementau plan dés panneaux , &c il renferme des femences Le plus fou vent applaties. Ajoutez aux Caraéteres de ce genre que fes feuilles font fimples, en quoi 1l difféte de ce= lui du creflon. Tournefoft , aff rei herb, Voyez PLANTE. | | | er” Des vingt 8 une efpeces de #h/afpi de Toutne- fort, nous décrirons la plus ordinäire , :kZafpi vul- gatus 1. R. H. 212, en angloië, che common treacles muftard, ve Sa racine eft aflez groffe , fibreufe, igneufe, blan- che, un peu âcre. Elle pouflé des tiges à la hauteur d'environ un pié, rondes, velues, roides , rameufes., garnies de feuilles fimples fans queue &c fans décou- pure , longues comme le petit doigt, larges à leur bafe , s’étréciflant peu-à-peu en pointe , crenelées en leurs bords d’un verd-blanchâtre, d’un goût âcre & piquant. Ses fleurs font petites, blanches, nom- breufes , difpofées comme celles de la bourfe à ber- ger, compofées chacune de quatre pétales en croix, avec fix étamines à fommets pointus. :. À ces fleurs fuccedent idées fruits ronds, ovales ; applatis., bordés ordinairement d'une aîle ou feuillet plus étroits à leur bafe, plus lärges &c échancrés par le haut. Ils font compoléside déux panneaux féparés par une cloifon mitoyenne, pofée de travers ; &c dis vifés en deux loges ; ‘elles coftienhent des graines prefque rondes , applaties , d’une couleur rouge obf: cure ; ces graines noirciflent en, vieilliffant , & font d’un goût âcre & brûlant ,/côinre la moutarde, Cette plante vient aux lieux Incultes ; rudes, pier- reux , fablonneux , expofes au foléil & contre les mutailles ; elle fleurit en Mar , & fa feménce mürit en Juin. On nous apporte du Languedoc & de la Provence , oùelle croît fupérieureàscelle des autres chmats TH O climats tempérés : il faut la choïfir nouvelle, neite ; bien nourrie , âcre & piquante au goût. (D. J.) TuLaspi, (Mac. méd.) la femence de plufeuts efpeces de #4lafpt eft recommandée comme remede par quelques auteurs de médecine. Ces plantes font de la clafe des cruciferes de T'ournefort , & dans la divifion de celles qui contiennent lalkali volatil fpontané dans un état aflez nud , & en une quantité affez confidérable. La femence de ##/afpi n’eft guere moins âcre & piquante que la femence de moutarde, dont on peut la regarder comme la fuccédanée. Voyez MOUTARDE, Cette femence eft très-peu uftée , ou même abfolu- ment inufitée dans la prefcription des remedes ma- giftraux. Elle entre dans le mithridat & dans la thé- riaque. (2) ; | THLASPIDIUM, 1. m, (Hift. rar, Boran.) gente de plante à fleur en croix , compofée de quatre pé- tales ; Le prftil fort du calice, & devient dans la fuite un fruit applati, double, pour ainfi dire, & compofé de deux parties qui font féparées par une cloifon in- termédiaire, & qui renferment chacune une femence le plus fouvent chlongue & applatie. Tournefort , 2. rei herb. Voyez PLANTE. Entre les dix efpeces de ce genre de plante que compte Tournefort, il'fufira de décrire la premiere, celle de Montpellier , s4/a/pidium Monfpelienfe, hie- racii folio hirfuio, I. R. A. 214. Il poufie plufieurs ti- ges à la hauteur d’un pie, grêles , rondes, rameufes, portant peu de feuilles ; mais 1l en fort de fa racine plufieurs qui font longues , rudes, finueufes, vertes, velues, reflemblantes à celle du hiéracium, éparfes par terre. Ses fleurs naiflent aux fommités defes tiges, ptites, à quatre feuilles jaunes, difpofées en croix : quand elles font tombées , il leur fuccede un fruit en lunette compofée de deux parties très-applaties, qui renferment dans leur creux châcune une femence oblongue, fort applatie, rouffe ou rougeâtre : fa ra- cine eft [longue & médiocrement groffe. Cette plante croît vers Montpellier, & aux lieux montagneux des pays chauds, ( D. J.) THLIPSIS , (Lexicog. Médec.) 31! de Side, cornprimer, Compreffion ; Sais crouaye eft une com- preffion caufée à Peftomac par Lesalimens, qui le fur- chargent par leur quantité. ( D. J. è THMUIS , ( Géog. anc.) ville de la baffle Egypte, vers la bouche du Nil, nommée Mendeze ; c’étoit une ville confidérable , & qui devint épiicopale , éar S. Phileus & S. Sérapion ont éte évêques. Tamuis fi- gnifoit un oc en langue égyptienne, À ce que pré- tend S. Jérôme. ( D. J. THNETOPSYCHITES, fm. pl. (A. eccléffaft ) anciens hérétiques, croyant que lame humaine étoit parfaitement femblable à celle des bêtes, & qu’elle mouroit avec le corps. Voyez AÂME. Ce mot eft compofé du grec Syeros; mortel, &loyn, ane. On ne trouve nulle part ces hérétiques que dans S. Jean Damafcene, héref. xc. à-moins qu'ils ne foient les mêmes que ceux dont parle Eufebe, kif. ecclefrafs. lv. IX. c. xxxviij. où il eft dit que du tems d'Ori- gene il y avoit en Arabie des hérétiques, croyant que lame humaine mouroit avec le corps, mais qu’elle réflufciteroit avec le corps à la fin du monde, Eufebe ajoute qu'Origene réfuta ces hérétiques dans un con- cile nombreux , & qu'il les fit revenir de leuts er- reurs. S. Auguftim & Ifidore les appellent kérétiques arabes, - Marshal, dans fes sables, a défisuré ce mot faute de entendre, caril l'écrit shenopfychires, au-hieu de Thnetopfychites : il les place aufi dans le fixieme fie- cle, nais On ne peut deviner fur quel fondement il Pa ROMA OUEN PAHpIST LE THOË, £ £. (Mycholog.) nymphe marine , fille de Tome XVI, l'Océan 8 de Téthys, felon Héfiodes e moit ainfi à caufe de fa viteffe, (2. 7 } … THOÏSSET , ( Géog. m0. en latin du moyen dre Toffiacus , ville de France , dans la principauté dé Dombes , proche les rivierés de Saone & de Chalæ rone , à 7 lieues au nord de Trévoux. Il y 4 un bail liage & un college, (2. 7.) | | THOLOSAT , LE, (Géog, mod.) potite riviere dé France en Guienne ; elle fejette dans la Garonne, en: tre T'onreius &c Marmande, ( D. J.) THOLUS, {. m.(Archir, rom.) Vitiuve nommé tholus une coupe ou un dôme en général, C’e{t la clé du mien d’une piece où s’aflemblent toutes les cour: bes d’une vote ; quand elle eft de charpente, On ÿ fufpendoit anciennement dans les temples Les préfens faits aux dieux. On entend aufi paï le mot #ho/us la coupe d’un temple. Philander & Barbaro appelloient auffi rko- lus la lanterne que l’on mét au-deflus du temple, (2.1) THOLUS on THOLANTES ; ( Géog. ane, ) ville d'Afrique , felon Arrien. Elle étoit fituce dans lesters res, & , felon les apparences, peu éloignée de Car: thage, Syphax la prit par trahifon, & pafla la garni- {on romaine au fil de l'épée. (2, 3.) THOMAS, ARBRE DE SAINT-, ( Æff. mac Bot.) arbre des Indes orientales. Ses feuilles reffemblent à celles du here , fes fleurs font comme des lys vio: lets, dont odeur efttrès-agréable, Cet arbre ne pro: duit aucun fruit. THOMAS , Saint, ( Géor. mod, ) île d'Afrique, dans la mer d'Ethiopie, fous la ligne. Elle à été dé- couverte par les Portugais en 1495. On lui donne environ douze lieues de diametre ; l’air y eft mal: fain , à caufe des chaleurs excefives qu’on y reflent, Le terroir en eff cependant fertile en raifins & en can- nes de fucre. Pavoafan eft la capitale de cette île, 28€ Île fe nom: CDI THOMAS, Saint-, ( Géog, mod. ) ile de l’Améri: que ieptentrionale, une des Antilles, au levant de Porto-Rico. Elle a fix lieues detour, & appartient aux Danois. Long. 18. 27, (D, J.) THOMAS, CHRÉTIENS DE SAINT ; (Mif. ecctéf:) c’eft le nom qu’on donne aux chrétiens indiens, étas blis dans la prefqu’ile des Indes , au royaume de Co: chin, & fur la côte de Malabar & de Coromandel, On ne doit pas douter que le chriftianfme n’ait percé de bonne heure dans les Indes, & l’on peut lé prouver par Cofmas , témoin oculaire d’une partie de ce qu'il avance dans fa topographie chrétienne, » I'ya, ditil, dans l’île Taprobane, dans l'Inde in: » térieure, dans la mer des Indes, une éolife de chréz » tiens, avec des clercs &c des fideles ; je ne fai s'il » n'y en a point au-delà. De même dans les pays de » Malé ; où croit le poivre , & dans la Calliane, il » ÿ a un évêque qui vient de Perfe, où il eft or- » donné ». ..Nous ayons dans cés paroles, un témoignage de chriftianifme ;‘établi aux Indes dans le fixieme fiecle, Cofmas écrivoit environ l’an s47 de Notre-Seisneur, & ces chrétiens fe font conférvés jufqu’À notre fie- cle dans un état qui paroït n'avoir été expolé par rapport à la religion, à aucune contradidion vidlen- te, hormis celle qu'ils eurent à efluyer de la part des Portugais, vers la fin du feizieme fiecle, Le P.: Montfaucon a rendu fervice à l'Éolife & à Ja république des lettres, par lapublication & la tra- duétion de l'ouvrage dé Cofmas, Sans parler de plu- fieurs chofes curieufes qui y font rapportées, on ÿ trouve les plus anciennes connoïffances qu’on ait de l’établiffement de l'Eglife chrétienne fur la côre de Malabar , & de la dépendance où étoit leur évêque, à l'égard du catholique où métropolitain de Perfe : dépendance.qui a continué jufqu’à ce que les Pottirs N n 282 TH OO sais, -qui s’étoient rendus puiffans dans fes Indes, murent tout en œuvre pour amener cette églife à la tutelle du pape , auquel elle n’avoit jamais été fou- .mufe. | de Les chrétiens de S. Thomas {e donnent une antt- quité bien plus reculée que celle dont nous venons de parler. Ils prétendent que Papôtre S, Thermas eft Je fondateur de leur églife , &c les Portugais leurs en- nemis, n’ont pas peu contribué à appuyer cette tra- ition. Antoine Gouvea , religieux Auguftin, la fou- tient dans fon livre intitulé: Jorrada do Arcebifpo de Goa , imprimé à Conimbre en 1606. Il prétend que dans la répartition de toutes les par- tes du monde qui fe fit entre les apôtres, les Indes £churent à.S. Thomas, qui après avoir établi le chrif- tianifme dans l'Arabie heureufe, & dans l'ile Diofco- ride, appellée aujourd’hui Socosora, fe rendit à Cran- ganor, où réfidoit alors le principal roi de la côte de Malabar. Le faint apôtre ayant fondé plufeurs égli- fes à Cranganor , vint fur la côte oppofée, connue aujourd’hui fous le nom de Coromandel , ê s'étant arrêté À Méliapour,que les Européens appellent Sarnt- Thomas , il y convertit le roi &c tout le peuple. Je ne fuivrai point fa narration romanefque, qui doi peut-être fon origine à ceux-là même, qui ont autrefois fuppofé divers aétes fous Le nom des apô- tres ; entr'autres les attes de $. Thomas, & l’hiftoire de fes courfes dans les Indes. Ces aétes fabuleux fub- fiftent encore dans un manufcrit de la bibliotheque du roi de France. M. Simon dans fes obfervations fur les verfions du nouveau Teftament , en a donné un extrait, que le favant Fabricius a inféré dans fon premier volume des apocryphes du nouveau Tefta- ment. Il paroît que c’eft delà, que le prétendu Ab- dias, babylonien , a puifé tout ce qu’il débite dans la vie de S. Thomas ; & il n’eft pas furprenant que les chrétiens de Malabar, gens fimples & crédules, aient adopté la fable de cette miflion, ainfi que beaucoup d’autres. | Il eft néanmoins toujours certain, que la connoif- fance du chriftianifme eft ancienne fur la côte de Ma- labar , non-feulement par le témoignage de Cofmas, mais encore, parce qu'on trouve dans les foufcrip- tions du concile de Nicée , celle d’un prélat qui fe donne le titre d'évêque de Perfe. De plus, un ancien auteur cité par Suidas, dit que les habitans de l’Inde intérieure ( c’eft le nom que Cofmas donne à la côte de Malabar }, les Ibériens & les Arméniens, furent baptifés fous le regne de Conftantin. Les princes du pays, entrautres Serant Peroumal, empereur de Malabar , fondateur de la ville de Ca- lecut, Pan de J.C. 825, felon M. Vifcher, donna de grands privileges aux chrétiens de la côte. Ils ne dé- pendent à proprement parler que de leur évêque, tant pour le temporel, que pour le fpirituel. Le roi de Cranganor honora depuis de fes bonnes graces un arménien nommé Thomas Cana où #mar- Thomas : ce mot de mar eft fyriaque, & fignifie la même chofe que le dom des Efpagnols. Il ÿ a de Vapparence que la conformité de nom la quelque: fois fait confondre avec l’apôtre S. Thomas, Cet hom- me quifaifoit un gros trafñc avoit deux maifons, l’une du côté du fud, dans le royaume de Cranganor, &c l’autre vers le nord, au voifinage d’Augamale. Dans la premiere de ces maifons,il tenoit fon épou- {e légitime, &c dans la feconde, une concubine con- vertie à la foi. Il eut des enfans de l’une êt de l’au- tre de ces femmes. En mourant, il laifla à ceux qui Jui étoient nés de fon époufe légitime, les terres qu’il poflédoit au midi; &c les bâtards hériterent de tous es biens qui étoient du côté du nord. Ces defcen- dans de mar Thomas s’étant multipliés , partagerent tout le chriflianifme de ces lieux-là. Ceux qui def- cendent de Ja femme lésitime, paflent pour les plus nobles ; its font f fiers de leur origine, qu'ils ne con- trattent point de mariages avec Les autres, ne les ad- mettant pas même à la communion dans leurs égli- fes, 6 ne fe fervant point de leurs prêtres, … Quelques tems après la fondation de la ville de Coulan, à laquelle commence l'époque du Malabar, c’eft-à-dire après l’an 822 de Notre-Seigneur, deux eccléfaftiques fyriens vinrent de Babylone dans les Indes : Pun fe nommoït mar Sapor , & l’autre war Perofes. Ils aborderent à Coulan, où le roi voyant qu'ils étoient refpeétés des chrétiens , leur accorda entr'autres privileges , celui de bâtir des églifes par- tout où ils voudroïent ; ces privileges fubfiftent peut- être encore : les chrétiens indiens les firent voir à Alexis de Menezès , écrits fur des lames de cuivre, en langue & caraéteres malabares, canarins , bifna- gares &t tamules , qui font les langues Les plus en ufa- ge fur ces côtes. Une fi longue fuite de profpérités rendit les chré- tiens indiens fi puiflans, qu'ils fecouerent Le joug des princes infideles , & élurent un roi de leur nation. Le premier qui porta ce nom s’appelloit Buliarsé , &t il fe donnoit le titre de roi des Chrétiens de S. Tho- mas. Ils fe conferverent quelque tems dans lindé- pendance fous leurs propres rois , jufqu’à ce qu’un d'eux, qui felon une coutume établie dans les Indes, avoit adopté pour fils, le roi de Diamper, mourut fans enfans, & ce roi payen lui fuccéda dans tous fes droits fur les chrétiens des Indes. Ils pafferent en- fuite par une adoption femblable fous la jurifdiétion ” du roi de Cochin , auquel ils étoient foumis , lorfque les Portugais arriverent dans les Indes. Il y en avoit cependant un nombre aflez confidérable qui obéfloit aux princes voifins. L’an 1502, Vafco de Gama, amiral du roi de Por- tugal, étant arrivé à Cochin avec uneflotte, ces chré- + tiens lui envoyerent des députés , par lefquels ils lux repréfenterent que puifqu'il étoit vaflal d’un roi chré- tien, au nom duquel il venoit pour conquérir les In- des , ils le prioient de les honorer de fa proteétion 8 de celle de fon roi ; l'amiral leur donna de bonnes pa- roles, n’étant pas en état de les aflifter d’une autre mamiere, . Ils dépendent du catholique de Perfe &c du patriar- che de Babylone , & de Moful. Ils appellent leurs prêtres, caçanares, dont les fontions étoient d’expli- quer leurs livres écrits en langue fyriaque. Les pre- miers miflionnaires qui travaillerent à leur inftruc= tion , pour les foumettre à l’Eglife romaine , furent des Cordeliers ; maïs les jéfuites envifageant cette charge comme une affaire fort lucrative, obtinrent un college du roi de Portugal, outre des penfons ; & la proteétion du bras féculier. Malgré tout cela, les chrétiens malabares fuivirent leur culte , & ne permirent jamais qu’on fit mention du pape dans leurs prieres.. Mais il faut ici donner une idée com- plette des opinions & des rits eccléfiaftiques de ces anciens chrétiens. La premiere erreur qu’on leur reproche, eft l’'attas chement qu'ils ont pour la doétrine de Neftorius ; j6int à leur entêtement à nier, que la bienheureufe Vierge foit véritablement la mere de Dieu. Ils n’admettoient aucunes images dans leurs égli- fes, finon dans quelques-unes qui étoient voines des Portugais, dont ils avoient pris cet ufage. Cela n’empêchoit pas que de tout tems ils n’euflent des croix, pour lefquelles ils avoient beaucoup de ref pect. Ils croyoient que les ames des bienheureux ne ver: toient Dieu qu'après le jour du jugement univerf{el:; opinion qui leur étoit commune avec les autres égli4 fes orientales ; & qui, quoique traitée d’erreur par UE , eft en quelque maniere appuyée fur la tra: It1ONe V3" ‘ THO Yis ne connoïfloient que trois facremens, le bapté- me , l’ordre à leuchariftie, Dans la forme du bap= tème, il y avoit fort peu d’uniformité entre les di- verfes éghfes du diocète. - st CRE 4 Quelques-uns de leuts eccléfafiques adminif- troient ce facrement d’une maniere invalide, au {en- timent de l'archevêque, qui à l'exemple des autres eccléfaftiques de fanation, rapportoit tout à la théo- logie fcholaftique. Dans cette perluañon , il rebapta tout le peuple d’une des nombreufes églites de Pévé- ché. Ils différoient le baptême des enfans, fouvent un mois , quelquefois plus long-tems; il arrivoit même qu'ils ne les baptifoiént qu'à l’âge de {ept, de hui, ou de dix ans, contre la coutume des Portugais qui baptifent ordinairement les leurs le hutieme jour après la naïflance, en quoi il femblent fuivre le rit de la circoncifion des Juifs, comme l’a remarqué lau- teur du Traité de Pinquifition de Goa. | _ Ils ne connoïfloient aucun ufage des faintes huiles, ni dans le baptême, n1 dans l'adminiftration des au- tres facremens: feulement après le baptême des en- fans, ils les frottoient par-tout le corps d'huile de cocos, ou de gergelin, qui eft une efpece de fafran des Indes. Cet ufage > quoique fans prieres, ni béné- diétion , pafloit chez eux pour quelque chofe de fa- cré. Îis n’avoient aucune connoïffance des facremens de confirmation &r d’extrême-onétion; ils n’admet- toient point auf la confeflion auriculaire. | ls étoient fort devots au facrement de l’euchari- fe, & communioient tous fans exception le Jeudi- Saint. [ls n’y apportoient point d'autre préparation que le jeïne, ca ver Leur meffe ou liturgie étoit alterée par diverfes additions que Neftorius y avoit faites. Avant l’arri- vée des Portugais dans les Indes, ils confacroient avec des gâteaux, où ils mettoient de l’hule & du fel. Ils fatoient cuire ces gâteaux dans l’éclife même. Cette coutume de païtrir le pain de l’euchariftie avec del’huile êcdufel, eff communeauxneftoriens &aux jacobites de Syrie. Il faut obferver ici , qu'ilsne mé- loïent dans la pâte huile qu’en très-petite quantité, ce qui ne change point la nature du pain. Dans] é- glife romaine, on le fert d’un peu de farine délayée dans de l’eau, & féchée enfuite entre deux fers que l’on a foin de frotter de tems-en-tems de cire blan- che, de peur que la farine ne s’y attache. C’eft donc une colle féchée, mêlée de cire; ce qui femble plus contraire à l’inflitution du facrement, que l’huile des églfes fyriennes. LITRES hs Au lieu de vin ordinaire , ils fe fervoient comme les Abyflins, d’une liqueur exprimée de raïfins fecs, qu'ils faifoient infufer dans de Peau. Au défaut de ces raifins, 11s avoient recours au vin de palmier. Celui qui fervoit Le prêtre à l'autel portoit l'étole, foit qu'il fût diacre, ou qu’il ne Le fût pas. Il affiftoit à l'office l’encenfoir à la main, chantant en langue fyriaque, & récitant lui feul prefque autant de paro- les que le prêtre qui officioit. | Les ordres facrés étoient en grande eflime chez eux. Il y avoit peu de marfons où il n’y er quel- qu'un de promu à quelque degré eccléfaftique, Ou- tre que ces dignités les rendoïent refpeétables, elles ne les excluoient d'aucune fonéion {éculiere. Ils re- cevoient les ordres facrés dans un âge peu avancé : ordinairement ils étoient promus à la prêtrife dès l’âge de dix-fept, de dix-huit & de vingt ans. Les prêtres fe marioïent même à des veuves, & rien ne les empéchoit de contraéter de fecondes noces après la mort de leurs femmes. Il arrivoit affez fouvent que le pere, le fils & le petit-fils, étoient prêtres dans la même églife. | | Les femmes des prêtres , qu'ils appelloient çaça- _ Tome. XVI. rerres , avroient le pas par-tout. Elles portoient, pens due au col, une croix d’or, où de quelqu'autre mé ta Les eccléfaitiques des ordres inférieurs , qui ne paroïffent pas avoir été diftingués parmi ces chré= tions, s’appelloient chamayès, mot lyriaque qui fignt fie diacre où miniftre, | | L’habit ordinaire des eccléfiaftiques confiftoitdans de grands caleçons blancs, par-deffus lefquels ils rez vétoient une longue chemife, Quand ils y ajoütoient une foutane blanche ou noire, c’étoit leur habit dé cent. Leurs couronnes ou tonfures, étoient femblaz bles à celles des moines ou des chanoines réguliers. Is ne récitoient l'office divin qu’à Péglife, ohils le chantoient à haute voix deux fois le jour ; la pres miere à trois heures du matin, la feconde à cinq heu= res du foir. Perfonne ne s’en exemptoit. Hors de-là ils navoient point de bréviaire à réciter ; ni aucun$ livres de dévotion particuliere qui fuflent d’obligas tion, | Ils étoient fimoniaques, dit Gouvéa, dans l’ad= miniftration du baptême & de leuchariftie : le prix de ces facremens étoit réglé. Je ne fai s’il n’y a point d'erreur à taxer de fimorie un pareil ufage, Ces ec< cléfiaftiques n’avoient point d'autre revenu ; êcils pouvoient bien exiger de leurs paroïffiens ce quiétoit néceflaire pour leur fubfiftance, Lorfqu'ils {e marioient, ils fe contentoient d’'ap peller le premier caçanare qui fe préfentoit. Souvent ils s’en pafloient. Quelquefois ils contraétoient leurs mariages avec des cérémonies affez femblables à cel- les des Gentils, Ils avoient une affedion extraordinaire pour le patriarche neftorien de Babylone, & ne pouvoient oufirir qu'on fit mention dans leurs éghies, ni du pape, nide l'églife romaine. Leplnsanciendes prêtres d'une éghfe y préfidoit toujours. Il n'y avoit ni curé, ni vicaire, Tout le peuple afiftoit le dimanche À a liturgie ;! quoiqu'il n’y eût aucune obligation de le faire, Mais il ÿ avoit des lieux où elle ne fe célébroit qu'une fois l'an. Les prêtres fe chargeoient quelquefois d'emplois laiques , jufqw’à être réceveurs des droits qu'ext< geoient les rois payens. 8. Îls mangeoient de la chair le famedi; & leurs jours d’abitinence étoient le mercredi & le vendre= di, Leur jefne étoit fort févere en carême. Ilsne pre noient de repas qu’une fois le jour après le coucher du foleil, & ils commençoient à jeûner dès le diman= che de la Quinquagéfime, Pendant ce tems-là ils ne mangeoient ni poifions, ni œufs, ni laitages, ne bu= voient point de vin, &n’approchoient point de leurs femmes. Toutes ces obfervances leurs étoient or= données fous peine d’excommunication; cependant les perfonnes avancées en âge étoient difpenfées de jeûner. | Pendant le carême ils alloient trois fois le jour à l’églife, le matin, le foir & à minuit. Plufieurs s’e- xemptoient de la derniere heure ; mais nul ne mans quoit aux deux précédentes, Ils jeûnoient de même tout lavent, Outre ces deux jeûnes d'obligation, ils en avoient d’autres qui n’étoient que de dévotion ; comme celui de Paflomption de la Vierge, depuis le premier d’Août jufqu'au quinzieme ; celuides apô= tres qui duroit cinquante jours, & commençoit 1M= médiatement après la Pentecôte ; & celui de la nati- vité de Notre-Seigneur, depuis le premier de Sep= tembre jufqu’à Noël. 2 Toutes les fois qu'ils entroient dans l’éplife les jours de jeûne, ils y trouvoient les prêtres affem- blés qui chantoient l'office divin, & leur donnoient la bénédiétion. Cette cérémonie s’appelloit doxer, ou recevoir le cafluri. Elle confiftoit à prendre entre leurs mains celles des caçanares, & à s: baïfer après SU 284 _: NEO es avoir élevées. en-haut, C’étoit un figne de paix, qui nétoit accordé qu’à ceux qui étoient dans la -commmunion de Péglife : les pénitens & les excom- muniés en étoient exclus, Les femmes accouchées d’un enfant mâle, n’en- troïent dans l’églife que quarante jours après leur délivrance ; pour une file on doubloit le nombre des jours, après lefquels la mere venoit dans l’affemblée oftit fon enfant à Dieu &7 à l'Eglife. Ces chrétiens étoient en général fort peu inftruits. Quelques-uns feutement favoient lotaifon domini- cale, & la falutation angélique. AL Ils craignoient extrèmement l’excommunication, &c ils avoient raïfon de la craindre ; la difcipline ec- ciéfiaftique étoit fi févere, que les homicides volon- taires, & quelques autres crimes, attiroient une ex- communication dont le coupable n'étoit jamais ab- fous, pas même à l’article delamort, , “ Leurs églifes étoient fales , peu ornées, & bâties à la maniere des pagodes, ou temples des Gentils. Nous avons déjà remarqué qu'ils avoient point d'images. Nous ajouterons ici qu’ils n’admettoient point de purgatoire, & qu'ils le traitoient de fable, On voit par ce détail, que ces anciens chrétiens malabares, fans avoir eu de commerce avec les com- munions de Rome, de Conffatinople , d’Antioche & d’Aléxandrie, confervoient plufieurs des dogmes ad- imis par les Proteftans , & rejettés, en tout ou en par- tie, par les églifes qu'on vient denommer, Ils aioient lafuprématre du pape, ainfi que la tranfubftantiation, foutenant que le facrement de l Euchariftie n’eft que: la figure du corps de j. C, Ils excluoient aufi du nombre des facremens, la confirmation, lextrème- onétion & le mariage. Ce font là les erreurs que le fynode de Diamper proférivit, Le favant Geddes a mis au jour une traduétion an- gloife des aétes de ce fynode, compofés par les jé- fuites ; 8 M. de la Croze en a donné des extraits dans fon Hifloire du chrifhtanifine des ndes, C’eft affez pour nous de, remarquer qu'Alexis Menezès, nommé at- chevêque de Goa, tint ce fynode après avoir entre- pris, en 1599, de foumettre /es chrériens de.S, Tho- mas à Vobéiffance du pape. Il réuflit dans ce projet par la proteétion du roi de Portugal >. par le con- fentement du roide Cochin qui anna mieux aban- donner les chrétiens de fes états, que de fe brouiller avec les Portugais. Menezès jetta dans le.feu a plu- part de leurs livres, perte confidérable pour les fa- vans curieux des antiquités eccléfaftiques de PO- rient; mais le prélat de Goane s’en mettoit guere en peine, uniquement occupé de vies ambitieufes. De retour en Europe, il fut nommé archevêque de Bra- gue, vice-roi de. Portugal, & préfident du confeil d'état.à Madrid., où 1] mourut en 1617. : Cependant la conquête fpirituelle de Menezès, ainfi que l'autorité temporelle des Portugais, reçut quelquetems après unterrible échec, 8 les chrériens de.S. Thomas recouvrerent leur ancienne liberté. La caufe de cette cataftrophe fut le gouvernement ar- bitraire desjéfuites, qui par le moyen des prélats ti- rés de leur compagnie, exerçoient une domination violente fur ces peuples, gens à la vérité fimples & peu remuans, mais extrémement jaloux de leur re- ligion. Iltparoït par le livre de Vincent-Marie de Ste Catherine:de Sienne, que les jéfiutes traitoient ces chrétiens avec tant de tyrannie, qu'ils réfolurent de fecovier un-joug qu'ils ne:pouyoient plus porter; en forte qu'ils fe firent un évêque de leur archidiacre, au-grand déplaifir de lacounde Rome. Alexandre VIL. réfolut deremédier promptement au fchifme naiffant; & comme il favoit que la hau- teur des jéfuites.avoit tout pâté, 1l jetta les yeux fur les Carmes déchauflés, &nomma quatre religieux de cet ordre, pour ramener /schrétiens de S. Thomas à fon obéiffance: maïs leurs foins & leurs travaux n'eurent aucun fuccés par les rules du prélat jéfuite, qui aliéna les efprite, & fit rompre les conférences. Enfin la prife de Cochin par les Hollandois, en 1663 , rendit aux chrétiens de S. Thomas la liberté dont ils avoient anciennement joui. Mais ces mêmes Hollandoïs, trop attachés à leur négoce! négligerent entierement la protedion de ces pauvres gens, Il eff honteux qu'ils ne fe fotent pas plus intérefés en leur faveur , que s’ils avoient été des infideles dignes d’ê- tre abandonnés. (Le Chevalier DE JAUcOURT.) THOMAS-TOWN, (Géogr. mod.) ville murée d'Irlande, dans la province de Leicefter, au comté de Kilkenny , où elle tient le fecond rang. Elle a droit d'envoyer deux députés au parlement d’Irlande, (D.J.) | THOMASIUS:, PHILOSOPHIE DE, ( Hi. de Le Philofoph e. } il ne faut point oublier cet honime par-: mi les reformateurs de la philofophie & les fonda-- teurs de l’écle&ifme renouvellé ; il mérite une place dans lhifloire des connoïflances humaïnes , par fes talens , fes efforts &c fes perfécutions. Il naquit à Leipficen 1555: Son pere, homme favant, n’ou+ Elia rien de ce qui pouvoit contribuer à linffru&ion: de fon fils ; 1l s’en occupa lui-même , & il s’aflocia daas ce travail importantles hommes célebresde fon! tems, Filier, Rapporte, Ittisius, les Alberts, Mene- kenius, Franckenfteinius, Rechenbetoius & d’autres |, qui illuftroient académie de Leipfc; mais l'éleve’ |, ne tarda pas à exciter la jaloufe de fes maîtres dont les fentimens ne furent point une regle fervile des fiens. Il s’appliqua à la leéture des ouvrages de Gro- tius. Cette étude le-conduifit à celle des lois & du droit, Il m’avoit perfonne quile dirigeät , & beut- être fut-ce un avantage pour lui. Pufrendorf venoit alors de publierfes ouvrages. La nouveauté des aue£ tions qu'il y agitoit, lui fafciterent une nuée d’ad- verfaires, Thomaftus {e rendit attentif à ces difputes, & bientôt ilcomprit que la théologie & la jurifpru- dence avoient chacune un coup d'œil fous lequel elles envifageoient un objet commun, qu'il ne falloit point abandonner une fcience aux prétentions d’une autre, & que le defpotifme que quelques-unes s’arz rogent, étoit un caractere très-fufpe@ de leurinfailli- bikté. Dès ce momentil foula aux piés l'autorité: il prit une ferme rélolution deramener toutàl’examen de la raïfon &t de n’écouter que fa voix. Au milieu des cris que fon projet pourroit exciter , il comprit que le premier pas qu'il avoit à faire, c’étoit de ra mafler des faits, Il lut les auteurs, il converfa'avecles favans , & il voyagea; il parcourut l'Allemagne; il: alla én Hollande; Il y eonnut le célebre Grævius. Celui-cile mit en correfpondance avec d’autres éru dits , fe propofa de l'arrêter dans la contrée qu’il ha- bitoit, s’en ouvrit à Thomafius ; mais notre philofo- phe aimoit fa patrie, &z il y retourna. Il conçut alors la néceffité de porter encore plus de févérité qu'il r’avoit fait, dans la difcuffion des principes du droit civil, & d’appliquerfes réflexions à des cas particuhers. Il fréquenta le barreau, & it avoua dans la fuite que cet exercice lui avoit été plus utile que toutes fes leétures. | Lorfqu'il fe crut aflez inftruit de la jurifprudence ufuelle , 1l revint à la fpéculation; il ouvrit une éco- le ; il interpreta à fes auditeurs le traité au droit de la guerre &c de la paix de Grotius. La crainte de la peite qui ravageoit le pays, fufpendit quelque tems fes lecons ; mais la célébrité du maître & lim portance de la matiere ne tarderent pas à raflembler fes difciples épars. Il-acheva fon cours ; il compara Grotius, Puffendorf & leurs commentateurs; il re- montaaux fources; ilne négligea point luftorique; il remarqua l'influence des hypothèfes particulreres * fur les conféquences, la laïon des principes avec les conctufons, l'impofbilité de fe pafler de quel- que loi pofitive, univerfelle, qui fervit de bafe à Pé- difice ,.& ce fut la matiere d’un fecond cours qu'il entreprit à la. follicitation de quelques perfonnes qui avoient fivi le premier. Son pere vivoit encore , & l'autorité dont il jouifloit, fufpendoit l'éclat des haines fourdes que Thorzaféus fe faoit de jour en jour par da liberté de penfer ; mais bientôt il perdit le re- pos avec cet appui, M. IL s’étoit contenté d’enfeigner avec Puffendorf que la fociabilité de l’homme étoit le fondement dela moralité de fes a@ions; 1l l’écrivit ; cet ouvrage fut fuivi d’un autre où il exerçaune fatyre peu menagée fur différens auteurs, & les cris commencerent à s’é- lever, On invoqua contre lui autorité ec cléfiaflique & féculiere, Les défenfeurs d’Ariftote pour lequelil añe@toit le plus grand mépris, {e joignirent aux ju- rifconfultes, & cette affaire auroit eu les fuites les plus férieufes , fi Thomaffus ne les eût arrêtées en fléchiflant devant fes ennemis. Ils l’accufoient de mé. prier la religion &z fes miniftres, d’infulter à fes mat- tres, de calomnier l’églife, de douter de l'exiftence de Dieu ; il fe défendit, il ferma la bouche à fesad: verfaires, &z.il conferva fon franc-parler. Îl parut alors un ouvrage fous ce titre, intereffe Principum circa religionent evangelicam. Un profef- feur en théologie, appellé Æedor Godefroi Mafius, en étoit l’auteur. Thomajus publia fes obfervations fur ce traité; il y comparoit le lutheranifime avec les _ autres opimons des feûtaires, 8 cette comparaïfon n’étoit pas toujours à l'avantage de Mañfus. La que- relle s’engageaentre ces deuxhommes. Le roi de Da. nemarck fut appellé dans une difcuflion où il s’agif. 101it entr’autres. chofes de favoir fi les rois tenoient de Dieu immédiatement leur autorité ; & fans rien prononcerfur le fond , fa majefté danoïfe fe conten- ta d’ordonner l’examen le plusattentifaux ouvrages que Zhomafius publieroit dans la fuite. Il eut limprudence de fe mêler dans l'affaire des Piétiftés, d'écrire en fäveur du mariage entre des perfonnes. de religions différentes, d'entreprendre lapologie de Michel Montanus.accufé d’athéifme 5: Ët de mécontenter tant d'hommes à la fois ) que pour échapper au danger qui menaçoit fa liberté, il fut obligé de fe fauver à Berlin, laifant en arriere {à bibliotheque-& tous fes effets qu'il eut beaucoup de # À peine à recouvrer. : ouvrit une école à Halesfous la prote@ion de léle&teur ; il continua fon ouvrage périodique, & Von fe doute bien qu’animé par le reflentiment & jouiffant de la liberté d'écrire tout ce qu'il lui plaifoit, ilne ménagea guerefes ennemis. Il adreffa à Mafius même les premieres feuilles qu’il publia, Elles furent brûlées par là main du bourreau ; (& cette: exécu: tion nous valut un petit ouvrage de Thomafius . où fous lenom de Attila Frédéric Frommolohius, ilexa: mine ce qu'il convient à un homme de bien de faire, loriqu’il arrive à un fouverain étranger de flétrir {es Pioduétions. | L'école de Hales devint nombreufe. L'életeur ÿ «ppella d'äutres perfonnages célebres , & Thomaftus fut mis à leur tête. Il ne dépendoit que de lui d'avoir: latranquillité au milieu des honneurs ; Mais on n’api- toit aucune queftion importante qu'ilne s’en mêlat; ôcfes difputes fe multiplioient de jour en jour. Il fe trouva embarrafié dans la queflion du concubinage, dans celle de la magie, des fortileges, dés véñéfices, des apparitions, des {peétres, des pa@es , des démons. Or je demande comment il eftpoffible à un pkilofo: phe de toucher à ces fujet,s fans s’éexpofer aufoupçon dirrélgion ? Thomaffus avoit obfervé que rien n’étoit plus op- pofé auxiprogrès denosconnoiflänces que Pattache- ment opiniatre à quelquefeéte, Pour encourager {es T HO 28; compatriotes à fecouer le joug & avancer le projet de l jet de réformer la philofephie, après avoir publié fon ou Virage de prudentié cogitandi € ratiocinarls, il donna un abrégé hiflorique des écoles de la Grece; paffant de-là au cartéfianifme qui commençoit À entraîner les éfprits, il expofa à fa maniere ce qu'il y voyoit de répréhenfible, &ilinvita à laméthode écle&ique: Ces ouvrages, excellens d’ailleurs > font rachés par quelques inexa@itudes. Il traita fort au long dans le livre qu'il intitula 3 de l'introduition à La philofophie rationelle » de Férnë difion en général & de {on étendue » de l’éruditior locicale , des ates de l'entéendement , des termes techniques de la dialé@ique, de la vérité ; de lavé: rité premiere & indémontrable, des démonftrations de la vérité, de l'inconnu » du vraïflemblable des erreurs ; de leurs fources, de la recherche des véri- és nouvelles, de la maniere de les découvrir; il s’at: tacha furtout à ces derniers objets dans fa Pratique de la philofophie rationelle. Ii étoit ennemi mortel dela méthode fyllogiftique. | Ce qu'il venoit d'exécuter fur la logique , il l'en: tréprit fur la morale ; il expofa dans fon introduétion: à la philofophie morale ce qu'il penfoit en sentral du ae & dual , de la connoïffance que l'homme EU de Res se de ra bienveillance 2 dé c > Lamour defoi, Ge, d’où il pafla dans la partie pratique aux caules du malheur en général,-aûx pañions ; aux affeéhions ,:à leur na= ture, à la haine, à l'amour, À la moraliré des a@ions,: aux tempéramens J'aux vertus, à la volupté, à Pains bition , à l’avarice, aux caracteres, à l'oifiveté ,, G'c. .. Il s'efforce dans un chapitre particulier à dé- montrer que la volonté eft une faculté aveugle fous mife à l’entendement , principe qui ne fut pas goûté généralement, : [avoit furtout infifté fur la nature 8e le mêlänge des tempéramens ; fes réflexions {ur cet objet le con" duifirent à de vues nouvelles fur la maniere de dés couvrir les penféesles plus fecrettes des hommes par le commerce journalier. Après avoir pofé les fondements de là réformation de la logique &c de la morale » iltenta la même chofe’ fur la jurifprudence naturelle. Son travail'né refta pas fans approbateurs & fans critiques ; on y luf avec quelque furprife que les habitudes théoretiques PUTES appartiénnent à la folie, Lors même qu’elles condumient à la vérité: que la loi n’eft point diétée parla raïon, mais qu’elle eft une fuite dela volonté ët du pouvoir de celui qui commande: que Ja diftinc- tion de la juftice en difiributive & commutative eft vaine que la fagefle confifte à connoître l’homme, la nature , d’efprit & Dieu : que toutes lesa@tiois font indifférentes dans l’état d'intésrité : que le mariage Peut Ëtré momentané : qu’onne peut démontrer par la raon que le concubinage, labeftialité | Ge. foient illicites &e. .. | . Ilfe propofa dans ce dernier éerir de marquer les hnites de la nature & de la grace , de la raïfon &de larévélation. Quelque-tems après il ft réimprimer les livres de Poiretde Pérudition vraie , faufle & fuperficielle, ÎL devint théofophe, &c’eft fous cette form qu’= on levoit dans fa pasumatolopie phÿfiques Il ft connoïflance avec le médecin célebre Frédéz tic Hoffman, & il prit quelques leçons decet habile médecin » lur la phyfique méchanique!, chimique & experimental ; mais 1l népoûtal pas un genre d’étudé qui, felon lui, ne rendoir pas dés vérités en ptopor- ton durtravail & des dépentes qu'il exigeoit. Laiflant-là tous les inftrumens de la phyfique, il tenta de’ concilier‘ entrées Les idées mofaiques , cabahftiques & chrétiennes , 8e il compofa {on tntamen déhatiré € eféniié fpiritést Avec quel éton: 280 T HO nement ne voit-on pas un homme de grand fens, d’u- ne érudition profonde , 8 qui avoit employé la plus grande partie de fa vie à charger de ridicules l’incer- fitude & la variété desfyftèmes de la philofophie fec- taire, entêté d'opinions mille fois plus extravagan- tes, Mais Newton, après avoir donné fon admirable ouvrage des principes de la philofophie naturelle, publia bien un commentaire fur lapocalyple. Thomafius termina fon cours de philotophie par la pratique de la philofophie politique, dont 1l faitfen- tir laliaifon avec des connoiflances trop fouvent né- gligées par les hommes qui s'occupent de cette {cience. Il eft difficile d’expofer le fyftème général de la philofophie de Thomafius, parce qu’il changea fou- vent d'opinions. | Du refte ce fut un homme auffi eftimable par fes mœurs que par fes talens, Sa vie fut innocente , il ne connut ni l'orgueil ni Pavarice; il aima tendrement {es amis ; il fut bon époux ; il s’occupa beaucoup de l'éducation de fes enfans ; il chérit fes difciples qui ne demeurerent pas en refte avec lui ; il eut lefprit droit & le cœur jufte; & fon commerce fut inf- trudtif &7 agréable. On lui reproche fon penchant à la fatyre, aufcep- ticifme, au naturalifme , & c’eftavec jufte raifon. Principes généraux de la philofophie de Thomafius. Tout être eft quelque chofe. L’ame de l’homme a deux facultés , lentendement & la volonté. Elles confiftent l’une &c l’autre en pañions & en ations. _ La paffion de l’entendement s’appelle fénfäzion ; la pafñion de la volonté , izclination. L’aétion de l’en- tendement s'appelle médiraion ; l’aétion de la volonté, ampulfron. Les paffions de l’entendement &c de la volonté précedent toujours les aétions ; ët ces aétions font comme mortes fans les pañfions. . Les paffions de l’entendement &c de la volonté font des perceptions de Pame. Les êtres réels s’apperçoivent ou par la fenfation & l’entendement , ou par linclination & la volonté. La perception de la volonté eft plus fubtile que la perception de l’entendement ; la premiere s'étend aux vifibles & aux invifibles. La percepribilité eft une affeétion de tout êtres fans laquelle il n’y a point de connoïflance vraie de fon eflence & de fa réalité. L’eflence eft dans l'être la qualité fans laquelle l’ame ne s’apperçoit pas. Il y a des chofes qui font apperçues par la fenfa- tion ; il y en a qui le font par l'inclination , & d’au- tres par l’un &c l’autre moyen. Etre quelque part, c’eft être dedans ou dehors une chofe. Ilya entre êtreenun heu déterminé , & étrequel- que part , la différence de ce qui contient à ce qu eft contenu. , L’amplitude eft le concept d’une chofe en tant que longue ou large, abftraétion faite de la profondeur. L’amplitude eft ou l’efpace où la chofe eft ou mue ou étendue, oule mu ou l’étendu dans l’efpace, ou l’extenfion adive, ou l’étendu paflif, ou la matiere attive, ou la chofe mue paflivement. Il y a une étendue finie & paflive. Il y en a une infinie & aétive. Il y a de la différence entre lefpace & la chofe étendue , entre l’extenfion & l’étendue. On peut confidérer fous différens afpetts une chofe ou prife comme efpace, oucomme chofe étendue. L’efpace infini n’eft que l'extenfon aétive où tout fe meut, & qui nefe meut en rien. ILeftnéceflare qu'il y ait quelqu’étendu fim, dans lequel, comme dans l’efpace, un autre étendu ne fe meuve pas. É Dieu & la créature font réellement diflingués ; c’eft-à-dire que lun des deux peut au - moins exifter fans l’autre. Le premier concept de Dieu eft d’être de lui-mé- me, & que tout le refte fort de lui. Mais ce qui eft d'un autre eft poftérieur à ce dont ileft ; donc les créatures ne {ont pas co-éternelles à Diet Les créatures s’apperçoivent par la fenfation ; alors naît l’inclination, qui cependant ne fuppofe pas né- ceflairement ni toujours la fenfation. L'homme ne peut méditer des créatures qu’il n’ap- perçoit point, & qu'il n’a pas apperçues par la fen- ation. La méditation fur les créatures finit , fi de nou- velles fenfations ne la réveille. | Dieu.ne s’apperçoit point par la fenfation. Donc l’entendement n’apperçoit point que Dieu vive, & toute fa méditation fur cet être eft morte. Elle fe borne à connoître que Dieu eftautre chofe que la créature , & ne s'étend point à ce qu'il ei. Dieu s’apperçoit par l’inclination du cœur qui eft une paflion. | Il eft néceflaire que Dieu mefure le cœur de l’homme. | La pañlion de l’entendement eft dans le cerveau; celle de la volonté eft dans le cœur. Les créatures meuvent l’entendement ; Dieu meut le cœur. La pafon de la volonté eft d’un ordre fupérieur plus noble & meilleure que la pafion de lentende- ment. Elle eft de l’effence de l’homme; c’eft elle qui le diftingue de la bête. L'homme eft une créature aimante & penfante; toute inclination de l’homme eftamour. L’intelleét ne peut exciter en lui l’amour de Dieu; c’eft l'amour de Dieu qui l’excite. Plus nous aimons Dieu , plus nous le connoïffons. Dieu eft en lui-même ; toutes les créatures font en Dieu; hors de Dieu il n’y a rien. Tout tient fon origine de lui, & tout eft en lui. Quelque chofe peutopérer par lui, mais non hors de lui, ce qui s’opere, s’opereen lu. Les créatures ont toutes été faites de rien , hors de Dieu. L’amplitude de Dieu ef infinie ; celle de la créature eft finie. | L’entendement de l'homme, fini, ne peut com- prendre exaétement toutes les créatures. Mais la volonté inclinée par un être infini , eftine finie, Rien n’étend Dieu; mais il étend & développe tout. d Toutes les créatures font étendues; & aucune n’en étend une autre par une vertu qui foit d’elle. Etre étendu n’eft pas la même chôfe que d'avoir des parties. Toute extenfon eft mouvement. Toute matiere fe meut; Dieu meut tout, êc ce< pendant il eft immobile. Îl y a deux fortes de mouvement, du non être à l'être , ou de l’efpace à lefpace , ou dans lefpace. L’effence de Dieu étoitune amplitude enveloppée avant qu’il étendit les créatures. _ Alors les créatures étoient cachées en lui. La création eftun développement de Dieu, ou un atte , parce qu'il a produit de rien , en s’étendant, les créatures qui étoient cachées en lui. N’être rien ou être caché en Dieu, c’eft une même chofe. La création eft une manifeftation de Dieu, par la créature produite hors de lui, THO. Dieu n’opere rien hors de lui. Il n’y a point de créature hors de Dieu; cepen- | Dieu. L L’efence de la créature confifte à agir & à fouffrir, Ou à mouvoir &c à être mue; & c’eft ainfi que la fen- lation de l’homme 2 lieu. La perception par linclhination eft la plus déliée ; il n’y en a point de plus fubtile ; Le ta le plus déli- cat ne lui peut être comparé. Tout mouvement fe fait par attouchement ou con- taét, ou application ou approche de la chofe qui meut à la chofe qui eft mue. | La fenfation fe fait par l’aproximation de la chofe au fens, & l’inclination par l’aproximation de la chofe au cœur. ( Le fens eft touché d’une maniere vifible , Le cœur d’une maniere invifble. Tout contaét du fens fe fait par pulfon ; toute mo- tion de l’inclination, ou par pulfion ou par attraction. La créature pañfive , l'être purementpatient, s’ap- pelle maziere ; c’eft l'oppofé de Pefpris, Les oppotés ont des effets oppofés. L’efprit eft l’être agiflant & mouvant. dant leflence de la créature difiere de l’effence de Tout ce qui carattérife paflion eft affe@ion de la : matiere ; fout ce qui marque aétion eft affeétion de Pefprit. : * La pañfon indique étendu , divifible, mobile ; elle eft donc de la matiere, La matiere eft pénétrable , non pénétrante , capa- ble d'union, de génération , de corruption, d’illu- mination & de chaleur. Son effence eft donc froide & ténébreufe ; car il n’y a rien dans cela qui ne foit pañfif, Dieu a donné à la matiere le mouvement de non être à l'être; mais l’efprit l’étend , la divife , la meut, la pénetre, Punit, l’engendre, la corrompt, l'illu- mine, l’échauffe & la refroidit; cartous ces effets mar- quent'aétion. | L’efprit eft par fa nature lucide, chaud &fpirant, ouiléclaire , échauffe, étend, meut, divife, péne- tre, unit, engendre, corrompt, illumine, échauffe, refroidit. L’efprit ne peut fouffrit aucun de ces effets de la matiere ; cependant il n’a ni fa motion , ni fa lumiere de lui-même, parce qu'il eft une créature , & de Dieu. | ; Dieu peut anéantir un efprit. L’effence de lefpriten elle-même confifte en vertu où puifflance aftive. Son intention donne la vie à la matiere, forme fon eflence & la fait ce qu’elle eft, après l’exiftence qu’elle tient de Dieu. . La matiereeftun être mort, fans vertu; ce qu’elle en a, elle le tient de l’efprit qui fait fon eflence & fa HE La matiere devient informe ; f l’efprit abandonne à elle, | Un efprit peut être fans matiere ; mais la matiere ne peut être fans uri.efprit. | ht Un efprit. deftiné à la matiere defire de s’y:unir & d'exercer fa vertu en elle. Tous les corps font compofés de matiere & d’ef- prit ; ils ont donc une forte de vie en conféquence dé laquelle leurs parties s’uniffent & fe tiennent. : L'éfpriteft dans tous les corps comme au céntre ; c’eft de-là qu'ilagit par rayons , &:qu’il étend lama- tiere,. Eté Silretire fes rayons au centre, le corps fe réfout & fe corrompt. til . Un efprit peut attirer & pouffer un efprit. : Cesforces s’exercent fenfiblement dans la matiere unie à-lefprit. Dans l'homme l'attraion & Pimpulion s’appel- -ment atif, THO 39: lent amour 8 haine , dans les autres COrps Lmpathie &C antipathie. L'elprit ne s'apperçoit point par les organes des fens, parce que rien ne fouffre par la matiere. La matiere ténébreufe en elle-même ne peut être ni vue , ni touchée ; c’eft par l’efprit qui lillumine qu’elle eft vifible ; c’eft par l’efprit qui la meut qu’elle eft perceptible à l'oreille, &c. La différence des couleurs, des fons, des odeurs : des faveurs, du toucher, naît de l’eformation & configuration du refte de la matiere. La chaleur & le froid font produits par la diverfité de la motion de l'efprit dans la matiere 3 &t cette mo- tion eft ou rechligne ou circulaire, j | C’eft l’attraétion de lefprit qui conftitue la folidité ë la fluidité, La fluidité eft de l’attra@ion de l’efprit folaire : la folidité eft de l’attraétion de l’efpritterreftre, C’eft la quantité de la matiere qui fait la gravité OU la légereté, l'efprit du corps féparé de fon tout étant attiré &c incliné par l’efprit univerfel ; c’eft ainf qu’il faut expliquer lélafticité & la raréfa@ion. ( L'efprit en lui-même n’eft point oppofé à Pefprit. La fympathie & Vantipathie , l'amour & la haine naifient d'opérations diverfes que l'efprit exécute dans la matiere, felon la diverfité de fon efformation & de fa confieuration. Le corpshumain, ainfi quetouslesautres , a efprit êT matiere, I! ne faut pas confondre en lui l’efprit corporel & lame. Dans tous les corps la matiere mue par lefprit tou- che immédiatementia matiere d’un autre Corps ; mais la matiere touchée n’apperçoit pas l’attouchement 5 c’eft la fonétion de l’efprit qui lui appartient. J’entends ici par appercevoir, comprendre & ap- _ prouver la vertu d’un autre, chercher à s'unir à elle , à augmenter fa propre vertu , lui céder la place, fe reflerrer. Ces perceptions varient dans les Corps avec les figures, & felon les efpeces, L’efprit au con- traire d’un corps à un autre ne differe que par l'acte intuitif, plus ou moins intenfe. La divifon des corps en efprits eft une fuite de la varieté de la matiere & de fa ftrudture. Il y a des corps lucides ; il yena de tranfparens &t d'opaques, felon la quantité plus ou moins grande de la matiere , & les motions diverfes de l’efprit. L'opération ou la perception del’efprit animal con- fifte dans l'animal, en ce que l’image du contaét eft comprife par le cerveau, & approuvée parle cœur ; "ét conféquemment les membres de l’animal font dé- terminés par l’efprit à approcher la chofe qui a tou- ché, ou à la fuir. Si ce mouvement eft empêché, l’efprit moteur dans l’animal excite lé defir des chofes agréables &s laverfon des autres, | La fituéture de la matiere du corps de l’homme eft telle que l’efprit ou conferve les images qu'il a re- çues, ou les divife, ou les compofe, ou les approuve, ou les haïfle , même dans l’abfence des chofes , &cen foit réjoui ou tourmenté, Cet efprit & l’efprit de tous les autres corps’ eft immatériel ; 1l eft cependant capable d'approuver le -contaét de la matiere , du plaifir &cde la peine ;il eft | aflujettià Pintention des opérations conféquentes aux -changemens dé la matiere ; il eft , pour ainfi dire, adhérent aux autres corps terreftres , & il'ne peut fans eux perfeverer dans fon union avec fon propre Corps. 14 1H L'homme confideré fous l’afpeét de matiere unie à cétefprit, eft l’homme animal, : Sa propriété de comprendre lesufages des chofes ; de les compofer & de Les divifer, s'appelle Zzrerde 289 THO Sa propriété de defirer leschofes , s’appelle volorité naturelle. | La matiere eft hors de l’efptit; cependant il la pé- netre. li ne l’environne pas feulement. L’efprit qu’- elle a & qui l'étend defire un autre efprit, & fait que dans certains corps la matiere s’attache à un fe- tond efprit , l’environne & le comprend, s'ileit per- mis de le dire. Si l'efprit eft déterminé par art à s’éprendre de lui- même , 1l fe rapproche &c fe reflerre en lui-même. Si un cotps ne s’unit point à un autre, ne lenvi- ronne point, on dit qu'il fubfifte par lui-même ; au- trement Les deux corps ne forment qu'un tout, L’efprit exifte auffi hors des corps, il les environ: ne, & ils fe meuvent en lui. Mais niles corps, ni lefprit fubfftant par lui-même , ne peuvent être hors de Dieu. | On peut concevoir lextenfon de lefprit comme un centre illuminant, rayonant en tout fens, fans matérialité. | | L'efpace où tous les corps fe meuvent eft efprit; & l’efpace où tous les efprits fe meuvent eft Dieu. La lumiere eft un efprit invifble illuminant la ma- tiere. L'air pur ou læther eft un efprit qui meut les corps &c qui les rend vañbies. La terre eft une matiere condenfée par l'efprit. L'eau eftune matiere mue & agitée par un efprit interne. Les corps font ou terteftres ou fpirituels, felon le plus ou le moins de matiere qu'ils ont. Les corps terreftres ont beaucoup de matiere ; les corps fpirituels, tels que le foleil, ont beaucoup de lumiere, | Les corps aqueux abondent en efprit & en matiere. Ils fe voyent , les uns parce qu'ils font tranfparens ; les autres parce qu’ils font opaques. Lescorps lucides fontles plus nobles de tous; après ceux-ci ce font Les aériens & les aqueux ; les terref- tres font les derniers. | ILne faut pas confondre la lumiere avec le feu. La lumiere nourrit tout. Le feu qui eft une humeur con- centrée détruit tout, Les hommes ne peuvent s’entretenir de l’effence incompréhenfible de Dieu que par des fimilitudes. Il faut emprunter ces fimilitudes des corps les plus no- bles. Dieu eft un être purement aëtif, un aéte pur , un efprit très-énergique , une vertu très-efirénée , une lumiere, une vapeur très-fubtile. Nous nous mouvons, nous vivons , nous fommes. un Dieu, L’ame humaine eft un être diftiné de lefprit cor- porel. E Le corps du protoplafte fut certainement fpirituel, voiïfin de la nature des corps lucides & tranfparens; ilavoit fon efprit, maisiil ne conflituoit pas la vie de l'homme. | C'eft pourquoi Dieu luifouffla dans les narines lame vivifiante. Cette ame eft un rayon dela vertu divine. ‘Sa deftination fut de conduire l’homme &.de Je di- tiger vers Dieu. | | Et fous.cet afpeët l’ame de l’homme eft un defir perpétuel d'union avec. Dieu qu’elle -apperçoit de cette maniere. Ce n’eft doncautre chofe que l'amour de Dieu. | Gun ..Dieueftamour. Éhog »: | “Cet amour illuminoit l’entendement de l’homme, afin qu'ileût la connoïffance des créatures.….Elle de- voit, pour ainfi dire transformer le corps de l’hon- me &lPame-de fon corps; .& les attirer-à Dieu Mais l'homme. ayant écouté l’inclination de fon corps, & l’efprit de ce corps, de préféreñge à fon àme , s'eft livré aux créatures, a perdu l'amour de Dieu, & avec cet amour la connoïflance parfaite des créatures, | | La voie commune d'échapper à cette mifere, c’eft que l’homme cherche à pañier de l’état de befüalité à l’état d'humanité, qu'il commence à fe connoître, à plaindre la condition de la vie , & à fouhaiter l’a- mour de Dieu, L'homme animal ne peut s’exciter ces motions, ni tendre au-delà de ce qu'il eff. | Thomafus part de-là pour établir des dogmes tout-à-fait différens de ceux de la religion chrétien ne, Mais l’expofñtion n’en eft pas de notre objet. Sa philofophie naturelle où nousallons entrer , préfente quelque choie de plus fatisfaifant. Principes de la logique de Thomafius. I y a deux lus mieres qui peuvent diffiper les ténebres de lenten- dement. La raifon & la révélation, Il n’eft pas néceflaire de recourir à l’étude des langues étrangeres pour faire un bon ufage de fa rai- fon. Elles ont cependant leur utilité même relative à cet objet. _ La logique & l’hiftoire font les deux infirumens de la philoiophie. La fin premiere de la logique ou de l’art de raifon- nef eft la connoiflance de la vérité. | La penfée eit un difcours intérieur fur les images que les corps ont imprimées dans le cerveau , par l'entremile des organes. Les fenfations de l’homme font ou extérieures ow intérieures, & 1l ne faut pas Les confondre avec les fens. Les animaux ont des fens, mais non des fenfa- ons. Il n’eit pas poifible que tout l'exercice de la penfée te fafle dans Ja glande pinéale. Il eft plus rai- {onnable que ce foit dans tout Le cerveau. Les brutes ont des aétions pareilles aux nôtres ; mais elles ne penfent pas; el.es ont en elles un prin- cipe interne qui nous eft inconnu. L'homme eft une fubltance corporelle qui peut fe mouvoir &t penfer. L'homme à entendement & volonté, L'entendement & la volonté ont aétion & paf fion. La méditation n’appartient pas à la volonté , mais à l’entendement. Demander combien il ÿ a d’op rations de l’enten- dement, c'eft faire une queftion obicure & inutile. Jentends pas abftraétions les images des chofes lorfque l’entendement s’en occupe dans l’abfence des choies. La faculté quiles arrête & les offre à l’en- tendement comme préfentes , c’eft la mémoire. .… Lorfque nous les unions, ou les féparons à no- tre difcrétion, nous ufons de l'imagination. Déduire des abftra@ions inconnues de celles qu'on connoît, c’eft comparer , raïfonner , con* clure. La vérité eft la convenance des penfées intérieures de l’homme, avec la nature & les qualités des objets extérieurs. Il y a des vérités indémontrables. Il faut abandon- rer celui qui les nie, comme un homme qu’on ne peut convaincre, & qui ne veut pas être convaincu. :,C'eft un fait conftant, que l'homme nñe penfe pas toujours. | | Les penfées qui ne conviennent pas avec l’objet extérieur font fautes; fi l’on s’y atrache ferieufement oneft dans l’erreur;f cene font que des fuppoñrions, on feint. .. Le vrai confidéré relativement à l’enrendement eft ou certain ou probable. Une chofe peur être d’une vérité certaine , & pa= roître à l’entendement ou probable ou faufle, Il y a rapport & proportion entre tout ce qui convenançe ou diiconverangce, ? sodies Les TH O ._ Les mots fans application aux chofes ne {ont ni Yrais , ni faux. Le caraétere d’un principe, c’eft d’être indémon- trable, [ny a qu’un feul premier principe où toutes les vérités font cachées. Ce premier principe , c’eft que tout ce qui s’ac- corde avec la raifon, c’eft-à-dire, les fens & les idées, eft vrai, & que tout ce qui les contredit eft faux. Les fens ne trompent point celui qui eft fain d’ef- prit & de corps. Le fens interne ne peut être trompé. L'erreur apparente des fens extérieurs naît de Ja précipitation de l’entendement , dans fes Jugemens. Lesfens ne produifent pas toujours en tout les mê- mes fenfations. Ainfi il n’y a aucune propoñtion uni- werfelle & abfolue des concepts variables. Sans la fenfation , l’entendement ne peut rien ni percevoir ni fe repréfenter. Les peniées actives, les idées, leurs rapports @z les raifonnemens , qui équivalent aux opérations fur les nombres , naïflent des fenfations. L’algebre n’eft pas toutefois la clé & la fource de toutes les fciences. La démonftration eft l’évidion de la liaifon des vérités avec le premier principe. Il y a deux fortes de démonftrations ; ou lon part des fenfations , ou d'idées & de définitions & de leur connexion avec le premier principe. Il ef ridicule de démontrer ou ce qui eff inutile, ou indémontrable, ou connu en foi. Autre chofe eft être vrai ; autre chofe être faux ; autre chofe connoître le vrai & le faux. L’inconnu eft ou relatif, ou abfolu. Il y a des caraéteres de la vraiflemblance ; ils en font la bafe , & il en mefurent les degrés, Il y à connoïffance ou-vraie ou vraifflemblable ; felon l’efpece de l’objet dont l’entendement soc; cupe. % | Il eft impoffible de découvrir la vérité par l'art 1yl- logiftique. La méthode fe réduit à une feule regle que voici; c’eft difpofer la vérité ou à trouver ou à démontrer ; de mariere à ne fe pas tromper, procédant du facile au moins facile, du plus connu au moins connu. L'art de découvrir des vérités nouvelles exige l’ex- périence, la définition & de la divifion. Les propoñitions catégoriques ne font pas inutiles dans l’examen des vérités certaines ; ni les hypothe- tiques, dans l’examen des vraiflemblances. La condition de l’homme eft pire que celle de la bête. Il n’y a point de principes matériels connés. L'éducation eft la fource premiere de toutes les erreurs de l’entendement, De-là naïffent la précipi- tation, limparience &c-les préju gés. Les préjugés naïflent principalement de la crédu- lité qui dure jufqu’à la jeunefe ; telle eft la mifere de Thomme, & la pauvre condition de fon entende- ment, Il ya deux grands préjugés. ë& celui de la précipitation. L’ambition eftune fource des préjugés particuliers. De-là le refpeét pour l'antiquité. Celti qui fe propofe de trouver la vérité > dépo- fera {es préjugés ; c’eft-à-dire, qu'il doutera métho- diquement ; qu'il rejettera l'autorité humaine > & qu'il donnera aux chofes une attention requfe. Il s’attachera préalablement à une fcience qui le con- “duife à la fageffe réelle. C’eft ce qu'il doit voir en lui- même. Celui de l'autorité, Nous devons aux autres nos inftrudions & nos lumieres. Pour ceteflet » ROUS examinerons s'ils font en état d’en profiter, Tome XVI, THO Les autres nous doivent Les leurs. Nous NOUS rap- Procherons donc de celui.en ui nous reconnoîtrons de [a folidité , de la clarté , de la fidélité, de l’huma- nité, de la bienveillance > Qui n’accablera point no tre mémoire , qui dictera peu , qui faura difcerner les efprits, qui fe Proportionnera à la portée de fes auditeurs , qui fera l’auteur de fes leçons, & qui évi- tera l'emploi de mots fuperflus & vuides de fens. Si nous avons à enfeigner les autres, nous tâches rons d'acquérir les qualités que nous demanderions de celui qui nous enfeigneroit. S’agit-1l d'examiner & d'interpreter les opinions des autres , commençons par nous juger nous-mê- EN I 0 . { mes, & par connoître nos fentimens ; entendons biem l’état de la queftion ; que la matiere nous foit fami- liere. Que pourrons-nous dire de fen{é,fi les lois de l'interprétation nous font étrangeres , fi louvrage nous eft inconnu ; fi nous fommes OU animés de quel- que pafion , ou entêtés de quelques préjugés à Principes de la preumatologie de Thomafius. L’ef- fence de l’efprit confidéré généralement, ne confifte pas feulement dans la penfée , mais dans Padion ; car la matiere eft un être purement paflf, & l’efprit eft un être entierement Oppofé à la matiere. Tout corps eft compofé de l’un & de l’autre > & Les oppo- {és ont des prédicats oppoiés. Il y a des efprits qui ne penfent point, mais qui agiflent ; {avoir la lumiere & Pæther. Toute puiflance adive eft un être fubfiftant par lui-même, & une fubfftance qui perfeétionne la pui fance pañlive. | Il n’y a point de puiffance pañive fubfftante par elle-même, Elle a befoin d’une lumiere {ufifante pour {e faire voir. Toutes les puiflances a@ives font invifibles see quoique la matiere {oit invifible » elle n’en eft pas moins linftrument 8 le figne de la puiffance active. Sous un certain afpect la lumiere & læther font invifibles. Tout ce qu’on ne peut concevoir privé d’aétion eft fpirituel. Principes de la morale de T homafius. Le bien con- fifte dans l’harmonie des autres chofes avec l’homme & avec toutes fes forces > nOn avec fon entendement feulement ; fous ce dernier afpett , le bien eff la vé- rité. Tout ce qui diminue la durée des forces de Phom:- me, & qui n’en accroit la quantité que pour un tems, eft mal, | Toute commotion des organes , & toute fenfation qui lui eft conféquente , eft un mal » elle eft trop forte. La Hiberté & la fanté font les plus grands biensque nous temions de la fortune ; & non les richefles les digrités , & les amis. La félicité de l’homme ne confifte ni dans la {age fe ni dans la vertu. La fageffe n’a du rapport qu'à l’en- tendement, la vertu , qu'à la volonté. Il faut chercher la félicité fouveraine dans la mo- dération du defir & de la méditation. Cet état eft fans douleur & fans Joie, il eft tran- quille. C’eft la fource de l'amour raifonnable. L'homme eft né pour la fociété païfble & tranquit. le , ou de ceux à qui ces qualités font cheres , & qui travaillent à les acquérir. L'homme raifonnable & prudent, aime plus les au tres hommes que lui-même. . Si Pon entend par la félicité fouveraine , l’aflem- blage le plus complet & le plus parfait de tous les biens que l’homme puife poffeder ; elle n’eft ni dans Ja richefle | ni dans les honneurs ; ni dans la modé- ration, ni dans la liberté 3 ni dans l’amitié ; c’eft une chimere de la vie. O9 28 9 2 290 THO La fanté eft une des qualités néceflaires à latran- quillité de l'ame ; mais ce n’eft paselle. La tranquillité de lame fuppofe la fagefle & Ja vertu ; celui qui ne les a pas eft vrarment muerable. La volupté du corps eft oppofée à celle de lame, £’eft un mouvementinquiet. sde Dieu éft la caufe premiere de toutes, les chofes i changent ; ce nef point là fon eflence ; elle eft dans l’afeité, La matiere premiere a étécréée ; Dieu l’a produi- te de rien ; elle ne peut lui être coëternelle, Les chofes inconftantes ne peuvent fe-conferver elles-mêmes ; c’eft l'ouvrage du créateur. Il y a doncune providence divine. Quoique Dieu donne à tout moment aux chofes une vie, une eflence , & une exiftence nouvelle ; elles font une , & leur état préfente le pañléëz Pave- nir ; ce qui lesrend mêmes. La connoïflance de l’effence divine eft une regle à laquelle l’homme fage doit conformer toutes fes attions. L'homme fage aimera Dieu fincerement , aura confiance en lui , &l’adorera avec humilité. La raïfon ne nous préfente rien au-delà de ce culte intérieur ; quand au culte extérieur, elle conçoit qu’il vaut mieux s’y foumettre que de le refufer. Il y a deux erreurs principales relativement à la connoiffance de Dieu , l’athéifme 8 la fuperftition. Le fuperftitieux eff pire que VPathée. L'amour eft un defir dela volonté de s’unir & de perféverer dans lunionavec la chofe dont l’entende- ment a reconnu la bonté. | On peut confiderer amour déraifonnable fous dif- férents afpeds , ou le defir eftinquiet , ou l’objet ai- méeft mauvais & nuifible, ou l’on confond en hu des unions incompatibles , 6:c. Il ya de la différence entre le defir de s'unir à une femme ,par le plaïfir qu’on en efpere, ou dans la vue de propager fon efpece. Le defir de poffeder une femmé doit être examiné foigneufement , fi Von ne veut s’expofer à ia féduc- tion fecrette de l'amour déraifonnable, cachée fous le mafque de l’autre amour. L’amour raifonnable de fes femblables eft un des moyens de notre bonheur. Il n°y a de vertu que l'amour ; il eft la mefure de toutes les autres qualités louables. L'amour de Dieu pour lui-même eft furnaturel; la félicité éternelle eft fon but ; c’eft aux théologiens à nous en parler. L'amour denos femblables eft général ou particu- lier. Il n’y a qu’un penchant commun à la vertu , qui établifle entre deux êtres raifonnables, un amour vrai. Il ne faut haïr perfonne, quoique les ennemis de nos amis nous doivent être communs. Cinq vertus conftituent l'amour univerfel & com- mun ; l'humanité , d’où naïffent la bienfaifance &t la gratitude; la vivacité êc la fidélité dans fes promefles, même avec nos ennemis &c ceux de notre culte; la modeftie qu’il ne faut pas confondre avec humilité ; la modération & la tranquillité de lame ; la patience fans laquelle iln’y a ni amour ni paix. L’amour particulier eft l'amour de deux amis, fans cette union il n’y a point d'amitié. Le mariage feulne rend pas l'amour licite, Plus le nombre de ceux qui s'aiment eft grand, plus l'amour eft raifonnable. Il eftimjufte de hair celui qui aime ce que nous aimons. L’amout raifonnable fuppofe de la conformité dans les inclinations , mais ilne les exige pas au mé- me degré, La grande eftime eft le fondement de l’'amout rai. fonnable. De cette eflime naït le deffein continuel de plaire, la confiance , la bienveillance , les biens , 6 les attions en commun, Les cara@teres de larmout varient felon l’état des perfonnes qui s’awment ; il n’eft pas le même entre les inégaux qu'entre les égaux. . . L'amour raïfonnable de foi-même , eft une atten- tion entiere à nerien faire dece qui peutinterrompre l’ordre que Dieu a établi , felon les regles dela rañon, générale & commune , pout le bien des autres. L'amour du prochain eft le fondement de l'amour de nous-mêmes ; il a pour objet la perfeétion de la- me, la confervation du cotps, & la préférence de l'amour des autres , même à la vie. La confervation du corps exige la tempérance, fa purèté, le travail , & la fermeté. S'ily a tant d'hommes plongés dans le malheur, c’eft qu'ils n'aiment point d’un amour ratfonnable &c tranquille. C’eft moins dans l’entendement que dans la volon- té & les penchans fecrets, qw'il faut chercher la four- ce de nos peines. Les préjugés de lentendement naïffent de la vo- lonté. Le malheur a pour bafe l'inquiétude d’un amour déréglé. Deux préjugés féduifent la volonté ; celui de l’im- patience, & celui de limitation : on déracine difiici- lement celui-ci, Les affe&tions font dans la volonté, & non dans lentendement. La volonté eft une faculté de lame qui incline lhomme , & par laquelleil s’excite à faire où à omet- tre quelque chofe. Il ne faut pas confondre l’entendement avec les penfées. La volonté fe meut toujours du défagréable à Va gréable , du fâcheux au doux. Tous les penchans de lame font tournés vers l’a- venir & vers un objet abfent. Les affeétions naiïflent des fenfations. Le cœur eft Le lieu où la commotion des objets in= térieurs fe fait fentir avec le plus de force. L'émotion du fang extraordinaire eft toujours une fuite d’une imprefñion violente ; mais cette émotion n’eft pas toujours accompagnée de celle des nerfs. Il n’y a qu'une afe&ion premiere , c'eft le defix qu'on peut diflinguer en amour où en haine. Il ne faut pas compter l'admiration parmi nos penchans. Les affe@ions ou penchans ne font en eux-mêmes ni bons ni mauvais; c’eft quand ils font fpécifiés par les objets, qu’ils prennent une qualité morale. Les affe@ions qui enlevent l’homme à lui-même , font mauvaifes ; & celles qui le rendent à lui-mèê- me , bonnes, Toute émotion trop violente eft mauvaife ; il n’y en a de bonnes que les tempérées. Il y a quatre penchans ou affeétions générales ; Pamour raifonnable , Le defir des honneurs, la cupt- dité des richefles’, le goût de la volupté. Les hommes fanguins font voluptueux , les bi- lieux font ambitieux , & les mélancoliques font avares. La tranquillité de lame eft une fuite de harmonie entre les forces de la penfée, ou les puiflances de l’entendement, Il y a trois qualités qui confpirent à former &x à perfettionner l'amour raïfonnable , lefprit , le juge- ment, & la mémoire. - L'amour raïfonnable eff taciturne, fincere , libé- ral, humain, généreux , tempérant, fobre, conti- THO . ent, économe, induftrieux , prompt, patient, cou. rageux , obligeant, officieux, 6e. Tout penchant vicieux produit des vices contrai- res à certaines vertus. | Un certain mélange de vices produit le fimulacte d’une vertu. | Il y adanstout homme un. vice dominant, qui fe mêle à toutes fes aétions. C’eft d’une attention qui analyfe ce mélange, que dépend lartde connoître les hommes, | Îly a trois qualités principales qu'il faut fur-tout envifagèr dans cette analyfe , l’oifiveté ou parefle , la colere & l'envie, | | Il faut étoutfer les afe@ions vicieufes , 8 exciter l'amour raifonnable : dans ce travail pénible , il faut s'attacher premierement à l’afeétion dominante, H fuppofe des intentions pures , de la fagacité & du courage, Ilfautemployer la fagacité à démêler les préjugés e la volonté ; enfuite Ôter à l’afedion dominante fon aliment , converfer avec les bons, s’exercer à la vertu, & fuir les occañons périlleufes. Mais pour conformer fcrupuleufement fa vie aux regles de la vertu , les forces naturelles ne fufifent as, : Principes de la jurifprudence divine de Thomaÿftus. Le monde eft compofé de corps vifibles, & de puif- fances invifbles. [n’y à point de corps vifible qui ne foit doué d’u- ne puiffance inviñble, | Ce qu'il y a de vifible & de tangible dansles corps S’appelle zratiere. ; Ce qu'il y a d'invifible & d’infenfible , s’appelle nature. L'homme eft de la claffe des chofes viñibles ; outre les qualités qui lui font communes avec les autres corps, 1l a des puiflances particulieres qui l’en diftin- guent ; l'ame par laquelle il conçoit & veut, eneft une! a | | Les puiffances produifent les différentes efpeces de Corps , en combinant les particules de la matiere , & en les reduifant à telle ou telle configuration. L’ame en fait autant dans l’homme; la ftruQure de fon corps eft l'ouvrage de fon ame, | L'homme eff doué de la vertu intrinfeque de‘def- cendre en lui, & d’y reconnoitrefes propres puiffan- ces & de les fentir. C’eft ain qu'il s’aflure qu'il conçoit par fon cer- veau , qu'il veut par fon cœur. .… L'une de ces aétions s’appelle la pezfée, l'autre le defir. à L’entendement eft donc une faculté de. l’ame hu- mgine , qui réfide dans lecetveau , & dont la penfée ft le produit; & la volonté , une faculté de l'ame humaine qui réfide dans lé cœur, & qui produit le defir. il Les penfées font des actes de l’entendement ; elles -ont pour objet, ou les corps , ou les puiflances; fi ce font les corps, elles s’appellent fexfasions , fi ce {ont lespuiflances, concepts. Les fenfations des objets préfens, forment le fens commun ;.1l ne faut pas confondre ces fenfations avec leurs objets ; les fenfations font des corps, mais mais elles appartiennent à l'ame; il faut y confidérer la perception&rile jugement. n'y a ni appétit, ni defir dece qu’on ne connoit pas; tout appétit, tout defir fuppofe perception. La penfée qui s'occupe d’un objet abfent ,| mais dont l’image.eft reftée dans l’entendement, enicon- féquence de la fenfation , s'appelle imagination ou mémoire, Les penfées fur les corps, confiderées comme dés “tous, fontindividuelles, Tome AVI, THO 291 L) A » _ Îny a point de penfées abftraites de la matiere Mais feulement des puiffances, 1 La puiflance ] où i cs f ile ; Commune des Corps, ou la matiere ; $ APPEMErOIN plus exaétement /a rare du corps, Quand LOUS nous occupons d’une puiffance , abf trathion faite du corps atiquel elle appartient, notre peniée eit univerfelle, à On Peut rappeller toutes les formes de nos pen : ! CRUE | ées, oùà l'imagination, ou à la formation des pro< poufions, . DES UE » 0 ° Te, S Dans 1 inveftigation, il y à queftion & fufpenfon € Jugement, Dans la formation des propofitions, if ya cation & négation: ces a@ions font de len- tendement & non de la volonté; il n’y a point de concept d’un terme fimple. Le rafonnement ou la méditation ef un enchaî- nement de plufieurs penfées, Gn a de La memoire , quand on peut fe rappeller plufieurs fenfations, les lier, & découvrir par la coïparanon la différence que les puiffances ont en- tre elles, | loute volonté eft un defir du cœut ; un penchant « X 2 D 2 4 Sum à la chofe aimée ; & tout defir eftun effort pour agir. 3 * PR J 4 = * L’eftort de la volonté détermine lentendement à examen de la chofe aïnmée , &t à la recherche des moyens de la pofféder. La volonté eft doncundefr du cœur accompagné d’un aéte de l’entendement. £ S1 on la confidere abfiraétion faite de la puifance agir, On l'appelle appéris J'erfirif. , La volonté n’eft point une penfée : il y a de la dif. férence entre l'effort & la fenfation. x Les aétions de l’enténdement s’exercent fouvent ans la volonté, mais la volonté meut toujours l’en- tendement. Les puiffances des chofes qui font hors de nous meuvent & les facultés du corps & celles de lens tendement , & la volonté, Il eft faux que la volonté ne puifle être contraintes Pourquoi les puiffances invifibles des corps ne lirri- féroient-elles pas , ou ne l’arréteroient- elles pas La faculté tranflative d’un lieu dans un autre né dépend pas de la penfée, c’eft la fuite de l'effort du cœur ; la volontéhumaine ne a produit pas toujours, > 3 . ; . c’eit l'effet d’une puiffance finguliere donnée par Dieu à la créature, & concourante avec {a volonté © fa penfée. L’entendement a des fotces qui lui font propres, &t{ur lefquelles la volonté ne peut rien ; elle peutles mettre quelquefois en lation, mais elle ne peut pas toujours les arrêter, : | L'entendement eft toujours foumis à l'impulfon de la volonté, &il ne la dirige point , foit dans l’af- firmation qu'une chofe eff bonne ou mauvaile ; Toit dans l'examen de cette chofe ; foit dans la recherche des moyens de l'obtenir. La volonté ne defire point une chofe parce qw’elle paroît bonne. à l’entende- ment; Mais au-contraire elle paroît bonne À ’enten- dement parce que la volonté la-defire. L’entendement & la volonté ont leurs aftions & leurs pañlions. L'intelle& agit quand la volonté l'incline à la ré flexion ; il fouffre quand d’autres caufes que-la vo lonté le meuvent & le fontfentir, | La volonté eft paffive , non relativement À Pen téndement, mais à d’autres chofes qui la meuvenr, Elle fe fert de l’entendement comme d’un inftrument pour irriter les affe@ions , par un examen plus atten- tif de l’objet, . L’entendement agit dans le cerveau, Parler eft un acte du corps & non de l’enténdement. La volonté opere hors du cœur, c’eft un efforts {es aétes ne font point immanens, Oo ji \ 292 THO La volonté eft le premier agent de la nature hu- maine , car elle meut lentendement. Les aûtes commandés par la volonté font où vo- \ontaires, ou moraux & fpontanés, ou néceflaires, contraints & phyfiques. La nature de l’homme moral eft Ia complexion de la puiffance de vouloir , & des puiffances qui font foumifes à la volonté. | La raifon eft le prédicat de l'entendement feul &c non de la volonté. L’entendement juge librement de la nature des chofes, du bien & du mal, toutes les fois que la vo- lonté ne le meut pas ; mais il eft foumis à la volonté & il lui obéit , en tant qu'il eneft mu & pouffé. L’entendement & la volonté ont leur liberté & leur fervitude ; l’une & l’autre extrinfeques. 11 n’y a donc nul choix de volonté, & nulle liberté d’indifférence. Comme on ne conçoit pas toujours dans l'acte de la liberté, qu’elle foit excirée par des puiffances extérieures, on dit fous ce point de vue qu'elle ef libre. On accorde aux aétions de l’homme la fpontanéité parce quAl en eft l’auteur, mais non parce qu’elles font libres. Les puiffances font ou en guerre oud’accord; dans le premier cas la plus forte l'emporte. Ce qui conferve les puiflances d’un corps efthon; ce qui détruit les puiffances d’un corps, & confé- quemment le corps même, eft mauvais. Qu’eft-ce que la vie? l’union des puiflances avec le corps. Qu’eft-ce que la mort ? la féparation des puïffances d’avec Le corps. Tant que le corps vit, fes parties qui font le fiége des puiffances reftent unies ; lorfqu’il fe diflout, fes parties fe féparent ; les puif- fances paflent à des puiflances féparées, car 1l eft impofhble qu’elles foient anéanties. Le corps eft mortel, mais les puiffances font im- mortelles. Il eft particulier à l’homme d’être porté à des biens qui font contraires au bien général. L’effort vers une chofe qui lui convient s’appelle defir, amour, efpérance ; vers une chofe qui lui eft contraire, haine, fuite, horreur, crainte. On donne à l'effort le nom de pa/fion , parce que l’objet ne manque jamais de l’exciter. | La raïfon eft faine quand elle eft libre, ou non mue par la volonté & qu’elle s'occupe fans fon in- fluence de la différence du bien réel & du bien appa- rent; corrompue, lorfque la volonté la pouffe au bien apparent. 2 Chaque homme a fes volontés. Les volontés des hommes s'accordent peu ; elles font très - diverfes , fouvent oppofées: un. même homme ne veut pas même conftamment ce qu'il a voulu une fois ; fes volontés fe contredifent d’un inftant à un autre ;les hommes ont autant de pafñon, & 1l y a dans chacune de leurs paffons autant de diverfité qu'ils’en montre fur leurs vifages, pendant la durée de leur vie. L'homme n’eft point l’efpeceinfime, & la nature du gente humain n’eft pas une &c la même. Il y a dans Phomme trois volontés principales, la volupté, Pavarice, & l'ambition. Elles dominent dans tous ; mais-diverfement combinées ; ce ne font point des mouvemens divers qui,fe fuccedent naturelle- ment, & dirigés par le principe. commun de l’enten- dement &c de la volonté. Des actes volontaires & contradictoires ne peu- vent fortir d’une volonté une &t commune. D'où il fuit que c’eft aux pañons de la volonté, à la contrainte & à la nécefhté qu'il faut rapporter ce que l’on attribue ordinairement au choiïxér à la liberté: la difcorde une fois élevée, la puiffance la plus forte lemporte toujours, La volonté eft une puifance aétive de {a nature < | T H © parce que plufieurs de fes affetions ont leur origine dans d’autres puiffances, êc que toutes fes aétions en font excitées. | La volupté, l'ambition, l’avarice , font trois fa- cultés a@tives qui pouffent Pentendement , 6c qui ex- citent la puiffance tranflative. v L’efpérance, la crainte; la joie, la triftefle , font des pafñons de l’ame, qui naïffent de la connoïffance d’une puiflance favorable ou contraire. Il y a des paññons de l’ame qui excitent les pre- mieres volontés ; il y en a d’autres qui les fuppri- ment. À proprement parler il ny a que deux différences dans les affe@ions premieres , l’efpérance &c la crain- te; l’une naît avec nous ; l’autre eft accidentelle. L’efpérance naît de quelque volonté premiere; la crainte vient d’autres puiffances. | L’efpérance & la crainte peuvent fe confidérer re- lativement à Dieu : raifonnables on les appelle piéré, crainte filiale ; déraifonnables on les appelle fzper/hi- sion, crainte férvile. Celui qui n’eft retenu que par des confidérations humaines eft athée. L'homme eft prudent & fage, lorfqu'il a égard à la liaifon des puiffances, non-feulement dans leur effet préfent, mais encore dans leur effet à venir, Les prophetes font des hommes dont Dieu meut immédiatement la puiñance intelletuelle ; ceux dont il dirige immédiatement la volonté, des héros ; ceux dont l’entendement & la volonté font foumis à des puiffances invifbles, des forciers : Phomme prudent apporte à l’examen de ces différens caraéteres la cir- confpeétion la plus grande. La puiffance humaine eft finie, elle ne s'étend point aux impoffbles. En-decà de l'impoffbilité, il eft difficile de marquer fes limites. | ïl eft plus facile de connoître les puiffances des corps en les comparant, que les puifances des hom- mes entre eux. = Toute puiflance, fur-tout dans l’homme , peut être utile ou nuifble. Il faut plus craindre des hommes qu’en efpérer, - parce qu'ils peuvent &c veulent nuire plus fouyent. que fervir. Le fage fecourt fouvent; craint plus fouvent en- core; réfifte rarement; met fon efpoir en peu de chofes, & n’a de confiance entiere que dans la puif- fance éternelle, Le fage ne prend point fa propre puiffance pout la mefure de la puiffance des autres, mi celle des au tres pour la mefure de la fienne. Il y a des puiflances qui irritent les premieres vo- lontés ; il y en a qui les appaïfent. Les alimens ac- croiflent ou diminuent la volupté ; l'ambition fe for- tife ou s’affoiblit par la louange &c par le blâme; l’avarice voit des motifs de fe repofer ou de travaïl- ler dans Pinégalité des biens. La volonté dominante de l’homme , fans être ex- citée ni aidée par des puiflances extérieures , lem- porte toujours fur la volonté d'une. puifflance furor- donnée, abandonnée à elle-même &c fans fecours. Les forces réunies de deux puiflances foibles peu- vent furmonter la volonté dominante, Lefucces eft plus fréquent & plus für, files puiflances auxiliaires {ont extérieures. | Une paffon foible , irritée violemment par de puiflances extérieures. s’exercera plus énergique- ment dans un homme que la paflion dominante dans un autre. Pour cet effet il faut que le fecoursde la puiflance extérieure foit grand. Ïl y a entre les pañfions des hommes des oppoñi- tions , des concurrences, des obftacles , des fecours, des liaifons fecretes que tous les yeux ne difcernent Il y a des émanations , des écoulemens , des fimy- | Jaires moraux qui frappent le fens & qui afc@ent l'homme & fa volonté. | La velonté de ’homie n’eft jamais fans efpérance , & fans crainte, &c il n’y a point d’ation volontaire fans le concours de ces deux paffons. | Il ny a point d’adion libre confidérée relative- ment à {a feule dépendance de la volonté, S; Pon exa- , mine l’aétion relativement à quelque principe quila dirige, elle peut être libre ou contrainte, La puiffance de la volonté eft libre, quand l’hom- me fuit fon efpérance naturelle , lorfqu’elle agit en lui fans Le concours ou loppofñition d’une force étran- gere qui lattire on qui l'éloigne. Cette force eft ou vifble ou invifible ; elle s'exerce ou fur Pame ou fur le corps. | | 4 Touteaétion qui r’eft pas volontaire ou fbontanée fe fait malgré nous. Il n’en eft pas de même dans le cas de la contrainte. Une aftion contrainte ne fe fait pas toujours malgré nous. L Dans lexamen de la valeur morale des a@ions vo- lontaires , 11 faut avoir égard non-feulement au mou- vement de la volonté qui les a précédées » Mais à Papprobation qui les a fuivies, à 09 Le fpontanée eft ou libre ou contraint ; libre, fi la volonté a mis en aétion la puiffance tranflative , fans le concours d’une puiflance étrangere favorable ou contraire ; contrainte , s’il eft intervenu quelque force , quelque efpérance ou quelque crainte exté- rieure. TE. | Les mœurs confiftent dans la conformité d’un grand nombre de volontés. Les fages ont leurs mœurs , qui ne font pas celles des infen{és. Les prenuers s’aiment, s’efliment, mettent leur dignité principale dans les qualités de leur entendement, en font l’effence de l’homme & foumettent leurs appétits à leur raifon qu’on ne contraint point. CALE C’eft du mélange des pañions qu’il fuit qu'entre les infenfés il y en a d'inftruits & d'idiots. La force des paflions dominantes n’eft pas telle qu'on ne les puifle maîtrifer.… ie IL n’y a point d'homme, fi infenfé qu'il foft , que la fagefle d’un autre ne domine & ne difpofe à luti- lité générale. , " Les paflions dominantes varient felon1 âge, le ch- mat , & Péducation : voilà les fources de la diverfité des mœurs chez les peuples divers. Les mœurs des hommes ont befoin d’une regle, L'expérience & la méditation font le fage. Les infenfés font peu de cas. de Ja fagefie. Leshommes, dont le carattere eft une combinai- fon de l'ambition & de la volupté, n’ont befoin que du tems & de l’expérience pour devenir fages. Tous ces principes qu’on établit fur la confcience quite & la confcience erronée, ne font d'aucune uti- lité. Le fage ufe avec les infenfés du confeil &-de l’au- torité : 1l cherche à les faire efpérer ou craindre, _ L’honnête , l’agréable & Putile font les objets du fage : ils font tout fon bonheur ; ils ne font jamais féparés. salsa à Dans la regle quele fige impofera aux infenfés , il aura égard à leur force. | Le confeil eft d’égal à égal ; le commandement eft d’un fupérieur à fon inférieur. Le confeil montre des biens &.des mauxinéceffai- res ; la puiffance en fait d’arbitraires. Le confeil ne contraint point, n’oblige point du-moins extérieute- ment ; la puiffance contraint, oblige du-moins exté- reurement. Le fâge fe foumet au confeil ; linfenfé n'obéit qu’àila force. nt 1 La vertu eft fa propre récompenfe. À proprement parler , les récompenfes &cles chà- timens font extérieurs. ds c L'infenfé craint fouvent des douleurs chimériques “ À THO 293 &e des puiffances chimériques. Le fage fe fert de ces fantômes pour le füubjuguer. | Le but de la reple eft de procurer aux infenfés la. Paix extérieure , & la fécurité intérieure. dr" Il y a différentes fortes d’infenfés. Les uns trou blent la paix extérieure , il faut employer contre eux Pautorité ; d’autres qui n'y concoufent pas, il faut les confciller 8&c les contramdre; & certains qui 1gno= rent la paix extérieure , il faut les inftruÿre. _ Ileft difficile qu’un homme puifle réunir en Jui {eul le caraétere de la perfonne qui confeille , & lé caraétere de celle qui commande, Ainf il ÿ a eu des prêtres &c des rois. | | Point d’aétions meilleures que celles qui tendent à procurer la paix intérieure ; celles qui ne contri- buent ni ne nuifent à la paix extérieure, font comme indifférentes ; les mauvaifes la troublent ; il ÿ a däns toutes différens degrés À confidérer. Il ne ut pas non plus perdre de vue la nature des objets. Le jufte eft oppofé au mal extrème ; l’honnête eft le bien dans un degré éminent ; il s’éleve au-deflus de la paffion ; le décent eft d’un ordre moyen entre le jufte & lhonnête. L’honnète dirige les aétions ex- térieures des infenfés ; le décent eft la regle dé leurg atHons extérieures ; ils font juftes, de crainte de trou- bler la paix, Le paëte differe du confeil & de l'antorité ; cepen- dant il n’oblige qu’en conféquence. La loife prend ftriétement pour la volonté de cez lui qui commande, En ce fens > lle differe du confeil êt du pate. Le but immédiat de la loi eft d’ordonner & de dé- fendre ; elle punit par Les magiftrats , elle contraint par les jugemens, & elle annuile les aûtes qui lui font contraires : fon effet eft dobliger. Le droit naît de l'abandon de fa volonté : l’obli- gation lie. Il y à Le droit que j'ai, abitraGion faite de toute volonté , & celui que je tiens du paëte & de la loi, L'injure eft linfraétion de lobligation & du droit, Le droit eft relatif à d’autres ; l'obligation eft im menfe: Pun naît des regles de l’honnète ; Pautre des regles du jufte. | C’eft par obligation interne que l’homme eft ver. | fueux; c’eft par l'obligation externe qu'il eft jufe. Le droit, comme loi, eftou naturel ou poñtif, Le naturel fe reconnoît par l'attention d’une ame tran- quille fur elle-même: Le poñtif exige la révélation & la publication. Le droit naturel fe prend ou pour l'agrésat de tous les préceptes moraux qui font didés par la droite M soie les feules regles du juite. Tout droit pofitif relativement à fa notoriété ef humain. nr à Dieu a gravé dans nos cœurs le droit naturel 1 eft divin ; la publication lui eft inutile, an La loi naturelle s'étend plus aux confeils qu’à l’au- torité. Ce n’eft pas le difcouts de celui qui enfeigne, mais de celui qui commande ; qui la fait recevoir. La raïfon ne nous conduit point feule à reconnoître Dieu comme un fouverain autorifé dinfliger des pei- nes extérieures & arbitraires aux infradteurs de la loi naturelle, Il voit que tous les châtimens qui n'é- “manent pas de l'autorité, font naturels ; 8 impropre- ment appelés chétimens. Il n°y a de châtimens pro- prement dits que ceux qui font décernés par le fou- verain,, & vifiblement infligés, La publication ef effentielle aux lois. Le philo ophe ne connoît aucune “publication de la loi naturelle : il regarde Dieu com- ‘mé fon pére, plus encore de comme {on maître. Sika quélque crainte } ellé eftfiliale & nonfervile, Si on regarde Dieu comme pere, confeiller, doc. ‘teur, 6c que l'honnêteté & la turpitude marque plu “tôt bonté & malice, ou vice én-général, que juitice 294 THO ou injuftice en particulier ; les attions fur Jefquelles Le droit naturel a prononcé ou implicitement ou ex- plicitement, font bonnes où mauvaifes en elles-mê- mes , naturellement & relativement à toute l'efpece humaine. | e droit confidéré comme une puiflance morale relative à une regle commune & conftante à un grand nombre d'hommes, s'appelle drois marurel. Le àroit ofitif eft relauf à une regle qui varie. o Le droit de la nature oblige même ceux qui ont des opinions erronnées de la divinité. | Ni la volonté divine, n1 la fainteré du droit natu- rel, ni fa conformité avec la volonté divine, ni fon accord avec un érat parfaif, nila paix, niles paétes, ni la fécurité, ne-font point les premiers fondemens du droit naturel. Sa premiere propoñtion, c’eft qu’il faut faire tout ce qui contribue le plus à la durée ëc au bonheur de la vie. Veux-toi à toi-même ce que tu defires des autres, voilà le premier principe de Phonnète : rends aux autres ce que tu exiges d’eux ; voilà le premier prin- cipe du décent : ne fais point aux autres ce que tu crains d'eux ; voilà le premier principe du jufte. Il faut fe repentir ; tendre à fon bonheur par des moyens fages ; reprimer l’excès de fes appétits , par la craïnte de la douleur, de lignominie, de la moi {ere ; fuir les occaffbns périlleufes ; fe refufer au dé- fefpoir; vivre pour &t avec ceux même qui n ont pas nos mœurs ; éviter la folitude ; dompter fes pañlions; travailler fans délai & fans cefle à fon amendement : voilà les conféquences de la regle de l’honnéte. Cé- der de fon droit ; fervir bien & promptement les autres ;.ne les affliger jamais fans néceflité ; ne point les fcandalifer ; fouffrir leur folie : voilà les fuites de la regle du décent. Ne point troubler les autres dans leur poffeffion ; agir avec franchife ; s’interdire la raïllerie , &c. voilà les conclufons de la regle du juite. . Il y a moins d’exceptions à la regle du jufie & de lhonnête , qu'à celle du décent. Le fage fe fait de l'autorité, par fes difcours &c fes actions. | . Le fage fert par exemple, &c par le châtiment qu’il ne fépare pas. . mn Il faut punir & récompenfer ceux qui le méri- tent. - . Celui qui fuit la regle de la fagefle mérite récom- penfe : celui qui l’enfreint, châtiment. | Le mérite confifte dans le rapport d’une aétion volontaire , à la récompenfe & au châtiment. Imputer., c’eft traduire comme caufe morale d’un effet moral. , | Dans les cas de promefle , il faut confidérer l’inf- piration relativement à lavolonté de celui qui a pro- mis , & à l'aptitude de celui qui a reçu. Laméthode de traiter du droit naturel qu'Hobbs 4 préfentée eft très-bonne ; il faut traiter d’abord de la liberté ; enfuite de l'empire , & finir par la reli- gion. | fre Voilà l'extrait de la philofophie de Thomafrus dont on fera quelque cas, f l’on confidere le téms auquel il écrivoit. Il a peut-être plus innové dans la langue que dans Les chofes ; mais 1l a des idées qui lui appar- tiennent. : : | Il mourut en 1628 à Halle, après avoir vécu d’une vie très-laborieufe & très-troublée. Son:penchant à la fatyre fut la fource principale defes peines ; 1lne fe contenta pas d'annoncer aux hommes des:vérités | . 2 L LA Sd - . [2 , L qu'ils ignoroient.,. mais 1l acheva de révolter leur amout-propre..en les rendant ridicules par leurs er- : reurs. THOMISME,, fm. (Théologie.) dodrine de faint | - Thomas d'Aquin & de fes difciples appelés Tho- | mifles >\principalement par rapport à la prédeftina- tion 6 à la grace. LCL On ne fait pas pofitivement quel eft le véritable T'hormifme : les dominicains prétendent enfeigner le Thomifme dans tonte fa pureté ; maïs il y a des au- teurs qui font une diftinétion entre le Thomifine de S. Thomas & celui des dominicains. Voyez Domini- CAINS, | , D’autres foutiennent que le Thomifme n’eft qw’un Janfénifme déguilé ; mais on fait que le Janfénifme a êté condamné par les papes, & que le pur Tho- mifme ne l’a jamais été. Voyez JANSENISME. En effet les écrits d'Alvarez & de Lémos, chargés par leurs fupérieurs d’expofer & de défendre devant le faint fiege la doétrine de leur école , ont pañlé de- puis ce tems-là pour la regle du put Thorzifine. L'école moderne a abandonné les fentimens de plu- fleurs anciens thomiftes, dont lesexpreffions avoient paru trop dures à Lémos & à Alvarez 3 & les nou- veaux thomuftes qui paflent les bornes prefcrites par ces deux doéteurs , ne peuvent pas donner leurs opi- nions pour les fentimens de l’école de S. Thomas, comme ayant été défendnes & cenfurées par le pape. Le Thomifme reçu ou approuvé eft celui d’Alva- rez &t de Lémos : ces deux auteurs diffinguent qua- tre claffes de thomiftes : la premiere qu'ils rejettent, détruit le bre arbitre ; la feconde & la troifieme ne different point de la doétrine de Molina. Woyez Mo- LINISTES. “x La derniere embraflée par Alvarez eft celle qui admet une prémotion phyfique, ou une prédétermi- nation qui. eft un fupplément du pouvoir a@if qui, par le moyen de ce fupplément , pafle du premier aële au fecond , c’eft-à-dire d’un pouvoir complet & prochain à Pa@ion. Voyez PRÉDÉTERMINATION. - Les Thomiftes foutiennent que cette prémotion eft offerte à l’homme dans la grace fufifante ; que la grace tufhifante eft donnée à tout le monde , & que tous les hommes ont un pouvoir complet , indépen=. dant & prochain, non pas pour agir, mais pour re- jetter la grace la plus efficace, Voyez SUFFISANT 6 GRACE. | THOMISTES, f. m. pl. ( Théolog. ) nom que l’on donne aux théologiens d’une école catholique, qui font profeflion de fuivre la doétrine de S. Thomas d'Aquin. Quoique les Thomifles {oïent oppofés aux Scori- ftes fur plufieurs points, tels que la diftin@ion des attributs de Dieu ,'la maniere dont les facremens opetent, l’immaculée conception , 6'c. cependant ce qui les caraétérife particulierement, & ce qui les di- fingue des autres théologiens moliniftes , augufti- niens, congruiftes , &c, c’eft leur fyftème fur la gra- ce, dont nous allons donner une idée. La bafe de leur fyflème eft que Dieu eft caufe pre- miere & premier moteur à l’ésard de toutes fes créa- tûres; comme caufe premiere, 1l doit influer fur toutes leurs aétions ; parce qu’iln’eft pas de fa dignité d'attendre la détermination de la caufe feconde ou de fa créature. Comme premier moteur, il doit im- primer le mouvement à toutes les facultés ou les putflances-qui en font fufceptibles ; de-là ils con- clüent : ' 4: -15°, Que dans quelque état qu’on füppofe homme, foitavant, foit après fa chfte , &z pour quelque ation que ce foit, la prémotion de Dieu eft néceflaire. Ils appellent cette prémotion prédétermination phyfique, lorfqu'il s’agit des adions confidérées dans l’ordre naturel , 8 ils la nomment grace efficace par elle= même, quand'ils’apît des œuvres furnaturelles ou méritoires du falut. +: 2°. Que la grace efficace par elle-même à été né- ceflaire aux anges:82 à nos premiers parens pour les œuvres furnaturelles, | THO 3°. Que quant à l’eficacité de la grace ; ibn’ya aucune différence entre la grace efficace de l’état de bature innocente, & celle de nature tombée ou cor: rompue par le péche. | 4°. Que cette grace eflicace néceflaire pour les œuvres furnaturelles, futrefufée à Adam & aux an- ges lorfqu'ils prévariquerent pour la premiere fois, mais qu’elle ne leur fut refufée que par leur faute. 5°. Que quant à l’état de nature innocente &aux œuvres furnaturelles & libres, foit des anges, {oit des hommes dans cet état, il faut admettre en Dieu des decrets ab{olus, efficaces, &antécédens au libre confentement de la volonté créée. 6°. Que la préfcience que Dieu a eu de ces œu- vres étoit fondée fur fes decrets abiolus, efficaces, _& antécédens. 7°. Que la prédeftination dans cet état a été anté- cédente à la prévifion des mérites. 8°. Que la réprobation négative qu'ils font con- fifter dans l'exclufion de la gloire, à été également antécédente à la prévifon des péchés, & uniquement fondée fur la volonté de Dieu; mais que la réproba- tion poñtive, c’eft-à-dire la deftination aux peines éternelles, a été conféquente à la prévifion des dé- mérites de ceux qui devoient être ainfi réprouvés. 9° Qu’'Adam ayant péché, tous fes defcendans dont il avoit été établi le prince & le chef moral , ont péché en lui; 8 qu’ainf tout le ‘genre humain eft devenu une mafle de perdition que Dieu auroit pû fans injuftice abandonner, comme il a fait les anges prévaricateurs, : 10°. Que Dieu par fa pure miféricorde a bien vou- lu d’une volonté antécédente 8 de bon plaifir, ré- parer la chûte du genre humain, & qu’en conféquen- ce, il a décerné de lui envoyer pour rédempteur Jefus-Chrift qui eft mort pour le falut de tous les hommes, & de conférer à ceux-ci, ou du-moiïns de leur préparer des fecours de grace très-fufifans. . +1°, Que par une miféricorde fpéciale & antécé- demmentà la prévifion de leurs mérites, ila élu efica- cement 6 prédeftiné à la gloire un certain nombre d'hommes préférablement à toutle refte, par un de- cret que les Thormiffes appellent decres d'intention. 12°, Qu’à ceux qu’il a ainfi élus, il accorde certai- nement la grace éfhcace, le don de perfévérance, & la gloire dans le tems; mais qu'iln’accorde à tous les autres que des graces fufhfantes pour opérer le bien & pour y perfévérer, 13° Que dans l'état de nature tombée, la grace efficace eft néceflaire à la créature à double titre ; 1°. àtitre de dépendance, parce qu’elle eft créature; 2°. atitre de foibleffe où d'infirmité, parce que quoi- que la grace fufhfante guérifle la volonté & la rende faine , cependant à caufe de l’infirmité de la chair & de fes combats ou de fesrévoltes perpétuelles contre TFefpnit, la volonté éprouve une très-grande difi- culté de faire le bien furnaturel; elle a un pouvoir Véritable, prochain & complet, de le faire, & ce- pendant elle ne Le fera jamais fans une grace efficace; à peu près, difent-ils, comme un convalefcent a des forces fufhfantes pour faire un voyage , qu'il n’exé- Cutera cependant pas fans quelque autre fecours que fes feules forces. 1494 Que la préfcience des bonnes œuvres que l’homme doit faire avec le fecours de la grace, eft fondée fur un decret efficace, abfolu , © antécédent, d'accorder cette grace; & que la préfcience du mal futur eft également fondée fur un decret de permif- fon par lequel Dieu par un jufte Jugement, a réfolu de ne point accorder de grace efficace dans les cir- confances où elle feroit néceflaire pour éviter le péché. | 15°. Que Dieu voit dans fes decrets qui font ceux quiperfevereront dans le bien ; qui font au contraire T HO 103 ceux qui perfévereront dans le mal; & qu’en cons féquence il accorde aux. uns la gloire éternelle, il condamne les autres aux fupplices de Penfer par un decret que les Thomifles appellent decret d'exéeu tiOT, L 16°. Que la prédeftination ou le decret d’intens tion d'accorder la gloire aux bons, eft abfolument & purement gratuit, r. 17°. Que la réprobation négative dépend uniques ment de la volonté de Dieu, & que la réprobation pofitive fuppofe la prévifion des péchés. Quelques shormifles cependant, comme Lemos & Gonet, pen» {ent que le péché originel eff la caufe de la réprobas tion névative, On accufe communément ce fyftème de n’être pas favorable à la liberté ; mais les Thomifles 1e lavent de ce reproche en répondant, 1°. que Dieu en.prémeus vant {es créatures raifonnables, ne donne aucune ata teinte aux facultés qu'il leur a accordées d’ailleurs, & qu'il veut qu’en agiffant elles agiflent librement, 2°. Que fous l’aétion de Dieu la rafon propofe tou Jours à la volonté une infinité d’objets entre lefquels celle-ci peut choïfir, 8&c que la volonté elle-même étant une faculté que Dieu feul peut remplir & raf fafier , trouve toujours quelque chofe qu’elle peut defirer ou choifir, ce qui fufit pour la liberté. On reproche aufli aux Thomifles que la grace ff fante qu'ils admettent, n’eft une grace que de nom, À quoi ils répondent que dans leur fyftème la grace fufifante donne un pouvoir très-complet de faire le bien, in aéfu primo, comme ils s'expriment: pouvoir fi complet & fi réel, que fi l’homme en vouloit bien ufer , 1l feroit le bien ; que c’eft fa faute s’il ne le fait pas ; que dans la grace fufffante Dieu lui en offre une efhcace, &£ que ñ Dieu ne la lui accorde pas, c’eft que l’homme par fa réfiftance y met obftacle, C’eft la doétrine même de S. Thomas : Quod aliquis non habeat gratiam, non eff ex hoc quod Deus non velie can dure, fed quia homo non vult eam accipere, 1n, ij. diff. 28. quaff. j. art, 4. & ailleurs : Non immerito ir culpa timputatur ei qui impedimertun Praflat gratiæ. receptiont , Deus enim quantum in fe eff pararus ef? om- nibus gratiam dare, . .… fed ülli foli gratia privantur qui 1r fe ipfis grati® impedimentum præftant : Jicus fole il luminante, in culpa imputatur ei qui oculos claudir : JE ex hoc aliquod malum fequatur. lib. LIL. contr. Gent. cap. clix. | Ceux qui affeétent de confondte la dofrine des Thorifles avec celle des Janféniftes, fe trompent auf groflierement que ceux qui trouvent que le Molinif me reflufcite les erreurs des Sémi-pélagiens. Foyez EFFICACE, GRACE , MOLINISME, PRÉDESTINA- TION , &c, THOMOND , ox CLARE , ( Géogr. mod.) comté. d'Irlande , dans la province de Connaught. Il eft bor- ne à left & au fud par la riviere de Shannon, à l’oueft par POcéan, &gau nord par le comté de Gallway. On lui donne 5 ÿ milles de long fur 38 de large, qu'on divife en huit baronnies ; cependantil n’y a dans tout ce comté que deux villes qui aient droit detenir des marchéspublics, favoir Cillalow , & Enis-Tow; cette derniere même eft la feule qui députe au parlement d'Irlande, (D. J.) THON, ATHON , 1. m. ( Æiff nat. Tähiolog. ) poiflon de mer qui reflemble à la pélamyde par la forme du corps, mais il eft plus grand & plus épais; ila de grandes écailles qui font couvertes d’une peau très-mince ; Le mufeau eft pointu & épais ; les deux mâchoires font garnies de petites dents aiguës & fer- rées les unes contre les autres; les yeux font grands, ronds & faillans; le dos eft noirâtre. Ce poiffon a deux nageoires près des ouies, deux à la partie an- térieure du ventre , une auprès de anus, qui s'étend jufqu'à celle de la queue , une fur la partie antérieure 206 du dos, & üne autre à fa partie poftérieure, qui va jufqu'à la queue; la premiere nageoire du dos eft compofée de longs aiguillons pointus que le poiffon drefle à fon gré; ceux quifont en-avant ont le plus * de longueur ; la nageoire de la queue a la figure d’un Ce canal fe décharge ordinairement dans la veine de la patte antérieure gauche ; mais Pecquet & Verheyen ont vu ce conduit fe décharger dans la veine de la patte antérieure droite. Bartholin a trouvé une des deux branches qui s’inferoit dans la veine de la patte anté- rieure gauche, & une autre dans la droite, Enfin Vanhorne a eu occafon devoir l’une des deux bran- ches s'ouvrir dans la veine jugulaire, (D. J.) Les arteres shorachiques » OU Mammaires externes à viennent de laxillaire qui fournit trois ou quatre ra- meaux , qui fe diftribuent au srand & au petit peéto. ral, au grand dentelé , au grand dorfal &c à toutes les parties circonvoifines ; elles communiquentavec les mammaires internes & les intercoflales. On peut les diftinguer par rapport à leur fituation ; en anté- rieute , en moyenne & en inférieure, THORÆ, ( Géog. anc.) peuples dela tribu Antio- chide , felon Etienne le géographe , & felon M. Spon, Thoræ étoit un lieu maritime entre Phalere (4 Sunium. (D. J.) | FHOBAX , f. m. en Anatomie, eft cette partie du Corps humain qui forme la capacité de la poitrine ; êt renferme lecœur & les poumons. Poyez PL, anat. (Offéol.) | Ce mot vient du grec Boper, falire, fauter, àcaufe du battement continuel du cœur qui eft renfermé dans la poitrine. Galien nomme auffi le shorax , Ci= thara , & dit qu'il contient les parties qui excitent à Pamour. . Le shorax eft aufli appellé fécond ventre > OU Ventre moyen | &t proprement Ze coffre ou La potsrine, Foyez VENTRE. | Il eft terminé en haut par les elavicules ; & en-bas par le cartilage xiphoide & le diaphragme, La partie antérieure fe nomme le flernum ; les parties latérales les côres ; les parties poftérieures font l’épine 82 les vertebres du dos êc l’omoplate. Voyez COTES, STER- NUM, &c. Outre le cœur & les poumons, le :korax contient encore la veine-cave afcendante, l'aorte , la veine & l’artere pulmonaire, la trachée artere , l’œfophage, Es Pp 295 T HO Il eft tapiflé intérieurement d’une membrane ap- pellée Za plevre, & ileft partagé dans le milieu par ‘une autre membrane appellée /esmédia/lin. Voyez PLE- VRE- 8 MÉDIASTIN. Tuorax, ( Géograne. ) montagne de la Magné- fe, felon Diodore deSicile, /. XIV. & Strabon, z. XIV. p.647. C'eft fur cette montagne qu'un certain ‘srammairien nommé Daphitas fut crucifié pour avoir attaqué les rois de Pergame dans ces vers: Nopqupor MoAGEG , dTchpel AA Te yaCnç Avriud yes Aude) apyere, tai EpUY IE Purpureæ vibicés , fcobs lirnataque gaxa Lyfimachi, Lydos 6 Phrygiam TOBTLISe LD mere TORBERG , ( Géog. mod. ) bailliage de Suifle , au canton & à deux lieues de Berne. Ün gentilhom- me du pays nomme Thornberg ÿ fonda l'an 1397 une chattreufe, &c donna fa terre pour l'entretien dés moïnes. Les Bernois ont fait de cette terre un bail- liage, & ont converti la chartreufe en un château pour la réfidence du bail. (D. JT.) ASE THORICUS, ( Géog. anc.) bourg de lAttique , das la tribu Acamantide; il étoit fitué entre Sunium &r Potamus , appellé maintenant Porto-Rafa. On trouve cette infcription à Athènes dans le jardin d'Huffein-Bey, dit Spon, life de PAïIique, p.344: IL: PAXIKAHE EYPONIOY TONQOAE @OPIKIOY: [ THORN, ( Géog: mod, ) ou Toorx, en latin fo: derne Taurunium, ville de Pologne , dans le palati- mat de Culim , à la droite de la Viftule qu’on y pañle far un pont remarquable par fa longueur, qu’on dit être de 177oaulnes à trente-cinq lieues de Dantzik, Thorn eft une ville du xüy. fiecle, & qui fut d’a- bord libre. Les chevaliers de l’ordre teutonique s’en emparerent, & en furent enfuite délogés parles rois de Polagne. Charles Guftave la prit Pan 1655, &la rendit par la paix d'Oliva en 1660. Elle fut reprife en 1703 par Charles. XII. qui fit démohr fes fortiñ- cations. C’étoit une ville anféatique auxv. fiecle ; mais elle a perdu depuis fon commerce par l’élar- sifflement de la Viftule qui empêche les grands vaif- {eaux d'y pouvoir aborder. Quoique le Juthéranifme ÿ. domine, les Catholiques ont la liberté d'y célébrer Les cérémonies de leur religion, en vertu de la pro- te@ion dela Pologne.Lorg. 36, 35. laut. 53. C’eft à Thor que naquit en 1473 Copernic ( Ni- colas) fi célebre en aftronomie. Il avoit trouvé le vrai fyftème du monde & des phénomènes céleftes , avant que. Ticho-Brahé-eût inventé le fien qui é- toit qu'ingénieux. Il mourut comblé de gloire par cette découverte en 1543, à 70 ans. (D. J.) THORNAX, ( Géogr. anc. ) montagne du Pélo- jonnèfe, dans la Laconie: Les modernes la nom- nent Vouni; elle eft auinord de Magula. Meurfus s'eft trompé évidemment, quand il a dit que ce fut fur cette montagne qué Jupiter prit la figure d’un coucou, pour faire réuflir quelque amourette, 8 tromper la jaloufie de Junon. Il confond deux paña- ges, de Paufanias ; mais cet auteur dit dans fes corin- thiaquesque ce déguifement de Jupiter fe pañla fur unemontagne dumême nomfituée auprès de la ville d'Hermione, à plus detrente lieues de Thorrax de Laäconie. (D.J.) : | | THORNOS , ( Géog.anc. ) Île que Pline , Z. IP. xijamet auvoifinage de celle de Corcyre, entirant vers la côte de l'Italie. On la nomme aujourd’hui ifola Melere, felon le p. Hardouin, qui-rematque que les manufcrits ne s'accordent pas fur l’ortographe du nomancien de cette ile. Lesuns portent Aihoronos, & d’autres Orhonoros. (D. J.) E TH O THORS-AA, ( Géog. mod. ) riviere d'Irlande 57 dans fa partie méridionale, C’eft une des principales de l'ile. Elle a fon cours près du montHecla.(D.J7.) THORSUS, ( Géog. anc.) fleuve qui coule au mi- lieu de l'ile de Sardaigne, felon Paufanias, Zy. cs xvÿ. C’eftle Thyrfus de Ptolomée, iv. HT, c, iiy, &c peut-être le Sacer des modernes. (3, J.) THOS , f. me ( Aift. nar. Zoologieanc, ) réc, rom | donné par les Grecs à un animal de la claffe des re- nards, mais plus gros que le renard ordinaire, & qui , difent-ils ; fe nourrifloit principalement & par rufes d’oifeaux aquatiques & de la volaille des bafles» HTML EE UNE TL it À . THOT , {. m. ( Culend. égypr. ) dieu des Esyp:. tiens, & femblablement nom du premier mois de l'année égyptienne, Voyez THEUTH. (D. J. ) THOUAILLE , { f ( serme de riviere.) mot dont. onde {ert dans les anciennes ordonnances pourfignts fier une /ervierre, 7. | « Les fergens, quand ils goûtent les vins étran- » gers , doivent avoir la showaïlle au col, le beau pot » doré en une main, & le hanap en l’autre. J THOUARS , ( Géog. mod. ) en latin dû moyen Âge Toarcis.cafirum, Tourcinm , Toarcius, ville de France, dans le Poitou, fur la riviere de Thoué, ‘entre Argenton-le-Château au couchant, &r Loudun au levant, au midi de Saumur , à 12 Leues au fud eff d'Angers. {l y a une éleétion , une maréchauflée, trois paroïfles & plufieurs couvens des deux fexes. Thouars a été anciennement pendant plus de 400 ans dans la maifon dece nom, Louis, feigneur de la Tri- mouille, traita de fes droits {ur ce vicomté avec Louis XI. qui le réunit à la couronne. Charles IX, éleva Thouars en duché en 1563 , 8& Henri IV. Péri gea en duché-pairie en 1595, en faveur de la mai- fon de la Trimouille. Les lettres de pairie furent vé- rifiées au parlement en 1599: Long. 17. 20. laur, 40% 37. : { ; Bertram ( Corneille Bonaventure ) né dans cette villeen 1531, fe rendit recommandable par fes con- noïflances des langues omentales. IL mourut à Lans fanne l’an 1594, âgé de 63 ans. On a de lui r°. une république des Hébreux qui eft courte & méthodi- que, 2°+ un parallele de la langue hébraïque avecla {yriaque, 3°. une révifion de la bible françoite de Genève faite fur le texte hébreu, 4°. une nouveile édition du tréfor de Pagninus, °.un traité latin de la police des Juifs, éc. (D.J.) THOUN , ( Géog. ane, ) ville de Suifle, dans le canton de Berne, à quatre lieues de Berne, au bord d'un petit lac qu’on nomme Zac de Thoun. Elle eft dans un pays fertile, bien cultivé, & en partie dans uneile formée par l’Aare. Les Bernois acheterent Thour en 1373 des comtes de ce nom, & conferve- rent aux bourgeois tous leurs privileges, Lozg. 254 20. latit. 46. 44: ( D. J.) _ THOUR, LE ; ( Géog. mod. ) en latin Thyras Taurus ou Durius, riviere de la Suiffe:, au pays de Thourgaw. Elfe prend fa fource dans les montagnes qui {ont à l'extrémité méridionale du Tockebourg, & finit par fe jetter dansle Rhein, environ à deux milles au-deflus. d'Eglifaw. C’eft une riviere rapide, inégale dans fon accroiflement & fon décroiflement. THOURGAW, LE, ( Géog. mod. ) ou Thourgau ; pays de la Suifle, qui-fuivant origine de fon nom, comprend toute cette étenduerde pays qui eftaux _deux!côtés de la riviere. de Thour,, & qu s'avance d’un.côté jufqu’au Rhin, & de Fautre jufqu'au lac de Conftance. Dans cefens , il fait toute la partie orien- tale de la Suiffe. Il comprend une partie du canton de Zurich, celui d’Appenzell tout entier., les terres de la république & de l’abbe de Saint-Gall, celles de l'évêque de Conftance & celles des fept anciens cantons; mais dans l’ufage ordinaire, on entend pag THR Îe Thourgaw les feules terres qui dépendent de la fou- veraineté commune des cantons. Dans ce dernier Lens, le Thourgaw eft un grand bailliage , qui eft borné à lorient en partie par le lac de Conftance, &z en partie par la ville de ce nom & par les terres de fon évêque ; au midi par Les terres de l’abbé de Saint. Gall; & à l’occident par le canton de Zurich. Ce bailliage eft Le plus grand qu’il y ait dans toute la Suifle ; car 1l comprend quelques villes, plufeurs villages & plus de cinquante paroifles, Le gouvernement civil du Thourgaw eft fous la fouveraineté des huitanciens cantons qui y envoyent tout-d-tour pour deux ans, un bailli, dont la réf- dence eff à Frawenfeld. A l'égard du gouvernement ipirituel, les quatre principales villes fe choififent elles-mêmes leurs pafteurs qui compofent enfemble un fynode. Les catholiques qui font à-peu-près le ! tiers des habitans , dépendent de l’évêque de Conf- tance. ( D. J.) THOUR-THAL, ( Géog. mod. ) c’eft.à-dire, la vallée de Thour. On appelloit autrefois de ce nom gé- néral tout le comté de Tockembourg en Suifle; on ne le donne maintenant qu’à une portion peu confi- dérable de ce comté, & qui renferme feulement quelques villages. (D.J) THRACE, PIERRE DE, ( Æif. mat. ) Thracia gemma. Pline donne ce nom à une pierre dont il dit qu'il y avoit trois efpeces ; la premiere étoit entie- rement verte & d’une couleur très-vive ; la feconde éroit d’un verd plus foible; la troifieme étoit remplie detaches de couleur de fang. Cette defcription paroît convenir au jafpe, Les anciens appelloient encore pierre de Thrace ; thracius lapis, une fubflance noire & inflammable que l’on croit être Le jais ou jayet, ou le charbon de terre. THRACE, (Géog. anc.) en grec 4pdxn, en latin, T'hracia ou Thracé, grande contrée de l’Europe, ren- fermée entre le mont Hémus, la mer Egée, la Pro pontide & le Pont-Euxin. La borne feptentrionale du côté du Pont-Euxiñ ; eft cependant aflez incer- taine, Les anciens géographes, comme le Périple de Scy- lax, Pomponius Méla & Pline ; étendent la Thrace ju{qu’à l'embouchure du Dänube ; de forte qu'ils y renferment Iftropolis, Tomi & Catalis. Pline à fuivi en cela Pomponius Méla; & peut-être celui-ci a-t-il fuivi Le périple de Scylax. Les biftoriens au contraire, mettent ces trois vil- les & quelques autres du voifinage dans la Scythie , en-deçà du Danube, ou les marquent fimplement fur la côte du Pont-Euxin. Strabon lui-même divife ce quartier- là en côtes pontiques ; {avoir , celle qui prend-depuis l'embouchure facrée du Danube > Juf- qu'aux montagnes qui font près du mont Hémus RES celle qui s'étend depuis ces montagnes jufqu’à l'em- bouchure du Bofphore, près de Byfance. Les bornes que Ptolomée donne à la Thrace pa- roiflent plus naturelles. Ce qui eft au-delà du mont Hémus , il l’attribue À la bafle Moœfie;, & du côté du Pont-Euxin , il ne pouffe pas la Thrace au-delà de la ville Mefembria, En effet, on ne voit pas comment Pline, après avoir marqué le mont Hémus pour la borne de la Thrace dans les terres » à pû le long de [a côte , l’étendre fi fort au-delà de cette montagne , && la pouffer jufqu’au Danube. La Thrace à été extrèmement peuplée autrefois ; fes habitans étoient robuites & pleins de valeur ; leur fleuve Strymon fervit long-tems de bornes en- tre la Thrace & la Macédoine ; mais Strabon dit qu'auf- fi-tôt que Philippe eut réduit fous fa domination, plufieurs villes entre le Strymon & le Neflus, on s’accoutuma à confondre fous le nom de Macédoine, le pays conquis nouvellement, Tome XVI, THR 29 Les poëtes grecs & latins ne nous font pas un beau portrait de la Thrace. Callimaque, Efchile, Eu- ripice & Ariftophane l’appellent Ja patrie de Borée 3 le féjour des aquilons & le pays des frimats, Virgile, Horace, Ovide & Catulle tiennent le tnême langa- ge. SCneque la nomme la mere des neiges & des glu- gons ; & Lucain appelle jes grands hivers, des hivers de Trace. Pomponius-Méla, Z IL. e. ij. n’en parle pas plus avantageufement. Regio , dit-il, mec cœlo Le- la , rec jolo, é Tu ft qua mari Proprior ef, infecunda : frigida ; eorumque Jervetur maximè admodèm PAiens, Rard ufquam pomiferam arbôrem ; Vite freaiertins 10- lerat , fed nec ufquidem fruëlus maturar ac mitigat} 21/2 b: frigora object fronditm, cultores arcuere. Celui qui a civilifé ces peuples, & qui leur a don: né le premier des lois , a été un difciple de Pytha- gore nommé Zamolxis. Hérodote rapporte les noms d’une multitude infinie de diférens peuples qui ont habité la Thrace. il dit, que s'ils euflent pû , ou fé réunir fous un feul chef » Ou fe lier d'intérêts & de fentimens , ils auroient formié un corps de nation très-fupérieur à tout ce qui les environnoit, Les Thraces avoient eu divers rois depuis Térès , qui eut deux fils, Sitalcée & Sparado. Il y eut de grandes brouilleries entre leurs defcendans, qui tout- a-iour fe détrônerent, jufqu'à ce que Seuthès recon- qui une partie des états de fon pere Moëfadès EC a tranimit {a fuccetñon paifible à Cotys, pere de Cher- foblepte. A la mort de Cotys , les divifions recom- mencerent, & au lieu d’un roi de Thrace , il y en eut trois, Cherfoblepte, Bérifade & Amadocus: À la fn Cherfoblepte dépofléda les deux autres: après quoi Philippe, roi de Macédoine , le dépouilla lui-même, La république d'Athènes, après les vi@oires de Sa- lamine & de Marathon » ne Commanda pas feulement dans la Grece, mais conquit beaucoup de villes vers la Thrace, 8 dans la Thrace même ; entrautres Pid- ne, Potidée & Méthone. Ces villes fecouerent le joug, dès que Lacédémone à la fn de la guerre du Péloponnèle, eut abattu la Puiffance d'Athènes ; mais Thimothée l'athénien ; les remit encore fous l’obéif- fance de fa patrie. Le roi Philippe les leur enleva, 8 fe rendit maître de trenre-deux villes de la Thrace, Alexandre acheva la conquête entiere de ce pays, dont les peuples ne recouvrerent leur liberté, qu’a- près fa mort, Un autre Seuthès, fils ou petit-fils de Cherfoblepte, entra auffi-1ôt dans les droits de fes ancêtres, & il livra deux fanglantes batailles à Lyf- machus , un des capitaines & des fuccefleuts d'Al: xandre, À quelque tems de-li une partie des Gaulois, qui fous la conduite de Brennus Tavageoient la Grece, fe détacha du gros de la nation , & alla s'établir en Thrace» Le premier roi de ces Gaulois shraces s’ap- pella Commontorius, & le dernier Ciyæus, fous qui les Thraces naturels exterminerent les Gaulois, tranfplan- tés chez eux, & retnirent fur le trône Seuthès, iflit de leurs anciens rois. Ce prince &c fes defcendans régnerent fans interruption jufqu’à Vefpañen,, qui à la fin, réduifit la Thrace en province romaine. Depuis ce-tems-là, la Thrace a eu le même fort que le refte de la Grece , jufqu’à ce qu'elle foit de- meurée fous la puiffance des Turcs , que la prife de Conftantinople à rendu maîtres du pays: La Thrace des anciens fe nomme aujourd'hui la Ro- manie de Thrace, pour la diftinguer de la Romänie de la Morée ; c’eft la province la plus orientale de la Turquie européenne , entre la mer N oire, ia mer de Marmora , l’Archipel, la Macédoine & la Bulsarie. Le P. Briet divife l’ancienne Thrace en Thrace, en- deçà de Rhodope, & Thrace en-delà de Rhodope: La premiere comprend {a Thrace médique , grecque où macédonienne ; la Thrace draufique ; fapaique ; corpialique ; la province de Byfance D la Thrace céni- P 1 300 TÉR que , fellétique & famaique. La feconde TArate au- delà du Rhodope, comprend la Thrace ufdiceftique, la Thrace bennique , danthelétique, beflique ; &c en- in la Querfonnèfe de Thrace. La notice de l'empire, depuis Conflantin jufqu'à Atcadius & Honorus , renferme dans la Thrace fix provinces, qui font l'Europe, Rhodope ‘la Thrace, J'Hémimont , la feconde Moëfie, & la Scythie. Les Thraces étoient naturellement féroces , vio- lens , emportes êc cruels ; cependant ceux qui ve- noient des colonies de Phénicie , &c qui demeurotent au voifinage de la Grece, fe policerent, 6c fe rendi- ent célebres dans les arts & dans les fciences ; leur pays produifit Orphée , Linus & Mufée , dont jai -déja parlé dans cet ouvrage. Phèdre droit auf de Thrace ; il fut réduit à l’efcla- ‘vage , enfuite affranchi fous Augufte , &t expofé fous Tibere à toutes Les perfécutions de Séjan, jufqu’à la mort de cet indigne favori d’un tyran odieux. Il ne fe foucia jamais d’amaflet du bien, & met cette rai- “on entre les chofes qui devoient lui faciliter la pro- motion au rans de poëte. Ses fables font admirables, -8&t l’on a raïfon d’être furpris qu'un ouvrage plein d'autant d'agrément & de pureté, que left celui de Phèdre, ait été fi peu connu pendant plufeurs fie- cles. Nous avons outre la belle édition d’Hoopgftra- ten, mife an jour à Amfterdam en 1701, ën-4°. celle de Burman, imprimée dans la même ville en 1727, in-4°, ( Lechevalier DE JAUCOUR T.) THRACE, /a mer de, (Géog. anc.) Thracium mare. Strabon donne ce nom à la partie de la mer Egée, qui baigne les côtes de la Thrace. (D. J.) THRACE, Do/phore de, (Géog. mod.) autrement dit le canal de Conttantinople, qui fépare PAfe d'avec l'Europe. C’eft un canal der3 milles de long, für environ deux de large , en des endroits plus, en d’au- tres moins. Sa promenade eff agréable, &c fon afpett cftcharmant, voyez les détails auvros BOSPHORE de Thrace. (D. 37.) TuraAcé, L£ (Myihol.) nymphe de la fable; elle -étoit fille de Titan, & eut de Saturne Doloneus qui -onna fon nom aux Dolones; & de Jupiter elle eut Bithy, qui donna le fien aux Bithyniens. (D.J.) THRACIUS pagus, (Géogr. anc.) bourg de l’Afe mineure, dans l'Hellefpont,près dela ville de Cyzique. THRAMBUS , (Géog. anc.) promontoire de la Macédoine , felon Etienne le géographe , entre le lfe Thermaïque & le golfe Foronaïque. (D. J.) THRANITÆ , {. m. (Lirérar.) dans les galeres à trois rangs de rames , & trois ponts lun fur l'autre, 6n nommoit rhranite les rameurs qui étoient au pont du haut , & zygi, les rameurs du fecond pont. Meibom, dans fon difcours fur l’architeëture na- -yale des anciens, tâche de prouver que la prodigieu- fe hauteur qu’on a fuppofé néceflaire aux valeres de -plufieurs rang de rames , eft une hauteur imaginaire ; &qué le fameux vaifleau de Philopater, qu’on dit avoir eu quarante ranps de rames ; & quatre mille rameurs pour le faire aller , pouvoit très-bien être conduit par un fi grand nombre de gens. -Cét auteur croit qu'on devroit perfeétionner nos propres galères, d’après Le plan qu'il a donné de celles des Romains ; il reconnoît cependant queno- tre forme mérite la préférence; mais il voudroit que nous fuiviffions les mêmes proportions que gardoient 1zs Romains dans la bâtie de leurs longs vaifleaux. La queftion eft de favoir f lune &c l’autre, la for- me &c les proportions , quadreroïent enfemble. Les gens de lettres parlent très-bien! mais qu'ils laiffent, aux gens l’art, guidés par la pratique êc l’expérien- ce , lagloire de bâtir les vaifleaux 6e les galeres. ::TÉRASOS, (Médec. anc.) Bpaces ; Hippocrate fe fert de ce terme pour fignifier une certaine férocité dans le regard &c dans les yeux, qui paroît aux ap- proches d'un délire. (2.J.) THR THRASYLLUM, o7 THRASYILLUS, (Géop. anc.) montagne de l'Afie mineure , dansla Myfie , au voi- finage du fleuve Caïcus. (D. 7.) ; THRAUSTON , ( Géog. «nc. ) ville du Pélopon- nèfe, dans l’Elide. Xénophon la donne aux Acrorians. THRENODIE, 1. f ( Livtérar. ) chanfon trifte où funebre en ufage chez lesanciens , dans les cérémo- nies des funérailles. #oyez FUNÉRAILLES & FUNEBRE. Ce moteft grec , 8 compofé de £psvos , pleurs, la mentations | & de odn , chant. | THRIA , ( Géog. anc. } bourgde l’Aftique, dans la tribu œnéide. Les champs des environs s’appel- loient campi thriafti. Ce bourg étoit entre Athènes &c Eléufis ; ilen eft fouvent parlé dans Thucydide, êt dans les autres hiftoriens des ouerres d'Athènes. . C’étoit la patrie du poëte Cratès, dont Suidas rap- porte quelques ouvrages comiques; la porte d’Athe- nes par laquelle on fortoit pour yaller, s’appelloit porta thriafca , & fut aufñ enfuite nommée Cerarmica &t Dipylon. Ce bourg donnoit encore fon nom au ri- vage près duquelil étoit fitué,& à une rivierevoifine. THRIES , 1. £ (Lircérat. ) Les forts que Ponjettoit dans une urne fe nommoient zhries , du nom de trois nymphes delantiquité , qui demeuroient fur le Par- nafle, & quiavoient été nourrices d’Apollon, dieu de la divination. (2. J.) , _ THRIO, ( Arrig. greg.) lplu; fête particuliere des. Grecs , enl’honneur d’Apollon. Voyez fur cette fête Potter, Ærchæol. græc. t. 1, p. 405. (D. J.) THRIPS , gen. pis. m. ( Lirrérat. ) 8pira ; nom donné par les Grecs &t les Romains, à une efpece de ver , né del’œuf du fcarabé , lequel ver, tandis qu’il eft dans cet état de ver, perce le bois, &c y fait des cavités de différentes formes, & en des diretions différentes , qui reflemblent fouvent à des caraéteres d'écriture. ; | Les anciens Grecs fe fervoient de petits morceaux de bois ainfi rongés , au-lieu de fceau & de cachet, avant l’invention de la gravure ; & en effet, ils ré- pondoient très-bien à cet ufage, car 1l n’étoit guere poffble d'imiter limpreflion , ni de contrefaire les empreintes que formoient fur la cire ces morceaux de boïs ainfi rongés, | Lucien parlant de la maniere qu'il avoit de mar- quer {es oliviers , emploie le mot #rps, non comme étant le nom d’un ver, mais comme étant celui du morceau de bois percé par linfeéte. Théophrafte , Ariftote, & Pline, fe fervent du même mot shrips ; enfin nous trouvons qu'il défigne auffi fouvent un morceau de bois percé de divers trous, que Panimal qui les a formés. (D.J.) THRISMA , f. m. (Commerce. ) étoit une ancienne piece de monnoïe de la valeur d’un groat , ou du tiers d’un sheZing. C’eft apparemment une corruption de tremiffés , qui étoit une ancienne monnoie d'Allema- one, de la valeur de quatre fous fterling. Quelques- uns prétendent que c’eft une piece de trois shel/zgs ; | | maïs cela paroït une erreur. THRIUS, (Géog. anc. ) nom d’une ville, & d'un fleuve du Pélopponnèfe , dans l’Elide, (2. J.) THROANA , ( Géog. anc. ) ville de PInde, au-delà du Gange. Ptolomée , Z. WII. c. i. la marque dans le. pays des Lefii ou des Pirates, & Caftald la nomme Taigin. (D.1J.) THRÔNE , £ m.( Archir. & Lirrér.) mot dérivé du grec Gpôros ; chaife ou fiege magnifique. C'eft un fiege royal , enrichi d’architeéture & de fculpture de matiere précieule , élevé fur plufieurs degrés, &e couvert d’un dais. Le shrône eft dans la falle d’audien- ce du fouverain. Es La defcription du shrôme du Mogol, par Tavernier, eft entierement romanelque; celle du shrôre de lem- pereur de la Chine, par le p. le Comte, eft brodée fuivant {a coutume ; &-celle du shrône du grand-fer- gneur , par Duloir, ne l’eft pas moins; mais j'aime Tarepréfentation des deux shrôres dé l'antiquité, qu'on voit gravés dans les peintures d’Herculanum {P2.29). La colombe qui eftfur le couffin d’un des deux skro- res, prouve que c'eft la repréfentation du skr62e de Venus; le fefton qu'un des gémies foutient, paroît être de murthe, &r Le fceptre que tient l’autre génie, convient encore à la déefle, Le fecond rhréne eft ce- lui de Mars, comme il paroît par le bouclier & le panache que foutiennent deux génies. ( D. J.) __ THRÔNE, ( Critique facrée. ) fiege ou tribunal des rois; le shrône de Salomon étoit d'ivoire , & revêtu d’or pur ; on y montoit par fix degrés : aux deux cô- tés du fiese , foutenu fur deux bras, étoient deux #- gures dehons, &cfur les fix degrés, douzelionceaux, + AIT. Rois , x. 20. [faie & Ezéchiel, pour donnet une idée magique duskrdre du Seigneur, difent : le ré ne de l'Éternel eft comme un char animé, porté fur un firmament femblable au faphir ; fes roues , d’une grandeur êc d’une beauté merveilleufe, font dirigée par l'efprit; celui qui eft aflis fur le 4e, eft tout qu'il n'a Jamais vu cette île. Il réfulte de ce détail quele Thulé des anciens nous eftencore inconnu. (D. I. THUMELITA, (Géog. anc.) ville dela Lybie intérieure ,fituée aux environs de la fource du fleuve Cinyphis.(D. J.) THUR , LA, (Géog. mod.) petite riviere d’Alface. Elle a fa fource dans les montagnes de Vofge, coule dans le Sundgaw, & fe perd dans Vfle;, à dix lieues de fa fource, (D. J.) f Tr | THURIA, (Géog. anti) 1°, ville du Péloponne- fe , dans la Meflénie. Strabôn, Z. WII: dit qu'Æpea, qui de fon tems s’appelloït Thuria , étoit voifine de 302 THU Pheræ. Paufanias, Meffen, c xxx. dit que Thuria étoit dans les terres, à quatre-vingt ftades de Pheræ, ui étoit à fix ftades de la mer. Il ajoute que Thuria étoit d’abord bâtie fur une montagne, & qu'enuite on bâtit dans la plaine, fans abandonner néanmoins le haut de la montagne. Le nom des habitans étoit Thz- riatæ. Augufte piqué contre les Mefléniens, qui avoient pris le parti de Marc-Antoine, donna la ville de Thuria aux Lacédémoniens. Il y en a qui préten- dent que cette ville eft lArrheia d'Homere. 2°. Ile de la mer Egée. Plutarque, de ex/ulio, pag. Go2. qui la dit voifine de l'ile de Naxos, ajoute qu’- elle fut la derneure d'Orions 3°. Fontaine d'Italie, dans la grande Grece, au voifinage de la ville de Sybaris, felon Diodore de Sicile, Z XAI. c: x. Elle donna le nom à la ville de Thurium, qui fut bâtie dans cet endroit. Le nom mo- derne de cette fontaine eft Aqua che Fuella, felon Léauder. (D. J.) At. THURIBULUM ,f. m. (Lirierar.) nom que don- noient les Romains au vaiffeau dans lequel on brüloit Percens pour les facrifices. TEURIFÉRAIRE,, £ m. verme eccléfrafhique , C’eft le nom qu’on donne à un acholyte ou clerc, qui dans les cérémonies de PEglife porte l’encenfoir ou la na- vette. (D.J.) THURINGE, (Géog. mod.) en latin Thuringia ; province d'Allemagne, dans le cercle de la haute Saxe, avec titre de landgraviat. Elle eft bornée au nord pat les duchés de Brunfwig & par la principauté d'Anhalt; à lorient par la Mifnie , dont elle eft fépa- rée par la Sala; au midi par la Franconie ; &c à oc- cident par la Hefle. Cette province a trente - deux lieues de longueur, & prefque autant de largeur : elle abonde en forêts, & eft fertilifée pour les grains par les rivieres qui larrofent. La Thuringe éft en partie l’ancien pays des Cattes, qui devint après la décadence de lPempire romain, uu royaume puiffant, d’où il fortit des armées nom- breufes , & comaofées de troupes aguerries. Aujour- d’hui ce pays renferme plufeurs états, poflédés par l’éleéteur de Mayence, les ducs de Saxe, &t différens comtes. Erford , capitale de toute la Thuringe , ap- partient à l’éleéteur de Mayence. Les deux villes impériales de la Thuringe font Muhlhaufen &c Nort- haufen : ce qu’on nomme la Thuringe-Ballay,répond au mot françois bailival , & confifte en un aflemblage de commanderies, qui appartiennent aux chevaliers de l’ordre Theutonique. Si quelqu'un eft curieux de connoître l’hiftoire de tous les anciens monafteres de la Thuringe, il peut confulter l'ouvrage intitulé, Thuringia facra, Francof. 1737, in-fol. (D. J.) THURINGIENS , Les, (Géog.) Thuringi, Tho- ringi, & Doringi, peuples de la Germanie, célebres depuis la décadence de l'empire romain. Vegetius, Mulomedic. Kw. IV. ch. vj. qui écrivoit vers la fin du quatrieme fiecle , eft le premier qui fafle mention des Thuringiens, en difant que leurs chevaux réfif- toient aifément à la fatigue. Jornandès, Procope, Caffiodore, & Grégoire de Tours, connoïffent aufh les Thuringiens , & l’on peut conclure, que puifque les auteurs qui ont écrit avant le quatrième fiecle, n’en parlent en aucune façon, il faut que ces peu- ples n’aient pris naïffance, ou du-moins n’arent com- mencé à fe rendre fameux que dans ce fiecle- là. On doit fe contenter de regarder comme la pre- _ miere demeure des Thuringiens, celle que les auteurs dont nous venons de parler leur donnent; car ils ont habité auparavant quelqw’autrepays., mais perfonne nepeut nous inftruire là-deffus. On voit que ces Thu- ringiens habiterent le pays des Chérufques, après que le nom de ceux-ci ne fut plus connu : outre cela, une partie du pays des Hermandures paroïît avoir été renfermée dans la Thuringe, qui s’étendit non- THU feulerient en-decà , mais encore au-delà de la Sala : enfin On trouve que la meilleure partie du pays des Cattes fervit à foriner la Thuringe, qui, lorfqu’elle fut devenue un royaume , s’étendoit du nord au midi, depuis l’Aller jufqu’au Meyn ; la Multa la bor: noit à lorient, & la Fulde & l’Adrana à l’occident. Vers la fin du cinquieme fiecle, & an commence- ment du fixieme , la Thuringe avoit un roi, & on a les noms des princes qui y regnerent. Bien des au teurs néanmoins font difficulté de leur donner le ti- tre de roi ; mais Spener ne balance point à les recon- noître pour tels. « Le royaume de Thuringe, dit-il, » étoit comme celui des Marcomans & comme celui » des Francs, quoïqu’il ne leur fût pas comparabie » pour l'étendue ». Les Thuringiens firent parler d’eux fous leurs rois ; & à la faveur des troubles dont la Germanie étoit agitée , 1ls eurent occafñon d'étendre leurs frontieres ; mais ayant voulu attaquer les Francs, après que ceux-ci eurent établi leur domina- tion dans la Gaule, ils furent battus, perdirent uñe grande partie de leur pays, & devinrent tributaires, Dans la fuite, la jaloufie de deux freres ébranla cette monarchie, & la fit devenir la proie des Francs & des Saxons, qui profiterent de ces troubles. Foyeg fon état moderne au #01 THURINGE. (D. J. THURIUM , ( Géog. anc.) 1°. ville d'Italie, dans la grande Grece, fur le golfe de Tarente. Pline, Av. TTL. ch. xj. dit qu’elle étoit bâtie entre le fleuve Cra- this & le fleuve Syparis, où avoit été autrefois la ville de Sybaris ; mais 1l fe trompe, c’étoit dans fon voifinage. | Les habitans de Crotone ayant détruit Sybaris, les Athéniens & quelques autres grecs la rebâtirent dans un lieu voifin, & lappellerent Thuri ou Tau- rium ,; du nom d’une fontaine qui fe trouvoit auprès. La proximité de l’ancienne Sybaris & de la nouvelle ville , a été caufe que quelques auteurs les ont prifes pour la même place. Outre Pline , Etienne le géo- graphe dit, Thurii urbs Iraliæ, prits Sybaris diéfa. Tite-Live, 4v. X XXI, ch, xli. nous apprend que les Romains y envoyerent dans la fuite une colonie, & lui donnerent le nom de Copia : cependañt lan- cien nom patoît avoir prévalu; car plufeurs fiecles après , Ptolomée & les itinéraires l’appellent Thz- rium, Tite-Live, /, X, c. 1. qui écrit Thurie , nomme le territoire de cette ville , Thurinus ager, & le golfe fur lequel elle étoit bâtie eft appellé Thurinus finus par Ovide, liv. XV, y. 52. & Diodore de Sicile y. XII. ch. xc. On voit encore aujourd’hui quelques veftiges de cette ancienne ville près de la mer, dans le royaume de Naples ; on nomme cet endroit Torre-del-Cupo, êc quelques cartes difent , Sybari-roinara ; il y refte un aqueduc, qui pouvoit fervir à conduire les eaux de la fontaine Thuria à la ville. Au - deflus de ces ruines on trouve un canton appellé Torrana, mot peut-être corrompu de Thurina ; mais il importe de connoître plus à fond l’hifloire de Thurium & des Thuriens, dont Charondas fut le légiflateur : la voici cette hiftoire. Quelque tems après lentiere deftruftion de Syba- ris par les Crotomiates, Lampon & Xénocrite fon- derent, à quelque diftance de l’ancienne Sybaris, la ville de Thurium. Diodore de Sicile en parle à-pecu- près en cestermes, Z. XII. LesSybarites qui avoient été chaffés de la ville qu’ils vouloient rétablir, en- voyerent des ambafladeurs à Lacédémone 6 à Athè- nes, afin de demander les fecours dont ils avoient befoin pour retourner en leur pays, & offrirent des habitations à ceux qui voudroient les y fuivre. Les Lacédémoniens n’eurent aucun égard à cette deman- de ; mais les Athéniens armerent dix vaifleaux fous la conduite de Lampon & de Xénocrite. On fit en- core pubher l'offre des terres dans tout le Pélopon- nèfe, te qui ättira beaucoup de monde: mais le pins grand nombre étoit des Achéens &c des Trézéniens, entraînés à cette migration par les promefles d’un oracle, qui avoit ordonné de pofer les fondemens de leur ville dans le lieu ôù 1ls trouveroient autant d’eau qu'il en faudroit pour leur ufage, & où la terre leur aflureroit du blé fans mefure. | Cette flotte pañla en Italie, aborda auprès du ter- rein où étoit Sybaris, & découvrit le lieu que l’ora- cle fembloit avoir indiqué. Non loin de l’ancienne Sybaris {e trouva la fontaine Thuria, dont les eaux étoient conduites dans des tuyaux de cuir, Perfua- dés que c’étoit à cet endroit que le dieu les adref- {oit, ils formerent l’enceinte d’une ville, & du nom de la fontaine, ils Pappellerent Turium. ile fut par- tagée dans fa longueur en quatre quartiers ; l’un fut appellé le guarsier d'Hercule ; le fecond celui de Ve. zus ; le troifieme celui d'Olyrmpre: & le quatrieme celui de Bacchus. Dans fa largeur elle fut encore cou: pée entrois quartiers ; l’un fut appellé le gzartier des Héros ; le fecond celui de Thurium, & le troifieme Tharinum. Toute cette enceinte fe remplit de maifons hien bâties, bien diffribuées, & qui formerent un corps de ville commode &c agréable, nc. IL n’eétoit guere poffible qu’un peuple compofé de #ations fi différentes fe maintint long-tems en repos. Les Sybarites, comme anciens propriétaires du ter- rein qui avoit été diftribué aux citoyens qu'ils avoient aflociés, s’attribuerent les premieres placés dans le gouvernement, & ne larflerent que les emplois fubal- ternes aux autres. Ils donnerent à leurs femmes les premieres places dans les cérémonies publiques de la rehgion. Hs prirent pour eux les terres que le voi: finage de la ville rendoit plus aifées à exploiter : tou- tes ces diftinétions irriterent ceux qui crurent-avoir fujet de fe plaindre d’être maltraités. Comme ils étoient en plus grand nombre & plus aguerris, ils en vinrent à une {édition ouverte, & chafferent ou maflacrerent prefque tout ce qui reftoit des anciens Sybarites. | Mais une pareille expédition dépeuplant le pays, . laifloit beaucoup de terres d’un bon rapport à diftri- buer. Ils firent venir de la Grece de nouveaux habi- tans, à qui ils doñnerent, par la voie du Loft, des maufons dans la ville , 8c des terres à mettre en va- leur à Ja campagne. Cette ville devint riche & puif fante, fit alliance avec les Crotoniates; & s'étant for- mé un gouvernement démocratique, elle difiribua {es habitans en dix tribus, dont les trois venues du Péloponnèfe furent appellées lArcadienne, V Achéen- ne, &t l’Eleorique. Les trois compofées des peuples venus de plus loin furent appellées la Béorique, V Ame phi&yonique, 8 la Dorienne : les quatre autres furent Vlonienne, l’Athénienne ,V Exbéenne, & l'Infulaire. … Ce fage arrangement fut fuivi du choix d’un home me admirable, de Charondas leur illuftre compa- triote, pour former un corps de lois qui puflent fer- vit à entretenir le bon ordre dans une ville COMPO= fée d’efprits &t de mœurs fi diférens. Il y travailla f utilement, & fit un triage de toutes les lois qu'il crut les plus fages & les plus néceffaires, d’entre celles qui étoient en vigueur parmi les nations policées ; al y en ajouta quelques-unes que nous allons rappor- ter après Diodore de Sicile, Il déclara incapables d’avoir part à ladminiftra- tion des affaires publiques , ceux qui après avoir eu des enfans d’une premiere femme , pafleroient après fa mort à de fecondes noces, fi les enfans étoient vivans. Pouvoit-on, ajoute-t-1l, attendre que des hommes qui prenoient un parti f peu avantageux pour leurs enfans, fuflent en état de donner de {a- ges confeïls pour la conduite de leur patrie; & s'ils avoient eu lieu d’être fatisfaits d’un premier mariage, ne devoit-il pas leur fufire, fans être fi téméraires , 4 : 4 THU 303 que de s’expofer aux hafards d’un fècond engages ment?! . | nr | Il condamna les calomniateurs atteints & cons | vaincus à n’ofer paroïître en public qu'avec uné cou: ronne de briiere , qui préfentoit à tous ceux qui les rencontroient, la noirceur de leur crime. Plufeurs ne purent furvivre à cette infamie, & fe donnerent: la mort ; êt ceux qui avoient fondé leur fortune {ur cette déteftable manœuvre, fe retirerent d’une {o- ciété où la févérité des lois les obligeoit d’aller por- ter ailleurs cette maladie contagieufe , qui n’a que trop infeété le monde dans tous Les téms, Charondas avoit aufi fenti de quelle importance il Étoit de prendre des mefures pour empêcher que les vicieux ne corrompiffent les bonnes mœurs par _ Pattrait de la volupté. [l donna aétion contre eux à ceux qui étoient intérefiés à prévenir la corruption de leurs enfans ou de leurs parens ; & l'amende étoit fi forte & fi féverement exigible, que tous crai- gnoient de l’encourir, Maïs pour attaquer ce mal dans fon principe, il penfa férieufement aux avantages d’une bonne édu- cation, &c ne laiffa à perfonne, de quelque état qu’il fût, le prétexe de la négliger. Il établit des écoles publiques, dont les maîtres étoient entretenus aux dépens de l’état. Là fe formoit la jeuneffe à la vertu, & de-là naïfloit l’efpérance d’une république bien policée. Par une autre loi, Charondas donnoit l’adminiftra- tion des biens des orphelins aux parens paternels, & la garde de la perfonne du pupille aux parens du côté de la mere, Les premiers qui étoient appellés à l'héritage, au cas du décès du mineur, fafoient, pour leur propre intérêt, valoir fon bien ; & par la Vigilañce des parens maternels, ils ne pouvoient, fans: expoler leur vie & leur honneur, fuivre les mouvemens de la cupidité, _ Les autres légiflateurs ordonnoient la peine de mort contre ceux qui refufoient de fervir à la guer- re, ou qui défertoient ; Charondas ordonna qu'ils refteroient trois jours expofés dans la place publique en habit de femme, perfuadé que cette lonominie rendroit les exemples fort rares , & que ceux aui furvivroient à cette infamie , n’oferoient pas dans les befoins de l’état sy expofer une feconde fois , & la- veroient cette premieretache dans les reffources qui leur pourroit fournir une bravoure de commande. . La fageñle de ces lois maïntint les Thuriens.en honneur,& foutint leur république dans la {plendeur: Le Iégiflateur ne crut pas cependant qu’elles ne duf- fent fouffrir aucun changement. Certaines circonf- tances que la prudence humaine ne fauroit prévoir y peuvent déterminer. Mais pour aller au-devant des altérations que l'amour de la nouveauté pourroit y introduire, il ordonna que ceux qui aurotent à fe plaindre de quelque loi, & qui voudroient en de- mander la réforme ou l’abrogation , feroient obligés de faire leur tepréfentation en préfence de tout le peuple, la corde au cou , &ayant à leur côté l'exé: cuteur de la juftice prêt à les punir, l’aflemblée dé- claroit leur prétention injufte. Cette précaution fitque fes lois furent long-tem fans atteinte,& au rapport deDiodofe de Sicile,1l n’y a jamais té dérogé que trois fois. Un borgne eut Poil qui lui refloit crevé. La loi qui désernoit la peine d'œil pour œil, ne privoit pas de la lumiere celui qui avoir fait le coup. L’aveugle porta fa plainte devant le peuple, qui fubftitua une interprétation pour un cas pareil qui arriveroit,, & le renvoya. Le divorce étoit permis au mari & à la femme, Un vieillard abandonné de la fienne qui étoit jeune ; fe plaignit de la liberté qué celui qui fe féparoït avoit d'époufer qui il,lui-plairoits il propofa pour ôter toute idée de libertinage, de ne permettre au deman- 304 THU deur en a&ion de divorce , que d’époufer uñe per- fonne ä-peu-près du même âge que celle qu'il quit- toit. Son obfervation parut jufte , il évita la peine, & les divorces devinrent fort rares. La troifieme loi qui fouffrit quelque changement, fut celle qui ordonnoit que les biens d’une famille, ne pañleroient point dans une autre , tant qu’il réftéroit quelqu'un de cette famille , que le dernier de lun ou de l’autre fexe pourroit époufer. S'il en reftoit une fille, l'héritier qui ne vouloit pas la pren- dfe en mariage , étoit obligé de lui donner cinq cens drachmes , par forme de dédommagement. Le cas afriva : une fille de bonne famille, mais très-pauvre, {é voyant négligée par le feul & dernier héritier de fon nom, fe plaignit dans une affemblée indiquée à ce fujet, fuivant la forme prefcrite par la loi, de la médiocrité de la fomme , qui ne lui conftituoit qu’u- ne dot qui ne pouvoit la tirer de la mifere , ni la faire entrer dans quelque famille qui convint à fa naïflan- ce. Le peuple attendri fur le danger qu’elle couroit f fa demande étoit rejettée, reforma la loi , & con- damna l’héritier à lépoufer. Des lois fi fages furent fcellées du fang du légifla- teur. Quelques affaires le menerent à la campagne armé de fon épée, pour fe défendre contre les bri- gands qui attaquoient Les voyageurs. Comme il ren- troit dans la ville, il apprit qu'il fe tenoit alors une affemblée où le peuple étoit dans une grande agita- tion. Il ne fit pas attention qu’il avoit fait une loi qui défendoit expreflément à toutes perfonnes de quél- qu’etat qu’elles fuflent , de s’y trouver en armes. Quelques mal-intentionnés virent fon épée, & lui reprocherent qu’il étoit le premier qui eüt ofé violer la loi qu'il avoit faite. Vous allez voir , leur dit-il, combien je la juge néceffaire , & combien je la ref- pete. Il tira fon épée , & fe perça le fein. Les Thuriens fleurirent tant qu’ils fuivirent les lois de Charondas; mais la molleffe ayant pris le deflus, ils furent maltraités par ies Bruttiens , Les Lucaniens, & les Tarentins , fous l’oppreffion defquels ils gé- mifoient , lorfqu'ils fe foumirent aux Romains. Ceux-ci trouvant le pays épuifé d'hommes , y en- voyerent une colonie , & donnerent à la ville qu’elle habita le nom de Copia, comme il paroït par la mon- noie qui nous en refte , avec une tête de Mars, & une corne d’abondance au revers, & pour infcrip- tion Copia. | 2°, Thurrum étoit auf une ville de la Béotie. Plu- tarque :72 Syllé, dit que c’eft une croupe de monta- gne fortrude, & qui finit en pointe comme une pomme de pin: ce qui faifoit qu’on l’appelloit Orro- phagus, Au pié de cette montagne , ajoute-t-l, coule un ruifleau appellé Morion , & fur ce ruifleau eft le temple d’Apollon thurien. Ce dieu a eu le nom de Thurien, de Thyro , mere de Charon, qui mena une colonie à Chéronée. (Le Chevalier DE JAUCOURT. THURLES , ( Géogr. mod. ) petite ville d'Irlande, dans la province de Munfter, au comté de Tipperari, fur la Stuere; elle envoie deux députés au parlement de Dublin ; elle eft à fix milles des frontieres de Kil- kenny, & à douze de Cashel. (D. J.) THURSO, ( Géog. mod.) petite ville d'Ecoffe,dans la province de Caithnefs, avec un port fur la côte du nord. THUS o4 T US, ( Géog. mod. } ville de Perfe, dans le Khorafflan. Long. felon Naffir-Eddin qui y naquit ,,92. 30. latir, 37. & dans le quatrieme cli- mat. ( D. J. THUSEI, (Géog. anc.) nom de la belle terre que Pline le jeune avoit en Tofcane : il en fait la defcrip- tion dans une de fes lettres à Apollinaire, &v. FI, ler. 9. & je vais la tranfcrire ici, parce que c’eft la plus charmante defcription queje connoïffe , parce qu'elle éft un modele unique en ce genre, & parce _qu’enfin il faut quelquefois amufer le leéteur par des peintures riantes, & le dédommager de la fécherefle indifpenfable de plufieurs autres articles. Ma terre de Tofcane, dit Pline , eft un peu au- deflous de l’'Apennin; voici quelle eft la température du climat, la fituation du pays , la beauté de la mai- fon, En hiver l’air y eft froid , & il y gele; il y eft fort contraire aux myrthes, aux oliviers, & aux autres efpeces d'arbres qui ne fe plaifent que dans la chaleur, Cependant il vient des lauriers, qui con- fervent toute leur verdure, malgré la rigueur de la fafon. Véritablement elle en fait quelquefois mou- tir: mais ce n’eft pas plus fouvent, qu'aux environs de Rome. L'été y eft merveilleufement doux ; vous ÿ avez toujours de l'air; mais les vents y réfpirent plus qu'ils n’y foufflent. Rien n’eft plus commun que d'y voir de jeunes gens qui ont encore leurs grands- peres & leurs bifayeuls ; que d'entendre ces jeunes gens raconter de vieilles hiftoires, qu’ils ont apprifes de leurs ancêtres. Quand vous y êtes , vous croyez être né dans un autre fiecle. La difpofitions du terrein eft très-belle. Imaginez Vous un amphithéatre immenfe , & tel que la nature le peut faire ; une vafte plaine environnée de mon- tagnes chargées fur leurs cimes de bois très-hauts, & très-anciens, Là, le gibier de différente efpece y efË très-commun. De-là defcendent des taillis par {a pente même des montagnes. Entre ces taillis fe ren- contrent des collines , d’un terroir f bon &c fi gras, qu'il feroit difficile d'y trouver une pierre , quand même on l’y chercheroit. Leur fertilité ne le cede point à celle des plaines campagnes ; & fi les moif- {ons ÿ font plus tardives , elles n'y muriflent pas moins. Au pié de ces montagnes, on ne voit, tout le long du côteau, que des vignes, qui, comme fi elles fe touchoient, n’en paroïflent qu’une feule. Ces v1- gnes font bordées par quantité d’arbrifleaux. Enfuite {ont des prairies & des terres labourables, fi fortes, qu'à peine les meilleures charrues & Les mieux atte- lées peuvent en faire l'ouverture. Alors même, comme la terre eft très-liée , elles en enlevent de f grandes mottes , que pour bien les féparer, il y faut repañler le foc jufqu’à neuf fois. Les prés émaillés de fleurs, y fourniflent dutrefle, & d’autres fortes d’her- bes , toujours auffi tendres &c auf pleines de fuc , que fi elles ne venoient que de naître. Ils tirent cette fertilité des ruifleaux qui les arrofent , 8 qui ne ta- tiflent jamais. Cependant en des lieux où l’on trouve tant d'eaux, lon ne voit point de marécages, parce que la terre difpofée en pente, laïfle couler dans le Tybre lerefte des eaux dontellene s’eft point abreuvée. Il pafle tout- au-travers des campagnes, & porte des bateaux, für lefquels pendant l’hiver & le printems, on peut charger toutes fortes de provifions pour Rome. En été, 1lbaïfle fi fort, que fon lit prefque à fec, Poblige à quitter fon nom de fleuve,qu'il reprend en antomne. Vous aurezun grand plaïfir à regarder la fituation de ce pays du haut d’une montagne. Vous ne croi- rez point voir des terres, mais un payfage peint ex- près ; tant vos yeux, de quelque côté qu'ils fe tour- nent}, feront charmés par l’arrangement 8e par la ‘ variété des objets. La maifon , quoique bâtie au bas de la colline, a la même vue que fi elle étoit placée au fommet. Cette colline s’éleve par une pente fi douce, que l’on s’ap- perçoit que l’on eft monté, fans avoir fenti que l’on montoit. Derriere la maïfon eft l'Apenin , mais aflez éloigné. Dans les jours les plus calmes & les plus fe- reins, elle en reçoit des haleines de vent , qui n’ont plus rien de violent & d’impétueux,pour avoir perdu toute leur force en chemin. Son expofition eft pref- que entierement au midi, & femble inviter le foleil ea en cté vers Je milieu du jour ; en hiver ün peu plu- tôt, à venir dans une galerie fort large & longue à proportion. % | ; _ La maïfon eft compofée de plufeuts pavillons. L’entrée eft à la maniere des anciens. Au-devant de la galerie, on voit un parterre, dont les différentes figures font tracées avec du buis. Enfuite eft un lit de gazon peu élevé, & autour duquel le buis repré- fente plufieurs animaux qui fe regardent. Plus bas ; eff une piece toute couverte d’acantes, fi doux & fi tendres fous les piés, qu’on ne lesfent prefque pas. Cette piece eft enfermée dans uné promenade envi: ronnée d’atbres, qui preflés les uns contre les autres, êt divérfement taillés, forment une palifade. Au- près eft une allée tournante en forme de cirque , au- dedans de laquelle on trouve du buis taillé de diffé- rentes façons, & des arbres que l’on a foin de tenir bas. Tout cela eft fermé de murailles feches , qu'un buis étagé couvre & cache à la vue. De l'autre côté eit une prairie , qui ne plaît guere moins par fes beautés naturelles , que toutes les chofes dont je viens de parler, par les beautés qu’elles empruntent de l’aft. Enfuite font des pieces brutes, des prairies, &c des arbrifleaux. _ Au bout de la galerié eft une falle À manger, dont la porte donne fur l'extrémité du parterre, & les fenêtres fur Les prairies, & fur une grande partie des pieces brutes. Par ces fenêtres on voit de côté le parterre ; &c ce qui de la maifon même s’avance en. {aillie , avec le haut des arbres du manege. De l’un des côtés de la galerie & vers le milieu , on entre dans un appartement qui environne une petite cour ombragée de quatre planes , au milieu defquelles eft un baflin de marbre , d’où l’eau qui fe dérobe entre- tient par un doux épanchement la fraîcheur des pla- nes êc des plantes qui font au-deflous. Dans cet ap- partement eft une chambre à coucher : la voix, le brut , m le jour , n’y pénétrent point; elle eft ac- compagnée d’une falle où l’on mange d'ordinaire ; & quand on veut être en particulier avec {es amis, : Une autre galerie donne fur cetre petite cour, & a toutes les mêmes vues que la galerie que je viens de décrire. Il y a encore une chambre, qui, pour être proche de l’un des planes , jouit toujours de la verdure & de l'ombre. Elle eft revêtue de marbre tout-au-tour, à hauteur d'appui; & au défaut du marbre eft une peinture qui repréfente des feullages & des oifeaux fur des branches ; mais fi délicatem ent, -awelle ne cede point à la beauté du marbre même. Au-deflous eft une petite fontaine, qui tombe dans un baffin, d’où l’eau , en s’écoulant par plufieurs pe- tits tuyaux , forme un agréable murmure, D'un coin de la galerie , on pafle dañs une grande . Chambre qui eff vis-à-vis la falle à manger ; elle a {es fehêtres d’un côté fur le parterre, de l’autre {ur fa prairie ; & immédiarement au- deflous de fes fe- êtres , eft une piece d’eau qui réjouit également les yeux &c les oreilles: car l'éau , en y tombant de haut dans un grand baflin de marbre , paroît toute écu- mante, c forme je ne fais quel bruit qui fait plaifir. Cette chambre eft fort chaude en hiver, parce que le foleil y donne de toutes parts. Tout auprès éftun poële, qui fupplée à la chaleur du foleil, quand les nuages le cachent. De l’autre côté eft une falle où l’on 1e deshabille pour prendre le bain, Elle eft grande & fort gaie. On Près de-là on trouve la falle du bain d’eau froide ; où eft une baignoire fpacieufe & aflez fombre. S! vous voulez vous baigner plus au large & plus chau- dement , il y a dans la cour un bain, & tout-auprès un puits, d'où l’on peut avoir de Peau froide quand là chaleur incommode, À côté de la falle du bain froid + æfcelle du bain tiéde,quele foleil échaufte beaucoup, Torne XVI, THU 363 maismoins Que celle du bain chaud, parce que celle: ci fort en faillie. On deféend dans cette derniere falle- par trois efCaliers, dont deux font expolés au grand foleil ; le troifieme en eft plus éloigné, & n’eft pourtant pas plus obfcur. Au-déflus de la chambre , où l’on quitte fes habits pour le baimn,eft un jeu de paume,où l’on peut prendre différentes fortes d'exercices, & qui pour cela ef partagé en plufieurs réduits. Non loi du bain eft un efcalier qui conduit dans une galerie fermée, & au- paravant dans trois appartemens , dont l’uñ voit fur la petite cour ombragée de planes, Pautre fur La pra rie, le troïfieme fur des vignes ; enforte que fon exe poñtion eft aufli différente que fes vues. A l’extré: mité de la galerie fermée eft üne chambre prife dans la galerie même, & qui regarde le mänege, les vi- gnes , lés montagnes. Près de cette chambre eftuné autre fort expolée au foieil , fur-tout pendant Phiver. De-là on entre dans un appartement, Guu Joint le ma- nege à la maïfon. Voilà fa façade & fon afpeët. À lun des côtés, qui regarde le midi, s’éleve une ga- lerie fermée, d’où lon ne voit pas feulemént Les vi gnes , mais d’où l’on croit les toucher. Au milieu de cette galerie, on trouve une falle à manger, où les vents qui viennent de PApennin, ré- pandent un air fort fain. Elle a vue par de très gran: des fenêtres fur les vignes, &7 encore fur les mêmes vignes par des portes à deux battans , d’où l’œil tra- verfe la galerie. Du côté où cette falle n’a point dé fenêtres, eft un efcalier dérobé , par où l’on fert à manger. À l'extrémité eft une chambre, à qui la ga- lerie ne fait pas un afpe&t moins agréable que les vi- gnes. Au-deflous eft une galerie prefque fouterrai: ne , & fi fraîche en été, que, contente de l'air qu’elle renferme, elle n’en donne , & n’en reçoit point d'autre. Après ces deux galeries fermées , eft une falle à Manger, fuivie d’une galerie ouverte, froide avant midi , plus chaude quand le jour s’avance. Elle con: duit à deux appartemens : l'un eft compofé de qua- tre chambres, l'autre de trois, qui, felon que le foleil tourne, jouiflent de fes rayons ou de l'ombre. Au-devant de ces bâtimens fi bien entendus & f beaux, eft un vafte manege : il eft ouvert par lemi- lieu, & s'offre d’abord tout entiet À la vue de ceux qui entrent : il eft entouré de planes ; & ces planes font revêtus de liertes. Ainfile haut de ces arbres eft verd de fon propre feuillage , & le bas eft verd d'un feuillage étranger. Ce lierre court autour du tronc & des branches ; & pañlant d’un plane à lautre les lie enfemble. Entre ces planés font des buis ; &z cés buis font par-dehors environnés de lauriers, qui mêlent leurs ombrages à celui des planes. L’allée du manece eft droite ; mais à fon extrémité , elle change de figure, êt fe termine en demi-cercle. Ce manese eft entouré & couvert de cyprès, qui en rendent l'ombre & plus épaifle & plus noire. Les allées en rond qui font au- dedans ( car il y en a plufieurs les unes dans les au- tres), reçoivent un jour très-pur & très-clair. Les rofes s’y offrent par-tout ; &un agréable foleil ÿ cor- rige la trop grande fraîcheur de ombre. Au fortir de ces allées rondes & redoublées, on rentre dans l'al- lée droite, qui des deux côtés en a beaucoup d’au- tres féparées par des buis. Là eft une petite prairie ; ici le buis même eft taillé en mille figures différen- tes , quelquefois en lettres qui expriment tantôt lé nom du maître , tantôt celui du jardinier. Entreces buis, vous voyez fucceflivement de petites pyrami- des &è des pommiérs ; & cette beauté ruftique d'un champ , que l’on diroit avoir été tout-à-coup tran£ porté dans un endroit fi peigné , eft rehauflé vers le milieu par des planes que lon tient fort bas des deux côtés, | Q q 308 THÜ De-là vous entrez dans un piece d’acanthe flex # # f \ 9 * rt ARE ble , & qui fe répand où Pon voit encore quantité de figures & de noms que les plantes expriment. À l’extrémité eft un lit de repos de marbre blanc, cou- verte d’une treille foutenue par quatre colonnes de : marbre de carifte. Qn voit l’eau tomber de defflous ce lit, comme fi le poids de ceux qui fe couchent Ven fafoit fortir ; de petits tuyaux [a conduifent dans une pierre creufée exprès ; &t de-là elle eft re- cue dans un baffin de marbre , d’où elle s'écoule f impetceptiblement êc fi à propos , qu'il eff toujours plein , & pourtant ne déborde jamais, = Quand on veut manger en ce lieu, on range les mets les plus folides fur les bords de ce baïfin ; & on met les plus légers dans des vafes qui flottent fur Veau tout-au-tour de vous , & qui font faits les uns en navires , les autres en oifeaux. À l’un des côtes eft une fontaine jailli{fante, qui recoit dans fa fource l’eau qu’elle en a jettée: car, après avoir été pouffée en-haut, elle retombe fur elle-même ; &c par deux ouvertures qui fe joignent , elle defcend & remonte fans cefle. Vis-à-vis du lit de repos eft une chambre qui lui donne autant d'agrément qu’elle en reçoit de lui. Elle efttoute brillante de marbre; fes portes font entourées 8 comme bordées de verdure. _ Au-defflus & au-deflous des fenêtres hautes & bafles, on ne voit aufi que verdure de toutes parts. Auprès eft un autre petit appartement qui femble commes’enfoncerdanslamêmechambre, & qui eneft pourtant féparé. On y trouve un lit : & quoique cet appartement foit percé de fenêtres pañtour,lombrage qui l’environne le rend agréablement fombre. Une vi- gne, artiftement taillée, lembraffe de fes feuillages ét monte jufqu'au faite. A la pluie près que vous ny fentez point, vous croyez être couché dans un bois. On y trouve aufñ une fontaine qui fe perd dans le lieu même de fa fource. En différens endroits font lacés desfieges de marbre propres,ainfi que la cham- bre, àdélaffer de la promenade.Prèsde ces fieges font de petites fontaines, & par-tout vous entendez Ledoux murmure des ruifleaux, qui, dociles à la main du fontaimier , fe laïflent conduire par de petits canaux où il lui plait. Ainf on arrofe tantôt certaines plan- tes , tantôt d’autres, quelquefois on les arrofe toutes. Paurois fini 1l y auroit long-tems, de peur de pa- roître entrer dans un trop grand détail ; mais j'avois réfolu de vifiter tous les coins & recoins de ma mai- fon avec vous. Je me fuis imaginé que ce qui ne vous feroit point ennuyeux à voir, ne vous le feroit point à lire, fur-tout ayant la liberté de faire votre promenade à plufieurs reprifes , de laifler là ma let- tre, & de vous repofer autant de fois'que vous le trouverez à propos. D'ailleurs jai donné quelque chofe à ma pafñlion ; & J'avoue que j’en ai beaucoup pour tout ce que fai commencé ou achevé. En un mot , (car pourquoine vous pas découvrir mon en- têtement ou mon goût?) je crois que la premiere obligation de tout homme qui écrit, c’eft de jetter les yeux de tems en tems fur fon titre. Il doit plus d'une fois fe demander quel eft le fujet qu'il traite; & favoir que sl n’en fort point, 1l n’eft jamais long; mais que s'il s’en écarte, il eft toujours très-long. … Voyez combien de vers Homere & Virgile em- ploient à décrire , l’un les armes d'Achille , Pautre celles d'Enée. Ils font courts pourtant, parce qu’ils. ne font que ce qu'ils s’étoient propofé de faire. Voyez comment Aratus compte & raflemble les plus etites étoiles, il n’eft point accufé.cependant d’être trop étendu ; car ce n’eft point digreffon , c’eft l’ou- yrage même. Ainfñ du, petit au grand, dans la def- cription que Je VOUS fais de ma maïlon,fije ne m’é- gare point en récits étrangers, ce n’eft pas mallettre, c’eft la maïfon elle-même quieft grande, Je reviens à mon fujet, de peur que f je faifois THY cette disteffion plus longue , on ne me condamnät par mes propres regles. Vous voilà infruit des rai- fons que j'ai de préférer ma terre de Tofcane à celles que j'ai à Tufculum, à Tibur, à Prénefte. Outre tous les autres avantages dont je vous ai parlé, on y jouit d'un loifir d'autant plus für &c plus tranquille, que les devoirs ne viennent point vous y relancer. Les fâcheux ne font point à votre porte ;, tout y eft cal= me ; tout y eff paifible : éccomme la bonté du-climat : y rend le ciel plus ferein, êc l'air plus pur, je my trouve aufli le corps plus fain & l’efprit plus fibre, J’exerce Pun par la chafle, l’autre par l'étude. Mes gens en font de même : ils ne fe portent nulle part fi bien ; & graces aux dieux , je nat juiqu'ici perdu aucun de ceux que j'ai amenés avec moi. Puiflent les dieux me continuer toujours la même faveur, &c confeiver toujours à ce lieu les mêmes avantages ! Adieu. (D. J. | | THUSCIEN, PRÊTRE , ( Aztig.) prêtre tyrrhé- nien ou d'Etrutie ; on nommoit les prètres d’Etru: rie prétres chufciens , à caufe des fonions qu'ils fai- foient dans les facrifices , où de brûler les viétimes & l’encens, de Suce, qui fignife encens, ÉCæzieu, qui veut dire bréler : ou de confulter les entrailles des victimes , de Suce , qui veut dire aufli facrifices , &t de Lots, qui fignifie la même chofe que roc , regarder, confidérer. ( D. JT.) THUYA, f.m.(Boran.) en françois vulgaire arbre de vie, Bauhin , Boerhaave &c T'ournefort le nomment thuya, c’eft un arbre de hauteur médiocre , dont le tronc eft dur & noueux , couvert d’une écorce rouge-obfcure ; fes rameaux fe répandent en aîles ; fes feuilles reffemblent en quelque maniere à celles du cyprès, mais elles font plus plates, &r formées par de petites écailles poféés les unes fur les autres ; 1l porte , au-lieu de chatons ou de fleurs, de petits boutons écailleux, jaunâtres, qui deviennent enfuite des fruits oblongs, compofés de quelques écailles, entre lefquelles on trouve des femences oblongnes & comme bordées d’uneaile membraneule. Les#uya eft odorant, principalement en fes feuilles ; car étant écrafées entre les doigts, elles leur communiquent une odeur forte, réfineufe &c affez permanente ; leur got eft amer. Cet arbre vient originairement du Canada , d’oh le premier qu’on ait vu en Europe fut apporté à Fran- P | i P cois I. On ne le cultive cependant que dans les jar- dins de quelques curieux , & on peut lui donner à P » _comime à l'if, telle figure qu’on defire. Il réfifte au froid de l'hiver, mais 1l perd fa verdure, fesrameaux Re ? DENT a Lot MS RUE & fes feuilles , devenant noirâtre jufqu’au printems qu’il reprend fa couleur. Le rhuya des Grecs n’eft point notre thuya ; cé- toit une efpece de cedre qui n’avoit chez les Eatins que le nom de commun avec le citronnier ,. arbor ci- trez. Cet arbre venoit d’une branche de l'atlas , dans la Mauritanie feptentrionale , appellée par Pline, l, XTIT. c. xv. mons Anchorarius. ( D, J.) THuyA, bois de, ( Botanique facrée. ) thyinum I- gnum ; forte de bois fort eflimé par les Hébreux, & qui étoit d’une odeur excellente ; la flotte du: roi Hir- can en apporta d’'Ophir en abondance , IUT. Rois, x. 11. Quelques interpretes rendent ce mot par bois de bref£l, d’autres par bois de pin , & d’autres plus fage- ment &c plus fürement par bozs odori/érant fans déter- miner quel étoit ce bois. ( D. J.) TAY AMIS ou THY AMUS, (Géogranc.) 1°. fleu- ve de lEpire, felon Thucydide, Z, I. p. 32. &t Athé- née. Z. IIT. c. 7. Strabon & Paufanias connoïffent… auf ce fleuve, dont le nom moderne et Calamw, felon Thevet. | 2°. Thyamis promontoire de l’Epire , felon Pto- o mée, 4 LIL, 6, xiv, Il fervoit de bornes entre læ { Thefprotide & la Ceftrinie , Niger dit que le nom moderne eft Niffo. | __ 3°. Thyamis, ancienne ville d’Afie , dans l’Aracho- _ fie. (2.7) THYATIRE , (Géogr. anc.) ville de l’Afie mi- neure, dans la Lydie , au nord de Sardis,, en tirant vers lorient de Pergame. Cette fituation convient À celle que lui donne Strabon ; 4 XJIT, qui dit qu’en allant de Pergame à Sardis , on avoit Thyarire à la gauche. Strabon & Polybe écrivent Thyatira au plu- riel, & Pline, Fc. xxix. aufli-bien que Tite-Live, LA XVII, c. xliv. difent Thyarira au nominatif fin- gulier. C’éroit, felon Strabon , une colonie des Ma- cédoniens. Il ajoute que quelques-uns vouloient que ce füt là derniere ville des Myfiens ; ce qu'il y a de certain, c’eft qu’elle étoit aux confins de la Myfe; mais Pline , Ptolomée, Etienne le géographe, & les auteurs des notices la marquent dans la Lydie. . Lertems &r lés changeméns arrivés avoient fait perdre jufqu’à la connoïffance de la fituation de cette fameufe ville. On n’en fit la découverte que fort avant dans le dernier fiecle. M. Spon, voyage du le- var; LIL. en parle ainfi : il n’y a pas plus de fept ou huit ans qu’on ne favoit où avoit été la fameufe ville de Thyatire, le nom même en ayant été perdu. Ceux qui fe croyoient les plus habiles, trompes par une faufle reffemblance de nom, S’imaginoient que ce fût la ville de Tiriz, à une journée d’Éphefe ; mais M. Ricaut, conful de la nation angloife, y étantallé accompagné de plufieurs de fes compatriotes qui né- gocioient à Smyrne , reconnut bien que Tiria n’a- voit rien que de moderne, & que ce n’étoit pas ce qu’ils cherchoïent. Comme ils Jugeoïient à-peu-près du quartier oùelle pouvoit être , ils allerent à Ak- Hiflar ; où ils virent plufieurs mafures antiques , & trouverent le nom de Thyarire dans quelque infcrip- tion ; après quoi ils ne douterent plus que ce ne fût €lle-même,;M. Spon s’en eft convaincu lui-même par es propres yeux. | Avant que d'entrer dans la ville » Pourfuit-il, on voit un grand cimetiere des Turcs > Où il y a quel- ques infcriptions. Dans le kan proche du bazar , on trouve environ trente colonnes avec leurs chapi- teaux & piédeftaux de marbre, difpofées confufément en-dedans pour foutenir le couvert, Il y a un chapi- teau d'ordre corinthien, & des feuillages fur le fût de la colonne. Sous une halle proche du bazar, on lit une infcription qui commence ainf ; HkpAr1s14 OTATEPHNON. BOTAN , letrès-puiffanr fenat de Thya- tire. | | ., Dans la cour d’un des principaux habitans , appel- 1 Muflapha-Chelbi , on lit trois infcriptions. Les deux prenueres font les jambages du portail de la maifon, & parlent d’Antonin Caracalla ; empereur romain , comme du bienfaiteur & du reftaurateur de la ville ; & le titre de marre de La verre C de La mer qui lui eft donné eft aufi rare que celui de diviniré préfente des mortels, qui lui eff attribué dans une bafe de marbfe à Frafcati proche dé Rome. Au milieu de la cour de li même maifon > On voit un grand cér- cueil de marbre , où 1l y a la place de deux corps, & à lun des côtés l’épitaphe du mari & de le femme qui y avoient été enfévelis ; &c le nom de Thyatire eft ré- pété deux fois dans cette épitaphe. , Dans une colonne qui foutient une galerie du kañ, On voit une autre infcription où on lit en grec 8 en latin que lPémpereur Vefpanien fit faire à Thya- tire des grands Chemins l'année de fon fixieme con- fulat. | . Les Turcs, après avoir bâti une ville nommée A4k- Hiffar où Eski-Hifar , c’eft-à.dire chérean blanc ,aban- donnerent celieu, & vinrent bâtir dans un lieu plus commode fur les ruines de l’ancienne Thyatire , en ie. à leur nouvelle ville le nom du château ome t UT 307 qu'ils avoient quittés. Les maïfons dé ieur Thyatire Où plutôt d'4k-Hiffar, ne font que de terre ou de gazon cuit au foleil. Le marbre n’eft employé qu'aux moiquées. Les habitans de cette ville font au nombre d'environ trois mille , dont la plüpart négocient en coton. Ils font tous mahométans ; on ne voit dans ce. lieu ni chrétiens , ni grecs, ni arméniens, & l’an- Cien évêché de Thyarire n’exifte plus qu’en idée, CDATS L THYBARRA , ( Géog. anc.) lieu de PAfe mi- neure , au voifinage du Paétole. Xénophon., cyrop, L. VI, nous apprend que c’eft où fe tenoient les af- femblées de la bafle Syrie. Etienne le gcographé écrit Thymbrara 3; & Berkelius penche à croire que c’eft la véritable ortographe, (D. J. | THFBRIS, (Géog. ane.) nom d’un fleuve de Si2 aile, felon le fcholiafte de Théocrite, qui dit que cé fleuve couloit fur le territoire de Syracufe. Servius ÿ in Æneid. liv, VII y. 322. qui écrit Tybris, lui don= ne feulement le nom de Fofle , Foffe Jyracufane , 8 ajoute qu’elle fut creufée par les Africains & par les Athéniens près des murs de la ville pour infuiter aux habitans. ( D. J.) THVESSOS , ( Géog. anc.) nom commun À une Ville de la Lydie, & à une ville de la Pifidie. (D.T.) THTŸTA, (Antig. greg.) Sura, fête de Bacchus qui fe célébroit à Elis. Les Éléens ont une dévotion pat- ticuliere à Bacchus, dit Paufanias dans es claques: Ils prétendent que le jour de fa fête , appellée sLyia, il daigne les honoret de fa préfence , & {e trouver en pérfonne dans le lieu où elle fe célebre ; les prêtres du dieu apportent trois bouteilles vuides dans fa cha: pelle , & les y laiffent en prélence de tous ceux qui y font, éléens ou autres : enfuite ils ferment la poite de la chapelle, &7 mettent leur cachet {ur la ferrure, permis à chacun d’y mettre le fien, Le lendemain on revient, on réconnoît fon cachet, on entre, & l’on trouve les trois bouteilles pléines de vin, II falloit méttre le cachet fur la bouteille, & cette précaution eût encore été vaine. « Plufeurs éléens très-dignes » de foi, ajoute l’hiflorien, & même des étrangers ; » m'ont afluré avoir été témoins de cette merveille 5 » ceux d’Andros aflurent auffi que chez eux , durant » les fêtes de Bacchus, le vin coule de lui-même » dans fon temple ; mais conclut Paufanias , fifur la » fo1 des Grecs nous croyons ces fortes de miracles, » il ne reftera plus qu'à croire les contes que chaque » nation fera fur fes dieux », Au refte on peut lire ici Potter, Archzol, grœc. Liv, IL c. xx, tome I. P» 4054 VCD THYIADES , ( Mytholog, ) mot formé du grec Sue , COUrIT avec impétuofus ; c’étoit des furnoms qu'on donnoït aux bacchantes , parce que dans les fêtes 8 les facrifices de Bacchus, elles s’agitoient comme des furieufes , & couroient comme des fol. les, Les shyiades étoient quelquefois fäïfies d’en- thoufiafme ou vrai ou fimulé, quiles poufloit même jufqu’à la fureur ; ce qui pourtant ne diminuoit er rien Le refpeët du peuple à leur ésard, En voicideux preuves hiftoriques. +. Plütarque me fournira la premiere. Après, dit-il, que les tyrans des Phocééns eurent pris Delphes, dans la guerre facrée, les prêtrefles de Bacchus : qu'on nomme shyrades | furent faifies d’une efpece de fureur bacchique , & errant pendant la nuit, elles fe trouverent fans le favoir à Amphifle ; 14 fatiguées de l'agitation qué leur avoit caufé cet enthoufafine elles fe coucherent & s’enidormirent dans la place publique. Alors les femmes de cette ville confédé- rée dés Phocéens , craignant que les foldats des ty= rans ne fiffent quelque infulte à ces hyiades confa- crées à Bäcchus, coururent au marché , fe rangerent en cercle autour d’elles, afin que perfonne ne püûten approcher , gardant én mêmetemsun profond filence Qqi 308 LT EU pour ne point troubler leur fommeil. Quand les thylades furent éveillées, & revenues de leur phré- uéfie , les Amphifiennes leur donnerent à manger, : Îes traiterent avec hônneur , & obtinrent permiffion de leurs maris de les reconduire jufqu’en lieu de fü- reté, Seconde preuve. Les Eléens avoient une compagnie de ces femmes confacrées à Bacchus, qu’on appelloit Les feize, parce qu’elles formoient toujours ce même nombre. Dans le tems qu’Ariftotime qui avoit occupé la tyrannie, traitoit ce peuple avec la derniere dureté , 1ls lui en- voyerent les feize , dans le deffein d’obtenir de lui quelque grace. Chacune d’elles étoit ornée d’une des couronnes confacrées au dieu Bacchus. Le tyran fe tenoit alors dans la grande place, entouré de foldats de fa garde, qui voyant arriver les hyiades, feran- gerent par refpect de côté & d'autre pour les laifler approcher d’Ariftotime ; mais dès que le tyran eut appris le fujet de leur venue , illes fit chafler, & les condamna chacune à deux talens d'amende. Ce pro- cédé indigna tellement les Éléens, qu'ils confpire- rent fa perte, & fe défirent de lui. (D. J.) THYIASES , (Ami. greg. ) on appelloit ainfi les danfes des bacchantes en l’honneur du dieu qui les agitoit. Il ya d'anciens monumens qui nous repré- fentent les geftes & les contorfions affreufes qu’elles faifoient dans leurs danfes ; l’une paroït un pié en Pair, hauffant latête vers le ciel, fes cheveux négli- gés flotrans au-delà des épaules, tenant d’une main un thyrie, &c de l’autre une petite figure de Bacchus ; une autre bacchante, plus furieufe encore, les che- veux épars, le corps à denu-nud, dans la plus vio- lente contorfon , tient une épée d’une main , & de Pautre la tête d’un homme qu’elle vient de couper: (2. 1.) THYELLIES, £ f. pl. (Azig. greg.) fêtes en l’hon- neur de Vénus , qu’on invoquoit dans les orages ; Suenna, orage, tempête. (D.J.) THYIES,( Mychol.) ce {ont les fêtes de Bacchus honoré par les Thyiades. Voyez TayiA. (D. J.) THYITES , (ff. nar.) nom donné par Diofco- ride à une terre compaëte, & endurcie comme une pierre quife trouvoit en Esypte, & dont on vantoit les vertus dans les maladies des yeux. Il paroit par fes vertus que cette terre pouvoit être vitriolique. Quelques-uns ont cru que Diofcoride avoit voulu défigner fous ce nom la turquoife , d’autres ont cru que c’étoit un marbre verd. THYLACION, ( Méd. anc. ) Sunanrow 3 ce mot grec défigne dans les anciens auteurs , la bourfe qui, eft formée par les membranes du fœtus à orifice des parties naturelles peu avant l'accouchement. Il ny a que les Grecs qui ayent exprimé par un feul mot des phénomenes aufli cachés à nos yeux. (2. 7.) THYLLA, (Antiq. greg.) Ounre; fète particulere en l'honneur de Vénus. (2.J.) THYM , ox THIM, fm. ( Hiff. natur. Boran.) thymus ; genre de plante à fleur monopétale labiée , dont la levre fupérieure eft relevée , & le plus fou- vent divifée en deux parties, & linférieure en trois. Le pitül fort du calice ; il eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de lafleur, & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la fuiteautant de femences renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à lafleur. Ajoutez aux caraëteres de ce gen- re, que les tiges font dures & ligneufes | & que les fleurs font réunies en maniere de tête. Tournefort, I. R. FH. Voyez PLANTE. Entre les douze efpeces de shym que compte Tour- nefort, il y en a bien deux ou trois dont il faut dire un mot ; le principal eftle shym de Crete, rhymus capitatus , qui Diofcoridis , I. R. H. en anglois , she headed-thyrne from Crea. C’eft un fous-arbrifleau qui croît à la hauteur d’un THY 1 re à TA ° 3 pié; 1! poufle plufieurs rameaux, grêles, Haneux à blancs, garnis de petites feuilles oppoiéés ; menues, étroites, blanchâtres , qui tombent l'hiver en cer. tains lieux, felon Clufius , & qui font d'un goût âcre. Ses fleurs naïfflent en maniere de tête aux {om- mets des rameaux , petites, purpurines, formées en gueule ; chacune eftun tuyau déconpéen deux levres avec quatre étamines à {ommets déliés. Quand cette fleur eft pañlée , 11 lui fuccede quatre femences pref- que rondes , renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur. Cette plante , dont l'odeur eft asréable , eft des plus communes en Candie , dans l'ile de Corfou, dans toute la Grece, en Efpagne , en Sicile , le long des côtes maritimes tournées au midi, fur les mon- tagnes , Ôc aux autres lieux expofés au foleil ; on {a cultive dans les jardins des curieux ; fafleur varie en couleur fuivant le terroir. THyM, (Chimie 6 Mar. médic.) plante aromatique de la claffe des labiées de Tournefort. | Toute cette plante répand une odeur très - agréa- ble, quoique aflez forte. Elle a un goût âcre & amer. On emploie principalement fes feuilles & fes fleurs , ou plutôt leurs cahces ; car on doit compter les pé- tales à-peu-prés pour rien comme dans toutes les fleurs des plantes de cette clafle. La marjolaine & Le ferpolet font celles des plantes labiées avec lefquelles le y a le plus de rapport. M. Cartheufer affure que l’huile eflentielle de sky eft plus âcre que celle de marjolaine , & que la pre- miere plante contient aufli une plus grande quantité du principe camphré , dont nous parlerons plus bas. L'huile effentielle de skym «ft d’une couleur dorée ou rouge. M. Cartheufer en a retiré environ un gros & denni d’une livre de plante. Cette huile eft , felon une expérience de Neumann, rapportée dans le if cellanca berolinenfia, en partie liquide, & en partie concrete , dès le tems même de la diftillation ; c’eft- à-dire qu'en diftillant le 4ymavecleau , felon la mé- thode ordinaire , il s’éleve un principe huileux con- cret, un vrai camphre capable d’obftruer le bec de lalembic , 6c. Voyez CAMPHRE. | Le shym eft rarement employé dans les remedes magiftraux deftinés à l’ufage intérieur. Il eft sûr ce- pendant que réduit en poudre , ou bien infufé dans l’eau , dans le vin , Gc. il pourroiît fervir utilement dans tous les cas pour lefquels on emploie les feuil- les ou les fleurs de fauge, & qu'il fourniroit même dans tous ces cas un remede plus efficace; on peut regarder ces remedes, & fur-tout la poudre, comme de bons emmenagogues, ariftolochiques , &c.comme ftomachiques , cordiaux, vulnéraires, &c. L’ufage du :kym pour les remedes extérieurs eft plus fréquent. On le fait entrer aflez généralement dans la compofition des vins aromatiques, des lo- tions & des demi-bains qu’on deftine à fortifier les membres , à en difhiper les enflures, à en calmer les douleurs, &c. Le shym que les botaniftes appellent de Crere, qui eft celui de Diofcoride & des anciens , & qui eft ab- folumentanalogue à notre #4yr: commun , a été em- ployé dans plufieurs.anciennes compofitions offici- nales, telles quela confeétion hamech, ’aureaalexan- drina ; 6e. Les modernes emploient le :kymvulsaire dans un grand nombre de compoñtions tant eéxter- nes qu'internes, & 1ls y font entrer aufi fes princi- pes les plus précieux, fon huile eflentielle par exem- ple , dans Le baume nervin & dans le baume apoplec- tique ; fon eau diftillée dans. une eau compofée , ap- ellée aromarique par excellence , agua odorata, feu milleflorum , de la pharmacopée de Paris. (4) THYMBRE , 1 f (Æiff. nat. Botan:) 1hymbra | genre de plante qui ne differe du thym, de la farriette &t du calament, qu’en ce que fes fleurs font difpofées THY enrond, Tournefort, I. R. A. Voyez PLANTE. Il y a cinq efpeces de ce genre de plante, dontles fleurs fonttoutes femblables à celles du thym, & n’en different que parce qu’elles naiffent verticillées au- tour des tiges. La plus commune , zkymbra Legitima , ex farurcia cretica , a la racine dure & vivace. Elle pouffe comme le thym pluñeurs tiges rameufes en maniere d’arbrifleau , quarrées, fermes & couvertes d’une laine affez rude : fes feuilles font fréquentes, un peu velues dès le bas, femblablesà celles du thym; fes fleurs font verticitlées, ou difpofées par anneaux &t pat étages entre les feuilles, aux fomnités des ti- ges d’une couleur blanchâtre tirant {ur le purpurin. Cette plante eft cultivée dans les jardins, elle fleurit en été , a une faveur un peu äâcre ; mais elle répand une odeur agréable, qui participe de la farriette & duthym; on l’eflime apéritive, atténuante & dif- cufive, on l’emploie intérieurement & extérieure- ment. (2.J.) THYMBRÉE, (Géogr. anc.) Thymbraïzou Thym- brara ; c'eft le nom d’une ville de la Troade, fon- dée par Dardanus , 8 un fleuve fur le bord duquel les Troyens avoient confacré un temple à Apollon furnommeé par cette raifon Thyrbréen. Mais Thymbrée eft encoreun nom immortel, pour avoir été le lieu de la Phrygie où fe donna la bataille entre Cyrus, fondateuf de la monarchie des Perfes, & Créfus roi de Lydie; cette bataille, un des plus confidérables événemens de l'antiquité, décida de Pempire de l’Afe en faveur de Cyrus; elle fe trouve décrite dans les WT. & VII. L. de la Cyropédie de Xé- nophon ; & puiique c’eftia premiere bataille rangée dont nous connoiflons le détail avec quelque exa@i- tude , onla doit regarder comme un monument pré- cieux de la plus ancienne taétique. : M: Freret, fansavoir connu lapratique dela guerre, aremarqué, dans les ré. de livrer. tom. VI. in-4°. p. 536. deux chofes importantes fur cette batailie de T'hymbrée ; fa premiere remarque eft que le retran- chement mobile de chariots dont Cyrus forma fon arriere-garde , & qui lui réufñit fi bien, a été em- ployé heureufement par de grands capitaines mo- dernes. | Lorfque le duc de Parme, Alexandre Farnefe, vint en France pendant les guerres de la ligue, iltra- verfa les plaines de Picardie , marchant en colonne au milieu de deux files de chariots qui couvroient fes troupes ; & Henri IV. qui cherchoit à l’engager au combat, n’ofa jamais entreprendre de ly forcer, parce qu'il ne le pouvoit fans attaquer ce retranche- ment mobile, ce qu'il ne pouvoit faire fans s’expofer à une perteprefque certaine. : Le duc de Lorraine employa la même difpofition avec un égal fuccès , lorfqu'après avoir rente inuti- lement de jetter dufecours dans Brifac , afiégé par le duc de Veimars , 1l fut obligé de fe retirer prefque fans cavalerie , à la vue de cet habile général qui avoit une armée très-forte en cavalerie. Le duc de Lorraine marcha iur une feule colonne, couverte aux deux aîles par les chariots du convoi qu’il avoit voulu jetter dans Brifac ; & ce retranchement rendit inutiles tous Les efforts que fit le duc de Veimars pour le rompre. La feconde chofe qui paroît à M. Freret mériter encore plus d’attention dans ce même combat, c’eft que Cyrus dut prefque uniquement fa vidoire aux 4000 hommes qui étoient derriere Le retranchement, puifque ce furent ces troupes qui envelopperent & prirent en flanc les deux portions des aîles de l’armée lydienne , avec lefquelles Créfus efpéroit envelop- per l’armée perfane. Céfar employa une femblable difpofition à Phar- fale; & ce futellefeule qui lui fit remporter la viétoire fur l’armée de Pompée beaucoup plus forte que la A" 3 Qt THY 309 fienne , fur-tout en cavalerie, Céfar lui-m£me nous apprend dans fes mémoires, que c’étoit de cette dif . poñtion qu'il attendoit le gain de la bataille, On ap- percevra fans peine la conformité des deux difpof= tions de Thymbrée & de Pharfale , en lifant les mé moires de Céfar;& cette conformité eft le plus grand éloge que l’on puiffe faire de Cyrusdans l’artmilitaire, Elle montre que ce qu'il avoit fait À Thymbrée, a fervi de modele à un des plus grands généraux qui aient ja mais paru, &c cela dans une occañon oùil s’agifoit de l'empire de l’univers. (Le chevalier DE JawcourT.) THYMBREUS , ( Mythol.) furnom que Virgile donne à Apollon, parce qu'il avoit un culte établi dans la Troade , en un lieu appellé Thymbra. Ce fut dans le temple d'Apollon Thymbreus | qu’Achille fut tué en trahifon par Pâris. ( D. J.) THVME , f. m. ( Nofolopie, ) en latin rhymus , en grec bye, &c buis ; petit tubercule indolent, chars nu , femblable à une verrue, qui fe forme à l'anus, ou aux environs des parties naturelles de l’un & de a fexe , & qui reflemble à la fleur du thym. D.JI.) THYMELE , ( Livrérar. ) Suutaa ; lieu du théatre des Grecs & des Komains , où ils plaçoient la fym- phonie. (D. J.) THYMELÉE , { f (if, nat. Bor. ) On trouvera le caraétere de ce genre de plante au mot GARON. Tournefort en compte trente-cinq efpeces; nousen décrirons deux , celle des pays chauds , à feuille de lin, & celle de la mer Noire. La shymélée des pays chauds, shymelica monspelia- ca, J.B. 1. S01. chymelæa folis lini, J.R, 494. a la racine longue , grofle, dure, ligneufe, grife ou rou- geätre en dehors , blanche en-dedans, couverte d’u- ne écorce épañle , forte & tenace, d’un goût doux au commencement, mais enfuite Âcre brûlant & cauf- tique. Elle poufle un petit arbriffeau , dont le tronc gros comme Îe pouce , eft haut d'environ deux piés , di- vifé en plufieurs branches , menues , droites , revê. tues de feuilles toujours vertes , aflez reflemblantes à -à celles du lin, mais plus grandes, plus larges, poini- tues , un peu vifqueufes au toucher , & fous la dent. Ses fleurs naïffent aux fommités des rameaux , ra- mañlées plufeurs enfemble comme en grappes, peti- tes , blanches , formant chacune un tuyau cylindri- que fermé dans le fond , evafé par le haut, & décou- pé en quatre parties oppolées en croix, avec huit étamines à fommets arrondis. Quand ces fleurs font pañlées , il leur fuccede des fruits gros ä-peu-près comme ceux du myrthe, mais un peu plus long, ovales , charnus remplis de fuc, verds au commencement, puis rouges comme du co- rail ; ils contiennent une feule femence oblongue , couverte d'une pellicule noïre , luifante , fragile, fous laquelle eft cachée une moëlle blanche , d’un goût brulant. Cette plante croit abondamment en Italie, en Ef- pagne, en Provence, en Languedoc, aux lieux rudes, incultes , efcarpés , parmi les broffailles , proche de la mer ; elle fleurit en Juillet , & fouvent durant tou- te l’automne. La chyméleée de la mer Noire , hymælea pontica ci srei folits, et qualifiée de plante admirable par Tour- nefort, dans fes voyages. Sa racine eft couverte d’u- ne écorce couleur de citron; elle produit une tige fi pliante qu’on ne fauroit la cafler ; elle eft chargée vers le haut , de feuilles femblables par leur figure &t par leur confiftance, à celles du citronnier ; cha- que fleur eft un tuyau jaune, verdâtre , tirant fur le citron, divifé en quatre parties oppolées en croix, avec quatre étamines furmontées de quatre autres ; le piftil eft terminé par une petite tête blanche ; les feuilles écrafées ont l'odeur de celles du fureau, & to » CON font d'un goût mucilagineux , leauel laifle une im- preffion de feu aflez confidérable, de même quéle refte de la plante ; l’odeur de la fleur eft douce ; de toutes les efpeces conhues de shymélées, c’eft celle : qui a les feuilles les plus grandes ; maïs fa qualité cauftique & brulante , montre affez qu’il ne faut ja- mais l’employer en médecine : c’eft bien dommage qu'il en foit de même de toutes les autres éfbeces, car d’ailleurs ce font des plinteschaärmantespour lor- nement d’un jardin ; plufieurs d’entrelles fleuriffent en Janvier , quand la faifon eft douce, & font en Février dans toute leurperfe&ion. (D.J.) THYMELÉE de Monspeliier, (Mai. méd,) Voyez GAROU: THYMELEE à feuilles de laurier, ( Mar. méd. ) Voyez LAUREOLE. . . THYMELICI, 1. m.(Litérar.) les Romains nom- moient ainfi les mufciens qui chantoïent dans Les en- tr'aétes, ou ceux qui danfoient d’après les aïts de la fymphonie, Le lieu du théâtre où ils étoient placés , s’appelloit, comme je l'ai dit, shymele, d’où vient que Juvenal dit, far. vj.verf. 66. Atrendit tymele , tymele #vnc ruffica difear, DES. A , 1. m. ( Anriq. rom. ) les thymélies étoient des chanfons en l'honneur de Bacchus ; ces chanfons tirerent leur nom de Thymélée fameufe bala- dine, qui fut agréable à l’empereur Domitien: onap- pella par la même raifon zhyméliens, les gens dethéä- tre qui danfoient & chantoient dans les intermedes ; enfin le lieu où 1ls faifoient leurs repréfentations, reçut aufli le nom de hymélé. (D. J.) THYMIAMA , 1. f. ( Hiff. nar. Bot. mod. ) nom donné par quelques auteuts à l’écorce de cafcarille, & par d’autres à l'écorce de larbre qui porte l’encens dont on fe fert dans les parfums. Voyez ENCENS , & Cascarizze. ( D.J.) THYMIAMAT A , ( Mat. med. anc. ) touisuere $ c’étoit des efpeces de fumigations aromatiques , dont les ingrédiens étoient choifis , & f diverfifiés, qu'il paroît que dans leur compoñtion , on confultoit Le plaïfir autant que l’utile. Comme plufeurs des ingré- diens qui entrotent dans ces fortes de fumigations, ne répandent point une bonné odeur, Les commenta- teurs fe font perfuadés que c’étoient des drogues dif- férentes de celles auxquelles nous donnons aujour- d'huiles mêmes noms ; mais cette opinion n’eft fon- dée que fur la faufle fuppoñition qu’on ne compoñfoit ces fortes de préparations aromatiques , que pour la bonne odeur. j Le cafforeum étoit un ingrédient dés fumigations aromatiques , d’où 1l fuit que les anciens farfoient entrer dans ces fumigations , des drogués falutaires, ainfi que des drogues d’une odeur agréable. Ea som- me ammoniaque y entroit aufh; l’odeur du salbanum eft encore pire; cependant , fuivant le témoignage des anciens , toutes ces drooues de mauvaife odeur , fe rencontroïent enfemble dans les shysmiamata, con- jointement avec l’encéns, la myrthe ; le jonc odo- rant ,.& autres parfums. ( D. J.) THYMIATERIUM , ( Géogr. anc. ) le périple d'Hännon nousapprend qué c’eit la prémiere ville,ou colonie , que ce général carthaginois fonda dans fon voyage, le long des côtes de Lybie; mais Thymiate- rium ne paroït pas être éxattement lé nom dé cette ville ; ou de cette colonie ; e’eft dumathiria qu'on doit lire, fuivant Bochart, qui traduit ce mot phénicien -par le mot grec r:Ssad , en latin wrbem compeflrem. Les mots dumarhir & dumthor, en hébreu, fignifient un terrein um ; telle étoit la fituation de cette pre- miere ville d'Hannon, & fans doute il prétendit l’ex- ‘primer dans le nom qu’il lui donna. Le mot grec Éuusaraprer , fubftitué par le traduéteur , dans la vue, THY dit Bochart, d’adoucir le phénicien , trop rude appaz remment pour des oreilles attiques , veut dire un va fe à bruler de Pencens, Ramuüfo &c Mariana préten- dent qué le nom moderne eft Ayamor , fituée en Ly- bie, environ à deux journées de navigation au-delà de Gibraltar, (D. J.) THYMIQUE, adj. ez Anatomie, fe dit des arteres Êt des veines qui fe difribuent au symus. Voyez THYMUS. THTVMNIAS, ( Géog. anc.) golfe de l’Afie mi- neure , dans la Doride, felon Pine , Z ZIL ce. xxwir. & Pomponius Méla, Z. I. c. 16. (D. J.) TAYMO, f m. (ÆLf. rar. Ithiolog.) poiflon qui fe pêche dans le Thefin, fleuve d'Italie, & auquel on à donné le nom de £kyme, parce qu’il fent le thim. Îl devient long d’une éoudée ; il a latête petite à pro= portion du corps ; Le ventreeft ua peu pendant à fa . partie antérieure , le corps a une-couleur bleue, & la tête eft de diverfes couleurs : ce poiflona deux na- geoires aux ouies, deux à la païtie antérieure du ventre , une au-deffous de l'anus , & deux fur le dos : la premiere des nageoïres du dos eft beaucoup plus grande que l’autre, & de couleur rouge avec des ta- ches noires : la nageoïre dé la queue eft fourchue, Rondelet, Aff. des poiffons de riviere, ch. x. Voyez Porsson. THYMOXALME , (Mar, méd. anc.\ SiyoËanut 3 préparation de vinaigre, dethym , de fel, & de quel- ques autres ingrédiens. On ordonnoit le hyroxalme extérieurement dans la goutte & les enflures , & on le prefcrivoit inférieurement dans les maux d’efto- mac , à la dofe d'environ un quart de pinte, dans de Peau chaude : il opéroït comme purgatif, & voici fa préparation, On prenoit deux onces de thym pilé, autant de fel , un peu de farine , de rhue, & de pou- lot : on mettoit le tout dans un pot, enfuite on ver- foit deffus trois pintes d’eau , 8 quatorze onces de vinaigre : on couvroit bien Le pot d’un gros drap , & on l’expofoit pendant quelque tems à la chaleur du foleil. Diofcoride, 2. F7, c, xxjv. ( D.J.) THYMUS, 1. mer Anaromie, eft une glande con- globée , fituée à la partie fupétieure du thorax, fous les clavicules, à l’endroit où la veine-cave & l'aorte fe partagent, & forment les branches qu’on appelle Jouclaviere, Voyez GEANDE. Le shymus eft cette partie qui dans [a poitrine du veau fe nomme ris de vean, Elle eft groffe dans les en- fans; mais à mefure qu'ils croiflent, elle diminue. Ses arteres & fes veines font des branches des caro tides & dés jugulaires. Ses nerfs viennent de la hui- tieme paire; &c fes vaifleaux lymphatiques fe ren- dent dans le canal thorachique. Le favant doéteur Tyfon prétend que Pufage du thymus eft de fervir de décharge au chyle qui eft dans le conduit thorachique du fœtus, dont l’eftomac étant toujours plein de la liqueur dans laquelle il na- ge, tient néceffairement le conduit thorachique di- ftendu par le chyle; d'autant que le fang que le fœtus réçoit dé la mere , remplit les veines , & empêche le chyle d'entrer librement dans la veine fouclaviere. Voyez F&TUS. M. Chefelden obfervé que le rhymus ef fort petit dans les hommes, & que les glandes thyroïdes font très-grofles à-proportion. Mais dans les animaux qu'il a éxaminés, 1l a trouvé juftement le contraire: ce qui l’a porté à croire que lerkymus & les glandes thyroïdes ont les mêmes vaifleaux lymphatiques, &7 que le premier, ou les dernieres venant à aug- ménter ä-proportion autant que feroient tous deux enfemble, cela produit le même effet que fi tous deux augmentoient réellement ; & que la raïfon pout laquelle Le shyrus groffit plutôt que les glandes thy- roides dans les brutes, c’eft que la forme du thorax dañs ceux-ci life un efpace convenable pour loger THEY cette glande; qu’au contraire dans les hommes, la raifon pour laquelle les glandes thyroïdesauomentent fort, c’eft que endroit du thorax oùeftplacé le 14y- mus, neit pas aflez étendu pour loger une grofe glande. | THYNÉE, £. m. (Litérar.) shyneum , en grec Our- vas ; facrifice que Les pêcheurs grecs faifoient à Nep- tune, auquel ils immoloient un thon, afin de fe renz dre ce dieu favorable, & de faire une bonne pêche. (2. 7.) | | THYNTAS, (Géog, anc.) où THYNNLAS, nom 1°. d'un promontoire de Thrace , entre Apollonie & les îles Cyanées. Niger dit qu’on l’appelle aujour- d'hui Sagora, 2°. Ile du Pont-Euxin , fur la côte de la Bithynie, Pline, Strabon & Pomponius Mela, connoïffent tous cetteile. | THYNNÉES, f £ pl. (Anrig. grecq) Bdrvie ; Cé- toient des fêtes où les pécheurs facriñoient des thons à Neptune ; un #hon fe dit en grec 8lsvoc. CD) : THYONÉ, (Myctholog.). c’eft, felon Ovide, le nom fous lequel Sémélé fut mife par Jupiter au rang des déefles, après que fon fils l’eût retirée des en: fers; d’où vient que Bacchus eft aufli furnommé Thyoneus. AL _ THYONÉEN, (Liriérar.) thyoneus ; ©eft à-dire furieux, du grec voru , fureur. Ce nom fut donné à Bacchus , à canfe des mouvemens de fureur dont ies Bacchantes étoient animées. (D. J.) . TAYOS, (Ang. grec.) 8066 ; orande qu’on fai: foit aux dieux, de glands, d'herbes & de fruits, & c'étoit là les feuls facrifices qui fuflent d’ufage dans les premiers tems. Woyez Potter, Archæol. grec. v. I. Pag. 213. THYRÉE, ( Géog. anc.) Thyræa, 1°. Ville de la Phocide. Paufanias , Z 1.c. iv. dit que Phocus mena une colonie à Thyræa, dans le pays appellé depuis Phocide; mais il faut lire ici Tiéhorea , comme Paufa- nias lui-même l'écrit en d’autres endroits de fes ou- -Vrages. Voyez TITHOREA. … 2°. Thyræa, ville fituée entre la Laconie & le pays dArgos, {elon Paufanias , 2, WIIL, c. ii. & Strabon, 1. VIII. pag. 376. Cette ville appartenoit aux Lacé- démoniens , mais ils lavoient donnée aux Egineres, qui avoient été chaflés de leur pays. | . 3°. Thyræa, ile fur la côte du Péloponnèfe, dans le golfe Thyréatique, felon toute apparence. (D.J.) THYRÉENS, (Géog. ane.) Thyræi ; peuples d’Ita- he dans la Japygie. Strabon , Z. V1. pag. 282, les ple- ecentre Tarente & Brindes, dans les terres au mi- Leu de l’iffhme. THPRIDES, ( Géog. anc.) c’eft-à-dire Ls fené- tres. Paufanias, Z. 111. c. xxv. donne ce nomaufom- met du Ténare, qui étoit à trente ftades du promon: toire Tenarum , & auprès duquel on voyoit les rui- nes dela ville Hippola. Pline, Z 17, c. xij. donne ce même nom de Thyrides, A trois îles du golfe Afinæus " îles connues aujourd’hui , dit le P. Hardouin, fous le nom commun de Vezeico, à caufe du cap voifn ap- pellé Capo Wenerico. Le nom de Thyrides fe trouve dans Strabon, Z. VIII, pag. 335, 360 6 362. mais il ne dit point s’il entend par là des îles,ou uv cap; on Bt feulement dans un endroit Thyrides, quod ef? in . Mefeniaco firu precipitium fluélibus obncxium , à Tæ- par diflans fladiis 130. Cette diftancefi différente de celle que anarque Paufanias, pourroit faire croire que le nom de Fyrides étoit commun à deux endroits de ce quartier du Péloponnèfe. (D. J.) FHIRITES, (if. nat.) on ne nous dit rien de cette pierre, finon qu’elle reflembloit au corail. TAVRIUM, (Géog. anc.) ville de VAcarnanie. Tite-Live, Polybe & Etienne le géographe, l'ont connue. (DJ. i THYROARYTHENOIÏDIEN, ez Anatomie , eft le pi ua) É à GS pantl press Fe ñôñ d’une paire de mufles tués au-defous dû tas tilage thyroïdies ; ils viennent de la partié môyenné ë poltérieure de ce cartilage , & fe tcéminent à là partie antérieure des cartilages aryténoides, Poyes ARITÉNOIDE, 0, + | . THYRO-EPIGLOTIQUES, en Ainätoniie, nom de deux mufcles de l’épiglotte, qui fe croifent avez les muicles thyro-arythénoidiens, & s’attachent à 14 face latérale interne du cartilage thyroïde, &c latéras lement à Pépiglote. pd THYRO-HYOÏDIEN, e2 Anatomie , hom d’uné paire de mufcles du larynx: Voyez Hvo-THvxRror— DiEN, TAYROIDE ; e7 Anatomie, cartilage K plus erand” de tous ceux du larynx; ileft fitué à la partie antés rieure. Voyez LARYNX. | | Ce mot vient du grec Gupecs, bouclier, parce qu'il reflemble à un bouclier, Ï eff attaché par l'extrémité de fes grandes cornes avec l’extrémité de celles de los hyoide , au moyen d'un ligament, & avec le cartilage cricoïde, Voyez CRICOIDE. Îl y a quatre glandes aflez groffes, qui férvent à humeéter le larynx, deux fupérieurement ) CT deux inférieurement, Les deux dernieres {ont appeliés chyroides, & font fituées À côté du larynx, près du cartilage cricoïde ou annulaire, & du premier ana neau de la trachée-artere, üne de chaque côté, _ Elles ont la figure de petites poires, À une cou: leur un peu plus rougeâtre, une fubftance plus fer: me, plus viqueufe & plus reffemblante À la chait des muicles que les autres glandes, Leurs nerfs viennent des recurfens , & leurs arte- res des carotides ; leurs veines fe déchargent dans les jugulaires, & leurs vaiffeaux lymphatiques dans le canal thorachique, L'uiage des glandes shyroïdes eft de féparer une humeur vifqueufe qui fert à humeder & lubrifer le larynx, à faciliter le mouvement de fes cartilages, à tempcrer l’acrimonie de la falive, & à rendre la voix plus douce, THYROIDIENNE , GLANDE, ( Anar. )c’eftune grofie mafle glanduleufe , blanchâtre, Qui couvré antérieurement {a convexité du larynx. Elle paroît d'abord cemme formée de glandes , ou portions ob: longuesunies enfemble par leurs extrémités inférieu. res au-deflous du cartilage cricoïde, de forte qu’ elles repréfentent affez groffierement une figure fe- milunaire, ou une efpece de croiffant dont les cor: nes font en haut, & le milieu en bas. Elle eft médio: crement épaifle, & elle eft latéralement courbée , comme le cartilage thyroïde dont elle a reçu le nom, Les deux portions latérales font appliquées fur les mufcles thyro-hiodiens ou hyo-thyroidiens, & la partie moyenne ou inférieure embrafle les mufcles crico-hyoidiens. Les mufcles tayropharyngiens infés rieurs jettent des fibres charaues fur cette glande: Ces mêmes mufcles communiquent de part & d'au: tres par quelques fibres charnues avec les mufcles fterno-shyroïdiens & avec leshyo-hyroidiens. Elle paroît de la même efpece que les premieres alandes falivaires ; mais elle eft plus ferme. On a cru en avoirtrouvé le conduit de décharge; mais c’étoit un vaifleau fanguin qui en avoit impolé. Il s'y ren- contre quelquefois une traînée , comme une efpecé de corde glanduleufe , qui va devant le cartilage thy- roïde , & difparoit devant la bafe de l'os hyoide. Cette corde glanduleufe part du milieu de la bafe commune des portions latérales, & va fe perdre entre les mufcles fterno-hyoidiens, derriere la bafe de los hyoïde, entre la baïe de cet os & la bafe de Pépiglotte, par lequel elle eft attachée à la bafe dela langue. (D. J. Le : THYRO-PALATIN, ex Anatomie, nom d’un mu£ 252 … CT cle &u voile du palais décrit par Santorini, & qu’on nomme auf shireo-palatin, Il naît fupérieurement du bord poftérieur offeux du palais 8: de la membrane ferme qui des narines fe rend au voile du palais & une partie marchant enfemble, tandis qu'une autre fait diverfion, 1l defcend , fe réfléchit du voile der- riere les amygdales, à la partie poftérieure & Jaté- rale de la langue & de los hyoïde, plus enfoncé que le ftylopharingien ; & ayant pañlé au-delà de la lan- gue , il cottoie latéralement le pharinx pour fe ren- dre à la corne & à la côte latérale du cartilagethy- roide même, toujours couvert de la membrane de ce cartilage; 1l va lâchement s’inférer à tous les mufcles du pharinx. C’eft le principal agent de la dé- glutiion. Le pharingo-ftaphilin de Valfalva & lhipe- roo-pharmgien de Santorin font des portions de ce mufcle. Voyez PHARINGO-STAPHILIN & Hip£ROo- STAPHILIN. THYRO - PHARYNGIEN , ez Anatomie, nom d’une paire de muicles qui viennent du cartilage thyroide entre le bord & la ligne oblique, d’où ils montent obliquement en-arriere , fe rencontrent & fe croïflent l’un fur l’autre fur la ligne blanche. THYRO STAPHYLIN, ez Anatomie, nom d’une paire de mufcles de la luette qui viennent des parties latérales du cartilage thyroïde, & en s’élargiflant fe terminent en forme d’arc au voile du palais. THYRRÉENNE, PIERRE, ( if. nar. ) lapis thyrreus , nom donné par Pline à une pierre qui fe- lon lui, firnageoit à l’eau quand elle étoit eñriere, maus qui tomboit au fond lorfqu’elle étoit brifée. THTRREUM VINUM, vin connu des anciens, qui étoit fort épais & fort chargé en couleur, mais doux & agréable au goût. ’ THYRSE ,f. m.( Littérar, ) @üprec, haftula frondi- bus veffiea , c’étoit une demi-pique ornée de feuiila- ges de lierre & de pampre de vigne, entrelacées en forme de bandelettes. Il eftincroyable combien San- maife a répandu d’érudition pour le prouver dans fes homonymies. Les dieux de la fable avoient chacun leurs armes ou leurs fymboles ; le rhyrfe étoit tout enfemble lar- me & le fymbole de Bacchus & des bacchantes. Ce dieu portoit toujours le zkyrfe à la main. Quis Bacchurm gracili veflem pretendere thyt{o , Quis Le celati cum face vidit Amor ? Qui vit jamais Bacchus mettre fon shyrfe fous fa ro- be, ou Cupidon cacher fon flambeau ? On dit que Bacchus & fes compagnons porterent le s4yr/e dans leurs guerres des Indes pour tromper ces peuples, ui ne connoiïfloient pas les armes. Enfuite lufage s'établit de s’en fervir dans les fêtes de ce dieu.Phor- nutus prétend que le shyrfe appartient à Bacchus & aux bacchantes, parce que les grands buveurs ont befoin d’un bâton pour fe foutenir, lorfque le vin leur atroublé la tête. Cette origine du syrfe n’eftpas fort ingénieufe ; il vaut encore mieux s’en tenir à la premiere; les poëtes n’ont pas voulu voir le yrfe ftérile entre les mains des bacchantes. Ils ont afluré qu’en frappant la terre de leur skyrfe, il en jaillifloit fur le champ, tantôt une fource d’eau vive, ét tan- tôt une fontaine de vin. ( D. J. ) THYRSE, ( Cririq. facrée. ) bâton entouré de feuil- lages, que les Juifs portoient en réjouiflance pendant la fête destabernacles, pour rendre graces à Dieu de la prife de Jérufalem par Macchabée. Enfuite ils 6r- donnérent unanimement qu’à l'avenir toute la nation célébrât chaque année la même fête , en portant des rhyrfes & des rameaux de palmes vertes devant lE- ternel aui leur avoit accordé la faveur inefpérée de pouvoir purifier {on temple. 11. Macch. x. 7.( D. J.) THYSSAGETES, ( Géog. anc. ) peuples qui ha- bitoient près des Paius Méotides , felon Hérodote, L. IP; 7, 32, Ïs étoïent voifins des Jircæ. Pompos mius Méla, Z. I. c.xix. écrit Thyfugete, & Pline, L IP, 6. xij, Thuffagete. ( D. J.) | THYSSELINÜUM , £ m. ( Aiff. rar. Bot. \génre de plante qui ne differe de celui du perfil de montagné qu’en ce que Les efpéces qui le compofent, rendent un fuc laiteux. Voyez PERSIL DE MONTAGNE, Tour- nefort, ën/£. rei herb. Voyez PLANTE. Tournefort ne compte que deux efpeces de ce genre de plante umbélitere ; la premiere, shyffelinum Pl, 1, R. H. 319 , s'appelle aflez bieñ en anglois the milky parfley. | Sa racine eft vivace, rougé-brune empreinte d’un fuc laiteux, d’un goût âcre & defagréable ; elle pouffe une tige à la hauteur de trois ou quatre piés, canne- lée & creufe en-dedans ; fes feuilles font férulacées, C’eità-dire , reflemblantes à celles de la férule, em- preintes comme la racine d’un fuc laïteux mêlé d’4- cre 6z d’amer. Les fommités des rameaux foutiennent des parafols garnis de petites fleurs à cinq feuilles dun blanc jaunâtre , difpofées en rofe avec autant d’étamines capillaires à fommets arrondis; à cesfleurs fuccedent des femences jointes deux-à-deux, ovales, larges , applaties , rayées fur le dos ; cette plante croît le long des étangs & des ruifleaux, dans les prés bas &z aquatiques , &c aux lieux humides ; elle fleurit en Juin & Juillet, & fes femences font mûres au commencement de l'automne. (D.J.) THYSSUS , ( Géog. anc. ) ville de la Macédoine ; fur le mont Athos, felon Pline & Thucydide: (D. 7j TI TIALQUE , TIARLCK ox TIARLEC, £. m: ( Marine. ) forte de bâtiment qui a une petite four che, un grand balefton, un pont très-bas autour du- quel il y a des courcives, deux petits blocs au bor: dage vers l’avant, pour y lancer des manœuvres, & trois ou quatre défenfes de deux piés de long, qui pendent à des cordes aux deux côtés de l'avant. TIANCO , f. m.( Hifi. nat, Botan.) fruit des Indes orientales dont on ne nous apprend rien, Minon que les habitans le pilent &t le prennent dans toutes for- tes de liqueurs pour Les moindres incommodites qu’ ils reflentent. TIANO , (Géog. mod.) enlatin Teanum, ancienne petite ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Labour, à quatre lieues au couchant de Capoue. Elle a des eaux minérales dans fon voïfina- ge. Long. 31. 45. latit, 41. 36. (D. I.) . TIARÆ , ( Géog. anc. ) lieu de l'ile de Lesbos ,au voifinage de la ville de Mytilène. Pline, Z ÆZX c. iij. dit que ce lieu produifoit une grande quantité de trufes, & Athénée remarque la même chofe. Je vou: drois bien favoir fi lestrufes de Lesbos étoient de la même nature que les nôtres ; on n’en trouve plus à préfent à Mytilène. Voyez le mot TRUFE. ( D.J. ) TIARE, ( Crüiq. facrée. ) ornement de tête des prêtres juifs, Exod, xxviiy, 40. Cet ornementcepen- dant ne confifioit qu’en une efpece de petite cou- rônne faite de byffe ou de fin lin, Exod, xxxix. 264 Mais le grand prêtre, outre cette fiare, en avoit une autre d’hyacinthe , entourée d’une triple couronne d’or, garnie fur le devant d’une lame d’or fur laquelle étoit gravé le nom Jéhova. ( D. J,) | TiARE , ( Littérar. ) couverture de tête en Orient. On appelle ainfi une efpece de bonnet rond ,-droit, ou en pointe recourbée, tel qu’on le voit fur les fi- eures d’Atis & de Mythras. Les #ures de plufieurs feigneuts particuliers étoient en cône courbée fur la pointe ,avec deux bandelettes que l’on attachoit fous le menton pour les tenir; la rare devint auf l’orne- ment de tête ordinaire aux prêtres de Cybele. Les rais de Perfe partojent leurs sz47es à pointes re &t les autres fouverains de l'Orient en portoient de différentes formes, Voyez TIARE, Are numifii, (2. J.) TIARE, ( Are numifin.) La tiare étoit d’un grand ufage parmi les Orientaux. Celles dont les particu-. liers fe fervoient, étoient ou rondes ou recourbées par-devant , ou femblables au bonnet phrygien; il ’étoit permis qu'aux fouverains de les porter droites ë&t élevées. Les rois de Perfe étoient fi jaloux de ce droit, qu'ils auroïent puni de mort ceux de leurs fu- jets qui auroient ofé fe lattribuer ; & l’on en faifoit tant de cas , que Demaratus le lacédémonien, après avoir donné un confeil fort utile à Xerxès , lui de- mandapour récompen{e de pouvoir fire une entrée publique dans la ville de Sardes avec la rire droite furlatète. Les médailles nous repréfentent ces différentes fortes de siares. On y voit que celles des rois d’Ar- ménie {e terminoient par une efpece de cercle fur- monté de plufieurs pointes ; on y diftingue commu nément celles des rois parthes de celles des rois de l’Ofrhoëne , par les divers ornemens dont les unes & les autres font chargées; enfin la médaille de Xercès fait préfumer que les tares des rois d’Arfamo- fate étoient fort pointues. Ces remarques toutes fri- voles qu'elles paroïflent, ont cependant un objet utile , purfqu’on peut en conclure 1°. que tout prin- ce qui a pris la sare fur fes médailles , a dû regner en ‘Orient ; 2°, qu’en obfervant avec attention la forme de fa £'are, on connoïtra äà-peu-près l'endroit où il a regné, (D. J.) | TrARE DU PAPE, (A1, des papes.) ornement awa pris le pontife de Rome pour marquer fa dignité ; cet ornement eft fi fuperbe , qu’on a lieu de juger qu'il ne le tient pas de S. Pierre ; en effet c’eft une ef- pece de grand bonnet, autour duquel il y a trois couronnes d’or qui font les unes fur les autres en forme de cercle, toutes éclatantes de pierreries, & ornées d’un globe avec une croix fur le haut de ce globe , & un pendant à chaque côté de la iare. Il eft vrai néanmoins que la siare papale n’étoit d’abord qu’un bonnet rond, entouré d’une fimple couronne ; mais Boniface VIIL. trouvant ce bonnet trop fimple, l’embellit d'une feconde couronne, pour indiquer qu'il avoit droit fur le temporel des rois ; enfin Benoit XII. mit la troifieme couronnes & cette triple couronne peut fignifier tout ce qu’on voudra ; pour moi je crois qu’elle défigne l’églife d'Italie qui eft triomphante, militante & {ouffrante, TIARIULIA, ( Géog. anc.) ville de l'Efpagne tarragonotfe fituée dans les terres, au pays des Iler- Caons, fuivant Ptolomée, Z. IT, c, y. le nom moder- ne eft , à ce qu'on prétend , Terzel. ( D. J. TTASUM , ( Geogr. anc.) ville de la Dace ; Pto- lomée, Z, IL c. vi. la marque au voifinage de Nétin- dana & de Zeugma ; le nom moderne eft Diod, {e- on Lazius. ( D. J.) | TIBALANG, f. m. (Æif. mod. fuperfiir. ) nom que les anciens habitans idolâtres des Philippines donnoient à des fantômes qu'ils croyoient voit fur le fommer des arbres. Ils fe les repréfentoient com- me d’une taille gigantefque, avec de longs cheveux, de petits piés, des aïles étendues ; & le Corps peint. Ils prétendoient connoître leur arrivée par lodorat, & ils avoient l’imagination fi forte, qu’ils affüroient les voir. Quoique cesinfulaires reconnuflentun Dieu fuprème qu'ils nommoient Barkala-may-capal , où dieu fabricateur ; ils adoroient des animaux , des oi- feaux , le foleil & la lune, des rochers , dés rivie- res, c. Ils avoient fur-tout une profonde vénéra- tion pour les vieux arbres; c’étoit un facrilége de le couper , parce qu’ils étoient le féjour ordinaire des Tibalangs. TIBARENIENS , LES > À Géog, anc. ) Tibareni, Tome XVI, TIB 313 peuples d’Afie, fur le Pont-Euxin , aux environs de la Cappadocé. Pomponius Méla, Z. Z, c. ix. Stéabon, l, AIT, p, 548. &t Pline, Z, WI, c. iv. en font men- tion ; ils font appellés Tibrani par Euftathe ; la con: trée qu'ils habitoient , eff nommée Tiéarania où Ti: barenta, pat Etienne le géographe; c’eft d’eux dont parle Diodore de Sicile, Z. XI. {ous le nom de Ti: baris tribus. De. Ces peuplés méttoient ainfi que les Chalibes, le fouverain bien à jouer &c à rire, cui in vifu lufuque , J'emmum bonum ef, dit Pomponus Méla,z. Lc.xix, De plus, dès que leurs femmes étoient délivrées du mal d'enfant, 1ls fe mettoient au lit pour elles, & en re- cevoient tous les fervices qu’on rendoit ailleurs à des accouchées; ils en ufoient peut-être ainf par cet ef- prit de plaifanterie qui les portoit à {e divertir de tout. Quoi qu'il en foit, divers auteurs, Apollonius, Valerius Flaccus, & lhiftorien Nymphodore, leur attribuent cette coutume. Diodore de Sicile, Z PF, é. xiv. dit que la même chofe avoit lieu dans l’île de Corfe. M. Colomiés nous aflure que Le mêrhe ufage {e pratiquoit autrefois chez les Béarnois, & qu’ils le tenoient des Efpagnols. Théodoret obferve une cho- fe plus férieufe , c'eft que les Tibaréniens ayant reçu l'Evangile, abrogerent la cruelle loi qui régnoit chez eux , & qui ordonnoit de précipiter les vieilles gens: (D. J.) TIBERE , MARBRE DE, ( Æ/£. nas. ) marmor Tibe: rium ; es Romains appelloient ainfi un marbre verd rempli de veines blanches, qui fe tiroit d'Egypte; ils l'appelloient auf z2armor Augujfum. Pline nous dit qu'Augufte &c Tibere furent les premiers qui en fi- rent venir à Rome; 1l paroît que ce marbre eft le même que celui que nous connoiffons fous le nom de verd antique, ou de verd d'Epypie. TIBERIACUM , ( Géog. anc.) Ville de la bafe Germanie , felon l'itinéraire d’Antonin, qui la mar- que fur laroute de Colonia-Trajana,à Colonia Agrip- pina, entre Juliacum, & Colonia-Aprippina , à huit milles de la premiere de ces villes, &z à dix de lafe- coude, C’eft aujourd’hui Bertheïm, qui conferve en quelque forte fon ancien nom, dont ila perdu la pres miere fyllabe. ( D. J. l TIBÉRIADE, EAUX DE , ( Miff. nar. Eaux minér.) fource d'eaux chaudes qui font près de Tibériade en Egypte ; le doéteur Perry étant fur les lieux, a fait eh phÿficien quelques expériences fur ces eaux mi- nérales, pour en connoître la nature. Une demi= drachme d'huile de tartre verfée dans une once & demie de cette eau, elle eft devenuetrouble & bour: beufe ; au bout de douze heures , les trois quarts de cette eau parurent comme de la laine blanche, laifs fant feulement une petite quantité d’une eau lympide au fond du vaifleau. Cette fubftance laineufe de cou: leur blanche ayant été féchée , à donné uné fort pe- tite quantité d’ochre jaune, | Une drachme & demie d’efprit de vitriol ayant été jettée dans cette eau ; a produit beaucoup de 16: diment blanc 8 ondtueux. Une folution de fublimé ayant été verfée deflus l’eau à la même dofe d’une drachme & demie, l’eau eft devenue trouble, jau- nâtre, & a dépoié un peu de fédiment terreux ; 1l paroît de-là que cette eau contientun fel nitreux. Le fucre. de Saturne ayant été ajouté férnblablement à la dofe d’une drachme & demie , cette eau à dépoté un peu de fédiment de brique. Mêlée ävec de l'ef- prit de fel armoniac, elle fe change en une liqueur trouble , d’un verd bleuâtre , & dépofe enfin uni fé. diment cotonneux. Le fucre de violettes la changé en couleur jaunâtre ; les rapures de noix de alle, la Changent eñ un pourpre foncé, & en fecouant la bouteille , elle devient auffinoire que de l'encre. Il réfulte de ces expériences, que l’eau minérale de Tibériade contient une aflez grande quantité de {| à R £ 314 TIB groffier, vitriolique fixe, du fel nitreux , ou natron, ê&c un peu d’alun. Elle eft trop falée & nauféabonde pour en boire ; mais elle doit être utile en forme de bain dans toutes les maladies cutanées, & en parti- culier dans les cas de lepre; car elle eft propre à déterger puiflamment, nettoyer les pores excrétoi- res; &c elle peut par fon poids &r fon aétron fhmulan- te, rétablir les folides en général dans leur état & eur ton naturel. Philo/. Tranfaë. n°. 462. (D. J.) TiBÉRIADES, ( Mychol, ) ou les nymphes qui ha- bitoient les bords du Tibre; les poëtes latins invo- quoient quelquefois ces nymphes, qui n’exifterent que dans leurs écrits; mais les grecs en avoient for- gé bien d’autres. ( D. J.) TiBÉRIADE , ( Géog. anc. ) ville de la Galilée, à l'extrémité méridionale du lac de Généfareth , qu’on appelloit aufli mer de Tibériade äe fon nom. Jofephe nous apprend. que cette ville fut bâtie en l’honneur de Tibere , par Hérode Agrippa , Tétrarque de Ga- lilée. 11 en jetta les fondemens lan 17 de lére chre- tienne, & en fit la dédicace dix ans aprés ; elle avoit dans fes environs des bains d’eau chaude qui y atti- roient des malades. Ce font les eaux d'Emaus, dont parle Micéphore & Sozomene; car on n’en trouve point à l’Emaus où notre Seigneur fut invité par deux de fes difciples le lendemain de fa réfurreétion. Vefpañen ayant pris Trbériade , fe contenta d’a- battre une partie de fes murailles par confidération pour Agrippa à qui elle appartenoit. Après la ruine de Jérufalem, quelques favans juifs s’y retirerent, & y jetterent les fondemens d’une efpece d'école, qui devint célebre dans la fuite ; c’eft de cette école que fortirent la Mifma , & l'ouvrage des Mafloretes. Les Chrétiens fous Godefroi de Bouillon , s’emparerent de Tibériade , mais ils ne la garderent pas long-tems, Il n’y a plus aujourd’hui dans cet endroit qu’une ef- pece de fort appartenant aux Turcs, & plufieurs palmiers; tout ne préfente que ruine & deftruétion. Cette ville a été la patrie de Jufte de Tibériade en Pa- leftine , contemporain de l’hiftorien Jofephe dont il n’étoit pas ami; 1l avoit fait une chronique des rois des Juifs ; mais cet ouvrage eft perdu. ( 2. J.) TIBERINA-CASTRA , ( Geog. anc. ) üeu de la * Vindélicie : Lazius dit que c’eft aujourd’hui le villa- ge de Peringen, au voifinage de Dingelfing, dans la baffe Baviere. (D. J.) TIBERINA-INSULA , ( Géogr. anc. ) ile du Ti- bre, dans la ville de Rome . felon Vitruve ; Suétone la nomme le d’Efculape; &, felon Plutarque, on l’appelloit à Rome le facrée, &c l'Île des deux ponts. Voici de quelle maniere il rapporte l’origine du premier de ces noms. Parmi les biens des Tarquins, 1l fe trouvoit une piece de terre dans le plus bel endroit du champ de Mars ; on la confacra à ce dieu , dont on lui donna le nom ; les blés ne venotent que d’être coupés, & les gerbes y étoient encore. On ne crut pas qu'il fût permis d’en profiter, à caufe de la confécration qu’on. venoit d’en faire ; mais on prit les serbes, & on les jetta dans le Tibre avec tous les arbres que l’on cou- pa, laiffant au dieu le terrein tout aud, & fans fruit. Les eaux étoient alors fort bafles , en forte que ces matieres n’étant pas portées loïn par le fil de l’eau, elles s’arrêterent à un endroit découvert; les pre- mieres arrétoient les autres, qui ne trouvant point ‘de paflage, fe lierent fi bien avec elles, qu’elles ne firent qu’un même corps, qui prit racine. L'eau cou- lante fervit encore à l’affermir, parce qu’elle y char- rioit quantité de limon, qui en groflffant la mañle, contribuoit à la lier &r à [a reflerrer. La folidité de ce premier amas, le rendit encore plus grand ; car le Tibre ne pouvoit prefque plus rien amener qui ne s’y arrétat ; de mamiere qu'’enfin, il fe forma une ile que les Romains appellerent l’#e /a- TIB crée, à Caufe de divers temples qu’on y avoit élévés en l'honneur des dieux : on l’appelle en latin, ajoute Plutarque , lie des deux Ponts. Il y a pourtant des écrivains qui prétendent que cela arriva que plufeurs fiecles après Tarquin; lorfque la veitäile Tarquinie eut fait au dieu. Mars la confécration d’un champ qu’elle poffédoit, & qui fe trouvoit voifin de celui de l’ancien roi de Rome, dont elle portoit le nom. (D. J. TIBERINUS , 1. m. (Mycholog.) fils de Capetus, evint roi d’Albe, fe noya dans le Tibre, & fut mis par Romulus au nombre des dieux; on le regardoit comme le génie qui préfidoit au fleuve dans lequel il fe noya. (D.J.) TIBERIOPOLIS, ( Géog. anc.) c’eft, 1°. une ville de la grande Phryoie, felon Ptolomée, Zy, F7 c. . Sophien l’appelle Srromizz ; 2°. c’eft une ville de la Bulgarie , fur le bord du Pont-Euxin. Leunclavius dit, que le nom moderne eft Varna. (D.J.) | TIBET ou THIBET , (Géog. mod.) vafte pays d’A. fie, qui nous eft très-peu connu; onle divife en deux parties, dont l’une s’appelle le petit, & lautre le grand Tiber. Le petis Tiber eft à peu de journées de Cafchemire: il s'étend du feptentrion vers le couchant, & s’ap- pelle Ba/iffan. Ses habitans & les princes qui le sou vernent font mahométans , & tributaires du Mosol, Le grand Tibet qu'on nomme aufi Bouran, s'éterd du feptentrion vers le levant, & commence au haut d’une affreufe montagne, nommée KanieZ, toute cou- verte de neige; cependant la route ef affez fréquen- tée par les Caravanes qui y vont tous les ans cher- cher des laines. Son chef-lieu nommé Ladak, où réfide Le roi, n’eft qu’une fortereffe, fituée entre deux montagnes. Dans ces provinces montueufes, tout le trafic fe fait par l'échange des denrées. Les premiez res peuplades qu’on rencontre, font mahométannes; les autres font habitées par des payens, mais moins fuperflitieux qu'on ne left dans plufieurs contrées idolâtres. Les religieux des Tibétins fe nomment Zemes. Ils font vêtus d’un habit particulier , différent de ceux que portent les perfonnes du fecle ; ils ne treffent point leurs cheveux, & ne portent point de pendans d'oreilles comme les autres ; mais ils ont une boufa- ne, & ils font obligés à garder un célibat perpétuel. Leur emploi eft d'étudier les livres de la loi, qui font écrits en une langue & en des caraéteres diffé- rens de la langue ordinaire. Ils récitent certaines prieres en maniere de chœur; ce font eux qui font les cérémonies, qui préfentent les ofrandes dans le temple , & qui y entretiennent des lampes allumées. Ils offrent à Dieu , du blé, de l'orge, de la pâte & de l’eau dans de petits vafes fort propres. Les lamas font dans une grande vénération ; ils vivent d'ordinaire en communauté , ils ont des fupé- rieurs locaux , & outre cela un pontife général, que le roi même traite avec beaucoup de refpe&, Ce grand pontife qu’on nomme dalaï-lzma, Habite La- fa, qui eft le plus beau des pagodes qu'aient les T- bétins ; c’eft dans ce pagode bâti fur la montagne de Poutala, que le grand lama reçoit les adorations non- feulément des gens du pays, mais d’une partie de l’indouftan. Le climat du grand &z du petit Tibes eft fort rude, & la cime des montagnes toujours couverte de ner- ge. La terre ne produit que du blé & de l'orge. Les habitans n’ufent que des étoffes de laine pour leurs vêtemens ; leurs maïfons font petites, étroites, & faites fans art. ; NY Il y a encore un troifieme pays du nom de Tiber} dont la capitale fe nomme Rafla ; ce troifieme Tikes n'eft pas fort éloigné de la Chine, & fe trouve plus FC BT expofé que les deux autres aux incurfions des Tarta® res qui font lhimitrophes. (D. J.) | TIBIA, £m.tez Anatomie, éft un des deux-os de la jambe, fitué entre le genou & [a cheville du pié Poyez PiË, à Le sibja eft femblable à une ancienne efpece de ft te, d’oùeft venu fon nom latin 4ibia. | Le s#b1a eff le plus interne & le plus gros des oë de la jambe. Voyez PI, Anar (Ofléol. ). Foyez Parti- ele Os. : TON SAT, : Le sbia eft d’une fubftance dure & ferme dans fa partie moyenne & fpongieufe dans fes extrémités : il a dans fon milieu une affez grande cavité qui fert à contenir la moëlle. Voyez MOELLE, I eft prefque triangulaire dans fa longueur ; fon angle antérieur qui eft aiou fe nomme crée, À fon extrémité fupérieure , il a deux grandes cavités Où finus, qui font revêtues, tapiflées, d’un cartilage pol nomme à caufe de fa figure , cartilage femi-lunäire: Ce cartilage fe trouve entré les extrémités des deux o$, & devient fort mince à fon bord; il fert à faci- literle petit mouvement latéral du génou, ayant le même ufage que celui qui eft dans l'articulation de la mâchoire inférieure, Les deux finus dont nous avons parlé, recoivent les deux éminences du fémur où os de la cuifle 5 & l’éminence qui eft entre ces deux finus, eft reçue dans le finus qui fépare les deux éminences du fémur. Voyez FÉMUR. En pliant le genou lorfque nous marchons, nous portons en droite ligne la jambe en-devant; ce que dous d'aurions ph faire fans l'articulation du genou ; mais femblables à ceux qui ont le malheur d’avoir une jambe debois, nous euflions-été obligés d’avan- cer le pié en demi-cercle, même en marchant dans la plaine , & beaucoup plus en montant. : À lafaceexterne de l’extrémité fupérieure du 452, fe voitune petite éminence qui eft recue dans une pe- tite cavité du péroné ; &à la partieantérieuré, un peu au-deflous de la rotule, il y a une autre éminence, où s’inferent les tendons des mufcles extenfeurs de la jambe. | L'extrémité inférieure du 452 , qui eft beaucoup plus petite que la fupérieure, à une apophyfe confi- dérable, qui forme la malleole interne ; &'une aflez grande cavité qui eft partagée dans fon milieu par une petite éminence. La cavité ou finus reçoit la par- tie convexe de l’aftragale ; & l’éminence eft reçue dans l’enfoncement {ur la partie latérale interne du même os. On voit à la face externe de l'extrémité inférieure du #b/a une autre cavité fuperfcielle qui reçoit le péroné. M. Chefelden rapporte Pexemple d’un enfant de fept ans, qui avoit les deux épiphyfes de l'extrémité fupérieure du #64 tellement éloignées l’une de l’au- tre, que la moitié feulement de chaque sfia étoit jointe à chaque moitié d’épiphyfe; ce qui Jui Gtoit entierement l’ufage de fes jambes. Cet accident ctoit arrivé par la faute de la nourrice , qui lotfque l'enfant étoit fort petit , le foutenoit par les talons & le dos fur la chaife percée; ce qui n’eft que trop ordinaire aux nourrices, comme le remarque le même M. Chefelden. | Le #b1a a un contour particulier qui échappe quel- quefois aux yeux des Anatomiftes , & dont l'igno- rance peut faire grand tort dans le panfement des fraêtures de cet os; on fait qu'il eft large en-haut & en-bas , mais on ne prend pas toujours garde que ces deux largeurs ne font pas dans le plan, comme il pa- roît d’abord; car la malléole interne eft un peu tour- née en devant, & l’enfoncement oppofé qui fert à recevoir extrémité inférieure du péroné ou malleo- le externe, eftun peu tournée en arriere; cette frac- ture paroîtra encore mieux dans un sibie couché fur Tome XVI, TD. 95 ün plan égal; alors on verra Que le plus prand dia metre de la tête du tibia fera parallele À ceplan, & éelui de la bafe fera DOTE lé fens.que je viens de marquer ; à fuit de-lÀ,, ‘que le pié fe tourne natu- rellement en-dehôrs (DJS Pos .TIBIT, (Géog. anc.) peuples d’Afie ) AUX Environs de la grande Arménie, felon Ottélius y qui cite Ce- drene & Curopalate, & ajoute que leur métropolé fe nommoit Tibium Galien, Z 1. Ineth, medendi, fai aufh mention de ces peñples. (D. J,) TIBIR , fm. rermé de relarion : nom que l’on donne à lapoudred’cren plufiéurs endroits des côtes d'Afi que. se MF LIBISCA , ( Géog. anc.) ville de la bafle Mæfe n felon Ptolorée , 2. 11. 4. x\ lé nom moderne eff So- piia, à ce que dit Nigér. à + TTBISCUS, ( Géogr.anc. ) fleuve de la Dace, {e- lon Prolomée, 2. LIL. c, y. Phne, 2 IP, c. x. Pap- pelle Parhiffus ; il a fa fourée dans les monts Crapac, & fon embouchure dans le Danube , un peu au-def. fous de celle de la Save Le nom modernceft Theife, C2, Mn) TIBOSE , f. f. (Moñnoie du Mogol.) c’eft une des roupies qui a cours dans les états du grand-mogol, Elle vaut le double de la roupie gafana qui vaut cin= quante fo!s de France, less: TIBRE ,(Monim. Médailles.) ée fleuve quibaigné les murs de Rome, fe trouve perfonnifié fur Les mo- numens & les médailles fous la figure d’un vieillard couronné de laurier , à demi-couché; äl tient une corne d’abondance, & s'appuie fur une louve ; aus près de laquelle font deux petits enfans ; Rémus & Romulus. C’eft ainf qu’on le voit tepréfenté dans ce beau grouppe en marbre, aui eft au jardin des Tui- leries, copié fur l'antique à Rome. (D.J.) TiBRE, (Mychol.) fi le fleuve Inachus ; l'Eurotas & l’Alphée ont été célebrés par les Grecs » les Ro- mains ne folemniferent pas le Tibre avec moins de vénération, Virgile ne le nomme jamais fans quelque épithète magnifique ; fes eaux font chéries du cel , cælo gratiffimus amnis. Dans quelle majefté ce prince des poëtes ne fait-il pas apparoître en fonge le dieu du Tibre à Enée , fouverain maître du lieu où ce hé= ros repoloit, &t aufli verfé que Jupiter même dans la connoiffance de l'avenir, 1l lui annonce la gran- deur de fes deftinées, & l’inftruit de ce qu'il doit fairé pour s’en rendre digne : Huic deus ipfe loci favio Tiberinus ameno Populeas inter fenior fe attollere frondes Pifus : cum tenuis glaico velabat amiétu Carbafus, & crines umbrofa tegebat arundo, Æneïd. 1. VIIL. v. 64 « Alors le dieu du Tifre fous la figure d’un vieil: » lard , lui fembla à-travers les peupliers, fortir de » fon lit, les épaules couvertes d’un voile bleu de » toile fine, & la tête chargée de rofeaux, Enée fe tournant vers l’orient, felon Pufage chfervé dans l’invocation des dieux céleftes , prend de l’eau du Tibre dans fes mains (autre pratique ufitée dans l'invocation des fleuves), & adreflant fa priere au dieu duTibre, comme à la divinité tutélaire du pays, il exalte la fainteté de fes eaux, & l'honore du titre fuperbe de waftre de ? Iralie ; il implore fa protec- tion, & jure de ne jamais cefler de lui rendre fes hom: mages. Tuque, 6 Tibri ,tuque 6 genitor cum fluminé fando Accipire Æneam , C tandem arcete periclis. Semper honore meo , fèmper celebrabere donis : Corniger Hefperidum, fluvinus regnator ajuarum ; Adfis , Gtandem, € propins tua flumina firmes. Æneid. 1. VIIL, v. 72. & Dieu du Trére, s’écria-t-il, recevez Enée fur vos » eaux, & parantiflez le des périls qui le menacent, Rr i sp TIB » Fleuve facté, puifque tu es touché de nos maux, de » quelque terte.que tu fottes., & quelle que {oit ra » fource, je te rendrai toujours mes hommages. O » fleuve, roi des fleuves de PHefpérie , fois-moi pro- # pite , & que ton prompt fecours juftifie ta divine # promefle. p | Que ne peut point un poëte ? Il ennobht tout. Le Tibre, ce ruifleau bourbeux, peint par Virgile de- vient Je premier fleuve du monde. Voilà l’art magi- que des Hoies degénie. (D.J.) Tigre, Le, (Géog.mod.) en italien Teyere., en la- tin Tiberis , auparavant Tybris, & premierement 4/- bula ; c’eft Pline qui le dit, Z. ZIT. ce. v. Tiberis antea Tibris,.appellatus, 6: pris Albula , tenuis primorè me- dié longitudine Apennini, finibus Arelluorum profluir, guamlbet magnarum navium ex [ralo mari capax, re- rum in toto orbe nafcentium mercator placidiffimus. Mais Virgile a cru devoir relever davantage la gloire du Tibre, Æneid. L. VIII. v. 330. Tum reges | afperque immant corpore Tibris A quo pof? Lrali fluvium cognomine Tibrim. Diximus : amifit verum vertus Albula nomen. « Tibris, guerrier d’une taille énorme, conquit #le Latium, &c Les Latins donnerent fon nom à ce » fleuve , qui portoit auparavant celui d'Albula ». Selon les hiftoriens, ce fut le roi Tiberinus qui en réalité donna fon nom au Tibre; mais un grand poëte devoit lui-même donner une étymologie plus an- cienne , & même fabuleufe. Ce fleuve prend fa fource dans l’Apennin , aflez près des confins de la Romagne ; 1l n’eft qu'un petit ruifleau vers fa fource , mais il reçoit plufieurs ruif- feaux & rivieres, avant de fe rendre à Offie. Les villes qu’il arrofe font Borgo, Citta di Caftello, To- di, Rome & Ofhie. En fe jettant dans la mer il fe partage en deux bras, dont celui qui eft à la droite s'appelle Fiumechino, & celui qui eft à la gauche, conferve le nom de Tibre ou Tevere. Ce dernier bras étoit l'unique bouche par laquelle ce fleuve fe déchar- geoit autrefois dans la mer, & c’eft ce qui avoit fait donner à la ville qui étoit fur fon bord oriental , le nom d'Offia, comme étant la porte par laquelle le Tibre entroit dans la Méditerranée ; fon embou- chute eft aujourd’hui entre Oftie & Porto. Virgile donne à ce fleuve l'épithete de Lydius, Æneid. 2. I. y. 781. parce que le pays d'Etrurie où il coule , étoit peuplé d’une colonie de Lydiens ; ce meft plus le tems où Lucain pourroit dire de ce fleuve. Le Tibre a fous fes lois & le Nil 6 lIbere, Voir l'Euphrate foumis | & le Rhein tributaire. Il na pas dans Rome trois cens piés de Ge Augufte le ft nettoyer, & lélargit un peu, afin de faciliter fon cours; il fit auf fortifier fes bords par de bonnes murailles de maçonnerie. D’autres empe- reurs ont fait enfuite leurs efforts pour empêcher le ravage de fes inondations ; mais prefque tous leurs {oins ont été inutiles. . Le firocco-levante, qui eft le fud-eft de la Médi- terranée, & qu'on appelle en Italie le vezt-marin, fouflle quelquefois avec une telle violence , qu’il ar- rête les eaux du Tibre à l'endroit de fon embouchure; &t quand il arrive alors que les neiges de l’'Apennin viennent à groffir les torrens qui tomhent dans le T5- bre, ou qu'une pluie de quelques jours produit le même PA la rencontre de ces divers accidens, fait néceflairement enfler cette riviere, &c caufe des inondations qui font le fléau de Rome , comme les embrafemens du Véfuve font le fléau de Naples. "Le Tibre fi chanté par les poëtes , n’eft bon à rien, & n’eft redevable de l'honneur qu’il a d’être fi con- nu qu'à la poéfie, & à la réputation de, la célebre ville qu'il arrofe; les grands fleuves ont eu raïfon de TIR la traiter de ruifeau bourbeux ; fon eau eft prefque toujours chargée d’un limon qu'on aflure être d’une qualité pernicieufe ; les poiffons même du Tibre ne font ni fains, ni de bon goût. Auff del tout tems Rome payenne & chrétienne s’eft donnée des foins infinis pour fe procurer de l’autre eau, & avoir ua grand nombre de fontaines pour fuppléer à la mau- vaife eau du Tibre, (D. J.) TIBULA , (Géog. anc. ) ville de l’île de Sardai- gne. Elle eft marquée par Ptolomée, Z. ZIL. c. à. fur la côte feptentrionale de l’île entre Juliola civitas & Turris Biffonis civiras. L'itinéraire d’Antonin qui écrit Tibulæ lui donne un port, d’où il commence trois de fes routes. Cette ville étoit apparemmentla capitale-des peuples Tibzlarii, qui habitoient , {elon Ptolomée, dans la partie la plus feptentrionale de l'ile. (D. J.) TIBUR , ( Géog. ane. ) en grec TiGoupre 5) ville d'I- talie, dans le Latium, à 16 milles de Rome , & biem plus ancienne que Rome. Elle fut bâtie fur le fleuve Aniénus,aujourd’hui T'évéronne,:5s 13 ans avant J. C. ou. par les Aborigenes, Selon Denys d'Halycarnafle, L, I, c.. xy7. ou par une troupe de Grecs qui étoiént venus du Péloponnèfe, felon quantité d'auteurs, qui s’accordent fur l’origine grecque de cette ville. Ho- race dit, ode vy. L. I. Tibur Argeo pofita colono , Sit mec fedes utinam feneëte ! » Veuillent les dieux ,que Tibur , cette belle co- » lonie d’Argos, foit le féjour de ma viellieffe».Ovide n’en parle pas moins clairement , Zy. IV. Faflorum , V. 7l Jam mania Tiburis tdi Strabant Aroolice quæ pofuere manus. Enfin Strabon, 2. W. p. 173. Martial, égigr. 47. 1. IF, & Artémidore cité par Etienne de Byzance , tiennent pour la même opinion. Tibur, aujourd’hui Tivoli, fut bâtie par un grec nommé Tibur où Tiburnus ; qui avec fes deux freres Catillus & Coras, mena-là une colonie. Virgile le dit dans fon Enéide, Z. VAT. y. Gzo. Tum gemini fratres , Tiburnia menia linquunt , Fratris Tiburti dicfam de nomine gentem , Catilufque ; acerque Coras, Argiva juventus. « Alors les deux freres Catilus &c Coras fortis de la » ville d’Argos, quitterent les murailles, 8 le peuple » qui portoit le nom de leur frere Tibur. | Cette ville étoit déjà bien floriffante lorfqu'Enée débarqua en Italie. Virgile, Z, VII. v. 629. lacompte parmi les grandes villes qui s’armerent contre les Troiens. Quinque adeo magnæ, pofitis incudibus , wrbes, Tela novant, Atina potens, Tiburque fuperbum, Ardea, Cruflumerique, 6 turrigere Antemne. L’hiftoire nous apprend qu’elle réfifta vigoureufe- ment & aflez long-tems aux armes romaines , avant que de fubir le joug de cette viétorieufe république. Elle y fut enfin contrainte l’an de Rome 403 ; mais comme elle avoit de la grandeur d’ame, elle reprocha une fois fi fierement aux Romains Les fervices qu’elle leur avoit rendus, que fes députés remporterent pour toute réponfe , vous êtes des fuperbes, féperbi effis : & voilà pourquoi Virgile dit dans les vers que nous venons de citer, Tiburque fuperburm. Cette ville eut une dévotion particuliere pour Hercule , & lu fit bâtir un temple magnifique. Stace, fly. j. 1. TL. a placé Tibur au nombre des quatre vik les où Hercule étoit principalement honoré ; ce font, dit-il, Némée, Arsos, Tibur & Gadés. Nec mihi plus Nemer | prifcumgue habitabitur Arges, Mec Tiburna domus; /&//que cubilia Gares ; C’eft pour cela que Tiéar fut furnommée Hercz leum où Herculea, ville d'Hercule, Properce, Z. 11 leg, 23.1e dit : 0 Cur ve te in Herculeum deportant effeda Tibur à On apprend auffi la même chofe dans ces deux vérs de SihusItalicus , À IF. Quofque fuo Herculeis taciturno flumine muris Porufera arva creant, Ahienicolæque Catilli, On voit en même tems ici , que Tibur portoit le nom de Casillus, & c’eft pour cela qu'Horace, ode sv. L À dit menia Casilli. Il yavoit dans le temple d'Hercule à Tibur ,juneaf fez belle bibliotheque , Aulugelle le dit, 4 XX. c. y. promit à bibliothecä Tiburti que tunc in. Hercu- lis remplofatis commodtinféruëla dibris erat , Ariflotelis hbrum. On juge bien que Tifzrhonoroit avec zèle fon fon: dateur le dieu Tiburnus. Il y'avoit un bois facre , le bois de Fiburne, autrement dit le bois d’Albunée , fi célebre dansiles poetes : voici ce qu’en dit Virgile: At rex follicitus monfiris oracula Fauni Faridici genisoris adit , lucofque fub altä Confulit Albuneä | remorumque maxima facro Fonte fonat, fevamaque exhalat opaca mephitin, Hinc Îtalæ gentes , omnifque Œnotria tellus In dubiis refponfa petunt. | #« Le toi inquiet fur ces événemens alla confulter w les oracles du dieu Faune fon pere. Il les rendoit >» dans le bois facré d’Albunée , & près de la fontaine » quiroulantfes eaux avec grand bruit, exhale d’hor- » ribles vapeurs. C’eft à cet oracle que les peuples » d'Itahe, &ctous les pays d'Œnotrie en particulier, » ont recours dans leurs doutes, Albunéé étoit tout enfemble le nom d’un bois d’u- ne fontaine , & d’une divinité de la montagne du Tibur, Cette divinité étoit la dixieme des fibyiles; on Phoneroit à Tibur comme une déefle, & l’on difoit que fon fimulacre avoit été trouve un livre à la main dans le goufre de l'Anio. A … Strabon parle des belles carrieres de Tibur, 8 ob- ferve qu’elles fournirent de quoi bâtir la plüpart des édifices de Rome. La dureté des pierres deices car- rieres étoit à l'épreuve des fardeaux & des injures de l'air , ce qui augmentoit leur prix & leur mérite. Pline, L XX XVL. c. vj. rapporte comme un bon mot ce qui fut dit par Cicéron aux habitans de Pile de Chios, qui lui montroient avec fafte les murs de leurs maïlons bâtis de marbre jafpé. Je les admire- rois davantage , leur dit Cicéron , fi vous les aviez bâti des pierres de Tibur. Cicéron vouloit leur dire: votre marbre ne vous coûte guere, vous le trouvez dans votre ile, ne vous glorifñiez donc pas de la fomp- tuofité de vos maïfons: vos richefles 8: vos dépen- fes paroïtroïent avec plus d'éclat, fi vous aviez fait venir de Tibur, le matériaux de vos édifices. Martial dit quelque part, que l’air de la montagne de Tibur avoit la vertu de conferver à l’ivoire fa blancheur & fon éclat, ou même de les réparer. Pli- ne & Properce difent la même chofe, & Silius Itali- cus, Liv. XIT. le dit auf. Quale micat femperque novum eft quod Tiburis aura Pajcit ebur. L'air de Tibur étoit fain & frais, les terres étoient arrofées d’une infinité de ruifleaux, &c très-propres à produire beaucoup de fruits. Il ne faut donc pas s'étonner que les Romains y aïent eu tant de mai- fons de campagne, tant de vergers, & tant d’autres commodités. Ausufte s’y retiroit de tems-en-tems. Ex feceffibus precipuè frequentavit maritima,infulafque TIB 317 Carpanie, aut proxima urbi oppida; Lanuvium y Pre. nefle, Tibur, 46 eriam in porticibus Herculis rempli, perfæpè jus dixit. l’empereur Adrien y bâtit un mas gnifique palais. Zénobie eut une retraite au voifis nage.Mankus Vopifeus y avoit une très-bellemaifon, décrite par Stace. Enfin C. Aromus fit des dépenfes énormes à élever dans Tibur un bâtiment qui effa= çoit le temple d'Hercule, Ædificator erat Cetronius, € modo curvo Liore Cajetæ, fumma nunc Tiburis arce, Nuns preneftinis in montibus | alta parabat Culnina villarum , Græcis longeque peritis Marrmoribus vincens Fortune , arque Herculis edert, Je ne veux pas oublier Horace qui avoit une mai- fon où il alloit très-fouvent, & qu'il fouhaitoit pour retraite fixe de fes derniers jours. Vxi ia plurimumn in feceffu ruris fui Sabini ant Tiburtini: domujqus ejus offendetur circa Tiburtint lucum, dit Suétone. Il ne faut donc pas s'étonner que ce poëte vante tant la beauté de Tibur, & qu’il préfere cette ville À toutes celles de la Grece, | Ne nec rar patiens Lacedæmon : Nec cam Lariffæ percuffit campus opimeæ, Quam domus Albuneæ refonantis, Et præceps Anio, 6 Tiburni veus, 6 nda Mobilibus pomaria rivis. « Je fuis enchanté des bocages de Tibur, & de » fes vergers couverts d'arbres fruitiers, & entre- » coupés de mille ruiffeaux diftribués avec art. J’ai- » me à entendre tantôt l’Albula rouler fes eaux avee » bruit du haut des montagnes ; tantôt le rapide » Anio fe précipiter au-travers des rochers. Non, » Lacédémone, fi recommandable par la patience » de fes habitans , & Larifle avec fes gras paturages, » n’ont rien à mOn gré qui approche de ce charmant » féjour ». Rien neft plus heureux que le mobilibus rivis d’Horace ; c’eft le duifile flumen.aquæ riguæ de Mar- tial, les petits ruifleaux que l’on mene où l’on veut pour arrofer les jardins & les vergers : pomaria font des vergérs de pommiers, La campagne de Tibur en étoit couverte comme la Normandie: de-là vient que Columelle dit en parlant : pormof£ Tiburis arva. Munatius Plancus ; dont nous connoiflons d’admi- rables lettres qu'il écrivoit à Cicéron, & qui joua un grand rôle dans les armées, ayoit aufli une fort belle maifon à Tibur ; Horace le dit dans la même ode +. + Seu te fulgentia fignis Caffra tenent , feu denfa tenebit Tiburis #mbra sui. Enfin les poêtes ne ceflent de faire l'éloge dés agré- mens deTibur. On connoiît les vers de Martial, épigr. lvij. Liv. V. fur la mort d’un homme qui avoit pü fauver fa vie en refpirant le bon air de cette ville. Cam Tiburtinus demner Curiatius auras Tntèr laudatas ad fhiga miffus aquas , Nulla fata loco poffis excludere : cum mors Venerit, in medio Tibure fardinia eff. Voici d’autres vers que le même auteur adrefle à Fauftinus qui jouifloit de la fraîcheur de ce lieu - [à pendant les chaleurs de la canicule. Herculeos colles gelidé vos vincite brumé, Naunc Tiburtinis /édise frigoribus. La Rome chrétienne n’a pas moins couru après les délices de Tivoli. Léandre Alberti rapporte que les prélats de cette cour alloient pañler tout l'été à la fraicheur de ce lieu-là. Foyez TivoLr. Mais qu'eft devenu le tombeau de l’orgueilleux | Pallas, qui étoit fur Le chemin de Tir, & dont Pl: _&t puis vous recommencerez à rire , # vous lifez ce 518 TIC né parle bien dans une de fes lettrés à Fontanus, ‘ Y der, &xix, div, VIT. | Vous ritez, lui dit-il, vous entrerez en Colere, que vous ne pourrez croire fans lavoir Iü. On voit fur lé grand chemin de Fibur, à un mille de la ville, ün tombeau de Pallas avec cette infcription : Pour récompenfer fon attachement 6 [a fidelité envers fes pa: trons , le fénat lui a décerné \les marques de diflinéion dont jouiffent les Préteurs,avec quinze millions de féflerces GE quinze cens mille livres de notre monnoie) il s’eff conterité du feul honneur. Je ne m'étonne pas ordinairement, continue Pli- ne, de ces-élévations où la fortune a fouvent plus de part que le mérite. Je l'avoue pourtant, J'ai fait ré= flexion combien 1l y avoit de momeries &c d’imper- tinences dans. ces infcriptions , que l’on proftitue quelquefois à des infames & à des malheureux. Quel cas doit-on faite des chofes qu’un miférable ofe ac- cepter, ofe refufer, & même fur lefquelles il ofe fe propofer à la poftérité pour un exemple de modé- ration? Mais pourquoi me fâcher? il vaut bien mieux rire, afin que ceux que le caprice de la for: tune éleve ainf ne s’applaudiffent pas d’être montés fort haut, lorfqu’élle n’a fait que les expofer à La tifée publique, ( Le chevalier DE JAUCOURT.) TIBURON. Voyez REQUIN. , Ses TIC, Li. ( Gram: ) gefte habituel & déplaifant : 1l fe dit au fimple &c au figuré. Il a le sic de remuer toujours les piés. Il veut faire des vers, c’eft fa ma- ladie, fon zic. Il n’y a peut - être perfonne qui, exa- miné de près, ne décelât quelque #c ridicule dans le corps ou dans Pefprit. Wafp a le iv de juger de tout fans avoir jamais rien appris. | Tic, (Maréchal, ) maladie des chevaux ou mau- “vaife habitude qu’ils ont d’appuyer les dents contre la mangeoire ou la longe du licou, comme s'ils les vouloient mordre, ce qu'ils ne font jamais qu'ils ne rottent. Un cheval sicqueur ou qui ticque, ou fujet au tic, fe remplit de vents, &t devient fujet aux tran- chées-: le sic eft fort incommode & fe communique dans une écurie. Il y a à cette incommodité plufieurs palliatifs qui ne durent que quelques jours, comme d’entourer le cou près de la tête d’une courroïe de cuir un peu ferrée, de garnir le bord de la mangeoire de lames de fer ou de cuivre, de frotter la mangeoire avec quelque herbe fort amere, ou avec de la fiente de vache ou de chien, ou avec de la peau de mouton; mais le meilleur & le plus efficace eft de donner l’a- voine dans un havrefac pendu à la tête du cheval, & de lui ôter fa mangeoire. TICAL, f. m. ( sonnoie. ) c’eft une monnoiïe d’ar- gent qui fe fabrique 8 qui a cours dans le royaume de Siam : elle pefe trois gros & vingt - trois grains. TICAO, ( Géog. mod.) île d'Afie, une des Phi- Hippines ; habitée par des Indiens, qui font la plüpart fauvages. Elle a huit lieues de tour, un bon port, de Peau, du bois en abondance, &c eft à 4 lieues de Burias. (D. J.) TICARIUS , ( Géog. anc.) fleuve de l'ile de Cor- fe. Ptolomée, Liv. III. ch. marque l'embouchure de Jur Louêt, er, c, Jom.4, (A) elisdur 93 TIERCE, Lf, (Théolog.) nom d’une des petites TRE 319 heures canoniales , compofée fuivant l’ufage préfent de Peglife romaine , du Deus in adjutorium , d'un hymne , de trois pfeaumes fous une feule antienne , d’un capitule avec fon répons bref, d'un verfet, &c d’une oraton. ; Des auteurs eccléfiaftiques très-anciens , tels que S. Bafle dans fes grandes regles , quafl. 37. & l’au. teur des conftitutions apoñtoliques, 2, VIII, c.xxxiv, atteftent que de leur tems, rierce faifoit partie de la priere publique : on la nommoit ain ta, parce qu'on la faifoit à la troifieme heure du jour , felon la maniere de compter des anciens , laquelle répondoit à neuf heures du matin ; & cela en mémoire de ce qu'à cette heure le S. Efprit étoit defcendu fur les apôtres. C’eft la raifon qu’en donne $. Bañle. L’au- teur des confitutions apoftoliques dit que c’étoit en mémoire de la fentence de mort prononcée par Pilate à pareïile heure, contre Jefus-Chrift. C’eft aufi ce que dit la glofe das caufam tertia mortis : on ne fait pas précifément de quelles prieres, ni de quelnombre de pfeaumes l'heure de erce étoit compolée dans les premiers tems ; mais On conjetture qu'il n’y avoit que trois pleaumes, parce que , dit Cañffien, cha: que heure canoniale étoit compofée de trois pfeau- ines avec les prieres; Bingham prétend, mais fans al. léguer aucune autorité, qu’on ne récitoit point sierce les jours de dimanche & de fête, parce que c’étoit à cette heure que commencoit la célébration de l’eu- charifie : comme fi l’on n’eût pas puanticiper sierce, Ou du moins en chanter les pfeaumes tandis que le peuple s’aflembloit. Voyez Bingham , orig. ecclef. 4. P l, XIII, c.1x. . 2. | TiercE, fevre , ( Médec.) fievre qui revient tous les deux jours, accompagnée de froid & de friflon, d’un pouls prompt & fréquent, que fuit une chaleur incommode & brulante ; c’eft l’efpece de fievre la plus commune ; elle attaque indiftin@ement les per- {onnes de tout âge, de tout fexe , & de tout tempé- rament. Symptomes. Lorfque cette fievre eft réguliere & vraie, voici fes fymptomes les plus ordinaires, Les articulations font foibles : on a mal à la tête: on fentaux environs des premieres vertebres du dos, |. une douleur de reins : il ÿ a confhpation & tenfion douloureufe aux hypocondres. Ajoutez À cela le re- froidiflement des parties extérieures, fur-tout des na- tines & des oreilles, des bâillemens , un friflon ac- compagné quelquefois de tremblement dans tous les membres, un pouls petit, foible , ferré, & quelque- fois une foifinfatiable. Ces fymptomes font fuivis de nauf£es & de vo- miflemens ; enfuite il furvient une chaleur brulante ët feche, qui s'empare de tout le corps; Les joues s’affaiflent , le vifage devient pâle, la peau retirée, les vaifleaux des piés & des mains paroiffent rouges & gonflés , le pouls devient plus grand, plus plein, plus prompt, & la refpiration plus pénible ; le ma- lade tient aufi quelquefois des difcours fans ordre & fans fuite. à Ces fÿmptomes diminuent peu-à:peu, la chaleur fe calme, la peau fe relâche & s’humeéte ; les urines font hautes en couleur, & fans fédiment ; le pouls s’amollit, la fueur fuccede , &le paroxifine cefle. Quant à fa durée, elle varie felon la différence des tempéramens & des caufes morbifiques ; chez la plü- part des malades, ellé eft de onze ou douze heures ; &t dans d’autres davantage ; il y a léjour fuivant in- termifhon ; le corps eft languiffant ; le pouls qui étoit prompt & véhément dans le paroxifme , eft alors lent, foible , & ondoyant ; Les urines font plus épaifles,, dépofent un fédiment, ou portent une efpece de nuage ; ce qui marque de la difpoñition à précipiter un fédiment. | Perjonnes fujertes à la fievre tierce, Tout ie monde 320 TIE y eff fujet, mais Les jeunes gens plus que les vieillards, les hommes plus que lesfemmes; les perfonnes d’une vie attive, plus que celles qui menent une vie {éden- taire ; les perfonnes d’un tempérament délicat & bilieux ; celles qui font un ufage excefff de liqueurs froides ; celles qui vivent fous un atmofphere mal- fain ; celles qui ont fouvent des naufées, 6c. font auf plus fréquemment attaquées de fevre tierce que les autres , Gc. Divifion des différentes fievres tierces. La fievre tierce eft vraie ou bâtarde : la premiere eftaccompagnée de fymptomes violens, mais fa terminaifon fe fait quel- quefois promptement. Dans la fevre sierce bâtarde, les fymptomes font plus doux. La fevre tierce fe diftingue auffi en réguliere & 1r- réguliere. La premiere conferve la même forme, foit dans fon accès, foit dans fa terminaifon. L'irrégu- liere varie à ces deux égards : les fieyres sierces irrégu- lieres , font communément épidémiques , & pro- viennent de la conflitution bizarre des faifons. La fievre tierce eft quelquefois fimple , quelquefois double. Dans la fimple , les paroxifmes reviennent tous les leconds jours , ou deux fois par jour , avec un jour d'intermifion. ‘Il faut toutefois diftinguer la fievre double-sierce, de la fievre quotidienne qui prend tous les jours dans le même tems , au-lieu que les paroxifmes de la double serce reviennent tous les deux jours. Caujes des fievres tierces. Ces fievres naïflent com- me les autres, d’une infimté-de caufes différentes ; mais pour l’ordinaire, de la corruption de la bile & deshumeurs, après de grands exercices , d’agitations . d’efprit, d’une fafon chaude, humide, des veilles, de l'abus des liqueurs échauffantes , des alimens gras, épicés, de difhcile digeftion , des crudités , &c. Prognofiiques. Les fisvres tierces qui n’ont pas été mal traitées , font plus favorables que contraires à la fanté : car ceux qui en ont été attaqués , fe portent communément après qu'ils font puéris, mieux qu'ils nele faifoient auparavant. Souvent la fevre sierce cefle d'elle-même, par le fimple régime, fans aucun remede, &z par une légere crife au bout de quelques accès. Ces fortes de fievres ne font jamais nuifbles ; mais les févres tierces mal conduites par le médecin, fur-tout lorfqu'’il a mis en ufage de violens fudorifiques ou aftringens , laifent après elles un délabrement defanté cent fois pire que n'étoit la fievre. | Les fevres tierces font plus opimiâtres en automne & en hiver, que dans les autres faifons. Elles font fu- jettes à revenir, fur-toutlorfqu’elles ont été arrêtées mal-à-propos , & que le malade , après leur guéri- fon , a péché inconfidéremment dans le régime dia- phorétique, ou diététique, Méthode curative. C’eft 1°. de corriger l’acrimonie qui eft la caufe prochaine de cette flevre. 2°. De diffiper doucement , fur-tout par la tranfpiration , la matiere peccante. 3°. De calmer la violence des fpafmes & des fymptomes. 4°, D’expulfer & d’éva- cuer les humeurs viciées, qui font logées principale- ment dans le duodenum. 5°. De rétablir les forces après le paroxifme, & de tenir les excrétions en bon état. 6°. D’empêcher le retour de la filevre, acci- dent commun, & qui demande plus de précautions qu'on n’en prend d'ordinaire, Pour remplir la premiere indication curative , on corrige l’acrimonie bilieufe , par le nitre commun, bien épuré, & par des liqueurs humieétantes &c dé- layantes , comme des tifanes d'orge , de Peau de gruau , du petit lait, des boiflons de racines de gra- men, du fuc & d’ecorce de citron, &c. On fatisfait à la feconde indication par des diapho- rétiques doux, les infufions de fcordium , de char- don béni, & d’écorce de citron. Aie La troïfieme indication eft remplie, enemployant des fubfances nitreufes , raftaîchiffäntes , modérem- ment diaphorétiques & délayantes ; tel eft l’efprit dulcifié de nitre bien préparé, & donné dans des eaux fédatives, comme celles de fleurs de furau, de tilleul , de primevere , de camomille commune, &c. On corrige & on évacue les humeurs viciées , par de doux vomitifs, des purgatifs, des favonneux acef- cens , & autres remedes femblables. Quand les fucs viciés {ont vifqueux & tenaces , les fels neutres, comme le tartre vitriolé, le fel d'Epfom , les fels des eaux de Sedlitz & d'Esra , font très-bienfaifans : on délaye ces fels dans une quantité fufifante de quel- ques véhicules aqueux. S1 les fucs viciés font acides & falins, on peut ufer de manne , avec une demi- drachme deterre-foliée de tartre , & quelques gout- tes d'huile de cédre. Lorfque le duodenum , ou lef. tomac , font engorgés de fucs corrompus , on doit tenter l'évacuation par les émétiques convenables. Après l'évacuation des humeurs peccantes, onré- tabbt le ton des folides par les fébrifuges reflerrans, & en particulier par le quinquina, donné dans le tems d'intermiflion , en poudre , en décoftion , infufon, eflence ou extrait. Le mal étant guéri , on en prévient le retour par le régime, les alimens faciles à digérer , l'exercice moderé , les friétions , &t quelques fftomachiques'en petite dofe. Objérvarion de prarique. Les émétiques, les échauf- fans , & les fels purgatifs , ne conviennent point aux hypochondriaques : on fubftitue à ces remedes , des balfamiques en petite dofe, & des clyfteres préparés de fubftances émollientes & laxatives. On n’entreprend rien dans l'accès , & furtout pendant les friflons ; mais à mefure que la chaleur augmente , onufe dune boiflon agréable , propre à éteindre la foif, &c à petits coups; lorfque la chaleur diminue , on facilite l’éruption de la moiteur ; & après la ceflation de la fievre, on continue d’entrete- nir la tranfpiration. Quoique le quinquina foit un excellent fébrifuge, il ne convient pas aux perfonnes mélancholiques, aux femmes dont les regles font fupprimées , & dans plufieurs autres cas : on ne doit point l’employer avant que la matiere morbifique foit corrigée & fuf- fifamment évacuée. La faignée ne convient qu’aux gens robuftes, plé- thoriques , jeunes , & dans la vigueur de l’âge. Les opiats & les anodins diminuent les forces, dé- rangent les périodes de la maladie, & troublent [a crile. L’écorce de cafcarille qui eft balfamique , fulphu- reufe , terreufe & aftringente , eft un excellent re- mede pour les perfonnes languiflantes & flegmati- ques; on mêle fort bien cette écorce avec le quin- quina. Les femmes que la fuppreffion des regles a rendu cachediques, doivent être traitées avec beaucoup de circonfpeétion dans la fevre cierce, | Les enfans de huit ou dix ans, attaqués de feyre tierce, {e guériflent à merveille par un léger émétique, fuivi de clyfteres fébrifuges , ou de firop de quin- una. . Lesfudorifiques, & les remedes échauffans font fouvent dégénérer la fevre rierce en continue, ou en fievre inflammatoire , ce qui fufht pour bannir à ja- mais de la médecine cette méthode qui n’a que trop long-tems regné. Quand la fevre tierce produit un nouvel accès dans les jours: d'intervalle | on les nomme double rrerce 3 fi elles ont trois accès, sripletierce ; ainfide la quarte. La caufe prochaine de ce phénomène eft r°. laug- mentation de la matiere fébrile , aflez confidérable pour produire un nouvel accès, 2°, Le se de OTÇes TIE | forces qui n'a pas pu foumettre 8: expul{er toute Î& matiere fébrile dans laccès précédent. 3°. La repro= duétion d’une nouvelle matiere fébrile dans l’inter+ valle. Le danger eft toujours plus grand à proportion que les accès fe touchent & fe multiplient ; cepen- dant la méthode curative ne change pas : on peut feulement augmenter avec prudence, la dofe du fé- brifuge, &c S'y tenir un peu plus long-tems , pour prévenir la récidive. ( Le chevalier DE Jaucourt. ) … TreRrcE, (fer Mufique, eft la premiere des deux confonnances imparfaites. Voyez CONSONNANCE. Comme les Grecs ne la reconnoifloient pas pour tel- le, elle n’avoit point parmi éux de nom générique. Nous Pappellons sierce , parce que fon intervalle eft formé de trois fons, ou de. deux degrés diatoniques. À ne confidérer les éierces que dans ce dernier fens, c'eft-à-dire par leur degré, on en trouve de quatre fortes, deux confonnantes, 8 deux diflonnantes. Les confonnantes font 1°. la sierce majeure, que les Grecs appelloient diton , compofée de deux tons comme d’us à 13 fon rapport.eft de 4 à 5. 2°. La zierce mineure appellée par les Grecs hemi-diron, eft combofée &’un ton & demi, comme ri fol; fon rap- port eft de 5 à 6. Les erces diffonnantes font, 1°. la sierce diminuée, compofée de deux femi-tons majeurs, comme f, ré bémol, dont le rapport eft de 125 à 144. 2°. La sierce fuperflue , compoice de deux tons & demi, comme fa, la diese; fon rapport eft de 96 à 125, Ce dernier intervaile ne s'emploie jamais ni dans Pharmonie, ni dans la mélodie. Les Italiens prati- quent aflez fouvent dans Le chant la sierce diminuée ; pour dans l’harmonie , elle n’y fauroit jamais faire qu'un très-mauvais effet: ‘ Les sierces confonnantes font l'ame de l'harmonie, fur-tout la rierce majeure, qui eft fonore & brillante, La rierce mineure a quelque chofe de plus trifte; ce- pendant elle ne laifle pas d’avoir beaucoup de dou- ceur, fur-tout quand elle eft redoublée, Nos anciens muficiens avoient fur Les serces des lois prefque aufli féveres que fur les quintes ; il n’é- toit pas permis d’en faire deux de fuite de la même elpece, fur-tout par mouvement femblable. Aujour- d’hui on fait autant de serces majeures ou mineures de fuite, que la modulation en peut comporter; & nous avons des duo fort agréables qui, du commencement à la fin, ne procedent que par rierces, Quoique la sierce entre dans la plupart des accords, elle ne donne fon nom à aucun, fi ce n’eft à celui que quelques-uns appellent accord de rierce-quarte, & que nous connotflons plus généralement fous le nom de petite-fixte, Voyez ACCORD , SIXTE. (S) TiercE DE PicARDIE, les Muficiens appellent ainfi par plaifanterie, le serce majeure donnée à la finale d’un morceau de mufique compofé en mode mineur, Comme l'accord parfait majeur eft plus har- monieux que le mineur, on fe faifoit autrefois une loi de finir toujours fur ce premier: mais cette finale avoit quelque chofe de niais & de mal chantant qui Pa fait abandonner, & l’on finit toujours aujourd’hui par l'accord qui convient au mode de la piece, fice n’eft lorfqu’on pafle du mineur au majeur ; car alors la finale du premier mode porte élésament la sierce majeure. Tierce de Picardie | parce que l’ufage de cette rierce eft refté plus long-tems dans la mufique d’églife, & par conféquent en Picardie où il y a un grand nom- bre de cathédrales & autres églifes, où l’on fait muf- que. (S) | TIERCE , serme d’Imprimeur , Ceft la troifieme épreuve, ou lapremiere feuille que on tire immé- diatement après que la forme a été mife en train, avant que d'imprimer tout le nombre que l’on s’eft propoié de tirer fur un ouvrage. Quoiqu'il arrive Tome XV, TIE 321 que lon.donre trois ou quatre épreuves d’un ouvra- ge, c'eft toujours la derniere qui s’appelle rierce. Le prote doit collationner avec grande attention, fur la rerce., fi les fautes marquées fur la derniere épreuve ont été exactement corrigées, La sierce doit reflem- bler à une premiere bonne feuille, & être exempte detout défaut, fans quoi on emexige une autre. 7” OYEZ METTRE EN TRAIN: TIERCE , ( Lainage. } en terme de commerce de laines d'Efpagne , on appelle Zaire tierce , la troi- fieme forte de laine qui vient de ce royaume ; c’eft la moindre de toutes. Savary. (D. J.) TiERCE , (Jeu d'orgue.) eft faite en plomb, & a tous fes tuyaux ouverts. Voyez La fig. 41. jeu d'Orgue. Ce jeu fonne l'oûtave au-deflus de la double rierce, qui fonne loétave au-deflus du preftant. Foyez La ra- ble du rappor: & de l’érenduedes jeux d'Orgne. TIERCE DOUBLE, (Jeu d'orgue.) fonne la rierce au- deffus du preftant ou du quatte piés, Ge jeu a quatre oétaves, & eft fait comme le nazared, en ce casila des oreilles, ou eft fair comme la rierce qui n’en a point : fa matiere eft le plomb. #Woyez l’article OR- GUE , 6 la table du rapport 6 de l'étendue des jeux de Porgue. TIERCES PLUMES, er Plumacerie, ce {ont des plu- mes d’autruche qui à force d’être fur l’oifeau , font ufées au point qu'il ne refte prefque plus de franges fur la tige. TIERCE, (Comm.) en Angleterre eftune mefute pour des chofes liquides , comme du vin, de l'huile, &c. elle contient le tiers d’une pipe , ou 42 gallons; un gallon contient environ 4 pintes de Paris. Voyez MESURE, GALLON. ( TIERCE, effocade de, (Eférime.) eft un coup d’é- pée qu’on alonge à l’ennémi dehors , & fur les ar- mes. Voyez TIRER DEHORS LES ARMES, & SUR LES ARMES. Pour exécuter cette eftocade, il faut 1°. faire du bras droit &c de la main droite font ce qui a été en- feigné pour parer en wierce , & effacer de même : 2°, étendre fubitement le jarret gauche pour chaffer le corps en avant: 3°. avancer le pié droit vers l’enne- mi, à quatre longueurs de pié de diftance d’un talon à l’autre : 4°. le genou droit plié, le gauche bien étendu, & le tibia perpendiculaire à lhorifon: S: développer le bras gauche avec aétion la main ou- verte, & avancer le corps jufqu’à ce que le bout des doigts foit fur l’à-plomb du talon gauche: 6°. le de-- dans de la main gauche tourné de même côté que le dedans de la droite, le pouce du côté de la terre & à hanteur de la ceinture: 7°. regarder l’ennemi par le dedans du bras droit : 8°. faire tout le refte comme à l'effocade de quarte. Fayez ESTOCADE DE QUARTE. TiERCE, parer en, (Efcrime.) c’eft détourner du Vrai tranchant de fon épée, celle de fon ennemi fur une eftocade qu’il porte dehors, & fur les armes. Voyez TIRER HORS LES ARMES, & SUR LES AR- MES. Pour exécuter cette parade, il faut 1°. fans varier la pointe d’aucun côté, élever Le poignet à la hau- teur du nœud de l'épaule : 2°. ayancer un peule haut du corps vers l'ennemi, en tournant l’axe des épau- les à droite. (Voyez EFFACER.) 3°. tourner la main droite de façon quele vrai tranchant {oit {ur 'aligne- ment du coude, & mettre le plat de la lame parallele à l’horifon : 4°. porter le talon du vrai tranchant du côté de l’épée ennemie, jufqu’à ce que la garde ait pañlé l'alignement du corps : 5°. regarder l'ennemi par le dedans du bras : 6°. ferrer la poignée de Pépée avec toute La main, dans linftant qu’on la tourne. Nota, qu'on fait tous ces mouvemens d’un feul'tems êt avec aétion. TrisrcEsoz TIERCHES , serme de Blafon , ce font fafces en devife qui {e mettent trois à Fe , comme S fs on TDE les jumelles deux à deux, les trois fafces n'étant comptées que pour une, & toutes les trois noccu- pant que la largeur de la fafce ordinaire, où de la bande , f elles y font pofées, pourvu qu'il n’y en ait qu’une dans un écu. P. Menefrier. (D. J.) | 'TIERCE aupiquer,cefttroiscartes dela même couleur qui fe fuivent en nombre, comme las, le tot, la dame, que l’on appelle rierce-majeure ; les autres s’appellent du nom de la plus haute carte qui la forme ; comme dans celle où le roi eft la premiere, fe nomme rierce au roi, ainf des autres : la plus haute annullant tou- jours la plus foible. | Ti£RCGE-FEUILLE, erme de Blafon , figure dont on charge les écus des armoiries ; elle a une queue par laquelle elle eft diftinguée des trefles qui n’en ont point. (D. J.) Trerce-For , (Jurifprud.) c’eft la troïfieme foi &c hommage qui eft rendue pour un fief, depuis la premiere acquifition dans les coutumes d'Anjou & Maine , Lodunois , Tours , & quelques autres ; un fiéf où héritage noble ou tenu à franc devoir , fe par- tage noblement entre rôturiers, lorfqu’il tombe en zierce-foi. Voyez le gloff. de M. de Lauriere , &r les mors For, HOMMAGE, TIERCE-MAIN. TIERCE-MAIN où MAIN-TIERCE,, eft la main d’un tiers. Ce terme eft ufité en matiere de faifie ; un par- ticulier qui eff en même tems créancier &c débiteur de quelqu'un , faifit en fes propres mains, comme en main-tierce , ce qu'il peut devoir à fon créancier qui eft en même tems fon débiteur. r Tierce-main fignifie auffi quelquefois la sroi/feme main ou le troifieme poffeffeur d’un héritage noble dont la foi n’eft plus dûe , parce qu’elle a été convertie en franc-devoir, quand ces'héritages pañlent en serce- main où au troifieme pofleffeur : depuis 'affranchifle- ment de lhéritage , il fe partage noblement entre ro- turiers, dans les coutumes d'Anjou & Maine ou au- tres’, où la qualité des perfonnes regle la maniere de partager les biens. Voyez le gloff. de M. de Lauriere au mot sierce-foi ou main. (4) TIERCE OPPOSITION , éft celle qui eft formée à Péxécution d’un jugement par un tiers qui n’a point été partie dans la conteftation décidée par le juge- ment. On la forme devant le même juge qui a rendu le jugement contre les parties avec lefquelles 1l a été rendu. | Si la tierce oppoftrion eft bien fondée , le jugement eft retraété à l'égard du tiers-oppofant feulement ; s’il fuccombe , il éft condamné aux dépens & en la- mende. Cette oppofñition eft recevable en tout tems , mê- me contre une fentence , après que le tems d’en ap- peller eft expiré , parce qu'une fentence ne pañle en force de chofe jugée que contre ceux avec qui elle a été rendue. F’oyez l'ordonnance de 1667, tir. X XVII. art, x, & tit. XX XV. art, 1. &t les rrots APPEL , AR- RÊT, JUGEMENT , OPPOSITION, REQUÊTE CIVILE, SENTENCE. (4) TIERCÉ , adj. serme de Blafon , ce mot fe dit d’un écu qui eft divifé en trois parties , foit en pal, foit en bande, foit en fafce , par deux lignes paralleles qui ne fe coupent point. Tiercé en bande. , eft lorfque l'écu eft divifé en trois parties égales , comme en trois bandes faites de trois émaux différens , fans autre champ ni figure. On dit aufli tierce en pal & en fafce. Meneftrier. ( D. J.) | TIERCELET , f.m. on a donné ce nom au mâle : de l’autour. Voyez; AUTOUR. TiERCELET , ( Commerce & Monnoie.) celle-ci fe frappa à Milan, &t eut cours dans le douziemefiecle, On ne dir point fa valeur. — TIERCELINE , £ & adj. ( Ordre de religieufes.) nom qu’on donne aux religieufes du tiers-ordre de S. François de létroite obfervance. Claire Fran çoife de Befancçon en a été la premiere fondatrice, ACER AN TIERCEMENT , {.m.(Jurifprud.) eft un enchere que l’on fait fur l’adjudicataire d’un bail judicaire du tiers en fus du prix de l’adjudication , comme de 100 liv. fut un baïl de 400 liv. | Cette voie a été introduite pour empêcher queles baux ne foient adjugés à vil prix. Le fiercement doit être fait peu de tems après le bail, autrement on n’y feroit plus reçu. Voyez M. d’Héricourt en fon sraité de la vente des imm. par de- cret. | Dans les adjudications des fermes & domaines du toi, on entend par sercement le triple du prix de Pad- judication ; il faut que ce riercement {oïit fait dans les vingt-quatre heures ; on peut encore huitaine après venir par triplement fur le sercement demander que fi le prix du bail eft de 3000 liv. le siercement doit être de 9000 liv. & le triplement du siercement de 27000 lv. Voyez le réglement de 1682, &c les arrêts du confeil des 20 Novembrei703 G 12 Juin 1725.(A) À TIERCER , v.aû. (Archir.) c’eft réduire au tiers. On dit que le pureau des tuiles ou ardoifes d’une cou- verture fera siercée à l'ordinaire , c’eft-à-dire que les deuxtiers en feront recouverts; enforte que fi c’eft de la tuile au grand moule quia douze ou treize pouces de longueur , on lui en donnera quatre de pureau ou d'échantillon. ( D. J.) TiercER , (Longue paume.) voyez RABATTRE. TIERCERON, £.m. (Coupe des pierres.) c’eftun nerf des voûtes sothiques , placé entre le formetet ou arc doubleau &c Parc d’ogive. | #i TIERCIAIRE 0 TIERTIAIRE, £.m.(Ordre relig.) c’eft ainfi qu’on appelle un homme ou une femme qui eft d’un tiers-ordre. Les #erciaires ont des régle- mens qu'ils doivent fuivre, &c un habit particulier ; ce qui fert à maintenir l’obfervance parmi les zier- ciaires & fous le nom de regle ; il faut qu’ils forent éprouvés par un noviciat d’un an , au bout duquel ils font profeflion avec des vœux fimples. On peut confulter le P. Hélyot & Lezeaux, qui ont traité tout ce qui regarde les rierriaires , leurs états, léurs privileses , leurs obligations , 6. (D: J.) TIERCINE , serme de Couvreur, piece de tuile où morceau de tuile fendue en longueur , & employée au battelement, ( D. J.) TIERÇON , f. m. ( Commerce.) forte de caifle de bois de fapin , dans laquelle on envoye les favons blancs en petits pains , & les favons jafpés en pains ou briques. ( D. J. TiERÇON , {. m. ( Mefure de liquide. ) mefure qui fait le tiers d’une mefure entiere : ainfi les serçons de muids contiennent environ quatre-vingt-quatorze pintes, qui font le sers de deux cens quatre-vingt pintes , à quoi fe monte le total d’un muid. Il en eft de même des rierçons des autres mefures , comme bar- riques , poinçons, @c. Savary. (D. J.) TIERRA DE CAMPOS, ( Géog. mod.) contrée d'Efpagne dans la vieille Caftlle , vers le nord, aux environs de Palencia ; c’eft la partie la plus fertile de cette province. Les vins y font admirables, &z les plaines couvertes de brebis d’une riche toifon. NT, sr DOSFUMOS, (Géog. anc.) contrée d’Afri- que au pays des Hottentots, fur la côte orientale des Cafres errans. Cette contrées’étend le long de la mer des Indes, entre la terre de Zanguana au nord, la terre de Natal au midi, & le pays appellé Terra dos Naonetas à l'occident. (D. J.) TIERS , (Arithmerique.) c’eft la troifieme partie d’un tout, foit nombre, foit mefure.; lesiers de vingt {ols eft fix fols huit deniers , qui eft une des parties aliquotes de la livre tournois, L’aune eft compotée TIÉ de trois tiers. Dans les additions de fraétions d’auna- ges , un siers fe met ainfi +, & deux fers de cette ma- niere à. Le Gendre. (D. J.) Tiers; {. m.(Ornih.) efpece de canard ainfi nom: mme vulgairement, parce qu'il eft de moyenne grof- feur entre un gros canard& la farcelle, Ses aîles font bigarées comme celles du morillon, mais fon bec éft comme celui de la piette (les phalaris des Grecs), c’eft-à-dire arrondi, un peu applati par-deflus , & dentelé par les bords. (D. J.) TiERS-ÉTAT, (Hifloire de France.) troifiéme mèm- bre qui formoit , avec l’églife & la noblefe, les états du royaume de France , nommés cars généraux , dont les derniers fe tinrent à Paris en 1614; le riers-éras étoit compofé des bourgeois notables, députés des villes pour repréfenter le peuple dans l’affemblée. Voyez ETATS, if. anc. E: mod. On a épuifé dans cet article tout ce qui concerne ce fujet ; j'ajouterai feulement que, quoiqu’on penfe que Phikppe-le-Bel ait convoqué le premier une af- lemblée des trois états par des lettres du 23 Mars 1301, cependant il y a ure ordonnance deS. Louis datée deS. Gilles en 1254, par laquelle il paroît que le riers-érar étoit confulté quand il étoit queftion de matieres où le peuple avoit intérêt. ( D. J. TIERS-ORDRE, ( H1/f8, du monachifine. ) troifieme ordre établi fous une même regle & même forme de vie, à proportion de deux autres ordres inflitués au- parayant. Les virs-ordres ne font point originairement des ordres religieux, mais des aflociations des perfon- nes féculieres & même mariées, qui fe conforment autant que leur érat le peut permettre , à la fin, à lefprit & aux regles d’un ordre religieux quiles af- focie & les conduit. Les carmes, les auguftins , les francifcains , les prémontrés, €, fe difputent vive- ment l’honñeur d’avoir donné naïflance aux riers- ordres qu’ils fuppofent tous d’une grande utilité dans le Chriftianifme, | 51 l'ancienne nobleffe des carmes étoit bien prou- Vée, les autres ordres ne devroient pas certainement entrer en concurrence. Le frere de Coria & Maoftro Fraÿ Diego de Coria Maldonado, carme efpagnol, a fait un traité du gers-ordre des cames , dans lequel 1] prétend que les tierciaires carmes defcendent im- médiatement du prophete Elie, auffi-bien que les carmes mêmes ; & parmi les grands hommes qui ont fait profefion de ce rers-ordre, il met le prophete Abdias qui vivoit environ 800 ans avant la naiffance deJefus-Chrift ; il place parmi les femmes la bifayeule du Sauveur du monde fous le nom emprunté de Sze E mérentienne. Le traité fingulier du P. de Coria fur cette matiere eft intitulé, pere os Hermanos , y Her- manas de la ordin rercerz de nueftra Senorddel Carmel, Hifpali , à Séville 1592. Le même auteur publia, fix ans après à Cordone 1598 , une chronique de l’ordre des carmes, ix-folio. Il dit dans ce dernier ouvrage, u’Abdias, intendant de la maifon du roi Achab dont ‘ eft parlé au troïfieme livre des rois, c. xvi. & qu'il croit être Le prophete Abdias , fut difciple d’'E- Be , & qu'après avoir fervi Achab & Ochofas fon fils , il entra dans l’ordre d’Elie, compofé de gens mariés qui étoient fous la conduite d’Elie & d'Elifée, & fous leur obéiffance comme les conventuels. Le P. de Coria prétend enfin que les chevaliers de Malthe dans leur origine ont été du giers-ordre des carmes, & , pour en combler la gloire, il y met auf 3. Louis. Les auguftins font remonter aflez haut leur no- blefle dans l’Eglife ; car fi l’on en croit le P. Bruno Sanoë , le iers-ordre de S. Auouftin a été inftitué par S. Auguftin lui-même. 11 met Ste Génevieve de ce tiers-ordre, & beaucoup d’autres depuis S. Auguftin jufqu’au fixieme fiecle, Tome XVI, Le siers-ordre des prémontrés feroit auf bien an- cien , s'il eft vrai qu'il eût commencé du vivant inême de faint Norbert, lequel étoit déja mort en 1134. . Le ziers-ordre de $. François femble avoir craint de faire remonter trop haut fa noblefle , &ila cru pat- là s’en affürer davantage la poñieffion ; tous les mem: bres de ce corps conviennent que S. François n'infti: tua {on riers-ordre qu’en 1221 , pouf des petfonnes de l’un & de l’autre fexe ; il leur donna une reolé dont On n’a plus les confttutions, Le premier ordre de 8. François comprend les ordres religieux , qu’on appelle freres mineurs, & qui font les cordeliers , les capucins & les récolets. Le fecond comprend les filles religieufes de Ste Claire. Enfin le troïfieme comprend plufieurs perfonries de l’un & de l’autre fexe qui vivent dans le monde, & c’eft ce qu’on ap: pelle le siers-ordre. Les perfonnes qui font de ce siers= ordre portent fous leurs habits une tunique de ferge grife ou un fcapulaire de même étoffe , avec un cor: don ; & elles obfervent une regle autorifée par les pontifes de Rome. | Tous les Zers-ordres anciens &c modernes ont été. approuvés, & avec raïfon, par le faint fiege ; comme on le peut voir par les bulles de Nicolas IV. en fa- veur des tierçaires de S. François, d’Innocent Vif. pour ceux de S. Dominique, de Martin V. pour ceux des Auguftins , de Sixte IV. pour ceux des carmes 3 ëc de Jules Il. pour ceux des miñimes, des fervites, des trinitaires, &c. (D. J.) | | Tiers, (Jurifprud.) tiens, eft quelquefois pris pour la légitime des enfans | ainfi que cela fe prati- que en pays de droit écrit , lorfqu'il n’y a que quatre enfans où moins de quatre. Novell, 118 de triente & Jemiffe. (4) | TIERS ACQUÉREUR, (Jurifprud.) eft celui qui a ac- quis un immeuble affeété & hypothéqué à un créan- cier par celui qui étoit avant lui propriétaire de cet immeuble, Voyez CRÉANCIER, HYPOTHEQUE, Pos- SESSION , PRESCRIPTION, TIERS DÉTENTEUR. (4) . TIERS ARBITRE , ( Jurifprud.) Voyez ci-devant SUR-ARBITRE. | Ur . TIERS EN ASCENDANT, ( Jurifbrud. ) eft unter- me ufñté aux parties cafuelles, lorfqu’il s’agit de li- quider Le droit dû pour la réfignation d’un ofce; on ajoute à l'évaluation Le sers denier en afcendant , c’eft-à-dire , au-deflus de l'évaluation ; & l’on paie le huitieme du total , c’eit-à:dire , tant de l'évaluation que du tiers en afcendant , lorfque la provifions’ex- pédie dans lannée que le droit annuel a été payé ; quand même ce feroit fix mois après le décès del’of. ficier ; mais fi elle s’expédie après l’année, il faut payer Le quart denier du tout. oye Loyfeau, des offic. liv. IL. c, x. n. 64, l'édit du mois de Juin 1568, êt les mors ANNUEL, OFFICE , PAULETTE, PAR- TIES CASUELLES, HUITIEME DENIER , QUART DE: NIER ; RÉSIGNATION. (4) TIERS DES BIENS EN CAUSE, ( Jurifprud. ) on entend pat-là la troifieme partie des héritages & biens immeubles que quelqu'un poffede dans le baïle l'age de Caux en Normandie ou autres lieux de ladite province tenant nature d’icelui. La coutume de Nor- mandie , art. 279 , permet aux pere & mete & au: tres afcendans de difpofer entrevifs ou parteftament de ce tiers au profit de leurs enfans puinés ou l'un d'eux fortis d’un même mariage , à la charge de la provifion à vie des autres puinés. Les articles fuis vans contiennentencore plufeurs autres difpofitions fur ce riers des puinés fur les biens en Caux. (4) TIERS, Chambre des tiers ou des procureurs tiers ; ( Jurifprud.) eft une chambre dans l’enclos du palais, proche la chapelle de S. Nicolas, où les procureurs au parlement qui font la fonétion de riers, s’affem- blent pour donner leur avis fur les difficultés qui fur es SS 1] 324 TIE viennent dans la taxe des dépens, & dont le procu- reur ziers référendaire leur fait le rapport. S'il refte encore quelque doute après le rapport fait à cette chambre , on va à la communauté des avocats & procureurs. Voyez ci-devant COMMU- NAUTÉ DES PROCUREURS & PROCUREUR. (4) TiERS COUTUMIER , ( Jurifprud. ) en Norman- die eft une efpece de légitime que la coutume accor- de en propriété aux enfans fur les biens de leurs pe- re & mere. | Ce droit n’avoit pas lieu dans l’ancienne coutume. Le riers coutumier fur les biens du pere confifte dans le riers des immeubles dont le pere étoit farf lors du mariage , & de ceux qui lui font échus pen- dant le mariage en ligne direéte. L’ufufruit de ce sers eft ce que la coutume donne à la femme pout douaire coutumier, de forte que ce Liers coutumier tient lieu aux enfans de ce qu'ils pren- nent ailleurs à titre de douaire; il differe pourtant du douaire en ce qu’il n’eft pas toujours la même chofe que lé douaire de la femme; car celle-ci peut, fuivant le contrat, avoir moins que lufufruit dusiers, au lieu que les enfans ont toujours leur #ers en pro- prièté. Le siers coutumier eft acquis aux enfans du jour du mariage ; cependant la jouiffance en demeure au pe- re fa vie durant, fans toutefois qu'il le puiffe ven- dre, engager ni hypotéquer, comme aufh les enfans ne peuvent le vendre, hypotéquer ou en difpofer avant la mort du pere, & qu'ils aient tous renoncé à la fuccefñon. S'il y a des enfans de divers lits, tous enfemble n’ont qu'un tiers ; ils ont feulement l'option de le prendre eu égard aux biens que leur pere pofédoit lors des premieres, fecondes ou autres noces, fans que ce tiers diminue le douaire de la feconde , troi- fieme ou autre femme, lefquelles auront plein douai- re fur tout le bien que le mari avoit lors du mariage, à moins qu'il n’y ait eu convention au contraire. Pour jouir du viers couturmier fur Les biens du pere, il faut que les enfans renoncent tous enfemble à la fucceffion paternelle, & qu’ils rapportent toutes les donations & autres avantages qu'ils pourroientavoir reçus de lui. Ce riers fe partage felon la coutume des lieux où les héritages font aflis, fans préjudice du droit d’ai- neffe. Les filles n’y peuvent avoir que mariage avenant. Sile pere avoit faittelle ahiénation de fes biens que ce tiers ne püt fe prendre en nature, les _enfans peu- vent révoquer les dernieres aliénations jufqu’à con- currence de ce iers, à moins que lesacquéreurs n’ai- ment mieux payer l’eftimation du fond au denier 20, ou fi c’eft un fief, au denier 25 , le tout eu égard au tems du décès du pere. Mais fi les acquéreurs conteftent , 1l fera au choix des enfans de prendre l’eftimation , eu égard au tems de la condamnation qu’ils auront obtenue. Le riers coutumier fur les biens de la mere eft de me- me le ziersdes biens qu’elle avoit lors du mariage, ou qui lui font échus pendant icelui , ou qui lui appar- tiennent à droit de conquêt. | Ce ziers du bien maternel appartient aux enfans aux mêmes charges &c conditions que le sers des biens du pere. Voyez la coutume de Normandie, arr. 399 € fuiv.les placites, art, 86 € Juiv. & les com- mentateurs. (4) TiERS COUTUMIER o4 LÉGAL, ( Jurifprud. ) fe prend auffi en quelques coutumes pour la troifieme partie des biens nobles que la coutume réferve aux puinés, les deux autres tiers appartenant à l’ainé ; c cit ainfi que ce siers des puinés eft appellé dans la coutume de Touraine; ailleurs on l'appelle le szers des puinés. oyez TIERS DES BIENSEN CAUX, (4) Tiers ET DANGER, ( Jurifprud. ) eft un terme d'eaux 6c forêts qui fignifie un droit qui appartient au roi 8 à quelques autres feigneurs, principale- ment en Normandie , fur les bois pofiédés par leurs vafaux. Il confifte au riers de la vente qui fe fait d’un boïs, foiten argent, foit en efpece, 6 en outre au dixie: me qui eft ce que l’on entend par lemot danger, le- quel vient du latin denarius ou deniarins qui fignifie dixieme , que l’on a mal-à-propos écrit 67 lu derya- rius ;ÿ d'où l’on a fait en françois danger. Dans les bois où le roi a lesiers, on ne peut faire aucune vente fans {a permiflion, à peine de confifca- tion des deux autres zzers. Pour obtenir cette permiflion , on lui donnoit le dixieme du prix des ventes; c’eit de-là qu’eft venu le droit de danger, & non pas, comme quelques- uns l'ont cru mal-à-propos, de ce qu'il y avoit du danger de vendre fans la permifiion du roi. Ce droit appartient au roi fur tous les bois de Nor- mandie, & l'ordonnance de 1669 le déclare impref- criptible.Ily a cependant des bois qui ne doivent que le ziers fans danger, & d’autres qui ne font fujets qu’au danger fans tiers. Voyez ci- devant le #04 DANGER. (4) TIERS DENIER , ( Jurifprud. ) ef a troïfieme par- tie du prix de la vente à laquelle en quelques heux eft fixé le droit dù au feigneur pour la mutation, comme dans la coutume d'Auvergne où il eft ainf appellé , & en Nivernois où l’on donne auffi cenom au droit dû au feigneur bordelier pour la vente de l'héritage tenu de lui à bordelage. Voyez le 11.4 le rie. G. (4) TiERs DÉTENTEUR, ( Jurifprud. ) eft celui qui fe trouve pofleffeur d’un immeuble ou droit réel, foit par acquifition ou autrement , fans être néanmoins héritier ni autrement fucceffeur à titre univer{el de celui qui avoit pris cet immeuble ou droit réel, à la charge de quelque rente, ou qui l’avoit affeété &c hypotèqué au payement de quelque créance. Voyez ci-devant TIERS ACQUEREUR & les mots DÉCLA- RATION D'HYPOTHEQUE, HYPOTHEQUE, INTER- RUPTION , PRESCRIPTION, POSSESSION. (4 )" Tiers EXPERT, ( Jurifprud. ) eft untroifieme ex- pert qui eft nommé pour donner fon avis & pour départager les deux autres experts qui fe font trou- vés d’avis contraire. | Ce riers expert eft ordinairement nommé d’oce; c’eft pourquoi on ne peut le recufer fanscaufe léaiti- me. Voyez ci-devant EXPERT. ( 4) TIERS LÉGAL ou COUTUMIER, (Jurifprud.) voyez ci-devant TIERS COUTUMIER. Tiers LOT, ( Jurifprud. ) on appelle ainfi dans le partage des biens des abbayes ou prieurés, entre Pab- bé ou Le prieur commendataire & fes religieux, le troifieme lot qui eft deftiné pour les charges clauf- trales, à la différence des deux autres dont lun eft donné à l'abbé ou au prieur commendataire pour fa fubfiftance, l’autre aux religieux. * L’adminiftration du riers los appartient à l’abbé ou au prieur commendataire, à moins qu'il ny ait con- vention au contraire. Les frais du partage doivent être pris fur le sers los qui exiftoit lors de la demande en partage; &c sil n’y en avoit point , & que la jouiffance flit en com- mun, les frais du partage doivent être avancés par la partie qui le demande , à la charge d’en être rem- bourté fur le siers Los à faire. Les réparations de léglife & des lieux clauftraux doivent être prifes fur le sers los jufqu'au partage, après quoi chacun efltenu de réparer &c entretenir ce qui eit à {a charge. Les portions congrues ne fe prennent pas fur tous TIE les biens de l’abbaye ou prieuré | maïs feulement fat le £iert Los. On prend aufli ordinairement fur le ziers Los ce qui eft abandonné aux religieux pour acquitter les obits & fondations, qui étoient des charges communes. Quand le lot des religieux n’eft pas fuffifant pour acquitter les charges clauftrales, ils peuvent obliger abbé de leur abandonner le siers os, ainf qu'ilfut jugé au grand-confeil le 6 Août 1717, contre le car- dinal d’Etrées pour Pabbaye d’Anchin, 7 oyez le dic- tionnaire de Brillon au #02 RELIGIEUX, 7. 85 G Juiv. & Lacombe, recueil de jurifprud. canonique, au #01 PARTAGE 7. 4. 6 fuiv. &t les mots ABgé , Ap- BAYE, COUVENT, MONASTERE, PARTAGE, PRreu- RÉ, RELIGIEUX, RÉPARATIONS. ( 4) | TIERS LOT 04 TIERCE PARTIE, (Jurifprud.) eft en Touraine le siers des biens que l'aîné entre nobles afligne à fes puinés pour leur part, réfervant les deux autres sers pour lui. Si les puinés ne font pas con- tens de ce partage, ils peuvent faire la refente des deux Zers en deux parts égales, auquel cas Paîné en prend une avec le sers los , &c l’autre part demeure aux puinés. Voyez la coutume de Touraine , ris. 25, &c Palu fur cette coutume. (4 TTERS LOT, (Jurifprud.) on donne auffi quelque- fois ce nom au sers ou triage que le feigneut a droit de demander dans les boiscommunaux; maison Pap- pelle plus communément sriage. Voyez l'ordonnance deseaux&t forêts, tir. 25, arr. 4, & le mot TRIAGE. (4) TIERS A MERCY , ( Jurifprud. ) étoit apparem- remment un droit feigneurial du sers que certains {cigneurs prenoient à volonté. Il fut adjugé fous ce titre de riers a mercy au prieur d'Ofay par arrêt du parlement de Paris du pénultieme jour d’Août 1404, dont M.ide Lauriere fait mention en fon gloffaire au mot tiers. (4) TIERS OPPOSANT, ( Jurifprud. ) eft celui qui n'ayant pas été partie niappellé dans un jugement, y forme oppofition à ce qu'il foit exécuté à fon égard à caufe de l'intérêt qu’il a de Pempêcher. L'oppofition qu’il forme, eft appellée tierce oppo- Jition, parce qu’elle eft formée par un tiers qui n’é- toit pas partie dans le jugement. | C'eft la feule voie par laquelle ce riers puiffe fe pourvoir ,ne pouvant appeller d’une fentence oh:il n'a pas été partie , ni fe pourvoir en caflation, ou par requête civile, contre un arrêt qui n’a pas été rendu contre lui. Quand le riers oppofant eft débouté de fon oppo- fition, on le condamne à l'amende de 75 livres, fi c'eft.une fentence , & de rsolivres, fi oppoñtion a été formée à un arrêt. Voyez l'ordonnance de 1667, 2.27, & les mots OPPOSITION, ARRÊT , SENTEN- CE, JUGEMENT, TIERCE OPPOSITION. (4) TIERS POSSESSEUR, ( Jurifprud. ) eft là même chofe que siers détenteur ou tiers acquéreur. oyez ci- devant ces deux ariicles. (4) Tiers » Procureur tiers, (Jurifprud. ) voyez Tiers RÉFÉRENDAIRE. TIERS AU QUART , ( Jurifprud. ) fe dit de ce qui eff entre le riers &z le quart, comme la lézion du sers au quart qui forme un moyen de reftitution contre un partage , C’eft-à-dire , qu'il n’eft pas néceflaire que lalézion foit dusiers, mais qu'il fufit aw’elle foit de plus du quart. Voyez LÉZION, PARTAGE, RESs- : CISION, RESTITUTION. ( 4 ) TiERS ox TIERS RÉFÉRENDAIRE , PROCUREUR TIERS RÉFÉRENDAIRE,, ( Jurifprud.\ eft un des pro: cureufs au parlement qui exercent la fonction de ré- gler les dépens entre leurs confreres demandeur & défendeur en taxe. Avant que le parlement prononçât des condam- nations de dépens, les procureurs faifoient {euls en leur qualité la fonction de ziers, TILE 32ÿ La premiere créationdes riers référendaires éhütre d’oficé fut faite par l’édit de Décembre x 635, qui en créa 30 pour le parlement de Paris & autres ju= rifdiétions de l’enclos du palais: , La déclaration de 1637 ordonna qu'il feroit pour vu à ces offices des procureurs qui auroient au-moins fix ans de charge; l'arrêt d'enresiftrement étendit cela à rorans. | 406 : Destrente charges. de fers référendatres éréées par l'édit de 1655, trois feulement avoient été levées, les pourvus ne firent même aucune fonétion , & par déclaration du mois de Mai 1630, les 30 offices dé tiers référendaires furent fupprimés, & leurs fon@ions, droits & émolumens réunis à la communauté des 400 procureurs. | Ï y a encore euplufeutsautres édits & déclara tions qui ont maintenu les procureurs dans la fonc: tion de siers, Tousceux qui ont dix ans de réception, prennent la qualité de procureurs tiers référendaires ; & en font les fonions chacun à léur tour dans l’ordre qui fuit. Parmi ceux qui ont 10 ans de charge , on enchoi fit, 36 toutes les fix femaines, on’en fait trois colon: nes de 12 chacune, & chaque colonne va pendant quinze jours à la chambre des riers régler les dificul- tés qui s’élevent fur les dépens. | Il y a un trente-feptieme procureur qui diftribue les dépens dans la chambre qui eft en-bas, appellée la facriflie , parce qu’elle fert en effet de facriftie pour la chapelle les jours de cérémonie. Ce diftributeur a droit de nommer pour siers un des 36, chacun à leur tour ; mais ordinairement il nomme pOur fiers celui des 36 qu’on lui demande. Le procureur rzers auquel.le demandeur en taxe remet fa déclaration des dépens, fait für cette décla- ration fon mémoire où il taxe tous les articles ; en fuite le défendeur en taxe apoñlille la déclaration ; ÊT fi les procureurs ne font-pas d’accord', ils vontenla chambre des ziers qui regle leurs difficultés, Voyez le code Gillet , &c les sors DÉPENS, FRATS ; ÉXÉCU: TION, PROCUREUR , TAXE. ( 4 TIERS sAIS1, (Jurifprud.) eft celui entreles mains duquel on a faïfi ce qu’il doit au débiteur du faifif fant. Le siers Jaif, quandil eft affigné pour déclarer ce qu'il doit à celui fur qui la faifie eff faite, doit le dé: clarer , & eft obligé de plaider où l’inffance princi- pale eft pendante. Poyez CRÉANCIER, DÉBITEUR 3 PROCURATION AFFIRMATIVE , SAISIE. (4) TIERS EN SUS , ( Jurifprud. ) eft une augmenta= tion que l’on fait à une fomme en y ajoutant un sers de ce à quoi elle monte. ( 4) Tiers , Ze, ( Monnoie.) petite monnoiïe dé France ainfi nommée, parce qu’elle valoit le siers du gros tournois; on l’appelloit autrement sraille rierce ou obole tierce. (D. J.) TIERS-DE-50L, {. m. ( Mornoie. ) c’étoit, felon Bouteroue, une forte de monnoie d’or, qu’on fabri- quoit du tems des rois de la premiere race ; cetre mornoie avoit fur un côté la tête de Mérouée orné du diadème perlé. (D, J.) Tiers , en rerme de Blondier, c’eft la troïfieme par tie d'une moche. Voyez Mocne. Chaque riers fe dé- coupe en cingécales très-diftinguées Les unes des au tres. Voyez ÉCALES. TTERS, ax jeu de la longue palme | fe dit des Joueurs qui n’ont d'autre emploi que celui de rabat tre, étant trop foibles pour fervir. TTERS-POINT , fm. ( Archi.) c’eft le point de feétion qui eft au fommet d’un triangle équilatéral, Il eff ainf nommé par les ouvriers , parce qu'il eftte troifieme point après les deux: qui font fur la bafe, (D. J.) TIERS-POINT , coupe de pierres , eft La courbure 6 TIC des voûtes gothiques qui font compofées de deux arcs de cercles 4C BC de 60° tracés d’un intervalle B pour rayon , égal au diametre de la voûte. _ Les claveaux de ces arcs gothiques font dirigés à leur centre; C’eft une faute dont on voit des exem- ples, d’avoir:mis un joint au fommet €, ainft qw’on le peut voir aupetit châtelet de Paris. TTERS POINT , ( Marine. ) voyez LATINE. . Tiers POINT , {. m. serve d Horlogerie ; on appelle ainfi une lime qui eft formée de trois angles, (D.7.) TIERS-POTEAU , £ m. (Charpenr.) piece de bois de fciage, de:3 fur $ pouces & demi de groffeur , faite d’un poteau de $ à 7 pouces refendu. Cette pie- ce fert pour les cloïfons légeres & celles qui portent à faux. (D. J.) | TIES A , (Géog. ane.) fleuve du Péloponnèfe, qui couloit de Sparte à Amiclée , & qui, à ce qu'on croyoit , tiroit fon nom de Tiefa , fille d'Eurotas. D,J. taf ° on , ( Géog. anc. ) montagne d'Italie , dans la Campanie, près de Capoue : elle commande cet- te ville, felon Tite-Live, Z. WIL. c. xxix. & 1. XXVI. c. v. tifata iminentes Capuæ colles. Siius Itahcus , Z. XII. y. 48. dit ; en parlant d’Annibal. 3h dec hhonte 00 Arduus ipfe Tifata invadit prior ; qu£ mænibus inflat Colis, & t tumulis fubjeëlam defpicit urbem. Cette montagne étoit facrée, & la table de Peu- tinger y marque deux temples; celui qui étoit à l’oc- cident eft défigné par ces mots ad dianam , & celui qui étoit à l’orient par ceux-ci, Jovis tifatinus. TIFATA, ville d'Italie, dans le Latium, felon Pli- ne, À, LIL. cv. (D.J.) TIFAUGES , ( Géog. mod.) petite ville ou plutôt bourg de France, en Poitou, éleétion de Mauleon , fur la Sevre nantoife, aux confins de l’Anjou & de la Bretagne. Long. 16. 35. lat. 46. 58. (D.J.) TIFERNUM, ( Géog, anc.) ville d'Italie, dans la partie de l’'Umbrie, qui eften-deçà de l’'Apennin, fur le bord du Tibre. On la nommoit Tifernum Tiberi- num, pour la diftinguer d’une autre Tiférrum , fur- nommée Metaurum. Les habitans de ces deux villes avoient auffi les mêmes furnoms : car Pline, /y. LIT. c. xiv. dit, Tifernates cognomine Tiberini, 6 alii Me- caurenfes. Ce furent les Tifernates Tiberini qui le nom- merent leur patron ; 1l décora leur ville de ftatues, &c y fit bâtir un temple à fes dépens. Il eft fait men- tion de cette viile dans une ancienne infcription rap- ortée par Gruter, pag. 494. n°. 5. où on lit, rep. Tif. Tib. Holftenius, p. 90. prouve par une autre in- fcription que le nom de cette ville s’employoit au plurier : ©, Julio. C.F. Clu. proculo Tifernis Tiberinis. Le nom moderne eft Ciradi caftello. Tifernum Metaurum, ville d'Italie, dans le Samnium, felon Tite-Live, L. IX. c. xliv, & L. X. c. xiv: Dans un autre endroït, lv. Æ, ch, xxx. il donne ce nom à une montagne. Ce nom étoit encore commun à un fleuve , fuivant le témoignage de Pomponius-Méla, 1, IT, c. iv. & de Pline, Z. III. c. ÿ. Le fleuve fe nom- me aujourd’hui 2/ Biferno ; & c’étoit vers fa fource, qu’on avoit bâti la ville de Tiférrzum. Cluvier a con- jeéturé de-là, que cette ville étoit dans l'endroit où Pon voit préfentement Molife, qui eff la capitale du pays. (2. J.) TIGE, f. f. (Botan.) c’eft la partie des plantes qui tire fa naïflance de la racine , & qui foutient les feuil- les , les fleurs & les fruits. La zige dans les arbres prendle nom de sronc, en latin, sruncus ; & celui de caudex dans les herbes, on Pappelle cazlis, & fcaphus lorfqu’elle eft droite comme une colonne. Les au- teurs modernes l'ont nommée viiculus | lorfqw’elle eft grèle & couchée, comme eft celle de la nummu- laire. Enfin, la sige des plantes graminées, s'appelle culs. | TIG Mais ce ne fontspas des mots qui intéreffent Îles phyficiens, ce font les phénomenes curieux de la vé- gétation; par exemple , le redreflement des riges, car on fait que de jeunes siges dé plantes inclinées vers la terre fe redreflent peu-à-peu , & regardent la perpendiculaire. Dans celles qui n’ont de libre que l'extrémité , c’eft cette extrémité qui fe redrefle. M. Dodart eft le premier qui ait obfervé ce fait en Fran- ce. Despins qu’un orage avoit abattus fur le penchant dune colline, attirerentl’attention de cet habile phy: ficien. Il remarqua avec furprife, que toutes Les fom- mités des branches s’étoient repliées fur elles-mêmes, pour regagner la perpendiculaire ; enforte que ces fommités formoient avec la partie inclinée, un angle plus où moins ouvert , fuivant que le fol étoit plus où moins oblique à l’horifon: ds M . M. Dodart cite à ce fujet dans les Mém. de l’acad. des Sciences ann. 1700. Vexemple de quelques plan- tes qui croiflent dans les murs, telles que la pariétai: re; ces plantes après avoir pouffé horifontalement , fe redreffent pour fuivre la direétion du mur: mais il n’a pas approfondi davantage la nature de ce mou- vement de viges ; nous favons feulement qu'il s’opere prefque toujours , de façon que la partie qui fe re- drefle devient extérieure à celle qui demeure incli: née : la zige prend alors la forme d’un fiphon à trois branches : jai appris que depuis vingt ans, M. Bonnet a tenté plufeurs expériences curieufes fur cette ma- tiere ; mais 1l en refte encore beaucoup à faire avant que de chercher à en afligner la caufe, car ce n’eft pas avec des dépenfes d’efprit & des hypothèfes , qu’on y peut parvenir. (2. J TicE, ff, ( Archir, ) on appelle ainfi le fût d’une colonne. Tige de rinceau , efpece de branche qiû part d’un culot ou d'un fleuron, & qui porte les feuillages d’un rinceau d’ornement. (D. J.) | T1GE , {. f. (Hydr.) voyez Soucue. (K) T1GE DE FONTAINE, (Archit. hydr.) efpece de ba- luftre creux , ordinairement rond , qui fert à porter une ou plufieurs coupes de fontaines jailliffantes, & qui a fon profil différent à chaque étage. (D. J.) TIGE , f. f. rermie de plufieurs ouvriers | la tige d’une clé, en terme de Serrurier, eft le morceau rond de la clé, qui prend depuis l'anneau jufqu’au panneton. La sige d’une botte | en terme de Cordonnier , eft le corps de la botte, depuis le pié jufqu’à la genouil- lere. La sige d’un flambeau , en terme d'Orfèvre , eft le tuyau du flambeau, qui prend depuis la pate jufqu’à Pembouchure inclufivement. , La rige d’un guéridon , en terme de Tourneur , eft la partie du guéridon , qui prend depuis la pate juf- qu’à la tablette. (D. J.) T1GE, nom que les Horlogers donnent à l'arbre d’une roue ou d’un pignon, lorfqw’il eft un peu min- ce; c’eftainfi que l’on dit la tige de la roue de champ, de la roue de rencontre, &c. Poyez ARBRE, Ais- SIEU , AXE, Gc. T1GE, (Serrurerie.) c’eft la partie de la clé, com- prife depuis l'anneau jufqu’au bout du panneton, elle eft ordinairement ronde , quelquefois cependant en tiers-point. TIGE , adj. rerme de Blafon, qui fe dit des plantes & des fleurs repréfentéés fur leurs ziges. Le Fevre d’Ormefon & d’Eaubonne à Paris, d’a- zut à trois lis au naturel d'argent , feuillés & tigés de fynople. TIGERON , f. m. verme dont Zes Horlogers fe fer. vent pour défigner une petite tige fort courte , qui dans l’axe d’une roue ou d’un balancier, s'étend de- puis la portée d’un pivot jufqu’au pignon, ou à la roue, &c. Dans les anciennes montres françoifes, & dans prefque toutes celles qu’on fait atuellement en Li Angleterre, la longueur de ces dgerons eft f petite que par l’attraétion l'huile qu’on met aux pivots, monte dans les pignons, ou s’extravafe contre les roues. Parmi plufieurs habiles horlogers qui s’apper: curent de cet inconvénient, M.-Gaudron fut un des premiers qui ayança, que fi on pouvoit mettre une bouteille d'huile à chaque pivot d’une montre, elle en conferveroit plus long-tems fa juftefle. M. Suly qui faifit cette idée, imagina de petits refervoirs, ( l’oyez la regle artificielle du tems, pag. 280.) qui fournifloient de l'huile aux pivots à mefure qu’elle s’évaporoit. Cette méthode entrainant après elle une grande multiplication d'ouvrage, & plufieurs incon- véniens ; M. le Roy eut recours à un autre expé- dient, dont la letture de l'optique de M. Newton lui fournit l’idée. En refléchiffant fur l’expérience que ce grand ho:nme rapporte, pag. 576, du livre dont nous venons de parler : M. le Roy raifonna ainfi. « Les pivots font placés aux extrémités des arbres; » ces arbres font perpendiculaires aux platines qui » les foutiennent, & concourent avec elles vers un » même point, fommet de l’angle qu'ils font entre » eux. Leur difpofition étant femblable à celle des » glaces dans expérience de Newton, ils font com- + me elles fufceptibles des mêmes caufes d’attra@ion. » Ainf l’huile devroit fe tenir à leur point de con- # cours, par conféquent aux pivots. Si donc l’huile, » dans les montres ordinaires, quitte les pivots pour # monter dans les pignons, cet effet ne peut être pro- # duit que par la convergence de leurs ailes, au »# moyen de quoi ils attirent le fluide avec plus » de force que les points de concours de la tige & # des platines: donc pour entretenir une fufifan- » te quantité d'huile à ce point & aux pivots, il faut » en éloigner fuffifamment les pignons ». L’expé- rience a parfaitement confirmé ce raifonnement ; car M. le Roy ayant placé dans les montres , des baret- tes aux endroits convenables, pour alonger ces - gerons , & éloigner les pignons & les roues des pi- vots ; & dans le cas où on ne pouvoit faire ufage de ces barettes, y ayant fuppléé par des creufures ou des noyons, 1la eu la fatisfaétion de voir que l’huile reftoit conftamment aux pivots & aux portées, fans monter dans les pignons, n1 s’extravafer comme ci- devant. Voyez BARETTE , CREUSURE, NoYoN, 2 Comme il eft d’une extrème conféquence que le balancier foit toujours parfaitement libre , & que fes pivots, au-lieu de s’appuyer fur leurs portées, frot- tent {ur leurs extrémités ; il a fallu pour leur confer- ver auffi de l'huile, chercher une nouvelle configu- ration de parties. M. le Roy en a trouvé une des plus avantageules &c des plus fimples. . Pour s’en procurer une idée jufte, on prendra une montre, on mettra une goutte d'huile fur le milieu de fon cryftal; on pofera enfuite deflus un corps plan tranfparent, un morceau de glace par exemple, alors on verra la goutte fe difpofer ciculairement au fommet du cryftal; on verra aufli qu’en élevant la _ glace, cette goutte fe rétrecira, fans néanmoins quit- ter prife. , Afin de produire leffet réfultant de cette expé- tience , M. le Roy met fur le coq de fes montres, trois petites pieces fort aifées à faire ; l’inférieure qu’on nomme /e petitcoq de laiton, Voyez PETIT COQ, fait l'effet du cryftal; la fupérieure, c’eft-à-dire Le petit cog d'acier, tient une petite agate, comme la main tient la glace dans l’expérience , & le bout du balancier venant s'appuyer au centre de l’agate, il eft toujours abondamment pourvu d'huile. A lé- gard de l’autre pivot , une feule piece qu’on nomme lardon, Voyez LARDON, fufit, la potence faifant l'office des deux autres. On peut confulter à ce fujet, un mémoire que M, le Roï a inféré à la fuite de la re- TIG 327 ole artificielle du tems; il le conclut en difant : « que » mieux les Horlogers, 8 en général tous les Mé: » chaniciens, fauront faire ufage de Pattra@ion de » cohéfion , en configurant les parties de leurs on- » vrages pour y fixer l'huile aux endroits néceffai- » res, plusen même tems ils approcheront de la per: » feéthion ». - TIGETTE , 1. f. (Archis.) c’eft dans le chapiteau corinthien, une efpece de tige ou cornet, ordinai- rement cannelé ; & orné de feuilles:, d’où naïflent les volutes & les hélices* (D. 7.) TIGIS , (Gréog. anc.) ville de Mauritanie céfarien- fe , felon Ptolomée, 2. 1F. 6. . L’itinéraire d’Anto- nin la marque fur la route de Rafuceurum à Badil, à douze milles du premier de ces lieux, 8 À vingt- fept du fecond. Peut-être efl-ce cette ville dont le fiege épifcopal eft appellé Tigifitanus, dans la con- férence de Carthage. ; TIGNIUM, (Géog. anc.) ville d'Italie dans le Pi- cenum ,{elon Céfar, de bell. civil. L. I. c.xiy. Ciacco- nus a fait voir qu'il falloit lire Zeuvium, au lieu de Tigninm. On croit que c’eft aujourd’hui S. Maria in Georgio. ( D, J. ) TIGNOLLE , 1. Ê rerme de Péclie | petit bateau fait detrois planches feulement. TIGRANOCERTE,, (Géog. arc.) ville dela gran- de Arménie, bâtie par le roi Tigrane , du tems de la guerre de Mithridate ; ce qui fait qu’Appien en décri- vant cette guerre, appelle Tioranccerse une ville toute nouvelle. Elle étoit fituée au-delà des fources du Tigre, en tirant vers le mont Taurus; & felon Pline, Z VE, c. ix. fur une haute montagne dans la partie méridio- nale de l'Arménie. Tacite, Az. !, XV. c. y. la met à 37 milles de Nifibis. Tigranocerta dans la langue du pays, veut dire a ville de Tigrane. Elle étoit forti- fiée & défendue par une bonne garnifon ; Plutarque ajoute que c’étoit une belle ville, & puiffament ri- che. | Le mot T'granocerta eft du genre neutre, felon Etienne le géographe; Appien cependant le fait du genre féminin, & lacite l’emploie aux deux genres: ce n’eft pas là le plus important. Tigranocerse étoit une ville fur l’Euphrate, que Ti- grane avoit eu la fantaifie de peupler aux dépens de douze autres villes, dont bon gré malgré il avoit transféré les habitans dans celle-là. Tous les grands de fon royaume, pour lui plaire, y avoient bâti des palais. Tigrane en vouloit faire une ville compara- ble à Babylone, & cela étoit bien avancé ; mais Lu- cullus ne lui donna pas le temsde s’achever: caraprès avoir pris & faccagé Tisranccerte, il enfitune folitu- de, renvoyant les habitans dans leur ancienne de- meure , Ce qui convenoit à tous ces divers peuples, qui foupiroient après leur patrie. Cette grande ville étoit peuplée de grecs & de barbares, La divifion fe mit parmi eux ; Lucullus en fut profiter , il fit donner lafflaut, prit la ville, & après s'être emparé des trélors du roi, il abandonna Tigranocerte à {es foldats, qui avec plufieurs autres richefles, y trouverent huit mulle talens d'argent monnoyé, c'eft-à-dire vingt-quatre millions ; & ou- tre le pillage, 1l donna encore à chaque foïdat quatre cent drachmes fur le butin qui y fut fait. (D. J.) TIGRE, £ m. (Hifi. nas. Zoolog.) tigris, PL ITT. fig. 1. animal quadrupede , un peu plus petit que le lion ;1lales oreilles courtes & arrondies, & la queue longue comme celle du hon. Son poil eft court & de couleur jaune, avec des taches noires & longues. Le sgre fe trouve en Afie & en Afrique ; il eft très- féroce. Il y a plufieurs efpeces d'animaux auxquels on à donné le nom de sigre. Celui qui reffemble le plus au vrai sigre, eft l'animal nommé #gre royal, L'animal 328 TIG auduel on donne le nom de sigre d’ Amérique , & que les Brafiiens nomment /agwara , a plus de rapport au éopard qu’au sigre, car il a des taches rondes com- ie celles du léopard, & non des taches longues com- me celles du vigre. Le rigre noir où once, nommé au Bréfil japguarere, differe du sigre d'Amérique en ce qu’il a le poil d’un noir, ondé & luftré, avec des ta- Ches d’un noir plus foncé. Le vigre barber, rigre frife ou loup tigre, du cap de Bonne-Efpérance, a le poil frilé comme celui d’un barbet, & des taches noires. Le tigre rouge de la Guyane &"du Bréfil, difere du tigre d'Amérique par fa couleur qui éft d’un jaûne roufsâtre, plus foncé fur le dos que fur le refte du cotps ; le deflous de Ia machoire inférieure & le ven- tre, font un peu blanchâtres. Voyez REGNE ANI- MAL. | Le rigre dans le fyfteme zoologique de Linnæus, conffitue un genre diftin@ dans la claffe des quadru- pedes ; fes caraéteres font qu'il a quatre mamelles placées fousle nombril, & quefes piés font faits pour gtimper ; Linnæus rapporté la panthere à ce genre, en l’appellant sigre à rathes orbiculaires. Les voyageurs qui ont vu de près le sigre en Amé- rique , font bien loin de le regarder comme le plus lefte des animaux fauvages carnivores ; ils prétendent au contraire que c’eft une bête lente, ftupide, inca- pable d'atteindre un homme à la courte, &t qui ne fait faire que deux ou trois grands fauts pour attraper fa proie. On trouve auf des sigres aux Indes orenta- les , & en plufeurs parties de l’Afie; mais il femble qu'il y a quelque différence entre les uns &c les au- tres , & peut-être que de nouvelles obfervations juf- tifieroient que les zigres afatiques font très-agiles , comme l’ont afluré les anciens. | Pline, Z. VIII, c, xviij. nous a décrit le moyen qu’on employoit de fon tems pour enlever les jeunes tigres à la mere, & les tranfporter à Rome. Les Hir- caniens & les Indiens , dit-il, font obligés , quand ils prennent les petits sigres,de les emporter bien vite fur un cheval; car quand la mere ne les trouve plus, elle fent leurstraces, les fuit avec une promptitude furieufe ; &c la perfonne qui les emporte, n’a rien de mieux à faire quand il eff atteint par la tigreffe , que de lui jetter un de fes petits à terre ; alors elle le prend dans fa gueule , lé porte dans fon trou, & revient bien-tôt après ; on l’amufe en répétant la même ma- nœuvie,quiqu'à ce qu’on foit fur le vaifleau , d’où l'on entend la tigrefle qui n’ofe fe jetter dans l’eau, poufler des hurlemens affreux fur le rivage. Ticre, (Monum. antig.) ce cruel animal accom- pagne aflez fouvent les monumens de Bacchus , & des bacchantes. Le char de Bacchus eft ordinairement tiré par des rigres , & quelquefois auf on voit des ri- gres aux piés des bacchantes : feroit-ce pour caraëte- rifer la fureur dont elles étoient agitées ? (D. J.) Ticre , (Marechal.) poil de cheval dont le fond eft blanc & parfemé de taches noires & rondes d’ef- pace en efpace. Ticre , 4e, (Géog. anc.) Tigris, grand fleuve d’A- fie, qui prend fa fource dans les montagnes de la grande Arménie , & fe jette dans le golfe Perfique. Moife l'appelle Chidkeli , genef. xj. 14. les anciens le nommoient Digliro ; & encore aujourd’hui, 1l eft ap- pellé Ter! ou Tigul. Jofephe , Le paraphrafte chaldéen , les traduéteurs arabes & perfans , le nomment Digler. Pline, 2. FI. ce. xxvij. dit qu'il prend fa fource dans la grande Ar- ménie, au milieu d'une campagne nommée £/épo/ffre. I! entre dans le lac Aréthufe , & coule au-travers fans y mêler fes eaux. Après cela, il remonte le mont oi , rentre dans la terre, paîle fous la monta- gne , & va reparoître de l’autre côté ; une preuve, ajoute-t-1l, que ce n'eft pas un nouveau fleuve qui fort au delà de la montagne , c’eft qu’il rend à fa for- + 17 tie cé qu'on y avoit jetté à l'entrée de fa caverne. Prolomée met auffi la fource du Figre au nulieu dé PArménie au trente-neuvieme degré, &c un tiers de latitude ; maïs Strabon, Z XF. p. 339. femble avoir pris pour la fource du Tigre la lortie du mont Fau- tus; le Tigre à lorient, & l’'Euphrate au couchant, bordent la Méfopotamie qui eftentre deux. Après avoir parcouru beaucoup de pays du feptenttion au midi, ces deux fameux fleuves ie dégorgent dans le golfe perfique. Aujourd’hui 1ls y tombent par un ca- al commun, mais autrefois ils y tomboïent féparé- ment. L’embouchure de ce fleuve eft nommée Pa/- tigris par Strabon , & par Arrien. Le Tigre eft dépeint avec l’'Euphrate , dansune mé- daille de Trajan, où ce fleuve eft dit vaincu. L’em- pereur eft repréfenté debout entre les deux fleuves, avec la figure d’un arménien à fes piés , & à côté du Tigre, qui, comme nous Pavons dit, prend fa fource dans les montagnes de la grande Arménie. L’mf- cription de cette médaille eft : Armenia & Mefopota- mia in poteflatem populi Romani redaüte. (D. J.) TiGRE , /a ( Géog. mod. ) riviere de l'Amérique méridionale , au pays des Yaméos. Elle fe jette dans la partie feprentrionale de l’'Amazone , après s’être grofie de plufieurs rivieres. Fe TIGRÉ , TÉGRE , oz TÉGRA, ( Géog. mod. ) royaume d'Afrique , dans l'Ethiopie ou Abyffime ; & le premier qu'on trouve en entrant de l'Egypte dans l'Ethiopie. Il eft borné au nord par le royaume de Sennar & de Balous, au midi par celui d’Angsor, au levant par la mer Rouge, & au couchant par le royaume de Dambéa. Il y a , felon Ludolf, dans la province de Tigré, vingt-fept préfeétures , habitées ar différens peuples. ( D. J.) TIGRILLO , {. m. ( Æif£. nat.) oïfeau de la nou- velle Efpagne, qui eft de la groffeur d’une grive, les Efpagnols lui ont donné fon nom , parce que fon plumage eft mouchetée comme la peau d'un tigre. TIGUARES, es, ( Géog. mod.) peuples fauva- ges de l'Amérique méridionale dans la partie occi- dentale de la capitainerie de Parayba, au nord des Pétiguares. (D. J.) | TIGULIA , ( Géog. anc.) ville d'Italie , dans la Li- gurie, felon Pline, /. {FI, c. v. Les itinéraires mar: uent Tigulia ou Tegulata , fur la voie Aurélienne, & Segea Teguliorum , où Segefie de Ligurie, fur la côte. Cette pofñtion s'accorde avec Pline, qui fait une ville maritime de Tigulia , @t dit que Segeffa Te- guliorum étoit dans les terres. ( D. J.) TIGURINUS-P AGUS ,(Geog. anc.) Céfar, L. I. c. xij. donne ce nom à un des quatre cantons qui compofoient la fociété helvétique. Ce canton pou- voit prendre fon nom de la ville Tigurum, qui fut fans doute une des douzes villes que les Helvétiens brülerent eux-mêmes , lorfqu’ils voulurent aller s’é- tablir dans l’intérieur de la Gaule. A Ja vérité aucun ancien auteur ne nomme la ville Tzouwrum : mais mal- oré ce filence des écrivains, on peut bien fuppofer que cette ville exiftoit dès ce tems-là. Tigurum en effet, fe trouve encore aujourd’hui la capitale de ce canton, De Tigurum on a fait Zurich, comme de Taberna Labern , & de Tolbiacum Zulpich. Les au- teurs du moyen âge difoient Turegum , au lieu de Tr- gurum. Les Tigurini fe joignirent aux Cimbres, lorf- ue ceux-ci entreprirent de pañier en Italie. (2. J.) TIEGUACU-PAROARA, f. m. (Hff. naturelle. Ornithol.) nom d’un oïfeau du Bréfil, décrit par Marg- grave , & qui eft de la groffeur d’une alouette. Il a le ec court, épais, brun en-deflus, cendré en-deffous. Sa tête, fa gorge, la partie inférieure de fon cou, & fes côtes font d’un beau jaune drapré de rouge dans la femelle , & d’un rouge de fang éclatant dans Île mâle. Le haut du cou & tout le dos font gris , avec , un _Yiñ inélange de brun ; les aîles font brunes ; marques tées dé blanc ; la queue eit de la même couleur ; les côtés du cou, le ventre & les cuifles font blanches. THEPIRANGA, L. m. (HUE rar. Ornirhol.) oifeau du Bréfil, du genre des paflereaux. Il y en a de deux efpeces ; la premiere, qui eft de la groffeur de l’a: louette, a tout Le corps, le cou &c la tête d’un rouge admirable , avec les ailes &c la queue noire. L'autre efpece plus petite eit d’un gris-bleu fur Le dos, blanche fur le ventre, & d’un verd de mer fur les aîles.(2D. 7) _ TIKMITH, £ m. (Calend. érhiop.) nom du {econd mois de l'année des Ethiopiens, qui répond au mois d'Oétobre. Ludolf nous a donné tout le calendrier éthiopique dans fon hiftoire d’Ethiopie. TILL, 1 m, (Archi. ) écorce d’arbre dont on fait les cordes des puits, & dont les appareilleurs nouent des morceaux déliés, les uns'au-bout des autres, pour faire une longueur néceflaire au tracement de leurs épures. Cette forte de cordeau a cet avantage de ne point s’allonger comme la corde, Dayiler. (D.J.) TILAVENTUM , ( Géog. anc.) Pline met deux fleuves de ce nom en talie, au pays des Vénetes. Léander dit que ce font deux fleuves du Frioul , & que Tilaventum majus eft le Tagliamento , & Tilaven- zum minus, la Stella. Ptolomée, £. III. c. j. ne parle que du premier de ces fleuves, qu'il nomme Tilaventum. TILBOURG , ( Géog. mod. ) bourg des Pays-bas hollandois , au pays d'Ofterwick. Ce bourg eftun heu confidérable , & renommé par fées manufadures. On y compte plus de quatre mille communians , & 1l peut mettre encore aujourd’hui quinze cens hom- mes {ous les armes. C’eft une feigneurié qui appar- tient au prince de Hefle-Cañel. La juftice eft admi- mlirée par un drofart, un bourgmeltre, fept éche- vins, &c deux décemvirs. ( D.J. ) FILLAC, fm. (Marine.) c’eft le plancher qui for- me l’Ctage d’un vaifleau, fur lequel la batterie eft po: Tée , comme fur une plate-forme. Voyez PONT. On appelle franc-sllac le premier pont ; & faux- sillac un faux pont. V. FAUX-PONT 6 FRANC-TILLAC,. Lirzac, ( Marine. ) efpece de plate-forme de planches , qui eft au fond-de-cale , où le munition- naire fait fes bidons, TILLÆA , 1 f (HUf. nar, Boran. ) gente de plante que Linnæus caraétérife ainfi. Le calice eft applati,, divifé en trois gros quartiers, de forme ovale; la fleur eft compotée de trois pétales applatis, ovoides, pointus, plus petits que les fegmens du calice ; les étamines {ont trois filets plus courts que le calice ; leurs boffettes font petites ; le piftil a trois germes; les füles font fimples, & trois en nombre; les ftig- mats font obtus; le fruit a trois capfules alongées autant que la fleur, pointues, recourbéesen-arriere, & s’ouvrant longitudinalement dans leur partie fu- périeure ; les graines font ovales, au nombre de deux dans chaque capfule. Linnæi, gez. planr. p. 36. . TILLE ,f £ ( Wiarire, ) c’eft endroit où {e tien le timonnier dans les flûtes. TiLE, ( Marine. ) c’eft un couvert ou accaftil: - lage , qui eft à l’arriere d’un vaifleau non ponté. TiLLE , (Arts méchaniques. ) inftrument dont fe fervent les tonneliers, les couvreurs , & les autres artifans, qui eft hache & marteau tout enfemble; car d’un côté il y a un large tranchant en forme de ha- che , & de l’autre il a une tête plate. La s//eeft à- peu-près faite comme la hache d’armes, excepté que celle-ci étoit toute de fer, &c que la sille a un man- Che de bois; la #//e fe nomme autrement hacheste , aifferre, &t affrute. Savary. (D. J.) "TE TILLE , ( Sucrerie. ) petit inftrument de cuivre fait en forme de couteau , avec lequel on fouille Le fond des formes de fucre avant de leur donner la terre. Savary. (D. J.) _ TiLLE, LA, ( Géog. mod.) riviere de France, en Tome XVI, KT DRE, 329 Bourgogne ; elle a fà fource à Saint-Seine , bailliagé de Chätllon , & {e jette dans la Saone, à une lieue au-deflôus d’Auxonne, On pourroit fre un canal depuis Dijon jufqu’à la Saone ; & ce canal augmen: teroit le commerce de cette province, (D, J. TILLEMONT , ( Géogr. mod, ) en flamand Tiez 7er, Ville des Pays-bas, dans le Brabant, au bord de la Géete, qu'on y pañle fur plufeurs ponts, à quatre lieues au fud-eft de Louvain, Les guerres ont prelque entierement ruiné cette ville > Qui étoit au- trefois une dés principales du Brabant, LOng. 22,34, lait, 50, 47. J Bollandus (Jean) célebre jéfuite, Y naquit en 1596, € fut choifi pour exécuter Le piojet que le P. Rofweïde avoit eu de recueillir tour ce qui pour: Toit lerVir aux vies des faints , fous Le titre de 4% Janëlorum, Bollandus l’enireprit, & en publia cinq volumes i#-folio ; il travailloit au fixieme lorfqu’il mourut en 1 665 ,à7o ans. On donne en fon honneur aux COntinuateurs de ce volumineux Ouvrage ; fort connu dans la république des Lettres > le furnom de Bollandifies, ( D. J. TILLER le chanvre ; ( Econom. ru fique.) eft une Opération qui confifte à prendre les brins de chan vre les uns après lesautres , à rompre la chénevotte, & à en détacher la filafle en la faïfant gliffer entre Les doigts. | Il y a des provinces où l’on sil tout le chanvre ; dans d’autres on nele s//que quand on en a fort peu; autrement on le broye, s Ce travail eft fort long; mais on y Occuüpe les en: fans qui s’en acquittent aufli-bien que des prandes perionnes. Voyez l’article CHANVRE. . TILLER, serre dont les Cordiers fe fervent pouf dire faire de la corde avec dutille où écorce de tilleul, Îl y a encore d’autres écorces qu’on peut &//er , par exemple celle du mahot; on en fait audi de là ficelle & de gros cordages qui ne le cedent guere en bonté aux cordes de chanvre. | TILLET , { mvserme de Jardinier, cet le nom qu’on donne aux lieux plantés de tilleuls ou tillots ; Ou au Heu où l’on en éieve, comme on dit cherie : Japée, ogeraie, tremblaies, pour les lieux plantés de chênes, de fapins, d’oziers, de trembles. (D. J.) TILLET , ( Librairie. ) ce mot fignifie la même cho- fe que biller ; c'eft une permiffion par écrit que don nent les fyndic & adjoints, de retirer des livres des voituriers & de la douane, ( D..J. ) . FMLLCEUL, TILLAU , { m. ( Hifi. nat, Bor. ) tlia , genre de plante à fleur en rofe compolée de plufieurs pétales-difpofés en rond; le piftl fort du calice, & devient dans la fuite une coque qui n’a qu'une feule capfule, & qui renferme des femences oblongues. Tournefort, nf, rei herb, Voyez PLANTE. TILLEUL, silia, grand arbre qui vient naturelle: ment dans les climats tempérés de l’Europe &r de l'A: mérique feptentrionale, il fait une belle tigé, fort droite, & d’une groffeur proportionnée ; fa tête fe garnit de beaucoup de rameaux, & prend d'elles mème une forme ronde & répuliere ; fon écorce qui eft d'abord unie , mince & cendrée dans la Jeunefle de l'arbre, devient brune, épaifle & gerfée à l’âge de quinze ou vingt ans. Ses racines qui font fort fbreu. {es s'étendent au loin près la furfacé de la terre; fà feuille eft grande, faite en maniere d’un Cœur, den- telée fur les bords, & d’une agréable verdure. Cet arbre donne fes fleurs au mois de J uin; elles {ont pe- tites, jaunâtres , peu apparentes, mais de très-bonne odeur ; les graines qui fuccedent font des coques ron- des, velues, anguleufes, de la groffeur d’un pois, renfermant une ou deux amandes douces au goût ; elles font en maturité au mois d’Août, &elles tom- bent en Septembre, Le slleul eft un arbre foreftier dutroïfieme ordre | Ti > ge (TUL on le met au rang des arbres que l’on défigne par dois blancs : par conféquent on en fait aflez peu de cas; on le laife fubfifter dans les bois où 1l fe trouve , parce qu'il fait une bonne garniture dans les endroits où d’autres arbres d’une meilleure effence ne réufi- roient pas fi bien; mais on ne s’avile guere d'en for- mer de nouveaux cantons de bois; cependant c’eit arbre que l’on cultive le plus en Érance par rapport à l'agrément. Cet arbre vient dans prefque tous les terreins &c À toutes expoñrions ; il réuflit dans les vallées , le long des coteaux, même fur Les montagnes. Toutes ces fituations lui font à-peu-près égales , pourvu que la premiere poñtion ne foit pas trop aquatique, Ja feconde trôp chaude, & qu’il y ait dans le derniere, ou de l'humidité ou de la profondeur , ou enfin quel- que mélange de terre limoneufe ; mais le vi/Jeul fe plaît particulierement dans un terrein gras & fertile. 11 fait Les plus grands progrès dans la terre franche mêlée de gravier, & il réuffit fort bien dans les ter- res legeres qui ont beaucoup de fonds ; il dépérit par la pourriture de fes racines dans un fol trop aquati- que ; les Hollandois le jugent de cette qualite lorf- qu’il eft à moins d’un pié &t demi d'épafleur au- deflus de l’eau pendant l'hiver. Enfin , cet arbre fe refufe abfolument à la craie pure, au fable trop chaud & aux terreins arides, pierreux &c trop fu- perhciels. "Le rilleul fe multiplie très-aifément ; on peut Péle- ver de graine, de rejettons , de boutures &c de bran- ches couchées; on peut auf le greffer , mais on n'employe ce dernier expédient que pour multiplier quelques efpeces rares ou curieufes de cet arbre. La femence eft une mauvaïfe reflource, peu sûre , &fort longue , que lon met rarement en ufage; attendu ue la graine fe trouve rarement de bonne qualité, qu'elle leve difficilement, qu’elle ne paroït fouvent qu’au fecond printems, &t que les plans font la plüi- part dépénérés de lefpece dont ona tiré la graine. Les rejersons ne fe trouvent pas communément pour eupler une pepiniere. Ce font prefque toujours des cts éclatées , mal enracinées & défettueules ; fa bouture eft un moyen difhcile , incertain , & qui rend trop peu : la méthode la plus sûre , la plus ex- péditive, & la plus ufitée, eft de propager cet arbre de branches couchées. em … Cette opération fe fait pour le mieux en automne, dès que les feuilles commencent à tomber. Les rejet- tons forts & vigoureux font les plus propres à réuf- fr. Au bout d’un an 1ls feront aflez enracinés pour être mis en pepiniere à 15 ou 18 pouces les uns des autres en rayons éloignés de deux piés & demi. On pourra les cultiver trois où quatre fois lan, en ne remuant la terre qu'à deux ou trois pouces de pro- fondeur. Il faudra les élagner avec ménagement, fe contenter d’abord de rabattre les branches latéralesà deux ou trois yeux, êcne lesretrancher entierement qu’à mefure que les plants prendront du corps. Au bout de cinq ansilsauront quatre ou cinq pouces de circonférence , & feront en état d’être tranfplantés à demeure. On pourroit également coucher de grofles branches de #lleul qui réufliroient aufli-bien fi ce n'eft qu’elles ne donneroient qu’au bout de deux ans des plants aflez formés pour être mis en pepiniere. On auroit encore le même fuccès en couchant Par- bre entier. On fait que c’eft fur le slleul qu’on a fait la fameufe épreuve qui a fait voir que de la tête d’un arbre on en peut faire les racines , &: des racines la tête. Si l’on prend le parti de le femer , il faut faire amafer des graines par un tems fec dans le mois de Septembre ou d'Oétobre, les conferver pendant l’hi- ver dans du fable ou de la terre, & les femer de bon- : ne heure au printems, même dès Le mois de Février. Car f ou laïffe les graines fe deflécher, ou qu’on at- iende troptard à les femer,elles ne leveront qu’à Pau- TIL tre printems, &il en manquera beaucoup. Lorfqu'its feront âgés de deux ans, on pourra les mettre en pépiniere, où il faudra les foigner & les conduire comme ceux qu'on éleve de branches couchées. Le rilleul réuflit facilement à la tranfplantation. On peut le planter fortgros avec fuccès quand même il auroït un pié de diametre. On s’eft afluré que des plants pris dans les bois, &c éclatés fur des vieux troncs , reprennent aflez communément. L'automne eft la faifon la plus convenable pour la tranfplanta- tion de cet arbre , & on fera toujours mieux de s’y prendre dès que les feuilles commencent à tomber , à-moins qu'on eût à planter dans un terrein gras, fujet à recevoir trop d'humidité pendant l'hiver. Il vaudroït mieux dans ce dernier cas attendre le prin- tems , &au plus tard la fin de Février. Ce qu'il y a de plus eflentiel à obferver , c’eft de planter ces ar- bres d’une bonne hauteur. Je fuis obligé de répeter ici ce que j'ai déja dit à l’arsicle de L'ORME ; c’eft que prefque touslesjardiniers ,fur-tont dans les environs de Paris, ont la fureur de couper à feptou huit piés tous les arbres qu'ils tranfplantent. I femble que ce foit un terme ab{olu au-delà duquel la nature doive tomber dans l’épuifement. Ils ne voient pas que cette abfurde routine de planter des arbres trop courts, retarde leur accroiffement , & les prépare à une dé- feétuctité qu'il net jamais pofible de réparer. Ces arbres font toujours à la hauteur de la coupe un ge- nouil difforme , une tige courbe dunafpect très-def- agréable ; il faut donc les planter à quatorze ou quinze piés de tige. On les laïfle pouffenèc s’amufer pendant quelques années au-deflus de dix prés, en- fuite on les élague peu-à-peu pour neleur laifler en tête que la tige la plus propre à fe drefler : c’eft ainfi qu’on en jouit promptement, qu’on leur voit faire des progrés inléparables de l'agrément. Le tilleul peut e tailler tant que l’on veut fans inconvénient. On peut l’élaguer, le tondre, le pa- lifer au cifeau , à la ferpe, au croiflant ; ilfouffre ces opérations dans tous les tems où la feve n’eft pas en mouvement , & il fe cicatrife promptement tantqu'il eft au-deflous de l'âge de vingt ans ; cependant lorf qu’on eft obligé de retrancher de fortes branches , on doit le faire avec la précaution d’y mettre un en- duit. | On demandetoujours à quelle diffance il faut plans ter ; c'eft fur la qualité du terrein , fur la grandeur des efpaces , fur la forte de plantation que l’on veut faire, & fur l’empreflement qu'on a de jouir ; qu'il faut régler les intervalles. [l peut être auifi convena- ble de planter des si//euls à huit piés que de leur en donner vingt de diftance. Cet arbre fe prête à toutes les formes qui peuvent fervir à lornement d’un grand jardin. On en fait des avenues, des allées couvertes, des falles de verdute, des quinconces. On peut l’af- fujettir À former des portiques , à être taillé en pa- liffades, & le réduire même à la régularité & à la petite ftature d’un oranger. Depuis qu’on s’eft dé- poûté du maronnier d'inde à caufe de fa malpropreté, de l’orme par rapport aux infeétes qui le défigurent , de lacacia qui ne donne pas aflez d'ombre, on ne plante par-tout que des #i/kuis , en attendant que quantité d’arbres étrangers qui donneroient plus d'agrément foient connus &ë multiphiés. Si le rilleul a le mérite de former naturellement une tête répguliere 8e bien garnie, d'avoir un feuillage d’une affez belle verdure , de donner des fleurs finon apparentes , du-moins d’une odeur fort agréable, de n’être point fujet aux imfeétes , de réfifter au vent, de réuffir aflez communément dans la plüpart des terreins, & de fe pler aux différentes fortes d’agré- ment que lart veut lui impoter ; on doit convenir auf que fon accroïflement eft fort lent, qu'il ne pro- fite pas fur les hauteurs, qu'il 1e refufe aux ferreins fecs & légers, qu'il perd fes feuxlles de bonne heure, LR &c qu'il eft trop fujet à fe verfer & à fe creufer lors qu'il fe trouve expofé aux vents de midi & de fud- oueft. On tombe alors dans un inconvénient de le voir Janguir &c périr avant d'entrer dans l’âge de fa force, qui eft à vingt ans. Mais auffi quand cet arbre a bravé cet accident , & qu'il fe trouve dans un ter- rein qui lui plait, il fait de grands progrès, s’éleve & grofhit confidérablement, &c dure très-long tems. M. Müller, auteur anglois, dit avoir vu un slleul qui avoittrente piés de tour à deux piés au - deflus de terre, &il cite un autre angloisnomméTkomasBrown, qui fait mention d’un arbre de cette efpece dans le comté de Norfolk, qui avoit quatante-huit piés de tour à un pié &c den au-deflus de terre, & 90 piés de hauteur ; il faut entendre ici le pié anglois. Quoique le silleut n'ait avec jufte raifon que la petite confidération des bois blancs , il ne laifle pas de fervir à différens ufages,& fon débiteft aflez éten- du. Ce bois eft employé par les charrons » les me- nuifers, les carrofhers, les tourneurs, les ébéniftes : les graveurs en bois, & particulierement les {culp- teurs quipréferent ce bois à tous les autres ; ila le mérite de n'être fujet ni à la vermoulure , fi à fe fen- dre, nià fe gerfer:ileft blanc, léger, tendre, liant, tenace , de longue durée, & il fe coupe aïfément. Ces qualités le font eftimer par les charpentiers de vaifleaux. Ses jeunes rejettons peuvent fervir aux ouvrages de vanerie , comme les faules de petite elpece, Le charbon de bois de si//eul eft plus propre qu'aucun autre pour faire la poudre-â-canon. Quoi- que ce bois ne foit pas des meilleurs pour le chauffa- ge, onne laïfle pas d’entirer aflez bon parti lorfqu’il æftbien fec. On peut faire des coupes réolées de la tonte &t de l’élaguement des vieilles allées de 57 leuts. On fefert de la feconde écorce pour faire des cordes & des cables. On en faifoit autrefois un plus noble ufage avant l'invention du papier qui a rem- placé pour l'écriture l'écorce intérieure du zi/2ut avec un avantage incomparable. Ses feuilles ramaf- {es font pendant l’hiver une des meilleures nourri- tures pour le gros bétail. Le zilleul a peu de propriétés pour la médecine. Elle tire quelques fervices du fuc {éveux de l'écorce intérieure , & duscharbon fait avec le bois de cet arbre ; mais la fleur eft la partie dont elle fait le plus d’ufage. On connoïit différentes efpeces de rilleuts dont voici les principales. | 1. Le tilleul à Zarges feuilles ou Le tilleut de Hollande, eff Le sa fœmina, folio majore I. R. A. Grr. Sa ra- cinedefcend profondément en terre, &s’étendheau- coup ; elle poufle un tronc d’arbre, grand, gros , ra- meux ; qui fe répand au large, & rend beaucoup d'ombre. Il eft couvert d’une écorce unie, cendrée : ou noirâtre en-dehors, jaunâtre ou blanchâtre en- dedans , fi pliante & fiflexible , qu’elle fert à faire des cordes de puits & des cables ; fon bois ef tendre ;: fans nœuds , blanchâtre ; fes feuilles {ont larges , ar- rondies, terminées en pointe, un peu velues des deux côtés, luifantes, dentelées en leurs bords ; il fort de leurs aiflelles des petites feuilles longues, blanchâtres , où font attachés des pédicules, qui fe divifent en quatre ou cinq branches ; elles foutien- nent chacune une fleur à cinq pétales, & font difpo- fées en rofe, de couleur blanche, tirant fur le jaune, d'une odeur agréable , foutenues fur un calice taillé “en cinq parties blanches & srafles. Lorfque cette fleur eft pañée, il lui fuccede une coque grofle comme un gros pois, ovale , ligneufe, anguleufe, velue , qui contient une ou deux femen- ces arrondies, noirâtres , & douces au goût. Il fleu- rit en Mai & Juin ; fon fruit mürit en Août , & s’ou- vrant en Septembre, il tombe de lui-même. Ses feuil- les font couvertes lorfque la faifon eft un peu avan- Tome XFI, NOR 331 cée , d’une efpece de {el éflentiel ; femblable à dea* crème de tartre ; ce {ek s’y amafle après Pextravafat tion du fel nourriciet , qui dans les grandes chaleurs: s'échappe des vaifleaux. Cet arbre eft l’ornement des avenues > des pro- menades, des jardins, & des bofquets , par fon port gracieux, par {on ombrage, & par foñodeur aptéas ble ; lorfqu’il eften fleur, JF , Letlleul demande uneterre grafle, & prend telle figure qu'on veut , Mais il ne dure pas lông-tems : fon boïs eftutile dans les arts; les Sculpteurs Pen ploient par préférence à d’autres , parce qu'il cede facilement fans s'éclater à limpreffion du cifeau , &: qu’il eff moins fujet à la vermoulure que celui de l'é- rable ; on en fait auf du charbon qui entre dans la compoñtiôn de la poudre à canon. C’eft à cette efpece qu’on doit rapporter parti» culierement ce quia été dit ci-deflus. La largeur de la feuille fait le principal mérite de cette efpece. Mais cette qualité n’eft pas uniquement propre au rilleul de Hollande;il s’en trouve dans quelques cantons de bois aux environs de Montbarden Bourgogne , dont la feuille eft auf grande que celle du si//eul de Hol- lande, mais qui ont encore l'avantage d’être plus ro buftes , &c de réuffir dans des terreins élevés où celui de Hollande n’avoit fait que lanouir. D'ailleurs ils ont lafetulle d’un verd plus tendre & plus agréable. 2. Le tilleul de Ho/jande a feuilles pañachees, Cet accident n’eft pas ici d’une grande beauté. 3. Letilleul 4 perires fuilles. Tla en effet Ja feuille beaucoup plus petite que celle du riZ/eut de Hollande mais encore plus brune , plus ferme , plus life. II fleurit plus tard ; fa graine n’eft Pas fi-tôt mûre , fon écorce eff plus rude , fon bois moins blanc ) Moins tendre & aflez ordinairément noueux > parce que cet arbre eft plus branchu, | 4. Letilleul d;rorragne à trés-grande feuille. Cette belle efpece n’a été vue que par Gafpard Bauhin, qui en fit la découverte fur une montagne près Bâle. Ses feulles étoient trois ou quatre fois plus grandes que celle du s//ul de Hollande, Il eût mieux valu soc: cuper à le multiplier qu’à le décrire. | ÿ- Le tilleul à feuilles d'orme, Sa feuille eft de méa diocre grandeur & fort rude au toucher. Son boig eft jaunâtre , noueux & moins tendre que celui des autres efpeces. Sa oraine a fix angles au-lieu de cinq qui eft le nombre le plus ordinaire. 6. Le tilleul à feuilles velues, Sa feuille ef aufi grande que celle du seu de Hollande ; fes jeunes rejettons ont l'écorce rougeâtre, 8 {a graine n’a que quatre angles. 7. Le tilleul de Bohème, Ses feuilles font petites &t lifles , & fa graine qui eft pointue des deux bouts n'eft nullement anguleufe, 8. Le tilleul de Canada. C’eit la plus belle efpece de ce genre d’arbre qui foït a@uellement dans ce royaume, Sesfeuilles font d’unverdtendre fortclair : elles font du double plus grandes que celle du si//euf de Hollande, & fe terminent pat une pointe fort alongée. L’arbre pouffe auf plus vigoureufement , ët fon écorce eft plus unie, plus cendrée, Il {e trouve dans la plüpart des pays de PAmérique feptentrio- nale. Cette efpece eft encore fort rare. 9. Le tilleul zoir © Amérique. 1] a beaucoup de ref. femblance avec le précedent, mais ce n’eft pas du côté de l'agrément. Sa feuille eft auf grande & auf pointue, maïs elle eft brune, épaifle , rude; néan- moins elle a des nervures un peu rouges qui la rele= vent. Cette efpece eft auffi originaire de l’Amériqué feptentrionale,& encore plus rare que la précédente, Article de M, D'AUBENTON le Jubdélépue. TiLLEUL, ( Mar. méd. ) les fleurs de rilleul font la feule partie de cet arbre qui foit en ufage en mé- decine, On en prépare une nr > &onen Tty 332 TIL fait une conferve. L'un & l’autre de ces remedes eft regardé comme un excellent céphalique, &c prefque généralement ordonné dans les menaces d’apoplexie &c d’épilepfe , dans les vertiges , le tremblement des membres , & dans la plûpart des autres maladies qui dépendent évidemment des vices du cerveau, ou de l'origine des nerfs. L’infufion desfleurs de silleul eft employée aux mêmes ufages. Elle doit êtreregardée comme plus foible que l’eau diftillée &c que la con- ferve, s'ileft vrai que la vertu desfleurs desz//eul (f néanmoins il left permis de croire à cette prétendue vertu }, réfide dans leur principe aromatique , dont l'infufion eft beauconp moins chargée que l'eau diful- lée ou lafleur contenue en{ubftance dans la conferve; orileft clair par l’analyfe de M. Cartheufer, que le principe fixe, ou l'extrait de cette fleur ne poflede aucune vertu æéelle ; cet auteur n’en a retiré par le menftrue aqueux , qu'une fubftance mucilagineufe, fade & fans aétivite. À . Les fleurs de s7/eulfont une des matieres végéta- les aromatiques , qui ne contiennent point d’huile effentielle. Ses fleurs entrent dans l’eau générale, & dans Peau épileptique de la pharmacopée de Paris. (4) TILLI , GRAINS DE, ( Mur. med.) voyez RiciIN. _ TILLIUM où TILIUM , ( Géog. anc.) ville de l'ile de Sardaigne fur la côte occidentale. Ptolomée div. IIL. ch. ii. la marque entre Le promontoire Gur- ditanum , & le port Nympheus. Molet croit que Tz- lium eft aujourd’hui S. Reparata. (D. J.) TILLOTTES , ff serme de Pêche, fortes de petits bateaux dont la conftruioneft particuliere; ils n’ont ni quille ni gouvernail ; ainfi 1ls étoient dans le cas d'étrefupprimés, en exécution de l’article 26 de la déclaration du 23 Avril 1726 : mais fur les repréfen- tations qui ont été faites à fa majefté par les officiers de l’amirauté, qui ont fait connoître la fohidité de ces bateaux , & la néceffité de s’en fervir pour pi- loter les bâtimens & navires qui entrent & qui for- tent du port de la ville de Bayonne , ils ont êté ex- ceptés. L On ne peut trouver de meilleures chaloupes pour naviger dans la Dour, & même aller à la mer lorf qu’elle n’eft pas émue de tempêtes,quoique les cou- rans foient fort rapides. TizortEe , Lf. (verme de Tailleur de chanvre. ) c’eft ainfi qu’on appelle en Champagne Pinftrument de bois dont on fe fert pour brifer ie chanvre ; il fe nomme ‘en Normandie we brie | en Picardie re brayoire , en d’autres provinces une maque OÙ une macachoire , & à Paris un brifoir. Mais quel que foit fon nom, cer inftrument eft par-tout fait de même, c’eft-à-dire comme une efpece de bancelle de bois haute de deux piés & demi, & longue environ de quatre , traverfée d’une extrémité à l’autre par une tringle aflez tranchante auf de bois ; une double tringle pareillement de bois, propre à s’emmortoi- {er dans les ouvertures de la bancelle, eft attachée par un de fes bouts à une extrémité de la bancelle avec une cheville qui la laïfle mouvante. A fon au- tre bout elle a une poignée qui fert au brifeur de chanvre à la lever ou à Pabaïffer , à mefurequ'ltire le chanvre roui & bien féché qu’il a mis entre deux. Quand le chanvre eft haut & fort, au-lieu de lé- crafer à la brie, on le teille à la main; ce qui fe fait en le brifant d’abord deflus le doigt à fept ou huit pouces de fa racine; &c en continuant ainfi d’en féparer la filaffe de la chenevotte jufqu’à l’autre extré- mité. C’eftordinairement le chanvre mâle que l’on teille, & le chanvre teillé eft toujours Le plus beau. Savary. (D. J.) TILOTTIERS , £ m. (Péche.) c’eftune compagnie de pêcheurs , ainfi appellés de leurs bateaux. TILMI, ( Méd. anc,) mauars Hippocrate , 22. I. TIM Je. 3. entend par slam, les mouvemens des mala- des qui'arrachent la laïne de leurs couvertures, ou les poils de leurs habits | ou qui veulent prendre fur la muraille de petits corpufcules qu'ils croyent ÿ être, & autres aétions femblables qu’on fait ordinairement dans Le délire, loriqu’on eft affligé de maladies aiguës, comme dans la phrénéfie & la péripneumonte.(D.J.) TILOGRAMMON , {Géog. anc.) ville dePInde, en-decà du Gange , dans le golfe auquel ce fleuve donne {on nom, dit Ptolomée, Wil.e. y. Caftald veut que le nom moderne foït Carigan. (D. J.) TILPHOSA , ou TILPHURA, ( Géogr. anc.) célebre fontaine de la Béotie ; Strabon /iv. LX° pag. 413. dit qu’elle étoit près de la ville de Ti/pofium , à laquelie elle donnoit fon nom. C’eft la Ti/phuia d'A- pollodore , 2. III. &c la Tiphufiade Paufantas, Z IX, c. xxx. qui place dans ce quartier une montagne nommée Tilphufios, & dit que la fontaine &t la mon- tagne étoient tout-au-plus à cinquante ftades de la ville Haliartus. Etienne le géographe dit que c’eft la nymphe Telphufa, fille du fleuve Ladon, quia don- né fon nom à la fontaine & à la montagne. Tiréfias fuyant avec les Thébains, obligés par les Epigones de quitter Ti/phofium , fe retira fur cette montagne, où étant accablé de laffitude &r de foif , il voulut fe défaltérer , prit de l’eau de la fontaine Ti/phura , & mourut en enbeuvant. On drefla fon tombeau fur le lieumême. ( D. J.) | TILSA , ou TILSIT, ( Géogr. mod. ) petite ville du royaume de Prufle, fur le bord du Niémen. Cette petite ville bâtie en 1552, eft aujourd’hui réduite à un fimple bourg. ( D. J. ) TIMANA, ( Géog. mod. )ville de l'Amériquemé- ridionale , au Popayan, dans la contrée à laquelle elle donne fon nom , à lorient deshautes moatagnesdes Andes , dans une région fort chaude , fur le bord d’une petite riviere. Lavis, 1. 28. ( D.J.) TIMAR,, {. m,. ( H/F. mod. ) diftriét ou portion de terre que le grand-feigneur accorde à une perfon- ne , à condition de le fervir pendant la guerre, en qualité de cavalier. Quelques-uns difent que cette portion de terre s'accorde à un fpahi, ou autre perfonne en état de fervir à cheval, pour en avoir la jouiffance pendant fa vie. Meninski en parle comme d’une récompenfe ac- cordée aux vieux foldats qui onthienfervi, &com- me d’un revenu en fonds de terre, châteaux, bourgs, villages , dixmes , & autres émolumens ; auxquels revenus on ajoute quelquefois le gouvernement &c la jurifdi@ion de ces terres & places. Voyez BÉNE- FICE, Éc. Le rimar eft une efpece de fief, dont le vaffal jouit pendant fa vie. Voyez FIEF. Tout l'empire ottoman eft divifé en fangiackies ou banneries , & tous ceux qui pofledent des mars, & qu’on appelle rimariors , font obligés de s’enroller eux-mêmes , dès qu’ils ont été fommés de fe prépa- rer à une expédition militaire. Voyez TIMARIOTS. Un rimar fe réfigne comme un bénéfice , après en avoir obtenu l'agrément du béglierbey , où gouver- neur de la province ; mais fi le revenu du mar ex- cede 20000 afpres , auquel cas il eft appellé ar, il n’y a que le grand vifir qui puifle donner l'agrément pour la réfignation. | TIMARIOTS , f.m. ( if. mod. ) nom que les Turcs donnent à ceux qui pofledent des terres, fur le pié & fuivant l’ufage des timars. Voyez TIMAR. Les smariots font obligés de fervir en perfonne à la guerre , avec un nombre d'hommes & de che- vaux proportionné au revenu du timar; c’eft-à-dire que celui dont le timar eft eftimé à 2500 afpres par an , qui font environ fix livres fterlings, doit fournir un cavaliermonté & armé fuivant la coutumes: celui TIM dont le timar vaut le double , en doit fournir deux : Éc. ces cavaliers doivent fe tenir prêts à marcher, dès qu’ils en reçoivent l’ordre , & ce à peine de la vie, de forte que la maladie même ne peut pas leur fervir d’excufe. Outre ce fervice, les imariots payent le dixieme de leur revenu. Si en mourant ils laiffent des enfans en âge de porter les armes, & en état de fervir le grand-feipneur , ou fi, au défaut d’enfans , ils ont quelques parens, à quelque degré qu’ils foient , on a coutume d'en gratifier ceux-ci aux mêmes condi- tions , finon on les confere à d’autres. Si le revenu excede quinze mille afpres , ou tren- te-fix livres fterlings, ceux qui en jouiffent s’appel- lent Jbaffi, ou zaims , & rendent la juftice dans les lieux de leur dépendance , fous l'autorité du fangiac de fa province. Les simarioss ont des appointemens depuis quatre ou cinq mille afpres, jufqu’à vingt mille; mais on ne les oblige jamais d’aller à la guerre, À moins que leur timar ne rapporte plus de huit mille afpres, & que le grand-feigneur ne fe rende à l’armée en perfenne : dans ce dernier cason n’exempte perfonne. L'origine des timariots eft rapportée aux premiers. fultans, qui étant les maîtres des fiefs ou terres de empire, les érigerent en baronies ou commanderies, pour recompenier Les fervices de leurs plus braves foldats , & fur-tout pour lever & tenir fur pié un grand nombre de troupes , fans être obligé de dé- bourfer de l'argent. | Mais ce fut Soliman IT. qui introduifit le premier l'ordre & la difcipline parmi ces barons ou chevaliers de Pempire; &c ce fut par fon ordre qu’on répla le nombre de cavaliers que chaque feisneur eut à four- nir à proportion de fon revenu. Ce corps a toujours été extrèmement puiffant & illuftre dans toutes les parties de l'empire; mais fon avarice , défaut ordinaire des Orientaux , a caufé de- puis peu fa décadence & fon aviliffement. Les vicerois & gouverneurs de province favent fi _bien ménager leurs affaires à la cour du grand-fei- gneur,, que les timars fe donnent aujourd’hui à leurs domeftiques, ou à ceux qui leur en offrent le plus d'argent, quand même les timars ne font pas fitués dans l'étendue de leur gouvernement. Ily a deux fortes de #mariots ; les uns appointés par la cour, & les autres par les gouverneurs des pro- vinces ; mais les revenus des uns & des autres, {ont plus modiques que ceux des zaims , & leurstentes & équipages font auffi à proportion moins riches & moins nombreux. Voyez ZAÏMs. "2 Ceux qui ont des lettres patentes de la cour , ont depuis ÿ ou 6 nulle , jufqu’à 19999 afpres de gages par an. Un afpre de plus, les met au rang deszaims ; mais ceux qui tiennent leurs patentes des vicerois , ont depuis trois ju{qu’à fix mille afpres d’appointe- ment. Cette cavalerie eft mieux difciplinée que celle des fpahis, quoique cette derniere ait meilleure mine & plus de vivacité, Les fpahis ne fe battent que par pelotons ; au-lieu que les zaims & les simariots {ont enrégimentés , & commandés par des colonels , fous les ordres des bachas. Le bacha d’Alep , quandil fe trouve à l’armée, eff le colonel général de cette cavalerie. TIMAVE , ( Géog. anc.) Timavus ; fontaine, lac, fleuve, & port d'Italie. Virgile parle de la fontaine du Tiravus , au premier livre de l’Engide » Verf. 244. CASIO AE UE CN CORRE + + «+ + . fonte fuperare Timavi Undè per ora novem, 6 vafio cum murmure montis {2 mare preruptum. æ Tite-Live , Z, ÆLT, c, j, fait mention du laç: le TIM 333 conful, ditil, étant parti d’Aquilée, alla camper {ur le bord du lac du Tirnavus. Le fleuve Timave fortoit du lac par fept ou neuf ouvertures, couloit entre Tergefte & Concordia, & fe jettoit dans la mer par une feule embouchure, felon Pomponius Méla, Z. JL. c. 1. Claudien dit à-peu-près la même chofe: Mincius, inque novem confurgens ora Timavus. Par les defcriptions que les poëtes donnent de ce fleuve, on s’imagineroit quil auroit été auprès de Padoue | chez les Véneres, ou du moins dans leur voïfinage : car Stace, Z. IF. fily. 3. donne à Tite- Live qui étoit de Padoue, l’épithete de Timavi alur= zus. Sidonius Apollinaris donne au Timavus le fur- nom d'Euganeus , à caufe des peuples Euganées qui habitorent au couchant des Vénetes; & Lucain, /. F1I. verf. 192. met auffi le Tiravus dans le même quartier : Euganeo , fi vera fides memoOrantibus , augur Colle Jedens | Aponus terris ubi furnifer exil, Aique antenorci difpergitur unda Timavi. Carm.IX. v. 196. Mais comme la géographie des poëtes n’eft pas fort exacte, 1l vaut mieux s’en rapporter aux géographes, comme Strabon , Polybe , & Pofidonius ; & parmi les Latins , à Pomponius Méla, à Pline, À l'itinérai- re d'Antouin , & à latable de Peutinger, qui tous mettent le Tinavus après Aquilée & T'ergefte. Strabon, qui nous apprend qu’il y avoit dans cet endroit un temple de Diomède , appellé mp/um #i- mavum Diomedis, un port, & un bois fort agréable, donne fept fources au fleuve Timavus, qui, dit-il, après s'être formé un lit vafte & profond, va bientôt après fe perdre dans la mer. | Ce fleuve n’a point changé de nom, on l'appelle encote le Timavo, & fon embouchure eft dans la mer Adriatique, (D. 7.) TIMBALE , voyez TYMBALE. TIMBO , fm. (ff. nas. Bor.) plante du Bréfil, qui, femblable à du lierre, s'attache aux arbres , $E monte jufqu’à leur fommet. Elle eft quelquefois de la groffeur de la cuifle , ce qui ne nuit point à {a fou- pleffe ; fon écorce eft un poifon dont les Bréfiliensfe fervent pour engourdir le poiffon qu’ils veulent pren- dre à la pêche. TIMBRE , {. m. (Jurifpr.) eft larformule ou mar- que que lon imprime au haut du papier & parchemin deftiné à écrire les aétes publics. Voyez ci-devanr PA- PIER , & PARCHEMIN TIMBRÉ. ( 4 TIMBRE , Î. m. serme de Bofferier ; ce font deux cordes de boyau , pofées fur la derniere peau d’un tambour , & qui lorfqu’on bat la peau de deflus , fer- vent à faire réfonner la caille. On dit.en un fens aflez voifin, le Zmbre d’une clo- che , pour fa réfonnance ; le ämbre de la voix ; le timbre d’un inftrument mufcal , d’airainou de métal. C2) TiMBRE, {.m. ( Commerce de dentelle. ) c’eftl'em- preinte du cachet ou matrice du fermier, mifefurun petit morceau de papier de quatre à cinq lignes de largeur , & d’un pouce & demi de longueur , qui s'attache avec un double fil, au deux bouts de chaque piece de dentelle. Di#. du Comm. (D. I.) TimMgre , (Horlog.) petite cloche que l’on em- ploie dans toutes fortes d’horloges, de pendules , & de montres fonnantes , & fur laquelle frappe le mar- teau. Autrefois toutes les montres à répétition étoient à simbre ; mais aujourd’hui on les fait la plüpart fans timbre : ce quileur a fait donner le nom de répéririons Jans timbre Voyez RÉPÉTITION. Les meilleurs smbres viennent d'Angleterre. Ils font faits d’un métal compolfé de cuivre de rofette , d’étain de Cornouaille, & d’un peu d’arfenic ; mais les différentes proportions dans le mélange de ces 334 TIM matieres, ne font pas abfolument déterminées ; c’eft à celui qui en fait ufageà les varier, pour découvrir celles qui produifent des #mbres dont le fon eft ie plus agréable, | Comme dans les carillons on a fouvent de la peine à aflortir les srmbres à la fuite des tons que l’on veut employer, on eft alors obligé de les limer près de leurs bords, pour les rendre plus aigus. Woyez Ca- RILLON. TimBre , f. m. (Pelleterie.) ce mot fe dit d’un cer- . tain nombre de peaux de martes zibelines ou d’her- mines, attachées enfemble par le côté de la tête, qui viennent ainf de Mofcovie & de Lapomie ; chaque æimbre , que l’on appelle aufh #affe, eft compoié de vingt paires ou couples de peaux. Une caiffe de marte zbeline aflortie telle qu’elle vient de Mofcovie con- tient dix srbres, qui font quatre cens peaux. On dit auffi un demi timbre, pour dire vingt peaux ou la moi- tié d’un #imbre. Autrefois le simbre étoit en France de trente paires, ou foixante peaux. Le lunde de peaux contient trente-deux smbres, Savary. ( D. 1.) TIiMBRE, terme de Blafon, ce mot fe dit de tout ce qui fe met fur l’écu qui diftingue les degrés de no- bleffe ou de dignité , foit eccléfaftique , foit fécu- liere , comme la tiare papale, le chapeau des cardi- naux, évêques & protonotaires, les croix , les mi- tres, les couronnes , bonnets , mortiers , & fur-tout les cafques, que les anciens ont appellés particulie- rement #mbres, parce qu'ils approchoient de la figure des simbres dhorloges , ou parce qu’ils réfonnoient comme les #mbres quand on les frappoit. C’eft l’opi- nion de Loyfeau qui prétend que ce mot vient de sintinnabultum. Les armoiries des cardinaux font ornées d’un cha- peau rouge qui leur fert de timbre. Les rois & les prin- ces portent le simbre ouvert ; les ducs , les marquis êt les comtes Le portent grillé & mis de front ; les vicomtes , les barons & les chevaliers le portent un peu tourné, & on le nomme alors de srois quartiers, CET £ TIMBRE , TIMBRER , voyez TIMBRE, Jurifpru- dence. TIMBRÉES, ARMES , terme de Blafon, armes qui font chargées d’un ämbre , & qui n’appartiennent qu'aux nobles, fuivant les regles du blafon. Voyez Timsre. (D. J.) TIMESQUIT , (Géog. mod.) ville d'Afrique , & l’une des principales de la province de Dara, felon Marmol , qui dit qu’elle a un gouverneur avec des troupes , pour arrêter Les courfes des béréberes de Gezule, & pour recueillir les contributions du pays qui abonde en dattes, en blé, en orge & en trou- peaux. (D. J.) TIMÉTHUS , ( Géog. anc.) fleuve de Sicile. Son embouchure eft placée par Ptolomée , Z. II. c. iv. fur la côte feptentrionale, entre T yndarium &c Aga- thyrium. Le nom moderne, felon Fazel, eft Traina. D PU : Re , adj. m. & f. TIMIDITÉ , ff. (Gram. € Morale.) apptréhenfon , retenue dans fes difcours ou dans fes aétions ; 1l y a une aimable srridiré qui vient de la crainte de déplaire ; on doit la chérir, c’eft la fille de la décence. Il y en a une autre qui vient d’un certain manque d’ufage du monde, & dont il eft dangereux de reprendre les perfonnes qu’on en veut corriger. Il y a aufi une zzridité flupide , na- turelle à un fot embarraîflé de favoir que dire. Enfin l y a une quatrieme efpece de smidiré, qui procede du mal-aife d’un libertin qui ne fe fent pas à fa place auprès d’une honnête fille. (D. J.) TIMIDENSIS, (Géog, anc.) fiege épifcopal d’A- frique , dans la province proconfulaire , où Benena- tus eft qualifié Timidenfis epifcopus, Le nom de cette ville étoit Tomidaregia, (D. J.) TIMOK , LE, ou le TIMOC, (Géog. mod.) riviere de la Turquie européenne, dans la Bulgarie , où elle fe joint au Danube. On croit que c’eft le Cebrus d’An- tonin, fi tant eft que le mot Cebrus dans ce géogra- phe défigne une riviere. ( D. J.) TIMON , £. m.( Marine.) piece de boïs longue &z arrondie , dont l’une des extrémités répond du côté de l’habitacle à la manivelle que tient le timonnier , où elle eft jointe par une cheville de fer qui lui eft attachée, & qui entre dans la boucle de la manivelle. De-là elle pafle par la fainte-barbe ; & portant fur le traverfin , elle entre dans la jauniere, & aboutit à la tête du gouvernail qu’elle fait jouer à ftribord & à bas-bord , felon qu’on la fait mouvoir à droite ou à gauche. Woyez MARINE, PL IF. fig. 1. n°. 177. barre du gouvernail. TIMON, 1. m. (Charronage.) longue piece de bois de frêne ou d’orme mobile, qui fait partie du train d’un carrofle où l’on attele les chevaux, &c qui fert à les féparer & à reculer. Un mon de carrofle doit avoir au-moins neuf piés de longueur , & trois piés neuf pouces & demi en quarré par le menu bout. quand 1l eft en grume. Le simon d’une charrue eft cette longue piece de bois formée effeétivement en simon, au bout d’en- bas de laquelle font attachées le manche de la char- rue &c les autres parties qui contribuent à fendre la terre, & le bout d’en-haut de ce son fe pofe fur la {ellette,où1left arrêté par lemoyen de l'anneau d’une chaine de fer. Le r:mon d’une charrette, nommé plus communé- ment {mon , font les pieces de bois entre lefquelles on met le cheval qui tire la charrette. (D. J. ) TIMONIUM , (Géog. anc.) 1°. lieu fortifié dans la Paphlagonie, felon Etienne le géographe. Il don- noit fon nom à une contrée nommée Timoniris , par Strabon, Z. XI. p. 562. & Prolomée, Z. F, c, j. C’é- toit la partie de la Paphlagonie , qui étoit limitrophe de la Bithynie. Les peuples de cette contrée font ap- pellés Timoniacenfes par Pline , L Fe cxxxiy. 2°. Timonium , Strabon, L. XF II, p. 794. nomme ainfi la maifon qu’Antoine bâtit auprès d'Alexandrie d'Egypte pour fa retraite. Plutarque en parle auf. Antoine quittant la ville d'Alexandrie, & renonçant au commerce du monde , fe fonda une retraite fe- crette auprès du Phare fur une jettée qu'il fit dans la mer, &c fe tint là en fuyant la compagnie des hom- mes ; 1l déclara qu’il ammoit &c vouloit imiter la vie de Timon, parce qu'il avoit éprouvé la même inf- délité & la même perfidie ; qu'enfin n’ayant recu de fes amis qu'injuftice & qu'ingratitude , il fe défioit de tous les humains, & les haïfloit tous également. C’eft l’origine du nom de Timonium ou de la maïfon de Timon, qu'il avoit donné à fa retraite maritime. Voyez le mot TRIUMVIRAT. (D. J. TIMONNIER , f. m. ( Marine. ) c’eft celui qui, pofté au-devant de habitacle, tient le timon du gou- vernail pour conduire & gouverner un vaïffeau, TIMONNIER, Î. m. terme de Meffager , cheval qu’on met au timon du carroffe , de voiture ou autre, & qui eft oppolé à celui qu’on met à la volée, (D. J.) TIMOR , METUS , ( Lang. lar. ) ceux qui font verfés dans la latinité recherchée favent que ces deux mots ne font pas entierement fynonymes. Ti- mor regarde la frayeur d’un péril prochain ; merus, la crainte d’un danger éloigné. (D. J. TIMOR , ( Géog. mod. )ile de la mer des Indes, au midi des Moluques êc au levant de celle de lava. On lui donne foixante lieues de long , & quinze dans fa plus grande largeur. On en tire du bois de Santal, de la cite &c du miel. Les Hollandois y ont un fort affez bien fitué pour le commerce de la compagnie. D. J: MORE, CONSCIENCE , ( Morale.) la confcience TIN timork à fondangér, ainf qu'une cônfcience peu | délicates; en nous montrant fans cefle des monftres où il n’y ena point , elle nous épuile à combattre ‘des chimeres ; & à force de nous effaroucher fans : Aujet, elle nous tient moins en garde contre les pé- “chés véritables , @& nous les life moins difcerner. (D. 3.) TIMOTHÉE , HERBE DE, ( Aiff. net. Bor. Eco- noie rufiique.) en anglois #morhy-grafs, efpece de : gramen où de loliur. | Le nom de cette plante lui vient de M. Timorkée Hanfon, qui, de Virginie , l’a apportée dans la Ca- rokne feprentrionale, d’où fa graine a été tranfpor- tée en Angleterre , où où la cultive avec le plus grand fucces. Elle réuflit parfaitement , &croît avec tune promptitude merveilleufe, fur-tout dansles tèt- reins bas , aquatiques 8: marécageux , en trois fe- mainés de tems elle ÿ forme un gazon fufffant pour vorter Les beftaux ; elle s’éleve fort haut, &reflem- ble aflez à du blé ou à du feigle. -Les chevaux & les beftiaux la mangent avec avidité & par préférence même au trefle & au fain-foin; on peut la leur laier paître verte , Ou la leur donner féchée ; mais pour la donner feche , 1l faut qu’elle ait été fauchée dans toute fa leve 8 avant qu'elle eurifle , fans quoi elle deviendroit trop dure. Des expériences réttérées faites en Angleterre ont fait connoître l'utilité de cette plante, Voyez le Weckly, amufement de Février 1763 , P. 154. TIMOTEIENS , f. m. pl. (A4. eccléf.) hérétiques ainfi appellés de leur chef Timotheus Ælurus, qui prétendit dans le v. fiecle que les deux natures s'é- toient tellement mêlées dans le fein de la Vierge, qu'il en étoit réfulté une troifieme qui n’étoit ni la divine ni l’humaine. On leur donna dans la fuite le nom de Monothélises & de Monophyfiues. Voyez ces articles. TIMPFEN , f. m. (Monnoïe.) monnoie de compte dont on fe fert à Konisberg & à Dantzich pour te- nir les livres de marchands. Le si#pfer, qu’on nom- me auf ff polonois | vaut trente gros polonois. D.J.) TIMURIDE,, fm. sèrme d'Hifloire , nom que l’on donne à la famille des Tamerlans qui regnerent dans la Tranfoxane jufqu’en l’année 900 de l’hégire, qui répond à l’an 1494 de Jefus-Chfft. (D. J.) FIN -LAURIER , ( Boran.) le lanrier-tin, en an- glois she Jaurufline, eft un arbrifleau, dont Tournefort diftingue trois efpeces ; la premiere eft nommée sinus prior dans {es Z. R. H. Il croît à la hauteur d’un cor- nouillet femelle , pouflant plufieurs verges longues, quarrées , rameufes. Ses feuilles font grandes , lat- ges ; prefque femblables à celles du cornouiller fe- ielle, & approchantes de celles du laurier, rangées deux à deux , lune vis-à-vis de Pautre le long des Branches ; ces feuilles font noirâtres, luifantes, ve- lues, toujours vertes , fans odeur, d’un goût amer, avec un peu d’aftriétion : {es fleurs naiflent aux fom- mets des rameaux en bouquets , blanches, odoran- tes ; chacune d'elles eft un bañin découpé en cinq parties. Quand cette fleur eft paflée, fon calice de- vient un fruit qui approche en figure d’une olive, mais plus petit, & un peu plus pointu par lé bout d’en-haut où 1l eft garni d’une efpece de couronne ; fa peau eft un peu charnue , & d’une bélle couleur bleue : on trouve dans ce fruit une femence couverte d'une peau cartilagineufe, Cet arbrifleau vient aux lieux rudes & pierreux. La féconde efpece de Zaurier-sin eft appellée par le mème Toufnefort , sixs area, 1. R. H. Cet ar- briffeau differe du précédent , en ce qu'il éft plus ra- meux & en cé que fes branches font plus fermes, couvertes d'une écorce rouge-verdâtre ; fes feuilles font un peu plus longues ) Plus étroites & plus véi- TIN 333 heufes ; fa fleur n’eft pas odordnte 8e elle tire un peu fur le purpurin ; {on fruit eft plus petit & d’une couleur plus brune, Cet arbrifleau croît aux l'eux incultes & maritimes, La troifieme efpece eft le ns tertie , Î.R, H. C’eft un atbrifleau plus petit en toutes fes parties que leg précédens ; ïl fleurit deux foïs l’année , au printems êt'en automne ; fon fruit eft d’un bleu noiratre , d’ail- leurs tout-à-fait femblable aux autres. On le cultive dans les jardins à caufe de fa beauté, mais {a fleur: très-peu d’odeur. Les fruits du Zaurier-tir, &'principalement ceux de la derniere efpece, font fort âcres & brûlans ; Us purgent par les felles avec violence, & il n’eft pas à propos de s’en fervir à caufe de leur Acreté cauftis que. (D. J.) TiN-laurier | ( Agriculi. ) la beauté du /aurier-tin confifle principalement dans {es fleurs qui croiflent à Noël, &rpendant la plus grande partie de l’hiver, On le multiplie en fémant fon fruit, & en le gouver: nant de même que celui du houx; cependant la voie la plus prompte eft de coucher en terre dès le mois de Septembre fes branches les plus tendres qui pren- dront racine aufh-tôt, & fourniront des plantes telles qu'on les veut, Le /aurier-tin croît fort vite , Mais il devient rarement un grand atbre, On en forme fou- vent une plante à tête, que l’on place dans les pat- terres parnn les houx & les if ; il convient mieux de le planter auprès d’un mur, ou dans des bofquets oùonpourroit éviter de lc tailler à caufe de fes fleurs, dont uñe main mal-adroite nous prive affez fouvent en le tällant mal-à-propos. Cette plante, ainfi que toutes les plantes exoti- ques, eft difpofée à fleurir dans la faifon où tombe le printems dans leur climat naturel, Bradley pré- tend que toutes [es plantes qui viennent du cap de Bonne-Efpérance pouffent leurs rejettons les plus forts | & commencent À fleurir vers la fin de notre automne , qui eft le tems du printems dans cette par- tie de l'Afrique d’où on nous les apporte, Pareiile- ment toutes les autres qui viennent des différens cli mats , confervent l’ordre naturel de leur végétation. Ainf c’eft dans notre faifon du printems qu’on doit tailler ces plantes exotiques , afin qu’elles puiffent mieux fe difpofer à poufler dans l'hiver de fortes ti- ges à fleurs. Le Zaurier-tin , quoique tendre à là gelée, aime à croître à l'ombre, &fleurit fort bien dans la terre franche , fans le fécours d’aucun engrais, qui le feroit avancer trop vite , le rendroit plus {enf- ble au froid , & fujet à employer fa feve pour des tiges inutiles qui empêcheroient l'arbre de fleurir, (BE) TINS, fm. pl. (Marine. ) groffes pieces de bois, qui foutiennent fur terre la quille & les varangues d’un vaifleau , quand on le met en chantier & qu'on le conftruit. Voyez CONSTRUCION € LANCER UN VAISSEAB À L'EAU. TINAGOGO , f. m. ferme de relation, nom d’une idole des Indiens, imaginée par Fernand Mandez Pinto ; elle a, felon lui, un temple magnifique dans le royaume de Brama , près de la ville de Meydur. Ce voyageur romanefque s’eft amufé à décrire le temple de cette idole, fes prêtres, fes procefions, la quantité de peuples qui s’y rendent chaque an- née , les milliers de perfonnes qui traînent avec des cordes le char de Tiragôg6, les martyrs qui vien nent fe faire couper en deux fous les roues du char, les autres dévots à l'idole qui fe taillent par mor- ceaux, s’'égorgent , fe fendent le ventre fur la place, & autres contes femblables, qui forment peut-être l’article le plus long & le plus faux du diétionnaire de Trévoux. Toutes les fitions du récit de Pinto fautent 4ux 336 TIN FR. % % A. : « \ o Ü 1 yeux; mais le lieu même de la fcène éft imaginaire. Les Géographes ne conneïffent n1la ville de Meydur, ri le royaume de Brama; tout ce qu’on fait de cette partie de l’Afe où les Européens n’ont pas encore pénétré, c’eft aw’aux extrémités des royaumes d'Ava &t de Pégu, 1l y a un peuple nomme les Brzmas, qui font doux, humains, ayant cependant quelques lois femblables à celles du Japon; c’eft à-peu - près tout ce que nous apprend de ce paysle voyage des peres Efpagnac & Duchalz, jéfates, (2.7. _ TINCHEBRAY, (Géog. mod.) peute ville de France, dans la baffle Normandie, au diocèfe de Bayeux, entre Vire, Domfront, & Condé. Elle a deux paroïles : fon territoiré donne des grains & des paturages. (D. J.) | TINCCNTIUM ou 1 INCONCIU.M,(Géog. mod.) ville de la Gaule lyonnoïfe. Elle eff marquée dans l'itinéraire d’Antonin, fur la route de Bourdeaux à Autun, entre Avaricum & Deccide, à vingt milles du premier de ces lieux, êc à vingt-deux milles du fecond. (D. J.) TINCTORTA ARBOR , (Por. exor.) arbre étran- ger, ainfñi nommé par J. B. Il eft de la taille de nos chênes, croit dans le royaume de Jenago en Ethio- pie, & porte un fruit femblable à la datte, dont on üre une huile qui donne à l’eau avec laquelle on la mêle , la couleur du fafran ; les habitans en teignent leurs chapeaux, qui font tiflus de paille &c de jonc; mais 1ls l’emploient fur-tout pour afaifonner leur riz & leurs autres alimens. Ray, Aif£. plans. (D. J.) TINE, f. f terme de Tornelier, en latin 174 dans Varron, petit vaifleau en forme de cuve, dont on fe fert en plufieurs lieux pour porter les vendanges de la vigne au prefloir; on l'appelle autrement sxerce. Voyez ce mor. (D. J.) | À TINE, ( Géog. mod. ) île de l’Archipel , & lune des Cyclades , au midi oriental d’Andros, au cou- chant de l’île de Micaria , au nord de l’île de Nicone, & à l'Orient de l'ile Jura, Cette ile fut anciennement nommée Tezos, fui- vant Etienne le géographe, d’un certain Tenos qui la peupla le premier. Hérodote, Liv. VITI, nous ap- prend qu’elle fit partie de l'empire des Cyclades, que les Naxiotes poflederent dans les premiers tems. Il eft parlé des Téniens parmi les peuples de Grece, qui avoieñt fourni des troupes à la bataille dePlatée, où Mardonius, général des Perfes, fut défait ; & les noms de tous ces peuples furent gravés fur la droite d’une bafe de la ftatue de Jupiter resardant l’orient. À voir l’infcription rapportée par Paufanias, il femble que les peuples de cette île fuffent alors plus puiffans où auf puiflans que ceux de la nation: néanmoins ceux de Teros, les Andriens, & la plü- part des autres infulaires , dont les intérêts étoient communs, effrayés de la puifflance formidable des Orientaux, fe tournerent de leur côté. Xerxes fe fervit d'eux &c des peuples de Pile Eubée, pour ré- parer les pertés qu'il faoit dans fes armées.’ Les forces maritimes des T'éniens, font marquées fur une médaille fort ancienne, frappée à la tête de Neptune, révéré particulierement dans cette île; le revers repréfente le trident de ce dieu accompa- gné de deux dauphins. Goltzius a fait auffi mention de deux médailles de Tezos au même type. Triftan parle d’une médaille d'argent des Témiens, à la tête de Neptune, avec un trident au revers, Le bourg de San - Nicolo, bâti fur les ruines de Pancienne ville de Tezos , au-lieu de port, n’a qu’une méchante plage qui regarde le fud, & d'où l’on dé- couvre l'ile de Syra au fud-fud-oueft. Quoi qu'il n'y ait dans ce bourg qu'environ cent cinquante mai- {ons , on ne peut pas douter par le nom de Polis qu'al porte encore, & par les médailles & les marbres an- tiques qu’on y trouve en trayaillant la terre, que ce TIN ne foientiles débris de la capitale de l'ile, Strabon aflure que cette ville n’étoit pas grande, mais qu'il y avoit un fort beau temple de Neptune dans un bois voifn, où l’on venoit célébrer les fêtes de cette divi- nité, & où l’on étroit régalé dans des appartemens magrufiques ; ce temple avoit un afyle , dont Tibere regla les droits, de même que ceux des plus fameux temples de la mer Esée, .… À l'égard de Neptune, Philocore, cité par Clément d'Alexandrie, rapporte qu’il étoit honoré dans Tezos comme un grand médecin, &t que cela fe confirme par quelques médailles : 1l y en a une chez le Roi, dont Triftan êt Patin font mention. Latête eff d’Ales xañdre Sévere ; au revers eft un trident, autour du- quel eft tortillé un ferpent, fymbole de la Médecine chez les anciens : d’ailleurs cette ile avoit été appel- Ice l’4e aux ferpens. Elle a foixante nulles de tour, & s’étend du nord: nord-oueft au fud-fnd-eft. Elle eft pleine de monta- gnes pelées, & elle ne laïfe pas d’être la mieux cul- tivée de Archipel. Tous les fruits y font exceilens, melons, figues, raïfins ; la vigne y vient admirable- ment bien, &c c’eft fans doute depuis long -tems, puifque M, Vaillant fait mention d'une médaille frap- pée à fa légende, fur le revers de laquelle eft repré- fenté Bacchus tenant un raiïfin de la main droite , & un thyrfe de la gauche; la tête eft d’Antonin Pie. La médaille que M. Spon acheta dans la même ile eft plus ancienne; d’un côté c’eft la tête de Jupiter Ham- mon , 6c de l’autre une grappe de raïfin, Tine eft la feule conquête qui foit reftée aux Véni- tiens, de toutes celles qu'ils firent fous les empe- reurs latins de Conftantinople, André Cizi fe rendit maitre de Tine vers lan 1209, & la république en a toujours joui depuis, malgré toutes les tentatives des Turcs. Peu s'en fallut que Barberoufle IN. du nom, dit Chereddin, capitan bacha, qui foumit en 1537 preique tout l’Archipel à Soliman If. ne s’emparât aufli de Zine. | Quoique les Vénitiens n’aient pas des troupes re- glées dans cette ile, on y pourroit cependant, en cas d’allarmes , raffembler trois ou quatre mille hom- mes de milice. Le provéditeur de ce lieu ne retire néanmoins qu'environ deux mulle écus de fon gou- vernement. Les femmes des bourgeois & contadins, comme on parle däns le pays, font vêtues à la véni- tienne ; les autres ont un habit approchant de celui des Candiotes, Latis. de San-Nicolo, 37. (D. J.) TINE, ( Géogr. mod, ) petite ville de la Turquie européenne, dans la Bofnie , à quatorze lieues au nord-eft de Sébénico. Long. 24. 45. latit, 44. 27. (D.J.) TINE,/4,ouLATYNE, (Géopr. anc.) en latin Tina, riviere d'Angleterre. Elle fépare une partie de la province de Durham de celle de Northumberland, & fe jette dans la mer du Nord, à Tinmouth: cette riviere fert à un prodigieux négoce de charbon, DJ) TINEL, fm, ( Droit courumier.) vieux mot du Droit coutumier , qui figmifioit le droit qui eft dû pour la place que chacun occupe dans le marché. TINEL , ( Langue françoife. ) en latin #xello ; ce mot qui neft plus d’ufage fignifoit autrefois dans la cour d’un prince, la falle baffle où mangeoient es officiers , ou de grands feigneurs de fa cour. L’hifto- rien de Dauphiné, M. de Valbonnais, dit: le portier de Phôtel ( des dauphins), avoit cinq florins de ga- ge ; 1l étoit chargé de faire netroyer Les cours &c la falle du grand commun, appellée le #7e ; il avoit foin d'y faire mettre des bancs, des chaïfes, & trous les meubles néceffaires ; mais il en pouvoit prendré à la fourriere lorfqu’il en manquoit; il drefloit les tables , & l'officier de panneterie mettoit le cou- | ; verts TIN vert: au refte , il ne laifoit entrer dans la faïle, aux heures du repas, que les officiers qui avoient droit d'y manger, & nul autre n’y étoit reçu fans un or- dre exprès du grand-maître. Tinel fignifoit aufli la cour du roi, de-fotte que les gens de cour étoient appellés le sel, d’un nom général. (D. J.) | TINET , 1. m. rerme de Boucher , efpece de machi- ne dont fe fervent les Bouchers, pour fufpendre par les jambes de derriere, les bœufs qu'ils ont affom- més , vuidés, foufilés, & écorchés. Trévoux. (2.1) TIiNET, { m. serme de Marchand de vin, gros bà- ton dont on fe fert pour porter les rires, & pour def cendre du vin dans la cave fans le troubler. (D.J.) TINETTE, { f. rerme de Chandelier , les maîtres Chandeliers qui font de la chandelle moulée appel- lent zinese | le vaiffeau dans lequel ils mettent leur fuif liquide au fortir de la poële. (D. à TINETTE , . f. ( Tonnelerie. ) efpece de vaifleau approchant de la figure conique , le bas étant plus étroit que le haut, fait de douves reliés de cerceaux, ayant du côté le plus large deux efpeces d'oreilles, chacune percée d’un trou pour y pafler un bâton au- travers afin d’en arrêter le couvercle. Les rinerres {er- vent à mettre diverfes fortes de marchandifes, pat- ticulieremrent les beurres falés & les beurres fondus, Savary. (D. JT.) | TINGIS , (Géog. anc.) 1°. ville d'Afrique, dans la Mauritanie tingitane, dont elle étoit la capitale, & à laquelle elle donnoit fon nom. Pomponius-Mela , 2. Z. c. v. & Pline, Z. F. c. j. rapportent que c’eft une ville très-ancienne , qu’on difoit avoir été bâtie par Antée. Le dernier ajoute , que lorfque l’empereur Claude ytranfporta une colonie, le premier nom fut changé en celui de Traduéta-Julia. Le nom de cette ville eft différemment écrit par les anciens. Pompo- mus-Méla , dit Tinge ; Pline » Tingi ; &t Ptolomée, Téngis. Les habitans de Tingis, dit Plutarque , racontent qu'après la mort d'Antée , fa veuve appellée Tinga, coucha avec Hercule, & en eut un fils nommé So- phax ; Qui régna dans le pays & fonda cette ville >à qui il donna le nom de {a mere. Plutarque ajoute, que Sertorius ayant pris d’aflaut la ville de Tingis, ne pouvant croire ce que les Africains difoient de la grandeur monftrueufe d’Antée qui y étoit enterré, il fit ouvrir fon tombeau , où ayant trouvé à ce qu'on dit , un corps de foixante coudes de haut, il fut très- étonné , immola des vidimes, fit religieufement re- fermer le tombeau, & par-là augmenta beaucoup la vénération qu’on avoit pour ce géant dans la contrée, ët tous les bruits qu’on en femoit. Strabon donne aufh foixante coudées à ce corps d’Antée ; mais il fait entendre en même tems que c’eft une fable , que Ga- binius avoit débitée dans fon hiftoire Romaine avec plufieurs autres. La ville de Tingis étoit fituée fur le détroit , Entre le promentoire,, les côtes & l'embouchure du fleuve Valon, felon Ptolomée , Z. IF c. j. qui la furnomma Caœfarea. L'itinéraire d’Antonin la marque à 18 mil- les du lieu, nommé 47 Mercuri : c’eft aujourd’hui la ville de Tanger. 2°. Ville de la Bétique; Pomponius Méla dit, qu'il étoit de Tingis, en Bétique, colonie de Tingis, capi- tale de la Mauritanie tingitane, en Afrique. Cette Tingis en Efpagne , patrie de Méla » étoit la même que Cerraria, (D.J.) - TINGLE , { f. serme de Riviere, piece de merraïn, dont on fe fert pour étancher l’eau qui entreroit dans les bateaux , en mettant de la moufle tout-autout de la single. TINTA , (Géog. anc.) Tensas > pat Strabon, Z. F. P. 225. fleuve d'Italie , dans PUmbrie., Silius Italicus 5 4, VIII. verf. 454. fait entendre que c’étoit un petit Tome XPT, ; TIN 337 fleuve qui fe” jettoit dans le Tibre: Narque albefcentibus undis | In Tibrini properans , Tene æque ino9lorius huror, Le nom moderne, felon Cluvier , Ltal, Ant, L IT. c. x, et, 1 Topino. (D. J,) vain TINIAN, (Géog. mod.) île de l'Océan ofiental, au fud-eft de Saipan, & à l'oueft d’Acapulco. C’eft une des principales îles Marianes ; elle s’étend du fud fud- oueft , au nord nord-eft ; fa longueur eft d'environ 12 milles , & fa largeur va à-peu-près à la moitié, Elle ft fans habitans; les Efpagnols l'appellent Bro2 F3 Jia, à caufe de la beauté de fa vûe. En effet, cette île offre de tous côtés, en bois > en eau pure, en ani- maux domeftiques, bœufs, cochons lauvages, & en légumes , tout ce qui peut fervir à la nourfiture, aux. commodités de la vie, & au radoub des vaifleaux, L’amiral Anfon y trouva même en 1742. une efpece d'arbre, dont le fruit refflemble pour le goût au meil- leur pain ; tréfor réel, dit M. de Voltaire ; Qui tranf: planté, s'il fe pouvoit , dans nos climats , feroit bien préférable à ces richeffes qu’on va ravir parmi tant de périls au bout de la terre. L'île de Tinian gità 15 deg. 8 min. de Zez. féprenr, & à la longir. de 114 dep, 50. min. (D. J. TINKAL , £. m, (Bif. nat.) ceft le nom que les Indiens donnent au borax brut & impur qui n’a point encore été purifié, Voyez BORAx & SEL SÉDATIF. TINNELA ou TINELA, où THINNEL A, (Géog. anc, ) Servius fait la remarque fuivante {ur cè vers de Virgile, Æneid. L, IIL, y, 399. ic & Nariti pofuerunt mœnia. Locri, Les Locres épizéphyriens & ozoles furent , dit-il, les compagnons d’Ajax Oiléen ; mais ayant été fépa- rés par la tempête, les Epizéphyriens aborderent en ltalie, dans Le pays des Brutiens & s’y établirent , tandis que les Ozoles jettés fur les côtes d'Afrique , S'établifoient dans la Pentapole, On lit encore, par rapport aux Ozoles, ajoute Servius , qu'ayant été portés à Tinneia , ils pénétrerent dans le pays , & y bâtirent une ville qu’on nomme aujourd’hui fais ou Ozalis, (D. 7.) | TINNEL , L m. (Lang. franc.) vieux mot qui fi- gnifoit le fon d’une cloche du palais de nos rois pour indiquer heure des repas que le prince donnoit à fa cour aux grands feigneurs , ou aux officiers de fa maifon. (D. J.) TINNEN , (Géog. mod. ) ville des états de l’em- pire Ruflien , dans la Sibérie : les Tartares & les Sas moïdes y portent quantité de pelleteries pour le com- merce. (2. J.) | TINO , (Géog. mod.) les François difent Tir, pe= tite ile de la mer Méditerranée fur la côte d'Italie, à l'entrée du golfe de la Spécie, au midi oriental de l'île Palmaria. Larir. 44. 8. (D.J.) TINTAMARRE, fm. ( Science étymolog. ) bruit que faïfoient nos anciens vignerons & laboureurs, en frappant fur leurs marres ou leurs inftrumens de la- bour , pour fe domner quelque fignal ; sintamarre fi- gnifie donc tinre ta marre. Ce mot eft purement françois, & vient du mot #7 fer & de celui de rare qui fignifie #éche ; c’eft com- me fi l’on difoit, faire du bruir en frappant fur la marre, Pafquier , Z. VIII. c. ij. de fes Recherches , dit que les payfans des environs de Bourges avertiflent leurs compagnons de quitter leur befogne en frappant avec des pierres fur leurs marres ; pourquoi, continue-t- il, ce ne feroit point à mon Jugement, mal deviner, d’eftimer que d’autant qu’au fon du tint qui fe faifoit fur la matte, s’excitoit une grande huée entre vigne rons; quelques -uns du peuple françois, avertis de. cette façon, aient appellé sintamarre à la fimilitude de ceci, tout grand bruit & clameur qui fe fait quelque part, (2.7). Yy 339 TIN TINTEMENT D’oREiLLe, (Médec.) dépravation de la fenfation de l’ouie ; elle confifte dans la per- ception que l'oreille fait de bruits qui n’exiftent pas réellement, ou du-moins qui ne font pas extérieurs; de forte que l'oreille étant déjà occupée par un fon, ælle eft moins capable de recevoir lesimpreffions des {ons extérieurs, à moins qu’ils nefoient extrémement violens. Pour comprendre comihent on peut appercevoif des fons qui ne font pas effetivement, 1l faut remat- quer que l’aétion de l’ome confiftant dans un ébran- lement de l'organe immédiat , 1l fuflit que cet ébran- lement foit excité pour faire un fon, fans qu'il foit néceflaire que ce mouvement y foit caufé par Pair ; car de même que l’on comprend que la vifion, qui dépend de la maniere dont la rétine eft ébranlée par les rayons vifuels, peut fe faire fans ces rayons, lorf- que quelqu’autre caufe produit le même ébranlement, ainfi qu'il arrive quand les yeux voyent des étincel- les dans l’obfcurité,lorfqu’ils reçoivent quelque coup: on peut dire auffi, que quand quelqu'autre caufe que Vair ébranlé produit dans l'organe de louie (jen- tends intérieurement), cet ébranlement modifié de lamême maniere qu'il left ordinairement par l'air qui apporte le fon, l'oreille paroït être frappée par un fon qui n’eft point véritable , non plus que la lumiere des étincelles dont il a été parlé, n’eft point une véritable lumiere : mais ce qui rend encore cette comparaïfon aflez jufte, eft que de même que ces faufles apparences de lumiere qui ne font point cau- fées par des objets extérieurs n’ont rien de diftinét , mais feulement une fimple lumiere, la vue dun ob- jet plus circonftancié demandant le concours de trop de chofes; il n’arrive prefque point auffi que lesbruits, de l'oreille dont il s’agit , aient rien que de confus, les fiflemens & les rintemens qui font les bruits les plus diftinéts dans ce fymptôme , étant très-fim- ples. La caufe de cet ébranlement dans l'organe immé- diat, dépend des maladies dans lefquelles les nte- mens fe rencontrent. Ces maladies font linflamma- tion, l’abfcès du tympan , ou du labyrinthe ; & les maladies du conduit de l'ouie. La feconde efpece de sintement , eft celle où l’on apperçoit un bruit véritable , mais intérieur. C’eft ainfi que lon fent un bourdonnement lorfqu’on fe bouche les oreilles. Ce bruit fe fait par le frottement de la main, ou par la compreffion qui froïfle la peau & les cartillages. Les commotions du crâne , & les maladies qui étreciflent le conduit , peuvent caufer de ces efpeces de rintemens ; le defordre des efprits , les pulfations violentes d’une artere dilatée , produifent aufli cette {enfation. Enfin, il fe peut faire une perception d’un faux bruit fans aucun vice dans les organes de l’ouie, c’eft ce qui arrive toutes les fois que les parties du cerveau où feterminent les filets du nerfauditif, font agitées de la même maniere qu'elles ont coutume d'être ébranlées par les objets; c’eft pour cela que plufieurs maladies du cerveau , comme le délire, la phrénefie, le vertige , font accompagnées de sxte- mens d'oreilles. Le sirtement d'oreille peut auflipro- venir du froid , mais c’eft alors peu de chofe, On peut donc établir deux fortes de sirtemens, dont les uns dépendent des maladies du cerveau , les au- tres des maladies de l'oreille. Ceux qui fuivent les maladies de l'oreille, font on vrais ou faux; & de ceux-ci, les uns font appellés sinsemens , les autres fiffemens , les autres bourdonemers , les autres wur- mures ; en général, on peut dire que Les bruits fourds Se bourdonnans font caufés par un ébranlement là- che , & les bruits fifflans & tintans par un ébrante- ment tendu , ce qui eft confirmé par les caufes éloi- gnées de ces fymptômes ; les chumes ; par exem- TIN | ple, & les fuppurations où les membranesfont relä- chées, produifent ordinairementun bourdonñement; & les inflammations & les douleurs d'oreille, où ces parties font tendues & defféchées, caufent les fiffle> mens &c les tintemens ; peut-être que tous ces bruits font la même impreflion {ur la lame fpirale, &c fur les “canaux demi-circulaires que font les fons graves êr Les. aigus, La cure du sintement dépend des maladies du cer- veau , ou de l'oreille qui le produifent. Le srsemens qui procede de l'inflammation demande les remedes généraux, furtout la faignée, &e des infe@ions émol- lentes & rafraîichiflantes quand le mal eft extérieur. Le rintement qui vient du froid , fe difhipe de lui-mé- me. Le rincement habituel incommode rarement , &c 8e ne demande aucun remede particulier , à-moins awon n’en connoiffe bien {a caufe. Celfe eft parmi les anciens celui qui a le mieux traité des sziemens de l'oreille. (D.J.) TINTENAC , f. m. (Commerce.) efpece de cuivre qu’on tire de la Chine; c’eft le meilleur de tous les cuivres que produifentles mines de ce vafte empife; aufli ne s’en apporte-t-il guere en Europe : les Hol- landois qui en font le plus grand commerce, le réfer- vant tout pour leur négoce d'Orient où ils Péchan- gent contre les plus riches marchandifes, (D. J.) TINURTIUM , (Géog. anc.) ville de la Gaule, felon Spartien qui en parle dans la vie de l'empereur Sévere. Marianus Schotus, Z. II. la place dans le ter- ritoire de Châlon-fur-Saône; 8 Grégoire de Tours, lib. martyr. dit qw’elle étoit à trente milles de la mê- me ville. Dans l'itinéraire d’Antonin, Tiaurtinm eit marqué fur la route de Lyon à Gefforiacum , entre MAcon & Chäâlon, à dix-neuf milles de la premiere ; ces villes , & à vingt &cun milles de la feconde. DEF.) os , (Géog. mod.) ville de l'Afrique, dans la province de Darha, fur la riviere de même nom ; fon territoire abonde enindigo , en orge & en dattes. Long. 11.38. lat. 26. 52. | TIORA , (Géog. anc.) ville d'Italie. Denys d'Ha- licarnafle , Z. L, c. xiv. dit qu’on le nommoit aufli Ma- tiena. la place fur la route de Réate à Lifta, métro- pole des Aborigenes,entre Vatia &c Lifta, à trois cens milles de Réate. Il ajoute qu'il y avoit autrefois dans cette ville un oracle du dieu Mars. Cette ville, felon Ortélius, eft appellée par Barontus Thoraca ecclefie, & placée par le même auteur fur le lac Velinus. Foyez Tuer. (D. J.) | TIOS , (Géog. anc.) Strabon,, 2. XII, p. 542. écrit Tieum, Ptolomée Tion, & d’autres Tius ; ville de la Paphlagonie , fur le bord du Pont-Euxin , entre Piyllium & lembouchure du fleuve Parthenius. Dans les guerres d’Eumenes , roi de Cappadoce, | & de Pharnace, roi de Pont, ayeul du célebre Mi- thridate, Léocrite général de Pharnace, mit le fiège devant Tios, réfolu de prendre cette place impor- tante. La garnifon ne fe rendit qu'après une longue réfifance, à condition qu’on lui conferveroit & la vie, & la liberté de fe retirer où bon lui fembleroit. Léocrite , non-plus que fon maître, ne fe faifoit pas un fcrupule de violer fa parole. Diodore de Sicile nous apprend que les foldats furent inhumainement paflés au fil de Fépée. Euménès favorifé par Prufas, eutbientôr fa revanche ; il pénétra dans le royaume de Pont , & contraignit fon ennemi à recevoir la loi du vainqueur. Les habitans de Tios furent rétablis dans leurpatrie , & Euménèsfit préfent de cette ville à Prufias fon allié. Tios étoit à foixante &c trois milles d'Amaftris. (ge) TIPARENUS ,( Géog. anc. ) île de Grece, dans le golfe Argolique. Pline , Liv. IF. €. x1ij, dit qu'elle étoit fur la côte du territoire d'Hermione, (2. J.} TIPAS A ,(Géog. anc.) ville de la Mauritanie cé- farienfe, Ptolomée , Zy. IF. ch. ij. la marque entre Julia-Cefarea & Via Selon Pitinéraire d’Antonin, qui lui donne le titre de colonie, elle fe trouvoit fur la route du Tingis à Carthage, entre Cæfarea-Colo- nia & Cafæ-Caluenti, à feize milles de la premiere de ces places , & à quinze milles de la feconde. Or- telius croit que ce pourroit être la Tipata d’Ammien Marcellin. On croit que cette ville eft aujourd’hui le lieu du royaume d'Alger, qu’onnomme Saçz ou Sa/a. D.J. | ° FL Pr ou SIPHÆ , (Géog. anc.) par Ptolomée ê&t Etienne le géographe ; ville fituée dans le fond de la Béotie, fur le bord de la mer ; on l’appelle aujour- d’hui Rofa , felon Sophien. Elle donna ou prit fon nom d’une montagne voifine, nommée Typhaonium par Héfiode, & Typrium dans Hefychius. Paufa- nias, L. IX. c. xxx1j. parle de Tiphe , &t écrit Tipha; il dit qu'il y avoit dans cette ville un temple dédié à Hetcule , & qu’on y célebroit une fête chaque an- née. Tous les habitans de Tiphæ fe vantoient d’être habiles marins; Aufli Typhis qui y prit naïflance, pañloit pour être fils de Neptune. Il fut le pilote du vaifleau des Argonautes, & mourut à la cour de Ly- cus , dans le pays des Mariandiniens. (D. J ) TIPI, im. (Æiff. nat. Botan. exot.) arbrifleau qui croit au Bréfil ; fa fleur eft blanchätre , & Le fruit noir êc rond comme une prune. Ray. TIPPERARI, (Géog. mod.) comté d’Irlande, dans la province de Mounfter. Il a le Queens-County & Kilkenny à left, le comté de Thomond à lPoueft, Kings-County au nord-eft, & Waterford au fud. On le divife en quatorze baronies. Deux de fes villes tien- nent marché public, & cinq députent au parlement de Dublin. Keating (Geoffroi), connu par une hiftoire des poëtesirlandois, dont on a donné une magnifiqueédi- tion à Londres, en 1738, #7-fol. étoit natifdu comté de Tipperari, Il a publié quelques autres ouvrages enirlandois, & eft mort vers l’an 1650. (D. J.) . TIPRA , ( Gcog. mod.) royaume d’Afie, dans les Indes , aux états du roi d’Ava, fous le tropique du cancer. Il eft borné au nord par le royaume d’Afém, au midi par celui d’Aracan, au levant par celui d'O: ful, & au couchant par celui de Bengale, Marbagan en eft la capitale. db 44 TIPULE , £. m. (Æf. na, Infe&lolog.) mouche à deux aîles, dont M. Linnæus, faun. fucc. donne trente- deux efpeces. Le zpul: a beaucoup de reffemblance avec le coufin , maisil en differe principalement en ce qu'il n’a point de trompe. Les différentes efpeces de sipules varient beaucoup pour la grandeur. Foyez INSECTE. TIPUL, £ m. (Hiff. nat. Ornithol. exot.) nom don- né par les habitans des.iles Philippines à une efpece de grue commune dans leur pays , & qui eft d’une fi grande taille, que quand elle fe tient droite, elle peut regarder par-deflus la tête d’un homme ordinaire. DJ. : Ë TT Ha are , (Géog. anc.)ile d'Efpagne , & Fu- ne des petites iles voifines des Baléares. Pline , Z. ZII. - €, v. la marque près de la ville Palma. Le nom mo- derne eft Connéjera. TIQUE, { m. ( Æiff. nat. Infeétol .) ricinus ; petit infete noirâtre, qui s’engendre ‘dans la peau des animaux ; il a fix pattes, & la tête fe termine parune efpece de bec pointu & court ; la peau eftidure. Cet infecte tourmente beaucoup en été les animaux, & principalement les chiëns. Voyez INSECTE.. TIQUER, ( Maréchal.) c’eft avoir le tic. Voyez Tic. us: ; TIQUEUR , f, m. ( Maréchal.) on appelle ainfi un cheval qui tique fouvent. - TIQUMIT , £.m, (Calend, des Abyffins.) nom du Tome XVI ; » TIR 339 quatrieme mois des Abyflins, qui répond au mois d'Avril (D.J.) | TIR, { m, (dre rrilir.) fe dit de la hpne fuivant laquelle on tire une piece d’artillerie, Les cannomers,felon M. deSaint-Remy,difent quel. quefois qu'ils ont fait un bon #r, quand ils ont fait un bon coup; mais ce terme n’eft plus guere ufité, On fe fert plus communément de celui de jet. Voyez JET. TIRA , fm. (Hiff. mod. Culie.) c’eftainfi que l’on nomme au Japon, les temples confacrés aux idoles étrangeres. Ces temples font fans fenêtres, & ne ti- rent de jour que de leurs portiques, qui conduifent à une grande falle remplie de niches, dans lefquelles on place des idoles. Au milieu du temple eft un autel ifolé ; qui eft communément très-orné, & fur lequel on place une ou plufieurs idoles d’une figure mon- ftrueufe. On place devant elles un grand chandelier à plufieurs branches , où l’on allume des bougies odo- riférantes; le tout eft ordinairement furmonté d’un dôme. Quelques-uns de ces temples font d’une gran- deur prodigieufe, & qui excede de beaucoup nos plus grandes églifes d'Europe. À côté des ciras l’on voit ordinairement des édifices fomptueux, deftinés à la demeure des bonzes ou des prêtres, qui ont tou- jours eu foin de choifir des emplacemens agréables. TIRADE , f. f. (Lirtérar.) expreflion nouvelle- ment introduite dans la langue, pour défigner cer- tains lieux communs dont nos poëtes, dramatiques fur-tout, embelliffent, où pour mieux dire, défigu- rent leurs ouvrages. S'ils rencontrent par hafard dans le cours d’une fcène, les mots de rifére, de veru, de crime, de patrie , de fuperfition, de prêtres , de religion, Gc. ils ont dans leurs porte-feuilles une demi-dou- zaine de vers faits d'avance , qu'ils plaquent dans ces endroits. [n’y a qu'un art incroyable, un grand char- me de diétion , & la nouveauté ou la force des idées, qui puiflent faire fupporter ces hors d'œuvre. Pour juger combien ils font déplacés, on n’a qu'à confi- dèrer l’embarras de l’aéteur dans ces endroits; il ne fait à qui s’adreffer ; à celui avec lequel il eft en fcè- ne, cela feroit ridicule :-:on'ne fait pas de ces fortes de petits fermons à ceux qu’on entretient de fa fitua- tion ; au parterre, on ne doit jamais lui parler. Leszirades quelque belles qu’elles foient, font donc demauvais goût; & tout homme un peu verfé dans la leéture des anciens les. rejettera, comme le lam- beau de pourpre dont Horace a dit: Purpureus late qui jplendeat unus & alter affuitur pannus ; [ed non era: his locus. Cela {ent l’écolier qui fait amplification. TIRADE, ex Mufique ;lorfque deux notes font fé- | parées par un intervalle disjoint, & qu’on remplit cet intervalle par plufieurs autres notes qui pañlent diatoniquement de l’une à l’autre , cela s’appelle une tiradée, £ É Les anciens nommoient en grec #yoy1 , 8 en latin duilus ce que nous appellons aujourd’hui #rade ; & ils én diftinguoient de trois fortes. 1°, Si les fons fe. fuivoient.en montant, ils appelloient cela evêe/ x, du- “lus reitus : 2°, s'ils {e fuivoient en defcendant , c’é- toit avaxapwroca, duilus revertens : 3°. que fi après avoit monté par bémol ils redefcendoïent par bé- quarte, cela s’appelloit zepçnc, duéfus circumcurrens. On auroit bien à faire , aujourd’hui que la mufique eft fi prodigieufement compofée, fi l’on vouloit don-. ner des noms à tous ces différens paflages, (S) TIRAGE des traineaux 6 des chariots, (Méchan.) . M: Couplet nous a donné fur,ce fujet des réflexions . dans plufieurs volumes des mémoires de l'académie, Son principe général eft que la puiffance tirante doit fe: décompofer en deux, dont Pune foit parallele au terre, & l’autre perpendiculaire à ce même ter- rein. De.ces.deux puiflances il n’ÿ a que la premiere qui agifle pour tirer , l’autre étant se, OU par YVYI 340 TIR le poids du corps, ou par la réfiftance du terrein. De-là il eft aifé de déduire (abfirattion faite du frot- tement), le rapport de la puiflance tirante au poids u’elle doit mouvoir; fi on veut avoir égard au Fr ARere on le peut encore , & le fuppofant en- viron + du poids ; il eft vrai que cette fuppoñtion peut être fort inexatte, Sur quoi voyez l'arricle FROT- TEMENT. Voyez aufi CHARIOT, (O ) TIRAGE, { m. ({mprimerie.) ce mot fe dit dans quelques imprimeries, foit de livres, foit de tailles douces, de l’impreffion de chaque forme, ou de cha- que planche. (D, J,) | TIRAGÉ DE LA SOIE, Voyez l'arcicle SO1r, TIRAGE où PENDULE A TIRAGE, parmi les Æor- logers figniñie une pendule à répétition. TirAGE ou TIRER , en verme d’Orfevre, c’eft don- ner à l’or ou à l'argent , la groffeur & la longueur en le faifant pañler dans des filieres toujours plus petites en plus petites, fur un bancàtirer. Poyez Banc À TIRER. TIRAGE, (Commerce) que d’autres appellent srair, c’eft l’efpace qui doit reîter libre fur les bords des ri- vieres pour le paflage des chevaux qui tirent les ba- téaux. TIRAÏLLEMENT , £ m. (Gram.) il fe dit ez Mé- decine, des mouvemens convulfifs des mufcles , des nerfs ; des inteflins, des bords d’une blefluire, mou- vémens toujours accompagnés d’une violente dou- leur. | TIRANCE, PrEux DE, (Charpens.) les pieux de tirance ont été inventés pour trainer des cordages fur le fond de la mer. Ces pieux font armés à leur extré- mité de deux pointes, entre lefquelles eftun rouleau tournant fur aïflieu ; ils portent à leur tête une pouliede retour. #i/4. de Pacad. des Scienc. ann.1742. D. J.) ‘ TIR ANG: ( Géog. mod.) ville du pays des Gri- fons , capitale du gouvernement de même nom, fur la rive gauche de l’Ada, à 10 lieues au fud-oueft de Bormio. Elle eff la réfidence du gouverneur. Long. 27. 292. lat, 46.45. TirANO , (Géog. mod.) gouvernement dans la val- Telüine, de la dépendance des Grifons. Il eft parta- ge en deux archiprêtrés, qui comprennent onze com: munautés; Le chef-lieu lui donne fon nom. (D. J.) TIRANT, f.m. (.Archir.) sranftrum dans Vitruve; longué piece, qui-afrêtée par fes extrémités par des ancres , fert fous une ferme de comble pour en em- êcher l’écartement, comme aufli celui des murs qui la portent. Il y a de ces sirans dans les vieilles églifes u font chanfreinés & à huit pans, & qui font af- fmblés avec le naître entrait du comble, par une aiguille ouunpoinçon. | Tirant de fer, Grofle & longue barre de fer, avec un œil ou trou à l'extrémité , dans lequel paflerune ancre Qui fert pour empêcher l’écarrement d’une voûte, & pour rétenir un mur, un pan de bois, ou une fouche de cheminée. Daviler. (D, J.) TIRANT, terme de Boiffelier, forte de nœud fait de cuir de bœuf, dont on 1e fert pour bander un tam- bour. de divefes couleurs qu'on attache an-dedans de la ti- ge des bottes, & dont on fe fert pour fe botter aifé- ment. (2. J.) TirANS, (Rnbannier) ce fontles ficelles attachées aux lames, pouf faire agir celles iqui montent &t paf- {ent fur des poulies du chatelet, pour fufpendre & faire agir les hautes liffes. Voyez PouLIEs. TrRANT , rerime de Serrurier, C’eft un morceau de. fer, ou plutôt une barre de fer attachée fur unepou- tre, ou fcellée contre le mur de quélque maïfon: : Levirant a un ‘oil d’un bout où lon place ue an- cre ; il eft fendu-de l’autre, lor(qu'il doit être fcellé TIRANT, serme de Cordonnier, c'eftun ruban de fil en plâtre; il a un talon & des trous, lotfqwil doit être pofé fur une piece de bois. On prend pour le faire une barre de fer plat, delongueur & grofleur convenables ; on forme l’œil en pliant la barre, à en- viron un pié du bout. Pour cet effet, on fe fert dun mandrin quatré, de lagroffeur que doit avoir l’an- cre ; on foude fur la barre le bout replié ; on chan: tourne la barre au défaut de l’œil, pour que lceil foit perpendiculaire au plat de la barre, Si Pouvrier ne chantourne pas l'œil, c’eft qu’alors la barre ne doit pas être pofée furfon plat,ou que le zrans eft deftiné pour un lieu qui n’exige pas cette précaution, fans la- quelle Pancre peut s’ajufter au tiranr. TIRANT D'EAU, (Marine) c’eft la quantité de piés d’eau qui eft néceflaire pour foutenir un vaif- feau. ww | TIRARI, f. £. (Salines.) femme occupée autour des braifes dans les manufaétures de fel. | TIRASSE , £ f. ( Chaffe.) c’eft un filet à mailles quarrées , ou en lofanges , dont un des côtés eft bor-- dé d’une corde qui excede chaque bout de la #raffe: de cinq à fix piés , pour la pouvoir tirer ; on les fait depuis deux cent jufqu’à quatre cent mailles de levu- re , d’un pouce de large ; elles doivent être de fl fort &c retors en trois bien rondement; il y en a qui les font teindre en brun: on traffe les cailles en Mat & Septembre , on y prend aufli les perdrix: pour cela on fait chafler doucement devant foi un chien couchant , inftruit à arrêter la plume ; il doit chaffer au vent , le nez dedans, pour mieux fentir le gibier & faire des arrets plus fréquens ; aufitôt que le chien a arrêté, on va devant lui, à quinze pas on déploie la ciraffe, on la porte à deux , ou fi l’on chañfe feul, on la tient d’un bout fur le bras gauche, & avec un bâton ferré en pointe , qu’on met à l’autre bout de la corde, onl'arrêteenterre, puis en tournant on cou- vre le chienavec la siraffe, & on fait partir la caille. qui donne dans la #iraffe, qu'on ferme auffitôt pour prendre le gibier : on ral auffi fans chien, mais à l’appeau , quand les cailles font en chaleur : on les, trouve alors dans les blés verds & dans les prés : on ne tirafle point lorfqu’ila plu , parce que quand l’her- be ft mouillée, foit de pluie ou de rofée, les cailles. ne fe promenent pas : le véritable tems pour &raffer. eft une heure après le leverdufoleil , 8 uneheure avant fon mn à L’ufage de la sraffe eft défendu, parce qu’elle dépeuple trop: on y prend des compa- gntes entieres de perdreaux, & jufqu'à des lievres; & c’eft pour empêcher cette chaffe après la recolte , ue dans les capitaineries royales on oblige les pay ie de ficher cinq épines dur chaque arpent de terre, qu'ils dépouillent. TIRASSER, c’eft tendre la tirafle. TIRCK , où TERKI, ( Géog. mod, ) capitale du pays des Tartares Circafles , fituée à demi-lieue de la mer Cafpienne , fur la rive feptentrionale de la ri- viere de Tirck, à 43 degr.u3. delatit, Comme cette place eft d’une grande importance pour la Ruffie qui la poflede , le czar Pierre l’a fait fortifier à lamanie- re européenne , & la Ruflie y entretient toujours une bonne garnifon. (D. J.) TIRE, 1. f. ( Toilerie, ) terme en ufage dans le commerce des toiles : on appelle une #re de fix cou pons de batifte , fix coupons de cette efpece de toile attachés l’un à l’autre, enforte qu'ils compofent com- me une piece entiere. ( D.J.) | Tire, périrestre,( Soirie. ) la pesite rire a Été imagi- née pour avancer davantage l’étoffe : on ne s’en fert: ordinairement que pour les droguets deftinés à ha- biller leshommes, & les defléins pour cettemécha- nique ne peuvent pas être longs; huit ou dix dixaines font fuffifantes pour ce gente de-travail. H eft vrai qu'on en a fait qui alloïent jufqu’à ve dixaines; mais dans ce cas les femples étotent auf aifés que le. TIR bouton, qui eft le nom donné à la facon de tra- vailler. Lerame , les arcades , & le corps , font attachés pour la perire rire, comme dans Les autres métiers. La différence qu'il y a , c’eft que le nombre n’en eft pas ficonfidérable, 8 qu’on ne pafle pas cinquantecor= des ; il s’en eft fait cependant qui alloient à deux cens cordes; maïs dans ce cas le femple eft auffi bon; ce ui fait qu'il faut autant d’arcades qu’on veut mettre “e mailles de corps ; à deux mailles pour une arca- de , la déduétioneneft confidérable, puifqu’eile a été portée jufqu’à 3200 mailles, mais les plus ordinaires {ont de 1600 & 2400: On comprend de-là , par ce qui a été dit des fatins réduits, combien cette étoffe eftdélicate & belle quand elle eft travaillée comme 1 faut. On lit les deffeins pour la pesire tire fur un chafis, au haut duquel, & dans une petite tringle de bois ou de fer , on enfile autant de bouts de ficelle un peu ronde, qu'il y a de cordes au rame, ou decordesin- diquées au deffein. Chacune de ces ficelles doit avoir pres d'un pié de longueur : on enverge les ficelles de façon qu’une boucle fur la tringle , ne fe trouve pas avant l’autre, mais de fuite & conforme à l’en- vergure : on attache au bout de chaque ficelle au- tant de cordes fines , comme celles de femple, & bouclées comme les arcades, qu’il y a de cordes à tirer à chaque lac : onlitle deffein à l'ordinaire, & on prend autant de cordes fines entre fes doigts qu’il y a de cordes à tirer fur la ligne tranfverfale ou ho- rifontale du deffein ; cette ligne finie, on noue en- femble toutes les cordes qui ont été prifes , & on en commence une autre, en continuant jufqu'à ce que Le deffein foit lü. La différence de la perise tire d’avec la grande , eft que dans cette derniere le lac feul ar- rête , a moyen de l’embarbe , toutes les cordes de femple que ka tireufe doit tirer, fans que pour cela il foit befoin de plus de cordes de femple ; au-lieu que dans la perire tire il n’y a point de lac, maïs autant de cordes de femple, telles que nous les avons indi- quées,qu'il y a de cordes à tirer au deffein. Lorfque le deflein eft 1ù on le détache du chaffis ; les cordes étant toujours enfilées dans la tringle : on pale fi on veut une envergureen place des deux ba- guettes qui tenoient les ficelles rondes envergées: on on détache les parties de cordes attachées à la ficelle ronde, &c chacune de ces parties ef attachée defui- te à une corde double qui eft gancée : on donne le nom de co/les ou tirant À cette corde double,à la cor- de de lame , ayant foin de faire pafler chacune des cordes gancées dans un petit trou qui eft fait à une planche percée, dont la quantité fi égale à celle des cordes gancées , & diftribuée de facon que chaque trou foit placé perpendiculairement à la corde ou à la gance qui tient la corde de rame : on égalife bien les cordes gancées, dont le nœud, avec la partie des cordes qui y font attachées , eft'arrêté au petit trou de la planche , & empêche lacorde de rame de mon- ter plus haut que la mefure que Pattacheuraura fixée, Lorfque routes ces cordes sancées font arrêrées & ajuftées, on prend féparément & de fuite, toutes les parties de cordes qui ont été nouées par Le bas àme- fure qu'on ifoirle deflein, & on attache chaque par: tie à une corde un peu groffe & forte ; laquelle étant doublée & pafñée dans une grande planche, après l’a: voirété précédemment dans un bouton fait exprès , dorit les deux extrémités nouées enfemble la rerien: ñent au bouton, & dans la boucle qui fe trouve par la doublure de la corde , dont lalongueur eftde 15 à 6 pouces plus ou moins : on y pafle la quantité de cordes qui ont été lues & choïfes pour compofer le Jac, & on les arrête fermes pour qu’elles foient fixées & ne pliffent pas ; quelques ouvriers Les entrelacent avec lacorde doublée de façon qu'ellesnepeuventpas | TIR 34 glièr. Il faut obferver que là grande planche d’ens bas doit avoirautantde trous que la planche du haut, qu’elle doit être infiniment plus grande , & les trous de même, tant parce que la corde double eft plué grofe que la corde gancée, que parce qu'il faut qué le bouton foit rangé & defuite, ayant fOin quand on les attache , ou qu'on attache les cordes doublesaux cordes fines de femple , de fuivre le même ordre qui a €té obfervé en attachant les cordes gancées , &£ que ces dernieres foient relatives avec les groies & rangées de même. La différence de la grande & de Ja Périte rire Étant démontrée, quant au montage de métier, ils’apit de faire voir quelle eft fon utilité. Pour travailler uné étoffe à la grande rire, foit courante foit brochée, il faut que la tireufe perde un rems pour choifir outrier la gavafline qui tient le lac ; il faut prendre ce lee dans les fils duquel , ou entrelacemens , font conte nues les cordes qui doivent être tirées, Sscond tems, Il fut enfin prendre ces cordes & les tirer. Troifice metems, pour un lac feul, qui eft peu de chofe dans une étoffe brochée , parce que tandis que louvriet broche ou pañle les efpolins du lac tiré , la tireufe choïfit fa gavafline & fon lac, ce qu' empêche le rez tardement de l’ouvrage ; mais la chofe devient dite rente dans une étoffe courante, où il faut aller vite ëc ne faire mi ne perdre de tems. On lit encore les sé à la réduétion, Mais Cette méthode , outre qu'elle eft un peu plus pénible , nefert qu’à épargner les cordes des lacs , & ne fait pas mieux ni plus mal, Le bouton fupplée à ce défaut de deux façons: 1°. lasire va plus vite, & il »’y aaucun tems À faire. 2°. Pouvrier placé fousla grande planche, tirant fon premier bouton de la main droite, choifit le fecond de la gauche , & fitôt qu’il laifle aller le premier , il tire le fecond, ainfi des autres : ce Qui fait qu'on peut avec le bouton, faire le double de louvrage qu’on ! feroitavecla fémple; l’ufage des boutors n'étant def. tiné que pour les étoffes courantes, TIRE, grande, ( Soirie.) Voyez Particle VELOURS. TIRE, ( Marine.) commandement à Péquipage d’une chaloupe de nager avec force. TIRE-AVANT , (Marine. ) commandement À lé. quipage d’une chaloupe de nager le plus qu’il pourra. TIRE-DU-VENT , ( Marine. ) on fe {ert de cette expreffion pour défigner la force qu'a le vent, lorf- qu'il eft à l'ancre, de faire roidir fon cable. TIRE, f. rcrme de Blafon ; ce motfe ditdes traits ou rangées de vair, dont on fe fert pour diftinouer le beffroi , le Vair, & le menu vair. Le beffroi eft com- poié de trois sires, le vairde quatre, & le menu vair de fix. Quand un chef ou une face font vairés , il frut fpécifierde combien de rires ou de rangs. Mérefirier. (2. J.) | TIRE-BALLE , {. m. inffrument de Chirurgte, quiti- re fon nom de fon ufage. Il yen a de plufieurs efpe- ces : ‘le premier, fg. 4. PL, IIL eft un vilebrequin avec une pointe en double vis, appellée par les ou- vriersmeche, longue decinq owfix lignes , términée par deux petits crochets : le corps dece vilebrequin, qui eft une efpece de poinçon , eff une longue tige d'acier, ronde, polie, lonsue d'environ un PIS ; fon extrémité poftérieure eft une vis garnie par le bout d’un treffle ow d’un anneau pour fervir de manche : ce poinçon fe met dans une canule dont la bafe et tn écrou pour recevoir fa vis, & qui eft affermmie par deux traverfes foutenues fur deux colonnes : On in- troduit cet 1uftrument dans Ja plaie, la vis cachée dans la canule, & lorfque l'extrémité de la canule } touche la balle , on tourne le DOinçon pour faire en foncer la meche dans ce corps étran ger, pour le re: tirer doucement, L'on ne prefcrit l'u'ag : dece tire-fond que pourles balles enclavées dans! les 66: mais hi le corps étran- 3 42 TIR ger, au-lieu d’être une balle , étroit par exemple un mor ceau de fer tellement enchaflé dans l’os qu'aucun des inftrumens confacrés pour l’extraëtion des corps étrangers , ne püt avoir prife fur lui, on voit bien que cet inftrument ne pourroit pas le percer : dans ce cas, on pourroit dans quelques circonftances , tré- paner l'os aux parties voifines du corps étranger , & pafler deflous celui-ci des élévatoires, où d’autres inftrumens pour l’ôter. Le fecond vire-balle , (fig. 5. PI. III.) eft à-peu- près femblable au précédent ; mais au-lieu de meche, l'extrémité antérieure de la tige eft divifée en trois lames minces , élaftiques, longues de quatre pouces, recourbées en-dedans & polies en-dehors : elle for- ment chacune une petite cueillier ; en tournant la vis qui eft au bas de la tige, de gauche à droite, on fait écarter les trois cueilliers ; en la tournant de droite à gauche, on les fait rapprocher lune de lau- tre, & l’inftrument fe ferme: 1l doit être ferméquand on l’enfonce dans la plaie; lorfqw’on touche la balle, on l’ouvre doucement , on embraïle le corps ctran- ger avec les cueilliers, &t on leretire après avoir re- fermé un peu linftrument. | Ce tire-balle approche fort de celui qui fe nom- moit a/phonfin ; mais il n’avoit point de canule : les trois cueilliers fe fermoient par le moyen d’un an- neau coulant, en le pañlant en avant ; & s’ouvroient en le retirant. La partie cave des cueïlliers étoit gar- nie de dents pour mieux fafir les balles. Les becs de grue, de cane, decorbeau, &c. font pareillement des efpeces de rire-balle. L'ancienne Chirurgie , qui n’avoit point encore apperçu la néceffité d’aggrandir les plaies d'armes à' feu par les incifions & controuverturesconvenables, avoit beaucoup multiplié les efpeces de sre-balles dont l’'ufage eft a@uellement fort borné. (YF) TIRE-BORD , 1. m. ( Marine. ) forte de grand * tire-fond dont on.fe fert pour retirer le bordage d’un vaifleau quand il eft enfoncé, (D. J.) TIRE-BOTTES , £ m. ( serme de Cordonner. ) ce font des petits bâtons qui fervent à chauffer des bot- tes ; mais on appelle aufli fire-bortes une petite plan- cheélevée d’un côté quia une entaille proportionnée _ au talon d’une botte, pour fe débotter tout feul, D. J. ‘ He - BOTTE, ( serme de Tapiffier. ) gros galon de fil dont les Tapifñers fe fervent pour border les étoffes qu'ils emploient en meubles. { D. J.) TIRE-BOUCHON , f. m. ( serme de marchand de vin. ) forte de vis de fer ou d’acier qui tient à un an- neau, & dont on fe fert pour tirer Les bouchons des bouteilles. (D. J.) TIRE-BOUCLERS, £ m. plur. ( Charpent.) les Charpentiers appellent #ire-bouclers en quelqueslieux, certains outils qui leur fervent à dégauchir le dedans des mortaïfes. Félibien.( D. J.) TIRE-BOURRE , (sérme d’Arquebufier: ) forte de fer en forme de vis, qu’on met au bout d’une baguet- te bien arrondie , & dont on fe fert pour tirer la bourre du canon desfufils, des piftolets & autres armes à feu. ( D.J.) | TiRE-BOURRE, ( Bourrelier. ) forte de crochet dont les Bourreliers fe fervent pour arranger labour- re des pieces qu'ils-veulentrembourrer. Voyez /a PI, du Bourrelier. | … TIRE-BOUTON ; fm. ( cerme de Tailleur. ) petit fer long comme le doigt, percé par le haut &c cro- chu par le bas, afin de tirer le bouton & le mettre dans la boutonniere. ( D. J. ). TIRE-CLOU , fm. ( erme deCouvreur. ) c’eftun outil de fer plat & dentelé des deux côtés en forme de crémaillere, pour tirer les clous qui attachentles ardoïfes. Le manche.de cet.outil .eft coudé quarré- ment en-deflus, Les: Couvreuxs s’en fervent avec TE beaucoup d'utilité; car en paffant cet outilenttedeux ardoïfes , fes dents prennent & accrochent les clous, & en frappant du marteau fur Le manche du sire-clou, les Couvreursattirent les clousà eux. (D. J.) : TIRE-DENT , £. m. ( Soyerie.) pince plate, large 8& menue parle bec, pour rechanger un peigne de dents. ; | sn TIRE-FIENTE , £. m. ( rerme d'Agriculture.) ef- pece de fourche qui fert aux Laboureurs à tirer du fumier , & dont les dents qui font de fer, font ren- verfées & courbées un peu, aulieu d’être emmar- chées droites ; au bout d’en-haut de ces deux dents eft une douille dans laquelle on met un manche de trois piés de longueur, & gros de trois pouces de tour. En plufeurs endroits les dents font beaucoup recourbées, enforte qu’elles font un angle obtus , où une efpece de demi-lune avec la douille. (D. J.) TIRE-FILET , fm. ( Diff. méchanig. ) petitinitru- ment d’acier trempé fur l’épaifleur duquel l’on a pra- tiqué une fente plus ou moins large, felon le filet qu’on veut tirer. Les bords de cette fente trempés vifs & tranchans, font promenés & appuyés forte- ment fur un morceau de fer ou de bois, enlevent la partie de ce fer ou de ce bois fur laquelleils portent d’un & d’autre côté de la fente, tandis que la partie correfpondante à la fente refte intaéte &t s’éleve. La partie qui s’éleve , s'appelle un fr. C’eft un orne- ment qu'on pratique fur le dos d’une lame de cou- teau, fur Le dos d’un reflort , d’une platine, fur un manche, fur un inftrument de mufique; & Pinftru- ment qui fert à cetufage, s'appelle zire-filer. On peut faire des vire-filers doubles ou triples; alors on y pra- tiquera autant de fentes ; l'ouvrier tient Le sre-files avec fes deux mains, l’une placée à un bout ét l’au- tre à l’autre. Cet outil ne laïfle pas que d’avoir de la force , fans quoi il cafleroit fouvent. "à TIRE-FOND ,f. m. infirument de Chirurgie, dont quelques perfonnes fe fervent pour enlever la piece d’os fciée par Le trépan , lorfqu’elle ne tient plus gue- re. Cet inftrument ( Voyez fig. 10, PL. XFI. Jquia environ trois pouces , peut être divifé en trois: par= ties. Le milieu eftune tige d’acier de quatorze lignes de long, ornée de certaines façons qui dépendentde l’habileté du coutelier. La partie fupérieure eftun anneau qui fert de manche à l'inftrument. La partie inférieure eft une double vis de fisure pyramidale, appeliée par les ouvriers mecke ; elle a neuf lignes de lonoueur , & fa bafe peut avoir quatre lignes de dia- metre. Lorfqu’on veut fe fervir de cet infirument, il faut , dès qu’on jugé à-propos d’ôter la pyrami- de de la couronne , introduire la meche dans letrou formé pat le perforatif; on tient avec le pouce &c le doigt indice de la main droite l’anneau qui fert.de manche au sire-fond ; enfuite le pouce &r l'indice de la main gauche appuyés du côté du trou, on tourne doucement jufqu’à ce qu’on fente.que la mêche tien- ne avec fermeté ; on retire le sire ford en détournant, & on acheve de fcier l'os avec la couronne jufqu’à ce qu'il vacille; on introduit alors la vis du re-fond avec les mêmes mefures que nous venons de prefcri- re, dans l’écrou qu’elle s’eit formé dans l'os ; parice moyen on ne rifque pas d’enfoncer la piece d’os fur la dure mere; on lenleve au contraire perpendicu- lairement, en donnant de petites fecouffles pourrom- pre les fibres offeufesqu latiennent encoreattachée. On peut convenir avec les partifans de cet inflru- ment, qu’il n’eft point dangereux, lorfqaw’on faitbien s’en fervir; mais il eftinutile, fi la piece d’os qu'on fe propofe d'enlever, étoit trop adhérente, le &re- fond emporteroit la table externe , comme je Pai vu arriver plufieurs fois, ce qui rend la fuite de Popé- ration plus difficile; & fi lon ne fait ufage dusire-fond que lorfque la piece d’os ne tient prefque plus:;,on peut fe difpenfer de cet infitument ; çar avec une FTR feuille de mirrhe le manche d’un fcalpel ou lextré- mité d’une fpatule qui a la figure d'un élevatoire > ON enlève très-facilement la piece fciée par la couronne du trépan. (7) | | TIRE-FOND, efpece d'outil de fer en forme de vis, qui fert aux Tablettiers & auxEbéniftes dans la fabrication de leurs ouvrages. Voyez EBÉNISTE G La fig. PL. de Marquerterie, TIRE-FOND , (ouril de Guainier. ) c’eft un anneau de fer où il y a une petite queue de la longueur d’un pouce, dont le bas eft fait en vis ; cela fert aux Guai- mets pour tirer les moules dedans leurs ouvrages , enintroduifant la vis dans le trou du moule y X en tirant par l'anneau. Vüyez La PL. du Guainier. TIREFOND , fm. ( Soierie. ) vis aflez longue à la tête de laquelle on a pratiqué un anneau aflez large, pouf recevoir le bâton de femple, TiREFOND, ixffrument de Tonnelier il eft de fer ; il confife en une tige de fer terminée par en-haut par un anneau de fer affez large, & eft fait en forme de vis par en-bas. Les Tonneliers s’en fervent pour tirer le fond d’une futaille dont les douves fe font en- foncées après être {orties de la rainure du jable. TIRE-JY , (Géog. mod.) île occidentale d’Ecofle, eu fud-eft de Coll, dont elle eft féparée par un petit détroit. Elle efttrès-fertile, & appartient au duc d’Ar- gyle. Sa longueur eft de fept milles, & {a largeur de trois, Il y a dans cette île un lac , une petite ile dans ce lac, & un château dans cette petite ile. (D. J.) TIRE-LIGNE , (Ecrivain.) ef plus un inftrument de mathématique que d'écriture ; cependant on s’en fert quelquefois pour tracer deux hones à-la-fois , horifontales ou perpendiculaires : ceft un petit poin- çon d'acier fendu par les deux bouts ; chaque pointe taillée en plume en fait la fontion. Voyez le volume des Planches & la table de l'Ecriture , Planches des inftrumens de l'Ecriture. TIRE-LIRE, f. £ rerme de Potier-de- verre , {orte de pett pot deterre, rond, creux & couvert , qui n’a qu'une petite fente par le haut ; on s’en fert à mettre de argent, dont on veut ignorer la fomme : & pour avoir cet argent , on eft obligé de cafler la zire-bire, D. J. |. x | TIRE-LISSES , £ £. pl. (Gazerie.) autrement nom- MÉS contre-lames ; ce font trois regles ou tringles de bois, qui fervent dans les métiers à gaze à baïtier les Hfles , après que les bricôteaux les ont levées. Die. du Comm. (D. J. | ÎTRE-MOELLE , fm, rerme de Cuifine , efpece de petite curelle d’argent concave, dont on fe fert à table pour tirer la moëlle d’un os. Acad. Franc. D. J. ° TIRE-PIÉ, f. m, (Cordonnerie.) courroie en forme de demi-bretelle ou bricolle de porteur de chaïfes , dont les cordonniers, favetiers , felliers »>bourreliers êt autres ouvriers qui travaillent en cuir & qui les coufent avec l’alene , fe feryent pour affermir leur ouvrage fur un de leur genoux. { D. JT.) TIRE-PIECE , ex rerme de Rafineur , eftun mor- ceau de fer battu d’un pié de large , en quarré dans fon fond. Les deux côtés percés de plufeurs trous à un pouce l’un de l’autre en forme d’écumoire > 1ont, comme le 0 relevés en bords d’un bon pouce de haut. Le devant eft plat. La queue fur le derriere eft auffi relevée diredtement , & terminée par une douille, dans laquelle on met un manche de trois piés de long. Le #re-piece fert À tirer du bac à formes , les immondices & les morceaux de formes caflées dans Veau. Voyez FoRmMEs & Bac À FORMES, voyez PL. fig. TIRE>PLANCHE,, { m. (Zmprimerte.) nom qu’on donne au titre d’un livre loriqu’il eft sravé en taille- douce avec des ornemens hiftoriés, & qui ont rap- port à la matiere de ouvrage, (D, J,) TIR 343 TIRE-PLOMB , ox ROUET A FILER LE PLOMB, er terme de Visrerie, et une machine orditairemenr compofée de deux jumelles ou plaques de fer, jointes êc aliemblées avec deux éfoquiaux, qui fe montent avec des écroues & des vis ou avec des clavettes: de deux eflieux ou arbres, à un bout defquels font deux pignons ; & de deux petites rozes d'acier , AU travers defquelles paffent les arbres. Ces roues n’ont d'épafeur que celle qu'on veut donner À la fente des lHingots de plomb, & font auf près l’une de l’au- tre qu'on veut que le cœur ou entre-deux du plomb ait d'épaifleur. Elles font entre deux £ajoues ou couff- nets Vacier. Il y a une manivelle qui faifant tourner l'arbre de deflous, fait auffi, par le moyen de fon pignon, tourner celui de deffus, &le plomb qui pañle entre les bajoues étant preflé par les roues s'applatit des deux côtés , & forme des af/erons au même tems que Les mêmes roues le fendent. ll y a de ces machines qui ont quatre aifieux & trois roues pour tirer deux plombs à-la-fois » 1] faut que Îles arbres & les roues foient tournées &7 arron- cies fur le tour, L'on n’avoit point anciennement de ces fortes de rouets pour fendre le plomb , c’eft une invention nouvelle ; l’on fe fervoit d’un rabot pour le creufet, &c l’on voit encore aux vieilles vitres du plomb fait de la forte, ce qui étoit un long & pénible travail. TIRE-POIL, fm. serme de ÎMonnoie,maniere dont on s’eft autrefois {ervi pour donner la couleur aux flaons d’or, & blanchir les flaons d'argent. Le vire poil confiftoit en ce que , quand les flaons étoient aflez recuits, on les jettoit, favoir les laons d’or dans un grand vaifleau d’eau commune » Où 1l y avoit huit onces d’eau-forte pour chaque feau d’eau : &c les flaons d'argent dans un autre grand vaifleau plein . , \ l 9 f e 9 - d’eau commune, oùiln ÿ avoir que fix onces d’eau- forte pour chaque feau d’eau. On appelloit cette maniere tire-poil, parce qu’elle attiroit au-dehors ce qu'il y avoit de plus vif dans les flaons ; mais comme cela coutoir beaucoup plus que la maniere dont on fe fert aujourd’hui , & que l'eau-forte diminuoit le poids des flaons d'argent , on a ceflé de s’en fervir. Boifurd, CS; TIRE-TÊTE, inffrument de Chirurgie , propre aux accouchemens ; il y en a de plufieurs efpeces. 1°. Le tire-tée de Mauriceau , voyez fig, 3. PL AX, il eft compofé d’une canule & d’une tige de fer. La partie antérieure de la canule eft une platine immobile, circulaire , large d’un pouce fix lignes, fituée hori- {ontalement , léserement concave en deflus , un peu convexe en-deflous , percée dans fon milieu pour communiquer avec le canal de la canule. La tige qui {e met dans la canule porte à fon fommetune platine femblable à la premiere , excepté que fes deux fur- faces font un peu convexes & qu'elle eft mobile, enforte qu’elle eft perpendiculaire & collée le long de latige ; mais elle s’abaifle & devient horiféntale comme Pautre dans le befoin. ‘La partie inférieure de la tige eft faite en double vis , Quientre dans un écrou ou clé figurée en trefle où en cœur. Tout l’inftrument eft long de dix à onze pouces. Il fert à tirer Ja tête de l’enfant mort arrêtée au pañlage. Pour cet effet , on lui fait une ouverture ou fente au crâne entre les pariétaux , avec la lance du même auteur décrite en fonlieu, & gravée, fig. 2. à côté du rire- tête, On tourne l’écrou de la tige du sire-tére de droite à gauche pour le baifer. On pouffe Le bout de la tige dans Ja canule | pour faire avancer la platine mobile & la rendre perpendiculaire. On introduit cette pla- tine dans le crâne de l'enfant par l'ouverture qu’on y a faite ; ontourne l’écrou de gauche à droite après avoir fait faire , par un tour de poignet, la bafcule à la platine pour-la rendre horifontale ; par ce moyen, certe platine mobile s'approche de l’autre qui et 344 TIR reftée au-dehors , & les pariétaux fe trouvent enga- gés avec le cuir chevelu entr’elles. Ê On auroit beaucoup de facilité à tirer direétement la tête de l'enfant , fi la prife étoit fuffifante. Les plus habiles accoucheurs regardent avec raïfon cet inftru- ment comme inutile ; on en trouve une defcription rès-détaillée dans le traité des inftrumens de M. de Garengeot; ce que nous en avons dit fufit avec la fi- gure pour le faire connoître. 2°, Le forceps ou vire-rête en forme de pinces ; il eft fort convénable dans le cas indiqué & dans plu- fieurs autres. Voyez FORCEPS. 3°. Le vire-tére d'Amand ; c’eft un réfeau de foie qu'Amand , chirurgien de Paris, inventa pour tirer la tête de l'enfant féparée du corps , & reftée feule dans la matrice. Ce réfeau a neuf pouces de diame- tre , il eft garni à fa circonférence de quatre rubans attachés à quatre points oppofés. Ce réfeau fe fronce en forme de bourfe au moyen de deux cordons qui en font le tour. Au bord extérieur de la circonfé- rence, il y a cinq anneaux de foie, dans lefquels on loge les extrémités des doigts pour tenir le réfeau étendu fur le dos de la main. Pour fe fervir de cette machine , il faut, fuivant l’auteur , introduire dans la matrice la main graiflée 8 munie de ce réfeau. On tire un peu les rubans pour l’étendre, on enve- loppe la tête, on dégage fes doigts des anneaux, on retire doucement fa main , on ferre les cordons pour faire froncer la machine comme une bourfe ; & quand la tête eft bien enveloppée , on la tire hors de la ma- trice. M. Levret ne trouve dans ce moyen qu’un produit d'imagination ou fuperflu où impraticable. En efet, s'il étoit poffñble d’aller coëffer la tête d’un enfant avec ce réfeau , quelle difficulté pourroit-1l y avoir de la tirer fans ce fecours ? & fi le jeu de la main n’eft pa; libre dans la matrice , il ne fera pas poffble de faire le moindre ufage de ce réfeau. Auffi , malgré cette prétendue invention, on a été réduit jufqu’à préfent à la dure néceflité de fe fervir de crochets, toutes Les fois que la main n’a pas.été fuffifante. M. Levret a fait conftruire un inftrument qu'il deftine particulierement à tirer la tête féparée du corps & reftée feule dans la matrice, Il en donne une defcription très-amplement détaillée dans un ou- vrage intitulé : Obférvations fur les caufes 6! les acci- dens de plufieurs accouchemens laborieux , te. Cenou- veau sire-tête (voyez PI. XX XV. fig. 1. € 2.) eft com- pofé de trois branches d’acier plates , flexibles &c fai- fant reflort , longues d'environ un pié , larges de fix lignes , plus minces à leur fin qu’à leur bafe, où elles font percées de deux trous & courbées convenable- ment. L'union de ces trois branches fe fait par leur extrémité antérieure au moyen d’un axe qui a une tête horifontale formée en goutte de fuif très-lifle, & l’autre bout duquel eft en vis pour entrer dans un petit écrou fait auffi en goutte de fuif, fée. 7. Ces trois branches font montées par leur bafe fur unarbre, fig. 3. C’eft un cylindre d’acier de deux diametres différens. Les deux tiers de la partie infé- rieure font d’un moindre diametre , mais deux viro- les d'acier (fig. 4. 6 3.) qui fe montent deflus , en font un cylindre égal, dont la partie fupérieure aune entaille percée de deux troustaraudés, pour recevoir deux vis à tête plate qui y fixent la bafe de la pre- miere branche, &z qui eft la plus courte. La feconde branche fe monte fur la virole qui occupe le milieu de l'arbre, & eft par conféquent un peu plus longue que la premiere ; & la troifieme branche finit à la virole inférieure par deux vis, comme la feconde branche à la virole fupérieure. Une de ces vis eft à tête platte, & l’autre à une tête longue , olivaire &c cannelée. La vis à tête eft à droite à la feconde bran- che, & à gauche à latroïfieme ; ces vis font en même terns des pieces de pouces , au moyen de quoi lon fait tourner ces branches avec les viroles fur lefquel- les elles font montées. | Pour fixer la progreffion de ces deux branches de chaque côté à un tiers de la circonférence du man- che, chaque vis à tête olivaire déborde intérieure- ment la virole, & entre dans un petit fofé creuié fur un tiers de l’étendue circulaire de l’arbre. Cet arbre fe monte à vis {ur une tige d’acier (és. 4.) qui paffe au-travers d’un manche d’ébene , &c qui eft fixé à fon extrémité par une vis (fig. 11.) qui entre dans le bout taraude de la tige. Pour faire mieux comprendre Îa conftruétion de cet inftrument , nous allons en donner l’explication particuliere. Planche XX XV. la fig. 1. repréfente l'inftrument vu de profil , &z les branches appliquées les unes fur lesautres. Fig. 2. l’inftrument ouvert; les branches font développées ; le manche y eft repré- fenté coupé par la moitié fuivant fa longueur , pour voir les pieces qui y font renfermées quand linftru- ment eft tout monté; les proportions de ces deux figu- res font à moitié du volume naturel, fuivant toutes les dimenfions. Fig. 3. l'arbre de l’inftrument de gran- deur naturelle. Fig. 4. premiere virole. Fig. 5. fe- conde virole. Fig. 6. reflort monté fur la feconde virole par une jonétion à coulifle ; le talon de ce ref fort aune queue d’arronde , qui entre dans la mor- taife pratiquée fur l’anneau , fig. 5. ce reflort fert par l’autre extrémité à accrocher la bafe de la feconde branche ; par ce moyen , les deux branches mobiles font fixées invariablement quand il a faifi la tête. Fig. 7, axe qui joint l’extrémité antérieure des trois branches. Fig. 8. tige ou partie inférieure de linftru- ment , laquelle eft cachée dans le manche de bois lorf- que linftrument eft tout monté ; cette piece eftica réduite à la moitié de fon volume. Æ9. 0. petit ver- rou qui fert à fixer la tige de linfirument avec la partie inférieure de fon corps, afin qu'il ne puifle tourner fur la vis qui forme cette union, Ag. 10.piece auxiliaire qui peut être foudée fur le corps de la tige, pour empêcher que le manche de bois ne tourne fur . la tige qu'il recouvre. Fig. 11. vis qui empêche que le manche de bois ne puifle fortir par en-bas. | Quoique cet inftrument paroife fort compofé , il eft néanmoins très-fimple dans fon opération: pour s’en fervir , on le graïflera avec du beurre ou autre corps onétueux ; on portera le doigt index de la main gauche inférieurement dans Porifice de la matrice, & on introduira fur ce doigt l'extrémité de linftru- ment fermé par-delà la tête de lenfant, comme om conduit une algalie dans la veflie en fondant par- deflus le ventre. Foyez CATHÉTÉRISME. On fera gliffer enfuite les branches fur la tête de côté ou d’au- tre, pour mettre la partie extérieure des branches toujours réunies fous l'os pubis ; on les dégagera alors à droite & à gauche : le développement des branches forme , comme on le voit fg. 2. un fphé- roïide ouvert, lequel embraïle la tête du fœtus que lon tirera avec beaucoup de fermeté. On peut lire dans l'ouvrage de l’auteur les avantages de l'effet 8c de la conftruétion de ce nouveau zire-rére. (XF) TIREVEILLES , (Marine. ) ce font deux cordes qui ont des nœuds de diftance en diftance, qui pen- dent le long du vaifleau , en-dehors, de chaque côté de l'échelle, & dont on fe fert pour fe foutenir lorf- qu’on monte dans un vaifleau & qu’on en defcend, TiREVEILLE DE BEAUPRÉ. Voyez SAUVEGARDE. TIRER, v. a@. ( Gram.) c’eft faire effort pour déplacer quelque chofe qw’on faifit de la main où avec un inftrument , & pour l’approcher de foi, ow lentraîner avec foi. Ce verbe a un grand nombre d’acceptions : on dit, tirer une charrue; rer de Peaw d’un puits ; wrer la langue : on dit aux chiens #re, pour les éloigner; l'armée ire vers la Me. , <. oler TIR foleil £re À fon couchant ; votre OuVrage sire à {a fin. On rire les vaches foir & matin; combien rr-t-1l de {on emploi? belle conféquence à rirer ; tirez avan= tage de votre accident ; sireg une ligne fur cet arti- cle ; tire un alignement de ce côté; tirez la racine de ce nombre; c’eft une fottife que de faire sirer fon horocofpe, c’eft une friponnerie que de fe mêler de ce métier; que #re-t-on de cette fub{tance? on lui a sir du mauvais fans ; on zire de la jambe ; on sire À la met ; . on 47e une perfonne ou l’on en fait le portrait ;on #zre un coup de piftolet pour voir qui levera la tête ; un cheval sire à la main; on rire des armes; on #ire {ur quelqu'un quand en lui fait des plaifanteries ; on tire cent exemplaires , mille, deux mille d’un ouvra- ge ; on #re une carte ; On cire au jeu la primauté ; on zre l'or ; on ire le Enge; une piece de drap äire- plus ou moins de longueur ; on ne faüroit sirer une parole honnête de cet homme brufque ; ne vous fai- tes jamais sirer l'oreille. Foyez les articles Jiuvans. TIRER, en terme d’Epinglier, faifèur d aiguilles pour des bonnetiers , eft l’aétion de redrefler {ur un engin le fil de fer qui étoit roulé en bottes auparavant , pour le façonner & le rendre le plus droit qu'on peut, Voyez ENGIN. TIRER L’ÉPINGLE, terme d'Epinglier, qui figni- fie paffèr par La filiere le laiton dont on fe fert pour fabriquer des épingles, afin de Le rendre de la grof- eur des numéros fuivant les échantillons. Voyez ÉPINGLE, TIRER, ex terme de Cardeur, c’eft éloigner le fl de la broche en retirant le bras, pour lui donner la force & la sroffeur qu’on veut. Ë TIRER UN CHAPEAU À POIL > terine de Chapelier, c’eft en faire fortir le poil en le sirant avec le carte. let. Voyez CARRELET. TIRER LE CIERGE, ( Cürerie. ) Ceft le fabriquer à la main, c’eft-d-dire ne le pas couler avec la cire Hquide & fondue, mais étendre la cire amollie dans Veau chaude Le long de la meche. Savary. ( D. JT. TIRER AU SEC, en terme de Confifeur, c’'eft l’ac- . ‘tion de confire une chofe en la fafant {cher >) pout la garder telle, ., TIRER L'ÉMAIL Æ LA COURSE, (Emailleur.) c'efl former avec l'émail des filets extrèmement dé- liés après l'avoir ramaffé dans la cuilliere de fer où il eft en fufion avec du cryftallin. Pour tirer l'émail à la courfe, 1 faut que deux ou- vriers tiennent chacun un des bouts de la pipe brifée pour rämafier l'émail : tandis que l’un le préfente à la lempe, l’autre s’éloigne autant qu’on veut donner de longueur au filet ; c’eft ainf que fe rire l'émail dont on fait de fauffes aigrettes, & qui eft fi délié & fi phable, qu’on peut facilement le rouler fur un de- vidoir, malgré la nature caflante du verte dont il eft compofé. | Lorfqu'on #ire le verre encore plus fin, on fe fert un rouet fur lequel il {e devide À mefure qu'il fort de la flamme de la lampe. Voyez la fig. Planche de l’Emaïlleur , le bas de la planche repréfente l’établi, la roue du rouet chargée d’un écheveau de fl de verre, &t un écheveau coupé. TIRER , serme d’Imprimeur , c’eft imprimet tout-à- fait un certain nombre d'exemplaires d’un livre, ou autre ouvrage d'impreflion dont on a vu les épreu- ves néceffaires , &c qu’on juge bien corre&, (D. J.) TIRER A LA PERCHE, ( Lainage.) c’eft lainer une piece de drap ou autre étoffe de laîne , c’eft-à- dire en zrer le poil avec le chardon, tandis qu’elle eft étendue du haut en bas fur une perche. (D. J.) - TIRER, (Maréchal. ) eft l'a@ion des chevaux de . tirage; cirer à la main, fe dit d’un cheval qui au-lieu _ de fe ramener refufe à la bride en alongeant la tête lorfqu’on tire les renes; cirer are ruade, Voyez RUER. Tome XVI, | TIR 345 Un cheval trop chargé d’encolure pefe ordinaires nent 4 la main; mais le défaut de ser à La main vient de trop d’ardeur , ce qui eff pire que sl peloit fimplement à la main. Pour appaiier un cheval trop ardent &fujet à &rer à La train, 1] faut le faire aller doucement, & le tirer fouvent en arriere; mais fi c’eft par engourdiffement d'épaules ou par roideur de cou, 1l faut tâcher de laffouplir avec le caveon à la neucañtle. ; TIRER, ex terme de Fondenr de Petit plomb, c’eft mettre le plomb fondu dans le moule pour y former la branche. Voyez MouLE & Brancur, x TIRER LA SOIE. Voyez larticke Sotr* TIRER LES ARMES, (Réliure.) pour cet effet on pañie une couche légere de blanc d’œuf fur la place de larme; ce blanc d'œuf fe lave avec un linge pour en Ôter la fuperficie; on met une couche d’eau pure, puis on pofe l'or ; quand le cuir eftun peu eforé on met un cÔté du livre en prefle avec l'arme qui doit être un peu chaude, on ferre la prefle fuffifamment pour qu'elle imprime également ; le livre étant re- tiré de prefle, on efluie le trop de Por avec un linge un peu mouillé, Poyez la preffe à tirer Les armes. Voyez les PI, de la Reliure, TIRER L’ôR, eft l’adion de réduire un Îmeot en filextrèmement délié en le faifant pañfer à différentes fois dans des filieres toujours moins grandes ; ce qui défigne plufieurs opérations, dont la premiere fe fait par le moyen de l’argue ( voyez ARGUE), où huit hommes rent le lingot qu’on a introduit dans une fort grofie fliere. Enfuite on le pafle dans un ras qui eft beaucoup moins gros, Pulque quatre hommes {ufifent pour l'en tirer. Voyez RAS, Quand le Hngot eft devenu de la groffeur d’une plume, on le dégrofit (roy DÉGROSssIR), il pañie après cela dans les mains de l’avanceur (voyez AVancEuR ), & de-là les tourneufes le prénnent pour le mettre au degré de finefle que le tireur le fouhaite. Voyez TIREUR D'OR. | TIRER DE LONG, ( Vénerie, il fe dit de la bête qui s’en va fans s’arrêter, Tirer fier Le trait, il fe dit du limier qui trouve la voie & veut ayancer, Tirez chiens, tirez, C’eft le terme dont on fe fert pour faire fuivre les chiens quand on les appelle, TIRER UNE VOLÉE DE CANON, ( Are rmilir,) c’eft tirer plufieurs pieces ou plufieurs coups de canon. Tirer le canon à toute volée, C’eft élever la piece &z la sirer en rafe campagne fans lui donner d'objet ni de but : on mefure cette portée depuis la piece juf= qu'à Pendroit où le boulet s’eft arrêté, Tirer un mortier à toute volée, Ceft le placer fur fon affut de maniere que le mortier fe un angle de 45 degrés avec la ligne horifontale, Voyez MORTIER G Jer. Si tous les foldats de M, Defolard étoient auf- bien exercés à tirer que des flibuftiers 1] arriveroit dans les combats, qu’en deux heures de tems la perte de tout le monde termineroit la journée. (Q) TIRER , ( Marine.) on dit qu'un vaifleau #ire tant de piés d’eau pour être à flot, Voyez TIRANT D'EAU. TIRER À LA MER, (Marine. ) c’eft prendre le lar- ge, s'éloigner des côtes, de quelque terrein, où de quelque vaifleau. TIRER une lettre de change, ( Commerce.) c’eft VE. crire, la figner , & la donner à celui qui. en a payé le contenu , pour la recevoir en un autre endroit Il ne faut irer de lecrre de change qu’on ñe foit certain qu'elle fera acceptée & bien payée. Voyez LETTRE DE CHANGE, ÂCCEPTER, Éc. TIRER € ligne de compte, (Commerce.) fignifie por- cer fur fon livre en débit ou en crédit ; c’eft-à-dire ,en recette ou en dépenfe, un article a. à recu où X 346 TIR payé pour quelqu'un avec lequel on eft en compte ouvert. Voyez COMPTE , LIVRES, 6e. Diéiionn. de “COTTITILET CE Tirer l’oifeau, terme de Fauconnerie ; c’eft le faire becqueter en le paiffant. | TIRÉSIAS , {. m. ( Mychol.) Héfode , Homere, Hygin, & autres mythologues, ont pris plaïfr à broder diverfement l'hiftoire de ce fameux devin de Fantiquité, & à donner des caufes merveïlleufes à fon aveuglement naturel. L’hiftoire dit, qu'il eut à Orchomene un oracle célebre pendant quelques fie- cles, maïs qui fut réduit au filence , après qu’une pefte eut défolé la ville. Peut-être que les directeurs de lorac'e périrent tous dans cette contagion. Il y avoit à Thebes'un lieu appellé Pobférvaicire de Tiré- Jfas, C’'étoit apparemment l’endroit d’où 1l contem- ploit les augures. Diodore ajoute que les habitans lui firent de pompeufes funerailles , &c qu'ils lui ren- dirent des honneurs divins. (D. J.) TIRET , {. m. (Gram.).c’eft un petit trait droit &z horifontal, en cette maniere —, que Les imprimeurs appellent divifion, 8 que les grammairiens nomment tiret OÙ frait d'union. - Les deux dénominations de divifion &t d'union {ont contradiétoires, &r toutes deux fondées. Quand un mot commence à la fin d’une ligne, & qu'il finit au commencement de la ligne fuivante , ce mot eft réel- lement divifé ; &c le tire: que l’on met au bout de la ligne a été regardé par les imprimeurs comme le fi- gne de cette divifion : les grammairiens le regardent comme un figne qui avertit le leéteur de regarder comme unies les deux parties du mot féparées par le fait, C’eft pourauoije préférerois le mot de #res, qui ne contredit ni les uns, ni les autres , & qui peut également s’accommoder aux deux points de vue. M. du Marfais a détaillé, article DIVISION, les ufages de ce caraëtere dans notre orthographe : mais il en a omis quelques-uns que j’ajouterai ici. 1°, Dans fon troifieme ufage, il auroit dû obfer- ver que le motce aprèsles verbes ésre ou pouvoir, doit être attaché à ces verbes par un tirer : qu'eflce que Dien?ésoit -ce mon frere? font-ce vos livres? qui pourroit- ce être ? eñt-ce été lui-même. 2°, Lorfqw’aprèsles premieres ou fecondes perfon- nes de l'impératif, il y a pour complément lun des mots oi, toi,nous, vous, le, la, lui, les, leur, en, y ; on les joint au verbe par un tires, & lon mettroit même un fecond zires , sil y avoit de fuite deux de ces mots pour complément de l'impératif : dépéche- toi, donnez-moi, flattons-nous-en, tranfportez-vous=y , accordez-la-leur, rends-le-lui, &c. On écriroit faites- moi Lui parler , &t non faites-moi-lui parler, parce que lui eft complément de parler, & non pas de fasses. 3°. On attache de même par un rires au mot précé- dent les particules poftpeñitives ci, a, ça, da ; com- me ceux-ci , cet homme-la, oh-ç@, oui-da. On écrivoit cependant de ça, dela, il eff allé la , venez ça, fans tirer ; parce que ça 8 la, dans ces exemples, font des adverbes , & non des particules. #oyez PARTI- CULE. (BE. R. M.) TiIRET , serme de Praticien ; c’eft une petite bande de parchemin longue & étroite, qu’on tortille après lavoir mouillée , & dont fe fert pour attacher les pa- piers. (D. JD) TIRETAINE , £ f (Lainage.) forte d’étoffe dont Ja chaine eft ordinairement de fil , & la treme de laï- ne. Sayary. ( D.J.) TIRETOIRE , f. m. (Tonnelerie.) eft un outil dont les tonneliers fe fervent pour faire entrer à force les derniers cerceaux des futailles. C’eit un morceau de bois de cinq ou fix pouces de groffeur, & long de près de deux piés ; il eft arrondi par le côté qui lui fert de manche, &c applati par l'autre bout & gant de fer. Vers le milieu il y a une moftaife dans las quelle eft attaché par une cheville de fer, un mor- ceau de fer mobile d'environ 10 pouces de longueur recourbé par l’autre bout en-dedans. On accroche le cerceau par-deflus avec la piece de fer, & ap- puyant fur Le jable le bout applati de linftrument,on pefe fur le manche, Cette opération attire le cerceau, & le fait entrer {ur le jable, & on l’enfonce enfuite avec le maillet, en frappant deflus. ; TIREUR, fm. ( Gram. Jurifprud, ) eft celui qui tire une lettre de change fur une autre perfonne, c’eft-à-dire , qui prie cette perfonne de payer pour lui à un tiers la fomme exprimée dans cette lettre, Voyez; CHANGE & LETTRE DE CHANGE. (4) TIREUR, (Commerce de banque.) c’eft celui qui tire ou fournit une lettre de change fur fon correfpon- dant ou commiffionnaire, portant ordre de: payer la fomme y contenue, à la perfonne qui lui en a donné la valeur, ou à celui en faveur duquel cette perfon- ne aura pañlé {on ordre. Ricard, (D. J.) TIREUR , terme d’ouvrier, chez les ferrandiniers , gaziers, &c autres ouvriers en étoffes de foie façon- nées ou brochées, c’eft le compagnon qui tire les fi- celles du fimblot qui fervent à faire la figure , ou le brocher des étoffes. On dit une sreufe, quand c’eft une femme qui tire. (D. J.) TiREUR , ( Fonre de la dragée au moule.) on ap- pelle ainfi louvrier qui tire dans la chaudiere lé plomb fondu , & qui le verfe dans les moules pour en former des dragées ou des balles pour les armes à feu. Voyez B, fig. 1. PL, de la fonte des dragées au moule, & l'article FONTE DES DRAGÉES AU MOULE. TIREUR, chez Les Gaziers ; c’eft un compagnon qui tire les ficelles du fimblot qui fervent à faire Le bro- cher des gazes. Pour favoir quelles ficelles 1l faut tirer, cet ou- vrier doit avoir lu auparavant le deflein, c’eft-à-dire, avoir pañlé autant de petites cordes à nœuds coulans que le lifleur en a nommé. Cette leéture du deffein eft ce qu'il y a de plus curieux & de plus diffile dans la monture de ces métiers; & l’on a beloin pour cela d’habiles ouvriers, principalement quand le def- fein eft fort chargé. Voyez DESSEIN. TIREUR D'OR ET D'ARGENT , eft un artifan qu tire l’or & l'argent , qui le fait pañler de force à-tra- vers les pertuis ou trous ronds & polis de plufieurs efpeces de flieres qui vont toujours en diminuant de groffeur , & qui le reduit par ce moyen en filets très- longs & très-déliés , que l’on nomme f/ d’or ou d’ar- gent, ou de l’or ou de Pargent trait. ” Les sireurs d'or 6 d'argent, font auf batteurs & écacheurs d’or & d'argent, parce que ce font eux qui fe mêlent de battre ou écacher l’or & l'argent trait, pour lapplatir ou le mettre en lame , en le faifant pañler entre les deux rouleaux d'acier poli, d'une forte de petite machine nommée moulin a battre où a écacher. Voyez Particle OR. Les ftatuts de la communauté des sreurs & batteurs d’or de Paris fe trouvent inférés dans le recueil des ftatuts , ordonnances & privileges accordés en faveur des marchands orfévres-jouailliers. ils prêtent fer- ment à la cour des monnoïes. | x ’éle@ion des jurés fe fait le 3 Janvier, de même que celle des deux maîtres examinateursdes comptes; & le premier Décembre s’élifent les maîtres ou cou- riers de la confrerie. La communauté eft reduite à 40 maîtres de chef- d'œuvres , il eft défendu de ne plus recevoir de mai- tres de lettres. Toutapprentif, même les fils de maîtres, doivent avoir 12 ans accomplis, & ne peuvent être reçus à la maîtrife, qu'ils n'aient fait un apprentiflage de $. ans, & qu'ils n'aient fini le chef-d'œuvre. TIR Chaquemaître ne peut obliger qu’un apptentifà- Ma-fois, & chaque apprentif doit fervir 10 années chez les maïtresenqualité decompagnon, avant que d’avoir droit de tenir boutique, ni de travailler pour foncompte.. | se . Tout maitre doit avoir fa marqué enregiftrée au greffe de la monnoie.,, & empreinte fur une table de cuivre. | L'ouvrage des tireurs doit fe vendre au poids du roi de huit onces au marc, &1de huit gtos à l’once, & non au poids fubtil, vulgairement appellé /e poids de Lyon. L'argent fin fumé eft défendu fous peine de-confif- cation & de 2000 liv.d’amende. L'or ou l'argent doit être filé fur la foie teinte, & non fur la crue, & le faux feulement {ur le fil. Mariere de tirer or 6 l'argent fin. On prend d’a- * bord un lingot d’argent du poids de 35 à 36 marcs, que lon réduit par le moyen de la forge, en forme de cylindre , de la groffeur à-peu-près d’un manche à balai. { Après que le fingot a été ainf forgé , on le porte à Vargue où on le fait pañler par 8 ou ro pertuis d’u- ne grofle fliere, que lon nomme calibre, tant pour Varrondir plus parfaitement, que pour étendre ju£ qu'a ce qu'il foit parvenu à la grofleur d’une canne, ce qui s'appelle #irer 4 l’argue | ou appréter pour dorer. Voyez ARGUE 6 FILIERE, Be fingot ayant été tiré, comme il vient d’être dit, eft reporté chez le rireur d’or, où il ef liméavecexa- €htude fur toute fa fuperficie, pour ôter la crafle qui peut y être reflée de la forge; puis on le coupe par le milieu, ce qui forme deux lingots d’égale grof feur, longs chacun d'environ 24 à 25 pouces, que lon fait pafler par quelques pertuis de calibre , foit pour abaïfer les crans ou inégalités que la lime y a pu fatre , foit aufli pour le rendre Le plus uni qu’il eft po. fible. j Lorfque les lingots ont été ainfi difpofés, on les fait chauffer dans un feu de charbon pour leur don- ner le degré de chaleur propre à pouvoir recevoir l'or que l’on y veut appliquer ; ce qui fe fait de la manicre fuivante, On prend des feuilles d’or, chacune du poids d'en: viron 12 grains, & de 4 pouces au-moins en quatré, que Ponjoint quatre, huit, douze où feize enfemble, fuivant qu'on defre que les lingots foient plus ou moins furdorés ; & lorfque ces feuilles ont été join- tes de maniere à w’en plus former qu’une feule, on frotte les lingots tout chauds avec un brunifloir, pui on applique en longueur fur toute la fuperficie de chaque lingot, fix de ces feuilles préparées, par def- fus lefquelles on pañle la pierre de fanguine pour les bien unir. . Après que les lingots ont reçu leur or, on lesmet dans: un nouveau feu de charbon pour y prendre un certain degré de chaleur; & lorfqu'ils en font reti- rés , On repañle par-deflus une feconde fois la pierre de fanguine , foit pour bien fouder l’or, foit auf pour achever de le polir parfaitement. Les lingots ayant été ainfi dorés, font reportés à Pargue, où on les fait pafler par autant de pertus de fliere qu’il eft néceflaire, (ce qui peut aller en- viron à quarante } pour les réduire à-peu-près à la groffeur d’une plume à écrire. Entuite on les reporte chez le tireur d'or pour les dégrofier, c’eft-à-dire, les faire pafler par une vinc- taine de pertuis d’une {orte de fliere moyenne qu'on appelle ras ; ce qui les réduit à la grofieur d’unferret de lacet. Le dégroffage fe fait par le moyen d’uneefpece de banc fcelié en plâtre, que l’on nomme Banc à dégrof: Jér, qui v’eft qu’une maniere de petite argue que Tome XVI, MITAUR 347 deux hommes peuvent faire tourner, Aprèsique les lingots ont été dégroffés 8x tédutss comme On vient de dire, & à la grofleur d’un fetre? de lacet, ils perdent leur nom de lngots, pourpren: dre celui de #7 d'or. Ce fil eft enfuite tité fur un aus tre banc, que l’on nomme banc à tirer, Où On le fait pañer par vingt nouveaux pertuis d’une efpece de 4a here appelée prégaton ; après quoi 1l fe trouve en État d'être pañfé parla plus petite filiere , qu’on nom- me fer à tirer, pour le porter à fon dernier point dé finefle ; ce qui fe pratique de la maniere fuivante. Premierement, on pafle le fl d’or par le trou du fer à tirer appellé pereuis neuf, qu'on a auparavant retréci avec un petit marteau fur un tas d'acier, &- pol avec un petit poincon d’acier très-pointu , que l’on nomme pointe. Ce pertuis eff ainf retréci & rez poli fucceflivement avec de pareilles pointes, tou= jours de plus fines en plus fines, &lefil y ef auf fucceflvement tiré jufque à ce qu’il {oi parvenu à la srofieur d’un cheveu. Ce qui paroît de plus admirable , eff que tout dé: Hé & tout fin que foit ce fil, ilfe trouve fi parfaite ment doté fur toute fa fuperficie, qu'il feroit aflez difiicile de s’'imaginer, fans le favoir, que le fond en fût d'argent. | Le fl d’or en cet état s'appelle or trait, & peut s’émployer en crépines, boutons » Cordons de cha- peau, & autres femblables ouvraces. Il fut remarquer qu'avant que or trait foit réduit à cet extrème point de finefle, il a dû pañler par plus de 140 pertuis de calibre, de filiere, de ras, de prés gaton, & de fer àtirer, 8: que chaque fois qu'on la fait pafler par un de ces pertuis, on l’a frotté de cire neuve, foit pour en faciliter le paflage, foit auf pour empêcher que l'argent ne fe découvre de l'or: qui eft deflus. Pour difpofer l'or trait à être filé fur la foie , 1] faut l'écacher ou applatir, ce que plufieurs appellent £ar- tre l'or , & le mettre en lame. On lui donne cetre fa çon, en le faifant pafler entre deux rouleaux d’une petite machine nommée moë/in à battre, Où rroulin à ÉCachen. è Ces rouleaux qui font d’un acier très-poli, envi ron de trois pouces de diametre, c’eft-A-dire ) Épais de douze ou quinze lignes , & très-ferrés l’un contre l’autre fur leur épaiffeur, font tournés par le moyen d’une manivelle attachée à l’un des deux ; Qui fait mouvoir l’autre ; en forte qu'à meflure que Le fil trait pañle entre les deux rouleaux, il s’écache & s'appla- tit, fans pourtant rien perdre de fa dorure , & il des vient en lame fi mince & f flexible »>-qu'on peut 'ai- fément le filer fur lafoie, par le moyen d’un rouet & de quelques rochets ou bobines pañlées dans de me nues broches de fer. | Lorfque l’or en lame a été filé fur Ja foie, on lui donne le nom de f/é d'or. Quand on ne veut avoir que de l'argent trait, de Pargent en lame, ou du fl d'argent , on ne dore point les Eingots; à cela près , tout le relte {e pratique de A la même maniere que pour l’ortrait, l'or en lame > & le filé d’or. L'or êc l'argent trait battu, où en lames de Lyon, fe vend par bobines de demi-once, & d’une once net, C’eft-à-dire , fans comprendre le poids de la bo- bine &z fes différens degrés de finefle, fe diftinouent par des P, depuis un jufqu’à fept, toujours en dimi- nuant de grofleur ; en forte que celui d’un P ef Le plus gros, & que celui de fept P eff le plus fin, que lon appelle à caufe de cela faperfin. | L'or &c l'argent trait, battu ou en lame, qui fe fe« tique à Paris, fe débite en bobines de différens poids; 8 fes divers degrés de finefle ou de furdoru- re font indiqués par des numéros depuis 50 jufqu’à | Xi] 345 TIR #2 , qui vont toujours en diminuant de grofleur, 8e en augmentant defurdorure; de maniere que celui du n°. so eftle plus gros 8cle moins furdoré, & celui du n°, 72 eft le plus fin 8 le plus furdoré, &z ainfi des autres numéros à proportion. Les filés d’or & d’argent de Lyon fe vendent tout dévidés fur des bobines de différens poids, &c leurs divers degrés de finefle font diftingués pat un certain nombre d'$ ; en forte que l’on commerñce paruneS, qui eft le plus gros, & que lon finit par feptS, qui eft le plus menu : ainf l’on dit du une S , du deux S, dutrois S , du quatre S, du quatre S &t demie, dx cinq S, du cinq S & demie, du fix S, &t du fept S, autrement du fuperfin. Ceux d’une, deux, trois, & quatre $ , font par bobines de quatre onces, 6 ceux de quatre S & demie, de cinq, de cinq & demme, de fix & de fept S, font par bobines de deux onces, le tout net. 4 EH y a des filés d'or & d'argent que l’on nomme files rebours, parce qu'ils ont été filés à contre-fens, c’eft-à-dire , de gauche à droite. Ces fortes de filés ne s’emploient qu'en certains ouvrages particuliers, comme crépines, franges, molets, &c autres fembla- bles, qui ont des filets pendans; il en entre auffi dans la boutonnerie. On compte de cinqfortes de filés d’or & d'argent rebours, qui fe diftinguent par une demie S , par une S ,par deux $ , par trois.S, & par quatre S', qui vont en diminuant de srofleur ; de maniere que celui d’une demi S eft le plus gros, & celui de quatre S Le plus fin : ces fortes de filés d’or &c d'argent font ordinai- rement par bobines de quatre onces net. Ce qu’on appelle or de Milan, eft de l'argent trait que l’on a écaché ou applati en lames très-minces &c très-déliées d’une certaine longueur, qui ne font do- rées que d’un côté; de forte que venant à être filées, en n’appercoit plus que de l'or, le côté de l'argent fe trouvant entierement caché. La maniere de ne dorer les lames que d’un côté, eft un fecret très-ingénieux & très-particulier, dont les feuls zireurs d’or de Milan font en poffeflion de- puis long-tems. Ceux de Paris & de Lyon ont plu- fieurs fois tenté de les imiter; mais ç’a toujours été fans un fuccès parfait. | Les filés d’or de Milan viennent pat bobines de deux & de quatre onces net; & leurs degrés de #- nefle fe diftinguent par un certain nombre d'S , de même que ceux de Lyon. Maniere de tirer l'or & l'argent faux , pour le difpofèr à étre employé en trait, en lame, ouen filé, ainfi que le fin. On prend du cuivre rouge appellé rogese, dont on forme par le moyen de la forge un lingot fem- blable à celui d'argent ; on le tire à l’argue , puis on fait des cannelures ou filets fur toute fa longueur avec une efpece de lime plate dentelée par les bords en ficon de peigne, que lonnomme griffon ; après quoi on applique deflus fix feuilles d'argent, chacune du poids d'environ 18 grains : enfuite on chauffe le lin- got dans un feu de charbon, d’où étant retiré, on pañle le brunifloir par-deflus jufqu’à ce que les feuil- les foient bien unies ; puis on y applique encore fix nouvelles feuilles d’argent femblables aux précéden- tes, & l’on employe ainfi une once & demie d’ar- gent en feuille fur un lingot de cuivre d'environ vingt marcs. Le lingot ainfi argenté fe remet dans un feu de chatbon où il chauffe jufqu’à un certain degré de chaleur ; & lorfqu’il a été retiré du feu , on pafle par- deflus le brunifloir, foit pour fouder l'argent, foit auffi pour le rendre tout-à-fait uni. Enfuite on le fait pafler par autant de trous de f- liere qu’il eft néceflaire, pour le réduire de même que l'or & l'argent fin à la oroffeur d’un cheveu: en cet état c’eft ce qu'on nomme dx faux argent trait , Où de l'argent trait faux. Quand on defire avoir de l'or trait faux, on porte le lingot tout argenté à l’argue , où on le fait pañler par fept ou huit pertuis de calibre; puis on le dore de la même maniere que les lingots d'argent fin; & l’on obferve au furplus toutes les circonftances mar- quées pour les autres efpeces de filstraits. | L'or & l'argent traits faux s’écachent & fe filent de même de le fin; avec cette différence néanmoins que le fin doit être filé fur la foie, & que le faux ne {e doit faire que fur du fil de chanvre ou de lin. L'or & l’argent faux, foit trait, {oit battu ou en lame , vient la plus grande partie d’Allemagne , par- ticulierement de Nuremberg, par bobines de deux & de quatre onces net; & leurs différens degrés de fineffe {e diftinguent par des numéros depuis un juf- qu’à fept, toujours en diminuant de groffeur; de forte que le premier numéro eft le plus gros, &tque le dernier eft le plus fin. I s’en fabrique quelque peu à Paris , qui eftfort eftimé pour fa belle dorure, dont les bobines ne {ont point numérotées fe vendant au poids, à proportion qu'il eft plus ou moins fin, où plus ou moins argenté ou furdoré, Tirer & filer l'or. Pour préparer, la matiere propre à être tirée, on commence à fondre un lingot d’ar- gent, c’eft-à-dire, une partie de matiere d'argent, foit piaftre,vaifelle, &c. pour encompofer un lingot dont le poids eft ordinairement de ÿo marcs environ. ILeft d’une néceflité indifpenfable que cette matiere foit bien purgée de l’alliage qui pourroit s’y trouver ;tant pour faire un filé plus brillant que pour la tirer plus fin. C’eft pour cela même que Pargent, dont le titre le plus haut eft de 12 demiers de fin , doit être pour le lingot de 11 deniers & 20 grains au-moins , n'étant pas pofüble de le porter à ce degré de finefle de 12 deniers de fin, attendu les matieres nécefaires , tel- les que le plomb , 6. qui doïvent aider à la fonte. Le lingot fondu & examiné pour le titre eft porté chez le forgeur , où il eft divifé fous le marteau en trois parties égales, &t autant rondes qu’il eft poffible, pour être pañlé à l’argue. On donné ce nom au labo- fatoire, où chaque barre du lingot étant pañlé dans une filiere plus étroite que la barre même, étant tirée à l’aide d’une tenaille dentée qui tient la pointe de la barre & étant paflée fucceflivement dans dif- férens trous , plus petits les uns que les autres, elle eft réduite à une groffeur aflez convenable , pour que deux hommes feuls puiffent achever de la rendre en- core plus fine, ainfi qu’il eft démontré dans les fig. &z-dans les Planches. La fig. 1. démontre un moulinet à l'arbre duquel , & dans le bas eft une corde , laquelle prenant à une tenaille qui tient la barre du lingot pañlée dans la f- liere, la tire jufqu’à ce qu’étant fortie du trou où elle fe trouve, on la faffe pafler dans un plus petit ; ainfi des autres. j; La fg. 2. repréfente deux hommes qui dégroffiffent la même barre, après qu’elle a été amincie &c alon- gée par largue. : Figure 1. a , le haut du moulinet ; 2, bas du mou- linet ; c, barre du lingot; d, idem derriere la filiere; ñe, piece de bois taillée dans laquelle eft arrêtée la f- liere ; f, corde qui envelope le moulinet &s tire la te- naille ; g, branches croifées du moulinet ; #, hom- imés qui tournent le moulinet; , crochet de la piece de fer qui arrête le moulinet; K, traverfe d’en-haut pour tenir le moulinet; /, piece de fer pour arrêter le moulinet; #7, traverfe d’en-bas ; z , poulie ou moufle-pour doubler la corde arrêtée d’un côté à la piece ; r, ©, dent de la tenaille ; r, piece de fer qui retient la corde d’un côté; f, queue de la tenaille faite de façon que plus elle tire, plus elle eft fermées { P, boucle de corde accrochée à la queue de la te- naïlle ; 4, grande caïffe pour tenir les barres des lin- gots; s, dents de la tenaille. Figure 2. 1 , deux hommes qui désrofifent la ma- tiere au fortir de largue ; 2, manette du tambour fur lequel la matiere fe roule ; 3, le tambour; 4, autre tambour fur lequel elle eft roulée au fortir de Pargue; $ ; coin pour tenir la filiere arrêtée; 6, la filiere ; 7 , fer dans lequel entre la filiere ; 8 » table fur la- quelle font pofés les tambours; o , idem. « Figure 3. homme qui peut dégroflir feul la savette. On donne le nom de guverte à la matiere fortie de l’ar- gue , & tirée à une certaine grofleur ; & lorfqu’elle ft dégroffie, on lui donne le nom de srair. Fig. 4. Fille qui tire le trait en le faifant pañler fuc- ceflivement dans plufeurs filieres plus petites Les unes que les autres , jufqu’à ce qu’il foit tiré à la f- néfle qu’on fe propoie. Fig. 3. Fille qui bobine le trait en le tirant de def fus le tambour qui a fervi à le tirer pour le mettre fur une petite bobine , à laquelle on donne le nom de roquetin. Le trait fe divife ordinairement en trois parties principales pour la groffeur. La premiere eft appel- Ke lancé, beaucoup plus fine qu'un cheveu; la deuxie- me /uperfin fin ; latroifieme fuperfir ordinaire : cette derniere partie eft de la grofleur d’un cheveu. Tout ce qui vient d’être dit ne concerne précifément que le trait d'argent. Le trait d’or ne fe tire pas autrement ; & à proprement parler, ce qui eft appellé or dans les manufaétures , n’eft autre chofe que de l'argent doré. Pour faire le trait d’or, on dore le hngot en barre au fortir de la forge , & avant de le pañler à Pargue. Le lingot pour or doit être difpofé À la fonte d’une autre façon que le lingot pour argent ; c’eft-à-dire que les affineurs ou fondeurs doivent avoir foin de le rendre plus dur afin que les feuilles d’or qui fervent à le dorernes’enterrent pas dans la matiere d'argent, & fe foutiennent toujours deflus pour que l’or foit plus brillant. De-là vient que le filé d’or eft toujours plus pefant que le filé d'argent. On penferoit que l’or dont il eft chargé caufe l'augmentation du poids, ce qui n’eft pas, puifque un Hngot de so marcs n’em- ployera pasun marc d’or pour Le dorer. La véritable raïon de la différence de ce poids ne vient donc que de ce que le lingot étant plus dur , le trait ne peut pas être tiré fi fin que l'argent. D'ailleurs quand il feroit poffible de le tirer auffi fn, la qualité de l’or qui n’eft que fuperficielle fur matiere d'argent, n’au- roit plus aucune apparence, attendu la finefle du trait. Pour dorer le lingot , on fait chauffer une barre d'argent bien ronde & bien polie, jufqu’à ce qu’elle roupifle , après quoi le tireur d’or coucheau long & au-tour de ladite barte des feuilles d’or telles qu’on les trouve chez les Batteurs d’or, en quantité proportionnée à la qualité qu’il veut donner au trait qu'il fe propofe de faire ; & après les avoir cou- chés , il les frotte avec une pierre bien polie pour les attacher au lingot, de façon que la barre d’argent &e les feuilles ne compofent qu’un tout. Les or les plus bas font dorés à 28 feuilles couchées les unes fur les autres & liflées avec la pierre à polir. Les or les plus hauts ne paffent guere +6 feuilles. Le fuperflu ou excédent des feuilles qu’on voudroit ajouter de- viendroit inutile | & empêcheroit même la barre d'être tirée comme il faut. Le frottement fur les feuil. les fe fait au fur & à mefure qu'on couche les feuilles de fixenfix, ou de huit en huit feuilles. Il ut beau- coup plus defoin pour tirer l’or que l'argent; & {ur- tout que les filieres foient extraordinairement polies, parce que fi par hafard il s’en trouvoit quelqu’ure qui grattât la barre , ou la gavette, ou le trait la par- tie grattée blanchiffant, feroitcontinuée jufqu’à la fin; TIR 349 parce que quoique le Jingot foit bien doré, en quel- qué cas, où en quelque tems que vous rompiez [a barre , ou la gavette, elle fera toujours blanche en dedans; For, comme on l’a déja dit, n'OCcupant que la fuperficie du lingot , dont la dureté » Par fa pré- paration , lui empêche de pénetrer plus avant, & lui donne plus de brillant. Lorfque l'argent ou l'or eft tiré, 1l s’agit de le filer: & pour parvenir à cette Opération, il faut l’écacher ou écrafer fous deux roues où meules dont la Circon- ference eft d’un acier fi poli, qu'il ne faut pas quil y ait une légere tache. C’eft ce qui eft repréfenté dans les Planches & les fieures. Le trait quelque fn qu'il puifle être, s’applatit en pañlant entre les deux meules du moulin » {ortant du roquetin 2, Le trait pañle dans un livret o fur le- quel eft un petit poids de plomb qui le tient en regle, & empêche qu'il ne vienne plus vite que le moulin le diftribue , & ayant pañlé entre les deux meules, il $’enroule fur un autre petit roquetin appellé roque- tin de lame, parce que le trait quoique fin & rond, Étant écaché ne forme plus qu'une lame, & que c'eft cette même lame, laquelle enveloppant la foie fur laquelle elle eft montée ) forme ce qu’on appelle Le file. ( La fig. 6 repréfente un moulin À écacher Por ê l'argent ; la lettre a le batis du moubr; &, planche au bout de laquelle on met un poids pour charger le moulin , & faire que les deux meules {e frottent da- vantage ; elle forme une efpece de levier, & ap- puyant fur les cordes z qui remontent furune traver- fe qui appuie fur l'arbre de la meule fupérieure du moulin , elle la ferre davantage fur l’autre. c » Pieces de fer percées dans lefquelles entre un fl de £er qui foutient le roquetin d. e, poids d’une livre environ pofé fur le livret dans lequel pale letrait.f, mani- velle à laquelle eft attachéeune poulie cavée dans la- quelle pañle une corde très.fine qui fait tourner le ro- quetin de lame pour ramañer le trait écaché ou la lame. 2, la lame que le guimpier tient entre fes doigts pour la conduire fur le roquetin. #, fer courbé en équerre qui content une petite poulie large au- tour de laquelle paffe la lame, afin qu’elle ne fe tor- de pas lorfqu’elle eft portée fur le roquetin, 4, cor- de qui paflant autour de la poulie cayée marquée, vient envelopper une fufée appellée porte-roquetin, &t qui le fait tourner pour ramañler la lame. Æ, écrou potir avancer ou reculer les porte-roquetins de lame, *, deflus du moulin, F, montant du moulin ou fou- tien des meules, T', table du moulin, #7, bas des monfans du moulin. Z, cordes de quindage pour ferrer les meules du moulin. La fg. 7 n’eft qu'une feconde repréfentation du moulin. La fig. 8 repréfente les flieres de l’argue, 9, les tenaiiles de l’argue. 10, filiere À déoroflir, & le fil de la gavette paflé dedans. 11 > 12 & 13, filiere pour finir & achever le trait, La fg.9. 1 ,rouet à filer l’'orou l'argent. 2, ouvriere qui écache la lame. 3, ouvrier qui dégroffit la gavette. 4, tambour fur lequel le trait s’enroule À mefure qu'on le tire. $, autre tambour fervant À déprofüir. 6, crochets pofés fur le tambour dans lefquels entre la manette où manivelle, 7, autre tambour pour achever le trait. 8, cage du moulin, 9 , fer courbé aux deux extrémités fur lequel paffent les cordes qui fer- vent à charger le moulin. 10, meules du moulin. : I, manivelle dans laquelle entre Parbre des meules, 1 24 porte-roquetin de lame & de trait, 13, porte-poulie fous laquelle pañfe la lame au {ortir d’entre les me. les. 14, fer courbé & percé dans la partie fupérieure, adhérant aux meules, dans lequel pañfe le trait, & qui lui fert de guide pour pañler entre les meules, : ÿ> 3 50 TIR grande roue du rouet à filer, 16, manivelle pour faire sourner le tambour. 17, fer appellé porse-piece pour le rouet à filer, 18, roue de piece. 19, roue de Par- bre. 20, filiere de l’argue. 21, -filiere à dégrofüir. 22, filiere pour achever. 23 , fer ouvert dans le- quel on pofe les filieres pour achever. 24, pouce d'acier fervant à ceux qui poliflent les trous des fers où pafle le trait pour le finit, 25, marteau pour frap- per fur les trous. 26, le fupport de la barre de verre d’en-haut. 27, montans du rouet à filer. 28, traverfe d’en-bas, 20 , arbre taillé en fufées pour faire l’orou l'argent plus ou moins couvert. 30, barre qui porte les poids d’attirage. 31 , roulettes pofées dans les en- tailles de la barre fur [efquelles pañlent lescordes des poids d’attirage. 32, porte-cucilleux. 33, piece de verre pofée fur la bande du rouet fur laquelle pañfe le filé, 34, planche quieft entre la bobiniere &c lefom- mier, 35, lefommier.36 , la bobiniere. 37, les cuil leux, 38, les bobines fur lefquelles eff enroulée la foie fur laquelle pafle la lame, 39 ,la machine ou por- te-cuellleux fervant à trancannerle filé & à le mettre fur des bobines. 40 , la fufée de la grande roue. 41, païtie de: Parbre. 42, poulies d’attirage. 43, cordes d’attirage. 44, poids d’attirage, 45, partie de la barre qui porte les poids d’attirage. 46, traverfe pour ar- rêter la cage du moulin. La fig. 10. 1.repréfente une fille quitrancanne , ou met du filé fur ünebobine. 2. Aune fille qui file or ou l'argent fur un rouet à douze. 3. 8 doubloir pour faire Les bobines de foie fur lefquelles on file l'or, 4. C montant du rouet. 5. D baguette de verre fous la- quelle pañle la foie des bobines , fur laquelle fe cou- che la lame d’or. 6. E FG traverfes lur lefquelles font adoflés les cueilleux ou bobines fur lefquelles s’enroule le filé à mefure. G lescueilleux. 7. Mpar- tie de la même piece. 8. £ M cueilleux, 0. Nore- nouille de fer dans laquelle entre le pivot ducueilleux, 10, O P partie du porte-cueilleux. 11. Q piece taillée pour foutenir larbre. 12. R Parbre, 13. S$ traverfe d’en-bas'du rouet. 14. Tpartie de la barre qui fup- porte les attirages. 15. Ÿ partie de Parbre. Æ poulies d’attirage. Fcordes d’attirage. Z cueilleux envelop- pé de la corde qui luidonne le mouvement, @c. poids d’attirage. 16. 42 bobiniere. 17. c baguette dé verre fous laquelle paffe la foie des bobines. 18. de fg fom- mier, où porte-piece. 2 planche qui ef entre le fom- nuer êc la bobiniere. 19. cage d’un rouet & l’arbre. k roue de Parbre. / traverfe de devant le rouet.m fufée de la grande roue. z corde de flanc. o traverfe de côté. p barre de derriere pour foutenir la roue de piece. g pouhe qui conduit la corde de flanc fur la roue de larbre. r poulie pour conduire la même cor- de. s cordes d'attirage. : cueilleux. z poulies d’atti- rage. «barre quifoutientles poidsd’attirage. y poids d’attirage. ? grande roue. Fig... ABCE cage d'un grand rouet à feize bobines. D bobiniere. Æ fommier ou porte-piece. F'partie fupérieure de la bobiniere. pieces de bois qui fupportent une baguette de verre, fous laquelle pañfe la foie des bobines. G baguette de verre. / face delabobiniere. Lle fommier, M la bande du rouet. N piece de verre, ou baguette fur laquelle pafe la dorure filée pour aller furles cueïlleux. © les cueil- eux. P bande de face du rouet. Q bande de côté. R ouverture de l’arbre de la grande roue. S entaille pour tenir le pivot de l'arbre du côté de la corde de flanc. T entaille pour tenir l’autre pivot de l’arbre, F roue de l'arbre. Æ poulie aflez grande pour gui- der la corde de flanc. a tourniquet pour bander la corde deflanc. 4 tra- verfe. cpiece de bois mobile à laquelle font attachées . | deux grofles poulies qui conduifent la corde de flanc fur la roue de l'arbre, Ztraverfe qui tientles poulies. TIR e-pihier Gpiece de bois qui foutient la roue de pies ce. f la roue de piece. Fig. 12, repréfentant un rouet vu par le derriere. A, B,C,D,E,cagedurouet. F, la bobinieres G, la . barre quifoutient les poids d’attirage, H poids d’at- tirage. I, barre de traverfe dans laquelle entre le tourillon de l'arbre de la roue de piece. X, noyau oupoulecayvée de la roue de piece. L traverfé pour foutenir arbre de la grande roue. À, W, corde de Ja grande roue qui donne le mouvement à la roue de piece. 0, laroué de piece. “ a, b,c,d,e,f, piece montée de fon roquetin de lame, du fer, du bouton dé verre , @c. k, à, leder= riere de la piece. /, le devant de la piece: #7, leca non de la piece qui entre dans le roquetin de lime. 7, la plaque de la piece & les trous pour y pañler les crochets qui fervent à arrêter le roquetin delame. 0, P, Crochet de fil de fer qui enfile uné petite poulie verte , fur laquelle pale la lame , & qui eft attaché à la plaque de piece. 7; crochets de fil defer, r, idem. s, petite cheville de bois tournante , à laquelle eft attaché un fil de foie qui enveloppe le roquetin de lame , afin de le retenir. s,lafoie. z, lé roquetin de lame, x, l'entrée du même roquetin, y, 7, fer qui porte la piece montée, 1, 2, petit bout de verre per cé, attache à un petit canon ou conduit de fer-blane qui entre dans la partie Z du fer qui porte la piece dans lequel paffe la foie qui recoit la lime, 3, poulie cavée fort étroite , attachée derriere la plaque de piece dans laquelle pañle la-corde de piece. 4, partie de la planche & de la baguette de verre. +, Le coin. 6, petite vis de bois pour bander le roquetin de lame. Fileur d'or. La façon de filer l'or & l'argent n’eft autre chofe que de coucher fur de la foie qui doit être très-belle , le fil d’of ou d'argent, après qu'il a été écaché où applari fous la meule du moulin du tireur-d'or où guimpier. Cette opération fe fait à l’aide d’un rouet tourné par quelqu'un , ainfi qu'il eft démontré dans les Planches &t les figures, concernant le fileur d’or, La méchanique de ce rouet ef fi ingénieufe , qu'avec une feule manivelle celui ou celle qui tourne la ma= chine fait mouvoir plus de cent pieces féparées. On voit dans ces Planches le batis d’un rouet accompa- gné de fon principal mouvement. La manivelle atta- chée à l'arbre de la grande roue marquée 7 7 indique que lorfque la roue eft en mouvement ,la corde fans fin marquée 4, qui enveloppe la fufée de l'arbre de la même roue venant pafñler en croifant deffous les poulies o 87 4 ; enveloppant enfuite laroue & délar- bre taillé en fufée, l’un ne peut pas tourner que tou- tes ces parties enveloppées par cette même corde ne tournent aufli : à chaque taille de l'arbre eft pañlé une corde fans fin y y y , appellée corde d'ai- rage , laquelle paflant dans les poulies #, vient en- velopper une partie cavée du cueïlleux , & lui don- nent un mouvement lent où prompt, au prorata de la grande ou petite cannelure de l'arbre autour de laquelle elle fe trouve , de façon qu'au moyen de toutes ces haïfons la grande roue, celle de l'arbre à laquelle :l eft attaché , les cueilleux tournent tous enfemble ; c'eft le premier mouvement du rouet, Le fecond mouvement eft démontré ailleurs. Cette mê- me grande roue a une corde aflez forte, laquelle pañlant dans fa cannelure , vient envelopper une poulie cavée, adhérante & fixée à l’arbre de la roue z , appellé Za roue de piece. Voilà donc une feconde roue mife en mouvement par la feule manivelle, Cette roue de piece a plufieurs cavités ou rainures dans lefquelles pafle une corde très-fine , laquelle enveloppant les pieces montées &t marquées a, b,c, d,e,f, & entrant dans une rainure fort étroite fait tourner toutes celles qu’elle TIR enveloppe. Le nombre de ces pieces eft ordinaiz fement de 16 dans les grands rouets, La poulie k, voyez lesfig. 6 les Planches , indique parfaitement le mouvement de la roue de piece, au moyen dé ce- lui qui eft donné à la grande roue, Cette même toue de piece doit avoir quatre cannelures, dans lefquelles paie la corde qui donne le mouvement aux feize pieces dont le rouet eft monté ; & cette corde doit être pañfée fi artiftement ; qu’elle prenne: toutes les pieces de quatre en quatre, &les fafle tou- tes tourner dans un même fens. Par la démonftration qui vient d’être faite, on peut concevoir le mouvement de toutes les pieces qui compofent le rouet. Il ne s’agit maintenant que de démontrer de quelle façon la lame d’or ou d'argent fe couche fur la foie, & nous nous fervirons pouf cette démonftration de la figure où l’on voit la bobi. nicre. Elle eft chargée de {eize bobines, fur lefquelles eft enroulée la foie marquée 4, g ; les brins de cette même foie viennent pañler fous la baguette de verre H ; & étant portés au-travers & dans le trou du fer reprélenté par la figure féparée y , z, viennent s’en- rouler fur les cueilleux o , de façon que quand les crlleux tournent , ils tirent la foie des bobines & l’enroulent. Or pour que cette foie foit couverte de la lame d’or ou d'argent, le roquetin marquéz, x, dans la partie féparée, eftajufté fur la païtie 7 K, Z,m, ainfi qu'il paroït dans les fg. a, b, c , d,e,f: furle roquetin ef la lame f, laquelle étant arrêtée avec la {oie , la piece tournant d’une vitefe extraordinaire A la lame pañant fur une petite poulie de verre , dans laquelle eft pañlé un petit crochet de fil de fer. Le roquetin étant mobile fur la piece 8 arrêté très-lége- rement à mefure que cette même piece tourne , la lame fe porte autour de la foie qu’elle enveloppe ; & la foie enveloppée étant tirée par le cueilleux, le filé fe trouve fait. Il faut obferver que le roquetin de lame tourne dans un fens contraire à la piece qui le fupporte ; &t que les bobines fur lefauelies eft la foie deftinée à faire Le filé, font arrêtées légerement par un fil de laine qui enveloppe la cavité qui fe trouve dans un des bords extérieurs de la bobine. Cette laine qui eft arrêtée d’un bout à la bobiniere » S’en- roule de Pautre fur une cheville , À laide de laquelle on reflerre ou on lâche à difcrétion , en tournant la cheville du côté néceffaire pour l'opération. Le roquetin de lame eft arrêté de même fur la piece. La #g. s indique Ja cheville & le fl qui l’en- veloppe. La fg. 7, les crochets arrêtés fur laplaque de la piece 7, z, afin que le fil de laine paflant deflus, . ne touche que fuperficiellement la cannelure du ro- quetin de lame z. La fg.0, p, indique la poulie de verre fur laquelle pañle la lame du roquetin, pour fe joindre au fil de foie, La f£p. féparée g eft une vifle qui entre dans le fommier marqué L ailleurs, & qui arrête tous les fers fur lefquels font montées les pieces , de façon qu'ils foient folides & ne branlent point , fans quoi le filé ne fauroit fe faire. I! faut obferver encore que l'arbre qui eft taillé en fe1ze parties pour les rouets à feize : & chaque partie taillée en pain-de-fucre & cannelée n’eft travaillée de cette façon que pour faire le filé plus ou moins cou vert, c’eft-à-dire plus ou moins cher ; parce que Due 1left couvert, moins il prend de foie ; &-moins il eft couvert, plus il en prend. Or comme l'arbre, au Moyen des cordes d’attirage, donne le mouvement plus ou moins prompt aux cueilleux > il arrive que quand la corde eft pañlée dans la cannelure dont la circonférence eft la plus grande , elle fait tourner le cueilleux plus vite, lequel ramañle le filé plus promp- tement. Conféquemment la lame qui l'enveloppe & ui feroit, par exemple . cinquante tours autour du fl de foie dans la longueur d’un pouce , la corde étant TIR 3 ÿi pañlée furla plus grañde circonférence de l'arbre , en fera plus de foixante , fi la corde eft paflée plus bas ; ce qui fera dix tours de lame de moins dans la lon- gueur d'un pouce, par conféquent un filé plus riant; c’éft le terme. Le cueilleux doit avoir auffi deux ou trois cannelures dé différens diametres du côté droit, pour fuppléer à celles de Parbie. Ces cannelures dié férentes font d'autant plus néceflaires,qie Icrique le cueilleux fe remplit de filé ; foh tour étant plus gfand, il ramaïñle bien plus vite : pout-lors il faut baïfler dang les cannelures de l'arbre , & augmenter dans celles du cueilleux, . Me, Afin que le filé fe roule avec égalité fur les cueil= leux, Ôôn a eu foin de faire de petits tious dans la partie du rouet qui leur eft fupérieure marquée P s ces trous fervent à placer une cheville de laiton bien polie, qui conduit le fil dans la partie defirée du cueïlz leux , comme il eft démontré dans la même figure. Eh remuant avec foin ces chevilles , on empêche lé filé de faire bofe fur le cueilleux , qui fe trouve par ce moyen toujours égal TIRIN 5 voyez TARIN, … TIRINANXES, £ m. (Hiff, mod. ) les Chingulais où habitans de l’île de Ceylan ont trois fortes de prêx tres, comme ils ont trois fortes de dieux & de tem ples. Les prêtres du premier ordre ou de la religion dominante, qui eft celle des fe&ateurs de Buddou , s'appellent Tiriranxes : leurs temples fe nomment Ochars ; On ne reçoit parmi eux que des perfonneg difinguées par la naïflance & le favoir; on n’en. compte que trois ou quatre qui font les fupérieurs de tous les autres prêtres fubalternes que l’on nomme gonnis; tous ces prêtres font vétus de jaune ; ils onf . la tête rafée, & ils portent un éventail pour fe ga- rantir du foleil ; ils {ont également refpeltés des rois ë des peuples , & ils jouifient de revenus confidéra bles ; leur regle les oblige au célibat ; ils ne peuvent manger de la viande qu’une fois par jour ; mais ils ne doivent point ordonner la mort des animaux qu'ils mangent, 11 confentir qu’on lestiie. Leur éulte & leur regle font les mêmes que ceux des T'alapoins de Siam. Voyez cer article, Leur divinité eft Buddou où Poutfa , qui eft la même chofe que Siakka, que Foki, où que Sormonai-Kodom, Les prêtres des autres divinités de Ceylan s’äppel- lent koppus ; leut habillement, même dans leurs terms ples, ne les diftingue point du peuple ; leurs temples fe nomment deovels ; ils offrent du ris À leurs dieux à les koppus nefont point exempts des charges de la fociété, Le troïfieme ordre de prêtres s'appelle celui des Jaddefés, & leurs temples fe nomment cavels ; ils fe confacrent au culte des efprits, & font des facrifices au diable, que les habitans craignent fur-tout dans leurs maladies ; ce font des coqs qu fervent alors de viétimes ; chaque particulier qui bârit un temple peut en devenir le Jaddefe ou le prêtre : cet ordre ef mé= prié par les autres. TIRIOLO , ox TYRIOLO , ( Géopr. rod.) petite ville , ou bourg d'Italie, dans la Calabre ultérieure 5 proche du mont Apennin, & à rrois lieues nord de Squillace ; c’eft l’ancienne Tyrus , ville de la grande Grece. (D. J.) 0 | TIRMAH , (terme dé Calendrier. ) nom du qua- trieme mois de Pannée des anciens Perfes ; il répons doit à notre mois de Décernbre, CAT) TIRNAU , TYRNAU , ox TIRNAVIA > ( Gtogs rod. ) ville de {a haute Hongrie, dans le comté de Neitra , fur la riviere de Tirna , à 8 lieues au nord- eft de Presbourg. Les Jéfuites y ont une belle églife, Long. 35. 48. lat. 48.32. Nr, S'ambuc (Jean ) favant écrivain du feizieme fiecle, naquit à Tirnau en 1431, & mourut à Vienne en Au: 352 1 ME tricheen1384à 53 ans. Il fut extrèmement confidéré à la cour des empereurs Maximilien If. & Rodolphe fon fils, dont il devint confeiller & hiftoriographe. On a de lui 1°. une grande hiftoire de Hongyie ; 2°. les vies des empereurs romains ; 3°. des traduétions latines d'Héfiode, de Théophylaéte, & dune partie des œuvres de Platon, de Xénophon & de Fhucy- dide ; 4°. des commentaires fur l'Art poétique d’Ho- race; 5°. des notes fur plufeurs auteurs grecs &c la- tins. (D.7.) | TIRNSTÉIN , o4 TYRNSTEIN , ( Geéogr. mod, ) petite ville d'Allemagne dans la baffe Autriche fur la rive gauche du Danube, un peu au-deflus de Stein. _ Ceite place ne conffte qu’en deux rues, dont lune conduit au bord du Danube, (D. 7.) TIRO!R , £ m. (cerme de Meruifier. ) partie quar- tée de cabinet , de table, d’armoire, decaflette , &c, qui eft fous une autre piece, & qu'on tire par un anneau où un bouton. (2. J.) TIROIR , en termes de Tondeur , eft une partie de la machine à frifer ,“ainfi nommée parce qu’elle tire. létoffe d’entre le frifoir & la table à frifer, faite en forme de cylindre ou rouleau de bois tout garni de petites pointes de fil de fer très-fines &c trés-cour- tes, à-peu-près femblables à celles des cardes à car- der la laine. Tiroir , {. m. ( rerme de Fauconnerie. ) apât qui {ert aux fauconniers à rendre gracieux les oïfeaux de fauconnerie & à les reprendre au poing , foit avec des aîles de chapon, de coq-d’inde, ou autre chofe de leur goût. (D. J.) TIROÔL , LE, ( Géog. mod.) oule TYROL, comté d'Allemagne qui fait partie des états héréditaires de la maifon d'Autriche. Il eft borné au nord par la Ba- viere ; au midi par une partie de l’état de Venife ; au levant par la Carinthie & l’archevêché de Saltz- bourg; au couchant par les Suifles & les Grifons. Le Tirola autrefois fait partie de la Rhètie , &en- fuite du duché de Baviere; enfin Ekfaberh , comtefle de Tirol, le porta dans la maifon d'Autriche vers Pan 1289 pat fon mariage avec Albert duc d'Autriche , depuis empereur. C’effun pays montagneux & aflez ftérile , excepté en pâturages. L’Adice y prend fa fource. L'un le traverfe du midi au nord-eft. On di- vife ce comté en quatre parties principales ; favoir, le Tirolpropre , les pays annexés, l'évêché de Brixen & l'évêché de Trente. Infpruck eft lacapitale du T5- rol proprement dit, (D. J.) TIROMANCIE , 1. £ ( Divinat. ) efpece de divi- nation dans laquelle on fe fervoit de fromage. On ignore les cérémonies &c les regles qu'on y prati- quoit. Ce mot eft compofé du grec rspoc, fromage, &t de éiTaas , divination. TIRON , (Géog. mod.) petite riviere d’Efpagne dans la vieille Caftille. Elle tire fa fource des mon- tagnes appellées Sierra d’'Occa , & fe jette dans l'He- bre, près de Brienes. (D, J.) TIRONES ,f. m.( Are milir. des Rom. ) foldats apprentis, comme le motlatinle défigne; c’étoient des furnuméraires quin’étoient point cenfésenrôlés, parce qu'ils ne prêtoient de ferment, qu'après avoir été reçus dans les légions à la place des morts, ou de ceux qui avoient fini le tems de leur fervice ; cepen- dant ils étoient toujours nourris & formés aux dé- pens de la république , jufqu'à ce qu'ils fuflent fol- dats légionnaires. Voyez LÉGION, & MILITAIRE, difcipline des Romains. (D. J.) TIROQUI, f. m. ( Æff. nat. Botan. ) plante du Bréfil qui a des feuilles comme le fainfoin ; fes fleurs font rouflâtres. C’eft un remede efficace contre la dyflenterie, Les Bréfiliens fe font fouffler la fumée de cette plante dans toutes fortes de maladies ; on la FAITS regarde comme excellente contre les vers. Cette plante fe flétrit après le coucher du foleil, & reprend fa vigueur lorfqu’il remonte fur ’horifon. TIR-RYF, o2TIR-RIF, (Géog.anc.)petit ile d’E- cofle , & l’une des Æbudes; on remarque cinq lacs dans cette ile qui n’a que 12 milles de longueur | & quatre où cinqde largeur. ( D. J.) TIRTOIR , voyez TIRETOIRE. TIRYNS, (Géop. anc. ) ville du Péloponnefe dans lPArgolide, felon Étienne le géographe. Cette ville célebre par le fejour qu'y fit Hercule lorfqu'l étoit dans le Péloponnefe, exiftoit du tems d'Homere, qui Pappelle bezè munitam Tirynthem, Strabon dit que fa fortereffe fut bâtie par les cyclopes, que Preœ- tus mit en befogne. Elle fut détruite par les Aroiens, êc ne fubfiftoit plus du tems de Pline , 4v. IF. 6. v. Je crois que M. Fourmont s’eft trompé quand ila cru l'avoir découverte dans fon voyage de Grece en PRO CANES) : TIRYNTHEUS , ( Mythol.) cétoit un des fur- noms d'Hercule, à caufe du féjour qu'il faifoit aflez fouvent dans la ville de Tirynthe en Argolide : on croit même qu'il y fut élevé. Après cet accès de fu- reur dans lequel il tua les enfans qu’il avoit eus de Mégare, l’oracle de Delphes lui ordonna d’aller fe cacher pour quelque tems à Tirynthe. (D, J. TISÆUS, (Géog. anc.) montagne de la Theffa- lie, felon Tite-Live, Z ÆXVIIL. ç. v. qui dit que c’eft une pointe de montagne fort élevée. C'eft le Tifæum de Polybe êc de Suidas. Apollonius , /v. IT. met auf dans la Theflalie un promontoite nommé Z//eum ; mais fon fcholiafte ajoute que ce promontoire étoit dans la Thefprotie. LE) | TISAR , f. m. (Glaces. ) on nomme ainfiles ou- vertures des fours à couler , par lefquels le tireur entretient le feu, en y jettant continuellement des billettes. Chaque four a deux sifurs 8 deux chemi- nées. (D. TJ.) | FISARIA , (Géogr. mod.) & Cara - Hiffar dans Paul Lucas, petite ville de l’Anatolie dans l'Amañe, C’eft l’ancienne Diocéfarée de Cappadoce.( D. J. ) TISCHANFFERRA , f. f. ( Com. ) c’eft la plus pe- tite mefure de Vemife pour les liquides. Quatre zf° chanfferras font la quarte , quatre quartes le bisot, quatre bigots l’amphora, l’amphoratient foixante & feize muftaches, dont Les trente-huit font la botte. Voyez BOTTE. Dit, de Com. TISEBARICA, ( Géog. anc.) contrée de l’'E- thiopie. Elle commençoit près du port de Bérénice, & s’étendoit le long de la mer Rouge jufqu’aux Mof- chophages , felon Arrien, ZI. Péripl. p. 2. La partie maritime de cette contrée étoit habitéepar des Téthyo- phages , qui demeuroient épars fous des chaumieres placées dans des paflages étroits, Au-dedans des ter- res habitoient des peuples barbares, ( D. J.) TISEUR , f. m. ( Manufait. de places.) c’eft dans - les manufaétures de glaces du grand volume , le nom de celui qui a foin d'entretenir le feu dans le four à couler. Ce sfeur court fans cefle & avec vitefle au- tour du four , & met en pañlant dans les tifars les billettes qu’il trouve toutes préparées fur fon paf fase. Le sfeurfe relaye toutes les fix heures. (D. J.) TISTA , ( Géog. anc.) ville d'Itahe, dansle pays des Brutiens. Ses habitans fe nomment Tifuse, TISIDIUM,{ Géog. anc.) ville d'Afrique, dont Me- tellus, felon Salufte, donna le commandement à Ju- gurtha. On croit que c’eft la même que Prolomée nomme Thifica, fituée entre la ville Thabraca , & le fleuve Bagrada, au milieu du chemin d'Utique à Car- thage , & dans la province que les Romains avoient en Afrique. (D. J.) TISIPHONE, ( Mychol.) une des furies; couverte } d'une als d’une robe enfanglantée, Tifiphone eft affife nuit & jour à la porte du tartare , où elle veille fans cefle. Dès que larrêt eft prononcé aux criminels , elle fe leve armée d’un fouet vengeur, les frappe impitoya- blement , & leur prélente des ferpens horribles ; bien-tôt après elle appelle fes barbares fœurs pour la feconder. Tibulle dit que Ti/iphone étoit coeffée de ferpens au-lieu de cheveux. Son nom fignifie propre- ment celle qui venge les meurtres. ( D. J. | TISONNÉ , adj. ( serre de Maréchal. ) ce mot fe dit des chevaux marqués de taches toutes noires, larges comme la main ou environ, éparfes çà & là fur le poil blanc. (D: J.) les TISONNIER, {.:m. (Forgeron. ) outil de fer dont les ouvriers qui travaillent àla forge, fe fervent pour attifer le feu. Il y en a de deux fortes, l’un aplati par le bout en forme de palette, & l’autre dont le bouteft coudé & tourné en crochet. (2. J.) TISONNIER, outil de Fordeur en fable , eft üne barre de fer de trois piés de long pointue par un bout, dont on fe fert pour déboucher les trous de la grille du fourneau. Voyez FOURNEAU 6 Particle FONDEUR EN SABLE, @ Les fig. PL, du Fondeur en fable. TISRI, £. m. ( Æiff. jud. ) premier mois hébreu de l’année civile, & le feptieme de l’année eccléfafti- que ou facrée. Les Hébreux le nomment ro/ck-haf chana , C’eft-à-dire le commencement de l'anriée, \| ré- pond à la lune de Septembre , & a trente jours. _ On célébroit au premier jour de ce moisla fête des trompettes, Voyez TROMPETTES. Les années fabbatique & du jubilé commencoient le même jour. Voyez JUBILÉ € SABBATIQUE. Le troifieme jour jeüne pour la mort de Godo- Has, fils d'Ahican , qui fut tué à Mafpha , comme il elt rapporté au IV. Liv. des Rois , c.xky. y, 29. & dans Jérém. c. x/j. v. 2. Le cinquieme jeûne pour la mort de vingt desprin- cipaux docteurs juifs, & en particulier pour celle d’Akiba. Le dixieme jour étoit la fête dé l’expiation folem- nelle, Foyæ EXPIATION. Le quinzieme la fêre des tabernacles qui duroit fept jours. Voyez TABERNACLES, Le vingt-trois , les Juifs font la fête qu'ils appel- lent /2 réjouiffance de la loi. Ils rendent graces à Dieu de [a leur avoir donnée , & lifent le teftament & Thiftoire de la mort de Moïfe , rapportée au Deuse- ronoiné , ch. xxxii. & xxxiv. Di&fionn, de labible, tome IIL. p. 687. TISSA , (Géog. anc.) petite ville de Sicile, au pié du mont Æthna, du côté du feptentrion, près du fleu- ve Onobala, fuivant la pofition que lui donne Pto- . lomée, Z. LIT. c.iv. Silius Italicus, Z XI. y. 268. écrit Tiffe, & en fait un petit lieu : . = +< « Æftparvo nomine Tifle, On croit que c’eft aujourd’hui Randazzo, ou du- fnoins que la ville de Randazzo eft bâtie auprès de Pendroit ohétoit Tiffa. Les habitans étoient nommés Tifenfes , & non Tiffinenfès | comme écrit Pline, 4y. III. e. vi. car Ciceron le décide ainfi. (D.J.) TISSER , v, at. ( Gramm. ) c’eft fabriquer fur le métier ou autrement, tout tiflu ou un ouvrage d’our- difage, quel qu'il foit , comme la toile, le drap, les étofles, Ge. TIssER , v. at. terme de Frifeufè de point , C’eft cou- cher & ranger le riflu , felon l’ordre du patron ; pour faire du point , on cordonne, on tifle , on fait les bri- des, on brode, & finalement on fait les picots. (D.JT.) TissEr , (Rubanier.) c’eft la maniere de fabriquer la frange fur le moule , voici comment cela fe fait: après que les foies de la chaîne font pañlées dans les lfles, ainfi qu'il a été dit ailleurs , le bout étant fixé ur l’enfuple de devant eu moyen de la corde à en- Tome XVI, « - CAE" E AS: 353 corder,; il eft queftion d’y introduire la tramé qui ef ordinairement compofée de plufeurs bouts de foié retords enfemble , & dont on peut prendre tant de brins que lon voudra. Cetre trame eft appellée re tord, Voyez RETORD. On approche de cette chaîne un moule de bois, qui eft de la hauteur & figure que l’on veut donner à la frange ; c’eft-à-dire uni , la frange doit être unie, ou feftonnée , fi la frange doit être feftonnée ; on voit ces différens moules dans les figures. L’ouvrier ouvrant fon pas y introduit la tra me au moyen de cette ouverture, en pañfant la foie qui la compole & qu’il tient de la main droite, & le moule de la gauche , &c du côté gauche de la chaînez 1l commence cette introduétion de trame par-deffous le moule, en tenant le bout de cette trame avec les nêmes doigts dont il tient le moule : il ramene cette trame par-deflus ledit moule , puis il frappe cette duitte avec le doigtiér ou coïgnée qu'il a à la main droite; enfuite il enfonce un autre pas où il fait la même chofe & continue de même ; on voit que cette continuité de tours eft ce qui forme la pente de la frange qi fera guipée en fortant de deflus le métier ; fi elle le doit être, ou coupée fur le moule fi c’eft de la frange coupée ; lorfque le moule fe trouve rempli, l'ouvrier prend uñe partie de cette pénte qu'il fait gliler de deflus le moule ( qui va pour cet effet um peu en rétréciffant par ce bout } du côté du rouleau de la poitrine ; & tirant la marche du côté des lies; cette partie de pente ainf hors du moule fe tortille aifément par {on propre rond, & par le fecours des doigts de l’ouvrier qui entortillent un peu cette par- tie ayant les doigts paflés dedans, ce qui l’oblige à fe tourner & à former ce qu’on appelle cozpon , & que lon voit fur les métiers de la Planche; ces diffé rens coupons débarraffent le moule, à l’exception d’une certaine quantité de duittes que l’on y laifle pour le tenir en refpett, & en laifant la plus grande portion hbre pour recommencer le travail. TISSERAND , f. m. serme générique, ce nom eft commun à plufieurs ouvriers travaillans de la navet- te ; tels que font ceux qui font les draps, les tiretai- nes; & quelqu'autres étoffes de laine, qui font appel: ls zifferans-drapans , siffeurs ou tiffiers : ceux qui fa- briquent les futaines fe nomment vifferands - futai- mers ; & ceux qui manufalturent les bafins font ap- pellés sifferands en bafins. Pour ce qui eft des autres artifans qui fe fervent de la navette, foit pour fabri- uer des étoffes d’or, d'argent, de foie, & d’autres étoffes mélangées pour faire des tiflus & rubans; ils ne font point nommés Tifferands : les premiers font appellés marchands, maïrres, ouvriers en draps d’or, d'argent, de foie, & autres étoffes mélangées, où fimplement ouvriers de la grande navette ; & les au tres maitres siffutiers-rubaniers ; ou bien ouvriers de la petite navette, (D. J.) TISSERAND, Î. m. (Lairage.) ouvtier qui travaille de la navette dans les manufa@tures de lainage , & qui fait fur le métier, dela toile, des draps, des ra- tines, des ferges , & autres étoffes de laines; c’eft-à- dire toutes ces étoffes telles qu’elles font , avant d’az voir été au foulon & d’avoir reçu aucun apprêt. Sa vary. (D. J.) | TISSERAND , {. m. ( Toilerie. ) artifan dont la pro: feffion eft de faire de la toile fur le métier avec la na: vette : en quelques lieux on le nomme soi/ier | telier ou s{fier. En Artois & en Picardie ; fon nom eft muf° quiniers (D. J,) | TISSEUR , cerme de Manufaëlure ; ouvrier qui tra: vaille fur le métier avec la navette, à la fabrique de toutes fortes d’étoffesde lainage &c detoileries. (D.J.) TISSU, serme de Manufaëlure | qui e dit de routes: fortes d’étoffes , rubans &c autres ouvrages femblaz bles , faits de fils entrelacés fur le métier avec la na= vétte, dant Les uns étendus en RS ei Y Ti 354 la chaine, &t les autres en-travers font nommés la érame. de Fouv, 43. On fabrique les 1if/#s avet toutes les fortes de ma- tieres aw’on peut filer, comme l'or, l'argent, la foie, la laine, le fil, le coton, 6e. Tiffu Le dit auffi de certaines bandes , compofées de gros fils de chanvre que les Cordiers ont feuls Le droit de fabriquer , & qui fervent aux Bourreliers à faire des fangles pour les chevaux de bât & autres bêtes de fomme. Voyez SANGLE. Tissu, ésoffe de foie, d'or & d'argent, Le iffu eft un drap d'or, ou d'argent qui fe fait avec deux chaï- nes; lune «ft pour faire le-fond gros-de-tour, . au moyen d’une navette de la couleur du fond qui fe pañe au-traVers ; la feconde qu’on met blanc ou au- rore qu'on nomme poil, fert pour pañler une foie blanche ou aurore pour accompagner la navette de fil d’or ou d’argent qu’on pañle enfuite. Cette étoffe eft ordinairement tout or ou tout argent, glacé fa- çonne. | On fait auffi cette étoffe tout en foie qu’on nomme tiffu en foie , elle eft toujours à Lyon de ++ d'auness Voyez; ÉTOFFE DE SOIE. Tiffu d’or. Le tiffu d’or ou d'argent eft une étof- fe dont la dorure eft pañlée à-travers avec une navet- te, cette étoffe eft également montée en gros-de- tours. La chaîne &z le poil eft du même compte que celles des brocards , avec cette différence que dans ces ziffus elle eft prefque toujours de couleur, & c’eft pour cela qu'il faut que cette étoffe foit accompa- gnée. L'endroit de cette étoffe fe fait ordinairement deflus ; parce qu'ayant peu de fonds, fi on le faïfoit deflous, la tire feroit trop rude, ce qui fait que pour faire l'endroit deflus, on a foin de ne faire lire que le fond. Pour faire cette étoffe parfaite, 1l faut que le poil ne paroïfle ni à l'envers , ni à l'endroit. Le fond eft armé en taffetas ou gros-de-tours, &c le poil de même pour le premier coup de navette qui doit être tou- jours de la couleur de la chaîne , ainfi que dans tous les gros-de-tours. Le fecond coup de navette eft ce- lui d’accompagnage , dont le poil eft armé en raz de faint-maur. Le troifieme coup qui eff la navette d’or ou d'argent, fait lever une des lifles qui a levé au coup de fond & à l'accompagnage , & baïfler égale- ment une lifle qui a fait le mème jeu. De façon que deux marches fufifent pour le fond & huit pour le poil ; favoir quatre pour l’accompagnage , & quatre pour lier la dorure. Et pour faire le courfe entier, 1l faut reprendre une feconde fois les deux marches de fond. | Si on vouloit faire cette étofe d’un feul pie, il fau- droit deux marches de fond de plus, &z larder les marches d’accompagnage & de dorure entre celles de fond , maïs pour l'ordinaire on fait cette étoffe des deux piés. Les ziffus d’or dont la chaîne eft aurore , n’ont pas befoin d’être accompagnés de même que ceux d’ar- gent ; pour lors, on fupprime les marches d’accom- pagnage &x on ne laïfle que les quatre qui hent la do- rure ; ce qui fait en tout fix marches. q Tiffu damafft , ou toile d’or. Cette étoife qui eft nouvelle ne fe fait ordinairement qu’avec de la laine, qu’on pañle à-travers, au-lieu de fil, comme aux au: tres étoffes ; elle eft montée 8 ornée comme les sf fies fans accompagnage ; c’eft-à-dire la chaîne & le poil de la couleur de la dorure: pour faire le damafé, il faut avoir un deffein tel qu’on veut qu'il foit re- préfenté, & tirer ce lacau coup de dorure; lelac tiré, f l'endroit eft deflus , on baifle au coup de lame trois lies de rabat , de maniere qu'il ne refte qu’un quart dela foie tirée qui couvre la laine; ce qui forme une efpece de fond fablé , au-travers duquel la dorure paroît fi différente des endroits où elleeft lice à Por- TIS | dinaire , qu'il #’y a perfonne ; fans être connoif- feur, quin’imagine que cette partie n’eft pas compo- fée de la même dorure qui fe montre ailleurs. Quand l'endroit de la toile fe fait defous , & qu’elle eft bro- chée, pour lors on fait lever trois lifles de chaine, an-lieu destrois de rabat qu’on fait baiffer quand l’en- droit eft deffus ; après quoi on continue le travail comme aux autres étoiles. 4 Armure d’un tiffu de couleur, l'endroit deffus ; où peut fur la même armure le fabriquer auffi beaudef- fous que deflus’, fans l’armer différemment. 12/8 A/SE, 78 2% … Fe #4 “ “. J és Da ; A ER VA I ESS 9 Se 358 TIT étang ; ils viennent à la furface de l’eau couchés fur le côté, comme s'ils étoient morts, enforte qu'ou peut les prendre à la main ; maïs on Les fait bientôt revenir en les changeant d’eau. Le petit ritimale à feuilles d’amandier, tithymalus amipdaloïdes | angufli-folius , I. R. H, 86, ala racine d'un rouge brun en-dehors , blanche en-dedans, ame- te, âcre, Elle poufle plufieurs tiges à la hauteur d’en- viron un demi-pié , quelquefois d’un pié, grèles , garnies de beaucoup de feuilles longuettes,, étroites, d’un verd de mer, d’un goût ftyptique, âcre & amer. Ses fleurs naïflent aux {ommets des tiges & des ra- meaux comme en parafol , compofces chacune de quatre feuilles jaunes couleur d'herbe, Quand cette fleur eft pañlée , 1l lui fuccede un fruit verdâtre, life, divifé en trois loges , dans chacune defquelles fe trouve une graine roufâtre , boflue, applatie du cô- té qu'elle touche aux cloifons des loges, Les pharmacologiftes ont fait encore beaucoup d’efpeces de sitimales dans la Lifte des remedes; tou- tes ces efpeces poffedent les mêmes propriétés médi- cinales. Ona principalement employé leurs femences & leur racine pour l’ufage intérieur, Les femences avalées entieres & les racines féchées & mifesen poudre font des purgatifs très-violens que les mé- decins n’ordonnent prefque plus, même dans les hy- _dropifies où le relâchement eft Le plus évident & le plus extrème. La poudre de racine de wtmale n’eft plus qu’un remede de charlatan, & les femences un remede de payfan, qui ne réuflit même que chezles plus vigoureux. C’eft principalement de l'efpece de zitimale appel- lée épurge ou catapuce que les payfans prennent la fe- mence; & c’eft l’éfule principalement dont la racine eftuftée. C’eftun ancien ufage en pharmacie que de faire fubir à cette racine ce qu’on appelle une pré. paration. Cette préparation confifte à en prendre l’é- corce moyenne, à la faire macérer pendant vingt- quatre heures dans du fort vinaigre, &t à la faire 1é- cher enfuite. On fe propofe par cette opération de corriger ou de châtrer la trop grande aétivité de ce remede, & on y réuflit eneffet, & même felon quel- ques auteurs , jufqu'’au point de la trop affoiblir, La dofe de racine d’éfule préparée eft, felon les auteurs de matiere médicale , depuis un fcrupule jufqu’à un gros en fubftance. Il eft très-vraiflemblable que la racine d’éfule même préparée eft toujours un reme- de infidele & fufpeét. Au refte la racine qu’on trouve dans les boutiques fous le nom de racine d’éfule , n’eft pas toujours tirée de l’une ou de l’autre efpece de szmale qui porte ce nom, favoir de la grande ou de la petite éfule, Les Apoticaires prennent indifféremment &c gardent fous ce nom la racine de plufñeurs autres efpeces de zr:- male , & ce n’eft pas là une infidélité blamable , pui£ que les meilleurs juges en cette matiere affurent que toutes ces plantes ont les mêmes vertus. Tournefort, Geoffroi & le rédaéteur du catalogue des remedes fimples, qui eft à la tête de la pharmacopée de Paris, font de ce fentiment. (4) TITIMALOIDES , f. m.( if. nat. Bo.) genre de plante à fleur monopétale, qui a une efpece de talon, & dont le pifiil devient dans la fuite un fruit femblable à celui du sirimale. Voyez TiTiMALE. Tour- nefort, nf. re herb. Voyez PLANTE. TITIAS , f. m. ( Mychol.) un des héros de l’ile de Crete que lon difoit fils de Jupiter. Le bonheur conf- tant qu’il éprouva, le fit resarder comme un dieu, & lui valut après fa mort Les honneurs divins ; on crut devoir linvoquer pour obtenir une heureufe vie ; mais apparemment qu'il n’exauça perfonne, car fon culte ne fut pas de longue durée. ( D. J.) TITIENS , fm. pl. (4zxiq. rom. )1f y avoit à Ro- me un college de prêtres nommés les confreres ti- tiens , sir fodales, dont les fonétions étoient defaire les facrifices & les cérémonies des Sabins. Tacite, dans fes annales, dit qu'ils furent établis paf Romu- lus pour honorer la mémoire du roi Tatius dont le furnom étoit Tius. (D. J. TITILLATOIN ,£. £. (Economie anim.) état d’un nerftendu; de façon que s’il l’étoit davantage, on auroit de la douleur, Ce que nous fentons, lorfqu’on nous chatouille les levres, ou le nez avec la barbe d’une plume, n’eft pas de la douleur; cependant ce fentiment ne peut être fupporté long-tems: ce qui excite ces fecoufles , ces convulfions , ces. tremblemens dans lesnerfs , n’eft point non plus de la douleur. TITIRI ou TITRI, f. m. (Æf. nar. Ichthiol.) poif- fons des îles Antilles , qu’on peut manger par cen- taine fut le bout de la fourchette : ils ne font guere plus gros qu’une groffe épingle & plus petits de moï- tié. C’eft ordinairement pendant la faïfon des pluies aux environs des pleines lunes, qu’on le trouve en fi grande abondance à l'embouchure des petites ri- vieres peu profondes dont l’eau coule dans la mer, qu'il s’en fait une prodigieufe confommation dans tout le pays. Cette efpece n’eft point particuliete ; c’eft un mé- lange de plufieurs fortes de petits poiflons de met nouvellement éclos, qui cherchent un afyle dans les ruifleaux où les gros ne peuvent entrer ni les pour- fuivre, On peut bien penfer que ce poiflon ne fe prend pas à l’hameçon. La maniere de le pêcher eft d'étendre au fond de l’eau une grande nappe ou un drap blanc chargé de quelques pierres pour l’aflu- - jettir. Le #iriri, attiré par la blancheur, fe raffemble par milliers, &t le drap en étant tout couvert, on l’enleve par les quatre coins, & on recommence cet exercice jufqu'à ce qu’on en ait rempli plufieurs petits baquets pleins d’eau qu'on a fait apporter ex- près. Le sisiri étant très-délicat, ne peut fe garder long-tems. Il faut le manger tout-de-fuite : la ma- niere de le préparer, eft de commencer par le bien laver dans plufeurs eaux pour en féparer le fable dont il eft toujours couvert ; on le fait cuire enfuite . dans de l’eau avec du fel & des fines herbes ) Y ajou- tant du beurre, fi on fe contente de le manger de cette façon. Autrement, après lavoir retiré avec une écumoire, on le laifle”S’égoutter, & on y fait une fauffe liée : on peut encore le faire frire, en le fau- poudrant de farine, ou bien en former des beignets, au moyen d’une pâte claire dont on rehauffe le goût avec du jus de bigarade ou de citron. Le sitirt eft blanc, gras , délicat & toujours très: bon, à quelque fauffe qu’on l’accommode. Les Euro- péens qui pañlent aux Ifles, en font très-friands : ce poiflon eft appellé py/quer par les habitans de la Gua- deloupe : cependantil ne faut pas le confondre avec le pifquet proprement dit, & connu fous ce nom dans toutes les îles françoïfes : celui-ci eft une efpece particuliere qui n’excede guere la groffeur des petits éperlans. Aracle de M. le Row Arx. TITITL, fm. (Ca/end, des Méxiq.) nom du fei- zieme des dix-huit mois de l’année des Méxiquains. Comme l’année de ces peuples commence au vingt- fixieme de Février , & que chaque mois eft de vingt jours , le mois sir! doit commencer le vingt-troi- fieme Décembre. (D. J.) TITIUM, FLUMEN , (Géog. anc.) fleuve de PII- lyrie. Pline, Zv. III. ch. xxj. & xx. fait entendre que ce fleuve fe jettoit dans la mer à Sardona, & qu'il fervoit de bornes entre la Liburnie & la Dal- matie. C’eft le Tirius dont Ptolomée, Zv. II. ch. xvig. marque l'embouchure fur la côte entre Sadera Co- lonia & Scardona. (D. J.) TITMONING, ( Géog. mod.) ville d'Allemagne dans larchevêché de Saltzhourg , proche de la ri< viere de Saltza, fur les confins de léleftorat de Ba- viere, & à fix milles de la ville de Saltzhbourg. La pefte y fit de grands ravages en 1310, & elle fut incendiéeen1571. Long. 30.25. lat. 47. 54. (D. J.) TITRE, £. m. (if. mod.) in{cription qui fe met au-deflus de quelque chofe pour ia faire connoître. Voyez INSCRIPTION. | Ce mot fe dit plus particulierement de l’inferip- tion que l’on met à la premiere page d’un livre, qui en exprime le fujet , le nom de lauteur, &c. Voyez LIVRE. Ce qui embarrafle un grand nombre d’auteurs, c’eft de trouver des zitres fpécieux pour mettre à la tête de leurs livres. Il faut que le #rre foit fimple & clair : ce font Ià les deux caradteres véritables de cette forte de compoñtion. Les sirres faftueux & af feétés forment des préjugés contre les auteurs. Les François donnent plus que les autres nations dans la fanfaronnade des rires ; témoin celui de M. le Pays: “Arniliés | Amours, Amourettes, à limitation duquel On a fait cet autre, Heurs, Hleurons , Fleurettes, &c. TITRE , ex Droir civil 6 canon , fignifie un chapi- tre ou une divifon d’un livre. Voyez CHAPITRE & TITRE. | Un rire eft fubdivifé en paragraphes, 6x. Voyez PARAGRAPHE. Chacun des cinquante livres du Digefte confifte dans un certain nombre de wsres qui eft plus grand dans les uns que dans les autres. Foyez DIGEsTE. Titre eft aufi un nom de dignité, de diftin&ion ou de prééminence , qui fe donne à ceux qui en font décorés. Voyez NOBLESSE. Loyfeau obferve que les sisres de rang ou de di- ghité doivent toujours venir immédiatement après le nom de famille ; & avant le titre de la charge. Voyez Nom. Le roi d’Efpagne emplitune page entiere de rires pour fre l’énumération de plufeurs royaumes & feigneuries dont il eft fouverain. Le roi d'Angleterre prend le ztre de roi de La Grande-Bretagne, de France & d'Irlande : le roï de France, celui de oi de France & de Navarre : le roi de Suede s'intitule , Toi de Suede & des Gorhs : celui de Danemarck, roi de Danemarck 6 de Norwege : celui de Sardaigne, entr'autres sisres, prend celui de roi de Chypre € de Jérufalem : le duc de Lorraine porte le sisre de roi de Jérufalem , de Si- aile, &c. Voyeæ Rotï, &c. Les cardinaux prennent pour leurs sizres les noms de quelques églifes de Ro- me, comme de Sainse-Cécile, de Sainte-Sabine, &c. On1les appelle cardinaux, du titre de Sr. Cécile, &c: Voyez CARDINAL. | L'empereur peut conférer le zisre de prince ou de comte de l'empire ; mais le dtoit de fuffrage dans les aflemblées de l'Empire dépend du confentement des états. Voyez ÉLECTEUR & EMPIRE. * Les Romains donnerent aux Scipions les sirres d’Africain, d’Affatique, &tc. à d’autres, ceux de Ma- cédoniens, Numidiens, Crétiens, Parthiens, Daciens,&cc. pour faire conferver le fouvenir des viétoires rem- portées fur ces peuples. Le roi d’Efpagne imite cet exemple, en donnant des rires honorables aux villes de fon royaume, en récompenfe de leurs fervices & de leur fidélité. Titre, eft aufli une certaine qualité que l’on donne à certains princes, par forme de refpet, Gc. Voye QUALITÉ. Le pape porte le iirre de fainteré : ün cardinal prince du fang , celui d’aZnffe royale, où d’areffe Séréniffime , fuivant qu'ils {ont plus ou moins éloi- gnés du trône : les autres cardinaux princes ; celui d’a/reffe éminentiffime : les fimples cardinaux, celui dérinence : un archevêque, celui de grandeur. | En Angleterre, celui de grace : & de srès-révérend: les évêques, celui de forc révérend : les abbés, prêtres, relisiéux , Ge, celui de révérend.] Voyez SAINTETÉ, EMINENCE, GRACE, RÉVÉREND, Pare, Carpt- NAL, Gc. | | Pour ce qui eft des puiffances féculieres , on donne à l’empereur, le titre de majefté impériale : aux rois, Celui de majeflé : au roi de France, celui de maj eflé très-chrétienne : au roi d’'Efpagne, celui de TRaefté ca- tholique : au roi d'Angleterre, celui de défnfeur de la foi : au turc, celui de grañd-feigneur &t de hauteffe : au prince de Galles, celui d’afseffe royale : aux prin- ces du fang de France , celui d’afreffe Jéréniffime : aux éleéteurs, celui d’areffe éleorale:au grand-duc, celui d'alteffe féréniffme : aux autres princes d'Italie & d'Al lemagne, celui d’afreffe : au doge de Venife,, celui de /éréniffime prince : à la république & au fénat de Venife, celui de Jéigneurie : au rand-maître de malte x celui d’émninence : aux nonces 8 aux ambafadeurs des têtes couronnées, celui d'excellence, voyez EMPE- REUR , RO1, PRINCE, Duc, ALTESSE, SÉRÉNITÉ, EMINENCE, EXCELLENCE, &c. | L'empereur de la Chine, parmi fes titres » prend celui de er-fu, c’eft-à dire, f/s du ciel. On obferve que les Orientaux aiment les zisres à l'excès. Un fim- ple gouverneur de Schiras, par exemple, après une pompeufe énumération de qualités, feigneuries, 6. ajoute les zrres de fleur de poliveffe, mufcade de confo: lation 6 de délices, &c. Le grand-feigneur , dans fes patentes & dan les lettres qu'il envoie, foit aux princes étrangers , foit à fes bachas & autres officiers, prend les virres pompeux d'agent & d'image de Dieu. Tantôt il s’ap- pelle seseur du monde, gardien de l'univers, empereur des empereurs , diffributeur des couronnes ;Téfugé € afyle des rois, princes , républiques & feigneuries affiigees : libérateur de ceux qui gémiffent fous l'oppreffion des Infe- deles ; nnique favori du ciel, chéri € redonté Par-tour. Tantôt il fe qualifie, propriétaire des celefles cités de la Meéque & de Médine, gardien perpétuel de La Jainte Jérufalem. Souvent aufh il fe dit, poffefleur des em- pires de Grece & de Trébigonde , de foixante-dix roy aui- mes ; d'un nombre infini de peuples, terres G pays con- quis en Europe, en Afie € en Afrique par l’epée exter- minante des Mufnimans ; & jraître abfolu de plufieurs millions de guerriers viétorieux des plus grands fleuves du “monde, des mers Blanche , Noire € Rouge, des palus- -méotides , &tc. Ils en donnent aufñ de finguliers aux princes chrétiens; tels font ceux qui étoient à la let- tre, que Soliman aga préfenta à Louis XIV. en 1669 de là part de Mahomet IV : Gloire des Princes maje- flueux de la croyance de Jefus-Chrift; choifi entre ls grands lumineux dans la religion chrétienne, arbitre & pacificateur des affaires qui naiflent dans la communauté des Nazaréens ; dépofitaire de la gravité | de l’éminence & de la douceur; poffeffèur de la voie qui conduir à l'honneur 6 à la gloire; l’empereur de France ; AOëre ami, Louis, que la fin de fes deffains fois couronnée de bonheur 6 de profpérité. ; Parmi les Européens, les Efpagnols fur-tout, af: feétent d’étaler auffi des zisres longs & faftuenx. On fait que Charles-Quint ayant ainf rempli de tous {es titres la premiere page d’une lettre qu'il adrefloit à François premier; ce prince ne crut pouvoir mieux en faire fentir le ridicule, qu'en fe qualifiant : Æan- gois , par la grace de Dieu, borffoeois de Paris, Jes- grneur de Vanvres 6 de Gentilly, qui font deux pe- üts villages au voifinage de Paris. Titre, (Jarip.) figmifie quelquefois qgalité, com- me quand on dit £itre d'honneur, | Tire eft aufli quelquefois oppoté à commende , com me quand on dit qu'un bénéfice eft conféré en rivre: On entend aufh par ivre de bénéfice, quelque fonétion qui a le caraëtete de bénéfice. | Tivre fe prend encore pour la caufe en vertu dela: quelle on poffede, ou on réclame une chofe: TIT 200 Titre fignifie auf tout aëte qui établit quelque | droit ; les srres pris en ce fens fe fubdivifent en plu- feurs efpeces. Titre apparent eft celui qui patoît valable quoiqu'il ne le foit pas. Titre authentique eft celui qui eft émané d’un ofi- cier public, & qui fait une foi pleine & entiere. Ticre de bénéfice , voyez ce qui en eft dit ci-deflus, 8c les mots BÉNÉFICE 6 COMMENDE. _ Tivre clérical ou facerdotal , eft le fonds qui doit être afluré pour la fübfiftance d’un eccléfiafique, avant qu'il foit promu aux ordres facrés. Anciennement l’on n’ordonnoit aucun clerc fans lui donner unwitre, c’eft-à-dire fans l’attacher au fer- vice de quelque églife, dont il recevoit de quoi fub- fifter honnêtement. Mais la dévotion & la néceffité ayant contraint de faire plus de prêtres qu'il n’y avoit de bénéfices &c de titres, il a fallu y apporter un remede, qui eft de faire un itre feint au défaut de bénéfice , en aflurant un re- venu temporel pour la fubfiftance de l’eccléfiaftique. Les conciles de Nicée & de Calcédoine, celui de Latran en 1179, le concile de Trente, ceux de Sens en 1528, deNarbonne en 1551, de Reims & de Bor- deaux en 1591, d'Aix en 1585, de Narbonne en 1609, de Bordeaux en 1624, &c les quatre & cin- quieme conciles de Milan, en ont faitun réolement précis. L’ordonnance d'Orléans prefcrit la même chofe. Un bénéfice peut fervir de ssre clérical, pourvü qu’il foit de revenu fuflifant. Le La quotité du sre clérical a varié felon les tems & les lieux. L’ordonnance d'Orléans n’exigeoit que 50 liv. de rente; mais les dépenfes ayant augmenté, il a fallu auffi augmenter à proportion le zrre cléri- . cal. A Paris & dans plufeurs autres diocèfes, 1l doit préfentement être au moins de 150 liv. de revenu. La confäitution de ce tire ne peut être alterée par aucune convention fecrete. On ordonne pourtant fous le srre de religion, les religieux des monafteres fondés, & les religieux mendians , fous le #irre de pauvreté. Quelquefois aufli les évêques ordonnent fous ce même srre, des clercs féculiers; mais il faut en ce cas, qu’ils leur conferent au plutôt un bénéfice fufffant pour leur fubfiftance ; &c fi c’eft un évêque étranger qui ordonne Pecclé- fiaflique, en vertu d’un démifloire , c’eft à l’évêque quia donné le démifloire, à donner le bénéfice. Voyez les mémoires du clergé, d'Héricourt, &c les mots CLERC, ECCLÉSIASTIQUE, ORDRES SACRÉS, PRÊTRISE. Titre coloré eft celui qui paroït lésitime, &z qui a l'apparence de la bonne foi, quoiqu'il ne foit pas va- lable, nifuffifant pour transferer feul la proprièté, fi ce n’eft avec le fecours de la prefcription, Voyez POSSESSION , PRESCRIPTION. Titre confhturif eft le premier tire qui établit un äroit, ou une chofe. Voyez ci-après TITRE DÉCLARA- TIE € TITRE ÉNONCIATIF. FR Titres de La couronne, ce font les chartres & autres pieces qui concernent nos rois, les droits de leur couronne, & les affaires de l’état. Foyez CHARTRES DU ROI 6 TRÉSOR DES CHARTRES. Tire déclaratif eft celui qui ne conftue pas un droit, mais qui le fuppofe exiftant, &r qui le rap- pelle. Titre énonciatif eft celui qui ne fait qu'énoncer & rappeller un autre #re, & qui n’eft pas le sisre même fur lequel on fe fonde Titre exécutoire eft celui qui emporte l’exécution parée contre lobligé, comme une obligation ou un jugement expédiés en forme exécutoire. Foyez OBLIGATION , JUGEMENT EXÉCUTOIRE, EXÉCU- TION PARÉE , FORME EXÉCUTOIRE. Titres de famille , ce font les extraits de baptêmes, TiT mâridges & fépultutes, les généalogies , lés contrats de mariages quittancés de dot & de douaire ; les do- nations , teftamens, partages &r autres a£tes fembla- bles , qui ont rapport à ce quis’eft paflé dansune fa- mille, Titre gratuir eft celui par lequel on acquiert une chofe fans qu'il en coûte rien. L’ordonnance des do- nations poîte qu’à l’avenir il n’y aura que deux for- mes de difpofer de fes biens à irre gratuit; avoir, les donations entre vifs, & les teflamens ou codicilles. Titre lucranif eft celui en vertu duquel on gagne quelque chofe, comme une donation ou un legs. Par le terme de sirre lucratif, on entend fouvent la caufe lucrative , comme le legs , plutôt que le re ou aéte qui eft le teftament ou codicille contenant le legs. C’eft une maxime , en fait de wrres ou de caules lu- cratives, que deux sisres de cette efpece ne peuvent. pas concourir en faveur d’une même perfonne ; ce n’eft pas que l’on ne puifle faire valoir les deux ritres, en corroborant l’un par l’autre, cela veut dire feule- ment que l’on ne peut pas exiger deux fois la même chofe en vertu de deux #isres différens. Tirre nouvel, ’eft proprement rezovario til ; c’efk la reconnoïflance que l’on fait pafler à celui qui doit quelque fomme ou quelque rénte, foit pour empèé- cher la prefcription, ioit pour donner l'exécution pa réé contre l’héritiér de l’obligé, Lé zisre nouvel tient lieu du sicre primitif, &c y eft toujours prélumé con- forme, à moins qu'il n’y ait preuve du contraire, Poÿez TITRE PRIMITIF, Titre onéreux eft celui par lequel on acquiert une chofe, non pas gratuitement, mais à prix d'argent, où moyennant d’autres charges & conditions , com- me un contrat de vente ou d'échange, un baïl à ren- te. Voyez TITRFGRATUIT, ACHAT, VENTE, ECHAN- GE, &c, ” Titré préfumé eft celui que l’on fuppofe exifter en faveur de quelau’un, & que cependant on reconnoit enfuite qu'il n’a pas. Titre primitif où primordial, eft le premier zitre qui établit un droit ou quelque autre chofe, à la différen- ce des zitres feulement déclaratifs ou énonciatifs, qui ne font que fuppofer le droit où en eft encore le #- tre, & du sirre nouvel qui eft fait pour proroger lette du sicre primitif, | Titre facerdotal eft la même chofe que #isre clérical. Voyez ci-devant TITRE CLÉRICAL. | Titre tranflatif de propriété , eft celui qui a l'effet de faire pañler la propriété de quelque chofe, d’une per- fonne à une autre, comme un contrat de vente, une donation, &c. à la différence du bail à loyer, du dé- port, & autres attes femblables qui ne transferent qu’une jouiffance précaire. Titre vicieux eft celui qui eft défeétueux en la for- me, comme un aéte non figné; ou au fond, comme une donation non acceptée par le donataire. C’eft une maxime qu'il vaut mieux n'avoir pas de vivre, que d’en avoir un vicieux. Il ne s'enfuit pourrantpas de-là que l’on ne puiffe pas s’aider pour la prefcrrp- tion , d’un titre coloré qui feroit feul infuffifant pour tranfmettre la propriété, comme quand on à acquis d’un autre que le véritable propriétaire; on entend en cette occafion par zivre vicieux, celui dont le dé- faut eft tel que la perfonne même qui s’en fert n’a pu l'ignorer , & qu’elle n’a pu prefcrire de bonne foi en vertu d’un tel zirre ; comme quand le sre de la jouif- fance eft un baïl à loyer, ou un féqueftre, c’eft le cas de dire 44°] vaudroit mieux r’avoir pas de titre, que d'en avoir un vicieux, parce que Fon peut prei- ctire par une longue poffeffion fans zisre ; au lieu que l’on ne peut prefcrire en vertu d’un sisre infeété d’un vice tel que celui que lon vient d'expliquer, par quelque tems que Pon ait poffédé; (4) | TITRE , (Hüff, eccle[.) simmlus ; c’eft un des anciens nos noms donnés aux églifes ou temples des premiers chrétiens. On fait qu’on les appelloit ainfi, parce que quand une maïlon étoit confifquée au domaine de l’empereur, la formalité que les officiers de juftice obfervoient, étoit d’attacher au-devant de cette maiï- {on une toile où étoit le portrait de l’empereur, ou {on nom écrit en gros caraéteres, & cette toile s’ap- pelloir titre, wtulus : la formalité s’appelloit /’impo- fétion du titre, tituli impofrtio. Or, comme cela mar- quoit que cette maïon n’étoit plus à fes premiers maîtres, mais appartenoit à l’empereur, les Chré- tiens imiterent cette maniere de faire pafler une mai- on , du domaine d’un particulier, au fervice public de Dieu. Lorfque quelque fidele lui confacroit la fienne, il y mettoit pour marque une toile, où au- lieu de l’image ou nom de l’empereur, on voyoit l’i- mage de la croix; & cette toile s’appelloit zizre, com- me celle dont elle étoit une imitation, De-là les maifons mêmes où étoient attachées les croix, fu- rent appellées cirres. Il y a quelques auteurs qui aiment mieux faire ve- nir le nom de zirre, de ce que chaque prêtre prenoit fon nom &c srre de l’églife dont il étoit chargé pour la deffervir ; mais la premiere origine eft plus vraif- femblable, car on lit que le pape Evarifte partagea les ssres de Rome à autant de prêtres, l’an 112 de J. C. ce qui femble indiquer que les églifes s’appel- loient zirres avant qu’elles fuflent partagées aux prê- tres. Il faut feulement remarquer que dans la fuite, toutes les églifes ne furent plus appellées zirres ; & que ce nom fut feulement réfervé aux plus confidé- tables de Rome. (D. J.) TITRE, (Poëfie dramatiq.) ce que les Latins nom- ment tire, stulus, les Grecs l’appellent Sifaecaæna , enféignement, infiruétion. C’étoit autrefois la coutume de mettre des #rres ou inftruétions à la tête des pieces de théatre; & cet ufage apprenoiït aux leéteurs dans quel tems, dans quelle occafñon, & fous quels ma- giftrats ces pieces avoient été jouées. Cependant on ne mettoit de #rres qu'aux pieces qui avoient été jouées pour célébrer quelque grande fête, comme la fête de Cérès, celle de Cybèle, ou celle de Bac- chus, &c. La raifon de cela, eft quil n’y avoit que ces pieces qui fuflent jouées par l’ordre des magif- trats. Mais 1l ne nous refte point de zitre entier d’au- cune piece greque ou latine , non pas même de cel- les de Térence; car on n’y trouve point Le prix, c’eff- à-dire l’argent que les édiles avoient payé à Térence pour chacune de ces pieces: & c’eft ce qu’on avoit grand foin d'y mettre. On poufloit même, dans la Grece, cette exaditu de fi loin, qu’on y marquoit Les honneurs qu’on avoit faits au poëte, les bandelettes dont on l’avoit déco- ré, & les fleurs qu’on avoit femées fur fes pas. Mais cela ne fe pratiquoit qu'en Grece, où la comédie étoit un art honnête & fort confidéré ; au lieu qu’à Rome ce n’étoit pas tout-à-fait la même chofe. Il ne nous refte plus qu’à donner un exemple d’un des sirres latins, mais tronqué; c’eft celui de l’47- drienne, la premiere comédie de Térence. Tisulus, feu didafcalia. Aa ludis Megalenfibus, C. M. Fulvio & M. Gla- brione ædilibus curulibus ; egerunt L. Ambivius Turpio. L. Auilins Prœneflinus. Modos fecit Flaccus Claudii, tibiis paribus dextris & feniffris , 6 ef tota graca. Edi- ta M, Marcello. €. Sulpicio Coff. #, « Titre, ou la didafcalie. » Cette piece fut jouée pendant la fête de Cybèle, # fous les édiles curules Marcus Fulvius & Marcus # Glabrio, par la troupe de Lucius Ambivius Tur- » pio & de Lucius Attilius de Prenefte. Flaccus af- # franchi de Claudius fit la mufique, où il employa » les flûtes égales, droites & gauches, Elle eft toute Tome XVI. + Der 3671 » greque. Elle fut repréfentée fous le confulat de M. » Marcellus & de C. Sulpicius ». (D, J.) TITRE, terme d’ Imprimeur; c’eft un petit trait qu’on metfur une lettre pour marquer quelque abreviation. (CPEUS) | TITRE , terme de manufaëture ; c’eit la même que la marque que tout ouvrier eft renu de mettre au chef de chaque piece de fa fabrique. (2. J.) TITRE, à la Monnaie ; on appelle ainfi en fait d’or _& d'argent le degré de fineffe &c de bonté de ces mé- taux. Ce vivre varie felon les degrés de la pureté du métal, il appartient aux fouverains de fixer Les efpe- ces d’or & d’argent. | Lesfouverains ordonnentfagement auxorfevres & aux autres ouvriers tant en or qu’en argent, de ne donner que de Por à 24 carats, & de l'argent du titre de 12 deniers : le but de cette précaution eft d'empêcher les ouvriers d'employer les monnoies courantes à la fabrique des ouvrages de leurs profef. fions ; la perte qu'ils foufriroient en convertiffant des matieres de moindres zirres en des ouvrages de pur or, ou d'argent fin, a paru le plus für moyen pour leur éviter une tentation qui auroit été capable de ruiner le commerce par la rareté des efpeces : mais en prefcrivant des lois féveres aux orfévres pour les obliger à donner du fin, & aux monnoyeurs, pour les engager après Pafinage , & la fabrique d’u- ne quantité de matieres , de rendre tant d’efpeces de tel poids & de tel srre; or a remarqué qu'il étoit prefque impoffble aux ouvriers d’atteindre , fans perte de leur part , au point prefcrit par les lois, Il ÿ a toujours quelques déchets dans les opérations, quelque perte de fin parmi l’alliage ou les fcories qui demeurent; on a cru qu'il étoit jufte d’avoir quel- queindulgence à cet égard, & de regarder le rirre & le poids comme fufffamment fourni, lorfqu’ils en approchent de fort près ; & afin qu’on fût à quoi s’em tenir, Les lois ont réglé jufqu’où cette tolérance feroit portée. Par exemple, un batteur d’or qui fournit de l’ar- gent au #re de 11 deniers 18 grains , eft cenféavoir fourni du fin, de l’argent d’aloi, quoiqu'il s’en faille 6 grains qu’il ne foit au #rre de 12 deniers ; & qu’ainfi cet argent contienne 6 grains d’alliage : cette indul- gence eft ce qu’on appelle remede, c’eft-à-dire moyen, pour ne point faire fupporter à l’ouvrier des déchets inévitables. Il y a deux fortes de remedes, celui qu’on accorde fur le zitre, & celui qu’on accorde fur Le poids. Le premier fe nomme reede d’aloi ; l’autre remede de poids. Il y a pareïillement foiblage d’aloi & foiblage de poids. C’eft une diminution du #rre ou du poids au-deflous du remede, ou de Pindulsgence accordée par les lois ; c’eft une contravention puniffable. Quand l'or & l'argent font confidérablement au- deffous du £irre prefcrit par les lois, €’eft de l’or bas &t de bas argent ; quand l'or eft au-deflous de dix- fept carats , on le nomme encore tesans or, sil tire fur le rouge , & argent tenans or, s’il tire fur le blanc: quand l'or eft au-deflous de douze carrats, & l'argent au-deffous de fix deniers , c’eft-à-dire , que l’or con- tient douze parties d’alliage avec douze de fa matie- re, & que l’argent contient fix parties ou plus de matieres étrangeres avec fix d’argent véritable, ces métaux s'appellent 27/07 , nom qu’on donne aufi à la monnoie de cuivre mêlée d’un peu d'argent , & à toutes les monnoies, même de bon sisre & de bon alloi , mais dont le cours eft défendu pour leur fubfti: tuer une nouvelle fonte. TITRE, serme de Chafle ; c’eft un lieu ou un relais, où l’on pofe les chiens , afin que quand la bête paf- fera , ils la courent à-propos; ainfi mettre les chiens en bon zitre, c’eft les bien pofter. (D.J.) TITRE-PLANCHE,, f. m. cerme de Libraire; c’eft Zz L 362 H LOT le nom qu'on donne au re d’un livre, lorfqu'il eft gravé en taille-douce avec des ornemens hiftoriés, & qui ont rapport à la matiere de l'ouvrage. TISCHEN , (Géog, mod.) petite ville de Bohème, dans la Moravie, pres de Strambere , vers les fron- tieres de la Siléfie. TITTHÉNIDIES , £. f. pl. ( 47. greg.) fête des Lacédémoniens , dans laquelle les nourrices portoient les enfans mâles dans le temple de Diane Corythal- ienne; & pendant qu’on immoloit à la déefle de pe- tits cochons pour la fanté de ces enfans , les nourrices danfoient, Ce mot vient de sers, æourrice, ( D. J. ) TITTLISBERG., (Gecog. mod,) montagne de Suif- fe, dans le canton d’'Underwald ; c’eft une des plus hautes de la Suifle, & fon fommet eft toujours couvert de neise. TITUBCIA , ( Geog. anc.) ville de l’'Efpagne tar- ragsonoïfe. Ptolomée, Z. II. c. y]. la donne aux Car- pétains. Quelques-uns veulent que ce foit aujour- d'hui Xétafe, & d’autres Bayonne. ( D.J.) TITUBATION , £ £ (Affrologie.) voyez TRÉPI- DATION. TITULAIRE, (Jurifprud.) eft celui fur la tête du- quel eft le titre d’un office ou d’un bénéfice. Le tirulaire d’un office eft celui qui eft pourvu du- dit office ; le propriétaire eft quelquefois autre que le titulaire. Foyez OFFICE. En fait de bénéfice Le sisulaire eft celui qui eft pour- vu du bénéfice en titre, à la différence de celui qui n’en jouit qu'en commende qu’on appelle abbé ou prieur commendataire ; felon la qualité du béne- fice. Voyez les mots COMMENDE &@ BÉNÉFICE, TITULAIRE , fe dit, dans l’Ecriture ; de la grofle bâtarde & de la groffe ronde , qui fervent de titre dans tous ouvrages d'écriture. Voyez le volime des Planches de l’Ecriture. TITYRES, f. m. pl. (Are. rom.) Strabon & d’au- tres auteurs admettent des zcyres dans la troupe bac- chique : iis avotent tout-à-fait la figure humaine; des peaux de bêtes leur couvroient une petite partie du corps. On les repréfentoit dans Pattitude des gens qui danfent en jouant de la flûte: quelquefois ils jouoient en même tems de deux flûtes, & frappoient des piés fur un autre inffrument appellé /cabilla ou crupezia. Virgile & Théocorte employent le nom de sityres dans leurs bucoliques , & le donnent à des bergers , qui jouiflant d’un grand loifir, s’amufent à jouer de la flûte en gardant leurs troupeaux. (D. J.) TITYRUS , ( Géog. anc. ) montagne de l'ile de €rête, dans la Cydonie, qui étoit une contrée, ou une plage dans la partie occidentale de Pile, & qui prenoit fon nom de la ville de Cydonia. Il y avoit ur cette montagne un temple nommé Diéyreum Templum. ( D. J.) TITYUS , (Mychol.) fils de la terre, dont le corps étendu couvroit neuf arpens : ainfi parle la fable. Ti- syus étoit ,felon Strabon, un tyran de Panope, ville de Phocide , qui pour fes violences , s’attira l’indi- gnation du peuple. Ilétoit fils de la Terre, parce que fon nom fignifie serre ou boue, Il'couvroitneufarpens, ce que les Panopéens , felon Paufanias , entendent de la grandeur:du champ où eft la fépulture, & non de la grandeur defataille. | . Homere prétend que ce tyran ayant eu linfo- lence de vouloir attenter à l'honneur de Eatone lorf: qu’elle traverfoit les délicieufes campagnes de Pano- pe pour aller à Pytho, il fut tué par Apollon à coups de fleches, & précipité dans les enfers. Là , un infa- tiable vautour attaché fur {a poitrine , lui dévore le foie 8 lesentrailles, qu'il déchire fans cefle, & qui renaiflent éternellement pour {on fupplice. | Roflroque immanis vulsur adunco, | Tmmortale jecur wndens , fecundaque pænis Vifcera, rimaturque cpulis ; habitatque [ub alie Peülore, nec fibris requies datur ulla renatis. Æneid. Z PL v. 597. Cette fi@ion , dit Lucrece , nous peint les tourmens que caufent les pafñons, qui, fuivant les anciens, avoient leur fiege dans le foie :« le véritable Trye » eft celui dont le cœur eft déchiré par l'amour, qui » eft dévoré par de cuifantes inquiétudes , & travaillé » par des foucis cruels. At Tityus nobis hic eff , in amore jacentem _ Quem volucres lacerant, atque exeft anxius angor, Aut ali@ quævis fcindunt torpedine curæ, Il eft fingulier qu'après avoir repréfenté Twyus ; comme un de ces fameux criminels du tartare, je doive ajouter que ce Täyus avoit cependant des au- tels dans l'ile d'Eubée , & un temple où il recevoit ci a. religieux ; c’eft Strabon qui nous le dit. PESEOEE TIVICA , (Géogr. mod.) bourg que les géogra- phes qualifient de petite ville d’Efpagne en Catalo- | gne, & dans la viguerie de T'arragone. TIVIOL, LE, (Géog. med.) ou la Tive, rivierede l’Ecoffe méridionale, dans la province de Tiviodale qu'elle traverfe , & fe jette dans la Twede. (D.7.) TIVIOTDALE, (Géog. mod.) province de l’'Ecofle méridionale , le long de la riviere de Tiviot, dont elle emprunte le nom. Elle eft bornée au nord par la province de Merch, au levant par celle de Liddef- dale , & au couchant par celle de Northumberland, Elle eft fertile en blé‘& en pâturage; fa longueur eft d'environ trente milles, 87 {a largeur moyenne de douze. ( D. J. : TIVOLT, PIERRE DE , ( if. nat. ) en italien tevertino, C’eft le nom qu’on donne à une pierre qui fe trouve aux environs de Tivoli ; elle eft d'une cou- leur de cendres mélée de verdâtre, poreufe & rem- plie de taches brunes & de wica. Ce qui n'empêche point qu’elle ne fafle feu lorfqu’on la frappe avec de Pacier. M. d’Acofta met cette pierre parmi les grais, mais M. de laCondamine la regarde comime de la lave produite par des embrafemens de volcans. Les Ita- lens l’appellént auf piesra tiburtina di Roma, ou il p'pertno di Roma. Voyez Particle LAVE. Tivorr, (Géog. mod.) en latin Tibur ; ville dI- talie, dans la campagne de Rome , fur Le fommet ap- plati d’une montagne , à douze milles au nord-eft de Frefcati, à égale diftance au nord-oueft de Paleftri- ne , & à feize milles au nord-eft de Rome , proche la riviere de Teverone. Tivoli eft à préfent une ville médiocre ; mal per- cée & mal pavée. On y compte fept églifes paroif- fiales, plufeurs couvens , un féminaire, une églife de jéfuites, & pour fortereffe un donjon quarré. L’é- vêché de cette ville eft aflez fouvent occupé par des cardinaux, quoiqu'il ne vaille que deux mille écus romains de revenu, Longitude 30. 35. latitude 41. $ 4e ke | | La cafcade de Tivoli attire les regards des étran- gers curieux. C’eft une chute précipitée de la riviere appellée autrefois l’Axio , & à préfent Teveroze, dont le lit, d’une largeur aflez médiocre , fe retrécit en cet endroit de maniere qu'il n’a qu'environ 40 à 45 piés de Rrge. L'eau de ce fleuve eft claire , quand il ne pleut point ; mais pour peu qu'il tombe de la pluie, elle fe charge de-beaucoup de limon, qui la trouble & l’é- païfht. La premiere cafcade eft environ dix toifes au- deflus du pont; elle peut avoir 140 à 150 piés de hauteur. | Le rocher qui fert de Hit à la riviere, & dont elle tombe en nappe, eft coupé à plomb comme un mw, & les rochers fur lefquels elle fe précipité, font fort inégaux, divifés en plufieurs pointes qui laïffent en- tr'elles des vuides,&t comme des chemins tortus fort en pente , où l’eau convertie en écume, court avec rapidité. Il y a une autre cafcade au-deffous du pont moins confidérable que la premiere, & une troife- me encote plus petite ; la riviere femble {e cacher tout-à-fait fous terre entre la feconde & la troifieme chute. On obferve à la cafcade de Tivoli ,; que l’eau qui tombe de haut fur les corps inégaux , fe partage comme une pluie délice, fur laquelle le foleïl dar- dant fes rayons, fait paroître les couleurs de l’arc- en-ciel à ceux qui font dans une certaine fituation, & à une certaine diftance, | roi À demi-liene de Tivok eft uñ petit lac fort profond, qui n’a que quatre à cinq cens pas de circuit, & dont l'eau eft foufrée. Au milieu de ce lac , on voit quel- ques petites îles flottantes ; toutes couvertes de ro- feaux. Cesiles flottantes viennent peut-être du limon raréfié par le foufre, qui furnageant & s’attachant à des herbages qui s’amaffent dans ce marais, fe groffit eu-ä-peu de femblables matieres ; de forte que ces iles étant compofées d’une terre poreufe & mélée de foufre , cette térre fe {outient de cette maniere, &t produit des joncs de même que les autres terres ma- récageufes, . Mais les antiquités de Tivoli font encore plus di- ‘gnes de remarque. Cette ville, plus ancienne que Rome, étoit autrefois célebre par fes richefles, fes forces , & fon commerce. Camille la foumit aux Romains l’an 403 de Rome. Sa fituation qui lui don- ne un air frais , fa vue qui eft la plus belle du mon- de ; enfin fon terroir qui produit des vins excellens: 6 dés fruits délicieux ; tout cela , dis-je ; engagea les Romains d’y bâtir des maifons de plaifance , en- tre lefquelles la plus fameufe étoit celle de lempe- teur Adrien. Voyez V1LLA Hadriant, On a trouvé dans la place de Tivoli, entr’autres antiquités , deux belles ffatues d’un marbre granit choifi & rougeûtre , moucheté de groffes taches noires. Ces deux ftatues reprefentent la déefle Ifis ; & vraifflemblablement l’empereur Adrien Les avoit tirées d'Egypte pour or- ner fa maïfon de plaifance! | U . En approchant de Ja ville ; on remarque le Poxre- Lucano , quelques infcriptions de Plautius Sylvanus, conful romain, l’un des fept intendans du banquet des dieux , &t à qui le fénat avoit accordé le triom- phe pour les belles a@ions qu’il avoit faites dans l'Il- Fi go MT NS On trouve fur le chemin de Tivoë, entre les oli- viers , plufieurs entrées de canaux, dont la montagne avoit été percée avec un travail inoui, pour porter aux 1naifon$ l’eau de fontaine qu’on tiroit de Subiaco; il y a des canaux creufés dans la montagne , qui ont près de cinq piés de hauteur , fur trois de largeur. Totila, toi des Goths en Italie, ayant défait les armées des Romains , livra la ville de Rome au pil- LA lage , 6 fit pafler au fil de l'épée les habitans de Ti vo!i, lan $45 de J.C. au rapport de Procope. Les guerres des Allemands défolerent auf cette ville ; mais Fréderic Barberoufle en ftreleverles murailles, & l’agrandit. Le pape Pie IT. y bâtit la forterefle dont j'ai parlé ; & dont l'entrée porte Pinfcription fivante , faite par Jean-Antoine Campanus. Grata bonis , invifa malis , inimica fuperbis ; San tib1 Tibur ; exim fic Pins inflituie. Ie faut pas s'étonner que tous les environs de Tivoli aient té décorés de maifons de plaifance , & qu'ils aient fait Les délices de Rome chrétienne, com- me ils firent autrefois celles de Rome payenre. il eft peu de lieu où l’on aitide meilleurs matériaux pour bâtir; la pierre travertine ou le travertin ; & la pouflolane abondent dans le Voifinage; la terre y eft Tome XVI, ; TLA 363 propre à faire des briques; le mortier de pouflofane, &c la chaux de travertin, 8 des cailloux du Tevero- ne, eft admirable. On fait que dans le feizieme fie- cle le cardinal Hippolite d’Eft choifit Tivoli pour y éleverun magnifique palais & desjardins fomptueux; dont Hubert Folietta donna lui-même une defcrip- Hon poétique & intéreffante. On peut auf voir lis tinéraire d'Italie de Jerôme Campupgniani. LUE Cette ville a dônné la naïfance à Nonius Marcer. _ lus, gtammairien connu par un traité de la propriété du difcours, de proprietare Jermonum , dans lequel i rapporte divers fragmens des anciens auteurs , que On ne trouve point ailleurs, La meilleure édition de cet ouvrage a Été faite à Paris en 16r4, avec des no- tes. ( D. -J. | | TIVOLI-VECCHIO, ( Geog. mod.) lieu d'Italie ; fur le chemin de Tivoli à Frefcati; ce font Les mafu- TES de Pilla Hadriani , Ceft-à-dire de la maifon de plaifance de l’empereur Hadrien , que les payfans du Pays appellent Tivoli -yecchio. Voyez Viira Ha- DRIANI, (D. J3 JDE .. TLACAXIPEVALITZILT, fm. (Calend. des Me: #icains.) nom du premier des dix-huit mois des Me: xicains ; il commence le 26 Février, & n’eft que de Vingt Jours ; comme tous les autres mois. (2. JT.) TLACHTLI, £m. (AE. mod.) efpece de jeu d’adrefle, affez femblable au jeu de la paume, qui étoit fort en ufage chez les Mexicains lorfque les Efpagnols en firent la conquête. Les balles ou pelot- tes dont ils fe fervoient pour ce jeu étoient faites d'une efpece de gomme qui fe durcifoit très-promp- tement (peut-être étoit - ce celle qui eft connue fous le nom de gomme élaflique) ; on poufloit cette pelotte vers un mur, v’étoit l'affaire des adverfaires d'empêcher qu’elle n’y touchât, On ne poufloit ou ne repoufoit la pelotte qu'avec Les hanches ou avec les feffes, qui pour cet effet étoient garnies d’un * cuir fortement tendu. Dans les murailles on aflujé- toit des pierres qui avoient la forme d’une meule; ST'qui étorent percées dans le milieu ; d'un trou qui n'avoit que le diametre pour recevoir la pelotte ; celui qui avoit l’adretle de l’y faire entrer gagnoit la partie & étoit le maître des habits de tous les au- tres joueurs, Ces tripots étoient aufñ refpeétés que des temples ; aufli y plaçoit-on deux idoles ou dieux tutélaires, auxquels on étoit obligé de faire des offrandes. F4 | ” TLAHUILILLOCAN, £ m. (Cf nat, Botan. ) grand arbre du Mexique, dont le tronc eft uni, d’un rouge éclatant , & d'une odeur très-pénétrante ; les feuilles reflemblent à celles d’un olivier, & font difpofées en forme de croix ; cet arbre fournitune réfine. | . TLALAMATL ou TLACIMATL, fm. (Æif4 nar, Bor.) plante de la nouvelle Efpagne , que les habi- tans du Mechoacan nomment Yurititaquaram &t les Efpagnols herbe de Jean l'infunr: {es feuilles font ron- des, difpofées de trois eh trois , & femblables à la nummulaire : fa tige eft purpurine & rampante ; fes fleurs font rougeâtres & en forme d’épis ; fa fe- mence petite & ronde. Sa racine longue, mince, & fibreufe ; On dit qu’elle eff aftrmgente ; qu’elle gué- rit toutes fortes de plaies ; qu’elle mûrit les tumeurs; qu’elle foulage les douleurs caufées par lesmaux vé- nériens ; qiw’elle appaife les inflammations des Yeux; & enfin qu’elle tue la vermine. - | | TLANHQUACHUL, £ m. (CÆGff. nat: Ornithol. éxot. ) nom d’un oïfeau du Bréfil , à long cou & à bec fait en dos de cueiller ; il eft de le nature du héron; d'un caraétère vorace , mangeant le poiffon vivant ; êt le refufant quandilé® mort ; tout fon plumage Zi 364 TEE eft d’un rouge éclatant , avec un collier noir qui en- toure toute la partie fupérieure de fon cou; il eft fort commun fur le rivage de la mer &t des rivieres. D, J. TLANTLAQUACUITLAPILLE, f. m. (Æiff. rar. Bor.) c'eft le nom fous lequel les Mexicains défignent la plante plus connue en Europe fous le nom de 72e- choacan. Voyez cet article. TLAPALEZPATLI, { m. (Æf. nat. Bot.) grand arbrifleau du Mexique, qui quelquefois devient de la grofleur & de la grandeur d’un arbre entier. Ses feuilles reffemblent à celles des pois ; fes fleurs font d’un blanc fale & difpofées en épies ; {on bois teint l'eau d’une couleur bleue ; on lui attribue des vertus. metveilleufes contre les maux des reins, la gravelle & la pierre: maceré dans l’eau, ce bois perd au bout de quinze jours toutes fes vertus: c’eft, dit-on, le même bois qui eft connu fous le nom de bois ne- phrétique, TLAQUATZIN , f m. ( Æif£. nar. Zoolog. exor.) efpece de gros écureuil de la nouvelie Efpagne ; il a le mufeau long 8 menu, la tête petite, de petits yeux noirs, le poillong , blanchâtre &c noir au bout ; fa queue eft longue d'environ deux palmes ; 1l s’en {ert ordinairement pour fe fufpendre aux arbres, où 1l grimpe avec une extrème vitefle : ce n’eft-là qu’- une defcription de voyageur. D’autres écrivains pré- tendent que le saquatzin eft le nom que les Améri- cains donnent à l’oppoflum; enfin Hermandès nom- me le cuonda t/4quarin épineux ; c'eft une efpece de orc-épic du Bréfil. (D. J.) TLASCALA ou TLAXCALLAN , (Géog. mod.) gouvernement de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Efpagne, 8z dans l'audience de Mexico. Ce gouvernement s'étend d’une mer à lautre : il eft borné au nord par le golfe du Mexique, au midi par la mer du {ud , &au couchant par le gouvernement de Mexico : {a ville principale lui donne fon nom. (2.J.) TLASCALA ou TLAXCALLAN ; ( Géog. mod.) ville de l'Amérique, dans la nouvelle Efpagne, au gou- vernement de ce nom, dont elle eft la capitale, fur le bord d’une riviere ; fous Montezuma cette ville étoit magnifique, & formoit une république confi- dérable. Elle n’eft plus à-préfent que le fiége d’un juge nommé a/cad-major : {on évêché a été transféré à Puebla-de-los-Angelos : Les habitans font des Efpa- gnols & des Indiens mêlés enfemble; les premiers riches & les derniers très-pauvies. Lars, 19. 38. (D.J.) TLAYOTIC , f. m. (if. nat.) nom que les ha- bitans de la nouvelle Efpagne donnent à une pierre de leur pays, &c qu'ils eftiment fouveraine contre la colique ; c’eft une efpece de jafpe verd, approchant en nature de la pierrenéphrétique. (D. J.) TLÉON , f. m. (Ophiol, exor.) c’eft le nom qu'on donrie à une efpece de férpent du Bréfil, grand à- peu-près comme la vipere; il eft couvert d’écailles blanches, noires, jaunes ; 1l habite fur les montagnes, Sa morfure eft mortelle, fi l’on ny apporte du fe- cours :!les remedes qu’on y fait font les mêmes dont on fe {ert pour la morfure de la vipere. (D. J. ) TLÉPOLÉMIES, 1. f. ( Antiq. grecq. ) après que Tlépoleme ent été tué à la guerre de Troie, on rapporta fes cendres dans l'ile de Rhodes, & on inflitua en fon honneur des facrifices & des jeux, qui de fon nom s’appellerent s/epolemia; la couronne du vainqueur étoit: de papier blanc. La plüpart des contrées ou des villes de la Grece, avoient de ces fortes de jeux, qui prenoient ordinairement leur de- nomination du dieu, du héros, ou du heu, Juzonte à Argos, herculeïa à Thèbes, &c, ( D.J.) TLEUQUECHOLTOTOTL, ( Ornithol.-exor. ) nom d’un oifeau du Mexique, du genre des pies , &r Tnolus : TOA qui porte fur la tête une belle crête de plumes rou- ges. (D.J.) : TLILAYTIC ( Æiff. nat. Minéral. ) nom que les Mexiquains donnent à une efpece de jafpe d’une cou- leur obfcure : ils font perfuadés qu’en appliquant cette pierre fur le nombril, elle diffipe les coliques les plus douloureufes. | TLOS, (Géog. anc.) nom d’une ville de PAfe mineure, dans la Lycie, au voifinage du mont Cra- gas ; felon Ptolomée, & d’une ville de Pifidie, felon Etienne le géooraphe. (D. J.) TM TMARUS , ( Géog. anc. ) montagne dePEpire, dans la Thefprotie. Strabon, Liv. VII. p. 328. qui dit qu’on la nommoit auf Tomarus, met un temple au pié de cette montagne. Pline & Solin écrivent pa- reillement Torarus. C’eft du nom de cette montagne que Jupiter eft furnommé Tarn, par Héfiche, Les cent fontaines qui naiflent au pié du mont Tmarus, {ont célébrées par Théopompe. ( D. J.) TMESCHEDE , (Géog. mod. ) ville d'Allemagne, dans le comté d’Arufperg, qui appartient aux arche- vêques de Cologne : elle eft fur la riviere de Ruer , à deux lieues de la ville d'Arnfperg, , TMESE, f. £. ( Gramm.) c’eft une véritable figure de diétion , comptée par les grammairiens dans les efpeces de Phyperbate. Cette figure a lieu lorfque l’on coupe en deux parties un mot compofé de deux racines élémentaires , & que l’on infere entre deux un autremot; comme /éptem fubjecta trioni, Virg. pour fubjeëta feptentrioni. Voyez HYPERBATE. TMOLUS , (Géog. anc.) montagne de l’Afe mi- neure , dans la Phryvie, & fur un des côtés de la- quelle étoit bâtie la ville de Sardis. Homere , Casaz, v.373. dit que les Méoniens étoient nés au pié dx Qui aut Meonas adduxerunt [ub Tmolo zatos. Denis le Périégete, v. 830. donne au Tmolus l'é- pithete de versofus. D’autres ont vanté cette monta- gne comme un excellent vignoble. Virgile , Georg. d, Il v. 97. dit: Sunt etiam Amminee vites, firmiflima vina, Tmolus 6: adfurgirquibus & rex ipfe Phanœus. Et Ovide, Meram. 1. VI. y. 13. s'exprime ainfi : Deferusre fcbi nymphæ vineta Timol. Ovide n’eft pas le feul qui ait dit Tirzolus pour Tmolus. Pline , L. Pc. xxjx. nous apprend que c’é- toit le nom. ancien de cette montagne, qui antea Ti- molus appellabatur. Son fommet , felon le même auteur, L VIT, c. lxviij. fenommoit Tempjes. Galien fait de Tmolus une montagne de Cilicie , & parle.du vin smolire ,ainfi appellé de la montagne qui le produifoit. C’efttoujours du même Tro/us dont il eft queftion ; il pouvoit être placé dans la Cilicie, parce qu’on voit dans Strabon que les Ciliciens ha biterent autrefois dans le quartier où eft le mont Tous. Le fleuve Paétole avoit fa fourcedans cette montagne. Les Turcs lanomment Bozdag, c'eft-à-dire, w707- zagne de. joie. I] y avoit au pié de cette montagne une ville nommée Tmolus , qui fut renveriée par le tremblement deterre , ainfi que celles d'Ephéle , de Philadelphie & de Temnus , la cinquieme année de Tibere ; mais ce prince.les fit rebâtir, comme on le voit par la bafe de la ftatue coloffale de cet empe- reur à Pouzzol, ( D.J. ) T O TOAM, (Géog. mod.) Tuam, & Towmond, au= T OBS trefois ville , maintenant fimple bouts d'Irlande au comté de Gallowav , dans la province de Connaught, dont elle a été la capitale, en forte qu'il y a un ar- chevêque qui y réfile encore. Longir, 8,30, larit. SGD, &AE | _ TOBI, ox TARANOO , fm. ( Æif. mar, Botan.) c’eft une plante du japon , qui par l'épaifleur de fes feuilles 87 parfes branches terminées en épis de fleurs, êt appliquées contre la tige, reflemble , fuivant la fienification de fon nom, à une queue de dragon. Ses feuilles font étroites, inégalement dentelées. Ses fleurs font d’un bleu clair, en forme de tuyau, & partagées en quatre levres. Foyez Kempfer. | TOBIE , Livre DE , ( Crisig. Jacrée. ) ce livre de PEcriture que le concile de Trente a déclaré canoni- que , finit à la deftru@ion dé Ninive, Il fut d’abord écrit en chaldaïque par quelque juif de Babylone. C’étoit originairement, felon les apparences, un ex- trait des memoires de la famille qu'il concerne, com- mencé par Tobie lui-même, continué par {on fils, mis enfuite par l’auteur chaldéen dans la forme que nous l'avons maintenant. S. Jérôme le traduifit du chaldaïique en latin, & fa verfñon eft celle de l'édition vulgate de labible, Mais il y en aune verfongreque qui eft beaucoup plus ancienne ; car nous voyons que Polycarpe, Clément d'Alexandrie & d’autres peres plus anciens que $. Jérôme s’en font fervis. C’eft fur celle - ci qu'a été faite la verfion fyriaque, aufi-bien que Pañgloife, L’original chaldzique ne fubfifte plus. A l’évard des verfons hebraïques de ce livre, elles font , auffi-bien que celle de Judith, d’une compofition moderne, Commeileft plus facile d’étabhr la chronologie de ce livre, que celui de Judith, il n’a pas efluyé autant . | de contradiéions de la part des favans. Les Juifs & les Chrétiens généralement le regardent comme une véritable hiffoire, à la referve de certaines circon- ftances qui font évidemment fabuleufes. Telles font cet ange qui accompagne Tobie dans un long voyage fous la figure d’Azaria, l’hiftoire de la fille de Raguel, lexpulfon du démon par la fumée du cœur & du foie d’un porfion , & la guérifon de l’aveuglement de Tobie par le fiel du même poiflon ; ce foni-là au- tant de chofes qu’on ne peutrecevoir fans une extrè- me crédulité. Elles reflemblent plus aux fiétions d'Ho- mere qu'à des hiftoires facrées, & forment par-là contre ce livre un préjugé où celui de Judith n’eft point expolé. Li Tel qu'il eft pourtant , il peut fervir à nous pré- fenter les devoirs de la charité & de la patience,dans exemple de Tohie , toujours empreflé à fecouir fes freresafiligés , & foutenant ayec une pieufe réfigna- tion fon efclavage , fa pauvreté, la perte de fa vue, auffi long-tems qu’il plaît à Dieu de le mettre à ces épreuves. | | Les verfons latines &r greques dont j’ai déja parlé, different en plufeurs chofes, chacune rapportant des ACCOr da par gran- deur d’ame à fes fujets, au commencement du quin- zieme ficcle de fi grands privilèges, qu’il les rendit en queique maniere peuple libre, Le Tockenbourg eft confidéré dans la Suite comme un territoire important par fa Situation 1es voifins, & le peuple qui l’'habite, Il eft féparé au nord du canton d’'Appenzel par de hautes montagnes prefque inaccefibles ; à lorient & au couchant, par les ter- res du canton de Zurich, Il peut avoir en longueur cinq milles d'Allemagne , où dix heures de chemin, & moitié en largeur. On diflingue le pays en pro- vince fupérieure & province inférieure & chaque province eft divifée en divers diftri@s. Les habitans font catholiques romains 8 réformés | & font en- femble environ neuf mille hommes » dont les deux tiers font proteftans. , Les deux religions font réunies par un ferment {o- lemnel ; que tous Les Tockenbourgeois font tenus de faire , favoir de conferver enfemble une concorde mutuelle. Ce ferment précede même celu: par lequel 1lS jurent le traité d'alliance & de combourgeoïife avec les cantons de Schwitz & de Glaris » alhance qui dure depuis 1440. Le terroir du paÿs abonde en graines, en prairies & en pâturages. / Le gouvernement eft compoié de membres en par- tie proteftans & en partie catholiques, tirés des com- munautés de chaque religion. Dans les endroits où fe fait l'exercice des deux religions, les Réformés 8x les Catholiques élifent conjointement les membres de leur grand-confeil, fans avoir égard à l'alliance ou à la parenté, Ce grand-confeil eff Le confervateur de la liberté publique. Dans les affaires de conféquence il convoque l’affemblée générale du peuple qui en décide fouverainement, Dans les petits confeils qui {ont chargés d'examiner les affaires criminelles & les caufes de peu d'importance ; le-srand - confeil en nomme les membres , &lestire également de cha. que religion. Dans les juflices inférieures du pays 1l y a quelques communautés qui ont le droit d’élire leur amman. Dans d’autres ; Pabbé de $. Gall nomme deux des chefs, & les habitans choïfiflent les autres. Enfin les Tockenbourgeois ont un gouvernement des plus fages & des mieux entendus pour leur bien- être. (D. J. | TOCOUY, f. m, ( Commerce. ) forte de toile qui fe fait dans divers endroits de PAmérique efpagnole, fur-tout du côté de Buenos-Aires. COR TOCROUR, ( Géog. mod: ) ville de la Nigritie, {ur la rive méridionale du Nil des negres , & à deux Journées de Salah , felon Herbelot. (2.J.) TOCSIN ox TOCSEING, £ m (Lang. franç.) cé 306 TOD vieux mot françois fignifie cloche élevée dans un clo- cher, & qu’on touche pour affembler le peuple ; on la portoitautrefois à la guerre pour fonner la charge, pour avertir que des ennemis paroïfloient , 6'c. Dans Grégoire de Tours, le mot /&rg fignifie le for d’une cloche. ( D. J.) TOCUYO, (Géog. mod.) petite ville d'Amérique, dans la Terre-ferme , au nouveau royaume de Gre- nade , au gouvernement de Vénézuela, vers le midi de la nouvelle Ségovie. (D. J.) TODDAPANNE , coddapanna , {. f. ( Hiff. nar. Botan.) genre de palmier dont les embryons naïffent à l'extrémité des branches , & adherent aux feuilles; ils n’ont n1 étamines, n1 fommets , & ils deviennent dans la fuite des fruits mous & charnus, qui renfer- ment de petits noyaux dans lefquels il y a une aman- de. Pontederæ, arthologia. Voyez PLANTE. TODDA-VADDEF, 1. m.(Aff, nat. Botan. exer.) la plante nommée par les Malabares odda-vadai , eft une efpece de fenfitive ou mimofe, comme difent les Botaniftes , c’eft-à-dire imitatrice des mouvemens animaux. Toutes fes feuilles difpofées ordinairement fur un même plan , qui forme une ombelle ou parafol , fe tournent du côté du foleil levant ou couchant & fe panchent vers lui , & à midi tout le plan eft paral- lele à horifon. Cette plante eft auñi fenfible au toucher que les fenfitives qui le font Le plus ; mais au-lieu que toutes les autres fenfitives ferment leurs feuilles en-deflus, c’eft-à-dire en élevant les deux moitiés de chaque feuille pour les appliquer lune contre l’autre , celle- ci les ferme en-deffous, Si lorfqu’elles font dans leurs pofitions ordinaires , on les releve un peu avec les doigts pour les regarder de ce côté-là , elles fe fer- ment aufli-tôt malgré qu'on en ait, & cachent ce qu’on vouloit voir. Elles en font autant au coucher du foleil , & il femble qu’elles fe préparent à dor- mir. Aufli cette plante eft-elle appellée tantôt chafte, tantôt dormeufe ; mais outre ces noms vulsaires qui ne lui conviendroient pas mal, on lui a donné quan- tité de vertus imaginaires , & 1l n’étoit guere poff- ble que des peuples ignorans s’en difpenfafent. Cette plante aime les lieux chauds & humides, fur-tout les bois peu touffus, où fe trouve une alter- native affez égale de foleil & d'ombre, H1/f. de l'acad. 1730. (D. J. ) TODDI, £. m. ( A. nar.) efpece de liqueur fpi- ritueufe , aflez femblable à du vin que les habitans de l’Indoftan tirent par des incifions qu'ils font aux branches les plus proches du fommet d’un arbre des Indes, & d’où il découle un fuc qui eft reçu dans des vaifleaux fufpendus au-deffous des incifions. Cette opération fe fait pendant la nuit, & l’on va enlever les vaifleaux de grand matin, en obfervant de rebou- cher les incifions qui ont été faites à l'arbre. C’eft cette liqueur que les habitans nomment soddi , elle eft claire , agréable & fort faine , fi on la boit avant midi, c’eft-à- dire avant la grande chaleur, alors elle reffemble à du vin nouveau ; mais fi elle a effuyé la chaleur du jour , elle devient forte &c propre à enivrer. , | TODGA , (Géog. mod.) contrée d'Afrique dans la Barbarie , à vingt lieues au midi du grand Atlas, & quinze de la province de Sugulmeffe. Elle dépend d’un chérif, & n’a que quelques villages le long de la riviere qui la traverfe & qui en prend le nom. ap JR ( Fun , la, (Géog. mod.) riviere d'Afrique dans la Barbarie. Elle prend fa fource dans le grand Atlas, traverfe la province de fon nom, & fe perd dans un lac , au midi de la ville de Sugulmefle, (D. J.) TODI, (Géog. mod.) en latin Trder ou Tuderium ; ville d'Italie, dans l’état de l'Eglife, au duché de Spo- lete, fur une colline, proche le Tibre, à vingt milles de Péroufe & de Narni. Long. 30. 4. lait. 42. 43. Cette ville, dont l'évêché ne releve que du faint fiege , eft la patrie de S. Martin pape , premier de ce nom. Il fe jetta dans des querelles théologiques qui lui devinrent fatales. L’empereur Conftant le fit ar- rêter , & le rélegua dans la Cherfonnèfe ; ce fut 1à qu'il finit fes jours en 655 , fix ans après fon éléva- tion fur la chaire de S. Pierre. (D. J.) TODMA , (Géog. mod.) ville du duché de Mof- covie, au confluent des rivieres de Suchana & de Todma , à cent werftes de Wologda. Larir. féprenr. 60. 14. (D. JT.) TŒDTBERG , ( Géog. mod.) montagne deSuifle au canton des Grifons. Elle eft très-difficile à monter, pour une des plus hautes de toute la Suifle. D. J. TŒNTA, voyez FLAMBO. T@NIA, voyez VER SOLITAIRE, TŒNII , ( Géog. anc. ) peuples de la Germanie, voifins d’un lac commun entr'eux , les Rhétiens & les Vindeliciens , felon Strabon, Z. VII. p. 313. Où font ces Tœnii, dit Cafaubon , & qui eft celui des auteurs anciens qui en a parlé ? Auf Cafaubon ne balance-t-1l pas à penfer que ce mot eft corrompu, & à la place de Tæœnios il fubftitue Boïos. Ce change- ment fingulier n’eft pas fait à la légere , c’eft Strabon lui-même qui l’a diété ; car, en parlant des peuples qui habitoient fur le lac de Bregentz, qui eft le lac dont il eft ici queftion, 1 nomme les Rhériens . les Vindeliciens & les Boïens. ( D. J.) TŒPLITZ, (Géog. 6 Hif. nat.) ville de Bohème, dans le cercle de Leutmeritz , à fix milles de Drefde, &t à dix milles de Prague ; elle eft fameufe par fes eaux thermales. Il y a encore un Tæplirz en Carinthie, dans le voï- finage de Villach , où l’on trouve des eaux minérales chaudes. En général le mot Tœplirz fignifie en langue flavone une fource d’eaux thermales. TŒRA, LA, (Géogr. mod. ) riviere de l'empire ruflien, dans la Sibérie. Ses environs font habités par des tartares. ( D. J.) TOGAT A , ( Littérature.) épithete par laquelle on défignoit à Rome la comédie qui fe jouoit avec Vhabit de citoyen romain , appellé soga. (D.J.) TOGE, L f, (Æiff. des habits rom.) toga ; habit par- ticulier aux Romains, & qui leur couvroit tout le corps. Le premier habit dont fe foient fervi les Romains étoit la soge ; que l’ufage leur en foit venu des Ly- diens; que ceux-ci laient emprunté des Grecs; qu’au rapport d'Artémidore , un roi d’Arcadie en ait lié la mode aux habitans de la mer Ionienne; où que, pour parler avec plus de vraiffemblance, Rome ne foit redevable de tous ces ajuftemens , qu’au befoiïn & à la commodité , au commerce de fes voifins , au goût & au caprice même, Toutes ces recherches ne jettent aucun éclairciflement fur la forme & la diver- fité de cette efpece d’habit. C’eft donc aflez de dire, que c’étoit une robe longue allant jufqu’aux talons, fans manches | & qui fe mettoit {ur les autres vèête- mens. La soge ordinaire, au rapport de Denis d'Halicar- nafle , étoit un grand manteau d’étoffe de laine en forme de demi-cercle, quife mettoit par-deflus la tu- nique, Cet habit étoit propre aux Romains ; enforte que ‘ogatus &t romanus étoient deux termes tellement _ fynonymes, que Virgile appelle les Romains ges ro- gata ; & c’eft par cela même que ceux à qui ils per- mettoient de la porter, étoient cenfés jouir du droit de bourgeoifie romaine ; c’eft encore pour cela qu’on appelloit ga/lia rogata , la Gaule Céfalpine ; & non pas, comme le dit Gronovius , la Gaule Narbonno:- fe, qui, au contraire, étoit nommée gallia braccata, à caufe d’une maniere d’habillement toute diférenté. Enfin, le nom de rogarus étoit fi bien afe@é aux Ro- mains, que pour diftinguer lés pieces de théatre dont le fujet étoit romain, des pieces de théatre grecques, les premieres étoient appéllées rôgare, & les autres pélliatæ. | Il y avoit cependant dans les roges de grandes dif- férences pour la longueur, pour la couleur, & pour les ornemens , felon la diverfité des conditions , des profefions , dé l’âge, & du fexé. Les femmes n’ufoient point de [a 09e des hommes ; celle qu’elles portoient étoit longue comme nos fi- marres, & avoit les extrémités bordées de pourpre, ou d’une autre couleur ; mais cet habit fouffrit toutes les vicifitudes des modes , & prit enfin le nom de ole. Horace nous apprend, que les femmes tépu- diées pour adultere, étoient obligées de porter la soge des hommes ; & c’eft dans ce fens que Martial a dit, lib, IT, epiff. 39. Coctina famo[& donas, 6 Janchina Meche ; Vis dare que meruit munera ? mirte togam. Toga pretexta , fut inventée par Tullus Hoftilius , troïfieme roi des Romains, pour diftinguer les gens de qualité; c’étoit üne longue robe blanche, avéc une bande dé pourpre au bas. Les enfans des patri- ciens la prenoient à l’âge de treize ans, car avant cet âge, ils ne portoient qu’une efpece de vefte à man- ches nommées plicara chlamys ; mais à treize ans, ils prenoient la prétexte jufqu’à ce qu'ils quittaffent leur gouverneur. Lorfque Ciceron à fait ce reproche à Marc-Antoine ; Tenefne memorié pr&textam te precoxille, decoxiffe? C’eft une allufion aux dépenfes exceflives que Marc: Antoine avoit faites dès fa tendre jeunefle , & qui avoient confumé une grandé partie de fa fortune. Le jurifconfulte Ulpien dans la loi » Veffis puerilis , Æ. de: auro & argerto legato , met la zoge prérexte dans le rang des habits que les jeunes gens ont accoutumé de por- ter jufqu'à l’âge de dix-fept ans: Quand on avoit atteint cet âge, l’on prenoit une autre £oge que l’on appelloit soge viriis. Ce jour-là étoit une grande fête dans les familles : le chan gement fe faifoit. dans le temple de Jupiter Capito- lin, en préfence des parens. On appelloit la mêmé robe soga pura, parce qu'elle étoit blanche, fans au- cun mélange de couleurs. Toga candida étoit une soge blanche, différente par la forme de la soge pure, &c ne lui reffemblant que par la couleur; les candidats revêtoient cette robe dans les brigues des charges ; & de-là vient qu'on les nom: ma candidati, Polÿbe de Mégälopolis cité dans Athé- née, appelle en grec cette robe r1£ewes napmpar, d'un certain lebenus arcadien qui l'inventa. Le même au- teur parlant d’Antiochus dit: il Ôta fes habits royaux pour prendre la Loge Blanche, reCevvar Aajurpäy , & bri- guer ainf vêtu la magiftrature qu'il defiroit. Les nouveaux mariés portoient auf une oge blan- che d’un blanc éclatant, sogam candidam, le jour des nôces , & dans les jours des fêtes & de réjouiflance de leur mariage ; felon le témoignage d'Horace, 4y. IT. fat: 2. | Toga pulla où arra: cette togé étoit noire , mats quoit le deuil , la triftefle & la pauvreté, les hail- lons étant les habits ordinaires des pauvres, que Pli- ne appelle palarum hominum genus ; & Quintilien, pullatus cireulus & pullata turba. Au rapport de Sué- tone , dans la vie d'Augufte, zum. 44. cet empereur défendit à tous ceux que l’on appelloit pullari, d’af- fifter aux jeux dans le parterre: Sanxir nd quis pulla- zorum mediä cave federer, I étoit auf contre la bien- féance de fe trouver dans un feftin avec cet habit noir, quelque beau qu’il füt ; d’où vient que Ciceron Tome XVI, | TOG 369 réproche à Vatinius, d'avoir paru à table chez À: rius avec une soge noire : Qué mente, dit-1, fecifhe ut in epulo Q. Arrii cum togà pullé procumberes. | Toga pitla. Cette roge étoit ainfi appellée, ou parce qu'elle étoit remplie de différentes broderies faites à l'aiguille , ou parce que l’ouvrier en faifant létoffe ; y avoit formé différentes figures & de diverfes couz leurs. Toga purpuret, Étoit la même robe que portoient les fénateurs, ornée de grandes fleurs dé pourpre, Toga palmata , étoit une robe femée de grandes palmes de pourpre, enrichie d'or; les triomphateurs la portoient feulement le jour de leur ttiümphe, Paul Emile & le grand Pompée furent les feuls qui eurent la permiffion de la porter dans d’autres rencontres. Lès empereurs prirent cette robe pour eux; c’eff pourquot Martial ; Z, FIL. épifl, 1. S’adréfant par une baffle atterie à la euirafle de Domitien , lui dit: 5) Accompagne hardiment ton maître; ne crains point » les traits des ennemis , tant que tu couvriras fa - » divine perfonne ; marche, va lui aider à vaincre : » mais ramene-le bien-tôt pour faire place à la Loge » palmée, brillante d’or & de pourpre. … Toga rafa ; üne toge de drap ras & fans poil. Mar. tial , 2. JT, epifl. 85. demande agréablement un habit à fon ami! » Je vous envoie, dit-il , dans le tems » froid des faturnales, une bouteille couverte d’o- » fier, propre à garder de la neige ; f ce préfent ne » vous plait pas, vensez- vous ; envÔyez-moi une » toge rafe propre pour l'été ». Il y avoit cette dif. férence entre rrica toga ÀT rafx r0ga | que l’étoffe dé là premiere étoït rale par le tems, & que rafa toga fignifoit coge, faite avec une étoffe fine & fans poil. Toga pexa. Elle étoit faite d’une étofe chaude » & ‘ dont on fe fervoit pendant l'hiver ; elle fut ainf ap- pellée à caufe des grands poils dont elle étoit cou: verté, à /piffirate. Martial, /, FIL. appelle les draps pexa: il dit à Prifcus : Divitibus poteris mufas elegofque Jfonantes Mittere, pauperibus munera pexa dure, Tôga trabea , efpece de 109 blanche ; bordée de Pourpre, &t parfemée de têtes de clous aufi de pour: pre. | : Toga regia ; elle étoit faite d’une étofe de Jaine , avec dé lot & de la pourpre, felon Le témoignage de Pline , Z. VIIL. c. xlyriy. Toga vitréa , elle étoit faite d’une éto%é lévere & tranfparente, que les cenfeurs Obligeoient de porter ceux qüui avoiént commis Certaines utes ; fi nous en croyons Turnèbe, Z XI 6, six. Toga forenfis, étoit l'habillement des avocats. Sim: maque parlant d’un avocat de fon tems qui fut rayé du corps, dit: Æifems togæ forenfis £onore privaius eft. Cafiodore appelle la dignité d'avocat , topata di: gritas ; mais Apulée les nomme par une qualification odieufe , vulcures togati ; on diroit qu'il parle de nos fangfues du palais. Les jeunes avocats qui commençoient à fréquen= ter le barreau , poftoient la s09e blanche ) lOgar canz didam ; On les regardoit en effet comme des Candi= dats qui briguoient le rang d’orateur: Antoine étoit ainf vêtu quand il commença à parler contre Porn- pée ; maïs ceux qui s’étoient acquis un rang diftinoué, portoient la roge de pourpre, en la ceignant de facon que les parties antérieures de la toge défcendoient uri peu au-deflous du genou ; 118 la relevoient infenfble: ment à mefure qu'ils avançoient en miatiere : enforté qielle voit, pour ainf dire, fa déclamation & {on ation, comme la voix: Ur vox véhementior ac mapis varta eff, fic aniclus qguoque häbes attum quemdar velué Preliantem, dit Quintilien. Toga militaris | étoittoute entiere À l'ufage des fol. dats ; ils la portojent rerrouflée à la gabirenne, ÀAäa 3e. T'ON Toga domeffica, étoit la robe qu'on portoit feule- ment dans la maïlon , & avec laquelle on ne fortoit point en public. On quittoit aufh la oge pendant les fatutnales, tems de plaifir & de liberté, qui ne s’ac- cordoit point avec cet habit. La forme en changea, fans doute, fuivant les tems, &c c’eft ce qui fait que les favans s'appuient fur di- vers paflages des auteurs ; les uns, comme Sigonius, pour dire qu’elle étoit quartée; d’autres, comme Je P, de Montfaucon, pour aflurer qu’elle étoit toute ouverte pardevant; & d’autres, comme Ferrari, pour prétendre qu’elle n’étoitouverteque par le haut pour da pañler par-deflus la tête. Elle devoit être fort ample dans Le tems du déclin de la république; car Suétone rapporte que Jules Cé- far fe voyant bleflé à mort par les conjurés, prit de fa main gauche un des plis de fa roge pour s’en cou- vrir le vifage, & la fit defcendre jufqu’en bas, afin de tomber avec plus de décence, Il y avoit cette différence entre la soge des riches & celle des pauvres, que la premiere étoit fort large & avoit plufeurs plis, & que l’autre étoit fort étroi- te. Il arriva même que fous Augufte, le petit peuple he portoit plus qu'une efpece de tunique brune.L’em- pereur indigné de voir le peuple dans cet équipage, un jour qu'il le haranguoit, Jui en marqua fon refien- timent par ce vers prononcé avec mépris, Romanos rerum dominos , gentemque togatam. » Voyez comme ces Romains, ces maîtres du mon- » de, font habillés » ! Mais il eut été bien furpris, fi quelqu'un lui eut répondu : Céfar , c’eft Phabit du changement de notre république en monarchie, (Le chevalier DE JAUCOURT.) TOGISONUS , ( Géog. anc. ) fleuve d'Italie, au pays des Vénetes , dans le territoire de Padoue. Pli- ne, . IUT, c. xyj. dit que les eaux de ce fleuve & cel- les de l'Adige formoient le port Brundulus. Le Togi- fonus fe nomme aujourd’hui Bachiglione ou Bacchi- glione, (D.J.) TOILE, ff, (Tifférand. ) tiflu fait de fils entre- lacés, dont les uns appellés fs de chaine s’étendent en longueur , & les autres nommés f/5,de trème tra- verfent les fils de la chaine. Les soiles fe fabriquent {ur un métier à deux mar- ches parle moyen de la navette; les matieres qu’on y emploie le plus fouvent, font.le lin, le chanvre & le coton. | ll y a des roiles de toute forte de largeur & d’un nombre prefqu’infini d’efpeces différentes. Les ouvriers qui fabriquent les soi/es , {ont appel- lés soiliers, mais plus ordinairement sfferands, Voyez TISSERAND. ToiLe D'HOLLANDE , TOILE DE DEMI-HOLLAN- DE , onappelle ainfi des sos/es très-fines & très-belles qui fervent ordinairement à faire des chemifes pour hommes & pour femmes. Elles viennent de Hollan- de & de Frife, & de quelques autres endroits des Pro- vinces-Unies , d’où elles ont pris leur nom qu’onpro- nonce prefque toujours abfolument, & fans y ajou- ter le mot de soie. Ainfi l’on dit de la Hollande, de la demi-Hollande; mais on ne parle guere de la forte que dans le commerce. C’eft à Harlem où fe fait le plus grand négoce de ces soiles, d'autant que c’eft en cette ville où elles font prefque toutes envoyées en écru des endroits de leur fabrique pour y recevoir dans le printems ce beau blanc que chacun admire. Ces fortes de zoiles dont la matiere eft de lin, font très-ferrées , très-unies &c très-fermes, quoique fort fines. Les plusbelles & les plus eftimées fe font dans la province de Frife, ce qui fait qu’on les nomme par diftin@ion soi/es de Frife où fimplement frifes. Les toiles de Hollande ont pour l'ordinaire trois quarts & deux doigts de large, chaque piece conte- nañt To à trente aunes mefure de Paris, 11 fe fait encore en Hollande une forte de srofle roile de chanvre écrue.propre à faire des voiles de na vire, qui eft appellée dans le pays canefas, Ontire de Hollande , particulierement d’Amiters dam & de Rotterdam, certaines efpeces de soie dont la principale deftination eft pour l’'Efpagne, où elles font appellées ho//andillos. Ces toiles ne font autre chofe que des soiles de coton blanches des Indes. Il fe fait du côté de Gand & de Courtray ceftai- nes roiles auxquelles l’on donne le nom de soies de Hollande. | Il y a d’autres soiles appellées demi-hollandes que Pon fabrique en Picardie, Il fe manufadture encore en France des roiles auxquelles on donne le nom de toile demi-hollande truffetre. ToItE peinte des Indes, ( Hifi, des inventions. )les toiles des Indes tirent leur valeur & leur prix de la vivacité, de la ténacité & de l’adhérence des cou- leurs dont elles font peintes, qui eft telle, que loin de perdre leur éclat quand on les lave, elles n’en de viennent que plus belles. Avant que de fe mettre à peindre fur la soz/e, il faut lui donner les préparations fuivantes. 1°. On prend une piece de soile neuve & ferrée, la lon- gueur la plus commune eft de neuf coudées; on la blanchit à moitié ; nous dirons dans la fuite comment cela fe pratique. 2°. On prend des fruits fecs nom més cadou Où cadoucaie, au nombre d'environ 25 , ou pour parler plus jufte, le poids de trois palams. Ce poids indien équivaut à une once, plus un huitieme ou environ, puifque quatorze palams, & un quart font une livre. On cafle ce fruit pour en tirer le noyau qui n'eft d’aucune utilité. On réduit ces fruits fecs en poudre. Les Indiens Le font fur une pierre, &. fe fervent pour cela d’un cylindre qui eft auf de. pierre, & qu'ils emploient à-peu-près comme les pâ- tifiers , lorfqwls broient & étendentleur pâte. 3°. On pañle cette poudre par le tamis, & on la met dans deux pintes ou environ de lait de buffle ; ilfautaug: : menter le lait & le poids du cadou felon le befoin & la quantité des toiles. 4°, On y trempe peu de tems après la socle autant de fois qu'il eft néceflaire , afin qu’elle foit bien humeétée de ce lait; on la retire alors , on la tord fortement, & on la fait fécher au foleil. 5°. Le lendemain on lave légerement la socle dans de l’eau ordinaire ; on en exprime l’eau en la tordant, & après lavoir fait fécher au foleil, on la laiffe au-moins un quart d’heure à Pombre. Après cette préparation qu’on pourroit appeller intérieure ,on doit paffer aufitôtäune autre, quelon appellera, fi l’on veut, exsérieure, parce qu’elle n’a pour objet que la fuperfcie de la roile, Pour la rendre plus unie, à; pour que rien n'arrête lepinceau , on la plie en quatre ou en fix doubles, & avecune piece de bois on la bat fur une autre piece deboïs bien ume, obfervant de la battre partout également, & quand elle eft fufifamment battue dans un fens, on la plie dans un autre , & on recommence la même opéra- tion. Il eft bon de faire ici quelques obfervations quine feront pas tout-à-fait inutiles. 1°, Le fruit cadou fe trouve dans les bois fur un arbre de médiocre hau- teur. Il fe trouve prefque partout, mais principale- ment dans le Malletalam, pays montagneux, ainfi que fon nom le fignifie, qui s'étend confidérable- ment le long de la côte de Malabar. 2°. Ce fruit ec qui eft de la groffeur de la mufcade , s'emploie aux Indes par les médecins, & il entre furtout dans les remedes que l’on donne aux femmes nouvellement accouchées 3°. Il eft extrèmement aigre au goût ; ce- pendant quand on en garde un morceau dans la bou- che pendant un certain tems , on lui trouve un petit goût de réglifle. 4°. Si après en avoir humedté mé=: TOI diocrement & brifé un motceau dans la bouche, on le prend entre les doigts , on le trouve fort gluant. - C’eft en partie à ces deux qualités, c’eft-A-dire à fon äpreté &c à fon ontuofité, qu’on doit attribuer l’ad- hérence des couleurs dans les roi/es indiennes , fur- tout à fon âpreté ; c’eft au-moins l'idée des peintres indiens. . ya Jong-tems que l’on cherche en Europe l'art de fixer les couleurs, & de leur donner cette adhé- rence qu’on admire dans les soiles des Indes, Peut- être en découvtira-t-on le fecret , fi l’on vient à con- noître parfaitement le cadoucaie, furtout fa princi- pale qualité, qui eft fon extrème âpreté, Ne pour- tOit-On point trouver en Europe des fruits analogues à celui-là? Les noix de galle , les nefles féchées avant leur maturité, l'écorce de grenade ne participerotent- elles pas beaucoup aux qualités du cadou à Ajoutons à ces obfervations quelques expériences qui ont êté faites fur le cadou. 1°, De la chaux dé- layée dans linfufñon de cadou donne du verd; s’ily a trop de chaux, la teinture devient brune; f l’on verfe fur cette teinture brune une trop grande quan- tité de cetteinfufon , la couleur paroît d’abord blan- chätre , pen après la chaux fe précipite au fond du vale. 2°. Un linge blanc trempé dans une forte in- fuñon de cadou contraéte une couleur jaunâtre fort pâle; maïs quand on y a mêlé le lait de buffle, le linge fortavec une couleur d’orangé un peu pâle. 3°, Ayant mêlé un peu de notre encre d'Europe avec de l’infu- fion de cadou, on a remarqué au-dedans en plufieurs endroits une pellicule bleuâtre femblable à celle que l’on voit fur les eaux ferrugineufes , avec cette dif férence que cette pellicule étoit dans l’eau même, à quelque diftance de la fuperficie. Il feroit aifé de faire en Europe des expériences fur le cadou même, par- ce qu'il eft facile d’en faire venir des Indes, cesfruits étant à très-grand marché. . Pour ce qui eft du lait de buffle qu’on met avec Pinfufon du cadoucaie , on le préfere à celui de va- che, parce qu'il eft beaucoup plus gras & plus onc- tueux. Ce lait produit pour Les roi/es le même effet que la gomme &x les autres préparations que l’on em- ploie pour le papier afin qu'il ne boive pas. En effet On a éprouvé que notre encre peinte {ur une zoile préparée avec le cadou s'étend beaucoup, & péne- tre de l’autre côté. Il en arrive de même à la pein- ture noïre des Indiens. , | Ce qu'il y aencore à obferver, eft que lon ne fe fert pas indifféremment de toute forte de bois pour battre les soz/es & les polir. Le bois fur lequél on les met, & celui qu'on emploie pour les battre, font _ Ordinairement detamarinier ou d’unautre arbrenom- mé porcki, parce qu'ils font extrèmement compac- tes quand ils font vieux. Celui qu’on emploie pour battre , fe nomme carrapouli. Il eft rond, long envi- ron d’une coudée, & gros comme la jambe, EXCEp- té à une extrémité qui fert de manche. Deux ou- vriers aflis vis-à-vis l’un de autre battent la soi/e à l'envi. Le coup d'œil & l’expérience ont bientôt ap- pris à connoître quand la soie eft polie & liffée au point convenable. mA af La soile ainfi préparée , 1l faut y deffiner les fleurs & les autres chofes qu'on veut y peindre. Les ou: ytiers indiens n’ont rien de particulier ; ils fe fervent du poncis de même que nos brodeurs. Le peintre a eu foin de tracer fon deflein fur le papier ;1l en pique les traits principaux avec une aiguille fine ; il appli- que ce papier fur fa soz/e; il y paie enfuite la ponce, c’eft-à-dire un rouet de poudre de charbon pat-deflus les piquures; & par ce moyen le deflein {e trouve tout tracé fur la soz/e. Toute forte de charbon ef pro- pre à cette opération, excepté celui de palmier, par- ce que felon opinion des Indiens , il déchite la soie. Enfuite fur ces traits On pañle avec le pinceau du noir Tome XVI, TOI 37i êr du rouge , felon les endroits qui l'exigent ; après quoi Pouvrage fe trouve deffiné. I s’agit maintenant de peindre Les couleurs fur ce deflein. La premiere qu’on applique, eft le noir, Cette couleur n’eft guere en ufage, fi ce n’eft pour certains traits, & pour les tiges des fleurs. C’eft ain- fi qu’on la prépare. 1°, On prend plufieurs morceaux de machefer ; on les frappe les uns contre les autres pour en faire tomber ce qui eft moins folide. On ré- ferve les gros morceaux, environ neufà dix fois la grofleur d’un œuf. 2°. On y joint quatre Ou cinq morceaux de fer vieux ou neuf, peu importe. 3°, Ayant mis à terreen un monceau le fer & le mache: fer, on allume du feu par-deflus. Celui qu'on fait avec des feuilles de bananier, eft meilleur qu'aucun autre. Quand le fer & le machefer font rouges, on les retire, & on les laiffe refroidir. 4°, On met ce fer &c ce machefer dans un vafe de huit à dix pintes , & l’on y verfe du cange chaud, c’eft-à dire de l’eau dans laquelle onfait cuire le riz, prenant bien gardé qu'il n’y ait pas de fel. $°. On expofe le tout au grand loleil, & après ly avoir laiflé un jour entier , On verfe à terre le cange, & l’on remplit le vafe de cal- lou, c’eft-à-dire de vin de palmier ou de cocotier, 6°. On le remet au foleil trois ou quatre jours con- fécutifs, & la couleur qui fert à peindre le noir, fe trouve préparée. AUS: À Pr Il y a quelques obfervationsà faire fut cette opéras tion. La premiere eft qu'il ne faut pas mettre plus de quatre ou cinq morceaux de fer fur huit ou neuf pintes de cange ; autrement la teinture rougiroit & couperoit la soie. La feconde regarde la qualité du vin de palmier & de cocotier qui s’aigrit aifément êc. en peu de jours. On en fait du vinaigre, & l’on s’en fert au lieu de levain, pour faire lever la pâte. La troifieme eft qu'on préfere le vin de palmier à celui du cocotier. La quatrieme ef qu'au défaut de ce vin, onfe fert de kevaron qui eftun petit grain dont bien des indiens fe nourriflent. Ce grain reffemble fort pour la couleur & la sroffeur , à la graine de navet ; mais la tige & Les feuilles font entierement différen: tes. On y emploie aufli le varagon, qui eft un autre fruit qu’on préfere au kevaron, On en pile environ deux poignées qu’on fait cuire enfuite dans de l’eau. On verfe cette eau dans Le vafe où font le fer & le machefer, On y ajoute la groffeur de deux ou trois mufcades de fucre brut de palmier, prenant garde de n’én pas mettre davantage; autrement la couleur ne tiendroit pas long-tems, & s’effaceroit enfin au blanchiffage. La cinquieme eft que pour rendre la couleur plus belle,onjointau callou Le kevaron ou le vatagon préparé comme nous venons de le dire. La fixieme & derniere obfervation eft que cette teintu- re ne paroïîtroit pas fort noire, & ne tiendroit pas fur une soi/e qui n’auroit pas été préparée avec le cadou. hr. | ; | Après avoir defliné & peint avec le noir tous les endroits où cette couleur convient, on define avec le rouge les fleurs & autres chofes qui doivent être terminées par cette autre couleur. Il faut remarquer que l’on ne fait que deffiner ; car äl n’eft pas encore tems de peindre avec la couleur-rouge : il faut aupa- ravant appliquer le bleu; ce qui demande bien des préparations: Il faut d’abord mettre la zoi/ dans de l’eau bouil- lante, & l’y laiffer pendant.une demi-heure : fi Pon met avec la soie deuxou trois cadous, le noir enfera plus beau: En fecond lieu, ayant délayé dans de l’eau les crottes de brebis ou de chevres ; on mettra trem- per la soi/e dans cette.eau | & on l'y laiffera pendant la nuit : on doit la laver le lendemain & l’expofer au foleil, : | : Quand on demande aux peintres indiens à quoi fert cette derniere opération, ils s'accordent tous à : Aaai 372 TOI dire qwelle fert à enlever de la soie a qualité qu’elle avoit reçue du cadoucaie; &t que fi elle laconfervoit encore , le bleu qu'on prétend appliquer devien- droit noir. | , Il y a encore une autre raifon qui rend cette ope- ration néceflaire, c’eft de donner plus de blancheur À la soie ; car nous avons dit qu’elle n’étoit qu’à demi blanchie, quand onacommencé à y travailler, En Pex- pofant au foleil, on ne Py laiffe pas fécher entiere- ment; mais on y répand de l’eau de-tems-en-tems pendant un jour : enfuite on la bat fur une pierre au bord de l’eau; mais non pas avec un battoir, comme il fe pratique en France. La maniere indienne eft de la pher en plufieurs doubles, &c de la frapper forte- ment fur une pierre avec le même mouvement que font les Serruriers 8c les Maréchaux , en frappant de leurs gros marteaux le fer fur l’enclume. Quand la roileeft fuffifamment battue dans un fens, on la bat dans un autre, & de la même façon : vingt outrente coups fufifent pour l’opération préfente, Quand cela eft fini, on trempe la so//e dans du cange de riz : le mieux feroit, fi l’on avoit la commodité de prendre du kevaron, de le broyer, de le mettre fur le feu avec de l’eau, comme fi on vouloit le faire cuire, & avant que cette eau foit fort épaiñfie, y tremper la soile, la retirer aufli-tôt, la faire fécher, & la battre avec le cottapouli, comme on a fait dans la premiere opération pour la lier, Comme le bleu ne fe peint pas avec un pinceau, mais qu'il s'applique en trempant la toile dans lindi- go préparé, 1l faut peindre ou enduire la voile de cire généralement par-tout , excepté aux endroits où il y a du noir, & à ceux où il doit y avoir du bleu ou du verd. Cette cire fe peint avec un pinceau de fer le plus leserement qu’on peut, d’un feul côté, pre- nant bien garde qu'il ne refte fans cire que les en- droits-que nous venons de dire ; autrement ce feroit autant de taches bleues , qu’on ne pourroit effacer, Cela étant fait, on expofe au foleil la soi/e cirée de la forte ; mais il faut être attentif à ce que la cire ne fe fonde , qu’autant qu'il eft néceñfaire pour pénétrer de l’autre côté. Alors on la retire promptement ; on la retourne à l'envers, & on la frotte en pañlant for- tement la main par-deflus. Le mieux feroit d’y em- ployer un vafe de cuivre rond par le fond ; par ce moyen la cire s’étendroit par-tout, même aux en- droits qui de l’autre côté doivent être teints en bleu, Cette préparation étant achevée , le peintre donne la toile au teinturier en bleu, qui la rend au bout de quelques jours; car il eft à remarquer que ce ne font pas les peintres ordinaires, maisles ouvriers ou tein- turiers particuliers, qui font cette teinture, Voici comment l’on prépare lindigo : on prend des feuilles d’avarei ou d’indigotier, que lonfaithien fécher ; après quoi on les réduit en pouflere: cette pouffiere fe met dans un fort grand vafe qu’on rem- plit d’eau; on la bat fortement au foleil avec un bam- bou fendu en quatre, & dont les quatre extrémités inférieures font fort écartées. On laïfle enfuite écous ler l’eau par un petit trou qui eff au-bas du vafe , au fond duquel refte lindigo ; on l'en tire, &t on le par- tage en morceaux gros à-peu-près comme un œuf de pigeon; on répand enfuite de la cendre à l'ombre, &tfur cette cendre on étend une toile, fur laquelle on fait fécher l’indigo qui fe trouve fait. Après cela il ne refte plus que de Le préparer pour les soiles qu'on veut teindre : l’ouvrier, après avoir réduit en poudre une certaine quantité d’indigo, la met dans un grand vafe de terre qu’il rempht d’eau froide. Il y joint enfuite une quantité proportionnée de chaux réduite pareillement en pouffere; puis il flaire l’indigo pour connoïître s’il ne fent point l’ai- gre; & en ce cas-R ilajoute encore de la chaux, au- tant qu'il eft néceffaire pour lui faire perdre cette . laiffe pas de fervir encore pour le même ufage oder. Prenant enfuite des graines "d’avarer envis ron le quart d’un boïfleau, il les fait bouillir dansun feau d’eau pendant un jour & une nuit, confervant la chaudiere pleine d’eau ; il verfe après cela le tout, eau 8e graine, dans le vafe de lindigo préparé. Cette teinture fe garde pendant trois jours ; & il faut avoir foin de bien mêler le tout enfemble, en lagitant qua= tre ou cinq fois par jour avec un bâton : # lindiso fentoit encore laigre, on y ajouteroit une certaine quantité de chaux. Le bleu étant ainfi préparé, on y trempe la vo5/e après lavoir pliée en double; en forteique le deflus de la roile foit en-dehors, & que l'envers foit en- dedans. On la laïffe tremper environ une heure & demie ; puis on la retire teinte en bleu aux endroits convenables : on voit par-là que les zoi/es indiennes méritent autant le nom de éeintes, que celui de soi/es peintes, La longueur & la multiplicité de toutes ces opé- rations pour teindre en bleu, fait naître naturelle- ment un doute, favoir fi l’on n’auroit pas plutôt fait de peindre avec un pinceau les fleurs bleues, fur- tout quand 1l y a peu de cette couleur dans un def- fein, Les Indiens conviennent que cela fe pourroit; mais ils difent que ce bleu ainfi peint ne tiendroit pas , & qu'après deux ou trois lefives il difparot- troit. _ Laténacité & l’adhérerice de la couleur bleue doit être attribuée à la graine d’avarei ; eette praine croit aux Indes orientales, quoiqu'il n’y en ait pas par- tout. Elle eff d’un brun clair olivätre, cylindrique, de la groffeur d’une ligne, & comme tranchée par les deux bouts; on a de la peine à la rompre avec ia dent; elle eft infipide & life une petite amertume dans la bouche. Après le bleu c’eft le rouge qu'il faut peindre ; mais on doit auparavant retirer la cire de la soi/e, la blan- chir, &c la préparer à recevoir cette couleur; telle eit la maniere de retirer la cire. | On met la soie dans l’eau bouillante, lacire fefond; on diminue le feu, afin qu'elle furnage plus aifément, & on la retire avec une cuillier le plus exaétement qu'il eft poffible : on fait de nouveau bouillir l’eau afñn de retirer ce qui pourroit y être refté de cire. Quoique cette cire foit devenue fort fale, elle ne D 0 (7 D Pour blanchir la soie on la lave dans de l’eau ; on la bat neuf à dix fois fur la pierre, & onla met trem- per dans d’autres eaux, où l’on a délayé des crottes de brebis. On la lave encore, & on l’étend pendant trois jours au foleil, obfervant d’y répandre lévere- ment de l’eau de-tems-en-tems, ainf qu’on l’a dit plus haut. On délaye enfuite dans de l’eau froide une {orte de terre nommée oz, dont fe fervent les blan- chifleurs, & on y met tremper la so;Z pendant en- viron une heure; après quoi on allume du feu fous le vafe ; & quand Peau commence à bouillir , on en Ôte la soile, pour aller la laver dans un étang ,fur le bord duquel on la bat environ quatre cens fois fur la pierre, puis on la tord fortement. Enfuite on la met tremper pendant un jour 8 une nuit dans de l’eau , où lon a délayé une petite quantité de boufe de vache, ou de buffle femelle. Après cela , on lare- tire ; on la lave de nouveau dans Pétang, & on la déploye pour l’étendre pendant un demi-jour au fo- leil, & l’arrofer lécerement de-tems-en-tems. On la remet encore fur le feu dans un vafe plein d’eau; & quand l’eau a un peu bouilli, on en retire la soie pour la laver encore une fois dans l’étang, la battre un peu, & la faire fécher. Enfin, pour rendre la soile propre à recevoir & à retenir la couleur rouge ;: il faut réitérer l'opération du cadoucaie, comme on l’a rapporté au commen- cement ; c’eft-à-dire, qu’on trempe la rozZ dans l’in- fufñon fimple du cadou, qu'on lalave enfuite, qu’on la bat fur lapierre , qu’on la fait fécher, qu'après cela on la fait tremper dans du lait de buffle, qu'on Fy agite , & qu'on la frotte pendant quelque tems avec les mains ; que quand elle eft parfaitement imbibée ; on la retire, on la tord, & on la fait fécher ; qu’alors s’il doit y avoir dansles fleurs rouges destraitsblancs, comme font fouvent les piftils, les étamines, & au- tres traits, On peint ces endroits avec de la cire; après quoi on peint enfin ayec un pinceau indien le rouge qu'on a préparé auparavant. Ce font commu nément Les enfans qui peignent le rouge , parce qué ce travail eft moins pénible, ä-moins qu’on ne vou lût faire un travail plus parfait. Venons maintenant à la maniere dont il faut pré- parer le fouge : on prend de l’eau âpre, c’eft-à-dire, de l’eau decertains puits particuliers, à laquelle on trouve ce goût. Sur deux pintes d’eau on met deux onces d’alun réduit en poudre, on y ajoute quatre onces de bois rouge nommé vartangen, ou du bois de Japan réduit auf en poudre. On met le tout au foleil pendant deux jours, prenant garde qu'il n'y tombe rien d’aigre & de falé ; autrement la couleur perdroit beaucoup de fa force. Si l’on veut que le rouge foit plus foncé, on y ajoute de l’alun; on y verie plus d’eau , quand on veut qu'il le foit moins; & c’eit par ce Moyen qu’on fait le rouge pour les nuances , & Îles désradations de cette couleur, Pour compofer une couleur de lie de-vin & unpeu violette, il faut prendre une partie du rouge dont nous venons deparler , &une partie du noir dont on a marque plus haut la compofñtion. On y ajoute une partie épale de cange, de ris gardé pendant trois mois, & de ce mélange il en réfulte la couleur dont il s’a- git. Il regne une fuperfition ridicule parmi plufieurs gentils au fujet de ce cange aigri. Celui qui en a, s’en fervira lui-même tous les jours de la femaine ; mais le dimanche, le jeudi, & le vendredi , il en re- fufera à d’autres qui en manqueroient, Ce feroit ; difent-1ls, chafler leur dieu de leur maifon, que d’eñ donner ces jours-là. Au défaut de ce vinaigre de cange ; On peut {e fervir de vinaigre de callou, ou de vin de palmier. On peut compofer différentes couleurs dépendan- tes du rouge, qu'il eff tnutile de rapporter ici. Il fuf fit de dire qu’elles doivent fe peindre en même tems que le rouge, c’eft-à-dire avant de pafler aux opé- rations dont nous parlérons, après que nous aurons fait quelques obfervations fur ce quiprécede. 1°. Ces puits dont l'eau eft âpte ne font pas com- muns, même daës l'Inde ; quelquefois ilne s’en trou- ve qu'un feul dans toute une ville. 2°. Cette eau, fe: lon l'épreuve que plufieurs européens en ont faire, n'a pas le goût que les Indiens lui attribuent, mais elle paroi: moins bonne que l’eau ordinaire. 3°, On fe fert de cette eau préférablement à toute autre, afin que le rouge foit plus beau, difent les uns, & fuivant ce qu’en difent d’autres plus communément, c’eftune néceflité de s’enfervir, parce qu’autrement le rouge ne tiendroit pas. 4°. C’eft d’Achen qu’on apporte aux [ndes le bon alun êc le bon bois de fa: RUE | rev _— Quelque vertu qu'ait l’eau aigre pour rendre la couleur rouge adhérante, elle re tiendroit pas fufk- famment, & ne feroit pas belle, f l'on manquoit d’y ajouter la teinture d'imbourre; c’eft ce qu’on appelle plus communément chaïaver ou racine de chaïa. Maïs avant que de la mettre en œuvre il faut préparer la toile cn la lavant dans l'étang le matin, en ly plon- geant plufieurs fois, afin qu’elle s’imbibe d’eau , ce qu’on a principalement en vue, & ce qui ne fe fait pas p'omptement, à caufe de l’onduofité du lait de bufle, où auparavant l’on avoit mis cette toile, on a bat une trentaine de fois fur la pierre, & on la fait fécher, 1 LU. A TO 373 Tandis qu’on prépatoït la soie, on a dà auf prés parer la racine de chaïa, ce qui fe pratique de cette maniere. On prend de cette racine bien feche , on la réduit en poudre très-fine, en la pliant bien dans un mortier de pierre & non de bois > Ce qu'on re: commande expreflément, jettant de tems-en-tems dans le mortier un peu d’eau âpre: onprend de cette poudre environ trois livres, & on là met dans deux fcaux d’eau ordinaire , que lPon à fait tiédir, & l’on a foin d’agiter un peu le tout avec la maïn: cette eau devient rouge, maïs elle ne donne à la role qu'une affez vilaine couleur : auf ne s’en fert-on que pour donner aux autres couleurs rouges ieur derniere perfe&ion. « Il faut pout cela plonger la toile dans cette tein- ture ; & afin qu’elle la prenne bien, l'agiter & la tourner en tout fens pendant une demi-heure, qu’on augmente le feu {ons le vate, Eôrique la main né peut plus foutenir la chalèur de la teinture, ceux qui veulent que leur ouvrage foit plus propre & plus parfait, ne manquent pas d’en retirer leur zo5/e ; de la tordre, & de la fire bien fécher: en voici la raton, Quand on peint le rouge ,ileft diicile qu’il n'en tombe quelques gouttes dans les endroits où il ne doit point y en avoir. Il eft vrai que lé peintre a foin de les enlever avec le doigt autant qu’il peut, d-peu-près comme nous faifons lorfque quelque goutte d'encre eft tombée fur le papier où nous écris vons ; mais 1lrefte toujours des taches que la teinture de chaïa rend encore plus fenfibles : ceft pourquoi avant que de pañler outre on retite la soike, on la fait fecher, & l’ouvrier recherche ces taches, & les enleve le mieux qu’il peut avec an limon coupé en deux parties. Les taches étant effacées, on remet la soile dans la teinture, on augmente le feu jufqu'à ce que la main n'en puifle pas foutenir la chaleur ; on a foin de la tourner & retourner en tout fens pendant une demi-heure: fur le foir on auamente le feu, &c on fait bouillir la teinture pendant une heure ou envi- ron. On éteint alors le feu ; & quand là teinture eft tiede, on en retire la zoë/e qu'on tend fortement, & que lon garde ainfi humide jufqu’au lendemain. Avant que de parler des autres couleurs, il eft bon de dire quelque chofe fur le chaïa. Cette plante naît d’elle- même ; on ne laide pas d’en femer auff pour le beloin qu’on en a, Elle ne croît hors deterre que d'environ un demi-pié; la feuille eft d’un verd clair, large de près de deux lignes , & longue de cinq à fix. La fleur eft extrèmement petite 87 bleuâtre ; la graine n’eft guere plus erofle que celle du tabac, ette petite plante pouffe en terre une tacine qui va quelquefois jufqu'à près de quatre piés; ce n’e! pas la meilleure: on lui préfere celle qui n’a qu'un pié ‘où un pié & demi de longueur, Cette racine eft fort menue, quoiqu'elle pouffé avant en terre & tout droit ; elle ne jette à droite & à gauche que fort peut êt de très-petits filamens. Elle eft jaune quand elle eft fraîche, & devient brune en fe féchant: ce n’eft que quand elle eff feche qu’elle donne à l’eau la cou: leur rouge , für quoi on a fait une épreuve aflez fin- guliere. Un ouvrier avoit mis tremper cette racine dans de l’eau qui étoit devenue rouge, Pendant la nuit un accident fit répandre la liqueur ; mais il fut bien fürpris de trouver le lendemain au fond du vafe quelques gouttes d'une liqueur jaune qui s'y étoit ramañiée; ce qui ne venoit que de ce que le chaïa dont 1l s’étoit fervi étoit de la meilleure efpece. En effet; lorfque les ouvriers réduifent en poufliere cette racine ; en jettant un peu d’eau, comme on l’a dit, il eft aflez ordinaire qu’elle foit de couleur de fafran. On remarquera, qu'autour de ce vale ren- verte, 1l s’étoitattaché une pellicule d’un violet affez beau. Cette plante fe vend èn paquets fecs; on en 374 TOI retranche le haut, où font les feuilles defféchées,, &z on n’emploie que les racines pour cetteteinture. Comme la coile y a été plongée entierement , & quelle a dû être imbibée de cette couleur, 1l faut la retirer, fans craindre que les couleurs rouges foient endommagées par les opérations fuivantes. Elles {ont les mêmes que celles dont nous avons déjà par- lé; c’eft-à-dire qu’il faut laver la toile dans l'étang, a battre dix ou douze fois fur la pierre, la blanchir avec des crottes de mouton , & le troifieme jour la favonner, la battre, &la faire fécher en jettant léce- rement de l’eau deflus de tems-en-tems. On la laïfle humade pendant la nuit; on la lave encore le lende- main, & on la fait fécher comme la veille: enfin à midi on la lave dans de l’eau chaude pour en retirer le favon & toutes les ordures qui pourroïent s’y être attachées, &c on la fait bien fécher. La couleur verte qu’on veut peindre fur la soie demande pareïllement des préparations : Les voici. Il faut prendre un palam, ou un peu plus d'une once de fleur de cadou, autant de cadou, une poignée de chaïaver ; & fi l’on veut que le verd foit plus beau, on y ajoute une écorce de grenade. Après avoir ré- duit ces ingrédiens en poudre, on les met dans trois bouteilles ou , que lon fait enfuite bouillir jufqu'à diminution des trois quarts ; on verfe cette teinture dans un vafe en la paflant par un linge : fur une bou- teille de cette teinture on y met une demi-once d’alun en poudre : on agite quelque tems le vale, &z la couleur fe trouve préparée. Si l’on peint avec cette couleur fur le bleu, on aura du verd ; c’eft pourquoi quand Pouvrier a teint fa soie en bleu, il a eu foin de ne pas peindre de cire les endroits où il avoit deffein de peindre du verd, afin que la soi/e teinte d’abord en bleu , fût en état de recevoir le verd en fon tems : il eft fi néceflaire de peindre fur le bleu, qu’on wauroit qu'une couleur jaune, fi on Le peignoït {ur une soi/e blanche. Mais on doit favoir que ce verd ne tient pas com- me Le bleu & le rouge; enforte qu'après avoir lavé la soil: quatre ou cinq fois, il difpatoit, &til ne refte à fa place que le bleu fur lequel on l’avoit peint. Il y a cependant un moyen de fixer cette couleur, en- forte qu’elle dure autant que la soile même : le voici. Il faut prendre l'oignon du bananier , Le piler encore frais, & en tirer le fuc. Sur une bouteille de tein- ture verte on met quatre ou cinq cuillerées de ce fuc , & le verd devient adhérent &c ineffaçable; lin- convénient eft que ce fuc fait perdre au verd. une partie de fa beauté. Il refte à parler de la couleur jaune qui ne deman- de pas une longue explication. La même couleur qui fert pour le verd en peignant fur le bleu, fert pour le jaune en peignant fur la sole blanche. Maïs cette couleur n’eft pas fort adhérente ; elle difparoit après avoir été lavée un certain nombre de fois : cepen- dant quand on fe contente de favonner légerement ces voiles, où de les laver dans du petit- lait aigri, mélé de fuc de limon, ou bien encore de les faire tremper dans de l’eau , où l’on aura délayé un peu de boufe de vache, & qu’on aura pañlée au-travers d’un hnge; ces couleurs paflageres durent bien plus long- tems, Obférvar. fur Les cout. d'Afre. (D.I.) TOILES PEINTES imitées des indiennes qui fe fabri- quent en Europe. Les toiles peintes ou les indiennes, . font destoiïles de coton empreintes de diverfes cou- leurs; on en fait en plufieurs endroits en Europe, mais les plus belles viennent de Perfe & des Indes orientales. On croit communément qu’on ne pent en. faire en Europe de la beauté de celles des Indes, n1 qui fe lavent de la même maniere fans s’effacer, parce qu’on croitque dans l’Inde ony faitles teintures avec desfucs d'herbes qui ne croiflent pas dans ce pays-ci: . mais ç’eft une erreur qu'il eftfacile de détruire , en MAT TOM DA faïfant voir que nous avons ici de‘quoi faire des couleurs auf variées, auf belles, & auffi ineffaça- bles qu'aux Indes ; ileft vrai cependant que Les soz/es peintes qu'on fabrique en Hollande êt ailleurs, ne font pas de la beauté de celles des Indes; mais voici quelle eft la raïfon. Le travail des ouvriers ne coûte prefque rien en Perfe &c aux Indes; aufi le tems qu'on met à ces fortes d'ouvrages n’eft pas un objet à confidérer : ici au contraire, le tems eft ce qu'il y a de plus précieux, les matieres qu’on emploie ñe. font rien en comparaïfon, il faut donc chercher à épargner le tems pour pouvoir faire quelque profit ; c'eit ce que l’on fait, &£ c’eft auffi pour cela que nos ouvrages font inférieurs à ceux des Indes, car ils ne leur céderoient en rien sl étoit poffible d'y em- ployer le tems néceffaire. Il'y a plufeurs manieres de travailler la rorle pernte | fuivant l’efpece 8 le nombre des couleurs qu'on y emploie, quoiqu'il femble qu’on doive commencer par celles qui ne font imprimées que d’une feule couleur ; nous ñe le ferons pas cependant, parce que chaque couleur employée feule, demande une pra- tique différente qui fera plus facile à déduire lorf- que l’on fera au fait de celles où il entre plufieurs couleurs. | Maniere de faire une toile peinte 4 fond blanc où il y a des fleurs de deux ou trois nuances, des fleurs vio= lettes 6 gris-de-lin, des fleurs bleues , des fleurs jaunes , le trait des tiges noir , les tiges G les feuilles vertes. Préparation de la toile, I] faut d’abord Ôter avec foim la gomme ou l’apprêt qu’il y a dans prefque toutes les Lorles, ce qui fe fait en la faifant tremper dans l’eau - tiede, la frottant bien, la tordant , la lavant enfuite dans l’eau froide bien claire, & la faifant fécher. Engallage, La soile étant bien dégommée, il la faut engaller, 8 pour cela on mettra, par exemple, pour dix aunes de so7X de coton , environ deux feaux d’eau froide dans un baquet où l’on jettera quatre onces de noix-de-palle bien pilées; on y mettra en même tems la zoi/e qu’on remuera un peu, afin qu- elle foit mouillée par-tont ; on la laïffera ainfi environ: une heure & demie ; on la retirera enfuite , on la tor- dra , &c on la laïffera fécher à l'ombre. Précaution à prendre. Lotfque la roile fera bien {é- che, on verra qu’elle a contraëté un oeil jaunâtre; if faudra prendre garde alors qu'il ne tombe quelque goutte d’eau par-deflus, ce qui feroit une tache ; &. dans tout le cours du travail , il faut avoir une gran- de attention à" la propreté, parce que Les moindres taches font irrémediables. Si l’on veut de ouvrage fin, il faut calandrer la soile lorfqu’elle fera engallée, afin que cela foit plus fini; on pofera alors fur la soie le deffein que l’on jugera à propos, & on le deffinera à la plume ou au pinceau avec les couleurs ou les mordans dont nous parlerons dans la fuite. Maniere d'imprimer la toile. Sil’on veutun ouvrage plus commun , on l’imprimera avec des planches en: cette forte : on étendra la toile engallée & féchée , fut une grande table bien folide , fur laquelle 1l y aura de gros drap en double, afin que les planches s’impriment plus également, & on prendraavecune planche gravée , de la couleur noire fur un coufi- net: on appliquera la planche fur la toile , on frap- pera deflus à plufieurs endroits, fi elle eft grande , afin qu’elle marque par-tout : onimprimera de fuite &t de la même maniere, tout ce qui doit être en noir , après quoi on fera la même chofe avec le rou= ge foncé, que l’on appliquera avec une contreplan- che , c’eft-à-dire ,une feconde planche, qui eft la con- trepartie de la premiere , & qui ne porte que fur les endroits où il doit y avoir durouge , & où la premie= re planche n’a pas porté, parce qu’à ces endroits-là: il y avoit des lieux refervés à deflein. Quoique cette operation paroifle jufque-là aflez TOI fimple , il y a éependant bien desremarques À faire. Maniere d'employer La couleur. Voici premierement ce qui eft commun à toutes les couleurs en général, &t qu'il faut obferver pour les pouvoir employer, {it avec la planche, {oit à la plume ou au pinceau. Lorfque la couleur ou le mordant fera fait, de la ma- niere que, nous le décrirons dans la fuite, il faudra diffoudre de la gomme arabique pour l’épaifir (le mordant ) , & pour le mettre en confiftance de frop épais, fi lon veut employer à la planche; f c’eft à la plume ou au pinceau, il le faut un peu moins épais, enforte qu’il pufle couler plus facilement; lorfqu’on voudra imprimer , on en prendra environ une cuil- lèrée , que l’on étendra avec un morceau de coton fur un couffinet de crin, couvert d’un gros drap ion appliquera à plufieurs reprifes la planche {ur ce cout. finet , pour la bien enduire de couleur : on la frot- tera avec une brofle, on la rappliquera de nouveau fur le couffinet, & on l’imprimera fur la toile comme nous l’avons dit. S'il y a quelques endroîts dans les angles des bor- dures ou ailleurs, où on ne veuille point que la plan- che porte, on y mettra une feuille de papier, qui re- cevra dans ces endroits l’impreffion de la planche & les épargnera fur la toile : on reprendra enfuite de la couleut avec la planche, & on imprimera à côté de la premiere impreffion , & ainfi de fuite, prenant chaque fois de nouvelle couleur {ur le couffinet ; qu’on aura foin d’en fournir à mefure. La planche eff de poirier ou de tilleul, on lagrave avec des gouges , des cizeaux & autres pareils inftru- mens : On voit bien que les traits qui impriment fur la toile, doivent être de relief, comme dans l'im- prefñon ordinaire qui fe fait en planche de bois. On n'imprime ordinairement fur la toile que le fimple trait en noir ou en rouge, avec les deux pre- mieres planches ; s’il y a des places un peu grandes où il doive y avoir du gros rouge ou du noir , cette premiere planche le porte , ou on le met au pinceau après l’impreflion, Compofition du noir. La compofition pour le noir fe fait en faifant bouillir de la limaille de fer avec païtie de vinaigre êc d’eau; lorfque le mélange aura bouilli un quart-d’heure, onle retirera du feu & on le laif- fera repofer vingt-quatre heures : on verfera enfuite la liqueur par inclination , pour la garder dans des bouteilles; elle fe conferve autant que lon veut , & lorfqu’on fouhaite s’en fervir, on lépaifiit avec de la gomme. Cette liqueur eft couleur de rouille de fer, ëc fur la toile qui n’eft point engaliée , elle ne fait que du jaune ; mais comme dans l'opération préfente on imprime fur la toile engallée , elle fait fur le champ un soir foncé qui ne s’en va pas, Maniere d'appliquer le rouge. Le rouge ne s’applique pas de la même maniere: on ne le met pas immédia- tement fur la £o/e , maïs on imprimeune compoñition appelle mordant , qui n’a prefque aucune couleur, ë&c qui eft différente, felon les différentes nuances de rouge ou de violet, Cette compofition fert à faire at- tacher dans les endroits où elle a été mife , la couleur dans laquelle on plonge & on fait bouillir toute la zorle, & à lui donner les différentes nuances dont on a befoin, depuis le couleur de rofe, jufqu’au vio- let foncé, Prersiere compofition de mordant pour le rouge foncé. Le mordant pour le beau rouge un peu foncé , fe fait en cette forte: on prend huit parties d’alun de ro- me ; deux parties de foude d’alicante , & une d’ar- fenic blanc : on pilera toutes ces matieres , on les mettra dans une fufifante quantité d’eau, & on l’é- paiflira avec la somme ; il eft bon que l’eau dans la- quelle on diflout ces matieres foit colorée avec du bois de Brefil, afin de voir fur la soie les endroitsoù TOI le mordant poufroit n'avoir pas pris » pou rer avec la pluine oule pinceau, | Autre mordant pour un beau Tonge, On fait un autré mordant , qui donne auf un très-beau rOuve : on met une Once 6 demie d’alun de rome , Un gros & demi de el de tartre , & un gros d’eauforts. dans une pinte d’eau ; il faut toujours des Épreuves de ces différens mordans, fur des petits morceaux de évi/e pour voir fi la couleur eftbelle, Lorfque la ro1/e fera imprimée de la forte Ceftà dire avec le noir & le mordant pour le ruse, on mettra au pinceau ouayéc des contreplanches le mê. me mordant, aux éndroits qui doivent être entieres ment rouges foncés : on les laiflera fécher l’un & l'autre pendant douze heures aü-moins » après quoi! il faut bien laver la toi/e pour emporter toute la &6ms me qui y a té mile, avec le mordant & le noir. Maniere de laver la toi. La maniere de lavér là toile eft très-importante, car c’eft de.[\ qu’en dépend la propreté & la beauté , & c’eft ce qui empêche les couleurs de s’étendre & de couler, Si l'on a beau coup de soi/e à laver , il faut néceflairement avoit une grande quantité d’eau , & que ce foit de l’eau courante fi cela eft poffible , où tout au-moins un trés-grand baflin , afin quela petite quantité de mors dant & de couleur qui s’enleve avec la gomme , foit extrémement étendue & ne puifle pas s'attacher fur le fond de la soie & la tacher : pour cela il faut beau Coup remuer la soie & la brafler en la lavant Po prendre garde lorfqu'l s’y fera des plis, qu’ils n’y foient pas long-tems fans être défaits ; c’eft principas lement quand on commence à laver la zoile qu'il faut avoir ces attentions : car lorfque la premiere gomme eft emportée, 1l n’y à plus rien à craindre, Si on tras valloit une petite quantité de soi/ , &t qu'on la layât dans un feau ; ou quelque chofe de femblable > il faudroit la laver dans trois ou quatre eaux fuccefives ment : on peut Être afluré qu'il n’y à nul inconvés ment à la trop laver : lorfqw’elle le fera fufifamment, on la tordra, & on la laifera fécher ; Ou fi l'on veut On la bouillira de la maniere fuivante. Maniere de faire bouillir La toile en grappe ôu gréppéez Sitôt qu’on en a bien exprimé l’eat y Kävant qu'elle foit feche , on met dansun chaudron de l'eau, fuivant la quantité de soile que l’on a à teindre ; lorfqu’elle commence à tiédir , on y jette de la bonne parancé légerement broyée avec les mains >; Où ne peut pas fixer exaétement la dofe, parce que cela dépend de la bonté de la garance, & de la couleur plus ou moins foncée que l’on veut donner : on peut feulement dis re qu'il faut pour quinze aunes de toi/e , uné livre & demie de garance &c douze pintes d’eau ; fi l’on veut une plus belle couleur, on mêlera de la cocherille avec la garance , à proportion de la beauté de l'ou- vrage, & du prix qu’on veuty mettre. Lorfque la ga: rance fera bien mêlée , & que l’eau fera chaude à n'y pouvoir fouffrir la main qu'avec peine, on y mettra la sole, on la plongera & on la retirera à plufieursres prifes, afin qu’elle {oit teinte bien également, Après cela on la plongera dans l’eau froide , & on la lavera le plus qu'ikfera poffible ; en changeant d’eau très- fouvent , jufqu’à ce qu’elle en forte claire : on fera bouillir enfuite quelques poignées de fon dans de l’eau claire , & après qu’elle aura bouilli ; of la fetirera du feu, onla paffera par un linge afin d’en ôter lefon, &t on lavera bien dans cette eau encore Chaude , la sorle dont le fond perdra encore par ce moyen un peu de la couleur : on la tordra enfuite > & on la laiffera bien fécher : on verra pour lors que le fond {era d'un rouge foncé, & que le noir eft devenu en core plus beau ; c’eft alors-qu'avec des contre-plans ches , fic’eftde louvrage commun , ou avec le pitts ceuu , fi on le veut plus fini, on mettra le mordant pour le rouge clair , & celui pour le violet, 375 Pre Ê 1eS Tepas 376 TO Compofition du mordant pour le rougt clair. Voicidè quelle maniere fe fait le mordant pour Le rouge clair : dn prend parties égales d’alun &t de crême detartre; s’il y a une once de chacun , on diffout ce mélange dans une pinte d’eau , & on le somme à l'ordinaire : fi l'on veut des nuances intermédiaires, il n’y a qu’à inêler un peu du premier mordant avec celui-ci. Mordant pour le violet. Le mordant pour le violet fe fait en mettant dans de l’eau quatre pintes partie d’alun derome, une partie de vitriol de cypre , au- tant de verd-de-gris, une demi-partie de chaux vive, & de l’eau de ferraille à difcretion , fuivant que l’on voudra le violet plus ou moins foncé ; l’eau de ferrail- le eft la même compofition dont on s’eft fervi d’az bord pour imprimer en noir. Mordent pour le gris-de-lin, Pour le gris-de-lin on mêlera le mordant du rouge clair avec celui du violet, dans la proportion qu’on jugera à propos. Second bouilliffage. Loriqu’on aura misavec lacon- tre-planche ou au pinceau , ces différens mordans , & qu'ils auront féché pendant douze heures au- moins , on lavera la soile avec autant de foins & de précautions que la premiere fois , & lorfau’on laura bien tordue , onla bowilhira dans un nouveau bain de garance , à laquelle on ajoutera pour chaque once, un demi-gros de cochenille en poudre : on y remue- ra bien d’abord la soile , comme on a fait la premiere fois , avant que l’eau commence à bouillir, enfuite on lui laiffera faire un bouillon : on la retirera, on la lavera bien dans plufeurs eaux; enfuite dans de l’eau de fon chaude, on la tordra &on la laïffera fécher. Si Pon veut un rouge parfaitement beau , on met- tra dans ce fecond bouilliffage, parties égales de co- chenille & de graine d’écarlate , & deux parties de Sarance ; toutes les couleurs en feront beaucoup plus belles. Il n’y a rien à changer dans la façon de bouil- hr &c de laver; on y verraalors les différentes nuan- ces de rouge, de violet , &c de noir, qui feront dans toute leur beauté , & telles qu’elles doivent demeu- rer; mais le fond fera rougeätre, & ce n’eft qu’en faifant herber la zoiZe qu’on blanchit le fond. Maniere d’herber la toile. Voici comme on doit s’y prendre. On pañle plufeurs fils aux bords & aux coins de la soi/e : on l’étend à envers fur un pré, & avec despetits bâtons paflés dans chacun de ces fils, on fait enforte qw’elle foit bien tendue : on l’arrofe fept on huit fois Le jour ; enfin on ne la laïffe jamais lécher, parce que le foleil terniroit les couleurs. Cette opération Îe fait en tout tems , mais elle eft plu- tôt faite aux mois de Mai & de Septembre, à caufe de la rofée , & les soiles en font mieux blanchies. El- les font ordinairement cinq à fix jours de la forte dans le pré , après quoi le fond eft entierement blanc ; s’il ne l’étoit pastout-à-fait, on pourroitles laver enco- re unetfois dans de l’eau de fon, & les laifler bien fécher. Cirage dela toile, Il refte maintenant à y mettre le bleu, le verd & le jaune : on commence par le bleu, & pour cetieffet on étend la socle fur une table cou- verte de fable très-fin, ou de fablon, & on fait une compoñtion avec parties égales de fiuf & de cire: on la tientien la faifant, dans un vaifleau de terre, & on Papplique avec un pinceau fur toute la so5/e ,enre- fervant feulement les endroits qui doivent être bleus ou verds : il faut faire cette opération avec précau- tion , car cette compofition s'étend facilement lorf- qu'elle eft un peu chaude | & fi elle ne Pétoit point aflez , elle ne garantiroit pas fuffifamment la zo7/e qui couroit rifque d’être tachée : ïl eft vrai que le fable Qui eff fous la oz/e empêche la compoñtion de s’é- tendre , parce qu'il s’y attache {ur le champ qu’elle eft appliquée: il faut cependant un peu d’ufage;pour la bien employer ; 8 pour s’y accoutumer 1l n’y a qu'à s'exercer fur les endroits du fond oiln’ya rien à referver. Cette opération s'appelle cirér la joie à lorfqu’on aura à cirer un endroit , on jettera du fable deflus , avant que la cire foit entierement froide ; le fable qui s’y attache empêche lotfqu’on plie la roite, que les parties cirées n’engraiflent celles qui doivent être reférvées. Troifieme bain pour Le blen. Lorfque la toile eft bien cirée, on la plonge dans une cuve de téintiire bleue; je donnerai dans la fuite la préparation de cette cuve; mais elle n’a rien de particulier, & c’eft la iiême dont tous les teinturiers fe fervent pourteindte en bleu. I} faut que la cuve ne foit pas trop chaude , mais feule- ment un peu tiede, afin que la cire n’y fonde pas : lorfqu'on a plongé à plufeurs reprifes [a soile dans la cuve , on latire &on la laiffe fécher. Pour les nuances. Si l’on veut deux nuances de bleu , lorfque la o/efera féche , on couvrirä de là même cire les parties qui doivent être bleu-clair, & on plongera la roile une feconde fois dans la cuve; les parties qui feront demeurées découvertes fe fonce- ront, Gt celles que l’on a cirées demeureront d’un bleu-clair : on laïffera fécher la zoi/e pendant un jour entier ; & lorfqu’on voudra la décirer, on fera bouil: lir un peu de fon dans une bonne quantité d’eau ; lorfqu’elle bouillira on y plongerala soi/e, donttoute la cire fe fondra ; il faut auffitôt la retirer, la frotter légerement avec un peu de favon , la bien laver en- fuite dans de l’eaufroide , & la laïffer {écher, Si l’on veut faire les tiges & les feuilles vertes, de la même maniere qu’on le fait aux Indes, c’eft-à-dire dun verd brun & aflez vilain, iln°y a qu’à pañler fur le bleu avec un pinceau la hqueur de ferraille dont on s’et fervi pour le noir ; comme la soi/e eft totalement défengallée , elle fait le même verd que l’on voit fur la socle des Indes ; on ne fera rien aux fleurs qui doi- vent demeurer bleues, & s’il y a quelques parties de | fleurs où d'animaux qui ayent été referyées pour mettre en jaune, on pañera la même eau de ferraille qui doit être gommée, ( car quoique nous n’ayons pas toujours répété cette circonftance, on doitfavoir qu'il ne faut jamais employer aucune couleur , qwel- le ne foit affez gommée pour ne point couler &c s’é- tendre plus qu’on ne veut lorfqu’on l’emploie ) : on laïffera fécher encore un jour l’eau de ferraille quia été employée tant pour le verd que pour le jaune, après quoi on lavera bien la soi/e dans Peau froïde , pour en enlever bien la gomme , 8 on la laiffera bien fècher : 1l ne refte plus alors qu’à apprêter & à calandrer la soile | ce qui fe fait en cette maniere, Apprét de la toile. On fait bouillir un peu d’amidon dans de l’eau , & on en fait une efpece d’empois. blanc, dont on frotte toute la éoi/e, l’hameétant avec de Peau à proportion de la force qu’on veut donner à l’apprêt : on l’étendra enfuite & on la laïfera {6 cher. Cet apprèt eft auffñ bon que celui de colle de poiflon , ou de différentes sommes que plufeurs ou- vtiers emploient : l’apprêt étant fec, on calandre la toile en la maniere que nous décrirons à la fin de ce mémoire. | Il eft bon d’ajouter ici quelques pratiques qui ne font d’ufage que dans les soiles de la premiere beauté, & qui demandent un tems aflez confidérable , quoi- que lexécution n’ait aucune difficulté ; il s’agit de certains defleins délicats qui font réfervés en blanc, en jaune , ou en bleu clair , fur les différentes cou- leurs; ces defleins réfervés font un très-bel effet : nous aurions dù en parler plutôt, mais nous ne j’a- vons pasfait , afin qu'on ne perdit pas de vuelecouts de l'opération : tous ces defleins réfervés fe fontavec de la cire. J’ignore de quelle maniere on lemploie aux Indes ; mais après avoir eflayé de toutes les fa- Ççôns que j'ai pusmaginer , voici celle qui n'a paru la plus commode. Jai pris un pinceau ordinaire , de groffeur médio- cre, "OI 1 » } .: + .. - F ne L 1 … , 4 ete, dans le milieu duquel j'ai ajufté trois fils de fer, au: excédent d'environ une demi-ligne les plus longs poils ; ces trois fils doivent être joints enforte qu'ils’ le touchent immédiatement, & qu'ils foient entourés dutefte du pinceau, | On fera fondre de la cire blanche dans un petit Vaifleau de terre, & onen prendra avec cette forte de pinceau ; les fils de fer laiflent couler la cire que la grofleur du pinceau entretient coulante affez long- tems, &t ces mêmes fils foutiennent la main, & font qu'on trace les traits aufli délicatement qu’on pour- roit Le faire avec la plume : on fera ces rafonnemens fur le rouge , avant de mettre le mordant , &immé- diatement après que le trait eft imprimé ou deffiné à la main, | Il eft aifé de comprendre que lorfqu’on vient à mettre enfuite le mordant fur la feuille où l’on a dei: finé lacire,, elle conferve ces endroits-là & empêche le mordant d’y prendre; lorfau’on fait enfuite bouil- li la soë/e dans la garance ou la cochenille, la cire fe fond & s’en va; & commeil n’y a point eu de mor- dant dans ces endroits où elle étoit , ils demeurent blancs comme le fond de lazoile. | On fera la même chofe après le premier bouil- hflage pour les réfervés , fur le rouge clair , le gris- de-hn, le violet , & enfin (après que la roi/e eft her- bée) , pour lebleu, leverd & le jaune. Cet ouvrage et long, mais il s’en trouve quelquefois dans les 40z- des de la premiere beauté. Nous allons donner maintenant les diverfes ma- nieres de travailler les roi/es qui onrun moindre nom- bre de couleurs, & pour la plpart defquelles on a trouvé des pratiques plus faciles; & nous ajouterons enfuite des procedés de couleurs plus belles que auel- ques-unes de celles des [ndes, & qui n’y font pas connues, On voit par le détail que nous venons de faire, que lorfque dans la soi/e on ne veut que du rouge ou du noir, il s’en faut tenir au premier bouilliflase, dans lequel on ajoutera de la cochenille, à propor- tion de l'éclat qu’on voudra donner à la couleur ; & Hi Pon y veut du violet, on ira jufqu’au deuxieme bouilliffage , & dans l’un &r l’autre cas on fera blan- chir la soie fur le pré. S1 l’on ne veut qu’une impreffon noire fur un fond blanc, il s’y faut prendre d’une maniere un peu diffé- rente ; on n'engallera point la soie, parce qu’elle contraëte dans l’engallage une couleur roufiitre, qu'on ne peut jamais faire enaller, & qu'iln’ya que le bouillifläge dans la garence , ou la cochenille qui le puifle détruite ! aïnfi on ne doit jamais engaller les toiles qui doivent être bouillies ; c’eft-à-dire , celles qui doivent avoir du rouge, quoiqu'il foit cependant pofhble d'imprimer du rouge fans les engaller ni les bowlhr, comme nous le ditôns dans la fuite ; mais cette pratique n’elt pas ordinaire, & n’eft pas connue aux Indes. .… Pour faire donc les soiles qui ne font que noir & blanc, on les imprimera avec la liqueur de ferraille ; & lorfqu’elle fera feche , ou les lavera avec les pré- cautions Que nous avons rapportées ; l’impreffion fera d’un jaune pâle &c inéffacable; il y en a quel- ques-unes qui demeurent en cet état, & qui font af lez jolies; mais pour les avoir en noir, on hacheun morceau de bois d'Inde ou de Campeche, on le fait bouillir dans une fuffifante quantité d’eau ; on y plon- ge lavoie, on laremue, on lui fait faire un bouil- Jon, on la lave bien enfuite dans plufieurs eaux froi- des , & on la metherber fur le pré pendant deux ou trois jours : le fond fe blanchit parfaitement , & l'im- preflion demeure d’un très-beau noir ; on l’apprère enfuite , & on la calandre à l'ordinaire. Il y a une forte de roïles très-communes, qui ne font que rouge & noir , & dontle fond , ou les gran- Tome XVI, | TOI 377 des parties du fond , font marbrés où plutôt fablés, Lamantere d'imprimer ces soi/es paroîtavoir plufieurs difficultés ; mais on y fupplée par une pratique facile & ingénieufe : une leule planche porte tont ce qui doit être imprimé en noir , & une contre-planché tout ce qui doit être imprimé en rougé. Nous avons déjà vu faire la même chofe; mais comme il s’agit de fabler le fond,ce qui feroit impraticable, s’il falloit réferver fur les planches des petites parties de bois en relief aflez proches les unes des autres, & aflez menues pour faire les points tels awils doivent être, On creufe donc en entier le fond de la planche, & on le rend le plus uni qu'il eft poffible ; on y enfonce enfuite de petites pointes de fil-de-fer, dont l’extrés maté fupérieure demeure au niveau des reliefs de la planche ; & pour s’affurer qu’elles font de même hauteur, on à un petit outil de fer qui porte À 3 ou 4 lignes de fon extrémité une efpece de talon , commé On le voit dans la figure ci-jointe; B on frappe fur l'extrémité B, 8 le ta- lon 4 enfonce ia petite pointe dans la planche, jufqu’à ce que la partie € touche le fond de laplanche. Ainf la pointe ne fauroit enfoncer plus avant;elles {e trouvent parce moyen toutes de même hauteur, & la grof- D feur de la partie inférieure du même outil fert encoré à les placer à des intervalles égaux, ce qui ne feroit pas facile fans ce fécours. Malgré toutes ces précautions, il peut atriver en core que quelques-unes de ces pointes foient mal umes par leur extrémité fupérieure , à caufe de l’iné: galité de leur Hauteur, ou bien elles peuvent être trop pointues, & percer où déchirer latoile. Pour y remédier, on fait fondre la cire , & on la coule fut la planche; elle en emplit exa@tement tout le creux, êz environne de toute part les petites pointes ; on la laiffe refroidir , & avec une pierre à éguifer on frotte fur toute la furface de la planche ; cela acheve d’u- nir & de polir tous les fils de fer, enforte qu'ils por: tent tous Cgalement, & ne peuvent point endomma- ger la soile : on chauffe enfuite la planche pour en Ôter la cire ou la poix-réfine, & elle eft entierement achevée, S'il y a des parties où on ne veuille que des points noïrs, 1l n’y a que la planche avec laquelle on imprime le noir, qui a des points en ces ens droits-là. Si lon ne veut que des points rouges dans d’autres endroits , c’eft la contre-planche pour le rouge qui les porte : mais dans les parties qui doivent être mar brées, il doit y avoir des pointes fur l'une & fur Paus tre planche, enforte qu’elles portent toutes deux aux mêmes endroits; c’eft ce qui produit le marbré qu’on voit à ces fortes de roiles : on les fait bouillir enfuite dans la garance, &herber de même que les autres, Les soiles bleues & blanches demandent un travail tout particulier, Le fond ordinairement en eft bleu, êt les bouquets ou deffeins tout blancs ; on juge par ce que nous avons dit ci-deflus, qu'il faut citer les parties qui doivent demeurer blanches , mais il ne feroit pas pofble de colorer au pinceau tout ce qui doit l'être , furtout dans des roiles communes , dont Le prix eff très:modique. "4 . On a imaginé de pratiquer ce qui fuit. On fait üné planche en bois telle qu’elle doit être pour les parties que l’on veut conferver blanches : lon moule cette planche de bois dans du fable , dans lequelon jette du plomb ou de l’étain fondu , de forte que l’on a une planche de plomb pareille à celle de bois : on a foin d'y conferver un bouton ou une main pour la tenir avec plus de facilité ; on étend fur une table cou- verte de fable Ja roiZque Pon veut cirer , elle nedoit point être engallée, mais feulement bien dégommée, on fait fondre enfuite dans une grande terrine où ‘ Bbb - CU) l à ÉCECCTENEERTEIx 378 TOI autre vaifleau large la compofñition de fuif à de cire dont nous avons parlé; on chauffe la planche-de plomb, on la plonge dans la cire, &t on imprime fur la roile; on jette enfuite du fablefur ce qui eft im- primé, & on continue à reprendre de la cite avec la planche , & à imprimer de la même maniere jufqu’à ce que l'ouvrage foit achevé. | Il y a encore quelque obfervation à faire dans cette pratique ; il faut prendre garde que la cire ne foit trop chaude, parce qu’elle ne produiroit qu'une écume qui remphroit les vuides de la planche, & feroit des fautes confidérables ; 1l faut auf difpofer au fond du vaifleau dans lequel eff la cire un petit chafs de {a forme du fond du vaifleau qui porte une toile bien tendue ; la grandeur du chaflis fera telle que la sole ne puifle pas s’enfoncer plus bas qu’en- viron une ligne au-deffous de la furface de la cire fondue , afin qu’en y mettant la planche on ne l’en- fonce point trop avant , ce qui boucheroit Le creux de la planche , & feroit que l'impreflion ne feroit pas nette. On jugera facilement par quelques eflais, de la chaleur qu’on doit donner à la cire & à la planche pour.que l’impreflion foit faite avec plus de facilité & de propreté. Lorfque la soile fera cirée , & la cire couverte de fable , on la plongera dans la cuve du bleu , & on la laffera fécher ; fi Pon vouloit qu’elle fût verte &c blanche , on la plongeroit enfuite à froid dans latein- ture jaune, ou feulement avec un gros pinceau, on pafleroit la couleur par-deffus: la cire qui y eft enco- re , conferveroit les mêmes endroits qui font verds . par le mélange du jaune. Si l’on veut le fond verd & les fleurs jaunes , on deffinera la soc/e lorfqw’elle aura paflé dans la cuve du bleu, &e on la mettra dans la teinture jaune ; on peut aufli donner par ce moyen plufeurs fortes de verds des Indes : 1l n’y a qu’à fe fervir de la liqueur de ferraille. S1 lon veut un verd plus beau , on fera une forte décoétion de graine d’Avignon ; on y difloudra une très-petite quantité de verd-de-sris, on la gommera , & on la paflera fur la zoï/e. Pour décirer la sole, on s’y prendra, comme nous l'avons déja dit,en la faifant bouillir dans de l’eau avec un pou de {on, &z la favonnant enfuite dans de l’eau froide. Voilà à- peu-près toutes les efpeces de oies à fond blanc ou de deux feules couleurs ; les différentes nuances font très-faciles à faire, en obfervant ce que nous avons dit ci-deflus. Il refte à parler de celles dont le fond eft de couleur , & qui {ont en général de deux efpeces : dans les ne. tout le fond eft coloré jufqu’autrait, qui fait le contour des tiges & des fleurs , fans qu'il refte du blanc en aucun endroit, à-moins qu'il n’en ait été réfervé dans les feuilles de quelques fleurs. Dans la feconde efpece de role il y a un fond blanc en forme de cartouche autour de chaque bouquet, dont le contour eff fuivi gratieufe- ment; &c l'intervalle que laïflent les bouquets ou plu- tôt les cartouches eft de couleur. Les dernieres fortes de soiles peintes font au-moins auffi agréables à la vue que les autres, quoiqu’elles donnent beaucoup moins de peine à exécuter. Pourles premieres, lorfqu’elles font entierement finies fur un fond blanc, commenous l’avons décrit, il faut cirerau pinceau tout ce qui eft fait , ayant foin de ne cou- vrir de cire exaétement que les fleurs, les feuilles & lestiges , & enfuite teindre le fond à ordinaire. Pour les fecondes , il y a deux manieres, l’une de cirer les bouquets, mais groflierement , & fuivant feulement leurs contours extérieurs , ‘en y laïffant environ deux ou trois lignes de fond blanc autour qui fert à cirer, comme les bouquets. L'autre maniere ef plus facile & plus fimple , mais on ne peut pas s’en fervir pour les couleurs qui doi- vent être cuvées, c'eft-à-dire, lorfqu’il faut plonger la soile entiere dans la cuve; elle peut feulement être * employée lorfque le fond doit être rouge , violet, jaune ou olive. | On fait pour cet effet des contre-planches dans lefquelles on incrufte des morceaux de chapeau dans les endroits où doit être la couleur ; le refte de ces contre-planches eft creufé , afin de ne point porter fur les bouquets qui doivent être entierement finis avant d'imprimer Le fond. On prend avec ces contre- planches, de la couleur & du mordant fur le couffi- net, & l’on imprime à l’ordinaire. Cette opération eft nommée par les ouvriers chepaudrer. Cela rend le fond d’une couleur bien plus égale & plus unifor- me qu’elle ne pourroit l'être avec le pinceau. Lorfque le fond doit être rouge ou violet, on im- prime le fond avec le mordant; &c lorfque les bou- quets imprimés auf avec le mordant doivent avoir du rouge ou du noir, l’on ne fait que les mêmes bouillifages pour les bouquets & pour lefond ; mais lorfqu’il doit être jaune ou olive, on n’imprime la couleur avec la contre-planche de chapeau , que lorfque la soie eft entierement finie, & que le fond en eft bien blanc. Nous avons donné la compofition du jaune; celui des Indes fe fait avec de l’eau de ferraille, mais on en fait un plus beau avec la décottion de graine d’A- vignon , dans laquelle on fait diffoudre un peu d’a- lun. Pour Polive, il ne faut que mêler enfemble ces deux dernieres couleurs, c’eft-à-dire , Peau de fer- raïlle 8&c la décofion de graine d'Avignon dans la proportion que l’on jugera à propos, fuivant les dif- férentes nuances d'olives que l’on voudraavoir. On peut encore faire Le fond de couleur , & réfer- verles bouquets fans chapaudrer, & d’une façon fort fimple. On coilera légerement avec un peu de gom- me ou d’empois fur chaque bouquet un morceau de papier qui fuive groflierement le contour du bou- quet, & avec une planche couverte de drap, on ap- pliquera la couleur du fond , &c les bouquets fe trou- vent très-exattement confervés. | Nous n’avons plus maintenant qu’à parler de quel- ques autres couleurs connues d’un petitnombre d’ou- vriers, & qui ne font point en ufage aux Indes , el- les s’effacent un peu plus facilement que les autres ; cependant il y des cas où elles font préférables par leur beauté & la facilité qu'il y a de les employer, d'autant plus même qu’elles réfiftent à dix ou douze favonnages , ce qui eft fufifant pour l’ufage ordi- naire. Nous avons de cette maniere du bleu, du verd, du jaune, & plufeurs nuances de rouge qui font beaux & très-faciles à employer, puifqw'on n’eft pas obligé de cirer la socle pour le bleu &r le verd, & de la bouillir, ni de la faire herber pour le rouge, ce qui _eft une épargne de tems & de peines très-confidé- rable. Pour Le bleu , il faut faire bouillir dans l’eau du bois d'Inde haché en petits morceaux, pour en avoir une très-forte teinture, Si on veut deux nuances de bleu différentes, on fera deux de ces teintures dont lune fera plus chargée de couleur que lautre; cette teinture n’eft pas bleue d’abord, mais d’un rouge af- fez défagréable ; pour larendre bleue, il n’y a qu’à difloudre un peu de vitriol de Cypre & elle le de- vient fur le champ : on la sommera alors, 8 on l’em- ploiera fur le champ à la planche où au pinceau, fans avoir fait d'autre préparation à la soie que de l'avoir bien décommée., Pour Le verd on prendra de la même teinture de bois d'Inde dans laquelle on mettra un peu de verd- de-gris au-lieu de vitriol de Cypre, elle deviendra fur le champ bleue; on y verfera alors de la teinture de graine d'Avignon en petite quantité , ou jufqu’à ce au'on trouve que la couleur verte (que ce mélañgé prend fur le champ}, foit telle qu’on la fouhaite: on gommera enfuite cette couleur ; & on lemploiera de même que le bleu, Nr. Il eft à obferver pour ces deux couleuts, qu’il eft né- ceflaire que la teinture de bois d'Inde foit nouvelle- ment faite, c’eft-à-dire , qu'elle n’ait qu’un jour ou deux; elle n’en eft que meilleure, f1 elle peut être employée fitôt qu’elle devient difficile à être em ployée fur la soie. | La teinture de gaine d’Avignon n’a pas cet incon- vémient, &c fe peut garder beaucoup plus long-tems fans fe gâter. | | Lorfque ces couleurs feront fèches, il faut les bien laver conime toutes les autres pour en Ôter la eom- me. Il faut que le verd foit trois ou quatre jours à fecher avant que de laver la joile, fi l’on veut qu’il {oit d’une belle couleur ; le bleu , au contraire , doit être lavé fitôt qu’il eft fec, ou du-moins quelques heures après ; ainfi on doit commencer par le verd, &t ne mettre le bleu que le dernier. Ces couleurs réfiftent au favon à froid , & peu- Vent être lavées dans l’eau chaude; mais à force d’é- tre blanchies , elles perdent un peu de leur couleur, ce qui n'arrive point à celles que nous avons rap- portées auparavant, 8 qui réfiftentaux mêmes épreu- ves que celles des Indes , & ne s’en vont qu'à me- fure que la roile s’ufe, 8c qu’elles perdent par confé- quent quelques-unes des parties tant colorées que des autres. . On peut auff, comme nous l'avons dit, appliquer du rouge {ur les toiles fans mordant , & fans qu'il doit befom de les faire bouillir ni herber : voici de quelle maniere on le peut faire. On met dans un matras de la cochenillepulvérifée avecune petite quantité d’eau; on met le matras en digeftion pendant $ ou 6 heures, on augmente enfuite la chaleur jufqu’à faire bouillir la liqueur ; après quoi on la pañle par un linge ; on a uneteinture très-brune & opaque , on y ajoute alors quelques gouttes d’eau-forre & un peu dalun , la L- queur s’éclaircit fur le champ, & devient d’un très- beau rouge ; on la gomme enfuite , & on emploie à l'ordinaire. On applique alors le ronge , & lorf- qu'il eft/bien fec, on le lave avec grand foin: cèla donne un aflez beau cramoiïf qué l’on peut nuancer par les diverfes dofes de cochenille & d’eau-forte.; cette couleur étant employée deflus l’impreffion | faite avec la liqueur de fertaille , donne une couleur vérte qui s'étend. LL. _ On fait encore un rouge qui réfifte à plufeurs {a- vonnages, qui eft aflez beau , mais il s’étendun peu en le lavant ; on fait une forte déco“tion de bois de Bréfil, on y ajoute un peu d’alun environ une once fur chaque chopine de cette teinture ; on épaïffit cette couleur avec Ja gomme, & on l’emploie À l’or- dinaire. de CN On peut aufli faire un jaune affez bon & beaucoup plus beau que celui des Indes , en fe fervant d’une forte teinture de graine d’Avignoï, employée , COM: me la précédente, avec de l’alun & de la gomme ; cette derniere couleur réfifte moins que Les autres. Pour une bonne couleur de café, on mêle l’eau de ferraille avec le mordant pour le rouge. | . Pour avoir tous les gris depuis le gris de maure juf qu'au petit-gris,.on met de la couperofe verte dans le bouillon de bois d’inde , & on l’affoiblit avec de l’eau, LL; On donne la derniere facon aux indiennes avec la calandre, Pour cet effet , on difpofe une perche hori- fontalement, & on l’aflujettit au pläncher par l’une de fesextrémités, enforte cependant que le bout qui eft Libre foit à quelque diftance du plancher , afin qu'il puifle s’en approcher en faifant reMort, 6. TOILE NOYALE, ( Marine. ) c’eft une toile très- Tome XF. Z, a, HOT 379 forté, dont on fe fert pour faire les gtañdes voiles. Foyez ToirE À voire. Tortes de [abords ou de déleffage. Ce font de vieilles toiles qu’on cloue fur les fäbords quand on veut dé: lefter, Voyez DÉLESTAGE, | TOILE , en serme de Blanchifferie , eit une piece de tore dont les bords font élevés. Elle fe monte fur un appui de bois, garni fur toute fa longueur de petites chevilles où fe paffent les cordons qui attachent lé fond de la soie, & de diffance en diffance d’autres chevilles où piquets plus longues où on arrête les bords de la roile, Cela s'appelle encore un quarré à On dit, Zes clos d’Amoni font remplis de quatre-vinot quarrés, C’eft fur ces soiles ou quarrés qu’on expofe la cire à l'air. Voyez l'article BLANCHIR. TOILE, draps en , (Dräperie.) on nomme draps er toile les draps de laine qui n’ont point encore été foulés , & qui font tels qu’ils font {ortis de deflus le métier. On les appelle ainfi, parce qu'ils ont quel- que rapport en cet état à de la grofle soe de chanvre ou de lin écrue; (2. J.) TOILE; e7 terme de Peinture , fignifie un guadre de bois couvert d'une 10i/ imprimée de quelques cou- leurs en huile, fur laquelle les Peintres peignent leurs tableaux, Ce {6nt ordinairement les marchands dro> guiftes-épiciers qui vendent les drogues &z couleurs des peintres , qui font audi imprimer & qui débitent ces fortes de zoïles. ( D. J.) TOIE , sermé de Plombier, c’eft un morceau dé treillis que ces ouvriers étendent fur la table où moule à jetter des tables de plomb, & qui leur tient lieu du fable qu'ils emploient dans la maniere ordiz naire de fondre & couler ces tables. Il'eft défendu aux Plombiers de jetter du plomb fur toile, d’en débiter & d’en employer. VoyezPLO M: BIER. | | , TOILE de foie , f. f, ( Soierie.) manieré de petite étoffe très-claire , fort légere & point croifée , faite fur le métier avec la foie filée , dont les femmes fa fervent à faire des fichus , des mouchoirs de cou ) CÈ autres hatdes {emblables, (CPAS) FoiLe d'or ou d'argent, ( Soerie, ) cette étoife eft une des plus délicates dé la fabrique, peu de perfon- nes feroiént en état de l’entreprendre pour la faire comme il faut. La chaîne & le poil eff dans le même nombré que dans lestiflus, le peigne.eft plus fin, Étant un 22, pour recevoir huit fils, ou quatre fils doubles chaque dent. La chaîne & le poil font ordis nairement de la couleur de la dorure > Ce qui fait que cette Ctoffe n’eft point accompagnée, La chaîne eft armée en tafferas à l'ordinaire pour le coup dé fond , & le poil en ras de S. Maur, ce qu fait qu'il faut quatre marches de fond, au-lieu de deux, comme dans les autres étoffes montées en taffetas. Une belle toile doit être faite à deux bouts de fl d’or » Maïs ces deux bouts ne doivent pas être pañlés enfemble ; crainte qu'ils ne fe croifent. Cependant il faut qu'il y en ait deux fous les fils de chaque lifle : c’eft pour cela qu'il eft néceflaire de donner la démonfration de l’armure , & de faite remarquer que, encore qué dans les tifus, on paflé une navette à: deux tuyaux pour pafler deux bouts enfemble ; dans cette étoffe F il faut pañler deux navettes contenant un bout cha: cune, & changer de liffe à chaque coup de navette d'or ou d'argent qui pañle de fuite :;, après quoi, & quand on pañle le coup de trame , on reprend la même life qui a lié le fecond coup ou le COUP prés cédent , & on continue le courfe, Bbb j 380 TOI TOI Démonfiration de armure de la toile d’or: Lu %4 5 7S 4321 ANUPE CNAIS LE | PE S s ie a S n [el © a rc av] = F ra} 3 0> 3 3 @ a e Les liffes marquées o font pout lever, & celles marquées * pour baifler pour le poil feulement. Les Effes marquées o dans celles du rabat font pour baïf- fer, la fondion de ces liffes ne pouvant pas faire un autre jeu. On voit par cette démonftration qu'il eft nécef- faire que le poil de cette étoffe foit armé en ras de 5. Maur, afin que Les deux coups de navette pañent chacun fous une life de liage qui aura levé ; & que f ce premier coup étoit armé à lordinaire en taffetas, _il arriveroit que la feconde life qu’on feroit obligé de lever, auroit baïfé au coup de fond , ce qui feroit une barre , ou coupant au-travers de l’étoffe, qui dans ce genre doit être unie comme une place. ToiLE DU VELOURS, on appelle soie du velours la chaîne qui fait le corps de Pétoffe, ToILE BLANCHE, f. £ (Toïlerie.\ les roiles blanches font des soiles écrues que l’on a fait blanchir entiere- ment à force de les arrofer fur le pré, & de les faire pañler par diverfes leffives. (D. J.) ToiLe CIRÉE , f. £. ( Tolerie. ) c’eft une zor/e en- duite d’une certaine compoftion faite de cire ou de réfine mêlée de quelques autres ingrédiens capables de réfifter à l’eau. Il s’en fait de noires, de vertes, de rouges, de jaunes , & de quelques autres cou- leurs ; les unes jafpées & fort unies du côté de l’en- droit, & lesautres toutes brutes fans jafpure. Blles fe vendent ordinairement en petites pieces ou rou- L.*SUQUT 9P NO SMOMIOTE j : À 6 # D», AVES S Liffés de poil, D fe) 1L0 ef mn + D Op =, et Lu EE OUONE 5° no ° a & S5 à Le) ) Au O = «@ MEME sua © ra) RE Ro ES FE arge) PRES Le SES ÈS ROME Aïe PUS Ie hi nG leaux , de quatte , huit &c douze aunés. Les zoz/es qui s’emploient le plus ordinairement pour cirer, font de groffes soiles de lin bifes ou de zoiles d'étoupe , d’une aune ou d’une aune moins demi-quart de large qui {e prennent en Normandie. La soie cire s’em- ploie à faire des couvertures de tentes, chariots , fourgons & charrettes pour Parmée , des parapluies, des cafaques de campagne , des guêtres, des étuis à chapeaux , des porte-manteaux , des bonnets , &%c. : On s’en fert aufh pour emballer 8 empaquetter les marchandifes qui craignent d’être mouillées. Die, du Comm, ( D. J.) | - Toice ÉCRUE, f. f. ( Tolerie. ) c’eft celle dont le fil n’a point été blanchi, & qui eft telle qw'elle eft {ortie de deflus le métier : les soz/es de lin écrues font pour lordinaire grifâtres, qui eft la couleur natu- telle du lin ; & les soies de chanvre écrres {ont jau- nâtres, qui eft auffi la couleur que la nature a donné au chanvre, (D. J.) fs à PSE Toice 4 TAMIS, {. f, (Toilerie.) forte de rorle très- claire faite de fil de lin , dont on fe fert à tamifer ou à fafler les chofes que lon veut mettre en poudré fine ; c’eft encore une efpece de toile faite de crin, que l’on appelle raparel. ( D. J.) Le Toire A VOILE, . f. ( Toulerie,) c’eft de la groffe toile de chanvre écrue propre à faire des voiles, Ilfe fabrique en Bretagne une grande quantité de ces toiles à voiles, qui fe confomment partie pour les vaifleaux francois de cette province , & partie dans les pays étrangers où elles font envoyées. Savary. CPAS) p TOILE EN coupons , ff, ( Tozlerie. ) morceaux de batifte claire , ordinairement de deux aunes, qui font envoyés de Picardie en petits paquets quarrés couverts de papier brun. Savary. (D. J. | TOILES , {. f. pl. serme de Chaffe , ce font de gran- des pieces de so1/es bordées de grofles cordes qu’on tend autour d’une enceinte , & dont on fe fert pour prendre les bêtes noires. ( D. J. ) Torre, f. f aulæa, (Théatre des anciens. ) efpece _detapifferie qui bordoït le théatre des anciens ; elle différoit de la nôtre en ce qu’elle étoit attachée par le bas ; enforte qu’au-lieu que quand nos pieces com- mencent, on leve la roi/e qui eft attachée par le haut, les Romains la baïifloient , la laïfloient tomber {ous le théatre ; & quand la piece étoit finie, où même après chaque aéte , on la relevoit pour les change- mens de décorations , au-lieu que nous la baïflons, De-là vient qu’on difoit en latin co//ere aulæa , lever Ja toile , quand on fermoit la fcène &c que les acteurs fe retiroient ; & premere aulæz, baïer la toile, quand on découvroit le théatre pour commencer lation. Ovyide a peint merveilleufement cette maniere d'ouvrir le théatre chez les anciens , & en a faitufage pour une des plus belles & des plus brillantes com- -paraïfons que je connoïfle ; c’eft dans le troifieme livre de fes métamorphofes, où , après avoir parlé des hommes armés qui naquirent des dents du dragon a Cadmus avoit femées, il ajoute dans unftyle élevé : ; Ina, fide majus, glebæ cœpere moveri : Primaque de fulcis acies apparuit hafla ! Tegrmina mox capirum pitlo nutantia cono. Mox humeri, peëlufque , onerataque brachia relis Exiffuns : crefcitque feges clypeata virorum. Sicubr tolluneur feflis aulæa theatris, Surgere figna folenr, primémque offendere vulrus : Carera paulatim , placidoque eduëfa tenore Tora patent, moque pedes in margine ponunt. Alors prodige étonnant & incroyable, les mottes de terre commencerent à s’entr'ouvrir, & du milieu des fillons on vit fortir des pointes de piques, des pa- naches, des cafques, enfuite des épaules & des bras armés d’épées , de boucliers , de javelots ; enfin une moiflon de combattans acheva de paroître. Ainf quand on baïfle [a roile dans nos théatres, on voit s'élever peu-à-peu les figures qui y font tracées ; d’abord lon n’en voit que la tête, enfuite elles fe préfentent peu -à - peu ; & fe découvrant infenfi- blement , elles paroïflent enfin toutes entieres,, & femblent fe tenir de bout fur le bord de la fcène. (D. 1.) | | TOILE, 6%-serme de Blondier, c’eft proprement une fleur de telle ou telle forme, entierement rem- phe, faifant un tiflu fans jour ,& fabriquée avec des filets doublésde cinq, fix & jufqu’à fept brinsquand la foie -eft fine, C'eft le voié qui détermine le nom des blondés de fantaifié. Posez BLONDES DE FAN- TAISIEAOn emploie ordinairement plufieursfufeaux pour former les filets duwros/é plus larges. TOILÉ D’UNE DENTELLE, (Ouvrage au fufeau.) on appelle le roi/é d’une dentelle, cequi dans le point à l'aiguille fe nomme le ff ou point fermé. Ce nom vient de ce que ce point reffemble afez:à de la toile bien frappée. Plus le so/# d’une dentelle eft ferré, plus Pouvrage en eft bon; ce terme ne s’applique -guere qu'aux dentelles de fil. (D. J. TOILERIE, £ £ (Comm. & Manufaë.) dans la langue des finances, les fynonymes n’ont pas moins d’inconvéniens que dans la fangue des arts, & ne fût-ce que relativement aux droits des fermes, il ef TOI 381 effentiel d'expliquer, autant qu'il eft pofible, la vas leur du mot soj/erie, C’eft une expreffion moderne ; on ne la trouve pas. une feule fois dans les réglemens des manufadtures avant 1716. Les auteurs des dittionnaires du commerce & de Trévoux définiflent ce terme parceux-ci, marchan= dife dè toile, c’eft-à-dire fans doute, faire avec de Le £oile. Suivant ces mêmes auteurs, ce mot eft exadtes ment fynonyme au mot roile, dans le fens où l’on dit, ce marchand ne fair que la toilerie, au lieu de dire, i/ ne commerce qu'en toiles ; & encore, il fe fair beaucoup de coilerie dans tel pays, au lieu de dire o7 y fabrique beaucoup de toiles. Uneautreacceptionde cemotdontces auteurs n’ont point parlé, c’eft celle fuivant laquelle il eft devenu le nom générique de quelques tiflus, dont on ne peut pas dire qu'ils foient des étoffes , ni qu'ils foient des toiles. Il faut fe garder de confondre ces dénomina- tions, car dans certains bureaux les mêmes marchan- difes payeroïent des droits plus confidérables, étant annoncées comme étoffes, que fi on les déclaroit com- me souleries. Il feroit à fouhaiter que l’on pt fixer précifement la valeur des mots éroffe, soilerie Szwoile ; mais les ou- vrages de l’art, ainfi que ceux de la nature, renfer=. ment tant de variétés, que les nuances de divifion {e perdant lune dans l’autre, les efpeces de différens genres fe confondent aifément. Toute méthode de diftribution meneroit à des in- certitudes , & il n'yace me femble, rien de mieux à faire que d'établir quelques points de comparaifon d’après lefquels on eflayera de clafler Les différens tiflus. Ceux qui font compofés en entier de foie ou de laine, où bien même dont la chaîne ou la trame ef faite de Pune de ces deux matieres, font des étoffes, Quelques-uns de ceux:qui font compofés de coton ou de &l ,.& qui font extrèmement forts, font encore des ctoffes. Ainfi les draps, les ferges, les tiretaines, les taffetas, les ras de S, Cyr, les hyberlines , les ve- lours de coton, les coutils, &c. font des étoffes. Les sor/eries {ont des tiflus un peu plus légers , dont la laine ou la foie ne font jamais une partie eflentiel- le ; mais dans lefquels elles peuvent néanmoins en- trer comme agrément. Les bazins unis &c rayés, les flamoifes unies , rayées & à fleurs, les nappes & les ferviettes ouvrées, les mouflelines même, ou toiles de coton de toute efpece, font des zoi/eries. Sous le nom de toiles, il faut entendre tout tifir fimple 8 uniquement compofé de fil de lin ou de chanvre, comme le font les toiles dont on fe fert poux faire des chemifes, Je fens bien que je ne leve point ici toute incerti- tude, On pourroit demander dans quelle clafñle om doit metre les toiles à voiles, les toiles à matelats, &t beaucoup d’autres ouvrages femblables. I femble que ce devroit être entre les toiles &c les étoffes. Au refte, je ne prétends pas donner ici de déci- fon. J'ai rapporté feulement ce qui m'a paru de plus inftruétif & de plus décidé fur lufage de ces termes, {oit dans le difcours, foit dans Les réolemens rendus depuis cehu du 7 Août 1718, pour les fabriques de Rouen. Ceft-là où je vois le mot roi/erie employé pour la premiere fois. Arzicle de M. BRISSON, inf- peileur des manufailures 6 académies de Villefranche en Beaujolois. TOILETTE, £. f. terme de Manufaëf. ce mot fe dit chez les Marchands & Manufaëturiers, d'un morceau detoile, plus où moins grand, qui fert à envelopper les draps, les ferges & autres pareilles marchandifes, pour empêcher qu’elles ne fe gâtent. Il y a des’ soi- ettes blanches, & d’autres teintes en différentes cou: 382 TOI leurs ; les unes wnies, &c les autres peintes d’armoi- nies ,-de devifes , ou de quelques autres ornemens; celles dont les Anglois fe fervent, particulierement pour leurs ferges de Londres, font des plus belles &c des plus façonnées : 1ls en ont où l’or & l’argent eft joint aux couleurs. On marque ordinairement fur les roilestes les numéros & les aunages des pieces qu’elles renferment, & quelquefois on y ajoute le nom du marchand qui.en fait l’envoi. Les toiles que l'on emploie le plus communément pour faire des _soilerres, fe nomment bougrans, Didlionn. de Comm, (2. 3.) À ToicetTE, (Modes), c’eft une efpece de nappede toile fine, garnie de dentelle tout autour, dont on couvre la table fur laquelle les hommes &c les femmes quiaimentlaproprete, fe deshabillentlefoir, &r oùils trouvent préparé de quoi s’habilierle matin. On ap- pelle pareillement soiletres , les tapis de foie, ou au- tres riches étoffes, bordéès de dentelle ou de frange, &t qu’on étend au-deflus du miroir qui orne la roi/esre des dames , où même des hommes qui de nos jours. font devenus femmes. (2.J.) TOILETTE , marchande à la, (Commerce des modes.) on appelle ainf certaines revendeufes qui vont de maïfon en maifon porter de vieilles hardes, ou mê- me quelquefois des marchandifes neuves, que leur confent les marchands. Ces fortes de femmes gagnent leur vie par les petits profits qu’elles font ou fur les hardes mêmes, ou par un certain droit volontaire que leur donnent ordinairement le vendeur & Pa- cheteur. Ce font ces femmes qui vendent la plüpart des marchandifes de contrebande : elles font aufli aflez fouvent quelque petit trañc de pierreries & de bioux. (D.J.) TOILETYE des darnes romaines | ( Antig. rom.) cet aturailde lPhabiller du jour pour paroïtre en public, ce mundus muliebris | les dames romaines l’avoient comme les nôtres. Dans les fiecles de luxe, leur ros- deite étoit fournie de tout ce qui peut réparer les dé- fauts de la beauté, & même ceux de la nature, On y voyoit des faux cheveux, defaux fourcils, des dents poftiches, des fards , & tous les autres ingrédiens renfermés dans de petits vafes précieux. Martial, b. IX. epis, 18. décrit tout cela plaifamment, en par- lant de la soilerte d’une dame nommée Gulla. Fiant abfentes 6 tibi Galla come ; Nec dentes aliter quart [erica noûle reporas Et lateant centum condisa pixidibus ; Nec recum facies ta dormisat ; innuïs illo, Quod tibt prolatum ef manè, fupercilio. Les dames romaines pafloient du lit dans le bain; quelques-unes fe contentoient de fe laver les piés , mais d’autres portoient bien plus loin lufage des bains; elles fe fervoient de pierrre-ponce pour s’a- doucir la peau, êt faifoient fuccéder à cette propre- té les oignemens &c les parfums d'Afyrie. Elles ren- troient enfuite dans leurs cabinets de roilerre, vètues d’une robe, où Le luxe & la galanterie avoient jetté leurs ornemens; c’eft dans cette robe qu’on fe laïf- foit voir à fes amis particuliers, & aux perfonnes les plus cheres. Entourée de plufñeurs femmes, on fe prétoit aux mains qui favoient fervir de la facon la plus commode &c la plus agréable. Lorfque Claudien nous repréfente Vénus à fa soileste , 1] la met dans un fiège brillant, environnée des graces, & fouvent oc- cupée elle-même à compofer {a coëffure. Cafariem cum forsè Venus fubnixa corufco Fringebat folio. Une femme à fa roilette ne perdoit point de vüe fon miroir ; foit qu’elle conduisit elle-même l’ouvra- ge de fes charmes , foit qu’elle apprît à reglerfes re- gards, foit qu'elle étudiât les mines & les airs deté- te, omhes vultus tentabat, le miroir devoit poler à demeure. | Elle avoit aufli des coëffeufes qui vivoient de cé métier , & que les Latins appelloient orrarrices. On lit dans Suétone , marris Claudi ornatrix , &t elles ont le même titre dans les anciennes infcriptions or7a- trix Livie, Domirie, Ces ornatrices ne prenoient pas feulement foin des cheveux, mais du vifage & de l’a- juftement entier, d’où vient qu'Ovide dit, orarrix toto corpore Jemper erat. | La vanité des coquettes faifoient quelquefois un. crime de leur manque de beauté à leurs coeffeufes, & ces fortes de femmes fe portoient contr’elles à des violences , au lieu de s’en prendre à la nature. La toilette de quelques-unes , felon Juvenal, m’éroit pas moins redoutable que le tribunal des tyrans de Sici= | Le. Quelle eft l’offenfe que Plécas à commife, dit ce poëte, en parlant à une de ces femmes ? de. quel cri= me eft coupable cette malheureufe fille, fi votre nez vous déplait ? Quaænam eff hic culpa puelle, Se tibi difplicuit nafus tuus ? Le defir de fe trouver au temple d’Ifis, cette déef: fe commode qui préfidoit aux rendez-vous &t aux myfteres des engagemens , caufoit quelquefois d’ex- trèmes impatiences. Apud Ifiace potius facraria lene, Ainfi par toutes ces vivacités ordinaires, auffi-bier que par la nature du travail, &c par le foin de coëffer, il y avoit des momens à faifir, qui fanoient une né= ceflité de trouver fous fa main , tout ce qui fervoit à l’'ornement de la téte & à la compofition du vifage. Mais pour y mieux parvenir, le luxe multiplia Le nombre des femmes qui fervoient à la toz/erre des da- mes romaines ; chacune étoit chargée d’un foin par- ticulier; les unes étoient atachées à l’ornement des cheveux , foit pour les démêler où pour les féparer en plufieuts parties. Mulrifidum difcrimen erat, foit pour en former avec ordre & par étage des boucles 8 des nœuds diférens : Dar varios nexus 6 certo divi- dit orbes ordine ; les autres répandoient les parfums , largos hœc nettaris imbres irrigat ; toutes tiroient leurs noms de leurs différens emplois. De-là viennent dans les poëtes les noms de cofine- tæ, de pfècades , d'ornatrices. Il y en avoit d’ofives, &c de prépofées uniquement pour dire leur avis ; cel- les-ci formoient une efpece de confeil : e/? 7 concilio matrona , &c la chofe , dit Juvenal, étoit traitée auffi férieufement que sil.eût été queftion de la réputa- tion ou de la vie: | Tanquam famæ difcrimen agatur Aut anime. On lit dans le livre des amours de Lucien , que les dames employoient une partie du jour à leur soi/erre environnées de fuivantes, orratrices, piccatrices, dont les unes tiennent un miroir, d’autres un réchaud , d’autres des bafins, &c, On voit fur cette même oi- less toutes les drogues d’un parfumeur ; celles.- ei pour nettoyer les dents, celles-là pour noireir les fourcils, d’autres pour rougir les joues &c les levres, d’autres pour teindre les cheveux en noir ou en blond doré , indépendamment dettoutes fortes de parfums. Ces femmes, dit Clément d'Alexandrie , ne reflem- bloient pas à la courtifane Phriné , belle fans art, & fans avoir befoin d’étalage emprunté. | Cette remarque d’un pere de l’églife, me rappel- le une épigramme d’Addifon contre nos dames, &z à la louange de la comteffe de Mancheïter , que fon mari, ambafladeur à Paris, y avoit menée avec hu, Voici cette épigramme qui n’eft point dans la der- niere adition des ouvrages de cet illuftre auteur. Ÿ TOI While haughey Gallia’s dames , that fpread O’er their pale cheeks , an artful red, Beheld this beauteous flranger there , In native charms , divinely fair, Confufior ir their looks theyshew'd, And with unborrow’d blushes glow’d. - C'eftà-dire : « Quand les fieres dames de France, » qui couvrent leurs joues pâles d’un rouge artifi- ciel, apperçurent cetre belle étrangere, brillante # Comme une divinité, quoique parée des feuls at- _» traits qu’elle tient de la nature ; leurs regards an- # noOncerent leur confufion; une rougeur naturelle # fe répandit fur leur vifage ». Les aiguilles d’or ou d'argent, le poinçon , les fers étoient d'un grand ufage à la roilerre. Les aiguilles différoient , {elon les divers arrangemens quon vou- loit donner à fa coëffure | 8&c quelquefois même la dame romaine à l'exemple de Vénus, prenoit Vaiguil- Je 8 faifoit fa difpofition : Zp/a caput diflinguit acu. La façon de coëffer varioit perpétuellement: » Vous » nefavez, difoit Tertulien, aux dames de fontems, # à quoi vous entenir fur la forme de vos cheveux À # tantôt vous les mettez en prefle , une autre fois » vous les attachez avec négligence & leur rendez la # liberté; vous les élevez ou les abaïffez, felon vo- » tre caprice ; les unes les tiennent avec violences # dans leurs boucles, tandis que les autres affe@tent -» de les luffer flotter au gré des vents ». C’étoit len- . Vie de plaire qui fitimaginer toutes ces diffétences 5 & qui les perpétuera jufqu’à la fin du monde. Les fers dont elles fe fervoient ne reffembloient point aux nôtres, ce n’étoit tout-au-plus qu'une grande aiguille que l’on chauffoit, & les boucles fe formoient en roulant le cheveux, vo/vis in orbem. On les arrétoit par le moyen d’une aiguille ordinaire. » Ne crains point, dit Martial, aue les ornemens # dont ta tête eft parée dérangent les cheveux par- » fumés, l'aiguille en foutiendra la frifure, & tien- # dra les boucles en refpe&t ». L'union en éroit tel- le , qu'une feule boucle qui n’avoit point été arrêtée, laïfloit voir du défordre dans toutes les autres. Pala- gé qui avoit vû que ce défaut fe trouvoit dans fa che- velure, traita impitoyablement une de fe femmes. Il falloit pour l’ornement d’une tête, les dépouil- les d'une infinité d’autres, Souvent elles en formoient des ronds qu’elles plaçoient derriere la tête, d’où les cheveux s’élevoient de leurs racines & faifoient voir tout le chignon, zurc in cervicem rerrd fuggeflum. Elles donnoient quelquefois à leur coëffure un air militai- re, C’étoit un cafque qui leur enveloppoit toute la HÈte, 7 galeri modum , quafi vaginam capitis ; où bien elles donnoient à leurs cheveux la forme d’un bou- clier , feutorum umbilicos cervicibus adffruendo. Elles avoient des coëffures toutes montées de la façon des hommes, qui dans ce genre de travail s’acquéroient de la réputation, frzffra peritiffimos quofque firuütores capillaire adhibetis. Tertullien veut encore intéreffer ici la délicateffe des femmes contre elles-mêmes ; ilne comprend pas que leur vanité puifle aflez prendre pour ne pas leur donner de la répugnance à porter fur leurs têtes les dépouilles d'autrui, & fur-tout des cheveux d’efcla- Ves; mais elles pouvoient lui répondre, que ces che- Yeux d’efclaves valoient bien ceux des plus grands feigneurs pour l’ufage qu’elles en faifoient, & qu’en- fin il igncroiïr la tyrannie des modes. Les dames romaines, à l'exemple des grecques, nouoient leurs cheveux, tantôt avec de petites chat- nes d'Or, tantôt avec des rubans blancs ou couleur de pourpre, chargés de pierreries, Ellesfe poudroiïent d’une poudre éclatante ; elles plaçoient dans leurs cheveux des poinçons garnis de perles. C’étoit de ges ornemens que Sapho s’étoit dépouillée dans l’ab- ToOï 383 fencé de Phaon: » Je n’ai pas eu, lui dit-elle » Entré » autres chofes, le courage de me coëffer depuis que » vous êtes parti, l’or n’a point touché mes cheveux; » pour qu prendrois-je la peine de me parer? à qu£ » voudrois-Je plaire? Du-moins cette négligence eft -» conforme à mes malheurs, & Le feul homme qui » anime mes foins & ma vanité, eft loin de moi », Le vifage ne recevoit guere moins de façons que la chevelure. Lefard en particulier {ervoit à augmen= ter ou à gâter les couleurs naturelles, Yoyez Farp & ROUGE, Les dames romaines avoient grand foin de leurs dents, & ne les lavoient d'ordinaire qu'avec de l’eau pure , en quoi on ne peut que les louer ; leurs cure: dents étoient de lentifque, & c’étoit encore une fort bonne idée ; mais quelquefois l’art fe portoit jufqu’à tâcher de réparer les traits. Celles qui avoient les yeux enfoncés tâchoient de déguifer cet enfonce ment ; elles fe fervoient pour cela de poudre noire ; rigrum pulverem quo exordia oculorum producurtur à on la faifoit brûler , le parfum ou la vapeur agifloit fur les yeux, qui s’ouvroient par-là & Hoi plus coupés, oculos fulipine porrigune. Voilà quelques-uns des myfteres de la soiterre des dames romaines; les hommes eHéminés avoient auff la leur. » L’on tenoit le miroir d'Othon, comme une » glorieufe dépouille remportée fur fon ennemi; le » prince $y miroit tout armé, lorfqu'il commandoit » qu'on levât les drapeaux pour aller au combat. » G’eft une chofe digne d’être placée dans les anna- > ë. que la soserre d’un empereur qui fait partie de » {on bagage ». (D. J. R TOISE , f £ (Archir.) mefure de différente gran- deur , felon les lieux où elle eft en ufage ; celle de Paris, dont on fait ufage en quelques autres villes du royaume, eft de fix piés de roi. Son étalon ou me- fure originale eft au châtelet de Paris ; c’eft pour: quoi on l’appellezo/é du chäreler. n donne auffi le nom de soife à l’infrument avec lequel on mefure. Selon M, Ménage , le mot toifé vient du latin ref , dérivé de renfus, étendu. Toife à mur. C’eftune réduétion de plufieurs fortes d'ouvrages de mâçonnerie , par rapport à une toife de gros mur ; ainfi on dit £oifér 4 mur de gros ou de légers ouvrages. Toife courante. Toïfe aui eft mefurée fuivant fa longueur feulement, comme une soifè de corniche ; fans avoir égard au détail de fes moulures ; une toile de lambris, fans confidérer s’il eft d’appui ou de re- vêtement. Toife cube, folide , ou maffive. Toïfe qui eft mefu: rée en longueur, largeur & profondeur ; elle con- tient 216 piés cubes. | Toife d'échantillon. On appelle ainfi la soÿfe de chaque lieu ôù Pon mefure, quand elle eft différente de celle de Paris , comme la soifé de Bourgogne, par exemple, qui eft de feptpiés & demi. Toife de roi. C’eft la voife de Paris, dont on fe fert dans tous les ouvrages que le roi fait faire , même dans les fortifications , fans avoir égard à la soife d’au cun lieu. Toife quarrée , où fuperficielle. Toïfe qui eft multi- pliée parfes deux côtés , & dont le produit eft de 36 DiES TOISE D'ÉCHANTILLON, ( Mefure.) c’eft celle de chaque lieu où l’on mefure lotfqu’elle n’a pas de rap- port à celle de Paris, En Bourgogne elle eft de fept piés &c demi. Les arpenteurs ,toifeurs, mâçons, cou- vreurs , G:c. fe fervent d’une soife ronde, &leschar- pentiers d’une zoife plate pour mefurer leur bois, parce que cette derniere s’applique plus jufte fur les pieces ; l’une & l’autre eft divifée en piés, en pouces êt en lignes. Toife fe dit auffi de la chofe mefurée:: urie soife de corde , une 07/2 de moilon, une roifé de 384 TOI bois quarrré, &c. Une toife courante eft celle oùPon ne mefure que la longueur; une roife quarrée , c’eft fix piés en longueur & fix piés en largeur, dont l'aire eft detrente-fix piés ; une soife cube contient fix piès de tout fens; c’eft-à-dire en longueur , largeur &c hauteur ; ce qui eft deux cens feize piés cubes. (D. 1.) TOISÉ , f. m. (Géom.) on appelle ainf la partie de la Géométrie qui enfeigne à melurer les furfaces & les folides. Voyez SOLIDE, SURFACE 6 STÉNO- MÉTRIE, To1sé, ( Archir, civile & milir. ) l’art de calculer les dimenfions des ouvrages d’architeëture civile & militaire, c’eft-à-dire Les furfaces &c les folidités de ces ouvrages ; ainfi la premiere partie de cet art eft la multiplication, & la feconde les regles qu'il faut fuivre pour toifer les différentes parties de l’é- difice , fuivant les figures de ces parties ; ce qui‘doit être rapporté aux articles où l’on donne la maniere de trouver la furface &c la folidité de différens corps, tels que le prifme , la pyramide , éc. Il eft vrai qu'il y a un cas particulier, c’eft le soif de la charpente qui a une mefure particuliere. Cette mefure eff la {olive contenant trois piés cubes de bois ; deforteque fi l’on a une piece de bois dont la longueur foit de 6 piés , la largeur de 12 pouces, & l’épaïfleur de 6 pouces , cette piece compofera une folive, parce qu'elle vaut 32 piés cubes. Mais comme la toife cube vaut 216 piés cubes, & que 216 divifépar3 donne à , il fuit que la folive ef la foïxante-douzieme par- tie d’une toife cube ; ce qui pour le refte du Pifé de la charpente , devient une fimple regle de muitipli- cation. Sur quoi on peut confulter pour fe conduire le cours de mathématique de M. Bélidor, & la géo- métrie pratique de M. Clermont. Toifé fignifie donc le dénombrement par écrit des toifes de chaque forte d'ouvrages qui entrent dans la gonftruétion d’un bâtiment , lequel fe fait pour juger de la dépenfe , ou pour eftimer & régler lefprit & les quantités de ces mêmes ouvrages. (D. J.) TOIsÉ des baffins, ( Hydraul. ) c’eft mefurer ce que contient d’eau un baffin, une piece d’eau, un re- fervoir. On doit être prévenu qu'il y trois fortes de toifes, la courante, la toife quarrée , & la toife cube. La toife courante eft une longueur qui contient 6 piés de roi courans. La toïfe quarrée eft de 36 piés, c’eft-à-dire en mul- tiplant 6 piés par 6, dontle produit eft 36 piés quarrés. La toile cube eft la multiplication de la fuperficie de la toife quarrée, contenant 36 piés quarrés , par la hauteur 6, ce qui donne 216 piés cubes. Il réfulte de toutes ces mefures qu'il y a trois for- tes de soifés, le courant , le soifé quarré , & le soijé cube, | Le soif courant eft la mefure de la longueur feu- Âement, ou de la largeur d’une figure quelconque. Le soife quarré eft la multiplication de la longueur d’une piece par fa largeur , on doit auparavant dif- tinguer quelles font les figures de leurs fuperficies ; fi ces pieces font rectangulaires , on multipliera la lon- gueur par la largeur ; fi on les trouve triangulaires , on multipliera la perpendiculaire par la bafe dont on ne prendra que a moitié ; fi elles ontune figure telle qu'un trapèle , on multiphiera la perpendiculaire par 1a moyenne arithmétique qui eft égale à la moitié de la fomme des deux côtés oppofés & paralleles ; fi elle eft circulaire , on la mefurera fuivant le rapport de 14 à 11, en quarrant {on diametre ; & par une regle de trois, on trouvera la fuperñcie ; c’eft ce qui fe pratique dans le roifé ordinaire ; lon réduit toutes ortes de fuperfcies en triangles, trapezes , parallé- logrammes & autres figures. Le soifé cube eft la multiplication de la fuperficie d’une figure, pat fa hauteur où profondeur. La f- gure fiuvante ( figurer. ), en donne la pratique. Soit le réfervoir 4 de 12 toifes de long, fur 9 de large ; multiphez 12 par 9, vous aurez au produit 108 toifes quarrées pour lafuperficie de ce réfervoir; pouren avoir le soif£cube, on multiphera fa profondeur,qw’on fuppofe être de 4 piés, par les 108 toiles de fa fuper- ficie, On prépare ain ce calcul , & l’on dit: 4 piés font les deux tiers de la toife ; vous prenez le tiersde 108, quieft 36, vous le prenez deux fois à caufe des 4piés , ce qui fait 72 toifes cubes pour le réfer- voir 4, S'il y avoit eu une toife de profondeur, ily auroit eu 108 toifes cubes, car l'unité ne change rien, Pour favoir combien de muids d’eau contient le réfervoir 4 , on dira: fi une roife cube donne 27 muids d’eau, ce que l’expérience a fait connoître, combien 72 toiles cubes, contenu du réfervoir 4, donneront elles de muids ? 11n’y a qu’à multiplier les 72 toiles cubes par le nombre 27, contenu des muids d’eau d’une torfe cube , & ces 72 multipliés par 27, vous donneront 1944 muids d’eau que contient le rélervoir 4. On remarquera que dans tous les soi/és cubes , où il fe trouve des fous-efpeces, on les prend comme parties aliquotes de la toile, fans s’'embarrafer fi elle eft courante , quarrée, ou cube; mais dans le réfuf- tat du soifé cela eft différent , puifque dans un soifé quarré un pié courant , fur une toile de haut, vaut 6 piés quarrés; un pouce courant, fur une toife de haut , vaut 72 pouces quarrés : dans un soif cube un plié courant , {ur une toile quarrée , vaut 36 piés cubes; un pouce courant, für une toife quarrée, vaut 3 piés cubes , ou 5184 pouces cubes. Fig. 2. Si lebafhn eft rond, tel que celui 2, de 12 toifes de diametre , vous quarrerez ce diametre par lui-même, c’eft.à dire 12 par 12, qui fera 144 toifes quarrées, &t fuivant le rapport de 14à 115 pour em avoir la fuperficie , on multipliera 144 par 11, &c le produit 1584, divifé par 14, donnera au quotient 113 toifes quarrées, & un + de toife, pour la fuper- ficie totale de ce bailin. Commeil a trois piés de pro= fondeur , on multipliera les 113 toifes quarrées & un ; qu'on peut évaluer à un pié, par 3 piés qui font moitié de la toife , ce qui vous donnera 56 toifes cubes , 3 piés & + courant, furtoife, qui multipliés par 27 muuds, vous donneront pour le contenu total dubaffn, 1527 muids, 6 piés cubes d’eau, valans 216 pintes ; en tout 1527 muids d’eau, 216 pintes mefure de Paris. Fig, 3. Si le baflin étoit ovale, tel que celui €, dont le grand diamettre eft fuppofé de 30 toifes , & le petit de 20 toifes multipliées l’un par l’autre, ce qui produit 600 toifes quarrées: multipliez enfuite comme au cercle 600 , par 11, & divifez le pro- duit 6600 par 14, ce qui vous donnera 471 toiles quarrées : pour la fuperfcie, Ce baflin a un pié £de profondeur ; multipliez 471 toifes + par un pié +, comme un pié eft le fixieme d’une toife , prenez le fi- xieme de 471 +, qui eft 78 toiles 3 piés 6 pouces ; pour les 6 pouces reftans, qui font la moitié d’un pié, 1] faut prendre la moitié de 78 toifes 3 piés 6 pouces, : ce qui donne 39 toiles 1 pié 9 pouces, & en tout 117 toifes cubes $ piés & 3 pouces , qui, multiphés par 27, vous donneront 4182 muids & 5 piés cubes d’eau , valant un demi muid & 36 pintes pour le con- tenu du baffin ovale €. | Fig. 4. Soit le canal D cintré dans fes extrémités ; long de 30 toiles & large de 8 toifes , toifez-en le pa- rallélogramme qui eft de 24 toiles de long, fur 8 toi- fes de large : multipliez cette longueur par la largeur, ce qui vous produira en toifes 192 toifes quarrées. Les deux demi-cercles parfaits de 6 toifes de diame- tre chacun, érant joints enfemble, font ua cercle de 36 36 toifés quarrées , qui fuivant la proportion de 4 à 11, donneront pour la fuperficie des deux demi- cercles 28 toifes ;, qu’on peut évaluer à un tiers de toife quarrée. Cette fomme jointe à 192 toifes don- nera pour fuperficie totale 2210 toiles quarrées 8e un 3. Pour avoir le roi/é cube du canal qui a 3 piés de profondeur , on dira : fice canal avoit eu une toife, elle auroit donné 220 toifes cubes & un tiers, com- me il n’a que 3 piés moitié de la toife , on prendra la moitié de cetie fomme qui eft r 10 torfes cubes & un &: cette fomme mulüpliée par 27 ; produira 2974 muids = d'eau, pour le contenu de cecanal. Fig, 5, Sile baffin eft oftosone , comme £ , on mefurera un des huit pans de Foétogone , afin de par- tager la figure en huit triangles ; ce pan eft ici de 21 piés 6 pouces, &c la perpendiculaire que l’on pren- dra au cordeau eft de 4 toifes 1 pié; multipliez ces 2.1 piés 6 pouces par la perpendiculaire 4 toiles 1 pré, vous aurez pour produit 14 toifes quarrées 5 piés 7 pouces, dont vous ne prendrez que la moitié , ainfi qu'il fe pratique dans la mefure des triangles; cette moitié fera de 7 toifes quarrées 2 piés 9 pouces, qui multipliées par 8 nombres des triangles de Po&togo- ne, donnera pour la fuperficie entiere du bafin, 59 toifes quarrées & 4 piés. Ce baffin a deux piés de profondeur , qui font le tiers de la toife ; &iüfi On prendra le tiers de 59 toifes 4 pis, ce qui donnera 19 toifes cubes 5 piés 4 pouces, qu’on multipliera par 27, pour avoir 537 muids d’eau que contient ce Il peutencore furvenir des difficultés dans la me- fure des pieces d’eau d’une forme finguliere ou irré- guhere, ou dontles cintres n'étant pas parfaits ; font des fegmens de cercle; la rélolution de ces difficul- tés feroït 1c1 trop longue, & paroît paffer même la portée ordinaire d'un diétionnaire. Con/ulrez le trai- té d’'Hydraulique , qui fait la quatrieme partie du li- vre de la svorie & pratique du jardinage | pag. 436. € Juiv. (K) ape ToisE , iln’eft pas quefhion ici de donner la ma- niere detoïfer un champ, un jardin , ce qui regarde Âa maniere de lever les plans, Parpentage, la longi- métrié & planumétrie , auxquels on renvoie le leéteur, I] s’agit ie de pouvoir mefhrer le contenu d’un quarré de potager, de parterre , de bois, de bou- Fngrin , ou en avoir la figure & le plan. . Pour les tracer &c planter à neuf, 1l ne faut pren- dre que la longueur de la piece ; fuppofée de 30 toi- fes fur 20 de large ; multiplier 30 par 20, ce qui donne 600 toiles quarrées pour fuperficie de votre piece; fuvous en voulez avoir le plan , partagez la piece par une diagonale d'un angle à l’autre , en vous alignant par des jalons pour aller plus droit; mefurez cette diagonale , &c les 4 murs aux côtés dela piece, rapportant {ur le papier toutes ces melures, fuivant une échelle, vous aurez une figure femblable , & qui aura autant de biais qu’ils’en peut trouver fur le Lerrein. en A | , TOISER , v.aét. ( Archi. ) c’eft mefurer un ou- vrage avec la toife pour en prendre les dimenfons , ou pour en faire l’eflimation. Et reroifer | c’eft £oifer de nouveau , quand lesexperts ne {ont pasconvenus dutoiié. LL . Tofer a soife bout avant, c’eft soifer les ouvrages fans retour ri demi-face, & les murs tant plein que vuide , le tout quarrément, fans avoir égard aux failles , qui doivent néanmoins être propoftionnéés au lieu qu’elles décorent. | Torferaux us 6 coutumes , c’eft mefurer tant piein que vuide, en y comprenant les faillies ; enorte que la moindre moulure porte demi-pié, & toute moulure couronnée un pié, lorfque la pierre ef pi- quée , & qu'il y a un enduit , &c. À Tome XL, TOI 355 Toïfer lacouverture, C'eft mefürer la fanerficie d’u- ne couverture, fans avoir égard aux ouvertures ni aux croupes , & en évaluant les lucarnes, yeux dé bœuf, areftieres , ésoûts, faîtes, &c. en toifes ou piés , fuivant l’ufage. Torfer la taille de pierre, t’eft réduire la taille de toutés les façons d’une pierre aux paremens feule= ment , méfurés à un pié de hauteur fr fix piés cou< rans par toïfe. Lorfque ce font des moulures, chaque membre couronné de fon filet eft compté pour un: pié de toife, dont les fix font la toife; c’eft-à-dire que fix membres couronnés fur une toife de long; qui ne font comptés que pour une toife à lentrepre- neur, font comptés pour fix toifes au tailleur de pier- re qui travaille àfatâche. DE : Toifer le bois, c’eft réduire 8 évalterles pieces de bois de plufeurs orofleurs , à la quantité detrois piés cubes, où de douze piés de long fur fix pouces de gros , réglée pour une piece: Totfër le pavé, c'eit mefurer À latoife Guarrée fu perfcielle , fans aucun retour. Le prix eft différent {elon l'ouvrage. Les ouvrages de fortification fe suc férsà la toife cube dont 216 piés font la toite. (D. J.) TOISEUR , ( Forsife. ) les fonftions d’un roifèur cit de mefuret le travail toutes les femaines, pour faire payer les ouvriers de ce qui leur eff dû; il don: ne une copie du toifé à l'entrepreneur & à un Impé- nieur en chef; & à la fin de l’année il fait un état gés néral dont il donne copie À l'entrepreneur & à l’in- gémeur en chef, qui l’envoie au furintendant des fortifications, qui le renvoie, après l'avoir exami- né , à l’intendant ; pour faire payer par le tréforier le refte, ( 2.7.) To1sEUR de plétré, {. mm. ( Ofécier de police. ) offi- cier de la ville de Patis qui eft chargé de mefurer cette marchandife lorfqw’elle arrive au port au plâtre de cette ville. ( D. J. TOISON , f. m. ( Gram. Œcon. rujlig. ) la peau de la brebis chargée de fa laine , & plus fouvent la laine féparée de la peau. Toison D'or, ( Mysholop. ) les enfans favent là fable de la conquête de la soifon d’or, qui donna lieü au voyage des Arponautes; mais les gens de lettres en cherchent encoré l'explication: Diodore de Sicile croyoit que c’étôit la peau d’un mouton que Phryxus avoit imimolé, & qu’on gar- doit très-foigrieufement à caufe qu'un oracle avoit prédit que le roi feroit tué par celui qui l’enleveroit. Sttabon & Juftin penfoient que la fable de cette toifon étoit fondée fur ce qu'il y avoit dañs la Col: chide des torrens qui rouloient fut un fable d’or qu’- on ramafloit avec des peaux de mouton, ce qui fé pratique ericore ajourd’hui vers le fort Louis, où la poudre d’or fé recueille avec de femblables éoifozs , lefquelles quand elles én font bien rempliés, peuverit être regardées comme des zoifons d’or. | Varron & Pline prétendent que cette fable tire fon origine des belles laines de ce pays, & que le voya- ge qu'avoientfait quelques marchands grecs pour en aller acheter, avoit donné lieu à la fon. Ajoutez que comme les Colcques fafoient un grañd commerce de peaux de marte & d’autres pel- leteries précieufes ; ce fuit peut-être Là le motif du voyage des Ârgonautes. | Paléphate a imaginé, on ne fait fur quel fonde- nient ; que fous l'emblème de la co:/o7 d'or, on avoit voulu parier d’une belle ftatue d'or que la mere de Pélops avoit fait faire , & que Phryxus avoit émpor: tée avec lui dans la Colchide. | | Enfin Suidas le lexicosraphe a fongé que cettezor. Jon étoit un livre en parchemin qui contenoit le fes cret de faire de l'or, objet de la cupidité non feule- ment des Grecs, mais de toute la Fes ëc cette Opis G ES 386 T OI mio que Tollius a voulu faire revivre, eft embrafice par les alchimiftes. _ Mais Bochart qui connomioit le génie des langues -de l'Orient , a cru trouver dat celle des Phémciens le dénouement de la plüpart de ces fitions ; & com- me il nous femble que perfonne n’a mieux réufli que lui dans l'explication de cette fable , ce font des idées conjeéturales que l’on va propofer. Médée que Jafon avoit promis d’époufer & d’em- mener dans la Grece, follicitée encore par Calciopé fa fœur, veuve de Phryxus, qui voyoit fes enfans en proie à l’avarice d’un roi cruel , aida fon amant à voler lestréfors de fon pere, foit en lui donnantune faufle clé ou de quelqw’autre mamiere, & s’embarqua aveclui. Cette hiftoire étoit écrite en phénicien, que les poëtes qui font venus long-tems après, n’enten- doient que très-imparfaitement ; &c les mots équivo- ques de cette langue donnerent lieu aux fables qu’on en a racontées. En effet,dans cette langue le mot {y- rien gaze fignifie également 27 sréfor ou une toifon ; Jam qui veut dire une muraille, défigne aufi #7 raut- reau ; êt on exprime dans cette langue de Pairain, du fer & un dragon par le mot sachas ; ainft au lieu de dire que Jafon avoit enlevé un tréfor que le roi de la Colchide tenoit dans un lieu bien fermé, & qu'il faifoit garder foigneufement, ona dit que pour enle- ver une 0//o7 d’or, il avoit fallu dompter des tau- reaux, tuer un dragon, Gc. L'amour de Médée pour Jafon, ce grand refort qu'Œlien croit avoir été inventé par Eurypide dans fa tragédie de Médée faite à la priere des Corinthiens n’a rien d’extraordinaire ; & cette princefle qui abandonna fon pere & fa patrie pour fuivre Jafon, montre aflez par fa conduite qu’elle en étoit amou- reufe, fans qu'il foit befoin de faire intervenir Junon & Minerve dans cette intrigue qui fut l’ouvrage de Calciope. Cette femme pour venger la mort de fon mari, @& fauver fes enfans qu'Aëtès avoit réfolu de faire mourir à leur retour de la guerre où1l les avoit envoyés, favorifa de tout fon pouvoir la paffion que fa fœur avoit conçue pour Jafon. On peut ajouter que les quatre jeunes princes que Jafon avoit rame- nés, & qui fe voyoient expofés à la fureur de leur grand-pere, fi les Grecs étoient vaincus, les fecou- rurent de tout leur pouvoir. Le même Bochaït explique afez heureufement la circonftance de ces hommes armés qui fortirent de terre & s’entretuerent. Il devoity avoir , felon lui, dans cette hiftoire une phrafe compofée à-peu: près des mots qui fignifient : Jafon affëmbla une armée de Joldats armés de picques d'airain prêts a combatire | qu”- on expliqua ainfi à l’aide des mots équivoques : 27 , vis naïtre des dents de ferpent une armée de foldars ar- més cinq à cinq, qui Ctoit la maniere ancienne, fur- tout chez les Esyptiens , de ranger & de faire mar- cher les troupes. Il eft permis de conjeéturer que Jafon, outre fes compagnons, avoit pris dans le pays quelquestrou- : pes auxiliaires, qu'on publia être {orties deterre, parce qu’elle étoient fujettes du roi de Colchide , & elles périrent toutes dans le combat qui fut donné, apparemment entre les Grecs & les Colcques ; car tout ce myftere poétique peut s’entendre d’un com- bat qui rendit les Grecs vitorieux & maitres de la perfonne &c des tréfors d’Aëtes. Cette explication femble préférable à celle de Diodore de Sicile, qui dit que le gardien de la soifon d’or fenommoit Draco, | êt que les troupes qui le fervoient, étoient venues de la Cherfonnefe taurique, ce qui avoit donné lieu aux fables qu’on avoit débitées. (D. J.) | TorsoN, ordre de la, ( Hiff. des ordres. ) ordre que confere le roi d’Efpagne comme duc de Bourgogne. Ce fut en 1430 que Philippe le bon, duc de Bour- Bogné , après avoir époufé à Bruges en troifiemes no- ces Élfabeth de Portugal, anftitua l’ordre de la roi for en Phonneur d’une de fes maïtrefles. Il eut quinze bâtards qui eurent tous du mérite. L'amour des fem- mes, dit M. de Voltaire, ne doit paffer pour un vice que quand il détourne les hommes de remplir leurs devoirs, &c qu'il conduit à des aétions blâmables. Anvers , Bruges & autres villes appartenantes à Phi- hppe le bon, faifoient un grand commerce , & ré- pandoïent l’abondance dans fes états. La France dut à ce prince fa paix & fa grandeur. _ Louis XL qui ne lui reflembla point, eut d’abord intention de fe rendre chef de ordre de la toifon, & de le conférer à la mort de Charles le téméraire , comme étant aux droits dela maïfon de Bourgogne; mais enfuite il le dédaigna, dit Brantôme, &cne crut pas qu'il lui convint de fe rendre chef de l’ordre de {on vafñlal, Cet ordre a cependant continué de fe fou- tenir jufqu'à ce jour, & fe feroit foutenu bien da- vantage, fi lenombre des chevaliers étoit borné com- me eu commencement à trente & un. Quoi qu’il en {oit , il a fourni la matiere detrois volumes 27-02. pu- bliés en 1756 par Juliea de Pinedo y Salazar. (D. 7.) TOIT , fm. ( Archir. ) c’eft la charpenterie en pente &c la garniture d’ardoifes ou de tuiles quicou- vre une maifon. En Orient &c en Italie la plüpart des toits font en plate-forme. En France & autres pays de POccident, on donne aux toits différentes figures; on les fait en pointe, en dos-d’âne en croupe,, en pavillon. Nous avons aufñ des soirs à la manfarde, ainfi nommés de Manfard qui en a éte l'inventeur ; ce font des zoirs coupés qui ont une double pente de chaque côté, ce qui retranche de leur élévation &z ménage plus de logement ; mais comme en architec- ture le rof d’une maïfon s'appelle auf le comble ou la * couverture d’une maifon, voyez COMBLE & CouvEr- TURE. (D. J.) Toir , ( serme de jeu de paume.) c’eftla couverture d’une galerie qui y regne de deux outrois côtés, fur laquelle fe fait Le fervice de la balle. On diftingue au jeu de pomme trois fortes de softs , le so: de la gale- tie, le rofr de la grille & le of: du dedans. (D. J.) TO-KEN oz SATSUKI, fm. (Æiff, nar. Bor.) c’eft un cytife du Japon, dont on diflingue plus de cent efpeces différentes, Il porte des lys, &c ne fleurit qu’en automne. Sesfleurs font rares, croïflent une-à- une, & ne fe reflemblent point. Les unes font d’un _ bel incarnat, d’autres d’un écarlate un peu détrem- pé, d’autres blanches & doubles, d’autres d'un bel écarlate, d’autres couleur de pourpre tirant fur le blanc, TOKKIVARI, f. m. ( Hif. mod.) efpece d’armoi- re à compattimens qui fait un des principaux meu- bles des Japonois, dans laquelle ils ont foin de placer le livre de la loi qu'ils ne montrent point aux étran- gers, & qu'ils ne laïfient jamais traîner dans leurs chambres. TOKKO, ( Æif. mod. ) c’eft Le nom que les Japo- nois donnent à un coffre ou meuble dont ils ornent leurs appartemens. Il n’a qu’un pié de haut fur deux de large ; on le place contre la muraille d’unecham- bre, & l’on étend deux tapis au-deffous; c’eft-là que lon fait afleoir les perfonnes à qui lon veut faire honneur. _ TOL, f. m. ( Poids. ) c’eft le plus petit poids & la plus petite mefure dont on fe ferve fur la côte de Coromandel. Il faut vingt-quatre zo/s pour le céer. (CDNES TOLA , LA, ( Géog. mod. ) riviere de la grande Tartarie, dans le pays des Mongales orientaux ; elle vient de lorient fe jetter dans la riviere d’Orchon, à environ deux cens cinquante werftes au fud-eft de la villé de Sélirigiskoy. (D, J.) TOLBIACUM, ( Géog. anc.) ville de la Gaule. belgique , aux confins du territoire de Cologne, fe- lon Tacite, Hif. L. IF. Le nom moderne eft Z zlpreh, "7 AT TOLBOOTEH, f. m. ( Comm! ) eft le nom de la principale prifon d’Edimbourg en Ecofle , & len- “droit où, en d’autres villes de la grande Bretagne, “on pefe lés marchandifes, pour régler en conféquen- : “ce les droits d'entrée & de fortie , comme ce qu’on appelle en France la douane. VOLE, {.m.( 4 nat. Botan. ) fubftance végé- tale dont les habitans des Antilles fe fervent au dé- faut d’amadou pour fe procurer du: feu ; cette fubf- tance provient d’une grande & belle plante nommée karaïas, que les botaniftes rangent au nombre des aloës ; lesfeuilles de cette plante naïflent directement de la racine ; elles font longues, étroites par rapport à leur longueur, fermes , pliées en gouttieres , ter- minées en pointe aiguë , & difpofées en rond a-peu- près comme celles de l’ananas, formant une grofle touife du milieu de laquelle s’éleve un jet de plus de douze piés de hauteur, rond, droit comme une fleche, &c ternuné par une gerbe chargée de boutons qui s’é- panouifent en fleurs À cinq pointes ; ce jet feche en peu de tems & {e renverle de lui-même ; toute fa fubftance fe trouve alors auf légere que du liege, ayant quelque rapport à l’agaric , mais un peu plus Lgneufe; dans cet état on la coupe par tronçons, on la fair noïrcir au feu & on l’enferme dans des pe- tites calebafles pour s’en fervir au befoin, en em- ployant la pierre & le briquet. LOLE, { £ ( Serrur. ) fer mince ou en feuille, qui ert à faire les cloifons des moyennes ferrures, les platines des verroux & tarsettes, & les ornemens de reliefamboutis , c’eft-à-dire » Cifelés en coquille. On fait auffi des ornemens de so/e évidée où décou. pée à Jour. Il y a de ces ornemens aux clôtures des chapelles de l'églife des pp. Minimes à Paris. (2.7) TOLEDE, (Géog. mod.) ville d'Efpagne , aujour- d’hui capitale de la nouvelle Caftille , ur Le bord du Tage, qui l’environne des deux côtés, à 16 lieues au midi de Madrid, & à 45 au nord-eft de Mérida. La fituation de To/ede fur une montagne aflez ru- de , rend cette ville inégale, de forte qu'il faut pref- que toujours monter ou defcendre ; les rues font étroites , mais les places où l’on tient des marchés {ont fort étendues. Le château royal, que lon ap- pelle A/caçar, d’un mot retenu des Maures , eft un beau & vafte bâtiment antique. L’églife cathédrale eft l’une des plus riches de toute l’Efpagne. Le fagra- rio ou la principale chapelle , eft un tréfor en ou- vrage d’or & d’argent ; la cuftode ou le tabernacle qui fert à porter le Saint-facrement à la Fête - Dieu à eft fi pefant qu’il ne faut pas moins de trente hom- mes pour le porter. Si cette églife eft fuperbement ornée selle n’eft I pas moins bien rentée ; {on archevêque eft primat du royaume, confeiller d'état, grand chancelier de Cafülie , & jouiffant du privilege de parlerle pre- mier après le roi ; il poflede dix - fept villes, & fon revenu eft au-moins d’un million de notre monnoie ; les honneurs qu’il reçoit comme archevêque à fon entrée dans To/ede, font tels qu’on en rendroit à un monarque. | | Le clergé de fon églife jouit d’enviren 400000 ÉCUS de rente. Le cardinal Ximénès > Qui fut archevêque de Tolede, au commencement du feizieme fiecle Na fingulierement contribué à l’ornement de cette églife, car on prétend que les dépenfes qu'il y fit montoient à cinquante mille ducats : il employa environ cin- quante mille écus à la feule imprefion des miflels &t des bréviaires mozarabes. Voyez; MOZARABE, office. On compte dans ToZede dix-fept places publiques, vingt-fept paroïfles, trente-huit maifons religieufes, & plufieurs hôpitaux. Il s’y eft tenu divers conciles. Tome XVI, TOL 307 Son univerfité fondée en 1475 , a été fort enrichie par le cardinal Ximénès. La ville et forte d'affietre . & fait un grand commerce de foie & de laine ; mais ce commerce fleuriroit bien davantage, pour ‘peu qu'on voulût travailler à rendre le Tage navi- -gable, afin que les bateaux arrivaflent au pié de la ville. L’ait ÿ eff très-pur, mais fes environs font fecs & “ftériles, On nous a confervé Pinfcription fuivante tirée des reftes d’un ancien amphithéatre découvert hors de la ville; cette infcription faite à honneur de l’empereur Philippe porte ces mots: Tmp. Coœf: M. Julio Philippo Pio. Frel, Aug, Partico. Pont. Max. Trib. Pots. P, P, Confuli Toletani Devotif. Numini Muajefl. Que Ejus D, D. | Long. de Tolede, fuivant de la Hire, 124, 347. 307, latit, 39%, 46. & luivant Street, long, 184, 16!, 451, latir 3 SN | La ville de To/ede a été dans l'ancien téms une colonie des Romains, dans laquelle ils tenoient la caifle du tréfor. Jules Céfar en fit fa place d'armes; Augufte y établit la chambre impériale ; Léovigilde, #01 des Goths , y choïfitfaréfidence ; Samba l’ageran- dit & Pentoura de murailles. Les Maures la prirent l'an 714, lorfqu'ils entrerent en Efpagne , & le roi Alphonfe VL. roi de la vieille Cafille ; la reprit fur eux à Pinftigation du Cid, fils de dom Diegue, qui s’étoit tant diftingué contre les Mufulmans ) © qui offrit au roi Alphonfe tous les chevaliers de fa ban mere pour le fuccès de lentreprife, Le bruit de ce fameux fiéee, & la réputation du Cid, appellerent de l'Italie & de la France beaucoup de chevaliers & de princes. Raimond > comte de Fouloufe., & deux princes du fang de France de là branche de Bourgogne, vinrent À ce fiége. Le roi mahométan, nommé Hiaja, étoit fils d'un des plus généreux princes dont l’hiftoire ait confervé le nom. Almamon fon pere avoit donné dans To/ede un afyle à ce même roi Alphonie , que fon frere Sanche per- fécutoit alors. Ils avoient vécu long-tems enfemble dans une amitié peu commune , & Almamon loin de le retenir, quand après la mort de Sanche il devint roi, &t par conféquent à craindre, lui avoit fait part defes tréfors; on dit même qu'ils s’étoient féparés.en pleurant. Plus d’un chevalier mahométan fortit des murs pour reprocher au roi Alphonfe fon ingratitude envers fon bienfaiteur , &il y eut plus d’un combat fingulier fous les murs de To/ede. Le fieve dura une année; enfin To/ede capitula en 108$, mais à condition qu’il traiteroit les Mufulmans comme 1l en avoit ufé avec les Chrétiens , qu'on leur laïfleroit leur religion & leurs lois , promefle qu’on tint d’abord , & que le tems fit violer. Toute la Caftiile neuve fe rendit enfuite au Cid > Qui en prit pofleffion au nom d’Alphonfe ; & Madrid » petite place qui devoit être un jour la capitale de PEfpa= gne ; fut pour la premiere fois au pouvoir des Chré. tiens. Plufñeurs familles vinrent de France s’établir dans Tolede : on leur donna des privileges qu’on appelle même encore en Efpagne franchifes. Le roi Alphonfe fit aufli-tôt une afflemblée de prélats, laquelle fans le concours du peuple autrefois néceflaire, élut pour évêque de ToZede un prètre nomme Bernard, à qui le pape Grégoire Vi. conféra la primatie d'Efpagne à la priere du roi. el La conquête fut prefque toute pour PEglife ; mais le primat eut limprudence d’en abufer, en violant les conditions que le roi avoit Jurées aux Maures. La plus grande mofquée devoit refter aux Mahomé- tans. L’archevêque pendant l’abfence du roi en fit une églife, & excita contre lui une édition, Alphonfe revint à Tolede, itrité contre l'indifcretion du pré- lat; il appaifa Le foulevement en FA la mofquée cci 388 TOL aux Arabes; 8 en menaçant de punir l'archevêque, ilengagea les Mufulmans à lui demander eux-mêmes la grace du prélat chrétien, &c ils furent contens & foumis. Je dois ce détail à M. de Voltaire. Alphonfe VII. donna à Tofede, Van x 135 , les ar- mes qu’elle porte éncore aujourd’hui ; c’eft un em- pereur aflis fur fon trône, l'épée à la main droite ; &t dans lagauche un globe avec la couronne impé- riale; on voit bien que ce font-là des armes: efpa- gnoles. ; Dans la foule d'écrivains dont Tolede eft la patrie, je ne COnnois guere depuis la renaïflance des lettres, que le rabbin Abraham Ben Meir; le jéfuite de la Cer- da, le Jurifconfulte Covarruvias, &t le poëte de la Vega, qui méritent d’être nommés dans cet ouvrage: Le: fameux rabbin Abraham Ben Meir, appellé communément Aber-Ezra, naquit à To/ede, felon Bartolocci, & fleurifloit dans le douzieme fiecle; c’étoit un homme de génie, &t qui pour augmenter {es connoïffances, voyagea dans plufieurs pays du monde : il entendoit aufh plufeurs langues, &c par- ticulierement l’arabe. Il cultiva la Grammaire, la Phi- Jofophie, la Médecine , 8 la Poëfe ; maïsil fe diféin- gua fur-rout en qualité de commentateur de VEcrr- ture. Après avoir vû l'Angleterre, la France, l'Tta- lie, la Grece, & diverfes autres contrées ,l mourut à Rhodes, dans fa foixante & quinzieme année, l'an de Jefus-Chrift 1165, felon M. Simon, & 1174, {elon M. Bafnage. , Il a mis au jour un grand nombre de livres, entre lefquels on a raïfon d’eftimer fes Commentaires fur l'Ecriture, qu'il explique d’une maniere fort littérale & très-judicieufe ; on peut feulement lui reprocher d’être quelquefois obfeur, par un ftyle trop concis : il n’ofoit entierement rejetter la cabale, quoiqu'il fût très-bien le peu de fonds de cette méthode , qui ne confifte qu’en des jeux d’efprit fur les lettres de l’al- phabet hébreu, fur Les nombres, & fur les mots qu’on coupe d’une certaine façon, méthode auffi vaine que ridicule, & qui femble avoir pañlé de lécole des Platoniciens dans celle des Juifs. Aben-Ezra craignit de montrer tout le mépris qu'il en faifoit, de peur de s’attirer la haine de fes contemporains, & celle du peuple qui y étoit fort attaché ; il fe contente de dire fimplement, que cette maniere d'expliquer l'Ecriture n’étoit pas fure; & que sil falloit avoir égard à la cabale des peres juifs, il n’étoit pas con- venable d'y ajouter de nouvelles explications, ni d'abandonner les faintes Ecritures aux caprices des hommes. Ce beau génie examine auffi quelques autres ma- _ nieres d’interpreter l’Ecriture. Il y a, dit-il, des auteurs qui s'étendent fort au long fur chaque mot, & qui font une infinité de digreflions, employant dans leurs commentaires tout ce qu’ils favent d'arts & de fciences. Il rapporte pour exemple un certain rabbin, Ifaac, qui avoit compofé deux volumes fur le premier chapitre de la Genèfe ; il en cite auffi d’autres, qui, à l’occafion d’un feul mot, ont fait des traités entiers de Phyfique, de Mathématiques, de Cabale, &c. Aben-Ézra déclare que cette mé thode n’eft que le fruit de la vanité; qu'il faut s’at- tacher fimplement à l'interprétation des paroles du texte, &c que ce qui appartient aux arts St aux fcien- ces, doit être traité dans des livres féparés. Il rejette également la méthode des interpretes al- légoriftes, parce qu’il eft difficile qu’en la fuivant on ne s'éloigne entierement du fens littéral : 1lne nie point cependant qu'il n’yait des endroïtsdans PEcri- ture qui ont un fens plus fublime que le lhttéral ; comme lorfquäl eft parlé de la circoncifion du cœur; mais alors ce fens plus fublime eff littéral,êr le vér1- table fens. | Aben-Ezra s’eft donc borné eninterprétant PEcri- tute à rechercher avec foin là fignification propre de chaque mot, & à expliquer les paflages en con- féquence. Au-lieu de fuivre la route ordinaire de ceux qui lavoient précédé, il étudia le fens gram- matical des auteurs facrés, & il le développa avec tant de pénétration & de jugement, que les Chré- tiens même le préférent à la plüpart de leurs inter: pretes. | Aurefte, c’eft lui qui a montré le chemin aux cri- tiques qui foutiennent aujourd’hui, que le peuple d’Ifraël ne pafla point au -travers de la mer Rouge ; mais qu'il yifit un cercle pendant que leau étoit bafle , afin d’engager Pharaon à les fuivre, & que ce prince fut fubmergé par le montant. Cerda (Jean-Louis de la), entra dans là fociété. des jéfuites en 1574. Il a publié des adverfaria facray des commentaires fur une partie des livres de Ter- tullien , & en particulier fur le traité de pallio, du même pere de l’Eglife. Enfin, il a écrit trois volu- mes in-fol. de commentaires fur Virgile, imprimés à Paris en 1624, en 1630, & en 1641. Les ouvrages de ce jéfuite n’ont pas fait fortune ; ils font égale: ment longs & ennuyeux, parce qu'al explique les chofes les plus claires pour étaler fon érudition, & parce que d’ailleurs il s’écarte fans ceffe de fon fujet. Covarruvias (Diego), lun des plus favans hom- mes de fon fiecle, dans le droit civil & canon, na- quit en 1512. Il joignit à la fcience du droit la con- noiflance des belles - lettres, des lañgues , & de la théologie. Philippe IT. le nomma évêque de Ciudad- Rodrigo, & il afhita en cette qualité au concile de Trente. À fon retour il fut fait évêque de Ségovié, en 1564, préfident du confeil de Caftille en 1572 ,8 cinq ans après évêque de Cuença ; mais il mourut à Madrid en 1577, à 66 ans , avait que d’avoir pris * pofleffion de ce dernier évêché. Ses ouvrages ont été recueillis en deux volumes z-folio ; on en fait grand cas, & on les réimprime toujours à Lyon & à Genêve ; on eftime fur-tout celui qui a pour titre, variarum refolutionum libri tres : Covarruvias eft non- feulement un jurifconfulte de grand jugement ; mais il pañle encore pour le plus fubril interprete du droit que l’Efpagne ait produit, Garcias: Laffo de la Vega , un des célebres poëtes efpagnols ; étoit de grande naïffance, & fut élevé auprès de l’empereur Charles - Quint. Il fuivit ce prince en Allemagne, en Afrique, &t en Provence: 4l commandoit un bataillon dans cette derniere ex- pédition, où1l fut bleffé ; on le tranfporta à Nice, & empereur qui le confidéroit lui fit donner tous les foins poflibles ; mais il mourut de fes bleflures vingt jours après, en 1536, à la fleur de fon âge, à 36 ans, Ses poéfies ont été fouvent réimprimées avec des notes de.divers auteurs; ilne faut pas s’en éton- ner: GarCias eft un de ceux à qui la poéfie efpagnole a le plus d'obligation, non -feulement parce qu’il Fa fait {ortir de fes premieres bornes, maïs encore pour lui avoit procuré diverfes beautés empruntées deg étrangers : 1l étoit le premier des poëtes efpagnols de fon tems , & 1l réuflifloit même aflez bien en vers latins. Il employa lart à cultiver le naturel qu'il avoit pour la poëfie; il s’appliqua à la leéture des meilleurs d’entre les poëtes latins & Italiens, & il fe forma fur leur modele. Ayant femarqué que Jean Bofcan avoit réufh à faire pafler la mefure &c la rime des Ita- liens dans les vers efpagnols, il abandonna cette forte de poéfie qu'on appellé ancienne, & qui eft propre à la nation efpagnole, pour embraffer la nou- velle, qui eft imitée des [tahens : 1l qiutta donc les complets êc les rondelets ( complat y redondillas ) ; qui répondent à nos ftances françoifes , fans vouloir même retenir les vers de douze fyllabes, ou d’onze , quand l'accent eft fur la derniere du vers. IS UE . Ilrenonça même aux villanellés., qui répondent à : nos ballades , aux romances, aux {Ésuedilles , 87 aux | glofes, pour faire des hendécafyliahés à l'italienne, qui confiftent en des oftaves , des rimes tierces , des onnets, des chanfons ,& des vers libres. Il réufit en ! toutes ces fortes de rimes nouvelles, mais patticu- lierement en rimes tierces, qui font, 1°, des ftances de trois vers, dont le premier rime au troïfieme, le fecond au premier de la ffance fuivante, &c ainf juf- qu'à la fin, où on ajoute un vers de plus dans la det- niere ftance, pour fervir de derniere rime; 2°. des _fances dont le premier vers eft libre, &les deux au- tres riment enfemble, | Cette nouvelle forme de poéfe fut trouvée fi bifarre, que quelques -uns tâcherent de la ruiner, & de rétablir l’ancienne , Comme étant propre à l'Ef- pagne : c’eft ce qu’entreprit de faire Chriftophe de Cañillejo; mais ni lui ni les'autres ne purent empê- : cher qu’elle n’eñt le deflus, à la gloire de Garcias. Ses ouvrages font d’ailleurs animés de feu poëti- que & de noblefe ; c’eft le jugement qu’en portent MF de Port-Royal dans leur nouvelle méthode efpa- gnole. Paul Jove prétend même que Les odes de Gar- Cias ont la douceur de celles d’Horace. | Sanchez de Las-Brozas, favant grammairien efpa- gnol, a fait des commentaires fur toutes les œuvres de Garcias, & il a eu foin dy remarquerles endroits imités des anciens, & d’en relever les beautés par des obfervations affez curieufes, . - ILeft bon de ne pas confondre le poëte de ToZede avec Lopès de Vega, autrement nommé Lopés-Felix- de-Vega-Carpio, autre poëte efpagnol, chevalier de Malte, né à Madrid en 1562, & mort en 163$. Il porta les armes avec quelque réputation, & cultiva la poëfie avec une fécondité fans exemple, car fes comédies compofent vingt-cinq volumes, dont cha- cün contient douze pieces de théatre. Quoiqu’elles foient généralement fort médiocres & peu travail- lées, on a fait des recueils d’éloges à la gloire de l’auteur, & c’eft à fa mémoire qu'un de fes confreres a confacré cette jolie épigramme, El aplaufo èn que jamas Tè podra baffar la fama, Lo mas del mundo re lama; V'aun te queda a deber mas ; À los figlos que daras Por duida y defconfianze, Por caffrimbre à la alabanza ; ZA la 1nvidia por officio , _ Æ dolor por exercigio, Por termino a la efperanya. ; Enfin, il faut encore diftinguef notre poëte dé Tolede d’un autre auteur aflez célebre; qui porte Le même nom, Garcias-Laflo-de-la- Vespa; né à Cufco dans l'Amérique, & qui a donné en efpagnoll’hiftoire de la Floride, & celle du Pérou & des incas, qu’on à traduites en françois. NAT 3 | … Salmeron ( Alphonfe ), jéfuite , naquit À To/ede en 1516, & mourut à Naplesen 1595, à 69 ans. Il fi connoïffance à Paris avec faint Ignace de Loyola, de- vint fon ami, fon compagnon, & un des neuf qui fe préfenterent avec lui au pape Paul III. en 1540. Il voyagea enfuite enltalie, en Allemagne; en Polopne, dansles Pays-bas, & en Irlande. Ilcompofa des ouvra- ges d'un mérite aflez médiocre ; il prit foin cependant de ne pas établir trop ouvertement la prétention de l'empire du pape fur le temporel des rois, en ne con- fidérant cette puiffance du pape que comme indi- reéte; mais cette opinion eft auf pernicieufe à l’'Eglife & à l'état, auffi capable de remplir la répu- blique dé féditions & de troubles, que la chimere d’une autorité direéte du pontife de Rome, fur l’au- torité temporelle & indubitable des rois, Je ne dois pas oublier, dans l’article.de Tolede,, une des 1lluftres êz des.favantes dames-du feizieme fiecle, Sigée (Loue) , connue fous le‘nom d'A loiféa Sigæa. Son pere lui apprit la philofophie &ciles lan- gues. On dit que c’eft lui qui introduifit l'amour pour les lettres. à la cour de Portugal, où il mena fon aimable fille qu’on mit auprès. de l'infante Ma- rie, qui.cultivoit. les-fciences dans le célibat. Louife Sigée époufa Alphonfe Cueva de Burgos; 87 mourut SR OP en AO RES - Secléfron d . Ona d'elle un poëme latin intitulé Siñtra, du nom d'une montagne de l’Eftramadoure ; au pié de la- quelle eft un rocher, où on dit qu’on a vu de tems: en-tems des tritons jouant de leur cornet: on lu attribue ençore des épirres & diverfes pieces en vers; Mais tout le monde fait que.le livre infime, de.arcaris amoris &V. erris , qui porte fon nom , n’eft point de cette dame, & qu'il eft d’un moderne, qui a fouillé fa plume à écrire les impuretés groflieres 8 honteufes dont ce livre eft rempli. ( Le cheyalier DE JaucoURT.) | TOLEN , (G£og. mod.) île des Pays-bas, dans la province de Zélande , près de là côte du Brabant dont elle n’eftféparée que parun canal. Sa capitale qui eft fituée fur ce canal, porte auffi le nom de Toen ; c’eft une añCienne ville qui a le troïfieme rang entre celles de Zélande, & va après Middelbourg & Ziriczée. Long. 21.40. lat, 51:34.(D,. J) Er TOLENTINO , (Géog, mod.) ville d'Italie , dans la Marche d'Añconeé, fur la gaüche de Chiento à fix milles de San Sevérino, à dix de Macérata ) & quin- ze de Camérino. Elle avoit dès le cinquieme fiecle ün évêché , qui fut uni à celui de Maceraïà en + 586% Long. 31.4. lar. 43.12. 4 + » Philelphe (François); un des plus célebres écri- vains du quinzieme fiecle, naquit dans cette ville en 1398, 6 mourut à Milan en 1487, ayant 83 ans prefque accomplis. Il profefla dans les plus illuftres villes d'Italie, avec une réputation extraordinaire, à Venife, à Florence, à Sienne, à Bologne, à Milan, &c. Il étoit gratnmairien, poëte, orateur & philofo- phe. On a de lui des harangues, des lettres, des dia- logues, des fatyres, & un grand nombre d’autres écrits latins en vers & en profe. Voici la life de quelques-uns de fes principaux ouvrages, 4 1°, Appiam Alexändrini hifloriæ, I] entreprit cette verfion parce qu'il ne pouvoit fouffrir , difoit-il ; qu'un auteur auffi éloquent ne parût qu’un barbare, par la mauvaife traduétion que Décembrius en avoit donnée. 2°. Une tradu@on de Dion ; dont Léonard Arétin fait de grands éloges. Béroalde a publié cette traduétion /7-4°. avec quelques autres opufcules, 3°, Conviviorum libri duo , imprimés plufieurs fois, en trautres à Paris en 1552 iz-8°, Item 40, S atyræ, Mi lan 1476 , in-fol. Venife 1502, in-4°, Paris 1518, 14°. Cesfatyres font au nombre de cent, partagées en dix livres, & contiennent chacune cent vers, ce qui les lui a fait appeller #ecarofficha ; elles ont le mé- tite par rapport aux faits, mais non pas pour là beau té des vers. S°. Epiflolärur familiarum Ubri XX XVII. Venife 1562, 7-fo1. & À Hambourg 1681 ; on trou: ve dans ces lettres des particularités de la vie dé l’auz teur ; & quantité de traits de l’hiftoire littéraire & 3 politique de ce tems-là. 6°. Carminum libri V. Bref Ciæ 1497 ,én-4°, Outre ces Ouvrages latins, Philel- plie a donné un commentaire italien fur les fonnets de Pétrarque, dont la premiere édition eft de Bolo- gne 1475 , 22-fol. Il eft certain que c’étoit un très-hiabilé homme ; quoique vain, mordant, fatyrique ; mais c’étoit le goût dominant de fon fiecle, où prefque tous les faz vans n’ont pas été plus modérés que lui. Je pardon nerois moins à Philelphe fon inconftance & {on in= quiétude coïtinuielle, Toujours mécontent de fon 590 TOL Lort, il chercharfans ceflelatranquillité , qu’il n’étoit -pasen luideferprocurer. Sa diffipation mal entendue, ce méprise l'argent dont il fe pare à chaque inftant, Jobligerentfaire des baffeffes, qui répondoient peu à la prétendue nobleffe de fes fentimens. left vrai. pourtant qu'il étoit généreux, donnoit volontiers d’une main ce qu'il arrachoit de l’autre, & ne pouvoit prendre fur lui l'attention de ménager pour fe procurer des reflources dans la néceflité. Il avoit une nombreufe famille, & plufieurs valets', ai moit le fafte, & recevoit honorablement fes amis. D'ailleurs il n’épargnoit rien pour acheter êc pour faire copier des livres. Au refte, il avoit conférvé une fanté visgoureufe par a fobriéré; auffi n'éprou- voitilauicuneincommodité dans fa plus grande vieil: leffe. Ses lettres refpirent des fentimens , une morale faine, &-une érudition auffi variée & aufli étendue que fon fieclelecomportoit, (D: J) TOLENUS , (Géog. anc.) fleuve d'Italie chez les Marfes. Orofe, / WP. c. xyiy. cité par Ortéhus, dit que ce fut fur le bord de ce fleuve que Rutiius &c huit mille romains qu'il avoit avec lui, furent pris par les Marfes. C’eft le Thelonum dont parle Ovide, Faftor, LVL. werf, 565. se + … … Flumenque Thelonum Purpureum miftis fanguine fluxit aquis. Ortélius conjeîure que ce fleuve eft le même que le Liris, (D, J.) | TOLÉRANCE, (Ordre encyclop. Théolog. Morale, Politiq.) la tolérance eft en général la vertu de tout être foible, deftiné à vivre avec des êtres qui lui ref- femblent, L'homme fi grand par fon intelligence, eft en même tems fi borné par {es erreurs &r par fes paf- fions , qu’on ne fauroit trop lui infpirer pour les au- tres, cetterolérance & ce fupport dontil a tant befoin pour lui-même, & fans lefquelles on ne verroitfur la terre que troubles & diflentions. C’eft en effet, pour les avoir profcrites, ces douces & conciliantes vertus, que tant de fiecles ont fait plus où moins l'opprobre & le malheur des hommes ; & n’efperons pas que fans elles, nous rétablifions jamais parmi nous Le repos & la profpérité, | On peut compter fans doute plufieurs fources de nos dilcordes. Nous ne fommes que trop féconds en ce geñre; mais comme c’eft fur-tout en matiere de fentiment & de religion, que les préjugés deftruc- teurs triomphent avec plus d’empire, & des droits plus fpécieux, c’eft aufñ à les combattre que cet ar- ticle eft deftiné. Nous établirons d’abord fur les principes les plus évidens, la juftice & la néceffité de la rolérance ; & nous tracerons d’après ces princi- pes , les devoirs des princes &r des fouverains. Quel trifte emploi cependant, que d’avoir à prouver aux homines des vérités fi claires , fi intéreflantes , qu’il faut pour les méconnoïtre, avoir dépouillé fa nature; mais s’il en eft jufque dans ce fiecle, qui ferment leurs yeux à l'évidence , & leur cœur à l'humanité, garderions-nous dans cet ouvrage un lâche & cou- pable filence? non; quel qu’en foit Le fuccès , olons du-moins reclamer les droits de la juftice & de l’hu- manité, & tentons encore une fois d’arracher au fana- tique fon poignard, & au fuperftitieux fon bandeau. J’entre en matiere par une réflexion très-fimple, & cependant bien favorable à la solérance, c’eft que la raifon humaine n’ayant pas une mefure précife & déterminée, ce qui eft évident pour l’un eft fouvent obfcur pour lautre; l'évidence n’étant, comme on fait, qu'une qualité relative, qui peut venir ou du jour fous léquel nous voyons les objets, ou du rap- port qu'il y a entre eux & nos organes, ou detelleau- tre caufe ; en forte que tel degré de lumiere fufifant our convaincre l’un, eft infuflifant pour un autre dont l’efprit eft moins vif, ou différemment affecté, TOOL d’où il fuit que nul n’a droit de donner faraïfon pour regle , ni de prétendre aflervir perfonne à fés 6pi- nions, Autant vaudroit en effet exiger que je révar- de avec vos yeux, que de vouloir que je croie fur votre jugement. [l eft donc clair que nous avons tous notre maniere de voir & de fentir, qui ne dé- _pénd que bien peu de nous. L'éducation, les préju- gés, les objets qui nous environnent, 8 mille caufes lecretes , influent fur nos jugemens & les modifient à l'infini. Le monde moral eit encore plus varié que le phyfique ; & les efprits fe reflemblent moins que les corps. Nous avons, il eft vrai, des principes com- muns fur lefquels on S’accorde aflez ; mais ces pre- miefs principes font en très-petit nombre, les confé- quences qui en découlent deviennent toujours :hoins claires à mefure qu’elles s’en éloïgnent ; comme ces eaux qui fe troublent en s’éloignant de leur fource. Dès-lors les fentimens fe partagent, & font d’autant plus arbitraires , que chacun y met du fien, & trouve des réfultats plus particuliers. La déroute n’eft pas d’a- bord fi fenfble; mais bientôt, plus on marche, plus on s’égare, plusonfe divife; mille chemins conduifent à lerreur junfeul mene à la vérité : heureux qui fait le reconnoître ! Chacun s’en flatte pour fon parti, fans pouvoir le perfuader aux autres ; maïs fi dans ce con- fit d'opinions, il eft impofible de terminer nos diffé- rends, 8 de nous accorder fur tant de points déli- cats, fachons du-moins nous rapprocher & nousunir par les principes univerfels de la so/érance & de lhu- manité, puilque nos fentimens nous partagent, & que nous ne pouyons être unanimes. Qu’y a-t-il de plus naturel que de nous fupporter mutuellement, & de-nous dire à nous-mêmes avec autant de vérité que de juftice ? « Pourquoi celui qui fe trompe, cefle- » roit-ilde m'être cher ? l'erreur ne fut-elle pas tou- » jours le trifte apanage de l'humanité ? Combien » de fois j'ai cru voir le vrai, où dans la fuite j'ai re- » connu le faux ? combien j’en ai condamné , dont » J'ai depuis adopté les idées? Ah, fans doute, je » n'ai que trop acquis le droit de me défier de moi- » même, & Je me garderai de hair mon frere, parce » qu'il penfe autrement que moi! » Qui peut donc voir, fans douleur & fans indigna- tion , que la raifon même qui devroit nous porter à lindulgence & à l'humanité, l’'infuffifance de noslu- mieres & la diverfité de nos opinions, foit précife- ment celle qui nous divife avec plus de fureur ? Nous devenons les accufateurs & les juges de nos fembla- bles ; nous les citons avec arrogance à notre propre tribunal, & nous exerçons fur leurs fentimens l’in- quifition la plus odieufe ; & comme fi nous étions in- faillibles, l'erreur ne peut trouver grace à nos yeux. Cependant quoi de plus pardonnable, lorfqu’elle eft involontaire , & qu’elle s’offre à nous fous les appa- rences de la vérité ? les hommages que nous lui ren- dons, n’eft-ce pas à la vérité même que nous vou- lons les adreffer? Un prince n’eft-1l pas honoré de tous les honneurs que nous faifons à celui que nous prenons pour lui-même? Notre méprife peut-elle affoiblir notre mérite à fes yeux, puifqu'il voit en nous le même deflein, la même droiture que dans ceux quinueux inftruits, s’adreffent à fa perfonne? Je ne vois point de raïfonnement plus fort contre l'intolérance; on n’adopte point lerreur comme er- reur; on peut quelquefois y perfévérer à deffein par des motifs intéreflés, & c’eft alors qu’on eft coupa- ble, Mais je ne conçois pas ce qu’on peut reprocher à celui qui fe trompe de bonne foi, qui prend le faux pour le vrai fans qu'on puifle l’accufer de malice ou : de négligence ; qui fe laïffe éblouir par un fophifme, & ne fent pas la force du raifonnement qui le com- bat. S'il manque de difcernement ou de pénétration, ce n’eft pas ce dont il s’agit ; on n’eft pas coupable pour être borné, &c les erreurs de l’efpritne peuvent nous étre imputées qu'autant que notre cœur ya paït. Ce qui fait l’efflence du crime, c’eft l'intention direéte d'agir contre fes lumieres, de faire ce qu'on fait être mal, de céder à des pañions injuftes, 8 de troubler à deflein les lois de l’ordre qui nous font connues; en un mot, toute la moralité de nos a&tions eft dans la confcience, dans le motif qui nous fait agir, Maïs, dites-vous, cette vérité eft d’une telle évidence, qu'on ne peut s’y fouftraire fans s’aveu- gler volontairement, fans être coupable d’opiniâtre- té ou de mauvaife foi? Eh, qui êtes-vous pour pro- noncer à cet égard, & pour condamner vos freres Pénétrez-vous dans le fond de leur ame? fes replis {ont-ils ouverts à vos yeux? partagez-vous avec l’é- ternel lattibut incommunicable de fcrutateur des cœurs ? quel fujet demande plus d'examen, de pru- dence & de modération, que celui que vous décidez avec tant de légéreté & d’aflurance ? eft-il donc f fà- cile de marquer avec précifion les bornes de la véri- té; de diflinguer avec juftefe, le point fouvent invi- fible où elle finit, & où l'erreur commence; de dé- terminer ce que tout homme doit admettre & con- cevoir, ce qu'il ne peut rejetter fans crime ? Qui peut connoître, encore une fois, la nature intime des efprits , & toutes les modifications dont ils {ont fuf- ceptibles ? Nous le voyons tous les jours, il n’eft point de vérité fi claire qui n’éprouve des contradi- bons ; 1l n’eft point de fyflème auquel on ne pure oppofer des objetions, fouvent auffi fortes que les raifons qui le défendent. Ce qui eft fimple & évident pour Pun , paroît faux & incompréhenfible à l'autre : ce qui ne vient pas feulement de leurs di- vers deprés de lumieres, mais encore de la différen- ce même des efprits ; car on obferve dans les plus grands génies ; la même variété d'opinions, & plus grande aflurément entre eux, que dans le vulgaire. Mais fans nous arrêter à ces généralités, entrons dans quelque détail ; 8: comme la vérité s'établit mieux quelquefois par fon contraire que directement, f nous montrons en peu de mots l'inutilité , linjuf- tice & les fuites funeftes de l'intolérance ; NOUS au- rons prouvé la juftice & la néceflité de la vertu qui lui eft oppoñée. De tous les moyens qu’on emploie pour arriver À quelque but, la violence eft aflurément le plus inu- tile & le moins propre à remplir celui qu'on fe pro- pole : en effet pour atteindre à un but quel qu’il doit, il faut au moins s’affurer de la nature & de la conve- nance des moyens que l’on a choifis ; rien n’eft plus fenfible, toute caufe doit avoir en foi un rapport né- ceflaire avec l'effet qu'on en attend ; enforte qu’on puifle voir cet effet dans fa caufe,êcle fuccès dans les moyens; ainf pour agir furdes corps, pour les mou- voir , le diriger, on employeradesforces phyfiques ; Mais pour agir fur des efprits, pour Les léchir , les déterminer , ilen faudra d’un autre genre, des rai- fonnemens par exemple , des preuves ,des motifs ; ce n’eft point avec des fyllogifmes que vous tenterez d’abattre un rempart , ou de ruiner une forterefle; & ce n’eft point avec le fer & le feu que vous détrui- rez des erreurs , ou redreflerez de faux Jugemens. Quel eft donc le but des perfécuteurs? De convertir ceux qu'ils tourmentent ; de changer leurs idées & leurs fentimens pour leur en infpirer de contraires ; en un mot , de leur donner une autre confcience ,un autre entendement. Mais quel rapport y a-t-1l entre des tortures &r des opinions ? Ce qui me paroît clair, évident , me paroitra-t-il faux dans les fouffrances > Une propoñition que je vois comme abfurde & con- traditoire , fera-t-elle claire pour moi fur un écha- faut ? Eft-ce, encore une fois » avec le fer & le feu que la vérité perce & fe communique ? Des preu- ves, des raifonnemens peuvent me convaincre & me perfuader ; montrez-moi dore ainf le Aux de T'O}E 391 mes opinions, & j'y renoncerai naturellement (a fans effort ; mais vos tourmens ne feront jamais ce que vos raifons n’ont pu faire. Pour rendre ce raïfonnement plus fenfible ) qu'on nous permette d'introduire un de cesinfortunés qui, prêt à mourir pour la foi, parle ainf À fes perfécu- teurs : « O , mes freres , qu'exigez -vous de moi » Comment puis-je vous fatisfaire ? Ef - il en mon * pouvoir de renoncer à mes fentimens > à mes Opi- » nions, pour m'affecter des vôtres ? de changer, de » refondre l’entendement que Dieu m'a donné , de » VOir par d’autres yeux que les miens , & d'être un # autre que moi? Quand ma bouche exprimefoit » Cétaveu que vous defirez, dépendroit-ii de moi » Que mon cœur fut d'accord avec elle j ÊE ce pat- » jure forcé de quel prix feroit-il à vos yéux? Vous- » même qui me perfécutez, pourriez - vous jamais » vous réfoudre à renier votre croyance? Nefetiez- » Vous pas aufh votre gloire de cette conftance qui » VouSirrite & qui vous arme contre moi à Pourquoi » voulez-vous donc me forcer , par une inconfé- # quence barbare, à mentir contre moi-même, & À » me rendre coupable d’une lÂcheté qui vous feroit » horreur ? » Par quel étrange aveuglement renverfez-vous » pour moi feul toutes les lois divines &c humaines? » Vous tourmentez les autres coupables pour tirer » d'eux la vérité , & vous me lourmentez pour » Mm'arracher des menfonges; vous voulez que je » vous dife ce que je ne fuis pas, & vous ne voulez * pas que je vous dife ce que je fuis. Si la douleur » me faifoit nier les fentimens que je profefle, vous » approuveriez mon défaveu, quelque fufpe& qu’il » vous dût être ; vous puniflez ma fincérité, vous # récompenferiez mon apoftafe ; vous me jugez in- » digne de vous, parce que je fuis de bonne foi; n’eft- » donc qu’en ceflant de l’être que je puis mériter ma » grace ? Difciples d'un maître qui ne précha que la » Vérité, COYEZ-Vous augmenter fa gloire, en lui » donnant pouradorateurs des hypocrites & des pat- » jures ? Si c’eft le menfonve que j'embraffe & que » Je défends , ila poux moi toutes les apparences de » la vérité ; Dieu qui connoît mon cœur > Voit bien » qu'il n’eft point complice des égaremens de mon » efprit, & que dans mes intentions » c'eft la vérité » que jhonore , même en combattant contr’elle. » Eh! quel autre intérêt, quel autre motif pour. » roit m'animer ? Si je m’expole à tout fouffrir, à » perdre tout ce que j'ai deplus cher pour fuivre des » fentimens dont l'erreur m’eft connue » Je ne fuis qu'un infenfé , un furieux, plus digne de votre » pitié que de votre haine; maisfñ Je m’expofe à tout iouffrir , fi je brave les tourmens & la mort pour » conferver ce qui m’eft plus précieux que la vie , les droits de ma confcience & de ma liberté , Que » VOyez-vous dans ma perfévérance qui mérite vo- » tre indignation ? Mes fentimens, dites-vous font les plus dangereux , les plus condamnables ; mais » navez-vous que le fer &c le feu pour men con- » vaincre & me ramener ? Quel étrange moyen de » perluañon que des bôûchers & des-échafauts ! La vérité même feroit méconnue fous cet afpeët ; hé- » las ! ce n’eft pas ainfi qu’elle exerce fur nous fon » empire, elle a des armes plus vidorieufes ; mais » celles que vous employez ne prouvent que votre » impuiflance : s’il eft vrai que mon fort vous tou. » che, que vous déploriez mes erreurs , pourquoi * précipiter ma ruine, que J'aurois'prévenue peut- » Être ? pourquoi me ravir un tems que Dieu m'ac- » corde pour m'éclairer ? Prétendez-vous lui plaire » en empiétant fur fes droits, en prévenant fa juf- » tice? & penfez-vous honorer un Dieu de paix êc ” de charité, enlui offrant vosfreres en holocaufte, » 6t en lui éleyant des trophées de leurs cadavres » à S% + LA D 4 Æ + Le La DA EE DA ww + LA 4 + 4 ve Ÿ 4 LA Y 30? TOL elles’ {eroïent en fubftance les expreffions que la douleur & le fentiment arracheroient à cet infor- tuné , fi les flammes qui l’environnent luipermet- +oient d'achever. Quoi qu’ilen foit , plus on approfondit le fyftème desintolerans , &c plus on en fent la foibleffe &c Pin- quftice: du moins auroïent-1ls un prétexte , fi des hommages forcés ; qu'à l’inftant le cœur défavoue, © pouvoient plaire au Créateur; mais fi la feule inten- tion fait le prix du facrifice , & ñ le culte intérieur eft fur-tout: celui qu'il demande , de quel œil cet Etre infini doit-il voir des téméraires qui ofent attenter à fes droits , & profaner fon plus bel ouvrage en tiran- mifant des cœurs dont ileft jaloux ? Il n’eftaucun roi fur la terre qui daignât accepter un encensique la main feule offriroit, &c l’on ne rougit pas d'exiger pour Dieu cet indigne encens ; car enfin tels font les fuccès f1 vantés des perfecuteurs , de faire des hypo- crites ou des martyrs, des lâches ou des héros ; lame foible & pufñllanime qui s’effarouche à l'afpe@ des tourmens , abjure en frémifiant fa croyance , & dé- tefte l’auteur de fon crime : l'ame généreufe au con- traire, qui fait contempler d’un oil fec le fupplice qu’on lui prépare, demeure ferme & inaltérable , regarde avec pitié les perfécuteurs, & vole au tré- pas comme au triomphe ; l'expérience n’eft que trop pour nous; quand le fanatifime a fait couler des flots de jang fur la terre , n’a-t-on pas vu des martys fans nombre s'indigner & fe roidir contre les obffacles ? Et à l'égard des converfons forcées , ne les vit-on pas aufh-tôt difparoitre avec le péril, l'effet cefler avec la caufe, &c celut qui céda pour un tems , re- voler vers les fiens dès qu'il en eut le pouvoir; pleu- rer aveceux fa foiblefle, &t reprendre avec tranf- poït fa liberté naturelle ? Non , je ne concois point de plus horrible blafphème que de fe dire autorifé de Dieu en fuivant detels principes. | Il eft donc vrai que la violence eft bien plus pro- pre à confirmer dans leur religion , qu’à en détacher ceux qu'on perfécute, & à réveiller, comme on pré- tend, leur confcience endormie. « Ce n’eft point, » difoit un politique , en rempliflant Pame de ce # grand objet, en lapprochant du moment où il lui » doit être d’une plus grande importance, qu’on » parvient à l’en détacher ; les lois pénales, en fait # de religion, impriment de la crainte, il eft vrai, » mais comme la religion a fes lois pénales, quiinf- » pirent aufh de la crainte, entre ces deux craintes » différentes les ames deviennent atroces. Nous # ne voulons pont , dites-vous , engager un homme » à trahir fa confcience, maisieulement l’animerpar # la crainte ou par l’efpoir à fecouer fes préjugés, #. êt à diflinguer la vérité de erreur qu’il profefle. - # Eh ! qui pourroit, je vous prie, fe livrer dans les # momens critiques , à la méditation, à l’examen # que vous propofez ? L'état le plus paifble, Pat- »# tention la plus foutenue., la liberté la plusentiere, » fufhient à peine pour cetexamen ; &c vous voulez » qu’une ame environnée des horreurs du trépas, & # fans cefle obfédée par les plus affreufes images, » foit plus capable de reconnoître & de faïfir cette # vérité qu'elle auroit méconnue dans des tems plus »# tranquilles : quelle abfurdité ! quelle contradic- » tions! Non, non, tel fera toujours le fuccès de ces violences , d’afermir , comme nous l’avons dit, dans leuts fentimens, ceux quien fontles objets, par les malheurs mêmes qu'ils leur attirent ; de les pré- venir au contraire contre les {entimens de leurs en- nenus , par la maniere même dont ils les préfeatent, & de leur infpirer pour leur religion, la même hor- reur que pour leur perfonne. Qu'ils ne s’en prennent donc qu'à eux-mêmes, qui trahifient indignement la vérité , s'ils en jouif- ent ; qui la confondent avec limpofture , en lui donnañt fes armes , &c en la montrant fous fes éténs darts; cela, feul ne fufiroitil pas pour donner des préjugés contrelle, & la faire méconnoitre à ceux qui l’auroient peut être embraffée? Non, quoi qu'ils en difent, la vérité n’a befoin que d’elle:même pour fe foutenir, & pour captiver les efprits &cles cœurs; elle brille de fon propre éclat, & ne combat qu'avec fes armes; C’eft dans fon fein qu’elle puife & fes traits &7 fa lumiere ; elle rougiroit d’un fecours étran- ger qui ne pourroit qu'obfcurcir ou partager fa oloi+ re; fa contrainte à elle eftdans fa propre excellence; elle ravit, elle.entraine, elle fubjugue par fa beauté ; fon triomphe ; c’eft de parotïtre; fa force , d’être ce qu’elle eft, Foible au contraire & impuifflante par elle-même, l'erreur feroit peu de progrès fans la vio- lence & la contrainte ; aufli fuit-elle avec foin tout examen, tout éclarciflement qui ne pourroit que nuire à fa caufe ; e’eft au nulieu des ténebres de la fuperflition & de Pignorance qu’elle aime à porter fes coups & à répandre fes dogmes impurs ; c’eft alors qu’au mépris des droits de la confcience & de la raïfon, elle exerce impunément le defpotifme de Pintolérance , & gouverne fes propres fujets avec un fceptre de fer ; fi le fageofe élever fa voix, lacrainte l’étouffe bientôt ; & malheur à laudacieux qui con- feffe la vérité au milieu de fes ennemis. Ceffez donc, perfécuteurs, ceflez, encore une fois, de défendre cette vérité avec les armes de limpofture ; d'enlever au Chriftianifme la glotre de fes fondateurs ; de ca lomnier l'Evangile , 8 de confondre le fils de Marie avec l'enfant d’'Ifmaël ; car enfin de quel droit en appelleriez-vous au premier, 87 aux moyens dont ïl s’eft fervi pour établir fa doétrine , fi vous fuivez les traces de l'autre ? Vos principes mêrnes ne font-ils pas votre condamnation ? Jelus, votre modele, n’a jamais employé que la douceur &r la perfuafion ; Ma- homer a féduit Les uns &c forcé les autres au filence ; Jefus en a appellé à fes œuvres, Mahomet à fon épée; Jefus dit : voyez &t croyez; Mahomet, meurs où crois. Duüuquel vous montrez-vousles difciples ? Our, je ne faurois trop l’afhimer, la vérité differe autant de l'erreur dans fes moyens que dans fon effence ; la douceur, la perfuafion , la hberté, voilà fes divins caratteres ; quelle s'offre donc ainfi à mes yeux, & foudain mon cœur fe fentira entrainé vers elle ; maïs là où regnent la violence &t la tyrannie , ce m’eft point elle, c’eft fon fantôme que je vois. Eh ! pen- {ez-vous en effet que dans la so/érance univerfelle que nous voudrions établir , nous ayons plus d’épard aux progrès de l'erreur qu’à ceux de la vérite ? fitous les hommes adoptant nos principes s’accordoient un mutuel fupport , fe défioient de leurs préjugés les plus chers, & regardoient la vérité comme un bien commun , dont 1l feroit auffi injufte de vouloir pri- ver les autres que de s’en croire en poflefiomexclu- fivement à eux; fi tous leshommes, dis-je, ceffant d’abonder en leur fens fe répondoient des extrémités de la terre , pour fe communiquer en paix leurs fent timens , leurs opinions, & les pefer fans partialité dans la balance du doute & de la raifon ; croit-on que dans ce filence unanime des pañions &c des pré- jugés, on ne vit pas au contraire la vérité reprendre fes droits, étendre infenfiblement fon empire, & les ténebres de l'erreur s’écouler & fuir devant elle, comme ces ombres légeres à l’approche du flambeau. du jour ? | Je ne prétends pas cependant que lerreur ne fit alors aucun progrès, n1 que linfidele abjurät aïfé- ment des menfonges rendus refpeétables à force de prévention & d’antiquité : je foutiens feulement que les progrès de la vérité en feroient bien plus rapides, uiiqu’avec fon afcendant naturel elle auroit moins d’obitacles à vaincre pour pénétrer dans les cœurs. Mais rien, quoi qu’on en dife, né lui eft plus oppofé que que le fflème de l'intolérance qui tourmente Bc de- grade l’homme en aflervifant {es Opinions au fol qui le nourrit, en comprimant dans un cercle éiroir de, préjugés fon attive intelligence, en lui inrerdifant le doute & l'examen comme un crime ) en l’accablant d’anathèmes, s’il ofé raifonner un inflant & penfèr autrement que nous. Quel moyen plus fr pouvoit- On choïfir pour éretniter les erreurs & Pour enchaî- ner la vérité ? | Mais fans preffer davantage le fyflème des into- lérans , jettons un Coup-d’oœrl rapide fur les confé- quences qui en découlent, & jugeons dé la caufe par les effets. On ne peut fafferun plus grand mal aux hormes que de confondre tous les principes qui les Bouvernent; de renvetfer les barrieres qui féparent Je jufte 8 l’injuite , le vice & la vértu; de brifertous les nœuds de la fociété ; d’armer le prince contrefes fujets , les fujets contre leur prince ; les peres, les époux, les amis ; les freres, les uns contre les au- tres ; d'allumer au feu des antels le flambeau des fi ries ; en un mot, de rendre l’homme odieux 87 bar- bare à l’homme , & d’étouffer dans les cœurs tout . fentiment dé juftice & d'humanité : tels font cepen- dant les réfultats inévitables des principes que nous combattons. Les crimes les plus atroces, Îles parju- res, les calomnies, les trahifons y les parricidés ; tout Eft juftifié par la caufe > tout eft fanéifié par le mouif, Pintérêt de lEplife, la néceffité d'étendre fon regne, & de profcrire à rout prix ceux qui lui réfftent, au- torife & conficre tout : étrange renverfement d'idées, abus incompréhenfible de tout ce qu'il y a de plus augufte & de plus faint ! Ja religion donnée aux hom- mes pour les unir & les rendre meilleurs , devient le prétexte même de leurs égaremens les plus affreux; fous les attentats commis fous ce Voile font défor- mais légitimes , le comble de la fcélératee dévient le comble de la vertu ; On fait des faints 8 des héros de ceux que les juges du monde puniroient du der- mer fupplice ; on renouvelle pour le Dieu des Chré- |: iens le cufre abominable de Saturne & de Moloch, Paudace & le fanatifme tnomphent, & la terre voit avec horreur des monftres déifiés. Qu'on ne nous zccufe point de tremper notre pinceau dans le fiel, ROUS NE POurrIONS que trop nous jufbifier de ce re_ proche , & nous fflonnons des preuves que nous &VOnS en main : gardons-nous cependant de nous en prévaloir, il vaut mieux laifler dans oubli ces triftes MOnumens de notre honte & de nos crimes , nous épargner À nous-mêmes un tableau trop humiliant pour l'humanité. Toujours eft -il certain qu'avec Tintolérance vous ouvrez une fourceintariffable de maux, dés-lors chaque partie s’atrogera les mêmes droits, chaque fe&e: employera la violence & la contrainte , les plus foibles Opprimés dans un lieu deviendront Opprefleurs dans l’autre, les vainqueurs auront toujours droit, les vaincus feront les feuls hérétiques , & ne pourront fe plaindre que de leur foiblefle ; il ne faudra qu'une puiffante armée pour Cependant elles décou- lent direétement de l'intolérance ; Car je ñe crois pas qu’on m'oppofe Pobjedion fi fouvent foudroyée, que Ja véritable Eplife étant feule en droit d'employer la Tome XPT, | POIL violente 8e la contrainte | les Éérétiqires ne pour. roient (ans crime agir pour lerreut, cothme elle agit pour la ve EE $ un lophifiné fi puérile porte avec lui fa réfutation > Qui ñe voit én efbt qu’il eft abfurde de luppofer la queftion même » CC dé prétendre que CEUX que nous appelons hérriques fe reconnoiflent pour tels, fe laiffent tranquillement écorger & ab: tiennent de repréfailles ? Concluons que lintolérance üniverfellement dtas blie armeroit tous les hoinmes les uns contre Les au tres , & feroient naître fins fn les guerres avec les Opinions; car en fuppofant que les infideles ne fuf {ent point perfécuteurs par des priticipes de religion, 1ls le feroient dunoins par politique &e par intérêt, les Chrétiens ne pouvant tolérer CEUX qui vadops tent pas leurs idées , on verroit avec rallon tous les peuples fe liguer contre eux » & Conjurer la ruine de ces ennenus du genre humain > Qui, ous Le voile de la religion , ñe verroient rien d'ilévitime Pour le tourmenter & pour l’aflervir. En effet »je le demande, qu'aurions nous à feprocher jun prince de l’Afe ou du Nouveau - monde qur feroit pendre le premier mifionnaire que nous lui enverrions pour le conver- tir ? Le devoir le plus éffentiel d’un fouverain n°eft- Ce pas d'affirmer la paix & [a tranquillité dans fes états , 8e d’en profcrire avec foin ces Bormes dan- Sereux qui couvrant d’abord leur foiblefie d’une hy- pocrite douceur , ne cherchent dès qu'ils en ont le pouvoir qu’à répandre dés dogines barbares & éd tieux ? Que les Chrétiens ne s’en Prennent donc qu’à eux-mêmes , f les autres peuples inftruits de leurs maxunes ne veulent point les fouffrir > S'ils ne voient en eux que les affafkins de l'Amérique ou les pertur= bateurs des Indes, &cf leur fainte rehgion deftinée à s'étendre & à frudifier fur [a terre en eff avec rai ion bannie par leurs excès & par leurs fureurs. Au refte af nous paroît inatile d'oppofer aux into- lérans les principes de l'Evangile , qui ne fait qu'é- tendre & développer ceux de l'équité naturelle, de leur rappeller les fecons & Péxemple de leur augufte imaïtre qui nerefpira jamais que douceur & charité, & de retracer à leurs yeux la conduite de ces pre- miers Chrétiens, qui ne favoient que bentr & prier pour leurs perfécureurs. Nous né produirons point ces raïfonnemens , dont les añciens peres de P£olife fe fervoient avec tant de force contre les Nérons & les Dioclétiens, mais qui depuis Conffantin le Grand ont devenus ridicules & f faciles à reétorquer. Of fent que dans ur article nous ne pouvons qu’efleu- rer une matiere auf abondante : ainf après avoir rappelé les principes qui nous ont paru les plus gé= néraux 6c les plus lumineux, il nots refte pour fem: plir notre objet à tracerles devoirs des fouveräins relativement aux feêtes qui partagent la fociéré, 393 Incedo per ignes, Dans une maticre auffi délicate > Je ne marcheraï point fans autorité ; & dans l’expoñition de quelques principes généraux , on verra fans peine les confé- quences qui en découlent. TL Donc on ne réduira jamais la queftion à {on Véfitable point , l’on ne diftingue d’abord l'état de Péglife & le prêtre du magiltrat. L'état ou la répubhi- que a pour but la confervation de fes membres ; laf- france de leur liberté » de leur vie, de leur tranquil- lité , de leurs pofeffions & de leurs privileges : lE- blfe au contraire eft une {ociété , dont le but eft la pérféétion de l’homme & le falut de fon ame, Le {0uVérain regarde fur-tout la vie préfente : l'Eplife regarde fur-tout & diretement la vie à venir, Main. tenir là paix dans la fociéré contre tous CeUX qui1 VOLt- droient ÿ porter atteinte, c’eft le devoir & le droit dufOuveräin ; mais fon droit expire où regne celui 394 TOL de la confcience : ces deux jurifdiétions doivent tou- . jours être féparées ; elles ne peuvent empiéter l’une Yur l’autre, qu'il n’en réfulte des maux infinis, IT. En eftet le falut des ames n’eft confié au ma- giftrat ni par la loi révélée, n1 par la loi naturelle, ru par le droit politique. Dieu n’a jamais commandé que les peuples iléchiffent leur confcience au gré de leurs monarques , & nul homme ne peut s'engager de bonne foi à croire & à penfer comme fon prince Vexige. Nous lPavons déja dit : rien n’eft plus libre aue les fentimens ; nous pouvons extérieurement &z de bouche acquiefcer aux opinions d’un autre , maïs il nous eft auf impoflible d'y acquiefcer intérieure- ment & contre nos lumieres, que de cefler d’être ce que nous fommes. Quels feroient d’ailleurs les droits du magiftrat ? la force &t l'autorité ? mais la religion fe perfuade &c ne fe commande pas. C’eft une vérité fi fimple , que les apôtres même de l’into- lérance n’ofent la défavouer lorfque la pafñon ou le préjugé féroce cefle d’offlufquer leur raifon. Enfin fi dans la religion la force pouvoit avoir lieu ; fi même {qu’on nous permette cette abfurde fuppofñition) elle pouvoit perfuader , il faudroit | pour être fauvé , naître fous un prince orthodoxe, le mérite du vrai chrétien feroit un hafard de naiffance : ily a plus, 1l faudroit varier fa croyance pour la conformer à celle des princes qui fe fuccedent, être carholique fous Marie, & proteftant fous Elifabeth ; quand on aban- donne une fois les principes , on ne voit plus où ar- rêter le mal. | IT. Expliquons-nous donc librement, &emprun- tons le langage de l’auteur du contrat focial. Voici comme il s'explique fur ce point. « Le droit que » le paëte focial donne au fouverain fur les fujets, » ne pafle point les bornes de Putilité publique; » les fujets ne doivent donc compte au fouverain de » leurs opinions, qu'autant que ces opinions impor- » tent à la communauté. Or il importe bien à létat » que chaque citoyen ait une religion qui lui fafle » aimer fes devoirs ; mais les dogmes de cette reli- # pion n'intéreflent l’état m1 fes membres, qu’autant # qu'ils fe rapportent à la fociété. Il y a une profef- » fion de foi purement civile , dont 1l appartient au # fouverain de fixer les articles, non pas précifé- » ment comme dogmes de religion , mais comme » fentimens de fociabilité, fans lefquels il eft impof- > fible d’être bon citoyen, ni fujet fidele, fans pou- » voir obliger perfonne à les croire ; il peut bannir » de l’état quiconque ne les croit pas, non comme # impie, mais commeinfociable , comme incapable # d'aimer fincerement les lois de la juftice, &c d'im- » moler au befoin fa vie à fon devoir », IV. On peut tirer de ces parolesces conféquences légitimes. La premiere, c’eft que les fouverains ne doivent point tolérer les dogmes qui font oppofés à la fociété civile ; 1ls n’ont point, 1l eff vrai, d'infpec- tion fur les confciences , mais 1ls doivent réprimer ces difcours téméraires qui pourroient porter dans les cœurs la licence &c le dégoût des devoirs, Les athées en particulier, qui enlevent aux puiffans le {eul frein qui les retienne, &c aux foibles leur unique efpoir, qui énerve toutes les lois humaines en leur Ôtant la force qu’elles tirent d’une fanétion divine, qui ne laïflent entre le juite & linjufte qu’une dif- tinétion politique & frivole, qui ne voient l’oppro- bre du crime que dans la peine du criminel : les athées, dis-je, ne doivent pas réclamer la so/érance en leur faveur ; qu'on les inftruife d’abord, qu'on les exhorte avec bonté ; s'ils perfiftent , qu’on les réprime , enfin rompez aveceux, banniflez-les de la fociété , eux-mêmes en ont brifé les liens. 2°. Les {ouverains doivent s’oppofer avec vigueur aux entre- prifes de ceux qui couvrant leur avidité du prétexte de là religion, voudtoientattenter aux biens ou des particuhers, ou des princes mêmes. 3° Sur-tout qu'ils profcrivent avec foin ces fociétes dangereufes, qui foumettant leurs membres à une double autorité, forment un état dans l’état, rompent lPunion politi- que, relêchent, diflolvent les liens de la patrie pour concentrer dans leur corps leurs affetions & leurs intérêts , & font ainfi difpotés à facrifier la fociéré générale à leur focièté particuliere. En un mot, que l’état foit uz, que le prêtre foit avant tout citoyen ; qu'il foit foumis , comme tout autre , à la puiflance du fouverain, aux lois de fa patrie ; que fon autorité ” purement fpirituelle fe borne à inftruire, à exhor- ter, à prêcher la vertu ; qu'il apprenne de fon divin maître que fon regne n’eft pas. de ce monde; car tout eft perdu, fi vous laïffez un inftant dans la même main le glaive & l’encenfoir. Reglegénérale. Refpettezinviolablement les droits de la conicience dans tout ce qui ne trouble point la fociété. Les erreurs fpéculatives font indifférentes à l'état; la diverfité des.opinions régnera toujours parmi des êtres aufñ imparfaits que l’homme ; la vé- rité produit Les héréfies comme le foleil des impure- tés & des taches : n’allez donc pas agoraver un mal inévitable, en employant le fer & le feu pour Le dé- raciner ; puniflez les crimes; ayez pitié de l'erreur, & ne donnez jamais à la vérité d’autres armes que la douceur ; Pexemple, & la perfuañon. Er fax de changemerit de croyance, les invitations font plus. fortes que les peines ; celles-ci n’ont jamais eu d’effer que comme deffruthion. V. À ces principes, on nous oppofera les incon- véniens qui réfultent de la multiplicité des religions, & les avantages de Puniformité de croyance dans un état. Nous répondrons d’abord avec l’auteur de /°E/: prit des Lois,» que ces idées d’uniformité frappent in- » failliblement les hommes vulgaires , parce qu'ils y » trouvent un genre de perfection qu'il eft impoñi- » ble de n’y pas découvrir, les mêmes poids dans la » police , les mêmes mefures dans le commerce, les » mêmes lois dans l’état, la même religion dans tou- » tes fes parties; mais cela eft-1l toujours à propos, » & fans exception ? le mal de changer eft-1l toujours » moins grand que le mal de fouffrir ? & la grandeut » du génie ne confifteroit-elle pas mieux à favoir » dans quels cas il faut de l’uniformité, & dans quels » cas il faut des différences ». En effet, pourquot prétendre à une perfeétion incompatible avee notre nature? la diverfité des fentimens fubfftera toujours parmi les hommes; l'hiftoire de Pefprit humain en eft une preuve continuelle ; & le projet le plus chi- mérique feroit celui de ramener les hommes à luni- formité d'opinions. Cependant, dites-vous , lPinté- rêt politique exige qu’on établifle cette umiformité ; qu’on profcrive avec foin tout fentiment contraire aux fentimens reçus dans l'état, c’eftä-dire, qu'il faut borner l’homme à n’être plus qu'un automate, à l’inftruire des opinions établies dans Île lieu de fa naiflance, fans jamais ofer les examiner , niles ap- profondir, à refpeéter fervilement les préjugés les plus barbares, tels que ceux que nous combattons, Mais que de maux, que de divifions n’entraine pas dans un état la multiplicité-de {a religion ? L’obje- ion fe tourne en preuve contre vous, puifque lin- tolérance eft elle-même la fource de ces malheurs; car fi les partis différens s’accordoient un mutuel fupport, &c ne cherchoient à fe combattre que par Pexemple, la régularité des mœurs, Pamour des lois &c de la patrie ; fi c’étoit-là Punique preuve que cha- que feëte fit valoir en faveur de fa croyance, Phar- monie & la paix régneroient bien-tôt dans l’état, maloré la variété d’opimions , comme les diflonnan- ces dans la mufique ne nuxfent point à accord total, On infifte, & l’on dit que le changement de reli- _gion entraîne fouvent des révolutions dans le gou- vernement & dans l’état : à cela Je répons encore que Pintolérance eft feule chargée de ce qu'il y a d’o- dieux dans cette imputation ; car fi les novateurs _étoient tolérés , ou n’étoient combattus qu'avec les armes del’'Evangile, l’étatne foufriroit point de cette fermentation des elprits; mais les défenfeurs de la religion dominante s’élevent avec fureur contre les . feétaites,arment contre eux les puiffances, arrachent des dits fanglans , foufflent dans tous les cœurs la _difcorde &c le fanauifme, & rejettent fans pudeur fur leurs viétimes les defordres qu'eux feuls ont pro- duits. A l’égard de ceux, qui fous le prétexte de la reli- gion, ne cherchent qu’à troubler la fociété, qu’à fo- menter des {éditions , à fecouer le joug des lois ; ré- primez-les avec févérité , nous ne fommes point leurs apolopiftes; mais ne confondez point avec ces cou- pables ceux qui ne vous demandent que la liberté de . penfer, de profefler la croyance qu'ils jugent la meilleure, & qui vivent d’ailleurs en fideles fujets de lPétat. Mais, direz-vous encore , le prince eft le défen- feur de la foi; il doit la maintenir dans toute fa pu- reté, & S’oppofer avec vigueur à tous ceux qui lui portent atteinte; fi les raiionnemens, les exhorta- tons, ne fuffifent pas; ce n’eft pas en vain qu'il porte l’épée, c’eft pour punir celui qui fait mal , pour for- cer les rébelles à rentrer dans le fein de l’Eglife. Que veux-tu donc, barbare ? égorger ton frére pour le fauver ? mais Dieu t’a-t-1l chargé de cet horrible emploi, a:t il remis entre tes mains le foin de fa ven- geance ? D’où fais-tu qu'il veuille être honoré com: me les démons ? va, malheureux, ce Dieu de paix defavoue tes afreux facrifices ; ils ne font dignes que de toi. Nous n’entreprendrons point de fixer ici les bor- nes préciles de la ro/érance , de diftinguer le fupport charitable que la raïion & l'humanité reclament en faveur des errans, d’avec cette coupable indifféren- ce, qui nous fait voir {ous le même afpeët toutes Les opinions des hommes. Nous prêchons la ro/érance pratique, & non point la fpéculative ; & l’on fent _aflez la différence qu'il y a entre tolérer une rel- gion à l’approuver. Nous renvoyons les lecteurs curieux d'approfondir ce fujet au commentaire phi- lofophique de Bayle, dans lequel felon nous, ce beau génie s’eft furpañlé. Ces arncie eft de M. RoMIL- LI le fils. TOLÉRER , SOUFFRIR , PERMETTRE, (Sy- Anonymes ) on colere les chofes lorfqu’en les connout- _ fant, & ayant le pouvoir enmain, onne les empêche pas: on les fouffre lorfqu’on ne s’y oppoie pas, les pouvant empêcher on les permes loriqu’on les au- torife par un confentement formel. Todérer ne fe dit que pour des chofes mauvailes, ou qu’on croît tel- les ; permerrre fe dit pour le bien &le mal. Les magiftrats font quelquefois obligés de solérer de certains maux, pour en prévenir de plus grands, Il eft quelquefois de la prudence dans la ifcipline de l'églife , de Joufrir des abus, plutôt que d’en rompre Punite. Les lois humaines ne peuvent jamais permes- tre ce que la loi divine défend , mais elles défendent quelquefois ce que celle-ci permer. Synonymes de l'ab- bé Girard, ( D. J.) | TOLERIUM , ( Géog.anc, ) ville d'Italie, dans l’ancien Latium. Etienne le géographe nomme {es babitans To/erienfes, 8 Denys d'Halycarnaïle les ap- pelle ToZerini. (D: J.) | TOLESBURG, TOLSBERG , o4 TOLSBURG, ( Géog. mod.) petite ville de Fempire ruflien dans l'Eflhonie , fur le golfe de Finlande , à l'embouchure de la riviere Semfteback, (D.J3 Tome XVI, ENO 1E 395 TOLET , (Marine.) voye Escomr. TOLETS ,{.m. ( Marine.) ce font deux chevilles de bois, qu'on pofe fur de tres-petits bateaux ) avec leiquels on met la rame, & qui la retiennent fans ctrope, TOLETUM , (Géogr. anc.) ville de l'Efpagne tar- ragonone , &c la capitale des Carpétains, {elon Pli- ne, 2. III, c. 1j. qui nomme fes habitans To/erani, La ville conierve fon ancien nom, car on ne peut dou- ter que ce nefoit loïède. (D.J.) LOL-HUYS , ( Géog. mod.) c’eft-à-dire 2 matfor du péage ; lieu des pays bas , au duché de Gueldre $ dans le Bétaw, fur larive gauche du Rhin, près du fort de Skenck , du côté dunord C’eft là qu'en 1672. la cavalerie françoife pañla le Rhin , €ntta dans l'ile de Bétaw, & pénétra dans les Provinces. Unies. (D. J.) à TOLI , ( Géog. mod. ) ville de Grece dans le Co- menohtari, fur la riviere Vardar, au nord du lac Petriski. (D. J.) TOLTA PIS , ( Géog. anc.) Ptolomée , Z IL. c. Île marque deux Îles de la côte de la Grande-Btetaone fur la côte des T'rinoantes, àl’embouchure de [a ne mue, &cilnomme ces îles Tolapis, & Counos. On croit que la premiere eft Schepey , & la feconde Canvey. (D. J.) TOLISTOBOGI où TOLISTOBOII, ( Géogr. anc. ) peuples de PAfie mineure, dans la Galatie. Ti teé-Live, 2, XX XVIII, c, six. écrit Toliflobori , COM me 5’1l vouloit faire entendre que ce nom füt formé de celui des Boiens, peuples connus dans les Gaules & dans la Germanie, Les f olifloboges ,1elon Strabon étoient Emitrophes de la Biinynie & de la Phrys de mr nous apprendque leur capitale étoit Peflinunte. . FOLKEMIT ou TOLMITH » (Géog. mod.) petite. ville du royaume de Prufle, dans le pälatinat de Ma- rienbourg. Elle fut bâtie l’an 1356, réduite en cen- dres l'an 1456, & n’a pufe rétablir depuis. (D. J.) TOLLA , [. f. ( Æiff. ner.) petite graine de l’îlede Ceylan, qui fournit une hüile dont les habitans fe lervent pour fe frotter le corps. TOLLA-GUION , f.m.( HUÿE. rar. ) animal am- phibie de l'ile de Ceylan, qui reffembie à l’alligator ; al vit ordinairement dans le creux des arbres ee ous leur eft noirâtre. Les habitans du pays manpent {a chair & la trouvent déjicieufe ; elle eft, dit-on, fi légere, que jamais on ne la rejette, même lorfqu’on a iurcñarge l'eitomac d’autres alimens indiseftes. TOLLENTINATES, ( Géog. anc. ) peuples d’Ita- lie , dans le Picenum. Pline, Z LIL c. xzy. les metau nombre des peuples qui habitoient dans les terres. Leur ville dont le nom eft aujourd’hui Tolentino, étoit municipale, felon une ancienne infcription rap- portée dans le thréfor de Gruter, p.194, où on lit: Præf. Fabr. mumicip. Tollentin, Le territoire de cette ville eft appellé ager Tollentinus par Balbus, (D.J7.) TOLNA, (Géog. mod.) comté de la bafle Hongrie, ainfi nommé de {a capitale. Ce comté eit borné au nord par celui d’Albe , à lorient par le Danube., au mich par le comté de Baran, & à l'occident, partie par le comté de Simig, partie par celui de Salavar. (D. J.) ToLrnA, (Géog. mod. ) capitale du petit comtéde même nom, fur la droite du Danube, à vingt lieues au midi de Bude ; c’étoit autrefois une place affez coufidérable, Long, 30 52, latit, 46. 28. (2.J.) TOLOSA , ( Géog. mod. ) ville d’Efpagne, Capi- tale de Guipufcoa, dans une vallée agréable , furles rivieres de l’Araxe & d'Oria,à 16 lieues au fud-oueft de Bayonne. Cette ville a été fondée par Alphonfele fage, roide Caftille, Son fils Sanche acheva dela peu pler en 1290, & lui accorda de grands privileges, On y garde encore Les archives de la province de D dd j 390 TOL Guipufcoa; cependant cette ville n’a guere profpéré; car elle n’a qu’une feule paroïffe. Long. 15. 3 0. latit. RMC DIT) nt TOLPACHES, £. m.pl. ( Art rrilit. mod. } on ap- pelle ro/paches les foldats de Pinfanterie hongrore ; qui font armés d’un fufil, d’un piftolet & d’un fabre, (D. J. v” : TOTERCAIZTL , fm. ( Hifi. nat. ) nom amé- ricain d’une pierre du pays fort femblable à la pierre à rafoir , excepté qu’elle eft marquetée de taches rouges & noires. Les habitans emploient la poudre de cette pierre mêlée avec du cryftal calciné pour enlever les taches des yeux. (D. 1.) TOLU, BAUME DE , ( Mar. méd, ) le baume de 10- lu , que l’on appelle encore communèment éaume d'Amérique , baume de Carthagène, baume fec, mérite quelques lignes de plus que ce qu'on en a dit à Parw- cle BAUME. C’eft un fuc réfineux, ténace, d’une confiftence qui tient le milieu entre le baume liquide &x le fec ; de couleur rouge-brune, tirant fur la couleur d’or , d'une odeur très-pénétrante qui approche de celle du benjoin ou du citron, d’un goût doux &t agréable, & qui ne caufe pas des naufées comme les autres baumes. Onl'apporte dans de petites calebafles, d’une pro- vince de l'Amérique méridionale fituée entre Les vil- les de Carthagène &z de Nombre de Dios. Les Indiens appellent ce pays du nom de To/u, &c les Efpagnols lui donnent celui de Æonduras. Ce baume fe feche avec le tems, & fe durcit de forte qu'il devient fra- gile. | L'arbre qui le porte, s'appelle ba//amum toluta- sum , foliis ceratiæ fimilibus, quod candidum eff, C. B.p. 401. Balfarmum de Tolu, J.B. 1.106. Balfamum provincie Tolu , balfamifera quarta , Hernend. 53. Cet arbre eft femblable aux bas pins; il répand de tous côtés plufieurs rameaux, & il a des feuilles femblables au caroubier, toujours vertes. Je ne con- nois point de defcription plus ample de cetarbre. On faitune incifion à l'écorce tendre & nouvelle ;onre- __ çoit la liqueur qui coule, dans des cuillieres faites de cire noire ; on la verfe enfuite dans des calebañes, ou dans d’autres vaifleaux que l’on a préparés pour cela. On attribue à ce baume les mêmes vertus qu’au baume du Pérou, & même quelques-uns le croient préférable. Les Anglois en font un fréquent ufage dans la phthifie & les ulceres internes, On le vante pour confoliderles ulceres & les défendre de la pour- riture ; on le prefcrit dans les plaies des jointures &z dans les coupures ; comme 1l n’a point d’acrimonie ; les malades le prennent facilement, étant diflout dans quelque liqueur. Mêlé avec un jaune d'œuf &c du fucre , il forme un remede reftaurant &c aflez agréable. (D. J.) L * n Tozu, { Géog. mod.) ville de l'Amérique méri- dionale, dans la Terre-ferme , au gouvernement de Carthagène , à douze lieues de cette ville. Il croît dans fes environs une efpece de bas-pin, qui donne par des incifions faites à fon écorce une liqueur d’un rouge doré, pénétrante, glutineufe & d’une faveur douce. On nomme cette liqueur baurie de Tolu. Long. de la ville 9.38. (2. 7.) TOLUIFERA, f. f ( Æiff. nas. Botan. ) genre de plante ainf nommée par Linnœus, parce qu'il pro- duit le baume de To/u, Le calice eft compoié d’une feule feuille en cloche, divifé en cinq parties avec un angle plus éloigné que les autres, La fleur eft com- poiée de cinq pétales plantée dans le calice ; il y en a quatre droits , égaux, un peu plus longs quele ca- lice ; mais le cinquieme eff deux fois auff large que les autres; il finit en cœur, & a un onplet de la ton- gueur du calice, Les étamines font dix filets très- TOM oueut du cali- coutts, mais leurs boffettes ont la long ce, & même quelque chofe de plus; le germe duipif- til eft oblong ; à peine voit-onle file; Le ftigma eft aigu; le fruit & les graines font encore inconnues. Linnæi gen. plant. p.182: (D. J.) TOLY ou MONASTER, (Géog. mod, ) ville de Grece dans la Macédoine, aujourd’hui le Corrénoli. tari, {ur le bord occidental de la riviere Vardar, au nord du lac Petriski. ( 2, J.) TOM, ( Géog. mod, ) riviere de Sibérie. Elle fe divife en deux bras au-deflus de la ville de Tomof= koi , &r fe jette enfin dans POby.(D. J.) TOMACO, LE, ( Géog. mod.) grande riviere de l'Amérique méridionale au Pérou , dahs l’audience de Quito, Elle tire fon nom d’un village d’indiens appellé Tomaco, & on dit qu’elle prend fa fource dans les montagnes qui {ont aux environs de la ville de Quio. (D...) TOMAN,f. m. ( Monnoie de compte. ) monnoie que quelques-uns nomment auf siméin; c’eft une monnoie de compte dont les Perfans {e fervent pour tenir leurs livres & pour faciliter les réduétions des monnoies dans le payement des fommes confidéra- bles. Le roman vaut cinquante abafis, & revient à environ foixante & dix livres monnoïe de France, D’Herbelot écrit souman, 8 dit que les Perfans & les Arabes ont emprunté ce mot de la langue des Mogols & des Khoarefmiens, dans laquelle il figni- fie le zombre de dix mille. ( D.J.) TOMAR , ( Géog. mod. ) ville de Portugal, dans l'Eftramadure , fur le bord de la riviere Nabaon, entre Lisbonne & Coimbre. Il y a un château qui appartient aux chevaliers de l’ordre de Chrift dont le roi eft grand-maitre. C’eft une des plus richescom- manderies de l’ordre ; on croit que Tomar eft l’an- cienne Concordia de Ptolomée, 2. IL,c,y. Long, 9. 10. latit, 39. 35. (D. j.) de. | TOMATE, £ £. ( Dicte.) c’eft le nom que porte la pomme d'amour à la côte de Guinée, où elle croît abondamment. Les Efpagnols qui ont appris des peu- ples de ce pays à manger ce fruit, ontadopté auf ce nom, Îls les cultivent fort communément dans leurs jardins ; & c’eft de chez eux que la culture de cette plante eft paflée depuis quelques années en Langue- doc & en Provence où on l’appelle du même nom. La sorate eft encore une efpece de morelle, mais dont le fruit n’eft point dangereux : ce qui eftcon- forme à lobfervation générale que les parties quel- conques de toutes les efpeces de folanum perdent leur qualité vénéneufe lorfqw’elles font pénétrées d'acide, foit naturellement, foit ajouté par art, com- me nous lavons obfervé à l’article MORELLE, à lar- ticle PHITOLACCA , 6x à l’arricle PIMENT. Voyezces articles. Le fruit de somate étant mûr eft d’un beau rouge, êt il contient une pulpe fine , légere & très fuccu- lente , d’un goût aigrelet relevé & fort agréable, lorfque ce fruit eft cuit dans le bouillon ou dans di- vers ragoûts. C’eft ainfi qu’on le mange fort com- munément en Efpagne & dans nos provinces méri- dionales , où on n’a jamais obfervé qu’il produisit de mauvais effets. (2 TOMBA ou TOMBO, ( Hifi. mod.) c’eft ainfi que l’on nomme en Afrique parmi les habitans ido- latres des royaumes d'Angola & de Metamba, des cérémonies cruelles fuperftitieufes qui fe pratiquent aux funérailles des rois & des grands du pays. Elies confiftent à enterrer avec le mort plufeurs des of- ciers & des efclaves qui ont fervi pendant fa vie, & à immoler fur fon tombeau un certain nombre de viétimes humaines, proportionné au rang que la perfonne décédée occupoit dans le monde ; après que ces malheureux ont été égorgés, & ont arrofé la terre de leur fang, les afiftans dévorent leur char, TOM Les fniffionaires européens ant eu beaucoup de peine à déraciner cette coutume abominable dans ies pays où ils ont préché l’évangile, mn = TOMBAC, f. m. (Métallurgie, Chimie & Arts.) c’eftun alliage métallique , dont la couleur eft jaune &c approchante-de celle de l'or, & dont le cuivre fait la bafe. On en fait des boucles, des boutons , des chandeliers, & d’autres uftenfiles & Ornemens. On trouve dans un grand nombre de livres diffe- rentes mamerés de faire au £ombac, & lon y fait en- trer quelquefois des fubftances entierement inutiles, & d’autres qui font nuifbles ; telles font le verd-de- gris, l’érain , le vitriol ; le mercure , la tutie ou la chaux-de-zinc , le eurcuma, Éc. on prelcrit auf d’y employer difiérens fels , tels que le fel ammoniac, la foude, le fiel-de-verre, le borax, letartre &le ni- tre, 6c. & l'on dit de faire diffoudre ces fubftances tantôt dans de l'huile, tantôt dans du vinaigre, tan- tôt dans de l'huile de navette, &c. Sans s'arrêter à faire voir les défauts de la plüpart des procédés que les livres indiquent pour faire le ombac y nous allons donner celui qui nous a paru le plus für 8 le plus rañfonnable ;aleft tiré des Œuvres chimiques de M, de Jufi, publiées en allemand en 1760. Cet auteur exa- mine d’abord quelles doivent être les qualités d’un rombac bien fait. [trouve 1°. qu'il ne doit être que peu ou point fujet à fe couvrir de verd-de-gris, in- convénient qui accompagne toujours le cuivre , (a dont il eft très-difficile de le dépouiller. 29, Il doit être d’un grain plus fin &c plus compaéte que le cui- vre, &r avoir plus d'éclat que lux. 3°. Il doit être d’un jaune rougeätre , comme or qui eft allié avec du cuivre , & non d’un jaune pâle comme le cuivre jaune. 4°, Enfin il faut que le bon rombac ait une cer- taine dudtilité, afin que les uftenfiles qui en font faits ne fe caffent point trop aifément , comme cela n'ar- rive que trop fouvent lorfque l’alliage n’a point été fait convenablement. Ed Cela pofé, M. deJufti pañfe au procédé, & il dit que pour remédier au premier inconvénient, qui eft ce- lui du verd-de-sris auquel le cuivre eft fujet , il faut enlever à ce métal l'acide qu'il contient, & qui eft, felon lui, la caufe principale de cette efpece de rouille. Pour cet effet, 1l faut purifier le cuivre, on vY parviendra en prenant un quarteron de potafle bien feche , un quarteron de fiel-de-verre, & trois onces de verre blanc ; on pulvérifera ces matieres, _onles mêleraenfemble, &on partagera ce mélange en deux parts égales. Alors on mettra une livre & . deux onces de cuivre dans un creufet que lon pla- cera dans un fourneau à vent, on donnera un feu aflez violent, vu que le cuivre n'entre que diffcile- ment en fufñon. Lorfque ce métal fera fondu , on y joindra peu-à-peu &c à différentes reprifes la moitié du mélange dont on vient de parler ; on couvrira le creufet, on pouflera le feu pendant environ un quart- d'heure ; au bout de ce tems, on vuidera le cuivre fondu dans une lingotiere frottée de fuif, ou bien on laïflera refroidir le creufet, on le caflera enfuite pour en Ôter le cuivre, que l'on féparera des fels qui for- meront une efpecé de fcorie à fa furface, On réité- rera la mêmeopération avec l’autre moitié du mé- lange que lon avoit mife à part. M. de Jufti a trouvé que cette purification rendoit le cuivre beaucoup plus doux, plus du&tile & plus brillant. Il affüre que ce métal eft dégagé par-là d’une portion de fon acide qui, felon lui, produit le verd-de-gris, &cil a recon- nu par plufieurs expériences que cet acide s’étoit combine avec les fels alkalis , qu’il avoit employés pour la purification. Dans cette opération , le cuivre ne perd que deux onces de fon poids , ainf il refte encore une livre de cuivre purifié. On fera fondre cette livre de cuivre au fourneau à vent ou à l’aide des foufllets : auflitôt qu'il eft entré parfaitement er TOM 397 fufion ; On lui joindra treize onces de zine ; Ohajoue tera en même tems une demi-once de POïx-réfiné où de fuif, afin d'empêcher que le zine ne fe coniumé avant d’avoir eu le tems de fe combiner avec le cuis vré ; après quoi, On remue tout le mélañge avecune baguette de fer. Comme ces matieres ne tardent point à fe confumer ; & comme pourtant il eftim= portant que-le zinc aitle tems de S'incorporeravec lé cuivre, on tiendra prêt le mélange fuivant, compofé de trois onces de flux noir bien {ec , fait avec trois parties dé tartre crud &une partie de nitre; on mêle ces deux fubflances, & on les fait détonneren y jet: tantun charbon allumé. Atrois onces de ce flux noir, On joindraune once de felammoniac, une once de potalle ; une once de fiel de verre, une demi-once de vitriol verd, deux onces de verre blanc pulvérifé, & une once de limaille de fer qui ait été lavée , & enfuiteparfaitement féchée, Chacune de ces fubftan- ces doit tre réduite en une poudre très-fine » après quoi on les mêle foigneufement. Quand ce mé- lange a été ainfi préparé , on le chauffe , de peur qu'il n’attire l’humidiré de l'air, & on en met une cueillerée à-la-fois dans le creufet ; on le recouvre de fon couvercle , & l’on donne le feu le plus vio-+ lent, afin que le tout fonde pendant cinq Où fix mis nutes ; alors on retire le creufet du feu , on le laifle refroidir , & en Le caflant on obtient du rombac. M. de Jufti aflüre que la limaille de fer contribue beaucoup à la bonté de cet alliage ; felon lui , il le rend plus compaéte , d’un grain plus fin & plus aifé travailler. Lorfqw'on veut en faire des ouvrages, on eft obligé de faire fondre le rombac de nouveau ; mais auffi-tôt que-cet alliage fe fond , il faut ÿ join dre de la poix ou du fuif pour empêcher le zinc de fe difiper; on donnera alors un feu violent , & l’on vuidera promptement le creufet dans des moules que l’on tiendra tout prêts pour lui donner la forme qu'on defire. Cet alliage fera d’une conleur qui ap- prochera beaucoup de celle de lor , il aura toutes les qualités que l'on à décrites ci-deflus » &auraun certain degre de dudilité, c’eft-à-dire ilnefera point fujet à fe cañer. On peut faire différentes efpeces de rombac, fui- vant les différentes proportions , dans lefquelles on joindra du zinc avec le cuivre. En mettant parties égales de zinc & de cuivre , l’'alliage aura une véri- table couleur d’or, mais il fera très-caffant. Si l’on y met mons de treize onces de zinc fur une livre de cuivre, ce qui eft la dofe prefcrite dans l'opération qui a été décrite, la couleur du rombue ne fera point f belle à proportion que l’on aura diminué la quan- tité du zinc. Mais comme bien des ouvriers ; pouf faire différens ouvrages en sombac, ont befoin qu’il foit duétile & doux , plutôt que d’une belle couleur, voici la compoñtion que M. de Jufti leur propofe dans ce cas. On prendra dix onces de cuivre bien put, & fix onces de laïton ou de cuivre jauni par la calamine ; on les fera fondre enfemble, Auffi-tôt qu'ils feronten- trés en fufñon, on leur joindra cinq onces de zinc, On continuera le refte du procédé de la maniere qui a été indiquée pour la premiere opération, c’eft-à- dire on y joindra des fels, du verre pulvérifé, Ge, avec la feule différence, qu’au-lieu d’un once de li- maille de fer , on n’en mettra qu’une demi-once, On aura de cette façon un sombac d’une couleur plus pâle que le précédent, maïs il aura l’avantage de pouvoir s'étendre fous le marteau. À chaque fois que l’on fait fondre le zombac, il perd quelque chofe de fon éelat & de fa qualité ; ce- la vient de ce que le feu diffipe une portion du zine qui entre dans fa compofition. C’eft-là ce qui caufe la diminution que cet alliage fouffre dans fon poids, qui eft à chaque fois d’une ou deux onces par livre 398 TOM de tombe; ainfileft à propos de rajouter à chaque Jivre de cet alliage deux onces de zinc êtun gros de. limaille de fer, chaque fois qu’on fait fondre ; 1] fera aufli très-bon d'y joindre en même tems de [a poix où du fuif, (—) | | TomBac BLANC , ( Mérallurgie, ) c’eft le nom qu'on donne quelquefois à une compofition métalli- que blanche, & qui par fa couleur a quelque ref- {emblance avec l'argent, c’eft du cuivre blanchi par Varfenic. R R On trouveplufeurs manieres de faire cette compo- fition. Voici celle que donne Stahl dans fon /ntroduc- sion à la Chimie. Faites fondre quatre onces de cuivre, auquel vousjomdrez enfuite une demi-once d’arfenic fixé par le nitre, 87 qui fera empâté dans de la terre grafle humeëtée par de l’eau de chaux , dont on aura formé une ou deux boules. Laïflez le tout en fufion environ pendant un quart-d’heure. Prenez bien garde qu’il ne tombe point de charbons dans le creufet. Au bout de cetems , vuidez le creufet, &c examinez la couleur que cette compoftion tracera fur une pierte de touche : & voyez fi elle fouffre le marteau. Sielle avoit point de duétilité convenable , il faudroit la remettre en fufon pendant quelque tems avec du verre pilé , où avec un peu de nitre. Sion joint à cette compoñtion la moitié ou le tiers d'argent, fa couleur blanche ne s’altérera point. Autre maniere. Prenez une demi-livre de lames de cuivre. Plus, prenez de felammoniac, de nitre êc de tartre de chacun une demi-once, de mercure fublimé deux gros. Stratifiez ces fubftances dans un creufet, & faites fondre le mélange à un feu très-fort. Réité- À rez la même opération à plufeurs repriles , à la fin le cuivre deviendra blanc comme de Pargent. Autre. Prenez d’arfenic blanc une demi-livre ; de nitre & de fel ammomiac, de chacun quatre onces ; de borax & de fiel de verte , de chacun deux onces, Réduifez le tout en poudre. On prendra une once de ce mélange , que l’on joindra avec quatre onces de cuivre, avec lequel onle fera fondre ce qui le rendra blanc. Autre. Prenez d’arfenic blanc, de mercure fubli- mé & d'argent , de chacun une once. On fera diffou- dre chacune de ces fubftances féparément dans de leau-forte ; après quoi, on mélera enfemble toutes Ces nations la gloire & l’effroi de la serre , Ce peuple roi de l'univers, Ces fages dont l’efprit brilla d Ze feu céleffe: De tant d'hommes fameux , voila donc ce qui reffe, Des-urnes, des cendres , des vers! {Le chevalier DE JAUCOURT.) ToMBEAUx des Peruviens, (Hifi. du Pérou.) defcripton des sombeaux qu’avoient les anciens habi- tans du Pérou, n’eft pas moins curieufe que celle de la plupart des autres peuples. Ces rombeanx bâtis {ur le bord de la mer, étoient les uns ronds, les autres Quarrés; d’autresenquarrés longs.Les corpsrenfermés dans ces sombeaux, étoient diverfement pofés: les uns debout appuyés contre les murailles, lès autres afis vers le fonds {ur des pierres; d’autres couchés de leur long fur des claies compoféés de rofeaux. Dans quelques - uns on y trouvoit des familles entieres , &t des gens de tout âge ; & dans d’autres le feul mari & fon époufe. Fous ces corps étoient reyétus de robes fans manches, d'une étoffe de lamé fine, rayées de différentes couleurs; & les mans des morts étoient liées avec üne efpece de courroie. IL y avoit dans quelques-uns de ces tombeau de petits pots remplis d’une poudre rouge ; &c d’autres étorent pleins de farme de maïs. Voilà ce qu’en rapporte le P. Feuillée. Le P. Plumier étant dans la vallée de d’Ylo, y vit une vafte plaine remplie desombeaux, creufés dans la terre , femblables aux fépuleres ; ma curiofité, dit-il, me porta à voir leur conftruéuion. J entrai dans un, par un efcalier de deux marches hautes &e larges cha- cune de quatre piés , & faifant un qüarré long d’en- viron fept piés. Le sombeam étoit bat: de pierres, fans chaux & {ans fable, couvert. de rofeaux {ur leiquels on avoit mis de la terre. Son entrée étoit tournée vers lorient; & les deux motts encore entiers, étoient aflis au fond du rombeau, toufnant leur face vers l'entrée. Cette feule attitude fait voit que ces peuples adoroïent le foleil, & que ces morts éroient entévelis devant la éongtêre du Pérou par les Efpa- gnols, puifque le foleil avoit été adoré dans:çe va- Île empire, que depuis le gouvernement des incas. Les deux morts, ajoute-t-1l, que je trouvai au fond du fépulere | avoient encore fn cheveux nattés à la façon de ces peuples ; leur habit d’une grofe étoffe d'un minune-clair, wavoit perdu que leur poil; la corde paroïfloit, 8 marquoir que la laïne dont les Indiens fe fervoient, étoit extrèmnement fine. Ces morts avotent {ur leur tête une calotte de la même étofle , laquelle étoit éncore toute entiere; ils avoient auf un petit fac pendu au col, dans lequel il y avoit des feuilles de cuca. (D. 7.) . TOMBEAU, {. m. (Tapiffier.) efpece de lit dont le ciel ou le haut, tombe vers le piéen hgne diasonale, On dit w7 lit en combeau, où ablolument 2x rombeau. Ces fortes de lits ont été inventés pour placer dans les galetas, parce que le toit ou le comble empéchoit qu'on ne leur donnât autant de hauteur aux piés qu’à la tête, Depuis on a mis des rombeaux indifférem- ment par-tout dans les appartemens qui ne font pas de parade, (D.J.) | LOMBEAU de Pallas, (Hif. tom.) nos le@teurs con- noïflent bien Pallas , affranchi de Fempereur Claude; il eut la plus grande autorité fous le regne de ce pin ce, Îl avoit été d’abord efclave d’Antonia belle-{œur de Fibere; c’eft lui qui porta la lettre où elle donnoit avis à l'empereur de la confpiration de Séjan. Il en- gagea Claude à époufer Agrippine fa niece , À adop- ter Néron , & à le défigner fon fuccefleur. La haute fortune à laquelle il parvint , le rendit f infolent : qu'ilne parloït à fes elclaves que par fignes. Agrippi- ne acheta fes fervices , & de concert avec elle, Claude mourut. Quoique Néron dût la couronne à Pallas , ilfe dégoûta de lui, le difgracia , & fept ans apres le fit perir fecrettemént pour hériter de fes biens; mais il laiffà fubffter le sombeau de cet orgueil- lcux affranchi. 4 Ce rombeau magnifique étoit fur Le chemin de Ti- Dur ; à un mille de la ville, avec une infcription gra- vée deflus, & ordonnée par un decret du fénat , 1ous l'empire de Claude. Pline fe jeune nous à confervé feul entre tant d'écrivains , cette infcription & ce décret, dans une de fes lettres , qui m'a paru trop. intéreflante à tous égards, pour n’en pas orner cet ouvrage. Voici ce qu'ilécrit à Montanus lettre G. z, WIIL. | L'infcription que j'ai remarquée fur le rombeau de Pallas eft conçue en ces termes : « Pour récompenier fon attachement & fa fdé- » lité envers fes patrons, le fénat lui a décerné les » marques de diftinétion dont jouiffent les préteurs, » avec quinze millions de feflerces (quinze cent » mille livres de notre monnoie) ; &ils’eft contenté » dufeul honneur». Celà me fit croire, continue Pli- ne, que lé decret même ne pouvoit qu'être curieux à voir. Je lai découvert. Il eft fi ample & fi flatteur, que cette fuperbe & infolente épitaphe , me parut modefte 87 humble. | Que nos plus illuftres romains viennent, je ne dis: pas ceux des fiecles plus éloignés , les Africains , les Numantins,les Achaiques ; mais ceux de ces derniers tems , les Marius, les Sylla , les Pompées , je ne veux pas defcendre plus bas ; qu'ils viennent aujourd’hui faire comparaïon avec Pailas. Tous les éloges qw'on leur a dennés, {e trouveront fort au-deflous de ceux qu'il areçus. Appélleraije railleurs ou malheureux les auteurs d’un tel decret? Je les nominefois raie leurs, fa plaifanterie convenoit à la gravité du fé- nat. I{ faut donc les reconnoître malheureux. fais perfonne le peut-il être jamais , jufqu’au point d'étre forcé à de pareilles indignités ? C’étoit peut-être ambition & paffion de s’avancer. Seroit- il poffible qu'il y eùt quelqu'un affez fou pour defirer de s’avancer aux. dépens de fon propre honneur, & de celui de la république, dans une ville où l’avan- tage tage de là premiere place, étoit de pouvoit donnér les premieres louanges à Pallas ? Je ne dis rien de ce qu’on offre les honneurs ; les prérogatives de la pré- ture à Pallas, à un efclave; ce font des efclaves qui les offrent. Je ne releve point qu'ils font d'avis, que l’on ne doit pas feulement exhorter, mais même con- traindre Pallas à porter les anneaux d’or. Il eût été contre la majefté du fénat , qu’un homme revêtu des ornemens de préteur eût porté des anneaux de fer. Ce ne font-là que des bagatelles qui ne méritent pas u’on s’y arrête. É Vo des fats bien plus dignes d'attention. « Le > fénat pour Pallas (x le palais où il s’aflemble n’a » point été depuis purifié ): pour Pallas, le fénat re- » mercie l’empereur de ce que ce prince à fait un » éloge magnifique de fon affrancln , 6 a bien voulu » permettre au {énat de combler un tel homme » d'honneurs ». Que pouvoit-il arriver de plus glo- » rieux au fénat, que de ne paroître pas ingrat envers » Pallas ? On ajoute dans ce decret ; « qu’añin que » Pallas, à qui chacun en particulier reconnoït avoir » les dernieres obligations , puifle recevoir les ju- » fes récompenfes de fes travaux, & de fa fidé- » lité... A Mie : Ne croiriéz-vous pas qu'il a reculé les frontieres de l'empire , ou fauvé les armées de l'état, On con- tinue ...« Le fénat & le peuple romain ne pouvant » trouver une plus agréable occañon d'exercer leurs » hbéralités , qu’en les répandant fur un fi fidele & » fi defintéreflé gardien des finances du prince ». Voilà où fe bornoient alors tous les defirs du fénat , & toute la joie du peuple ; voilà l’oceañon la plus pré- cieufe d'ouvrir le tréfor public ! Il faut ’épuifer pour enrichir Pallas | . Ce qui fuit n'eft guere moins remarquable : « que » le fénat ordonnoit qu’on tireroit de l’épargne 15 » millions de fefterces (quinze cens mulle livres ); # pourles donner à cet homme ; &c que plus il avoit » lame élevée au-deflus de la pañlion de s’enrichir, » plus il falloit redoubler fes inftances auprés du » pere commun, pour en obtenir, qu'il obhgeät » Pallas de déferer au fénat ». Il ne manquoit plus en effet que de traiter au nom du publie avec Pallas, que de le fupphier de céder aux empreflemens du {é- nat, que d'interpofer la médiation de l’empereur , pour furmonter cette infolente modération, ët pour faire enforte que Pallas ne dédaignät pas quinze mil- lions de fefterces ! Il les dédaigna pourtant, C étoit le feul parti qu'il pouvoit prendre par rapport à de fi grandes fommes. Il y avoit bien plus d'orgueil à les refufer qu’à les accepter. Le fénat cependant fem- ble fe plaindre de cerefus, & le comble en même tems d’éloges en ces termes : | « Mais l’empereur &t le pere commun ayant voulu » à la priere de Pallas , que le fénat lui remit Pobli- » gation de fatisfaire à cette partie du decret ; qui » lui ordonnoit de prendre dans le tréfor public CE 4 nee 5 1 / ' » quinze millions de fefterces , le fénat déclare, que » c’eit avec beaucoup de plair & de juftice, qu’en- » tre les honneurs qu'il avoit commencé de décer- » nef à Pallas, 1l ayoit mélé cette fomme pour con- » noître fon zèle &r fa fidélité ; que cependant le fé- » nat, pour marquer fa foumilion aux ordres de _ >» l’empereur, à qui 1l ne croyoit pas permis de ré- » fifter en rien, obéifloit ». | Imaginez-vous Pallas qui s’oppofe à un decret du fénat, qui modere lui-même {es propres honneurs 4 qui refufe quinze millions de fefterces, comme fi € é- toit trop, & qui accepte les marques de la dignité des préteurs , comme fi c’étoit moins. Reprélentez- vous Pempereur, qui, à la face du fénat , obéit aux prieres, ou plutôt aux commandemens de fon affran- chi; car un affranchi qui, dans Le fénat, fe donne la liberté de prier fon patron , lui commande, Figurez- Tome XVT, TOM 40: vous le énaf, qui, jufqu’à extrémité, déclare qu’il a commencé avec autant de plaifr que de juftice , à décerner cette fomme , & de tels honneurs à Pallas 3 & qu'il perfifteroit encore, s’il métoit Obligé de fé foumettre aux volontés du prince, qu'il n’eft permis de contredire en aucune chofe, Ainf donc, pour ne point forcer Pallas de prendre quinze millions de {efterces dans letréfor public,on a eu befoin de fa mo: dération & de l’obéiffance du fénat”, qui n’aurdit pas obéi, s’il lui eût été permis de réfifter en rien aux vo: lontés de l’empereur! | a , Vous croyez être à la fin ; attendez ,; & écoutez le meilleur: « C’eft pourquoi, comme il eft très # avantageux de mettre au jour les faveurs dont jä * prince a honoré & récompenfé ceux qui le méri- » toient, & particulierement dans les lieux où l’on ». peut engager à l’imitation les perfonnes chargées » du foin de fes affaires ; & que l’éclatante fidélité » & probité de Pallas, font les modeles les plus pro> » pres à exciter une honnête émulation, il a été ré » {olu que le difcours prononcé dans le fénat par » l’empereur le 28 Janvier dernier, & le decret du » fénat à ce fujet, feroient gravés fur une table d’ai: » rain, qui fera appliquée près de la ftâtue qui re- » préfente Jules-Céfar en habit de guerre: .… On a compté pour peu que le fénat eût été témoin de ces honteufes baffeffes, On a choifi le lieu le plus expofé pour les mettre devant les yeux des hom- mes de ce fiecle, & des fiecles futurs. On à pris foin de graver fur l’airaintousles honneurs d’un info: lent efclave, ceux même quil avoit refufés ; mais qu'autant qu'il dépendoir des auteurs du decret il avoit poflédes. LA UE . On a écrit dans les regiftres publics, pour en con: ferver à jamais le fonvenir, qu’on lui avoit déféré les marques de difüinéton que portent les préteurs 5 comme on y écrivoit autrefois les anciens traités d’allance,les lois facrées. Tant l’empereur, le fénat, Pallas lui-même, eut montré de … {je ne fais que dire), qu'ils femblent s'être empreflés d’étaler à la vue de l’umivers , Pallas fon infoience, l'empereur fa foiblefle ,lefénatfamifere. Eftal poffible que le fénat n’ait pas eu honte de chercher des prérextes à fon infamie ? La belle , Pad- mirable raifon que l’envie d’exciter une noble ému lation dans les efprits, par l'exemple des grandes ré- compenfes dont étoit comblé Pallas. Voyez par-là dans quel aviliflement tomboient leshonneurs ,je dis ceux-même que Pallas ne refufoit pas. On trouvoit Pourtant des perfonnes de naïffance qui defiroient qui recherchoient avec ardeur ; ce qu'ils voyoient étre accordé à un affranchi, être promis à des efcla- ves. Que j'ai de joie de n’être point né dans ces tems, qui me font rougir comme fi j'y avois vécu ! Cette lettre de Pline nous offre tout-à-la-fois un exemple des plus finguliers de la ftupidité d’un prin- ce, de la bafefle d’un fénat , & de lorgueil d'un efclave. Cette épitaphe nous apprend encore com- bien il y a de momerie & d'impertinence dans les infcriptions proffituées à des infames & à des mal- heureux, car il n’y a guere eu d’infame plus grand que ce Pallas. Ileft vrai d’un autre côté que quand le caprice de la fortune éleve fi haut de tels miféra= bles , elle ne fait que les expoler davantage à la rifée publique. (D. J.) Ad. . TOMBÉ, fm. ( Dane.) pas de danfe. On lexé: cute en s’élevant d’abord fur la pointe du plié &c en plant après le pas, Veut-on faire, par exemple, un pas tombé du pié droit : il faut avoir le corps pofé fur le pié gauché , & les jambes écartées À la deuxie- me pofñtion , s'élever fur le pié gauche pour faire fuivre la jambe droite jufqu’à la cinquieme poñtion, Où on la pofera entierement à terre. Là en pliant le genou on fera lever Le pié gauche. Et le genou droit di Eee 402 TOM s'étendant \obligera à fe laïfler tomber furlle pié gau- che à la deuxieme potion, ce qui eft un demi-jetté, qui fe fait en fautant à deini. On prévient ce pas par un autre qui lui fait chan- ser de nom. Il peut être devancé, par exemple , par un coupé ou un tems grave , 6 même tres-louvent par un pas affemblé , ce qui lui fait porter le nom de gaillarde. Voyez GAILLARDE. | TOMBELIER , {. m. serme de Voiturier, il faudroit dire tomberier ; c’eft un charretier qui conduit un rom- bereau pour tranfporter des terres, des pierres, des décombres, &e. d’un lieu àunautre. (D. J.) TOMBER, v. n. (Gram.) c’eft changer de heu par Paétion de la pefanteur. On dit la viteile des graves s’accélere en sombanr. Les eaux sombent des monta- gnes. Les feuilles commencent à somber. Les plumes combent aux oïfeaux. L’ennemi tomba fur notre ar- riere-garde &r la difperfa. Tomber en quenouille, Ea foudre rombe quelquefois fur les lieux fants. Le brouillard sombe , nous aurons beau tems. Le venteft tombé, Ce manteau sombe trop bas. Ces fortifications tombent en ruine. Ileft sombéenapoplexie. Les chairs tombent en pourriture. Sa fluxion hui eft sombée fur la poitrine. Cette maifon n'eft sombée en partage. Les chiens font rombes en défaut. Le {ort eft sombe fur lui. Il ef rombé entre les mains de fon ennemi. Ce trait fatyrique rombe fur lui. Les plus parfaits sombent quelquefois. Il eft rombé dansune grande faute. Je tombe dans ce fens. Cette piece eft rombée à la pre- miere repréfentation. Il eft rorbé dans une erreur très-délicate. Nous sombémes enfin fur cette matiere. Le poids de cette pendule eff tout-à-fait some. D'où lon voit aw’à-travers toute la variété de fes accep- tions, le verbe tomber conferve quelque chofe de {on idée primitive. ToMzer ,(Marine.) c’eft pencher ou ceffer. Ainf un mât, une galere sombent, quand ils penchent; le vent ombe quandil cefle , &r qu’il fait place au cal- me. Ce terme a encore d’autres fignifications, felon qu'ileft joint avec d’autres temes,comme on le verra dans les articles fuivans. Tomser fous Le vent, (Marine.) c’eft perdre l'a- vantage du vent qu'on avoit gagné, ou dont on étoit en pofieflion , ou qu’on tâchoit de gagner. Tomser fur un vaiffeat , (Marine. ) c'eft arriver & fondre fur un vaifleau. TOMBEREAU , f. m. rerme de Charron, c’eft une {orte de charrette dont le fond & les deux côtés font faits de grofles planches enfermées par des gifans. Un combereau {ert à tranfporter Les chofes qui tien- nent du liquide , comme les boues, les ordures des rues , ainfi que le fable, la chaux, les terres, gra- vois, & chofes femblables. Du Cange dérive ce mot de sombrellum, dont les Aneloïs ont fait smbrel , que Dodwell dit avoir été une efpece de charrette , fur laquelle on promenoit par les villes d'Angleterre les femmes coupables d’a- dultere, & qu’en quelques lieux on plongeoït plu- fieurs fois dans l’eau , ce qu’on appelloit la peine du tumbrel. Tombereau défigne auf la charge d’une charrette | faite en sombereau. (D. J.) TOMBERELLE oz TONNELLE , ff. (Chaffe.) c’eft une efpece de filet qui a 15 piés de queue pour prendre les perdrix ; le chaffeur après l'avoir bien tendu contre terre, pafle d’un autre côté, par-derriere les perdrix, & les chafle doucement vers la tonnelle en pouffant devant foiun bœufou une vache de bois peint , ou il prend de la toile peinte en couleur de vache , avec une tête d’ofier, oreilles, cornes & col qui imitent le naturel de la vache , & une fonnette que le chaffeur portera au col, & ainf fuivant les : perdrix, il lesamene toutes dans la tonnelle, A l’em- bouchure de la tonnelle on drefle un pan de filets de TOM chaque côté en angle obtus, pour que les perdris donnent plus facilement dans la tonnelle , quand el« les en font proche , on les prefle davantage , & dès qu’elles y {ont entrées, on court furle filet pourles prendre. On peut tonneller en tout tems &z à toutes les heures du jour , principalement le matin & le loir; les perdrix chantent une heure après le jour , ce qui les découvre; on fe fert de la vache artificielle pour approcher tous les oifeaux de pañlage êz fauvages. Fonneller , c’eft chafler à la tonnelle ; tonnelleurs, font ceux qui chaffent à la tonnelle. TOMBISSEUR , f. m. ( Venerie. ) c’eft lernom qu’- on donne au premier des oïfeaux qui attaque le hé- ron dans fon vol; on l'appelle ombiffeur où hauffépie. TOMBOUBITSI, { m.( Æiff. nat. Botan.) arbre de l'ile de Madagafcar , dont les voyageurs ne nous apprennent rien , finon que le.cœur de fon bois eft d’un jaune orangé. TOMBUT , (Gcog. mod.) royaume d'Afrique dans la Nigritie. Il et borné au nord par le royaume de Combour, au midi pat la Guinée, au levant par le royaume de Gabi, & au couchant par Les Mandin- oues; c’eft un pays qui contient plufieurs mines d’or &c de cuivre, & qui produit du blé, du riz écautres grains nécefaires à la vie. Le roi de Tombut eft de tous les princes de la Nisritie le plus riche & Le plus puiffant. Il réfide dans la capitale quiportele même nom, & qui eff fituée à quelque diftance du Niger; c’eft une ville confidérable par l’abord des marchands . de Barbarie &c des autres pays voifins, quiy fontun srand commerce. Léon d'Afrique dit que cette ville a Cté fondée l’an 1213 par un prince de Barbarie, appellé Monfa-Suleiman. Longir, 14.8. latit, 15.34 D. J.) TOME, ( Gram. & Litérar. ) efpece de divifion d'unouvrage. Il y a quelquefois plufieurs sommes dans un volume, & quelquefois auffi 1l y a plufieurs volu- mes , fans qu'il y ait de so7mes ; ainfi un ouvrage en vingt romes n’eft pas la même chofe qu'un ouvrage en vingt volumes, niun ouvrage en vingt volumes la même chofe qu’un ouvrageen vingt comes. Cependant ces deux mots {e prennent aflez fouvent lun pour l’autre , & l’on dit indiftinétement, jai perdu un vo- lume ou un rome de lhiftoire romaine. TOMENTUM , f. m. fignifie proprement de la bourre ou des flocons de laine ; mais les anatomuftés emploient ce terme pour marquer cette efpece de duvet qui vient fur les feuilles de certaines plantes, qui à caufe de cela font nommées somentofe ,comme le gramen romentofum , le carduus tomentofus , &tc. M. Winflow obferyve une forte de somenim ou de duvet dans les vaiffeaux fecrétoires des glandes ; êc c’eft par-là qu’il explique la fécrétion des différentes liqueurs qui fe féparent du fang. Joyez SANG. TOMES, ( Géog. ane, ) Tomi, ville de la bafle Moœfe, vers l'embouchure du Danube, près du Pont- Euxin, Tous les géographes en parlent ; Pomponius Méla, 2. IL. c. ij. Ptolomée, Z. ITl.c, x. êtc. Etienne le géographe écrit Tomeus ; & fur une médaille de Caracalla on trouve cette infeription: TPON HON- TOY TOMENC. Ovide dans festriftes, Z. III. éléo. 0, s'eft amufé À donner l’origine fabuleufe de la ville de Toyzes , où il étoit malheureufement relégué , & ce morceau eft très-ingénieux. Il nomme Torisæ Les habitans de To- ” mes ; cette ville peu confidérable dutems de Strabon, s’accrut dans la fuite, La table de Peutinger la repré- fente avec toutes les marques des grandes villes ; & la notice d’Hiéroclès en fait la métropole de la Scy- thie , ou de là nation des Scythes foumis à Pempire. On croit que l’ancienne Tomes eft aujourd’hui Alia= nova, bourg de Befférabie, vers l'embouchure la plus feptentrionale du Danube. (D. J.) A © TOMIAS , ( Antiq. greg. ) nom donné au facrifi- TON ce qu’on ofroit pour la ratification des ligues folem- nelles. On nommoit ainfi ce facrifice, parce qu'on | prêtoit Le ferment {ur les refticules de la vitime que les vidimaires avoient coupées exprès. Voyez Potter, _ Archæol. grec. r. I. p.252, (D.J.) .…. FOMIN ox TOMINE, f. m.( Poids.) petit poids dont on fe ferten Efpagne & dans l’Amérique efpa- gncle pour peer l’or ; 1l faut huit tomins pour le caf- üilan, fix cafällans & deux soins pour l’once. Le tornin pele trois carats, & le catat quatre grains ; le tout poids d’Efpagne, qui eft environ d’un feptieme par cent plus foible que Le poids de Paris. (2. J.) TOMOLO , f m.( Mefure de continence. ) meture dont on {e fert à Naples & en quelques autres lieux de ce royaume & de l'Italie; le somolo eit le tiers du feprier de Paris, c’eft-à-dire, qu'il faut trois somoli pour le feptier. (D. J.) - TOMON-PUTE, £ f. ( ÆAff. na. Botan. ) racine des Indes orientales qui reflemble à celle du curcu- ma, excepté qu’elle eft blanche ; les Indiens s’en frottent le corps, &t regardent cette pratique comme fort faine. | TOMOSKOY , TOOM ou TOMO , (Géog. mod.) ville de l’empire ruflien , däns la Sibérie, entre les deux bras de la riviere Tom. Elle fournit de belles fourrures blanches que les Rufliens nomment Te- larski Bielski, On a découvert au voifinage de cette ville d'anciens tombeaux d’où lon a tire des pieces d'or, d'argent, des agratfes, desboucles, des bagues & des uftenfiles de table: ce qui marque que ce pays a été autrefois habité par une nation plus opulente que celle qui l'habite aujourd’hui, &c c’eft une ob- fervation curieufe. (D. J. ) | TON, fm. ( Hiff. nat. & Médec. pratig. ) c’eft le nom que les habitans du Bréfil ont donné à un infeéte aflez femblable à la puce par la couleur & par la ma- niere dont il faute, mais communément beaucoup plus petit, égalant à peine en groffeur un grain de fable. Jean Héurnius le pere, pour exprimer fa peti- tefle, l'appelle une idée d'animal ; le Bréfl n’eft pas le feul pays où l’on en trouve, il eft répandu dans prefque toutes les iles d'Amérique; & c’eit avec rai: fon que Lerius penfe que c’eît Le même infecte qui et connu dans les iles efpagnoles fous le nom de z1gua. (Æif.. du Brefil, chap. y. ) Les tons habitent ordi- naïrement les terreins fablonneux, & furtout ceux qui font plantés en canne à fucre, & de-làs’élançent fur les pafans, attaquent principalement ceux qui ont les piés nuds, fe nichent dans la peau & entre les ongles, & y excitent une maladie que les naturels du pays appellent auf 7. Les François ont donné à ces infectes le nom de chaques ; c’eft fous ce nom que M. de Rochefort les décrit & détaille les effets de leur piquure dans fon #iffoire naturelle & morale des iles Antilles. Voyez CH1QUES. Pour le com- pleter, nous ajouterons ici quelques particularités fur l’efpece d'affection qui fuit l'entrée de ces ani- maux dans la peau, & fur les remedes que l’expé- rience a confacrés comme plus efficaces. Les piés ne font pas les feules parties du corps qu'ils attaquent ; fouvent ils fe gliflent entre les on- gles des doigts de la main; & Lerius affure avoir vu aux aiflelles & dans d’autres parties molles des mar- ques de leur invañon ; deux jours après que cet in- feéte a pénétré la peau, le malade y reffent urle dé- mängeaifon qui dans quelques heures devient fi in- fupportable, qu’il ne peut s'empêcher de fe gratter continuellement & avec force, ce qui vraiflembla- blement contribue à accélerer la formation d’une pe- tite pufltule livide; elle eft accompagnée d’une tu- / meur de la groffeur de la tête d’une épingle, qui bientôt augmente avec des douleurs tres-vives ju qu’à celle d’un pois ; on apperçoit alors l’infe@te au milieu de latumeur , qui s'étend quelquefois tout- Tome XFI, TON 4: à-l’entouf. Si dans ces entrefaites onin’apporte pag au mal un remede efficace, la tumeur fe termine par la gangrene qui fait des progrès plus ou moins rapi- des ; l’infeéte multiplie prodigieufement, & fe ré. pand par ce moyen dans les diverfes parties du corps où 11 occafionne les mêmes fymptomes ; on à vu des petfonnes qui faute de fecours avoient perdu totale- ment l’ufage des piés & des mains. Thomas Vander Guychten, dont Otho Heurnius donne l’hiftoire, qu'on trouve dans le quatrieme volume de la Big/io- theque pratique de Manget, Gv, XVII, p. C43 6 fuiv, fut obligé par la maladreffe des chirurgiens qui le trai- toient, de fe faire couper un ou deux doigts du pié qui étoient entierement gangrenés ; & ce ne fut que pat les foins long-tems continués de Heutnius, cé- lebre médecin, que les progrès de la gangrene fu- rent arrêtés, & que ce malade obtint une guérifon complette. Le fecours le plus approprié & dont l'effet eft le plus prompt, eft, fuivant tous les Hiftoriens , l'exz traction du 107. Cette opération eft très-douloureufe, mais en même tems immanquable ; les Bréfiliens & les Negres la font avec une adrefle finguliere & un fuccès conftant , dès qu'ils s’'apperçoivent par la tu- meur de l'entrée de l'infeéte. On tire dans le pays une huile rouge, épaifle, d’un fruit qu'on appelle couroy , Qui palle auffi pour très-propre à ouérir cette maladie ; on l’applique en forme de baume fur les patties où linfeéte eit entré; on vante encore beau- coup l’efficacité des feuilles du tabac, furtout imbi- bées de fuc de citron très-acide ; mais quels que foient les effets de ces différens remedes , il eft beau- coup plus prudent de ne pas fe mettre dans le cas de les éprouver , & 1lne faut que peu d’attention pour y parvenir; On n’a qu’à ne jamais marcher piés nuds, porter des bas &c des gants de peau, fe layer fouvent St obferver en un mot une très-grande propreté. M. de Rochefort confeille aufli dans la même vue d’ar- rofer les appartemens qu’on occupe , avec de l’eau falce. | Tow, ( Profe & Poëfie.) couleurs, nuances du ftyle, langage qui appartient à chaque ouvrage. Il'ÿ à 1°. lesoz du genre: c’eft par exemple, du. comique ou du tragique ; 2°. le co7 du fujet dans le genre : le fujet peut Être comique plus ou moins ; 3°. le £o7 des parties ; chaque partie du fujet a outre le son général , fon co7 particulier : une fcène eft plus fiere & plus vigoureufe qu'une autre : celle-ci eft plus molle, plus douce : 4°. le so7 de chaque penfée, de chaque idée : toutes les parties, quelque petites qu’elles foient, ont un caraétere de propriété qu'il faut leur donner , &c c’eft ce qui fait le poëte ; fans cela, cur ego poëta faluror. On bat fouvent des mains, quand dans une comédie on voit un vers tragique, Ou un lyrique dans une tragédie. C’eft un beau vers, mais 1l n’eft point où 1l devroit être. Il eft vrai que la comédie éleye quelquefois le cor, & que la tragédie labaïile ; mais il faut obferver que quelque eflor que prenne lacomédie, elle ne devient jamais héroïque. On n’en verra point d'exemple dans Moliere.Il y a toujours quelque nuance du genre qui l'empêche d’étretragique. De même quand la tragé- die s'abaiffe , elle ne defcend pas jufqu’au comique, Qu’on life la belle fcène où Phedre paroît défolée, le ityle eft rompu, abattu , f. j’ofe m’exprimer ainf ; c’eft toujours une reine qui gémit. Ce que nous venons de dire du «7 en poéfie, s’ap- plique également à la profe. Il y atchez elle le z07 fimple ou familier , le 07 médiocre & le so foute- nu , felon le genre de l'ouvrage , Le fujet dans le gen- re &t Les parties du fujet. Enfin le 07 ou le langage d’un conte, d’une lettre, d’une hiftoire, d’une orai- fon funebre , doivent être bien différens, Voyez Sr y- LE, (D. J.) | Eee 404 TOM Ton, (Art oratoire.) inflexion de voix: of a parlé des différentes qualités du s07 dans la prononciation & la déclamation , aux mots PRONONCIATION & DécLAMATION. ( D. J.) | Ton, £ m. (Muf.) Ce mor a plufieurs fens en Muf. 1°, Il fe prend d’abord pour un intervalle qui ca- rattérife le fyftème êc le genre diatonique. Voyez ÎN- TERVALLE. Il y a deux fortes de tons ; {avoir le ro majeur dont le rapport eft de 8 à 9, &c qui réfulte de la différence de la quarte à la quinte; & le 07 mineur dont le rappoîït eft de 9 à 10, & qui eft la différence de la tierce mineure à la quarte. La géne- tation du 102 majeur & celle du soz mineur fe trouve également à la feconde quinté ré en commençant par we; car la quantité dont ce ré furpañle Poétave du premier #s, eft juftement dans le rapport de8à9,è celle dont ce même re eft furpafié par le wri tierce majeure de cette oétave, eft dans le rapport de 9 à 10. 2°, On appelle son, le degré d’élévation que pren- nent les voix, ou fur lequel font montés les inftru- mens pour exécuter de la mufique. C’eft en ce fens œu’on dit dans un concert que le oz eff trop haut ou trop, bas. Dans les églifes, 1l y a le roz du chœur pour le plein-chant; il y a, pour la mufique, oz de chapelle & 107 d'opéra; ce dernier n’a rien de fixe, mais eft ordinairement plus bas que l'autre qui fe reple fur orgue. 3°. On fait encore porter le même nom de 07 à un inftrument qui fert à donner le s07 de Paccord à tout un orcheftre : cet inftrument, que quelques-uns appellent auff chorifle, eft un filet, qui, au moyen d’une maniere de piiton gradué , par lequel on alonge ouraccourcitletuyau à volonté,vous repréfente tou- jours à-peu-près le même fon fous la même divifon. Mais cet à-peu-près qui dépend des variations de Pair, empêche qu’on ne puifle s’aflurer d’un s07 fixe qui {oit toujours le même. Peut-être, depuis que le monde exifte, n’a-t-onjamais concefté deux fois exattement fur le même ro. M. Diderot a donné les moyens de perfeétionner le so»; c’eft-à-dire, d’avoir un {on fixe avec beaucoup plus de précifion, en remédiant aux effets des variations de l'air. Voyez SON FIXE. 4°. Enfin, ton fe prend pour le fon de la note , ou corde principale qui fert de fondement à une piece de mufique, & fur lequel on dirige harmonie, la mélodie & la modulation fur les tons des anciens. Voyez Mope. Comme notre fyftème moderne eft compofé de douze cordes ou fons différens , chacun de ces fons peut fervir de fondement à un 407, & ce fon fonda- mental s’appelle conique. Ce font donc déjà douze sons ; &t comme le mode majeur & le mode mineur font applicables à chaque ton, ce font vingt-quatre modes dont notre mufique eft fufceptible. Foyez MODE. Ces cons different entre eux par les divers degrés d'élévation du grave à lPaigu qu'occupent leurs to- niques. [ls different encore par les diverfes altéra- tions produites dans chaque 07 par le tempéra- ment; de forte que far un claveffin bien accordé, une oreille exercée reconnoit fans peine un s02 quel- conque dont on lui fait entendre la modulation , & ces ‘ons {e reconnoïflent également fur des claveffns accordés plus haut ou plus bas les uns que les au- tres; ce qui montre que cette connoïflance vient du-moins autant des diverfes modifications que cha- que son reçoit de laccord total, que du degré d’élé- vation que fa tonique occupe dans Le clavier. De-là naît une fource de variétés & de beautés dans la modulation. De-l naît une diverfité &t une énergie admirable dans l’expreflion. De-là naït, en un mot, la faculté d’exciter des fentimens différens avec des accords femblables frappés en différens sons, TOM Faut-il du grave, du majeflueux? Lf ur fr, &c les sons majeurs par bémol l’exprimeront noblement. Veut-on animer l’auditeur par une mufique gaie &c brillante, prenez a-" la majeur, d-/4 ré, en ut mot, les sons majeurs par dièfe. C-/0/ 4: mineur porte la tendrefle dans lame, fur fa mineur va jufqu’aw lugubre & au defefpoir. En ün mot, chaque 107, chaque mode a {on expreffion propre qu'il faut fa- voir connoître ; & c’elt-là un des moyens qui ren- dent un habile compofiteur, maître en quelque ma- mere des affeétions de ceux qiu l’écoutent ; c’eft une efpece d’équivalent aux modes anciens, quoique fort éloigné de leur énergie &c de leur variété. C’eft pourtant de cette agréable diverfité que M. Rameau voudroit priver la mufque, en rame: nant, autant qu'il eft en lui, une ésaliré & une mo- notonie entiere dans l’harmonie de chaque mode ; par fa regle du tempérament, regle déjà f fouvent propofée & abandonnée avant lui: Selon cet auteur, toute l'harmonie en feroit plus parfaite : 1l eft cer- tain cependant qu’on ne peut rien gagner d’un côté, par fa méthode, qu’on ne perde tout autant de lau- tre, Et quand on fuppoferoit que la pureté de l’har- monie y profteroit de quelque chole, ce que nous fommes bien éloignés de croïre, cela nous dédom: mageroit-1l de ce qu'elle nous feroïit perdre du côté de lPexpreflion? Voyez FEMPÉRAMENT. (S) TONS DE L'ÉGLISE, (Mufique.) ce font des ma- nieres déterminées de moduler le plein-chant fur di- vers fons fondamentaux, &c felon certaines regles admifes dans toutes les églifes où l’on pratique le chant grégorien. On compte ordinairement huit sons réguliers, dont il ÿ en a quatre authentiques & quatre plagaux. On appelle zo7s authentiques ; ceux où la finale occupé à-peu-près le plus bas degré du chant ; maïs fi le chant defcend jufqu’à trois degrés plus bas que la finale, c’eft-à-dire , jufqu’à ce qu’on appelle en Mu- fique la dominante; alots le ton eft plagal : on voit qu'il n’y a pas grand myflere à ces mots {cientifiques. Les quatre 1075 authentiques ont leur finale à un degré l’un de l’autre, felon l’ordre des quatre notes ré, mi, fa, fol; ainfi le premier ton de ces tons ré- pondant au mode dorien des Grecs, le fecond ré- pond au phrygien, le troifieme à léolien, & non pas au lydien, comme a dit M. Pabbé Broffard, & le dernier au mixo-lydien. C’eit S. Miroclet, évêque de Milan, ou felon l’opinion la plus reçue, S. Am- broife qui vers lan 370, choïfit ces quatre «025 pour en compofer Le chant de l’églife de Milan, & c’eft : ce qu’on croit le choix & l'approbation de ces deux grands hommes qui ont fait donner à ces quatre sons le nom d'avrhentiques, | Comme les {ons employés dans ces quatre rons n’occupoient pas tout le difdiapafon ou les quinze cordes de l’ancien fyftème, S. Grégoire forma le projet de les employer toutes par l'addition des qua- tre nouveaux #o7s qu'on appelle plagaux, qui ont les mêmes finales que les précédens, & qui revien- nent proprement à hypodorien,à l’hypophrysien, à lhypoéolien & à lhypomixolydien; d’autres attri- buent à Guy d’Arezzo l'invention de ce dernier. C’eft de-là que ces quatre so7s authentiques ont chacun un ton plagal pour leur fervir de collatéral ou fupplément; de forte qu'après le premier ton qui eft authentique, vient le fecond qui eft fon plagal , le troifieme authentique , le quatrieme pla- gal, & ainfi de fuite. Ce qui fait que ces modes ou tons authentiques s’appellent auf 2mpairs & les pla- gaux pairs, eu égard à leur ordre dans la férie des’ tons. La connoiffance du ton authentique ou plagal eft effentielle pour celui qui donne le ton du chœurs , car s'il a à entonner dans un ton plagal, 1l doit prèn- TOM dre la finale à-peu-près dans le medium dela voix; | mais fi le ton eft authentique, la même finale doit être prife dans le bas. Faute de cette obfervation, on expoferoit les voix à fe forcér, ou à n’être pas entendues. M 4e | AS Quelquefois on fait dans un même ro des tranf- pofitions à la qunte; ainfi au-lieu de 7e dans le pre- mier ton, on aura pour finale le #£ pour le 7, lue pour le fz, & aïnfi de fuite; mais f l’ordre de ces {ons ne change pas, le ton ne change pas non plus, & ces tranfpoñtions ne fe font que pour la commo= dité des voix: ce font encore des obfervations à faire par l'organifte ou le chantre qui donné le ÉUILR AE | Pour approprier autant qu'il eft poffible , linto- nation de tous ces sons à l’étendue d’une feule voix, les Organiftes ont cherché les sons de la mufique les plus propres à correfpondre à ceux-là, Voici ceux qu'ils ont établis : on auroit pu les réduire encore à une moindre étendue, en mettant à l’umiflon la plus haute corde de chaque #07 , ou fi l’on veut, celle qu’on rebat le plus, & qu’on appelle domi- nante, en terme de pleim-chant. Mais on n’a pas trouvé que l'étendue de tous ces tons ainfi regles excédoit celle de la voix humaine; ainfi on n’a pas jugé à-propos de diminuer encore cette étendue par des tranfpoñtions qui fe feroient trouvées à la fin plus difficiles & moins harmonièufes que celles qui fontensufage. Premier ton; Second ton, ré mineur: fol mineur. 4 à | Troifieme ton, /4 mineur o4 thieux fo/ mineur. .. … :. (la mineur finiffant fur la domi- è PRE ae 3 nänte, par Cadence réguliere. Cinquieme ton, #£ mineur, 04 mieux ré majeur. Sixieme ton ; fa majeur. Septieme ton, rémajeur. 2 fol majeur, C’eft- à-dire, faifänt ) peu fentir le ton d'u. Au refte, les tons de l’églife ne font point affervis aux lois des sous de la Mufique ; il n’y eft point queftion de médiante ni de note fenfible, & on y laiffe les femi-rons où ils fe trouvent dans l’ordre na- turel de l'échelle, pourvu feulement qu'ils ne pro- duifent ni tri-os ni faufle-quintes fut la tonique.(s ) . Ton, (Lutherie.) inftrument dont les Muficiens fe fervent pour trouver & donner le 107 fur lequel on doit exécuter une piece de mufique ; c’eft une efpece de flûte à bec repréfentée , Planche de Lurhèrie, figu- re 27. 8. laquelle n’a point de trous pour pofer les doigts, mais feulement une ouverture Æ par laquelle on fouffle ; & une autre ouverture D qui éft la Iui- miere 8c par où le fon de l’inflrument fort ; on fait _ éntrer par le troù de la patte C une efpecé de pifton A BC; la partie À B de ce pifton fert de poignée pour la pouvoir tenir & enfoncer à volonté: la tigé B C eft graduée par dé petites marques où lignes c defg, a bë qui répondent aux notes de la müfque ; enforte que fi on enfonce le pifton jufqu’à une de ces marques ; par exemple, jufqu'à 9 qui répond à fol, l'inffrument rendra alors un fon quifera la quin- fe du premier fon qu’il rend, lorfque la premiere mar- que cou c fol ur eft à l'extrémité du corps D C de Pinftrument. La formation du fon dans le z07 fe rap- porte à celle du fon dans les tuyaux bouchés de Por- gue. Voyez l'article BOURDON DE 16 PIÉS G> les ft- LES à à D Po | TON; ( Marine.) c’eft la partie du mât qi eft comprife entre les barres de hune & le chouquet, & où s’affemblent par en-haut Le bout du tenon du mât inférieur avec lé mât fupérieur , & cela par le moyen du chouquet ; & par en-bas, le pié du mât fupérieur avec le tenon du mât inférieur,par lemoyen d’une cheville de fer appellée c/ Huitieme ton, 0 ISO, 2% TON, (Peinture) nom qui convient en peinture à toutes fortes de couleurs & à toutes fortes de tein- tes, foit qu'elles foient claires, brunes, vives, &c. Foyez TEINTE. On dit 2075 clairs , sons bruns, tons vifs ; ces couleurs ne font pas de même 10%, Ce terme a néanmoins une acception particuliere lorfqw'on y joint l’épithete de hezz, de Son: Alors il fignifie que les objets font bien caraétérifés par la couleur, relativement à leur poñitiôn, 8 que dela compofition de leurs so75 réfulte une harmonie fatis- faifante. Vilains, mauvais sons, fignifient que de leur: aflemblage réfulte le contraire. RTE _ TON, { m. ( Rubansrie, ) d’eft une grofle noix percée de plufeurs trous dans fa rondeur, & traver- ice de deux cordes qui tiennent de part & d’autre au métier, elle fert à bander ces deux cordes par uneche- ville ou bandcir qi’on enfonce dans un de ces trous; & qui mene la noix à difcrétion. ED. JT.) 1 2. TONAIGE, {. m. ( Mif. des impôrs.) forte d'im- pôt nommé vo/aige & grofle laige , qui fe levoit an- ciennement par quelques feigneurs ; mais fans droit &c fans titre, fur ceux qui par ordre du roi, recueil- loient & amañloient les paillettes d’or dans quelques: rivieres de France, (D. J.) | TONCAT, (Géog, mod.) ville d’Afie, dans la partie occidentale du T'urqueftan, fur le bord du fleu- ve Jaxartes dans un terroir délicieux. Alboulcaif l'appelle le palais des fciences , à caufe de académie des Arts & dés Sciences qui y étoit établie de fon tems. Long, fuivant de Lifle, #9. las. 47, (D. J.) TONDÈREN oz TUNDERN, (Géog. mod.) ville de Danemarck, dans le duché de Sléfwig, fur la rive méridionale du Widaw ; à quatre milles de Ripen., d’Apenrade & de Fleusbourg , à cinq de Slefwig, & àfept d'Haderfleben. Abel, duc de Slefwig, & de- puis roi de Danemarck, donna à Tonderen le titre de Ville en 1243. Elle éft aujourd’hui bien fortifiée & dansun terrein fertile. Longie, 26. 44. larir. 54. 52. TONDEUR , f.m. ( Ars. méch. ) ouvrier qui tra- Valle dans les manufactures de lainage à tondre avec des forces, les draps , Les ferges & autres étoffes de laine. | À Paris, les rondeurs forment une communauté qui eftfort ancienne. Leurs premiers ftatuts furent du mois de Décembre 1384. du tems de Charles VI ; ils fu- rent enfuite confirmés & atigmentés par Louis XI en 1477, puis par Charles VIIL. en Juillet 1484. & enfin par François I. en Septembre 1531. | Par ces ffätuts , ils font nommés rondeurs de draps à table féche ; parce qu’il ne leur eft pas permis de tondre aucunes étoffes quand elles font éncore mouil- lées. Il ya à la tête de cette coimmunaüté quatre maï- tres qui ont la qualité de jurés-vifiteurs, dont la fonc: tion eft d'aller vifiter chez les maîtres pour veiller à la confervation de leuf art & métier , & ténir la main à l'exécution des ftatuts & ordonnances qui le concernent. | | E’éleétion des quatre jurés fe fait tous les deux ansi favoir, de deux anciens maîtres qui ont déja pañlé par la jurande , & dé deux jeunes maîtres qui n’y ont pas encore pañié. ne Outre ces quatre jurés -vifiteurs , il y a encore deux maitres que Pon nomme fimplement é/us , qui font proprement des petits jurés ou fous-jurés. Ces jurés doivent être préfens au chef-d'œuvre des afpi- rans à la maïîtrite & aux expériences des compagnons; ils doivent auf tenir la main à ce que l’on ne travail= le point les fêtes & les dimanches ; ces deux petits jurés font auffi élus tous Les deux äns. , _ Avec ces quatre jurés-vifiteurs & ces deux petits jurés , 1l y a encore un ancien maître de la commu- nauté que l’on élit pareillement tous les deux ans } auquel on donne la qualité de grand garde ; il n’a au- 406. TON cune fonétion , fa chargé étant purement d'honneur, & feulement une marque du mérite & de la capacité! de celui qui en eft revêtu. Lab | Pour être reçu maître sordeur à Paris , il faut avoir fait trois années d’apprentiflage , faire chef-d'œuvre, qui confifte à donnet deux tontures on coupes à un morceau de drap de deux aunes encore blanc; fa- voir, une avant que le drap ait été laine, êc l’autre après le lainage. Outre ces deux tontures , il doit en- core en donner une au même morceau de drap après avoir été teint. | Les fils de maîtres font exempts de l’apprentifa- ge & du chef-d’œuvte ; 1ls {ont feulement tenus de faire une fimple expérience , qui confifte à tondre une fois en premier deux aunes de drap en couleur. Chaque maître doit avoir chez lui un morceau de fer tranchant par un bout, qui eftune efpece de poin- td çon, qui fert à marquer toutes étoffes qu’ils tondent ou qu'ils font tondre par leurs compagnons ; cette marque fe fait ordinairement au premier bout ou chef dé la piece. Il n’eft pas permis à un maitre de conti- nuer à tondre une piece déja commencée & marquée par un de fes confreres. Les tondeurs de drap prennent pour patron PAf- fomption de la fainte Vierge ; 1ls ont une confrairie établie dans l’éghfe des grands Auouftins. Ils n’ont point de chambre de communauté pour faire leurs aflemblées ; mais quandils veulenten convoquerune, elle fe tient chez le plus ancien des jurés en charge. Par les réglemens généraux des manufaëtures de lainage faits au mois d'Août 1669, arc. 53. il eft dé- fendu aux sondeurs de drap de fe fervir pour lenti- mage des étoffes d’aucunes graifles appellées flambarz ; ils doivent feulement y employerdu fain-doux de porc le plus blanc. Il leur eft encore défendu de fe fervir de cardes, mi d’en avoir dans leurs maifons pour coucher les draps, &c. ils ne peuvent fe fervir pour cela que de chardons à foulon. - Quoiqu'il femble par tout ce qui vient d’être dit, que la profeffion de sondeurs doive fe renfermer. dans la feule tonture des draps, ce font cependant eux qui fe mêlent de les prefler, de les cattir & de les frifer.. TONDINS , f. m. pl, ( Plombier. ) inftrument à Pufage des plombiers &z des faéteurs d'orgues. Ce font de gros cilindres de bois dont on, ie {ert pour former & arrondir les tuyaux de plomb deftinés à la conduite & à la décharge des eaux, & les tuyaux, d’étain pour monter les orgues. Ces tozdins font plus ou moins gros & longs, {elon la groffeur & la lon- gueur qu’on veut donner aux tuyaux. Poye/TuYAUx. TONDI-TEREGAM , 1. mm. ( Hifi nat. Botan. exo. ) grand arbre de Malabar. qui s'éleve à la hau- teur de cinquante à foixante pis ; fon tronc , qui eft extrèmement gros, poufle une infinité de branches droites, longues, vertes, lanugineufes, rudes &c pleï- nes d’une moëlle fpongieufe ; es feuilles font difpo- fées par paires dans un ordre parallele ; elles font portées par des queues qui tiennent aux petites bran- ches terminées en pointe , dentelées, épaïfles , Hf£- fes, vertes, luifantes par. deflus, verdâtres & co- tonneufes par-deflous , d’une odeur douce , & d’un e Le! » Lt e y goût aromatique. Les fleurs naïflent trois à trois , & même en plus grand nombre d’entre les aifelles des feuilles; elles font tétrapétales, pointues , & répan- dent une odeur agréable lorfqu'onlesfroiffe entre fes doigts. Il s’éleve d’entre les pétales quatre Étamines purpurines , au centre defquelles eft un piftil rouge à fommet blanchâtre. Les auteurs de l’Æors. rmalab. nomment cet arbre, arbor flore retrapetalo , odorato, fruûu nullo, Hort. malab. rom. IF. c’eft-à-dire qu'ils ne lui donnent point de fruit ; mais c’eft vraiflembla- blement une erreur de leur part. (2.J.) TONDRE, v. a. (Grarm.) en général c’eft cou- * per Les poils fuperflus. TON TONDRE , (rerme de Chapelier.) c'eft Al’évard des chapeaux de Caudebec, & de ceux qui font fabriqués de pure laine , les faire pañler par-deflus la flamme d'un feu clair, ordinairement fait de paille ou de menu bois, pour en Ôter les plus longs poils, ce qu'on appelle vulgairement ffamber le chapeau; & pour ce qui eft des autres chapeaux, comme caftors, demi-caftors & vigognes, c’eft les frorter par-deflus avec une pierre-ponce , pour ufer le poil qui excede trop; c’eft ce qui fe nomme ordinairement porcer le chapeau, (D. J.) TonNDRE, Tonpu, (Jardin. ) pluñeurs parties d’un jardin font fujettes à la tonture, foit aux cifeaux, {oit au croiflant. Les parterres ne ferônt tondus que la feconde année pour laiffer prendre terre au buis & le fortifier. Il les faut enfuite sondre aux cifeaux au- moins une fois lan dans le mois de Mai. Les beaux parterres le font deux fois l’année après les deux {eves, d'a. | Les ifs, les arbrifleaux de fleurs & les paliffades bafles fe sondent aux cifeaux , ainfi que les boules d’ormes , au-moins une fois par an entre les deux feves, Les autres grandes paliffades de charmille & d’é- rable , fe sondent au croïffant au-moins une fois l’an , comme en Juillet; on les z024 dans les beaux jardins en Juin & au commencement de Septembre aprèsla poufle de chaque feve,pour les mieux entretenir dans la belle forme qu’on leur a donnée. TONDRE, v.aét. (Laïnage.) ce mot en manufa@ture de laïinage , fignifie couper avec de grands cifeaux que l’on appelle forces , Le poil fuperflu & trop long qui fe trouve fur la fuperficie des draps & autres étoffes de laines pour les rendre plus rafes & plus unies.Onsond plus ou moins de fois les étoffes fuvant leur finefle & qualité. Savary, (D. J.) TONDRUC, 04 TENDRAC,, f. m. ( Æff. rar.) animal quadrupede de l’ile de Madagafcar , qui eft une efpece de porc - épic. Il eft de la grandeur d'un chat ; il a le grouin , les yeux & les oreilles d’un cochon ; fon dos eft armé de pointes ; il n’a point de queue. Ses pattes font comme celles d’un lapin; il fe nourrit d’intetes & d’elcargots. La femelle multiplie prodigieufement , elle produit jufqu’à vingt petits d’une portée. Cet animal fe cache fous terre, où il forme une efpece de galerie finguliere; d’abord elle s'enfonce perpendiculairement d'environ deux ou trois prés, enfuite elle va obliquement , enfin elle remonte jufque près de la furface de laterre ; là lani- mal fe loge , & il y demeure cinq ou fix mois fans prendre aucune nourriture, & fans qu’au bout de ce tems il en foit plus maigre. Sa chair eft un très-bon manger. TONÉES , (Anrig. greg.) fêtes qui fe célébroient à Argos , felon Athénée: elles confiftoient en ceque l’on portoit en grande pompe la ftatue de Junon qui avoit été volée pär les T'yrrhéniens, puisabandonnée fut le rivage. La ftatue étoit environnée de liensten- dus , d’où la fête pritfon nom, véfro , en grec, figniñie tendre, ( D. J. TONG-CHU , £ m. ( ff, nat. Botan. exot. ) ar- bre de la Chine dont on tire une liqueur qu'approche du vernis. Quand on le voit de loin , difent nos mif- fionnaires, on le prend par un vrainoyer , tantil lui eft femblable, foit pour la forme & la couleur de l'écorce, foit par la largeur & la couleur des feuilles, foit par la figure & la difpofition des noix. Cesnoix ne font pleines que d’une huile un peu épaifle , mê- lée avec une pulpe huileufe qu’on preflure enfuite pour ne pas perdre la plus grande partie de la liqueur. Pour la mettre en œuvre on la fait cuire avec de la litharge, &c l’on y mêle, fi l’on veut, de la couleur; fouvent on Papplique fans mélange fur le bois quelle défend de la pluie. On lapplique auffi fans mélange Aux les carreaux qui forment Le plancher d’une chante bre ; ils deviennent luifans ; & pourvu qu’on ait foin de les laver de-tems-en-tems , 1ls confervent leur lu ftre. C’eft ainfi que font faits les appartemens de. l’empereur chinois & des grands de l'empire. Mais fi on veut faire un ouvrageachevé ; s’il s’agit, par exemple, d’orner unechambre , un cabinet , on couvre les colonnes & la borferie de filaffe,de chaux, ou d’autres matieres femblables préparées en pâte, On laiffe fécher le tout jufqu’à un certain degré ; on mêle enfuite dans l’huiletelle couleur que l'on veut ; &x après l’avoir fait cuire à l'ordinaire, on l’applique avec des broffes , fuivanr le deflein qu’on s’eft formé, On dore quelquefois les moulures 9 les ouvrages de fculpture , & tout ce qui eft relevé en bofle ; mais fans Le {cours de la dorure, l'éclat & le luftre de ces ouvrages ne cedent guere à celui du vernis que les Chinois nomment #£, parce qu’il découle du tfi-chu. Voyez TsrcHu. (2.1) TONG-EU , f. m. ( Æiff. nar.) ce mot fignifie en chinois symbale de cuivre; on le donne à la Chine à une montagne fituée dans la province de Quey-chew, qui fait un brut confidérable dans de certaines {ai- lons., fur:tout à l'approche de lapluie. TONGHOA-FANG , 1 mm. (AE. nat. Ornithol.) c’eft le nom que les Chinois donnent à un petit oïfeau dontlebeceftrouge , & dont le plumage eft des cou- leurs les plusives &c les plus variées ; fuivant les Chinois cet oifeau eft produit par la fleur appellée zong-hoa , à quiilreflemble par fes couleurs , & à laquelle l’oifeau ne peut furvivre. Cette fleur croît , dit-on , dans la province de Se-chouen ; mais on eroit qu’elle eft fabuleufe ; ainfi que l’oxfeau qu’elle roduit, TONGOUS , 104 TONGURES , o4 TOUNGU- SES , (Géog. mod.) peuples tartares foumis à Pem- pire ruflien , & qui occupent à-prélent une grande partie de la Sibérie orientale. Voyez les détails qui concernent.ces peuples au 704 TARTARES. ( D, J.) TONGRES, (Géog. mod.) Aruaticum Tongrorum , enfuite Tongr: , .en flamand Torgeren ; ville des Pays-bas , dans l'évêché & à trois lieues au nord- oueft de Liege , au pays nommé /4 Hasbaye , fur le Jecker. Elle a eu dès les premiersfiecles un évêché qui futenfuite transféré à Maftricht,&r de-là à Liege. Longres avoït de lacélébrité du tems de Jules-Cé{ar, & étoit Ja capitale d’un grand pays. Guichardin la .donne pour la premiere des villes .de France.& de l’Allemagne qui ait été convertie au chriftiani{me ; mais Attila la ruina dans{esincurfions ; elle n’a fait que lanpuir depuis; 8 pour comble de maux, les François la démantelerent en 1673. Long. 23. 4. latit. 50.54. (D.3.) TONG-TSAO , f. m.( Hif. nat. Botan. exo, ) ar- brifleaude la Chine quis’éleve à lathauteur de quatre ou cinq piés:Ses feuilles reflemblenr à celles du ricin, Où palmaiChrifh. Le milieu de fon tronc eit rempli d’une moëlle blanche légere, moins ferrée que la chair du melon , & moins fpongieufe que la moëile du fureau. On cuit cette moelle, & l’on en fait un rob quieft doux, agréable, & qu’on mêleavec des fruits pour en relever le goût. La tige du zong-1/ao eft divifée comme le bam- bou, par divers nœuds qui naïfient entre deux des tuyaux dela longueur d’un pie, Ces tuyaux contien- nent auffi della «moëlle dont on fait le même ufage que decelledutronc. (D. 7) TONGUÉ , £. f. ( Hifi. na. Botan. ) plante de l’île de Madagafcar ; fa racine eftfortamere, fa fleur ref- femble à celle du jaflemin : on la regarde commeun excellent contre-poifon. TONIES , {.#..pl.(Marine.) fortes de bateaux des Indes, qu'on attache deux-à-deux avec des rofeaux, ou des écorces-d'arhres , afin. qu'ils .s’entrefoutien- { bent ,-êt auxquels on Met une petite voile, pelle cet aflemblage carapanñel, TONIQUE , souvemens tonique dans l'œtenomis animale, a@ion dans laquelle les mufcles d'une pars He tant les antagoniftes que les congeneres, acillent fous pour vaincre une puiflance qui produit ou doit produire fon eflet dans une dire@ion communeàcelle de tous ces muicles en ation. Voyez ANTAGONISTE é CONGENERE. Oneroit communément que c’eft l’attion Lot qté des mufcles,, lorfqu'ils agifient tous enfemble > qui nous retient dans une fituation droite ; ce qui-nous empêche de tomber en-devant , en-arriere & fur les côtés. On tombe en-devant en pliant les jambes vers les piés, & l’épine vers les genoux ; ainfi il n’y a pour lors que les extenfeurs du pié qui puiffent empêcher la cuifie & le pié de faire des angles, 8 non pas les fléchiffeurs qui contribueroïent plutôt à faire tomber; c’eit pourquoi ils demeurent fans ation. On tombe en arriere lorfqu’on étend trop le pi£ lorique la cuifle fe plie en-dedans ; ainfil n’y doit y avoir que les extenfeurs quiredreffent Les genoux. L’attion des mufcles extenfeurs Oppoiés empè= che de tomberfurles côtés; d'oùileft facile devoir que ce n’eft point par l’aétion de tous ces mufcles an- tagoniftes que nous nous tenons debout , mais feu- lement par celle des extenteurs & de quelques flé- chifieurs, pendant que quelques: uns de ceux qui fléchiflent les genoux demeurent en repos & fans action. foyer ÉLÉCHISSEUR 6 EXTENSEUR. TONIQUE , adj. (Thérapeutique. ) du mot. grec Te NO ; OU rwTix6s , NOM que les anciens donnoient aux remedes fortifians appliqués extérieurement , & qui eft devenu très-familier aux modernes, & fur- tout aux folidiftes, pour exprimer plus généralement unremede quelconque, foit intérieur {oit extérieur a qui eft capable de fortifer ; (c’eft-à-dire de mainte- ir, de rétablir ou d’augmenter le ton ou tenfion na- turelle , foit du fyftème général des folides , {oit de quelque organe en particulier. Ceteftet peut convenir proprement à deux efpe- ces de remedes ; favoir aux aftringens, c’eft-à-dire à cette clafle deremedes qui referrentévidemment « & par conféquent fortifient le tiflu des folides paf l'effet très-caché d’une qualité très-manifefte, favoir l'auftériré où l’acerbité , &t à une claffe bien différente de remede , qui ne fait fur les.folides qu'uneimpref fon beaucoup plus pañlagere , qui les ftimule , qui les excite , qui augmente leur mouvement | & par conféquent leur force. L'effet des premiers eft de procurer une efpece deforce morte ,maïs conftan- te, mais inhérente; l’effer des feconds , C’eft de dé- terminer une force véritablement vitale, de produire de l’aétivité , du mouvement ; & cette propriété fe trouve dans tous les remedes qu'on a appellés auf cordiaux , échauffans , nervins, excitans, reflaurans , cc. &c c’eft précifément à ce dernier genre qu’eft donné le nom deéozique dans le langage le plus reçu aujourd’hui. . De quelque maniere que ces remedes produifent leurs aétions ( objet fur lequel on n’a abfolument que des connoiffances très-vagues, ou des théories fort arbitraires ) , leur effet fenfible {ur toute la machine eft d'augmenter le mouvement progrefif du fang, les forces vitales , les forces mufculaires-& la chaleur animale ; êc fur quelques organes particuliers d’en réveillerle jeu , ou d'augmenter , pour ainf dire, leur vie particuliere en y établiffant un nouveau de- 407 Onaps gré de tenfion& de vibratilité. Ces remedes, confidérés par leurs effets sénéranx & primitifs font défignéspar tous les noms que nous avons rapportés plus haut ; mais lorfqu’on Les conf. dere-par quelque effet feçondaire & plus particulier, 408 TON ils prennent différens noms ; celui d’alexiphärmaque, coinme réfiflant à de prétendus effets-mortihians , au froid mortel des venins , fuivant la doétrine des an- ciens , voyez ALEXIPHARMAQUE,/Hdorifiques ; com- me excitant la fueur, excrétion qui eit une fuire commune de la chaleur augmentée ; flomachiques , comme rétabliflant le ton naturel de l’effomac, 6e, Voyez STOMACHIQUE. . Les différentes clafles des remedes somiques cot- diaux, nervins, Ge. qui parmi les différens effets pro- pres à ces remedes, produifent éminemment l'au- gmentation de chaleur, font expolées à larzicle ÉCHAUFFANT, voyez cet article; On peut y Joindre encore deux autres efpeces de fubftance végétale ; favoir les amers purs &c les amers aromatiques ; en obfervant néanmoins que leur effet eft plus lent, mais par cela même plus durable, & que de tous les effets généraux des soniques , c'elt l'augmentation de chaleur qu'ils produifent le moins. On peut join- dre encore ici certains fpécifiques connus dans l’art ous le nom d’antifpafmodiques & d’hyfleriques. Voyez SPASME CG HYSTÉRIQUE, ( ToniQue, er Mujique , eft le nom de la corde principale fur laquelle le ton eft établi. Tous les airs finiflent communément par cette note, fur-tout à la bafle. On peut compofer dans Les deux modes fur la “même tonique ; enfintousles muficiens reconnoiffent cette propriété dans la sonigue | que l'accord parfait n'appartient qu'à elle feule. Par la méthode des tranfpofñitions, la sonigue porte toujours Le nom d’zs au mode majeur , & de /2 au mode mineur. Voyez Ton , Mons, TRANSPOsI- TIONS, SOLFIER, GAMME, CLÈS TRANSPOSÉES, Éc. | Tonique eft auffi le nom que donne Arifloxène à lune des trois efpeces du genre chromatique, dont il explique les divifions, & qui eft le chromatique ordinaire des Grecs , procédant par deux femi-tons confécutifs, puis une tierce mineure. (S) TONLIEU , £ m.( Gram. & Jurifprud. ) a été ainfi appellé du latin se/onium , qui, dans fa fignifica- tion primitive , veut dire un bureau où lon paye quelque tribut public ; mais par un ufage aflez ordi- naire , ileft arrivé que l’on a donné au tribut même le nom du bureau où ilfe payoit ; de forte que l’on a auf appellé du latin selontmm, & en françois sorlieu , ou droit de sonlieu, &t par corruption sonnelieu,thon- neu ,shonnieu ou soulieu , deux fortes de droits qui fe payent au roi ou autre feigneur du leu. | La premiere, qu’on appelleaufli en quelques lieux droits de plaçage , eft pour la permiffion de vendre des marchandifes & denrées dans quelque foire ou marché. L'autre eftune efpece de droit d'entrée 8 de for- tie, pour la permiffion que le fouverain ; OÙ ceux qui font à fes droits, donnent de faire entrer dans un pays des marchandifes qui viennent d'un autre pays, lequel eft étranger ou réputé tel à l'égard de celui où l’on veut les faire entrer, ou bien pour faire fortir ces marchandifes du pays &c les faire pañler dans un autre qui eft pareillement étranger ou réputé tel, foit que ces marchandifes entrent ou {ortent par mer, ou qu’elles foient tranfportées parterre. On percevoit autrefois à Paris & à Orléans des droits de ronlieu dans les marchés, & il ef parlé de ce droit dans les coutumes de Bourbonnoïs , Chä- logs, Artois, Boulenoïis , Saint-Omer , Hainault. es anciens comtes de Flandre jouifloient du droit de tonlieu., lequel faifoit partie des droits de hauteur, c’eft-à-dire , des droits régaliens auxquels ils étoïent fubrogés. M. Galand, en fes mé. de Navarre & de Flandre , dit que ce droit fe paye pour Le pouls , paf- fage , péage &t douane de toutes fortes de marchan- difes , denrées, vins & autres chofes généralement " TON. quelconques apportées dans la ville & qui y font tranfportées en quelque maniere que ce foit. | La perception de ce grand sozlieu de Flandre fut par fucceffion de tems établie à Gravelines, où.on. le nomma d’abord le sondieu anglois, parce qu'il fe percevoit principalement fur les marchandifes ve- nant d'Angleterre; on l’appella depuis le tozlien de Graveline, | à Le commerce de la Flandre ayant depuis pañlé à Bruges, on ÿ transféra le’ rorliez de Graveline, & enfute de Bruges à Saint-Omer, après quoiil fut re= ris à Graveline. | Il fut dans la fuite établi d’autres bureaux à Dun- Kkerque , Oftende èc ailleurs. | Les archiducs Albert & Ifabelle le faifoïent auf percevoir dans la Zéélande , où on l’appelloit le r02- lieu de mer , parce queles marchandifes ne pouvoient arriver que par mer dans les îles qui compofent la Zéélande ; mais ce sonlieu de Zéélande fut cédé aux Hollandoïs par le traité de 1664. Voyez le gloff. de M, de Lauriere au #70 ToNLIEU. ( 4 TONNAGE ox TOLLAGE, f. m. ( Jurifprud. ) étoir un impôt que quelques particuliers leyoient in- dûment fur les Doriers, qui, par ordre du roi, ra- mañoient l'or de paillole dans quelques riviéres & montagnes de Languedoc ; il en eft parlé dans un mandement adreflé aux maîtres des monnoies pour empêcher ces vexations. Voyez Conftant,p. 64. (4) TONNAGE 6 PONDAGE , ( Æ1ff. mod. d'Angler. ) impôt qui eft mis fur chaque tonneau de toutes les marchandifes qui entrent dans le royaume & qui en fortent. Cet impôt eft d’un fcheiling par livre fter2 ling. Le parlement accorde ordinairement au roi le produit de cette impoñrtion fur l’entrée & fur la for2 tie des marchandifes, pour le mettre en état debien garder la mer &de protéger le commerce. CharlesI, voulut, après la mort du roi Jacques , lever ce droit, fans l'autorité d’un aéte du parlement ; cette préten- tion nouvelle fut Le fujet des plus grandes brouille. ries,, qui éclaterent dans la fuite entre le parlement &t ce monarque ; &c l’on fait combien elles lui furent funeftes. (D. J.) | TONNAY-BOUTONNE , ( Géog. mod, ) petite ville , ou plutôt bourg de France, en Saintonge , au diocèfe de Saintes , fur la petite riviere de Bouton- ne , à trois lieues de Saint-Jean-d’Angeli, & à pa- teille diftance de Tonnay-Charente. Long. 16. 32. lasir, 45. 54. ( D.J.) TONNAY-CHARENTE, ( Géog. mod. ) en latin du moyen âge, Talniacum , Tauniacuin ; ville de France , en Saintonge , au diocèfe de Saintes, fur la Charente, à une lieue au-deffous de Rochefort, &à fix de Saint-Jean d’Angeli. Elle eft aflez ancienne , a titré de principauté, un château , & une abbaye d'hommes de l’ordre de faint Benoît. Son port eft paffablement bon. Long. 16. 42. larit. 50,5. (D. J.) TONNANT ,( Mychol. ) épithete que les Poëtes donnent aflez fouvent à Jupiter, comme au dieu qui étoit maître du tonnerre. Jupiter sozmant avoit un temple à Rome. (D. J.) TONNE , 1. £ ( Corchyliol. ) en latin dolium, concha globofz, concha fpherica, ou concha ampulla- cea , à caufe qu’elle a la forme d’une bouteille. Voici fes caraéteres. C’eft un genre de coquille univalve , ronde en forme de tonneau, dont Pouverture eft très-large , fouvent avec des dents, quelquefois fans dents. Son fommet eft peu garni de boutons, & applati. Son füt eft ridé , ou uni. Rumphius a confondu la famille des ronnes fphé- riques avec celle des cafques, qui font de vrais mu- rex, en appellant les sonnes , caffides leves. Une formé ronde, enflée dans fon milieu, & la tête peu garnie de tubercules avec une bouchetrès- évalée , marquent le caraétere générique de ces tet- faces. our FON . Pour mettre de l’ordre dans ce difcouts ; on peut établir , avec M. Dargenville, cinq clafles de songes, 1°, celles des soznes rondes & umbiliquées ; 2°, celle des ronnes oblongues & rayées ; 3°. celle des onres oblongues , garnies de côtes &c de boutons ; 4°. les tonnes dont la queue eft alongée & faite en croif- fant ; 5°. les sornes en gondole. Dans fa premiere clafle des ronnes rondes & uim- biliquées , on compte , 1°. la soxe blanche , mince & ffriée ; 2°. la conze cannelée , entourée de petites cordelettes jaunes ; 3°.1a même à petites cordelettes tachetées ; 4°. la perdrix résulierement ftriée & mar- quetéee ; ÿ°. la tonne épaifie, blanche » toute fillon- née , &c la bouche dentée ; 6°. celle qui eft ftriée & tachetée , avec la columelle ridée, Dans la clafle des sonzes oblongues & unies, on met les efpeces fuivantes: 1°. là sonre jaune fans mamelon; 2°. la blanche avec un mamelon; 3°. la couronne d’Ethiopie, qui eft une roz7e fauve, couronnée ,avecun mamelon ; 4°, la même oblon- gue fans mamelon ; 5°. la szne bariolée avec un mamelon applati ; 6°. la sonne pyramidale , creu- fée dans fes étages , & barriolée. Dans la troifieme clafle , compofée des ronnes oblonpues , garnies de côtes & de boutons , on dif- tingue, 1°. la harpe empennée , à treize côtes cou- leur de rofe ; 2°. la même barriolée À onze côtes ; 3°. la même nommée la rob/4-harpe , À caufe de fa belle figure ; elle eft de couleur brune, barriolée de blanc ; 4°. la même, jaunâtre , à fries profondes ; 5. la même, rougeâtre, à quatorze côtes étroites & rouges ; 6°, la conque perfique , autrement dite la pourpre de Panama , chargée de mamelons. Quand elle eft polie, elle paroït tôute différente , en ce qu'elle devient toute life , & ceinte de petites lignes blanches ; 7°. la mûre, en anglois she mullberry-fhell ; 8°. la même à ftries , remarquable par fes taches bru- nes & blanches. Dans la quatrieme claffe des sonnes , dont la queue eftalongée &r faite en croiffant , nous avons pour ef- peces principales ; 1°. [a figue dont la tête eft en- _tierement applatie ; 2°. le radix de couleur violette : 3°. la sonne ftriée couleur de citron ; 4°. la même : jaune, épaiffe , à ffries & boutons rangés réguliere- ment ; 5°. la même , mais de couleur blanche. Dans la cnquieme clafle , qui font les sonres en forme de gondole , on recherche dans les cabinets des curieux les unes ou les autres des efpeces fui- vantes : 1°. la noïx de mer, qui eft une grofle gon- dole épaifle & d’un gris cendré ; 2°. la gondole oblongue & verdâtre; 3°. la même , rougeâtre ; 4°, la papyracée , de couleur blanche ; 5°. la citronnée, à quatre fafces fauves; 6°. la fauve rayée de lignes fines comme des cheveux ; 7°. la grofle gondole blanche , ombiliquée des deux côtés. Dans le nombre de toutes ces efpeces , on diftin- gue beaucoup les fuivantes, fur-tout la conque per- fique, que bien de gens rangent parmi les porcelai- nes. Rondelet la place avec les buccins, & la nom- me echinophara ; mais la figure extérieure s'établit na- turellément dansle genre des soznes fphériques. Il eft furprenant qu'Aldrovandus , ignorant dans quelle claite de coquille il pouvoit la ranger, ait pris le parti de la mettre à la fin defon livre, commeune coquille unique. . La couronne d’Ethiopie eft encore une efpece fort finguliere par fa couronne formée de pointes, &c par la couleur fauve qui lui eft prefque toujours affeûtée. | La harpe , qu'on appelle communément la caflan- dre, fans trop favoir d’où vient ce nom , eft une des belles efpeces de sonne ; & d’ailleurs très-variée dans fes couleurs. On eftime fur-tout la noble-harpe quand elle eft à côtes barriolées de noir fur un fond café. Tome XVI. l'animal eft toujours le même que celuidec TON 409 Les ronnes qu’on appelle la fgue, 8e le radis, font remarquables par leur feure alongée, en queue re. courbée , & par leurs couleurs qui imitentle naturel Enfin la conque {phérique fafciée de couleur bleue. jaune en-dedans , & qu’on appelle Ze cordon-blen , eft très-rare, Elle fe trouve quelquefois brune & ftriée, Les fauvages de l'Amérique la montent fun pié de bois travaillé fuivant leur soût > © en font un de L) . © leurs dieux, appellé Maison. Il eft tems de parler du coquillage. Rien neft f fimple que l’intérieur de Panimal qui habite {a conte, La partie depuis la tête jufqu’à la fraife » forme ‘une mañle de cinq facs fphériques, remplis d'une humeur blanchâtre , ou rougeñtre ; tout eff lié par de petits boyaux , dont le plus long & le plus gros fe termine à la queue ; une fraife dentelce eft au milieu de ce long boyau. Souvent la coquille de 1a tonne eft mince comme celle des gondoles : cependant il y en a d’épañfles, comme celle dela conque perfique , & autres; mais jours ette con- que & du buccin ; il ne differe que par fa fioure ex- térieure, dont l’ouverture eft ordinairement plus grande du double de fa largeur. La leyre droite eft mince & tranchante, fouvent avec un repli déchi- queté qui va jufqu’en bas. Son bourrelet en-dedans eft garni d’une vingtaine de petites dents ; la leyre gauche au contraire eft arrondie, & n’a que quatre dents. Sa tête qui eft aflez large , a deux Cornes foit courtes de figure triangulaire | dont Les yeux font placés fur leur côté extérieur , à - peu -près vers le milieu de la tête. Il fort de fa bouche une trompe percée , & garnie de dents qui fervent à l'animal à fucer la chair des autres coquillages. La membrane qui tapifle les parois de fa coquille, paroît à l’extré- mité , & fe replie pour former un tuyau qui pafle entre les deux cornes. & qui lui fertà refpirer & à fe vuider. Son pié fe forme en ellipfe, &fort-f con fidérablement, qu’il couvre la coquille: La ronne fluviatile fe trouve dans la Marne ; fa co- quille eft fort mince. Il y en a de grifes , de noires & de verdies par le limon de l’eau. L’animal de-cette coquille , au-moyen de fa couche baveufe terminée par un opercule , fe montre quelquefois à la vue. fl fort alors de cette couche un long cou avec une tête où font deux cornes fort courtes » & deux points noirs quifont {es yeux ; fa bouche eft fort large. On ne trouve point de ronnes terreftres vivantes, HF, nat. éclaircre. (D. 1) TONNE, £ f, ( Mefire de continence.) stand vaife feau ou futaille de bois , de forme ronde & longue, ayant deux fonds, & qui eft reliée avec des cerclés: ou cerceaux. La tonne à du rapport au muid pour {a figure ; mais elle eft plus grande, plus enflée par le milieu, & va plus en diminuant par les bouts. On fe fert de la ronne à mettre diverfes efpeces de mar- Chandifes, pour les pouvoir envoyer &-voiturer plus facilement, comme fucre,, caflonnade pellete- ries, chapeaux, Éc. Savary. (D.J. TONNE D'or, (Commerce. ) en Hollande on nom me une or d'or la fomme de cent mille florins , ce qui faitun peu plus de deux cens mille livres argent de France. En Allemagne une ronne d'or eft de cent mille thalers ou écus d’empire, ce qui fait environ trois cens foixante 6 quinze mille livres de notrë monnoie. TONNE, fe dit, dans l’Artillerie > d'un erand vaif. feau de bois propre à renfermer des munitions, Ïl y a des ronnes A meche quien contiennent 3000 pefant, poids de marc ; des ronnes À facs à terre qui contiennent 500 livres de falpêtre. Saint-Remy Mer. d’Artillerie. (Q ; TONNE, ( Marine.) groffe bouée faite en forme de barril. Foyez Bouée, | Ff£ TON 430 Tonnes, UMarise:) ce’ font des-barrils-défoncés ! h . MS “par le.grosbout ; dont on fe fert pour couvrir la tête | des. mâts,, quand ces mâts fontdégarnis :on les cou- | vre auf'de prélarts. Voyez PRÉLARTS. TONNEAU, fm: ( Commerce. )fignifiesen géné- | ral toutes. fortes de vaifleaux ou'futailles de bois, | ronds ,-à deux fonds , 82 reliés de cercles férvantà : _mettre diverfes fortes de srarchandiles, comme vin, | eau-de-vie , huile, miel pruneaux, 6, Tonnean fe dit aufi-d’une: certaine mefure de li- | queurs. A Bordeaux &-à Bayonne le so7reau ef compofé de quatre bariques qui font trois muïds de : Paris..Le muid de Parisieft de 36 feptiers, chaque , -feptier.de 8 pintes ; ce qui monte à 288 pintes ; fur ! ce pié le ronneau de Bordeaux doit être de 864 pin- | tes, .& celui d'Orléans de 576 pintes, parce qu'il ne | contient qu'environ 2 muids de Paris, Woyez Murp. Le.rornéau d'Amfterdamicontiéntéraems ouams, |! Taem 4 ankers, l'anker 2 ftekans ,-le ftekan 16-min- | -gles, &.lemingle 2 pmtes de Paris; ce qui-revient | pour chaque sozneau à 1600 pintes. Le sonneau d'Angleterre eft de-2521gallons., cha- | que gallon de4pintes de Paris; ce "qui fait 1008 pintes de Paris. Woyez GALLON. = Tonneau eft -encore une mefure ou:quantité de grains qui-contient ou.quipefe plusou’moins, fui. | vant les lieux où-elle eft envufage. A Nantes le sonneau de grains contient 17 feptiers de 16.boiffeaux chacun, & pefe:2200 à 2500 livres. 11 faut 3 onncaux .de Nantes pour faire28 feptiers de Paris. À Marans & à laRochelleil contient 42 boiffeaux, ‘& fon poids eft-de deux pour ‘cent moins que celui de-Nantes. À Breftil-contient 20‘boifleaux, chaque boifleau -pefant près de 112 livres; ainfi le sonneau de Bref qui fait ro feptiers.de Paris.peut pefer environ 2240 livres. À Port - Louis & à-Hennebon ilpefe29solivres; à Rennes.ê& à Saint-Malo 2400 livres ; à Saint-Brieux 2600; à Aire, Quimpercorentin, & Quimperlay fon poids n’eft que de 1200. Il ya encore quelques villes de Franceërdes pays ‘étrangersquiréduifent leurs mefures pour lesigrans au.sonneau,-entre autres Beauvais & Copenhague. Le ronneau-de Beauvais-eft prefque épal au muid de Paris., qu'il n’excede que d’une mine ; maïs il faut 4O tonneaux où tonnes de Copenhague pour ifaire 19 feptiers de Paris. Les sonneaux-de toutes.ces villes réduits à la me- fure d’Amfterdam contiennent, les uns 13 müddes, comme ceux de Marans, de la Rochelle , de Nantes, & de Quimpercorentin ; d’autres 1 3 muddes ét demi, tels que ceux de Breft & de Morlaix. Les ronneaux de Rennes & de Saint-Malo contiennent 14 muddes d'Amfterdam, celui de Saint-Brieux 15 muddes & demi, celui d'Hennebon & de Port-Louis r7 mud- des. Voyez MUDDE, Diélion. de Commerce. TonNNEAU eft auffi unzerrme de Comimerce de mer. Le tonneau de mer eft eftimé pefer 2000 livres ou 20 quintaux de 100 div. chacun ; le prix du fret ou voi- ture.des marchandifes-quife chargent dans un vaif- feau fe reglent fur le pié du quintal ou fur le pré du sonneau de mer ; ainfi l’on dit charger au quintal ou charger au sonneau ; on donne ordinairement dans le fond-de-cale qui eft Le lieu de la charge d’un vaïf- feau , 42 piés cubes pour chaque tonneau. Quoique le sonneaz de mer {oit eftimé pefer 2000 livres, cependant l'évaluation ne life pas de s’en faire pour le prix du fret en deux manieres, ou par rapport au poids des marchandiles , ou par rapport à l'encombrement ou encombtance, comme on dit à Bordeaux, qu’elles peuvent caufer dans le fond- de-cale, c’eft-à-dire de la place qu'elles peuvent y TON rocciper à'caufe de leur volume :’ainf l’on évalue ces marchandifes fur run certain pié, par éxémple; -quâtre bariques de-vin‘ {ont prifes pour ün s0%7neau 3 vingt boïffleaux de châtaignes , de‘blé, de féves, de “graine dein, de noix, 6c. paflent auf pour un :07- réau. Cinq balles de plume ou detpellétérie, pefant chacune un quintal, huit balles de papiér, pefant Chacune cent livres, ne font qu'un tes Tiré balles de chanvre pefant chacune deux quintaux, font Le ronreau, Vingt quintaux de tabac font eftimés faire le zonrieau quant au poids; Mais quant à l’en- coïnbrèméent , il'faut cent cinquañte rouleaux de tabac pour-faire le sonneau. Dittion. de Commerée. . TONNEAU DE PERMISSION, ( Comm.) on'nomme ainfi en Efpagne la quantité de sonreaux de marchan- difes que le confeiltes Indes & le confulat de Seville jugent à propos d’envoyeren Amérique.par les.gal- lions'èt par la flotte. | Le nombre .de ces ronneaux fe regle ordinaire- ment fur les avis que les:miniftres d'Éfpagne reçoi- vent des vice-rois du Mexique & du Pérou, dela nécéflité que ces ‘pays peuvent avoir de plus ow moins de marchandiies ;:en-forte qu'ily a des flottes qui n’ont permiflion que pour deux mille conreartx, & d’autres en ontjufqu’à cinq ou fix mille; on jauge même les vaifleaux marchands pour remplir la quan- uité de ronneaux de permiffion, ce qui fait qu’en cer- taines années 1l y a plus de vaifleaux marchands qu'en d’autres : le nombre des vaifleaux de :puerre qui leur fert d’efcorte eft toujours. Le méme Diétion, TONNEAU; on nomme à Paris un tonneau de pierre de faint Leu ou d’autre pierre tendre, la.quan- tité de quatorze piés cubes: chaque ronneau fe divife en deux muids de fept piés cubes chacun. {4 ibid. TONNEAU, fe ditencore de la marchandife, foit folide foit liquide , ‘renfermée-dans un 1onneau + un tonneau de Vin, un cozneau d'huile, un rozre4u "de fardines., &c. TONNEAU , 2 ermed’Argenteur, éftun batril dé- foncé, fur lequel on -pofe la :chaudiere afin qu’elle foit plus à portée de l'ouvrier. Woyez PL. 6 fig. de l’Argenteur. TONNEAU depierre., {. m. (-Archir, ) c'eft la quan- tité de quatorze piés cubes, qui fertde mefure potr la pierre de fait Lieu , & qui peut ipefer environ un millier ou dix quintaux : ce’qui fait la moitié ‘d’un zonneat de la catgaifon d'un vaiffeau. Lorfqu'üne #i- viere a fept ou huitipiés d’eau, la navée d’un grand bateau peut porter 400 à 450 fonneauix de pierre. TONNEAU des Danaides , ( Mÿ£hol, ) nom confa- cré à ce fatal sorneau : Des fanguinaires Euménides .: Chatiment a jamais nouveau: Ces Jœurs envain sentent fans ceffe D'emplir la tonne vengereffe; Mégère rit de leurs travaux Rien n’en peut combler la nefure 3 Ex par l'une & l'autre ouvertures L’onde entre 6 fuir a flots éoaux. Si M. de la Mothe n'eut publié que des morceaux de cette beauté , on n’auroit pù lui refufer le nom d’un de nos premiers poètes lyriques. Ce qui a fait imaginer ce châtiment fabuleux , di- fent nos mythologués modernes, c’eft que les Da- naides communiquerent aux Argiens l'invention des puits , qw’elles avoient apportée d'Egypte où les eaux étoient rares; fi on l’aime mieux, c’eft l’inven- tion des pompes ; & comme on tiroit continuelle- ment de Peau par lemoyen de ces pompes, pour les ufages des cinquante filles de Danaus , ceux qui étoient employés à ce pénible travail, dirent peut: être , que çes princeflés étoient condamnées à rem= TON pli un vañfleau percé, pour confommer tant d’eau. En un mot , ce châtiment fabuleux doit vraifflembla= blement fon origine à quelque fait hiftorique de cetté dures DAT alu à TONNÉES , € £. pl.( Mysholog.) fêtes qui fe cé- lébroïent à Argos, felon Athénée, Elles confiftoient en ce qu’on rapportoit en grande pompe la flatue de Junon, enmémoire de ce qu'on l'avoit recouvréefur les Thyrrémiens , qui aprèsl’avoirenlevée, l’'avoient abandonnée fur le rivage. La ftatue dans cette fo- lemnité , étoit environnée & comme garrotée de liens bien tendus, qu'on nommoit en grec rorce du verbe reve , tendre , d’où cette fête a pris fa déno- inination. À | TONNEINS , (Geéog. mod.) petite ville de Fran- ce, dans PAgénois, au diocèle d'Agen, à une lieu au-deflus de l'embouchure du Lot, dans la Garonne. _ TONNELAGE, f. m. ( Commerce.) les marchan: difes de sonrelage, fontles marchandifes liquides qui $’entonnent dans des pipes, bariques , & autres tel- les futailles ; comme lés vins, les eaux-de-vie , les huiles, &c. où qu'on encaifle dans les tonnes , ton- neaux, Ou autres cailes faites de douves, comme les ucres , les drogues , &c. (D. J.) TONNELET , f.m.serme de Modes, c'eft la par- ie inférieure d’un habit à la romaine, qui contient les lambrequins, ou pour nvexpliquer plus claire- ent, ce font 4, 6, 8, ou 12 lambrequins, à la ma- hiere dés anciens Romains : on s’en feryoit dans les ballets , les opéras, & dans de certaines tragédies & tomédies. Le orneles étoit de toile d’argent, couvert le dix gtandes bandes de broderie d’or, &'les man- thes de cet habit finifloient en campane. Ce mot s’eft dit auffi dans les carroufels d’un bas de foie ou pour- point plié, enflé, &€ tourné en fond , avec un bas d'attache qui alloït jufque fous l’habit de fête. (D. 7.) . TONNELIER , artifan qui fait, relie, & vend des tonneaux, c’eft-à-dire toutes fortes de vaifleaux de bois , reliés de cerceaux avec de lofier, & pro- pres à contenir des liqueurs où marchandifes ; tels font lés tonnes, cuves , éuviers, muids, futailles , barils, &c. Les sonneliers montent auf & relient toutes fortes de cuves &autres vaileaux reliés de cer- eaux de fer. Ce font encore eux qui defcendent les vins , cidres , bieres, 6c. dans les caves des bour- geois & des marchands de vin. Enfin il n’y a qu'eux qui aient droit de décharger fur les ports les vins qui arrivent par eau , & de les fortir des bateaux. _ Les tonnelisrs forment à Paris une communauté ñombreufe , & prennent la qualité de #raftres ronne- Îiers déchargeurs de vins, | Leurs flatuts font foft anciens, & leur furent don- hés fous le regne de Charles VII. Charles VIIL les augmenta, & François I. les confirma en 1538. - Ces ftatuts furent «ugmentés & dreflés de nouveau en vingt-un articles, & confirmés en 1 566, par Char- les IX. on en ajouta deux autres fous Henri [ET. qui furent enrepiitrés en parlement en 1577. | __ Henri IV.en 15099 , Louis XII. en 1637, & Louis XIV. en 1651, leur dornerent auffi des lettres de confirmation, qui furent enregiftrées au parlement, au châtelet, & à l’hôtel-de-ville. Suivant ces ftatuts , la communauté doit être régié par quatre jurés, dont on en élit deux tous les ans ; l'utinet, le baftifloir, la fcie or dinaire , la fcie à main , le rabot , le clouet » le com- pas ordinaire, & le barril à fcier. [ls ont au le hac2 quet ; le moulinet , & deux fortes de poulains pour défcendre les vins en cäve. Voyez tous ces différens inftrumens , chacun à leurs éricles, Voici la maniere dont les rornéliers s'y prennent pour monter une futaille neuve. Quand leurs dou ves font pipe » ils prennent le bâtifloir > Y po- fent une douve en dedans qu'ils y aflujettiffent, en les ferrant l'un & l’autre avet un compas ordinaire ; En- fuite 1ls placent toutes les douves les unes après Les autres, jufqu'à ce qu'ils aient garm tout le tour du bätifloir ; cela fait , ils paflent un cerceau qu'ils font ghfler depuis le haut jufqu'en-bas des douves: 87 fi les douves ont trop de peine à fe joindre par en-bas, ils font un feu de copeau pafterre , en-dedans duton. neau, ce qiu reflerre le dedans des douves , & les difpofe à fe rapprocher ; dans cet état on glife un cer: ceau jufqu’en-bas , pour contenir les douves & les empêcher de fe défafembler : enfuite on en fait paf: fer un autre plus ferré afin de les approcher de plus en plus, jufqu'à ce qu'il n’y ait plus aucun jour entre les douves; cela fait, on fait entrer {ur les douves une plus grande quantité de cerceaux , pour aflujet- tir entierement la futaille : après quoi on fait avec la boñdonmere le trou deftiné à recevoir lebondon. La futalle ainfi montée, on plane & on paré avec les planes courbes & rondes, & avec le paroir , Le de- dans des douves, & on égalife des deux côtés les botds de ces douves avec l’Éffette : cela fait on forme avec la jäbloire ue ranitire appellée le ;a8/e, dans la quelle doivent entrer les pieces du fond : lorfque le jable eff formé, on prend Le compas de bois que l’on ouvre de fix points , c’eft-à-dire d’une ouverture qui répétée fix fois, équivaudroit À la circonférence dé l'ouverture du tonneau , À l'endroit du jable. Cette opération faite , on arrange les unes auprès des au tres les douves deftinées à fairé le fond , & fixant une des pointes du compas ä-peu-près au milieu , On tra- ce un cercle avec l’autre pointe :’ cette ligne que tra Ce 16 compas, märque la fôrme que doiventavoir ces douves : pour lors on les dégroffit avec la lerpe , C’eft-à-dire on en Ôte le bois fuperflu ; mais comme il faut que les pieces du fond entrent dans le jable dé plus d’une ligne , on diminue avec la plane Le bord dés douves du fond qui doit entrer dans le jable ; daris cet état, on met le fond au tonneau » ÉN COM- mençant pat une des plus petites douves , & conti- huant de fuite jufqi”à là derniere ; enfuite pour unir &t arranger bien ces douves les unes auprès des au: tres , on frappe deflus avec l’utinet : cela fait, on acheve degarnirle tonnean de tous Les cerceaux qu’il doït avoir, Il faut remarquer par rapport aux cer? 4 412 TON icemix, le premier qu’on place eft le plus proche du Hondon : on l'appelle Ze premier en bouge : enluite on met le collet & lé fous-collet, qui font les troifieme -&t quatrieme cerceaux , à compter depuis le péigne en allant vers le bondon : après cela on met les cer- eaux intermédiaires “entre les collets & le premier én bouge : on place après celale fommiérimmédiate- ment fur lejable, &c on finit par celui qui eft fur le peigne , qui fe nomme le sa/us. Dans cet état, le ton- neau éft parfait, &c il ne s’agit plus que d’y appliquer là barre én-travers des douves des fondsr: pour cet effet on perce avec le bartoir des trous pour placer les chevilles qui doivent retenir la barre : on pofe la barre & on énfonce par-deflus, avec un maillet, des chevilles de bois dans les trous. Outre les futailles, tonneaux, muids, quarteaux, barrils , & autres pieces de tonnellerie à deuxfonds, les ronneliers fabriquent aufi des cuves, cuviers , ti- nettes, bacquets, 6c. quiwont qu'un fond ; mais comme la fabrique én eft à-peu-près la même, nous ne déraillerons pas ici la maniere de confiruire ces différentes fortes d'ouvrages. Tonnecter , ( Marine.) c’eft, fur un vaïfieau , celui qui a foin dés futailles , qui les rebat , & qui fait les chargemens néceflaires. ToNNELIER , (Verrerie. ) c'eft une partie du four- neau. Voyez VERRERIE. TONNELLE , {. f. ( Jardin. ) vieux mot encore en ufage parmi le vulgaire, pour défigner un ber- ceau , ou un cabinet de verdure ; Jean Martin s’eft fervi de ce terme pour fignifier un berceau en plein ceintre : c’eft de ce mot qu'a été fait, felon les ap- parences , celui de soznellerie, où portique de halle. ({D.J.) TONNELLE , {. f. rerme de Chaffe , forte de filet, pour prendre les perdrix &c aûtres oïfeaux : on né lui donne que quinze piés de longueur, &c environ, dix-huit pouces de largeur, ou d'ouverture par Pen: trée. (D. J.) TONNELLERIE , f. f. rerme de Couvent, C’eft le lieu du couvent où font toutes les füutailles , où l’on cuve le vin, où l’on remplit Les muids, &c. (D. J.) ToNNELLERIE, lieu où on travaille à la fabrique des tonneaux ou futailles. Ce terme eftaufliemployé fouvent pour fignifier la proféffion de sorelier. TONNERRE , f. m.( Phyfig.) bruit excité dans Pair, à l’occafñon des exhalaïfons fulphureufes qui s’y allument fubitement. Voyez EXHALAISON, FOU- PRE, &c. Séneque , Rohault & d’autres auteurs , tant an- ciens que modernes , expliquent le sowxerre en fup- pofant deux nuages, dont l’un eft fufpendu fur l’au- tre, & dont le fupérieur &r le moins denfe venant à {e condenfer par une nouvelle addition d'air, que la chaleur fait monter jufqu’à lui, ou que le vent porte de ce côté-là, tombé aufhi-tôt avec beaucoup de vio- lence fur le nuage inférieur &c plus denfe. Au moyen de cette chûte, l'air fe trouvant comprimé entre les deux nuages , fort en partie par les extrémités qui venant enfuite à {e joindre exactement, enferment une grande quantité d’air ; 6T Pair fe faifant enfin un paflase, s'échappe , &, en brifant le nuage, fait ce bruit, que nous appelons sozmerre. Foyez NUAGE, Éc. Mais cette explication ne pourroit tout-au-plus s'étendre qu'aux phénomenes d’un sonnerre qui n’eit point accompagné d’éclairs. On a donné depuis une {olution plus fatisfaifante de la queftion , favoir que le ronnerre n’eft point occafonné par des nuages qui tombent les uns fur les autres, mais par le feu qui prend tout-à-coup aux exhalaïfons fulphureufes, êc Qui fait du bruit en s’enflammant , de la même ma- nn. qu’on voit l'or fulminant produire de pareils €iTetss Newton dit qu'il y a des exhalafons fulphureufes qui, pendant que la terre eft feche, montent conti- | nuellement en l'air où elles fermentent avec les aci= des nitreux & où quelquefois elles s’allument, en= gendrent le onmerre, les éclairs, 6. Il n’eft pas douteux qu’outre les vapeurs qui s’éle- vent de l’eau, il n’y ait aufi des éxhalaïfons qui fé détachent du foufre, dubitume , des fels volatils, &c. la grande quantité de matieres fulphureufes & bitu- mineufes répandues fur toute la furface de la terre ; êx les fels volatils des plantes & des animaux, pro- duifent une telle abondance de cesexhalaïfons, qu’il n’eit point étonnant que l’air foit rempli de particu- les fulphureufes,. qui s'arrêtent plus bas ou s'élévent plus haut, fuivant leur degré de iubtilité & d’aétiviré, 8 fuivant la direétion des vents qui les portent en plus grande quantité dans un endroit de l'air que dans un autre. | Le Au refte, les effets du sonnerre reflemblent fi fort à ceux de la poudre à canon , que le doëteur Wallis croit que nous ne devons pas faire difficulté de les attribuer à la même caufe : or les principaux ingré- diens de la poudre font Le nitre & le foufre ; & le charbon ne fert qu’à tenir les parties de la poudre féparées les unes des autres , afin qu’elles S’allument. plus aifément. Voyez POUDRE. | Si donc nous concevons que les caufes ai-deflus mentionnées puiflent former dans Pair un tel mélange de particules nitreufes & fulphureufes, & qu’elles puifient y être allumées par quelque caufe naturelle, nous n’aurons point de peine à comprendre l'éclat quelles font en même tems , & qui eft accompagné de bruit & d’éclairs , femblables à ceux que fait la poudre , auffi-tôt qu'on y a mis Le feu : ces matieres étant une fois allumées , Le feu doit courir de côté & d'autre , fuivant qu'il fe communique fucceflivement aux exhalaïfons , à-peu-près comme il arrive dansune trainée de poudre, À x Quand cet éclat fe fait fort haut dans lair & loin de nous , il ne peut caufer aucun malheur ; mais quand il fe fait près de nous, il peut détruire & dé- truitfouvent des édifices, des arbres, des animaux, Ec. comme fait la poudre dans les mêmes circont- tances. | On peut juger de cette proximité ou de cet éloi- gnement par l'intervalle du tems qu’il y a entre lé: clair & le bruit. Le doéteur Wailis obferve que cet intervalle eft ordinairement d’environ fept fecon- des, qui, à raïfon de 170 toiles que le fon fait par fecondes , font à-peu-près la diffance d’une lieue : mais cet intervalle n’eft quelquefois que d’une fe- conde ou deux, ce qui fait connoître que l’éclat fe fait fort près de nous, &, pour ainfi dire , dans le même air que nous refpirons. Quoi qu'il en foit, il eft certain que l'éclair eff fuivi d’une vapeur fulphureufe , comme il paroït par ce goût de foufre, que l’on fent après le zonerre & par cette chaleur étouffante qui le précede ordinai- rement : le même auteur croit que l'air eft accom- pagné aufli d’une vapeur nitreufe, parce qu'on ne connoît point de corps qui foit auffi capable de pro- duire un éclat fubit & violent que le nitre. A l'égard de la maniere dont s’allument ces exhalaïfons , l'on fait qu'un mélange de foufre & de limaille d'acier avec un peu d’eau fait naître la flamme fur le champ. Il ne manque donc à ces matieres pour faire l'éclat qu’un peu de vapeur qui tienne de l’acier & du vi- triol ; & Wallis ne doute point que parmi les éva- porations de la terre, il n’y ait quelque chofe de fem- blable ; & M. Chambers croit pouvoir en apporter une efpece de preuve. L'hiftoire rapporte, dit-il, comme des faits conf- tans qu'il a plu du fer enltalie, & des pierres deféren Allemagne. Jules Scaliger dit qu'il avoit chez lui un Morceau de fer tombé avec la pluie en Savoie. Car- dan rapporte qu'un jour 1l tomba du ciel 1200 pier- res, dont quelques-unes pefoient 30, d’autres 40, &t une 120 livres , toutes fort dures & de couleur de fer. ni) | Cefait,ajoute-til, eft f bien conftaté,que le doéteur Eifter, dans les Tranfaëhions philofophiques, a fondé là- defus un fyffème entier fur la caute des éclairs &z des zonnerres, foutenant que lun &t autre doivent leur matiere à l’exhalaïfon dés pyrites. Quoi qu'il en foit de ces faits que bren des gens auront grande peine à croire & avec raïfon , 1l eft poffible qu'il y ait dans . l'air des particules hétérogenes de la nature de celles du fer. Voyez PYRITES. Chambers. Ce roulement que fait le bruit du soznerre ne peut venir que du fon qui fe forme entre les différens nuages qui font fufpendus les uns fur les autres , &c de l'agitation de l’air qui pañle entreux. Les nuages ëc les objets qui fe trouvent fur la furface de la terre renvoyent le fon, & le multiplient à-peu-près comme autant d’échos. De-là vient que le zozrerre retentit d’une maniere affreufe dans les vallées, parce que les montagnes réfléchiflent le fon de toutes parts. Car le sonnerre par lui-même ne doit prefque jamais produire qu'un feul coup, ä-peu-près comme un bou- let de canon qwontire, cependant lorfque la flamme allume en même tems trois ou quatre traînées , elle peut former de cette maniere des pelotons qui s’en- flamment l’un après l’autre, & produire par ce moyen des coups redoublés. | On à obfervé que lorfqw’il fait du sonnerre & des éclairs , certains fluides ceffent alors de fermenter comme le vin & la biere , tandis que d’autres qui ne fermentoient pas auparavant , commencent alors à fermenter par le grand mouvement qui eft excité das Pair, & qui fe répand de toutes parts. Apparem- ment le mouvement que produit la foudre fe trouve contraire au mouvement qui étoit déja dans les par- ties des liqueurs qui fermentoient , & au contraire produit de l’agitation dans les parties des fluides qui auparavant étoient en repos. Il y a bien des chofes qui fe corrompent aufh-tôt qu'il a tonné, c’eft ce qu’on remarque principalement dans le lait, à-moins qu’il ne foit dans une cave bien fermée & très-pro- fonde. On peut rompre & détourner le sonnerre par le fon de plufeurs grofles cloches , ou en tirant le canon ; par-là onexcite dans l'air une grande agita- tion qui difperfe les parties de la foudre ; mais 1l faut bién fe garder de fonner lorfque le nuage eft préci- fément au-deflus de la tête, car alors Le nuage en fe fendant peut laiffer tomber la foudre. En 1718 , le onnerretomba dans la baffe Bretagne fur vingt-quatre églifes , dans l’efpace de côte qui s'étend depuis Lan- derneau jufqu’à S. Paul-de-Léon , & préciféinent fur des églifes où l’on fonnoit pour l’écarter. Des églifes voifines où lon ne fonnoit point furent épargnées. Mufch. Effai de Phyfique. TONNERRE ARTIFICIEL , ( Théarre des Romains.) on appelloit Les ronnerres arcificiels qu’on faïoit en- tendre fur le théatre de Rome , CZaudiana tonitrua , dit Feflus, parce que Claudius Pulcher imagina d'i- miter le fracas du tonnerre, en faifant rouler beaucoup de pierres arrondies fur un affemblage de planches mules en talus ; au-lieu qu'auparavant on n’imitoit qu'imparfaitement & foiblement ce bruit avec des clous & des pierrettes, qu’on agitoit fortement dans un baffin d’airain. ( D. J.) TONNERRE, {. m. rerme d’ Armurerie, c’eft l’en- droit du fufil, moufquet ou piftolet, où l’on met la charge. Les armes qui ne font point affez renforcées par le sonnerre , font fujettes à crever. (D. J.) TONNERRE, ( Géog. mod.) en latin moderne Tor- : nodurum ; petite Ville de France, dans la Champa- gne , chef-heu d'un çomté fur la riviere d’Armanion, à 9 lieues d'Auxerre ; & à 40 de Paris. Il y a leon & grenier à fel , une collégiale , & quelques cou- vens, Les vins de fon terriroire font en réputation, Long. 21.37. latit. 47.50, (DT) | TONNINGEN, (Géog. mod.) ville de Danemarck, au duché de Slefwig, dans une péninfule formée pa la riviefe d'Eyder , à fix lieues au fud-oueft de Slef | wig, & à quatre de la mer. Le roi de Danémarck la puit en 1707 fur le duc de Gottorp , &c en fit rafer les fortiications, Elle a un port où les vaïfleaux de l'O- céan peuvent entrer aifément , ce qui lui procure du commerce. Long. 26, 44. latir, 54.28, ( D. J.) TONNITE , (Æf. nat.) nom donné par quelques auteurs à une coquille de mer univalve > Pétrifiée, que l’on appelle so7ne. On nomme auffi cette pétri- fication g/obofie , à caufe qu’elle eft rénflée par le milieu & arrondie, TONO-SAMA , {. m, ( Æiff. mod. ) c’eft le nom qu'on donne au Japon aux gouverneurs des villes impériales ; chaque ville a deux gouverneurs qui commandent alternativement pendant une année ; celui qui eff en exercice ne peut fortir de fon gou- vernement , l’autre ef obligé de réfider auprès de Pempereur. Lorfque quelqu'un eft nommé à un gou- vernement, 1l part pour s’y rendre, mais il laifle fa femme & fes enfans à la cour pour répondre de fa fidélité : pendant qu'il eft en place, il lui eft défendu fous peine de mort, de recevoir aucune femme dans fon palais ; la punition la plus douce dans ce cas fe- roit un banniflement perpétuel , & la ruine de toute fa famille. La cour des 4020-famus ef très-brillante s ët compofé d'un grand nombre d'officiers, que l’on nomme /orikis , qui doivent être nobles, & qui font nommés par l’empereur lui-même ; les gouverneurs exercent un pouvoir prefqu'abfolu dans leur gouver- nement ; mais l’empéfeur tient dans chaque ville un agent qui éclaire la conduite des gouverneurs; on lappelle dai-quen : il eft lui-même obfervé par des efpions qui lui font inconnus. Les z020-famas ont fous eux des officiers ou magiftrats municipaux, qui les foulagent des détails de ladminiftration ; on les nomme ze-fri-Jori. TONOU , f. m. ( Æiff. rar.) c’eft un lézard du Bréfil,, qui a quatre ou cinq piés dé longueur, & qui eft d’une grofieur proportionnée ; fa couleur eft grife êt fa peau fort Life ; fa chair eff un très-bon manger, elle eft blanche & tendre comme celle d’un chapon. TONSURE , f £ ( Æif£. eccléf. & Jurifprud. ) dans le fens grammatical &c littéral, eft lation de coupeæ les cheveux, & de rafer la tête. Dans un fens abfirait, la sonfure eft la privation entiere des cheveux, ou une certaine place deflus la tête dont on a rafé les cheveux en rond. La sonfure totale a toujours été regardée comme une marque d’infamie, tellement qu’en France an- ciennement lorfqu’on vouloit déclarer un prince in- capable de porter la couronne, on le faïfoit tondre & rafer. | Chez les Romains une des peines de la femme convaincue d’adultere , étoit d’être enfermée dans un monatere après avoir été tondue; ce qui s’obferve encore parmi nous. La sonfure prife littéralement en matiere eccléfia- füque , eft une couronne cléricale que l’on fait der- riere la tête aux eccléfaftiques en rafant lescheveux de cette place en forme orbiculaire, Tous les eccléfiaftiques féculiers & réguliers doi- vent porter la ronfure ; c’eft la marque de leur état; celle des fimples clercs, qu’on appelle c/ercs à fmpte tonfure | C’eft-à-dire , qui n’ont d'autre caractere de Pétat eccléfiaftique que la sonfure , eft la plus perite de toutes. À mefure que l’eccléfiaftique avance dans les ordres , on fait fa tonfure plus grande ; celle des prêtres eftla plus grande de toutes; fi l’on en exçepte À14 TON les religieux, dont les uns ont.la tête entierement ra, fée ; d’autres ont une fimple couronne de cheveux plus ou moins large. | L La fimple ronfure que l’on donne à ceux qui entrent dans l’état eccléfiaftique n’eit point un ordre, mais üne préparation pour Les ordres, &t pour ainfi dire, un figne de la prife d’habit eccléfiaftique Pévêque coupe un peu de cheveux avec des cifeaux à celui qui fe préfente pour être reçu dans l'état eccléfiafti- que , & le nouveau clerc récite pendant cette céré: monie ces paroles de David: Segneur, vous êtes ma portion, C’eftvous quime rendre mon héritage. Eñfuite l’évêque met au clerc le furplis en priant le Seigneur de revêtir du nouvel homme celui qui vient de re- £evoir laronfure. | Quelques-uns prétendent que lon coupe les che- veux aux eccléfiaftiques en figne d'adoption; parce qu’en effet anciennement quand on adoptoit quel- qu'un, on lui coupoit un flocon de cheveux; ce que l’on pratiquoit encore du tem$ de Charles Martel, lequel envoya Pépin fon fils à Luitprand roi des Lombards , pour l’adopter, en lui coupant un flocon defes cheveux, comme c’étoit la coutume alors, D'autres difent que c’eft en figne de fujétion & de foumiffion à l’Eglie, & à l’inftar de ce qui s’obfer- voit de la part des fujets, lefquels pour marque de foumiflion envers leur prince, étoient obligés de orter leurs cheveux courts, les princes ayant feuls ie droit de les porter longs pour marque de leur di- gnité. | | 7 D'autres encore prétendent que la ronfuré a êté inftituée pour honorer l’affront que ceux d’Antioche voulurent faire à S. Pierre en lui coupant les che- veux, ou bien que cette coutume fut empruntée des Nazaréens qui fe faloient rafer la tête , ou que cela fut ainfi établi par les apôtres ,g& notamment par S. Pierre, qui donna le premier exemple de.fe rafer la tête, en mémoire de la couronne d’épine de Notre- Seigneur. Selon quelques-uns, l’ufage de tonfurer les clercs commença vers l’an 80. | Ün auteur du vu. fiecle , fuivi par Baromius, rap- porte un decret de lan 108, qu'il attribue au pape .Anicet, qui ordonne aux clercs de couper leurs che- veux ez forme de fphere ,fuivant le précepte de S. Paul, qui ne permet qu'aux femmes de laifler croître leurs cheveux pour leur ornement. Ce qui eft de certain, c’eft que cet ufage eff fort ancien dans l’Eelife; le concile de Carthage tenu en 398 , peut l'avoir eu en vüe, en défendant aux ec- cléfiaftiques de nourrir leurs cheveux, Cependant M. de Fleury, en fon irfhirution au droit eccléfiaflique | dit que dans les premiers fie- cles de l'Eglife il n’y avoit aucune diftinétion entre les clercs & les laïcs quant aux cheveux ni à l’habit, êt à tout l'extérieur : que c’eüt été s’expofer fans be- foin à la perfécution, qui étoit toujours plus cruelle contre les clercs que contre les fimples fideles. Il ajoute que la liberté de l'Eglife n’apporta pomt de changement à cet égard, &t que plus de 100 ans après, c'eft-à-dire l'an 428, le pape S. Céleftin té- moigne que les évêques même mavoient rien dans leur habit qui les diftinguat du peuple. Tous les chrétiens latins portoient, fuivant M. de Fleury, l’habit ordinaire des Romains qui étoit lone, avec les cheveux fort courts & la barbe rafe; Les Barbares qui ruinerentlempire ,avoient au contraire des habits courts & ferrés & les cheveux longs, & quelques-uns de grandes barbes. Les Romains avoient ces peuples en horreur; & comme alors tous les clercs étoïent romains, ils con- ferverent foïgneufement leur habit , qui devint l’ha- bit clérical ; en forte que quand les Francs &z les au- tres barbares furent devenus chrétiens , ceux qui TON embrafloient l’état eccléfiaftique faïfoient couper leurs cheveux, & prenoient des habits longs. Vers le même tems, plufeurs évêques & les au- tres clercs, prirent l’habit que les moines portoient. alofs, comme étant plus conforme à lamodeftie chré tienne ; &c de-là vient, à ce que l’on croit, dit M. de Fleury, la couronne cléricale , parce qu’il y avoit des moines qui par efprit d’humulité fe rafoient le devant de la tête pour fe rendre méprifables. Quoi qu'il en foit, la couronne cléricale étoit déjà en ufage vers l’an 500, comme le témoigne Grésoire de Tours. … "Ne NT * , Dans les cinq premiers fiecles où la so/ure fut pra: tiquée, on ne la conféroit qu'avec les premiers or: dres ; ce ne fut que vers la fin du vj. fiecle ; que l’on commença à la conférer féparément, & avant les ordres. | L’évêque eft le feul qui puifle donnet la roxfüre à fes diocéfains féculiers & réguliers; quelques-uns ont avancé que depuis S. Germain évêque d’Au- xerre , qui vivoit dans le v. fiecle, les évêques con- féroient feuls la sorfure. | | | Mais il eft certain que Les abhés prétendent aufh avoir le droit de la donner à leurs religieux ; on trou- ve quelques canons qui autorifent leur prétention , entre autres , le ch. abbates , qui eft du pape Alexan- dre I V. & eft rapporté dans le texte , tit. de privile- guis. Mais s'ils ont joui autrefois en France de ce droit, on peut dire qu'ils l’ont perdu par prefcrip- tion ; les évêques de France s'étant maintenus dans le droit de conférer {euls la sorfure, même aux ré- guliers, | a Pour recevoir la sonfure, 1l faut avoit été confr: mé ; 1l faut auffi être inftruit au-moins des vérités les plus néceflaires au falut; 1l faut auffi favoir lire & écrire, | e Le concile deNarbonneen1$s1i,né demande que lâge de fept ans pour la sonfure ; celui de Bordeaux en 1624, exige 12 ans; dans plufeurs diocèfes bien réglés , 1l eft défendu de la recevoir avant 14 ans; mais à quelque âge que ce foit , il faut que celui qui ie préfente pour être tonfuré, paroïffe le faire dans la vüe de fervir Dieu plus particulierement, & non par aucune vüe temporelle, comme pour avoir des _ bénéfices. On appelle bénéfices à femple tonfure, ceux que l’on peut poféder fans avoir d'autre qualité que celle de clerc tonfwré. Voyez M. de Fleury, M. d'Héricour, la Combe, &c les Mémoires du Clergé, (4 ) TONTE pes 8REgis, (Ufage des Hébréux. ) le jour de cette so7re étoit chez les Hébreux une fête de réjouiflance à laquelle on invitoit fes amis; c’eft pourquoi nous Jifons que Nébal donna un feftin ma- gnifique le jour de lasorse de fes bêtes àlaine, Z. Rois, xxv. 36, Semblablement Abfalon invita toute la fa- mille royale aux sozduilles de fes troupeaux, &T pré- para pour ce jour un banquet de roi, Z/. Ziy. des Rois, XL e24 SI) RE TonTE, ( Lainage. ) terme en ufage dans les ma- nufadures de lainage; il fignifie la façon que l’on donne à une étoffe en la tondant à l'endroit ou à l’en- vers avec des forces. (D, J. ) TONTINE, {f. ( Finances.) efpece de rente via- gere quiprit fon nom d’un italien nommé Tozri, qui limagina. Ce fut en 1653 ,que fut établie la premiere contine en France. Le privilege qu’ont les acquéreurs d'hériter de la portion de ceux qui décedent, étoit très-propre à engager Les particukers à y employer quelques fommes , & à procurer très-promprement au gouvernement les fonds dont ilavoit befoin, C’eft en effet ce qu’on vit arriver : la sontine dont nous parlons, fut d’un million 25 mille livres derente, & coûta cher à Louis XIV. £ Quoiqu'il fe trouve des circonftances où la rareté TON de Pargent 6 la néceflité d'én voir, obligent de dé- xogér aux lors de l'économie, il et furprenant qu’oh ait aflez peu calcule la force de l'intérêt, pour re- courirauxtehtés Viageres, & fur-tout'aux sorties, “ans éffayér quelque combinätfon d’un avañtape mi- ‘toyen. Les tentes viageres font un toit irréparable aux fämulles, dontle prince devient infénfibléméat Théritier;'mais de tous les éxpédiens de findhce, les sontines font peutêtre les plus ônéreufes à l’état, pufqu'il faut énviron un fiécle bour étéindre une “tontine, GOnt en même temis les intérêts font d’ordi- “naire à un trés-foft dertier. I femble donc qu’un état qui n’eft pas abfolument “dépourvu de reflources, devroitrecourir À detoutes autres voies. [l pourroit, par exemple, fe procurér avec promptitude ‘une grande fomme d'argent, en établiflant des annuités viageres c’eftà-dire,un em- “pruht dont le capital feroit remboutfé certainément par égales portions dans un nombre d'années, foit que les préteurs vécuffent ou non; maïs on y atta- ‘cheroit un intérêt qui ne cefleroit qu'à la mort du préreur. Il'eft évident que le rembourfement'annuel d'une partie du capital, mettroir Les familles en‘étar de replacer à intérêt les fommes, à-fur-à-mefure de ce fembourfement, Aïnfi lorfque le capital entier fe- +oit réntré , le prèteur jouitoit en fus de fon intérêt ordinaire, dela rénte viagere fur l’état, Si le pré- teur venoit à mourir dès la premiere année du prêt, la fämille n’auroit jamais perdu que partie des inté- rêts, &c recouvreroit en entrer le capital aux termés fixes. Aïnf 1°, l'intérêt de cet emprunt devroit être fort bas ; 2°, il n’eft pas néanmoins de chefs de fa- mille qui n’eût à cœur de placer quelque fomme de cette maniere fur la tête de fes enfans : car s'ils vi- vent, c’eft augmenter leurs revenus; s’ils ne vivent pas, il n’y a qu'une partie des intérêts de perdue, On croit donc qu'en fixant cet intérêt à deux & den pour cent, l’état trouveéroit des prêteuts en abon- dance, en revétiflant fon emprunt de toutes les sû- rétés fufhfantes pour le rendre folide, & l’accréditer anvariablement., ( 2. J.) TONTINE, /e Jeu de la, Îe jeu de la rotin n’eft guere connu à Paris; mais on le joue dans les pro- vinces añez communément. On y peut jouer douze ou quinze perfonnes, & plus l’on eft plus le jeu eft amufant. On y joue avec un jeu de cartes entier où toutes les petites cartes font. Avant de commencer à jouer, on donne à chaque joueur le même nombre de jettons, quinze ou vingt, plus où moins, & cha- £un en commençant la partie, doit mettre trois jet- 10n5 au jeu, & celti quimèle, ayant fait couper à fa gauche ,tourneune carte de deflus le talon pour cha- que joueur & pour lui ; celui dont la carte tournée eft roi, tire trois jéttons à fon profit, pour une dame deux, pour un valetun, & pour un dixil ne prend rien, cette carte n'ayant d'autre avantage pour celui . Qui l’a , que de lui epargner un jetton que l’on don ne aux joueurs pour toutes les Autrés cartes infé» rieures, Celui qui aunas, donne un jetton à fon voi- fin à gauche; celui qui a un deux, en donne deux à fon fecond voïfin à gauche ; un trois, pareil nom bre à fon troifieme voïfin ; mais celui quia au-defius du trois une carte de nombre pair, comme quatre, x, huit, met deux jettohs au jeu, & celui qui a une carte de nombre impair, comme cinq , fept & neuf, n’en met qu'un. On doit fe fairé payer exattement ; enfuite celui qui a été le premier, mêle tout, & les coups fe jouent de la même mamiere, chacun mêlant à fon tour. Un joueur avec un feul jetton devant lui, joue comme s'il en avoit davantage, & s’il en perd plus d'un, il donne le feul quilui refte, & on ne peut lui demander rien deplus, lors même qu'il re« viendroit en jeu, fe faifant alors payer de tout ce qu'il gagne à celui à qui il éft redevable, fans égard pour ce qu'il doit, 5 Va 1 Ti. hop. TOP 415 TONTONG:, fm. (CA. mod. )infrumentufte par les negres qui habitent la côte du Sénégal, C’éft “un tambour d'une grandeur démefurée dont le bruit s'entend à plus de deux lietes. Chaque village en poilede ün fur lequel on frappe à l'approche de l’én nermni. A ù | TONTURE , ff (Marine. ) c'étun rang de plans ches dans le revêtement du bôrdage contre la ceinte du franc tillac. 1 | Ce terme auñe autre fignification quand ôn le joint avec le mot vaffean, & ifignife alors un #62 arri= tnage Àt une bonne affétte. TONTURE , ( Mariñe. ) c’eft la rondeur des pré= ceintes qu lient les côtés du vaifleau, &'des baux qui ferment le pont. | TONTURE DE LAINE, ( Tapifffer. ) on appelle aine { ce qu’on tire ou qu’on coupe du drap où de quel: qu'autre étofte de laine que l’on tond: c’eft ce qu’on nomme Ordindirement boure-10miffe, Voyez BOURE TOMISSE, TOO, Lin. ( Hi. nat, Botan. ) c’eftun atbriffeau des jardins du Japon, qui fert à garnir les treillages ct les berceaux. Ses feuilles font longues , fans dé- coupures ; il jette un grand nombre de fleurs longues d’un empan & plus , qui durent tout le printems , & qui étant fufpendues comme des grappes de raifin, font un charmant fpeacle. Elles font en papillons ët fans odeur. De grandes places font quelquefois ombragées par une feule où par deux ou trois deces plantes. Les curieux mettentau pié, de la lie de facki, qui eft de la bierre de riz, pour les engraïfler &leur faire produire des épis de trois ou quatre empans de long. On vifite ces lieux par” éuriofité, & les poë- tes font des vers à leur honneur. La couleur des fleurs efttoute blanche où toute purputine, Il y à un 06 fauvage dont les fleurs & les feuilles font moins belles, A TOOKAIDO, ( Géog. mod.) une des fept gran: dés contrées du Japon. Tookaido veut dire la conrrée du Jid-efl. Kle comprend quinze provinces dont les revenus fe montent en tout à 494 monkokfs de riz, On fe rappellera qu’un man contient dix mille kokf, &t un kokf trois mille balles où facs de riz. (D, J.) TOOSANDO , ( Géog. mod. ) c’eft le nom d’une des fept grandes contrées de l’empire du Japon. Too: Jando fignifie la conrrée oricritale, Elle comprend huit grandes provinces qui font Oomi, Mino, Fida , Si= nano , Koodiuke, Simoodfuke , Mutfu & Dewa. Les revenus de ces huit provinces dela contrée oriens tale montent à $63 mankokfs de riz, (D. J.) TOOTOMI, (Géog. mod.) une des quinze pro- vinces de l’empire du Jäpon, dans la contrée du fud: eft. Cette province eft une des plus fertiles & des plus belles de cette contrée par l’agréable variété de {es collines, rivieres, plaines, villes & villages. On compte fa longueur de deux journées & demie de left à l’oueft, & elle fe divife én quatorze diftriéts, NES QU TOPARCHIE, ff, (Théolos. ) du SreC rorapytits formé de reroc , lieu Ou paÿs, & d'apyñ, commandes ment , puif[ance. AL: Cé mot fignifie féigneurie , gouvermement d'un lieu, d’un canton. Il eft fouvent parlé dans les Macchabées de trois soparchies, Apherima, Lydda & Ramatha, Plin €) /, Pc. xiv, marque dix roparchies de la Judée, favoir Jé- richo,Emmaus, Lydda,Joppe, V'Acrabatene, la Go- phritique, la Thamnitique, la Bekepthitephene, la Montueufe où étoit Jérufalem, & enfin Herodium, Jofephe, Z. III. de bell, jud. c, iv. en nomme auf dix dont Jérufalem étoit comme lé centre, Gophna, Acrabate, Thamna, Lydda, Ammaüs, Pella, lIdus mée, Hérodium, Jéricho. Alléurs ilnomme trois 40: parchies ajoutées à la Judée, la Samarie, là Galilée, la Perce; 8 dans fesantiqutés, 2. ÆZIL, 6, pi, ilfais 416 T OP mention de troïs soparchies | Samarie, Joppé, la Galilée. IL y a apparence que ces roparchies étoient des di- vifions de provinces , ou comime des généralités éta- blies depuis les Afmonéens. Mais le p. Calmet remar- que qu’elles ne donnoient à celui qui les poñlédoit , aucun titre particulier ni de gouverneur , ni de pré- fident, n1 d’ethnarque, ni de roi. Calmet, difionn. de la Bible. TOPASE , (if. nat.) topafius ou topazius , chry- folithus ; pierre prétieufe jaune, tranfparente, & d’u- ne dureté qui ne le cede qu’à celle du diamant. Lorf- que cette pierre eft aufi dure que le diamant, les Jouailliers lui donnent le nom de diamant jaune. Les anciens ont donné le nom de chryfolirhus ou de pierre d’or à la topafe à caufe de fa couleur. x On diftingue trois efpeces de sopafes relativement à la couleur ; la premiere eft d’un jaune clair ou d’un jaune de citron; la feconde eft d’un jaune d’or; êc la troifieme eft d’un jaune foncé ou tirant fur le brun ; on la nomme quelquefois sopafe enfumée. On diftingue encore les sopafes en orientales & en occidentales ; Les premieres quifont les plus dures 8z les plus eftimées, viennent d'Orient. Pline dit qu'on trouvoit furtout cette pierre dans l’île de Topazon, dans la mer Rouge, dont elle a emprunté fon nom. On prétend qu'il en venoit aufi d’Ethiopie & même d'Efpagne. Il fe trouve encore des sopafes dans le Pé- tou ; elles font, dit-on, d’un jaune orangé, peut- être doit-on les regarder comme des hyacinthes. On dit que Les sopafes du Bréfii font d’une très-grande dureté ; quant à celles qui viennent de Bohème, elles n’ont point la dureté des vraies sopafes, & doi- vent être regardées fimplement comme du cryftal de roche coloré en jaune , dont elles ont la forme prif- matique &c héxagone ; on les nomme sopa/es enfumées, & l’on en trouve en fort grands morceaux ; mais on trouve une grande quantité de vraies sopafes dans le Voistland, près d’Averbach, fur une montagne ap- pellée Schneckenberg : ce font là les pierres qu’on ap- pelle communément ropafès de Saxe. Elles font tantôt plus , tantôt moins jaunes , & communément de la couleur d’un vin blanc léger en couleur. Ces ropa/es {ont en cryftaux prifmatiques , compoñes de quatre côtés inégaux ; leur couleur eft plus nette vers le fommet des cryftaux, que vers la bafe par laquelle ils tiennent à une roche extrèmement dure. On afu- re que ces sopafes ne le cedent point à celles d'Orient ni pour l'éclat, ni pour leur dureté qui eft aufñ gran- de que celle du faphit & du rubis. M. Pott a fait un grand nombre d'expériences fur cette pierre , & il a trouvé que le feu le plus violent ne pouvoit point la faire entrer en fufion ; cepen- dant lation d’un tel feu altere confidérablement fa confiftence & fa dureté; en effet M. Pott a trouvé qu’en Pexpofant pendant longtems à un feu véhé- ment, cette sopafe perd fa tranfparence & fon éclat; elle devient d’une couleur laiteufe ; fa liaifon fe perd; elle devient feuilletée &c friable , phénomènes qui arrivent au diamant êc au faphir quand on les traite de la même maniere. La sopafe s'éclate en petites La- mes ou feuillets, lorfqu’après Pavoir fait rougir à plu- fleurs reprifes , en en fait l’extinétion dans de l’eau froide. Le même M. Pott a obfervé que cette ropafe de Saxe ne commençoit à fe fondre qu’en lui joignant huitparties de fel alkali fixe; cependant alors ilne réfulroit de ce mélange qu’une mafle opaque fembla- ble à de l’albâtre ; mais le borax rend la fufñon avec lalkali beaucoup plus facile ; & deux parties de so- pale calcinée , mêlées avec une partie d’alkahi fixeër une partie de borax , ont donné un verre jaune &c tranfparent. Ce favant chimifte a encore combiné la topafe ayec un grand nombre de pierres de difiérente TOP natute qui lui ont donné différens produits , comte on peut Le voir dans le premier volume de la traduc- tion françoife de la Lirhogéognofte de M. Pott, pages 284-277, & dans les tables qui font à la fin. M. Gmelin , dans fon voyage de Sibérie, dit avoir vu dans ce pays des sopafès de forme cubique comme la mine de plomb, qui étoient d’une dureté plusgran- de & d’une eau beaucoup plus pure que celles de Saxe, & quine le cédoient en rien aux copa/es orien- tales. Le terrein où on lestrouve, eftune glaïferou- geâtre mêlée de pierres de la nature du quartz, &c dans laquelle ontrouve des cryftauxnoirs &timpurs; cette terre eft aufli remplie de parties talqueufes. L'endroit où fe trouvent ces ropafes , eft près d’une habitation appellée Jufanskoi fawod. On rencontre aufli des ropafes d'un beau jaune, dans un ruifleau du voifinage appelle A/abafch. On feroit tenté d'attribuer au plomb la couleur de la copafe ; la forme cubique que les cryftaux de cette pierre affectent, qui par conféquent a de la confor- mité avec la mine de plomb en cubes ou la galene, fembleroit même appuyer cette conjonéture ; mais ce fentiment eft détruit par expérience. En effet M. Guétard de l’académie des Sciences nous apprend que Les ropafes du Bréfil mifes dans un creufet, où elles font entourées de cendres, perdent leur cou- leur jaune pour devenir rouges ; & fe transforment en rubis, fecret qui a été pratiqué avec fuccès par plufieurs jouailliers; cette expérience femble prou- ver clairement que c’eft au fer qu’eft düe la couleur de la ropafe, & que la calcination développe &c rou- git ce métal. On prétend que tous Les rubis qui vien- nent du Bréfil font des sopafes qui ont été colorées en rouge de cette maniere. M. Guétard ajoute qu’une topale orientale traitée de la même façon n’a point changé de couleur ; peut-être que cette pierre étoit plus dure que celle du Bréfil, & exigeoït pour chan- ger de couleut , un degré de feu plus violent. Ona prétendu que la pierre que les Jouailliers nomment topafè blanche du Bréfil, deyenoit jaune quand on lexpofoit au même degré de chaleur qui roupit laro- | pafe jaune du même pays ; mais M. Guétard n’a point trouvé que ce fait fût véritable ; la sopa/e blanche fortit blanche du creufet , quoiqu’il eût fait durer le feu plus longtems , & qu'il Peût rendu plus violent. voyez le journal œconomique du mois d'Oéfobre 1751. C’eft M. Dumelle , orfévre metteur-en-œuvre à Paris, qui facrifant fon intérêt au bien public & à l'avancement de lhiftoire naturelle, a bien voulu communiquer à M. Guétard le procédé qu’on a ci- deflus indiqué, pour convertir la sopafe du Bréfil em véritable rubis balais. S'il eft vrai que la pierre précieufe que nous nom- mons préfentement sopafe, étoit anciennement ap- pellée chryfolite, parce qu’effeétivement nos plus belles ropafes ont les caratteres des chryfolites que les anciens recevoient de l'Orient par la voie de l'E- thiopie, il n’eft pas moins certain que notre chryfo- lite orientale ne convient point avec la sopafe dé- crite par Pline dans fon hiff, naturelle, ! XXXVJL c. VI. En effet, qu’on y fafle attention, fa £opafe que dé- crit Pline dans cet endroit , & qu'il dit avoir été dé- couverte dans une île de la mer Rouge, n’a aucun des caracteres des véritables pierres précieufes ; c’é- toit plutôt une efpece de pierre fine, dont la cou- leur vifoit à celle que rend fe jus de la plante qui croit dans nos jardins potagers, & qu'on nomme por= real. Cette pierre fournifloit d’aflez gros morceaux, puifque la ftatue d’Arfinoë , époufe de Ptolomée Phr- ladelphe, qui en avoit été faite, avoit quatre coudées de hauteur. Outre cela, elle étoit tendre, elle fouf- froit froit la rape comme le marbre , il n’étoit pas befoin d'autre outil pour la travailler. Ce devoit être une pierre opaque à-peu-près malachite , &C jamais nom ne lui convint nueux que celui de chry/okee, La sopafe, le faphir font les plus dures de toutes les pierres orientales , & aucune à cet égard n'appro- che davantage du diamant. C'eft auf la ration pour laquelle lorfqu'une de ces pierres avoit le défaut d’é- tre peu colorée , on la blanchifloit autretois, ainfi que le faphir , par une violente aétion du feu; on tà- choit de la faire paffer enfuite pour un véritable dia- mant ; mais depuis que ceux-ci font devenus moins rares, & que les connoiflances fe {ont perfeétion- nées, 1l n’eft plus aufli aifé d’en impofer que dans ces tems, où des Joaillers fort experts, tels queCal- nu e > . Fr J L 1 ni , étoient obligés d’avouer, que pour éprouver fürement une pierre, il falloit la teindre , c’eft-à-dire, y appliquer deflous une couche de noir , qui obf- curcit généralement toutes les pierres , & fait feule- ment briller le diamant ; on ne s’avife plus guere au- jourd'hui de décolorer la sopafé, ni aucune autre pierre de couleur. Qu’y gagneroit-on ? Pour être dans fon point de perfe&ion, la sopafe doit être d’un très-beau jaune doré & fatiné, ou d’un jaune de citron très-agréable, Ni les ropafes du Bré- fil , ni ceiles du Pérou , qu’on appelle sopafès d'Inde, qui font tendres , &t d’un jaune plus roux , non-plus que les ropafes de Saxe, dont la couleur eft d’un jaune-clair , &c dont la dureté n’eft guere plus grande que celle du cryftal, ne font pas comparables aux orientales ; en général toutes les sopa/es , fi l’on ex- cepte celles d'Orient, font d’une nature feche & peu liante, toujours prêtes à s'éclater, & par confé- uent un graveur rifque beaucoup en les travaillant. D. JT.) TOPASSES, (Æff. mod.) c’eft ainfi que l’on nom- me dans l’Indoftan des foldats mulâtres, provenus des mariages des Portugais avec des femmes indiennes. Ces troupes portent des chapeaux. TOPAYOS, ( Géog. mod.) nom d’une forterefle, d’un bourg, d’une riviere , & d’un peuple de fauva- ges de l'Amérique méridionale au Bréfil. La forterefle de Topayos appartenant aux Portu- gas, eft à 15 heures de Pauxis , à l'entrée de la ri- viere du même nom, qui eft une riviere du premier ordre , &c qui defcend des mines du Bréfil. Des débris du bourg de Tupinambara, s’eft formé celui de To- payos, dont les habitans font prefque tout ce qui refte de la nation des Tupinambas, dominante , il y a deux fiecles , dans le Bréfil, | C’eft chez les Topayos qu'on trouve Le plus com- munément de ces pierres vertes, connuesfous le nom de pierres des amazones, & qui ont été autrefois fort recherchées , à caufe des prétendues vertus qu’on leur attribuoit de guérir de la pierre, de la colique néphrétique , & même de l'épilepfe. La vérité eft qu'elles réfiftent à la lime, & qu’elles ne different guere ni en couleur, ni en dureté du jade oriental, Mémoire de l'académie royale des Sciences , anne 1743, TOPAZOS, ( Géog. anc. ) île de la mer Rouge , à trois cens flades du continent , {elon Pine , 4. XXXVIL, c. vi, I] ajoute qu’elle eft couverte de brouillards , ce qui a été caufe que plufeurs naviga- teurs l’ont cherché inutilement, & que c’eft ce qui lui a fait donner le nom de Topazos, parce que To- Paris en langage troglodite, fignifie chercher. (D. J.) TOPHANA ox TOPANA, (Géog. mod.) faux- bourg de la ville de Conftantinople {ur le bord de la . mer, au-deflous de Péra & de Galata,, tout à l’en- trée du canal de la mer Noire, où la phpart des gens fe rendent pour s’embarquer, quand ils veulent al- ler fe promener fur l’eau, On l'appelle Tkopkara, comme qui diroit ar/énal, ou maifor du canon : cat £op en turc fignifie canon , &hana fignifie maïfon, ou De Tone APT INOEP : Mi lieu de fabrique, Rien n’eft fi agtéable que Pamyphi. théatre que forment les maifons de Galata » de Pera, ot de Lophana ; il s’étend du haut des collines Ju {qu’à la mer, (D.J.) TOPHUS , 1. m. (Médec.) en gTeC œopoors , en fran ÇOIS pierre Où gravelle des paupières ; petite tumeur blanche, raboteufe , dure & calleufe > Qui fe forme à la partie extérieure ou intérieure des paupieres ; humeur renfermée dans cette petite tumeur reffem- ble en confiftance ou à de la pierre , ou à du tuf, d’où lui vient fon nom rophus ; cependant elle ne dif- fere de la grêle des paupieres , que parce qu’elle eft unique, raboteufe, & plus dure; mais elle veñt être traitée de même, tant pour l'opération, que pour les emedes ; ainfi voyez les mors ORGEOLET ou GRÊLE des paupieres. ( D, J. TOPIARIUM opus, (Archireë. rom.) les auteurs font peu d'accord fur la fignification de LOpLariuit opus ; la plus grande partie eftiment que c’eft la re- préfentation qui fe fait avec le buis » le cyprès, l'if, & d’autres arbrifleaux verds taillés de plufeurs for- tes de figures , pour l’ornement des jardins. D’autres croyent avec plus de raïfon, que ce font des payfa- ges repréfentés ou en peinture, où dans des tapifle- res ; la chofe feroit aflez claire, fi l’on derivoit ce mot de romos , qui fignifie un Lez, un pays ; alors ro- Piarium exprimeroit naturellement un payfage , qui eft la repréfentation des lieux. (D.J. TOPIGIS , f. m. ( Hg. mod. ) terme de relation se c’eft le nom que les Turcs donnent à jeuts canonniers, êt en général à tous ceux qui font occupés au fervice de Partiilerie. Leur chef fe nomme copigi bachi, char- ge qui pour lautorité ne répond pas à celle de l’off- cier que nous appellons grand-maîrre de Partillerie : parce que le capitan bacha a la principale autorité dans l’arfenal de Conftantinople, Voyez CAPITAN BACHA. TOPILZIN, £. m. (Hif. mod. Juperfiicion.) c’eft le nom que les Mexiquains donnoient à leur srand- prêtre ou chef des facrificateurs. Cette éminente di- gnité étoit héréditaire, & pañloit toujours au fils aî- né, Sa robe étoit une tunique rouge, bordée de franges ou de flocons de coton; il portoit fur fa fête une couronne de plumes vertes ou jaunes ; il avoit des anneaux d’or enrichis de pierres vertes aux oreil- les ; & fur fes levres il portoit un tuyau de pierre d’un bleu d’azur, Son Vilage étoit peint d’un noir frès-épais. Le sopilyin avoit le privilege d’égorger les viimes humaines que les barbares mexiquains immoloient à leurs dieux ; 1l s’acquittoit de cette horrible cérémo- nie avec un couteau de caillou fort tranchant. Il étoit affifté dans cette odieufe fonétion par cinq autres prêtres fubalternes, qui tenoient les malheureux que l’on facrifoit; ces derniers étoient vêtus de tuniques blanches & noires ; ils avoient une chevelure artif- cielle qui étoit retenue par des bandes de cuir. Lorique le sopilzin avoit arraché le cœur de la vi- . time ; il ’offroit au Soleil, & en frottoit le vifage de Pidole, avec des prieres myftérieufes, & l’on pré- cipitoit le corps du facrifié le long des degrés de l’ef calier ; il étoit mangé par ceux qui l’avoient fat pri fonnier à la guerre, & qui l’avoient livré à la cruauté des prêtres. Dans de certaines folemnités on immo- loit jufqu’à vingt mille de ces viétimes à Mexico. Lorfque la paix duroit trop long-tems au gré des prêtres , le sopzlzin alloït trouver l’empereur, & lui difoit , Le dieu a faim, auflitôt toute la nation prenoit les armes, &c l’on alloit faire des caotifs, pouf aflou- vir la prétendue faim du dieu & la barbarie réelle de fes miniftres. Voyez ViTzILIPUTZLT. TOPINAMBES, iLESs Des, (Géog. mod. }îles de PAmérique méridionale, dans laterre-ferme, au pays des Amazones , dans le fleuve de ce nom , au-deflus G£g 418 TO ?P du bofphore de Amazone. Le comte de Pagan don- ne à cette ile Go lieues d’étendue, & vante beaucoup Ja fertilité de fes terres, ainf que la beauté de fes ri- vages. (D.J.) TOPINAMBOUR, f.m. ( if. mar. Botan. ) les vopinambours font des tubercules de la plante que plufeursbotaniftes appellent he/arshemum tuberofuin efculenmm, & que Tournefort nomme corona folss, parvo flore , tubero[é radice, I. R, H. 489. en anglois portatods Il s’éleve d’une même racine de cette plante une ou plufieurs tiges cylindriques, cannelées, rudes, couvertes de poil, haute de douze piés & plus, rem- plies d’une moëlle blanche & fongueufe. Ses feuil- les font nombreufes, placées fans ordre depuis le bas jufqu’au haut, d’un verd-pâle, rudes, pointues, pref- que femblables à celles du fouc1 ordinaire, cepen- dant moins ridées , moins larges , & diminuant peu- à-peu de grandeur, en approchant de l'extrémité des rameaux. Ses tiges portent des fleurs radiées de la grandeur de celles du fouci ordinaire ; leur difque eft rempli de plufeurs fleurons, jaunes, fort ferrés; &c leur couronne eft compoñée de douze ou treize demi-fleu- rons rayés, pointus, de couleur d’or, portés fur des embryons, & renfermés dans un calice écail- leux & velu ; ces embryons fe changent en des peti- tes graines. Chaque tige jette diverfes petites racines, rampan- tes, garmies de fibres capillaires , qui s'étendent au long &c au large, entre lefquelles croiffent à la dif- tance d’un pié de cette racine-mere plufieurs tuber- cules, ou excroiflances compaëtes qui foulevent la terre ; une feule de ces racines produit 30 ,40 ; $o, & quelquefois un plus grand nombre de ces tuber- cules ; ils font rouflâtres en-dehors, fongueux &e blanchâtres en-dedans, d’une faveur douce , boffelés en divers endroits , quelquefois de la groffeur du poing, & comme relevés en un petit bec du côté qu'ils doivent germer. Quand les tiges font féchées, ces tubercules reftent dans la terre pendant tout l’hi- ver,&r pouflent au printems fuivant. On cultive cette plante dans les jardins &c dans les campagnes, &c l’art de la culture confifte dans le labour, & point à fumer les terres où on l’a plantée, comme M. Tull la fait voir par {es propres expériences. On mange ces tubercules appellées sopinambours, cruds ou cuits ; quand ils font cuits, 1ls ont le goût de cul d’artichaud ; on les ‘affaifonne de différentes manieres, ( D. J. ) TOPINO , LE, ( Géog. mod.) riviere d'Italie au duché de Spolete, en latin Tinia ou Teneas, Elle a {a fource dans l’Apenmin, pañle à Fuligno , & après avoir grofh fes eaux de celles de divertes rivieres qu’elle reçoit ; elle va fe jetter dans le Tibre, entre Pontenuovo & Torciano. (D. J.) TOPIQUE., adj. serme de Rhetorique ; c’eft un ar- gument probable qui fe tire de plufieurs leux & circonftances d’un fait, Gc. Voyez LIEU, Ec. Topique fe dit aufñ de l’art ou de la maniere d’in- venter & de tourner toutes fortes d'argumentations probables. Voyez INVENTION. Ce mot eft formé du grec sopicos, de roro, lieu, comme ayant pour objet les heux communs qu’A- riftote appelle /es /£eges des argumens. Ariftote a traité des ropiques, & Cicéron les a com- mentés pour les envoyer à {on ami Frebatius, qui apparemment ne les entendoit point. Mais les critiques obfervent que les sopiques de Ci- céron quadrent fi malavec les huit livres des sopiques qui paflent fous le nom.d’Ariftote, qu'il s’enfuit né- ceffairement, ou que Cicéron ne s’eft point entendu lui-même, ce qui n’eft guere probable, ou que les livres des opiques attribués à Ariftote , ne font point tous de çedernier, ve: Cicéron définit le tonique, Pare d'inventer des ar: gumens : Difciplina inveriendorum argumentorum. La Rhérorique fe divife auffi quelquefois en deux parties > qui font le jugement , appellé Zvedique, & l'invention , appellée sopiqgue. Voyez RHÉTORt- QUE. LL Voici ce qu’en dit pour & contre Îe pere Lami de loratoire, dans fa rhétorique, Liv, V. ch. y. pag. 3. & Juivantes. ; “ On ne pent douter que les avis que donne » cette méthode,n’aient quelqu’utilité. Ils font pren- » dre garde à plufieurs chofes, dont on peut tour » ner un fujet de tous côtés , & l’envifager par tou- » tes fes faces. Ainfi, ceux qui entendent bien la » #pique,peuventtrouver beaucoup de matiere pout » groflir leur difcours. Il n’y a donc rien de ftérile » pour eux : 1ls peuvent parler fur ce qui fe préfen- » te, autant de tems qu'ils le voudront, » Ceux qui méprifent la ropique, ne conteftent » point fa fécondité, Ils demeurent d'accord qu’elle » fournit une infinité de chofes : mais ils foutiennent » que cette fécondité eft mauwaife, que ces chofes » font triviales, & par conféquent que la sopique ne » fournit que ce qu’il ne faudroit pas dire, Siun ora: » teur, difent-:ils, connoît à fondile fujet qu'iltraite... » il ne fera pas néceflaire quil confulte la opique » qu'il aille de porte en porte frapper À chacun des » lieux communs, où il ne pourroit trouver les con: » notflances néceflaires pour décider la queftion » dont 1l s’agit. Si un orateur ignore le fond de la » matiere qu'il traite, il ne peutatteindre que la fur- » face des chofes, il ne touchera point le nœud de » Paffaire ; enforte qu'après avoir parlé long-tems » fon adverfaire aura fujet de lui dire ce que $. Au- » guftin difoit à celui contre qui il écrivoit : laïffez » ces lieux communs qui ne difent rien, dites quel- » que chofe, oppofez des raifons à mes raïfons, & » venantau point de la difficulté établifez votre cau=. » fe, &c tâchez de renverfer les fondemens fur lef » quels je m’appuie. Separatis locorum communium » fRABIS,, res CUIR re, ratio cum ratione, caufa cum caufé » confligar. » S1 l’on veut dire en faveur des lieux communs » qu'à la vérité ils n’enfeignent pas tout ce quil faut » dire, mais qu'ils aident à trouver une infinité de » raïfons qui fe fortifient les unesles autres;ceux qui » prétendent qu'ils {ont inutiles , répondent, que » pour perfuader il n’eft beloin que d’une feule ». preuve qui foit forte & folide, & que l’éloquence » confifte à étendre cette preuve, & à la mettre dans » fon jour , afin qu’elle foit apperçue. Car les preu- » ves qui font communes aux accufés & À ceux qui » accufent , dont on peut fe fervir pour détruire & » pour établir, font foibles, Or celles quife tirent des » lieux communs font de cette nature, D'où il conclut que la topique approche fort de cet art de Raymond Lulle, dont l’auteur de la logique de Port-Royal a dit, que c’étoit un art qui apprend à difcourir fans jugement des chofes qu’on ne fait point. Or il eft bien préférable , dit Cicéron , d’être fage & ne pouvoir parler,que d’être parleur &c être imperti- nent. Mallem indifertam fapientiam quam flultisiarr loquacem. La sopique eft reléguée dans les écoles, & les grands orateurs ne fuivent pas cette route pour arriver à la belle éloquence. % FoPiQUE, (Médecine,) on appelle sopiques, les remedes qu’on applique extérieurement fur diverfes parties du corps pour la guérifon des maladies; ce mot vient de sowoc, lieu. - Les Médecins ont établi pour maxime, que les re- medes peuvent devenir utiles ou pernicieux, fuivant lufage & l'application qu’on en fait; & cette maxi- me ft non-feulement vraie par rappori aux remedes internes , mais encore par rapport aux fopiques où applications externes , comme nous allons le voir. On prefcrit fouvent les bains mêlés d'herbes cé- phaliques pour les maladies de la tête , fans fonger qu'ils nuifent dans plufieurs cas, comme dans les foi- blefles des nerfs, Les achores, les catarrhes, &c. Les emplâtres céphaliques dans les hémorrhagies, les apopléxies, les maux qui procedent de caufes ex- ternes, {ont plus nuifibles qu'’utiles, parce qu'ils em- péchent la tranfpiration de la partie, & qu'ils obf- truent les pores de la tête. On croit aufli que les o1- gnemens de baumes odoriférans font fort efficaces contre les maux de tète , accompagnés d’un fenti- ment de pefanteur ; aû contraire, ces fortes de copi- ques difpofent à l’afloupiffement par leur qualité {é- dative, anodine ; mais les linimens balfamiques pré- parés avec de Pefprit-de-vin reétifié, & des huiles de marjolaine, de lavande, &c. peuvent être à pro- pos, parce qu'ils difcutent & ouvrent les pores. On commet beaucoup d'erreurs en fait de sopiques pour les maladies des yeux. Dans leur inflammation les collyres incraflans,épaïfliffans ne conviennent pas certainement ; 1l faut employer des fubftances, qui, fans acrimonie {ont dilcuflives ; tel eft, par exemple, le camphre. Si l’inflammation eft accompagnée d’une Iymphe âcre & faline, il faut ufer d’un mucilage de graines de coings, mêlées avec du fafran & du cam- phre. Quand inflammation eft violente & dange- reufe , lefprit-de-vin camphré, appliqué tiede avec une addition de baume du Pérou, produit quelque- fois d’excellens effets pour rétablir Le ton des fibres. Le vitriol à cauf£e des parties de cuivre qu’il con- tient, pafle chez plufieurs praticiens pour excellent dans les maux des yeux; mais cela n’eft que rarement vrai; ce collyre, par exemple, eft contraire dans tou- -tes lesinflammations, & dans toutes les fluxions chau- des & âcres ; 1l ne convient que quand les humeurs font éparfies , fales & fordides, fans âcreté. Tout ufa- ge des collyres eft déplacé dans la difcrafe de la lym- phe & du fang, car 1l faut commencer par corriger les fluides viciés. Dans les maladies d'oreilles, les ropiques qu’on met intérieurement, ne conviennent que pour la dureté d’ouie qui vient de l’endurciflement de la cire. Les abfcès dans l'oreille interne demandent un traitement particulier ; c’eft de tâcher de les empêcher de dé- générer en ulceres par des injeétions balfamiques tiedes, tels que les efiences de myrrhe. Les sopiques pour les hémorrhagies du nez font ra- rement utiles, à-moins qu'onne commence par des faignées , des friéions , l’immérfion des piés dans l'eau tiéde, & quelquefois en employant le fecours des doux diaphorétiques. La plñpart des sopiques recommandés pour Les maux de dents,, font plus de mal que de bien, outre que le mal de dents vient fouvent de rhumatifme ou d’une fluxion âcre qui fe jette fur une dent cariée, & con- féquemment c’eft la fluxion qu’il faut guérir. . Tous les sopiques externes dans Les maladies cnta- nées du vifage & de la tête, doivent être adminiitrés avec prudence, en y joignant les remedes internes pour, corriger &c dériver les humeurs peccantes. C’eft une malheureule pratique, que d’ufer pour les bou- tons ou les puftules au vifage, du mercure fublimé ou d’une folurion foible de mercure précipité, parce que de telles fubftances rectes dans les pores pro- duifent de grands maux de tête, & la perte des dents. Dans le décharnement des gencives, on prefcrit prefque toujours l’ufage des aftringens ; mais fi ce dé- {ordre procede du défaut de füc nourricier, ou de lobftruétion des fines arteres des gencives, elles per- dront de plus en plus leur fuc nourricier par les re- medes aftringens ; enice cas, il faut laver la bouche Tome XVI, Ë T OP 419 êc les gencives avec des décotions de vin , impré- gnées de fauge &c d’une petite quantité de {el ammo- Riac. | On emploie fouvent les sopiques dans les maladies du thorax, c’eft-à-dire pleuréfis ou péripneumonie ; mais le meilleur dans ces fortes de cas, eft de s’ab£ tenir de tout sopique ; que fi on en juge quelques-uns néceflaires , 1l faut les compofer d’efprit-de-vin cam- phré, mitigé, & rendu anodin par une addition de fafran. Dans les douleurs d’eflomac, les sopiques ne font bienfaifans qu’appliqués convenablement ; ce n’eft point alors fur le creux de l’eftomac qu'il faut les poïter , comme on fait ordinairement dans la çcar- dialoie; mais il faut les appliquer fur le dos, vers la huitieme ou la neuvieme vertebre. Si c’eft l'orifice droit qui eft affeété , on appliquera les remedes {ur Peftomac vers le côté droit. F Si la douleur violente, caufée par une pierre ar- rétée dans les urereres, demande l’ufage des ropiques, c’eft du-moins dans la diretion des ureteres qui e depuis les reins jufqu’aux aînes ; & c’eft avec bien de la prudence qu'ils doivent être adminiftrés; car fi la douleur eft accompagnée de fpafmes, &c qu’on applique des fubitances chaudes & fpiritueufes, on augmente la douleur , & l'on occafionne de terribles fymptomes ; il faut au contraire baigner le malade pour relâcher les parties irritées. Dans le flux exceffif des regles, la plus füre mé- thode eft de s’abftenir des sopiques, fur-tout des ro- piques narcotiques, & de leur fubftituer lufage d’au- tres remedes. Les Médecins 8c les Chirurgiens ont imaginé une infinité de sopiques dans les tumeurs des veines hé- morrhoïdales; maïs l’art confifte à appliquer ces dif- férens remedes fuivant les circonftances ; par exem- ple, fi la douleur eft exceffive, les fubftances anodi- nes & émollientes feront les plus falutaires ; fi da tumeur incommode par fon volume, les fomenta- tions de vin préparées avec les balauftes & Les fleurs de rofe, peuvent être bonnes. : Quant au défordre des articulations , les sopiques font toujours mal employés dans les douleurs arthri- tiques & dans la goutte ; c’eft ce dont tous les habi- les médecins conviennent ; fi cependant la douleur eft accompagnée d’une certaine infenfibilité, com- me 1l arrive fouvent aux vieillards, alors on peut fortifier les nerfs par des linimens balfamiques , & tâcher d'attirer le fluide nerveux fur les parties affoi- blies. La plüpart des sopiques nuifent dans l’éréfipele ; 1l faut traiter cetté maladie par des remedes internes, laifer libre la tranfpiration dans les parties affeétées, en appliquant feulement quelquefois {ur la partie des fachets pleins d'herbes parégoriques, qui par leur douce influence, tiennent les pores ouverts, & les relâchent s'ils font refferrés. Dans les bubons malins & critiques, les sopiques font d’une pratique dangereufe: mais fi le bubon tend. à fuppuration ; on doit appliquer lemplâtre de dia- chylon avec les gommes. Pendant l’érupuon & la fuppuration de la petite vérole, 1l faut s’abftemir de tous linimens sopiques ; ce n’eft que dans le déclin & vers le teims du deflé- chement des puftules , qu’il eft permis d’ufer d’hui- le d'amandes -douces, mêléeravec le camphre & le blanc de baleine, pour tempérer l’acrimomie des bou- tons. La cure de toutes les maladies cutanées doit com- mencer & finir par les remedes internes, capables de corriger la matiere peccante , de la difpofer à l’ex- crétion , & en même-tems de la chafler.s À cette clafle de remedes appartiennent les TE à 88 1 420 T © P émolliens , Îles infufons laxatives , les préparations de mercure ê d’antimoine. Les vopiques qui conviennent le mieux fur les par- ties paralytiques , font des onguens faits de graifie d'animaux & d'huiles diftillées, telles que celles de riz , de romarin , de lavande , de marjolaine , de genievre , &c. car il eft queftion de rétablir le ton des parties nerveules dans leur état naturel; enforte qu'il n’y ait nitrop de relâchement um trop de con- ftriétion, nitrop d'humidité, ni trop de féchereffe, Dans les tumeurs édémateufes des piés, la plûpart . des sopiques {ont contraires ; le meilleur eft de faire le doir autour du pié un bandage convenable pour renforcer les fibres ; il eft bon d’ufer en même-tems des fomentations de vinaigre fort, mêlé avec de lef- fence d’ambre, &c verfé {ur des briques rougies au feu. | Ces détails fufifent fur l'utilité ou le mal que peu- vent faire les sopiques dans leur ufage êc leur applica- tion. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) TOPIRIS , (Géog. mod.) ville de Thrace. Ptolo- mée, liv. II. c. xj. la marque dans les terres. Orte- lius dit que cette ville étoit de la premiere Macc- doine. Pline écrit auf Topiris ; mais dans une mé- daille de Géta, cette ville eft appellée Topirus avec le furnom d’U/rria ; &t elle eft nommée Zoperus & Toparon, par Procope. (2. J.) TOPLITZ,, (Géog. mod.) petite ville de Bohème, au cercle de Leutméritz , & à fix milles de Brix. Elie eft renommée par fes bains d’eaux chaudes. (2. J.) TOPOGLIA , (Géo. mod.) bourgade des états du Turc, dans la Livadie. On croit que c’eft Pancienne ville Cope, fituée fur le marais Copais, que les Grecs modernes appellent Limniss Livadias. Le marais ou lac de Topoglia, reçoit le Cephytfus &r autres petites tivieres qui arrofent une plaine d'environ 15 lieues de tour, & qui eft abondante en blés &c en pâturages; auf étoit-ce anciennement un des quartiers les plus peupiés de la Béotie. (D. J.) TOPOGRAPHIE , L £ (Arpenr. ) defcription ou plan de quelque lieu particulier ou d'une petite étendue de terre, comme celle d’une ville, dun bourg, manoir, ferme, champ , jardin, château, maifon de campagne , 6c. tels font les plans que le- vent les Arpenteurs. Voyez CARTE , PLAN, ARPEN- TAGE, Gc,. ce mot eft formé du grec roœæce, lieu, &T ypapo De décris, . La sopographie differe de la chorographie , comme le moins étendu differe du plus étendu ; la chorogra- phie étant la defcription d'une contrée, d’un dio- cèfe, d’une province, ou de quelque autre étendue confidérable. Voyez CHOROGRAPHIE. Chambers. TOPOGRAPHIE, ( Rhétor. ) on appelle ainfi cette figure qui décrit, qui peint vivement les lieux {ur lefquels on veut engager l’auditeur ou le Leéteur de porter fes regards; tel eft ce morceau de M. Fléchier. # Voyons-la, cette princeffe , dans les hôpitaux où » elle pratiquoit fes miféricordes publiques ; dans » ces lieux où fe ramañflent toutes les infirmites 6 » tous les accidens de la vie humaine , où les gémif- » femens &c les plaintes de ceux qui fouffrent rem- # pliffent lame d’une triftefle importune , où l’odeur » qui s’exhale de tant de corps languiflans. . . . .» (D. J) TopocrAPHIE, ToPOGRAPHE, ( Peinture.) on appelle peintres topographes, ceux qui font des repré- fentations ou defcriptions de temples, de palais, de ports de mer, de villes, & d’autres lieux; les anciens _ appelloient les tableaux de payfages ropies, 1opia, du mot grec, roæcs. | Matthieu .& Paul Bril étoient d’excellens LOpOgreæ= PRES NE Il y a de fort belles ropographies dans le salerie de Saint-Cloud, t TOR TOPTCEL, fm. serme de relation, canonnier tue - le soprchi-bachi eft, en Perle, le grand-maître del’ar- tllerie, & la cinquieme perfonne de l’état. (D.J.) TOQUE, ff (Hif, rar. Botan.) enffide, genre de plante à fleur monopérale labiée, dont la [evre fupérieure reflemble à un cafque garni de deux oreit- letres ; la levre inférieure e& ordinairement divife en deux parties. Le piftil fort du calice dont la par- tie fupérieure reflemble À une crête ; il eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur, & entourée de quatre embryons, qui deviennent dans la fuite autant de femences oblongues renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur, & femble repréfenter une tête revêrue d’un cafque: Tournefort, Zaf£. rei herb, Voyez PLANTE. VOQUE, terme de relation , certain nombre de bou: ges ou cauris dont on fe fert comme de monnoié dans le royaume de Juda, & en quelques autres en- droits de la côte d'Afrique, où les bouges ou cauris font reçus dans la traite des Nègres: une rogue de bouges eft compofée de 40 derces quillages: cinq bouges font une galline, (D. J.) TOQUE, sérme de Relioieufe, c’eft chez les relicieus fes du faint Sacrement, un linge de chanvre où dé gros Hn, qui couvre leurs épaules & leur eftomac: (D. 3) | | TOQUE, terme de Murchande de mode, bonnet d'homme, de figure cylindrique, ou d’une forme de chapeau qui n’a qu'un petit bord ; c’étoit la coëf fure de tous les officiers qui n’étoient point oradués. Encore aujourd'hui les penfionnaires des colleges qui font leurs humanités, portent des rogues lorfqu’ils font en robe; on appelloit auf cette efpece de bon- net tocque ; 206 en bas -breton fignifoit chapeau. CDN TOQUET, fm. (Maerchande de modes.) petit bonnet d'enfant ; il eft fait de taffetas, d’étofle de loie, de toile garnie de dentelles, &e. TOQUETIE, £. f. (Manufaë, de tabac. ) ce font des feuilles de tabac roulées en andouilles, Voyez TABAC, Manufaët, TOR, ( Géogr. mod.) petite ville d’Afie, dans l'Arabie pétrée, fur le bord de la mer Rouge, avec un château pour défenfe: Son port eft aflez bon pour les vaifleaux & pour les galeres ; c’eft l’abord des pelerins tures qui vont à la Mecque. Zar. 28. (D, J.) TORAILLE, £.£. (Corallogie. ) elpece dé corail brut, que les Européens portent au Caire & à Ale- xandrie ; 1l eft peu eftimé & ne vaut que le quart di corail brut de Mefline. ( D. J.) TORBAY , ( Géog. mod.) baie d'Angleterre, dans dans le Dévonshire. Elle eit fur la Manche, à quel- ques milles au nord de Darmouth ; c’eft V'afyle de la flotte royale quand elle eft fur cette côte & que les vents font contraires. C'eft à cette baie que débarqua le prince d'Orange le 15 Novembre 1688. Le roi Jacques s’avança con: tre lui jufqu’à Salisbury , où fes propres troupes Pa- bandonnerent. Il reprit le chemin de Londres , &t fe vit bien-tôt obligé d’en fortir pour n’y plus rentrer : il vint en France, & mourut à Saint - Germain -en- Laye en 1701, à l’âge de 68 ans. ( D. J. | TORBIA, (Géog. mod.) village d'Italie, près de! Monaco: ila pris fon nom par corruption de sopheaz On y voyoit encote, il y a cent ans, un monument des Romains, où l’on croyoit qaw’avoit été la célebre infcription des peuples des Alpes vaincus par Augu- Îte : c’eft du-moins le fentiment de Cluvier &c du pere Briet; mais Guichenon & Bergier prétendent que cette infcription étoit fur l'arc de triomphe de la: ville d'Aoit. (2,J.). FORCELLO, (Géog. mod.) petite ville d'Italie, dans état de Veniie, à fix lieues de la capitale , avec titre d'évêché ; mais ce n’eft qu'un titre , car c’eft ur évêché miférable, & tout dépeuplé. Long. 301, of. Ze. 454,3 4". (D.J) + COR - TORCHE, TISON, ( Sÿ#or.) ces mots font no- bles en profe & en vers au figuré. Hélène fut la zor- che ou le son fünefte qui caufa lembrafement de Troie, fax tererrima bell, difoïent les poëtes latins. Je fuis donc votre honte , 6 le‘fatal tifon Qui remplira de feux toute votre mafon, Defmarais. (D.1J.) | Torcue, f. f. (Crrerie.) bâton rond plus ou moins gros, long depuis fept piés jufqu’à douze , de bois léger & combufhble, tel que celui d’aune & de til- leul, entoure par Pun des bouts de fix meches , que les marchands ciriers nomment les bras ou lumi- gnons de la rorche, couvertes de cire ordinairement blanche, qui étant allumés ; produifent une lumiere un peu lugubre. On fe fert de sorches dans quelques cérémonies de l’Eglife, particulierement aux procef- fions du Saint - facrement, & dans les enterremens des petites gens; autrefois on en portoit dans les pompes funebres des perfonnes de quelque confidé- ration ; mais aujourd’hui on leur a fubfitué les flam- beaux de poing : les sorches fe font à la main; pour les fabriquer on commence par appliquer en lon- gueur fur l’un des bouts du bois, à diftances égales, les fix meches, après qu’elles ont été légerement enduites d’une {orte de cire molle préparée avec un peu de térébenthine pour la rendre plus ténace ; en- fuite ou couvre ces meches exaétement avec de la cire blanche toute pure, que l’on a fait amollir dans l’eau chaude. Les meches de corches font faites de fil d’étoupes de chanvre crud groffierement filé, que Jon nomme /umignon , & qui eft le même dont on fe fert pour la fabrique des flambeaux de poing. Savary. (D.J.) 4, TorCHES , ( Anrig. greg. 6 rom. ) le jour de la fête de Cérès, que célébroient les initiés à fes myfteres, s’appelloit par excellence le jour des sorches ou des lambeaux, dies lampadum , en mémoire de ceux que la déefle alluma aux flammes du mont Etna, pour aller chercher Proferpine. - Phèdre decouvrant à fa nourrice l’amour dont elle brûle pour Hippolyte, lui dit que fa pafion lui fait oublier les dieux ; qu’on ne la voit plus avec les dames athéhiennes, agiter les sorches facrées autour des autels de la déeffe, Non colere donis templa vois liber, Non inter aras attidum , miflam choris Jadtare tacitis confcias facris faces. Les torches ou flambeaux que les anciéns avoient confacrés à la religion , étoient les mêmes que ceux qu'ils employoient aux obfeques & aux cérémonies muptiales. Ils les comprenoïient tous fous le nom gé- nérique de f7#alia, parce qu'ils étoient faits de cor- de , & en particulier ils les appelloient indifférem- ment 1&dæ &t faces. Les Poëtes fe font fouvent égarés dans les allufions que ce fujet leur fournifloit. Pro- perce dans une de fes élégies, fait dire à deux époux qui avoient toujours vécu dans une parfaite union. Viximus infigres inter utramque facem. Et Martial exprime plaifamment, dans une épigram- me, les différens ufages du même f{zrmbeau. Effert uxores Fabius, Chyffilla maritos ; Funereamque tori quaflat uterque facem. & Les femmes de Fabius, dit-il, & les maris de Chry- » fille ne vivent guere, & on les voit à tout mo- » ment rallumer le même flambeau, tantôt pour des # noces, tantôt pour des funérailles, » ( D. J. TORCHE , (Epinglerie.) c'eft du fil de laiton en corche, dont Les épingliers doivent fe fetvir à la fabri- HO R. di que de leurs épingles ; illeur eft défendu par leurs fiatuts d'y employer du fil-de-fer, (D, J.) F2 … TORCHE,, 1.1 ( Ferranderie. ) les marchands de fer donnent ce nom aux paquets de fil-de-fer pliés en rond, eñ forme de cerceau ; ils difent auffi du fil de RAGE... «08 MT sr | TORCHE » LE (Commerce de poix, ) nom que l’on donne à une forte de réfine qui fe rire des pins , des melefes ; &t de quelques autres arbres réfineux , dont on fe fert pour faire de la poix. Richeler, Torche , Lf (Tonnelier. ) rang de quatfe où cinq cerceaux fur un tonneau. Îfy a fur une pipe fx torches : On pofe le tonneau en chantier fur les or ches, 1ne doit pas porter fur les douves. TORCHES , ff. pl, ( Jardinage.) on nomme ror2 ches dans le Commerce des oignons , des bâtons cou- verts de paille , longs de deux ou trois piés, autour defquels font liés par la queue, divers rangs d’oi- gnons. La rorche eft différente de la glane, & de la botte, _ Torcnés;f.f. pl. ( Maçonnerie. ) ée font des nat. tes, ou fimplement des paquets & des bouchons de paille ; que les bardeurs qui portent ie bar ; ou qui trainent Le binard, mettent {ur l’un & {ur l’autre ce ces infirumens, lorfqu'ils veulent porter ou traîner des pierres taillées , pour empêcher que leurs arrê- tes ne f’écornent & ne fe gâtent : on dit qu’un bar ou qu'un binard eft armé de fes torches, lorfque ces nattes font placées deflus; TORCHE, en rerme de Vannier e{tun ou plufieurs tours fimples que l’on fait immédiatement fous cha- cüne des faines d’une hotte, ou de tout autre ou- Vrage. TORCHE-NÉS, 1. m.( Maréchallerie.) eft üninftru- tent long à-peu-pres de dix pouces, qui avec une courroie, ferre étroitement le nés d’un cheval; ce bâton eft arrêté au licou ou au filet , & cette gène empêche le cheval de faire du défordre ou de fe dé- battre, lorfqu il eft trop fougueux; & qu’on lui fait le poil ou qu'on le ferre. TORCHE-PINCEAU , Î. m. ( Peinture.) c’eftun pée tit linge qui fert aux peintres à efluyer leur palette & leurs pinceaux. TORCHEPOT , PIC-CENDRÉ, £ m.( Hif4 rar. Ornytholog. ) fitta feu picus cinereus : oïfeäu un peu plus petit que le pmfon , il pefe au plus une once; il a environ cinq pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jufqu'à l'extrémité des doists ; le bec eft droit, triangulaire ; noir en-deflüs , 8 blanc en-deflous ; la langue wexcede pas la longueur du bec ; la tête , le couër le dos, font cendrés ; les cô- tés du corps fous les ailes , ont une couleur rougeä- tre ; lagorge &c la poitrine font d’un châtain roufa- tre; le bas ventre a au-deflous de l'anus, quelques plumes fougeätres , dont l’extrémité eft blanche ; il y a une bande noire qui s'étend depuis le bec juf- qu'au cou, en pañlant fur les yeux ; les grandes plumes des aïles font au nombre de dix‘huit ; & ont toutes le tuyäu noir; lexrérieure eftpetité & très- courte ; celles qui fe trouvent près du corps ; ont une couleur cendrée , lesautres font brunes ; la queue a au-plus deux pouces de longueur, elle eft compofée de douze plumes ; les deux du miien font decouleur céndrée, les deux plumes de chaque côté de celles du milieu , ont {eulement l’extrémité cendrée, & le refte eft noir; les deux qui fuivent ont de plus les babes intérieires de la pointe, blanche; la plume ex- térieure a Pextrémité d'un noircendré, 8cau-def fous de cette couleur une tache hlanche tranfverfale : le refte de la plume eft noir; les ongles font bruns, longs & crochus; les doigts font au nombre de qua- tre; trois en avant, & un'en arriere, celui-ci a la même longueur que le doigt du milieu, & fon ongle eft le plus grand de tous, Le sorchepos fait fon nid 422 TOR dans des arbres creux, lorfque l'ouverture du trot eft trop large , il la retrécit avec dela boue au point que l'entrée du ‘nid n’a pas plus de diametre quele corps de l’oifeau ; ilfe nourrit d’infeétes ; il fait auf provifion de noix pour hiver ; il lescaffe fort adsoi- tement, en les frappant à grands coups de bec, après les avoir affujetties entre deux branches d'arbre , ou dans une fente. Willughbi , Ornie. Voyez OISEAU. TORCHER, v: a@. ( Gram.) c’eft nettoyer, Ôter la malpropreté ; on torche un pot, des plats, des meubles. . Torcuer, ( Archi.) c’'eft enduire de terre, ou torchis : ontorche une cloïfon , les murs d’une gran- ge. Voyez TORCHIS, Torcuer, c’eft parmi les Vanniers , faire d’un ou plufieurs brins dofer, ce cordon qu'on voit dans les ouvrages de mandrerie, ou de faifferie, un eu au-deflus de l’écaffe des pés. TORCHERE , { f (Menuif. & Sculpt. ) efpece de grand guéridon dontlepié , qui efttriangulaire, & la tige , enrichis de fculpture , foutiennent un pla- teau pour porter de la lumiere. Cet ornement peut comme les candelabres., fervir d’'amortiffement à l’en- tour des dômes, des lanternes, & aux illuminations, Il yena de métal, dans la falle du bal du petit parc de Verfailles. (D. J.) TORCHIS , { m. ( Archis. ) efpece de mortier fait de terre grafle détrempée , & mêlée avec de la paille coupée, pour faire des murailles de bauge , &c garnir les panneaux des cloifons , &c les entrevoux des planchers des oranges &t des métairies : on lap- pelle sorchis, parce qu’on le tortille pour Pemployer, au bout de certains bâtons faits en forme de torches. {D.J.) TORCHON, f. m. rerme dé Lingere, morceau de grofle toile , d’une aune ou une aune &t demie, plus ‘OU Moins, qu'on ourle , qu’on marque, & dont on {e fert dans le ménage pour torcher & efluyer la vaiflelle les meubles , les planchers, 6e. TorcHON, o4 TORCHES , terme de Maçon , ce mot fe dit dans les atteliers , de vieilles nattes ufées, ou de gros bouchons de paille qu'on met fur les pier- res lorfqw’on les monte de la carriere , ou qu’on les tranfporte, pour empêcher qu’elles ne s’écornent ; ainf on dit un bar armé de fes zorchons. ( D.J.) TORCOU, Torcoz, Torcor,TERCOU, TEr- ce mot dérivé de deux mots grecs veut dire la con noiffance des baflés-tailles & des reliefs antiques. On doit l'invention de la Toreumatographie à Phidias, &° {a perfe@ion à Policlete, Les célebres Graveurs d’fta- lie ont donné un beau jour à cette fçience. (D, J.) Hhh | 426 TOR TORGALF , ( Géogr. mod.) riviere de l'empire ruflien , en Sibérie, au pays des Samoyedes. Elle fe jette dans Le Jénifcéa. (D. J.) TORGAU,( Géog. mod.) ville d'Allemagne , dans le cercle de haute-Saxe, fur la gauche de lElbe, à 10 lieues au nord-eft de Leipfick, Les Huflites la brüle- | rent par repréfailles en 1429 , êceille ne s’eft pas te- levée de ce malheur. Lozg. 30. 48. larit, 51.36. Horflius ( Jacques & Grégoire ) oncle 8 neveu, tous deux natifs de Torgau, {e {ont diftingués dans la Médecine , ainfi que tous ceux de leur famille. Jacques , né en 1537, & morten 1592, fut non- feulement grand-médecin, mas eut l’honneur d’être fept fois bourguemeftre dans fa patrie. Il publia des lettres, epiflole philofophicæ € médicinales, qui con- tiennent de très-bonnes chofes ; mais 1l étoit trop crédule, êc fe laïfla lourdement tromper à la préten- due dent d'or ; fi vous voulez favoir comment on reconnut cette impoñfture , vous n'aurez qu'à lire M. Van-Dale au dernier chapitre du premier livre de oraculis, page 423 , édit. 1700. Grégoire Horftius fe fit une telle réputation par la pratique de la Médecine, qu’on lappelloir ?Æ/cu- lape de l'Allemagne. On dit qu'il poflédoit les trois ualités d’un bon médecin , la probiré, la doctrine &x le bonheur. I publia beaucoup de livres, &t eut deux fils qui marcherent fur fes traces. Il mourut de la goutte en 1636, âgé de 58 ans. (D. J.) TORIGNI , (Géogr. mod.) petite ville, ou, pour mieux dire, bourg de France, dans la baffle Norman- die, fur un ruifleau, à trois lieues au-deffus deS. L6. Long. 16. 34. laut. 49.10. Callieres (François de) natif de Torigni d’une fa- mille noble , fut reçu de l'académie françoife en 16809! & 1e diftingua dans les négociations. Louis XIV..le nomma plémpotentiaire au congrès de Rifwick. Afon retour , il obtint une gratification de dix mille livres, avec la place de fecrétaire du cabinet. Il fe fit hon- neur par deux ouvrages , l’un de Ja maniere de né- gocier avec les fouverains , & l’autre de la fcience du monde. Il mourut en 1717, à 72 ans. ( D. J. TORMENTILLE , { f. sormenrilla, ( Hiff. nas. _ Botan.) genre de plante à fleur en rofe, compofée de quatre pétales difpofés en rond ; le calice de cette fleur eft d'une feule feuille & profondément décou- pé, il a la forme d’un bafin ; le piftil fort de ce ca- lice , & devient dans la fuite un fruit prefque rond, qui renferme beaucoup de femences réunies en une forte de tête , & enveloppées par le calice. Ajoutez aux caraéteres de ce genre que les feuilles excedent le nombre de trois, & qu’elles tiennent à l’extré- mité du pédicule. Tournefort, 7/?, rec herb. Voyez PLANTE. | Tournefort nomme pour la premiere des cinq ef peces de ce genre de plante la sormentille fauvage, sormentilla fylveftris, 1. R. H. 298. Elle pouffe en terre une racine vive ou tubercule, de la groffeur du doigt ou plus , quelquefois raboteux,, tantôt droit, tantôt oblique ,.de couleur obfcure en-dehors,, rou- geâtre en-dedans, garni de fibres , & d’un goût aftrin- gent ; {es tiges font grêles, foibles , velues , rongea- tres , longues d'environ unpié, ordinairement cour- bées & couchées par terre , entourées par intervalle de feuilles femblables à celles de la quinte-feuille, velues , rangées d'ordinaire au nombre de fept fur une queue. Ses fleurs font compofées chacune de quatre pétales jaunes , difpofées en rofe, foutenues par un calice fait en baflin découpé en huit parties, quatre grandes &c quatre petites , placées alternati- vement avec feize étamines dans le milieu, Lorfque ces fleurs font tombées , il leur fuccede des fruts fphéroïdes qui contiennent plufieurs femences me- nues, oblongues, Cetteplante croît prefque par-tout, aux lieux fablonneux, humides, berbeux, danses bois & dans les pâturages maigres : elle fleurit ent Mai , Juin & Juillet. Sa racine eft aflringente. La sormenulle des Alpes, formentilla alpina ma= | jor, differe de la précedente en ce que fa racine eft plus groffe, mieux nourrie, plus rouge & plus rem- plie de vertu. On nous envoie cette racine feche, on doit la choïfir récente , nourrie , grofle , nette, entiere , mondée de fes filamens , compa@te , bien féchée , de couleur brune en-dehors , rougeâtre en= dedans, d’un goût aftringent. ( D. J.) TORMENTILEE, ( Mar. méd,) ce n’eft que la ra= ._ cine de cette plante qui eft d’ufage en Médecine, Quoique cette plante croifle dans toutes les provin- ces du royaume, onnefefert prefque cependant que d’une racine de sormentille qu'on nous envoie feche des Alpes , & qu’on doit choifir récente, bien féchée, compaéte, de couleur brune en-dehors, rougeñtre \ en-dedans , d’un goût ftyprique. 4 Cette racine eft une des fubftances végétales, douées de la vertu aftringente vulnéraire, qu'on emploie le plus communément dans l’ufage inté- rieur. On la fait entrer à la dofe de demi-once jui qu’à une once par pintes de liqueur dans les tifanes aftringentes, qu’on prefcrit dans certains cours-de- ventre opiniâtres , dans les hémorrhagies , Les fleurs blanches , les flux féreux qui fuivent quelquefois. les sonorrhées virulentes , &c. on la fait entrer aufft en bitanres à la dofe d’un demi-gros ou d’un gros dans lesopiates aftringentes deftinées aux mêmes ma- ladies, où on la donne feule dans un excipient conve- nable pour remplir les mêmes indications , &t méme contre les flux dyflentériques ,felonquelquesauteurs, L’extrait de rormentille à la dofe d’un gros où de deux poflede auffi à-peu-près lesmêmes vertus ,quoiqueles extraits des fubftances végétalesaftringentes{ouffrént une altération confidérable dans la préparation, qu’il s’en {épare une matiere terreufe qui contribue vrail= femblablement à leur vertu, comme ila té ditde cer taines écorces à l’erricle EXTRAIT, Cumie, Pharma= cie, &c. Voyez cet article, ( À La racine de rormenuille réduite en poudre sem ploieautli quelquefois extérieurement dans le traite= ment des plaies &c des ulceres, fur lefquels on Î& répand pour les deffécher ; mais cette pratique eft peu reçue. La décoétion des racines de sormentille tenue dans la bouche, pafle pour foulager tres-efncax cement la douleur des dents. | | Cette racine entre dans le diafcordium, la poudre aftringente , les pilules aftringentes, &t la décoétion aftrinsente de la pharmacopée de Paris, dans huile de fcorpion compofée, dans l’emplâtre ftyptique, 6ci fon extrait entre dans la theériaque célefte.(2} TORMES, LA , ( Géog. mod. ) en latin Formes, riviere d'Efpagne, au royaume de Léon. Elle prend {a fource dans la vieille Caftlle au Puerto de Pico, entre dans le royaume de Léon, & s’accroit de plu- fieuts rivieres avant que de fe rendre, dans la mer, D, J., TORMEN AL, {. m. (if. nat. Botan. ) nom vul- gaire duwefpilus api folio, fytveffris , fpinofa, five ox1- cantha , de nosBotaniftes ; on appelle communément cet arbrifleau aubépine. Voyez AUBÉPINE. (DJ) TORNA ou TORNAW , (Géog. mod. ) comté de la haute Hongrie. Il eft borné au nord par le comte de Liptow ; au midi, par celui de Borfod ; au levant, par celui d'Ungwar ; &c au couchant, par celui de . Zoil. Sor chef-lieu porte le même nom, (D. 7.) TORNADGI-BACHE, f mrerme de relation , of- ficier de chafle dans la maifomidu grand-feigneur, E a l'intendance fur Les gens qui ont foin des lévriers de {a hautetle. (D. J.). © TORNATES , (Géosr.anc.) peüple de la Gaule . aquitaine ,audire de Pline, /1ÿexix. Ce peuple, : felon M, de Valois, habitoit un Heu nommé encore TOR aujourd’hui Tournay dans le Berri, (D. J.) TORNÉA oz TORNÉO , (Géog. mod.) nom com- mun à une ville, à un lac & à une riviere de la La- ponie fuédoife. La petite ville de Torzés, dit M. de Maupertuis dans fon difèours de la figure de la terre, avoit l'air affreux lorfque nous yarrivâmes. Ses mai- fons bafles fe trouvoient enfoncées jufque dans la neige, qui auroit empêche le jour d’y entrer par les fenêtres, s'il y avoit eu du jour ; mais les neiges tou- jours tombantes ou prêtes à tomber, ne permettoient prefque jamais au foleil de fe faire voir , finon pen- dant quelques momens dans l’horifon vers midi. Le froid fut fi grand dans le mois de Janvier , que les thermometres de mercure, de la conftrution de M. de Reaumur , defcendirent à 37 degrés, & ceux de l’efprit-de-vin gelerent, Lorfqu’on ouvroit la porte d’une chambre chaude, Pair de dehors convertifioit fur le champ en neige la vapeur qui s’y trouvoit, & en formoit de gros tour- billons blancs : lorfqu’on fortoit, l’air fembloit dé- chirer la poitrine ; les bois, dont toutes les maifons font bâties , fe fendoient avec bruit ; la folitude re- gnoit dans lesrues , & l’on y voyoit des gens muti- ls par le froid. Quelquefois il s’éleye tout-à-coup des tempêtes de neige, qui expofent à un grand péril ceux qui en font furpris à la campagne ; en vain cher- cheroit-on à fe retrouver par la connoiffance des beux ou des marques faites aux arbres, on eft aveu- ‘glé par la neige. | Si la terre eft horrible alors dans ces climats, le ciel préfente aux yeux les plus charmans fpeacles. Dès que les nuits commencent à être obfcures, des feux de mille couleurs & de mille figures éclairent le ciel, & femblent vouloir dédommager cette terre, accoutumée à être éclairée continuellement , de l’ab- fence du foleil qui la quitte. La ville de Tornéa aun port, où les Lapons vien- nent troquer leurs pelleteries contre des denrées & des armes. Long. 41. 55, larit. C£. 40. 6. Le lac de Tornéaefttraver{é par la riviere de même nom , d’occident en orient ; cette riviere a fa fource aux confins dela Laponie danoife & fuédoife; enfuite, après avoir reçu dans fon cours les eaux de quelques lacs & rivieres , elle fe jette dans le golfe de Bothnie, près de la ville de Tornéa, ( D. J.) TORNEBOUT, (Mujrg. inffr.) inftrument de mu- fique à vent qui a dix trous, & qui s’embouche com- me le haut-bois d’une anche;les villageois en faifoient autrefois ufage en Angleterre. ( D. J.) | LORNE-LAP-MARCK , ( Géog. mod. ) contrée de la Laponie fuédoife. Cette contrée eft partagée en dix territoires ou biars. ( D. J.) TORNOVO , (Géog. mod.) ville de la Turquie européenne, dans le Coménolitari, fur le bord de la Sélampria, à dix milles au nord-oueft de Larifle, dont fon évèché eft fuffragant. Les Turcs y ont trois mofquées., &c les Grecs quelques églifes. Long. 40. 2241030, 92e (DT) TORO, f. m, ( serme de relation.) c’eft le mets le plus délicieux des IMnois. Il{e fait du fruit du pa/ma prunifera, lequel fruit eft gros comme une prune, Après lavoir mis en monceau pour le laifler mürir, ils le concaflent dans un mortier de bois, l’arrofent d'eau chaude, le preflent, & en tirent une liqueur grafle dans laquelle ils font cuire leur poiflon avec du fel & du piment. (2. J.) Toro ox TAURO, (Géog. rod.) ville d'Efpagne, au royaume de Léon, fur le Duero, entre Zamora au couchant , & Tordefllas au levant, au bout d’u- ne belle plaine. Elle a vingt-deux paroïfles dépeu- plées, fept couvens d'hommes, cinq de filles , qua- tre hôpitaux & un château. La colléciale qui a été autrefois cathédrale, gft compofée d’un abbé & de feize chanoines. Les états s’y font tenus quelquefois. Tome XVI, TOR 43% Elle eft célebre par la bataille de 1476, Qquiaffura la couronne de Cafhile à Ferdinand, prince d'Aragon: Long, 12, 45. lauis, 41.38. | C’eft ici que le comte-duc d'Olivarès, premier miniftre d'Efpagne, fe retira dans fa difgrace, Le gouvernement du royaume remis par Philippe IV, entre fes mains pendant vingt-deux ans ne fut qu'uri enchaînement de malheurs, Ce prince perdit le Rouf: filon par le manque de difcipline de fes troupes, le Bréfil par le délabrement de fa marine, &c la Catas logne par l'abus de fon pouvoir ; on vit par la révo: lution du Portugal combien une domination étrans gere eft odieufe, & en même tems combien peu lé miniftere efpagnol avoit pris de mefures pour con- ferver tant d'états. LR « On vit aufñ ( ajoûte M. de Voltaire }, comme » on flatte les rois dans leurs malheurs, comme on » leur déguife des vérités triftes. La maniere dont » Olivarès apprit à Philippe IV. là perte du Portu- » gal, eft célébre: je viens vous annoncer, dit-1l, une » heureufe nouvelle; Votre Maÿjefté a gagnétous les biens » du duc de Bragance ; il s’ef? avifé de fe faire Proclaz » mer roi, & la confiféation de fes terres vous ef? acquife » par Jon crime. La confifcation n’eut pas lieu, Le Por: » tugal devint un royaume confidérable | furtout » lorfque les richefles du Bréfil & les traités avec » PAngleterrerendirent fon commerce floiffant. » Le comte-duc d’'Olivarès, longtems le maître dé » la monarchie efpagnole 8 fémule du cardinal de » Richelieu, fut difgracié pour avoit été malheu- » reux, Ces deux miniftres ayvoient été longtems ga: » lement rois, l’un en France, l’autre en Efpagne 5 » tous deux ayant pour ennemis la maifon royale » les grands &c le peuple, tous deux très-différens » dans leurs caraéteres, dans leurs vertus & dans .» leurs vices ; le comte-duc , aufli réfervé saufüi trans: » quille & auf doux que le cardinal étoit vif , hau- » tain &c fanguinaire. Ce qui conferva Richelieu dans » le miniftere, & ce qui lui donna prefque toujours » lafcendant fur Olivarès, ce fur fon a@iviré. Le » miniftre efpagnol perdit tout par fa négligence ; il » mourut de la mort des miniftres déplacés ; on dit » que le chagrin lestue; ce n’eft pas feulement le » chagrin de la folitude après Le tumulte , Mais celui » de fentir qu'ils font hais , & qu'ils ne peuvent fe » venger. Le cardinal de Richelieu avoit abrégé fes » jours d’une autre maniere , par les inquiétudes qui » le dévorerent dans la pléaitude de fa puiflance ». Au refte le roi d'Efpagne alloit rappeller le duc d'Olivarés, fice minitre n’eût pas précipité fa dif- race; mais ayant voulu fe juftifier par un écrit pu Ec , il offenfa plufieurs perfonnes puiflantes , donf le reffentiment fut tel, que le roi ne fongea plus qu’à le laïfler à Toro où 1l mourut en 1640, de chagrin comme il arrive ordinairement aux miniftres qui ne favent pas jouir de ce repos heureux qu’on ne con: noit point à la cour. Philippe IV. en diforaciant le comte-duc d’Oliva- rès , n’y gagna que le beau jardin de ce favori dans le voifinage de Madrid; encore ce jardin couta-t-il cher au roi ; car 1l y dépenfa plufieurs millions, On l'appelle aujourd’hui Buer-Reriro, ( D. J,) Toro, (Géog. mod. \ île de la mer Méditerranée, fur la côte méridionale de la Sardaigne, dont elle eft à dix milles, à cinq de l'ile Vacca , ST Environ à quatre de l’ile Boaria. (2. J) TOROELLA, ( Géog. mod.) ville ou plutôt bourse d'Efpagne, dans la Catalogne, fur la rive fepten- trionale du Ter, près de fon embouchure , dans la Méditerranée. Les François y remporterent la vitoi- te fur les Efpagnols le 27 de Mai 1694. Long. 20. 48. latir. 41. 52, (D. J.) TORONÆUS - SINUS , ( Géog. anc.) golfe de la mer Egée , fur la côte de la Macédoine, & féparé des Hhh ij 428 TOR golfes Singitique 8 Thermée par deux grandes pc- mnfules, Ce golfe avoit pris fon nom de ia ville To- rone qui étoit bâtie {ur fon rivage. ( D. J. TORONE, (Géog.anc.) 1°. ville de PEpire, feion Ptolomée, Zv. III. c. xiv. Niger appelle cette ville Parga. | 2°, Torone, ville de la Macédoine, fur le golfe To- ronaique auquel elle donne fon nom. Le périple de Scylax, Diodore deSicile , Thucydide êc la plüpart des anciens parlent de cette ville. 3°, Torone , ville bâtie après la ruine de Troye, felon Etienne le géographe, qui ne dit point en quel endroit elle fut bätie. (2. J. TORONS, (serime de Corderie.) ce font des faif- ceaux compoiés d'autant de fils qu’on en a befoin, pour former les cordons d’un cordage un peu gros, &c qui ont éte tortilles par Paétion du roue. Pour former les sorons , on prend autant de fils qu’on croit en avoir befoin pour faire un cordon d’u- ne grofleur proportionnée à celle qu’on veut donner à la corde; on étend ces fils également, & on les tord enfemble au moyen du rouet; enluite on prend le nombre qu'on veut de ces sorons pour les com- mettre enfemble & en fabriquer un cordage, Foyez Particle de la CORDERIE. TORPIDI, (Géog. anc.) peuples de Thrace, au voifinage de la ville de Philippes, du côté de lorient dans des détroits de montagnes que les Sapéens & eux occupoient, (D. J. TORPILLE, 1 f, (Hijt. nar. Ichrhyolog.) ’ensour- diffement caufé par ce poïflon eft une de ces mer- veilles qui ont cours depuis plufieurs fiecles, quiont té fouvent célébrées , & que les efprits-forts en phyfique ont êté tentés de ne pas croire; en‘effet plu- fieurs anciens & modernes ont parlé de cet engour- diflement avec des exagérations révoltantes. D’au- tres au contraire qui ont vu & manié ce poiflon dans certaines circon{tances, fans en reflentir d’engour- diffement, en ont parlé comme d’un fait fabuleux : mais 1l a -plus été permis d’en révoquer en doutela réalité, après les témoignages de Lorenzini, de Re- di & de Borelli; quelque certain néanmoins que foit le fait, la caufe n’en eft pas évidente, On r’eft point d'accord d’où dépend la ftupeur que produit cet ani- mal dans ceux qui le touchent , en quoi confiftepré- | cifément cetteftupeur , & quelles font les circonftan- ces qui Paccompagnent. Entre les phyficiens qui en ont écrit, les uns font imaginer l’engourdiffement beaucoup plus fort, les autres beaucoup plus foible; les uns veulent que le poiffon ne lopere que lorfqu”- on le touche immédiatement ; d’autres prétendent que fa vertu foit même à craindre de loin. Nousver- rons à quoi lon peut s’en tenir fur cette matiere, après une coufte defcription du poiflon même. Dejcription de latorpille méle 6 femelle. Onla nom- me corpille fur les côtes de Provence, sremble fur les côtes de Poitou, d’Aunis & de Gafcogne. Les Anglois l’appellent #he cramp-fish, & les Italiens sorpilla. On fait que rorpedo eftle mot latin que lui donnent tous les anciens à commencer par Cicéron, Les modernes en font de même; Aldrovand. de pifc, 415, Rondelet de pife. 1.358, Charleton pifc. 9 ,Salvianus de aqua- uilibus 142, Bellon de aquar, 988 , Raï icheh, 81, Sy- noOp pifc. 28 , êtc. Il fufiroit pour fugpérer une idée de [a sorpille à ceux qui ne la connoïflent point , de leur dire que c’eftun poiflon plat toutfemblable à la raie, ou plu- tôt une efpece de raie. Elle eft mife au nombre des poiflons plats & cartilagineux avec Le turbot , la fole êt la pañlenaque. Son corpseft à-peu-prèsrond, fon Ôte la queue; fa tête eft rellement enfoncée entrefes épaules, qu’elle ne paroït aucunement. Elle a deux petits yeux êt deux trous en forme de croiflant rou- jours ouvert , une petite bouche garnie de dents ai- TOR gués, & au-deffus deux pertuis qui lui fervent de na‘ feaux. Elle a cinq ouiés de chaque côté, & deux ai- les fur la queue. La peau de deflus eft molle, déliée, blanchâtre , celle de deflous jaunâtre, tirant fur la couleur du vin. Il 7 en a qui ont fur le dos des taches noires, rondes, difpofées en pentagone, ou fans ordre. On connoit plufeurs efpeces de sorpilles ; nousne nous arrêterons point à les décrire ; c’eft aflez d’ob. feryer que la petite efpece pefe peut-être fix onces , tandis que celles de la grande vont depuis 18 jufqu'à 28 livres. On en voit communément fur nos côtes , qui ont un pié & demi de long; on en pêche aufh quelquefois de plus grandes. Ce poiffon fe met au rang des vivipares , quoiqu'il ait des œufs. Ontrouve fa figure dans la plüpart des auteurs que j’ai cités ci- deflus , & en parriculier dans l’excellent traité {ur ce poiflon par Lorenzini, imprimé à Florence en. 1678 ; Rédi a fait de fon côté uneexaéte defcription d'une sorpille femelle qui pefoit xs livres, & qu’on lui apporta vivante; 1l remarque entrautres particu- larités , que fon cœur qui n’avoit qu'une oreillette, continua fes battemens fept heures après avoir été féparé du corps, & que cette sorpille donna des fignes manifeftes de mouvement & de fentiment trois heu res après qu'on lui eût arraché le cœur. Ses yeux étoient élevés en-dehors comme deux petites bou teilles malfaites, & fa prunelle n’étoit pas ronde; elle avoit deux ovaires ou deux pépinieres d'œufs attachées immédiatement aux deux lobes du foie. I y avoit dans chacune de ces pépinieres plufieurs œufs, dont les cinq plus gros pefoient chacun envi- ron une once. C’en eff affez pour faire connoître la torpille européenne ; venons aux effets qu’elle pro- duit fur ceux qui la touchent , &c à la caufe dontils dépendent. | De l'engourdiffement que produit la torpille. Quand on touche la sorpille avec le doigt ,il arrive aflez fou- vent qu’on fent une efpece d’engourdiflement dou- loureux dans la main & dans le bras jufqu’au coude, 87 quelquefois jufqu’à l'épaule. Sa plus grande force eft dans linftant qu’il commence ; il dure peu , dimi- nue infenfiblement, & {e diffipe au bout de quelque tems. Il reffemble à cette fenfation douloureufe qu’on éprouve dans le bras, lorfqu’on s’eft frappé le coude un peu rudement contre quelque corps dur. Si lon ne touche point le semble, quelque près qu’on en ait la main , on ne fent jamais rien; fi on Le touche avec un bâton, on {ent très-peu de chofe ; fs on le touche par linterpoñition de quelque corps mince, l’ensourdiflement eft aflez confidérable; f on le prefle en appuyant avec force, l’engourdiffe- ment eneft moindre, mais toujours aflez confidéra- ble pour obliger à lâcher prife ; fr on le touche quand il eft mort, il ne furvient aucune ftupeur. Mais com- ment ce poiflon, quañd il eft en VIe» opere-t-il l’en- gourdiffement dont nous parlons? c’eft ce qu'il s’agit de rechercher. Explication de la caufe de cet engourdiffement, On a entrepris jufqu’ici d’en rendre raïon par deux expli- cations différentes; car ilne faut compter pour rien la plus ancienne explication, qui donne à la sorpille une veffll torporifique ; fi on peut compter cette opinion pour quelque chofe , cen’eftqu’en cas qu’on veuille la faire revenir au même que la premiere des deux opinions ; je veux dire qu’en cas qu’on la con- fonde avec celle qui prétend que Peffet que produit la corpille, dépend d’une infinité de corpuicules qus {ortent continuellement de ce poifon , & plusabon- damment dans certaines circonitances que dans d’au- tres. C’eft l'opinion qu’ont adoptée MM. Redy, Per- rault & Lorenzini. Ils croyent que , comme le feu envoie une quantité de corpulcules propres à nous échauffer , de même la sorpille envoie quantité depe- “tits corps propres à engourdir la partie dans laquelle ils s'infinuent, foït parce qu'ils y entrent en trop grande quantité, foit parce qu'ils trouvent des rou- tes peu proportionnées à leur figure. La feconde explication eft de Borelli ; fur fon fim- ple expofé, elle fera plus du goût des méchaniciens, Îl regarde l'émiffion des corpuicules comme imagi- naire; 1] dit que lorfqu’on touche ce poifion , il eft agite lui-même d’un fi violent tremblement , qu'il caufedans la main quile touche, un engourdifiement douloureux, M. de Réaumur a eu beau examiner la torpille dans le tems qu’elle fe venge d’être touchée, il n'a pu lui voir aucun mouvement, aucune agitation fenfible ; mais il eft vrai qu'il fe fait alors fur la furface de fon corps un changement qui eff la caufe de l’en- gourdiflement ; voici en quoi confifte ce changement. La sorpille, comme tous les poiffons plats, n’eft pas néanmoins abfolument plate; fon dos ou plutôt tout le deflus de fon corps, eft un peu convexe: pen: dant qu’elle ne produit, ou ne veut produire aucun engourdiflèment dans ceux qui latouchent , fon dos garde la convexité qui lui eft naturelle ; mais quand cile veut fe difpofer à agir, elle diminue infenfible- ment la convexité des parties de fon dos, & les ap- plant ; quelquefois de convexes qu’elles font, elle les rend concaves ; c’eft précilément dans l’inflant luivant qu’on fe {ent frappé de l’ensourdifflement. On voit bien la furface convexe de ce poiffon de- venir plate ou concave par degrés, mais on ne la voit point devenir convexe;on voit feulement qu’elle eft redevenue telle quand onyen eft frappé ; on n'ap- perçoit pas le paflage de l’un à l'autre état ; peut-être que le mouvement d’une balle de moufquet n’eft gue- re plus prompt que celui des chairs de cet animal , qui reprennent leur premiere fituation; l’un du moins n'eft pas plus aifé à appercevoir que l’autre. C’eft de ce coup fi fubit que naît l’engourdiflement qui faïfit le bras; voilà la caufe du fait ; il s'agit maintenant de confidérer lemerveilleux arrangement des reflorts que la nature a employés pour produire ceteffet. M. de Réaumur a développé cette admirable. mécha- nique, Elle dépend de deux mufcles fort finguliers quiont été décrits par ceux qui ont donné l'anatomie de da torpille, Redi & Lorenzini les nomment rufeuli falcatt, muicles faits en maniere de faulx. Conce- vons la sorpille partagée en longueur depuis la tête juiqu'à la queue;deux grands mufcles égaux & pareils qui ont une figure de faulx, l’un à droite, l’autre à gauche, occupent la plus grande partie de fon Corps, en naïiflant où la tête finit, & en fe terminant où la queue commence. Leurs fibres font elles-mêmes bien {enfiblement des mufcles ; ce font des tuyaux cylin- driques , gros comme des plumesd’oie, difpofés pa- rallelement , tous perpendiculaires au dos &au ven- tre, conçus comme deux furfaces paralleles , ainfi qu'ils le font à-peu-près ; enfin divifés chacun en 25 où 30 cellules, quifontauffi des tuyaux cylindriques de même bafe & de moindre hauteur que les au- tres,êc quifont pleins d’une matiere molle & blanche. Quand Panimal s’applatit , il met toutes ces fibres en contraction, c’eft-à-dire qu’il diminue la hauteur detous ces cylindres, & en augmente la bafe; quand enfuiteil veut frapper {on coup , illes débande tou- tes enfemble, & en leur rendant leur premiere hau- teur, les releve très-promptement, Qu'un doigt tou- che alors la sorpille, dans un inftantil récoit un coup, ou plutôt plufieurs coups fuccefifs de chacun des Cy- hndres fur lefquels il eftappliqué. Ces coups prompts êx réitérés ébranlent lesnerfs ; ils fufpendentou chan- gent le cours des efprits animaux; ou , fi Pon aime mieux encore,ces coups produifent dans les nerfs un mouvement d'ondulation, quine s’accommode pas avec celui que nous devons leur donner pour mou- TOR 419 voir le bras : de-Ià naît l’impuiffance où l'on fetrouve d’en faire ufage, & le fentiment douloureux, Il paroît réfulter de cette explication, que [a sor« bille n’eft en état d’engourdir, que lorfqu’orn la tou: che vis-à-vis des deux grands mufcles compoiés des grofles fibres cylindriques ; aufli tous les phyficiens ont-ils expérimenté que c’eft vis-dsvis de ces mufe cles que fe font les engourdiffemens les plus confidé» tables. Pius les endroiîts où l’on touche la torpiile en, font éloignés , & moins la force du poiflon eft à craindre. On peut le prendre par la queue fans éprou- ver d’engourdiflement ; & c’eft ce que les pêcheurs favent bien :ilsne manquent pas de le faifir par-là. If faut pourtant avouer qu'à quelque diftance des mu cles en queftion, on peut encore être attaqué d’un foible engourdiffement, La peau du poiffon doit fe reflentir du coup des mufcles ; elle reçoit un ébran- lement qu’elle communique aux parties qui la tou- chent , du-moins fi elle et touchée près de l'endroit où elle recoit lPimpreffion. L'opinion de ceux qui font dépendre lengourdif- fement de l’'émifion des corpufcules torporifiques faite par le tremble, paroït détruite par les expé- tiences fuivantes. 1°. Pour peu que la main ou le bras foient diffans de la sorpille , on ne reffent aucun engourdiflement, comme Lorenzini luismême en convient, 2°. Si cet engourdiflement étoit caufé par des corpufculestor= porifiques , que la contraétion exprime des mufcles dont nous avons parlé , l’engourdiflement fe feroit pendant que les parties du poiflon font contradtées . au-lieu qu'il ne commence que quand la contrattion cefle. 3°. Si lengourdiflement provenoit de l’éma- nation des corpufcules torporifiques, il fe feroit par _ degré, comme la main s’échauffe par degré , où com- me les piés s’engourdiflent par degré. Il croitroit à mefure que les corpufcules s’infinueroient dans les doigts, dans la main, dans le bras. Il feroit foible au commencement, & deviendroit enfuite plus confidé table. Tout le contraire arrive ; l’engourdiffement n'eft jamais plus fort que lorfqu’il commence y COM- me le font toutes les douleurs produites par des coups fubits ; 8c 1l va toujours en diminuant, 4°. Enfin ce quidémontre que l’émanation des corpufcules torpo- rifiques ne contribue en rien à l’engourdiflement x c’elt que le doipt diftant du poiffon d’une ligne, n’en reçoit jamais d'impreffion, lorfque l'efpace qui eft entre le doigt &c lui, n’eft rempli que par un liquide, comime de l’eau ou de Pair. Il faut que cet efpace foit occupé par un corps folide que l’on tient , pour que la sorpitle fafle imprefion fur le doigt; ce qui n'arrive que parce que le corps folide communique au doigt limpreflion qu’il a reçue de la sorpille. | Quoique nous n’ayons parlé jufqu’ici que de l’en- gourdiffement du bras , On voit bien qu'il peut de même fe faire fentir à d’autres parties. Le sremble en= gourdira les jambes » lorfqu'on marchera deflus à piés nuds. Les pêcheurs aflurent aflez unanimément que cela leur arrive quelquefois en pêchant à la fei- ne, c’efkà-dire avec une efpece de filet qui fe traîne fur les greves , &t qu’alors la rorpille leur engourdit la jambe, & même les renverfe du coup. 1! femble’encore qu’on ne peut guere refuferà la corpille la force d’engourdir plus ou moins lorfqw’on la touche avec un bâton ; ce qui s’explique très-bien par la loi de la communication des mouvemens; &, fuivant la longueur du bâton , la vigueur du pouflon, la fenfibihité dans la perfonne qui le touche de cette maniere, la fenfation de l’engourdiflement fera plus ou moins vive, Les torpilles de ? Amérique Produifènt lengourdiffe- ment comme les nôtres. L’Amérique a des torpilles ou des poiflons d’un autre genre, femblables aux nôtres !. par leurs effets, Dans les méme, de l’acad, de M, du Ha- 439 TOR mel, année 1677 , il eff fait mention d’une torpr/le quon compare aux congres, c'eft-à-dire qui eft d’une figure approchante de celle des anguilles, M. Richer de qui eft cetterelation, aflure que ce poiflon engourdit le bras lorfquw’on le touche même avec un bâton, & que fes effets vont jufqu’à donner des ver- tiges; ce qu'il dit avoir expérimenté : dés-lors qu'il n’y va que du plus au moins, nous n'avons pas de peine à donner croyance aux faits de phyfque. Le sremble ne feroit pas un grand ufage de la faculté quila d'engourdir, fi elle ne lui fervoit qu’à fe dé- fendre des pêcheurs ; il eft rare qu'il fe fauve de leurs mains. Ariftote, Pline & la plüpart des naturaliftes fe perfuadent qu’elle hui eft utile pour attraper des porffons ; une chofe sûre , au rapport des pêcheurs, c’eit que les sorpilles en mangent, &: qu’on en ren- contre fréquémment dans leur eftomac. Cependant pourquoi fe tient-elle ordinairement fur le fable ou fur la vafe ? y eft- elle en quelque maniere à Vaffut pour y attraper Les petits poïflons qui latoucheroient? Mais les autres porflons plats qui fe tiennent fur la vafe , ne s’y tiennent point par le même motif. Si la torpille engourdit les petits porflons qui la touchent , & les prend enfuite , ne pouvoit-elle pas les prendre également bien fans cela? Elle a lamême viteffe que mille aufes poiflons de fa taille, qui favent bien at- traper les petits poifions fans les engourdir. Nous fommes trop prompts à afligner les caufes finales ; elles ne font pas toujours aufli démontrées qu’on le prétend. Pour s’aflurer du fait dont il eft ici queftion, il faudroit par plufieurs expériences mettre des zor- pilles avec divers autres petits poiflons envie, &t en examiner l'événement ; c’eft ce que quelque phyfi- cien fera peut-être un jour. \ On pourroit encore Être curieux de favoir de quelle épaifleur doit être un corps placé entre [a Lor- pille & la main, pour mettre la man à-Pabri de Pac- tion du poiflon. Il y a beaucoup d’autres expérien- ces à tenter fur cet animal. La sorpille ne pouvoit guere avoir une vertu en- gourdiflante fi fort exaltée, fans manquer de lui at- ! fribuer la même vertu contre plufñeurs maladies. Auff Diofcoride prétend que la corpille {ur la tête engour- dit le mal , & qu’elle remédie à [a chute de l'anus en lappliquant fur le fondement. D'autres en recom- mandent l'application à la plante des piés pour calmer lardeut de la fievre. Nos pêcheurs font mieux, ils en mangent le foie qui a le même goût que celui de la raie. D'efcriptiorde latorpille du golfe Perfique par Kemp- fer. Je n’aurois rien à ajouter fur ce poiflon, fi Kæmpfer ne me fourniffoit, dans fes Amanités , une defcription trop exa@te de la sorpille du golte Perf que, pour la pañler fous filence. | Les plus grandes sorpilles de cette mer, qu en produit beaucoup, ont deux pans de diametre au centre , qui eft fans os; elles ont deux doigts d’épaif- feur, & de-là elles diminuent infenfiblement juiqu’- aux bords qui font cartilagineux , & qui font l'office de nageoires. Leut peau eftgliflante, fans écaille &c tachetée. Les taches du dos font blanches & brunes; celles de la queue plus foncée ; mais le ventre eft tout- à-fait blanc, comme dans la plüpartdes poiffons plats. Des deux côtés la furface eft inégale, particuliere- ment fur le dos, dont le milieu s’enfle comme un pe- tit bouclier. Cette élévation continue jufqu’à lextré- mité de la queue, qui s’étend de la largeur de la main au-delà du corps. Sa tête eft applarie ; fes yeux font petits & placés deflus la rête à la diftance d’un pouce l’un de l’autre. Ils ont une double paupiere dont la fupérieure eftaffez forte , &x Le ferme rarement ; l’in- férieure eft mince , tranfparente , 8c fe ferme lorfque le poiffon eft dans l’eau. “Au-deflous des yeux , il y a deux-conduits de ref- piration qui fe couvrent dans l’eau d’une petite pel= hcule, de forte qu’on les prendroit pour d’autres yeux, comme a fait Borrichius. La gueule eft au- deffous de la tête dans l'endroit oppofé aux yeux. Elle paroït très-petite lorfqu’elle eft fermée, mais elie devient fort grande en s’ouvrant. Les levres font entourées de petites pointes qui fervent à retenir ce que l'animal y fait entrer. Dans la cavité des mâchoi- res, On apperçoit une petite rangée de dents aiguës. Sur le long du ventre qui eft doux , mince & fpon- gieux , il y a deux rangées de petits trous oblongs , cinq de chaque côté, placés tranfverfalement, L’a- nus eft auf de figure oblongue, & percé exadtement à la naïffance de la queue. On ne fauroit preffer cette partie fans en faire fortir quelques fæces entremêlées comme de vers deterre. La queue eft épaifie, & de figure pyramidale. Elle fe termine par une nageoire dont les pointes font obliques , & préfentent aflez bien la forme de la lettre X. Au-deflus & à peu de diflance, font deux autres nageoires plus grandes vers le dos que du côte de la queue, & terminées en rond. À l’endroit où com- mence la queue , il fe trouve encore de chaque côté une nageoire plate & charnue, Dans les mâles , elle fe termine à un penis cartilagineux d’un pouce de long , creux &c percé à l'extrémité de deux trous, dont la moindre preffion fait fortir une humeur srafle & vifqueufe. | Le péritoine eft ferme, les vertebres du dos carti- Jagineufes, &c garnies de divers tendons qui en for- tent. Le premier fe dirige vers les yeux, & le der- mer vers le foie. Les autres prennent différentes di- reétions aflez près de leur origine. Le cœur qui eft fitué dans le plus petit creux de la poitrine, a la for- me d’une figue. L’abdomen eft accompagné d’un lar- ge ventricule mufculaire. Il y a plufeurs veines, dont la plus confidérable s’étend jufqu’au lobe droit du foie , & s’entortille au-tour dela véficule du fiel. Le foie eft d’une fubftance rouge, pâle, compofé de deux lobes, dont l’un remplit toute la cavité du côté droit. Ces deux lobes font formés de glandes ferrées les unes contreles autres , &£ qui partent peut- être du penis. Après avoir vuide les inteftins & les ventricules, on découvre contre le dos, un petit fac inégal, tortu, tranfparent , auquel tient une fubftance charnue qui reflemble beaucoup aux ailes de la chauve-fouris ; c’eft l'utérus ou l'ovaire. Kæmpfer y trouva plufeurs œufs pofés fur le lobe gauche du foie. ils étoientren-" fermés dans une mince pellicule, couleur de foufre pâle, &attachée au foie; du refte ils reflembloient exaftement aux œufs de poule , & nageoient dans une liqueur mucilagineufe. La zorpille du golfe Perfique paroïtroit fort diffé- rente de celle de la Méditerranée , fi l’on jugeoit de celle-ci parles defcriptions d’Ariftote, de Pline & de Galien. La qualité que celle du golfe a d’engourdir , n’eft point une vertu qui l’accompagne toujours.Elles: ne s'exerce que dans certaines occafions ; comme lorfque ce poiflon reflent l’impreflion de quelque chofe qui le bleffe , & qu’on arrête fa fuite au mo- ment qu’il veut la prendre. Il fe fait alors un mou- vement convulfif dans fon corps. Enfin Kæmpfer a remarqué qu’en mettant la sor- pille dans une même cuve avec d’autres poiflons , elle ne leur a point faitfentir fa qualité torporifique, foit par crainte , foit parce qu’elle n’eft pas.en hiberté, {oit par d’autres raifons. Telles fontles obfervations de Kæmpfer fur la sor- pille étrangere. Pour m’inftrutre encore plus complé- tement de la nature de ce poiffon danstoutes les mers. du monde, j’ai parcouru lesautresrelations des voya- geurs qui en ont parlé; celles de Windus, de Jobfon,, d'Atkius, de Moore , de Kolben , de Ludolf, &c. (TOR Hans j'arperdu mé peines ,je d'airien trouvé d’exaét' - Ge de fatisfaifant dans aucun de ces écrivains ; d’où je “conclus qu'il faut s’en tenir aux lumieres que nousen “ont donné les phyfciens quelJ'ai cités dans ce mé- moire. (Le chevalier DE JAUCOURT.) «. TORQUE, f. f. (terme de Blafon. ) fe dit d’un bourtelet de figure ronde; tant dans fa circonféren- éc, que dans fontortil , étant compofé d’étoffe tor- tillée, comme le bandeau dont-on charge la tête de “inore qui 1e pole fut les:écus. La rorgue eft toujours “de deux principaux émaux , quifont le gros desar- imoities , aufli-bien que les lambrequins ; mais c’eft le moins noble des enrichiffemens qui fe pofent furle “heaume pour cumier, (D.J.) … | … TORQUEMAD À ,,04 TORREQUEMADA, .( Géogr. mod.) c’eft-à-dire cour brilée, en latin , eur- Tis cremata; petite ville ,ou bourg d'Efpagne , au royaume de Léon, fur le bord de la Pizuerga, àtrois ieues à lorient de Palencia; ce bourg eft entouré de murs , &fes environs fonttrès-fertiles. (D. J.) TORQUETTE , f. f. ( Comm. ) une certaine Quantité de poiflons entortillés dans de la paille. Il fe “dit aufli d’un panier de volaille. … TORQUETUM, {:m.( Affronomie.) ancien in- flrument d’affronomie, qui reprélentoit le mouve- “ment de l’équateur fur lhorifon, On s’en fervoitpout “obferver le lieu véritable du foleil & de lalune, & de chaque étoile , tant en longitude qu’en latitude ; “la hauteur du foleil & des aftres au-defflus de l’hori- fon , l'angle que l’écliptique faifoit avec l’horilon, 6e, On trouvoit auf avec cet inftrument la longueur du jour & de la nuit, &tletems qu'une étoile s’ar- .rète fur l'horifon. Tous ces problèmes {fe réfolvent “aujourd'hui fort afément par l’ufage de la fphere ar- “millare &:du globe célefte. Regiomontan a donné Ta defcription & l'ufage de cet inftrument dans fes Hcripta Regiomontant, publiés 27-4°. en 1544. Mau- “rolycusentraite encore dans fes œuvres où il décrit les inftrumens de mathématique, de même que Joh. Gallacius , dans fon livre de mathematicis inflrumentis, TORQUEUR , fm. ( Manufatt, de tabac. ) celui qui torque ou file le tabac ; l’habileté d’un corqueur “confifle à faire fa corde bien égale, à manier fon “rouet de maniere qu’elle ne fe cafle point, &cà la bien monter & mettre en rôle. (D, J.) - TORRE, LA, (Géog, mod.) petite riviere d’Ita- lie, dans le Frioul. Elle tire fa fource des monta- ones , pañe pres d’Udine , & tombe dans le Lizon- 20, ( D,J.) TôRRE DE Moncorvo, ( Géogr. mod.) petite ville de Portugal, dans la province de Tra-los:mon- tes, dans une vallée, fur la pente d’une montagne, aux confins du royaume de Léon, à une lieue au levant de la riviere Sabor, Sa campagne eft fertile en blé, en vin, & en fruits. Long. 10. 33. Larir. 41. . Torre D'OLivVETO, ( Géog. mod.) petite ville du royaume de Sicile, dans le val Demona, au pié du mont Æthna, vers le midi occidental. ( D.J. ) TORREÉFACTION , ff. (Docimafhq.) La torré- “fition , ffulatio, en allemand roflez, confifte à fé- parer à l’aide du feu & de Pair , les matieres volati- & des fixes , pour avoir celles-ci feulement. C'’eft ainfique l’on difipe le foufre & Parfenic de la plà- part des mines. L | … Le fuccès de la rorréfaétion eft aflez difficile à ob- tenir , quand le.corps que l'on y foumet entre en fon- te prefque au même degré de chaleur qui eft nécef- % faire pour diffiper fa partie volatile. Ces fortes de circonftances obligent donc 1°. de triturer groffiere- ment le corps qu'on veutrotir, afin d'augmenter fes furfaces &r d’occafonner une aétion plus multipliée de la part de Pair, 2°, de modérer le feu, crainte que TOR 43E la fuñon fait leu, 3°, de donner un libre accès & l'air ; comme étant le véhicule des vapeurs. 49. de répéter la trituration , au cas que lecorps foumis au rotiflage vienne à fe grumeler. 4°. de l’étendre en. uné couche mince, Les corps réfra@aires font bien plus aïfés à torréñer : on peut leur donner tout d’a- bord un grand feu, & l’on n’eft pas tenu de les broyer fi fouvent, & de recommencer le grillage, Lorfque l’on a à torréfier un corps qui fe fond au de- gré de feu qui difipe fa partie volatile ; on abrege beaucoup l'opération , én lui mêlant un corps ré- fraétaire ; mais ilfaut fe garder d’en employer un qui foit contre-indiqué , par altération qui en pourroit naître. Quoi qu'il en foit, on doit aÿoir l’attention d'empêcher que Les parties volatiles n’enlevent, en fe diffipant, quelques portions des matieres fixes ; Cetinconvénient naît la plüpart du tems, de ce qu’on a donné un feu trop fort dès le commencement de l’opération : on le prévient À la faveur d’un fixant ; auquel on a quelquefois recours. | Ce petit nombre de remarques générales fufifent 101; le leéteur trouvera la matieretraitée à fond, au mot GRILLAGE, (D. J.) TORRELAGUNA, ( Géog. mod.) bourg d’Efpa- gne, dans la vieille Caftille, célebre pour avoir don 4 . > + OR né Ja naïflance en 1437. au cardinal François Ximes \ A . . nés , archevêque de Tolede, premier miniftreid’'Ef © 12 re . Û pagne , à lun des plus grands politiques qui aient paru dans le monde. La fortune le tira d’un état médiocre pour l’élever au faîte des grandeurs ; fa famille n’avoit aucune il= luftration ; & fon pere n’étoit qu’un colleéteur des he À £ L Rè 3 décimes accordées par le pane aux rois d'Efpagne, Lorfque fon fils eutachevé fes études, il réfolut d’al- ler à Rome pour obtenir quelque emploi, & ‘n'être LES A 1 L pas à charge à fes parens. Ayant été volé deux fois en chemin > il fut obligé de s'arrêter à Aix en Pro- vence , n'ayant pas de quoi continuer fon voyage ; heureufementun defes compagnons d'étude lui don- na du fécours , &c fitla route aveclui; cependant it ne rapporta le Rome qu’un brefdu pape pour la pre= è ; ; 3 k miere prébende qui vaqueroit dans fon pays. En vertu de ce bref, il fe mit en pofefion du premier bénéfice qui vint à vaquer à fon arrivée » & qui étoit tout-à-fait à fa bienféance ; mais l’archevé- que de Tolede qui en avoit pourvu un de fes aumo- mers , le refufa à Ximenès , & le fit mettre.en pris fon. Sa fermeté, & l'interceffion de la niéce de Par chevèque, engagerent ce prélat à l’élaroir; Xime- nés promit en même tems de permuter ce bénéfice avec la chapellenie de Péglife de Siguença, Cette permutation fut le premier échelon de fa fortune, car l’évêque de Siguença ayant eu occafon de connoïtre Ximenës , le choïfit pour fon grand vi- caire dans toute l'étendue de fon diocèfe, En 1492, la reime Ifabelie le nomma pour fon confefleur ; & quelque tems après l’archévêque de Tolède étant mort, elle le revêtit de cette éminente dignité, qu'if n'accepta qu'après une aflez longue réfifiance ) Vtaie ou feinte. Îl fipula même pour conditions , qu'il ne quitteroit jamais l'éolife de Tolède, qu'on ne char- geroit d'aucune penfion fonarchevêché (le plus riche . dumonde }, & qu’on ne donneroit aucune atteinte aux privileses & aux immunités de fon églife. Il en prit pofeflion en 1498 , & fut recu À Tolède avec une magnificence extraordinaire, | Il débuta par des ates de fermeté pour Le rétablif fement de la difcipline, & pour reprimer les vexa+ tions des fermiers des deniers royaux. Il caña les ju= ges qui vendoientla juftice , ou diféroient de la ren- dre; 8 donna de nouvelles lois pour fetminer les procès dans le terme de vingt jours au plus tard ; tint deux fynodes , dans lefquels il fatua diverles ordonnances , qu’on a depuis obfervées en Efpagné, 432 TOR ;8& que le concile deTrente a généralement adoptées. Où doit mettre au nombre de fes ordonnances vüies “&c néceflaires , celle du regiftre des baptêmes dans æotites les paroiïfles , ce qu'on n’avoit point encore fait, & que tous les royaumes chrétiens ont prati- “qué depuis. À "TT _ Iltravailla én même tems à la réforme des corde- diers dans les royaumes d'Aragon & de Caftille , & en vint à bout, malgré toutes les oppoñtions qu'il y rencontra , tant de lapart des moines, que de la cour “de Rome. I! établit une univerfité à Alcala , 8&z y fon- _“da tout de fuite, en 1499, le college de S. Iidephon- fe, qui fut bâti par Pierre Gumiel, l’un des habiles architeétes de fon fiecle; il entreprit enfuite le pro- jet de donner une bible polyglotte, & ce projer au- “quel ontravailla long-tems , fut exécuté. Yoyez Po- LYGLOTTE de Ximenès. ( Lirsérar, ) j La reine Ifabelle voulut qu'al laccompagnât dans fon voyage d'Aragon , pour y faire régler aux états la fucceffion du royaume, & Ximenès ne contribua pas peu à difpofer l’aflemblée de prêter le ferment que la reine fouhaitoit. Elle le nomma à fa mort , ar- rivée en 1$04, un des exécuteurs de fon teflament. Alors Ximenès ne manqua pas de jouer le premier rôle , & rendit de grands fervices à Ferdinand, qui ‘ui remit l’adminiftration des affaires d'état, & ob- tint pour lui du pape Jules IT. le chapeau de cardi- nal : on l’appella Zecurdinal d Efpagne , & avec tai- Yon, car il deÿint dès ce moment l’ame &c le mobile de tout ce qui fe géroit dans le royaume. Pour com- “ble de confiance il fut déclaré grand inquifiteur, en la place de l'archevêque de Séville, qui donna fa dé- muflion de cette importante charge. Il fignala le commencement de fon nouveau minif- tere, en déchargeant le peuple du fubfide onéreux, nommé acavale, qu'on avoit continué à caufe de la guerre de Grenade, Il étendit en 1509, la domina- tion de Ferdinand chez les Maures , par la conquête de la ville d'Oran, dans le royaume d'Alger. Il en- treprit cette conquête à fes dépens, & marcha lui- même à la tête de l’armée, revêtu de fes ornemens pontificaux , & accompagné d’un nombreux cortege d’eccléfiaftiques & de religieux. A fon retour Ferdi- nand vint à fa rencontre jufqu’à quatre lieues de Sé- “ville, 8 mit pié à terre pour l’embrafler. On juge aifément qu'il obtint la jurifdiétion fpirituelle de cet- te nouvelle conquête ; mais 1l gagna bien davantage laffe&tion générale, par les greniers publics qu’il fit conftruire à Tolède , à Alcala, & à Torrélaguna fa patrie. Il les remplit de blé à fes dépens, pour être diftribué dans les tems de ftérilité. Le roi Ferdinand, en mourant en 1516, déclara le cardinal Ximenès régent duroyaume, & larchi- duc Charles ( qui fut depuis l’empereur Charles- quint), confirma cette nomination. Ximénès par -teconnoïffance lui procura le titre de roi, & cette . proclamation eut lieu , fans que perfonne ofät la con- redire. Il fit dans fa régence une réforme des officiers du confeil fuprème , ainfi que de ceux de la cour, & congédia les deux favoris du prince Ferdinand. En- vain les principaux feigneurs formerent une ligue contre lui , 1l trouva le moyen de la diffiper par fa prudence , & fa fermeté ; il appaifa les troubles qui s’éleverent dans le royaume de Navarre; il réduifit la ville de Malaga fons l’obéiffance, & calma divertes autres rébellions. Enfuite, quand tout fut tranquille dans le royaume , il rétablit ordre dans les finances & déchargea le roi d’une partie de la dépenfe des troupes ; il créa de nouveaux adminiftrateurs des re- venus , retrançha les penfions des courtifansfans fer- vice, réplales gages des officiers, & fit rentrer dans de domaine tout ce qui avoit été aliéné pendant les guerres de Grenade, de Naples , & de Navarre, M déploya néanmoins dans cette conduite autant d’auftérité d'humeur, que d'équité, car il ôta à plu- fieurs particuliers des revenus dont ils jouiffoient em vertu de titres Kgitinres, fans leur procurer aucun dédommagement des biens quil leur entevoit ; pour ‘augmenter Les revenus du nouveau rot, ‘&x s’accré- diter auprès de lui. H ne fut pas heureux dans fon ex …pédition contre Barberoufle, devenu maître d’Al- ger; l’armée qu'il ÿ envoya ayant été entierement défaite par ce fameux pyrate. [lfe brouilla par fa fier té &t par fa rigueur , avec les trois premiers feigneurs du royaume ,.le duc de lInfantade, le duc d’Albes & le Comte d’'Urena. | Enfin les miniftres du roi Charlès intriguerent f bien auprès de ce prince, qu’ils le déterminerent _congédier le cardinal , dès qu’il feroit arrivé en EL pagne. Ximenès s’étoit avancé au-devant de lui, à grande hâte , mais il tomba malade fur la route, & cette maladie le mit autombeau, foit qu'il ait été em= poifonné, ou que le chagrin de fa difgrace , joint à la fatigue du voyage , ait terminé fes jours, Quoï qu'il en foitilles finit le 8 Novembre 1517, à 8r ans, après avoir gouverné l’Efpagne pendant vinet-deux ans, fous les repnes de Ferdinand, d'Ifabelle, de Jeanne, de Philippe , & de Charles d'Autriche, Entre les établiflemens qu’il fit pendant fa vie , on compte deux magnifiques monafteres de demoifelles de qualité, & des embelliflemens à Torrélaguns , qu£ lui couterent près d’un million d'or. Meflieurs Flé= chier, Marfollier , les peres Mariana, Miniana, & Gomez, ont écrit fa vie; elle eft intimement liée à l'hiftoite d’Efpagne. | li a laifé à douter en quoi il a le plus excellé, ow dans la pénétration à concevoir les affaires, ou dans le courage à les entreprendre , ou dans la fermeté} les foutenir ; ou dansle bonheur à les terminer. M. Fléchier loue extrèmement fon zèle pour la religion, &c pour le maintien de la difcipline eccléfiaftique , fa charité envers les pauvres , fon défintéreflement par rapport à fa famille , fon amour pour la juftice, & fon inclination pour les {ciences. On ne peut pas lui contefter une partie des qualités que l’hiftorien fran- çoislui donne ; mais on doit reconnoître que ce n’eft pasätort que les peres Mariana, Miniana 8: Gomez, lui attribuent une ambition démefurée , une politi- que des plus exquifes, de la hauteur, de la dureté, _ & de l’inflexibilhité dans le caraétere. Ajoutons que les moyens qu’ilemploya pour opé- ter la converfion des Maures, ne font pas évangéli- ues. [l mit en œuvre non-feulement largent &c la atterie , mais la perfécution 8 la violence. On lui repréfenta qu'il ne convenoit pas d’obliger par des préfens, ou par contrainte , de profefler la foi de J.C, qu’il falloit la perfuader par la charité, que les conci- les de Tolède avoient défendu févérement qu’on fit aucune violence à perfonne pour croire en J, C. & qu’on ne reçût à la profeffion de la foi , que ceux qui l’auroient fouhaité avec une volonté libre , après müre délibération. L’archevêque de Tolède répon- doit en fuivantfon caraétere , que c’étoit faire grace à des hommes rebelles, que de les pouffer dans les voies de leur falut , comme fi Pon pouvoit y parve- nir fans une vraie conviion dela vérité du Chriftia- nifme. Le zèle de Ximenès le conduifit à exécuter en mê- me tems une chofe funefteaubien des fciences ; il fe fit apporter tous les livres mahométans, de quelques auteurs qu'ils fuffent , & de quelque matiere qu'ils traitaflent ; & aprèsenavoir amañlé jufqu’à cinq mil- le volumes , il les brüla publiquement ; fans épar- gner ni enluminures , niteliures de prix, niautres ornemens d’or & d'argent, quelques prieres qu'on lui fit deles deftiner à d’autresufages. Une telle con- duite étoit auf folle qw'aveugle, Le cardinal Quitini B'AUrOU n’auroit pas détruit fi leftement des livres précieux furlareligion, lesarts, & les fciences ; puifque c’eft par eux féuls qu'on peut Être véritablement inftruit de la littérature arabique &orientale, Leur confervation n’empêchoit point Ximenès de nous donner fa belle édition de 1500 & 1502. des bréviaires 82 des miffels mozarabes, dont il rétablit loffice ancien. ILa, dit-on, compofé quelques ouvra- ges qui font dans les archives d’Alcala. Je m’étonne que Rome n'ait pas canonifé ce cardinal, dont le nom fe trouve écrit avec la qualité de faint & de bien- heureux, dans fept martyrologes d’'Efpagne, Il ne fit point de miracles, me dira-t-on ; mais les Efpa- gnols en citent plufeurs rapportés dans M. F léchier. J'imagine donc que ni Charles-Quint , ni les moines, ne requirent cette canonifation, & l'on fait que les graces de Rome veulent être follicitées & payées. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) TORRENT ; f. m. eau qui coule avec une grande violence, & dont le débordement fait quelquefois de grands ravages. Voyez INONDATION , DéBor- | DEMENT. TORRENT , ( Critique Jacrée.) le mot hébreu qui fignifie rorrent , {e prend auf pour vallée ; l'Ecriture les met fonvent l’un pour l’autre ; & attribue au pre- mier mot, ce qui ne convient qu'au dernier : par exemple , Gene. xxyj. 17. venit ad torrentem Gerare : il faut traduire, ÿ/ vies à la vallée de Gérare. L’Ecriture donne encore quelquefois le nom de torrent, à de grands fleuves, comme au Nil, à l'Eu- phrate , c. Enfin, comme il y avoit plufeurs zor- rens qui couloient dans la Paleftine, & que les uns ÿ faifoient beaucoup de bien, & d’autres beaucoup de mal, ce mot a donné lieu à ces façons de parler métaphoriques , 47 torrent de délices, Pf. xxxv. 9. 47 torrent de foufre, If. xxx. 33. Mais torrent fe prend d'ordinaire en un fens défavorable ; ë& c’eft pour cela qu'il fignifie ’afiion , la perfécution, La terreur : «les détrefles de la mort m'ont environné ; » les rorrens de Bélial m'ont épouvanté ». II. Rois, Re SNGDETE) TORRENT, (Géog. mod. ) en latin torrens , en grec cheëmarros , en hébreu zachal. On difingue le torrent du fleuve , en ce que le fleuve coule toujours, &t que le sorrent ne coule que de tems-en-tems ; par exemple, après les grandes pluies , ou la fonte des neiges. Comme le terme hébreu rackal, fignifie une vallée, aufi-bien qu’un torrent, fouvent dans l’Ecriture On met lun pour l’autre ; par exemple, le sorrens de Gé- rate , pour la vallée de Gérare. L’équivoque en cela neft pas fort dangereufe, puilque les sorrens fe trou- vent ordinairement dans les vallées ; mais il eft bon de la remarquer , parce qu’on attribue quelquefois à la vallée , ce qui ne convient qu'au sorrent : par exem- ple,, à la vallée de Cédron, ce qui doit s’entendre du torrent de même nom. On n’obferve pas toujours dans l’Ecriture la di-. fhinétion qui fe trouve entre le sorrenr & le fleuve : &t fouvent on prend l’un pour l'autre, en donnant le même nom à de grandes rivieres, comme l'Eu- phrate, le Nil, le Jourdain; & à des rivieres qui coulent toute l’année , comme le Jabok & l’Arnon. On donne au Nil le nom de sorrent d'Egypte : dans les Nombres, xxxiv. 5, Jofué, xxv. 4. & 47. WMaïe, &xVij. 12. & à l’'Euphrate , Palm. CXXIII, 5. & dans [faïe, ce fleuve eft nommé Le sorrent des S auls, aie , xv. 7. D. Calmet, Didionn. (D..4J) TORRES , LA, ( Géog. mod.) en latin Lacer, ti- viere de Sardaigne : elle prend fa fource dans la val- lée de Bunnari, s’enfle par la jonétion de l’Ottara, & de plufieurs ruiffeaux , & fe jette dans la mer au- deflous du pont Saint-Gavin de Torrés. ( D. J.) TOoRRÉS-Novas, (Géog, mod, ) ville de Portu- Tome XVI. TOR 433 gal, dans PEftramadure , à une lieue au nord du Ta: ge, fur la petite riviere d’Almonda ; à Cinq lieues au nord-eft de Santoren; elle a titre de duché , un chà- teau, quatre paroïfles, & deux couvens. Long, 10, 2. latit, 39.24. (D. I.) | TORRÉS-VEDRAS, ( Géog. mod.) ville de Portu- gal, dans l’'Eftramadure, au norddu Tage , proche POcéan, à fept lieues de Lisbonne, avec titre de comté ; un château, & quatre paroïfles dépeuplées, Long. 9.12. lait, 39.8.( D. J.) TORRHE BUS , ( Géog. anc. ) ville de Lydie; Etienne le géographe dit qu’elle tiroit fon nom de Torrhebus fils d'Atys, & que les habitans étoient nommés Zorrhebii ; Denis d'Halicarnafle les appelle néanmoins Torybi, Il y a dans la T'orrhébide » ajoute Etienne le géographe , une montagne nommée #0ns Carius ; &t fur cette montagne on voit le temple de Carius, qui étoit fils de Jupiter & de Torrhébia. TORRICELLI, sube de, on EXPÉRIENCE De ToR- RICELLI, À Phyf. ) eft une expreffion que l’on trou- ve fouvent dans les écrits des Phyficiens; Torri- cells Étoit un difciple du grand Galilée , fameux par fes expériences fur la pelanteur de l'air ; & le tube de Torricelli eft un tuyau de verre, comme 4 B,( PL. pren. fig. 6, n°, 2.) d'environ trois piés de long, & de quelques lignes de diametre. Son orifice fupérieur eft fermé bermétiquement. L'expérience de Torricelli fe fait de cette manieres on emplit de mercure le tube 4 B, enfuite on bou- che avec le doigt l'orifice 8; on renverfe le tubes & l’on enfonce Le même orifice dans un vaiffeau rem ph d’autre mercure D C. Cela fait, onretire le doigt, & l’on foutient le tube perpendiculairement fur la furface du mercure qui eft dans le vaifleau de ma- riere qu’il y plonge un peu. Alors une partie du mercure qui eft dans le tube ; tombe dans celui qui eft dans le vaifleau, & il en refte encore aflez dans le tube pour l’emplir à la hauteur de 27 à 29 pouces au-deflus de la furface du mercure qui eft dans le vaifleau. _ $1 le tube eft précifément de 27 pouces, 1l ne def- cendra pas du tout de mercure ; mais le tube reftera tout plein. Enfin, fi on fait la même expérience avec des tubes de différentes longueurs, figures, & capa- cités , & différemment inclinés ; dans tous la furface de la colonne de mercure fera toujours élevée aus deffus du mercure qui eft dans le vaiffeau > précifé- ment de la même hauteur de 27 à 28 pouces ; pourvu cependant que le diametre du tuyau ne foit pas trop étroit, & qu’on ait bien pris garde en lempliflant de chafler toutes les petites bulles d’air qui auroient pû refter entre le mercure & le tuyau. Cette colonne de mercure fe foutient dans le tube pat la preffion de Patmofphère fur lafurface du mer- cure qui eft dans le vaifleau ; & felon que l’atmo- fphère {e trouve plus ou moins pefante, ou, felon que les vents condenfent ou dilatent l'air, & qu'ils en augmentent où diminuent le poids & le refort “ le mercure haufle_ ou baïfle plus ou moins dans le tube. Si Pon n’emplit pas tout-à-fait le tuyau de mercu- re, alors quand le mercure defcend , il refte de Pair dans la partie fupérieure du tuyau ; & cet air faifant en partie équilibre avec l'air extérieur , le mercure efcend plus bas , parce que la colonne de mercure qui doit refter fufpendue dans le tuyau, n’eft alors foutenue que par l'excès depreffion de l'air extérieur fur la prefion de l'air qui eft refté dans le tuyau Voyez AIR 6 ATMOSPHERE, Le tube de Torriceili eft ce que nous appellons au= jourd’hui le Paromerre. Voyez BAROMETRE. Cham- bers. (©) | TORRIDE , adj. (Géog. & Phyfig.) fignifie bré= lan, T13 434 T'O R Zone torride, eft une partie de la terte ou du globe terreftre, laquelle eft fituée fous la ligne, êt s'étend de lun & de l’autre côté vers les deux tropiques, ou jufqu’à environ 23 degrés ëc demi de latitude, Voyez TROPIQUE, 6c. | | Ce mot vient du latin forreo , jerduis, je bréle ; parce que cette zone eft comme btülée par Pardeur du fo- Jeil, qui eft toujours au-deflus. | LU e Les anciens croyoient que la zone torride étoit ire habitable, mais nous apprenons des Yoyageurs, que la chaleur excellive du jour y eft tempérée par la fraicheur de la nuit. Car les nuits font plus longués dans la zone sorride ; que partout ailleurs, 6€ fous Ja ligne où la chaleur doit être la plus grande, elles font égales aux jours pendant toute Pannée ; on voit mê- me par la relation curieufe que MM. Bouquet êz de 1: Condamine ont donnée de leur voyagefous léqua- teur, qu'il y a au Pérou fous lé milieu de la ligne des endroits qui jouiflent d’un printems perpétuel, & d’une chaleur très-modérée. (0) : | TORRISDAIL, LE, (Géog. mod.) rivieré d'Ecof fe, dans la province de Strath-Navern. Elle tire fa fource des hautes montagnes de cette province , coule à côté du Navern , fait d’abord un aflez grand lac de dix à douze milles de longueur , où fe trouve une île , qui eft habitée pendant Pété. Ce lac eft en- vironné de forêts. En fortant de ce lac, le Torr:/duil en forme un autres & au fortir de ce dermer, il vafe jetter dans l'Océan ; À trois milles de l'embouchure du Navern. (D. J.) À! | TORSE:, adj. (Archireët.) ce mot fe dit des colon- nes dont le fit eit contourné en vis, où à moitié creux, & à moitié rebondi, fuivant une ligne qui tampe le long de la colonne en forme d'hélice. Le baldaquin du Val-de=grace eft foutenu par de belles colonnes sorfès. On appelle colonne sorfe cannelée ; celles dont les cannelures fuivent le contour de fon fût en ligne fpirale dans toute fa longueur, Colonne core rudentée, celle dont le fût eft couvert de ruden< tes en maniere de cables menus &c gros, qui tournent en vis. Colonne torfe ornée , celle qui étant cannelée par le tiers d’en-bas, a fur le refte de fon füt des bran- chages &c autres ornemens. Colonne corfe évidée celle qui eff faite de deux ou trois tiges grêles , tortillées enfemble, de maniere qu’elles laïflent un vuide au milieu. Daviker. ( D. J.) Torse, (Sculpture.) où tronc d’une figure, de li- talien sorfo , qui fignifie sronque. C’eft un corps fans tête , fans bras , fans jambes , tel qu’eft ce beau sorfe de marbre qui eft au Vatican, & que quelques-uns croyent être le refte d’une figure d'Hercule, &c un des plus favans ouvrages de l'antiquité. TORSER , v.a@&. (Archir.) mot dérivé du latin sorquere ,tordre. C’eff tourner le fût d’une colonne en fpirale ou vis, pour la rendre torfe, (D. J.) TORSILIA ou TORSIL, (Géog. mod.) petite ville de Suede, dans la Sudermanie , fur le bord méridio- nal du lac Maler , à quelques lieues de l'occident de Stréones. du TORT, INJURE,, (Syzonymes.) le sort regarde particulierement les biens &c la réputation ; 1l ravit ce qui eft dû. L’irjure regarde proprement les quali- tés perfonnelles ; elle impute des défauts. Le premier nuit , la fecondeoffenfe. . Le zèle imprudent d’un ami fait quelquefois plus de tort que la colere d’un ennemi. Ea plus grande z7- jure qu'on puifle faire à un honnête homme, eft de le calomnier. (2. J.) À Torr , (Droit moral.) on peut définir letort, zz- juria, une aétion libre qui ôte fon bien au poffef- feur. | ; S'il n’y avoit point de liberté , 1l n’y auroit pas de crime réel. S'il n’y avoit point de droit légitime , 1l nyauroit point de sorss faits. L'injuftice fuppofe donc ToR nn droit contre lequel on agit librement: | ,n= Or il y en général deux efpecesde droits ; l'uit naturel, gravé dans le cœur de tous les hommes; l’autre civil, qui aftreint tous les citoyens d’une mé me ville, d’une même république , tous les fujets d’un même royaume , à faire ou à ne pas faire cera taines chofes, pour le repos & lintérèt commun. On ne peut violer cette loi fans être mauvais citoyen: On ne peut violer la loi naturelle , fans offenfer l’hus manités Or linjuftice qu'on fait à quelqu'un, le bleffe &z Pirrite ordinairement jufqu’au fond de l'ame ; c’eft pourquoi Métellus fut fi piqué de voir qu’on lui don: noit Matius pour fuccefleur en Nunudie ; c’eft ce qu'à l'égard de Junon Virgile peint par ces mots, manet allé menté repoflum , exprefñon qui pour l’é= pergie , na point d'équivalent dans notre langue: C’eft ainfi que Sallufle dit du sors qu'on fait par de fimples paroles: Qzod verbumin peîlus Jugurthæ alris quèm quifquam ratuserat , defcerdit ; &t Séneque : zas cura comparatum eff ue alius injurie quam beneficia defcendant , 6 illa cito defluant , has tenax memoria re- tineats Voyég INSURE. (D. J.) TORTFELLE, voyez VELAR:, 4 #1 TORTICOLIS , f. m. maladie qui fait pancher [a tête de côté: les anciens n’en) ont point parles les modernes l'ont appellé caput obffipum, dénomination ‘employée par les meilleurs auteurs latins pour figni- fer la tête panchée. I] ne faut pas confondre le capus obflipum permanent, avec la tenfion &c la roideur du col, à l’occañon d’une fluxion rhumatifmale fur cette partie; ni avec le panchement de tête qui eft un effet de la mauvaife difpofition des vertebres, tel que Pas voit le poëte Scaron , qui dit en parlant delui- A même: Parrni les tornicolis, Je paffe.pour des plus jolis. Cette façon de porter la tête de côté peutavoirété contraétée par mauvaife habitude dès l'enfance, où dans un âge plus avancé par affeétation ; car il y a des gens qui {eroient bien naturellement ; &t qui par air, {e rendent ridicules. Cette tournure de tête eft un gefte de taftuffe ; & Horace le confeille à ceux qui veulent tromper par flatterie , f#es capite obf- t1po. Suétone reproche à Tibere qu'il portoit la tête roide & de côté par orgueil; les fecours de la chi- rutgie ne font point utiles à ceux dont le corps n’eft vicié que par des caufes morales. Les progrès de cer art n’ont pas fait imaginer aux chirurgiens françois d'opération pour redrefler la tête inclinée par la con vulfon des mufcles. | Tulpius , favant médecin d’Amfterdam , au milies du dernier fiecle , rapporte lhiftoire de la guérifon d'un enfant de 12 ans, qui dès fon plus bas âge por- toit la tête panchée fur l'épaule gauche par la con- tra@ion du mufcle fcalene : on avoit eflayé en vain des fomentations pour relâcher les parties dont la roideur & la corrugation caufoient la maladie ; les colliers de fer n’avoient pu parvenir à redrefler la tête : 1l fat décidé dans un confultation faite par lau- teur avec deux autres médecins très-habiles , qu’on commettroit l'enfant aux foins d’Ifaac Minnius, chi- rurgien très-renommé , qui avoit opéré avec fuccès dans plufieurs cas de la même efpece. Il forma d’a- bord une grande efcarre par l'application d’une pierre à cautere ; il eoupa enfuite avec un biftouri le muf-, cle qui tiroit la tête ; mais Tulpius qui fait un tableau aflez embrouillé de cette opération, remarque qu’elle fut pratiquée avec beaucoup de lenteur &t de peine, effet de la timidité & de la circonfpeëtion avec lef- . quelles on agifloit dans la crainte de blefier les arte | res &r les veines jugulaires. | HO - L'auteur défapprouve ce procédé, & confeille À Ceux qui voudront courir les hazards d’une opéra- tion auf dangereufe , de rejetter lufage préliminaire du cauftique, qui a caufé des douleurs inutiles au Malade, qui ne lui en a point épargné dans l'opéra- ton, & dont l'effet a été nuifible » en dérobant à la Vue de l'opérateur les parties qu’il devoit diviter , & les rendant plus difciles à couper, 1 ajoute des con- feils à ces réflexions : il faut, dit-il, prendre toutes les précautions convenables pour que lopération ne foït point funeite, & ne pas la faire à Due re- prifès, mais de couper d’un feul coup le mufcle avec toute Pattention qu’exige une opération de cette na- ture. Job à Méckren, chirurgien d’Amfterdam , qui a donné un excellent recueil d’obfervations medico- chirurgicales, parle auffi de l'opération convenable du corticolis | qu'il a vu pratiquer fous fes yeux à un enfant de 14 ans. Le tendon du mufcle fterno-mafto- dien füt coupé d'un feul coup de cifeaux très-tran- chans , avec une adrefle finguliere , par un chirur- gien nomme flurianus , & {ur le champ la tête fe re. dreflä avec bruit. L'auteur donne l’extrait de la cri tique de Tulpius fur l'opération décrite plus haut, pour faire connoître qu’on avoit profité de fes remar ques. Parmi nos contemporains > M. Sharp , célebte chirurgien de Londres, propofe la fe&ion du mul. cle maftoidien, dans le cas où le sorticolis dépend de la contraétion de ce mufcle , pourvu que le vice ne foit pas ancien , & ne vienne pas de lenfance ; car, dit-1l , 1 feroit impoffble de mettre la tête dans une fituation droite , fi laccroiffement des vertebres s’é- toit néceflairement fait de travers. Voici lopération quil décrit pour les cas où elle fera praticable, Ayant placé le malade für une table, on coupe la peau &rla graifle par une incifon tranfverfale , un peu plus lar- ge que le mufcle, & qui ait environ le tiers de fa lon- gueur depuis la clavicule. Enfuite paflant avec cir- confpeétion un biftouri à bouton par-deflus le mu cle, on tire dehors cet inftrument , & en même-tems on coupe le mufcle, On n’eft pas en danger de blef- fer les gros vaifleaux; on remplit la plaie avec de la charpie féche, pour en tenir les levres féparées avec le fecours d’un bandage propre à foutenir la tête : ce que l’on continuera durant tout le traitement ,» quieft pour Pordinaire d'environ un mois. Suivant cet expofé de M. Sharp , cette Opération eft commune ; fi cependant on fait réflexion À la na- ture &t aux caufes de la maladie , & à ces différences qui font qu’elle eft récente, habituelle ou Oripinai- re, conftante ou périodique, idiopathique ou fym- pathique , provenant de {pafme , ou fimplement de la paralyfie des mufcles du côté Oppoié, & que d’autres mufcles que le ftérnomaftoidien peuvent Être attaqués, on conviendra que cette opération peut à pee avoir lieu. Jai coupé avec fuccès des brides de la peau qui tenoient la tête de côté depuis beaucoup d’années , à la fuite des brûlures du co! ; 6 j'ai vu de ces brides qui auroient pu en impofer pour le mufcle maftoïdien. M. Mauchart à fait foutenir dans l’univerfité de Tubingue une thefe , au mois de Décembre ET far cetre maladie, de capire obfiipo. Elle eft trés-mc- thodiquement faite, En parlant des parties affeétées, On avance que tous les mufcles qui font mouvoir la tête &t le col peuvent être le fige du mal; on n’en exclut pas Le mufcle peaucier , dont les attaches font à la clavicule & au bord de la mâchoire inférieute , depuis l'angle jufqu’à la fymphife : quelquefois les vertebres du col font dans une difpofition vicieufe ; que la feétion des mufcles ne détrmiroit paint : fou- vent les mufcles ne font qu’obéir à Ja Calle qu agit, Tome XVI, ni di ; TOR 435 le principé moteur même qui eft attaqué par l’affecs tion primitive des nerfs. | | L'auteur examine les éaufes prochaines & élois gnées du mal; parmi celles-ci il compte, le froid, les convulfions , le virus vénerien, & l’impreflion du mercure dans la mauvaife adminiftration des fri&ions mercurielles. Les remedes doivent donc être variés fuivant l'intelligence des médecins oudes chirurgiens, êt relativement à toutes ces connoiflances : ôn con feille les remedes généraux, les purgatifs doux ré pétés , les diaphorétiques , Les apéritifs incifif , les antifpafmodiques, les cataplafmes émolliens fur les parties trop tendues ; des toniques & fortifans fur les parties foibles ; les mercuriaux, fi le virus vêne. rien eft la caufe du mal; les éauxthermales telles que celles de Plombieres , qui ont opéré une guérifon bien conftatée du sorticolis, les fridtions y les véficas toires , les faignées du pié & de la jugulaire , les fe- tons à la nuque , les cauteres ; les bandages qui re- dreflent la tête: le collier de Nuck par léquel on fut pend la perfonne (ce qui n’eft pas fans danger); en fin la feétion des parties contraétées avec l’inftrument tranchant, conduit avec les précautions éonvenà- bles. Cette differtation eft inférée dans le fecond to- me des dj/putationes chirurgice feleile ; par M. de Ha ker. (7) TORTIL ox TORTIS, L. mi. rerme de Blafon ; c’eft un cordon qui fe tortille autour des couronnes des barons ; ce mot fe dit auffi du bandeau qui ceint les têtes de more fur les écus. Méreffrier. ( D, J. TORTILLANT , ez terme de Blafon,{e dit du ferpent ou de la guivre qui entourent quelque chofe. De gueu- les au bafilic sortillanz d'argent en pal couronne d’or: Bardel en Dauphiné, de gueules au bafilic sorrils lant d'argent en pal, couronné d’or. | TORTILLE , adj. serme de Blafon ; ce mot fe diten blafonnant, de la tête qui porte le tortil, comme.eft celle du maure, qui eft toute femblable au bourrelet, &t qui fert quelquefois de timbre. (2. 7.) TORTILLER, wa. & neut, c’eft plier en tors dant irrégulierement, unir, ferrer , Mêler. On rorrille une corde, des cheveux, un fil : le ferpent fe zorzille fur lui-même, TORTILLER UNE MORTOISE , éérme de Charpentier, c’eft l'ouvrir avec le laceret ou la tariere. (D.J). . TORTILLER LES FICELLES, ( Reliure, ) on sorrille. Les ficelles qui fortent des nerfs du dos des livres cou: fus fur le genou droit avec le creux de la main dro;- te, quand on les ä mifes à la colle, & on sorrille celles des grands volumes, comme :7- 4°. & 1n-fol, entre les deux mains , toujours tournant du même fens, on dit sortiller les ficelles, | TORTILLIS , f. m. ( Archi.) efpece de vermou: lüre faite à l’outil fur un boffage ruftique, comme, on en voit à quelques chaines d’encoignure, au Lous vre 6€ à la porte faint Martin à Paris. (2D.J.) TORTILLON , f, m, rerme de Bahutier, c’eft un aflemblage de clous blancs qu’on met autour de lé. cuflon du bahut, & qui font rangés en maniere de figure tortillée, (D. J,) TORTILLON, serme de Fruitiere, efpece de bourrelet fait d’une toile roulée & pliée en rond , que les lai tieres & fruitieres mettent fur leur tête pour n'être point incommodées, ou du pot ou du lait , Ou du noguet qu’elles pofent deflus. Trévoux, (D. Fe TORTIONNAIRE, adj. ( Gram. & Jurifprud.) ini que, violent, Cette procédure a été injurieufe, dérais fonnable & sortionnaire. , TORTO, LE, où LA TUERTA, ( Géogr, mode } riviere d’Efpagne, au royaume de Léon. Elle a {4 fource dans les montagnes des Afturies, & fe perd dans POrbega. (D.J,) TORTOIR ox GAROT , . m. rèrme de Chatron , bâton gros & court, pour aflurer AE les charrettes li ij 336 TOUR les charges qu’on y met, par Le moyen d'une groffe corde, (D, J.) . _ FORTONE,, ( Géog. mod, ) ville d'Italie, dans le Milanez, chéf-lieu du Tortonèfe, dans une plaine, avec un château fur une hauteur, à dix lieues au fud-eft de Cafal. Son évêché eft ancien & fuffragant de Milan: cette ville dépend du roi de Sadaïgne par le traité de Vienne de 1738, mais elle eft fort dépeu- plée. Long. 26.25, lat. 44.52. (D. J.3 | TORTONESE, Le, ( Géog. mod.) contrée d’Ita- lie, au duché de Milan , entre le Pô aunord , Le ter- ritoire de Bobhio à l’orient, l’état de Gènes au midi, & l’Alexandrin au couchant: fa capitale eft Tortone. TORTOSE, (Géog. mod.) ville d'Efpagne, en Catalogne , capitale d’une viguerie de même nom, für la gauche de l’'Ebre,, à 4 lieues de la mer, à 35 de Barcelone, & à 70 de Madrid. On la divife en vieille ville & en ville neuve: fon évêché vaut qua- torze mille ducats de revenu. Cette ville a-un vieux château fortifié, &'une académie qui appartient aux freres prêcheurs; ce qui fufit pour apprécier fa ce- LÉbDritE nn! =” = Tor:ofe eft la Derrofa des Romains , Capitale des Ilercaons, comme on le prouve par une médaille de Tibere, fur le révers de laquelle on lit: Ders, Iler- gaonia : dès l'an 716 les Maures en étoient les mat- tres’; Berenger, prince d’Arrggon, la leur enleva en 1149. Long. 18.10. lat. 40. 51, | Ine faut pas confondre Torrofe en Catalogne avec Tortofè petite ville dans la nouvelle Cafülle, fur le Hénares, au-deflus de Guadalajara. (D. Z) ToRTOSE , viguerie de, ( Géog. mod.) elle eft bor- née au nord, partie paf le royaume d’Arragon , par- tie par la la viguerie de Lérida, à lorient par la même yviguerie & par celle de Taragone, au midi par la mer Méditerranée, & à l'occident, partie par k royaume d'Aragon, partie par celui de Valence : fon lieu principal eft Torzofe. Cette viguerie eft fer- tile en grains & en fruits; on y trouve auffi des car rieres d’alun , de plâtre, & de jafpe. (D. J.) TORTUE, £. f.( Æifl. nat, Boran.) chelone , genre de plante à fleur en mafque, dont la levre fupé- rieure eft voutée en dos de sortue, l’inférieure eft découpée en trois parties. Le derriere de la fleur eff retréci en tuyau dont l'ouverture reçoit le pül qui devient un fruit arrondi, oblong, partagé en deux logés remplies de femences bordées d'un petit feuil- let. Tournefort, Mém. de l’acad. royale des Sciences. Voyez PLANTE. TorrTue, f. f. (Hiff. nat. Zoolog. ) tefludo, animal quadrupede ovipare , recouvert en-deffus &r en-def- fous par une groffe écaille. Il y a plufieurs efpeces de sortues que l’on divife en deux clafles, dont la premiere comprend les sorsues terreftres , & la feconde les zor: tues aquatiques, c’eft-à-dire celles qui reftent dans la mer ou dans les eaux douces. Les sortues aquati- ques different principalement des terreftres , en ce que leurs doigts tiennent à une membrane qui leur fert de nageoire. Les tortues de terre ne deviennent jamais auf grandes que celles qui vivent dans la mer. Solin rapporte que deux écailles d’une certaine efpece de rortue de mer fufifent pour couvrir Phabi- tation d’un indien. On trouve dans les Âfémoires de l'académie royale des Scienc:s, la defcription d’une très- rande sorcue terreftre prife fur la côte de Coroman- del. Cette rortue (PI. XIV. fig. 3.), avoit quatre piés & demi de longueur depuis le bout du mufeau juf- u’à l'extrémité de la queue, & un pié deux pouces d’épaifleur ; l’écaille étoit longue de trois piés,êr elle avoit deux piés de largeur ; elle étoit compofée à fa partie fupérieure de plufeurs pieces de différentes figures, dont la plüpart étoient pentagones ; toutes ces pieces fe trouvoient placées &c collées fur deux os, dont l’un couvrait le dos & l’autre le ventre; TOR ils étoient joints enfemble furiles côtés par des lipa* mens très-forts; ils enfermoient les entrailles de cet animal , & ils avoient une ouverture en-devant pour laïfler pafler la tête & les jambes de devant, .êt une autre en-arriere pour la queue & les jambes de derriere. Ces os fur lefquels ces écailles étoient appliquées avoient un pouce & demi d’épaiffeur en quelques endroits , & feulement une ligne & demie dans d’autres. Les trois plus grandes pieces d’écailles étoient fituées fur la partie antérieure du dos, elles avoient chacune une boffe ronde, élevée de trois ou. quatre lignes, &c large d'un pouce & demi. Le def- fous du ventre étoit un peu concave. Toutes les par- ties de l'animal qui fortoient hors de l’écaille, favoir la tête, les épaules, les bras, la queue, les fefles & les jambes étoient revêtues d’une peau lâché, ridée, &c couverte de petits grains ou tubercules comme le maroquin; cette peau étoit adhérente aux bords des deux ouvertures où elle fe terminoit fans fe pro= Jonser au-dedans des écailles. La tête refflembloit en quelque forte.à célle,.d’un ferpent ; elle ävoit fept pouces de longuéur & cinq de largeur; les yeux étoient très-petits, & ils nayoient point de paupiere fubérieute; il ne fe trouva point d'ouverture pour les oreilles ; les levres étoient couvertes d’une peau dure comme de la corne, & découpées én manieré de foie, & il y avoit en-dedans de la bouche deux. rangées de dents. Les jambes étoient fort courtes ; celles de devant avoïent cinq doigts. qui n’étoient diftinéts que par les éngles, 6c les pattes dé derriere n’en avoient que quatre. Les onglésétoientarrondis en-deffus & en-deflous, & leur coupe fufoitun ovale, car ils étoient émouflés &cutés ; ils ayoient un pouce & demi de longueur. Les sorrues de terre étant ren- verfées fur le dos ; peuvent fe retourner fur le ven- tre , en appuyant la tête cle cou fortement contré terre, Mém. de l'acad; royale des Serences, par M, Per rault, som LIL, parts Ils Les sorsues aquatiques differerit principalement des sortes terreftres, en ce qu’elles ont des nageoï- res au-lieu de pattes. Les efpeces les mieux connues font la sorte franche, la kaouanne, &le caret, La chair de la tortue franche reflemble parfaitement à celle du bœuf par fa couleur, mais la graifie eft d’un jaune-verdâtre ; elle a fort bon soût. La kaouanne eft la plus srofle; on en trouve qui ont jufqu’à cinq piés de lorigueur fur quatre de lar4 eur ; elle a la tête beaucoup plus grofle que toutes les autres à proportion du refte du corps; fa chair a un mauvais goût &c fent la marée ; elle fe dé- fend de la gueule & des pattes contre ceux qui veu- lent la prendre. Les plaques d’écailles de cette efpe- ce de sortue font beaucoup plus grandes que celles du caret, & cependant moins eftimées parce qu’elles ont moins d'épaifleur. Le caret a la chair moins bonne que celle de fa tortue franche, mais beaucoup meilleure que celle. de la kaouanne ; il eft plus petit que les deux.efpeces précédentes; 1l a treize plaques ou feuilles d’écailles, huit plates & cinq courbes, qui font plus eftimées que celles des autres efpeces de zortxes, Les sortues pondent des œufs ronds, & couverts d’une membrane molle & blanche: ces œufs font compofés comme ceux des oïfeaux, de deux fubftan- ces différentes ; le jaune fe durcit aifément en cui- fant, mais le blanc refte toujours liquide. Une feule zortue pond deux ou trois cens œufs, gros comme des balles de paume, &c durant fa ponte rien n’eft capable de la faire cefler ni de la mettre en fuite. Les tortues de mer viennent la nuit fur les ances pour y dépofer leurs œufs dans le fable; elles y font un creux qui a environ un pié de largeur &c un pié demi de profondeur : lorfque leur ponte eft fe, elles couvrent les œufs ayec du fable, &t elles retour- Hent à la mer. Les œufs éclofent à la chaleur du o- 1éil, & les petites sorsues qui en fortent vont à la mer dès qu’elles font nées. La pêche des sortues fe fait principalement’ dans le tems de la ponte, on les prend très - aifément lorfqu'elles font hors de l'eau; on les renverfe fur le dos pour les empêcher dy (retourner. Æiffoire naturelle des Aruilles ; par le pere Dutertre , toine 1. | | La sortue a la vie très- dure, Redi a éprouvé que Îles rorrues de terre peuvent vivre dix-huit mois fans ._ manger:ce même auteur a reconnu que la sorrme pouvoit vivre aflez long-tems fans cerveau , & que e privation de cette partie ne lui fafoit pas perdre on mouvement progreflif : il fit au crane d’une sorrue de terre une large ouverture, par laquelle il tira tout le cerveau, de façon qu’il n’en refta pas la moindre . particule, cependant cette /orue conferva tous fes mouvemens, excepté ceux des yeux, qui fe ferme- rent aufli-tôt après l'opération ; au refte, elle alloit &c venoit comme auparavant, & elle vécut encore fix mois dans cet état : une autre rorrue dont la tête avoit été coupée vécut pendant vingt-trois jours: les ror- sues d'eau ne furvivent pas fi long-tems à de pareilles opérations. a | "+ On vient de lire la defcription anatomique de la #ortue, & beaucoup d’autres faits curieux fur ce gen- re d'animal teftacé, dont le caraûtere diftinétif eft d’a: voir une queue ë&t d'etre couvert d'une écaille lar- ge, voütée , dure &r offeufe. Ses piés de devantfont compolés chacun de cinq doigts, garnis d'ongles ; _ ‘ceux de derriere n’en ont que quatre; fa queue eft grofle au commencement, & finit en pointe; toutes les parties qui paroïffent hors de l’écaille de la sorrue font couvertes d’une peau large, pliffée par. de gran- des rides , &7 grenées comme du maroquin. Il y a différentes efpeces de sortues ; nous allons parcourir des principales. . 1°, La tortue commune. Elle eft marbrée de taches noires &c jaunes, & fillonnée de raies fur Le dos. Son écaille de deflus eft extrèmement convexe ; celle du deflous du corps eft applatie. Sa tête eft courte. ref- femblante en quelque maniere à celle d'un ferpent , êT eft couverte d’une peau mince; l'animal peut la tirer en dehors ou en dedans à fa volonté; il n’a m1 paupieres , n1 oreilles externes; 1l peut pañler Phiver fous terre fans prefque aucuñnenourriture, 2°. La jaboti des habitans du Bréfl nommée par Îles Portugais cagado de terra ; cette efpece a une écail- le noire, gravée de différentes figures exagonales ; fatête &z {es jambes font brunes, avec des marbru- res de taches d’un jaune obfcur ; fon foie eftun man- ger délicat. ) 3°. La sorime de riviere où d’eau dormante, fe trouve fréquemment dans les foflés qui entourent les murailles des villes. Son écaille eft noire, peu con- vexe, & compofce de plufeurs pieces liffes, &c dé- licatement articulées enfemble ; elle eft d’une vie f dure, qu’elle conferve encore du mouvement dans fon corps pendant quelques minutes après qu’on lui a coupe la tête. | 4°. La sorte demer ordinaire ; elle eff plus grofle que la sortue terreftre ; mais {on écaille eft moins life & moins belle, fes piés font faits comme les nageoi- res des poifions, & par conféquent très-propres pout nager. Elle a à chaque mâchoire une eau continue quieft reçue dans le finus de la mâchoire oppoñée, &t qui lui fert à mâcher fa nourriture. La femelle fort de la merpour pondre fes œufs; elle en fait à terre une grande quantité en une feule ponté, les couvre de fable, retourne dans l’eau, & le foleil les fait éclo- re au bout d’une quarantaine de jours. $°. La Jurucua des Bréfiliens nommée rertaruga , par les Portugais 6c par les François, rortue-franche ; * lle a une forte de nageoire au lieu de piés ; celle de TOR 437 devant font longues chacune de 6 pouces , mais cel: les de derriere font beaucoup plus courtes ; fon écail: e eft agréablement ornée de différentes figures, 6°. La Koauanne ; C’eft une sortue de mer de forme femblable aux autres de cet élément , d’une écaille plus forte, mais d’une chair de mauvais goût. 7°. La ‘rorine nommée en françois le cares : c’eff une petite efpéce de sortue qui pont fes œufs dans lé gravier & le cailloutage; on ne fait aucun cas de fa chair, mais on en fait un fort grand de fon écaille, 8°. La )urura des Bréfiliens, ou cagado d'agoa des Portugais ; elle eft beaucoup plus petite que les au= tres ; l’écaille qui la couvre ci de forme elliptique , &t très-voitée fur le dos, Margoraye dit avoir gardé chez lui une tortue de cette efpece vingt-un mois , fans lui avoir donné aucune nourriture, | 9°. La petite sorrue terrefre des Indes orientales ; cette efpece n’a que trois pouces de long ; fa coauil: le eff compofée de trois fortes d’écailles entourées d’une bordure générale ; leurs couleurs font d’une grande beauté , blanches ; pourpres, jaunes & noi- res; la coquille du ventre eft blanche avec une agréa- ble empreinte d’ün grand nombre de raies; fa tête & fon mufeau font aflez femblables à la tête & au bec du perroquet ; le deflus de la tête eft diapré de rouge ët de jaune ; fon cou eft fort mince ; fes jambes de devant font garnies de petites écailles avec des piés applatis , qui finiflent en quatre orteils ; {es jambes de derriere font beaucoup plus longues, beaucoup plus déliées que celles de devant, & feulement cou- vertes d’une peau rude; fa queue eft longue de trois pouces , menue & pointue, _ 10°. La petite sorue échiquetée & rayonnée; fon écaille a environ fept travers de doigts de longueur, êz cinq de largeur ; elle eft noire, marquetée de f- oures rhomboides, 8: compofée de trois rangs de tu: bercules ; qu’entoure une bordure générale ; le mi- leu de ces tubercules eft rayonnant d'étoiles ; lé caille du ventre eft formée de huit pieces dont les deux plus confidérables font marbrées , d’un jaune tirant fur le noir, 11°. La grande orne échiquetée ; cette efpece qui eft la plus voütée de toutes les zortues fe trouve dans l’île de Madagafcar. Elle eft longue d’un Pie ; large de huit pouces, & haute de fix; c’eft du-moins la taille de celle qui eft dans Le cabinet de la fociété royale, & dont Grew a donné la figure, 12°. Joignons enfemble la sortue de Surinam , à iorrue de Virginie dont l’écaille eft en mofaique ; ce font de belles corses, dont les écailles font prefque autant eftimées que celles du caret, comme difent nos ouvriers. Torrur , pêche de la, ( Péche marine. ) on prend ordinairement les sortues de trois manieres diféren= tes : la premiere, en les tournant fur le fable ; la fe- conde , avec la varre ; êr la troifieme , avec la folle. Pour la premiere maniere, on obferve quand elles viennent pondre leurs œufs fur le fäble, ou quand elles viennent reconnoître le terrein où elles ont in: tention de pondre, Quand on trouve une trace ou un train neuf fur le fable, il eft ordinaire qu’en re= venant au même lieu dix-fept jours après, on y trou- ve la sorte qui vient pondre, On la prend par le cô- té & on la renverfe fur le dos, d’où elle ne fauroit fe relever, à la referve du caret qui a la carapace con- vexe , ce qui facihte fon retour fur le ventre , mais on tue celui-là fur le champ ; ou bien étant tourné fur le dos, on met de groffes pierres autour de lui. Lä feconde maniere de pêcher les tortues , eft dé les varrer dans lamer, ou percer avec la varre. Foyez VARRE. La troifieme eft de les prendre avec un flet qui s'appelle la fo/e. Voyez FOLLE. On voit fouvent vers la côte du Méxique ; flotter 435 TOR les rorvuës eñ grand nombre fur la furface de la mer, où elles font endormies pendant la grande chaleur du jour; on en prend par adrefle fans varre &c fans filet, & voici comment. Un bon plongeur fe met {ur l'avant d’une chaloupe , & dès qu’il ne fe trouve plus qu’à quelques toiles de la sortue, il plonge êc fait enforte de remonter par la furface de l’eau auprès de cet animal ; il faiit l’écaille tout contre la queue, & ‘en s'appuyant fur le derriere de la sorsue, il la fait - enfoncer dans l’eau; l’animal fe réveille, fe debat des pattes de derriere, & ce mouvement fufäit pour la foutenir {ur l'eau aufli-bien que l’homine, jufqu’à ce que la chaloupe vienne & les pêche tous deux, Le manger de la sortue franche eft non-feulement excellent, mais très-fain. Mylord Anfon dit que fon équipage en vêcut pendant tout fon féjour dans l’île de Quibo, c’eft-à-dire pendant plus d’un mois. (2. J.) TorTuE , (Mar. méd.) il ne s'agit dans cet article que de la rortue de notre pays, ou sortue de terre, &c de celle d’eau-douce qui differe très-peu de la pre- miere, fur-tout par fes qualités médicinäles , l’arti- cle fuivant étant particulierement defliné à la grande £ortue de | Amérique ou tortue de mer. On mange à peine chez nous la sorsue de terre ou la tortue d’eau-douce , ainf nous n'avons aucune ob- fervation à propofer fur fon ufage diétetique. Quant à fes ufages médicinaux, nous obferverons que les Médecins modernes Pemploient afflez communément fous la forme de bouiilon, & qu’on en prépare un {yrop compofé auquel elle donne fon nom, & qui eft connu dans les difpenfaires fous le nom de/yru- pus de teftitudmibus re/#mptivus, Pour préparer un bouillon de sortue , on prend un de ces arimaux, de médiocre groffeur, par exemple, pefant environ douze onces avec lécaille. On la re- tire de fon écaille ; on en fépare la tête, les piés & la queue ; on prend la chair, le fang , le foie & le cœur : & on les fait cuire ordinairement avec un jeune poulet, &c des plantes &c racines propres à remplir l'intention du médecin, paflant &c expri- mant felon lart : ces bouillons font recommandés dans tous les livres, & font affez généralement em- ployés par les médecins de Montpellier, comme une forte de fpécifique contre la phthifie , le marafme & les autres maladies de langueur. Tous ceux qui n’en ont pas obfervé l'effet par eux-mêmes, croient qu'un fuc mucilagineux, incraflant, éminemment adoucifant qu’ils fuppofent dans la some, adoucit le fang, lui redonne fon baume naturel, en corrige, en enveloppe les âcretés; affouplit Les folides, &c dif- pofe ainfi Les petites crevañles, & même les ulceres naïiflans de la poitrine à fe confolider; que ce prc- tendu fuc glutineux & balfamique eft encore ca- pable de déterger & de confolider des ulceres inter- nes plus avancés ; mais indépendamment des raïfons viétorieufes contre ces vaines fpéculations qui font déduites aux articles ircraffans, muqueux 8 nour- riflans , voyez ces articles. Les médecins qui ont quel- qu'expérience fur opération des bouïllons de sortue, favent que leur effet prochain &c immédiat confifte à animer Le mouvement progreflif du fang, juf- qu’au point de donner quelquefois lañievre &c à pouf- {er confidérablement vers les couloirs de la peau. Il peut très-bien être que dans plufeurs de ces phthi- fies, de marafme, de fieyre eétique, &c. ce dernier effet, favoir l'effet fudorifique, concourt très-effica- cement à la guérifon de ces maladies, dans lefquelles Pexcrétion cutanée eft confidérablement diminuée; maïs 1l arrive aufli dans bien d’autres cas, par exem- ple, dans la plûpart de ceux où les maladies de poi- trine ont commencé par des crachemens de fang; ilarrive, dis-je, que les bouillons de sorte renou- vellent & précipitent le malade vers fa fin. Ce re- mede doit donc être adminiftré avec beaucoup de TOR circonfpeltion : d’ailleurs les obfervations de {es bons effets dans les cas dont nous venons de parler manquent prefque abfolument , font du-moins très râres ; parce qu'on a recours communément à ce re- mede, cornme à tous ceux qui font les plus vantés contre les maladies chroniques de la poitrine, lorf que ces maladies font trop avancées, lorfqu'il n’y a plus tien à efpérer des remedes. : | Les maladies dans lefquelles les bouillons de zor- tue font le plus manifeftement du bien, font celles de la peau ; mais il faut perfifter long-tems dans l’u- fage de ce remede. | Le fyrop de rorrue fe prépate ainf, felon la phar- macopée de Paris : Prenez chair de sorrue de terre, une livre : orge mondé &c chair de dattes, de cha- cun deux onces : fans fecs de Damas, mondés de leurs pepins, & réglifle feche fapée, de chacun une once : febeftes & jujubes, de chacun demi-once: pignons & piftaches mondées, de chacun demi-once: fruits de cacao rôtis & broyés: femeénce de melon, de concombre & de citrouille, de chacun deux gros : femence de laitue, de pavot blanc, de mauve, de chacun un gros: feuilles de pulmonaire, demi-once : fleurs feches de violettes & de nénuphar, de chacun un gros (ou recentes, de chacun une once.) Faites la décottion de toutes ces drogues, felon l’art, dans douze livres d’eau, que vous réduirez à la moitié. Paflez & clarifiez avec quatre livres de fucre rofats & cuifez à confiftence de fyrop , auquel vous pou- vez ajouter pour laromanifer, quatre gouttes de né- roli ou huile eflentieile de fleurs d'orange. Nota. Que ce fyrop ne doit pas être confervé long-tems, parce qu'il n’eft pas de garde, &c qu'il eft fujet à fe gâter. On a voulu raflembler dans ce fyrop le principe médicamenteux des principales matieres regardées comme éminemment pettorales où béchiques incraf- fantes : on a réuni en effet dans ce remede une gelée animale aflez tenace , /enta, favoir celle de rorrue, Plufieurs fubftances muqueufes, végétales, éminem- mént douces ; favoir, celle des dattes, des raifins- fecs, de la régliffe, des febeftes, des jujubes & le fucre; un mucilage léser, fourni par les fleurs de violette & de nenuphar ; & enfin l'extrait très-ni- treux des feuilles de pulmonaire ; les femences émul- fives qu’on y a entaflées, ne fourniffent rien à ce fy- rop. Dans létat où art eft parvenu aujourd’hui, c’eft une ignorance & une barbarie, qne de laïffer fubffter dans la formule de ce fyrop, les pignons, les piftaches, les femences de melon, de concombre, de citrouille , de laitue , de mauve & de pavot blanc, & très-vraiflemblablement le cacao. Voyez ÉmMuL- SION € SEMENCES ÉMULSIVES. Le fucre-rofat ef une puérilité ; c’eft du bon fucre blanc qu’il faut em- ployer à fa place. Voyez SUCRE & SYrRop. S'il exiftoit de vrais peétoraux, voyez PECTORAL : s'il exiftoit de vrais incraffans , voyez INCRASSANT, ce fyrop feroit le peétoral incraffant, par excellence ; fi une préparation toute compofée de matieres pure- ment alimenteufes pouvoit être véritablementreftau. rante, on ne devroit point refufer cette qualité au {yrop de sorte. Mais comme les fubftances purement nourriflantes ne font n1 pettorales ni incraflantes , ni reftauranres à petite dofe , il eft évident que ces vettus {ont attribuées au fyrop de tortue par charla- tanerie ou par préjugé. On peut aflurer que cette préparation n’a reffauré perfonne; & que fi elle a calmé quelque toux, Çç’a été toujours des toux guttu- rales ou fomachales, & encore fur des fujets qui avoient l’eftomac aflez bon pour vaincre la fade é oluante inertie du fyrop de zortue. (b) TORTUE, autrement TORTILLE, (Géogr. mod. ) Cette île qui appartient à la couronne d’Efpagne, doit Le nom qu’elle porte à la quantité de roues que Sat S Fe Von prend fur fon rivage. Elle eft fituée à douzé lieues ou environ fous le vent de Pile de la Margue- rite, fur la côte de Venezuela, dans l'Amérique équi- noOxiale. Il ne faut pas là confondre avec une autre île de la sorése fituée à la bande du nord dé Saint- OBS EME EN» TorTuE; (Chirurg.) efpece de tumeur qui fe forme à la tête. Voyez TEsTuDo & TAzrPA. (Y) TORTUE, (Ars ilir.) On appelloit ainfi chez les anciens une efpece de galerie couverte; dont on fe fervoit pour approcher à-couvert de là muraille des places qu’on vouloit ruiner, on pour le comblement du foflé. | On appelle sorrues-bélieres celles qui fervoient à couvrir les hommes qui faifoient agir le bélier. Foyez BELTER. K EURE Vitruve nous a donné la defcription & la ftrufture de la rortue qui fervoit à combler le foffé.: On la poufloit fur le comblement , à-mefure que l'ouvrage avançoit, jufqu’au pié du rempart où des touts qu’on fappoit a-couvert de cette machine, Elle étoit com- potée d’une grofflecharpentetrès-folide &c très-forte. C’étoitunaflemblage de groffes poritres: les fallieres, les poteaux:, & tout ce qui la compoloit, devoit être à épreuve des machines & de toutes fortes d'efforts: mais fa plus grande force devoit être portée au com- ble &;:dansiles poutres qui la foutenoient, pour n’è- tre point écrafée des corps jettés d’en-haut. On Pap- pelloit corse, parce qu’elle fervoit de couverture &t de défenfe très-forte & très-puiffante contre les corps énormes qu'on jettoit deflus, &c ceux qui étoient deffous, s’y trouvoient en füreté, de-même que la rorrue l’eft dans fon écaille : elle fervoit éga- lement pour le comblement du foffé & pour la fappe de la muraille. (Folart, Aurag. des places des anciens.) -Cet ariteur prétend que la sorrue n’étoit autre chofe que le mufculus des anciens, Les Romains .avoient encore d’autres efpeces de tortues, favoir, pour les efcalades & pour le com- bat. et ME " La tortue pour l’efcalade confiftoit à faire avancer Les foldats par pelotons proche des murs,en s’élevant & en fe couvrant la tête de leurs boucliers ; enforte ‘que les preniiers rangs fe tenant droits & les der- niers d-penoux ; leurs boucliers arrangés enfemble les uns fur les autres comme des tuiles, formoient tous enfemble une efpece de toit, fur lequel tout ce qu’on jettoit du haut des murs, gliffoit fans faire de mal aux troupes qui étoient deflous. C’étoit dans £es opérations que les boucliers creux dont fe {er- voient les lépionnaires, devenoient plus utiles & plus commodes que les autres. On faifoit encore monter d’autres foldats fur ce toit de boucliers, qui fe couvrant de-même, tâchoient d’écarter avec des javelinés ceux qui paroïfioient fur les murs, & d'y monter en fe foulevant les uns les autres. Cette sortue ne pouvoit avoir lieu que lorfque les murs étoient peu élevés. + | L'autre sortue pour le combat ; fe formoit en rafe campagne avecles boucliers pour fe garantir des traits &z des fleches. Selon Plutarque , Marc-Antoine s’en fervit contre les Parthes pour fe mettre à-couvert de Îa prodigieufe quantité de fleches qu'ils tiroient für es troupes. Cette sortue fe failoit ainfi: «Les légionnaires enfermoient au milieu d’eux les troupes légerement armées; ceux du premier rang ayoient un genou en terre, tenant leur bouclier droit devant eux; & ceux du fecond rang mettoient le leur deflus la tête de ceux du premier rang; ceux du troifieme couvroient ceux du fecond; & ainfi des autres, en obfervant que leurs boucliers anticipaf- fent un peu les uns fur les autres, de-même qu’on arrange les tuiles, enforte qu’ils formoient une ma- hiere de toit avec leurs boucliers, qui étant un peu ; TOR 439 créux, fe Joignoient facilément les uns aux autres, &t les mettoient ain à-l’abri des fleches, principa- lement de celles qu’on tiroït en l’air, comme fai. {oient les Parthes. Des mœurs & des ufuges des Ro- mains. (@Q). MPa ar), HAUTE … TORTUE Dé MER, ( Marine.) forte de vaifleau qui a le pont élevé en maniere de toît, afin demet- tre ä-couvertles perfonnes & les effets qui y fonts … TORTUE , éle de la ; ( Géog. mod. ) île de l’Améri- que feptentrionale , une des Antilles; à deux lieues au nord de 8. Domingue; Elle a fix lieues de long de Peft à l’oueft, & deux de large du nord au fud. Sa partie feptentrionale eft inaccefible à éaufe des roi chers qui l’énvironnent, Les autres parties peuvent produire du tabac, du coton, du fucre & de lindigo, Cette ile chétive, aujourd’hui déferte ; a couté aux Efpagnols & aux François cent fois plus qu’elle ne peut produire en cent ans. Larir, 20. CDS Ye TORTUE , “le de la, ( Géog. mod. ) île de l'Améri | que feptentrionalé, dans la mer du Nord, à r4lieues au fud-oueft de celle de Sainte-Marguerite ; elle abonde en fel, ainfi que l'ile de la Tortue de Saint- Domingue; mais elle eft déferte. Latir. feprene, 11.4, . TORTUES, {/e des, ( Géog. mod. ) iles de 'Amé- rique feptentrionale, au nombre de fept ou huit, & que quelques-uns mettent au rang des Lucayes; ori les trouve au midi occidental du Cap de la Floride; environ à 294 d. de Jongitide, entre les 24 & 25 di de latitude nord. ( D. J. ) Een TOREUGNE, voyez TORTUE. ET TORTUGNE D’AIGUE ; voyez TORTUE DE MER: .. TORTURE ox QUESTION, ( Jurifprud.) eftün tourment que lon fait efluyer à un criminel ouà un accufé, pour lui fairé dire là vérité du déclarer fes complices. Voyez QUESTION. | Les ortures font différentes, fuivant les diférens pays ; On la donne avec l’éau, ou avec le fer, où avec la roue , avec dés coins, avec des brodequins; avec du feu, éc. ereR > En Angleterre on a aboli l’ufage de toutes les sor- tures , tant én matiere civile que criminelle, & mê- me dans le cas de haute trahïlon; cependant il sy pratique encore quelque chofe de femblable quand un criminel refufe opiniatrement de répondre ou de s’avouer coupable ; quoiqily ait des preuves. Voyez PEINE FORTE ET DURE, | A En France on ne donne point la rorture ou la guef° tou en matiere civile; mis en matiere criminelle ; fuivant l'ordonnance de 1670 , on peut appliquer à la queflion un homme accufé d’un crime capital, s’il y a preuve confidérable, & que cependant elle ne foit pas fufifante pour le convaincre. Voyez PREUVE. Il y a deux fortes de gueflions ou tortures, lune préparatoire, que l’on ordonne avant le jugement, & l’autre définitive, que l’on ordonné par la fentence de mort: | La premiere eft ordonnée #ranentibus indiciis ; preuves tenantes; de forte que fi l’accufé n’avoue rien ,1l ne peut point être condamné à mort, mais feulement à toute autre peine, adomnie citra mortem. La feconde fe donne aux criminels condamnés ; pour avoir révélation de leurs complices. _ La queffion ordinaire fe donne à Paris avec fix pots d’eau &z le petit treteau, & la queftion extraor- dinaire aufli avec fix pots d’eau , mais avec le grand treteau. . En Ecoffe la gueflion fe donne avec une botte de fer & des coins. . En certains pays on applique les piés du criminel au feu , en d’autres on fe fert de coins, &c. M. de la Bruyere dit que la geffion eft une in- vention füre pour perdre un innocent quia la coms plexion foible ; & pour fauvér un soupable qui ef 440 TOR né robufte, Un ancien a dit auf fort fentencieufe- ment, que ceux qui peuvent fupporter la gueflion, ëz ceux qui n’ont pointaflez de force pour lafoutenir, mentent écalement. | A: TORYNE, (Géog. anc.) Toryna, lieu de l'Epire, fur la côte. Plutarque ,i7 Artomio , dit que pendant qu’Antoine fe tenoit à l'ancre près du.cap'Aëtium à la droite, où fut depuis bâtie la ville de Nicopolis, O&ave fe hata de traverfer la mer d’Iomie, &c s’em- para le premier du pofte appellé Toryne. Antoine fut confterné d'apprendre cette nouvelle, car fon armée de terre n’étoit pas encore arrivée; mais Cléopatre fe moquant & jouant {ur le mot: he bien, direlle, qu'y a-t-1l de fi terrible qu'Oë&tave foitaflis à Toryne? Il eft impoffible de conferver dans la langue francoi- fe lagrace de cette allufon, ce qu’Amiot a fort bien vu. Toryne qui eft ici un nom de ville, fignifie aufi une cuillere-a-pot ; 8x c’éft fur cette dermere fignifi- cation que porte la plaifanterie de ce bon mot, com- me fi Cléopatre avoit dit : hé bien, qu'y a-t-1l de fi terrible qu'Oltave fe tienne près du feu à écumer le pot? La plaifanterie étoit d'autant plus joke , qu’elle tomboit fur un homme qui dans les combats furterre {e mettoit avec les gens du bagage, &z fur mer, alloit fe cacher à fond de cale, ce qu'Antoine n'ignoroit pas. (D. 7.) TORYS, fm. ( Hif£. mod. ) fation ou parti qui s’eft formé en Angleterre, & qui eft oppofé à celui des Whigs. Voyez FACTION , PARTI, WHiG, éc. Ces deux fameux partis qui ont divifé fi longtems l'Angleterre, joueront dans lhiftoire de ceroyaume un rôle qui à plufieurs égards ne fera pas moins in- téreffant que celui des Guelfes & des Gibellins dans celle d'Italie. 3 Cette divifion a été pouflée au point que tout homme qui n’incline pas plus d’un côté que de Pau- tre , eft cenfé un homme fans principes &z fans inté- rêt dans les affaires publiques, & ne fauroit pañler pour un véritable anglois : c’eft pourquoi tout ce que nous avons à dire fur cet article, nous Pempruntons de la bouche des étrangers, que lon doit fuppofer plus impartiaux, & en particulier de M. de Cize, oficier françois qui a été quelque tems au fervice d'Angleterre, & qui a fait lhiftoire des Whigs 8 des Torys , imprimée à Leipfic en 1717, & de M. Rapin de Thoiras, dont la differtation fur les Whigs & les Torys , imprimée la même année à la Haye, eft aflez connue dans le monde. Pendant la malheureufe guerre qui conduifitle roi Charles I. fur Péchaffaut, les partifans de ce roi fu- rent appellés d’abord cavaliers, &t ceux du parlement têtes rondes ; ces deux fobriquets furent changés dans la fuite en ceux de torys &t de whigs ; & ce fut à l’oc- cafñon d’une bande de voleurs qui fe tenoient dans les montagnes d'Irlande ou dans les îles formées par les vaftes marais de ce royaume, & que Pon appel- loit , comme on les appelle encore , Torys ou Rap- paris : les ennemis du roi accufant ce prince de favo- rifer la rébellion d'Irlande, qui éclata vers ce tems- là ,1ls donnerent à fes partifans le nom de Torys ; &c d’un autre côté, Les roÿaliftes pour rendre la pareille à leurs ennemis qui s’étoient ligués étroitementavec les Ecoflois, donnerent aux parlementaires le nom de Whigs, qui en Ecofle formoit aufi une efpece de bandits, on plutôt de fanatiques. Voyez Wnrc. Dans ce tems-là le but principal des Cavaliers ou Torys étoit de foutenir les intérêts du roi, de la cou- ronne êc de l’églife anglicane: & les Whigs outètes rondes s’attachoient principalement à maintenir les dfoits & les intérêts du peuple &c de la caufe protef- tante ; les deux partis ont encore aujourd’hun les mé- mes vues, quoiqu'ils ne portent plus les mêmes noms de cavaliers & de rétes rondes. C’eft-à l’opinion la plus commune {ur l’origine des , Whigs & des Torys ; &c cependant left certain que ces deux:fobriquets furent à peine connus avant le milieu du regne de Charles Il, M, de Cize dit quece fut en 1678 que toute la nation fe divifa en whigs & torys , à loccañon de la dépofñtion fameufe de Titus .Oates’qu1 accufa les Catholiques d’avoir confpiré contre le ro1 & contre l'état, & quele nomde wi fut donné à ceux qui croôyoientlaconfpiration réelle, & celui de sorys à ceux qui la tratoient de fable & de calomnie. ‘à ) YA … Notre plan demanderoit que nous ne parlaffions ici que des Torys ; 8 que pource qui regardele parti oppolé , nous renvoyaflions à l’article particulier des Whigs; mais comme en comparant 8 confron- tant ces deux partis enfemble, on peut mieux carac= térifer lun 8 autre que fi on les dépeignoit féparé- ment , nous aimons mieux prendre le parti de ne point les féparer , &c d’inférer dans cet'article ce que nous retrancherons. dans celui des Whigs, Les deux faétions peuvent être confidérées relati= vement à l'état, ou relativement à la religion; @c les rorys politiques fe diftinguent en rorys violens êc en torys modérés ; les premiers voudroient que le fou verain füt aufi abfolu en Angleterre que les autres fouverains le font dans les autres pays, 85 que fa vo- lonté y füt regardée comme uñe loi irréfragable. Ce parti qui n’eft pas extrèmement nombreux ; ne laïffe pas d’être formidable, 1°. paf rapport à fes chefs qui font des feigneurs du premier rang, &c pour l'ordi naire les miniftres & les favoris du roi, 2°, parce que ces chefs étant ainfi dans le miniftere , ils enga- gent les sorys eccléfiaftiques à maintenir visoureufe- ment la doétrine de l’obciffance pañflive, 3°: parce que pour l’ordinairele roi fe perfuade qu'ileft de fon intérêt de s'appuyer de ce parts Les sorys modérés ne voudroïent pas fouffrir que le roi perdit aucune de fes prérogatives ; maïs d’un autre côteils ne voudroient pas facrifier non plus les intérêts du peuple. M. Rapin dit que ce font-là les vfais anglois qui ont fouvent fauve l’état, & quile fauveront encore toutes les fois qu'il fera méhacé de fa ruine de la part des rorys violens ou des whigs ré- publicains. Les whigs politiques font auf où républicains où modérés : les premiers , felon le même auteur , font le refte du parti de ce long parlement qui entreprit de changer la monarchie en république : ceux-ci font une fi mince figure dans l'état, qu'ils ne fervent qu’à oroffir le nombre des autres whigs. Les Torys vou- droient perfuader que tous les Whigsfont de lefpece des républicains, comme les Whigs veulent faire ac- croire que tous les Forys font de Pefpece des sorys violens. | Les whigs politiques modérés penfent à-peu-près comme les sorys modérés , & s'efforcent de maintenir le gouvernement fur lepié ancien. Toute la différen- ce qu'il yaentr’eux, c’eft que les orys modérés pan- chent un peu davantage du côté du roi, &r les whigs modérés du côté du parlement & du peuple: ces der- niers font dans un mouvement perpétuel pour empé- cher que l’on ne donne atteinte aux droïts du peu- ple; & pour cet effet ils prennent quelquefois des ptécautions qui donnent atteinte aux prérogatives. de la couronne. Avant de confidérer Les deux partis relativement à la religion, il faut obferver que la réformation, fuivant le degré de rigueur ou de modérationauquel on l’a pouffé, a divifé les Anglois en épifcopaux & en presbytériens ou puritains. Les premiers préten- dent que la jurifdiétion épifcopale doit être continuée fur le même pie, & l’eglife gouvernée de la même maniere qu'avant la réformation; mais les derniers foutiennent que tous les miniftres ou prêtres font Cgaux en autorité , &c que léglife doit être gouver- nee TOS née par les presbrrères ou confftoirés compofés de prêtres & d’anciens laiques. Voyez PRESPYTÉRIENS, Aprés de longues difputes , les pius modérés de chaque parti relâcherent un peu de leur premiere fermeté , & formerent ainfi deux branches de Whigs êt de Zorys, modérés relativement à la religion : mais le plus grand.nombre continua de s'en tenir à leurs premiers principes avec une opiniâtreté inconceva- ble , &z ceux-ci formerent deux autres branches d’é- pifcopaux & de presbytériens rigides qui fubfftent jufqu'à ce jour , & que l’on comprend fous le nom général de Whigs & de Torys , parce que Les Epifco- paux fe font joints aux Torys, &c les Presbytériens aux Whigs. | De tout ce qui a été dit ci-deflus , nous pouvons conclure que les noms de Torys & de Whigs {ont équivoques , entant qu'ils ont rapport à deux objets différens , & que par conféquent on ne doit jamais les appliquer à lun ni à l’autre patti , fans exprimer en même tems en quel fens on le fait : car la même perfonne peut.être whig 8 sry à différens égards ; un presbytérien, par exemple, qui fouhaite la ruine de l’égliie anglicane,, eft certainement à cet égard du parti des Whigs ; & cependant s’il s'oppofe aux en- treprifes queforment quelques-uns de fon parti con- tre l'autorité royale , on ne fauroit nier qu’un tel presbytérien ne foit effectivement à cer égard du parti des Torys, ; | De même les Epifcopaux doivent être regardés comme des Torys par rapport à l’églife, & cependant combien y en a-t-1l parmi eux qui font des Whigs véritables par rapport au gouvernement ? Au refle , 1l paroït que les motifs généraux qui ont fait naître & qui fomentent encore les deux fac- tions, ne font que des intérêts particuliers & per- fonnels : ces intérêts font le premier mobile de leurs aétions ; car dès l’origine de ces faétions , chacun ne s’eit efforcé de remporter l'avantage, qu’autant que cet avantage pouvoit leur procurer des places, des honneurs & des ayvancemens , que le parti dominant ne manque jamais de prodiguer à fes membres , à Vexclufion de ceux du parti contraire. A l’ésard des caracteres, que l’on attribue communément aux uns êt aux autres , les Torys, dit M. Rapin, paroiflent fers & haurains ; ils traitent les Whigs avec le der- nier mépris & même avec dureté, quand ils ont l’a- vantage fur eux. Ils font extrèmement vifs & em- portés , & ils procedent avec une rapidité qui n’eft pas toujours l'effet de l’ardeur & du tranfport, mais qui fe trouve fondée quelquefois fur une bonne po- ktique : ils font fort fujets à changer de principes, fuivant que leur parti triomphe ou fuccombe. S1 les Presbytériens rigides pouvoient dominer dans le parti des Whigs, ils ne feroient pas moins zélés & ardens que les Torys ; mais nous avons déja obfervé qu’ils n’ont pas la direétion de leur parti, ce qui donne lieu à conclure que ceux qui font à latête des Whigs, ont beaucoup plus de modération que les chefs des Torys : à quoi l'on peut ajouter que les Whigs fe conduifent ordinairement felon des prin- cipes fixes & invariables, qu’ils tendent à leurs fins par degrés, & qu’il n’y a pas moins de politique dans leur lenteur que dans la vivacité des Torys. Ainfi, continue l’auteur, on peut dire à l’avan- tage des Whigs modérés, qu’en général ils foutien- nent une bonne caufe, favoir la conftitution du gou- vernement, comme 1l eft établi par les Lois. Voyez Wurcs. TOSA ou TOSSU , (Géog. mod.) une des fix pro- vinces de empire du Japon, dans là Nankaïdo , c’eft- à-dire dans la contrée des côtes du fud. Cette pro- vince a deux journées de longueur de l’eft à l’oueft, & eft divifée en huit diftri@s. Son pays produit abon- damment des légumes , du bois, des fruits & autres Tome XFL, | TOS 44i chôfes neceflaires aux befoins de la vie, (D.1.) TosA, la, (Géogr. mod.) riviere d'Italie : elle prend fa fource au mont S. Gothaïd, coulé dans le Milanez , &c fe jette dans le lac majeur , un peu a deflus de Pallenza. (D. J.) ‘ | TOSCANE, TERRE BOLAIRE DE, ( Æiff. rar.) terra fégillata florentina, ou terra alba magii dacis à c'eft une terre bolaire blanche , affez denfe, com= paéte & pefante, douce & favonneufe au toucher: Bocéone a cru qu’elle contenoit des parties métalli= ques ä caufe de fa pefanteur, &c parce que l’ontrouve du fer 8 du mercure dans les montagnes d’où oû [a tire. On la trouve près de Sienne, près de Florences êt en plufieurs autres endroits de la Tofcune. TOSCANE, ( Géogr. anc.) la Tofcane , où plutôt lAetrurie | fe partageoïit anciennement en douze ci= tés, dont chacune gouvernée féparément avoit un chef éle&tif, nommé 107 par les Romains, mais que prefque tous les anciens fuppofent avoir eu letitre de Lucumon, Ces douze cités formoient néanmoins un corps, & leurs députés s’affembloient pour tenir un confeil commun fur les intérêts généraux de la nation, Quelquefois leurs troupes fe réunifloient : plus fouvent elles étoient défunies, & c’eft cette méfintelligence qui livra la Toféane aux Romains. Les anciens ont parlé de ces douze cantons de Hé. trurie : mais aucun n’en-a fait l’énumération , & les modernes qui l'ont entreprife ne font pas d'accord entr’eux, | | Ye I faut bien diftinguer les Tofcans de l'Hétrurie d'avec ceux de la Campanie , &c d'avec ceux qui habitoient au-delà du Pô ; c’étoient trois corps différens » & qui ne dépendoient point lun de l’autre. Prefque tous les Critiques les ont néanmoins confondus en- femble : ils font plus , ils confondent les Tofcans de l’'Hétrurie d'avec les Pélafges ; & cela, parce que plu- fieurs cités pélafgiques étoient enclavées dans l'Hétrus rie , où, malgré Leur mélange avec les Tofcans, ellés avoient confervé, fans beaucoup d’altération , les mœurs &c la religion des anciens habitans de la Gre- ce. Voyez TYRRHÈNES, RA4SEN Z, HETRURTA, 6e. (2. J.) + TOSCANE, a, (Géog. mod.) état fouverain d’It4- lie, avec titre de grand-duché ? il eft borné au nord par la Marche d’Ancône, la Romagne, le Bolognefe, le Modenois & fe Parmefan ; au fud, par la mer Me. diterranée ; à lorient, par le duché d’Urbin, le Péru- gin , l'Orvietano , le patrimoine de S. Pierre & le duché de Caftro ; à l'occident, par la mer & l’état de la république de Gènes. | On lui donne centtrente milles du nord au fud, &r près de fix-vingt milles de left à l’oueft ; elle com-= prend le Florentin, le Pifan & le Siennois ; Mais pour que la Tofcane moderne renfermât toute lan cienne Hétrurie , elle devroit comprendre encore quelques autres domaines, qui font entre les mains de divers princes particuliers. On fait les diverfes révolutions qu’elle a éfluyées. La Tofcane , ou plutôt l’'Hétrurie , pafla de la domi nation de fes Lucumons à celle des Gaulois-Sénonois qui furent fourmis aux Romains. Après la décadence de Pempire romain , cette grande province devint la proie des barbares qui inonderent l'Itälie ; enfuite elle fit partie des états des empereurs d'Occident ; après plufieurs changemens , elle tomba entre les mains des Médicis , & fut érigée en duché par em pereur Charles-Quint en faveur d'Alexandre de M4. dicis ; le dernier duc de ce nom, Jean-Gajlon de M£. dicis ; étant mort fans enfans en 1737, la Toféane à paflé au duc de Lorraine , aujourd’hui empereur. Quand on commença en Italie vers le commence: ment du xiv. fiecle à fortir de cette sroffiereté, dont la rouille avoit couvert l’Europe depuis la chûte de empire romain, on fut redevable des R, AA2 TOT aux tofcans , qui firent tout renaître par leur feul gé- nie. Brunelfchi commença. à faire revivre l’ancienne architeture. Le Giotto peignit, Bocau fixa la langue italienne. Gui d’Arezzo inventa la nouvelle mérhode des notes de la mufque. La Tofcane étoit alors en Italie ce qu'Athènes avoit été dans la Grece, Woyez les monumenta Etrufca , tabulis æneis, edita & illu- ffrata ab. Ant. Franc, Goti, Flor.1737, trois volumes in-fol. Enfinle commerce a oit tendu la Tofcane fi florif- fante & fes fonverains fi riches, que le grand: duc Cofme IL. fut en état d'envoyer vingt mille hommes au fecours du duc de Mantoue contre le duc de Sa- voie en 1613 , fans mettre aucun impôt fur fes fu- jets : exemple rare chez des nations plus puflantes. Il faut ajouter que le terroir de la Tofcane eft ad- mirable par fon afpeét &c fa variété. Lei fe préfentent de hautes montagnes , où lon trouve des mines de cuivre, d’alun, de fer.& même d'argent, &c descar- rieres de très-beau marbre & de porphyre ; ailleurs s'offrent à l’afpett des collines délicieufes , où lon recueille quantité de vin, d’oranges , de citrons, d'olives, & de toutes fortes de fruits. Dans d’autres ‘endroits font des plaines à perte-de-vue, fertiles en pâturages , en blé , en grains, &c en tout ce quon peut fouhaiter pour Le foutien de la vie. Le printems y eft perpétuel. Adiflon enchanté de cette contrée ; en a fait un ta- bleau charmant. La Tofcañe, dit-il, eft ce beau pays d'Italie , qui mérite la préférence fur tout autre, Where ev’n rough rocks with sender myrthe bloom , And trodden wéeds fénd out a rich parfume ; Where weflern gales eternally refide, And all the feafons lavish all their pride ; Bloffoms and fruits, and flow’rs, together rife, And the whole year in gay confufion lies. { Le chevalier DE JaUCOURT.) | ToscANE , mer de , (Géog. mod. ) on appelle er de Tofiane où mer de Tyrrhene la partie de la mer Mé- diterranée renfermée entre la Tofcare, l'état de l’E- glife , le royaume de Naples, &r les iles deSicile , de Sardaigne & de Corie. On lui donne auff le nom de mer inférieure pat oppoñition au golfe de Venife, qu'on appelle rer fupérieure. (D. J.) TOSCANELLA , ( Géog. mod. } petite ville d’Ita- lie , au duché de Caftro, dans l'état de l'Eglife, au patrimoine de S. Pierre, fur la Marta. Elle avoit au- trefois un évêché qui a été uni à celui de Viterbe. Ses anciens habitans font nommés Tufcanienfes dans Pline, Z LIL, c.v. Long. 29. 42. latit. 42.24. (D. 7.) TOSSA , LE CAP, ( Géogr. mod. ) anciennement Lunarium promontorium , cap d'Efpagne, en Catalo- gne , près de la ville de Palamos. (D. J.) TOSTAR., ( Géog. mod.) ville de Perte, capitale du Kurfftan, entre le Farfftan & le golfe perfique. Elle a été connue autrefois fous le nom de Sue, Voyez SusE, (D. 1.) TOSTES DE CHALOUPE , ( Marine. ) ce {ont des bancs pofés à-travers les chaloupes où s’afleyent les rameurs, TOT , f. m. ( Lang. franç. ) ce mot a fignifé la place où eft un bâtiment, & ce qu’on appelle au- jourd’hui en Normandie une mafure. Plufeurs villa- ges, hameaux & châteaux en ont retenu le nom ; &c c’eft de-là qu'ont été formés ceux de Crerot, Fvetos, Rafférot ; &c. ( D. J.) Tor, ou TOTTÉ ou AUTANT , (Hifl. mod.) terme anglois ; une bonne detre aétive du roi fe marque fur le regiftre par l’examinateur , ou autre officier de l’échiquier, qui met en marge le mot so, c’eft-à- dire autant eff dé au roi, d’où eft venu le terme de sotté ; la fomme qui a été pâyée au roi, fe marque de même fur Le regiftre. Voyez ÉCHIQUIER, TOTAL, £ m. (Commerce, ) aflemblageide pla- fieurs parties qui compofent un tout. Les quatre quarts ou les trois tiers d’une aune en font le roza, Total fe dit auf en fait de comptes de plufieurs nombres où fommes qu’on a jointes enfemble par l'addition pour connoître le montant, foit du crédit, {oit du débit d’un compte , c’eft-à-dire de la recette ou de la dépenfe. L’addition de plufieurs nombres forme un so44/ on fomme totale, Didfionnaire de com mérce. TOTANUS , fm. (Ornirhol.) oïfeau aquatique de gtoffeur médiocre , noir &c blanc ; fon bec & fon col {ont longs d'environ trois doigts ; fa queue eft grande comme la main ; fes jambes font hautes ; {es piés font rougeâtres , armés d'ongles noirs ; fa tète eft ordinairement noire par-devant , rougeâtre par derriere ; {es aîles font blanches 8 noires ; fa queue eft traverfée de lignes blanches &c noires. Jonflon. ( D. J. | | TOTAPHOT , { m. (if. judaïg.) terme hébreu, que les Grecs ont traduit par acmAeuror, êT par eye de, &c qui fe trouve en quelques endroits de PÉcriture. Les critiques font fort partagés fur la fignification de ce mot; quelques-uns croient qu'il eft égyptien, 87 qu'il fignifie une forte d'ornement qui ne nous eft pas bien connu. Les feptante le traduifent par des chofes immobiles, 8 Aquila par des perdans. Les pa- raphraftes chaldéens le rendent tantôt par sephilime, des préfervarifs ; êt tantôt par une iarre, une couror ne, un braffeles, faifant apparemment attention à Pu- fage des juifs de leur tems, qui prenoient Les sosaphos pour des bandes de parchemin qu'ils portoient fur le front. Voyez FRONTAL OZ FRONTEAU. Quelques rabbins veulent que sotaphot fignifie un miroir d’autres, comme Oléafter Neyer, Gros, prétendent qu’en égyptien il fignife des lunerres. Sca- liger & Ligfoot l’expliquent par amuleta, des phyla- éleres , des préférvatifs ; Samuel Petit, par des fowres obféenes que les payens portoient en forme de pré- fervatifs. S. Jérôme croit que par ce terme il faut en- tendre les seph lin où bandes de parchemin furchar- gées de pañlages de l’Ecriture , que Les juifs des In des. de la Babylonie &z de la Perfe., &c fur-tout Les |" pharifiens, affeétoient de porter de fon tems, Le P. Calmet croit que roraphot fiomhe des pez- dans qw'on mettoit fur le front, &t qui pendoient entre les yeux; maisilne décrit pas quels ils pou- voient être, ni pour quelle raïfon on les plaçoit ain. | _Il ajoute feulement que Moyfe veut que la loide Dieu foit toujours préfente au cœur 8c à Pefprit des Ifraélites, comme les sosaphos font toujours préfens aux yeux de celles qui les portent, ce qui feroit con- jeturer que ces roraphos étoient des ornemens de tête des femmes ifraélites. Calmet, dééfion. de la Bible, £. TT, p. 699. | TOTAQUESTAL, {. m. (Ornithol.) oïféau des Indes occidentales , un peu plus petit qu'un pigeon ramier. Il a les plames vertes, & la queue longue, Les naturels du pays qui s’ornoient des plumes de cet oifeau dans les principales fètes, le regardoient autrefois avec une très-grande. vénération; êz c'é- toit un crime capital de le tuer, au rapport de Nieremberg qui a tiré ce récit d'Antoine Herrera. (D. 1.) | | - TOTNESS, ( Géog. mod. ) bourg à marché d’An- sleterre, en Devonshire, fur. la riviere de Dart, à neuf milles de Darmouth. Il envoie des députés au parlement. TOTOCKE, f. f. (Hifi. nat, Botan. exot.) totoci- fera arbor Orellanenfium, Ray, Hifi. plant, C'eltun arbre du Pérou, gros &c branchu; fes feuilles font fai- tes à-peu-près comme celles de Porme. Il ne porte point de fleurs, mais une forte de calice d’un verd- foncé, qui devient un fruit prefque rond, couvert dune écorce ligneufe, dure, épaiffe, flriée. Ce fruit éft divifé en fix loges contenant huit à dix noix de couleur rouffâtre , & longues de deux pouces. Cha- que noix a un noyau oblong, femblable à une aman- e, renfermant une chair blanche un peu huileufe, bonne à manger. Les arbres qui portent ce fruit font fi hauts, & le fruit lui-même eft f pefant quand il eft mûr, que les naturels du ‘pays n’ofent pas alors en- trer dans les bois, fans garantir feur tête par quelque défenfe contre la chûte de ce fruit. (D. J.) TOTON , f. m. terme de Tablerrier , efpece de dé traverfé d’une petite cheville, fur laquelle on le fait tourner ; &z 1l eft marqué de différentes lettres fur fes quatre faces. Les enfans en ont fait un jeu, par le- quel lor{que faifant tourner cette efpece de dé ïl tombe fur le T, qui fignifie roum, on prend tout ce qui eft au jeu; & c’eft de-là que ce jeu tire fon nom. (D. J.) TOUACHE o4 TOUAPARE, {£ m. ( Æif. nar. Dicr.) c’eft une efpece de vin que les habitans de Madagafcar favent faire avec la liqueur qui fe tire des cannes de fucre. On dit qu'il a un goût amer qui approche de celui de la biere forte. Pour cet effet, on fait bouillir les canes de fucre dans de l’eau , juf- qu'à ce que l’eau foit réduite aux deux tiers; on met enfuite cette déco@ion dans des gourdes, & au bout de trois jours cette liqueur devient fi forte qu’elle ronge la coquille d’un œuf, dans laquelle on laura verlée. Ils font encore une autre liqueur qui eft fem- blable à du cidre, en faifant bouillir pendant 4 ou $ heures le fruit du bananier. | TOUAGE, f. m. (Marine) c’eft le travail des ma- telots, qui à force de rames, tirentun vaifleau qu'on a attache à une chaloupe, afin de le faire entrer dans un port, ou monter dans une riviere. TOUAGE, (Marine) Voyez Tous. TOUANSE, L. f. (Socerie.) étoffe de foie qui vient de la Chine. C’eft une efpece de fatin plus fort, mais moins luftré que celui de France. Il y en a d’unis, d’autres à fleurs ou à figures, & d’autres encore avec . des .otfeaux ; des arbres & des nuages. (D. J.) TOUCAN,, f. m.(Æiff. rat. Ornuhol. exot.) Voyez la PI, XII. fig. 3. C’eft le nom américain d’un genre d'ffinét d’oifeaux , qu’on range parmi les pies ; c’eft pourquoi quelques-uns de nos naturaliftes le nom- ment pica brafilienfrs , pie du Bréfil ; & d’autres l’ap- pellent ramphoffos : voici les caraéteres de ce genre doifeau. * Son bec eft confidérablement large , ésal en gran- deur dans la plupart des efpeces , à tout le corps. Il n'a aucune natine vifible. Ses piés ont chacun qua- tre otteils, deux devant & deux derriere, comme dans le perroquet. | ® On en connoit quatre efpeces : 1°. le soucan ax croupion rouge : 2°. le soucaz au croupion jaune : 3°. le zoucan au croupion blanc: 4°. le roxcan au croupion vert, avec un bec en partie coloré. Ces fortes d'oifeaux font nommés par Linnæus roffrate , à caufe de la largeur de leur bec. | ” Cet oïfeau eft généralement en Amérique, de la grofeur d’un de nos pigeons. Son bec qui eftextraor- dinaire , a rendu le soucan fi célebre, qu’on l’a placé dans le ciel parmi les conftellations auftrales. Ce bec eft crochu au bout ; il eft large de deux à trois pou- ces, & long de cinq à fx. Il eft d’une fubftancemem- braneufe , ofleufe , tranfparente, reluifante, creufe en-dedans, & d’une grande légéreté. La partie fu- périeure artondie au-deflus , croît en forme de faulx, émouflée à fa pointe. Les bords qui le terminent font découpésen dents de fcie, d’un tranchant très-{ubtil, prenant leur naïflance vers la racine du bec, & con- tinuant jufqu’à fon extrémité ; cette dentelure en forme de fcie, l'empêche de fe fermer exa@tement. Mais afin que ce bec qui ef d’une fi grande longueur, * om API, | L] TOU 443 8 d’une fi groffe épaifleur fût bien foutenu ; la tête de Poifeau eft à proportion durefte du corps grande & groîfe, _ Sa langue prefque aufi longue que le bec, eft compolée d’une membrane blanchâtre , fort deliée, découpée profondément de chaque côté, & avec tant de déhcatefle, qu’elle refemble à une plume. Ses jambes font courtes, & couvertes de grandes écailles; chacun de fes piés ef compofé de quatre orteils, dont les plus courts font en-dedans , & les plus lones en-dehors ; chacun de ces orteils ef ter- mine par un ongle noir & émoufié. On s’apperçoir fi peu des narines de cet oiféau , que l’on a cru qu'il n’en avoit point, & que l’air en- troit dans fon corps par les interftices de la dentelure du bec; il eft vrai cependant, que le toucan a des na- rines, mais qu’on ne découvre pas tout d’un coup, parce qu'elles font cachées entre a tête & la racine du bec. On peut dire en général que c’eft un oifeau fort extraordinaire ; On en diflingue Les efpeces par leur grofleur , & la variété de leur couleur, Il ne vit point dans les pays froids de PAmérique,mais l’onen voit beaucoup au Bréfil le long de la riviere de Janéi- 10 ; & les plus petits vivent au Pérou. Le champ du pennage de ces derniers eft tout noir fur le dos , EX- cepté au bout de la queue ; ils ont quelques pennes auffi rouges que du fang, entrelacées parmi les noi- res ; & fous la poitrine ils font d’un jaune-orangé des plus vifs. Les Sauvages fe fervent de leurs groffes plumes pour leur parure. Cet oifeau fe familiarife facilement avec les pou- les ; alors il fe préfente quand on appelle, & neft point difficile à nourrir, prenant indifféremment tout ce qu'on lui donne. | Thevet qui en parle dans fes voyages avec admi- ration, l'appelle oifau mange-poivre. Ü raconte que le dévorant avec avidité, il Le rend tout auffitôt fans l'avoir digéré; mais que les Américains font grand cas de ce poivre, parce que l’oifeau en a corrigé la chaleur âcre dans fon eftomac. C’eft un bon conte de Voyageur ; mais on peut lire des obfervations plus vraies fur cet oïfeau dans le P. Feuillé. TOUGAN, ez Afironomie , c'eft une conftellation moderne de l’hémifpere méridional, compoiée de: huit petites étoiles ; que l’on appelle autrement an/er arnericanus, Voie d'Amérique, 7. CONSTELLATION. TOUCHANT , adj. Voyez l’article PATHÉTI QUE. TOUCHANTE, f. f.ez Géométrie, on dit qu’une ligne droite eft souchanre d’un cercle, quand elle la: rencontre; de maniere qu’étant prolongée des deux côtés indéfiniment , elle ne coupe point le cercle, mais tombe au-dehors. La souchante d’une ligne courbe quelconque eft plus proprement appelléesangente. P' 07e? T'ANGENTE. TOUCHAU , fm, ( Docimaf. ) on nomme 104- chaux , des aiguilles d'eflai, acus Probatrices. Elles fervent à connoître exactement les diférens degrés d’alliäge ou de pureté de l’or., de l'argent 8 du cui- vre. On compare l’enduit de ces métaux avec celui des rouchaux,, qui font de petites lames faites des mê- mes métaux avec différens titres connus, Ces aiouil- les font larges d'une ligne, épaifles d’une demie ; & longues! de deux ou trois pouces. Chacune d'elles porte une empreinte qui indique fon titre. L’alliage des souchaux pour argent {e fait avec du cuivre, & rarement avec du laiton. Pour en établir les proportions , on fe fert du poids de marc en petit divifé en demi-onces & en grains. Mais comme il faut qu'il puifle contrebalancer une molécule métal. lique aflez .confidérable pour une agrulle , .on en prend un qui le double fix fois, c’eft - à - dire qui équivaut à 96 livres du quintal f@if, donc conféquem- - ment un grain en vaut fixdu précédent. On pefeavec k 3 444 TO U ce poids un marc d'argent pur , on l'enveloppe dans un papier fur lequel on marque feize démi-onces ; ce qui fignifie que ce marc eft d'argent parfaitement pur. La molécule pefée fait la premiere aiguille. On pefe enfuite quinze demi-onces d’argent pur , êc une demi-once de cuivre. Ce derniermétal doit être d’une feule piece folide , qui ait le moins de furface qu'il foit poffible, & que l’on ait ajuftéavec une lime. Si l’on n’avoir cette attention, c’eft-à-dire, fi le cuivre étoit divifé en un grand nombre de petites molécu- les , ou étendu en feuilles , il arriveroit que la plus grande partie s’en fcorifieroit plutôt que d'entrer en fufon. On enveloppera également les deux derniers morceaux pelés, & on y marquera quinze demi-on- ces pour faire connoître que la molécule métallique ren queftion ,eft compofée de quinze parties d’argent pur, & d’une de cuivre. C’eft pour la feconde aiguille, On: pefe encore quatorze demu-onces d'argent pur & deux de cuivre, que l’on enveloppe &c infcrit qua- torze demi-onces , 8&c dont on fait latroifieme. L’on continue enfin d’ajufter la matiere des autres aiguil- les, felon la même progreflion arithmétique, croif- fante pour le cuivre , & décroiffante pour l'argent, & lon donne à chacune linfcription quilui convient. Fel eft l’ordre qu’on fuit. La dixieme 7 La onzieme 6 La douzieme $ 4 3 2 I Ea premiere eft de 16 & de o La feconde 15 1 | La troifieme 14 24 La quatrieme 13 3 À La cinquieme 12 À L A À La fixieme 11 À © sh © La feptieme I0Ë & 6i 3 La huitieme 9 \= DIET La neuvieme 8 8 / È 6 £ Ë É an sn” La tfeizieme La quatorzieme La quinzieme La feizieme Pour unir le cuivre à l'argent , prenez un creufet neuf dont le fond foit bien uni ; frottez-le intérieu- tement de borax ; mettez-y en particulier chaque portion de métal contenue dans l’un des papiers, & y ajoutez un peu de borax & de flux noir. Placez votre creufet dans un fourneau de fufion , & l’é- chauffez rapidement ; ou plutôt jettez votre mélange dans un creufet embrafé ; remuez-le un peu, fitôt qu'il aura acquis une fufion parfaite, & le retirez du feu pour le laifler refroidir ; vous Îe cafferez pour avoir la matiere qu'il contient, Cette fonte fe fait aufli avec le chalumeau à un feu de lampe, &c peut-être plus commodément. On re. met dans le même papier chacune des petites molé- cules métalliques pour éviter la confufon, & onles pefe de nouveau à la balance d’eflai. Celles qui pefe- ront près d’un marc feront bonnes ; mais il s'en trou- ve à qui 1l manque un poids confidérable, comme, par exemple, quatre grains ou plus ; c’eftune preuve qn'l s’eft perdu autant de cuivre à proportion , foït par le déchet ou autrement , parce que le feu aura été ou trop.lent , ou trop long. On doit remplacer celle à qui cet inconvénient fera arrivé , en gardant les mêmes proportions qu'auparavant. : On façonnera avec le marteau chacune de ces pe- tites mafles pour en former des aiguilles, obfervant de les recuire de tems-en-tems , en cas qu’elles de- viennent trop roides par le martelage. On gravera fur ces aiguilles le nombre des demi-onces d'argent qwellescontiennent , celui de feize fur la premiere , de quinze fur la feconde , 6 ainfi de fuite, Chacune fera percée à lune de ces extrémités , afin qu'on puille y pafler un fl pour les enfilertoutes enfembles ce quife fera dans l’ordre de leurs numéros; on donne le nom de ligacure à la fuite de ces aiguilles de diffé- rens titres, Quelques effayeurs inferent une aiguille d’untitre proportionnel entre chacune de celles dont nous venons de parler ; d’autres y en inferent un plus grand nombre , comme trois, par exemple ; ce qui en augmente le nombre , & exige une plus orande quantité de combinaifons , aïnfi qu’on peut le déduire du paragraphe précédent ; mais quant à la ligature de l'argent , il n'eft prefque pas poffible de mettre de diffinétion entre deux aiguilles dont la différence de l'alliage eft moindre que de la moitié d’une demi- once. L On peut ajouter aufhi à ces aiguilles où rouchanxe d'argent , une lame de cuivre pour fervir de derniere aiguille ; parce qu’on fe fert auffi de cette ligature pour connoitre la pureté ducuivre, oules différentes quan: tités d’argent qu'il peut contenir. | Les aiguilles ou souchaux fe font en Flandre avec le poids de marc divifé par grains; la premiere eft une aiguille de douze deniers, c’eft-à-dire d'argent pur. La feconde douze deniers dix huit grains d’ar- gent , & de fix grains decuivre , & ainfi de fuite; en {orte que la proportion de l'argent décroît toujours de la quantité de fix grains, ou d’un quart de denier, ë&t que celle du cuivre eft en raïfon inverfe, Lorfqw'on en eft venu à la quantité d’un denier pour l'argent, &t douze deniers pour le cuivre, on ne va pas plus loin ; cette proportion conflitue la derniere aiguille, Il eff toutefois inutile que la différence de la quan- tité d’alliage de deux aiguilles propottionnelles voi- fines , continue d’être auffi petite jufqu’à la fin. Celle de fix grains fufira jufqu’à l'aiguille de neuf deniers, & celle de la moitié d’une demi-once, jufqw'à l'ai- guille de dix demi-onces en defcendant; c’eft-à-dire en commençant par l’argent pur, parce qu'il n’eft pas poñlble de difcerner exaétement dans les aiguilles fuivantes des variétés fi peu fenfibles. | Les aiguilles d’effai ou les souchaux pour or , font compofées d’or & d’argent , feul ou allié de cuivre en différentes proportions. On donne le nom de ca- rature , caratura | à ces fortes de combinaïfons , que l’on regle à laide du poids de marc divifé en karats, Au refte, il ny a d'autre différence entre la prépara- tion de ces aiguilles-ci & celles d'argent , qu’en ce que leur titre eft proportionné d’une autre façon. Chaque souchau eft du poids d’un marc. La table fui vante repréfente leur ordre & leur divifon, La premiere eft d’or pur ou à 24 karats. d’or pur, d'argent pur, La deuxieme eft de 23 karats 6 or. 6 gr. La troifieme 23 karats. 1 karat. Ea quatrieme 22 karats6 gr. 1karat Ger, La cinquieme 22 Karats. 2 karats, La fixieme 21 KaratsGgr. 2 karats 6 er. Ea feptieme 21 karats. 3 karats. La huitieme 20 karats Gr. 3 karats 6 gr. Ea neuvieme 20 karats. A Karats. La dixieme 19 Karats. s Karats. La onzieme 18 karats. 6 Kkarats. Enforte que lon va toujours en diminuant par ka- rats entiers , Jufqu’à ce qu’on foit parvenu au vingt- troifieme carat d'argent ; par la raifon, ainfi que nous avons déja dit, qu'il n’eft pas poffible de connoître exattement entre deux aigtulles au-deffous de la neu- vieme , une différence qui ne confifte qu’en fix grains d’or plus ou moins. L’alliage en queftion de l'or & de l’argent s'appelle carature blanche, cara- cura alba. Si Von mêle le cuivre à l’argent pour faire des sou chaux d'or , cette combinaifon prénd le nom de la carature muxte, caratura mixta. Cette préparation TOÛ fe faitielon les mêmes lois que la précédente ; à cette feule différénceprès , que la molécule d’argent pur jointe à l'or dans la table précédente ; eft ici alliée d’une partie ; ou à deux parties de cuivre ; ce qui four: nit deux efpeces d’aigwilles, quant aux proportions de leurs combinaifons. La table fuivante préfente un exemple de deux parties d'argent, contre une de Tuivrer La premiere aiguille eft d’or pur ou de 24 karats. la 2°.23 kar. Ger.” A gr. 2 “4 la 3° 23 kar. + ASE A gs ÿ à la 4° 22 kar. Ggr.Ÿ à 1 kar. Es 6 gr. À =. la 5° 22 kar. … 1 Kar. 4pr. 5 8 gr. {= la 6° 21 kar, 6 gr. © 1 kar: 8 pr. © 10gr.h © y r kar © 2 kar. 7 1kar. éi la 8° 20 kar, 6er.) 2kar. 40r.) 1 kar.2 or. Etainf de fuite, felon l’ordre de la précédente. Si dans la table ci-deflus on fubflitue lecuivre pur à Vargent pur, &.réciproquement, on a une troïfieme elpece de souchaux d'or; & enfin une quatrieme, fi ces deux métaux font alliés à quantités égales. … Nous n'avons expofé que Les combinaifons de l'or le plus en ufage ; car elles font fufceptibles d’être . varices d’une infinité de façons qu’il n°eft ni poffible , ni néceflaire à un eflayeur d'imiter ; bien qu'il puifle jufqu’à un certain point , quand il a acquis beaucoup d'utage , diftinguer leurs différens titres en les com- parant avec les nôtres. S1 l’on trouvoit que les aiguilles d’or duffent reve: nir à un trop haut prix, on pourroit les faire plus petites que les aigtulles d’argent , & les fouder à des James de cuivre pour en rendre lufage plus commo- de. Cramer, Docimaftique. (D. J.) TOUCHE , L£ (terme de Luchier. ) ce mot eft équivoque. La souche, en parlant de ouitarre , de luth, de théorbe, & autres pareilsinftrumens, eftun morceau de bois d’ébene, délié, poli, proprement collé Le long defdits inftrumens , & au-tour duquel bois d’ébene font les cordes qu’on appelle auf sou- ches. Ce terme , en parlant d’orgues , d’épinettes & de clavecins, eft un morceau d’ébene ou d'ivoire quarré , fur lequel on pofe avec adrefle & avec mé- thode les doigts pour jouer tout ce que l’on veut. ToucKE, TOUCHER, (Peinsure.) lorfqu’un pein- tre a fufifamment empâté & fondu les couleurs qu'il a cru convenables pour repréfenter les objets qu'il s’eft propofé d’imiter, 1l en applique encore d’unfeul coup de pinceau, qui acheve de caraétérifer ces ob- jets , & ces coups de pinceau s’appellent soxcher. On dit souches léperes, touches faciles ; telles parties font bien souchées , finement souchées ; pour exécuter telle chofe il faut favoir soucher le pinceau , ou avoir de la touche de pinceau, &c. TOUCHE, ff (Jeu des Jonchets.) ce mot fe dit d'une petiteefpece de baguette d’os ou d'ivoire dont les enfans {e fervent aux jonchets pour lever chaque piece de jonchets , après qu'on les a fait tomber. TOUCHE , pierre de, ( Hiff. nat.) lapis lydius., ba: Jaltes ; c’eft une pierre noire fort dure > à qui ona donné le nom qu’elle porte, parce qu’on s’en fert pour eflayer la pureté de l’or & de l'argent. Pour cet £ffet on commence par y frotter de l'or où de l'argent très-purs , & enfuite on juge de la pureté des métaux que l’on veut éprouver en-traçant avec eux une nou velle raye à côté de celle qui y eft déja , & c’eft fui- … Vant le plus ou lemoins de conformité que l’on trou - ve entre la couleur du métal qu'on vient de frotter dur la pierre desouche & celui qui y étoit auparavant, que l’on eft en état de décider de fa pureté. i Toute pierre noire peut abfolument fervir de pierre de touche: mais 1l faut deux conditions 3 la TOÙ 4 prefere eft que la pierre foit aflez dure pour n’êtré point rayée par les métaux que l’on frotte deflus ; la feconde,que l’eau-forte n’agifle point fur cette Pierre, parce que fouvent après avoir frotté de l’or fur la pierre de touche, on verfe de leau-forte fur l’endroit où ce métal a été frotté, & l’on examine fi cet acide agit deflus , ce qui n'arrive que lorfque Por eft allié avec du cuivre ou de l'argent. On voit par-là qué tous les marbres ne {ont point propres à faire des pierres de touche, Les anciens ont donne le nom de bafaltes à la pierre de touche ; ce mot viént du mot grec faoars Co, J'exa= mine ; Où fuivant d’autres, de Bifalria, province dé la Macédoine: dans cette fuppoñtion de hfxlres , on aura fait ba/alres. On dit que le mot éthyopien 44/41, fignifioit du fér ; ce qui a fait croire que le nom dé bafales avoit été donné à cette pierre parce qu’elle étoit de la couleur de fer. On l’appelloit auf Zapis lydius , pierre de Lydie ; apparemment parce qu'il s’en trouvoit en Lydie. Suivant Pline cette pierre fe trouvoit en Ethiopie. On en trouve aujourd’hui em plufeurs endroits de l’Europe ; il y en a près de Law: ban fur le Queifs en Siléfie; mais elle fe rencontre en grande abondance à Stolpen en Mifnie , où elle fe montre fous la forme de grands cryftaux fortélevés, qui forment des efpeces de tuyaux d'orgue, au haut defquels Le château de Stolpen eft bâti. Voyez l'article STOLPEN (pierre de, ; La pierre de touche {e trouve aufli en colonnes for: mées par un aflemblage de plufeurs articulations en Irlande , dans le comté d’Antrim, oùil y en à um amas prodigieux, nommé en anglois gianr’s caufe- way, c'eft-à-dire, pavé des géañs. Voyez l'article PAVÉ DES GÉANS. La pierre de touche de cette efpece dans fon état na: turel, eft ou noire, ou d’un gris foncé & couleur de feu ; les colonnes de fes cryftaux font unies & liffes comme fi elles avoient été polies. Cette pierre eft très-dure, elle ne fait nulle effervefcence avec les acides , elle entre en fufion au feu fans aucune addia tion, M. Pott croit que c’eft une terre argilleufe mê- Ie d’une portion de fer qui fert de bafe à cette pierre. Aurefte, comme pierre de touche eft un mot géné: rique emprunté de l’ufage qu’on en fait pour eflayet les métaux ,1l peut fe donner à des pierres d’une nas ture toute différente du #afzlres qui vient d’être dé- crit, & toute pierre noire, dure & life fera propré à faire une pierre de touche. Un caillou noit pourra par exemple, être très-bon pour cet ufage, parce que Peau-forte n’agira point fur lui: On dit que les Italiens fe fervent d’une pierre de souche verte , qu’ils nomment verdello , pour eflayer l'or & l'argent ; quelques auteurs ont prétendu que c’étoit un mar- bre ; mais comme nous l'avons déja remarqué, le matbre n’eft pas propre à être employé en pareil cas, par la facilité qu'il a à être mis en diflolution parles acides. TOUCHÉ , rerme de Paumier | qui fienifie que la balle a souché au corps ou aux habits d’un joueur. Le Joueur qu'une balle touche foit de volée ou du pres mier bond , perdun qtinze. | TOUCHER , {. m.( Phyfiolog. ) le roucher eft un des fens externes, à l’aide duquel nous conce= vons les 1dées du folide , du dur, du mol, du rude ; du chaud , du froid , de l’humide | du fec , 8 des autres qualités tangiblés, de la diftance, de la déman- geaifon, de la douleur , @c, Foyez Sens, SOLIDE, Dur , &c. Le toucher eft de tous nos fens le plus grofier, mais en même tems le plus étendu, en ce qu'il émbrafle plus d'objets que tous les autres énfemble : même quelques-uns réduifent tous les autres fens au feu] ens de l’attouchement, Foyez SENSATION, 446. T O ÜU Ariftote dit poñitivement-que toute fenfation n’eft qW'un attouchement , 8 que les autres fens, comme la vue , louie, le goût & l’odorat, ne font que des æfpeces raffinées , ou des degrés d’attouchement. De anim. LAV. ci. 6 L II. «ce, x. Woyez VUE, QOUIE , Éc. Les fentimens des naturaliftes font partagés , fur Vorganc du soucher. Ariftoteicroit que ce fens réfide dans la chair, entant que chair, de forte que toute chair eft, felon lui, capable de fenfation. Æi/?, anxm. d, I. c. iv. D’autres veulent que le roucher gifle dans les parties qui font pourvues de fibres nerveufes ; fut- want ce fyftème il réfideroit dans la peau, la chair, les mufcles , les membranes, & les parenchymes ; d’autres lereftreignent fimplement à la peau, cuuis , parce qu'on obferve qu'il n’y a que les parties qui font couvertes d’une peau, qui aient proprement la faculté de coucher où d’appercevoir des qualités tan- gibles. | Mais on eft encore partagé fur la partie de la peau à laquelle on doit attribuer cette fonétion. Les uns veulent que cette fenfation réfide dans la partie mem- braneufe, d’autres dans la partie charnue , & d’autres encore foutiennent qu’elle eft dans la partie moëlleu- fe qui dérive des nerfs. | Malpighi , 8 d’aprèsluitousnos meilleurs auteurs modernes , (prétendent que les organes immédiats du fens que nous nommons cocher, font les papilles pyramidales de la peau. Ces papilles font de petites éminences molles ; moelleufes , & nerveufes , qui fe trouvent par tout Le corps immédiatement fous l'épiderme ; elles font for- mées des nerfs fous-cutanés , qui pour cet effet fe dé- pouillent de leur membrane externe, &T deviennent extrémement délicates &fenfibles; une humeur fub- tile & déliée leshumeéte continuellement , 8e Pépi- derme ou la cuticule: eft tout ce qui les couvre êz qui les défend d’injure. Ces papilles font plus grandes & paroiflent davantage dans les parties que la nature à deftinées pour être les organes du soucher , comme dans la langue, dans les extrémités des doigts de la main & du pié ; elles ont la faculté detfe contraéter & de fe dilater facilement. Voyez PAPILLES , voyez auffi LANGUE , DOIGT, 6rc. # Le roucher fe fait donc fentir ainf : le bout du doigt, par exemple, étant appliqué à l’objet qu’on veur examiner ; Les papilles s’élevent envertwde cette in- tention de l’ame , & étant frottées légerement fur la furface de l’objet , il s’y fait une ondulation qui par lemoyen des nerfs qui les viennent joindre:, fe com- munique de-là au fenforium commun, & yexcite la fenfation du chaud, du froid, du dur, 6. Poyez SENSATION. | Cela nous fait voir la raïifon pourquoi lesoucher de- vient douloureux lorfque la cuticule a été empor- tée , brulée, macerée, 6e. & pourquoi lorfque la cuticule devient épaifle & dure, ou qu’elle eft cica- trifée, Gc. on perd la fenfation du soucher; d’où vient lengourdiflement qu'onfent en touchant letor- pedo:, & pourquoi on fent une douleur fi aiguë au- deffous des ongles & à leur racine, Ge, Voyez Cu- TICULE, BRULURE, CALUS: 1 Le soucher eft par plufieurs raïfons, le plus umiver- {el de nos fens:: tous les animaux en font pourvus. Pline obferve que tous les animanx ont la fenfation dù roucher, même ceux qu’on croit dépourvus de tous les autres fens, comme les huitres & les versde ter- re. Ce naturalifte dit que fon opinion eft.que tous ontaufliun autre fens , quieft le goût : exrffimave- sinomnibus fenfum & guflatés effe. Hifl. nar. 1, X, ÆCs Laxy, : Les-autres fens font: boïnés par des limites étroi- tes ; Le roucher feul eft'auffirétendu que le.corps;, com- | me étant néceflaireau bien-être detoutes fesparties, | Le fentiment du coucher, comme dit Cicéron, eft également répandu par tout le corps, afin que nous puiffions appercevoir dans chaquepartie tout ce qui peut la mouvoir, & fentir tous les degrés de cha- leur , de froid , Gc. De nas. deor. LIT. c. lvy. Les naturaliftes difent que lesaraignées, les mou- ches , & les fourmis ; ont la fenfation de Patrouche- ment beaucoup plus parfaite que les hommes : cepen- dant nous ayons des exemples de gens qui ont fçu diftinguer les couleurs au coucher ; & d’autres qui par la même fenfation comprenoient les paroles que l’on difoit. Foyez COULEUR , & SOURD. La fenfation du coucher eft effe&tivement fi parfaite &c fi généralement utile, qu’on l’a vue quelquefois faire pour ainfi dire, la fonétion des yeux, &c dé- dommager en quelque façon des aveugles-de la pere de la vue. Un organifte d'Hollande , devenu aveu- ele, ne laifoit point de faire parfaitement fon mé- tier; 1l acquit de plus l'habitude de diftinguer au sox- cher les différentes efpeces de monnoïe , & mème les couleurs ; celles des cartes à jouer , m’avoient pas échappé à la fineffe de fes doigts , & il devint par-là un joueur redoutable , caren maniant les cartes , 1 connoifoit celles qu'il donnoit aux autres, comme celles qu'il avoit lui-même. Même ob/érv. de phyfige com. II. p.214. Le fcuplteur Ganibafñus de Volterre, lPemportoit encore fur l’organifte dont je viens de parler ; il fuf- fifoit à cet aveugle d’avoir touché un objet, pour faire enfuite une flatue d'argile , qui étoit parfaite- ment reflemblante. | ToucHER , v.a@. (Gram.) c’eft exercer l’aétion du ta : onrouche toutes Les chofes fur lefquelles on porte la main : on souche d’un inffrument, où un inf- trument : ces objets fe souchenz : on dit , il a souche une fomme confidérable ; nous souchons à la fin de notre travail ; il a touché le vrai point de la difficulté; nous souchons au moment de l’aétion ; l’éloquencede cet homme souche ; {a fituation eft fi humble, qu’il faudroit être de pierre pour n’en n’être pas souche ; 1 a touché cette corde délicate & avec fuccès ; il eft dangereux de soucher aux chofes de la religion, des mœurs & du gouvernement. #oyez encore les ar= toiles fuivans. 'Toucuer, (Murine.) c’eft heurter contre la ter- te., faute d’eau ou de fond. ToucHER 4 une côte ou a un port , ( Marine.) c’eft aborder à une côte ou à un port & y mouiller. Toucer 4 compas , ( Marine. ) c’eit aimanter l'aiguille de la boufole. Voyez AIGUILLE AIMAN- TÉE. TOUCHER, er rerme de Commerce, {e dit de Pargent qu'on areçu, où qu'ona du recevoir. Je ouchaï hier quinze cent livres’ je dois encore en soucher deux mille le mois prochain. ToUcHER , serme d’Imprimerie ; C’eft après avoir ptis une quantité d'encre proportionnée à la groffeur du caractere , & lavoir bien diftribuée fur les balles, c’eft-ä-dire , les avoir maniées ou frottées en tout fens l’une contre Pautre, pour les enduire également, appuyer ces mêmés balles deux fois &.de fuite , fur la fuperficie. de la forme , de façon que Pœil de tou- tes les lettres fe trouvant également atteint d’unelé- gere couche d'encre , ik puifle communiquer au pa- - pier cette couleur noire qui fait le corps de Pimpref- fion.. Pour avoir une belle impreffon , 1l faut soucher maigre & tirer gras , cela veut dire qu'en toutes oc= cafions , il faut ménagerl’encre, & ne pas trop mé- nager fes forces en tirant Le barreau. Toucxer aux bois, il fe dit du cerf, du daim, &cduchevreuil , lorfqw'ils détachent la peau velue qu'ils ont fur leur bois. | #hy .h Toucy, ( Géog.mod) petite ville; ou plutôt Éourgde France, au diocèle &r à cinq lieues au cou- TOU chant d'Auxerre, dans un terrein aquatique. C’eft … une petite barome qui releve en for & hommage de = l'évêque d'Auxerre. (D.J.) TOÛUE, ox TOUAGE, (Marine, ) c’eft le change ment de place qu’on fait faire àunvaiffeau , avec une haufete attachée àune ancre mouillée ou amarrée à 4 terre, quand on veut approcher ou reculer un vai£" {eau de quelque pofte. Voyez encore CHALOUPE À LA TOUE.. | ds . Tous, (Marine. ) c’eftun bateau qui fert à pañler une riviere, &c dont on {e fert principalement fur la Loire. Tour, le , ou la Thoue , où la Thouay ; ou La Touay , ( Géog. mod. ):en latin moderne Thæda ; petite rivieré de France en Portou , où elle prend fa fource , &t fe jette dans la Loire au-deflous de Sau- mur. Elle eft navigable depuis Montreuil-Bellay. _ TOUER, v. at. ( Marine.) c’elt tirer ou faire avancer un vaifleau avec la hanfere qui y eft atta- chée par un bout, & dont l’autre bout eft faiñ par des matelots, qui tirent le cordage pour faire avan- cer le vaifleau. La différence qu'il ya entre ce terme souer, &t cel de remorquer, c'eft qu'on ne tire point un vaifleau à force de bras quand on remorque , mais à force de rames. Voyez REMORQUER. TOUFFE , f. f. eft un terme dont quelques au- teurs {e fervent pour dire la partie touflue des arbres, ou cette partie qui eft garnie de branches, de feul- des, &c. Voyez BRANCHE. Paralléhifme des rouffes d’arbres : on obferve que tous les arbres affettent d’une maniere naturelle d’a- voir leurs rouffes paralleles au terrein qu’elles om- bragent. Voye l’explication de ce phénomene fous Particle PARALLÉLISME. TOUFFE DE FLEURS, che Les Fleurifles, fignifie plufeurs fleurs qui naïflent enfemble au haut de Ia tige, comme dans la primevere, lauricula, 6e. TOUrrE , FOUFFU ,( Jardinage. ) fe dit d’un bois entierement garm; &c l’on appelle souffe une fépée de bois qui ne garnit que le bas des grands arbres. TOUG., 1. m, terme de relation, c’eft une efpece d’étendart qu'on porte devant le grand-vifir, les ba- chas, êc les fangiacs. Il eft compofé d’une demi-pi- que , au bout de laquelle eft attachée une queue de cheval avec un bouton d’or ou doré qui brille au- deflus. On porte trois sougs devant le grand vifir uand il va commander l’armée. Ricaur. ( D, J.) TOUILLAUX , {. m. ferme de Pêche, ufité dans le reflort de lamirauté de Bordeaux. C’eft ainfi qu’on appelle les rets qui fervent à faire la pêche des touil- les, du chien de mer de toutes efpeces, Voyez LANTE- RES. TOUJOURS, ( Crisique facrée, ) ce mot dans l’E- criture ne fignifie quelquefois que pour la vie, H6b, vi. 3. Ainfi chez les Romains Sylla , Jules-Céfar , furent créés diétateurs perpéuels, c’eft-à-dire pour leur vie. ( D. J.) Tousours AUGUSTE, ( Liriérat, ) femper ausu- flus : les prémiers empereurs romains, & à leur exemple ceux du bas empire, fe font qualifiés so4- Jours augufles , & on les traitoit de même dans les monumens , infcriptions, & médailles. TOUL, (Géog. mod. ) en latin Tullum , ville de France, enclavée dans la Lorraine, capitale du Tou- lois, fur la Mofelle , à ÿ lieues au couchant de Nan- Cy ; à 12 au fud-oueft de Metz, &z à 68 au fud-eft de Paris , dans un vallon très-fertile : une chaîne de montagnes &t de côteaux couverts de vignes, l’en- toure à moitié. Cette ville compofée d'environ cinq mille habi- tans , a quatre paroïfles, deux fauxbourgs , un bail- liage , une fénéchauflée, & un gouverneur particu- lier. Son gouvernement civil eft du reflort du par-. lement de Metz : Pévêché de Tow/ pañle pour fort TOU 447 ancien; 1l eft fuffragant de Treves , & à ün diocèfe des plus étendus du royaume ; car on y compte 1400 paroïfles ; 1l fe qualifie comte de Toxl, &c prince du faint Empire ; le revenu de fon évêché eft évalué à environ quarante milles livres de rente. Long. fui vant Cafhni, 23.25. 30. lait, 48. 40, 27. I eft conftant que TouZ eft-une ville ancienne : of a une médaille antique où elle eft nommée T#//0- civitas, Ptolomée l'appelle Tu//um, & la donne aux peuples Leuci : elle a toujours confervé le même nom jufqu'à préfent, fans prendre celui du peuple, comme ont fait la plüpart desautres villes. Les Leuci étoient Beloes, & lorfqu’on partagea la Belgique en deux provinces, 1ls furent mis fous la premiere & fous la métropole de Treves; leur territoire étoit de fort grande étendue, La ville de\Toz/, comme fa métropole, Treves avec Metz & Verdun, vinrent au pouvoir des Fran- çois au commencement de leur établiffement dans les Gaules ; elle fut toujours fujette aux rois d’Auftrafie fous les Mérovingiens & fous les Carlovingiens, Après la mort du roi Raoul, elle fut aflujettie du tems de Louis d’Outremer à Othon I, & elle recon- nur fes fucceffeurs pour fouverains. Le comte Frédéric n’eut qu'une fille, qui époufa Matthias de Lorraine, dont 1l n’eut point d’enfans ; la race de ces comtes étant éteinte, les ducs de Lor- raine furent inveftis de Pavouerie de la cité de Toz2, . l - Enfin, dans la fuite des tems, la fouveraineté de Ja ville & de l’évêché de Toul, a été cédée à la cou- ronne de France par le traité de Weftphalie. Louis XIV. maître de cette ville, l’a fortifiée, & en a fait une place réguliere plus grande qu’elle n’étoit aupa- ravant. Abraham ( Nicolas ) jéfuite favant dans les huma- nites, naquit à Toul, l’an 1589. Il a publié entre au- tres ouvrages , 1°. des notes fur la paraphrafe de lé: vangile de S. Jean, compofée en vers grecs par No- pp + | muus; M, Simon cite plufieurs fois celivre, quin’eft pas indigne d’être connu ; 2°, un commentaire fur quelques oraifons de Cicéron. C’eftun ouvrage d’un grand travail; mais les notes y font tellement char- gées de littérature, que cette profufion rebute les moins parefleux. Ce commentaire fut imprimé à Pa- ris avec les oraifons l’an 163: ; en deux tomes /-fo7, 3°. un commentaire fur Virgile ; il eft beaucoup plus court que celui de Cicéron, &par-là d’un plus grand fervice dans les écoles. | Picard (Benoit ) capucin né à Toul en 1663, & mort en 1721, a beaucoup fait de recherches {ur fa patrie. On a de lui, 1°. une hiftoire eccléfiaftique êc politique &e la ville & du diocèfe de Toul; 2°, un pouiilé eccléfaftique & civil du diocèfe de Toul; 3°. une diflertation pour prouver quela ville de TouZ eff le fiége épifcopal des Luquois. Raulin (Jean ) naquit à Toul l'an 1443, devint grand-maître du collége de Navarre, & mourut à Paris dans le collège de Cluny, l'an 1514, âgé de 7x ans. C’étoit un des célebres prédicateurs de fon fie- ble ; fes fermons ne le cedent point à ceux de Mail lard , de Barlette, & de Menot, J’en vais rapporter quelques traits pour les mieux faire connoître, parce qu'ils font fort rares. Dans le fermon IV. du troïfieme dimanche de PA. vent : Dicis Deus accipe confilium à me , & falva anima tuam. Medici 6 Advocar carè venduns: con- Jilia Jia, fed non Deus : nam dicit, accipe : non con- flat nifr accipere : vulod dicisur bonum forum trakis ar- gentum de burfa ; & fic quilibes deber accipere | & facere ulud bontwm forum confilii : falya animam tuam, quie unicam habes | nec plus habere poreris, nec perdere nif£ velis. Inde communiter [Joli doëlores theologi , qui funt con/filiarii anime, dicuntur magiflri noftri, quia June communes ofnmibus, & rihil conflat eorum confiliure : L: 448 TOU Jed eorum tonfilio habito fufficit dicere gratias. Non fc de dottoribus Medicine decrerorum , quia non fans noffri, fed oportet eorum confilia emere magno pretio, 6 implere anus eorum auro vel argento ; alias non oporteret re- verti fecunda vice. Dans le fermon quatorzieme de la pénitence : Leo vocavit lupum, vulpem , & afinum ad capitulum , ut confiserentur peccata fua, & eis juxta deliila pœniren- ram injungerer. Venit lupus ad cepitulum, & fc con- feffius eff : ego malè feci quia comedi ovem , que ad me non pertinebat , fed hoc habeo ex legitimis juribus pa- trum meorum , qui ita ex Omni @tate ufi funt, ut pater, avus, abavus, € atavus, ita us nulla fir memoria ho- minum , quin lupi fémper comederint oves. Ad quern leo: an Vern quod ita habet prefcriptum ex omni antiqui- zate , fic comedere oves ? Cui dicenti, quod fic, pro tanto crimine impofuit femel dicere, pater noffer. Supervenit vulpes , & confefla eft fe male egiffe , quia capones & pallinas comederat non funs, licet ex omni ævo, in poffeffione fuerit fic comedendiillas. Que fimi- diter propter unum pater nofter abfoluta eff. Supervenit afinus, tria confeffus in capitula feciffe peccata, Primim quia comederat fœnum quod in ripis 6 dunis ab aliorum quadrigis fortuitÔ derelitfum erar. Cui leo : grande peccatum eft, 6 afine ! quia aliena co- medifli, que tui magiftri non erant. Secundo confef[us eff afinus ,quia ffercoraverat clauflrum fratrum. Cui Leo : grande peccatum eft fœdare terram fanttam. Tertium pec- catum vix ab eo potuit extorqteri, quod poftea cum eju- latu 6 gemitu dixit, quod recederat & cantaverat cum fra- cribus,G cum eis melodiam fecerat.Refpondis leo graviffi- mum effe peccatum, ed qudd fratres in difcordiamn mifèras, Er fic graviter flagellatus ef? aftnus , propter peccata parva , & dimif[a vulpes, @ lupus in poffeffione majo- rum , cum abfolutione. Non-feulementon a imprimé plufeurs fois Les fer- mons de Raulin féparément; mais on en a donné une édition complette à Paris en 1642, en 2. vol. in-8°,. Tousles ouvragesde ce prédicateur ont été publiés à Anvers l’an 161: en 6. vol. in-4°. Ses let- tres ont paru à Paris en 1620, :n-4°. Elles font mieux écrites que fes {ermons, quoique pleines d’al- légories &c de figures ; cependant elles font rares, recherchées , &c pañlent pour fon meilleur ouvrage. Vincent de Lérins, religieux du monaftere de ce nom ,étoit natif de Toul, felon l’opinion la plus com- mune ; 1l mourut vers 450. Il s’eft fait connoitre par un petit ouvrage fur les héréfies, qu’il intitula, Mé- nortal du pélerin, où Commonitorium. M. Baluze en a donné la meilleure édition avec des notes, ( Le che- valier DE JAUCOURT.) TOULA , ( Géog. mod.) petite ville de [a Ruffie mofcovite, au duché de Rézau, à 40 milles de la ville de Rézau, & à 36 de Mofcou, au confluent de la Toula & de l’'Uppa. Long. 55, 45. larir, 54. (D. J.) TouLA, LA, ( Géog. mod.) riviere de la Ruffe mofcovite , au duché de Rézau ; elle prend fa fource au-deflus de Crapicina, & fe jette dans lOcca, près de la ville de Tou/z , à laquelle elle donne fon nom. AIDER TOULOIS, LE, ( Géogr, mod.) ou comté de Toul, en latin Tullenfis ager, gouvernement mili- faire de France enclavé dans la Lorraine au fepten- trion, à lorient, & au midi; 1l touche un peu à la Champagne à l'occident. C’eft le pays des anciens Leuct , dont Céfar , Strabon, Ptolomée , & Pline, font mention. Ce pays étoit autrefois d’une grande étendue , &t le diocèfe de Toul qui a les mêmes bor- nes, étoit le plus stand diocèfe des Gaules, ou de tous les pays qui font au-deçà du Rhin; mais au- jourd’hui Ze Toulois a des bornes bien plus étroites. Ce gouvernement comprend le temporel de l'évêché de Toul, dont la fouveraineté a été unie à la France VOLE dès lan 1552, par Henri IL il renferme anffi le baïl: liage de Toul, qui eft compofé de fix prevôtés. (D. J.) | | TOULOLA , f. m. (if. nat. Bor. exot.) plante ainfi nommée par les Caraibes ; elle a le port du balie fier, & lui reflemble à quelques égards , maïs elle ne s’éleve guere plus haut de quatte piés. Sa fleur eft blanche , renfermée dans un calice vert, long, pointu, & découpé en trois quartiers. Le fruit qui fuccede à cette fleur eft triangulaire, d’un rouge p4- le , & renfermant une petite graine raboteufe. La racine eft une fubftance bulbeufe , blanche , fibreufe, de figure prelque conique, couverte de pellicules attachées les unes fur les autres, comme plufñeurs enveloppes d'oignons. La feuille de la plante eft d’un vert pâle, trois à quatre fois plus longue que large, &t terminée en pointe , à-peu-près comme le fer d’une pique. Elle eff forte ,coriace, & fe roule d'elle-même auffi-tôt qu’elle eft cueillie. | Les habitans du pays regardent leur s04/0/4 comme un excellent remede contre les plaies faites par les fleches empoifonnées: d’où vient que les François ont nommé cette plante lherbe aux fleches , c’eft-à- dire contre le poifon des fleches. On pile la racine, pour en tirer le fuc qu’on donne à céux qui ont été bleflés de fleches empoifonnées. On applique en même tems la même racine pilée & broyée fur la plaie ; mais malheureufement ce remede ne réufit pas mieux que le fucre, qu'on a beaucoup vanté, & dont on a fait jufqu’à ce jour fur les animaux de vaines expériences. « Pendant mon féjour à Cayenne, dit M. de la Con= » damine, j'eus la curiofité d’effayer fi le venin des » flechesempoifonnées queje gardois depuis plus d’un # an, conferveroit encore fon aétivité ; 8 en même » tems fi le fucre étoit effeétivement un contrepoifon » aufli effeace qu’on me l’avoit afluré. L'une & l’autre » expériences furent faites en préfence du commans » dantde la colonie , de plufieurs officiers de la gar- » nifon, & du médecin du roi. Une poule légerement » bleflée en lui foufflant avec une She une pe- » tite fleche dont la pointe étoit enduite du venin il y » avoit environ treize mois, a vécu un demi-quart » d’heure ; une autre piquée ‘dans l’aîle avec une de » ces mêmes flèches nouvellement trempée dans le » venin délayé avec de l’eau, &t fur le champ retiré » de la plaie, parut s’affoupir une minute après: bien- » tôt les convulfions fuivirent ; & quoiqu’on lui fit » avaler du fucre, elle expira. Une troïfieme piquée » au même endroit avec la même fleche retrempée. » dans le poifon , ayant été fecourue à Pinftant avec _wle même remede, ne donna aucun figne d’incom= » modité. « Jai refait, continue M. de la Condamine, les » mêmes expériences en préfence de plufeurs cé- » lebres profeffeurs de l’univerfité de Leyde, le 28 » Janvier 1745. Le poifon dont la violence devoit » être rallentie par le long tems & par le froid, ne fit » fon effet qu’après cinq ou fix minutes ; mais le fucre » fut donné fans fuccès. La poule qui Pavoit avalé » parut feulement vivre un peu plus long-tems que » l’autre ; l'expérience ne fut pas répétée ». | Ce poifon eft un extrait fat par le moyen du feu des fucs de diverfes plantes, 8 particulierement de certaines lianes ; on aflure qu'il entre plus de trente fortes d’herbes ou de racines dans le venin fait chez les Tiennas ; celui dont M. de la Condamine fit les épreuves, étoit le plus eftimé entre les diverfes ef- peces connues le long de la riviere des Amazones. Les Indiens le compofent toujours de la même ma- niere, & fuivent à la lettre le procédé qu’ils ont reçu de leurs ancêtres aufli {crupuleufement que Les phar- mäciens parmi nous procedent dans la compoñtion folemnelle de la thériaque ; quoique probablement cette F'OTU cette grande multiplicité d’ingrédiens ne foit pas plus néceffaire dans le poifon indien que dans lanti- dote d'Europe. _ On fera fans doute furpris que chez des gens qui ont à leur difpofition un moyen auffi sûr & aufi prompt, pour fatisfaire leurs haines , leurs jaloufes N &t leurs vengeances , un porion auf fubtil ne foit funefte qu'aux finges &c aux oïfeaux des bois. Il eft encore plus: étonnant qu'un miflionnaire toujours craint & quelquefois haï de fes néophites, envers lefquels fon minifière ne lui permet pas d’avoir tou- tes les complaifances qu'ils voudroient exiger de lui, _ vive parmi eux fans crainte & fans déflance, Cepen- dant rien n’eft plus vrai. Ce n’eft pas tout ; ces gens fi peu dangereux font des hommes fauvages , & le plus fouvent fans aucune idée de religion. Mérroires de l'acadér, des Scienc. 1743. p. 489. : M. de Réaumur rapporta l’année fuivante à l’aca- démie , qu'un ours dont on vouloit fe défaire avoit pris intérieurement Jufqu'à une once d'arfénic , une noix vomique entiere, & une quantité de fublimé corrofif, fufifante feule pour empoifonner un plus gros animal, fans que cette forte de poifon ordinai- rement fi a€tif, lui eût procuré la moindre incommo- dité. Ce même animal, qui avoit réfiffé À une foite épreuve, a fuccombé facilement Éctrès-prompterment au poifon duquel font enduites les pointes desfleches dont fe fervent contre Les animaux les habirans des. bords du Marannon. L’ours de France en a été lése= |! rement piqué en deux endroits au défaut de Pépaule; àtla feconde piquère, il eff tombé , s’eft débattu, & eft mort en moins de cinq minutes. La même chofe eft arrivée & plus promptement encore à un aigle ; à la premiere piquûre qui lui faite fous Vaîle avec la pointe d’une de fesfleches empoifonnées, il tomba, & mouruten deux fecondes, Il faut que les particules de cette pernicieufe compoñition, foient d’une étran- ge attivité pour produire un effet G fabit. Hifloire de l’acad, 1746: : 43: On prétend que le fuc du thora des Vaudois n’eft guere moins dangereux que la compofition des Tien- nas; mais nous-en avons déjà parlé au m0: TIrORA. (2.2). Mes ; = TOULON, (Géog. mod.) ville & port de mer de France, en Provence, furle bord de la Méditerranée, à 12 lieues au fud.eft de Marfeille, À 16 d'Aix ÉE à 160 de Paris. | Cette ville, quoïqw’aflez grande & maritime, n’eft pas cependant peuplée, excepté de couvens de reli- gieux &t de religieufes. Les prêtres de loratoire y ont le collége, & les jéfuites un féminaire. Le port de cette ville eft un des plus connus, des plus vaftes , & des meilleurs de l'Europe. [left deftiné aux vaifleaux de guerre ; & les galeres qui étoient à Marfeille, y {ont à-préfent. L’arfenal eft à une des extrémités du quai. Le parc de l'artillerie renferme tout ce qui eft néceflaire.en ce genre. Les fortifications font du def. fein du chevalier de Ville. | L'évêché r’eft conau que depuis le fixieme fiecle. Il eft fuffragant d'Arles & d’une très-petite étendue, car il n’a que vingt-cinq paroifles : cependant fon revenu annuel eft de quinze à vingt mille livres. Long. de Toulon , fuivant Cafini » 23. 27. latit. 43- 0.40. Long. orienc. fuivant le Monnier 202: Bo. Latit, 43. 7. Toulon a été, dit-on, nommée en latin Telo, Telo- nium, & Telo-Martius , d’un:tribun de ce nom ; qui y conduifitune colonie. Plufieuts favans prétendent que cette ville eft le Tauræntium de Ptolomée ; Mais le P. Hardouin conjedure que Toulon eft le Portus citharifla de Pline; & fa conjecture eft d'autant plus vraiflemblable, qw Antonin dit que ce port eft éloi- gné de Marfeille de trente milles ; ce qui eft précifé- ment la diflance qu'il y a entre ces deux villes, Tome XFL, FT OU 449 On lit dans a notice de l'empire, qu'il y avoïtuné teinturerie à Toulon dirigée par un intendant de lem- pereur, qui eft appellé procurator Baphiorun ; ainft cette place éroit connue fur la fin du quatrieme fie- cle. Elle a éprouvé depuis les mêmes révolutions que JE refte de la Provence, Les Sarrafns la pillerent une fois dans le dixieme fiecle, & deux fois fur la fin dur douzième. Elle fe rétablit &t S’accrut fous la prote- Étion des rois de Sicile & de Naples, comtes de Pro- vence. Elle fut réunié à la couronne avec la P+o- vérnce par Charles VIIL. en 1487. Son port feroit pro- pre à enrichir, par fa grande rade, une des plus sûres qu’on connoïfle , &c dônt l'entrée eft defendue par pluñeurs forts. AN NUE Te | Ferrand (Louis) né à Toulon en 164$ ; SC mort # Paris en 1609, a donné au public des oùvrages qur juftifient fon favoir dans les langues orientales, On. fait cas de fon commentaire fur les pieaumes , x d'autant plus qu’il n'étoit pas théologien de profef- fon, mais avocat au patlèmenr, - Le es Bonpin de C halucer (Louis) mort évêque de Toulor eh 1712, eft auteur de Poñnes ordonnances Tÿnoda= les; mais sehfait encore plus d'honneur, par les fers vices qu'ilrendit Afävike épifcopale, lorfaue les trou: pesdes alliés laffiéoerent én ri 707: opiinares éxemplo Jerimavit, plében frumento É pecunri juyir ; cell une in- fcription de la reconnoi ance du'peuple’, qui ledit; & cette infcription eftoravée dans la Chambre deVhô= tel-de-ville de Toulon. CENRSS) UNRE = TOULOUBAN, (Gése. rod.) ville des Indes dans la province de Multan, à trente milles de la ville de’ ce nom, & fur le.bord dela fivièere de Multan: Long. fuivent le P. Gaubil, 116 82: Jarie. 30: 50. (D.T.} FOULGUSAIN Le, (Géogr. mod.) contrée de France ; dans le haut Läanpuedoc ; elle renferme les diocèfes de Touloufe , dé Rieux » Ôt une partie de celui de Montauban: c’eftun pays rempli de plaines, | Oùil croît beaucoup de bI£; il ef traverfé par la Ga- ronne, &c a Touloufe pour capitale. Le canal de Lan= guedoc y prend fa naïffance, CODEN 4? _ TOULOUSE, (Géog. rod.) ville de France dans le haut Languedoc, dont elle &ft Ja Capitale, comme déftoute la province de Languedoc. Cette ville, ftuée fur le bord oriental de la Garonne , dans le pays des Teftéfages, eft une des plus anciennes des Gaules ; puifque.Trogue Pompée & plufieurs autres auteurs afsirent qu’elle étoit Ja patrie des Teétofages, qui ravagerent la Grece du tems de Brennus , près de 280'ans avant J, C. Elle ef nommée Tolofz par Cé- far, L6. 1, bell, gal, €. x. Tolofz colonia ; par Ptolo- mée, L. IL, c. xx. urbs Tolofatium par Sidonius Apol- linaris, 2. IF epiff. wvyij. & civiras Tolofatium , dans la notice de la Gaule, C’étoit une ville d’une grande étendue , & divifée en cinq parties, fuivant ce vers d'Aufone , epiff. xxüj. y. & 3e Quineuplicem focias tibi Martic Narbo Tolofum. On lui donna l'épithete de Pa/adia, foit à caufe du culte que les habirans rendoient À Pallas, foit à caufe des oliviers qui font l’arbre de cette déeffe , & qui croïflent en quantité dans le territoire de cette ville ; foit enfin à caufe du goût que fes habitans avoient pour les fciences , felon ce diftique de Mar- tial , Z, IX. epigram. 101. | Marcus Palladie non inficianda Tolofæ Gloria, quam Seruu pacis alumna quies. Le premier vers de cette épigramme fait voir que ; Martial entend parler de l'étude des Belles-Lettres, Marcus amas 2Offras Antonius, Attice, LT ERR Touloufe étoit encore confidérable par {a Magnif- cence ; Car il y avoit un capitole, On y VOyoit auffr untemple dans le voifinage, fameux par es richefes | LI ao TO auxquelles perfonnen’ofoit toucher. Juflin 8 quel- quesautres hiftortens ont dit que les Teétofages pille- rentletréfor du temple de Delphes; èc quepourappai- fer la colere d’Apollon qui les défoloit parune cruelle pefte ils jetterent ce trélor dans le lac de Touloufe. ” Cette ville fut prie fur les mêmes T'eétofages par Servihus Cæpion, l'an 648 de la fondation de Rome, 106 ans avant l’ere chrétienne, Ce, conful y fit un grand butin , & enleva le tréfor du temple d’Apoi- Ton. Les Hitoriens afshrent que Cæpion finit {es jours malbeareufement , ainfi que tous ceux qui avoient Lu nartià don facrilése : c'eft de-là qu’eft venu le pro- eu part'a 10n, acer 8 SE qe q P verbe aurum tolofanum ,, de L ot funefte. ” Ce temple d'Apollon, quiétoit à foloufe, a fait confondre, même dans l'antiquité, cet or de Tou- loufe axec celui du tempie de Delphes ù ët quelques- uns {e font imaginés que Brennus , général des Gau- lois , ayant pillé le temple de Delphes ,des Gaulois " & fur-tout les Teétofages, avoient remporte leur butin dans leur pays. Strabon a réfuté.ce conte, d'au: tant mieux que le temple de Delphes avoit été pillé par les Phocéens , avant la venue des Gaulois, Jef- quels, bien loin de prendre la ville-de Delphes, Ke de pouvoir piller fon temple ; furent repouflés avec perte, & périrent tous. les uns après les autres: * Ouoique Toulouft fût une des villes célebres de l'empire romain, néanmoins elle ne fut jamais mé- tropole ou capitale de prevince fous les empereurs. Ce fut fous les rois Vifigoths, qui y établirent leur ré- fidence, qu'elle devint une ville DE EL et toutefois pour métropole eccléfafhique Narbonne, dont elle n’a été fouftraite que fan 1317 par Jean XXI. Ce pape divifa Le grand diocèfé de, Touloufe en plufieurs , Ù il mit.des ÉVÊQUE , leur donnent our métropolitain Île cardinal Jean Raymond de Comminges , qui fut le prermuer archevèque de Fou- Jouf£. É s artoe - = A Q l'A l'égard de la jurifdiétion temporelle } après avoir été entreles mains des officiers de empire romain, elle fut aflujettie aux Vifgoths, lorfquele roi Ataul- phers’établit dans les Gaules , au commencementdu cinauieme fiecle. | 2 | Le Cent ans après on environ, Clovis ayant défait Ajaric, s’empara de Touloufe, & laife cette ville à fes fuccefleurs, qui la gouvernerent par des officiers qu'on nommoit comtes, Dagobert la donna lan 628 à fon frere le roi Aribert, qui Y Ctablr fa réfidence : maïs ce prince ayant à peine régné rois ans ,.mOU- rut, & fon érat revint fous Îa domination de Dago- bert, qui laïfla la ville de Touloufe à {on his Clovis IX. roi de Neuitrie. Fe à NE Les princes mérovingiens en ont toujouts été les maîtres jufqu’au commencement du huitieme fiecle. Ce fut pour lors que le duc Eu des , qui fe rendit ab- folu dans l'Aquitaine, s’empara de Touloufe, qu'il défendit contre les Sarrafns l'an 721. Onze ans après ils la ptirent, êx la faccagerent avec Bordeaux éc la plüpart des viiles d'Aquitaine qu ils ne conterverent oint, parce qu'ils furent défaits pres de Poitiers par Charles-Martel, maire du palais : ainfi Eudes jouit comme auparavant de lAquitaine , ëc laifla cet état à fon fils Hunaud, à qui fon fils Gaifre fuccéda, Le roi Pépin, fils de Charles Martel, fitune cruelle guerre à Gaitre, qui perdit enfin fes états Ex la vie. Pépin s’empara l'an 767 de la ville de Touloufe, que lui &c fes fuccefleurs gouvernerent pat des com- res qui n’étoient que de fimples officiers, jufqu'au tems de Charles le Simple, qui fut dépolé 6 mis en prifon où il mourut. Ce fut fur la fin du regne de ce prince , que Répimond ou Raymond f e rendit ablolu à Touloufè vers lan 920. Il eut pour héritier fon fils Raymond Pons. Ces premiers comtes de Touloufe pre- noïent la qualité de ducs d'Aquitaine , quoiqu ils n'euflent qu'une petite portion d’un f grand pays, RTOOTU n'étant maitres au commencement que.de l’ancien territoire de Touloufe, & n'ayant aucune autorité fur Le relte de la Gothie ou Septimanie , appellée au jourd'hui le Lenguedoe. | Les comtes defcendans du premier Raymond joui- rent de cet état de pere en fils, jufqu’à Guillaume, qui vivoit dans l’onzieme fiecle. Il ne laïffa qu'une fille nommée Philippia, qui époufale duc Guillaume, ere du dernier duc d'Aquitaine selle ne fuccéda pas + à fon pere, parce que fon oncle Raymond de Saint- Gilles comte de Querci, êc frere de Guillaume comte de Touloufé, fe trouvant le plus fort en cette ville, s’en empara, Il prit enfuite le premier le titre de duc de Narbonne, fans aucun droit, & défigna comte de Touloufe {on fils Bertrand , qui mourut fans enfans l'an sr15. Lt. MC | Après la mort de Bertrand, Guillaume duc d’Aqui- taine , foutenant Les droits de fa femme, prit Toulou: Je ; mais il en fut dépoflédé par Alfonfe, fils de Ray mond de S. Gilles. Le-dernier Guillaume, duc d’A- quitaine , &c fa file Eléonor, hériterent des droits de Philippia, qu'Henri EE roi d'Angleterre ; mari d’E< léonor ; foutint contre Raymond, comte de Toulou- | Je, fils d'Alfonfe ; & en demanda juitice à Louis Le jeune , roi de Frarice, Le roi Louis accorda les parties à cette condition, que la propriété du comté de T'ouloufedemeureroit à Raymond, qui feroit tenu d'en faire forérhommage au roi d'Angleterre, duc de Guienne, ce qui futexé: cuté, «1 193 SU EUMAIENENE Richard, fils du to1 Henri & d'Eléosor , demanda l'hommage du comté de Touloufe.; mais cette affaire fut terminée lan 1106, lorfque Raymond, dit le vieux comte de Touloufé , fils d'Alfonfe', ayant époufé Jeanne , fille d'Henri &z d'Eléonor & fœurde Richard, ce rox céda tous fes droits furle comté de Touloufe au comte Raymond, | Ed Ce fut le même Raymond, quis’étant déclaré pro- teéteur des Albigeoïs, fut pourfuvi par le pape In- notent Ji. quidonna le comté de Fowloufe à Simon de Montfort, général des catholiques, du confentez ment-de Philippe Augufte: Raymond abandonné par le roi fon fexgnèur féodal » reconnut un autre feigneur ou fouveran ; qui fut Pierre roi d'Aragon, à qui le comte fit foi &t hommage, C’eft-R l’origine du ‘droit que les Aragonnoïs prétendoient fur le: comté de Toulou/e, auquelils renoncerent parla tran- faion pañlée entreS. Louis & Jacquesroid’Aragon, l'an 1258. Simon de Montfort ne put femaintenirdans fa con- quête, de forte que fon fils Amaury céda fes droitsà Louis VIII. pere de $. Louis. Raymond le jeune, fils & fucceffeur de Raymond le vieux , fit fa paix avec le roi de France, & tranfigea lan 1226 avecS, Louis. Par ce contrat, la princefle Jeanne, fille de Raymond, fut accordée avec Alfonfe, comte de Poitiers, & frere du roi. On convint que Jeanne fuccéderoit aux états de fon pere , & qu’en cas qu’elle ou fon mari vin£- fent à mourir fans enfans mâles , le tout feroit réuni à la couronne. | Raymond mourut lan 1249 , & eut pour fuccef- feur fa fille Jeanne & fon gendre Alfonfe, qui fini- rent leurs jours l’un & Pautre, peu après la mort de S. Louis, lan 1270, après quoi le roi Philippe le hardi prit pofleflion du comté de Touloufe, &t le réu- nit à la couronne. _. Il y avoit dans l’ancienne Touloufe un amphithéa- tre, un capitole, & plufeurs autres monumens fuper- bes; mais les Wifisoths, nation barbare , ayant choifs Touloufe pour être la capitale de leur empire, rui- nerent tous fes beaux monumens de fond en comble, enforte qu'il n’en refte d’autres vefliges, que quel- ques mafures de l’amphithéatre. Quoiqu'il n’y ait point de ville dans le royaume TOU plus avañtageufement fituée pour le commerce que Touloufe, il ne s’y en fait cependant prefqw’aucun. Le génie des habitans les porte quand ils font aïfés, à acquérir des charges de robe , où à vifer au capi- toulat ; de-lä vient que Touloufe, une des plus gran- des villes du royaume, eft une des plus pauvres & des plus dépeuplées. Il y a préfidial , fénéchauffée , hôtel des monnoies , généralité , parlement & uni- “Verfité, mais tous ces beaux titres ne l’enrichiffent pas; fon académie eft comme du tems des trouba- dours ; fes prix confiftent dans une amaranthe d’or , une églantine, une violette,i8c un fouci d’argent. Son évéché fut érigé en archevêché par le pape Jean XXIL. 8 c’eft un bénéfice de 80 mille livres de rente. Sous Raymond V, comte de Touloufe, s’éleva dans cette ville un tribunal d’inquifition , au fujet de l’hé- réfie des Albiseois , & bien-tôt ce tribunal fit trem- bler par fa rigueur les perfonnes mêmes les plus in- nocentes ; le foulewement fut fi grand, qu’on fut obli- gé de Pabolir ; mais ce qu'il y a de fingulier , c’eft qu'il en refte des veftiges ; car d’un côté M. de Mont- chal, archevêque de Toxloufe, fe fit attribuer le droit d'examiner fi dans l’éleétion des capitouls , il n°y a perfonne qui foit fufpeét d’héréfie ; & de l’autre les dominicains continuent de faire pourvoir par le roi un religeux de leur ordre de l’office d’inquifiteur de Touloufe , parce qu'il y a quelques gages attachés à cette charge, qui par bonheurn’eft aujourd’hui qu'un vain titre fans fon@ion. | On peut lire für Tozloufe l'abbé de Longuerue, Pi: ganiol , defcription de la France, Nicol Bertrand des geftes des Touloufains, & mieux encore la Faille an- nales de Touloufe, ainfi que l’hiftoire de cette ville, qu'on y a imprimée en 1759 i7-4°. Long. fuivant de la Hire, 18, 11. 3 0. fuivant Lieu« taud,des Places & Caffini, 28.56, 30. Las. fuivant dela | Hire, 43. 3 0. fuivant Lieutaud, des Places & Caflini, 537: . à: | Je n’entrerai dans aucune defcription de Tou/oufe moderne ; ayant à parler des hommes illuftres dans les armes & dans les lettres , à qui cette capitale du Languedoc a donné la naïflance , & dont on voit les buftes en marbre dans l’hôtel-de-ville. Je commence par Antonius , auquel je m’arrêterai quelque tems, à caufe du grand rôle qu’il a joué dans Le monde. Antonins Primus (Marcus ), étoit ami de Martial, & fon Mécene ; auf ce poëte l’éleve jufqu’aux nues. Il ditqu’Antonius pouvoit fe rappeller chaque jour de fa vie fans remords , & qu’il n’en avoit paflé aucun, que d’une maniere qui fût propre à lui en rendre le fouvenir agréable. Jam-numerar placido felix Antonius ævo Quindecies aëlas , primus , olympiadas : Præreritos dies , & rotos refpicit annos, Nec metuir Lethes jam propioris aquas. Ampliat œratis fpatium ftbi vir bonus hoc efe Vivere bis , vité poffe priore frui. L. X. epior. 23, Martial ne fe borne pas à cet éloge ; il nous repré- fente Marcus Antonius au-deflus du refte des mor- tels , & nous aflure, que s’il pouvoit dépeindre fon efprit & fon caraëtere, ce feroit le portrait le plus accompli de la nature humaine, Voici les propres termes qu'il emploie, Hec mihi, que colitur violis piura rofifque, Quos referat vultus, Ceciliane, rogas ? Talis erat Marcus mediis Antonius annis, Primus in hoc juvenem fe vider, ore fenex. A[futinam mores | animumque effingere poffe:! Pulchrior in terris nulla tabella forer. L. X. epigr. 32. Combien il faut fe défier des louanges des poëtes ! Horace & Virgile nous l’avoient déjà prouvé dans Tome XVI. TOU 451 leuts adulations pour Augufte ; Martial Hous le con- firme dans celles qu'il prodigue au nouvel héros de fa fabrique ; voici donc la vérité. Marcus Antonius fut un des premiers capitaines de {on tems ; ÊT qui à joué un grand rôle dans Phifloire romaine ; c’étoit un homme éloquent dont Tacite nous a confervé quel: ques fragmens d’harangues , maïs un homme chargé de crimes ; & dont la fcélératefle égala la valeur. Sous le regne de Néron , il fut convaincu d’être un indigne fauflaire, & d’avoir forgé un téflament ; auf fut -1l condamné pour ce crime à être banni de Rome, Comme c’étoit un homme intrigant , hardi, & en: treprenant , il trouva le moyen d’y rentrer , & d’ob: tenir de Galba le commandement d’une légion. Sur le déclin des affaires de Vitellius, il prit le parti de Vefpañen, lui rendit de grands fervices ) & le plaça, pour ainf dire, fur le thrône. ILs’empata de Padoue, d’Atefte (aujourd’hui Eft), embrafa, détruifit 8 faccagea Crémone, avec la barbarie la plus incroya- ble, Enfuite il ravagea l'Italie commeun pays de cons quête’, ruina la difcipline dans les troupes, & fe fer vit de ce moyen pour s'enrichir par le pillage. Il attaqua l’armée de Vitellius aux portes de Ro- me , & la pourfuivit jufques dans Rome même ; à le combat fe renouvella, & continua pendant quel- que tems, en trois différens endroits avec beaucoup de furie &C de carnage , jufqu’à ce qu’enfin les Vitel= liens furent défaits, & Antonius demeura maître de Rome; alorsil dévoila pleinement fon exécrable ava- rice , enlevant des palais fans fcrupule , or, argent, meubles, efclaves, comme s’il eût encore pillé Cré< mone. C’eft ainfi qu'il termina la guerre civile, & qu'il afärmir la couronne impériale fur la tête de Vef pafien. ; Maïs la jaétance , l'orgueil, les richefles & lavi- dité d’Antonius, le perdirent ; tous les chefs de l’ar- mée , ayant Mucien à leur tête, fe liguerent contre lui. Ils laccuferent auprès de Vefpañen d'être un efprit dangereux, d’avoir perdu la difcipline militaire pour fe faire des créatures , d’être arrivé trop tard au fecours de Sabinus, & d’avoir voulu élever À l’em pire Craflus Scribonianus, à quoi ils ajouterent le dé- tail de tous fes crimes précédens. Enfin, il déchut peu-à-peu de fon crédit, & fe vit obligé de fe retirer à Touloufe, où1l mourut fans honneur, âgé de 6$ ou 75 ans. Voilà le portrait qu’en fait Tacite dans fon hiftoire, . IT. 1, III, &t 1, IV, où vous trouverez de grands dé. tails. Pour les aflembler en deux mots, Antonius étoit un homme d’intrigue & d'exécution, hardi de la Lans gue &c de la main, maniant la parole avec une adrefle merveilleufe, propre à décrier qui il vouloit, habile à gagner les bonnes graces des foldats, vrai boute- feu de guerres civiles, prompt à piller & à prodi= guer , permcieux dans la paix, & de grand prix À la guerre. Je ferai court fur les autres touloufains, dont les buftes font en marbre dans l’hôtel-de-ville de Touloufe, Statius Surculus, où Urculus, rhéteur qui vivoit du tems de Néron, vers l'an 6o de J.C. parut peu de tems avant Antonius. Ne le confondez pas avec le poëte Publius Papinius Statius ; qui florifloit du tems de Domitien. Æmilius Magnus Arborichus , rhéteur , enfeigna , dit-on , dans Touloufe les belles-lettres au frere de Conftantin. On voit enfuite les buftes de Théodoric I. & II, rois de Touloufe ; de Raymond de Saint-Gilles, comte de Touloufe ; de Bertrand comte de Touloufe , de Guil- laume & de Jean de Nogaret. Parlons à préfent des hommes de lettres nés à Tou/oufe,dontles buftes font dans la galerie, | Lili 3% TOU . Bunel( Pierre), lun des plus polis écrivains du Heizieme fecle, fe difingua par fa vertu , fon defin- téreffement & fa fcience. Ilkmourutà Turin en 1545 à âge dey7ans. On a des lettres latines de cet honnête homme ,. qui font écrites avec la derniere pureté. Charles Etienne les imprima en 4535, & Henri Etienne, fort corrétement, en 1581. L'édition de Touloufe 1687 eft éftimable par les notes de Grave- ol: mais le texte eft rempli de fautes. On trouve à da bibliotheque dutoi quelqueslettres de Bunel, qui n’ont pas encoré été imprimées. Catel (Guillaume }, confeiller au parlement de Touloufe, morten 1726, s’eft fait connoître par unehifloire descomtes de Touloufe, & des mémoires du: Languedoc. Cafèneuve( Pierre de},néen 1591,morten 1652, a donné les origines .ou étymolopies françoifes, qui font à la fuite du diétionnaire de Menage. $es autres petits ouvrages font dans Poubli ; le P. Nicerona mis laureur parmi les hommes illuftres ; mais le fuivant Cujas étoit digne de ce titre. Cujas (Jacques) Cajactus , le plus célebre jurifcon- fuite du xvj.fecle, naquit à Touloufe en 1520 de pa- rens obfcurs ; c’étoit un de ces génies rares &c heu- feux, qui apprennent tout d'eux - mêmes, &c qui l’enfeignent merveilleufement aux autres. Touloufe ne connut point fon mérite, elle lui préféra un in- digne compétiteur pour la chaire de droit ; ilfere- tira à Bourses, fe fit adorer des étudians , & mourut dans cette ville en r590:, à l’âge de 70 ans. La meil- leure édition des œuvres de ce grand jurifconfulte eft celle de Fabrot, en 10 vol. -fol. Papyre Maflon a écrit fa vie. Duranii (Jean Etienne), premier préfident au par- lement de Touloufe, & l'un des plus favans magiftrafs de fon fiecle, eft auteur’ de l'excellent hivre intitulé de ritibusecclefie. U foutint avec zèle Le parti de fon roi contre la ligue, &c fut tué d’un coup d’arquebufe dans une émeute populaire après la nouvelle de la. mort du ducdeGuife, le ro Février 1589 à cinquante- cinq ans. Faur, feïgneur de Pibrac (Gui du) , eft trop connu par les charges qu'il a exercéés avec gloire, pour donner ici fa vie. Il devint chancelier de la reine Marguerite de Navarre, femme d'Henri IV. & mou- tut à Paris le 27 Mai 1584, à 56 ans. On a de lui des plaidoyers, des harangues & des quatrains dont j'ai parlé ailleurs. | | Faur (Pierre du), premier préfident au parlement de Touloufe , cultiva les lettres avec éclat, &t mit au jour des ouvrages pleins d'érudition ; tels font trois livres des femeftres, celui des agoniftiques , c’eft-à- dire, des-exercices & des jeux des anciens , & fon traité des magiftrats romains. Il mourut en 1680"d’a- poplexie , en prononçantun arrêt à l’âge de foixante . ans. Ferrier ( Arnould du }, préfident au parlement de Paris, enfuite maître des requêtes , fut employé par Charles IX. à diverfes ambaflades , mourut en 1585 à 79 ans , & en faifant profeihion ouverte du.protef- tantifme. Il harangua dans le concile de Trente. êc s'exprima d’unermaniere vigoureufe fur Les abus de la cour de Rome. Ileft très-vraiflemblable quezélépour la grandeur de la monarchie françoife , il forma le _ projet conjointement avec Le chancelier de l'Hôpital, de couper le-nœud qui.attachoit le roi très-chrétien au faint fiége., & d’aflembler un concile national où le toi de France à limitation de celui d'Angleterre, füt déclaré chefde l'Eolife gallicane , êt indépendant à tous égards du pontife romain. Gorduli (Pierre). fit dans une langue provinciale qui n’eut jamais d'écrivains , en langace gafcon , des vers où regne beaucoup de douceur, d'agrément, &c qui ne font dépourvus ni d'élégance ,.ni quelquefois * T OU de fitions heureufes ; on les a imprimés plufñéurs |. fois à Touloufe , & mêmeen Hollande. Imoututen 1649 à l’âge de 70 ans. Maignan (Emmanuel), minime très-célebre. IL apprit les mathématiques fans maître , & devint pro- fefleur à Rome, où il ya toujours eu depuis en cette fcience un profefleur minime françois. Ses ouvrages | philofophiques n’ont plus de cours, mais fon traité fur les horloges & les cadrans folaires, intitulé per/- peitiva horaria, Romæ 1648 in-fol. montre beaucoup d’habileté. Il inventa plufieurs machines qu'il avoit travaillées de fes propres mains. Il mourut dans {on couvent de Touloufe en 1676 ,à 75 ans. Maynard (François), poëte, difciple de Malher- be, & fecrétaire de la reine Marguerite, naquit en 1582, & mourut en 1646. # On peut le compter, dit M. de Voltaire, parmi ». ceux qui ont annoncé le fiecle de Louis XIV. II » tefte de lui un aflez grand nombre de vers heu: : » reux. purement écrits. C’eft an des auteurs qui »_s’eft plaint le plus de la mauvaife fortune attachée » aux talens. Il ignotoit que le fuccès d’un bon ou- » vrage, eft la feuie récompenfe digne d’un artifte; » que fi les princes & les miniftres veulent fe faire » honneur en récompenfant cetteefpece de mérite, ». il y a plus d'honneur encore d’attendre ces faveurs » fans les demander ; & que fi un bon écrivain am » bitionne la fortune , il doïtlafairefoi-même. » Rien n’eft plus connu que fon beau fonnet pour » Le cardinal de Richelieu ; & cette réponfe dure du » minitre, ce mot cruel, riez. Le préfident Maynard » retiré enfin à Aurillac, fit ces vers qui méntent » autant d’être connus que fon fonnet. Par votre humeur le mondeefl gouverné , Vos volontés font le calme & l'orage, Vous vous riez de me voir confiné Loin de La cour dans mon petit ménage = Mais, n'eff-ce rien que d'être tout a for, De n'avoir point Le fardeau d’un emplor, D'avoir dompté la crainte & l’efpérance 2, Ah fr le ciel, qui me traite fr bien, | Avoïr pitié de vous 6 de la France , Votre bonheur feroit égal au mien. y Depuis la mort du cardinal, il dit dans d’autres » vers que le tyran eft mort, & qu'il n’en eft pas » plus heureux. Si le cardinal lui avoit fait du » bien, ce miniftre eût été un dieu pour lu. Il ref » un tyran que parce qu'il ne lui donne rien. C'eft » trop reffembler à ces mendians qui appellent les » pañlans, monfeigneur, & qui les maudiflent s'ils » n’en reçoivent point d’aumône. Les vers de May- » nard étoient fort beaux. Il eût été plus beau de » paffer fa vie fans demander êc fans murmurer. L’é- » pitaphe qu'il fit pour lui-même eft dans la bouche » de-totit le monde. Las d’efperer & de me plaindre Des mufes, des grands 6 du fort ; C'efl ict que j'attends la more, Sans la deftrer , fans la craindre. Les deux derniers vers font la traduétion.de cef ancien vers latin, Semmum nec metuas diem: REC OpEes. » La plûpart des beaux vers de morale font des » traductions. Ileft bien commun de ne pas de- » firerla mort: il eft Bien rare de ne la pas craindre; » & il eût été grand:de ne pas feulement fonger s'il » y a-des grands au monde ». Pin (Jean du), en latin Pinus, mourut vers Van 1536. Il alla chercher en [talie la culture de l’élo- quence, fut enfuite confeiller au parlement de Tou- Loufe, & enfin évêque de Rieux. Il ftun traité de viré aulicé, & un livre de claris feminis , des femmes ik TOU -Muftres., qui parutà Paris en 1ÿ21 ; la politeffe dur ftyle latin regne dans ces deux ouvrages. Erafme dit. à La gloire de l’auteur: poffes znter hujus laudis (Tul- Lane: diflioms) competitores rumerari ( Joannes Pi- aus), nifc negotiorum tumultus a frudiis avuififfec. Nrunc epifcopum audio failum ; quid accefferis eloquentiæ nef- cio ? . On voit auffi dans la galerie de Touloufe Le bufte en marbre de Nicolas Bachelier, éleve de Michel- Ange , diftingué dans Parchiteéture & dans la fculpture ; il falloit y joindre pour pendant le bufte de François de Troy un des peintres illuftres de nos jours. Mais Touloufe eft encore la patrie d’au- tres favans , dont plufeurs méritoient fans doute d’a- voir leur effigie dans la même falle du capitole ; c’eft - ce dont on jugera par la lifte que je vais donner de leurs noms. Carpiftron ( Jean Galbert), ne en 1656 , & mort en 1723 , fut éleve & imitateur de Racine. Le duc de Vendôme, dont 1l devint fecrétaire , fit {a fortu- ne, & le comédien Baron fitune partie de fa réputa- tion. Il y a des chofes touchantes dans fes pieces, quoiqu’elles foient foiblement écrites , mais le lan- gage en eft aflez pur. [la compofé pour l'opéra Acis & Galatée , paftorale, que l’on redonne quelque- fois , & qui a été mife en mufique par Lully. . Coras (Jean de), Corafius, confeiller au parlement de Touloufe, chancelier de Navarre, lun des favans jurconfultes du xvy. fiecle, & l'ami du chancelier de PHôpital; 11 mit au jour d’excellens ouvrages en latin & en françois, qui ont été recueillis en2 vol. in-fol. on eftime fur-tous {es Mi/cellaneorum.juris civilis libri tres: Ce favant homme n’avoit que 59 ans quand il fut enveloppé dans le maflacre de la faint Barthelemi, le 4 Oétobre 1572; fa vie a été impri- mée en 1673 , 27-42. Doujat( Jean), né en 1609, & mort à Paris en 1638, comble d'honneurs & de penfons. Il étoit tout enfemble jurifconfulte & littérateur. Il fut re- çu de l’Académie françoife en 1650, & devint pré- cepteur de M. ledauphin. On a de lui 1°, Prænotio- 7res canonicæ @ civiles, qui paflent pour fon meilleur ouvrage ; 2°. l’hiftoire du Droit canon, & celle du Droit civil; 3°. infhitution du Droit canonique de Lancelot, avec des notes; 4°. un abrégé en fran- «ois de l’hiftoire grecque & romaine, tiré de Vel- leius Paterculus , & des notes fur Tite-Live, à l’u- dage du dauphin, &c. Grégoire (Pierre )fleurifloit au xv]. fiecle. Ses li- vres de droit, & entr'autres l'ouvrage intitulé, Syz- Zagma juris univerfc ,ainfi que celui de republicä , Li- bri xyj. font remplis d’une vafte érudition, mais des plus mal digérés. Ærzditione non vulpgari luxurians, dit Naude , omria ingerit , non digerit ; cetertm valdè alis, qudd ib1 meliorum.autlorum gemmas poffis inve- rire. I] rourut en 1597. Laloubere (Simon de ) né en 1642, &c envoyé à Siam en 1687, finit fes jours en 1729 à 87 ans. On a de lui une relation de fon voyage de Siam en deux vol. 17-12, cette relation eft eftimée ; mais elle laiffe bien des chofes à defirer , qui y manquent, pour nous donner de vraies connoïflances de ce pays. Son trai- té de la réfolution des équations prouve qu’il étoit affez profond dans cette fcience, & Pafchal ne lui a pas tout-à-fait rendu juftice, - Mauffac ( Philippe Jacques ) favant critique du xv1. fiecle mourut en 1650, âgé d’environ 70 ans. On a de lui des opufcules eftimés & de favantes no- tes fur Harpocration. Péchantré, poëte francois & latin, mort à Paris en 1708. Sa tragédie intitulée Géra fe repréfente en- core quelquefois. On rapporte une anecdote affez finguliere {ur fa tragédie, /z mort de Néron, piece qui g'a point eu de fuccès, Péchantré la faifoit dans une 1 TOU 453 auberge; Al laïffa fur fa table le papier où il difpofoit fa piece, &c fur lequel il avoit écrit après quelques chiffres , ici ls roi Jèra tué. L’auberoifte ayant lu ces. mots, avertit auflitôt le commiflaire du quartier, & lui remit le papier en main. Le poëte étant revenu le foir à l'auberge, fut bien {urpris de fe trouver entou- ré de gens armés qui vouloient le faifir. Que veulent ces gens-là, dit-il au commiflaire, & vous, monfeur, ayec ce papier, fur lequel il Jetta les yeux; com- ment, s'écria-t-il, vous avez volé {ur ma table ? c’eft précifément la fcène où je dois placer la mort de Né- ron. Le commiflare honteux de fa bêtife , lui fit des excufes , lui rendit {on papier, & congédia les ar- chers. Tourreil (Jaques de) mourut à Paris en 1714, à 58 ans. Il étoit de l’académie françoife & de celle des Infcriptions. Ce fut par fes intrigues quel’abbé de Chaulieu ne fut pas de l’académie françoife, & ce procédé ne lui ft pas honneur. Il doit fa réputation à la traduétion de Démofthènes, laquelle l’a faitheau- coup plus connoïtre lui-même, qu’il n’a fait connot- tre l’orateur grec ; mais 11 a orné fon ouvrage d’une très-belle préface pleine d’érudition & de recher- ches fur lhuftoire de la Grece. La meilleure édition eft celle de Paris 1721, en deux vol. in-4°. & en qua- tre ol. in-12. Serre (Jean Puget de la } fut garde de la bibliothe- que de Monfieur , & eut le titre d'Aiforiographe. Il mourut en 1666, & publia quantité d'ouvrages en vers & en profe qui fouffrirent plufeurs éditions , mais dont Defpreaux & toutes les perfonnes de gotit parlerent avec mépris. LaSerre convenoïit lui-même du peu de mérite de fes ouvrages, quoiqu’ils lui va- luffent beaucoup d'argent. On raconte qu’il eut un jour la curiofité d’aller entendre les conférences que Richefource faifoit fur l’éloquence dans une maifon de la place Dauphine. Après que celui-ci eut. débité toutes fes extravagances, la Serre en manteau long & en rabat, fe leva de fa place, & en allant embrafer Richefource: ah , monfeur, lui dit-il, je vous avoue que depuis vingt ans jai bien débité du galimathias ; mais vous venez d’en dire plus en une heure que je n’en ai écrit en toute ma vie. Marcel ( Guillaume ) mort en 1708 à 61 ans, eft auteur d’une hiftoire de l’origine de la monarchie françoife, de tablettes chronolosiques, & de quel- ques autres ouvrages de ce genre. | Voilà prefquetous les hommes de lettres que Toz- loufe a produitsjufqu'à ce jour ; il y en a plufeurs qui font illuftres. N’auront-ils point de fuccefleurs à (Le Chevalier DE JAUCOURT.) TOUPET, £ m. rerme de Perruquier, c’eft une bor- dure de cheveux qui regne Le long du front, depuis une tempe jufqu’à l’autre, foit dans les cheveux na- turels, {oit dans les perruques. ToOUPET, ( Maréchal.) le souper du cheval eft le crin fitué entre les deux oreilles, & qui tombe fur le front. TOUPIE, £ f. (Jeux. ) en latin srbo ; je ne parle pas ici de la sowpie, pour dire feulement que c’eft une efpece de fabot qui a une pointe de fer fur la- quelle 1l tourne quand on le fouette, après avoir 14- ché la corde qui étoit entortillée tout-autour ; mais ce dont je prie le leéteur , c’eft de voir comme Vir- gile, Ænerd. L. VII. v. 378. peint ce jeu d'enfant, auquel il compare les démarches de la reine Lau- rente, qui toute troublée court autour du palais Va, vient, s'arrête, & retourne fur {es pas. Ceu quondam torto volitans fub verbere turbo, Que pueri magnoin gyro, vacua atria circum Tatenti ludo exercenr. Ille aûtus habena Curvaus fertur fpatirs : fhupet infcia juxta Tmpubefque manus, mirata volubile buxum. « La prinçefle parut alors femblable à ce jouet de 454 T O U » L'enfance, ui tournant avec rapidité autout de {on » centre, & traçant dans un vafte lieu plufieurs cer- » cles par fon mouvément, eft admiré de la jeune » troupe ignorante, qui l'entoure ëc qui le réveille *# fans cefle à coups de fouet». (D.J) Tourie , (Marine.) c’eft un initrument inventé en Angleterre, pour obierver fur mer lhorifon, mal- gré le tengage & le roulis du vaïfleau : c'eft une tou- Pie de métal couverte d'une glace tres - haute ayant trois pouces de diametre. Elle a un creux en-detious en forme de cône, quireçoit l'extrémité d’une pointe . d'acier, fur laquelle on la fait tourner : On la rend pefante par un cercle de métal. Pour la faire-tourner on enveloppe un ruban autour d’une tige placée au- deffus de {a furface au milieu de la glace , 8 on tire ée ruban avec force, en retenant la soupie ou en l’em. pêchant de s’incliner. C’eft dans une elpece d’écuel- le, au fond de laquelle s’éléve une pointe qui iou- tient la soupie , qu'on la fait tourner. On met au-def- fus de cette écueile un regle qu'on place comme un diametre : cette regle retient la roupie pendant qu'on tire le ruban qui paile à-travers par un trou, & on Vôte auffi-tôt que le mouvement eft donné ; plus éntire le ruban avec force, plus la soupie tourne vite: le ruban fe dégage & on Ôte la regle. Cette roupie conferve ain fon niveau : or, fipen- dant que le mouvement de la soupie eft régulier on regarde un aftre, on verra que {on image ne chan- ÿera point de place, quoiqu’on donne des fecouftes aflez fortes à la roupie. Ainf en obfervant âvec loc- tant (voyez OCTANT) , on fe penchera vers la soupie, & on fera concourir les deux images de l’aftre fur la glace : la premiere image fera celle que donnera la toupie, & la feconde celle que donnera la glace de l’alidade. Au-refte, lorfque ces deux images concourent, ou que la moitié de l’une convient parfaitement avec la moitié de l’autre, l’oétant donne le double de la hauteur de Paftre, car il marque combien laftre eft réellement élevé au-deflus de fon imagé, qu’on voit dans le miroir de la roupie. Il n'y aura donc qu'à prendre la moitié du nombre qu'on trouvera fur lotant , pour avoir lahauteur véritable de Vaftre. TOUPILLON, ( Jardinage.) eft un anias de peti- tes feuilles minces, qui viennent en confufion fort près les unes des autres fur quelques branches d’un oranger : on n’en doit réferver que deux ou trois des mieux placées, qui recevant toute la nourriture, en deviendront plus fortes. Ces roupillons, qui forment des toupets fort garnis, fervent dereceptacles aux ordures, &c {ur-tout aux unaifes. TOUPIN , £. m. ( Cordier.) eft un inftrument dont les Cordiers fe fervent pour commettre enfenible plufieurs fils 8 en former une corde. Cet inftrument eft un morceau de bois tourné en forme de cône fronqué, dont la grofeur eft proportionnée à celle de la corde qu’on veut faire : il doit avoir dans fa longueur, & à une égale diftance , autant de rainu- tes que la corde a de cordons; ainfi pour le bitord Qui n’a que deux cordons, on fe fert d’un soupir qui n’a que deux rainures diamétralement oppofées l'une à l’autre : ces rainures doivent être arrondies par le fond, & aflez profondes pour que les fils y entrent dé plus de la moitié de leur diametre. Voyez a figure. Quand les fils ont acquis un ceftain degré d'élafti- cité pat le tortillement , le toupir fair effort pour tourner dans la ain du cordier , qui peut bien réfi- fter à l'effort de deux fils , mais elle feroit obligée de céder fi la corde étoit plus grofle ; dans ce cas on traverfe le toupin avec une barre de bois À, que deux hommes tiennent pour le conduite. Voyez les fig. & Les PI, _ Comme la force de deux honunes n’eft quelque- TOU ! fois pas encore fuffifante, pour lors on a recours au chariot, Voyez CHARIOT. Voyez l’article dè la CORDERIE, | TOUQUES, £a, ( Géog. mod.) en latin moderne: Tulca, riviere de France, en Normandie. Elle porte d’abord le nom de Lezoz dans fon cours, prend ce- lui de Touques dans {a jon@ion avec l’Orbec, & fe jette dans la mer, à fix lieues du Havre-de-Grace: fon coufs eft de feize lieues. (2. J.) TOUQUOA , (Hiff. mod. Superft.) c’eft une divi= nité reconnue par les Hottentots, qu’ils regardent comme malfaifante, comme ennemie de leur nation, & comme la fource de tous les maux qui arrivent dans ce monde : on lui offre des facrifices pour l’ap- pufer. Quelques-uns de ces fauvages prétendent avoir vi ce démon fous la figure d’un monftre cou- vert de poil, vêtu de blanc, avec la tête & Les piés d'un cheval. TOUR, £ f, (Archir.) corps de bâtiment fort éle=" ve, de figure ronde, quatrée ou à pans, qii flanque les murs de lenceinte d’une ville ou d’un château, auquel il fert de pavillon : il eft quelquefois feigneu- rial, & marqué tin fief. (D. J.) Tour DU CHAT, (Archi. ) les ouvriets appel- lent ainfi un demi-pié d'iolement , & un pié de plus en épaïfleur, que le contre-mur des fours & des forges doit avoir, felon la coutume de Paris : ils le nomment aufli ruelle, (D. J. Tour DE DÔME, ( Archir.) c’eft le mur circulaire ou à pans, qui porte la coupe d’un dôme, & qui eft percé de vitraux, & orné d’architeéture par-dedans &t par-dehors. (D. J.) | Tour D'ÉGLISE, ( Archireët. ) c’eft un gros bâtis ment, prefque toujours quarré, qui fait partie du portail d'une églife, Ce bâtiment eft accompagné d’un autre pareil qui lui fait fymmétrie , & ces deux tours font ou couvertes, ou en terrafle, come à Notre-Dame de Paris, ou terminées par des aiguils les ou fleches, comme à Notre-Dame de Rheims. On appelle sour chaperonnée, celle qui à un petit comble apparent, comme à famt Jean.en Grève , À Paris. (D. J.) | TOUR 1SOLÉE, ( Archie.) our qui eft détachée de tout bâtiment, & qui fert de clocher, ainñ que la cour ronde panchée de Pife ; de fort, comme celles qui font fur les côtes de mer, ou fur les paffages d’ime portance ; de fanal, telles que les sors de Cordouan & de Gènes; de pompe, comme la our de Marly, &c. (D. I.) | TOUR DE MOULIN À VENT, ( Archir.) mur cit- culaire qui porte de fond, & dont le chapiteau de charpente, couvert de bardeau, tourne verticale- ment, pour expoler au vent les volans ou les aïles du moulin. (2. J.) | | Tour RONDE, ( Coupe des pierres.) ne fignifie pas toujours une £our, mais tout parement convexe de mur cyhndrique Ou cônique. Tour creufe eft le con= cave. Tour DE LA SOURIS, ( Archi. ) les ouvriers ap pellent ainfi deux à trois pouces d’ifolement, qu'un contre-mur doit avoir pour les poteries d’aifance, ê&t contre- mur d'un pié d’épaifleur contre un mur mitoyen pour la fofle , & entre deux fofles, quatre piés, &e. (D. J.) Tour, (Fortification.) bâtiment fort élevé & de plufieurs étages, dont la figure eft ordinairement ronde , & quelquefois quarrée ou polygone. Cham bers. Avant l'invention du canon, on fortiñoit les pla ces avec les tours jointes à leur enceinte; elles étoient éloignées les unes des autres de la portée de la fle- che, & beaucoup plus élevées que les courtines ou: les murailles de l’enceinte, afin de dominer par-tout fur le rempart & de Le défendre plus avantageufe- ment, ToUu … Pourempèchet qu'on ne pât s’infinuer d'unééours tine.dans toute l’éténdue du refte de l’enceinte,, on obfervoit én bätiflant la place, de couper le rempart en-dedans vis-à-vis les ours; on y fubftituoit, pour la communication, uné efpece de petit pont de bois qu’on pouvoit Ôter très-promptement dans le befoin. Voyez FORTIFICATION. | L+ 41 On confiruifoit aufli des iours-de charpente dans les fiéges ; on les faifoit avancer aupres des murail- les pour en chafler lesaffiégés :1l y avoit de ces sours qui avoient des béliers, & on les nommoit sortues belieres. Voyez HELÉPOLE , BÉLIER éTorTUzs.(Q) TOURS BASTIONNÉES, ( Fortification. ) efpece de petits baftions de l'invention de M. le maréchal de Vauban. Elles contiennent des fouterrains voutés à T’épreuve de la bombe ; dont l’ufage eft de mettre la garnifon &les munitions de. la place à couvert des bombes dans un tems de fiese. Voyez leur conftru- €hion dans le fecond & le troïfieme fyftème de M. de Vauban, à la fuite du #0: ForTiricATION. (Q) _ Tour MARINE, (Archireët. milis.) c’eft une cour qu'on bâut fur les côtes de la mer, pour y loger quelques foldats 8 découvrir Les vaifleaux ennemis. Ces tours ordinairement n’ont point de porte, & on y entre par les fenêtres, qui font au premier on au fecond étage, avec une échelle qu’on tire en haut quand on eft dedans : on fait quelquefois de fembla- bles sours dans la fortification des places, (D.J.) . Tour À FEU, ( Marine. ) Voyez PHARE. TOUR DE BITTE AU CABLE, ( Marine.) c’eftun tout de cable par-deflus les bittes. TOUR DE CABLE, ( Marine.) on appelle ainfi le croiïfement de deux cables près des écubiers, lorf: qu'un vaifieau eft affourché. pe Tour, f.m. serme de Boulanpers , c’eft une petite table quarrée, ferme & folide , placée auprès de leur paitrin, fur laquelle ils dreffent & tournent les mor- ceaux de pâte qu'ils ont coupés & pefés, & leur don- ent la figure qui convient à la qualité du pain quil veulent faire : c’eft au fortir de deflus le sur que lon met le pain fur la couche pour le faire lever, FOUR, ex terme de Bouronnier, C'eft une machine qui ne difrere de celle du tourneur, que par les pie- ces dont {ont garmies les poupées : celle à gauche Pétant d’un fer gravé en creux de la forme d’un bou- ton, & celle à droite vis-à-vis d’une vis qui s'appro- che vers le bouton & le contient dans fon trou, tan- dis qu’on ferre & qu’on rabat le bouton en faifant la piece gravée avec une bafcule au pié. Ce tour a un fupport fur Le devant pour appuyer &la main & l'outil, & au-deflous des poupées d’une peau qui re- çoit les recoupes. Tour oz TREUIL, ( Charpenr. ) c’eft un gros cy- lindre ou eflieu en forme de rouleau, qui fert aux ma- chines pour élever des fardeaux , & qui fe remue avec une roue, ou des leviers fur lefquels la corde tourne. (2, J.) TOUR moëile, (Charpent.) grand affemblage de charpenteà plufieurs étages, que les anciens failoient mouvoir avec des roues pour afhéger les villes, avant Pinvention du canon. Voyez l’archite@ure de Vitru- ve, & le diétionnaire univerfel de Mathématique & de Phyfique , article archiceëfure milivaire. On fait aujourd’hui des zours mobiles de charpente, pour fervir à réparer, à peindre les voûtes, & à ton- dre &c drefler les paliffades des jardins ; les jardiniers les nomment chariots. On fait encore des sours fixes de charpente pour élever des eaux ; telle eft celle qui fervoit à la ma- chine de Marly, & qui eft à préfent à l’obfervatoire de Paris. (D.J.) | Tour, les Chaudronniers appellent ainfi la machine dont ils fe fervent pour donner aux chaudrons & aux poëlons leur derniere facon. Les principales parties de ce sozr font la grande T OU 453 roué, l'établi, la petite roue, la noix &c lé coin. La grande & la petite roue font femblables à celles des Couteliers, Pétabli ef un chaffis de bois fait comme le pié d’une table, | La noix eft en plateau de bois tourné en rond ; qu'on applique fortement fur le fond de l'ouverture qu'on veut tourner; enfin, le coin eft une piece aufñ de bois , avec laquelle on ferre l’efpece d’arbre ou de mandrin que les roues font tourner. | On tourne les ouvrages de chaudronnerie avec le grattoir à étamer, &c c’eft avec cet inftrument qué fe font ces traces circulaires que l’on voit fur les poés lons & les chaudrons neufs, Voyez les Planches € les | figures du Chauderonnier , parmu lefquelles il y en à une qui repréfente le sour en particulier. TOUR , er terme de Cirier , n’eft autre chofe qu'un gros cylindre tournant fur un arbre, monté fur deux piés. À une des extrémités de cet arbre eft une ma nivelle pour mouvoir le cylindre : le sour fert à de vider la bougie filée, en fortant de la filiere. I] er faut deux pour filer la bôupie ; l'un chargé de la mé- che non enduite, & l’autre fur lequel elle fe tourné quand elle eft imbibée, Voyez PI. du Cirier. Il ÿ a encore un rour plus petir que ceux-ci ; MA de la même forme, fur lequel on fait les pélotes de coton. Voÿyez Dougrer. _ TOUR, seÿme de Corderie, F. oyez ROUET. TOUR de l'échelle, ( Terme de Couvreur, ) les Corte vreurs appellent ainfi un efpace entre deux mazures, aflez large pour y placer leurs échelles afin d’en re. parer les toits. (D. 7) TOUR , er Épicerie, eft une roue de bois touté d’une piece, dont l'arbre eft plus ou moins épais; on le charge de la bougie qu’on a Ôtée de deflus te rouet, Voyez les PJ, : Tour. ( Outil d'Horlogerie.) Défcriprion du tout dont les Horlogers Je fervent 4 repréfente dans les fgu- res & les Planches de lHorlogerie, GH ; ‘partie prin: cipale de cette inftrument , tune longue barre d'a: cier trempé, épaifle d'environ trois lignes &z'larse de fix ; fon extrémité fur laquelle eff adaptée uné poupée G P ©, eft garnie de deux plaques de cuivre, afin que la taille de l’étau ne loir point endommagée, lorfqu'on ferre le sozr par fa partie G, & E DO ef une poupée ajuftée fort exactement fur la barre prés cédente, elle y eft mobile: au moyen de la vis T, on la fixe à différentes diffances de là poupée GPC; A B font des pointes de fer ou d’acier très: mou ; leurs extrémités ont plufieurs petits trous dans lefi quels on fait entrer les pointes des pieces qu’on tour. ne: enfiñ SWZ£L P eff le fupport, compofé; 1°, dé la partie P ajuftée fur la branche À G, en telle forte qu’elle n'ait de jeu confidérable que dans {à hauteur MK ; 2°. de la piece NLL , dorit les branches LI portent un canon W, dans lequel s’ajufte la tgeFF de la piece S FF: c’eft fur cette derniere en & , qu’on appuie le burin ou l’échoppe avec lefquels on veut tourner ; & c’eft elle qu’on appelle particulierement le fupporr. Maniere de fe fervir de l'inftrument précédent. Je fuppofe qu'on aitun arbre, par exemple, à tours ner ; par le moyen de la vis T', on fixera d'abord les poupées à la diflance néceflaire ; détournant enfiüte la vis R, on ne laiffera déborder {a pointe B de fon canon, qu’autant qu'il fera néceflaire, & on la fixera par la vis. On détournera X, puis faifant entrer une pointe de l'arbre ordinairement, celle qui eff la plus éloignée du cuivrot dansun des petits trous de la poin te 5 ; onapprochera l’autre pointe 4 & on l4 fixera de façon que larbre puiffe tourner {ans jeu dans les trous des pointes du sour ; on mettra l’ärchet far le cuivrot. Cela fait ; on fera gliffer la piece P fous la partie à tourner , on avanceta le fupport vers Parbr: | en faifant gliffer les branches Z Z dans leur couliffe ; On fixera enfuite les parties PLL N avecia vis F, 456 TOU enfin onélevera le fupport S, puis le fafant tourner dans fon canon , on l’arrêtera dans la fituation requi- £e au moyen de la vis Q. Si ce font des bouts de pivots ou d'arbres, que Pon ait à tourner, on fe fervira d’une pointe à lunette Z laquelle porte une plaque Z, percée de divers trous à-travers lefquels on fera pafler les pivots. Pour des pieces délicates & fort petites ; les Horlogers {e fer- vent quelquefois de petits sours dont les deux pou- pées , figures, {ont fixes. Le fupport qu'ils emploient dans ces cas eft un morceau de bois où de cuivre qu’ils mettent dans l'étawavec le our. Tour, fm. ( zerme de Päriffier. ) ils donnent ce nom à une forte table qui a des bords de trois côtés; c'eft fur cette table qu'ils païtriffent leur farine & tournent leur pâte, doit pour ce qu'on appelle des pains bénits , {oit pour faire des croûtes , des pates, rourtes êc autres pieces de four. (D. J.) Tour de cheveux , ( terme de Perruquier. ) c’eft une irefle de cheveux qui fait tout le tour de la tête , & qui mêlée adroitement avec les cheveux naturels, les alonge & les épaifit; ces fortes de sours font pour les hommes. Les femmes fe fervent aufli de sours & faux-cheveux , ou pour cacher leur âge, ou pour fip- pléer à la rateré de leurs cheveux fur le devant de la tête & fur les tempes; ils s’attachent fous leurs coët- fures. La forme en eft différente fuivant les modes, tantôt frifés & élevés, tantôt plats &c couches mo- deftement le long du front; quelquefois ce ne font que de fimples crochets un peu tournés en croiflant ; & quelquefois aufli lorfque les dames fe coëffent en cheveux , ce quieft devenu rare depuis la fin du fei- zieme fiecle, ce font de longues boucles qui leur pendent plus ou moins, 8 fouvent juique fur les épaules. (D. J.) Tour DE CHAPEAU, (P/umaffier.) voyez PLUMET. Tour , fm. ( Poterie de serre. ) les Potiers de terre donnent ce nom à une des roues fur lefquelles ils tournent & forment les ouvrages de poterie qui doi- vent être de figure fphérique ; c’eft fur ce rour que le font les petits ouvrages, les orands s’exécutent fur la roue. ( D. J.) Tour de Potier d’étain , inftrument ou bien outil du métierle plus compofé de tous de différentes pie- ces, qui fert à tourner tous Les ouvrages de ce métier qui font deftinés pour être tournés. Le tour eft premierement compofé d'une {elle de bois forte & folide , formée de deux pieces de bois qui font féparées l’une de Pautre environ de quatre pouces pour y introduire trois poupées ; cette felle eft portée fur quatre piés d'environ un pie 8 demi de haut , .& eft longue de quatre à cinq piés ; ur cette {ellefont pofées les poupées, favoir deux à main gau- che pour l'arbre du tour, & une à main droite pour porter un bout de la barre qui eft devant le sour, pour fervir d'appui à ouvrier; ces poupées ont environ un pié & demiou deux piés d'élévation au-deflus de la felle, dans laquelle elles ont un tenon qui pafle par- deflous , & qui a une mortaife où on pañle un coin de bois qui Les arrête. L’arbre du sour qui eft de fete pañle horifontalement dans les deux poupées à gau- che dans une échancrure au haut de chaque poupee, cette échancrure eft garnie de deux collets d’étain, unà chaque poupée, dans lefquels Les deux oignons de l’atbre font enfermés fur lefquels ils roulent; Var- bre eft garni d’une poulie entre les deux poupées; 1l {orthors de la poupée en-dedans du sozrenviron trois ou quatre pouces ; & ce bouteft ordinairement creux pour y introduire un morceau defer quarré qui s'ôte & fe remet quand on veut; ce morceau de fer fe nomme mandrin ; il fert à faire les gaines des em- preintes & calibres qui fe montent fur Le our pour toutes fortes de pieces; car il faut favoir qu'il faut au- tant d'empreintes & calibres de bois qu'il y a de difféa rentes pieces à tourner ; & comme les gaines font faites avec le même mandrin, on monte toutes les empreintes {ur lui; les collets qui font ordinairement coupés oude deux pieces par lefquels Parbre du sour pafle, doivent être arrêrés par un boulon de fer qui les traverfe chacun par-deflus , ou par deux liens de fer qui couvrent les collets par-deffus avec chacum deux vis &c écrous pofés fur Le haut des poupées que. lon ferre ou lâche à fon gré. L’ouvrier feul ne peut rien faite fans avoir un homme qui tourne une roue qui fait aller le sour par le moyen d’une corde de boyau quipafle croifée dans la poulie deParbre; certe roue eftmontée fur une chaife comme celle des Cou- teliers, ou entre deux poteaux bien folides. Ily a des cours de potiers d’étain dont la forme eft un peu différente, 8 des poupées tout d’une piece qui portent l'arbre, &c. Voyez le sour & toutes les pieces quilecompofent &en dépendent, auxfs Tour , machine dontles Tourreurs{e fervent pour faire leur ouvrage. Il y en a de différentes fortes. La premiere & la plus fimple eft celle des Tour- neurs en bois repréfentée, Planche I. fig. 1. du tour. Elle confifte en un fort établi, dans lequel eft une fente où rainure F, qui traverle de part en part. C’eft dans cette rainure que l’on fait entrer les te- nons T des poupées, lefquelles font retenues fur Pé- tabli par le moyen de la clavette #7, faite en forme de coin. Les poupées ont chacune à leur tête 4, B, une pointe d'acier «, b ; la pointe 4 de figure comi- que tient dans fa poupée par le moyen d'une queue, qui la traverfe entierement ; elle y eft retenue par un écrou. L'autre pointe eft l'extrémité d’une vis taraudée dans le bois de la poupée, l’autre extrémité de cette vis eft une tête percée d’un trou pour rece- voir le barreau c, qui donne le moyen de la pouvoir tourner. Chaque poupée eft encore percée de deuxtrous, lun pour recevoir les crochets Æ du fupport D, & Pautre pour recevoir la clavette A, fe.2. qui fert à fixer le crochet où l’on veut. | Lorfque l’on veut tourner un morceau de boisG, on commence par le désroflir ou arrondir avec la hache ou quelques autres ferremens ; puis aux deux extrémités de la ligne qui doit fervir d’axe , on donne un coup de pointeau, qui eftun petit poinçon coni- que ; enfuite on avance ou on éloigne la poupée B dans la rainure F, enforte que la diftance 4 foit feu- lement de quelques lignes plus grande que Paxe de la piece que lon veut tourner. On la préfente en- fuite entre les pointes, enforte que la pointe z entre dans un des coups de pointeaux, l’autre extrémité de la piece tournée vers la vis que l’on fait tourner alors, enforte que la pointe à vienne fe placer dans le trou de pointeau deftiné à la recevoir. Lorfque tout eft ainfi difpofé, letourneur prend la corde Q Æ, fig. 2. &Fenveloppe deux ou trois fois à-l’entour de la piece G qu'ilfaut tourner ;enforte ce- pendant que la corde commence &finifle de toucher la piece par le côté qui eff tourné vers lui, ainfi qu'il eff repréfenté dans la figure. Le bout fupérieur de la corde eft attaché à une perche Q Q quipaïñle par un piton À, qui lui fert de point d'appui ; elle eft do- lée ou applatie à la partie inférieure pour en faciliter la flexion. Le bout inférieur de la corde eft atraché à l'extrémité de la pédale ou marche Æ Z, qui eftun triangle de bois, dont un côté L L eft terminé par deux tourillons , autour defquels elle fait charniere. Il eft fenfible que fi avec le pié on appuie fur la mar- che , enforte que l’on fafle baïffer la partie X ,que la corde À Q fe développera vers la partie inférieure, &cs’enveloppera vers la partie fupérieure; ce quifera tourner l’ouvrage &c fléchir la perche. Si on lâche enfuite le pi, la perche en fe rétabliffant par fon . lafticité élaficité tirera la corde ‘elle , 8x fera tourner l’ou- vrage enfens contraire, Oncontinue ainfi alternati- vement les deux aétions , jufqu’à ce que l'ouvrage _foit entierement achevé. Onfe fert auifi au-lieu de perche d’un arc d'acier, MM N, fie. 1. qui traverfe! un morceau de bois M, {cellé dans la muraille! Aux deux extrémités N.de cet arc font attachés les bouts: d’une corde; au milieu de cette corde eft une poulie. mouflée, par laquelle pafle la corde X O F, qui s’at- tache.à un crochet fcellé dans le mur , ou cloué dans létablis:on entoure cette corde: fur l'ouvrage , com- me ilvient d'être dit de lacorde X Q, fig. 2. ce qui produit le mêmeieftet.… | Mais commeul ne fufiroit pas d'imprimer à l’ou- vrage un mouvement dé rotation , mais qu'il faut: opérer immédiatement deflus:, on fe fert à cet effet’ de différens outils : tels fontles bifeaux , bec-d’âne.,! gouges, grains-d’'orge , & autres ; on a de ces fortes d'outils de toutes fortes de grandeurs & formes. Les bifeaux ,ainfi queltous les autres outils, font de bon acier, trempés au même degré que les épées. | | Le tranchant de ces fortes d'outils eft formé par Parête d’une des furfaces de la longueur, &celle que’ lon a formée en aiguifant: l’angle.que font les deux furfaces eft plus Ou moins grand , mais toujours moindre que le droit, ainfi qu'on le peut voir fy 3. n°, D. : Becs-d’âne {ont une efpece particulière de bifeaux ; il y en a de deux fortes, de droits marqués f, & de ronds marqués g. Le bec-d’äne droit ne differe des bi- feaux dextre &c gauche que par la difpofition de la- rête du tranchant, qui eff perpendiculaire à la lon- gueur de loutil. | Gouge , repréfentée fp. 3 eft une efpecé de gout- tiere , en quelque façon femblable Aux tarieres des charpentiers ; c’eft le premier outil dont on fe fert én tournant l'ouvrage. Grain-d'orge ( fix. 6.) eft un outil qui réunit en lui feul les avantages des bifeaux droits & gauches, dont 1l paroït être compolé. Tous ces outils font emi- manches, comme les fewres repréfentent , dans des mañches de bois gérmis de viroles. - Lorfque l’on veut fe fervir de ces outils, on les prend de la mam droite pär le manche, on les pofe (les bifeaux en-deflous ) fur le fupport D, eniorte que lé point d’appur foit le plus près qu'il ef poffi- ble de l'extrémité de loutil ; comme, par exemple, d'environ un pouce plus ou moins, felon quéles ma- tieres font dures ou tendres, & on l’y retient avec la main gauche én appuyant fur l'outil & contre le fupport. Si alors ouvrage vient à tourner, left ma- nifefte que Poutil-emportera toutes les parties qui ferontplus éloignées de Paxe que nel’eft le tranchant de l’outil. On obferve de ne point prendre trop de matiere à-la-fois , &c de diriger loutil felon qu'il convient aux matieres. Dans quelques-unes un bec-d’âne droit doit être dirigé vers l’axe de la piece, & avoir fon tranchant parallele à C ce même axe : dans d’autres , la direc- tion de la longueur de Poutil doit pañler au-deffus , quelquefois au-deflous , obfervant toujours que le tranchant des outils foit parallele à Paxe : d’autres fois aufh1l faut que le tranchant foit oblique à l'axe ou à lhorifon, comme lorfqu’il faut tourner du fer aigre ouautres matierés dures für lefquelles il faut opérer, comme en’fciant. Lorfque l'ouvrage eft achevé , on le poli, fi c’eft du boïs , avec de la peau de chien-de- mer Ou des mêmes copeaux ; fi c’eft d’autres matie- res , avec les polis qui leur font convenables , ainf qu'il eft exppliqué au 107 Por. La feconde efpece de cour eft le our à lunette , au- trement nommé tour en l'air ;ileft compofé de même que le précédent d'un fort établi Zà rainure , dans Tome XVI, TO AT 487, laquelle les poupées font retenues par des clavetteser. La poupée 4a une cavitéerkz, fig. 3. un bout : de cette cavité eftifermé par les.collets fa, fo: + dont lesiparties faillantes ou languettes 4 entrenr : dansune rainute ; 1ls°y font retenus awmoyen du chaperon e ; qui eft lui-même retenu/par les vis &e . écrous à c.:Leswvis 482;B quitraverfent:les chape _ rons , fenventäferrer lecollet fupérieur contre l'in- - férieurricette conftrudionfetrouve aux deux pou- pées. Outre: lesicollets:, laporipée-4a encore plu: fleutsautres pieceszd, fg.3 -qu'onappellé c/avertes 3 elles font affemblées'à la-poupée par laccheviile 4, qui les traverfe toutes; &c autour de laqüélle elles: peuvent: Le’ mouvoir du: mouvement de éharniere dans leurs coulifles. La partie + quifort-hors de lan poupée fert.pour les pouvoir lever ; on!les fair refter levées par le moyen d’un petit coin detbois que lon met deflous. La portion des clavettes qui répond au centre / de lalunette ex k », eft une portion concave de cercle ; lailunette de la Soupée B'garnie de fes. collets y eft attachée parle moyen des vis me m2, fig 1e. GS TEE ST ut À Les collets qui laiflent entr’eux un vuidé cireulaire || FS,& qui font de cuivre ou d’étain , font'traverfés par l'arbre de fer DE ; fig. 6 2, Les parties cy= hindriques:#ffont celles qui paflent par les trousides. coliets , l'arbre a dans la partie du milieu une poulie cylindrique, que l’on appelle-roix1, quieft de cuivre & quelquefois de lamême piece que l’arbre; au bout: qui pafle par la poupée Beit une efpece de difqueQ, qu'on'appelle a/frerce, &.une: vis R qui fert à monter les mandrins ; à l’autre bout del’arbre font plufieurs Vis a b cd de différentes grofféurs & largeurs, qui ré- pondent chacune aux clavettes 4 c d de la fig. r. dont les parties concaves font autant d'écrous qui fe rapportent aux vis de l'arbre Lorfque les ‘cla: vettesiont baflées , elles ne touchent point l'arbre: mais lortqu'on en leve une par le moyen du petit coin de bois dont on a parlé, les pas d'écrou dont elle eft empreinre dans fa partie concave, recoivent les pas de vis qui lui répondent | ce qui produit le mème effet que fi laivi de l'arbre pañloit: par un écrouventier ; 1l faut remarquer qu'il ne idoit ja- mais y avoir deux clavettes levées à-la-fois, & que la derniere du côté des collets n’a point de pas d’écrou , mais feulement un tranchant qui entre duns une rai- nure faite à l’arbre. Cette clavette eff toujours levée lorfque lon veut tourner rond , les autres ne fervent que lorfque l’on veut tourner des vis. Le fupport de cette forte de rour eft plus compofé que celu du précédent , la partie 8 C, fig 6. PL IT. du tour , qu’on appelle proprement /xpport | & qui eft de cuivre a, le biteau 8 de fer &c la partie horifon- tale €, percée d'un trou dans lequel pafle la vis de la fourchette de fer C'Æ Æ, la clé 4 fert à {errer l’é- crou Cqui affermit le fupport {ur la fourch:tte. Pour s’en fervir , on pofe la fourchette fur Pécabli, en- forte que fes branches croifent la rainure M ; qui eft plus longue que la fgwrene repréfente. On prend en- fuite une piece de fer D A, que lon'appelle à caufe de fa figure #7 T , que l’on fait pafler entre les bran- ches de la fourchette:, & au-traÿers de la-rainure de Pétabli , les crochets du T fur les branches de la fourchette | ainfi que’ la figwre répréfente, on enfile enfuite par-deflous l’établi la rondelle Æ & l’écrou à oreilles & , avec laquelle on! arrêté fermement la fourchette &'le fupport. A, | On fait tourner l'arbre de ce sowr par les mêmes moyens que l’ouvrage dans le précédent , en enve- loppant la corde autour de la poulieou noïxC, fx re & 2. dont le bout fupérieur eft attaché à la perche, & l’inférieur qui pafle par la grande rainure de l’étas bli à ta pédale où marche, Pour appliquer l'ouvrage fur le sr; on com M m rm 458 TOU mence pat faire un mandrin. Le mandrin eft une piece de bois ordinairement de hêtre ou de poirier de forme cylindrique , dans le milieu de la bafe duquel on perce un trou où l’on fait un écrou du même pas ; & pour recevoir la vis À, fig. 1. 62. on vifle le mandrin fur l’afiette Q , & enfuite on le tourne en creux pour recevoir les pieces convexes , & en relief pourles pieces concaves. On obferve que l’ou- vtage entre un peu à force, afin qu'il femble faire une feule piece avec le mandrin &r l'arbre. On opere deflus par le moyen des outils , dont il a été parlé ci-devant, ou avec des burins & échopes , files ma- tieres que lon travaille font métalliques. | Outre les moyens ci-devant expliqués, d'impri- mer à l’ouvrage le mouvement de rotation , on fe fert d’une grande roue D, PI. IL. fig. 7. compofée d’un moyeu traverfé d’un effieu de fer , dont les tou- rillons portent fur les collets des jumelles, & de plu- fieurs rayons O P , dont un bout entre dans le moyeu , & l’autre dans le cercle de la roue, fur l’é- paifleur duquel il y a-une rainure gravée ; enforte ue la roue reflemble à une poulie, dont en effet elle fe la fonétion. Environ aux deux tiers des rayons, il y a une autre poulie Æ fur laquelle on pañle la cor- de abc d, lorfque l'ouvrage que lon tourne de- mande plus de force que de vitefle. Il y a quelque- fois aufli de l’autre côté de la roue , & au premier tiers des rayons, une autre petite poulie, qui fert à tourner les ouvrages qui demandent encore plus de force. Toute cette machine qui a environ fix piés de diametre porte par fon axe, qui eft horifontal, fur | un fupport compofé.de deux couches C , & de deux ) jumelles ou poinçons 4 , &t de quatre étais ou fiches B. Les deux côtés du fupport font entretenus en- femble par les traverfes G. Les jumelles ont des couffinets f pour recevoir les tourillons de l'axe, qui font recouverts par le chaperon F mobile en char- niere , à une de fes extrémités : au bout de l’axe pro- longé eft un quarré fait pour recevoir la clé ou ma- nivelle M, voyez MANIVELLE, par le moyen de la- quelle un homme fait tourner la machine. Pour fe fervir de cette machine, il faut avoir une pouhe ? même figure , d’un diametre proportionné à celui de la roue & à celui de l’ouvrage , que l’on tourne prefque toujours entre deux pointes, comme il a été expliqué ci devant à larrick TOUR EN BOIS, fur le- quel on peut tourner toute autre matiere que du bois. Lorfque la nature de l'ouvrage exige d’être tourné entre deux pointes, on attache cette poulie {ur l'arbre lorfque l'ouvrage doit être tourné fur le tour à lunette, Voyez P, Planche IT. fig. 2. où fur l’ouvrage même , lorfque l'ouvrage demande d’être tourné entre deux pointes, ou à une corde fans fin a b cd, dont les bouts font foudés enfemble de la même maniere que les cordiers foudent deux ca- bles enfemble , on pañle la corde fur la poulie de l'ouvrage avant qu’elle foit montée fur le sour, & dans une des poulies de la roue qui doit être placée; enforte que fon plan foit dans le même plan que ‘ celui de la poulie , & perpendiculaire à l'axe de l'ouvrage , enforte que la corde fe croile , ainfi que la figure. 7. repréfente. El eft fenfble, & Von tourne la manivelle M du côte où il faudroit ajouter, fi on vouloit achever la courbe dont elle n’eft qu'une partie , que la roue fe remue , felon la fuite des let- tres D cb A D , & la corde felon celle de lettres ab AD cdP à, & par conféquent la poulie & l’ou- vrage felon les lettres d P 4. L'avantage de cette maniere de tourner eft que l'ouvrage va toujours du même fens. Lé tems des retours qui eft perdu dans les autres manieres eft mis ici à profit ; auf eft-elle la plus expéditive. Son défavantage eft qu’elle exige deux ouvriers , l’un pour tourner la roue , &c l’autre pour travailler fur "à TOU l'ouvrage, Cet ouvrier-ci eft placé entre la roue & la poulie , enforte que la croifée de la corde eft à fon côté ; l’autre ouvrier eft placé à côté du fupport de la roue, le devant du corps tourné vers l'ouvrage, dont il eft un peu plus éloigné que les jumelles. La troifieme efpece de cour ef le tour figuré ou fr- gurer , reprélenté en perfpeétive , PJ, III. durour , & dont les différentes parties {ont détaillées dans la Planche IV. il eft compofé de deux faufles poupées AB , placées en travers de la rainure de l’établi , ain- fi qu’il fera expliqué : & de deux autres poupées à lunetes CD, mobiles autour d’un axe DD, auquel elles font fermement atrachées , ainfi qu’on le peut voir dans la fig. 1 & 3. PI. IV. aux deux extrémités de Paxe DD , {ont deuxtrous coniques deftinés à rece- voir les pointes fdes vis F taraudées dans les faufles poupées dont la longueur eft dirigéefuivant la gran- de rainure de l’étabhi, au niveau de la furface fupé- rieure duquel elles font placées , enforte que lorfque axe DD eft monté furles pointes ff, la moitié de cet axe foit au-deflus de la furface de l’établi , & l’autre moitié au-deffous, plongée dans la rainure: au milieu de l’axe , eftune branche ou barre defer DE qui defcend en en-bas, dont la longueur prife depuis le centre de Paxe, jufqu'’au milieu de la mortaife £, eft égale à celle des poupées prife depuis le centre de ce même axe, jufqu’au centre de leurs lunettes. La mortaife Æ doit être percée dans la barre DE, en forte que fa direétion foit perpendiculaire au plan qui pafle par l’axe & la barre ; c’eft par cette mortai- {e que pañle la verge ou cramaillere PO , dont l'ex- trémité O eft attachée à l'extrémité O de reflort fer- pentin ŸO, dont nous expliquerons lufage. Ce ret- {ort eft attaché à la furface inférieure de létabh IT, par la vis #. Voyez PL IF, fig. 3. L’axe €C qui pañle par le centre des lunettes eft compolé de plufieurs pieces ; la piece fondamentale CabCR ( fig. 5.) qui eft véritablement l'axe, a deux parties, ou tourillons cylindriques CC, qui paflent par les collets des lunettes ; à une des extrémités eft une afliete Q &zune vis R, quifervent pourmonter les mandrins, comme dans le fimple tour à lunette ; à quelques pouces de diftance eft une piece €, que fa forme & fa fituation ont fait appeller contre affrerte l’efpace compris entre l’afiette Q & la contre-affier- tee, eft le tourillon C. A l'autre extrémité de axe eft l’autre tourillon €, & la vis Z, la partie de Paxe ab comprife entre la vis d &c la contre affiette e , eft un prifme poligone ordinairement à huit pans; on en- file fur ce prifme quieft de fer , un cylindre 4ABDE de cuivre; ce cylindre eff percé d’un trou dans toute {a longueur , qui fe rapporte exaétement avec les fa- ces du pan de Paxe , fon diametre eft d'environ un pouce moindre que celui de la contre-affiette e ; ila dans fa longueur un filet ou moulure, faillant de deux lignes de gros ou environ : fur ce cylindre, ainfi conftruit , on enfile une rofette ou difque de fer Z, ( PL IV. fig. 1.) qui a, ainfi que toutes les autres pieces que l’on enfile fur le cylindre, une entaille convenable, enforte que lefilet qui eft fur le cylindre, puifle s’y placer ; il fert en cette occafon d’arrêt pour empêcher les rofettes & viroles de tourner fur lui : après qu’on a enfilé une rofette, on enfile une piece À, qu’on appelle virole, qui a un renfort, ou anneau , à une de fes extrémités , enforte que la partie de la virole qui a le renfort, foit appliquée fur la rofette ; après celle-c1 on en met une autre, mais en obfervant de la tourner en fens contraire, pour que les deux parties des viroles qui n’ont point de renfort, fe touchent , comme on le voit dans la #- gure. Après cette autre virole, on païñle une rofette figurée , enforte que la partie de la rofette qui a un creux ou excavation , foit tournée vers À, ou vers les viroles : après cette rofette on en met une autre, tournée en Yens contraire 77, puis deux viroles X ; ainfi de fuite alternativement , dans toute la longueur du cylindre ABDE , fur lequel on a foin de réfer- verune place pour Pañliette P, la grande poule ©, la petite poulie G , & la contre-affiette P , au-delà de laquelle on met l’écrou #7, que l’on vifle fur la vis a (fig. 4.), par le moyen de laquelle on affermit les unes contre les autres , toutes les pieces comprifes entre les contre-affiettes e, p. Il y a aufli une autre confiruétion d'arbre, dans _ laquelle la partie de l’axe qui répond dans le cylin- dre , depuis l’afiette ejufqu’à Pafliette P , que l’on a dit être à huit pans, eft exattement cyhindrique ; &z la partie de Parbre qui répond aux poulies O, G, P, quarrées ou à pans; enforte quele cylindre avec les rofettes & viroles, peut tourner fur l'arbre, fans que les poulies ni l'arbre tournent : pour le fixer où Von veut, il y a fur la contre-afliette P , qui ef la derniere piece enfilée fur le cylindre, un rochet taillé à la circonférence , & qui s’applique contre le côte de la poulie O , où il eft arrêré par un cliquet muni de fon reflort. On change les rofettes de pofi- tion fur l'arbre, felon que lon veut varier le defein. Sur le chaffis CD DC, ( fig. 1. PL. IF.) du côté de lafliette des mandrins , eft un reflort X x, dont la fonétion eft de repouffer l’arbre ou axe de À vers C, - enforte que les tourillons glifent dans les collets des lunettes; quelquefois , felon que l’on donne de la force au reflort Xx, on le fait pouffer l'arbre de C enR, ce qui fert lorfque l’on travaille avec les ro- fettes qui regardent vers l’afiette Q : le bout x du reflort eft fourchu , & prend entre fes branches le tourillon qui a une rainure circulaire pour le rece- Voir. Toute cette machine eft entourée d’une autre LM ML (PL III. fig. 1.) , que lon appelle cage, qui eft de fer &z d’une forte confiftance ; les barres horifon- tales MM ont Le milieu de leur épaifleur au même ni- veau que le centre des lunettes. #oyez PL 1V. fig. 3. Les quatre montans ZM de la cage, ontune queue L e , qui traverfe l'épaifleur de l’établi auquel ils font perpendiculaires ; l'extrémité e de cette queue eft faite en vis , par le moyen de laquelle, & d’un écrou , on vient à bout d’affermir la cage fur l’éta- bli ; les deux côtés de la cage font entretenus enfem- ble par le moyen de deux traverfes, lune droite qui pañle au-deffous de l'axe, dans Pefpace P X ( fg. 1. ë une courbe dans la concavité de laquelle pañle le reflort X x ; ces deux traverfes font aflemblées avec tenons & mortafes dans les montans dela cage. Onadit que la branche DE (PL IF. fie. 1 & 3. ja pañloit par la grande rainure de établi, & que la verge ou cramaillere PO pañloit par fa mortaife, que l'extrémité O de la verge étoit attachée à l'extrémité O du reffort FO que l’on fait en ferpentant , afin que dans l'efpace VO , il foit équivalent au reffort plus long & qu'il foit plus flexible ; fi donc on poufle la verge PO de Pen O , d’une quantité fuffifante pour donner aflez de bande au reflort FO, & que lon mette une cheville qui traverfe la barre DE & la verge PO , 1l eft fenfible que lorfqu’on abandonnera la machine à elle-même, que le reflort 7’O , tendant à le rétablir , pouflera de toute fa force la verge OEP vers P, mais le point Æ de la barre DE, ne fauroit le mouvoir vers P , fans que le point C qui lui eft oppofé , ne fe meuve vers M.Tous les chafis CDEDC, fafant charniere aux points D D : fi au- lieu de pouffer la verge PO, on lavoit tiré à foi par la mortaile Æ fuffifamment pour donner de la bande au reflort enfens contraire , en fe rétabliffant il tire- roit à lui lepointE, ce qui feroit aller la lunette C'en fens oppofé, vers l’autre côté de la cage. On fait tourner l'arbre ou axe fur lui-même, par un moyen différent des autres, & qui réunit en lui Tome API, TOU 459 feul tous leurs avantages ; ce moyen eft l'application d’un volant Æ(PZ. LIL, fig. 1.) dont le plan eft perpen- diculaire à l’horifon;fur l'axe de ce volant qui traver- fe la boëte X, eft une poulie G attachée parle moyen d’un quarré ; par-deflus cette poulie & une de celles qui font montées fur l’arbre , pafle une corde fans- fin, qui le croife, ainfi qu’il a été dit ci-devant dans la defcription de la roue des tourneurs. Si on fait tourner le volant, la poulie G qui eft fixée fur fon arbre , ge manquera pas de tourner aulfi, & par con- féquent e faire tourner la poulie F, qui eftune de celles qui font montées fur l’axe du so4r : on obfer- vera qu'il faut toujours faire tourner Le volant en fens contraire à celui auquel on veut que ouvrage tour- ne, & qu'il tourne toujours du mêmefens : ce qui eft l'avantage d’une des méthodes de tourner, ci-de- vant expliquées. L'autre avantage , c’eft qu'il ne faut qu'un feul Ouvrier, qui par le moyen d’une marche , où l'ex- trémité F de la corde va s’attacher , entretient le mouvement du volant, de même qu’un gagne-petie entretient le mouvement de fa meule; la feule atten- tion à avoir, c’eft de donner à propos le coup de pié ; la feule regle que l’on puïffle donner lä-defus, eff de n’appuyer que lorfque la cheville excentrique, ou lextrémité de la manivelle , commence à defcen- dre, & de lâcher ou mollir le pié , comme les ou- vriets s'expriment, auflitôt qu’elle commence à re- monter; mais c’eitune chofe d'habitude quis’acquiert aflez facilement. | La vis P fert à élever ou à baïfer le long du pié PS, la boëte À , afin de tendre la corde fans-fin {ur les poulies : la hauteur du pié S2 doit être telle qu’- avec celle de Pétabli, un homme de taille ordinaire ne court point le rifque de fe caffer la tête contre le volant. Lorfque lon veut travailler fur le oz, on met une piece N (Jp. 1. PI, LIL € fig: 4. PI. IF), qu'on appelle porte roulerte, fur une des barres horifontales MM de la cage, le long de laquelle elle peut cou- ler, y étant retenue par le petit crochet 4 auquel on a ménagé un pañage 77 au haut de chacun des mon- tans de la cage, & on lefixe où l’on veut pat le moyen de la vis C ; la fourchette 4 porte une roulette que l’on préfente à la rofette dont on veut fe fervir, en- forte qu’elle porté fur la circonférence, & le refiort VO , dont on a parlé, l'y retient continuellement appliquée ; fi alors on fait tourner l'arbre, chaque point de la rofette s’appliquera fuccefliyement {ur la roulette « ; mais comme les rofettes font figurées, ét qu’elles ont des points, les uns plus près, les autres plus éloignés de laxe, & tous ces points devant tou- cher la roulette , ils ne pourront le faire fans que l'axe s'approche & s'éloigne alternativement du por- te-roulette; ce qui fera paroître les poupées DC, DC, dans un balancement continuel, & tous les points de l'ouvrage montés fur l’affiette Q des man- drins , comme dans le fimple tour à lunette, décri- ront une courbe femblable à celle dela circonférence de la rofette : pour guillocher fur le plat, on fe fert de l’autre porte-roulette N'{fg. 4. 2°, 2. PL IF. ds dont le nez en fourchette 4 eft recourbé , enforte que Le plan de la roulette foit parallele à la longueur de la couliffe : on le met fur un côté de la cage, en forte que la fourchette a foit dans l’efpaceque laiflent entre elles deux paires de rofettes, la roulette tour- née vers le renfort de la rofette dont on veut fe fer- vir ; fi alors on fait tourner l’arbre , les rofettes tour- neront auf , & le reflort Xx pouflant contre la rou- lette , pour faire appliquer deffus , les uns après les autres , tous les points de larofette, l’arbre aura un petit mouvement dans les collets des poupées de À en ©, & de Cen À, mouvement qui fe communique ra auffi à l’ouvrage, M m m i; 469 T OU Le fupport de cette forte de rour , repréfenté P2. : IL. fig. 2. eft le plus compofé de tous , 1l confifte ainfi que celui du précédent, en une fourchette D qui eft recouverte, & en une piece BC qui eft fixée de quel côté on veut , par le moyen de la vis £ ; ces pieces font de cuivre; aux deux côtés de la partie verticale B font des coulifles dans lefquelles la piece de fer F, qui eft fendue dans fa partie horifontale &c à fes extrémités, peut fe mouvoir & être arrètée par les écrous Pour fixer Les outils fur ce fupport , car dans cette forte d'ouvrage ils demandent d’être bien affermis, on fe {ert d’une piece 4 qu’on appelle ero- chet, dont on fait pafler les extrémités + par la fen- te de la partie horifontale du fupport , de forte qu'il foit accroché au-deflous; on place enfuite un outil 1, que l’on tient de la main droite fur le füpport , le manche 4 du crochet par deflus, fur lequel on ap- uie fortement de la main gauche, ce qui affermit outil. Voyez la fig. 2. PL LIT, n°. G. On affermit auf l’outil fur le fupport, parlemoyen d’une boëte ou noix femblable à celle qui retient la fourchette du sour des horlogers. Voyez dans Les ou- tils d’horlogerie. L'ouvrage que l’on applique fur Le sour à figurer, doit être dégroffi & arrondi auparavant fur le our à lunette, où il fe monte fur des mandrins ; les ou- tils avec lefquels on travaille , font des bifeaux ou becs d'âne, figurés ainfique le deffein que l'on veut exécuter exige. Voyez les noms &c la defcription de tous ces outils, ci-devane & PI, I. du sour, &t à leur article. | Tour ELLIPTIQUE , Ou à sourner des ellipfès , eît une machine qui s'adapte fur Le sour à lunette: 1l eft LA compolé de deux platines & d’un anneau. La grande . platine quieft ronde, Planche F. fig. 1. eft percée de deux tours, qu'on appelle fenétres , marquées dans la figure SS. Elle a deux couliffes, 4B, CD, qui font retenues fur la platine par le moyen de quatre vis 4 BCD, qui ont leurstêtes gaudronnées afin d’avoir plus de prife. Les trous des coulifles par où pañlent les vis, font de forme elliptique pour que les deux couliffes puiffent fe rapprocher Pune de l’autre ; ce qui fe fait par le moyen des quatre pilons &t des qua- tre vis ABCD. L’efpace que laïflent entr'elles les couliffes , eft occupé par la petite platine, fig. 2. qui eft un cercle dont on a retranché deux fegmens. Les côtés AB, CD, font en bifeau incliné au plan de la platine de 45 ; cette platine coule entre les couliffes AB ,CD , fig. 1. dont les bifeaux recouvrent exaëte- ment ceux de la platine , comme on le peut voir par les lignes ef, du profil fig. 3. Les écrous EF, fig. 2. retiennent les pesics T, fig. 6. ainfi nommés à caufe de leur figure, à la platine mobile. La partie quarrée des petits T glifle dans les fenêtres SS de la grande platine; l’afhette &, & la vis À fervent pour monter les mandrins. On voit comment les petits Ttraver- fent la grande platine dans la figure 4. qui eft envers de la premiere ; lailiette : &r l’écrou k que l’on y voit, fervent pour monter toute cette machine fur l'arbre. L’anneau que l’on voit repréfenté, figure 5. eftune portion © de cylindre concavo-convexe ou cylin- dre creux. Elle eft attachée fur une plaque NN, per- pendiculaire à l'axe du cylindre qui eit parallele à celui du sour. Les parties NN de la plaque, & qu'on appelle oreilles, font percées par des fenêtres dont la longueur s'étend du même fens que celle de ’la plaque. Toute cette piece s'applique contre la pou- de à lunette À, qui a deux oreilles ?P , enforte que l'afliette à & la vis k des mandrins, pañent dans Ja concavité du cylindre, enforte cependant que la vis À w’outrepañle point la bafe antérieure du cylindre. Cette piece eft retenue appliquée contre la poupée par le moyen des vis à têre LM, dont la tige traverfe les fenêtres NN de la plaque de l’anneau , & vontpé- nétrer dans les oreilles de la poupée, où ils font rete- nus par des pas d’écrous. _ On viffe enfuite les deux platines affemblées fur l’affiette J des mandrins. Le côté de la figure 4.tour= ne vers l'anneau, enforte que les T, EF, le tou- chentextérieurèment, voyez fig,7. Si alors en fait tour< ner l'arbre :k, & par conféquent les platines mon- tées deflus, & que l’anneau foit excentrique à Par- bre , c’eft-à-dire in’ait point l’arbre à fon centre, on verra la petite platine fur laquelle ouvrage eft mon- té, glifer alternativement dans les couliffes de l'au- tre qui tourne rond avec l'arbre. Pour bien entendre comment cette conftru&tion donne des ellipfes, il faut remarquer, figure 7. que fi autour du point k, qui eft le centre de Parbre, on fait tourner un plan dans lui-même, c’eft-à-dire comme tourne un plan perpendiculaire à l'axe, que tous Les points de ce plan décriront des cercles; que fi on a la pointe d’un burinau pointP,que le point 4 également éloigné du centre k, que la pointe 3 viendra la trou ver en décrivant l’arc AB, ce qui reviendra au mé- me que fi la pointe B avoit parcouru le même arc AB , en allant de B en À. Il en fera de même d’un autre point +, qui décrira un arc de cercle ag, concentrique au premier; mais file rayon ka fe raccourcrifoit en s’inchinant au rayon kg, enforte que le point # pañlât par #, moins éloi- gné du centre k, la courbe que décriroit ce point ne {eroit pointun arcde cercle; c’eft ce que faitnotrema- chine dont l’anneau eft repréfenté par le cercle ex- centrique dzyez, ces petits T qui comprennent l’anneau par zx, la direlion des couliffes par x. Il eft fenfible que fi en tournant, on fait incliner la Li- gne x4 à l’horifontale gf, que l'extrémité e du Tx gliffera fur l'axe ez du cercle excentrique; ce qui ne pourra fe faire lorfque le point z s'approche du point k, les deux T ne quittant jamais la circonfé- rence de l’anneau , enforte que lorfque la lignes x coincideraavec l’horifontale £f, les Tu x auront pris la pofition yz, ce qui fera parcourir à un point 4, monté fur la même platine que les T , un arc 4h d’el- lipfe, au lieu d’un arc de cercle ag. Ce qui revient. au même que-fi là pointe du burin placée en #, dé- crivoit ce même arc en allant de 4 en «+. Préfente- ment fi la machine continue de tourner , le rayon ak, qui park, zk, eft devenu yk, s’alongera en paffant par les degrés ok, yk, & deviendra xk. C'eft cet alongement & ce racourciflement qui font la différence des deux axes, qui eft toujours double de l’excentricité de Panneau. Tour , ff. (if. mod.) on donne auffi quelque- fois ce nom à une forterefle qui fert de prifon d’é- tat, telle que la our de Londres. Cette fameufe sour eft non feulement une citadel- le qui défend & commande la ville ; la Tamife, Ge. mais c’eft encore une maifon royale où Les rois d’An- gleterre ont quelquefois tenu leur cour; un arfenal royal qui renferme des armes & des munitions de guerre pour 60000 hommes ; un tréfor où l’on gar- de les joyaux & les ornemens de la couronne ; une monnoie où l’on fabrique les efpeces d’or & d’ar- gent. Là font auf les grandes archives du royau- me, où l’on conferve tous les anciens regifires de la cour de Weftminfter, & les rôles ou terriers de tout ce que les rois d'Angleterre poflédoient au- trefois en Normandie, en Guienne, & les fiefs de leur mouvance, &c. Enfin c’eft la prifon principale où l’on renferme les criminels d'état, ou comme on dit de haute trahifon. Voyez ARSENAL, MONNOIE, Ge. Au milieu eft la grande sour blanche &z quarrée, qui fut bâtie par Guillaume Le conquérant. Dans Fen- ceinte de la cour eft une éslife paroïfiale exempte de TOU toute jurifdiétion de larchevèque, & une chapelle royale où l’on ne fait plus de fervice. Le principal officier de la sowr eft le connetable ; qui a fous lui un lieutenant qui lui eff entierement fubordonné , & n’agit que par fes ordres ; même en fon abfence. Différens rois d’Angletetre ont attribué au connetable le droit de prendre un flacon tenant deux gallons & une pinte de vin, fur chaque ton- neau, & une certaine quantité d’écrevifles, d’hui- tres, & d’autres poiffons à coquille , fur chaque bâ- timent anglois chargé de ces marchandifes; &c le double fur tout vaifleau étranger qui pafle devant la sour. Il jouit auffi d’un honoraire de 200 livres pour _ chaque duc que lon y conftitue prifonnier, 100 li- vres pour chaque pair qui n’eft pas duc, & so livres pour tout autre particulier de quelque qualité ou condition qu'il foit. Poyez CONNETABLE. Sous cet officier, & en fon abfence fous le lieute- nant, eftun gentilhomme de la porte ,avec plufieurs gardes. Ce gentilhomme a la charge d'ouvrir & de fermer les portes, de remettre tous Les foirs les clés au connetable ou au lieutenant, de les aller prendre le matin chez l’un ou chez l’autre. Il commande les gardes qui font en fattion le jour; & à l'entrée de chaque prifonnier , 1l a pour fon honoraire le vête- ment de deffus, ou un équivalent : lequel pour un pair du royaume, eft ordinairement de 30 livres, & de $ pour tout autre particulier. Autrefois le roi accordoit à un duc ou marquis pri- fonnier à la tour, 12 livres fterlings par femaine, ce qui eft aujourd’hui réduit à 4 livres ; à tous les autres pairs, ro livres par femaine, qui font réduites main- tenant à 2 livres 4 fchelins $ deniers ; aux cheva- liers 8 gentilshommes, 4 livres, réduites à 13 fche- lins 4 deniers; & aux perfonnes du commun, il ne donne maintenant que 10fchelins par femaine : pour ce qui eft des gardes de la tour, Voyez GARDES. Dans Pancienne franchie qui joint la sour, on com- prenoit aufh l’ancien parc d’artillerie, près de la place nommée /prrtle-fld, comme auf ce qu’on appelle les petites minories , où le gentilhomme de la porte exerce la même autorité que les shérifs dans leur ref {ort. Voyez ARTILLERIE, éc. _ Tour, (Jurifp.) fignifie en Angleterre {a cour d’un shérif, laquelle fe tient deux fois par an dans chaque canton de la province; favoir un moïs après Pâques, &t un mois après la S. Michel. Voyez SHÉRIF. Perfonne n’eft exempt de cette jurifdiétion que les archevèques, les évêques , comtes, barons, re- higieux , religieufes , 8 tous ceux qui pofledent des cantons en propre, & les font valoir par eux-mê- mes. On lappelle sour du shérif, parce que ce magiftrat fait une tournée dans la province, &tient fa cour en différens endroits. Tour, (Ar: numifmatig.) la tour fur les médailles, défigne un magafin fait pour le foulagement du peu- ple; mais on ne trouve de tours fur les médailles que depuis Conftantin. (D. J.) TOUR DE COUVENT, (Charpenr.) c’eft dans un couvent de filles ,une efpece de machine en forme de boifleau , ouverte en partie, & pofée verticalement à hauteur d'appui dans la baie d’un mur de refend, où elle tourne fur deux pivots pour faire pañler di- - verfes chofes dans le couvent , & les en faire fortir. On appelle auffi sour la chambre où ef cette machi- ne. Il ÿ a des religieufes prépofées au our, qui par- lent au cour, & qu'on appelle dames du tour. Voyez TouRïERE. (D. J.) À Tour DE LÉANDRE , (Archi, surg.) c’eft une pe- tite forterefle, fituée fur un rocher dans le canal de Conftantinople , entre cette ville & celle de Scutari en Natolie. On voit de cette sour toute la ville de Confiantinople, Péra, Galata, & plufeurs autres TOU 461 édifices qui fontune très-belleperfpe@ive. Lés Tures nomment cette éowr Khes-calefr, c’eft-à-dire rour de la pucelle ; mais les Francs ne la connoifient Que fous le nom de /2 cour de Léandre, & c’eft fous ce nom que j'en ai parlé avecun peu plus d’éténdue, quois que Je fache bien que les amours d’Héro & de Léan: dre fe foient pañlés bien loin de là, fur les bords du canal des Dardanelles, (D.J) Tour DE MÉCENE, (Lisérar,) mailon très-haute de Mécene, que les Poëtes ont chantée, parce qué c'étoit la maïfon du protetteur des letries ; mo/ems propinquam nubibus | difoit Horace en parlant de cette maïlon : elle donna vraiflemblablement le defir & l'envie aux autres grands feigneurs de Rome , OU aux gens riches de Pimiter. Quel devoit être le fracas d'une ville où l’on pouvoit , dit-on, compter prèsdé 3000000 d’habitansune ville, quifelonlafupputation de Pline, comprenoit avec fes fauxbourgs quarante: huit nulles de tour, 8 dont les maifons pouvoient avoir jufqu’à fept étages, chacun de dix piés de hau- teur ? Enfin cette pañlion d’élever des palais jufau”- aux nues, alla fi loin en peu d’années, & les chîîtes des maifons devinrent fi fréquentes, qu'Auguite fut obligé de porter une loi qui défendoit aux particu- liers d'élever aucun édifice qui eût plus de 70 piés romains de hauteur, ce qui revient À 65 de nos piés de roi &r 3 pouces. ( D. J.) TOUR D'ORDRE, (Lirérar.) nom que porte le phare de Boulogne, & que M. de Valois rend par les mots de surris ordinis ; cependant ni le mot françois ordre, ni le latin ordo, ñe paroiflent être l’origine d’une pareille dénomination. Ce phare eft très-an- cien, & ayant été conftruit pour diriger le cours des vaifleäux qui abordoïent à Boulogne ; Ville au- trefois célebre par fon-commerce ; il fut réparé par les foins de Charlemagne. Son ancien nom étoit Ordrans, comme on lapprend de la viedeS. Folenin évêque de Terrouenne; mais Ordrans paroit une lé- gere corruption d’'Ordans. Plufieurs croient avec aflez d'apparence, que surris Ordans s’étoit fait de curris ardens, la sour ardente, ce qui convenoir par- faitement à une rour où le feu paroïfloit toutes les nuits. Voyez PHARE. (D. J.) TOUR DE PORCELAINE, (Æiff. de la Chine.) cette fameufe sour eft de figure o@ogone , large d'environ quarante piés, de forte que chaque face ena quinze. Elle eft entourée par-dehors d’un mur de même 4 gure, éloigné de deux toifes & demie , & portant à une médiocre hauteur un toit couvert de tuiles ver niflées ; ce toit paroïît naître du corps de la our, & forme au-deflous une galerie affez propre. La cour a neuf étages dont chacun eft orné d’une corniche de trois piés à la naïflance des fenêtres, & diftingué par des toits femblables à celui de la galerie, à celaprès qu'ils ont beaucoup moins de faillie,parce qu'ils ne font pas foutenus d’un fecond mur ; ils de- viennent même beaucoup plus petits, à mefure que la sour s'éleve & fe rétrecit, | Le mur a du-moins fur le rez-de:chauflée douze e d’épaifleur, & plus de huit & demi parle haut, Left incrufté de porcelaines pofées de champ ; la pluie &z la poufliere en ont diminué la beauté; cepenr dant 1l en refte encore affez pour faire juger quec’eft én effet de la porcelaine quoique groffere ; caril ya apparence que la brique, depuis trois cens ans que cet ouvrage dure, n’auroit pas conferyvé le même éclat. | | L'efcalier qu’on a pratiqué en-dedans, eft petit & incommode , parce que les degrés en font extrème- ment hauts ; chaque étage eft formé par de srofles poutres mifes en-travers, qui portent un plancher, &t qui forment une chambre dont le lambris eft enri- chi de diverfes peintures, f néanmoins les peintures de la Chine font çapables d’enrichirun appartement, 402 TOU Les murailles des étages fupérieurs font percées d’une infinité de petites niches qu’on a remplis d- doles en bas-relief, ce qui fait une efpece de marque- tage très-propre. Tout l'ouvrage eft doré, & paroît de marbre ou de pierre cifelée ; mais je crois que ce n’eft en effet qu’une brique moulée & pofée de champ; car les Chinois ontune adrefle merveilleufe pour 1m- primer toute forte d’ornemens dans leurs briques, dont la terre fine & bien faffée eft plus propre que la nôtre à prendre les figures du moule. | Le premier étage eft le plus élevé, maisles autres font entr’eux d’une égale diftance. On y compte cent quatre-vingt-dix marches prefque toutes de dix bons pouces, ce qui fait cent cinquante-huit piés ; fi l’on y Joint la hauteur du maffif, celle du neuvieme étage qui n’a point de degré, &c le couronnement, on trou- vera que la our eft élevée fur le rez-de-chauflée de plus de deux cens piés. Le comble n’eft pas une des moindres beautés de cette tour : c’eft un gros mât qui prend au plancher du huitieme étage, & qui s’éleve plus de trente piés en-dehors. Il paroït engagé dansunelarge bande de fer de la même hauteur , tournée en volure, & éloignée de plufieurs piés de l'arbre, de forte qu’elle forme en l’air une efpece de cône vuide & percé à jour, fur la pointe duquel on a pofé un globe doré d’une grof- feur extraordinaire. Voilà ce que les Chinois appel- lent la cour de porcelaine | & que quelques européens nommeroient peut-être la our de brigne. Quoi qw’il en foit de fa matiere, c’eft aflurément l’ouvrage le mieux entendu , le plus folide, & le plus magnifique qui foit dans l’orient, à ce que nous aflurent les rr. pp. Jéfuites. (D. J.) Tour, (Juri/prud.) eft le rang dans lequel plu- fieurs perfonnes ont droit de nommer ou préfenter Jucceflivement aux bénéfices qui viendront à vaquer. La préfentation ou collation par sour dépend des titres & de la poñlefion. Quelquefois l'évêque nomme par sour avec le cha- pitre. Les chanoines entreux préfentent ou conferent certains bénéfices par our. Entre plufieurs co-patrons eccléfiaftiques, chacun d'eux nomme à fon tour. On appelle tournaires ceux qui préfentent ou con- ferent par our. La maniere de compter le sour dépend auffi des ti- tres & de la poffeflion ; en quelques endroits chacun nomme pendant une année , en d’autres pendant fix mois Où un mois, en d’autres chacun des tournaires a fa femaine. Il ny a que les lettres de nomination ou collation qui faflent cour. La collation néceffaire entre collateurs qui confe- rent alternativement , fait sour. | Une collation nulle remplit même le sour du col- lateur. Mais le roi ne perd point fon sour pour avoir pré- . enté un incapable. Une collation faite pour caufe de permutation fait tour, quoiqu'elle n’ait pas été fuivie de‘poñlefion, ce qui s'entend pourvu que la collation ait êté faite par l’ordinaire & du confentement du patron. Le chanoine tournaire eft le vrai collateur ordi- naire, & la réfignation faite entre fes mains eft cano- nique. Voyez Rebuffe fur le concordat, Joyet au mot bénéfice, la bibliotheque canonique , du Luc, &cles mors BÉNÉFICE, COLLATION , COLLATEUR , NOMINA- TION , PATRON, PRÉSENTATION. (4) TOUR DE L’ECHELLE, ( Jurifprud.) eft un certain efpace que celui qui fait conftruire un mur du côté du voifin, laffe entre ce mur & l'héritage voifin pour pouvoir pofer une échelle contre ce mur en-dehors êc le réparer, Suivant un ate de notoriété du chatelet du 23 Août 1701, le sour de l'échelle eft de trois piés, ce qui n’eft pas un droit de fervitude , maïs un droit de propriété , tellément que celui qui a laïflé ces trois piés, peut enfuite les enclorre , fi c’eft dans une ville où tous les bâtimens fe joignent. Ce droit de trois piés au-delà du mur ne s’établit pas fans titre,d’autant que celui quibâtit,peut poufler fon bâtiment jufqu’à l'extrémité de fon héritage, on faire un mur mitoyen , auxquels cas il n’y a pas de tour de, l'échelle. | Par rapport aux maïfons royales & autres édifices royaux, les officiers du roi prétendent que le sour de l'échelle eft de dix-huit piés , à caufe de l’impor- tance de ces bâtimens qui demandent ordinairement plus de place pour les réparer; ces officiers préten- dent aufli que les échoppes ou boutiques adoflées contre ces bâtimens royaux & comprifes dans l’efpa- ce de dix-huit piés, font partie de l’enclos de la mai- fon royale, & font foumifes à la même jurifdiion. Voyez le praticien de Couchot 6 les Lois des bdtimens. (4) | TOUR QUARRÉE , ( Jurifprud. ) étoit une chambre où commuffion établie par François I. pour la réfor- mation de fes finances & la recherche des financiers; il en eft parlé dans l’édit de Château-Briant du 8 Jum 1532, art,4, 9 @ 11. Cette chambre fut ainfñ nom- mée, parce qu’elle tenoit fes féances dans une sour quarrée qui étoit en l’ile Notre-Dame ou du palais. Voyez Sauval aux preuves , pag, 124, la conférence de Guénois 6 CHAMBRE DE LA TOUR QUARRÉE. (4) Tour, ( Crisig. facrée. ) Ecriture fait mention de plufieurs rours deftinées à divers ufages. Il y en avoit pour fortifier les villes, comme celles de Phanuel, de Sichem , de Thèbes, de Tyr , de Syène & toutes celles de Jérufalem. D’autres fervoient à découvrir de loin , comme celle de Jézraël , d’où la fentinelle apperçut l’armée de Jéhu qui s’avançoit, 17. Rois ix. 17, On élevoit auffi des sours dans les campagnes pour garder les fruits & les troupeaux, 1f v. 2. C'eft pour veiller à la confervation du bétail que le roi Ofias fit bâtir des cours dans le déferr, I. Paral. xxvj. 10 ; & comme 1l y avoit des gardes dans ces cours pour défendre les paîteurs & les troupeaux contreles courfes des voleurs , cet ufage a donné lieu à une fa- çon de parler fouvent ufitée dans l’Ecriture, par . exemple, 19. Rois, xvij. 9, depuis la tour des gardes jufqu’a la ville fortifiée, pour marquer généralement tous les lieux du pays depuis le plus petit jufqu’au plus grand. (D. J.) Tour, (zerme de Blafon. ) il y a en blafon diffé- rentes efpeces de sors ; on les appelle rondes, quar- rées , crevées , carnelées ou crenelees. Les unes font fans portes, les autres avec la porte grillée, les unesfont maçonnées , quelques autres font couvertes; & 1l y en a de fommées de girouettes , ou d’autres pieces. (D. J.) Tour , ou TAMBOUR , {. m. ex méchanique , ef une roue ou un cercle concentrique à la bafe dun cylindre, avec lequelil peutfe mouvoir autour d’un même axe. Telle eft la roue 4 B, PJ. méchan. fig. 44. qui eft mobile fur axe EF. L’axe , la roue & les leviers qui y font attachés pour fe mouvoir en même tems , forment la puif- fance méchanique , appellée axis 17 peritrochio, axe dans le tambour , ou fimplement cour. Voyez AXE DANS LE TAMBOUR. Cette machine s’appelle proprement sour,ou sreuil, lorfque Paxe ou arbre Æ F eft parallele à Fhorifon ; lorfque cet arbre eft perpendiculaire à Phorifon , la machine s'appelle alors vendus , ou cabeflan. Cese. deux machines font employées fréquemment aux puits, aux carrieres, aux bâtimens pour élever les pierres & les autres matériaux , fur les vaifleaux 6e. TOU dans les ports pour lever les ancres , €. & quand on y fait attention, on Îes retrouve en petit dans une infinité d’autres endroits, où elles ne font différentes que par la façon ou par la matiere dont elles font fai- tes. Les szmbours , les fufées, les bobines fur lef- quelles on enveloppe les cordes ou les chaînes pour remonter les poids ou les reflerts des horloges , dès pendules, des montres mêmes, doivent être repar- dés comme autant de petits treuils ou de petits cabe- ftans, (0) e Tour , ( ex des Echecs. ) piece du jeu deséchecs qui eft pofée aux extrémités du tablier, & qui ne fe remue qu’à angles droits : il y a deux ours à ce jeu. Foyez ÉCHECS, jeu des. | Tours DOUBLES au Médiateur, ce font ordinai- rement les derniers sours de la partie ,-où l’on double le jeu , les matadors, la confolation, la bête , la vole, &c. ou fimplement telle de ces chofes dont on fera convenu avant de commencer à jouer. . TOUR, au Triétrac, fignifie la partie compofée de douze trous, dont chaque vaut douze points. ! TOUR IRRÉGULIER ÉLÉGANT, (Gram.franç.) il y a un four irrégulier élégant, qui confifte à mettre le cas devant le verbe. Les orateurs s’en fervent fou- ventavec beaucoup de grace: exempleen profe. » Celui # qui nous a donné la naïflance, nous l’évitons com- » me une embuche ; cependant cette fouveraine, les » nouvelles conftitutions la dégradent;toute fon au- » torité eff anéantie, & pour toute marque de fa » dignité, on ne lui laïfle que des révérences ; la fupérieure ne fait rien qu'on ne condamne , les plus innocentes a@ions on les noircit ». Exemple en poëfe : ÿ à Ces moiffons de lauriers , ces honneurs , ces con- quêtes , ï Ma main en vous fervant , les rouve toutes prêtes, Il femble qu’il faudroit dire régulierement: » nous # évitons, comme une embuche , celui qui nous a # donné la naïfflance ; cependant les nouvelles conf: # titutions dégradent cette fouveraine ; on noircit » es plus innocentes aétions ». Et quant aux vers, la conftruétion naturelle feroit, # ma main trouve | » toutes prêtes ces moiflons de lauriers , &c ». On parle dans la converfation & dans un livre tout fim- plement ; mais dans une aëtion publique qui eft ani- mée de la voix , & qui demande une éloquence plus vive, le rour irréoulier a bien une autre force. Il ÿ a un autre our irrégulier, qui confifte à mettre le nominatif après {on verbe; ce renverfement,bien- Join d’être vicieux , a de la grandeur, & eft quelque- fois abfolument néceflaire : exemple. « Ils neurent » pas les barbares, le plaïfir de le perdre, ni la gloire » de le mettre en fre ». Cette expreffon eft bien plus belle que de dire, « mais les barbares n’eurent » pasle plaifir, &c. Déja frémifloit dans fon camp » l'ennemi confus & déconcerté ; déja prenoit l’ef- » for pour s’avancer dans les montagnes, cet aigle # dont le vol hardi avoit d’abord effrayé nos pro- » vinces n. [left quelquefois indifpenfable de mettre le nomi- natif après le verbe. fi l'on ne veut pas tomber dans un ftyle fade & languiflant : exemples. « [1 s’éleve du » fond des vallées des vapeurs fulphureufes dont fe » forme la foudre qui tombe fur les montagnes ». Autre exemple. « Voilà le livre que me donna hier le » grandhomme qui n’a jamais rien fait que le public » n'ait reçu avec admiration ». Îl {eroit Hien moins noble de dire , « dont la foudre qui tombe fur les » montagnes fe forme ; le grand homme tui n’a ja- # mais rien fait que le public n'ait reçu avec admi- # ration, me donna hier ce livre, &c ». Il y a encore un autre sour irrégulier | qui eft fort élégant dans un difcours oratoire : exemple, « Il l’a- # [a TOU 463 # voit bien connu, meflieurs , que cette dignité & » cette gloire dont on lhonoroit, n’étoit qu'un titre. » pour{a fépulture». Auireexermnple. « Je l’avois prés » vu, que.ce haut degré de grandeur feroit la caufe » de fa ruine », Ces expreffons font fans doute plus pathériques que dedire fimplement, «il Pavoit bien » connu meflieurs , que cette dignité , &c, J’avois » prévu que ce haut degré de grandeur } &e », (D.J.) Like 154 TOURS DE CARTES ETDE MAINS, ( art d’Éfta motage.) Les tours de cartes font des tours de gibeciere ou d’efprit, ILnefaut pas charger cer ouvrage d’exem- ples de ces bagatelles , mais on en doit citer quel- ques-uns pour apprendre aux hommes à chercherles: caufes de plufieurs chofes qui leur paroiflent fort fur. prenantes, , Les joueurs de gibeciere font changer en apparen.. ce une carte dans une autre;. par exemple unas de cœur en un as de trefle, | Pour en faire autant qu'eux, vous prendrèz ces deux as , vous collerez un petit morceau de papier blanc bien mince fur vos deux as avec de la cireblan- che; fur l'as de cœur vous collerez un trefle, & fur l'as de trefle vous collerez un cœur. Vous montrerez ces deux as collés à tout le monde ayec un:peu de vitefle. Vous montrerez d’abord l'as de cœur s & vous direz; meflieurs, vous voyez bienque ceft las de cœur. Vous ferez mettre le pié deflus; & en mettant l’as fous le pié, vous tirerez avecile doigrle petit papier qui eft attaché fur la carte, Vous mon- trerez enfute l’as de trefle ; & en le faifant mettre fous le pié d'une autre perfonne qui foit éloignée de la premiere , vous ôterez aufli le papier de deflus la carte. Vous commanderez enfuite à l’as de cœur de changer de place , & d’aller à celle de Pas de trefle ; & à l’as de trefle , d’aller à celle de l'as de cœur. En- fn vous direz à celui qui aura mis Le pié fur las de cœur , de montrer fa carte, il trouvera l’as dettefle : êt celui qui a mis le pié fur las de trefle, trouvera las de cœur. Autre tour de carte. Après avoir fait battre un jeu de cartes, vous en ferez tirer ume du jeu, puis vous difpoferez les cartes en deuxtas , & vous ferez po- fer celle que lon a tirée fur un des deux tas. Ayant cependant mouillé le dos de votre main droite de quelque eau gommée, & mis les deux mains l’une dans l’autre, vous poferez le dos de votre main droite fur le tas où l’on a mis la carte : par ce moyen vous l’enleverez , & en tournant au-tour, vous la mettrez dans votre chapeau , la figure tournée de votre côté, afin de voir quelle elle eft. Vous ferez pofer une main fur letas où l’on a mis la carte que vous avez tirée ; pendant ce tems-là vous prendrez l’autre tas, & le mettrez fur votre carte dans votre chapeau. Vous remettrez le fecond tas fur la table avec la carte deflus. Vous demanderez enfuite à la perfonne où il a mis fa carte; ilvous dira , fur le tas Où j'ai la main : vous lui répondrez qu’elle eft fous l’autre , & vous lui direz quelle eft cette carteavant que la lever. Pour deviner toutes les cartes d’un jeu les unes après les autres, 1l faut d’abord en remarquer une , & battre les cartes , en forte que celle qu’on a remar- quée fe trouve deflus ou deffous. Je fuppofe qu’on ait remarqué le roi de pique ; enfuite il faut mettre les cartes derriere fon dos, & annoncer qu’on va tirer le roi de pique. On tire effedivement le roi de pique qu’on a remarqué; mais en le tirant on entire une feconde que lon cache dans fa main , & que l’on regarde en jettant la premiere que j'ai fuppoiée être le roi de pique. Suppofé que la feconde qu’on a re- gardée en jettant la premiere foit une dame de cœur, On annonce qu’on va tirer une dame de cœur; mais en la tirant, on en tire une troifieme qu’on regarde 46 TOU pendant qu'on jette la feconde, & ainfi de fuite juf- qu'à ladermere, Si vous voulez deviner la carte qu’on aura tou- chée ;il faut faire tiref une carte du jeu, la faire met- teur lattable, &crémarquer quelque tache parti- culieré fur cetté carte (cela eft facile, caril n’y a pas une caïte qui n’aitune marque particulière ); vous ditesenfiüte qu’on la mette dans le jéu', & qu'on batte les cartes, Quand elles font bien battues, vous, les prené2:6z montrez lacatte qu'on atouthée. Pour trouver lalcartétque quelqu'un aura penfée ; il faut pfemierement divifer ces cartes en cinq ou fix tas, & faiféenforté qu'il n’y'ait que cinq où fept car-! tes'à chaque tas Sécondementil faut déiander en moritrantices tas lés'uns après les autres, dans quel tas eft la carte qu’on a penfée, &t en même terms comptertcombienil y a dé cartes dans ceitas. Troifie- mement il faut mettre ces tas Lés unsfur les autres,en forte que celui où eft la carte penfée foit deffous. Quatriememént il faut ehcore faire autant de tas qu'ilyavoit de cartes dans lé tas où étoit la carte pen- fée }fansy employer toutlejeu , mais garder autant decartes qu’ilen faut pour en mettre une fur chaque tass:Cinquiémement , il faut montrer les tas les uns après-lesautres , & demander une feconde fois dans quel tas éft la carte penfee. Elle fera précifément la premiere du tas qu'on vous indiquera. Il eft aïfé de deviner lesiicartes de deffus trois tas de cartes-IPour ceteffet , remarquez une carté dans le jet aue vous faitestrouver deflus en battant, Après cela vous faites trois tas fur l’un defquels fe trouve la caiteque vous connoïffer. Il faut appeller la carte quevous-connoïflez la premiere, &c'au-lieu de la prendre, vous en prenez une autre, que Vous regar- dez , laquelle vous appellez en prenant celle du fe- cond tas; enfin vous appellez celle-ci en prenant celle que vous connoïflez d’abord. Ayant doné en votre main les trois cartes que vousavez appellées,vousles faites voir felon l’ordre que vous les avez appellées. Pour faire trouver trois valets enfembleaveë une dame, quoiqu’on ait mis un! valet avec la‘ dame fur le jeu, un valet deflous &r l'autre dansle milieu du jeu, voici ce qu’on fait, On Ôte trois valets & une dame du jeu que lon met fur la table ; enfuite on dit, en montrant les trois valets :« meflieurs , voilà trois # drôles qui fe font bien divertis au cabaret ; après #-avoir bien bu &c bien mangé, ils fe demandent Pun #5 à l’aûtre s'ils ont de l’argent ; il fe trouve que tous trois n’ont pasun fou. « Comment faire, dit l’un 5 -d’eux ?'Il faut demander encore du vin à Phôtefle, ÿ &ctandis qu'elle ira à lacave, nous nous enfur- #'rons ». Tous trois y'confentent , appellent l'hô- tefle, quieft la dame qu'on montre, & Penvoient à fi cave. Pour cela vous renverfez la dame fur latable, après quoi vous dites : « Allons , il faur faire enfuir # nos trois gaillards ». Vous en mettez un fur le jeu ; un deflous, & l’autre au milieu, Notez qu'avant que vous fafñez le tour , il faut faire en forte que le qua- trieme valet fe trouve deflous , ou fur le jeu de car- tes. L’hôtefle étant de retour , 8& ne trouvant pas fes trois gaillards, fe met en état de coutir après. « Fai- » fons-la courir , dites-vous ; voyons fi elle pourra » attraper nos trois drôles ». Pour cela vous la met- tez fur le jeu; après quoi vous donnez à couper à quelqu'un de la compagnie : il eft certain qu'en jet- tant les cartes les unes après lesautres , on trouvera trois valetsavec'la dame. : “Le dernier tour que je vais décrire eftle rour des je- tons. Vous faites compter par une perfonne dix-huit jetons; vous en prenez 6 pendant ce tems-là dans la bourfe, & vous les cachez entre le pouce & le pre- mer doigt de votre main droite : enfuite vous dites, »# morfieur , vous avez compté dix huit jetons » ; 1l vous dit qu'oui: pour lors vous ramaflez les jetons, 8 en Îes ramaffant vous laïffez tomber les fix que vous avez dans vôtre main avec les dix-huit ; vous . les mettez tous dans la main’ de la perfonne qui les a comptés ; ainfi il y en a vingt-quatre : enfuite vous lai dites ? Combien fouhaitez - vous qu'il y en ait » dans votremain, entre dix-huit &c vingt-quatresà | Si lon dit : « je fouhaite qu'il y en ait vingt-trois» vous dites:«monfeur, rendez - moi un de vos je= tons »t, &r vous lui faites obferver qu'il en refte dix- fept , parce que vous lui avez fait croire que vous ne lui en avez donné que dix - huit, Enfin vous prénez des jetons dans la bourfe, & vous comptez 18, 19, _ 20, 2T,22 & 23 ; Vous ramaflez ces fix jetons en faifant femblant de les mettre dans votre main gau- che ; maïs vous les retenéz dans la droite, que vous fermez, & vous faites femblant de les faire pafler avec les dix-fept , en ouvrant votre main gauche : vous tenez cependant les fix jetons dans votre main droite, & vous dites à la perfonne de compter ces Jetons ; il trouve le nombre qu'il a demandé, qui eft vinot-trois. Vous mêlez vos fix jetons parmi les vingt-trois en . les ramaflant, & vous remettez le tout enfemble dans la bourfe, ou les remettant fecretement dans la main de la ‘même perfonne avec fix autres jetons : vous lui dites de fermer la main, & vous lui demandez combien il veut qu'il s’y en trouve de vinet - trois à vingt - neuf. S'il én dernande , par exemple, vingt- fix, vous hui dites de vous en donner trois; puis de vingt-trois à vingt - fix vous comptez trois, que voustfaites femblant de faire pañlér dans la main avec les autres ,commevousavez fait ci-deflus ; alors vous lui dites de compter, il s’en trouve vingt-fix : vous les ramaflez , & en les ramäflant vous remettez les trois que vous avez dans votre mainavec les auttes, | & vousferrez letoutenfemble. Comme il y a des perfonnes. qui fe trouveroient embarraflées , fiau-lieu de vingt-trois jetons que j'ai _ fuppofés , lon en demandoit dix-neuf, combien il faudroit demander des jetons » où rémarquera dans ce cas combien il faut de jetons dequislenombre que la perfonne demande jufqu'à vinor-quatre ; ce qu'il y aura eftlenombte qu'il faut demander,ce qu’on com- prend fans peine. | Il ne fera pas fort difficile de deviner la plüpart des autres sors de cette efpece, dès qu'on en cher- chera vivement la clé. Mais il fe préfente quelque- fois én public des hommes qui font des cours fort furprenans d’un autre genre, & que les phyficiens eux-mêmes ont bien de la peine à expliquer. Il n’en- tre dans ces zours point d’elprit, de rufe ou d’efca- motage ; ce font des épreuves vraies, & qu'aucun fpeétateur ne peut imiter. En un mot ces tours dé- pendent néceffairement d’une conformation d’orga- nes particuliers , fortifiée par une prodigieufe habi- tude , & accompagnée quelquefois d’une adreffe merveilleufe. | Ce que le fieur Richardfon, anglois , faifoit en pu- blic à Paris en 1677, étoit aflurément fort éton- nant : cet homme qu’on appelloit le rangeur de feu, faïifoit rôtir une tranche de viande fur un charbon dans fa bouche, allumoit ce charbon avec un foufflet, & l’enflammoit par un mélange de poix noire, de poix réfine &c de foufre enflammé ; ce mélange al- lumé'dans fa bouche produifoit le même frémiite- ment que l’eau dans laquelle les forgerons éteignent le fer, & hbien-tôtaprès il avaloit ce charbon enflam- mé , cette poix , ce foufre & cette réfine. Il em- poignoit un fer rouge avec fa main, qui n’étoit pas cependant plus calleufé que celle d’un autre homme, enfin il tenoit un attre fer rouge entre fes dents. M, Dodärt a fait de grands efforts dans lesanciens : mémoires de l'académie des Sciences pour expliquer tous ces faits dont il avoit été témoin avec fes colle- gues , gués, &avec tout Paris. Il cite des chofes apptos chantes fur le témoignage de Busbeque , d’un M, Thoifnard d'Orléans, & d’une dame de la même ville ; mais de tels témoignages particuliersn’ont pas grandeforce; & d’ailleurs M. Dodart lui-même con- vient qu'il n’étoit pas poflible de foupçonner aucu- cune préparation {ecrete dans les épreuves du fieur Richardfon , comme dans le charlatan de Busheque & fon moine turc. Richardfon faiioit également fes épreuves dans les occafons les plusimprévues, com- me dans celles qu'il pouvoit prévoir, à la cour, À la ville, en public & en particulier, en préfence des gens les plus éclairés comme devant tout un peuple. M. Dodart dit auffi qu'il y a des plombiers qui vont quelquefois chercher au fond du plomb récem- ment fondu des pieces de monnoie que l’on y jette, & qu’on leur donne pour les engager à faire cette épreuve, qui a été fouvent répétée dans les jardins de Verfailles & de Chantilly ; mais vraiflemblable- ment ces plombiers ufoient auparavant de quelque rufe pour ne fe pas brüler ,ou-bien avoient les doigts fort calleux, ce qui n’étoit point , felon M. Dodart lui-même, le cas du fieur Richardfon , en forte que ce dernier exécutoit apparemment fon épreuve du fer chaud par de certaines mefures qu’il prenoit pour le pofer entre fes dents &c fur fa main, fotblement & avec une grande preftefle. Le charbon allumé m'étonne peu ; 1l n’eft prefque plus chaud dès le moment qu'il eft éteint ; Panglois pouvoit alors Pavaler ; le foufre ne rend pas le char- bon plus ardent, il nefait que le nourrir: fa flamme brüle foiblement ; le fouflet avec lequel cet anglois induftrieux allumoit ce charbon, fouffloit apparem- ment beaucoup plus fur fa langue que fur le charbon même. Le mélange de poix-réfine, de poix noire & de foufre allumé n’eft pas fi chaud qu’une bouche cal- leufe & abreuvée de falive ne pruffe bien le fouffrir. Les réfines ne fe fondotent fans doute, &lefoufre ne brüloit qu’à la furface, ce qui ne faifoit qu’une croù- te, & néanmoins [a tranche de viande fe grilloit à merveille. Le bruit que faifoit le mélange allumé dans la bouche du mangeur de feu n’étoit pas l’effet d’une extrème chaleur, mais de l’incompatibilité du foufre allumé avec la falive , comme avec toutes les autres liqueurs aqueufes. Outre que le mélange dont nous venons de parler n’eft pas extrèmement chaud, 1l eft gras, & par con- féquent il ne peut toucher immédiatement, ou du- moins il ne touche que légerement la langue qui eft abreuvée de falive. | Maïs pour conclure, puifque perfonne ne pouvoit faire les mêmes épreuves que cet anglois , il en faut toujours revenir à une conformation finguliere d’or- ganes fortifiée par l'habitude , Padreffe & le rour de main. $l étoit vrai qu'il y eût eu quelque fecret dans les sours du fieur Richardfon , comme 1l avoit inté- rêt de lelaïffer croire, il eût rendu quelqu’un capable defoutenir lesmêmes épreuves. En ce cas fon fecret eût mérité une grande récompenfe, parce qu’on lau- roit appliqué à des ufages plus importans & plus fé- rieux ; cependant il wa donné ni vendu ce prétendu fecret à perfonne, car depuis plus d’un fiecle perfonne ne s’eft préfenté dans le public faifant'les mêmes cho- fes que faifoit à Londres & à Paris le fieur Richard- fon en 1677. (Le chevalier DEJAUCOURT.) Tour de Londres , ( Géog. mod.) forterefle d’An- glerre , ainfi nommée à caufe d’une grande sour blan- che & quarrée qui eftau milieu. Cette forterefle a été bâtie en 1077 par Guillaume le conquérant, & fon fils Guillaume I], l’environna d’un mur en 1098. Elle eft fituée près de la Thamife, au-deflous du pont, & à lorient de Londres. Auf j’en ai déja parlé en dé- crivant cette ville. Mais je dois ajouter ici, que c’eft dans cette pri- Tome XVI, Y, El fon d'état, qu'eft né lé premier jour de l’année 1 Fo. Fleerwood ( Guillaume ), favant théologien , tort évêque d’Ely en 1723. dans la foixante-feptieme ane née de fon âge, C’étoit un homme d’un rare mérite, profond ana tiquaire ; & en même tems habile prédicateur, If étoit fort touché de voir que la différence d'opinions en matière de religion ; caufoit tant de troubles ; perfuadé que toute erreur quininflue point fur la pratique, devroit être parmi les hommes un objet de tolérance. L’hiftoire de fa vie eft à la tête du re= cueil de fes fermons , imprimés en 1736. ir-fo1, Son 2rfcripaonum antiquarum fylloge, parut à Lon: dres en 1691. 27-8°, Ce recueil eft en deux parties, La premiere contient des infcriptions payennes re- marquables, tirées de Gruter, de Reinefus, de Spon, & d’autres auteurs, & rangées fous cinq clafes : la premiere clafle regarde les dieux ; la feconde les ou: Vrages publics ; la troifieme les empereurs; la qua trieme les prêtres, les magiftrats, les foldats, &c, & la derniere les particuliers, comme des peres & des meres, des enfans, des maris, des femmes, des fres res, des fœurs, &c. : On trouve dans la feconde partie, les anciens mo- numens chrétiens. Les remarques font fort concifes, formées des obfervations des autres, & de celles de l'auteur. Dans une nouvelle édition de cet ouvrage, il feroit néceflaire d’y ajouter des tables exades, fur-tout des noms propres , car il n’y en a qu'une feule qu'on pourroit appeller un gloffaire des anti- quités, contenues dans les infcriptions. Il feroit en- core bon qu’on mit au titre des infcriptions , la let= tre G,ouR,;ou$S,ouA,ouB,ouP,ouF,ou W, pour indiquer qu’elles font tirées de Gruter, ou de Reinefius, ou de Spon, Aringhus, Baronius, Pape- broch, Ferretius, Wheler, &c. parce qu’on pourroit avoir recours aux fources , lorfqu’on foupçonneroit quelque faute d'impreflion , ou qu’on voudroit de plus amples éclairciflemens, Son Æffai fur les miracles fat imprimé À Londres en 1701, n-8°. Il y attaque les fyflèmes défeQueux ou 1nfoutenables de plufieurs théologiens modernes, lefquels attribuent au diable une puiflance, qui dé- truit la plus forte preuve que les miracles fourniffent en faveur du chriftianifme. C’eft dommage que ce traité foit fait en forme de dialogues, qui ne convien- nent guere aux matieres férieutes. En 1707 le doéteur Fleetwood donna unpetit livre d’un tout autre gente, mais donton peut tirer de l’u- tiité; c’eft fon chrozicum pretiofüm , ou hiftoire de la monnoie d'Angleterre, du prix du blé & d’autres den- rées, pour les fix dermersfiecles. | . En 1712, il mit au jour, fans nom d’auteur, le jugement de l’églife d'Angleterre , touchant le bap- tème des laiques & des non-conformiftes. Il foutient dans cet ouvrage, que l’éghfe anglicane n’a jamais décidé que le baptêmedles laïques eft invalide. ( Le chevalier DE JAUCOURT. Tour de Rouffillon , ( Géog. mod.) sour de France dans le Roufllon, près de la Tet, à 2 milles de Per- pignan. Ce font les reftes infortunés de fancienne ville de Rufcino, qui a donné le nom à tout le pays. Tite-Live nous apprend que c’étoit une ville célebre du tems d’Annibal, où les petits rois des pays vois fins s’aflembloient pour délibérer fur leuts affaires, L'illuftre & favant M. de Marca, croit que cette vil le fut détruite vers lan 828. lorfque Louis le Débon- naire châtia ceux auxquels la garde de la frontiere avoit été confiée, & qui l’avoientmal défendue con- tre les Sarrafns. (D, J.) TOURAILLE , eft le lieu où on fait fécher le grain pour faire la biére. Une rouraille eft faite comme: une trémie , Où pour mieux dire, c’eft le comble tronqué ou renverfé d’un pavillon quarré; elle ne. | Nan 466 TOU difere qu’en ce que le chaffis du haut de Îa touraille eft la même chofe que les plate-formes qui pofent fut les murs d’un pavillon ; elle a quatre entraits,des che- vrons, des croupes & des empannons ; 6 au lieu dé poinçon , c’eft un petit chaffis pour recevoir les aré- tiers & chevrons. .Le petit chaffis eft pofé fur un mañlif de la même grandeur : au milieu eft un petit fourneau dont l’ouverture de la cheminée eft au mi- lieu du petit chaffis de la rouraille ; par où la fumée entre dans ladite souraille. Sur le grand chaflis au haut de la souraille font des fommiers fur lefquels font po- {6 les tringles fur quoi l'aire de crin eft étendue , & fur laquelle on étend le grain lor{qu'on le fait fécher. TOURAINE , (Géog. mod.) province de France, bornée au nord par une partie du Maine, &c par le Vendômois; au midi, par le Berri &c le Poitou ; au levant , par le Blaïfois ; & au couchant, par PAnjou. On donne à la Touraine 24 lieues de longueur du midi au nord, & 22 du levant au couchant. La Loi- ré la divife en haute &c bafle ; mais outre cette rivie- re, elle eft arrofée du Cher, de la Vienne, de PIn- dre, de la Creufe, 6c. qui toutes enfemble lui pro- curent beaucoup de variétés agréables, &c beaucoup de commodités pour le commerce , &t pour la com- munication avec les autres provinces. Son climat eft tempéré, & d’une grande bonté. Ici font des terres fablonneufes faciles à cultiver, .& tou- jours en labour. Elles rapportent du feigle, de l’or- ge, du mil, des légumes , & de la gaude pour la tein- ture. Là, c’eft un terrein uni dont les terres font graf- es & fertiles en froment. Aïlleurs , font des terres marécageufes & pleines d’érangs poiflonneux: les ri- vieres arrofent des prés & des pâturages pour lanour- riture des beftiaux ; Les forêts fournifient du bois. - On y trouve aufñ quelques mines de fer & de cuivre. Il y a du falpêtre dans les côteaux de la Loire expofés au midi. Dans une plaine près de Liqueil, l'on trouve quantité de coquillages , qui réduits en oudre , fervent à fertiifer les terres. Les côteaux de la Loïre & du Cher font chargés de vignes ; dans d’autres dont le terroir eft plus gras, l’on y recueille d’excelilens fruits , noix, noïfettes, amandes , pru- nes &c pruneaux délicieux, En un mot, c’eftune pro- vince ; Que du ciel la douce influence Loin des hivers & des frimats » À fait le jardin de la France. Toute la Touraine eft du reflort du parlement & de la cour des aides de Paris, Elle a un grand maître des eaux & forêts créé en 1689 , parce que le roi poflede trois forêts dans cette province ; favoir celle d'Amboïfe, qui contient feize mille arpens de bois, dont environ trois mille de haute futaie; celle de Lo- ches qui contient cinq mille arpens en futaie; & celle. de Chinon qui contient environ fept mille arpens, partie en futaie, partie entaillis. Cette province s’enrichifloit autrefois par fes ma- nufattures de draperie , de tannerie, de foierie &z de rubanerie; maistoutes ces manufaétures font tom- bées en décadence ; celles de draperie & de tanne- rie, font anéanties ; la foierie occupoit dans le fei- zieme fiécle plus de huit mille métiers , fept cens moulins à foierie , &c plus de quarante mille perfon- nés ; elle n’en occupe pas aujourd’hui deux nulle, Des trois mille métiers de rubanerie , 1l en refte à peine cinquante. - Plufeurs caufes ont concouru à la deftruétion de ces manufaêtures , qui attiroient dans la province plus de dix millions par an. Il faut mettre entre ces caufes, la ceffation du commerce avec les étrangers, la fortié des ouvriers hors du royaume , lobligation qu’on a impofée aux marchands d'acheter à Lyon les oies dont ils ont befoin, Ge. a La Touraine atété érigée en gouvernement sénés ral lan 1545, & aujourd’hui elle a un gouverneur, un Heutenant-pénéral, &c un lieutenant de roi. 41 y a deux duchés pairies dans ce gouvernement, Mont- bazon &t Luynes, On compte dans la Touraire, huit villes royales dont le domaine eff engagé, à l’excep- tion de celui de Tours , capitale. Les peuples de cette province, appellées Tozran- geaux , Ont pris leur nom des anciens Turones où Tu roni , marqués entre les Celtes dans les commmen- taires de Céfar. Tacite les nomme Turoni imbelles, Le Tafle les a peints dans fa Jérufalem, chan I. Non è gente robufla, d faticofz, Se ben sutta di ferro ella riluce : La terra molle, è lieta, è dilertofa Simils a fe gli habitator produce : Impeto fa nelle battaglie prime ; Ma di leggier por langue , à ff reprime. Ce portrait a été élégamment rendu en vers latins par un poëte de Sicile : | Turbalicetchalybis cataphraëfa horrore nitemis, Ægra labore tamen , nec vivida roboré: mollis Blandaque terra , [ibi fommiles educit alumnos, Serlicet ; hi fub prima ruunt difirimina pugnæ Præcipites | fed refntio mox fulgure rorpent, Comme les mufes aiment les pays délicieux , la Touraine a produit des gens qui les ont cultivées avec honneur. Dans ce nombre , je ne dois pas oublier MM. de Racan & de Marolles. Racarñ , (Honorat de Beuil, marquis de, ) poëte françois, né en 1589, & l’un des premiers de l’aca- démie françoife , mourut à Paris en 1670, à quatre- vingi-un ans. Il s’eft acquis une grande réputation par fes Bergen ries ou églogues, & par {es odes facrées, ou paraphrafe des pfeaumes. U avoit un génie fecond , aifé, un caras étere doux & fimple ; par confèquent il ne lui man- quoit rien pour être berger. Aufä trouve-t-on dans {es bergeries des morceaux pleins d'agrément &c de délicatefle. Nous ne citerons de lui que fa chanfor des bergers à la louange de la reine, mere de Louis XII. Paiffez, cheres brebis, jouiffez de la joie Que le ciel vous envore. A la fin fa clémence a pitié de nos pleurs : Allez dans la campagne ; allez dans la prairies N'éparonèz point les fleurs, Il en revient affez fous les pas de Marie. Par elle renaïtra la faifon defiree De Saturne 6 de Rhée, Où de bonheur rendoit tous nos defirs contens 3 Er par elle on verra relire en ce rivage \ Un éternel printems, Tel que nous le voyons paroïtre en [on vifage, Nous ne reverrons plus nos campagnes défertes ; Au-lieu d’épis couvertes De tant de bataillons l’un à l'autre oppofés : L’Innocence 6 la Paix regneront fur la terre 3 Et les dieux appailes Oublieront pour jantais l'ufage du tonnerre, La nymphe de la Seine inceflamment révere Certe grande bergere, LU Qui chafle de fes bords tour fujet de foucr, Ex pour jouir long-tems de l'heureufe fortune. Que l’on poffede ici, it Porte plus lentement fon tribus a Neptune. Paiffez donc, mes brebis, prenez part aux délices Dont Les deffins propices, Par un fi beau remede ont guéri nos douleurs : Alley dans la campagne ; allé; dans la prarte ; Nr. N'éparènez point les fleurs ; Îl en revient affez fous les pas de Mürie: TOU 467 ue É . y à #4 L'ûn déchiré du peuple at niilién de la fangé, Ær l'autre à rméme-tems élevé dans les cieux. Cette chute me paroït d'une grande beauté; Îe poëte termine par des réflexions für lui-même, Agréables deferts, féjour de Pinnocence ; O loin des vanités , de la magnificence, Cornmience mon repos ; 6 finit mon toürmernt ; Vallons, feuves, TOERETS, plaifante Jolitude, S2 vous fütes témoins de mon inquiétude, Soyez-le deformais de mon contentément. . Toute cette piece eft d’une douceur admirable ; & comme elle eït dans le ton lyrique, on fent bien qu’elle fe préteroit aifément au chant, PET" En qualité de difciple de Malherbe, Racan a fait aufh quelques odes; mais où les penfées ne font | point auffi ferrées que dans celles de fon maître. Ses paraphrafes des pfeaumes font ordinairement médiocres, ; cependant il sy trouve des endroits d'une aflez grande beauté. Tel eft celui-ci : pf: 92. L'empire un Seigneur ef? reconnu par-tout; Le monde eff embelli de lun a l'autre bout , De Ja magnificence, Sa force l'a rendu le vainqueur des vainqueurs ; Mais c'ef? par fon amour plus que par fa puiflance Qu'il regne dans les cœurs. Sa gloire étale aux yeux [es vifibles appas : Le Join qu'il prend pour nons fait connoftre icibas Sa prudence profonde : De la main dont il forme & la foudre & P éclair, L'imperceptible appui foutient la terre & l'onde Dans Le milién des airs. De la nuit du cahos , quand l'andate des yeix Ne rarquoit point encore dans le vague des lieux De zénit ni de 7ône, L'immenfiié de Dieu comprenoit tout er fûi, Er de tout ce grand tour, Dieu feul évoit Le trône, Le royaume 6 le ror, Coutelier, libraire à Paris, a donné en 1754 utié édition fort jolie des œuvres de Racan, en 2 vof: in-12. mais 1l s’eft gliflé dans cette édition quelques fautes, & des obmiflions confidérables, {1 y manqué une longue ode au cardinal de Richelieu;quife trouve dans un reueil de poéfies, intitulé : Zes ronvelles Mufes ; Paris 1635, 22-8° ; un fonnet à M. de Puyfieux ; 8 une épitaphe de douze vers qui onit été inférés dans les Délices de La poëfie françoife, Paris 1621. ir-8° 5 les féps lettres qui font dans le recueil de Faret; les Me: rmotres de la vie de Malherbe, Ge. manquent auf: voilà des matériaux pour nne nouvelle édition. Le conte des trois Racans, rapporté dans Le Ména- giana, om. LIT, pag. 83, neft peut-être pas vrai; mais comme il eft foït plaïfant , je vais le copier encore. Deux amis de M: de Racañ furent qu’il avoit ren- dez-vous pour voir Mile, de Gournay. Elle étoit de Gafcogne, fort vive, & un peu emportée de fon naturel; au refte' bel efprit, & comme tellé, elle avoit témoigné en arrivant à Paris, grande impa- tience de voir M, de Racari, qu'elle ne connoïfloit _On eftime auf fon ode au comte de Buffÿ-Raburin ; dans laquelle il l'invite à méprifer la vaine gloire, &t à jour delavie, Lafontaine, Defpreaux, & d’après eux, plüfieurs beaux efprits, ont tous jugé très-favo- rablement du mérite poétique de Racan, Il ne lui manquoit que de joindre lopiniâtreté du travail à La facilité & à la fupériorité dutalent. [left doux,coulant, alé; mais il n’a point aflez de force, ni d’exa@itude dans fes vers. Les morceaux que nous avons déjà cités de lui, font remplis de beautés, au milieu def pas encore de vue. Un de ces Meflieurs prévint d'’üne heure ou deux celle du retidez-vous, & ft dire qué e’étoit Racan qui demandoït à voir MIE, de Gour: nay. Dieu fait comme il fut recu. Il lui parla fort des ouvrages qu’elle avoit fait imprimer ; & qu'il avoit étudiés exprès. Enfin, après un quaft-d’héure de converfation , il fortit, & laifla Melle, de Gour: nay fort fatisfaite d’avoir vu M. de Racan: A-peine étoit-il à trois pas de chez elle, qu'on li quels regne un peu de. reproche avec raifon. C juflifier par d’âutres ftan Tircis, il faut penfer à faire ane retraite ; La courfe de nos jours eff plus qu'e-demi-faire : L'âge infenfiblement nous conduir à La mort : Nous avons aflez vu fur la mer de ce moride RS: : û Errer au ÿré des flots zoëre nef vagabonde ; IT eff tems de jouir des délices du port. Le bien de la fortune eft un bier périffable 5 Quand on bätit fur elle, on bérit fur le fable : Plus onefl élevé, plus on court de dangers ; Les grands pins font en buste oux coups de la tem: pére, #1, Er la rage des vents brife plurée le faire Des maïfons de nos rois, que des toirs des bergers: O bien heureux celui qui peur de fa mémoire E ffacer pour jamais ce vain efpoir de gloire ; Dont l’inurile foin traverfe nos Plaifers Er qui loin, resiré de la foule importune ; Vivant dans Je maifon; content de fa fortune ; A'; Jelon Jon pouvoir, mefuré Jes defirss Ticontemple du port les infotentes rages Des-vents.de la faveur auteurs de nos CAES 3 Allumer des mutins les deffeins faëtieus : Evvoitennnclin-d'œil paruncontraire échange Tome XVI, cette négligence qu’on lui eft ce que je puis encore ces tirées de fes ouvrages, &t qui en mêmie-tems me paroïflent propres à piquer la curiofiré de ceux qui aiment les graces de cet ai- mable poëte. Voici les lances dont je veux parler ; elles font toutes philofophiques : vint annoncer un fecond M: de Racan, Elle crut d’a- bord que c’éroit le premier qui avoit oublié quelqué chofe , & qui remontoit. Elle fe préparoit à lui faire un compliment là-deflus ; lorfque Pautre entra, Gé fit le fien. Melle, de Gournay ne put s’émpêcher de lu demander plufieuts fois, sil étoit véritablement M: de Racañ , &c lui raconta ce qui venoit de fe pañler. Le prétendu Racan fit fort le fiché de 4 piece qu’on lui avoit jouée, & jura qu'il s’en ven- geroit, Bref, Me, de Goutnay fut encore plus contente de celui-ci qu’elle ne lavoit été de Pautre ; parce qu'il la loua davantage. Enfin, il païñla chez elle pour le véritable Racan ; & le premier pour un Racan de coritrebande. I ne ffoit que de fortir, lorfque M. de Racan en Original, demanda à parler à Melle, de Gournay, Elle perdit patience. Quoi ; encore des Racans , dit-ellef Néanmoins on le fit entrer: Melle, de Gournay le prie fur un ton fort haut, & lui demanda s’il venoit pour: l'infalter ? M: de Racan, qui n’étoit pas un parleur fort ferré, & qui s’attendoit à une réception bien dif: férente, en fut fi furpris ; qu'il ne put répondre qu’en balbutiant. Melle, de Gournay qui étoit violente, fe perfuada tout-de-bon que c’étoit un homme envoyé pour la jouer, êc défaifant fa pantoufle, elle le éhargea à grands coups de mule, & l’obligea de fe fauver: | J'ai vu ; ajoute Ménage, j'ai vu jouêr cette fcene : #5 par Boisrobert ;en préfence du marquis de Racani |!» & quand on nidemandoitficélaétoit vrai : oui-dà, ». difoit-il, il en eft quelque chofe. De Marolles | (Michel ) abbé de Villeloin, & lur des plus infatigables traduéèurs du xvij. fiecle > CTOIR. filstde Glande de: Marollesy gentilhomme de T622° d Nan 48 TOU raine, &t capitaine des cent-fuifles, connu pat fon combat finoulier à la tête de armée d'Henri FV. con- tre Marivaux. Les fervices de ce pere, le mérite par- ticulier du fils, & Le crédit aul avoit dans la maifon de Nevers, fembloient être des aflurances qu'il par- viendroit un jour aux premieres dignités de l'Églife; néanmoins, comme 1l étoit fort ftudieux, il eut le même fort qu'ont prefque tous les gens de lettres fans intrigue, & uniquement dévoués aux mufes ; c’eft-à-dire, qu’on lui donna de belles efpérances, & qu’il ne travailla point à en obtenir les effets, Labbe de Villeloin continua fi bien au contraire de travailler pour les lettres feules, qu'il compofa fotxante-neuf ouvrages, dont la plupart étoient des tradu@tions d'auteurs claffiques : traduétions très- utiles dans leurs tems, & qui ont dû lu coûter beau- coup; mais on les eftime fort peu de nos jours, & même fans rendre aflez de juftice à un homme qui a frayé le chemin du mieux. Les mémoires de fa vie contiennent des chofes intéreflantes. N'oublions pas de dire qu’il eft un des premiers françois qui a!r eu la curiofité des eftampes. Il en fit un ample & excellent recueil, & en donna deux catalogues qui font recherchés. Son beau recueil a pañlé dans le cabinet du roi, & c’elt un avantage pour le public. \ L'abbé de Marolles mourut à Paris en 1681, âgé de quatre-vingt-un ans, Il étoit alors le plus ancien abbé, & avoit été le plus laborieux du royaume. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) TOURAN, (Géog. mod.) ancien nom du pays de Turqueftan, qu tire fon origine de Tours, fils de Féridoun roi de Perfe, de la dynaftie des Pifchda- diens. Le Touran eftune vafte contrée , qui renferme tout ce qui s'appelle la grande Tartarie, depuis POxus jufquw’en Mofcovie , Sibérie &t Chine. Timur-Bec ré- duifit fous fa domination toutle pays de Touran, que Genghiz-kan avoit autrefois partagé entre fes deux SAT) TOURANGETTES, f. £ pl. (Larnage.) efpece de petites ferges qui {e fabriquent en quelques lieux de la généralité d'Orléans, particulierement au mon- toir elles font ou blanches ou grifes, & fe font toutes de laines du pays. Savary. (D. 1.) TOURBE , L f (ff. nat.) turfa; humus palu- ris; humus vegetabilis, lusofa; torvena, c’eft une terre brune,inflammable formée par la pourriture des plan- tes & des végétaux , & que l’aétion du feu réduit en une cendre jaune ou blanche. On peut compter deux efpeces de rourbe ; lune eft compatte, noire & pefante. Les plantes dont cette efpece eft compofée, font prefqu’entierement dé- truites & changées en terre, &c l’on n'y en trouve que très -peu de veftiges ; c’eft la rourbe de la meil- leure qualité. La bonne courbe de Hollande eft de cette efpece. Quand elle eft allumée , elle conferve le feu pendant très-longtems ; elle fe confume peu-à- peu , après avoir été convertie en charbon, & elle fe couvre entierement d'une enveloppe de cen- dres blanches. La feconde efpece de sourbe eft brune , légere, fpongieufe; elle ne paroït que comme un amas de plantes & de racines qui n’ont prefque point été détruites, & qui n’ont fouffert que très-peu d’alté- ration ; cette courbe s’enflamme très-promptement, mais elle ne conferve point fa chaleur pendant long- tems. La sourbe de cette derniere efpece fe trouve communément près de la furface de la terre ; au-lieu que la premiere fe trouve plus profondément , & pour l'ordinaire au-deflous de la rourbe lègere dé- crite en dermer lieu. On trouve de la rourbe en une infinité d’endroits de l’Europe. Il y en a en France, en Angleterre, en Suede, en Allemagne; mais c’eft fur-tout en Hol- TOU lande qu’on en trouve une srande quatitité de la meilleure qualité. En effet, il n’eft point étonnant qu'un pays échappé aux eaux, & qui a éprouvé de leur part des révolutions continuelles |, renferme dans fon fein une fubftance à la formation de la- quelle les eaux font néceflaires. Voici la maniere dont les Hollandoiïs travaillent à tirer la courbe. On commence d’abord par s’aflurer fi'un terrein en contient ; cela fe fait en enfonçant en terre des - pieux ou de longs bâtons ; on juge que ce terrein contient de la sowrbe , par la facilité avec laquelle ils entrent après avoir percé la premiere croûte que forme le gazon des prairies. Au-deffous de cette croûte la terre eft molle & détrempée ; elle ne préfente aucune réfiftance, jufqu'à ce qu'on foit parvenu à la couche de fable, quine fe trouve fou- vent qu'à une profondeur confidérable. Comme cette terre eft très-délayée par la grande quantité d’eau qui eft toujours dans un pays fi bas, & dont le fol eft prefque par-tout au-deflous du niveau des ri- vieres. Pour peu qu'on fafle de mouvement, on fent le terrein trembler fous fes piés, lorfqw’on eft au-defus des endroits qui renferment de la sourbe ; il feroit même dangereux d’y pañler à cheval, parce que la croûte formée par le gazon n’eft point ton- jours aflez forte pour foutenir un grand poids ; èz alors on courroit rifque de fe noyer dans un bour- bier liquide qui eft au-deflous , &c qui n’eft autre chofe que la courbe délayée. Lorfawon s’eft afluré de fa préfence , on écarte le gazon qui eft au-deflus , & l’on enleve avec des bêches & des pelles la rourbe qui eft en-deffous ; comme le pays eft fort bas, l’eau ne tarde point à. remplacer la sourbe que lon a enlevée ; alors on conduit un bateau dans l’endroit où lon a creufé;. des hommes fe fervent de longs bâtons, au bout def quels font des petits filets foutenus par dés cercles de fer, & avec ces filets ils tirent le bourbier qui eft dans la fofle ; ils en chargent leur bateau; ils foulent avec les piés ce bourbier liquide; après quoi 1ls vont avec leur bateau le tranfporter vers un côté de la prairie, où l’on a formé une aire ou un efpace uni deftiné À recevoir cette terre foulée & délayée. Cette aire eft une enceinte entourée de planches potées fur le tranchant, de maniere à pouvoir rete- nir la courbe ou le boutbier liquide qu’on y jette; on en met de l’épaifleur d'environ un pié ou un pié & demi. Quand cet emplacement eft rempli, on laïfle le bourbier fe fécher pendant la belle faifon ; Péparf- {eur du bourbier eft alors fort diminuée ; & tandis que cette terre a encore une certaine molleile, on y forme des lignes en longueur &t en largeur avec un inftrument tranchant, afin de pouvoir à la fin de l'été divifer plus aifément la courbe, après qu’elle aura été entierement féchée, en parallépipedes , qui ont communément fept à huit pouces de longueur, fur quatre ou cinq pouces d’épaiffeur. C’eft-là la forme que l’on donne à la courbe en Hollande ; elle la rend plus propre à s'arranger comme des briques pour faire du feu; lorfqu’elle a été ainfi préparée , on la charge fur des barques, & on la tranfporte pour la débiter. En Hollande les éndroits d’où l’on a tiré la rowrbe, fe rempliffent d’eau, & deviennent un terrein entie- ment perdu ; c’eft pourquoi l’état fait payer très- cher aux particuliers la permiffion de creufer fon ter- rein pour en tirer cette fubftance; ils font obligés d’afligner un autre bien folide, qui alors fe trouve chargé des taxes que payoit le terrein qu'on veut faire difparoïtre. L'on voit en plufieurs endroits de la Hollande des efpeces de lacs immenfes qui ont été formés par la main des hommes, dans les endroits d’où l’on a tiré la sourbe. Comme le bois eft très-cher & très-rare en Hol- lande , la rourbe eft prefque Punique chauffage qu’on y connoiffe, &c les habitans font forcés de diminuer continuellement le terrein qu'ils occupent pour fe le procurer. La sourbe en brülant répand une odeur incommode pour les étrangers qui n’y font point . accoutumés ; mais cet inconvénient eft compenfé par la chaleur douce que donne cette fubftance, qui n’a point l’âpreté du feu de bois ni du charbon de terre. | La rourbe n’eft point par -tout d’une fi bonne qua- lité ; Les plantes qui la compofent ne font point fi parfaitement détruites & changées en terre; alors, comme nous l’avons déjà obfervé, la sourbe eft plus légere, elle eft d’une couleur brune ou jaunâtre, & elle ne conferve point Le feu fi long-tems, De cette efpece eft fur-tout la sourbe qui fe trouve dans un canton du Brabant hollandois, voifin de la Gueldre pruffienne & autrichienne, que l’on nomme Pee/and ; fon nom lui vient d’un terrein d’une étendue très- confidérable , appellé Pee/, qui eft entierement com- pofé de rourbe, c’eft-à-dire de débris de végétaux, de feuilles, de plantes, détruites & devenues compa- étes. Un phénomene fingulier que préfente ce grand marais, c’eft qu'on trouve au-deflous de la zourbe une grande quantité d'arbres, & fur-tout de fapins, enfevelis quelquefois à une très-grande profondeur, & cependant très-bien conférvés; ces arbres font tous couchés vers le fud-eft, ce qui femble prouver que c’eftun vent de nord-oueft qui les a renverfés, êt qui a caufé la révolution & le déluge de fable dont tout ce pay$ a été inondé. En effet, tout ce canton, qui eft couvert de bruyeres , eft entiere- ment fablonneux, fans aucun mélange de bonne terre ou de terreau; il y a de certains endroits où lorfqu’on creufe à deux ou trois piés, on trouve au- deflous du fable une couche ou une efpece de plan- cher très-dur & très-compa@te, qui n’eft abfolument qu’un amas de feuilles d'arbres & de plantes à moi- tié pourries , preflées les unes fur les autres , dont odeur eft infupportable. Quand cette fubftance ou cette sourbe à demi formée a été expotée à l'air pen- dant quelque tems, elle fe partage en feuillets, & lon diftingue très - aifément que cette couche qui formoit une efpece de plancher épais fous le fable n'eft qu'un amas immenie de feuilles entañlées & qui ont pris corps. Ce phénomene prouve d’une façon très-décifive l’origine de la sourbe, & fait voir qu’elle doit fa naïflance à des végétaux pourris & changés en terre. Le som. VI. pag. 441. du magafin d'Harmbourg, donne une defcription fort curieufe d’une rourbe qui fe trouve à Langenfaltza en Thuringe. Lorfqu’on creufe le terrein dans cet endroit, on trouve immé- diatement au-deflous de la terre végétaie une efpece de tuf qui femble compofé d’un amas de tuyaux; _ quelquefois ce tuf eft précédé de quelques lits d’un fable mêlé de coquilles de riviere. Enfuite on ren- contre un banc d’un tuf plus compatte & qui fait une pierre propre à bâtir. Ce banc eft fuivi d’un tuf moins ferré, quelquefois de fable, & enfuite d’un autre banc de pierre compaéte ; mais dans de certains en- droits 1l fe trouve un intervalle vuide entre les deux bancs de pierre. Lorfqu’on perce ce fecond banc de pierre, on trouve ou un tuf poreux, ou un fable jau- nâtre, après quoi on rencontre une couche de sour- be, qui eft fuivie de nouveau d’un fable jaunâtre, & enfin d’une argille grife dont on peut fe fervir pour fouler les étoffes. Les deux bancs de pierre ne font point par- tout de la même épaifleur ; pris enfemble ils font tantôt de 6, tantôt de 12 piés. La couche de rourbe eft d’un, deux, ou tout-au-plus de trois pics d’épaifleur ; on voit diftinétement qu’elle eft formée d’un amas d’écorces d'arbres, de bois, de feuilles pourries, & parfemées de petites coquilles de rivie- TOU 469 te & de jardin. Il y à des endroits où l'on trouve des arbres entiers enfouis dans la rourbe : on prétend même qual s’y eft quelquefois trouvé des troncs d'arbres coupés, fur lefquels on voyoit encore les coups de la coignée, & l’on s’apperçoit aïfément que le tuf fifluleux qui étoit au-deflus de la sourbe, n'avoit été originairement qu'un amas de joncs, de rofeaux, de prêles, &c de plantes {emblables , qui croïflent dans les endroits marécageux, dont cepens dant 1l ne fe trouvoit plus aucuns veftiges. M. Scho= ber, à qui ces obfervations font dûües, rerarque comme une chofe finguliere, que dans ce canton, dans tout l’efpace qu'occupent les couches qui ont été décrites, on ne rencontre pas le moindre veftige de corps marins ; mais dans la couche de slaife qui eftau-deffous des précédentes, on trouve une grande quantité d'empreintes de coquilles de mer. Quant aux coquilles que lon voit dans le tuf & dans la courbe ,1l eft aifé de s’appercevoir que ce font des coquillages terreftres &c de riviere. On a rencontré dans la pierre compaëte ou dans le tuf qui couvre cette tourbe, des épis de blé, des noyaux de prunes; &t même depuis quelques années, l’auteur dit qu'on ya trouvé la tête d’un homme. On y a pareillement rencontré des dents, des mâchoires, & des offemens d'animaux d’une grandeur prodisieufe, On a cru de- voir rapporter tout ce détail, parce qu'il eff très- curieux pour Les naturaliftes, qui pourront voir par là la formation de la sourbe, aufli- bien que celle du tuf qui Paccompagne. Voyez Tur. Les Mémoires de l'académie royale de Suede, de ans née 1745, parlent d’une efpece de tourbe qui fe trouve dans la province de Wefimanie, près des mines de Brefioc, dans le territoire de Hiulfoe: on s’en fert avec grand fuccès dans les forges des environs où l’om forge du fer en barres, ce qui épargne beaucoup de bois. Cette rourbe a cela de particulier, qu’en brûlant elle fe réduit en une cendre blanche &légere comme de la poudre à poudrer les cheveux, tandis que pour l'ordinaire la soxrbe donne une cendre jaunâtre : prés de la furface de la terre cette sourbe eft fpongieufe & légere, comme cela fe trouve par - tout où l’on tire de la zourbe ; maïs plus on enfonce, plus elle eft pe- fante &t compatte, &r l’on peut en enlever huit, neuf, à même onze bêches les unes au -deflus des autres avant de parvenir au fond : on y rencontre quelque- fois des racines de fapin, & même il eff arrivé une fois de trouver dans cette tourbiere la chatpente en- tiere d’une grange, qui paroit y avoir été enfouie par quelque inondation. Cette efpece de sourke en féchant au foleil fe couvre d’un enduit où d’une moi- fiure blanche comme fi on lavoit faupoudrée de {el. Toute a sourbe que lon trouve dans cet endroit ne donne point une cendre blanche ; il y en a d'autre qui fe réduit en une cendre jaunâtre, cela vient des plantes plus groflieres dont elle ef compotée ; auffi ÿ remarque-t-on diflinétement une grande quantité de racines, de feuilles, de joncs, de rofeaux, 6e, Lorfqu’elles ont été brûlées, ces fubftances donnent une cendre quelquefois aufli jaune que de l’ochre. M.Heffelius , auteur du mémoire dont ces détails font tirés, dit que la même sourbe qui donne une cendre f blanche, peut auffi donner une couleur noire, qua peut s'employer comme le noir-de-fimée, & qui eft propre à fervir dans la peinture, parce qu’elle s'incorpore très-bien avec l'huile. Lorfque cette tourbe eft bien allumée , & que lon a lieu dé croire que le feu l’a entierement pénétrée , on l’éteinr fubi- tement dans de l’eau ; après en avoir féparé [a cen- dre blanche on peut l’écraier fur du marbre, & s’en fervir enfuite pour peindre. Woyez les Mémoires de l'académie royale de Suede , rom. VII, année 1745, On voit par ce qui précede , que la courbe peut être d’une très-grande utilité; & dans lespays où te 470 TOU bois devient de plus en plus rare, on devroit-s'oc: cupêr à chercher les endroits où l’on pourroit en trouver. M.Jacob Fagoot, de l'académie de Suede, à inféré, dans Le volume X, année 17489, des Mémoires de cette académie, plufieurs expériences qu'ila fai- tes pour prouver que l’on peut fe fervir de la rorbe pour chauffage avéc le plus grand fuccès, & il com- pare fes effets à ceux du bois. Avant de faire ces ex- TE. . > > : > périences 1] a pefe la quantité de bois &g celle de la tourbe ; & il a obfervé la quantité d’eau que chacune de ces fubftances faifoit évaporer, & la durée du feu qu’elles ont produit. Voyez les Memoires de l'acad, de Suede, annee 1748. Ïl feroit à fouhaiter qu’en France, où la confom- mation du bois va toujours en augmentant, on s’oc- cupât de pareilles recherches fur la tourbe; on peut s’en fervir avec fuccès pour quelques arts & métiers, dans les brafleries, & perfonne n’ignôre que Les cen- dres de cette lubftance font très-bonnes pour ferti- lifer les prairies, & fur-tout celles qui font humides &t bañles, | Il ne faut point confondre la sourbe avec des terres noires & bitumineufes qui ont aufli la propriété de s'entlammer: la courbe diflillée donne toujours une liqueur acide, de l’alkali volatil, 8 une huile em- pyreumatique. , | La tourbe), Commie nous l’avons dejà remarqué, n’eft point par-tout la même, il y en a qui a contra- té des qualités nuifibles. C’eft ainfi qu’on dit qu’en Zélande 1l fe trouve une efpece de courbe ; qui fait que les perfonnes qui font dans uñe chambre où Von en brûle deviennent pâles & finiflent par tom- ber en foiblefle: on pourroit foupçonner que cette iourbe contient des parties arfénicales ; celle qui fe tire des endroits où il n’y a point de minéraux n’eft point dangereufe. ". Plus la rourhe eftcompaëte &pefante,plus elle chauffe & conferve la chaleur ; voilà pourquoi on eft en ufa- ge de la fouler & de la paitrir en Hollande. D’après le principe que plus les corps font derifes plus ils s’e- chauffent, M. Lind, écoflois, a propoifé, dans les Eflais d'Edimbourg, un moyen de rendre [a zourbe éncore plus denfe, & il croit qu'alors elle feroit pro- pre à être émployée pour le traitement des munes de fer au fourneau de forge : pour cela 1l croit qu'il faudroit écrafer la sotrbe encore molle & humide fous des meüles, & enfuite en former des mañes; mais ce moyen n’enleveroit point à la sourbe fon aci- de , qui eft Ce qui la rend le plus nuifible danse trai- tement desmüunes defer. | Le meilleur moyen que l'on ait imaginé jufqu’à préfent , eft de réduire la rourbe en charbon, e’eft-à- dire de la brûler jufqu’à un certain point, & de l’é- touffer enfuite; par ce moyen elle fera dégagée de fon acide, & deviendra prepre aux travaux de la Métallurgie. | Le même M.Eind propofe encore de fe fervir de la sourbe pour l’engrais des terres, &1l confeille pour cela de la mêler, âvec des feuilles & des plantes ré- centes , afin qu'il s'excite une fermentation dans ce mélangé, quine peut être qu'avantageux pour ferti- lifer les terres ; d'ailleurs cela fe pratique déjà jut- qu’à un certain point en Hollande, où l’on mêle avec du fumier la serbe en poufüere, ou ce qui refte dans les granges où l’on a ferré la rourbe , & l’on en forme des tas. Cet auteur nous apprend encore que la zorbe fépañndue fur les endroits où l’on a femé des pois les garantit de la gelée; enfin Ja sourbe peut fervir com- me la glaife à retenir les eaux dans les viviers. Voyez, lesE ais d'Edimbours. | | Tout le monde fait que la cendre des sourbes eft très- propre à fervir d'engrais; on lemploye avec faccès für-tout pour les prairies bafles & maréca- gqufes où il croit des Jonçs & des rofeaux, que l'on T'OUÙU aura foin d'enlever, & l’on creufera bien avant {ea endroits de la terre où ces mauvaifes herbes ont pris racine, après quoi l’on pourra répandre de la cendre de tourbes dans ces endroits; Par les obfervations qui ont.été faites dans cet ar- ticle on voit, 1°. que la sozrbe eftune fubftance vé- gétale ; 2°. qu’elle varie pour la bonté &c la denfité, fuivant que les végétaux qui la compoñfent font plus ou moins décompofés ; 3°. on ne peut douter que la fermentation de la rourbe ne foit quelquefois récén- te, c’eftce que prouvent les arbres, Les fruits, les charpentes, & les ouvrages de l’art que l’ony ren- contre aflezfouvent. En Picardie, près de Peauigny, ona trouvé une chauflée entiere enfevelie fous de la zourbe. TT se: 7 Quant à la préténdue régénération dela sourbe dans les endroits d’où on en a tiré, elle n’a point de réahté; mais comme cette fubftance {e forme dans des endroits bas & enfoncés, il peut arriver très- bien que les pluies & les inondations des rivieres éntranent vérs ces fortes d’endroits des plantes qui en s’y amaffant peu-à-peu, parviennent à la longue à remplir de nouvelle tourbe les tourbieres qui avoient été épuilées : on voit que cela ne peut point être appellé une régénération; ni une produétion nou- velle.(--) | | | TOURRÉ, re, (Géogr. mod.) petite riviere de France, dans le Rételois. Elle prend {a fource à Somme-Tourbe, & fe jette enfuite dans l’Aifne. TOURBERIE , (Jurifprudence.) terme de droit coutumier, particulierement ufité en Angleterre, eft un droit que lon a de bêcher les tourbes dans le fonds d'autrui; ce mot vient de l’ancien latin surba, pour dire tourbe. Voyez TOURSE. Commune de tourberie, eft la hberté que, certains tenanciers Ont acquife en vertu d’une A EN pour bêcher des tourbes dans les bruyeres du fei- gneur: #oyez COMMUNE. | Tourberie é prend aufli quelquefois-pour le fon où l’on bêche des tourbes. | | .… Tourberie Où bruarta, fignifie plus particulierement de la courbe de bruyere, dont 1l eft fait mention dan une charte d'Hamon de Maffy. À à: TOURBILLON , f. m. (Phyfique.) c’eft en géné- ral uh mouvement de l'air, fubit, rapide ,impétneux; & qui fe fait en tournant. F’oyez OURAGAN. | _Tourbillon fe dit auf quelquefois d’un goufre où d’une mafle d’eau, qu’on obferve dans quelques mers où rivieres qui tournoient rapidement, en formant une efpece de creux dans le milieu, , | La caufe ordinaire de ces sourbillons vient d’une grande cavité , parsoù l’eau de la mer s’abforbe & fe précipite dans quelqu’autre réfervoir ; quelquefois même elle communique par ce moyen à quelqu’autre mer, À limitation de ces phénomenes natutels ; on peut faire un sourbillon articiel avec un vafe cylin- drique ; fixé fur un plan horifontal ,. 8 rempli d’eau juiqu'à une certaine hauteur. En plongeant un bâton dans cette eau, &z le tournant en rond auffi rapide- ment qu'il eft poflible , l'eau eft néceflairement for- cée de prendre un mouvement circulaire aflez rapide, & de s'élever jufqu'aux bords même du vafe: quand elle y eff arrivée , 1l faut ceffer de l’agiter. | L'eau ainf élevée forme une cavité dans le mi- heu , qui a la figure d’un cône tronqué, dont labafe n’eft pas differente de l’ouverture fupérieure du vafe, ‘ & dont le fommet eft dans l’axe du cylindre. C’eff la force centrifuge de l’eau qui, caufant fon élévation aux côtés du vafe, formeila cavirédu mis lieu : car le mouvement.de l’eau étant circulaire, il fe fait autour d’un centre pris dans l'axe du vafe, ou, ce qui eftla même chofe , dans l'axe du sourbillon que forme l’eau : ainfi la même vitefle étant impr TOU mée à. toute Ja mañle de) l’eau , là créonférence-d’un -plus petit cercle d’eau, ou d’un cercle moins éloigné de l'axe ja uñe force centrifuge plus grande qu'une autre circonférence d’un plus grand cercle ; où, ce _ Qui revient au même, d'une circonférence plus éloi- -gnée del’axe : le plus petit cercle poufle donc Le plus grand vers les côtés du vafe ; &r de cette preffion où de cette impulfoh que tous les cercles reçoivent des plus petits qui les précedent, & qui fe communi- quent aux plus gfands qui lesfuivent, procède cette élévation de l'eau le long des côtés du vafe jufqu'au bord fupérieur, où nous fuppofons que de mouve- ‘ment cefe. | M. Daniel Bernoully , dans fon kydrodynamique, a déterminé la courbure que doit prendre la furface d'un fluide qui fe meut ainf en zowrbillon. Il fuppofe telle loi qu'on veut dans la vitefle des différentes couches de ce tourbillon | & 1l détermine d’une ma- mere fort fimple la figure de la courbe dans ces dif- férentes hypotheles. M, Clarraut a auf déterminé cette même cour- bure dans fa shéorie dela figure de la terre ; 8ti obferve à cette occafon que M. Herman $’eft trompé dans la folüition qu'il a donnée de ce même problème, M. Saulmon , de Pacadémie royale des Sciences, à fait différentes expériences avec un pareil rowrbil- don en y mettant différens corps folides, qui puftent ÿ recevoir le même mouvement circulaire : il fe bropoloit de découviir par-là lefquels de ces corps fafantleurs révolutions autour de l’axe du sozibillon, s’approcherorent ou s’éloigneroient davantage de cet axe, &t avec quel depré de vitefle ils le féroient ; le réfultat de cette expérience fut que plus un corps étoit pefant ;, plus il s’éloignoit de l'axe, | Le deflein de M. Saulmon étoit de faire voir, par cette expérience, la maniere dont les lois de la méz chanique pouvoient produite les mouvemens des corps céleftes ; & que c’eft probablement à ces mou “vémens qu'il faut attribuer Le poids , ou la pefanteur des corps Mais les expériences donnent un réfultat précilément contraire à cé qui devroit arriver, pour confirmer la doétrine de Defcartes fur la pefanteur, Voyez PESANTEUR. L? Tourbitlon, dans la philofophie de Delcartes,.. ; c’eft un {yftème ou uné colleétion de particules de matieres qui fe meuvent autour du mêmeaxe, Ces torbillons font le grand principe, dont les fuccefleurs de Defcartes fe fervent pout expliquer la Phpart des mouvemens , & des autres phénomenes des corps céleftes, Auffi la théorie de ces rourbilions fait-elle uné grande partie de la philofophie carté- fienne, Foyez CARTÉSIANISME. - Les Cartéfiens prétendent que là mätiere à êté dis vifée d'abord en une quantité innombrabie de petites particules égales ; ayant chacune un égal degré de mouvement autour de leur propre centre Voyez FEUIDE, "AT | Ils fuppofent de plus que diférens fyftèmes ou différens amas de cette matiere ont recu un mouve= ment commun autour de certains points comme cen- tres communs, êc que ces matiéres prenant un mou- vement arculaire,ont compofé autant de sowrbillons. Ces particules primitives de matiere ; agitées de mouvemens circulaires, ayant perdu leurs pointes ou leurs inégalités par leurs frottemens réciproques; ont acquis des figures fphériques , & font pañvenues àcompofer des globules de différentes grandeurs, que les Carréfiens appellent a srasiere du fecond élément ÿ & 1ls donnent le nom de matiere du premier élément à cette efpece de poufliere ou de limaille qu’il a fallu enlever de deflus ces particules , afin de leur donner la forme fphérique, Voyez ÉLÉMENT. . : Etcommeil ÿ auroit de ce premier élément bien: plus qu'il n’en faudroit pour remplintous Les vuides | FT OU 47 entre les elobules du fecond , ils fuppofent Que le fus plus eft chaflé vers le centre du #ozrbillon par lé Mou: vement circulaire des globules ; 6 que s’y amaflañt en forme de fphere , il produit un corps femblablé au foleil. Voyez SOLEIL. ré}, Ce foleil ainñ formé, tournant autour de fon pro: pre axe avec toute la matiere du sourbillon , doit né: ceffairement poufler au-dehors quelques-unes de fes parties , par les vuides que laiffent les globules du fecond élément qui conflitue le iowrbillon + &c cela doit arriver particulierement aux endroits qui font les plus éloignés des poles , le foleil recevant en même tems par ces poles précifément autant de ina: tiere qu'il en perd dans les parties de fon équateur ; moyennant quoi il fait tourner plus vite les #los bules les, plus proches ; &c plus lentement les globuis les plus éloignés. Ainf les globules qui font les plus proches du centre du foleil; doivent être les plus petits, parce que les plus grands ont, à raïfon de leur vitefle , une plus grande force centrifuge qui les éloigne du centre, Voyez LUMIERE, S'ilarrive que quelqu'un de ces corps folaires qui font au centre des différens sowrbillons , foit tellement encrouté ou affoibhi, qu'ilfoit emporté dans le rour- billon du véritable foleil , & qu'il ait moins de foli- dité où moins de mouvement que les globules qui {ont vers lextrémité du rorbillon folaite , il defcenz dra vers le foleil jufqw’à ce qu’il fe rencontre avec des globules de même folidité que la fienne , 8e fuf= cepnbhles du même degré de mouvement dont il eft doué ; &t fe fixant dans cette couche, il fera empors té par le mouvement du sourbillon , fans jamais s’ap= procher ou s’écarter davantage du foleil ; ce Qué conititue une planete. Voyez PLANETE, Cela pofé, 1l faut fe repréfenter enfuite que notre fyftème folaire fut divilé d’abord en plufieurs sou billons ; qu'au centre de chacun de ces rorbillons 14 y avoit un corps fphérique lumineux ; que quelques uns d’entr'eux s'étant encroutés par degrés furent engloutis par d’autres sourbillons plus grands & plus puifflans , jufqu’à ce qu’enfn ils furent tous détruits 8 abforbés par le plus fort des rourbillons folaires, excepté un petit nombre qui s’échaperent en lignes droites d’un tourbillon dans un autte , & qui dévin: rent par ce moyen ce que lon appelle des cometess Voyez COMETE. ; Cette doétrine des rourbillons eft purement hypos thétique. On ne prétend point y faire voir pat quels les lois &c par quels moyens les mouvemens céleftes s’exécutent réellement , mais feulement comment tout cela auroit pü avoir lieu , en cas quil eût plû au créateur de s’y prendre de cette maniere dans la conftruétion méchanique de l’univers. Maïs noug avons un autre principe qui explique les mêmes phé: nonienes auflrbien , & même beaucoup mieux que celuides sourbillons, principe dont l’exiftenceaQuelle fe manifefte pleinement dans la nature : nous vous lons parler de la gravitation des corps, Voyez Gras VITATION: On peut faire bien des objeétions contre le priris cipe des sourbillons. Car 1°. fi les corps des planetes &t des cometes étoient emportés autour du foleil dans des sourbillons , les parties correfpondantes du rourbillon devroient fe mouvoir dans la même di= reéhon ; &c il faudroit de plus qw’élles euflent la mê- me denfité, [left conftant que les planetes & les co métes fe meuvent dans lès mêmes parties des cieux avec diférens deprés de vitefle, & dans différentes direétions. Il s’enfuat donc que ces parties du rowrs billon doivent faire leur révolution en même tems dans différentes direétions , & avec différens degrés de vitefle. ; puifqu'il faudra une vîtefle & une direcs tion déterminées pour le mouvement des planetes, &t uhe autre pour celui des çcometes, % 2 472 TOU Or comment cela fe peut-il concevoir? [faudroit dire que différens courbillons puflent s’entrelacer & fe croifer ; ce qui ne fauroit fe foutenir. 2°, En accordant que différenscourbillons{ont con- tenus dans le même efpace, qu'ils fe pénetrent lun Pautre , & au’ils font leur révolution avec des mou- vemens différens ; puifque ces mouvemens doivent être conformes à ceux des corps céleftes quifont par- faitement réguliers, & qui fe font dans des feétions coniques ; on peut demandercommentils auroient pü fe conferver fi long-tems fans aucune altération, fans aucun trouble par les chocs &c les aétions contraires de la matiere qu'ils ont perpétuellement rencontrée. 3°. Le nombre des cometes ef fort grand, & leur mouvement parfaitement régulier ; elles obfervent les mêmes lois que les planetes , & elles fe meuvent dans des orbites elliptiques qui font exceffivement excentriques : ainfi elles parcourent les cieux dans tous les fens, traverfant librement les régions plané- taires, & prenant fort fouvent un cours oppofé à l'ordre des fignes ; ce qui feroit impofhble , sil y avoit des sourbilions. 4°, Si les planetes étoient mues autour du foleil dans des courbillons ,| nous avons déja obfervé que les parties des sourbillons voifines des planetes fe- roient aufh denfes que Les planetes elles-mêmes; par conféquent la matiere du sowrbillon, contigue à la circonférence de orbite de la terre, feroit auff denfe que la terre même : pareïllement la matiere conte- nueentre les orbites de la Terre & de Saturne feroit moins denfe. Car un sourbillon ne fauroit fe foutenir, à-moins que les parties les moins denfes ne foient au centre | & que les plus denfes ne foient à la cir- conférence ; de plus, puifque les tems périodiques des planetes font entr’eux comme les racines quar- rées des cubes de leurs diftances au foleil , les vitefles du sourbillon doivent être dans ce même rapport ; d’où il fuit que les forces centrifuges de ces parties feront réciproquement comme les quarrés des dif- tances. Ainfi les parties qui feront à une plus grande diflance du centre, tendront à s’en éloigner avec moins de force ; c’eft pourquoi, fi elles étoient moins denfes , elles devroient céder à la plus grande force, avec laquelle les parties plus voifines du centre ten- dent à s'élever ; ainfi les plus denfes s’éleveroient & lesmoinsdenfes defcendroient; ce qui occafionneroit ‘un changement de placedans lamatiere dessourbillons. La plus grande partie du sourbillon , hors de lor- bite de la terre, auroit donc un degré de denfité auffi confidérable que celui de la terre même. Il faudroit donc que Les cometes y éprouvañient une fort gran- de réfiftance , ce qui eft contraire aux phénomenes, Cotef. pr@f. ad Newt. prinaip. Voyez COMETE , RE- SISTANCE , 6c. M. Newton obferve encore que la doétrine des tourbillons eft fujette à un grand nombre d’autres difficultés : car afin qu’une planete décrive des aires proportionnelles aux tems , il faut que les tems pé- riodiques du sozrbillon foient en raïfon doublée des diftances au foleil ; 8: pour que le tems périodique des planetes foit en raïfon fefquiplée de leurs diftan- ces au foleil, il eft néceflaire que les tems périodi- ques des parties du rourbillon foient dans ce même rapport ; & enfin pour que les petits sowrbillons au- tour de Jupiter , de Saturne & des autres planetes _puiffent fe conferver , & nager en toute füreté dans le sourbillon du foleil ; les tems périodiques des par- ties du sourbillon du foleil devroient être égaux : au- cun de ces rapports n’a lieu dans les révolutions du {oleil & des planetes autour de leur axe. Phil. natur. princ. math. fchol. gen. à la fin. Outre cela les planetes dans cette hypothefe étant emportées autour du foleil dans des orbites ellipti- ques , & ayant Le foleil au foyer de chaque figure, f lon imagine des lignes tirées de ces planetes au fo: leil , elles décrivent toujours des aires proportion- nelles aux tems de leurs révolutions : or M. Newton fait voir que les parties d’un sozrbillon ne fauroient produire cet effet. Sco/. prop. ulr. Gb, IT, princip. Le même M. Newton a fait encore d’autres ob- jettions contre la formation des rourbillons en elle- même. Si le monde eft rempli de sourbillons, ces zourbillons doivent néceffairement former des vuides entr'eux, puiique des corps ronds qui fe couchent laffent toujours des vuides. Or les parties d’un fluide &t de tout corps qui fe meut en rond , tendent fans ceffe à s'échapper ,.& s’échappent en effet dès que rien ne les en empêche, Donc Les particules du sor- billon qui répondent à ces vuides , doivent s’échap- per & le sourbillon {e difhiper, On dira peut-être, & c’eft en effer le réfuge de quelques cartéfiens, que ces vuides font remplis de matiere qui s’oppofe à la diffipation des particules du sourbillon : mais cette matiere qui n’a point de force par elle-même , ne peut empècher les particules de s'échapper dans les principes de Defcartes , autrement il faudroit dire que le mouvement eft impoflble dans le plein; & c’eft de quoi les Cartéfiens font bien éloignés. Par conféquent fi on admettoit le fyftème des sourbillons, il faudroit les réduire à un feul sourbillon infini en tout fens ; c’eft ce que les partifans des sourbillons n’admettront pas. | De plus , en fuppofant qu’il n’y eût qu’un feul tourbillon , 1l faut néceflairement que fes couches obfervent une certaine loi dans leurs mouvemens. Car fuppofons trois couches voifines , dont la pre- miere , c’eft - à - dire la plus proche du centre, fe meuve plus promptement , & les deux autres plus lentement, à proportion qu’elles ont un plus grand rayon : il eft certain que Le frottement de la pre- miere couche contre la feconde tend à accélérer cette feconde couche , & que le frottement de læ troifieme couche contre cette mêmefeconde couche : tend au contraire à la retarder ; ainfi pour que la feconde couche conferve fa vitefle ,| &z ait un mou- vement permanent &invariable, il faut que les deux frottemens qui tendent à produire des effets contrai- res. foient égaux. Or M. Newton trouve que pour cela 1l faut que les vitefles des couches du sourbillon fuivent une certaine loi, qui n’eft point du tout celle du mouvement des planetes. De plus, M. Newton fuppofe dans cette démonftra: tion, qu'il y ait au centre du sourbillon un globe qui tourne fur {on axe, &c il trouve qu’il faudroit conti- nüuellement rendre à ce globe une partie de fon mou- vement pour empêcher que fa rotation ne ceflät. IE n’y auroit qu'un feul cas où le fluide mü en sourbil. lon & la rotation du globe pourroient fe conferver , fans l’aétion continuelle d’une force confervatrice : ce feroit celui où le globe &z les couches du sozrbil- lon feroient leurs révolutions enmême-tems, comme fi elles ne faifoient qu'un corps folide. Ainfi les pla- netes devroient faire toutes leurs révolutions dans le même tems ; ce qui eft fort éloigné de la vérité. : La rotation des planetes autour de leurs axes eft encore un phénomene inexplicable par les sorbiz. lons : dès la naïffance , pour ainfi dire , du Cartéfa- nifme, on a fait voir que dans le fyftème des sour- billons les planetes devroient tourner fur leurs axes d’orient en occident. Car la matiere qui frappe l’hé- mifphere inférieur , ayant plus de viteffe que celle qui frappe lhémifpherefupérieur, elle doit faireavan- cer l’hémifphere inférieur plus que hémifphere fupé- rieur,ce quine peutfefaire fans quela planete tourne. Repréfentez-vous un bâton fitué verticalement, que l’on pouffe d’occident en orient par en-bas avec plus de force que par en-hant ; il faute aux yeux que ce bâton tournera par fa partie inférieure d’occident cn en orient , @& par fa pattie fupérieure d’orient en occident, C’eft le contraire de ce qui arrive aux pla- netes , & c’elt encore une difiiculté qui eft jufqu’à préfent demeurée fans réponfe. De plus , M. Keïil prouve, dans fon examen de La théorie de Burnet , d’après le /co/, qui eft à la fin du fecond livre des principes de Newton , que fi la terre étoit emportée dans un tourbillon, elle iroit plus vite dans le rapport de 3 à 2, quand elle eft au figne de la Vierge , que quand elle eft à celui des poiffons ; ce qui eft contraire à toutes les obfervarions, Cham- bers. Enfin on pourroit encore , felon M. Formey, faire des objeétions très-folides contre la divifion & le mouvement de la matiere dans les principes de Def- cartes, Pour ce qui regarde la divifion, on ne peut la concevoir qu’en deux manieres , Où bien en ima- ginant entre les parties divifées des intervalles vui- des , ou bien en concevant ces intervalles remplis de quelques corps ou de quelque matiere d’une na- ture différente de celle des parties. C’eft ainf que, quoique tout foit plein dans le monde , nous conce- vôns quatre dés approchés les uns contre les autres comme quatre corps cubiques diftingues, parce que, quoiqu'il n’y ait point de vuide entr’eux, on y ap- perçoit cependant un petit intervalle rempli d’air, qui empêche de les concevoir comme un feul corps. Mais , felon les principes du Cartéfianifme , on ne peut concevoir la chofe ni en l'une ni en l’autre ma- mère : car On ne peut pas fuppofer de vuide entre les parties divifées, puifque le vuide dans ce fyffème eft impoffible. On n’y peut pas concevoir non plus de corps de différente nature | puifque la diffé- rence des corps, felon l’auteur du fyflème, n’exifte qu'après l'agitation &c le mouvement de la matiere : cette divifion eft donc une chimere. Pour ce qui eft du mouvement, c’eft bien pis encore ; car le moyen de concevoir que toutes ces parties cubiques , Lef- quelles fonttoutesdures ,impénétrables & incapables de compreffion , puiffent tourner fur leur centre de maniere à fe cafler fans qu'il n’y ait déja ou qu’il ne fe fafle quelque vuide. Car la petitefle ne fait rien ici , puifque quelque petites qu’elles foient , elles {ont dures, impénétrables , & concourent toutes en- femble à réfifter au mouvement de chacune en par- ticuler. À ces difficultés générales , on en joint de partitulieres , qui prouvent que tout ce que nous dé- couvrons dans la lumiere & dans la ffru@ure de la terre , eft incompatible avec l'architedture carté- fienne. Nous répondons ici en peu de mots à une objec- tion descartéfiens. Lesfurfaces concentriques du sowr- billen , difentils, font comme les quarrés des diftan- ces ; les forces centrifuges doivent être en raifon in- verfe de ces furfaces, afin que les furfaces foient en équilibre, ainfi les forces centrifuges doivent être en raïfon inverfe des quarrés des diftances , & les vitefles en raifon inverie des racines quarrées ; ce qui eft la loi de Kepier. À cela on répond 1°. que ce prétendu équilibre des furfaces , en vertu de leurs forces centrifuges, eft une chimere, parce qu'il n’y a point d'équilibre entre des forces confpirantes ; 2°. que par les lois de l’hydroftatique , les grandeurs des furfaces ne devroient entrer pour rien dans cet équilibre; 3°.que quand on expliqueroit par-là une des lois de Kepler fur les vitefles des différentes pla- netes , on n’expliqueroit pas l’autre, favoir que la vitefle d’une même planete aphélie & périhélie eft en rafon inverfe de la diftance, & non de fa racine. Le P. Malebranche avoit imaginé de petits sourbil- lons , à imitation de ceux de Defcartes. Ces petits tourbillons, par les moyens defquels il prétendoit ex- pliquer la lumiere , les couleurs, l’élafticité, &c. ont fait pendant quelque tems une grande fortune : mais Tome XVI TOU 473 ils font prefque oubliés aujourd’hui, En effet f les grands tourbillons {ont une chimere , comme on ne peut en douter, c’eft déja un grand préjugé contre les petits. D'ailleurs on peut faire contre l’exiftence de tous ces sourbillons cette objection générale & bien fimple , à laquelle on ne répondra jamais ; c’eft que leurs parties ayant une force centrifuge, s’échap- peront néceflairement par les vuides que ces rourbil lons laifferont entr’eux. L’exiftence fuppofée de ces petits corps en annonce laruine.(O) TOURBILLON, ( Artificier. ) c’eft un artifice com- pofé de deux fufées direétement oppofées & atta= chées fur les tenons d’un tourniquer de bois, comme ceux que les anciens appelloient béton a feu, avec cette différence qu’on met Le feu aux bouts par le cô- té 6 non fuivant l’axe. Cet artifice produit l'effet d'une girandole. TOURD, f.m. (A, rar. Ichhiolog.) turdus, poif- fon de mer.Rondelet en décrit douze efpeces qui ne different les unes des autres que par les couleurs ; elles font brillantes dans prefque tous ces poiflons. Les principales efpeces ont des noms particuliers. Voyez GAIAN, MENETRIER , VIELLE, PAON , TAN- CHE DE MER, 6c. Rondelet , hi, nas. des poiffons , Z, part. liv. VI, ch. vi. Voyez Poisson. Tour», voyez LITORNE. TOURDELLE , voyez GRIVE. TOURDILLE , ( Maréchal.) efpece de poil gris. TOURELÉ , ( Anrig.) c’eft-à-dire chargé ou gar- nt de tours ; c’eit ce qu'on appelle baflllé en terme de blafon. Cybele, la déefe de la terre, & tous les génies particuliers des provinces & des villes por- tent des couronnes sourelées, (D. J,) TOURELLE, f. f, ( Archu.) petite tour ronde où quarrée portée par encorbellement ou fur un cul- de-lampe , comme on en voit à quelques encoiïgnu- res de maïfons à Paris. : Tourelle de dôme, efpece de lanterne ronde ou à pans qui porte fur le mafff du plan d’un dôme, pour accompagner & pour couvrir quelque efcalier à-vis. Il y a de ces sourelles aux dômes du Val-de-grace & de la Sorbonne à Paris. (D. J.) TOURELLE, ( Orgue.) c’eit ainfi que l'on appelle dans un buffet d’orgue les parties faillantes arrondies compofées de plufeurs tuyaux , qui fontcomme au- tant de colonnes dont la sourele eft compofée. Voyez la PI, I. d'orgue. TOURER, v. at. er serme de Périfferie. c’eft plier &c replier la pâte plufieurs fois fur elle-même &la- baïfler fur un tour à chaque fois avec le rouleau pour la feuilleter. Voyez Tour € ABarsser, TOURET , voyez MaUvIs, TouRET ,f. m. ( cerme d'ouvrier. ) petit tour ou roue qui fe meut très-vite par le moyen d’unegrande roue qui fe tourne avec une mamvelle, Les T'aillan- diers fe fervent de ces tourers pour éguifer leurs fer- remens , les Cordiers pour faire du bitord, 6x. (2.J.) TouRET, (serme de Balancier.) les sourers font deux fortes de petits anneaux que Les faifeurs de ba- lances mettent aux gardes du pezon. ( D. J. TOURET, ( rerme de Batelier. ) c’eft une cheville qui-eft fur la nage d’un bachot, & où l’on met l’an- neau de l’aviron lorfqu'on rame. ( D. J. TOURET, ( {nffrumenr de Cordier.) eft un tambour de bois qui eft terminé à chaque extrémité par deux planches affemblées en croix , & qui efttraver{é par un eflieu de fer. Cet inftrument fert à dévider le fil ; ainfi les zourers font de grofes bobines, Voyez les PL, de la corderie. Pour pouvoir fe fervir des sourers, c’eft-à-dire , pour dévider le fil, ou pour l’en tirer afin de l’em- ployer, on les pofe fur des fupports que l’on place aux extrémités de la filerie, Ces Re font quel- ; . Q Q c 474 T OÙ quefois difpofés horifontalement, & quelquefois ver- icalement, & on en met pour l’ordmaire une gran- de quantité afin de pouvoir les faire tourner tous en même tems, & d’abréger l'ouvrage du cordier. Par exemple, quand un cordier veut fabriquer un gros cordage compofé , je fuppofe, de cent fils, il per- droit beaucoup de tems s'il navoit qu'un sourer; cat pour ourdir fa corde, il feroit obligé de parcourir cent fois lalongueur de la corderie ; au lieu qu'ayant vingt rourers, 1l prend les fils de tous ces sourers par le bout, & en conduit vingt à la fois , &cpar confé- quent fa corde eftourdie en cinq voyages. Voyez l'ar- zicle CORDERIE. TOURET , perit, en terme dE peronnier , fe dit d’une efpece de crochet rivé dans un trou pratiqué dans la tête de la garsouille dans laquelle paffe la premiere chainette. Voyez GARGOUILLE 6 CHAINETTE. Voyez la Planche de l'Eperonnier. TOURET, ( Graveur en pierres fines. ) forte de pe- tit tour dont les Graveurs en pierres fines fe fervent pour travailler leurs ouvrages; Parbre du sozres porte les bouterolles qui ufent, au moyen de la poudre de diamant ou d’émeril dont elles font enduites, la par- tie de ouvrage qu’on leur préfente. Le mouvement eft communiqué à l’arbre du sourer par une grande roue de bois, placée fous l'étabhi & d’une corde fans fin qui pañle fur cette roue & la poulie de l'axe. La grande roue fé meut par le moyen d’une marche ou pédale fur laquelle Pouvrier pofe le pié. Voyez Les PL. de la Gravure 8 Varticls GRAVURE EN PIERRES FINES, Où la conftruétion &c l’ufage du souret font plus amplement expliqués. TOURET DE NEZ , {. m.( Langue franç.) vieux mot qui fignifioit une efpece d'ornement que les da- mes portoient autrefois , & qui leur cachoit le nez. On voit dans la bibliotheque du roi quelques repré- fentations de fêtes & de carroufels où les dames font peintes avec des tourers de nez. (D. J. TOURIERE , f. m. (zerme de couvenr.) ofñce clauf- tral; c’eit une religieule qui a la charge de parler au tour , d’y traiter les affaires de la marion, de rece- voir ce qu’on y apporte de dehors, &c. On l'appelle touriere du dedans ou plutôt dame du tour. La fœur souriere , ou la towriere du dehors eft une fervante qui aflifte au tour en-dehors, qui rend au couvent tous les fervices dont il a befoin au-dehors, ainfi qu’en ville, & qui reçoit ceux qui viennent y rendre vifite, en attendant qu’elle les fafle parler à la dame du tour. ( D. J.) TOURILLON, f. m. (ÆHydr. ) eft une groffe che- ville ou boulon de fer qui fert d’eflieu ou de pivot fur quoi tournent les fleches des bafcules d’un pont levis & autres pieces de bois dans les machines. TOURILLONS , LES font dans l’Artillerie , lespar- ties rondes &c faillantes qui fe voyent à côté d’une piece de canon. Ce font deux efpeces de bras quifer- vent à le foutenir , &c fur lefquels il peut fe balancer & fe tenir à-peu-près en équilibre. On dit à-peu-près en équilibre, parce que le côté dela culaffe doit Pem- porter fur l’autre d'environ la trentieme partie de la pefanteur de la piece. Comme il eft plus épais à la culaffe que vers l'embouchure du canon , les souril- lons font plus près de la culafle que de la bouche de la piece. Le mortier a aufli des sourillons par lefquels il eft attaché & foutenu fur fon affüt. Voyez CANON 6? MORTIER. Les courillons font encaftrés dans une entaille faite exprès à l'affût, & ils (ont embrafiés par-deflus d’une fusbande de fer. Les rourillons font cylindriques, & ils ont le même calibre ou diametre que la piece:(0) TOURILLON , ( Ferrand. ) grofle cheville ou bou- lon de fer qui fert d’eflieu, comme les deux d’un pont à bafcule; celles qui portent la groffe cloche 0] { dans un béfroi, & plufeurs autres fetvans à divers ufages. ( D.J.) T'OURILLON, terme de Meñnier, efpece de gtos rouleau de fer qui eft au bout de l'arbre du mouhn, & qui fert à faire tourner l'arbre. ù TOURILLONS, ( Tour. ) font les parties cylindri- ques qui pañlent entre les colets. Voyez Tour, & &s Planches. TOURLOUROU , f. m. ( Hijf. nat.) forte de crabe terreftre de la petite efpece, dont le corps eff à-peu-près de la largeur d’un écu de fix francs; le deflus de fon écaille eft d’un violet foncé tirant {ur le noir, & borde tout-au-tour d’une bande rouge affez vive, dont la couleur s’affoiblit infenfblement. en s'étendant {ous le ventre de animal. Il a dix pattes, cinq de chaque côté ; les deux de devant font armées de tenailles ou mordans plus forts que ceux des écrevifles ordinaires ; s'il eft fai par un de ces mordans , peu lui importe de laban- donner pour fe fauver, puifqu'au bout d’un an, 4 reparoît avec un nouveau membre aufli-bien formé que le premier. | Les sourlouroux {e tiennent ordinairement dans les montagnes; ils creufent.des trous en terre pour fe loger, & ne fortent que pour leurs befoies, ou fur la fin d’une pluie abondante, de peur d’être inondés; c’eft alors qu’on les rencontre par milliers dans cer- tains cantons ; la terre en eft quelquefois fi couverte, qu’on cft contraint deles écarter avec un bäton pour fe frayer un pañage. Les zourlouroux parleur petitefle contiennent peu de fubftance charnue ; mais leur graiffe qu’on nom- me taumalin, eft délicieufe ; c’eft une efpece de farce naturelle d'un goût exquis; les femelles quelque tems avant leur ponte, renferment dans l’intérieur de leur corps deux pelotons gros comme le bout du doigt, d’une fubftance jaune , tirant fur le rouge, un peu ferme & de très-bon goût; ce font Les œufs qui ne font pas encore formés. | Le taumalin ougraïffe des rourlouroux peut fe man- ger feul comme celui des crabes; on en compofe auf avec la farine de magnoc un fort bon mets que les Créols appellent maroutou. Les étrangers ne font pas long-tems à s’y accoutumer, & le trouvent dé- licieux ; les bifques aux sourlouroux font parfaites, & furpaffent de beaucoup par la finefle de leur goût, celles qui fe font avec les crabes &c les écrevifiés. TOURMALINE, £. f. (Æiff. na.) c’eit une pierre qui fe trouve dans l’île de Ceylan, qui étant échauf- fée, acquiert une vertu analogue à l’éleétricité ; alors elle attire d’abord, & repoufle enfuite les corps lé- gers qui l’'environnent, tels que. la poudre de char: bon & la cendre; c’eft auffi pourquoi on lappelle pierre de cendres, aimant de cendres ; en hollandois, afchen trekke, Quelques perfonnes l’ont appellée zzy- peline par corruption; les Allemands la nomment trip. C’eft dans lhiftoire de l’académie royale des Scien- ces de l’année 1717, qu'il a été parlé pour la pre- miere fois de cette pierre, que M. Lemery fit voir à Pacadémie ; voici ce qu’on en dit : « C’eft une pierre » qu'on trouve dans l'ile de Ceylan, grande comme » un denier, plate, orbiculaire, épaifle d'environ » une ligne, brune, life , & hufante , fans odeur & » fans goût, qui attire & enfuite repoufle de petits » corps légers comme de la cendre, de la imaille » de fer, des parcelles de papier; elle n’eft point » commune, » Quand une aiguille de fer a été aimantée, l’ai« » mant en attire le pôle feptentrional par fon pôle » méridional ; & par ce même pôle méridional il re- » poufle le méridional de laiguille; ainf ilattire &z » repoufle différentes parties d’un même corps, fe- » lon qu’elles lu font préfentées, &c il attire owre- TOU » poufle toujours les mêmes. Maïs la pierre de Cey- » lan attire & enfuite repoufle le même petit corps » préfenté de la même maniere; & c’eft en quoi » elle eft fort différente de Paimant. Il femble qu’elle » ait un tourbillon qui ne foit pas continuel , mais # qui fe forme, cefle, recommence d’inftant en in- # ftant, Dans l'inftant où il eft formé, les petits corps » font pouflés vers la pierre, il cefle, & ils demeu- » rent oÙils étoient ; 1l recommence, c’eft-ä-dire, qu'il » fort de la pierre un nouvel écoulement de matiere » analogue à la magnétique, & cet écoulement chaffe » les petits corps. Il eft vrai que felon cette idée, les » deux mouvemens contraires des petits corps, de- » vroient fe fuccéder continuellement , ce qui n°eft » pas ; car ce qui a été chaflé n’eft plus enfiute attiré ; # Mais Ce qu'on veut qui foit attiré, on le met aflez » prés de la pierre ; & lorfqu’enfuite elle repouffe le » corps , elle le repoufe à une plus grande diftance; » ainf ce qu'elle a une fois chaflé , elle ne peut plus » le rappeler à elle ; ou ce qui eft la même chofe, » fon tourbillon à plus de force pour chañler en fe » formant , que pour attirer quand il eft formé ». Voyez l'hifloire de l'académie royale des Sciences, an- née i717. page 7. € fuiv. x Tels font les premiers détails que nous ayons fur la sourmaline. Depuis il en a été queftion dans deux écrits publiés en 1757; l’un eft un mémoire de M. Æpin, profefleur de phyfique, membre de l’acadé- mie impériale de Petersbourg, qui a pouttitre, de giuibufdam experimentis ele&tricis norabilioribus ; a été lu à lacadémie de Berlin; autre eft une difiertation de M. Wilke, fous le titre de Di/purario folemnis phi- lofophica de elecfricitaribus contrariis. Roftochii, 1757. Ces deux auteurs nous difent qu’on trouve dans l'ile de Ceylan une pierre tranfparente, prefque auf dure que le diamant, d’une coulèur qui imite celle de l'hyacinthe, mais plus obfcure, Cette pierre eft connue en Allemagne & en Hollande, fous le nom d'aimant de cendres ; mais elle s'appelle plus commu- nément sourmaline. La propriété finguliere de cette pierre, eft d'attirer & de repoufer tour-à-tour les cendres qui environnent un charbon ardent fur le- quel on Fa placée, … Entn, M. le duc de Noya-Carafa, feigneur napo- Btain , auf diftingué par fon goûr pour les Sciences, que par fon rang, étant venu à Paris en 1759, ap- porta deux rourmalines qu'il avoit acquifes dans fes voyages. L'une qui étoit la plus petite, pefoit fix grains ; elle avoit quatte lignes de longueur fur trois de largeur, & à-peu-près une ligne d’épaiffeur. Elle étoit entierement opaque, d’un brun noirâtre ; fa fubflance paroifloit homogene, quoique traverfée de quelques veines ou rerrafles peu fenfibles ; le feu auquel cette pierre avoit été expofée avoit fait partir de fa furface de petits éclats qu’on ne découvroit bien qu'a la loupe. Cette pierre peut être rougie au feu fans aucun rifque, pourvu qu’on ne la refroidiffe point trop fubitement dans l’eau ou autrement. … L'autre rourmaline étoit plus grande, elle pefoit dix grains; fa longueur étoit de cinq lignes & un tiers; fa largeur de quatre lignes &: demie, & fon épaifleur de près d’une ligne, Sa couleur étoit d'un jaune enfumé ou de vin d'Efpagne, & tenoit un mi- lieu entre le beau jaune de la topafe orientale, & la couleur brune de la topafe ou du cryftal de Bohème. Cette pierre étoit fans défaut , à l'exception de deux glaces que le feu des expériences y avoit formées. La dureté de ces deux pierres étoit la même que celle du cryftal de roche, de l'émeraude, & du fa- phir d’eau, que les Lapidaires mettent au rang des | Pierres tendres. Leur poli eft gras; elles rayent le verre; elles n’ont ni goût ni odeur; la plus petite avoit plus de vertu que la grande. L'auteur de l’O- . iyétologte, donne à cette pierre le nom de curpeline , Tome XVI, | TOU 475 Sc dit fans aucun fondement que c’eft üne efpece d'œil de char. M. Æpin attribue à cette pierre la du= reté du diamant; ce qui eft contredit paï ce qui pré- cede. | M. le duc de Noya a faït un grand nombre d’ex- périences avec ces deux pierres en préfence de plu: fleurs curieux; voici en peu de mots les réfultats de ces expériences , dont les unes prouvent la confor- mité de la sourmaline avec les autres corps éle&ri: ques , &t les autres prouvent que cette pierre à des vertus qui ne lui font point communes avec ces Corps. | La courmaline étant frottée avec du drap, attire & repoufle les corps légers ; mais fes effets font plus forts lorfqu'on la pofe fur des charbons atdens > OU fur des métaux échautffés , ou dans de l’eau bouillan- te, ou à la chaleur du foleil concentrée par un verre ardent ; une chaleur trop grande, ainf qu'une cha: leur trop foible, nuifent également à fa vertu éle- rique. Celle qui tient le milieu entre ces deux ex: trèmes, & qui s'étend depuis le trentieme jufqu'at foixante & dixieme degré du thermometre de M. de Réaumur, eft la plus convenable pour lui donner toute la force éle@rique dont elle eft fufceptible ; le mieux eft d'étendre une couche dé céndre fur des charbons ardens, ou fur une plaque de métal rou- gie, & de placer la sourmaline fur cette couche de cendre. Si on met la pierre dans l’eau bouillante, lotfqw'on la retire elle eft trop promptement refroi- die pour pouvoir produire fes effets, Quant à la chas leur du verre ardent, elle eft trop fubite & mettroit la pierre en rifque de fe cafler. La rourmaline échauffée convenablement, attire & repoufle les corps legers,, tels que les cendres, la feuille d'or, la limaille de fer, la pierre en poudre, le verre pilé, le fablon , la poudre de bois, le char- bon pilé, la foie fufpendue, &c. Les diftances de l’attraétion & de la répulfon, varient fuivant le de- gré de chaleur qu’on a donné à la pierre, & fuivant les corps legers qu’on lui préfente ; mais la diftance de la répulfion eft toujours plus grande que celle de l’attraétion. La répulfon dépend auf de la figure des corps qu'on lui préfente, &c de la façon de les préfenter. Cette pierre trop échauffée n'a plus d'éle@ricité, Sa vertu agit de même que celle des cylindres éle- étriques au travers du papier. Elle agitau bout d’un condudteur métallique, c’eft: à-dire, au bout d'un fil de fer dont un bout eft placé fur la rourmaline chauffée. Elle n’a point de pôles comme l’aimant, non plus que tous les corps électriques. Elle rejette plus vivement les paillettes aux en: droits où l’on préfente les pointes. Sa vertu n’eft point altérée par l’aimant ; ces phé- nomenes de la sourmaline lui font communs avec les autres corps électriques ; mais elle en differe par les points fuivans. 1°. Elle s’éleétrife par la feule chaleur , & par ce moyen elle devient beaucoup plus éle&rique que par le frottement. 2°. Etant élettrifée, elle ne devient point phof phorique , & ne donne point d’étincelles éle&ri: ues. 3°. Elle s'éleétrife même dans l’eau. 4°. Elle ne perd point fa vertu éle@trique par les moyens qui la font perdre à la machine éle@rique. 5°. On ne lui communiqué point l'éle@ricité com- me aux autres corps éleétriques, 6°. La tourmaline au lieu d'être repouflée par urt tube éle@rifé , elle en eft attirée. 7°. Deux sourmalines füfpendues à des fils étant échauffées, s’attirent mutuellement , au lieu de f& répoufler comme font lesautres corps éleétriques, | Ooo ï 476 TOU De ces expériences , M. le duc de Nova conclut que la tourmaline eft un corps élettrique qui s’éle- Étrife par des moyens diférens des autres corps éle- étriques ; que fon éleétricité eft différente de la leur; qu'elle eft fenfible comme la vertu magnétique, à l’aétion de leur éleëtricité, fans s’en charger, fans perdre la fienne, & fans leur faire perdre la leur ; &c par conféquent que cette pierre differe en cela de tous lesautres corps éleétriques connus. Tous .ces détails font tirés d’une Zersre de M. le duc de Noya Carafa, fur la tourmaline à M. de Buffon , que ce feigneur a faitimprimer &t publier à Paris en 1750. L'on y trouvera un grand nombre d’autres détails que l’on a été obligé d’omettre, de peur d’alonger cet article, où l’on n’a rapproché que les chofes ef- fentielles contenues dans cetouvrage. (—) TOURMENT , £ m. ( Gram. ) douleur longue & violente , de corps ou d’efprit. La goutte, la pierre, les fraûtures , font les plus grands rourmens de corps auxquels homme foit expolé. Les amans parlent beaucoup de leurs rourmers, maïs je crois qu'ils les exagerent quelquefois ; la jaloufie eft un de leurs LOUTImens, TOURMENTE, LA, (Géog. mod. ) riviete de France dansle Quercy. Elle fe forme de trois ruf- feaux , près de Souuillac , &c fe perd à Floriac dans la Dordogne. (D. J.) FOURMENTER , ( Peint. ) tourmenter des cou- leurs , c’eft les remanier & les frotter, après les avoir couchées fur la toile; ce qui en ternit la frai- cheur & l'éclat. Quand on les a une fois placées , le mieux feroit de n’y pointroucher du tout, fi la cho- {e étoit poffñble ; mais comme il n'arrive guere qu’el- les faflent leur effet du premier coup, il faut du moins en les retouchant , les épargner le plus que Von peut, & éviter de les tracafler &c de les sour- menter. (D. J.) TOURMENTER fon cheval, ( Maréchal.) c’eft le châtier ou Pinquietter mal-à-propos. Se rourmenter , fe dit d’un cheval qui a trop d’ardeur., & qui eft toujours en ation ; il fe sourimente , & tourmente {on homme. - TOURMENTEUR -JURÉ , cétoit ainf qu’on nommoit anciennement le queftionnaire. Voyez ce que Pon ena dit au 04 EXÉCUTEUR DE LA HAUTE JUSTICE, 6 Sauval, Arig. de Paris. (A) TOURMENTIN , £. m. ( Ornihol. ) petit oifeau marin qui n’eft guere plus gros qu'une hirondelle, & ‘dont le plumage eft noir: on ignore le lieu de fa re- traite , {on efpece n’étant point connue lunterre. Les sourmentins {e tiennent en pleine mer , à des diftances confidérables des côtes ; ils ne paroïffent ordinairement que pendant les grostems, voltigeant fans cefle derriere la poupe des varffeaux, autour du gouvernail, à deux ou trois piés au-deffus de la fur- face de l’eau ; c’eft une chofe finguliere de voiravec quelle agilité ces petits oifeaux fivent les ondula- tions de la mer, fans jamais en être furpris ni paroï- tre.fe laffer; fans doute que c’eft cette agitation con- tinuelle , qui les a fait nommer sourmentin par les matelots, dont l'opinion eit que ces oifeaux provien- nentdel’écume des vagues;cette idée n’eftpas moins ridicule que les fables débitées par les anciens fur l'origine & les merveilles des alcyons , dont Le zowr- mentin eft peut-être une efpece.. És TOURMENTIN , (Marine) quelques marins ap- _pellent ainfi le perroquet debeaupré. Voyez Mar. … TOURNAIRE, fm. (Jurifpr.) eft celui qui. eft entour de nommer à un bénéfice vacant, Woyez c- devant TOUR. L ris TOURNANT, f.m, ( Marine. ) nom qu’on donne à un mouvement circulaire des eaux , qui forme.un gouffre, dans lequel. périffent prefque tous les vaif- feaux quiont le malheur d’y tomber, Il y en a entre autres un à la côte de Norwege, qui eft très-dan- gereux. TOURNANT, on appelle ainfi un pieu enfoncé en terre , qui porteun rouleau , avec des pivots placés dans des traverfes liées à ce même pieu, & furle- quelles bateliers , paffant leur corde, tirent leur bA- timent , ou le font tirer fans difcontinuer ; par certe manœuvre 1ls paffent les contours & les angles d’un canal ou d’uneriviere , fans-avoir la peine de fe re- morquer à force de crocs, de saffes & d’avirons. TOURNANT, ( Eaux & Forérs.) ce terme des eaux & forêts, fignifie les arbres qui font aux angles ren- trans , & qui doivént être marqués du marteau du roi, comme les piés corniers , & les arbres de lifie- re; c’eft la difpofñition de l’article xj, du titre 15. de l'ordonnance des eaux &c forêts, ( D. J.) TOURNANTS , terme de Perruquier | ce {ont des bouts de trefle de cheveux qui vont depuis les tem- ples jufqu’à la nuque du col ; ce font les premieres treffes que le perruquier attache fur la cocffe quand il monte une perruque, TOURNAY , ( Géog. mod.) en latin Turnacum , ville des pays-basautrichiens, capitale du Tournéfis, fur PEfcaut , à cinq lieues au fud-eft de Lille , à fept de Douay , à huit de Mons, à quinze de Gand, & à cinquante-cinq de Paris. L’Efcaut divife la ville en vieille & neuve. Louis XIV. y a fait bâtir une cita- delle qui a couté plus de quatre millions de ce teins là, c’eft-à-dire plus de huit millions de notre monnoie aétuelle ; c’eft un ouvrage de M. de Méorigni , ingé- nieur; mais Louis XV. en reprenant Tournay {ur la reine de Hongrie , a fait détruire cette citadelle de fond en comble. | | La ville de Tournay eft partagée en dix paroïfles; S. Médard , évêque de Noyon, fut un des premiers pañleurs de l’églife de Tourray | & fon premier évé- que fut Anfelme | moine bénédittin , qui obtint cet évèché en 1148 , par le crédit de S: Bernard. En 1559, l'évêché de Tournay devint fuffragant de la nouvelle métropole de Cambtray: Son diocèfe a hu doyennés, & contient 223 cures. Longitude, 21. 4. latit, 50.34. In’eft fait mention de Tournay que dans l’itinérai- re d'Antonin , & dans la carte de Peutinger, dont les auteurs ont vêeu du tems de S. Jérôme. Dansle même fecle Tourray fut prife fur les Romains-pac Clodion, rois des François; fon petit fils Childeric ydemeuroit, y mourut, & y fut enterré. Sous les premiers rois Capétiens , les évêques de Tourray 8 de Noyon étoient feigneurs de la ville, mais les ha- bitans y vivoient dans une entiere liberté. Charles VIT. unit folemnellement Tourray 8 le Tournéfisä fa couronne , par des lettres patentes données au commencement de fon regne , en 1422, êc confir= mées par d’autres lettres , dans les années 1426 ,& 1436. Louis XI. après la mort de Charles duc de Bour- gogne , mit garnifon dans Tournay en 1477 ; &t de- puis ce tems-là les habitans lui obéirent jufqu’à l’an 1513, que la ville fut prife fur Louis XII. par Hen£ ri VI. roi d'Angleterre. Les Anglois la rendirentaux François en 1$17; mais quatre ans après , la guerre ayant été déclarée par Charles-quint & François L Tournay fut prife, & François IL. contraint de la ce- der par le traité de Madrid, en 152$, confirmée par le traité de Cambray en 1529 , par celui de Crépi en Laonoiïs , en 1544, & par celui de Cateau-Cambré- fisyenr1;59. En:1667, Louis XIV. prit cette ville qui lui fut cédée en 1668 , par le traité d’Aix-lat chapelle ; 1l fortifia Tourzay , & y éleva la citadelle donty’aiparlé ; mais la ville & la citadelle ayant été prifes en 1709, par l’armée des alliés, la France cé- da l’une êc l'autre à la maifon d’Autriche, par les trai- “tés d'Utrecht, de Raftat , & de Bade, Enfin les Etats: TOU Généraux ont la garde de cette place , par le traité de la Barriere , conclu en 1715 , entre leurs Hautes puiflances , & l'empereur Charles VI. Jean Coufn a donné Phiftoire de Toxrnay. Elle eft imprimée à Douay chez Marc Wyon, en 1620, en 4 vol. #7-4°. c’eft un ouvrage fort rare. Simon de Tournay, dont lenom eft écrit fort difé- remment dans les bibhographes , étoit né dans la ville de Tournay; ou du moins étoit originaire de cette ville; 11 en fut chanoine, & florifloit dans le xij°. fiecle ; il devint dofteur enthéologie à Paris, & y régenta pendant dix ans Les écoles des arts, c’eft-à- dire qu'il y enfeigna les belles-lettres & la philofo- phie. li a laifié plufieurs ouvrages qui ne fe trouvent qu'en manufcrit. Son attachement aux opinions d’A.- riftote , & fa grande fubtilité dans la difpute , le f- rent accufer d’impiété & d'irreligion. ILeft douteux fi Jacques des Parts, en latin de Par- zibus, étoit natif de Tourney , ou de Paris ; il fut également chanoine de Paris , & chanoine de Tour- 24 , Mais il mourut dans cette derniere ville, envi- ron Van 1465 ; 1l devint médecin du duc de Bourgo- gne , Philippe le bon, & puis de Charles VIL. roide France ; 1l donna plufieurs livres qui lui procurerent une grande réputation ; le principal eft fon commen: taire fur Avicenne ; il fut imprimé à Lyon, l'an r 498. en 4 Vol. i7-fol. aux dépens du roi, & par les foins de Janus Lafcaris. La Barre (Louis-François-Jofeph de) , littéra- teur, naquit à Tournay en 1688, & mourut à Paris en 1743. [Îl étoit membre de l'académie des Infcrip- tions , à laquelle il a donné plufieurs mémoires. On trouvera dans cerecueil, som. VII. 6 VIII. des éclair- ciflemens de fa main , fur lhiftoire de Lycurgue , des remarques fur la route de Sardes à Suze , décrite par Hérodote ; d’autres fur le cours de lHalys , del’'Eu- phrate, de l'Araxe, & du Phafe ; une diflertation fur la hvre romaine , & fur d’autres mefures particulie- res moins connues; & un mémoire fur les divifions. que les empereurs romains avoient faites des Gaules, en différentesprovinces, On aïinféré dansles som. IX. & X. fon traité du poëme épique , où il examine par- ticulhierement s’il eft néceffaire que l’aion de ce poë- me ait rapport à une vérité morale; il y a joint des obfervations fingulieres fur les places deftinées aux jeux publics de la Grece , & fur les différentes efpe- ces de courfes qui s’y faïfoient. En 1729, il publia en deux vol. :7-4°. ces mémoi- res de l’hiftoire de France & de Bourgogne, que l’on appelle communément /e journal de Charles PI. & il mit une préface à la tête de ce recueil. En1735, il fit paroître en cinq volumes 7-12. une nouvelle hiftoire de la ville de Paris , extraite de celle du pere Lobineau, qui, compofée de ; vol. iz-fo2. & con: tinuellement entremélée de pieces latines , excédoit le loifir ou la portée des ledteurs ordinaires. Ilavoit entrepris quinze mois avant {a mort, un diétionnai- re d’antiquitésgreques & romaines , maïs il n’a eu le tems que de former fon plan , & d’ébaucher auel- ques articles. (Le chevalier DE JAUcOURT. ) | TOURNE , zerme de pratique | fynonyme à foÂte. Voyez SOUTE. : TOURNE , (Blafon. ) ce mot dans le blafon, ne {e dit proprement que d’un croiffant dont les cornes regardent le flanc dextre de l’écu , parce que ce-n’eft pas la fituation naturelle du croiffant, dont les cor- nes doivent regarder en haut ; & f elles regardoient le flanc féneftre, on le diroit consourné. (D.J) . TOURNE-A-GAUCHE , ( Ouril d’ouvrier. ) outil de fer, quelquefois avec un manche de bois, qui fert comme de clé pour tourner d’autres outils. Les char- pentiers, menuifiers, ferruriers, & autres ouvriers , ont chacun leur sourne-d-gauche, mais peu différens les uns des autres. Les sournc-d-gauche pour les tarots TOU AT font tout de fer ; ils font plats , d’uñ pouce énviron de largeur , & de fix à fept pouces de longueur ; ils ontau milieu une entaille quarrée , où l’on met la tête du tarot quand on veutle tourner pourfaire un écrou. TOURNE-BROCHE, ffencile de cuifine, qui fert à donner à une broche un mouvement moderé, & entretenu par un pois qui met en jeu plufieurs roues, à lune defquelles eft attachée une poulie qui retient une ou plufieurs chaînes qui répondent aux broches, êc leurs communiquent le mouvement qu’elles ont reçu des roues. Cette machine eft compofée de trois roues qui ont chacune leur pignon, d’un rouleau, d’une cage & d’un volant, La premiere de ces roues fe nomme grande roue ; {on arbre eft revêtu d’un rous leau de bois, partagé en deux parties, fur Le quelles font deux cordes qui vont en fens contraire. La pre- miere qu’on peutappeller corde du poids, fe devide & fe déroule en defcendant , pendant que la feconde que nous nommerons corde de remontoir, {e roule & s’entortille au-tour du rouleau, garni d’un réfort qui Le retient à une des croifées de la grande roue , lor{qw’on a fuffifamment remonté le poids ; immédia- tement au-deflus du même côté, eft un fecond pignon qui s’engrene dans une autre qu’on nomme /écorde roue, qui varépondre au pignon de la roue de champ. Celle-ci eft placée environ vers le milieu de la cage, au-deffous du volant ; fes dents renverfées de côté s’accrochentaufli dans celles du pignon du volant, & le fait tourner. Toutes fes roues ont chacune leur arbre qui s’emboëte latéralement dans les montans de la cage, de façon néanmoins qu’il puiffe y jouer aifément, Cette cage du chaffis foutientr & renferme tout l'ouvrage, excepté le volant qui eft au-deflus, & la traverfe par un trou qui y eft pratiqué. Toutes ces roues ont une grandeur proportionnée à la vitefle de leur mouvement, qui eft plus lent dans la grande que dans feconde roue, & dans la roue de champ que dans Le volant. On fait des sournebroches à main, qui font placés feulement à hauteur d'homme , &{e remontent par le moyen d’une manivelle qui semmanche dans l'arbre du pignon d’une quatrieme roue , qu’on appelle rove de remontoir , & qui eft vis à-vis la grande roue. Dans ces sournevroches , le rouleau n’eft revêtu que d'une corde qui foutient le poids , & qu’onretourne fur lui-même en fens contraire. Il y a encore des tournebroches à famée , qui meuvent fans poids , & par la feule ation de la fumée fur le volant ; on peut voir tous ces diférens sourne- broches dans le Spectacle de la nature, arc. de La nour- riture de l’homme. TOURNECASE Jeu pu, f. m. l’étymolooie du nom de ce jeu, vient de la maniere dont on le joue, puifque l’on ne prend que trois dames chacun, que l’on conduit fuivant les nombres amenés , jufqu’à ce qu'on ait fait une cafe, c’efl-à-dire , jufqu’à ce qu'on ait mis ces trois dames fur la derniere fleche du coin ; & comme cette cafe eff faite avectrois da- mes, 6 qu'il faut pour gagner que les trois dames : foient accouplées l’une {ur l’autre, ainfi ce jeu fe nom- me sournecafe , quine fignifie autre chofe, finon le Jet de la cafe a trois dames. On nomme les dés à cejeu comme au triétrac & au reverfer ; il faut poufler le dez fort, afin aw’il batte la bande de votre homme. Après avoir mis trois dames à part pour jouer, fi vous gagnez le dez vous jouez, & fi vousfaites d’abord fix ÊT cinq, vous ne pouvez jouer que le cin arce que : ,) nn Rp RL c’eft une regle , en ce au’on ne peut famais jouer aue AE s EMA ‘ le plus bas nombre, Si vous faites fonné après avoir P L ] + $ L fait fix & cinq, vous n’en pouvez jouer qu’un, & vous êtes obligé de le jouer avec la mêmedame dont vous avez déja joué un cinq; parce que fi vous le jotuez avec un autre dame, il faudroit pafler par-deflus celle dont vous auriez joué le cinq, ce qui n’eft pas TOU à 0 478 permis dans-ce jeu, par la raifon qu'il faut que les dames fe fuivent 8 marchent l’une aprés Pautre. Corime les deux joueurs jouent & marchent égas lement dans la même table &c vis-à-vis l’un de lau- tre , chaque fois que le nombre du dez porte une ‘dame fur une fleche qui fe rencontre vis-à-vis de celle oùil y à une dame de celui contre qui lon joue, cette dame eft battue, &c il eft obligé de la prendre & de rentrer dans le jeu. En ce jeu lon bat malgré foi, parce que lon eft toujours obligé de jouer Le plus petit nombre, & ou- tre cela on ne peut point pafler une dame par-deflus l’autre comme nous l’avons déja dit, ce qui fait que on joue fouvent beaucoup de coups inutiles, fur-tout quand ôn a amené & conduit fes dames ; favoir, l’une dans un coin, &c les deux autres tout contre, de ma- niere qu'’onne peut les mettre fur le coin, qu’en fai- fant un as & puis un deux. L’on fouhaite alors d’être battu pour fortir de cette gêne. En ce jeu, le coin de repos eft la douzieme éafe ; on le nomme coiz de repos , parce que les dames qui font une fois entrées {ont en fureté , & ne peuvent plus être battues. C’eft un grand avantage pour celui ui y en met unele premier. Ce a mis le plutôt fe trois dames dans fon coin, a gagné la partie; & s’il les y mettoit toutes trois avant que fon homme y en eût misune, il sagneroit double, fi l’on en eff con- venu. VE ) En ; TOURNÉES, GRANDES, ( Péche, ) efpeces de bas parcs; en termede pêche c’eft une enceinte de filets montés {ur des pieux, & qui ont la forme d’un fer À cheval , dont l'ouverture eff à la côte , & le convexe à la mer , le tout fur un terrein en pente, afin que la marée venant à fe retirer précipitament, le poiffon qui a monté à la côte, y pue plus aifément êtrear- rêté, Ce filet quoique pofé fur un terrein incliné, a pourtant fon bord fupérieur de niveau, au moyen de ce que les pieux qui font vers la mer, font plus longs que les autres. Voyez TOURRÉES 6 PARCS , & Les PL de la Péche. ; TOURNE-FEUILLET , { m. toufe de petits rus bans attachés au haut de la tranche d’un livre, ou à une efpece de petit peloton ; on pañle les rubans en- tre les feuillets du livre, & 1ls indiquent où l’on en eit refté de fa leûture. | TOURNE-FIL, ( terme de Pergnier. ) inftrument d’acier quarré qui fert aux Peigmiers à donner le fil à leurs écouennes & autres outils; c’eftune efpece de fufl propres aux mêmes ufages que celui des bou- chers, cuifimiers , charcuitiers, avec cette différence que le fufil eft rond & le sourne-fil quarré. (D. J.) TOURNEFORTIA , f. f. ( Hifl. rar, Botan. ) gens te de plante ainfi nommée en lhonneur du célebre Tournefort. Le calice eft divifé en cinq fegmens qui finiflent en pointe; il fubffte toujours; la fleur eft d'un feul pétale qui forme un tuyau ovale plus long que le calice, légérement découpé en cinq fegmens un peu ouverts & pointus ; les étamines font cinq fi- _dets de la longueur du tuyau! de la fleur, 8 qui fe términent en pointe ; les boflettes font fimples & placées au centre de la fleur ; le germe du pifhl eft globulaire & polé fous le calice ; le ftile eff fimple, & a la longueur des étamines ; le ftigma eft pareille- ment fimple ; le fruit eft une baie fphérique conte- nant deux loges ; les graines font au nombre de deux, ovales 87 féparées par la pulpe. Linnæi pgez, plant. p. 62.(D. J.) | TOURNEGANTS où RETOURNOIR , ( terme le Gantier. ) ce font deux bâtons polis, ronds, & longs de deux piés, plus gros par le milieu que par les bouts, & faits en forme de fufeaux. L'un fe nomme le #éle, & l’autre la fernelle ; on les appelle auf bétons à gant. On infinue ces bâtons dans les doigts des gants pour les pouvoir retourner aifément TOU fans les chiffonnér ni les {alir. C’eft auf aÿee ces bAs tons qu'on renforme les gants, c’eft-ä-dire qu’on les élatoit fur le renformoir , afin de leur donner une meilleure forme, Cette opération {e nomme bétonner un gant. | TOURNELLE, (Jurifprud.) eft une chambre du parlement. Voyez au mot PARLEMENT l’article TOUR- NELLE. (4) TOURNER, v. a&t. & neut. C’eft mouvoir circuts lairement. On dit les fpheres sourrens furleur axe. La terre sourne autour du foleil, héréfe autrefois , fait d’aftronomie démontré aujourd’hui. Il sourne très. adroitement les bois &c les métaux. On apprend aux foldats à sourner à droite & à gauche. On rourne le dos; on rourne bride ; la tête sourne; on fe zourne à lorient, au midi; le vin & le lait fe sournemt. On toiirne au jeu, une carte qui refte fur le talon, ou qui pale dans la main de celui qui donne, où dont uñ Joueur peut s'emparer , felon le jeu qu’on joue , & cette carte s'appelle la sourze. On rourne une armée; on sourne une affaire adroitement ; on prononce un difcours bien rourné; on fait sourner un vers ; on zours re en ridicule les chofes les plus férieufes ; on sourne un objet en tout fens ; on rourne fes forces de ce côté ou de cet autre ; il sourne à la mort, &c, Voyez Les articles fuivans, TOURNER, v. a&. ( Archi.) C’eft expofer & dif. pofer un bâtiment avec avantage. Ainf une éplife eft bien tournée quand elle a, conformément aux cas nons , fon portail vers l'occident, & fon grandautel vers lorient; une maifon eft bien sournée lorfqw’elle eft dans une agréable expoñition , 8 que fes parties font placées fuivant leurs ufages ; 8 ur appartement eft bien sourzé , quand 1l y a de la proportion & de la fuite entre fes pieces, avec des dégagemens né« ceflaires, (D, J.) _ Tourner AU TOUR, ( Arch. ) c'eft donner fur le tour la derniére forme à un baluftre de bois ébau- ché. On finit auffi au tour les bafes des colonnes, les vafes, baluftres de pierre & de marbre qu’on polir enfuite ayec la rape & la peau de chien de mer, (D. TOURNER LE BAIN, en terre de Boulanger, c’eft joindre & lier la pâte enforte qu’il n’y ait point d’yeux & de crevaïles , & donner au pain la forme qu’on fouhaite. ir TOURNER, ez terme de Confifeur , figniñie enlever la peau ou lécorce fort mince & fort étroite avec un petit couteau en sogrrant autour du citron. TOURNER, ex cerme d'Epinglier | voyez GAU= DRONNER. ToURNER, TOURNÉ , ( Jardinage, ) on dit que le fruit orne , quand après avoir pris fa groffeur nas turelle , il commence à münir. | M 4 TOURNER , en vermes de manepe, figniñe changer de main, On dit ce cheval eft bien dreflé, il sourne à toutes mains. On affouplit avec le caveflon à la new+ caftle un cheval entier , c’eft-à-dire , qui refufe de courner au gré du cavalier. Les écuyers font sourner la pointe du pié en-dedans. L’aétion de rourrer avec juftefle au bout d’une paf: fade ou de quelqu’autre manege, eft de tous les mous vemens celui qui coute le plus à apprendre à la pli« part des chevaux, TOURNER L'ÉTAIN , (Potier d'ésain.) c’eit lui Ôter parle moyen des outils fa couleur brute qu'il a prife en moule , pour lui donner le vif & le brun dont il à befoin pour être perfettionné, & pour lui donnet une figure plus nette & plus parfaite que celle qu'il a déja reçue. L’ouvrier qui travaille au tout, cornmence pat dreffer fon empreinte qui eft pour sourmer lavaiflelle, ou fon calibre pour de la poterie ou menuiferie; ces outils font de bois , rournés & formés à la figure êë TOU proportion des différentes pieces » Toit pour les de- hors oules dedans ; ou autrement , ils ont une gaine ou trou quarré, revêtu d’étain, formé par le mandrin de l’arbre du tour dans lequel il entre ; puis on fait tenir fa piece fur ces empreintes ou calibres, fi c’eft de la vaiffelle, par le moyen de trois petits cram- pons de fer qui tiennent la piece fur l'empreinte par l'extrémité du bord , en commençant par les derrie- res , & après les dedans fur la même empreinte qui doit être creufée de la grandeur & de la forme de la piece; ainfiil en faut avoir autant qu'on a de moules de difiérentes grandeurs , ou bien.on sourne à la be- louze, qui eft une maniere d’attacher les pieces en les foudant à trois gouttes fur le bord avec le fer fur une piece d’étain montée fur le tour, À qui on donne ce nom de Ée/ouxe. Si c’eft de la poterie , on la drefle fur le calibre qu’on a monté fur le mandrin, & qui eit rourné proportionnément à la grofleur de la piece qu’on veut mettre deflus ; on la fait tenir en frappant d'un marteau, fur une planche appuyée contre la piece pendant qu’elle sourne, Jufau’à ce qu’elle tien- ne & tourne tondement : cela s'appelle sourner à la volée. Mais il y a une autre maniere plus dilipente & plus füre, furtout pour des pieces longues , qui eft de sourner à la pointe ; c’eft une vis qui marche dans un écrou enclavé dans la poupée dela droite du tour, à-peu-près comme la vis d’un étau de ferrurier, _ & parlemoyen d’une manivelle ou d'un boulor , on avance & retire cette vis dont le bout prefque poin- tu joint un morceau de bois ou de plomb qui S'em- boite au bout de la piece qu’on surne, enforte qu’- elle la met ronde, & la tient fans qu’elle fe dérange ni quelle puiffe s'échapper. Voyez Les figures du zétier de Potier d’étain. | Dès que la piece eft bien drefiée, l’ouvrier tenant fon crochet fous le bras & pofé {ur la barre qu'il tent enfemble avec la main gauche, il le conduit de L droite par un mouvement égal & réglé en le fai- fant couper l’étain : ce qui forme ce qu’on nomme ratures ; On appelle cette premiere facon ébauche. On fe fert enfuite de crochets qui coupent moins, parce qu’on les pafle fur un cuir où on a mis dela potée d’étain; ces crochets fe nomment planes; & enfin on acheve avec un brunifloir. Lorfqu’on s’en fert, il faut auparavant répandre avec une patrouille de leau de favon fur fa piece, & ne point appuyer le brunifoir trop fort, ni s'arrêter pour ne point faire d'ondes ; 1l fuffit d'effacer feulement lestraits du crochet, & on efluie l’eau de favon après qu'on a bruni avec un linge doux qu’on appelle poliffoir , pen- dant que la piece tourne encore. Il faut remarquer que les bons outils dans la main d’un habile ouvrier contribuent à faire le bel ouvra- ge. Chacun a fa maniere pour leur donner un taillant propre à fon gré; mais généralement les crochets quarrés , quarrés demi-ronds, à deux côtés, enpoin- te, 6c. font préférables à toutes autres formes Les crochets, grattoirs & brunifloirs doivent être acérés du meilleur acier d'Allemagne. Il faut une meule pour les émoudre, & une bonne pierre d’Angle- terre pour les affler. ; “I'y a des brunifoirs de différentes figures pour la vaïfielle ou poterie, & pour réparer & achever. Voyez BRUNIssoIR. Pour rourner des plats d’une grandeur extraordi- naire ou des jattes ou grands baffins qui pefent juf- qu’à 20 ou 25 liv. piece, ou enfin d’autres pieces d’un trop gros poids , au lieu de faire aller le tour avec la roue, ce qui n’eft prefque pas pofüble, on emmanche une manivelle dans le bout de derriere de l’arbre du tour, par le moyen de laquelle onzour- 7e une pièce Comme on tourne une meule de taillan- dier , & par Ce moyen on en vient plus aifément à bout: cela s’appelle rorner à La ginguette. I! faut obferver que pour sowrnerla vaifelle, l'ou- [s TOU 479 vrier conduit fes crochets &brunifloirs prefque per- pendiculairement, tantôt du bas de fa piece au milieu en montant, & tantôt du milieu en defcendant ef bas, appuyant fur fes outils, afin de couper l’étain également par-tout, & que la piece ne foit point fauile, c’eft-à-dire , forte à un endroit & mince à un autre ; lorfqu'on veut rendre une piece mince, on repafle plufieurs foisle crochet qui ébauche, &pour | la poterie , on conduit le crochet fous la piece hori- fontalement, tantôt de droit à gauche, & de gauche à droite, & le brunifloir de même, mais moins en- deflous que le crochet; & la meilleure maniere eft de ne le pafler qu’une fois, _ Autrefois on sournoit toute la vaiflelle fur un outil nommé croifée Compofé de trois branches de fer & de trois crampons coulans fur ces branches ;on avan- ce &t recule ces crampons fuivant la grandeur des pieces , & on les arrête par le moyen d’un coin qui eft derriere chaque crampon ; on ne s’en fert plus guere à prélent depuis l’invention de rourner à labe louze , fi ce n’eft pour tourner des jattes ou grands baflins ,| cette maniere étant dangereufe pour lou- Viier qui y travaille, TOURKER, ex terme de Tabletier Cornerier 3 VOyez TOURNER., er serme de Tabletier en écaille, ceftla mé- me opération pour la corne comme pour Pécaille. ÆOURNER , {Vénérie.) il fe dit de la bête que l’on chaïle, lorfqu’elle tourne & fait un retour ) C'eft aufli faire sourner les chiens pour en trouver le retour ÔT le bout de la rufe. TOURNES, (Jurifprud.) c’eft la foute ou retour des deniers que l’on paie dans un partage ou pour un contrat d'échange, Il en eft parlé dans le coutumes de Montargis, Orléans, Blois & Dunois. Voyez le gloff. de Lauriere. (4 TOURNESIS, LE, ( Géog, mod. ) petit pays de Flandre,&z quiprend fon nom de Tournay fa capitale, Le Tournefis n’eft autre chofe que la châtelienie de Tournay , qui eft d’une aflez grande érendue ; carelle renferme environ cinquante villages ou bourses, dont la juftice reflortit au confeil provincial de Flandre , d’où l’on peut appeller au parlement de Malines. Les rois de France ayant inftitué le baïlliage de Vermandois, y avoient joint Tournai & le T Ourr2efEs ; mais en 1383 Charles VI. érigea un baïlliage à Tour- nay , auquel 1l foumit cette ville & le Tournefis, avec les terres de Mortagne & de Saint-Amand ; qui relevoient auparavant du bailliage de Vermandois ; Punion de ces terres à ce bailliage a duré jufqu’aw tems de la paix d’Utrecht, par laquelle toute la terre de Saint-Amand a été féparée du bailliage de Tour- nefis, &t accordé à la France ; mais pour les neuf vil- lages qui dépendoient de Mortagne,ils ont été laiflés à la maifon d'Autriche, ( D. J. ) TOURNESOL , f. m. ( H1fE. nat, Bot.) nom vul- gaire donné à la premiere & principale efpece de ra- cinoide dans le fyfième de Tournefort; c’eft auf pour la diftinpuer que cet habile botanifte appelle cette plante racinoides ex qu& paratur tourne{ol Gal. lorum I. R. H. 656, dans Mathiole heliotrcpiumr mi- us ; dans C. Bauhin , hé/iotropium tricoccum ; dans Clufus helosropium minus tricoccum ; enfin dans Lo- bel, heliotropium vulgare tournefol Ga/orum Jeve Pli- 7111 ÉTICOCCOr1. 4 La racine de cette plante eft Blanche, ronde, or- dinairement droite & longue, garnie de quelques pe- tites fibres à fon extrémité, furtout aux piés les plus élevés, car il en eft plufieurs qui n’en ont point du tout ; elle pouffe une tige ronde de différente hau- teur, fuivant leterrein qu’elle occupe; cette tige fe di- vife en plufñeurs branches, la plüpart defquelles {ortent des aïflelles des feuilles. ) Clufius avoit raifon lorfqu'il a dit que les feuilles du zournefol ont de la reffemblance avec celles du xanthium ; mais il s’eft trompé lorfqw'il a cru 480 TOC qu’elles en avoïent beaucoup plus avec celles du fo- lanum fomniferum ; il en eft de même de Lobel lorf- qu'il les a comparées à celles du calament de monta- gne. Elles font d’un verd pâle & prefque cendré, at- fachées à un fort long pédicule. Les fleurs font renfermées dans des petits boutons, lefquels forment une efpece de grappe quifort d’entre les aïffelles de chaque branche, &c de leur extrémité. Elles font les unes ftériles , & les autres fécondes. Les ffériles qui occupent la fommité de cette grap- pe, font contenues dans un calice divifé en cinq par- ties découpées jufqu’au centre; elles font compofées de cinq petites feuilles jaunes, placées autour d’un petit file rond furmonté de quelques étamines de même couleur difpofées en aigrette ; comme elles font attachées par un fort petit pédicule qui feche à mefure que la grape croit & s’éleve, elles fe fannent & tombent en fort peu de tems. Le calice de celles qui en occupent la bafe, & qui font fécondes , eft divifé en dix pieces fendues pa- reillement jufqu’au centre ; elles font compofées de cinq petites étamines jaunes furmontées chacune d’un petit fommet de même couleur. Elles font placées autour du piftil qui eft chargé de trois filets four- chus & jaunes. Ce paftil qui eft dans le fond du ca- lice, devient dans la fuite un fruit rond, raboteux d’un verd foncé divifé en trois loges, qui renferment chacune une femence ronde & blanche. Il eftatraché avec fon calice à un pédicule aflezlong; de-forte que lorfque les premieres fleurs ont pañlé,êc que le fruit eft arrivé à fa juite groffeur, 1l pend des aifelles des branches, & femble y être né fans aucune fleur. C’eft- là ce qui en a impoñe à tous ceux qui ont avancé que les fleurs &cles fruits de cette plante naïfent fur des piés différens. La Médecine ne tire aucun fecours de cette plante pour la guérifon des maladies, quoique Diofcoride nous aflure qu’elle eft excellente pour chaffer les vers du corps, &c pour la guérifon de cette efpece de verrue, que les Grecs appellent aypoxepdu, en les frottant de fon fuc mélé avec un peu de fel; mais élle fe vend cher, parce que fon ufage ef réferyé pour la teinture; aufli les auteurs qui en parlent fous le nom d’heliotropium, ont eu raïfon de dire que le fuc de fon fuit donnoit un verd éclatant, qui fe chan- geoit promptement en un fort beau bleu; le fuc des grappes de fleurs produit la même chofe, mais cela n'arrive point à celui des feuilles. En effet le sourne/ol en pâte & en pain a pour bafe le fruit de cette plante. Celui qu'on prépare à Gallargues , village du dio- cèfe de Nîmes , à quatre ou cinq lieues de Montpel- lier, eft en grande eftime. On s’en fert en Allema- gne , en Angleterre &c en Hollande pour donner une agréable couleur aux confitures , gelées & autres li- queurs, Pomet & Lemery fe font trompés en avan- çant que le rournefol en drapeau fe faïloit avec des chifons empreints d’une teinture rouge préparée avec le fuc des fruits de l’Aelosropium , & un peu de h- queur acide. Mais voici en deux mots la préparation du tourrefol à Gallargues. Les payfans de ce village ramaffent au commen- cement du mois d’Août les fommités du racinoïdes, qu'ils appellent de la manrelle , & les font moudre dans des moulins affez femblables à nos moulins à huile : quand elles ont été bien moulues , ils les met- tent dans des cabats , 8t mettent ces cabats à une prefle, pour en exprimer le fuc qu'ils expofent au foleil pendant une heure ou deux. Après cela ils y trempent des chifons qu’on étendenfuitefurunehaie, jufqu’à ce qu'ils foient bien fecs; cela fait, on prend environ dix livres de chaux vive qu’on met dans une cuve de pierre; & l’on jette par-deflus la quantité d'urine qui peut fufire pour éteindre ladite chaux : on place des bâtons dans la même cuve , à la hauteur d'un pié de liqueur, fur lefquels on étend les chi= fons qu'on avoit déjà fait fécher. Après qu'ils y ont refté iquelque-tems, c’eft-à-dire, jufqu'à ce qu'ils aient été humeétés par la vapeur de l'urine & de la chaux, on les tire de la cuve, on les fait fécher au foleil, & quand ils font bien fecs, on les retrempe comme auparavant dans du nouveau fuc , & pour lors on les envoie en différens pays de PEurope. Il ÿ a beaucoup d’apparence que les efpeces de tournefol en pâte &c en pain qu’on recoit d'Hollande, {e fabriquent ou avec ces mêmes chifons qu’on leur a envoyés de Montpellier, ou fe font avec d’autres drogues dont le fecret nous eft inconnu; il eft du- moins certain que le ricinoïdes ne croît point en Hol- lande, & que leur sournefol en pain eft précieux. TourNnesor , (Chimie.) on donne en général le nom de sournefol à plufieurs préparations chimiques qui donnent une teinture d’un bleu pourpre. Il fera parlé des plus connues dans la fuite de cet article. Celle qu'on appelle en particulier pierre de tournefol, eft la principale de ces préparations. Cette pierre de tournefol fe fabrique en Hollande, felon un procédé. qui eft abfolument ignoré en France. Nous fourmi {ons feulement aux Hollandoïs les chifons ou dra- peaux qui en font la bafe ou matiere premiere. Ces chifons fe préparent au grand Gallargues, village du bas Languedoc du diocèfe de Nîmes, où on les im- bibe du fuc d’une plante , qui croît naturellement dans le pays, & qu’on appelle en langue vulgaire maurelle, nom que j’adopte dans cet article. M. de Tournefort appellé cette plante ricroides ex qua paratur tournefol Gallorum , inff. rei kerb. app. 565. M. Linnæus la nomme crotoz foliis rhombeis , repandis, caule herbaceo. Feu M. Niflolle , de la fociété royale des Sciences de Montpellier, a donné la defcription de cette plante, qu'il a accompagnée d’une figure très- exaête. Voyez les mémoires de académie royale des Sciences , année 1712, page 339. PL. XVIT. tout ce travail fera expofé à la fin de cetarticle, M. Lemeri dit dans fon traité des drogues, p. 863. qu'on prépare le sournefol en Languedoc avec le fruit de l’heliorropium tricoccum , qui eit une autre plante d’un genre bien différent de la précédente. Voyez HÉLIOTROPE ou HERBE AUX VERRUES. On voit que M. Lemert étroit mal inftruit fur cette préparation où Phéliotrope n'entre point , & où jamais il n'a pu. être employé. M. Lemeri dit dans le mêmetraité des drogues, que la perelle , la chaux &c l’urine entrent dans la com- potion du sournefol, On m’a afluré que l’orieille y entroit encore. M. Lemeri dit encore dans fon traité des drogues, qu'on fabriquoit à Lyon du rournefol qui étoit in- férieut à celui d'Hollande, Je crois que M. Lemeri fe trompe. On m'a afluré qu’on n’a jamais fabriqué la pierre de sournefol à Lyon. Je penfe que M. Lemeri a confondu avec la pierre de sournefol, la préparation de la perelle & d’un autre lichen , qui eft une efpece d’orfeille qu’on prépare à Lyon pour la teinture, On nous envoie le sourne/ol d’Amfterdam tel qu’on le voit chez les épiciers-droguiftes ; favoir en petits pains fecs d’une couleur bleue foncée, de formeparal- lélépipede d'environ un pouce de longueur, En cet état on l’appelle sournefol en pâte ou en pain, Le cournefol étoit autrefois d’un ufage plus étendus Mais depuis que les Chimiftes ont découvert Le bleu de Pruffe, Pindigo , le pañtel , &c. & les autres bleus qui fe préparent en Allemagne , & qu’on tire du co- bolt, ceux-ci ont été fubftitués en beaucoup d’occa- fions au sournefol | & effettivement la couleur du zournefoleft peu durable ; elle pälit à l'air, &cle moin- dre acide la détruit. Le rourrefol fe diffout fort aifément dans l’eau froi- de , il donne une teinture bleue fort chargée, qui “ Le de faux teint , 8 que les teinturiersn’appliquent que fur des toiles de fil ou de coton. Les peintres s’en fervent quelquefois pour colorer le papier & le crayonner. On lemploie auf à la dé- trempe & fans somme , parce que cette couleur eft _fine &c n’a pas de corps. On en peint quelquefois les muraïlles bien blanchies avec la chaux, qui ne font pas expofées à la pluie. On n’en fait aucun ufage avec l’huile ni dans les frefques. Les defflinateurs s’en fervent pour les différensdef- feins qu'ils tracent fur la toile, ou fur les étoffes de foie qu’on veut faire broder ; mais l’ufage le plus commun du sournefol eft pour teindre le papier ; par exemple , ce gros papier d’un bleu foncé tirant fur le violet , avec lequel on envelope Le fucre, eft teint avec le rournefol. Les chimiftes fe fervent de la diflolution très-éten- due ou délayée de sournefol dans l’eau, qu'ils ap- pellent communément seinture de tournefol, pour re- connoitre fi une liqueur faline contient de lacide ou de Palkali, & lequel de ces deux principes y eft fur- abondant. Si c’eft l’acide , la teinture rougit ; fi c’eft l’alkali , elle verdit, mais ce verd tire un peu fur le pourpre; & fi elle eft neutre, la couleur ne change point. Quoique cet effet foit en général aflez conf- tant , il a fes exceptions , mais en petit nombre. On fe fert encore de la teinture de sournefol dans l’ana- lyfe des eaux minérales à là même intention. Leslimonnadiers &cles confifeurs l’emploient pour imiter ou foncer les infufions de violette, & pour donner la couleur bleue ou violette à pluñfeurs li- queurs: mais C'eftune falfification véritablement con- damnable ; car Les liqueurs ou firop où il y a du rowr- zefol, ont toujours un mauvais goût tirant fur le pourri. On s’en fert encore, mais fans inconvénient, dans le même art pour donner une couleur bleue à certaines pâtes, conferves , & autres confitures. On peut donner une couleur violette à l’efprit-de-vin, en y verfant quelques gouttes d’une forte teinture de sourrefol. On emploie encore beaucoup la pierre de sourne- {01 dans les blancheries de toiles, en particulier pour les cambrais & les batiftes que l’on pañle à ce bleu, après les avoir pañlées au lait. Outre ce cournefol que nous pouvons appeller Ze nôtre, ou Le tournefol de Languedoc, Lémeri (sraité des drogues) fait encore mention d’un sournefol en dra- peau, qu’il dit venir de Conftantinople, & qu'il aflu- . re être fait avec de la cochenille & quelques acides. Ce qui paroiït impofñhble , puifque les acides éclair- ciflent le rouge de la cochenille, & le font changer en ponceau ou orangé. Les alkalis pourroient plutôt produire cet effet, en tournant la couleur rouge en violet. Il y a fuivant le même auteur, du sowrnefol fait avec du coton; c’eft du coton applati de la grandeur & figure d’un écu , qu’on teint en Portugal avec la cochenille reffeque. M. Lémeri dit que l’un & l’au- tre sournefol fervent à colorer les liqueurs & les ge- les de fruits. Maïs toutes ces efpeces de teintures ne {ont plus en ufage, & on n’entend aujourd’hui par rournefol, que celui qui fe fait avec le fuc de la maurelle ; &c c’eft de celui-là que je vais parler d’a- près le mémoire que j’ai donné fur cette matiere, dans le volume des Mérm. de l'acad, royale des Scienc. pour l’ann. 1754. Pour l'intelligence du procédé que je vais décri- re ,1l eft néceflaire que je dife un mot de la maniere dont on ramafñle la plante, 8 des inftrumens dont on fe fert pour faire cette préparation. J'ai appris de plufieurs habitans du grand Gallargues, qu’on préparoit ces drapeaux dans ce village depuis plu- fieurs fiecles. s Les habitans du grandGallargues n’ont pas lali- Tome XVI. TOU 481 ,# berté de cueillir la maurelle dans tous les téms de » l’année. En vertu d’un ancien réglement , ils ne » peuvent faire cette récolte qu'après en avoir obte. » nu la permiffion des maire & confuls du lieu. On » donne ordinairement cette permiflion à toute la » communauté vers le 25 Juillet, tems où la récolte » du blé eft déja faite, & où la maurelle eft dans » fa perfeétion. On ne fait dans l’année que cette » feule récolte, depuis le 25 Juillet jufqu’au $ ou 8 » de Septembre. Les payfans vont alors chercher » cette plante à quinze ou vingt lieues à la ronde » dans le Gévaudan, & même jufqu’en Provence. Ils » ont grand foin de fe cacher les uns aux autres les » lieux particulier où elle croît en abondance : ile » font cette récolte en diligence, la plante pour pou- » voir être employée, devant être fort récente; la » fermentation nuifant toujours au fuccès de l’opé- » ration dontil s’agit : il faut auffi que la maurelle ne » foit pas terreufe. » Les vaiffeaux & inftrumens dont on fe fert ne » font pas tous de la même grandeur , & on croit » aflez inutile de les affujettir à une certaine capacité » déterminée. » Les particuliers qui font l'opération qué nous » décrivons, placent leurs vaifleaux à un rez-de- » chauffée, dans une efpece de hangar ou d’écurie, » où l’on voit d’abord un gros prefloir fait de bois » de chêne verd, & foutenu des deux côtés fur deux » murs de maçonnerie. Ce prefloir a d'ordinaire un » pié d’épaifleur à chaque bras, fur huit piés & demi » de longueur, & un pié & demi de hauteur : je ne puis mieux le comparer qu’à une grande prefle de » relieur, On pratique fous ce prefloirune cuve de » pierre, qu'on appelle en langue vuloaire pile; elle » a communément la forme d’un parallélépipede » &trarement celle d’un gros cylindre; fon épaifleur ordinaire eft de trois ou quatre pouces: on lui don. » ne intérieurement un pié & demi de large, fur trois piés de long , & fur deux piés de profondeur: » c’eft dans cette cuve qu’on met l’urine & autres » ingrédiens néceflaires. Enfin on trouve dans ce » même lieu un moulin, dont la meule pofée de- » champ, a un pie d’épaifleur ; un cheval la fait tour- » ner : elle roule autour d’un pivot perpendiculaire, » dans une orniere circulaire,affez large & aflez pro- » fonde, où l’on met la maurelle qu’on veut broyer. » Ce moulin eft de même forme que ceux dont on » fe fert pour écrafer les olives ou le tan. M. Aftruc, » de la fociété royale des Sciences de Montpellier, » a donné la figure très-exaéte de ce moulin, dans » fes Mémoires pour l’hifloire naturelle de la province » de Languedoc. Voyez pages 336, 337. PL VI >» fig. 1.» Procédé de la coloration des drapeaux ou chiffons avec lefquels les Hollandois font la pierre de tournefol. Les habitans du grand Gallargues qui ont ramañlé une certaine quantité de maurelle , choififfent pour la faire broyer & en tirer le fuc, un jour convenable. Ils veulent que le tems foit fort ferein , l'air fec, le foleil ardent ; que le vent foufile du nord ou du nord- oueft : 1l n’eft pas difficile d’avoir au mois d’Août, dans le bas Languedoc , des jours où toutes ces cir- conftances fe trouvent réunies. La conftitution de latmofphere étant telle que nous venons de le dires on fait moudre la maurelle dans le moulin que nous avons décrit; quand elle éft bien écrafée , on la met dans un cabas de forme circulaire, fait d’une efpece de jonc , &c fabriqué à Lunel , parfaitement fembla- ble à ceux dont on fe fert pour mettre les olives au prefloir. On remplit le cabas de maurelle bien écra- fée, on la met enfuite au prefloir & on prefle forte- … ment ; le fuc découle dans la cuve de pierre, placée immédiatement fous le prefloir : dès qu'il a ceflé de couler, on retire le cabas du prefloir , & on jette le Ppp v D 4 re D 4 LA à 4 #2 TOU mare, On commence cette opération dans la mati- née, & on continue la même manœuvre jufqu'à ce que tout le fuc foit exprimé, ayant foin de changer de câbas dès qu’on s’apperçoit que celui dort on s’é- toit fervi jufque-là eft percé, Quand on a tiré tort le fuc, les uns avant que de l’employer le laïffent tepofer un quart d'heure ; les autres en font ufage fur le champ ; quelques-uns, mais en petit nombre, met- tent auparavant dans le fuc une chopine où un pot d'urine, fur environ trerite pots de fuc (il y a en général peu d’umiformité dans la maniere de procé- der). La plupart emploient leur fuc tout de fuite, comme je viens de le dire. On en fent affez la raifon fans que je Pexplique, & voici de quelle façon ils procedent. Ceux qui font cette préparation achetent à Mont- bellier, ou dans d’autres villes voifines, de grands facs à laine, de vieilles ferpilieres, ou quelqu’autre toile écrue (je veux dire qu’on n’emploie à Gallar- gues que cette efpece de toile ; qui na pas été blan- chie pat [a rofée, ni par la lefive) , qui ait déja fer- vi, & qui foit à bon compte; fi elle eft fale, on la lave & on la fait fécher. Toute toile eft bonne pour cette opération, pourvu qu’elle foit de chanvre, la plus grofliere, la moins ferrée dans fon tiflu , n’eft pas à rejetter ; mais 1l faut qu’on l'ait bien nettoyée, car tous les corps gras & huileux font contraires au fuccès de cette préparation, On divife [a toile dont on fe fert en plufieurs pre- ces; fur cela 1l n’y a aucune regle, les femmes font toute la manœuvre de cette opération. Le fuc expri- mé eft porté dans une efpece de petite cuve de bois, que nous appellons dans ce pays /émäou ou comporte, La femme a devant foi un baquet de bois, pareil à ceux dont les blanchiffeufes fe fervent pour favon- ner leur linge; elle prend une; deux ou trois pieces de toile, fuivant qu’elles font plus où mains gran- des, qu'elle met dans fe baquet; elle verfe enfuite fur ces morceaux de toile, un pot du fuc de maurel- le qu’elle a toujours à fon côté; &c tout de fuite, par un procédé pareil à celui des! blanchiffeufes qui fa- vonnent le linge, elle frorffe bien la toile avec fes mains, afin qu’elle foit partout bien imbibée de fuc. Cela fait, on Ôte ces chiffons , & on en remet d’au- tres qui font à portée, & toujours ainf de fuite : on ne cefle de faire cette manœuvre que tout Le fuc ex- primé n’ait été employé. Après cette opération, l’on va étendre ces drapeaux fur des haies expofées au foleii le plus ardent, pour les faire bien fécher: on ne les met jamais à terre, parce que l’air y pénétre- rôit moins facilement , & qu'il eft eflentiel que les chiffons fechent vite. Je ferai obferver que les fem- mes qui font cette manœuvre favent bien mettre à profit tout leur fuc: les drapeaux ne fortent du ba- quet qu'imbibés de ce fuc dans une jufte propor- tion. | … Après que les drapeaux ont été bien féchés au fo- leil , on les ramafle & on en forme des tas. Les fem- mes ont foin un mois avant que de commencer cette préparation, de ramafler de Purine dans leur cuve de pierre, qui, après qu'on y amis tous les inpré- diens, eft appellée Z’aluminadou, ce qui indique qu'on y mettoit autrefois de lalun; quelques par- ticuliers, en petit nombre, s’en fervent encore au- | jourd’hui. | | La quantité d’urine qu’on met dans la cuve n’eft pas déterminée, on en met ordinairement une tren- taine de pots, ce qui donne cinq ou fix pouces d’u- rine dans chaque cuve. On jette enfuite dansla cuve einq à fix livres de chaux vive. Ceux qui font dans Vufage d'employer l’alun, y en mettent alors une livre : car il faut remarquer qu’on y met toujours de la chaux , quoiqu’on emploie l’alun. On remue bien ce mélange avec un bâton ;-après-cela on place à la fuperficie de l'urine; des farmens ou des rofeaux, aff” jettis à chaque extrémité de la cuve ; on étend fur ces rofeaux les drapeaux imbibés de fc & bien £- chés: on en met l’un fur l'autre ordinairement fept à huit, quelquefois plus ou moins , te qui dépend de la grandeur de la cuve; on couvre enfuite cette même cuve dun drap ou d’une couverture. Om laiffe communément les drapeaux expofés à la va= peur de Pürine pendant vingt-quatre heures ; fuf cela il ny a aucune regle certainie, la force & la quantité de l’urine doivent décider: quelques parti- culiers laïffent leurs drapeaux expofés à la vapeur pendant plufieurs jours ; les autres s’en tiennent aw tems que jai marqué. Mais pour juger avec certi- tude du fuccès de l'opération, lon vifite de tems ent tems les drapeaux ; & quand on s’apperçoit qu'ilsont pris la couleur bleue, on les ôte de deflus la cuve. Il faut fe fouvenir que pendant que les chiffons font ex: pofés à la vapeur de lurine, il faut lesretourner fens: deflus-deflous, afin qu’ils préfentent à la vapeurtou- tes leursfurfaces. Ondoit prendre gardeque les chif= fons qui font fur les morceaux de bois expofés à la vapeur de lurine, ne trempent point dans cette li- queur, ce feroit autant de perdu, l'urine détruiroit entierement la partie colorante des drapeaux. Comme il faut une grande quantité d'urine, & que d’ailleurs les cuves font trop petites pour que l’on ‘puifle colorer dans lefpace d’un mois & demi tous les drapeaux que demandent Les marchands, les par- ticuliers ont eu recours àune autre méthode, ils onf lubflitué le fumier à Purine ; cependant la plus gran. de partie emploient l'urine, mais tous en font en mê- me tems par l’une êz par l’autre méthode: Les dra: peaux que l’on colore pat le moyen de Purine, font les plus aifés à préparer ; quelque tems qu'on les laiflé expôfés à fa vapeur, ils ne prennent jamais d’autre couleur que la bleue, &c la partie colorante n’eft ja- mais détruite par Palkali volatil qui s’éleve de luri= ne, quelque abondant qu’il foit : il n’en eft pas de mê- me quand on emploie le fumier; cette autreméthode demande beaucoup de vigilance, comme nous l’al- lons voir. Dès qu’on veut expofer les drapeaux qui ont reçu la premiere préparation à Ja vapeur du fu mier, on en étend une bonne couche à un coin de l'écurie ; fur cette couche on jette un peu de paille brifée, on met par-deffus les chiffons entaflés les uns fur les autres , &c tout de fuite onles couvre d’un drap, comme dans l’autre méthode : on met fur le fumier à-peu-près le même nombre de drapeaux que lon: expoferoit à la vapeur de Purine. Si le fumier eft de la premiere force, on va au bout d’une heure rétournér fens-deflus-deflousles chiffons; une heure après on va encore les vifiter, & s’ils ont pris une couleur bleue , on les retire de deflus le fu mier; on les met en tas &€ on les expofe à l'air pour les faire fécher. Je ferai remarquer que fi Le fumier n’eft pas fort, on les y laïfle plus long-tems , quel- quefois douze heures, & plus même s’il-eft néceflai. re. On fent bien que tout ceci dépend des différens: degrés de force du fumier: la couleur bleue eft fa pierre de touche pour connoître la durée du tems dont nous parlons. On doit être attentif à vifiter fou- vent les drapeaux; car la vapeur du fumier, fi on les y laïfloit trop long-tems expofés, en détruiroit læ couleur, 6€ tout le travail feroit perdu. Le fumier qu'on emploie eft celui de cheval, de mule ou de mulet. Certaines femmes expofent d’une autre ma- hiere leurs drapeaux à la vapeur du fumier ; elles les mettent entre deux draps, Srles draps entre deux cou* chés de fumier. Pour ordinaire on n’expofe qu’une feule fois les’ chiffons à la vapeur de urine ou du fumier. Quels ques particuliers m'ont dit que quand l’opérationne reufiAoit pas par le moyen du fumier , on expofoit les drapeaux qu'on n’avoit pu colorer par cètte voie, à la vapeur de l'urine; mais ces cas font extrème- ment rares. Je ferai obferver que pendant tout le tems que dure cette préparation, l’on met prefque tous les jours de l'urine dans la cuve ; & à l'égard de la chaux vive, on n’en met que trois fois pendant toute la durée de l'opération : il en eft de même quand on y met de l’alun, On remarquera que toutes les fois qu’on expofe de nouveaux drapeaux à la va- peur de lurine, il faut, avant de les y expofer, bien remuer l'urine avec un bâton : on change de même le fumier à chaque nouvelle opération. Après que les femmes ont achevé toutes leurs préparations, qui fe font chaque année, elles jettent l’urine de leur cuve qu’elles nettoyent bien. | Nous avons dit qu’on n’expofoit qu’une feule fois les drapeaux à la vapeur de l'urine ou du fumier : cette opération étant faite, commeje viens de la dé- crire, on a de nouveau fuc de maurelle ( car il eft bon de faire obferver que pendant toute la durée de cette préparation, 1l y a des hommes en campagne pour recueillir dela maurelle ); on imbibe une fecon- de fois les drapeaux de ce nouveau fuc , en faifant la même manœuvre qu'à la premiere opération , Je veux dire qu’on favonne en quelque forte les dra- peaux avec ce nouveau fuc , & on les fait bien fé- cher, comme nous avons dit. Si après cette feconde imbibition de fuc les chiffons font d’un bleu foncé tirant fur le noir, on ne leur fournit plus de nouveau fuc ; alors la marchandi{e eft dans Pétat requis. Siles chiffons #’ont pas cette couleur foncée que je viens d'indiquer , on les imbibe de nouveau fuc une troi- fieme fois, quelquefois une quatrieme, mais ces cas font bien rares. Les particuliers qui font cette préparation , ne commencent à imbiber leurs drapeaux de fuc de mau- relle que vers les dix ouonze heures du matin, com- me jen ai été témoin : la raïfon en eft qu’alors le {o- leil commence à être dans fa plus grande force , & que les drapeaux étantexpofés à fon ardeur , fechent : lus vite. Le tems eft très-favorable , comme je l’ai déja dit , quand le vent eft majhiffréou ou nord-ouef, & le foleil bien ardent. On fe garde bien de faire cette préparation quand le vent eft fud-eft, ou , comme on dit dans ce pays-ci, marin ; on rifqueroit alors de perdre tout Le fruit de fon travail : ce vent eft fort humide , &c'les chiffons, pour réuffir , doivent fecher promptement. Il eft arrivé dans certaines années plu- vieufes , que des particuliers ont perdu leur mau- telle, recueillie avec beaucoup de peine , faute de trouver un jour favorable. Nous avons dit que quand la toile qu’on emploie eft fale , on la lave & on la fait fécher ; de même il faut prendre garde qu’elle ne foit pas imbibée de quelque corps gras ou huileax. On me raconta qu’un particulier avoit employé dans fa fabrique certaines toiles qui avoient fervifur les vaifleaux ; elles étoient un peu enduites de gaudron, cela fit une mauvaife préparation, à caufe que le gaudron empêchoit le fuc de faire union avec le chanvre ; auffi lui confif- qua-t-On {fa marchandife , comme n'étant pas de re- cette. Je remarquai, étantau grand Gallargues, que dans la grande quantité de drapeaux colorés, il y en avoit quelques morceaux qui n’aVoient pas pris la couleur bleue. Je ne fus pas furpris de ce phénomene, dès que j’eus vu manœuvrer les femmes ; elles n’obfer- vent pasbeaucoup de régularité en étendant leurs chiffons , tant fur la cuve que fur le fumier : la partie volatile de l'urine ou du fumier ne peut pas pénétrer par-tout également, D’ailleuts, f on a le malheur de laifler un peu trop long-tems les drapeaux à la va- peur du fumier, qui a beaucoup de force, il mange la couleur , f.je puis m'exprimer ainf ; au lieu d’être Tome API, de T OU 433 bleue, elle tire fur la couleur de chaîr : les femmes appellent cela en leur langue fzu/a. Auffi la plüpart de celles qui ont leurs chiffons fur du fumier extrê= ment fort , vont-elles les vifiter fouvent. On m’a raconté à Gallargues & dans les lieux voi: fins, qu’on ne pouvoit préparer ces drapeaux de là maniere que je viens de décrire, que dans çe premier village feulement : les habitans du grand Gallargues & des environsle croient fermement ; voici les preu= ves qu'ils en donnent. Les filles de ce village , difent- ils, qui vontfe marier ailleurs, par exemple, à Aï= eues-vives, autre village qui n’en eft éloigné que d’une petite lieue , ne peuvent réuñlir à faire cette préparation , quoiqu’elles l’aient faite plufieurs fois dans leur maifon. Tout ceci fent le merveilleux ; j’at l'expérience du contraire. J’ai préparé moi-même à Montpellier dans mon laboratoire de pareils dra- peaux, par le moyen de la vapeur de l'urine, êc ils font aufli beaux que ceux qu’on nous envoie de Gal: largues. Il eft vrai de dire, qu’au fujet des drapeaux qu’on prépare au gtand Gallarques , on ne peut le faire que dans une partie de cette province & dans quelqu’autres voifines , comme la Provence & une partie du Dauphiné, où cette plante croit dans quel- ques cantons. | | M. Niflolle dit, que la maurelle ne croit pas du côté de Lyon, ni en Auvergne: fi elle croiffoit en. Hollande, les Hollandoiïs ne feroient pas aflez dupes pour nous acheter nos drapeaux; ils les prépareroient chez eux, & par-là ils épargneroïent beaucoup. Ce feroit au gouvernement à acheter ou à fe procurer le fecret des Hollandoïis pour faire la pierre bleue ap= pellée sournefol ; le commerce en retireroit un grand avantage , & principalement cette province; par ce moyen deux préparations fe feroient dans le même pays. Il eft impoffble de faire la premiere, que dans le pays où la maurelle croit naturellement : s’il étoit néceffaire de la multiplier, on pourroit laiffer murie la graine , & en femer des champs comme on feme ÉD le a de Je penfe qu’un jour, il en faudra venir à ée que je propofe;cette année{ 1760), la maurelle a manqué, les marchands n’ont pas pñ avoir la quantité des dra: peaux qu’on leur demande d’Hollande ; on n’en 3 préparé à ce qu’on m'a afluré, que pour trois mille” livres. Si le gouvernement n’y prend garde , on dé trura entierement cette plante; les payfans qui font cette recolte arrachent la plante , & alors la graine n’eft pas müre, &c par-là on voit qu’elle ne peut pas fe multiplier, ils aflurent que ce qui a fait la rareté cette année de la maurelle, c’eff la fécherefle, & qu'il n’a pas plû au commencement de l’été ; mais je erois que c’eft faute de graine qu’il n’en vient point, cette plante n’étant pas vivace. pr La maurelle ne peut pas être tranfportée fort loin, parce qu'il faut qu’elle {oit verte pour être employée, & qu’on ne peut la garder trop long-tems fans qu’el= le fe gâte par une trop grande fermentation, commè on peut le voir dansla théorie que j'ai donnée du pro» cedé. Voyez le mém. de l’acad. royale des Sciences, année 1754, pag. 698, € fuiv. Quand les drapeaux ou chiffons, préparés comme je viens de le dire , font bien fecs , on lés emballe dans de grands facs, on les y ferre & preffe bien, puis on fait un fecond emballage dans d’autres facs dans de la toile avec de la paille , & on en forme des balles de trois ou quatre quintaux ; des marchands- commiflionnaires de Montpellier ou des environs , les achetent pour les envoyer en Hollande , én les embarquant au port de Cette. Cette marchandife fe vend 30 à 32 liv. le quintal, elle a valu certaines ane nées jufqu’à ço liv. On na afluré qu’on fabriquoit toutes les années dans ce village ( qui eft compofé de 230 maïfons, & qui a mille habitans } de ces dra- Se. 484 TOU peaux pour dix où douze mille livres. ‘Ces drapeaux colorent le vin qui peche par la couleur, & toutes fortes de liqueurs: on m'a aflure qu’on les employoit en Hollande à cet ufage, & au rapport de M. Niflolle, Simon Pauli défapprouve tou- tes ces pratiques. Je ne vois pas cependant que cela puifle être fort dangereux. Les Hollandois font un grand ufage des drapeaux de Gallareues pour colorer leur fromage ; ils le nom- sent alors fipmage à croute rouge | tirant fur Le vio- let , dont le principal commerce fe fait fur les côtes de la Méditerranée , comme l’Efpagne , la France & Pltalie. Je crois avoir fuffifamment détaillé toutes les par- ties de ce procede chimique, qui fait le principal fu- jet de cet article , & je renvoie mes leéteurs pour Îa partie théorique ,.à ce que jen ai dit dans le mé- moire déja cité de l'académie royale des Sciences pour l’année 1754. Article de M. MONTET , maître Apoticaire | G membre de la Jociété royale des Sciences de Montpellier. . TOURNETTE, £ f. (Outil d'ouvriers.) petit in- ftrument de bois qui fert à devider de la foie, du fil, de la laine! du coton, &c. Les sournetres font tou- jours doubles, & font compofées de deux cylindres de bois léger qui ont chacun leur pivot , fur lequel elles tournent, Les pivots font attachés fur une plan- che qui leur fert de pié. (2. J.) TOURNETTE , er terme de Blondiers : c’eft une ef- pece de lanterne, montée fur un banc à la hauteur de deux piés & demi. Devant la lanterne eft planté dans le deflus du banc un bâton qui léleve à la mé- me hauteur, de ce bâton en part horifontalement un : autre d’un bon pié de long qui foutient la foie autour de la cournerre {ans qu’elle puifle tomber au pié ; & enfin un autre encore plus petit que celui-ci , qui empêche la foie de remonter quand on la dévide, & qui foutient Les centaines découpées, jufqu’à ce qu’on les retire des sournerres. Voyez DÉCOUPER. Il faut deux rournettes pour découper & pour dé- vider , l'une à un bout, &c l’autre à l’autre; fouvent on dévide fur le devidoir, voyez DEVIDOIR, mais toujours on découpe aux sournetes , le devidoir étant trop petit de circonférence, | TOURNETTE , cerme de Boutonnier ; c’eft un uften- file dont les Boutonniers fe fervent pour dévider la foie ou poil de chevre fur les rochets par le moyen d’un rouet ; la rournerte eft compofée d’une table, fur laquelle font aflujettis perpendiculairement deux bro- ches difpofées de maniere, qu’on peut les éloigner ou les approcher, felon la largeur des écheveaux que Von veut dévider. On pañle dans ces broches deux &fpecés de lanternes qui tournent fur ces broches , comme fur leur axe. Voyez la figure, Planche du Boutonnier-pallementier. TouRNETTE, ce font parmi les Cardeurs , deux roues de bois aufquelles Parbre du devidoir commu- fique le mouvement qu’il reçoit d’une manivelle que Ton tourne. TOURNETTE , serme dé Chandelier ; les Chandeliers appellent auffi des rournertes, les devidoirs fur lef- quels ils devident la méche de leur chandelle pour a mettre en pelotes. (D. J.) TOURNEVIRE,, { £ (Méch.) eft un cordage mé- diocre que l’on devide fur l’effieu du cabeftan, &r qui eft garni de nœuds aflez proches auxquels eft faifie fucceflivement avec des garcettes , une certaine lon- gueur du cordage amarré à l’autre, lequel eft beau- coup plus gros que la sournevire. Voyez CABESTAN. TOURNE-VIS , (Ouril.) outil de fer , avec lequel on ferre & on defferre les vis, foit en bois, foit en fer , pour les faire entrer dans leur écrou ou les en tirer. On l'appelle quelquefois sorre à gauche ; quoi- TOU qué ces deux outils foient diférens ; le zowrme-vis eft un infirument très-utile, on met au fer une poignée de bois pour le manier & en faire ufage. (D: J.) TOURNE-vIS , (Ouril d'Arquebufier.) ’eft un petit morceau de fer plat, large d’un demi pouce qui a une queue qui fe pofe dans un manche de boïs , long de deux ou trois pouces, qui fert aux Arquebufers pour tourner & vifler les vis dans leur écrou, en mettant le côté large du rourne-vis dans la tête qui eft fendue de la vis. | TOURNE-vIS , outil d'Ebénifle, eft un morceau d'acier. trempé dur & revenu bleu pour qu'il ne trompe pas facilement ; & emmanché dans une | poignée de bois un peu applatie pour qu’elle ne tourne point dans la main. Cette poignée aune frette de fer , dont l’ufage eft de l'empêcher de fe fen- dre lorfqu’on y monte le sourne-vis, dont l'extrémité inferieure eft au tranchant que l’on fait entrer dans la fente qui eft à la tête d’un vis à tête que l’on fait tourner au moyen du sowrne-vis que l’on appuie fortement deflus, en le tournant comme on fait une clé dans une ferrure. Voyez La figure PI, de MaR- QUETERIE. | Le tourne-vis fert évalement à ôter les vis comme à les placer. La feule différence eft qu’il faut le tour- her en fens oppofé aux pas de la vis. FOURNEUR, f. m. (Tabletterie.) on appelle cour- neur, les maîtres peigniers & tabletiers dé Paris, à caufe des petits ouvrages de tour, foit d'ivoire , foit de bois qu’il leur eft permis de faire. (D. J.) TOURNEUR, on appelle de ce nom ceux qui tra= vaïllent & façonnent leurs ouvrages ordinaires en: tre deux pointes attachées au Haut des poupées. Les lapidaires ont des points ou des pointes de fer , à l'extrémité defquels tiennent des pieces de diamant avec lefquelles ils percent les pierres prétieufes: Voyez l’arricle TOURNER , Lapidaire, 6e. TOURNEUR, (Rubanier.) c’eft un enfant occupé à faire tourner le rouet à retordre, ou à aller & venir fuivant le befoin , tantôt pour tenir les longueurs, tantôt pour tenir ou arrêter l’émerillon ; toutes ces actions font expliquées à l’ersicle TORDRE. | TOURNICES, f£pl. (Charpente.) ce font des po- teaux qui fervent de rempliflage dans les jouées des lucarnes , dans lés eloifons où il y a des croix de S. André , des guettes & des décharges. Voyez PL du CHARPENTIER. ‘ TOURNILLE , 1. f. (bas an métier.) petit inftru- ment à lufage de ceux qui font des bas au métier, Voyez cet article, TOURNIQUET, f. m. ( Arrifice. ) artifice com pofé de deux fufées diretement oppofées & atta- chées fur les tenons d’un to#rniquet de bois , comme ceux que les anciens appelloïent P£107 à feu , avec cette différence que le feu fé met au bout par le cô- tés & non fuivant l’axe. Cet artifice produit l’effet d'une girandole. ( DJ.) TOURNIQUET , mi. (Charpent.) efpece de mou- linet à quatre bras qui tourne verticalement, à hau- teur d'appui, dans une ruelle, ou à côté d’une bar- riere, pour empêcher les chevaux dy pañer. Il y en a de fer & de bronze dans les cours & jardins de Verfailles. (D. 7.) | | TOURNIQUET, ex serme d’Epinglir, c’eft une ef- pece de dévidoir à plufieurs branches environnan- tes de bas en haut , fans celle qui eft au centre, fur laquelle la machine pofe en haut, & tourne en:bas fur un nœud qui l'empêche de tomber. Le sourriquet fert à drefler le fil de laiton. Il eft aflez femblable à une cloche de jardinier. [left monté fur une planche à côté de l'engin. Voyez Les PI. de l'ÉPINGLTIER. TOURNIQUET, ( Lurh.) forte de petit foret poin- tu monté fur un arbre zh qui traverle deux poupées A B, comme l'arbre du tour à lunette; au nulieu de cet arbre eftune poulie Æ autour de laquelle la corde de l'archetc deft entortillé ; par le moyende cet archet, on fait tourner l’arbre a à Qui fait tournet lameche ou foret d,contrelapointe duquel on appuie les fautereaux garnis de leurs languettes quePon perce tout enfemble: on met enfuite uneperite épingle dans le trou du foret qui doit être trèsmenu pour que lé- pingle le remplifle exa@tement; il n’y a que le trou de la languette qui doit être plus grand, afin qu’elle puifle tourner librement, c’eft pourquoi on laccroit avec loutil appellé voie de fautereaux. OYez la fie. PL. XVII. de Lutherie, fig. 10. | | TOURNIQUET , dans Les orgues, on appelle aïnfi urmorceau de bois de forme quarrée 4, fig. 52. 1. d'orgue, fixée par une cheville par un de {es an- gles à un des angles de couverture fupérieur de tuyau, repréfentée par le reflangle 8 CD E , qui fait voir en même tems comment les quatre planches du tuyau de bois font afflemblées À rainures & lan- guettes. Le sourriquer fert à accorder les tuyaux, où on en met en les avançant pour les faire baiffer de ton, ou en le retirant pour le faire haufler, s’il fe ‘trouve trop bas. Voyez Le fis. 51 qui repréfente un tuyau fur lequel eft placé un rourriquet a. FOURNIQUET, {. m. (serme de Meruifier.) petit morceau de bois grand comme le pouce, un peu creufé par les deux bouts, attaché au bord d’un chaffis, 87 fervant à foutenir le chaffis quand il eft lever CDN _—. TOURNIQUETS, (4/2 Monnoie.) ce font des bar rils dans lefquels, & par le moyen du mercure, on aflemble toutes les parties du métal reftées dans les terres. Lies TOURNIQUET, (rerme de Serrurier.) petit morceau » On fait fur cet appareil deux tours, avec le cordon de foie ou de fil, que lon noue fur la lame d’écaille ou de COr+ ne ; 6*c. mais on le doit nouer aflez lâche > pour pouvoir faire une anfe des deux circulaires {ous la- quelle on fera pafler un petit bâton pour f{errer en- femble les deux tours du lien : la comprefle épaifle qui eft appliquée fur les vaifleaux » les comprime alors, & empêche que le lac ne fafle des contuñons aux parties latérales en les ferrant trop. La plaque d'écaille un peu courbe, ou le morcean de carton + de cuir, &c. placés fur la partie oppofée à celle où Pon doit faire la compreflion , empêchent quelle ga- rot, oupetit bâton, ne pince la peau. Voyez l’appli- cation de ce sourriques à la cuïfle & au bras droit de la fig. r. PL XXX, M. Petit a préfenté à l'académie royale des Scien- ces, en 1718, un/owrniques de fon invention ,; beau- coup plus parfait que l’ancien , toutreéifié qu’il pa- roifle. Voyez PI, XVIII. fig. 1. il eft compolé de deux pieces de bois , l’une fupérieure, & l’autre iri- férieure : l'inférieure eft longue d'environ quatre pouces & demi, large de près de deux pouces, un peu ceintrée en-deflous', légerement convexe en. deflus,, & échancrée par fes extrémités : de fon mi- heu s’éleve une éminence ronde, haute de fept lignes, {ur huit lignes & demie de diametre, La füpérieure eit à-peu-près femblable, mais un peu plus courte ; L’éminence qui s’éleve de fon milieu > a fix lignes de hauteur, & fon diametre un pouce & demi : cette éminence eft percée verticalement par un trou dont la cavité eflun écrou qui fert à loger une vis de bois dont le fommet eft un bouton applati des deux cô- tés pour le tourner. Les pas de cette vis font au nombre de quatre ou cinq , chacun doit avoir qua- tre lignes de diametre, afin qu’elle faffe fon effet par le moyen d’un demi tour: enfin toute la machine eft aflujettie par une cheville de fer qui traverfe les deux pieces par le milieu, & la vis dans toute falon- gueur, &c qui eft rivée fous la piece inférieure , NE fur le fommet du bouton , de maniere pourtant que la vis peut tourner fur cette cheville comme für un pivot. Pour fe fervir du sourriques, on entoure la partie avec une bande de chamois double, large de quatre travers de doigts ; c’eft la compreffe la plus douce dont on puiffe fe fervir : à une des extrémités de cette bande eft attachée un double couffinet » delalongueur êt de la largeur de la piece inférieure du tourriquers Voyez PL, XPTIL. fig. 3. il faut de plus une compref- fe étroite, ou pelote cylindrique , pour comprimer la route des vaifleaux, Cette pelote eft conftruite d'une bande de linge roulée aflez ferme, & couverte de chamois (fg. 4.) ; fur la partie externe de cette pelote , eff coufu par fes extrémités un ruban de fl : appellé wre-borre, çe qui forme une pañle pour la 486 TOU bande de chamoïs ; par ce moyen la pelote eft mobi- le, afinqu’elle puifle fe mettre au point convenable, fuivant la groffeur dumembre; 1l faut de plus un ru- ban pour fixer la compreffe &c la pélote autour du membre ; ce ruban doit être attaché par fon nuülieu , fur la partie externe de la bande de chamois ; la pe- lote cylindrique fe place fur le trajet des vaifleaux ; le double couffinet doit répondre à la partie oppoñée, & la bande de chamois entoure le membre circulai- rement: tout cet appareil eft retenu parle ruban qu’on noue à côté du double couffinet. Alors on pofe le tourniquer au-deflus du double couffinet , à la partie du membre oppofée au cours des gros vaifleaux : on aflujettit le sourriques parun fac double (Jig. 2.) , qui a une boutonniere pour permettre le pañlage de l’écrou de la plaque fupérieu- te : on voit à côté une anfe formée par la duplica- ture du lac, pour recevoir un des chefs de ce lac, qui après avoir pañlé par cette anfe , fert à former une rofette avec l’autre chef; ce qui contient le sourniquer enplace, Pour faire la compreffion on donne à la vis un de- mi-tour', ou un tour de droit à gauche : pour lors la piece fupérieure s’éloignant de l'inférieure, Le lacti- te lecylindre &le ferre contre les vaiffeaux , ce qui les comprime parfaitement bien. Ce rourniquet al’avantage 1°. decomprimer moins les parties latérales , que le sourniquet ordinaire ; 2°, de n'avoir pas befoin d’aide pour le tenir , ni pour le ferrer , ou pour le lâcher ; 3°. l'opérateur peut lui-même, par le moyen de fa vis, arrêter plus ou moins le cours du fang dans Partere ; 4°. quand on craint l’hémorrhagie après l’opération, on peut laifer ce rourniquer en place , & en cas que l’hémor- thagie furvienne , le malade , au défaut d’autres perfonnes , peut fe ferrer lui-même autant qu'il eft néceffaire ; 5°. on ne rifque pas que le membre tom- _ been mortification , par la conftriétion de ce zourxi- quer, parce qu’il ne fufpend point Le cours du fang dans lesbranches collatérales. On peut obferver ici que l’étendue des deux pla- ques contribue autant que lépaiffeur de la pelote, à diminuer la compreffion du lac fur les parties latéra- les du membre, ce qui fait qu’on doit avoir des zour- niques de différentes grandeurs , felon le volume des membres. | | M. Petit a imaginé en 1731 , une autre efpece de moyen, pour fe rendre maître du fang , nous en avons donné la defcription à lafin de larzicle hémor- rhagie. Voyez HÉMORRHAGIE. M. Heifter décrit un inftrument propre à compri- mer l’ouverture d’un artere , qui eft une efpece de sourniquet, Voyez la fig. 3. PI. XX XI. il eft compofé d’une plaque de cuivre légerement cambrée, large d’un pouce & demi, & longue de trois ; à une des extrémités de cette lame , 1l y a deux rangs de petits trous , pour y pouvoir coudre une courroie ; à l’au- tre.extrémité 1l y a deux petits crochets ; le milieu de cette lame eft percé en écrou, au-travers duquel pañle une vis aflez forte ; la partie fupérieure de cer- te vis eft applatie, &c forme une piece de pouce , &c la partie inférieure porte une petite plaque ronde, qui a environ un pouce de diametre ; la courroie qui eft coufue par un de fes bouts à une des extrémités de la grande lame, eft percée à l’autre bout de plu- fieurs trous en deux rangs, pour que cette machine puifle fervir à différentes parties ; ces trous fervent à accrocher la courroie aux deux crochets qui font à l’autre extrémité de la grande lame. Pour fe fervir de cet inftrument pour arrêterune hémorthagie par la compreflion, il faut mettre des tampons de charpie fur le vaifleau ouvert; les cou- vrir de quelquescomprefles graduées, & appliquer {ur la derniere de ces comprefles la petite plaque or- TOU | biculaite : alors on entourera fortement le membre avec la courroie , que l’on accrochera par fon extré- mité libre aux crochets, & en tournant la vis, on comprimera l'appareil , & on fe rendra maïtre du fang. Il faut obferver ( ce dont M. Heïfter n’afaitaucune mention), que l'extrémité de la vis doit être rivée de façon que la plaqueorbiculairene tourne point avec elle ; ce feroit un inconvénient pour lacomprefion , _ car entournantla vis, on pourroit déranger les com- prefles ; elles fe plifferoient au moins, ce qui en ren- dant la compreflion inégale & douloureufe , peut foriner des finus dans l'appareil, par lefquels le fans pourroit s'échapper : on évitera tout cela, fi la vis eft de façon qu’elle tourne fur la plaque orbiculaire. Il faut pour cet effet que la vis foit percée dans toute fa longueur, & traverfée par une cheville dont la plaque orbiculaire foit labafe , &c fur laquelle che- ville la vis tournera fans fin. (F) TOURNOIR , f. m. serme de Potier d’érain ; c'eft un bâton rond de trois ou quatre piés de long , avec lequel louvrier qui travaille des ouvrages de pote- rie à la grande roue , donne les mouvemens à cette machine, ce qu'il fait en lappuyant fucceffivement fur chacune des quatre raies de la roue, le quittant &c le reprenant autant de fois qu'il le croit néceflaire pour hâter ce mouvement. (D. J) TOURNOIS, fm. pl. (ÆUf£. de la Cheval. exercice de guerre & de galanterie que faifoient les anciens chevaliers pour montrer leur adreffe &r leur bravou- re. C’eft. l’ufage des sournois qui uniflant enfemble les droits de la valeur & de l'amour , vint à donner une grande importance à la galanterie, ce perpétuelmen- fonge de l'amour. On appelloit sowrnoi , dans le tems que régnoit Pancienne chevalerie | toutes fortes de courles & combats militaires, qui fe faifoient conformément à certaines regles, entre plufieurs chevaliers êr leurs écuyers par divertiflement &c par salanterie, On nom- moit joutes , des combats finsulers qui {e faifoient dans les cournois d'homme à homme avec la lance ou la dague ; ces joutes étoient ordinairement une partie des sournois. Voyez JOUTE. - Il eft difficile de fixer l’époque de l’inffitution des sournois , dont les Allemands , les Anglois & les Fran- çois fe difputent la gloire, en faifant remonter Porigi- nede ces jeux au milieu du x. fiecle, L’hiftorien Nithard parle ainfi des jeux militaires, dont les deux freres Louisle Germanique & Charles le Chauve fe donnerent plufeurs fois le fpeétacle vers l’année 842, après avoir juré cette alliance qui eft devenue fi célebre par la formule de leur ferment. Ludos etiam hoc ordine fepe causé exercitit frequenta bant .…... Subfiflente hinc indè omni multitudine, pri- mum pari numero Saxonorum , Vaftonorum , Aujtra- forum, Britannorum , ex uträque parte veluti tvicerz adyerfari fibi vellent, alter in alterum veloct curfu rue- bat... & plus bas, eratque res digna .. fpeitaculo. Il paroït aflez clairement par la fuite du texte de Nithard, que l’Allemagne fut le théatre de ces jeux qui avoient quelque reflemblance aux owrnois qui fuccéderent. La plüpart des auteurs allemands pré- tendent que l’empereur Henri I. furnommé Por/é/eur, qui mourut en 936, fut l’inftituteur des sowrnois ; maïs quelques-uns avec plus de fondement en font Phon- neur à un autre Henri , qui eft poftérieur d’un fiecle au premier. En ce cas les Allemands auroïent peu d'avantage fur les François, chez qui Pon voit les tournois établis vers le milieu du xJ. fou , par Geof- froi , fei gneur de Preuillien Anjou. 470 1066’, dit la chronique de Tours , Gaufridus de Pruliaco , qui torneamenta izvenir, apud Andegavum occiditur. Il y amêmeunhiftorien étranger, qui parlant des tournois ,; Les appelle des combats françois , conflitus D m4, Ds Le ÉD = EE, à # (Bi | e ki fe rs ROUES Le nues ce 3e à ‘ au gallici ; foit parce qu'il croycit qu'ils étoient nés en France, foit parce que de fon tems les François y brilloient Le plus. Æezricus re% Anglorum junior, dit Mathieu Paris , fouslan 1179 , are tranfiens in con- iétibus gallicis , 6 profufloribas eXpenfis | triennium peregit, repiäque majeftate dépofiié, 1otus efl de rège trarflatus in militem. Selon les auteurs de lhiftoire byfantine , les peuples d’orient ont appris des Fran- çois l’art & la pratique des sournoïs ; & en effet notre nation s’y eft toujours diftinguée jufqu’au tems de Brantome. | fe 4 La veille des rournois étoit annoncée dès le jour qui la précédoit , par les proclamations des officiers d'armes. Des chevaliers qui devoient combattre, ve- noient auf vifiter la place deflinée pour les joutés. & Si venoient devant eux un hérault qui crloit tout 5 en hault, feigneurs chevaliers ; demain aurez la # veille du rourney , où prouefle fera vendue , & # achetée au fer &c à l'acier». . On folemnifoit cette veille des tornois par des ef- peces dejoutes appellées , tantôt eflais ou éprouves, épreuves ; tantôt les vépres du tournoi , & quelquefois éférémie, c'eft-à-dire e/crimes ; où les écuyers s’ef- fayoient les uns contre les autres avec des armes plis légeres à porter, & plus aifées à manier que celles des chevaliers , plus faciles à rompre, & moins dange- reufes pour ceux qu’elles blefloient. C’étoitle prélude du fpectacle nommé le grand tournoi , le maître tour- 01, là maftr: éprouve, que les plus braves & les plus adroits chevaliers, devoient donner le lendemain. Les dames s’abftinrent dans Les premiers tèms d’äf- fifter aux grands rournois ; mais enfin l'horreur de voir répandre le fang céda dans le cœur de cefexené fenfible , à Pinclination encoïe plus puiffante qui le porte verstout ce qui appartient aux féntimens dela gloire , ou qui peut caufer de l'émotion. Les dames donc accoururent bientôt en foule aux zournois, & cette époque dut être celle de la plus grande célé- brité de ces exercices . Il eft aifé d'imaginer quel mouvement devoit pto- äuire dans les efprits la proclamation de ces sournois folemnels, annoncés [ong-tems d'avance ; & toujours dans les termes les plus faftueux ; ils animoient dans chaque province & dans chaque cour tous Les cheva- Liers &c les écuyers à faire d’autres sournois, ou par toutes fortes d'exercices , ils fe difpofoient à paroître fur un plus grandthéatre. 4 " . Tandis qu’on préparoit les lieux deftinés aux sour- nois , on étaloit le long des cloîtres de quelques mo- nafteres voifins , les écus armoriés de ceux qui pré- tendoient entrer dansles lices , & ils y reftoient plu- ieurs jours expofés à là curiofité & à l’exämen des Aeigneurs , des dames & demoïfelles. Un héraut ou pourfuivant d'armes ; nommoit aux dames .ceux à qui ils appartenoïent ; & fi parmi les prétendans, il S'en trouvoit quelqu'un dont une dame eût fujet de 4e plaindre ; foit parce qu’il avoit mal parlé d’elle, doit pour quelqu’autre offenfe | elle fouchoit l’écu de fes armes pour le fecomtmandér auxjuges du sozrnoi, £’eft-à-dire pour leur en demander jufhce, . Ceuxeci, après avoir fait les informations nécef- faires ; devoient prononcer ; & fi le crime avoit été prouvé juridiquement , la punition fuivoit de près. Le chevalier fe préfentoit-il au soërnor, malgré les Ordonnances qui J’en excluoient, unepgrele dé coups que tous lés autrés chevaliers faifoient tomber fur ui, le punifloit de fa témérité ; & lui apprenoit à refpeéter l'honneur des dames & les lois dé lacheva- lerie. La merci des dames qu'il devoit réclamer à haute voix, étoït feule capable de mettre des bornéès au châtiment du coupables : . : oahe. Je ne ferai point la .defcription des lices pouf le zournoi, m1 des tentes & des pavillons dont la cam- pagne étoit couverte aux environs; ni des hours. L cl à TOU 497 c’eft-à-dife des échafauds dreflés au-tour de la car riere où tant de nobles. perfonnages devoientfe figna- ler. Je ne diftinguerai point les différentes efpeces de combats qui s’y donnoient, joutes, caftilles ; pas d'armes & combats à la foule ; il me fuflit defairere- marquer que ces échafauds fouvent conftruits en for- me de tours , éroient partagés en loges & en gradins; décorés de riches tapis, de pavillons , de bannieres, de banderoles & d’écuflons. Auf les deftinoit-on à placer les rois , les réines , les princes & princefes ; ë& tout ce qui compoloit leur cour, les dames & les demoïfelles , enfin les anciens chevaliers qu’une longue expérience au maniment des armes avoit rendu les juges les plus compétens. Ces vieillards, à qui leur grand âge ne permettoit plus de s’y diftin- guer encore , touchés d’une tendrefle pleine d’eftime pour cette jeunefle valeureufe, qui leur rappelloir lé fouvenir de leurs propres exploits, voyoient avec plafir leur ancienne valeur renaître dans ces eflainé de jeunes guerriers. . ut ET CA ONE … La richeffe des étoffes & des pierreriesreleyoit en- core l'éclat du fpeétacle. Des juges nommés exprès } des maréchaux du camp, des confeillers ou affiftans ; avoient en divers lieux des places marquées pour. maintenir dans le, champ de bataille les lois des tournois ; &C pour donner leur avis à ceux qui pour- toient en avoir befoin. Une multitude de héraults & pourfuivans d'armes , répandus de toutes parts , avoient les yeux fixés fur les combattäns , pour faire uh rapport fidele des coups qui feroient portés &c re- cus. Une foule de meneftriers avec toute forte d’in= ftrumens d’une mufque guerriere | étoient prêts à célébrer les proueffes quidevoient éclater dans cette journée. Des fergens aétifs avoient ordre de fe porter de tous les côtés où le fervice des lices les appelleroir; {oit pour donner des armes aux combattans, foit pour contenir la populace dans le filence & le refpe@. . . Le bruit des fanfares annoncçoit l’arrivée des che: valiers fperbement armés 87 équipés , fuivis de leurs écuyers tous à cheval. Des dames & des demoifelles amenoient quelquefois fur les rangs ces fiers efclaves attachés avec des chaînes qu’elles leur ôtoientfeule- ment , lorfqu’entrés dans l’enceinte des lices ; ils étoient prêts à s’élancer. Le titre d’efclave ou de fer- Yiteur de ladame que chacun nommoit hautement en entrant au Zournoi, étoit un titre d'honneur qui de= voit ête acheté par des exploits; il étoit regardé par celui qui le portoit ; comme un gage de la viétoire , comme un engagement à ne rien faire qui ne fût di- gne de lui. Servans d'amour , leur dit ün de nos poë: tes dans une ballade qu’il compofa pour le tournoi fait à Saint - Denis fous Charles VL au commence: ment de Mai 1389. Servans d'amour ; regardez doucement Aux échafauds , anges de paradis ; Lors jouterez fort , 6 Joyeufément ; Et yous ferez honorés & chéris. À ce titre ; les dames daignoïent joindre ordinaël rement ce qu’on appelloïit Me , Joyaù , nobleffe | robloy , ou enfeigne ; c'étoit une écharpe, un voile ” une coëffe , une manche, une mantille ; un braffelet ; unnœud, en un mot quelque piece détachée de leur habillément ou de leur parure ; quélquefoisun ouvra- ge tiflu de leurs mains, dont le chevalier favorifé or. noit le haut de fon heaume ou de fa lance fon écu, fa cotte d'armes, ou quelqu’autre partie de fon armure. Souvent dans la chaleur de l’aétion ; le fort des ar= mes faifoit pafler ces gages précieüx au pouvoir d’un ennemi vañqueur , où divers accidens en occañont- noient la perte. En ce cas la dame en reñvoyoit d’autres à fon chevalier pour le confoler, & pour Fér lever fon courage : ainfrelle lanimoit à fe vanger, & à conquérir à fon tour les faveurs dont fes advérfars 485 TOU res étoïent parés , & dont il devoit enfuite lui faire une offrande. Ce n’étoit pas les feules offrandes que les cheva- diers vainqueurs faoientaux dames ; ils Leur préfen- toient auf quelquefois Les champions qu’ils avoient renverfés, & les chevaux dont ils leur avoient fait vuider les arçons. Lorfque toutes ces marques, fans lefquelles on ne pouvoit démêler ceux qui fe fignaloient, avoient été rompues éc déchirées , ce qui arrivoit fouvent par les coups qu’ils fe portoient en fe heurtant les uns les autres, & s’arrachant à-lenvi leurs armes ; les nou- velles faveurs qu’on leur donnoit fur le champ, fer- voient d’enfeignes aux dames, pour reconnoïtre celui qu’elles ne devoient point perdre de vue, &c dont la gloire devoit réjaillir fur elles. Quelques-unes de ces circonffances ne font prifes à-la-vérité que des récits de nos romanciers; mais l’accord de cesauteursavec les relations hiftoriques des sournois jutifie la fincé- rité de leurs dépofñtions. | Enfin on ne peut pas douter que Les dames attenti- ves à ces sournois ne priflent un intérêt fenfble aux fuccès de leurs champions. L’attention des autres fpeétateurs n’étoit guere moins capable d'encourager les combattans : tout avantage remarquable que rem- portoit quelqu'un des tournoyans , étoit célébré par les fons des ménétriers, & parlesvoix des héraults. Dans la viétoire on crioit, honneur au fils des preux ; car, dit Monftrelet, nul chevalier ne peut être jugé preux lui-même , fi ce n’eft après le trépaflement. D’autrefois on crioit, louange & prix aux chevaliers qui foutiennent les gritfs, faits € armes, par qui va- leur | hardement € proucffe eff guaigné en Jang mélé de fueur., - il à A-proportion des criées & huées qu’avoient exci- tées les hérauts & les ménétriers , 1ls étoient payés par les champions. Leurs préfens étoient reçus avec d’autres cris ; les mots de largefle ou robleffe, c’eft-à- dire libéralité,ferépétoient à chaque difiribution nou- .velle. Une des vertus les plus recommandées aux chevaliers, étoit la générofité ; c’eft auffi la vertu que les jongleurs , les poëtes &cles romanciers ont Îe plus exaltée dans leurs chanfons & dans leurs écrits : elle £e fignaloït encore par la richefle des armes & des habillemens. Les débris qui tomboient dans la car- tiere , les éclats des armes, Les paillettes d’or &z d’ar- gent dont étoit jonché le champ de bataille , tout fe partageoït entre les hérauts &c les ménétfiers. On vit une noble imitation de cetteantique magnificence chevalerefque à la cour de Louis XIII. lorfque le duc de Bukingham, allant à l’audience de la reine, parut avec un habit chargé de perles que Fon avoit exprès mal attachées ; il s’étoit ménage par ce moyen un prétexte honnête de les faire accepter à ceux qui Les ramaffoient pour les lui remettre. Les principaux réglemens des sournois , appelés écoles de proueffe dans le roman de Perceforeft, confi- ftoient à ne point frapper de la pointe, mais du tran- chant de lépée , ni combattre hors de {on rang ; à ne point blefler le cheval de fon adverfaire ; à ne porter des.coups de lance qu'au vifage, éc entre les quatremembres ; c’eft-à-dire au plaftron; à ne plus frapper un chevalier dès qu’il avoit Ôté la vifiere de fon cafque , ou qu'il s’étoit déhaumé , à ne point fe réunir plufieurs contreun feuldans certains combats, comme dans celui qui étoit proprement appellé Joue. Le juge de paix choïfi par les dames, avec un ap- pareil curieux , étoit toujours prêt d’interpofer fon miniftere pacifique , lorfqu’un chevalier ayant violé pär inadvertance les lois du combat , avoit attiré contre lui feul les armes de plufeurs combattans. Le champion des dames , armé d’une longue pique, ou d’une lame furmontée d’une coëffe , n’avoit pas plu- tôt abaïflé fur le heaume de ce chevalier le figne de la clémence & delafauve-garde des dames, que l'on ne pouvoit plus toucher au coupable. Il étoit abfous de fa faute lorfqu’on la croyoit en quelque façon in- volontaire; mais fi l’on s’appercevoit qu'il eût eu def- fein de la commettre, on devoit la lui faire expier par une rigoureufe punition. Celles qui avoient été lame de ces combats, y étoient célébrées d’une façon particuliere. Les che- valiers ne terminoient aucun exercice fans faire à leur honneur une dermiere joute , qu’ils nommoient le coup des dames ; &t cet hommage fe répétoit en combattant pour elles à l'épée, à la hache d’armes & à la dague, C’étoit de toutes les joutes celle où l’on {e piquoit de faire des plus nobles efforts. Le tournoi fini, on s’occupoit du foin de diftribuer le prix que lon avoit propolé , fuivant les divers genres de force ou d’adrefle par lefquels on S’étoit diftingné ; foit pour avoir brifé Le plus grand nombre de lances ; foit pour avoir fait Le plus beau coup d’é- pée; foit pour être refté plus long-tems à cheval fans être démonté , n1 défarçonné ; {oit enfin pour avoir tenu plus long tems de pié ferme dans la foule du tournoi, fans fe déhaumer , ou fans lever la vifiere pour reprendre haleine. Les officiers d’armes faifoient leur rapport du com- bat devant les juges , qui prononcçoient le nom du vainqueur. Souvent on demandoit l'avis des dames, qui adjugeoient le prix comme fouveraines du sour- noi ; & quandil arrivoit qu'il n’étoit point adjugé au chevalier qu’elles en avoient eftimé le plus digne, elles lui accordoient elles-mêmes un fecond prix. Enfin lorfque le prix avoit été décerné , les officiers d'armes alloient prendre parmi les dames ou les de- moifelles celles qui dévoient préfenter ce prix au vainqueur. Le baïfer qu’il avoit droit de leur donner en recevant le sage de fa gloire, lui paroïfloit le plus : haut point de fon triomphe. Ce prix que les dames lui portoient étoit adjugé tantôt fur les lices, & tantôt dans le palais au milieu des divertiflemens qui venoient à la fuite du sowrror , comme on le vit dans les fêtes du duc de Bourgogne à Lille en 1453. 4 Tandis qu’on danfoit, dit Olivier dela Marche , ém. div. I. pag. 437.» les roys d’ar- » mes &c héraux, aveques les nobles hommes qui fu- » rent ordonnés pour l’enquefte , allerent aux da- » mes & aux demoïfelles , favoir à qui l’on devoit » préfenter le prix , pour avoir le mieux joufté &c » rompu bois pour ce jour, & fut trouvé que M. » de Charoloïs l’avoit gagné, & deflervy. Si prirent » les officiers d’armes deux damoyfelles, princefles » ( mademoifelle de Bourbon & mademoïfelle d’Ef- » tampes), pourle prix préfenter, & elles le baïlle- » rent à mon dit feigneur de Charolois , lequelles » baïfa, comme il avoit accoutumé , & qu’il étoit de » coutume, & fut crié mont joye, moult haute- » ment ». Non-feulement le vainqueur recevoit le baïfer ; gage de fon triomphe , mais 1l étoit défarmé par les mêmes dames qui lui préfentoient des habits, & le menoient à la falle où il étoit reçu par le prince, qui le faifoit afleoir au feftin dans la place la plus hono- rable. Son nom étoit infcrit dans les regiftres des of ficiers d’armes, & fes a&tions faifoient fouvent la ma- tiere des chanfons & des lays que chantoient les da- mes & les demoifelles au fon des inftrumens des mé- nétriers. Voilà le beau des sournois , il n’eft pas difficile d’en voir le ridicule &c les abus. Comme il n’y avoit qu’un pas des dévots chevaliers à l'irreligion, ils n’eurent auffi qu'un pas à faire de leur fanatifme en amour, aux plus grands excès de libertinage; les zournois, prefque toujours défendus par PEglife à caufe du {ang que Pon y répandoit, &c fouvent interdits par nos rois, à çaufe des dépenfes énormes qui s’y fai- forent :. + * FT OU foient; les tournois, dis-je, ruinerent une grande partie des nobles, qu’avoient épargnés les croifades & les autres guerres. Il eff vrai néanmoins que fi nos rois réprimerent fouvent par leurs ordonnances la fureur des LOHTROIS, ils les ranimerent encore plus fouvent par leur exern- ple ; de-là vient qu'il eff fait mention dans nos an- ciens fabliaux, d’une de ces défenfes paflageres, qui fut fuivie de la publication d’un zowrnoi fait à la Haye en Touraine. Ainf ne foyons pas furpris que ces fortes de combats fuflent toujours en honneur ; malgré les canons des conciles, les excommunica- tions des papes, les remontrances des gens d’églife, ë le fang qui s’y répandoit. Il en coûta la vieen 1240 à foïxante chevaliers & écuyers, dans un feul zowr- noi faità Nuys, près de Cologne. Charles VI. iles foutint, & fa pañlion pour cet exercice lui attira fouvent des reproches très-férieux ; car contre l’ufa. ge ordinaire des rois, ils’y mefuroit avec les plus adroïts jouteurs, compromnettoit ainf {a dignité, & expofoit témérairement fa vie, en fe mêlant avec eux. Enfin , le funefte accident d'Henri IL. tué dans un tournoi en 1559, fous les yeux de toute une nation, modéra dans le cœur des François, l’ardeur qu'ils avoient témoignée jufque-là pour ces fortes d’exer- cices ; cependant la vie défœuvrée des grands, lhabi- tude & la pafion , renouvellerent ces jeux funeftes à Orléans, un an après la fin tragique d'Henri LL. Henri de Bourbon-Montpenfer, prince du fans , en fut encore la vi@ime ; une chûte de cheval le ft pé- rir. Les rournois ceflerent alors abfolument en Fran- ce; ainfñ leur abolition eft de l’année 1460. Avec eux périt l’ancien efprit de chevalerie qui ne parut plus guere que dans les romans. Les jeux qu'on con- finua depuis d’appeller rowrnois, ne fürent que des caroufels, & ces mêmes caroufels ont entierement pañlé de mode dans toutes les cours de l’Europe. Les lettres reprenant le deflus {ur tous ces amu- femens frivoles , ont porté dans le cœur deshommes le goût plein de charmes de la culture des arts & des fciences. « Notre fiecle plus éclairé (dit un auteur # TOI, moins célebre encore par la gloire de fes armes » que par fon vafte génie), notre fiecle plus éclairé # n’accorde fon eflime & fon goût qu'aux talens de # lefprit, &c à ces vertus qui relevent l’homme au- » deflus de fa condition , le rendent bienfaifant, gé- # néreux & fecourable ». De plus curieux que je ne fuis pourront confulter fur les zournois Ducange au mot rorneamentum , & fa Différtation à la fuite de Joinville ; le pere Meneftrier, divers traités [ir la chevalerie ; le pere Honoré de Ste, Marie, Differtation hifiorique fur la chevalerie ancienne 6 moderne ; Lacolombiere, Théacre d'honneur & de chevalerie, où il donne , some I. pag. 519. la lifte de plufieurs relations de sournois faits depuis lan 1500; les Mémoires de littérature. Mais le charmant ouvrage fur l’ancienne chevalerie, confidérée comme tn établiffement politique 6 militaire par M. de la Curne de Sante - Palaye > &t dont j'ai tiré ce court mémoire, doit tenir lieu de tous ces livres. (Le chevalier DE JAUCOURT.) Tournois, ( Monnoie de France.) ancienne mon- noie de France : 1l y avoit des petits tournois d'argent &t des petits sournois de billon ; on nommoit autre- ment les petits sournois d’argent rournois blancs ou marlles blanches , & les tournois de billon, des tournois noirs. Dans une ordonnance de Philippe-le-Long , il eft fait iention des surones albi & des surones nigri, Tout le monde convient, dit M. Leblanc, que faint Louis fit faire le gros tournois d'argent. Il n’eft rien de fi célebre que cette monnoïe dans les titres & dans les auteurs anciens ; tantôt elle eft nommée argenteus turonenfis ; fouvent groffus turonenfis , êc Tome XVI. TOU 459 quelquefois denarius grofus. Le nom de pros fur don: né: à icette efpece, parce que c’étoit la plus groffe monnoie d'argent qu'il y eût alors en France , & on l'appella sournois, À caule qu’elle étoit fabriquée à Tours, comme le marque la légende, suronus civis ‘ POUF furonus civitas ; cette monnoie peloit 3 deniers 7 grains, $$ trébuchans ; il y en avoit par confé quent 5S dans un marc. Cela fe jufifie par un fragment d'ordonnance que faint Louis fit l’an x 266, pour re= gler la maniere dont on devoit pefer la monnoie , avañt que de la délivrer au public ; enfin Philippe-le- Hardi fit faire des rourmois de la même valeur que ceux de faint Louis. Au-refte, 1l eft certain que le parifs qui avoit cours dans le même tems, étoit plus fort d’un quart que Le sournois qui a été aboli fous Le reone de Louis XIV, & on ne connoït plus que le parifis qui eften ufage dans le palais, où l’on ajoute le parifis , à l’ef- timation que l'huifier fait des effets mobihers, en procédant à l'inventaire d’un décédé ; & quand l’ef: timation ef faite par un expert, on n'y ajoute point de parifis. La livre rournois défigne une monnoie de compte valant vingt fols. F’oyez LIVRE TOURNOIS. (D.J.) TOURNON, ( Géog. mod.) en latin T'auredunum, par Grégoire de Tours, petite ville de France , dans le haut Vivarais, au penchant d’une montagne , fur la rive droite du Rhône, vis-à-vis de Thain , a trois lieues de Valence , & à quatre d’Annonay ; les jéfui- tes y avoient un college : [a terre de Tozrron eft dans la maifon de Rohan-Soubife. Long. 22.24. lar, 45. 7, Davi (Pierre ), né à Tournon en 1592, mort à Paris en 1655, eft auteur d’une grande Défcriprion du monde, en 6 vol.is-fol. c’eft un ouvrage où l’on trouve çà & là des chofes amufantes. (2D.J.) TOURNUS, (Géog. mod.) petite ville de France; en Bourgogne, fur la droite de la Saône, entre M4- con &c Châlons, à 82 lieues de Paris, dans une fitua- tion agréable & fertile, | Tournus a toujours été du diocèfe de Châlons, & dépendoit autrefois du comté de la même ville ; au- jourd’hui elle eft du comté de Mâcon, où fes caufes reflortiflent. Elle eft divifée en deux paroifles ; mais ce qui la diftingue eft fon.abbaye d'hommes de l’ordre de faint Benoît, qui a été érigé en collégiale, & qui a un abbé titulaire. La juftice, {oit dans la ville de Tournus, foit dans fes dépendances, appartient à cet abbé ; il a feul Le droit d’en nommer tous les of- ficiers, qui prennent de lui leurs provifons ; il a auffi feul le droit de créer des notaires & des procureuts poftulans; auf plufieurs auteurs ont écrit à l’envi l'hifloire de l’abbaye de Tournus, {avoir Falcon ; moine de cette abbaye dans le x. fiecle; Pierre de Saint - Julien, furnommé de Baleurre ; le P. Chifflet 5 Jéfuite , &c Pierre Juerin. Long. 34. 40. lar. 46, 34. La ville de Tournus eft d’une origine inconnue ; il n’en eft parlé que dans le troifieme fiecle, fous le nom de caffrum Timertium ou Trenorcium ; elle devint ville de la Gaule celtique dans le pays des Eduens, qui avoient Autun pour leur capitale; ainfi elle étoit comprife dans l'ancienne province Lyonnoife. Pierre Juenin a mis au jour à Dijon, en 1733, en 2 vol. :n-4°. Vhiftoire de cette ville. Margnon (Jean), poëte françois, étoit de Tour- nus : il fit fes études chez les jéfuites de Lyon, & fut quelque tems avocat au préfidial de cette ville : il vint enfuite à Paris & s’y établit. Il y mourut afaf finé ; dit-on , fur le Pont-neuf en 1661 , étant encore aflez jeune. Il a compofé beaucoup de mauvaifes tragédies, entre autres Arraxerce, qui fut repréfen- tée par l’illuftre théatre; c’étoit le nom que prenoit une fociété de jeunes gens, du nombre defquels étoient Moliere 8 Maignon, & qui s’exerçant à la déclamation, repréfentoient des pieces ; tantôt dans Qqq 490 T OU le fauxbourg faint Germain, & tantôt dans le quar- tier S. Paul. Artaxerce fut imprimé à Paris en 1645. Les autres pieces de Maignon font; Les Amants dif- crets, 1645: de grand Tarnerlan & Bajazer, 1648 ; le Mariage d'Orondate & de Statira, 1648; Zénobie, reine de Palrnire, 1660; fon Encyclopédie parut à Paris in-4°. fous le titre de /a ftience univerfelle, 1663. l'auteur mourut pendant qu’onl'imprimoit. Lorfqu’il travailloit à cet ouvrage, quelqu'un lui demandant s’il feroit bien-tôt achevé : bien-tôt, dit-il, je n’a plus que quelques mille vers. Le fingulier, c’eft de faire une Encyclopédie en vers; on n’a peut - être jamais rien imaginé de fi ridicule. Defpréaux n’a pas eu tort de mettre Maignon au rang des froids écri- vains. | On ne lit guere plus Rampale & Mefnardiere Que Maignon, du Souhait, Corbin , 6 la Morliere. Scaron a dépeint admirablement le poëte Maignon dans certaine épitre chagrine, où il lui fait dire qu’il a auf deffein de mettre en vers les conciles. (2.7. FOUROBIN oz plutôt TUROBIN,, ( Géog. mod.) petite ville de Pologne, dans le palatinat de Rufñe, à trois lieues de Chebrechin, & de la dépendance de Zamoski, principauté du palatinat de Belz, (D. J.) TOURON, f.m. serme de Cordier, ce font plu- fieurs fils de caret tournés enfemble, qui font partie d’une corde, (2. J.) TOURONS, ex Conjfiferie, ce font des ouvrages tra- vaillés avec des amandes, des avelines, de Pécorce de citron verd coupée par tranches &r defféchées à la poële, ou dans l’étuve avec du fucre en poudre, & des blancs d'œufs bien fouettés. TOURS, ( Géog. mod. ) ville de France, capitale de la Touraine, dans une agréable & fertile plaine, entre la Loire & le Cher. Elle a cinq fauxbourss, contient environ vingt mulle habitans , & eft afiez bien bâtie. Il y a préfidial, bailliage, éleétion , hôtel des monnoies très-ancien , intendance & archevé- chés. Long. fuivant Cafini, 18. 12!. 30! lavit. 47. 23!..40", . Quelques auteurs prétendent que Tours eft le Cz- farodunum de Ptolomée & de la table théodofienne ou de Peutinger ; mais cette opinion eft peu vraïffem- blable, parce que tous les noms qui fe terminent en dunum, indiquent des lieux fitués fur une hauteur, & que Tours eft fituée dans une plaine. Quoi qu'il en foit , lorfque l’empire romain fut détruit en Occident, les Vifñgoths s'étant rendus les maîtres de toute la partie des Gaules qui eft au midi de la Loire, la ville de Tours vint à leur pouvoir fous le regne d’Euric; Tours étoit encore fous leur domination lan 506 , lorfque Verus, évêque de Tours, comparut par procureur au concile d'Agde, compofé des évêques & des députés des églifes fu- jettesaux rois des Goths; mais l’année fuivante so7, Clovis ayant vaincu & tué Alaric près de Poitiers , il fe rendit maitre de tout ce qui eft entre la Loire & les Pyrenées, & il aflujettit aifément la ville de Tours, où il alla en dévotion au tombeau deS. Martin, qu’- onregardoit comme le faint tutélaire des Gaules. Après la mort de Clovis, les villes de Neuftrie & d'Aquitaine ayant été partagées entre fes quatre fils, Tours échut à Thierri, roi d’Auftrafñe; & on voit par Grégoire de Tours, que les rois qui regnerent à Metz dans la France orientale, pofléderent toujours cette ville jufqu’au tems de Clotaire IL. qui réunit la monarchie françoife. Depuis ce tems-là , Tours fut fujette aux rois de Neuftrie , tant fous la race des Mérovingiens , que fous celle des Carlovingiens. Ceux de cette feconde race perdirent leur pouvoir & leur autorité fous Charles le fimple , qui fut dé- gradé de la dignité royale &c confiné dansune prifon perpétuelle. CET Ce fut dans cetems que Thibaud furnommé Ze #52 cheur, comte de Blois & de Chartres, qui s’étoit ren- du abfolu dans-ces pays-là , au mépris de l'autorité royale, S’empara de la ville de Tours que fes fuccef- feurs pofléderent long-tems. L’an 1037 Geoffroi Martel vainquit en bataille le comte de Blois, qui fut contraint de donner Tours pour fa rançon. Geof froi Martel laïffa en mourant tous fes états à fes ne- veux nommés Plantegenets ,à caufe de Geoffroi d’An- | jou quiavoit porté ce nom , & dont le petit-fils Jean fans-terre , roi d'Angleterre, fut privé par Philippe Augufte des états qu'il avoit deçà la mer. Enfin Hen- ri [Il, fils de Jean, céda, entr’autres pays, Tours 8 la Touraine à S. Louis par le traité de l'an r250. Le féjour que le parlement de Paris fit à Tours, la fituation de cette ville dans un pays fertile, & la commodité de la riviere de Loïre donnerent lieu au deffein d'y établir une univerfité , qui fut créée par lettres patentes d'Henri IV. données au mois-de Jan- vier de lan 15943 mais comme le parlement fut ré- tabli à Paris un mois après , cela fut caufe que ces lettres n’ont point eu d'exécution. Nos rois ont convoqué plufieurs fois les états à Tours. Louis XI. les y aflémbla lan 1470, Charles VIIL. en 1484, & Louis XII, en 1506 , pour le ma- riage de madame Claude de France fa fille, avec François de Valois, duc d’Angoulème. S. Gatien fut le premier évêque de Tours, & mou- rut vers la fin du 7. fiecle. S. Martin eut cet évêche l'an 371, & décéda Pan: 397; on le regardoit de fon tems comme le maître des évêques. Aujourd’hui l’ar- chovêque de Tours a pour fuffragans les évêques du Mäns , d'Angers é&c les neuf de Bretagne , conformé- ment à la décifion du pape Innocent IL. Le revenu de cet archevêque eft d’environ quarante-cinq mille liv. Son diocèfe eft compofé de 300 paroïfles , de 12 chapitres, de 17 abbayes, &c. Le chapitre de la ca- thédrale de Tours eft un des plus illuftres du royau- me. Celui de S. Martin eff auffñi nombreux que riche. Son abbé eft le roi même , comme fuccefleur de Hu- gues Capet. Mais ceux qui aiment les hiftoriens d’éghife de pro- vinces, peuvent lire l’hiftoire latine de léglife de Tours par Jean Maau ; elle eft imprimée à Paris en 1667 in-fol. & s'étend depuis l’an de J. C. 251, juf- qu’à l’année 1655. Au refte cette ville eft la patrie de S. Odon, d’un illuftre prélat de l’églife galhcane &T de quelques hommes de lettres. S. Odon naquit en 879; aprèsavoir été élevé par Foulques, comte d'An- jou , il fut nommé chanoine de S. Martin de Towrs en 898 , & fecond abbé de Clugny en 927. Il mou- rut en 942, & laïfla plufieurs ouvrages qui ont été imprimés avec fa viedans la bibliothequede Clugny. L’illuftre prélat de Péglife gallicane dont je veux parler , eft Renaud de Beaune , archevêque de Bour- ges, né en 1527, l’un des plus éloquens &c des plus {avans prélats de fon tems ; mais ce qui le diftingue davantage , eft qu’il n’abandonna point, comme fi- rent tant d’autres éccléfiaftiques, les lois du royau- me à l’épard de la fucceffion à la couronne. Il foutint toujours qu'encore que le roi de Navarre füt héréti- que, c’étoit à lui que le royaume de France appar- tenoit légitimement après la mort de Henri HIL [d<- ploya aux conférences de Surène tout ce que le droit & l'écriture pouvoient fournir de plus fort à l'appui de fon fentiment. Il donna à ce prince l’abfo- lution dans l’églife de S. Denis, & propofa au clergé dans l’aflemblée de Mantes, de créer un patriarche en France, ou, ce quirevient au même, de défleur- délifer la couronne pontificale. Ces deux chofes le rendirent fi odieux à la cour de Rome qu’elle luirefufa longtems fes bulles pour larcheveché de Sens, au- quel il avoit été nommé en 15096. Enfin le cardinal d'Offat y travailla fi puifflamment, qu'il les obtint en ToÛ 602. Renaud de Beaune devint bientôt après grand- aumonier de France & commandeur des ordres du roi. Il mourut à Paris en 1606 à 79 ans. M. de Thou dit une chofe finguliere de ce prélat, c’eft qu'il étoit pour ainf dire attaqué d’une fâim ca- nine , fans que cet état ait nui à fa fanté. A peine avoit-1l dormi quatre heutés que la faim le contrai- gnoit de fe lever pour déjeüner : c’eft ce qu'il fai Oit réglément à une heure après minuit; il {e repofoit cinq heures, &c puis il fe mettoit à table ; il faifoit la même chofe à huit heures ; il dinoit & collationnoit quatre heures après ; 1l foupoit atiplement à l'heure ordinaire, Il étoit volontiers une heute à täble; c’eft our cela qu’il n’aimoït point à mañget hors de chez Le & lorfqu'un grand prince qui l’avoit invité fou- vent, fans l'avoir jamais trouve défarmé d’excufes , lui demanda la raïfon de ce refus, il eut pour réponfe: Vos repas font trop courts, & vos fervices fe fuivent de trop près. | | Le plus étrange; c’eft que malgré cette prodisieufe quantité d’alimens quil prenoit, il n’en étoit _pas moins difpofé au travail d’efprit; car pour celui du corps, 1l s’en gardoit bien, n’ofant en ufer de peur d'irriter fon appétit : surquam, dit l’hiftorien , Jon- nolentior vifus, hullé gravedine, aut dolore CApLIIS teriés batur , Jemper æque fui compos & ad omnia paratus ; extra regotia quierem € confabulationem felabatur. Je pañle aux fimples hommes de lettres natifs de Tours, & je trouve d’abord MM. ( Jean & Julien ) Brodeau lus d’une famille illuftre & féconde engens de mérite. Jean Brodeau, célebre écrivain du xvj. fiecle, mourut dans fa patrie où il étoit chanoine de S. Martin, lan 1563 , âgé de 63 ans. Il publia divers ouvrages de littérature qui font eftimés des favans. On fait furtout cas de fes dix livres de Mifcellanées, de fes commentaires fur les épigrammes greques , de fes notes fur Euripide, fur Martial , fur Oppian & fur Appien, « Jean Brodeau , dit M. de Thou , né À Tours dés # premieres maifons de la ville, avoit étudié avec # Pierre Danès,, & ayant été en Italie grand ami de -# Pierre Sadolet, de Pierre Bembo , tous deux cardi- # naux, de Baptifte Eonace, de Paul Manuce & d’un # grand nombre de favans ; il avoit ajouté à la philo- # lophie , en quoi il'étoit habile, une grande con- » noïflance des mathematiques & de la langue-fainte. > Enfuité étant revenu enfon pays , il s’abandonna à # une vie tranquille, non pas toutefois oifive, com- » me le témoignent quantité d'ouvrages d’érudition, » que cetexcellent hommerentierement éloigné d’am- » biion & de vanité, laifla publier plutôt fous le > nom d'autrui que fous le fien , par un exemple de » modeftie d'autant plus rare, que dans le fiecle où -# nous fommes, chacun veut tirer de la gloire, non: # feulement des richefles, des magiftratures & des # autres honneurs, mais aufi de la fcience & des -» lettres, On a confervé dans notre pays toutes Les “glorioles dont parle M. de Thou, excepté la derniere * à laquelle on a fubflitué celle qu’omtire des vices. Brodeëu (Julien ) avocat au parlement de Paris, _s’eft difhngué par des commentaires fur la coutume de cette ville, & des notes furles arrêts de Louet.On Jui doit auffi la vie de Charles du Moulin, Il eft mort : _Æen1635: Grécourt ( Jean-Baptifte Jofeph Villatt de ), chä- : -noine de S. Martin de Tours, & poëte françois, mou- | *rut dans fa patrie à so ans. Ses œuvres ont été im. 7 primées en 1748, & plufieurs autres fois depuis. “Elles contiennent des fables, des madrigaux, des _chanfons , des contes, des épigrammes, &c:où lon remarque un efprit aifé , naturel & quelquefois agréable ; maïs lobfcénité , la licence & le libetti- “nage qui regnent dans la plus srande partie des poé- Tome XP, ;"smirdle at TOU 491 fes de ce chanoine, en inferdifent la leéhute À touts perfonnehonnête. à: Son poëme de Philotanus eut dansleteñris uñ grañd fuccès. « Le mérite de ces fortes d'ouvrages, dit M, » de Voltaire , n’eft d'ordinaire que däns le choix du » fujét & dans la mälignité Humaine. Ce r’eft pas » qu'il n’y aït quelques vers bien faits dans ce poës< 5 me. Lé commericement en eft très-héureux > MAIS » la fuite n’y répond point, Lé diable n’y parle pas » aufli plaifamment qi’il eft amené. Le ftyle eft bas , » uniforme , fans dialogue, fans praces, {ans finefle, ÿ fans pureté , fans imagination dans lexpreflion ; & » ce n’eft enfin qu'une hiftoire fatyrique de la bullé » Urigeniius en vers burlefques , parmi lefquels i » s'en trouve de très-plaifans ». | Guyet ( Charlés ), jéfuite ; né l'an 1601, & mort En 1664 ; il s’ättacha à là connoïffance des cérémo mes de Péglife , & fit fur les fêtes un gros livre intis tulé : heorrologia , fève de feffis prôpriis locorum, à Pas ris , chez Sebaftien Cramoify, 1657, in-fol. C’eft une entreprife plus dificile qu'utile que celle d’exs pliquer les fêtes de éhäque lieu. | Houdry (Vincent ) jéfuite, connu par in grand & médiocre répertoire intitulé , Z bibliotheque des prédicateurs. I naquit en 1631 & mourut en 1729, âgé de 99 ans & trois mois. | Martin (dom Claude ) bénédidin, a fait des mé- ditations chrétiennes en deux volumes in-4°, & d'au: tres ouvrages de piété. Il eft mort en 1696 à 78 ans. Mornac (Antoine) , un des célebres jurifconfultes de fon tems, & dont les œuvres ont été imprimées à Paris en 1724, en quatre volumes in-fol, Il et mort en 1619 âgé d'environ 60 aris. Rapin ( Réné ) jéfuite, né en 1621 , S’attacha à Paris en qualité de préfet , à de jeunes gens du pre< mier rang , ce qui le mit à portée d'acquérir lufage du monde, Les graces de fon efpritfe font reñarquer dans fes poéfies latines , & principalement dans fon poëme des jardins. Sa connoïffance dés belles-léttreg l’engagea de mettre au jour les comparaifons de Vir: gile & d'Homere , de Démofthène & de Cicéron ; de Platon & d’Ariftote, de Thucidide & de Titea Live. On leur fit un grand accueil dans le tems ; mais On ne les lit plus guere, peut-être à caufe du ftyle qui eft recherché, froid & diffus. Tous fes aüttes ouvrages font peu de chofe, & en particulier fes ré- flexions fur la philofophie, fruit du préjugé , ne font pas honneur à fon jugement. Il moutut en 168 7 à 6G ans. Une bonne édition de fes poéfies latines ef celle de Partis eñ 1723 , trois volumes 22, ( Le chevalier DE JAUCOURT.) FD À. TOURS, gros-de-tours riche, brôché & nuë, Tous les gros-de-tours ordinaires qui fetravaillent À Lyon, font montésavec quatre lifles pour faire lever la moi- tié de la chaîne & quatre lifles pour faire baïfler où rabattre l’autre moitié, ce qui fe fait en faifant lever à chaque coup de navette que l’on pañle , deux liffes, & En baïfler les deux liffes déflous lefquelles font pañlés les fils de la chaine qui ne levent point, af de les féparer, & que l'ouvrage foit plus net. [laut faite attention que pour armer le métier , il eft d’une néceflité abfolue que fi on commence à lever par la premiere lifle du côté du corps , il ne faut pas prens dre la feconde , mais la troïfieme pour le prentief coup, & faire rabattre la feconde & la quatrieme à de même pour le fecond coup , il faut faire lever la feconde & la quatrieme , & faire rabattre la pre* miere & la troifieme., | aire Or comme tous les gros-de-tours qui fe fabriquent aujourd’hui à Lyon, ont un Coup, deux & même trois de lizeré, les navettes une, deux & trois qui forment ce lizeré , doivent être pañlées fur la même marche , je veux dire ; fur une feconde marche qui fait lever les mêmes liffes de la premiere, en obfers Qqqai 492 TOU vant de ne point faire baïfler de lifle de rabat, atten- du que fi ces lifes bafloient, elles feroient baïffer la moitié du lactiré, & ne produiroient pas plus d’effet que fi on ne tiroit point de lac, ou que l’on paflät ce lizeré fur la premiere marche fans tirer. On a déja dit que le lizeré eft une figure qui fe fait par latrame de la fconde navette, lorfqu'il ny en a qu'un, ce qui fait qu'outre la navette du coup de fond, ilen faut d’autres autant qu'il y a de lizerés. Par exemple, on pañle un lizeré , cerife , rofe vif&c rofe päle dans des ctoffes difpofées pour de fémblables couleurs, de même que des gros bleus , bleu vif & bleu pâle dans d’autres, des violets foncés , des lilas & des @ris-de-lin dans d’autres , 6. &c toujours deux où trois couleurs en dégradation; c’eft la façon de tous les gros-de-tours lizérés en général. Tous les gros.de-tours font montés ordinairement avec quatre liffes de fond, quatre de rabat & quatte de liage, ce qui fait douze lifles. [ls travaillent ou font travaillés avec deux marches de fond & deux de lizerés , les deux, un outrois lizerés fe pañlant fur la même marche , ce qui compofe quatre marches & quatre de liage qui font huit. Le gros-de-tours dont eft queftion , eft montéavec fix liffes feulement , au lieu de douze, &t quatre mar- ches aû lieu de huit. Les quatre liffes de rabat font fupprimées, ce quine pourroit fe faire fuivant la mé- thode ordinaire, attendu que Les quatre lifles de ra- bat ne font difpofées uniquement que pour féparer les fils qui fe lient avec ceux qui levent ou qu s’y trouvent attachées par quelques sezes, terme ufité, lorfque deux fils ou trois fe trouvent liés par quel- que petite bourre de foie ou autre du remifile ou du corps ; les fils qui ne levent pas , font fi aïfés à fui- vre ceux qui levent, lorfqu'il n’y apoint de rabatau premier coup , que lorfque ouvrier foule la marche pourpafler le coup de fond, il eft fenfible que la moitié des fils qui levent, fupportant toute l’exten- ion de la chaîne , ceux qui ne levent pas, font tou- jours moins tendus , Ou rar , Ce qui eft le terme, & par conféquent font plus aifés où faciles à fuivre ceux qui levent , pour peu qu’une légere bourre les uniile : ce qui n'arrive pas lorfqu’ils font rabattus par les deux lufes qui baiflent , parce qu’elles détachent la tenue , laquelle ceffant d’unir les fils, donne lieu de paifer enfuite le lizeré fans aucune difficulté ni te- nue, fur [a feconde marche quileve les mêmes liffes. fl faut bien faire attention que dans toutes les étof: fes de gros-de-tours &c taffetas, on ne doit fairelever qu’un fil, & baïfler l’autre fucceflivement, ce qui fait qu’ordinairement on fait lever la premiere &c la troifieme liffe pour un coup , & la feconde &t la qua- trieme pour l’autre, attendu que f. on faifoit lever la premiere & la deuxieme , il arriveroit que les deux fils qui leveroient, &c les deux qui baifferoient, fe trouvant enfemble, chaque fil furtout étant dou- ble, ils feroient une ouverture qui ne cacheroït pas la trame , & rendroient l’étofe défeétueufe. Pour éviter les quatre liffes de rabat , on a monté le métier avec des maillons à fix trous, quatre def- quels font difpofés pour pañler les quatrefñls doubles qui font pañlés dans les maillons ordinaires, ce qui tient chaque fil féparé, 8: empêche les tenues qui poutroient fe faire entre le corps & le remifle qui en eft près ; les deux autres trous font difpofés l’un en- haut, pour y attacher la maille du corps qui tient à larcade, & celui d’en-bas pour y pañler le fil ou la maille à laquelle eft attachée l'aiguille qui fait baïffer le maillon, ,êc tient tout le cordage en regle; chaque fil étant féparé devant & derriere le corps il n'eft pas pofible qu'il puifiepañfer une tenue ni entorfure dans le maillon, comme il arrive en tous les autres métiers. Qutre la fupprefion des quatre liffes de rabat, on évite encore les deux marches deflinées à pañer le lizeré, parce que tout fe pafle fur la même marche, ce qui eft une facilité pour le travail ou pour lou- vrier. Voilà donc quatre lifles & deux marches de moins d'un côté. À l'égard du liase, au lieu de quatre liffes il n’y en a que deux ; on ne fauroit en mettre moins. Toutes les étoffes riches qui fe fabriquent aujout- d’hui à Lyon, font compofées de laine, of, argent, lié, du frifé lié de même, & d'un glacé fans liage, qui eft un or ou un argent lis broché à deux bouts ; toutes les nuances font fans liage, pour qu’elles imi- tent la broderie. Pour que la lame forte mieux dans l’étoffe, onla lie par un l'age droit , c’eft-à-dire , que lon fait baïf- fer la même life, ce qui augmente encore de deux marches de plus, outre les quatre qui fervent à lier le frifé ; dans le métier on a fupprimé les quatre mar- ches de liage, & on n’a mis que deux liffes pour lier; ces deux liffes prennent Le quinzieme 87 le feizieme fil, & comme les deux fils fe joignent, 1ls paroïlent n’en compofer qu’un. Quant au frifé , comme le grain de cette efpece de dorure enterre le liage, ïl paroît tout aufli beau , même plus , que s’il étoit lié avec les quatre Liffes ordinaires, ”. Suivant cette difpofition on fipprime deux liffes de liage, même quatre , lorlqu'on veut lier la lame avec un liage droit ; à obferver encore qW’on ne fau- roit mettre un liage droit dans une étoffe de cette ef- pece qu’en ajoutant un poil, parce que la même life dans un gros-de-sours fans poilne fauroït lier la lame qu’elle ne coupât tous les deux coups , attendu qu’il s’en trouveroit néceflairement un où le fil deftiné à lier, auroit levé au coup de fond, ce ‘qui cauferoit une contrariété qui couperoit ou fépareroit le bro- ché, comme on l’a déjà dit; on peut voir là-deflus Particle des sros-de-sours broché, &-examiner pour- quoi Le liage doit être de quatre Le cinq, & dans lès taffetas de trois.le quatre, Le stos-de-rours eftle feul qu'il y ait à Lyon monté de même ; il eft évident.par la façon dontal eft dif. pofé , que l'étofe doit fe faire nueux &c plus vite, attendu que-plus il y a d’embarras , foit par la quan- tité de Jifles, foit par la quantité de marches , plus il fe cafle de cordages ou d’eftrivieres, même plus de.fils. | Damas à limitation de ceux de Gènes. Dans Parti- cle concernant la façon «dont les Génois fabriquent les damas pour meubles, l’on y a inféré.qu'ils en fai- foient de cent. vingt portées , dont la lifiere , qu'ils appellent cimoffz, formoit un parfait gros-de-sours, ê que de dix mille fabriquans qui fe trouvoient à Lyon, peut-être pourroit-on.en trouver.dix qui fuffent en état de rendre compte de quelle façon cette lifiere -étoit montée pour former le gros-de-tours dont eft ueftion, c’eft ce que l’on va démontrer, C’eft un fait certain.que tout les: damas qui fe fa- briquent à Lyon font montés fur cinq liffes de levée & cinq de rabat: La chaîne de ces damas eft fixée par les réglemens anciens & nouveaux à 90 portées “pour Les damas meubles, il s’en fait quelques-uns de 100 portées ; il y en a aufli de 75 portées toujours dans la même largeur. Or commeileft phyfiquement impoñlble de faire une lifiere gros-de-sours.ou tatte- tas avec cinq lies, les.Génois pour parvenir à ce point, qui paroit fi difficile , ont imaginé de faire des damas de 120 portées avec 8 lifles,, &c de pañfer les cordons & les cordelines de façon qu’il s’en trou- ve toujours la moitié levée, 8 l’autre baiflée à cha- que coup de navette que l'on pañle,,de façon qu’il fe trouve continuellement deux coups fous.le. même pas, attendu quil fant dans tous les.damas pafler deux coups régulierement de la mêmenavette, .c’eft- 8: tu ER LRU D PAPE | LEUR À-dire , aller & venir fous le même lactité.. TOU La façconde pañlér le cordon & la cordeline dans les lies pour faire cette lifiere myftérieufe, eft la même qui a été démontrée dans l’article des fatins à 8 lifles, c’eft-à-dire,que du côte droit parlequel on commence à pafler la navette, il faut pafler un fil le prernier fur la premiere file, fur la quatrieme, la cinquieme, & fur fa huitieme; le fécond eft pañfé fur la feconde, la troifieme, fur la fixieme & la feptieme, en recom- mençant par le froifieme , comme par le premier & le quatrieme,, comme le fecond , äinf des autres juf- qu'à là fin. Il n’en eft pas de même pour le côté à gauche , là 1] faut commencer à pafler le premier fur la troifieme , la quatrieme , la feptieme & la huitie- me , le fecond fur la premiere ; la feconde, la cin- quieme & la fixieme, & continuer comme dans la partie du côte droit. Ce qui rend la façon de faire cette lifiere impoñi- ble à nos Lyonnois , eft qu'ils ne faurotent penfer que Pon montär des damas à 8 liffes, attendu que cha- cune des huit ne contiendroit que tr portées, & un quart pour une chaine de 00 portées, de même que fur une Chaine de 100 portées, 1l ne fe trouve- roit que 12 portées & demie fur chaque life, ce qui rendroitle damastrop maigre, puifquefur 100 portées à s Lifles, elles portent chacune 20 portées. Les Gé- nois pour parer à cet inconvénient mettent 120 por- tées pour les damas de cette efpece, ce qui leur don- ne 15 portées fur chaque life, & fournit antant qu'il le faut la life ; & comme la chaîne eft infiniment mieux garnie, la diminution qu’on eft obligé de faire fur la trame fait que le tout revient au même ; au contraire, le fatin dansce genre d’étoffe eft infiniment plus beau, vu la quantité fupérieure d’organfin dont la chaîne eft compofée. Si la facon de faire cette lifiere vient à la Connoif- fance de nos Lyonnois par lé moyen de l'Encyclo- pédie, ils feront furpris que la leéture de ce livre leur enfeigne ce qu'ils ne devroient pas ignorer, ce qui ne fauroit flatter leur amour propre, quoiqu'ils ne doutent point ou ne doivent pas douter que les Gé- nois fabriquent mieux le velours & le damas que nous. | TOURTE , voyez TOURTERFLTE. TOURTE, f. f. terme de Päriffier; c’eft une piece de pâtiflerie qu’on fait cuire dans une tourtiere , & qui eft faite de pigeonneaux, de béarille, de moëlle ou de fruits. (D.J.) TOURTE, terme de Verrerie ; c’eft une plate-forme de figure ronde, fur laquelle pofent les pots ou creu- fets , dans léfquels on met la matiere de verre. TOURTEAUX , f. m. (Droguerie.) mafle que l’on compofe du réfidu de certains grains, fruits où ma- tieres dont on à exprimé de l'huile. | FOURTEAU, terme de Blafon;ce motne fe dit main- tenant en blafon que de ces repréfentations de oà- teaux quifont de couleur , à la différence des befans qui font de métal. À … Le sourteau elt plein comme le Befan, fans aucune ouverture, autrement ce feroit un cercle ou un an- neau. Il eft ainfi nommé, à caufe de fa rondeur. Quelques-uns lui donnent différens noms, felon fa différente couleur, & appellent ogæ/es ceux de fable; gulpes, ceux de pourpre; gv/ès, ceux de oueules ; heures, ceux d'azur; & pommes ou volers , ceux de fnople. ” Tourteau-befan , eft une piece ronde d’armoiries , qui eft moitié de couleur, & moitié de métal, foit qu’elle foit partie, tranchée où coupée de l’un en Vautre. On commence à nommer la couleur la pre- miere. Ce môt vient du latin sorfz, qui fe-difoit d’u- ne efpece de pains tortillés , qui font repréféntés par des sourtéaix. Menetrier, (D. J\ 1 TOURTEAU, (Ariificier,) les artificiers appellent ainf de la vieille corde ou de la vicille mêche dé- PA = + + … mIMOU 495 tortillée, que l’on trempé dans là poix ou le goudroñ; & qu'on laiffe fécher , pour s’en fervir enfuite À éclairer dans les foflés & autres lieux d’une place afhégée : on le fair de là maniere fiivante. Preñez de la poix notre douze livres, fuifou graidte fix livres, le tout fondu enfemble à petit feu , puis ajoutez-y trois parties d'huile de lin, faites bouillie le tout ; prenez enfuite de vieilles meches où de vieil: les cordes, faites-en dés cordons de la grandeur qué vous voudrez, mettez-les bouillir dans ces matieréss &c fivous voulez qu'ils ne brülent pas fi fort,mettez-ÿ deux livres de colophone, & deux livres de térében: thine, TOURTELETS , f. m, ferme de Pénifferie: ce font des morceaux de pâte larges comme la main, & dé- liés prefque comme une feuille de papier , qu’on fait cuire dans de l’eau avec du fel & du beurre , & qu'on mange d'ordinaire les jours maigres, (D. J.) TOURTERELLE, TURTERELLE, To RTORELLE, TURTRELLE, TOURTE, L f. ( Hift. rar, Orntholog.) turtur ; Ofeau que M. Briffon a mis dans le genre des pigeons; ila 1E pouces de longueur depuis la pointé du bec jufqu’à l’extrémité de la queue , & feulement 9 pouces jufqu'au bout des ongles ; l’envergure eft d’un pié huit pouces ; les aîles étant pliées s’étendent jufqu'aux trois quarts de la longueur de la queue. Le defius de la tête & de la face fupérieure du cou eff cendre; lé bas de cette même face du cou, Le dos, le croupion &c les plumes qui recouvrent l'origine de la queue ont une couleur brune. Les petites & les moyennes plumes des ailes font en partie brunes & en partie roufles ; Le milieu de chaque plume eft noir, & les bords font roux ; les grandes plumes ont une couleur brune , à lexception des bords extérieurs, qui font blanchâtres. La face inférieure du cou & le deffus de la poitrine ont une couleur rouge vineufe; le bas de la poitrine &c les côtés du corps font d'un oris-brun; le ventre, les jambes &c les plumestdu def. fous de la queue ; ont üñe couleur blanche, Les plu- mes de la queue font d’un gris-brun en-deflus, & noirâtres en-déflous ; elles ont toutes l'extrémité blanche, excepté les deux du milieu; la plume ex: térieure de chaque côté a les barbes externes blan- ches, I y a de chaque côté du cou une grande tache noire, &c traverfée par trois ou quatre lignes blan- ches, qui defcendent obliquement vers Le dos, & qui forment une efpece de collier : les yeux font entou- rés d’un petit cercle rouge. Orxir. de M. Briflon , z, I Voyez OISEAU. "TOURTERELLE, (Dierte € Mur, médic.) Voyez Pia GEON. TOURTERELLE D'AMÉRIQUE, curiur Americanus : cet orfeau eft de la grofleur de notre rourrerelle: il a environ 11 pouces de longueur depuis la pointe dubec jufqu’à extrémité dela queue: les aîles étant plices, ne s’étendentouere qu’au quart de la longueur dela queue, La partie antérieure de la tête &la gorge font d’un brunrouffatre,& le detriere de latête aune cou leur cendrée bleuâtre ; il y a de chaque côté à l'en: droit où le Cendré &le brun fe réunifent, une pe= tite tache noire & ronde, qui a environ deux liones de diamètre. La face fupérieure du cou, la partie an: térieure du dos, les standes plumes des épaules les petites & les moyennes plames des aîles font d’un brun obfcur,. & il y à de plus fur les moyennes plu- mes des ailes &c fur les grandes des épaules destaches noirâtres & ovales de différentes grandeurs, La par- tie poftérieure du dos & le croupion, ont une cou: leur qui tire fur le cendré ; la face inférieure du cou .& la poitrine font d’une couleur de rofe : QUI S'af- de etes DAS QE L 1 à D, j € L Î LATE foiblit par degré en defcendant.vers la poitrine: les plumes du ventre, des. jambes 8 du deffous de la queue ont uhe Couleur brune mélée d'un peu. de cen- dré, Ily 4 dé chaque côté de la tête vine petite ligne ec À 494 TOU blanche , qui s'étend depuis les coins de la bouche jufqu'aux yeux. Les grandes plumes des aîles font d’un brun foncé, &'ont les bords extérieurs des bar- bes rouflâtres. Les deux plumes du milieu de la queue font noirätres & les plus longues, les autres diminuent fucceffivement de longueur jufqw’à l’ex- térieur, qui eft la plus courte ; elles font prefqw’en- tierement cendrées , & elles ont feulement une large bande tranfverfale & noire près de leur extrémité, ui eft blanchâtre. Les piés font rouges, &c la cou- leur des ongles eft noire, Ornit, de M. Brion, £. I. Voyez OISEAU: te TOURTÉRELLE D'AMÉRIQUE , turtur barbadenfis minimus Wil, oifeau de la groffeur d’une alouette hu- pée ; il a un peu plus de fix pouces de longueur de- puis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue; la longueur du bec eft de fept lignes, depuis fa pointe jufqu’aux coins de la bouche ; les aïles étant pliées ne s'étendent qu’au quart de la longueur de la queue. Le deflus de la tête & du cou eft un cendré clair; le dos & le croupion font d’un cendré plus foncé. Le devant de la tête, la gorge, la face inférieure du cou, la poitrine, le ventre , les côtés du corps & les plu- mes du deflous de la queue font d’un rouge clair, avec quelques taches brunes qui occupent le mihieu de certaines plumes du cou & de la poitrine. Lespe- tites plumes des ailes ont une couleur mélée de cen- dré-foncé & de rougeâtre, avec quelques taches d’un verd foncé ; les grandes plumes , & celles de la face inférieure , font roufles ; les grandes plumes ont lex- trémité & le bord extérieur bruns. Les deux plumes du milieu de la queue font d’un cendré plus foncé que celui du dos ; les autres ont une couleur brune prefque noire. Le bec eft d’un rouge pâle à fon ori- gine, & noirâtre à l'extrémité ; les piés font rouges & les ongles font noires. La femelle differe du mâle en ce qu'elle a la face inférieure du corps d’une cou- leur blanchâtre, au-lieu de l'avoir rougeâtre. Orruir. de M. Briflon, r. I. Voyez O1SEA. TOURTERELLE BRUNE D'AMÉRIQUE , pêtite, Co= colzin aliñs gen. Will, oïeau qui a cinq pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jufqu'à l'extrémité de la queue; la longueur du bec eft de fix lignes depuis fa pointe jufqu’aux coins de la bou- che ; les ailes étant pliées s’étendent environ jufqu’au tiers de la longueur de la queue. Toute la face fupé- rieure de cet oïfeau eft brune & luifante comme de la foie ; les petites & les moyennes plumes des aïles font de la mème couleur brune,mais un peu rouge- - tre ; elles ont fept petites taches de couleur d’acier poli, dont trois font fur les petites plumes , & les quatre autres fur les moyennes. La gorge eft d’un blanc rouffâtre ; la face inférieure du cou & la poi- trine font d’un brun rouffâtre; les plumes des côtés du corps, du ventre, des jambes, & celles du def fous dé la queue font d’un blanc fale mélé d’une tein- te de roux ; les grandes plumes des aîles, &c celles du fecond rang, ont le côté extérieur &c l'extrémité d’un roux noirâtre ; Le bord inférieur eft roux. Les deux plumes du milieu de la queue’ font brunes ; les autres ont la face fupérieure noire , & l’inférieure eft cendrée à fon origine, enfuite noîre & brune à l'extrémité; le bout des barbes extérieures des deux SUR LE À “prénueres plumes de chaque côté eft blanc. Ces piés font rouges , & les ongles ont une couleur bru- ne.Ontrouve cette efpece de sourterelleà Saint-Domin- gue. Orruthol. de M. Brifion, tome I. Voyez Oï- SEAU. TOURTERELLE VERTE D’AMBOINE, éurtur viri- dis amboinenfes ; oifeau qui eft un peu plus petit que la sourrerelle ordinaire ; il a environ fept pouces neuf ligres depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue’, & fept pouces trois lignes jufqu’au bout des ongles ; la longueur du bec eff de huit lignes de- | T OU puis fa pointe jufqu’au coin de la bouche ; les aïleg étant phiées s’étendent jufqu’à la moitié de la longueur de la queue. Le devant de la tête & de la gorge font cendrées ; le derriere de la tête, la face fupérieure du cou, le dos & le croupion , les plumes du deflus de la queue, les petites des aîles, la poitrine, le ventre, les côtés du corps & les jambes ont unebelle couleur verte dorée & lufante , qui change en une couleur de cuivre bronzé à certains afpe@s; la face inférieure du cou eft d’un très-beau violet pourpré : les plumes de la face inférieure des aîles ont une cou- leur cendrée; les grandes plumes des aîles & celles du fecond rang font de même couleur que celles du dos , à l'exception du côté inférieur qui eft noirâtre; le deffous de ces plumes aune couleur en-deflus mélée de brun. Les plumes de la queue font cendrées d’un beau verd doré qui paroït à certains afpe@s de cou- leur de cuivre de rofette; elles ont toutes l'extrémité d’unjaune clair, & un peu de noirâtre fur le côté inté- rieur; le deffous de ces plumes a une couleur noi- râtre, à l’exception de l'extrémité, qui eft d’un blanc fale. Le bec &z les piés font rouges, & les onples ont une couleur grife brune. Orris, de M. Briflon,, s. L. Voyez OISEAU. TOURTERELLE D’AMBOINE, #réur amboinenfis , oifeau qui eft à-peu-près de la groffeur de la sourte relle ordinaire ; 1l a un pié deux pouces de longueur depuis la pointe du bec jufqu'à l’extrémité de la queue , & feulement huit pouces jufqu’au bout des ongles ; la longueur du bec eft de dix lignes, depuis fa pointe jufqu’aux coins de la bouche : Les aîles étant pliées, s'étendent à trois pouces au-delà de l’origine de la queue. Les plumes de latête, du cou, dela poi- trine , des côtés , du corps, du ventre, des jambes 8 celles du deffous de la queue font rouffes ; celles du deflus de la tête, du cou & de la poitrine ont cha- cuné une bande tranfverfale noïrâtre. Les plumes de la partie antérieure du dos & les petites des aîles font d’un brun foncé, à l’exception de-l’extrémité qui eft roufle ; celles de la partie poftérieure du dos, celles du croupion & du deflous de la queue ont une couleur roufle : la couleur des grandes plumes des aïles eft d’un brun foncé. Les deux plumes du milieu de la queue font les plus longues ; les autres diminuent fucceffivement de longueur jufqu’à l’ex- térieure , qui eff la plus courte ; elles ont toutes une couleur brune , tirant fur le roux. Le bec & les piés font rouges , &z les ongles ont une couleur brune. £a femelle ne differe du mâle qu’en ce qu’elle a des cou- eurs plus claires. Ornir, de M.Briflon, come I. Voyez OïsEAU. | TFOURTERELLE DU CANADA , surtur canadenfis, Oifeau qui eft un peu plus gros que la sozrserelle ordi- naire ; 1l a un pié un pouce de longueur , depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue ; la longueur du bec eft d’un pouce, depuis fa pointe juf- qu'aux coins de la bouche. Les aîles étant pliées, s'étendent un peu au-delà du milieu de [a longueur de la queue. Le deflus de la tête, la face fupérieure du cou & la partie antérieure du dos font d’un gris brun ; la partie poftérieure du dos & le croupion ont une couleur cendrée ; la gorge , la face inférieure du cou &c la poitrine font d’un gris brun mêlé de jau- nâtre. La couleur des plumes des côtés du corps eff blanche , & celle des plumes des jambes & du ven- tre eft d’un blanc fale. Les grandes & les moyennes plumes des aïles font brunes , à l'exception du bord extérieur des grandes plumes qui eff jaunâtre ; il ya fur les perites de grandes taches d’un brun noirâtre. Les plumes de la queue font cendrées , à l'exception de l’extérieure de chaque côté qui eft blanche ; elles onttoutes, excepté les deux du milieu pres de leur origine fur les barbes intérieures , une grande tache roufle , au-deflus de laquelle 1l y en a une autre auf grande d’un brun noirâtre. Le bec eft noirâtre ; Îes piés font rouges &c les ongles noirs. La femelle dif- fere du mâle en ce qu’elle a l'extrémité des plumes de la tête , du cou, de la poitrine, de la partie anté- ricure du dos, & des petites plumes des aîles, d’un blanc fale & jaunâtre. Ornir, de M. Briflon, come LL. Voyez OISEAU. | TOURTÉRELLE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE, tnrtur capttis Bonæ-Spei, oïfeau qui n’eft guere plus gros que l’alouerte hupée ; il a neuf pouces fix lignes de longueur , depuis la pointe du bec jufqu’à l’extré- mité de la queue ; la longueur du bec eft de fept li- gnes, depuis fa pointe jufqu’aux coins de la bouche ; les ailes étant pliées , s'étendent jufqu’au tiers de la longueur de la queue. Les plumes de la tête, du cou, de la poitrine , du dos , du croupion, du deffous de la queue , & les petites des aîles font d’un gris brun; celles du ventre , des côtés du corps , des jambes & du deflous de la queue ont une couleur blanche fale. Il y a fur chaque aile une tache d’une couleur {emblable à celle de l'acier poli; les barbes extérieu- res & lextrémité des grandes plumes des aîles font brunes , & les barbes intérieures ont une couleur roule ; les plumes du fecond rang font grifes à l’ex- térieur dutuyau, & brunés à l’intérieur ; les deux plumes du milieu de la queue ont en-deffus une cou- leur brune noirâtre, mêlée d’une légere teinte de roux ; la face fupérieure de toutes les autres eft d’un gris brun à l’origine, &noirâtre vers l'extrémité; elles onttoute lafacefupérieurenoire, excepté la premiere plume de chaque côté quia le côté extérieur &Pextré- mité blancs: les deux du milieu fontles plus longues ; _ les autres diminuent fucceflivement de longueur juf- qu'à la premiere, quieft la plus courte. Le bec & Les piés ont une couleur rouge, & les ongles iont bruns. On trouve cet oïfeau au cap de Bonne-Efpérance & au Sénégal. Le mâle differe de la femelle en ce quil a la gorge & la face inférieure du cou d’un noir bril- lant. Ornit. de M. Brion , some L, Voyez OtSEAU. TOURTERELLE DE LA CAROLINE, columba turtur Carolinienfis ,; Klein ; oïfeau qui eft un peu plus petit que la sourterelle ordinaire ; il a dix pouces & demi de longueur ; depuis la pointe du bec jufqu’à l’extré- mité de la queue ; la longueur du bec eft de huit li- gnes, depuis fa pointe jufqu’aux coins de la bouche ; les aîles étant pliées, s’étendent un peu au-delà du tiers de la longueur de la queue. Le devant dela tête, Ja face inférieure du cou & la poitrine font d’une couleur rougeûtre ; Le deffus de la tête & la face fu- périeure du cou ont une couleur cendrée obfcure. Les plumes du dos , du croupion, du deflus de la queue & les petites des aïles qui fe trouvent près du corps font de la même couleur que la face fupérieure du cou, mais elle eft mêlée d’un peu de rouflâtre ; les plumes du ventre , des côtés du corps, des jam- bes &c du deflous de la queue font roufâtres ; celles de la face inférieure des ailes ont une couleur cen- drée. Il y a fur chaque aîle quelques taches noires, placées près de l’extrémité des moyennes plumes ; les grandes font d’un cendré noirâtre, & les plus lon- gues ont le bord extérieur blanchâtre. Les deux plu- mes du milieu de la queue font les plus longues, & d’un cendré brun ; les autres diminuent fucceffive- ment de longueur jufqu’aux extérieures qui font les plus courtes : les trois extérieures de chaque côté ont la face fupérieure de couleur cendrée à leur ori- gine & blanche à l’extrémité ; & elles font en-deffous noires à l’origine, & blanches à l'extrémité :les deux qui fuivent de chaque côté font cendrées en-deflus , êt marquées d’un peu de noir vers le milieu de leur longueur ; elles ont la face inférieure noire, depuis l’origine juiqu’à la moitié de leur longueur, & le refte eft d’un cendré clair. Les yeux font entourés d’une peau bleue ; le bec eft noirâtre, & les piés TOU 495 ont uñe couleur rouge. Le mâle differé de 14 femelle en ce qu'il a la poitrine d’un beau violet doré qui change à différens afpeéts. On trouve cet oifeau à la Caroline , au Bréfil & à 5, Domingue: Ori. de M. Briflon, come I. Voyez O1sEAU. TOURTERELLE RAYÉE DE LA CHINE, co/umba ff nenfrs , clegans , Klein ; cet oïfeau eft à-peu-près de la grofieur de la tourterelle À collier. Le fommet de la tête à une couleur cendrée ; les plumes des joues & des côtés du cou font jaunes, & celles des côtés du cou ont l’extrémité rouge : cette couleur jaune eft féparée de la couleur du deflus du cou par une bande longitudinale de couleur bleue. Le derriere dela tête, la partie fupérieure du cou, le dos & le croupion font d’un brun rayé tranfverfalement de petites ban: des noires, qui forment chacuneun arc'de cercle, La poitrine , le ventre, les côtés du corps &c les jam- bes font d’une couleur de rofe pâle : Les petites plu mes des aîles ont une couleur brune, plus claire que celle du dos ; elles ont aufli A l’extrémité une bande tranfverfale blanche, au-deflous de laquelle il y en a une noire. Les premieres & les dernieres des moyens mes de laile font noires , & ont le bord extérieur blanc ; celles du milieu font entierement blanches + la couleur desigrandes plumes eft noire, & elles ont le bord extérieur blanc, Les plumes de la queue font d’un brun clair. Le bec eft d’un cendre blenâtre. Les piés ont une couleur rouge, & les ongles font blancs. Ornir. de M. Briflon , some 1. Voyez O1SEAU. TOURTERELLE A COLLIER , s#rtur torquatus, elle eft un peu plus grofle que la précédente, elle a un pié de longueur , depuis la pointe du bec jufqu’à l’ex- trémité de la queue, & un pié huit pouces d’enver- gure ; les aîles étant pliées , s'étendent un peu au delà du milieu de la longueur de la queue. Le deflus de la tête &c du cou , Le dos & les petites plumes des ailes font rouflâtres ; la partie inférieure du cou & la poitrine ont une couleur blanche, mêlée d’une lègere teinte rougeûtre ; le ventre, les côtés du corps , les jambes & les plumes du deffous de la queue font blan- ches ; la couleur des plumes du crou pion tire un peu fur le gris-brun, Les grandes plumes des aîles font de la même couleur que celles du croupion, & elles ont le bord extérieur blanchâtre. Les plumes de la queue font cendrées en-deflus, & elles ont toutes l’extré- mité blanchâtre , excepté les deux du milieu , dont la face inférieure eft noirâtre à l’origine des plumes, & enfuite d’un cendré clair ; la plume extérieure de chaque côté a les barbes externes blanches. La partie fupérieure du cou eft entourée d’un collier noir, & large d'environ deux lignes. La femelle ne difere du mâle qu’en ce qu’elle eft plus blanche. Orrir. de M. Briffon , rome I. Voyez OïsEAu. TOURTERELLE A COLLIER DU SÉNÉGAL , {urtur torquatus fenegalenfis, Oïfeau qui eft à-peu-près de la groffeur du merle ; il a environ neuf pouces fix lignes de longueur , depuis la pointe du bec jufqu’à l’extrémité de la queue ; la longueur du bec eft de neuf lignes , depuis fa pointe jufqu’aux coins de la bouche ; les ailes étant pliées, s'étendent environ à l moitié de la longueur de la queue. Latête, le cou, & la poitrine approchent d’une couleur vineufe sun peu rembrunie {ur le deflus de la tête & du cou. Les plumes du dos , du croupion, du deflus de la queue &t les petites plumes des ailes font d’un gtis-brun ; le ventre, les côtés du corps , les jambes & les plu- mes du deflous de la queue ont une couleur blanche fale ; les plumes de la face inférieure de l’aîle font cendrées ; les grandes plumes des aîles & celles du fecond rang ont une couleur brune-noirâtre , à l’ex- ception du bord extérieur qui eft d’un blanc fale. Les deux plumes du milieu de la queue font d’un gris- brun ; les autres ont une couleur noire, depuis leur origine jufqu’à environ les deux tiers de leur lon; k 2 ‘ & 496 TOU gueur, le refte eft gris ; le côté extérieur de la fte- miere plume a cette même couleur. La partie fupé- rieure du cou eft entourée d’une efpece de collier noir , large d’environitrois lignes : ce collier remonte un peu vers la têre fur les côtés du cou. Le bec eft moirâtre ; Les piés font rouges , & les ongles ont une couleur brune. Ornir. de M. Briflon , some 1. Voyez OISEAU. TOURTERELLE DE LA JAMAÏQUE , furtur Jamai- cenfis , ofeau qui eft à-peu-près de la groffeur du bi- fet. Il a onze pouces de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue , &t pres de dix pouces jufqu’au bout des ongles; la longueur du bec eft de onze lignes depuis fapointe jufqu'aux coins de labouche ; les aîles étant plices s'étendent un peu au- delà du tiers de la longueur de la queue ; le deffus de la tête & la gorge font bleus ; cette couleur s'étend un peufur le milieu de la face inférieure du cou , &z il y a plus bas des plumes noires , dontquelques-unes -ontune bande tranfverfale blanche; la face fupérieu- re du cou , le dos , le croupion, les petites plumes des aîles, & celles du deflus de la queue , font d’un brun tirant fur le rougeätre ; 1l y a une bande blan- che qui s'étend de chaque côté, depuis le deflous de la mâchoire inférieure , jufqu’au derriere de latête, en pañlant au-deflous de lcœil; les grandes plumes des .aîles font’ brunes ; à l'exception du bord exté- rieur quieft rouflâtre ; celles de la queue ont la face fupérieure d’un cendré noirâtre, & l’inférieure eft noirâtre fans mélange d’autres couleurs ; le bec a une couleur rouge à fa bafe, l'extrémité eft cendrée; les piés & les ongles font rouges. Orzis. de M. Brif- fon, rom. d. Voyez OISEAU, TOURTERELLE RAYÉE DES INDES, co/omba tureur indie orientalis. Klein. Oifeau qui eft un peu moins gros que la sourterelle ordinaire ; il a environ neuf pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue ; la longueur du bec eft de neuf lignes depuis fa pointe jufqu'aux coins de la bouche ; lésaîles étant pliées, s'étendent environ à la moitié de la longueur de la queue; le devant de la tête , les joues &c la gorge font d’un brun clair; le derriere & le deflus de la tête ont une couleur rouflà- tre ; la face fupérieure du cou , le dos , &c les petites plumes des aîles , font d’un cendré brun, & ont de petites bandes noirestranfverfales , quiforment cha- cune un arc de cercle ; les plumes du croupion , &c celles du deflus de la queue, font de même couleur que Le dos, mais elles n’ont point de bandes tranf- verfales ; les plumes des côtés du cou & du corps, font bleuâtres, & ont de petites bandes tranfverfa- les d’un bleu foncé , tirant fur le noir ; la face infé- rieure du cou, la poitrine , le ventre &c les jambes, {ont de couleur de rofe; les plumes du deffous de la queue ont une couleur blanche ; ily a une petite li- gne blanche qui s'étend depuis les narines jufaw’aux yeux ; les grandes plumes des aîles & celles de la queue, font d’un cendré brun , un peu plus foncé que la couleur du dos, & les deux plumes du milieu de la queue, ont l'extrémité blanche ; la membrane du deflus des narines eft d’un bleu clair, & les pies font d’un rouge pâle. Ornir. de M. Briflon , rom. I. Voyez OISEAU. TOURTERELLE MULET , turtur hybridus ; Ceft une variété qui provient d’une sourterelle ordinaire , & d'une sourterelle à coller ; elle eft de la grandeur de cette derniere ; elle a le fommet de la tête, le cou & la poitrine , d’une couleur vineufe ; le dos eff en entier d'une couleur cendrée, mêlée d'une très- lécere teinte de rougeâtre foncé ; les plumes des aî- les font brunes ; le bec eft d’un brun bleuâtre , & les piés font d’un beau rouge couleur de fang : auref- te cet oifeau reflemble à la rourterelle à collier. Ornir, de M,Briflon , som, I. Voyez OISEAU, TOU T'OURTERELLE DU SÉNÉGAL , surtur féregalenfis ; Oifeau qui eft un peu moins gros qu'un merle, 8e qui a huit pouces delongueur depuis la pointe du bec juf- qu'à l'extrémité de la queué ; la longueur du bec eft de huit lignes depuis {a pointe jufqu'aux coins de [a bouche ; les aïles étant pliées s'étendent jufqu’à ka moitié de la longueur de la queue ;: lé deflus de la têteeft cendré ; la face füpérieuré du ‘cou , Le dos, le croupion &r les petites plumes des ailes , font d’un gris brun ; la gorge eftblanchätre ; la face inférieure du cou, & la poitrine , ont une couleur rougeâtre très-claire, lesplumes du ventre, des côtés ducorps, des jambes , &c celles du deflous de la queue, font d'un blanc fale; celles du deffous de la queue ônt uñé couleur grife brune , à exception de la pointe qui eft d’un brun noirâtre; les plumies.de laface infé- rieure des ailes , font roufles ; les grandes plumesdes ailes & celles du fecond rang , ont Fextrémité & le côté extérieur brun ; le côté intérieur eftroux ; il ÿ a fur les aîles quelqués taches d’un verd foncé & lui fant qui paroît violet à certains afpeëts ; les plimes de la queue font toutes noires en-deflous , à l’ex- ception de la premiere de chaque côté , qui a le cô- té extérieur blanc, depuis fon origine jufqu’aux deux tiers de falongueur , & une pétite tache blan- che à fon extrémité ; les deux plumes du milieu font d’un brun noirâtre en deffus ; les autres ont une cou- leur mêlée de gris & de brun; leur origine & leur extrémité eft noirâtre ; Le bec éc Les piés font roues, êt les onglés ont une couleur brune. Orzzi. de M.Bn£ fon , tome I. Voyez OISEAU. TOURTERELLE A GORGE TACHETÉE DU SÉNÉ- GAL, éurtur gutture maculato fencgalenfis ; oïfeau qui eft à-peu-près de la groffeut d’un merle ; il a environ neuf pouces neuf lignes de longueur, depuis la poin- te du bec jufqu’à l'extrémité de la queue; la longueur du bec eft de huit lignes , depuis fa pointe jufqu’aux coins de la bouche ; les ailes étant pliées , s'étendent environ juiqu’à la moitié de la longueur de la queue; la tête , le cou, & la poitrine font d’une affez belle couleur vineufe , & 1l y a fur la partie inférieure du cou, de petites taches noires ; la partie fupérieure du dos eft d’un brun mêlé de roux; chaque plume n’a que l'extrémité roufle , le refte eft brun; les pe- tites plumes des aîles , qui fe trouvent près du corps, ont les mêmes couleurs que le dos ; les autres petites plumes des aïles , les plumes de la partie inférieu- re du dos, & celles du croupion, font cendrées ; les plumes du ventre, des côrés du corps , des jambes, 8&c du deflous de la queue, font blanches ; celles de la face inférieure des ailes ont une couleur cendrée: les grandes plumes des aïies, & celles du fecond rano , font brunes en-deflus , & elles ont en-deffous les barbes extérieures cendrées, & les intérieures brunes ; les plumes de la queuefont noiresen-deffous, depuis leur origine jufqu'à environ la moitié de leur longueur , & le refte eft cendré dans les fix du mi- lieu , & blanc dans les trois autres de chaque côté ; la face fupérieure des fix plumes du milieu , à une couleur brune mêlée de cendré ; les autres {ont d’um cendré noirâtre ; fur la même face , depuis leur ori- oine ju{qu'à environ le milieu de leur longueur , & le reite eft blanc ; les piés font rouges , &£ les ongles ontune couleur noirâtre. Orrir. de M. Briflon’, tom. I. Voyez OISEAU. | | TOURTERELLE , ( Monum. Annig. & Médail. ) la rourterelle eft dans les monumens, le fymbole de la f- délité entre ami, entre époux , & même des foldats pour leur généraux. On trouve fur le revers d'une médaille d’'Elagabale, une femme aflile, tenant dans fa main une zourterelle, avec cette in{cription, f£4es exercisés. Ce fymbole eft fondé fur ce que Le mâle & la femelle de cet oïfeau volent ordinairement en- femble , & pouflent des gémiflemens quand ils font féparés. ( D. J.) TOUR- TOUR-TERRIÈRE , £ £ ( Méchan. ) les rour-ter- rieres font de #ros rouleaux de bois , qui fervent dans les atteliers à tranfporter de gros fardeaux. (D. J.) TOURTIERE, {. f. serme de Päriffier ; c’eft une piece de batterie de cuifine d'argent, ou de cuivre étamé , ronde, creufe d'environ trois doigts , avec des rebords hauts d'autant , & qui vont en talus, quelquefois avec trois piés , quelquefois fans piés, &T quelquefois auf avéc un couvercle , fervant aux bourgeois & aux pâtifiers, pour faire des tourtes. 12.7. TOURTOIRE, ff. rerme de Chaffe ; houffineavec laquelle on fait lesbatteries dans les buiflons. | TOURTOURELLE , voyez PASTENAGUE. TOUS , eurti | en mufique ; ce mot s'écrit fouvent . dans des parties de fymphonie, pour détruire cet au- tre mot /o/o, qui marque un récit : le mot sous, in- dique le lieu où finit ce récit, & où tout Porcheftre reprend, À Tous , autrement MESCHED , ( Géog. mod. ) ville d’Afie dans la Choraflane , dont elle eff la capitale, à une lieue au midi de Nichabour. Longis, 76, 30. dau 57: (D: N TOUSSAINTS , f. m. pl. ( Hif, eccléf. ) fête de tous les faints , dont l'inflitution dans l’églife n’eft pas au-deflus du tems de Grégoire IIL. décédé en 813. Cette fête fut fixée au premier de Novembre ; l’idée de fa célébration feroit aufli fage qu'’utile, fi on ÿ eût joint dans le même jour, toutes les autres fêres du calendrier , à l'exception de celle de pâques.Cet- te derniere eût rappellé tout ce qui regarde notre Sauveur , fa naiflance , fes miracles, fa mort, fa ré- furrettion , fon afcenfon ; autre eût réuni fous un _ même point de vue, la contemplation de la fainte Vierge , des apôtres, des faints , des martyrs, & tout ce qu'il y a de plus édifiant dans le chriftianif- me, C’eft un beau parti à prendre dans un fiecle éclai- ré | (D. J.) | TOUT , adv. ( Gram. franç, ) quand tout fignifie tout-a-faic , il doit être indéclinable ; exemples : ils furent fout étonnés ; ils font rour autres que vous ne les avez vus, &c. & non pas sous étonnés , sous au- tres, &c. 1 ÿ Mais cela n’a lieu qu’au genre mafculin, car au fé- minin il faut dire routes ; elles font routes étonnées , * toutes autres ; l’adverbe sous fe convertiflant en nom, pour fignifier néanmoins ce que fignifie l’adverbe , &z nonpas ce quefignifie le nom; car quand on dit : elle font routes étonnées , roures veut dire Là sour-4- fait. La bifarrerie de lufage a fait cette différence fans raifon , entre le mafculin & Le féminin. Il y a pourtantune exception à cette regle du gen- re féminin; c’eft qu'avec autres au féminin, il faut dire tout , &T non pas routes ; comme : les dernieres figues que vous m'envoyates, étoient sous autres que les premieres ; & non pas, étoient soures autres ; mais ce n’eft qu'au pluriel, car au fingulieril faut di- re toute ; comme : l’étoffe que vous avez , eft soute autre que lamienne. Tout eft toujours indéclinable , quand il eft fuivi d’ezff:, exemples : elles furent sou aufñi étonnées, que fi elles euflent vü un horrible phantôme ; ces fleurs font encore sous aufli fraiches qu’elles l’étoient hier. (2. J.) | TouT, (Blafon. ) en terme de blafon , on dit fur le sout , quand on met un écuflon en cœur ou en abime, & lorfqu'il pofe fur les quartiers dont un écu peut être formé , qu’on appelle alors férchargé ; & en ce cas il tient ordinairement le tiers de l’écu : on dit fur le out du sout,quandun moindre écuflon fe met encore fur celui qui étoit fur le sous de l’autre : on dit auffi fur le sous, lorfqu’en la pointe d’unécu, & tout au bas des arênes principales, & au-deflous de sous les autres çantons QU quartiers , On met un Tome AFIN | TOU 497 dernier écuflon, qui n’a pour hauteur, finon lefpa- ce dans lequel l’écu commence à fe courber pour fe terminer en pointe ; ce qui forme une efpece de rez battement , appellé en plaine /ous le zou, P. Ménef- trier. (D. J.) | | TOUT-BEC, £. m,( if, rar, Ornirh.) c’eft le nom qu’on donne à un oifeau d’Amerique dont le bec eft auf gros que le refte de fon corps, qui n’eft que comme celui d’un pivert, à qui il reflemble par la figure; ceux qui font plus petits font rares : dans quelques endroits cet oùfeau fe nomme gros-bec. TOUT -BOIS, ezrerme de Jardinage, n’eft autre chofe que plufeuts plants différens dont on garnit les bofquets, VPN ANT TOUTE-BONNE , f. f.(Æ1ff. nat. Boran.) fclarea, genre de plante à fleur monopétale, labiée, dont la leyre fuperieure reflemble à une faucille , & linfé- rieure eft divifée en trois parties, dont celle du mi lieu a la forme d’une euillere. Le piftil fort du calice; il eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur, & entouré de quatre émbryons, qui de- viennent dans la fuite autant de femences arrondies, renfermées dans une caplule qui a fervi de calice à. la fleur, Tournefort, {nff. rei herb, Voyez PLANTE. TOUTE-BONNE, ( Mar. médic,) Voyez ORVALE. TOUTENAGUE o7 TUTANEGO, ( Æiff. mar.) on avoit cru jufqu’à préfent, que la soutenagne étoit une compoñition métallique, on prétendoit même que c’étoit un alliage d’étain & de bifmuth; enfin M, Charles Guftave Ekeberg, prémier fubrécareue de la compagnie des Indes de Suede, a détrompé le public de cette idée; dans un avis qu’il a donné à l'académie royale des Sciences de Suede, 1l dit que cette fubftance métallique fe trouve en Chine, dans la province de Whonam; les Chinois l’appellent packyyn ; la mine qui la fournit eft d’un gris de cen- dre tirant un peu fur le bleuâtre; elle eft brillante comme de la mine de fer ; elle eft fort pefante, fui- vant qu’elle eft plus ou moins chargée de métal; elle ef tendre fous terre, mais fe durcit à l’air, On {a rencontre à différentes profondeurs, & quelquefois à plus de quatre-vingt toifes de la furface de la terre, La couche de terre qui couvre cette fubftance eft ou jaune ou verdâtre, ou même noire, Il y a des f- lons qui vont quelquefois aboutir à [a furface du terrein ; on eft obligé d’en chercher d’autres d’après des indices connus. Ce métal ou cette fubftance fe trouve en certains endroits toute formée & toute pure. À l'égard de la mine elle fe fond aifément ; lorfqw’on la grille & qu’on la fait fondre , il en paït une fumée épafle, d’une odeur défagréable, & qui eft nuifible & malfaine. Voyez les Mémoires de Pacad, royale des Sciences de Suede, année 1756. (—) . TOUT-ENSEMBLE ,, ( Peinture.) le tout-enfemble d’un tableau, eft la correfpondance convenable, & l'union générale de toutes les parties d’un tableau, M. Watelet vous en inftruira au z01 ENSEMBLE. TOUT LE MONDE BAS, ( Marine.) comman= dement à tous les gens de équipage, ou de s’affeoir pour ne point retarder par leur mouvement le fillage du vaifleau, ou de defcendre entre Les ponts, ou de fé coucher pour n'être point en vue d’un vaifleau ennemi. TOUT LE MONDE HAUT, ( Marine, ) commande- ment à l'équipage de monter fur le pont du haut du vaifleau. TOUTESAINE,f.f. (Hift. mar. Botan.) en anglois tur-fan , la fleur de ce genre de plante eft en rofe. De fon calice qui eft compofé de plufieurs feuilles s’éleve un piful, lequel devient une baie ovale, unicapfulaire, renfermant plufieurs petites graines attachées au pla- centa : On ne connoit qu’une feule efpece de ce genre de plante, nommée azdrofænum maximum frutefcens, C, B, P, 280, Boerh, Zzd, art, 242. Tournet. I, R, H, dé Rrr 498 TOU 251. ficiliana pat Gefn. aber. monr. & 1. B. 3. 384. _ Cette plante poufle plufieurs tigés à là hauteur de deux ou trois piés : elle eft douce au toucher &c de couleur rouge ; fes feuilles font rangées deux-à-deux, vertes au commencement, rouges lorfque la plante eft mûre; elles paroïffent criblées de petits trous, qui, examinés de près, font des véficules remplies dune eau claire & balfamique; aux fommités des branches pouflent des fleurs en grand nombre, fur- tout les bafles tiges, compofées ordinairement de ‘cinq feuilles jaunes, foutenues par un calice d'autant dé feuilles verdâtres ; l’étamine qui eft au milieu eft jaune , & rend un fuc de même couleur lorfqw’on la frotte dans les doigts. Quand la fleur eft pañée, il paroit un fruit ou une efpece de baie, verte d’abord, qui enfuite devient d’un cramoïrf foncé, & à la fin tout-à-fait noire , & contient une graine dont on tire une liqueur purpurine. Sa racine ne laïffe pas d'être épaiie, & eft rouge & fibreufe : elle vient dans les haies &c parmi les buifons, &c fleurit au mois de Juillet. | | * Cette plante eft eftimée refolutive &c apéritive : on appelle cette plante and'ofæmon, de «15, homme , &c aiua, feng, parce que quand on la cuëille ; 1l femble que les doigts foient enfanglantés. (D. J.) TOUTE-TABLE, fm. (Jez.) ce jeu eft moins embarraffant que celui du triétrac, puifqw’on n’a pas toujours l’efprit appliqué à marquer des points ou des trous ; on le nomme le 7e de route -1able, parce que pour le jouer chacun difpofe fes dames en qua- tré parties ou quatre tas qu'il place différemment dans les quatre tables du triétrac; on ne joue que deûx à ce jeu ainf qu'au triétrac &c au reverfer, êc lon peut prendre un confeil. Pour bien difpofer votre jeu il faut prendre garde de placer vos dames dans le trictrac de la maniere fuivante ; favoir deux dans la fleche qui eft dans le coin à la droite de votre homme, cinq dans l’autre coïn à fa gauche ; trois far la cinquième fleche de la table qui eft de votre côté & à votre droite; & les cinq derniers fur Îa pretniere fleche qui joint la bande de féparation dans la feconde table de votre côté & à votre gauche, L’autre joueur doit faire de même ; 1l mettra deux dames fur la premiere lame du coin qui eft de votre côté à gauche; cinq fur la derniere lame qui eft au coin de votre droite ; & les cinq dernieres fur la pre- riere lame qui joint la premiere bande de fépara- tion dans la feconde table de fon côté à droite. Les doublets fe jouent à ce jeu comme au rever- fier doublement. Au commencement de la partie on peut jouer les deux dames qui font dans le coin à la droite de fon homme, ou celles du coin à fa gauche, ou même celles qui font dans les coins de la table où lon eft; & afin qu'on ne fafle pas marcher fes dames d’un côté pour l’autre, ilfaut que vos deux dames qui font à la droite de votre homme viennent juf- qu’au coin qui eft à fa gauche, enfuite vous les pou- vez faire pañler de votre côté à votre droite, & vous les ferez'aller avec tout le refte de vos dames dans la table qui eff à votre gauche, par la raifon que c’eft dans cette table-là qu’il faut que vous pañliez votrejen, & av’il eft néceffaire que vous y pafhiez toutes vos dames avant que d’en pouvoir lever aucunes: on bat les dames à ce jeu comme au reverfier , c’eft-à-dire ën plaçant fa dame fur la même lame où éroit celle de fon homme, ou bien en paffant toutes les dames qui ont été battues qui font hors de jeu, &c celui à qui elles appartiennent ne fauroit jouer quoi que ce foit qu'il ne les ait toures rentrées. ILeft bien plus facile de rentrer à ce jeu qu’au reverfer, puifque l’on peut rentrer fur fon homme, en le battant lorf- qu’il a quelques dames découvertes, maïs aufli vous pouvez rentrer fur vous-même, & mettre fur une fleche autant de dames que vous fouhaiterez. Quand T OU on à paflé toutes les dames dans la tablé de a Gua» trieme pile , on léve à chaque coup dé dez qui don. ne für la bande dutri@rac, ainfi qu’au jan de re tour. Lorfqu’on joue au tfiétrac pour chaque dou- blet en leve quatre dames quand of en a qui don- nent jufte fur le bord. Si la cafe que l’on dévroit le- ver fe trouve vuide; & qu'il y ait des dames derriére pour jouer le doublet que l’on a fait fans rien lever, il faut le jouer. S'il n’y a rien derriere; on léve celles qui fuivent la fleche d’où le doublet w’on à amené devoit pattir: celui qui a le plutôt levé toutes fes dames gagne la partie fimple. Il arrive très-fouvent que l’on joue en deux ou trois parties, & mêmie en davantapé, parce que ce jeu va aflez vite. Quelquefois aufi Pon. joue à {a premiere partie, & l’on convient que celui qui aura là partie double gagnera le double de ce que l’on à joué; on gagne la partie double quand on a levé toutes fes dames ayant que fon homme ait paflé tou: tes les fiéñnés dans la table de fa quatrieme pile, & qu'il én ait levé aucune ; s’il en avoit levé une il ne gagneroit que la partie fimple. Lorfque l’on joue en plufieurs parties &£ que l’on gagne double on mar: Que deux parties , &c celui qui a gagné recommence & a le dez. | TOUT-OU-RIEN , fm. ( Horlogerie. ) nom que les Horlogers donnent à une piece dela cadrature d'une répétition, au moyen de laquelle ellene fonne qu’autant qu'on a poufié le poufloir, ou tiré le cor- don fufifamment , c’eft-à-dire, que la répétition fonne sous, favoit un nombre de coups égal à l'heure marquée , fi l’on a poufié le poufloir fufifamment, finon qu’elle ne fonne rien. P VI, fig. 6 Planches de l'Horlogerie, eftun rour- ou-rien 5 il eft mobile en P fur une cheville, «8 peut décrire un petit arc dans le fens MR ; F eft latêre d’une vis qui, après avoir pañlé au-travers de cette piece, forme une cheville pour porter le limacon des heures ; M éft une éfpece de Bec qhi retient la queue de la piece des quarts , &t empêche cette piece de fe mouvoir; R eff un reffort qui poufle continuel: lement le sowrou.rien vers la cheville £, qui pale par le trou oval du sour-ou-rien. La forme des rour-out rien varie ; mais en général ils font difpofés toujours dé la même maniere. Comme la cadrature d’une répétition à sowroz- rien eftroujours conftruite de facon que lorfqw’on veut la faire répêter, elle ne le fait qu'’autant que la piece des quarts peut le mouvoir ; 1l s'enfuit qu’elle : ne peut répéter qu'autant que la queue g de la cré- maillere , en appuyant fur le limaçon des heures, a fait reculer un peu le zosr-ou-rrez, & par-là donne à la piece des quarts la facilité de fe mouvoir. Foyez la-deffus Particle RÉPÉTITION , où tout cela eft plus détaillé. TOUVRE, £A , ( Géog. mod, ) riviere de France, en Angoumois ; elle tire fa fource d’un rocher efcar- pé, & fe jette dans la Charente après une lieue & demie de cours ; maïs fa fource êft remarquable par fa beauté, car elle a plus de douze brafles d’eau de profondeur. (D. J.) 14 ® TOUX,, £. £. (Phyfiolog. ) mouvement fourd où fonore plus ou moins violent, quis’exécute par le moyen des organes de la refpiration , lorfqu’il arrive que quelque chofe incommode les polmons, dont la nature tâche de fe défaire. Voici le méchanifme de ce mouvement. 1°, L'air étant entré par l’infpiration eft retenu quelque tems ; c’eft lirritation qu'on fent dans les poümons, qui eft caufe qu’on retarde un moment l'expiration pour tâcher de faire fortir ce qui incom- mode ce vilcere; alors le mufcle triangulaire par fon mouvement, reflerre fubitement le thorax; les f- bres antérieures du diaphragme produifent le même TOU teflerrement qui prefle le tiffu pulmonaire ; les po- mons preflés violemment par diverfes fecoufles, fe vuident de l'air qu'ils contiennent dans leurs cellu- les ; Pair pouffé à diverfes reprifes contre le larynx, y forme un fon chaque fois qu'il va y heurter avec force : quand j'ai dit qu’on retarde un moment lex- piration pour faire fortir ce qui incommode les pou- MONS, je n'ai pas prétendu que cela fût toujous vo= lontaire ; je n'ai voulu expliquer que la roux qui eft libre; car lorfqu'il y a quelque violente irritation dans les poûmons, il furvient dans le diaphragme des convulfions qui forment une roux qu'on n’eft pas maître d'arrêter. | 2°. Quand l'air fort avec violence , les matieres qui incommodent les poümons font enlevées , pour- vu qu'elles fe trouvent à fon pañlage, & qu’elles puif- fent fuivre fes mouvemens ; il arrive aufli que les di- verfes fecoufles que recoivent alors les poümons, font fortir les liqueurs arrêtées dans quelques cou- loirs où elles caufoient de l'irritation : il fe peut faire” encore que le fang oula lymphe arrêtée qui peuvent irriter les nerfs, viennent à reprendre leur mouve- ment par l'agitation du tiffu des poûmons. Cepen- dant fi la roux continue long-tems, bien loin qu'elle faffe couler ces liqueurs, elle contribue à les arré- ter; Car dans ces violens mouvemens dont elle agite les poñmons , les vaifleaux ê&les couloirs s'engor- gent beaucoup; le fang qui ne peut pas {ortir libre- ment non plus que quand on sit, forme enfin cestu- bercules qu’on trouve dans les poumons des phthi- fiques. * 3°. On remarque que quand'on rit beaucoup , on toufle; c’eft une fuite méchanique des mouvemens qui ’excitent alors dans les poumons ; dans le teims qu'onrit,lefang ne coule pas hbrement, comme nous Pavons remarqué ; il eft extrèmement prefié dans fes vaiffeaux par les diverfes fecoufles dont nous avons parlé ; or cela ne fauroit fe faire que les nerfs qui font dans la fubftance des poumons , ne-foient irri- tés ; onne doit donc pas être furpris s’il furvient une £0OUX. D'ailleurs, il n’y a pas orande différence entre l’aétion par laquelle nous rions, & celle par laquelle nous touflons ; l’une & l’autre ne dépendent que de l'air qui fort par diverfes fecouffes réitérées ; elles different 1°.par le changement du vifage, & par l’af- feétion qui ne caradérife que le ris; 2°, dans la toux, Vair fort par la glotte ouverte , fans avoir eu le tems d’être changé, & dans le ris la voix fort par la glotte refferrée ; 3°. elles different encore en ce que les mouvemens font plus violens dans la so7x ë 4°. en ce qu’ils ne font prefque pas interrompus dans le ris, au lieu qu’ils Le font beaucoup dans la roux ; 5°. ence qu'on ouvre plusle larynx quand on toufle, le cartilage thiroide fe baïfle, & par-là l’épiglotte par {a pointe s'éloigne des cartilages arythénoïdes. Én- fin, on met le larynx dans la fituation où il eft quand On fait une grande expiration. @n voit par-là que le bruit de la soux doit être fourd quelquefois; mais fi la roux eft violente, l'air qui pañlera par la glote , ÿ excitéra un {on qui fera fort ; & alors le cartilage thyroïde ne defcendra point : le bruit fourd dont nous venons de parler, eft celui que font Les afthmatiques qui ne refpirent qu'avec peine, & qui quelquefois retirent un peu en-arriere les angles de la bouche , comme quand on veut rire. . . Par la même raifon qu’on toufle après avoir fi, on peut toufler après avoir chanté, crié, parlé long-tems ; le fang quine coule pas bien, irrité les poümons. G _ 4°. Les mouvemens déréglés Qui arrivent au ven- tricule , produifent fouvent la toux ; cela doit être ainfi, parce que la paire-vague donne des rameaux an poumon & à Péfophage; quand il arrivera donc Tome XVI. [ TOU 499 une irritation dans l’un, elle fe fera fentir dans l’au- tre; auf a-t-on remarqué qu'une £oxx Opiniâtre a prodiutfouvent des vomiffemens. Quelquefoismême il fe fait de fi grandes fecouffes en touflant, qu’on voit la dure-mere fe mouvoir dans ceux qui ont per- du une partie du crâne. Toïgnons ici une obfervation de pratique; lopium fi falutaire dans les soux convuls Jives, eft fanefte dans les soux dépuratoires | qui exi- gent une abondante expeétoration. (2, J. Toux, suffis , la roux eft un fymptôme de plu fieurs maladies, de la gorge, de la poitrine, & de l'es ftomac; mais c’eft le {ymptôme ordinaire de quel. que embarras dans le potmon. Elle confifte dans un effort violent que l’on fait pour expulfer une matiere étrangere des bronches & du poumon ; par le moyen de l’augmentation de leur contration ou de leur fors ce convulfive; ainfi la roux eft précédée d’une vio- lente infpiration, & accompagnée d’une expiration: aufli fatigante. Les caufes de Ia roux font tout ce qui peut empê- cher l'air d'entrer librement dansle poumon, & d’en {ortir avec aïfance; ce qui provient de plufieurs cau- fes qui font propres ou étrangeres au poumon. Les caufes de la roux propres à ce vifcere font > 1°, Pen Borgèment des arteres & des veines » {oit bronchi- ques, foit pulmonaires, par un fang épais »Vifqueux, Ou gluant ; 2°, l’arrêt de la lymphe bronchiale dans les canaux qui lui font deftinés . produit par un dé faut de tran{piration, par une chaleur où un froid exceflif, 30, l’acrimonie du fang ou de la lymphe bronchiale ; 4°, la conftridion {pafmodique du poù- inOn ou des parties voifines ; Ce font-là les caufes or- dinaires de la roux pulmonaire > OU qui a fa premiere fource dans le poñmon. La roux à auifi des caufes étrangeres au poñmon; anfi une falure acide ; Vifqueufe, nidoreufe, qui en- duit Peflomac , des rapports aigres, le vomiflement habituel & accidentel > la crudité des alimens & du chyle qui fe mêlent au fang dans le poûmon, l'acri- monie de là mucofité des amypgdales du nez & des glandes du fond de la bouche ; la féchereffe de ar, fa chaleur, fon humidité exceflive, font autant de caufes de la soux, qui peuvent en agiflant médiate- ment fur le poñmon, produire ce fymptôme. De-là vient que la toux eft fi ordinaire dans toutes les efpeces de difpnées , dans la pleuréfie, la péri- pneumonie, & l’efquinancie ; mais quoi qu’elle foit un fymptôme effentiel de ces maladies, elle {e ren- contre dans beaucoup de maladies » dont le fiése eft hors de la poitrine, Ainfi on voit fouvent des roux caufées par une affection {pafmodique du larynx & de la gorge, dont la caufe éloignée a fon fiège dans l’eftomac , Le foie, ou la matrice. De:-lA eft venue la diffinétion de roux pettorale, de soux ftomachale, & de roux gutturale. Le diagnoftic de la roux confifte À connoïître fes efpeces & fes caufes; Ja gutturale & la fymptomati- que, de même que la fympathique, fe connoiffent par leurs fignes ; la pe&orale a es fens propres qui font plus marqués, plus ficheux. La roux feche eft fans crachat, & accompagnée de douleur & de cha- leur ; la roux humide eft moins douloureufe &T moins pénible. Le prognoftic de la ox varie felon le liège & fes caufes ; la peétorale eft la plus grave, & ne doit point être négligée; elle défigne un rhume ou une fluxion, {oit de fang , foit de pituite fur le poñmon; ce qui peut avoir des fuites ficheufes. Traitement de la toux. Rien n’eft fi commun que d’ordonner des huiles, des juleps adouciffans & bé- chiques dans la roux : les praticiens ordinaires & communs S'en tiennent-[à & pour lors ils font empi- rer des maladies qui n’auroient été rien > fon eût coupé la racine, Avant de penfer à guérir la roux , Rrri # ‘500 F O VW on doit enexaminer la caufe; fans cela on rifque de tout perdre. Les remedes adouciffans , tels que les huiles, les mucilages, les loks, les émuifions, les | Îyrops béchiques, les tablettes de guimauve, &au- tres pareilles, deviennent dangereufes, lorfque le rhume eft fymphatique. Siau contraire ileft produit ar une acrimonie du fans, une irritation des bron- ches, la fécherefle & la chaleur du poumon; c’eft le cas d’ordonner les béchiques fimples &z doux; mais * dans l'épaiffiffement & la glutinofité foit de la [ym- phe,foitdu fang, dans Pobffruëétion descanaux bron- chiques, par une matiere froide, lente, & humide, on doit employer les béchiques incififs &c expecto- trans, les atténuans &c apéritifs , les purgatifs ès les émétiques. D'où lon doit conclure que les rhumes &c la roux font des maladies très-difaciles à guérir, & que les maladies chroniques de la poitrine & du poumon, qui dégénerent fifouvent en confomption, font pour la plüpart une fuite de ces maladies légeres que Von nomme soux & rhume , & que les ignorans traitent à la légere, fans en approfondir les canfes, & fans en examiner les dangers. Les pilules de Morton, les baumes naturels & fa@ices , les baumes de foufre, êt autres préparations de cette nature , font meilleurs que les remedes les plus vantés, dans la roux ; il n’eft queftion que de modérer leur aétivité dans l’acrimo- nie & la grande ardeur de la poitrine. L’ufage de ces remedes tempéré par le lait eft un des grands fpéci- fiques pour la roux. Voyez RHUME, voye BÉci- QUE.(7 TOWCESTER , (Géog. mod.) Torcefler, ville ou bourse à marché d’Anoleterre dans Northampton- | B 8 shire. Cambden veut que ce foit le Tripontium des anciens, & qu'on lappelloit ainfi à caufe de fes trois ponts. Cette place devint une ville forte, dont les Danois ne purent s'emparer, après plufieurs aflauts confécutifs, & également inutiles. C’eit dans le voifinage de Towceffer que naquit en 1638, Bernard (Édouard) favant critique, ainfi qu'aftronome ; & pour dire quelque chofe de plus, Vir omri eruditione & humanitate excellens, comme lappelle Thomas Gale. Smith a donné fa vie. Son génie n’étoit pas d’un caraétere à fe renfermer dans les limites de la Grece & de Rome :il entreprit d’ac- quérir la connoïffance des fciences de la Paleftine, de la Syrie, de l'Arabie & de l'Égypte ; & dans ce deffein , il apprit les langues de ces divers pays. De-là vint qu'en 1668, il fe rendit à Leyde pour confulter les manufcrits orientaux, que Jofeph Sca- liger & Levinus Warner avoient leoués à la biblio- theque de cette acadénue. Il fut nommé à la chaire d’Aftronomie de Savile en 1673. L’univerfité d'Oxford ayant formé le def- fein de publier une édition des anciens mathémati- ciens, M. Bernard raflembla tous les livres de ce genre qui avoient paru depuis Pinvention de l’Im- primerie, &c tous les manufcrits qu'il put déterrer dans les bibliotheques bodleienne & favilienne. II rangea le tout fous diverfes claffes, & en drefla le plan qui devoit contenir quatorze volumes 27-folio ; c’eft grand dommage qu’un fi beau projet n'ait point | eu d'exécution. En 1676, Charles IL. l’envoya à Paris, en qualité de gouverneur des ducs de Grafton & de Northum- berland, fils de ce prince &c de la duchefle de CIé- veland ; mais la fimplicité des mœurs de notre favant ne s’accommodant point du genre de vie qu'on menoit chez la ducheffe, 1l revint au bout de Pannée dans fa retraite chérie d'Oxford, Élevé dans l’obfcurité du cabinet, peu fait à la flaterie qu’on demande chez les grands, n'ayant point cette légérete de converfation, cette galanterie oïfive, & ces propos ménfongers fi néceflaires auprès des dames, il s’ap- perçut qu'al étoit peu fêté dans uné maifon où l’on ne favoit pas refpecter les vertus réelles. Il s’en con: fola bientôt, 8 prit le parti de voir les favans de Paris, de vifiter les manulcrits , & de ramafler quan- tité de livres rates. . De retour en Angleterre, il publia divers mor- ceaux dans les Tranfaëons philofophiques, fur la plus grande déclinaifon du foleil, & fur la longitude & la latitude des principales étoiles fixes. En 1684 il prit le degré de doéteur en Théologie, &c.obtint un béné- fice à neuf milles d'Oxford. En 1695, il fit le voyage de Hollande, & y acheta quantité de manuicrits | orientaux de la bibliotheque de Golius, pour le doc- teur Narcifle Marsh, archevêque de Dublin, Il mou- rut à Oxford en 1696, âgé d'environ cinquante-neuf ans. Son ouvrage fur les poids & mefures des anciens, parut en 1685, &c fut réimprimé en 1688, in-8°, C’eft un traite pour l’ufage, & non pour la parade, | Wauteur l'ayant rendu auf concis qu'il étoit.poffible, IE a raflemblé judicieufement ce qui étoit difperfé ca & là dans les autres écrivains; &c il a ajouté, de {on propre & riche fonds, quantité de chofes qu’on chercheroit inutilement ailleurs, fur les mefures des Talmudiftes, des Arabes, des Chinois, &c. On a joint dans la feconde édition de ce traité deux!let- tres écrites à l’auteur : Pune, du do@eur Thomas Hyde, dans laquelle 1l explique plus particuliere- ment ce qui regarde les poids & les mefures des Chinois : 87 l’autre d’un favant qui fe figne MN. FE. D. c’eft-ä-dire, Nicolas Fatio Duillier, qui fait une def- cription de la mer d’airain de Salomon , felon une nouvelle méthode, & qui en donne un plan. | M. Bernard a fait imprimer à Oxford fur une grande feuille gravée en cuivre : Orbis erndiri , liree- ratura à caraëlere famaritico deduita, On y voit d’un coup-d’œil, fans confufion, les différentes figures des lettres, dans les différens âges du monde; celles qui ont été d’abord en ufage parmi les Phéniciens, en- fuite parmi les Samaritains, les Juifs, les Syriens, les Arabes, les Perfes, les philofophes Indiens, les Brachmanes, les Malabares, les Grecs , les Coptes, les Ruffiens, les Efclavons, les Arméniens, qui ont emprunté leur alphabet des Grecs, comme les Ethio. piens le leur des Coptes. Enfin on y voit les caraéte. res des anciens latins, defquels Les Francs, les Saxons, les Goths, & les autres nations feptentrionales, ont emprunté les leurs. Il y a joint une feconde table qui contientlesprincipalesabbréviations des Grecs,celles des Médecins, des Mathématiciens & des Chimiftes; table qui eft d’un grand ufagé dans la leêture des an- ciens. On y trouve auffi d’excellens effais des abrévia- tions des autres peuples. Il a dreflé le tout avec un travail prodigieux, fur lesmonumens, lès monnoies, & les manufcrits. Les tables dont nous venons de parler, {ont aufli rares que curieufes ; & nous les |: avons cherchées fans fuccès, pour en embellit PEn- cyclopédie. En 1689 parut fon Erymologicon britannicum à la fin des Zrfruriones anglo-faxomcæ du doteurGeorge Hickes, à Oxford, i7-4°. Cet étymolosique con- tient l’étymologie d’un grand nombre de mots an- glois & bretons, tirés du ruflien , de l’efclavon, du perfan & de larménien. M. Bernard a mis au jour diverfes autres pieces, & il a laiffé plufieurs ouvrages ébauchés dont Le dofteur Snuth a donné le catalogue dans la vie de ce favant homme. Entre ces ouvrages fe trouve, 1°, un ckro- nicon omnis æyi, plein d'érudition, & qui étoit le fruit de plufieurs années detravail, d’après d’anciens manu{crits, des médailles, & d’autres monumens. 2°, Calendarium ecclefiaflicum € civile plerarumque gen- tium ; c’eft un ouvrage confidérable , 8 qui mérite de paroïtre, 3°, On peut ici rapporter les vaites re- eueils qu'ilavoit faits fur la Géométrie & l’Aftrono- mue, & divers plans tirés des auteurs arabes » qui font encore manufcrits dans la bibliotheque bodiéienne êz dans celle de Golius. 4°. Des recueils fur la ma- mere de trouver le méridien, fur les folffices & les équinoxes: fur l’année tropique, & fur la méthode d’obferver le mouvement des aftres. Enfin les cura- teurs de la bibliotheque bodiéienne ont acheté les manufcrits en queftion, & quelques autres de l’au- teur, pour le prix de deuxà trois cens livres fter- lines. (Le chevalier DE JAUCOURT.) TOWRIDGE, ( Géog. mod.) riviere: d'Anglez terre. Elle prend fa fource dans lé comté de Devon : dont elle traverfe une partie, pañle à Bedfort; & après s'être jointe au Taw , à trois milles de la mer d'Irlande; elles sy jettent enfemble dans un même | ht, (D. J) TOWY, LA (Géog. mod.) riviere d'Angleterre, au pays de Galles, dans le Caerfmathen-shire. Elle | arrofe Caermarthen, & fe perd danslamer à environ dix milles de cette ville. Cambden prétend que c’eft le Tobius des anciens. (D. J.) . ÎOXANDRI, (Géog. ane.) peuples de la Gaule belgique, dont ie pays pourroït bien répondre en partie au Brabant & au pays de Liége. Leur nom eft fort connu des anciens ; mais ils n’ont pas déter- miné la fituation précife de leur pays. Cluvier les recule jufque dans la Zélande, M. de Valois & plu- fieurs autres, les mettent en-decà de la Zélande & | vers la Meufe dans les terres : c’eft auf à peu de chofes près, le fentiment de Cellarius. On lit dans la vie de S. Lambert, apôtre des peuples soxandri , que la Toxandrie étoit à-peine éloignée dans le tems qu'il vivoit, de trois milles de la ville de Matrich: du côté du nord, (D. J.) | TOXCOALT, ff, (Ar. mod. Jüperflition.) c’eft une fête ou une efpece de jubilé, que les Méxicains célébroient tous les ans au printems, & qui duroit pendant neuf jours. Un prêtre, jouant de la flûte, {ortoit du temple, & fe tournoit fuccefivement vers les quatre parties du monde; enfuite il s'inclinoit devant Pidole, & prenant de la terre > 11 la mangeoit; le peuple fuivoit {on exemple, & demandoit au dieu la rémuflion de fes péchés, les guerriers demandoient la vidtoire ; mais le principal objet de la fête étoit d'obtenir de l’eau, Le neuvieme jour on promenoit lidole par les rues; le peuple fa fuivoit en gémif- fant amérement, & en {e donnant des coups de fouet fur les épaules. La cérémonie fe terminoit par le facrifice d’un captif qu'on immoloit pour fe rendre le ciel propice. TOXICODENDRON, £ m. (CHU. nat. Botan. exot. ) le toxicodendron, c'eftà-dire, l'arbre véné- neux , mérite fans doute d’être diflingué de tout au- tre arbre. Remarquez donc que les feuilles vien- nent trois enfemble , comme celles du trefle. Le calice eft fort petit, dentelé , fendu en cinq ,. &c d’une feule piece ; la fleur eft en rofe & pentapéta- le. L’ovaire au fond du calice fe transforme en un fruit à - peu -près rond, fec, ftrié & rempli de {e- mences plates. T'ournefort en compte deux efpèces. 1°. Toxicodendron triphyllum , folio glabro ; 2°, 10x1- codendron triphyllum, folio Jinuato, pubefcente, J. R. H. 611. Cette feconde efpèce differe de la viris wir. _gtaiana par fes feuilles velues, leurs pédicules , leurs côtes &c leurs fibres rouges. Aux deux efpèces pré- cédentes, Miller ajoute cette troifieme , toxicodert- dro7 caro/inianum ; foliis pinnatis > floribus minimis , herbaceis. | Cet arbre eft fort commun en Amérique, trace beaucoup, s’'éleve aflez vite jufqu’à la hauteur de 20 pliés, mais il ne fubfite pas long-tems. Son bois eft jaune intérieurement, a une odeur forte & très-défa- gréable ; il contient une féve encore plus puante, FO sor Écauff vifqueufe que la térébenthine. Son fruit ef unesbaie féche, blanche &c arrondie, & qui vient en grappe. Le soxrcodendron empotfonne de deux manières x ou par fon odeur, ou quand on le manie. 4] et arri. vé que ceux qui l’ont coupé dans les bois, & céux qui ont brûlé dans leur teu, ont été violemment affeûtés de Podeur qu'il répandoit ; mais il ef re marquable que fon poifon nattaque que quelques perfonnes, tandis que d’autres Peuvent manier très- long-tems le bois de cef'atbre, le brüler fous leur né,6 mêmeen mâcher fans aucun accident. Au refte fon poifon n’eft jamais mortel » ÊT SÈ— vanouit de lui-même en peu de Jours, fans aucun remède; mais ceux qui en font attaqués, en détrui- fent les effets promptement, en étuvant les parties attaquées d’hurle de falade ou dé crême. ! Les premiers fymptômes de ce poifon font une violente démangeaifon, qui enflamme la partie & la tumefce, parce qu’on ne peut s'empêcher de fe gratter fortement, Quelquefois tout le corps devient enflé , mais ordinairement ce n’eft qu'une feule partié du corps, comme les mains ou les jambes ; ët cette enflure cefle par des véfcules qui s'élevent fur la peau, & qui jettent une grande quantité de férofités, d'où procéde la guérifon. Ceux qui ont été empoifonnés pour avoir manié de ce bois, difent qu’il eff très-froid au toucher, & qu’on peut même par ce moyen le diftinguer des autres bois dans Pobicurité, Quoi qu'il en foit, voyez les Philof. Tranjaët. n°, 367. (D. JT) FOXICODENDRON. Foyez HERBE À LA PUCE. TOXICUM , ( Lirréras.) poifon dont les Scythes 8 quelques autres peuples barbares frottoient la pointe de leurs fleches ; le ro4/o/a des Indiens mo- dernes eft peut-être le même potion ; ce qui eft cer- tain d’après le témoignage des hifitoriens, c’eft que la plaie touchée par le roxicum des Scythes étoit mortelle ; d’où vient qu'on a employé le même mot dans la langue latine , pour marquer ua poifon dont rien ne peut empêcher l'effet. (2.7) TOXILI, TAXILI ou TAX11, ( Géog. anc.) peuples de l'Inde, felon Denis Périégete, vers 11471, qui les met au nombre des peuples qui habitoient entre les fleuves Cophés, Indus, Hydaipe & Acéf- ne. Leur ville fe nommoit Taxila, & leur roi eit appellé Taxilus par Quinte Curfe, 2. VIII. qui dit Que ce nom étoit affeété à tous ceux qui fuccédoient au royaume. Quant à Ja ville de Taxife , Strabon : Ptolomée & Quinte-Curfe nous apprennent qu’elle n’étoit pas éloignée de la rive orientale de F{ndus. (2.J.) TOXOTES, f. m. pl. (Anti. d'Athènes.) ToËoTe 5 nom de bas officier, où plutôt d’efpèces de lic- teurs qui accompagnoient, & étoient aux ordres des Léxiarques. Il y en avoit un millier dans la ville d'Athènes qui demeuroient dans des tentes qu’on * AVOit premierement tendues dans le forum, & qu'on tendit enfuite dans la place de l’'aréopage. Voyez Potter. Archæol, græc. 1, TL. p. 170. (D.J.) TOYERE 1! £ (rerme de Perrandinier. ) pointe d’une hache, hachereau, &c. qu'on engage dans le manche. Di. des ares, ( D. J.) TOZZIA , 1 £ (Hiff. nar. Bosan.) nom donné par Micheli & continue par Linnæus, à un genre de plante dont voici les caradères, Le calice de la fleur eft très-court, fabfftant après la fleur, 8 com- pofé d’une feule feuille tubulaire » divifée en cinq fegmens dans fes bords; la fleur eft monopétale 8 ouverte ; fon tuyau eft cylindrique, & plus long que le calice, {on extrémité eft découpée en deux lévres ; la fupérieure eft fendue en deux, l’infé- rieure en trois parties, & tous les feomens font à- PEu-près égaux & arrondis ; Les étamines font quatre si TRA filets cachés fous la lévre fupérieure dé ia fleur; les boflettes des étamines font rondelettes ; le ger- me du pifül eft oval ; le ftyle a la longueur des éta- mines, & eft fort déhié; le figma eft affezoros; le fruit eft une capiule fphérique, monocapfulaire ,. dans lequel cft contenue une feule femence ovale. Michel, p.16. Linnei gen. plant. p. 302. (D. J.) TR TRABANS ,f. m. (Arr. milir. ) ce mot en langue allemande fignifñie gardes. On appelle ainfi, dans les régimens fufles, des foldats armés d’une grande hallebarde ou pertuifane différente de celle des fersens , & dont la fonétion eft d'accompagner le capitaine dans toutes les aétions de la guerre, & de veiller à fa défenfe, Les srabans font exempts de fa@ions , & ils ont une paye plus forte que celle des autres foldats de la compagnie. Ils ont la livrée du roi dans le régiment des gardes-fuifles ; & dans les autres régimens 1ls portent celle du colonel, de même que les tambours & les fifres. (Q TRABE, £ f. (Terme de Blafon. ) ce mot fe dit du bâton qui fupporte l’enfeigne &c la banniere ; on dit par exemple, il porte une banniere femée de France , à la srabe d'argent. (D. J.) TRABÉE ,£ £ (Anti. rom.) trabea ; robe des rois de Rome , enfuite des confuls & des augures. Il y avoit trois fortes de robes qu'on nommoit trabées. la premiere étoit toute de pourpre, & ne- toit employée que dans les facrifices qu’on offroit aux dieux. La feconde étoit mêlée de pourpre & de blanc. Elle fut d’un grand ufage chez les Ro- mains, car non-feulement les rois de Rome la por- terent les premiers, mais les confuls en étoient re- vêtus lorfqu'ils alloient à la guerre; elle. devint même un habit militaire, avec lequel paroïfloient les ca- valiers aux jours de fêtes & de cérémonies, tels que les repréfentent Denis d'Halicarnafle dans les honneurs qu'on rendoit à Caftor & à Pollux, en mémoire du fecours que les Romains en avoient re- cu dans le combat qu’ils eurent à foutenir contre les Latins. La troifieme efpèce de robe srabée étoit com- pofée de pourpre & d’écarlate; & c’étoit le vête- ment propre des augures. ( D. J.) TRACANNER, er serme de Fileur d'or, c’eft dévi- der le fil ou la foie qui ne font pas encore couverts pour les mettre fur les roquetins; ou le fil d'or, d’ar- ent , qui eft façonné. TRACANOIR, c’eft, er terme de Boutonnier, un chaflis de deux montans percés de diftance en dif- tance de trous vis-à-vis l’un de l’autre , dans lef- quels entrent des broches garnies d’une ou plufieurs bobines qui fe mettent en-dedans quand la broche a pañlé dans un des montans. Ces montans font arrêtés par en bas fur une efpèce de ban à rebords un peu élevés, & par en haut d’une traverfe qui leur eft folidement attachée. Autour de cette machine, environ à 2 piés d'elle, tant fur les côtés qu’en haut, font deux autres montans mis à plat contre le mur, garnis de plufeurs chevilles qui fe répondent les unes aux autres, & une autre en-travers, dont les chevilles font placées de deux en deux à plus gran- des diftances. Cette machine fert à donner les lon- gueurs & le poids pour les différens fils d'or. Ceux qui des deux premieres chevilles des montans fe re- plient triangulairement fur celle du milieu de la tra- verfe, font de telle longueur & de tel poids; ceux qui des fecondes chevilles des montans fe replient triangulairement fur la cheville de devant , celle du milieu, font d'une autre longueur & d’un autre poids, ainf du refte, en montant fur les rateliers latéraux, @c en diminuant ou en augmentant fur le tran{verfal ; c’eft à l’ouvrier, à fixer ces différences dans les Iongueurs & dans le poids, en effayant cé que telles ou telles combinaïfons peuvent lui ren- dre dans tel emplacement. Ces expériences une fois exattement faites , il n’a plus qu'à monter fa ma- chine & l’étudier pour fe reflouvenir de fes pro- duits : on appelle monter fon ouvrage en tournant ces fils fur deux de ces chevilles latérales, & qui fe répondent en Les y féparant en trois, quatre ou cinq fils, felon qu’on veut en mettre, plus ou moins, fur les fufeaux; quant aux chevilles tranfverfales , on y conduit les mêmes fils, mais fans les en fépa- rer; on commence à les relever fur une des che- villes latérales à droite, qui forme le pli de ces fils; après les avoir attachés par ce fil au fufeau avec üune petite ficelle qui y tient toujours; on les y devide en débarraflant la cheville latérale à gauche , & allant jufqu’à la tranfverfale ; alors on. noue au fufeau les brins un peu au-deflous de cette cheville, 8 quand ils font tous dévidés de cette forte fur les fufeaux, on coupe les brins à-peu-près à la même hauteur, & ce qui refte entortillé fur cette cheville tranfverfale, eft précifément ce qu'il a fallumettre de trop dans la longueur &c dans le poids, êc eftjetté aux déchets. TRACANOIR, er terme de Fileur d’or, eft un banc fur lequel font emboités deux montans, affermis par en-haut avec une traverfe. Il y a quelquefois vers le milieu de leur hauteur, une broche de fer pañlée de lun à Pautre , où l’on met le bois ; maïs l’on fe fert plus communément d’une ficelle, qui paroït d'autant plus commode qu’on peut tracanner avec elle fans faire aucun bruit. TRACAS, font er rerme de Rafjineur , des efpaces vudes & quarrés, qui regnent depuis Le premier juf- qu’au dernier étage , en perçant tous les greniers di- reétement au-deflus l’un de lPautre. Les sracas for- ment du haut en bas, une efpece de cloïfon de plan- ches , qui font percées fur les deux côtés de hauteur d'homme en hauteur d'homme, pour recevoir d’au- tres planches d’où les ouvriers fe donnent les pains de l’un à l’autre, jufqu’au grenier que l’on leur a de- ftiné. On voit tout au haut du sracas une poulie d’où tombe un cable, au bout duquel eft un gros cro- chet où l’on met le bourlet quand il eft queftion de defcendre de groffes pieces. Voyez VERGEOISES & BATARDES. | TRACE , f. £ (Gramm.) empreinte qui refte fur un endroit, ou {ur un corps, du paflage d’un autre. On dit la srace d’un caroffe ; les sraces afiligeantes d’u- 4 AE . 2 ne armée; les Euménides fuivent dans Efchile, le parricide Orefte à la srace. Le fage Salomon dit qu’on ne peut remarquer la srace de la fleche ou de Poifeau dans l'air, du ferpent fur la pierre, de l’homme fur la femme. Au figuré, on dit les races des héros , Les traces que les paflions laiffent dans l'ame. TRACE , (Papeterie.) nom que les Papetiers don- nent à une forte de papier gris, qui s’appelle autre- ment r1ainbrune ; 1] {ert à faire le corps des cartes à jouer. Il y a une autre forte de papier que lon ap- pelle auf srace où maculature, qui approche de la qualité du premier ; il s'emploie à envelopper les ra- mes de papier. ( D. J.) TRACE, rerme de Chafe, c’eft la forme du pié d’une bête noire fur l'herbe, ou fur les feuilles, &c. par où elle a pañé. (D. J.) TRACE , rerme de Blafon, Voyez OMBRÉ. Scribani à Gènes, d’or à une croix anchrée& fleu- rée fimplement, tracée à filets de fable, à deux chi- cots de finople, l’un au canton dextre du chef, l’au- tre au canton feneftre de la pointe. TRACER, v. aét. on dit ez Géométrie pratique, tra cer une ligne , c’eft la marquer avec de l’encre, du crayon, ou toute matiere femblable. Dans la géo- métrie {péculative, que les lignes foient bien ou mal tfacées, éeli ny fait rien: on y füppofe toujours que les lignes données foient exactement telles qu'on les demande. (Æ) TRAGER, (Boran.) ce mot en Botanique & en Agriculture, veut dire courir & couler éntre deux terres; le chiendent srace éxtraordinairément, cela fignifie que fes racines entrent peu dans la terre ; & qu'elles s'étendent fur lès côtés. On dit auf que les fraifiers sracent , maïs c’eit par des jers qui courent fur la terre. (D.J) j rés TRACER ; (Archir.) tirer les premieres lignés d’un deffein, d’un plan, fur le papier, fur la toile, ou für le terrein. Il y a dans l’art de bâtir plufieurs manie- res de #racer, que nous allons expliquer dans des ar- ticles féparés. + Tracer au Jimbleau. C'eft rracer d’après plufieurs centres, les ellipfes, ares furbaïlés ; TAMPANS , COr- rompus, Éc, avec le fimbleau , qui eft un cordeau de , D e A chanvre, ou mieux de tille, parce qu’elle ne fe relà- Che point. On fe fert ordinairement du fimblean poursracerles figures plis grandes que Les portées du compas. | vice Tracer en cherche. C’eft décrire par plufeurs points déterminés, une feétion conique, c’eft:à-dire une el- Lpfe , une parabole, ou une hiperbole, & d’après cette cherche levée fur l'épure, sracer fur la pierre: ce qui fe fait aufli à la main , pour donner de la gra- ce aux arcs rampans de diverfes efpeces, Tracer en grand. C’eft en maçonnerie racer fur un mur Où une aire, une épure, pour quelque piece de trait ou diftribution d’ornemens. Et en chafrpenterie, c’eft marquer fur un ételon, une enrayure, une fer- me, Ge. le tout auffi grand que l'ouvrage. Tracer par équarriflement où dérobemenr. C’eft dans la conftruétion des pieces de trait, Ou coupe de pier- re, une maniere de sracer les pierres par des fioures prifes fur Pépure , & cottées pour trouver les rac- cordemens des panneaux de tête, de douelle, de joint, Éc. | ou Tracer fur le rerrein. C’eft dans l’art de bâtir faire dé petits fllons, fuivant des lignes ou cordeaux, pour l’ouverture des tranchées des fondations. (2.J.) TRACER A LA MAIN, (Coupe des pierres.) .c’eft déterminer à vue d’œil le contour d’une ligne cour- . ! Q 2 n be, en luivant plufieurs points donnés par interval- le, ou.en corrigeant feulement par le goût du deffein . une ligne courbe, qui ne fatisfait pas la vûe, Ainf une doucine compofée d’arcs, de cercles mal affem- blés, doit être encore sracée à La main. TRACER, ex terme de Boutonnier, c’eft ébaucher les moules & les dégroffiravecun outil moins fn que le paroir. Voyez MOULE € ParoïR. | TRACER, serme d'ouvriers en bois, ce mot fignifie parmi les ouvriers en bois, comme les Charpentiers, Menuifiers, Charrons, &c. fe fervir du traceret pour marquer la béfogne. (D. J.) | TRACER, TRACEUR, ( Jardinage.) c’eft deffiner avec le traçoir fur le terrein quelques figures fuivant le plan qu’on a devant foi. Le traçoir eft comme une longue plume avec laquelle le sraceur écrit fur le terrein. … La maniere de sracer eft ce qu'il y a de plus confi- détable dans les jardins , principalement dans ceux que l’on appelle de plaifance ou de propreté, On fuppofe qu'avant de sracer , on s’eft inftruit des prin- cipes de la Géométrie Pratique, tels qu'ils font enfei- gnés dans le livre de la théorie & pratique du jardi- nage, partie deuxiéme, ou bien dans ce Diéion- naire même aux articles de la trigonométrie redili- gne, pour tracer dés triangles , à celui de la longi- mêtrie pour sracer des lignes, & des furfaces à l’ayzi- cle PLANIME TRIE. | On fuppofe donciciun homme infiruit de ces prin- TRA 503 cipes dont il tira fait ufage fut le terrein ; fi ffaçant” les principaux alignemens d’un. plan général avec l’é- querre d’arpenteut Où aveclé demi-cetcle >enlére- tournant d'équerre pour les alignemiens du tra vérie, en prolofigéant par des jalons, les lonoueturs êr les largeurs de ces ahignemens , & les arrêtant fuivant qu'elles font marquées fur le deffein ; Enprénañt ävec le rapporteur les ouvertures d’anples fur le papier," &t les rapportant fur le tetrein ; Eh oùvrant lé démi- cercle fur le même degré que l’on à trouve fur le rap- Porteur. Quant aux figures thanpulaires , circulai- res, ovales ; quädfilateres & irrépulieres qui fe trou, vent dans un deflein , elles fe fapporteront totjours aux premiers principes établis, & ne formeront plus de diflicultés dans la maniere de sracer les defleins les plus compotés. Il s’agit ici de donner la mañiere de rémplir-les places deflinées aux parterres » Dofquets , où bou- Hingrins , 8 aux Potagers dont on n’a tracé dañs le plan général que les bourtours. Le pourtour d’un parterre étant tracé » il offre un quarré où une place qu'on äppelle un tablean ,.&e qu'il faut sracer en la Mänière fuivante. Maillez fur le papier le deflein du parterre en le: {éparant par des lignes tiréés au crayon , qui en fe croifant formeront des carreaux de trois piés fur tous fens , felon l'échelle qui fe trouve toujours au bas du defléin. Faites la même opération fur le tezrein en parta- geant votre place par le moyen du cordeauen autant de lignes & de carreaux qu'il s’en trouve fur votre papier. Prenez le traçoit, &tracez dans chaque maille: les mêmes traits, les mêmes Aéurons qui font mar- qués dans votre deffein , qu’il faut toujouts avoir près dé vous. On he trace d’abord les fleurons qu’à un trait pour les mettre en place ; enfuite on les dou ble & on leur donne de la grace ; & le contour qu'ils demandent füivant le déffein. Ces petites me- {üres fe prénnent à la fois & àu pié, & lon arrêter par des trous faits avec la pointe du fraçoir Le bouts _& la naïflance des feuilles & des rinceaux du par= terre, pour les mieux fäire remarquer à celui qui plante. Les bofquets n’ont d'autre difficulté à être tracés que par rapport aux falles & aux cabinets qu’on _ypratique. S'ils ne préfentent que de fimplés étoiles, des pattes d'oyes , des cordons , des ovales , & autres figures , elles reviennent toujours aux princi pes établis dans les articles ci-deflus énoncés, Ces {alles font ou circulaires où prélentent des paral- lélogrammes , ornés de pieces d’eah éintrées ; OÙ de tapis de gazon, i Mefuréz fur le flan combien il y a de toifes depuis le pointdu milieu de la piece, jufqu’au centre des por- tions circulaires. Vous porterez les mêmes longeurs fur l'alignement du milieu par Où 1l faut commencer, &C vous poferez au centre de ces portions le demi- cercle fur Palionement du milieu , & fon alidade fur 90 dégrés pour vous rétoutner d’équerre, & pour tracer une ligne de traverfe qui donnera les oreil- lons de la piece du milieu. Au-deflus de cette ligne vous porterez de chaque côté la largeur des allées du pourtour de la pièce d’eau ou de gazon , vous Ôterez Le demi-cercle, & dans le même centre vous mettrez un piquet & vous y pañlerez la boucle du cordeau pour #racer les portions circulaires , tant de la piece d’eau que de l'allée du pourtour ; juf- qu'à ce que vous trouviez la trace des oreillons : vous mettrez à toutes ces mefures des Piquets , vous en ferez autant à l’autre extrémité de la falle : cela fait Vous porterez depuis la ligne du milieu la largeur dé la piece d’eau & celle des allées du pourtour , dans chaque bout de la falle & des deux côtés » 6T par des alignemens prolongés & tracés au cordeau , 504 T R A vous aurez deffiné fur le terrein toute votre falle con- formément au deflein. Si vous avez des niches &c des renfoncemens pour des bancs & des figures , vous vous fervirez de l’équerre de bois pour ensracer les retours , fuivant les mefures marquées fur le plan. - Les boulingrins auront de même que les parterres & les bofquets leurs contours marqués dans la trace du plan général ; il ne s'agira plus que de zracer leur eut êT ce qui orne leur milieu. On fuppofe un parallélogramme échancré dans les 4 angles. Si vous avez la ligne du pourtour d’en-haut dreflée bien de niveau en reportant la largeur du talus trouvé fur le plan, au-de-là de la trace d’en- haut , avec encore un pié au-delà pour couper le talus en terme ferme, vous pourrez faire creufer & enlever vos terres de la profondeur que vous voudrez y. donner, fuppofé de deux piés. Pour dreffer le fond du boulingrin, enfoncez aux encoi- pnures de la trace du pourtour d’en-haut , & le long de la trace , des piquets qui excedent la terre d’un pié environ , & enfoncez-en vis-à-vis dans le fond qui ayent la même hauteur, & qui s’al- gnent fur ceux d’en-haut d’un bout-à-lautre : en- fuite vous mefurerez fur ces jalons en contre-bas le pié qu'ont de hauteur hors de terre, les pi- quets des encoignures & ceux du pourtour d’en-haut, &c vous y ferez une marque au charbon. Joignez les deux piés que vous voulez donner de renfonce- ment au boulingrin ; alors vous ferez-butter ou dé- charger du pié ces jalons du fond fuivant le befoin, de maniere qu’ils ayent en tout trois piés de haut, enfuite vous attacherez un cordeau au piédes piquets d’en-haut, & fur la marque noire faite fur Le jalon vis- à-vis, vous y attacherez l'autre bout du cordeau , vous mefurerez deflus ce cordeau bien tendu 6 piés qu’a la largeur du talus de piquet en piquet , au bout defquels 6 piés vous ferez tomber un aplomb jufque dans le fond , en faifant arrafer &t drefler les terres pour y planter un piquet à tête perdue ; faites la même opération aux extrémités du parallélogramme, ainfi ayant arrêté par des piquets les repaires né- ceffäires , faites tendre le cordeau de lun à Pautre, &c tracez le parallélogramme d’en-bas ; vous alignerez par-tout des jalons dont les têtes s’ajuftent à la hau- teur des jalons & des piquets des encoignures , & vous les mettrez tous à la hauteur de trois piés, vous tendrez un cordeau de l’un à l’autre jufqu’aux jalons d’en-bas, & par des repaires ou hêmes , vous unirez tous le fond du boulingrin. Pour le talus du pourtour vous poferez des piquets de deux toifes en deux toiles, & en mettrez en pareil nombre & à même diftance fur la ligne qui termine le pié du talus, ten- dez un cordeau de haut-en-bas d’un jalon à fon op- pofé , & faites une rigole ou repaire d’un pié de jarge fuivant le cordeau , coupez la terre ainfi par rigoles en tendant le cordeau de piquet en piquet : pour dreffer entierement ce talus , promenez le cor- deau de tous fens & d’une rigole à l’autre en faifant fuivre un homme qui coupera & arrafera à la bêche les endroits oùily auratrop de terre enfuivant exac- tement le cordeau fans le forcer, c’eft la meilleure maniere d’applanir un terrein quele rateau achevera de bien unir & drefler. À l’ésard de la piece longue ceintrée qui occupe le fond du bouhngrin , il n’eft pas plus difficile de a sracer qu'un autre qui feroit fur le terrein d’en-haut , ce que l’on exécutera par les principes indiqués ci-deflus. Les potagers,légumiers, vergers , pepinieres ne de- mandent aucune récherche pour la trace; leur pour- tour sracé dans le plan général fuffit ; il n’y a plus qu'à tracer au cordeau des rigoles ou des planches entendantle cordeau depiqueten piquet à la diftance de deux piés l'un del'autre fans y comprendre la lar- T R À geur des fentiers , ce qui feparera tout le terrein en rigoles ou en planches. TRACER, ( Peinture, ) marquer avec un crayon ; une pointe defer , &c. le deflein de quelques chofe. On dit sracer un plan, sracer une perfpettive , un pro: fil. Je nai que sracé telle chofe, Voyez TRAIT. Tracerne fe dit guerre en peinture qu’en parlant de l'architecture quieft dans un tableau ; je viens de sra- cer mon architecture, À l'égard des autres objets, on dit defféner. TRACER /e narte, ( Nattier.) les nattiers en pail- le , difent tracer la natte | pour fisnifier paffer alter- nativement les unes fur les aûütres, les trois bran- "e de paille dont chaque cordon eft cempofé. DIT. ee {, m,( Charpent. Menuiferie. ) outil de fer pointu dont on fe fert en méchanique, pour tracer , marquer & piquer le bois. Le sracerer des charpentiers eft long de fept où huit pouces , avec une efpece de tête par le haut. Les menuifers fe fervent le plus fouvent d’une des pointes de leur pe- tit compas de fer au lieu de sracerer, ( D. J. ) TRACE-SAUTEREAUX, f. m. ( Luther. ) outil dont les Faéteurs de clavecins fe fervent pour tracer fur les piéces de bois, dont les fautereaux lont faites, les endroits où 1l faut faire les entailles pour placer les languettes; cet outil eff un morceau de bois , auquel on a formé plufeurs épaulemens où encoignure.À, B. C. fig. xiv. pl. 17. de Lutherie, dans chacune de ces encoignures font plufeurs pointes diftantes les unes des autres & de l’épaulement , ainfs qu'il convient pour les lignes que lon veut tracer. On fe fert de cet outil comme d’un petit trufquin. Voyez TRUSQUIN. | TRACHEALE LE , adj. er Anatomie. Vartere tracheale ou gutturale inférieure vient de la partie pofterieure de la fouclaviere , & va en ferpentant Le long de la trachée-artere, fe diftribuer au glandes thy= roidiennes & au larynx. TRACHÉE ARTERE, a/pera arterta, en terme d’A- natomie ; c’eit le canal du vent ou de l'air, appellé vulgairement le f£ffes ; Gallien lui a donné le nom de trachée , rpansse , parce que ce canal eft inégal: c’eft pourquoi les Latins l’ont appellé aufli a/pera. La rrachée artere eft un canal , fitué dans [a partie moyenne & antérieure du cou, devant l’éfophage. On appelle /arynx fon extrémité fupérieures, d'où elle defcend jufqu’à la quatrieme vertebre du dos, où enfe divifant, elle entre dans les poumons, voyez nos Planches d’Anat. leur explication, & Les articles ÉSOPHAGE, LARYNX , VERTEBRE , &c, Elle eft formée de cerceaux cartilagineux ran- gés à diftances égales & fort proches les uns des atr- tres, qui deviennent plus petits à mefure qu'ils s’ap- prochent des poumons. Ceux des bronches fe fer- rent de fi près l’un l’autre , que dans l'expiration, le fecond cartilage annulaire entre dans le premier , le troifieme dans le fecond, & les fuivans entrent tou- jours dans ceux qui les précédent. Foyez RESPiRA- TION , Gc. Depuis Le larynx jufqu’aux poumons , ces cartila- ges ne forment point des anneaux parfaits ; ils font plats d’un côté , & ne finiflent point le cercle en- tier ; mais ils reflemblent à l’ancien figma grec, d’où ils ont pris le nom de formoïdes. Leur partie pofté- rieure qui eft contigue à l’œfophage efl membraneu- fe, afin qu'ils puiffent mieux fe contracter &r fe di- later, & par-là donner un paflage commode aux ali- mens, lorfqu’ils defcendent par le gofer. Voyez D£- GLUTITION. Les cartilages des ramifications de la srachée artere qu’on appelle éronches , forment des anneaux com- plets; cependantleurs bronches capillaires n'ont re e de cartilages ; mais en leur place ils ont de petits li- gamens circulaires, qui font un peu éloignés Les uns des autres. L'ufage de ces cartilages eft de tenir le pañlage ouvert à l'air ; mais dans les bronches capil- laires , ils gêneroient Paétion des vaifleaux, Yoyez BRoNCHES. | _ Ces cartilagés font attachés enfemble bar deux membranes, une extérieure, l’autre intérieure ; l’ex- térieure eff compofée de fibres circulaires, &c re- couvre extérieurement touté la trachée à l’intérieure eft d’usi fentimént très-exquis , & tapifle ou couvre les cartilages en-dedans: elle eff compofée de trois membranes diftinétes: la premiere eft tiffue de deux rangs de fibres; celles du premier rang font longitu- dinales; pour raccourcirou contrafter la srachée, elles font approcher & entrer les cartilages les uns dans les autres ; autre rang de fibres circulaires fert à con- traéter les cartilages: Quand ces deux rangs où ces deux ordres de fi- bres agiflent, elles aident conjointement avec lamem- brane extérieure à toufler & à changer le ton de la voix, dans le tems de expiration, Voyez ExpirA- TION, VOIX, &c. : | La feconde membrane eft entierement glanduleu- fe, & les vaifleaux excrétoires de ces glandes s’ou- vrant dans la cavité ou l’intérieur de la srachée , difiillent une liqueur qui lhumeéte & qui la défend contre l’acrimonie de l’air. La derniere eft ur réfeau de veines ; de nerfs & d’arteres ; les veines font des branches de la veine-cave , Les nerfs font des ramif- cations de la paire recurrente . & les arteres font des branches des carotides externes. On repardoit communément comme mortelles Les fettions tranfverfales de la srachée artere ; néanmoins on trouve plufeurs exemples du contraire dans les pratiques modernes. Dans certains cas dangereux d’efquinancie, 6:c. on eft même obligé d'ouvrir la trachée par la feétion ; on appelle cette opération la bronchotomie ou laryngotomie. Voyez BRONCHoOro- MIE, | Dans les Tranfattions philofophiques,il yaunelettre de M. Jean Kéen , qui fecommande le plus fréquent ufage dé la bronchotomie , c’eft-à-dire d'ouvrir le canal de Pair ou la érachce-artere dans les occañons preflantes ; cé dont il fait fentir importance à Voc- cafion d’un cas remarquable d’une perfonne qui eut le canal de l'air ou la srachée - artere coupée totale- ment de part à autre au-deflous de la pomme d’A- dam , & qui fut guërie par Le moyen de la future, & y appliquant les médicamens convenables. TRACHÉE-ARTERE des oiféaux , ( Anat. comparée.) la crachée-artere des oifeaux eft remarquable par fa bi- furcation , & par la diverfité de la ftru@ure des muf- cles de cette partie, quiefttoute différente tant dansles #olatiles, que dans les quadrupedes; mais comme ce détail feroit trop long, je renvoie le lééteur aux re- marques de Sténon fur Blafius ; mais je vais citer pour exemple la flruture admirable de la srachée-ar- cère du cygne. Elle s’étend en bas avec lœfophage, traverfant la longueur du col, jufqu’à ce qu’étant parvenu au fter- num , elle fe courbe & s’infinue dans la gaîne du fter- nur ; où elle eft comme retirée dans un lieu für, & renfermée dans une efpece de boîte; elle fe recour- be en-haut , &c fort du fternum par l’endroit le plus étroit; enfuite après avoir monté juiqu’au milieu des clavicules qui lui fervent comme d’appui, elle fe dé- tourne vers la poitrine. Cette conftruétion fext éga- Tement à la refpiration & à la voix: car comme le cygne cherche fa nourriture au fond des eaux dor- mantes , 11 lui falloit un col très-long , de peur que demeurant long-tems la tête fous l’eau, il ne courût rifque de fe fufoquer. En effet, lorfqu’il a pendant un quart-d’heute la tête &c le col fubmergés, & les Tome XVI, | TR A as prés élevés vers le ciel, cettespartie de a sravhée-er- tre qui eft renfermée dans la gaine du fternum lui fert de refervoir , d’ou il tiré fon haleine Dans chaque oïfeau, on trouve une difpofition dif férenté dé la srachée-artere proportionnée à la diver- fité de leur voix. Dans le pigeon qui a la voix baffle êz douce, elle eft en partie cartilagineufe’, en partie membraneufe ; dans la chouetté dont la voix eft hau- te & claire ; elle eft plus cartilagineufe : mais dans. le geai, elle eft compofée d’os durs, au lieu de car tilages: ilen eff de même dans la linotte, & c’eft à. caufe de cela que ces deux oïfeaux ont la voix plus haute & plus forte, Ge. On découvre une vüe & un deffein encore parti culier dans l’arrangement des anneaux cartilagineux, qui compofentlawrachée-arrere; en ce que ces anneaux font membra tout le long de l’endroit où ils font couchés œfophage, pour ne pas prefler & retrécit le pañläpérdes alimens : au lieu que plus loin dans les bronches , ils forment des anneaux com: plets, quelques-uns ronds, d’autres triangulaires, &c. Une autre particularité qu’on doit remarquer, c’eft que dans les bronches, le bord fupérieur de chaque anneau de deffous entre dans la partie inférieure de Panneau de deflus ; 1l n’en eft pas de même dans la crachée artère, Où les anneaux cartilagineux demeurent toujours également diflans les uns des autresk, cette chfférence dans la méchanique d’une feule & même partie, fournit un ufage admirable aux poumons 87 auxbronches , pour fecontraéter &c fe raccourcir dans l'expiration, & pour fe dilater & s'étendre dans lin- fpiration. (D. J.), TRACHÉE-ARTÈRE , plaies de la ; (Chirurg.\il im- porte de favoir que les plaies de la srachés-artere ne fontpas toujours mortelles , & que fes parties carti- lagineufes fe peuvent reprendre commeles charnues: Pen at vu à la Haye lPexemple dans un homme dé mérite , Qui par excès de mélancholie, s’étoit coupé la gorge fans ménagement avec un raloir, Le chirur2 gien le rétablit en peu de tems. Fabricius rapporte un cas femblable ; Dionis déclare avoir guéri un hom- me qui reçut un coup dé piftolet étant à uné chafle de fanglier ; la balle entroit par le côté droït du cou, & fortoit par le gauche, en lui perçant la sachée-artere. Garengeot en cite aufli des exemples: Ontrouve encore plus anciennement dansun petit traité intitulé, guéffion chirurgicale | [ur l'opération de la bronchotomie, compofé par Habicot , chirurgien de Paris, d’autres exemples dé perfonnes qui ont été complétement guéries de bleflures faites À la srachée- artère. Deux de ces perfonnes y avoient été bleflées par un inftrument tranchant , & un autre avoit été par un coup d’arquebufe. Il étoit furvenu à la gorge de ces trois bleflés un gonflement 87 une inflamma- tion fi confidérable , qu'on avoit lieu de craindre la fuffocation. Habicot mit une petite canule de plomb dans la plaie de la srachée-ariere de deux de ces ble£ : fés , afin que Pair püt fortir en entiér librement de leur poumon ; il fit une ouverture à la srachée - arterè du troifieme pour le même fujet. Quand les accidens ceflerent , 1l Ota la canule, &c les plaies suérirent parfaitement. Un jeune homme de quatorze ans qui avoit voulu avaler plufieurs pieces d’argent enveloppées dans un linge pour les dérober à la recherche des voleurs ; avoit penfé étouffer, parce que le paquet s’étoit en: gage dans le pharÿynx , de maniére qu’on n’avoit pu le retirer ni le faire defcendre dans l’eftomac ; fon cou êt fa face étoient tellement enflés, qu’il én étoit mé- connoïflable. Habicot lui fit l'opération de la bron- chotomie , après laquelle le sonflement fe diffipa ; il fit defcendre avec une fonde de plomb le paquet d'argent dans l'eftomac, Le jeune Four guérit de Sss 5ob TRA Topération, & rendit parl’anus fon argent à diverfes repriles. Lorfque la plaie des tésumens n’eft point vis-à-vis de celle de la sachée-artere | Vair trouvant un obfftacle à la fortie ; peut s’infinuer dans le tiflu cellulaire de la peau, ce qui produitun émphyfeme. M: Arnaud, chirurgien de Paris, vitunjeune homme bleffé depuis trois ou quatre jours à la srachée-artere d'un coup de piftolet ; bleflure qui avoit produit un emphyfe- me univerfel. Cet habile praticien dilata fur-le-cham la plaie des tégumens, & découvrit celle de la sra- chée-artère pour mettre ces deux plaies vis-à-vis une de l’autre. Il appliqua fur l'ouverture de la srachée- artere un morceau de papier mouillé, & panfa la plaie à l'ordinaire, Lemalade défenflapeu-à-peu, é&cguérit. Il eft cependant bon de remarquerqu’une bleffure à la gorge eft mortelle , lorfque leerotides & les jugulaires internes {ont ouvertes. ilune perfonne quiauroit reçu , ou qui fe feroit faitravec un inftru- ment tranchant porté en-travers , une bleflure qui pénétreroit jufque à léfophage mourroit infaillible- ment en peu detems, car l’'œfophage ne pourroit être ouvert de cettemaniere, fans que les carotides & les jugulaires internes ne le fuflent auffi. Maïs quoiqu'il y ait quelquefois des plaies à la gorge, par lefquelles les aimens fottent ,1l ne faut pas toujours-croire pour cela que la srachéerartere 8c l’éfophage foient ouverts. Les alimens qui fortent par lesplaiesne font point entrés dans l’éfophage , car ‘s'ils en venoient, il faudroit qu'ils paffaflent par Pou- verture de lasrachée-artere, ce quine pourroit fe faire fans qu'ilen tombât dans ce canal qui eft toujours ouvert ; 8 par conféquent fans que le bleffé n’en füt fuffoqué. Ces fortes de plaies par où Îes alimens s’échappent, pénetrent jufqu’au fond du gofer entre l’épiglotte & la racine de la langue ; quelquespoints de future entrecoupés, la fituation de la tête, & un régime de vie convenable paroïffent les feuls moyens qu'on puifle employer pour guérir ces fortes de plaies. (2. J.) FRACHÉE, (Boran.) vaifleau aérien des plantes. La découverte des srachées eft une des plus belles qu’on ait fait en botanique dans le fiecle dernier. Nous en fommes redevables aux recherches de Malpighi. Ce favant homme qui a fi bien étudié la nature , ap- pelle srachées où pournons des plantes , certains vaif- feaux formés par les différens contours d’une lame fort mince, plate, un peu large , qui fe roule fur elle- même en ligne {pirale, compofe un tuyau affez long, droit dans certaines plantes , boffu dans quelques au- tres, étranglé 8: comme divifé en fa longueur en plu- fieurs cellules. Quand on déchire ces vaifleaux , on RES qu’ils ont une efpece de mouvement périftaltique. Ce mouvement eftpeut-être un effet de leur reflort ; car ces lames qui ont été alongées , &c qui reffem- blent à des tirebourres, revenant à leur premiere fi- tuation , fecouent l'air qui fe trouve entre les pas de leurs contours; cet air par fon reflort les fecoue pa- reillement à fon tour, de forte qu’elles vont & vien- nent pendant quelque tems jufqu’à ce qu’elles ayent repris leur premiere fituation, ou qu’elles ayent cédé à l'air ; dès qu’on les alonge un peu trop, elles per- dent leur reflort , & fe flétriflent : ces lames font compofées de plufieurs pieces pofées par écailles. Pour découvrir facilement les srachées | on n’a qu’à choifir dans le printems & dans l’êté des jets de rofiers de viburnum , de tilleul, detendrons de vignes, d’arbuftes , ou de telles autres plantes qu'onvoudra; on les trouvera tous remplis de rrachées | pourvu qu'ils foient aflez tendres pour être caflés net; car s’ils fe tordent , on ne pourra pas découvrir les #ra- chées! On les äpperçoit très-bien en coupant tranf- verfalement la racine d’un melon. Voyez à ce fujet les remarques de M. Bedfinger dans les commentaires de Pétershourg , tome IV. p18 4 & fuiv, Ces vaifleaux aériens ferviroient-ils à faciliter le mouvement de la feve & à larendre plus fluide? (D. J.) TRACHELAGRA, ff. efpece d’affettion arthriti- que ou rhumatifante qui attaque le cou. Ambroïfe Paré paroît s'être fervi le premier de ce terme, à limitation de ceux de podagre ,chiragre, &c. qui figni- fie la goutte aux piés, aux mains. Voyez GOUTTE, . RHUMATISME & TorTIiCOLIS. (F) TRACHELIE, {. f (Æiff. nat, Botan.)trachelium; gente de plante à fleur monopétale en forme d’en- tonnoir , & profondement découpée. Le calice de- vient dans la fuite un fruit membraneux , qui a fou- vent trois pointes ; ce fruit eff divifé en trois loges, &c 1l renferme des femences ordinairement petites. Tournefort, 22/2. rei herb. Voyez PLANTE. | Tournefort diflingue fx efpeces de ce genre de: plante , dont on a déja décrit la principale , connue en françois fous le nom de gantelée Voyez-en l'article. Nous ajouterons feulement que cette plante, quand elle eft bleflée ; donne un fuc laiteux en abondance, lequel étant reçu dans un vaifleau, fe caille promp- tement , & fournit une efpece de petit lait de couleur brune ; la partie caillée étant defléchée , brûle com- me de la réfine à la flamme d’une bougie. Philofop. tranfait, n°, 224. ( D.J.) TRACHENBERG ;, ( Geogr. mod. ) petite ville d'Allemagne, dans la Siléfie, furlariviere de Bartfch,, & vers les confins de la Pologne ; elle appartient aw baron de Trachenberg. (D. J.) TRACHINTA ,( Géog. anc. ) canton de la Macé- doine, dans la Pththiotide , autour de la ville d’Hé- raclée , qui en prenoit le nom d’Æeraclea trachinie felon Thucidide , /. III. Ce canton s’étendoit appa- remment entre le fleuve Sperchius au nord, le golfe Maliacus à lorient , le fleuve Afopus au midi | & là Parafopiade au couchant. Sophocle Philoétetes, cité par Ortélius , place dans ce canton un lieu nommé Trachinium , & des montagnes qu'il appelle Trachj- niæ ou Trechinie petræ. (D. J.) TRACHINUS LAPIS, ( Hife. nat.).pierre à la- quelle quelques auteurs ont attribué beaucoup de vertus médicinales ; on nous dit qu’elle étoit brillan- te, mais opaque ; il y en avoit de noirâtres & de vertes. On croit que c’étoit la pierre néphrétique. TRACHIS , ( Géog. anc, ) ville de Theffalie, au pié du mont Oeta , felon Etienne le géographe , qui dit qu’elle fut bâtie par Hercule , & qu’on lui donna le nom de Tracis à caufe de l'inégalité de fon terrein qui eft tout montueux. Thucydide , Z. III p.235. la met aux confins des peuples Oeze.L’étymolosie du nom de cette ville eft confirmée pas ces vers de Sé- neque , 22 Hercule Oereo , aûl, I. v. 135. Ad Trachina vocor , faxa rigentia, E: dumeta jugis horrida torridis, Vix gratim pecori montivago nemus. Cette ville eft la même qu'Homere appelle Trechis ; & Pline Trachin, & c’eft la même qu'Héraclée de Frachinie. (D. J.) | TRACHOMA , f. m. er Chirurgie, eftune afpérité de la partie interne des paupieres , accompagnée de démangeaifon, de rougeur , & fouvent de puftules femblables à des grains de millet. Les degrés de cette maladie font le fycofis & le tylofis, ou plutôt ce {ont Les plus fâcheux accidens auxquels puiffe aboutir le érashoma. Cette maladie eft une efpece de dartre des paupie= res : elle vient ordinairement de l’âcreté des larmes. Pour les guérir, on prefcrit au malade un régime de vivre doux & humeétant pour tempérer la chaleur 8 l’âcreté du fang & des humeurs : on le faigne s’il y a plénitude ; on le purge par en-bas ; onemploie enfuite les bouillonsamers ; on fait wfage des bains d’eau tiede , & généralement.de vous les remedes propres à humeéter , à fondreëêr à évacuer les humeurs impu- rés ; on pañle quelquefois du cautere au feton pour détourner les humeurs de deflus les paupieres. . Quant aux topiques, on fe fert d’abord de ceux Qui humeétent & amolliffent les folides , & qui font capables de tempérer la chaleur de la partie ; tels font les fomentations avec la décoétion des racines ‘de guimauve , de feuilles de violier, de fleurs de ca- momille.&c de mélhlot, des femences de lin & defou- gere, &c. on pañle enfuite aux remedes qui détergent 6 deffechent les ulceres. Voyez ARGEMON. (F) TRACHONITIDE , ( Géog, anc.) Trachoniris , contrée de l'Arabie , entre la Paleftine & la Cæle- Syrie , au midi de la ville de Damas, Le nom de 774- chonitide venoiït fans doute des deux collines Tracho- nes, que Strabon met au voifinage de Damas. [ajoute qu’en ürant de-là vers l'Arabie & l’Iturée , on trou- voit des montagnes peu pratiquables ; mais remplies de profondes cavernes. Ces cavernes étoient entre Adraa & Bozra, felon Guillaume de Tyr, qui dit que la Trachonitide faïloit une partie confidérable du de- fert de Bofira , & que c’étoit une contrée aride, fans fontaines & fans ruifleaux. Les habitans ramafioient foigneufement l’eau de pluie dans de citernes, & confervoient leurs grains dans des cavernes faites exprès. (2.J.) TRAÇOIR , f. im, forte de petit poinçon d’acier trempé, très-aigu par le bout , dont les graveurs en relief 8 en creux fur métaux fe fervent pour tracer ou deffiner fur métalles figures qu'ils veulent graver. Voyez les PI. de la Gravure. | : TRAÇOIR , ( ierme de Jardinitr. ) c’eft un grand bâton droit, ferré par le bout d’en-bas, dont la pointe eft triangulaire & applatie en langue de chat ; on y met un manche de quatre à cinq piés de long, & on s’en fert pour tracer, former & defliner toutes les figures des jardins ; en un mot, c’eft le porte-crayon du traceur fur le terrein. (D. J, | TRACTION , 1. f, ( Méchan.) eft l’aétion d’une puifance mouvante, par laquelle un corps mobile eft attiré vers celui qui le tire. Ainf le mouvement d’un chariot tiré par un cheval, eft un mouvement de crattion. La tration weft proprement qu’une forte d'impulfion dans laquelle le corps pouffant paroi pré- ceder le corps pouflé ; ainf dans la éraéfion d’un cha- riot , le cheval poufle le harnoïs attaché à fon poi- trail, & cette impulfion fait avancer le chariot. Traëtion fe dit donc principalement des puiflances qui tirent un corps par le moyen d’un fil, d’une cor- de, d’une verge ou autre corps femblable ; au-lieu qu’ertrailion {e dit de lation qu’un corps exérce,ou paroît exercer fur un autre pour l’attirer à lui, fans qu'il paroïffe un corps vifible intermédiaire , par le moyen duquel cette aions’exerce, Voyez ATTRAc- TION , voyez auffi TIRAGE. (0) TRACŒOIRE , ox TRACTRICE, £ f.( Géom.) eft une courbe dont la tangente eft évale à une ligne conftante, ; On lanomme érafoire, parce qu’on peut l’imaginer comme formée par l'extrémité d’un fil que l’on tire par fon autre extrémité le long d’une ligne droite, Mais il faut fuppofer pour cela quele frottement dé- truife à chaque mftant la force d’inertiedu petit corps ou point qui décrit la courbe ; car autrement la dire- étion de ce point né fauroit être celle de la tangente de la courbe, Voyez Les mém. acad. 1736. La srailion a beaucoup d’analogie avec la logarith- mique., dont lafoutangente eft conftruite ; ce que la foutangente eft dans celle-ci, la tangente l’eft dans celle-là ; les ares dela traétionrépondent aux ab{cif. fes de la logarithmique & fontles logarithmes des or- données, 6%. On trouvera le détail des proprictés Tome XVL, TRA 507 de eëtte courbe dans les mé, de l'atad. Sin (oO) TRACTORIÆ , 1. f pl. (Lirrér.) nom que dons noient les Romains aux billets ou diplomes que l’eme pereut accordoit à ceux qu'il éenvoyoit dans les pros vinces , où qu'il en rappelloït , pour que ces perfon= nes euflent le droit de prendre des chevaux de là pofte impériale, & d’être défrayés für toute la route, : Cr M MS RER TRACTRICE, L f. voyez TRACTOIRE, … TRADITEURS, (Théologie. eft le nom que lon donna dans les premiers fiecles de l'Eglife aux chré- tiens qui , dans le terms de la perfécution , livrerent aux paiens les Ecritures-faintes , pour éviter la mort êc le martyre, Ce nom ef formé du latin sradivor , celui qui ivre ou abandonne à un autre [a chofe dont ileft dépofitaire ; & nos meilleurs autetirs ecs cléfiaftiques françois l'ont rendu par sradiveurs , Qui n'a que la fignification qu’on vient de lui donner, la- quelle eff fort différente de l’idée que nous attachons au mot sraitre. Les ennemis de la religion firent les derniers ef. forts , même fous la loi ancienne, pour priver les hommes des faintes Ecritures. Dans la cruellé per= fécution excitée contre les Juifs par Antiochus , les livres de la loi furent recherchés , déchirés & brûlés avec des foins extrèmes ; & ceux qui manquerenf à les livrer , furent mis à mort | comme nous lifons dans le premier livre des Macchabées, chap. j. verfe Er ME Dioclétien reñouvella la même impiété par ur édit publié la dix-neuvieme année de fon empire, & portant que tous les livres factés fuflent apportés aux madgiftrats pour être confumés par le feu, Un grand nombre de chrétiens foibles, & même quelques évêques fuccombant à la frayeur des tour, mens , livrerent les faintes Ecritures aux perfécu= teurs ; &c l'Eplife déteftant cette lâcheté, porta con- tre eux des lois très-féveres , & les flétrit du nom infame de sraditeurs Comme le prétexte principal du fchifme de dona: tiftes étoit que les Catholiques roléroient les éradi- teurs , 1 fut arrêté au concile d’Arles tenu en 314, que tous ceux qui fe trouveroient coupables d’avoir livré aux perfécuteurs quelque livre ou vafe facré, féroient dépofés & dégradés de leurs ordres & ca= racteres , pourvu qu'ils en fuflent convaincus pat des aétes publics , &c non par de fimples paroles. TRADITION , (Théologie.) eft l’adion de remet: tre quelque chofe entre les mains d’une perfonne, Du verbe sradere , livrer, La vente d’une chofe mo- biliaire fe confomme par une fimple sradition, Voyez | DÉzIVRANCE, TRADITION, ex matiere de religion , fignifie en és néral un rémoignage qui répond de la vérité & de la réalité de tels ou tels points, On en diftingue de deux fortes; l’une orale, & l’autre écrite. La sradition orale eft un témoignage rendu de vive voix fur quelque chofe : témoignage qui fe communique aufi de vive voix des péres aux enfans., & des enfans à leurs defcendans, “ Jarradition écrite efl un témoignage ; que les hif2 totres &c les autres livrés rendent fur quelque point: Cette derniere, généralement parlant, eft plus fûre que la premiere. | La sradision, {oit orale, foit écrite, peut être con: fidérée ou quant à fon origine , ou quant à fon objet, Ou quant à fon étendue, 44 . 4°: Larradition quelle qu’elle {oit, envifagée quant à fon origine , eff ou divine lorfqu’elle a Dieu pour auteur, où humaine lorfqu’elle vient des hommes s ëx cette derniere fe foudivife en avoffolique , qui vient des apôtres ; en ecc/éffaffique , qui vient de ceux qui ont fuccédé aux apôtres dans le miniftere de l’Evans , gile ; en civile ou purement humrine , Qui vient des S SS 1 508 _(TRA hommes précifément confidérés comme hommes: 2°, La sradition confidérée quant à fon objet eft ou dotfrinale, ou de difcipline, ou hifforique. Par 1ra- Comme s'exprime un des peres, Il n’en eft pas de même des rites & des cérémo- nies. Les fuccefleurs recevoient celles qui avoient été inflituées par leurs prédécefleurs, pourvu qwel- les leur parufient édifiantes & raifonnables. Tertul. lien, cap. iv. lib, de coroné , traite de ces traditions reçues dans PEglife fans être fondées par l’Ectiture fainte, mais néanmoins appuyées d’une ancienne coutume , qui failoient préfumer qu’elles tiroient leur origine de quelque radition apoftolique. Cepen- dant on lui conteftoit ce principe ; il ÿ avoit même de fon tems des doteurs qui vouloient que toute tradition ft fondée fur l'autorité de l'Ecriture. LA- deflus il tâche de prouver par des faits qu’une sradi- ton, quoique non-ccrite , doit être reçue. Il rapporte divers exemples de ces ufages eccléfiaftiques qui fe pratiquoient, fans qu’on en trouvât rien dans l’Ecri- ture ; & entre ces ufages , 1l y a celui-ci. Nous fouf. frons, dit-il , avec peine qu'il tombe à terre quelque chofe du calice, du pain de l'Euchariftie ; Ou même de notre pain ordinaire. Sivous demandez > pour- fuit Tertullien, quelque pañlage de l’Ecriture qui or- donne ces obfervations , vous n’en trouverez point. La sradirion les a introduites > la coutume les a con- firmées , & la foi les garde ; fi d’un autre côté vous les confidérez, vous verrez que la raïfon autorife, à cet égard , la sradision , la coutume & la foi. Là- deflus M. Rigault ajoute cette remarque. « La sradi- # t107 fans raifonferoit vaine ; c’eft pourquoi l’apô- * fre n'exige point d’obéiffance qui ne {oit raifon- » nable ». - En effet , comme tout s’altere avec le tems , & que rien n’eft plus fautif que les témoignages de vive Voix en matiere de doétrine, il en réfulte que fi la dottrine de Jefus-Chrift n’eût pas été écrite par les apôtres , il eût été impofhble de la conferver pure, &t même elle ne fut que trop-tôt altérée par de faufles opinions, Entre des preuves fans nombre , ce que Clé- ment d'Alexandrie dit de lui-même, peut fufire pour démontrer combien la sradirion rendtoit la religion incertaine fans l’Ecriture. Ce pere de l’Eglife, après avoir parlé des maîtres qu'il avoit eu, & qu'il nous donne pour des hommes du plus grand mérite & de la plushaute vertu, il ajoute : «Ceux qui ont confervé # la véritable sadision de cette précieufe do&rine, » tranfmife d'abord par les apôtres Pierre, Jacques, » Jean & Paul, enforte que le fils la recevoit de # fon pere ( maïs entre ces fils peu reffemblent à » leurs peres ); ceux-là nous ont fait parvenir par TRA ÿ0ÿ » fa volontéde Dieu ces femences apottoliques con- » fiés ànosancétres», Stromar. lib. J. P.274 6273. Cependant fi lon compare la doûrine de ce pere qu'il tenoit , comme ilafüre , de grands hommes qui l’avoient reçue des apôtres ou de leurs difciples, & de difciples qui reflembloient à leurs maitres ; fi, dis-je , lon compare cette dodrine en plufieurs ar- ticles avec celle que nous avons aujourd’hui , on y Verra bien des différences. De-lA vient que cet ha- bile auteur n’eft point honoré du titre de J'aime, com- me quantité d’autres qui ne le veulent pas; & que lon croit trouver beaucoup d’héréfies dans fes li. vres; c'eft aufü la raifon pourquoi les Grecs en ont laiflé périr plufeurs. (D. JT.) TRADITION MYTHOLOGIQUE , (Mychol.) on NOMME sraditions mythologiques , les fables tranfinifes à la poftérité, & qui lui font parvenues après s'être chargées d’âge en âge de nouvelles fitions, par lef- quelles les poëtes ont cherché comme à-lenvi, à en augmenter le merveilleux, | Afin qu'une sradirion hiftorique, felen la Judicieu- fe remarque de M. Freret » puifle avoir quelque au _torité, il faut qu’elle remonte d'âge en âge jufqu'au. terms dont elle dépofe , que lon puifle en fuivre la trace fans interruption, ou que du-moins dans tout cet intervalle, on ne puiffeen affigner le commence- ment, ni montrer un tems dans lequel elle ait étéin- connue. C'eft-là une des premieres regles de la cri- tique, & lon ne doit pas en difpenfer les sradirions mythologiques | & leur donner un privilege dont les traditions hiftoriques n’ont jamais joui. ; Tout ce que l’on a droit de conclure des traditions fabuleufes, les plus conftamment & les plus univerz fellement reçues, c’eft que ces fables avoient probaz blement leur fondément dans quelque fait hiftori- que , défiguré par l'ignorance des peuples, & altéré par la hardieffe des Poëtes. Mais fi on veut aller plus loin, & entreprendre de déterminer la nature & les circonftances de ce fait hiftoriaue, quelque proba- ble & quelque ingénieufe que foit cette explication, elle ne s’élévera jamais au-deflus de l’ordre conjec- tural, & elle fera toujours infufifante pour établir une vérité hiftorique , & pour en conclure lexiften: ce d’une coutume ou d’un ufage dans les tems fabu= leux. Voyez MYTHOLOGIE, FABLE, Gt. (D. 1.) TRADITION, (Jurifp.) eft lation de livrer une chofe. La sradition eft une des manieres d'acquérir, où droit des gens, par laquelle en transférant À quelz qu'un la poffeffion d’une chofe corporelle, on lui en tranfmet la propriété; pourvû que la sradition ait été faite par le véritable propriétaire, pour une jufte caufe, & avec intention de transférer la propriété. Suivant le droit civil, & parmi nous, la sradision eft regardée comme Paccompliffement de la conven= tion. Il y anéanmoins des contrats qui font parfaits fans tradition réelle, & pour lefquels une sradirion feinte füffit ; comme la vente d’un immeuble, à la différen- ce de la ventre des chofes qui fe livrent au nombre 4 poids & mefure, laquelle n’eft parfaite que par la: tradition réelle : il en eft de meme des donations. Foyez les inflir. sir. de acquir. rer. domin: & Donat, ir. des convens, 8t' du contrat de vente. Tradition par Panneau, Per annulum , étoit celle qui fe faifoit en mettant un anneau au doigt de celui auquel on remettoit la poffeffion d’une églife, ou d'une dignité, d’un héritage, &c. Voyez Parricle fais Vans. | Tradition par Le béton, per baculum , étoit une ra= dition feinte, qui fe prâtiquoit anciennement en rez mettant entre les mains de l'acheteur où nouveau poffeffeur, un bâton en figne de la pofleffion qu'on lui remettoit, Foyez BATON > INSTITUT , & le g/ofe TR A $10 Jire.de du Cange ax mot inveflitura, où il explique ? toutes les différentes manieres .d'inveititure ou de | tradition feinte qui fe pratiquoient anciennement. Tradision-brevis manus, eit une tradision feinte qui | #e fait pour éviter un circuit inutile de sradirions, en compenfant la sradition qu'il fau droit faire de part &c | s + ' * 3 1e d'autre; comme dans la vente d'une chofe que la- | cheteur tient déja à titre de prêt. Pour queleven- | deur remit:la chofe à l'acheteur il faudroit que ce- dui-ci commencçât par la lui,remettre; 8c pour abré- | ger, on fuppofe que cette sradiionréciproqueaéte | faite, c’eft pourquoi onlappèlle Prevismanus ,parce | que c'eft l'acheteur qui fe remet à lui-même. Znflir. de acquir. rer. domi. # | | Tradition civile, eft une sradition feinte , qui con- Aifte dansla forme établie par la loi :'elle eft oppoiée à la tradition réelle.Voyez sradition feinte & tradition réelle. End Tradition par lecouteau, per cutellum , c’étoit une mife en poffeffion qui fe farfoit en donnant un cou- teau plié. Voyez Le gloffaire de du Cange au mot invefft- £UTA . À Tradition feinte ou fitive, eft celle qui eft faite pour opérer le même effet que la sradirion réelle : on da divife en Jymbolique &t non-fymbolique. La _ Tradition par un feffu, per feflucam , c’eft-à dire un brin de paille, étoit une tradition fiétive qui fe pratiquoit autrefois aflez communément en préfen- tant un feftu. Voyez du Cange ax mot invefluure. _ Tradition fitive, Voyez ci-devant tradition feinte. Tradition par un gazon de terre, c’étoit une façon de livrer un héritage, en donnant un gazon pour £ymbole de cet héritage. V’oyex du Cange ax mor inve- fértura. Tradition de longue main, longa manus , eft une sradition five qui fe fait montrant la chofe, & don- nant la faculté d’en prendre pofleffion : elle fe prati- que ordinairement pour la délivrance des immeu- bles réels, & pour celle des chofes mobiliaires d'un poids confidérable. Foyez aux infhie, le tie. de acquir. rer. dom. | Tradition de la main à la main, c’eft lorfqw'une chofe pafñle à l’inftant de la main d’une perfonne en celle d’une autre, à laquelle la premiere la remet. Tradition réelle, eft celle qui confifte dans une re- mile effective de la chofe. | | _ Tradition fymbolique, eft celle qui fe fait en don- nant quelque fymbole de la chofe que l'on doit L- vrer ; comme quand on livre les clés du grenier où ef le froment que l’on a vendu. Woyez aux inffir. de acq. rer. dom. ; Tradition non fymbolique , eft celle où on ne donne ni la chofe réellement, ni aucun fymbole ou figne de da chofe ; mais où la sradision s’opere par d’autres fi- étions, comme dans la sradiion appellée lorga ma- nus, & dans celle appellée érevis manus. Voyez ci- deflus sradirion de longue main &t tradition brevis ma- aus. Voyez auff fur la tradition en général, les mors DéLIvrANCE, MAIN ASSISE, MISE DE FAIT, NAN- TISSEMENT , POSSESSION, REMISE, SAISINE. (4) © TRADITIONAIRE, { m. (Æif. jud.) eft un nom que les Juifs donnent à ceux qui reconnoiïflent la tra- dition, qui la fuivent, &t qui s'en fervent pour ex- pofer les écritures faintes : ils font oppoiés aux Ca- raites ; qui refufent de reconnoitre d'autre autorité que celle des écritures mêmes. Les sraditionaires font ceux que lon appelle plus communément les rabbins &c les sa/mudifles. Voyez RaBBins , RABBINISTES, TALMUS, &e. Hillel s’eft autant diftingué parmi les sraditionaires, que Schammai parmi les rextuaires. TRADUCIENS , £. m. pl. (Auf. eccléf.) nom que les Pélagiens donnoïent aux Catholiques, parce qu'ils enfeignoient que le péché originel palloit du pere TRA aux enfans , 87 que ces hérétiques croyoïent qu'il fe communiquoit par la voie de la génération. Foyez PE. CHÉ ORIGINEL, | Ce mot eft formé du latin sradux , dont-on fe {er- voit pour exprimer la communication, & qui vient de sraduco, je tranfmets de l’un à l’autre. Aujourd'hui quelques-uns donnent le nom de sr4- duciens à ceux qui croient que les ames des enfans émanent de celles de leurs peres. Voyez ÂME. TRADUCTEUR , f. m.(Belles-lersres.) c’eft celui qui traduit un livre, qui le tourne d’une langue dans une autre, Voyez le mot TRADUCTION. Je me contenterai d'obferver ici, que les matieres de fciences &c de dogmes, exigent d’un sraduéfeur une grande précifion dans les termes. Celles que décrit la Poéfie , rejettent les périphrafes, qui affoibliflent les idées ; & un attachement fervile, qui éteint le fentiment. La repréfentation fcrupuleufe de tous les membres d’un poëte, noffre qu’un corps maigre & décharné ; mais la repréfentation fibre ne doit pas être infidelle. On dit que M. de Sévigné comparoït les sraduüleurs à des domeftiques qui vont faire un mefage de la part de leur maître, & qui difent fou- ventle contraire de ce qu’on leur a ordonné. Ils ont encore un autre défaut de domeftiques, c’eft de fe croire aufhi grands feioneurs que leurs maîtres, fut- tout quand ce maître eft fort ancien & du premier rang. On a vu des sraduüleurs d'une feule piece de So- phocle ou d’Euripide, qu’on ne pouvoit pas jouerfur notre théatre, méprifer Cinna, Polieuéte & Caton. (D. J.) | | TRADUCTION, f f VERSION, £ £. (Syno= nymes. ) On entend également par ces deux mots la copie qui fe fait dans une langue d’un difcouts pre- mierement énoncé dans une autre, comme d’hébrew en grec, de grec en latin, de latin en françois, Gt. Mais lPufage ordinaire nous indique que ces deux mots different entr’eux par quelques idées accefloi- res , puifque lon employe lun en bien des cas ou ! lon ne pourroit pas fe fervir de l’autre: on dit, en parlant des faintes écritures, Z2 VERSION des fep- tante, la VERSION vulgate; & l’on ne diroit pas de même, /a TRADUCTION des feptante, la TRADUC- TION vulgate : On dit au contraire que Vaugelas a fait une excellente sradutlion de Quint-Curce, & lon ne pourroit pas dire qu'il en a fait une excel lente ver/fLon, | Il me femble que la ver/ion eft plus littérale, plus attachée aux procédés propres de la langue origi- nale, & plus affervie dans fes moyens aux vües de la conftruétion analytique ; & que la sradution eft plus.occupée du fond des penfées, plus attentive à les préfenter fous la forme qui peut leur convenir dans la langue nouvelle, & plus aflujettie dans fes expreflions aux tours & aux idiotifmes de cette langue. Delà vient que nous difons la verfon vulgate , & non la sraduhion vulgate ; parce que l’auteur a tà- ché, par refpe&t pour le texte facré, de le fuivre lit- téralement , & de mettre, en quelque forte, lPhé- breu même à la portée du vulgaire, fous les fimples apparences du latin dont il emprunte les mots. M- ferunt Judaæi ab Jerofolimis facerdotes € levicas ad eum, utinterrogarent eum : tu quis es ? ( Joan. j. 19.) Voilà des mots latins, mais point de latinité, parce que ce n’étoit point lintention de l’auteur ; c’eft l’hé- braifme tout pur qui perce d’une maniere évidente dans cette interrogation direéte , 14 quis es : les la+ tins auroient préféré le tout oblique gzis ou quifnarre effes ; mais lintégrité du texte original feroit com- promife. Rendons cela en notre langue, en difant, les juifs lut envoyerent de Jérufalem des prêtres & dis lévites , afin qu'ils l'interrogeaffent , qui es-tu ? Nous aurons une ve/foz françoile du même texte: adap: T R:A tons. lé tour de notre langue à la même penfée, & difons, les juifs lui envoyerens de Jérufalem des prêtres 6 des lévises | pour Javoir de lui qui il érois ; &t nous aurons une éraduétion, L'art de lasraduttion fuppofe néceflairement celui de la verfion ; & delà vient que les tranflations que Vonfait faire aux jeunes gens dans nos collèges du grec ou du latin en-françois, font très-bien.nom- mées des verfions : les premiers eflais de sraduélion ne peuvent &c ne doivent être rien autre chofe. La verfion littérale trouve fes lumieres dans la marche invariable de la conftruétion analytique, qui lui fert à lui faire remarquer les idiotifmes de la lan- gue originale, & à lui en donner Pintelligence , en rempliflant les vuides de lellipfe, en fupprimant les redondances du pléonafme , en ramenant à la re@i- tude de l’ordre naturel les écarts de la conftruétion ufuelle. Foyez INVERSION, MÉTHODE, SurpLé- MENT , &c. Ea sraduition ajoûte aux découvertes de la verfon littérale, le tour propre du génie de la langue dans laquelle elle prétend s'expliquer : elle n’employe les fecours analytiques que comme des moyens qui font entendre la penfée ; mais elle doit la rendre cette penfée, comme on la rendroit dans le fecond idio- me; fi on Pavoit conçue, fans la puifer dans une lan- gue étrangere. Il n’en faut rien retrancher, il! n’y faut rien ajoûter ,1l n’y faut rien changer; ce ne feroit plus ni ver£or ni traduétlion ; ce feroit un com- aneritAire. Ne pouvant pas mettre ici un traité développé des principes de la saduëtion, qu'il me foit permis d’en donner feulement une idée générale, & de com- mencer par un exemple de sraduétion, qui, quoique forti de la main d’un grand maître, me paroît en- core repréhenfible, Cicéron ,»dans fon livre intitulé Brurus, ou des orateurs tlluffres, s'exprime aïnfi: (ch. xxxy.) Quis uberior in dicendo Platone ? Quis Arifloele nervofior ? Theophrafto dulcior ? Voïci comment ce pañlage eft rendu en françois par M. de la Bruyere ; dans fon difcours fur Fhéophrafte: « Qui eft plus fécond >» 6t plus abondant que Platon ? plus folide & plus » terme qu'Ariftote ? plus agréable & plus doux que » Théophrafte? ». C’eft encore ici un commentaire plutôt qu’une traduthion, & un commentaire au-moins inutile, Uberior ne fignifie pas tout à la fois plus abondant €: plus fécond; la fécondité produit l'abondance , & 1l y a entre l’un & l’autre la même différence qu’en- tre la çanfe & Peffet; la fécondité étoit dans le génie de Platon, & elle a produit l'abondance qui eft encore dans fes écrits. Nervofus, au fens propre, fignifie zerveux; &c Veffet immédiat de cette heureufe conftitution eft la force, dont les nerfs font linftrument & la fource : le {ens figuré ne peut prendre la place du fens pro- pre que par analogie, & zervofus doit pareillement exprimer ou Ja force, ou la caufe de la force. Ner- vofior ne veut donc pas dire plus folide & plus fer- né ; la force dont il s’agit #7 dicendo , c’eft l'énergie, Dulcior (plus agréable & plus doux } ; dulcior n'exprime encore que la douceur, & c’eft ajouter à l'original que d'y joindre Pagrément : l'agrément peut être un effet de la douceur, maisil peut l'être auffi de toute autre caufe. D'ailleurs pourquoi char- ger l'original ? Ce n’eft plus le sraduire, c’eit le com- menter ; ce n’eft plus le copier, c’eft le défisurer. Ajoûtez que ; dans {a prétendue sraduéion, M. de la Bruyere ne tient aucun compte de ces mots 7 di- cendo, qui font pourtant eflentiels dans l’original, & qui y déterminent le {ens des trois adje@ifs be- rior , nervofior, dulcior: car la conftru@tion analyti- que, qui eft le fondement de la vero, & confé- 1 R A Sir quemment de la sraduifion, fuppofe la phrafe ren- due am; gæis fuir uberior in diceñdo pre Plaione è quis fuit nervofior in dicendo, pre Ariffotele ? ques fut dulcior in dicendo., præ Theophraflo ? Or dès quil s'agit d'expreffion., 1l eff évident que ces adjedifs doivent énoncer les effets qui y ont produit les caufes qui exiftoient dans le génie des grands home mes dont on parle, | Ces réflexions me porteroient donc À séduire ainf le paffage dont il s'agit: Qui a dans. fon éloeurion plus d'abondance que Plaion ? plus de nerf g”Ariflote à plus de donceur que Théophrafle? fi cette sraduétion n°a pas encore toute l'exaétitude dont elle eft peut-être fufceptible, je crois du moins avoir indiqué ce qu'il faut tâcher d'y conferver ; l’ordre des idées de l’oris ginal, la précifion de fa phrafe, la propriété de fes termes, ( Voyez SYNECDOQUE, $. 11, la critique dune sraduëtion de M. du Marfais, & au mot Mé- THODE, la verfion &c la craduétior d’un pañage de Cic.) J’avoue que ce n’eft pas toujours une tâche fort aifée ; mais qui ne la remplit pas n’atteint pas le but. + # Quand il s’agit, dit M. Batteux, { Cors de » belles-lestres, LIL, part. jv.. Je.) de repréfenter » dans une autre langue les chofes , les penfées ; les » expreflions, les tours, les tons d’un ouvrage ; » les chofes telles qu’elles font, fans rien ajoûter , » ni retrancher, ni déplacer; les penfées dans leurs » couleurs, leurs degrés, leuts nuances; les tours * qui donnent le feu, l'efprit, la vie au difcours 5 » les expreflions naturelles, figurées, fortes, riches, » gratieufes, délicates, &c, êc le tout d’après un mo- » dele quicommande durement, & qui veut qu'onlux » obéifle d’un air aifé : il faut, finon autant de Dé » mie, du-moins autant de goût, pour bien sraduire * que pour compofer, Peut-être même en faut-il » davantage. L'auteur qui compofe, conduit feule- » ment par une forte d’inflinét toujours libre, & » par fa matiere qui lui préfente des idées qu’il » peut accepter où rejetter À {on gré, eft maître » abfolu de fes penfées & de fes expreflions : fi la » penfée ne lui convient pas, ou fi l’expreflion ne »* convient pas àla penfée, il peut rejetter l’une & » l'autre: que defperat traitata nireftere poffe, relin= » quis. Le traduiteur n'eft maître de rien: il eft obliz » de fuivre par-tout fon auteur, & de fe plier à » toutes fes Variations avec une fouplefle infinie, » Qu'on en juge par la variété des tons qui fe trou- » vent néceflairement dans un même fujer, & À » plus forte raifon dans un même genre...., Pour » rendre tous ces degrés, il faut d’abord les avoir # bien fentis, enfuite maîtrifer À un point peu com« » mun la langue que l’on veut enrichir de dépouilles » étrangères. Quelle idée donc ne doit-on pas avoit » d’une traduéion faite avec fuccès à » Rien de plus dificile en effet, & rien de plus rare qu'une excellente sraduéion, parce que rien n’eft ni plus difficile ni plus rare, que de garder un jufte mi- lieu entre la licence du commentaire & la {ervitude de la lettre. Un attachement trop fcrupuleux à la lettre, détruit l’efprit, & c’eft lefprit qui donne la vie: trop de liberté détruit les traits caradérifti- ques de Forigmal, on en fait une copie infidele, Qu'il eft fâcheux que les révolutions des fiecles nous aient dérobé les sradutfions que Cicéron avoit faites de grec en latin, des fameufes harangues de Démofthene & d’Efchine : elles {eroient apparem- ment pour nous des modeles sûrs; & il ne s'agiroit que de les confulter avec intelligence, pour #raduire enfuite avec fuccès. Jugeons-en par la méthode qu’il s’étoit prefcrite dans ce genre d'ouvrage, & dont il rend compte lui-même dans fon traité de Optimo ge nere oratorum. C’eft l’abregé le plus précis, mais Le plus lumineux & le plus vrai, des regles qu'il con D 4 512 T R A vient de fuivfe dans la #raduifion ; & 1 peut tenir lieu des principes les plus développés, pourvû qu’on fa che en fair l’efprit: Covertiex atticis, dit-1l, duo- yum eloquentiffémorum nobiliffimas orationes inter fe con- trarias, Efchinis Dermoffhenifque ; nec converti ut 11- cerpres, fed'urorator, Jentenuiis üifdem , © earum formis zanqam figuris ; verbis ad noftram confuetudinem aptis, in quibus-non verbum pro verbo necefle habui reddere’; Yéd genus omnium verborum vimque fervavi. Non enim ea me annumerare dettori putavi oportere, fed tanquam appendere. (B.E.R. M.) TRAERBACH, (Géog. mod.) petite ville d'Alle- magne , dans le palatinat du Rheïn fur la Mofelle, à 12 lieues au notd-eft de Trèves, & au-deflus de Co- blentz. Elle à une forterefle pour défendre la pañfa- ge de la Mofelle dans le palatinat. Elle à été prife êc reptife plufeurs fois dans Le dernier fecle; 6c dans celui-ci le comte de Bellifle la prit en 1734: Long. 24: 46. lat. 49.33. (D:9.) | TRAFALGA, LE CAP DE, (Géog. mod.) cap d’'Ef- pagne, fur la côte occidentale de l’Andaloufe, vis- à-vis de cette pointe, droit au fud-oueft quart d’oueft de Connil, & environ: à cinq milles ; 1l y a fous l’eau une roche fort dangereufe , qu’on appellé La Scirere de Trafalgar, fur laquelle ilmy a que ÿ piés d’eau. (D:J.) TRAFIC, f. m. (Comm.) commerce, négoce, vente ou échange de marchandifes , billets ou ar- gent. Le principal safe des Hollandoïs aux Indes, confifte en épiceries. Ce terme, felon M. Savary, vient de Pitalien sra- Jus, qui eft tiré de Farabe, êc qui fignifie la même chofe. Le mot srafic fe prend en bien des fens. Ainfi lon dit un srafic permis, un #raféc prohibé, un srafic in- connu , un bon érafic, un mauvais #rafic; ce marchand entend bien, ou fait bienfon srafic. Diéf, dé Commerce: TRAFIQUANT , TRAFIQUANTE , qui trafique, ui fait commerce. TRAFIQUÉ, qui a paflé par la main des mar- chands ou négocians. On fait peu de cas des billets trafiqués, qui ont pañlé par différentes mains. TRAFIQUER , négocier, commercer , échanger, troquer. TRAFIQUEUR , marchand qui trafique, qui fait commerce ou négoce. Ce terme eft furanné, & de peu d'ufage aujourd'hui, 1, Tbid. TRAFUSOIR , fm. (Soierie.) piece de bois tour- née en rond , au haut de laquelle, & à environ cinq piés, eft pofée d’équerreune cheville très-polie, fur laquelle on fépare les écheveaux de foie pour Les de- vider. On donne le même nom à une autre piece de bois, large dans fa hauteur qui n’eft que de trois prés & demi, ou environ; celle-ci eft garnie de trois ou quatre longues chevilles de bois , bien polies , pour mettre la foie en main. TRAGACANTHA , fm. (Æifi. nar. Bor.) gente de plante dont Tournefort compte trois efpeces, la plus commune eft nommée sragacantha altera ; Pote- rium fortè, I. R. H. on l'appelle vulgairement en françois barbe-renard, C’eft un fous-arbrifieau qui reflemble à la plante d’où fort la gomme adraganth, êc qui en eft une efpece. Il poule beaucoup de ra- meaux longs environ d’un pié, flexibles, grêles, fe répandant au large , blanchâtres pendant qu'ils font encore tendres, lanugineux, garmis de plufeurs épi- nes longues, qui font les côtés des anciennes feuil- les. Ses feuilles font fort petites, rondes, blanches êc velues ; elles naïflent par paires, fur une côte terminée par un piquant. $es fleurs font légumineu- {es , blanches, foutenues chacune par fon calice fait en cornet dentelé. Quand cette fleur eft pañlée , 1l lui fuccedeune souffle, divifée felon fa longueur en deux loges remplies de quelques femences, qui ont ordinairement la figure d’un petit rein, Saracine eff longue, branchue , plante, couverte d’une écorce noire ; blanche en-dedans , fongueufe, gommeufe ; douçâtre au goût. Cette plante nait en Candie êt en Efpagne , aux lieux montagneux , arides & incultes. (D. 7. TRAGACANTEHA ; (if. nat. Botanig. exot.) le tragacantha d’où la gomme adraganth découle, s’'ap= pelle sragachanta Cretica, incaña, flore parvo, lineis purpureis flicaro, corol. I, R, H. 29: | Ses racines font brunes, plongées profondément dans la terre, & partagées.en plufeurs branches ; elles donnent naïflance à des tiges éparffles d’un pou- ce; longues de deux outrois prés, couchées en rond fur la terre : elles font fermes , d’une fubftance fpon- gieufe, remplies d’un fuc gommeux , &z entrelacées de différentes fibres, les unes circulaires, les autres longitudinales, 8 d’autres quis’étendent en forme de rayons du centre à la circonférence. Ces tiges font couvertes d'une écorce ridée, bru- ne, épaifle d’une ligne, & fe partagent en un nom- bre infini de rameaux hériflés d’épines , & dénués de feuilles à leurpartie inférieure qui paroît feche &rcom- me morte, mais la partie fupérieure eft chargée de beaucoup de feuilles compofées de 7 ou 8 paires de pe- tites feuilles, attachées fur une côte d’un pouce de longueur; cespetites feuilles fontlongues de deux ou trois lignes, larges d’urie demi-ligne , arrondies, ter- minées en pointe moufle , blanches & molles: la côte qui les porte, fe termine en une épine longue, roide, aiguë & jaunâtre , fa bafe eft large , membraneufe, garnie de deux aîlerons parle moyen defquels elle embrafle les tiges. Les fleurs fortent à l'extrémité dés rameaux, de Paiffelle des côtes fewillées : elles font légumineufes, longues de quatre lignes , légerement purpurines, avec un étendart arrondi plus long que les autres par- ties,un peu échancrée,& panachée de lignes blanches, Les étamines font au nombre de dix filets, dont neuf font réunis enfemble dans prefque toute leur longueur :ils font égaux, droits, chargés defommets arrondis , &c forment une gaine membraneufe qui enveloppe l’embryon. Le piftil eff un embryon dont la bafe creufée en-deflus , répand une liqueur miel- lée ; cet embryon fe termine en un ftile grêle un peu redreflé, chargé d’un petit fligma obtus. Le calice a la forme d'un coqueluchon ; il eft long de trois lignes , découpé en cinq parties & couvert d'un duvet blanchâtre. Quand les fleurs font tombées , il leur fuccede des goufles velues , renflées , & parta- gées en deux loges, remplies de petites graines, de la figure d’un rein. Cet arbrifleau croît dans l'ile de Crete , & dans plufieurs endroits de l’'Afie. M. de Tournefort a eu le plaifir d’obferver à fon aïfe la gomme adraganth dé- couler naturellement de cet arbrifleau fur le mont Jon , fur la fin de Juin, & dans les mois fuivans ; le fuc nourricier de cette plante épaiffi par la chaleur, fait crever la plûpart des vaiffleaux où1l eft renfermé, non-feulement il s’amafle du cœur des tiges 8 des branches, mais dans l’intérieur des fibres , lefquelles font difpofées en rayons. Ce fuc fe coagule en filets, de même que dans les porofités de Pécorce ; &'ces filets paffant au-travers de cette partie, fortent peu- | à-peu , à mefure qu’ils font pouffés par le nouveau fuc que les rameaux fourniflent. Cette matiere expofée à l'air, s’endurcit, & for: me ou des grumeaux , ou des lames tortues ,.fembla- bles à des vermifleaux, plus ou moins longs , fuivant la matiere qui fe préfente : il femble même que la con- tradion des fibres de cette plante, contribue à l’ex- -_preffion de la gomme adraganth : ces fibres déliées comme de la filafle, découvertes & foulées par les piés des bergers & des chevaux, fe raccourciflentpar an la br ri TRA la chaleur , & facilitent la fortie du fuc extravafé. Il faut maintenant parler du genre de plante ordi- naïre nommé sragacantha par plufieurs botaniftes., & en françois barbe-renard , maïs nous en ferons, pour éviter la confufion , une article à-part, ( D, J.) TRAGÆA , (Géogr. anc.) 1°. ville de l’île de Na- xos. Etienne le séceraphe qui en parle, dit qu’on y rendoit un culte particulier à Apollon Tragien ; 2°. Tragæa , iles voifines des Cyclades. C’étoit la patrie ‘de Théogiton le péripatéticien , ami d’Ariftote. TRAGÉE, L f en Pharmacie, eft une poudre aro- matique grofhere , mélce avec du fucre , & qui fe prend en façon de carminatif. TRAGÉE fe dit auffi d’une efpece de trochifques faits avec les baies de fureau , felon Quercetan. TRAGAÆDIA ,( Géog. anc. ) Pline le jeune, qui étoit de Côme, avoit plufieurs maïfons de campagne auprès du lac de Côme : 1l donne entr’autres la def cription de deux de ces maïfors: l’une, dit:l, 2. 1X. ep. 7. ad Rom. bâtie à la façon de celles qu’on voit du côté de Baies, s’éleve fur des rochers, & domine le lac ; l’autre bâtie de la même maniere, le touche. Il appelloit la premiere sragédie, 8 la feconde comé- die : celle-là , parce qu'elle avoit comme chauflé le co- thurne , celle-ci parce qu'elle n’avoit que de fimples brodequins. Elles ont, ajoute-t1l , chacune leurs agrémens , & leur diverfité même en augmente la beauté pour celui qui les poflede toutes deux. L’une jouit du lac de plus près; Pautre en a la vue plus éten- due : celle-là bâtie comme en demi-cercle , embrafle le port ; celle-ci forme comme deux ports différens, par fa hauteur qui s’avance dans le lac. Là vous avez une promenade unie, qui, par une longue allée, s’é- tend le long du rivage ; ici un parterre très-fpacieux, mais qui defcend par une pente douce. Les flots n’ap- prochent point de la premiere de ces maifons ; ils Viennent fe brifer contre la {econde. De celles-là vous voyez pêcher; de celle-ci vous pouvez pêcher vous-même fans fortir de votre chambre , & prefque fans fortir de votre lit, d’où vousjettez vos hamecons comme d’un bateau. (D. J.) TRAGASÆ-SALINÆ, (Géog. anc.) falines de la Froade, près d'Hamaxitum, felon Strabon, /. XII. p. 605. Le fel tragaféen , dit Pline, 2, XX XL. c. wiy. ne fait point de bruit , & ne faute point quand on le Jette dans le feu. Les habitans dela Troade pouvoïentufer librement de ce fel, mais lorfque Lyfimachus eut mis deflus un impôt, le fel cefla de fe congeler; ce changement ayant étonné Lyfimachus , il abolit Pimpôt , & auffi- tôt le fel recommença à fe former comme de coutu- me. (D.J.) TRAGÉDIE, (Poëfie dramatique.) repréfentation d’une attion héroïque dont l’objet eft d’exciter la ter- reur & la compaifion. ; Nous avons dans cette matiere deux guides céle- bres, Ariftote & le grand Corneille, qui nous éclai- rent & nous montrent la route. Le premier ayant pour principal objet dans fa poc- tique , d'expliquer la nature &c les regles de la srapé- die , fuit fon génie philofophique ; il ne confidere que l’effence des êtres, & les proprietés qui en dé- coulent. Tout eft plein chez lui de définitions & de divifons. De fon côté Pierre Corneille ayant pratiqué l’art pendant quarante ans, & examiné en philofophe ce qui pouvoit y plaire ou y déplaire ; ayant percé par leffor de fon génie les obftacles de plufieurs matie- res rebelles, & obfervé en métaphyficien la route qu'il s’étoit frayée , & les moyens par où il avoit réufh : enfin ayant mis au creufet de la pratique tou- tes fes reflexions , & les obfervations de ceux qui étoient venus avant lui, il mérite bien qu’on refpette fes idées & fes décifions, ne fuflent-elles pas toujours Tome XVI. TRA 55 d'accord avec celles d’Atiftote. Celui-ci après tout , n’a connu que le théatre d’Athenes; &r s’il eft vrai que les gémies les plus hardis dans leurs fbéculations fur les arts ne vont guere au-Gelà des modeles mê- me que les artiftes inventeurs leur ont fournis. le philofophe grec n’a dû donner que Le beau idéal du théatre athénien. D'un autre côté cependant , s’il eft de fait que lorf: qu’un nouveau genre, comme une forte de phéno= mene , paroit dans la littérature, & qu'il a frappé vivement les efprits , il eft bientôt porté à fa perte- étion , par Pardeur des rivaux que la gloire aiguile lonne : on pourroit croire que la sragédie étoit déja parfaite chez les poëtes grecs, qui ont fervi de mo- deles aux regles d’Ariftote, & que les autres qui font venus après , n’ont pu y ajouter que des rafinemens capables d’abätardir ce genre, en voulant lui donner un air de nouveauté. Enfin une derniere raïfon qui peut diminuer l’au- torité du poëte françois, c’eft que lui-même étoit auteur ; & on a obfervé que tous ceux qui ont donné des regles après avoir fait des ouvrages, quelque cou- rage qu'ils laient eu, n’ont été, quoiqu’on en puifle dire , que des lépiflateurs timides. Semblables au pere dont parle Horace, où à l’amant d’Agna , ils prennent quelquefois les défauts mêmes pour des agrémens ; ou s'ils les reconnoïifent pour des défauts, ils n’en parlent qu’en les défignant par des noms qui approchent fort de ceux de la vertu. Quoi qu'il en foit , je me borne à dire que la sra- gédie eft la repréfentation d’une a@ion héroïque. Elle eft héroïque, fi elle eft l'effet de l'ame portée à un degré extraordinaire jufqu’à un certain point, L’hé- rotime eft un courage , une valeur, une générofité qui eft au-deflus des ames vulgaires. C’eft Héraclius qui veut mourir pour Martian, c'eft Pulchérie qui dit à l’ufurpateur Phocas, avec une fierté digne de fa naifance : Tyran, defcens du trône, & fais place à ton maitre. Les vices entrent dans l’idée de cet héroïfme dont nous parlons. Un ffatuaire peut figurer un Néron de huit piés ; de même un poëte peut le peindre, finon comme un héros, du-moins comme un homme d’une cruauté extraordinaire , & fi l’on me permet ce ter- me, en quelque forte héroïque ; parce qu’en géné ral les vices font héroiïques , quand ils ont pour prin- cipe quelque qualité qui fuppofe une hardieffe & une fermeté peu commune; telle eft la hardiefle de Ca- tilna, la force de Médée, lintrépidité de Cléopatre dans Rodogune. L’aétion eft héroïque ou par elle-même, ou par Le caraëtere de ceux qui la font. Elle eft héroïque par elle-même , quand elle a un grand objet; comme Pacquifition d’un trône, la punition d’un tyran. Elle eft héroïque par le caraétere de ceux qui la font, quand ce font des rois , des princes qui asiflent, ou contre qui on agit. Quand l’entreprife eft d’un roi , elle s’éleve, s’annoblit par la grandeur de la perfonne qui agit. Quand elle eft contre un roi, elle s’anno- blit par la grandeur de celui qu’on attaque. La premiere qualité de l’aétion tragique eft donc qu’elle foit héroïque. Mais ce n’eft point aflez : elle doit être encore de nature à exciter la terreur & la pitié; c’eft ce qui fait {a différence, & qui la rend pro- prement tragique. L’épopée traite une aétion héroïque aufli-bien que la sragédie, mais fon principal but étant d’exciter la terreur & l’admiration, elle ne remue l’ame que pour l’élever peu-à-peu. Elle ne connoît point ces fecouf. fes violentes, & ces frémiffemens du théatre qui for- ment le vrai tragique. Voyez TRAGIQUE, 2. La Grece fut le berceau de tous les arts ; c’eft par conféquent chez elle qu'il faut aller chercher l'origine Ki a | 514 TRA de la poëñie dramatique. Les Gyecs nés la plpart avec un génie heureux, ayant le goût naturel à tous les hommes, de voir des choles extraordinaires, étant dans cetre efpéce d'inquiétude qui accompagne ceux qui ont des befoins, & qui cherchent à les rem- plir, dürent faire beaucoup de tentatives pour trou- ver le dramatique. Ce ne fut cependant pas à leur génie ni à leurs recherches qu'ils en furent redeva- bles. | Tout le monde convient que les fêtes de Bacchus _en octcafonnerent la naiffance. Le dieu de la vendan- - ge & de la joie avoit des fêtes, que tous fes adora- ‘teurs célebroient à -l’envi , les habitans de la campa- gne , & ceux qui demeuroient dans les villes. On lui facrifioit un bouc, & pendant le facrifice, le peuple & les prêtres chantoient en chœur à la gloire de ce dieu des hymnes, que la qualité de la viétime fit nom: mer sragédie Ou chant du bouc ,tpa705 wdn. Ces chants ne fe renfermoient pas feulement dans les temples ; on les promenoit dans les bourgades. On traïnoit un homme travefti en Silene, monté fur un âne; &c on fuivoit en chantant & en danfant. D’autres barbouil- lés de lie fe perchoïent fur des charrettes , &c fredon- noient le verre à la main , les louanges du dieu des buveurs. Dans cette efquifle grofliere , on voit une joie licentieufe , mélée de culte &t de religion : on y voit du férieux & du folâtre, des chants rehpieux & des airs bacchiques, des danfes &c desfpeétacles. Ceft de ce cahos que fortit la poëfie dramatique, _ Ces hymnes n’étoient qu'un chant lyrique, tel qu’on le voit décrit dans lEnéide ; où Virgile a, fe lontoute apparence, peint Les facrifices du roi Evan- dre, d’après l’idée qu’onavoit de fon tems des chœurs des anciens. Une portion du peuple (les vieillards , les jeunes gens , Les femmes, les filles, felon la divi- nité dont on faifoit la fête}, fe partageoit en deux rangs , pour chanter alternativement les différens couplets, jufqu’à ce que l’hymne fût fini. Il y en avoit où les deux rangs réunis, & même tout le peuple chantoit enfemble, ce qui faifoit quelque varièté. Mais comme c’étoit toujours du chant, il y repnoit une forte de monotonie , qui à la fin endormoit les afliftans. Pourjetter plus de variété, oncrut qu'il ne feroit pas hors de propos d'introduire un aéteur qui fitquel- que récit. Ce fut Thefpis qui eflaya cette nouveau- té. Son acteur qui apparemment raconta d’abord les a@ions qu’on attribuoit à Bacchus , plut à tous les fpedtateurs ; mais bientôt le poëte prit des lujets étrangers à ce dieu, lefquels furent approuvés du plus grand nombre. Enfin ce récit fut divifé en plu- fieurs parties, pour couper plufeurs fois le chant , &t augmenter le plaifr de la variété. Maïs comme il n’y avoit qu’un feul aéteur , cela ne fufifoit pas ; il en falloit un fecond pour confti- tuer le drame , & faire ce qu'on appelle dialogue: cependant Le premier pas étoit fait , &c c’étoit beau- coup. Efchyle profita de l'ouverture qu'avoit donnée Thefpis , & forma tout-d’un-coup le drame héroi- que, ou la sragédie. Il y mit deux aéteurs au-lieu d'un; älleur fit entreprendre une action dans laquelle :l tranfporta tout ce qui pouvoit lui convenir de lac- tion épique ; il y mit expoñition, nœuds , efforts , dénouement, paffions, & intérêt : dès qu'il avoit {aif l'idée de mettre l’épique en fpeétacle , le refte devoit venir aifément ; il donna à fes aéteurs des ca- ra@teres, des mœurs, une élocution convenable ; & le cœur qui dans l’origine avoit été la bafe du fpeëta- cle , n’en fut plus que laccefloire , & ne fervit que d'intermede à l’ation, de même qu’autrefois l’aéhon lui en avoit fervi, L’admiration étoit la pañlion produite par l’épo- pée, Pour fentir que la terreur &c la pitié étoient cel- Les qui convénoïent à la sragédie,, ce fut aflez de com parer une piece oùces pafhons fe trouvailent, avec quelqu’autre piece qui produisit l'horreur, la frayeur, la haine, ou l'admiration feulement ; lamoindre ré- flexion fut le fentiment éprouvé, & même fans cela, les larmes & les applaudiflemens des fpeétareurs - fuffirent aux premiers poeres tragiques , pour leux faire connoïtre quels étoient les fujets vraiment faits pour leur art, & auxquels ils devoient donner la pré- férence ; & probablement Efchyle en fit lobferva- tion dès la premiere fois que le cas fe préfenta. Voila quelle fut Porigine & la naiffance de la vra< gédie ; voyons fes progrès, & les différens états par où elle a pañlé , en fuivant le goût & le génie des au teurs & des peuples. Efchyle donne à la sragédie un air gigantefque ; destraits durs, une démarche fougueulfe ; c’étoit la tragédie naïflante bien conformée dans toutes fes par- ties, mais encore deftituée de cette politeffe que l’art êc le tems ajoutent aux inventions nouvelles: il fal- loit la ramener à un certain vrai, que les poëtes font obligés de fuivre jufque dans leurs féions. Ce fut le partage de Sophocie, Sophoclenéheureufement pour ce genre de poéfie, avec un grand fond de genie, un goût délicat , une facihité merveilleufe pour l'expreffion, réduifit lamu- fe tragique aux regles de la décence & du vrai; elle apprit à {e contenter d’une marche noble & aflurée, fans orgueil , fans fafte, fans cette fierté sigantefque qui eft au-delà de ce qu’on appelle héroïque ; il futin- térefler le cœur dans toute l’aétion , travailla les vers avec foin ; en un mot il s’éleva par fon génieës par {on travail, au point que fes ouvrages font deve- nus l’exemple du beau &le modele des regles. C’eft auffi le modele de l’ancienne Grece, que la philofo- phie moderne approuve davantage, Il fimitfes jours à l’âge de oo ans, dans le cours defquels il avoit rem- porté dix-huit fois Le prix fur tousfes concurrens. On dit que le dernier qui lui fut adjugé pour fa derniere tragédie , le fit mourir de joie. Son Œdipe eft une des plus belles pieces qui ait jamais paru, & fur la- quelle on peut juger du vrai tragique. Woyez TRA- GIQUE. Euripide s’attacha d’abord aux philofophes: il eut pour maître Anaxagore ; aufli toutes fes pieces font- elles remplies de maximes excellentes pour la con- duite des mœurs ; Socrate ne manquoit jamais d’y affifter , quandil en donnoit de nouvelles ; il eftten- dre , touchant, vraiment tragique , quoique moins élevé & moins vigoureux que Sophocle ; il ne fut cependant couronné que cinq fois ; mais l'exemple du poëte Ménandre , à qui on préféra fans cefle un certain Philémon, prouve que ce n’étoit pas tou= jours la juftice qui diftribuoit les couronnes. Il mou- rut avant Sophocle : des chiens furieux le déchire- rent à l’âge de foixante & quinze ans ; il compofa foixante & quinze tragédies. En général, lasragedie des Grecs eft fimple , natu- relle , aifée à fuivre, peu compliquée ; l’aétion fe prépare , fe noue, fe développe fans effort; il femble que l’art n’y ait que la moindre part; & par-là même, c’eft le chef-d'œuvre de l’art & du génie. Œdipe, dans Sophocle, paroït un homme ordi- raire ; es vertus & fes vices n’ont rien qui foit d’un ordre fupérieur. Il en eft de même de Créon & de Jocafte. Tiréfie parle avec fierté, mais fimplement &c fans enflure. Bien loin d’en faire un reproche aux Grecs, c’eft un mérite réel que nous devons leur envier, Souvent nous étalons des morceaux pompeux, des caraéteres d’une grandeur plus qu'humaine , pour cacher les défauts d’une piece qui, fans cela , auroit peu de beauté. Nous habillons richement Hélene, les Grecs favoient la peindre belle ; ils ayoient aflez de génié pour conduire une action, & l’étendre dans l’efpace de cinq aétes , fans y jetter rien d’é- tranger , n1 fans y lafler aucun vuide; la nature leur fournifoit abondamment tout ce dont ils avoient be- foin: & nous ; nous fommes obligés d'employer l’art ,; de chercher, de faire venir une matiere qui fouvent réfifte : & quandleschofes, quoique forcées, font àpeu-près aflorties , nous ofons dire quelque- fois : « il y a plus d’aft chez nous que chez les Grecs, # nous avons plus de génie qu'eux , & plus de » force », Chaque aéte eft terminé par un chant lyrique, qui exprime les fentimens qu’a produits l’aéte qu’on a vu, êc qui difpofe à ce qui fut. Racine a imité cet ufage dans Efther & dans Athalie. . Ce qui nous refte des tragiques latins , n’eft point digne d’entrer en comparaifon avec les Grecs. Séneque a traité le fujet d'Œdipe, après Sopho- cle : la fable de celui-ci eft un corps proportionné & régulier: celle du poëte latin eft un coloffe monf- trueux, plein de fuperfétations : on pourroit y re- trancher plusde huit cens vers, dont l’a&tion n’a pas befoin ; fa piece eft prefque le contrepié de celle de Sophocle d’un bout à l’autre. Le poëte grec ouvre la fcène par le plus grand de tous lestableaux. Un roi à la porte de fon palais , toutun peuple gémiflant , des autels dreflés par-tout dans la place publique, des cris de douleurs. Séneque préfente le roi qui fe plaint à {a femme , commeun rhéteur l’auroit fait du tems de Séneque même. Sophoclene ditrien qui ne foit néceflaire , tout eft nerf chez lui , tout contribue au mouvement. Séneque eftpar-tout furchargé, accablé d’ornemens ; c’eftune mafle d’embonpoint qui a des couleurs vives , & nulle ation. Sophocle eft varié naturellement ; Séneque ne parle que d’oracles , que de facrifices fymboliques , que d’ombres évoquées, Sophocle agit plus qu'ilne parle, il ne parle même que pour l’aétion ; & Séneque n’agit que pour par- ler & haranguer; Tiréfie, Jocafte, Créon, n’ont point de caraétere chez lui ; Œdipe même n’y eft point touchant. Quand on lit Sophocle , oneft affli- gé ; quand on lit Séneque , ona horreur de fes def: criphons , on eft dégoûté & rebuté de fes longueurs. Paflons quatorze fiecles, & venons tout-d’un-coup au grand Corneille , après avoir dit un mot de trois autres tragiques qui le précéderent dans cette car- HÈTE S US Jodelle ( Etienne ), né à Parisen1532, morten 1573, porta le premier fur le théatre françois , la forme de la sragédie greque , &r fitreparoître le chœur antique, dans fes deux pieces de Cléopatre & de Di: don ; mais combien ce poëte refta-t-il au-deflous des grands maitres qu’il tâcha d’imiter ? il n’y a chez lui que beaucoup de déclamation, fans ation , fans jeu, &t fans regles. Garnier (Robert ), né à la Ferté-Bernard, au Maine, en 1534, mort vers l’an 159$, marchafur les traces de Jodelle, maisavec plus d’élévation dans fes penfées, & d'énergie dans fon ftyle. Ses tragédies firent les délices des gens de lettres de fon tems, quoi- qu’elles foient languifantes & fans a@tion. Hardy ( Alexandre ) qui vivoit fous Henri IV. & qui pañloit pour le plus grand poëte tragique de la France, ne mérita ce titre que par fa fécondité éton- nante. Outre qu'il connoïfloit mal les regles de la fce- ne , & qu'il violoit d'ordinaire lPunité de lieu , fes versfont durs, & fes compofitions grofferes : enfin voici la grande époque du théatre françois , qui prit naïflance fous Pierre Corneille. Ce génie fublime , qu’on eût appellé tel dans les plus beaux jours d'Athènes & de Rome , franchit prefque tout-à-coup les nuances immenfes qu'il y avoit entre les effais informes de fon fiecle, & les produétions les plus accomplies de l’art; Les ftances Tome XV1, TR A ÿ15 ténorent à-pét-près la place des chœurs ; ais Cor- nerlle à chaque pas failoit des découvertes. Bientôt il n’y etit plus de ftances ; la fcène fut OcCupée par le combat des pafions nobles, les intrigues, les ca= raéteres, tout eut de la vraiflemblance ; les unités réparurent, & le poëme dramatique eut de ’aétion, des mouvemens, des fituations, des coups de théa- tre. Les événemensfurent fondés , les intérêts ména ges, & les fcènes dialoguées. | Cet homme rare étoit né pouréréer la poéfie théa- trale , f elle ne l’eût pas éré avant lui. Il réunit tou- tes les parties; le tendre , Le touchant , le terrible, le grand , le fublime ; mais ce qui domine fur toutes ces qualités, & qui les embrafle chez lui , c’eft la grandeur & lahardieffe. C’eft Le génie qui fait tout en lui, quia créé les chofes & les expreffions ; il a par- tout une majefté , une force , une magnificence , qu'aucun denos poëtes n’a furpañlé. Avec ces grands avantages , il ne devoit pas s’at= tendre à des concurrens ; il n’ena peut-être pas en- core eu fur notre théatre , pour l’héroïfme; mais il n'en a pasété de même du côté des fuccès, Une étu- de réfléchie des fentimens des hommes , qu'il falloit émouvoir , vintinfpirer un nouveau genre à Racine, lorfque Cornelle commencoit À vieillir, Ce premier avoit pour ainfi dire rapproché les paffions des an- ciens, des ufages de fa nation ; Racine, plusnaturel, mit au jour des pieces toutes françoifes ; guidé par cetinftinét national qui avoitfait applaudir les roman: ces, la cour d'amour, les cartoufels , les tournois en l'honneur des dames, les galanteries refpettueu- fes de nos peres; ildonnades tableaux délicats de la vérité de la paffion qu'il crut la plus puiffante fur ame des fpeétareurs pour lefquels il: écrivoit, Corneille avoit cependant connu ce gente, & fem: bla ne vouloir pas y donner fon attache; mais M. Ra cine ,né avec la délicateffe des paffions , un goût ex= quis , nourri de la leéture des beaux modeles de la Grece, accommoda la sragédie aux mœurs de fon fiecle & de fon pays. L’élévation de Corneille étoit un monde où beaucoup de gens nepouvoient arriver, D'ailleurs ce poëte avoit des défauts ; il y avoit chez lui de vieux mots, des difcours quelquefois embar- raflés, des endroits qui fentoientle déclamateur. Ra: cine eut le talent d'éviter ces petitesfautes : toujours élégant, toujours exa@t, il joignoit le plus grand art au génie , & fe fervoit quelquefois de l’un pour rem- placer l’autre : cherchant moins à élever lame qu’à la remuer , il parut plus aimable, plus commode , & plus à la portée de tout {petateur. Corneille eft j comme quelqu'un l’a dit, un aigle qui s'éleve au- deflus des nues , qui regarde fixément le foleil, qui fe plait au milieu des éclairs & de la foudre. Racine cftune colombe qui gémit dans des bofquets de mir- the , au milieu des rofes. ILn’y a perfonne qui n’ai= me Racine ; maisiln’eft pas accordé àtout le monde d'admirer Corneille autant qu'il le mérite, L’hiftoire de la sragédie françoïfe ne finit pointici ; mais c’eft à la poftérité qu’il appartiendra de la con- tinuer. Les Angloisavoient déja un théatre , auffi-bien que les Efpaonols , quand les François n’avoient encore que dés tréteaux : Shakefpear (Guillaume ) fleuri foit à-peu-près dans le tems de Lopez de Véga, & mérite bien que nousnous arrêtions fur fon caractere j puifqu’il n’a jamais eu de maître , ni d’égal. | Il naquit en 1564, à Stratford dans le comté de Warwick, & mourut en 1616. Il créa le théatre an- glois par un génie plein de naturel , de force , & de fécondité , fans aucune connoiffance des regles: on trouve dans ce grand génie, le fondsinépuifable d’une imagination pathétique & fublime , fantafque & pi- torefque , fombre & gaie , une varieté prodigieufe de caraéteres , tous fi-bien contraftés , qu’ils ne tiens Ttty $rô TR A nent pas un feul difcouts que l’on püt tranfporter : de l’un à l’autre; talens perfonnels à Shakefpear, &c dans lefquels il furpafle tous les poëtes du monde : il ya de fi belles fcènes , des morceaux fi grands êc fi terribles , repandus dans fes pieces tragiques, d’ail- leurs monftrueufes, qu’elles ont toujours été jouées avec le plus grand fuccès. Il étoit fi bien né avec toutes les femences de la poëfie, qu’on peut le com- parer à la pierre enchâflée dans Panneau de Pirrhus, qui,àce que nous dit Pline , repréfentoit la figure d’Apollon , avec les neufmufes, dans ces veines que la nature y avoir tracées elle-même, fans aucun fecours de l'art. ; Non-feulement il eft le chef des poëtes drama- tiques angloiïs, mais 1l pafle toujours pour le plus excellent; 1l n’eut ni modeles ni rivaux, les deux Sources de lémulation, les deux principaux aiguillons du génie, La magnificence ou l'équipage d’un héros ne peut donner à Brutus la majefté qu'il reçoit de quelques lignes de Shakefpear ; doué d’une imagi- nation egalement forte & riche, 1l peint tout ce qu'il voit, & embellit prefque tout ce qu'il peint, Dans les tableaux de lAlbane, les amours de {a fuite de Vénus ne font pas repréfentés avec plus de graces, que Shakefpear en donne à ceux qui font le cortege de Cléopatre, dans la defcription de la pompe avec laquelle cette reine fe préfente à Antoine fur Les bords du Cydnus. Ce qui lui manque, c’eft Le choix. Quelquefois en lifant fes pieces on eft furpris de la fublimité de ce vafte génie , mais il ne laiffe pas fubfifter Padmira- tion. À des portraits où regnent toute l'élévation & toute la nobleffe de Raphaël, fuccedent de miféra- bles tableaux dignes des peintres de taverne. Il ne fe peut rien de plus intéreflant que le mono- logue de Hamlet, prince de Danemark , dans le troifieme acte de la sragédie de ce nom : on connoit la belle traduétion libre que M. de Voltairera fait de ce morceau, To be, or not to be ! thatis a queflion | &tc. Demeure, il faut choifir, & palfer à l’inftant, De la vie à La mort, ou de l’étre au néant. Dieux cruels, s’il en eff, éclairez mon courage; Faut-il vieillir courbe fous la main qui m'outrage, Supporter ou finir mon malheur 6 mon fort ? Qui fuis-je ? qui m'arréte? 6 qu’efl-ce que la mort ? C’ef? La fin de nos maux, c'ef? mon unique afyle; Après de longs tranfports c'eflun fommeil tranquille ; On s'endort, & tout meurt, mais un affreux réveil Doi fuccéder peut-être aux douceurs du Jommeul. On nous menace ; on dit que cette courte vie, De rourmens éternels ef auffr -16t fuivie. O mort ! moment fatal ! affreufe éternité, Tour cœur à ton feul nom Je glace épouvante ! Eh ! qui pourroir fans toi fupporter certe vie: De nos prêtres menteurs bénir l’hypocrifre : D'une indigne maïtref[e encenfer les erreurs : Rarmper fous un miniffre, adorer fes hauteurs : Et montrer les langueurs de fon ame abattue A des amis ingrats qui détournent la vue ? La mort feroit trop douce en ces extTÉMITES » Mais le ferupule parle & nous crie arrêtez ; IL défend à nos mains cet heureux homicide, Er d’un heros guerrier fait un chrétien timide. L'ombre d’Hamlet paroiït, & porte la terreur fur la fcène , tant Shakefpear pofledoit le talent de peindre : c’eft par-là qu’il fut toucher le foible fuper- fticieux de l'imagination des hommes de fon tems, & réufhr en de certains endroits où il n’étoit fou- tenu que par la feule force de fon propre génie, Il y a quelque chofe de fi bifarre, & avec cela de fi grave dans les difcours de fes phantômes, de fes fées, de fes forciers, & de fes autres perfonnages chiméri- ques, qu'on ne fauroit s'empêcher deles:croire n4- turels, quoique nous n’ayons aucune regle fixe pour en bien juger, &c qu'on eft contraint d’avouer , que s’il y avoit de tels êtres au monde; il eft fort pro- bable qu'ils parleroient &êc agiroient dela maniere dont 1l les a repréfentés. Quant à fes défauts , on les excufera fans doute , fi lon confdere que lefprit humain ne peut de tous côtés franchir les bornes que Le ton du fiecle, les mœurs &t les préjugés oppo- {ent à fes eflorts. | Les ouvrages dramatiques de ce poète parurent pour la premiere fois tous enfemble en 1623 2-fol. &t depuis M°.Rowe, Pope, Théobald, 8 Warbur- thon, en ont donné à-l’envi de nouvelles éditions. On doit lire la préface que M.Pope a mife au-devant de la fienne fur le caraétere de l’auteur. Elle prouve que ce grand gémie, nonobftant tous fes défauts, mérite d’être mis au-deflus de tous les écrivains dra- matiques de l'Europe. On peut confidérer fes ouvra: ges, comparés avec d’autres plus polis & plus régu: liers, comme un ancien bâtiment majeftueux d’ar- chiteéture gothique , comparé avec un édifice mo- detne d’une architetture réguliere ; cerdernier eft plus élégant, mais le premier a quelque, chofe de plus grand. Il s’y trouve affez de matériaux pour fournir à plufeurs autres édifices. Ily regne pluside variété, & les appartèmens font bien plus vaftes; quoiqu'on y arrive fouvent par des paflagesobfcurs, bifarrement ménagés ;:8c défagréables, Enfin tout le corpsinfpire du refpect, quoique pluñeurs des par- ties foient de mauvais goût, mal difpofées, & ne ré- pondent pas à: fa grandeur, ‘4 ll eft bon deremarquer qu’en général c’eft dans les morceaux détachés que les tragiques anglois ont les plus excelle. Leurs anciennes pieces dépourvues d'ordre, de décence , & de vraiflemblance, ont des lueurs étonnantes au milieu de cette nuit: Leur ftyle eft trop ampoule, trop rempli de l’enflure afiatique, mais auffi il faut avouer que les échafles du ftyle f- guré fur lefquelles la langue angloife eft guindée dans le tragique, élevent l’efprit bien haut, quoique-par une marche irrégulere. Johnfon (Benjamin), fuivit de près Shakefpear 8t fe montra un des plus illuftres dramatiques an- glois du dix-feptieme fiecle. Il naquit à Weftminiter vers lan 1575, & eut Cambden pour maître; mais fa mere qui s’étoit remariée à un maçon, lobligea de prendre le métier de fon beau-pere ; il travailla par indigence aux bâtimens de Lincoln’Inn, avec la truelle à la main & un livre en poche. Le goût de la poëfñe lemporta bien -tôt fur l’équerre; 1: donna des ouvrages dramatiques, fe livra tout -entier au théatre, & Shakefpear le protégea. Il fit repréfenter ; en 1601, une sragédieintitulée La Chute de Séjan. Si lon mn'objette, dit-il dans fa pré- face , que ma piece n’eft pas un poëme felon les re- eles du tems, je avoue; 1l y manque même un chœur convenable , qui eft la chofe la plus dificile à mettre en œuvre. De plus, 1l n’eft n1 néceffaire, ni poflible d’obferver aujourd’hui la pompe ancienne des poëmes dramatiques , vi le caraétere des fpeta- teurs. Si néanmoins, continue-t-1l, j’ai rempli les devoirs d’un atteur tragique, tant pour la vérité de l'hiftoire & la dignité des perfonnages ,.que pour la gravité du ftyle, & la force des fentimens, ne m'im- putez pas l’omuiflion de ces accefloires, par rapport auxquels (fans vouloir me vanter), je {uis mieux en état de donner des regles , que de les négliger faute de les connoître. | En 1608 il mit au jour la Cozuration de Catilina ; je ne parle pas de fes comédies qui lui acquirent beaucoup de gloire. De l’aveu des connoïffeurs, Shakefpear & Johnfon, font les deux plus grands dramatiques dont l'Angleterre puifle fe vanter, Le andignes d'eux, -que dans les mauvaifes pieces de Johnfon, on ne TIR: AT dernier a donné d’auffi bonnes regles pour petfec- ! tionner le théatre que celles de Corneille. Le-premier devoit tout au prodigieux génie naturel qu'il avoit; Johnfon devoit beaucoup à fon art & à {on favôir, il eft vrai que l’un & l’autre font auteurs d'ouvrages avec cettendifférence néanmoins, Ærouve aucuns veftiges de Pauteur du Renard & du :Chirmifle, au-lieu que dans les morceaux les plus bi- farres de Shakefpear, vous trouverez çà &c là des traces qui.vous font reconnoître leur admirable au- teur. Jonhfon avoit au-defiis.de Shakefpear une pro- fonde connoïflance des anciens; & il y puiloit har- diment. [l n’y a guere de poëte ou d’hiftoriens ro- -mains des tems.de Séjan 8: de: Catilina qu'il nait traduit dans Les deux sragédies, dont ces deux ‘hom- mes lux ont fourni le fujet; maisil s'empare des au- teurs en conquérant, & ce qui feroit larcin dans «d’autres poëtes, «ft chez lui vidoire & conquête. Il mourutler6 Août 1637, &futenterré dans abbaye de Weftminftery on mit fur fon-tombeau cette épi- faphe/courte, & qui dit tant de chofes. O rare Ben John/fon. ÿ … Oiway (Thomas), né dans la province de Suffex en 1651, mourut en 1685 , à l’âge de 34 ans. Il réuf- fit admirablement dans la partie tendre &ztouchante; mais 11 ya quelque chofe de trop familier dans les endroits qui auroient dû être foutenus par la dignité de Pexpreflion, Fenife fauvée &t l’Orpheline, {ont fes deux,meiïlleures. sragédies. C’eft dommage qu'iliait fondé la premiere fur une: intrigue fi yicieule, que les plus grands caraéteres qu’on y trouve, font ceux de rébelles & de traitres. Si le hérosde fa piece avoit fair paroître autant de belles qualités pour la dé- fenfe de fon pays qu’il en montre pour fa rune, on n'auroit trop pù l’admirer. On peut dire de lui ce qu’un hiftotien romain dit de Catilina, que fa mort auroit été glorieute, fé pro parrié fée concidiffet: Otway poflédoit parfaitement l'art d'exprimer les pafions dans le-tragique, & de les peindre avec une fim- phcité naturelle; il.avoit auf. le talent d’exciter quelquefois les plus vives-émotions. Mademoifelle Barry, fameufe aërice,, qui faifoit le rôle de Moni- me dans l’Orpheline | ne prononcoit jamais fans ver- fer des larmes ces trois mots : 44, pauvre Caflalio ! Enfin Beviledere metrouble, & Monime m'attendrit toujours : ainf la terreur s'empare de l’ame ; & Part fait couler des pleurs honnètes. Congrive (Guillaume }, né enlrlande en 1672, ê mort à Londres en 1729, fit voir le premier fur le théatre anglois, avec beaucoup d’efprit, toute {a correéhon & la régularité qu’on peut defirer dans le dramatique ; on en trouvera la preuve dans toutes {és pieces, & en particulier dans fa belle tragedie, lEpoufe affligée, she Mourning bride. Rowe (Nicolas), naquit en Dévonshire en 1673, & mourut à Londres en:718, à 45 ans, & fut en- terré à Weftminfter, vis-à-vis de Chaucer. Il fe fit voir auf régulier que Congrève dans fes tragédies. Sa premiere piece, l'Ambisieufe belle - mere, mérite toutes fortes de louanges par la pureté de la dition, la juftefle des cara@eres, & la nobleffe des fenti- mens : mais celle de fes sragédies, dont il faifoit le plus de cas, & qui fut auf la plus eftimée > Étoit fon Tarrerlan. Il reone dans toutes {es pieces un efprit de vertu & d’amour pour la patrie qui font honneur à fon cœur ; il faifit en particulier toutes les occa- fons qui fe préfentent de faire fervir le théatre à infpirer les orands principes de la liberté civile. s Ïl efttems de parler de lillufire Addifon ; fon Ca- ton d’Attique eftle plusorand perfonnage , & fa pie- ce eft la plus belle qui {oit fur aucun théatre. Ceft un chef-d'œuvre pour la régularité, l'élégance , la poëfie & l'élévation des fentimens, Ilparutà Lons DR y dres enir713, & tous les partis quoique divifés & Gppotéss'accorderent à admirer. La reine Anne dé. firaquecette piece lui fût dédiée; ‘mais l’auteur pour ne manquer hi à fon devoir ni à fon honneur, Painis au jour fans dédicace. M. Dubôsentraduifit quelques fcènes en françois. L’abbé Salvinien er à donné une traduétion complette italiennes les Jéfuites-anglois de Saint-Omer mirent cette piece en latin, &c la - rent repréfenter publiquement par leurs écoliers. M, Sewell, doéteur en médecine } & le chevalier Steele l'ont embellie de remarques favantes & pleines dé got, . | à j Tout le caraëtere de Caton eft conforme à l'hiftois tel excite notre admiration pour un romain auffi Vértueux qu'intrépide. Il nous attendrit à la vue du mauvais fuccès de {es nobles efforts pour le foutien de la caufe publique. Il! acctoit notre indignatiort contre Céfar en ce que’ la plus éminente vertu fé trouve opprimée par un tyran heureux. Les caraéteres particuliers font diflingués les uns _ desautres par des nuances de couleur différente. Por: tius&e Marcus ont leurs mœurs &leurs tempéramenss & cette peinture fe remañque dans tout le cours dé la piece, par loppoñtion qui règne dans leurs fena mens, quoiqu'ils foïent amis. L’uneft-calme & dé fang froid , l’autre eft plein de feu & de vivacité. Ils _ fe propofent tous deux de fuivte Pexemple de leur pere; l’ainé le confidere comme le défenféur de la libertés; lé cadet le regarde comme l'ennemi de Cé- far; l’un imite fa fagefle, & l’autre {on rele pour Rome. Le caraëtére de Juba eft neuf, il prend Caton pout modele, & il s'y trouve encore engagé par fo amour pour Marcia ; fa honte lorfque {a pañlion eff découverte, fon refpe& pour Pautorité de Caton , fon entretien avec Syphax touchant la fupériorité des exercices de l’efprit {ur ceux du corps, embelliffent encore les traits qui Le regardent, La différence n’eftpas moins fenfiblement expoféée entre les caraéteres vicieux. Sempronius & Syphax font tous deux lâches, traîtres & hypoctites; mais chäcun à leur maniere ;la perfidie du romain & celle de Pafricain font aufi différentes que leur humeur. Lucius,, l’oppofé de Sempronius & ami de Caton, eft d’un caractere doux, porté À la compañlion , fen- fible, aux maux de tous ceux qui fouffrent , non par foiblefle | mais parce qu'il eff touché des malheuré auxquels il voit {a patrie en proie. Les-deux filles {ont animées du même efprit què leur pere ; celle de Caton s’intérefs vivement pouf la caufe de la vertu; elle metua frein À une violente paflion en réfléchiffant à {à naiffance ; & par un arti- fice admirable du poëte, elle montre combien elle eftimoit {on amant, à l’occafon de {à mort fuppofée. Cetincident eft aufli naturel qu'il étoitnéceflaire : &e il fait difparoître ce qu’il ÿ auroit eu dans cette paf. fion de peu convenable à la fille de Caton. D’unautre côté, Lucié d’un caradtere doux & tendre, ne peut déguifer fes fentimens, mais après les avoir déclarés, la crainte des conféquences la fait réfoudre À attendre le tour que prendront les affaires ,; AVant que deren. dre fon ämant heureux, Voilà le caraere tinnude & fenfible de fon pere Lucius ; & en même tems {ün attachement pour Marcia l’enoage aufi avant que l'amitié de Lucius pour Catoni. Dans le dénouement qui eft d’un ordre mixte > (a vertu malheureufe eft abandonnée au hazard & aux dieux; mais tous les autres perfonnages vertueux font récompentés. LE Cette tragédie eft trop connue pour entrer dans le détail de fes beautés particulieres, Le {ul ioliloque de Caton, ae V. fèène 1, fera toujours l'admiration des philofophes ; if finit ainfi, 2 Lerguilt or fear 3 FT R A Difflurb mars reff : Cato knows neither of” em, Indifferent in his choice to Jleep ; or die. s18 « Que le crime ou la crainte troublent le repos de » l’homme , Caton ne connoit ni l’une ni l'autre, in- » différent dans fon choix de dormir ou de mourir. Addifon nous plait par fon bon goût &c par fes peintures fimples. Lorfque Sempromus dit à Porcius qu'il feroit au comble du bonheur , fi Caton fon pere vouloit lui accorder fa fœur Marcia, Portius répond, aile I. feène 2: Alas! Sempronius , wouldf? thou talk of love To Marcia whilf£ her fathers life’s in danger ? Thou migh[t as well court the pale trembling vefial, When she beholds the holy flame expiring. « Quoi Sempronius, voudriez-vous parler d'amour » à Marcia, dans le tems que la vie de fon pere eft » menacée? Vous pourriez aufh-tôt entretenir dewo- » tre pañlion une veftale tremblante & effrayée à la » vue du feu facré prêt à s’étemdre fur l'autel ». Que cette image eft belle & bien placée dans la bouche d’un romain ! C’eft encore la majefté de la religion qui augmente la noblefle de la peniée. L'idée eft neuve, & cependant fi fimple, qu'il paroiït que tout le monde l’auroit trouvée. Quant à l'intrigue d'amour de cette piece, un de nos beaux génies , grand Juge en ces matieres, lä con- damne en plus d'un endroit. Addifon, dit M. de Vol- taire , eut la molle complaifance de plier la févérité de {on caraétere aux mœurs de fon tems, & gâta un chef-d'œuvre pour avoir voulu lui plaire. J'ai cepen- dant bien de la peine à foufcrire à cette décifion. Il eft vrai que M. Addifon reproduit fur la fcene l’a- mour , fujet trop ordinaire & ufé; mais il peint un amour digne d'une vierge romaine , un amour chañte & vertueux, fruit de la nature & non d’une imagina- tion déréglee. Toute belle qu’eft Porcia, c’eftle grand Caton que le jeune prince de Mafinife adore en fa fille. | Les amans font ici plus tendres & en même tems plus fages que tous ceux qu’on avoit encore intro- duits fur le théatre. Dans notre fiecle corrompu il faut qu’un poëte ait bien du talent pour exciter l’ad- miration des hbertins, & les rendre attentifs à une paffñion qu'ils n’ont jamais reflentie ,ou dont ilsn’ont emprunté que le mafque. « Ce chef-d'œuvre dramatique qui a fait tant » d'honneur à notre pays & à notre langue ( dit » Steele ) , excelle peut-être autant par les paflons » des amans que par la vertu du héros. Du-moins » leuramour quine fait que les caraéteres du fecond » ordre, eft plus héroïque que la grandeur des prin- » cipaux caracteres de la plüpart des sragédies ». Je n’en veux pour preuve que la réponfe de Juba à Mar- cie, aite I. fcène 5, lorfqu’elle lui reproche avec di- gnité de l’entretenir de fa paflion dans un tems où le bien de la caufe commune demandoit qu'il füt occu- : pé d’autres penfées. Replique-t-il comme Pyrrhus à Andromaque ? 4 aincu , chargé de fers , de regrets confumé , À Brälé de plus de feux que je n’en allumat, Tant de foins,tant de pleurs tant d'ardeurs inquietes.… Non; mais en adorant la fille de Caton, il fait que pour être digne d'elle, 1l doit remplir fon devoir. Vos reproches , répond-il à linftant, font juftes, vertueufe Marcie , je me hâte d’aller joindre nos troupes, 6c. Et en effet 1l la quitte. Thy reproofs are juff Thou virtuous maïd ; l’IL haflen 0 my troops, &c, Le Caton françois de M. des Champs eft au Caton anglois ce qu’eft la Phedre de Pradon à la Phedre de Racine. Addifon mourut en 1719, âgé de 47 ans, & fut enterré à Weftminfter. Outre qu'il eft un des plus purs écrivains de la Grande-Bretagne , c’eft le .poëte des fages. Depuis Congreve & lui, les pieces du théatre an- glois {ont devenues plus réguheres, les auteurs plus correéts & moins hardis; cependant les monftres brillans de Shakefpear plaifent mille fois plus que la fagefle moderne. Le génie poétique des Anglois , dit M. de Voltaire, reflemble à un arbre touffu planté par la nature, jetant au hazard mulle rameaux, & croiflant inévalement avec force ; 1l meurt , fi vous voulez le tailler en arbre des jardins de Marly. C’en eft aflez fur les illuftres poëtes tragiques des deux nations rivales du théatre ; mais comme 1l im- porte à ceux qui voudront les imiter, de bien con- noitre le but de la sragédie | & de ne pas fe mépren- dre fur le choix des {jets & des perfonnages qui lui conviennent, ils ne feront pas fichés de trouver ici là-deflus quelques conieils de M. Pabbé Dubos , par- ce qu'ils font propres à éclairer dans cette route épi- neufe. Nous finirons par difcuter avec lui fi Pamour eft Jeflence de la éragèdie. ‘Ce qui nous engage à nous arrêter avec complai- fance fur ce genre de poëme auquel préfide Melpo- mène, c’eft qu'il affecte bien plus que la comédie. Il eit certain que les hommes en général ne font pas autant émus par l’aétion théatrale , qu'ils ne font pas auf livrés au fpeétacle durant la repréfentation des comédies , que durant celles des sragédies, Ceux qui font Leur amufement de la poëfie dramatique, parlent plus fouvent & avec plus d’affeétion des sragédies que des comédies qu'ils ont vues ; 1ls favent un plus grand nombre de vers des pieces de Corneille & de Raci- ne, que de celles de Moliere. Enfin le public préfere le rendez-vous qu’on lui donne pour le divertir en le faifant pleurer , à celui qu’on lui préfente pour le divertir en Le faifant rire. La tragédie, fuivant la fignification qu’on donnoit à ce mot, eft limitation dela vie & des difcours des héros fujets par leur élévation aux pañfions &c aux cataftrophes , comme à revêrir les vertus les plus fu- blimes. Le poëte tragique nous fait voir les hommes en proie aux plus grandes agitations. Ce font des dieux injuftes, mais tous puiffans ; qui demandent qu’on égorge aux piés de leurs autels une jeuneprin- cefle innocente. C’eft le grand Pompée, le vainqueur de tant de nations & la terreur des rois d'Orient, maffacré par de vils efclaves. Nous ne reconnoïflons pas nos amis dans les per- fonnages du poëte tragique; mais leurs paffions font plus impétueufes ; 8&c comme leslois ne font pour ces pafions qu’un frein très-foible, elles ont bien d’autres fuites que les pafions des perfonnages du poëte co- mique. Ainfi laterreur &c la pitié que la peinture des événemens tragiques excite dans notre ame , nous occupent plus que le rire & le mépris que les inci- dens des comédies produifent en nous. Le but de la sragédie étant d’exciter la terreur &c la compafhon, il faut d’abord que le poëte tragique nous fafle voir des perfonnages également aimables & ef- timables, & qu’enfuite 1l nous les repréfente dansun état malheureux. Commencez par faire eftimer ceux pour lefquels vous voulez m'intéreffer. Infpirez de la vénération pour les perfonnages deftinés à faire couler mes larmes. I eft donc néceflaire que les perfonnages de la‘zra- gédie ne méritent point d’être malheureux , ou du- moins d’être auffi malheureux qu'ils le font. Si leurs fautes font de véritables crimes , il ne faut pas que ces crimes aient été commus volontairement. Œdipe ne feroït plus un principal perfonnage de sragéde , s’il avoit fu dans le tems de fon combat, qu'iltiroit l'épée contre fon propre pere, Les malheurs desfcélérats font peu propres à nous toucher ; ils font un jufte fupphce dont limitation ne fauroit exciter en nous ni terreur , ni compaflon véritable. Leur fupplice , fi nous le voyions réelle- ment, exciteroit bien en nous une compaflion ma- ‘chinale ; mais comme l’émotion que Les imitations produifent , n’eft pas aufh tyrannique que celle que l’objet même exciteroit , l’idée des crimes qu’un per- fonnage de sragédie a commis, nous empêche defen- tir pour lui une pareille compañfon. Il ne lui arrive rien dans la cataftrophe que nous ne lui ayons fou- haité plufieurs fois durant le cours de la piece, & nous applaudiflons alors au ciel qui juftifie enfin fa lenteur à punir. Il ne faut pas néanmoins défendre d'introduire des perfonnages fcélérats dans la sragédie, pourvu que le principal intérêt de la piece ne tombe point fur eux. Le deffein de ce poëme eft bien d’exciter en nous la terreur & la compañion pour quelques-uns de fes perfonnages , mais non pas pour tous fes perfonna- ges, Ainf le poëte, pour arriver plus certainement à {on but , peut bien allumer en nous d’autres paffions qui nous préparent à fentir plus vivement encore les deux qui doivent dominer fur la fcène tragique , je veux dire la compañfion & la terreur. L'indignation que nous concevons contre Narcifle , augmente la compañlion & la terreur où nous jettent les mal- heurs de Britannicus. L’horreur qu’infpire le difcours d'Œnone, nous rend plus fenfble à la malheureufe deftinée de Phèdre. | On peut donc mettre des perfonnages fcélérats fur la fcène tragique , ainfi qu’on met des bourreaux dans Le tableau qui repréfente le martyre d’un faint. Maïs comme on blâmeroit le peintre qui peindroit ai- mables des hommes auxquels il fait faire une aétion odieufe ; de même on blämeroit le poëte qui donne- roit à des perfonnages fcélérats des qualités capables de leur concilier la bienveillance du fpeîateur. Ce feroit aller contre le grand but de la sragédie, que de peindre le vice en beau , qui doit être de purger les paññons en mettant fous nos yeux les égaremens où elles nous conduifent , & les périls dans lefquels elles nous précipitent. | Les poëtes dramatiques dignes d'écrire pour le théatre , ont toujours regardé l'obligation d’infpirer la haine du vice, & l'amour de la vertu , comme la premiere obligation de leur art. Quand je dis que la tragédie doit purger les pañions, j'entends parler feu- lement des SAME vicieufes & préjudiciables à la locièté, & l’on le comprend bien ainfi. Une sragédie qui donneroit du dégoût des paffions utiles À la focié- té, telles que font l'amour de la patrie , amour de la gloire, la crainte du deshonneur, &c. feroit auffi vicieufe qu’une sragédie qui rendroit le vice aimable, Ne faites jamais chauffer Le cothurne à des hom- mes inférieurs à plufeurs de ceux avec qui nous * vivons , autrement vous feriez auffi blâmable que fi Vous aviez fait ce que Quintilien appelle , donner le rôle d'Hercule à jouer à un enfant , pe/onam Hercu- lis, G cothurnos aptare infantibus. Non-feulement il faut que le caraétere des princi- paux perfonnages foit intéreffant , mais il eft nécef- faire que les accidens qui leur arrivent foient tels qu'ils puiflent affliger tragiquement des perfonnes raifonnables , & jetter dans la crainte un homme courageux. Un prince de quarante ans qu’on nous repréfente au défefpoir , & dans la difpoñition d’at- tenter fur lui-même , parce que fa gloire & fes inté- rèts l’obligent à fe {éparer d’une femme dont il eft amoureux &C aimé depuis douze ans, ne nous rend guere compatiffans à fon malheur ; nous ne faurions le plaindre durant cinq aûtes. Les excès des paffions où le poëte fait tomber fon Réros , tout ce qu’il lui fait dire afin de bien perfua- TR A ÿ19 der les fpeétateurs que l'intérieur de ce perfonnage eft dans l'agitation la plus affreufe , ne fert qu’à le dé grader davantage, On nous rend le héros indifférent, en voulant rendre laétionintéreffante, L’ufage de ce qui fe pañle dans le monde, & l’expérience de nos amis au défaut de la nôtre, nous apprennent qu'une paflion contente s’ufe tellement en douze années : qu’elle devient une fimple habitude, Un héros obligé par fa gloire & par l'intérêt de fon autorité , à rom» pre cette habitude, n’endoitpas étreaflezaffligé pour devenir un perfonnage tragique ; il cefle. d’avoir la dignité requife aux perfonnages de la tragédie , fi {on affiétion va jufqu’au défefpoir. Un tel malheur ne fauroit l’abattre , s’il a un peu de cette fermeté fans laquelle on ne fauroit être, je ne dis pas un héros ; mais même un homme vertueux. La gloire, dira-t-on, Pemporte à la fin, & Titus, de qui Pon voit bien que vous voulez parler, renvoie Bérénice chez elle. Mais ce n’eft pas là juftifier Titus, c’eft faire tort à la réputation qu'il a laifiée ; c’eft aller contre les lois de la vraiffemblance & du pathétique véritable, que de lui donner, même contre le témoignage de l’hi- ftoire, un caractere fi mou & fi efféminc. Auff quOi= que Bérénice foit une piece très-méthodique , & par- faitement bien écrite, le public ne la revoit pas avec le même goût qu’il itPhedre & Andromaque.Racine avoit mal choïfi fon fujet ; & pour dire plus exacte. ment la vérité , 1l avoit eu la foiblefle de s’engager à le traiter fur les inftances d'une grande princefle, De ces réflexions fur le rôle peu convenable que Racine fait jouer à Titus, il ne s’enfuit pas que nous profcrivions amour de la tragédie, On ne fauroit blA- mer les poëtes de choifir pour fujet de leurs imita tions les effets des pañlions qui font les plus cénéra- les , & que tous les hommes reflentent ordinaire. ment. Or de toutes les pafñons , celle de l'amour eft la plus générale ; il n’eft prefque perfonne qui n’ait eu le malheur de la fentit du-moins une foisen fa vie. C’en eft aflez pour s’intérefler avec affe@ion aux pie= ces de ceux qu’elle tyrannife, Nos poëtes ne pourroient donc être blâmés de don ner part à l’amour dans les intrigues de la piece, s'ils le faifoient avec plus de retenue, Mais ils ont pouffé. trop loin la complaifance pour Le goût de leur fiecle, ou , pour mieux dire , ils onteux-mêmes fomente ce goût avec trop de lâcheté. En renchériffant les uns fur les autres , ils ont fait une ruelle de la fcène trac _gique ; qu’on nous pañle le terme ! Racine a mis plus d'amour dans fes pieces que Cor- neille. Boileau travaillant à réconcilier fon ami avec le célebre Arnaud, il lui porta la sragédie de Phedre de la part de l'auteur , & lui en demanda fon avis. M. Arnaud , après avoir lu la piece , lui dit : il n’ÿy a rien à reprendre au caractere de Phedre , mais pourquoi a-t-1l fait Hippolite amoureux ? Cette critique eft la feule peut-être qu’on puifle faire contre la sragédie de Phedre; & l'auteur quife létoit faite à lui-même , {e: juftifioit en difant , qu'auroient penfé les petits-mai. tres d'un Hippolite ennemi de toutes les femmes à Quelles mauvaifes plaïfanteries n’auroient-ils point jettées fur le fils de Théfée ? Du-moins Racine connoïfloit fa faute ; mais la plü- part de ceux qui font venusdepuis cet aimable poëte, trouvant qu'il étoit plus facile de limiter par fes en- droits foibles que parles autres, ont encore été plus loin que lui dans la mauvaife route. Comme le goût de faire mouvoir par l'amour les reflorts de la sragédie, n’a pas été le goût des anciens . il ne fera point peut-être le soût de nos neveux. La poftérité pourra donc blâmer l'abus que nos poëtes tragiques ont fait de leur efprit, & les cenfurer un jour d’avoir donné le caraétere de Tircis & de Phi- lene ; d’avoir fait faire toutes chofes pour l'amour à des perfonnages illuftres, & qui vivoient dans des so T'RA fiecles où l'idée qu'on avoit du caraétete d'un grand” homme , n’admettoit pas lemélange de pareilles foi- blefes. Elle reprendra nos poëtes d’avoir fait d’une intrigue amoureufe la caufe de tous les mouvemens qui arriverent àRome , quand il sy forma une con- juration pour le rappeldes Tarquins ; comme d'avoir repréfenté les jeunes gens de ce tems-là fi polis, &z même fitunides devant leurs maïîtrefles, eux dont les mœurs font connues fuffifamment par le récit que fait Tite-Live des aventuresde Lucrece. Tous ceux qui nous ont peint Brutus, Arminius & d'autres perfonnages illuftres par un courage in- flexible , & tendres & fi galans , n’ont pas copié la nature dans leurs imitations, & ontoubliéla fageleçon qu'a donnée M. Defpréaux dans le troifieme chant de l'Art poétique, où il décide fi judicieufement qu’il faut conferver à fes perfonnages leur caraëtére na- tional: Gardez donc de donner | ainfi que dans Clélie, L'air & L’efprit françois à l'antique Isalie ; Et fous le nom romain failant notre portrait, Peindre Caton galant & Brutus damerer. La même raïfon qui doit engager les poëtes à ne pas introduire Pamour dans toutes leurs sragédies , doit peut-être les engager auff à choïfir leur héros dans des tems éloignés d’une certaine difiance du nôtre. Il eft plus facile de nous infpirer de la vénéra- tion pour des hommes qui ne nous font connus que par l’hiftoire , que pour ceux qui ont vécu dans des tems fi peu éloignés dunôtre , qu’une tradition enco- re récente nous inftruit exaétement des particularités de leur vie. Lepoëtetragique , dira-t-on , faura bien fapprimer les petitefles capables d’avihir fes héros. Sans doute il n’y manquera pas ; mais l'auditeur s’en fouvient ; il les redit lorfque le héros a vécu dans un tems fi voifin du fien , que la tradition l’a inftruit de ces petitefles. | | Ileft vrai que les poëtes grecs ont mis fur leur fcène des fouverains qui venoient de mourir, êc quelque- fois même des princes vivans ; mais ce n’étoit pas pour en faire des héros. Ils fe propofoient de plaire à leur patrie, en rendant odieux le gouvernement d’un feul ; & c’étoit un moyen d'y réufir, que de peindre les rois avec un caractere vicieux. C’eft par un motif femblable qu’onalong-temsrepréfenté avec fuccès fur un théatre voifin du nôtre le fameux fiege de Leyde , que les Efpagnols firent par les ordres de Philippe Il. & qu’ils furent obligés de lever en 1578. Comme Melpomène fe plaît à parer fes perfonnages de couronnes & de fceptres , il arriva dans ces tems d’horreurs & de perfécutions , qu'elle choïfit dans cette piece dramatique es fa vidime , un prince contre lequel tous les fpeétateuts étoient révoltés. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) TRAGÉDIE ROMAINE, ( Art dram. des Rom. ) les romains avoient des sragédies de deux efpeces. Ils en avoient dont les mœurs & les perfonnages étoient grecs ; ils les appelloient palliatæ , parce qu’on fe fervoit des habits des Grecs pour lesrepréfenter, Les tragédies dont les mœurs & les perfonnages étoient romains, s’appelloient prætextatæ , du nom de l’ha- bit que les jeunes perfonnes de qualité portoient à Rome. Quoiqu'il ne nous foit demeuré qu'une srage- die de cette efpece, l'O&tavie quipafle fous lenomde Séneque , nous favons néanmoins que les Romains en avoient un grand nombre : telles étoient le Brutus qui chafla les Tarquins , & le Décius du poëre At- tius ; & telle étoit encore le Caton d’Utique de Cu- riatius Maternus ; maïs nous ne favons pas fi cette derniere a jamais été jouée. C’eft dommage qu'au- cune de toutes ces tragédies ne nous foit parvenue. (2.7) TRAGÉDIE DE PIÉTÉ, ( Poëfie dram. franç. ) on TRA dpperçoit dans le xij. fiecle Les premieres traces des repréfentations du théatre. Un moine nommé Geof- froi, qui fut depuis abbé de fant-Aban en Angles terre, chargé de l’éducation de lajeuneffe , leur fai foit repréfenter avec appareil des efpeces de sragé dies de piété. Les fujets de la premiere piece drama= tique furent les miracles de famte Catherine, ce qui eft bien antérieur à nos repréfentations desmyfteres, qui n’ont commencé qu’en 1398 , fur un théatre que lon dreffa à Paris à l'hôtel de la Trinité. P. Heraule, (D.J.) | TRAGI-COMÉDIE , f. f. (Listér.) efpece de piece dramatique repréfentant une ation quife paffe entre des perfonnes illuftres , & dont Pévénement n’ef ni trifte, ni fanglant, & où il entre quelqueiois un mc- lange de caralteres moins férieux. M Dacierprétend que l'antiquité n’a point connu ces fortes de compofitions , où Pon confond le fé- rieux avec lecomique, & lépithete que Corneille leur donne de comédie héroïque ne jufufie point leur irréoularité. | Le planen ef foncierement mauvais, parce qu'en voulant nous faire rire &c pleurer tour-ä-tour,on ex- cite des mouvemens contraires quirévoltentle cœur, & tout ce qui nous difpofe à participer à la joie nous empêche de pañer fubitement à lafliéuon 6c à la pitié. Autrefois la sragi-comédie régnoit fur les théatres angloïs, & dans le xvij. fiecle on ne favoit point en- core ce que c’étoit qu'une tragédie , qui ne füt point affaifonnée de quelque comédie ou farce pour faire tire. | . Aujourd’hui que le théatre & le goût fe font rap- prochés de la nature & du génie des anciens , /a sra- gi-comédie eft abfolument tombée. Ce n’eft que dans la sragi-comédie où lon tourne en ridicule un fujet tragique , qu'il foit permis d'intro- duire & detraiter comiquement les rois & les héros. Voyez Comépis. (D. J.) TRAGIE , f. £ sraja, (Hifi. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, en forme d’entonnoir ,,. divifée le plus fouvent en trois parties : cette fleur eft flérile. Les embryons naïflent féparément des fleurs fur les mêmes individus, & deviennent dans la fuite un fruit à trois coques, c’eft-à-dire , com- pofé de trois capfules qui renferment une femence fphérique. Plumier, Nova plantar. americ. genera , voyez PLANTE. Voici fes caraëteres, felon Le P. Plumier. Sa fleur eft faite en forme d’entonnoir, & compofce d’une feule feuille divifée pour l’ordinaireen trois fegmens, & ftérile, Les embryons font placés à quelque di- ftance les uns des autres fur la même plante, qui deviennent enfuite un fruit à trois loges , dans cha- cune defauelles eft une femence fphérique. Miller en compte deux efpeces : la premiere, sragia aliæ féandens , urticæ folio : la feconde, sragia fcandens , longo beronicæ folio. Plum. xov. gen. | La premiere efpece eft fort commune dans les fondrieres de la Jamaïque & dans les autres contrées de l'Amérique. Elle s'attache à toutes les plantes &c À tous les arbres qu’elle rencontre : elle croit à la hauteur de fept ou huit piés, & pouffe des tiges for- tes & ligneufes. Ses feuilles reflemblent à celles de lortie ordinaire, & toute la plante eft couverte de piquans qui la rendent très-dificile à manier, La feconde a été découverte à Campèche par le dotteur Houfton qui a apporté fes femences. Miller, J'ajoute ici les caraékeres de ce genre de plante par Linnæus. Il produit des fleurs mâles &c femelles fur la même plante. Dans les fleurs mâles, le calice eft divifé en trois fegmens ovoides & pointus; les étamines font.trois filets chevelus, de la longueur du calice. Dans les fleurs femelles, le calice eft dé | GOupÉ TRA coupé en cinq fegmens ovoides & creux, Le sèrmé du piftil eft arrondi & fillonné de trois raies. Le file eft fimple , droit & plus long que le calice. Le ftigma eft fendu en trois, & eft déployé. Le fruit eft une grofle capfule rondelette & à trois coques; les femences font fimples & arrondies. Linnæi Gen. plant. p. 448. (D. J.) TRAGIQUE ,£E (Poëfe dram.) Le tragique eft ce qui forme leflence de la tragédie. I] contient le ter- rible &c le pitoyable, ou fi on veut, la terreur & la itié. La terreur eft un fentiment vif de {a propre iblefle à la vue d'un grand danger : elle eft entre la crainte & le défefpoir. La crainte nous laifle en- core entrevoir, au moins confufément, des moyens d'échapper au danger. Le defefpoir fe précipite dans le danger même. La terreur au contraire affaifle l’a- me, l’abat, l’anéantit en quelque forte, & lui ôte lufage de toutes fes facultés : elle ne peut ni fuir le danger ni s’y précipiter. Or c’eft ce fentiment que produit dans Sophocle le malheur d'Œdipe. On Y voit un homme né fous une étoile malheureufe, pourfuivi conftamment par fon deftin, & conduit au plus grand des malheurs par des fuccès apparens. Ce n’eft pointlà, quoi qu’en ait dit un de nos beaux efprits, un coup de foudre qui fait horreur, ce font des malheurs de l'humanité qui nous effraient. Quel eft l’homme malheureux qui n’attribue au-moins une partie de fon malheur à une étoile funefte? Nous fentons tous que nous ne fommes pas les maîtres de notre fort; que c’eft un être fupérieur qui nous guide, qui nous emporte quelquefois ; & le tableau d'Œdipe n’eft qu'un affemblage de malheurs dont la plupart des hommes ont éprouvé au-moins quelque partie ou quelque degré. Ainfi ,en voyant ce prince, l’homme foible, l’homme ignorant l'avenir , l’homme fentant empire de La divinité fur lui, craint , trem- ble pour lui-même, & pleure pour Œdipe: c’eft l’'au- tre partie du sragique, la pitié qui accompagne nécef- faiement la terreur, quand celle-ci eft caufée en nous par le malheur d'autrui. Nous ne fommes effrayés des malheurs d'autrui , que parce que nous voyons une certaine parité en- tre le malheureux & nous; c’eft la même nature qui Houffre , & dans l’acteur & dans le {peétateur. Ainf, laétion d'ŒEdipe étant terrible, elle eft en même- tems pitoyable; par conféquent elle eft tragique. Et à quel degré left-elle! Cet homme a commis les plus noirs forfaits, tué fon pere, époufé fa mere ; Les enfans font fes freres ; il l’apprend , il en eft con- Vaincu dans le tems de fa plus grande fécurité ; fa femme, qui eft en même-tems fa mere, s’étrangle ; 1l fe creve les yeux dans fon défefpoir : il n’y a pas d’aétion pofiible qui renferme plus de douleur & de pitié. Le premier ae expofe le fujet ; le fecond fait naître l'inquiétude ; dans le troifieme, l'inquiétude augmente ; le quatrieme eft terrible : « Me voilà prêt » à dire ce qu’il y a de plus affreux, ........ & moi » à l'entendre »; le cinquieme eft tout rempli de larmes. Par-tout oi le sragiquene domine pas, il n’y a point de tragédie. Le vrai sragique regne , lorfqu'un homme vertueux, ou du-moins plus vertueux que vicieux, eft victime de fon devoir, comme le font les Cu- riaces ; ou de fa propre foibleffe > Comme Ariane &t Phedre; ou de la foiblefle d’un autre homme, comme Polieutte ; ou de Ia prévention d’un pere, comme Hippolyte ; où de l’'emportement pai- lager d’un frere, comme Camille ; qu’il foit préci- pité par un malheur qu’il n’a pu éviter, comme An- dromaque; ou par une forte de fatalité À laquelle tous les hommes font fujets, comme Œdipe ; voilà le vrai sragique; voilà ce qui nous trouble jufqu’au fond de lame, & qui nous fait pleurer, Qu'on y Tome XVI, 4 T R A ÿa1 joïgne latrocité de l’ation avec l'éclat de Ja ofans deur, ou l'élévation des perfonnages ; l’adion eft héa roique en même tems & sragique, x produit en nous une compafñhion mêlée de terreur; parce que noué voyons des hommes, & des hommes plus orands , plus puiffans, plus parfaits que nous, écrafés par les malheurs de Fhumanité. Nous avons le plaifir de l'émotion, & d'une émotion qui ne va point jufqu’à la douleur ; parce que la douleur eft le fentimenr de la perfonne qui fouffre, mais qui refte au point où elle doit être, pour être un plaifir. \ Il n’eft pas néceflaire qu'il y ait du fang répandu 3 pour exciter le fentiment tragique. Ariane abandon née par Théfée dans l’île de Naxe; Philoétete dans celle de Lemnos, y font dans des fituations tragiques y parce qu'elles font aufli cruelles que la mort même + elles en préfentent même une idée funefte , où l’on voit la douleur, le défefpoir, l'abattement, enfin tous les maux du cœur humain. Mais la punition d’un oppreffeur n’opere point le tragique. Mithridate tué ne me caufe pas de pitié, non plus qu'Athalie 8 Aman, ni Pyrrhus. De-même les fituations de Monime, de Joad, d'Efther, d’An- dromaque ,ne me caufent point de terreur. Ces fitua- tions font très-touchantes ; elles ferrent le cœur troublent l’ame à un certain point , maïs elles ne vont pas jufqu'au but. Si nous les prenons pour du sra- gique, c'eft parce qu’on l’a donné pour tel, que nous fommes accoutumés à nous en tenir À quelque ref- femblance; & qu’enfin, quand il s’agit de plaifir, nous ne CroyOns pas toujours néceflaire de calculer exaétement ce qu’on pourroit nous donner. Où font donc les dénouemens vraiment sragiques? Phedre &e Hippolyte, les freres ennemis, Britannicus » Edipe, Polieucte, les Horaces , en voilà des exemples, Le héros pour qui le fpeétateur s'intérefle, tombe dans un malheur atroce, effrayant : on fent avec lui les malheurs de humanité; on en eft pénétré; on fouf- fre autant que lui. Ariftote fe plaignoit de la mollefle des fpeétateurs athémiens , qui craignoient la douleur tragique. Pour leur épargner des larmes, les poëtes prirent le parti de tirer du danger le héros aimé, nous ne fommes pas moins timides fur cet article que les Athéniens. Nous avons fi peur de la douleur, que nous en crai- . gnons même l’ombre & l’image, quand elle a un peu de corps. C’eft ce qui amollit, abatardit le tragique parmi nous. On fent l’effet de cette altération , Quand on compare l’impreffion que fait Polieuéte avec celle dAthahe. Elles font touchantes toutes deux : mais dans lune lame eft plongée ,noyée dans une trifteffa délicieufe : dans l’autre, après quelquesinquiétudes, quelques momens d’alarmes, l'ame eft foulevée par une Joie qui s’évapore, & fe perd dans linftant. (D. 1.) TRAGIQUE BOURGEOIS. ( Poème dramat. trag.) Le sragique-bourgeois eft une piece dramatique, dont Vaétion n’eft pas héroïque, foit par elle-même, foit par le caraétere de ceux qui la font; elle n’eft pas héroïque par elle-même ; c’eft-à-dire » qw’elle n’a pas un grand objet, comme l’acquifition d'un trône , la pumtion d'un tyran. Elle n’eft pas non plus héroï- que par le caraétere de ceux qui la font; parce que ce ne font pas des rois, des conquérans, des princes qui agiflent, ou contre lefquels on agit. Quoique la tragédie définifle la repréfentation d’une ation héroïque, il n’eft pas douteux qu’on ne puifle mettre {ur le théatre un tragique-bourgeois. Xl arrive tous les jours dans les conditions médio- cres des événemens touchans qui peuvent être l'objet de limitation poétique. 11 femble même que le grand nombre des fpeétateurs étant dans cet état mitoyen, la proximité du malheureux êc de ceux qui le voient foufir , feroit un motif de | VvYy 322 T R A plus pour s’attendrir. Cependant, s’il eft vrai awon ne peut donner le brodequin aux rois, il n’eft pas moins vrai qu'on ne peut ajufter le cothurne au marchand. La tragédie ne peut confentir à cette dé- gradation : Trdignatur en privatis , ac propè focco Digris carminibus narrari cœna Thycefle. D'ailleurs, l’objet des arts, qui font rous faits pour embellir la nature , étant de vifer toujours au plus grand & au plus noble, où peut-on trouver le tragique parfait, que dans les rois? fans compter qu’étant hommes comme nous , ils nous touchent par le lien de l’humanité ; le degré d’élévation où ils font, donne plus d'éclat à leur chute. L’efpace qu’ils remplifloient par leur grandeur, femble laiffer un plus grand vuide dans le monde. Enfin l’idée de force & de bonheur qu’on attache à leur nom, augmente infiniment la terreur & la compañlion. Concluons qu'il n’eft pas d’un habile artifte de mettre fur la fcene le rragique- bourgeois , ou ce qui revient au même, des fujets non héroiques. (D. J) TRAGIQUE UN , ( Poëfie drama. ) ou un poëte tragique , veut dire poëte qui a fait des tragédies ; &tc. Voyez TRAGEDIE. ( D.J.) TRAGIUM ,f m. ( Hiff. nar. Botan. anc. ) Diof- coride décrit cette plante avec les feuilles du fcolo- pendrium , & la racine du raifort fauvage. Ses feuilles ont une odeur de bouc en automne , c’eft ce qui lui a fait donner le nom &e sragium., Il croît fur les mon- tagnes & les précipices , & Rauwolf là trouvé aux environs d'Alep , fur-tout dans les lieux humides. (D.J.) TRAGOPOGON, f. m. ( Æiff. nat. Bot.) Tour- nefort compte douze efpeces de ce genre de plante, dont les unes font domeftiques , & les autres fau- vagés ; la principale qu’on cultive-dans nos jardins, fous le nom vulgaire de falfifi , ou ferfif ; s’ap- pellent en Botanique , Tragopogon hortenfè , purpu- reo cæruleum. Sa racine eft grofle comme le petit doigt , lon- gue , droite, tendre , laiteufe , douce au goût. Elle pouffe une tige à la hauteur d'environ deux piés , ronde, creufe en dedans , rameufe , garnie de plu- fieurs feuilles , qui reflemblent à celles du porreau , plus larges, ou plus étroites , longues , pointues. Ses fleutsnaifflent aux fommités delatige & des ra- meaux ; chacune d'elles eft un bouquet à demi fleurons de couleur purpurine tirant fur le bleu, ou fur le noir , foutenue par un calice aflez long, mais fimple & fendu en plufieurs parties jufque vers la bafe , avec cinq petites étamines dans le milieu. Lorfque cette fleur eft pañlée , il lui fuccède plufieuts femences oblongues , rondes | cannelées , rudes , cendrées , noirâtres dans leur maturité, & garnies d’aigrette.: Toute la plante rend un fuc laiteux, vifqueux, &z doux, qui d’abord coule blanc, & puis jaune ; elle fleurit en été ;on la cultive dans Les jardins com- me la fcorfonnere ou Le falfifi d’Efpagne, à caufe de fa racine agréable au goût , & qui eft d’un grand ufage dans les cuifines. TRAGORIGANUM , f. m. ( ff. nat. Botan.) efpece d’origan qui croit dans lifle de Crete, ou de Candie. Il poffede une qualité chaude , acrimo- nieufe , 87 {ert aux mêmes ufages que Le thim , la far- riette , l’hyflope, & autres plantes femblables. Le tragoriganum d'Efpagne à feuilles étroites & à fleurs blanches , de J. Bauhin, 3.261. a les mêmes pro- priétés. ( D. J.) | TRAGUMI, 1. m. ( Hiff. nat. Botan. ) nom donné per Matihiolle , Lobel, Gerard , Jean Bauhin, Par- kinfon , & autres anciens botaniftes , à l’efpece de kali, que Tournefort appelle kaZ fpinofum, folis longioribus € anguflioribus , en françois, Joude épi neufe. .… Cette efpece de kali croît dans les pays chauds , Jette plufieurs tiges à fa hauteur d'environ deux piés couchées à terre , fucculentes , chargées de feuilles longues, étroites, pointues , & empreintes d'un fuc falé. Ses fleurs naïflent dans les aifelles des feuilles petites, à plufieurs pétales, de couleur herbeufe. Quand elles font tombées , il leur fuc- cede des fruits membraneux prefque ronds, conte- nant Chacun une femence longuette , roulée en fpirale , de couleur noïre. (D.J.) | TKAGURIUM, ( Géog. anc. ) ville de la Dalma- tie. Pline, Z. III. c. xxij. dit qu’elle étoit connue par fon marbre, & Ptolomée, Z. II. c. xvij. donne le nom de Tragurium , non-feulement à la ville , mais encore à l’île fur laquelle elle étoit fituée. Tout le monde convient que c’eft aujourd’hui la ville de Traw. Quant à l'ile, il y en a qui la nomment Buia. TRAGUS , f. m. er Anatomie, eft une des éminen- ces de l'oreille extérieure , appellée aufi Aircus , parce qu'elle eft ordinairement garnie de poils. Cette éminence eft la plus antérieure. Celle quieft la plus poftérieure 8 à laquelle eft joint le lobe de l’oreille , fe nomme Arrisragus. TRAGUS, ( Géog. anc. ) fleuve du Péloponnèfe, _ dans l’Arcadie. Ce fleuve felon Paufanias, /. FIL. e. xxx1.prenoit naïffance d’un gros ruifleau , qui après avoir coulé présde la ville de Caphyes , &c fait un cer- tan chemin , fe déroboitfousterre , puis reparoifloit à Nafe, près d’un village nommé le Reunus, & com- mençoit [à à s’appeller Tragus. ( D. J. TRAHISON, f. £ TRAHIR, v. a&. ( Morale, ) perfidie ; défaut plus ou moins grand de fidélité en- vers fa patrie , fon prince , fon ami, celui qui avoit mis fa confiance en nous. Quand on n’auroit pas aflez de vertu pour détefter la srahifon, quelqu’avantage qu’elle puifle procurer, le feul intérêt des hommes fuMiroit pour la rejetter. Dès-lors que des princes l’auroient autorifée par leur exemple , 1ls méritent qu’elle fe tourne contre eux 3 ‘|, & dés-lors perfonne ne feroïit en sûreté, Ceux-là même qui employent la srahifon pour le fuccès de leurs projets , nepeuvent pas aimer les traitres. On {çait la réponfe de Philippe roi de Macédoine à deux miférables, qui lui ayant vendu leur patrie , fe plai- gnoient à lui , de ce que fes propres foldats les trai- toient de traitres, » Ne prenez pas garde, leur dit il, » à ce que difent ces gens grofhers qui appellent cha- » que chofe par fon nom. (D. J.) La trahifon commife envers quelque particulier eft punie felon les circonftances par des peines pé- cuniaires , ou même corporelles sil s’en eft enfuivi quelque crime. | Mais la trahifon envers le roi & l’état eft encore plus grave; tel eft le crime de ceux qui entrent dans quelque aflociation , intelligence , ligue ofenfive où défenfive , contre la perfonne, autorité & majefté du roi, foit entr'eux ou avec autres potentats , républi- ques êt communautés étrangeres ou leurs ambafa- deurs , foit dedans ou dehors le Royaume dirette- ment ou indireétement par eux ou par perfonnes in= terpofées , verbalement ou par écrit. On peut voir fur cette matiere les édits de Char- les IX. de 1562 , 1568 , 1570 , l'ordonnance de Blois , art. 94. celles de 1580, 1588, & lédit de Nantes, en 1598. La peine ordinaire de ce crime eft d’être décapité pour les nobles, la potence pour les roturiers , & même quelquefois la roue pour des gens de baff condition. . Sile criminel a ofé attenter à la perfonne du rûi , TRA fa peiné eft encore plus févere. Poyez LhrE-Ma- JESTÉ & PARRICIDE. En Angleterreon appellecrime de haute: rrahifon , non-feulement tout attentat contre la perfonne du roi, Mais encore toute confpiration contre le roi ou l’état, fout commerce criminel avec la reine ou les filles du roi, Fhomicide commis en la perfonne du chancelier ou du grand-tréforier , ou fi l’on a: altéré la monnoie , falfifié le fceau du roi., tout cela eft réputé crime de haute-trahifon. - Dans ce même pays celui qui tue fa femme , fon pere , fes enfans ou fon maître, fe rend coupable du crime qu’on appelle petite srahifon. Voyez les infhitutions au droit criminel de M. de Vouglans, Voyez aufiles mors ComPLOT , CONSPIRATION , Do, FRAUDE, FOI ( mauvaife ), FIDELITÉ, SER- MENT , PARJURE. (A4). . TRAHONA, ( Géog. mod. ) gouvernement dans la Valtelline, de la dépendance des Grifons; ileft partagé en dix communautés, & a pour chef-lieu Trahona , bours fitué près de l’Adda. TRAJANA LEGIO , (Géog. anc.) ville de Ja Gaule belgique ; Ptolomée, Z. IL. c, x. la marque entre Bonn & Mayence ; il y en a qui veulent que ce foitaujourd’hui Coblentz, & d’autres Drechthau- fen ,placés fur le Rhin. Cette ville pourroit bien être la même que Leg, XXX. Ulpia. ( D.J.) TRAJANE , COLONNE , ( Seulpt. anc.) on trou- vera lhiftoire de cé monument au mor COLONNE trajane ; NOUS ajouterons feulement ici que quoiqu'il {oit vraique routes les régles de laperfpeétive y {ont violées; que fon ordonnance & même fon exécu- tion, font en général contre l’art & le août; néan- moins ce monument eft recommandable pour quel- ques ufages qu’il nous a confervés, & pour quelque partie de l’art ; ainfi l’artifte & l’homme de lettres, doivent également l’étudier par Le profit qu’ils en peuvent retirer. ( D, J. | TRAJANOPOLIT, ( Géog. mod.) petite ville dé- peuplée de la Turquie européenne, dans la Roma- me , fur la riviere de Mariza , entre Enos & Andri- nople , avec un archevêque grec. Cette ville eft la ‘| Trajanopolis que Ptolomée , Z. III. c. xj. marque en Thrace, fur le fleuve Hebrus. Long. 14. 6, laëie, 41. 14. (D. JT.) | TRAJANOPOLIS , ( Géog. anc.) les Géogra- phes nomment quatre villes de ce nom, 1°. Une ville de Thrace, fur le fleuve Hebrus ; Ptolomée , 2. III. c.xj. la marque dans lesterres. C’eft une ville de la Romanie {ur la rive gauche de la Ma- rica, entre Andrinople & Enos, à-peu-près à égale diftance de ces deux lieux. Cette ville, quoique pe- tite & mal peuplée ; eft encore le fiége d’un arche- vêque. | 2°. Ville de la Myfée, entre Antandrus & Adra- mytte, à une petite diftance de la mer. 3°. Trajanopolis où Tranopolis, ville de l’'Afie mi- neure, dans la grande Phrigie: elle a eu un évêque. 4°. Trajanopolis, ville de la Cilicie-trachée , ou âpre; c'eft la même que Selinunte où mourut l’em- pereur Trajan, comme nous l’ayons remarqué au m0t SELINUNTE. Dion Caflius dit en parlant de ce prince : Selinunrem Cilicie veniens, quam nos Traja- zopolim appellamus , illicd expiravis. (D. TJ.) TRAJANUS PORTUS , ( Géog- anc. } 1°. pott d'Italie, fur la côte de Tofcane, entre le port de Li- vourne , & Le promontoire Telamoné, felon Ptolo- MÉESAMT NE: 2°. Port d'Italie, fur la côte de l’Etrurie, entre Algæ & Caftrum novum. Ce port qui fe trouvoit le plus confidérable de toute la côte, depuis Livourne jufqu’à Naples, s’appella d’abord Ceztum-Celle , & prit enfuite le nom de Trajan , lorfque cet empereur y eut fait de grandes réparations, Pline le jeune eft Tome AVI, TRA 23 le feuliquu parie de ce port ; s'il eft vrai qu'il foit dif. férent de celui que Ptolomée place entre le port de Livourne , & le promontoire T'elamoné, Quoi qu'il endoit, le nom du fondateur nefubffta pas long-tems, peut-être parce que le nom de la ville Cenium-Celle L fit éclipfer par fa célébrité le nom du port. Cerrum- Celle eft aujourd’hui connu fous le nom de Circelle , 6 plus généralement encore, fous celui de Civira= Vecchia, Æ 3°. Port d'Italie, à l’émbouchure du Tibre; ce port fait par l’empereur Claude, eft appellé par les auteurs anciens , le porc de Rome, le pore d’Augulle , non pour avoir été bâti par Augufte, mais parce que le nom d’Augufle, étoit devenu commun aux empe- reurs, Dans la fuite, Trajan répara ce port, & en bâtit un autre beaucoup plus commode &c plus sûr, auquel 1l donna fon nom; de {orte qu'il peut alors deux ports à l'embouchure droite du Tibre ; l’üun ex- térieur, appellé le porr d'A ugufle ; l’autre intérieur, nommé le port de Trajan: Tout cela, dit Cluvier , eft appuyé fur les témoignages de Juyenal & de fon {chohaîte , fur une vieille infeription , & fur une an- cienne médaille. Le port extérieur ou le port d’Au= gufte, eft aujourd’hui comblé par les fables ; mais le port intérieur ou le port de Trajan, conferve encore en partie fon ancienne forme, On y voit les ruines des éghifes & des édifices publics ; & on le nomme à préfent :/ Porto. Voyez Porto. ( D.J.) TRAJECTOIRE , L£ en Géométrie, eft le nom qu'on a donné aux courbes qui coupent perpendi- culairement, ou fous un angle donné , une fuite de courbes du même genre , qui ont une Origine coms mune , où qui font fituées parallelement. Ainfi la courbe MNO, (fig. 101. Géom.) qui cou“ pe perpendiculairement une infinité d’ellipfes 4 C B , Acb, &c. décrites d'un même fommet À, eff | nommée srajeëloire: Il en eft de même de la courbe MNO, (fig. 102. Géom.) qui coupe perpendiculai- rement une infinité d’ellipfes 4 C B,acb, Gc. Éga- les entre elles, & fituées fur le même axe. M. Leibnitz propoia en 171$, aux géometres an. glois de déterminer en général la srajeéoire d’une fuite de courbes qui avoient le même point pour fommet, & dans lefquelles le rayon de la dévelop- pée étoit coupé par l'axe en raifon donnée. Ce pro- blème fut rélolu d’une maniere très - générale par plufieuts d’entre eux, entre autres, par M. Taylor, Voyez les aüles de Leipfic , de 1717. On trouve dans ces mêmes aétes différentes folutions fort généra- les de ce même problème, dont la plüpart 6nt été recueillies dans Le some IL. des œuvres de M. Ber noully, imprimées à Laufanne en 1743. M. Nicole -en a auffi donné une folution dans les Mém. de L'aca- dérnie des fciences de Paris , pour l’année 1725. Trajeétoire réciproque , eft le nom que M. Jean Ber- noully a donné à une courbe 4CZ, (fig. 103. Géom.) dont la propriété eft telle, que fi on fait mouvoir cette courbe parallelement à elle-même le long de {on axe 4 A, &: qu'on fafle en même tems mouvoir le long de #4, parallele à 44, une courbe cb, égale & femblable à 4ACB, ces courbes 4CB 1 ac b ,fe coupent toujours perpendiculairement lune l'autre. Voyez dans les œuvres de M. Bernoully, que nous avons citées, différentes folutions de ce pro- blème, données par plufieurs favans géometres. On n'attend pas fans doute que nous entrions ici dans le détail de ces folutions qui renferment la géo- métrie la plus relevée ; tout ce que nous pouvons dire , c’eft que ce problème eft indéterminé ; qu'il y a une infinité de courbes qui y fatisfont ; & que M. Bernoully & d’autres, en ont déterminé pluñeurs , tant géométriques que méchaniques, & donnéla mé- thode générale pour lestrouver toutes. Foyez PAN- TOGONIE, ( CO) \ Vvyvi 524 TR À TrAJECTOIRE, L. f. ex Méchanique | fe dit de la coufbe que décrit un corps animé par une pefanteur quelconque, & jetté fuivant une direftion donnée &t avec une vitefle donnée, foit dans levuide, foit dans un milieu réfifrant, Galilée a le premier démontré que dans le vuide, & dans la fuppoñition d’une pefanteur uniforme , toujours dirigée fuivant les lignes paralleles, da sre- jeéloire des corps pefans étoit une parabole. Foyez PROYECTILE , BALISTIQUE, &c. M. Newton a fait voir dans fes principes que les trajeéloires des planetes , ou ce qui revient au même, leurs orbites, font des ellipfes, Voyez PLANETE PHILOSOPHIE NEWTONIENNE ; & ce philofophe a enfeigné dans le même ouvrage, prop. xli. du liv. Æ une méthode générale pour déterminer la srayethion d’un corps qui eft attiré versun point donné dans le vuide parrune force centripete réglée fuivant une loi quelconque. M. Jean Bernouily, dans les mé. de l’acad, des Sciences de 1710, a rélolu cemêmepro- blème par une méthode qui ne differe prefque point de celle de M. Newton; & différens auteurs en ont donné enfuite des folutions plus ou moins fimples. À Pégard des srajeüloires dans le vuide, M. Newton a déterminé dans le ZI. livre de [es principes , celles que doivent décrire les corps pefans dans un milieu réfiftant en raïfon de la vitefle ; M. Keïll propofaen 1719 à M. Jean Bernoully de trouver les srayeéloires dans un milieu réfiftant comme une puiflance quel- conque de la vitefie ; 6 M. Bernoully réfolut aftez piomptement ce problème, comme on le peut voir dans le fecondvolumeiz-49, du recueil de Jes œuvres imprimées à Laufanne en 1743. Ce qu'il y a de fin- gulier,, c’eft qu’il ne paroït pas que M. Keïlleüt trou- ‘vé de fon côté la folution qu’il propofoit à d’autres : ‘du moins iln’en a donné aucune. M. Euler dans le tom. IT. de fa méchaniqueïmprimée à Petersbourg en 1736, a aufli déterminé en généralles srajetfoires dans un nulieu réfiftant commeune puiflance quelconque de la vitefle. On trouve dans le sraité de l’équilibre 6 di. mouvement des fluides imprimé à Paris chez David 1744 une folution fortfimple de ce problème, d’où l'on déduit la conftruétion des srajeëloires dans quel- queshypothèfes de réfiftanceoïonne les avoitpoint encore déterminées. Voyez les arzicles 336 & 357 de ce traité, (O) TRAJECTOIRE d’une planete où d’une comete, ( Af- tronomie.) eft laroute, orbite ou la ligne qu’elle dé- crit dans fon mouvement. Voyez ORBITE. Quoique Les cometes paroïflent décrire aflez exac- tement ungrand cercle de lafphere, il ne faut pas s’i- maginer pour cela que leur véritable couts {e fafle dans la circonférence d’un cercle; car les mêmes ap- parences s’obferveront conftamment, foit qu'une co- mete fe meuve dans une ligne droite, foit dans une courbe quelconque , pourvu qu’elle ne forte pas du même plan. En effet dès que l’on fuppofe qu'un corps £e meut à une diftance fort grande, dans un plan qui pañfe par l’œil , tout corps en mouvement quel qu'il foit, & quelque route qu’on lui attribue, paroitra conflamment dans la circonférence d’un grand cer- cle; auf le plus grand nombre des philofophes êt des aftronomes du dernier fiecle ont-ils fuppofé que les trajeëloires des cometes étoient reétilignes. Hevelius eft Le premier qui fe foit apperçu que ces srayeéloires fe courboient en s’approchant du foleil. Enfin M. Newton eft venu quia démontré que les cometes le mouvoient dans des orbites fort approchantes d’une parabole dont le foleil occupoit le foyer , où plutôt dans des ellipfes f excentriques que dans la partie qui nous eft vifible, elles ne different point fenfble- ment d’une parabole. Newton, dans la xl. propofttion de Jon III. Li. enfeigne la maniere de déterminer la srayecloire d'une LR A comète pat lemoyen detrois obfervations, 6c dans fa derniere propoñtion , celle de corriger la srageéfoi- re pour la connoître le plus exaétement qu’il eft pof- fible. Voyez ComMETs. = M, Halley , dans fa cométographie traduite en françois par M. Lemonnier, nous a donné le calcul des srajeéloires des vinst-quatre cometes depuis le tems de Nicéphore Gregoras & de Resiomontanus jufqu'au commencement de ce fiecle; toutes ces sr- Jeëloires ont été calculées dans la fuppoñtion qu’elles foient des parabolés. On trouve dansla derniere édi- tion des principes mathématiques de la philofophiena- turelle , le calcul de la srajeétoire de la comete de 1680, dans l’hypothefe que cette comete fe meuve dans une ellip{e fort excentrique; ce calcul a été fait par M.Hälley, qui pour déterminer l’excentricité de cette comete, a fuppolé fa période de ÿ75 ans. La meilleure maniere de calculer les srajeëtoires en les fuppofant elliptiques, feroit de fe fervir pour cela de quelques obfervations du lieu & du mouvement apparent de [a comete; mais 1l faudroit qu’elles fuf- fent fort exactes ; car une petite erreur dans ces ob- fervations en produiroit une fort grande dans le cal- cul de lexcentricité , & par conféquent du temspé- riodiquie, . Depuis les 24 cometes calculées par M. Halley , différens aftronomes en ont calculé plufieurs autres, dont on peut voir la liffe dans les é/érens d’Affrono- mie de M. abbé de la Caille qui a eu la principale patt à ces calculs. M. Newton & plufeursautres géometres après lui, nous ont donné le moyen de faire paflerune sraectoire par ang points donnés, enfuppofant que cettesra/ec- coirefoitune feétion conique ; pour cela il fautjoindre deux des points donnés par une ligne droite, deux autres par une autre, & par le cinquieme point tirer une parallele à cette feconde ligne; enfuite on pren- dra pour l'équation générale de la srajeétoire yy + xy + bxx +cx+ cy= 0 (Voyez COURBE.) ,en omet- tant le terme conftant, parce que y & xfontici=o à la fois ; enfuite on nommera 4, B ,les deux ab/füif- fes connues, & C, D,E , les ordonnées correfpon- dantes ; & au moyen de ces cinq données & de la feconde valeur de x qui répond à lordonnée =, on déterminera les quatre inconnuesa, à, c,e N. B, qu'il n’y a point ici plus d’inconnues qu’il ne faut, parce que les conftantes v, b, quifont des nom- DE E non des lignes, fe détermineront en fraétions F4, 8, &c: (0) | TRAJECTUM ou TRAJECTUS, ( Géog. anc.) mot latin qui fignifie Ze paflage d’un bras de mer où d’une riviere, & dont on a fait en françois le motsra- Jet qui y répond, L’itinéraire d’Antonin donne ce nomentr’autres au pañlage du bofphore de Conftan- tinople, à celui qui eft entre Ptalie &e la Sicile, &c au paflage du Rhin dans l'endroit où eft aujourd’hux la ville d'Utrecth. Il le donne auffi au paflage de PI- talie dans la Dalmatie. Détaillons les exemples. 1°. Trajeëlum ou Trajettus, lieu de la Germanie in- férieure, que l'itinéraire d'Antonin marque entre Æ4/- biane & Mannaritium, à dix-fept nulles au-deffus du premier de ces lieux, & à quinze milles au-deffous du fecond.Ce n’étoit d’abord qu’un château; 1l s’y forma dansla fuiteune ville qui devint confidérable, Dutems de Charlemagne on appelloit ce lieu vesus Trapeitus , d'où on fit dans la langue du pays OA-Treche, qui ‘fignifie la même chofe, .& qui a depuis étécorrompu en Utrecht, Quelques-uns qui ont voulu latinifer ce nom , ont dit W/rrajetlum ; maïs le vrai mot latin eft Trajeëtus Rheni ou Trajeilus ad, Rhenum, 2°, Trajeëtum fuperius ad Mofam, c’eft-à-dire le paf= fage de la Meufe, aujourd’hui Macffriche. Attla, roi des Huns, ayant ruiné en 451 la ville de Tonpres, les évêques decette ville tranfporterent leur fiege à Trajeëtuin ad Mofam, & en prirent le nom de Trajec- tenfes epifcopi, comme nous l’'apprenons de leurs vies. Grégoire de Fours, Æ1f2, LIL. c. v. qui eft le plus an- cien auteur qui parle de cette ville, appelle sragec- tenffs urbs, Cenom fut dans la fuite corrompu en dif férentes facons. On écrivit Trijeéume , Oppidiin trijec- cenfe, muricipium Trejeitum, diftriéfum Trectis. Enfin ontrouve cette ville nominée TrieGun {ur cinq mé dailles des anciens rois de France recueillies par Bo- tarotius. Elles ont toutes cinq cetteinfcription, Triec- to Fre. 3°: Trajettus , lieu de la grande Bretagne. L'itiné- taire d’Antonin le marque fur la route d’//6a à Cal- leva, entre Abon & Aque-folis, à neuf mille pas du premier de ces lieux, & à fix milles du fecond. Je demande le nom moderne à M. Gale, (D. J,) : TRAJÉT , £ m. ( Gram. ) efpace qui fépare un lieu d'un autre, & qu'il faut traverfer pour arriver du premier au fecond. On dit le trajet de Calais à Douvre, &t le srajet de Paris À Vienne; ainf il eft indifférent que les lieux foient féparés par des terres ou des eaux. | TRAJETTO , (Géog. mod.) petite ville d'Italie, auroyaume de Naples, dans la terre de Labour, vers lembouchure du Garigliano , fur une côte près des ruines de l’ancienne Mimurne. Longir. 31 56, latir, 41. $. (D: 7.) TRAIGUERA, (Géog. 7704.) petite ville d’Efpa- gne , aux confins de la Cerdagne , du côté de Tor- tofe ; elle. eft entourée d’une muraille, & fes envi- rons font fertiles en blé, en vin, & en huile, (D.J.) TRAILLE, {. £. (Archir.) nom qu’on donne fur les grandes rivieres à ces bateaux qui fervent à pañler d’un bord à Pautre qu’on appelle autrement pors-vo- dans. On voit des srarlles fur le Rhin, furle Rhône, fur la Meufe, éc. Les salles font le même effet fur les grandes rivieres , que font Les bacs fur Les petites. Onles attache à un point fixe conftruit exprès au mi- lieu du fleuve par une corde affez longue, pour at- teindre du-moins de ce centre aux deux rivages. Cet- te corde attachée par un bout à ce point fixe, centre du mouvement, left par l’autre au flanc de la craille, ëc fe foutient fur la furface de l’eau par le moyen de quelques morceaux de liége qu’on y attache à des dif. tances raifonnables. En lâchant cette rrai/le d’une des rives dufleuve, & la laifflant aller au fl de l’eau, elle va gagner l’autre rivage en décrivant une portion de cercle, dont ce point fixe du milieu du fleuve eft le centre, &c la corde le rayon. (D.J.) TRAIN, £ m. (Gram.) fe dit de la fuite ou de ce qui accompagne un grand feigneur, ou d’une queue de robe, ou d’une robe d’état. TRAIN D’ARTILLERIE , ( Fortification. ) {e dit du canon, des mortiers, & de toutes les efpeces de mu- nitions concernant le détail de l'artillerie, qui font à la fuite des armées ; c’eft auffi ce que l’on nomme équipage d'artillerie. Il eft difficile d'établir far des principes fürs & con- ftans, quel doit être l'équipage ou le srain d’artille- rie d’une armée, parce que cet équipage doit être relatif à la force de l’armée, aux entreprifes qu’elle doit exécuter, & à la nature du pays où elle doit agir. La principale partie d’un srair d'artillerie eft le ca- non. Si l’on ne confidere que les avantages qui en féfultent dans les a@ions militaires, il paroïtra qu’on ne peut en avoir un trop grand nombre ; maïs outre qu'une artillerie fort nombreufe eft d’une très-gran- de dépenfe, elle caufe du retardement & de l’embar- ras dans les marches, & elle donne lieu à une très- grande confommation de fourrage par la quantité de chevaux neceflaites pour la tranfporter & pour voi- turer toutes les différentes efpeces de munitions dont elle a befoin, T R A 525 Les anciens ingénieurs eftimoient qu'ilfufifoit dans les armées d’une piece de canon par mille hommes ; mais aucun auteur au-moins que nous connoiffions, ne donne les raïfons de cette fixation. Comme l’artillerie doit couvrir & protégerlefront des armées , on peut préfumer qu'ils croyoient qu’u- ne piece de canon défendoit fuffifamment le rerrein occupé par mille hommes. L’infanterie étant alors À buit de hauteur, & les files étant moins ferrées qu’el- les ne Le font aujourd’hui , chaque homme pouvoif Occuper à-peu-près deux piés & demi; dans cette difpoñtion, mille hommes occupoient environ un ef- pace de so toifes. Les troupes étant attuellement en bataille fur moins de hauteur , ce qui en augmente le front > ileft clair qu'il faut une artillerie plus nombreufe pour garnir le front d’une armée de la même maniere qu'il létoit lorfque les troupes étoient en bataille fur plus de pro- fondeur. Auf paroît-il qu’on ne fuit plus, au-moins dans les pays où l'artillerie peut fe tranfporter ailé- ment, l’ancienne proportion d’une piece pour mille hommes. Dans l’armée de Flandres en 1748, y avoit 116 pieces de canon. | 14 du calibre de 16 16 de celui de 12 favoir £ 30 de celui de 8 86 de celui de &t 10 pieces à la fuédoife, total 156 pieces. Cette armée étoit d’environ 114 mille hommes > fans le corps détaché aux ordres de M. le comte de Clermont, qui avoit fonartillerie particuliere, ce qui fait une piece de canon pour environ 740 hommes, mais cette armée étoit à poriée d'augmenter fon ar tillerie par les entrepôts des places voifines, fi elle en avoit eu befoin. Le choix des différentes pieces dont on compofe le srain ou l'équipage d'artillerie d’une armée » dé- pend des opérations qu’elle doit exécuter, & des pays qu’elle doit traverfer. Dans un pays de monta- gnes, on ne peut fe charger que de pieces légeres ; On y'emploie même fouvent une ou deux brigades de petites-pieces à dos de mulet. Le goût du géné- ral influe auffi quelquefois dans le choix des pieces dont le érain d’arrillerie eft compofé ; mais en général il faut autant qu'il eft poffible, en avoir de toutes les efpeces pour en faire ufage,fuivant les différentes oc- cañons. Il eft à-propos d’y joindre auf plufeurs obus owobufers, qui fervent ésalement dans les fé. ges & dans les batailles. Comme les bataillons ont aëtuellement chacun en Campagne une piece de ca- non à la fuédorfe, ces pieces doivent diminuer le nombre de celles de 4 qu'on employoit auparavant dans la formation de l'équipage d'artillerie, & aup- menter celui des pieces de 16 & de 12 qui font fufit- fantes, lorfqu’il ne s’agit point de faire des fièges. Dans les guerres du tems de Louis XIV , on fe contentoit dans les équipages d'artillerie les plus con- fidérables , d’avoir des munitions pour tirer cent: coups de chaque piece , ce qui paroifloit fufifant pour une bataille quelque longue qu’elle püt être , mais dans les dernieres guerres, on a doublé ces mu mtons ; on a voulu qu'il y en eût pour tirer deux cens coups de chaque piece. Dans la diftribution de poudre que lon fait aux troupes , on ne leur en donne qu'une demi-livre pour une livre de plomb. A l'égard de la poudre pour la confommation des boulets , On la regle au tiers de leur poids, & c’eft en quoi les tables rap- portées dans les mémoires d'artillerie de Saint- Re- my fe trouvent fautives. Nous renvoyons pour le détail de tout ce qui compofe un équipage d’artil. \ 526 T R A lerie aux tables inférées dans les mémoires de Saint- Remy, ou àcelles qu’on a jointes à la fuite de Parti- cle fége, qui font fufifantes pour en donner une idée. On peut voir auffi fur ce mêmedujet, la feconde édi- tion de notre Traité d’artillerte, | L'équipage de l'artillerie de Parmée eft divifé en brigades , dont chacune contient ordinairement huit ou dix pieces de canon, avec toutes les munitions &x les autres chofes néceflaires pour leur fervice. Voi- ci l’ordre de fa marche, fuivant M. de Quincy. « Le bataillon de royal artillerie qu’il ÿ a dans »# l’armée marche à la tête de tout équipage. On » en tire autant de détachemens de quinze hommes, »# commandé par un lieatenant, qu'il y a de briga- » des, léfquels détachemens doivent les accompa- » gner. Lorfque l’artillerie marche avec Parmée , le » tréfor de l’armée marche à la tête de Partillerie. On fait marcher un nombre de travailleurs plus ou moins confdérable, fuivant Le befoin qu’on croit en avoir pour la réparation des chemins. Ils marchent après le premier bataillon de royal artillerie, &c ils font fous la conduite d’un officier entendu , & en état de leur commander ce qui peut être convena- ble pour la commodité de la marche. Suit immédiatement après un chariot chargé de toutes fortes d'outils, une brigade legere, c’eft-à-dire compofée de’pieces de moindre calibre ; enfuite Pe- quipage du commandant, celui du commandant en {econd, s'ily en a, celui du major du bataillon. Suit après cela une autre brigade légere, avec les équipages des officiers du bataillon; Les équipages des autres officiers marchent à la tête des brigades où als fe trouvent. | Les autres brigades marchent enfuite, mais de ma- niere que la plus pefante qui a le plus gros canon, & qu'on nomme ordinairement la érigade du parc, mar- che toujours au centre ; enforte que s'il y a fix bri- gades , 1l s’en trouve trois devant cette brigadeëc au- tant derriere. Toutes les brigades, excepté celle di parc, rou- lent entr’elles, c’eft-à-dire qu’elles ont ordinaire- ment la tête & la queue, afin de partager fucceflive- ment la fatigue de chaque pofte. | L’arriere-oarde de l'équipage fe fait par 5o hom- mes, tirés des bataillons de royal artillerie ; ils font commandés par un capitaine. Il y a à chaque brigade un capitaine de charroi, êc deux conducteurs, avec quelques ouvriers pour re- médier aux accidens qui peuvent arriver pendant la marche. Les commiflaires provinciaux marchent à la tête de leur brigade, & ils tiennnent la main à ce que les officiers qui font chargés de fa conduite, la faffent mar- cher avec ordre, & qu'ils ne la quittent point aw’el- le ne foit arrivée au Heu qui lui eft indiqué. (Q) TRAIN DE BATEAUX , ( Marine. ) afiemblage de plufieurs bateaux attachés Pun derriere l’autre pour les remonter tout-à-la-fois. TRAIN, terme de Charron ; c'eft toutes les pieces qui compofent la machine mobile d'une berline &c qui fupportent la berline. Voyez Les Planches du Seller. TRAIN, rerme d’Horlogerie ; c’eft le nombre des vi- brations que produit un mouvement en une heure, ou autre tems déterminé. (D. J.) TRAIN de preffe d’Imprimerie ; on diftingue celui de devant d’avec celui de derriere ; celui de devant comprend tout ce qui roule fur les bandes , comme la table, le coffre, le marbre, le grand &r le petit tympan: le srair de derriere reçoit celui de devant avec toutes ces pieces, quand ce dernier fait fon paf- fage fous la platine : les pieces d’aflemblage dont eft conftruit celui de derriere , outre qu’elles font faites pour recevoir dans leur centre, & maintenir celles dont nous venons de parler ; elles font encore defti- nées à foutenir le corps entier de la prefle : on poie de plus fur cemêmerrain, qui eft couvert de quelques planches , lencrier, Voyez les Planches d’Imprimerie G leur explicarion. | | TRAIN, (Maréchal) fe dit des chevaux & autres bêtes de fomme. C’eft l’allure ou la démarche du cheval, Le train ou la partie de devant du cheval font les épaules êc les jambes de devant ; le srain de derriere font les hanches & les jambes de derriere. Train fe dit aufh de ce qui fert à traîner , à porter & à voiturer. Le srain d'un carroffe confifte en qua- tre roues , la flèche ou le brancard , le timon & les moutons. Train fe dit encore de la pifte ou de la trace mar= quée par les piés des chevaux, ou des ornieres fai- tes par les roues des carroffes ou des charrettes, TRAIN , (Marchand de bois.) eft une mafle de bois à brûler , dont les buches font tellement liées enfem: ble , qu’on la fait flotter fur l’eau pour amener à Pa: ris. Les srains ont 36toifes de longueur fur 14 ou 1$ piés de large, D’abord le flotteur commence à pofer trois buches diftantes l’une de l’autre de 9 à 10 pou=" ces, fur lefquelles il difpofe neuf collures, dont le gros bout eft environné d’une coche tout-autour: Dans cette coche 1l met une coupliere qui tient dans fon anneau un morceau de bois d’un pié de long , planté dans terre pour contenir les trois buches & les neuf collieres. Voyez COLLIERES , COCHE 6; COUPLIERE. Le Il prend enfuite deux chantiers, qui font cochés par le gros bout qui met de travers fur les collieres , &c arrange du bois deflus de 15 à 16 pouces de hau- teur, & d’un pié & demi de largeur. Après avoir fait mettre des couplieres dans chaque coche des chane tiers de deflous ; le flotteur prend deux autres chan- tiers cochés comme les premiers , les met dans les couplieres à un demi-pié de chaque bout de buches, ê lie Les chantiers de deflous & de deffus avec une rouette à flotter : & ce qui réfulte de cette premiere opération s'appelle la réte du train ; ou premiere mife. Voyez CHANTIER 6 ROUETTE À FLOTTER. Comme le flotteur ne peut continuer fa feconde mife fans relever les deux chantiers de deflus, il a deux petites buches fourchues appellées chambrieres, qu’il plante en terre pour élever ces chantiers, & fe don- ner la facilité de mettre le bois au milieu. Quand il a fait 7 mifes de cette mamiere ; il pofe à leurs extré- mités trois ou quatre buches en rondains Pune fur l'autre, qu'il aflure avec deux rouettes à flotter , les tournant à deux fois fur le chantier de deflous. Cette opération s'appelle aco/ure, Il n’eft guere poffible de fi bien lier & affembler le bois de ces mifes,qu'il n’y ait toujours quelques vui- des. Pour Les remplir un ouvrier appellé pour cet ef= fet garniffeur , choifit des buches droites, & de grof- feur convenable. Il prépare la place d’abord avec une buche applatie par un bout, nommée defferroir, & y enfonce enfuite fes buches à force de bras avec une pidance ou gros maïllet, Cette premiere branche ainfi conftruite de fept mifes , une ouvriere nommée tordeufe, parce qu’elle tord les rouettes, prend un chantier, qu’elle attache avec deux rouettes pafñlées dans les anneaux des deux couplieres de la tête de cette branche, &t accole lef- dites rouettes autour du chantier où elle les he. En- fuite elle met deux couplieres, lune à la tête , & l’autre à la queue , au chantier de deffus du côté de la riviere , & le flotteur ayant piqué deux pieux à ces mêmes extrémités à environ deux piés de fon atte- lier fur le côté, il attache à ces pieux deux prues par un bout, &c par l’autre aux deux couplieres des chan- tiers de deflus, lefquelles prués il arrête avec un mor- ceau de bois ésuifé , & nommé fuféau. Enfuite le TR A flotteur , le sarnifleur , la tordeufe & Fapprocheur qui amene le bois dans une brouette à l'endroit ohon fait le £rain, prennent chacun une buche, qu’ils four- rent deffous ladite branche , &c à l'épaule; ils la font couler jufqu’à une diftance de trois piés & demi pour former la feconde branche, & ainfi de toutes les au tres branches. Vayez PRUES. Quand les quatre branches {ont faites & traverfi- nées à la tête &c à la queue, c’eft-à-dire ; accouplées par des rouettes qui paflent des chantiers de deflus aux chantiers de deflous:, le coupon eft fait & fini. Deux autres ouvriers, compagnons de riviere , vien- nent prendre ce coupon, letraverfnant de nouveau avec trois chantiers, qu’ils attachent en troisendroits différens aux huit chantiers de deflus. On fait qua- torze de ces coupons, qu’on appelle coupons fêm- ples. Enfuite les flotteurs font quatre autres coupons , appellés abourages, pour les confiruire kmefure du flottage , & qw’on abat les piles de bois ; les compa- gnons choïfiflenr le bois le plus leger, commelebois blanc, êc les font comme les autres coupons, excepté ce qui fuit. ; Le fotteur prend huit buches plates ou deux fais de bois, de chacun quatre rondins, qu'il pofe fur les deux chantiers de deflous, puis 1l prend deux autres chantiers. Après que le Compagnon a mis des couplie- res dans les coches des chantiers de deffous , leflot- teur met les deux derniers chantiers qu'il a pris dans les Bouches de ces couplieres , & attache avec des rouettes à flotter ces deux fais de bois entre les chan- tiers ; c’eft ce qui forme la premiere mife. .… Enfuire on conftruit de la même maniere , Mais de buches plates feulement, les fecondes miles, dites boutage , c’eft-à-dire , l'endroit où le compagnon fe tient pour conduire le #rain. À la tête de chacune des branches de ces coupons les compagnons mettent deux grofles couplieres. Quand cette tête eff faite, & qu'on a mis deux cor- deaux faits avec deux gtofles rouettes dans chacun. des chantiers de deflus; on prend un morceau de bois d’un pié & demi, qu'on appelle abillor, après avoir pofé deux chantiers traverfins » cochés à l’en- vers, les avoir lié aux chantiers du deflus , & avoir pañé les rouettes dans les deux premieres couplieres qu'il a mifes,, il rabat la grofle coupliere avec {on ha- billot fur le traverfin, dont on lie & arrête le bout au chantier de deflus. Dans les branches des rives & à la tête , les com- pagnons mettent deux grofles couplieres aux chan: tiers de deffous ; favoir une à la pfemiere mile , où ils-pofent un gros & fort chantier éguifé par le bout, appellé rage , & par corruption nège ; & l’autre à La troifieme, où ils pofent la fauffe nage, qui n’eft autre chofe qu’une buche de neuf à dix pouces de roton- . dité, & applatie parle bout : ainf , les quatre bran: ches de chaque labourage étant faites » les comipa- gnons plantent dansla riviere deux perches appellées darivottes | qu’ils attachent avec de bonnes rouettes fut la nage, &c enfuite tous les ouvriers pouflent avec force ce labourage, jufqu’à ce que les deux contre: fiches ou darivottes faflent fufifamment lever ledit labourage, & lorfque là branche du dedans de la ri- viere eff afléz levée , ils reviennent à la branche qui eft fur lattelier , font des pefées pour la mettre à une hauteur propottionnée à celle qui eft vers la riviere, & la tiennent ainfi fufpendue avec de groffes bu- ches qu'ils ont mifes deflous. Les compagnons po- {ent deflus quatre gros chantiers ; & après avoir abattu fur le traverfin de ta tête les huit autres grofles couplieres, qu'ilsont mifes aux huit chantiers de def. fous , ilsles arrêtent par-deflns le travers de la tête ayec des habillots attachés aux chañtiers de deffus: Hs prennent les quatre gros chantiers travers 5 & Fr é TR A 527 lesayant pofés vers la nage & fauffe nage, ils fetrent &c abattent les habillots , & les cordeaux qui ont été mis dans chacun des chantièrs de deflus fur Les tra verfins, & lient les habillots à ces chantiers. Après avoir bien afluré les nages par des couplie- res ferrées &c arrêtées par des habillots , ils les plent en demi-cercle jufaqw’à la hauteur de la fufle nage , êt les attachent par leur extrémité au chantier de deflus par des rouettes contiguës à la faufle nage. Les quatorze coupons & quatre labourages ainf faits , les compagnons affemblent fept fimples cou- pons qu'ils mettent au milieu de deux labourages pour former une part ou demi-train. Pour faire cet afem- blage, ils mettent au bout de chaque coupon fimple, &t à un bout feulement des labourages, neuf couplie- res vis-à-vis les unes des autres ; ils paffent des ha- billots dans les boucles des couplieres; & par ce moyen, & à l’aide d’un morceau de bois de deux piés êt demi, qui eft éguifé &c courbé par un bout, & qu'ils appellent srouffebarbe, ils font joindre les cou- pons les uns aux autres avec de bonnes couplieres 8 des habillots arrêtés aux chantiers de deflus. Devant le premier labourage de la premiere parts les compagnons font une chambre avec deux chan- tiers qu'ils pañlent fous le traverfin de devant , &at- tachent un morceau de chantier, qu'ils appellent courge ; dans cette chambre ils mettent un muid ou un demi-muid futaille pour foulager le srain. La confiruétion d'un rrain à été inventée par Jean Rouvet , en 1549, mais bien différente dé ce qu’elle eft aujourd’hui, Il n’y a pas plus de 8o ans qu’à Cla- mecy on inventa les neges pour conduire & guider les trains. Avant ce tems-là, ceux qui les condui- foient avoient des plaftrons de peaux rembourrés À êz ils guidoient les srains par la feule force de leurs corps; cela m'a été affuré , il y à une trentaine d’an- nées, par de vieux compagnons. Ce qui prouve qu'on ne flottoit point en srains avant 1549, C’eft que par ordonnance rendue au pare lement de Paris le dernier Juillet x S21,C./X]. art. 1, la cour ordonna à tous marchands de faire charroyer en diligence aux ports de Paris tous les bois qu'ils avoient découpés , à peine deco liv. d'amende. Maïs Quôiqu'on ne flottât point en 1 $27 En frains, On anïenoït dès ce tems du'bas de la riviere d'Yonne fut les port de Clamecy , Collange, & Château- Cenfoy des boïs , dont on les Chargeoït fur des ba- teaux.Coquille,enfon hifloire du Nivernoïs, fait men- tion en parlant de Clamecy!, que la riviere d'Yonne portoit bateau jufqu’en cette ville, & elle a ceffé de porter bateau que lotfque le flottage en srains a été in- yenté.On ne peut pasdireprécifément l'anhée:dès-lors Onamena à bois perdu des bois du haut de la riviere d’Yonne, dé celle de Beuvron & de Fozay ; depuis On à même remonté plus haut, & l’on à pratiqué à la faveur des étangs, des petits ruiffeaux Qui portent bois &t affluent dans les rivieres ci-deflus. TRAIN de Poifeau, (‘terme de Fauconnerie. )letrain de l’oifeau eft fon derriere ou fon vol: on dit auf faire le zr217 À un oïfeau’, lorfqu’on lui donne un oi- feau dréfié qui luimontre ce qu'il doit faire, &c à quoi on le veut employer, Foilloux. (D. J. TRAINA, ( Géogr. mod. ) petite ville de Sicile, dans le val-Démona, fur une hauteur, au nord orien: tal de Nicofa, près la riviere Traina. (D.J7.) | TRAINA, ( Géog. mod. ) riviere de Sicile dans le val-Démona. Elle tire fon otigine de deux fources : êt fe perd dans la Dittaino, (D. J. | | TRAINASSE, ff. ( HifE. rat. Botan.) nom quele peuple donne au polysontum d larges feuilles. Voyez: en la defcription au #0: Poryco NUM, Botan. GD-JS MR BÉRAE 2 CC ILE ot ICE TRAIN-BANDS c4"FRAINES-BANDS 3: UT 520 1 KR À & Hifi. d’Angl.) c’eft le nom des milices du royaume Angleterre, 6c qu'on leur donne à caufe des mar- ‘ches qu’on leur fait faire en les envoyañt d’un lieu à an autre felon le befoin. La mulice d'Angleterre mon- te à plus de vingt-mille hommes , infanterie 8 cava- lerie ; mais elle peut être augmentée, fuivant la vo- Lonté du roi. il établit pour commander cette milice, des lords-lieutenans de chaque province , avec pou- voir d’armer & de formerfes troupes en compagnies & régimens, les conduire où befoin eft, en cas de rébellion & d’invañon : donner des commifhions aux colonels & aux autres officiers ; mais perfonne ne peutobtenir d'emploi dans la cavalerie , à moins d’a- voir cinq cens liv. fterlings de reyenu, & dans l’in- fanterie, s’il ne poflede cinquante livres fterling de rente. (D. J.) TRAÎNE , £ f. ( Marine.) menue corde où les fol- dats du vaifleau attachent leur linge pour le laiffer ‘traîner à la mer, afin qu’il s’y lave. On dit a Jatraine, lorfqu’on deftine quelque chofe à trainer dans la mer, en l’âttachant à une corde. TRAINE, f. f. (zerme de Pêche.) c’eft la même chofe que le coleret ou la dreige; & la dreige eft un filet dont on fe fert pour la pêche de mer. Ce filet efttri- ple, c’eftà-dire, qu'il eft compofé de trois filets ap- pliqués lun fur Pautre, ce qui lui fait donner le nom de 2ramail ou filer ramaillé ; celui du milieu que lon nomme rape-dreige ou flue, filure ou feuillure, eft le plus étroit; fes mailles doivent être de 21 lignes en quarré ; mais l'ordonnance permet de faire cette pé- che avec des nappes dont les mailles n’ont que treize lignes, feulement pendant le tems du carême. Les hamaux ou tramaux, filets à larges mailles qui font des deux côtés de la nappe, doivent avoir neuf poucesen quarré, & le bas du filet ne doit être chargé que 1+ livre de plomb au plus par brañle, afin que le filet n'entre que peu avant dans le fable. La nape eft mife entre les tramaux fort libre & flottante, afin que dans la manœuvre de la pêcheiles petites mailles puiflent plus aifément former des facs ou bourfes dans les grandes mailles des tramaux , &c ainf retenirtout le-poiffon qui s’eit trouvé fur le paf fage de la dreige. : Le haut du filet eft garni de flottes de liege, afin qu’il tienne droit dans l’eau , fans cependant. quitter le fond de la mer où il s'applique au moyen des la- mes de plomb dont la corde du pié ef garnie. Pour faire cette pêche qui eft la plus ingénieufe de toutes celles qui fe pratiquent à la mer, les pêcheurs étant arrivés fur des fonds de fable. ou de graviers, amenent toutes leurs voiles &c leurs mâts ; 1ls jettent leur dreige à la mer ; les deux bouts de la dreige font frappés fur deux petits cablots ou orins que les Pi- cards nomment hallins , dont l’un eft amarré par les travers du bateau , &c l’autre à la vergue du borféet; & pour mieux faire couler la dreige fur le fond de fable ou de gravier feuls convenables, 1ls amarrent encore à chaque bout de la dreige une grofle pierre qu'ils nomment cabliere , afin de la mieux faire cou- ler bas. | Le borfet eft une-grande voile D que les pêcheurs appareillent fur une vergue qu'ils jettent à l'eau; la marée qui sy entonne gonfle le borfet, comme s’il étoit appareillé au vent, Pour le faire mieux cou- ler bas, les pêcheurs amarrent aux couets une ca- bliere ; la vergue eft foutenue à fleur d’eau par un gros baril debouée ; lamarée faïfant dériver lebor- {et D d'une part, & le bateau Æ d'autre part ‘en même tems , ils entraïinent la dreige 4 B C'qui racle Le fond &c enleve fi exatement tout ce qu’elletrouve en fon chemin, que les pêchéurs rapportent même du fond de la mer leur pipe , quand elle eft tombée dans un lieu où la dreige doit pañfer. : * Quand le bateau Æ ne dérive pas de fa part autant que le borfet , les pêcheurs mettent à l'avant fleur srande voile à l’eau; elle y eft appareillée comme lorfqu’elle eft au vent fur fon mât, &t par ce moyen als rétabliffent l’évalité de vitefle. ] On peut concevoir à préfent le tort que fait la dreige fur les fonds où elle pañle, lorfqw’elle fe fait pendant l’été près de terre où tout le fray du poiflon eft pour lors. Cette perte eft inconcevable, oyez la repréfentation de cette pêche dans la fe, 4, PL VI de pêche. | La pêche des huitres fe fait avec de petits bateaux du port depuis quatre jufqu’à huit tonneaux , & de fept ou huit hommes d'équipage. On fait cette pêche à la voile & à deux dreiges pour chaque bateau, pour pêcher à bas-bord & à tribord ; ils reviennent tous les foirs à terre, & débarquent les huitres de leurpê- che qu’ils mettent en parcs fur la greve où les fem- mes qui font ordinairement ce travail, Îles rangent en gros fillons pour les faire dégorger. Elles n’y ref- tent que peu de marées fans fe nettoyer desordures dont elles font couvertes en fortant de deflus la ro- che, après quoi elles deviennent marchandes êc auff nettes qu'on les voit à Paris. Le tems de cette pêche que l’on faïfoit autrefois durant toute l’année, a été borné d’office par les of- ficiers d’amirauté du premier Septembre au dermer Avril, avec défenfe de la faire pendant le mois de Mai jufque & compris le mois d’Août. Cette police étoit d'autant plus néceflaire que les huitres frayent durant les chaleurs, & qu'’ainfi on empêcheroit la multiplication d’un coquillage qui eft la vraie manne des riverains; joint aufhi que les huitres durant cette faifon font de très-mauvaife qualité, & ne peuvent faire une bonne nourriture. | Les dreiges dont les pêcheurs d’huitresfe fervent, fontune efpece de chauffe tenue droite par un chaffis de fer dont les côtés qui raclent le fond de la mer, font faits en couteaux qui grattent & enlevent tout ce qui fe rencontre fur leur pañlage ; les huitres dé- tachées du fond entrent dans la chauffe de la dreige que les pêcheurs hallent à bord pour les retirer. Voyez les Planches de pêche &t les articles CHAUSSE , DRraGuE, HUITRE, 6c. La dreige des pêcheurs du port des barques n’eft pas le même filet que l’on appelle sramail de dreige dans l'ordonnance de 1680, & celui dont on fe fer. vit fous ce nom le long des côtes de la Manche avant la déclaration du roi du 23 Avril 1726. C’eft la gran- de chauffe ou cauche , mais bien moins nuifible que celle des pêcheurs de Cancale; cette pêche ne diffe- re en rien de celle que les pêcheurs de Nantes nom- ment chalut, n1 de celle qui fe pratique le long des côtes de la Méditerranée fous le nom de péche de la tartane & du grand gauguy. Quant au fac ou à la chauffe qui eft faite en forme d’un quarrélongémouf- fé ayant ordinairement huit brafles de gueule ou d'ouverture , autant de profondeur, & cinq à fix brafles de large; dans le fond, les maïiles du fac font de trois différentes fortes de grandeurs; Les plus lar- _ ges font à l'entrée, les médiocres au milieu, & les plus étroites dans le fond ; louverture ou Pentréedu fac eft garnie par-bas d’un cordage d'environ deux pouces de groffeur fur lequel le bas du fac eft amar- ré, & qui eft garni de deux ou trois plommées par brafle de la pefanteur d'environ demi-livre chaque ; le haut du fac eft garni d’une double ligne d’un quart de pouce au plus de groffeur avec des flottes de lie- ge rondes & enfilées. Les deux coins du fac font garnis d’un petit échal- lon.de bois dans lequel font pañlés & amarrés la corde de la tente & le cablot du pié qui forment l'ouverture du fac; on pañle entre ces deux cordages une pierre qui eft arrêtée entre l’échallon &c les cor- dages. On amarre enfuite fur les échallons RASE | e de perche formée de plufieurs autres pout en faire une de trente à trente-cinq piés de long pour mieux contenir l’ouverture du fac ouverte, & prendre ainf les poiffons qui fe trouvent dans le pañage de cette dreige que l’on traine comme le chalut. Voyez CHALUT. La dreige, breige, où grande traine tramaillée , eft une forte de filet qui differe des dreiges en ce qu’elle eft tramaïllée ; elle fert à la pêche des faumons & des alofes, qui fe fait depuis la faint Martin jufqu’à Pâques. Quant à lamanœuvre de cette pêche, on la tend de même que la feine, avec un feul bateau, le bout forain garni d’une bouée de fapin, & l’autre va à la dérive avec le bateau où il refte amarré, & dérivant foit de flot, foit de juffant à fleur d’eau, parce que les plombs dont le bas eft garni ne le peu- vent faire caler fur le fond à-caufe du ege dont la tête eft garnie, n'ayant au-plus que trois quarterons de plomb par braffes. Ce ret eft du genre des rets volans ou coufans ; deux hommes dans la filadiere fufifent pour faire cette pêche; le filet dérive au courant, &c les pé- cheurs, par l'augmentation ou diminution desflottes de liege, font aîler au fond entre deux eaux,Ou à fleur d'eau leur filet, felon qu'ils s’apperçoivent que le poiffon monte ou defcend. Cette même manœuvre fe pratique pour les pêches des alofes dans la riviere de Seine , & pour celle des harangs à la mer: après que le filet a dérivé deux ou trois cens toifes ,onle releve de la même maniere qu’on fait les rets ver- Quants au milieu de la riviere fans le haler À bord, comme on fait les feines qui fervent à faire la même pêche. Les mailles des breïges ou dreiges de brane ont la maille de larmail ou des hameaux qui font des deux côtés , de dix pouces deux lignes en quarré, & celle de la carte-nappe ou ret du milieu juiqu’à vingt -fix lignes auffi en quarré. | TRAINE oz PiCOT, rerme de Pêche ufité dans le ref. fort de l’amirauté de Caen ; cette pêche eft aufli nom- méÉe traine en pleine mer Ou folles trainantes & dérivan- es. En voici la defcription telle qu’elle fe pratique par les pêcheurs de ce reffort. . Les pêcheurs qui font cette pêche ne font qu’au nombre de deux feulement dans les bateaux pico- teux ; quand ils font la pêche du picot en grande traîne à la mer, ils fourniffent chacun une piece de filet qu'ils joignent enfemble ; ils foutiennent qu'ils font leur pêche à cinq & fix lieues au large fur dix brafles d’eau ; on peut juger du fifque qu'ils courent éloignés de la côte dans de f petits bateaux ; ils aflu- rent encore que le filet va quelquefois entre deux eaux , 87 quelquefois qu’il fe foutient à fleur d’eau, au moyen des flottes de liëge dont la tête eft char- gée, & qu'il dérive au gré de la marée fans être trainé fur le fond, Il eft conftant que ce filet eff moins une same qu'une folle traïnante en dérive; qu'avec des mailles aufli larges ils ne peuvent jamais pêcher que des rayes &c des turbots, fans pouvoir arrêter aucun poiflon rond; il y auroit peu d’abus à craindre de {on ufage files pêcheurs qui la font fe fervoient pour la pratiquer de grandes platés où de bateaux à quille du port au-moins de deux à trois tonneaux. Les pêcheurs fe fervent de plufeurs calibres ; ceux dont ils fe pourroient fervir dans les plates de deux . tonneaux, ont les mailles de dix-neuf & vinot & une lignes en quarré, & les abuñfs n’ont que feize, quinze &T quatorze lignes. TRAINEAU , f. m. (Méchanique.) efpece de ma- chine dont les voituriers fe fervent pour traîner & tranfporter des balles, caifles, & tonneaux de mar- chandifes. Le srafnean n’a point de roue , & eft feu- lement compofé de quelques fortes pieces de bois Tome AVI, | T R A 329 jointes enfemble, & emmortoifées avec des chevil. les ; aux quatre coins de ce bâtis, qui forme une f- gure quarrée longue, font de forts crochets de fer pour y atteler Les traits des chevaux qui les trainent, cette forte de sraineau ne fert point à la campagne, ëc eft feulement d’ufage dans les villes. (D. J.) Les Hollandois ont des efpeces de sraineaux fur lefquels on peut tranfporter par terre des vaifleaux de tout port. Ils font compofés d’une piece de bois d'un pié & demi de large, & de la longueur de la quille d'un vaifleaux ordinaire, un peu courbée par- derriere, & creufe dans le milieu, de forte que les côtés vont un peu en biais, & font garnis de trous pour pañler des chevilles, 6. le refte eft tout-A-fait uni. Le sraineau eft de toutes les voitures la plus an< cienne. Le premier changement qu'on y fit fut de le pofer fur des rouleaux, qui devinrent roues, lorf- qu’on les eut attachés À cetté machine ; mais s’éle- vant de plus-en -plus de terre, il forma le char des anciens , à deux & à quatre roues. Il eft vrai cepen- dant que ces chars n’étoient guere au-deflus de nos charrettes, à en juger par la leéture des auteurs, & par les vieux monumens. _ TRAINEAU, (Charronnage. ) C’eft une efpece de petit chariot fans roue dont on fe fert dans les pays feptentrionaux, pour tranfporter fur la neige pen- dant l’hiver les voyageurs, les marchands , leurs har- des, &c leurs marchandifes. Ils font couverts & gar= nis de bonnes fourrures contre la rigueur du froid. Ce font ordinairement des chevaux qui les traïnenr, mais quelquefois on y emploie des animaux très, légers , & aflez femblables à de petits cerfs que l’on nomme des rezres, qui outre qu’ils vont d’une très- grande vitefle, ont cela de commode qu'ils n’ont befoin d'aucun conduéteur, & que pour toute nour- riture ils fe contentent de quelque moufle qu’ils cherchent fous la neige. La Laponie, la Sibérie ele Boranday font tout leur commerceavec des srafneaux attelés d'une de ces rennes. Outre les sa/neaux tirég _par des chevaux ou par des rennes dont on fe fert f communément dans la Mofcovie, il ÿ en à d’au- tres, particulierement du côté de Surgut, ville fituée fur POby, qui ne font attelés que d'une forte de chiens, qui font propres à cette partie de la Sibérie. Enfin toutes les cours du nord offrent en srafneaux une rare pompe fur la neige. La jeuneffe vigoureufe les conduit, & difpute de vitefle dans des courfes hardies, longues & bruyantes. Les dames de Scan- dinavie y afliftent pour animer la rivalité de leurs amans ; & les filles de Rufie s’y montrent avec leur parure d’or &c de pelifles, (D. J.) TRAINEAU, (Chaffe.) eft un fifet qui a deux aîles fort longues, avec un bâton à chaque côté, & que deux hommes traînent la nuit à-travers champs, dans les endroits où ils ont remarqué qu'ily a du gibier, & dès qu'ils voient, fentent, où entendent quelque oïfeau fous le filet ils le lâchent à terre pour prendre le gibier qui eft deflous ; ce filet a depuis G jufqu’à 12 ou 15 toifes de long , & 15 à 18 piés de hauteur ; on les fait à grandes mailles pour qu'ils ne foient pas fi lourds. On prend au srafnéau les per- drix , les cailles, vanneaux, bécaffes » Pluviers , ra- fiers , grives, oies fauvages , canards & autres OI= feaux. TRAINÉE, £. f. ( Aruf. & Art milis.) {e dit, dans l’Artillerie, d’une certaine longueur que lon remplit de poudre de deux ou trois lignes de largeur, & au- tant de hauteur, qui fert à communiquer le feu à d'autre poudre où la srafnée aboutit. Pour mettre le feu au canon, on met une frafneée de poudre fut Le premier renfort lequel aboutit à la lumiere; on en ufe ainfi afin d’éviter les accidens qui pourroient arriver fi on mettoit le de à la pou- , X X 530 T RtA dre renfermée dans la lumiere; parce que fon ac- tion pourroit faire fauter le boute -feu des mains du canonnier & le bleffer. Pour mettre le feu aux mines, onfe fert aufi d’une traînée de poudre : on découvre l’extrémité de l’au- ge ou de l’auget qui renferme le fauciflon d'environ fx pouces ; on fait cette ouverture à deux piés en- dedans de la galerie de la mine, afin que la pluie &r que l’eau qu’on pourroit jetter deffus du haut du pa- rapet n'empêche point la poudre du fauciffon de prendre feu : on fait enfuite une rrafnée dé poudre pour avancer vers l’air, où le feu eft naturellement plus agité ; on prend enfuite un morceau de papier, fur les extrémités duquel on met de petites pierres ou quelque chofe de pefant, fans prefler ou étouffer la poudre; au milieu de ce papier on fait un trou pour pañler le boulon, qui eft un morceau d’ama- dou le plus épais & le plus moëlleux que lon peut trouver. On lui donne un pouce ou environ de lon- sueur, felon le tems dont on a befoin pour fe reti- rer: on a attention que ce morceau d’amadou pañe bien au milieu de la srafnée de poudre que Pon écrafe en poulevrin ; s’il touchoit à terre 1l ne mettroit point le feu à la poudre , attendu qu'il ne Pallume que lorf- qu’il eft confommé. Le papier fert à empêcher que quelque étincelle ne mette trop promptement le feu à la poudre.Les pierres que lon met deflus font pour le tenir dans une fituation fixe. On a un autre morceau d’amadou de même dimenfon que le pre- mier que l’on tient à la main, & auquel on met le feu en même tems qu'à celui qui doit le mettre à la mine ; il fert à faire connoiître le moment où la mine doit faire fon effet, Foyez TÉMOIN. (Q) TRAINÉE, en terme de Wénerie, efpece de chafñle du loup, du renard, &c. qu’on fait en l’attirant dans un piege ou trape, par le moyen de Podeur d’une charogne qu’on traine dans une campagne , ou le long d’un chemin, jufqu’au lieu de la trape. (2. J.) FRAINEMENT , f m.(Æif. nar.) c’eitainf qu’on nomme la progreflion des limaçons, des vers de terre, des fangfues, & autres animaux fembla- bles, dont le mouvement n’eft guere plus compofé que celui des huitres dans fon principe, quoiqu'il ait un effet plus diverffié. Ce mouvement confiite dans une contra@ion, par laquelle le corps long &c étroit de l’animal s’accourcit, rentre en lui-même, &z fe ralonge enfuite. Dans cette maniere d’aller, une moitié du corps demeure appuyée fur la terre, s'y affermit par fa pefanteur, pendant que lPautre s’alonge & s’avance en gliffant, puis s’affermit à fon tour, & retire à elle la partie de derriere , à-peu-près de la même maniere que nous appuyant fur un pié, nous ayançons l’autre, fur lequel nous nous appuyons enfuite. (2.J.) TRAINER , v.aë. ( Gram. ) c’efttirer après foi quelque chofe qui porte à terre, ou immédiatement ou fur une machine interpofée. On dit 1l faut tant de chevaux pour trainer ce fardeau ; 1l a srafné trois ans de fuite la robe au palais ; srafner fur la claie ; érafner un filet ; {e srafner ; traîner une troupe de femmes après foi ; il srafnera long-tems de cette maladie ; cet- te affaire srafnera en longueur; fon ftyle rraîne ; &c. Voyez les articles fuivans. TRAÎNER, ( coupe des Pierres ) C’ef faire méchani- quement une ligne parallele à une autre ligne donnée droite ou courbe , en srafnant le compas ouvert de l'intervalle requis d’une ligne à l'autre, de maniere qu'une de fes pointes parcoure la ligne donnée , &c que l’autre pointe, ou plutôt la ligne qu'on peut imaginer pañler par Les deux pointes,foit toujours per- pendiculae,ou également mclinée à la ligne donnée, ou à fa tangente fi elle eft courbe. Les menuifiers,au- lieu de compas , fe fervent pour cette opération d’un inftrument qu’ils appellent crafquin, Voyez ce mot, TRAÎNER ez plétre | v. a@. ( Archir.) c’eft faire une Corniche, où un cadre , avec le calibre qu’on traîne fur deuxregles arrêtées , en garniffant de plà- tre clair ce cadre ou cette corniche , & les repañant à plufieurs fois, jufqu’à ce que les moulures ayent leur contour parfait. (D.J.) | TRAÎNER, V.n. cerme de jeu de Billard ; c’eftcon- duire quelque tems fa bille fur le tapis , fans qu'elle quitte le bout de linfrument, 8c c’eftune chofe per- nufe en général; mais 1left défendu de srafzer , quand la bille tient du fer ; pour lorsil faut jouer de bricole , ou donner un coup fec. (D. J.) M TRAINEUR , ( Arc milir. ) foldat qui quitte fon rang par parefle , maladie , foibleffe , ou quelqu’au- tre raifon, & refte en arriere dans les marches, Les payfans ont tué Les sraineurs. TRAIÎNEURS, (Commerce) ceux qui conduifent des traîineaux. Ce terme eft principalement en ufage en Hollande, Ils font établis par les magiftrats lorf que les eaux font fermées , c’eft-à-dire, lorfque les canaux étant glacés, les barques publiques ne peu- vént plus y être conduites ; 1ls ont les mêmes privi- leges & franchifes que les maîtres routiers & les maï- tres ordinaires de vaifleaux. Voyez ROUTIER , dé, de Com. TRAION , £. m. ( Maréchal. ) bout du pis d’une jument, qu’on prefle pour en faire fortir le lait. TRAIRE, v. aët. ( Gram. œcon. ruft. ) c’eft tirer le lait aux vaches , aux brebis, aux chevres. TRAIT ,f.m, ( Archi. ) ligne qui marque un re- paire ou un coup de niveau. On donne aufl cenom, dans la coupe dés pierres , à toute ligne qui forme quelque figure. | Trait biais. Ligne inclinée fur une autre , ou en dia- gonale, dansune figure. Trais corrompu. Trait qui eft fait à la main, c’eft-à- dire fans compas &c fans regle , & qui ne forme au- cune courbe déterminée ou réguliere. Trais quarré. C’eft une ligne qui, en en coupant une autre à angle droit, rend les angles d’équerre. C’eft donc la maniere de faire une perpendiculaire à une ligne donnée ; fi cette ligne eft courbe comme un cercle ou une ellipfe, la perpendiculaire à fa tangente , s'appelle srair quarré {ur la ligne courbe, & au bout dela ligne courbe , lorfqu’elle Peft à une de fes extrémités. | Le srair fe prend encore en architetture pour le deflein & la coupe artifte des pierres qui font taillées hors de leurs angles, pour faire des ouvrages braïfés. Filibert de Lorme a écrit le premier dans notre lan- gue du srait | ou de la coupe des pierres ; enfuite le pere Derran, jéfuite; & enfin M, Frezier ; Voyez TRAIT, fféréorom. Le srait eft aufi la figure d’un bâtiment projetté , tracé fur le papier , dans laquelle avec Péchelle & le compas on décrit les différentes pieces d’un apparte- ment , avec les proportions que toutes les parties doiventavoir. Ileft néceffaire avant de commencer les élévations d’un édifice, de tracer le plan de cha- que étage, après quoi il faut faire la coupe ou profil de toutle bâtiment; enfuite l’on peut, pour fe rendre compte de la totalité, raflembler fur un même defein ce que l’on appelle /cerographie ou perfpeülive.( D. J.) TrRaiTs, ce font dans l Artillerie les cordages qui fervent au charroi & tranfport des pieces êt des mu- nitions ; ils fe comptent par paires desraiss communs ou bâtards; ils font partie du harnachement des çhe- vaux. (Q) | TRAIT DE COMPAS, o4 TRAIT DE VENT, ( Mu- rine, ) Voyez RUMB. | TRAIT QUARRÉ, ( Marine.) onfous-entend voilea : c’eft une voile qui a la forme d’un reétangle, TRAIT , f. m. serme de Balancier ; c’eit ce qui fait pancher un des baffhns de la balance, plus que lautre, Les bonnes balances ne doivent point avoir deaie, êc leurs bafins doivent refter en équilibre. (D,45 TRAIT , { m, serme de Boucherie ; fort cordage avec un nœud coulant au bout, qu’on attache aux cornes d’un bœuf que l’on'veut aflommer : c’eft avec ce srait que l’on pañle à-travers d’un anneau de fer fcellé à terre, dans le milieu de la tuerie, qu’on le force de baïffer la tête pour recevoir le coup de mal fue entre les deux cornes. Savary. (2.1) TRAIT, cerme de Bourrelier, c’eft la partie du har- nois des cheyaux de tirage; par laquelle ils font at- tachés à la voiture qu'ils tirent. Les sraiss des che- vaux de carrofle font de cuir , & s’attachent aux pa- Jloniers du train ; ceux des chevaux de charrette font de corde , & attachés aux limons : ce font les bour- rehiers qui font lespremiers, & fourmiflent lesuns & les autres. Voyez les fig. & Les PL, du Bourrelier. . Traïrdefüe, (Charpenr. ) c’eft le paflage que fait la fcie en coupant une piece de bois , {oit pour la raccourcir où pour la refendre : les {cieurs de long appellent rencontre, l'endroit OÙ , à deux ou trois pouces près , les deux srairs de cie fe rencontrent, & où la piece fe fépare. On doit ôter ces rencontres &t sratrs de Jcie, avec la befaiguë, aux bois apparens des planchers, & aux autres ouvrages propres de Charpenterie: (2:97) à , … | . TRAIT de buis, ( Jardin.) filet de buis nain ; con- tinué & étroit , qui forme communément la brode- rie d’un parterre, & qui renferme les platebandes & les carreaux. On le tond ordinairement deux fois d'année; pour le faire profiter; ou l'empêcher de monter plus vite. (2. J.) TRAIT , fm. ( £arage.) le srait eft cette quan- tité de laine attachée à chaque peigne ; laquelle fe trouve fufifamment démêlée & couchée de long , après un nombre de voies, ou d’allées & venues d’un peigne fur l’autre. Il y a toujours deux sraiss , com- sine deux peignes. ( 2. J.) (+ _ TRaAïT en Peinture eff la ligne que décritlaplume ; le crayon , ou le pinceau : on dit cependant coup de pinceau | & non trait de Piceau ; à moins qu'on ne dife : jen ai fait le sraïs au pinceau; alors c’eft deffi- ner avec le pinçeau; ou, qu’en parlant d’un objet peint, on ne dife: la chofe eft exprimée d’un feul fraït : on dht le srais d’une perfpe@ive ; jai mis cette figure au #rair d’une figure deffinée À l'académie ; ma figure neft pas avancée , elle n’eft qu'au srais ; la vie eft dans ce deffein, quoi qu'il ne foit qu’au #rair. Trait fe dit encore d’un deffein d’après un tableau pris fur le tableau même : lotfqw’on veut avoir exac- tement le sais d’un tableau , on pañle avec un pinceau pointu , & de la laque, ou autres couleurs très-liqui- des , & quiaïent peu de corps, für toutes les lignes ou contours des objets de ce tableau ; après quoi on applique deflus un papier , qu’on fait tenir par quel- qu'un vers fes extrémites, pour qu'ilne varie point, Puis on frotte fur ce papier avec un corps poli, tel qu'un morceau de cryfal , d'ivoire, une dent de fan- gher, 66. au moyen de quoi, ce que le pinceau a tracé simprime fur le côté du papier qui touche au tableau. Il faut avoir attention à ne pas laïfier fécher te qui peut refter de couleur fur le tableau, & lefrot- terfurle champ avec de lamie de pain : ondit, vou: dant copief ce tableau fidelement , jen ai pris un zrait. Lorfqu'’un tableau eft nouvellement peint, & qu'on craint qu'il ne foit pas aflez {ec pour qu’on en puifle prendre ainfi le sait , on applique deflus une glace, fur laquelle on pale un blanc d’œufbattu, & lorfqu’il eft bien fec, on trace fur la glace ; avec un crayon de fanguine ; tous les contours des objets qui $’apperçoivent facilement au-travers de la glace ; puis on applique aflez fortement fur cette glace, un papier bien humeété d’eau; on le releve prompte- ment, crainte qu’il ne s'attache au blanc d’œuf, & Tome XVI: 531 TRA tousles srairs de crayon s’y trouvant imprimés; on a le sais du tableau :on prend quelquefois de ces (ras, feulement par curiofité , & Pour avoir des monus mens fideles des belles chofes qu’on regarde com me des études » ©t quelquefois on en fait yfage enleg coprant ; alors on pique les céntours de près à près ; avec une aiguille emmanchée dans un petit morceau de bois rond, de la groffeur d'un tuyau de atofle plume, qu’on appelle fcke , après quoion l’applique |. fur la toile où autre fond fur lequel on veut faire là copie ; & avec un petit fachet rempli de chaux étein- 1 . 5 . D . à tes, de charbons, ou autre matiere pulvérifée qui fe diftingue de la couleur du fond ; on paffe fur tous les traits , Gt la matiere pulvérifée qui en fort , paflant parles trous d’aiguille ; imprime le deflein fur le fond À ; : K 1ke: NE | ! où on l'a appliquée. C’eft ce qu’on appelle poñcer, & ce trait ainû piqué, s'appelle alors poncé. KL TRAIT ibn terme de Tireur d'or, ce qui eft tiré & paflé par une filiere, Il fe dit de tous les métaux réduits en fil, comme l'or, Pargent, le cuivre , le ; : . SM" RSC UD) TRAIT ; f. mm. terme de Voitrurier Par eau , ce mot fe dit de plüfeurs bateaux vuides ; attachés &Z ac- Couplés enfemble qui remontent les rivieres, pouf aller charger de nouvelles marchandifes aux lieux d’où ils font partis ; quelques-uns difent sain de ba- feaux,, mais improprement. ( D, J.) sd. FRAIT, c’eft la corde de crin qui eff attachée à la botte du limier ; qui fert à le tenir lorfque le veneur va aux bois. | Trait , On dit ez Fauconnerie | voler comme un ÉrALE. a ; | . TRAIT , f. M. ferme de rubrique ; efpece de verfet que chantent les choriftes apres l’épirre en plufieuré fêtes de l'année ; & notamment le Samedi-faint. Ce trarteit différent des Tépons en ce qu'il fe chante tout feul, & que perfonne n y répond. C’eft au refte un chant lent & lugubre, qui repréfente les larmes des fideles êc les loupirs qu'ils pouflent en figne de péni- tence ; &c il eft ainfi nommé guia traclim CaTLIr. Du Cange. (D. J.) | TRAIT, er termes de Blafon, fignifie une Zigne qui partage Pécu. Elle prend depuis le haut jufqu’au bas; ; < 4 RSA mL ; ner î Us fert à faire différens quartiers. Æcz parti d'un > © coupe de deux traits. F RAIT,, f. M, éerme de Jeu d'échecs ,» c’eft l'avantage qu'on donne à une partie dé jouer le premier ur pion, & de l'avancer d’une ou de deux cafes à fa volonté. ( D, J. | ; TRAITAN T, (Finances) on appelle #raitans des gens d’affaires qui fe chargent du recouvrement des IMPOTS , qui traitent avec le fouverain de toutes for: tes de taxes , revenus, projets de finances, ci moyennant des avances en deniers qu'ils fourniflent {ur le Champ. Ils reçoivent dix à quinze pour cent de leurs avances , & enfuite Saghent un quatt, un tiers fur leurs traités. Ces hommes avides & en pe- tit nombre ne font diftingués du peuple que par leurs richeffes. C’eft chez eux que la France vit pour la premiere fois en argent ces fortes d’uftenfiles do- meftiques , que les princes du {ang royal n’avoient qu’en fer , en cuivre & en étain ; {peétacle infultant à la nation. Les richefles qu'ils poffedent , dit Zedie de 1716, {ont les dépouilles de nos provinces, la fübfiftance de nos peuples & le Patrimoine de l’état: Je répete ces chofes d’après plufieurs citoyens fans aucune pañlion, fans aucun intérêt particulier } & fur-tout dans l'efprit humeur & defatyre, qui fait perdre à la vérité même le crédit qu’elle mérire: M: Colbert, dit l’auteur françois de l’Arfloire géne- rale, craignoit tellement de livrer l’état aux {raltans; que quelque tems après la diflolution de la chambre de juftice qu'il avoit fait ériger contre eux , il fit ren x Verre — , 3 CR # dre un arrêt du confeil , qui établifloit la peiné de KXX if ss CR mort contre ceux qui avancéroiert de l'argent fur ide nouveaux impôts. Il vouloit par cet arrêt com- “minatoire qui ne fut jamais imprimé, éfirayer la cu- spidité des gens d'affaires ; mais bientot après il crut “être obligé de fe fervir d'eux fans même révoquer Parrêt ; le roi le prefloit pour des fonds, 11 lui en fal- oit en grande hâte , & M. Colbert recourut en- “core aux mêmes perfonnes qui s’étoient énrichies “dans les défaftres précédens. (2. J..) | TRAITE., {. f. (Marine) C’eft le commerce qui fe “ait entre des vaifleaux & les habitans de quelque ‘côte. | TRaAITE , {€ ( Commerce du Canada.) on appelle ‘ainfi én Cänada le négoce que les François font avec los fauvages, de leurs cafters & autres pellereries. (D. J.) TRAITE D’ARSAC , ferme de Finances | droit de Portie qui fe leve fur les marchandifes qui fortent de a province du Languedoc &c fénéchaufiée de Bor- deaux , pour être tranfportées ên Chaloïe, dans les Landes, à Dax, Bayonne, &c. (D. J.) TRAITE DE CHARANTE, terme de Finance , droit qui fe leve par les fermiers fur les vins , eaux de-vie, & fur les maïrchandifes qi entrent & fortent de la Saintonge, Aunis, &e. Le bureau principal de la traite de Charente eft établi à Tournay, qui eft un gros bourg fitué fur le bord de la Charante, à une leue au-deffus & du même côte de Rochefort ; c’eft pour cefte raifon qu’on a donné à ce droit le nom de craite de Charente. ( D. J.) TRAITE FORAINE , (Finances) il eft bon de met- tre fous Les yeux du leéteur le précis d’une ancienne requête fur la sraïte foraine | que la nation forma & préfenta au roi. | np « SiRE , quoique les droits de là sraite foraine ne # doivent être levés que fur les marchandifes qui »# fortent du royaume pour êtte portées à l'étranger, » ce qui eff clairement établi par la fignification du » mot foraine, néanmoins ces droits font levés fur # ce qui va de certaines provinces de votre royau- »# me à d’autres d'icelui , tout ainfi que fi c’étoit en # pays étranger, au grand préjudice de vos fujets, # entre lefquels cela conferve des marques de di- » vifion qu'il eft néceflaire d’Ôter , us toutes » les provinces de votre royaume {ont conjointe- # ment & inféparablement unies à la couronne pour » ne faire qu'un même corps fous la domination » d’un même roi, & que vos fujets font unis à une # même obéiflance. » Pour ces caufes, qu’il plaife à VOTRE MAJESTÉ, » ordonner qu'ils jouiront d’une même liberté &c » franchife ; en ce faifant qu’ils pourront hbrement » négocier, & porter les marchandifes de France en # quelqu’endroit que ce foit, comme concitoyens # d’un même état fans payer aucun droit de foraine, » 8 que pour empêcher les abus qui fe commettent, » la connoïiffance de leurs différens pour raïfon de » ladite sraire appattienne à vos fujets, nonobftant » tous baux & évocations à ce contraires. » Encore que le droit domanial ne fe doive pren- » dre par lefdits érabliffemens d’icelle que fur les » blés, vins , toiles & pañtels , qui feront tran{por- # tés de votre royaume à l'étranger ; vos fermiers » defdits droits , fous prétexte que leurs comnus 6£ #» bureaux ne font établis en aucunes provinces &c » villes, ou qu’elles font exemptes dudit droit, font -» payer pour marchandifes qui y font tranfportées, » comme fi directement elles étoient portées à l’é- # tranger ; pour à quoi remédier ; défenfes {oient » faites par VOTRE MATESTÉ, d'exiger lefdits droits » fur ces blés , vins, toiles & pañtels , qui feront ac- » tuellement tranfportés dans votre royaume pour # la provifion d'aucune province , fous quelque pré- # texte que ce foit , à péine de concuflon., TRA % Semblablement afin de remettre la liberté du » commerce 6c faire cefler toutes foftes d'opprefs » fons defdits fermiers, que ces droits, tant de la- » dite sraite foraine &c domaniale que d'entrée, foient » levés aux extrémités du royaume, & que , à cet » effet, les büreaux defdites sraises &t droits d'entrée » foient établis aux villes frontieres & limites dudit » royaume ; & qu'auxdits bureaux, les fermiers » foient tenus d'afficher exa@tement les tableaux 1m » primés concernant les droits taxés par vos ordon- » nances, à peine de concufion ». Confédération juf les finarices. (D. J.) TRAITE DES NEGRÉS , (Commerce d’ Afrique.) c'eft l'achat des negres que font les Européens fur les côtes d'Afrique , pour employer ces malheureux dans leurs colonies en qualité d’efclaves. Cet achat de negres, pour les réduire en efclavage, eft un né> goce qui viole la relision , là morale, les lois natu- relles, & tous les droits de la nature humaine. Les negres , dit un anglois moderne plein de lus mieres & d'humanité, ne font point dévenus eféla- ves par le‘droit de la guerre ; ils ne fé devouent pas noû plus volontairement eux-mêmes à la fervitude, & par conféquent leurs enfans ne naifient point ef- claves. Perfonne n’ignore qn’on les achete de leurs princes, qui prétendent avoir droit de difpofer de leur liberté, & que les négocians les font tranfpor- ter de la même maniere que leurs autres marchan: difes, foit dans leurs colonies , foit en Amérique où ils les expofent en vente. ; Si un commerce de ce genre peut être juftifié par -un principe de morale , il ny a point de crime, quelque atroce qu'il foit , qw’on ne puifle légitimer. Les rois, les princes , les magifirats ne font point les propriétaires de leuts fujets , 1ls ne font donc pas en droit de difpofer de leur fiberté , & de les vendre pour efclaves, k D'un autre côté, aucun homme n’a droit de les acheter ou de s’en rendre le maître ; les hommes & leur liberté ne font point un objet de commerce ; ils ne peuvent être ni vendus, ni achetés , ni payés à aucun prix. [l faut conclure de-là qu’un homme dont l'efclave prend la fuite, ne doit s’en prendre qu’à lui-même, pufqu'il avoit acquis à prix d'argent une marchandife illicite, 82 dont l’acquifñtion lui étoit interdite par toutes les lois de l'humanité &r de l’é- uité. Il ny a donc pas un feul de ces infortunés que lon prétend n'être que des efclaves, qui n’ait droit d’être déclaré libre, puifqu’il n’a jamais perdu la li berté ; qu'ilne pouvoit pas laiperdre ; &c que fon prince , fon pere, & qui que ce {oit dans le monde navoit le pouvoir d’en difpofer ; par conféquent [a vente qui en a été faite eft nulle en elle-même : ce nesre ne fe dépouille , & ne peut pas même fe dé- pouiller jamais de fon droit naturel ; ille porte par- tout avec lui, & il peut exiger par-tout qu'on l’en laïfle jouir, C’eft donc une inhumanité manifefte de la part des juges de pays libres où il eft tranfporté, de ne pas l’affranchir à Pinftant en le déclarant libre, puifque c’eft leur femblable , ayant une ame comme eux. Il y a des auteurs qui s’érigeant en jurifconfultes politiques viennent nous dire hardiment , que les queftions relatives à l’état des perfonnes doivent fe décider par les lois des pays auxquels elles appar- tiennent, & qu’ainfi un homme qui eft déclare ef- clave en Amérique & qui eft tranfporté de-là en Eu ‘ Q À ! & rope, doit y être regardé comme un efclave ; maïs c’eft là décider des droits de humanité par les lois civiles d’une gouttiere, comme dit Cicéron, Eff-ce que les magiitrats d’une nation , par ménagement pour une autre nation, ne doivent avoir aucun égard pour leur propre efpece ? Eft-ce que leur déférence dune loi äui hé les oblige en tien, doit leur faire fouler aux piés la loi de la nature, qui oblige tous . les hommes dans tous les tems & dans tous les lieux? Ÿ a-t-il aucune loi qui foit auffi obligatoire aùe les lois éternelles de l’équité ? Peut-on mettre en pro- blème fi un juge eft pius obligé de les obferver, que de refpeéter les ufages arbitraires & inhumains des colonies ? | s. . | On dira peut-être qu’elles feroient bientôt ruinées ces colonies , f Pon y abolifoit Pefclavage des ne- gres. Mais quand cela feroit, faut-il conclute de-IA que le genre humain doit être horriblement léfe ; | pour nous enrichi ou fournir à notre luxe ? Il eft vrai que les bourfes des voleurs de grand chemin feroient vuides, file vol étoit abfolument fupprimé : mais les hommes ont-ils le droit de s’enrichir par des voies cruelles & criminelles ? Quel doit a un bri- gand de dévaliter les paffans? À qui eftsil permis de devenir opulent, en rendant malheureux fes fembla- bles ? Peut-il être légitime de dépouiller l’éfpece hu- maine de fes droïts les plus facrés , uniquement pour fatistaire fon avarice , fa vanité, ou fes paffions par- ticuherés ? Non ...: Que les colonies européennes {oient donc plutôt détritites, que de faire tant de malheureux ! … Maiïsje crois qu’il eft Faux que la fuppreffion de l'efclavage entraineroit leur tuine. Le commerce en iouffriroit pendant quelque tems : je le veux , C'ett- là l'effet de tous les nouveaux arrangemens , parce qu'en Ce cas on ne pourroit trouver fur le champ les moyens de fuivie un autre fyflème ; mais il réful- teroit de cette füpprefion beaucoup d’autres avan- tages. | C'eft cette éraite de negres , c’eft l'ufage de la fervi- tude qui a empêché l'Amérique de {e peupler auf promptement qu’elle l’auroit fait fans cela, Que lon mette les negres en liberté, & dans peu de généra- tions ce pays vafte &c fertile comptera des häbitans fans nombre. Les arts, les talens y fleuriront ; & au- lieu qu'il n'eft prefque peuplé que de fauvagés & de bêtes féroces ,-il ne le fera bientôt que par des hom- mes induftrieux. C’eft la liberté, c’eft l’induftrie œui font les fources réelles de l'abondance. Tant qu'un peuple confervera cette induftie & cette liberté, 1l ne doitrien redouter. L'indufirie, ainf que lebefoin, eftingémeufe & inventive ; elletrouve millemo yéns diférens de fe procurer des richefles ; & f l’un des canaux de lopulence fe bouche, cent autres Sou- vrent à l’inftant. Les ames fenfibles & généreufes applaudiront fans doute à ces raifons en faveur de l'humanité ; Mais lavarice & la cupidité qui dominent laterre, ne vou: dront jamais les entendre, (D. J.) TRAITE PAR TERRE, ( Frances de France, ) la traite par terre | autrement l’impoñition foraine d’An- jou, fut établie par Philippe-Augufte en : 204, après la conquête de cette province fur toutes les denrées fortant de la province d'Anjou, vicomté de Thouars &r de Beaumont, pour entrer en Bretagne. Cette loi n’étoit pas encore commune à toutes les provinces ; mais en 1599 Henri IV. y ajoutaun fupplément {ous le nom d’xpoftion nouvelle d° Anjou. L’impoftion nouvelle d’Anjou eft fanefte dans es effets, & les ufurpations des ensagiftes ont été très- violentes ; ils prétendirent d’abordaflujettir les toiles de Laval à leur tarif, parce que la vicomté de Beau- mont eft fur les frontieres du Maine , & que les fer- miers, dans l’impreffion de leur tarifen 16 $3, avoient ajouté cette province comme comprife dans leur ferme. Les plaintes furent portées au confeil, & len- treprife reprimée en 1686; mais un fermier ne court jamais aucun rifque de troubler le commerce , tou- jours obligé de payer par provifon, ou de perdre fon cours ; ajoutez que les droits de la craire par terre TR A 533 .. ee purs Ve . ER nr dE ancantfient lé commerce & ruinent la province, Ie font de foixante-deux livres deux fous du cent pe: fant , c’eft une fomme excefive. Corffdérations fat: les frances , tome I, (D. J.) TRAITE , L.f (verme de Bañquier. \ ce mot fignifié les lettres de change qu'ils tirent fur leurs cofrefpon: dans. TRAITE, chez les Tanneurs, Mégiffiers & Chamois Jeurs , {e dit du bord du plain où ils mettent les peaux pour les préparer avec de la chaux. Ainf relever les peaux fur la sraite , c’eftles ôter du plain & les meta tre fur le bord pour Les y faire égoutter. Foyez PLAIN, TRAITE , f. ( terme de monnoie, ) c’eft tout ce qui s'ajoute au prix naturel des métaux qu'on em: ploie à la fabrication des efpeces, foit pour lesreme: des de poids & de loi , foït pour les droits de fei- gneuriage & de braflage. Il fignifie plus que rendage qui ne comprend que le feigneuriage & braffage, (D. J. TRAITÉ, £ m: ( Gram.) difcours étendu écrit fur quelque fujet. Le srairé eft plus poñitif, plus formel & plus méthodique que l'eflai; mais il el moins pro: fond qu'un fyflème, Voyez Essar & Sysrèmr. La Théologie fe divife en plufeurs sraités, Il y a plu: fleurs ouvrages de Lamothe le Vayer qu'on peut re- garder comme autant desraisés fCeptiques. TRAITÉ PUBLIC, (Pros politig.) Nous entendons ici par sraités publics les conventions qui ne peuvent être faites qu'en vertu d’une aurorité publique , ou : que les fouverains, confidérés comme tels, font les uns avec les autres , fur des chofes qui intéreflent directement le bien de l’état : c’eft ce qui diftingue ces conventions , non-feulement de celles que les particuliers font entr'eux, mais encore des contrats que Les rois font au fujet de leurs affaires particulie- res. Il eft vrai que ce ne font pas les sraités | mais la nécefhté qui lie les rois, L’hiftoite nous apprend que tous les autres droits ; ceux de la naiflance , dela religion, de la reconnoïffance, de l'honneur même A font de foibles barrieres, que Pambition, la vaine gloi: re, la jaloufe , & tant d’autres pafions brifent tou jours. Cependant, puifque les sraités publics font une partie confidérable du droit des gens, nous en conf. dérerons Les principes & les regles, comme fi c’é- toient des chofes permanentes, La néceflité qu'il y a eu d'introduire l'ufase des conventions entre les hommes , & les avantages qui leur en reviennent, trouve fon application À l'égard des nations & des différens états : les nations peu vent , au moyen des sraisés , s'unir enfemble par une fociété plus particuliere, qui leur afsûre réciproque- ment des fecours utiles , foit pour les befoins & les commodités de la vie, foit pour pourvoir d’une ma- mere efficace à leur sûreté , en cas de guerre, Cela étant , les fouverains ne {ont pas moins obli- gés que les particuliers de tenir leur parole & d’être fideles à leurs engagemens. Le droit des gens fait de cette maxime un devoir indifpenfable. L'obligation où font les fouverains À cet égard eft d'autant plus forte, que la violation de ce devoir a des fuites plus dangereufes , & qui intéreffent le bonheur d’une in finité de particuliers. La fainteté du ferment qui ac= compagne pour l'ordinaire Les sraités publics , eft en core une nouvelle raifon pour engager les princes à les obferver avec la derniere fidélité ; & certainement rien n’eft plus honteux pour les fouverains > Qui pu- niflent fi rigoureufement ceux de leurs fujets qui manquent à leurs engagemens, que de fe jouer eux- mêmes des srairés , & de ne les regarder que comme un moyen de fe tromper les uns Les autres. Tous les principes fur la validité ou linvalidité des conventions en général, s’appliquent aux srairés pu- blies , aufli-bien qu'aux contrats des particuliers ; il faut , dans les uns comme dans Les autres > Un confen- $34 TR A tement férieux déclaré convenablement, exemt def: reur , de dol, de violence, Si ces fortes de sraités font obligatoires entre les états ou les fouverains qui les ont faits , 1ls Le font aufi par rapport aux fujets de chaque prince en par- ticulier; 1ls font obligatoires comme conveñtions entre les puiffances contraétantes : mais 1ls ont force de loi à l’égard des fujets confidérés comme tels ; &z il eft bien manifefte que deux fouverains qui font enfemble un srairé, impofent par-là à leurs fujets l'obligation d’agir d’une maniere conforme à ce sraire. L'on diftingue entre les sraités publics ceux qui roulent fimplement fur des chofes auxquelles où étoit déjà obligé par le droit naturel , &c ceux par lefauels on s’engage à quelque chofe de plus: _ Il faut mettre au premier rang tous les srairés par lefquels on s'engage purement &t fimplement à ne point fe faire du mal les uns aux autres, &c à fe ren- dre au contraire les devoirs de l’humanité. Parmi les peuples civilifés , detels rraités font fuperflus ; le feul devoir fuffit fans un engagement formel. Mais chez les anciens, ces fortes de sraités étoient regardés com- me néceflaires ; l'opinion commune étant que lon n’étoit tenu d’obferver les lois de humanité qw’en- vers fes concitoyens , & que lon pouvoit regarder les étrangers fur le pié d’ennemis ; à-moins que Pon n’eût pris avec eux quelque engagement contraire : c’eft de quoi l’on trouve plufieurs preuves dans les hiftoriens ; & le mot ko/fs, dont on fe fervoit en la- tin pour dire un ezzemi, ne fignifioit au commerice- ment qu’un étranger. L'on rapporte à la feconde claffe tous les sraves par lefquels deux peuples entrent l’un à l’égard de Pautre dans quelque obligation nouvelle où plus par- ticuliere , comme lorfqu’ils s'engagent formellement à des chofes auxquelles ils n’étoient point obligés au- paravant. Les traités par lefquels on s'engage à quelque chofe de plus qu'à ce qui étoit dit en vertu du droit naturel commun à tous les hommes, font de deux fortes ; fçavoir, ou égaux ou inégaux ; êc les uns &c les au- tres fe font pendant la guerre ou en pleine paix. Les sraités égaux font ceux que on contraëte avec égalité de part & d’autre ; c’eft-à-dire , dans lefquels non-feulement on promet de part & d'autre des chofes égales purement & fimplement , ou à propor- tion des forces de chacun des contraétans : mais on s’y engage encore fur le même pié : enforte que l’uné des parties ne fe reconnoît inférieure à l’autre en quoi que ce {oit. : Ces fortes de traités fe font en vüe du commerce, de la guerre, ou par d’autres confidérations. À Pégard du commerce , on convient, par exemple, que les fiets de part &c d'autre feront francs de tous impôts & de tous droits d'entrée & de fortie; ou qu’on n’exi- gera rien d'eux plus que des gens mêmes du pays, 6e. Dans les alliances égales qui concernent la guer- re, on ftipule , par exemple, que chacun fournira à Vautre une égale quantité de troupes , de varffeaux ; &c. & cela ou dans toute guerre, foit offenfive {oit défenfive, ou dans les défenfives feulement, &c. Les sraités d'alliance peuvent encore rouler fur d’autres chofes , comme lorfqu’on s'engage à n'avoir point de place forte fur les frontieres l’un de l’autre, à ne point accorder de proteftion où donner resraite aux fujets lun de l'autre, en cas de crime ou de defobéiffance, u même à les faire faifir & à les renvoyer , à ne point donner paffage aux ennemis Pun de Pautre, éc. Ce que Fon vient de dire fait affez comprendre que les srairés inégaux {ont ceux dans lefquels ce que Fon promet de part &c d'autre n’eft pas égal. L'inégalité | des chofes ftipulées eft tantôt du côté de la puiffance la plus confidérable, comme fi elle promet du fecours à l’autre, fans en fixer aucun de lui ; tantôt du côté .. TRA de la puiffance inférieure , comme lorfqw’elle s’en gage à faire en faveur de la puiffance fupérieure plus que celle-ci ne promet de fon côté. | Toutes les conditions des sraités inésaux ne font pas de même nature, Les unes font telles que quoï- qu'onéreufes à l’allié inférieur, elles laiflent pourtant la fouveraineté dans fon entier : d’autres, au con- traire , donnent quelque atteinte à l'indépendance de l’allié inférieur. Ainf dans le srairé des Romains avec les Carthaginoïs, après la feconde guerre punique, il étoit porté que les Carthaginoïs ne pourroient faire la guerre à perfonne , ni au-dedans ni au-dehors de PAfrique , fans lé confentement du peuple romain; ce qui donnoit évidemment atteinte à la fouvéraineté de Carthage, & la mettoit fous la dépendance de Rome. Maïs la fouveraineté de Pallié inférieur demeure en fon entier, quoiqu'il S’engage , par exemple , à payer l’armée de l'autre , à lui rembonrfer les frais de la guerre, à rafer les fortifications de quelque place, à donner des otages, à tenir pour amis où pour ennemis tous les amis ou ennemis de l’autre, à n'avoir point de places fortes en certains endroits, à ne point faire voile en certaines mers, &c. Cependant, quoique ces conditions & d’autres emblables ne donnent point atteinte à la fouveraine- té, il faut convenir que ces fortes de srairés d’inéga- lité ont fouvent beaucoup de délicatefle ; & que fi le prince qui contraéte ainfi furpaile l’autre en grande fupériorité de forces, 1l eft à craindre qu’il n’acquiere peu-à-peu une autorité &c une domination propre” ment ainfi nommée. L'on fait une autre divifion des sraires publics ; on les diflingue en réels & perfonnels. es sruisés per- fonnels font ceux que l’on fait avec ua roi confidéré perfonnellement ; enforte que le sraité expire avec lui. Les sraités réels font au contraire ceux où lon ne traite pas tant avec le roi qu'avec tout le corps de l'état: ces derniers sraités par conféquent fubfftenr après la mort de ceux qui les ont faits, & obligent. leurs fuccefleurs. Pour favoir à laquelle de ces deux clafles il faut rapporter tel ou tel sraisé, voici les principales regles que l’on peut établir. | 1°. Il faut d’abord faite attention à la teneur même du sraité, à es claufes , & aux vües que fe {ont pro- pofées les parties contraétantes. Ainfi s’il y a une claufe exprefle que Le srarré eft fait à perpétuité, ow pour un certain nombre d'années , pour le roi ré- anant &c fes fucceffeuts , on voit aflez par-là que le traité eft réel. 2°, Tout sraité fait avec une république eft réel de fa nature, parce que le fujet avec lequel on contra- éte , eft une chofe permanente. 3°. Quand même le gouvernement viéndroit à être changé de républicain en monarchique, le srairé ne laïfle pas de fubffter , parce que le corps efttoujours le même : 1l y à feulement un autre chef. 4°. Il faut pourtant faire ici une exception, c’eft lorfqu'il paroit que la conftitution du gouvernement républicain a été la véritable caufe &c le fondement du srairé ; comme fi deux républiques avoient con- tra@té une alliance pour la confervation de leur gou- vernement &c de leur liberté. ÿ°. Dans un doute, tout sraisé public fait avec un roi doit être tenu pour réel , parce que dans le doute un roi eft cenfé agir comme chef de l’état 6 pour le bien de Pétat. 6°: 11 s’enfuit de-là que comme après le changement du gouvernement démocratique en monarchique , uæ traité ne laifle pas de fubfifter avec le nouveau rois de même fi le gouvernement devient républicain de Mmonarchique qu'il étoit , le sraiéé fait avec le roi n'ex- pire pas pour cela, à-moins qu'il ne fût manifefte- ment perfonnel. k , . 7°. Tout rraité de paix eft réel de fa nature, & doit être gardé par les fuccefleurs: car aufli-tôt que Pon a exécuté ponétuellementles conditions du traité, la paix efface toutes les injures qui avoient allumé la guerre , & rétablit les nations dans Pétat où elles doivent être naturellement. | 8°. Si l’une des parties ayant déjà exécuté quel- que chofe à quoi elle étoit tenue par le traité, l'autre partie vient à mourir avant que d'avoir exécuté de {on côté fes engagemens,, Le fuccefleur du roi défunt eft obhigé, ou de dédommager l'autre partie de ce qu'elle a fait ou donné, ou d'exécuter lui-même ce à quoi fon prédéceffeur s’étoit engagé. 9°. Quand il n’y a encore rien d'exécuté de part mi d'autre, ou quand ce qui a été fait de part &c d’au- tre eft égal , alors fi le sraicé tend direétement à l'a- vantage perfonnel du roi ou de fa famille, il cft clair qu'aufli-tôt qu'il vient à mourir, ou que la famille ef éteinte, le sraire finit de lui-même. 10°. Enfin il eft d’ufage que les fucceffeurs renou- véllent les srairés manifeftement reconnus pour réels, afin de montrer qu'ils ne fe croient pas difpenfés de les obferver, fous prétexte qu’ils ont d’autres idées touchant Les intérêts de l’état , que celles qu'avoient leurs prédécefleurs. | L'on demande encore quelquefois s’il eft permis de faire des rrairés & des alliances avec ceux qui ne profeffent pas la véritable religion. Je réponds qu’il n'y a point de difhculté là-deffus. Le droit de faire des srairés eft commun à tous les hommes, & n’a rien d’oppofé aux principes de la vraie religion, qui loin de condamner la prudence & l’humaniré, re- commande fortement l’une & l’autre. Pour bien juger des caufes qui mettent fin aux traités publics, il ne faut que faire attention aux regles des conventions en général. 1°. Ainfi un sraité conclu pour un certain tems expire au bout du terme dont on eft convenu. 2°. Un sraité expiré n’eft point cenfé tacitement renouvelle; car une nouvelle obligation ne fe pré- fume pas aifément. | 3°. Lors donc qu'après le terme expiré on exerce encore quelques aëtes qui paroïffent conformes aux engagemens du srairé précédent , ils doivent pañler plutôt pour de fimples marques d'amitié & de bien- veillance , que pour un renouvellement du traité. 4°. Il faut pourtant y mettre cette exception ; à- moins que les chofes que l’on a faites depuis lexpira- tion du craité ; ne puiflent fouffrir d'autre interpréta- tion que celle d’un renouvellement tacite de la con- vention précédente. Par exemple , f. un allié s’eft engagé à donner à l’autre une certaine fomme paran, &t qu'après le terme dé l'alliance expiré, il en faffe le payement de lamême fomme pour l’année fuivan- te , l'alliance fe renouvelle par - là bien nettement pour cette année, | 5". C’eft une fuite de la nature de toutes les con- ventions en général, que f l’une des parties viole les engagemens dans lefquels elle étoit entrée par le zrarté , l’autre eft.difpenfée de tenirles fiens, & peut les regarder comme rompus ; car pour l'ordinaire tous les articles d’un srarré ont force de condition, dont le défaut le rend nul, 6°. Cela eft ainf pour l’ordinaire , c’eft-à-dire au cas que lon ne foit pas convenu autrement ; car on amet quelquefois cette clanfe, quela violation de quelqu'un des articles du srairé ne le rompra pas.en- tierement ; mais en même terms celui qui par le fait de Pautre fouffre quelque dommage , doit en être in- demnité. | Il n’y a que le fouverain qui puifle faire des srai- fes publics ou par lui-même ou par fes miniftres, Les TR A 335 traités faits par les miniftres n’oblisent le fouverain & l’état, que lorfque les miniftres ont été duement autorifés, &t qu'ils n’ont rien fait que conformément à leurs ordres & à leur pouvoir. Chez les Romains on appelloit fedus , pate public, convention folem.. nelle, un sraité fait par ordre de la puiffance fouve- raine, ou qui avoit été ratifié ; mais lorfque des per- fonnes publiques avoient promis fans ordre de la puiflance fouveraine quelque chofe qui intérefloit le {ouverain, c’eft cequ’on appelloit /pozffo, une fimple promefle. En général il eft certain que lorfque des miniftres font fans ordre de leur fouverain quelque rrairé con- cernant les affaires publiques , le fouverain n’eft pas obligé de le tenir, & même le miniftre Qui à éraité fans ordre peut être puni fuivant l'exigence du cas ; cependant il peut y avoir des circonftances dans le quelles un fouverain efttenu ou par les regles de la prudence, où même par celle de la juftice & de l’é- quité , à ratifier un srairé quoique fait & conclu fans fon ordre. Lorfqu'un fouverain vient à être informé d’un traité. conclu par un de fes miniftres fans fon ordre : fon filence {eul n’empotte pas uné ratification , à« moins qu'il ne foit d’aileurs accompagné de quelque atte , ou de quelqu’autre circonftance qui ne puifle vrafflemblablement fouffrir d’autre explication; & à plus forte raifon, fi l’accord n’a été fait que fous cette condition que le fouverain leatifiât , il n’eft obli- gatoire que lorfque le fouverain l’a ratifié d’une ma- niere formelle, (D. J:) TRAITÉ puB11C, ( Litrérar. ) fi les anciens rom- poient leurs sraisés publics auffi aifément que les puif- fances modernes, ils les contraétoient du-moins avec de grandes & de graves folemnités. Vous trouverez dans Potter, Archæol. græc. LI. c. y], les cérémo- nies que les Grecs obfervoient dans cette occafion ;, nous en détaillerons auffi quelques-unes en particu- lier , d’après Paufanias,, au 104 TRAITÉ d'alliance. Tite-Live , iv. I. ch. xxjv. indique les ufages des Romains dans la conclufñon de leurs srairés publics On pourroit recueillir des anciensauteurs beaucoup de chofes curieufes fur cette matiere , mais je ne fa- che pas que perfonne ait encore pris cette peine, (D.J.) TRAITÉE d'alliance | ( Antig. grecq. € rom.) Pau- fanias a décrit tout au long & plus d’une fois les cé- rémonies qui s’obfervoient en pareille rencontre. On immoloit une viétime dont par refpeét.on_ne mangeoit point la chair confacrée, Chaque contrac- tant, après le facrifice , répandoit une coupe de vin, ce qui S’appelloit libarion, d’où les alliances fe nommerent orordas , 8t les infraétions ueppfrncs : pa feramque tenentes, flabant, G cæsé jungebant federa porca.; on fe touchoit-enfuite de part &c d'autre dans la main droitre , cædent in fœdera dexiré : & pour af- furer les engagemens réciproques, on en prenoit à témoin les divinités vengerefles, principalement] upi- ter opxs0c , le dieu du ferment. Paufanias dit que Phi- lippe à force de fe parjurer dans fes sraités d'alliance x irrita le ciel & mérita qu’une mort violente & pré- maturée lui apprit qu’on ne fe joue pas impunément des dieux. (D.J.) ee TRAITÉ EXTRAORDINAIRE, (Finances, ).on nome me ainfi un accord qu’un fouverain faitayec des gens d’affaires pour différens objets , moyeénant des fom- mes d'argent qu’ils lui donnent pour fes projets, ou fes befoins preffans. | Dans ces conjonétures on traite quelquefois avec eux pour des produits de ferme de taxes qu’on leur abandonne, moyennant des fommes d'argent qu'ils avancent , ou dont 1ls font les fonds ; comme auffi pour la recherche de certains abus qui peuvent s'être commis par laps de terms au fujet de terres , de char- us 520 T R À ges , d’offices ; 6c. cat il eft impoffible de dire fur ‘combien de chofes ont été portés en divers tems &c en divers lieux des sraités particuliers & extraordi- “haires. | Maïs on ne peut s'empêcher d’obferver que leur effet eft toujours de nuire au bien de l'état , parce que par cette voie le traitant enleve de force & pat autorité à des milliers de familles leurs revenus & leurs capitaux , au-lieu qu'une impoñition générale n’entameroit qu'une portion du revenu. On connoït trop bien pour en douter d’un côté Part & la rapacité des traïtans,8c de l’autre les vices des rrairés extraor- dinaires. T fufit pour le juftifier de dire que ces for- tes de sraites tirerent depuis 1689 jufqu’à 1715, c’eft- à-dire en 26 ans, des peuples de ce royaume, plus de huit cens quatre-vingt-onze millions, fur laquelle fomme on peut juger quel fut le bénéfice des gens d’affaires. Ces mêmes traitans furent taxés au cofeil à vingt- quatre millions, & létat de leur gain étoit de foixante & quatorze nullions ; cependant quoique cette taxe ft modérée, il femble qu’on leur avoit accordé vo- lontairement le droit de retirer d’aufligros bénéfices, puifqu’ils Les avoient acquis fous Pautorité publique; mais la conflitution politique étoit contraire à l’inté- rêt général. Le gouvernement crut marquer de-cré- dit , tandis qu'ilne lui manquoit que de chercher des moyens plus naturels d'impofitions générales 87 fur tout le corps de l’état. D'ailleurs comme le nombre de ceux qui font ces profits immeñfes eft borné , il et évident que c’eft un petit nombre de fujets qui engloutiflent les richeffes du royaume. . On ne peut guere fuppofer qu'il y ait eu plus de cinq cens perfonnes qui ayent été fucceflivement in- téreflées dans ces diverfes affaires pendant les vingt- fix années dont nôus avons parlé ; & fi l’on fuppofe que leurs dépenfes ont monté pendant cet intervalle de tems à deux cens milhons, il doit leur être refté entre les mains un capital defix cens millions. L’ar- gent cherche largent , & chacun conçoit que ceux qui indépendamment d’affaires lucratives par elles- mêmesfe trouventdes capitaux immenfes en argent, font en état de faire l’acquifition de tous Les papiers avantageux, de fpéculer fur toutes les variations de la place , d'y influer même , enfin d'ajouter chaque jour quelgüés nouveaux degrés à leur fortune & à eur dépenfe.(D. J.) | TRAITÉ , dans le commefce, conveñtion , contrat dont on tombe d’accord , & dont on regle les clau- fes & conditions avec une ou plufieurs perfonnes, Il fe dit de tout ce'aui peut entrer dans le commerce par achat, vente, échange, &c. On fait des srairés pour dés fociétés , pour des achats de fonds, de ma- gafins ou de boutiques ; pour fretter des vaifleaux, pour les affurer & les marchändifes qui font deflus ; ces derniers fenomment polices d’affurance. Voyez Po- EICÉ G ASSURANCE. On fait aufl des srairés pour des ‘compaghies de commerce , pour des colonies, pour fa fourniture des vivres & fourrages des ärmées, &c. Dit. de Comm. TRAITEMENT , £ m. ( Gramm.) terme relatif à un bonoù mauvais procédé qu'on a avec quelqu'un, au bon ou mauvais accueil qu'on lurfait. Le vaincu a téçul toûtes fortes de bons éraitemens du vainqueur. Oneftäimé ou haï des peuples, felon le bon ou mau- vais tfaitemrent qu'on leur fait. Traitement fe prend dans uñ autre fens pour les {oins que Île chirurgien a donnés à un malade. Tant our le rraitement de cette maladie. TRAITER , v. aët. & n: ( Grumm. ) c’eft être en négociation, en commerce ; prendre des arrange- mens , Ge. On dit il rraite de cette charge. On #aire de la paix. C’eft qualifier ; on dit il rraisa le pape de Ja fainreté.; 11 veut qu'on le sraire d'excellence. On VOUS traitera d’impertinent, fi vous n’y prenez garde: C’eft en ufer bien ou mal dans la fociété, ou dansle domeftique ; comme elle m’a srairé ! je lareverrois! moi ! non, non, cela nefera pas; quand elle merap- pelleroit, m'en prieroit. C’eff tenir une bonne table; il nous reçut chez lui & nous traite magnifiquement. C’eft foigner un malade dans une maladie chirurgica- le ; fi vous croyez avoir cette maladie , perfonne ne vous sraitera mieux que Keïfer. Il eft auffi relatif à l’objet d’une fcience , d’un ouvrage; cet ouvrage traite de agriculture ; lAftronomie sraise du mouve- ment des aftres ; à la maniere dont un auteur s’eft- acquitté de fa tâche , ilabien sraicé fon fujet. Les chairs y font très-bien srairées ;'les draperies y font mal sraitées. Voyez les articles fuivars. TRAITER, ( Commerce. ) convenir de certaines conditions. On dit dans le commerce, srairer du fonds d’un marchand, srairer de fes dettes, sraier d’une aétion, c’eft-ä-dire convenir des fommes d’argent ou des conditions au moyen defquelles on veutacheter toutes ces chofes. : | Ge terme s'applique à la vente aufli-bien qu’à Pa- chat ; on dit en ce dernier fens , je veux srazer des attions que j'ai dans cette compagnie, c’eft-à-dire les vendre & m'en défaire. Di&. de Comm. TRAITER , fignifie aufli faire un commerce. Traiter des nègres , sraiter des caftors, c’eft faire en Guinée le commerce des negres , & en Canada celui des caftors. On dit plus ordinairement pour VPun & pour l’autre faire la raite. Voyez TRAITE. Di&. de Commerce. TRAITER , en termes de Boyaudier, c’eft ôter avec des joncs entrelacés dans les deux cordes, Le plus gros de matieres qui y font reftées, &c qui pour- roient être préjudiciables aux cordes en les pourrif- fant. TRAITER ,on dit ex peinture, rrairer unfujet ; voilà un fujet bien raité, admirablement sraise ; lorfque la compofition eft belle, & que l’inftant qui caratérife la fcène ou fujet srairé eft bien faifi. Il eft avantageux de traiter des fujets connus. Tel sraisé le même fujet que tel, &c. TRAITEUR, f. m. ( art de Cuifine. ) cuifinier pu- blic qui donne à manger chez lui, &t qui tient falles & maifons propres à faire noces &c feitins. Il y a à Paris une communauté de maitres queux-cuifiniers ; pottes-chapes 8c sraiteurs , érigée en corps de juran- de par Henri IV. Savary. (D.J.) : TRAITEUR, ( Comm. ) on appelle ainfi à la Loui- fiane, les habitans françois qui vont faire la traite avec les Sauvages, & leur porter jufque dans leurs habitations, des marchandifes qu’ils échangent con- tre des pelleteries. On les nomme en Canada cou- reurs de bois, Voyez TRAITE. Didtion. de Com. TRAITOIRE, f, £ serme de Tonnelier, inftrument de tonnelier , qui fert à tirer & à alonger les cer- ceaux, en liant des tonneaux. Il eft compofé d’un crochet de fer, & d’un manche. (D. J.) TRAITRE.,, {. m. (Cramm.) celui qui fe fert de la confiance qu’on avoit en lui, pour nous faire du mal. Celui qui en ufe ainfi avec fon roi, fa patrie, fa fem- me, {es enfans, les indifférens , fa maitreile, fon ami, mérite également ce nom. TRALE 04 TRASLE, Voyez Mauvis. TRALLES , (Géog. anc.) ou TRALLIS , car les auteurs emploient ce mot indifféremment au pluriel &t au fingulier. Tralles étoitune ville de PAfie mineu- re dans la Lydie, ayant à la gauche la montagne Mé- fogis , &c à la droite la campagne du Méandre, Stra- bon dit qu’elle étoit riche, peuplée, &r fortifiée de tous côtés par la nature. . M. Wheler dans fon voyage de l’Anatolie, rome le Page3 3 7.rapporte avoir vu deux médailles de la ville de Tralles, l'une de l’empereur... fous le confulat de FR A de Modeftus : le revers eft une riviere avec ces let- tres : T PAAAIANON , c’elt-à-dire des Tralliens, Cette gravure fait voir que Tralles étoit fituée fur une ri- Viere, cuproche d’une riviere; @r cette riviere étoit le Méandre.Trallis, continue Wheler, étoit une grande ville où s’aflembloient ceux qui étoient employés au gouvernement de PAfe, M.Smith aflure qu’elle eft ‘aujourdhui abfolument détruite ;il en refte pourtant les ruines, que les Turcs appellent Su/ax-Heffler, ou la jortereffe du fulian. On les voit fur une montagne, à demi-leue du Méandre ,{ur le chemin de Laodi- Cée à Ephete, à vinet heures de cheminde la premie- re,près d’un village appellé Teke-qui. L'autre médaille eft de l’empereur Gallien : elle a furlé revers une Diane quichafle, & on lit ces let- tres autourj TPAAAIAN&N , c’eft-à-dire des Tral- liens. | | Cette defcription s'accorde aflez bien avec celle de Strabon, qui met Trallés {ur une éminence ; & comme cette ville n’étoit qu'à une demi-lieue du Méandre, la diftance-n’étoit.pas aflez grahde pour empêcher qu’elle ne pût être nife au nombre des vil- les bâties fur ce fleuve. La ville de Trallis eut divers autres noms ou fur- noms. Pline, 2. F. c. xxix. lui donne ceux d’Evarria, de Seleucia &t d’'Antiochia. Etienne le géographe dit qu’on la nomma auparavant Anrheia, à caule de la quantité de fleurs qui éroiïfloient aux environs. La notice d'Hiéroclès marque la ville de Trallis dans la province proconfulaire d’Afe, {ous la mé- tropole d’Ephefe, Phlegon, affranchi de l’empereur Adrien, étoit de Trailes, & vivoit au commencement du fecond fie- cle. E compofa plufieurs ouvrages , entr'autres une Hifloire des olympiades , divifée en feize livres; mais dont il ne nous refte qu'un fragment. La meilleure édition des débris de cet auteur, eff celle que Meut- fus à pris foin de publier à Leyde en 1622, en grec êt en latin, avec des remarques. Comme dans ces débris Phlegon parle d’une éclipfe de foleil mémorable, arrivée en la deux cént deu- xieme olympiade, c’eft une grande queftion de fa- voir fi cette éclipfe eft la même que celle des téne- bres qui parurent à la mort de J. C. & cette queftion fut vivement agitée il y a 30 ans en Angleterre, dans plufieurs écrits pour &c contre. Le doéteur Sykès (Arthur Ashley) mit au jour à Londres, en 1732 ,une diflertation dans laquelle 11 foutint qu’il eft très-probable que l’échipfe dont Phlegon a parlé, étoit une éclipfe naturelle arri- vée le 24 Novembre de la premiere année de la deux cent deuxieme olympiade, & non dans la qua- trieme année qui eft celle de la mort de J. C. M. Whifton oppofa à cette differtation une piece inti- tulée : Le rémoignage de Phlegon défèndu ; ou, Relation des sénebres & du tremblement de terre arrivé à la mors de J. C. donné par Phlegon , avec tous les témoignages des auteurs payens G chrétiens qui confirment cette re- lation. Le doëteur Sykès répondit par une réplique intitulée: Défenfe de la différtation fur léclirfe dont Phlegon fait mention, où l’on prouve plus particuliere- ment que cette éclipfe n’a aucun rapport avec les ténebres arrivées a la mort de notre Sauveur, & où l'on examine en détail les obfervations de M. Whiflon. Londres 173 3» 2n-8°, Cette défenfe du doéteur Sikès, lui attiraide nou- veauxadverfaires ,entr’autres Jean Chapman & Tho- mas Dawfon, qui lui repliquerent ainf que M. Whi. fon. Tous ces écrits polémiques font contre l’ordi- naire,extrèmement précieux à recueillir, car outre qu'ils ne renferment.aucune perfonnalité | on n’a point encore traité de queftion critique avec plus de recherches curieufes, & avec plus de profondeur Tome XVI, | L'eR' A 537 Te UN - rs ass : d'érudtion. Foyez l'article Phlevon du dijon, de Jaes 1X go a e Ja de Portugal, bornce au nord par le royaume de LCon, la Galice, la proviñce de Béira & celle de Duero-e-Minho. Elle a environ 30 lieues de long fur 20 de large; on y recueille du vin & beaucoup d'huile. Miranda en ef la cäpitale. (D. J.) . FRAMAÏL, fm, (Chaÿe.) c'e un orand filet pour prendre des oïfeaux la nuit en plaine campa- gne. Il reflemble beaucoüp à un autre filet que les Anpglois appellent cloche , avec lequel ils chaffent aux oifeaux avec du feu, 1 Ce mot vient du latin £rezeculum, où de macula, parce que ce filet eft compoié de trois rangs de mail- les, | — On Pétend fur Ja plaine; de forte qu’une de fes ex: trémités garnie de pétites boules de plomb, pole li brèmenr fur la terre’, & que l’autre extrémité fou: tenue par des hommes , fe traîne le long du champ, pendant que d’autres hommes portent des déux cô- tés des lumieres qui jettent beaucoup de flamme; ce qui obligeant les oifeaux de $’envoler, ils fe prennent dans le filer à mefure qu'ils fe levent. 7 oyez CLOCHE, TRAMAIL, rerme de Pécheur, filet propre à pêcher dans ls petites rivierés ; il eft compolé de trois rangs de mailles en lozange, mifes les unes dévant les au- tres, dont celles de devant &7 de derriere font fort larges , & faites d’une petite ficelle. La toile du mi- lien qui s’appelle la rappe, eft faite d’un fil délié É elle s’engage dans les grandes mailles qui en bou: chent l’iflue au poiflon qui v eft entré, (D, J. TRAMAUX, TRAMATS, TRAMAILLONS ; f. m. pl. serme de Péche ; ce {ont des filets de la même efpece que ceux de la dreige, Foyez DREIGE, c’eft- ä-dire compofés de trois filets appliqués l’un fur Pautre; ce que fignifie vifiblement tramail, ou éom= pofé de trois mailles. La pêche des sramaux differe de la dreige, en ce que le filet eft fédentaire fur le fond de la mer. Pour cet effet, il eft pierre par le bas , & garni de flottes par le haut. À chacune de les extrémités eft frappée uné cabliere : il peut avoir 4 à 5 piés de haut. À fes extrémités font des corda= ges fur lefquels font frappées des bouées, par le moyen defquelles on retrouve le filet que l’on éta- blit, en-forte qu'il croife la marée, Ce filet prend toutes fortes de poiflons plats & ronds indiférem- ment. Les Pécheurs relevent plufieurs fois leurs filets, .C’eft-à-dire qu'ils font plulieurs marées avant de le retirer tout-à-fait, & le rapporter à terre, La tifure d’un bateau peut ayoir6 à 700 brafles en tout , & les Pêcheurs ne s’éloignent guere plus qued’une lieue & demie ou environ de la côte, | Les flamaux de ces sramails ont huit pouces en quarré, & la toile, nappe ou lue eft d’un fil très-fia, & a deux pouces en quarré, en quoi elle differe beau: coup de la dreige ou traine en pleine mer. | Il y a une autre forte de rramaux qui ne font ni fédentaires, ni en dreige; als font dérivans à la ma- rée, &c tout autrement établis que les autres. La teflure eftcompofée d’autant de deux pieces de tramaux, Qu'il y a d'hommes d'équipage dans le bas teau qui fait cette pêche. Le filet n’a au plus que 4 piés de haut. La tête eft garnie de flottes de liege, ë le bas d'environ une livre de plomb par brafies : | 3 Y ÿ y 535 TRA Les pieces de #ramail ne font point jointes l’une à l'autre côte à côte, comme celle de la dreige ufitée aux côtes de Normandie & de Picardie; mais elles {ont féparées les unes des autres par un bout de fu- nin de 8 brafles environ de longueur, lequel ef frap- pé fur la tête de la deuxieme piece de srarmail; ainfi fucceffivement jufqu’au bout. On frappe au commen- cement & à la fin de la teflure , un cordage plus foi- ble que le funin qui unit les pieces de #amail. On frappe fur cette corde une bouée de liege, & on met un femblable cordage garni d'une bouée entre cha- que piece de sramaux, pour foutenir de diftance en diftance la teflure que l’on defcend, ou que l’on releve felon qu’on le juge convenable, & que la pro- fondeur de l’eau lPexige. | On pêche de cette maniere toutes fortes de poif- fons plats. Les Pêcheurs ne reftent pas fur leurs f- lets, qu'ils viennent retrouver aifément fuivant leur eîtime, & ils nomment ce filet des rramaux cachants a la dérive. Quand les Pêcheurs fe fervent de ces #ramaux à la mer , ils les tendent en rets traverfant entre les ro- ches, & font la même manœuvre que les Pêcheurs aux filets nommés picots. Les Pêcheurs dans léurs barques fe mettent entre la terre & le sramail,& bat- tent l’eau ayec leurs avirons, pour faire lever & faire fuir les porflons plats & ronds dans le filet qu'ils relevent d’abord qu'ils ont ceflé leur batture; & fou- vent ils font en une heure trois bartures. Ils font cette forte de pêche à la mer, le long des côtes , en tout tems, & fur-tout lorfqu'ils ne peuvent pêcher dans l'embouchure de la riviere, foit à caufe des gla- ces, la vafe ou débordement; mais quand ils peu- vent pêcher dans la riviere, ils font la pêche en dé- rive. Voyez des figures 3. PL V, 6 La figure 1. PL. VIIT. de Péche. La premiere repréfente les éramaux fédentaires fur le fond de lamer; &cla feconde, les 1ramaux détivans à la marée, Il y a auf des sramaux ou folles tramaillées , dont les pécheurs du reffort du comté de Calais fe fervent pour faire la pêche. Les filéts font les grands sramaux ou folles tramaillées, les cibaudieres, mailles roya- les, ou demi-folles , les bas parcs, des cordes de pié, mais peu de ruchers ou grenadieres ; ils ont commencé à abandonner l’ufage de ces dermiers. Les folles flottées tramaillées font d’un calibre neuf fois plus grand que l'ordonnance de 1681 ne la déterminé pour les folles dont la maille eft fixée à cinq pouces en quarré; celles defangatte ont jufques à douze & treize pouces en quarré. Il en eft de mé- me de la nappe ou flue de ces filets, qui ont entre cinq &c fix pouces en quarré ; la maille de latoile, nappe ou flue des sramaux a été fixée par l’ordon- nance à 21 lignes feulement en quarré; ainf celle de ces pêcheurs font trois fois trop larges. Ces filets fe tendent flottés, arrêtés par le pié avec des torques ou bouchons de paille , placés de demi-brafle en demi-brafle, enfoncés d’un pié dans le fable, le long des écores ou de {a chûte des ba- nes. Pour contenir la tête des folles tramaillées & chargées de flottes de liège, le pêcheur place de di- ftanice en diftance de petites lignes frappées fur celle des flottes dont le bout pareillement garni de tor- ques de paille, eft enfoncé aufli dans le fable, de maniere que la marée ne puifle élever le filet qu'à la hauteur feulement de trois piés au plus , & com- me ce ret en a plus de quatre, 1l forme une efpece de ventre, poche ou foilée, où s’arrêtent les poif- * fons qui tombent dans les filets au retour de la ma- rée , & qui y reftent pris; le ret eft placé en demi- cercle, fuvantla difpofition du banc de fable au pié duquel les pêcheurs le tendent; chaque piece de ges folles a 9 à ro braïffes de longueur. Le carra , forte de pêche qui fe pratique aux pafla- ges aux échenaux du bafin d’Arcaffon, dans le ref {ort de l’amirauté de Bordeaux, fe fait avec un filet tramaillé ; mais la manœuvre eft différente de celle des autres sremaux qui fervent à la pêche à la gran- de mer ou dans la baie. Les mailles de la carte de cette efpece de filet que les pêcheurs nomment w- maillade du tramail, font très-ferrées, n’ayant au plus que neuf lignes en quarré ; les pieces d’aumail- lades ont environ Vingt-cinq à trente brafles de long. On en joint deux enfemble pour en faire une petite tiflure, qui n’a au plus que demi-braffe de hauteur ; cette pêche & celle des srarmaux ou tramaillons dé- tivans , fe fait en tout tems fur les échenaux : il faut deux hommes dans une pinañle pour la faire ;on jette le ret par le travers de l’échenal; furle bout forain eft frappé une bouée de gourde ou de liége; Pautre bour eft amarré à la pinaïle qui va à la dérive &'en- traîne avec elle le tramaïl qui roule fur les fonds au gré de la marée; les pêcheurs tâchent de faire tou- jours croïfer l’échenal par le filet qui eft peu chargé de plomb par le pié;.les pêcheurs le releyent de tems-en-tems pour en ôter le poiffon qui s’y trouve pris , cils remettent leurs aumaillades à Peau plu- fieurs fois à chaque marée ; on prend. de cette ma- niere des mêmes efpeces de poiflons qu’avec les sra- maux fédentaires , mais en bien moindre quantité, à ce qw’aflurent les pêcheurs... TRAMBLOWA, (Géog. mod.) petite ville, ou plutôt bourg de la petite Pologne, dans le palatinat de Podolie, fur la riviere de Kerizen. (D. J.) | TRAME, f. m. (Manufaë.) ou TREME, ce ter- me fignifie les fils que les Tifleurs , Tiflerans & Tif- futiers , font pafler tranfverfalement avec une efpe- ce d'outil appellé rayerce, entre les fils de la chaine, pour former fur le métier des étoffes, des toiles, des bazins, des futaines, des rubans , 6. Les srames font de différentes matieres, fuivant les marchandifes que l’on veut fabriquer. Danses taffetas, la rame 8 la chaine font toutes de foie ; dans les moires, la sra- me eft quelquefois de laine, & la chaine de foie; dans les ferges, la sreme eft de laine aufli-bien que la chaine ; les tiretaines ont la chaine de fil, & la rame de laine. Le mot srame femble venir de sranfmeare, parce que la srame eft pouflée au-travers des fils de la corde, étendus en longueur fur le métier. ( D. J.) , TRAMER , v. at. c’eft préparer la trame. TRAMER FIN, ( Rubanier. ) fe dit lorfqu’au lieu de faire fa trame d’une grofleur raïfonnable, on la fait exceflivement fine, ce qui épargne à la vérité beaucoup de matiere , mais rend l'ouvrage plus long dans la fabrique, parce qu'il faut frapper plus fort ; la trame par fa finefle empliffant moins la duite , les coups de battans étant multipliés ; c’eft donc l’ou- vrier feul qui fouffre de ce ménage, contre lequel il a fouvent lieu de réclamer; ileft vrai qu'ily a des ouvrages qui demandent cette précaution pour leur perfeétion ; en ce cas, il feroit de la juftice des mai- tres de compenfer cette néceflité par quelque petite reconnoïflance de leur part. TRAMEUR , 1. m. rerme de Manufatur. ouvrier dont loccupation eft de difpofer les fils des trames, pour être employées à la fabrique des étoffes, (D.J.) TRAMILLONS, f. m. serme de Péche, filet tra- maillé , c’eft-à-dire , compofé de trois filets appli- qués l’un fur l’autre; la manœuvre eft la même que celle des alofteres ; la tête eft garnie de flottes de lié- ge, & le bas eft plombeé. | Les pêcheurs s’en fervent pour prendre des éper- lans : on fait cette pêche feulement d’ebbe & de jour; car de nuit & de flot on ne prendroit rien; le bout forain du filet eft foutenu d’une bouée , & l’autre dé- rive à la marée. Voyez TRAMAUX. TRAMONTANE , L.f. ( Navig. ) eft proprement le nom de l'étoile polaire, en-tant qu’elle fert à con- . duire les vaïffeaux fur mer; d'où eft venu le proë verbe , i/ a perdu la tramontane, c’eft-à-dire , !L ef dé- CorIcer té, | Tramontane , fignifie auffi en Italie & fut la mer . Méditerranée un vent qui foufle du côté qui eft au _delà des monts, par rapport à litalie. Chambers. TRANCHANT, fm, ( Gram. ) c’eft dans-un ou- til deftiné à couper , la partie qui eft Oppofée au dos : &t qui coupe. On dirle sranchant dun rafoir, d’un couteau; mettre à éranchant. Tranchant eft auf le participe du verbe srancher, & fe prend adjeétive- ment, Comme lorfqu'on dit #7 inffrumens tranchant. TRANCHE, f f (Géom.) quand on conçoit qu'un prifme, un cylindre , une pyramide, un cône, 6c. font coupés par des plans paralleles à la bafe, les feétions qui en naïflent s’appellent des sranches : on donne même quelquefois ce nom aux portions foli- des comprifes entre deux coupes. (£ TRANCHE de marbre, ( Archireët, Ÿ morceau de marbre mince, qu'on incrufte dans un comparti- ment, Ou qui fert de table pour recevoir une inf- cripton. (D, J:) TRANCHE, ex terme d’Eperonnier, eft un outil en forme de cifeau, logé dans un morceau de bois rond & fendu, dans lequel la sranche eft retenue par deux lens defer; ce bâton fe nomme 4ois de la sranche. Voyez des fa. PI. de lÉPERONNUER. TRANCHE, en terme de Doreur fur cuir, eft une petite bande d'or pour faire les bords des livres qu'on relie en veau & qu’on dore. TRANCHE, terme de Ferranderie, outil dont les Serruriers & les autres ouvriers en fer fe fervent . pour couper & fendre les barres de fer à chaud. Cet outil eftd’acier ou de fer bien acéré en forme d’un coin ou gros cifeau, de cinq ou fix pouces de long, ‘avec un long manche de bois:( D. J. TRANCHE, forte de coûteau dont les Fondeurs en Jeble fe fervent pour réparer & tailler les moules qu'ils conftruifent ; c’eft une lame de fer roulée par un bout & saiguifée en langue de carpe tranchante des deux côtés par l’autre, Voyez Les fig. PL du Fordeur en fable, 4 TRANCHE, rerme de Laboureur : c'eft un oùtil de fer qui coupe la terre, lequel a divers noms ,ielonla diverfité des contrées ; les uns appellent pioche, les autres ouille, quelques-uns ovillant, Dië. éconoriig. _ TRANCHE, (Monnoie.) ce terme de monnoie f- gnifie la cé’conférence des efpeces , autour de laquelle On imprime une légende ou un cordonnet, pourem- pêcher que les faux-monnoyeurs ne les puiffent ro- gner; on ne peut marquer que les écus de [a légen- de; Dornine falvum fac regem,parce que levolume peut porter des lettres fur la tranche ; mais le volume des autres efpeces, tant d’or que d'argent, ne fauroit pot- ter fur la sranche qu’un cordonnet avec un grenetis des deux côtés, ou feulement une hachure. L’ufage de mettre une légende fur la sranche des monnoies ,ä commencé en Angleterre. Françoisle Blanc dans fon traité des monnoies de France , dit qu'il faut efperer qu'un jour on protégera la nouvelle invention qui marqueles monnoies fur la sranche, en mêmetems que la tête & la pile. Ce fouhait qu’il faifoit en 1690, ne fut pas long-tems à être accompli dans ce royau- me. (-D.J.) TRANCHE , erme de Relieur ; ce mot s'entend de Tendroit du livre par oùil a été rogné fur la prefle, c'eftä-dire, de l'extrémité des feuillets que l’on dore, ou que l’on met en couleur. On dit dorer, noircir : rougir & marger {ur srenche , felon que c’eft de lor , ou de quelqu’une de ces.couleurs que l’on met fur la tranche. (D.J.) TRANCHE , (Coutelier, Tailland. S errur.) &t autres ouvriers en fer, Ils enont-de deux fortes ; l’une en forme de coin ;'prife dans-un gros morceau de-bois ; Tome XF. 8 TR A 539 fendupar le bout, & retenu dans cette fente par deux cercles de fer. Elle fert à ouvrir les grofles barres de fer. L’autre à queue, qu’on place dans un trou pra- tiqué vers la bafe de la bigorne de l’enclume, Elle fert à couper de petits morceaux de fer, à féparer des petits ouvrages, de la barre dont on les a faits. La Premiere de ces zranches {e pofe fur le morceau de fer à trancher ou à Ouvrir ; un ouvrier tient le mor ceau de fer, pofe deflus la sranche, dont il tient le manche, 8 un autre ouvrier avec un gros marteau frappe fur la tête de lasrenche. Pour {e fervir de la feconde au contraire un feulouvtier fufit, Il pofe le fer fur cette sranche fixée dans le trou de la bivorne ; &c 1l frappe fur la piece À {éparer de la barre, | TRAN CHE » adj. M.cerme de Blafon ; on dit qu’un cu eft éranché, lorfqu'ileft divifé en deux diagona- lement, & que la divifion vient de l'angle dextre du chef, à l'angle féneftre de la pointe ; quand il et di- vilé au contraire, on l'appelle #45. On dit tranché crénelé, quand la divifion du sranché éft faite par cré- neaux ; éranché-endenré eft quand les deux parties de l’écuentrent lune dans l’autre par dentélure. Tranché. retranché, fe dit de ce qui eft sranché » Piustaillé & resranché ; 8 cranché-taillé, quand fur Le anche il y a unepetite taille ou entaille au cœur de Pécu, Mere crier. ( D. J.) FRANCHÉE ,L f. (Archir.) ouverture en terre creulée en long & quarrément, pour fonder un édi- fice, où pour pofer & reparer des conduites de ‘plomb , de fer ou de terre, Tranchée de mur, Ouverture en longueur hachée dans'un mur pour y recevoir &{celler une folive, ou un poteau de cloifon, ou une trinole qui fert à por: ter de la tapiferie, On appelle encore sranchée de mur, une enfaille dans une chaîne de pierre au-dehors d’un mur , pour y encaftrer l'ancre du‘tiran d’une poutre, &c la re- couvriride plâtre, On fait auf de ces tranchées pour retenir les tuyaux de cheminées , qu'on adoffe con- treun mur, Daviler, (D.JN TRANCHÉE, fofle que lon a creufée dansla terre pour faire écouler les eaux d’un marais ; d'un pré, d’un étang, 6e: ou pour détourner le cours d’une ri viere, Voyez FOSSE. Chambers, TRANCHÉES, ( Foriification. ) dans Pattaque des places, font des efpeces de chemins creufès dans la terre pour arriver à la place fans être vu de fes dé- fenfes. Lorique fa srerchée eft parallele à la place ; on la nomme parallele ou place d'armes, Poyez LIGNES pa RALLELES 04 PLACE D’ARMES. Lorfqu’elle fert de chemin pour arriver à la place, elle fe nomme hoyau. Voyez BoyAU. y a plufieurs efpeces de tranchées ; favoir : La sranchée a crocher, la cranchée double » la direile 8x la franchée tournante. La tranchée à croches eft la tranchée ordinaire qui va en Zig-Zags vers la place. _ La sranchée double eft celle qui étant vue des deux côtés a un paravant de chaque côté. La rranchée direile eft celle qui va direétement aux ouvrages où elle fe dirige, parce que le terrein ou la fituation ne permet pas de la conduire autrement. On la défile par de fréquentes traverfes, & en la faifant plus profonde que la sranchée ordinaire. Voyez ces différentes tranchées | PL, XVI. de fortification, fig. 1. n°,2,3 6 4, * N La sranchée tournante eft Celle qui entoure où qui forme une efpece d’enveloppe autour des ouvrages attaqués ; telle eft celle qu'on fait pour le logement du.glacis ou du chemin-couvert, PI, XP. fo. 1. n°, 1 Cette tranchée F eft défilée des ouvrages qui les dés couvrent par des traverfes intérieures G 0 des extéa rieures T, | Yyyi $40 T R A La tranchee Souvre ordinairement lorfque les Le “gnes de circonvallation &c de contrevaliation font à peu-près aux deux tiers de leur façon. Dès que ces lignes font tracées , l'ingénieur qui a la principale Ingénieurs, mineurs & généralement à tout ce qui regarde la füreté & l’a- vancement des attaques; mais il {e doit concerter avec le direéteur de la tranchée, & ne rien entre- prendre ni réfoudre fans fa participation ; car ce dere 42 T R A nier.eft l’ame &c le véritable mobile des attaques. - L’apphcation particuliere d’un lieutenant-général doit être de bien pofter Les troupes, regler les déta- chemens,, faire fervir les têtes de la sranchée, 8 fournir des travailleurs extraordinaires, quand on lui en demande. | | À Les maréchaux-de-camp font la même chofe que le lieutenant-général, par fubordination ; &c ils doi- vent recevoir fes ordres , & les rendre aux briga- diers, & ceux-ci aux colonels qui les diftribuent à leurs régimens, à qui ils ont foim de les faire exécuter. | | : Quandil y à quelques entreprifes à faire , c’eft le Heutenant général quien doit ordonner l’exécution,, par l'avis & fur l’expofé du direteur général, -+Lorfqu'il y a peu deces prémiers officiers dans uneaïmée , ce n’eft pas-une nécefhté que le lieutez nant général de jour couche à lawsranchées, 1l fuffit qu'a vifite pendant le jour , & qu'il y donne fes Quatre lieutenans généraux fufifent pour une ar: mée.commandée par un maréchal de France, le-dou- ble des-maréchaux de camp, & le double de ceux-ci en brigadiers ; c’eit-à-dire que s’il yasquatre lieute- hans généraux , 11 doit y avoir huitmmaréchaux de camp , &feize brigadiers ; un plus grand nombre eft inuule , & bien plus à charge quenéceffure dans les 4 arrnées: Des rois 6 des princes. S1 des rois owdes princés dont la vie eft précieufe aux peuples, étoientenper- fonnes à l’armée , & qu'ils vouluffent voir la cran chée, ce,qu'on ne peut défapprouver , 1l faudroit prendre les précautionsfuivantes : 1°, Que, cela n'arrive pas fouvent ; mais feule- ment deux, trois, ou quatre fois tout au plus pendant un fiege, … 2°, Que ce ne foit qu'à des places confidérables,, & non à des bicogues. _ 39. Que la cranchée foit bonne , & autant aflurée qu'on le peut faire. st _.4%1Qu'ils voyent l'ouverture de lasranchée fi bon leur femble; mais qu'ils nela vifitent plus que lorfque le canon.fe fera rendu maître de celui de laplace. s°, Que la nuit qui précédera lesvifites qu'ils voudront faire, on envoie partie de:leur garde à la tranchée, diftribuée par petits pelotons en différens endroits , pour plus grandes füretés de leurs per- fonnes. # | 6°. Qu'ils y aillent fort peu accompagnés, &c feu- lement d’un capitaine des gardes , de trois ou quatre de leurs officiers, & de cinq ou fix feigneurs de leur cour , ou des officiers généraux, & du directeur de la tranchée , qui doit marcher immédiatement de- vant eux pour leur fervir de guide, & leur rendre compte , encheminfaifant , de toutes.chofes. 7°. Qu'ilne fe fafle aucun mouvement detroupes pendant qu'ils feront à la sranchée ; mais qu’elles fe rangenttoutes fur lerevers , laiffant le côté du para- pet à fa marche. 8°. Qu'on fafle affeoir tous les foldats , leurs ar mes:à la main ; les oMciers fe tenir de bout du même côté, le chapeau à la main, fans laïfer paroïtre leur efpontron par-deflus la sranchée. .… 9°. Qu'ils vifitenttout, jufqu’à la troifieme place d'armes, même jufqu’à la queue des fapes, afin qu'ils en foient mieux anftruits. | 10°. Qu'ils montent de petits chevaux ; bas de taille, doux, qui ne foient pas ombrageux , pour faire leur tournée , au-moins jufqu'à la feconde pa- rallele owplace d'armes , n’étant pas poffible qu’ils y puiflent fourniräpié, quand les srezchées font un peu avancées, 11°. Qu'on leur faffe un où deux repofoirs dans es endroits de lasrarichées les plusiconvenables:; ces À {° ta , ® SE Led & . mêmes lieux poufront fervir après de Couverts aux officiers généraux de garde. | Après tout ce que nous avons dit fur la sranchée, faut encoreñäjouter une véritéconftante, c’eft qu'il n'y a aucun lieu für dans la wanchée, quelque foin qu'on fe puiffe donner pour la bien faire | comme il n'yarien quipuifle mettre à couvert des bombes & des pierres , quand on eft fous leur portée , & que la place en tire; äl n’y a point non plus de parapet de sranchéeïqui ne puïfle être percé par le canon, à huit piés au-deffous du fommet, & dans l'infinité de coups/de moufquets qui fe tirent, ilky en a toujours quantité dont Les balles rafantile haut des parapets,, “s’'amortiflent &r plongent, la plûpart avec encore af fez de force pour bleffer & tuer ceux qui en font atteints, &. Ii ÿ a de plus descoups de biais où d’écharpe, qui rafant ainfi léparapet de la sranchée | s’amortiflent,, -êtine font pas moins dangereux, &c qu'on ne peut “guere éviter. és ! ‘Quand omeft fous la portée des gtenades, c’ef encore pis ; les coups de feu font là dans eur forcés -6t bien plus certains , outre que les éclats des grenaë des &t des bombes volent par-tout, & vont le plus {ouvent tomber où l’on ne les attend pas; c’eft pour- quoi je crois qu'il eft de la prudence que les grands princes, de la vie defquels dépend fe fort des étatsi, dans les vifites qu’ils feront dansila sanchée , ne paf fent point au-delà de la troïfieme place d'armes; ils ne doivent pas même aller jufques là. 4429, des pla- ces de Vauban, | La sranchée {e monte de jour ou de nuit ; l’avanta- ge qu'on trouve à la monter de jour , confifte en ce que les officiers êc les foldats qui voient leterrein, s'inftruifent mieux de ce qu'ils auront à faire, que -quand Pobfcurité fera venue ; mais il yYadiversavan- tages à la monter de nuit, . 1°, On perd moins de monde par le canon & les moïtiers des afiégés, qui ne.ceflent de tirer depuis que les nouvelles troupes entrent à la queue dela tranchée , jufqu'à ce que celles qui font relevées, foient entierementforties ; {ur-tout lorfqu’il fe trou- ve quelque morceau de sranchéé qui fera enfilé où commandé ; ce que rarement on peut éviter dans toute cette longue étendue qu'a la sranchée ; comme les artilleurs-de la place ne manquent jamais de l'ob- ferver , c’eft principalement vers cet endroit qu'ils dirigent les batteries ; & les troupes qui entrent, s’embarraflant avec celles qui fortent, n’ont pas af- fez de terrein pour éviter les bombes, les pierres, êtles bonds desboulets de canon, 2° Si pour donner laffaut, où pour vous précau= _tionner contre une fortre à laquelle vous fcavez que les ennemis fe préparent, vous voulez conferverles troupes qui devotent être relevées, pour les joindre avec les nouvelles qui entrent ; ou fi vous montez la tranchée avec plus ide bataillons qu’à l'ordinaire, les ennemis l’obferveront , lorfque cela fe pañléra de jour, & ils prendront leurs mefures pour attendre laffaut, ou pour ne point faire de fortie : au-contrai- re fiaprès avoir monté la #ranchéé de jour , vous fai- tes marcher de nuit de nouvelles troupes pour en renforcer la garde , il ne fera pas poffible que ce mou vement ne s’entende de fa place , fur-tout quand la tranchée eft déja proche. 3°. Comme c’eft la nuit qu’il y à plus à craindre des forties ; les troupes de la sranchée feront bien moins vigilantes ét moins en état de combattre , lorf qu'ayant déja pañlé tout Le jour, elles fe trouveront haraflées par le foleil & la poufiere, ‘Il eff vrai Has t nl EEE + é ‘qu'on ÿ peut remédier , en ne montant pas la sran- chée le matin , mais feulement le foir un peu aupara= vant lanuit. Lors mème qu'on/monte lasranchée de nuit, les généraux, les commandans, & les majors des régi- mens, y entrent de jour , afin de reconnoître le ter- rein & voir en quelétat toutesles chofes fetrouvent. Le major de sranchée ou {es aides , devroient lesat- tendre au pofte du lieutenant général de sranchée, pour leur faire obferver tout ce qui eft digne de quel- que confidération, VE * Le major général , dès le jour précédent , nomme! aux majors de brigade quelles troupes doivent-rele- ver chacune de celles dé fa rranchée ; & une fois pour toute il afigne lheure & le lieu de laffemblée : où ce même major général fait ranger les bataillons ëtles détachemens felon Pordre dans lequel ils doi- vent marcher & garnir la sranchée. Êrsa - Deux caporaux de chaque bataïllon fe trouvent À la queue de la sranchée, l’un pour guider à couvert parle chemin le plus court, Le bataillon qui entre ; & Pautre pour conduire les détachemens qui vont quel-: quefois par un chemin différent de celui que prennent ! : les régimens. IE Les troupes qui entrent & celles qui fortent, s’ap- procheront du parapet le-plus aw’elles pourront : fi. c'eft de jour, la rranchée fe monte tambour battant , &c l’on plante les drapeaux au haut de la sranchée dans: P P ; quelqu’endroit du parapet qui doit bien renforcé y parce que les cannoniers de la place fe divertiffent à tirer contre les drapeaux. Chacun fait que les officiers qui defcendent, tranf- mettent à ceux qui les relevent , les ordres qu'il y a à la sranchée. Le lieutenant général de rranchée les reçoit du général de l’armée, &:il les diffribue en- fuite aux régimens. Pour moi, je voudtois que le général de la sranchée donnât tousles ordres au major, ëétique celui-ci les diftribuât tous:les jours aux trou- pes de la sranchée. De cette maniere, on trouveroit dans le livre du major de sranchée | une fuite exa@te de tout ce qui s’eft pañlé pendant tout le couts du dignes M 1 + | Je voudrois aufli que le lieutenant général & le major de sranchée , les ingénieurs qui entrent & qui lortent , les commandans des batteries, les direc- teurs des mines, le major général de l’armée, le chef des ingénieurs , 8 les commandans d'artillerie ; conféraflent enfemble fur ce qu’il eft important de faire ou de repréfenter au général de l’armée , pour bien exécuter les ordres qu'il a précédemment don- nés. Reéflixions militaires, par M. le marquis de San- tacrux. Après le détail précédent fur les sranchées , ilnous refte à faire obferver, en finifflant cet article, que lufage n’en remonte guere , felon le pere Daniel, qu'au regne de Charles VII. ou un peu aiparavant. croit qu’on leur donnoit alors Le nom de mines , & quelquefois de sranchées ; mais ce dernier nom pré- valut bien-tôt fur le premier ; apparemment lorique les travaux exprimés par ces deux noms, devinrent différens. Le maréchal de Monluc les perfe&ionna au fiege de Thionville, en 558 ; mais ce n’eft que fous M. le maréchal de Vauban, qu’elles devinrent inf- niment plus parfaites qu’elles ne l’avoient été juf- qu'à ce grand homme. Ce fut au fiese de Maëftricht, en 1673, qu'ilinventa lesfameufes paralleles ou pla- ces d'armes, qui donnent tant de fupériorité À l’atta- que fur la défenfe. Il imagina enfuite les cavaliers de tranchée, un nouvel ufage des fapes & des demi-fa- pes, les batteries à ricochet , &c. & par-là , comme ledit Fhiftorien de l'académie , « il avoit porté les * arts à une telle perfe@ion , que le plus {ouvent, » ce qu'on n’auroit jamais ofé efperer devant Les pla- # ces les mieux défendues,, ilne perdoit pas plus de # monde que les afliégés ». Nous devons remarquer ici que M. le chevalier de Folard ne penfoit pas que les sranchées aient été in- gonnues aux ançiens ; il prétend même démontrer TRIA 543 dans fonvsrafré de Parraque & de la defenfe des places " qu'ils employoïent des paralléles, ou places d'armes, dans leurs approches , & qu'ils avoient pratiqué tout ce qu'on a inventé dans les fieses dépuis la décou- verte de la poudre à canon, Mais fuivant M. Gui chardt , le fentiment de M. de Folard , fur ce fujet , ne fe trouve fondé que fur linfidélité des tradu@ttons, & fur l’envie de cet habile oficier , de faire de nou- velles découvertes. « Pai examiné » dit-il , dans la » langue originale, les paffages dont il appuie fon » fyflème, & je me fens aifément convaineu que » les auteurs n’y repréfentent rien de tout ce qu'il a »" Vu, € qu'ils s'expriment en tefmes trés.clairs fur » tout ce qu'ils veulent faire entendre, left certaim » Qu'on n’ytrouve rien de refflemblant aux sranchées » 8 aux paralleles». Differsarion Jurlattique & Là defenfe des places des anciens. Voyez cette difiertation dans le fecond volume des rémoires miliraires dé M. Guifchardt, & le traité fur le même fujet, de M. le chevalier de Folard, 2. 11. € III. de fon commentaire fur Polybe, (Q) | TRANCHÉE , queue de la, ( Génie.) c'eft Le pre- mier travail que l’afliégeant a fait en ouvrant la one chée | & qui demeure derriere à mefure qu'on poufle la tête de lattaque vers la place. Il y a toujours du danger à la queue de la sranchée, parce qu’elle eft ex- polée aux batteries delaplace , & que le canon logé fur des cavaliers | donne facilement fur les troupes qui montent la garde , ou qui la teleyent. On laiffe toujours une garde de cavalerie à la queuede la sran- ché ; pour être en état de courir au fecours des |'travailleurs delatête , en cas d’une {ortie de la gar= non ; & cetté garde fe releve autant de fois qu'on releve la gardé de la srenchée, CRIS | TRANCHÉE, relever La, ( Art milis. ) c’eft monter la garde à la ranchée | & prendre le poite d’un autre corps de troupes qui defcend la garde. (D, J. , - TRANGHÉE retour de la, ( Génie. ) ce font les coudes & les obliquités qui forment les lignes de la tranchée ‘Qui font en quelque façon paralleles aux côtés de la place qu'on attaque , pour en éviter l’en- filade. Ces différens retours mettent un grand inter- valle entre la tête &la queue de la sranchée, qui par le chemin le plus court, ne font féparéees que par une petite diffance. Auf quand la tête eft attaquée par quelque fortie de la garnifon , les plus hardis des affiégeans , pour abréger le chemin des retours , or- tent de laligne , & vont à découvert repoufler la for- tie , & couper l'ennemi en le prenant à dos. Di. milis. ( D. J,) TRANCHÉE, (Jardinage, ) {e dit d’une longue ou- verture deterre, pour planter des arbres , de la char- mille , ou pour faire un fofié , une rigole : on fait en- core des sranchées de recherches, Pour amañfler des fources. TRANCHÉE, ff. ( Hydr.) on appelle sranchée de recherche , celle qui reçoit l’eau de plufieurs prairies de communication , ainfi que des rameaux d’eau que des écharpes ramaflent de tous côtés ; en forme de pattes d’oie. (X) | TRANCHÉES , ( Médec, ) nom vulgaire employé par les femmes, les accoucheurs ; les fages-femmes ët les nouvelles accouchées , pour défigner les dou- leurs qu’elles éprouvent fouvent après leur accou- chement, à l’uterus, au ventre, au nombril , aux reins , aux lombes, aux aînes, foit continuellement, {oit par intervalles, tant d’un côté, tantôt de l’autre. On a indiqué les caufes & les remedes des sranchées au #01 DOULEURS & FEMME EN COUCHE, Médec. TRANCHÉES, ff pl. serme de Maréchal , C'eftune maladie des chevaux qui confifte en douleur dans tés boyaux excitée par l’acrimonie des humeurs >Oupar des vents, & qu’on doit traiter par les remedes Op- potés aux.caufes du mal, SoZy/ez, (D. Frs | 44 TARAAT TRANCHE-FIL , {mr rerme de Bourrelier cu: tortillé pour foutenir le furnez & la foubarbe de la bride des.chevaux de carroflés. (2: J.) TRANCHE-FIL, f. m.serme de Cordonniers his ap-. pellent ainf un gros fil qu'ils coufent en forme de bordure en, dedans; & le long des quartiers & oreil- les des fouhiers,, lorfque le cuir n’eft pas fort , 8 ion craint qu'il ne fe déchire, ou nejs’étende trop. (D. J.) | | TRANCHE:-FIL, ..m.serme d'Eperonnier, c'eftune efpece de petite chaîne. fort déhée qui.eft autour. du mords. (D:.7.) TRANCHE-FIL, {.m. rerme de Relieur, petit orne- ment.de fil ou de foie , que les Relieurs mettent.au dos des livres .quAls relient: fur le haut .êcle,bas.de la sranche. Il fert aufli à tenir les feuilles en-état. C2 | TRANCHE-LARD , £ m: (Cuifine.) grand icou- teau fort mince, à lufage des cuifiniers , &c dontle. ne QE sue nom indique l’'ufage. TRANCHER , v. a@. ( Gram. ), c'eft féparer en. deux parties avec un inftrument tranchant. Trancher ce fer en deux. On srarche la tête aux gentilshommés R É, LA ELA coupables de crime. Il fe dit auf des douleurs d'en trailles , qu’on appelle sranchées ; uniffez ce médica- ment à celui-ci pour empêcher de #rancher. On dit au figuré , il eft d’un caraétere srañché ; trancherune dif-- ficulté. La mort anche nos efpérances.; 1l sranche de l'important : c’eft un srafsre , 1 sranche de deux côtés: ces couleurs sranchenstrop. Trañnchez ces chiffres pour les diftinguer de ceux fur lefquels vous n'avez pas encore opéré. PT METTRE . TRANCHET, £. m. (Outil de Cordonnier.) efpece de loñg couteau de fer fort plat &r fort acéré , avéc un manche de bois léger. Il fert à couper le gros cuir pour en faire les femelles de deffons,, 6c à les redref- fer ou rogner quand elles font coufues au fouker. Onen fait auffi les chevilles destalons ; Llesmarchands de crefpin les vendent. ( D,J.) , Te TRANCHET ,.{.m. (Serrurerie, }.c’eft un outil de ferrurier | qui fert à couper de petites pieces de fer à chaud, Voyez l’article TRANCHE: La feconde s’ap- pelle auf srancher. (D,J.) TRANCHIS, {m, sérme de Tuilier rang d’ardoifes ou de tuiles échancrées , qui font en recouvrement fur d’autres entieres, dans l’anglerentrant d’une noue, ou d’une fourchette. (D. J. ) TRANCHOIR QUARRE, f. m. ( Archirett. ) eft cette table quarrée qui fait le couronnement du cha- piteau des colonnes , & qui, dans celles de l’ordre corinthien, repréfente cette efpece de tuile quarrée qui couvre la corbeille ou le panier qu’on feinten- touré de feuilles. ( D. J.) TrancHoir,f. m.rserme de Virrier, c’eft une forte de piece de verre que l’on met dans les panneaux de vitres , qui font façon de Lorraine ou de croix de Lorraine. ( D. J.) TRANCOSO , (Géog. mod.) ville de Portugal, dans la province de Tra-los-Montes , à trois lieues de Pinhel. Elle a titre de duché, & ef fituée dans une vafte &z délicieufe campagne. Cette ville eft entou- rée de murs, & a droit de fuffrage dans les affem- blées des états. Ferdinand [. roi de Caftlle , la prit fur les Maures l'an 1033. Long.u1.3. lait. 40.374 FOR EE) TRANCZIN, (Géog.mod.) petite ville de la haute Hongrie, chef-lieu du comté de même nom, fur la rive gauche du Vas, qu’on pafle fur un pont.de bois: Elle a pour défenfe un château fortifié, &dans fon voifinage des eaux minérales, & deux bains d’eaux chaudes. ( D. J.) TRANGLES, ff. terme de Blafon ,.ce mot fe dit des fafces rétrécies qui n’ont que la moitié de leur largeur ,/ & qui font en nombre impair. Trévoux. (029 … TRANGUEBAR o4 TRANQUEBAR , ( Géogt, mod. ) ville dela prefawile de l'Inde, au royaume de Tanjaouri, fur la côte de Coromandel, à Pembou-. chure dela riviere Caveri,, 8&c à 25 heues de Pondi-! chéri. Les.Danoïs en font les maîtres depuis: lan: 162%, par.un accord fait la même année avec le naï-+ que ou rot de Tanjaour , fur les terres duquel.eft =» | tuë-ce-port dé mén; les Danois ont bâti depuis une forterelfe pour fa défenfe. Le climat eneft fort chaud, . &ctres-difcile à fupporter. Les jéfuitesont dans cette. . villeune églife, & y jouiffent d’une grañde liberté. : : Le roi de Dañemarck y a établi une mffion én 170$ pour la propagation du Chrifianifme ; on peut con! | fulter fur cette miflion M. de la Crofe dans fon CArif2 . tiamifine. des Indes. Long. 97. 50. latit. feptent: nn, 18. D,,J. un 1, (Géog. mod.) ville d'Italie , au royaume de Naples, dans la terre de Bari, fur le golfe de Ve- nie ,.entre Barlette & Bifeglia. Il y a un château bâti par l’empereur Frédéric IL. Son port a été bou- ché par Les fables. Son évêché eft du x. fiecle. Long. 34. 50: datit. qu 10. (DJ) TRANQUILLITÉ, PAIX, CALME, (Syron.) ces. mots, {oit qu’on les applique à lame , à la répue, blique ou à quelque fociété particuliere, expriment également une fituation exempte de trouble &z d’agi- tation : mais celui de srarguillité né regarde précr= fement que la fituation-en elle-même, 8 dans le t:ms préfent indépendamment de toute relation : celui de paix regarde cette fituation par rapport au-. dehors, &t aux ennemis qui poutroient y canfer de laltération : celui de calme la regarde par rapport à l'événement , foir pañlé, foit futur, enforte quil la défigne comme fuccédant à une fituation agitée, ou comme la précédant. . On a la sranquillité en {oi-même , la paix avec les autres , & le calme après l'agitation. Les gens inquiets n’ont point de sranquillité dans. leur domeftique. Les querelleurs ne font guere en paix avec leurs voifins. Plus la paffion a été orageufe, plus on goûte le caline, Pour conferver la tranquillisé de l’état, il faut faire valoir l'autorité fans abufer du pouvoir. Pour main- tenir la paix, 1l faut être en état de faire la guerre. C’eft encore plus par la douceur que par la rigueur qu'on rétablit Le cz/me chez un peuple révolté, Gi- rard, Syzon. (D.J.) TRANQUILLITÉ, ( Mythologie.) la Tranquilliré,, appellée par les Grecs Evda, a êté déifiée. On a trou- vé à Nettuno , dans la campagne de Rome, fur le bord de la mer , un autel avec cette infcription , Au- tel de la Tranquiilité , ara Tranquillitaus ; {ur cet autel eft repréfentée une barque avec.une voile ten- due, & un homme aflis au gouvernail : cette divinité étoit diftinguée de la Paix & de la Concorde. (2.J.) TRANSACTION, 1 f. (Gran. & Jurifpr.) eft un accord ou convention faite entre deux ou plufeurs perfonnes, pour prévenir ou terminer un procès. L'incertitude de l’évenement &t le bien de la paix font ordinairement les motifs des rranfadions. Ces mêmes confidérations font auffi qu’ordinaires ment on fe relâche de part & d’autre de quelque pré= tention, autrement ce ne feroit plus unewraenfaélions mais une renonciation gratuite que | on feroit à {on droit. Les sranfaitions, toutes favorables qu’elles {ont,, ne s'étendent point aux choles qui n’y font pas ex= primees, Onne peut pas non plus oppofer à une partie {a tranfaition qui a été faite avec une autre, chacun étant le maître de fon droit. On flipule quelquefois une peine en cas d'inexé- cution de la sranfahon, & le cas arrivant , la peine doit être exécutée ; 1l dépend néanmoinside Fer enÇe s dence du juge de la furfeoir on modérer s'if lui pa- roit Jufle de le faire. Les tranjaéfions ont la force des chofes jugées, tellement que fuivant l'ordonnance de Charles IX. de lan 1560, elles ne peuvent être refcindées pour caufe de iéfion, mais feulement pour dol & force. En matiere criminelle elles ne valent qu'entre les parties privées, & ne peuvent impoler filence à la partie publique. Ordonnance de 1670 , dir, xxv. are, ie ONE Anciennement on ñe pouvoit tranfiger fur un ap- pel au parlement fans lettres- patentes & arrêt, ou _du=moins fans un arrêt qui homologuoït la zranfac- #i077, Quand l'appel venoït du pays de droit écrit, com- ie 1l n’y avoit pas d’amende pour le roi, on pouvoit tranfiger fans lettres- patentes; mais il falloit tou- jours un arrêt, & quelquefois la tranfuëlion fe failoit au parlement même, comme on voit au fecond re- giftre o/im, fol. 25. y°. où il eft dit: Mec el contorda- Lo faila arno 1298 , inter Petrum epifcopuin Altiftodo- renfem & procuratorem comitis Altifod Orenfis, Lorfque lappel venoit du pays coutumier où il y avoit amende pour le roi , il falloit lettres- patentes & arrêt fur icelles pour homologuer la sranfaiion. C'eft de-là qu'il y a tant d'anciennes sranfuélions dans le dépôt du parlement; ces anciennes éranfac- tions font la plüpart écrites en rouleaux, dont par. les foins & fous les yeux de M. Joly de Fleury ,pro- cureur général, une bonne partie a été extraite pat M. Meflé, avocat; on y a découvert beaucoup de chofes curieufes , & qui fervent à éclairer notre an- cienne jurifprudence, Jufqu’à l'ordonnance de Charles IX. ent 560, on penfoit toujours qu’il n’étoit pas permis de tranfiger fur un appel pendant en la cour, fans lettres-patentes OU arrêt; mais cette ordonnance ayant confirmé toutes sranfaëhions faites fans dol & fans force, on a penié que cette confirmation générale difpen{oit d'obtenir ni lettres ni arrêt; & en effet, depuis ce tems on s’eft difpenfé de cette formalité, On fait cependant encore homologuer au parle- - ment certaines san/attiors pour y donner plus d’au- _torité, comme quand elles font pañlées avec des bé- _néficiers, ou qu’elles contiennent des abonnemens de dixmes &r autres arrangemens femblables qui inté- reflent l’ordre public, Foxez au digefte & au code le titre de cranfaihionibus ; Domat, & l'ordonnance des tranfathons. (A) TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES , {ont une & pece de journal contenant les principaux mémoi quu fe lfent à la fociété royale de Londres, fur les fciences ou les belles-lettres, | Ces Tranfaélions contiennent différentes décou- vertes & obfervations faites par les membres de Ja fociété, ou qui leur ont été communiquées par leurs correfpondans. Cet ouvrage fut commencé en r66 pat M.Olden- bourg, fecrétaire de la fociété royale, qui le conti- tinua jufqu’à l’année 1679. Après fa mort le do&eur Hook fon fuccefleur le continua auffi fous le titre de Colleütions philofophiques : mais le doéteur Grew l'ayant remplacé en 1689 , reprit l’ancien titre qui fut confervé par Le doéteur Plott fon fucceffeur » & qui a fubffté jufqw’à préfent. Cet ouvrage fut d’abord publié tous les mois avec beaucoup de foin par M. Oldembourg & les pre- miers fecrétaires ; mais il {ut interrompu fouvent depuis la mort du doëteur Plott, En 1700 le doéteur Sloane le fit publier de nouveau régulietement tous les mois ; dans la fuite on ne le mit all jour que tous les deux, trois, quatre, & fix mois. Quelque tems après on le donna plus fréquemment & périodique- ment fous la dire@tion du do&teur Jurin > & ce jour- Tome XVI, ; 14 TRA ÿ4ÿ + hal cohtinte encote aujourd’hui fous celle de milord Macclesfield, préfident de la fociété royale. Chambers, On a fait un abrégé en anglois des Tran/aëtions philofophiques, qui contient les mémoires les plus intéreffans de ce recueil, af + Feu M. Bremond avoit entrepris une traduétion des Tranfaëtions philofophiques, traduétion enrichie de notes, de réflexions favantes, & d’'avertiflemens, où 1l indique fur chaque fujet tout ce qu’on trouve de pareil , ou qui s’y rapporte, dans les mémoires de l’académie des Sciences, dans les journaux littéraires qui en ont donné des extraits, & dans tous les autres ouvrages tant anciens que modernes, oùles mêmes matières font traitées, Il nous en a donné quatre vo- lumes 27-49, qui comprennent les années D73UIS 1732, 6c. jufqu’en 1736 inclufivement, & un volu- me de tables générales par ordre des matieres, êc par ordre chronologique des titres des ouvrages. ê£ des noms des auteurs, accompagnés de femblables indices plus fuccints, depuis l’année 1665, quieft celle de l’établifflement de cette célebre compagnie, Jufqu’en 1735. Il avoit entrepris ce grand ouvrage dès l’année 17373 il fe bornoit d’abord à de fimples extraits, femblables à ceux que nous ont donné MF. Low torp & Motte, fous le titre d’Abrégé des Tranfaëlions philojophiques ; maïs l'importance du fujet ayant ré- veillé l'attention des favans, M. le chanceilier d’A- guefleau affembla ché lui plufieurs membres des deux académies, des Sciences & Belles-lettres, pour délibérer fur la maniere de rendre cette tradu&ion plus utile. La pluralité des voix fut pour la traduc- tion entiere & fidelle du texte, fans préjudice aux notes inftruétives que le tradu@eur jugeroit à propos d'y ajouter féparément. Depuis la mort de M. de Bremont, fon travail a été continué &z fe continue par une focièté de gens de lettres, fous la diretion de M. de Mours. (0) | TRANSALPIN , adj. ( Géog. )fe dit des pays qui font au-delà des Alpes : ce terme eft relatif, Ainf Vltalie eft sanfalpine par rapport à la France, & la France par rapport à l'Italie. TRANSAQUÆ, ( Géog. anc.) lieu d'Italie > AU. pays des Marfes, près du lac Fucinus ; fon nom mo- derne eft Tranfacco, bourg du royaume de Naples, dans PAbruzze ultérieure, environ deux mille au midi du lac Celano. (D. Li TRANSCENDANT, adj. (Päilof.) fe dit en géné- ral de ce qui eft élevé au - deflus des chofes ou des êtres ordinaires. On le dit particulierement de l’objet de la méta: phyfique, qui confidere l’Être en général, les êtres tranfcendans, comme Dieu, les Anges, &c. Voyez MÉTAPHYSIQUE. Les Logiciens & les Métaphyficiens donnent le nom de termes tranfcendans À ceux qui font f géné- taux , d’une fignification fi étendue & fi univerfelle qu'ils paffent toutes les cathésories, & conviennent à toutes fortes de chofes ; tels font les termes es, Unum, verum , bonum, res. Voyez ÊTRE, Gc. Géométrie tranfcendante, eft le nom que l’on donne à la partie de la géométrie qui confidere les pro= priétés desscourbes de tous les ordres >» & qui fe fert pour découvrir ces propriétés de lanalyfe la plus difficile , c’eft-à-dire de calculs différentiel & inté- gral. Voyez GÉOMÉTRIE, DIFFÉRENTIEL , & INTÉ- GRAL, Equations tranfcendantes , font celles qui ne ren- ferment point, comme les équations alsébriques, des, quantités finies, mais des différentielles ou flu- xions de quantités finies, bien entendu que ces équa- tions entre les différentielles doivent être telles qu’- elles ne pufent fe réduire à une ge algébri- ZZ 56 TRA que. Par exemple l'équation dy = == qui paroït être une équation sranfoendante , éft réellement une Ô nl , . cu LA équation algébrique , parce qu’en intégrant {épare- ment les deux membres, onay=y4a+xx. Mais RARE VE c ; == eft une équation #ranfcer- dante, parce qu’on ne peut exprimer en termes finis les intégrales de chaque membre de cette équation : l'équation qui exprime le rapport entre un arc de cercle & fon finus eft une équation srenféendante ; car M. Newton a démontré ( voyez QUADRATURE), que le rapport ne pourroit être repréfenté par aucune équation algébrique finie, d’où il s'enfuir qu'il ne peut l'être que par une équation algébrique d’une infnité determes , ou parune équation srz7/cendante, On met ordinairement au rang des équations #ran/f- cendanrés les équations exponentielles, quoique ces équations puiflent ne renfermer que des quantités finies (voyez EXPONENTIEL) ; mais ces équations different des algébriques en ce qu’elles renferment dès expofäns variables, & on ne peut faire difparoi- tre ces expofans variables qu’en réduifant équation à une équation différentielle. Par exemple, foit y = l'équation dy= a” qui eftune équation exponentielle, 1] faut pour faire difparoître l’expofant x différentier l’équation, d RTE À ce qui donnera ds = ; équation différentielle &c tranfcendante. Courbe tranfcendante , dans fa fublime géométrie, eft celle que l’on ne fauroit déterntuiner par aücune équation algébrique , mais feulement par une équa- tion tranfcendante. Ces courbes font celles que M. Defcartes , &c piu- fieurs autres à fon exemple, appellent courbes mécha- niques, &t qu'ils voudroïent exclure de la géométrie; mais M, Newton &c Leibnitz font d’un autre fenti- ment. En effet, dans la conftruétion des problèmes géométriques, une courbe ne doit point être préfé- tTée à une autre, en-tant qu'elle eft déterminée par une équation plus fimple, mais en-tant qu’elle eft plus aifée à décrire. Voyez GÉOMÉTRIE. (O) TRANSCOLATION , f. f. ex Pharmacie, c’eft la même chofe que fration , ou percolanion. Voyez FILTRATION, &c. TRANSCRIPTION, f. f. ez terme de marchand, c’eft l’a@ion de mettre, de tranfcrire ou de rappor- ter un compte d’un livre dans un autre livre particu- lier , d’un journal dans un grand livre de compte. Voyez TENIR LES LIVRES DE COMPTE. . TRANSCRIRE, v.aét. (Gram.) c’eft écrire une feconde fois, faire une copie d’une chofe écrite , la porter d’un papier fur un autre. Tranfcrivez cela &c le mettez au net : sranfcrivez cet acte fur ce regiftre. . Cemorceau n’eft pas de lux, il n’a fait quele sranfcrire, TRANSCRIT , participe , ( Jurifprud. ) figniñe ce qui eft copié d’après un autre exemplaire; faire tranicrire un mémoire ou autre écrit, c'eft le faire mettre au net, ou en général le faire copier. Voyez COPIE , ÉCRIRE. (4) TRANSE, f. f. (Gram.) peur violente qui glace. On ditles sranfes de la mort. Un bon chrétien doit toujours vivre en tran/e. TRANSE AT , terme de l'Ecole puremént latin qui veut dire paffe , & fuppofe qu’une propofition eft vraie, fans que l’on en convienne abfolument, Voyez HYPOTHESE, LEMME. C’eft de-là qu’eft venu le proverbe latin, srerftar, græcum.eft , non legitur: pañie, c'eft du grec, on ne peut pas le lire. On attribue cette phraîe à quelques anciens commentateurs ou gloflographes du droit ci- vi, qui n’entendant pointlessrec , pafloienttousles mots de cette langue à mefure qu’ils les trouvoient dans leur chemin, fans en pouvoir donner l’explica- tions TR A Dans la chancelerie de Rome un 1} fanféat, Ceft: à-dire, que rien ne pañle, eft une efpece d’oppof- tion que on fait aux fceaux d’une buile, ou à la dé- livrance de quelque autre expédition, jufqu’à ce que les parties intérefées aient été entendues. TRANSFÉRER , v. a@. ( Gram. ) c’eft conduire d’un lieu dans un autre. On sransfere un prifonnier d’uneprifon dans une autre ; un évêque d’un fiese à un autre , un religieux d’une bonne maifon dansune mauvaile, une relique, le fiese d’un empire, &c une donation , la proprièté d'un héritige, une fête d’un jour à l’autre. TRANSFIGURATION , (Cririg. facrée.) c’eftainf qu’on nomme l’état glorieux dans lequel Jefus-Chriff parut fur une montagne où il avoit conduit Pierre, Jacques & Jean fon frere. Le vifage du fauveur de- vint brillant comme le foleil, 8c fes vêtemens blancs comme la neige, Mar. xxviy. 4 & 5. La plüpart des interpretes penfent d'après 8. Jérôme, que la mon- tagne où fe pafla cet évenement miraculeux, étoit ceile du Thabor, quoique l’Ecriture ne la nommé pas ; du-moins devoit-on s’en tenir là ; mais les mal- heureux Grecs preflés de touscôtés, & parles Turcs & par les Latins , difputoient encore dans le xny. fie- cle fur cette matiere. La moitié de Pempire préten- doit que la lumiere du Thabor étoit éternelle, & l'autre que Dieu l’avoit produite feulement pour la ransfiguration. ( D. J.) TRANSFORMATION, £. f. en Géomérrie, c’eft lé‘ changement où la réduétion d’une figure ou d’un corps en unautre de même aire ou de même folidité, sais d’une forme différente. Par exemple l’on tranf- forme un triangle en quarré, une pyramide en pa- rallélipipede , 6c. Chambers. TRANSFORMATION des équations. ( Algebre,) fe dit de la méthode par laquelle on change une équa- tion eh uneautre qui la repréfente. | Par exemple, fi on veut faire difparoïtre le fecond terme d’une équation x M Æpx mM—j+Lgxme +, Gc. —0,on ferax=7#+a; & fubftituant, on aura une transformée dont les deux premiers termes feront 7 MHmaz M1; donc + pz m —1, matp=o;donca—=—- Il en eft de même des autres termes qu’on peut vouloir faire difparoïtre ; & il eft à remarquer que la valeur de 4 fera toujours réelle fi le terme eft pair, parce que l'équation en 4 fera d’un degré impair. Voyez ÉQUATION. S1 on veut donner unité pour coefficient au pre< fuer terme d’une équationax5+bx?+cxke=o, on la multiphiera par 44, enforte que a: x5 foitle premier terme, & on fera enfuite a x = 75 & l’om aura 75402 +cagtea?—o, Voyez un plusgrand détail dans l’analyfe démontrée du p. Reyneau, div. IIT, (0) | TRANSFORMATION DES AXES, ( Géom. ) c’eit l'opération par laquelle on change la pofition des axes d'une courbe. Par exemple fi on a x & y pour les coordonnées d'une courbe; en faifant y = z+ 2, on changera l’axe des x de pofition en Le reculant de la quantité a: Ce fera le contraire ,f on fait y =# + 4, alors l'axe des x refte en place, & c’eft l'axe des y qui change. Sion fait en général x= #7 2 +7? + a, y =kn+gzt+c;m,n,k, gétant des nom: bres à volonté, &t 4 ;c, des conftantes quelconques, alors les deux axes changeront tous deux de pofition & d’origine tout-à-la-fois. S1a & c font—0,les axesne chanperont que de pofition ;fk= o, l’axe dés y chan« gera d’origine &t non de pofirion , & ainfi du refte. Voyez COURBE Ex la fig. 17 d’Alpebre. (O) TRANSFORMATION, f. f. ( sermme de Myflicifine. } changement de l’ame contemplative qui, difent les myftiques, eft alors comme abimée en Dieu, enforte TR A gu'ellé ne éonnoit pas elle-même. fa diftinéhion d’a: vec Dieu ; 1ln/y a plus d'autre moi que Dieu, difoit . Catherine de Gènes, en parlant de cette union d’ef fence. L Dans de tels momens ; difoit madame Gayon, j'é- touffe en Dieu. Voilà des idées bien folles, (2. 7.) TRANSEUGE , DÉSERTEUR, (Synonymes) ce mot fisnifie ce qu’on ne peut bien exprimer par dé- Jerteur, ni par fugiuf. Transfuge eft celui qui quitte fon parti, pour fe retirer chez les ennemis. Quoique rransfuge foit tout-à-fait établi dans no- tre langue , & qu'il fignifie autre chofe que déférreur on ne laifle pas de fe fervir ordinairement de défer- teur dans le fens de sransfuge ; cependant quand il s’agit de traduttions des auteurs clafiques , il con- vient de fe fervir du mot de sransfuge , comme a fait M. d’Ablancourt. On dit encore avec élégance au f- guré un ransfige de l'amour, pour défigner celui qui en abandonne le parti. (2. J. TRANSEUSION , ff. (Méd. Thérapeur. Chirurg.) opération célebre qui conffte à faire pafler du fang des vaifleaux d’un animal , immédiatement dans ceux _ d'unautre. Cette opération fit beaucoup de bruit dans le monde médecin, vers le milieu du fecle pañé, en- viron les années 1664 & les fuivantes , jufqu’en 1668 ; fa célebrité commença en Angleterre, & fut, fuivant l'opinion la plus reçue, ouvrage du dcéteur Wren, fameux médecin anglois ; elle fe répandit de- là en Allemagne par les écrits de Major, profefleur en médecine à Kiel ; la srarsfufion ne fut connue & effayée en France qu’en 1666; MM. Denys & Em- merets furent les premiers qui la pratiquerent à Paris; elle excita d’abord dans cette ville des rumeurs con- fidérables , devint un fujet de difcorde parmi les mé- decins , & la principale matiere de leurs entretiens &c de leurs écrits ; il fe forma à l’inftant deux partis oppotés, dont l’un étoit contraire & l’autre favora- ble à cette opération ; ceux-ci, avant même qu’on Peüt efflayée, prouvoient par des argumens de l’école que c’étoit un remede univerf{el ; ils en célebroient d'avance les fuccès, & en vantoient l'efficacité ; ceux- là oppofoient les mêmes armes , trouvoient des pai- fages dans les différens auteurs, qui démontroient qu'on ne pouvoit pas guérir par cette méthode, &c ils en concluoient que la sransfufion étoit toujours où du-moins devoit êtreinutile quelquefois dangereufe, & même mortelle ; on fe battit quelque tems avec des rarfons auf frivoles de part & d’autre ; & fi l’on s’en fût tenu là, cette difpute ne fût point fortie de enceinte obfcure des écoles ; mais bientôt on enfan- glanta la fcène ; le fang coula , non pas celui des com- battans , mais celui des animaux & des hommes qi _ furent foumis à cette opération; les expériences de- voient naturellement décider cette queftion devenue importante, mais l’on ne fut pas plus avancé après des avoir faites: chacun déguifa, fuivant fon opinion, Je fuccès des expériences ; en. même rems que les uns difoient qu'un malade qui avoit fubi lopération toit gueri de fa folie, & paroifloit en différens en- droits ; les autres affuroient que ce même malade -étoit mort entre les mains des Opérateurs , 8 avoit été enterré fecretement, Enfin, les efprits aigris par la difpute , finirent par S’injurier réciproquement; le .verbeux la Martiniere, lathlete des anti-transfufeurs, écrivoit aux mimiftres, aux magiftrats,À des prêtres à des dames, à des médecins, à toutlunivers,quelasrans- Jufion étoit une opération barbare Jortie de La boutique de Jatan, que ceux qui l’exercoient étoient dés bour- eaux, qui méritoient d’être renvoyés parmi les Chi- chimeques, les Cannibales, les Topinamboux, les Pa- abons, éc..que Denis entr’auttes furpañoït en ex- travagance fous ceux qu'il avoit connus, & luirepro+ .choit d’avoir fait jouer Les marionettes à la foire ; d’un autre côté Denis à la tête des transfufeurs, 4p- Tome XVI, TRA ÿ47 pelloit jaloux , eñvieux, Aquins, CEUX qui penfoient autrement que lui, & traitoient la Martiniere de mi {érable arracheur de dents, & d’opérateur du pont- neuf, A | La cour & la ville prirent bientôt parti dans cette querelle, & cette queftion devenue la nouvelle du jour fut agitée dans les cercles avec autant de feu , aufh peu de bon fens , & moins de connoiflance qué dans les écoles de l’art & les cabinets des favans:; la difpute commença à tomber vers la fin de l’année 16068 parles mauvais effets mieux connus de la srans= fufion, & à la fuite d'une fentence rendue au Châte- let, le 17, Avril 1668, qui défend, fous peine de pris fon , de faire la sransfufion fur aucun corps humain que la propoñtion n'ait été reçue & approuvée par les médecins de la faculté de Paris ; Gccette illuftre Compagnie, qu'on a vu fouvent oppofée avec tant de zèle contre des innovations quelquefois utiles , ayant gardé le filence fur éettequeftion, elle eft tom: bée, faute d’être a itée, dans l'oubli où elle eit en= core aujourd’hui; à peine faurions-nous qu’elle a oc: cupé les médecins , fi quelques curieux n’avoit pris foin de nous conferver les Ouvrages qu’elle excita dans le tems où elle étoit en vogue, & qui, comme tous les écrits polémiques cefient d’être lus & res cherchés des que la difpute eft finie, M. Falconet , pofiefleur d’une immenfe bibliotheque qu’il ouvre avec plaifir à tous ceux quele defir de sinftruire ÿ amene , m'a communiqué une colleétion de {eize où dix-fept pieces fur la transfufion, où l'on trouve tout ce qui s’eit pailé de remarquable à ce fujet; jen'ai tiré quelques éclairciflemens {ur l’origine 8 la dé: couverte de cette opération;les raifons qui fervent à létablir ou la détruire , les cas où on la ctoit princi- palement utile, 8 la maniere dont on la pratique, L'on eft peu d’accord {ur lorigine de cette Opéra tion ;" plufeurs auteurs en fixent l’époque au fiecle pañlé , d’autres la font remonter Jufqu'’aux tems les plusreculés,& prétendent en trouverdes defcriptions dans-des,ouvragestrès-anciens ; la Martinieré au Jas loux d'en prouver l'ancienneté que l'inhumanité cite pour appuyer fon fentiment , 1°. lhifloire des anciens Egyptiens,où Von voit que ces peuples la pratiquoient pour la guerifon de leurs princes; & que lun d'eux ayant conçu de Phorreur de voir mourir entre fes bras une créature humaine, &c jugeant que le fano d’un homme agonifant fe corrompt, fit cefer cette Opéra- ton , 6 voulut qu'on y fubftituât le‘baiñ de fang humain, comme le plusanalogue à la nature de l’hom. me & le plus propre à diffiper fes maladies. 20. Le livre de la fagefle de Tanaquila, femme de Tarquin l’ancien, par lequel il paroît qu’elle à mis en ufage la sransfufion, 3°. Le traité d'anatomie d'Hérophile, oùileneft parlé aflez clairement. 4° Un récrei/ d’un ancien écrivain juif, qui lui fut montré par Ben Ifraël Manañlé ; rabin des juifs d'Amfterdam, où étojent les patoles fuivantes: « Naam, prince de l’armée de » Ber-Adad ; roi de Syrie, atreint de lépre , eut re- » Cours aux médecins, qui pour le guerir.ôtoient du » fang de fes veines ,&enremettoient d'autre > °C. ÿ°.LeZivre facré des prêtres d'ApollonsoWilet fait mens! tiof deicette opération. 62, Les recherches désEubages. 7°. Les ouvrages de Pline, de Celfe & detplufieurs au tres, qui la condamnent: 8°, Les métamorphoies d'O= vide, où Pon la trouve décrite parmi les moyens dont fe fervit Médée pour rajeunir Æfon , & qu'elle promit d'employer pour Pélias ; elle commença ‘par leur Ôter:tout le vieux fang ,'enfuite elle remplit les vaifleaux d'Æfon des fucs qu’elle avoit préparés , voyez RAJEUNISSEMENT , & dit aux filles de Pélias pour les encourager à faire couler le fang de leur pere qu’elle lui fubftitueroit célui d’un agneau. 9°, Les principes \de phyfique dé Maximus , Où cet auteur Tenfeigne, 10°, Le sraité fur les facrifices de 1 empereur, Lz2i ll 545 T'R'A Julien, de Libanius, eh l’auteur parle de fa #razsfufion commeenayantété témoin oculaire; 11°.enfinilaflu- re que MarhlFicin, l'abbé T'ritheme, Aquapendente, Harvée & Frapaolo l’ont expérimentée, ( La Murti- riere, opufcules , derrr. a M, de Colbert.) Il auroit pu ajouter pour Ôter à fes contemporains & à fes con- {reres la gloire prétendue de cette découverte, que Libavius avant Harvée lavoit déja propofée & dé- crite très-exattement,que Handshan l’avoit pratiquée en 1658, & qu’elle avoit été perfeétionnée en 166; par Lower, &c. La queftion fur lancienneté de cette opération paroit aflez décidée par ce grand nombre de témoi- gnages , dont on ne fauroit contefter l'authenticité, du-moins quant à la plus grande partie ; le défaut de : | quelques ouvrages que la Martiniere cite, m'a em- êché de vérifier plufeurs de fes citations , il doit être garant de leur juftefle. Cependant je remarque- rai que Marfñl Ficin , qu’il donne comme sransfufeur, ne parle que des bains ou de la fuccion de fang hu- main , & non de la sransfufion ; que dans le Ziyre de da fibylle Amaithée fur Les fouffrances des gladiateurs, qu'il cite aufli, il n’y eft dit autre chofe, finon que leur fang pourra fervir de remede , ce qui certaine- ment ne fauroit s'appliquer à la sansfufion , parce que Le fang d’un homme mort n’eft point propre à cette opération. Cette découverte étant enlevée avec raïfon aux médecins-du fiecle pañlé , il refte à favoir à qui on en doit le renouvellement , plufeurs perfonnes fe Vattribuent ; les Anglois &c les François s’en difpu- tent ce qu'ils appellent l'honneur ; & chacun de fon côté apporte des preuves, fur lefquelles il eft difi- cile & très-fuperflu de décider. On convient aflez généralement que les premieres expériences en fu- rent faites en Angleterre, 8 la premiere sransfufion bien avérée y fut tentée par Handsham en 1658. Quelques allemands , Sturmius fameux mathémari- cien d’Altorf, Vehrius profefleur à Francfort, ont prétendu que Maurice Hoffman en étoit le.premier auteur , c’eft-à-dire le renovateur ; mais leur préten- tion n’eft point adoptée : c’eft aufli le fentiment de M. Manfredi , que la srensfufion a été imaginée en Allemagne, publiée en Angleterre & perfettionnée en France. Quoique les François avouent que les An- glois & les Allemands ont fur eux l'avantage d’avoir eflayé les premiers la éransfufion , ils ne cedent pas pour cela les droits qu'ils croient avoir à la décou- verte, ou au renouvellement de cette opération; ils prétendent être les premiers qui l'ont propofée , & als fondent leurs prétentions fur un difcours qui fut prononcé à Paris au mois de Juillet 1658, dans une aflemblée des favans qui fe tenoit chez M. de Mont- mor, par dom Robert de Galats , religieux bénédic- tin : le fujet du difcours eft lazransfufion du fang, & le but de l’auteur eft d'y prouver la pofibilité, la fécurité &c les avantages de cette opération. Comme ces aflemblées étoient fréquentées par des favans étrangers , & qu'il y avoit entr'autres quelques gen- tilshommes anglois qui y étoient très-afidus, il neft pas fort dificile à concevoir, difent les François , comment l’idée de la rransfufion aura pafñlé par leur moyen dans les pays les plus éloignés. Tardy, mé- decin de Paris, prétend en avoir eu la premiereidée, &t d’autres affürent que M. Pabbé Bourdelot , méde- cin, en avoit parlé long-tems auparavant dans des conférences qui fe faifoient chez lui. Il eff d'ailleurs certain, par le témoignage unanime des auteurs de différentes nations, que les François ont les premiers ofé enfaire des expériences fur les hommes ; mais en cela méritent-ifs plus d’éloges que de blâme ? Les fuc- £ès ne dépofent pas en leur faveur ; mais il faut pré- fumer que lintérêt public & l’efpérance de guérir plus promptement des maladies opiniètres, furent || les motifs qui les eñgagerent à ces tentatives; & dans ce cas , ils {eroient certainement excufables : on ne devroit au contraire avoir pour eux que de l’hor- reur , s'ils n’onteu d'autre but que defe difinguer , & s'ils ont cruellement fait fervir les hommes de viéi- mes à leur ambition. Quoiqu'il en foit , l'exemple de Denis , le premier #rarsfufeur françois, fut bien- tôt après fuivi par Lower &c King. Les Italiens ne furent pas moinstéméraires ; en 1668, 1ls répéterent la sransfufion {ur plifieurs hommes, MM. Riva & Manfredi firent cette opération. Un médecin , nom- mé Sinibaldus, voulut bien s’y foumettre lui-même; les mêmes expériences furent faites en Flandres, & eurent, s’il en faut croire Denis , un heureux fuccès. FR | Les auteurs qui pratiquoient dans les commence- mens la sransfufron {ur les animaux, ne cherchoient par cette opération qu’à confirmer la fameufe dé- couverte pout-lors récente de la circulation du fang, mais Les preuves qui en réfulterent étoient aflez inu- tiles , & d’ailleurs peu concluantes, quoi qu’en dife Boerhaave. 51 on les avoit oppofées aux anciens, ils nauroient pas manqué d’y répondre que fe fang étoit reçu dans les veines fans circuler, ou qu'il y étoit agité par le mouvement de flux & reflux qu'ils ad- mettoient , que les modernes ont nié , & qui paroït cependant confirme par quelques expériences ; mais, comme le remarque judicieufement l’immortel au- teur du sraite du cœur, « lorfqu’on connoït le cours » du fang, on trouve dans la sransfufion une fuite, » plutôt qu'une preuve évidente de la circulation», vol. IT, liy. IL, chap. ti. On ne fut-pas long-tems à fe perfuader qu'on pourroit tirer de la sransfutor des avantages bien plus grands, fi on ofoit Pappli- quer aux hommes , M. Denis aflüre qu’il donna d’au- tant plus volontiers dans cette idée, quede tous les animaux qu'il avoit foumis à la ransfufron, aucun n’é= toit mort, & qu'au contraire 1l avoit toujours re- marqué quelque chofe de furprenant dans ceux qu avoient reçu un nouveau fang ; mais comme 1l n’a- voit jamais pratiqué telle opération que fur des fu- jets de même efpece, 1l voulut avant de la tenter fur des hommes , eflayer fi les phénomenes en fe- roient les mêmes, & les fuites aufhi peu funeftes, en faifant pañler le fang d’un animal dans un autre d’une efpece différente : il choifit pour cet effet le chien &c le veau , dont il crut le fang moins analogue ; mais cette expérience réiterée plufeurs fois , ayant eu conftamment le même fucces, les chiens recevant fans aucune indifpofñition le fang étranger , 1l fe con- firma de plus en plus dans l’efpérance de la voir reuflit dans l’homme. Cependant ne voulant rien précipiter dans une matiere aufli intéreflante , où les fautes font fi graves & irréparables , ce médecin prus dent publia fes expériences , annonça celles qu’il vouloit faire fur les hommes, bien-aile de favoir l'avis des favans à ce fujet , & d'examiner les objec- tions qu’on pourroit lui faire pour le diffuader de poufler fi loin fes expériences , mais 1l n’eut pas lieu d’être retenu par les raïfons qu’on lui oppofa. Fon- dées uniquement fur la doëtrine aflez peu fatisfai- fantede l’école , elles ne pouvoient pas avoir beau- coup de force : Les principales étoient 1°. que la dé verfité des complexiors fondée fur le fang , fuppofe qu'il y'a tant de diverfité dans les fangs des difiérens animaux , qu'il eft impofñlible que lun ne foit un poi- fon à l’égard de l’autre ; 2°. que le fang extravalé , ou qui fort de fon lieu naturel , doit néceffairement fe corrompre , fuivant le fentiment d'Hippocrate ; 3°. qu'il doit fe coaguler en paflant par des vaiffeaux inanimés, & caufer enfuite en pañlant par le cœur des palpitations mortelles, Il ne fut pas mal-aifé à Denis de détruire ces objeétions frivoles , il y oppo- fa de mauvais raifonnemens qui paflerent alors poux | TRA bons ; il répondit encore moms folidement 8: plus prohixement à ceux qui lui objeétoient que le {ang pur trahfnus dans les veines d’un animal qui en con. tenoient d’impur, devoit fe mêleravec lui êr contra. ter fes mauyaïiles qualités ; & que d’ailieuts quand même ilarrivéroit que Le mauvais fang changeât par Âe mélange du bon, la caufe qui Pavoit aitéré fubft tant toujours, il ne tardéroit pas à dégénérer de nou- veau & à corrompre le fang pur. Cet argument eft un des plus forts contre la s'ansfrfion, & auquel fes partifans ne pouvoient jamais faire de réponte fa- tisfaante, | . | Denis croyant avoit repoutlé les traits de fes ad- verfaires , emprunta à fon tour le raifonnement pour foutenir lathèfe qu'il avoitavancée. En premier lieu, al étaya fon opinion par l'exemple de la nature, qui ñe pouvant nourrir le fœtus dans la matrice paf la bouche, fait, fuivant lui, une transfufion continuelle du fang de la mere dans la véine umbilicale de l’en- fant. 2°. Il prétendit que la sransfufion n’étoit qu'un chemin plus abrégé pouf faire parvenir dans le fang la matiere de da nutrition, & que par Ce moyen on Évitoit à la machine tout le travail de la digeftion, de la chylification &t de la fanguification , & qu'on fuppléoit très-bien aux vices qui pouvoient {e trou- ver dans quelqu'’une'des parties deftinées À ces fonc. tions, 3°. Il ft valoir l'idée de fa plüpart des méde- cins de fon tems , qui déduifoient prefque toutes les maladies de lintempérie & de la corruption du fang, & qui n’y apportoient d’autres remedes que la fai- gunce ou les boïflons rafraîchiffantes ; il propoia la transfufion comme réempliflant les indications qui fe préfentoient, mieux que cesfecours , & comme une voie d’accommodement entre les médecins partifans des faignées &c ceux qui en étoient les ennemis, di- dant aux premiers que la transfujion exigeoit qu’on évacuat auparavant le fang vieux & corrompu avant d’y.en fubftituer un nouveau ; & raffürant les autres que la foiblefle & les autres accidens qui fuivent les faignées éloïgnoient de ce fecouts , en leur faïfant voir que la anfufion remédie à ces inconvéniens , parce que le nouveau fang répare bien au-delà les forces abattues par l’évacuation du mauvais. 4°, En- fin il ft obferver que plufieurs petfonnes meurent d'hémorrhagie qu'on ne peut arrêter , qu'il y ena beaucoup qui font épuifés, & n Mer s’a- _ vance plutôt qu’elle ne devroit patune difette de fang &c de chaleur vitale ; il ne balance point à dé- cider que la transfufion d’un fans doux & louable ne pt prévenir la mort des uns &c prolonger les jours des autres. | e | Tous ces raifonnemens qui bien appréciés ne font que des fophifmes plus ou moins enveloppés , furent réfutés avec beaucoup de foin, & même aflez folide- ment pourcetems-là,dansunedifertation particuliere par M. Pierre Petit, fous le nom d'Ewryphron : nous paflonsfousfilence les argumens dontil fe fert,dontla plüpart fort éloignés des idées plus faines qu'on s’eft formé de Phomme paroîtroient abfurdes, En partant des principes d'anatomie & d'économie animale les plus univerfellement reçus aujourd’hui ou les mieux conffatés , on répondroit à Denis, 1°, que fa compa= ratfon de l'enfant nourri par une efpece de sransfus fionudu fang maternel dans fes vaifleaux , avec ce qui “arriVeroit à un homme dans qui l’on injeéteroit du fang étranger, eft faufle & inappliquable ; il eft dé: “montré que le fang ne pale point de la mere au fœ- tus , & que les vaifleaux de la matrice, qui s’abou- chent avec les mamelons du placenta , ne filtrent qu’une lqueur blanchätre fort analogue au lait , que la fanguification fe fait dans les vaiffeaux propres du fœtus. 2°, Que Le travail de [a digeftion n'eit pas MOINS avantageux à la machine que les fucs qui en js î siéfultent; que le pañlage des alimens & leur poids |. 1 RA 549 même dans leflomac la remontent dans linfant ; &é que prétendre abréser ce chemin , c’eft, comme Pa déja obfervé M. Petit, de même que fi on jettoit quelqu'un par la fenêtre pour le faire plutôt artiver dans la rue ; il ef inutile de rappeller toutes les rais {ons tirées de l’aétion des différens organes chylopoié: tiques, de la nature chimique des alimens & du fañg, Ge. 39, Qu'ileft faux quelaplüpartdes maladies viens nent du fang ; elles ont préfque toutes leur fource dans le dérangement des parties {olidés, dans VPaug= entation , ou la diminution du jeu, &'de ladivité des différens vifceres; & quand les humeurs pechent;: le vice eft rarement dans le fang proprement dit, ilconfifte plutôt dans Paltération des himeurs qui doivent fournir la matiere des fecrétions ; Je fang d’un galeux, d'un vérolé, €c. font tout auf purs que celui d’un homme fain ; d’ailleurs lôr{que la par: tie rouge du fang eft viciée, n’arrive-t-il pas fréquems ment que c'eft par excès, que le fang eft trop abon: dant, qu'il y a pléthore ? or la transfwfon {eroit dans ce cas manifeftement nuifible, 4° Que dans les hémorrhagies qui paroïflent au premier COup= d'œil indiquer la transfufion, cette Opération y et ou inutile ou dangereufe ; inutile, sl y a quelque vaïfleau confidérable de coupé, parce que remettfe du fang dans les vaifleaux, c’eft puifer de l'eau dans le feau des danaïdes ; dangereufe, fi l’hémorthagie eft düe à la foibleffede quelque partie, aun dérangement dans Paétion de quelque vifcere, &c. parce qu’alors les vaifleaux extrèmement affoiblis par l'évacuation u fans quia eu lieu , feroient incapables de contenir du nouveau fang, &c d'agir efficacement fur lui, I feroit plutôt à craindre que ce lang n’augmentât ou ne renouvellêt l’hémotrhagie par l'irritation qu'il fes foit, par l'efpece de gêné qu'il occañonneroit dans toute la machine, & fur-tout dans le {yflème fan- guin, La sransfufion paroît par les mêmes raifons de. voir être plus inutile, & plus déplacée chez les per: fonnes épuiées, chez les gens vieux, Ge, cat le Vice eftalors plus évidemment dans les parties folides ; & fe flaiter de tirer des avantages de cette opération dans Les pleuréfies, véroles , lepres , cancers , éréf. peles ; rage, folie, éc, c’eft confondte des maladies abfolument différentes, & afficher une ignorance groffere fur leur nature , leur marche , leurs caufes ëc leurgnérifon, Ep Il ne fut bientôt plus queftion de faifonniemens à les chocs préliminaires faits avec ces armes foibles Êt à deux tranchans qui pouvoient fe tourner éga= ement contre les deux partis, n’avoient fervi w’à échauffer & préparer les efprits fans éclaircir la quef tion; Denis ofa enfin employer pour combattre, des armes d’une trempe plus forte, plus meurtriere 3 CE dont les coups devoient être plus certains & plus dé: cififs ; 1l en vint à ces fameufes Expériences, dont le fuccès heureux ou malheureux fembloit devoir ter minerirrévocablement la difpute, confitmer ; OÙ dés truire fes prétentions ; la prudence auroit ce femble , exigé qu'il fit les premieres tentatives d’une Opéras tion fi douteufe fur un criminel condamné à [a morts quelles qu’en euflent été les fuites » perfonne n’au- toit eu lieu de fe plaindre; le criminel voÿant une efpérance d'échapper à la mort, s’y feroit foumis vo- lontiers ; c’eft ainfi qu’on devroit fouvent tirer parti de ces hommes que la juftice immole à la fureté pu- blique , on pourroit les foumettre à des épreuves de remedes inconnus, à des opérations nouvelles, où eflayer fureux différentes facons d'opérer, l’on ob= tiendroit par-là deux avantages, la punition du cris me, & la perfeétion de la médecine; Denis ne vous lut pas prendre un parti fi prudent ; dans la crainte ‘ qu'un criminel déja altéré, par l’appréhenfion dela mort, &cquipourroit s’intimider davantagé par laps pareil de l'opération, ne la confidérant que corne 550 T R A un nouveau genre de mort, ne tombât dans des foi- bleffes ou dans d’autres accidens que l’on ne manque- roit pas d'attribuer à la sansfufion; il aima mieux attendre qu'une occafon favorable lui fournit un ma- lade qui fouhaitât cette opération, & qui Péprouvät avec confiance , parce que un fujet ainfi dfpofé ai- deroit par lui-même aux bons eflets de la rarsfufion: mais pour pratiquer la #ersfufion fur les hommes , il avoit à choifir, ou du fang d’un autre homme ou du fang des animaux ; vivement frappé de la barbarie qu'il y auroit de rifquer d’incommoder un homme, d'abréger fes jours pour en guérir , ou faire vivre plus long-terms un autre, barbarie cependant trop ufi- tée dans bien d’autres occafons ; il fe détermina pour le fang des animaux, &c 1l crut d’ailleurs trouver dans ce choix d’autres avantages. 1°, Il imagina que les brutes dépourvûes de rafon , guidées par les feuls appétits naturels ou linftinét , &c par conféquent exemptes de toutes les débauches &t les excès aux- quels les hommes fe livrent , fans doute par un effet de la raifon , devoient avoir le fang beaucoup plus pur qu'eux. 2°, Il penfa que les mêmes fujets dont la chair fervoit journellement à la nourriture de Phomme , devoient fournir un fang plus analogue &c plus propre à fe convertir en fa propre fubftance. 3°. Il compta encore fur l'utilité des préparations qu'il feroit aux animaux avant d'en employer le” fang , perfuadé qu'il feroit plus doux & plus balfa- mique lorfqu’on auroit eu foin de nourrir pendant quelques jours les animaux plus délicatement ; il au- roit dù ajouter, qu'on auroit ph par des remedes convenables , donner à leur fang des qualités plus appropriées aux maladies de ceux qui devoient le recevoir. Il auroit pù s'appuyer fur l’hiftoire vraie ou faufle de Mélampe, à l'égard des filles du roi Pré- tus, & fur une pratique allez fuivie de nourrir les chevres, dont dn fait prendre le lait à des'malades avec des plantes falutaires :4°. il fentit que Pextrac- tion du fang fe feroit plus hardiment & avec plus de liberté fur les animaux, qu’on pourroit couper, tailler avec moins de ménagement , & prendre, sil étoit néceflaire, du fang artériel & en tirer une gran- de quantité. & enfin les incommoder où même les faire mourir fans s’en mettre beaucoup en peine ; toutes ces raïifons moitié bonnes, moitié mauvaifes, êc toutes fort fpécieufes, l’engagerent à fe fervir du fang des animaux pour en faire la sransfufion dans les veines des malades qui voudroient s’y foumettre. La premiere expérience fe fit le 15 du mois de Juin 1667 fur un jeune homme, âgé de quinze ou feize ans, qui avoit efluyé depuis peu une fievre ar- dente dans le cours de laquelle les Médecins peu avares de fon fang , l’avoient fait couler abondam- ment à vinet différentes reprifes, ce qui navoit fans doute pas peu aidé à la rendre plus opiniätre; cette fievre difipée, le malade refta pendant long-tems va-. létudinaire & languifant, fon efprit fembloit émouf- é , fa mémoire auparavant heureufe, étoit prefque entierement perdue, & fon corps étoit pelant, en- sourdi, & dans un affloupiflement prefque continuel; Denis imagina que ces fymptomes devoient être at- tribués à un fang épaiffi & dont la quantité étoit trop petite ; il crut fa conjeéture vérifiée, parce que le fang qu’on luitira avant de lui faire la sransfujion, étoit fi noir & fi épais , qu’il ne pouvoit pas former un filet en tombant dans le plat; on lui en‘tira envi- ron cinq onces , & on introduifit par la même ou- verture faite au bras,trois fois autant de fang artériel d’un agneau dont on avoit préparé la carotide; après cette opération, le malade fe couche &c fe releve, fui- -vant lerapport de Denis , parfaitement guéri, ayant Pefprit gai, le corps léger & la mémoire bonne, & fe fentant de plus très-foulagé d’une douleur qu'il avoit aux reins à la fuite d’une chûte faite Le jour pré- . cédent; 1l rendit le lendemain trois où quatre Sou< tes de fang par le nez, &r fe rétablit enfuite de jout en jour , 1l dit n'avoir fenti autre chofe pendant l’o- pération qu'une chaleur très-confidérable le long du bras. Ce fuccès , dit M. Denis, l’engagea à tenter üne {e- conde fois cette opération ; on choïfit un homme ro- bufte &c bien portant, qui s’y foumit pour de l’ar- gent; on luitira dix onces de fang ; 8 on lui en re: nut le double pris de l’artere crurale d’un agneau, le patient n’éprouva comme autre, qu'une chaleur très- vive jufqu’à l’aiflelle, conferva pendant l’opération fa tranquillité &t fa bonne humeur , & après qu’elle fut finie, il écorcha lui-même l’agneau qui y avoit fervi, alla le refte du jour employer au cabaret l’ar- gent qu’on lui avoit donné, 8e ne reffentit aucune ins commodité, Lesrr. de Denis à M. de Montmor, &c. Pas ris, 25 Juin 1667. Il fe préfenta bien-tôt une autre occafon de pratis _Qquer cette opération, mais où fon efficacité ne fuf pas aufli démontrée , de l’aveu même des #ansfts Jèurs, que dans les cas précédens ; le baron Bond, fils du premier miniftre du roi de Suéde, fe trouvant à Paris , fut attaque d’un flux hépatique , diurétique êc bilieux , accompagné de fevre ; les Médecins après avoir inutilement employé toutes fortes de remedes que la prudence leur fuggéra, c’eft-à-dire zombre de Jaignées du pié 6 du bras, des purgations & des lave- mens ; le malade fut , comme on limagine aifément, fi affoibli qu'il ne pouvoit plus fe remuer, perdit la parole & la connoiffance , & un vomiflement conti- nuel fe joignit à ces fymptomes : les Médecins en dés fefpérerent, on eut recours à la srazsfuffon , comme à une derniere reflource. MM. Denis 8: Emmerets , ayant été mandés , après quelques légers refus , lui transfuferent environ deux palettes de fang de veau; le fuccès de cette opération ne fut point , felon eux, équivoque. Le malade revint à l’inftant de fon aflou- pifiement , les convulfions dont il étoit tourmenté cefferent, 8 fon pouls enfoncé & fourmillant parut {e ranimer; Le vomiflement & le flux lieñtérique fu- rent arrêtés, Gc. mais après avoir demeuré environ 24 heures dans cet état, tous ces accidens reparurent avec plus de violence. La foibleffe fut plus confidé- rable, le pouls fe renfonça, & le dévoiement reve- nu jetta le malade dans des fyncopes fréquentes, On crut qu’il étoitlalors ä-propos de réiterer la sransfu- Jion ; après qu'on l’eut faite, le malade parut reprena . dre un peu de vigueur , mais le flux hentérique per- fifta toujours , &c fur le foir la mort termina tous ces accidens ; les sransfufeurs firent ouvrir le cadavre, & rejetterent le fuccès incomplet de leur opération fur la gangrene des inteftins , &c fur quelques autres dé- rangemens qu'on trouva dans les différens vifce- res. Lestr. de Gadrogs ( ou Denis ) a M. Pabbé Bour- delvt, médecin , &tc. Paris, 8 Août 16C7. L’obfervation la plus remarquable , qui a fait le plus de bruit, foit dans Paris, foit dans les pays étran- gers, qui a été fi diverfement racontée par Les par= ties intéreflées , & qui a enfin été caufe que les ma- oiftrats ont défendu la sansfufion, eft celle d’un fou qu'on a foumis plufieurs fois à cette opération, qui en a Cté parfaitement guéri, fuivant les uns, & que les autres aflurent en être mort : voici le détailsabré- gé que Denis donne de fa maladie & des fucces de la sransfufion. La folie de ce malade étoit périodique , revenant furtout vers [a pleine lune: différens remedes qu'il avoit eflayés depuis huit ans, & entr'autres dix-huit faignées & quarante bains, n’avoient eu aucun fuc- cès ; l’on avoit même remarqué que les accès {e diffi- poient plus promptement lorfqw’on ne lui faifoit rien que lorfqu’on le tourmentoit par des remedes ; onfe propofa de lui faire la sransfufion ; MM, Denis ê£ TR Emimerets confiés À ce fijet, jugerent l’opération trés-urile & très-praticable. Ils répondirent de la vie du malade, mais n’aflurerent pas fa guérifon : ils &- rent cependänt efpérer quelque foulagement de l'in tromifion du fang d’un veau dont la fraicheur, di- loïient-ils, & la douceur pourraient tempérer les ar- deurs &c les bouillons du fang avec lequel ôn le mê- leroit; cette opération fut faite le lundi 19 Décem- bre , en préfence d’un grand nombre de perfonnes de l’art & de diftin@tion ; on tira au patient dix onces de fang du bras, & lopérateur gêné ne put lui en faire entrer qu'environ cinq ou fix de celui du veau; on fut obligé de fufpendre l'opération , parte que le malade avertit qu'il étoit prêt à tomber en foibleife; on n’apperçut les jours fuivans prefque aucun chan- Bement ; On en afttribua la caufe à la petite quantité du fang sransfufe ; on trouva cependant le malade un peu moins emporté dans fes paroles & fes a@ions ; & l’on en conclut qu'il falloit réitérer encore une ou deux fois la ransfufon. On en fit la feconde épreuve le mercredi fuivant 21 Décembre ; l’on ne tira au malade que deux où trois onces de fans , & on lui en fit pañler près d’une livre de celui du veau: La dofe du remede ayant été cette fois plus confidéra- ble, les effets en furent plus prompts & plus fenfi- bles ; auffitôt que le fang commença d'entrer dans {es veines , il fentit la chaleur ordinaire Je long du bras & fous l’aiffelle ; fon pouls s’éleva » © peu de tems après une grande fueur Jui coula du vifage ; fon pouls varia fort dans cet inftant : il s’écria qu'il n’en pou- voit plus des reins ; que l’eftomac lui faifoit al » & qu'il étoit prêt à fuffoquer ; on retira auflitôt la ca. nule qui portoit le fang dans fes veines , & pendant qu’on lui fermoitla plaie, il vomit quantité d’alimens quil avoit pris demi-heure auparavant, paña une partie de la nuit dans les efforts du vomiflement, & s’endormit enfuite : après un fommeil d'environ dix heures , il fit paroître beaucoup de tranquillité & de prefence d’efprit ; il {é plaignit de douleurs & de laf. fitude dans tous fes membres ; il pifla un grand verre d'urine noïrâtre , & refta pendant toute la journée dans un affoupiflement continue] » & dormittrèsibien la nuit fuivante; le vendrediilrendit encore un verre d'urine aufli noire que la veille ; il faigna du nez abondamment, d’on l’on tira une indication pour lui faire une faignée copieufe, Cependantle malade ne donna aucune preuve de folie, fe confefla & communia pour gagher le jubilé, reçut avec beaucoup de joie & de démonfirations d'amitié fa femme contre laquelle il étoit particulie- tement déchaîné dans fes accès de folie; un change- ment fi confidérable fit croire à tout le monde que la guérifon étoit complette. Denis n’étoit pas aufli con- tent que les autres ; il appercevoit de tems en tems encore quelques légéretés qui lui firent penfer que pour perfeétionner ce qu’il avoit fi bien commencé, il falloit encore uné troifieme dofe de transfufton 5 il différa cependant l’exécution de ce deffein > parce qu'il vit ce malade fe remettre de jour en jour, & continuer à faire des attions qui prouvoient le bon état de fa tête. Lerrre de Denis à M, **** Paris, ï2 Janvier 1668. A 4 LT , Peu de tems après (le 16 Février 1668 ), M: De- nis fit faire la transfufon Xune femrhe paralytique {ur laquelle un médecin avoit inutilement épuifé tout {on favoir ;il avoit fait faigner cinq fois du pié & des bras;& lui avoit fait prendre Pémétique8&zune infinité de médecines & de lavemens. La transfufion Étant dé- idée & la malade préparée ; on choïfit un fang qui eût aflez de chaleur & de fubtilité , ce futle fang ar- tériel d'in agneau; on en fit pañer en deux fois dou- ze onces dans les veines de la paralytique ; Popéra- tion fut fuivie du fuccès le plus complet; le fentiment & le mouvement revinrent dans toutes les parties qui en étoient privées. decin 2 Mars 166$. PE, à dt Vers la fn du mois de Janvier le fou qui avoit don- né de f grandes efpérances, & qui avoit prodigien- femerit enflé le courage des transfufeurs , tomba ma- lade ( M. Denis ne marque pas le caractere de la ma: ladie ); fa femme lui ayant fair prendre quelques re- medes qui n’eurent aucun effet, s’adrefaà M. Denis, fuivant ce qu'il écrit ( Zertre à M: Oldenburgh , fécré- taire de l'acad. royale d Anpbl, Paris, 155Mai 1668) ; & le pria inftamment de réitérer {hu la sransfu- fin. Ce ne fut qu’à force de prieres ce médecin fi impatient quelques jours auparavant de faire cetté Opération au même malade, s’y réfolut alors; à peine avOit-on Ouvert la veine du pié pour lui tirer du fang pendant qu’une canule placée entre l’artere du Veau & une veine du bras lui apportoit du nouveau fang , que le malade fut faifi d’un tremblément de tous les membres; les autres accidens fedoublerent ; l’on fut obligé de cefler l'opération à peine commen- cée ; & le malade mourut dans la nuit. Denis foupçon- nant que cette mort étoitl’effet du poifon que la fem- me avoit donné à ce fou pour s’en délivrer,& alléguant quelques poudres qu’elle lui avoit fuit prendre, de- manda ouverture du cadavre, & ditne lavoir paspu obtenir ; il ajoute quela femme lui raconta qu'on lui offroit de l'argent pour foutenir que fon mari étoit mort de la sransfufion , & qu'elle lui propofa de lui en donner pour aflurer le contraire; à fon refu$ la femme fe plaignit, crid au meurtre ; Denis eut re- cours aux magifirats pour fe juftifiér ; & de ces con- teftations réfulta une fentence du Châtelet QUI, com- me nous l’ayons déja remarque , 4 fait défenfes à » toutes perfonnes de faire la transfufion {ur aucun » Corps humain, que la propoñition n’ait été rêçue êc » approuvée par les médecins de la ficulté de Päris ; » àpeine de prifon» ",. Telle futla fin des expériences de Zz transfufion {ur les hommes , qu’on fit à Paris, qui, quoique préfen: tées par les sransfufèurs, & par conféquent {ous le jour le plus avantageux & avec les circonftancesles plus favorables , né paroïffent pas bien décifives pour cette opération. On voit que, füivant eux, de cinq perfoïines qui l’ont éprouvée ; deux malades Ont été guéris, un hornme fain n’en à pas été incoms modé, & deux autres n’ont pu éviter la mort, & de ces deux le fou à eu à la fuite divers accidens, com- me foibleffe , défaillance, vomiflement , Excrétion d'urinesnoires, afloupiffement , faisnement de nez; c. & l’on ne fauroit douter que les avantages de cette opération n’ayent été fûrement exagérés par ceux qui la pratiquoient & s’en difoient les inven- teuts ; leur honneur & leur fortune même étoient intéreflés au fuccès de la zransfuffon: & c’eft uné regle aflez fire dans la pratique, qu’on doit être d’au- tant plus réfervé à croire des faits dont on n’a pas été témoin, qu'ils font plus merveilleux, & que ceux qui les racontent ont plus d’initérêt à les foutenir.Lesg bons effets de la #ansfufion paroïîtront encore plus douteux , fi l’on confulte les relations que les anri- transfufeurs , furtout la Martiniere & Lami , donnent des cures opérées par fon moyen; & fi l’on examine certaines circonftances fur lefquels on étoit généra= lement d'accord, mais que les srensfufeurs fupprime- rent comme leur étant inutiles ou peu favorables: On remarque en premier lieu , que le jeune home me qui a été le fujet de la premiere expérience, étoit domeftique de Denis ; & qu’onne cite aucun témoin de cette opération ; la Märtiniere ajoute aue le té- moipnage d’un domeftique eft fi peu concluant, qu’il fe charge « de faire dire à fa fervante que fon chat # ayant la jambe rompue, il l’a parfaitement guéri # en deux heures; le croira qui voudra ». 2°, On aflure que la femme paralytique demeurant au faus S5t enis, lettrea M, Sorbiere, mé- ee | $52 T RA bourg $. Germain eft morte quelque tems après l’o- pération. 3°. On prétend que l’obfervaton de ce cro- cheteur qui fe portant bien n’a point été incommodé de la transfufion , ne prouveroit rien en fa faveur , quand elle feroit bien vraie, parce que la quantité de fang étranger qu’on luia transfufé, étoit très-pe- tite, & qu'il aura pu fe faire que ce fang ait été fuffi- famment altéré par l’action continuelle de fes var feaux robuftes & par les exercices violens. 4°. L’hit toire du feigneur fuédois prouve au-moins que Îa iransfufion | ; l'efpece de foulagement mo- mentané quiMiuivi, peut être l'effet de la révolu- tion générale excitée dans la machine & de l'irrita- tion faite dans tout le fyftême fanguin par le fang étranger ; dès que ce trouble a été appailé , les accr- dens font revenus avec plus de force , &c le malade eft mort malgré une sransfufion faite le même jour. 5°. C’eft fur l'article du fou que les fentimens font encore plus différens ; la Martiniere remarque fept à huit contradidions dans la relation que Denis donna au public, & celle qu'il fit dans des conférences par- ticulieres de la maladie & du traitement de cethom- me , ilafure favoir exattement ce qui s’eft pañlé, &c dit le tenir de la veuve même de ce malade; le dé- tail qu'il en donne aflez conforme à celui de Lamy, difere principalement de celui de Denis au fujet de la derniere sransfufion ; fuivantles lettres de ces deux médecins, ce fou après avoir fubi deux fois latrans- fufion dont il fut confidérablement incommodé, refta pendant quinze jours hors de accès &e fa folie, & après ce tems précifément au fort de la lune de Jan- vier, la maladie recommença, ayant changé de na- ture ; Le delire auparavant léger & bouffon étoit de- venu violent & furieux, en un mot, maniaque; {a femme lui fit prendre alorsles poudres d’un M.Cla- quenelle, qui pañloient pour excellentes dans pareils cas; ce font ces poudres que Denis a voulu faire re- garder comme un poifon. Ces remedes n'ayant pro- duit aucun effet, & la fieyre étant furvenue, MM. Denis & Emmerets réfolurent de faire de nouveau la sransfufion; ils vainquitent par leur importunité les refus du malade & de fa femme; mais à peine avoient-ils commencé à faire entrer du fang d’un veau dans fes veines, que le malade s’écria: arrérez, je me meurs , je fuffoque ; les cransfufeurs ne difcontinuerent pas pour cela leur opération; ils lui difoient: vous n'en avez pas encore allez, monfieur ; &t cependant 1l expira entre leurs mains. Surpris &c fâchés de cette mort , ils n’oublierent rien pour la difliper ; 1ls em- ployerent inutilement les odeurs les plus fortes , les fritions , & après s'être convaincus qu'elle étoitir- révocablement décidée , ils offrirent à la femme, fuivant ce qu’elle a déclaré , de l’argent pour fe met- tre dans un couvent, à condition qu’elle cacheroit lamort de fon mari, & qu’elle publieroit qu'il étoit allé en campagne; elle n’ayant pas voulu accepter leur propoñtion , donna par fes cris & fes plaintes lieu à la fentence du châtelet. Il.eft impofñble de décider aujourd’hui laquelle des deux relations fi différentes , de celle de Denis ou de celle de la Martiniere & Lamy, eft conforme à la vérité. IL ya lieu de penfer que dans l’une &c Vautre l’efprit de parti y aura fait glifler des faufletés, parce que dans toutés les difputesil y a du tort des deux côtés; mais il me paroit naturel de croire que M. Denis a le plus altéré la vérité, 1°. parce qu'il étoit le plus intéreffé à foutenir fon opinion, 2°. par- ce que la cransfufion a ceflé d'être pratiquée non-feu- lement en France , mais dans les pays étrangers, preuve évidente qu’on en a reconnu les mauvais ef- fets. L’antimoine quoique profcrit par une requête des médecins de la faculté de Paris, n’en a pas moins été employé par lesmédecins de Montpellier, & en- fuite fon ufage eft devenu univerfel , & fon utilité a enfin été généralement reconnue, patce qu'il eft ef. feétivement unremedetrès-avantageux. Les brigues, les clameurs , la nouveauté, l’efprit de parti peuvent bien accréditer pour un tems un mauvais remede & en avilir de bons, mais tôt ou tard ces avantages étrangers fe diffipent; on apprètie cesremedes à leur . jufte valeur, on fait revivre l’'ufage des uns, &c onre- bute abfolument l’autre; l’oubli ou le difcrédit géné- ral où eff la sransfufion depuis près d’un fiecle , dé- montre manifeftement que cette opération eft dan- gereufe , nuifible , où tout-au-moins inutile. Il ne manque pas d'exemple d'animaux morts après la transfufion ; on cite entr’autres un cheval qu'on vou- loit rajeunir , un perroquet dans qui on sransfufale fang de deux fanfonnets ; M. Gurge de Montpellier, auteur impartial fur cette matiere , raconte que M. Gayenayant fait avec beaucoup d’exaétitude lasrazf- fufion fur un chien ,il mourut dans lefpace de cinq jours , quoi qu'il fût bien panfé &c bien noutx1, le chien qui avoit fourni le fang, vécut long-tems après ( Lettre a M. Bourdelot, médecin , Paris, 16 Septembre 1667 ). Les expériences de Lower, de M. King &c de M. Coke , en Angleterre n’eurent pas furcésan:- maux des fuites fâcheufes , fi l’on en croit leurs au- teurs. Celles qu’on y fit fur un homme, ne produi= firent aucun accident; on ne dit pas s’il en rélultade bons effets; en Italie un pulmonique fe remplit en vain lepoimond’unfang étranger , 1l mourut ; quel- ques autres malades y furent guéris dela fievre , mais ces légers fuccès ne parurent point décififs ni bien conftatés aux médecins éclairés, On peut conclure de tous ces faits que a crasfu= fion eft une opération indifférente pour les animaux fains , lorfqu’elle eft faite avec circonfpeétion, 8 qu’on introduit dans leurs veines une très- petite quantité de fang étranger ; elle devient mauvaife , pernicieufe lorfqu’on la fait à fortes dofes ; &r elleeft toujours accompagnée d’un danger plus où moins preffant lorfqu’on y foumet des malades, fur - tout ceux qui fontaffoiblis par l'effet de leur maladie , ou par quelqu’autre caufe précédente , ou qui ont quel: que vifcere mal difpoié : fi elle produit quelquefois du foulagement , il n’eft pour l'ordinaire que paña- ger , & plutôt l'effet de la révolution générale dans la machine,de lirritation particuliere dans Le fyflème fanguin,de l'augmentation du mouvement inteftin du fang qu’occafñionne le nouveau fang, comme feroit tout autre corps étranger ; il feroit toujours très-im- prudent de pratiquer cette opération dans l’efpérance de cet avantage incertain & léger ; & d’ailleurs il peutarriver que ce trouble excité tourne défavanta- geufement,& tende à affaifler Les reflorts de la machi- ne au-lien de les remonter : nous pourrions ajouter bien des rafonnemens tirés des principes mieux con- nus de l’économie animale , & des analyfes récentes du fang , qui concourroient à infpirer de Péloigne- ment pour cette opération ; mais outre que les faits rapportés font fuffifans, on n’eft pas heureufement dans le cas d’avoir befoin d’en être détourné. Je ne dois cependant pas oublier de faire obferver que cette opération eft très-douloureufe, Quoiqwon ait paru négliger cet article , il eft aflez important, ét mérite qu’on y fafle attention. On eft obligé d'abord de faire à la veine une ouverture confidérable pour pouvoir y faire entrer une canule; lintroduétion de ce tuyau ne peut fe faire fans unenouvelle douleur, qui doit encore augmenter au moindre mouvement que fait l'animal, &c qu'on renouvelle enfin en reti- fant la canule, Poyez plus bas la maniere de faire cette opération. Je ne parle pas de la chaleur excet- five au bras, du mal-aife général , des fuffocations,, des piffemens de fang,, qui en font la fuite ordinaire. On peut juger par tout ce quenous avons dit,com- bien font fondées les prétentions de ceux qui avant 4 , . quel LUE. que la ars/uffonfit pratiquée, avoient imaginé dans leur cabinet qu’elle devoit être un remede afluré con: tre toutes les maladies, quelque différentes qu’en fuffent la nature &r les caules, qu’elle avoit la vertu de rallumer les flammes languiflantes qui Jont prêtes a s’ércindre dans une vieilleffe caduque , & qui voyoient dans cette opération une aflurance infaillible de l'im- mortalité, Quelques médecins partifans de la sranf fufion, mais plus circonfpeëts , avoient reffreint {on ufage dans des maladies particulieres, comme dans les intempéries froides , dans les thumatifmes , la goutre, le cancer, les épuifemens à la fuite des hé- inorrhagies, la mélancholie, &c dans tous les cas où quelqu'un des organes qui fervent à la digeftion étoit dérangé ; ils veulent aufli qu’on change le fang qui doit être sransfufé, fuivant la nature de la maladie qu’on fe propole de guérir ; & ainfi lorfque la mala- die dépend d’un fang grofüer , épais , ils confeillent le fang d’un veau, ou d’un agneau qui eft fluide & . fubtil ; ils croyent que Le fang froid & engourdi des apopleëtiques doit être rechauffé & mis en mouve- ment par le fang bouillant & a@&if d’un jeune homme vigoureux, Ge, Tous ces dogmes produits des théo- ries formées des débris du galénifme & des fables du cartéfianifme qui infeftoieat alors les écoles , font aujourd’hui fi généralement profcrites de la médeci- ne, qu'il eft inutile de s'arrêter à les retuter, d'autant mieux qu'il ne nous feroit pas poffible de le faire fans tomber dans des répétitions fuperflues. La mamière de fairela trensfufion a varié dans les différens tems & les diférenspays : dans les commen: cemens , les chirurgiens inhabiles à cette opération, la firent ayec moins de précaution & d’adrefle, & par conféquentavec.plus de douleur & de danger que dans la fuite, où lhabitude de la pratiquer fit imagi- ner fucceflivement des nouveaux moyens de la faci- liter &z de la rendre moins-douloureufe, Les étran- gers rendent aux françois le témoignage non équivo- que, Que-c'eft par eux qu’elle a été perfeétionnée, La méthode des Italiens étoit extrèmement cruelle. M. Manfredi rapporte que pour faire la sransfufion fur les hommes, les chirurgiens de Rome marquent fur la peau avec de l’encre le chemin de la veine par la- quelle ils veulent faire entrer le fang ; enfuite ils en- levent cette peau, & font avec le rafoiruneincifion fivant la marque , d'environ deux pouces de long , añn de découvrir la veine & la féparer deschairs en- Yironnantes ; ils pañlent après une aïguille-enfilée par-deflous la veine pourla lier par lemoyen d’un fl ciré avec la canulle que-l’on doit introduire dedans pour y communiquer le fang. En fuivant cette. mé- thode, outre. les douleurs longues & vives qu'on caufe au malade, on.eft sûr d’exciter une inflamma- tion.qui peut être funefle , 8 on rifque d’ofenfer lartere ; on tendon. où d’exciter quelqu'’autre.ac- cident. | 39 | La méthode fuivieà Partis par M. Emmerets eft beaucoup plus fmple , 8 eff à l'abri de tous ces in- conveniens. Les infrumens néceflaires font deux petits tuyaux d'argent, d'ivoire , ou de toute autre chofe , recourbés par l'extrémité qui doit être dans les veines ou arteres des animaux qui fervent à la trarrsfufion, ê& fur qui on la fait ; pat l’autre bout ces tuyaux font faits de façon à pouvoir s'adapter avec juiteffe & facilité ; peu en peine.de faire fouffrir les animaux qui doivent fournirile fang qu’on veut éranf fufer aux hommes, le chirurgien: prépare commodé- imeñt leurartere, 1l la découvre par une incifion lon: gitudinale de deux outrois pouces, la fépare des té- gurens , & laliéen deux endroits diftans d’un pour ce, ayañt attention que la ligature qui eft du côté du cœur puifle facilement Le défaire ; erduite 1 ouvre _ Partere entre les deux ligatures, y introduit un des Tome AVE (ss a 15 | FR A 553 tuyaux, & l’ytient fermementattaché: l'animal ainf préparé, le chirurgien ouvre la veine du malade (4 choifit ordinairement une de celles du bras ), laide couler fon fang autant que le médecin le juge à pro- pos, enfuite Ôte la Higature qu’on met ordinaitement pour faigner , au-deflus de l'ouverture ; & lamet aus deflous ; il fait entrer fon fecond tuyau dans cette veine , l’adapte enfuite à celui qui ef placé dans l'ars tere de l'animal, & emporte la ligature Qui atrêtoit le mouvement du fang ;'auffi-tôt 11 coule , trouvant dans l’artere un obftacle pat la feconde Hgature , enfile le tuyau , & pénetre ainf dans les veines du malade. On jugeoit par fon état, par celui de l'ani mal qui fournifloit le fang , & par la quantité qu’on croyoit sransfufée du tems où il falloir ceffer l'opéra- tion : on ferme la plaie du malade avec la comprefle _& le bandage , comme dans la faignée du bras. On Peut favoir à-peu-près quelle eft la quantité du fang qu'on lui a communiqué, 1°. en pefant l'animal dont on 4 employé le fang avant &c après l'opération, 2°, en lu tirant le refte de fon fang, parce qu’on fait la quantité totale que conitientun animal de telle efpeca &c de telle groffeur, 3°. en‘connoiffant combien les tuyaux dont on fe fert peuvent fournir de fang dans un tems déterminé , 8 éomptant les minutes & les fecondes qui s’écoulent pendant l'opération. M, T'ar: dy propofa une transfufion réciproque dans les hom- mes qui füit faite de façon que le même homme don- nât du fang à un autre homme , & en reçhüt du fien en même tems; mais cette opération très-cruélle & très-compliquée, n’a jamais eu lieu que dans fon ima: gination ; & il eft À fouhaiter que les médecins plus avares du fang humain, dont la perte eft fouvent ir tépatable, s'abftiennent’avec foin de toutes ces ef peces d'opérations, fouvent dangereufes | & jamais utiles. (72) | _ TRANSGRESSER:, v. 4@, ( Gram. ) enfreindte à outtepañler. Il fe dit des commandemens de Dieu & de PÉglife. Siyous enlevez À un homme fon bœuf, fa fervante, où fa femme, vous tran/greffez les comman- demens de la loi: On dit auffi, tranfgreffer les otdres d’un fouverain. On appelle sranfgreffeur celui quicom« met la faute , & sranfgreffion la faute commite, TRANSIGER , v. n, ( Gramm. ) c’eft foufcrire à une tranfation. Voyez TRANSACTION, a f& TRANSILVANIE, (Géog, mod.) principauté d'Eu- rope, &e l’une desannexes de Ja Hongrie. Elleeft bora ‘ née) au nord, partie par la Pologne , partie par la Moldavie , au midi par la Valachie, au levant pat la Moldavie ,:& au couchant par la haute & la baffe Hongrie, L’air de ce pays ef très-chaud en été, & le froid très-violent pendant l'hiver. Le terroir produit le meilleur froment de l'Europe , & les vins que l’on y recueillene cedent guereen bonté à ceux de Hon- grie. Les montagnes renferment des mines de fer & de fel,. Les bois font remplis de cerfs | de daims , d'ours ; &c. Les principales rivieres {ont la Chrifo 3 PAlt ou POI, le grand & le petit Samos ; mais leurs eaux font mauvaifes à boire , parce qu’elles paflent par des mines d’alun & de mercure qui leur commu niquent une qualité permicieufe, Quelques-uns divifent ce pays par fes comtés au nombre de vingt-huity &les autres par les trois {or- tes de peuples qui l’habitent ; favoir les Honpgtois , les Valaques & les Saxons. Les Hoñgrois font parti- culierement fixés fut les bords de la Marifch: les Vas laques habitent la partie: qui-eft contiguë à la Molda- vie &t à la Rufie, & les Saxons occupent le-refte; mais la Tran /ilyanie dépend'toute entiere-de li mais fon d'Autriche depuis 1 6994'6c a pour capitale Het manftat. SOIF & IT © Ce payseftla portion de l’ancienne Dace ; que le r els 232 «21 AÂAaa ‘ « $54 -T KR À fleuve Chryfus'féparoit de la Hongrie, & que lon nommoit communément /z Dace méditerranée, C’é- toit un.royaume avant que les Romains s’en fuffent rendusles maîtres. Les lettres &t les lois des Grecs s’y étoient introduites depuis long-tems. Elles sy conferverent jufqu’à l’arrivée de Trajan qui pénétra dans ce pays, malgré la fituation &c les défilés des montagnes qui l'entourent. Lorfque les Romains Peu- rent conquife.ils y fonderent plufeurs colonies , &c en firent une province confulaire. On a une ancienne infcription conçue en ces termes: Co/oniaUlpia Tra- jana Augufla Dacia Zarmis. Quoique la Dace -alpenfe & ripenfe euffent leurs chefs, elles dépendoient néanmoins dela confulaire, &c toutes les trois enfemble étorent fous le préfet de Macédoine , qui réfidoit à Theffalonique, C’eft à lui qu'on envoyoit les deniers publics , ainfi que l'or &c l'argent quifetiroit des mines. La Dace appartenoit à l’fllyrie orientale. Elle commença fous Gallien à fecouer le jong. L'empereur Aurelien défefpérant de pouvoir la contenir dans Pobéiffance ,.en retira les troupes romaines , & le paysredevint libre. Plufieurs infcriptions , Les chemins publics, les reftes du pont de Trajan , &c d’autres anciens monumens font des preuves des colonies queles anciens Romainsavoient établies dans cette province. Les empereurs de Conftantinople , après le parta- ge de l'empire , furent maîtres de la Dace ; mais les affaires de l’empire allant en décadence , les Huns y firent. des irruptions de toutes parts. S. Etienne , pre- mier roi de Hongrie, conquit le pays vers l'an root, & y répandit le chriftiamfme. Alors la Tranfilvanie fut jointe au royaume de Hongrie, & à quelques foulevemens près, qui n’ont pas été de longue du- rée , elle a toujours été fous le commandement d’un vaivode ou vice-roi ; mais la religion y a éprouvé des vicifitudes. Etienne & Sigifmond Battori ontfait de grands efforts pour y établir la religion catholi- que ; cependant la plüpart des habitans font demeu- rés dans la religion proteftante, &c ils font éncore aujourd’hui le plus grandnombre. (2. J.) | _ TRANSIR , v.aû. &n.( Gram.) cet faïfir d’un grand froid. Ce vent me sran/r. La vue de cethom- me me sranfir, tant il eftlégerement vétu. On sran/ir d’effroi, de douleur , de chagrin. Le recit de cette ation m’asranf. C’eft un amant sranf. TRANSIT, acquit de, (terme de douane.) aête que les commis des douanes délivrent aux marchands voituriers ou aufres , pour certaines marchandifes _qni doivent pañler par les bureaux dès fermes du roi, fans être vifitées, ou fans y payer Les droits; à la charge néanmoins par les propriétaires où voitu= riers defdites marchandiles, de donner caütion de apporter dans un tems marqué dans l’acquit, un certificat en bonne forme, qu’au dernier bureau elles auront été trouvées en nombre, poids, quan- tité &c'qualité, &c les balles &c les cordes avec les plombs fains & entiers, conformément à Pacquit: Diétion, du Comm. ( D.J.) _ TRANSITIF, adj. (Gram.) terme de grammaire hébraïque. Il fe dit des verbes qui marquent tine ac- tion qui pañle d'un fujet qu’il a fait, dans un autre uilareçoit. | - TRANSITION, f. £.C Art orars) liaon d’un fujet à un autre dans le même difcouts. Tous les pré- ceptes qu'on donne pour former les sran/iions, pour les placer à propos:,.pourles varieravec goût, font autant de préceptes frivoles. Il faut que toutes les parties d’un difcours foientunies comme. le font celles d’un tout naturel ;.c’eft la vraie haïfon, & préfque: la feule qui doity êtres: Tout, ce.qui: n’y tient que par infertion artificielle, y eft étranger. Ce qui rend f-difiicile fælpratique des sramfirions à la plüparts des\ auteurs, c’eft qu'ils n’ont pas aflez + T R A médité leurs fujets pour en connoître tout l’enchat- nement; &c faute d’avoir faifi une partie médiante qui fervoit de laïfon , 1ls font aboutir les unes aux autres, des parties qui ne font point taïllées pour joindre, De-là les sranfirions artificielles & les tours : gauches employés pour couvrir un vuide , & troms per ceux qui jugent de la folidité de l’édifice par le plâtre dont 1l eft revêtu. Qu'on parcoure les ouvrages des célebres écri- vains, on n’y verra point de ces tours de fouplefe, fi jofe m’exprimer ainfi; le fujet fe développe de lui-même , 6 s'explique franchement. Tout {e fuit; & quand ils ont dit fur un chef tout ce qu’il y avoit à dire, ils paflent à un autre fimplement, & avec un air de bonne foi, beaucoup plus agréable pour le leéteur que ces fubtilités qui marquentla petitefle de l’efprit, ou au-moins un auteur trop oïfif. Voilà les réflexions fenfées de l’auteur des principes de Littérature fur cet article. (D. J.) TRANSITION, ( Mufique. ) fe dit de la maniere d’adoucir le faut d’un intervalle disjoint, en infé- rant des fons diatoniques fur les degrés qui f£parent fes deux termes. La sranfition eft proprement une forte de tirade non notée ; quelquefois elle n’eft qu'un port de voix, quand il s'agit feulement de ren- dre plus doux le paflage d’un degré diatonique à l’autre. C’eft ainfi que , pour pañler du ff à lus avec plus de douceur , on commence l’ {ur le même ton duf. Tranfition harmonique eft une marche de baffe fon- damentale propre à changer de genre ou deton ; aïin- fi dans le genre diatonique ; quand la bafle marche de maniere à exiger dans les parties quelque mou- vement par femitons mineurs , c’eft une tranfition chromatique; que fi l’on païñle d’un ton dans un au- tre à la faveur d’un accord de feptieme diminuée, c’eft une sran/ition enharmonique. Voyez ENHAR- MONIQUE. (S) TRANSITOIRE, adj. en droit commun eft une épithete oppofée à local, voyez LocaL. Ainf l’on peut appeller aëion tranfioire celle qu’on peut in- tenter fucceflivement en plufeurs tribunaux. TRANSLATION , TRANSPORT , (Syron.) ces deux mots qui femblent dire la même chofe au pro- pre, ont cependantun ufage différent ; on dit le sranf- por: des marchandiles, de l'artillerie, &c. on dit la tranflation d’un concile, d’une fête, d’un parlement, d’un empire. Ce mot fe dit auffi d'une perfonne qui change de lieu : l'une des religieufes voulut quitter l'Hôtel-Dieu pour aller à Port-Royal, on remua ciel & terre pour cette sran/flation. Tranflation ne fe dit jamais en matiere de commer- ce, ou de morale, mais sranfporc s'y dit élécamment; je lui ai fait un tran/port de ma dette. Tranflation ne s'emploie point au figuré. Tranfporc fe dit figuré- ment en profe & en vers, du trouble & de Pagita- tion de l’ame; pat exemple un sranfport de joie a cau- {é quelquefois la mort; on n'aime que foiblement, quand les précautions font les maïîtreffes des sranf- ports; votre haine a des sran/ports qui tiennent plus de l’amour que de l'indifférence. | Puifqu'après tant d'efforts , ma réfiflance ef? vaine, Je me livre en aveugle , au tranfpoït qui m'entraine. | Racine. J'abandonnai mon'ame à des raviffemens Qui palfent les tranfports des plus heureux armans, Corneille, On dit auffi sranfports, de l’enthoufiafme poétique. Sentez-vous, dites-moi, ces violens tranfports, Qui d’un efpric divin font mouvoir Les refforts ? Defpréaux. (2.J ) TRANSLATION, (Belles-lettres.) fignifoit autre- ii 14 _ fois verfion! d’un livre, ou d’un écrit, d’une langue, dans une autre. Aujourd’hui on dit sraduëtion. Voye LIVRE, VERSION, @c. ct 1 1 Souvent les traduéteurs-tâchent de s’excuüfer aux dépens de la lingue dans laquelle ils traduifent, & demandent grace pour cétte langue , comme fi elle n'étoit pas affez riche &topieufe pour exprimer tou- te la force 8r toutes les’beautés de l'original. Ainfuñtraduéteur accufe la langue angloife de la pauvreté &c de la féchereffe,qui ne fe trouve que dans fon propre génie, &cil met fur le compte de la lan- ue, toutes les fautes qu'il ne devroit imputer qu’à ui-même. Voyez ANGLOIS. | Les Falièns difenr proverbialement sadurore, éra- ditore pour faierentendre que les traducteurs trahif fent ou défigurent ordinairement leur original. TFRANSLATION, (Jurifp.) eff l’aétion de transférer une'perfonne ou une chofe , d’un lieu dans un autre. Ce terme s’applique à différens objets, ainfi qu’on le Va voir ci-après. : Tranfluion d'un chanoine régulier d’une congréga- tion dans ur 6rdre, on y obferve les mêmes regles que pour celle des religiéux ; cap. licerextra de regul. Voyez tranflation d’un religieux. ni TRANSLATION DE DOMICILE, en fait de taille, éft lorfqu'un taillable va demeurer d’un et dans ün autre, ce changement doit être notifié aux habitans &t fyndics des paroiffes avant lé premier O&tobre: Éc fi la sranflarion de domicile eft faite dans une :pa- roïfle abonnée, le taillable doît fuivant les réglez mens, être impoié pendant dix ans À fon ancien do- micile ; & cela pour empêcher les fraudes. Un fermier qui transfere fon domicile en chan- geant de ferme, eft encore impofé pendant un an dans fon ancienne demeure, & ne l’eft pour fa nou- velle ferme, qu'un an après, Voyez Domicire & TAILLE, TRANSLATION ad effetlum benefit, eft-la rranfla- tion d’un relisieux dans un autre ordre, à l'effet de pofiéder un bénéfice qui ën dépend. Les provifons du bénéfice font capables d'opérer feules cette sranf P P SK onS L lation ; mais on ne reconnoit plus autourd’hui de + tran/lation ad effeélum feulement, celui qui eft trans- feré pour pofiéder un bénéfice eft centé transferé à tous égards. #. Fevret, Louet, Vaillant, Lacombe. TRANSLATION d’un évêque d’un fiège à un autre, €ft reprouvée par les anciens canons & par tous les peres, lorfqw’elle eft faite fans néceflité ou urilité pour l'Eglife, parce qu'il fe contratte un mariage ipi- rituel entre l’évêque & fon éclife, tellement que celui qui la quitte facilement pour en prendre une autre, commet un adultere fpirituel, fuivant le lan- gage des peres. Le concile de Nicée défend aux'évêques, prêtres, &t diacres, de pañler d’une éghfe à une autre; c’eft pourquoi Conftantin le: grand loue Eufebe évêaue de Céfarée , d’avoir refufé l'évêché d’Antioche. Le concile de Sardique alla même plus loin, car voyant que les Ariens méprifoient la défenfe du con- cile de Nicée, &t qu’ils pafloïent d’une moindre éplife âune plus riche, Ozius le grand qui y préfidoit, y propofa que dans ce cas les évêques feroient privés de la communion laïque, même à la mort. Il y aun grand nombre d’autres canons conformes à ces deux conciles. | _L'églife romaine étoit tellement attachée à cette difcipline , que Formofe fut le premier qui y contre- vint, ayant pañlé de l’églife de Porto à celle de Ro- me, vers la fin du 1x. fiecle, dont Etienne VIL. lui fit un crime après fa mort. Jean IX. fit néanmoins un canon pour autoriferles tranflations en cas denéceflité , ce qui étoit conforme aux anciens canons qui les permettoient en ças de néceflité , ou utilité pour l'Eolife, | Tome AVI, ar. rat ce C'étoit au concileprovincial à déterminer la hécef. fité ou utilité de la sranflasion. &tun Telfut lufage en France jufque vers le x. fiecle, que cesrranflarions furent miles au nombre des caufes majeures refervées au $, fiège. Suivant le droit des décrétales, & la difcipline prélenter de: l'Eglife, les. sranflarions des évêques : {ont toujours refervéés au. pape, êcne peuvent mê- me appartenir aux légats à laiere, fans un'indult fpé- : cial du pape. à lé Gi Onobferve aufhi toujours que lasran/lationtie peut être faite fans néceflité, ou utilité pour lEglife, Il faut de plus en France, que ces tranflarions {e foient faites du confentement du roi, & Îur {à no= mination, &c qu’il en foit fait mention dans les bulles de provifion, autrement il y auroit abus. Voyez cap, iysextre de tranflat. epifcop, le P. Thomafin , Tour: net, Fleury, Lacombe, & lewror EvÊQUE. Le laquelle-un teftateur transfereun legs, foit d’une per= fonte à une autre, foit de l'héritier qui en étoit char: gé à un autre qu'ilen charge, foit en changeant la choe léguée en une autre. Voyez au digefte au code & aux tmfhrut, les tie. de legaris, TRANSLATION D'ORDRE, ou d’un ordre dans 4 autre. Voyez et-après TRANSLATION de religieux. Tranflation d'un prifonnier , eft lorfqw’on le-fait pañler dune prifon à une autre, foit pour l'appro- cher du juge de l'appel, foit pour le renvoyer à fon premier jugement. Voyez AGGUSÉ , PRISON, Pre SGNNIER. TRANSLATION d’une religieufe d’un monaftere dans un autre, on y obferve les mêmes regles que pour la zranflation des religieux, c’eft-à-dire qu’elles ne peuvent pañler d'un monaîtere à un autre plus aufte- re, fans avoir demandé la permiffion de leur fupé- rieure ; & f'celle-ci la refufe, la relisieufe ne peut fortir du premier monaftere ; fans une permiffion par écrit de l’évêque. Cap: licer extra de reguiarib. ÉRANSLATION d'un religieux, eft lorfqu'il pale d’un ordre dans un autre. Dans l’origine de Pétatmonaftique les religieux pouvoient paffer d’un monaftere dans unautre, mê2 me d’un ordre différent, & fe mettre fuccefivement {ous la direétion de différens fupérieurs. S. Benoit joignit au vœu d'obéiffance perpétuelle, celui de ffabilité, c’eft-à-dire de réfidence perpétuel- le dans le monaftere où les religieux avoient fait pro: feffion. La regle de S. Benoït étant devenue la feule qui fût obfervée dans l'occident, Le précepte de ftabilité de- vint un droit commun pour tous les résuliers, Cependant comme le vœu de ftabilité n’avoit pour objet que de prévenir la légérété & linconftance, 8e non pas d'empêcher les religieux de tendre àune plus grande perfeétion, on leur permit de pafler de leur monaftere , dans un autre plus auftere ; & pour cela, ils n’avoient befoin que du confentement de l’abbé. qu'ils quittoient. | Depuis Pétabliflement des ordres mendians, plu- fieurs religieux de ces ordres'fe retirant chez les Bé: nédiétins , ou dans d’autres congrégations ; pour y obtenir des bénéfices, on régla d'abord que les men- dians ainfi transférés ,ne pourroient tenir aucun bé- néfice fans une permiflion particuliere du pape, Ces fortes de permiflions s’accordant trop ficile- ment, on régla dans laifuite que les sranflarions des mendians dans un autre ordre (excepté celui des Chartreux, où l’on ne poflede point de bénéfice}, ne feroient valables que quand elles feroient autori- fées par un bref exprès du pape. Un religieux peut aufli être transféré dans un or- dre plus migé, lorfque fa fanté ne lui permet pas de fire fa regle qu'il a embraflée ; mais lufage de ces Li * AAaaï j5$ IRANSLATION DE LEGS, eft une déclaration par : 556 TR A “fortes de tran/larions eft beaucoup plus moderne. Pour pañler dans un ordre plus auftere , un reli- ‘æieux doit demander la permifhion de fon fupérieur ; amais fi Le fupérieur la refufe, le religieux peut néan- moins fe retirer. À l'égard des mendians, il leur eft défendu, fous peine d’excommunication , de pañler dans un autre ordte , même plus auftere, fans un bref du pape; & il.eft défendu aux fupérieurs, fous la même peine, de les recevoir fans un bref desran/flation :.0n excep- te feulement l’ordredes Chartreux. Le pape eft auffi le feul qui puiffe transférer un re- ligieux dans un ordre moins auftere , lorfque fa fanté l'exige. . Le bref de sranflation doit être fulminé par l’offr- cial, après avoir entendu les deux fupérieurs ; &c fi da cranflation eft accordée à caufe.de quelque infirmi- té du religieux, il faut qu’elle foit conftatée par un rapport des médecins. | Les brefs de sranflarion, pout être exécutés en France , doivent être expédiés en la daterie de Ro- me, 8 non par la congrégation des cardinaux, mi par da pénitencerie. L’ufage de la daterie qui eft fuivi parmi nous, obli- ge le religieux transféré , de faire un noviciat &t une nouvelle profeflion, lorfqu1l paffe dans un ordre plus auftere, ou qu'il paffe d’un ordre où lonne pof- fede pas de bénéfice, dans un ordre où lon en peut tenir. Cap. licet extra de regularibus : cap. viam extra. vag. comm, de regular. concil.Trid, feffion 25.de regul. cap. xxix. D'Héricourt, sir. de la tranflation d'ordre. (4) TRANSLATION, Î. f. dans nos anciennes mufiques, c’eft le tranfport de la fignification d’un point à une note féparée par d’autres notes , dece même point. Voyez POINT. (S ) - TRANSMARISCA , ( Géogr. anc. ) ville de la bafle Mœfie. L'itinéraire d’Antonin la marque fur la route de Viminacium à Nicomédie. Ptolomée, Z. VIIT. <, x, nomme cette ville Tromarifca, & le nom mo- derne eft Marice, felon Lazius. (D. J.) TRANSMETTRE , v. at. ( Gram.) c’elt faire pañler. Il fe dit deschofes, des tems , & des lieux: On tranfmes un fait à la poftérité; on sranfmes un pri-. vilege qui eft à quelqu'un ; on sranfinet une chofe d’un lieu dansun autre ; on éranfines fes fentimens à fon ami , fes vices & quelquefois fes infirmités à fes enfans ; l’aéion de la lumiere fe sranfines à-traversle verre. TRANSMIGRATION , ff. (Gram. ) tranfport d’une nation entiere dans un autre pays, par la vio- lence d’un conquérant. Foyez COLONIE. Quelques-uns , en tradurfant Pendroit de l’Ecri- ture où 1l eft parlé du tranfport des enfans d’Ifraël à Babylone , fe fervent du terme de sran/migration. Voyez TRANSPORT. TRANSMIGRATIONS des Juifs , (Hifi. des Hébr.) ‘on compte quatre sranfmigrations, des Juifs à Baby- lone , toutes par Nabuchodonofor; la premiere fe fit au commencement du regne de Joakim , lorfque Daniel & autres furent transférés en Chaldée; la deuxieme fous le regne de Sédécias ; la troifieme & la quatrieme en diverstems ; & dans cette derniere, tout.ce qui reftoit en Judée fut emmené à Babylo- ne. Les dix tribus furent aufli transférées hors de leur patrie: d’abord par Tiglath-Pilefec, &£ enfuite pat Salmanafar, qui, après avoir pris Samarie , em- mena le refte du royaume d’Ifrael en Médie & en Aflyrie, fur le fleuve de Gozan. De ces captifs [fraé- lites , les uns revinrent dans leurs pays, pendant la domination des Perfes & des Grecs ; le reite fe mul- tiplia, & fe difperfa dans toutes les provinces de VOrient. (D. J.) TRANSMIGRATION DES AMES ,( Théol, & Philof. ) IL RTA. on peutvoir d’abord dans ce Ditionnaïre Parsicle MÊÉTEMPSYCOSE. Mais qu’il nous foit permis de recueillir en abregé; d’après M. de Chaufepié , ce que l’hifloire nous ap- prend de plus curieux fur cette matiere, & de quelle caufe la doëtrine de la rañfmigration des ames , a pu tirer fa naiflance. Ce détail ne déplaira peut-être pas à quantité de leGeurs, qui n’ont ni le tems, ni l’oc- cafion de recourir aux fources êc aux ouyrages.des favans qui y ont puifé, Ileft certain , dit Burnet, que jamais doûtrine ne fut plus générale que celle-ci; elle régna non-feule- ment par-tout l'Orient , mais en Occident chezles Druides & les Pythagoriciens ; elle eft fi ancienne qu’on n’en fauroit marquer l’origine, 8 qu’on di- roit qu’elle eft defcendue du ciel, tant elle patoït être fans pere , fansmere , & fans généalogie. Les cabaliftes gardent encore cette ancienne er- reur; ils prétendent que les ames humaines paflent d’un corps dans un autre , au moins trois fois , afin qu’elles n’aient point à alléguer devant le fouverain juge de notre vie, qu’elles n’ont point eu de corps propre à la vertu, C’eft fur ce principe qu'ils difent que la même ame qui a anime fucceffivement Adam & David, animera le Mefie. Il y a eu chez les chrétiens des doéteurs célebres par leur favoir & par leur piété, qui ont adopté cette erreur. M. Huet prétend qu’Origène lui-même a cru que les ames animoïent divers corps fucceflivement, &c que leurs sranfinigrations étoient réglées à propor- tion de leurs mérites , ou de leurs démérites. Un favant moderne doute que lPévêque d’Avranches ait bien interprété les pañlages d’Origène qu'il cite. Quoi qu’il en foit , 1left certain que l’erreur de læ sranfinigration des ames a été adoptée par Synéfius. On la trouve en divers endroits de fes ouvrages , & peut-être dans cette priere qu'il adreffe à Dieu, Hymn.lZTil. verf. 725.4 O Pere, accordez-moi que » mon ame réunie à la lumiere, ne foit plus re- » plongée dans les ordures de la terre ». Neuroy de Ilarep Dar: puyercay Myers d'uvas EG 4 ov0s aTay Mais Chalcidius plus ancien que Synéfius , fe dé- clare hautement pour la même erreur : « les ames qui ont négligé de s’attacher à Dieu , dit ce philo- » fophe , font obligées par la loi du deftin, de com- » mencer un nouveau genre de vie, tout contraire » au précédent , jufqu'à ce qu’elles fe repentent de » leurs péchés ». La rranfmigration des ames fut aufli un des dogmes des Manichéens ; leur doëtrine fur ce fujet fe rédui- foit à ces articles : 1°. que les ames des méchans paf. fent dans des corps vils ou miférables , êr attaqués de maladies douloureufes, afin de les châtier &c de les corriger ; 2°. que celles qui ne fe convertiflent pas après un certain nombre de révolutions, font livrées au démon pour être tourmentées & domptées , après quoi elles font renvoyées dans ce monde , comme dans une nouvelle école , & obligées de fournir une nouvelle carriere ; 3°. que lesames des axditeurs qua cultivoient la terre, fe marioïent, négocioient, ns & qui du refte vivoient en gens de bien, n’étant pas néanmoins aflez pures pour entrer dans le ciel au {ortir du corps , paflent dans des courges , &c. afin que ces fruits étant mangés par les élus qui ne fe ma- rioient point, elles ne foient plus liées avec lachair , & qu’elles achevent leur purification avec les élus ; 4°. qu'entre ces ames, il y en.a qui font renvoyées dans des corps mortels, pour vivre de la vie desélus & confommer ainfi leur purification & leur falut : car leprivilese des ames des élus, étoit de retourner ÿ FRA dans le ciel dès qu’elle font féparées durcorps , parce au’elles font parvenues à la perfeétion reauife pour cela. ; ; DIE Nu EL CHOSE 24 CS AICC È all _ Quand on refléchit fur Pancienneté & l’univer- falité de cette doétrine de lavran/migration des ames , ileft naturel de fe demander ce qui peut y avoir don- né lieu! M..de Béaufobre croit qu’elle tira fon oripi- ne des opinions fuivantes.: | Es #1 La préexiftence des ames établie au long par Platon, dans:le dixieme livre des Zois, Cette opinion fut très-générale parmi les philofophes , &£ elle a été très-commune parmi les petes grecs ; elle leur a pa- rumême néceflaire pour maintenir l’immortalité de l'ame, (Fate III. Ge fentiment qui eft une fuite du premier, pa- rutaufifufifamment lié avec la métempfycofe. De- R vient que les Egyptiens, fi lon en croit Héro- dote; 11, p.123: furent les premiers qui immorta- liferent les ames,.8&c établirent en même tems la sranfc migrALIONs À Jesus HI La néceflité de la purification des.ames avant qué d'être reçues dansle ciel, d’où elles étoient def- cendues: « Ce fentiment, dit l’hiflorien du Mani- #ichéifme , quine fait point de deshonneur à la rai- + fon, a paru conforme à PEcriture , a été embraffé # par plufeurs peres., & a fourni l’idée du purga- > toire ». Platon eft formel fur la néceffité de cette purification. « Les ames, difoit ce philofophe , iz » 1 Tim. XXVIIL. p: 252: ne verront pointla fin de 5 leurs maux, queles révolutions du monde ne les + aient faménées à leurétat primitif, & ne les aient #. purifiées des taches qu’elles ont contraétées, par »-la contagion du feu , de Peau , .de la terre, & de » lair ». IV. Enfin les philofophes jugerent que la juftice &e l'équité de Diewne lui permettant pas de livrer aux démons les ames vicieufes , à:la fin d’une feule vie 8 d’une feuleépreuve, crurent que la Provi- " dence lesrenvoyoit après la mort en d’autres corps, comme dans de nouvelles écoles , pour yêtre châ- tiées. felon leurs mérites ,.& purifiées par le châ- timent. . LeslJuifs bornoïent ces sran/migrations à trois ,ima- ginationqu'ils paroiffent avoir prife de Platon, qui ne permettoit l'entrée du ciel qu'aux ames qui s’é- toient fignalées dans la pratique de la vertu pendant trois incorpotations. Obfervons cependant que cette épinionqueles ames ne parviennent à la fouveraine félicité qu'après avoir vécu faintementpendanttrois incorporations , étoit reçue chez les Grecs plus d’un fiecle avant Platon ; c’eft ce qui paroït par ces vers ‘de Pindare , Olympien, Od. IT. v. 122. Occr À eren percer ec Tps “ExaTEpO Ds JEI&VTES A7o Tama adn&V Eye "Fuyar, tTeAaY Auog Odoy œapa pos Tupoir. Qui valuerunt ad tertiam ufque vicem utrobique ma- rientes arimam ab injuftis omnino abftinere, perrexerunt Jovis viam ad faturni urbem. Tels étoient les fon- demens de la métempfycofe. C’eft au leéteur à juger frces principes font aflez folidement établis pour en conclure ce dogme : exceptons pourtant l’immorta- lité de Pame , dont la métempfycofe n’eft rien moins qu'une conféquence néceflaire. À légard de la préexiftance des ames, on pour- roit tout-au-plus laregarder comme poflble , & non comme prouvée. La nécefité de la purification des ames paroïît prouver trop; car en la fuppofant , il s’enfuivra que les ames humaines ne pourront être admifes danse ciel; qu’on les fafle pañler par autant de corps qu’on voudra, elles ne feront jamais exemp- T:R:A $57 tes de défauts dans cette vie, & par conféquent ja- . mais bien qualifiées pour le féjour des bienheureux. . Enfin, 'par rapport à la juflice de Dieu, il s’agit de RÉ e r mau favoir fi letems d’épreuve que Dieu accorde aux hommes pendant une feule vie, n’eft pas fuffifant pouf-mettre l’équité.du! fouverain juge à couvert ; d’ailleurs , outre le:tems.accordé à chaque homme, les fecours qu'il a eus, les talens qu'il a reçus, en un mot les circonftances .de fon état | doivent entrer en ligne de compte. ( D.J.) TRANSMISSION, L fer Oprique, fignifie la pro< | priété par laquelle un corps tranfparent laïfle pañler * lesrayons de lumiere à-travers fa fubftance ; dans ce fensrranfiniffion eft oppolée à réflexion | qui eft l'ac- : tion par laquelle un corps renvoie les rayons de lu- miere quitombent fur fa furface, Voyez RÉFLEXION. - Tranfmiffion fe ditauffi.dans le même fens que ré- | fraéhon , parce que la plüpart des corps, en tranf- mettant.les rayons .de lumiere , leur font fubir auf des réfrattions, c’eft-à-dire , les brifent au point d'incidence , & les empêchent de fe mouvoir au-de- dans de la fubftancé du corps fuivant la même direc- tion fuyant laquelle ils, y font entrés. Voyez RE- ! FRACTION, Pour ce qui eft de la caufe de la tranfmiffion , ou pourquoi. certains corps tranfmettent, & pourquoi d’autres réfléchiflent les rayons , voyez Les aricles DIAPHANÉITÉ , TRANSPARENCE , & Opaciré, Newton prétendique les rayons de lumiere font fufceptibles de zrenfniffion & de réflexion. Il appelle cette vicifitude à laquelle les rayons de lumiere font fujets , des accès defacile réflexion & de facile cranf= mifion ; & 1l fe fert de cette propriété pour expli- quer dans fon optique, des phénomenes curieux & finguliers, que-ce philofophe expofe dans un affez grand détail. Poy.RAyON é Lumrere. Chambers. (O0) TRANSMISSION , (Jurifprud. ) eft la tranflation qui fe fait de plein droit de la perfonne du défunt en la perfonne de fon héritier, de quelque droit qui étoit acquis au défunt au tems de fon décès. | La sran/miffion à lieu pour un less ou fidei-com- mis , quand même le légataire ne l’auroit pas encore reçue, pourvu néanmoins que le droit lui ft ac= us. Ë Pour: venir par £ranfmiffion, il faut être héritier de celui dont on exerce le droit, aulieu que celui qui vient par repréfentation, peut faire valoir fon droit, quoi qu'il ne foit pas héritier de celui qu'il repréfente. x En fait de fidei-commis ou fubflitution , la sranf miffion avoit eu aux parlemens de Touloufe, Bor- deaux &t Provence ; de maniere que les enfans du premier fubftitué recueilloient le fidei-commis, en- core que leur pere ft décédé avant le grevé ; mais ordonnance des fubftitutions, sir. 7. are. 29. porte que ceux qui font appellés à une fubffitution , & dont le droit n’aura pas été ouvert avant leur décès, ne pourront en aucun. cas être cenfés en avoir tranfmis Pefpérance à leurs enfans ou defcendans, encore que la fubflitution foit faite en ligne direéte par des af cendans , & qu'il yait d’autres fubftitués appellés à la même fubftitution , après ceux qui feront décédés & leurs enfans ou defcendans. Voyez Ricard , des dos nations ; Brillon , ax mot TRANSMISSION. ( A) TRANSMUTATION , ff. ez Géomérrie, fe dit de la réduétion ou du changement d’une figure, ou d’un corps en une autre de même aire ou de même folidité, mais d’une forme différente ; comme d’un triangle en un quarré, d’une pyramide en un paral- lélipipede , &c. Voyez FIGURE, &c. | TRANSMUTATION, dans la [ublime Géomésrie, eft le changement d’une courbe en une autre de même genre ou de même ordre. M. Newton dans le premier livre de fes principes, 538 RAA: Jeët. ijFa-donné la méthode! pour la #r4n/nutarion d’une courbe en une autre, 81e fertavec beaucoup! d'élégance de’ cette srar/mutation pour réloudre dif férens problèmes qui ont rappôrt aux eétions cont- ques. ME de ANSE aitu ÉSmmOf ” Onpeut remarquer quel le problème de MiNexr: ton fur la #anfrnuration des courbes , eft. leïñême que celuitque M. Pabbé de Gua aréfolu dansiles 4/2 ges de l’anulyfe de Deftartes, dur laïcourbe oùl’ome bre que forme la projeftion d’une courbe quelcon- que expoiéé à un point lumineux: (O0 )" 1,11 5 TRANSMUTATION, (Alchimie, ) voyez HERMÉS TIQUE, Philofoghie ; GPIÉRRE PHILOSOPHALÉ: ®°: TRANSPARENCE , 04 DIAPHANÉITÉS {fer Phyfique ; fignifie la propriété en vertu de laquelle un corps donne pañage aux rayons de lumière. - Larranfparenié dés corps'aété attribuée patquel- ques auteurs au grand nombre de pores ouinterfté ces quife trouvent entréles particules de cescorpss: mais cette explication , felon: d’autres, eft extrèmez ment fautives; parce que la plûpart des corps opa- ques 8 folides, que nous cofnoïffons dans la nature; renferment beaucoup plus depores:que dematiere, ou du-moins beaucoup plus de pores qu'il n’en faut: pour donner pañage à un corps aufli délié: & auf fubtl que celurde la lumiere. Voyez PORE. our Ariftote, Defcartes, @c, attribuent lasranfparence à la reétitude ‘des pores; ce qui, felon eux, donne aux rayons de lumiere le moyen de pafler à-travers les corps, fans heurter contre les parties folides:,-8 fans y fubir aucune réflexion: mais Newton prétend que cette explication eft imparfaite, puifque tous! les corps renferment une quantité de pores ,:qui eft plus que fuffifante pour tranfmettre ou faire pañler tous les rayons qui fe préfentent , quelque fituation que ces pores puiflent avoir les uns par rapportaux: autres, 12: | Ainfi la raïfon pour laquelle les corps né font pas tous tran{parens, ne doit point être attribuée felon: lui , au défaut dereétitüde des pores , mais à la den fité inégale de leurs parties, ou-à ce quelesi pores font remplis de matieres hétérogenes ; ou enfin; à ce ue ces pores fontiabfolument vuides :.car dans tous ces cas, les rayons qui y entrent fubiflant une grande varieté de réflexions êt de réfraétions:, ls fe trouvent continuellement détournés de côté & d’au- tre, jufqu’à ce que venant à tomber fur quelques parties folides du corps, ils fe trouvent enfin tota- lement éteints & abforbés. Poyez RAYON. 6 RÉELE- XION: A) 4 ME A | C’eft pour ces raifons, felon Newton, quele lié- ge, le papier, le bois, &c: font des corps opaques, & qu'au contraire le diamant, lerverre, le talk, {ont des corps tranfparens : la raïfon ,-felon lui , eftque les parties voifines dans le verre êr le diamant, font de lamême denfité; de forte que latiraétion étant égale de tous les côtés , les rayons de lumiere n’y fubiflent ni réflexion , nrréfrattion; mais ceux qui entrent dans la premiere furface de ces corps, con- tinuent leur chemin jufqu’au bout fans interruption, excepté le petit nombre deceuxqui heurtent les par- ties folides : au contraire les parties voifines dans le bois , le papier , 6:c. different beaucoup en denfté ; de forte que l’attraétion y étant fort inégale, les. fayons y doivent fubir.un grand nombre de réfle- xions & de réfraions; par conféquent les rayons ne peuvènt pañler à-travers ces corps, &c étant.dé- tournés à chaque pas qu’ils font, il faut qu'ils s’amor- tiflent àla fin, & qu'ils fe perdent totalement. Voyez OPACITÉ. Chambers. 4 / TRANSPARENT, c’eft la:même chofe que dia- phane. Voyez DIAPHANE, &c. Ce mot eft formé du latin pelluceo, je-brille à-travers. Jr Tranfparent, eft oppoléau mot opaque, Foyet OPA- QUE, : À ar on ct dre NET él 2 © TRANSPIRATION , 1 fren Médecine, aéontpab laquelle tés Humeurs fuperflues du eorpsfontpouliées dehors par les pores de la peau. Voyez ÉVACUATrONS Por G: PRADA dit RRULNERE Lbuuyey -IFÿr a dans la peau une‘infinité de ces pores dela tranfpiration, dont les plus confidérables fontiles drist “ | fices des'conduits qui viennent dés glandes -milidiress Voyez GLANDE & MILIATREN EVE. 100 NO Ds bep dé Vs éco be ll à 6 qu £ bre n HER IRET Quand à #anfpiration elt'affez abondantéipour être apperçüe par les fens';lcomime dans la fueurisi on l'appelle la fenfiblesnañ/piratios; quañdielle échap« pe aux fens ; corime dans l'état ordinaire durcorps;: elle prendleinom d'infenfible trerfpiranomnPogeg SUEUR, Dhs ep SET - : Lorfqu’on fé {ert fimplementy &fans aucuñe. ad- | dition où adjeétif, du mot vran/pirationt, il: s’entendr | toujours de lPinfenfible vrerfpirarion, + oun et insrv $l : Tranfpirations'émploïel auffi par quelques auteurs pour fisnifier lesrée dél'air, des vapeurs," Gcrdansl STE. CAE 19 CAE ‘ f 4 . perfeétion -de: la doftrine de l'infenfible rranfpira=: 1107. | rt LR Pr Les vaifleaux par lefquels fe fait la srenfpirarion ; s'ouvrent obliquement fous les écailles de l’épidér-1 me ou de la furpeau ,11s font d’unepetitefle inconce-; , vable Suivant un calcul. de Leeyenhoeck, il päroît . que l’on peut.couvrir avec un grain commun de fa-, | ble, cent vingt-cinq mille embouchures oulorifices, . extérieurside ces vaifleaux. Voyez CUTICUEE où ÉPr- | DERME , GLANDE MILIAIÏRE , Gc. 46 De chaque point du corps, & par toute l'étendue de la cuticule ; il tranfude-continuellement-unethu-. meur fubtile qui fort de ces vaifleaux. +: 1, Des expériences bien confirmées ontappris que la. _ quantité dé matiere pouffée au-dehors par cette voie, » étoit plus confidérable que celle qui fe rendoit toutesles autres. Voyez SELLE, URINE , Ge, En fuppofant une diete modérée ; un âge-moyen.;; êt une vie commode , Sanétorius a trouvé en Italie: que la matiere:de. l'infenfiblesranfpiration-étoit les, + de celle que lon prenoitpour aliment; de-forte qu'if n’en reftoit que les 4 pour la nutrition , 8x les excré- mens du nez , des oreilles, desinteftins , de la vefhe. Voyez EXCRÉMENT pire Ti Le même auteur démontre, que l’on perdenun jour par Pinfenfible sren/piration autant qu’en qua- torze jours par Les felles ; & en particulier, que pen- dant la durée-delà nuit ,on perd ordinairement feize onces par les urines , quatre par les-felles, & plus de. quarante par linfenfble sranfpirarion. DETT Il'obferve auf qu’un homme qui prend dans un jour huit livres d’alimens , en mangeant 8 en bu-+ vant, en conume cinq pat l’infenfble sezfpiration +: quant au tems., 1l ajoute que cingheures après avoir! mange, cet homme a tranfpiré environune livre; de- puis la cinquieme heure jufqu’à la douzieme, environ trois livres ; &depuis la douzieme jufqu’à la feiiez, me, prefque-la moitié d’uñe Hyre. sc 326 Me La ranfpiration infenfible furpañle donc-de beau. coup toutes les évacuations fenfbles prifes .enfem-. ble. Et alfmit des expériences. de San&torius, qu'on. perd'davantage en un jour-par lasran/piration,, qwen, Pak T R A ” 3 . ! ue _ quunze jours par tous les autres émonéioires, 7oyez - EMONCTOIRE. Borelli dit que les avantages de linfenfible srarfe piraton font fi confidérables , que fans elle les ani- maux ne pourroient pas conferver leur vie. La sranfpiration eft abfolument néceflaire dans lé conomie animale, pour purifier la mafle du fang , & le débarrafler de quantité de particules inutiles & hé- térogenes , qui pourroient le corrompre. De-là vient que quand la sran/piration ordinaire eft arrêtée , il furvient tant de maladies, particulierement de fie- vtes , de gratelles, &c. La sranfpiration eft néceïfaire à l'organe du tou- cher, parce qu’elle empêche les mamelons de la peau d'être defféchés, foit par l'air, foit par l’artouchement continuel des corpsextérieurts, . Le froid empêche la san/piration en referrant les pores de la peau , & épaïfiflant Les liqueurs qui cir- culent dans les glandes cutanées. La chaleur au-con- traire augmente [a ranfpiration , en ouvrant les con- dtuts excrétoires des glandes, & en augmentant la fluidité & la vélocité des humeurs. Voyez Froïp, Éc. Les grands fymptômes d’un état parfait de fanté & les principaux moyens dela conferver , font d’en- tretenir beaucoup de fubtilité, d’uniformité & d’a- bondance dans la matiere de l'infenfible sranfpiration, & aufi, quand elle augmente après le fommeil, €. au-contraire, le défaut de ces qualités eft le premier fymprôme afluré, & peut-être la caufe des maladies. Voyez SANTÉ @& MALADIE. La ran/piration fe fait, s’entretient, s’accroît par les vifceres , les vaifleaux, les fibres ; par le mouve- ment ou un exercice qui aille jufqu’aux premieres apparences de la fueur, par un ufage modéré des plaïirs , en dormant fept ou huit heures, fe couvrant bien le corps , & néanmoins ne Le chargeant pas de couverture : la gaieté, une nourriture légere fermen- tée & néanmoins folide, & qui n’eft pas grafle, un air pur, froid, pefant , 6e. contribuentheaucoup à la tran/piration. Le contraire de toutes ces chofes , de même que l'augmentation des autres excrétions, la diminuent, l’'empêchent, l’alterent. On voit donc la caufe , les effets, &c, de cette ma- tiere de la sranfpiration , de {on ufage pour conferver la fouplefle & la flexibilité des parties, en leur ren- * dant ce qu’elles ont perdu; mais principalement en confervant l’humidité des mamelons nerveux, en les entretenant frais, vigoureux, propres à être affectés par les objets , & à tranfmettre à l'ame leurs impref- fions. Voyez NERF, SENSATION, Ec. Une trop grande sranfpiration occafonne des foi- blefles , des défaillances, des morts fubites ; une trop petite, où même une fuppreffion totale de cette ac- tion fait que les vaiffeaux capillaires fe deffechent, fe flétriflent & périflent : il arrive aufli que les plus grands émonétoires en font obftrus, ce qui trouble la circulation, & rend les humeurs cauftiques : de-Ià viennent la putridité, la crudité, les fievres, les in- flammations, les apofthemes ou les abfcès, Voyez Ma- LADIE. Pour déterminer l’état & les qualités de la sranf2 _ piration néceflaires à juger de la difpofition du corps, Sanétorius inventa une chaïfe à peler, avec laquelle ilexaminoit la quantité, les degrés desranfpiration , dans différentes circonftances du corps , fous diffé- rentes températures de l'air, dans différens interval- les qu'il mettoit à boire, à manger, à dormir, 6. Poyez CHAISE de Sanéorius. Quelques-uns des phénomenes les plus extraordi- naires, qu'ila obfervés parce moyen, font que quel- ques tems après avoir mangé , la sranfpiration eft moindre qu’en tout autre tems: que la srazfpiration eft là plus grande entre lacinquieme & la douzieme . T R À 559 Béuré après les repas; que l'exercice foit et allant À cheval, en carrofle, en bateau, &c, foit en jouañt à la paume , en patinant, & furtout les friions vis ves fur la peau, font des moyens merveilleux pour provoquer la rran/piration ; que lorfqu’on fue elle eft moindre qu'en tout autre tems; & que les femmes tranfpirent toujours beaucoup moins que les hom- mes. TRANSPLANTATION , (Médecine) méthode de guerir les maladies imaginée & foigneufement re- commandée par Paracelle ; elle confifte à faire paf- fer une maladie d’un homme dans un autre, ou dans un animal, ou même dans une plante , de façon que le fujet qui l’a communiquée en eft totalement déli vré. On a tâché de conflater par des faits cette pré- tention chimérique de Paracelfe, indigne de ce orand homme; les Allemands furtout extrémerñent atta- chés aux remedes finguhers, fe font appliqués à faire valoir cette méthode ; & pendant que les médecins des autres pays la laifloient enfévelie dans un oubli bien légitime, ils faifoient des expériences & des longs raifonnemens, les uns pour la détruire, & les autres pour la confirmer. Georgius Frañcus rapporte plu- fieurs exemples de maladies qu'il aflure gueries par le cranfplantation (ephemer. nat, curiof. ann. iv. 6 y. obferv. 102.) Maxuel, médecin écoflois, a fait un traité particulier où il s’en déclare le partifan ; Tho- mas Bartholin en parle dans une differtation épifto= laire, & prétend avoir une mumie eflentielle tirée des aftres dans qui les maladies fe sranfplantent promptement. Hermann Grube n’a rien oublié pour faire profcrire la sran/plantation comme inutile ou fuperftitieufe ; Reïfelius aflure que cette méthode eft principalement appropriée dans les hydropifies, & raconte avoir gueri par ion moyen deux enfans d'hy- drocele, qui avoient réfiflé à toutes fortes de reme- des, 1l fe fervit dans le premier cas d’un limaçon rouge , qu'on frotta à diverfes reprifes fur la partie affectée ; on l’attacha enfuite au haut de la tumeur pendant 24 heures ; après quoi on Le fufpendit ex- poié à lafumée. Cette opération réitérée trois fois de même façon, l'hydrocele difparut; dans le fécond cas , 1l fit avec le même fuccès la sran/plantarion dans l'urine même du malade, qu’il mit enfuite, chargée de la maladie, dans une coquille d'œuf, auf expoifée à la fumée. Credat judeus apella , non ego. Le même auteur aflure avoir vu guerir une hernie inguinale par Le téléphium récemment arraché,appli- qué fur la tumeur, & enfuite planté & cultivé avec beaucoup de foin; les tranfplantateurs recommen- dent de veiller avec une extrème attention aux plan- tes & aux animaux dans qui on a fait paffer les ma- ladies | parce que lorfqu'ils fouffrent , font incom- modes, ou meurent, la perfonne de quiils ont recu la maladie fe fente auffi-tôt de leur altération: on raconte qu'un homme ayant tranfplanté fa maladie dans un! chêne , fut confiderablement incommodé d'une bleflure qu’on fit à cet arbre ; les Allemands regardent le téléphium , comme la plante la plus fa- vorable à la sranfplantation, is la refervent princi- palement à cet ufage , & l’appellent en conféquence raben-trauf. Parmi les fecrets de bonnes femmes , on trouve quelque idée de la sran/plantarion ; ces efpeces de médicaftres fubalternes confeillent beaucoup dans les fievres malignes, peftilentielles , de mettre dansie lit dumalade, d’attacher même à leur pié un crapaud, un ferpent , un chien ou tout autre animal ; elles pré« tendent qu'ils attirent le venin qui eft la caufe de la maladie, & elles aflurent avoir vu ces animaux de venir après cela prodigieufement enflés , & mourir, promptement en exhalantune puanteurinfoutenable; on peut voir un effet analogue à la tranfplantation ans ce qui arrive aux vieillards, fuivant quelques 360 TR A auteurs, lorfqu’ils couchent avec des jeunes gens ils e confervent plus long-tems en bonne fant£, frais & difpos , & les jeunes gens fe reffentent beaucoup plu- tôt des incommodités de la vieillefle ; ce fait mérite encore d'être foigneufement examiné; nous pouvons conclure des autres que le defir de vivre & de fe bien porter eff fi fortement gravé dans le cœur de tous les hommes, qu'il n’y a rien qu'on n'ait imaginé dans la vue de le réalifer, & qu’on n’a rien propofé de fi ab- furde qui n’ait trouvé des partifans. (77) TRANSPLANTATION D’ARBRES, ( Agricu!s.) on a imaginé lart de tranfplanter les grands arbres frui- tiers des vergers: un particulier en fit Peflai en An- gleterre dans le dernier fiecle; il avoit eu pendant vingt ans un verger remph de pommiers &c de poi- riers. Ces arbres étoient en bon état & produifoient du fruit en abondance. Il fe trouve obligé d'aller de- meurer dans une autre maïfon de campagne à envi- ron un mille de ce verger ;1l effaya d’emporter avec lui fes arbres fruitiers dont 1l étoit amoureux, Pour cet effet 1l fit faire , au mois de Novembre, des tran- chées autour de leurs racines, & des trous aflez grands pour recevoir chaque arbre quil vouloit tranfplanter dans fon nouveau jardin ayec la motte de terre. Auf - tôt que les gelées commencerent à être.aflez fortes pour fon deflem, & qu’elles eurent endurci la terre autour des racines, 1l ft lever les arbres avec des leviers fans rompre la motte, & les fit conduire fur des traineaux à l'endroit de f5n noù- veau jardin qui leur étoit deftiné ; illes laiffa dans Vétat qu'ils avoient été apportés , & au dégel il snit de nouvelles terres autour des racines , termina fon ouvrage, & fit remplir les tranchées de nouvelle terre qu'il y affaifla, SNROLT Un mois après avoir ainf tranfplanté fes arbtes, il fit ôter un bon tiers des branches, pour les déchar- ger à proportion de la quantité de racines qu'ils avoient perdues ; & l'été fuivant il en recueillit paf faiblement de fruits : voilà jufqu’où de nos joursles Aneloïis ont pouflé linduftrie du jardinage ;äls font parvenus non-feulement à faire, quand il leur plaît, de leurs arbres fruitiers , des arbres pour ainfi-dire ambulans, mais encore à les tranfplanter à rebours. M. Bradley a lui-même imaginé de tranfplanter les jeunes arbres au milieu de l’été, & il aflure l'avoir vi exécuter avec fuccès par un curieux de Kenfng- ton. Comrne la fêve de plufñeurs arbres eft dans l’in- aétion vers le nulieu de l'été, fi on les tranfporte dans ces momens favorables, 1ls ont plus de tems pour fe fortifier avant lhiver, que ceux que l’on re- mue dans, l'automne, & font inconteftablement mieux préparés à poufler de fortes tiges que ceux que Pon tranfplanteroit au printems ; mais-les arbres qui perdent leurs feuilles réufliroient-ils auffi-bien par cette méthode que les arbres toujours verds ? Il refte encore un grand nombre d'expériences à ten- ter fur la sranfplantation, & les mauvais fuecès ne doivent pas décourager. (2, J.) ERANSPORT , f. m.( Gram. & Jurifprud.) eftun afte qui fait pañler la propriété de quelque droit ou action d’une perfonne à une autre, par le moyen de la ceffion qui lui en eft faite ; ainf sranfpore & ceffior. en ce fensne font qu'une:même chofe. Celui qui fait le sranfport eft appellé cédant, & celui au profit duquel il eft fait eft appelle ceffion- naire, | «50 Le eran/pors fe fait avec garantie ou fans carantie, ce-qui dépend de la convention. nr Le cédant eft cependant toujours garant de fes faits &c promefles, Le sran/port ne faifit que du jour qu'il a été figni- fié, c’eft-à-dire qu’il n’a d’effet contre le débiteur &z les autres tierces perfonnes que du jour qu'il a été fignifié cicopie donnée au débiteur. * T R A Le défaut de fignification au débiteur opete; . 1°. Que le payement fait au cédant eft valable fauf le recours du ceflionnaire contre le cédant. 2°. Qu'un créancier du cédant, même poftérieur au sranfpors non - figniñié , peut faifir &c arrêter la dette cédée. 3°. Qu'un fecond ceffionnaire du même effet ayant fait fignifer le premier fon srar/fport , elt préféré au premier cefionnaire, L'acceptation du sran/port de la part du débiteur, équivaut à une fignification. Il y a certaines chofes dont on ne peut faire vala- blement un sranfport à certaines perfonnes, comme des droits litigieux aux juges, avocats, procureurs, Voyez DROIT LITIGIEUX. Les ceffions & sran/fporss fur les biens des mar- chandsen faillite font nuls, s'ils ne font faits au-moins dix jours avant la faillite. Ordonn. du commerce, tit. XJ. Arte 4. La délégation eft différente du tranfport, en c qu’elle faifit fans être fignifiée, mais il faut qu’elle foit faite du confentement du débiteur, où par lui acceptée. Voyez DÉLÉGATION. (4) FRANSPORT, ( Commerce, ) ation par laquelle on fait paffer une chofe d’un lieu ou d’un pays en un autre. Le sren/fport des marchandifes par eau étant plus commode, plus aifé, & infiniment moins coû- teux que par terre, demande tous les foins du sou- vernement pour le procurer at commerce. (D. J.) TRANSPORT, terme de Teneur de livres, ce mot {e dit du montant des additions des pages quifont rem- phies, que Pon porte au commencement des autres pages nouvelles ; 1l faut bien prendre gatde de fe tromper dans le sranfport qui fe fait dans les livres, du montant des pages. Ricard. ( D. J.) TRANSPORT, TRANSPORTER,, (Jardinage. ) {a dit des terres que Pon enleve d’un baffin, d’un ça: nal, d'un boulingrin, ou bien des terres qu’on ap- porte pour confiruire une terrafle, une plaiteforme, un belvedere. Il y a quatre manieres de sranfporter les terres, däns des tombereaux tirés par des chevaux, des ca- mions trainés par deux hommes, des paniers mis fur des ânes. 8T dans des brouettes ou des hottes fer- vies par des hommes. : Les deux premieres manieres font à préférer, quand le lieu où on srazfporte les terres eft fort éloi- gné; un tombereau à un cheval contient environ 6 piés cubes de terre , 8 vaut trois ou quatre voyages d’un âne qui porte 2 piés cubes dans fes deux paniers ; les camions contiennent ordinairement 8 piés cubes, enforte qu’il faut vinot-quatre tombereaux tirés par deux chevaux, contenant 9 piés cubes de terre, pour contenir une toife cube de terre; quand ilsne font tirés que par un chevalil faut trente-fix tombe- reaux. ay | | Lorfque fa diftance eft peu confidérable, on peut fe. fervir des ânes ainfi que des: bronettes on des hottes ou qui ne contiennent qu’un pié cube de terre; ainfi un âne en porte le double à la fois, & on eftime que trois cens hottes ou brouettes médiocre- ment chargées contiennent une toife cube detetre, La fituation des lieux aflujetrità lune de ces qua tre manieres, telle que feroit une defcente un peu roide fur un coteau , où il faut abfolument des hot- ‘ teurs. Silfe trouvoit des rochers dans les terres, on y fera ranger des fagots autour de chaque roche; on mettra le feu, & quand la braile fera bien échauffée on jetrera de l’eau deflus, ce qui la fera fendre 8 éclater avec bruit. C’eft ainfi que le grand Aunibal en pañfant les Alpes, fit dfloudre les rochers au rap= port de Tite -Live; il:fe fervit de vinaigre au - lie d'eau, Eamque (quum @ vis ventis apta faciendogpn? coorie codria efec ) Juccedunt , ardentiaque [axa zfufo acero putrefacunt. Tin-Livu, 6. XXI. n°. 3 7. On sranporte des arbres en motte enmanequinée, foit fur de petits chariots appellés diables, ou fur de plus grands avec des chaînes de fer qui les attachent. Les orangers t les arbres encaïflés d’une moyenne force, fe sranfportenr fur des civieres ou fur des trai- neaux, deux hommes les portent encore avec de grofles cordes attachées à des crochets qui embraffent les quatre piliers de la caïfle ; des chariots tirés par des chevaux fervent à sran/porter les grands arbres. TRANSPOSITIF, ve, adj. ( Gram.) M. l'abbé Girard (Princip, difc. I. rom. I. pag. 23.) divife les langues en deux efpeces générales, qu'il nomme analogues & tranfpofriives. | Il appelle Zzngues analogues, celles dont la fyn- taxe & la conftrution ufuelle font tellement analo- gues à l’ordre analytique, que la fuccelion des mots dans le difcours y fuit la gradation des idées. Il appelle angues tranfpofitives, celles qui dans lélocution donnent aux noms & aux adjeéifs des terminaifons relatives à l’ordre analytique, & qui acquierent ainfi le droit de leur faire {uivre dans le difcours une marche entierement indépendante de la fuccefion naturelle des idées, Voyez LANGUE, art. iÿ. .1.( B.E. R. M.) TRANSPOSITION , {. f. er Algebre , fe dit de l’opé- ration qu’on fait en tranfpofant dans une équation un terme d’un côté à l’autre; par exemple, fi a+ c —b; on aura en retranchant de part & d'autre c, AE —c—b—c,oua—b—c, où l’on voit que le terme c eit tran{yofé du premier membre au fecond avec un figne contraire à celui qu'il avoit. On ne fait aucun changement dans une équation en tran{po- fant ainf les termes d’un membre dans l'autre, pour- vu qu'on obferve de leur donner des fignes con- traires. Par exemple , fi on avoit 4—c=— 6, on auroit en ajoutant de part & d’autrec,a—c+c—=b+c, Où a— b+c; les regles des sranfpofttions {ont fon- dées fur cet axiome, que fi à des quantités égales on en ajoute d’égales , ou qu’on en retranche d'égales, lestousdans le premier cas feront égaux , & Les reites dans le fecond. (0) TRANSPOSITION ; ez Mufique, eft Le changement par lequel on tranfporte une piece de Mufique d’un ton à un autre, Je fuppofé qu’on fait déjà qu’il n’y a proprement que deux modes dans la mufique; de telie iorte que compofer en tel ton , n’eft autre chofe que fixer fur telle ou telle tonique le mode qu’on a choifi. Mais comme l’ordre des {ons ne fe trouve pas naturelle- ment difpofé fur toutes ces toniques, comme il de- vroit tre pour y établir le mode, on corrige cette irrégularité par le moyen des dièzes ou des bé- mols dont on arme la clé, voyez CLÉ TRANSPOSÉE. Quand on a donc compofé un air dans quelque ton, & qu’on le veut tranfpofer dans un autre, il ne s’agit que d’en élever ou abaïfier la tonique & tou- tes les notes d’un ou plufeurs degrés, felon le ton qu'on a choïfi; puis de changer l'armure de la clé, conformément à ce nouveau ton: tout cela eft égal pour les voix ; car en appellant toujours we la to- nique du mode majeur , & /a celle du mode mi- neur , tous les tons leur font indifférens, & c’eft Vaffaire des inftrumens, voyez GAMME, MopE. Mais ce n’eft pas pour ceux-ci une petite attention de tranfpoier dans un ton ce qui eft noté dans un autre : car quoiqu'ils fe guident par les notes qu'ils ont fous les yeux , il faut que leurs doigts en touchent de toutes différentes, & qu’ils les alterent ditférem- ment , felon la différence de l'armure de la clé pour le ton noté & pour le ton tran{polé : de forte que fouvent ils doivent faire des diefes où ils voient des bémols, & vice verfé, &c. Tome XVI, TR A ÿ61 C’eft un des grands avantages du fyflème dont nous avons parlé au mot zoes, de rendre la mu- fique notée par cette méthode ésalement propre à tous les tons en changeant une feule lettre, ce qui, ce me femble , met pour les inftrumens ces nouvelles notes au-deflus de celles qui font éta- blies aétuellement, Voyez Notes. (5) TRANSSUBSTANTIATION, ( Théol.) tranffub- flantiario , sris dans un fens général, fignifie le chan- gement d’une fubftance en une autre, Ainf le chan- gement de la verge de Moïfe en ferpent, des eaux du Nil en fang, de la femme de Loth en ftatue de fel, furent des sranffubflantiations furnaturelles : mais le changement des alimens que nous prenons , en la fubftance de nos corps, n’eft qu'une cranffubflantia= Pa sion naturelle. Voyez SUBSTANCE. TRANSSUBSTANTIATION, dans un fens plus parti- culier, eft la converfon ou le changement miraculeux qui fe fait de toute la fubflance du pain en la fub- ftance du corps de Jefus-Chrift, & de toute la fub- flance du vin en celle de fon fang, en vertu des pa- roles de la confécration dans le facrement de l’eu- chariftie ; enforte qu'il ne refte plus que les efpeces où apparences du pain & du vin, felon la doëtrine de Péplife romaine. Ce mot fut introduit dans Péglife au concile de Latran en 121$, pour obvier aux équivoqués des Manichéens de ce rems-là. Mais fi lexpreffion étoit nouvelle, la chofe qu’elle énonçoit ne l’étoit pas, comme le remarque M. Bofluer. Les Proteftans rejettent unanimement le #07 de tranffubltantianion , même les Luthériens, quoiqu'ils ne ment pas la prétence réelle, Ils y ont fubftitué ceux d'erpanarion & de confubflantiation, V 0774 IMPANATION & CONSUBSTANTIATION. Les Calviniftes, les Zuingliens, les Anglicans &g tous Les autres prétendus réformés qui expliquent ces paroles de Jefus-Chrait : Hoc ef? corpus mewm, dans le fens figure , abhorrent auf le nom de cranffubflan- tation. L'éplife romaine l’a confervé comme très- propre à exprimer le miracle qui s’opere dans l’eu- chariftie, Et pour prémunir fes enfans contre les faufes interprétations que lesSacramentaires donnent aux paroles de ja confécrarion, elle a déclaré, dans le premier chapitre de la treizieme feffion du concile de Trente, que dans la srzrffubjfantiation le corps & le fang de notre feigneur Jefus-Chrift fe trouvent ré-Ilement, véritablement & {ubftantiellement fous les efpeces du pain & du vin. Le concile ajoute que par le mot véritablement, il entend proprement, & non pas par fignification , comme fi leuchariftie n°é- toit autre chote que le figne du corps & du fang de Jefus-Chrift ; que par le terme réel//emence, il estend de fait, & non pas feulement en figure ou une pré- fence par la foi, comme fi l’euchanite n’étoit qu'une figure ou une repréfentation du corps & du fang de Jefus-Chrift, & qu'on ne ly reçut que par la fois & enfin, que par Jubflantiellement , il entend er fub- Jance, & non en vertu ou par énergie, Ainfi le fens de vérité eft oppoié à celui de fgre ; le fens de réatiré à celui de figure ou de perception pur La foi; & celui de fubjlance exclut le fens de vers ou d'énergie. Voilà ce qu'a décidé l'Églife fur ce point; mais elle n’a pas interdit aux Théologiens & aux Philo- fophes la hberté d'imaginer des {yflèmes pour expli- quer la maniere dont le-pan,& le vin. {ont changés réellement au corps & au fang de Jefus-Chrift, & comment les accidens-du pain &.du vin {ubfftent aprés la confécration, quoiqu'il n’y ait plus réelle- ment n1.pain mi vin. Nous allons donner l’analyfe des différens fyflèmes qui ont paru {ur ces deux queftions , & nous indiquerons ce qu'il en faut penfer, | BBbb 562 T R A Il y a trois fyftèmes différens fur la maniere dont s'opere la sranflibflantiarion: celui des Péripatéti- ciens, celui de M. Cally, & celui de M. Varignon. 1°, LesPéripatéticiens ,en reconnoiflant que toute la fubftance du pain & du vin eft réellement changée en la fubflance du corps & du fang de Jéfus-Chrait, foutiennent que l’étendue aftuelle du pain & du vin fnbffte dans tout fon entier. Le corps de Jefus-Chrift felon eux, quoique réellement animé & organidé dans leucharifhie, ne s’y trouve pas aétuellement étendu. L’érendue du pain & du vin, fuivant leurs principes, demeure après la confécration, & exifte fans fujet d'inhéfon. Ce fyflème fuppole qu’un corps en demeurant vrai corps, peut être dépouillé de fon extenfon atuelle; & que l’extenfon aëtuelle d’un corps peutfubffter,quoique ce corps lui-même neiub- ffte plus. Mais outre que ce principe eft faux, cette hypothèfe eft contraire aux fentimens des peres qui reconnoiffent dans leucharifte le même corps de Jefus-Chrift, qu eff né de la vierge Marie, qui a été crucifié, ec. Or qui peut concevoir un pareil corps fans étendue attuelle? Enfin , l'étendue interne qu'ils fuppofent , par laquelle un corps eft étendu, par rapport à lui-même, fans l’être par rapport aux corps qui l’environnent , eft aufh infoutenable, que leur fubfiftance d’accidens fans fuget d’inhéfion eit imaginaire. 2°, M. Cally, profeffeur de Philofophie dans l’uni- verfité de Caen, & difciple de Defcartes, a prétendu que lunion réelle de l’ame &c de la divinité de Jefus- -Chrift avec le pain &t le vin euchariftiques, forment le corps de l’homme-Dieu préfent fur nos autels. Suivant le principe de ce philofophe, toute matiere, de quelqu’efpece qu’elle {oit, eft également fuffifante pour confhtuer Le corps de l’homme. Dès que l’ame humaine fe trouve unie à une portion de matiere quelle qu’elle puifle être; 1l en réfuite felon fui un homme proprement dit. | M. Nicole a réfuté folidement ce fyflème dans fa LXX XIII", lestre. Mais 1l femble contraire à la foi de lEglife, qui par Le corps de Jefus-Chrift préfent fur nos autels, n’entend pas une nouvelle matiere féparée & diftinguée de celle qui compofe Le corps de Jefus-Chrift dans Le ciel , maïs le même corps qu'il a pris dans Îe fein d’une vierge, qui a fouffert pour nous, &c. ce que M. Cally n’explique point , en fup- pofant que l’ame & la divinité de Jefus-Chrift s'unif- fent au pain êc au vin pour former fon corps. 3°. M. Varignon, profeffeur de Mathématiques au college Mazarin , & de l'académie royale des Scien- tes, admit en partie Le fyftème de M. Cally, & y ajouta du fien. Il admet une organifation réelle dans chacune dés parties intérieures du pain & du vin, & fe fonde enfuite fur ces principes. Il établit, r°. que la matiere eff divifible à l'infini; qu’il n’eft point de portion de matiere, quelque petite qu’elle {oit, qui ne puifle, par les divers arrangemens de fes parties, devenir tel ou tel corps:fer , froment, pain, vin, os, chair, fang ; & qu’en conféquence il n’y a au- cune efpece de corps qui par les différentes difpo- fitions des parties qui le compofent, ne puifle être converti en une autre éfpece de corps. 2°, Il établit que la grandeur &c la ftruéture du corps font abfo- fument indifférentes à la nature de homme; parce que les enfans, les pigmées &c les géans font écale- ment des hommes, 3°. Qu'un enfant qui eft grand d'un pié en venant au monde, & qui parvient en- fuite à la grandeur de fix piés, eft toujours le même homme ; & 11 conclut de cette maxime qu’un homme de fix piés peût être réduit à un pié , & même dimi- nuer par degrés jufqu'à l’infini, fans cefler d’être le même homme & d'avoir le même corps: 4°. I foutient que l’identité de la matiere n’eft pas nécef- faire pour l'identité du corps : la raïfon qu'il en T R A donne, eft quil n’y a aucun homme, de quelque âge qu'il puifle être: qui ne foit cenfé avoirle même corps qu'il avoit en naïflant, quoiqu'il ne lui refte peut-être plus aucune portion de la matiere qui compofoit fon premier corps. Quelque diverfite,, ajoute-t-1l, qu'il y ait dans le corps d’un homme, par rapport à là matiere qui compofoit fon corps dans lenfance, & ce qui le compofe dans la vieil- lefle, cette diverfité n'empêche pas que ce ne foit toujours le même corps. L'unité & l'identité du corps ne fe tirent pas de l’unité & de l'identité des parties qui le forment: elles puifent leur dource, leur fondement, leur origine dans Punité &c Piden- tité d’ame. 5°. Il établit que l’homme n’eft pas ef. prit feulement , mais un efprit joint à un corps. Ainfs. pour confiituer deux hommes, conclut:il, il faut deux corps & deux ames. Si plufieurs corps, ajou- te-t-1l, étoient animés par la même ame, ils ne for- meroient pas plufieurs hommes ; ils n’en compofe- roient qu’un : & dès-lors 1l eff clair que cet homme pourroït dans le même tems, fans être reproduit, fe trouver en plufieurs lieux ; puifque les différens corps qu’il avoit en différens pays & en difiérens lieux, feroient unis à une même ame. Ces principes poies, voici de quelle mariere M. Varignon entreprend de prouver la pofibilité. de la préfence réelle , & d’éclaircir la nature de la tranffubftantiation. Dieu, dit:l, à la prononciation es paroles de la confécration , imprime fur chaque: partie fenfble de Phoftie le mouvement qu'il faut pour leur donner une nouvelle configuration propre au corps humain ; & dans le moment même de la formation de ces petits corps organifés , il joint à. chacun d'eux l’ame de Jefus-Chrift : chaque parti= cule fenfble du pain fait un tout, dont Dieu change l'arrangement & l’ordre intérieur. De ce change- ment qui fe fait dans chacune des parties fenfibles du : pain réfultent des os, de la chair , des arteres, des veines & du fang qui forment un corps organifé fem- blable au nôtre, & que l’ame de Jefus-Chrift vient. animer. Dans ce fyftème, chaque partie fenfble du pain fait un feul corps individuel, qui fe trouve le même dans chaque étendue fenfble, des particules, de matiere qui étoient pain avant la confécration : ces différentes particules de matiere devenues le: corps de Jefus-Chrift peuvent être divifées les unes des autres , fans que Pame qui leur efbunie {fouffre pour cela aucune divifion. Il faut dire la même chofe du corps humain, qui réfulte de Punion de ces petites particules de matiere à une même ame. Ce.eorps n’eft fujet à aucune féparation des parties. Les diffé- rentes particules de pain qui deviennent intérieure, ment le corps de Jefus-Chrift par la prononciation des paroles de la confécration , confervent toujours, entr’elles le même ordre fenfible, & le même arran- gement qu’elles avoient lorfqu’elles étoient pain 3 ïl n’eft donc pas étonnant qu'ayant la même fuperf- cie , elles continuent à exciter en nous les mêmes fen- fations. F Ce fyflème eft fans doute ingénieux êc foutenu dans toutes fes parties. Mais 1l ne s'en écarte pas, moins de lafoicatholique. Car 1°. celle-ci appelle l'eu- chariftie un myffere impénétrable à la raifon humaine, & M. Varignon ne laifle dans leuchariftie qu'un pur miracle , 1l en exclut le myftere. 2°. Elle enfeigne que le corps de Jefus-Chrit qui fe trouve dans 1 eu- chariftie , eftle même qui eft né d’une Vierge > qui a fouffert, qui eft reflufcite S felon M. Varignon ? le corps de Jefus-Chrift qui ef fur Pautel y El formé dans l'inftant de la matiere du pain & du vin. 3°. La foi nous enfeigne que Jefus-Chriit n’a qu'un corps, & M. Varignon donne à} efus-Chrift autant de,corps organifés qu’il y a de parties fenfibles dans le pain. 4°, M. Varignon prétend qu'il ny a que les parties TRA intérieures du pain qui foient changées , & que les parties fenfibles demeurent toujours les mêmes, puifqw’elles gardent toujours entr'elles la même £tua- tion & le même arrangement, Or cette partie {eule de fon fyflème eft direétement oppofée à la sranf: Jubffantiation, qui , dans le fens défini par le concile de Frente, eft la converfion de roure la fubffance du pain au corps de Jefus-Chrift, & de toure la fubitance du vin en fon fang , c’eft à-dire de toutes les parties, tant fenfibles qu'intérieures. Il y a divers fyflèmes pour expliquer quelle eft la nature des efpeces euchariftiques qui frappent nos fens après la sranflubflantiation , & pour fixer en quoi elles confiftent. L'école en fournit trois , celui des Péripatéticiens , celui du P. Maignan, religieux minime , & celui de Rohault le cartéfen, 1°. Les Péripatéticiens foutiennent que les appa- rences du pain & du vin font quelque chofe de réel qui fubfifte hors de nous. Ils croient que ce font des accidens abfolus , qui excitent fans aucun fujet d’in- héfion ; quelques-uns même d’enti’eux vont jufqu’à dire qu'on ne peut nier l’exiftence de ces accidens fans bleffer la foi. On fent aflez que ce fyftème choque les notions les plus fimples reçues parmiles philofophes, fur l'ef fence de la matiere & desaccidens, perfonne n'ayant jamais entendu par ce dernier terme que ce qui n’e- xifte point de foi-même, & ce qui ne peut fubffter fans tre inhérent à un autre objet, L'autorité de faint Thomas & de quelques théologiens n’eit pas fufi- fante pour ériger cette opinion en dogme. Il eft Éga- lement libre ou de la foutenir ou de la rejeter. 2°. Le pere Maignan prétend que les apparences du pain & du vin ont pour fujet d’inhéfion le corps même de Jefus-Chrift, ou qu’elles exiftent dans notre ame : &t voici comme il développe fon fyflème. On doit, dit-il, difinguer dans les corps deux fortes d’apparences. Il y en a qui appartiennent à la fubf- tance corporelle, comme le mouvement , la figure, la dureté, l’impénétrabilité; & il y en a d’autres qui ne lui appartiennent pas , comme la couleur, la fa- veur , l'odeur. La premiere efpece d'apparence qui appartenoït à la fubftance du pain , & qui l'afe&toit avant le confécration, demeure fans le pain aprés la confécration. Elles ont pour fujet d’inhéfion le corps de Jefus-Chrift , elles réfident en lui, & elles y font attachées. Le corps del’Homme-Dieu prend la place du pain, &1l eft revêtu de toutes les apparences qui appartenoiïent à la fubftance du pain. Il eft fujet au mouvement dont le pain étoit fufcentible, il a la même figure, il peut être touché , il empêche le paf- fage d’autres corps, & il réfifte à l'effort des impref- fons corporelles. La feconde efpece d’apparence qui n'affeéloit pas la fubftance du pain avant la confécra- tion , demeure fans le pain après la confécration. Elles n’exiftent pas dans le corps de Jefus-Chrift, _ e Cannenfèfque anime, . Le nonr moderne de ce lac eft Lago di Pernaias PM ei ir TRASMAUR , (Géog. imôd.) petite ville d’Alle: magné, dans la bafle Autriche, fur la droite du Dra= fäin , près de {on confluent avec le Danube. TRASSER , o4 TRACER , (Comm.) terme qui eft de quélque ufage parmi les négocians & banquiers, Il fignifie tirer une lettre de change fur quelqu'un, ou prendre de Pargent à change. Voyez CHANGE. Di, de Comm. + mi l TRASTRAVAT , CHEVAL, (Mañege.) onappellé en termes de manege , un cheval traftravat, celui qui a des bälzanes à deux piés qui fe régardent diagona: lement & en croix de $: André, comme au pié mon: toir de devant, êc au pié hors-montoir du derriere; Ou-bien au piéhors montoir du devant, & au pié mon: toit du derriere. On appelle sravar, celui qui a des balzanes aux deux piés du même côté. Le chevaltra- vat, ainfi que lesraffravat ne font pas eftimés.(D.J.) TRATRATRATRA , {. m. ( if, nat.) animal quadrupede de lile de Madagafcar. Les voyageurs ne nous en apprennent rien, finon qu'il eft de la grandeur d'une géniffe dé deux ans, qu'il a une tête ronde qui a du rapport avec celle d’un homme. Il ref: femble par-devant & par-derriere à un gros finge ; & fe tient dans les deferts. TRATTES, { £. pl. (Charpenz.) ce font dés pieces de bois , longues de trois piés , & groffes de feizé pouces, qué l’on pofe au-deflus de la chaïfe d’un moulin à vent, & quien porte la’cage. (D. 7.) . .-TRAVADES, f. f. ( Marine.) ce font certains vents inconftans qui parcourent quelquefois les trens te-deux rumbs en une heure. Ils font ordinairement accompagnés d’éclairs ; dé tonnerres, &c d’une pluié abondante. | TRAVAIL, 1 m. ( Gramm.) occupation journaz liere à laquelle l’homme eff condamné par fon be: foin , & à laquelle il doit en même tems fa fanté , {4 fubfftance, fa férénité , fon bon fens & fa vertu peut être. La Mytholopie qui le confidéroit comme un, tal , l’a fait naître de l’Erebe & de la Nuit, TRAVAIL , (Criq. facrée.) ce mot dans l’Ecrituré fe prend pour la fatigue du corps, Job. v. 7. pour celle de l’efprit ; Pf. xx7v. 18. pour les fruits du sr42 vail, Deur. xxvüÿ. 33. &t finalement par une figuré de Rhétorique:pour l’injuftice, fous la langue du mé: chant , eft le travail de liniquité ; Pf. x, 7. (D...) TRAVAIL, {. m. (Arr milir.) eft le remuemént des terres, le tranfport & Parrangement des gabions;; des facs à terre , des briques , des fäfcines, & de tout ce que l’on fait pour fe loger & fé couviir, Ainf, es travailleurs font des pionniers, &c le plus fouvéënt des foldats commandés pour remuer les terres ; où s’oçcuper à quelqu’autres travaux, Di militaire, o à 565 TRA TRAVAIL, ( Maréchal.) cheval de sravail ou de fa- tigue , oppofé au fimple cheval de parade ou de céré- monte. Les maréchaux donneñt aufi ce nom de sravail à un bâtis, ou aflemblage de charpente compofé de quatre piliers quarrés 4, 4, 4, 4, de fept à huit piés de haut hors de terre , de quatre piés ou envi- ron de fondation , & de neuf pouces d’équarriffage B,B,B, B. Les deux bouts font formés par la dif- tance de ces quatre piliers , où ils font deux à cha- que bout qui ne doivent être éloignés lun de l’autre que de deux piés, ayant une traverfe en-haut , une autre à rafe-terre , & la troifieme au bout de leurs extrémités quieft en terre. Chaque couple de piliers ainf aflemblés , & éloignés l’un de l’autre de quatre piés quatre pouces , & aflemblés de chaque côté par trois traverfesCC, D D , EE , qui prennent aux mêmes hauteurs que les fix premieres, ce qui com- pofe un bâtiment de bois à jour, formant un quarré long ; à chacun de ces piliers quarrés on fait plufeurs mortaifes pour y ajouter les pieces néceflaires. . Premierement à cinq piés & demi de terre , on ajoute par ce côté une traverfe quarrée FF, ayant demi-pié d’équarriflage , à laquelle on cloue & atta- che en-dedans cinq crochets de fer à épale diftance, & ayant la rête en-bas; vis-à-vis & de Pautre côté, on met à égale hauteur un rouleau , ou une traverfe ronde G.,, garnie de cinq autres crochets où cram- pons; fes deux bouts plus épais A A, font équarris &c ferrés au-delà , près des piliers des deux crics à dents L, dans lefquels s’engrene à chacun un mor- ceau de fer qui les arrête ; on perce chaque bout de deux trous de tariere, un à chaque face du quarré qui perce tout au-travers. l À quatre piés de terre, on fait une mortaife dans lepiher à moitié d’épaiffeur , & à un pié deterre , une autre pareille pour y faire entrer deuxtraverles, ou barres mobiles M M , qui forment le srayaïl des deux côtés, dont au bout entre dans là rnostaite d’en-bas d’un pilier, & l’autre dans la po d’en- haut de l’autre pilier, où elle eft retenue par ün mor- ceau de fer attaché au-deflus NN, qu’on range pour la faire entrer, & qu’on laifleretomber pour l’empé- cher d’en fortir. Quatre autres barres mobiles O © , deux à chaque bout ; forment les deux bouts du sravail ; celles-la fe coulent dans des mortaifes qui percent les pihers d’outre-en-outre ; la plus haute fe fait à trois piés ou trois piés deux pouces de terre, & celle d’au-deffous à deux piés deux pouces de terre. On cloue à chaque pilier deux gros anneaux de fer P P ,àrafe-terre, dont l’un regarde le côté du travail, & l’autre le bout en-dedans. À deux piés de terre on faitune petite mortaife de- ftinée à recevoir Le bout d’une double potence de.fer Q Q/, qui a environ quinze pouces de long hors du pilier ; elle faitun petit coude à deux pouces près du pilier, qui la rejette en-dehors ; & fa tête qui a fix pouces de longueur, finit par deux boulons. À deux piés & demi de terre font percées deux autres mortailes tranchantes, faites pour y fourrer deux. barres de fer rondes À R, d’un pié de long , & terminées parun quarré de fer, dans lequel font deux trous de même figure, deftinés à recevoir une barre de fer ronde S S, at’on fait entrer de Pune à l’autre. Chaque traverfe du haut des bouts du sravail, eft gar- nie d’un anneau T , quipend , ou d’un rouleau #7, foutenu par deux branches, quitourne fur lui-même : du côté de la traverfe ronde G, à chaque pilier, eft une barre de fer ronde Æ# X, qui pend à une chaîne, & qu’on arrête’en la paflant dans un anneau qui l’em- pêche de vaciller : on met auffi de petits anneaux de fer pour pafler les longes du licou du cheval ou dela cavefline de main, ou-bienonles arrêtéavec des cro- TR A chets Ÿ Y, qui pendent entre les deux barres des bouts. On garnit le dedans des quatre piliers desbouts du travail de cuir rembourré & cloué ZZ ZZ:on couvre tout le £ravail d’un toit qui y tient, ou d’un appenti attaché à la muraïlle voifine, s’il eft auprès d'une muraille, ou qu’il ne foit pas ifole. Comme tous les quatre piliers font percés des mê- mes mortaifes , iln’y a moyennant cela n1 devantni derriere; c’eft-à-dire que la tête du cheval peut être à un bout ou à l’autre indifféremment , parce que toutes les traverfes mobiles, les barres, &c. s’aju- ffent d’un côte comme de l’autre. On fait les fondemens de quatre piés de profon- deur pour rendre le sravail capable de réfifter aux efforts du cheval ; on doit murertout le dedansavec chaux & ciment , le paver à rafe-terre , &c à un pié &c demi tout-autour. | Les traverfes d’en-haut fervent à Paflemblage. Les anneaux ou rouleaux qui font aux bouts, fer- vent à lever la tête du cheval lorfqw’on veut luidon- ner des breuvages ou des pilules. Les crochets de fer qui font aux trayerfes immobi- les des côtés, fervent à foutenir & à élever la fouf- pente, & les barres rondes attachées à des chaines de fer , font faites pour tourner la traverfe ronde , enles mettant fucceflivement dans les trous de tariere qui font aux bouts. Les traverfes ou barres de bois qui vont en biais des deux côtés, font faites pour empêcher le cheval de fe jetter de côte. Les traverfes ou barres de bois mobiles qui font deux devant & deux derriere , empêchent le cheval de fortir du sravail en avançant ou en reculant. La double potence de fer eft deftinée à tenir, lever & attacher le pié de devant pour y travailler. Les barres & la traverfe de fer font faites pour te- nir & arrèter le pié de derriere. Les anneaux du bas des piliers doivent fervir à tenir en refpeét ( par le moyen des cordes qui en- tourent le pâturon & qui pañlent au-travers defdits anneaux }) , les piés auxquels on ne travaille pas. Les rembourrures des piliers empêchent que le cheval ne fe blefle la tête contre les piliers. L'inf- pettion de la figure mettra le leéteur au fait de ce qu’on vient de dire. TRAVAIL À MOUILLER , £erme de Mépiffier, qui fe dit des peaux de mouton qu’on façonne fur la herfe en les mouillant avec de l’eau quand on veut en faire du parchemin. Voyez PARCHEMIN. TRAVAIL, en Peinture, on dit voila un beau sra- vail, pour exprimer une belle exécution ; en cé cas ce terme eft fynonyme avec celui de manœuvre. Voyez MANGUVRE. à | TRAVAIL , on dit en Fuuconnerie , oïfeau de grand travail, c’eft celui qui eft fort dans fon vol, & ne fe _ rebute point. TRAVAIL , gens de, ( Commerce. ) qu’on nomme auf hommes de peine , 8t manouvriers ; ce {ont ceux qui par leur profefion font deftinés à des ouvrages la- borieux , à porter de pefans fardeaux, ou à quelaw’- autre exercice violent. Voyez CROCHETEUR ; FORT, GAGNE DENIER. Dicfion, de Commerce. TRAVAILLER , v.n. ( Gram. ) s'occuper à quel- que ouvrage , faire ou exécuter quelque chofe qui demande de la peine & du travail. 7oyez TRAVAIL. Travailler à la riche, C’eft faire marché &c être payé à tant par piece d’un certain ouvrage. Voyez TacHe. Travailler à la journée. C’eft faire prix à tant par jour, fans être fixé à une certaine quantité d'ouvrage. Travailler fe dit auffi dans le commerce des mar- chands qui font un négoce confidérable , & qui font fort achalandés : on dit en ce fens qu’un négociant travaille beaucoup ; l'argent sravarlle lorfqu’on ds laifle | TR A Jaïffe point.oïfif dans un coffre fort, & qu’on en fait -ün emploi continu qui lé multiplie, TRAVAILLER, v. a@. ( Archi. ) ce terme a plu- feurs fignifications dans l’art de bâtir. On dit qu'un bâtiment cravarlle, lorfque n'étant pas bien fondé ou conftruit,les murs bouclent &fortent de leur à-plomb, que les voutes s’écartent, que les planchers s’afaif- fent, 6 on dit auf que le bois rravaite ; lorfqu’é- tant employé verd , ou mis en œuvre dans quelque lieu trop humide , il fe tourmente, enforte que les - panneaux s'ouvrent & fe cambrent , Les languettes quittent leurs rainures, 8 les tenons leurs mortaifes, , Voici les autres fignifications de ce terme. Trayailler a la piece, C’eft faire des pieces pareilles pour un prix égal, comme bafes, chapiteaux , baluf- tres, G’c- qui ont chacun leur prix. Travailler à la tâche. C’eft pour un prix convenu ; faire une partie d'ouvrage !, comme la taille d'une pierre où il y a de larchitetture , de la fculptu- re, Ëc. | Travailler à la toife. C’eft marchander de l'entre. preneur ou du bourgeois, la toife courante, ou fu- perficielle de différens ouvrages , comme taille de pierre , gros & legers ouvrages de maçonnerie, €. Travailler par épaulées, C’eft reprendre peu-à-peu & non de fuite , quelque ouvrage par fous-œuvre 3 ou fonder dans l’eau. C’eft auffi employer beaucoup de tems à conftruire quelque bâtiment , parce que les matieres ou les moyens ne font pas en état pour l’exécuter diligemment, Daviler. ( D. JT.) TRAVAILLER , ( Marine ) on dit que la mer #re- vaille , Jorfqw’elle eft fort agitée ; qu’un vaifleau re vaille, lortqu’il tangue & roule fi fort, qu'ilne peut faire route, TRAVAILLER , er Mufique , on dit qu’une partie sravaille quand elle fait beaucoup de notes 8 de dimi- nutions , tandis que d’autres parties font des tenues , Où marchent plus pofément. Woyez PARTIES , TE- NUE. (S) TRAVAILLER A LA MAIN, en terme de Cirier, c’eft former Le corps d’un cierge, @c. avec de la cire qui n'a point été fondue , mais qui eft aflez molle pour être appliquée & preflée le long de la meche, On roule ces fortes d'ouvrages, & on les finit comme les autres. TRAVAILLEURS , f. m. ( Commerce. ) on nomme aïnfi à Amfterdam ce qu’on: appelle à la douane de Paris des gagne-deniers , c’eft-à-dire des hommes de peine & detravail deftinés au fervice des marchands, pour la conduite de leurs marchandifes au poids pu- blic , ou pour les chargerou décharger des vaifleaux. Ces travailleurs qui font nommés par les bourgue- meftres & en grand nombre , font difiribués en dix ou douze compagnies, diftinguées par différens noms. Les principales font les chapeaux rouges , les cha- peaux noirs , les chapeaux bleus , les fcotze-veen à les zeeuwiches , & les veens. Chaque marchand a ordinairement fes sravailleurs affeétés , qui livrent ou reçoivent les marchandi£es qu'ilvendou qu'ilachete au poids public. Les sravail- leurs du vendeur reglent la taxe des marchandifes & les fontpefer, après quoïles ravailleurs du vendeur en reftent chargés ; ils font fideles & connoifleurs en fait de marchandifes ; ce font eux qui avancent les frais du tranfport, dont ils portent tous les mois un compte à celui qui les emploie , aufli-bien que des droits du poids & de leur falaire. Di. de com. TRAVAISON , f.m. (Archir. \ terme dont M. Blondel s’eft fervi dans fon cours d’architeëlure , Pour trabéation | Où entablement : on donnoit autrefois ce nom à toutes les travées d’un plancher. (2.1) TRAVANCOR , (Géogr. mod. ) royaume de la prefqu'ile de linde , fur la côte de Malabar. Il eft borné au nord par lés états du Samorin , au levant Tome XFI, - mémoires , la rayée des gros ouvrages de peinture T R A 569 par lé royaume de Maduré , au midi & au touchant par lamer. Le fouverain de ce Pays ei un des plus peritsprinces des Indes, & paye tribu au roi de Ma duré. Les Hollandois ont deux forts dans cette COn« trée, celui de Coïlan , & celui de T'angapatam, (D. J.) TRAVAT, adj.m, serm: de Manege, c’eft un vieux terme de manege , qui fe dit d’un cheval qui a des balfanes , ou marques blanches aux deux piés du mêz me côté, à la jambe de devant & à celle de de déra rière : on l'appelle auffi cheval sravé ; & le cheval qui a fes balfanes aux deux piés, en croix des. André, 1e nomme zraffravar. Voyez ce mot, (2. 7.) ; TRAVATES , ( Hif4 rar.) ce font des Ouragans terribles qui fe font fentir fur la côte de Guinée. Is s’annoncent par un nuage noir, qui d’abord erre dans les airs, fembiable À un point d’une petiteffe extrème ; il s'étend tout-à-coup avec une rapidité furprenante, couvre tout l’horifon , forme une term: pête horrible, & lance le tonnerre & les éclairsavec tant de violence & de célérité » qu’en rafe campas- gne on n'a que le tems de fe jetter par terre ; & Ceux qui navigent fur mer font forcés de couper leurs yoi- les &leurs cordages , de peur d’être emportés où en- gloutis fous Les eaux, Ces Ouragans ne durent com= munément qu'une heure: TRAVE, LA, (Géogr. mod.) en latin Chalufus s riviere d'Allemagne , dans la baffe Saxe , au duché de Holffein. Elle fort d’un lac de la préfetture de Sé- geberg , arrofe la ville de Lubec » & va fe perdre dans la mer Baltique , à Travemunde. (D:xr TRAVÉE, LÉ (Archir, ) ranç de folives pofées entre deux poutres dans un plancher./Ce mot eft dé- rivé où du latin érbs, une poutre » Ou de sranfver- Jas ; qui eft en travers, comme font les folives entre deux poutres. ‘Travée de baluffre. Rang de baluftre de bois de fer , ou de pierre , entre deux piéd’eftaux. Travée de comble. C’eft fur deux ou plufieurs pan- nes, la diftance d’une ferme à une autre ; peuplée de chevrons des quatre à la latte, Cette diflance ef de neuf en neuf, & de douze en douze piés, &à chaque sravée il y a des fermes pofées fur un tirant. Travce de grille de fer. Rang de barreaux de fer entretenu par fes traverfes entre deux pilaftres, où montans à jour, ou entre deux piliers de pierre. Travée d'impreffion. C’eft la quantité de deux cenis feize piés , ou fix toifes fuperficielles dimprefion , de couleur à l’huile ou à détrempe , à laquelle on reduit les planchers plafonnés , les lambris , les pla- cards , & autres ouvrages de différentes grandeurs , imprimés dans les bâtimens pour en faire le toifé. Leg travées des planchers apparensfe comptent doubles , à caufe des enfonçures de leurs entreyoux. Daviler. (D.J.) TRAVÉE de pont, ( Archiseë, hydraul,) partie du plancher d'un pont de bois » COntenue entre deux files de pieux , & faites de travons foulagés par des liens ou contrefiches , dont les entrevoux font cou- verts de grofles doffes, ou madriers > POur en por- ter le couchis. Il n’y a peut-être dans aucun pont des travées d’une f prodigiéule grofleur , que celles du pont de bois de Lyon: elles font foutenues ‘en dé- charge avec des étriers de fer. (D. J.) : TRAVÉE, {.f (Toiferie de Peinture. ) ce mot, dans les toifés qui fe font des gros ouvrages de peinture, défigne un certaine efpace ou mefure > fur laduelle on eftimele prix de ces ouvrages, La srayée > fuivant les us & coutumes de Paris, eft defix toifes en quar- ré, ou 216 piés de fuperficie ; ileft vrai que M. Fé- libien ; dans fes principes d’archiseëture » la met feule- ment à quatre toifes & demi ; mais dans tous les : a conftamment été mife à fix toifes ae (2, 1} CG 570 T R À TRAVEMUNDE,, ( Géog. mod. ) ville d'Allema- gne en bafle-Saxe, dans le duché de Holitein , à lem- bouchure.de la Trave., qui lui donne fon nom. Elle appartient aux habitans de Lubeck , qui y tiennent garnuon. [l y a un fanal où on allume de la lumiere pour éclairer les vaifleaux qui font en mer pendant lanuit. Long. 28. 42. lat. 54.6, (D: J.) : TRAVERS, f.m.( Gram.,) terme relatif qui mar- que la pofition d’une chofe comparée à uneautre pofition de la même chofe; fi sravers s’oppofe à droxr, droit fignifie vercical, & travers fignifie horifontal; fi travers s’oppofe à long, il marque learge. " Travers, ou TRAVERSE, fm. ( Arehic.) voyez ce mot. C’eft une piece de bois ou. de fer, qu’on met ai milieu d’un afflemblage de pieces de menuife- rie , de charpenterie , & de ferrurerie. ( 2.7. j TRAVERS, { m.terme d’'Artillerie ,:cordage qui fert à lier.des canons &c autres pieces d'artillerie, {ur leurs chariots. Fu | . TRAVERS, fm. terme de Cordeur de bois, ce mot fe dit. d’une buche qu'on jette fur la voie de bois’, lorfqu’elle eft cordée, | TRAVERS, fm, rerme de Doreur fur cuir, cemot , parmi les doreurs fur cuir , &c les relieurs , fe dit d'un filet d’or qui va le long du côté du dos d’un livre relié en maroquin , en veau , entbafare , ou au- trement, Travers | (Jurifprud.).eft un droit de péage qui eft du à certains feigneurs , pour le paflage des mar- chandifes qui traverfent leur feigneurie ; ces droits ont été établis pour l'entretien des chemins, ponts, &c chauflées néceffaires pour le chemin de #raverfe ; il en eft parlé dans plufeurs coutumes , comme Amiens, Péronne, Saint-Paul, Senlis, Valois, Cler- mont , grand Perche. Woyez SERGENS TRAVER- siERs , & la gloff. de M. de Lauriere , au mor TRA- VERS , @ les mots PASSAGE , PEAGE , PONTONA- GE. (4) | TRAVERSAGE., f. m.{( Torderie de drap.) ce mot fignife la facon que l’on donne à un drap ou autre étoffe de laine, quand'on les tondpar l'endroit ; mais on.dit plus ordinairement coupe d’envers. TRAVERSE , f £ ( Archis. ) mot générique qui {e dit d’une piece de boisou de fer, qurfert à en affer- mir d’autres. Il ya des sraverfès de potes , de fene- tres, dechaffis ; il y.en a qui fe pofent obliquement fur une porte de menuiferie ; les sraverfès font, ap- pellées par Vitruve , émpages, (D. J.) TRAVERSE, C'eft dans la Fortificarion , une éléva- tion de terre ou de maçonnerie, qui occupe la lar- geur d’un ouvrage quelconque pour le couvrir de lenfilade, … Traverfes du chemin-couvert, font des fohides de ter- re de inème épailfeur que le parapet du rempart, qui en occupent la largeur de diflance en'diflance, ët qui la mettent à Pabri de l'enfilade. Elles font marquées 6, b, PL I. des fortifications, fig. 1. @ 2. Traverfe dans le fofié fec, eft une efpece de che- min-couvert quien sraverfe la largeur; on les nom- me quelquefois places d'armes. Voyez PLACES D’'AR- MES. Ces sraver/esne confiftent qu’en un parapet per- pendiculaire aux faces des ouvrages qui sraverfe tou- te la largeur du foffé, à l'exception d’un petit efpace auprès de la contrefcarpe , fermé par une barriere. Ce parapet eft élevé de 3 piés fur le niveau du fofé, qui eft creufé du même nombre de piés en cet en- droit : il a une banquette, & il eft paliffadé comme celui du chemin-couvert, La pente des terres du pa- rapet de la zraverfe fe perd en pente dans le foffé , de la même maniere que celui du chemin - couvert Le fait dans la campagne. On fait de ces fortes de sra- yerfes dans les foflés fecs des dehors. (Q) TRAVERSE, ( Fortificarion. ) dans un foflé plein : d’eau, eft une efpece de galerie que lonfait en jet- TRA | fañt dans le foffé des folides, des fafcines!, des pier- res, de la terre où autres chofes, vis-à-vis Pendroit oùon'doit attacher le mineur au pié de la muraille , afin de remplir le fofé &c de fe pratiquer un paflage par-deflus. Voyez GALERIE, Chambers. Cette efpece de galerie où de sraverfe weft plus guere en ufape. Voyez PASSAGE DU FOSSE. (Q)- TRAVERSE , ( Fortification. } fignilie auf tout re- tranchement ou ligne fortifiée avec des fafcines, des tonneaux , oufacs à terre ou gabions. Chambers. FRAVERSES. TOURNANTES, ( Fortifiear. ) ce font dans lPattaque des places, des sraverfes qu’on conf- truit dans les fosemens pour fe garantir de l’enfilade, êt autour defquelles le logement tourne, à l’excep- tion néanmoins du. côté où elles joignent le parapet du logement. Elles fe: conftruifent principalement dans le logement du chemin-couvert ; dans ceux des demi-lunes , &c: voyez de ces rraverfes dans le loge- ment du chemin-couvert ou du haut duelacis, PA XVI, de Fôruficar, fig. I. n°,1, (Q) AE: TRAVERSE, ( Marine. ) voyez L'RAVERSIN. FRAVERSE MISAINE , ( Marine.) commandement à l'équipage du vaiffeau , de haler l'écoute du mifaine pour latwraver/fer, TRAVERSE DE DEVANT , serme de Charron ; C’eft un morceau de bois fculpté qui s'attache des deux bouts fur les deux brancarts , entre le fiége du cocher & la planche des pages, cette sraver]e fert pour atta- cher pat-devant les fufpentes, Woÿey les Planches di Sellier. TRAVERSE DE SUPPORT , ferme: de Charron; c’elt une bande de bois plate de la longueur environ de trois piés qui fe pofe avec des chevilles fut le der: riere des fourchettes, Voyez Les fig. PI, du Charron. TRAVERSE, (Jardinage.) fe dit d’une allée qui ne peut être ainfi appellée que relativement à tme au- tre , qui ef} fur un autre alignement & qui la coupe, - TRAVERSE ; 1. (Menuif) piece de bois qui s’af- femble avec les battans d’une porte , ou qui fe croife quarrément fur Le mençau montant d’une croïfée. On appelle auffi #raverfes des barres de bois, po- fées obliquement & clouées fur une porte de menui- ferie. (D. J.) | TRAVERSE DE CHASSIS, { Ê, cerme de Menuifier ; c’eft le morceau de bois qui eft au-deflus &c au bas du chaffis, & qui fe joint avec le battant de ce chaf- fis. (D. J) i TRAVERSE DE FER, (Serrur.)'groffe barre de fer qui avec une pareille, retient par le Haut & par le bas, les montans de coftiere & de battement, & les barreaux du ventail d’une porte de fer. Il y a de ces traverfes qui fe mettent à hauteur de ferrure pour en- tretenir les barreaux trop longs , & qui fervent à renfermer Les ornemens de frife, & bordures de fet- rutie. Les grilles de fer ont auf des sraverfes qui en fortifient les barreaux, (D. J.) TRAVERSE , { f. serme de Blafon, ce mot fe dit d'une éfpece de filet qui fe pofe dans les armes des bâtards , traverfant l’écu de l’angle féneftre du chef, à l'angle dextre de la pointe, & qui ne contient em fa largeur que la moitié du bâton. P. Menejrier. 152 D) TRAVERSE, (Gram.) participe du verbe sraver- fer. Voyez TRAVERSER. k TRAVERSÉ , (Maréchal.) on appelle ainfi un che- val qui eft éroffé & qui a les côtes larges. TRAVERSÉE ff. (Marine) c’eftletrajet ou voya- ge par mer, qu'on fait dus port à un autre. L TRAVERSER , v. at. (Gram.) pafler au milieu, ou aller au-delà de quelque chofe. On sraverfe la ri- viere à la nage, on sravérfe une contrée en pote. Ce trou sraverfe toute cette épaifleur ; la pluie a sraverfë fes habits. Voyez d’autres acceptions du même mot aux articles fuivans. TR A TRAVERSER, ( Marine.) c'eft préfentér le côté. TRAVERSER L’ANCRE, ( Marine.) c’elt mettre l’an- cre le lono du côté du vaifleau , pour la remettre en fa place. | | TRAVERSER LA LAME, ( Marine.) c’eft aller de bout à la lame. TRAVERSER LA MISAINE , ( Marine. ) c’eft haler fur Pécoute de fifaine, pour faire entrer le point de la voile dans le vaifleau , afin de le faire abattre lor£ qu'il eft trop près du vent. ; TRAVERSER , rerme de Manere ; ce mot fe dit d’un cheval qui coupe la pifte detravers, qui jette fa crou- pe d’un autre côté que fa tête. On dit auffi qu'un cheval fe éraverfe en reculant , quand il ne recule pas aufh droit qu'il a avancé, (D. J.) : TRAVERSER du bois, v. a@t. terme de Menuifier ; c'eft le raboter ou rifler fur la largeur, avant que de le drefler de fil. (2. J.) TRAVERSIER, f. m. (Marine.) petit bâtiment qui n'a qu'un mât, qui porte ordinairement trois voiles, lune à fon mât, l’autre à fon étai, & la troifieme À uixbonte-hors, qui reone fur fon souvernail / & dont On fe fert pour la pêche , 87 pour faire de petites tra- verfées. On appelle aufi ave eft propre à de petites TRAVERSIER DE CHATOUPE, (Marine.) c'eftune 1: A 24 4 121 ay DR EPS EAN Le HR GE Pt 118 piece de bois qui lié les deux côtés d’une chaloupe i Le er un ponton, parce qu'il f! ass ' ETES ENV ee PEUT en ea Sn fond TUE : pat avant. On donne encore cennom à deux pieces | . . Fe re à EN FLrail 2. 4 NUL ] de bois qui traverient une chaloupe de l'avant & de ° £ DATA TT PT VO EE de OU EE rt \ Parrière, Groir font pañlées: les-herfes qui iervent à lembarquer. L . DRAVERSIER DE FORT , ( Marine, ) nom aw’on donne au venr qui vient en droiture dans un port, & qui en empêche la fortie. On dit mertre L4 mifaine au traverfier , quand on met le point de la voile vis-à-vis du sraverfer; ce qui a lieu dans un vent lareue. TRAVERSIERS 04 DRAGUE, une forte de filet ufité dans l'ile de Ré dans le reflort de lamirauté dela Ro- chelle. Les bateaux éraverffers de la flotte pêchent à la voile comme tous les autres femblables pêcheurs ;- leur fac et de la même forme , quarré; il à environ quatre brafles d'ouverture, & fix de profondeur ; les pêcheurs chargent les coins de leur fac de drague à Îon ouverture, d’une pierre du poids d'environ vingt à vingt-cinq hvres pefant; les rouleaux ou plaques de plomb qui font fur la traverfe de grofle corde d’en-bas pefent en tout environ trente livres, en quoi ce filet eft plus chargé que celui des autres traverf£ers, qui font auffi différemment établis. Le haut de Pouverture du fac eft garni d’un plus leger cordage , qui eft encore foutenu de huit ou dix groffes flottes de liege, pefant enfemble au plus deux ou trois livres. Pourtenir ce fac de drague ouvert dans fa manœu- vre , les pêcheurs de Ré n’amarrent point de perche lur Pouverture du filet, comme font Les pêcheurs du port de Bareque & de Lupin ; ils en ont une qu'ils nomment c/pars , de cinq à fix brafles de long, dont chaque bout eft amarré fur une des funes ou petits halins de 130 à 150 braffes de long chacune : [a per- che eft placée àun pié & demi ou deux piés de lou- verture du fac, qu’elletient de cette maniere ouvert detoute la longueur de l’efpars , au milieu de laquelle pour la rendre encore plus flottante, on frappe deux grofles bouées de liege, qui pefent chacune s à 6 livres ; ce qui fait que dans lopération de la pêche le fac des saverfieres roule encore plus facilement fur la furface des fonds que toutes les autres efpeces. de dragues en fac. | es tems les plus favorables pour faire cètte pê- Tome XV, | T'R A 571 éhe font les vénts d’Amont , ceux du Rurmb de l’As val luufont les plus contraires. | Les mailles des facs des sraverfiers font plus ferrées que celles qi forment les dreiges des autres zravers Jiers ; les plus larges font à Pouverture du fac , & ont environ 14 lignes en quarré, les autres en ont 13 ; celles qui fuivent ont 11 lignes, & les plus ferrées qui font au fond n’ont que 9 lignes en quarré. TRAVERSIERS, zerme de Tijferand; ce font des bà» tons qui foutiennert plufieurs cordes, & qui OpÉ= rent la communication des marches avec les lames. TRAVERSIERE, FLUTE, (Mug. inftrumentale.) voyez FLUTE zraverfiere, Les curieux peuvent auf confulter la mézhode pour jouer de La fire traverfiere , imprimée à Paris En 1725 , é7-4°. (2.17) | TRAYERSIERE A BEC, ( Lurherie,)inftrument de us fique , à vent, dont la tablature eft en tout femblable à celle de la flûte à bec. /.FLUTE À Bec. Elle fe divife en quatre parties, commela flûtetraverfieré. La partie DE , fig. 39, PL IX. de Lutherie, qui eft la quatriez me, a une clé que l’on ouvre en appuyant deflus la patte avec le petit doigt de la main droite ; COM me à la flûte traverfiere ; les trous s, 6 & 7 font bou chés avec les doigts index, medius, & annulaire de la main droite; les mêmes doigts de la main gauche bouchent les trous 2, 3, 4 » © le pouce de cette rain {ert à toucher la clé du premier trou qui eft placé fur le côté. La piece 4B a deux ouvertures a, D; ouverture a, qui eft un trou rond , fert d’em- bouchure; on fouflle par ce trou,fur les bords duquel On applique exaétement les levres, au lieu qu'à la flüte craverfiere , 11 n'y a que la levre inférieure qui touche à l'inffrument. L’antre ouverture 4 eft la ju mire bifeau de a flûte à bec. Voyez ELUuTE À Bec : Vair que Pon chafle par l'ouverture « entre dans une petite chambre, qui eft la portion du tuyau com- prie entre le tampon & le couvercle 4 d’où il pafte par la lumiere dans le corps de linftrument. La lu- miere eft le vuide que laiffe léchancrure du tampon, qui eff tourné parallélement au bifsau. Voyez l’'ex- plication de la formation du fon dans les tuyaux, à l'article BOURDON de 16 piés, jeu d’orgue auquel {e rapportent les flûtes 8 autres inftrumens de muta= t10n. TRAVERSIN , fm. (Gram.) grand oreiller, ou long fac de coutil, qui eft rempli de plume, & qui occupe toute la largeur du lit, Le sraverfin eft ss ï J recouvert par lextrémité du drap, vers le chèvet où _ilfe place. TRAVERSIN DE BALANCE, rerme de Balancier : verge de fer poli avec une aiguille au milieu & deux trous à chaque extrémité. C’eft à ces trous que les baflins de la balance font attachés & fufpendus, Le traverfen $’appelle autrement fléau. (D.J.) TRAVERSIN , rerme de Boucher ; grande broche de bois , de neuf à dix pouces de long, appointée par les deux ‘bouts, dont les bouchers fe fervent pour traverfer le ventre des moutons, c’eft-à.-dire , le te- mur entr'ouvert après qu'ils les ont habillés, &c juf- qu'a ce qu'ils les dépecenit. Savary. (D. J. TRAVERSIN, ex rerme de Marchand de bois, fon£ trois buches en rondins arrangées Pune {ur l'autre aux extrémités de chaque mife. TRAVERSIN, (Marine.) c’eft une piece dé bois , quitraverfe la fainte-Barbe dans le fens de fa lar- geur , & qui foutient le timon qui fe meut fur elle, TRAVERSIN DES BITTES, ( Marine.) piece de bois -iife en travers pour entretenir un pilier de bittes avec l’autre. Voyez MARINE, Planche IF. Age 1 coite 87. _ TRAVERSIN D'ÉCOUTILLE, piece de bois qui tra- verfe l’écoutille par le milieu pour les foutenir. TRAVERSIN D'ÉLINGUET , ( Marine.) piece de bois endentée fur les baux du vaifleau derriere le mi L CCEc 1j " 572 T R A tabeftan , dans laquelle on entaille les élinguets. TRAVERSIN DE HERPES , ( Marine.) piece de bois qui eft à l'avant d’une herpe à l'autre, &t quifert à caponner l’ancre. TRAVERSINS DE TAQUETS , ( Marine.) ce font des pieces de bois de s à 6 piés de long , dans lefquelles les taquets d'écoute font embotrés. TRAVERSINES, ff. pl. (Archic. Hydraul.) efpece de folives qu’on entaille dans Les pilots, pour faire un radier d’éclufe. À © Onappelle zafrreffes traverfênes ; celles qui portent fur les feuils. (D. 7.) TRAVERSINES , on appelle ainfi des planches que les officiers plancheyeurs font obligés de fournir pour afler d’un bateau dans un autre. TRAVERTIN , (Lihologie.) ou pierre travertine , qu’on devroit appeller pierre tiburtine, parce qu’elle fe trouve par tout le territoire de Tivoli, dans la plaine , comme dans les montagnes, de telle grofleur &z de telle longueur qu'on en a befoin. Il n’eft pas néceflaire de creufer des carrieres , il fuit prefque de découvrir la terre , on la rencontre à fix ou fept piés , en fuivant les veines. L’éclife de S. Pierre en eft bâtie , & la plüpart des édifices de pierre de taille à Rome. Cette pierre eft dure, on ne la peut travail- ler qu’à la pointe du cifeaw, &t à la mafle de fer; elle a le grain fin : elle eft compaëte, pefante, & point fujette à fe délier ; elle eft propre à foutenir toutes fortes de poids ; l’air la ronge peu quand elle eft bien choïfie ; car il s’en trouve beaucoup qui eft fujette à des trous. Elle eft grife pour lordinaire, prefque auf dure que le marbre, & prefqw’aufi belle à la couleur près : quand on veut rendre ouvrage poli, on le travaille comme le marbre avec un mor- Ceau de la même pierre, du grès & de l’eau. ( 2.7.) TRAVESTI, ( Belles-lersres.) participe du verbe réciproque fe craveflir, qui fignifie fe déguifèr & fe mettre en habit de mafque. Quelques-uns des der- niers auteurs anglois ont introduit ce terme dans Ja poéfie à limitation des François. Travefli Le-dit auf d’un auteur que lon a défiguré en le traduifant dans unftyle burlefque ,& duiferent du fien , tde-forte que l’on a de la peine à le recon- noître. Voyez PARODIE. nl Jean-Baptifte Lalli a sraveffi Virgile, c’eft-à-dire, qu'il l’a traduit en vers italiens burlefques ; Scarron a fait la même chofe en françois ; & Cotton & Phi- lps , enanglois. Voyez BURLESQUE. Caftalion & le P. Berruyer ont été accufés d’avoir traveffi la bible , pour avoir donné à leur verfon un air & un ftyle différent de fon original. "RAUMATIQUES , adj. (Médecine.) vulneraires, ou remedes bons pour guerir les plaies. Foyez Vur- NÉRAIRE, AGGLUTINANT, GUÉRISON, CONSOLI- DATION, EC TRAUN, QUATIER DE , (Géogr. mod.) contrée d'Allemagne , dans la haute Autriche; ce quartier éft traverfé par la riviere de Traun , & renferme deux grands lacs; favoir , Arterfée & Traunfée. CPS) TRAUN , (Géog. mod.) 1l y a deux rivieres de ce nom en Allemagne; l’une dans la haute-Autriche, {ort du lacnommé Traun-Sée , & fe jette dans le Da- nube , entre Lints & l'embouchure de l’Ens : l’autre riviere court dans la haute Baviere , vers les con- fins du Tirol , & elle tombe dans PAckza. TRAUNSÉE, (Géog. mod.) grand lac d’Allema- gne , dans la haute-Autriche , au quartier de Traun. Ïl reçoit plufieurs petites rivieres , & ‘donne naif- fance à une feule, qui en prend le nom dé Traun. (D.J.) TRAUNSTEIN, (Géog. mod.) ville d'Allémagne, “dans la haute Baviere,, fur la riviere de Traun, en- tre le lac Chiemiée & l’archevèché de Salzbourg. TRE Elle a dans fon voifinage des fources d’eaufalée, Long. ‘30.18. lat. 47, 46. TRAVONS, £m. pl. (Archit. hydraul.) cé font dans un pont de bois, les maitrefles pieces qui en traverfent la‘ laroeur, autant pour porter les travées des poutrelles , que pour fervir de chapeau aux files de pieux. On les appelle auf forrniers. Voyez Par- chitetture de Palladio, Davizer, (D. J.) TRAVOUIL, {. m. ( Æilerie. ) devidoir à mettre le fil en écheveaux en pieces. TRAVOUILLETTE, f. £. (Filerie.) petit boispour foutenir les fufées en travouillant , ou dévidant. (D. J.) TRAUSI où THRAUSI , dans Tite- Live , Zy. XX XVIII. c. x. ( Géog. anc.) peuples de Thrace, au voifinage du mont Hémus. Hérodote, Zv, #. dit que ces peuples ne différoient point des Thraces , fi ce n’eft dans un ufage qu'ils obfervoient à la naïffan- ce & à la mort de leurs proches, Quand un enfant venoit au monde , les parens s’aflembloient , fe ran- geoient autour de lui, fe mettoient à pleurer, & fais - {oient un détail de toutes les miferes auxquelles il aïloït être expofé. Au contraire lorfque quelqu'un d’entreux étoit mort, ils fe réjouifloient , & en le mettant en terre, ils racontoient le bonheur qu'il avoit d’être délivré des maux de ce monde. (2.7) TRAUSIUS CAMPUS, (Géog. anc.) campagne où , felon Diodore de Sicile, 4h. XI. ch. cxvuy. les Gaulois qui s’étoient avancés jufqu’au promontoire Japygium , furent maflacrés par les Cerii, dans le tems qu'ils cherchoient à repafler fur les terres des Romains. Ainf Traufius campus devoït être dans la Tofcane. (D. J.) TRAVURE, f. £ terme de riviere, eft un efpace qui fe conftruit près la quille d’un bateau foncet, fous le biton, & où les compagnons de riviere font leur mé- nage. TRAYON , f. m. rerme de Laitiere, c’eft cet ap- pendice mamelonné , de la longueur d'environ un doigt, qui eft pendant au pis des bêtes donnant du lait, & qui fert de canal qu'on tire pour les traire. TRAZÉNES, PIERRES DE, ( Æifl. nat.) nom don- né par Théophrafte & ies anciens à une efpece d’ef- carboucles qui étoit la même chofe, fuivant M. Hill, que la pierre amandine. Cependant Théophrafte dit que ces pierres étoient veines de pourpre & de blanc: il paroït que cette pierre eftinconnue des mo- dernes. | TREA , ( Géog. anc. ) ville d'Italie dans le Pice- num. L'itinéraire d’Antonin la marque fur la route de Rome à Ancone, en prenant par le Picenum. Elle étoit entre Septempeda & Auximum, à 9 milles de la premiere de ces places, & à 18 milles de la fecon- de. Ortelius dit que felon France Pamphyli, qui écrit Treia, cette ville fut ruinée par les Goths. Les habitans font nommés Tréyens par Pline, /v. LIT. ch. xiij. auffi-bien que dans une ancienne infcription qui fe trouve dans le tréfor de Gruter, page 446 Col. Auxim, Er Municip. Numanat. Ordo, & plebs Treïen- fes. Holften, page 730. remarque qu’on voit les rui- nes de cette ville fur le bord de la riviere Potentia, au-deflous de San-Severino. ( D. J.) TREBELLIANE, L£. (Gramm. & Jurifp.) ondon- noit aufli anciennement ce nom à certains tranf- ports fimulés que quelques praticiens de ce tems avoient introduit pout fruftrer les droits du petit {cel de Montpellier, 8 pour fe pañler des commif- fions que l'on étoit obligé d’obtenir des gardes de ce {cel, L’ordonnance du mois'de Mars 1498, artic. 159. abroge l’ufage de ces rrebellianes. (4) TREBELLIANIQUE , adj, (Jurifp.) ou quarte tre- bellianique , eft le quart que l'héritier grevé de fdei- commis, eft en droit de retenir en remettant l’hoi- rie, AWRE Cette quarte à été ainfi nommée du fenatts-con- fultetrébellien,qui accorda ce droit à Phéritiersrevé, Pour entendre de quelle maniere ce droit fut éta- bli, 1l faut ciftinguer différentes époques. Avant empereur Augufte les fidei-commis étoient fans force , il dépendoit de l'héritier de les remettre ou non. . Maïs cela fut changé par l’empereur Augufte, qui ordonna que l’héritier feroit contraint à la reftitu- tion dufidei-commis. Il arrivoit de-là, quand Le fdei-comimis étoit uni- verlel, que l’héritier grevé renonçoit à la fuccefñon pour ne pas demeurer en butte aux chargés hérédi- taires, après qu'il avoit remis tous les biens; ainf les teftamens demeuroient fans effet, Ce fut pour prévenir cet inconvénient que fut fait le fenarus-confulte trébellien fous l'empire de Néron, & fous le confulat de Trébellius Maximus & d’Annæus Seneca, dont le premier donna fon nom au fenatus-confulte &c à la quarte srébellianique. Ilfut ordonné par ce fenatus-confulte qu'après la refhitution d’hourie à l'héritier fidei-commiflaire, ce- lui-ci feroit au-lieu de l'héritier grevé, & que les aétions héréditaires a@tives & pañives, feroient trans- ferées en fa perfonne, à proportion de la part qu’il auroit de Fhoirie; au-Kieu qu'auparavant l'héritier fidei-commiflaire ne pouvoit les exercer à-moins qu'elles ne lui euflent été cédées par l'héritier grevé: mais depuis ce fenatus-confulte le préreur donna au fidei-commiflaire, & contre lui, les aétions appellées atiles. Ce m’étoit pas afflez d’avoir mis l’héritier grevé à couvert des charges, 1l falloit quelque appas pour l’engager à accepter la fuccefhon. Pour cet effet, du tems deVefpañen, on fitun au- tre fenatus-confulte appellé péoz/£ez, parce que cela arriva fous le confulat de Peçaius & de Puño. Il fut ordonné par le fenatus-confulte que l’héri- tier grevé qui accepteroit, pourroit retenir la falci- die, au moyen de quoi l'héritier fidei-commiflaire étoit commeunlégataireportionnaire; ou fi l'héritier grevé vouloit tout remettre, le fidei-commiffaire toit confidéré comme achetéur de l'hérédité; & dans Pun & lauire cas, on pratiquoit des ftipulations rela- tives. Le même fenatus-confulte ordonna que fi l'héritier grevé refufoit d'accepter l’hérédité, on pouvoit y contraindre par ordonnance du préteur, aux rifques du fidei-commiflaire ; & dans ce cas, toutes les ac- tions héréditaires pañloient en la perfonne du fidei- commifiaire , comme en vertu du fenatus-confulte trébellen. Enfin le dernier état par rapport à la srébelliani- que, fut depuis Juftinien , lequel ayant trouvé que les ftipulations qui fe failoient en conféquence du fe- natus-confulte pégafien étoient captieules, il les fup- prima, & refondit le fenatus-confulte pégafien dans le trébellien , dont ii conferva le nom, en lui attri- buant cependant la force qu’avoit le pégafen. Ce fut par cette conftitution de Juftinien, que l’hé: ritier grevé fut autorité à retenir fur le fidei-commis une quarte , que l’on appelle depuis ce tems guarte srébellianique, Jufinien ordonna auffi que l’on pourroitcontrain- dre l'héritier grevé d’accepter, & que les aétions hé- réditaires pañleroient en la perfonne du fidei-com- miflaire, à proportion de la part qu’on lui auroit re- mis de l’hoirie. Ceux qui ont droit de légitime, & qui font infti- tués héritiers, peuvent faire détraétion de la quarte falcidie fur les legs de la rrébellianique , fur les fidei- commis, & retenir en outre leur légitime. On tient communément que la srébellianique n°a pas lieu en pays coutumier, Il faut cependant ex: TRE à 513 cepter les coutumes qui requisrent l'infitution d'hé. ritier ; comme celle de Berri, & celles des deux Bourgognes , & les coutumes dans lefquelles il eff dit, que les cas obmis feront fuppléés par le droit écrit. Voyez aux Inflir. le 1ir. de fidei comm. h@redie, 8x au code ad Jenar, confulr. trebell, l'ordonnance des tef£a- mens, celle des Jubflivur. le recueil de queft. de Breton- mer au #0c fubfhirution, &t les mors Fipui-coMmis # SUBSTITUTION. ( À! | TREBELLICA VINA, (Géog. anc.) vins ainf nommés du territoire où ils croifoient. Athenée TA I. fait l’éloge de ces vins. Pline, Z X1F. c. v]..en parle auf, & dit que Pendroitoïon les recneilloit étoit en Italie, dans la Campanie , à 4 milles de Na: ples. (D. JT.) TREBELLIEN , SENATUS-CONSULTE , (Jurifp.) étoit un decret du fénat de Rome , ainfappellé parce qu'il fut fait fous le confulat de Trebellius Maximus & d’Annæus Seneca : il concernoit la reflitution des fidei-commis univerfels. Voyez ci-devans TRÉBELLIA» NIQUE, (4) TREBIA , (Géog. anc.) fleuve de la Gaule Cifpa= dane, Pline, Z. ZIL. c. xvj. le furnomme Placentinus, parce qu'il coule dans le territoire de Placentia : c'e aujourd’hui le Trebbia, Les romains que commandoit le conful Sempronius, ayant été mis par Annibal dans une entiere déroute, {e noyerent la plupart dans cette riviere, & leur malheur la rendit célebre. QE RE RES TREBTANT, f.m, pl. (Myshol.) épithete que les Romains donnerent à quelques dieux qu’ils avoient tranfportés de Trébie à Rome, après la conquête de cette ville d'Italie. TREBIGNO, ( Géog. mod. ) où TREBIGNA , ef latin Tribulium ; petite ville de la Turquie européen ne ; dans la Dalmatie, fur la riviere de Trebinska , à 5 lieues eft de Raägufe, dont fon évêché eftfufra. gant. Long. 36. 4. lat. 40.48. (D. 7.) TREBISONDE, (Géog. mod. & Hifi) ancienne: ment Zrapezus, ville des états du turc, dans l’Anato: le, fur le bord de la mer Noire, & la capitale de la province de Jénich , au pié d’une montagne qui re: garde le feptentrion. Long. 53, 37. lat. 40.34. Cette ville, que les Turcs appellent Tarabo{an , étoit regardée anciennement pour être une colonie de Sinope , à laquelle même elle payoit tribut; c’eft ce que nous apprenons de Xénophon , qui pafla par Trebifonde, en reconduifant le refte des dix mille , SE qui rapporte la trifte aventure qui leur arriva pour avoir mangé trop de miel, Comme 1l y avoit plufieurs ruches d’abeilles, dit cet auteur, les foldats n’en épargnerent pas Le miel: il leur prit un dévoiement par haut & par bas ,iuivi de rêveries, enforte que les moins malades reffem- bloient à des ivrognes , & les autres à des perfonnes furieufes ou moribondes. On voyoit la terre Jon- chée de corps: perfonne néanmoins n’en mourut, & le mal cefia le lendemain ; de-forte que les foldats fe leverent le troifieme jour, mais en l’état qu'on eft après avoir pris une forte médecine. Voyez les remarques de M. Tournefort, dans fon voyâge du Levant, ur cette forte de miel, & fur les fleurs dont il devoit être compofé. Les dix mille furent reçus à Trébifonde avec toutes les marques d'amitié que l’on donne à des gens de fon pays , lorfqu’ils reviennent de loin ; car Diodore de Sicile remarque que 7Trébifonde étoir une ville grecque fondée par ceux de Sinope qui defcendoient des Miléfiens. Le même auteur aflure que les dix mille féjournerent un mois dans Trébifonde ; qu'ils facrifierent à Jupiter & à Hercule, & qu'ils y célé- brerent des jeux, He, Trébifonde apparemment, tomba fous la puiffance des Romains, dès que Mithridate {e trouva dans 574 TRE limpuiflance de leur réfifter. Il feroit inutile de tap- porter de quelle maniere elle fut prife fous Valérien par les Scythes , que nous connoïflons fous le nom de Tartares , & l’hiftoire qui en parle w’avoit décrit l’état de la place. Zozime donc remarque , que c’é- toit une grande ville, bien peuplée, fortiée d’une double muraille : les peuples voifins s’y étoient re- fugiés avec leurs richefles comme dans un hewotil ny avoit rien à craindre. Outre la garnifon ordi- naire on y avoit fait entrer dix mulle hommes de troupes; mais ces foldats dormant fur Jeur bonne foi, & fe croyant à couvert de tout, fe laifierent fur- prendre la nuit par les Barbares, qui, ayant entañlé des fafcines contre la muraille, entrerent par ce moyen dans la place, tuerent une partie des troupes, renverferent les temples &c les plus beaux édifices; après quoi, chargés de richefles immenies, ils em menerent un grand nombre de captifs. Les empereurs grecs ont poféde Tréhifonde à leur tour. Du tems de Jean Comnène, empereur de Conftantinople, Conftantin Gabras s’y étoit érigé en petit tyran. L'empereur vouloit en chaffer ; MAS l'envie qu'il avoit d’ôter Antioche aux Chrétiens, l’en détourna. Enfin Trébifonde fut la capitale d’une principauté dont les empereurs de Conftantinople difpofoient ; car Alexis Comnène , furrommé /e Grand, en prit pofiefon en 1204, avec le titre de duc, lorfque les François &c les Vénitiens fe rendi- rent maîtres de Conftantinople , fous Baudouin, comte de Flandre. L’éloignement de Conftantinople , &r les nouvel- les affaires qui furvinrent aux Latins, favoriferent l’établiffement de Comnène; mais Nicétas obferve qu'on ne lui donna que le nom de duc, & que ce fut Jean Comnène qui fouffrit que les Grecs lappel- laflent empereur de Trébifonde , comme s'ils euflent voulu faire connoître que c’étoit Comnène qui étoit leur véritable empereur; puifque Michel Paléologue qui farfoit fa réfidence à Conffantinople, avoit quitté le rit grec pour fuivre celui de Rome : il eft certain que Vincent de Beauvais appelle fimpiement Alexis -Comnène /&igneur de Trébifonde. Quoi qu'il en foit, la fouveraineté de cette ville, fi lon ne veut pas fe fervir du nom d'empire, com- mençaen1204,{ous Alexis Comnène,&r finit en1461r, lorfque Mahomet IT, depouilla David Comnèene, Ce malheureux prince avoit époufé Irène, fille de l’em- pereur Jean Cantacuzène : maïs al implora fort inuti- lement le fecours des Chrétiens pour fauver les débris de fon empire ; 1l fallut céder au conquérant, qui Le ft pañler à Conftantinople avec toute fa famille, qui fut inaflacrée quelque tems après : amf finit l'empire de Trébifonde, après avoir duré plus de deux fiecles & demi. Les murailles de Trébifonile ont prefque quarrées, hautes, crenelées ; & quoiqu’elles-ne foient pas des premiers tems,1l y a beaucoup d'apparence qu’elles font élevées fur les fondemens de l’ancienne en- ceinte, laquelle avoit fait donner le nom de Zrapèfe à cette ville. Fout le monde fait que srapè/e en grec fignifie une fable, &t que le plan de cette ville eft un quatre long, affez femblable à une table. Les mu- railles ne font pas Les mêmes que celles qui font dé- rites par Zozime : celles d’aujourd’hui ont été bâ- ties des débris des anciens édifices, comme 1l paroït parles vieux marbres qu'on yaenclavés en pluñeurs endroits, &c dont les infcriptions ne {ont pas hfbles parce qu’elles font trop hautes. _ La ville eft grande & mal peuplée ; on y voit plus debois êz de jardins que de maïfons ; &c ces maifons mont qu'un fimple étage. Le château, qui eft fort néoligé, eff fitué fur un rocher plat & dominé;mais les foflés en font taillés la plüpart dans le roc, L'in£ cription que l’on lir fur la porte de ce châtgau ; dont — TRE le centre eff un demi- cercle, marque que l'empe- reur Juftinien renouvella les édifices de la ville. ït eft furprenant que Procope n’en ait pas fait men- tion , lui qui a employé trois Evres entiers à décrire jufqu’aux moindres bâtimens que ce prince avoit: fait lever dans tous les coins de fon empire : cet hiftorien nous apprend feulement que Juftinien £t bêtir un aqueduc à Trébifonde, {ous le nom de l'aque- duc de faint Eugene lè martyr. | Le port de Trébifonde appellé Platane, eft à l'ef de la ville: Pempereur Adrien le fit réparer, comme nous apprenons par Arrien. El paroît par les médail- les de la ville, que le port y avoit attiré un grand: commerce. Goltzius en rapporte deux à la tête d'A poilon. On fait que ce dieu étoit adoré en Cappa: doce, dont Tréhifonde n'’étoit pas la moindre vilie, Sur le revers d’une de ces médailles eft uné ancre, & fur le revers de l’autre la proue d’an navire. Ce poït n'eit bon préfentement que pouf des fdiques; le mole que les Génoïs y avoient fait bâtir, eft pref que détruit, &c les Turcs ne s'embarraflent cuere de réparer ces iürtes d'ouvrages; peut-être que ce qui en refte eff le débris du port d’Adrien, car de la ma: niere qu'Arrien s'explique, cet empereur y avoit fait faite une Jettée confidérable pour y mettre à couvert les navires, qui auparavant n’y pouvoient mouiller que dans certains tems de l’année , & en: core étoit-ce fur le fable, Trébifonde jouit aujourd'ui du vain titre d’arche- vêché. Long. {uivant le pere de Beze, Gad. 40/1 1511, Latit, 414, 4. do George de Trébifonde &t le cardinal Beffarion, {ont {ortis de cette ville de l’Anarole; on convient pour: tant que George r'étoit qu’originaire de Trébifonde, &t qu'il étoir né en Candie, Quoi qu’il en foit , il vi- voit dans le quinzieme fiecle , & mourut en 1480, fous le pontificat de Nicolas V. de qui il fut fecré: taire. Il avoit auparavant enfeigné la rhétorique 8 la philofophie dans Rome du tems du pape Eugené IV. mais fon entêtement pour Ariftote lui attira de grofles querelles avec Beflarion, aui ne juroit que par Platon. I eft vrai que Beffarion quitta bien-tôt les difpu- tes de l’école pour fe tourner aux lésations. I devint patriarche de Conftantinople, archevêque de Nicée, cardinal,& prefque pape. if aima les fävans, & forma une trés-belle bibliotheque qu'il lxiffa par fon teftas ment au fénat de Venife. Puifqu’on la conferve avec tant de foin qu’on n’en veut communiquerles manuf crits à perfonne, il faut regarder ce beau recueil com- me un tréfor enfoui &c inutile à la république des lét- tres. Beffarion mourut à Ravenne en 1462, après une fortmauvaife réception que lui fitLouis XI.parce qu’il avoit rendu vifite au duc de Bourgogne avant lui. Amyrutges, philofophe péripatéticien, vit auffi le jour à Trébifonde: 1l s’'acquit une grande confidé: ration à la cour de empereur David fon maître, & fignala fa plume en faveur des Grecs contre les dé: cifions du concile de Florence; mais il terñit fa glor: re par l’apoftañe où il tomba. Il fut un de ceux qui accompagnerent l’empereur David à Conftantino’ ple, lorfque Mahomet IL. Py fittranfporter après la prife de Trébifonde , en l’année 1461. Ce philofophe; Î 1 Le te laifiant gagner aux promefles du fultan, abjura le chriflianifme , & fe fit turc avec fes enfans, Pun defquels , fous le nom de Mehemer- Bey, traduifit en arabe plufeurs livres des-ChrétienS par ordre de Mahomet Il. Ce prince donna des emplois confidét rables dans le ferrail à Amyrutzes, & s’entretenoit quelquefois fur les fciences, & fur des matieres de religionavec lui, ou ayec Mehemet-Beg. Amyrutzes a publié larelation du concilede Florence ; ilaffure dansiun ouvrage que lepatriarche de Conftantinople fat étranglé pendant la tenue de ce concile, & que 1 Tes médecins attefterent ce fait fur l'examen du cada- vré. Tantim religio. . . + . (D. J.) TREBITZ 07 TREBICZ, (Géog. mod.) petite Ville dans la Moravie, près la riviere Isla, du côté de la Bohème. (2, J.) TREBNITZ, (Geog. mod.) nom commun à deux | villes d'Allemagne, ou plutôt à deux bourgs, lun en Bohème, près de Leutmaritz; l’autre en Siléfie, dans le duché d’Oels? (D. J.) | TRÉBUCHANT , {. m,. à {4 Mornoie, C’eft tn droit accordé fur le poids des métaux aux officiers de monnoie dans le droit du change : voici quel eft : ce droit. En'pefant des pieces d’or ou d’argent il faut qu'il y aït équilibre ; fl cependant lun des deux pla- teaux quitte foiblement cet équilibre, ce doit être le plateau où eft le métal, & c’eft cet avantage qui æft le droit du rrébuchanr : le trébuckans eft accordé aux receveurs aux changes. TRÉBUCHANT , terme de Monnoie, ce mot fe dit des pieces d’or qu'on pefe ; c’eft environ un demi- grain, que dans la fabrication on a départi à cha- que efpece pour la faire trébucher, & pour l’empê- cher par le frai de trop diminuer dans la fuite du tems. Les écus d’or & les louis d’or, par exemple, font à la taille de foixante & douze pieces & demie au marc; chaque piece eft de foixante & trois grains avec le srébuchans. (D. J.) | _ TRÉBUCHER , ( Maréchal.) Voyez BRONCHER: TRÉBUCHET, 1. m.( Hif4 mod.) cage ou felle dans laquelle on baignoit autrefois les femmes mé- chantes &t querelleufes par un ordre de la police d'Angleterre. Voyez; QUERELLEUR. TRÉBUCHET, f. m. ( terme de Balancier. \ petite balance très-fine & très-jufte , que le plus petit poids faittrébucher ou pencher plus d'un côté que d’autre. Les srébuchers fervent particulierement à pefer les monnoies d’or & d'argent , les diamans & chofes rétieufes. L’on prétend que les Afineurs en ont dé’ P P q fi juftes + que la quatre mille quatre-vingt-feizieme partie dun grain eft capable de la faire trébucher. EDS) d | ; TRÉEUCHET , f. m. ( Chaffe. ) petite cage qui fert à attrapper des oïfeaux, dont la partie fupérieure eft couverte & arrêtée fi délicatement, què pour peu qu'on y touche , le reflort 1e lâche & la ferme, en forte que l’oifeau quile fait lâcher en entrant dans cette cage pour y prendre du grain que lon y a mis pour amorce, fe trouve pris & ne peut plus en fortir: On prend des compagnies entieres de perdreaux fous une efpece de trébuchet qui eft une cage fans fond , de fimple ofier, que l’on tend à-peu-près com: me une fouriciere, avec une marchette dont un bout eft attaché de long par une ficelle au bas d’un des côtés de la cage, & à l’autre bout de la marchette qui eft plus longue que la cage n’eft large. On fait une coche qui arrête délicatement la fourchette fur laquelle la cage eft tendue; on met du grain parterre ‘au miheu par tas, afin que les perdrix montant deffus les unes les autres pour prendre le grain avec avidité, touchent la marchette & détendent la cage ; on cou- vrecette cage de feuilles, pour qu’elle ne foit point apperçue; 1l faut quelques jours avant que de tendre la cage, laïffer les perdrix s’accoutumer à venirpren- dre du grain dans cet endroit. _ TREBULA , (Géog: anc.) 1°, ville d'Italie, que Denys d'Halycarnafle donne aux Aborigènes ; 3° “= 0 ville d'Italie, dans la Caïnpanie, felon Tite-Live, 1. AXTIT, c. +xxix. 3°. nom d’une autre ville d’Ita- he, qui étoit dans la Sabine, felon Ortelius. (D. J.) - TREBUR , ( Géog. mod.) en latin du moyen âge Triburia, Triburium , boutg d'Allemagne , dans le pays de Hefle ; au comté de Catzenelenbogen , pas loin de la rive du Rhin. Ce bourg qui eft même au- jourd'hui ruiné, étoir autrefois une grande ville ; où l’on tint uh concile l'an 8 9$ ; © cette ville devint en fuite lerendez-vôus des congrès publics, des diettes de lPempire , & des noces des fouverains d’Allez faste (Do Anne f TRECHEDIPNA y LR ( Lictérat, ) pee irve % ef- pece d'habit particulier que portoient les parañtes pour pouvoir venir fouper chez leurs protetteurs fans mvitation ; cêtre efpece d’habit étoir, pout ainfi dire , la livrée du maître de la maifon ; mais cé nom n'eft pas honorable pour celui qui le porte ; car c’eftun mot compoié de +péyse, je cours, &E Séirmvoñ, un fouper, ( D, J.) die TRECHIA , (Géog, anc.) Athénée paroit doriner cenom âune partie de la ville d'Ephèfe, ou même À la ville eritiere. Son interprete écrit Trachia, & Plinè Trachea* ce dernier en fait un des furnoms de la ville _d’'Ephèfe. Etienne le géographe dit rprye , Trichia à mais la Véritable ortographe eft Truyuo, Trachez, (D. J.) TRÊCHEUR , £. m. (terme de Blafon,) c’eft uné trefle où une efpece d'oïle, qui n’a néanmoins que la moitié de fa largeur. Le trécheur eft conduit dans le fens de l’écu. Il yen a de fimples'& de doubles, quelquefois de fleuronnés , & quelquefois de fleur- delifés , comme celui du royaume d’Ecofle; on lap- pelle autrement effoznier, ( D. JT. "4 À TRECK-SCHUYT , £ m. (Aff. mod. Commerce.) c’eft ainfi que l’on nomme en Hollände & dans les autres provinces des Pays-Bas , des barques couver- tes tirées par des chevaux, qui fervent à conduire les voyageurs fur les canaux d’une ville à l’autre. Ces barques partent toujours à des heures marquées, chargées ou non; elles font compofées d’une grande chambre-deftinée à recevoir indiftin&tement tous leg * paflagers , & d’un cabinet appellé roe/ qui fe loue aux perfonnes qui veulent voyager à part ; cés fortes de barques font d’une grande propreté. Le mothol- landois éreck-fchuyr figtufie barque a tirer, TREF, ( Lang. gauloife. ) ancien mot qui fignifie üne sente, un pavillon. Villehardouin dit : & lors vei: » fezmaint chevalier , &7 maint ferjans iflir dés nez, » & matnt bon d’eftriertraire des viffiers, & maint » riche ref, & maint paveilion ». (D. J.) TREFFLE, £ m. ( Æiff. nai. Botan. ) rrifoliums genre dé plante dont la fleur eft papilionacée , où reflemble beaucoup aux fleurs papilionacées. La fleur papilionatée eft compofée de quatre pieces qui repréfentent un pavillon, detx ailes & une ca- reñe; ces pieces fortenttoutes du calice avec le piftil qui eft enveloppé d’une gaïne frangée. Le piftil de vient dans là fuite une femence qui a Le plus fouvent la forme d’un rein , & qui adhere très-fort aux pa= rois dé la capfule quand elle eft parvenue à fon degré dé maturité, _ x La fleur qui reflemblé aux fleuts papilionacées , eft monopétale ; le piftil fort du calice de cettefleur, & devient dans la fuite une capfule membraneufé rénferrmée dans le calice de la fleur; cette capfulé contient une femence qui eft le plus fouvent oblon: pue , où qui a la formé d’ünñ fein. Ajoutez dux carac: teres de ce geñre qu’un feul pédiculè porte trois feuilles , & rarement quatre ou einq. Tournefoit ; inft. ret herb. Vüyez PEANTE: | Tournefort difingue quaranté-quatre éfbeces de éreffles , outre ceux que l’on range parmi les lotiers; mais 1l fuffira de décrire le sréffle des prés , srifolium | pratenfe, floré monopètalo ; I. R. H. 404, énanoloïs, che common purple-meadow-trefoil, or clover. $ racine eft prefque grofle comme le petit doigt, longue, fonde & fibreufe. Elle pouffe des tisés à la hauteur d'environ un pié & demi, grêles, cannelées ; quel- . quefois un peu velues ; en partie droïtés ; En paftié ferpentant par terre. Ses feuilles font les unes rondes, es autres oblonpuës, attachées prefque toujours tfois À 576 TRE enfemble à une même queue, marquées. au milieu d’une tache blanche ounoire, qui a prefque la figure d’une lune.Ses fleurs naiffent aux fommités des tiges, d’une feule piece, refflemblantes aux fleurs légumi- neufes ; elles font difpofées en tête ou en épi court &c gros , de coùleur purpurine, empreintes au fond d'un fuc mielleux, doux & agréable , d’une odeur qui n’eft pas difgracieufe, & d’une faveur légére- ment aftringente. Lorfque ces fleurs font pañlées, il leur fuccede de petites capfules rondes enveloppées chacuñe d’un calice, & terminées par une longue queue; chaque capfule contient une femence qui a la figure d’un petit rein: Certe plante croît partout dans les prés, dans les pâturages , aux lieux humi- des & marécageux;elle fleurit en Avril, Mai & Juin. Sa fleur eft recherchée des abeïles, & toutel’her- be eft une des plus excellentes nourritures pour en- oraifler les beftiaux. | Le peris trefle des champs eft la plante que l’on nomme vulgairement pié de Levre, crifoliumarvenfe, humile, fpicatum five lagopus, I. R. H. 305. Voyez PIÉ DE LIEVRE , Botan, Le sreffe bitumineux, srifolium bitumen redolens , I. R. H. 404, eft ainfi nommée, parce que fesfeuil- les font douces au toucher & d’une odeur de bitume. Cette plante croîtabondammentdanslespays chauds, en Candie, en Sicile , en Languedoc, aux environs de Montpellier , de Narbonne, fur les côteaux pier- réux voiins de la mer ; on la cultive quelquefois dans les jardins des curieux, où elle fleurit en été, & réfifte à l’hiver quandil eft doux. Elle s’êleve en arbrifleau à la hauteur d’une à deux coudées; fes ti- ges font roides, velues, noirâtres & cannelces. Ses feuilles font grifâtres , velues , oblongues, pointues, glutineufes au toucher, & ayant l'odeur defagréable du bitume. Ses fleurs forment une tête longuette, d’un violet purpurin, & font placées dans des cali- ces veloutés, oblongs & cannelés ; fa femence eft noire, inégale , velue , & fe termine en une pointe feuillue. Cette femence a, commele refte de la plan- te, un goût médicamenteux ; mais elle le perd dans nos pays. Celle qu’on apporte d'Italie, produit d’a- bord une plante bitumineufe , maïs la femence du même sreffene donne plus à la troifieme année qu’- une plante fans odeur &t fans goût. ( D.J.) TREFFLE DE MARAIS, ( Bocan. ) ce creffle eft dif- tingué de tout autre, &C fait un genre à part nommé par Tournefort menyanthes paluffre , latifolium & 1r- phyllum. I. R. Æ. 117, en anglois Euckbéan. Sa racine eft genouillée , longue, blanche, tra- çante , garnie de fibres qui plongent par intervalles. Ses feuilles attachées au nombre de trois, fur une large & longue queue, reflemblent à celles des feves en figure & en grandeur, font lifles & douces au tou- cher. Il s’éleve d’entr’elles une tige à la hauteur d’un pié & demi, grêle, verte, portant un bouquet de fleurs en entonnoir, d’une blancheur purpurine, lef- quelles avant que de s'ouvrir, font rouges en-dehors, &t qui étant ouvertes, fe découpent en cinq fegmens pointus. Ces fleurs font foutenues par des calicesfor- més en godet & dentelés. De chaque fleur fortent cinq étamines blanches dont les fommets font jau- nes ; le piftil qui occupe le milieu , eft plus court. Lorfque les fleurs font pañlées, il leur fuccede des fruits arrondis & oblongs qui renferment des femen- ces ovales femblables à celles de l’hélianthème , d’un brun jaunâtre & d’un goût amer. Cettelplante croït naturellement dans les marais & autres lieux aquatiques, en terre maigre, hors de Veau. Elle ne dure pas long-tems, fleurit en Mai& Juin, & varie pour la grandeur , fuivant les lieux. Elle n’eff pas moins utile que le creflon , zaffurtium, dans les maladies fcorbutiques ; & c’eft Simon Paulli quien a le premier fait l’obfervation; fon goût ef TRE d'abord un peu défagréable ; cependantonvientbier. tôt à bout de vaincre cette répugnance. Mais on emploie cette planteen Angleterre dans le Hampshire à un ufage bien remarquable ; les braf- feurs s’en fervent dans leur biere à la place du hou- blon. Elle conferve cette boiffon, & lui donne une amertume qui n’eft defagréable m1 à l'odeur, ni au goût ; d'ailleurs elle eft bienfaifante , & a cet avan- tage qu'iln’en faut que la huitteme partie de la quane tité de houblon. Enfin l'expérience mériteroit d’être répétée ailleurs , parce qu’on peut très-aifément cul- tiver le rejfle de marais, d'autant mieux qu'il vient : à merveille dans des terres de fondriere, qui ne peu- vent guere produred’autres plantes. ( D.J.) TREFFLE MUSQUÉ ; ( Botag. ) voyez LOTIER ODORANT , Botan, ( D, J.) TREFFLE D'EAU 04 DE MARAIS , voyez MENIAN- THE, Mar, méd. TREFFLE SAUVAGE JAUNE, ( oran.) c’eft le Lo- sus , five melilorus, pentaphyllos, minor slabra de Tour- nefort , nommée en françois lorier, Foyez LOTIER. CD) | TREFFLE, ( Agriculture. ) le trefle en anglois clo- ver, eft une plante fort eftimée pour l'amélioration qu’elle donne au terrein fur lequel elle croît , pour la bonté de fon foin , & pour le mérite de fa graine: Le grand bien qu’elle procure au terrein, c’eft de nourrir beaucoup de bétail à la fois , dont le fumier bonifie tellement le fol, qu’au bout de deux outrois ans quelqu'épuifé qu'il ait été, 1l fe fertilife de nou- veau, & devient propre à donner du froment. On eftime furtour l’efpece de sreffle dont la graine eft femblable à celle de la moutarde , & feulement plus oblongue ; on préfere fa couleur verdâtre avec une teinte de rouge, & furtout celle d'Angleterre. Un arpent de terre demande dix à douze livres de cette graine, &c le mieux eft d’en femer plus que : moins. Le sreffle aime une bonne terre chaude, & réufit à merveille dans celles qui ont été fumées & labou- rées ; il profpere furtout dans les terres glaifes , où les mauvaifes herbes ne viennent point le détruire ; il eft vrai que dans les bonnes terresil produit des récoltes abondantes pendant trois ou quatre ans, mais pas au-delà. Il eft aifé de diftinguer la bonne graine de sreffle de la mauvaife ; il fufit pour cela de: la jetter dans un verre d’eau la bonne graine va au fond, & la mauvaife qui ne végéteroit jamais, fur- nage, On peut femer le sreffle avec de l'orge ou de Pa- voine, fur la fin de Mars, ou au commencement d'Avril, dans un jour calme & ferain; quelques-uns le fement avec du froment ou du feigle , à Noël, ce qui donne un moyen de répandre fa femence fur le terrein, & d’avoir par conféquent l’année fuivante une récolte plus abondante; mais alors il faut choifir des terres feches; quelqueslaboureursaiment encore mieux le femer feul à Noël, que dans le printems, pour lui donner la force de fe maintenir contte la gelée , & cette mérhode paroit la meilleure, | La fin de Mai eft Le rems propre de couper le pre. mier sreffle &t d’en faire du foin ; s’il ne fetrouve pas aflez fort , il eft excellent pour engraïffer le bétail, Après.cette premiere récolte, on peut encore en fai- re deux autres avant l'hiver. Confultez Mortimer fur ce fujet. (D, J.) TREFFLE, (Jardinage. ) eft un ornement dans la broderie des parterres qui imite le sreffle des prés. On le place ordinairement dans le milieu d’un tableau pour liér les autres parties de la broderie qui en for- tent. On lui donne différentes fisures , & fouvent on le compofe de quatre parties réoulieres comme des rofettes. Payez ROSETTES. | TREFFLES,, {. f, pl. ( Seups .) c’eft un-orrement gum TRE qui fe taille fur les moulures. Îl y en a à palmettes & à fleurons. Le motsreffle eft dérivé du latin srifotium, herbe à trois feuilles. | | Treffles de modèrne, ce font, dans les COmparti- Tnens desvitraux, pignons & frontons gothiques, de petites rofes à jour, faites de pierre dure avec ner- vures, &c formées par trois portions de cercles, ou par trois petits arcs en tiers-point. Daviler. ( D. 7.) . TREFFLE, eft un gros bouton, ainf nommé par les Mecreursen œuvre, parce qu'il repréfente la plante de l’herbe de ce nom. Il fert à arrêter le ruban d’un bracelet fur la barriere. | TREFFLE, {. m. (cerne de Mineur. ) fourneau de mine fait en forme de sreffle, &t qui n’a que deux lo- gemens, au-heu que le double er a quatre, & le triple x C7) TREFELE, (serme de Blafon.) c’eft la figure du sref. JL poié fur un écu aux extrémités d’une croix. On dit une croix srefflée, & Cantonnée de treffles. Onre- préfentele sreffle dans les armoiries avec une queue, fans toutesfois l’exprimer. TREFFLE , £ £ (are milit.){e dit d’une mine qui a trois fourneaux, dont la difpofition forme à-peu-près la figure d’un ref. On la nomme aufi mine criple ; voyez MINE. Elle eft compofée de deux fourneaux placés à droite & à gauche , & d’un troifieme en avant. Elle embraffe ordinairement trois contreforts. Cette mine, dit M. le maréchal de Vauban, pro- duit un grand éboullement de terre , & une profonde excavation quand elle réuflit bien. (Q@) TREFFLER , v. n.( Monnoie.) c’eit faire un mau- vais réngrenement des efpeces ou des médailles, & en doubler les empreintes, faute d’avoir reñgrené ju- fte la piece dans la matrice , ou quarré ; c’eit ce qui rend la monnoie ou la médaille défivurée, parce que les mêmes points ne fe font pas rencontrés enfemble. (2. 7.) | TREFFLIER, {. m. (Mériers.) c’eft une des qualités ue prennent les maîtres chaïînetiers de la ville & Hp tes de Paris. Ce nom, dont aucun d’eux ne fait préfentement l’étymologie , vient apparemment de ces grandes agraffes d'argent, d’étain ou de laiton arpgentées qu'ils faifoient, & qui fe términoient en une efpece de feuille de treffle à jour , pour y pañer diverfes chaînes ou cordons, auxquels les femmes d’artifans & les payfanes laifloient pendre leurs clés, leurs cifeaux & autres femblables petits uftenfiles de ménage. La mode de ces agraffes à treffle pour met- tre à la ceinture, n’a fini que vers le milieu du XVIj. fiecle. (D.J.) TREFFORT , (Géog. mod.) petite ville Ou plu- tôt bourg de France, dans la baffle Breffe , au diocefe de Lyon. Il y aune mairie, & elle députe aux affem- blées de la Breffe. TREFONDRE, cerme de Potier d’érain, fe dit lor- que la foudure des pots , ou une goutte reverchée, Qu une anfe jettée {ur la piece , font auffi-bien fou. dés dedans comme deflus. Voyez SOUDER Les pois de- in, REVERCHER 6 JETTER SUR LA PIECE. TREFURT , ( Géog. mod.) en latin moderne Dri: vordia ; petite ville d’Allemagne, dans le pays de Hefle, proche de la riviere de Werra Elle appar- tient aux électeurs de Mayence, de Saxe , © aû land- grave de Heffe. TRÉGUIER, (Géopr. rod.) en latin du moyen âge, Trecorium; ville de France » en Bretagne; dans une prefqu’ile, à ro lieues au notd-oueft de Saint: Brieux, à 23 au nord-eft de Bret, & à oo au cou- chant de Paris. I] y a un petit porr, & un évéché fuf- frasant de Tours. On y Commerce en chevaux, en blé, en lin & en papier. L’évêché de Tréguier paroît avoir été érigé dans Le x. fiecle. I OCCupe toute l’e- tendue de la côte depuis la riviere de Morlaix, jufques auprès de la ville de Saïnt- Brieux, Son fevenu eft Tome XI, | RCE sf d'environ vingt-deux millelivres. Lônes V4. 23. jus 48. 47. (D.J.) per TREIDEN, { Géog. mod.) riviere de Pempire ruf fien , dans la Livonie, au pays de Letten. Elle fé forme de plufieurs fources , & fe jette dahs le polfe dé Livonie ; près de Sernikon. TREIGNAC, ( Géog. mod.) boutg que nos géo graphes nomment petite ville de France , dans le bag Limoufn, entre Limoges & Tulles, äu bord delà VEZÈ E(DIT.)1 TREILLAGE ,f. ni. (Décoration de jardins 6 d'arz chieülure. } ouvrage fait d’échalas pofés perpendicu- lairement, &traverfés quarrément par d’autres échaz las ou perches qu’on lie avec du fl de fr > & qui forment des mailles de cinq à fept pouces dans là confiruétion des berceaux & des päliffädés contre leë murs du jardin. | On emploie les sreillages à foutenir les efpäliers 5 à former des clôtures de quelques quarrés déjardins, des paliflades, où des Berceaux ; c’eft uneinvention très-jolie & très-agréable à la vue, On fe fert beau- coup de rreiliages en Angleterre & en Hollande. On les peint toutesles années en verd & À l’huile., autant pour les décorer, que pour les conferver. Pour les rendre plus folides , on y met des barres de fer dé _diftance en difance , qui en font le bâti, On fait des sreillages à différentes mailles , c’éft-à- dire à mailles de huit für neuf pouces de lärge, de fix fur cinq , de quatre fur cinq, & de quatre pouces de longueur en tout {ens ; c’eit felon les Ouvrages qu'on veut avoir, & l'argent qu’on y veut dépenfet: Les sreillages à petites maïlies regardent les beaux berceaux ; on en fait quelquefois des palffides en di- vers endroits où1ls ferveat d'ornement, Les sreitu= ges de galeries, de portiques , de fallés ; en un mot les beaux ouvrages en ce genre font ornés de colon: nes, de pilaftres , de corniches , de frontons, mon- tans , panneaux, vafes , confoles , coürônneriens } domes & lanternes, On appelle colonne de treillage ; une colonne À jour, dont le füt eft de fer & d’échalas ; la bafe duffi-bien que le chapiteau eft de bois dé boifféaü ; contourné felon les profils. Cette colonne fert à décorér les por- tiques de sreillage. (D. J. LA | TREILLE, £ (Jardin.) berceau fait de perches de charpente, ou de barres de fer , & couvert de ceps de vignes ; on lès conftruit avec des perches de faule ou d'ofier ; elles fervent dans un jardin pour ÿ prendre le frais en plein jour dans lité. | TREILLIS, f. m. (cerme de Peintre.) c’eft un chaffis divifé en plufieurs carreaux, qui fert aüx peintres à copier destableaux, & à les réduire de petit en srand où de grand en petit. se TREILLIS , . m. (serme de Porier d'évain.) les po tiers d’étäin nomment srei/Jis , de grands ronds , où pieces d’étain à claires voies, qu'ils pendent à leurs boutiques pour fervir de montre ou d’étalage ; mais cet étalage n’eft point perdu, les chauderonniers s’en fervent pour en étamer les cafferoles & Autres vai: feaux de cuivre. (2.J.) TREILLIS , {. m. (Sérrur.) nom général qu’on don- ne à toute fermeture dotmante de fer on de bronze : comme le dormant dela porte du Panthéon à Rome 4 ou les grilles dans les prifons de Venife. Le #rei4/5s ef différent de la grille, en cé que fes barres font mail lées en lofange. Treillis de fil de fer ; chafis de verses dé fér maillé de petits loïanges de oros fil de fer, qu’on met au- devant des vitraux. T'els font les chaffis ôù zei/lis du bas d’un édifice , pour einpêcher que les vittes ne foient caflées par des coups de pierre ; &:ceux du haut , comme äux domes , pour réfifter à l’impétuo- firé desvents quien pourroient enfoncer les panneaux. On place ces derniers à quélque diffance de la vitre. DDdd 573 TRE Treriuts, { m. ( Toilerie.) nom que Pon donne à certaines efpeces de toiles de chanvre crues, irès- profes 8 très-fortes quide vendent par pieces rou- Îlées de différentes longueurs, fuivant les pays,où ælles ont été fabriquées, Les srezllis fervent à faire des facs, des foufouenilles, des guêtres , des culot- tes, & autres femblables hardes pour les valets, payfans & manouvriers. Le sreillis éit encore une toileteinte ordinairement en noir, sommée, Calen- ! e / L “ Ê dréé’, fatinée ou lufirée, qui fe vend par petites pie- ces d'environ fix auues. (1. J. Treiuis, f m. (zermede Blafon.) c’eftune efpece de frettes, Les sreillis en different feulement , ten ce que les frettes ne font point clouces, mais les hftes , eu bâtons qui (fe traverfant en fantoir ),, les com- “pofent, font polés nuement les uns fur les autres, [à où les srecllis font garnis de clous dans le fohide, êz aux endroits où les liftes & bâtons fe rencontrent. Le mot sreillis, fe ditaufli des grilles qui font en la vifiere des cafques & heaumes qui fervent de tim- bre aux armoiries, & cela jufqu'au nombre propor- tionné aux qualités de ceux qui les portent. P. Mc- aefirier. (D. J.) TREILLISSÉ , adj. (cerme de Blafon.) ce mot non- feulement fe dit du fretté le plus ferré, mais il faut | remarquer de plus qu’au fretté les bandes font entre- lacées avec les barres , & qu'au srerlliffe elles font feulement appliquées les unes fur les autres, &c fou- went clouées, TREIZE , ( Arichmérique. ) nombre impair com- pofé de dix & de trois. En chiffre arabe on l'écrit de cette maniere 13 ; en chiffre romain XII, & en chiffre françois de finances ou de compte, de la forte . xi. Savary. , TREIZIEME , ( Arithmér. ) en fait de fraëtione , un nombre rompu de quelque tout que ce foit, far- fant un sreigieme, fe marque de cette maniere, = ; on dit auffi deux sreigiemes, trOIS treiyiemes | quatre treigiemes | G’c. que l’on écrit ainfi, =, +, éc. TREIZIEME , {. f. en Mufique , eft loûtave de la fixte , ou la fixte de l’oftave. Elle s'appelle srezzieme, parce que fon intervalle eft formé de douze degrés diatoniques, c’eft-à-dire de treize fons. Woyez IN- TERVALLE, SIXTE. (S) TRÉLINGAGE, rerme de Marine, voyez MARTI- €LES €: les articles [uivans. _TRÉLINGAGE DES ÉTAIS SOUS LES HUNES, £erme. de Marine ; c’eft un cordage de plufieurs branches, qui tient aux hunes & aux étais, pour les affermir &c pour empêcher que les voiles fupérieures ne fe gà- tent, ne battent contre les hunes, & ne pailent def- fous. | TRÉLINGAGE DES HAUBANS, cerime de Marine ; on appelle ainfi plufieurs tours de corde qui font aux grands haubans fous les hunes, afin de Les mieux unir & de leur donner plus de force. TRÉLINGUER , neut. erme de Marine ; c’eft faire ufage d'un cordage à plufieurs branches, TRÉMA , adj. (Gram.) les Imprimeurs qualifient ainf une voyelle, chargée de deux points difpoiés horifontalement ; z eft un z sréma dans leur langage, & cette phrafe même eff la preuve qu'il eft employé comme adjectif, | . Lefigne.. qui fe met fur la voyelle, fervant com- munément à marquer que cette voyelle doit être fe- parée de la précédente dans la prononciation , il me femble plus raifonnable de laifler à ce figne le nom de diérèle divifion, que les anciens donnoient au- trefois à fon équivalent. J'en ai expoié Pufage en parlant de a lettre T; 6c jai.fait, ar. POINT , une correétion à ce que j'en avois dit en cetendroit.( B.E.R.M,) . TRÉMATE., f. m.(Æifl. nar. Botan. exot.) c’eft un atbrifleau du Bréfil, dont la figure reffemble à celle du grenadier, fon écorce eft femblable à celle du fu- reau, fon bois eft blanc & plein de moëlle. Ses feuii- les font d’un verd foncé, &c ont l'odeur du fforax quand on les écrafe. Les Bréfiliens les emploient pour diffiper la douleur & les rougeurs des yeux. Ray. (D.J.) | TRÉMATER, termes de rivitre, expreflion dont on fe feft en riviere, pour exprimer l’athon d’un ba- telier qui devance un autre; anciennes ordonnances. - TRÉMBLAIE , f. f. serme de Jardinier , terre où Jon a planté des trembles pour diversufages. (2.J.) TREMBLANT DOUX , ( Luck.) c’eft dans Por- gue une foupape AB, fig. 58. PL d'Orgue, cette {oupape eft polée obliquement en travers du porte- vent qui s’élargit en cet endroit; enforre que fon plan décline du plan vertical d'environ 22 deg. 30’, le deffous de la foupape doit regarder le côté d’où vient le vent ; cette foupape qui eft doublée de peau dont le duvet eft tourné en-dehors, eff attachée par la partie de la peau qui excede à la partie fupérieure du chaffis HI, par le moyen du morceau de bois Æ entre lequel eft la barre fupérieure du chaflis ; là peau qui fert de queue fe trouve prife &c ferrée par le moyen de trois vis en bois qui traverfent le petit morceau #, & dont les pas entrent dans la barre fu- périeure du chañis. | On met ce chaflis dans la boîte XKk,, qui eft plus grofle que le porte-vent qui doit y entrer par les deux bouts, & on voit dans la figure où'1l pofe obli- quement , ‘enforte qu'il foit incliné vers la partie G d’où vientle vent,&c onle fait tenir dans cette poñtion, par le moyen de deux tafleaux où avec des vis qui traverfent les planches latérales de la boîte & en- trent.dans les côtés du chaflis A1. Sur la foupape on metun reflort AC qui eft une lame de laiton bien écrouie , à l'extrémité C de cet- te lame élaftique, on met un poids de plomb pefant environ une demi livre, plus ou moins, felon que . le tremblant exige pour mieux articuler ou marquer. Pour attacher Le lingot de plomb qu’on a fondu dans un moule au bout du reflort; on l’ouvre en deux avec un fermoir, forte de cifeau, & on introduit l’ex- trémité du reflort à laquelle on a fait des griffes dans la fente que le fermoir a faite ; on rabat enfui- te le plomb fur le reflort à coups de marteau, en- forte que les griffes & l’extrémité du reflort s’y trouvent renfermés. Il y a des faéteurs qui attachent le plomb au bout du reflort d’une autre maniere; ils font entrer la par- tie du reMort où le plomb doit être attaché, &c qui eft de même armée de griffes, dans le moule où ils fondent le plomb qui enveloppe par ce moyen le bout du reflort & s’y unit fermement ; mais cette pratique a cetinconvénient, que la chaleur du plomb fondu eft capable de recuire la bande & de lui ôter {on élafticité , d’où dépend en partie Peffet qu’on at- tend du tremblant. Ce reflort ainfi armé d’un poids de l’une ou de l’autre maniere , s’attache par fon au- tre extrémité à la partie fupérieure du deflus de la foupape avec deux clous à tête; on courbe enfuite la lame de laiton , enforte que le poids de plomb ne porte pas fur la foupape comme on peut voir dans la figure. À environ trois pouces de l’ouverture ou lunette quarrée /n, on perce un trou, par ce trou on fait paffer la bafcule de fer z2ce qui gouverne le srem- blant : cette bafcule courbée à la partie c b a qui entre dans le porte-vent pour atteindre la foupape AB, en-deflous par fon extrémité 4, eft fixée au point c par une goupille qui la traverfe & autour de laquelle elle peut fe mouvoir. L’extrémité e de la bafcule qui fort du porte-vent d'environ quatre pou- ces, eft percée d’un trou dans lequel paffe une che- ville qui aflemble la bafcule avec le bâton quarré fe; TRE te bâton communique par un rouleau de mouvement 4 un bâton quarré qui fort comme ceux des regiitres auprés du clavier. Voyez MOUVEMENS. pa: Pour empêcher le vent contenu dans le portes vent de fortir, on met fur le trou par où la bafcule ecba entre, une bour{ette d qui eft nouée autour de la bafcule &c collée fur le porte-vent. L'ouverture ou lunette Zz par où on regarde au sremblans eft fer mée comme la laie , avec une planche entaillée en drageoir & doublée de peau de mouton » Collée par le côté glabre ; cette planche eff tenue appliquée fur Pouverture de la boîte par des vis qui la traverfent & dont les pas pénetrent dans les planches latérales, OÙ par un étrier qui entoure le porte-vent, & fous le fommet duquel on pafle un coin qui appuie d’un côté fur la planche /7, & de l’autre contre l’étrier qui lui fert de point fixe, On fe fert d’un morceau de bois bien dreflé que Ton fait chauffer pour réchauffer la colle avec la- quelle on collé la peau de mouton, dont les devants de laie & la piece 2x font doublées ; au lieu d’un lin- ge trempe dans l’eau chaude & enfuite exprimé, dont on ne doit fe fervir , que lorfque la peau eft collée par le côté du duvet, enforte que le côté glabre eft en-dehors. Il fuit de cette confru&tion, que fi on poufle le bâton quarré fe, que l'extrémité 2 de la bafcule 4 cde s’approchera du deffous de la foupape 42, la pouflera & la tiendra élevée, ce qui laiffera un fibre paflage par l'ouverture du chafis 7» ou A I au vent qui vient des foufllets par & , en cet état le srer- blant reftera immobile & ne fera aucune fon@ion à mais fi on retire l'extrémité z de la bafcule en reti- rant le bâton fe, enforte qu’elle ne touche plus la foupape , la foupape s’appliquera fur le chañis » M, comme elle eft dans la figure en cet état; f le vent vient des foufllets , il fe condenfera dans lefpace a G jufqu’à ce que fon reflort foit augmenté au point de vraincre la réfiftance que la foupape 4 B & {on pas dc lui oppofent , & de s'ouvrir le pafage en foule- vant la foupape ; mais le vent aura pas firôt forcé la réfiftance de la foupape, & pañié en fe dilatant dans l'efpace CM, que fon reflort s’afoiblira d'autant plus qu'il fe fera dilaté davantage ; enforte que la foupa- pe qui ne pourra plus être foutenue par ün efort égal à fon poids, retombera & fermera: de nouveau le paflage au vent par l'ouverture du chaffis cplse qui donnera lieu à une nouvelle condenfation de l'air qui vient des foufilets par G vers 4 : cette condenfa- tion fera fuivie de même que la premiere de l’ouver- ture de la foupape , & de Pexplofon ou dilatation fubite de Pair comprimé, contenu dans fa parue G a du porte-vent, dans la partie CM, ce qui fera re- tomber la foupape & recommencer ain alternative- ment le même effet. Il eft éflentiel de remarquer, que lorfque la fou- pape 45 commence à fe lever, le poids C refle im- mobile , ce qui fe fait par la contradion du teHort AC qui ne tranfmet point l’aétion de la foupape au Lngot de plomb C, dès le premier inftant qu’elle com. mence à le mouvoir , comme feroit une Jame in{£x:- ble ; ainfi le lingot de plomb © pat fon inertie, fert de point fixe au reflort C4 qu fe contrade par la preflion de la foupape autant que la réfifiarice du lin- got lé permet, ce réfiort ainfi contra@é £it effort pour fe rétablir ; cer effort fe partace entre le lnoot & la foupape, qui en eft renvoyéeavec plus de vi- tefle & plus de force, ce qui donne le moyen à l’air qui occupe la partie à G de fe condenfer davantage, & d’acquerir plus de reflort que la feule réfftance du poids de la foupape & du lingot de plomb, n’eft capable de lui en faire prendre. + Les dilatations & condenfations alternatives & ré. térées de l'air dans lefpace #4 qui communique à la Tome XVI, TRE 579 lie du fommier, 8 par les foupapés ouvertes aux gravures & aux tuyaux, fe font fentir À ces derniers auxquels le vent vient par ce moyen alternativement plus fort & plus foiblé, ce aui produit un tremble ment fort agreable. Un tremblant eft bien fait lorfqu’il bat quatre fois par feconde d'heure, on Îe fait battre plus vite en augmentant le poids de la foupape & du Engot de plomb. TREMBLANT FORT, 04 À VENT PERDU, (Lath.) repréfenté fig. 35, PL, d'Orgue, eft compoie de deux foupapes a » & À B; la foupape a à qui ne porté qu'un quart de pouce d’épaifleur , eft attachée pat la partié de la peau dont elle eft doublée au haut de la fenêtreec, qui eft uné ouverture quartée faité dans une des faces du porte - vent vertical NO, & en-dedans du porte- vent; À l'ouverture ec , que la foupape a 4 doit fermer exaftement, eft ajuftée une boëte e c d, dont les deux côtés ec d font des trian: glés reétangles en c, & le côté c 4 un parallélo- gramme ; enforte que les arrêtese 7 forment un talus qui décline du plan vertical d'environ 30%, Sur ce talus 6n ajufte la foupape extérieure 4 8 auffi lon- gue que les côtés e d, & l’épaifieur des planches, & auf large que lé porte-vent mefuré extérieurement. Cette foupape qui eff faite avec un morceau de bois de chêne de quatre pouces d'éparffeur, eft amincie dans les trois quarts C 4 de fa longeur 8 4, enforte que du côté 4, elle n’a pas plus de trois quarts de pouce d’épaifleur. Cette foupape, comme l’autre . et doublée de peau collée par le côté glabre, enforte que le duvet qui eft en-dehors puifle {ervir à fermer exattement l’ouverture e d; lorfque la foupape eft appliquée contre la boëte , on attache un morceau de peau für le rebord de la partie de la foupape qui eft plus épaïfle ; cette peau qui fait la poche reçoit les morceaux de plomb dont on charge la foupape pour la faire battre à propos. La foupape intérieure z # eft tenue appliquée contre l’ouverture & c parle moyen du reforr Î Es F GB de laiton élaftique ; extrémité & de ce ref- fort qui eft ployée en Ÿ/, entre dans un trou qui eft à la foupape , 8 eft rivée par Pautre côté: la même branche du reflort traverfe l'anneau d’une piece de fil de fer Jz qui fert de guide au reflort F G B : les deux extrémités de cette pièce de fil de fer qui font appointées, entrent dans la foupape , &c font rivées derriere; l’autre extrémité Fdu reflort entre dansun trou fait à la partie intérieure du porte-vent, direc- tement oppoiée au point de la foupape où Pautre ex- trémité entre : au-deflous de l'extrémité du reffor T GB, eft un anneau de fil de fer qui reçoit l’extré: - mité du reflort en boudin x 4 ; ce réflott eft un fil de fer ou de laiton qu'on a roulé fur une cheville du mês me métal, & dont on a enfuite écarté les circonvo- lutions en le tirant par les deux bouts. L'autre extréz mité de ce reflort eft attachée À unmorceau de laiton rectit qui traverfe la planche du porté vent oppofée à la foupape : on fait une bourfette ou poche en cet endroit, pour empêcher le vent de fortir. Ce mors ceau de laiton eff ammanché dans le bâton quarré PH qui communique, par le moyen d’un rouleau, des mouvemens au bâton quarré du clavier , parle moyen duquel oh gouverne le semblant. | “Selon cette conffruétion, fi le reflort fi, &le reflort hélicoïde ou en boudin » 4 pouflent tous deux la foupape + contre la fenêtte ec: ils ÿ tiendront appliqués, & le vent qui vient, felon la fuite des lettres G MNO, paflera fans fouffrir aucune altération; mais fi le reflort én boudin z 4 ceffe de comprimer la fou pape, Ce Qui arrive quand on retire le bâton quarré HP qui lui fert de point d'appui, & que l’autre reflort foit tellement ployé, qu’il ne comprime pas alors la foupape contre la fenêtre ec, mais laife Le: | DDddi 550 TCRGE un petit pañlage b c à l'air condenfé, dont le porte vent eft rempli; cet air pañlera dans la boëte e dc, où il fe condenfera, jufqu’à ce que fon reflort foit aflez puiffant pour vaincre la réfiftance que la fou- pape 4 B &c les poids € dont elle eft chargée, lui oppofent ; laquelle réfiftance doit toujours être moindre que celle qui feroit équilibre avec le reflort de l'air contenu dans le porte-vent, car fi elle étoit égale ou plus grande, jamais le vent ne pourroit lever la foupape À 2. Lorfaue l'air qui s’eft introduit dans la boëte ou chambre e dc, a acquis un degré de condenfation, dont le reflort eft tant foit peu plus grand que la réfiftance que la foupape 4 B oppofe, il force cet obftacie , & fe raréfie dans la chambre 6 dc au moyen de l’ouverture de la foupape 4 B. Cet air ainf raréfé n’eft plus en état de faire équilibre avec Vair contenu dans lefpace f g a O, qui eft aufhi con- denfé que celui qui eft contenu ;dans le refte du porte-vent, & de foutenir la foupape a b par le côté 1; l’air condenfé qui prefle de l’autre côté, fe dila- tera donc, & repouflera la foupape « # contre Pou- verture ec de laboëtee dc, ce qui donnera le tems à la foupape 4 B qui n’eft plus foutenune (l'air dont la chambre e dc étoit remplie étant raréfié par Pé- miflion qui s’en eft faite d’une partie) de-retomber fur la boëte ed c, & de la fermer de nouveau, auffi-tôt la foupape 4 & s’ouvre déterminée à cela par les reflorts fg 4 & n b, qui dans leur era neutre ou de repos, ne compriment pas la foupape contre louver- ture ec, mais laïflent une petite ouverture à c de 3 ou 4 lignes par où l'air contenu dans le porte- vent s’introduit de nouveau dans la chambre e dc où il fe condenfe pour recommencer le même effet, Ce au’on appelle léras neutre où de repos d'un ref- fort, eft l’état où un reflort, par exemple, courbé en {ou en helice, fe met de lui-même. Si on veut ap- procher les deux extrémités du reflort lune de lau- tre, on éprouve une réfiftance d'autant plus grande qu’on le comprime plus fortement ; fau contraire on veut les écarter , on fent de même croitre la ré- fiflance , à proportion de l'effort que l’on fait pour les féparer; de forte qu'un reflort reffte égale- ment à la compreffion &c à la dilatation qui dans ce cas eft une compreffon particuliere. Les alternatives de denfité & de dilatation de Pair qui échappe par les foupapes du sremblanr , fe ‘ communiquent à l’air condenfé contenu dans la laie & par les gravures dont les foupapes font ou- vertes aux tuyaux que l’on entend alternativement parler fort & parler foiblement, ou même parler & fe taire avec une célérité telle que la foupape A B-bat quatre ou cinq fois par feconde de tems, ce qui convient à certaines pieces de mufique, &c fingulierement à celles qu'on exécute avec les jeux d’anches. Woyez JEUX. | TREMBLE , {.m. (Boran.) arbre qui tient plus du peuplier noir que du peuplier blanc ; il eft nommé populus Bhyca par Ger &c Parkius. Populus tremula par C.B. Tournef. &c. Ses feuilles font arrondies, découpées aux bords, dures , noirâtres, attachées par des queues longues, tremblantes prefque tou- jours, même en tems calme: fes racines defcendent aflez profondément en terre, fes chatons font plus longs &c plus noirs que ceux des autres efpeces de peuphers. Si cet arbre eften effet une efpece du genre des peupliers, c’eft la plus commune, la plus ignoble & la moins utile de toutes; & c’eft le bois dela plus mauvaife efpece qu'il y aït dans les forêts: mais comme le #rémble vient dans toutes fortes de ter- reins, même dans ceux qui font froids, humides & ftériles, où les. autres arbres fe refufent ; on peut l'employer dans.ces cas là. Voyez Je mor PEUPLIER. L' TREMBLE. Voyoz TORPILLE. TREMBLÉ , adj. ( £crir. ) {e dit dans Pécriture d’un caraëtere forti d’une main timide, qui n’a les mouvemens ni libres ni sûrs, & qui ne peut former en effet que des traits maigres, égratignés, sremblés, TREMBLEMENS pe TERRE, (Æiff. nat. Mrnér. & Phyfig.) cerræ motus ; ce font des fecouffes violen- tes par lefquelles des parties confiderables de notre, globe font ébranlées d’une façon plus ou moins fen- fible. De tous les phénomenes de la nature il n’en eft. point dont les ettets foient plus terribles & plus éten- dus que ceux des tremblemens de terre ; c’eit de leur part que la face de notre elobe éprouve les change- mens les plus marqués & les révolutions les plus fu- neftes ; c’eft par eux qu'en une infinité d’endroits il ne préfente aux yeux du phyficien qu'un effrayant amas de ruines & de débris ; la mer foulevée du fond de fon lit immenfe ; des villes renverfées , des mon- tagnes fendues ,tranfportées, écroulées ; des provin- ces entieres engloutres ; des contrées immenies arra= chées du contient; de vaftes pays abîmés fous les. eaux , d’autres découverts &t mis à fec ; des îles for- ties tout-à-coup du fond des mers; des rivieres qui changent de cours, Ec. tels font les fpettacles af- freux que nous préfentent les sremblemens de terre. Des évenemens fi funeftes auxquels la terre a été de tout tems expofée, & dont elle fe reflent dans toutes fes parties, après avoir efirayé les hommes, ont auf excité leur curiofité, & leur ont fait cher- cher quelles pouvoient en être les caufes, On ne tarda point à reconnoître le feu pour l'auteur de ces terri- bles phénomènes ; & comme la terre parut ébranlée jufque dans fon centre même, on fuppofa que notre globe renfermoit dans fon fein un amas immenfe de feu toujours en aétion: c’eft-là ce que quelques phy- ficiens ont défigné {ous le nom de feu central. Ce {en- timent fut regardé comme le plus propre à rendre raifon des effets incroyables des #remblemens de terre. Il n’eft point douteux que le feu wait la plus grande | part à ces phénomenes ; mais il n’eft point néceflaire, pour en trouver la caufe, de recourir à des hypothèfes chimériques , ni de fuppofer un amas de feu dans le centre de la terre, où jamais l’œil humain ne pourra pénétrer. Pour peu qu’on ait obfervé la nature ëc la ftruêture de notre globe , -on s’appercevra que fans defcendre à des profondeurs impénétrables aux hom- mes, on rencontre en plufieurs endroïts des amas de. matieres aflez agiflantes pour produire tous Les efiets que nous avons indiqués. Ces matieres font le feu. l'air & l’eau, c’eft-à-dire les agens les plus puflans de la nature, & dont perfonne ne peut nier Pext- ftence. | | La terre en une infinité d’endroits left remplie de matieres combuftibles ; on fera convaincu de, cette vérité, pour peu que l’on fafle attention aux couches immenfes de charbons de terre, aux amas de bitumes , de tourbes , de foufre , d’alun, de pyrites , Gc. qui fe trouvent enfouis dans l'intérieur de notre globe. Toutes ces matieres font propres à exciter des embrafemens, & à leur fervir d’ali- ment , lorfqu’ils ont été une fois excités. En effet, l'expérience nous apprend que les fubftances bitu- mineufes & alumineufes, telles que font certaines pierres feuilletées qui accompagnent les mines d’alun &c de charbon de terre, après avoir été entaflées 6 expofées pendant quelque tems au foleil & à la pue, prennent feu d’elles-mêmes , & répandent une véri- table flamme. Ces phénomenes font les mêmes que ceux que la chimie nous préfente dans les inflamma- tions des huiles par les acides, & dans les pyro- phores. D’aïlleurs nous favons que les fouterreins des mines, & fur-tout de celles de charbons de ter- re, font fouyent remplis de vapeurs qui prennent RE trés-aifément feu, & qui produffent alors des effets auf violens que ceux du tonnerre. Voyez CHARBON MINÉRAL. Quelques-unesde ces vapeurs pour s’en- flammer d’elles-mêmes, n’ont befoin que d’en ren- contrer d’autres , ou-même de {e mêler ayec l'air pur qu’elles mettent en expanfon, & de cette maniere elles peuvent produire une efpece de tonnerre fou- terrein, Ces vapeurs font produites fur-tout par les pyrites qui fe décompofent ; on fait que ces fubftan- ces minérales fe trouvent abondamment répandues dans toutes les parties de la terre ; les vapeurs qui en partent {ont fulfureufes ou de l'acide vitriolique ; en rencontrant des émanations bitumineufes & grafles, elles peuvent aïfément s’enflammer.-Pour s’afsûrer de cette vérité , on n'aura qu'à faire un mélange d'une partie de charbon de terre, & de deux parties de fa pyrite qui donne du vitriol, on aura une mafle qui mile en un tas s’allumera au bout d’un certain tems, &c fe confumera entierement. On a vu dester- res d'ombre s’allumer d’elles-mêmes après avoir été broyéesavec de l’huile de lin. Joy OmMBRE (£erred'). Plufieurs phyficiens ont voulu expliquer la forma- tion des embrafemens fouterreins , par une expérien- ce fameule qui eft dûe à M. Lemery ; elle confifte à mêler enfemble du foufre & de la limaille de fer ; on humeéte ce mélange , & en l’enterrant il produit en petit au bout d’un certain tems les phénomenes des tremblemens de terre & des volcans. Quelque ingé- meule que foit cette explication, M. Rouelle lui op- pofe une difficulté très-forte. Ce favant chimifte ob- {erve que dans fon expérience M. Lemery a employé du fer véritable & non du fer dépouiilé de fon phio- giftique , ou du fer minéralifé. D’où l’on voit que pour expliquer de cette maniere les embrafemens fouterreins , il faudroit qu’il y eût dans Le {ein de la terre une grande quantité de fer pur ; ce qui et con- traire aux obfervations , puifque le fer {e trouve prefque toujours ou minéraliié , ou fous la forme d'ochre, ceft-à-dire privé de fon phlogittique dans le fein-de la terre, Quant au fer pur ou fer natif qui {e trouve par grandes mafles , comme au Sénégal , on a leu de foupçonner qu’il a été lui-même puriié & fondu par les feux de la terre. 5 De quelque façon que les embrafemens fe produi- fent dans le fein de la terre , ils ont un befoin indif- penfable de l'air; le feu ne peut point s’exciter fans le contaët de l'air : or on ne peut point nier que la terre ne renferme une quantité d’air très-confidéra- ble; ce fluide y pénetre par les fentes dont elle eft traverfée ; il eft contenu dans les grottes & les cavi- tés dont elle eft remplie ; les ouvriers des mines ) en frappant & en percçant les roches avec leurs outils ; l'entendent quelquefois fortir avec un violent fifle- ment, & il éteint fouvent les lampes qui les éétai- rent..On ne peut donc douter que la terre ne con- tienne une quantité d’air aflez grande pour que les matieres fufceptibles de s’enflanÿmer puifient prendre feu ; ce même air qui eft entré pêu-à-peu , eft mis en expanfñon ; les écroulemens de terre qui fe font faits au commencement de l’inflammation qui a du miner ët excaver peu-à-peu les. rochers, empêchent que lair ne trouve d’iflue ; alors aidé de Pattion du feu qu'il a allumé, il fait effort en tout {ens pour s’ou- vrir un pañlage ; & fes eflorts font proportionnés à la quantité des matieres embrafées, au volume de l'air qui a été mis en expanfon, & à la réfifance que lui Oppofent les roches qui l'environnent, Perfonne n’i- gnore les effets prodigieux que l'air peut produire lorfqu'il eft dans cet état ; il n’eft pas befoin d’un grand effort pour concevoir que ces effets doivent s’opérer néceflairement dans l'intérieur de la terre. À l'égard de l’eau , toutes les obfervations prou- vent que la terre en contient une quantité prodigieu- {e ; plus on s’enfonce dans les fouterreins des mines, plus où en rencontre ; & fouvent où eft fs cette rafon, d'abandonner des travaux qui toient les plus grands avantages ; les ouvriers des mines en perçant des rochers, en {ont quelquefois noyés ou accablés, Voyez lareicle Mines. L'eau con- tenue dans les profondeurs de la terre, peut contri: buer de plufieurs manieres aux sremblemens de cerre : 1°, Pachion du feu réduit Peau en vapeurs , & pour peu que l’on ait de connoiffance en Phyfique, on faura que rien n'approche de la forcé irréfiftible dé ces vapeurs mifes en expanfion , lorfqu’elles n’ont Point d'iflue; les expériences faites avec la machine de Papin, celles de léolipyle, &c. nous en four: niflent des preuves convaincantes : on peut doné concevoir que l’eau réduite en Vapeurs par la cha- leur , dans les cavités de la terre , fait effort pour fortir ; comme elle ne trouve aucun pafläge pour s'échapper, elle fouleve les rochers qui l’environ- nent , & par-là elle produit des ébranlemens violens &t qui fe font fentir à des diffances incroyables: 2°, l’eau produira encore des effets prodigieux, lorfqu’el- le viendra à tomber tout d’'un-coup dans les amas de matieres embrafées ; c’eft alors qu'il fe fera des ex- plofions terribles ; pour fe convaincre de cette véri- té, l’on n’a qu’à faire attention à ce qui arrive lor{= won laifle imprudemment tomber une goutte d’eau . fur un métal qui eft entré parfaitement en fufion ; on verra que cela eft capable de faire entiérement fauter les atteliers, & de mettre la vie des ouvriers dans lé plus grand danger, Aïnf les eaux concourent aux tremblemens de terre, augmentent la vivacité du feu fouterrain , & contribuent à le répandre; une expé= rience commune & journalier nu ahere peut encore nous donnerune idée de la maniere dont ces phénomènes peuvent s'opérer : fi dans une cuifine le feu prend à la graifle qu’on fait fondre dans un poélon , & qu’a- lors on y verfe de l’eau pour l’éteindre , le feu fe ré- pand en tout fens, la flamme s’augmente, & l’on court rifque de mettre Le feu à la maifon: 2 3°. leseaux peuvent encore contribuer à animer les feux fouter- reins, en ce.que par leur chute > elles apitent l’air & font la fonétion des foufllets des forges; de cette ma: niere , l’eau peut encore étendre les embrafemens : 4°. enfin l’eau peut encore concourir aux ébranles mens de la terre, par les excavations quelle fait dans fon intérieur, par les coûches au’elle entraîne à près les avoir détrempées , & par les chutes & les éerou: lèmens que par-là elle occañonne. On voit par tout ce qui précede, que les sremble- mens de terre & les volcans, ou montagnes qui jettent du feu , font dus aux mêmes caufes ; en effet les vol cans ne peuvent Être regardés que comme les foupi-= raux ou les cheminées des foyers qui produifent les tremblemens de terre. Voyez l’article VoicAN. Après avoirexpofé les caufesles plus probables des tremblemens de terre | nous allonsmainténant décrire les phénomènes qui les précédent & qui les accom: pagnent le plus ordinairement; car en cela y Commé dans toutes les opérations de la nature , es circonfe tances produifent des variétés infinies. On a fouyenf remarqué que les sremblemens de ierre venoient à la fuite des années fort pluvieufes : on peut conjeturer de-là que les eaux de lapluie, en détreinpant les ter- res , bouchent les fentes & les ouvertures par lef- quelles Pair & le feu qui font fous terre ; peuvent circuler &t trouver des 1flues. Des feux follets , des vapeurs d'une odeur fulphureufe , un air rouge & enflammé , des nuages noirs & épais , un tems lourd &t accablant , font ordinairement les avant-coureurs de ces funeftes cataftrophes ; cependant on les a vu quelquefois précédées d’un calme très-srand , & d'u ne férénité parfaite. Les animaux paroïflent remplis d'une terreur qu’ils expriment par leurs mugiffemens & leurs hurlemens; les oïfeaux voltigent à & là, s8i fcé pouf promet- 482 TRE avec cette inquiétude qu'ils marquent à l'approche des grands orages : on entend fouvent des. bruits femblables À ceux d’un tonnerre fouterrein jou d’une forte décharge d'artillerie; oulon entend des déchi- remens & des fifflemens violens ; en plufeurs en- droits les fources & lesrivieres fufpendent le cours de leurs eaux, au bout de quelques tems ellesre- commencent à couler, mais elles font troubles & mêlées de parties terreufes , de fable , & de matieres étrangeres qui changent leur couleur & leur quali- té. Les sremblemens de terre ont prefque toujours ac- compagnés d’agitations violentes dans les eaux de la mer, elle eft portée avec impétuofité fur fes bords, les vaifleaux s’entrechoquent dans les ports , & ceux qui font en plaine mer ont fouvent éprouvé des mouvemens extraordinaires, caufés par le foule- vement du fond du lit dela mer ; ces effets font dus aux efforts que l’air dilaté par le feu, fait pour s’ou- vrir un paflage & fe mettre en hberté ; les fecoufles que caufent ces sremblemens fe fuccedent, tantôt à de grandes diflances les unes des autres , tantôt elles fe fivent très-promptement ; lé mouvement qu’elles inpriment à la terre ef tantôt une efpece d’ondula- tion {emblable à celle des vagues , tantôt on éprou- ve un balancement femblable à celui d’un vaifleau battu par les flots de la mer; de-là viennent ces nau- fées & ces maux de cœurs que quelques perfonnes éprouvent dans quelques sremblemens de terre, fur-tout lorfque Les fecouffes font lentes &c foibles : ces fecouf- fes fuivent ordinairement une direétion marquée ; de-là vient que quelquefois un sremblement de terre renverfera desédifices & des murailles qui ne feront point bâtis fuivant la direétion qu'il obferve,, &c dé- truira totalement ceux qui fe trouveront dans une direction oppofée ; les fecoufles font plus ou moins fréquentes & fortes , fuivant que les matieres qui les excitent font plus ou moins abondantes, &c fuivant que leurs explofons feront plus ou moins vives: on a vu en Amérique des sremblemens de rerre durer pen- dant plus d’une année entiere , &c faire fentir chaque jourplufeurs fecoufles très-violentes. Enunmotrien de plus terrible 8 deplus varié queles effets que pro: duifent les sremblemens de terre ; tantôt la mer fere- tirera de plufieurs lieues &c laiffera les vaiffeaux à fec, pour revenirenfuite fubmerger les terres avec vio- Tence ; quelquefois des terreins très-confidérables changeront de place , couleront comme de l’eau, &c iront remplir des lacs; d’autres fois des montagnes s’affaifleront , & des lacs viendront prendre leur pla- ce ; fouvent on a vu la terre s’entrouvrir & vomir de fon fein des flammes , du fable calciné , despier- res, des eaux fulphureufes & d’une odeur infnpporta- ble ; ces ouvertures qui fe font faites à la terre , fe referment quelquefois fur le champ, d’autres fois el- les reftent au même état. Un des phénomènes les plus étranges des sreméle: mens deverre, c’eft leur propagation , c’eft-à-dire la mamere dont ils fe communiquent à des: diftances fouvent prodigieufes ,| én une efpace de tems très- court ; la façon la plus naturelle ‘d'expliquer cette propagation, c’eft de dire que les embrafemens fou- terreins fe communiquent par les cavités immenfes dont l'intérieur de la terre eft rempli; ces cavités étant pleines desmêmes matieres reçoivent le feu qui leur eft apporté. de cellesiqui ontiété les premieres alluméess: de cette maniere Pembrafement fe tranf- met quelquefois d’un:.des côtés: du globe à Faute: L'on peut encore fuppoferique laterrerenferme:plu- fieurs foyers. qui s’allument , foit fucceflivement, Loit en mêmetems, &c qui produifent une fuite d’ex- plofions 8 d’ébranlemens dans Îes différentes. par: ties de la terre qu’ilsoccupent : on a remarqué que c’eft communément en fuivant la direétion des gran- des chaines de montagnes, quela propagation des TRE tremblemens de terre fe fait fentir ; ce qui donne liett de préfumer que ces montagnes ont à leur bafe des cavités par lefquelles elles communiquent les unes aux autres. L'on a fouvent confondu avec des sremblemens de terre certains mouvemens extraordinaires quifefont fentir quelquefois dans l'air, & qui fouvent font af- fez forts pour renverfer des maifons , &t faire des ra- vages confidérables , fans qu'on s'apperçüt que la terre füt aucunement ébranlée ; ces phénomènes ont été obfervés fur-tout en Sicile & dans le royaume de Naples ; ils paroïflent dus à un dégagement fubit de l'air renfermé dans le fein de laterre , quieftnus en liberté par les feux fouterreins , &t quiexcite dans lairextérieur une commotion femblable à celle d’un coup de canon , qui cafle fouvent les vitres des mat- fons. T'elles font les circonftances principales qui ac- compagnent les sremblemens de serre ; 1] n’eft gucre de parties fur notre globe qui n’aient éprouvé plus où - moins vivement, & en différens tems, leurs effets faneites ; & les hiftoires font remplies de defcrip- tions effrayantes , & des révolutions tragiques qu'ils ont produits. Pline nous apprend que fous le confu- lat de L. Marcius, 8 de Sextus Julius , un sremble- ment de terre fit que deux montagnes du territoire de Modène fe heurterent vivement l’une lPautre , & écraferent dans leur conflit les édifices & les fermes. qui fe trouverent entre elles ; fheétacle dontun grand nombre de chevaliers romains &c de voyageurs fu- rent témoins. Voici fes propres paroles: fucfrum ej£ Jèmel, dit-il , quod equidem in Hetrufte difciplinæ vo- luminibus inveni , ingens terrarum portentum. L. Mar- cio & Sexto Julio cof]. in agro muninenft montes dio in- ter fe concurrerunt , crepitu maximo affultintes , rece- dentefque , inter eos flamma fumoque in cœlum exeunte interdin , fpetante e vit Enulid magna equitum roma- norum familiariumque 6 viatorum multitudine : eo con- curfu ville omnes Elife , animalia permulia ; quæ in- sra fuerant ,exanimata furt, &tc, Sous l'empirede Tibere, treize ville confidérables de l’Afe furent totalement renverfées, &zun peuple innombrable fut enfeveli fous leurs ruines. La célebre ville d’Antioche éprouva le même fortenlan ris, le conful Pedon y périt, & l’empereur Trajan qui s’y trouvoit alors , nefe fauva qu’à peine du défaftre de cette ville fameufe, En 742 , il y eut un sremblement de terre univerfel en Egypte &c dans tout l'Orient ; en une même nuit près de fix cent villes furent renverfées , &c une quantité prodisieufe d'hommes périt dans cette oc- cafon. Mais aweft-il befoïn de parler des sremblemens de terre anciens ? une expérience récente ne nous prouve que trop que les matieres qui produifent ces événe- mens terribles, ne font point encore épuifées : PEu- rope eft à peine revenue de la frayeur que luïa caufée l'affreufe cataftrophe de la capitale du Portugal: Le premier de Novembre de l’année 1755, la ville de Lisbonne fut prefque totalement renverfée par un tremblement de terre, qui fe fit fentir le même jour juf- qu'aux extrémités de l'Europe. Ce défaftre affreux fut accompagné d’un foulevement prodigieux des eaux de la mer, qui furent portées avec violence fur toutes les côtes occidentales de notre continent. Les eaux du Tage s’éleverent à plufeurs repriles pour inonder les édifices que les fecouflés avoient ren- verfés. Au même inftant auquel cette fcène effroya: ble fe pafloit dans le Portugal, l'Afrique étoit pareil- lement chranlée , les villes de Fez & de Mequinez, au royaume de Maroc, éprouveretit un renyerfe- ment prefque total. Plufieurs vaifleaux, en revenant des Indes occidentales, reffentirent en plaine met des fecoufles violentes &extraordinaires." Les-iles TRE Açores furent en même tems vivement apitées, Au mois de Décembre de la même année , prefaue toute’, l’Europe fut encote.ébranlée de nouveau par dans quelques-unes de fes parties. L'Amérique ne ce même tems.que la ville de Quito fut entierement renverfée. : k | He | Tous les rremblemens de terre ne {e font point fentir avec la même violence ; il y en a qui ne produifent que des fécouffes légeres, & quelquefois infenfbles ; d’autres portent la deftru@tion dans les endroits où ils exercent leur fureur. On a remarqué que quel- ques pays font plus fujets à ces convulfons. de la terre que d’autres ; les pays chauds y paroïffent fur- tout les plus expoés ; ce qui vient, foit de ce que la chaleur du climat eft en état de faire fortir du fein de la terre un plus grand nombre de vapeurs propres à s’enflammer & à faire des explofons, foit de ce que ces pays contiennent un plus grand nombre de matieres -combuftibles , & propres à alimenter & à propager les feux fouterreins. L’Amérique &cfur-tout le Pérou paroïflent être fujets à des agitations très- fréquentes. Suivant le chevalier Hanfloane , On s’at-. tend à efluyer tous les ans un sremblement de terre à la Jamaique. L’Afe &c l'Afrique ne font point exeémptes de ces terribles accidens. En Europe, la Sicile, le royaume de Naples , & prefque toute la Méditerra- née font trés-fréquemment les théatres de ces farals événemens. Nous voyons aufli que les pays du nord, quoique moins fouvent que les pays chauds, ont éprouvé en différens tems des fecoufles de la part des sremblemens de terre ; Angleterre , lIflande,, la Norvege nous en fourniflent des preuves convain- cantes ; M. Gmelin nous apprend en avoir. reflenti dans la Sibérie, on lui a même aflûré qu’une partie de cette contrée fi feptentrionale éprouvoit un srem- blement de terre annuel &t périodique. Les provinces méridionales de la France , qui font bornées par les monts Pyrénées, ont aufli reflenti quelquefois des fecoufles très-violentes: en 1660, tout le pays com- pris entre Bordeaux & Narbonne fut défolé parun _ tremblement de serre ; entrautres ravages , il fit difpa- roître une montagne du Bigore , & mit un lac en fa place ; par cet événement, un grand nombre .de fources d’eau chaudes furent refroidies , & perdirent leurs qualités falutaires. Dans les derniers sremble- mens de lannée 1755, c’eft aufh cette partie de la. France qui a éprouvé le plus fortement des fecoufes qui ne fe font fait fentir que très-foiblement à Paris, & dans les provinces plus feptentrionales. À la vue des effets prodisieux des sremblemens de cerre , On {ent qu’il eft naturel de les regarder comme la principale caufe des changemens continuels quiat- : vent à notre globe. L’hiftoire nous a tranfmis-quel- ques-unesdesrévolutions quelaterre a éprouvées.de la part des feux {ourerreins, mais le plus grand nom- bre &t les plus confidérables d’entre elles font enfe- velies dans la nuit de l'antiquité la plus reculée ; nous ne pouvons donc en parler que par des conjeûtures qui paroïflent pourtant aflez bien fondées. C’eft ainfi qu'il y a tout lieu de préfumer que la grande Breta- gne a été arrachée du continent de l’Europe , la Si- cile a été pareïllement féparée du refte de l'Italie. Seroït-ce un fentiment fi hafardé que de regarder la mer Méditerranée comme un vafte baflin creufé par les feux fouterreins | qui y exercent encore fi fou- vent leurs ravages ? Platon & quelques autres. an- ciens nous ont tranfmis Le nom d’une île immenfe , qu'ils appelloient A4anride , que la tradition de leur tems plaçoit entre l’Afrique & l'Amérique ; cette vaite contrée a entierement difparu : ne peut - on pas conjeëlurer qu’elle a été abimée fous les eaux de l'Océan, à qui elle a donné fon nom ; & que les iles Li un. | zremblement de serre, qui s’eftfait fentir très-vivement | | des lacs, desrivieres, f TRE RE: dû Cap-verd, les Canaries, les Açores hé font que des vefhiges infortunés de. la terrible révolution qui a fait difparoître cette contrée de deflüs la face de la terre f, Peut-être la mer Noire, la mer Cafpiénine, |! la mer Baltique, c. ne {ont-elles dûes qu'à deë ré- fut point exempte de ces triftes ravages, ce fut vers | || volutions pareilles , arrivées dans des tems dont ati cun monument hifiorique he nous a pu conferver. le fouvenir, à . 9 Jr . Dépuis le Pérou jufqu'au Japon ; depuis l'Ilande jufqu’aux Moluques, nous voyons que les entrailles de la terre {ont perpétuellement déchirées pat des embrafemens qui agiflent fans cefle avec plus otx moins de violence ; des caufes fi puüiffantes ne peu- vent manquer de produire des effets qui influent fur la mafle totale de notre globe: ils doivent À Ia lon gue changer {on centre de gravité, mettre À fec quels ques-unes de fes parties pour en ubmerper d’autres, enfin contribuer à faire parcourir à la nature le cer cle de fes révolutions. fl furprenant après cela que le voyageur étonné ne retrouve plus des mers, des villes fimeufes décrites dans les anciens géographes, & dont aujourd’hui 1l ne tefte plus aucune trace Comment Ja fureur des élémens eût-elle refpedté les ouvrages toujours foi- bles de la main des hommes, tandis qu’elle ébranle &t détruit la bafe folide qui leur {ert d'appui? (—) . TREMBLEMENT, ( Médecine.) un mouvement 4[- ternatif, involontaire, lâche, & défordonné dans un de nos organes particuliers, ou dans plufieurs enfem- ble s'appelle tremblement, Cette maladie qui confifte dans une violente agi= tation des membres en diredions contraires , eft due. au manque de ton, 8 aux efforts des parties attaquées pour reprendre ce ton. Les Médecins difinguent deux efpeces de semble mens | Qu'ils nomment #remblement a&tif & sremblement paflif. Le tremblement a@ifeft celui qui arrive dans les violentes paffons , telles que la terreur, la co- lere, la joie fubite, &c. l'on doit rapporter cet état. ‘à des mouvemens demi-convulfifs. Le cremblement pañif eft dû à une caufe particuliere ,, & approche des affetions demi-paralytiques ; mais les semble mens pafifs confidérés comme maladie, doivent être diflingués de ceux qui font produits par des caufes accidentelles, telles qu'eft le sremblement qui fuccede au bain dans une eau très-froide. Caufes. Les caufes internes des sremblerens pafñifs confidérés comme maladie , font la flaccidité des nerfs , {e relâchement du ton des parties, le manque ou le cours déréglé des efprits animaux ; les caufes externes &c accidentelles font en grand nombre, comme l’omiffion des évacuations accoutumées ,les tr0p grandes évacuations, les longues maladies qui ont précédé, l'abus des liqueurs fpiritueufes , les hu- meurs cacochmiques & mélancoliques, les. trop grandes veilles , la débauche du vin & des femmes ; les exhalaifons minérales dans ceux Qui travaillent aux mines, Gc. | Prognofliques. Le tremblement de naïflance ou de vieilleffe eff inguériffable ; en général , plus le rrem- blerent eft confirmé parle tems., & moins aifément peut-on y remédier. Le srerblement qi vient du tra- vail des mines de mercure admet rarement des-re- medes , & fait craindre qu'il ne dégénere en para- lyfie. Le sremblemens qui vient de lui-même:dans-les femmes groffes | annonce d’ordinaire lavottement ou l'accouchement prochain ; celui qui fuccede à l'accouchement & qui eft caufé par la fuppreflion des vuidanges eft très-dangereux , & occafñonne quel- quefois l’épilepfe. Méthode-curative. L'abus des véilles, celui des plai- firs de l'amour, les trop grandes évacuations du fang & des humeurs, & la diete pouflée trop loin , font autant de chofes qui épuifent les efprits & qui pros LE TRE duifent en conféquènce des sremblemens. ; 6n les gué- rira en évitant toutes ces caufes, en employant des alimens fâciles à digérer & propres à réparer Îles forces, en procurant le repos & le fommeil ; enfin eh ufant des remedes fortifians. Le mouvement défordonné des efprits , qui pré- cede d’un long abus des liqueurs fpiritueufes, d’o- piats, & d’ufage d’antimoine, de mercure, de diflo- lutions de plomb , nous prélente autant de fources de rremblemens prefque fans remedes, même en évi- tant les caufes d’où iis naiflent ; mais le sremblements qui procede des boiffons d'eaux chaudes, comme des infufions de thé,de café, G:c. fe guérit en en quit- tant l’ufage , &c en ufant des remedes qui fortifient le ton des vifceres: Le sremblemenr des maïns de- niande en particulier des frictions du bras , des poi- gnets, qu’on lavera fréquemment d’eaû ferrée ; char- gée.de décoétions de feuilles d’armoife, de fäuge, de marjolaine ; les efpritstirés de ces herbes, & au- tres femblables nervinsfont utiles. Les pañlions de Fame qui , par leur violence , ont caufé un grand sremblement dans des perfonnes plé- thoriques, demandent lafaignée, s’il y a dés fignes d'inflammation ; autrement les sremblemens de ceite nature ceflent d'eux-mêmes par le fecours des ra- fraîchiffans, Les sremblemens qw'éprouvent fréquemment les perfonnes mobiles & dont les nerfs font délicats, veu- lent être traités par les nervins anti-fpafmodiques. Lés cléofacchara de l’efprit de lavande ou de fleur d'orange, conviennent aux #remblemens des tempéra- mens pituiteux & phlegmatiques. On employera les friéions 8 onétions d’onguent maïtiatum, ou d'huiles nervines , au dos, aux lom- bes ; & aux cuifles des perfoïnes dont les jambes & les piés fouffrent de légers sremblemens. On rétablira par les remedes accoutumés tout tremblement nè de la fupprefion de quelque humeur habituelles celle de la tranfpiration & de la fueur, par les diaphorétiques ; celle des hémorrhoïdes, par les fanglues ; celle des regles, par la faignée , les em- ménagogues ; la retention d'urine , par là fonde, les bains , les diurétiques, 6e. Les sremblemens qui doivent leur naïffance à des humeurs atrabilaires portées au cerveau, demandent une prompte révulfon, & léur expulfon du corps pär des purgatifs. Les humeurs cacochimiques , fcorbutiques, qui produifent le sremblement ; doivent être évacuées, corrigées ; enfuite on rétablira le ton des vifceres par des corroborans internes êz externes , par les an- tiputrides , par les friétions d’huile de caftor & d’ef- rits de plantes aromatiques. | Il réfuite de ce détail que tout sremblement et cau- fé par le déréglement de Pa@ion des folides ou des fluides qu’il faut rétablir pour en opérer la guérifon ; mais comme le sremblement fébrile eft un épiphéno. mene de la fievre , nous lui devons un'article à part. TREMBLEMENT FÉBRILE, (Médec.) le srémblement de la fevre eft mieux connu qu’on ne peut le définir. il fuppofe une alternative de renfion & derelaxation dans lès mufcles ; il fuppofe aufli des caufes qui fe fuccédant les mnes aux autres , tendent & relâchent les mufcles promptement & involontairement ; la circulation du hauide artériel 87 du fuc nerveux ;'tan- tôt continuée , &t tantôt interrompue, &c par conie- quent le cours de ces deux fluides fufpendu, täntôt au commencement, & tantôt {ur la fin de la aladie; enfin leur longue abfence à la fuite d’une grande dé- perdition. v: - Site tremblement dure long:tems', il forme des obf- taclés à la circulation des hümeurs | & produit les vices qui énfont des fuites. De-là on 5eut tirer fon diagnoftic & fon prognoftic. : 334 Les accès dés flevresintermittentes & rémüittentes, ôc furtout de la fievre quarte, commencent par le treblement qui cefle de lui-même ; ét eft fuccedé par la chaleur ; celui qui fubffte encore après la guéri- fôn de la maladie, doit être regardé commeé Peffer de la débilité du corps. Les cremblemens offrent des prognoftics différens dans les fievres continues , ardentes , aiguës, inflam- matoires ; ainfi, par exemple 1°. les #emblemèns aui päroïfent au commencement de ces foftes de fievres r’annoncent aucun danger , dès qu’ils ne font pas du- rables. 2°, Mais les érérrblemèns qui angmentent avec le mal, préfagent ordinairement le déhre, les con- vulfions, & autres maux de la tête, fi on ny reme- die par la faignée, les purgatifs , l'écoulement du ventre, 3°. Ceux qui viennent dans ün jour critique avec d’autres bons fignes, arinonternt une crife ; au- trement ils défignent une trifte métaftafe &c la mort, fi d’autres fignes facheux les accompagnent. 4°. Dans le déclin du mal & la deftruétion des forces ils font toujours mauvais , Car alors 1ls proviennent de la cor- ruption des humeurs , de quelqu’autre facheufe mé- tamorphofe , de léngorgement fpafmodique du cer- veau, Gc. Lä méthode curative des sremblemens fébriles con- fifte à rétablir l'égalité de la circulation &c de la pref fion du fang artériel êc des efprits, de Pun contreles parois des arteres , & des autres fur les fibres mo- trices : c’eit ce qu’on peut faire au commencement de la maladie par lufage des remedes qui difipentla lenteur, qui rétabliffent les forces; & à la fin par ceux qui peuveñt réparer en peu de terms les liquides qu’on a perdus , & fortifer les fibres & les vifcéres. #7 les beaux commentaires du doéteurVan-Swieten. (2. J.) TREMBLEMENT , ex Mufique, eft le nom qu'on a donné quelquefois à cet agrément du chant que les Italiens appellent #1/lo , & que nous ne connoïflons aujourd’hui que fous le nom de cadence. Il y en a de plufieurs fortes diftinguées fous divers noms par les maîtres de goût du chant. Voyez CADENCE, GOÛT DU CHANT. (S) TREMBOWLA , ( Géog. mod.) les géographes françois qui devroient confulter les naturels du ays , écrivent Tremblowa. C’eft une forterefle cé- lebre dans l’hiftoire de Pologne à Pentrée de la Podo- lie. Cette fortereffe eft fufpendue {ur un rocher, dont l'accès n’eft pratiquable que par un endroit, qui con- duit à une petite plaine ornée de bois épais. Ce côté acceflible eft défendu par deux ravelins avec de bons foffés & un chemin couvért. La riviere d’Ianow , profonde & bourbeufe , fait prefque le tour du ro- cher. ; En 167$ , Kara-Muftapha, neveu de Cuprogli, nommé grand-vifir par Mahomet IV. employa la fou- plefle & la force pour s’en emparer; mais le comman- dant rendit {es efforts inutiles. C’étoit Samuel Chra- foñowski, juifrenésäat qui avoit quitté la loi de Moïfe pour celle de Jéfus : plus zélé contre les circoncis que s’il ne Peüt pas été lui-même. La nobleffe réfu- giée dans cètre place, voyant une breche ouverte qui s'élargifloit d’heure en heure , perdit courage. La place avoit déja foutenu quatre aflauts. Chrafonows- ki lui-même trembloit pour le cinquieme. Sa fem- me prit cette jufte inquietude pour une foiblefle de mauvais augure. Cette héroine juive , armée de deux poignards ; court à fon mari, &c lui dit en les lui fai- fant voir : en voilà un que je te deftine fi tu te rends, & l’autre eft pour mor. Dans ce moment de détrefle, l'atmée polonoïfe conduite par Sobieski, arrive. Les deux armées fe joignent ; le combat fut long, & les Turcs montrerent qu'avec un chef digne d’eux ils au- roïent pu prétendre à là vitoire, Ils perdirent fept à huit mille hommes , & fe retirerent fous fe canon de Käminick, Trembowia TRE Trembowla délivrée. rendit graces à la ferineté de 3 Chrafonowski, I fut élevé aux honneurs militaire: LA UE ZeS ; Ge. TRÉMEAU, (im, rerme de Fortificarions €eft la partie du parapet terminé paï les deux autres parties dont la largeur eft de neuf piés en-dedans, & de fix piés en-dehors. On l'appelle autrement merlon, Ri- cheler. (D: JT. | TREMECEN , (Géog. mod.) province d'Afrique, dans la Barbarie, au royaume d'Alger; elle eft bor: née au nord par la Méditerranée. au midi par les dé- ferts , au levant par la province particulière d'Afri. que, & au couchant par le royaume de Fez, Marmol donge à cette province 1 50 lieues de long, & 10 dé large, lle occupe la place de la Mauritanie Céfarienfe, Prefque toutes les terres qu’elle renferme font aric des, excepté celles du côté du nord, qui produi- lent du blé & des pâturages. Sa capitale à pris fon nom, : La province de Tremecen depuis la décadence dé Permpireromain, a été poflédée par divers peuples, par les Abdulaates, par les califes d’Arabie, par les Almoravides , par les Zénetes, & par les chérifs d'Hefcein. Barberouffe s’en empara, & fut enfnité mañlacré par les troupes de Charles-Quint. Enfin les Algériens en font devenus les maîtres. Les Arabes des déferts habitent un grande partie de cette provin- ce. Les Zénetes, les Hoares, les Cinhagiens, & les Aznages demeurent fur les montagnes. (2, J. TREMECEN 07 TELEMICEN , ( Géopr. mod, ) ville d'Afrique , dans la Barbarie, capitale de la province de même nom, à 7 lieues de la Méditerranée ; dans ‘| 2 une pleine , qui confine avec le mont Atlas: Cette ville eft habitée par des maures, de pauvres arabes , Èt desjuifs, Longir. 16. 30, las. 34,25. (D. J.) TREMELLA 1 f. (AE. nat, Bos:) genre de plante que les Anglois appellent Zaver, & qui paroît tenir une nature mitoyenne entre l’algue & la conferve. Il ne produit m fleurs, ni graines qu’on ait pu décou- vrir Jufqu’à ce jour; mais c’eft un genre de plante d’une texture uniforme, tendre, pellucide, membra- neule, & fouvent gélatineufe, Dillenius, if. rruft. compte dix-fept etpeces de ce genre de plante , qui pour la plüpart vivent dans l’eau, & font compoiées de feuilles bles, ordinairement larges, applaties, & quelquefois tubulaires. Le noftoch,en anglois she relly rain-laver , ef une des dix-fept efpeces. 7. oyez Nos- ToCH. ( D..J.) TREMER, v. at. (Gram.) faire de la toile en paf- fant la treme avec la navette entre les fils de la chaîne. TREMETT, ÎLES DE, ( Géog. mod.) ou les îles dur royaume de Naples, dansle golfe de Venife, à quel- que diftance de la côte de la Capitanate, Les trois principales de ces iles font Caprara, San: Nicolo & San-Domino. Les anciens nommoïent ces îles D'omedeæ 1nfule, M. de Lifle les place vers les 42. 30, de Latir, & par les 34° de Zongir. (D. J.) TREMEUR , fm. ouvrier dont l'occupation ef de difpofer les fils des trêmes pour être employés à la fabrique, des toiles , &c. TREMIE, f f uflencile de marchand de blé & d’a- voine ; Vaifleau pyram:dal qui a un lone carré, dont le deflous eft de cuir , &cle deffus d’un treillis de 4] de leton ; enforte que les srainsfe criblent en quel- Zorne AP. ia | D LIANT TT TRE 585 que forte , à meluté qu'ils tômbeht dans un envier qui eff au bas. La srémie fert auf pour l'étaloinage des mines & minots, qui fervent àmefurer les grains 6e les légumes fecs. (19. 7.) | TRÉMIE, terme de Layetier } pétite achiné coms poiée d’un fond avéc des rébords, & d’un corps er dos d'âne, au haut duquel il y à un couvérclé, qu’on ouvre GC qu’on ferme par où on met du grain pouf les piseons, 8c d’où il tombe peu-à-peu dans lé fond de la rrémie, à mefure qu'ils le mangent. | TRÈMIE ,rerme de Meunier ; Ceftune forte dé grañs de cage de bois quarrée, fort leïge par le haut, & fort étroite pat le bas, faite én forme de pyramidé renverfée, qui fert au moulin pour faire couler pêus à-peu par un auget le blé fur les meules, afin d’en faire de la farine. Cette srémie eft portée pär deux pieces de bois, qu’on appelle srémions, qui s’éntre- tiennént par des chevalets. Elle fert aufti dans les greniers à el, pour faire couler Le {el dans les miefus res, (D. J.) | | TRÉMIE, bandes dé, terme de Macoñnenie ; cé {ont des bandes de fer qui fervent à foutenir les trés & les languettés de cheminées. D TRÉMION , f. m. (Archi) barré de fer qui ferf à foutenir la hotte ou la trémie d'une cheminée, (D.J.) An ES | TRE MITHUS , ( Géog. añc.) village de l'ile de Chypre, felon Etienne le géographe, Ptolomée , La Ÿ. c. xiv. en fait une ville qu'il place danis les terres. Elle dévint épifcopale. Cette ville eft nommée Tr22 ithopolis , fur une médaille qui fe trouve dans lé recueil de Golizius: Lufignan dit que c’eft aujourd’huf un villègé appellé Tremithunge, ( D: J. TREMON, (Géog. anc.) Euftathe, 47 Diohyfium, dit qu’on nommoit ainfi un lieu voifin de l'ile dé Dé los, & que l'origine de‘ce nom venoit des fréquens iemblemens de terre, auxquels cette île é# fujerte. Lycophron fair aufi mention de ce lieu ; & Ifacius qui remarque que c’étoit l'endroit où Ajax avoit té enterré, äjoute qu'il étoit fitué prés de Thénos & de Mycone. (D.J.) | TREMOUILLE , LA , ( Géog. mod. ) petite ville; Ou plutôt bourg de France ; dans le Poitou , au dio= cèfe & à 12 lieues de Poitiets, fur la riviere de Be= naïfe , avec titre de duché: TREMORIZE , voyez TORPILLE, TREMP ; (Géog. mod.) petite ville, où pout mieux dire bourg d'Efpagne, dans la Catalogné, fur le Noguera-Pallareza , efpece de tortent : ce bourg eft en partie habité par de la nobleffe du pays. (D. JT.) TREMPE , { f certe d’Artifcier, €eft uné com: poñtion de poix fondue, de colophone & d'huile dé lin, où l’on mêle de la poudre écrafée , jufqu’à cé qu’elle prénñe tine confiftarice. On y trempe les bal- les à feu, jufqu’à ce qw’elles aient acquis leur vrai calibre: , TREMPE, (Cirier.) premier jet de cire que l’ork donne aux meches des bougies de table , avant d’eix mettre la tête dans les forêts, (D. J.) - TREMPE DE L'ACIER, (Chimie, Mérallirgie € Arts.) faire de l'acier, C’eft charger le fer d'autant de phlogiftique ; ou de parties inflämmables qu'il erk peut contenir. Pour produire cet effet, on joint au fer que l’on veut convertir en acier, toutes fortes de matieres grafles, qui coñtiennent une grandé quantité du principe inflammable qu’elles commu mquent au fer; & pat-là elles lui donnent une dus reté beaucoup plus grande qu'il navoit atiparavants C'eft fur ce principe que l’on emploie des fubftarices du regne animal, telles que des os, de la corne, des pattes d’oifeaux , du cuir, des poils, &c. On fe fert auf de charbons de bois, & lon donne la préférens cé à céux du boïs de hêtre; on emploie auffi de Ja cendre ; de la fuie , &c, En un mot, toutes les fuba EEee 586 TRE ftances qui peuvent fournir au fer de la matiere iñi- flammable, {ont propres à convertir ce métal en acier. On a vu dans l’article AciER, plufieurs manieres de convertir le fer en acier; on ne répétera point ici ce qui a été dit dans cet article; mais on croit nécef- faire d'ajouter ici des obfervations utiles & raïfon- nées fur ce travail. Elles font tirées pour laplupaït, d’un mémoire très-curieux de M, de Jufli, que ce favant chimifte a inféré dans le premier volume de fes œuvres publiées en allemand , en 1760. . Pour faire de bon acier, 1l eft d’abord important d’avoir un fer de la meilleure quahté, c’eft-à-dire qui foit duéuile & malléable ; c’eft celui de Styrie qui pañe pour le meilleur de l'Europe. La bonne quali- té du fer vient de la naturé des mines d’où onletire, lorfque ces mines font ou fulfureufes , où arfémica- les; on aura bien de la peine à en tirer.un fer pro- pre à faire de bon acier, il fera toujours plus ou moins aigre & caflant. Voyez l'articléFER, . 1°. Lorfaue l’on veut convertir le fe? en äcier il faut, comme on a dit, le combiner avec des matie- res qui li fournifent du phlogiitique, & qui par-là le rendent plus dur & plus compaëte, a preuve de cette vérité, c’eit que les barres de fer lorfqu’elles ont été converties en acier , font beaucoup plus pe- fantes qu’elles n’étoient dans l’état de fer. D'ailleurs le feu, qui détruit le fer très-promptement, agit beau- coup moins fur l'acier. . 2°, Lorfque le fer a été chargé de phloniftique, c'eft-à-dire a été converti en acier, 1l perd fes par- ties inflammables dont il avoit été pénétré & on le fait rousir, fon le fait entrer en fufñon, ou fi on le laifle refroidir peu-à-peu. C’eft fur ce principe qu’eft fondée l'opération qu'on appelle srempe de d'acier, qui confifte à plonger l'acier au fortir du fer, dans de l’eau froide ; ou dans une liqueur compofée de la maniere que nous décrirons dans la fuite de cet arti- cle. En plongeant ainfi les bartes d’acier, le froid les faifit fubitement à l'extérieur, & empêche les parties du phlogiftique qui s’y étoient infinuées d’en fortir & de fe diffiper. On voit par-là qu'il faut ici difinguer deux opéra- tions; l’une par laquelle on fait entrer des parties inflammables dans le fer, ce qui produit l’acier ; l’'au- tre par laquelle on fait que les parties qui fe font in- troduites dans l’acier font forcées d’y refter, c’eft ce aw’on appelle /a srempe. Ceci fuffit pour faire fentir l'erreur de quelques ouvriers qui croient faire de l’a- cier en trempant fimplement du fer dans l’eau après Pavoir rousi; il eft vrai que par-R ils durciffent la furface du fer, mais cette srempe feule ne peut point en faire de lacier. y Il y a deux manieres de faire Pacier. La premiere, eft un travail en grand, dans lequel on fait fondre du fer avec toutes fortes de matieres inflammables ; on coule enfuite ce fer; on le forge à plufieurs reprifes, &ton en fait l’extinétion dans l’eau pour le tremper. La feconde maniere, eft celle de la cémentation. Cette derniere eft beaucoup meilleure que la pre- Mmiere, parce qu'on peut empêcher plus sûrement ue le fer converti en acier, ne perde les parties in- PR dont on l’a rempli. Voici comment elle fe pratique. On prend de la corne, des os, des pattes d’oifeaux, ou telle autre partie des animaux, on les fait calciner à feu doux dans un vaifleau fermé, | pour les réduire en une efpece de charbon , on pul- vérife ces matieres ainfi brülées, & l’on en prend deux parties ; on les mêle avec une partie de char- bon en poudre, & une demi-partie de fuie, on 1in- corpore bien exattement ce mélange, que l’on con- ferve pour l’ufage que l’on va dire. On aura des tuyaux de tôle , en forme de cylin- dres, qui feront de cinq ou fix pouces de diametre, » &c qui auront environ trois pouces de lonsueur de plas que les barres de fer que l’on voudra y mettre, ces tuyaux feront fermés par un fond qui fera pa- reillement de tôle par un côté, & de Pautre on les fermera avec un couvercle fémblable à celui d’une boite. On mettra dans le fond de cette boîte du mé- lange qui vient d’être décrit, de lépaifleur d’un pou- |, ce & demi , que l’on preflera avec un bâton. Enfuite on y placera, fuivant la longueur de la boîte, trois ou quatre barres de fer bien doux. Il ne faut point que ces barres foient trop épaifles., fans quoi la ma- tiere inflammable ne poutroit les pénétrer jufque dans leur intérieur. Il eft ä-propos qu'il y ait au- moins un pouce d'intervalle entre chacune des bar- res entre elles, & entre les parois intérieurs de la boîte. Pour cet effet, on n’aura qu'à y faire entrer une efpece de grille de fil de fer, qui aura'trois ou quatre divifions dans lefquelles on fourrera les bar: res, qui par-là feront tenues écartées les unes des autres .êc des parois de la boîte. On remplira les in- tervalles vuides.que les barres laïfleront entre.elles avec le mélange en poudre que l’on preflera douce ment, êc on recouvrifa le tout d’environ-un pouce &t derni du mélange, afis d’en remplir la boîte juf- qu'au bord en le preffant, après quoi on fermera la € boite avec fon couvercle; Pour que l’aétion du feu n’endommage point la boite, on la convrira exté- rieurement d’un enduit de terre grafle, humedée avec di fang de bœuf, ce qui la fera tenimplus forte- ment ; on laiflera cet enduit fe {écher à l’air. Quand on aura ainfi préparé une ou plufieurs bot- tes, on les arrangera dans un fourneau de reverbere; on les laïflera expofées pendant huit à neuf heures à un feu de charbons qui ne doit que les faire rougir obfcurément : il eft important d'entretenir toujours un feu égal. Les ouvriers en prenant leurs mefures , pourront aufli faire ce travail dans leurs forges en formant une enceinte de pierres qui réfiftent au feu, ou de briques autoür des boîtes. Ÿ Aù bout de ce tems', on retirera les barres encôre rouges des boîtes, & on les éteindra dans dé l’eau froide : plus elles feront rouges, plus la srempe les durcira. Pour cet effet, il fera bon de rendre le feu très-violent vers la fin de la cémentation. En fuivant ce procédé, on aura de l’acier incomparablement meilleur que celui qui a été fait en grand. Mais avant que d’en faire des ouvrages, il fera à- propos de faire pañler cetacier par une nouvelle opé- ration. Elle confifte à fouder enfemble quelques-unes de ces barres d'acier, en Les faïfant bien rousir , à les forger pendant long-tems pour ne faire qu’une même male. Ce travail eft recommandé par M. Lauræus , dans les Mémoires de l'académie des Sciences de Sroc- kholm , où il dit qu'il eft dans Pufage de prendre qua- tre barres d’acier de même longueur , de lesfouder en- femble par l’aétion du feu , fans y joindte du fer pour cela ; de les faire forger pour n’en faire qu’une feule barre d’un pouce d’épaïfleur , après quoi il les fait rougir parfaitement ; 1l les prend avec des tenailles par les deux bouts, afin de les tordre autant qu’il eft poffble , après quoi on les frappe de nouveau à coups de marteaux, afin de les rendre auffi minces qu’elles étoient d’abord ; alors on les plie de nou- veau en quatre. On les foude encore de nouveau, on les forge & on les tord de la même maniere; on réitere la même chofe une troifieme fois, alors Po- pération eft finie, &c l’on a de Pacier qui peut fervir à faire toutes fortes d’inftrumens tranchans &c au- tres. M. Lauræus dit qu’il faut tordre ces barres , parce que les fils ou les veines de l'acier ne font point toutes dans la même direétion, ce qui eft caufe.que lorfqu’on vient à le sremper, les lames {e tordent &c fe contournent de maniere qu'il eft très-difficile, ou même impofhble de les redrefler ; au-lieu qu’en tor- TRE dant Les bases d'acier leurs fils ou leurs veines sen: trelacent, ce qui fait que les barres ne fe contour: nent point à la srempe, ou du-moins peuvent être re: dreflées, 7 oyez les Mémoires de l'académie Royale de Siockholm, année 1752. M. de Jufti approuve beau- coup cette méthode, & il conjetture que ce peut être de cette maniere que l’on travaille l'acier de Da: mas, en joignant enfemble deux aciers de qualité différente, ou du fer & de l'acier. C’étoit auffi le fentiment de l’illuftre M. Stahl, vu qu’en joignant en- femble de bon fer avec de l'acier, & en forgeant avec foin la mafle qui réfuite, on obtient un mélan- ge de veines de différentes couleurs, femblables à celles dé l’acier de Damas , Qui Et fi renommé pour {a bonté. | | Il n’eft point douteux qu’en travaillant ainfi l’a- cier, & en le faifant pafler à plufeurs reprifes par le feu , il ne perde une portion du phlogiftique dont il s’étoit chargé dans la cémentation; il en perd en: core bien davantage lorfaw’on en fait différens ou tils, comme des lames, des cifeaux, &c. & fur-tout quand on fait des ouvrages minces & délicats ; par- ce qu'alors on eft obligé de faire pafler les pieces un grand nombre de fois par le feu. Pour prévenir cet inconvénient, 1l fera bon lorfqu’on fera rougir ces pieces, de les couvrir d’un enduit fait avec du char- bon en poudre & du fañg de bœuf; cet enduit ren= dra du phlogiftique à l'acier, & empêchera celui qu'il contient de {e diffiper. | . Lorfque Pacier a été ainf préparé, & que l’on en a fait divers outils, il faut finir par le sremper. Toute eau n’eft pas bonne pour cet ufage , les eaux fulfu- teufes &c vitrioliques pourroient nuire à la bonté de l'acier’, luivant M.de Jufti, qui confeille de faire la trempe dans de l’eau dans laquelle.on aura fait diffou- dre une livre de foude ou de potafle fur un feau d’eau. Cette feconde srempe ne doit point être con- fondue avec la premiere dont on a parlé, qui confi- _ fte à jetter dans de l’eau froide les barres toutes rou- ges , au fortir de la boîte dans laquelle elles ont été mifes en cémentation. La srempe dont il s’agit ici, fe fait dans des liqueurs compofées , dans lefquelles on plonge les pieces d'acier après qw’elles ont été tra- vaillées : chaque ouvrier a communément pour cela une liqueur particuliere, dont quelquefois il fait myftere à tout le monde. On a trouvé que lurine étoit très-propre à fervir à cette feconde srempe ; on la coupe ordinairement avec de l’eau , dont on met une partie contre deux parties d'urine; & quelque- fois on met fur trois pintes d’urine une demi-once de tre, & autant de fel marin décrépité, Les pieces trempées dans cette liqueur deviennent d’une dure- té prodigieufe. Quelques-uns y ajoutent encore une demi-once de fel ammoniac. | Mais fuivant M. de Jufi, voici la meilleure ma- miere de tremper l'acier; on prendra une partie de corne, de cuir ou de pattes d'oifeaux , brûlés dans un vaifleau fermé, de la maniere qui a été indiquée ci-deflus pour la cémentation,, on ÿ Joindra une de- Mi-partie de fuie, & une demi-partie de {el marin décrépité; on triturera ce mélange afin de le réduire en une poudre fine, puis on l’humeétera avec du fang de bœuf, au point de lui donner la confiftance d’une bouillie liquide. On commencera par chauffer les pieces que l’on voudra sremper ; on les couvrira de ce mélange liquide, que l’on fera fécher fur un Téchaux, après quoi on mettra les pieces d’acier ainfi préparées dans la forge, de maniere qu’elles oïent toutes entourées de charbons, où on ne les laiffera devenir que d’un rouge foncé; après que les pieces auront aïnf rougi pendant une demi-heure , on fera aller le foufilet afin d'augmenter la force du feu; & quand les pieces auront bien rougi on les grempera dans la liqueur fufdite. On aflure que çette Tome XVI, el TRE ÿ87 Maruere dé #rémper eft propre à füre des limes ex= cellentes. | | [- M. Lauræus dit que l’on peut avec fuccès tremper les outils d'acier délicats dans du jus d'ail: voici la maniere dont cela fe fait. On coupe de l'ail en petits morceaux; on verfe de l’eau-de-vie par-deffus ; on les laifle en digeftion pendant vingt-quatre heures dans un lieu chaud ; au bout de ce rems on preïle le tout au-travers d’un lingé, & on conferve cette li= queur dans une bouteille bien bouchée , afin de s’en fervir au befoin pour sremper les outils les plus déh= cats. LE (7 Si l’on veut qué les ouvrages d'acier confervent de la flexibilité, & fe plient fans fecaffer, ilfera bon de les srémper encore outre cela dans de l'huile OU: dans de la graïfe, Cette méthode fe pratique encore avec fuccès pour les aiguilles, . Quelques gens font dans l’ufage de trernper les ref- forts de montres & de pendules, & d’autres ouvra: ges d'acier, dans du plomb fondu; mais M, de Jufti remarque avec raifon, que füivant les principes de la chimie , il eft difficile de deviner le fruit que lon peut retirer de cette méthode. (=) TREMPE, (esre en) en terme de Rafineur ; Cell l’afion de laïfler tremper les formes qui ont déja fervi pendant douze heures au-moins dans le baë à formes , avant de les laver & de les émplir de nou: veau. Voyez FORMES € EMPLIR, TREMPÉ, TREMPURE, ( Jardinage. ) fe dit des terres trop imbibées d’eau , ou qui auroient be: foin de pluies abondantes. | TREMPÉES, {. f pl. ( Pécherie.) ce font deux cordes de crin qui font attachées aux deux bouts de | la feine, & qui fervent aux pêcheurs à la tirer à terre, après qu'ils Pont jettée à l’eau. (D. J.) TREMPER, v: at. ( Grem. ) c’eit plonger dans un fluide un corps pour qu'il s’en mouille ou s’en imbibe ; on srempe la foupe; on srempe le linge ; aw figuré , On a srempé dans cette malice; onrrempe fes mains dans le fang ; sremper a d’autres acceptions, Voyez l'article TREMPE. | - TREMPER lesaiguilles ;terme d’Aiguillier; c’eft une préparation qu’on donne aux aiguilles pour leur faire acquérir la dureté néceffaire. Pour cet effet on les fait rougir au feu fur un fer plar & recourbé par un bout ; & aprés les avoirretirées, on les jette dans un baflin d’eau froide. Il faut obferver de ne les point trop faire chauffer ; ce qui les brüleroit. D'ailleurs à fi on les chauffe trop peu, elles ne font pas aflez fer=. mes. Après qu’elles font revenues ou recuites, le degré mitoyen de chaleur ne peut s'acquérir que par la pratique. Les fo, PJ, de ? Aiguillier, repréfentent un de ces ouvriers qui jette dans un feau plein d’eau froide les aiguilles qu'il a fait rougir fur une plaque de fer, quil tient avec des pinces pour ne pas fe brüler. | TREMPER Ze papier, fonétion dans Imprimerie , de louvrier de laprefle : on pañle légerement dans l’eau, une main entière de papier, dont l’on poele tiers, ou la moitié au fortir de l’eau , & dans toute fon éten= due ; fur un ais ; on reprend de cette même main de papier , les deux tiers reftans ou l’autre moitié, que Von pañle de même dans l’eau , & que l’on remet fur la premiére moitié; on continue ainfi à pañler tout le papier main à main, & deux outrois fois chaque main , fuivant que l’on jüge convenable , eu égard à la qualité du papier & au caractere de la forme: après quoi pour l'mbiber également & lui faire prendre fon eau, on le couvre d’un fecond ais, que l’on charge d’une pierre très-pefante ; on le laifle dans cet état, un jour ou deux, ayant foin néanmoins de le remanier une fois ou deux avant que de l’eme ployer. Voyez REMANIER Ze papier , AIS. TREMPER A LA COLLE, ( Relieur.) c’eft mettre EEeeï 588 TRE de la colle fur le dos des livres quand ils font endof- fés &c prêts à couvrir ; on srempe les paquets, puis quand ils font fecs on colle les parchemins , & quand cette facon eft feche on srempe de nouveau à la colle. Voyez COUVRIR. Trernper Les couvertures à la colle, c'eft mettre de la colle fur le dedans des couvertures des livres après qu’elles ont été parées. Quand on y a mis de la colle on les plie en deux, &on laiffe ainfi imbiber la colle dans la couverture un peu de tems. Fayez PARER, COUVERTURES , COUVRIR. TREMPLIN , f. m. terme de Danfeur de corde, ef- pece d’ais fort large, qui aun pié à un bout, &c qui n’en a point à l’autre; on s’en fert à faire des fauts érilleux ; il vient de l'italien srempellino, tréteau. TREMPOIRE , f. f. rerme de Teinturier, C’eft la premiere des trois cuves qui fervent dans la prépa- ration de lindigo: Elle s'appelle srempoire, parce qu’on y met tremper la plante pour s’y macérer , & fermenter, (D. J. TREMUÉ, {. f. ( Marine. ) petit couvert ou dé- fenfe de planches élevées, pratiqué aux écoutilles des buches & des flibots qui vont à la pêche du ha- reng, pour empêcher que l’eau, que les coups de mer envoient, n'entre dans le bâtiment par Les écou- tilles. TREMUE » ( Marine. ) c’eft un pañlage fait avec des planches dans quelques vaifleaux, depuis les écu- biers, jufqu’au plus haut pont, & qui fert à faire pañler les cables, qui font ralingués aux ancres. TRENIERE ROSE, ( Bosan, } la rofe créniere ef autrement nommée /a rofe d'outre-mer ; c’eft une ef- ” pece de mauve fortufitée en Médecine; elle eft ap- pellée par les Botaniftes, malva hortenfis , malva ar- borea , malva rofta , folio fubrotundo. Sa racine eft longue, blanche, contenant un mu- cilage de même faveur quela mauve fauvage. Sa tige s'éleve à la hauteur d’un arbrifleau ; elle eft épaiffe , folide, velue, garnie de quelques branches ; fes feuil- les naïffent alternativement, portées fur des queues médiocrement longues ; celles qui fortent des pre- mieres, font arrondies , & les autres anguleufes , ayant cinq ou fix découpures. Elles font crénelées à leurs bords, d’un verd foncé en-deflus , blanchâtres en-deflous, velues des deux côtés; cependant leur duvet eft fi court en-deflus, qu’on a bien de la peine à l’appercevoir. Ses fleurs fortent des aïflelles des feuilles, tantôt feules à feules, tantôt deux à deux, ou trois à trois, portées fur des pédicules courts. Elles deviennent fuccefivement plus nombreufes, font de la grofieur d’une rofe ordinaire , mais fans odeur, d’une feule piece en cloche, évatées, & prefque divifées en cinq parties jufqu’au fond , de couleur rouge purpu- rine , blanche ou jaune. Ces fleurs font tantôt fimples, ayant leur centre occupé par un cône garni de fommets jaunâtres &c purpurins ; tantôt elles font doubles, portées fur un double calice, couvert d’un duvet blanchâtre; elles laïffent après elles un fruit applati comme une pa- fille, femblable à celui de la mauve , mais plus grand : on cultive avec raïfon cette plante dans les jardins. (D. J.) - TRENIERE ROSE, ( Agriculture. ) les fleurs de cette plante font ordinairement doubles, ne pou- vant fans doute être fécondées facilement par une autre farine que la leur. Elles ne pechent n1 par dé- faut de beauté, ni par défaut de taille ; leurs tiges à fleurs, ontrarement moins de fix piés, & font char- gées communément de leurs fleurs, femblables à des rofes, à plus de moitié de cette hauteur. Leur graine fe feme au mois de Mars dans une terre naturelle, 8c quoiqu’elle n’y refte pas bien long-tems fans lever, néanmoins les plantes ne fleuriffent que l’année fui- vante, On doit les tranfplanter dans le mois de Sep- tembre ou de Mars, & elles fleuriront en Juillet, où Août. Elles fe plaifent dans une bonne terre, & if faut les arrofer fréquemment en été, pour les rendre plus fortes. Elles fe confervent plufieurs années, & peuvent , tant à caufe de leur durée, que pour leur orandeur, être placées parmi les arbrifleaux à fleurs dans les bofquets, ou rangées en hpne dans les ave- nues d'arbres, où les beftiaux ne puiflent pasles ve- nirdétruire ; quelquefois il convient de les mettre dans les cantons Les plus écartés & les plus couverts des grands jardins, où leurs fleurs rouges, blanches, pourpres, noires, font un très- beau coup d'œil. Elles meurent tous les hivers, jufau’à ras-de-terre , &c repouflentle printems fuivant. Il y en a quelques: unes qui fe multiplient en divifant leurs racines au mois de Mars ou de Septembre, (D. J.) TRENT , LA, ou LA TRENTE, { Géog. mod.) riviere d'Angleterre ; elle a fa fource en Stafford- shire, pañle parles provinces dé Derby, Nottingham, & Lincoln, où elle fe décharge dans l’'Humber, Elle arrofe en pañlant Nottingham, Newark, & Ganes- borougsh; c’eft cette riviere qui divifé PAngleterre en deuxparties, lune feptentrionale , &r l’autre mé- ridionale, (D. J.) TRENT AIN , £. m.( Æif. eccléf. ) terme ufité dans l’éplife romaine pour fignifier trente mefles de re- quiem , qu'on fait célébrer pour le repos de lame d’une perfonne défunte. Ainfi Pon dit que tel prêtre où telle facriftie eft chargé d’acquitter un srezrain pour N. M. Chambers obferve que ce térme étoit encore en ufage en Angleterre au commencement du regne d'Edouard VI. & cite un teftament fait la premiere année du regne de ce prince, qui porte : Je veux & ordonne que mes exécuteurs teffamentaires fuffent celé- brer un trentain pour le falut de mon ame. TRENTAINS , £. m. pl. ( Draperie,) on nomme ainfi les draps de laine dont la chaîne eft compolée de trente fois cent fils, qui font en tout trois mille fils. (D. J.) TRENTANEL, ( Mar. méd.) voyez GAROU. TRENTE , adj. numér, ( Arithmétique. ) nombre qui renferme endoi trois fois dix, ou dix fois trois; en chiffre arabe 1l s'exprime en pofant un 3 devant uñ zéto , comine il {e voit par ces figures 50; en chiffre romain il fe marque de cette maniere XXX ; & en chiffre françois de finance, ou dé compte, de la fortexxx. Savary. (D. J.) TRENTE-ET-UN, ( Jeu.) la belle eff le flux ; ce jeu eft fort divertiflant ; on peut y jouer plufieurs per- fonnes ; le jeu de cartes doit être de cinquante-deux. Il faut encore avoir trois corbillons que l’on met de rang fur latable; Pon met dans Pun pour la belle, dans le fecond pour le flux, & dans Pautre pour le trente-un, Voyez ces termes à leur ærricle. On peut fixer la partie à tant de coups ,srezte , quarante, plus ou moins; après quoi l’on voit à quifera; ny a point d'avantage à faire, puifque lotfque la belle, ou le flux, ou le srenre-un, font égaux entre deux joueurs, il refte pour le coup fuivant qui eft double, Celui qui doit mêler donne à couper à la gauche, 8 donne à chacun deux cartes d’abord, &7 enfuite une troifieme à chacun qu'il retourne ; c’eft la plus haute de ces dernieres qui eft la plus belle, quoique l'as vaille onze au rrente-un ; il eftau-deffous du roi, de la dame, & du valet pour la belle. Après avoir tiré la belle, chacun regarde dans fon jeu s'il a le flux; & fi perfonne ne la on le remet au coup fui- vant. Enfin, après avoir tiré la belle &leflux, on en vient au vrezte-ur, 6 chacun examinant fon jeu le compte en lui-même; &c s’1l approche derrente, & que felon la difpofition des cartes il craigne de pañler srenre-un , il s'y tient, finon il en demande, & TRE celui qui a mêlé en donne du deflus à chacun duihr en demande, felon fon rang , en commençant par a droite. On ne donne qu’une carte à chacun des joueurs qui en demandent, & on ne recommence à en donner que lorfque le tour eff fait; celui qui mêle peut en prendre à {on tour lorfqw’il trouve bon pour ion jeu d’aller à fond. Voyez ALLER À FOND. Les joueurs qui ont été à fond, où qui fans y avoir été ont plus de srente-un , ne peuvent gagner; mais celui qui a srenseeur, ou fi perfonne n’a ce point juitement , c’eft celui qui en approche de plus près qui gagne.Ce qui fait qu'on s’y tient lorfqu’ona vingt- huit, vingt-neuf, ou srerte ; on s’y tient plutôt que de rifquer à prendre une carte quifera pañler le srezce. un. Lorfquil y a plufeurs srente-ux, c’eit celui qui Ÿa plutôt eu quigagne; c’eft pourquoi celui quia srente-un le premier doit avertir qu'il la ; &c fi deux ou plufieurs l’avoient dans le même tour , perfonne ne gagneroit, & on renvoyeroit le coup au jeu fui- vant ; on feroit de même d’un point plus bas s'il étoit égal, & le gagnant ; telle eft la maniere de jouer ce jeu, qui n’a rien que de fort aïfc. | TRENTE - MAILLE’, {. m. ( Péche.) forte de filet tramaillé ; le ret de srente-mailles ou ret à poiffon plat, eftune efpece de trameau ou de picot dérivant; les pêcheurs s’en fervent de même que des brions ; mais quand le tems leur permet de defcendre à la mer & de paffer la barre de Bayonne , ils tendent alors leur ret en demi-cercle, & après qu'il eft tendu de la même maniere que les picots féden- taires , ils battent l’eau pour faire donner le poiffon dans le filet. Cette pêche tient ainfi des rets verquans aux alofes dans la riviere & des picots fédentaires à la mer ; on s’en fett en tout tems ; mais la meilleure faion pour faire la pêche du poiflon plat à cette cô- te, eft durant le mois de Septembre ; le ret a une brafle de haut fur foixante de long ; la maille du ha- meau ou de l’émail eft de deux fortes ; la plus large a fix pouces deux lignes; la charte, nappe, ouflue, n’a que quinze lignes en quarré. _ TRENTE, (Géog. mod.) ville d'Italie, capitale du Trentin, dans la Marche trévifane ; elle eff fituée {ur la riviere d’'Etfch ou Adige, qu’on y pañle fur un pont, dans une plaine environnée de montagnes , qui font prefque toute l'année couvertes de neige, à 4 males du lac de Garde, à 6 de Bolzene , à 8 de Vé- rone, &c à 24 d’Infpruch. La ville eft féparée en deux quartiers, dont le plus grand eft habité par les Italiens, & l’autre parles Allemands. Il y regne de grandes chaleurs en été, & pendant l'hiver un froid violent. La riviere & des torrens qui tombent des montagnes défolent fouvent cette ville pardes débordemens. On y compte huit éghifes, dont trois paroifliales, Le chapitre de la ca- thédrale eft compofé de nobles & de lettrés qui ont droit délire leur évêque. Long. 28. 36. lat. 46. La ville de Trezce eft fort ancienne. Strabon, Pli- ne &c Ptolomée en font mention. Elle dérive fon nom de trois ruifleaux qui des montagnes voifines en- trent dans la ville, & fa fondation eft attribuée aux anciens Tofcans. Après ceux-ci les Cénomans la doi. vent avoir réparée & élargie. Elle a obéi fucceffive- ment aux Goths, aux Lombards & aux empereurs romains. Enfuite elle a fait partie du domaine des ducs de Baviere. Aujourd’hui l’évêque de Trente en eft le feigneur pour le temporel & le fpirituel, I eft prince de l’empire , & pofede toute la comté de Trente avec plufieurs bourgs & feisneuries , en vertu de la donation qui lui en fut faite lan 1027, par l’em- pereur Conrad Il. & confirmée par les empereurs Frédéric L. & IT. Hreconnoït pourtant pour fon pro- teéteur le comte de Tirol , qui pendant la vacance du fiege envoie à Trenre un gouverneur qui comman- 3 de jufqu’à ce que l'évêque {oit élu. FRE 509 : Trenten'a guere-qu'un shille d'Italie dé circuit, & n’a rien dans fon enceinte qui mérite d’êtrevu. Élle n’eft fameufe que par le concile qui s’y efttenu- dans le feizieme fiecle: Il commença lan 154$ , & ne finit que l'an 1563. Fra-Paolo, Vargas, Ranchin & MM. Dupuy en ont dévoilé l’hiftoire. L’églife obce concile a tenu fes afflemblées , s'appelle Sainie Marie-Majeure; elle eft petite , & bâtie d’un vilain marbre qui n’eft que dégroffi. On y voitdans un grand tableau le con cile repréfenté ; mais ce tableau n’eft pas le péndant de fa Mefÿfe Jules de Raphaël. Aucun des grands acteurs du concile n’y eft caraétérifé , pas même le cardinal de Lorraine , qui y joua Le plus grand rôle, & quis’y rendit avec un train magnifique compofé d’une qua- rantaine d’évêques , & d’un grand nombre de doc- teurs. Le pape en conçut dé l’ombrage , & faifi de crainte, pria Philippe de le foutenir ; mais la fortune le fervit encore mieux ; la mort du duc de Guife ra- baïffa le courage du cardinal. Il trouva convenable pour les intérêts de fa maifon, de s’humanifer avec fa fainteté ; &c relâchant de fes grands defleins , il ne foutint dans le concile ni lestrente-quatre articles de réformation qu’il s’étoit propolé d'appuyer, ni les droits de la couronne, niles libettés de l’églife gal- licane. Aconce( Jacques ) , philofophe & théologien, na qut à Trence au xv]. fiecle. Il embrafla laréformation, vint à Londres , & reçut mille marques de bonté de la reine Elfabeth , comme il le témoigne À la tête du livre qu’il lui dédia. C’eft le fameux recueil des //ra- cagemes du Diable | qui a été fi fouvent traduit &f fouvent imprimé. L'auteur mourut peu de tems après la publication de cet ouvrage, dont la premiere édition eftde Bäleen 1565. | Il wadoptoit point les principes de Gälvin, ce qui fit qu’on l’accufa de tolérantifme comme d’uncrime ; mais 1l répondit aux Proteflans, comme Jefus:Chri{t à fes difciples : Vous ne favez de quel efpric vous étes, C’étoit alors une gloire rare qu’une ame éprife de la tolérance ; le contraire feroit de nos jours une chofe odieufe. Aconce n’étoit pas feulement théologien, mais un efprit exaét, plein de difcernement & de pénétra- tion , qui prévoyoit déja qu’on alloit pafler dans un fiecle plus éclairé que le fien ,| 8 fa conjeQure étoit bien fondée. Il eft vrai que le feizieme fiecle à pro= duit un plus grand nombre de favans hommes quele dix-feptieme; cependant il s’en faut beaucoup que le premier de ces deux fiecles ait eu autant de lumie- res que l’autre. Pendant que le regne de la critique & de la philofophie a duré, on a vu par toute PÉu- rope plufeurs prodiges d’érudition. L'étude de ta nouvelle philofophie , & celle des langues vivantes ayant introduit un autre goût, on a ceflé de voir cette vafte & cette profonde littérature ; mais en récom- penfe il s’eft répandu dans la république des lettres un certain efprit plus fin, & accompagné d’un dif cernement plus exquis. Les gens font aujourd’hui moins favans & plus habiles. Le jéfuite Martini ( Martin ) étoit auffi natif de Trente. I fut envoyé par {es fupérieurs à la Chine ; fes ouvrages fur ceroyaumecontiennentune defcrip- tion géographique de la Chine en latin. Ils ont été imprimés à Amfterdamen 1659, ir-fo1. avec quantité de cartes. (Le chevalier be J'auvcourr. TRENTE, concile de, (Hiff. eccléf. ) la clôture de ce fameux concile qui avoit commencé en r 545 ,fe ten 1563. Du Ferrier, ambafadeur fit fes protefta- tions contre ce qui s’étoit pañlé à ce concile. Nous voyons dans une lettre datée de Fontainebleau du 3 Mars , de Jean Morvilliers à fon neveu l’évêque de Rennes, ambafladeur auprès de l’empereur : « Que » fitôt que le cardinal de Lorraine fut de retour du » concile , on envoya quérir les préfidens de la cour 590 TRE » & gens du roi pour voir les decrets du concile, ce » qu'ils ont fait; 87 la matiere mife en délibération, » lerprocureur général propofaau confeil que quant » àla doctrine ils n’y voulorent toucher , & tenoient » toutes chofes quant ace point pour faines 6 bon- » nes j'prifquelles étoient déterminéesren concile | » pénéral6t légitime; quantaux decrets de la police » à réformation , y avoientttouvé plufieurs chofes ». dérogeantés aux droits èt prérogatives du roi &c » privileges de-léglife galiicane:, qui empêchoient » qu’elles ne fuflent reçues ni exécutées ».. On fit écrire Dumoulin contré le concile de Trente. Le comte de Luna, ambafladeur d’'Efpagne, vou- lant difputer añ concile de Trentela préféance auxam- baffadeurs durot, ceux-ci conferverent leur place, & l’ambafladeur d'Efpague fe vit réduitàfedéplacer, ê&c fe mettreentre le dernier cardinal prêtre &c le pre- mier. cardinal diacre , pour ne pas être aflis au-def- fous de l'ambafizdeur de France: Hénaui. (D, J.) TRENTE:SIx MOIS, fm. ( Com.) nom que l’on donne quelquefois à ceux qui s'engagent pour aller fervir aux Indes occidentales "6 particulièrement auxiles Antilles; on les appelle ainfñ parceque leur engagement fe fait le plus ordinairement pour trois ans de douze mois chacun. On lesnomme autrement engagés. On'en peut difinguer de’ deux fortes parmi ! les François, les uns qui fervent les habitans desiles, &t les autres qui s'engagent avec les boucaniers. Ceux-ci menent une vie-errante & laborieufe com- me leuts maîtres; à la fin de leur tems onileur donne “pour récompenfe un fufl, deux livres de poudre , deux chemifes, deux caleçons & un bonnet; après quoi ils deviennent aflociés de leurs maîtres dans la : chafle des bœufs & le commerce des cuirs. «Les au- tres travaillent avec les negrés,, &e font traités com- me eux:; mal vêtus, mal nourris , fouvent chargés - de coups : leur récompenfe eft quelques milliers de fucreou de tàbac, qu'ils achetent bien chérement . par les fatigues continuelles ëc les mauvais traitemens _ qu'ils eflient. Voyez ENGAGÉES. Dilionnaire de Commerce. : | TRENTIEME, adj. ( Arithmérique.) lorfqu’il s’a- git defrations, ou nombres rompus de quelque tout ou entier qu'il puifle être, un srenrieme s'écrit ainf, =; on dit auff deux sreniemes ,troistrentiemes , qua- tre srentiemes, & untrente-unieme ,untrente-deuxte- me, untrente-troifieme, &c. & toutes ces différen- tes fra@ions fe marquent de cette maniere, +, +, EE 759 CC (D. J,) } TRENTIN, LE, (Géog. mod.) pays d'Italie. Il eft borné au nord par le Tirol; au rmdi par le Vicentin, le Véronefe, le Breffan & le lac de Gardle ; au levant par le Feltrin , & le Bellunefe ; au couchant encore par le Breffan & le lac de Garde. Il eftfertile en vin . & en huile. Trente eft la capitale. Les anciens habi- tans dece pays font les Tridentini de Pline , que les François nomment Trentains, les Italiens Trezini, . &les Allemands Trienter. (D. J.) TREOU , £ m. (Marine.) voile quarrée que les galeres, les tarranes & quelques autres bâtimens de bas-bord portent dans des’pros tems, | TRÉPAN, fm. zercbra, terebella, æ, trepanum, nt; inftrumént de chirurgie. C’eftuneefpece de villebre- : quin de fer & d’acier, propre pour percer &c fcieren rond les os, principalement ceux du crâne. Il eft compofé de deux pieces, l’une eft le villebrequin ou le srépan proprement dit, l’autre eft l’arbre fur lequel on le monte , & qui le foutient. Il y a trois fortes detrépan; lexfoliauf, voyez Ex- FOLIATIF , le perforarif &c le couronné. Le érépan perforatif eft ainfi appellé parce qu'il wa d’autre ation que de percer. Il faut confidérer à cet inftrument fon milieu & fes extrémités. Le milieu du perforatif eft une tige d’acierexaétement polie, per- TRE pendiculaire, & de différente ftrufture pout labeauté &c la propreté de l’inftrument, Voyez La figure 5, PL, XVI. | | Ag, « Là partie fupérienre de cette tige eft une plaque taillée à pans à fa circonférence , mais exatement plane du côté de la foie , & limée de maniere qu’elle ne {oit pas polie, afin de l'appliquer plus intiriement fur la partie inférieure de arbre du srépan. Les cou- teliers nomment cette petite plaque Zaire, Dufomimet de cette mittes’éleve une tige ou fcie, de la hauteur d’un pouce, qui porte deux lignes & demie en quarré. À une des furfaces de cettefcie, & environ deux lignes & demie de la mitte, on pratique unehoche ou entaillefituée tranfverfalement,&c dont les deuxbords font diflans d’une ligne 8c demie l’une de l’autre. Cette entaille peut avoir une ligne depro- fondeur dans fa partie fupérieure , d’où elle vient obliquement trouver le bord inférieur. La même furface dans laquelle Pentaille eft prati- quée, ne fe continue pasquarrément jufqu’à fon fom- met, mais elle forme un bifeau en doucine , de trois lignes & demie de longueur , & dont nous dirons l’ufage. La-partie inférieure , ou la lame du perforatif ref femble à une lame qui fe termine par une pointe tranchante fur les côtés. La trempe de cetinftrument doit être douce , afin qu’il ne s’égrene point, L'ufage le plus commun du perforatif eft de faire d’abord un trou fur le crâne pour y placer la pyra- mide.du srépan couronné. Voyez TRÉPANER, Ons’en fert aufli pour faire plufñeurs trous fur d’autres os; pour percer, par exemple, des exoftofes, afin de les enlever enfuite plus facilement par le moyen du ci- feau & du maillet de plomb: Voyez ExosTOsE. Le srépan couronné a trois parties. La moyenne & la fupérieure ne différent en rien des mêmes parties duperforatif, dont nous venons de parler: Le srépan couronné eft ainfi appellé parce que fa partie infé- rieure repréfente une couronne, C’eft une tige d’a- cier qui {outient une efpecede boifleau de figure co- «nique en-dehors & en-dedans , & qui eft hériflé par le bas de dents tranchantes qui forment une fcie cir- culaire. Chaque dent eft à l'extrémité d'un bifeau: tous les bifeaux fonttournés de droite à gauche pour couper dans le même fens, Ils ne tombent pas per- pendiculairement de la partie fupérieure de la cou- ronne à l’inférieure, mais ils defcendent obliquement & en fpirale , non-feulement pour mieux couper, mais pour chafler par leur obliquité la fciure qui le fépare au fond de louverture. La couronne eft plus étroite par fon extrémité que par fa culafle, afin que la piece d’os qu’on fcie puifle y monter facilement à mefure qu’elle avance, & qu’on ait la facilité depan- cher le rrépan de côté &r d’autre pour fcier également. Sa profondeur eftd’environ dix lignes; falargeur vas rie ; car il y a de grandes, de moyennesér de petites couronnes. Le diametre de la plus grande eft de neuf à dix lignes dans fon fond , & de fix à fept à fon en- trée, les autres diminuent à proportion. Fig, 6, PI. XVI: Dansle fond de la couronne, femonte de gauche à droite une pyramide , fig. 7 & &. faite commeun poinçon, ovale ou quarrée , terminée par fon extré- mité inférieure en façon de langue deferpent, tran- chante fur les côtes, pointue comme le perforatif, & un peu plus longue que la couronne. Son extré- mité fupérieure eftune vis de trois lignes de hauteur. Cette pyramide fe monte & fe démonteparlemoyen d’une clé d'acier, fg. 9. qui eft un tuyau ovale ou quarré, long au-moins de deux pouces & demi, pour recevoir & embrafler jufte la pyramide , & terminé par un anneau ou un trefile qui fert de manche. On. fait entrer la pyramide dans la cavité de cette clés oh fourfé de gaucheà droite pour läônter, & de droite à gauche pour l’ôter. , L'ufage du srépar couronné eft de faire une ou- verture au crâne, pour donner iflue au fang ou au pus épanché fur la dure-mere , ou fur le cerveau Sr pour ouvrir des abfcès dans le canal des os longs ; pOur trépañer Le ffernum dans le cas d’abfcès ou d’é- _ panchement quelconque entre les deux lames du mé- diaftin;pour retirer des corps étrangers engagés dans les os ; pour enlever des efquilles, ou pieces d’os en- foncées. Voyez TRÉPANER. æ L'arbre qui fert à porter les différentes pieces dontnous venons de détailler laconftruéion, a beau- coup de refflemblance au vilebrequin dont les ferru- riers fe fervent, Voyez fig. 11. PL. XPT. Pour le bien examinier,nous le confidérerons fous trois parties ; deux font perpendiculaires l’une À l’au- tre , &r la troifieme eft une branche coudée qui repré- fente un demi-cercle fort alongé & irréoulierement arrondi , mais très-fymtmétriquement confftuit, La partie ou l’extrémité fupérieure de larbre du trépan eft comme la bafe de toute la machine. C’eft une piece d’acief très-bolie, quia environ un pouce deux lignes de longueur fur quatre à cinq lignés de diametre ; elle eft taillée à huit pans. La partie fupé- rieure de cette piece oûtogone, eft une mitte fur la- quelle le manche eft appuyé. Du milieu de la mitte s’éleve une fcie , ou petite tige d’acier fort ronde & polie, d'un pouce & demi de hauteur furprès de deux lignes d’épaifleur ; cette fcie eft cachée & contenue dans le manche , par la méchanique que nous allons expliquer. RL HERes e Le manche de l’aärbre du srégan doit être conftruit de deux pieces , qui font ordinairement d’ébene ou d'ivoire ; la partie inférieure de ce manche eft plus longue que large; elle reflemble affez à une petite pomme de canne bien tournée ; 1 y à une visà fon fommet, &c elle eft percée dans toute fon étendue. Ce canal contient &T renferme une petite canule de cuivre , qui entre avec beaucoup de juftefle , & qui eft très-polie en-dedans , afin de permettre à la {cie qu’elle entoure , d'y tourner & d’y faire fes mouve- mens ; c’eit pourquoi cette {cie eft comme rivée fur la canule par un petit écrou qui s’engage fur la vis qui eft à fon fommet, ce qui ef beaucoup plus com- mode que la rivure que les coureliers ont coutume d'y mettre. Voilà quelle eft la méchanique qui ca- che & contient la fcie de l'arbre du srépan ; ce que lon appelle 4 zoix. Cette partie fupérieure de Par- bre eft couronnée par une pomme d’ébene ou d'ivoi- re, applatie, convexe eri -dehors } & cave en - def. fous ; elle fe joint avec l’autre partie du manche par ün écrou , gravé dans la partie cave de la pomme , &t qui fe monte fur la vis qui eft à la partie fupérieure de l’autre piece de manche. | La partie inférieure de arbre du srépan eft per- pendiculaite à celle dont on vient de parler : onila nomme la boite ; parce qu’elle fert à emboïîter la {cie des couronnes & des autres srépans. Pour que cette partie foit bien confruite elle ne doit point être ron- de & tournée en écrou , comme on le voit dans plu- fieurs auteurs ; parce qu’alors ies fcies des couron- nes font en vis; ftruéture qui a beaucoup d’inconvé- niens: un dès principaux eft que cette vis fe monte contre fens du jeu de la couronne ; lorfqu’on trépane, elle fe ferre quelquefois à un tel point, qu'il fautun étau pour la démonter. D'ailleurs il eft plus long & plus embarraffant dé monter une vis dans un écrou ; que de faire entrer une {cie quarrée dans une boîte de même figure. La boîte eft À pans, elle a environ un pouce &t demi de lonpieur. La furface de fa boîte qui eft diamétralement oppofée à celle qui touche à la manivelle ou branche courbe qui joint la partie {u- périeure &c l’infrieure , eftfendue de la longueur de ms CLR E jor dix lignes parure Guverture qui pénetre ; ufque dans la cavité de la boîte, & qui fert à y placer un petit refiort à bafcule, dont l’extrémité inférieure fauant éminence en-dedans. de là boîte, eff taillée en talus : & trés-poheafin deplifer facilem ent fur lafurface ou bifeau de la fcie des sépans, pour s'engager dans leur hoche.ou entailleure, 7. fg.12, la coupe de coite boñte, La troifieme piecé de Parbre eff la branche où ma: mvelle. C’ef un are irrégulierement arrondi, dont lès extrémités tiennent aux parties fupérieure êc in- férieure de l’inffrument, Cet arc eft plus ou moins ofné fivant le poût .&c l’adrefle de l’ouvrier, 11 doit y, avoir dans fon milieu une petite boule tournante acier, ovale, ayant environ un pouce de diame: tre fur quinze lignes de longueur. Cette petite boule doit Être garmié de petits fillons , moins pour l'orne- ment, qu’afin de préfenter des furfaces inégales aux doiots, & d’être tenue avec plus de fermeté. Cette boule doit tourner autour d’un effieu > Ce quifacilite beaucoup l'aéhon de la machine, & en rend le mou- . vement bien plus doux. Nous exphiquerons la maniere de {e fervir de toug ces infttumens en parlant de l’opération À laquelle ils conviennent. Voyez TRÉPANER. (F) TRÉPANER, £erme de Chirurgie, pratiquer lopé- tation du trépan; c’eff faire une ouverture au crâne pour reléver des pieces d’os qui Piquent où qui com- priment la düre-mere ou le Cerveau, ou pour don- ner iflue aux matieres épanchées fous le crâne 5 OÙ pour enlever des pieces d’os cariés. Cette opération fe pratique ordinairement à la fuite des plaies ou des coups À la tête. Il faut voir ce que nous avons dit à l’ersicle des plaies de réte ) au M108 PLAte. Nous parlerons fimplement ici de Ja maniere de faire l'opération : nous traiterons enfuite des cas douteux pour l'opération du trépañ ; & nous expo- ferons les raïifons qui peuvent en pareils cas déter- miner à pratiquer ou à éviter cette Opération. Lorfque l'opération du trépan eft indiquée , êc qu'on a découvert le lieu où il la faut faire , parles incifions convenables, de la façon dont nous l'avons dit à l’article des plaies de tête; il faut mettre le ma- lade dans une fituation commode ; fa tête doit être fable, & pour ainfi dire inébranlable pendant opération; & l'endroit du. crâne que lon doit ouvrir, doit ; autant que cela ef poffble , être le lieu le plus élevé, afin que la couronne ÿ pofe perpen- diculairement. Pour fatisfaire À toutes ces vues , Of éloigne le lit du mut , pour que les aides puiflent fe placer commodément & contenir fermement la tête du malade, fous l’oreiller duquel on place un plat d’étain où une planche: Les infirumens feront rangés fur un plat, & l’ap- pareil qu’on doit appliquer après l'opération ; doit être rangé fur un autre, de facon que les pieces fe préfentent dans l’ordre qwelles doivent être em- ployées. dE 6 Tout étant ainfi bien difpofé , le chirurgien prend la couronne montée de fa pyramide, V0Yez TRÉPAN COURONNÉ ; & il la pofe perpendicularement {ur l'endroit du crâne qu'il veut percer. Les dents de la couronne doivent anticiper un peu fur la fra@ure, pourvu que les pieces d'os foient folides ; il tourne enfuite deux ou trois fois, en appuyant fufifamment , la pyramide fur le crâne pour y faire une impreffion qui ferve de guide au perforatif. Voyez TRÉPAN PERFORATIF. | Le chirurgien prend alors arbre du trépan monté du perforatif : on tient ces deux inftrumens Joints enfemble, comme une plume à écrire ; on pofe en- fuite la pointe du perforatif dans la marque quel pyramide de la couronne a gravée fur le crâne; on fait avec le pouce & le doigt indicateur de la maux gauche un cerceau qu'on pofe horifontalement fr so2 TRE la pomme de Parbre du trépan; on met Le menton dans ce cerceaus; on prend avec les trois premiers doigts de la main droïte le milieu de l'arbre pour tourner de droite à gauche & faire un trou au crâne, capable de loger la pyramide de la couronne: Woyez cette attitude, fo. 1. PA XVII. Avant de relever le perforatif, 1l faut avoir l’atten- tion de donner un demi-tour de gauche à droite fans appuyer avec le menton ; &c de porter les doigts qui étoient appuyés fur la paumette de l'arbre, auprès du crâne, pour prendre l'infirument & l'ôter per- pendiculairement du trou où 1l eftengagé. L'aide qui eft chargé des inftrumens, démonte le perforatif ; 8& met à fa place une couronne, pendant que l'opérateur Ôte avec un petit linge ou une faufle tente , la fciûre que le perforatif a produite. Le chi- rurgien reçoit l’arbre fur lequel on a monté la cou- ronne ; il porte la pyramide dans Îe trou fat par le perforatif; 1l fe met dans la même fituation où 1l étoit en fe fervant de cé premier inftrument; &c tournant de droite à gauche, ilfcie Fos circulaire-" ment. Sila couronne ne pole pas perpendiculaire- ment, la circonférence de l'os n’eft pas coupée éga- lement de tous les côtés : le chirurgien doit s’en ap-. percevoir, parce qu'il s’éleve plus de fcrüre d’un côté que de l’autre; dans ce cas, il panche fon in- ftrument du côté où1l y en a le moins, & 1l pañfe un peu plus légerement fur le côté oppofe. © Quand le chemin de la couronne eft bien frayé, on Ôte le trépan,en donnant le demi-tour,êc en por- tant la main droite à la bafe de la couronne, comme nous l'avons dit en parlant du perforatif. Pendant qu’un aide démonte la pyramide & nettoie les dents de la couronne avec une petite brofle de crin, le chirurgien opérateur porte un petit fület plat &c moufe dans limpreffion faite par la couronne, & il Ôte la {ciûre avec une faufle tente : il reprend enfuite la couronne; il continue de fcier jufqu'à ce que la piece d'os foit vacillante, & qu’elle puifle être enlevée avec la feuille de myïthe. On a fa précaution de relever plufieurs fois la couronne pour la nettoyer, & on examine à chaque fois fi l’on fcie l’os également : maïs il faut avoir beaucoup d’é- vards à l’épaifieur dés os; & quand on a pañlé le diploëé , on doit aller avec prudence pour ne pas enfoncer l’os fur la dure mere. On s’apperçoit qu'on a fciéle diploé , à la réfiftance qui augmente &c à la {cire blanche que la table interne fournit après celle du diploé qui eft rouge. Toutes les fois que l’on fent de la diffculté &c de la réfiftance à la couronne en tournant l’arbre du trépan, c’eft une marque que les petites dents de fa couronne s’enfoncent trop; pour lors on donne un demi-tour de gauche à droite; ÔT on recommence de nouveau, mais un peu plus légerement. Quand la piece d'os eft enlevée , il faut emporter les inégalités de la circonférence interne du trou, par lefquelles la dure-mere pourroit être bleflée dans fes battemens : on e fert à cet effet du couteau enticulaire. foyez COUTEAU LENTICULAIRE. Quand ïl y'a du fang épanché fur la dure-mere, on recommande, pouren procurer la fortie, de faire faire une grande infpiration au malade, & de fni pincer le nez. Cette méthode n’eft pas toujours pra- ticable ; un malade, dans un affoupifiement léthar- gique, neft pas dans le cas de fe prêter à ce qu’on fe propofe ; d’ailleurs les trépans doivent, autant que faire fe peut, être pratiqués aux parties décli- ves, déforte que les fluides épanchés fortent faci- iement; & lorfque cela n’eft pas poflible , l'expé- “rence a fait voir qu’on étoit obligé d’avoir recours aux injeétions & aux contre-ouvertures. Voyez CON- TRE-OUVERTURE 6 INJECTION. Lorfque lé-trépan a été applique à l’occañon des pieces d'os qui comprimoient la dure-mere ou qui perçoient les membranes & pénétroient dans le cer- . véau, il faut relever ces parties avec lPélévatoire, Voyez ÉLÉVATOIRE. Le panfement de l'opération confifte dans l’appli- cation d’une petite piece de linge de la grandeur du | trou. (F'oyez SYNDON); de la charpie, des comprefes & un bandage convenable, Voyez COUVRE-cHEr. La matiere dont nous traitons, pourroit donner lieu à des diflertations aufli étendues qu'importantes: on peut confulter. à ce fujet les différens sraités de Chirurgie , & particulierement le premier volume de l'académie royale de Chirurgie, où l'on trouve plufieurs mémoires , dans lefquels M. Quefnay détermine par des obfervations très-intéreffantes les cas où il faut multiplier les trépans ; les remedes qui conviennent le mieux pour la cure des plaies du cerveau; les moyens dont on fe fert pour hâter l’exfoliation des os du crâne ou pour léviter, Gc. Nous allons rap- porter, d'après le mémoire du srépan dans les cus douteux , les raifons qui peuvent en pareils cas déter- miner à recourir au trépan, ou à éviter cette opé- ration. De tous les fignes qui peuvent déterminer à sré- paner, il ny en a point de plus décififs que les fra- étures &c les enfoncemens du crâne. Cependant il y a des exemples de bleffés qui ont guéri dans quelques-uns de ces cas, fans avoir été trépanés. Mais ces chfervations ne doivent point en impofer; on doit fe défier de toute obfervation où l’on ne rap- porte que le fuccès, fans parler des indications qui peuvent y conduire : ces obfervations nous inftrui- {ent peu par la pratique, fur-tout quand elles font contredites par d’autres qui Pemportent infiniment fur elles. Les obfervateurs éclairés ont remarqué qu’on ne pouvoit fe difpenfer de l’operation du tré- pan ‘dans le cas de fraéture, que lorfque les pieces des os fratturés étoient aflez écartées l’une de lau- tre, pour permettre la fortie du fang qui auroit pu s’épancher fur la dure-mere. Il x a des cas où l’écar- tement d’une future voifine de la frafture , a difpenfé de Popération du trépan; mais ces cas méritent une attention finguliere; çar l’épanchement peut fe faire des deux côtés de la füture ; & alors l'évacuation ne peut ordinairement fe faire que d’un côté, à caufe que la dure-mere-peut encore refter adhérente vers le bord d’un des os écartés, & retenir le fang qui feroit épanché fous la portion de l'os à laquelle la dure-mere feroit reftée attachée. Il faudra donc ap- pliquer le trépan de ce côté malgré l’écartement de la future. Toute cette dorine eit appuyée fur des obfervations dont on fent toute la confèquence, & dont il réfulte qu’on peut dans certains cas, s’écarter des regles les plus invariables de l’art, mais qu'on ne doit le faire qu'avec beaucoup de connoïflance êt de circonfpeétion. Il eftun autre cas bien plus embarraffant, même pour les plus grands maîtres; ce font les coups à la tête fans léfion apparente aux os, fouvent même fans plaie ni contufon aux chairs n1 à la peau, lef= quels font fuivis d’épanchement fous le crâne, & qui d’autres fois n’en caufent point, quoiqu'ils foient accompagnés de circonftances ou d’accidens qui donnent lieu d’en foupçconner. Les accidens qui arrivent dans les bleflures de la tête où il ny a point de fraûures, déterminent, lorfquils font graves, plufieurs praticiens à crépaner. D’autres fe contentent de combattre ces accidens par les faignées & les au- tres remedes qui peuvent fervir à les difliper. Les uns & Les autres réufiflent fouvent; mais ils {e trom- pent fouvent auf. M. Quefnay, par lufage qu'il a fçu faire des différentes obfervarions communiquées à l'académie, découvre, dans les fuccès même, les circonftances ou les particularités qui peuvent aider à à difbnguer les cas où l’on peut fe déterminer le plus furement qu’il eft poffible iur le parti qu’on doit prendre. La diftinétion des accidens en prinutifs êc en confécutifs, fait le principal fondement des dog- mes que lon pofe fur cette matiere. Voyez Com- MOTION. Les accidens confécutifs prefcrivent l’opé- ration du trépan; & ceux qui arrivent beaucoup de tems après le coup, font les plus preffans pour Vopée- ration. [Il faut furtout faire attention que les accidens confécutifs ne dépendent pas de linflammation du péricrâne, comme nous l’avons dit en parlant des plaies de tête. 2 @ | Ii y a un troifieme cas où Papplication du trépan eft douteufe. Il arrive quelquefois qu'après des coups à la tête, il refte à l'endroit de la bleflure, quoi- qu'elle foit guérie, une douleur fixe, qui au-lieu de timinuef avec le tems, augmente de-plus-en-plus “malgré tous les topiques auxquels on peut avoir recours ; ce qui a plufeurs fois obligé d'y faire des incifions pour découvrir l'os. Les uns ont pris le parti de le ruginet; les autrés d'en attendre l'exfo- lation ; d’autres enfin ont jugé d’en venir à lopé- ration du trépan. | M. Quefnay rapporte des obfervations où l’on voit que ces moyens ont diverfement réuffi, felon les différens cas. Quoiqu'on foit arrivé à la même fin par différens procédés, on ne doit pas y avoir re- cours indifféremment : ces obfervations laiflent en- trevoir que l’opération du trépan ne doit avoir lieu, ; 14 que quand.on foupçonne que los eft altéré prefque dans toute fon épaifleur, ou lorfque quelques acci- . dens font croire que la caufe du mal eft fous le crâne, comme feroit une carie à la face interne des.os dont il y a des exemples; ou enfin, lorfqu’ayant jugé à propos d'attendre lPexfoliation., elle n’a pas fait cefier les accidens. Mais quand la douleur paroit ex- térieure, qu'elle augmente lorfqu’on prefle fur l'en- droit où elle fe fait fentir, on doit tout efpérer de lexfoliation , fur-tout f. après avoir découvert los, on n'y apperçoit qu'une légere altération ou une carie fuperfcielle. Il faut, pour s’en aflurer, avoir recours à la rugine : fon ufage peut d’ailleurs avoir ici d’autres avantages , comme d'accélérer beaucoup lPexfohation, de faire cefler La douleur avant que lexfoliation foit arrivée ; mais ce dernier effet dé- pend furtout de bien découvrir toute la furface de Pos, qui eft altérée, afin que cette altération ne communique plus à aucun endroit avec le péri- crâne. (7) TRÉPAN, (Fortification.) inftrument donr les mi- neurs fe fervent pour donner de l'air à une galerie de mine, lorfque l'air n’y circule pas aflez pour qu'on puifle y tenir une chandelle allumée. Iis ont pour cet effet une efpece de foret, avec lequel ils percent le ciel de la galerie, & à mefure qué cetin- ftrument avance dans les terres , ils lalongent par le moyen de plufieurs antes, dont les extrémités font, faites en vis &.en écrou, pour s’ajufter bout à bout. Par cette opération les mineurs difent avoir trépañé la mine, où donné un coup de trépan. (Q) TRÉPAN, f. m, (Ouxilde Sculpteur & de Marbrier.) outil qui fert à forer &c percer les marbres & les pierres dures. On s’en fert auf quelquefois pour Le bois. Il eft du nombre des principaux outils de l’art des fculpteurs, & du métier des marbriers, Il y a trois fortes de sépans , l'un qui eft le plus fimple, ,c'eft un vrai vilebrequin, mais avec une meche plus longue & plus acérée ; le fecond rrépanr fe nomme srépan à archet ; il eft femblable au foret à archet des ferruriers 8 a comme luifa boîte, fon archet & fa palette, il eft feulement plus fort, & fes meches; de: plufeurs figures : enfin le troifieme sré- pan, fanstrien ajouter pour le fpécifer ;. eft celui que lon appelle fimplement srépar, Il eft le plus Mn TorE Pl -Coïmmerce, de,ces cantons: Les receveurs FT HUE 503 compofé des trois , & le plus en ufage en fculpture, Les parties de ce srépan font la tige que l’on appelle aufh le ff, la traverfe, la corde de cette traver{e, un plomb, une virole:& unemeche, La tige eft de bois, & a à l’une de {es extrémités une virole qui fert à y attacher & y affermir la meche qu’on peut changer, fuivant qu’on en a befoin, ÿ en mettre de plus où de moins fortes, de rondes, de quarrées , de pointues , &c à l’autre extrémité du fut, eftun trou par où pañle la corde que la traverfe a attachée à fes deux bouts. Cette traverfe eft elle-même enf. lée du fuft par un trou qu’elle à au-milieu; au-deflous de la traverfe, 8 un peu au-deffus de la virole , eft le plomb qui eft de figure fphérique, & qui eft joint, & pofé horifontalement au pié du fuit, C'eft la corde en s’entortillant autour du fuit , qui donne le mou vement au £répar plus promt, ou plus long, fuivant qu'on leve où qu'on abaife la traverfe où elle ef attachée avec plus ou moins de vitefle, (D. J.) TREPAS, MORT, DÉCES, (Synonym.) crépas eft poétique , & emporte dans fon idée le paflage d’une vie à l’autre. Mort eft au {tyle ordinaire, & figni- fe précifément la ceffation de vivre. Décès eft dur fiyle plus recherché, tenant un peu de lufage du _ palais, & marque proprement le retranchement du nombre des'mortels. Le fecond de ces mots fe dit à l'égard de toutes fortes d'animaux ; & les deux au tres ne fe difent qu’à l'égard de l’homme. Un érépas glorieux eft préférable à une vie honteufe. La mort eft le terme commun de tout ce qui eft animé {ur la terre. Toute fucceflion n’eft ouverte qu’au moment du décés, | Le srépas ne bréfente rien de laid À limagination | il peut même faire envifager quelque choie de gra cieux dans éternité, Le décès ne fait naître que l’idée d’une peine caufée par la {éparation des perfonnes auxquelles on étoit attaché; mais la mors doulou- reufe de tes perfonnes préfente quelque chofe d’af. freux. Girard. ( D. J.) TRÉPAS DE LOIRE , ( Finances de France.) bureau de France où lon fait payer le droit de la traite-fo- raine , à l'embouchure de la Sarre dans la Loire. Ao- paremment que ce mot srépas.eft dit par corruption de ourrepaffer, parceque ce droit fe paie fur les mar- chandifes qui paflent outre la Loire, & qui Vont'em Bretagne , qui étoit autrefois province étrangere, En 1639, Chriftomwal capitaine anglois , s’em- para de l’abbaye de Saint-Maur-fur-Loire , Où il fe fortifia. Le connetable du Guefclin ; après des ten- tatives inutiles pour l’en chafler, traita avec luinde la rançon de cette abbaye, à 16 mille fancs d’or # -dontil confentit avec le fleur Dubeuil une obligation au capitaine anglois, Pour la payer, on établit un péage de douze deniers par livre, de la valeur de toutes les marchandifes montant , defcendant 8ctra- -Verfant la Loire depuis Candé jufqu’à Chantoceaux. IL devoit être éteint dès que la fomme feroit rem- bourfée; mais cette promefle fut oubliée + la feule grace qu'on accorda, fut de réduire ce péage en 1654 à deux deniers obole. En 166$,, ce droit-fut continué , fans aucune juf- tice,, par un arrêt du confeil, avec une nouvelle impoñtion fur l’Anjou ; le tout fut uni aux fermes énérales, & depuis aliéné. cornme il left encore À 6 2 À aujourd’hui ; l’extenfion arbitraire que les engagiftes ont donnée à ce droit, les procès & les formalités qui en réfultent, ont prodigieufement a le U zrépas de Loire, par exemple, fe font avancés jufque dans la Bretagne, .où le droit n’eft point dû: enfin leurs tarifs {ont falffiés & contraires aux premiers prin- cipes dù commerce. (D. J. k TREPASSES , fm. pl. ( Æf. eccl.) nom d’une fête ; où plutôt un jour de prieres Lie pour $94 TRE les ames du purgatoire. Amalarius Fortunatus dans fon ouvrage des offices eccléfiaftiques de Louis-le- Debonnaire, au commencement du 1x. fiecle, nous a laiffé un office entiér des morts, d’où quelques- uns ont voulu conclure que la mémoire annuelle des défunts, étoit établie dès ce tems-là ; mais cette preu- ve paroit foible. Il y a plus d'apparence que cet of- fice ne fe difoit encore alors que pour chaque parti- culier qui quittoit cette vie. C’eft faint Odilon, abbé de Cluni, qui eft le premier auteur de cette inftitu- tion, laquellé a paflé de fon ordre dans toute l’Egli- fe. Ce faint abbé, au commencement du ix. fiecle, ordonna à tous les relisieux qui dépendoiïent de fon abbaye, de faire tous les ans une commémoration folemnelle de tous les fideles défunts, le 2 Novem- bre, qui eft le lendemain de la fête de tous Les faints. Les fouverains pontifes approuverent cette dévo- tion, & voulurent l’étendre dans toute l’Eghe : c’eft delà qu’eft venue la folemnité lugubre, que l’on appelle la fête des trépalfés. Bollandus, vie de faint Odilon. TRÉPIDATION, f. £. ou TITUBATION , er terme d’Aflronomie, eft une efpece de balancement que les anciens aftronomes attribuoïent aux cieux de cryf- tal qu'ils avoient imaginé pour expliquer le mouve- ment des planetes. Par cette situbarion ils expli- -quoient quelques mouvemens obfervés dans lPaxe du monde; favoir celui qui produit la préceffion des équinoxes : cette préceflion, comme on le fait aujourd'hui , vient d’un mouvement conique de l'axe de la terre autour des poles de Péclyptique contre l’ordre des fignes, & la caufe phyfique en a été découverte dans ces derniers tems. #oyez PRÉ- CESSION. (0) TRÉPIDATION, f. f. en Médecine, eft un tremble- ment des nerfs & des membres du corps. Voyez TREMBLEMENT. Le premier fymptome de la rage dans les chiens, eft une trépidation des membres, &c, Voyez HYDRo- PHOBIE. TRÉPIÉ, (Antiq. grec. & rom. ) c’étoit un inftru- «ment à trois piés qui, dans le paganifme, entroit dans les actes de religion, & étoit lié avec elle. Il feroit impoffble de remonter à l’origine des sré- piés, elle fe perd dans les tems les plus reculés. Ho- mere en parle comme d’un ufage établi, lorfqu’il écrivoit. On connoît l’emploi qu’on faifoit des sré- piés pour Les oracles & pour les prédiéhons. Les sré- piés étoient dans la Grece, ce que les couronnes &c les boucliers votifs furent dans la fuite des tems chez les Romains, c’eft-à-dire des offrandes plus ou moins cheres, qu’on failoit à tous les dieux. Les inf- criptions dont 1l étoit facile de les orner, perpé- tuoient la mémoire de celui qui les avoient offerts. La grandeur & la matiere en étoient indifférentes. Prefque tous les enfans qui avoient exerce Le fa- cerdoce d’Apollon chez les Thébains, laifloient un trépié dans le temple. Les srépiés étoient auf don- nés par recompenfe aux talens. Héfiode en remporta un pour prix de poéfie à Chalcys fur l'Euripe.Echem- brôte en:offrit un de bronze à Hercule avec cette änfcription: « Echembrote Arcadien a dédié ce sré- » pié à Hercule, après avoir remporté le prix aux #». jeux des Amphiétyons ». Horace dit, /, 1F. ode 8. Donarem tripodas premia fortium Graiorum. Si j'étois riche, mon cher Cenforinus , je don- netois volontiers à mes amis, de ces beaux éreépiés dont la Grece recompenfa autrefois lavaleur de ces héros. Paufanias cite Le lujet d’un groupe de marbre affez indécent pour les dieux, mais qui fait honneur'aux hp 7 A LA [+ # V4 srépiés. Hercule & Apollon y étoient repréfentés fe TRE difputant un sépié; ils étoient prêts à fe battre, mais Latone & Diane retenoient À pollon tandis que Minerve appaïfoit Hercule. On en voit peu de bien confervés, & la plüpart font romains. On en atrouvé un dans la maïfon de campagne d'Hadrien , de la hauteur d'environ cinq piés; ce qui prouve qu'il n’a été deftiné que pour une ofran- de. Il eft de pierre de touche, du plus beau travail grec. | ‘ Les trépiés facrés, car c’eft ainfi qu’on les nom- moit, fe trouvent fouvent dé différentes formes ; les uns ont des piés folides, lestautres font foute- nus fur des verges de fer; il y en avoit en maniere de fieges, de tables, de cuvettes; il y en avoit qui fervoient d’autels, & fur lefquels on immoloit les viétimes. | Enfin quelle que füt leur figure, les trois piés des srépiés fouffroient en particulier différentes for- mes , & pouvoient être décorés de différens orne- mens. Le noyau ou le pilier montant qui portoit la cuvette, pouvoit être formé par un ou plufieurs f- gures. On varioit ces figures dans l’efpece & dans les proportions. La cuvette, toujours foutenue par les trois piés, pouvoit être ornée par des têtes de caracteres, mais il étoit poffible de la décorer à vo- lonté,, en-dedans comme en-dehors, par des bas-re- lefs & des gravures. Auf eft-1l conftant que les Grecs allioient dans les srépies la fculpture & la gra- vure. Pour les Romains, ils n’ont guere été dans le goût d’embellir leurs srépiés. Ils Les ont confervés dans leur premiere forme , c’eft-à-dire fimple, car en fait d’ornemens, on augmente plutôt qu’on ne. diminuæ, comme le remarque M. de Caylus. Anrig, Greg, Rom. Etrufq. £. 2. (D. J.) . TRÉPIE , (Médailles. ) les médailles prouvent que les srépiés avoient un grandufage dans les facrifices ; cat les trois piés étoient couverts d’un baflin, fous lequel on faïloit du feu pour brûler encens & les parfums que l’on offroit aux dieux ; on a une mé- daïlle de Pempereur Vérus, dont la tête eft gravée d’un côté, & fur l’autre on voit un srépié entouré d’un ferpent : ce srépié marque un facrifice que fai- foit l’empereur, & Le ferpent indique qu'il facri- fioit à Efculape, au fujet de fa fanté. Pour rendre ce fymbole intelligible, on dit que, comme le fer- pént quitte fa vieille peau, les malades, par le fe- cours de la médecine, quittent la langueur qu fuit les maladies. | On connoïît encore une médaille de Vitellius, {ur le revers de laquelle on voit un srépié, la figure d’un dauphin au-deflus, & un oifeau que lon croitêtre un corbeau au-deflous. La légende porte ces mots XV, VIR. SACR. FAC. qui nous apprennent que Vitel- lius étoit un des quindécemvirs prépofés pour la fo- lemnité des facrifices : en effet, le dauphin étoit con- facré à Apollon, felon la remarque de Servius-{ur le troifieme livre de l’'Enéide: & à l'égard du cor- beau, on prétend qu'il étoit fous la proteétion du même dieu. (D. J.) TRÉPIÉ DE LA PYTHIE, (Mÿtholog.) machine à trois piés fur laquelle la Pythie aflife rendoit les oracles d’Apollon; c’étoit là le Jacré trépié, appellé en latin cortyna; il étoit couvert de la peau du fer- pent Python;la prétrefle ou le prêtre d’Apollor ne rendoit les oracles du dieu, & n’annonçoit l’ave- ir, qu'après s'être afffe fur le fzcré trépre. Dans les premiers fiecles de la découverte de Po- racle de Delphes, devint prophete qui voulut, dit M. Hardion. Les habitans du Parnafle n’avoient be- foin, pour acquérir le don:de prophétie, que de refpirer la vapeur qui fortoit de l’antre de Delphes: Le dieu de Poracle pour fe mettreen crédit, infprroit alors toutes fortes de perfonnes indifféremment. Enfin plufeurs de ces phrénétiques dans l’agcës de eut fureur, s'étant. précipités dans l’äbyme, on chercha les moyens dé temédier À eet accident. On dreffa fur le trou une machine qui fut appellée. #6 «pié , parce qu’elle avoit trois barres, & l’on commit -une femme pour monter fur ce srépié, d’où elle pou- voit, fans aucun rifque, recevoir l’exhalaifon pro= phétique. Cette exhalaïfon étoit une ivrefle pro- -duite par quelques vapeurs qui fortoient de l’antre .de Delphes , ou bien une ivreffe réelle procurée par des aromates qu'on brüloit, & qui attaquoient le cerveau délicat de la Pythie, ou plutôt encore , c’étoit une ivrefle feinte , des emportemens & des -contorfons étudiées. [ne faut pas confondre le srépié fur lequel la prê- “trefle étoit affife pour rendre les oracles d’Apollon, “avec le srépié d’or qui étoit placé auprès de l'autel dans le temple de Delphes , voyez donc TRÉPTÉ ‘D'OR. Lütéras, On donnoit auffi par excellence le nom de rrépiés aux divers autels du fils de Jupiter & de Latone, ‘Claudien nous repréfente ce dieu qui vient de les viiter dans {on char tiré par dés griffons, Phæbus adefl & frenis grypha jugalem Riphæo tripodus repetens detorfit ab axe. TRÉPIÉ D'or, (Liviérar.) ce trépié, dit Hérodote, Ziv. IX étoit porté fur un ferpent de bronze À'trois têtes : 1l fut confacré à Apollon, & placé auprès de l'autel dans {on temple de Delphes. - M7 : 1 < Paufanias, général dès Lacédémoniens à la ba taille de Plarée, fut d’avis qu'on donnât cette mar- que de reconnotflance au dieu des oracles. Paufanias de grammaifien , qui étoit de Céfarée en Cappadoce, ! “êt qui dans le fecend fiecle nous a donné une belle defcription de laGrece, fait mention de ce srépié. ‘Après la bataille de Platée, dit-il, les Grecs firent ‘préfent à Apollon d’un trépié d'or, foutenu par un ‘lerpent de bronze ; c’étoit un ferpent d’airain à trois ! têtes, dont les différens contours faifoiént une gran- | de bafe qui s’élargifloir infénfiblement. fe pourroït bien que la colonne de bronze qui toit à Conflantinople, fût ce fameux ferpént à trois ! piés; car outre Zozime & Sozomène, qui aflurent | “que l’empereur Conftantin fit tranfporter dans Phyp- . podrome les srépiés du temple de Delphes Eufébe rapporte que ce #répie tranfportépar ordre de l’em- |! pereur, étoit foutenu par un férpent roulé en fpire. Quoi qu'il en doit, la colonne de bronze aux trois ferpens avoit environ quinze piés de’ haut ‘elle étoit | “formée rpar trois ferpens tournés.en fpiralé comme ‘un rouleau detabac; leurs contours diminuoient in- enfiblement depuis la bafe jufque vers les cous des erpens, & leurs téres écartées fur les côtés én ma- niere de srépiés ,compofoient une efpece de chapi- | -teau : Mourat avoit café la tête à un de ces fetpens; la colonne fut'travertée, 8 les têtes des deuxautres ‘furent caflées en 1700 , après la paix de Caflovitz. (D.17.) Dot TRÉPIÉS DE DODONE,( Lirrérat.) l'airaïn quite: “lonnoit dans ce ternple étoit peut - être une fuite de crépiés pofés de maniere que le refonnement du pre- mer qu'on touchoit fe communiquoit aux autres, "& produfoit un fon continuépendant quelque tems. Voyez l'arsicle ORACLE DE Dopone, ( D.J.) TRÉPIÉ, (Lirérar,) tripus, genodis. és trépiés “les anciens étoient de grandes marmitesiou de grands -Chauderons à trois piés, de divérs métaux. Il y'en avoit de deux fortes, les uinsiétoient pour mettre fur | le feu, & on les appelloit éirosi@irec 8 ndpoyocue, 8x ‘les autres fervoient à mêler/le vin avec l’eau, & ils étoient appellés éwvper, parce rqu’onne les mettoit jamais au feu. On voit par-tout dans Homere que Pon faifoit préfent aux héros de baffins & desrépiés; “ainf dans le iv. X IX: de l'Iliade , Achille recoit | Tome XVI, TRE IDE d'Agamemnnon vingt cuvettes & fept rrépies, (D.J.) TRÉPIÉ , (Ars rumifinar.) le trépié far les médaile les romaines, marque quelque facerdoce ou dignité facerdotale. Le srépié convért ou non, avee une cor neille:ou un dauphin, eft le fymbole des duumviré députés pour garder les oracles des fibyllés, & pour les confulter dans l’occañon; ils étoient confacrés aux piés de la ffarue d’Apollon palatin, à qui la cor- neïlle eft confacrée, & à qui le dauphin ferr d'en: feigne dans les cérémonies des duumvirs. P. Jobers, TRÉPIÉ, (Cirier. ) les blanchifleurs de cire nomment #répié, une petite table quartée faite dé menus morceaux de fer, fur laquelle pofe l’inftru- ment en forme d’auge, qu'ils appellent la gre/onoire, CASE TRÉPIÉ, cerime de Marchand de fer, uftenfile dé cuifine , fait d’un cercle de fer foutenu de trois piés, fur lequel on pofe les chauderons, fourneaux, poîles, &e. qu'on veut tenir folidément {ur le feu, (D.,J.) TRÉPIGNER , ( Maréchal.) un cheval qui épi gne, eft celui qui bat la poudre avec les piés de de- vant, en maniant fans embrafler la volte , & qui fait fes mouvemens courts , près de terre, fans être aflis fur les hanches. Les chevaux qui n’ont pas les cpau- les fouples & libres, &c qui avec cela n’ont guere dé mouvement , ne font que #répigner : un cheval peut trépigner, mème en allant droit. -TRÉPOINTE, £f. terme de Coffrerier; c’eft chez les maïtresCoffretiers-malletiers, maitrésBourreliers, Selliers , & autres ouvriers, un cuir mince, qu'ils mettent entre deux autres cuirs plus épais qu’ils veu- lent coudre. Les flatuts des Coffretiers leur ordons nent de faire les srépoinres dés malles, de bon cuir de veau ou de mouton, & de les coudre à deux chefs de bonne ficelle neuve, bien poiffée, TRÉPOINTE DE DEVANT, ( Cordonnerie. ) eft une bande de cuir que l’on coud avecla premiere femelle de l’empeigne. Trépointe de derriere, eft une bande de cuir plus mince que celle de devant, qui fe coud avec le quat: tier du foulier & le talon-de la feconde femelle, TRÉPOST ow TRÉPORT , fm. (Charpènt. & Marine. ) longue piece de bois, quieftaffembléeavec le bout fupérieur de Pétambord, & qui forme la haus teur de la pouppe. ’oyéz ALONGES DE POUPPE. TREPTOW, (Géogr. mod.) petite ville d’Allema- ‘gne, dans [a Poméranie, fur la riviere de Rega. Il y a une autre petite ville de même notn dans la même province » fur le Jac de Toll. (D. DES TRERO, LE, (Géog. mod.).en latin Trerus, riviere d'Italie, dans la campagne de Rome. Elle faît pros che d’Agnani, &c fe rend dans le Garigliano , aux confins dela Térre de Labour. (CHE HS M TRERONES, (Geog. anc.)peuplés qui faifotent ouvent des coutfes à la droite du Pont-Euxin dans lés pays voifins jufque dans la Paphlagonie & danis la Phrypie : ces peuples , dit Strabon, Lv.l. pag.167. étoient lès mêmes que les Cimmériens, ou du-moins quelques peuples d’entreux, ? _-TRERUS,, ( Géop añe. ) 1°, petite contrée dela Thrace, felon Etiénne le géographe, (qui nomimefes ‘habitans Trees. Ces peuples, felon- Pline, 247 c. io, habitoient aux environs de la Därdanie, dela Macé- doine, & delaPiérie, Thucydide, Z Jp, 166. les ‘met fur le mont Scomius appellé Séopius par Pline, Liv, IF ch. x étquitientau montRodope.Sträbon, l,1:p. Gr, & 1 XP p. Car. dit'qu'ilsétoient Ci: mériens d'origines ique-CoMme ceux cils frent des courfes dans divers pays, & que la fortune les favorifa pendant lorig-téms. : *.! . O : 12Fa, 1°: PE] | + SRE Ç E 2°. Trerus , fleuve d'Italie, dañis le Latitin, Stra- bon ,2. Vip. 237. dit que ce flétive ouilloit la ville “de Fabrateria , qui étoit furila voie Latine : fon nom moderñe.cftle Tréro, D, 7.) à FFfFi 596 TRE l TRÈS-CHRÉTIEN, ( Æift. de France.\ titre des rois de France. Le concile de Savonniere, tenu en 859, qualifie Charles-le-Chauve de roi srès-chrérien. Le pape Etienne IL avoit déjà donné ce nom à Pepin Van 755. Malgré ces faits tirés de l’hiftoire, on a dit aflez communément jufqu’à ces derniers tems, que le titre de srès-chrètien fut accordé pour la premiere fois par Paul I. à Louis XI. | Le pere Mabillon qui a fait imprimer un. extrait de l’ambaflade de Guillaume de Monfterceet en 1469, où l’on voit que ce fouverain pontife déclare qu'il donnera dans la fuite ce titre à nos rois, remarque qu’en cela le pape ne faifoit que continuer un ufage déjà établi. Pour le prouver il rapporte plufñeurs exemples anciens, qui à la vérité ont été quelque- fois interrompus ; mais il démontre que du tems de Charles VII. cette dénomination étoit déjà conftam- ment &-héréditairement attachée à nos rois. Pie II. le dit expreflément dans fa 385°. lettre adreflée à Charles VII. du 3 des ides d'Oétobre 1457. Nec im- merito ob chriffianum nomen a progeñitoribus tuis defen- fum , nomen chriftianiffimni ab illis hæreditariur habes. Si ce favant religieux eût vu Le prologue de Raoul de Prefles à fon livre de /a cité de Dieu, il n’eût pas manqué de faire remonter l’'ufage de ce titre de srès- chrétien jufqu’au tems de Charles V. ayeul de Char- les VII. les termes de Raoul de Prefles font aflez pré- cis: « Et à vous fingulierement en linfitution des » lettres au srès- chrétien des princes ». Ce pañlage a échappé aux auteurs des diflertations inférées dans les Mercures de Janvier, Avril & Juin 1720, &c. où cette matiere eft difcutée ayec beaucoup de viva- cité. On trouve cependant, malgré ces autorités, que le concile de Bâle, tenu en 1432, ne donne au rot de France que le titre de férémiffime ; enfin celui de zrès-chrétien que Louis IX. obtint du pape en 1469, eft devenu un titre permanent dans fes fucceffeurs. Au refte, on a remarqué que ce prince prit la qua- lité de srès-chrérien, à-peu-près dans le tems que Fer- dinand d'Aragon, illufire par des perfidies autant que par des conquêtes, prenoit le titre de cazholi- gue. (D. J.) TRES-TABERNÆ , (Géogr. anc.) lieu d'Italie dans La campagne de Rome, & où lhiftoire Mifcel- lanée & Zozime , Z. IT. difent que l’empereur Sévere fut tué par Maxence. Cicéron, 2. II. artic. epifl. x. qui parle de ce lieu, fait entendre qu'il n’étoit pas éloigné de la voie appienne , & un peu plus loin que Je marché d’Appius. Les Chrétiens qui étoient à Rome allerent au-devant de faint Paul jufqu’au lieu nommé les Trois-loges , Tres-Taberne , comme nous le lifons dans les 4éles xxviij. 15. L’itinéraire d’An- tonin marque ce lieu fur la route de Rome à la co- lonne, en fuivant la voie Appienne, entre Aricia &z Apii-Forum, à 17 milles du premier de ces lieux, & à 18 milles du fecond. Le nom moderne eft Cf Lerria. | à Tres-Taberne eft encore un lieu de la Macédoine, fuivant l'itinéraire d’Antonin , qui le marque fur la route de Dyrrachium à Byzance, (D. J.) TRÉSAILLE, {. f. erme de Charron,.c’eft une piece de bois longue de quatre piés &c demi, plate, quar- rée , de l’épaiflèur de deux pouces ét de la largeur de quatre , qui eft aflujettie fur les deux ridelles ou brancart du tombereau, au milieu de cette sréfaslle eft un anneau de fer fait en piton, où eft attachée la chaine qui attache le tombereau , & le maintienten état. TRÉSEAU , £. m. (Commerce.) petit poids qui pefe le demi-quart tou la huitieme partie de once ; c’eft ce qu'on nomme plus communément un gros. On pefe au sréféau les drogues des apoticaires, & la me- nue marchancife que les merçiers débitent en détail, comme le fil & la foie en écheveaux. Voyez Gros. Diütionnaire de commerce. | TRÈS-FONCIER,, adj. (Jurifprud.){e dit de celui quia la propriété du fonds, on l'appelle Jéoreur rès- foncier, parce que le droit de pleine propriété eft re- sardé comme une efpece de feigneurie , utile en ce qu’il donne le droit de difpofer de la chofe,d’en jouir, & même d’en ufer & abufer felon que la raïfon & la loi le permettent, Voyez DOMAINE, HÉRITAGE, PROPRIÉTÉ , SEIGNEUR ; SEIGNEURIE. (4 TRES-FONDS, f£. m. (Gram. & Jurifprud.) fignifie la partie de lhéritage qui eft oppoñée à la fuperficie ; on dit de celui qui a la pleine proprièté d’un héritage qu'il a le fonds & les srès-fonds , parce qu'il a non- feulement la fuperficie , mais aufli le fond , c’eft-à- dire tout ce qui eftau-deffous de la fuperfcie à quel- que profondeur que cefoit, de maniere qu'il fait faire des fouilles & excavations aufli avant qu’il le juge à propos. Voyez DOMAINE , FONDS, PROPRIETE, TRÈS-FONCIER , USUFRUIT. (4) | TRÉSILLON , f. m. (Charpenr.) morceau de bois qu'on met entre des ais nouvellement fciés, pour les tenir en état & les faire fécher plus aïfément & fans gauchir, On dit sre/llonner une pile de bois, de crainte qu'il ne fe tourmente. (D. J. | TREÉSOR , f. m. (Drois naturel & civil.) thefaurus eftvetus quedam depojitio pecuni® , cujus non extat me- noria , ut jam dominum non habeat: fic enim fit ejus qui invenerit quod non alterius fit, alioquin fr quis ali- quid vel lucri caufà , vel metis, vel cuflodiæ , condi- deris fub terra, non eftthefaurus cujus etiam furtum fie. Digeft. ib. XLI. tie. I. Selon cette définition , un sréfor eft un argent trouvé , & dont on1gnore le maitre. Je dis, dort on ignore le maître ; car fi quelqu'un cache en terre fon A argent crainte d’être dépouillé , ou fimplement faute d’endroits plus commodes pour le ferrer, ce n’eft pas un tréfor ; & quiconque le prend , fe rend coupable de larcin , comme ce valet dont il eft parlé dans la comédie de Plaute , intitulée Æz/ularia. On de- mande donc à qui appartient un sréfor trouvé, c’eft- à-dire un argent dont on ignore le maître. Selon le droit naturel tout feul ,unsré/or, de même que toutes les autres chofes qui n’ont point de maï- tre, appartiennent au corps de l’état, ou à ceux qui le repréfentent., enun mot, aufouverain, Mais d’un autre côté, le fouverain eft cenfé laïfler ces fortes de chofes au premier occupant, tant qu'il ne fe les réferve pas bien clairement à lui-même. Et lorfqu’il permet aux particuliers ou expreflément , ou tacite- ment, de fe les approprier ; celui qui trouve un sre- Jor & qui s’en faifit , en devient par-là maître, quand même il l’auroit trouvé dans un fonds appartenant à autrui, fi les lois civiles n’en difpofent autrement; parce que le sré/or n’eft pas accefloire du fonds, com- me les métaux, les minéraux, & autres chofes fem- blables qui y font attachées naturellement, & dont à caufe de cela le propriétaire du fonds peut être re- gardé comme en pofleffion.. Les lois romaines qui donnent la moitié du srefor au maître du fonds , & l’autre moitié à celui qui y trouve un sré/or, étendent cela à un ouvrier qui eft payé par le maître du champ ou de la maïfon pour y travailler ; car, dit-on, 1l n’agit au nom de celui qui la loué qu’en ce qui regarde l’ouvrage qu'il a à faire. Nemo enim fervorum opera thefaurum guæret : nec ea propter tum terram fodiebat , [ed alii rei operam infume- bat & fortuna aliud dedu. Digeft. &b. XLI, sir. I. De acquir. rer, domin. leg. 43. | Platon décide qu’un sréfor , & en général toures les chofes perdues, ne demeurent pas à celui qui les trouve, quoiqu'on ne fache point à qui elles appar- tiennent ; mais 1l prétend qu'il fautconfulter lä-deflus loracle de Delphes , pour difpofer de ces chofes TRE +comme ik én ordonnera. :C’eft pouffer le fcrupule : auff Join que faifoit un philofophe chinois ; nommé Chiungai, qui s’imaginant qu'il n’étoir pas permis de rien toucher que l’on foupçonnât le moins du monde être le fruit de queique infuftice , ne vouloit pas lo- ger dans la maifon de fon pere, crainte qu’elle eût été bâtie par des fripons, ni manger chez fes parens ou fes freres , de peur que ce qu'ils lui donneroïent ne füt mal aquis. On a lieu de croire que parmi les Juifs , les Romains du tems de Plaute & les Syriens , le sréfor appartenoït au maître du champ où1l avoit ÉTÉ trouvé ; mais ce qu’on fait plus certainement , c'eft que les lois romaines ont fort varié fur cette matiere, Voyez le droit public de M, Domat, div. I. tit, VT. Jeët. 3. le jus privatum romaño-german, de Titus , 6. VIT, cap. x. Au refte il convient de favoir qu'il y a fur ce fujet parminous divers réglemens, des lois civiles felon les différens pays, comme auff diverfes Opinions parmi les auteurs ; maïs il feroit inutile d’entrer dans ce détail. (D...) TRÉSOR PUBLIC, ( Anrig. d'Athènes.) Le tréfor public d'Athènes étoit confacré à J upiter fauveur , &. à Plutus dieu des richefles. Dans la mafle des revez nus publics qui formoient ce #réfor, on y gardoit toujours en réferve mille talens, 187 mille soo livres fterlings , auxquels il étoit défendu de toucher fous des peines capitales , excepté dans les befoins les plus urgens de létat. Les fonds de fubfide qui fournifloient le créfor pu- blie d'Athènes provenoient de l'impofition , nommée tête, TEA Hs des phori > 2opor des efphore, ÉLoGUpar » & des timemata, reutuare, C’eft-à-dire des amendes 3 les autres mots ont été expliqués à leur article, Leur sréfor public étoit employé à trois fortes de dépenfes, qui tiroient leurs noms de leur emploi. On appelloit 1°, re ypHuare ic Dorvnorws , les fonds _déflinés aux dépenfes civiles : 2°, rà SpaTioTi ge A phui= Ta, les fonds defhinés pour la guerre : 3°. Ta Jeoplyn, Les fonds deflinés pour la religion. Dans cette dernsere clafle étoient comprifes les dépenfes des théatres & des fêtes publiques. Il y avoit un tréforier affigné à chaque branche des revenus publics, & l’on appelloit cette magiftra- ut, raies ric dioiynoswc, ro Spatioriqnr ; À Seopi= xuv. Potter , archæol. grec. £. I, p. 82, Ce . Trésor PUBLIC, (Anrig. rom.) sréfor de Pépargne formé des deniers publics. Il y avoit dans Le temple de Saturne , fitué fur la pentegdu mont Capitole , trois sréfors publics. Dans le sréfor ordinaire , l’on mettoit l'argent des revenus annuels de la république, & l’on en tiroit de quoi lubvenir aux dépenfes ordinaires, Le fecond sréfor provenoit du vingtieme qu’on prenoit fur le bien des affranchis, furles leos & fuc- ceffions qui étoient recueillis par d’autres héritiers que les enfans des morts, ce qui montoit à des fom- mes exceflives. Ce fecond'sréfor étoit appellé par cette raifon awrum vicefemarium. Dans le troifieme étoit en réferve tout l'or que Von avoit amafñlé depuis linvañon des gaulois , & que l’on confervoit pour des extrémités pareilles, fur-tout en cas d’une nouvelle irruption de ces mê- mes gaulois. Ce fut ce qui donna lieu à ce noble trait : d'efprit de Céfar au tribun qui gardoit ce créfor, quañd ce grand capitaine le fit ouvrir par force , fous pré- texte de la guerre civile : « Il eft inutile ,» ditil, de >» le réferver davantage, puifque j'ai mis Rome » hots de danger d’être jamais attaquée par Les Gau- _# lois ». €’étoit dans le troifieme tréfor qu’étoient encore les fommes immenfes que les tnomphateurs appor- terent des pays conquis, Céfar s’empara de tout, & .€n fit des larsefles incroyables, Cependant çe troi- TRE 597 feme sréfor public, ainfi que le fecond, s’appelloit Janilius ærarium , maïs rien n’étoit facré pour fervir à ambition de ce nouveau maître de Rome, Tout le monde fait que le mot général ærariurm, qu'on donnoit à tous ces sréfors > Venoit de ce que la prèmiere monnoie des Romains étoit du cuivre, Quand la république fat foumife à l'autorité d’Au- gufte , il eut fon sré/or particulier fous le nom de Jycus. Le même empereur établit un tréfor militaire, @rarium militare, Les pontifes avoient auffi eur trélor , ærarium , que l'on appelloit plus communément arca ; & ceux qui en avoient la garde fe nommoient arcarii, dont il eft fait mention dans le code Théodofien , & dans . le code Juftinien , 4. IT. sie, PII. CDS TRÉSOR , (Critique facrée.) en BTCC Suraupes, ce mot fignife 1°, un awss de richefles miles en réferve, Matth. vj. 19. ne cherchez point à amaffer des tréfors Jur La terre : 2°, des coffres, des caffertes ; les mages après avoir déployé leurs tréfors , Susaupue durôr, Matth. ij. 11, c’eft-à-dire après avoir ouvert les caf- fettes , les coffres où étoient renfermées les chofes précieufes qu'ils vouloient Préfenter au Sauveur : 3°. magafin où l’on garde les Provifions , Marth. xiry. 32. le pere de famille tire de fa dépenfe , x ré 9y= saupé , toutes fortes des provifions. : Le rrélor de l'épargne étoit la tour où les rois de Juda faifoient porter leurs finances, IF, Rois, xx, 1.5. le sréfor du temple étoit le lieu où l’on mettoit en ré- ferve tout ce qui étoit confacré au Seigneur , Jofué Y].19. le sréfor de Dieu eft une expreffon métapho- rique, pour marquer fes bienfaits > la puiflance, Ge. Il tire de fes sréfors, comme d’un arfenal , les traits dont il punit les méchans, Jérémie, L, 25, Les sréfors d'iniquité défignent les richeffes aquifes par des voies inquites, Prov, x. 2. (D. 7.) TRÉSOR DES CHARTES pu ROI, eft le dépôt des titres de la couronne, que l’on comprenoit tous an- ciennement fous le terme de charres du roL. On entend auffi par-là le Ze où ce dépôt eft con- fervé,. | | Anciennement & jufqu’au tems de Philippe-Au- gufte , il n’y avoit point de lieu fixe Pour y garder les chartes du roi ; ces aêtes étant alors en petit nom- bre , nos rois les faifoient porter à leur fuite par-tont où1ls alloient, {oit pour leurs expéditions militaires, {oït pour quelqu’autre voyage. Guillaume le Breton & autres hiftoriens fappor- tent , qu’en 1194 Philippe-Auoufte ayant été furpris pendant fon diner , entre Blois & Fretteval, dans un lieu appellé Be/zefoye, par Richard IV. dit Cœur de ‘ on, roi d'Angleterre & duc de Normandie > avec lequel il étoit en guerre , il ÿ perdit tout fon équi- page , notamment {on {cel & {es chartes > titres & papiers. M. Brufel prétend néanmoins que cet enlevement n'eut pour objet que certaines pieces, & quelés An- glois r’emporterent point de regiftres m de titres confidérables, Il y a du-moins lieu de croire que dans cette occa- fonles plusancienstitres furent perdus, parce qu'il nefe trouve rien au sréfor des chartes que depuis Louis le Jeune , lequel , comme on fait > ne COMmenca à 1 :regner qu'en 1137. Philippe-Augufte , pour réparer la pérte qui venoit de lui arriver , donna ordre que l'on fit des {oigneufes recherches , pour remplacer les pièces qui avoient été enlevées. Il chargea de ce foin Gaultier le jeune, Galterins -Junior | auquel du Tillet donna le titre dé cham- brier. ; | Ce Gaultier autrement appellé frere Guerin, étoit religieux de l’ordre de S.. Jean de Jérufalem, Il far évêque de Senlis, garde des fceaux de France ous ‘598 TRE Philippe-Atguite ; puis chancelier fous Louis VIII. | & S. Louis. | Il recueillit ce qu’il put trouver de copies de char- tes qui avoient été enlevées, & rétablit le furplus de mémoire le mieux qu’il lui fut poffble. I] fut arrêté que l’on mettroit ce qui avoit été ainfi - rétabli, & ce qui feroit recueilli à Pavenir, en un, lieu où ils ne fuffent point expofés aux mêmes ha- _ fards ; & Paris fut choïfi,comme la capitale du royau- me, pour y conferver ce dépôt précieux. Il eft préfentement placé dans un petit bâtiment en forme de tour'quarrée , attenant la Sté Chapelle, du côté feptentrional : au premier étage de ce bâti- ment eft le sréfor de la Ste Chapelle ; & dans deux chambres l’une fur l’autre , au-deflus du sréfor de la Ste Chapelle, eff le sréfor des chartes. Mais ce dépôt n’a pu être placé dans cet endroit | que fous le regne de S. Louis ; & feulément depuis 1246, la Ste Chapelle n'ayant été fondée par ce roi que le 12 Janvier de cette année. Les chartes ou titres recutillis dans ce dépôt font les contrats de mariages des rois & reines, princes &r princefles de leur fang, les quittances de dot, affi- ‘gnations de douaire, lettres d’apanages, donations, . teftamens, contrats d’acquifition , échanges , &c au- tres aétes femblables ,les déclarations de guerre, les - traités de paix , d'alliance, Gc. On y trouve aufñi quelques ordonnances de nos rois, mais elles n’y font pas recueillies de fuite, ni exactement ; car le regiftre de Philippe-Augufte & . autres des régnes fuivans jufqu’en 1381, ne font pas des recueils d'ordonnances de ces princes, mais des regiftres de toutes les chartes qui s’expédiotent en chancellerie , parmi lefquelles il fe trouve quelques ordonnances. Le roi enjoignoit pourtant quelquefois par fes or- donnances mêmes de les dépofer en original au #ré/or des chartes, témoin celle de Philippe VI. touchant la régale du mois d'Otobre 1344, à la fin de laquelle il eft dit qu’elle fera gardée par original.au #réfor des chartes & lettres du roi, ordonnances de la troifieme race, some P.. Lorfque le sréfor des chartes fut établi dans le lieu ; où il eft préfentement , on créa aufli-tôt un gardien de ce dépôt , que l’on appelle sréforier des chartes de France , & que l’on a depuis appellé sréforier-garde des chartes G papiers. de la couronne , où | comme on dit vulgaitement , garde du tréjor des chartes. Suivant des lettres de Louis XI. de lan 1481 , 1l doit prêter ferment de cette charge en la chambre des . comptes. En inftituant le tréforier des chartes, on lui don- . ma non-feulement la garde de ce dépôt, mais on le -chargea aufi de recueillir les chartes & titres de la couronne, de les dépofer dans le sréfor , & d’en faire de bons & fideles inventaires. ll nous réfte encore quelques notions ‘de ceux qui ont exercé la charge de sréforier des chartes. Le plus ancien qui foit connu, eft M$. Jean de Calais. Depuis Etienne de Mornay qui l’étoit en 1305, on connoit aflez exaétement ceux qui ont rempli . cette charge. On trouve qu’en 1318, Pierre d’Eflampes ou de Stampis étoit gatde du tréfor; mais M. Dupuy dit . qu'il y a lieu de douter fi.ce Pierre d'Eftampes & ceux qui lui fuccéderent en cet emploi jufqu’en 1370, étoient véritablement gardes du trélor «des chattes ; 11 prétend qu'ils étoient feulement gardes . des chartes de la chambre des comptes, que l’on ap- pelle aujourd’hui gardes des livres. | Cependantils nefontpas qualifiés fimplement gar- des-aes livres ou lettres du roi , mais gardes durréfor de lestres du roi ; par exemple, à la marge des.lettres de "2 TRE Charles ; résent da royaume ypout le rétabliffement du baïlliage royal de Saint-Jangon' en Mâconnois, du mois de Décembre 1359, qui font au mémorial D'de la chanibre des comptes de Paris ; fo/. 1, eft - écrit : ego Adam Bouchérii clericus domini regis & cuf° 210$ thefauri litterarum regiarum, recépi in Camer& compo corum originale hijus sranftripti per mantin magifiri Johannis Aquil. die penult, Januarii | anne 1339. Voyez Les ordonnances de la rroifieme race, tom. III. P+380, aux notes. Dansla confirmation desprivileges que le roi Jean accorda en-Janvier 1350 , aux habitans de la ville de Florence, il eft dit qu'il fit tirer des regiftres de fon pere ( Philippe VI. ) lefdites lettres de privileges qui font du mois de Mai r344, & ces regiftres s’enten- dent du sréfor des chartes. Noyer les ordonnances de la troifieme race , 10m. IV. pag. 37 , &t la note de M. Se- coufles, à la table des matieres , au mot sré/or des chartes. En 1364, Pierre Goneffe étoit garde des chartes & des privileges royaux dont on lui remettoit les “originaux; il donnoit des expéditions fignées de lui -des lettres qui y étoient contenues; il eft qualifié cuflos cartarum & privilegiorum regiorum , ce qui ne paroit pas équivoque. Voyez Les ordonnances de la troifemerace , 10m. IV. p.474, 475 6 470 Îl eft encore parlé du sréfor des chartes dans des let- tres de Charles V. du 14 Mars 1367, ordonnances de la troifieme race, tom. V. p.100 6103. Les premiers gardes du éré/or des chartes ne firent que des inventaires fi fuccints ; qu’on n’en peutpref- que point tirer d'inftruétion. Au mois de Janvier 1371, Charles V. ayant vifité en perfonne fon sréfor des chartes, & voyant la confufon qui y étoit, en donna la garde à Gérard de Montaigu quil fit fon notaire & fecrétaire tréforier & garde de fon sreor des chartes, & par fes lettres patentes il ordonna qu’à - l'avenir ceux qui auroient la garde dudit sré/or, fe- roient appellés sréforiers & [es fecréraires perpétuels. Il eft parlé de ce Gerard: de Montaigu en ladite qualité à la marge des léttres de Charles V. du mois de Septembre 1371, qui font au cinquieme volume des ordonnances de latroifieme race, p. 425 6 426% I] fut garde du sréor jufqu’en 1375. Dreux Bude lui -fuccéda en cette fonéhon le 7 Février 1375. Le 22 Septembre 1376 le même Gerardde Montaiguétoit ‘garde du sréfor de la chapelle. Voyez le recuerl des or- donnances de la troifieme race, p. 30, 56 € 218.Cho- pin, de dom. lib. IIL. p. 459% dit que Dreux (Draco) &c Jean Bude , aieul & pere de GuillaumeïtBude, furent fuccefivement gardes du sréfor des chartes, ainfi que Guillaume Budée le remarque en fa note fur la loi zec quicquam ff. de offic. proconful. Pour revenir aux inventaires du #réfor des chartes ; Gerard de Montaigu en'fitun, mais qui fut encore très-fuccint, fuivant lequel il y avoit alors 3 10 layet- tes ou'boëtes , r09 regiftres, &t quelques livres de juifs, defquels:il n'eft reité que quatre hébreux qu'y font encore. Montaigu mit à part les papiers inutiles & plufiéurs coins de monnoiïe, qui font à préfent rongés de la rouille , & que l’on a mis.en la chambre haute. | Les resiftres font feulement cottés audit inventai- re felon les tems, depuis Philippe Augufte jufqu’en 1381, tellement que pour trouver une charte dans ces regiftres, il faut favoir le tems qu’elle a été en- ‘regiftrée en l’audience de la chancellerie, ou plutôt levée, parce qu’on n’en faifoit regiftre qu'après qu”- elle avoit été délivrée. | _ Le 12 Septembre 1481, Jacques Louvet commen- ça un inventaire qui n’étoit que de 7$ layettes, fe. lon l’ancienne quote, dontil s'entrouva deflorsplu- fieurs de manque. Suivant la commiffion qui avoit été donnée porte aire cet inventaire dés Pan 1474, on voit que le sré- -Jor fermoit à trois clés , dont l’une demetra À Jean Bude , ancien tréforier des chartes, une audit Lou- vet, tréforier aûuel , & la troifieme à M. de la chambre des comptes auxquels tout ce qui fe faifoit fe rapportoit par cahiers, Sous le roi François L. on porta au sréfor quinze coffres appellés lescoffres des chanceliers | parce qu’ils contenoient les papiers trouvés chez les chanceliers du Prat, du Bourg & Poyet. Ceux de ce dernier fu- rent faifis quand on lui fit fon procèsau mois de Juin 1542, & enfuite mis au sréfor des chartes. IL faut remarquer à cette occafion qu’ancienne- ment après la mort où démiflion des chanceliers ou gardes des fceaux, l’on retiroit d’eux ou de leurs hé- ritiers les papiers du roi, ainfi qu’on l’a vu pratiquer par la décharge qui fut donnée aux héritiers du chan- celier des Urfins. Du tems que M.de Thou , fils du premier préfi- dent, fut trélorier des chartes ,M. du l'illet, greffier en chef du parlement, auteur du recueil des rois de France & autres œuvres qu'il compofa tant fur les repiftres du parlement & fur ceux de la chambredes comptes, que fur le sré/or des chartes ,, eut pour cet effet permiffion d’entrer au sréfor même, de tran{por- er ce dont 1l auroit beloin : ce qui fut fait avec fi peu d'ordre, que lestitres dont il s’étoit fervi ne furent point remis à leur place, plufieurs ne furent point apportés, & demeurerent chez lui ou fe trouverent perdus. | Le défordre s’accrut encore par entrée qu’eutau tréfor M. Brion la premiere année qu'il fut avocat du roi, lequel emportade ce dépôt beaucoup de bons / : A + AVE mémoires, même les remontrances faites À l'occafon | du concordat. M. Jean de la Guefle , procureur général , voyant le circuit qu'il étoit obligé de faire pour avoir quel- que titre du sréfor , qu’il falloit préfenter requête au toi, puis obtenir unelettre de cachet , fit démettre celui qui étoit alors tréforier des-chartes, & unir cette charge à perpétuité à celle de procureur géné- ral, ce qui fut fair au mois de Janvier 1582; & le procureur généralprend depuis ce tems la qualité de tréforier-garde des chartes 6 papiers de la couronne » tel eft le dernier état au moyen de quoi MM. Dupuy & Godefroi, commis-fous M. Molé , procureur gés | néral, tréforier des chartes, firent en 16 1$ unin- ventaire lors duquel ils trouverent beaucoup de ti tres pourris, partie des layettes brifées & pourries faute d’avoir entretenu la couverture, Ils remirent l'ordre qui y eft aujourd’hui, ayant rangé les layettes par les douze gouvérnemens , puis les affaires étran- geres , les perfonnes & les mélanges, tellement qu'ils mirent en état 350 layettes, 15 coffres & $2 facs. Pourles regiftresils furent rangés felon l’ordre chro- nologique du regne des rois, … L'inventaire des layettes, coffres & facs contient huit volumes de minute. MM. Dupuy & Godefroy n’acheverent pas celui des regiftres, ayant été occu- pés à d’autres affaires. M.Molé fit apporter au sré/or les papiers de M. de k Guefle, procureur oénéral ; on les mit dans des Jacs étiquetés, ce qui remplit une partie d’une grande armoire diftribuée enquarante-deuxguichets. Le roi ayant fait rafer le château de Mercurol en Auvergne , où étoient {es titres pour ledit pays, on Jesa mis au sréfor des chartes dans la chambre haute ; maison en a tiré peu d'utilité. | On ÿ a auffi mis quelques papiers de M. Pithou, des papiers'concernant Metz, Toul & Verdun , la Lorraine; on apporta de Nancy fix grands coffres qui {ont au’ éréfbr, M. Dupuy dit queles miniftres ont négligé de fai- re porter les titres au séfor des chartes: que pour ce TRE 599 qui eft des regifires des chartes qui s’expédioient en la chancellerie , & pour lefquels on exige encore un droit, l’on n’en a point apporté au rréfor des chartes de- puis Charles IX. qu’à l'égard des originaux, on n’y en a point mis non plus depuis loñotems, f ce n’eft quelques pieces fingulieres, comme le procès de Ja diffolution du mariage d'Henri lV. avec la reine Mar. guerite. | M. de Lomenie, fecrétaire d'état, ft remettre à M. Mol , procureur général, les orisinaux des ac- tes pañlés pour le mariage d'Henriette de France avec Charles I. roi d'Angleterre , pour être dépoiés au crefor de chartes. Le cardinal de Richelieu ÿ fit aufli mettre grand nombre de petits traités 8 aëtes faits par Le rot avec. les princes &c états voifins. On y chercha le contrat de mariage de Louis XII, qui {e trouva enfin dans ün lieu où il ñe devoit pas être, À À Le garde des fceaux de Marillac ft rendre un ars rêt du confeil d'étar 15 23 Septembre 1628, portant que les traités, aétes de paix, mariages , alliances &t négociations , de quelque nature qu’elles foient ; pañlées avec les princes, feigneuries & communau- tés , tant dedans que dehors le royaume, feroient portés au sré/or des chartes & ajoutés à l'inventaire d'icelui , & 1l fut enjoint dux chanceliers gardes des fceaux d’y tenir la main. M. Dupuy dit que tout cela a encore été mal exé- cute , & que les chofes font reffées comme aupara- - Vant. Mais par les foins de MM. Joly de Fleury pere & fils, pluieurs pieces anciennes très-importantes ont êté récouvrées & mités au zréfor des chartes Par exemple, le regiftre 84, qui depuis très-long= tems étoit en deficit dans ce dépôt, s'étant trouvé dans la bibliotheque de M. Rouillé du Coudray , confeiller d'état, &c lors de fa mort arrivée en 1729, ayant pañlé entre les mains de M. de Fouraueux, pro- cureur général de la chambre des comptes de Paris, fon neveu, ce magiftrat l’a remis au sré/or des chartes, & ce regiltre a été réuni aux autres qui font confer- vés dans ce dépôt. Voyez l’averriffement de M. Secoufte qui eft au troifieme volume des ordonnances de la troifieme race, p. 673. | Pource qui eft des pièces modernes , il y'a plus de cent ans que lon n’en n’a mis aucune au £réfor des chartes ; on en à d’abord mis quelques-unes aux ar- chives du louvre, enfuite on a mis toutes celles qui {ont furvenues dans le dépôt des manufcrits de la bi- bliotheque du roi, oùil y a déja plus de pieces qu’au créfor des chartes. [y a préfentement plufeurs commiflaires au rés Jor des chartes qui font nommés par le roi, & qui fous’ Pinfpeétion de M. le procureur général, travaillent aux inventaires & dépouillemens des pieces qui font dans ce dépôt, dont on fait différentestables & ex- traits, non-feulement par ordre des matieres, mais aufli des tables particulieres desnoms de lieu, des noms des perfonnes , & fingulierement de ceux des grands officiers de la couronne, des titres qui étoient alorsufités , des noms des monnoïes,& autres objets femblables qui méritent d’être remarqués. On travaille aufli à une table générale dés reoif tres & à une autre de toutes les pieces originales qui font au #ré/or ; on fe propofe même de' faire une table générale de toutes les chartes du royaume qui fe trou vent difperfées dans différens dépôts, depuis le com- mencement de la monarchie jufqu'en 1560, tems depuis lequel les attes qui ont fuivi, ont étérecueil- lis avec plus de foin dans différentes colle&ions. Il feroit à fouhaiter que le public pût profiter bien- tôt de Ce travail immenfe, dans lequel on puiferoit fans doute une infinité de connoïffances curieufes &e utiles. (4) TRÉSORIER , fm. (Gram.) eften général celui à qui l’on a confié la garde d’un tréfor. TRÉSORIER ex fous-ordre,(Hiff.rom. lestréforiers en Tous-ordre,ou les /ous-tréforters,felon Afconius & Var- son, étetent certains particuliers d’entre le peuple qui levoient & portoient chezle quefteur du procon- ul, l'argent néceffaire pour la paie des troupes ; c’é- toïent des efpeces de colleéteurs de l’argent impofé fur chaque tribu pour les befoins de l’état. Leur éta- . bliffement eft de la plus haute antiquité , au rapport d'Aulu-gelle. La loi aurelia nous apprend combien cet ordre peu digne de confidération devint accrédité, puifque cette loi rendit commun aux sre/oriers & aux chevaliers le droit de juger de certainés matieres qui n’appartenoient auparavant qu'aux fénateurs ; 1] fal- loit au contraire les dépouiller de ce privilege, fi quelque autre loi le leur avoit accordé. ( D. J. TRÉSORIER, (cerme d'églife. ) c’eft celui. qi pof- fede une dignité ou bénéfice eccléfaftique, qui le rend gardien de largenterie, des joyaux, des reli- ques , dutréfor des chartes, & autres objets appar- tenans à l’églife particuhiere dont 1l eft membre. Le tréforier a fuccédé en quelque façon aux anciens dia- cres à qui les tréfors de l’églife étoient confiés. Dans le tems de la réformation cette dignité fut abolie comme inutile dans la plüpart des églifes cathédrales de la grande Bretagne ; cependant elle fubfifte tou- jours dans celles de Londres , de Salisbury, 6e. (D. J.) TRÉSORIERS DE FRANCE, (Juri/prud.) font des magiftrats établis pour connoïtre du domaine du TOI. __ Ils ont été appellés sréforiers, parce qu’au com- mencement de la monarchie toute:la richeffe de nos rois ne confiftoit que dans leur domaine , qu’on ap- pelloit ere/or du roi ; &t que les revenus du domaine étoient dépofés dans un lieu appellé Ze sréfor du roi , dont ces officiers avoient la garde & la direétion. Du tems de Clovis I. le tréfor étoit gardé dans l’an- cien palais bâti de fon tems, .oùeft aujourd’hui lepar- lement. - Le sréforier qui ordonnoit du. paiementides gages ou penfons aflignées par les rois fur leur domame, mème des fiefs & aumônes, avoit une chambre près du tréfor , en laquelle il connoïffoit du domaine, comme cela s’eft toujours pratiqué depuis , foit lorf- qu'il n’y avoit qu'un feul sreforier, ou lorfquäls ont été plufeurs. | Sous Philipe-Augufte le tréfor étoit au temple : ce prince avant de partir pour la Terre-fainte, Pan 1196, ordonna qu’à la recette de fon 4voir, Adam fon clerc, feroit préfent & écriroit la recette; que chacun au- roit une clé des coffres où lPargent feroit remis ,: & que le temple en auroit une, C’étoit un chevalier du temple qui étoit le gardien particulier du tréfor du roi, & qui-en expédioit les quittances aux prevôts & aux comptables. Du tems de $. Louis la chambre des comptes, qui étoit ambulatoire , ayant été fixée à Paris, Les se/o- siers de France 8t officiers des monnoïes. à raïfon de la communication qu'ils avoient ayec les finances, dont les gens des comptes étoient juges , furent unis &t incorporés en la chambre des comptes, oùils con- tinuerent chacun lexercice de leurs charges. Onvoyoit en effet encore dans l’ancien bâtiment de la chambre des comptes, qui fut brûlé le 28 Oc- tobre 1737, une chambre du tréfor , appellée care vetus thefaur:, où les sréforiers de France exetçoient anciennement leur charge & jurifdiétion en la con- noïffance du domaine : 1l,y avoit aufñi une chambre des monnoies , & Miraulmont dit avoir vu des com- “miffions, une entr’autres de Pan 1351, intitulée /es gens des comptes & tréforiers 6 les généraux maires des amonnoies du roi notre fire, qui prouvent qu'autrefois tes trois chambres n’ont fait qu'un corps & une com- pagnie ; C’eft de-là queles sreforiers de France font encore reçus & inftallés.en la chambre des comptes, &t qu'entre les fix chambres ou divifions dans lef- quelles les auditeurs des comptes font diftribués pour le rapport des comptes; la premiere s’appelle encore La chambre du tréfor. Le dépôt du tréfor du roi fut pourtant remis au temple en 1302; depuis il fut mis au louvre, & enfuite on le remit au palais. Il étoit dans une tour près la chambre appellée dx tréfor , laquelle fe voit encore aujourd’hui treilliflée, au plancher de laquelle font attachées les balances où les finances du royaume, qui étoient apportées & mifes ès mains du changeur du tréfor , fe pefoient. Du tems de Miraulmont,le tréfor du roi étoit gar- dé à la bafille de $. Antoine. Préfentement le tréfor du roi, appellé sréfor royal, refte chez les gardes dutréforroyal. Pour ce qui ef de la recette & de l’adminiftration du tréfor ou domaine , au commencement c’étoient les baïillifs 8x fénéchaux qui en étoient chargés, cha- cun dans leur reflort. epuis, pour ne les pas détourner de lexercice de la juftice , on établit des révenus particuliers , lef- quels reportoient tous Pargent de leur recette au changeur du tréfor , qui étoit le receveur général. Le changeur du roi diftribuoit les deniers fuivant les mandemens & ordonnances des sréforiers de Fran- ce, lefquels avoient la direétion du domaine &e reve- nus du roi. Le nombre de ces officiers fut peu confidérable fous les deux premieres races de nos rois, & même encore aflez avant fous la troifieme. Grégoire de Tours & Aimoin, deux de nos plus anciens hiftoriens françois , parlent du sréforter de Clovis I. hefaurarius Clodovicr, Ontrouve peu de chofe au fujet des sréforiers de France, juiqu’au tems de Philippe le Bel. Sous. le regne de ce prince 1l n’y avoit qu’un feul tréforier de France, qui étoit établi en cette charge par forme: de commiffion feulement , pour un an, plus . où moins, felon la volonté du roi ou de fon confeil. Guillaume de Hangeft étoit feul eréforier de France en 1300, depuis ce tems il y en eut tantôt deux, tantôt trois ou quatre; leur nombre a beaucoup va- rié y ayant eu en divers tems plufeurs créations & fuppreflions de sréforiers de France. Entre ces sréforiers, les uns étoient pour la direcz tion du domaine & finances ; les autres étoient ré Joriers fur la foi de la juftice, c’eft-à-dire , prépofés pour rendre la juftice fur le fait du domaine &ctréfor, c’eft pourquoi on les appelloit auffi cozfeillers du 1ré- for ; 1ly en avoit dès 1390; ils furent fupprimés par une ordonnance du 7 Janvier 1400, à la charoe que s’il fe préfentoit quelques différens au tréfor, les au- tres sréforiers,, pour les décider, appelleroïent des confeillers au parlement ou de [a chambre des comp- tes; cependant deux confeillers au parlement & le baillif de Senlis furent encore pourvus de ces offices, lefquels de nouveau furent fupprimés en ‘1407, avec la même claufe qu’en 14001, ce qui n’empêcha pas encore qu’en 1408 les sréforiers. de France ne re- _çufent un confeiller fur le fait de la juftice. Ces tréforiers fur le fait de la juftice , ou confeïllers du tréfor, fubffterent au nombre. de dix jufqu’en 1683 , que la chambre du tréfor fut unie au bureau des finances. Le roi attribuant aux sréforiers de France toute cour & jurifdiétion , chacune dans leur'géné- ralité. Voyez ce qui a été dit ci-devantà ce fujet au mot DOMAINE. QE | | : Quoïque les sréforiers de France ne $’occupañent autrefois principalement que de la direétion des f- nançes , ils avoient cependant toujours: FREE l'OIt droit de venir prendre place en la chambre du tréfor & d’y préfider. | Dés le tems de Philipe le Bel il y avoit un préfi- dent des sréforiers de France , qu’on appelloit Ze /ou- Verain des tréforiers. Henri III. en créa un fecond dans chaque bureau ; il en a été encore créé d’autres dans la fuite, lefquels à Paris ont été réunis au corps des sréforters de France, 8t {ont exercés par Les plusanciens d’entr'eux. En 1551, Henri IT. voulant unir les charges de créforters de France avec celle de généraux des finan- ces, ordonna que dans chaque bureau des dix - fept recettes générales du royaume il y auroit un sréforier de France général des finances ; depuis , il fépara ces charges en deux. En 1577, Henri IL. créa les sréforiers de France en corps de compagnie, au moyen de Pétabliflement qu’il fit des bureaux des finances dans les généralités & principales villes du royaume. L’édit du mois de Mars 1627, en Ôtant aux baillifs & fénéchaux la connoiffance des caufes du domaine que Pédit de Crémieu leur avoit attribué , la donna aux tréforiers de France | chacun dans l’étendue de leurs généralités, avec faculté de juger en dernier reflort jufqw’à 250 liv. de principal, & de 10 liv.de rente , & de juger par provifon jufqu’au double de ces fommes. Les bureaux des finances font préfentement com- poiés de préfidens en titre d'office, de préfidens dont les ofiices ont été réunis au corps, & font remplis & exercés par les plus anciens sréforiers de France. Il y a aufli dans plufieurs bureaux des finances un chevalier d'honneur; à Parisil n’y en a point, Les préfidens & sréforiers de France de Paris fervent alternativement en la chambre du domaine ; & au bureau des finances, il y a un avocat & un procureur du roi pour la chambre du domaine, & un autre avo- cat & un autre procureur du roi pour le bureau des finances. Les sréforters de France réuniflent préfentement quatre fortes de fonétions ; favoir, 1°. celle qui leur appartenoït anciennement pour la diredion des f- nances , du tems que la connoïflance des caufes du domaine appartenoit à la chambre du tréfor. 2°, La jurifdiétion qui appartenoit à la chambre du tréfor fur le fait du domaine, & qui pendant un tems avoit été attribuée en partie aux baillifs &fénéchaux. 3°.[ls ont auf la voirie, en conféquence de l’édit du mois de Février 1627, qui leur a attribué la jurifdiétion contentieufe en cette matiere. Leur direétion, par rapport aux finances, com- prend les finances ordinaire , qui font le domaine & les finances extraordinaires , qui font les aides , tail- les & autres impofitions. Il eft de leur charge de veiller à la confervation du domaine du roi & de fes revenus, d’en faire payer les charges locales, & pour cet effet, d’en donnerun état des recette &c dépenfe à faire aux receyeurs pour fe conduire dans leur recette. Ce {ont eux qui reçoivent les fois & hommages, aveux & dénombremens des terres non titrées rele- vantes du ror; mais ils en enyoyent annuellement les aétes à la chambre des comptes , conformément à un réglement du mois de Février 1668. . Dansleurs chevauchées ils font des procès-verbaux des réparations à faire aux maifons & hôtels du roi - aux prifons & autres édifices dépendans du domaine, & aufh aux grands chemins, pour être pourvu de fonds à cet effet. | Les commiffons destailles & impoñitions leur font envoyées, & enfuite envoyées par eux avec leur attache aux élus des éleions pour en faire l’affiette & département fur les paroïffes contribuables, dome AVI, oi ft TRE 6x Ils donnent aux comptables de leur généralité cha cun un état par eftimation des recette & dépenfe qu'ils ont à faire , & vérifient À la fin de leur exercice l’état au vrai des recetre & dépenle faites fur les comptables qui rendent leur compté à la chambre des comptes. Jufqu’à ce que les comptes foient rendusà la chame bre , ils ont toute jurifdiétion fur les comptables & fur ceux qui ont des afignations fur leurs tecettes ; en exécution de l’état du roi qu'ils ont; mais du moment que les comptes font rendus, ce pouvoir cefle , les particuliers prennent droit par les comp- tes, & fe pourvoient en conféquence d’iceux à la chambre, Ils reçoivent les cautions des comptables de leur généralité , & les font fortifier en cas d’inf. olvabilité, mais ils en envoyent les ates au greffe de la cham- bre des comptes , fuivant le réglement de 1668 & l'édit du mois d’'Août 1660. Lorfque les comptables meurent fans avoir rendu leurs comptes , les sréforiers de France appofent chez eux le fcellé, & veillent à la fureté de ce qu'ils doi- vent au roi, dont ils fe font compter par état, S1 les comptables deviennent infolvables , üs les dépofledent , & commettent à leur exercice , en at= tendant que le roi y ait pourvu. Ils prêtent ferment à la chambre des comptes, 6 reçoivent celui de tous les comptables de leur géné: ralité, mais ils ne font point l'information de leurs vie & mœurs, après que la chambre l’a faite À la ré- ceptiondes comptables, cela appartenantuniquement à la chambre, ainf qu'il eft expliqué par Padreffe des provifions, Les sréforiers de France jouifent de plufieurs privi- leges , dont Les preuves ont été recueillies par Four- nival. Ils font commenfaux de la maïfon du roi »; Comme Officiers qualifiés de France, & jouiflent en confé- quence de tous les privileges attribués aux commen- faux , tels que les droits de commirrimus & de franc- {alé , le droit de deuil à la mort des rois, En cette même qualité de commenfaux ils font en- core exempts de guet, de garde , de réparations des villes & de fubventions. Ils font du corps des compagnies fouveraines » & ont les mêmes privileges , & notamment la nobleffe tranfmifible. Ceux de Paris Pont au premier degré en vertu d’un édit du mois d'Avril 1705 ; ceux des autres bureaux des finances ne tranfmettent que patre & avo, Par le réglement de la réforme des habits , ils font traités comme les compagnies fouveraines. Êt en effet dans certain cas ils jugent fouveraine- ment. Il y a des édirs & déclarations qui leur font adref- fés. Ils ont l'honneur de parler debout au roi, comme ” les cours fouveraines. Ils doivent jouir du droit d’induit, Dans les villes où il n’y à pas d’autres cours, ils ont près d'eux une chancellerie établie à l'inftar de cel- les des compagnies fouveraines. Leurs huïfhers ont été créés à l’inftar de ceux des autres compagnies fouveraines. Ils ont rang & féance aux entrées & pompes fu- nebres des rois, reines, & autres princes. Ils ont aufi entrée & féance au parlement entre les confeillers ; lorfqw’ils viennent ou font mandés pour quelqu'affaire , & lorfqu’ils viennent feulement _ pour affifter aux grandes audiences, ils ont droit de fieger les premiers fur le banc des baillif & féné- chaux. Ils ont aufli droit de féance en la cour des aides lorfqu’ils y font mandés pour affaires. | GGsg 6o2 TRE Ils font exempts des droits d’aides , emprunts, fub- fiftances, logemens de gens de guerre, &t ont êté maintenus par provifon dans l’exemption du droit de rOS. 6#, 3 Ils font auffi exempts du ban & arriere-ban , de payer le prêt au renouvellement du droit annuel,de toute tutelle &c curatelle. Fournival dit que leur procès ne peut leur être fait que par le chancelier de France ; il eft au-moins cer- tain qu'ils jouiffent du privilege des autres cours , de ne pouvoir être jugés que par leurs confreres. Sur ce qui concerne les tréforiers de France, on peut voir Miraumont, Pafquier , Joly , Baquet, Fourni- val , le recueil des ordonnances de la troifieme race, &c ci-devant le mot DOMAINE. (4) TRÉSORIERS DE L'EXTRAORDINAIRE DES GUERRES , ( Finances, ) font en France des officiers créés par Le roi , pour faire le payement de toutes les troupes , tant de cavalerie que d'infanterie, pour payer les garnifons de toutes les places, comme auf- fi les vivres , étapes , fourrages, appointemens des gouverneurs, lieutenans, majors & états majors de toutes.les provinces, &c. Ces tréforiers choïfifient entre leurs principaux commis ceux qui font les plus entendus, & ils en envoient un dans chaque armée. Il doit avoir un logement dans le quartier général ; l'infanterie lui fournit une garde de trente hommes. Quand le régiment des Gardes-françoifes eft à Par- mée, cette garde lui eft affeëtée de droit ; elle eft compofée de quinze ou vingt hommes commandés par un fergent. (Q ) TRÉSORIER DE PROVINCE , ( ff. d’Angleterr +) zreafurer of the county ; c’eft celui qui eft le gardien des fonds de la comté, ofthe county-ftock. Il y a deux créforiers dans chaque comté, nommés aux feffions de pâques, à la pluralité des fuffrages des juges de paix ; ils font annuels, doivent avoir dix livres fter- lings dé revenus (en terres, & rendre compte chaque année de leur régie , à leurs fucceffeurs , aux feffions de pâques, ou au plus tard dix jours après. Les fonds du comté dontcetofficier eft le gardien; elevent annuellement par une taxe de contribution fur chaqueparoïfle ; cefond doit être employé à des ufages charitables, à foulager des foldats où des ma- telots eftropiés ,commeauifi des prifonniers qui font pour dettes dans les prifons du comté ; ilfert encore à entretenir de pauvres maïfons de charité, & à payer les falaires des gouverneurs des maïfons de correction. Quelle eft la charge de ces sréforiers , la maniere de leverles fonds , & quel en doit être l’em-. loi, c’eft ce qu'on trouvera détaillé dans les ffarurs XLIIT. d'Elifabeth;c.vi. Jacques. c. iv, x7, 6 xu. de Guillaume IIL. c. xväij.-de la reine Anne, 6 xxxiy. de George. c.xxii. (D. J.) TRESQUILLES , ff pl. ( Lainage.) efpece de laine qui vient du levant; c’eft la même qualité de laine que les laines furges &c en fuint. TRESSAILLIR , v.n. ( Gram. ) éprouver une émotion fubite & lésere : on sreffaillis de peur &c de joie ; l’homme le plus intrépide qui regarde fa fin d’un airtranquille , ne peut fixer long-tems fon at- tention fur cet objet , fans treffaillir ; combien notre éducation eft mauvaife de ce côté |! pourquoi nous effrayer fans cefle fur.un événement qui doit un jour avoir lieu? pourquoi nous furfaire à toutmoment le prix d’une vie qu'il faut perdre? ne vaudroit-il pas mieux nous en entretenir avec mépris dès nos plus jeunes ans ? nous sreflaillons de frayeur quand on nous montre la mort de près ; on pourroit nous appren- dre à sreffaillir de joie en la recevant ; quels hom- mes que ceux qu'onauroit infiruits à mourir avec TOI . TRESSANT , à Za Monnoie , lorfque l’effayeur général & l’eflayeur particulier ne ; fe rapportent Se = point en faifant leur eflai d’une même efpece, & qu'il y a quelque trente - deuxieme pour lor , où quelque vingt-quatrieme pour l'argent de différence entre eux, on appelie cela fazre un creflanr. | TRESSAUX , cerme de Pêche, lens de bois tord, pour arrêter les naffes ou nauñles. Voyez Durrs, TRESSE , ez terme de Boutonnier, eft un tiflu de foie ou defil, d’or ou d'argent , de différente lar= veur, & fait au boifieau. Voyez BOISSEAU. Voici la maniere dont ce tiflu fe travaille, On fait le nombre de pieces de même longueur & de même largeur qu'on a à faire ; alors on devide fes foies fur la chignole , voyez CHIGNOLE , en les féparant par tas égaux de plufeurs brins ; on charge chacun de ces tas fur pareil nombre de fufeaux , où on fe pro- pofe de faire une douzaine, deux douzaines , 6:c, de jartieres ; par exemple, où on ne veut faire qu'une trefle , ceinture de manchon , guide de chevaux, Ge: dans le premier cas , le nombre des fufeaux chargés comme on vient de le voir, n’eft que la moitié de ce- lui dont on fe fervira , l’autre moitié fe chargeant à mefure d'autant de matiere en longueur qu'il en faut pour achever une jartiére; cette moitié {e coupe de deffus les autres fufeaux ; les deux bouts fe nouent enfuite on arrange tous Les fufeaux dans une S de file d’archal , enforte que les brins foient l’un fur l'autre fans confufion, &c partagés en deux parties égales ; on pafle pour commencer la tête, une moitié de ne fufeaux {ous le carton du boifleau , on fait jouer l’au- tre en faifant des levées d’un en un, en allant de droit à gauche , ou de gauche à droit, en jettant le der« mer de chaque côté au milieu des fufeaux , levant celui d’après, ainfi du refte , jufqu’à ce que la tête {oit formée: alors on prend les autres fufeaux , onles leve d’un en,un pendant le premier tour feulement é êt de deux en deux, ou detroisentrois pendantle fe cond & les autres. Ces levées faites d’un côté, à cha: que tour on jette le dernier fufeau entre ue qui {ont levés, & ceux qui pofent fur le boifleau jufqu'au milieu des deux parties defufeaux ;.on met les levées à leur place, on en fait autant de l’autre côté , ju£ qu’à ceque l’ouvrage foit fini. Dans le fecond caso on fait une treffe fans tête, on charge tous les fufeaux de la même quantité de matiere, on les noue l’un avec l’autre, on les arrange fur Pf, enforte que tous les nœuds entrent dedans , & on travaille comme dans les jartieres , au premier tour &t aux autres , en laife fant un peu d'intervalle entre l’f8& l'endroit d’où on commence le tiflu , pour former ce qu’on appelle 72 paine. Voyez PAINE. Si lon fait des boutonnieres À ces fortes de treffes,.on met fous le carton du boif- feau la moitié des fufeaux , &c on fait avec autre un côté de la boutonmere : on reprend les fufeaux du carton avec lefquels on fait l’autre côté, puis onles raffemble tous au bas de la boutonniere , pour ache- ver la sreffe pleine. Les fufeaux font en nombre impair, à caufe de ce- lui quicourt toujours entre les levées : onne fait gue= re de sreffes au-deflous de treize fufeaux, &r on va en augmentant de trois , de quatre, où de cinq, juf- qu’à foixante & onze , qui ef la sreffe la plus forte - plus de fufeaux feroïent trop embarraffans, ’ : Leslevées fe font de deux en deux, ou detroiïs en trois , relativement au nombre des fufeaux , & à la qualité qu'on veut donner à louvrage. TRESSE de cheveux, terme de Perruquier, tiflu qui fe fait des cheveux attachés par un bout fur un long fil de foie; cette sreffe fe fait fur un petit métier qui con- fifte en trois pieces ; favoir une table-longue environ d’un pié &c demi, & large de trois ou quatre pouces . &t deux petits cylindres, ôu colonnes d’un pouce RE | diametre, & d’un pié de hauteur , poftés aux deux . bouts de la table: Ces cylindres font mobiles, afin de pouvoir devider la #reffe fur l'un, à mefure qu’el- Je s’avance, & alonger la foie qui eft roulée fur lau- tre, lorfque l’efpace qui eft entre deux efttiflu, c’eft- à-dire lorfque les cheveux y font attachés avec une aiguille. Les sreffes de cheveux fervent à faire des perruques , & des coins de cheveux pour hommes , des tours & des boucles pour femmes. (D. J.) TRESSER /es cheveux , ( serme de Perruquier. ) c’eft les attacher par un bout fur des fils ou foies, pour les mettre en état de fervir à faire des perruques & autres ouvrages de cheveux. TRESSOIR, f. m. ou! de Gainier, c’eftun petit fer plat, dela largeur d’un pouce, quarré parén-haut &t un peu arrondi par en-bas; au milieu de cet arron- diflement , eft une petite queue auffi de fer, qui fe met dans un petit manche de la longueur d’un pouce & gros à proportion ; le bout quarré de cet outil eft garni de petites pointes faites en dents creufées dans le fer, à la diftance chacune d’environ une ligne : cet outil fert aux gainiers pour marquer les diftances où 1l faut placer les clous d'ornement. Voyez la fisure P1, du Garnier. TRESSURES, 04 TRESTONS sontés fur piquets, orte de pêcherie en ufage dans le reflort de l’ami- rauté de S.Malo. Ceux qui font la pêche où les pêcheurs boucho- teurs fe fervent de lignes garnies de gros hamecons, pour prendre des chiens demer , des morues, & au- tres efpeces de gros poiflons qui entrent dans la baie deS. Malo; ils font montés fur des piles ou des avan- çons féparés, comme font les pêcheurs de Dunker- que & autres ; Le bout de la pile eft garni d’une pier- re ou d’une torque de paille, enfouée dans le fable ou la vafe, & tient l'air au-deflus du fond; quelques- uns les montent auffi chacune fur un petit piquet de créons ou treffures, qui font proprement des rets de bas parc montés fur petits piquets ; mais les rets dont ces piquets font garnis, n’ont au plus que douze braf- {es de longueur , parce que la mer, queles pêcheurs -difent être trop courfiere, ou qui monte avec préci- pitationdanscettebaie, emporteroit bientôt les rets avec les piquets, fiune plus grande étendue lui faifoit quelque réfiflance ; les mailles de ces filets commen- cent d'approcher du calibre prefcrit par les ordon- nances ; Le défaut de foin des officiers qui les doivent furveïller, & des fyndics ou gardes jurés qui n’y font point établis, font la caufe que les filets de ces pé- cheurs nefont pas préfentement dans la regle qui eft Ordonnée par les ordres de fa majefté, TRETA , ( Géog. ane, ) ville de l’île de Cypre. ‘Strabon , Z. XIY. p.683. la place entre Boofura & le promontoire d’où l’on précipitoit ceux qui ayoient profane l’autel d’Apolion. (D. J.) TRETEAU , { m. (ixffrument d'Ouvrier. ) efpe- cede chevalet de bois avecquatre piés, deux à cha- que bout , qui fert à diférens ufages dans les arts & métiers. Les sréreaux des charpentiers , fcieurs de Long , font fort élevés , afin que le fcieur de deflous ait de échappée pour retirer la {cie lorfque le fcieur de deflus la poufle ; il faut deux réseaux quand ce font de longues pieces qu’on débite,& feulement un quand les pieces font courtes ; mais alors il faut Pé- tançonner , & bander fortement la piece deflus avec descordes. (D. J.) | TRÉTEAU , {.m. pl. ( Charpens. ) fortes de piés de bois aflez hauts, fur lefquels on pofe les pieces pour les fcier. (D. J.) ; TRÉTEAU, { m. pl. serme de fcieur de bois , rte de piés de bois d’une certaine hauteut , fur lefquels les {cieurs de bois pofent la piece qu’ils ont à fcier. TRETHIMIROW , (Géog. mod.) petite ville de Pologne , dans l'Ukraine, au palatinat de Kiovie, fur le Boryfthène, à douze lieues de Kiovie ; elle ap- -partient aux Cofaques. (2.7) pre Tome XVI. TRE 603 TRÉTOIRE, £ £ V’anerie. ) efpece de tenaille de bois. TRETUM, ( Géogr. anc, } 1°. promontoire de l'Afrique propre. Ptolomée, Z. IF. c. Zi. le marque furla côte du golfe de Numidie , entre Rufficada & Uzicath. Strabon, Z XVII. p. 830. qui nommece promontoire Trisum, dit qu’il étoit à fix mille ftades de celui de Métagonium. Le nom moderne eft Capo-Ferrato, felon Caftald , & Bucramel, {elon Mer- cator. | 2°. Tretum , lieu du Peloponnèfe, dans PArgoli-. de. Paufanias , Z II. c. xv, dit que lun des chemins qui conduit de Cléone à Arsos, pafñle à Tresum , que quoique étroit & ferré dans les montagnes , il étoit néanmoins le plus facile pour les voitures, C’eft dans ces montagnes que l’on montroit la caverne du lion Néméen ; & de-là à la ville de Némée, il n'y avoit pas plus de quinze ftades, (D. J.) TREU , o4 TRÜAGE, ( Jurifprud. ) ancien ter- me qui paroît être un diminutif de #euver , que l’on difoit alors pour srouver : on payoït le droit de srez ac- coutumé au feigneur dans la juftice duquel on avoit trouvé & abbatu une bête que le chafleur avoit fait lever dans une autre feigneurie ; d’autres prétendent que sreu Gt truage venoïent desribu, en latin sriburum, © par corruption sributagium , & en effet le mot srex OU éruage fionifioit aufli le péage ou pos que le fei- gneur levoit fur Les marchandiles qui pafloient dans {a feigneurie. Le srez du fel étoit l'impôt qui fe perce- voit fur le fel. Voyez Bouteillier, Galland, Lamiere, du Cange , au mot Trutarigare. ( 4) TREVA , ( Géogr. anc. ) ville que Ptolomée ; L, IL.c.x7, marque dans le climat le plusfeptentrional de la Germanie. Cluvier penfe que c’eft Lubec. Tre- va eft aufli le nom d’une ville d'Italie, dans la Flami- nie , fur les bords du fleuve Clitumnus. (D. 7.) TREVE, £ f ( Droir polie. ) la creve eft une con- vention, par laquelle on s’engase à fufpendre pour quelque tems les adtes d’hoftilité, fans que pour ce- la la guerre finie , car alors l’état de suerre fubfifte toujours. La sreve n’eft donc point une paix, puifque la guer: re fubfifte ; mais fi l'on eft convenu , par exemple ; de certaines contributions pendant la guerre, com- me on n'accorde ces contributions que pour fe ra- cheter. des aétes d’hoftilité , elles. doivent ceffer pen- -dant la reve, puifqu’alors ces aétes ne font pas per- mis ; & au contraire, f l’on a parlé de quelque cho- fe, comme devant avoir lieu en tems de paix , lin- tervalle de la rreve ne fera point compris là-dedans. Toute sreve laïiffant fubffter l’état deguerre, c’eft encore une conféquence , qu'après Le terme expiré, il n’eft pas befoin d’une nouvelle déclaration de guer- re ; la raïfon en eft, que ce n’eft pas une nouvelle guerre que lon commence , c’eft la même que lon continue. | Ce principe, que la guerre que l’on recommence après une zreve, n'eft pas une nouvelle guerre. peut s'appliquer à divers autres cas. Dans un traité de paix conclu entre l’évêque & prinee de Trente, & les Vénitiens, il avoit été convenu que chacun {e- roit remis en poffeffion de ce qu'il poflédoit avant la précédente & derniere guerre. Au commencement de cette eierre, Pévêqueavoit -pris un château des Vénitiens , que ceux-ci reprirent depuis ; l'évêque refufoit de Le céder , fous prétexte qu'il avoit été repris après plufieurs sreves | qui s’é- toient faites pendant le cours de cette guerre ; la queftion devoit fe décider évidemment en faveur des Vénitiens. On peut-faire des sreves de plufieurs fortes. 1°. Quelquefois pendant la sreve , les armées ne laiffent pas de demeurer fur pié avec tout Pappareil GG£gsïi | 604 TRE de la guerre, & ces fortes désreves font ordinaire- ment de courte durée. 2°, Il y a une sreve générale pour tous les pays de l'un & de l’autre peuple, & une sreve particuliere ref- treinte à certains lieux, comme par exemple, fur mer, &t non pas fur terre, ce. 3°. Enfin, il y a une sreve abfolue , indéterminée &t générale, & une reve limitée & déterminée à cer- taines chofes; par exemple, pour enterrer les morts, ou bien fi une ville a obtenu une sreve feulement pour être à l'abri de certaines attaques, ou par rap- port à certains aétes d’hoftilité, comme pour le ra- vage de la campagne. ll faut remarquer encore qu! proprement parler, une reve ne fe fait que par une convention exprefle, ê&c qu'il eft très-dificile d'établir une sreve fur Le fon- dement d’une convention tacite , à-moins que les faits ne foient tels en eux-mêmes & dans leurs cir- conftances, qu'ils ne puiflent être rapportés à un au- tre principe, qu’à un deffein bien fincere de fufpen- dre pour un tems les aétes d’hoftlite. Aïnfi, de cela feul qu’on s’eft abftenu pour quel- que tems d'exercer des aétes d’hoftilité, lennemi au- roit tort d’en conclure que l’on confent à une sreve. La nature de la sreve fait aflez connoître quels en {ont les effets. 1°. En général , fi la sreve eft générale & abfolue, tout aéte d’hoftilité doit cefler, tant à l'égard des per- fonnes, qu’à l'égard des chofes ; mais cela n’empêche pas que l’on ne puifle pendant la sreve, lever de nou- velles troupes , faire des magafins , réparer des forti- fications, Éc. à-moins qu'il n’y ait quelque conven- tion formelle au contraire; car ces fortes d’aétes ne font pas en eux-mêmes des aétes d’hoftilité, mais des précautions défenfives, & que l’on peut prendre mê- me en pleine paix. Ce feroitauffi une chofe contraire à la sreve, que de s’emparer d’une place occupée par l'ennemi, en corrompant la sarnifon ; il eft bien évident que lon ne peut pas non plus innocemment s'emparer pen- dant la sreve, des lieux que l'ennemi a abandonnés, mais qui lui appartiennent, foit qu'il ait ceflé de les garder avant la sreve, foit après. 3°. Par conféquent, il faut rendre les chofes ap- partenantes à l'ennemi, qui pendant la sreye font par quelque hafard tombées entre nos mains, encore me me qu’elles nous euffent appartenu auparavant. 4°. Pendant la sreve, il eft permis d’aller &c de ve- nir de part & d’autre, mais fans aucun train, ni au- cun appareil, d’où il puïfle y avoir quelque chofe à craindre. À cette occafñon, on demande fi ceux qui par quel- que accident imprévû & infurmontable , fe trouvent malheureufement fur les terres de l’ennemi après la treve expirée, peuvent être retenus prifonmiers, ou fi l’on doit leur accorder la liberté de fe retirer : Gro- tius & Puffendorf après lui, décident que l’on peut à larigueur du droit, les retenir prifonniers de guer- res; mais, ajoute Grotius , il eft fans doute plus hu- main & plus généreux de fe relâcher d'un tel droit ; pour moi, il me femble que c’eft une fuite du traité de sreve, que l’on laifle aller ces gens-là en Hiberte ; car puifqu’en vertu de la sreve, on étoit obligé de laïfer aller & venir en liberté pendant tout le tems de la sreve, on doit auffi leur accorder la même per- miflion après la sreve même, s'il paroït manifefte- ment qu’une force majeure, ou un cas imprévû les a empêché d’en profiter durant l’efpace reglé; autre- ment, comme ces fortes d’accidens peuvent arriver tous les jours, une telle permiflion deviendroit fou- vent un piege pour faire tomber bien des gens entre les mains de l’ennemi: tels font les principaux effets d’une sreve abfolue & générale. Pour ce qui eft d’une sreve particuliere ou détermi- née à certaines chofes , fes effets font proportionnés à la convention , & limités par la nature de Pac- cord. ù. 1°, Ainf, f lon a accordé une sreve feulement pour enterrer les morts, on n’eft pas pour cela en roit d'entreprendre tranquillement quelque chofe de nouveau, qui apporte quelque changement à l’é- tat des chofes: on ne peut , par exemple, pendant ce tems-là, fe retirer dans un port plus sûr, mi fe re- trancher, G'c. car premierement, celui qui a accor- dé une coufte sreve pour enterrer les morts, ne l’a accordée que pour cela, & il n’y a nulle raifon de l’étendre au-delà du cas dont on eft convenu ; d'oùil s'enfuit , que fi celui à qui on Pa accordée, vouloit en profiter pour fe retrancher, par exemple, ou pour quelqu'autre chofe, l’autre feroit en droit de lem- pêcher par la voie des armes : le premier ne fauroit s’en plaindre, car on ne fauroit prétendre ratfonna- blement qu’une sreve conclue pour enterrer les morts & reftrainte à ce feul acte, donne droit d’entrepren- dre & de faire tranquillement quelqu’autre chofe ; tout ce à quoi elle oblige celui qui la accordéer, c’eft à ne point s’oppofer par la force à Penterrement des morts, 1l n’eft tenu à rien de plus; cependant Puffendorf eft dans un fentiment contraire. C’eft en conféquence des mêmes principes, que l’on fuppofe que par la sreve , on ait feulement mis les perfonnes à couvert des actes d’hoftilité, &z non pas les chofes ; en ce cas-là , fi pour défendre fes biens on fait du mal aux perfonnes, on n’agit point contre l'engagement de la #reve ; car par cela même qu'on a accordé de part & d'autre une sûreté pour les per- fonnes , on s’eft aufli réfervé le droit de défendre fes: biens du dégât ou du pillage ; ainfi la sûreté des per- fonnes n’eft point générale, mais feulement pour ceux qui vont & viennent fans deflein de rien prendre à l'ennemi, avec qui on a fait cette sreve limitée. Toute sreye oblige les parties contraétantes, du mo- ment que l’accord eft fait & conclu; mais à l’égard des fujets de part & d’autre, ils ne font dans quel- que obligation à cet égard , que quand la sreve léur a été folemnellement notifiée, Il fuit de-là, que f avant cette notification, les fujets commettent quelque ate d’hoftilité, ou font quelque chofe contre la sreve,, ils ne feront fujets à aucune punition ; Cependant les puiffances qui auront conclu la sreve doivent dédom- mager ceux qui auront fouffert , &c rétablir les chôfes dans le premier état, autant que faire fe pourra. Enfin , fi la éreve vient à être violée d’un côté ,“£ eft certainement libre à l’autre des parties de répren- dre les armes, & de recommencer la guerre fans au- cune déclaration préalable ; que fi lon eft convenu d’une peine payable par celui qui violeroit la sreve, fi celui-ei offre la peine, ou s'il avoit fubie ; Pautre n’eft point en droit de recommencer les actes d’hofti- lité ayant le terme expiré; bien entendu qwoutre la peine ftipulée, la partie léfée eft en droit de deman- der un dédommagement de ce qu’elle a fouffert par d'infraétion de lazreye ; mais il faut bien remarquer que les aétions des particuliers ne rompent point la rreve ; à-moins que le fouverain n’y ait quelque part, ou par un ordre donné, où par une approbation ; & lé fouverain eft cenfé approuver ce qui a été fait, s’il ne veut ni punir, ni livrer le coupable , ou sil re- fufe dé rendre les chofes prifes pendant la fufpen- fion d'armes, Principes du Drois politique ; tom. LE, (D,J.) | TREVE, (Jurifprud.) ce terme a dans cette ma- tiere différentes fignifications. Treve, du latin srivium, fignifie dans les anciens titres un carrefour où aboutiffent trois chemins. Treve, en quelques pays, comme en Bretagne, fignifie une ég/fe qui eft fuccurfale d’une paroïfie. Treye eft pris quelquefois pour fauvegarde, liber: T'RIE té, franchie ; il en eft parlé'en ce fens pour ceux qui alloient à certaines foires , les débiteurs avoient huit jours de sreve avant la fête & huit jours après. Voyez le Gloff. de Ducange au mot #revie immuniras. Treve brifée ou enfreinte, c’étoit lorfque l’une des parties faïfoit quelque hoftilité au préjudice de la trève. Voyez le Gloff.de Ducange au mot sreuga, treu- garum infractio. ( A) TREVE BE DIEU ou TREVÉ DU SEIGNEUR, ére- va, treuca {eu treuga Domini, étoit une fufsenfon d'armes qui avoit lieu autrefois pendant un certain -tems par rapport aux guerres privées. L C’étoit anciennement un abus invétéré chez les peuples du Nord , de venger les homicides & les in- jures par la voie des armes. La famille de lhomicidé en demandoit raifon aux parens de celui qui avoit commis le crime ; & fi lon ne pouvoit parvenir à un accommodement, les deux familles entroient en guerre l’une contre l’autre. _ Cette coutume barbare fut apportée dans les Gau- les par les Francs lorfqu'ils en firent la conquête ; nos rois ne purent pendant long-tems arrêter les défordres de ces guerres privées qui fe faifoient fans leur permifiion. "AT: Cette licence dura pendant tout le cours de la pre- miere & de la feconde race , & même encore fous les premiers rois de la troifieme ; on peut voir für ces premiers tems Grégoire de Tours, Frédégaire Warnefrid, de Thou. Cependant en attendant que l’on püt entierement remédier au mal, on chercha quelques moyens pour Padoucir. Le premier fut que l’homicide ou fa famille payeroït au roi une fomme pout acheter la paix, ce qui s’appelloit fredur ; ils payoient aufli aux pa- rens du mort une fomme qui, felon quelques -uns, s’appelloit fzidum ou faidam ; d’autres prétendent que fzida fipnifioit une zrimitié capitale. Le fecond moyen étoit que les parens du meur- trier pouvoient affirmer & jurer folemnellement qu'ils n’étoient direétement n1 indireétement com- plices de fon crime. . Le troïfieme moyen étoit de renoncer à la parenté & de Pabjurer. Charlemagne fut le premier qui fit une loi géné- rale contre les guerres privées ; il ordonna que le coupable payeroit promptement l’amende ou com- pofition, & que les parens du défunt ne pourroient refufer la paix à celui qui la demanderoit. ; Cette loi n'étant pas aflez rigoureufe, ne fit point cefler l'abus, d'autant même que l'autorité royale fut comme éclipfée fous les derniers rois de la fe- conde race &r fous les premiers rois de’ la troifieme, les feigneurs, tant eccléfiaftiques que temporels, s'étant arrogé le droit de faire la guerre; de forte que ce qui n'étoit jufque-là-que des crimes de quel- ques particuliers qui étoient tolérés, devint en quel- que mamere un droit public. Les évêques défendirent, fous des peines canoni- ques, que l’on ufàt d'aucune violence pendant un certain tems, afin que l’on püt vaquer au fervice divin ; cette fufpenfñon d’hoftilité fut ce que l’on ap- ella la sreve de Dieu, nom commun dans les conci- depuis le onzieme fiecle. Le premier reglement fut fait dans un fynode tenu au diocèfe d’Elne en Rouffllon le 16 Mai ro27, rapporte dans les conciles du pere Labbe. Ce regle- ment portoit que dans tout ls comté de Roufillon perfonne n’attaqueroit fon ennemi depuis heure de none du famedi , jufqu’au lundi à l'heure de prime, pour rendre au dimanche! l’honneur convenable; que perfonne n’attaqueroit, en quelque maniere que ce füt , un moine ou un clefc marchant fans ar- mes, ni ug homme allant à l’éolife ou qui en reve- TRE -605 noït, Où Qui marchoit avec des femmes ; que péf= fonne n’attaqueroit une églife ni les maifons d’alen- tour, à trènte pas , le tout fous peine d’excommuni- cation, laquelle au bout de trois mois fetoit conver- tie en anathème, Au concile de Bourges tenu en 1021, Jourdain de _ Limoge prêcha contre les pillages & les violences à 1l invita tous les feigneurs à fe trouver au concile le lendemain &c le troifieme jour, pour y traiter de la paix, 1l Les exhorta de la garder en venant au concilé pendant le féjour , &c après le retour fept jours du: rant, Ce qui n'étoit encore autre chofe que ce qu’on appelloït la reve de Dieu, & non paix proprement dite, la paix étant faite pour avoir lieu À perpétuité, quoique fouvent elle dure peu de terms. Cette sreve étoit regardée comme une chofe fi ef fentielle, que pour y engager tout le monde, le dia- cre qui avoit lü l’évangile lut une excommunication contre les chevaliers du diocèfe de Limoges qui re- fufoient de promettre à leur évêque par ferment la paix &c la juftice comme il lexigeoit; cette excom= munication étoit accompagnée de malédi@ions ter ribles , 8: même les évêques jetterent à terre les cier- ges qu'ils tenoient allumés & les éteignirent ; le peu- ple en frémit d’horreur, & tous s’écrierent ainf: « Dieu éteigne la joie de ceux qui ne veulent pas » recevoir la paix & la juftice ». Sigebert rapperte fous l’an 1032, qu'un évêque d'Aquitaine, dont on ignore le nom, publia qu'il avoit reçu du ciel un écrit apporté par un ange, dans fequel il étoit ordonné à chacun de faire la paix en terre pour appaifer la colere de Dieu qui avoit affligé la France de maladies extraordinaires & d’une fiérilité générale, ce qui donna lieu à plufeurs con- ciles nationaux & provinciaux de défendre à tou- tes perfonnes de s’armer en guerre privée pour ven- ger la mort de leurs parens, ce que les évêques de France prefcrivirent chacun aux fideles de leur dio- cèfe. | Mais cette paix générale ne dura qu'environ fept ans, &c les guerres privées ayant recommencé, on tint en ro41 divers conciles en France au fujet de la paix qui y étoit defirée depuis fi long-tems, & la crainte & l'amour de Dieu firent conclure entre tous les feigneurs une rreve générale, qui fut acceptée d’abord par ceux d'Aquitaine, & enfuite peu-à-peu par toute la France. Cette sreve duroit depuis les vêpres de la quatrie- me férie, jufqu’au matin de la feconde, c’eft-à-dire depuis le mercredi au foir d’une femainé jufqu’au lundi matin, ce qui faifoit un intervalle de tems dans chaque femaine d'environ quatre jours entiers , pen- dant lequel toutes vengeances & toutes hoftilités cefloient. | On crut alors que Dieu s’étoit déclaré pour Pob- fervation de cette sreye , & qu'il avoit fait un grand nombre de punitions exemplaires fur ceux qui Pa- voient violée. | C’eft ainfi que les Neuftriens ayant été frappés de la maladie des ardens, qui étoit un feu qui leur dévoroit les entrailles, ce fléau fut attribué à ce qu'ils n’avoient pas d’abord voulu recevoir la sreve de Dieu ; mais bien-tôt apres ils la reçurent, ce qui arriva principalement du tems de Guillaume-le-Con- quérant , roi d'Angleterre & duc de Normandie. En effet, Edouard-le-Confefleur, roi d’Angleterre, qui défigna Guillaume-le-Conquérant pour fon fuc- ceffeur , reçut dans fes états en l’année 1042, la sreve de Dieu , avec cette addition, que cette paix ou sreve auroit lieu pendant l’avent & jufqu’à l’oétave de PEpiphanie , depuis la Septuagéfime jufqu’à Pâques; depuis PAfcenfon jufqu’à l’oétave de la Pentecôte, pendant les quatre-tems, tous les famedis depuis neuf heures jufqu’au lundi fuivant, la veille des fêtes 606 TRE de la Vierge, de faint Michel, de faint Jean-Baptifte, de tous les apôtres & de tous lés faints dont la fo- lemnité étoit annoncée à l’églife, de la Touflaint, le jour de la dédicace des églifes, & le jour de la fête du patron des paroïfles, 6e. Fr Le reglement des rois Edouard & Guillaume IT. fur la paix ou sreve de Dieu, fut depuis confirmé dans un concile tenu à Lillebonne Pan 1080. Plufieurs grands feigneurs adopterent aufi la sreve de Dieu, tels que Raimond Berenger, comte de Bar- celone en 1066, & Henri, évêque de Liege en 1071. Ce que les évêques avoient ordonné à ce fujet à leurs diocéfains, fut confirmé par Urbain IL. au con- cile de Clermont en 1095. Il y eut nombre d’autres conciles qui confirme- rent la sreve de Dieu ; outre le fynode d’Élne en 1027, & le concile de Bourges en 1031, dont on a dejà parlé, on en fit auffi mention dans les conciles de Narbonne en 1054, d’'Elne en 106$ , de Troye en 1193, de Rouen en 1096 , de Northaufen en 1105, Reims en 1119 & 1136, de Rome dans la même année, de Latran en 1139, au troifieme concile de Latran en 1179 , de Montpelier en 1195, &c plufieurs autres. . On voit auffi par le chapitre premier du titre de treuga 6 pace aux décrétales, qui eft tiré du concile de Latran de lan 1179, fous Alexandre III. que la zreve de Dieu , avec une partie des augmentations qu'Edouard - le - Confeffeur y avoit faites, devint une regle générale & un droit commun dans tous les états chrétiens. Cependant Yves de Chartres dit que cette sreve étoit moins fondée fur une loi du fouverain que fur un accord des peuples confirmé par l'autorité des évêques & des églifes. On fanoit jurer l’obfervation de cette sreve aux sens de guerre, aux bourgeois, &t aux gens de la campagne, depuis l’âge de quatorze ans &c au-deflus ; le concile de Clermont marque même que c’étoit dès douze ans. Ce ferment fut la caufe pour laquelle Gérard, évêque de Cambray , s’oppofa fi fortement à léta- blifement de la sreve de Dieu ; 1] craignoit que cha- cun ne tombât dans le cas du parjure , comme l’évé- nement ne le juftifia que trop. La peine de ceux qui enfreignoient la sreve de Dieu étoit lexcommunication, & en outre une amende , & mème quelquefois une plus grande peine. Cependant les sreves étoient mal obfervées, & les guerres privées recommençoient toujours. Pour en arrêter le cours, Philippe-Augufte fit une ordonnance, par laquelle il établit une autre efpece de reve appellée /a quarantaine le ro? : il ordonna que depuis Le meurtre ou l’injure , jufqu'à quarante jours accomplis, il y auroit de plein droit une sreve de par le roi, dans laquelle les parens des deux par- ties feroient compris; que cependant le meurtrier ou lagrefleur feroit arrêté 8 pum ; que fi dans les quarante jours marqués quelqu'un des parens étoit tué, l’auteur de ce crime feroit réputé traitre & puni de mort. Cette rreve eut plus de fuccès que les précédentes, elle fut confirmée par faint Loius en 1245 , par Phi- lippe TTL. en x257, par Philippe -le-Bel en 1296, 1303, & 1314, par Philippe-le-Long en 1319, & par le roi Jean en 1353, lequel en prefcrivant l'ob- fervation ponétuelle de la quarantaine Je roi, fous peine d’être pourfuivi extraordinairement , mit pref- que fin à cet abus mvétéré des guerres privées. Voyez le Gloffaire de Ducange & celui de Lauriere, le Recueil des ordonnances de la troifieme race, & les mots ASSUREMENT, GUERRE PRIVÉE, PAIX, QUA- RANTAINE LE ROL, SAUVEGARDE. (4) TRE TREVE ENFREINTE 07 BRISÉE , c’étoit la même chofe. Voyez ci-devant TREVE BRISÉE, (4) TREVE PÊCHERESSE , eft la faculté qu'une piuf- fance fouveraine accorde aux pêcheurs de quelque autre nation, de pêcher en toute liberté dans les mers de fa domination, nonobftant la guerre quifub- fifte entre les deux nations. Les puiflances voifines qui ont pour limites des mers qui leur font communes , ayant un égal intérêt de favorifer la pêche de leursfujets refpeétifs en quel- que tems que ce foit, rien ne feroit plus naturel que de convenir entr'elles de cette liberté de la pêche, au moins pour le poiflon qui fe mange frais , laquelle ne peut être faite que jour par jour, On devroit dé- roger en cette partie au droit de la guerre, fuivant lequel les pêcheurs font de bonne prife comme les autres navigateurs, Auf ces fortes detraités étoient ilsanciennement d’une pratique aflez commune : c’eft ce qu’on appel- loit sreve péchereffe, | De la part de la France, l’amiral étoit autorifé à les conclure: c’étoitune des prérogatives de fa charge; il en eft fait mention dans les ordonnances du mois de Février 1543 & Mars 1584. L’amiral avoit le droit d'accorder en tems de guerre de telles reves pour la pêche du hareng & autres poiflons aux ennemis & à leurs fujets, pourvu que les ennemis la vouluffent accorder de même aux fujets du roi ; &c fi la reve ne’ fe pouvoit accorder de part & d’autre, l'amiral pou- voit donner aux fujets des ennemis des faufs-conduits pour la pêche, foustelles & femblables cautions, charges & précis que les ennemis les accordoient aux fujets duroi. L’amiral pouvoit en tems de guerre armer des navires pour conduire en füreté Les fujets du roi &t autres marchands alliés & amis de la France. Cet ordre a fubfifté jufqu’en 1669, que la charge d’amiral qui avoit été fupprimée en 1626, fut réta- blie. Depuis ce tems il n’a plus été fait aucun traité, {oit pour la liberté de la pêche ou autre caufe, qu'au nom du roi; de même auf les efcortes pour la li- berté de la pêche n’ont été données que par ordre du roi. Le droit dont jouifloit l'amiral par rapport à ces deux objets n’ayant point été rappellé lors du réta- bliffement de cette charge, & ayant même étérévo- quéimplicitement, tant par le dernier article du re- glement du 12 Novembre 1669 , que par lordon- nance de la marine &r. de la liberté de la pêche, art, 14 | Au refte ces reves péchereffes n’ont prefque plusété pratiquées, même pour la pêche journaliere du poif= fon frais, depuis la fin du dernier fiecle, par l’infidé- lité de nos ennemis qui enlevoient continuellement nos pêcheurs , tandis que les leurs faifoient leurs pê- ches en toute füreté. Voyez l'ordonnance de la ma- rine, Liv. Vi 7, & le commentaire de M. Valin. (4) | | TREVE DU SEIGNEUR, voyez ci-devant TREVE DE Dieu. TREVEET PAIX , ( Æif£, mod, ) nom que l’on don- na vers l’an 1020, à un decret porté contre les vio- Jlences qui fe commettoient alors publiquement de particulier à particulier. Les lois étoient alors fi peu refpeétées , & les magiftrats fi foibles, que chaque . citoyen prétendoit avoir droit de fe faire juftice à foi- même par la voie des armes , fans épargner Le fer ni- le feu contre les maifons, les terres &z les perfonnes . mêmes de fes ennemus. Pour remédier à ces défor- dres, les évêques & les barons, premierement en France, puis dans les autres royaumes, firent un de- crèt par lequel on mettoit abfolument à couvert de ces violences les églifes , les clercs ou eccléfaftiques féculiers , les religieux & leurs monafteres, les fem- mes, les marchands , les laboureurs & les moulins : ce qu'on comprit fous le nom de paix, À l'égard de toùtes autres perfonnes , on défendit d'agir offenûi- vement depuis lemercrediau foir jufqu'’au lundi ma. in, par le refpe@ particulier , difoit-on, qu’on de- voit a ces jours que Jefus-Chrift à confacrés par les derniers myfteres de fa vie, &c c’eft ce qu’on appella tréve. On déclara excommumis les violateurs de l’un ou l'autre de ces decrets, &t l’on arrêta enfuite qu'ils feroient bannis ou punis de mott, felon la qualité des violences qu’ils auroïent commifes. Divers con: ciles approuverent ces réfolutions, & entr’autres ce- lui de Clermonten Auvergne tenu en 1095 , quiaux quatre jours de la femaine affeltés à la sreve, ajouta tout le tems de l’avent jufqu’après l’oûtave de Pépi- phanie, celui qui eft compris entre la fepruagefime &t l’oétaye de pâques , & celui qui commence aux rogations & finit à l’oétave de la pentecôte; ce qui jointaux autres jours prefcrits pour la eve dans les autres faifons, faifoit plus de la moitié de l’année. Il eff étonnant que les évêques quiavoient intimidé les peuples par le motif de la religion pour les engager à fufpendre leur vengeance pendant la moitié de cha- que femaine êc des intervalles aflez confidérables de année, ne puflent.en obtenir la même chofe ni pour Ja femaine ni-pour l’année entiere ; & il ne left pas moins que les peuples cruflent tolérée & même per- mile à certains jours une vengeance qu'ils n’ofoient prendre dans d’autres. Ce qu'il y a de certain, c’eft que l’ufage de ces petites guerres qui défoloient tou- tes les provinces duroyaume, dura jufqu’au tems de Philippe-le-bel, Foyez TREVE DE Dreu, TREVENTINATES, (Géog.anc.) peuples d’I- tale, que Pline, Z. III. c. xij. place dans la quatrie- me région, Leur ville eft nommée Terevensum par Frontin, p. 89 , qui lui donne le titre de colonie, C’eft aujourd'hui Trivento, {ur le Trigno , dans le comté de Molife. ( D. J.) | TE TREVES, ( Géog. mod.) ville d'Allemagne en de- çà du Rhin, capitale de larchevêché & éleétorat du même nom, au bord de la Mofelle, qu’on y pañle ur un pont, à dix lieues d'Allemagne au nord-eft de Luxembourg , à treize au nord-eft de Metz, & à dix- £ept au fud de Mayence. | Quoïawelle ne foit plus fi fameufe que lorfque cinq des principales villes fituées fur le Rhin lui étoientfoumifes, elle tient pourtant encore fon rang * parmi les villes peuplées , à quoi la fertilité de fon terroir, fon vignoble & la Meule qui y pafle, con- tribuent beaucoup. Sa fituation eft aubord de la Mo- felle entre deux montagnes, &la petite riviere Olebia, -en allemand Weberbach., pafle au milieu de la ville. On y compte un grand nombre d’éghfes & plufieurs -matonsreligieufes. Long. 24:15. lait, 49. 47. Treyes fut connue anciennement fous le nom de Trevirorumcivitas, où Treviri, du nom des peuples qui Phabitent. Après qu’Augufte l’eut érigée én mé- tropole de la feconde Belgique, elle prit en fon hon- neur le nom d’Azgufla Trevirorum, T'acite fait beau -Coup mention de cette ville. Ammien Marcellin lap- pelle une féconde Rome, à caufe de fon autorité, de fon pouvoir, de la magnificence de fes bâtimens à la romaine, & pour avoir été la plus grande ville en- deçà des Alpes, Quelques empereurs romains &c en- fuite quelques rois de France, y ont fait plufeurs fois leur féjour. On y voit encore des reftes d’anti- quité , entr'autres des piliers êz:des colonnes de fon pont fur la Mofelle, des veftiges d'anciennes tours -8t d’un amphithéatre; mais les Huns, les Francs & Les Normands ont détruit par leurs ravages fes autres monumens antiques. : On prétend que Salvien, prêtre de Marfeille au cinquieme fiecle, étoit originaire de reves ; ce qu'il y a de für, c’eft qu'il mourut à Marfeille dansun âge fort avancé. ILnous refte de lui deux traités qui font écrits d’un.ftyle aflez orné, l’unfur la providence de Li Dee RNA fonde Fr” ” S TRE 607 Dieu , & l’attre contre l’avarice. Les meilleures édi= tions des ouvrages de Salvien ont été données par M. Baluze à Paris, & par Conrad Ritterhufus À Nuz remberg , en deux volumes 7-89, Dyufille (Juke }, fille de Germanicus & d'Agrip= pine, naquut à reves | &t désénera de Pexemple dé fes pere à mere; car {a vie futtrès-fcandaleufe, Ellé époufa Lucius Caflius ; mais Caligula fon frerel’en- leva à ce mari, & vécut inceftueufement avec elle comme avec fa femme légitime, Il l’aimoit déjà folles ment n'ayant pas encore la robe virile ; ÔT quand elle fur morte Pan 701 de Rome, il fit des extravaz gances impies pour honorer fa mémoire. Il donna À ce fujet des decrets femblables à ceux que l’on avoit faits pour Livie femme d’Ausufte, indépendamment de fon decret public qui déclaroit Drufile au noms bre des immortels, | On la mit en ftatue d’or dans le fénat: on lui éleva une autre flatue dans le forum pareille à celle de Vé- nus , & fous les mêmes honneurs que Pon rendoit à cette déefle. On lui dédia un temple particulier : on ordonna que les hommes & les femmes lui confacre- rotent des images, que les femmes jureroient par fon nom quand elles attefteroient quelque fait, & que fon jour natal feroit deftiné à des jeux tels que ceux de Cybele. Elle fut appellée la Paréhéa , c'eit à-dire " la soute-divine, & on lui rendit les honneurs divins dans tout l’empire. Caligula , dans les chofes même de la derniere importance, ne juroit jamais ni au f€- nat ni à l’armée, que par la divinité dé Drufille. Liz vius Geminus non content de déclarer qu'il l’avoit vu monter auciel& converfer avec les dieux, fit dés imprécations contre lui-même & contre fes propres enfans , fi ce qu'il difoit n’étoit pas véritable, Cette bafle flatterie lui valut une grofle fortune ; les Ro- mains fe trouverent alors fort embarraflés ; Car s'ils paroïfloient triftes, on les accufoit de méconnoitre la divinité de Drufille ; s'ils paroïfloient gais, on les accufoit de ne'pas regretter fa mort. Enfin cétoitun crime de pote Drufille, parce qu’elle étoit déeffe & de nela pas pleurer, parce qu’elle étoit la fœur de Caligula: Voyez à ce fujet Dion, Suétone & Séne- que. (2. J,) TREVES, archeyéché de | ( Géog. mod. )l'archevé- ché de Treves eft un des éleRorats de Pempire. Il eft borné par celui de Cologne au feptentrion ; par la Wetteravieà lorient, par le palatinat du Rhin @& paf la Lorraine au midi, par le Euxembourse à l'occident. Pepin, Charlemagne & Louisle débonnaire ayant enrichi confidérablement léglife de Treves ; fes arche: vêques commencerent fous le regne d'Othon Il. vets l'an 976, à fe gouverner en princes fouverains: & vers ce tems-là les chanoines las de vivre réguliere= ment & en commun, partagerent les biens du chani- tre en prébendes, & vécurent dans des maifons fépe= rées. Ludophe de Saxe fut le premieréle@eur de Tres ves , fuivant l’opinion de ceux qui attribuent l'inft:- tution du collese éleétoral à Othon Iif. Les fuccef- feurs de Ludolphe agorandirent infenfiblement leur domaine par des acquifitions , des échanges, des dcx nations, & des ceffions que d’autres princes leur firent. Le pays de Parchevêché de Treves eft fertile , fur= tout en vins ; la Mofelle le coupe en partie fepten- trionale & en partie méridionale; la premiere eft beaucoup plus agréable & mieux peuplée que la fe= conde, qui ne contient prefque que des bois, Cetétat eft compofé de vingt-cinq bailliages ,\ dont celui de Trèves capitale , fait leprincipal. #: Les empereurs de la maïfon de Saxe fouimirent la ville de Treves aux archevêques, & les empereurs de la maifon de Franconie l’affranchirent de la domina: tion de ces prélats qui s’y oppoferent, & ne laiflerent pas de ‘reprendre quelquefois leur autorité, {elon 608 TRE que Les diverfes faétions de la ville leur étoient favo- tables. Enfin l’empereur Rodolphe dévoué à Pélec- teur Jaques d'Elz, déclara en 1580 la ville de Treves déchue de fes prétentions; & depuis ce tems-là les éleéteurs en ont toujours été les maîtres. L’éleéteur de Treves , comme archevêque, a pour fuffragans les évêques de Metz , de Toul & de Ver- dun , & comme électeur , 1l prend la qualité d’archi- chancelier de l'empire pour les Gaules, mais cette dignité n’eft qu'un titre imaginaire inventé par les Allemands pour marquer la prétendue dépendance du royaume d’Arles à l'égard de l'empire. L’éleéteur de Treves donne le premier {on fufrage à l'élection de l’empereur. Il a féance vis-à-vis de lui dans les aflemblées, & 1l alterne pour la feconde place avec Péleéteurde Cologne dans lecollege élec- toral. Il jouit de plufeurs privileges; 1l peut réunir à fon domaine les fiefs impériaux fitués dans fes états, “faute, d'hommage rendu dans le tems porté par les conftitutions impériales. Il peut ufer du même droit que l’empereur & l’empire à l'égard des fiefs qui re- levent de lui, & qui fe trouvent wacans faute d’hoirs mâles, à moins que les héritiers ne produifent un pri- vilege qui déroge à ce droit; il met au ban ceux qu'il a excommumiés, s'ils ne fe réconcilient dans l’année; & cette profcription a autant de force que fi elle étoit faite par les éleéteurs de l'empire ; 1l a dans la ville de Treyes la gardenoble de tous les mineurs; on peut cependant appeller de fa juftice à la chambre impériale, parce que l’életeur Charles Gafpar de la Leyen ne fit pas confirmer par l’empereur le droit qu'ont les életreurs d'empêcher qu'on ne puifle ap- peller de leur juflice. On peut lire fur tout ce qui concerne l’archevêché de Treves, un ouvrage imprimé à Augsbourg, & in- titulé , ifforia rrevirenfis diplomatica & pragmatica. Auguft, 174$, in-fol.trois vol. ( D. J.) PREVES, (Géog. mod. ) petite ville ou plutôt bourg de France, dans l’Anjou. Ils’y tient anatre foires par an. (D.J.) TREVI, (Géog. mod.) nom commun à deuxian- ciennes villes d’Itahie, La premiere appellée en latin Treba eft dans la campagne de Rome, prèsde la fource du Teverone. C’étoit autrefois une ville, mais ce n’eft plus aujourd’hui qu'un village , & fon évêché a été uni à celui d’Anagni. La feconde Treyi eft un bourg dans l’état de Pégli- fe , au duché de Spolete, près de Clytumno , envi- ron à cinq milles de Fuligno. Elle étoit épifcopale dans le v. fiecle. On croitque c’eft la Trebia des an- ciens. ( D. J.) TREVICO, (Géog. mod.) petite ville au royau- me de Naples, dans la principauté ultérieure, avec un évêché établi dès le dixieme fiecle , &z qui eft fuf- fragant de Benevent. (D. J.) TREVIER , £ m. (Marine.) c’eft le nom qu'on donne à celui qui travaille aux voiles, qui a foin de leur envergure, & qui les vifite à chaque quart pour voir fi elles font en bon état. TREVIGNO, (Géog. mod.) ou TREVINO, com- me écrit Rodrigo Mendez Silva, ville d'Efpagne en Bifcaye , dans la province d’Alava, fur une colline, proche la riviere d'Ayuda, avec une citadelle, à fix lieues au fud oueft de Vittoria. Son territoire abonde en blé, fruits & pâturages. Long. 14. 35. lat. 42.50. {2.1.) _ TREUIL, f m. (Méch.) n’eft autre chofe que la machine autrement appellée axis in peritrochio ( fig. 44. Méch.), dont l’axe £ Feft fitué parallélement à Jl’horifon, Dans cette machine la puiflance appliquée à l'extrémité du rayon 4, eft au poids comme le rayon de l'axe Æ F'eft au rayon de la roue, Foyez AXE DANS LE TAMBOUR. M, Ludot dans une piece fur le çabeftan , qui a partagé le prix de l'académie en 1741, remarque que la théorie de M. Varignon, pour déterminer la char- ge des appuis dans le srezl, eft infuffifante , &c qu’elle peut même induire en erreur. Il s’eft appliqué à ré- parer cette négligence , & donne le théorème géné- ral pour déterminer la charge des appuis dans le treuil, fuivant quelques directions, & dans quelques plans que la puiffance & le poids agiflent. Le rreuil s’appelle auf sour; cependant le nom de tour eft plus fouvent un mot générique , pour expri- mer la machine appellée axis in peritrochio , foit que l’axe foit parallele à l’horifon , ou qu’il lui {oit per- pendiculaire. Au-lieu de la roue 4B , on fe contente fouvent de pañler dans laxe ÆF des leviers 48, plus ou moins longs, & en plus ou moins grand nombre, fe- lon les poids qu’on veut élever, & la quantité de puiffance qu'on veut y employer. (O TREVIRI, ( Géog. anc.) ou TREVERI; \'iü- néraire d’Antonin porte Trivert, & la notice de l’em- pire, Triberi ; peuples de la Germanie, en-deçà du Rhin. On ne peut douter que ces peuples n’aient d’abord habité au-delà du Rhin, puifqu’ils étoient originaires de la Germanie ; mais on ne fait dans quel quartier de la Germanie ils avoient leur de- meure, êt en quel tems ils pafferent le Rhin pour s’établir dans la Gaule. Voici quelque chofe de plus sûr. Quand ces peuples habiterent dans la Gaule, ils furent toujours mis au nombre des Belges, entre lefquels Pomponius Mela, Z. IL. c. ij. leur donne la gloire d’être le peuple le plus célebre. Céfar, de bell. Gall, L, V. c. üj. dit que leur cavalerie l’emportoit infiniment fur celle de la Gaule, & qu’ils avoient une infanterie nombreufe ; &c felon Hirtius, Z PILE, c. xx. le voifinage de la Germanie leur donnant oc- cafion d’avoir continuellement les armes à la main: ils ne différoient guere des Germains, ni pour les mœurs , n1 pour la férocité. Ces mœurs les diftin- guerent des Gaulois, & les maintinrent libres de- puis le tems de Jules Céfar jufqu'à celui de Vefpa- fien, qu'ils furent feulement alliés & amis des Ro- mains. Au commencement du regne de ce prince, ils fe joignirent avec Civilis; mais Cerealis les ayant vaincus , Vefpañien les punit de leur révolte par la perte de leur liberté. Ils demeurerent depuis foumis aux Romains jufqu’à la chûte de cet empire qu'ils en- trerent dans l'alliance des François. Les demeures & les bornes du pays des Treviri “ont fouvent changé. Il paroït cependant qu’en géné- ral ils demeurerent toujours fur le Rhin; mais il a quelque apparence qu'après l’établiffement des Ubiens fur la rive gauche de ce fleuve, le pays des Treviri s’étendit depuis le confluent de l’Abrinca, jufqu’à celui de la Nave. Du-moins eft-1l certain qu’on ne connoït point d'autre peuple à qui on puiffe attribuer cette étendue de pays. La ville de Treves étoit leur principale demeure, On la nommoit Tre- virorum civitas ; & après qu'Augulte l’eût érigée en métropole , elle prit en fon honneur le nom d’A4ugu- a Trevirorum. (D. J.) | TREVIRIENS , (Æif.. anc.) peuple de l’ancienne Gaule, qui du tems des Romains habitoit le pays où eft maintenant la ville de Treves. TREVIRS, CAPITAUX, (if. rom.) trium viri ou treviri capitales ; étoient trois magiftrats romains d’un bien moindre rang que les srévirs ou triumvirs mo- nétaires. Il étoient chargés de veiller à la garde des prifonniers , & de préfider aux fupplices capitaux. Îls jugeoïent auffi des délits & crimes des efclaves fuoitits , & des gens fans aveu. Ils furent établis fous le confulat de Curius Dentatus, peu de tems après qu’il eut triomphé des Gaulois. Ils avoient fous leurs ordres huit liéteurs qui fafoient les exécutions pret | crites crites, comme 1l paroit par ce diféours de Sofe dañs PAmphitrion. « Que deviendrai-je à-préfent2 les sré- » Virs poufroïent bien m'envoyer en prifon , d’oùje » né ferois tiré demain que pour être fuftigé, fans »# avoit même m la liberté de plaider ma caufe, ni # de réclamer la proteétion de mon maitre. Il n’y au- » toit perfonne qui doutât que J'ai bien mérité cette » punition; & que je ferois aflez malheureux pour » efluyer les coups de leurs eftañers, qui battroient » ur mon pauvre corps comme fur une enelume ». Cicéron fait allufñon à ces fortes de lieutenans eri- minels de Rome, en badinant plaifamment fur le jeu de mots, dans une de fes lettres à Trébatius, qui fuivoit alors Céfar dans fes suérres contreles Trévirs, une des plus fieres & des plus vaillantes nations de la Gaule, » Je vous avertis , lui dit-il, de ne vous pas » trouver fur le chemin de ces Trévirs, car j’entens » dire qu'ils font capitaux ; &c je défirerois fort qu'ils » fuflent plutôt fabricateurs d’or & d'argent ». (2. J.) TRÉVIRS, wronétaires, (Hif£. rom.) les furinten- dans de la monnoie de la république & empire ro- main , étoient appellés trévirs, sreviri ou sridmviri monetales , parce qu'ils furent au nombre de trois jufqu'à Jules-Céfar, qui en créa quatre. Cicéron fut un des quatre direéteurs de la monnoie , car nous avons encore une médaille exiftante de ce grand homme, où il eft nommé y vir ; mais nous parle- rons plus au long de ces magiftrats prépolés à la fa- brication des monnoies, au 104 TRIUMVIRS moné- tairés. (D. J.) TREVISAN, LE (Géog. mod.) où marche Trévi: fane ; pays d'Italie dans la feigneurie de Venife, ren- fermé entre le Feltrin & le Bellunèfe vers le nord ; le Padouan vers le fud; Frioul & le Dogado à left, ê& le Vicentin à l’ouelt. Sa principale richeñle confi- te en mâts de vaifleaux , &c en bois de chauffage. Ses principaux lieux font Trévifo, Caftel-Franco, Cé- neda & Sarra-Vallé, (DJ) | TRÉVISO , (Géog. mod.) Trevifi où Trevifto, en latin Tarviftum ou Tervifium ; ville d'Italie dans les états de Venife, capitale du Trévifan, fur la riviere Silis ou Silé, à 18 milles au nord-oueft de Venife , à 20 au nord-eft de Padoue, & à 25 à left de Baffano. Elle eft décorée de plufeurs édifices publics. Son évêché fuffragant d’Aquilée, eft des premiers fiecles. Long. 20.46, lat, 45, 44. Trévifo fubfftoit du tems de l'empire romain , car on ÿ a découvert une infcription où on lit ces mots, Mun-Tar, 8& une autre où l’on voit celui-ci, Decu- rion. C’en eft affez pour regarder cette ville comme un ancien municipe, Elle fut fous la puiffance des Goths, purfqu'après la réduétion de Ravenne par Be- lifaire, & la détention de Vitigis, cette ville fut une de celles qu'ils remirent au vainqueur. Peut-être re- tomba-t-elle encore fous leur domination, lorfqu’I- dibade eut vaincu Vitalius. Trévifo toinba dans la fuite au pouvoir des Hongrois; puis élle appartint aux Carares & aux Scaligers;enfin elle fe donna aux Vénitiens en 1388, & depuis cetems-là, elle eft de- metrée toujours attachée à certe république. Jean Bonifacio & Barthélemi Burchelati, ont donné lhif- toire de Trévife, on peut les confulter, Non - feulement Trévifo fut fous la puiffance des Goths , mais elle eut la gloire de donner la naïflance à Totila roi de ce peuple. Il fut mis fur le trône après la mort d’'Evaric, & rétablit par fa valeur & par fa conduite les défaftres de la nation. Il reprit plufieurs provinces fur les Romains, toute la bafle Italie, les iles de Corfe, de Sardaigne & de Sicile, Il s’empara de Rome, en donna ie pillage à {es trou- pes, & fit démolir une partie des murailles. Il conti- nua de remporter quelques autres avantages contre Tome AVI, TRI @ les Romains ; mais il périt en ÿ ç2,, dans uñe bataïtlé contre Narses. (D. J.) | TRÉVOUX.,, (Géog. mod.) ancienne petite villé de France, capitale de la principauté de Dombess fur le bord oriental de la Saône, Le pape Clément. VIL. y érigea un chapitre en 1523; & Anne:Marie- Louife d'Orléans, fouveraine de Dombes, y fonda un hôpital. M. le duc du Maine y a bâti un palais pour le fiége du parlement, Lous XIV: à accordé aux officiers de ce parlement, les mêmes-privileges dont jouifflent les officiers des autres parlemens dé France. Ce même prineé y a fait établir une impri- merie, Les uns croient que le Tiyurtiüm de l’itiné= taire d'Antonin eft Trévoux , & d’autres Tonurnus, Long. 22. 24. lat. 45, 56, (D. JT) | # TREWIA , ff (Hif. rar. Botan.) geñrée de planté que Linnæus carattérife de cette maniere. Le calicé eft permanent , & compofé de trois feuilles ovales , colorées & recourbées; il n’y a point de pétales. Les étamines font de nombreux filets capillaires dela lon- gueur du calice. Les boffettes font fimples. Le germé du piftil eft placé fous le calice, Le ftile eft de a lon: gueur des étamines &c fimple ami que le ftigma. Le fruit eft une capfule couronnée , turbinée | forméé de trois coques & contenant trois loges: Les femen: ces font fimples, convexes d’un côté, & angulaires de l’autre. Linnei gen, plant, p, 236. Horr, malabs vol. IT. p. 42. (D. J.) | TREYSA, (Géog, mod.) ou plutôt Treyfèn, ville d'Allemagne ; dans le pays de Heffe ; chef-lieu du comté de Ziegenheim ; fur une colline proche la ri- viere de Schwalm; Elle fut brûlée par les impériaux en 1640. Long. 26. 49. lar. 50,54. ; | TREZAIN, £. m. 0 TREIZAIN, ( Monnôte: pes tite monnoiïe “e France , qui avoit cours fous Louis XI. & Charles VIIT. On enignore la valeur, Nous fa: vons feulement qu'il y avoit alors des fous valant 13 deniers , & qui par cette raïfon étoient appellés sre- zains. C’étoit alors la coutume de donner un srezain à la meffe des époufailles, commeon voit dans Fran: chet. Cette coutume étoit fort ancienne , car Fréde: gaire rapporte que les ambaffadeurs de Clovis allant flancer Clotilde , lui offrirent un fou &z un denier ; c’eft une des formules de Marculphe ; cela fervoit pour repréfenter une efpece d'achat de femme, fuiz vant l’ancienne coutume non-{eulement des Francs, mais auf des Saxons , des Allemands & des Bour=: guignons. Trévoux, (D:3) TREÉZALE, TABLEAU, ( Peinsire. ) on appelle ainfi un tableau où 1l fe trouve de petites fentes ou des raies imperceptibles fur fa fuperfcie ; ce qui ar- rive fouvent aux tableaux qui font peints à l’huite par - deflus un fond de détrempe, ou lorfqw’on a trop employé d'huile grafle ; enfin lorfque le tableau aété trop expoié aux rayons du foleil, fl devient ordinairement sréga/e. Dit. des beaux arts, ( D.J. TRÉZALÉ , ( Porcelaine & Porerie, ) {e prend dansle même fens qu’en peinture. Une porcelaine & mor: ceau de poterie eft srégalé , lorfque la couverte s’eft fendue & gercée. Il n’y a suere d’uftenfiles de cuifine enterre verniflée, qui ne fe sréale à la longue , ce quiprouve que la longueur & la violence'du feu peu- vent être comptées parmi les caufes de cet effet, . TREZZO, ( Géog. mod.) petite ville d’Italie dans le Milanez , fur PAdda , aux confins du Bérgamat- que près de Caftello , & au midi de Lecce. TRIADE HARMONIQUE , trias harmonica;ée mot; en Mujique, a deux fens différens. Dans le calcul , c’eft la proportion harmonique ; dans la pratique , c’eft Vaccord parfait qui réfulte de cette même propor- tion , & qui eft compofé d’un fon quelconque de fa tierce & de fa quinte, Vüyez Accor», ProPor- TION, | Triade , parce qu’elle eft compofée de trois térmes, HKHkh 610 TRI Harmonique, par excellence, parce qwelle eft la fource de toute harmonie. Poyez HARMONIE. (S) TRIADIQUE, 1. &cady: Crerme d'Eglife. ) ce mot fe difoit dans l’églife grecque de certaines hymnes dont chaque ftrophe finifloit par la louange de la Trinité & de la Sainte-Vierge. Après aleluya , on Chantoit les sriadiques. TRIAGE , f m.( Commerce. ) choïx que l’on fait entre plufieurs marchandiles de même efpece de ce | P pl qu'il y a demeilleur. Quoique ce terme foit en ufage dans le commerce pour fignifier ce partage du bon avec le moindre, & du moindre d'avec le mauvais,que les marchands ont coutume de faire des denrées , drogues ou marchan- difes , qui font l’objet de leur commerce; il fe dit prin- cipalement du sriepe qw’on fait des morues feches & des laines. Voyez LAINES 6 MORUE. Difionnaire de Commerce. TRIAGE, (Jurifprudence,) en terme d’eaux & fo- rêts, fignifie une portion ou canton de bois féparée &c divifée du refte par quelque marque ou trace: Quelques-uns croient que ce terme vient de celui detiers, sriens ; parce qw'ordinairement dans les bois communaux les feisneurs ont pour leur part un tiers » &c les habitans les deux autres tiers. Mais ilparoît que sriage vient de srier, qui fignifie choifér, mettre à part ; ainfi sriage fisnifie choix , por- tion feparée. En effet, l'ordonnance des eaux &c forêts sir. 23. des bois appartenans aux communautés , veut que le quart des bois communs foit refervé pour croitre en futaie dans lemeilleurfonds êc lieux plus commodes, pat sriage &t défignation du grand - maître ou des of. ficiers de la maîtrife par fonordre, & L'art. 4. du même titre veut que fi les bois étoient de la conceffon gratuite des feigneurs , fans charge d’aucuns cens , redevance , preltation ou fervitude, le tiers en pourra être diftrait &féparé à leur profit, en cas qu’ils le demandent , finon le partage n'aura heu ; &c il eft dit qu’en ce cas les feigneurs n’y auront autre droit que l’ufage commepremiers habitans, fans paït n1 #rlage. Ainf le tiers du feigneur eft auf appellé fon #ria- ge; & l’on appelle auf sriage la part des habitans , quoiqu'ils aient les deux tiers ; comme il fe voit en l'article 6.6 Juiv. du même titre. (4) TRIAGE, (Mésallurgie & Minéralogie. ) c’eft ainf qu’on nomme, dans les travaux des mines, l’opéra- tion par laquelle on fépare à coups de marteau la partie métallique du minerai d'avec la roche ou la matrice dont cette partie eft enveloppée. Ce travail qui eft un des plus légers dela minéralogie, fe fait or- dinairement par de Jeunes garçons qui font raflem- blés dans une falle ou angard', & qui ont devant eux une grande table fur laquelle on place lé minerai dont il faut faire le sriage. Cependant cetteopération n’eft point exempte de danger , fur-tout quand il s’agit de travailler fur du minérai qui eft chargé d’arfemic. Le but qu'on fe propofe par le sriage c’eft de diminuer le volume du minérai, & de le féparer des fubftan- ces‘inutiles , ou de celles qui pourroïent nuire à fon traitement dans le fourneau de fufñoni. TRIAGE DU PAPIER , serre de Papererie, c’'eft une opération par laquelle on retient toutes les feuilles du papier les unes après les autres pour en ôter tou- tes les petites taches noïres avec un petit couteau fait exprès, pour en féparer les feuilles déchirées & les mettreau rebut, & enfin pour ployer le papier pour le mettre en main & en rame, Voyez les PI, de Pas céerle. TRYAIRE , fm, ( Arr militaire des Romains.\) les triaires , ériarii, étoient de vieillés troupes romaines mifes fur les dernieres lignes, & qui ne combattoient que lorfque les premieres lignes :étoient. rompues. TRI Denis d'Halicarnafle en décrivant l'attaque d’un camp romain par les Volfques, & Ia défenie vigoureufe d’un refte infortuné de armée romaine, dit qu'après les cavaliers qui combattoient alors à pié , parce que le terrein ne leur permettoit pas de fe fervir de leurs chevaux, on vit marcher ceux que l’on appelloit triarti , c’eft-à-dire les plus vieux foldurs à qui l'on confie ordinairement la garde du camp , pendant que l'autre partie de l’armée eft aux prifes avec l’ennemr. Pour eux, ajoute l’auteur, ils ne combattent qu’ähla derniere extrémité, & lorfqu'il n’y a plus d'autre reflource. | Tite-Live, dans la guerre des Latins, après'avoir dit que ce peuple avoit comme lesRomains rout hor= mis le cœur & l’inclination , même langue | mêmes armes , même difcipline, même ordre de bataille, ajoute : « Leur premiere ligne étoit compotée de jeu- » nes gens en qui l’on voyoit briller également &c le « feu de Page, & l’ardeur de la gloire; la feconde » d'hommes faits, qu’on appelloit principes, &c la » troifieme de foldats vétérans appellés sriarii ». (D.J.) TRIANGLE , f. m. en terme dé Géométrie, c’eft une figure comprife entre trois lignes ou côtés , & qui par conféquent a trois angles. Foyez FIGURE & ANGLE, Si les trois lignes ou côtés d’un sriangle font des lignes droites, on l’appelle sangle reüiligne. Voyez RECTILIGNE. | Si les trois côtés du sriangle A BC, Planche de Géométrie, fig. 68. font égaux , on l'appelle sriangle équilatéral. Voyez ÉQUILATÉRAL, . Siln’y a que deux de fes côtés égaux, comme DEF, fig. 69. on l'appelle sangle ifofcele ou équi- crural, Voyez ISOSCELE. Si tous les côtés font inésaux entr'eux , comme ACB , fig. 70. on l'appelle sangle fcalene, Voyez SCALENE, Si un des angles À d’unsriangle K M L, fig. 71. eft droit, on dit que le sangle eft retlangle, Voyez RECTANGLE. Ms Si un des angles N, fig. 72. eft obtus, on dit que le triangle eft obtufangle , ou amblygone. Voyez Am- BLYGONE. Ts | | Si les trois angles font aigus, comme CB, fix. 68. le sriangle s'appelle acurangle ou oxygone. Voyez ACUTANGLE, 6. u | Si les trois lignes du sriangle font courbes, onl’ap- pelle curviligne. Voyez CURVILIGNE. Si quelque côté du sriangle eft droit & les autres courbes , on l’appelle sangle mixtilione, Si tous les côtés font des arcs de grands cercles ou de fphere, le sriangle S’appelle phérique. Voyez SPHÉRIQUE, er” Triangles. femblables , SEMBLABLES. Bafed ue criangle, yoyex BASE. Canon d'un triangle , CANON. Jambes d’un triangle, JAMBES. Conjtruëtions de triangles. 1°. Deux côtés 4 B, AC, fig. 73. ayant été donnés en nombres ou autrement, auffi-bien.que la quantité de Pangle 4 compris entre ces côtés. Pour en conftruire un sréangle,prenez 4 B pour la bafe ; & en 4, formez l’angle donné pour l’autre jambe , tracez l’autre ligne donnée 4 C, enfin titez la ligne B C, & pour-lors 4 B Cfera le sriangle que l’on cherche. d. e D'où il fuit qu'ayant déterminé deux côtés avec l'angle compris entr'eux, vous avez déterminé tout le srrangle ; par conféquent fi en deux angles 4CB &acb,a—=A,8&quelonaitab:ac:: 4B:40, alors les sriangles font déterminés de la même ma- niere, & par conféquent ils font femblables ; ainfi c=C;bt=8B,&ab:bc::AB:BC.Ec. ‘129, Trois côtés AB; BC &C A, fig. C8, étant TRI donnés, dont deux, comme 4 C & 4 B ptis enfeñis ble, fort plus grands que le troifieme ; f vous vou: lez en conftruireunsriangle, prenez 4 B pour labafe, êt du point 4 avec l'intervalle 4 €, décrivez un arc 5 6 dupoint B'avec l'intervalle 8 C', décrivez un autre arc x: tirez les lignes droites 4 C & B C, vous aurez le triangle. | I ne faut pas s’imaginer que ce problème foit tou- jours poñhble; dès.là que la fomme des deux côtés eft plus grande que le côté pris pour bafe, ainf que tous les auteurs qui ont écrit fur la Géométrie paroïflent en Être perfuadés ; car ; prenant toujours 4 B pour bafe, fi le côté 4 C, par exemple, furpañloit cette bafe d’une quantité égale Ou plus grande que l’autre côté BC, l'interfeétion ne poutroit pas fe faite, & par conféquent la conftrution né feroit pas poffible, Ileft donc néceflaire, quand on propofe ce proble- me, d'y mettre plus dé condition qu’on n’a de cou: tume , de peur que l’où ne tombe dans une conftruc- tion abfurde , comme je lai vu arriver. Le C’eft pourquoi , comme ôn ne peut conftruire qu'un ériangle avec trois lignes droites données , il s'enfuit qu’en déterminant les trois côtés , tout le eriargle éft détermine, Le . Ainfi fi en deux riangles AC B & àcb, fo. 73 Von a 4 C;yAB''ac:ab; AC:CB:tac:bc; alors les sriangles font déterminés de la même ma- mère, par conféquent ils font femblables & équian- gles. | 3°. Une ligne droite comme 4 8, & les deux an- gles 4 & B adjacens, lefquels pris enfemble font moindres que deux angles droits, étant donnés ; pour décrire le sriangle A B C'aux extrémités de la ligne donnée 4B, formez les deux angles donnés 4 & B : continuez les côtés 4 C'& BC, jufqu'à ce qu'ils fe rencontrent en C. alors vous aurez le sriangle 4 B C que vous cherchiez. | De forte qu'un côté & deux angles étant donnés, on a tout le sriangle ; par conféquent, fi deux srian- gles À — a &t B—b; alors ces sriangles feront déter- mines de la même maniere, & par conféquent fem- blables, ftianiere de mefurer les triangles, Pour trouver la fu- perficie d’un sangle , multipliez la bafe 4 8, Jig. 74. par la hauteur C4, la moitié du produit eft la fuper- ficie du sriangle À BC, ._ Ou de cette autre maniere : multipliez la moitié de la bafe 4 B par la hauteur Cd, ou toute la bafe par Ta moitié de la hauteur , le produit vous donnera la fuperficie du sriangle, Par exemple, AB = 342 AB = 34 3 AB = jt Cd = 234 3CD = 117 Cd = 234 1368 2394 684 1026 342 $13 684 342 | 342 2) 80028 Juperficie 40014 fuperficie 40014 J'iperficie 4001 4. Ou-bien on trouve la faperficie d’un sriangle en joignant enfemble les trois côtés , & prenant la moi- tié de la fomme , & de cette moitié on fouftrait chaque côté féparément ; après quoi on multiplie la moitié de cette fomme par le produit des trois reftes, & l’ontire la racine quarrée dé ce dernier produit; d’où il fuit, 1°. que fi entre la bafe & la moitié de la hauteur , ou entre la hauteur & la moitié de la bafe, On trouve une moyenne proportionnelle , ce fera le côté d’un quarré égal au sriangle. 2°, Si la fuperficie d'un #riangle eft divifée par la moitié de la bafe , 1e quotient eft la hauteur. Propriétés des triangles plans. 1°, Si en deux rrian- gles ABC, abe, fig, 73. l'angle 4 — a les côtés 4 B—ab& A Cac, alors le côté B C=bc & les Tome AVI, l TRI Gii angles Ce B—h ; $C par conféqueht ces sr: | gles feront égaux 87 femblables, 2°. Siun côté du rriangle 4 BC, fig.35, eft con: tinué jufqu’à D , Pangle extérieur D 4 B fera plus grand qu'aucun des deux angles intérieurs oppoiés Bouc, 3°. Dans chaque sriengle , le plus grand côté ef oppofé au plus grand angle, & le plus petit côté au plus petit angle, 4°. Dans tous les triangles , deux côtés tels qu'ils {oient , font plus grands que le troifiemeé. ÿ°. Sien deux sriengles les diférens côtés de l’un font refpeétivement égaux aux côtés de l’autre ; les angles feront aufli refpectivement égaux, & par con: féquent les siangles{eront entierement égaux &c fem blables. | NI, 6°. S1 quelque côté, comme BC, fe. 76. d'un triangle A € B , eft continué jufqu'à D , Pangle ex: térieur D O À fera égal aux deux angles intérieurs oppofes, y & z pris enfemble. | | 7°. Entout siangle, comme 4 BC, lestrois añgleg 4, B,C, pris enfemble, font égaux à deux angles droits ,ou à18od, d’où ils’enfuit, 1°, que fi le #rianplé eft reétangle, comme MXL, #8. 71.les deux angles obliques M& L pris enfemble, fontun angle droit ou 904 & par conféquent ce font des demi-angles droits, fi le sangle eft Hofcele, 2°. Si un angle d’un sriangle eft oblique, les deux autres pris enfemble font p22 reillement obliques. 3°. Dans un sriangle équilatéral, chaque angle eft de 60 degrés. 4°, Si un angle d’un triangle eft foufträit de 1801, le reftant eft la fomme des deux autres ; & fi la fomme de deux angles eft fouftraite de 1804, Le reftant eff le troifieme anple; 5°. Si deux angles dun sriangle font égaux à deux angles d'un autre sriangle , fbit conjointement, foit féparément, le troïfieme angle de l’un eft égalautrois fieme angle de l’autre. 6°, Coïime dans un trianplé Hofcele D FE, fig. Go. les angles de la bafe y È 4 {ont égaux ; fi Pangle d’en-haut eff fouftrait de 18oû, êt que le reftant foit divifé par 2, le quotient eft là quantité de chacun des angles évaux : de même fi le double d’un des angles de la bafe y eft fouftrait de 180%, le reftänt eft la quantité de l'angle d’en-haut. 8°. Si en deux sriangles À BC& abc > Î4. 734 Be An &B=b, alors AC.=ac. BC.=bc.C=c 8 Île triangle ACB—4 cb. d'où il s’enfuit que f en deux sriangles ACB, &acb, A=a,B=b, 8 B C=bc ;alors C=c, par confé: quent AC=ac,AB=ab& lerriangle ACB—ach 9°, Si dans un sriangle DFE les angles de la bafe y êtu, fig. 69. font égaux , le sriangle eft ifofcele : par conféquent fi les trois angles font égaux, lesrian- gle eft équilatéral. | | 10°. Si dans un sriangle À B Cune ligne droite ef tirée parallelement à la bafe, elle coupe les côtés pro< portionnellement, & forme un petit sriangle femblas ble au grand. Lin 11° Tout sriangle peut être infcrit dahs un cercle; Voyez CERCLE. F* 12°. Le côté d’un sangle équilatéral infcrit dans un cercle, eff en puiflance triple du rayon: Voye RAYON. 13°. Les sriangles de même bafe & même hauteur, c'eft-à-dire , qui fe trouvent entre les mêmes lignes paralleles, font égaux. Voyez PARALLELE. | 14°. Tout sriangle, comme CFD, (fig: 41.) eft la moitié d’un parallélogramme 4CDB, de même où d’égale bafe CD , & de même hauteur ; Où entre les mêmes paralleles : ou bien un riangle eft égal à un parallélogranime qui eft {ur la même bafe, mais qui n'a que la moitié de la hauteur, ou qui n'ayant qué la moitié de la bafe, a la même hauteur que le sriana gle. Voyez PARALLÉLOGRAMME. 15” Dans tous les sriangles tant plans que fphéri: | HHBR ÿ ; G12 TR ï ques, les côtés font proportionels aux finus des an- ples oppolés. 162, Dans tous les sriangles plans , la fomme des deux côtés eft à leur différence, comme la tangente de la moitié de la fomme des angles oppofés eft à la tangente de la moitié de leur différence. 17°. Si l'on fait tomber une perpendiculaire fur la bafe d’un sriangle obliquangle, la différence.des quar- rés des côtés eft égale au double du reétangle fous la bafe 8 la diftance qu'il y a de la perpendiculaire au milieu de labafe. 18°. Les côtés d’un sriangle font coupés propor- tionnellement, par uneligne qu’on tire parallélemen à la bafe. 10°. Un riangle entier eft à un sriangle coupé par une ligne droite, comme le reétangle fous les côtés coupés eft au rectangle des deux autres côtés. 20°, Dans un triangle re@iligne une ligne de l’an- gle droit perpendiculairement für l’hypothenule , divife Le triangle en deux autres sriangles reéhlignes, lefquels font femblables au premier sriangle, &c l'un à autre. 21°, En tout triangle rectangle le quarré de l’hy- pothenufe eft égal à la fomme des quarrés des deux autres côtés. Voyez HYPOTHENUSE. 22°, Si quelqu’angle d'un sangle eft coupé en deux parties égales, la ligne qui le coupe divifera le côté oppofé proportionellement aux côtés qui forment cet angle. Voyez BISSECTION. 23°, Si l'angle du fommet de quelque sriangle eft coupé endeux parties égales , la différence des rec- tangles faits par les côtés &c par les fegmens de la bæ {e , eft égale au quarré de la ligne qui coupe l'angle en deux. : 24°, Si une ligne droite BE (Jig. 78.) coupe en deux un angle {BC d’un sriangle, le quarré de ladite ligne BE= 48B + BC—AE+EC. Newton, arirh, uiriverf. Pout divifer un sriangle dans un certain nombre donné de parties égales, divifez labafe CD (fe. 77.) en autant de parties égales qu'il s’agit de divifer la figure , & tirez les lignes 4 1, 42, &c. Sur les propriétés des vriangles fphériques. Voyez SPHÉRIQUE. | TRIANGLE, en terme de Trigonométrie. La {olution ou analyfe des sriangles eft du reflort de la trigono- métrie. Voyez les figures de TRIGONOMÉTRIE. Les différens cas peuvent être réduits aux proble- mes fuivans. Solution des triangles plans. 1°. Deux angles 4 & C (sabl. trigon. fig.26.)étant donnés conjointement avec le côté AB, oppofé à l'un de ces deux angles C; pour trouver le côté BC, oppofé à l’autre angle 4, en voici la regle : le finus de l'angle C'eftau côté donné AB, qui lui eft oppofé, comme le finus de l’autre angle 4 eft au côté que l’on cherche. C’eft pourquoi le côté BC fe trouve aïfément par les logarithmes ou par la regle de trois ou de propor- tion. Voyez LOGARITHME. Car par exemple, fuppofez C = 48 4, 35°. 4 = 57. 28. AB —74!. l'opération fe fait de cette ma- fiere, Log. du finus de C, 9:87$0142 Log. de 4B, 1. 8692317 Los. du finusde 4, 9.925868: Total du log. de 4B Dpt de 4, 15: 7950998 Log. de BC, I. 9200856 Le nombre qui répond à cela dans la table des lo- garithmes eft 83, qui eff la quantité du côté que l’on cherchoit. | 21°, Deux côtés AB & BC, ayant été donnés con- jointement avec l'angle C, oppofé à lun des deux, pour trouver les autres angles 4 & B, voici la re- TRI gle:un côté 42 eft au finus de l'angle donne C', 8e oppofé à ce côté, comme l'autre côté BC'eftiau fr nus de angle oppofé que Fon cherches :: 7 Par exemple 3110712 SE, PAG MY Suppofez 4B=94!/, BC=69!, C=yadis!, HÉGe de AP SRE Tr 9721270 Los. du finus deC, 9.9788175 DÉCLIN SRTeEGSO SETCEnR Somme des logarith. du finus de C&de BD, $ 11.8176666, : Log. du finus de 4, 0.0444387. Le nombre qui répond à cela dans la table des los garithmes eft 61 4, 37”. & comme Pangle donné C'eft de 72°. 15/. la fomme des deux autres 133°. 52°: étant fouftraite de 180, total des trois, vous aurez 469, 8". pour l’autre angle B que vous cherchiez. De même fuppofez que dans un triangle reétangle ( fig. 28.) outre l'angle droit 4 on ait donne l’hypo- thenufe BC— 49, & la cathete 4C=36 pour trou ver l’angle B, voici comme on opere, Log. de 80, 1. 690196 Los. de toutlefinus, 10. 0000000 Log. de 4C, 1. 5563025 Los. du finus de B ‘9. 8661064 Le nombre qui répond à cela dans la table des loga= rithmes eft 47°. 16". par conféquent C= 42°, 44". 3°. Deux côtés BA & AC, & l'angle 4 compris entre ces côtés étant donnés, pour trouver les deux autres anples, I, Silé triangle ABC eft retangle , prenez un des côtés, qui forment l’angle droit, comme 4B, pour rayon , pour lors C'A fera la tangente de l'angle op- pofé B , en ce cas la regle eft qu’un côté AB ef à l'autre 4C, comme le finus total eft à la tangente de l'angle 3. Par exemple, Suppoté BA=79 & AC=5$4 Logarithme de B 4, 18976297 Los. de 4C, 17323938 Log. du finustotal, 1000000000 . Log. de la tang. de B, 9. 8347667 Le nombre qui répond à cela, dans la table des loga- rithmes, eft 34°. 21/. par conféquent l'angle C'eft de 55°: 39: IL. Si angle À eft oblique ( fig. 26.) ,1l faut faire cette proportion, la fomme des côtés donnés 4 B& AC eft à leur différence , comme la tangente de la moitié de la fomme des angles cherchés C & B eft à la tangente de la moitié de leur différence c’eft pour- quoi en ajoutant la moitié de la différence à la moitié de la fomme , ce total donnera le plus grand angle €, && en Ôtant la moitié de la différence de la moitié de la fomme , le reftant fera le plus petit angle B. Par exemple, Suppofez 4 B—75. 4 C 58". 4 108°, 24°. alors AB7$ AB 7ÿ. AYB4+C 179°, Go/. AC 58 AC 58 A108 24 ms Somme 133. diff 17 B+C 71 36 , <(B+#0C)35 48 Log. de 4B + 4C 2. 1238516 Los. de 4B — AC - 1.2304489 Log. delatang. 2(B+C)9.8580694 Somme des log. _ 12. 0885183 Log. de latang. = (C—B) 8.6946667 le nom- bre qui répond à cela eft 5°. 16’. I(BHC)= 35482 (BHC)E 350. 48. UC) EN PAC CCE) ER EG C4, 4 B = 30,32 TRI 2-39: Las 3 cbtés AB, CD ,&e CA, fr 29. dant donnés, pour trouver les angles 4, B, & € , du fômmet de l'angle Æaveclétendue du plus petit côté : AB, déérivezun cercle : alors CDfera 4 C& AB: ! &c C Ffera leur différence. La regle eft donc que la bafe 20, eft la fomme des côtés CD, comme la dif : férence des côtés CF eft au fegment de la bafe CG. Ce fegment ainfi trouvé étant fouftrait de la bafe CB, lereftanteft la corde GB. Enfuite du point 4 abaiflez la perpendiculaire ZE fur la corde BG, pour lors BE=EG=:GB. L « Ainfi dans un sriangle rectangle 4EÆB, les côtés AB.& BE étant donnés ; ou dans un #riangle obli- quangle ACE , les côtés 4C &c CE étant donnés : les angles 8 & 4 font trouvés. | : Par exemple, - Suppofé 4 B=—36, 4 C= 45 AC=A4S AC—AS | UAB=36 AB=— 36 ACFAB=S1,FE—%9 , BC= 40 Los. de BC— . 1.6020600 Log. de 4C+ 4 B 1.9084850 Log, de FC— 0:9542425$ Somme deslog.— 2. 8627275 12606675. le nombre quiy Log. de CG— répond dans les tables eft 18. BC— 4000 E G— 1089 CG—1822 CG—1822 BG—2178 CE —oo1: —_———. nr 1089. | non de AE NN 13.556708 Los. du finus total — 10. 0000000 | Lors. de. E£ B — _3-0370279 Log. du finus de EAB = 9. 4807254, le nombre qui y répond dans les tables eft 17°, 36/. par confé- quent l'angle 4BE eft de 72°. 14/. Log. de 4C— 3.653212; Log. du finus total 10, 0000000 PRAGUE 3. 4640422 ne Log. du finus total 9.8108297. le nombre qui y répond dans les tables, eft 40°, 18/. par confé- quent ACE eft de 49°. 42°. 8 CAB eft de ÿ7°. 54. Solution des triargles rectangles [phériques par Les re- gles communes. 1. Dans un sriangle retangle {phéri- que deux parties quelconques étant données, outre l'angle droit, pour trouver le refte, 1°. 41 faut confidérer fi les parties dont il eft quef. tion font conjointes ou disjointes. Si les parties dif- jointes font oppofées l’une à l’autre, comme fi Phy- pothenufe BC & l'angle C, fig. 29. font donnés ; pour trouver le côté oppofé 4B, voici quelle eft la regle; le finus total eft au finus de ’hypothénufe BC, comme le finus de l'angle € eft au finus du côté oppofé 4B,. | . 2°. Siles parties disjointes ne font point oppofées Pune à l’autre, comme fi 42 & l'angle adjacent B font donnés ; pour avoir l'angle oppoié C, les côtés du triangle doivent être continués du même côté, juiqu'à ce qu’ils faffent des quarts de cercle, afin que par ce moyen vous ayez un nouveau sriangle , dans lequel Les parties dont il eft queftion foient oppofées mutuellement les unes aux autres; comme dansle cas préfent lesriangle E BF, où nous avons le côté BF donné , qui eft le complément du côté 42, & l’an- gle B pour £F, complément de l'angle C: voici donc la regles qu'il faut fuivre. Le finus total eft au finus de BF, commele finus de l'angle 8 eft au finus EF . ou co-finus de C. 3°. Si Phypothénufe ne fe trouve point parmi les parties conjointes, comme lorfque les côtés 4 B & AC font donnés , pour avoir un angle oppofé à l'un des deux ; 1l faut dire le finus de4C eft au finus to- | Î SRPPE: A TRI Gi} tal, comme ja tangente de ZB eft à la tangente RÉ a # 4°. Mas f Phypothénufe fe trouvé patmi les pat: ties conjointes, comme fi l’hypothénufe BC & Pane gle C'iont donnés, pour trouver le côté adjacent AC ; les côtés du triangle doivent être continués du même côté ; juiqu’à ce qu'ils faflent des quarts de cercle, afin que l’on ait un nouveau triangle , dans lequel Phypothénufe ne fé trouve point parmi les parties dont il eft queftion; par exemple, dans le cas préfent £B Fdans lequel font donnés le complément £B de Fhypothénufe BC, le complément de l’an- gle ©, & l'angle F complément du côté 4C Puis donc que dans le srangle EFB , Vhypothénufe n’en. tre pas dans la queftion, la reple eft 1a même que ci- deflus : c’eft-à-dire, que le finus de £ F ou co-finus de ©, eit au finus total, comme la tansente de EP, Ou co-tangente de BC'eft la tangente de Fou co-tan- gente de AC, | ÿ + Quand les côtés d’un sriangle doivent être con: tinués , 11 nimporte de quel côté que ce foit, pourvi qu'il ne foit pas queftion d’un angle aigu, autrement les côtés doivent être continués par l’autre angle obli: que : fi les deux côtés font dans la connexion, ils doi- vent tre continués par l'angle adjacent au côté en queftion, C’eft ainfi qu’on peut toujours former un triangle, où l’on trouve par la regle des finus ou des tangentes les parties quie l’on cherche. , Solution des criangles reélanoles Jphériques par unè regle umverfelle. Confidérez , comme ci-deflus, files parties dont il eft queftion font conjointes ou disjoin+ tes. Si l'un des deux côtés, qui forment Pangle droit, ou même fi ces deux côtés entrent dans la queftion,, en leur place , il faut mettre parmides données leur complément à un quart de cercle : alors, puifque, fuivant la reple univerfelle, fi connue dans cette TRIGONOMÉTRIE , le finus total avec le finus du complément de la partie moyenne, eft éval aux f- nus des parties disjointes, & aux co-tangentes des parties conjointes ; Ôtez du total de ces chofes don- nées , la troifieme partie donnée, le refte fera quel= que finus ou tangente, &le côté ou l'angle qui y répond. dans la table des logarithmes, eftle côté où Pangle que vous cherchez. Comme la regle univerfelle ou générale eft d'un grand fecours dans la Trigonométrie, nous en fe- rons l'application à différens cas, & nous en appor- terons des exemples qui dans les cas des parties con- jointes &c disjointes répandront auffi de la lumiere fur la méthode commune : mais dans les cas des pars ties contigués , 1l faudra avoir recouts à d’autres fo= lutions. 1°, L’hypothénufe B C—6oû, & l'angle € = 234, 30/. étant donnés ; trouver le côté oppofé A B , fig. 22. puifque 4 B eft la partie moyenne, € & B C font parties disjointes , voyez PARTIES; le finus total, avec le co-finus du complément 4 8 À c’eft-à-dire, avec le finus même de 4 2 , eft égal aux finus de C, & BC. | , C’eft pourquoi fi du finus de C 96006997 dun den; dues 99375306. SOMMES RS TE à 1935382303. Vous ôtez le finus total. . .. , . .. 1000000009 Reïte 1e fous ide A PEAR A RE 95382303 Le nombre qui y répond dans la table eft 204 EC 2°. L’hypothénufe BC= God, & la jambe 4 = 20°, 12°. 6”. étant données, trouver l'angle Oppo- lc: | Il paroït par le problème précédent que de la fom- me du finus total, & du finus du côté 4 2, il faut 12 GI4 TRI ôter le finus de lhypothénufe B C. lerefte eft lefi- : nus de l’angle C. de forte qu'ileft aifé de transfor- mer le cas précédent en celui-ci. | 3°. Le côté 4 B= 201, 12°. 6". & l’angle op- poié C= 23 4, 30”, étant donnés, trouver Phypo- : ‘thénufe BC. Il paroît par le premier exemple que de la fom- me du finus total, & du finus de 4 B, il faut ôter le finus de Pangle €, Le refte eft le finus de Phypothé- nufe BC. 4°. L'hypothénufe BC = God. & un côté 4 B=— 204. 12/.16/.étant donnés; trouver l’autre côté. Puifqué 2 C'eft une partie moyenne , & que 4 B & AC font des parties disjointes, le finus total avec le co-finus de hypothénufe 2 , font égaux aux finus des complémens, c’eft-à-dire, aux co-finus des cô- tés 4 B & AC. C’eft pourquoi du finus total. , . . 100000000 & du co-finus de BC. . . .. . .. 96989700 Somrie. ls sut 5 196989700 fouftrayez le co-finus de 4 8. , , . 99724279 Refte le co-finus de 40 . ..... 97265421 Le nombre qui y répond dans la table, eft 324. x1/. 34", par conféquent 4 C'eft de 574. 48. 26", $°. Les côtés 4 € = 574, 48”. 26". & AB — 20€. 12/, 6//, étant donnés, trouver l’hypothénu- fe BC. Il paroît, par l’exemple précédent, que le finus total doit être Ôôté de la fomme des co-finus des cô- tés À B & AC; le refte eft le co-finus de l’hypo- thénufe B C. par conféquent l’exemple ci-deflus s’ap- plique aïfément à celui-ci. 6°. Le côté 4AC—571. 48". 26 ll. &.Pangle ad- jacent C— 23 4 30/, étant donnés , trouver l'angle oppofé B, Puifque 8 eft une partie moyenne, &t que 4 & C font des parties disjointes , le finus total avec Le co-finus de B , eft égal au finus de €, & au finus du complément, c’eft-à-dire au co-finus de 4 C. C’eit pourquoi du finus de C— 96006697 & du co-finus 4C . .. ...... 97265ÿ421 Somme 1932721418 Otez le bis MOMIE 100000000 Refte le co-finus de B: 4, . : - 272418 9 Le nombre qui y répond, dans la table, eft 12 4, 15/. 56". par conféquent B eft de 77 4. 44. 4". 7°. Le côté 4AC— 571. 48”. 26", & l’angle op- polé B—77 1. 44". 4, étant donnés, trouver lan- gle adjacent C. Il paroïît par l'exemple précédent que le co-finus de AC, doit être fouftrait de la fomme du finus total, & du co-finus de B , le refte eft le finus de C, de forte que l'exemple précédent s’ap- plique aifément à celui-ci. 8°. Les angles obliques B—774, 44/. 4", & C—231. 30". étant donnés, trouver le côté 4C adjacent à l’autre angle. Il paroït par le fixiéme problème que le finus de C, doit être Ôté de la fomme du finus total, & du co-finus de B , le refte ef le co-finus de 4 C. Le cas du fixieme problème s’applique aifément à celui-ci, 9°. Le côté AC— 574 48/. 26". & l'angle ad- jacent C — 23 4. 30/. étant donnés, trouver Le côté oppofé À B. | | Puifque 4 C eft une partie moyenne, & que C & A B font des parties conjointes, le finus total, avec le finus de 4 C, eft égal à la co-tangente de €, & à la tangente de 4 B. C’eft pourquoi du finus total. . . . ro0000000 Cctudmus CeRRCCC EN EAUX 99275039 Somme 1909275039 Otez la cotangente de €. . . .., 103616987 Refte la tangente de 428. ..,,,, 95658058 PRO Le nombre qui y répond dans la table eft 204, 12°, IR 10°, Le côté 4B— 20 4, 12/6. & l'angle op- pofé C— 23 d, 30'. étant donnés, trouver le côté adjacent 4C. De la fomme de la cotangente de ( & de la tan- gente de 4 B, Ôtez le finus total le refte eft le finus de AC. | 11°, Les côtés AB —320 1 12! 6/.& AC — 74, 48". 26". étant donnés, trouver l’angle C, oppofé à l’un des deux. De la fomme du finus total & du finus de 4C, Ôtez la tangente de B 4, le refte eft la co-tangente de €. 12°, L’hypothénufe B C—6od,. & l'angle obli- que C'—23 4, 30/. étant donnés, trouver le côté adjacent 4 €, | Puifque C eft une partie moyenne, & que 4 B &t AC font des parties conjointes, le finus total avecle co-finus de €, fera égal à la co-tangente de AC. | C’eft pourquoi du finus total. . . . 1600600000 du cofinus dé CM. Re. 00622978 Somme _ 1996237978 Otez la co-tangente de BC. . . .. + 97614304 Refte la tangente de 4C, . . . : à . 1020093584 Le nombre qui y répond dans les tables eft 574. 4371200, | 13°. Le côté À C= ÿ7 4. 48/. 16/!, &langle ad- jacent C = 234.:30/. étant donnés, trouver l’hypo- thénufe BC, De la fomme du finus total & du co-finus de €, Ôtez la tangente de 4 ©, le refte ef la co-tângente de BC, 14°. L’hypothénufe B C= 60. & le côté 4 C= 574. 48! 26! étant donnés; trouver langle adja- cent €. | De la fomme de {a co-tangente de B C, & de la tangente de 4 C, Ôtez le finus total, le refte eff le co-finus de €. 15°. L’hypothénufe B C' = 6oû, &c un angle C'= 234, 3°/ étant donnés, trouver l’autre angle B. Puifque B C'eft la partie moyenne, & que B & . e font des parties disjointes, le finus total avec le co- finus de B Cfera égal aux co-tangentes de B & de C. C’eft pourquoi du finus total. 1000060000 Et du co-finus de BE. . 96989700 Somme. « 196989700 Otez la co-tangente de €. . 1036160981 Refte de a co-tangente de 3, 03372719 Le nombre qui y répond dans les tables eft 124, 15’ 56", par conféquent 2 eft de 77° .44! 4". 16°. Les angles obliques B= 774, 44! 4", & C = 234, 30/ étant donnés, trouver l’hypothénufe B C: De la fomme des co-tangentes de C & de B, fou- ftrayez le finus total ; le refte eft le co-finus de B C. Solution des triangles obliquangles fphériques. 1°. Dans un sriangle obliquangle fphérique 4 B € (PL Trigonom. fig. 30.) deux côtés 4 B & B C étant donnés conjointement avec un angle 4 oppofé à lun des deux; trouver l’autre angle €, Voici la re- gle, le finus du côté B C'eft au finus de l'angle op- poié 4, comme le finus du côté B 4 eft au finus de l'angle oppofe C. Suppofez, par exemple, BC= 391. 29./. 4 = 434 207. B A—66d, 45 /. Pour-lors on trouvera que le finus de B C'eft 98033572 FEMME un 98364771 Le finus de B 4. . 99632168 197796936 Le finus de C. |. . | 99963307 TRI Le nombre qui y répond dans les tables ef Sad. 4 ya | JU 2°, Deux angles C = 828. 34! 7! & A = ysd, 20’ avec le côté 4 B = Goû, 45° oppofé à l'un d’eux € étant donnés, trouver le côté Z € oppofé à l’autre angle 4. | Il faut dire: le finus de l'angle € eft au finus du côté oppolé 8, comme le finus de Pangle A eft au finus du côté oppofé B C. L'exemple pré- cédent fufiit pour l'intelligence de celui-ci. 3°. Deux côtés 4 B= 661, 45 m. & B C=3oû. 29" avec un angle oppoié à l’un des deux 4 — 45% 20° étant donnés; trouver l'angle 8 com- pris entre ces côtés ; fuppofez que Vangle C eft aigu; puifque l’autre angle À eft päreillement aigu, la per- pendiculaire B £ tombe dans le sriangle ; c’eft pour- quoi dans le sriangle refangle 4 BE, par le moyen de langle 4, & du côté 4 B donnés, on trouve l'angle 4 BE. Puifque B E fert comme de partie datérale dans le sriangle 4 E B, l'angle E BC eft une partie moyenne, & le côté 2 C eft une partie conjointe. Ce co-finus de langle £ B C fe trouvera en Ôtant la co-tangente de 4 B de la fomme du co-finus de l'angle 4 BE, & de la co-tangente de BC, Ainfi, en joignant enfemble les angles 4 B £ & Æ 8 C, ou fi la perpendiculaire tombe hors du sriangle, en Ôtant l’un de l'autre, vous trouverez Panpgle en queftion. Par exemple , finus total : : 1o0000000 Co-finus de 4 B. 95963154 Somme : . . : 1959063154 Co-tangente de 4. . : . 10025280; Co-tangente dd 4ABE : . 95710349 Le nombre qui y répond dans les tables eft 2od. 25 3ÿ par conféquent 4 B eft de God. 34 25". Co-finus de 4 BE . : : 95428300 Co-tangente de B ©, +. . 100141529 st Somme. : + + 1962609829 Co-tangente de 4 B, … : 9633008 Co-finus de £ BC: : : 99938544 Le nombre qui y répond dans les tables eft 8od. 24 26” pat conféquent 4 B C.eft de 794 9! Le Deux angles 4 = 434 20 & B — 370. 0! 59" avec le côté adjacent 4 B = 664. 45'étant donnés, trouver le côté B oppofé à Pun des deux angles. AAC De lun des angles donnés B, abaïflez une per- pendiculaire Æ B fur le côté inconnu 4 C; &, dans le sangle reétangle 4 B Æ ; par le moyen de Panole donné 4 & de l’hypoténnfe 4 2, cherchez l'angle 4 B £ ; lequel étant Ôté de l'angle ABC, ilrefte Pangle Æ B C. Mais fi la perpendiculaire tomboit au-dehors du ériangle, en ce cas, il fau- droit fouftraire angle 4 8 C de l'angle 4 BE; parce que la perpendiculaire BÆ étant prife pour une des parties latérales, la partie moyenne. dans le sriangle 4 BE eft l'angle 8, & la partie con- jointe eft 4 B; dans le sriangle E BC, la partie moyenne eft l'angle B, & la partie conjointe BC; la co-tangente du côté B C fe trouve en ôtant le co- finus de £ B 4 de la fomme dé co-tangente de 48 ët du co-finus de E BC. L'exemple du cas précé- dent s’applique aïfément à celui-ci. 5°. Deux côtés 4 B— 664,45 & BC = 301. 29 avec l'angle 4 oppofé à lun ou à Pautre — 43% 20° étant donnés, trouver le troifieme côté 4 C, abaïflant, comme ci-deflus, la perpendicu- laire BE, dans le sriangle rectangle 4 B Æ, parle moyen de l’angle donné, & de l’'hypothénufe 42, vous trouverez le çôté 4 £; pufqu’en prenant 2 TRI O1) Æ£ pour une partie latérale dans le single 4 E B, 4 B eft a partie moyenne, & 4 E la partie dif jointe, & que dans le sriangle BE C, BC eft là partie moyenne, & £ C la partie disjointes le co- nus de £ (fe trouve en Ôtant le co-finus de 4 2 de la fomme des co-finus de 2£ & C2 » de forte qu’en joignant enfemblé les fegmens AE &E C Où en cas que la perpendiculaire tombe hors le sion. gl en les ôtant l’un de l’autre, on trouvera le côté AC, 6°. Deux côtés 4 C — 654 30! 46" & 4 B — 66%. 4ÿ avec l’angle 4 — 434, 20 compris entre ces cÔtéS, étant donnés, trouver le troifieme côté B C oppofé à cet angle. Abaïflez la perpendiculaire 8 Æ , cherchez dans le sriangle retlangle le fegment ZE, lequel étant Ôté de 4 C, il vous refte £ C. Sila perpendiculaire tombe au-dehors du sriangle, il faut ôter 4 C de 4 F: Puilqu'en prenant la perpendiculaire B Æ pour une partie latérale dans le sriangle 4 E B, 4 B de- vient la partie moyenne, & 4 E [a partie disjointe: & que dans le sriañgle E BC, CB ef la partie. moyenne, & £ C Ia partie disjointe; le co-finus de B C'fe trouve en ôtant le co-finus de 4 Æ , de la fomme des co-finus de 4 B &E C: 7°. Deux angles 4 — 434, 20! & B — 794. 9’ 59” avec le côté € B — 394, 29/ Oppofé à lun Ou l’autre de ces angles, étant donnés, trouver le côté 4 B adjacent à Pun & l’autre. Abbaiflez la perpendiculaire € D de Pangle in- connu € fur le côté oppofé 4 B, & fi cette perpen- diculaire tombe dans Le srizngle ; par le moyen de l'angle donné 3, & de lhypothénufe B €, cherchez dans le sriangle re@angle B C D; le feoment 8 D. Puifqu’en prenant la perpendiculaire € D pour une partie latérale dans le sriengle C D B, D B ef la partie moyenne , & l'angle B une partie conjointe ; &t que dans le sriangle C D 4, 4 Def la partie moyenne; &c l'angle 4 une partie conjointe ; le f- nus du fegment 4 D {e trouve en Ôtant la co-tan- gente de l'angle B de la fomme du finus deDB&. de la co-tangente de l’angle 4 ; de forte qu’en joi- nant enfemble les fegmens 4D & DB, ou, fi la perpendiculaire tombe hors du siargle, en Ôtant lun de l’autre , Le réfultat fera du côté 4 2 que vous cherchiez. MA 8°. Deux côtés AB— 664, 45? & BC= 391.209". avec Pangle compris entre ces cÔtés = 791, 97. 5o/!. Étant donnés, trouver l'angle 4 oppoié à lun ou à l’autre de ces côtés. En abaïflant la perpendiculaire CD, vous trou verez le fegment B D, comme dans le problème précédent : Ôtez ce fegment de 4B, refte AD, Sj la perpendiculaire tombe hors le triangle, 4 B. doit être joint à D B : & comme en prenant la perpendi- culaire C D pour une partie latérale dans le triangle CDB,B D eft la partie moyenne, & Pangle B Ia partie conjointe; & que dans le sriangle CD À , AD eft la partie moyenne , & l’angle 4 la partie con- jointe ; la co -tangente de angle 4 fe trouve en Ôtant Le finus de D B de la fomme de la Co-fangente de Pangle B & du finus 2D. 9°. Deuxangles 4 = 430. 20/.& B—>oû, DS Le avec le côté adjacent 4 B—76d. 45’, érant donnés, trouver Pangle € oppofé à ce côté. De lun des angles donnés 2 abaiïfler la perpen- diculaire BE, fur le côté Oppolé 4 C : dans le rrian- gle rettangle ABE , par le moÿen de l’angle 4 don- né, êc de l’hypothenufe 4 B, vous trouverez angle AB E, lequel étant Ôté de 4 BC, refte angle £EBC, Si la perpendiculaire tombe hors le triangle 1] faut ôter 4 BCde ABE. Puifqu’en prenant BE pour une partie latérale dans le sriangk CE B, l'angle C eft la partie moyenne, & l'angle CB E, la partie dif- 616 TRI jointe ; & que dans le sriangle ABE, l'angle 4 eft la partie moyenne & l'angle 4ABE La partie dif- jointe : le co-finus de Pangle Cfe trouve en fouf- trayañt le finus de l'angle 4 B£ de la fomme du co- finus de l’angle À & du finus de E BC. 10°. Deux angles A—=4at. 20!.& C=— Sat. 34/. avec le côté B A—661. 45/. oppofé à l’un de ces deux, étant donnés, trouver l’autre angle. De l'angle cherché B, abaiflez une perpendicu- laire BE ; & dansle sriangle reétangle 4E B, par le moyen de l'angle donné 4, & de l’hypothenufe B A, vous trouverez l'angle ABE, puifqu’en pre= nant la perpendiculaire £ B pour une partie latérale dans le rriangle E CB, l'angle Ceft la partie moyen- ne, & l'angle CE B la partie disjointe ; & que dans le triangle ABE, l'angle À eft la partie moyenne, & l'angle 4B E la partie disjointe : le finus de Pan- gle E BC {e trouve en fouftrayant le co-finus de 4 de la fomme du co-finus de C&dufmusde ABE, de-forte qu’en joignant enfemble ABE RE BC;ou fi la perpendiculaire hors le sriangle, en Ôtant l’un dé Vautre vous aurez pour réfultat Pangle cherché ABC. 1°. Les trois côtés étant donnés , trouver un an- gle oppofé à l'un de ces côtés, I. Si un côté À C, fig. 16, eft un quart de cercle, & que le côté 4 8 foit plus petit qu'un quart de cer- cle , voustrouverez l'angle 4; prolongez A B juf- qu’en F, & jufqu'à ce que A Ffoit égal à un demi- cercle ; du pole Atirez Parc C #, qui coupe Varc B Fà angles droits en F. Puifque dans le sriangle te- étangleCBF, l'hypothénufe B Ceft donnée , &c le côté F B, ou fon complément 48, à un demi-cer- cle, vous trouverez la perpendiculaire C F, laquelle étant la mefure de l'angle € 4 B , donne par confé= quent l'angle que vous cherchez. | IL. Si l’un des côtés 4 C'eft un quatt de cercle, & que l’autre côté 4 B foit plus grand qu'un quart de cercle, cherchez l’angle 4 : de 4 B Ôtez le quart de cercle 4 D ; & du pole À décrivez l'arc CD, coupant arc 4 B à angles droits en D. Comme dans le sriangle tetangle CDB, lhypothénufe BC, & le côté D EF, ou l'excès du côté 4 B fur le quart de cercle font donnés, la perpendiculaire CD fera trou- vée, comme ci-deflus , &c cette perpendiculaire ef la mefure de l’angle cherché 4. IT. Si le sriangle eft ifofcele, que BC=CF& Pangle À C F celui qu'on cherche ; coupez 4 F en deux parties égales au point D; êe par D & C faites pañer Parc de cercle D C. Puifque D C eft perpen- diculaire à AF, lesangles 4& F, 4ACDÈ& DCF {ont égaux ; par le moyen de Phyothénufe 4 € & du côté À D donnés dans le sriangle rettangle 4 C D, vous trouverez l’angle 4 C D, dont le double eft Vangle cherché 4CF; &e par Les mêmes parties don- nées on peut trouver lanple 4 ou l'angle F. IV. Sile sriangle eft fcalène, &c que vous cher- chiez l’angle 4, fg.30. de C, abaïfez la perpendi- culaire € D , & cherchez la demi-diférence des feg- mens {D & D B, en difant, la tangente dela moi- tic de la bafe À B eft à la tangente de la moitié de la fomme des côtés AC& CB , comme la tangente de leur demi-différence eft à latangente de la demi-dif- férence des fegmens 4 D & D B: ajoutez enfuite la demi-différence desfegmens à la moitié de la bafepour trouvér le grand fegment , &c Ôtez cette même demi- différence de la même moitié dela bafe pour trouver le petit fegment, pour lors ayant trouvé dans le triangle rettangle C4, l’hypothénufe 4 © &t le côté À D , vous avez auf Pangle cherché 4. De la même maniere, dans lautre sriangle CD B\, vous trouverez B par les parties données € 8 & D B. r2°.Lestrois angles 4, B &.C'étant donnés, trou- ver un des côtés quelconque. Gomme, au-lieu du sangle donné on peut en prendée un autre , dont les côtés foient égaux aux angles donnés, & les angles égaux aux côtés donnés, ce problème fe réfout de la même maniere que le précédent. Chambers & Wolf. (E) TRIANGLE, f. m.ez dffronomie, c’eft un nomcom- mun à deux conftellations , lune dans l’hémifphere feptentrional , appellé fimplement sriangle ou trian- gle célefle | & l’autre dans Phémifphere méridional , que l’on appelle sriangle auftral, Voyez CONSTELLA- TION. Les étoiles qui compofent le sriangle feptentrio- ral, font au nombre de quatre , fuivant le catalooue de Ptolomée , autant dans celui de Tycho; 24 dans le catalogue britannique. TRIANGLE différentiel d’une courbe, dans la haute Géométrie, c’eft un sriangle rectiligne reétangle , dont l’hypothénufe eft une partie de la courbe, quine dif- fere qu'infiniment peu d'une ligne droite. Foyez COURBE. _ Suppofons, pat exemple, la demi-ordonnée p #, PI, d’analyfe, fig. 18. 8 une autre demi - ordonnée P M, quien {oit infiniment proche ; alors P p{era la différentielle de Pabfcifle, & abaïflant une perpendi- culaireMR=Pp, R m fera la différentielle de la demi -ordonnée. Tirez donc une sangente T M , & Parc infiniment petit M » ne fera pas différent d’une ligne droite; par conféquent M7» R eft un sriangle reétiligne rectangle , & conftitue le sriangle différen- tiel de cette courbe. Voyez TANGENTE 6 SOUTAN- GENTE. Chambers. (O) TRIANGLE , ( Arichmétique. ) où appelle ainfi un criangle formé de la maniere fuivante. TI I I al I I I ï _ La premiere colonne verticale renferme lunite ; la feconde la fuite des nombres naturels 2, 3,4,5, &c. la troifieme la fuite des nombres triangulaires ; 1,3,6,10,Gc. la quatrieme la fuite des nombres pyramidaux, &c. Sur quoi voyez l'article FIGURE ÿ voyez auf TRIANGULAIRE, PYRAMIDAL, 6e. M4 Pafcal a fait un traité de ce sriangle arithmétique. Les bandeshorifontales font les coefficiens des différentes puiflances du binome. Sur quoi voyez BINOME. (0) TRIANGLE, (Lictérar.) cette figure géométrique a depuis long-temps fervi de figne , de marque, ou de fymbole à bien des chofes différentes. Plutarque nous apprend que le philofophe Xénocrates com- paroit la divinité à un sriangle équilatéral , les gé- nies au sriangle iofcele, &t les hommes au fcalene, Les Chrétiens à leur tour employerent le sriangle pour repréfenter la Trinité; d’abord ils fe fervirent du fimple sriangle, mais dans la fuite ils ajouterent au riangle quelques lignes, qui formoient unecroix: c'eft ainfñi qu’on trouve des sriangles diverfement combinés fur les médailles des papes publiées par Bonanni. Au commencement de la découverte de lImprimerie , rien n’étoit plus commun que de gra- ver ces fortes de figures au frontifpice des livres ; en- fuite elles devinrent de fimples marques de correc- teur d’Imprimerie, ou des fymboles diftinétifs dans le commerce. Enfin, elles ont pañlé aux emballeurs, qui marquent ainfi avec leur pinceau ,toutes les bal- les de marchandifes qui font envoyées dans les pro- vinces , ou qui doivent pañler à l'étranger. (D. J.) TRIANGLE, (Fortification.) ouvrage dont les trois angles font formés par des baftions coupés, ou des demi-baftions. (D. J.) | | TRIANGLE, TRI _ TrrANGLE, ( Marine.) {forte d'échafaud, qurfért à travailler fur les côtés du vaïfleau. Il eft compofé de trois pieces; d’un traverin ; d'une acore, qui pend de travers fur le traverfin , & qui va s'appuyer fur le côté du vaifleau ; & d’un archoutant , qui eft attaché par une extrémité au bout du traverfin , & qui, s’élevant par l’autre en-haut du vaifeau, eit cloué à fon côté. | TRIANGLE,, (Marine.) c’eft le nom qu’on donne à trois barres de cabeftan, qu’on fufpend autour des grands mâts, quand on veut le racler. | TŒRIANGLE, ( {nffrument d'ouvriers.) les Menui- fiers, les Charpentiers , & quelques autres ouvriers, ont des inftrumens à qui ils donnent le nom de srian- 8e, & les fpécifient néanmoins par quelque terme qui dénote leur ufage. Le triangle onglé ou à on- glet , n’eft qu’une regle de bois de deux lignes d’é- pas, d’un pié de long, & de trois piés de large, dont lune des extrémités, qui eft coupée en angle de quarante-cinq degrés, eft emboîtée dans un au- tre morceau de bois plus épais, qu’on nomme la Joue. Il fert à tracer des angles réguliers, en ap- puyant la piece de bois contre la joue de l'inftru- ment, 6 en tirant une ligne le long de la regle. Le triangle quarré eft une vraie équerre, dont une des branches qu’on appelle la joue, qui eft du triple plus épaifle que l’autre, a dans le milieu & tout le ‘long de fon épaiffeur, une efpece de languette. Il fert à tracer les pieces quarrées, en les appuyant fur la languette le long de la joue, & en tirant les lignes paralleles à l’autre branche. Pour éviter là muitiplhicité des inftrumens, le fieur Hulin en a in- venté un qui contient non-feulement ces deux zriez- gles, mais encore une équerre, & ce qu’on appelle la piece quarrée; mais les Anglois ont imaginé un au- tre inftrument encore plus fimple & plus parfait, TRIANGULAIRE, adj. (Géom.) fe dit en géné- ral de tout ce qui a rapport au triangle. Les compas sriangulaires ont trois branches ; on en fait un grand ufage dansla conftruétion des map- pemondes, des globes, &c. lorfqu’il-s’agit de pren- dre un triangle tout d’un coup. Voyez Compas. Les nombres sriangulaires {ont une efpece de nom- bres polygones ; ce font les fommes des progref- fions arithmétiques, dont la différence des termes eft 1. Voyez NOMBRE, POLYGONE, € Ficuré. Aïnfi, de la progreflion arithmétique 1.2. 3.4. ç. 6. on forme les nombres sriengulaires 1. 3. 6. 10. 1 S. 21. Chambers. TRIANGULAIRE, e7 Anatomie ,eft un nom qu’on donne à deux mufcles à caufe de leur figure, Voyez MUSCLE. = TRIANGULAIRE, de /a poitrine ou du flernum , ef un mufcle qui reflemble quelquefois à trois ou qua- tre mufcles diftinéts. I] vient de la face interne du fiernum, & fe termine aux certilages qui joignent lés quatre dernieres vraies côtes au fternum. TRIANGULAIRE de la levre inférieure, eft un mu cle attaché à la levre externe du bord inférieur de la machoire inférieure, vers la partie moyenne, en- tre le menton & le mañeter ; delà, les fibres fe réu- niffant, viennent s'unir à la commiflure des levres, avec celles du canin, de facon qu’ils ne paroïffent former enfemble qu'un même mufcle digaftrique. Voyez DIGASTRIQUE. Le criangulaire des lombes. Foyez QuaRrRé. TRIANGULAIRES OS, ( Anar. on doit mettre au nombre des variations utiles qui fe rencontrent fouvent dans la ftruêture générale des parties offeu- fes , les 05 rriangulaires qu’on trouve quelquefois dans les futures du crâne, & plus fréquemment dans la future lambdoiïde que dans aucune autre , parce que, faute de Îes connoître, quelqu'un pourroit fe tromper à l'égard de ceux qui ont des pareils os, & Tome XVI. . un terme générique qui TRI Gi? prendre une lévere plaie pour une fraêure confié rable. | | TRIANGULO 1LES , ( Géog, mod, Jiles de l'A« mérique méridionale, dahs la mer du Nord, à Pen- trée du détroit d’Euxuma, On met ces Îles au nom bre des Lucayes, & l’on en comptetrois, qui par leur fituation forment cemme un triangle d’où vient leur nom. 7 TRIANON , £ m.(4rchis. mod. ) v’eft en France fignifie tout pavillon ifolé, confiruit dans un parc, & détaché d’un château. Le céfino des Italiens eft un bâtiment de cette elpece, en ufage pour fervir de retraite > & fe procurer de la fraîcheur à la campagne ; il y en a dans prefque toutes les vignes d'Italie. Le nom de trianon, que les François ont donné à ces fortes de pavillons , vient de celui que Louis XIV. a fait conftruire dans le parc de Verfailles. C’eft un petit palais du roi, ga» lant , bien bâti, incruftéde marbre de diverfes cou leurs , & décoré de précieux ameublemens. La face extérieure de cette maifon ef d'environ 64 toiles, La cour offte un périftyle foutenu par des colonnes & des pilaltres de marbre, Les deux aîles de la maïfon font terminées par deux pavillons; & fur tout l'édifice regne une baluftrade » le long de laquelle font des ffatues, des corbeilles , des urnes ét des caflolettes. Les jardins en font très-agréa- bles ; les baflins y font ornés de groupes choifis. On ÿ trouve entrautres le groupe de Laocoon , {culpté par Baptifte Tuby d’après l'antique. La cafcade mé- rite aufli d’être remarquée, outre d’autres embelli{ femens qui y font employés avec goût. GDS) TRIAS , ( T'héol, ) terme dont on fe fert quel+ quefois pour exprimer la fainte Trinité, Voyez TRI- NITÉ. | TRIAVERDENS oz TRIVERDENS ,{ m. (Æf, eccléf.) brigands qui dans le xij. fiecle exercerent cén- tre les chrétiens toutes fortes de cruautés. Le tro;- fieme concile de Latran décerne les peines eccléfiaf- tiques contre ceux qui leur donneront retraite >) qui les recevront, les {ecourront, auront la moindre communication avec eux. Il veut qu'ils foient ana-, thématifés comme les Albigeoïis. TRIBADE, f. f. (Gram.) femme qui a de la paf fon pour une autre femme ; efpece de dépravation particuliere auffi inexplicable que celle qui enflam- me un homme pour un autre homme. TRIBALLES, LES , Triballi y ( Géog. anc.) peu- ples de la bafle Mœfie. Strabon > 2 VIT, p. zou. les met fur le bord du Danube, & dit qu'ils s’étendoient jufques dans l’île de Peucé, I] ajoute qu’Alexandre le grand ne put s'emparer de cette île, faute d’un nombre fuffifant de Vaifleaux, & que Syrmus, roi des Triballes, qui s'y étoit retiré , en défendit cou- rageufement l'entrée. Ptolomée » ve LIT, ch, x. & Pline, Zv. III. ch. #xvj. font auffi mention de ces peuples. Ce dernier dit, Zy, FIL ch. 1. qu'on ra- Contoit que parmi eux il y avoit des gens qui enfor- celoient par leur regard, & qu'ils tuoient ceux fur qui 1ls tenoient long-tems les yeux attachés, fur: tout lorfqu’ils étoient en colere. (D. JT. TRIBAR, oz TRIBARD , f. m. rerme de Jardi. nier, On nomme ainfi une machine compofée de trois bâtons, qu’on met au cou des chiens & des pour- ceaux , pour les empêcher de pafler au-travers des haies , & d’entrer dans les jardins ; de ces trois bä- tons eft venu le nom de sribur : ce mot écrit avec un £ à la fin sribart, eft dans Cotgrave , qui l'explique ar béton court. (D, J.) TRIBESÉES , (Géog. mod.) ville d'Allemagne dans la Poméranie , {ur les confins du Mecklenbourg , . proche la riviere de Trébel, entre Roftock & Gripf- walde, avec un château. Elle appartient au roi de Suede, Long. 32, 52, larir, 54. 12, TTii 613 TRI TRIBOCCIENS , (Æif anc.)peuples de Pancien- me Gaule , qui habitoient le pays nommé Alface pat es modernes. Argentina, ouStrasbourg , étoit leur “capitale, | TRIBOCI , (Géog. anc. ) nous difons en françois es Tribocs ; nation germanique qui s’etablit en-decà “du Rhin, dans une partie de lAlface. La maniere d’exprimer le nom des Tribocs, met Vas üniforme dañslesanciens auteurs. Strabon écrit TorBsmxor | Ptolomée ToBéixos , Jule-Céfar Tribocer, Pline Tribochi, Tacite Triboc; lortographe de ce dernier eft celle que nous fuivons , parceque c’eft la même quife lit dans uneinfcription trouvée à Brumt, Atrois lienes de Strasbourg, par M. Schœflin vers l'an 1737. Ce monument porte Jp. Cef. Publio Li- œimio Valeriano Pio Felici. Invifo Augufto civ. Tribo- écrum: c’elt-à-dire que la communaute des Jribocs a érigé ce monument en lhonneur de l’empereur Va- férien , dont on a ajouté les éloges ordinaires de pieux , d'heureux, & d'invincible. | L’étymologie du mot Fribocs , a embarrañe plu- Leurs favans modernes, qui l'ont cherché avec plus de curiofité que de fuccès. Les hiftoriens du moyen | âge ont publié fans fondement que les Trévériens & les Tribocs tiroient leur origine commune de Frebe- ta, fils de Ninus & de Sémiramis, &t qu'ils tenoient leur nom de cé fondateur, Un fecle éclairé comme le nôtre, ne défere point du tout à l'autorité des écri- vains peu clairvoyans , fabuleux dans les matieres de leur tems, & à plus forte raïfon dans celles qui font beaucoup antérieures. Mais le fentiment le plus reçu dérive ce nom des mots germaniques drey Puchen , crois hétres , à caufe du culte qu’on prétend que cette nation rendoit à ces arbres, & à l'ombre defquels elle avoit coutume de tenir fes aflemblées de religion & d'état, Cluvier avance cette conjeéture après Conrad Celte, Rhe- nanus , Glareanus, Willichius , Schadæus , Coc- cius, fuivis par plufieurs favans plus modernes. Pour la fortifier on prétend qu'il y a encore au- jourd’hui en Alface un endroit de ce nom; mais ce qu'il y a de certain, c’eft que cet endroit ny exifte point. Suppofé fon exiftence , on n’en fauroit induire ue les anciens habitans en euflent tiré leur nom ; 1l Pen même obferver que le hêtre n’a pas été un objet de religion des peuples Celtiques, comme le chêne. Les Tribocs fe font trouvésenveloppés dans la con- quête des Gaules faite par les Francs ; & depuis ce tems là ce nom s’eftperdu pour faire place à celui d”47: faciones, dont nous trouvons la premiere mention - dans Frédégaire, & qui dénote les habitans fur la ri- viere d'Ill Elafs marque fédes el, le fiege ou le couts de II. M. Schœpilin , dans les mémoires de Pacadémie des infcriptions , som. XW7. a tâché de fixer le tems où les Tribocs paflerent le Rhin, & de déterminer étendue du terrein qu'ils ont occupéentre les Sé- quanois au midi, les Németes au nord, le Rhin à Porient , & les Voges à l'occident ; il y fait l'énumé- Tation des villes & des bourgs confidérables , fitues dans leur territoire , qui dans l’efpace de vinpt-fix lieues, le long du Rhin, depuis Marckelsheim ,juf- qu'à Guermersheim, comprenoif à-peu-près , felon lui, toute la bafle Alface. Scheleftat, EL, Strasbourpg, Drufeinheim, Seltz, Rheinzabern, Bruent, Saver- ne, Bergrabern , faifoient partie de ces places en- clavées dans le pays des Tribocs. : Il ne faut pas croire que les Tribocsaïent fondé au- cune des places dont nous venons de parler. Le goût des peuples Teutoniques n’étoit pas portéà bâtir des villes , {oit par averfion pour tout ce qui relâche le courage, foit par un penchant naturel pour la liber- té, & parce qu'ils favoient que les mêmes remparts qu'ils défendent contreles ennemis, aflervifent quel- TRAIT que fois fous des maîtres ; d’ailleurs ils fe plafoient à changer de heu; ils évitotent les villes, à ce que dit Arntnien, de mêmeque fi c’eût été des filets &des prions; c’eft pourquoi les Allemans, lors de leur. irruption dans les Gaules , y en avoient abattu ou ruiné plus de quarante-cinq , fans compter les forts 8e lès petits châteaux. C’eit de-là que toute l’an- cienne Germanie ne nous fournit pas une feule ville du tems de Tacite ; les noms même de celles que nous venons de marquer, les uns Gaulois , les au tres pour la plüpart datins , font connoître que tou- tes avoient pour fondateurs les Gaulois ou les Ro mains. D'un autre côté , à peine les Trocs eurent-ils chaffé les Médiomatriciens ripuaires de leur pays, qu'eux-mêmes furent fubjugués à leur tour par les Romains; & ceux-ci qui en demeurerent les maitres pendant plus de cinq fiecles, regardoient toujours ce pays comme un boulevart contre les nations barba- res, qui ont tant de fois entrepris de pénétrer par= là dans l’intérieur des Gaules, & qui y ont même réufh par la fuite. | C’eit de-l\ que nous trouvons dans l’ancienne Af- face , lé long dela grande route du Rhin, ces fré- quentes garnifons de la huitieme, dix-neuvieme , 6£ vingt-deuxieme légion ; 8 dans le bas empire , ces Audéréciens & M£napiens ; c’eft de-laque viennent ces forts & ces villes lortifiées, ces camps, ces murs épais bâtis dans les gorges &c fur les hauteurs des montagnes des Vôges, dont il refte encore aujour- d'hui de grands & magnifiques veftigés dans les com- tés de Dabo, & d'Ochfenftéin, à S, Odile, à Mi- derbroun, à Framont , &c ailleurs. " en" Les Tiibocs éioient un des fept peuples qui fourni- rent des troupes au célébre Ariovifte , lorfqu'l entra dans les Gaules; & M.Schæpfin croit que ce peuple germain ne s'établit en Alface qu'après linvañon d’A- riovifte ; mais M, Fréret a prouvé dans les mémoires de l'académie des Inferipuons , som. XYTIT, p.236. que létabliffement des 77/4065 en Alface,, étoit anté= rieur à linvañon d’Ariovifie, qui pañla le Rhin au plus tard l'an 7x avant Jefus-Chrift. En effet, Céfar ne dit pas que les fépt nations qui compofoient l’armée de ce prince, euflent pale le fleuve avec lui, il Le remarque feulement des Haru- des, &c lon doitauflile fuppofer des.Marcomans, dés Sédufens, &c des Sueves, qu'on né trouve qu'en Germanie; mais à l’écard des Tribocs., des Vangions, & des Németes , qui du vivant de Céfar, où du moins peu après fa mort, étoient fixés dans Fi Gau- le, rien ne prouve qu'ils n'y fuffent pas déja dés le tems d’Ariovifte. | | La politique des Romains nous oblige mème à pen- fer le contraire ; jamais ilsn’euflent permis à ces na- tions de franchir fa barriere du Rhin. Céfartraite de dangereux pour l'empire , ces fortes d'établifiemens des colonies germaniques dans la Gaule. Enfin, dans le doute où l’on feroit du tems où les Tribocs ont paifé le Rhin, il faudroit fuppofer le fait antérieur à Pex- pédition d’Ariovifte, par la feule raïfon du filence des auteurs, quine font aucune mention de ce paf fage des Tribocs, 8 qui n’en parlent jamais que com- me d’une nation germanique établie en-decà du Rhin par rapport à nous. | ; Ptolomée regardoit Brocomagus comme le chef- lieu de la nation des Tribocs, & il n’eft pas vraifem- blable que ce foit Argertoratum , comme le croit M. Schoœpflin. Argertoratum étoit felon toute apparence, une ancienne ville gauloife des Médiomatriques , où les Tribocs n’eurent garde de s’enfermer. Sicette pla- ce avoit été la capitale des Tribocs , il y feroit refté quelques veftiges du nom de ce peuple ; maisil n’en refte aucun. Nous apprenons d’une infcription rapportée par TRI Gruter , p. MX. n°, 12, qu'une partie de la nation : des Tribocs refta dans fon ancienne demeure au-delà du Nekre, & vers Murhart, lieu fitué fur le con- fluent du Murh & du Nekre. Il paroït par le même Gruter , que les Boïens, Boir, s’unirent avec les Tribocs pour laconfécration d’un tempie dédié à une divinité romaine, fur les bords du Nekre. ( D. J.) TRIBOMETRE , f. m. ( PAy/g. ) c’eft le nom que donne M. Muïfchenbroek à une machine dont il fe fert pour mefurer les froitemens : on voit cette machine dans les PJ. demech, fig. 39. n°. 3. & il eft facile d’en comprendre le jeu & l’ufage en jettant les yeux fur la figure. Ceux qui defireront un plus grand détail peuvent avoir recours à l'effui phyfique de M. Mufichenbroek , p. 177. & fuiv. Woyez FROTTE- MENT. (0) _ TRIBONIANISME, ( Jurifpr. ) on appelle ainf certaines interpolations de lois, que l’on prétend avoir été fuppolées par Tribonien, chancelier de Fempereur juftinien , ou qu’on le foupçonne d’avoir accommodées aux intérêts de fes amis. Voyez le mercure d'Ottobre 1753. p.60. (A4) FRIBORD , ( Marine.) voyez STRIBORD. TRiBORD TOUT, ( Murine,) commandement au timonnier de pouffer la barre du gouvernail à droite, tout proche du bord, TRIBORDAIS, ( Marine.) c’eft la partie de lé- quipage qui doit fuivre le quart de ftribord, TRIBOULET , er cerme d'Orfèvre en grofferie , eft un morceau de bois aflez gros , d'environ deux piés de haut, taillé en forme d’entonnoir renverfé, fur le- quel on forme les cercles & les gorges. Voyez Gor- GES, Gc. voyez les PI, 6 les fig. il y en a de buis & defer, & de toutes grofeurs. TRIBRAQUES , TRIBRACEINS , rerme de l’an- cienne Profodie ; c’étoir le pié d’un vers, & il confi- ftoit en trois fyllabes breves , comme mëlfäs, légëré. Ce mot eft formé du grec treis 8 brachys, trois breves. Voyez Pré. HRIBU , 1 € ( Gram. & Hiff. anc. ) certaine quantité de peuple diftribuée fous différens diftridts ou divifions. TRIBUS DES HÉBREUX , (Ai. facrée. ) les Hé- breux formerent douze sribus ou diftrids , felon le nombre des enfans de Jacob, qui donnerent chacun leur nom à leur riz ; mais ce patriarche ayant encore adopté en mourant les deux fils de Jofeph , Manañlé & Ephramm , ilfe trouvatreize #ribus, parce que cel- le de Jofeph fut partagée en deux après la mort de Jacob. La famille de Jofephs’étant multipliée prodi- gieufement en Egypte, devint f fafpe@e aux rois du pays, qu’elle fe vit obligée de pañfer dans la terre de Chanaan, fous la conduite de Jolué , quila divifa en- tre onze sribus de cette famiile. On en fait les noms, Ruben , Siméon, Juda, IMachar , Zabulon, Dan, Nephtalhi, Gad , Azer, Benjamin , Manañlé, & ÆEphraïm. La sribu de Lévi n’eut point de paït au partage, parce qu’elle fut confacrée au fervice reli- gieux ; On pourvut à fa fubfiftance, en lui affignant des demeures dans quelques villes , les prémices , les dixmes , & les oblations du peuple, Cet état des douze sribus demeura fixe jufqu’après la mort de Salomon. Roboam'qui lui fuccéda , fit naître une révolte par fa dureté. Dix sribus fe fépa- rerent dela maifon de David, reconnurent pour roi Jéroboam, & formerent le royaume d’'Ifraël. Il ne refta au fils de Salomon que Juda & Benjamin , qui conflituerent l’autre royaume, dans lequelfe confer- vale culte de Dieu ; mais le royaume d’Hfraël lui fubf titua Pidolatrie des veaux d’or. Dans la fuite des tems, Tiglath-Piléfec rendit Sa- marie tributaire ; Salmanazar ruina la capitale, & le royaume d'Hraëls’éteignit. Enfin arriva la captivité de Juda, fous Nabuchodonofor qui prit Jérufalem , j Tome XVI, We y : LAIT ‘60 la dérruifiravec le temple ; &c tranfporta tous les ha- bitans dans les provinces de {on empire, $88 ans avant Jéfus-Chriit ; cependant apres une captivité de 70 ans, Cyrus renvoya les Juifs dans leur pays, leur permit de rebâtir le temple , & de vivre felon leur loi; alors la Paleftine fe repeupla , les villes furent rebâties , lesterres cultivées , & les Juifs ne frent plus qu'un feul état gouverné par un même chef, un {eul corps , rendant au -#ai [ieu leurs adorations dans {on temple. Voila l’époque la plus brillante de Phiftoire de ce peuple, la fute ne regarde pas cet article, (D,9.) TRIBUS D'ÂTHENES, ( Fif. d'Athènes) Athènes dans fa fplendeur étoit divifée en dix bus , qui avoient emprunté leurs noms de dix héros du pays ; elles occupoient chacune une partie d’Athènes , contenoient en-dehors quelques autres Villes,bourss, ët villages. Les noms de ces dix sribus reviennent fouvent dans les harangues de Démofthène ,) Mais Je n'en pus rappeller à ma mémoire que les huit fui- vans ; la sribu Acamantide , ainfinommée d’Acamas fils de Télamon; l’Antiochide, d’Anriochus fils d'Her. cule; la Cécropide , de Cécrops, fondateur & pre- mier roi d'Athènes; l’Egéide , d’£gée, neuvieme roi d'Athènes; l’Hippothoontide, d'Æippothoon , fils de Neptune; la Léontide , de Léon, qui voua fes filles pour le falut de fa patrie ; & l'Œnéide , d'Œneus, fils de Pandion , cinquieme roi d'Athènes. Maïs 1l faut obferver que le nombre des s'susne fut pas le même dans tous les tems, & qu'il varia felon lesaccroïffemens d'Athènes. Ii n’y enavoit eu d’abord que quatre, il y en eut fix peu après, puis dix , & enfin treize ; car aux dix nommées par Dé- mofthène , la flaterie des Athéniens en ajoufa trois autres dans la fuite ; {avoir la sribu ptolémaide , en l’honneur de Ptolomée, fils de Lagus ; Pattalide , en faveur d’Attalus, roi de Pergame ; & l’adrianide , en faveur de l'empereur Adrien. Pour établir ces nou- velles sribus, on démembra quelques portions des anciennes. Au refte les peuples ou bourgades qui compofoient toutes ces sribus, étoient au nombre de. cent foixante & quatorze. Foyez Suidas, Euftache 3 & Meurfius, & notre arricle RÉPUBLIQUE D'ATHÈ- NES. (D. J.) TRIBU ROMAINE , (if. rom.) nom colle@if du partage de différens ordres de citoyens romains, di- _ vifés en plufieurs clafles & quartiers. Le mot tribu eft un terme de partage & de divifion, qui avoit deux acceptons chez les Romains, & qui fe prenoit égale- ment pour une certaine partie du peuple , & pour une partie des terres qui lui añpartenoient. C’eft le plus ancien établiflement dont il foit fait mention dans l’hiffoire romaine , & un de ceux fur lefquels les auteurs font moins d'accord. L’attention la plus néceffaire dans ces fortes de recherches, eft de bien diftineuer les tems ; car c’eft le nœud des plus grandes dificultés. Ainf il faut bien prendre garde de confondre l’état des sribus fous les rois, fous les confuls & fous les empereurs ; car elles changerent entierement de formes & d'ufases fous ces trois fortes de gouvernemens. On peut les confi- dérer fous les rois comme dans leur origine , fous les confuls comme dans leur état de perfection, & fous les empereurs comme dans leur décadence, du-moins par rapport à leur crédit 8 à la part qu’elles avoient au gouvernémer t : car tout le monde fait que les empereurs réunirent en leur perfonne toute l’auto= rité de la république , & n’en laiferent plus que l'ombre au peuple & au fénat. | L'état où fe trouverent alors les sribus nous eft aflez connu , parce que les meilleurs hiftoriens que nous ayons font de ce tems-là : nous favons auffi à- peu-près quelle en étoit la forme fous les confuls , parce qu'une partie des mêmes hioriens en ont été [liii 620 TIR témoins : maïs nous n’ayons prefque aucune connoif- fance de Pétatobelles étoient fous les rois, parce que perfonne n’en avoit écrit dans le tems, 8 que les mo- numens publics & particuliers qui auroient pu en conferver la mémoire, avoient été ruinés par les in- cendies. Les anciens qui ont varié fur l’époque, fur le nom- bre des sribus , & même fur étymologie de leur nom, ne font pas au fond fi contraires qu'ils le paroïent , les uns n'ayant fait attention qu’à l’origine des sribus qui {ubfftoient de leur terms , les autres qu’à celle des tribus inftituées par Romulus &c fupprimées par Ser- vius Tullius. Il y a eu deux fortes de sribus inftituées par Romulus, les unes avant l’enlevement des Sabi- nes, les autres après qu’il eut reçu dans Rome fes Sabins & les Tofcans. Les trois nations ne firent alors qu'un même peuple fous le nom de Quiries, mais elles ne laiflerent pas de faire trois différentes tribus : les Romäins fous Romulus , d’où leur vint le nom de Ramnes ; les Sabins fous Tatius, dont ils por- terent le nom; & les Tofcans appellés Luceres fous ces deux princes. Pour fe mettre au fait de leur fituation , il faut con- fidérer Rome dans le tems de fa premiere enceinte, & dans le tems que cette enceinte eut été aggrandie après l’union des Romains , des Sabins, &c des Tof- cans. Dans le premier état , Rome ne comprenoït que le mont Palatin dont chaque 14 occupoit le trs ; dans le fecond, elle renfermoit la roche tar- péienne; & la vallée qui féparoit ces deux monti- cules fut le partage des Tofcans , & l’on y joi- gnit le mont Aventin & le Janicule : la montagne qu’on nomma depuis le capitole, fut celui des Sabins, qui s’étendirent auffi dans la fuite fur le mont Coœ- Lus. , Voilà quelle étoit la fituation des anciennes srzbus, & quelle en fut l'étendue, tant qu'elles fubfifterent ; car il ne leur arriva de ce côté-là aucun changement : LATIN DURÉE jufqu’au regne de Servius Tullius , c’eft-à-dire jufqu’à leur entiere fupprefion. Il eft vrai que Tarquinius Prifcus entreprit d’en augmenter le nombre , &c qu'il fe propofoit même de donner fon nom à celles qu'il vouloit établir ; mais la fermeté avec laquelle Pau- gure Nævius s’oppofa à fon deflein, &c Pufage qu'il fit alors du pouvoir de fon art, ou de la fuperftition des Romains , en empêcherent l’exécution. Les au- teurs remarquent qu'une action fi hardie &c fi extra- ordinaire lui fit élever une flatue dans l’endroit même où la chofe fe pafa. Et Tite-Live ajoute que le pré- tendu miracle qu’il fit en cette occafion , donna tant de crédit aux aufpices en général &c aux augures en particulier, que les Romains n’oferent plus rien en- treprendre depuis fans leur aveu. Tarquin ne laïffa pas néanmoins de rendre la ca- valerie des sribus plus nombreufe ; & l’on ne fauroit nier que de ce côté-là il ne leur foit arrivé divers changemens: car à mefure que la ville fe peuploit, comme fes nouveaux habitans étoient diftribués dans les rribus, il falloit néceflairement qu’elles devinflent de jour en jour plus nombreufes, &c par conféquent que leurs forces augmentaffent à-proportion. Auff voyons-nous que dans les commencemens chaque tribu n’étoit compofée que de mille hommes d'infan- terie , d’où vint ie nom de miles, &t d’une centaine de chevaux que les Latins nommoient cezuria equitum. Encore faut-il remarquer qu'il n’y avoit point alors de citoyen qui fût exemt de porter les armes. Mais lorfque les Romains eurent fait leur paix avec les Sabins, & qu’ils les eurent reçus dans leur ville avec les Tofcans qui étoient venus à leur fecours ; comme cestrois nations ne firent plus qu’un peuple , & que les Romains ne firent plus qu’une sribu, les forces de chaque sribz durent être au-moins de trois nulle hom- mes d'infanterie & detrois cens chevaux , c’eft-ä-dire trois fois plus confidérables qu'auparavant. Enfin quand le peuple romain fut devenu beau- coup plus nombreux, & qu’on eut ajouté à la ville les trois nouvelles montagnes dont on a parlé , fa- voir le mont Coœlius pour les Albains, que Tullus Hoftilius fit transférer à Rome après la deftruétion d’Albe, & le mont Aventin avec le Janicule pour les Latins qui vinrent s'y établir, lorfqu'Ancus Martius {e fut rendu maître de leur pays, les sribus fe trou- vant alors confidérablement augmentées & en état de former une puiflante armée, fe contenterent néan- moins de doubler leur infanterie, qui étoit, comme nous venons de voir , de 9000 hommes. Ce fut alors que Tarquinius Prifcus entreprit de doubler auf leur cavalerie , & qu’il la ft monter à 1800 chevaux, pour répondre aux dix huit mille hommes dont leur infanterie étoit compofée. 4 Ce font-là tous les changemens qui arriverent aux tribus du côté des armes, & il ne refte plus qu’à les confidérer du côté du gouvernement, _ Quoique lestrois nations dont elles étoient compo- fées ne formaffent qu’un peuple, elles ne laifferent pas de vivre chacune fous les lois de leur prince naturel, jufqu’à la mort de T. Tatius : car nous voyons que ce roi ne perdit rien de fon pouvoir, quand il vint s'établir à Rome , & qu’il y régna conjointement, & même en aflez bonne intelligence avec Romulus tant qu'il vécut. Mais après fa mort les Sabins ne firent point de dificulté d’obéir à Romulus , & fuivirent en cela exemple des Tofcans qui Pavoient déjà recon- nu pour leur fouverain. Il eft vrai que lorfqu'il fut queftion de lui choïfir un fuccefleur , les Sabins pré- tendirent que c’étoit à leur tour à régner , & furent fi bien foutenir leurs droits contre les Romains, qui ne vouloient point de prince étranger, qu'après un an d'interregne on fut enfin obligé de prendre un roi de leur nation. Mais comme 1l n’arriva par-là aucun changement au gouvernement , les sibus demeure- rent toujours dans l’état où Romulus les avoit mifes, & conferverent leur ancienne forme tant qu’elles fubffterent. La premiere chofe que fit Romulus , lorfqu'il les eut réunies fous {a loi, fut de leur donner à chacune un chef de leur nation, capable de commander leurs troupes & d’être fes lieutenans dans la guerre. Ces chefs que les auteurs nomment indifféremment sribu. ni & prafeëli tribuum , étoient auffi chargés du gou- vernement civil des srcbus ; 8x c’étoit fur eux que Ro- mulus s’en repoloit pendant la paix. Mais comme ils étoient obligés de le fuivre lorfqu'il {e mettoit en campagne, & que la ville feroit demeuree par-là fans commandant , 1l avoit foin dy laïfler en fa place un gouverneur qui avoit tout pouvoir en {on abfence , &c dont les fonétions duroient jufqu’à fon retour. Ce magiftrat fe nommoit præfetlus urbis , nom que l’on donna depuis à celui que l’on créoit tous les ans pour tenir la place des confuls pendant les féries la- tines : mais comme les fonétions du premier étoient beaucoup plus longues, les féries latines n’étant que de deux ou trois jours, fon pouvoir étoit aufh beau- coup plus étendu ; car c’étoit pour lors une efpece de viceroi qui décidoit de tout au nom du prince, & ui avoit feul le droit d’afflembler le peuple & le a en fon abfence. Quoique l’état füt alors monarchique , le pouvoir des rois n’étoit pas fi arbitraire, que le peuple n’eût beaucoup de part au gouvernement. Ses afflemblées fe nommoïient en général comices, & fe tenoïent dans la grande place ou au champ de Mars. Elles furent partagées en différentes clafles, les curies, les cen- turies , &c les nouvelles sribus. Il faut bien prendre garde au refte de confondre les premieres afflemblées du peuple fous les rois & du tems des anciennes sribus | avec ces comices des centuries , & encore plus avec ceux des nouvelles cribus ; cat ces derniers n’eurent lieu que fous les .confuls , & plus de foixante ans après ceux des cen- turies, & ceux-ci ne commencerent même à êtreen ufage , que depuis que Servius Tullius eut établi le cens , c’eft-à-dire plus de deux cens ans après la fon- dation de Rome. Les curies étoient en poffeflion des aufpices, dont le fceau étroit néceflaire dans toutes les affaires pu- bliques; & malgré les différentes révolutions arri- vées dans la forme de leurs comices , elles fe foutin- rent jufqu’à la fin de la république. Il ÿ avoit deux fortes de curies à Rome du tems des anciennes ri- bus : les unes où fe traitoient les affaires civiles, & R ; où le fénat avoit coutume de s’aflembler, & les au- tres où fe faifoient des facrifices publics &c où fe ré- gloient toutes les affaires de la religion. Ces dernie- res étoientau nombre detrente, chaque sribz en ayant dix qui formoient dans fon enceinte particuliere au- tant de quartiers & d’efpeces de paroïfles, car ces : curies étoient des lieux deftinés aux cérémonies de la religion, où les habitans de chaque quartier étoient obligés d’afifter les jours folemnels, & qui étant con- facrés à différentes divinités , avoient chacune leurs fêtes particulhieres, outre celles qui étoient commu- nes à tout le peuple. D'ailleurs , 1l y avoit dans ces quartiers d’autres temples communs à tous les Romains , où chacun pouvoit à fa dévotion aller faire des vœux & des fa- crifices, mais fans être pour cela difpenfé d’aflifter à ceux de fa curie , & fur-tout aux repas folemnels que Romulus y avoit inftitués pour entretenir la paix & l’union, & qu’on appelloit chariffia, ainfi que ceux qui fe faifoient pour le même fujet dans toutes Les fa- milles. ; | Enfin , ces temples communs étoient deffervis par . différens colleges de prêtres , tels que pourroient être aujourd’hui les chapitres de nos églifes collépia- les, & chaque curie au contraire, par un feul minif- tre qui avoit l’infpeétion fur tous ceux de fon quar- ter, & qui ne relevoit que du grand curion , qui fai- foit alors toutes les fonétions de fouverain pontife : ces curions étoient originairement les arbitres de la religion, & même depuis qu'ils furent fubordonnés aux pontfes , le peuple continua de les regarder comme les premiers de tous les prêtres après les au- gures, dont le facerdoce étoit encore plus ancien, êt qui furent d’abord créés au nombre de trois, afin que chaque #:2z eût le fien. Voilà quel'étoit l’état de la religion du tems des anciennes sribus , & quels en furent Les principaux miniftres tant qu’elles fubff- térent. Le peuple étoit en droit de fe choïfir tous ceux qui devoient avoir fur lui quelque autorité dans les armes, dans le gouvernement civil & dans la reli- gion. Servius Tullius fut le premier qui s’empara du trône fans fon confentement, & qui changea la for- me du gouvernement , pour faire pañler toute l’auto- rité aux riches & aux patriciens , à qui 1l étoit rede- vable de {on élévation. Il fe garda bien néanmoins de toucher à la religion , fe contentant de changer l'ordre civil & militaire. Il divifa la ville en quatre parties principales, & prit de-là occafion de fuppri- mer les trois anciennes sribus, que Romulus avoit in- fituces , & en établit quatre nouvelles , auxquelles il donna le nom de ces quatre principaux quartiers, &t qu’on appella depuis les #rtbus de la ville pour les diftinguer de celles qu’il établit de même à la cam- pagne. Servius ayant ainfi changé la face de la ville, & confondu les trois principales nations , dont les an- ciennes #ribus étoient compofées , fit un dénombre- ment des citoyens & de leurs facultés. Il divifa tout le peuple en fix çlafles fubordonnées les unes aux TRI 621 autres, fuivant leur fortune. Il les fubdivifa enfuite en cent quatre-vingt-treize centuries, par le moyen defquelles 1l fit pañler toute l’autorité aux riches , fans paroître leur donner plus de pouvoir qu'aux au- tres. ' Cet établiffement des clafles & des centuries , en introduifant un nouvel ordre dans les afflemblées du peuple, en introduifit un nouveau dans la réparti- tion des impôts; les Romains commencerent à en fupporter le poids à proportion de leurs facultés , & de la part qu'ils avoient au gouvernement, Chactün étoit obligé de fervir à fes dépens pendant un nom- bre déterminé de campagnes fixé, à dix pourles che- valiers , & à vingt pour les plébéiens ; la claffe de ceux qui n’en avoient pas le moyen fut exempte de fervice, jufqu'à ce qu’on eut afligné une paye aux troupes ; les centuries gardoient en campagne le mê- * me rang & les mêmes marques de diftinéion qu’el- les avoient dans la ville, & fe réndoient en ordre militaire dans le champ de Mars pour y tenir leurs comices. Ces comices ne commencerent néanmoins à avoir lieu , qu'après l’établiflement des nouvelles tribus , tant de la ville, que de la campagne: mais comme ces tribus n’eutent aucune part au gouvernement fous les rois, qu’on fut même dans la fuite obligé d'en augmenter le nombre à plufeurs reprifes, & qu enfin les comices de leur nom ne commencerent à être en ufage que fous la république; nous allons voir comment elles parvinrent à leur perfe&tion fous les confuls. Pour fe former une idée plus exaéte des divertes tribus , 1l eft bon de confidérer l’état où fe trouve- rent les Romains à mefure qu'ils les établirent, afin d’en examiner en même-tems la fituation, & de pour- voir même juger de leur étendue par la date de leur établiffement, Pour cela , il faut bien diftinguer les tems,& confidérer les progrès des Romains en Italie fous trois points de vûüe différens ; fur la fin de l’état monarchique, lorfque Servius Tullius établit Les pre- mieres de ces sribus ; vers le milieu de la république, lorfque les confuls en augmenterent le nombre juf- qu'à trente-cinq; & un peu avant les empereurs , lorfqu’on fupprima les sribus furnuméraires qu’on avoit été obligé de créer pour les différens peuples d'Italie. | | Au premier état leurs frontieres ne s’étendoient pas au-delà de fix milles, & c’eft dans cette petite éten- due qu’étoient renfermées les sribus que Servius Tul- lius établit, entre lefquelles celles de [a ville tenoient le premier rang,non-feulement parce qu’elles avoient été établies les premieres ; mais encore parce qu’el- les furent d’abord les plus honorables, quoiqu’elles {oient depuis tombées dans le mépris. Ces sribus étoient au nombre de quatre, & tiroient leur dénomination des quatre principaux quartiers de Rome. Varron, fans avoir égard à l'ancienneté des quartiers dont elles portoient le nom, nomme la Juburane la premiere ; l’efquiline la feconde ; la colline la troifieme ; & la palarine la derniere : mais leur or- dre eft différemment rapporté par les hiftoriens. À l'égard des sribus que Servius Tullius établit à la campagne & qu'on nommoit ru/higues, on ne fait pas au Jufte quel en fut d’abord le nombre, car les au= teurs font partagés {ur ce fujet, Comme il eft certain que des trente-une sriêzs ruftiques dont Le peuple ro- main étoit compofé du tems de Denys d'Halycarnaf fe, il n”y en a que dix-fept dont on puifle rapporter l’établiffement à Servius Tullius, on peut fuppofer que ce prince divifa d’abord le territoire de Rome en dix-fept parties, dont il fit autant de sribus , & que lon appella dans la fuite les sribus rufliques, pour les diftinguer de celles de la ville. Toutes ces sribus porterent d’abord le nom des lieux où elles étoient: en TU fituées ; maïs la plüpart ayant pris depuis Le nom des familles romaines, 1l n’y en a que cinq qui aient con- fervé leurs anciens noms, & dont on puifle par con- féquent marquer au jufte la fituation: voici leurs noms. La romulie , ainf nommée , felon Varron, parce qu’elle étoit fous les murs de Rome, ou parce qu’elle étoit compofée des premieres terres que Romulus conquit dans la Tofcane le long du Tibre & du côté mer. #p veïentine, qui étoit aufli dans la Tofcane, mais plus à l'occident, & qui s’étendoit du côté de Veies; car cette ville fi fameufe depuis le long fiege qu’elle foutint contre les Romains, n’étoit pas encore en leur pouvoir. LES ik. La Zémonienne qui étoit diamétralement oppofce à celle-ci, c’eftà-dire du côté de lorient, & qui ti- toit fon nom d’un bourg qui étoit proche dela porte Capene, & fur le grand chemin qui alloït au Latrum. La pupinienne, ainfi nommée du champ pupinien qui étoit aufli dans le Latium , mais plus au nord & du côté de Tufculum. | Enfin la Cruflumine qui étoit entierement au nord, & quitiroit fon nomd'une ville des Sabins, qui étoit au-delà de l’Anio , à quatre ou cinq milles de Rome. Des douze autres qui ne font plus connues aujour- d’hui que parle nom des familles Claudia, Ærnlia , Cornelia , Fabia, Menenia, Pollia Voltinia , Galeria, Horatia, Sergia , Veturia & Papiria, il n’y a que la premiere & la derniere dont on fache la fituation ; encore n’eft-ce que par deux pañlages , l'un de Tite- Live, qui nous apprend en général que lorfqw’Atta Claufus, qu’on appella depuis 4ppius Claudius , vint Le réfugier à Rome avec fa famille ëc fes cliens, on lui donna des terres au-delà du Tévéron dans une des anciennes sribus à laquelle 1! donna fon nom, & dans laquelle entrerent depuis tous ceux qui vinrent de fon pays; autre pañage eit de Feftus , par lequel 1l paroit que la sribu papirienne éroit du côté de T'uf- culum, & tellement jointe à la pupinienne, qu’elles en vinrent quelquefois aux mains pour leurs limites, Pour les dix autres sribus, tout ce qu’on en fait, c’eft qu’elles étoient dans le champ romain, in agro romano ; mais onne fait d'aucune en particulier, fi elle étoit du côté du Latium dans la Tofcane ou chez les Sabins. Il y a cependant bien de l'apparence qu'il en avoit cinq dans la Tofcane outre la romulie & la veientine, & cinq de l’autre côté du Tibre ; c’eft- à-dire, dans le Latium & chez les Sabins , outre la papirienne , la claudienne, la lémonienne, la pupi- _nienne & la cruftumine ; par conféquent que de ces dix-fept prermeres sribus ruftiques, 1l y en avoit dix du côté du Tibre & fept de l’autre; car Varron nous apprend que Servius Tullus divifa le champ romain en dix-fept cantons, dont il fit autant de sribus ; & tous les'auteurs conviennent que la partie de la Tof- cane qui étoit la plus proche de Rome, s’appelloit Septempagium. On pourroit même conjeéturer que toutes ces sribus étorent fituées entre les grands che- inins qui conduifoient aux principales villes des peu- ples voifins de maniere que chacun de ces chemins conduifoit à deux #zbus , & que chaque 744 com- muniquoit à deux de ces chemins. | 11 faut remarquer que ces dix-fept sibusruftiques devinrent dans la fuite les moins confidérables de tou- tes les ruftiques , par l’impofhbilité où elles étoient de s'étendre, & par le grand nombre de nouveaux citoyens & d'étrangers dont on Les furchargeoit, Les Romains avoient coutume, d'envoyer des colonies dans les principales villes des pays conquis & d’en transférer à Rome les anciens habitans. Leur politi- que les empêcha de rien précipiter ; d’abord ils ne refufoient l'alliance d'aucun peuple, & à lPégard de ceux quiieur déclaroïentla guerre ou qui favoritoient fecrettement leurs ennemis , ils fe contentoient de leur retrancher quelque partie de leurs terres, per- mettoient au refte de fe gouverner fuivant fes lois, lui accordoient même dans la fuite tous les droits des citoyens romains , sil étoit fidele; mais ils le trai- toient après cela à toute rigueur , s’il lui arrivoit de fe révolter. On comptoit alors dans l'Italie dix-huit fortes de villes différentes ; celles des alliés des Ro- mains, celles des confédérés , qui ne jouifloientque conditionnellement de leurs privileses, les colonies compolées de feuls romains & les colonies latines, les municipes dont les habitans perdoient leurs droits de citoyens romains, & les autres qui n’en étoient point privés , & les préfeétures. Ce ne fut quinfenfiblement, & à mefure que les Romains étendirent leurs conquêtes, que furent éta- blies les tribus e/latine , fabarine, tromentine, & celle que quelques-uns ontnommée arnienfis ou rarnienfis. La /fellatine étoit ainfi nommée non de la ville de Srellate qui étoit dans la Campanie, maïs d’une autre ville de même nom qui étoit dans la T'ofcane entre Capene, Falerie &c Veies , c’eft-à-dire, à cinq ou fix milles de Rome, La Jabatine étoit auffi dans la Tofcane , mais d’un côté de la mer, proche le lac appellé aujourd’hui Brachiano, &t que les Latins nommoient Sabarinus, de la ville de Sabate qui étoit fur fes bords. La romentine tiroit fon nom du champ tromentin dont on ne fait pas au jufte la fituation , mais qui étoit aufhi dans la Fofcane , & felon toutes Les appa- rences entre les deux sribus dont nous venons de parler. | Enfin celle qui étoit nommée arrienfis dans quel- ques auteurs , comme nous l'avons dit, étoit la der- mere & la plus éloignée de toutes les ruftiques. Ces quatre sribus furent établies enfemble lan 337 de Rome, & neuf ansaprès la prife de Veïes ; quand Camille eut défait les Volfques, on en établit deux nouvelles dans la partie du Latium qu'ils occupoient, & le fénat voyant toute l'Italie prête à fe fouleyer, confentit enfin en 397 de former du champ Pomptin deux sribus , la pornptine & la publilienne , auxquelles … on ajouta fucceilivement la mœcienne , la Jcaprienne , Pufentine & la falerine. La pornptine étoit ainfñi nommée, felon Feftus, du champ Pomptin qui tiroit lurmême fon nom, ainf que les marais dont 1l eft environné, de la ville de Pométe, que les Latins appelloient Suefla Pometia, Pomerta , & Pontia. à La publilienne étoit auffi chez les Volfques, mais on n’en fait pas au jufte la fituation. La maæcienne étoit fituée chez les Latins, & tiroit fon nom d'un château qui étoit entre Lanuvium, Ardée & Pométie , & auprès duquel les Volfques avoient été défaits par Camille. L'autre étoit chez les Herniques, & portoitle nom d’une ville qui étoit fituée entre Tivoli, Prénefte & Tufculum, à quinze milles de Rome. . L’uféntine étoit ainfi nommée du fleuve Ufeus qui pafloit à Terracine à l'extrémité du Latium. La falérine toit dans la Campanie, & tiroïit fon nom du territoire de Falerne fi renommé chez les an- ciens par fes excellens vins, C’eit en fuivant le même ordre des tems, & après que la révolte des Tofcans eutcontraint les Romains occupés dans le Latium. à tourner leur armes vi&o- rieufes contre la Tofcane, qu'ils formerentde leurs nouvelles conquêtes la surensine &t celle qui eft nom- mée arnienfes, La sarentine étoit fituée dans la Tofcane , maison n’en fait au jufte ni la fituation ni l’étymolosie. L’arnienfrs tiroit fon nom de lArne jufqu'où Les Romains avoient pour lors étendu leurs conquêtes. Ce fut aurefte l’an4s3 , que ces deux wribus furent établies, TRI Enfin ceft chez les Sabins qu’étoient fituces les deux dernieres sribus que-les confuls infhituerent, favoir la véline & la quirins, dontl’une tirc:tfon nom du lac Velin, qui eft à cinquante milles de Rome, & l’autre de la ville de Cures, d'où les Romains ti- roient auf leurnom de Quirites, & ces tribus ne fu- rent rnême établies que longtems après que les Ro- mains fe furent rendus maîtres dupays obelles étoient fituces. Ces sribns au refte furent les deux dernieres des quatorze que les confuls inflituerent , &c qui jointes aux quatre vrébus de la ville & aux dix-fept rufliques que Servius Tullius avoit établies, acheverent le nombre de trente-cinq dont le peuple romain fut toujours depuis compoié. Voilà en quel tems & à quel occafion chacune de ces rribus fut établie, 8 même quelle en étoit la fituation. Ainfiilne nous refte plus qu’à parler de leur étendue , ce qui et difficile à conftater; car iln’enteft pas de ces dernieressribus, comme de celles que Servius avoit formées, En effet maleré Les changemens qui arriverent aux tribus de la ville à mefure qu’on l'aggrandit , comme elles la partagerent toujours à-peu-près ésalement, il eft aflez facile de s'imasiner quelle en fur Pérendue felon les tems. Pour les dix-fept srébus ruftiques de Servius Tullius, comme elles étoient toutes renfer- mées dans le champ romain qui ne s’étendoit pas à plus de dix ou douze milles ;1l s'enfuit que ces srbus ne pouvoient glere avoir que cinq où fx aulles , r’eft-à-dire, environ deux lieues d’étendue chacune. Mais à l'égard des quatorze qui furent depuis établies par les confuls, comme elles étorent d'abord fort éloignées les unes des autres, & fituées non-feule- ment en différentes provinces, mais encore fépa- rées entr'elles par un grand nombre de colomes, de muynicibes 82 de préteftures qui n’étoient point de leur dépendance, il eft impofñlible de favoir au jufte quelle en fut d’abord létendue; tout ce qu’on en peut dire, c'eft qu’elles étoient féparées en général par le libre, le Nar & l'Anio, &c terminées par le Vulturne à l’orient, au midi par la mer, par P'Arne à l'occident, & au feptentrion par l’Apennin; car elles ne palerént jamars ces limites. Ain lorfqu'on voulut dans la fuite leur donner plus d'étendue, on ne put les augmenter que du ter- ritoire des colonies &: des municipes quin’y étoient point comprifes, & elles ne parvinrent même à rem- plir toute l'étendue du pays qui étoit entr'elles, que lorfaw’on eut accordé le droit de bourgeoïfie à tous les peuples dés provinces obelles éroient fituées , ce qui n'arriva qu'au commencement de la guerre mar- fique, c’eft-à-dire, dans les derniers tems.de la répu- blque, encore ces peuples ne furentils pas d’äbord recus immédiatement dans ces trente-cinq #ribus ; Cat les Romains craignant qu’ils ne fe rendifient les mai- tres dans les comices, en créerent exprès poureux dix nouvelles , auxquelles ils ne donnerent point] droit deprérogative , & dont on ne prenoit par con- féquent les füffrages, que lorfque les autres étoient “partagées. Maïs comme ces peuples fe virent par-là privés de la part qu'ils efpéroient avoir au gouver- nement ,1ls en firent éclater leur reffentiment, &c furent fi bien fe prévaloir du befoin que les Romains avoient alors'de leur fecours, qu’on fut peu de tems après obligé de fupprimer ces nouvelles #bus, & d'en diftribuer tous les citoyens dans les anciennes, où ils donnerent toujours depuis leurs fuffrages. Appian nous apprend que ce fut dans le confulat de L. Julius Céfar & de P. Rutilius Lupus, que ces noûvelles sribus furent inftituées , c’eft-à-dire, l’an 660, & que ce fut Pan 66% , fous le quatrieme con- fulat de L. Cinna , & pendant la cenfure de L. Mar- *cus Philippus & de Marcus Perpenna, qu'elles furent fupprimées. | TRI Ga Papi, Cluentia, Camille | Duria, Minucie, Juliar Flavia, & Ulpia , étoient les noms mêmes deces. dix nouvelles £ribus où de: quelques-unes des anciennes qui changerent de dénomination dans les premiers tems de la république ,fPonenexcepte les trois der. nieres , Julia, Flavia &t Ulpia, qui necommencerent à étre en ufage quefous les empereurs, êc qui furent: données par honneur aux sribus d’Augufte, de Vefpa. fien & de Trajan. | Pour les autres, ce qui fait croite que ce pour roient être les noms des dix nouvelles sribus dont nous avons parlé, c'eft qu'il yen'a qui font des roms de familles qui n’étoient point encore romaines lorf- que Îes autres #2bus furent établies, comme l4 pa, | pierme 8 la cluentienne, qui tiroient leur orisine dé deux chefs de la suerremarfique , dont Afpien parle au premier livre de la guerre civile, favoit Papius Murilus & L. Cluentius , auxquels on accorda pour lors le droit de bourgeoifie, 8 qui parvinrent depuis à tous les honneurs de la république. D’autres font des noms de eux qui neconviennent niaux dernie= res #ribus Ctablies far les confuls dont nous favonsla ituation, n1 aux premieres établies par Servius Tul- hus, qui étoient toutes renfermées dans le champ romain, comme l’oericulane, la fapinienne & la cluers tienne | qua étotent fituées dans POmbrie , fur le Nac, & chez les Samnites. Quoi qu'il en foit, 1l eft certain que comme les tribus de la ville étoient en général moms honorables que les ruflicues à caufe des afranchis dont elles étoient remplies; les premieres ruftiques établies par Servius T'uilius l’étorent auf beaucoup moins que les confulares ,non-feulement parce qu’elles avoient beaucoup moins détendue , mais encore parce que c'étoit dans ces sribus qu'étoient diftribués tous les nouveaux citoyens & les diférens peuples auxquels on accordoit le droit de fuffrage, ainfi qw'on peut le faire voir en expofant la forme politique de ceseribas, leurs différens ufages felon les tems & les mutations qui leur arriverent depuis leur inftitution jufqu’à leur décadence. Mais auparavant il eft bon de rappeller l’état des anciennes, afin d’en examiner de fuite les change- | mens, & montrer que tout ce que les nouvelles en- treprirentious les confuls, ne tendoit qu’à recouvrer l'autorité que les anciennes avoienteue fous lescinq premiers rois, & à fe tirer de la fujettion où Servius Tullius les avoit aflervies , en établiffant les eomices des centuries, Les anciennes sribus fous les rois étoient diftin- guces en général par leur fituation & par les diffe- rentes nations dont elles étoient compoñées; mais elles ne laifioient pas d’avoir les mêmes ufages, & leur forme politique étoit précifément la même, Toutes les curies avoient également part aux hon- neurs civils êc militaires. Servius Tullius fupprima les anciennes sribus, & leur en fubfitua de nouvelles qu'il dépouilla de toute autorité ; elles ne fervirent jufqw’au jugement de Coriolan, qu’à partager Le ter- ritoire de Rome , &7 à marquer le lieu de la ville & de la campagne où chaque citoyen demeuroit. La condition du peuple romain ne devint pas meil- leure par létabliffement des confuls, dont l'autorité ne fut pas fufffamment modérée par l’appel au peu- .ple , 1 par le pouvoir de les élire accordé aux cen- turies. L’abolition des dettes fut le premier coup : “ d'éclat que le peuple frappa contre les patriciens, Il + obtint enfuite {es tribuns par fa retraite fur le mont ne Ce Sacre. Les tribus n’eurent d’abord d’autre fonion 624 TRI que celle de défendre le peuple contre l’ospreffion des grands; mais 1ls fe fenvirent du droit d’afflembler le peuple fans la permiffion du fénat, pour établir des comices des ribus , pour faire accorder aux mê- mes sribus Le droit délire les magïftrats du fecond or- re, pour arrêter des délibérations du fénat, pour renverfer la forme du gouvernement, pour faire parvenir le peuple au confulat, pour s’emparer du facerdoce., & pour opprimer les patriciens. Gomme les sribus ne commencerent à avoir part au gouvernement que depuis létablifflement de leurs comices; & que c’eft même du pouvoir qu’elles avoient dans ces afflemblées , qu'elles tirerent depuis tout leur crédit, 1l eft certain que c’eft à ces co- mices qu'il en faut rapporter le principal ufage ; mais comme 1l en eft fait quelquefois mention dans les comices des centuries, tant pour l’éleétion des ma- giftrats qu'au fujet de {a guerre , on ne fauroit dou- ter qu'elles ne fuffent aufh de quelque ufage dans cette autre forte d’afflemblée,&c il ne s’agit plus que de favoir de quel ufage elles y pouvoient être, & quand elles commencerent d'y avoir part. À l'égard de la premiere queftion, elle ne fouffre point de difficulté ; & quoiqu'un paffage de Lœlius Félix cité par Aulu-Gelle, nous marque exprefé- ment que les comices des centuries ne pouvoient fe tenir dans la ville, à caufe que la forme en étoit mi- litaire : il ef certain néanmoins qu'on pañloit quel- quefois fur la regle en faveur de la commodité; & qu'alors, pour fauver les apparences, Le peuple s’af- Émile d’abord par sribus, & fe partageoit enfuite par clafles &c par centuries pour donner {es fuffrages. À l'écard du tems où les sribus commencerent à être en ufage dans les comices des centuries; c’eft ce qu'il n'eft pas aïfé de déterminer, car on n’en trouve rien dans les anciens; &c les modernes qui en ont parlé, font d'avis entierement contraires. Lesuns pré- tendent que ce ne fut quetlepuisque le nombre des trente-cinq'sribus fut remph; les autres au contraire foutiennent que cet ufage eut lieu dès Pétabliffe- ment des centuries, & que leurs comices ne fe tin- rent jamais autrement ; mais leur conjeéture n’eft pas nueux fondée : car Denys-d'Halicarnaffe qui nous en a laiflé un détail fort exa@ & fort circon- ftancié, ne dit pas un mot des sribus, & il n’en eft pas fait une feule fois mention dans tous les comices dont Tite-Live parle ayant le jugément de Coriolan. Ainf quoiqu'on ne puifle pas marquer précilé- ment en quel tems les sribus commencerent à avoir paït aux comices des centuries, nous croyons néan- moins pouvoir afluter que ce ne fut que depuis l’éta- blifflement de leurs comices , & nous ne doutons pas Même que ce ne foit des sribus que le droit de pré- rogatives pañla aux centuries, car 1l eft certain qu'’ori- ginairement 1l n’étoit point en ufage dans leurseco- mMices. Il y a bien de l’apparence au refte, que ce fut en faveur du peuple, pour rétablir en quelque maniere l'égalité des fuffrages dans les comices des centuries, & fur-tout afin de pouvoir les tenir dans la ville fans violer les lois , que cet ufage s'établit , & qu’on leur donna cette nouvelle forme. Il feroit inutile de citer tous les paflages qui ont rapport à ce fujet; nous en choïfirons feulement deux'ou trois qui puiflent nous en apprendre des particularités différentes, Le premier fait mention en général de toutes les tribus dans une occafon où 1l étoit queltion de déci- der de la guerre, êc qui étoit par conféquent du ref- {ort des centuries. Tir. Liy. Gb. VI. cap. xxj. Tunc ut bellum juberent Jatum ad populum efl, & ne quicquam diffuadentibus cribunis plebis omnes tribus bellum juf- Jerunr. Dans le fecond , il s’agit de l’éleétion des tribuns militaires qui étoit encore du reflort des centuries ; êt cependant il y eft parlé non-feulement de la sriba prérogative , c’eft-à-dire, de celle qui donnoit fa voix la premiere, mais encore de toutes les autres qui étoient enfuite appellées dans leur ordre naturel, & qui fenommoient à caufe de cela/zrevocaræ: Ti. Liv. hb, V. cap. xviy, Haud invitis patribus, P, Licinium Calvum prerogativa tribunum militum.. :. creant. omnefque deinceps ex collegio ejufdem anni refici appa- rebat...,. qui priufquam renuntiarentur jure vocatis. tribubus ,, permiffu interregis, P, Licinius Calyus ita verba fecir. Enfin, le dernier paflage regarde léle&tion des confuls, & nous donnera lieu de faire encore quel-. ques remarques fur ce fujet: Tir. Liv, Lib. X XVI, cap. &xij. Fulvius Romam comitiorum caufé arceffitus, cum comitia corfulibus, rogandus haberet prerogativa Veuria juniorum declaravit T. Manlium Torquatum 6 T, Otacilum. Manlius qui præefens erat, gratulandi cawfä cüm turba coiret nec dubius effet confenfus po- puli, magné circumfufus turbé ad tribunal confulis ve- rit, petittque ut pauca fua verba audires, centuriamque que tuliffet fuffragium revocari juberet. …... Tum cen- turia & autoritate moté viri CG admirantium circa fremitu , petit à confule ut veturiam feniorum citarer, velle fefe cum majoribus-ratu colloqui , € ex auétoritate eorum confules dicere. Cisatis veruriæ fenioribus , datum Jecrerd in ovilucum his colloquendi tempus ...... ita de tribus confultatione data, fénioribus dimiffis , juniores | fuffragiun ineunt , M, Claudium Marcellum..….... @ M. Valer.. abfentem cof[. dixerunt auétoritatem | præro- gativæ omnes centuriæ fecutæ funr. On voit par ce pañlage; premierement , que le fuf- frage de la prérogative ne demeuroit point fecret, & qu'on avoit coutume de le publier avant que de prendre celui des autres sribus, Secondement, que fon fuffrage étoit d’un fi grand poids , qu’il ne man- quoit prefque jamais d’être fuivi, & qu’on en re- cevoit fur le champ les complimens , comme fi l’éle- ion eut déja été faite; c’eit ce qui a donné lieu à Ciceron de dire , que le préfage en étoït infailhble : Tanta eft illis comitiis religio , ut adhuc femper omen valuerit prerogativum , & que celui qui avoit eu le premier, navoit jamais manqué d'être élu : Pre- rogativa tañntum habet autloritatis, ut nemo ung'iam prior eam tulerit, quin renuntiatus ft. Enfin ce paflage nous apprend encore que celui qui tenoit ces co- mices , pouvoit reprendre le fuffrage des sribus , 8 leur permettre même de confulter enfemble pour faire un nouveau choix. Mais en voilà affez fur les comices des centuries , paflons à la milice. Quoique les levées fe fuffent faites d’abord par les centuries , ainfi que Sefvius Tullius lPavoit établi, il eft für qu’elles fe firent auffi dans la fuite par les sribus : & la preuve s’en tire du lieu même où elles fe faifoient ; car c’étoit ordinairement dans la grande place : mais le choix des foldats ne s’y fafoit pas toujours de la même maniere; c’étoit quelquefois uniquement le fort qui en décidoit, & furtout lorf- que le peuple refufoit de prendre les armes. Quelquefois au contraire, c’étoit en partie par le fort, 8 en partie par le choix des tribuns qu'ils fe levoient ; par Le fort pour l'ordre des sribus ; &c par le choix des tribuns pour les foldats qu’on en tiroit. Enfin Tite-Live nous apprend que lorfqu’on n’avoit pas befoin d’un fi grand nombre de foldats, ce n’étoit pas de tout le peuple qu'ils fe levoient , mais feule- ment d’une partie des #ribus que l’on tiroit au fort. À l’égard du cens, c’étoit une des occafons oùles tribus étoient le plus d’ufage , & cependant: le prin- cipal fujet pour lequel les clafles & les centuries avoient été inftituées. Auffi ne cefloient-elles pas entierement d'y avoir part, & elles y fervoient du- moins à difinguer l’âge & la fortune des citoyens d’une d’une même sribu jufqu’en l’année $71 que les ceñ- feurs en changerent entierement l’ordre, & com- mencerent à faire la defcription des sribus felon létat & la condition des particuliers, Pour le tems où l’on commença de faire le cens par cribus, comme les anciens ne nous en Ont rien appris, c'eft ce qu’on ne fauroit déterminer au jufte : _ il ya bien de lapparence cependant, que ce ne fut ue depuis l’établiflement des cenfeurs ; c’efl-à-dire, de lan 3 10, car il n’en eft fait aucune mention auparavant, & l’on en trouve depuis une in£nité À. 3 d'exemples. n Quand lesnouveaux citoyens étoientrecus dans les zribus les cenfeurs ne les diftribuoient pasindifférem- ment dans toutes, mais feulement dans celles de la ville, & dans quelques-unes des ruftiques. Ce fut fans doute ce qui rendit les autres #ribus plus honorables: êt ce qui fit même qu'entre celles où ils étoient re- çus, 1! y en avoit de plus où moins méprifées felon les citoyens dont elles étoient remplies ; car il faut remarquer qu'il y avoit de trois fortes de nouveaux citoyens, les étrangers qui venoient s'établir àRome ou qu'on y transferoit des pays conquis, les diffé- rens peuples d'Italie auxquels on accordoit le droit de fuffrage, & les affranchis qui avoient le bien néceffaire pour être compris dans le cens. A l'égard des peuples que l'on transféroit des pays conquis, comme les Romains ne manquoient pas d’y envoyer aufli-tôt des colonies, ils avoient coutume de diftribuer ces nouveaux citoyens dans les sribus les plus proches de la ville, tant pour tenir la place des anciens citoyens qu’ils enavoient tirés, qu'’afin de les avoir fous leurs yeux , & d’être par-là plus fûürs de leur fidélité. C’étoit aufli dans ces premieres #ribus établies par Servius Tullius qu’étoient reçus les différens peu- ples d'Italie , auxquels on accordoit le droit de fuf. frage ; car l’ufage n’étoit pas de les diftribuer dans les sribus qui étoient fur leurs terres,comme on pout- roit fe l’imaginer, mais dans celles du champ romain qui portoient des noms de famille, comme on le peut Voir pat une infinité d'exemples, & entrautres par celui des Sabins , des Marfes, des Péllyniens, & par celui des peuples de Fondi , de Formies & d’Arpi- num, defquels Cicéron & Tite-Live font mention. Pour les affranchis , ce fut prefque toujours dans les tribus de la ville qu'ils furent diftribués ; mais ils ne laïfferenr pas d’être quelquefois recus dans les’ ruftiques , &r l’ufage changea même plufeurs fois fur ce fujet. Il eft bon d’en connoître les variations fui- vant l’ordre des tems. Pour cela il faut premierement remarquer qu'ils demeurerent dans Les sribus de la ville jufqu’en lan- née 441, qu'Appius Claudius les reçut dans les rufti- ques. Tite-Live nousapprend même que cette a@tion fut agréable à tous les citoyens, & que Fabius en reçut le furnom de Maximus , que toutes fes vidoires n’avoient encore pu lui acquérir. On ne voit point à quelle occafon ;, ni par quel moyen ils en étoient fortis peu de tems après ; mais il falloit bien qu’ils s’en fuflent tirés du confentement ou par la négligence des cenfeurs. Ils en {ortirent plufieurs fois en diverstems, &furent obligés d’y ren- trer ; mais cela n’empêche pas que ce ne fût ordinai- rement dans les sribus de la ville qu’ils étoient diftri: bués, & ces sribus leur étoient tellement afe@ées 3 que c’étoit une efpece d’affront que d'y être tranf- féré. C'étoit même la différence qu’il y avoit non-feu- lement entre les sribus de la ville & celles de la cam- pagne , mais encore entre les premieres ruftiques établies par Servius Tullius, & celles que les confuls avoient établis depuis , qui donna lieu à l'ufage de Tome XV, TRI 6; mettre entre les différens noms qu'on portoit celui de fa sribu. | La raïfon , au refle, pour laquelle les Romains mettoient le nom de leurs sr2bus immédiatement après leurs noms de famille & avant leurs furnoms , C’eft que ces fortes de noms fe rapportoient à leurs fa- milles , & non pas à leur perfonne ; & cela eft fi vrai, que lorfqu'ils pafloient d’une famille dans une au tre qui n’étoit pas de la même riz, ils avoient cou: tume d'ajouter au nom de leur premiere sribz le nom de celle où ils entroient par adoption , comme on lé peut voir par une infiniré d'exemples. Il refte à parler de ufage des #ribus par rapport à la religion ; car quoiqu’elles n’euflent aucune patf aux aufpices , c’étoit d'elles cependant que dépen- doitle choix des pontifes & des augures, &il y avoit même des cérémonies où leur préfence étoit ab{o- lument néceflaire, Immédiatement après la dédicace du temple de Junon Monéta, c’eft-à-dire l'an 41, fous le troifieme confulat de C. Martius Rutilus, un efprit de trouble & de terreur s'étant répandu dans toute la ville fur le rapport de quelques prodiges , & la fuperfhition n'ayant point trouvé d’autre ref fource que de créer un diétateur pour établir des fêtes & des prieres publiques , il fe fit à Rome pen: dant plufieurs jours des procelfions folemnelles ; NON: feulement de toutes les sibus , mais encore de tous les peuples circonvoifins. À l'égard de l’éleétion des pontifes, il faut remar: quer premierement que jufqu’en l’année Ssoiln’y avoit que Le grand-pontife qui fut élu par les sriéus ) ë que tous les autres prêtres étoient cooptés paë les colléges : fecondement que ce fut Cn. Domi: tius , le trifayeul de Néron, qui leur Ôta ce droit, &c l'attribua au peuple pour fe venger de ce qu'ils n’a- voient pas voulu le recevoir à la place de fon pere i St troifiemement , que l’aflemblée où fe faifoit lé: leétion des pontifes & des augures r’étoit compofée que de dix-fept sribus , c’eft-à-dire de la moindre pattie du peuple , parce qu’il ne lui étoit pas permis en général de difpofer du facerdoce , comme on le peut voir par le paflage de Cicéron contre Rullus. Encore faut-il obferver premierement que lé peuple ne les pouvoit choifir qu'entre ceux qui lui étoient préfentés par les colleges ; fecondement, que chaque prétendant ne pouvoit avoir plus de deux nominateurs , afin que les collegés fuffent obligés de préfenter plufieurs fujets, entre lefquels le peu ple pût choïfir ; troifiemement , que les nominateurs devoient répondre par ferment de la dignité du fujet qu'ils préfentoient ; & quatriemement enfin , qué tous les compétiteurs devoient être approuvés par les augures avant la préfentation , afin que Le choix du peuple ne püt être éludé. Mais quoique l’aflemblée où fe fäifoient ces élecz tions ne füt compofée que de dix-{ept tribus, & por: tât même en particulier le nom de comiria calata ; comme ces dix-fept sribäs néanmoins fe tiroient au foït, & qu'il falloit pour cela que toutes les autres fe fuffent auparavant affemblées , 1l eft certain que c’étoit une dépendance de leurs comices , à mêmé une des quatre principales raïfons pour lefquelles ils s’aflembloient, car ces comices fe tenoient encore pour trois autres fujets. Premierement, pour l’éleétion des magiftrats dui fecond ordre, zrinores magiflrams , les comices des éribus fe tenoient en fecond liéu pour létabliffement des lois tribuniciennes, c’eft-ä-dire des plébitcites ; qui n’obligerent d’abord que les plébéiens ; &c aux- quels les patriciens ne commencerent d’être tenus que lan 462 par la foi Hortenfa , quoiau’on eût en= trepris de les y foumettre dès l’an 304 par la loi Ho ratia , & que cette loi eût été renouvellée l’an 4r 7 par le diétateur Publilius, Enfin les sribus s’aflème KKKK 626 TRI bloient encore pour les jugemens qui avoient don- né lieu à l’établiflement de leurs comices & qui pro- cédoient, ou des ajournemens que les #bus décer- noïent contre les particuliers , ou de la liberté que les particuliers avoient d’appeller au peuple de tous les magiftrats ordinaires : le peuple jouifloit de ce droit dès le tems des rois, &c il lui fut depuis fous les confuls confirmé par trois différentes fois , &c tou- jours par la même famille, c’eft-à-dire par lestroislois Valeria ; la premiere, de l’an 246; la feconde, de l’an 301 ; & la derniere, de lan 422. il faut néanmoins remarquer qu'il n’y avoit que les centuries qui euffent droit de juger à mort, &, ue les #ribus ne pouvoient condamner au plus qu'à lexil; mais cela n'empêchoit pas que leurs comices ne fuflent redoutables au fenat; premierement, parce qu’ils fe tenoient fans fon autorité ; fecondement, parce que les patriciens n’y avoient point de part; & troïfiemement , parce qu'ils n’étoient point fujets aux aufpices ; car c’étoit-là d'où ils tiroient tout leur pouvoir , &c ce qui fervoit en même tems à les diflin- guer des autres. Ces comices, au refte, continuerent de fe tenir toujours régulierement depuis leur inftitution , fi on en excepte les deux années que le gouvernement fut entre les mains des décemvirs ; & quoique Sylla eût entrepris dans les derniers tems d’en diminuer l’au- torité, en Ôtant aux tribuns du peuple le pouvoir de publier des lois , pour les punir d’avoir favorite le parti de Marius ; comme cette fufpenfion de la puif- fance tribunicienne n’empêcha pas les sribus de s’af- fembler à l'ordinaire , & ne dura même que jufqu'au confulat de Pompée , les comices des #ribus confer- verent toute leur liberté jufqu’au terns des empe- reurs ; mais Céfar ne fut pas plutôt diétateur qu'il s’empara d’une partie de leurs droits , afin de pou- voir difpofer des charges , &z d’être plus en état de changer la forme du gouvernement. L’hifloire nous apprend à la vérité qu'Augufte les rétablit dans tous leurs droits dès qu'il fut parvenu à empire , mais il eft certain aw’ils ne s’en fervirent plus que pour pré- venir fes ordres ou pour les exécuter, & qu’enfin Tibere les fupprima entierement , & en attribua toute Pautorité au fénat , c’eft-à-dire à lui-même. Depuis ce tems, les sribus n’eurent plus de part au gouvernement, & le deffein qu'eut Caligula de rétablir leurs comices n’eut point d'exécution ; mais elles ne laïfferent pas néanmoins de fubfifter juf- qu'aux derniers tems de l'empire, & nous voyons même que leur territoire fut encore augmente fous Trajan de quelques terres publiques par une fufcrip- tion qu’elles firent élever en fon honneur , & qu’on nous a confervée comme un monument de leur re- connoïffance envers ce prince. Telle eft l'idée générale qu’on peut fe former fur l'origine des sribus romaines , l’ordre de leurs éta- bliffemens , leur fituation , leur étendue, leur forme politique, & leurs différens ufages felon les tems; M. Boindin , dont j'ai tiré ce détail, a épuifé la ma- tiere par trois belles & grandes differtations inférces dans le recueil de l'académie des Belles-Lettres. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) TRIBULE , £. m.sribulus, (Hifi. nat. Botan.) genre de plante à fleur en rofe, compofée de plufieurs pé- tales difpofés en rond ; le piftil fort du calice, &t de- vient dans la fuite un fruit en forme de croix ou tur- biné , & compofé le plus fouvent de plufeurs par- ties faites en forme de chaufle-trape, &c réunies en maniere de tête qui contiennent des femences ordi- nairement oblongues , & placées dans de petites lo- _'ges comme dans une niche. Tournefort, ix/f. rec herb. Voyez PLANTE. Tournefort en établit quatre efpeces , & nomme la premiere sribulus erreffris, ciceris folio , fruitn acu- leato , I. R.H, 265. Sa racine eft fimple ; blanche; fibreufe. Elle pouffe plufeurs petites tiges, couchées par terre, rondes , noueufes , velues , rougeûtres, divifées en plufieurs rameaux. Ses feuilles font ailées ou rangées par paires le long d’une côte, femblables à celles du pois chiche, velues. Ses fleurs fortent des aiflelles des feuilles portées fur des pédicules aflez longs, compofées chacune de cinq pétales ou feuilles jaunes, difpofées en rofe , avec dix petites étamines dans le milieu. À ces fleurs fuccedent des fruits durs, armés d’épines longues êt aiguës ; ce fruit eft com- pofé de quatre ou cinq cellules , dans lefquelles fe trouvent renfermées des fetences oblongues. Cette plante croit abondamment dans les pays chauds , en Efpagne, en Provence & en Languedoc aux environs de Montpellier ; elle fort de terre fur la fin de Mai, fleurit en Juullet, & graine en Août; elle eft fort incommode aux jardiniers , parce que. fes fruits qui tombent dès qu'ils font mûrs , leur bleffent rudement les piés nuds par leurs piquans aiguillons; cependant fa graine eft d’ufage : elle pafle pour être aftringente & bienfaifante dans la diarrhée. (D:,J.) TRIBULE AQUATIQUE , (Bosan.) rribulus aquati- cus, C.B.]. B.Parkinfon, Tournef, &c, C’eft lafeule efpece du genre de plante que T'ournefort a caraté- rifé fous le nom de sribuloïdes | & Ray fous celui.de POLarn10g1ÉOrz. Cette plante aquatique pouffe des tiges longues, grêles, fucculentes , garnies par efpace de beaucoup de fibres, qui lui fervent de racines pour s'attacher; . ces tiges groffiflent vers la fuperficie de l’eau ; elles jettent des feuilles larges prefque femblables à celle du peuplier, mais plus courtes , 8 ayant en quelque maniere la forme rhomboide , relevées de plufieurs nervures crenelées en leur circonférence , attachées à des quèues longues &c grofles. Ses fleurs font pe- tites, blanches , foutenues par un pédicule arrondi, folide , couvert d’un petit duvet ; 1l leur fuccede des fruits femblables à des petites châtaignes , mais ar- més chacun de quatre grofles pointes ou épines du- tes, de couleur grife, revêtu d’une membrane qui fe fépare ; enfuite ce fruit devient noir, prefque comme du jais, life , poli ; on appelle ce fruit vul- gairement chéraigne-d’eau : {a fubftance eft une forte d'amande formée en cœur, dure, blanche, couverte d’une peau très-fine, & bonne à manger. On en peut faire de la farine qui reflemble à celle de feves , & en paîtrir du pain. Cette plante croît dans les ruiffeaux, {ur le bord .des lacs &c des rivieres en Italie & en Al- lemagne. (D. J.) ï TRIBUN , (Æif£. rom.) tribunus ; mot général qui fignifoit chef, & le mot qu’on ajoutoit à celui-ci, défignoit la chofe commile à la garde, aux foins, à linfpeétion ou à ladminiftration de ce chef. Ainf le tribun du peuple étoit le chef, le défenfeur du peu- ple. Tribun militaire, étoit un magiftrat qui com- mandoit les armées. Tribuns des légions étoient des officiers qui commandoiïent tour-à-tour pendant deux mois à toute la légion. Tribun des céleres étoit le commandant de ce corps de cavalerie. Le nom de #r:bun fe donnoit encore à d’autres for- tes d'officiers. Les sribuns de la marine, par exemple, tribuni marinorum , étoient des intendans des côtes ê de la navigation des rivieres. Les sribuns du tréfor public , sribuni ærarii, étoient des tréforiers établis pour payer les milices; comme font aujourd’hui nos tréforiers des guerres. Les sribuns des fabriques, tribuni fabricarum, préfidoient à la fabrique des ar- mes. Les sribuns des notaires , sribuni notariorum , étoient les premiers fecrétaires des empereurs. Les tribuns des plaïfrs, éribuni voluptatum , dans le code Théodofen, Z. XIII. de fcenic. avoient foin des jeux, des fpeétacles & autres divertiffemens femblablesdu peuple. Enfin sribun défignoit chez les Romains, le Chef d’une tribu. (D. J.) | TRIBUN DU PEUPLE, (Auf. 6 gouvern, rom.) ma- giftrat romain, pris du peuple pour le garantir de loppreflion des grands, de la barbarie des ufuriers, &t pour défendre fes droits & fa liberté contre les éntreprifes des confuls & du fénat. En deux mots, Zes tribuns d peuple étoient cenfés fes chefs & fes protecteurs. Entrons dans les détails hiftoriques qui concernent cette magiftrature. | Le peuple ne pouvant cultivet fes terres à caufe des querelles fréquentes que la république avoit à foutenir , il fe trouva bientôt accablé de dettes, & fe vit conduite impitoyablement en efclavage par fes créanciers , quand il ne pouvoit pas payer. Il s’a: refla fouvent au fénat pour trouver quelque fou: lagement, mais 1l ne put rien obtenir. Laflé des vai- nes promefles dont on Pamufoit depuis long-tems, il fe retira un jour fur le mont Sacré, l’an de Rome 259, à l'inftigation de Sicinius ; homme de courage & de réfolution ; enfuite il ne voulut point rentrer dans la ville qu’on ne lui eût remis toutes fes dettes, &t promis de délivrer ceux qui étoient efclaves pour ee fujet. Il fallut outre cela, lui permettre de créer des magiftrats pour foutenir fes intérêts. On les nom- ma sribuns , parce que les premiers furent pris d’en- tre les sribuns militaires. Ainfi on en créa deux dans les comices par curies; & depuis la publication de la loi Publicola, l’an 283, on en nomma cinq dans les comices par tribus, Enfin l’an 297, on en élut dix, c’eft-à-dire deux de chaque clafle. Cicéron dit cependant qu’on en créa deux la premiere année, & dix la feconde , dans les comices par centuries. Les tribuns du peuple tiroïent au fort pour préfider à ces affemblées par tribus, & s’il arrivoit que l’af femblée füt finie avant que tous les dix fuffent nom- més , le refte l’étoit par le college des sribuns ; mais cela fut abrogé par la loi Trébonia, l'an 305. On pré- tend qu'il y enavoit une ancienne qui ordonnoït que les sribuns qui n’auroient pas créé leurs fuccefleurs pour l’année fuivante, feroient brûlés vifs. C’eft Va- lere Maxime qui le dit ; maïs ce n’eft pas un auteur de grande autorité. Comme les premiers sribuns furent créés le qua- trieme des ides de Décembre, dans la fuite le même Jour fut deftiné pour l’éleétion de ces magiftrats, Ces sribuns étorent toujours choifis d’entre le peuple, Au- cun patricien ne pouvoit être revêtu de cette char- ge, à-moins que l’adoption ne l’eût fait pafler dans l'ordre plébéien. Un plébéien qui étoit fénateur, ne pouvoit pas même être ribun. | Ils n’avoient point entrée au fénat; ils demeu- toient feulement affis fur les bancs vis-à-vis la porte du lieu où il étoit aflemblé, d’où ils entendoient les réfolutions qui s’y prenoient. Ils pouvoient cepen- dant aflembler le fénat quand il leur plaifoit. Dans la fuite par la loi Atinia (Atinius étoit sribun lan 633, felon Pighius) , il fut ordonné qu'aucun romain ne “pourroit être élu srcbur du peuple, s’il n’étoit fénateur plébéien. Au commencement lunique devoir des sribuns étoit de protéger le peuple contre les patriciens ; en forte que leur pouvoir confiftoit plutôt à empêcher qu'à agir. Ils ne pafferent pasd’abordpour magiftrats; aufi ne portoïent-ils point la robe prétexte : on les regardoit plutôt comme le frein de la magiftrature. “Cependant dans la fuite on leur donna communément le nom de magiftrats. Ils avoient le droit de délivrer un prifonnier, & de le fouftraire à un jugement prêt ‘à être rendu contre lui. Auffi pour fignifier qu’ils fai- foient profeflion de fecourir tout le monde, leurs -maïfons devoient être ouvertes jour & nuit, & il ne - leur étoit pas permis de coucher hors de la ville , ni “même d’en fortir, fi nous en.croyons Appien, (Civil, Tome XVI, TRI 527 LIT pag. 736 Edie. Tollis.) D'ailleurs hors de Ro: e , ils n’avoient aucune autorité, fi ce n’eft dans les fêtes latines, ou lorfqu’ils fortoient pour les affaires de la république. | | Leur principal pouvoir confiftoit à s’oppofer aux arrèts du fénat, 8€ à tous les aétes des autres magif trats, par cette formule f célebre: vero, intercedo, je m'oppofe, j'interviens. La force de cette oppoñtion étoit fi grande, que quiconque n’y obéifloit pas, foit ae fût magiftrat, doit qu'il fût particulier, on le anoit aufli-tôt conduire en prifon par celui qu'on nommoit vzator ; ou bien on le citoit devant fe pêus ple comme rebelle à la puiffance facrée qu’ils repré- fentoient. De-là vient que quiconque les offenfoit de parole ou d’aétion, étoit regardé comme un facri- lege, & fes biens étoient confifqués. Lorfque les sribuns du peuple ne s'oppofoient point aux decrets du fénat, on mettoit au bas de l’ade [a lettre T, pour marquer Papprobation. Säls s'Oppos foient, le dectet n’étoit point appellé férarés-conful. um, mais feulement Jénaris antloritas. Dans l’enre giitrement, ce mot fignifioit que tel avoit été l'avis du fénat. Un feul sribur pouvoit s’oppoier à ce que faifoient fes collègues, & il l'annuloit par cette op= poñtion. Le fénat pour fubjuguer le peuple, fe {er- voit fouvent de ce moyen, & tâchoit toujours de met- tre de fon côté quelqu'un dessribuns, pour rompre les mefures des autres, Quoiqu'ils euflent déja une très-grande autorité ; elle devint dans la fuire bien plus confidérable, En vertu de la puiffance facrée dont ils étoient revêtus, non feulement ils s’oppofoient à tout ce qui leur dé- plaifoit , comme aux affemblées par tribus, & à la le- vée des foldats; maïs encore ils aflembloientle fénat & le peuple quand ils vouloient, & ils rompoient les aflemblées de même. Tous les plébifcites ou décrets du peuple qu'ils publioient, n’obligeoïient au com: mencement que le peuple feul : dans la fuite ils obli= gerent tous les trois ordres , & cela après la publicae tion des lois Horatia &t Hortenffa, en /64 &c 466: Enfin ils portoient fi loin leur autorité, qu’ils dons noient où Ôtoient à qui bon leurfembloit, le manie- ment des deniers publics, la recette des impoñtions, les départemens , les magïftratures, les commande mens d’armées , & toutes fortes de charges, &c. Par Pabus qu'ils firent de ce pouvoir immenfe, ils furent caufe des plus grands troubles de la république, dont Cicéron fe plaint amèrement , de Zeoib, lib. LIL, c. 1x, ki Cette puiffance illimitée ne fubffta pas toujours. L. Sylla attaché au parti des grands , s'étant rendu maître de la république à main armée, diminua beau- coup l'autorité des sribuns , & l’anéantit prefaue-en- tierement par une loi portée l’an 672, qui défendoit que celui qui avoit été sribun püt jamais parvenir à aucune autre charge. Il leur ôta par la même loi, le droit de haranguer le peuple, de faire des lois : & les appellations à leur tribunal furent abolies, Il leur laifla feulement le droit de s’oppofer. AN ; Cependant le conf Cotta, lan 679, leur rendit le droit de parvenir aux charges de la république ; & lan 683 , le grand Pompée les rétablit dans tous leurs anciens privileges. Leur puiflance fubffta jufqu’à Jules-Céfar. La 73: année de Rome, le fénat rendit un decret par lequel 1l transféroit à Ausufte & à fes fuccefleurs, toute l'autorité des sribuns du peuple, qu’on continua de créer pour la forme. Augufte s’é- tant ainfi rendu maïtre de la puiffance tribunitienne, Waccorda aux sribuns que le feul privilege de ne pou- voir être cités en jugement avant que d’avoir quitté leur charge; & fous Tibere, ils eurent encore le droit ff d’oppofition.Enfn du tems des empereurs PP i Nerva & Trajan, la dignité de sribun du peuple né toit plus qu’un fantôme, un vain titre fans fondion KKKkk ij 528 TRI &c fans honneur, Ils refterent dans cet état jufqu'à Conftantin le grand; depuis fon regne il n’eft plus fait mention de cette magifirature, Il ne me refte pour en compléter l’hiftoire, qu'à en reprendre les principaux faits, déja indiqués où obmis. | Après de grandes divifons entre les praticiens & les plébéiens, le fénat confentit pour l'amour de la paix, à la création de nouveaux magiftrats , qui fu- rent nommés sribuns du peuple, l'an de Rome 260. Ïl en fut fait un fénatus-confulte, &c on élut dans le camp même pour les premiers sribuns du paple, felon Denys d'Halicarnafle, L, Junius Brutus, êc C. Sicinius Bellutus, les chefs du parti, qui aflocierent en même tems à leur dignité C. &c P. Licinius, &c Sp. Icilius Ruga. Tite-Live prétend que C. Licinius & Lucius Albinus, furent les premiers sribuns qui fe donnerent trois collegues, parmi lefquels on compte Sicinius Bellutus; cet hiftorien ajoute, qu'il y avoit des auteurs qui prétendoient qu’iln’y eût d’abord que deux #ribuns élus dans cette affemblée, &c c’eft l’opi- nion la plus commune, Quoi qu’il enfoit , on déclaraavant que de quitter le camp , la perfonne des sribuns facrée. Il en fut fait une loi, par laquelle il étoit défendu fous peine de la vie defaire aucune violence àun sribun, &t tous les Romains furent obligés de jurer par les fermens les plus folemnels l’obfervation de cette loi. Le peu- ple facrifiaenfuite aux dieux fur la montagne même, & qu’on appella depuis le monz facré , d’où il rentra dans Rome à la fuite de fes sribuns & des députés du fénat. Rome par l’établiflement du tribunal, changea une feconde fois la forme de fon gouvernement. Il étoit paflé de l’état monarchique à une efpece d’ariftocra- tie, où toute l'autorité étoit entre Les mains du fénat 8 des grands. Mais par la création des sribuns, on vit s'élever infenfiblement une nouvelle démocratie , dans laquelle le peuple , fous différens prétextes , s’empara par degré de la meilleure partie du gou- vernement. | Ces nouveaux magiftrats navoient dans leur ori- gine , ni la qualité de fenateur, ni tribunal parti- culier , ni jurifdition fur leurs citoyens, ni le pou- voir de convoquer les affemblées du peuple. Ha- billés comme de fimples particuliers, 8c efcortés d’un feul domeftique appellé viateur, & qui étoit comme un valet de ville , ils demeuroient afis fur un banc au dehors du fénat ; ils n’y étoient admis que lorfque les confuls les faifoient appeller , pour avoir leur avis fur quelque affaire qui concernoït les intérêts du peuple; toute leur fonétion fe réduifoit à pouvoir s’oppoleraux ordonnances du fénat par le mot vero, qui veut dire Je l’empéche , qw'ils mettoient au bas de fes decrets , quand ils les croyoïent contraires à la liberté du peuple; cette autorité étoit même renfer- mée dans les murailles de Rome, & tout au plus à un mille aux environs : & afin que le peuple eut toujours dans la ville des proteéteurs prêtsà prendre {a défenfe, il n’étoit point permis aux sribuns de s’en éloigner un jour entier , excepté dans les féries lati- nes. C’étoit par La même raifon qu'ils étorent obligés de tenir la porte de leurs maifons ouvertes Jour &e nuit, pourrecevoir les plaintes des citoyens, qui au- roient recours à leur protection. De femblables magiftrats fembloient n'avoir été inflitués que pour empêcher feulement l’oppreffion des malheureux ; mais ils ne fe continrent pas dans un état fi plein de modération. Il n’y eutrien dans la fuite de fi grand & de fi élevé , où ils ne portaffent leurs vües ambitieufes. Ils entrerent bientôt en con- curtence avec les premiers magiftrats de la républi- que ; & fous prétexte d’aflurer la liberté du peuple, ils eurent pour objet de ruiner infenfiblement Pau- torité du fénat, TRI L'ande Rome 262 , Le peuple auginenta la puifs fance de fes rribuns , par une loi qui défendoit à per- fonne d'interrompre un sribun qui parle dans l’afs femblée du peuple romain L'an 283, on publia une loi qui ordonnoit que l’és leétion des sribuns feifit feulément dans une affem= blée partribus, & en conféquenceon élut pour la pres miere fois des ribuns de cette maniere, À La paix ayant fuccédé aux guerres contre les Vol: : ques l’an 380 on vit renaître de nouvelles diffentions. Quelques plébéiens qui s’étoient diflingués dans ces guerres, afpirerent au confulat, &tau commande: ment des armées. Le petit peuple uniquement touché des incommodités dela vie, parut peu fenfible à des prétentions fi magnifiques. Les patriciens d’un autre côté s’y oppoferent long-tems, & avec beaucoup de courage &c de fermeté. Ce fur pendant plufeurs années un fujet continuel de difputes entre Le fénat & les sribuns du peuple. Enfin les larmes d’unefemme emporterent ce que l'éloquence , les brigues , &les cabales des sribuns , n’avoient pü obtenir :tant il efl vrai que ce fexe aimable & rufé n’eft jamais plus fort que quand il fait fervir fa propre foibleffe aux fuc= cès de fes deffeins. Voici le fait en peu de mots. M, Fabius Ambuftus avoit trois fils qui fe diftins guetent dans la guerre des Gaulois, & deux filles , dont l’aînée étoit mariée à S. Sulpicius , patricien de naïflance , & qui étoit alors sribur militaire , &c la cadette avoit époufé un riche plébéien , ap- pellé C. Licinius Stolon. Un jour que la femme de ce plébéien fe trouva chez fa fœur , le liéteur qui pré- cédoit Sulpicins à fon retour du fénat, frappa à fa porte avec le bâton des faifceaux , pour annoncer que-c’étoit le magiftrat qui alloit rentrer. Ce brut extraordinaire fit peur à la femme de Licinius ; fa fœur ne la raflura que par un fouris fin ; &c qui lui fit fentir l'inégalité de leurs conditions. Sa vanité bleflée par une différence fi humiliante , la jetta dans une {ombre mélancolie. Son pere & fon mari lui en de- manderent plufeurs fois Le fujet , fans pouvoir l’ap- prendre. Elle affeétoit d’en couvrir la caufe paf un filence opiniâtre. Ces deux romains à qui elle étoit chere, redoublerent leurs empreflemens , & n’ou- blierent rien pour lui arracher fonfecret, Enfin après avoir réfifté autant qu’elle crut le devoir faire pour exciter leurtendrefle , elle feignit de fe rendre, elle leur avoua les larmes aux yeux, & avec une efpece de confufion , que le chagrin Îa feroit mourir, fi étant fortie du même fang que fa fœur , fon mari ne pouvoit pas parvenir aux mêmes dignités que fon beau-frere. Fabius & Licinius pour l’appaifer , lui firent des promefles folemnelles de n’épargner rien pour mettre dans fa maifon les mêmes honneurs qu’elle avoit vus dans celle de fa fœur : & fans s'arrêter à briguer le tribunal militaire , ils porterent tout d’un coup Leurs vûes jufque au confulat. | Le beau-pere quoique patricien , fe joignit à fon gendre : & par complaiflance pour fa fille , où par reffentiment de la mort de fon fils ,que le fénat avoit abandonné , il prit des intérêts oppofés à ceux de fon ordre. Licinius &c lui aflocierent dansleur deflein L. Sextius d’une famille plébéienne , également efti- mé par fa valeur & par {on éloquence, intrépide dé- fenfeur des droits du peuple, & auquel de Paveu mêmes des patriciens, il ne manquoit qu’une naïffan- ce plusilluftre, pourpouvoir remplirtoutes les char- ges de la république. C. Licinius & L. Sextius convinrent d’abord de briguer le tribunal plébéien, afin de s’en faire comme un degré pour parvenir à la fouveraine magiftrature: ils l’obtinrent aifémient. À peine eurent-ils fait ce pre- mierpas, qu'ils refolurent de rendre le confulat com- mun aux deux ordres de la république , &c 1ls°y tra Vaillérént avec tant de chaleur, que les atoyens étoient à la veille de prendre les armes les uns con- tre les autres , quand.les patriciens pour éviter ce malheur , prirent le païti de céder au peuple une des places du confulat. Sextius fut le premier des plébéiens qui en fut pourvû lan de Rome 380, &c Licinius lui fuccéda peu de tems après. . Quoique les sribuns de Rome ayent fouvent caufé de grands troubles dans la ville par leur ambition , & par l’abus qu’ils firent de leur pouvoir, Cicéron n'a pà s'empêcher de reconnoitre , que leur établif- fement fut le falut de la république; car, ditail , la force du peuple qui n’a point de chef, eft plus terri- ble , 8 commet toujours des défordres extrèmes. Un cheffent que l'affaire roule für lui ; il y pente : mais le peuple dans fon impétuofité , ne connoitpoint le péril où 1l fe jette. D'ailleurs dans une république le peuple a befoin d’un magiftrat pour le défendre contre les vexations des grands ; cependant la pui fance des sribuns de Rome étoit vicieufe en ce point particulier , qu’elle arrêtoit non-feulement la légif- Brion , mais même l’éxécution; or il ne faut pas dans un état modéré, que la puiflance lésiflative aît la faculté d’arrêter la puiflance exécutrice, & récipro- quement. ( Le chevalier DE JAWCOURT.) | TRIBUN MILITAIRE , ( Æf. milir. des Rom. ) officier qui commandoit en chef à un grand corps de troupes ; c’étoit une magiftrature romaine , quil ne faut pas confondre avec ce qu’on nommoit sribun des foldars. | Varron dit qu’on leur donna le nom de sribuns, parce qu'au commencement ils étoient trois, lorf: que la légion étoit compofée de trois mille hom- mes , des trois ttibus qu'il y avoit alors; à mefure que la lésion crut , on augmenta le nombre des sribuns qui ou quatre, & enfuite fix. D'abord c’étoit les généraux d'armée qui les choïfifloient ; maïs l’an de Rome 397 , il fut réglé que le peuple en nom- imeroit une partie, & le général une autre ; ce fut RutihusRufus, quiporta cetteloi; ceux que le peu- ple choïfifioit dans les comices , s’appelloient comi- stati, [ls étorent également patriciens ou plébéiens, & avoit les mêmes marques d'honneur que les con: fuls ; voici leur hiftoire en peu de mots. Les sribuns du peuple ayant fait tous les efforts imaginables , pour obtenir que les familles plébéien- nes pourroient avoir part au confulat , & les patri- ciens , qui fe voyoient hors d'état de réfifter plus long-tems , ne voulant pas que le peuple pût être ad- mis au confulat , on fit l’an de Rome 309 , un ré: glement ratifié par un decret du fénat, parune loi du peuple, qu’à la place des confuls, on choifitoit parmi les patriciens trois sribuns militaires | & au- tant parmi les plébéiens ; & que ces nouveaux ma: gifrats auroient toute autorité des confuls pour gouverner la république , & qu’au bout de l’année ; il feroit fait un fénatus-confulte pour demander au peuple sil aimoit mieux avoir des confuls que des tribuns militaires ; & qu'on fe conformetoit à fes intentions. Au refte on appella ces nouveaux ma- giftrats sribuns militaires | parce que parmi Les plé: béiens, ceux qui avoient exercé lémploi de tribun, étoient les plus diftingués du peuple. | d Cette premiere année, il n’y eut que trois perfon- nes nommés pout remplir cette magiftrature , & ce furent trois patriciens : mais bientôt après ils abdi- querent, fous prétexte que leur éleétion étoit vi- cieufe , & on leur fubftitua des confuls. Dans les années fuivantes on créa, tantôt des confuls, tantôt des #rtbuns militaires , fuïivant que le {énar ou Le peu- ple avoit le deflus. Cet ufage dura jufqu’à l'an de Rome 387, qu'on choïfit un plébéién pour con- ful, & ce füt Sextius. On créa d'abord trois sribunis militaires, enfuite quatre, puis fix, Tite-Live pré: TRI 629 tehd que l’añ de Rome 347, on en élut huit , ce qui n’étoit pas encore arrivé , mais les autres hifto: riens n'en marquent que fix; duréfte le titre que ces magiftrats portoient , #ribunt milirum confulari po- tefiate , fait connoître qu’ils avoient les mêmes fonc: tons & les mêmes marques de dignité que les con: fuls. (D, J.) à, TRIBUN DES CELÈRES, (Æi/4 rilir, des Romains.) cribunus celerum ; c’étoit l'officier qui commandoit la troupe des chevaux légers des Romains. Il fut ainf nommé de Fabius Celer; qui eut le premier cette charge. Le sribun des celeres étoit proprement le com- mandant de la cavalerie, &c après lé roi il avoit la principale autorité dans les armées. Dans la fuite , le maitre de la cavalerie eut le même rang fous les diétateurs , car après l’expulfion des rois la charge de tribun des celeres fut abohe, & Plutarque même pré- tend que du tems de Numa, la troupe nommée des celeres n’exiftoit plus. (D. J.) TRIBUN DE SOLDATS ; ( Art mile. des Rom.) Officier dans l’armée ; mais 1l ne faut pas confondré les ribuns de foldars avec les tribuns militaires , qui furent fubftitués aux confuls, & revêtus de toute leut autorite. Cependant les sribuns de foldats avoient un grade honorable dansle fervice ; ily en avoitde deux fortes , les uns choïfis par le général, & on lesnom- moit rufuli, & les autres élus dans les comices , pañ: les fuffrages du peuple ; & 1ls s’appelloient coririari, Ceux-ci furent introduits par une loi que propofe- rent Lucius Attilius & Caius Martius; tribuns du peuple , fous le confulat de Marcus Valerius & Pus blius Decius. La fonétion des #ibuns de foldars étoit de contenir les troupes dans le camp, de veiller à leurs exercices , de connoître leurs démêlés, d’en- tendre leurs plaintes, d’avoir infpeétion für leurs habits , fur leurs armes & fur les hôpitaux ; d’avoir foin des vivres , de faire des rondes , de recevoir Les ordres du conful, 8 de les doriner enfuite aux autres officiers fubalternes. (D. J.) TRIBUN DU TRÉSOR ; (Aniig. rom.) tribunus æra- ri ; efpece de tréforier des fonds militaires. Les 12 buns du tréfor étoient des officiers tirés du peuple, qui gardoient les fonds d'argent deftinés à la guerre, pour les diftribuer dans le befoin aux quefteurs des armées. On obfervoit de choïfir ces iribuns les plus riches qi’on pouvoit, parce que €’étoit un emploi où il y avoit beaucoup d'argent à manier ; mais Clo- dius , du tems de Cicéron , trouva le moyen d’en corrompre plufñeurs, qu’on lui avoit nommés pour juges, (D. JF.) | . TRIBUNAL, f. in. ( Gramm. & Jurifprud, ) eft le fiege d’un juge , le lieu où il rend la juftice. Quelque- fois auffi ce terme fe prend pour le corps entier des juges qui compofent une jurifdiétion. Quelquefois il {e prend pour la jurifdition même qu'ils exercent. Cé terme qui eft auffi latin tiré fon origine du nom que Pon donnoit à uñ fiege élevé où les tribuns rendoient la juftice. Voyez TRIBUN. TRIBUNAL ECCLÉSIASTIQUE , eft celui qui con: noit des matieres eccléfiaftiques , comme les officiaz lités. Voyez TRIBUNAL SÉCULIER. AG TRIBUNAL INCOMPÉTENT ; eft une jurifdiétion qui wa pas Le pouvoir de connoître d’une affaire foit par rapport à la qualité des perfonnes , ouàla qualité de la matiere: Voyez COMPÉTENCE €& INcOMPÉ- TENCE. | Le EL TRIBUNAL INFÉRIEUR eft une jufifdiétion qui ref: fortit à un autre. TRIBUNAL DU RECTEUR , C’eftletitre confacréà la jurifdiétion du re@teur de l’'univerfité: Voyez REc* TEUR 6 UNIVERSITÉ: | TRIBUNAL SÉCULIER , eft une jurifdidion éta: blie pour connoître des affaires temporelles. Voyez TRIBUNAL ECCEÉSIASTIQUE: | | 630 TRI TRIBUNAL SOUVERAIN, eft une jurifdiétion où l’on juge fouverainement & fans appel. TRIBUNAL SUPÉRIEUR , fe prend quelquefois pour sribunal fouverain ; quelquefois il figniñe feu- lement une jurifdiétion qui eft au-deflus d’une au- tre, dont les jugemens y reflortiflent par appel. (4) On a comparé Les’ sribunaux au buiffon épineux, où la brebis cherche un refuge contre les loups , & d’où elle ne fort point fans y laifler une partie de fa toïfon. C’eft aux fangfues du palais à comprendre ceci: ces mains avides ne feront-elles que tendre des lacets , tracer des lignes obliques, & fabriquer des labyrinthes ? Le fouverain ne févira-t-1l point contre ces fangfues altérées, qui épuifent le bien de leurs clients par des faux confeils , par des menées indi- reétes, &c par des voies tortueufes ? (D. J. ) TRIBUNAL SECRET DE WESTPHALIE, ( Æi/?. mod. )c’eft le nom d’un rribunal aflez femblable à celui de linquifition, qui fut , dit-on, établi en Weftpha- lie par l’empereur Charlemagne , &c par le pape Léon YIL. pour forcer les Saxons payens à fe convertir au chriftianifme. On a une defcription de ce sribunal faite par plufieurs auteurs & hiftoriens, ainfi que l’or- dre & les flatuts des afleffleurs de ce sibunal, appel- lés yry graves ,frey graves , comtes libres; on échevins du faint & fecret tribunal de Weffphalie. Une fuperftition cruelle,aidée d’une politique bar- bare , autorifa pendant long-tems les jugemens clan- deftins de ces redoutables sribunaux , qui remplif- {oient l'Allemagne de délateurs , d’efpions , d’aflef- feurs & d’exécuteuts de leurs arrêts ténébreux ; les juges de Weftphalie ufurperent une autorité fembla- ble à celle que s’eft arrogée depuis le sr:bural odieux que l'Efpagne , l'Italie &c le Portugal réverentencore fous le titre de fains office. Il paroïît en effet que c’eft fur le modele du sribunal fecret de Weflphalie que la cour de Rame a formé celui de l’inquifition, fi favo- rable à fes prétentions &t à Pabrutifflement des peu- ples, & fi contraire aux maximes de la vraie reli- sion êt de lhumanité. À à Quoi qu'il en foit , ces deux sribunaux furent tou- jours également propres à anéantir la liberté des ci- toyens en les mettant à la merci dune autorité {e- crette qui puniffoit des crimes qu'il fut toujours fa- cile d’imputer à tous ceux aw'on voulut perdre, En effet , le sribunal fècret connoïfloit également de tous les crimes & même de tous les péchés, puifqu’à la lifte des cas qui étoient fpécialement de fa compé- tence on joignoit toutes les trangreffions du décalo- gue 8c dés lois de lEghie , la violation du carème, &c. Son autorité s’étendoit fur tous les ordres de Pé- tat ; les éleéteurs, les princes, les évêques mêmes y furent foumis , À ne pouvoient en être exemptés que par le pape &t l’empereur. Par la fuite néanmouinsles eccléfiaftiques & les femmes furent fouftraits de fa jurifdiétion ; cet établiffement fut protégé par les em- pereurs , à qui il fut, fans doute, utile pour perdre ceux qui avoientle maiheur de leur déplaire. L’em- pereur Sigifmond y préfida une fois , il fut alors garni de mille affefleurs ou échevins ; Charles IV.en fut tirer un très-erand parti , &c les bourreaux du sr bunal ficret euflent empêché la dépofition de affreux Wenceflas , sil ne les eût indifpofés en divulgant leurfecret. La fuperftition ne fert Les tyrans que lorf- qu'ils confentent à lui être fideles. ” Pour fe faire une idée de ce sribunal , il fuñit de voir ce qu'en a dit Æneas Sylvius en parlant de ceux ui le compofoient de fon tems, il dit qu’ils ont (/e- Gretos ritus ) & arcana quedam inffituta , quibus male- faëlores judicens , € nondum repertus eff qui vel pretio vel metu revelaverit; ipforum quoque fcabinorum major pars occultaef?, qui per provincias dijcurrentes, crimi- nofos notant, G'inferentes judicio accufant , probanique, ut eis m0 ef?. Damnati libro infcribuntur , 6 juniori- bus fcabinis committitur executio. « Ils ont des ufages » fecrets & des formalités cachées pour juger les » malfaiteurs , & il ne s’eft encore trouvé perfonne » à qui la crainte ou l’argent aient fait réveler le fe- » cret ; la plüpart des échevins de ce cribunal font » inconnus ; en parcourant les provinces , ils pren- » nent note des criminels , ils Les déferent & les ac- » cufent devant le sribunal , & prouvent leur accu- » fation à leur maniere ; ceux qui font condamnés » font infcrits fur un livre , & les plus jeunes d’en- » tre les échevins font chargés de l'exécution ». Voyez Æneas Sylv. Europ.cap. xx. Au mépris de toutes les formes judiciaires , on condamnoit fouvent l’accufé fansle citer, fans l’en- tendre, fans le convaincre ; un homme abfent étoit légalement pendu ou affaffiné fans qu’on fût le motif de fa mort , ni ceux qui en étoient les auteurs. Un sri- bunal fi déteftable , fujet à des abus fi crians, & fi contraires à toute raïon & à toute juftice , fubfifa pourtant pendant plufieurs fiecles en Allemagne.Ce- pendant il fut réformé à plufieurs reprifes par quel- ques empereurs qui rougirent des horreurs qu’on commettoit en leur nom ; & enfin 1l fut entierement aboli par l’empereur Maximilien L. en 15123; & on l’appella depuis le sribunal défendu de Weffphalie, & il n’en fut plus quettion dans l’empire. Il faut efpérer que les progrès de la raïfon, qui tend toujours à ren- dre les hommes plus humains, feront abolir de mê- me ces infütutions odieufes 8 tyranniques , qui fous le faux prétexte des intérêts de la divinité, permet- tent à quelques hommes d'exercer latyranmie la plus cruelle fur les êtres qu’elle a créés à fon image ; quel- les que foient leurs opinions,un chrétien doit de lin- dulgence à fes femblables; s'ils font vraiment crimi- nels , ils doivent être punis fuivant les lois de la ju- ftice &.de la raïon. Ce sribunal {e trouve défigné dans les hiftoriens & dans les écrivains fur le droit public germanique, fous le nom de Judicræm occul- sum Wefiphalicum, de Vemium , Wemium ou Wehem Gre- richt en allemand. Ce que quelques-uns dérivent du latin vemihi; & d’autres du mot faxon vehmer , qui fignifie profcrire, bannir, condamner ,ou de verfaymer, diffamer , noter d'infaimie, Gc. Voyez VRIGRAVES, INQUISITION, Gc. Ce tribunal Wefiphalien , comme on a dit , fut éta- bli par Charlemagne de concert avec le pape Léon III. Quelques auteurs ont rapporté les circonftances fuivantes de fa fondation ; cependant il y a des au- teurs qui les regardent comme fabuleufes. Quoi qu'il en foit, voici ce qui en ef dit à la page 624 du tome III. fcriptorum Brunfivic. publié par M. de Leibnitz. Ut fertur, mifit rex ( Carolus M. ) legatum Roma ad Leonem papam , pro concilio habendo de rebellibus iflis (Saxonibus ) , gu0s null poterai diligentiä ex 1060 com- pefcere autexterminare. Afffantlus vir , audité lepario- ne, nihil prorfus refpondit ; fed furgens ad hortulum ivit | @ gigania cum tribulis colligens, fupra patibulum quod de virgulis fecerat, fufpendir. Rediens autem lega- tus hæc Carolo nunciavit, qui mox jus vetitum inflicuie, quod ufque in prefens veniæ vel vemiæ vocatur, « On » dit que le roi Charlemagne envoya unambaffadeur » à Rome vers le pape Léon, afin de prendre fes » confeils fur ce qu’il devoit faire de ces rebelles » Saxons , qu'il ne pouvoit ni dompter ni extermi- » ner. Mais le faint homme , ayant entendu le fujet » de lambaflade , ne répondit rien ; il fe leva feule- » ment & alla dans fon jardin, où ayant ramaffé des » ronces & des mauvaifes herbes , 1l les fufpendit à » un gibet qu'il avoit formé avec de petits bâtons. » L’ambaffadeur, a fon retour, rapporte à Charlesce » qu'il avoit vu, & celui-ci inftitua le sribunal qui » s'appelle jufqu’à ce jour vezia ou vemia. ».… Foyez Pfeffinger , 27 vitriarium , come IV. p.470. 6 fav. > TRIBUNAL DÉ L'INGUISITION , ( AL cl) voyez INQUISITION & OFFICE, fainr. ” Je mécontenterai d'ajouter ici une foible defcrip- tion de la torture qu’on fait fubir dans cet horrible zribunal, loporobre de la religion chrétienne & de Phumanité, - « Unbourreau déshabille le patient, lui lie les piés 5 6 les imains avec une corde , & le fait monter fur #» uit petit fiege pour pouvoir pafler la corde à des » boucles de fer qui font attachées à la muraille. » Après cela, on Ôte le fiege de deflous les piés du # patient, de forte qu’il demeure fufpendu par la » corde, que le bourreau ferre toujours plus vio- » lemment, jufqu’à ce que le criminel ait confeflé, »# Où qu'un chiruroten qu eft préfent, avertifle les » juges qu'il eft en danger de mourir. Ces cordes # caufent, comme on le peut aïfément penfer, une » douieur infinie , lorfqu'elles viennent à entrer » dans la chair, & qu'elles font enfler les mains & # les piés, jufqu'à tirer du fang par les ongles. Com- » me le patient fe trouve violemment ferré contrela # muraille, & qu’en {errant les cordes avec tant de » force, on vourroit rifque de déchirer tous fes » membres, On a foinauparavant de le ceindre avec # quelques bandes par la poitrine, qu’on ferre extrè- » mement. Dans le moment qu'il fouffrele plus , on » luidit, pour l'épouvanter, que ce n’eft que le » commencement des fouffrances , & qu'il doit tout » avouer avant qu'on en vienne à l'extrémité. Ou- | » tre les tourmens dont on vient de parler, Le bour- » reau lâche fur les jambes du patient une petite » échelle oùil et monté, & dont les échelons aigus » caufent une douleur incroyable en tombant fur les # os des jambes... ». On frémit fans doute à cette feule deféription de {a torture qu'on emploie dans ce sribunal, quoique cette defcription en françois {oit fort imparfaite & fort adoucie ; le leéteur peut s’en convaincre en la Hfänt dans le latin de l’hiftorien dePinquifition , dans Limborch , hf. inquifis. lib. IK. cap. xxjx. pag. 323. (2. 7) | FRIBUNAUX DE JUIFS, ( Cririq. facrée. ) il y avoit chez les Juifs trois fortes de sribunaux , un de trois quges, un de vingt-trois, & un troifieme de foixante ; on voit leur infhtution au Deutér. xvj. 18. & xviÿ. 8. Le premier sribunal étoit établi dans toutes les bour- gades , & on y plaidoit devant trois arbitres les pro- cés où1l s’agifloit d'argent & de chofes mobiliaires ; le fecond fe tenoit dans les villes, & jugeoit en pre- amer reflort de quelques affaires criminelles ; enfin | le troïfiéme fupérieur aux deux autres, étoit le grand fanhédrin, qui ne fe tenoit que dans Jérufalem. Foyez les détails concernant ces trois sriburaux au 710 SANHÉDRIN. ( D. J.) FRIBUNAUX DE ROME, ( Antig. rom. ) il y avoit … à Rome trois fortes de sribunaux ; le premier étoit le sribunal des fénateurs ; le fecond celui des cheva- hers; & le troifieme étoit celui des tribuns de lépar- gne : mais Cefar fupprima le dernier. (D. J.) TRIBUNE, f £ (Archireë,) on appelle ainfi les galeries élevées dans Les églifes, pour chanter la mu- fique ou entendre l’office : on donne aufli ce nom au balcon qui eft autour de la lanterne d’un dôme, comme à faint Pierre de Rome : chez les Italiens le mot sribune fignifie le chevet d’une églife. Tribune en faillie, tribune qui avance, & qui eft foutenue par des colonnes ou des figures, comme celle de la faille des Suifles à Paris, ou portée en en- corbellement par des confoles & des trompes : il ya une sribune de cette derniere façon dans la grande faile de Phôtel-de-ville de Lyon. Daviker. (D. BR) TRIBUNE AUX HARANGUES, ( Anriq. rom.) la tri- bune aux harangues étoit une efpece de tribune élevée dans le forum romanum , où fe tenoïent les comices, TRI 631 tout devant la falle des affemblées du fénat, dite curia ; Cette sribunetut décorée de becs de navires pris fur les Antiates, & fut nommée roffra ; c’étoit de deflus cette rribune que les tois & les confüils hatan- guoient le peuple. (D. J. TRIBUNITIENNE, PUISSANCE, ( Anrig. rom. à Médailles, ) magiftrature perpétuelle dont Les empé= reurs fe revétirent. | La priflance rribrnitienne accordée À tous les em pereurs, depuis Augufte, étoit différente du tribu: nat du peuple, en ce que lé tribunat auquel on con: tinua d'élever des particuliers étoit annuel, comme toutes les autres magiftratures ordinaires, au-lieu que la puiffance tribunitienne étoit perpétuelle. L’au- torité des tribuns du peuple étoit renfermée dans l’enceinte de Rome; la puiffance tribunitienne des em: pereurs s’étendoit par-tout, & l'autorité qu’elle leur donnoït ne cefloit point lorfqu'ils étoient éloignés de la capitale de l'empire, Le fénat ne prétendit jamais marquer fur les mor: noies, que la puiffance tribunitienne étoit une grace qu'il accordoit au prince, & que dans ce deflein il flatuoit, que le nombre des tribunats feroit reglé d’annce en année : la chofe étoit ainfi, ce nombre fe trouveroit exprimé plus fouvent & plus corretté- ment fur les médailles qui portent la marque de l’au> torité du fénat, c’eft-à- dire fur les médailles de bronze, & fur celles d’or &z d'argent: Il eft cepen- dant très-certain que les différentes puiffances tribuni- tiennes {e rencontrent également fur les trois métaux, tant avec $. C. que fans cette marque. Les bons prin= ces n’ont pas été plus attentifs que les méchans, à donner au fénat cette prétendue démonftration de déférence ; car le nombre des puiffances tribunitienries n'eft pas moins grand dans Tibere, dans Caligula , dans Néron, dans Domitien, dans Commode, & dans Elagabale, que dans Augufte , dans Vefpañen, dans Nerva, dans Trajan, dans Antonin-Pie, & dans Marc-Aurele. (D. J.) TRIBUT , £ m. (Gram. Jurifprud.) du latin sribus tum , fignifie une impofition qu’un état paye au fou: verain d’un autre état, ou que les fujets payent à leur prince. | Chez les Romains on diftinguoit plufieurs fortes de sributs, favoir jugatio, redevance fonciere qui fe payoit pour des terres, felon la quantité ; pro numero Jugerum annona quafi ab anno, quand elle fe payoit en fruits de l’année; cenfus , redevance qui fe payoit au fifc de Pempereur pour marque de la feigneurie univerfelle, on l’appelloit auf sribueum : mais lorf- qu'elle fe payoit aux provinces qui étoient dans le partage du peuple, on l’appelloit fipendium. Dans là fuite on confondit ces termes fhpendium & tribueum s On appelloit canon , la redevance qui fe payoit pour es terres du domaine ; veéigal, le droit que l’on payoit pour l’entrée ou fortie des marchandifes. Parmi nous on appelle #riburs ce qui fe leve fur leg perfonnes, comme la capitation ; :mp6r ou impofi= r'on, ce qui fe leve fur les denrées & marchandifes + cependant on confond fouvent les termes de rri£us & d’impôr, & le terme d’impofition comprend toutes fortes de sributs & de droits. Il n'appartient qu’au fouverain de mettre des sris bus & impôts fur fes fujets. Voyez le Bret, Trairé de la Jouver, (A) TRIBUT, (Gouvernement politique. Ÿ F. oyez TAXE, IMPOSITION, IMPÔT, SUBSIDE, &c, C’eft aflez d'ajouter avec l’auteur de LE [prit des lois, qu'il n’y a point d’état où l’on ait plus befoin de sriburs que dans ceux qui dégénerent & qui s’af- foiblifent , de-forte qu’on y augmente les charges à proportion que le peuple peut moins Les fupporter.: Dans les beaux jours de la république romaine on n'augmenta jamais les sribuss ; dans la décadence de 632 TRI j’empire romain, ils devinrent intolérables. I faut lire dans Salvien les horribles exaétions que l’on faifoit dans les provinces. Les citoyens pourfuivis par les traitans, cette cruelle pete des états, n’a- voient d'autre reflource que de fe réfugier chez les Batbares, ou de donner leur liberté à ceux qui la vouloient prendre (2.J.) TriBuT, (Crivig. facrée.) yneubo, tributum ; Ce mot fe trouve dans l'Ecriture,, &c fignifie en général tout impôt mis par Le prince fur fes fujets ; mais 1l faut remarquer que le terme grec op, Rom. xuy. 6. défigne l'impôt pour les terres ; ët réacv, l'impôt pour les marchandifes. Hégéfipe parlant du bien des defcendans de Judas, frere de Notre-Seigneur , dit qu'ils poffédoient entre eux 239 arpens de terre; qu'ils les travailloient de leurs mains, &c qu'ils en payoient le sribur, gps. Avant Salomon les Juifs n’étoient point adftreints à des corvées, &c autres contributions pour les ouvrages publics; ce prin- ce, par cette nouveauté, ahéna les efprits de tout le peuple, & jetta les femences de la terrible fédi- tion qui éclata fous fon fils. (2. J.) TRIBUTS , levée des, un mot fufira. « Dans la per- » ception des sriburs, la faveur ne doit pas accorder » à des hommes nouveaux de partager avec le prin- » ce, & inégalement pour lui, les revenus de l’état, » les denrées du peuple». Æfprir des lois. (D. J.) TRIBUTAIRE, £ m. (Æift. mod.) celui qui paie tribut à un autre, foit pour vivre en paix avec hu, foit pour jouir de fa proteétion. Voyez TRIBUT. La république de Ragufe eft sriburaire du turc, auf bien que le cham de la petite Tartarie, &c. TRIBUTOS VACOS, ( Hiff. mod. ) c’eft ainf qu’on nomme en Efpagne un droit régalien, en vertu duquel le roi jouit de tous les revenus des charges ou offices qui dépendent de la cour, pen- dant tout le tems de leur vacance. TRIC, fm. (terme d’ergot d’'Imprimeur.) motin- venté par les compagnons imprimeurs , quand ils quitrent leur ouvrage pour aller faire [a débauche enfemble. Il eft fait mention de ce terme dans une ordonnance de François [%. en lan 1541, &t de Charles IX en 1571. Un réglement de 1618, cité dans le code de la librairie de Paris, page 176, dé- fend à tous compagnons imprimeurs &t libraires de faire aucun sric dans les imprimeries, c’eft à dire, de donner le fignal de quitter conjointement Le travail, pour aller boire, ou pour autre raifon, (D. J. ) TRICADIBA , (Géog. anc.) île de l'Inde en-deçà du Grange. Elle eft marquée par Prolomée , fur la côte, en allant du golphe Canticolpe au golphe Col- chique, au midi de l'ile d'Heptanefa, (D.J.) TRICALA , ( Géog. mod.) ville de Turquie euro- éenne, dans la province de la Janna, fur le bord de la Sélampria, avec un évêché fuffragant de Larifle, Tricala eft l’ancienne tricca. Voyez TRICCA, (Géog. anc.) (D. J.) TRICALUM , (Géog. anc.) ou Tricala, ville de Sicile, {elon Etienne le géographe. C’eft la même ville que Ptolomée, /. I. c. 1x. appelle Tricola , &c qu'il place dans les terres. Diodore de Sicile, 47 Eglog. pag. 013. & Silius Italicus, /. XI, vers 271. écrivent Tricola. . . . . Servili vaflata Frocala hello. Et c’eft, conformément à cette derniere ortho- graphe, que Pline, 2. LEE. c. vi appelle Les habitans de cette ville Triocalini. Cicéron, 7. Werr. 10. dit Fricalinum. Le nom moderne eft Troceoli, felon le p. Hardouin. (D. J.) TRICAMARUM, ( Géog. arc.) lieu d'Afrique, à cent quarante ftades de Carthage, felon Procope. Hifi. des Kandal. L IL c.i. C’eft le lieu où les Ro- mains rencontrerent les Wandales campés, & près duquel les deux armées en vinrent à une bataille, dont le fuccès fut défavantageux aux barbares (D. J. RLARIGO , ( Géog. mod.) bourg, êt autrefois dans le xj fiecle, ville épifcopale d'Italie, au royau- me de Naples, dans la Bafilicate, fur le Cafuente. TRICASSINT, (Géog. anc.) peuples de la Gaule Celtique ou Lyonnoïfe, &c dont le pays étoit pref- que renfermé entre la Seine & la Marne. Ce font les Trecaffes de Pline, Z. IF. €. xwuy. &t les Tricarii de Ptolomée, 2. IT. c. vi, Le nomde ces peuples fe trou- ve encore fous différèntes ortographes, comme Ty- caffes, Tricafes , &t Trécafes. Une ancienne infcription rapportée par Gruter, pag. 371. n°. 8. fait mention de ces peuples : Aaæ. Memoriæ Aureli Demetr: Adyutort Proce. Civitatis Senonum, Tricaffinorum, Meidorum Parifiorum & Civisaus Æduorum. Dans la fuite on a dit Trecæ où Treci, d’où l’on ‘ . nom moderne de leur capitale , Troyes. TRICASTIN LE, (Géog. mod.) ou le Tricaffinois, pays de France , dans le Bas-Dauphiné. Il eft borné au feptentrion par le Valentinois & le Diois; à lorient & au midi par le comtat Venaiffin, &z à l'occident par le Rhône. C’eft le pays qu’occupoient autrefois les Tricaftini, ancien peuple de la Gaule narbonnoïfe. Il n’y a point d’autres villes que S. Paul-Trois-Châteaux. (2. J. TRICASTINT, (Géog. anc.) peuples de la Gaule Narbonnoife, Ils habitoient fur le Rhône, & leur capitale eft nommée Augufla Tricaflinorum par Pli- ne, Z. III. c.jv. Ptolomée, Z. IL.e. x, nomme ces peuples Tricafleni, Tite-Live, . XXI. c. xxx. 8t Si- lius Italicus, Z LIL. y. 466. écrivent Tricafleni. Le pays qu’ils habitoient fe nomme aujourd’hui S. Paul Tricaflin, ou S. Paul-Trois-Chéteaux. CARO TRICCA , (Géog. anc.) ville de Macédoine, dans l'Efotide , felon Ptolomée, Z. LIL. c. xiÿ. Homere, Iliad. 2. #. 236, a connu cette ville. Strabon, Xv. VIII. p. 360, lamet dans la Theflahe, ce qui revient au même, puifque les Stolides étoient une contrée de la Theffalie. Elle étoit fur le fleuve Le- thæus, L XIV. p. 647, fur le bord duquel on difoit qu’Efculape étoit né. Le nom moderne de cette ville eft Tricafa. ( D. J.) | TRICCIANA , (Géog. anc.) ville de la Pannonie. L'itinéraire d’Antonin la marque fur la route de Sirmium à Carnuntum , entre Pons Manfueranus & Cimbriane, à trente milles du premier de ces lieux, & à vingt-cinq milles du fecond. (D. J.) TRICÉNAIRE, f. m. (serme d’Eglife.) prietes continuées pendant 30 jours,comme la neuvaine dé- figne des prieres continuées pendant neuf jours. S. Grégoire établit Pufage d’un sricénaire, qui confiftoit À dire trente mefles pour les morts pendant trente jours de fuite ; mais cet ufage n’a pas eu lieu. TRICENNALES , £. m. & pl. (Anti. rom.) l'ef- pace de trente ans; comme les Décennales &c les Vicennales font l’efpace de dix 8 de vingt ans: 4l fe difoit des années du gouvernement des empe- reurs. Il fe dit aufi des vœux, des aétions de gra- ces, &c autres cérémonies qui fe faifoient au bout de ce nombre d’années, pour remercier les dieux de l’heureufe adminiftration de l’empereur, &z leur en demander la continuation. On trouve fur les mé- dailtes decennales, decennalia &t vicennalia tout au long , mais jamais sricennalia , ni tricennales. Il eft toujours en chiffre, & il s’y trouve de différentes manieres, 1%. VOT. XXX. vota tricennalia, dans Conftantin, dans Valerius Maximianus. 2°. VOr. XX; # xx. Mur, Xxx. dans Licimius, dans Conftantin, dans Conffans, dans Conflantins | 6x. 3° Ver, XXX. Mur, xxx, C’eft-à-dire qu'on remercioit les dieux pour Les vingt ou les trente premieres an- nées de l'empire du prince, 6 qu'on prioit les dieux pour.les dix fuivantes, ce qui feroit ou trente ou Quarante ans d'heureux gouvernement, C’étoit le langage de la flatterie. (22. J.) Me, has | T'RICEPS, er: Anatomie, eft un mufcle de la cuifle, qui a trois portions ; .c’eft pourquoi on peut fort bien le diftinguer en trois mufcles, qui viennent toustrois de los pubis, & fe terminent à la ligne offeufe du fé- mur, dont ils occupent la plus grande partie, Le sriceps fupérieur vient de Vangle de los pubis, & fe portant à la partie interne de la cuiffe, va fe ter- miner à la partie moyenne de la ligne offeufe du fé- mur, | .. Le #riceps moyen vient de la branchée de los pu Dis au-deffous du fupérieur , & fe termine À la ligne Offeufe du fémur au-deflus de ce même mufcle. . Le cricepsinférieur, qui eft le plus grand destrois, vient dela branche & de la tubérofité de l'ifchion, & va {e terminer tout le lons de la ligne offeufe du fé- mur jufqu’à l’endroit où cette ligne fe divife en deux pour aller à chaque condile , de là ce mufcie fournit un tendon qui va s'attacher à la partie latéraleinterne du condile interne du fémur. | Le criceps de lavant-bras , voyez ANCONE, TRricePs. (Mychol.) on donnoità Mercure le fur- nom de Triceps, ou 4 srois téres, parce qu'il fe trou- voit également en fonétions , dans le ciel, fur la ter- re, & dans les enfers, & qu’il avoit trois différentes formes, fuivant les trois différens endroits où il étoit employé, (2.7) | À LRICHTASE, voyez ci-après TRICHIASIS. TRICHTASIS, (Lexicog. Médic.) pins de ên1Ë, _ Cheveux Ou poil, eft une maladie des yeux, confif- tant dans l’irritation des poils rentrans en-dedans , où qui fe forment en-dedans contre nature ;' nous ap- pellonsen françois cette maladie srichiafe, à … Mais le mot grec rpyyaos défigne encore dans Ga- lien une maladie, où on yoit dans l'urine des mala- des des efpeces de poils accompagnés de mucofté, qui les couvre, & Îles font paroître ordinairement blancs. Quelques-uns appellent cette afe@ion pili- miétion, pilement de poils ; voici ce qu’en dit Tul- pius. Obferv. méd. 1. IT. c. li | J Peu de médecins ont eu l’occafñion d’obferver le Zrichiafis | ou l'évacuation de poils avec l'urine , & bien moins encore le retour périodique de ce defor- dre : pour moi j'en ai vu cependant un exemple-mé- morablé dans le fils d’un homme de diftinétion , qui fut affligé pendant plus de quatre ans d’un érichiafes , lequel revenoit tous les quinze jours, avec difi- culté d’uriner , & d’un fi grand mal-aife par-tout le corps , quil avoit de la peine à demeurer dans le lit, Ha LS Chaque poil étoit quelquefois de la longueur d’un demi-doist, & quelquefois aufli de la longueur d’un doïgt entier : mais ils étoient fi couverts & fi enve- loppés de mucofité, que rarement les voyoit-on À nud. Chaque paroxyfne lui duroit environ qua- tre Jours ; & quoique dans ce tems il rendit toujours fon urine avec peine, il pafloit les jours intermé- | diaires fans douleur , & fans rendre de poils avec les urines, jufqu’à ce qu'il revint un nouveau paroxyfme. (2.7) 4 .. TRiICHIASIS, rerme de Chirurgie; maladie des pan- pieres , caufée par des poils qui rentrent eñ-dedans, Ce mot vient de GE : 7 pi 06 »Piles, poil. | ”_ Ce dérangement des cils excite une douleur vive qui eft fuivie d’inflammation, d’un écoulement con- _ finuel des larmes, & fouvent d’ulceres de l'œil. Tous ces fymptomes augmentent confidérablement la caufe es 7 4 ont à DE SÉ Le ùf % aire; 1e à de "re un LR 33 dont 1ls dépeñdent; & font fouvent éaufe de 14 berte de la vue: 7 La cure de cette maladie doit commencer par l’ads iminitration des remedes généraux , fi l’on juge qu’il enfoitbeloin, On fe fert d’une fomentation émol. liente pour tâcher d’humeétér &r de ramoilir les bords des paupieres, ce qui peut faire changer la difpofi= tion défettueufe des cils. S1 ces femedes font inutiles, il faut, avéc une pe tite pincette, arracher les uns après les autres les cils qui piquent l'œil. Cet organe n’étant plus piqué, la fluxion s’appaifera plutôt ; & on aura le tems de ré- tablir le bord des paupieres avant que les cils aient fepoufié. Voyez le craité des maladies des yeñx, de M° Antoine Maïtre-Jean , chirurgien, - On a aufli donné le nom desrichiafis à uñe maladie de la veflie, dans laquelle on rend les urines épaiftes ët chargées de filamens femblables à des poils. Foyez le comment, de Gal, fur l'aph. 76, fé, iv. d'Ælippocs (F7) | Es, TRICHIRAPALI, (Géogr. anc.) ville des Indes, fur la rive droite du Caveri, entre Tanjaour au le- vant, & Mayfour au couchant. Elle eft devenue ca: pitale du royaume de Maduré , depuis que les rois dés Mayffouriens y ont tranfporté leur cour. Elle contient plus de cent mille ames, & doit être regar- dée pour la plus grande forterefle qu’il y ait depuisie cap de Comorin jufqu’à Golconde. Ses murailles for ment une double enceinte fortifiée chacune de tours quarrées , éloignées les unes des autres d’environ cent pas. mA: La garnifon de cette forterefle eft d'environ fix | millehommes, & l’on fait toutes les nuits trois ron: des: dans la place. Longitude 94, 52, latitude 12, 16, DAT. RU » À. M. éerrne de Chirurgie ; épithete qu'on donne à une fraéture des os plats, fi fine qu'elle pillaire k rima capillaris. Ce mot eft grec, il vient de QuË, rpryoc, capillaires, poil., cheveu, Le T Pour n'être point trompé fur cette efpece de frac- ture, 1l faut pafler de l’encre fur la dépreflion capil- on rugine,enfuite l'endroit ;.fi Pos eft réelle: ment fratturé , on voit une ligne noire produite par l'encre qui a pénétré la fraéture. Cela. eft important | eft prefque imperceptible. On l'appelle auffi fente ca _dans les félures du crâne pour fe déterminer à l'opé- ration du trépan, ou pour s’en abitenir. oyez TRÉ« PAN: CF) TRICHITES ; fm. (Hifl, rar, Lirholop.) nom em ployé par quelques naturaliftes, pour défigner le vi trio qui s'attache fous la forme de poils,de cheveux, autour dequelques terres ou pierres, quicontenoient des pyrites quife font détruites & vitriolifées. . FRICHOMANES , £ m. (Æif, nat. Bor.) Tourne fort diftingue quatorze efpeces de ce genre de plante, Ses fleurs n’ont pas encore été découvertes ; mais {eg graines naïflent comme celles de la fougere furle dos des feuilles, qui font compofées de lobes rondelets, ëtHont en quelque façon conjuguées, Dans le fyftè- me de Linnænus , Le sichomanés ne forme point un genre difiinét de plante, & n’eft autre chofe qu'une efpece d’afplénium; c’eft.ä-diré, que fur le bord de {es feuillesfe trouve-le calice fimple, droit ,turbiné, êt le file fe termine à la capfule, ere eye Quor qu'il enfoit, l’efpece de srichomanés la plus commune, & que les botaniftes nomment générale- ment de cenom ,eft le polytric des boutiques , au- trement dit le capillaire rouge , adiartum rubrum à dont on a parlé au mo Porÿrric. (D.J.y TRICHONIUM ,.( Géog. anc. ) ville de PEtolie. Paufanias, /. I. c. xxxvi. & Etienne le géographe en font mention; le premier dit qu'Arriphon étoit originaire de cette.ville ; fur quoi it DRFLNS 634 TRI cet Arriphon étoit un favant homme, fort eftimé des Lyciens, parmi lefquels 1l vivoit ; critique judicieux qui découvroit bien des chofes à quoi les autres n'a- voient pas penfé. C’eft lui, ajoute Paufanias , qui a remarqué le premier que fout ce qui FORCE les myfteres de Lerna, vers, profe, ou mélange de Pan & de l’autre , étoit écrit en langue dorique. Or avant l'arrivée des Héraclides dans le Péloponnèfe, les Ar- giens parloient la même langue que les Athéniens , & du tems de Philammon , le nom de Dorien étoit encore inconnu à la plüpart des Grecs. Telle eft la découverte dont on étoit redevable à Arriphon, & dont nous fommes peu touchés aujourd’hui. À Ortélius croit que le Trichonium de Paufanias &c d'E: tienne le géographe , eft le Trichone de Pline, /. 17. c. ii, mais le P. Hardouin lit Thithrone pour Trichone, & foutient que ce peutêtre le Trichonium en queftion qui étoit dans l'Etolie , au lieu que le Trichone de Pline étoit dans la Locride. Il fonde fa correétion fur Paufanias même, qui met dans la Locride une ville nommée Tithronium , & fur Hérodote , lv. VIIT. n°. 33. qui nomme cette derniere ville Thesro- nium. (D.J.) | TRICHOSANTHES , f. £. (Hiff, nat. Bot.) nom donné par Linnæus au genre de plante que le P. Plu- mier, Micheli, & autres botaniftes appellent angui- na; en voici les caraéteres. IL produit des fleurs mâ- les & femelles fur des parties diftinétes de la même lante. Dans les fleurs mâles, le calice eft formé d’u- ne feule feuille très-longue , liffe fur la furface, avec une petite levre repliée en-arriere , &t découpée en cinq parties. La fleur eft aufh divifée en cinq feo- mens, du refte attachée au calice &x déployée , les fegmens font de forme ovale, terminés en pointe & frangés dans les bords en un grand nombre de fils chevelus, Les étamines font trois filamens qui s’é- | tendent au fommet du calice ; chaque boffette eft un corps cylindrique ; droit , Contenant une grande quantité de farine; on diftingue dans cette fleur trois files fort petits, 8& qui naïflent aux côtés du calice, mais ils ne produifent jamais rien. Le calice de la fleur femelle eft le même que dans la fleur mâle, ex- cepté que dans la fleur femelle il ef placé fur le ger- me du piftil, & qu'il meurt promptement ; cette fleur eft toute femblable à la mâle ; Le piful a un ger- me délié, & un file capillaire, naïflant du piftil, &e ayant la longueur du calice; les figma font au nom- bre de trois, longs , pointus , & entr'ouverts au mi- lieu. Le fruit eftune très-longue pomme, contenant trois loges fort éloignées les unes des autres. Les ‘graines font nombreufes » applaties, de figure ovale obtufe, & couvertes d’une pellicule, Linnæï, ge. plant, p.466. Michel, 207. gen. p. 9. Plumier , zar. p. 100. hort. malab. vol. 8. p.157. (D. J.) TRICHOSTEMA , . m. (Hiff. nas. Bor.) genre de plante qu’on carattérife ainfi. Le calice eft d’une feule feuille bilabiée ; la levre fupérieure fe divife en trois fegmens, & eft deux fois aufli large que la levre in- férieure , laquelle eft feulement découpée en deux parties. La fleur eff monopétale, & du genre des la- bices ; fon tuyau eft fort court ; fa levre fupérieure eft applatie , & faite en faulx ; la levre inférieure eft découpée en trois fegmens, dont l'intermédiaire eft le plus petit. Les étamines font quarre filets capilla- res, longs & crochus ; les boffettes font fimples ; le genre du piful eft divifé en quatre parties; le file eft fort délié, & a la longueur des étamines ; le ftigma eft fendu en deux. Le calice fubfifte après que fa fleur eft tombée, &c devient alors beaucoup plus oros ; fa levre fupérieure tombe fous linférieure , il s'étend dans le milieu, fe referme à lextrémité, & contient quatre femences. Linnæi, gez. plant. p. 265. (D.1J.) | | | TRICHRÜS , fa (if nat, Lichol.) pierre que héritage. Pline dit s’être trouvée en Afrique, qui rendoit des fucs de trois couleurs différentes. Il étoit noir à la ba: fe, de couleur de fang au milieu, & blanc par le haut. TRICLA RIA , (Mythol.) furnom de Diane, pris de ce que la déefle étoit honorée par trois villes de l’'Achaie ; favoir, Aroé , Anthie & Meffatis, lefquel- les poflédoient en commun un certain canton avec un temple confacré à Diane. Là les habitans de ces trois villes célébroient tous les ans une fête en l’hon- neur de cette déefle , & la nuit qui précédoit cette fête fe pafloit en dévotion. La prétrefle de Diane étoit toujours une vierge obligée de garder la chafteté jufqu’à ce aw’elle fe mas riat, &c pour lors Le facerdoce pañloit à une autre, Ce mot Triclaria eft formé de sé, #rois ; 8 #anposs D, J. nn , Î. m. (4ntiq. rom.) lieu où man: geoient les Romains ; on lui donnoit ce nom à caufe des trois lits qui y étoient dreflés: larchitriclinar= che de S. Jean, ch. 17. & le triclinarche de Pétrone, font dérivés de ce mot. On les traduit affez mal en françois par mañres-d’hôzl, quoiqu’en partie la fonc: tion de ces officiers fût de préparerle couvert dans le criclinium , d'accommoder les lits autour de la table, & de drefler le buffet. On donnoit auffi le nom de tricliniun aux lits fur lefquels mangeoïent les Ro= mains , parce que chaque lit étoit pour trois perfons nes. Lorfqu’on mettoit plus de trois lits autour de chaque table, ou que ces lits contenoient plus de trois perfonnes, c’étoit un extraordinaire, Tel fut le cas du feftin de Lucius Verus, où il y avoit onze con: vives fur trois lits ; telle étoit encore la cène que Jefus-Chrift fit avec fes apôtres ; dans le repas que Perpenna donna à Sertorius, & où ce grand capi* taine fut affafliné : les trois sriclinium étoient, felon Séneque, difpofés de maniere que le nord-eft ré- pondoit au sriclinium d Antoine, & le nord - oueft à celui de Perpenna. (D.J.) | TRICOLOR , 1. m. ( A1f, nat. Bor.) nom abrévé, donné par les Fleuriftes à une efpece d’amaranthe, dont les feuilles font comme enluminées de trois couleurs, amaranthus folio variegato, de Tournefort. Elle pouffe une feule tige rougeâtre, à la hauteur d'environ deux piés ; fes feuilles font faites comme celles de la blete, mais elles {ont colorées & comme enluminées naturellement de verd , de jaune, & d’incarnat ; fes fleurs font petites , verdâtres, & par paquets ; du milieu de ces fleurs s’éleve un pifül, qui devient enfuite un fruit membraneux, s’ouvrant en-travers comme une boëte à favonnette, & renfer- mant une ou deux femences prefque rondes : on cul: tive cette plante dans les jardins à caufe de fa grande beauté. Le mot sricolor fe donne auffi par les Fleuriftes à quelques œillets. (D. J. + TRICOISES, f. £ pl. ( Maréchal.) les triceifes {ont des tenailles à l’ufage des Maréchaux ; elles ont le mots tranchant, pour couper les clous qu’il a bro- chés avant que de les river, & pour déferrer un che- val. (D. J.) TRICOLLORT , ( Géog. anc. ) peuple de la Gaule narbonnoïfe. Pline, /. ILE, ch. iv. éloigne ce peuple de la côte de la mer; leur pays eft aujourd’hui, felon le pere Hardouin, le diocèfe de Siftéron, & la capi- tale étoit Alarante, dont la table de Peutinger fait mention, & qu’on nomme préfentement Ta/ard, lieu du Dauphiné, fur la route de Siftéron à Gap; c’eft du-moins le fentiment de Bouche dans fon hi- toire de Provence, dv. LIL, ch. xvy. (D. TJ) TRICOLONI, ( Géog. anc.) ville de l’Arcadie. Paufanias, L VIII, c, xxxv. dit qu’elle étoit à dix fta- des des ruines de Chariftum ; mais il ajoute que cette ville ne fubfftoit plus de fon tems, & qu’il ne s’étoit confervé qu'un temple de Neptune fur une colline, avec un boisfacré qui environnoit ce temple.(D. J.) TRICOMIA ,( Géog. anc.) ville de l'Arabie heu- reufe : il-en eft parlé dans la notice des dipnités de Tempire, Je. 22. où on lit: equites promoti [lyricani Tricomie : un manufcrit confulté parOrtelius portoit Trigonia pour Triconia. (D. J.) TRICON , f.m. (Jeux.) au brelan, à l’'ambiou, au hoc, & autres jeux de cartes, ce font trois cartes de même figure, comme trois rois, trois dix, €c. Le #ricon en main l'emporte fur le sricon de retourne, SH confifte à avoir en main deux cartes de même gure , lorfqu'il y en a une feémblable retournée fur le talon. TRICONESIT, (Géog. anc.) peuples de la haute Moëfie. Ptolomée, /v. ITI. ch. 0. les place aux con- fins de la Dalmatie; te nom moderne deleur pays eft Topliza, felon Caftald. (D...) TRICORNIUM, (Géog. anc.) ville de la haute Moëfie ; Ptolomée la marque près du Danube: c’eft aujourd’hui Glumbatz, felon Niger; & Corufcène, felon Lazius. Cette Ville Tricornium et, à ce que croit Smiler, la ville Turium ou Dorixm d’Antonin, (2.1) AE, TRICORYPHOS, (Geéog. anc.) montagne de PArabie heureufe, felon Pline, Zy. V2. ch. xxviy. Le nom de cette montagne lui avoit été donné à caufe de fes trois fommets, fur chacun defquels il y avoit un temple d’une hauteur prodigieufe, à ce que nous apprend Diodore de Sicile, Zv. III. p.178. (2. J.) TRICORYTUS , (Géog. anc.) bourg de l’Attique, fous la tribu Æantide ; il étoit proche de Marathon, fur le bord du marais des champs marathoniens, où périt uné partie de l’armée des Perfes, dans cette bataille qui préferva les Grecs de lefclavage des Barbates. Il n’ÿ a plus dans cet endroit qu’un mé- chant hameau, appellé Cal/yvi - fiofoully : cependant il a été un tems qu’on comptoit ce lieu pour une des quatre villes de l’Attique, qui donnoit le nom de Terrapole à ce quartier, & ces quatre villes étoient Oenoé, Tricorythus, Probalinthus, & Marathon. On voit à Athènes, au rapport de Spon, proche l'églife d’Agria-Kyra, cette infcription : « À l'honneur de la déefle Vefta & des dieux Au- -»guftes, du confeil de l’Aréopage, & du confeil » des fix-cens , & du peuple ; Philoxenus , fils d’Aga- # thoclès de Phlya, a confatré ce monument à {es » propres dépens. Agathoclès, fils de Philoxenus, » ayant eu le foin de le faire, dans le tems que Tibe- » rius Claudius Pœanien étoit gouverneur de la mi- . » lice, & pourvoyeur de la ville... Trécoryshus ».…. (2. J.) TRICOT, f. m. ( PBonneterie. ) on appelle ouvra- -ges au tricot, bonneterie au sricot , toutes les efpeces de marchandifes qui fe fabriquent ou fe brochent avec des aiguilles, comme bas, bonnets, camifo- les, gants, chauflons , &c. ( D. J.) TRICOTAGE, f. m. ( Bonneterie. ) travail de ce- lui qui tricote ou qui broche à l'aiguille des bas, des bonnets, & autres marchandiles de cette nature, dépendantes du négoce des Bonnetiers ; le sricotage eft plus ou moins bon dans un lieu que dans un au- tre, fuivant que les ouvriers font bien ou mal ftilés &t conduits, ou que les matieres font bonnes ou mauvaifes, ou qu’elles font plus ou moins bien f- lées. (D.J.) . TRICOTER , v. a&. ( Bonneterie.) a€Hon par la- quelle on travaille à former avec de longues & me- nues aiguilles, ou broches de fer ou de laiton poli, certains tiflus de foie, de laine, de coton, de chan- vre, de lin, ou de poil, én maniere de petits nœuds, boucles ou mailles, tels qu’on les voit aux bas, bon- nets, camifoles, & autres pareilles marchandifes de bonneterie. On dit aufli dans le même fens , #rocher Tome XVI, TRI 635 des bas, des camifoles, des bonnéts, &c, pour dire les sricoter, ou les travailler à aiguille ; ce mot fe dit auffi des dentelles de foie ou de fl, qui fe manu- faéturent avec des épingles & des fufeaux fur un oreillér, fuivant le deflein en papier ou en vélin qui y eft appliqué ; ainfi l'on dit s#icocer une dentelle, pour dire la travailler avec des épingles & des fu- feaux fur loreiller, Savary. (D. J.) TRICOTER, en terme de Manege, fe dit d’un che- val qui rémue vite les jambes en marchant, & qui n'avance pas. , TRICRANA , ( Géog. anc.) Île de lArgie. Paufa- mas, Z. I. c. xxxiv. dit: « Quand on a paté Île cap » Bucéphale, les îles Halioufe, Pithyoufe & Ariftère, » On frouve un autre promontoire qui joint le con- » tinent, & que lon n’appelle point autrement qu- » Acra ; bien-tôt après vous voyez l’île de Ticrane, » & enfuite une montagne du Péloponnèfe, qui » donne fur la mer, & qui a nom Baporthmos ». (D.J.) AR TRICRENE, ( Géop. anc.) Tricrena, lieu de l’Ar- cadie. À [a gauche du mont Géronte, dit Paufanias, Liv. VIII. ch. xvj. les Phénéates font bornés par un lieu qu’on nomme Tricrene, à caufe des trois fontai- nes qui y font , & où l’on dit que les nymphes lave- rent Mercure lorfqul vint au monde: c’eft pour cela que ce lieu étoit confacré à Mercure. (D.T.) TRICTRAC, f. m. ( Jeu.) jeu qui fe joue avec deux dés, fuivant le Jet defquels chaque joueur ayant quinze dames , les difpofe artiftement {ur des points marqués dans Le tablier, & felon les rencontres gagne ou perd plufeurs points, dont douze font gagner une partie ou un trou, & les douze parties ou trous le tout ou le jeu, Il faut pour jouer au srifrac avoir quinze dames de chaque côté noires ou blanches, deux dés, trois jet- tons & deux fiches quifont , comme nous l’avonsdit à leur article, les marques qu’on met dans chaque trou pour compter les parties qu’on gagne. _ Onne joue ordinairement que deux au srirac, & avec deux dés; ce fontles joueurs eux-mêmes quiles mettent chacun dans leur cornet. On commence ce jeu en faïfant deux ou trois piles de dames qu’on pofe fur la premiere fleche du sridrac. Inefaut jamais que ce foit à contre-jour pour la plus grande commodité des joueurs, à moins qu’on ne joue à la chandelle ; alors il n’y a point de regles À garder la-deflus, & 1l eft indifférent de quel côté lon place les piles des dames. À l'égard des dames, les blanches fontles dames d'honneur; c’eft pourquoi par honnêteté on les préfente toujours aux perfon- nes qu'on confidere ; l'honnêteté exige aufli qu’on donne le choix des cornets, &c qu’on préfente les dés pour voir à qui laura, où bien qu’on lui donne les deux dés pour tirer coup & dés, auquel cas celui qui a de fon côté le dé qui marque le plus haut point, gagne la primauté. On peut s’aflocier , fi l’on veut, au sriéfrac pour Jouer tour-à-tour, ou fi l’on fe {ent foi- ble , il eft permis de prendre un confeil du confen- tement de celui avec lequel on joue , fans cela per- fonne ne peut confeiller en aucune façon. Pour jouer avec ordre, on obfervera que fi l’on amene d'abord ambezas,dejouer deux dames de la pi- le,& de les accoupler fur as, qui eff la fleche qui joint celle fur laquelle font ces dames empilées. On peut jouer tout d’une en mettant une dame feule fur la fe- condefleche. C’eft la même chofe à l’égardde tous les | autres nombres qu’on peutabattre,ou jouer tout d’une fi l’on veut, excepté cependant fix & cinq qu’on doit abfolument abattre quand on l’amene le premier coup, parce que les regles ne permettent point de mettre une dame feule dans le coin de repos. Il'eft de la prudence du joueur d’accoupler deux dâmés enfemble , & on commence ainf à cafer dans la ta- LLIliÿ 636 TRI ble où les dames font en pile ,quieft pour l'ordinaire ‘la premiere. On pañle enfuite dans celle du coin de “repos, quelquefois même dans celle de fa partie “quand le progrès du jeu y conduit. Un joueur ne doit Jamais compter pour jouer les nombres qu'il ramene “afleche d’où il part, foit qu'il abatte du bois, ou qu’il “joue en commençant ou dans le cours du jeu. Onn’a “pas plutôt Jetré le dé, qu'on doit voir le gain ou la perte qu'on fait, avant que de toucher fon bois ; ca “en fait du jeu, bois touché fuppofe être joué, fi ce n'eft néanmoins quand les dames touchées ne peu- vent abfolument point être jouées: ce qui arrive lorf “que quelqu'’une donne dans un coin qui n’eft point encore pris, Où qu'une autre ne fauroit entrer mfor- tir feule , où bien qu’elle donne dans le grand jan de celui contre qui vous jouez , avant qu'il foit rompu. Ces coups arrivent quelquefois imprudemment lorfque ne devant pas jouer fes dames, mais feu- “lement regarder la couleur de a fleche pour “compter plus aifément ce qu'on gagne, on vient à lestoucher ; maïs on évite cet inconvénient , lorf- “que lon dit, avant d’y porter la main, ÿ’edoube , & cela fuffit pour marquer que vous, n’avez pas deflein de toucher votre bois. Il faut toujouts marquer les “points qu'on gagne , avant que de toucher fon bois, “autrement votre adverfaire {era en droit de vous en- voyer à l’école. Selon les regles du sriérac , quand ‘ on a gagné deux points, on doitles marquer au bout -&t devant la fleche de las ; quatre points devant la fleche du trois, ou plutôt entre! celle du trois & celle -du quatre; fix points devant celle du cinq, ou con- tre la bande de féparation devant la fleche du fix, or marquera dix points devant la fleche du neuf ou du dix. Pour ce qui eft des douze points qui font le trou ou partie double ou fimple, ils fe marquent avec ‘une fiche fur les bords du sricfrac du côté où les dames Æontentas. Celui qui d’un‘coup gagne plufeurs points, eft en droit de marquer quatre, puis huit ou dix points, & enfin la partie, pourvu qu'il les marque avant que de porter la main fur fon bois, ou qu’en Ty portant, il dife, J'adoube. Celui qui jette les dés, eft toujours en droit de marquer les points qu'il gagne avant que fon adverfaire puiffle marquer ce qu'il perd. Le joueur qui marque le trou ou la par- tie, efface tous Les points de fon adverfaire. 1] faut remarquer au srirac quelorfqu’on s’eft em- paré de fon coin , & que ladverfaire n’a pas le fien, chaque coup de dé vaut quatre ou fix points, fi on bat {on coin de deux dames, c’eft-à-dire fix par dou- blet , & quatre par fimple ; fuppofé donc que le jeu. foit difpofé comme dans l’exemple fuivant, & qu'on ait les dames noires, fi on amenoit fix & cinq, on battroit le coin de fon homme par un moyen fimple qui vaudroit quatre points, on le battroit du fix en comptant depuis la fixieme fleche, & du cinq, en comptant depuis la feptieme. On doit remarquer qu’outre cela on gagneroit encore quatre points fur la dame qu’on a découverte dans la huitieme cafe, parcequ'onbattroit cet adverfaire par deux moyens, & que dans la feconde table quieftcelle du grand jan, chaque moyen fimple vaut deux points. Ee premier moyen par lequel on le battroit, feroit du cinq, en comptant depuis la dixieme cafe, & le fecond en aflemblant les fix & cinq qui font onze , & comptant depuis la quatrieme cafe , ce qui produit quatre points fur la dame que celui contre qui vous jouez, a découverte enfa cinquieme cafe, en comptant de- puis votre feptieme , parce que vous la battriez par un moyen fimple valant quatre points dans la pre- miere table, de maniere que fix & cinq vous vau- droient douze points qui feroient partie bredouille qu'on marqueroit d’abord ; cela fait , 1l vous couvri- roit afément vos deux demi-cafes, prenant le cinq fur la cinquieme pour couvrir la fixieme , &c le fix TRI “fur-la premiere pour couvrir la feptieme ; ce qui pro duiroïit beau jeu pour faire votre grand jan , vous reftant fonnet, fix & cinq, & fix & quatre qui vous refteroient à remplir. … Ce cinq & fix vous donneroïent deux trous qu'il faudroit marquer avant que de cafer , & votre ad- verfaire marqueroit quatre points, pour fa dame dé- couverte en fa premiere cafe que vous battez par paf- ages fermés, parce que ces cafes fix 8c fept font rem- plies ; fi un joueur au contraire amenoït quine , on ne pourroit pas battre fon coin, parce que pour battre d’un quine, la regle veut qu'on compte depuisla fep- tieme cafe couverte d’une feule dame, & comme le coin eff différent des autres dames, & qu’on ne peut battre du cinq & du quine qui font dix , ce joueur ne gaoneroit rien pour le coin. “Âu contraire fon adverfaire profiteroit de huit points fur la dame découverte que le premierauroit en fa huitieme cafe, parce que l'autre le battroit par doublet &t par deux moyens, & que chaque moyen eft compté pour quatre points dans la fecondetable quand c’eft par doublet. Le premier moyen par le- quel il faudroit battre cette dame, feroit du cinq, à commencer depuis la fixieme cafe , & le fecond du quine les deux nombres ajoutés, à compter depuis la cinquieme cafe. Quant à la dame de celui contre quion joue , qui eft découverte dans fa cinquieme cafe, on pourroit de-là la battre en comptant depuis votre huitieme ; mais cette dame vous feroit nuifble, d'autant plus que le paflage de quine qui eft fur la dixieme cafe, étant fermé par deux dames qui y font accouplées, cela Vaudroit fix points à l’adverfe partie, à caufe que cette dame eft dans fa premiere table, où l’on compte fix points pour chaque moyen doubler, _ S'ilarrivoit que fur ce même jeu on amenût fonnet, il faudroit battre d’abord le coin ayant deux dames en votre fixieme cafe, parce qu’on a le paflage ou- vert dans fon fecond coin ; battez encore la dame qu’on voit découverte en fa huitieme cafe, à comp- ter de votre troifieme, & ce coup doit vous valoir fix du coin, fix de la dame placée en la cinquieme cafe, & quatre fur celle de la huitieme , qui font feize points & partie, & quatre fus, parce que vous battez par doublet. Celui contre qui on joue, ga- gneroit fix points de ce coup, parce que l’on bat- troit contre loi la dame qu’il a découverte en fa cin- quieme cafe , à compter de votre dixieme, le pafa- ge de la feptieme étant fermé. La diférence qu'il y a des coups fimples aux doublets, c’eft qu'aux der- niers 1l n’y a jamais qu’un paflage, qui {e trouvant fermé par une cafe, produit un jan qui ne peut; au lieu qu'auxautres, commeles deux nombres font dif- férens, il y aaufñli deux pafñlages, de maniere que lorf- que l’un fe trouve fermé, c’eft aflez pour gagner, que l'autre foit ouvert. Suppofé, par exemple, que vous ayez les deux dames noires, & que vous ameniez fix êc as, ce feroit pour vous quatre points que vous prendriez fur la dame découverte de votre homme enfa cinquieme cafe , parce que vous la battriez , à compter depuis votre coin. Vous remarquerez cepen- dant que le paflage du fix eft fermé, puifque la fixie- me cafe eft remplie; mais cela ne fait rien contre vous , parce que vous comptez par as dont le paffa- ge eft ouvert dans le coin de celui contre qui vous jouez, &t qu’en même tems vous battez fa dame. II faut alors avec votre cornet ou avecla main montrer. le paflage qui vous eft ouvert, &c dire, as G fix me valent quatre points. Il faut favoir que les nombres pairs tombent tou- jours fur la même couleur d’où ils partent ; il arrive tout le contraire aux nombres impairs. Cette regle eft générale. TRICTRAC, fe dit encore du tablier fur lequelon joue le jeu. Ce-tablier eft de bois ou d’ébéñe, & à d’aflez grands rebords pour arrêter les dés qu’onjette, & retenir les dames qu’on y arrange. . TRICTRAC A ÉCRIRE, ce qu'on appelle sridrac à écrire, ne change rien à la maniere de jouer le #ric- trac , non plus que le piquet à écrire au jeu de piquet. Pour jouer ce jeu, il faut avoir deux cartes & un -crayon ; au haut de chaque carte on metle nom d’un Joueur, & chacun marque fur fa carte les points qu'il gagne, avec le crayon , au lieu de les marquer avec des fiches ou des jettons. Il faut feulement remarquer qu’au rrirac à écrire, on ne fauroit gagner ni perdre de points, que l’un des joueurs wait fix cafes;au refte cejeueff entierement conforme à l’autre sridrac. | TRICTRAC des anciens, ( Littérat. ) efpece de jeu appellé Maypeumiques parles Grecs, & diodena ferip- 44 par les Latins. Latable fur laquelle on Ji éroic quarrée. Elle étoit partagée par douze ligfiès {ur lef quelles onarrangeoit les jettons comme on le jugeoit a-propos , en fe réglant néanmoins fur les points des dés qu’on avoit amenés. Ces jettons ou dames nom- més calculs étoient chez les Romains au nombre de quinze de chaque côté , de deux couleurs différentes. Difcolor ancipiti fub jatlu calculus aftar , Decertantque fémul candidus atque niver : Ur quamvis parili [criptorum tramite currant ; Ts capiet palmam quem [ua fata vocanr. Ainfi la fortune & le favoir dominoient également dans ce jeu ; &un joueur habile pouvoit réparer par fa capacité les mauvais coups qu'il avoit amenés, fuivant ce paflage de Terence: 22 vita ef} hominum “quaft cum ludas tefféris, fe illud quod maximè opus ef£ Jaëüu, non cadit ; illud quod accidit, id arte ur COTrigas. On pouvoit par cette même raifon fe laïfler gagner par complaïfance , en jouant mal les jettons. C’eftle confeil qu'Ovide donne à un amant qui joue avec fa maitrefle. Seu ludet numerosque manu jaëtabit echurnos } Tu malè jaëtaio , tu malè jaita dato. Lorfquw’on avoitavancé quelque jetton, ce qu’onap- pelloit dare calculum , & qu’on s’appercevoit avoir mal joué, on pouvoit avec la permiflion de fon ad verfaire, recommencer le coup, ce qu’on appelloit reducere calculum. | _ Les douze lignes étoient coupées par une ligne tranfverfale appellée Znea facra, qu’on ne pañoit point fans y être forcé; d’où étoit venu le proverbe . Judo dp'ipac , Je pafferai la lione facrée; c’eft-à-dire , Je pafferai par-deffus sou. Lorfque les jettons étoient parvenus à la derniere ligne , on difoit qu’ils étoient ail incisas. On fe fervoit de cette métaphore, pour dire que des perfonnes étoient pouflées à bout; té- moin ce paflage de Plaute, Sy. Profeilo ad incitas lenonem rediget, KR eas ab- duxerit ; Mi. Quinpriis difperibis faxa , quam unam calcem civerit. Le Saypapuieuos des Grecs n'avoit que dix lignes & douze jettons. … Onignore les autres regles de ce jeu que l'on ne doit point confondre , comme ont fait la plüpart des commentateurs, avec les jeux des dames, des me- relles ou des échecs qui ne dépendent point du fort des dés. Cefui n’a proprement rapport qu’à notre crittrac , auquel il eft aïfé d’en faire l'application. (D:J59 TRICTRAC, f. m. (Tablererie.) c’eft une forte de tiroir brifé qui fe ferme À la clé ; le deffus ferme un damier, &t le dedans ce qu’on appelle sriéfrac , dans lequel le tableier a peint diverfes fiches, pour fervir au jeu nommé sridtrac, (D. J.) TRI 637 TRICTRAC , terme de Vénerte, efpece de chafle qui {e fait par plufieurs perfonnes affemblées, avec grand bruit pour effaroucher le gibier, & le faire pañler de: vant des chafleurs qui le tirent, (D.J) TRICTYES, { m. pl (Arrig. grecq.) fêtes confa- crées à Mars furnommé Ezyalius , dans lefquelles on lui immoloit trois animaux, comme dans les Juove- taurilia des Romains. (D...) TRICUSPIDES oz TRIGLOCHINES, er Anato= me , eft le nom qué l’on donne aux trois valvules ; fituées à l'orifice auriculaire du ventricule & s’avan. cent dans la cavité de ce même ventricule, Voyez VALVULE 6 VENTRICULE. | | Files s'ouvrent de dehorsen-dedans; de forte qu’el les laiffent paffer le fang des oreillettes dans les ven- tricules du cœur, mais l’empêchent de refluer dans ces mêmes oreillettes, Voyez Cœur, OR&ILLE T= TES, 6e, Elles font ainfi appellées , à caufe de leur figuré triangulaire ; & c’eff pour cela que les Grecs les nom- ment TpryAomves eo : TRIDE, adj. rerme de Manege, ce mot fe dit d’un pas, d’un galop, & autres mouvemens d’un cheval : qui eft un mouvement court & prompt. On dit dur cheval qu’il a la carrière side, pour dire fort promp- te ; c’eft en ce point qu’excellent les chevaux an glois. (GE NES TRIDENT , £ m. (Géom.) eft une courbe qu’on appelle autrement parabole de Defcartes ; fon équa- tion eftxy —ax5 + bx4cxbke. Onlanomme ri. dent, parce qu’elle en a à-peu-près la figure , elle for- me une des quatre divifions générales des lignes du troifieme ordre, fuivant M. de Newton. 7: oyez COUR- BE; voyez auñi l’erumeratio linearum tertit ordinis de Newton, & laralyfe des lignescourbesde M, Cramer. TRIDENT , ( Belles Les. ) fymbole ou attribut de Neptune. C’eft une efpece de fceptre, que les Pein- tres 8t les Poëtes ont mis entre les mains de ce dieu : &T qui a la forme d’une lance ou d’une fourche À trois pointes ou dents, ce qui lui a donné nom: c’étoit peut-être une efpece de fceptre que portoient les rois dans les tems héroïques, ou un harpon dont on faifoit ufage en mer pour piquer les gros poifions, Les mythologues racontent, que les cyclopes avoient forgé le sridenc , & qu'ils en firent préfent à N eptune dans la guerre contre les Titans; que Mercure le déroba un jour à Neptune ; c’eft-à-dire qu’il devint habile dans la navigation ; & enfin que Neptune ou- vroit la terre chaque fois qu’il la ftappoit de fonwri- dent ; ce qui fait dire à Homere dans la defcription, au combat des dieux. Iiade, liv. XX, L'enfer s’émeur au bruit de Neptune en furie. Pluton Jort de Jon trône , il palis & s’écrie : Il a peur que ce dieu dans cet affreux féjour D'un coup de fon trident ze faffe entrer Le jour 3 Er par le centre ouvert de La terre ébraniée Ne fafe voir du Sryx la rive défolée ; Ne découvre aux yivans cet empire odieux Abhorré des mortels & crains même des dieux. Defpr, srait du fublires 3 TRIDENT , srme de Péche | voyez FOUANKE ; on appelle ainfi des efpecés de fourchettes dont les dents font ébarbelées,& avec lefquelles les pêcheurs pren- nent des poiflons en piquant dans l’eau au hafards Quoique ces infrumens ayent quelquefois jufqu’à quatorze dents, on ne laifle pas de les appeller in« proprement sridenr. Voyez FOUANNE € La fig. 2, PL, IV. de Pêche, : TRIDENTE ox TRIDENTUM, ( Géogr. anc. ) ville d'Italie ; Ptolomée, Ziy. LIL, c. j. la donne aux Cénomans. Les habitans de cette ville font appeliés Tridentini par Pline, Z, LIL, ch, ix. C’eft aujourd’hui 638 TRI da ville de Trente , appellée Trezto.par les Italiens, & Trisnde par les Allemands. (D.J.) _ TRIDENTULE, (Hiff. nas.) nom donné par quel- ques naturaliftes à des #loffopètres ou dents de poif- fons pétrifiées, à caufe de leur forme triangulaire. TRIEL, (Géog. mod.) lieu de l'ile de France, au Vexin françois, diocèfe de Rouen , éleftion de Pa- ris. Ce lieu qui contient environ mille habitans dans fon étendue , ft fitué fur la Seine, à une lieue de Poly, à 2 de Meulan, à 3 de Pontoife. C’eft le fége d’une prevôté royale ; la taille y eft perfonnel. , _le; la cure vaut 4000 fiv. & il y a une communauté de filles Urfulines. Son églife paroïfñale eft décorée d’un tableau du Pouffin, qui eft fort eftime ; il re- préfente l’adoration des mages à Bethléem, Sa hau- teur eft de 18 piés, fa largeur de 12, & les figures y font de erandeur naturelle. Ce beau tableau avoit été donné par le pape à Chriftine, reine de Suede, pendant fon féjour à Rome, Il fut envoyé à léglife de Triel, par le fieur Poiltenet, natif du lieu, & va- let:de-chambre de la reine Chriftine, (2.J.) TRIENNAE , adj. ( Hifl. mod. ) épithete que l’on applique le plus ordinairement aux officiers alterna- t.fs de trois en trois ans, ou aux charges &z emplois que l’on quitte tous les trois ans. C’eft ainf que l’on dit un gouvernement sriennal , & il a lieu dans certaines charges politiques, & dans la plpart des monafteres oùles religieux élifent leurs fupérieurs. Ceux-ci font ordinairement sriennaux , c'eft-à-dire, que leur autorité leur eft confiée pen- dant trois ans, après lefquels on la leur continue, ou on la leur Ôte en procédant à une nouvelle éle- étion. | En 1685, on fiten Angleterre un aéle pour tenir des parlemens sriennaux | c’eft - à -dire , des parle- mens qui devoient être diflous, & dont les membres devoient être élus de nouveau tous les trois ans. Jufque-là le roi d'Angleterre avoit eu le pouvoir de proroger, ou de continuer fon parlement tant qu’il le jugeoit à propos. Mais comme cet ufage étoit une porte ouverte à la corruption &e à mille autres abus quitendoient à faire prédominer les intérêts de la cour fur ceux de la nation &c de la liberté publi- que ; l’efprit du bill sriezral fut d’y apporter remede. Cependant d’autres vues ont fait abolir depuis ce bill sriernal ; les brigues qui fe font ordinairement aux éle“tions , la fermentation confidérable qui dans ces occafions a coutume de régner parmi le peuple, la dépenfe exceflive , & d’autres confidérations, dé- terminerent en 1717 la puiflance légïflative à chan- ger ces parlemens sriennaux en d'autres qui doivent durer fept ans; terme fufifant à la cour pour s’ac- quérir les membres qui pourroient être oppofés. Voyez PARLEMENT. | | TRIENS , {. m. terme d’Antquaire ; ce mot figni- fie, 1°.une monnoie de bronze qui étoit la troifieme partie de l'as; il étoit marqué d’un côté d’une tête . de Janus , & de l’autre d’un radeau. Voyez fur cette monnoie Gronovius , de pecun. veter. Lb. IV. c. y. Pline, Z6. XX XIII. €. 1j. &l, XX XIV, c. xuy. rapporte que la famille Servilia avoit un sriens qu’elle confervoit comme quelque chofe de facré; mais je ne penfe pas que tous ceux de cette famille en fiffent le même cas. 2°. Le sriens étoitunetafle à boire, dont on fe fervoit ordinairement, & qui contenoit la qua- trieme partie du feptier; prefque tous les poëtes en. parlent, témoin Properce, Eles. III. vi. Perfe, Sa. III. c. Martial, Epig. CVIL, v. vi. ( D. J.) TRIENT ALIS , 1. £. ( Hiff. nat, Botan. ) genre de plante ainfi caraétérifée par Linnæus : le calice fub- fifte, &c eft compofé de fix feuilles étroites, poin- tues, & déphoyées. La fleur eft du genre desradiées, &c eft formée de fept pétales, applatis, joints légere- ment enfemble au fommet , & un peu plus longs que TRI les feuilles du calice. Les étamines font fept filets chevelus de la longueur du calice, mais plantés dans la fleur ; les boffettes font fimples ; le germe du piftil eftrond ; le ftile eft capillaire, &c a la même lon- gueur que Les étamines ; le fligma eftgros fur le haut; le fruit eft une baie feche, globulaire, couverte d’une peau fort mince, & contenant une feule loge; Les graines font peunombreufes , & de forme angulaire; cependant leur receptacle feroit affez grand pour en contenir beaucoup; enfin, le nombre des feuilles du calice, qui eft communément de fix, varie quelque- fois. Linnæi, gen. plant. p. 187. ( D. J.) TRIENTIUS-AGER , ( Géog. anc. Ÿ terre d’Ita- lie, à ciaquante milles de Rome. Tite-Live, Zy, XXXI, c. xiy. dit qu'on lui donna ce nom, à caufe qu’elle fut partagée à divers particuliers en paye- ment de la troifieme partie de l'argent qu’ils avoient avancé àägda république pour les frais de la guerre de Carthage (D. J) | TRIER, v.aût. ( Gram. & Commerce.) mettre à part, faire choix de ce qu’il y a de meilleur dans plu- fieurs chofes d’une même efpece. 2 M. Savari penfe que dans le Commerce en géné- ral, on a fait ce mot érier, du terme srayer, qui eft propre aux monnoïes, où l’on dit srayer le fort du foible, c’eft-à-dire, choïfir lesefpeces qui ont plus de trait, qui font plus trébuchantes, Voyez TRÉBU- CHANT 6 TRAYER. Dichonnaire de Commerce, TRIER o% DÉLISSER LE CHIFFON , éerme de Pape- trie, qui fignifie Pattion par laquelle on fépare le chiffon en différentes clafles , felon la beauté & la finefle de la toile. Ce font ordinairement des fem- mes, qu'on-emploie à cet ouvrage, & que l’on appelle pour cette raifon srieufes. Pour cet effet, elles. ont devant elles des tas de chiffons & une grande caifle de bois, divifée en plufeurs cafes, dans le£ quelles elles jettent le chiffon fuivant le degré de fineffe. Elles ont devant elles une machine de bois, faite comme le boifleau des Boutonniers, & lorfqu'il fe rencontre des chiffons crottés, elles les grattent avec un couteau fait exprès avant que de les jetter dans les cafes de [a caifle ; on en fait ordinai- rement quatre clafles féparées , qu’on appelle gro2ix fe, grobin fecond,, grobin troifiéme ; pour le refte, ce {ont des chiffons que la faleté empêche de reconnot- tre jufqu’à ce qu'ils ayent été lavés. Voyez Les PJ, de Papeterie. | SAS SRE TRIER, ex 1erme de Raffineur ; c’eftl’aétion de fé- parer en plufeurs tas ou monceaux, les différentes efpeces de matieres, felon les différentes qualités qui fe trouvent dans un mËmebaril. Pourfaire ce triage, c’eft ordinairement fur la couleur qu’on fe reole ; ce- pendant il y a des cas où l’on a plus befoin d’expé- rience que d’yeux. C’eft quand le grain eft aflez fin pour faire juger de fa bonté indépendamment de fa couleur. Cette. variété de couleur & de qualité vient des différentes couches du barril, pendant lefquelles le fyrop a filtré à-travers la matiere, & taché la plus proche des parois du barril en y féjournant. TRIER , en terme de Vergertier., c’eft mettre enfem- ble les foies , ou les plumes de même groffeur, TRIFERARQUE ñ {. m. ( Antig. d’ Athènes. ) Tpi= papes ; Ce motsriérarque , fignifie par [ui-même cor- mandant de galere, mais l’ufage lui donna dans Athènes une autre fignification, On entendit par ce mot, les citoyens aifés qui étoient obligés comme tels, & à proportion de leurs richefles , d’équiper à leurs dépens un certain nombre de vaiffeaux. Quel- le belle police pour l'emploi des richefles au bien public ! Dès qu'un bourgeois avoit dix-huit mille livres de bien, 1l étoit sriérarque, & armoit un vaif- feau ; 1l en armoit deux, s’il avoit deux fois la va- leur de ce bien; mais il n’étoit pas obligé d’en ar- mer au-delà de trois Quand il ne fe trouvoït pas TRI aflez de boutgeois qui puffent financer en particuz | her autant de dix-huit nulle livres qu’il falloit de vaileaux , on aflocioit plufieurs citoyens , pour faire enfemble ce qu’un feul auroït fait; mais perfonne ne pouvoit fe plaindre. Le bourgeois qui vouloit fe faire décharger de cette dépenfe, n’avoit qu’à jufti- fier qu'un autre étoit plus riche que lui ; le plus ri- che étoit mis à la place du dénonciateur, … On peut juger aifément de ce détail, que le notm- bre des sriérarques dut varier felon les befoins de l’é- tat , & la néceffité des conjonétures. D'ailleurs, il e faifoit des vicifitudes continuelles dans les fortu- nes des familles , qui changeoient néceflairement la zriérarchie , & la bouleverfoient. Par toutes ces rai- ons , on fixa finalement le nombre des sriérarques à douze cens hommes; & voici de quelle maniere on s’y prit. Athènes étoit compotée de dix tribus : on nomma donc pour fournir à la dépenfe des arme- mens, fix vingt citoyens des plus riches de chaque tribu ; de cette maniere chacune des dix tribus four- niflant fix vingt hommes, le nombre de sriérarques monta à douze cens. . Toutes les contradiétions apparentes qui regnent dans les récits des anciens fur les sridrarques, ne naïf. {ent que des changemens qui fe firent dans latriérar- chie; avant qu’elle fût fixée ; & comme chaque au- teur en a parlé felon l’état où elle fe trouvoit de fon tems, 1ls en ont prefque tous parlé différemment ; voilà l’explication du cahos que Sheffer & autres commentateurs ont trouvé fi difficile à débrouiller. (D:J:) _ TRIESTE, (Géog.mod.) ville d'Italie, dans l'Iftrie, fur le golfe de même nom, à dix milles au nord de capo d'Iftria, avec une citadelle toute moderne. L'impératrice, reine de Hongrie , a fait augmenter les fortifications de Trieffe | & agrandir le port dont le mouillage n'étoit pas bon. Elle à rendu ce port franc, & y a établi des chantiers pour la conftruétion des vaifleaux. Cette ville a été bâtie des ruines de Pancienne Tergefte , & elle étoit évêché dans le vj. fiecle fous Aquilée. | On peut confulter l’Ifforia di Triefte, del P. Ireneo della Croce ,. dans laquelle il fait l'éloge de quelques favans qui y font nés, mais qui maintenant font à peine connus dans la république des lettres. Long. 3/: 0. latit. 45. 52. ( DJ.) TRIÉTERIDE, £ f. serme de Chronologie , efpace, nombre, ou révolution de trois années. Selon Cen- forin, de die natali, c. xviy. l'année étroit difpofée de forte que tous Les trois ans on ajoutoit un mois intercalaire ; les deux premieres années étant de douze mois , &c la troifieme , qu’on nommoiït la grande-année ; étoit de treize mois. Cette période de trois ans s’appelloit sriéteride , mot formé de se, crois ,| & de êroé , année. ( D.J. TRIÉTERIES oz TRIÉTÉRIQUES, f. £ plur. (Antig. greg.) fêtes de trois en trois années que fai- foient les Béotiens & les Thraces en l’honneur de Bacchus , 8 en mémoire de fon expédition des Indes qui dura trois ans. Cette folemnité étoit célébrée par . des matrones divifées par bandes , & par des vierges qui portoient les thyrfes ; les unes & les autres fai- fes d’enthoufiafme ou d’une fureur bachique , chan- toient l’arrivée de Bacchus pendant le couts de cette fête, qui finiffoit par des facrifices en l'honneur du dieu, Triéreries eft formé de deux mots grecs, pe, arois , & êrec, année. (D. TJ) | TRIEU , LE, où LE TRIEUX , ( Géog. mod.) pe- tite riviere de France, dans la Bretagne. Elle fe jette dans la Manche à trois lieues de Tréguier. (D.J.) … TRIFANUM, (Géog. anc.) lieu d'Italie, dans la Campanie. Tite-Live, / FIIL, e, xj. dit que ce lieu étoit entre Sinuefla & Minturnæ. ( D. J. TRIFILERIE , en verme d'Epinglier ; n’eft autre TRT 639 chofe qu’un banc garni d’une filieré , à-travers las quelle pañfe le fil qu’on tire par des tenailles qui font prifes par un crochet, répondant à une bafculé qu'un ouvrier foule en avançant la tenaille de Chaque coup: Il ÿ 4 encore des srifileries à l’eau , dont les bafcules font foulées par roues, Voyéz l’article ÉPINGtIER ; où l’on a décrit une de ces srifferies | & l’article GROSSES-FORGES, où l’on a décrit l’autre, TRIFOLIUM, (Jardinage) voyez CrTisvs: . TRIFORMIS DE A , (Mythol.) la déefle à ttois faces, ou à trois têtes ; cétoit Hécate , qui, felon Servius, préfidoit à la naïffance, à la vie & à la morts Entant qu’elle préfidoit à la naïflance, elle eft appel lée Lucine ; entant qu’elle a foin de la fanté, on Pap: pelle Diane ; le nom d’Æécare lui convient en ce qu’ellé préfide à la mort. ( D.J.) | TRIGABOLI, (GéogNanc.) peuples tofcans, que Polybe place à l'embouchure du P6. Léander, dejer, di tutéa Ival, p. 3 44. prétend que les Trigaboles haz biterent anciennement entre les deux bouches du Pô, appellées Magna-Vacca & Volana, (D. J. TRIGAMIE, ( £ (Gram. € Jurifprud.) eftle crime de celui qui époufe en même tems trois femmes ; comme la bigamie eft le crime de celui qui en a deux; ce crime eft compris fous leterme depo/gamie, Voyez BIGAMIE 6 POLIGAMIE. (4) | TRIGE, ff. terme d’ Antiquaire, chat À trois che- Vaux, La srige n'étoit tirée que par deux chevaux; ainfi C’étoit proprement une bige ; mais elle avoit uri troïfieme cheval attaché aux deux autres par uné laïfle ou une longe, comme un cheval de main, ap+ paremment pour changer, La srigene fe voit fur aucun monument ancien: elle acependant été très-long'tems en ufage à Rome dans les jeux du cirque, mais chez les Grecs on l’abandonna de bonne heure. Le trois fieme cheval de la srige s’appelloit œapi cpos , felon Hé: fychius , & cepañs, felon Denis d'Halicarnañle. Stace, dans fa Thébaïide , l. VI. verf. 461: l'appelle en latin Me do > Cheval de laiffe ou de longe, Trévoux. Di JF.) | | TRIGLA , 1. m. (Mythol.) femme À trois têtes, que les anciens habitans de la Luface adoroient. On nourrifoit dans fon temple un cheval noir qui étoit fpécialement confacré à la déefle ; & lorfqu'il y avoit demeuré quelques années, le prêtre qui en prenoit CD le So à la guerre pour en tirer des préfages: Er TRIGLOCHINES , VALVULES, voyéz TRICUSPI: DES. TRIGLYPHE, £ m. (Archi. ) efpece de boffage par intervalles égaux , qui, dans la frife dorique, à des gravures entieres en angles, appellées glyphes ou cañaux | &t féparés par trois côtes d'avec les deux demi-canaux des côtés. Il a dans le milieu deux can: nelures ou coches en triangle , & deux demi-canne- lures fur les deux côtés. On appelle cére ou liflel cha: que efpace qui eft entre les deux cannelures, Les sri- glyphes font diftribués fur la frife dorique, de façon qu'il ÿ en a toujours un qui répond fur le milieu des colonnes, & qui a de largeur le demi-diametre de la colonne prife fur le pié. Le mot triglyphe vient du grec zrglyphos qui a trois gravures. ( D. J.) TRIGONE , adj. ez Affronomie, fignifie l’afpeë de deux planetes lorfqw’elles font éloignées l’une dé l'autre de la troifieme partie du zodiaque , c’éfft-à-dire de 120 degrés. On appelle plus communément cet afpeët irine. Voyez TRINE. | TRIGONE des fignes ; c’eft un inftrument dont où fe fért en gnomonique , pour tracer les arcs des fi= ones. Pour bien entendre la conftruétion &lufage de cet inftrument , fur lequel eft tracée la projection de léchiptique fur le colure des folftices , il faut fe fou: venir que Pécliptique fait avec l'équateur un anglé ri AE rs Lu Lou 640 TRT jechon furile plar du colure des folffices eft Pangie “5: F D ; que la ligne Y Fa efttout-à-la-fois lin. ‘terfettion de l’écliptiquede l'équateur & du colure . “de équinoxes , & que l'axe 4 2 ln eft perpendicu- “Jaire. Concevons à préfent quetoute la-fphere tourne ur le diametre 48; les extrémités.de la hgneuv 20 “décriront un cercle y D: C qui eft léquateur, &c “chaque.point de léchptique décrira run tparaliele : avec cette différence que les lignes menées du cen- ‘tre.F de la fphere jufqu'à ces points ne feront pas ‘perpeñdiculaires à l'axe 4 B ; comme, parexemple, la ligne F & qui fait aveclaxel’angle AFS de 664, 31/20". .complément-de:lobliquité de lécliptique, des angles 4 FH & 4F % fontles complémens de la déclinaifon des lignes H & ©. . … Puifque les lignes # VIF H , Fo, font avec & : M M & m ji > n 644 TRI confidérée comme la premiere de l’île. Elle tint tou- jours tête à celle de Syracufe ; &lorfque celle-ci eut réduit fous fon joug toutes les autres villes de Pile , les habitans de Tiracia , quoique feuls à défendre leur liberté, ne laïflerent pas d’en venir à une bataille contre ceux de Syracule, Ces derniers remporterent la vitoire , firent leurs ennemis efclaves , pillerent toutes leurs richefles, & raferent leur ville; mais elle fut rétablie dans la fuite. (D.J) TRINASI MÆNIA, ( Géog. anc.) Paufantas, 2, TITI, c.xxi. dit: À la gauche de Gythée , en avançant quelques trente ftades dans les terres, on trouve Les murs de Trirafe. Je crois que c’étoit autrefois non une ville , mais un château qui avoïit pris fon nom de trois petites iles qui font de ce côté-là. Environ qua- tre-vingt ftades plus loin, étoient les ruines de la ville d'Hélos. Ptolomée , Z IIL c. xvj. au-lieu de Trinafus , écrit Trinaflus, & en fait un port dans le oolfe Laconique. (D.J.) TRINE , adj. ez Aflrologie, eft l’afpeét ou la fitua- tion d’un aftre par rapport à un autre lorfqu'ils font diftans de cent vingt degrés. On l’appelle quelque- fois srigone, & on le repréfente par le caractere A. Voyez TRIGONE. TRINEMEIS , ( Géogr. anc.) bourg de PAttique fous la tribu Cécropide. Il donnoit la naïflance à la petite riviere de Cephuiflus , dont Strabon parle, & qu'il femble confondre avec celle que d’autres ap- pellent Eridan. TRINESIA , ( Géog. anc. }île de l’Inde en-deçà du Gange. Ptolomée , /. WII, c. j. la marque dans le Golfe coichique, &c Caftald veut que le nom mo- derne foït Rhéfiphe. TRINGLE, f. f. (inftrumens d’Ouvriers. ) piece de bois longue & étroite, qui fert à plufieurs marchands, ouvriers &c artifans , foit pour y fufpendre plufieurs fortes de marchandifes , foit pour travailler à-leurs ouvrages. La single des marchands bouchers eft bor- dée par en-haut d’un rang de clous à crochet, pour y pendre à des allonges la viande dépecée ; elle a auffi par en-bas une toile blanche de toute fa lon- guenr , d'environ trois quarts d’aune de large, fur la- quelle cette viande eft proprement arrangée. On appelle cette toile, 22ezappe à boucherie. Les tringles* des chandeliers , épiciers , merciers, 6c. n’ont fou- vent que des clous, de même que celles des bouchers, mais quelquefois ce font des chevilles de bois avec un mantonnet. (D. J. TRINGLE , ( Archir. civile, ) c’eft un petit membre en forme de regle, d’oùpendent ce qw’onappelleles gouttes dans l’ordre dorique. Il eft immediatement au-deflous de la plate-bande de l’architrave , & ré- pond direétement à chaque triglyphe. TRINGLE, f. f. ( Hydraul. ) dans la pompe afpi- rante On fait pañler une single de fer tout le long du tuyau montant. Dans la foulante il y a des sringles de fer appellées chaffis, qui donnent le mouvement aux piftons , &t qui font attachées aux manivelles , foit fimples {oit à tiers-points. : TRINGLES, dans les Brafferies , ce font de petits chevrons de trois pouces en quarré, que lon met fur les fommiers de la tournaille , qui font à deux outrois pouces de jour , & fur lefquels eft placé Paire de crin fur laquelle on étend le grain pour {echer. * TRINGLE, ( ferme de Boucher. ) les bouchers appellent sringle , une barre de bois qui eft au-deflus de leur étale, & où il y a des clous à crochets pour pendre la viande. Trévoux. TRINGLE de la table | ( Manufaëlur. de glaces. ) dans les manufaêtures de glaces de grands volimes, on 1ppelle singles de la table à couler, deux grandes pieces de fer aufh longues que la table, qui fe placent a dicrétion des deux côtés pour regler la largeur de | TRI la glace. C’eft fur les sringles que porté le rouleau de fonte qui détermine l’éparfleur de la piece, (2.7) TRINGLE , ( Menuiferie. ) efpece de regle longue, qui encaftrée & fcellée au-deflous dés corniches dés chambres , fert à porter la tapifferie ; & à divers ufages dans la meénuiferie. Li | TRINGLE 4 -ourdir, (terme de Naïtiers.) ce font deux-fortes & longues piéces de bois, fur fefquelles ils bâtiflent & ourdiffent leurs nattes, c’eft-à-dire; fur lefquelles de plufieurs cordons de nattes qu’ils coufent enfemble avec de la ficelle, ils font des pieces de la largeur & longueur qui leur font com- mandées, (D. J0) 7 TRINGLE à dorer, ( Relier.) c’eft un bout de: latte proportionné à la grandeur du livre, épais de’ 3 lignes par en haut, & d’une ligne d’épaifleur par: en bas, Woyez les PL € Les fig. du Relieur. Elle fert à mettre entre les feuillets & le carton du hvre qw'on veut dorer fur tranche , lorfqu’on le ferre dans la prefle à dorer. Voyez PRESSE à dofr. PI. de la Re- liure. . Tringle ou regle de fer qui fert à rabaïffer les car- tons fur le devant du volume, fe met en-dedans- du livre quandil eft rogné, pour ôter Le trop de largeur du carton , & ne lui laifler que le bord or- dinaire ; ainfi on dit rabaiffer. Voyez les Planches de ler _ Kelieure. TRINGLE, (verme de Serrurier. ) verge de fer qu'on accroche aux pitons des colonnes d’un lit,. & où l’on met des anneaux pour y attacher des ri- deaux qu’on tire & que l’on fermespar ce moyen. (D. J.) | TRINGLE , (‘terme de Wirrier. ) les’ vitriers fe fervent auf de singles pour dreffer& enfermer leurs panneaux. Elles {ont ordinairement de fer, mais quelquefois fimplement de bois: On les coupe en angles par les deux bouts, afin qu’elles puuflent mieux fe drefler d’équerre. (2. J,) ne - TRINGLER , v. a@. (Menuif.) c’eft tracer une ligne droite avec le cordeau frotté de pierre blan- che, noire ou rouge, pour la façonner. (D. J.) TRINGLETTES, 1 £ pl. (Varerie, ) piece de verre dont on compoie les panneaux des vitres. C’eft aufi un outil de fer en forme de petit cou- teau émouflé, dont les vitriers fe fervent pour ou- vrir leur plomb ; le plus fouvent ce font des mor- ceaux d'ivoire , d'os ou de buis, dé quatre ou cinq pouces de long , plats & arrondis par Le bout. (D. J.) TRINITAIRES, {. m. (Æiff. eccl.) terme qui a des fignifications extrémement variées & arbi- traires. : On s’en fert fouvent pour marquer toutes fortes d’hérétiques & feétaires qui penfent différemment des catholiques {ur le myftere de la fainte Trinité. Voyez TRINITÉ. Quelquefois ce terme eft reftraint plus immédia- tement à quelque clafle particuliere d’hérétiques ; & dans ce‘{ens les srinitaires fe confondent fouvent avec les unitaires. Voyez UNITAIRES. | Quelquefois on l’applique aux orthodoxes eux- mêmes par oppofition aux aruirinitaires qui ment ou combattent la doétrine de la Trinité. C’eft dans ce fens que les Sociniens &z d’autres ont coutume de donner le nom de srinitaires aux athanafiens, c’eft- à-dire, aux catholiques & aux proteftans qui pro- feflent fur la Trinité la doétrine contenue dans le fymbole attribué à S. Athanafe. Voyez ANTITRINI- TAIRES & SYMBOLE. TRiNITAIRES 1, m. pl. (Hiff. eccl.) eft aufü le nom d’un ordre religieux inftitué à l'honneur de la fante Trinité, & pour la rédemption des captifs chrétiens qui font en efclavage chez les infdeles. On les appelle en France Marhurins, parce que TRI la premiere éclife qu'ils ont eu à Paris étoit fous linvocation de S. Mathurin. Ils font habillés de blanc, & portent fur la poitrine une croix mi-par- tie de rouge & de bleu. Lies #rixisaires font profef fion 8 un vœu particulier de s’employer à racheter les chrétiens détenus efclaves dans les républiques d'Alger, de Tripoli, de Tunis, & dans les royau- mes de Fez & de Maroc. Ils ont une regle qui leur eff particuliere, quoique plufeurs hiftoriens les rangent au nombre des communautés qui fuivent la regle de S. Aupguftin. | Cet ordre prit naïfflance en 1108, fousle ponti- ficat d’Innocent Il. Les fondateurs furent S, Jean de Matha &S, Felix de Valois. Le premier étoit natif de Faucon en Provence ; le {econd étoit apparam- ment originaire de la petite province de Valois, & non pas de la famille royale de ce nom, qui ne commença que plus d’un fiecle après ; réflexion que n’ont pas faite les auteurs qui pour illuftrer ce aint, l’en font defcendre. ” Gauthier de Chaftillon fut le premier qui leur donna une place dans fes terres, pour y bâtir un couvent qui dans la fuite devint le chef-lieu de tout Vordre. Honoré If. confirma leur regle. Urbain IV. nomma l’évêque de Paris 8 d’autres prélats pour les réformer, & la réforme fut approuvée par Clé- ment ÎV.en 1267. Cet ordre poflede environ 250 maiïfons diftri- buées en treize provinces, dont fix fe trouvent en France, trois en Efpagne, trois en Italie, & une en Portugal. Ils ont eu autrefois un couvent en An- gleterre, un en Ecofle , & un troïfieme en Irlande. Dans les chapitres généraux tenus en 1573. & 1576, on ordonna une réforme qui fut fuivie quel que tems après par Julien de Nantonville, 8e #par Claude Aleph , deux hermites de S. Michel ; mais le pape Grégoire XIIT leur permit depuis de prendre l'habit de sriiraires, 8&c dans la fuite leur hermitage fut changé en une maifon de l’ordre. En.1609 le pape Paul V. leur permit de bâtir de nouvelles maïfons, & d'introduire la réforme dans quelques-unes desanciennes. En 1635 Urbain VIIL commit par un bref Le cardinal de la Rochefoucauld pour mettre la réforme dans toutes les maifsns de ordre ; ce qui fut exécuté en vertu d’une fentence où-la réforme étoit contenue en huit articles , dont les principaux étoient que ces religieux euflent À obierver la reple primitive approuvée par Clément IV, à s’abftenir de viandes, à porter des chemifes de laine, à aller à matines à minuit, 6e. En 1454 on avoit aufli fait une réforme parmi ceux de Portugal. | L’habit des sriniraires eft différent dans les diffé- rentes provinces. TRINITAIRES DÉCHAUX oz DÉcHAUSsÉS, (CÆi/f. eccléfraft.) eft une réforme de l’ordre des srini- taires qui le fit en Ffpagne dans le chapitre géné- ral tenu en 1594, où il fut réfolu que chaque pro- vince établiroit deux ou trois maïfons pour y ob- ferver la reole primitive, pratiquer de plus grandes auftérités , porter de plus gros habits, &c. de forte cependant qu’on laifla à ces réformés la liberté de retourner à leur ancien couvent quand bon leur fembleroit. | Dom Alvarez Bafan ayant intention de fonder un monaftere à Val de Pegnas , & defirant qu’il fût OCCUPÉ par des sririraires déchaux , on convint d’a- jouter à la réforme la nudité des piés, afin que les trinitaires profitaflent de cet établiffement. Enfuite la réforme fit des progrès dans les trois provinces d'Efpagne, & enfin elle fut introduite en Pologne & en Rufie, de-là en Allemagne & en Itahe. En France il y a auf des sriniraires déchaux éta- AAA Es blis par Frere Jérome Hallies, lequel ayant été en- voyé à Rome pour y folliciter la réforme telle qu’on l’avoit premierement établie en Efpagne , obtint en- core du pape la permiflion d’y ajouter un habit orof- fier & la nudité des piés. Il commença cette réforme par le couvent de S. Duys à Rome, & par celui d'Aix en Provence. En 1670 les religieux de cette réforme eurent aflez de maïfons pour en former une province ; de forte que la même année ils tinrent leur premier chapitre général, PRINITAIRES RELIGIEUSES , ( if. eccléfaffig. Il y a auffi des religieufes de la fainte Trinité éta= blies en Efpagne par S. Jean de Matha lui-même qui leur bâtit un convent en 1201. Celles qui pri- rent d’abord l’habit n’étoient que des oblates qui ne faïfoient point de vœux ; mais en 1201 le monaftere fut rempli de véritables relivieufes fous la direc- tion de l’Infante Conftance, fille de Pierre II. roi d'Arragon, qui fut la premiere relisieufe &c la pre- miere fupérieure de cet ordre. Françoïfe de Romero, fille de Julien de Romero, leutenant général des armes d'Efpagne, établit auf es religieufes srinitaires déchanflées à Madrid, vers l’an 1612. Son deflein étant de fonderun monaftere d’auguftines déchaufées, elle rafflembla un certain nombre de filles, &les logea, pourun tems, dans une maïfon qui appartenoit aux srinitaires déchaux, & qui étoit fituée dans le voifinage. Comme cesfilles alloient à l’églife de cesreligieux, & qu’elles s’étoient miles fous la dire@tion du pere Jean-Baprifle de lz Conception ; leur fondateur, la connoiffance qu'elles firentavec cereligieux, &les fervices qu’elles en ré- çurent , les engagerent à changer la réfolution qu’el: les avoient prie de fe faire auguftines ; elles deman- derent à leur direéteur l’habit de fon ordre » ce qu'il leur accorda. Maïs l’ordre s’étant oppofé à ce deflein, & ayant refufé de prendre ces filles fous fa jurifdition, elles. s’adreflerent à l'archevêque de Tolede qui leur per- mit de vivre fuivant la regle de l’ordre des #rinitai- res; deforte qu’elles en prirent de nouveau l’habit en 1612, & commencerent leur noviciat. Enfin il y a encore un tiers-ordre de srinisaires: Voyez Tiers-ORrDRE. TRINITÉ THÉOLOGIQUE, nous appellons ainf le myftere de la Trinité, en tant qu'il eft du refort de la foi, & des explications qu’en donnent les Théo logiens. Trinité ainfi confidérée, Trinitas où Trias, eft le myitere de Dieu même fubfiftant en trois perfonnes, le Pere, le Fils, le Saint-Efprit, réellement diftin- guées les unes des autres, 8 qui pofledent toutes trois la même nature numérique & individuelle, Voyez Dieu, PERSONNE, &c. C’eft un article de la foi chrétienne qu'il n’y a qu’un feul Dieu, & cette unité eft tout le fondement de la croyance des chrétiens. Mais cette même foi enfeigne que cette unité eft féconde, & que la natu- re divine fans bleffer l'unité de l'être fuprème, fe | communique par le Pere au Fils, & par le Pere & le Fils au Saint-Éfprit : fécondité au refte qui multiplie les perfonnes fans multiplier la nature. Ainfi le mot sriniré renferme l’unité de trois per- fonnes divines réellement diftinguées, & l'identité d'une nature indivifible. La Triniré eft un ternaire de perfonnes divines, qui ont la même eflence , la mê- me nature &z la même fubftance, non-feulement fpé- cifique , mais encore numérique, La théologie enfeigne qu'il y a en Dieu une effen- ce, deux proceflions, trois perfonnes, quatre rela- tions, Cinq notions, & la circuminceffion que les Grecs appellent zepyopnas. Nous allons donner une idée de Chacun de ces points, qu'on trouvera d'ail. C46 TRI leurs traités dans ce Diétionnaire, chacun fous fon titre particuher, 1°, Il y a donc en Dieu une feule effence , une feule nature divine qui eft fpirituelle, infinie, éter- nelle ,immenfe, toute-puifflante , qui voit tout, qui connoît tout, qui a créé toutes chofes, &t qui les conferve. Vouloir divifer cette nature, c’eft établir ou le manichéifme, ou le trithéifme, ou le polytheïf- me. Voyez MANICHÉISME, Grc. 2°. I] ya en Dieu deux proceflions où émana- tions, favoir celle du Fils, & celle du Saint-Efprit. Le Fils tire fon origine du Pere, qui eftimproduit, & le S. Efprit tire la fienne du Pere &c du Fils. La proceffion du Fils s’appelle gérérasion, celle dus. Ef- prit retient le nom de proceffion. Voyez GÉNÉRA- TION, &c. Le Fils procede du Pere par l’entendement ,ou par voie de connoïiflance : car Dieu fe connoïflant lui- même de toute éternité, néceffairement & infini- ment, produit un terme, une idée, une notion ou connoïfance de lui-même, & de toutes fes perfec- tions, qui eft appellée fon /’erbe, fon Æi!s, l'image de Ja fubflance , qui lui eft égal en toutes choles , éter- nel, infini, néceflaire, 6. comme fon Pere. Le Pere regarde fon Fils comme fon Verbe, &r le Fils regarde fon Pere comme fon principe; & en fe regardant ainfi lun & Pautre éternellement ,neceffai- tement & infiniment , ils s’aiment néceflairement, &t produifent un aéte de leur amour mutuel. Le terme de cet amour eft le S. Efprit, qui procede du Pere &.du Fils par voie de fpiration, c’eft-à-dire de volonté, d'amour & d’impulfon, & qui eft auf égal en toutes chofes au Pere &c au Fils. Voyez PERE, Firs 6 S. ESPRIT. Ces proceffions font éternelles, purfque le: Fils &c le S.Efprit quien réfultent, font eux-mêmes éternels. Elles font néceflaires & non contingentes,, car fi el- les étoiént libres en Dieu, le Fils & le S. Efprit qui en émanent feroient contingens , & dès-lors ils ne {eroient plus Dieu. Enfin elles ne produifent rien hors du Pere, puifque le Fils & le S. Efprit qui en {ont le terme, demeurent unis au Pere fans en être {éparés, quoiqu'ils foient réellement difiingués de lu. 3°. Chaque proceffon divine établit deux rela- tions ; l’une du côté du principe, ou de la perfonne de qui une autre émane ; & l’autre du côté du terme ou de la perfonne qui émane d’une autre perfonne di- vine. La paternité eft une relation fondée fur ce que les théologiens fcholaftiques appellent l’errerdement no- zionel, par lequel le Pere a rapport à la feconde per- fonne qui eft le Fils. La filiation eft la relation par la- quelle la feconde perfonne, c’eft-à-dire le Fils , a rap- port au Pere. Ainfi. la premiere proceflion qu'on nomme génération , fuppole néceflairement deux re- lations , la paternité & la filiation. Voyez PATERNITÉ 6 FILIATION. La fpiration aftive eff la relation fondée fur laéte notionel de la volonté, par laquelle la premiere &r la feconde perfonne regardent ou fe rapportent à la troïfieme. La fpiration pañlive, ou proceflion prife dans fa fignification ftricte , eft la relation par laquel- le la troiieme perfonne regarde ou fe rapporte à la premiere & à lafeconde. Par conféquent la feconde proceflion , qui retient proprernent le nom de pro- ceffion , forme néceffairement deux relations; la fpi- ration a@ive &c la fpiration pañfive. Voyez SpiRA- TION. Ou pour éxprimer encore plus clairement ces chofes abitraites. La premiere perfonne qui s’appel- le Pere, a en qualité de Pere, un rapport réel de pa- ternité avec le Fils qu'il engendre. La feconde per- fonne qui s’appelle F4, a en qualité de 1/5, unrap- TRI port réel de fliuzion avec le Pere qui le produit. Là troifieme perfonne qui s'appelle le Sais Efprie, a en qualité de Saint-E fprit, un rapport réel de fpira- tion paflive avec le Pere & le Fils, parce qu'il en procede. Le Pere & le Fils qui produifent le S, Ef- prit, ont en qualité de principe du S. Efprit, un rap= port réel de fpiration aétive avec cette troifieme per- fonne qui émane d'eux. 4°. Par perfonne on entend une fubfance indivi- duelle, raifonnable ou intelleétuelle, ou bien une fubftance intelleétuelle & incommunicable. Foyez PERSONNE. Quoique dans les premiers fiecles on ait difputé fur la figmification du mot kypoflafe , quelques peres le rejettant pour ne pas paroître admettre en Diew trois natures; cependant felon Pufage reçu depuis long-tems dans l’Eglife 8e dans les écoles, le mot ky- poftafe eft fynonyme à celui de perfonne. Il y a doné dans la fainte Trinicé trois hypoftafes , ou trois per= fonnesg le Pere, le Fils & le S: Efprit, qui font ton- ftituées par les relations propres &c particulieres à chacune d'elles, En forte qu’excepté ces relations, toutes chofes leur font communes, C’eft de-là qu’eft venu cet axiome en Théologie: onia in divimis unum funt, ubi non obviat relationis oppofitio, c’eft- à-dire qu'il n’y a point de diftinétion dans les perfon- nes divines , lorfqu'il n’y a point d’oppofition de re= lation. Ainf tout ce qui concerne l’efflence ou la na- ture leur eft commun, 1l n’y a que les propriétés re- latives qui regardent proprement les perfonnes. Re. lativa nomina Trinitatem faciunt, dit S. Fulgence, Lib, de Trinit. effentialia vero nullo modo triplicantur. Aïnfi fi la puiffance eft quelquefois attribuée aw Pere , la fagefle au Fils, &c la bonté au S: Efprit; & de fnème fi l’on dit que les péchés d’infirmité ou dé foiblefle font commis contre le Pere, ceux d’igno- rance contre le Fils, ceux de malice contre le S. Ef- prit, ce n’eft pas à dire pour cela que ces attributs ne foient pas communs aux trois perfonnes, ni que ces péchés les offenfent moins direétement l’une que l'autre. Mais on leur attribue ou rapporte ces cho fes par voie d’appropriation, &c non de propriété; cartoutes ces chofes font communes aux trois per: fonnes , d’où eft venu cet axiome: Les œuvres de la Jainte Trinité font communes & indivifes,, (c’eft-à-dire elles conviennent à toutes les perfonnes divines), mais non pas leurs produétions ad intra (comme on les appelle), par la raifon qu’elles font relatives. Par appropriation on entend l’aétion de donner à “une perfonne divine, à caufe de quelque convenan- ce , un attribut qui eft réellement commun à toutes les trois. Ainfi dans les Ecritures, dans les épiîtres des apôtres, dans le fymbole de Nicée, la toute- puiflance eft attribuée au Pere, parce qu'il eftle pre- mier principe, &un principe fans origine , Ou prin- cipe plus élevé. La fagefle eft attribuée au Fils, par- ce qu'il eft le terme de Pentendement divin, auquel la fagefle appartient. La bonté eft attribuée au $. Ef- prit , comme au terme de la volonté divine à laquelle appartient la bonté. Le Pere eft la premiere perfonne de la fainte Tr:- nité, par la raifon que le Pere feul produit le Verbe par l’aéte de fon entendement; &c avec le Verbe il produit le $. Efprit par l’aête de fa volonté. Il eft bon de remarquer ici que le S, Efprit n’eft pas ainf appellé à caufe de fa fprritualité, qui eftun attribut commun à toutes les trois perfonnes ; maïs à caufe de la {piration pañlive qui lui eft particuliere à lui feul. Spzritus , quaft fpiratus. * Ajoutezàcela, que quand une perfonne della fain- te Trinité eft appellée premiere, une autre féconde, une autre sroifeme, ces expreflions ne doivent point s'entendre d’une priorité de tems ou de nature, qui emporteroit avéç elle quelqwu'idée de dépendance , ou de commencement dans le tems ; mais d’une prio- rité d’origine où d’émanation, qui confifte en ce qu'une perfonne produit l’autre; mais de toute éter- nité, & de telle forte que la perfonne qui produit ne peut exifter, ni être conçue fans celle qui eftpro- duite. 5°. 11 fuit de ce que nous avons dit, que dans la Trinisé y a des notions ; & par zorion l’on entend uñe marque particuliere, où un cara@tere diflinétif qui fert à diftinguer les trois perfonnes, & l’on en compte cinq. La parerniré, qui diféingue le Pere du Fils &c du S. Efprit. La f/iation., qui diftingue le Fils des deux autres perfonnes divines. La fpiration atti- ve, qui diflingue le Pere &t le Fils d'avec les, Efprit, & la fpiration paffive, qui diftingue Le S. Efprit du Pere & du Fils. Quelques théologiens prétendent que ces quatre notions fufifent, & que Le Pere eft affez diftingué du Fils par la parernité, & du S. Et puit par la /piration ave; mais le plus grand nom- bre ajoute encore pour le Pere l'irzafcibiliré, En ef- fet, elle feule donne uneidée jufte & totale du Pere, qui eft la premiere des trois perfonnes divines. Cette premiere perfonne eft émproduite, & qui dit fimple- ment pere, n'énonce pas une perfonne non engen- drée : quiconque eft pere, peut avoir lui-même un pere. 6°. La circuminceffion, où reprropaos , eftlinexif- tence intime des perfonnes divines, ou leur mutuel- le exiftence l’une dans l’autre, Car quoiqu’elles foient réellement diftinguées , elles font cependant confub- ftantielles ; C’eft pourquoi J. C. dit dans S. Jean, cz. Xi, Quoi, vous ne croyez pas que je fuis dans le Pere, 6 que le Pere eff en moi? L'identité d’effence que les Grecs appellent ouvre , & la confubftantialité avec la diflinétion des perfonnes, font nécefaires pour la circuminceflion. Voyez CIR CUMINCESSION. Telle eft la foi fur le myftere dé la fainte Trinité, & telles font les expreffions confacrées parmi les Théologiens pour expliquer ce myftere, autant que les bornes de lefprit humain peuvent le permettre. Car on fent d’abord combien 1l en furpañle la foible portée, & qu’on ne fauroit trop fcrupuleufement s'attacher au langage recu dans une matiere où il eft aufñ facile que dangereux de s’égarer, comme l’a dit S. Auguftin: 22 dis ubi quæritur unitas trinitatis, Pa- trs, & Hilii, 6 Spirités-Sanili, nec periculofius alicubi erratur , nec laboriofius aliquid queritur. lib. I. de Tri- ZE. C. J. | En effet, il eft peu de dogmes qui aient été atta- qués avec tant d’acharnement & de tant de différen- tes manieres par les ennemis du chriftianifme. Car fans parler des Juifs modernes qui le nient hautement pour ne par reconnoître la divinité de Jefus-Chrift , &c fous prétexte de maintenir l'unité d’un Dieu qui leur eft fi expreflément recommandée dans l’ancien- ne loi, comme fi l’on n’y trouvoit pas des traces fu£ _ fifantes de ce myftere; parmi les autres hérétiques, les uns Pont combattu dans toutes {es parties en niant la srinité des perfonnes ; d’autres, ne l'ont atta- qué qu’en quelque points, foit en multipliant ou en diverfifiant la nature divine, foit en niant l’ordre d’o- rigine qui fe trouve entre le Pere , le Fils & le Saint- Eiprit. Sabellius & fes feftateurs ‘ qui ont paru dans le 1. fiecle de l’'Eglife, Les Spinofiftes & les Sociniens qui fe font élevés dans ces dernierstems , en ont nié la poffbilité &c la réalité. La poffibiité, parce qu'ils prétendent qu’il implique contradiétion qu'il y aiten Dieu trois perfonnes réellement diftinguées les unes des autres, & que ces trois perfonnes pofledent une feule & même nature numérique & individuelle. La réalité, parce qu’ils s’imaginent qu'il n’en eft fait au- cune mention dans les livres faints. Suivant eux , c’eft la même perfonne divine ou le même Dieu qui eft TRI 647 nommé Pere, Fils & Sainr-Efprir dans les Ecritures, Pere , entant qu'il eft le principe detoutes chofes & qu’il a donné l’ancienne loi. Æ/s, entant quil a dai- gnéinftruire de nouveau les hommes par Jefus-Chrift qui étoit lui-même un pur homme. Sainr-Efprit, en- tant qu'il éclaire les créatures raifonnables, & qu'il les échauffe du feu de fon amour. | Jean Philoponus eft le premier qu’on connoifle avoir multiplié la nature divine dans les trois perfon- nes de lafainte Trinire. Il enfeignoit, felon Nicephore lift. 1, XVIII, que le Pere, le Fils & le Saint-efprit avoient la même nature fpécifique , en ce qu'ils pof= fédoienttous trois la même divinité; mais il ajoutoit que la nature divine ne fe trouve pas une en nombre dans ces trois perfonnes & qu'elle y eftréellement mul: tiphée. Erreur que l'abbé Faydit a renouvellée dans le dernierfiecle, Arius, prêtre d'Alexandrie & Macé= domius , patriarche de Conftantinople , ont foutenu ; l’un ,que le Verbe n’étoit pas confubftantiel au Pere ; l'autre, que le Saint-Efprit n’étoit pas Dieu comme le Pere & le Fils, Deux points que les Ariens modernes Où Antitrinitaires ont aufi avancé dans ces derniers tems. Enfin les Grecs penfent que le Saint-Efprit ne procede que du Pere & nullement du Fils. À ces différentes erreurs , les Orthodoxes Oppo= fent. 1% Les écritures qui établiflent évidemment l'exiftence de ce myftere, & par conféquent fa pof- fibilité dontlaraifonfeulen’eftpas juge compétent.2°, Les décifions de l’églife & fa tradition conftante. 3 Les recherches & les raifonnemens d’un grand nom- bre de Théologiens, foit proteftans, foit catholiques, qui ont approfondi ces matieres dans les difputes avec les Sociniens, de imaniere à faire voir que les inter- prétations que ceux-ci donnent aux Ecritures font faufles, forcées & également contraires à lefprit & à la lettre des livres faints. On peut confulter fur ce point les PP. Petau & Thomaffin, MM. Boffuet D Huet & Wuitafle; & parmi les Proteftans > Abadie, la Place, Bullus, Æoornebek , &c. TRINITÉ PHILOSOPHIQUE , nous entendons par ce terme , les divers fentimens répandus dans l’anti- quite fur une srénité d’hypoftafes dans la divinité. En effet, parmi les payens, plufieurs écrivains femblent avoir eu quelque notion de laTriniré Steuch. Eugub. de Peren. Philo]. lib. I. c. ii. obferve qu'il n’y a rien dans toute la théologiepayenne qui ait été où plus approfondi, ou plus généralement avouc par les Philofophesque la Triniré, Les Chaldéens ,lesPhé- niciens , les Grecs & les Romains ent reconnu dans leurs écrits que l'être fuprème a engendré un autre être de toute éternité , qu'ils ont appellé quelquefois le fils de Dieu, quelquefois le verbe, quelquefois Pefz prit & quelquefois la fageffe de Dieu | & ont afluré qu'il étoit le créateur de toutes chofes. Voyez FiLs, Parmiles fentences des Mages defcendans de Zo- roaftre , ontrouve celle-ci > FAYTA Éérencese TATHP Ye rapelle deurepo ; le pere a accompli toutes chofes ëc les a remifes à fon fecond efprit. Les Égyptiens appelloient leur sririté hempta , & ils l’ont repréfen- tée comme un globe , un ferpent & une aîle joints dans un fymbole hiéroglyphique, Le P. Kircher & M. Gale fuppofent que les Egyptiens avoient reçu cette doëtrine du patriarche Jofeph & des Hébreux. Les Philofophes, dit S. Cyrille, ont reconnu trois hypoftafes ou perfonnes. Ils ont étendu leur divinité à trois perfonnes, & même fe font quelquefois fer- vis du mot #rias, trinité. Il ne leur manquoit que d’ad- mettre la confubftantialité de ces trois hypoftafes , pour fignifier l'unité de la nature divine à l’exclufion de toute triplicité, par rapport à la différence de n4- ture , & de ne point regarder comme nécefaire de concevoir quelqu’infériorité de la feconde hypofta- fe, par rapport à la premiere; & de la troifieme, par rapport aux deux autres, Voyez HYPOsTASE. # Q rt 648 TRI Plotinfoutient, Ennecad. PV lib, TZ. chap. vi.que cette doctrine eft très-ancienne, & qu’elle avoit déja été enfeignée , quoiqu’obfcurément par Par- menide, Ily en a qui rapportent l’origine de cette opinion aux Pythagoriciens , & d’autres lattribuentà Orphée, quia nommé ces trois principes Phanés, Uranus & Chronus. Quelques favans ne trouvent pas vraiflemblable que cette sririté d'hypoftafes foitune invention de l’efprit humain, & M. Cudworth, en- trautres , juge qu’on peut en croire Proclus, qui af- fure que c’eit une shéologie de tradition divine , @eora- pa d'ores Becacysa, & qu'ayant été donnéeaux Hébreux, elle eft paflée d’eux à d’autres nations, parmi lef- quelles elle s’eft néanmoins corrompue ; &t en effet, il eft fort probable que les Hébreux Parent commu- niquée aux Egyptiens, ceux-ci aux Phéniciens & aux Grecs , & que par laps de tems, elle fe foit altérée par les recherches mêmes des Philofophes, dont les derniers ,comme c’eftla coutume, auront voulu fub- {Hituer & ajouter de nouvelles découvertes aux.opi- nions des anciens. Il eft vrai, d’un autre côté, quele commerce des philofophes grecsavec les Egyptiens, neremonte qu'auvoyage quePythagore fiten Egyp- te,oùilconverfaavec les prêtres dece pays, ce quine remonte pas plus haut que l’an dumonde 3440, & il y avoit alors plus de mille ans que les Hébreux étoient fortis d'Egypte. IL eût été par conféquent fort étonnant que les Egyptiens euflent confervé des idées bien nettes & bien pures de la sriniré ; & ils n’en purent gueres donner que de confufes à Pytha- gore, fur un dogme qui leur étoit, pour ainf dire étranger, puifqu'ils avoient eux-mêmes confidéra- blement obfcurci ou défiguré les principaux points de leur propre religion. Quoi qu'il en foit, les Philofophes qui admettoient cette srinié d'hypoftafes,, la nommoient wre trinité de dieux, um premier, un fecond, un croifieme dieu. D’autres ont dit une srinité de caufe , de principes ou de créateurs. Numenius difoit qu'il y a trois dieux, qu'il nomme Ze pere, le fils & le perir-fils. Philon, tout juif qu’il étoit , a parlé d’un fecond dieu, Cette tradition fut exprimée en termes impropres &t cor- rompus en diverfes manieres parmi les payens. Il y eut quelques Pythagoriciens &r quelques Platoni- ciens qui dirent que Le monde étoit la troifieme hy- poftafe dont il s’agifloit, deforte qu'ils confondoient la créature &c le créateur. On ne peut pas lesexcufer, en difant qu'ils entendoient principalement par -là l’efprit ou lame du monde, puifque s’il y avoit une ame du monde, qui conjointement avec Le monde fenfible compofit un animal, il faudroit que cette ame fût une créature. 20. Il y eut encore quelques philofophes des mêmes feétes , qui croyant que les différentes idées qui font dans l’entendement divin, font autant de dieux, faifoient de la feconde hy- poftafe un nombre infini de divinités. 3°. Proclus & quelques nouveaux Platoniciens établirent un nom- bre infini de henades ou d'unités qu’ils plaçoient au- deflus de leur premier efprit qui faifoit leur feconde hypoftaie, & plaçoient de même une infinité de noës ou d’efprits au-deflus de latroifieme hypoftafe , qu'ils nommoient /a premiere ame. De-là vinrent une infinité de dieux fubalternes ou créés dans leur théo- logie, ce qui les jetta dans l’idolâtrie & dans la fu- perfition , & les rendit les plus grands ennemis du chriftianifme. Mais de tous les anciens philofophes ; aucun ne s’eft exprimé fur cette srinité d’hypoftafes plus for- mellement que Platon. Ce philofophe établit trois Dieux éternels, & qui ne font pas des chofes abftrai- res , maïs des êtres fubfftans. On peut voir là-def- {us {a feconde épître à Denys. La deuxieme hypof- tafe de Platon, où l’entendement eft auff fans com- mencement, Il afluroit la même chofe de la troifieme hypoñtafe , nommée l'ame, Il y a là-deflus des pafñla= ges remarquables de Plotin & de Porphyre , qui ‘di- fent que la feconde exifle par elle-même & efl le pere d'elle-même > ŒUFOYEVHTOS HeL6 AUTO TPS Plotinen pat= ticulier a expliqué ce myftere, en difant qu'encore. que la feconde hypoftafe procede de la premiere , elle n’a pas été produite à la maniere des créatures, n1 par ue effet arbitraire de la volonté divine ; mais qu'elle en eft fortie comme une émanation naturelle & néceffaire. Les trois hypoftafes de Platon font: non-feulement éternelles, mais aucune d’entre elles ne peut être détruite. Enfin elles renferment égale- ment tout l'univers , c’eft-à-dire, qu’elles font inf- nies & toute-puiflantes. Cependant ce philofophe admettoit entre elles une efpece de fubordination; l’on agitoit dans les écoles platoniciennes à-peu-près: les mêmes dificultés qui ont donnétant d'exercice à- nos théologiens. Le P. Petau. Dog. théolog. tom II. /, I, 6,7. après avoir expliqué le fentiment d'Arius,, a foutenu que cet heréfiarque étoit un véritable pla- tonicien. Tandis que M. Cudworth prétend au con- traire que c’eft S. Athanafe qui a été dans les fenti- mens de Platon. Il faut avouer que lobfcurité de ce philofophe &c de fes difciples , donne lieu de foute- mur l’un & l’autre fentiment, Voyez le Clerc, Biblior. Choif. tom. III, art, 7, Voilà fans doute ce qui a donné lieu à quelques modernes d'avancer que les peres de la primitive: églife avoient puifé leur doétrine fur la sririté dans l'école de Plàton; mais le P. Mourgues & le P. Bal- thus, jéfuites, qui ont approfondi cette matiere , montrent qu'il n’y a rien de ft abfurde que de fup- pofer que c’eft la srinisé de Platon qui a été adoptée dans l’Églife, & que d’avoir recours au prétendu pla- tonifme des peres, pour décréditer leur autorité par rapport à ce dogme, En effet, outre que toutes les, vérités fondamentales qui concernent cemyÿftere font contenues dans l’Ecriture & ont été définies par l’Eghi- fe,quelle qw’ait été opinion desperesconfidérés com- me philofophes , elle n’influe point fur le dogme de la Trinité chrétienne , quine dépénd nullement des opinions de la philofophie ; & lon peut faire , puif- que l’occafon s’en préfente , les trois remarques fuivantes fur cet article de notre foi, 1°. La Trinité que nous croyons, n’eft point une srinité de noms ê de mots , ou de notions de métaphyfique, ou de conceptions incomplettes de la divinité ; cette doc-. trine a été condamnée dans Sabellius &c dans d’au- tres : c’eftune srinité d’hypoitafes , de fubfiftances & de perfonnes.2°. C’eft qu’encore que la deuxieme hypoftafe ait été engendrée par la premiere, &c que la troifieme procede de Pune &c de l’autre; ces deux dernieres ne font pas néanmoins des créatures , mais font coëternelles à la premiere. 3°. C’eft que ces trois hypoftafes ne font réellement qu’un feul Dieu, non-feulement à caufe du confentement de leurs vo: lontés, (ce qui ne feroit qu’une unité morale) , mais encore à caufe de leur mutuelle union defubfiftance, que les anciens ont nommées circuminceffion , m afin d’en perpétuer la mémoire, n’étoient point propres pour embellir l’arc qu’on élevoit en mémoire d’un autre #r0mphe, principalement fi la vitoire avoit été remportée fur un autre peuple, que celui fur qui avoit été remportée la viétoire , laquelle avoit don- né lieu au premier sriomphe , comme au premier er Re re ra en a ls … Chaque nation avoit alors fes armes & des véte- mens particuliers très-connus dans Rome. . Tout le monde y favoit diftinguer le Dace, le Parthe , &t le Germain , ainfi qu'on favoit diftinguer les François des Efpagnols il y a cent cinquante ans; & quand ces deux nations portoient encore des habits faits à la mode de leur pays. Les arcs triomphaux des anciens étoient donc des monumens bifforiques ; ce qui exi- geoit une vérité hiftorique, À laquelle il étoit con- tre la bienféance de manquer. 4 .… Néanmoins on embellit l’arc de Conftantin de Cap- tifs parthes , &c des trophées compofées de leurs ar- mes & de leurs dépouilles ; mais Conftantin n’avoit encore rien à démêler avec cette nation. Enfin on ofna l’arc avec des bas-reliefs , où tout le monde re- connoïffoit encore la tête de Trajan. De “He, . Comme on ne pouvoit pas le compofer entiere- ment de morceaux rapportés , il fallut qu'un fculp- teur de ce tems-[à fit quelques bas-reliefs qui fervif- fent à remplir les vuides. Tels font les bas-réliefs qui fe voyent fous arcade principale : les divinités qui {ont en-dehors de l’arc, pofées fur les moulures du ceintre des deux petites arcades ; ainf que les bas- reliefs écrafés , placés fur les clés de voûte de ces arcades : toute cette fculpture, qu’on diftingue d’a- vec l’autre en approchant de l'arc , eft fort au-deffous du bon gothique ; quoique fuivant les apparences, le fculpteur le plus habile de la capitale de Pempire y ait mis la main. (D. J.) - Vo 1.426 da TRIOMPHE , char de, (Antig. rom. le char de triom- phe des Romains étoit rond comme une tour : c’eft ce qui paroît par les médailles, & pat larc de Titus à Rome. Ce char étoit ordinairement d'ivoire ; Ppor= ta bit niveis currus eburneus equis;vous ferez fur un char d'ivoire traîné par des chevaux blancs, dit Tibulle ë mais le haut du char étoit tout doré. Eutrope en parlant du char de criomphe de Paul Emile, dit qu'il triompha fur un char tiré par quatre chevaux, a rato çurTH, quatuor équis triumphatur, (D: J.Y" 656 TRI TRIGMPRHE , jeu de la, 1, f, ce jeu a diverfes ma- nieres de fe jouer qui fe refflemblent toutes en quel- que chofe, &c different cependant par plufieurs points eflentiels ; nous patlerons de chacune de 6es manie- tes, voyez celle dont on le joue à Paris, On prend un jeu de piquet ordinaire, dont les cartes confervent leur rang & leur valeur, à la re- ferve de las qui n’eft fupérieur qu’au dix êt aux au- tres cartes au - deflous : ce jeu fe joue un contre un, deux contre deux, trois contre trois, OW même plus. Ceux qui font enfemble fe mettent d’un côté de la table , & leurs antagoniftes occupent l’autre. Ceux du même parti fe communiquent leur jeu de la vue feulement, quoiqu'aflez communément lun défigne à l’autre la carte qu'il doit jouer , mais les bons joueurs ne le font pas. Quelquefois auili les joueurs qui font enfemble font placés vis-à-vis Fun de Pau- tre à chaque coin de la table, & ne peuvent en au- cune façon fe découvrir leur jeu n1 s’avertir de pa- roles ou de geftes, Mais foit que l’on joue de la forte, à communiquer, ou un contre un, l’on bat d'abord les cartes, & l’on tire à la plus haute, ou à la plus bafle, au gré des joueurs, pour voir à qui fera. Un parti ordonnant toujours à fon adverfaire de faire, s'il a droit, parce qu'il y a du défavantage. Après avoir battu & fait couper les cartes à Padverfaire, ôn les diftribue jufqu’au nombre de cinq, de la ma- - 0 AT À . . \ D è niere qu'il plait à celui qui les donne, à deux d’abord, &trois enfuite ; ou à trois d’abord &c deux enfuite, : ou même encore autrement: Quand les joueurs & lui ont leurs cartes, 1l tourne la premiere du talon s’il en refte, & la derniere de celles qu'il fe donne à juismême, foit qu'il refte un talon ou non. Enfuite le premier jette telle ou telle carte de fon jeu, dont les autres joueurs fourniflent s'ils en ont de plus hau- tes, ou coupent avec de la sriomphe faute de carte de la couleur de celle qu’on leur a joué, &t celui des deux partis qui a fait trois levées marque un jeu, & deux s'il a les fait toutes, Voyez VOLE: . Il eft permis À un parti qui ne croit pas faire trois levées , & qu'il craigne que fon adverfaire ne fafie la vole, de lui offrir ou lui donner le jeu quiliperd double s'il ne fait pas la vole qu'il a entreprife. Lorfque le jeu eft trouvé faux, on refait, mais les coups précédens font bons. Celui qui donne mal démarque un jeu de ceux qu'il a, sil n’en a point il ne compte point le premier qu'il fait, ou bien le parti contraire le marque. Celui qui neleve pas quand 1l le peut perd un jeu; de même que celui qui ne coupe pas quand il a de la rriomphe, à moïns qu'on n'en ait Jetté une plus haute que Ja fienne. Celui qui re- nonce perddeux jeux. Celui qui change les cartes avec fon compagnon, ou en prend des levées déjà faites perd la partie :1l en eft de même de ceux qui quittent la partie avant qu'elle foit finie. Autrè maniere: de jouer à la triomphe. Dans cette maniere de jouer a la sriomphe , chaque joueur joue pour foi, mais les as font les premieres cartes du jeu & enlevent les rois, ceux-ci les dames, 6c ainfi des autres: celui qui fait a le privilege de prendre Pas sil eft ériomphe en y mettant telle autre carte de fon jeu à la place, & toutes les autres de la même couleur qui feroïent au-deffous de cetas, pourvu qu'il y re- “mit autant de cartes de fon jeu. Les autres Joueurs ont lemême privilege à l’égard des autres srzomplhes qu'ils peuvént prendreavec las qu'ils ont dans la main , aux mêmes conditions & aux mêmes charges. Aitre maniere de jouer la triomphe. Ce 7eu de la triom- phe ëft plus connu dans les provinces que le préce- dent, il a les mêmes regles; on le joue avec le même nombre de cartes; ce qui Le rend différent du prermer, c’eft qu'on y peut jouer cinq comme qua- tre, & trois comme deux, chacun jouant pour {oi ; & lérfque deux des joueurs font deux mans, C'eft celui qui les a fait 16 premier qui compte le jeu, aù préjudice de l’autre : ceux qui font des fautes les payent, comme dans le jeu précédent. FERIOMPHER , ( Langue françoife.) ce vérbe fe dit élégamment au figuré pour fubjueuer, furmonter, vaincre. La philofophie, dit M: dé la Rochefoucaut; triomphe aément des maux pañlés 87 des maux à ve- nir, mais les maux préfens sriomphent d'elle. L’hypo- crifie ériomphe tous Les jours de la vertu. Ce verbe s’emploie encore noblement pour exceller en quel- que chofe, Quand il eft fur cette matiere il riomphe, c’eft-à-dire il excelle: Il siomphe fur la générofité, fuf la délicatefle des fentimens. Enfin sriompher prend aufñ en mauvaife part pour tirer vanité des- vices. Tibere à Rome, comme dans l’île de Caprée; iriomphoit de fes déreglemens & de fa pérfidie, HAUTE ares > {. £ ph e7 Affronorie , eft une forté de conftellation ou afflemblage de fept étoiles qui font dans la petite ourfe. Voyez Ourse. Les feptem triones ont donné au pole du nord la dé: nomination de Jépsentrion. Voyez NORD, POLE, 6e. TRIONTO, LE, (Géog. mod.) petite riviere d'Itahe, au royaume de Naples, dans la Calabre ci- térieure. Elle à fa fource près du bourg d’Acri, & fe perd dans le golfe de Tarente, près du cap de Triozso: cette riviere eft l’'Hylias desanciens. (2: J. FRIONUM, fm. ( Æiff. rar. Botan. nom donné par Linnæus,au genre de plante que Ruppius appelle. bammia ; en voici les caraéteres. Le calice particu- lier de la fleur eft double ; extérieur eft compofé de douze feuilles très-minces; l'intérieur eft formé d’une feule feuille en tuyaux, & qui fe divife à lex: trémité en cinq quattiers. La fleur eft à cinq pétales faites en cœur au fommet, & qui éroïflent enfemble au fond de la fleur; les étamines font nombreufes, formant d’abord un feul cylindre, & fe féparant en plufieurs filets vers leur extrémité; les boffettes font faites en forme de rein; le germe du piftil eft ar: rondi ; le fhle eft fort délié, mais il fe termine par cinq ftigma obtus & recourbés; le fruit eft ovale, fillonné de cinqrayures, & compoté de cinq loges; les graines font nombreufes & taillées en rein. Lin< næ1, Gen: plant. p. 383. Ruppit, Flora jenenfis | page 16, (D. JT.) : y TRIOPION où TRIOPIA, ( Géog. anc.) c’eft le premier nom qu’ait eu la ville de Gnide ; de-là vient que lPon trouve Apollo triopius, templum triopium ÿ Ôc mare triopium, pour lApollon de Gnide, le tem- ple de Gnide, & la-mer qui baigne le territoire de Gnide. Scylax parle auf d’un promontoire facré dans la Carie, qu'il nomme pos Thor. Le fcholiafte de Théocrite appelle ce même promontoire Tripon ; & dit que les Doriens y tenoient une aflemblée de religion & des jeux en l'honneur des nymphes , d’A: pollon & de Neptune. Le promontoire Tropor ou le promontoire de Gnide fut ainfi nommé de Triopé, fils d'Abas; il s'appelle préfentement Capo = Erioi (D. J.) | z | TRIOPTERIS, f. f ( Hifk nat. Botan. ) genre de plante ainfi nommée par Linnæus ; voici fes carac: teres. Le calice eft fort petit, mais durable; il eft compolé d’une feule feuille découpée en cinq feg- mens. La fleur eft formée de fix pérales égaux, de forme ovale, entourée de troïs autres petits pétales d’égale grandeur entré eux; les étamines font deux filets attachés au calice, & qui s’élevent au-deflus des pétales de la fleur ; leurs boffettes font fimpless le germe du piftil eff partagé en trois ; les ftiles font pareillement au nombre de trois, & fimples ; les figma font obtus ; il n’y a point de fruit qui con tienne les graines ; elles font nues, au nombre de trois, creufées fur le dos,,-ailées dans les bords, &c reflemblant dans le çomménçement qu’elles fortent à f à de petites pétales de fleurs. Il faut remarquer ici, que cè que nous avons nomme pérales dans cette . defcription,, n’en font pas en réalité, ce font les aîles du germe, car les étamines font placés deffous ; mais comme elles reffemblent beaucoup à des pétales, nous nous fommes fervis de ce mot pour faciliter plus aifément à un jeune botanifte le moyen de dif- tinguer ce genre de plante. Linnæi, Ge. planr. pag. 195. (D.J.) 7 < à TRIOPHTALMUS , ( Æf, nar. ) nom donné par Pline à une pierre, fur laquelle on voyoit la figure de trois yeux, TRIOSTEOSPERMUM , f. m.(Æif. nas. Boran. exot, ) ou gicacuanha , Voici fon caractere. Sa fleur eft tubuleufe, & n’a qu'une feuille divifée en cinq fegmens rondelets ; fon calice eft à cinq pieces, Il ÿ en a un fecond placé fur Pembryon : celui-ci dége- nereenun fruit rondelet, charhu, & contenant trois femences dures, larges à leur partie fupérieute , & étroites par Le bas. Miller le nomme sr/offeo/permum datiore folio , flore rutilo, Hors. Eltk. (D. J.) TRIP , £ f( HE. na. Litholog.) c’eft le nom don- né par les Hollandoïs à la pierre que les François ap- ellent sourmaline. Voyez cet article, TRIPARTITION, 1. f. (Arithmés, 6 Géom.) c’eft Paëtion de divifer une grandeur quelconque en trois parties égales, ou d’en prendre la troïfieme partie. Voyez TRISECTION. LRIPE , f. f. (Manufaëlure.) forte d’étoffe velou- tée qui fe manufadure {ur un métier , comme le ve- lours ou la peluche, dont le poil qui fait le côté de l'endroit eft tout de laine, & la tiflure qui en forme le fond ef entierement de fil de chanvre. La #ripe s'emploie à divers ufages, mais particulierement à faire des meubles , à couvrir des fouliers d’enfans, êt des pelotes pour les Chapeliers qui s’en fervent à luftrer leurs chapeaux. Furetiere dit qu’il y a de l’ap- parence que ce mot vient de Pefpagnol cerciopelo, qui veut dire velours, parce que c’eft en effet du ve- lours de laine. Savary, (D. J.) TRipEs, {. f. pl. serme de Boucher, on appelle ainfi à Paris Les abattis & iflues des bœufs & moutons, que les Tripiers & marchandesTripieres achettent des Bouchers, pour les nettoyer, laver, faire cuire, ëc enfuite les vendre &t débiter , foit en gros, foit en détail. Les sripes & abatuis de bœufs confiftent aux quatre piés ; à la pance , qu’on appelle gras- double ; au feuillet, autre partie des entrailles , que les Tripieres nomment communément le pféautier : à la franche-mulle ou caillette ; & à la fraife , qui comprend le mou ou poumon , le foie & la rate ; le palais de bœuf eft auf du nombre des iflues. Celles du mouton font la tête garnie de fa langue , Les qua- tre prés & la caillette. Savary. (.D.J. TRIPERGOLA-LAGO , ( Géogr. mod.) c’eft le nom que donnent les Italiens au lac Averne, fi fa- meux chez les anciens , & qui eft dans la terre de La- bour , à un bon mille du fac Lucrin. Du tems d’Au- oufte , il y avoit un port qu’on nommoit Porrus-Ju- lius ; car Suétone & Paterculus nous apprennent que cet empereur fit faire un port du lac Lucrin &c du lac Averne. (D. J.) TRIPÉTALE , FLEUR, (Boran.) une fleur tripétale eft une fleur à trois feuilles, qu’on appelle pérales, pour les difinguer des feuilles des plantes. Voyez FLEUR. (D. J.) TRIPHOLINUS MONS, ,(Géog. anc.) montagne d'Italie, dans la Campanie. Ortélius, qui cite Galien, d. I. de Antidotis , fait entendre que cette montagne eft dans la ville de Naples, près de la fontaine de S. Martin, & dit qu'il n’y croit que des trefles, D’au- tses marquent cette montagne ou colline hors de Naples , mais dans le voifinage de cette ville, & l’ap- pellent San-Martino, Cette montagne donnoit autre- Jome XVI, fois on nom aux vins qu’elle produifoit , ou que l’on produifoit dans fon voifnage , #rifolina-vina. Juve nal, Jar. ix, verf. 56, appelle Trifolinus ager le terri= toire où ils croiflent , &c àl devoit être aux environs de Cumes, Te Trifolinus ager fecundis viribus ; Sufpeilumque jugum Cumis. Martial, 2 XIII. épior. 114. parle auffi de ces mê« mes vins : Non Jum de primo , farcor, Trifolina lyæo ; æ Inter Vina tamen féprima vitis ro. ( D, TS ) à TRIPHTHONGUE, .f. affemblage de trois fon qui ne font qu’une fyllable, TRIPHYLIE, (Géog. arc.) Triphylia, Tryphalias Triphylis, contrée du Péloponnèfe , dans lElide, Polybe, /. I. c, lxxviy. qui écrit Tryphalia, la met fur la côte du Péloponnèfe , entre l'Élide &c la Meffé- nie, & y marque entr'autres les villes Samicum, Le- preum & Hypana ; 1l paroïit que la Triphylie & la Trypalie étoient la même contrée. De toutes les vil- les de la Triphylie , 1l n’y avoit que celle de Sami- cum qui füt maritime , les autres étoient dans les terres, Mais d’où vient à cette contrée de l’Elide le nom de Triphylie ? Du mot grec law, gens, parce que trois différens peuples s’y réunirent, & ne firent plus qu’un feul corps. (D. J.) TRIPIER , fm. ( Fauconnerie. ) c’eft un des noms qu'on donne aux oifeaux de proie, qu’on ne peut affairer n1 drefler , & qui donne fur les poules & les poulets, Le milan & le corbeau font des oifeaux sri- piers, où abfolument des sripiers qui font de mauvaife affaire, Foulloux. (D. J.) TRIPIERE, .f. (Comm. de Bouch.) marchande qui vend des tripes & des iflues de bœufs & de moutons échaudées, ou, pour mieux dire, à demi-cuites, Trés voux. ( D. J.) TRIPLE, adj. ez Mufique , forte de mefure dans | laquelle les mefures, les tems ou les aliquotes des tems fe divifent en trois parties égales, On peut réduire à deux clafles générales ce nom- bre infini de mefures sriples , dont Bononcini, Lo- renzo , Penna & Broflard, après eux, ont furchargé, l’un fon mufico pratrico, l’autre fes alberi muficali, & le troifieme {on diéionnaire ; ces deux claffes font la mefure ternaire ou à trois tems , & la mefure à deux tems ou binaire , dont les tems font divifés felon la raifon fous-sriple. Nos anciens Muficiens regardoient la mefure à trois tems comme beaucoup plus excellente que la binaire , 6 lui donnoient , à caufe de cela , le nom de sms où rmode parfai. Nous avons expliqué aux mots MODE , PROLATION , TEMS, les différens fi gnes dont ils fe fervoient pour exprimer ces mefures, felon les diverfes valeurs des notes quiles remplif- foient ; mais quelles que fuflent ces notes, dès que la mefure étoit sriple ou parfaite, il y avoit toujours une efpece de note qui, même fans point, remplifoit exactement une mefure , & fe divifoit en trois autres notes égales , une pour chaqué tems. Aiïnf dans la triple parfaite , la breve ou quarrée valoït non deux, mais trois femi-breves ou rondes, &c ainf des autres efpeces de mefures sriples. Il y avoit pourtant un cas d'exception ; C’étoit, par exemple, lorfque cette breve étoit précédée ou fuivie immédiatement d’une femi-breve ; car alors les deux enfemble ne faifant qu’une mefure jufte, dont la femi-breve valoit un tems ; c’'étoit une néceflité que la breve n’en valût que deux , & ainfi des autres mefures. C’eft ainfi que fe formoit les tems de la mefure triple ; mais quant aux fubdivifions de ces mêmes tems , elles fe faifoient toujours fee ; raïfon fous= 0 9 658 TRI double ; 8 je ne connois point d'anciennes mufiques où les tems foient divifés en trois parties égales. Les modernes ont aufh plufieurs mefures à trois tems de différentes valeurs , dont la plus fimple fe marque parun3, & fe remplit d'une blanche poin- tée, faifant une noire pour chaquetems. Toutes les autres font des mefures appeilées doubles, à caufe que leur figne eft compofé de deux chifires. Voyez MESURES. | La feconde efpece de rriple eft celle qui fe rap- porte, non au nombre des remis de la melure , mais à la divifion de chaque tems en raïon fous-rriple. Cette melure eft, comme je viens de le dire, de moderne invention , &c peut fe fubdivifer en deux claffes ; mefures à deux terns, & mefures àtroistems; dont les dernieres peuvent être confiderées comme mefures doublement sriples ; favoir 1°. par les trois tems de la mefure , & 2°. par les trois parties égales de chaque terms. | Les sriples de ces dernieres efpeces s'expriment toutes en mefures doubles. Voici donc une récapitulation de toutes les me- fures sriples en ufage attuellement : celles que j'ai marquées d’une étoile, font moins ufitées en France. 1°. Triples de la premiere efpece, c’eft-à-dire dont la mefure eft à trois tems , &c chaque tems dividé fe- lon la raifonfoudouble , x * # ao RE EE © 7 5 F5, I 2 4 8 16 2°. Triples de lafeconde efpece, c’eft-à-dire dont la mefure eft à deux tems , & chaque tems divifé1e- lon la raïfon fous-riple, * | + CT 6 120 17 2 4 8 Se 2 PTE Ces deux dernieres mefures fe battent à quatre terms. 3°. Triples compofées, c’eft à-dire dont la mefure eft à trois tems, & chaque tems encore divifé en trois parties égales, # # Lin Me iv 4 8 16 Voyez au mor MESURE , Planche & fig. des exem- ples de la plüpart de ces mefures #riples. (S) _ TRIPLE DROIT, ( Jurifprud.) c’eft loriqu’on paye. trois fois le droit. Le double ou #riple drou eft une peine ordonnée par les édits burfaux , en cas de contravention. (4) TRIPLE NÉCESSITÉ , (Æ1f. mod.) fuivant les an- ciennes coutumes d'Angleterre, c’étoit unetaxe dont aucune terre ne pouvoit être exempte, & qui avoit pour objet la milice ou la néceflité de fournir des {oldats, la réparation des ponts, & l'entretien des : 4 châteaux ou forterefies. Quand les rois donnoïent à l’Eglife des terres qu'ils, exemptolent de toute charge & de tout {er- vice féculier, ils faifoient infèrer ces trois exceptions dans les lettres, apres la claufe de l'exemption. foyez PONTENAGE. TRIPLÉ , adj. ( Mathém.) on appelle ainf Le rap- port que des cubes ont entr’eux : les folides fembla- bles font en raïfon sriplée de leurs côtés homolooues, c’eft-à-dire, comme les cubes de ces côtés ; il ne faut pas confondre une raïfon sriplée avec une raifonsri- ple. La raïfon #iple eft le rapport d’une grandeur à une autre grandeur qu’elle contient ou dans laquelle elle eft contenue trois fois ; or 1l eft très-évident que le rapport descubes, qui eff la raifon sriplée, eft fort différent ; ainf Le rapport de 1 à 8 eftune raïfon #1- plée de 1 à 23 & le rapport de 3 à 1 eftune rafon ï triple. (£) TRIPLÉ, adj. er Mufique, un intervalle spl 0% celui qui eft porté à fa triple-oftave. Foyer INTER- VALLE , OCTAVE. (S) TRIPLICITÉ ou TRIGONE,, chez les Affrologues, eft une divifon des fignes qu'ils ont imaginée & in- troduite dans leur art, fuivant lé nombre des élé. mers, Chaque divifion contient trois fignes, Foyer SIGNE. On confond fouvent sriplicité avec srine afpeë : ce pendant à parler firiétement , ce font deux chofes fort différentes ; car sriplicisé ne fe dit que-par rap- port aux fignes , & au contraire srine a/peët s’entend proprement des planetes. Poyez TRINE. Les fignes de sriplicite font ceux qui font de même nature, & non pas ceux qui font en srine afpect. Ainfi le Hon, le fagittaire & le belier font des fignes de triplicité, parce qu'on fuppofe que ces fignes font tous de feu. TRIPLIQUE, {Jurifprud. ) eft une troifiemeré- ponfe qui eft faite à quelque plaidoyerou écrit ; les défenfes font la premiere réponfe à la:demande; les répliques font la réponfe aux défenfes ; les dupliques font la réponfe aux répliques, & les srinliques la ré= ponfe aux dupliques.. L’ordonnance de 1667 a abrogé l’ufage des dupli- ques &c sripliques | au moyen de quoi, fi l’on en fait encore quelquefois , elles ne doivent pas pañler en taxe, Voyez DEMANDE, DÉFENSES , D'UPLIQUES, RÉPLIQUE,, FRAIS, SALAIRES, TAXE. (4) TRIPODISQUE , Le, (Géogr. anc.) Tripodiftus, village du Péloponnefe dans PAttique , fur le mont Géranien , avec un temple dédié à Apollon, Paufa- nias, 2. Î. c, xlij, rapporte ainf lhiftoire. Sous le regne de Crotopus, roi d’Arsos , Pfama- thé fa fille accoucha d’un fils qu’elle avoit eu d’Apol- lon; & pour cacher fa faute à fon pere qu’elle crai- gnoit, elle expofa cet enfant. Le malheur voulut que les chiens des troupeaux du roi ayanttrouvé cet en- fant , le dévoraffent. Apollon irrité fufcita contre les Argiens le monftre Pœne , monftre vengeur qui arrachoit les enfans du fein de leurs meres & les dé- voroit, On dit que Coræbus touché du malheur des Argiens, tua ce monftre; mais la colere du dieu nayant fait qu’augmenter , & une pefte cruelle dé- folant la ville d’Argos, Corœbus fe tranfporta à Del- phes pour expierle crime qu’ilavoit commis en tuant le monftre. La Pythie lui défendit de retourner à Ar- gos, & lui dit de prendre dans le temple un trépié, & qu'à l’endroit où ce trépié lui échapperoiït des mains, il eût à bâtir un temple à Apollon, &à y fixer lui-même fa demeure. Corœæbus s'étant mis en chemin, quand il fut au mont Géranien, fentit tom- ber fon trépié, & là il bâtit un temple à Apollon, avec un village qui de cette particularité fut nommé le Tripodifque. ( D, J.) _TRIPOLI, f. m. oz TERRE DE TRiport, ( Hif, nat, Minéralogie. ) en latin Tripela , terra Tripolirana. C’eft ainfi qu’on nomme une terre argilleufe & ferru- gineufe qui eft rude au toucher , comme du fable, qui devient plus dure &c plus compaéte dans le feu, ce qui caraétérife les argilles , & qui eft ou grife, ou blanche , ou jaunâtre. | Le nom qu’on donne à cette terre, vient de ce qu'autrefois on en tiroit beaucoup desenvirons dela ville de Tripoli en Barbarie ; mais aujourd’hui on en trouve dans toutes les parties de l’Europe qui ne le cede en rien à celle de Barbarie. | La rudeffe des parties qui compofent le sripoti, fait qu’on l’emploie avec fuccès pour polir les mé- taux, le verre & les glaces. Les Fondeurs s’en fer: vent auffi pour fairé des moules, parce que cette ter- re eft très-propre à réffter à l’action du feu. Pour que le sripoli foit d'une bonne qualité, 1l faut qu'il foit pur-êt dégasé de grains de fable, qu’il foit tendre & facile à pulvérifer. " # M. Neumann ayant mis deux onces de sripoli en diftllation dansune cornue expoiée à feu nud, a0b- tenu deux drachmes d’efprit de {el, &z il s’attacha une petite portion defe! ammomiacal dans le col de la ré- torte. M. Zimmermann y a aufü trouvé une petite : portion d'acide vitriohique. | Cette terre nufe dans l’eau régale lui donne une couleur jaune, ce qui a fait foupçonner à quelques alchimuftes que le sripok contenoit de l'or qu'ils croyent voir par-tout ; mais cette couleur vient des païties ferrugineufes dont cette terre eft mêlée ; une preuve de cette vérité, c’eft que le sripoli devient rougeâtre par la calcination. Cependant on ne veut pomt.nier qu'il ne puifle fe trouver des particules d’or accidentellement mêlées avec cette fubftance, ce {eroit pourtant fe tromper que d’efpérer en tirer aflez pour fe dédommager des frais de l'opération. Stahl a trouvé le smpoli aftringent & defficatif com- me toutes les fubflances martiales. (—) TRIPOLI état de , ( Géog. mod. ) l'état de Tripoli eft borné au nord par lamer Méditerranée, à lorient par l'Egypte , au midi parle pays des Béréberes, & à occident, partie par Le royaume de Tunis, partie par le Bilédulgérid ou pays des Dattes, 87 partie par le pays de Gadanus; cet état eft divifé en divers quartiers ; 1l poflede fur la côte de la province de Lripoli , de pays de Mferata, le golfe de la Sidre, la côte de Derne, &c. Il a dans les terres quelques can- tons & déferts. La ville de Tripoli eft la capitale de Os LIÉE" Les femmes de Tripoli ne reffemblent point aux égyptiennes dont elles font voifines ; elles font gran- des, & font conffter la beauté dans une taille excef- fivement longue. Elles fe font, comme les femmes arabes , des piquures fur le vifage , principalement auxjoues & au menton. Elles efliment beaucoup les cheveux roux, comme en Turquie, & elles font même peindre en vermillon les cheveux de leurs en- fans. La république de Tripoli fubffte par fon commer- ce d’étotfes & par celui du fafran quife tire dumont Garian fitué au midi de la ville de Tripoli, & où ileft admirable; maïs [a principale richeffe des habitans vient de leurs pirateries. Elles furent f grandes dans Le dernier fiecle contre les François, que Louis XIV, n’en put obtenir raifon qu’en faïifant bombarder la capitale par le maréchal d'Efirée , vice-amiral. (D. J) Tripozt, ( Géog. mod.) ou Tripoli de Barbarie, ville d'Afrique, dans la Barbarie, fur la côte de la Méditerranée, dans la province de même nom, en- tre: Zoara & Lebda. _ La ville de Tripoli a le titre de royaume fans en étreun; mais cette qualification-lui vient de quel- ques princes qui s’en emparerent, & s’arrogerent le ütre de roi. Le nom de Tripoli étoit anciennementle nom d’un canton où fe trouvoient trois villes re- marquables, & de là vient qu'il y a plufeurs autres cantons, qui portent ce.même nom par la même rafon, . cs, À | Le paysde Tripoli de Barbarie fut nommé la Tri- politaire du tems des Romains, & ce nom luifut continué du tems des Vandales. Les Arabes s’en em- paterent fous. Le regne des caliphes, dont les lieute. nans conquirent toutes les côtes de Afrique le long de la Méditerranée, & même une partie confidéra- ble de l’'Efpagne. Ce pays, amfiique la ville, refla dans une aflez grande obicuriré jufqu’au commencement du feizie- me fiecle. Alors dom Pedro de Navarre, général de Ferdinand le catholique, profitant des troubles qui regnoientdans la ville, ls’en rendit maitre, & yfit Tome XVI, untiche butin fur les Maures. Quelqueterms après les chevaliers de S. Jean de Jérufzlem ayant perdu l’île de Rhodes ,Charles-Quuint leur donnaen 1 528 l’île de Malthe, ainfi que Tr/pois qui étoit frontiere de leur _ ile mais Soliman forma une puiflante armée navale qui battit la place avec quarante pieces de canon 02 le gouverneurfe vit obligé de fa rendre À l'amiral Dragut. Les Turcs y établirent un bacha. dont l’au- torité diminua peu-à-peu. Enfin Mamet-Bey , réné- gat grec, de l’ancienne maifon des Juftiniani, eut le crédit d'y établir fon autorité, & d’y commander en fouverain. Depuis ce tems-là Tripoli s’eft gouvernée en république, fous la prote&ion du grand feigneur, à qui l’on envoie une efpece de tribut; cette républi- que a pour chefun général qu'on nomme dey , & qui eft élu par la milice. | Tripoli eit aujourd’hui bien fortifiée ; mais on ÿ boit que de l’eau de, citerne, & le blé y eft rare, parce que le terromeft aride, fablonneux, & fou- vent. même imondé par la mer. On fabrique dans cette ville des étoffes de foie & d’aflez bons came- lots, Son commerce étoit autrefois beaucoup plus brillant. Long. fuivant Cafini, 30. 36/. 45, Jauir. 30. 53%. 40". & luivant le p: Feuillée, Log, 31. 2!, 30". datit, 32.54. (D.1.) TrrPOLI, ( Géog. mod.) ville d'Âfe , dans la Sy rie , fur larcôte, & àtrois quarts de lieue de la Mé- diterranée. Elle eft ceinte de murailles, particulie- rement vers la mer , fur le bord de laquelle elle a quelques tours quarrées avec du canon pour fe dé- fendre contre les corfaires ; elle eft fort peuplée de turcs êtide juifs , qui y font un grand commerce de foie. Ony compte quatre maifons de religieux francs. Long. 56.32. /latit. 34. 10. La Tripoli d'Afie eft une ville très-ancienne fituée dans le canton que les anciens nommoient Phénicie, entre Botrys au midi, & Arca au fepten- trion , & fur le bord d’une riviere qui defeend du Liban. H en eft parlé dans le fecond livre des Macha- bées,, iv: 1, où 1l eft dit que:trois jours après la mort. d’Antiochus Epiphanes, Démétrius , fils de Sé- leucus, à qui le royaume de: Syrie appartenoit de droit, s'enfuit de Rome. &-vint aborder à Tripori. Le nom de Tripoli fignifie en grec zrois willes., pa- ce qu'eneffet-elle étoit compofée de trois villes éloi- gnées l’une de l’autre de la iongueur d’un ftade. L’u- ne de.ces villes étoit aux Arcadiens, l'autre aux Si- doniens, & la troifieme aux Fyriens. Il y a grande apparence qiavec le temscestrois villes nenforme. rent plus qu'une , par le moyen des maifons que Fon bâtit entre les efpaces qui les féparoient, Onaplu- fieurs médailles d'Antoine avec. Cléopatre. .-d’Au- oufte; de Néron ,de Frajan, de Sévere & d'Eloga- bale ,:avec ce mot, TPINOAEITAON, & une de Julie Soæmie , où on lit : TPIHOTON. (D. J.), TRipozr, (Géog. mod.) village d’Afe, dans l’Anac tohe, à trois milles de la mer-Noire, & 136 de Cérafonte. Arrien & Polybe.en parlent; da riviere quife jette dans la mer-Noireau-deflous de'ce vil- lage, postoit apparemment.le même nom.:que.la ville qui fubfiftoit du tems de Pline. (D. JYYX © TRIPOLER, er serme. de Bijoutier, c'éftidonner le: troifieme poli à un ouvrage avec la matiére.de ce nom bien-pulvérifée.êc détrempée danstde huile ou de l'eau. - Hi) shape TRIPOLIS, (Géog. anc.), 19, contrée: du Pélo- | ponnèfe dans lÂrcadie, Elle fur -ainfinommée-des trois villes qui s'y trouvoient;.favoir, Caliio, Di peus & Nomaeris. ns A Là 2°: Contrée ou ville, du Péloponnèfe ; dans-la Laconie,felon Tite-Live,L XXe. xxvi, il nedit oint 1 c'étoit une feule.ville où une peute contrée dans laquelle 1! fe trouvoit trois villes, comme dans la Tripolis de PArcadie. Il femble néanmoins.que | | 0000 7 660 TRI æ’étoit une petite contrée formée de trois villes où bourps: car Tite-Live dit qu'on y enleva une grande ‘partie d'hommes, & beaucoup de bétail. Aucun au- ‘tre auteur ne connoît cette Tripolis. 3°. Tripolis, contrée de la Theflalie, felon Tite- Live, 2, XXXXIT. c. hi. Elle prenoit fon nom des trois villes, Azorum , Pythium & Doliche, qui s'y trouvoient. C'eft la Tripolis qu'Etienne le géogra- phe met dans la Perrhébie, mais de quelle Perrhé- ‘bie entend-il parler? Il y en avoit une au pie de VOlympe , une autre au pié du Pinde; y en avoit:l “une aufl'au pié des monts Cambuniens ? C’eft ce qu'il faudroit favoir pour pouvoir tout conciher. 4°. Tripolis, ville de PAfie mineure, fur le Méan- dre, & la premiere ville de la Carie , felon Ptolo- imée, 2, F7. c. y. Etienne le géographe la met auf dans la Carte ; mais les notices épifcopales & celles des provinces de l’empire la marquent dans la Lydie. Pline, 4 P. cxxjv. nomme fes habitans Tripolitani. M. Spanheim , p. 888 , rapporte l’infeription d’une ancienne médaille, qui prouve que cette ville étoit fur le Méandre: Tripoleiton Maïandr. c’eftè-dire, les Tripolirains du Méandre , ou fur le Méandre. 5°. Tripolis, lieu fortifié dans le Pont , fur le bord du Pont-Euxin, felon le Périple d’Arrien, p. 17, entre Zephyrium & Argyria, à quatre-vingt-dix fta- des du premier de ces lieux, &c à vingt ftades du fe- cond. (D. J.) TRIPOLITAINE , LA, (Géog. anc.) Tripoliranx regio, où Tripolis ; contrée d'Afrique , fur la côte de la mer Méditerrance qui la baignoit au nord. Ælle avoit à lorient le fleuve Cinyphus, la Lybie intérieure au midi, & le fleuve Triton à l’occident. Procope dit que cette province étoit habitée par des Maures qui étoient alliés des Romains, c’eft-à-dire, ‘qui entretenoient la paix avec les Romains. La Tri- politaine eft connue dans les auteurs eccléfiaftiques, comme une province qu renfermoit quelques évé- chés. (D. J.) TRIPOLIUM , f. m. (Æiff nat, Botan.) genre de plante nommé par Tournefort, afler maritimus pa- luftris , cœruleus, falicis folio. Inf. R, H. 481, & communément en françois foucage. Cette plante s’éleve à la hauteur d’une coudée ou d’une coudée & demie; fa racine eff fibreufe ; les feuilles font aflez femblables à celles du Æmonium majus , elles font plus étroites, mais à-peu-près de la même longueur, traverfées de côtes comme celles du plantain, unies, épaifles, grafles, tirant quelque- fois fur le bleu, 8 placées irrégulierement autour delatige ; & fur les branches. Ses fleurs croïffent au fommet branchu de la tige; elles font attachées à l'extrémité des rejettons, purpurines ou bleues, êt tombent en duvet, Les sripolium majus & mi- nus ne different qu'en grandeur. Le sripolium flore nudo eft fort commun aux environs de Britol. CA: TRIPOLUS , (Géeg. anc.) lieu de lile de Crete & celui de la patrie de Plutus, felon Héfiode, Dio- dore de Sicile, Z. #W c, lxxviy. ditla même chofe. ( D, 1.) ‘ J - TRIPONTIUM, (Géog. anc.) lieu d'Angleterre. L'itinéraire d’Antonin le marque fur la route de Londres à Lincoln, entre Hanavatia & Vennonæ, à douze milles du premier de ces lieux ,8& à neuf milles du fecond. Camden veut que Tripontium {oit Towcefter , & que ce lieu foit déplacé dans l'itiné- raire -d'Antonin. Mais M. Thomas Gale, Brie, p. 69. a fait voir que Tripontium ne pouvoit être au- tre-chofe que Dowbridge, près de Lilburne. (D. 7.) TRIPOT , £. m. (Paumier.) lieu où l’on s'exerce à jouer à la paume ; les #ripors font de grandes places couvertes & entourées de murs des quatre côtés, du-moins jufqu’à la hauteur de quinze piés, Au-def- fus il y a de diftance en diftance de gros piliers de bois pour foutenir le plancher & la charpente dela couverture. L’efpace vuide qui eff entre la char- pente & le haut des murs eft garni tout-autour de filets ou rézeau de ficelles, tendus pour arrêter les balles qu'on y jette, qui tombent dans une galerie pratiquée en-haut tout-autour des murs. On y met auffi de grands rideaux de toile pour empêcher le foleil de faire mal aux! yeux des joueurs. Le sripor eft pavé de quarreaux de pierre de même largeur ; au-milieu du sripot eft une corde tendue dans fa lar- geur, & qui le fépare en deux parties égales. Le long d’un des grands côtés reone un mur à hauteur d'appui, au-deflus duquel font placés de diftance en diffance des poteaux qui foutiennent un toit cou- vert de planches, qui eff ménagé à la hauteur d’en- viron 6 piés. Ce côté s’appelle la palerie ; l’autre grand côté eft un mur tout uni dans les sripors ap- pellés guarrés ; mais il y a un tambour vers la grille, dans les sripots appellés dedans, Des deux petits cô- tés, l’un a un mur avancé élevé jufqu’à la hauteur de 6 piés, & furmonte d'un toit de planches appuyé contre le grand mur; à un des angles, & immédia- tement au-deflous du toit, eft un grand trou appellé la grille. Le quatrieme côté du sipor eff conftruit différemment dans les quarrés & dans les dedans. Dans les dedans, c’eft un mur avancé, haut de 6 piés , & furmonté d’un toit, comme de l’autre côté Oppolé, à l'exception que celui-ci eft ouvert depuis la hauteur de trois piés jufqu’au toit. Dans les quar- rés, ce quatrieme côté eft un mur tout uni; à un de ces bouts par terre eft une petite ouverture qu’on appelle le srou , & à l’autre bout de ce mur eftune planche enfoncée dans le mur, & qu’on appelle Puis. La galerie eft pavée avec des chaffis de bois faits en forme de barres un peu éloignées les unes des autres , afin que les balles qu’on jette dans la galerie puiflent paffer par ces ouvertures, & fe rendre dans un endroit ou le paumier va les chercher quand il en a befoin. TRIPTOLÉME , f. m. (Myrholog.) fils de Céleus &t de Néera, ou de Métanire, fut miniftre de Cé- rès, Sa fable eft agréablement conçue. L’hofpitalité de Céleus pour Cérès eft récompenfée; elle rend la vie à fon fils par un feul baïfer, le nourrit de fon lait divin, fe charge de fon éducation, lui montre l'agriculture , lux fait préfent d’un char tiré par des dragons, & fe propofe enfin de le rendre immor- tel, en purifiant fon corps de ce qu'il avoit de ter- reftre, Cette jolie fable fimplifiée fignifie introduétion _du culte de Cérès dans la Grece par Triptolème, roi dEléufs; ce prince fe fit initier des premiers dans les myftères de la déefle, & pafla par toutes les épreuves ufñtées. Il établit Pagriculture dans es états ; fon char tiré par des dragons aîlés, c’eft un: vaifleau qui porte du blé en différentes contrées.de V'Attique, pour apprendre aux habitans à Le femer & à le recueillir: Triptolème, dit Jufüin, trouva l’art d’enfemencer les terres; ce fut à Eléufis qu'il en produifit l’inven- tion, & ce fut auffi à l’honneur de cette inven- tion, qu'on établit des nuits pour les initiations. Les Atheniens honorèrent par reconnoïffance Tripsolème comme un dieu ; ils lui érigerent un temple, un au- tel, & lui confacrerent une aire à battre le blé. (D. J.) | TRIPUDIUM , {. m. (Lirérat.) c’eft le nom la- tin dont on fe fervoit en général pour exprimer laufpice forcé, c’eft-à-dire , l’'aufpice qui fe prenoit par le moyen des poulets qu’on tenoit dans une ef- pece de cage, à la différence des aufpices qui fe prenoient quelquefois lorfqu’un oïfeau libre yenoit à laifler tomber quelque chofe de fon bec; lorf een prenant les aufpices par les poulets facrés, 1l leur étoit tombé du bec quelque morceau de la pâte qu'on avoit mife devant eux; cela s’appelloit sriou- cdium foliffimum , ce qui étoit regardé comme le meilleur augure qu’on pût avoir. Il y avoit en- core le sripudium fonivium, dont le nom eft tiré du fon que faifoit en tombant à terre par accident quel- que chofe que ce füt ; alors on tiroit des préfages bons ou mauvais, felon a qualité du fon. (D. J.) TRIPYRGA , (Géog. mod.) nom que les habitans d'Athènes donnent aujourd’hui à un lac marécageux de la Morée, environ à une lieue d'Athènes. Ce lac ou marais étoit nommé, felon Xénophon, Pha- laræa palus, & 11 y avoit auprès un lieu nommé Tr- pyrgiasà Caufe de trois tours qui y. étoient bâties. Du nom de ce lieu on a formé celui du lac, & de Tripyrgia on a fait par corruption Tripyrga, M, Wheler, voyage d'Athènes, Z. ZIT. p. 207. croit que ces trois tours .pouvoient être des reftes de la ville Limes. Du-refte, ajoute-t-il, ce lac s’étend en long du-moinsune lieue & demie fur la côte, & il fort de fon extrémité orientaleun petit ruiflean qui fejette dans [a mer, aflez proche de la baie de Phalara, où 1l y a une petite églife ruinée, appellée S. Mi- colo. C’eft apparemment ce lieu qui s’appelloit au- trefois Colias promontorium. (D. TJ.) TRIQUEBALLE , fm. ( 4rs milir. ) machine très- fimple qui fert dans l'artillerie à tranfporter du ca- non. Elle eft compofée d’une grande fleche de bois ou timon appuyé fur un eflieu à deux roues par- derriere, &c {ur un avant train par-devant. On atta- che le canon fur cette fleche ayec une chaîne de fer ou de bons cordages. Mémoires d'Artillerie de Saint- Remy.(Q) TRIQUE-MADAME, f, f. ( Boran.) nom vul- gaire du /edum mins luteur , folio acuro, de C. B. & de Tournefort, C’eft une efpece de petite joubarbe, qui poufle des tiges tendres, rampantes, revêtues de beaucoup de feuilles épaiffes, oblongues, grafles, pointues, bleuâtres, ou rougeâtres ,remplies de fuc; fes fleurs font à plufieurs pétales difpofées en rofe , au fommet des branches, de couleur jaune ; il leur fuccede un petit fruit compofé de cinq graines. On cultive cette plante dans les jardins, parce qu’on en mêle dans les falades ; maïs elle croit naturellement fur les murailles, &c ailleurs. (2. 7.) TRIQUER, v.att. ( Comm. ) féparer une chofe d'avec une autre : il fignifie aufli quelquefois mé/er plufieurs chofes enfemble. _ Dans ce dernier fens, les ordonnances de la ville de Paris , chap. 7. défendent aux marchands de sri- quer, & mêler les marchandifes de différens prix & qualités; & dans l’autre fignification, les mêmes or- donnances enjoignent aux marchands de bois à brû- ler qu’on empile dans les chantiers , de sriquer &c fé- parer le bois blanc & de l’empiler à part. Diéion- naire de Commerce. TRIQUET , f. m. (Charpenterie. ) échafaud fait de plufieurs pieces de bois réunies enfemble, qui s'applique contre les murs, & qu'on appelle autre- ment chevaler. I] faut pour échafauder deux sriquers qui s’attachent avec des cordages, & s’éloignent lun de l’autre fufifamment par la longueur des planches qu'on met deflus. TRIREME , f. m. ( Litrérat. ) triremis, galere, bâtiment, vaifleau des Romains, qui avoit de cha- que côté trois hommes fur chaque rame, quelque nombre de rames qu'il eût d’ailleurs ; meflieurs le Baïf & Dacier tiennent pour l’hypothèfe des étages de rames les uns fur les autres. Ils citent en leur fa- veur des médailles , & la colonne trajane , où ce fait n’eft pas de la derniere évidence ; je fai même que Scheffer &r plufeurs autres favans, ont eflayé à force de fupputations mathématiques , de trouver une com- TRI 661 binafon 8 un atrangement, pour prouver que la chofe n’eft pas impofhble ; mais quelque effort que l'on fale, & de quelque maniere que l'on difpofe ces étages, foit en files perpendiculaires , foit en f- les obliques , foit en forme de rampe , je ne crois pas, avec Scaliger, Saumaife, & le P. Sanadon, qu'on réuffiffe jamais à nous montrer une poffbilité pratique, c’eft-à-dire, qui puifle être d’un ufage aifé, confiant, & uniforme; fans quoi tout ce fyftème fe _ réduit à une fpéculaton vaine &c flérile, qui ne dé- cide rien, & qui ne touche pas même à la queftion. (D. J.) FRISACRAMENT AIRES , o7 TRISACRAMEN- TAUX, fm, pl. ( Æf. eccléf.) nom que l’on a donné aunefeéte dereligionnaires qui n’admettent que trois facremens. Voyez SACREMENT, Il ÿ a eu plufieurs sri/acramentaires parmi les pro- teftans qui admettoient le Baptême, l'Euchariftie, & l’Abfolution, comme facremens. M. Chambers obferve qu’on confond mal-à-pro- pos les Anglois avec les Trifacramentaires, parce qu'on fuppofe qu'ils regardent l’ordination comme un facrement; mais quelle que foitl’opinion des An- glois fur ce point, il eft sûr que les épifcopaux repar- dent la Confirmation comme uñ facrement, & que d’ailleurs ils comptent pour facremens le Baptême & l'Euchariftie ; ainf l’on peut à cet égard le compren« dre parmi les Sacramentaires. TRISAGION , f. m. dans l’hifloire eccléfcaflique à eft le nom qu'on donne à un hymne où le nom de Jaint eft répété trois fois. Ce mot eit grec, compolé de spas, trois, ou rrois fois 9 êT d’aysoc 9 fair. Le srifagion proprement dit eftcompofé de ces pa- roles, fanüus, fanëlus, fanitus Dominus Deus [a- baoth. Saint, faint, faint, Seigneur Dieu des armées à comme nous les lifons dans Ifaie, c. vj. Y. 3.& dans PApocalypfe , c. 7v. de ces mots l’Eglife a formé un autre srifagion , qu’on chante dans l’églife latine feu- lement le jour du Vendredi-faint, avant l’adoration de la croix. ILeft conçu en ces termes : fanüfus Deus, Janëtus forts, fantlus immortalis , miferere nobis , que les Grecs ont rendu paf ceux-ci > 1060 Bece, æyI0S 15= “UpOG » æyi06 æbavaros | eAscoy muaçs faint Dieu, faine puiffant , faint immortel, ayez pitié de rous ; qu'ils ré- petent fouvent non-feulement dans office, mais en- core dans leurs prieres particulieres. Pierre Gnaphée ou le Foulon, patriarche d’An- tioche dans le v. fiecle, y fit ajouter ces paroles qui crucifixus ef} propter nos j attribuant ainfi la pafñion non-feulement au fils, mais aufli aux deux autres perfonnes de la fainte Trinité, 8 prononca anathè- me contre ceux qui refuferoient de dire la même chofe; mais le pape Félix III. & les Catholiques re- jetterent cette addition qui autorifoit manifeftement les erreurs des Patripafliens. #oyez PATRIPASSIENS & THÉOPASCHITES. Ce dernier crifagion exclufivement aux paroles que Pierre le Foulon y vouloit ajouter , commença à être en ufage dans l’éghfe de Conftantinople, d’où il pañla dans les autres églifes d’orient , & enfuite dans celles d’occident. S. Jean Damafcene, Codin Balfamon, & d’autres difent que le srifagion fut introduit à Conftantino: ple à loccafon d’un terrible tremblement de terre, arrivé la trente - cinquieme année de l'empire de Théodofe le jéune, & du tems du patriarche Pro- clus ; que celui-ci ayant ordonné une proceffion fo: lémnelle, où l’on chanta pendant plufeurs heures de fuite le kyrie eleifon, Seigneur, ayez pitié de nous, “un enfant fut élevé en l’air, où il crut avoir entendu les anges chanter le srifagion; que cet enfant à fon retour, ayantraconté la chofe , le peuple commença auff:t0t à chanter cette hymne, avec d'autant plus 662 TRI d’ardeur, qu'il attribuoit la calamité, préfente aux blafphièmes que les hérétiques de Conftantinople vo- mifloient contre le fils de Dieu , & qu'incontinent après ce fléau cefla. Afcléprade , Cedrenus, Le pape Felix IT. 8 Nicéphore, racontent lamême chole. Quelques efforts que fit Pierre le Fouion pour in- troduire dans le srifagion l'addition dont nous avons parlé, cet hymne iubffta toujours dans fa pureté primitive, &c eft demeuré tel dans les offices latins , grecs, éthiopiques, mozarabiques, où autres qui Pontadopte. TRISANTO , (Géog. anc.) fleuve de la grande Bretagne; Ptolomée, 4 JE. c. äiy. marque fon em- bouchure fur fa côte méridionale de Pile, entre M- gnus-Portus, & Novus-Portus. C’eft préfentement Hampton-Water , autrement le port de Southamp- ton , à l'embouchure du Toft. (D. J.) TRISECTION , £. £ (Géom 6 Alwebr.) divifion d’une chofe en trois parties. Ce terme eft principalement employé en Géomé- trie pour la divifion d’un angle en trois parties égales. La srifeétion géométrique des angles , telle que les anciens la demandoient, c’eft-à-dire en n’employant que la feule regle &c le compas, eft un de ces problè- mes qu’on a cherchéten vain depuis plus de deuxmille ans, Ôc. qui à cet égard , anfi que la duplication du cube , peut être comparé à la quadrature du cercle. La folution de ce problème dépend d'une équa- tion du troifieme degré. On en peut voir le calcul & le détail dans diflérens ouvrages, entr’autres dans l'application de l’Algebre à la Géométrie de M. Guif- nei, & dans le dixieme livre des fe@ions coniques de M. le marquis de PHôpital. Nous ne croyons pas qu'il foit néceflaire de la donner ici ; mais il fera bien plus nüle pour nos leéteurs d'examiner pourquoi ce pro- blème eft du troifieme degré. _ Soit, fig. 13.d’Aloebre, un cercle AC B D ; on propofe de divifer en trois parties égales l'arc 48, dont la corde eft.4 B ; on nommele rayon du cercle z, la corde 4 B , a, & la corde inconnue 4 C du tiers de l'arc x ; & on parvient, comme on le peut voir dans.les ouvrages cités, à une équation qui mon- te au troifieme degré , & dans laquelle x a trois va- leurs réelles ; par conféquent le problème a trois fo- lutions. Il paroït cependant au premier coup d’œil qu'il devroit n’en ayoir qu'une ; car il n°y a certai- nement qu'une feule 8 unique valeur poffible de la corde 4:C qui foutend le tiers de arc 4 B.Mais on fera réflexion que l'équation algébrique à laquelle onparyient , ne renferme point les arcs 4 B, 4€, mais fimplement leur corde ; & que par conféquent zn'eft pas feulement la corde du tiers de l'arc C8, mais. la corde du tiers de tout arc quia 4 8 pour corde :.or tous les arcs qui ont 4 B pour corde font, en nommant C la circonférence, les ares ACB, ACB+c,ACB+Hic, ACB+3c,ACB+Ac, ACB+Ssc,Gc. … Etc—ACBou4DB;,1c—ACB,3c—ACB, 4c— ACB, &c . Maintenant je dis que la divifion de tous ces arcs en. trois, fournit trois cordes différentes, 87 jamais plus-de trois. Car 1°. foit le tiers del’arc. 4 CB, 7, le tiers. de l'arc 4 € B Æc,y, le tiers de l'arc A.CB + 2c,u, cela donnera trois arcs-différens qui auront chacun leurs cordes : voilà donc trois cordes différentes ,8&cipar conféquent les troïsracines de l’é- quation. 2°. Il fembleroit d’abord que. le tiers des autres; arcs doit avoir chacun fa corde , ê:.que par conféquent le problème auroit une infinité de folu- tions, ; mais on remarquera que l'arc. AC BE 3 ca pour.ters c+ 7, donc lacorde.eft la mêmeque-celle de y; quelarc 4 C.B.+4.ca pour tiers cz, dont la-corde eff la mêmeque celle de y ;que l’are 48 C4 5.ca pour tiers « + dont la corde eft lamême que célle de # , 8 ainf de fuite. De même on trouvera que 4 D B ou c— 4 CB a pourtiersc—z, parceque | 3c—gu— 3c—2c— ABC, Orläcorde dec—x eff la même que ceile dez.Parla même raïfon la corde du tiers de 2 c— 4 CB fera la même que celle de y, ë&c celle de 3c— 4C PB la même quecelle dez, & ainfi de fuite; donc la divifion à l'infini de tous ces arcs en trois, donne trois cordes différentes , & n’en donne pas plus de trois: Voilà pourquoi le problème eff du troifieme degré. sh El ; Si on divifoit un arc en quatre parties, ontrouve- roit une équation du quatrieme degré, & on pourroït prouver de la même maniere qu’en effet cette divi- fon donne quatre cordes différentes, 8 jamais plus: | la divifion d'un angle en cinq parties égales donnera par la même raifon une équation du cinquieme de- gré, &ainf de fuite. Il nous fuffit d’avoir ici mis le leéteur fur la voie , il pourra trouver facilement de lui-même la démonftration générale. Elle eftfondée fur ce que l'arc 4 C B étant divifé en 7 parties, la corde de lan° partie de x c + ACB fera la même que la corde de la n° partie de 4 CB. (0) TRISIDIS , ({ Géog. mod.) ville de la Mauritanie tingitane ; elle étoit dans lesterres, felon Ptolomée, liv. IF, ch. 17. Marmol la nomme Terzerr, TRISMEGISTE , adj. ( Æ5. anc.){furnom donné à l’un des deux Hermés ou Mercures rois de Thebes en Egypte. On croit que c’eft au fecond , qui étoit con- temporain de Moïle, le premier ayant regné vers le tems du déluge ; cependant on les confondoit affez fouvent eu égard à la fcience ; car les Esyptiens fe reconnoïfloient redevables à Pun:& à l’autre de plu- fieurs inventions utiles. Ce mot formé du grec se, crois fois , À psyscos, très-grand, exprimoitque l’Her- mès, ainfi furnommé, avoit été un grand philofophe, un grand-prêtre & un grand ror, ou qu'il avoit éga- lement approfondi les fécrets de Ja nature, les myf- teres de la religion &r les reflorts de la politique. TRISMEGISTE , ( Fondeur de caraëfsresd' Irnprime- rie. ) feiieme des corps fur lefquels on fond les ca- ratteres d’Imprimerie ; {a proportion eft de fix lignes mefure de Péchelle : 11 eft le corps double du gres romain. Voyez PROPORTION des caraiferes. dImpri- merie, & l'exemple à l’arsicle CarAcTEREs. Le srif= megifle ne failoit point un corps dans l’Imprimerie ; le fieur Fournier le jeune en a faitun, qu'il a placé entre le gros &c petit canon dans les proportions qu’il a données aux caraéteres ; 1l la fait pour donner un corps double au gros romain , & pourtendre par: lila correfpondance des caraéteres plus générale. TRISMIS , ( Géog. anc.) ville de labañle Moœñez Ptolomée , lv. III. ch. x. la nomme entre les villes qui étoient au voïifinage du Danube. C’eff la ville Trofinis de l'itinéraire d’Antonin , qui larmarque fur la route de Viminacium à Nicomédie. (D. J.) TRISMOS, f. m, ( Médecine.) eftune convulfon du mufcle temporal, qui fait grincer les dents. Woyezg CONVULSION, c. TRISOLYMPIONIQUE, adj. (ff, anc.) athlete quiavoit remporté trois fois le prix aux Jeux olympi- . ques. Ce mot eft compofé de pus, srois , onvunta ÿ | Jeux olympiques, 8T den, vidoiret, trois fois vain= queur à Olympie. On érigeoit aux s2/olympioniques des ftatues de lef- pece. de celles qu'on nommoit iconiques., 8 qui étoient de grandeur naturelle, prérogative qu'on n’accor- | doit point au commun des athletes.. Pour les autres . récompenfes & marques d’honneur qui leur étoient accordées danseur patrie, nousen avons parlé au _ longfonsle #04 OLYMPIONIQUES. TRISPASTON,, { m. er méchanique , eft une ma- chinerqui a trois poulies, ou un affémblase dé trois poulies pour foulever de grands fardeaux. Voyez . PouLie & MOUEFLE. Ce mot eft compofé de spé, F srois ,ÈConae, traho, jetire. _ TRISSE DE BEAUPRÉ , ( Marine. ) Ceftun palan ‘qui faifit la vergue de civadiere des deux côtés, en: tre Les palancines &t les haubans, pour l'aider à la fou- tenir, & pour là manœuvre, | TRIST , o7 TRIS, ( Géog. #04.) île de l’'Amési- “Que feptentrionate dans la nouvelle Efpagne , fur la côte méridionale de la baie de Campêche , au cou- chant dé Pile de Port-Royal, dont elle n’eft féparée “que par un canal ou crique très-étroite, Cette île eft petite , bafle & deferte. | TRISTE , adj. voyez l’article TRISTESSE. TRISTE , l'arbre, ( Hifl. nat, Botan.) arbre des In- des orientales qui croit fur tout vers la côte de Mala= bar. Son nom lui vient, dit-on, de ce qu’il perd fes fleurs au moment où celles des autres arbres s’épa- nouiffent au foleil. Ces fleurs font femblables au jaf- femin blanc, finon qu’elles ont le pié jaune. Cet _ arbre ne vient que d’une hauteur médiocre, Sesfeuil- les font petites , d’un verd foncé &c d’un goût Apre. TRISTENA , ( Géog. mod. ) bourg de la Morée, dans la Scanie , anciennement Nezica. Il eft à quinze ou feize nulles au midi de Corinthie, à l’entrée & au nord de la forêt de Triftena , autrefois la forêt Né- mée. (D.J.) , TRISTESSE , ff. ( Morale. ) Cicéron définit la triffeffe , l'opinion d’un grand mal préfent , & tel qué celui qui éprouve croit qu'il eft jufte & même né- ceffaire de s’affiger, Nos jours feront toujours mal- heuteux, dit-il , fi nous ne luttons de toutes nos forces contre cette paflion, que la folie fufcite com- me une furie pour nous tourmenter. « Je n'aime » point cétte pañfion , dit Montagne , quoique le » monde ait entrepris comme à prix fait, de l’ho- » norer de faveur particuliere ; ils en habillent la fa- » gefle, la vertu, la confcience ; bizarre habille- » ment toujours nufble , & toujours fâcheux ! D.J. ( nr: QUE, oz TRISYLLABE, adj. ( Gramm: ) qui eft compofé de trois fyllabes, On dit un pié sr1/yllabique , un vers trifyllabique. TRITÆOPHVYES (Lexicograph. medic.) rpflaropoue, de splaoc, tierce, &t que, être de méme nature ; épithete d’une forte de flevre aui reflemble beaucoup à la fie- vre tierce, d’où elle tire fon nom. Elle vient le troi- fieme jour, & arrive prefque à fon plus haut pério- de; enforte qu’on la diftingue de la tierce propre- ment dite, de la tierce allongée , & de la demi- tierce, & qu’elle tient une efpece de milieu entre toutes celles-[à. 7. Gahen, Comm. IE, in VI. Epid, dit aufi que spilasogoue peut s’employer, comme une épithete commune à toutes les fievres qui ont leur accès ou leur retour périodique le troifieme jour. Erotien expliquant ce mot, penfe que eft une fievre qui donne des fignes des approches de fes pa- roxyfmes, & dont les intervalles font réguliers, mais qui n’atrive jamais à {a perfection; on l'appelle aufh démi-tierce. Ce mot fe trouve fouvent dans Hippocrate. (D. J.) TRITÉE, TPITH 5 E71 Mufique , ef ; en comptant de laigu au grave , la troifieme corde du trétracorde dans l’ancien fyftème. Comme il ÿ avoit cinq diffé- rens tétracordes, il y auroit dû avoir autant de srizes; mais ce nom n’étoiten ufage que dans les trois tétra- cordes fupérieurs : pour les deux premiers , voyez PARYPATE. Le Ainfi il y avoit crise hyperboleon, trire dieyeugmenon, 8 trite fynnemenon, Voyez SYSTÈME , TÉTRACOR- DE , 6. | | Boëce dit que le fyftème n’étant encore compofé que de deuxtétracordes, on donna le nom de srire à la cinquieme corde qu'on appelloit auf paramefe, c’eft-à-dire à la feconde en montant du deuxieme té- #acorde ; mais que Lychaon, famien , ayant inféré R I 603 | uñe nouvelle Corde entré la fixieme ou paranete, & la trite, celle-ci perdit fon nom qui fut donné À cette nouvelle corde, Pour entendre ceci, 1] faut fuppo- fer que le fecond tétracorde n’avoit que trois cordes auparavant, êc un efpace vuide entre la grise & la paranete ; ce que Boëce auroit dû expliquer. (S TRITÉE, (Géog. mod) Tritea , ville du Pélopon- nèfe, dans l’Achaïe propre; felonStrabon, y. PTIT, pag. 341. Hérodote, Plutarque, Polybe, Thucydide ëc Etienñele géographe, font mention de cette ville, Paufamas, iv. IL. c. æxij. qui écrit Trivie, dit qu’- elle étoit en terre ferme, à fix-vingt flades de Pheræ, ë&t qu'elle étoit de la dépendance de Patra, parce qu'Auguite lavoit ainfi voulu. Avant que d'entrer dans la ville, ajoute-tl, on voit un magnifique tombeau de marbre blanc, plus précieux encore par les peintures de Nicias , quepar les ouvrages de fculpture dont il eft orné, Une jeuné perfonne d’une grande beauté eft repréfentée afife dans une chaïfe d'ivoire : à côté d'elle eft une de fes femmes qui lui tient une éfpece de parafol fur la tête : de l’autre côté , c’eft un jeune garçon qui n’a point éncote de barbe ; il eft vêtu d’une tunique , & d’un manteau de pourpre par + deéflus ; près de lui eft un efclave , qui d’une main tient des javelots, & de l'autre des chiens de chafle qu’il mené én leffe, Les auteurs ne s’accordotent pas fur la fondation de cette ville. Les uns lui donnoient pour fondateut Celbidas , originaire du Cumes en Opique : d’autres difoient que Tritia , fille du fleuve Triton > après avoir été prétrefle de Minerve , fut aimée du du Mars , & que de cé commerce naquut Menalippus , qui bâtit une ville, & du nom de {a mere Pappeliæ Titre. On voyoit dans cette ville un témple que les gens du pays nommoient /e mple des grands dieux, Leurs ffatues n’étoient que de terre: on célébroit leur fête tous les ans avec les mêmes cérémonies , quelles Grecs avoient coutume de pratiquer à la fête de Baca chus, Minerve avoit auf fon temple à Trixa, avecune ftatue de marbre, & qui étoit d’un goût moderne du tems de Paufanias: les habitans prétendoient qu’an- ciennementil y en avoit une autre qui avoit été pôr- tée à Rome. Ces peuples obferveient rélisieufement de facrifier tous les ans au dieu Mars & À Tritia, On ne connoit, dit Paufanias, iv. WI. c. xij. dans toute la Grece , d’autre ville du nom de Trirée ; qué celle qui eft en Achaïe. Il fe peut faire néanmoins ajoute-t-1l, que du tems d'Hégéfarque , Trirée fut une ville d’Arcadie , & qu’elle en ait été démem- brée , comme quelques autres qui font foumifes au gouvernement d’Argos. Paufanias fait cette remar- que parce que dans uñé ancienne infcriprion , les ha: bitans de Tritée étoient qualifiés Arcadiens ; ce qui pouvoir être vrai dans le tems que cette infeription avoit été faite. (D. J.) TRITHÉISME , £. m. (Théolog.) opinion des Tri: théiftes,ou héréfie de ceux quiadmettenttroisDieux, Voyez Dieu & TRINITÉ. ", Le Trishëfine confifte à croire qu'il y a non-feu- Jement trois perfonnnes en Dieu, mais aufi trois ef fences, trois fubftances ou hypoftafes & trois Dieux, Voyez PERSONNE , HYPOSTASE, &c, Il s’eft trouvé beaucoup de perfonnes, qui dans la crainte de donner dans le Trithéifise, font tombés dans le Sabellianifme ; d’autres, qui pour éviter le Sabellianifme , font devenus Trithciftes : tant il eft difficile de garder un jufte milieu dans uné matieré f délicate. Voyez SABELLIENS, | _ Anh, dans le fameufe difpute entre le do&eur South &t le doéteur Skerlok, on juge que le premier Eft tombé dans le Sabellianifme, en foutenant trop à la rigueur l'unité de Dieu, & l’autre dans le Tris 664 TRI TRI chéifine, en foutenant la trinité d’une maniete trop | 0% font appellés, je ne fais pourquoi, les bis de abfolue, | Jean le Grammairien , furnommé Philoponus ou amateur du travail, pafle pour être l’auteur de la feête des Trithéïftes. Il paroït du moins qu'il étoit très- zélé défenfeur de ce fyftème. Il vivoit fous Pempire de Phocas. Leonce & George de Pifidie combatti- rent fes écrits. TRITICIRI, LE , (Géog. mod.) riviere de Perfe; elle traverfe la province de Chufiftan, & fejette dans le golphe Perfique.C’eftle Mo/æus desanciens.(D.J.) TRITICUM, 1. m. (ÆfF. nar. Botan.) on a déjà donné les caratteres de ce genre de plante, d'après Tournefort, au mot fromenr. Voici comme Ray le caractérife. Ses fleurs font , dit-il, hermaphrodites , à pétales, à étamines fimples 7 mâles , avec leurs tefticules propres, foibles 8 minces, dans lefquels Povaire eft placé, garni d’une paire de tubes skirrheux & recourbés, enveloppés de deux feuilles pétaloïdales, quelquefois barbues , avecun appendice long ;'aigu, foible, tantôt uni, tantôt velu; de plus, avec deux ‘feuilles concaves qui tiennent lieu de calice. Cesfleurs font placées fur un pédicule, & forment fur un mé- me axe, un épi fort ferré. La femence eft oblongue ët large. Dans le fyftème de Linnæus , le calice de ce genre de plante eft'un tuyau compofé de deux écailles, qui contiennent les fleurs dans un court épi; les feul- les du calice font de forme ovale & obtufss ; lafleur eft de la groffeur du calice; a bâle extérieure qui la contient, eft concave , obtufe & pointue ; lin- térieure eft lifle 8c applatie : les étamines font trois flets capillaires ; leurs boffettes font oblongues, & fendues aux extrémités ; le germe du piftil eft de for- me turbinée ; les ftiles font au nombre de deux, très- fins! & recourbés ; les fligma font aïlés ; la fleur renferme la graine jufqu’à fa maturité, & pour lors elle s'ouvre, & la laiffe fortir; la graine eft unique, ovale, oblongue ; obtufe aux deux bouts, convexe d’un côté, & profondément fillonnée de l’autre. Toute plante qui réunit ces caraëteres , foit que fon grain {oit mangeable ou non, doit être rangée fous le genre du srécicum, Linnæi, Gen, plant, p, 16. D.J. c ne À (Géog. anc.) ville de VEfpagne-tarragonnoife, felon Ptolomée, Z. IL, c. vj. ui la donne aux Varduli. Il y a grande apparence _que c’eft le Tirium-Tobolicum de Pomponius -Mela, 2. IIL. c, 7. & 1 ne feroit pas impoñble que ce fût la ville Tririurn, que l'itinéraire d’Antonin marque en- tre Varia & Olbia , à dix-huit milles du premier de ces lieux, & à égale diftance du fecond. (D.J.) TRITOGENIE, (Myzhol.) furnom qu’on donne à Pallas, parce qu’elle étoit fortie de la tête de Jupi- ter; ce mot eft formé de sprros, tête, &t de ytiopa, Je nais, je fors. (D.J.) TRITOLT, THERMES DE, (Hif. des Eaux mine- ral.) les thermes de Triro/i, en latin thermeæ tritule, _ font fitués dans le royaume de Naples, à l'endroit oùétoit autrefois la villede Bayes. Il y a A unesrotte fouterreine, divifée en fept galeries. On n’y Eu demeurer long-temps fans éprouver une fueur, qui, felon l'avis des Médecins, eft falutaire contre lhy- dropifie. On a befoin d’un flambeau & d’un guide dans ces galeries, parce qu'elles font fi baffes en cer- tains endroits, qu’on eft obligé de marcher à quatre attes. Le térrein y eft brülant. Tous les jours cette grotte fe remplit & fe défemplit d’une eau très-chau- de, oupour mieux dire, cette eau s’abaifle & s’éleve en fuivant le flux & le reflux de la mer. Au haut de la montagne , fous laquelle cette grotte e trouve, il y en a une autre plus haute, maïs dont l'air n'eft pas moins chaud, Au refte, les bains de Trs- Cicéron. L'on y voyoit autrefois à fleur de terre, de petits réfervoirs qui étoient remplis par différen- tes eaux. Près de-là il y avoit des fatues , qui ayant la main fur une des parties de leur corps, fafoient connoître à quor l’eau de chaque réfervoir étoit pro- pre. (D.J.) TRITON , em. (if. nat, Ornithol.) nom fous lequel le p. Nieremberg a décrit un bel oifeau com- mun dans lifle Hifpaniola, & qui eft célebre pour la beanté &c la variété de fon chant. (D. J.) TRITON, (Géog. anc.) nom de plufieurs marais , rivieres, &c lieux : 1°. C’eft le nom d’un marais de l'Afrique propre; d’un marais au pié du mont Atlas; d’un marais de la Thrace; & d'un marais de la Cyrénaique. 2°. Triton , eft le nom d’une ville de la Lybie ; d’u- ne ville de la Béotie ; & d’un lieu de l'Afie mineure fur le bord de {a Propontide. 3°. Triron, étoit un fleuve de l’ifle de Crete, à la fource duquel la tradition fabuleufe vouloit que Mi- nerve fut née, & auw’elle en eût pris le furnom de tritogénie. 4°. Torrent de la Béotie, quifelon Paufanias, /. IX, €, xxx, couloit près du rivage d’Alalcomène, s°. Fontaine de l’Arcadie, dans le territoire de la ville d’Aliphere. Les habitans de cette ville avoient, aurappott de Paufanias, Z. VIII, c. xvj.une dévotion finguliere pour Minerve, dans la perfuafion où ils étoient, que cette déefle avoit pris naïffance chez eux, & qu’elle y avoit été nourrie. (2. J.) TRITON, f. m. (Belles-Letrres.) dans la fable , de- mi-dièu marin, que les anciens regardoïent comme le trompette de Neptune, dont il portoit les ordres d’une mer à l’autre. Voyez Dieu. Les Poëtes & les Peintres le repréfentent avec une figure d'homme , nageant jufqw’aux reins, & le bas du corps terminé par une queue de dauphin, te- nant à la main une conque marine, dont il fonne comme d’une trompette. Quelques anciens lui donnent pour pere Neptune, &c pour mere Amphitrite ; d’autres, la nymphe Sa- lacis. Numenius, dans fondivre de la Pêche, le fait fils de Océan & de Thétis, & Lycophron le croit fils de Nerée. Quoiqu'Hefñode & les Mythologiftes ne parlent que d’un feul Triton, les Poëtes en ont imaginé plu- fleurs , auxquels ils donnent la fon@ion de précéder les dieux marins, & fur-tout le char de Neptune &z celui de Venus aphrodite, en fonnant de leur con- que. C’eft ainfi qu’on Les introduifoit fouvent furles théatres des anciens, & dans les naumachies ou re- prélentations des combats de mer. En effet, on ne fe contentoit pas de faire fervirles Tritons en qualité de trompettes dans le cortege de Neptune , on enfaifoit auflilestenans &c les fupports de fon char ; c’eft-à-dire, de la conque marine fur laquelle 11 parcouroit les mers, comme on le voit dans Virgile, Eneid. 1. X v, 209. Ovid. Meramorph. L. Tv. 333. & dans une médaille de l’empereur Claude. | Les Poëtes donnent ordinairement aux #rirons la charge de calmer les flots, & de faire cefler les tem- pêtes. On lit dans le premier livre des Métamor- phofes d’'Ovide, que Neprune voulant faire retirer les eaux du déluge, ordonna à Triron de fonner de la trompette, au bruit de laquelle toutes les eaux rentrerent au fein de la mer. Il n’eft pas douteux que la fable des Trirons ne tire fon origine des hommes de mer; car il paroît , après ce que nous avons dit dans l’article des Syre- nes, qu'il n’eft guere pofible de révoquer en doute lexiftence d’êtres femblables à ces hommes de mer. Voyez SYRENESs TRITON, , TRI TRITOR , f. m. er Muffqueeft un intervalle difto- «, nant qu'on peut appeller aufü. quarte fuperflue , parce qu'ileft formé de trois degrés diatoniques, c’eft-à- dire derquatre {ons. Voyez QuARTE. Son intervalle eit de trois tons ; ainfi que celui de la fauñle quinte ; cependant lesrapports n’en font pas égaux) car celui du son eftque de 32, à 4515 cela vient de ce que parmiles femitons quiforment ces deux intervalles, 1l yen a plus de majeurs dans la faufle quinte. Foyez . FAUSSE-QUINTE, Maïs laplus confidérable des différences de la fauf- fe-quinte & du sriton , c’eft que celui-ci eftune diflo-. | nance majeure que lesparties fauvent en s'éloignant, & la faufle-quinte une diffonance mineure que les parties fauvent en s’approchant. L'accord du sion n'eftqu'un renverfement de l’ac- cord fenfible dont la diflonance eff portée à la bañe; d'où 1l s'enfuit que cet accord ne fe doit placer que fur faquatrieme note du ton, qu'il doït s’accompa- gner de feconde &c de fixte, & que la bañie defcen- dant toujours d’un degré pour fauver la diflonance , &t la note fenfible montant de même, le sriron fe fau- vera de la fixte. Voyez SAUVER. (S) TRITONTA , LE ( Myrholog. ) c’eftla même que Pallas Tritogenie ; on donne auf le furnom de 77r:- sonia à Vénus, parce qu’elle eft fouvent portée par des tritons. ( 2. J.) { TRITONOS , ( Géog-anr. } petite ville de la Do- ride. Tite-Live, Z X XVII, c. vij, dit qu’elle fur pri- fe par Philippe de Macédoine. (D. J.) TRITOPATORIES, f f pl ( Artigugreg.) rpromaripéz, folemnité religieufe dans laquelle on adreffoit des prieres pour les enfans aux @écsyere8n/es, aux dieux générhliaques, c'eft-a-dire., qui préfidoient à la génération, & qu’on nommoit auf quelquefois TOITOTATUPES. (D. sk TRITTYARQUES, fm, (Antiq. greg.) TPÉTTUADY CI, magutrats athéniens qui avoient l'intendance & la direétion de la troifieme partie d’une tribu. Potter, archæol. græc.1om. I. p.78. ( D. J.) TRITURATION , e7 Pharmacie, eft la@tion de réduire un corps folide en poudre fubtile.On l'appelle auf lévigation , pulvérifation , &c. Voyez POUDRE, - BROYEMENT, LÉVIGATION , Gc. Ce mot eft formé du latin sriturare , broyer , qui vient de sero, frotter, piler , brifer. La srituration des bois , des écorces, des minéraux, êc des autres corps durs & fecs fe fait dans des mor- tiers de fer. On emploie auffi ce terme quand on parle de bri- fer , d'atténuer & de divifer en petites parties des matieres humides. La srisuration des corps humides fe fait dans des mortiers de marbre ou de pierre, avec des pilons de bois, de verre , d’yvoire, &c. Boerhaaye obferve que la #riurarion à une force merveilleufe pour diffoudre certains corps , & qu’- elle les rend auff fluides que s'ils étoient fondus par le feu ; de cette maniere fi on broie la poudre de myrrhe avec le fel de tartre, ils fe diffoudront mu- tuellement lun lautre. Si on broie dans un mortier de la Himaille de fer nouvelle & brillante avec le dou- ble pefant de foufre bien pur , le fer fe diffoudra tel- lement, que fi on le lave avec de l’eau, il donnera un vitriol de mars. Voyez Fer & Virrioz. L'or trituré longtems dans un mortier avec le fel de tartre donne une forte de téinture, & trituréavec le mercure dans un mortier de verre , il fe réfout en- fierement en une liqueur purpurine , & devient un très-puifflant remede. Le doéteur Langelottea écrituntraité fort curieux fur les grands effets de la #iruration dans la chimie. I décrit une façon particuliere qu'il employoit pour triturer l’or, & au moyen de laquelle 1! pouvoit le rendre auff fluide que par le moyen du feu, & faire Tone XVI, TRI 66; un or potable par le feul mouvement d’un moulin. Foyez Or 6 AURUM. Cet auteur, dans les Tranfacrions Philofophiques, parle de la maniere dont il trituroït l'or, & décrit deux machines où moulins Philofophiques fervant à cet effet , avec l'eau defquels dans lefsace de qua- torze jours, il réduifoit une feuille d’or en une pou- dre brune , mettant enfuite cette poudre dans une cornue peu profonde qu'il placoit fur un feu de f1- ble , il augmentoit le feu par degrés , & donnoït à la fin un feu violent, Il avoit par ce moyen quelques gouttes fort rouges , qui étant mifes en digeftion per Je, ou avec de lefprit-de-vin tartarifé, donnoient un véritable or potable. L'auteur attribue en grande partie le fuccès de cètte opération au fel de l'air qui durant le broye- ment fe mêle abondamment, &s’unit avec lor. TRITURATION, fe dit auffi, ez Médecine , de l’ac- tion de lefflomac fur Les alimens, qui les rend pro- pres à lanutrition. Voyez EsromAc , &c. Quelques médecins prétendent que la digeftion fe fait par la srisurarion | & non pat la fermentation ; autrement que l’eftomac ne fait autre chofe que-de broyer & atténuer les alimens pour les rendre pro- pres à la nutrition, Voyez l’article Dicestion , où cette matiere eft traitée amplement. Ce fyflème fit beaucoup de bruit, il y a quelques années , étant foutenu par le dofteur Pitcairn & par d'autres; mais 1l paroit qu’il eft maintenant fort tom- bé. La dofrine de la sriuration n’eft pas nouvelle, Erafifirate la foutenue anciennement dans toutefon étendue , & les modernes n’ont fait que la renou- veller, Elle fut inventée du tems d’Hippocrate , c’eft-à- dire, dans un tems où l'anatomie étoit encore peu connue , &c c’eft ce qui lui donna du cours. Certains médecins de ce tems-là croyoient que l’eftomac n’é- toit fimplement que le réfervoir des alimens folides ou fecs : que ces alimens après avoir été délayés & broyés dans la-bouche, étoient de nouveau broyés plus parfaitement dans l’eftomac, & par ce feul moyen étoient convertis en chyle, mais que la boif- fon ne pouvant pas être broyée à caufe de fa liqui- dité , alloit dans les poumons & non dans leffomac, où à raïfon de fa quantité, elle auroit plutôt nui à la digeftion qu’elle n’y auroit aidé. Hippocrate, comme nous voyons dans fon qua- trieme livre des maladies, s’éleva fortement contre une opinion fi vifñiblement contraire à la raifon & À Pexpérience ; & il nous apprend que s’ilfe donna cette peine, c’eft parce qu’une telle erreur avoit dé- ja beaucoup de partifans. Elle ne put pas tenir long- tems contre les raïfons d’Hippocrate, & fa chutefut fuivie de la ruine entiere du fyftème de la srirurarion dont elle étoit le fondement. Mais Erafiftratela releva; & cette doftrine après avoir été foutenue durant quelque tems, retomba dans loubli, d’où quelques auteurs modernes ont tâché inutilement de la retirer. , TRITURER LE GRAIN, (Cricig. facrée.) c’eft l’ac- tion de féparer le grain d'avec la paille ; cette manœu- vre s’opéroit en deux manieres chez les Juifs, foit avec dés trainaux ou chariots armés de fer, foit plus ordinairement en faïfant fouler le grain par des bœufs qui brifoient la paille avecla corne de leurs piése Comme on donnoit desmufelieres à ces animaux afin qu'ils ne puffent toucher aux grains qu'ils fouloient ; & que cependant l'ouvrage étoit fort pénible pour ces pauvres bêtes ; Moife voulant infpirer aux Juifs des fentimens d'humanité à cet égard , défendit par une loi exprefle de mettre des mufelieres aux bœufs qu'on employoit à ces travaux fatiguans. S. Paul tire de cette loi la conféquence qu'il eft jufte que les mi- niftres de Pévangile foient nourris aux dépens de PPpp ceux qu'ils inftruifent. Autrefte l’Ecritute fait quel- quefois allufion à la maniere de broyer le blé-par le fecours des bœufs : témoin ce paflase du prophete Michée, iv, 18.4 leve-toi, fille de Sion ; je te donne- # rai uné.corne, de fer, & tu froifleras plufeurs peu- HP CDS) MATE M | TRIVENTO , (Géog. mod. Yen latin Trevertum, petite ville d'Italie, au royaume de Naples., dansle comté de Moliffé , furle Trigno, à 28 lieues au nord- eft de Naples, avec un évêque qui ne releve quedu faint fiece. Long. 33.10. latit, 41.47. (D. J.) TRIVTIA ,,( Mythol,) lurnom de Diane ou d'Hé- cate, parce qu'on la farloit préfider fur les lieux qui aboutiflent à trois chemins, où-parce qu’elle eft la même. que la lune. (D. J.) | pe TRIVIAL, adj.( Gram.) bas, commun, qui ap- pattient à toutle monde, On dit une penféerr/viale. TRIVICUM , ( Géog. anc.) ville d'Itahe, dans la Campanie , felon quelques-uns, 87 dans la Poutiile, felon d’autres, chez les Hirpins, à lorient d'hiver d’Ariano , mais de l’autre côté de l’Apennin. Trivicum devint dans la fuite une fiege épifcopal. Le nom moderne elt Lhevico , fituée à 28. milles de Bé- nevent. ! | : a À Je ne crois point que le Trivicum des Hirpins foit le Triviçum d'Horace, 2, 1. Ja. 55° v. 79 ; puifqu'il ne la quahfe que de méchante ferme , 5/44, quide- voit fon nom fa fituation, parce qu’elle étoit ap- paremment fur les confins de trois villages, comme On appelle srivium.une placé qui termine trois rues, Trivicum la ville de Campamie,, n’eft point dans litinéraire d’Antonin , parce qu'elle n’étoit pas fur la Voie appienne. (D. J.) fes TRIULATTI, (Géog. anc.) peuples des Alpes, que Pline, Z. ZI, c. xx, met au nombre de ceux qui furent fubjugués par Augufte. Le. p. Hardouin croit qu'ils habitoient dans le diocëife de Sénez , vers le bourg d’Alloz. (D.J.) TRIUMFETTE, L £ (Æife. rat. Botan.) triumfet- £a, genre de plante à fleuren rofe, compoiée de plu- fieurs pétales difpofés en rond,: Le piftil fort du.cali- ce, devient dans la fuite un fruit dur, fphérique & hériflé de pointes, qui contient quatre femencesan- guleufes.. Plumier , z0ya plant. Amer. genera. Voyez PLANTE. ; Miller en compte deux efpeces, le sriumfetta, fruc- tu echinato racemofo. Plum..nov. ge. La feconde , triumfetta frutlu echinato racemofo,.ménor. La premiere de ces plantes eft fort commune à la Jamaique, & dans plufeuts autres contrées de l’A- mérique. La feconde eft rare, &ne fe trouve qu’en quelques endroits, Les:fleurs de.ces plantes {ont pe- tites , jaunes, aflez femblables à celles de l’aigremoi- ne, & c’eft par cette raifon qu'on les a mifes dans la même clafle : ces fleurs croiffent en branches aux ex- trémites des rejettons; elles ne font pas fort.belles, aufli ne les cultive-t-on que dans les jardins où l’on fe propofe de répandre de la variété. | La premiere s’éleve à fix ou fept piés de haut; fa tige eft ligneufe; elle fe divife vers le haut en plu- fieurs branches, dont chacune produit un épi où un bouquet de fleurs. Ses feuilles font aflez larges, & reflemblant à celles de la za/yinda major. La fecon- de efpece s’éleve rarement à plus de trois piés; fes feuilles font plus petites que celles de la premiere. Sa tige eft lignéufe, mais non branchue, &c la plante en- tiere eft à tous égards plus petite que la précédente, Dans le fyflème de Linnæus , le genre de plante appellé sriumfetta, n'a point de calice, à-moins qu’on ne donne ce nom à la fleur même; elle eft compofée de quatre pétales droits, concaves, obtus à leur ex: trémité, & recourbés en arriere; comme ils tombent d’abord après. qu'ils font ouverts, il paroît de-là que ce font plutôt les.pétales de la fleur, que les feuilles Tu du Galice ; les étamines font feize filets droits, éga- lant la fleur.en hauteur, &finiflant en pointe aiguë; les bôffettes font fimples; le germe du pifil eftarron- di ; le file eft fimple , &:de la longueur des éth- minés; le {rema eft fendiuen deux ; le fruitieft une caplule ronde , atmée de toutes parts d’épines cro- chues; elle:contient quatré logés, dans chacune def. quelles font deux femences:convexes d'un côté , & angiüleufes de Pautre. Il eft très-rare cependant qu'il y ait deux graines d’une même loge venant à matu- tité, Linnæus, Gez. plans. p:243. Plumier, Gen. 9, (D.J.) mA de | TRITMPILINT , ( Géos: ant.) peuples d'Italie felon: Pline 2: LIT, c. xx. qui nous apprend'qu'ils fai- foient partie des Exganei. Is habitoient la vallée que l'on appella de leurnom Tromple, enfuite Trompia , &t que l’on-connoît ajourd’hui fous le nom de Trop pia. Plineun peu plus basmer les Triurpilini au nom bre des nations des Alpes ; dont Augufte triompha, (D. 17.) TRIUMVIR DE LA RÉPUBLIQUE , ( Hiff. rom.) l’un des trois chefs qui gouvernerent abfolüment la république de Rome; ce n’étoit pas un magiftrat,, mais Pufurpateur d’uge magiftrature fouveraine, Ro- me vit naître deux fois cetteufurpation. Céfar , Pom pée & Craflus, furent les premiers srismvirs qui par- tagerent entr'eux le gouvernement, & c’eft ce quon appelle le premier sriumvirar. OEtavius, Antoine & Lépidus , furent les feconds srimvirs , & la républi- que finit par dégénérer en monarchie; mais nous t4: cherons de ne rien laiffer à defrer fur ces deux gran- des révolutions de Rome, au #0 TRIUMVIRAT, (D. J.) | | | TRIUMVIRS, des colonies | ( Hiff. rom.) sriumviri colonie deducende , magiftrats prépofés pour: établir des colonies. Ces fortes de magiftrats fe créoient dans une af- femblée du peuple par tribus : toutes les fois que les Romains envoyoient des coloniesdans les pays qu'ils avoient foumis, pour maintenir les peuples dans Po- béiflance &r les empêcher de fecouer le joug, on choi- fiffoit des magiftrats qu’on appelloit où duumvirs, où traurnvirs Où décemvirs , {elon le nombre dont ils étoient compofés. Quand par un ordonnance du peuple , ou par un decret du fénat, on avoit déter= miné la colonie & fait le choix de ceux qui la de- voient remplir, on chargeoit Les srixmwirs de la con- duire : c’étoit à eux de l’établir, de faire le départe- ment des terres qui lui éroient adjugées, & d’affigner à chacun ce qu’on lui donnoiït en propre à cultiver 5 après cela, ils traçoient avec une charrue les limites | du terrein, dont ils-avoïent fait le partage. On voit desmonumens de cette inftitution fur les médailles , où l’établiflement des colonies eff marqué par une charrueattelée de bœufs. (D. 7.) TrivmMvirs denur, ( Hifl. rom.) criumviri noc: turni ; c'étoient de bas officiers prépofés pour la po- lice de la nuit. Aupgufte voulant s’affermir fur le trô- ne, s’appliqua à rétablir l’ordre &z la sûreté de la vil le de Rome , où il y avoit eu autrefois des srémmvirs, dont Pemploi étoit de maintenir le repos public pen: dant la,nuit, 8 de veiller aux incendies ; c’eft par cette derniere raifon qu'ils furent appellés rimmviri noëurni ; mais comme il étoit difficile que ces off ciers puflent fuffire à ces deux chofes, Augufle créa fept cohortes, dont il en établit une pour veiller dans deux quartiers de Rome, & leur donna un chef qu'il appela prefeitus vigilum , dignité mentionnée dans plufieurs infcriptions anciennes , qui ont été rappors tées par Panvitius, de civisate Romanä. (D. J.) TRIUMVIRS CAPITAUX, (Æf£. rom.) Woyez TRÉ- VIRS CAPITAUX: (2. J.) | FRIUMVIRS MONÉTAIRES., ferme de monnoies des Romains ; oficiers direéteurs ou furintendans ; pré= pofés chez les Romains à la fabrique des monnoïes. On fair que du tems de la république, l’intendance de la monnoie étoit commife à trois officiers où ma- . giftrats, qu’on nommoit triumviri auro , argento , æri, flando, ftrinndo. Jules-Céfar en ajouta un quatrieme comme nous Papprenons de plufieurs médailles qui portent l'image de ce prince; mais fous Augufte les chofes furent remifes fur l’ancien pié, & les srivm- virs monctaires Continuerent de inettre leur nom far les monnoiïes qu'ils faifoient frapper ; c’eft un fait dont les médailles d’Auoufte nous inftruifent. I n'eft pas vraiflemblablé qu'il y ait eu à Rome des #riumvirs monétaires prépofés par l’empereur à la fabrication des efpeces d’or & d'argent, & d'autres rramvirs nommés par le fénat, pour avoir foin de la fabrication des efpeces de bronze ; car les mêmes officiers ont pü avoir l’intendance de toute la mon- noie qui fe frappoit à Rome, quoiqu'ils fuffent obli- ges de demander l'approbation de l’empereur pour le type des monnoies d’or & d'argent, & l’approba- tion du fénat pour le type de la monnoie de bronze. Au refte ; il net guere poflible de douter que la difpoñtion de la monnoie nait appartenu aux em- pereurs, puifqu'on trouve fur une infinité de mé- dailies, #one:a Aug. € moneta Augg. De plus, Srace dans les vers qu'il a faits, pour confoler Hétrufcus , de la mort de fon pere , qui après avoir été affranchi par Tibere, étoit devenu intendant de l’empereur, difpenfator Cefaris : Stace, dis-je, nous apprend au”- Hétrufcus avoit été chargé de la matiere qui devoit être employée à frapper des monnoies au coin des empereurs. : Que divém in vulrus igni formanda diquefcat M affa, quid Antonie | Criplum crepetigre monete. H eft donc vrai que la monnoie d’or & d'argent appartenoit plus particulierement à l’empereur ; en effet, outre que la marque de Pautorité du fénat ne fe trouve que très-rarement fur ces deux métaux, une infcripñion découverte à Rome fur la fin du fei- zieme fecle, &c rapportée dans Gruter, prouve ce fait d’une maniere évidente. Cette infcription qui eft du tems de Trajan commence ainfi: Fortune Aug. J'acrum officinatores monete aurariæ , argentarie Cefaris. H falloit donc que la monnoïe d’or & d'argent dé- pendit plus particulierement de l’empereur , puifque fans cela les monétaires en bronze auroient été joints aux monétaires des deux autres métaux, On peut tirer cette même conféquence de ce que Sévere Ale- xandre ayant réduit les impoñtions à la trentieme partie de ce qu’elles étoient fous Elagabale , vou- lant faire aufli un changement dans le poids & dans le module de la monnoie, il eft dit qu'il fit frapper des demrfols & des tiers de fols d’or ; mais on ma- joute pas qu'il ait entrepris de rien changer dans la monnoie de bronze, apparemment parce qu'il ne voulut pas être accufé d’empiéter fur les droits du fénat. Remarquons qu'après Augufte on ne trouve plus fur les médailles le nom des sriumvirs monétaires ; mais il ne faut pas croire pour cela que ces emplois ayent été fupprimés ; car parmi les titres donnés dans une ancienne infcription à un Q. Hedius Rufus Lollianus Géntianus , qui vivoit du tems de Sévere & de Caracalle, on lit celui de ZZI. Vir, AA. À. FF. & on trouve un L. Antronius Vagonius Profper 271. Wir. Monetalis | dans une autre in{cription rapportée par Reinefius, & que Sperlingius croit plus moderne que la précédente, Les ouvriers qui travailloient à la mon. noie fous les ordres des sriumvirs , étoient ou des af. franchis ou des efclaves ; c’eft pour celaque dans un ancien monument, ils font nommés offcinatores PES rummulari officinarum argentariarum familie mone- sarie ; On les appelloït en généralwonerrit, offci- Tome XVI, + 1 natïores morete, © numimularii officinatores monete. On les divifcit en plufeurs claffes > Les uns, nom. més /fgratores , gravOient les coins : les autres, ap- pellés /zppoffores , avoient foin de mettre la piece de métal entre les quarrés ; d’autres, appellés ma. rores , la ffappoient avec le marteau ; il eft it men tion de ces trois fortes d'ouvriers conjointement dans une infcription de Grüuter. | Ily avoit outre cela d’autres ouvriers chargés de la fonte &c de la préparation des métaux qu’on ap- portoit en mafle ou en lingots aux hôtels des mon- noies. Ceux-ci fe nommoient flatores , où flatuarii , auri 6 argenti monetarii, Quelques-uns étoient chargés de la vérification du titre & du poids des efpeces, on les appelloit exadores aurt , argenti, œris ; & c’eft pour cela qu’on lit exagium folidi fur certaines médailles d'Honorius &c de Valentinien IE], qui paroïflent avoit fervi d’une efpece de pié-fort, pour vérifier les fols d’or qu'on frappoit du terms de ces émpereurs, comme on peut le voir dans la diflertation de M. du Cange fur Les médailles du bas-âge : le chef de ces ouvriers eft ap- pellé oprio dans quelques infcriptions , du-moins en cas qu'il y en eût quelqu'un au-deflus de celui qui portoit ce nom , les anciens monumens ne.ñnous en Ont pas confervé le fouvenir. Ce font là tous les noms qui foient parvenus juf- qu'a nous, des perfonnes employées dans les mon- notes des Romains >; car il faut bien fe garder de confondre , comme a fait Sperlinsius, les monétai- res avec ceux qui font appellés fur d'anciens mar- bres,, argentarius coaëlor, auri luffralis coaëtor , Procu- rator ; fubprocurator, defenfor aurariarim. Les pre- miers étoient des receveurs chargés du recouvrement de Por &c l'argent que les fajets de l'empire devoient payer au’ tréfor impérial ; les derniers étoient des of- ficiers prépotés à la fouille des mines d’or qu'on dé- couvroir fur les terres de Pempire. Dans le bas-empire , il n’eft plus fait mention des trumvirs monéraires | & le S: C. ne {e trouve plus comme auparavant fur lés monnoies de bronze. Cela fait juger que les empereurs, en attribuant à leur di- onité le droit exclufif de faire battre monnoie , abo- lrent les trois charges de ceux qui préfidoient à cet emploi, & qui vraiflemblablement nétoient pas nom- més fans l'approbation du fénat. Ce changement, fe- lon les apparences, arriva fous Aurélien, contre qui les monnétaires s’étoient révoltés. Dans la fuite , il paroït par la notice des deux empires que la monnoïe fut dans le département du furintendant des finances , appellé comes Jacrarume largitionyr. On établit pour-lors dar:s chaque mon- noie particuhere un dire@teur , que la notice appelle Procurator monetæ , 8t Ammien Marcellin, præpojitus monetæ: au-deflus de celui-ci étoit le chef des mo- nétaires, à qui on donnoit le nom de-prinarius mo- netariorum. .[ cft vrai que la notice ne parle point des différentes monnoïes établies dans l'empire d'O- rient, & qu'elle n’en nomme que fix dans POccident, celle de Sifcia, d’Aquilée, de Rome , de Lyon, d’Ar- les & de Trèves. Cependant lexergue des.médailles du bas-empire nous prouve qu’il y en avoit un bien plus grand nombre. Norices de M. le baron de la Bañlie. (D. J.) TRIUMVIRAT , f. m.( Hij. rom. ) c’eft le nom | latim-que l’hiftoire à confacré à laflociation Aire par. | trois perfonnes, pour changer le gouvernement de la république , & s’en emparer contre les lois de Fétat. : . Etat de Rome fur la fin de la république. Romemon- tée au faîte de la grandeur , fe perdit par la corrup- tion, par Le luxe, par des profufions qui n’avoient . point de bornes. Avec des defirs immodérés , on fut prêt à tous les attentats ; &, comme dit Sallufte, on PP pp ER I 667 vit une génération de gens qui ne pouvoient avoir de patrimoine , ni foufirir que d’autres en euffent. Sylla, dans la fureur de fes entreprifes , avoit fait. des chofes qui mirent Rome dans limpoffbilité de conferver fa liberté. Il ruina dans fon expédition dAfie toute la difcipline militaire : il accoutuma fon armée aux rapines , & lui donna des befoins qu’elle f’avoit jamais eu ; il corrompit une fois des {oldats qui devoient , dans la fuite , corrompre les capi- taines. : | Il entra à main armée dans Rome, &t enfeigna aux généraux romains à violer lafyle de la Hberté. Il donna les terres des citoyens aux foldats , &c il les rendit avides pour jamais; car dès ce moment il y eut plus un homme de guerre qui n’attendit une oc- cafon qui pût mettre les biens de fes concitoyens entre fes mains. | Dans cette pofition, la république devoit néceffai- rement périr ; 1l n’étoit plus queftion que de favoir comment & par qui elle feroit abattue. Trois hom- mes également ambitieux effaçoient alors les autres citoyens de Rome, par leur naïflance , par leur cré- dit, par leurs exploits, & par leurs richefles, Cnéius Pompéius, Caïus Julius Céfar, & Marcus Licinius Craflus. Caraîteres de! Craffus. Ce dernier de la maïfon Lici- nia, & célebre par fa mort chez les Parthes,, étoit fils de Craflus le cenfeur. Ne pouvant vivre en füreté à Rome , parce quäl avoit été profcrit par Cinna & Marius , il fe fauva en Efpagne, où Vibius, un defes amis, le tint caché pendant huit mois dans une ca- verne. De-là il fe rendit en Afrique auprès de Sylla, qui lui donna d’abord la commiffion d’aller dans le pays des Marles, pour y faire de nouvelles levées; mais comme il falloit pafler dans différens quartiers de l’armée ennemie, Craflus avoit befoin d’une ef- corte , il la demanda à Sylla. Ce général, qui vouloit accoutumer fes officiers à des entreprifes hardies, lui répondit fierement : « Je te donne pour gardes # ton pere , ton frere, tes parens, & tes amis qui # ont été maflacrés par nos tirans , & dont je veux # venger la mort ». Craflus touché de ce difcours, &c plein du defir de fe diftinguer , partit fans répli- quer, pañla au-travers de différens corps de l’armée ennemie , leva un grand nombre de troupes par fon crédit, vint rejoindre Sylla, & partagea depuis ayec lui tous les périls & toute la gloire de cette guerre. Dans le même tems , le jeune Pompée n'ayant pas encore vingt-trois ans , tailla en pieces la cavalerie gauloïfe aux ordres de Brutus, joignit Sylla avec trois léoions , & fe lia d'amitié & d'intérêt avec Craflus. - Sylla devenu diétateur perpétuel, ou , pour mieux dire, le maître abfolu de Rome , difpofa fouverai- nement des biens de fes concitoyens , qu’il regardoit comme faifant partie de fes conquêtes ; & Craflus, dans cette confifcation , eut le choix de tout ce qui pouvoit flatter fon avarice : Sylla, auffi Hibéral envers fes amis, que dur & inexorable envers fes ennemis, fe faifoit un plaifir de répandre à pleines mains les tréfors de la république fur ceux qui s’étoient atta- chés à fa fortune. Voilà la principale fource des ri- chefles de Craflus. Elles n’amollirent point fa valeur. Il y avoit déja trois ans que la guerre civile duroit en Italie, ayec autant de honte que de défavantage pour la républi- que, lorfque le fénat lui en donna la conduite. La fortune changea fous cet habile général ; il rétablit la difcipline militaire , défit les troupes de Spartacus, &T remporta un viétoire comp. îte. | De retour à Rome l’an 683, fa fa@tion fe réunit à celle de Pompée ; & comme il avoit pañlé par la charge de préteur , il fut élu con/z/. On déféra la même dignité à Pompée , quoiqu'il ne füt que fimple chevalier , qu’il n’ett pas été feulement quefteur , & qu’à peine il eût trente-quatre ans ; mais fa haute réputation & l’éclat de fes viftoires couvrirent ces irrégularités ; on ne crut pas qu’un citoyen qui avoit été honoré du triomphe avant l’âge de vingt-quatre ans & avant que d’avoir entrée au fénat, dût étreaflu- jettiaux regles ordinaires 11 fembloit que Pompée &c Craflus euffent renon- cé au triomphe, étant entrés dans Rome pour de- mander le confulat ; mais, après leur éleétion, où fut furpris qu'ils prétendiflent encore au triomphe , comme s'ils étoient reftés chacun à la tête de leurs armées. Ces deux hommes également ambitieux &e puiflans vouloient retenir leurs troupes, moins pour la cérémonie du triomphe , que pour conferver plus de force & d’autorité l’un contre l’autre. Craflus, pour gagner l’affetion du peuple , ft dreffer mille tables où 1l traita toute la ville , &c fr diftribuer en même tems aux familles du petit peuple du blé pour les nourrir pendant trois mois. On ne fera pas fur- pris de cette libérale , fi l’on confidére que Craflus resorgeoit de richefles, & poflédoit la valeur de plus de fept mille talens de bien, c’eft-à-dire plus detrente millions de notre monnoie ; & c’étoit par ces fortes de dépenfes publiques que les grands de Rome ache- toient les fuffrages de la multitude. Pompée de {on côté, pour renchérir fur les bien- faits de Craflus , & pour mettre dans fes intérêts les tribuns du peuple, fit recevoir des lois qui rendoïent à ces magiitrats toute l’autorité dont ils avoient été privés par celles de Sylla, Enfin ces deux hommes ämbitieux fe réunirent, s’embraflerent ; & après avoir triomphé l’un & l’au- tre , ils icencierent de concert leurs armées. Caraëtere de Pompée. Mais Pompée attira fur lui, pour ainfi dire, les yeux de toute la terre. C’étoit, au rapport de Cicéron, un perfonnage né pour toutes les grandes chofes , & qui pouvoit atteindre à la fu- prème éloquence , sil n’eût mieux aimé cultiver Les vertus militaires, & fi fon ambition ne let porté à des honneurs plus brillans. Il fut général avant que d’être foldat, & fa vie n’offrit qu’une fuite conti- nuelle de viétoires. Il fit la guerre dans les trois par- ties du monde, & il en revint toujours viétorieux. Il vainquit dans l’Italie Carinat &t Carbon du pari de Marius; Domitius, dans l'Afrique ; Sertorius , ou pour mieux dire Perpenna, dans Efpagne ; les pi- rates de Cilicie fur la mer Méditeranée ; &c depuis la défaite de Catilina, il revint à Rome vainqueur de Mithridate &z de Tigrane. Par tant de viétoires & de conquêtes , ilacquit un plus grand nom que les Ro- mains ne fouhaitoient, & qu’il n’avoit ofé lui-même efpérer. Dans ce haut degré de gloire où la fortune le con- duifit comme paï la main, il crut qu'il étoit de fa dignité de fe familiarifer moins avec fes concitoyens. Il paroïfloit rarement en public ; & sil fortoit de fa maïfon , on Le voyoit toujours accompagné d’une foule de fes créatures, dont le cortege nombreux re- préfentoit mieux la cour d’un grand prince, que la fuite d’un citoyen de la république. Cen’eft pas qu'il abufât de fon pouvoir , mais. dans un ville libre on voyoit avec peine qu'il affeétât des manieres de fou- verain. Accoutumé dès fa jeunefle au commandement des armées, ilne pouvoit fe réduire à la fimplicité d’une vie privée. Ses mœurs à la vérité étoient pures & fans tâche : on Le louoit même avec juftice de fa tem- pérance ; perfonne ne le fonpçonna jamais d’avarice, & il recherchoïit moins dans les dignites qu'il bri- guoit la puifflance , qui en eft inféparable , que les honneurs & l'éclat dont elles étoient environnées. Deux fois Pompée retournant à Rome, maître d’opprimer la république , eut la modération de con- sédier fes armées ayant que d'y entrer, pour s’af= rer les éloges du fénat &c du peuple ; fon ambition étoit plus lente & plus douce que celle de Céfar : il afpiroit à la diétature par les fuffrages de la républi- que ; il ne pouvoit confentir à ufurper la puifiance, mais 1l auroit defiré qu’on la luiremit entreles mains. Îl vouloit des honneurs qui le difinguaffent de tous les capitaines de fon tems. _ _ Modéré en tout le refte, il ne pouvoit fouffrir fur fa gloire aucune comparaïfon. Toute épalité le blef- foit, & il eût voulu , ce femble, être le feul général de la république , quand 1l devoit fe contenter d’être le premier. Cette jaloufe du commandement lui atti- ra un grand nombre d’ennemis, dont Céfar, dans la fuite , fut le plus dangereux & le plus redoutable ; lun ne voulut point d’égal, comme nous venons de dire, & l’autre ne pouvoit fouffrir de fupérieur. Cette concurrenceambitieufe dans les deux premiers hom- mes de l’univers caufa les révolutions, dont nousal- {ons indiquer l’origine &t le fuccès à la fuite du por- trait de Céfar. Caraëtere de Céfar. Il étoit né de l’illuitre famille des Jules , qui, comme toutes les grandes maïfons, avoit fa chimere , en fe vantant de tirer fon origine d’An- chife & de Vénus. C’étoit l’homme de fon tems le mieux fait , adrait à toutes fortes d'exercices , infa= tigable au travail , plein de valeur , & d’un courage élevé ; vaite dans fes defleins, magnifique dans fa dépenfe , & libéral jufqu’à la profution. La nature, qui fembloit lavoir fait naître pour commander au refte des hommes , lui avoit donné un air d’empire, _& de la dignité dans fes manieres. Mais cet air de grandeur étoir tempéré par la douceur & la facilité de fes mœurs. Son éloquence infinuante & invinci- | ble étoit encore plus attachée aux charmes de fa Perionne, qu'à la force de fes raïfons. Ceux qui étoient aflez durs pour réffter à l'imprefion que fai- foient tant d’aimables qualités, n’échappoient point à les bienfaits : & il conimença par gagner les cœurs, comme le fondement le plus {ohde de la domination à laquelle 1l afpiroit. Né fimplie citoyen d’une république , il forma, dans une condition privée, le projet d’aflujettir fa patrie. La grandeur & les périls d’une pareille entre- prife ne l’épouvanterent point. Il ne trouva rien au- deflus de fon ambition, que l'étendue immenfe defes vues, Les exemples récens de Marius & de Sylla lui firent comprendre , qu'il n’étoit pas impofüble de s'élever à la fouveraine puiffance : mais fage jufque . dans fes defirs immodérés , àl diftribua en différens tems l’exécution de fes detfeins. Doué d’un efprit toujours jufte , malgré fon étendue , il n’alla que par degrés au projet de la domination ; & quelque écla- tantes qu'ayent été depuis fes viétoires, elles ne doi- vent paifer pour de grandes attions , que parce qu’el- les furent toujours la fuite & l'effet de grands def- feins. | À peine Sylla fut-1l mort , que Céfar fe jetta dans les affaires : 11 y porta toute {on ambition. Sa naïflan- ce , une des plus illuftres de la république, devoit lattacher au parti du fénat & de la noblefle ; mais ne- veu de Marius &c gendre de Cinna, il fe déclara pour leur fa@ion , quoiqu’elle eût été comme difipée de- puis la dictature de Sylla. 11 entreprit de relever ce parti qui étoit celui du peuple , & il fe flarta d’en de- venir bien-tôt le chef , au-lieu qu'il lui auroit fallu plier fous l'autorité de Pompée , qui étoir à la tête du fénat. Sylla avoit fait abattre pendant fa diétature les tro- phées de Marius. Céfar n’étoit encore qu’édile, qu’il fit faire fecrétement par d’excellens artiftes la ftatue de Marius , couronné par les mains de la Vi@oire. Il Y ajouta des infcriptions à fon honneur, qui faifoient mention de la défaite des Cimbres , & il fit placer TRI 669 de nuit ces nouveaux trophées dans Îe capitole. Tout. le peuple accourut en foule le matin four voir ce nouveau fpettacle. Les partifans de Sylla £e récrie- rent contre une entreprile f hardie ; on ne douta point que Céfar n’en fût l’auteur. Ses ennemis pu bhoïent qu'il afpiroit à la tyrannie , & qu’on devoit punir un homme qui ofoit de fon autorité privée re- lever des trophées, qu'un fouveraïn magiftrat avoit . fait abattre, Mais ie peuple dont Marius s’étoit décla- ré proteéteur , donnoiït de grandes louanges à Céfar, &t difoit qu'il étoit le feul qui, par {on courage, mé- ritât de fuccéder aux dignités de Marius. Auff les principaux de chaque tribu ne furent pas long-tems fans lui donner des preuves de leur dévouement à fes intérêts, ah Après la mort du grand pontife Métellus , il obtint cet emploi , pafla avec facilité À la préture , & en fortant de cette charge , le peuple lu déféra le gou- vernement de l’Efpagne, Céfar en poñleffion de ce gouvernement , potta la guerre dans la Galice & dans la Luftanie , qu'il fou- mit à l'empire Romain ; mais dans cette conquête il ne négligea pas fes intérêts particuliers, Il s’empara par des contributions violentes, de tout l'or & l’ar- gent de ces provinces, & il revint à Rome chargé de richefles, dont il fe fervit pour fe faire de nou- velles créatures , par des libéralités continuelles; {a maïlon leur étoit ouverte en tout tems; rien ne leur étoit caché que fon cœur, toujours impénétrable même à {es plus chers amis. Onne doutoit point qu’il ne fe fût mis À la tête de la conjuration de Catilina , fi elle eût réufli ; & ce fameux rebelle qui croyoit ne travailler que pour fa propre grandeur, le füt vu enlever le fruit de fon cri- me, par un homme plus autorifé que‘lui dans fon pro- pre parti, & qui avoit eu ladrefle dene lui laïfler que le péril de Pexécution., Cependant le mauvais fuccès de cette entreprife, & le fouvenir de la mort des Gracques, affaflinés aux yeux de la multitude quiles adoroit , lu firent comprendre que la faveur feule du peuple ne fufäfoit pas pour le fuccès de fes affai- res : & 1l jugea bien qu'il ne s’éleveroit jamais jufqu’à la fouveraine puiflance , fans Le commandement des armées , &c fans avoir un parti dans le fénat. Formation du premier triumvirat. Ce corps fi aueuf- té étoit alors partagé entre Pompée & Craflus, en- nemis 8 rivaux dans le souvernement ; l'un le plus puiflant, & l’autre le plus riche de Rome. La répu= blique tiroit au-moins cet avantage de leur divifion , qu'en partageant le fénat , elle tenoit leur puiffance en équilibre, & maïintenoit la liberté, Céfar réfolut de s’unir tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre, & d’emptunter pour ainf-dire leur crédit de tems-en- tems ; dans la vue de s’en fervir pour parvenir plus afément au confulat & au commandement des ar- mées. Mais comme il ne pouvoit ménager en même tems l’amitié de deux ennemis déclarés , il ne fongea d'abord qu'à les réconcilier. Il y réuffit , & lui feul tira toute l’utiliré d’une réconciliation fi pernicieufe à la liberté publique. Il fut perfuader à Pompée & A Craflus de lui confier, comme en dépôt, le confulat, qu'ils n’auroient pas vu fans jaloufie pañler entre Les mains de leurs partifans. Il fut élu conful avec Cal- phurmus Bibulus , par le concoursdes deux fations. Il en gagna fecrétement les principaux, dontilforma un troifièeme parti, qui opprima dans la fuite ceux mêmes qui avoient le plu$ contribué à {on élévation. Rome fe vit alors en proie à lambition de trois hommes qui, par le crédit de leurs fa&ions réunies, difpoferent fouverainement des dignités & des em- plois de la république. Craflus toujours avare, & trop riche pour un particulier , fongeoit moins à groïlir fon parti, qu’à amafler de nouvelles richefes. Pompée çontent des marques extérieures de refpe& 670 TRI & de vénération que lui attiroit l’éclat de fes viétoi- rès, jouiffoit dans une oifiveté dangereufe, de fon crédit & de fa réputation. Maïs Céfar plus habile &c plus caché que tous les deux, jettoit fourdement les fondemens de fa propre grandeur, fur Le trop de fé- curité de l’un & de l’autre, {l n’oublioit rien pour en- tretenir leur confiance, pendant qu’à force de préfens ïiltâchoit de gagtier les fénateurs qui leur étoient les plus dévoués. Les amis de Pompée & de Craflus devinrent fans s’en appercevoir les créatures de Cé- far ; pour être averti de tout ce qui fe pañloit dans leurs maïfons, il féduifit jufqu’à leurs affranchis, qui ne purent réfiter à fes libéralités. IL employa contre Pompée en particulier, lés forces qu'il lux avoit don- nées , & fes artifices mêmes; il troubla la ville par {es emiflaires, & fe rendit maître des éleéhons; con- fuls, préteurs , tribuns , furent achetés au prix qu'ils mirent eux-mêmes. Etant conful , il fit partager lesterres de la Cam- panie, entre vinot mille familles romaines. Ce fu- rent dans la fuite autant de cliens, que leur intérêt engagea à maintenir tout ce qui s’étoit fait pendant fon confulat. Pour prévenir ce que fes fucceffeurs dans cette digmité pourroient entreprendre contre la difpofition de cette loi, il en fit paffer une feconde, qui obligeoit le fénat entier, & tous ceux qui par- viendroient à quelque magiftrature , de faire fer- ment de ne jamais rien propofer au préjudice de ce qui avoit été arrêté dans les afflemblées du peuple pendant fon confulat. Ce fut par cette habile précau- tion qu'il fut rendre les fondèmens de fa fortune fi fürs & fi durables, que dix années d’abfence, les tentatives des bons citoyens, & tous les mauvaisof- fices de fes envieux & de fes ennemis, ne la purent jamais ébranler. | + | Cimentation de ce triumvirat. Mais comme il crai- gnoit toujours que Pompée ne luiéchappât , &c qu'il fût regagné par le parti des republicainszélés, 1l lui donna fa fille Julie en mariage , comme un nouveau gage de leurunion. Pompée donna la fienne à Servi- lus, & Céfar époufa Calpurnie , fille de Pifon , qu'il fit défigner conful pour Pannée fuivante.Il prit en mé- me tems le gouvernement des Gaules avec celui de lIllyrie, pour cinq ans. On décerna depuis celui de la Syrie à Craflus, quile demandoit dans l’efpérance d'y acquérir de nouvelles richefles , en quoi il réuf- fit, car il doubla les trente millions qu'il poffédoit. Pompée obtint l’une & l’autre Efpagne, qu'il gouver- na toujours par fes lieutenans , pour ne pas quitter les délices de Rome. Ils firent comprendre ces différentes difpofitions dans le même décret qui autorifoit le partage des ter- res , afin d’en intérefler Les propriétaires à la confer- vation de leur propre autorité. Ces trois hommes partagerent ainf le monde entier. Voila la ligue qu’on nomma e premier criumvirat, dont l'union, quoique momentanée , perdit la république, Rome fe trou- voit en ce malheurenx état, qu’elle étoit moins ac- cablée par les guerres civiles que par la paix, qui réu- niffantles vues &c les intérêts des principaux, ne fai- foit plus qu'une tyrannie. L’ufage donnoit un gouvernement aux confuls à l'ifue du confulat, &c Céfar de concertavec Pompée & Craflus , s’étoit fait déferer celui de la Gaule Cis- Alpine , qui n’étoit pas éloigné de Rome. Vatinius, tribun du peuple, & créature de Céfar,, y fit ajouter celui de l’Illyrie , avec la Gaule Trans-Alpine; c’eft- à-dire la Provence , une partie du Dauphine & du Languedoc, que Céfar fouhaitoitavec pafhon , pour pouvoir porter fes armes plus loin, &t que le fénat même lui accorda , parce qu'ilne fe fentoit pas aflez puifant pour le lui refufer. Ban Il avoit choiïfi le gouvernement de ces provinces comme un champ de bataille propre à lui faire un/ orand nom. Il envifagea la conquête entiere des Gau- les, cornme un objet digne de fon courage &r de fa valeur, & ilie flatta en même tems d'y amafñer de grandes richeffes, encore plus néceflaires pour fou- tenir fon crédit à Rome, que pour fournir aux frais de la guerre, Il partit pour la conquête des Gaules, à la tête de quatre légions, & Pompée lui en prêta de- puis une autre, qu'il détacha de l’armée qui étroit fous fes ordres, en qualité de gouverneur de lEfpagne & dela Lybie, | | Les guerres de Céfar, fes combats, fes viétoites , ne font ignorés de perfonne. On faitqu'en moins de dix ans, il triômpha des Helvétiens, & les força de fe renfermer dans leurs montagnes qu'il attaqua ; & qu'il vainquit Ariovifte , roi des Germains, auquel. il fit la guerre , quoique ce prince eût été reçu au nombre des alliés de état ; qu'il foumit depuis les Belges à fes lois ; qu'il conquit toutes les Gaules, êc que les Romains fousfaconduite, pafferent la mer, & arborerent pour la premiere fois les aigles dans [a Grande-Bretagne. ï | On prétend qu'il emporta de force , ou qu’il rédui- fit par la terreur de fes armes, huit cens villes; qu’il fubjugua trois cens peuples ou nations ; qu’il défiten différens combats trois millions d'hommes , dont il y en eut un million qui furent tués dans lés batailles, & un autre million faits prifonniers ; détail qui nous paroitroit éxagéré , s’il n’étoit rapporté fur la foi de Plutarque , & des autres hiftoriens romains, | Ambirion & conduite de Céfar. I] eft certain que la république n’avoit point encore eu -un plus gtand ca- pitaine , fi on examine fa conduite dans le comman- dement des armées , fa rare valeur dans les combats, & fa modération dans la vitoire. Mais ces qualités étoient obfcurcies par une ambition démefurée , & par une avidité infatiable d’amafler de l'argent , qu'il regardoit comme l’inftrument le plus für pour faire réuflir fes grands defleins. Depuis qu'il fut arrivé dans les Gaules , tout fut vénal dans fon camp ; char- ges, gouvernemens , guerres , alliances, il trafiquoit detout. il pilla les temples des Dieux , & les terres des alliés. Tout ce qui fervoit à augmenter fa puif fance , lui paroïfloit jufte & honnête ; & Cicéron rapporte qu'il avoit fouvent dans la bouche ces mots d'Euripide: « s’il faut violer le droit, 1l ne le faut » violer que pour régner ; mais dans des affaires de » moindre conféquence, on ne peut avoir trop d’é- #_.gards pour la juftice ». Le fénat attentif fur fa conduite , vouloit lui en faire rendre compte , & il envoya des commifiaires jufques dans les Gaules, pour informer des plaintes des alliés. Caton au retour de ces commiffaires , pro- pofa de le livrer à Ariovifte, comme un défaveu que la république faifoit de l’injuftice de fes armes, & pour détourner fur fa tête feule, la vengeance célefte de la foi violée. Mais l'éclat de fes viétoires, Paffec- tion du peuple, & l'argent qu’il favoit répandre dans le fénat , tournerent infenfiblement les plaintes en éloges. Onattribua fes brigandages à des vües poli- tiques ; on décerna des aétions de graces aux dieux pour fes facrileges ; & de grands crimes couronnés de la réuflite, pañlerent pour de grandes vertus. Céfar devoit {es fuccès à {a rare valeur, & à fa pañlion que fes foldats avoient pour lui. Il en étoit adoré , ils. le fuivoient dans les plus grands périls, avec une confiance bien honorable pour un général. Ceux qui fous d’autres capitaines n’auroient com- battu que foiblement ,-montroient fous les ordres un courge invincible, & devenoïent par {on exemple d’autres céfars. Il les avoit attachés à fa perfonne &z à fa fortune, par le foin infini qu'il prenoit de leur fubfiftance , & par des récompenfes magmifiques. IL doubla leur folde ; & le blé qu’on ne leur diffribuoit que par rations réglées , leur fut donné fans melure. fl afligna aux vétérans des terres! 8c des poffefions. I fembloit qu’il ne fût que le dépoñitaire des richefles. || Ammendes qu'il açcumuloit tous les jours & qu'il ne.les confervoit que pouren faire le prix de la va- eur, & la récompenfe du mérite. 11 payoïit même :} les dettes de fes principaux officiers, & il laifloiten- !! trevoir à ceux qui étoient engagés pour des fommes | dl exceflives, qu'ils n’auroient jamais. rien à craindre !} de la pourfuite de leurs créañiiers, tant qu'ils com- || battroient fous fes enfeignes. Soldats & officiers, chacun fondoit lefpérance de fa fortune, fur la li- | béralité & la proteétiondu général. Par-là les {ol.. dats.de la république devinrent infenfiblement les nil foldars de Céfar. Son attention n’étoit pas bornée à s’aflurer feule- | ment de fonarmée. Du fond des Gaules il portoit fes vies für la difpofition des affaires, & jufque dans les comices, &t les affemblées du peuple, il ne $’y pañloit tien fans fa participation: Son crédit influoit jufque dans la plupart des délibérations du fénat. Il avoit dans l’un &c l’autre corps des amis puiflans, & des créatures dévouées à fes intérêts. Il leur fournifloit de l'argent en abondance, foit pour payer leurs det- tes., ou pour s'élever aux principales charges de la république. C’étoit de cet argent qu'il achetoit leurs fuffrages, & leur propre liberté. Emilius Paulus étant conful, en tira neuf cent mille écus , feulement pour ne s’oppofer point à fes deffeins pendant fon confu- lat, If en donna encore davantage à Scribonius Cu- tion, tribun du peuple, homme fa@tieux, habile, éloquent , quilui avoit vendu fa foi, & qui pour le fervir plusutilement, affe@oit de n’agir que pour l'in- térétdupeuple. . Rupture de Pompe avec Céfar. Pompée ouvrit en- finles yeux, & réfolut de ruiner la fortune de Cé:- far. La jaloufie du gouvernement, & une émulation réciproque de gloire, les firent bientôt appercevoir qu'ils Étoient ennemus , quoiqu'ils confervañlent en- cote toutes les apparences de leur ancienne liaifon. Mais Craflus qui par fon crédit & fes richeffes immen- fes, balançoit l'autorité de l’un & de l'autre, ayant été tué dans la guerre des Parthes, ils {e virent en li- berté de faire éclater leurs fentimens. Enfin la mort de Julie fille de Céfar , qui arriva peu de tems après, acheva de rompre ce qui reftoit de correfpondance entre le beau-pere & le gendre. | Céfar demanda qu’on lui continuât fon gouverne- ment, comme on avoit fait à Pompée , ou qu'il lui fût permis, fans être dans Rome, de pourfuivre le confulat. Il ajouta dans la même lettre, que fi Pom- pée prétendoit retenir le commandement, il fauroit bien fe maintenir dé fon côté à la tête de fon armée ; &c qu’en ce cas, il feroit dans peu de jours à Rome pour y. vanger fes propres injures , & celles qu’on Es à la patrie. Ces dernieres paroles remplies de menaces , parurent au fénat une vraie déclaration de guerre, Lucius Domitius fut nommé fur le champ pour fon fuccefleur, & on lui donna quatre mille hommes de troupes, pour aller prendre poffeffion de fon gouvernement; mais Céfar dont les vües & l'aétivité étoient incomparables, avoit déja prévenu ce decret, par la hardiefle & la promptitude de fa marche. Céfar ufurpe la tyrannie par les armes. La même frayeur qu’Annibal porta dans Rome après la ba- taille de Cannes, Céfar y répandit lorfqu’il paffa le Rubicon, Pompée éperdu, ne vit dans les premiers momens de la guerre, de parti à prendre que celui qui refle dans les affaires défefpérées : 1l ne fut que céder & Que fuir ; 1l fortit de Rome , y lailfa le tré- for public ; il ne pnt nulle patt retarder le vain- üeur; il abandonna une partie de fes troupes ,toute Ytalie, & pafla la mer. Céfar entra dans Rome en maître, & s’étant em- } TIR I 671 paré du tréfor püblie oil trouva environ cinq mal- hons-de livres de notre monnoie, 1l fe mit en état de pouriuivre Pompée & {es partifans; mais ce général -du fénat qui vouloittirer la guerreen longueur, pour avoir le téms d’amailer de plus orandes forcés > PafTa d'Italie,en Epire.,& après s’être embarqué à Brin- des, il aborda dans le,port de.Dirrachium. Céfar ne ayant pa joindre, fe rendit maître detotte l'Italie, en moins de 60 jours. Le détail êc le fuceès.de la guefre civile n’eft point demon, fier. On faitque l'empire ne coûita pour ainf dire à Céfar, qu’unetheure de:tems 3.8 que la bataille de Pharfale en décida. La perte de Pompée! qui,périt depuis en Egypte; entraîna celle de {on parti, L'adtivité de Céfar;,8rila rapidité de fes con- quêtes, ne donnerent point.lé tems de traverfer {es projets, La guerte le porta dans des climats différens, La viétoire le fuivit prefque par-tout, & la oloire ne labandonna jamais. | D | On parle beaucoup de la fortune de Céfars mais cet homme extraordinaire avoit tant de grandes qua- ltés, fans aucun défaut, quoiau’il.eût bien des vi- ces, qu'il eût été difficile, que quelqu’armée qu'ileût commandée, 1l n’eûñt été vainqueur, &z qu'en quel- que république qu'il füté , il ne let gouvernée. Tour plie Jous [a puifflance. Tout plia fous fà puif- fance., 8 deux ans apres le paflage du Rubicon., l’an 696, on le vit rentrer dans Rome maître de l’uni- vers. Il pardonna à tout lemonde ; mais.la modéra- tion que lon montre après qu’on a tout. ufurpé, ne mérite pas de grandes louanges, L Le fénat à fon retour, lui decerna des honneurs extraordinaires, & une autorité fans bornes > Quine laifloit plus à la répblique qu’une ombre de hberté. On le nomma conful pour dix ans, & didtateur per- pétuël. On: lui donna le nom d’empereur, letitre zu gufée de pere de la patrie. On déclara fa perfonne fa. crée & inviolable, C’étoit réunir & perpétuer en lui i la puifance &e les privilegés annuels dé toutes les di- gnités de l’état. On ajouta à cette profufion d’hon: neurs, le droit d’aflifter à tous les jeux daris une chai- re dorée | & une couronne d’or fur la tête ; & il fut ordonné par le decret, que même après fa mort , on placetoit toujouts cette chaire & cette couronne dans tous lesfpeüacles pour immortalifer fa mémoire. Maïs la plupart des fénareurs ne lui avoient décet: né tousices honneurs extraordinaires dont nous ve- nons de parler, que pour le rendre-plus odieux, & pour Île Pouvoir perdte plus furement. Les grands furtout qui avoientfuivila fortune de Pompée, & qui ne pouvoient pardonner à Céfar la vie qu'il leur avoit donnée dans Les plaines.de Pharfale , ferepro- choïent fecrétement {es bienfaits, comme le prix de la liberté publique ; & ceux qu'il croyoït fes meil- leurs amis , ne recevoient {es sraces que pour appro- cher plus près de fa perfonne ; & pour le faire périr plusdurement. | Ter abufe 6 périt. 1 effaÿa pour ainfi dire le dia= dème; mais voyant que le peuple cefloit fes acclama: tions, 1} n’ofa hafarder d’afermir la couronne furfa tête ; cependantäl cafa les tribuns du peuple, & fit encore d’autres tentatives pour. le conduire à là royauté : mais On ne peut comprendre qu’il pût ima- giner que les Romains pour le fouffrir tyran ; aimaf- lent pour cela la tyrannie. 4 4, Il commit beaucoup d’autres fautes, en témoi: gnant le peu d’ésards qu'il avoit pour le fénat ,& en choquant les cérémonies & les ufages.de ce corps. Il porta fon mépris jufqu'à faire lui-même les fénatus- confultes , & à les foufcrire duiom des prémuers {é- nateurs qui lui venaient dans Pefbrit. & Japprens » quelquefois, dit Cicéron (Lersres farmil. LL. IX.) ; » qu'un,fénatus-confulte , pafñlé à mon avis; a été », porté en Syrie & en Arménie, avant que jaÿe fou, 672 TRI » qu'ilaitété fait; & plufieurs princes m'ont éeñt » des lettres de remerciemens, fur ce que j’avois èté # d'avis qu’on leur donnât letitre de rois, que non- » feulement je ne favois pas être rois;mais même » qu'ils fuflent au monde ». Enunmot, il étoit d'autant plus difficile que Cé- far püt défendre fa vie, qu’il y avoit un certain droit des gens, une opimon établie dans toutes les répu- bliques de Grece & d’Itake, qui fafoit regarder comme un homme vertueux, l’'afflaffin de celui qui avoit ufurpé la fouveraiñe puiflance. A Rome fur- tout, depuis l’expulfon des rois ,la loi étoit précife, les exemples reçus; la république armoit le bras de chaque citoyen, le faifoit magiftrat pour lemoment, & l’avouoit pour fa defenfe, Brutus ofa bien dire à fes amis, que quand fon pere réviendroir fur la ter- re, il le tueroit tout de même s’il afpiroit à-la tyran- nie, En effet, le crime de Céfar qui vivoit dans un souvernement libre, n’étoit-1l pas hors d'état d’être puni autrement Que par un aflaffinat ? Et demander pourquoi on ne l’avoit pas pourluivi par la force ou- verte, ou par des lois, n’étoit-ce pas demander raïon de fes crimes? Il eft vrai que les conjurés finirent prefque tous malheureufement leur vie; il falloit bien que des gens à la tête d’un parti abattu tant de fois, dans des guer- res où l’on ne fe faïloit aucun quartier, périflent de mort violente. De-là cependant on tira la confé- quence d’une vengeance célefte, qui punifoit les meurtriers de Céfar, & profcrivoit leur caufe. Conduire du fénat & d'Antoine après la mort de Cë- far. Après la mort de cetyran, les conjurés ne firent rien pour fe foutenir ; ils fe retirerent feulement au capitole , fans favoir encore ce qu’ils avoient à ef- pérer ou à craindre de ce grand événement; mais ils virent bientôt avec amertume , que [a mort d’un ufurpateur alloit caufer de nouvelles calamités dans la république. Le lendemain Lépidus fe faïfit de la place Romaine avec un corps de troupes, qu'il y fit avancer par or- dre d'Antoine, alors premier conful. Les foldats vé- térans qui Craignoient qu'on ne répétat les dons im- menfes qu'ils avoient reçus, entrerent dans Rome. Le fénar s’aflembla, & comme il étoit queftion de décider f Céfar avoit étéuntyran, ou un magiftrat légitime , & % ceux qui l’avoient tué méritoient des peines ou des récompenfes, jamais cet augufte con- leil ne s’étoit tenu pour une matiere fiimportante &c fi delicate. Après plufeurs avis différens, on pritun tempérament pour contenter les deux partis. On convint qu'on ne pourfuivroit point la mort de Cé- far; mais on arrêta pour concilier les extrèmes , que toutes fes ordonnances feroient ratifiées : ce qui pro- duufit une faufle paix. Antoine diffimulant fes fentimens , foufcrivit au decret du fénat. Les provinces furent diftribuées en même tems ; Brutus eut le gouvernement de l’île de Crete; Caflius de l'Afrique; Trébonius de l’Afe; Cimber de la Bithinie , & on confirma à Décimus Brutus, celui de la Gaule cifalpine , que Céfar lui avoit donné. Antoine confentit même à voir Brutus &t Cafius. Ilfe fit une efpece de réconciliation entre ces chefs de parti: réunion apparente qui ne trompa perfonne. Comme le fénat avoit approuvé tous les aêtes de Céfar fans reftriétion, &e que l'exécution en fut don- née aux confüuls, Antoine qui l’étoit, fe faifit du li- vre de raïfonsde Céfar , gagna fon fecrétaire, & y fit écrire tout ce qu'il voulut : de maniere que Le di- Étateut régnoit plus impérieufement que pendant fa vie; car ce qu'il n’auroit jamais fait, Antoine le fai- {6it ; l'argent qu’il wauroit jamais donné , Antoine le donnoit ; & tout homme qui avoit de mauvaifes in- tentions contre la république, trouvoit foudain une récompenfe dans les prétendus livres de Céfar. Parun nouveau malheur, Céfar avoitamañé pour fon expédition, des fommes immenfes, qu'il avoit mifes dans Le temple d’Ops; Antoine avec fon livre, en difpofa à fa fantaifie. f f Les conjurés avoient d’abord réfolu de jetter le corps de Céfar dans le Tibre: ils n’y auroïent trouvé nul obftacle; car dans ces momens d’étonnement qui fuivent une aétion inopinée , il eft facile de faire tout ce qu'on péut ofer: cela ne fut point exécute, 6€ voici Ce qui En arriva. Le fénat fe crut obligé de permettre les'obfeques de Céfar;, & effettivement dès qu'il ne lPavoit pas déclaré tyran, ilne pouvoit lui réfufer la fépulture. Or c’étoit une coutume des Romans, fi vantée par Polybe ; de porter dans les funérailles lesimages des ancètres, & de faire enfuite l’oraifon funebre du dé- funt. Antoine qui la fit, montra au peuple la robe enfan slantée de Céfar , lui lut fon teftament , où il hä prodiguoit de grandes largefles, '8c l’agita au point qu'il mit le feu aux maifons des conjurés. | S'ils furent ofenfés des difcours artificieux d'An- toine , le fénat n’en fut guere moins piqué, &c fans fe déciarer ouvertement, 1l ne faifla pas de favorifer fecrettément leurs entreprifes, perfuadé que la con- fervation du gouvernement républicain dépendoït des avantages de ce parti; cependant Antoine s’ache- minoit à la fouveraine puiflance, lorfqu’on vit arri- ver le jeune Oftavius, petit-neveu de Céfar, qui fe préfenta pour recueillir fa fuccefion. . Arrivée du jeune Ofavius à Rome. Il étoit fils d’un fénateur appellé Cazus Oéfavins, qui avoit exercé la préture ,.& d’Acie, fille de Julie, fœur de Céfar, qui avoit été mariée en premieres nôces à Accius Balbus, & enfuite à Marcus Philippus. Comme Oftavius n’avoit pas encore dix -huit ans, Céfar lavoit en- voyé à Apollonie , ville fur les côtes d’Epire, pour y achever fes études &t fes exercices. Il n’y avoit pas fix mois qual étoit dans cette ville lorfqw’il apprit que fon grand-oncle avoit été aflaffiné dans le fénat. Ses parens & fes amis voulant oppofer fon nom à la puiffance d’Antoine, lui manderent de venir à Rome pour ÿ jouir du privilege de fon adoption, & la faire autorifer par le préteur. | Au bruit de fa marche, les foldats vétérans aux- quels Céfar, après la fin des guerres civiles, avoit donné des terres dans l'Italie , accoururent li offrir leurs fervices ; on lui apportoit de l'argent de tous les côtés, & quand 1l approcha de Rome, la plüpart des magiftrats, les officiers de guerre, toutes les créatures du dictateur, & le peuple en foule forti- rent au-devant de lui. , Ce jeune Oavius prit le nom de Cé/ar, vendit fon patrimoine, paya une partie des legs portés par le teflament de fon grand -oncle, &r jetta avec un filence profond, les fondemens de la perte d’An- toine. Il fe voyoit foutenu du grand nom de Céfar, qui feul lui donneroit bien-tôt des legions & des ar- mées à fes ordres ; d’un autre côté, Cicéron pour perdre Antoine {on ennemi particulier , prit le mau- vais parti de travailler à l'élévation d'Oftavius , & au-heu de faire oublier au peuple Céfar, 1l Le lui ré- mit devant les yeux. Ottavius fe conduifit avec Cicé- ron en homme habile ; 1l le flatta, le confulta, le loôua, & employa tous ces artifices dont la vanité ne fe défie jamais. Prenant en même tems fon inté- rêt pour regle de fa conduite, tantôt il ménagea po- litiquement Antoine, & tantôt le fénat, attendant toujours à fe déterminer d’après les conjonétures favorables. = Il eft certain qu'Antoine ne craignoiït pas moins Oavius, que Brutus & Caffius; mais il fut obligé de diffimuler , & de garder beaucoup de mefures avec le premier, à caufe de attachement que lu portoient pottoient le peuple, les officiers, & les foldats qui [@] avoient fervi dans les armées du didateur ; de - [4 toutes les réumons apparentes qu'ils eurent l’un aveé Fautre, n’étoient pour ainfi-dire qu'une matiere d'in- fdéhités nouvelles : tous deux ne chercherent long- tems qu’à fe détruire, chacun afpirant à demeurer feul à la tête du parti oppoié à celui des conjurés. Antoine tenant affiégé Decimus Brutus dans Mo: dène , &refufant deleverle fiege , le fénat itrité de fa rébelñon, ordonna à Hirtius & à Panfa , confuls, ainfi qu'à Oétavius ; de marcher au fecours de Deci- mus Le combat fut long ; Antoine fut défair, & les deux confuls y périrent ; cependant le fénat fon- geant à abaïfler Oëftave, fier du grand nom dont il avoit hérité, & du confulat quil avoit obtenu, mit Decimus Brutus à la têre des troupes de la républi- que. © Urion d’Oülave, d'Antoine, & de Lepidus. Ce fat alors qu’Oétavius, extrèmement piqué de cette in- jure qui bridoït fon ambition , fongea fétieufement æie réconcilier avec Antoine quand l’occafion s’en préfenteroit ; mais il attendit politiquement à fe dé. tefmuner qu'il fût sûr du parti qu'embrafleroient Lé: pidus &c Plancus. Antoine gagna les foldats de Lépi- dus ; qui le reçurent la nuit dans leur camp &c le re- connurent pour leur général. Plancus toujours ef: clave des événemens le déclara contre le fénat & contre Decimus Brutus. Antoine repafla les Alpes à la tête de dix- fept légions , arrêta Brutus dans les défilés des montagnes voifines d’Aquilée, & lui fit couper la tête. Cette mort fut le motif, ou plutôt le prétexte de la réunion entre Oftave & Antoine ; ils S'y trouve- rent enfin égaleinent difpofés l’un & l’autre. Antoine venoït d'éprouver devant Modène ce que pouvoit encore le nom de la république ; & comme il défef péroit alors de s’émparer feul de la fouveraine puif fance , il réfolut de la partager avec fon rival. Oftave de fon côté craignoit que s'il différoit plus long-tems . à fe racommoder avec Antoine, ce chef de parti ne le joignit à la fin aux conjurés , comme il l’en avoit menacé, & que leurs forces réunies ne rétabliffent l'autorité de la république; ainfi la paix fut aifée à faire entre deux ennemis qui trouvoient un intérêt égal à fe rapprocher, Des amis communs les firent convenir d’une entrevue ; la conférence fe tiñit dans unepetite ile déferte, que forme, proche de Modè- ne , la riviere du Panaro, - Formation du fecond trixmvirar, Les deux armées camperent fur fes bords , chacune de fon côté, & on avoit fait des ponts de communication qui y abou- tifloient , & fur lefquels on avoit mis des corps - de- gardes. Lépidus étant dans l'armée d'Antoine, fe trouva naturellement à cette entrevue ; & quoiqu'il n’eût plus que le nom de général & les apparences du commandement, Antoine & O&ftave, toujours en garde Pun contre autre, n’étoient pas fâchés qu’un tiers, qui ne leur pouvoit être fufpett, intervint dans les différends qui pourroient naître entre eux. Ainfi Lépidus entra le premier dans l'île, pour reconnoître s'ils y pouvoient pafler en fureté, T'elle étoit la malheureufe condition de ces homme ambi- tieux, qui dans leur réunion même, confervoient encore une défiance réciproque. Lépidus leur ayant fait Le fignal dont on étoir convenu, les deux géné- raux pañlerent dans l’île, chacun de fon côté, Ils s’em- brafferent d’abord, & fans entrer dans aucune expli- cation fur le paffé, ils s’avancerent pour conférer, vers Pendroit Le plus élevé de l’ile, & d’où ils pou- voient être également vus par leurs gardes, & même par les deux armées. : Ils s’afiirent eux trois feuls. Oftave en qualité de conful, prit la place la plus honorable, & fe mit au milieu des. deux autres, Ils examinerent quelle Tome XVI, TRI 673 forme de souvernement ils donnerotént à ja Fépus blique, &z fous quel titre ils pourroient païtäger l'aus torité fouveraine, & retenir leurs armées. pour maintenit leur puiffance. La conférence dusà trois jours ; On re fait point lé détail de ce qui s'y pañla 4 il parut féulement par la fuite , qu'ils étoient conves nus qu'Oftave abdiqueroit lé confulat, & le remet: troit pour le refte de l’annéé 4 Ventidius, un des lieutenans d'Antoine ; mais qu'Oltave , Antoine, & Lépidus, fous le titre de sritmvirs, s’emparéroient de Pautorité fouveraine pour cinq ans : ils bornerent leur autorité à ce peu d'années, pour ne pas fe dés clarer d'abord trop ouvertement les tyrans de leu LEE PAU Ada | Partage de l'empire entre les irrumbirs. Ces tiiurnvire Paftagerent enfuite entre eux les provinces, les lé pions; & l'argent même de la république: & ils a rent, dit Plutarque, cé partage de tout Pémpire s comme fi c’eût été leur patrimoine, | _ Antoine retint pour lui les Gaules, à l'exception de la province qui confine aux Pyrénées, & qui fut cédée à Lépidus avec les Efpagnes. Oftave eur pour fa part l'Afrique, la Sicile, la Sardaigne, & les au . tres îles L’Afie occupée par les conjurés f’entra point dans ce partage; mais Oftaye & Antdine con: vinrent qu'ils joindroient inceflamment leurs forces pour les én chafler ; qu’ils fe mettroieñt chacun à la tête de vingt légions ; & que Lépidus , avec trois autres, reflerort en Italie & dans Rome, pour y maintenir leur autorité. Ces deux colleyues ne lui donnerent point de part dans la guerre qu'ils alloient entreprendre, parce qu'ils connoïfoient fon peu de valeur & de capacité, Ils ne l’aflocierent au sr virat, que pouf lui laiffer en leur abfeñce, comme en dépôt, autorité fouveraine, bien perfuadés qu’à 115 fe déferoient plus aifément de lui que d’un autre général, s’il leur devenoit infidele ou inutile. Tes drefferehs un rôle de proferits & de récompenfes: Leur ambition étoit fatisfaite par ce partage ; maïs ils laïfloient à Rome & dans le fénat des ennenus cas chés, 6c des républicains toujours zélés pour la li= berté ; ils réfolurent avant que de quitter l'lralie , d'immoler à leur fureté, & de profcrire les plus ri= ches & les plus précieux citoyens ; ils en dréfferent un rôle. Chaque triumvir y comprit fes ennemis particuliers, & les ennemis de fes créatures: ils pouflerent linhumanité exécrable jufqu’à s’abandon- ner lun à l’autre leurs propres parens, & même les plus proches. Lépidus facrifia d’abord fans peine fon frere à fes deux collegues ; Antoine de fon côté _abandonna à Oë&tavius le propre frere de {a mere ; & celui-c1 confentit qu'Antoine fit mourir Cicéron quoique ce grand homme l’eût foutenu de fon cré- dit contre Antoine même. On mit dans ce rôle fra nefte Thoranius, tuteur d'Oftave, celui-là même qui l’avoit élevé avec tant de foin, Plotius défigné conful, frere de Plancus, un des lieutenans d’Antoi- ne , & Quintus fon collegue au confulat, furent couchés fur la lifte, quoique ce dernier fût beau- pere d'Afintus Pollio, partifan zélé du sriumvirar s ainf tous les droits les plus facrés de la nature & de la reconnoïffance furent violés par ces trois fcéléa. rats. On difpofa des récompenfes, & cet article étoit important pour retenir les troupes dans leur devoir: Il fut donc arrêté qu'on abandonneroit-aux foldats en proprièté les terres & les maifons de dix-huit des meilleures villes de l'Italie; qui furent choïfies par les triumvits, felon qu'ils avoient des fujets d’aver- fion contre ces miférables cités ; les plus grandes étoient Capone, Reogium, Venouze, Benevent, Nocere, Rimini, & Vibone : tout cela fut reclé fans conteftation, ls imitens Marius & Sylla dans leur profcription. Qqq 674 TRI Pour exécuter leurs vengeances avec éclat, 1ls imi- terent la maniere dont Marius & Sylla en avoient ufé. Elle confiftoit à écrire en grofles lettres fur un tableau le nom des condamnés, & on affichoit ce tableau dans la place publique; c’eft ce qu’on ap- pella profcriprion. De ce moment chacun pouvoit tuer les profcrits ; & comme leur tête étoit à fort haut prix, il étoit bien difficile qu'ils puffent échap- per à des foldats animés par l'intérêt. Ces terribles articles étant fignés, Oftavefortit pour les déclarer aux troupes qui en témoipnerent une extrème Joie, & alors les foldats des trois armées fe mêlerent, & fe traiterent réciproquement. Ainfi fut conclu cet exeécrable #zumvirat, dont les fuites furent fi funeftes ; & pour en faire pañler la mémoire jufqu’à la poftérité , ils firent battre de la monnoie, où on voyoit d’un côté l'image d’Antoi- ne: Marc Antoine, empereur augufle, sriumwir , & àu revers trois mains qui fe tenoient, les haches des confuls, & pour devife, Ze /alus du genre humain. Les triumvirs ayant ainf établi leur autorité, dref- ferent le rôle des autres perfonnes qui devoient pé- tir par leurs ordres ; & bien que la haine y eût gran- de part, l'intérêt y trouva auffi fa place. Ils avoient befoin de beaucoup d'argent pour foutenir la guerre contre Brutus & Cafus , qui trouvoient de puiffan- tes reflources, dans les richefles de l’Afie , & dans l'affiftance des princes d'Orient; au-hieu que ceux- ci n’avoient que l’Europe pour eux, fur-tout l'Italie épuifée par la longueur des guerres civiles. Ils éta- bürent de grands impôts fur le fel, &c fur les autres marchandiles ; mais comme cela ne fufifoit pas, ils profcrivirent, ainfi que je l'ai dit, plufieurs des plus riches de Rome, afin de profiter de leur conffca- tion, | … Decrer de cette profcriprion. Le decret de la prof- Cription commençoit en ces termes : &« Marcus Le- » pidus, Marcus Antonius & Oftavius Céfar, élus _», pour la réformation de la république. Si la géne- » rofité de Jules-Céfar ne l’avoit obligé à pardon- » ner à des perfides , & à leur accorder, outre la » vie dont ils étoient indignes, des honneurs & des » charges qu'ils ne méritoient pas, après avoir été » pris des armes à la main contre fa perfonne , il # n'auroit pas péri fi cruellement par leur trahifon; » & nous ne ferions pas forcés d’'ufer de voyes de » rigueur contre ceux qui nous ont déclarés enne- » mis de la patrie. Mais les entreprifes déteftables » qu'ils ont machinées contre nous, la perfidie hor- » ble dont ils ont ufé à l’égard de Céfar , &e la con- » noïflance que nous avons de leur méchanceté & » de leur obffination dans des fentimens fi odieux, » nous obligent à prévenir les maux qui nous en # pourroient arriver. . Le refte contenoit une juftification du procédé des criumwirs, fondée fur les avantages que Jules- Céfar avoit acquis aux Romains par fes viétoires , l'ingratitude de fes bienfaits, en un mot la nécefité de punir des ennemis, qui pourroient par leurs arti- fices rejetter la ville de Rome dans les malheurs de la divifion , durant qu'Oûave & Antoine feroient occupés contre Brutus & Caflius : on appuyoit cette juftification par l'exemple de Sylla. . Après avoir imploré lafhftance des dieux, ils concluoient ainfi : « que perfonne ne foit aflez har- # di pour recevoir, recéler ou faire fauver aucun » des profcrits, fous quelque prétexte que ce foit , »# ni lui donner argent ou autre fecours, ni avoir »# aucune intelligence avec eux, fous peine d’être ». mis en leur rang, fans efpérance d’aucune grace. » Quiconque apportera la tête d’un profcrit, aura » deux mille écus, fi c’eft un homme libre ; & s'il » eft efclaye, il aura la liberté & mille écus. L’ef- # clave quituera fon propre maïtre,aura outre cela TT » le droit de boutgeoifie. On:donnera la même ré » compenfe à ceux qui nous déclareront le lieu où » un profcrit fe fera retiré; & le nom du dénon- » Ciateur ne fera couché fur aucun regiftre ni autre » mémoire, afin que perfonne n’en ait connoïf- » fance». Quantité de leurs foldats arriverent à Rome avant la publication du decret, & tuerent d’abord quatre des profcrits, lesuns dans leurs logis, & les, autres dans la rue. Ils fe mirent enfuite à courir par les maifons & par les temples: ce qui caufa une. frayeur générale. On n’entendoit que des cris &. des pleurs ; & comme le decret n’étoit pas encore: publié, chacun fe perfuadoit être du nombre des condamnés. Quelques-uns même tomberent dans. un fi grand defefpoir, qu'ils vouloient envelopper la ville entiere dans leur perte, en mettant le feu par-tout. Pédius , pour empêcher ce malheur, fit publier qu’on ne cherchoit qu’un fort petit nombre: des ennemis des sriumyirs, 8 que tous les autres navoient rien à craindre. Le lendemain il fit afi- cher les noms des dix-fept condamnés; mais il s’é- chauffa fi fort à courir de tous côtés pour raffurer les eiprits, qu’il en mourut. Les sriumvirs firent enfuite leur entrée dans la ville en trois différens jours. O@ave entra le pre- mier , Antoine le fecond, & Lepidus le troïfieme ; chacun d’eux menoit une légion pour fa garde. La loi par laquelle ils s’attribuoient la même autorité que les confuls pour l’efpace de cinq ans, & fe dé- claroient réformateurs de la république, fut publiée par Titius tribun du peuple; & la nuit fuivante, ils firent ajouter les noms de cent trente perfon- nes à ceux qu'ils avoient déja profcrits. Peu de tems après on en publia encore cent cin- quante , fous prétexte qu’on les avoit oubliés. Ainf le nombre des malheureufes viimes s’accrut juf- qu'à trois cent fénateurs, & plus de deux mille che- valiers. Perfonne n’ofoit refufer l’entrée de fa maï- fon aux foldats qui cherchoient dans les lieux les plus fecrets; & la face de Rome reflembloit alors à celle d'une ville prife d’affaut, expofée au meurtre &t au pillage. Plufeurs furent tués dans ce defor- dre fans être condamnés. On les reconnoïfloit à ce qu’ils n’avoient pas la tête coupée. Peinture de ces horreurs, Salvius tribun du peuple fut tué le premier fur la table où il traitoit fes amis, pour avoir abandonné trop légérement les intérêts d'Antoine , qu'il avoit d'abord foutenu contre Cicé- ron. Le préteur Minutius périt par l’imprudence de ceux qui Paccompagnoient par honneur , & qui Le firent découvrir. Cœpion fe fit tuer les armes à la main après une vigoureufe réfiftance, & Veratinus raflembla plufeurs autres profcrits comme lui, avec lefquels 1l tua grand nombre de foldats, & fe fauva en Sicile. Statius profcrit à l’âge de quatre-vingt ans, à caufe de fes grands biens, les abandonna au pillage, &c mit le feu dans fa maïfon, où il fe brüla, Emilius voyant des gens armés qui couroient après un mi- férable, demanda qui étoit ce profcrit; un foldat qui le reconnut, répondit c’eft toi-même , & le tua {ur l’heure. Cilius & Decius ayant là leurs noms écrits dans le tableau, fe mirent à fuir étourdiment, ë& attirerent après eux des foldats qui les tuerent. Jubus fe joignit à des gens qui portoïent un corps mort dans la ville, mais il fut reconnu & tué par les gardes de la porte, qui trouverent un porteur de plus qu’il n’y en avoit d'ordinaire. Largus épargné par quelques foldats de fa con- noïflance, en rencontra d’autres qui le pourfuivi- rent ; il fe jetta dans les bras de ceux qui lavoient fauvé, afin qu’ils gagnaflent le prix qui leur appar- tenoit, Les gens les plus 1lluftres fe cachoient pour fauver leur vie dans les grottes, dans les aqueducs & les fouterreins, On ne trouvoit que fénateurs, tri- buns_&7 autres magiftrats fugitifs \| cherchant des aziles de toutes parts. | | On porta à Antoine la tête de Rufus profcrit, pour avoir refufé quelque tems auparavant de lui vendre une maifon voifine de celle de Fulvie ; il dit que ce préfent appartenoït à fa femme, & le lui en- voya; d'unautre côté, la femme de Coponius qui étoit fort belle, n’obtint d'Antoine la grace de fon marique par la derniere faveur. Cicéron fut pourfuivi dans fes terres parun cer- tain Herennius, & par un tribun militaire nommé Popilius Lena, auquel 1 avoit fauvé la vie en plai- dant pour lui; 1Îs le tuerent dans fa litiere à l’âge de 64 ans. Ainf fut cimenté le siumvirat par le fang d’un des plus grands hommes de la république. En un mot tout ce que la vengeance, la haine ou l'intérêt peuvent produire de plus tragique, parut dans les divers incidens de cette affreufe profcrip- tion. On vit des amis hvrer leurs amis à l’affaffinat ; des parens leurs parens; & des efclaves leurs mat- tres. On vit Le méchant par le prix an crime encouragé ; Le mari dans [on lit par [a femme évorgé ; Le fils tout degoutant du meurtre de fon pere, Et, Ja tête a la main, demandant fon Jalaire. Salaffus fut trahi par fa femme; Annalis & Thau- ranius, tous deux préteurs, furent vendus par leurs propres fils, & Fulvius fut livré par une efclave qu'il entretenoit. ; Peinture de belles aëéfions dans ce tragique évenement. Mais aufh, tout ce que l'attachement, l'amour & la fidélité peuvent infpirer de plus généreux, parut au milieu de tant d’horreuts. On vit des foldats com- patiffans refpeéter le mérite; on vit des efclaves fe dévouer pour leurs maîtres, & des ennemis aflez gé- néreux rifquer tout pour fauver la vie à leurs enne- nus. On vit des femmes porter par les campagnes leurs maris fur leurs épaules, &c s’aller cacher avec eux dans le fond des forêts. On vit des enfans s’ex- pofer au glaive pour leurs peres , & des peres pour leurs enfans. Enfin, on vit de fi grands traits d’hé- roifme , qu'il fembloit que la vertu dans cette occa- fion vouloit trrompher fur le crime. Les femmes de Lentulus, d’Apuleins, d’Antichus, fe cacherent dans des lieux deferts avec leurs maris, fans vouloir jamais les abandonner. : Comme Reginus fortoit de la ville déouifé en charbonnier, fa femme le fuivant en litiere , un fol- dat arrête la voiture; Reginus revient fur fes pas pour prier cet homme de refpeéter cette dame. Le foldat qui avoit fervi fous lui ,. le reconnut : « fau- » vez-vous, lui dit-il, mon général, je vous appel- # lerai toujours ainfi, & je vous refpeéterai tou- » jours, dans quelque miférable état que je vous » VOYE ». | Ligarius fe noya défefpéré de n’avoir pu fecourir fon frere qu'il vit tuer devant fes yeux; & la ten- drefle de pere fut funefte à Blavus, qui revint fe faire mañflacrer pour tâcher de fauver {on fils. Arianus & Metellus échapperent au fer des affaf- | fins par les fois &c le courage de leurs enfans. Op- pius, qui avoit fauvé fon pere infirme , en le portant de lieu en lieu fur fes épaules, en fut recompenfé par le peuple qui le nomma édi/e; & comme il n’a- voit pas aflez de bien pour fournir à la dépenfe des jeux, non-feulement tous les ouvriers lui donnerent généreufement leurs peines & leur falaire ; mais la phpart de ceux qui afhfterent à fes {peëtacles , lui firent tant de préfens, qu'ils lenrichirent. Junius dut fon falut aux fervices de fes efclaves qui çombattirent pour le défendre.Un affranchi poignar- Tome XVI. TRI 675 da le commandant de ceux qui venoient d'éporser fon maitre, & fe tua du même poignard. L’avanture de Reftius ou de Reftio eft furpre- nante. [l avoit autrefois fait marquer d’un fer chaud le front d’un de fes efclaves pour s'être enfui. Cet efclave découvrit fans peine le lieu où il étoit ca- ché, & vint l’y trouver. Reftius crut être perdu, mais l’efclave le raflura : « crois-tu , dit-il, mon » maître, que ces caraéteres dont tu as marqué » mon front, aient fait plus d’impreflion fur mon » ame que les bienfaits que j’ai reçu de toi depuis » ce tems-là »? Il le conduifit dans un autre lieu plus fecret, & l'y nourrit foigneufement, en veillant fans cefle à fa confervation; cependant comme des foldats vinrent à paffer plufieurs fois près de cet en- droit, leurs allées & venues cauferent mille frayeurs à l’efclave. Il fuivit un jour ces foldats, 8e prit f bien fon tems qu’il sua à leur vue un laboureur : les foldats coururent à lui comme à un affaflin ;-mais il leur dit, fans fe déconcerter , que c’étoit fon maître Reftius profcrit par les loix, qu'il venoit heureufe- ment de tuer, moins encore pour la recompenfe!, que pour fe venger des marques infâmes qu'ils voyoient fur fon front. Aimf l’efprit, le crime & l’héroïfme fe réunirent dans un fimple efclave, & fon maitre fut fauvé. Maïs la grandeur d’ame des efclaves d’Appion & de Méneius fut fans tache: ils fe dévouérent géné: reufement, & 1e firent tuer tous les deux, l’un dans une litiere , & l’autre fur un lit, avec les habits de leurs maîtres. L’imagination féconde inventa toutes fortes de moyens pour échapper à la mort. Pomponius revé- tit habit de préteur, habilla fes efclaves en liéteurs, contrefit le feing des sriumvirs, 8 prit un vaiffeau pour pafler en Cilicie. Unautre fénateur fe fit rafer, changea de nom, leva une petite école, & y enfeit gna publiquement tant que dura la profcription, fans que perfonne vint à foupçonner qu’un maître d'école füt un illuftre profcrit. L’aimable & belle Oftavie faififoit de fon coté toutes les occafñons poflibles d’arracher quelques vitimes à la barbarie du sriumvirar. La femme de Vinius compris dans la profcription, après avoir examiné les moyens de le fauver, l’enferma dans un coffre qu’elle fit porter à la maïfon d’un de fes af franchis, & répandit fi bien le bruit qu’il étoit mort, que tout le monde en fut perfuadé. Mais comme cette reflource ne calmoit point fes allarmes, elle faifit l’occafñion qu’un de fes parens devoit donner des jeux au peuple , & ayant mis Oë&tavie dans fes intérêts, elle la pria d'obtenir de fon frere, qu’il fe trouvât feul des sréumvirs au fpeétacle. Les chofes ainfi difpofées, cette dame vint {ur le théatre, fe jette aux piés d'Oétavius, lui déclare fon artifice, & fait porter en fa préfence le coffre même , d’où fon mari {ortit en tremblant. Tandis que tous les deux implo- roient la clémence du sriumvir, Otavie donna des louanges à cette aétion avec tant de sraces & d’a- drefle , que fon frere applaudiflant à l'amour hé- roique de cette dame, accorda la vie à fon mari. Oûtavie n’en demeura pas là, elle loua fr fort le courage de l’affranchi qui, recevant ce dépôt, avoit couru rifque de périr lui-même , qu’elle engagea fon frere à le recompenfer, en le mettant au rang des chevaliers romains. | Triomphe de Lépidus. Sur la fin des exécutions du tniumvirat | Lépidus s’avifa de vouloir triompher de quelques peuples que fes lieutenans avoit foumis en Éfpagne. La publication de ce triomphe portoit ces paroles remarquables : » à tous ceux qui honoreront » notre triomphe par des facrifices, des feftins pu- » blics, & autres démonftrations de joie , falut, & » bonne fortune. À ceux qui fe conduiront au. QQqai 676 TTRT » t'ernent, malheut-&c profcription ». On peut s’1- maginer que la joie fut univerfelle, tant la terreur étoit grande ! la cérémonie de ce triomphe fut ho- norée -par: plus de facrifices &c de feflins , qu'l n’en avoit encore paru dans aucune occafon, femi- blable ,. n1 même dans toutes réunies enfemble, Taxe exorbitante fur les hommes, Apres la mort ou la fuite des-profcrits ; on mit en vente les biens de ces malheureux, que par des fonges favorables il montra aux magif- trats de Troëzene le moyen deremédier À la famine qui affligeoïit le pays, En allant dans la plaine, on voyoit furle Chemin un temple d'Ifis, 8 au-deflus un autre temple de Vénus Acréa; le premier avoit été bâti par les habitans d'Halicarnafle, qui avoient voulu rendre cet honneur à la ville de Troëzene, comme à leur mere. Pour la flatue d'Ifs , c’étoit le peuplé de Troëyéne qui l’avoit fait faire. Dans les montagnes du côté d'Herntione, on ren controit premierement la fource du fleuve Hilyeus, qui s’étoit appellé autrefois Taurius : én fecond leu; une roche qui avoit pris le nom de Théfée, de- puis que ce héros; tout jeune encore, laremua pour prendre la chauflurè & lépée de fon pere, qui les avoit cachées deflous : car auparavant elle fe nom moit lawrél de Jupiter Sthénius. Près delà, on mon- troit la chapelle de Vénus, furnommée Nymphée s bâtie par Théfée, lorfqu’il époufa Hélene. Hors des murs de la ville, il y avoit un temple de Neptune Pythalmius, furnom dont la raifon eft que ce dieu 686 TRO dans fa colere, inonda tout le pays des eaux falées de la mer, fit périr tous les fruits de la terre , &ne cefla d’affliger de ce fléau les Troézéniens, jufqu’à ce qu'ils l’euflent appailé par des vœux & des facri- fices. | | Au-deflus étoit le temple, de Gérés légiflatrice, confacré, difoit-on, par Althepus. Sion alloit au port, qui étoit dans un bourg nommé Célenderis, on voyoit un lieu appellé le #erceau de Théfee, parceque c’étoit-là que Théfée étoit né. Vis-à-vis on avoit bâti un temple au dieu Mars, dans le lieu même où Thé- fée défir les Amazones. C’étoit apparemment unrefte de celles qui avoient combattu dans l’Attique contre les Athéniens commandés par ce héros. En avançant. vers la mer Pféphée , on trouvoit un olivier fauvage nommé le rhachos , tortu; carils don- noient le nom de rhachos à tous les oliviers qui ne portoient point de fruit; & ils appelloient celui-ci sort, parce que c’étoit autour de cet arbre, que les renes des chevaux d’Hippolyte s’étoient embarraf- fées ; ce qui avoit fait renverfer {on char. Il y avoit deux îles qui dépendoient de Troézene ; favoir lile de Sphérie , depuis nommée l’#e facrée , & celle de Calaurée. Une bonne partie du pays de Troézene étoit, à proprement parler , un ifthme qui avançoit confidérablement dans lamer, & qui s’é- tendoit jufqu’à Hermione. Les Troézéniens faifoient tout ce qu'ils pouvoient pour donner d'eux une grande idée. Ils difoient que leur premier roi s’appelloit O7us, & qu'il étoit ori- ginaire du pays ; mais je crois, dit Paufanias, Z. 11. c. xxx, que le nom d'Orus eft plutôt égyptien que grec. Quoi qu'il en foit, ils afluroient qu'Orus avoit regné fureux, & que de fon nom le pays avoit été appellé l’Orée, qw’enfuite Althepus , fils de Neptune & de Leis., qui étoit fille d’Orus, ayant fuccédé à fon ayeul, toute la contrée avoit pris le nom d’4/- cheépie. Ce fut fous fon regne que Bacchus & Miner- ve difputerent à quiauroit le pays fous fa proteétion, &r que Jupiter les mit d'accord en partageant cet honneur entre l’un êc l’autre. C’eft pour cela qu'ils honoroient Minerve Poliade, & Minerve Sthénia- de; donnant deux noms différens à la même divinité, &z qu'ils révéroient Neptune fous le titre de roi ; même l’ancienne monnoie de ce peuple avoit d’un côté un trident, & de l’autre une tête de Minerve, Nous avons encore des médailles qui prouvent ces deux faits; Golftius cite une médaille frappée à Troëyene, où Ponvoit d’un côté un trident, & une autre médaille des Troëézéniens avec ce mot Noafur, c’eft-à-dire, Minerve, proterice de la ville. À Althépus fuccèda Saron; celui-ci, fuivant la tradition , bâtit un temple à Diane Saronide , dans un lieu où les eaux de la mer forment un marécage ; auf l’appelloit-on le marais Phæbéen, Ce prince ai- moit pafhonnément la chafle : un jour qu’il chafloit un cerf, il le pourfiuvit jufqu’au bord dela mer. Le cerf s'étant jerté à la nage, le prince s’y jetta après lui, & fe laiffant emporter à fon ardeur, il fe trouva infenfiblement en haute mer, où épuifé de forces, &t laflé de lutter contre les flots, 11 fe noya. Son corps fut apporté dansleboïs facré de Diane, auprès dece marais, & inhumé dans le parvis du temple. Cette avanture fut caufe que le marais changea de nom, & s’appella le z7ara1s Saronique. - Après Le retour des Héraclides dans le Pélopon- nèle, les: Troëzéniens reçurent les Doriens dans Troëzene, jeveux dire ceux des Argiens qui y vou: lurent venir demeurer; ils fe: fouvenoïient qu'ils avoientiété founus eux-mêmes à la domination d’Ar- sos; can Homere dans {on dénombrement dit qu’ils obéfloient à, Diomede. Or Diomede & Eurialus, fils de Mécrfiée, après avoir pris la tuteile: de Cya- nippe fils d'Egialée, conduifirent les Argiens à Troie. . T RO. Qüant à Sthénelus, il étoit d'une naïffance béaucou plus illuftre, ‘& de la race de ceux qu’on nommoit Anaxagorides # c’eft pourquoi l'empire d’Arvos lui appartenoit. Voilà ce que l’hiftoire nous apprend des Troézéniens; on pourroiït ajouteriqu'ils ont en: voyé encore diverfes autres colonies de part & d'autre. Ptolomée, 7. JIT. c. xwj. parle d’une ville du Pé- loponnèfe dans laMeffénie, qui portoit auf le nom de Troëzene ; Enfin, Pline, 4 Pc. xxix. parle d’une troifieme Trodyene, Cette derniere avoit pris fon nom d’une colonie de troézéniens, qui, à ce que dit Stra- bon, Z, XIV. 1p. 666. vint autrefois habiter dans la Carie. ( Le chevalièr DE JAUCOURT.) TROGILORUM-PORTUS , ( Géog. anc.) port de la Sicile, près de la ville de Syracufe; il en eft parlé dans Tite-Live, Z XXF. c.xxiij, &cdans Thu- cydide , Z. VI. p. 413. (D. J.) TROGLODYTES , fm. pl. ( Géog. ) dans l’an- cienne Géographie , c’étoient des peuples d'Ethyo- pie, qu’on dit avoir vécu dans des caves fouterrei- nes ; ce mot eft forme du grec rpoyan, caverne, & de duo, fubeol, j’entre. | Pomponius Méla rapporte qu’ils ne parlent points mais qu'ils crient ou ne font entendre que des {ons fans articulation , qu'ils vivent de ferpens, &c, Tzetzés les appelle z#hyophages où mangeurs de poif- Jon. Montanus croit que c’eft le:même peuple que Ecriture appelle Ghanamins, & Pintianus fur Sfra- bon, veut que l’on écrive ce nom fans /, Trogo- dytes. Si lon en croit quelques modernes, tels que les peres Kircher & Martin, il n’y a pas encore long- tems qu'il y avoit à Malte des sroglodyres, C’eft-à- dire , des efpeces de fauvages féparés de tous les au tres habitans, &z vivant entre eux dans une vafle caverne, proche d’une maïfon de plaifance du grand- maitre, Ilsajoutent qu’il y en aen Italie près de Vi= terbe, & en divers endroits des Indes, & qw’onen à os qui n’avoient jamais vu la lumiere du fe: e1l. | Troglodytes eft encore le nom donné par Philaftré à une feéte de juifs idolâtres, qui felon lui fe reti- roient dans des cavernes fouterraines pour adorer toute forte d’idoles. Cet auteur & fon éditeur tirent du grec , comme nous avons fait ci-deflus, le mot de Troglodyres'; mais ils paroïffent fe tromper dans l’at- tribution qu'ils en font à cette fete; car als fe fon- dent fur la vifion rapportée par Ezéchiel , chap. vi. . V. 8. 9.6 10. Or dans cette vifon!, ilne s’agit nul- lement de cavernes fouterreines, maïs du temple même que les 70 vieillards avoient choïfi pour en faire le théâtre de leurs impiétés, ou , comme porte le ver- fer 12, endroit fecret de leur chambre, 27 abfcondiro cubiculi fui, Ainfi le nom de Troglodyres eft très- mal appliqué à cet égard, & ne convient point du tout à la fefte dont il eft mention dans ce: pro- phete. | TROGUE, f. £ ( Draperie. ) c’eft la chaîne pré- parée par les ourdifleurs pour la fabrique des draps mélangés : chaque srogze contient en longueur de’ quoi ourdir 87 fabriquer deux pieces de drap; avant de les délivrer au tiflerand pour les montér fur fon métier, on les colle avec dela colle de Flandre, puis on les laïffe quelque tems fécher , &cavant qu'elles: foïent tout-à-fait feches, on en fépare les fils vec un peigne de filde fer. Savary. (D. JT.) jh TROTA, (Géog. anc. ) cemmot, outre lalcélebre ville. de Troie, eft donné par Etienne le géographe à d’autres villes ; 1°. à une ville de la Chaonie, dans’ la Ceftrie. Virpile, Æxéid. 1 HT. v..349%en parles 29. à une ville d'Egypte, voifine du mont Froicuss" mais, Strabon ne lui donne que le titre de village 13°. . à une ville de la Cilicie ; 4°, à une ville d'Itahe, ft tuée a fond du golfe Adriatique, chez les Vénetes. Tite-Live, 2. I. c. . n’en fait pas une ville; il dit{eu- ” lement qu’on donna le nom de T7oia , au lieu où An- ténor & fes compagnons débarquerent dans ce quar- tier. L'on nomma demême Trora , l'endroit du ter- ritoire de Laurentum où Enée prit terre en arfivant en Italie. ( D. J.) | TROJA,( Géog. mod. ) ville d'Italie , au royau- me de Naples, dans la Capitanate, au pié de l’Apen- nin, fur le Chilaro, à 10 milles de Bovino, &à 30 au fud-oueft de Manfredonia, avec un évêché fuf- fragant de Bénévent. Long. 32. 36. larit. 41, 20. HD: T. ‘ Donner , ( Géog. anc. ) montagne d'E- gypte, felon Etienne le géographe ; Strabon, Zy: FIT. p, 809. dit que cette montagne fe trouve au voifinage du lieu où l’on avoit tiré les pierres dont les pyramides avoient été faites, & que c’ef auprès de cette montagne qu’étoit la ville Troja. Cette mon- tagne eft la même que Ptolomée, Z. IF. c. y. nomme Troici lapidis mons ; c’eft auffi la même qu'Hérodote, d. IT. n°, 8. appelle Arabicus-mons, (D. J.) TROIE , ( Géog. anc.) Troia ou Tlium, ville de VAfie mineure , la capitale de la Troade. Voyez ILIUM. Horace appelle cette ville facrée ucrum Tlium ; & Virgile la nomme la demeure des dieux, divém do- mus, non-feulement, parce que fes murailles avoient été bâties de la main des dieux , mais encore parce qu'il y avoit dans fon enceinte un grand nombre de temples. Troie immortalifée par les poëtes , étoit bâtie fur le fleuve Scamandre ou Xanthus, en Phrygie , à 3 milles de la mer Egée. Cette ville n’a eu que fix rois, fous le dermier defquels elle fut prife & brûlée par les Grecs, deux cens cinquante-fix ans après fa naïf fance. Dardanus la fondée Pan du monde 2514, & ré- gna trente-un ans; Erichthonius en régna {oixante- cinq; Tros forxante-dix ; c’eft de lui que cette ville prit le nom de Troc ; elle fe nommoit auparavant Dardanie. Julus qui lui fucceda , régna cinquante- quatre ans ; c’eft de fon nom que la forterefle de Troie s'appelle JZium. Laomedon régna trente -fix ans ; 1l bâtit les murailles de Troie des tréfors de Nep- tune & d’Apollon. Priam régna quarante ans. L'an du monde 2794. Paris, fils de Priam, enleva Hélene, femme de Ménélaus, roi de Lacédémone. Les Grecs après avoit demandé plufieurs fois qu’on rendit Hé- Iene , déclarerent la guerre aux Troiens & commen- cerent le fiege de Troie, qui fut prife & brûlée dix ans après , l’an du monde 2820. avant l’ere vulgaire 1184 ans, & 431 ans avant la fondation de Rome. On prétend que cette guerre fi cruelle prenoit fon ofigine de plus haut. On dit qu'il y avoir une guerre héréditaire , entre la maïfon de Priam & celle d’Aga- memnon. Tantale, roi de Phrygie, pere de Pélops, &t bifaieul d'Agamemnon & de Ménélaus , avoit en- levé 1 y avoit long-tems Ganimede , frere d’Ilus. Cet Ilus, grand-pere de Priam, pour fe venger d’une injure qui le touchoit de fi près , dépouilla Tantale’ de fes états, & l’obligea de fe réfugier en Grece, où s’établirent ainfi les Pélopides qui donnerent leur nom au Péloponnèfe. Paris, arriere-petit-fils d’Ilus, enleva Hélene par une efpece de repréfailles, contre Ménélaüs, arriere-petit-fils du ravifleur de Gani- mede. Il faut cependant fe fouvenir toujours qu'il y a mille fables mêlées dans tout ce que les poëtes nous difent du fiege de Troie & des premiers héros de cet- te guerre , & qu’ainfi il ne faut pas trop compter {ur ce qu'ils débitent d'Achille, d'Ajax, d'Ulyfle, de Pa- ris, d'Heétor, d'Enée, & de tant d’autres. Quant au fameux cheval de bois, dit Paufamias, 2 L 0 xxüi, | Æ É 5 TRO 6 0? c’étoit certainement une machine de guètre, inven« tée par Epeus & propre à renverfer les murs , telle que celles auxquelles on donna dans la fuite lé nom de bélier ; ou bien, continue Paufanias, il faut croire que les Troiens étoient des ftupides, des infenfés qui navoient pas ombre de raïfon. k Il ne refte aucuns veftiges de cette ancienne ville ; on voit à la vérité dans le quartier où elle étoit des tuinés confidérables ; mais ce font les ruines de la nouvelle Troze , & non celles de l’ancienne. En 20- prochant de ces ruines, on trouve quantité de colon: nes de marbre rompues, & une partie des murailles &z des fondemens le long de la côte. Il n’y a rien d’entier, tout eft renverié ; ce qui eft le moins ruiné fe trouve fur Le bord de la mer, rongé par l'air ») mangé des vents falés qui en viennent. Un peu plus loin, on voit le baflin du port , avec une muraille fur la côte ; elle étoit fans doute ornée de colonnes de marbre qui font à préfent toutes bri- fées fur la terre, & dont les piés qui reftent autour ; font jugér que le circuit du port étoit d’environ quin- ze cens pas, L'entrée de ce port eft aujourd’hui bou- chée de fable. | On ne fauroit dire que ce foit le port de l’ancienne Troie, n1 que les antiquités que l’on voit foient de plus vieille date que le tems des Romains. Belon & Pietro della Valle affurent avec beaucoup de con- fance que ce font les ruines de la fameufe Troie mais 1ls Le trompent, ce font les ruines de l’[liurn mo- derne qu'Alexandre le grand commença à bâtir, & que Lyfimaque acheva ; il Fappella Aexandrie ; SC elle fut enfuite une colonie des Romains. | Un peu au-delà du port, on trouve divers tom- beaux de marbre, avec la tête d’Apollon fur quel- ques-uns, &c fur d’autres des boucliers fans aucune infcription. M. Spon a remarqué que ces tomheaux font de la même forme que ceux des Romains qui font en France dans la ville d’Arles > CE qui prou- ve que ce ne font pas les tombeaux des premiers Troiens , comme Pietro della Valle fe left imaginé. Un peu plus haut au midi du port, 1l y a deux colonnes couchées par terre; elles ont chacune 30 piés de long ; une troïfieme en a 3s ; celle-ci qui eft rompue en trois morceaux eft de marbre granite d’'E- gypte, & a un diametre de 4 piés o pouces. Lé grand-feigneur, Mahomet IV. fit enlever de ce lieu une grande quantité de colonnes pour la fabrique de la mofquée neuve de la fultane mere, En allant encore plus le long de la côte, on pafle au-travers de plufieurs débris; ce font les reftes d’un aqueduc qui conduifoit l’eau au port. A quelqué di- ftance de-là, eft un canal ou fofé, long , étroit & profond, ouvrage de Part, & fait apparemment pouf laifier entrer la mer , afin que les vaifleaux allaffent jufqu'à la ville ; mais il eft aujourd’hui à {ec. Au-def. fus, un peu à la droite , on voit d’autres mafures confidérables qui découvrent la grandeur de la ville. Il y a un théâtre, des fondemens de temples & de palais, avec des arcades autour, & des voûtes fous terre. On y trouve encore de-bout une partie d’un petit temple rond qui a une corniche de marbre au- dedans. Tout proche font trois carreaux de marbre : faits en façon d’autel ou de piédeftal, avec des inf. criptions qui ne different que dans les derniers carac- teres , Comme VIC. VII. VIC. VIII. & vIc, 1x. il fufz fit de rapporter l’une des trois. 015 Tac ET: EORUNDEM COL: JUL 688 TRO MILIT. COH. XX XIL VOLUNTARIOR. TRIB. MIL. LEG. XIII. GERM. PRÆF. EQUIT. ALÆI. SCUBULORUM VIC. VIL Ces infcriptions font à l'honneur de Caius Anto- nius Rufus , fils de Marcus de la tribu Vollinie, pré- tre de Jule & d’Augufte Céfar, fait chef de la colonie d'Apri, par Claudius; & de Philippi, par Julius, comme aufli de la colonie Parium, par Julius, & mef- tre-de-camp de la cohorte 32 des volontaires, com- mandant de la légion 13 appellée germina , &t capi- taine de la premiere aïle de cavalerie des fcubuh. La derniere ligne de chacune de ces infcriptions n’eft pas aifée à expliquer. M. Spon a cru pourtant que Vic. VII. VIC. VII. &c VIC. 1x. figmifioient vicus feptimus , vicus oëtavus & vicus nonus , C’eft-à-dire la feptieme , la huitieme &r la neuvieme rue, où ces ftatues avoient été placées, à limitation des rues de Rome. Troie, colonie des Romains , fondée par Augufte, & qui en avoit pris le nom de co/onia augufla Troas, avoit apparemment fes quartiers &t fes tribus comme la ville de Rome. Selon les apparences, le quartier le plus habité de la ville, étoit fur Le plus haut d’une colline, que lon monte infenfiblement depuis le rivage, environ à 2 milles de lamer. On voit en cet endroit quantité de mafures, de voûres, & un théâtre, mais particulie- rement trois arcades, & des pans de murailles qui reftent d’un bâtiment fuperbe, dont la fituation avan- tageufe & l'étendue, font connoître que c’étoit Le pa- lais le plus confidérable de la villé. Je ne veux pas croire, dit M. Spon, comme le difent ceux des envi- rons de Troie, que c’étoit le château du roi Priam; car je ne le tiens pas plus ancien que le tems des pre- miers empereurs romains. Ce bâtiment étoit prefque tout de marbre, & les murailles ont 12 piés d’épaf- feur. Au-devant de ces arcades, qui paroïffent avoir foutenu une voûte, il y a une fi prodigieufe quan- tité de quartiers de marbre entañlés les uns fur les autres ; qu’on peut aifément juger par-là de la hau- teur, & de la beauté de ce palais. Le terroir des environs de Troie eft tout inculte, à la referve de quelques endroits où 1l croït du coton. Le refte n’eft que brouflailles, ronces, épines &t chê- nes verds ; & on peut dire aujourd’hui ce que Lucain difoit de fon tems: Jam fylve fleriles & purres robore trunci Affaraci preffere domos , & templa deorum Jam laffé radice tenent | ac tota teguntur Pergama dumetis. | Le Pays des environs nourrit des levres, des cail- les & des perdrix qui y font en abondance. On y voit auf un oifeau de la grofleur de la grive , ayant la tête &z la gorge d’un jaune éclatans, & le dos & les aîles d’un verd gai, comme un verdier, le bec & la tête comme la grive , &c aufh gros que les orto- lans en France, On y trouve encore un autre oifeau d’une autre efpece, mais qui n’eft pas beaucoup plus gros. Il eft fait comme un héron, & tacheté comme un épervier, avec un long bec, de longues jambes, des griffes, & une crête de plumes fur la tête. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) * TROIENS, 5eux, ( Aziiq. rom. ) ludi trojani ; exercice militaire que les jeunes gens de qualité cé- lébroient à Rome dans le cirque, à l'honneur d’Af- cagne: Virgile en a fait la defcription la plus bril- lante dans le V. livre de l’'Enéide ; depuis le vers 545. jufqu'au vers 604. voici comme 1l la termine. Hiincmorem, hos curfus, atque hæccertamina primus Afcanius, longam muris cum cingeret Albam,, Retulir, & prifcos docuit celebrare latinos + TRO Quo puer ipfe modo , fecum quo Troïa pubes Albani docuere fuos : hinc maxtma porrd Accepit Roma , 6 patrium fervavit honorem : Trojaque nunc, pueri , Trojanum dicitur apmen. » Lorfqu'Afcagne eut élevé les murs d’Albe-la- » longue, il établit le premier en Italie cette mar- » che & ce combat d’enfans : :l enfeigna cet exerci- » ce aux anciens Latins, & les Albains le tranfmu- »# rent à leur poftérité. Rome, au plus haut point » de fa grandeur , plein de vénération pour les cou- » tumes de fes ancêtres , vient d'adopter cet ancien » ufage ; c’eft de-là que les enfans, qui font aujour- » d'hui à Rome ce même exercice, portent le nom » de sroupe troienne. Dion dit que lorfqu'Oë&tave célebra lPapothéofe de Jules-Céfar , un an après fa mort, il donna au peu- ple romain un fpectacle femblable à celui de cette cavalcade de jeunes gens, & que depuis il le réitéra. C’eft pour flatter Augufte , que Virgile fait 1c1 célé- brer par Enée les jeux appellés Troïens, renouvel- lés par cet empereur alors triumvir, après la victoire d’Attium, c’eft-à-dire lan 726. de Rome.Troje , dit Suétone, (27 Aug. c. xl]. ) Zudum edidit frequentiffi- mè majorum munorumive puerorum del.étu , prifci decori=. que moris , exiflimans clare fhrpis indolem fic innoref- cere. Augufte croyoit que cet exercice ancien & con- venable à la jeuneïle, donnoit aux enfans de condi- tion de la république, loccafon de faire briller leur adreffe, leur bonne grace, & leur goût pour la guerre, Virgile faifit encore 1c1 l’occafion de faire {a cour à toute la noblefle romaine, en faifant remonter l’o- rigine de leurs jeux jufqw’à cette troupe de jeunes gens qu'Enée mene avec lui en Italie, &r que le poë- te montre aux Romains, comme les auteurs de leurs principales maïfons. On juge bien que celle d’Au- gufte s’y trouvera. Âtis, dit le poëte , tendrement aimé d’Afcagne, marche à la tête de la feconde bande troienne ; les Atius du pays des Latins tirent de fui leur origine. Alter Aiys, genus undè Aryi duxere colon: Parvus Aiys, parvoque puer dileitus Tulo. Or Julie, fœur de Jules-Céfar, avoit été mariée à M. Atius Balbus. Elle fut mere d’Atia, femme d’Oc- tavius, qui eut Oétave Augufte. Ainf pour plaire à ce prince ; le poëte ne manque pas de donner une origine des plus illuftres aux Âtius qui étoient d’Ari- cie, ville du Latium. Les jeux troïens renouvellés par Augufte | com- mencerent à décheoir fous Tibere, &c fimrent fous l'empereur Claude. (D. J.) TROIS, serme d’Arithmétique, nombre impair, compofé d’un & deux, en chiffre arabe, il s’expri- me par cette figure 3 ; en chiffre romain de cette ma- mere [II , & en chiffre françois de compte ou de f- nance, ainfiuy. Savary. (D. J.) TROIS POUR CENT. On nomme anfi en France, un droit qui fe paye au fermier du domaine d’occi- dent fur toutes les marchandifes du cru des îles & colonies françoifes de l'Amérique , même fur celles qui proviennent de la traite des negres, ainfi qu'il a été ftatué par un arrêt du confeil du 26 Mars 1722. Didionn. de Commerce. Trois coups, serme de Rubanier, dans le galon où l’on veut épargner le filé, enne laïffant paroitre qu’un coup en-deffous , contre deux en-deflus , Pouvrier marche à trois coups, c’eft-à dire partant de [a main gauche , il va à la droite; de cette droite il retour- ne à la gauche; & enfin de cette gauche à la droite, où il change de marche pour repartir de la main droi- te & continuer de même; par ce moyen, il y a tou- jours un coup en-deflous çontre deux en-deflus, ce qui forme un envers, | . TROIS, TRO Trors UABRES , en terme d'E erohnier, eft né JT ; p ; © perce qu'elle a trois pans Ou quarres. _ ÉROIS, DEUX , UN , errerines de Blafon , {e dit de fix pieces difpotées, rois en chef fur une ligne , deux au miheu, tune en pointe de lécu. Hliers en Beauce, d’or, à fix annelets de gucules, ANS | ÉROIS-CHAPITRES , les, (if. eccléfiafl. ) c'eft æinfi qu'on’ nommé les trois articles, qui furent le fujet de tant de difputes eccléfiaftiques pendant tout le fixiemefiecle, & qui regardoient Théodore de Mopfuefte. On engagea l’empereur Juftinien à con- damner 1°, Théodore deMoptuefte & fes écrits, 2°.les écrits de Fhéodoret contre faint Cyrille, 3°. la lettre d'Ibas. L'empereur publia en 545 la condamnation fur ces trois points , qu’on nomma les trois-chapitres , en fous-entendant peut-être le mot de diffenfton. L'année fuivante 546 , ils furent aufli condamnés dansun concile deConftantinople. On prononça une nouvelle fentence de condamnation plus folemnelle encore en 553, dans le fecond concile de Conftanti- nople ; mais tandis que l'Orient fe déclaroït contre les srois-chapitres, prefque tout l'Occident en pritia äéfenfe, & l’on vit un {chifme dans l'Eglife fur des objets miférables. De quelle utilité, dit M. Dupin, étoit-il de condamner les roïs-chapisres, &t pourquoi les défendre avec opiniâtreté ? Pourauoi s’excom- mumer 6C fe perfécuter mutuellement à ce fujet ? L'empereur Juflinien a la foiblefle de fe prêter aux intrigues de Théodore, évêque de Céfarée, &trou- ble Ia paix de l'Eglife par des conciles inutiles. On détourne les évêques d'Orient & d'Occident de la conduite de leurs diocèfes , pour remplir leurs ef- prits de conteftations frivoles, qui aboutirent à faire exiler &C perfécuter des perfonnages célebres qui éufient rendu de grands fervices à l’Eglife, C’eftainft que les hommes, pour fatisfaire leurs paflions , ont facrifié de tout tems les intérêts de la religion à des vues particulieres de vengeance, (D. J. FROIS-ÉGLISES , ( Géog. mod) lieu de Perfe, di- gne de remarque, en entrant dans ce royaume par PArménie. I y a dans ce heu , quieft à neuf milles d'Erivan, un célebre monaftere de religieux, dont Péghife eft dédiée à S. Grégoire l'illuminateur. Les moines des Trois-Eplifes font arméniens , & font des fouris moqueurs quand on leur parle de réunion avec le fiege de Rome, La campagne qui eft autour de leur monaftere,, peut donner , par fes agrémens & fa fer- lité, une idée du paradis terreitre. (D.J.) FROIS-RIVIERES, Les, ( Géog. mod. ) petite ville de l'Amérique feptentrionale , au Canada, à 27 lieues de Québec, entre cette ville & Montréal , furun cô- teau de fable, au pié duquel coule le fleuve deS. Lau- rent. I! y a dans fon voifinage une riche mine de fer. Latit. 46. (D. J.) FROISIEME, adj. (Gram. ) ce qui dans un ordre de chofes fuccede aux deux premieres. Cet homme eft la troïfieme perfonne après le roi. Il eft difficile qu'un homme & une femme foient long-tems feuls ; Famour ne tarde pas à être le sroiffeme. TROKI, (Géog. mod.) palatinat de Pologne, dans la Lithuanie. Il eft borné à lorient & au nord par le palatinat de Wilna ; au couchant, par la Pruffe & la Poldaquie. Il envoie aux dietes du royaume deux fénateurs , dont l’un eft palatin & l’autre châtelain. Lascapitale porte fon nom. ( D. J. FRoOKkI, (Géog. mod.) ville de Pologne, dans la Etthuanie, capitale du palatinat de même nom, au milieu des marais, à 8 lieues au couchant de Wilna. Elle fut bâtie par Gédimir , grand-duc de Lithuanie : en1321.Les Mofcovitesla ravagerenten 1655. Long. 43. 30. latit. 54.33. (D. J. TROLLE , (Jérerie, jaller à la sro/le, c’eft décou- Tome XVI, grofle be, de figure triangulaire, ainf appellée, TRO 689 pier les chiens dans un pays de bois , pout quêter 8€ lancer une bête que l’on veut courre, fans avoir été la détourner, TROËELER , v. aët, (Aoriculture.) c’eft faire une efpece de clifle avéc des branches d’arbres {ur des pieux frappés en terre , & lacés commeun panier ; quand on fait une qui va montant aux nues en tournant avec beau- ».coup de vitefle, ce canal paroïfloit gros comme » le doigt, & le même bruit continuoit toujours, » Enfuite la lumiere nous en Ôta la vue, & nous con- » numes que cette srormbe étoit finie , parce que nous » vimes qu'elle ne s’élevoit plus, & ainf la durée » avoit pas êté de plus d’un demi-quart d'heure, » Celle-là finie nous en vimes une autre du côté du » midi qui commença de la même maniere qu’avoit » fait la précédente; prefqu’aufä - tôt il s’en fit une » femblable à côté de celle-ci vers le couchant, & » incontinent après une troifieme à côté de cette fe- » conde; la plus éloignée des trois pouvoit être à » portée du moufquet loin de nous; elles paroïfloient -» toutes trois comme trois tas de paille hauts d’un » pié &t demi où de deux, qui fumoient beaucoup, » Ôt faifoient même bruit que la premiere. Enfuite » nous vimes tout autant de canaux qui venoient » depuis les nues fur ces endroits où l’eau étoit éle- »vée, & chacun de ces canaux étoit large par le # bout quitenoïit à la nue, comme le large bout d’une » trompette, & faoit la même figure (pour l’expii- » quer intelligiblement } que peut faire la mamelle » Ou la tette d’un animal tiré perpendiculairement » par quelque poids. Ces canaux paroïfloient blancs » d'une blancheur blafarde , & je crois que c’étoit » l'eau qui éroit dans ces canaux tranfparens aui les » faifoit paroïtre blancs; car apparemment ils étoient » déja formés avant que de tirer l’eau, felon que l’on » peut Juger par ce, qui fuit, & lorfqu’ils étoient » vuides ils ne paroifloient pas, de même qu'un ca- » nal de verre fort clair expofé au jour devant nos » yeux à quelque diffance , ne paroiït pas s'il n’eft » rempli de quelque liqueur teinte. Ces canaux n’é- » toient pas droits, mais courbés à quelques endroits, y même ils n’étoient pas perpendiculaires, au con- » traire, depuis les nues où ils paroïfloient entés, » jufqu’aux endroits où ils tiroient l’eau, ils étoient » fort inclinés, & ce qui eft de plus particulier, c’eft » que la nue oùbétoit attachée la feconde de ces trois » ayant êté chaflée du vent, ce canal la fuivit fans » fe rompre & fans quitter le lieu où il tiroit l'eau, » &t pañlant derriere le canal de la premiere , ils fu- » rent quelque tems croifés comme en fautoir ou en » croix de faint André. Au commencement ils étoient » tous trois gros comme le doigt, fi ce n’eft auprès » de la nue qu'ils étoient plus gros, comme jai déjà » remarqué ; mais dans la fuite celui de la premiere » de ces trois groflit confidérablement ; pour ce qui » eft des deux autres, je n’en ai autre chofe à dire, » car la derniere formée ne dura guere davantage « qu’avoit duré celle que nous avions yüe du côté » du nord, La feconde du côté du midi dura environ » un quart-d’heure ; mais la premiere de ce même » cÔté dura un peu davantage, & ce fut celle qui » nous donna Îe plus de crainte, & c’eft de celle-là » qu'il me refte encore quelque chofe à dire ; d’abord » fon canal étoit gros comme le doigt, enfuite il fe » fit gros comme le bras , & après comme la jambe, » & enfin comme unwgros tronc d'arbre, autagt qu'un # hômme pourroit embrafler, Nous voyions diftiric- tement au-travers de ce corps tranfparent l’eau # qui montoit en ferpentant un peu , & quelquefois # il diminuoit un peu de groffeur ; tantôt par le haut # tantôt par le bas. Pour-lors il reflembloit juftement à un boyau rempli de quelque matiere fluide que # l’on prefferoit avec les doigts, ou par haut, pour » faire defcendre cette liqueur, ou par bas, pour la » faire monter, & je me perfuadai que c’étoit la _# violence du vent qui faifoit ces changemens ; fai- » fant monter l’eau fort vite lorfqu’il prefloit le ca- s nal par le bas , &c la faifant defcendre lorfqw’il Le » prefoit par le‘haut. Après cela il diminua telle- # ment de grofleur qu’il étoit plus menu que le bras, » comme un boyau qu’on alonge perpendiculaire- #5 ment, enfuuite il retourna gros comme la cuifle, # après il redevint fort menu ; enfin je vis que l’eau # élevée fur la fuperficie de la mer commencçoit à » S’abaifler, & le bout du canal qui lui touchoit s’en » fépara & s'étrécit, comme fi on l'eùt lié, & alors # la lumiere qui nous parut par le moyen d’un nuage # qui fe détourna, m’en Ôta la vue; je ne laiflai pas » de regarder encore quelque tems fi je ne le rever- s rois point , parce que j’avois remarqué que par # trois ou quatre fois le canal de la feconde de ce # même côté du midi nous avoit paru fe rompre par # le milieu, & incontinent après nous le revoyions #entier, & ce n’étoit que la lumiere quinous en » cachoit la moitié ; mais j’eus beau regarder avec # toute attention poflible , je ne revis plus celui ci, # il ne fe fit plus de srombe, Etc. »# Ces crombes font fort dangereufes fur mer; car fi # elles viennent fur un vaifleau , elles fe mêlent dans # les voiles, enforte que quelquefois elle Penlevent, » & le laïiffant enfuite retomber, elles le coulent à » fond, & cela arrive particulierement quand c’eft # un petit vaifleau ou une barque, tout-au-moins fi selles n’enlevent pas un vaifleau , elles rompent » toutes les voiles, ou bien laflent tomber dedans » toute l’eau qu’elles tiennent, ce qui le fait fouvent » couler à fond. Je ne doute point que ce ne foit par # de femblables accidens que plufeurs des vaifleaux # dont on n’a jamais eu de nouvelles ont été perdus, » puifqu'il n’y a que trop d'exemples de ceux que + l’on a fu de certitude avoir péri de cette maniere »#. On peut foupçonner, dit M. de Buffon, qu’il y a plufieurs illufions d'optique dans les phénomènes que ce Voyageur nous raconte; mais on a été bien aife de rapporter les faits tels qu’il a crules voir, afin qu’on puifle les vérifier, ou du -moins les com- parer avec ceux que rapportent les autres voya- geurs ; voici la defcription qu’en donne le Gentil dans fon voyage autour du monde. | « À onze heures du matin, l'air étant charge de # nuages, nous vimes autour de notre vaifleau, à un # quart de heue environ de diftance , fix srombes de + mer qui fe formerent avec un bruit fourd , fembla- » ble à celui que fait Peau en coulant dans des ca- # naux fouterreins ; ce bruit s’accrut peu-à-peu, & + reflembloit au fifflement que font les cordages d’un > vaifleau lorfqu’un vent impétueux sy mêle. Nous » remarquames d’abord l’eau qui bouillonnoit & qui » s’élevoit au - deflus de la furface de la mer d’envi- » ron un pié & demi; il paroïfloit au - delà de ce » bouillonnement ün brouillard, ou plutôt une fu- # mée épaifle d’une couleur pâle, & cette fumée for- » moit une efpece de canal qui montoit à la nue. » Les canaux ou manches de ces srombes fe plioïent » felon que le vent emportoit Les nues auxquelles ils » étoient attachés, & malgré l'impulfion du vent, # non-feulement ils ne fe détachoient pas, mais en- » core il fembloit qu'ils s’alongeaflent pour les fui- » vre, en s'étréciflant & fe groffiffant à mefure que » le nuage s’élevoit ou fe baifloir, dome XVI, TRO dE # Ceë phénomènes nous cauferent beaticoup de » frayeur, & nos matelots au-lieu de s’enhardir , fo: » mentoient leur peur par les contes qu’ils débitoient; » Si ces rrornbes, difoient-ils, viennent à tomber fur » notre vaifleau, elles l’enleveront , & le laiffant en: » fuite retomber , elles lefubmergeront ; d’autres (8x » ceux-ci étoient les officiers )répondoient d’un ton » décifif, qu’elles n’enleveroient pas le vaifeau , » mais que venant à le rencontrer fur leur route, » cet obftacle romproit la communication qu’elles » avoient avec l’eau de la mer, & qu’étant pleines » d’eau ; toute l’eau qu’elles renfermoient tomberoit » perpendiculairement fur le tillac du vaifleau & le » brifetoit, | | # Pour prévenir ce malheur on amena les voiles » & on chargea le canon; les gens de mer préten- » dant que le bruit du canon agitant l'air, fait crever » les crombes & les diffipe ; mais nous n’eumes pas be- » foin de recourir à ce remede ; quand elles eurent » couru pendant dix minutes autour du vaifleau , les » unes à un quart de lieue, les autres à une moindre » diftance, nous vimes que les canaux s’étrécifloient » peu-à-peu , qu'ils fe détacherent de la fuperficie de » la mer, & qu’enfin ils fe diffiperent». Page 101: tome I. Il paroit , dit M. de Buffon, par la defcription que ces deux voyageurs donnent dés srombes,qu’elles font produites, au-moins en partie, par l’aétion d’un feu ou d’une fumée qui s’éleve du fond de la mer avec une grande violence , & qu’elles font fort différentes de l’autre efpece de srombe qui eft produite par lac- tion des vents contraires, & par la compreffon for- cée & la réfolution fubite d’un ou de plufieurs nua- ges, comme les décrit M. Shaw , pag. 56. tom. IL. » Les srombes, dit-il, que j’ai eu occafion de voir, » m'ont paru autant de cylindres d’eau quitomboient » des nues, quoique par la réflexion des colonnes » qui defcendent ou par les gouttes qui fe détachent » de Peau qu’elles contiennent & qui tombent, il » femble quelquefois, fur-tout quand on eft à quel- » que diftance, que l’eau s’éleve de la mer en-haut, » Pour rendre raifon de ce phénomène, on peut fup- » pofer que les nues étant affemblées dans un même » endroit par des vents oppolés, ils les obligent, en » les preflant avec violence, de fe condenfer & de » defcendre en tourbillons ». Il refte beaucoup de faits à acquérir, continue M. de Buffon , avant qu’on puiffe donner une expli- cation complete de ces phénomenes ; il patoît feu- lement que s’il y a fous les eaux de la mer des tera reins mêlés de foufre, de bitume & de minéraux, comme l’on n’en peut guere douter, on peut con- cevoir que ces matieres venant à s’enflammer, pro- duifent une grande quantité d’air, comme en pro- duit la poudre à canon; que cette quantité d’air nouvellement généré, & prodigieuifement rarefé , s'échappe & monte avec rapidité , ce qui doit éle= ver l’eau, & peut produire ces srombes qui s’élevent de la mer vers le ciel; & de même fi par l'inflam- mation des matieres fulphureufes que contient un nuage, il fe forme un courant d’air qui defcende perpendiculairement du nuage vers la mer, toutes les parties aqueufes que contient le nuage peuvent fuivre le courant d'air, & former une srombe qui tombe du ciel fur la mer; mais il faut avouer que l'explication de cette efpece de srombe, non plus que celle que nous avons donnée par le tournoiement des vents & la compreffion des nuages, ne fatisfait pas encore à tout, car on aura raïfon de nous de- mander pourquoi l’on ne voit pas plus fouvent fur la terre comme fur la mer de ces efpeces de srombes qui tombent perpendiculairement des nuages. Æ:/. nat, gen. & part, tom, I. Voyez lanalyfe de Pair de M, Hales, & le traité de l'artillerie de M. Robins. SSssij 69% * TRO L’hiftoire de l'académie, année r737, fait men- ‘tion d’une sromtbe de terre qui parut à Capeflan près de Béziers; c’étoit une colonne affez noire qui def- cendoit d’une nue jufqu'à terre, & &iminuoit tou- jours de largeur en approchant de la terre où elle fe ‘terminoit en pointe; elle obéifloit au vent qui fouf- ‘floit de loueft-au fud-oueft; elle étoit aécompagnée “d’une efpece de fumée fort épaifle, &c d’un bruit pa- reil à celui d’une mer fort agitée, arrachant quan- ‘tité de rejetons d’olivier, déracinant des arbres, & jufqu’à un gros noyer qu’elle tranfporta jufqu'à 40 ou 50 pas, & marquant fon chemin par une large trace bien battue, où trois carroffes de front auroient pañlé. Il parut une autre colonne de la même figure, mais qui fe joignit bientôt à la premiere, &c après que le tout'eut difparu, 1l tomba une grande quan- tité de grêle. Zhid. I Cette efpece de srombe paroït être encore diffé- rente des deux autres ; il n’eft pas dit qu’elle conte- noit de l’eau, & il femble, tant parce qu'on vient d’enrappotter, que par l'explication qu’en a donnée M, Andoque lor{qu'il a fait part de ce phénomene à l'académie, que cette srombe n’étoit qu’un tourbillon de vent épaiff & rendu vifible par la pouffiere & les vapeurs condenfées qu'il contenoit. Woyez l’hiff, de d’acadèm, an, 1727, pag. 4 & [uiv. Dans la même hiftoire, aznée 1741, à eft parlé d’une srombe vue fur de lac de Genève; c’étoit une colonne dont la partie fupérieute aboutifloit à un nuage affez noir, & dont la partie inférieure, qui étoit plus étroite, fe termi- noit un peu au-deffus de l’eau. Ce météore ne dura que quelques minutes, &7 dans le moment qu'il fe diffipa on apperçut une vapeur épaifle qui montoit de l’endroiït où il avoit paru, & là même les eaux du lac bouillonnoient & fembloient faire effort pour s'élever. Lair étoit fort calme pendant le tems que parut cette srombe, êt lorfqu’elle fe diffipa il re s’en fuivit ni vent ni pluie. « Avec tout ce que nous fa- » vons déjà , dit l’hiflorien de l’académie , fur les » crombes marines, ne feroit-ce pas une preuve de » plus qu’elles ne fe forment point par le feul con- » fit des vents, & qu’elles font prefque toujours » produites par quelque éruption de vapeurs fouter- » reines, ou même de volcans, dont on fait d’ailleurs » que le fond de la mer n’eft pas exempt. Les tour- # billons d’air &r les ouragans, qu’on croit commu- » nément être la caufe de ces phénomenes, pour- » roient donc bien n’en être que l’effet ou une fuite » accidentelle, Voyez l’hiff. de l’acadèm. an. 1741. » pag. 20 ». TROMBONE, f. m. ( Mufiq. infirum.) nom que les Italiens donnent à une efpece de trompette ; il y en a de plufeurs grandeurs qui fervent à exécuter diverfes parties de la mufique. Il y en a une petite qui peut fervir pour la haute-contre, & la partie notée qui lui et deftinée s'intitule ordinairement trombone. 1°. Il y en aune autre un peu plus grande qu'on nomme frombone magplore, Qui peut fervir pour lataille; on intitule fa partie 2rombone. 2°. Il y en à une troifieme encore plus grande nommée par les Italiens trombone groffo qu'on pourvoit fup- pléer par nos quintes de violons &c de hautboïs ; on intitule fa partie trombone. 3°. Enfin il y en aune qui eft la plus grande de toutes, aui fe fait entendre furtout dans le bas; onintitule fa partie srombone, 4°, On lui donne ordinairement la cl é de F 4 fa fur la quatrieme ligne, mais auf fort fouvent {ur la cin- quieme ligne d’en-haut , à caufe dela gravité & pro- fondeur de fes fons. Broffard. ( D. J.) TROMBUS, . m. rerme-de Chirurgie, petite tu- meur qui furvient à loccafion d’une faïence. Voyez TROUMBUS. CF) TROMELIA , (Géog. anc.) ville de l’Achaïe, felon Athénée ; cette ville donnoit fon nom à un ex- w Na TRO . cellent fromage qui s’y fafoit, & queles anciens nommoient Tromelius cafeus. ( D. J.) TROMENTUS-CAMPUS , ( Géog. ane. ) cam- pagne d'Italie. Feflus dit qu’elle avoit donné fon _ nom à la ttibu Tromentine, Plufieurs anciennes in{- criptions font mention de cette tribu. Elle fut, felon Tite-Live, Z. WI. €. y. une des quatre tribus qui fu- rent ajoutées aux vingt-une anciennes, l’an 368 de la fondation de Rome. On croit que Tromentus- Campus étoit dans l’'Etrurie. ( D. J.) , TROMPE, 1 € (Conchyl.) ce mot défigne la paatie inférieure du buccin ; coquille que les Hol- landoïs appellent sromperte, (D. J. TROMPES DE FALLOPE , ez Anatomie, {ont deux canaux qui partent du fond de la matrice, l’un d’un côté , l’autre de l’autre, & qui aboutiflent aux ovai- res: elles ont beaucoup de part dans les opérations de Ja conception. Voyez CONCEPTION, On les appellesubæ , c'eft à-dire, srompes à caufe de leur forme; parce qu’à leur commencement où à leur extrémité qui eft dans la matrice, elles font f étroites, qu’on auroït peine à y introduire une ai- gville à tricotter ; mais à mefure qu’elles s’avancent vers les ovaires , elles deviennent plus grofles, & font enfin affez larges pour y mettre le doigt; d’où Îles fe contraétent encore, & aux extrémités qui font proches dés ovaires, elles s'étendent comme un feuillage qui eft garni tout-autour d’une frange faite d’un nombre infini de petites fibres qui reffems blent aflez au pavillon d’une trompette. Les srormpes de Fallope ont quatre ou cinq pouces de Tong : elles font compofées d’une double mem- brane qui vient des membranes internes & exter- nes de l'uterus, Leur extrémité vers l’ovaire, dans le tems de la conception, tems auquel toute la srompe fe dilate, s'attache à l’ovaire & lembtañle, quoi- que dans un autre tems elle paroïfle en être un peu diftante & ne toucher que fuperficiellement avec fa frange le côté inférieur de l'ovaire. L'ufage de ces trompes eft de tranfporter la femen- ce, ou plutôt les œufs de la femme & des autres animaux, des tefticules ou ovaires dans l’uterus ou la matrice. Voyez OVAIRE & MATRICE, Elles font compofées pour la plus grande partie de fibres charnues dont les unes font longitudinales & les autres circulaires , & d’un tiflu de veines & d’arteres qui forment une efpece de corps réticulai- re ou creux, qui eft femblable au clitoris. Cette ftruéture les rend capables de dilatation & de con- traétion, fuivant la quantité & l’obftacle que le fang y apporte; & parconféquent, fuivant la maniere dont elles fe redrefent 8 embraflent l’ovaire pen- dant le coit; ce qu’elles ne peuvent pas faire dans leur état naturel. Voyez GÉNÉRATION. Elles tirent leur dénomination de Fallope de Mo: dène, qui mourut en 1562, & qu’on regarde com- me celui qui les a découverts le premier: cependant nous trouvons que Rufus d’'Ephèfe en a fait une def cription exacte, long-tems avant Fallope. Les œufs ou embryons font quelquefois arrêtés dans les srompes te Fallope, fans pouvoir defcendre dans la matrice. Voyez FærTus. On en a fouvent trouvé des exemples dans les difleétions : mais le plus remarquable eft celui qu'a rapporté Abraham Cypriänus , célebre médecin d'Amflerdam, dans une lettre adreflée à monfeur Thomas Milington, dans laquelle il faitune defcrip- tion de la maniere dont il tra un fœtus de vinot & un mois, hors de la trompe de Fallope, d’une fem- me qui a vécu & a eu plufeurs enfans depuis cette opération, Voyez Planch. anat. (Myol.) fix. 9. €. c. Efg, 11.6... [left fait mention, Mer. de l Acad, royale des Sc. année 1702. de deux obfervations fur un fœtus hu- L] maïñ trouvé dans une des trompes de {a matrice, année 1712; d'une autre, fur un fœtus renfermé dans ‘un fac formé par la membrane externe de la £rornpe droite. TROMPE D'EusTACHE, eft le canal de commu- nication entre la bouche & le tympan de l'oreille, F’afalva lui donne ce nom de fa figure, & c’eft Eu- tache qui l’a découvert. Voyez OREILLE & Bou- CHE. TROMPE, (A4 nat, des Tnfeëles.) en latin Zrgua, Promufcis, partie de la bouche des infeétes : cette partie s’appelle autrement le /ÿpkor ou la langue des infeétes. Ariftote la nomme srompe , par allufion à celle des élephans , & c’eft fous cet ancien nom : que nous en parlerons ici fort briévement. Quelques infeétes, comme les grillons fylveftres, a portent entre leurs tenailles. Ily en a qui peuvent a retrécir & l’étendre {elon leur volonté. Les papillons la portent fort adroïtement entre les deux tiges ou lames barbues , Qui fervent à la cacher &c à la garantir ; & d’autres la couchent fous leur ven- tre, qui pour cet effet a une petite canelure, où elle * eft en fureté. Les punaïfes des arbres font dans ce cas ; elles ont une fente dans laquelle elles couchenr leur trompe. r Cette srompe des infeétes n’eft pas toujours d’une £gale longueur ; les uns l’ont fort courte , &'dans les autres elle eff plus longue que tout le corps : telle eft encore la srompe des papillons , qui eft un chef- d'œuvre en fon genre. Quand elle eft étendue , fa longueur excede celle de animal même, & il la roule &c le déroule cependant avec une viteffe incroyable, : Quand on regarde la srompe de quelque infecte au- travers d’une loupe , lon découvre qu’elle eft fne- ment travaillée, & d’une maniere proportionnée à leur genre de vie; toutes les parties en font difpo- fées avec tant d'art, qu’il n’y a rien de trop , ni de trop peu. Dans plufieurs infeétes elle eftrenfermée dans une efpece de fourreau , dont Le bout pointu leur {ent à percer les chofes qui contiennent leur nourriture. Quandils Pont fait. ils ouvrent cefourreau, &cap- : pliquent la trompe dans l'ouverture afin de tirer le fuc qui y eft. Elle leur fert donc, comme on le voit, de fyphon pour attirer Les liqueurs dont ils font leur aliment ; & outre cela elle leur fert à piquer & àblef. {er comme on pourroïit Le faire avec une lancette. Quoique cette érompe {oit fi petite, qu'on ne fau- roit Pappercevoir fans le fecours d’une loupe ; elle eft néanmoins fi forte , qu’elle peut fans peine percer le cuir le plus dur & Le plus épais. La srompe du mou- cheron, par exemple, a cet avantage. La srompe des coufins , desmouches & de divers autres infeétes , leurfert feulement pour fucer lefang des animaux , & les autres liqueurs dont ils {e nour- riflent ; ce qu'ils font de cette maniere : leur srompe étant un tuyau difpofé de telle forte qu'il fe pliffe pour s’accourcit , & qu’il étend fes plis pour s’alon- ger , 1l arrive que quand l'infe@e veut tirer le fang d'un animal, il alonse fa srompe & cherche dans la peau un pore ouvert pour ly introduire, & l'y four- rer aflez avant pour trouver le fang qui monte dans la cavité de la srompe, par le moyen de la dilatation qui arrive au corps de l'infeéte. (D, J. MM TRompPE , ( Archir, )efpece de voûte en faillie qui femble fe foutenir en l'air. Elle eft ainfinommée , OU parce que fa figure eft femblable à une srompe, où conque marine, ou parce qu’elle trompe ceux qui la regardent, & qui ne connoiffent point l’artifice de fon appareil. | | . Trompe dans Pangle ; trompe qui eft dans le coin d’un angle rentrant ; il y en a une dans la rue de la Savaterie à Paris, que Philibert de Lorme avoit faite pour un banquier, Voyez Jon architeüture , liy, IP, chap, xj, v | TRO 693 Trompe de Montpellier : efpece de trompe dans l'an- gle qui eft entour ronde & différente des autres 27071 pes en ce qu’elle à de montée deux fois La largeur de {on ceintre, On en voit dans Montpellier , où cette trompe a êté inventée; une autre au quartier du pa- lais qui eft barlongue : elle eft plus eftimée que l’au- tre. Elle a environ 7 piés de large fur 11 de long. Trompe en niche ; trompe concave en maniere de coquille , & qui n’eft pas réglée par fon profil, com- me la zrompe qui porte le bout de la galerie de Phôtel de la Vrilliere , rue neuve des Bons-Enfans à Paris. On la nomme auffi srompe Jphérique. Trompe en tour ronde; trompe dont le plan fur une ligne droite rachete.une tour ronde par le devant, & qui eftfaite en maniere d’éventail ; telles font les trompes de l'extrémité de la galerie de l'hôtel de la Feuillade, à la place des Vidtoires à Paris. Trompe ondéé ; trompe dont le plan eft ceintré en Onde par fa fermeture. Telle eft la trompe du château d’Anet , qui a étédémontée de l’endtoit où Philibert de Lorme lavoit.bâtie, pour fervir de cabinet au roi enr1Îl. & remontée en une autre place avec beau- coup de foin par Girard Vyet, architeéte du duc de Vendôme. Trompe réglée ; trompe qui eft droite par fon pro- fil ; il y en a une derriere l'hôtel de Duras, près la place Royale à Paris. Trompe fur le coin; c’eft une srompe qui porte l’en- coigneure d’un bâtiment pour faire un pan coupé au rez-de-chauflée. Il y a une de ces trompes au village de Saint-Cloud ; maïs la plus belle qui ait été conftrui- te, eft celle qui eftau bout du pont de pierre fur la Saône à Lyon, ouvrage de M. Defargues, qui eft un monument de fa capacité dans l’art de la coupe des pierres. Daviler. (2. JT.) TROMPE, ( Pyrothecn. )une trompe eft une aflem- blage de plufieurs pots-à-feu . les uns au - deflus des autres , & qui partent fucceffivement:; de maniere que le premier en jettant fa garniture , donne feu à la compofition lente du porte-feu du fecond , 8€ ainfi des autres. On en fait à autant de reprifes que la longueur du fourreau en peut contenir, mais com- munément à cinq ou fix. Les srompes font peu en ufage dans les feux de terre; on n’en fait guere que pour les tirer à la main, & S’amufer à diriger leur garniture où l’on veut ; mais onles emploie beaucoup dans les feux fur l’eau, foit pour faire vomir du feu àun montre ma- rin , foit pour en former ce qu’on appelle des harrils de trompes dans les auteurs de Pyrotéchnie , car il n’eft pas poñlible d'entrer ici dans ces petits détails. (D.J.) TROMPE , (terme de Mercier.) on dit À Paris guim- barde; forte d’inftrument compoté feulement de deux petites lames de laiton ou d’acier ; léunies avec une languette au milieu qui fait reflort, & qu’on touche leflément avec les doigts, tandis qu’on la tient en- tre les dents; elle rend unfrémiffement ou bourdon- nement fourd mufcal par le mouvement de Ja lan- gue &t l’ouverture de la bouche. (D. T7.) TROMPE, côrs de chañe , petit & grand, TROMPER , v. a@, (Gramm.) furprendre, {édui- re , décevoir, abufer de Pignorance, de la confiance, de la crédulité, dela facilité de quelqu'un. Il eft plus honteux de sromper, que d’être trompé. À force d’être fin, On fe srompe foi-même, Ma fuite à trompe {a vengeance. Les ennemis ont srompé fa prudence, TROMPER 27 cheval à la demi-volre d’une où de deux prifes | ( Maréchal.) cela arrive, par exemple, f le chevalmaniant à droite, & nayant encore fourni que la moitié dela demi-volte, onle porte un tems €n avant avec la jambe de dedans, & on reprend à main gauche dans la même cadence qu’on avoit commencé ; par-là on repagne endroit où la demi- 694 TRO volte avoit été commencée à droite, & on fe trouvé à gauche. On peut sremper un cheval à quelque main qu'il manie. Voyez VOLTE, DEMI-VOLTE, 6c. TROMPETE, o1SEAU, ( Hif. natur. Ornithol. ) l’oifeau appellé rrompetere par les Efpagnols, dans la province de Maynas, eft le même qu’on nomme aga- mi au Para & à Cayenne. Ileft fort familier, &c n’a rien de particulier que Le bruit qu’il fait RE $ qui lui a valu le nom d’oifeau srompere. C’e mal-à- propos que quelques-uns ont pris ce nom pour un chant ou pour un ramage ; il paroît qu'il fe forme dans un organe tout différent , & précifément oppofé à celui de lagorge. Mém. de l'acad. des Scienc, année 1745. (D.J.) | TROMPETTE, voyez AIGUILLE. | TROMPETTE, f.f. (Luth.) inftrument de mufique, le plus noble des inftrumens à vent portatifs ; on s’en fert principalement à la guerre pour faire faire le fer- - vice où l'exercice à la cavalerie. Le mot eît français ; Ménage le dérive du grec spouBse, turbo , qui eftune conque dont on fe fervoit autrefois au-lieu de sromperre. Du Cange croit que ce mot vient du latin corrompu , srompa , ou del1- falien sromba ou trombetta. D’autres penfent qu'il dé- rive du celtique crombill, qui fignifie la même chofe. Voyez-en la repréfentation dans la fg. 3. PL VIL. de la Lutherie. Cet inftrument fe fait ordinairement de cuivre , quelquefois d'argent , de fer, d’étaim &c de bois. Nous lifons que Moïfe fit faire deux srompettes d’ar- gent pour l’ufage des prêtres. Num. X. & Salomon en fit faire 200 fur le même modele, comme nous l’apprenons de Jofephe , iv. VIII. ce qui fait aflez connoître l’antiquité de cet inftrument. Les anciens avoient divers inftrumens qui étoient des efpeces de srompettes , comme ##bæ, cornuæ, li- £ui. Voyez COR, TROMPE , CLAIRON. La sromperte moderne confifte dans embouchure, qui eft un bocal large d'environ un pouce, quoique le fond n’ait qu’un tiers de cette largeur. Les deux canaux qui portent le vent, s'appellent les ranches ; les deux endroits par où elle fe recourbe & fe replie, s'appellent porences ; & le canal qui eft depuis la {e- conde courbure jufqu’à fon extrémité , s'appelle le pavillon ; les endroits où les branches fe peuvent brifer &e féparer, ou fouder , s'appellent les zœwds, qui font au nombre de cinq , & quien couvrent les jointures. Quand on ménage bien le fon de la rromperte , il eft d’une fi grande étendue , que l’on ne fauroit la déterminer au jufte, puifqu’elle va auff haut que la force du foufile la peut porter ; une bonne poitrine pouffera le fon de la cromperte au-delà des quatre oc- taves qui font l’étendue des claviers des épinettes & des orgues. À la guerre il y a huit manieres principales de fonner la srompette. La premiere s’appelle le caval- guet, dont on fe fert quand l’armée approche des villes , ou quand elle pañle à-travers dans une mar- che. La deuxieme eft Le house - felle, qui ef fuivi de la levée du boute - felle ; on le fonne quand on veut déloger , ou fe mettre en marche. La troifieme eft quand on fonne 4 cheval, & puis a l’érendard. La qua- trieme eft /a charge, La cinquième /e guer. La fixieme Le double cavalquet, La feptieme Ze chamade. La hui- tieme /4 retraite, On fonne aufh avec la sromperte des airs & des fanfares dans les réjouiffances. On trouve des gens qui fonnent fi délicatement de la srompette , 8 qui en tirent un ton fi doux, que cet inftrument tient fa place non-feulement dans la mu- fique d’églife, mais aufli dans la mufique de chambre ; de forte que dans la mufique italienne & allemande nous trouvons fouvent des parties intitulées sromba prima, fegonda , terça, c’eft-à-dire, premiere, fecon- TR O de, troifieme #ompeite, & que ces pattes doiverit être exécutées par ces inftrumens. M. Roberts, dans fes sranfattions philofophiques remarque que la srompette a deux défauts confidérä- bles ; le premier ,que dans fon étendue elle ne peut former ou exprimer qu’un certainnombre de notes, que l’on appelle communèment zoces de trompette ; le deuxieme , que quatre des notes qu’elle exprime ne * font point d’un accord parfait. Voyez NoTE. Les mé- mes défauts fe trouvent dans la sromperte marine , & c’eftla même raifon qui les fait naître. Voyez TROM- PETTE MARINE. TROMPETTE, ( Listérar, \Vorigine de cet inftru- ment fe perd dans Pantiquité ; les Tyrrhéniens , fui- vant quelques hiftoriens grecs, en font les inven- teurs ; d’autres attribuent plus vraiflemblablement cette découverte aux Egyptiens, dont la connoïffan- ce pañfa chez les Ifraélites ; car Moïfe fit faire deux trompettes d'argent pour le fervice des troupes & du peuple. Les Grecs n’avoient encore aucun ufage dé cetinftrument lors du fiege de Troie; mais il étoit connu du tems d’'Homere , comme 1l paroït par le poëme fur le combat desgrenouilles 8 des rats ; ce- pendant Virgile n’a pas cru devoir s’attacher à lavé rité hiftorique fur cette bagatelle. Il releve dans {on Enéide les talens de Misèrie, en nous aflurant que ce fils d'Eole avoit été , au fiege de Troie, un fameux trompette ; qui s’étoit fouvent diftinguéà côté d’Hec- tor ; ces fortes d’anacronifmes font fort permis en poëfie ; mais l’hiftoire nous apprend que lPufage de la trompette , chez les Grecs , ne remonte pas fi haut. Il eft vrai que cet exercice vint bien-tôt à s’introduiré dans les jeux folemnels de la Grece, & même y eur un pfix. La même hiftoire noûs apprend que dans une ba- taille des Spartiates contre les Mefféniens, le bruit de cet inftrument jufques:là inconnu à ces derniers peu- ples , les jetta dans une épouvante qui donna la vic- toire aux Lacédémoniens: Lacedemonii vicerunt quim novus tube fonitus hoftes rerruiffec. Cependant les au- teurs grecs ne fourmiflent rien de particulier fur la trompette de leur pays ; maïs on trouve aflez de cho- fes fur celles des Romaïns , & nous favons par exem- ple qu’ils en connoïfloient de trois fortes. La premiere étoit celle qu’on appelloit 444, dé tubus , à caufe de fa reffemblance à un tuyau. Cette trompette étoit droite, & fe nommoit sxbx direëta ,æs retlum. Elle étoit étroite par fon embouchure, s’élar- giant infenfiblement , & fe terminant par une où verture circulaire & proportionnée. La feconde forte de srompetse romaine , étoit plus petite que la premiere. Elle étoit courbée vers l’ex- trémité, à-peu-près comme le bâton augural, duquel elle avoit auffi emprunté le nom de Ztuus, Elle s’ap- pelloit encore quelquefois :4ba curva. La troifieme efpece de srompere en ufage chez les Romains , étoit appellée buccina ow buccinum. Celle- ci étoit prefque entierement courbée en cercle. Elle pafloit par - deflous du bras gauche du trompette qui lembouchoit, & fe recourboit de maniere que l’ou- verture de l’extrémité, de la même forme que celle de la srorsperte droite , fe failoit voir en-devant par- deflus l'épaule, comme fi elle eñt été fe rejoindre à fon embouchure, | La sromperte droïte appellée par les Grecs ct\myË, & zuba par les Latins , fervoit à la guerre pour ani- mer les foldats au combat, ou pour les rappeller à leur drapeau lorfque dans le fort de la mêlée ils s’é- toient trop écartés, La srompette droite dans les armées , étoit particu- lierement deftinée à l'infanterie ; & ceux qui fon- noient swbicines , étoient auffi à pié, fi ce n’eft dans quelques occafons extraordinaires où on les faifoit menter à cheval. Quand les armées étoient en pré= T RO fence.. les srompertes fonnoientla charge, c’eft-À.dire donnoïent le fignal du combat. Mais de même qu’un Certain fon de la srompetse figniñoit qu'il falloit atta- quer l'ennemi, par un autre fon elle fafoit entendre qu'il falloit fe retirer. Un des ufages particuliers de la trompette droite étoit encore de donner dans le camp les fignaux qui indiquoient aux foldats leurs diffé- rens devoirs. C'étoit au fon de ces mêmes sromperses que triom- phoïent les diétareurs , les confuls, les préteurs & les autres généraux. Elles étoient à la tête de cette marche pompeufe , & elles faifoient rerentir l'air de fanfares propres à redoubler la joie du peuple. Au tefte, la crompette droite n’étoit pas fi particuliere- ment deflinée à la guerre, qu’elle ne fût encore em- ployée à quelques ufages qui n’y avoient aucun rap- port. À limitation des Grecs , Les Romains s’en fer- voient dans la célébration de quelques-uns de leurs jeux facrés, & entr'autres dans celle des jeux flo- raux , dans la fète de la luftration & dans quelques facrifices. On s’en fervoit auffi quelquefois dans les cérémo- fies lupgubres, c’eft-à-dire dansla marche des pompes funebres, êc tant que duroient les jeux qui fe célé- Broient au-tour du bucher d’un défunt pour honorer fes funérailles. Selon Servius, on ne fe fervoit de la trompette droite que dans les pompes funebres des gens d'un âge avancé , à la différence des jeunesgens dont la pompe n’étoit précédée que de flûtes. Ce- pendant malgré la diftinétion de ce favant grammai- fien ,1left conffant qu’on mêloit afez fouvent le fon des flûtes à celui des srompestes dans les pompes fune- Pres des Romains de tout âge & detoute qualité. _ I ya encore eu deux efpeces de srompettes parti- culieres aux Romains ; le Zruus & la buccina, Le li- us Où trompette courbe appartenoît à la cavalerie: ce qu'Horace, dans les deux premiers livres de fes odes, marque affez clairement, pour ne pas laïfler lieu d'en douter. Lorfque les empereurs romains étoient à l’armée, & qu'ils vouloient haranguer les foldats , ils les failoient aflembler au {on de la trom- pette courbe ;' felon le fémoisnage d’Ammien Mar- cellin. Comme la srompette droite fervoit à l’infante- fie de fignal pour la charge & pour la retraite, Le Z- tuus fervoit au même ufage pour la cavalerie. Il étoit aufh employé dans les entrées triomphales ; ce qu'il ne faut entendre néanmoins que par rapport aux compagnies de cavalerie, qui embellifloient la mar- the des triomphes, L'infanterie qui marchoit À la tête de cette pompe, étoit toujours précédée de fes subi- cines qui fonnoient dela srormperse droite nommée pro- prement tuba. . À l'égard de Fautre efpece de tromperte appellée buccina, elle étoit commune à l'infanterie comme la trompette droite. C’étoit encore au fon de la buccina que s’annonçotent dans le camp les différentes veil- les de la nuit, & que la premiere fentinelle étoit re- levée par la feconde, & ainfi des autres. La buccina étoit employée à cet ufage plutôt que la srompeite droite & que la courbe, à caufe que le fon de la buc- cina étoit plus aigu , & fe faïfoit entendre plus dif- tinétement & de plusloin. Du tems de Vegece, qui vivoit fous Valéntinien le jeuné , les Romains fe fervirent d’une quatrieme forte de srompette ; ce fut de la corne de ces bœufs fauva- ges ,uri, & fréquens alors en Allemagne. Cette corne garnie d'argent par fon embouchure, rendoit, dit cet auteur, un fon aufli diffinét & auffi éclatant que ce- lui d’aucune forte de sromperte. _ Les modernes ont extrèmement perfe@ionné la méchanique des différentes sromperres , leur forme , Palliage qui leur convient & la théorie de leurs fons. Morland, Caflegrain , Muller, Coniers & Haafe ont recherché curieufement la meilleure fabrique des #4 TKRO 695 trompettes , &t le dernier a donné fur ce fujet un petis livre intitulé , de tubis féeztoriis , eorumque formé € féraituré. (D. J.) _ TROMPETTE HARMONIEUSE, (Lushier.) c'eft un inftrument harmonieux , qui imite le fon de la srom- perte, & qui lui reflemble, hormis qu’il eff plus long, & qu'il a plus de branches, Il s'appelle ordinairement Jacquebutce, Voyez SACQUEBUTTE, àc la fig. 14. BL. VIT. de la Lurherie, TROMPETTE MARINE, (Lurhier.) eft un inftru- ment de mufique compofé de trois tables , qui for- ment fon corps triangulaire ; elle a un manche fort long , &c une feule corde de boyau fort groffe , mon- tée fur un chevalet, qui eft ferme d’un côté fur un de fes piés, & tremblotant de l'autre côté, fur un pié qui neft point attaché à la table, On la touche d’une main avec un archet, & de l’autre on preffe la corde fur le manche avec le pouce: c’eft ce tremblement du chevalet qui lni fait imiter le fon de la sromperre : ce qu'elle fait f parfaitement, qu’il n’y a prefque pas moyen de la diffinguer de la #romperte ordinaire, & C'eft ce qui lui a fait donner ce nom, quoique d’ail- leurs ce foit une efpece de monocorde, Voyez la fie. 10. PI, TT, de Lutherie, La srompette marine a les mêmes défauts que la trompette militaire, en ce qu’elle ne peut exprimer que des notes de trompette, & qu’elle leur donne un ton trop bas ou trop haut. Voici la raïfon que M. Roberts en donne, après avoir fait la remarque des deux cordes qui font à l’uniflon, & dont l’une ne peut être ébranlée, fans que l’autre ne s’ébranle en même tems , 1l dit que Les impulfons que Pair reçoit de lébranlement d’une corde, fe communiquent à une autre corde qui fe trouve difpofée à recevoir Les mêmes vibrations, À quoi on peut ajouter qu’une corde s’ébranle, nonfeulement par limpulfon d’un union, mais aufli pat celle d’une oétave ou douzième, n’y ayant point de contrariété dans les mouvemens, pour fe nuire les uns aux autres. Voyez CORDE, UNISsON. D'ailleurs en jouant de la srompeite marine, on m'appuie pas ferme fur la corde, comme dans les au- tres inflrumens, mais on ne fait que la toucher légérement du pouce. Enfin la partie fupérieure de la corde concourt avec fa partie inférieure pour former le fon : d’oùil faut conclure que la sroperte marine ne rend point un fon mufical, que lorfque la touche fur la partie fupérieure de la corde forme une partie aliquote, ou intégrante de la note; de forte que le concours de la partie inférieure de la corde acheve de former le fon parfait, ou la note entiere. Autrement les vi- brations des parties s’entrechoquent & forment un fon qui eft proportionné à leur mouvement, & qui met la confufion dans toute leur harmonie : ce font donc ces parties aliquotes qui, felon M. Roberts, font les véritables touches, qui forment les notes de trorrpettes. TROMPETTE PARLANTE, (Acouff,) eft un tube de la longueur de fix à quinze piés , tout droit, & fait de fer blanc , avec un pavillon fort large : fon bocal eft aflez large pour recevoir les deux levres d’une perfonne. Lorfqw’on y applique la bouche & qu’on y parle dedans, la voix {e porte très-loin, & on fe fait entendre diftinétement à la diftance d’un mille où de mille pas: on s’en fert beaucoup fur mer. On dit que l’inventionen eft moderne , & on l’at- tribue communément au chevalier Samuel Morland anglois, qui lui a donné le nom de romperte flentoro- phonique. Mais il femble que le P. Kircher reclame à plus jufte titre invention de cet inftrument, puif qu'il eft conftant qu'il donna la figure de là sromperre parlante avant que le chevalier Morland en eût con- çu l'idée, Voyez PORTE-voIx, 696 TRO Kircher dans fa Phonurgie, dit qu'il avoit inventé il y avoit 24 ans, & publié dans fa Mufurgie, la mé- me trompette qu’en dernier lieu on a fait pañler en An- gleterre pour une invention nouvelle. Il ajoute que Jacobus Albanus Ghibbifius , & le P. Efchinardus hui attribuent cette invention, & que G. Schottus lui rend témoignage que dans le college Romainilavoit cet inftrument dans {a chambre, & qu'il s’en fervoit pour appeller le portier, &t pour en recevoir re- ponfe. - Lorfque lon fait attention au fameux porte-voix dont Alexandre le Grand fe fervoit pour parler à fon armée, & que l’on pouvoit entendre diftinétement à cent ftades (huit flades font un mille d’Angleter- re, qui fait un tiers de lieuede France), il paroïîtun peu furprenant que les modernes prétendent à cette invention; la srompeite ftentorophonique d’Alexan- dre, dont on conferve une figure au Vatican, étant prefque la même chofe que la rompette parlante dont On fait ufage aujourd'hui. Chambers, TROMPETTE ÉCOUTANTE, eft un inftrument inventé par Jofeph Landini, pour faire entendre une perfonne qui parle à une diftance confidérable, fans le fecours d'aucune erompette parlante : c’eft une ef- pece de cornet. Voyez CORNET. | TROMPETTE , Jeu d'orgue de Îa claffe de ceux qu’on appelle jeux d'anches. [| eft compofé d’un tuyau d’étain EC, fig. 44. PL d’Orgue, de forme co- nique comme tous les autres jeux d’anche , excepté le cromcrne ; à l’extrémitéinférieure eft foudée une noix de plomb c, dans laquelle anche &c fa languet- te font aflujetties par le moyen d’un coïn de bois. Voyez l'article ANCHE. Un peu plus haut eft un an- neau de plomb D , foudé fur le corps du tuyau dans lequel pañle la rafette ba , qui pafle auffi dans la noix é du tuyau, & qui va s’appuyer fur la languette de lanche , pour fixer la longueur de la partie qui doit vibrer. La partie inférieure D C de la sromperte entre dans une boîte 4B qui eft d’étoffe, c’eft-à-dire de plomb & d’étain fondus enfemble ; favoir deux par- ties du premier, & une du troifieme. La sromperte entre dans la boîte , en forte que la bague D vienne appuyer fur la partie fupérieure qu’elle doit fermer exaétement; en forte que le vent du fommier qui pafle dans la boîte par l'ouverture de fon pié 8, ne uifle trouver d'iffue pour fortir qu'entre la lan- guette & l’anche du tuyau par ohil pañle dans le corps de la trompette, ce qui la fait parler. Voyez pour l’ex- plication de la formation du fon dans les jeux d’an- ches, l'article ORGUE, où la fatture des jeux d’an- ches eft expliquée. La srompette fonne Puniffon du huit piés ouvert, ou du clavecin, & l’oftave au-deflous du preftant, fur lequel on l'accorde, Voyez la table du rapport & de l'étendue des jeux de Orgue. TROMPETTE DE RÉCIT, Jeu d'orgue de la claffe _de ceux qu’on appelle yeux d’anches. Le jeu qui eft d’étain , fonne l’uniffon des deflus &c des tailles de la trompette, dont il ne differe qu’en ce qu'il eft de plus menue taille. Quelquefois ce jeu defcend jufqu’au fz de la clé de fz, ou des bafles tailles de a sromperte. Il eft fur un clavier féparé, & fur le même fommier que le cornet de récit, qui eft placé dans le haut de l'orgue. Voyez la table du rapport 6 de l'étendue des jeux de l'orgue. Voyez Particle ORGUE 6 JEUX, & la fig. 46. PL d'Orgue, qui repréfente un tuyau de trompette de récit dans fa boîte. TROMPETTE, DOUBLE TROMPETTE, Jeu d'orgue ne differe de la srompette dont il fonne l’unifion, qu’en ce qu'il eft de plus groffe taille, pour éviter la confu- fon que deux uniflons de même taille font entendre dans les fons qu'ils rendent. TROMPETTE, Î. m. (_4rt. milir.) c’eft le cavalier qui fonne de cet inftrument. TRO Îl y a des srompetres dans toutes les compagnies de cavalerie, & dans toutes celles de la maifon du roi êc de la gendarmerie. Les trompettes, dans les marches & dans les re- vües , marchent à la tête de l’efcadron, trois ou qua- tre pas en avant ; dans un combat ,uls font fur l'aile où dans les intervalles des efcadrons. (Q) - TROMPETTES, fêtes des, (Hiff. jud.) folemnité célébrée chez les anciens Hébreux &c chez les Juifs mocernes, mais avec quelque différence. | Elle fe célébtoit chez les anciens le premier jour du feptieme mois de Pannée fainte qui étoit Le pre- mier de année civile. Ce mois s’appelloit äyr,& répondoit à la lune de Septembre. On annonçoit le premier jour de l’année au fon des trompettes. Ce jour étoit folemnel. Toute œuvre fervile y étoit défendue ; on y offroit un holocaufte folemnel au nom de toute la nation , d’un veau , de deux béhers, de fept agneaux de lannée; avec les offrandes de farine , de vin, que l’on avoit coutume de joindre à ces facriñces. L’Ecriture ne nous apprend point la raïon de l’établiflement de cette fête, Théodoret, queft. XXXIT. in levinic. croit que c’étoit en mé- moire du tonnerre que lon avoit entendu fur le mont Sinaï, lorfque Dieu y donna fa loi. Les rab- bins veulent que ce foit en mémoire de la délivrance d'Ifaac, à la place duquel Abraham immola un bélier. Aujourd’hui les Juifs ont coutume ce foir-là de fe fouhaiter l’un à l’autre une bonne année , de faire meilleure chere qu’à Pordinaire, & de fonner de la tromperte à trente diverfes fois. Léon de Modene, cérémon. des Juifs, pare. TI, c. v, remarque qu'il ya eu autrefois difpute entre les rabbins fur le tems au- quel le monde a commencé , les uns prétendant que c’étoit au printems , & les autres en automne; que ce detnier fentiment a prévalu, & que c’eft fur cela qu’eft fondée la fête des srompesres qui fe célebre au commencement de tizri qui répond à Septembre, Pendant cette fête qui dure les deux premiers jours du mois : le travail & les affaires font fufpendues; les Juifs tiennent par tradition que ce jour-là Dieu juge particulierement les aétions de l’année précé- dente , & difpofe des événemens de celle où lon va entrer. C’eft pourquoi dès les premiers jours du mois précédent , ou du moins huit jours avant la fête des trompettes , la plüpart vaquent aux œuvres de péni- tence & de mortification, & la veille, plufeurs fe font donner trente-neuf coups de fouet, par forme de difcipline. Le premier foir qui commence l’année & qui pré- cede le premier jour de ri, en revenant de la fyna- gogue. Ils fe difent l’un à autre : Soyez écrit en bonne année, & l’autre répond, & vous auffr. Loriqu'ils font dans leur maïfon, on fert fur la table du miel & du pain levé & tout ce qui peut faire augurer une an- née abondante & douce. Il y en a plufeurs qui vont le matin de ces deux fêtes vêtus de blanc à la fyna- gogue en figne de pureté &t de pénitence. Parmi les Allemands quelques-uns portent alors Phabit qu'ils ont deftiné pour leur fépulture. On récite ce jour-là dans la fynagogue plufeurs prieres & bénédiétions particulieres. On y tire folemnellement le pentateu- que de l’armoire, & on y lit à cinq perfonnes de fa crifice qu'on faifoit ce jour-là. Enfuite on fonne trente fois du cor, tantôt d’une maniere fort lente, & puis d’une maniere fort brufque. Ils difent que c’eft pour faire fonger au jugement de Dieu, pour intimider les pécheurs & les porter à la pénitence. Après quel- ques prieres, ils s’en retournent à la maïfon, ils fe mettent à table , & pañlent le refte du jour à enten- dre quelques fermons & à d’autres exercices de dévo- tion. Les deux jours de la fête fe pañlent dans de fem- blables cérémonie. Pour fe préparer à la fése des tromperres ou du com- mençement mencement de l’année civile, pluñeurs juifs fe plon gent dans l’eau froide; & à-mefure qu'ils Sy plon- gent, ils confeflent leurs péchés, & fe frappent la poitrine. [ls s'y plongent entierement afin de paroître purs aux yeux de Dieu. Ils croient que ce jour-là Dieu affemble fou confeil ou fes anges , & qu’il ou- vre fes livres pour juger tous les hommes. On ouvre felon eux trois fortes de livres: le Zivre de yie pour les juftes ; le Livre de mort pour les méchans ; le Zyre des hormmes qui tiennent le milieu, pour ceux qui ne font ni tout-à-fait bons n1 tout-à-fait mauvas, Il y a dans les deux livres de vie & de mort deux efpeces de pages , l’une pour cette vie & l’autre pour Péter- nité; car il arrive fouvent que les méchans ne font pas châtiés en cette vie felon leurs démérites; & que les juftes y font traités avec rigueur, comme s'ils avoient encouru la colere de Dieu. Cette conduite du Seigneur fait, felon eux, que l’on n’eft jamais für de fon état, & qu’on eft toujours dans l'incertitude _ & l’on eft digne d’amour ou de haine, Pour ceux qui he font ni tout-à-fait bons, n1 tout-à-fait mauvais, ils ne font écrits nulle part, dufent les Juifs; Dieu attend jufqu'aujour de lexpiation qui eftle dixieme de l’année, s'ils fe convertiront. Ce jour-là il porte contre eux fon jugement de vie ou de mort felon eur mérite. Calmet, Diéionn. de La bible. FTROMPILLON, f. m, (Coupe des pierres.) c’eft la naiflance, le milieu d’une trompe, qui eft au fom- met du cône dans les coniques, & au pole de la fphere dans les fphériques. C’eit une pierre d’une feule piece qu’on eff forcé de faire ainfi pour occuper la place de plufieurs extrémités de vouffoirs en pointe, qui feroient tellement aigus, qu’on ne pourroit les tailler & les poler fans rifque de les cafler. On appelle aufli srompillons lès petites trompes faites de pluñeurs pieces fous les quartiers tournans de certains efcaliers, pd TRON, SAINT-, (Géog. mod.) ville d'Allemagne, dans l’évèché de Liége, capitale de la Hasbaye, aux frontieres du Brabant. Long. 22. 53. lat, $0. 40. ‘197 CNE | TRONC, L'm, (Bor.) Le tronc eft la partie des plantes qui naît de la racine, & qui ordinairement foutient les feuilles , les fleurs, & les friuts; on die flinoue deux fortes de sronc qui font la tige &c le chaume, La tige eft fimple ou compofée. La tige fimple eft celle qui fe continue fans interruption depuis le bas de la plante jufqu’au baut ; elle eft dénuée ou garnie de branches &c de feuilles ; elle s’éleye droit ou obli- quement, en s’entortillant , ou en fe plant ; elle fe panche, elle retombe, ouelle rampe, ou elle pouffe des farmens ; elle eft vivace, en arbrifleau , en fous- arbrifleau, ou annuelle; elle eft cylindrique , à deux angles, à trois angles, &c. à plufieurs angles; elle eft cannelée, en souttiere, lifle, velue, raboteufe, ou hériflée de poils. La tige branchue pouffe des branches latérales qui montent, ou qui s’écartent ; elle a de groïfles bran- ches, quantité de petits rameaux; elle porte des fupports, ou elle eft prolifique; elle a d’ailleurs tous les attributs de la tige non branchue, La tige compofée eft celle qui fe perd en fe rami- fiant; elle fe divife en deux branches; elle fe par- tage en deux rangs de branches, ou élle fe fous- divife. 4 | | Le chaume eft une tige fifluleufe &c garmie de feuilles, qui porte ordinairement des épis ou des panicules comme dans les graminées ; le chaume eft entier, ou branchu, uniforme, articulé, écailleux, dénué ou garni de feuriles. for. parif. Prodr. PRONC, er Anatomie, fienifie le bufle du corps humain , à l’exclufon de ja tête & des membres. Poyez BUSTE. Tome XVI, = ’ rt " Fe TR O 697 Troc Le dit auf du Corps principal d'uné arteré Ou d’une veine, à la différence de fes brañches & de fes rameaux. Voyez VEINE @ ARTERE. Ce mot fe dit particulierement dé certaines pars ties de Paotte &c dé la veine cave. Voyez Les Plans ches anat. Voyez auffl AORTE 6 VEINE CAVE. Tronc, f.m.{( Archir. } c’eft le fût d'une celons ne, &le.dé d’un piédeftal. TRONC, ( serme d’églife. ) coffré de boïs ou de fes, fixé dans un endroit de léglife, & fermant à la clé ; le haut de ce coffre eft fait en talid, ayant au mi= lieu une fente pout recevoit les aumûnes que les gens de bien donnent aux pauvres de la paroïflé, Les tronès futent établis èn France dans les églifes au commencement du xuj. fiecle par Innocent IE. afin que les fideles y puflent dépoïer leurs aumônes em tout tems. TRONCHE, £. £. ( Archir.) atofle & courte piece de bois comme un bout de poire, dont on peut tie rer une courbe raämpante pour un efcalier, (D.J.) TRONCHET, en rerme d'Orfevré en grofferie., c'eft proprement le biilot fur léquel fe montent les biz gornes , les tas & les boules de toutes efpeces. Le cronchet eft percé à cet effet de trous dé diverfes grandeurs. Voyez PL. € fig. TRONCHET, Î. m.(serme de Tonnelier. ) forte de gros billot ordinairement élevé fur trois prés, fe- Vant à doler & à hacher. ( D. J. TRONCHON , f. m. ( Hiff, nar.) poiflon demer; large, court, applati x fans écailles ; il a le dés bleir & le ventre blanc; il refflemble au lampuso par fes nageoires , à l’exception de celle du dos, qui, at lieu de s'étendre fur toute fa longueut, ne commen ce que vers le milieu. f’ovez LAMPuGoO. Le sr6xchors a fur les côtés du corps deux traits placés l’un au= deffus de l’autre, qui s’étendent depuis la tête jufs qu'à la queue ; le trair fupérieur eft coutbe. Ronde- let, Aiff rar. despoiffons, I. part. Liv. PIIT, ch. xixs Voyez Poisson. À TRONÇON, f. m. (Archit,) motceau de marbre ou de pierre , dont deux, trois ou quatre pofés de liten joint, forment le füt d’une colonne: On ap+ pelle colonne par tronçons , une colonne faite de trois où de quatre morceaux de pierre ou de marbre, dif- férens des tambours, parce qu'ils font plus hauts que la largeur du diametre de la colonne. On en fait auf de tronçons de bronze , chacun d’un jet, dont les joints font recouverts par des ceintres de feuilles. Daviler. ( D. J.) TRONÇON, f. m. ( Hydraul.) {e dit d’un tuyau de grais féparé , qui a deux piés de long , que l’on en caftre avec un autre de même longueur, & que l’on joint par des nœuds de filaffe & de maftic. (X) TRONÇON, ( Maréchal.) le rronçon de la queue n’eft autre chofe que les vertebres de la queue vers la croupe. On enveloppe le £ro7ç0n de la queue des chevaux avec un morceau de cuir qu’on appelle cronuffe-queue. Voyez TROUSSE - QUEUE. TRONÇON, (-Aif. mod. ) mot dérivé du latin trunicus; C’eft une efpece de bâton fort couft, que portent les rois, les généraux, & les grands off: ciers militaires, commela marque de leur autorité, Voyez BATON DE COMMANDEMENT. TRONCONNEÉ , adj. dans le Blafon, fionifieune croix ou autre chofe coupée par morceaux & dés membrée, de forte cependant que toutes les pieces confervent la forme d’une croix, quoiqu’elles foient féparées les unes des autres par un petit intervalle, Voyez CRoIx. | TRONE, voyez THRONE. TRONE ,f. m. (Cormm.) forte de poids: c’étoit au= trefois ce qu’on appelle aujourd’hui en Angleterre troy weighs où poids de douze onces à la livre. FPoyez Porps, = , TTté 698 TRO FRONIERE, f. £( Aruillerie.\ c’eft une ouvertu- re qu’on fait dans les batteries & attaques de places. pour tirer le canon. Les sromieres doivent être larges de trois piés par-dedans , & diftantes l’une de l’antre de vinot piés. On les ouvre dans la terre naturell>, | quand on fait des batteries de pieces enterrées. Le: tronieres &t épaules doivent être faites &c élevées avant que l'ennemi s’en apperçoive. Il faut que la premiere planche de l’efplanade joignant la barbe de la sroie- re, foit de neuf piés. (D. J.) : TRONIS, (Géog. anc.)petite contrée de la Pho- cide, au pays des Dauliens. On y voit, dit Paufa- nias, /. X, c. 1. le tombeau d’un héros que ces peu- ples regardent comme leur fondateur. Les uns difent que c’eft Xantipe, homme de réputation à la guerre; & les autres que c’eft Phocus , petit-fils de Sifyphe. Ce héros, quoiqu'il fût, étoit honoré tous lesjours par des facrifices ; on faifoit couler le fang des vii- mes dans fon tombeau par une ouverture deftinée à cet ufage ; & les chairs de ces viétimes étoient con- fumées par le feu. (D, J.) TRONQUÉ, adj. ( Gram. ) voyez TRONQUER. TRONQUÉ , adj. ( Géom. ) on appelle pyramide cronquée une pyramide dont on a retranché la partie fupérieure par un plan, foit parallele à la bafe, foit incliné d'une maniere quelconque. Il en eft de mê- me d’un cône #ronqué. | Ce mot vient du latin surcare qui fisnifie der une partie du 1out, C’eft du même mot que font dérivés zronc , tronçon, &tc. Chambers. Dans la fg. 5, n°. 2 d’arpentage, la partie de la pyramide quadrangulaire comprife entre les plans B,b, & de la hauteur 4, eft une pyramide tron- quée. Pour en trouver la folidité, faites ufage du théo- rème fuivant : foit B le côré donné de la plus srande bafe ( tab. d’Arpent. fig. 5 , n°.,2.) , b le côté de la plus petite bafe, 4 la hauteur du corps sronqué : fup- pofons enfin que B’ & P' repréfentent les aires de ces deux bafes, & que la hauteur totale de la pyra- mide a + A=A. 1°. Pour trouver z, dites B—p. b:: 4 ee ou À Maintenant B° Æ vaut le triple de la pyramide, à caufe qu’une pyramide n’eft que le tiers d’unprifme de même bafe 8 de même hauteur , & #zefît le triple de la pyramide fupérieure ; ainf 2Æ-4: eff l’ex- 3 preffion dela folidité de la pyramide sronquée. Voici Île théorème énoncé en langage ordinaire. Multipliez la bafe inférieure par la hauteur totale; Ôtez de ce produit la bafe fupérieure multipliée par la hauteur de la pyramide fupérieure que l’on a en- levée , & prenez letiers de ce refte, vous aurez la folidité de la pyramide sronquée. Vous pouvez fuivre la même méthode à l’évard d’un cône srorqué, excepté que vous aurez un peu pie de peine à trouver les bafes circulaires dont : 2 aire demande plus de calcul; encore ne peut-on avoir cette aire que par approximation. Voyey CONE. Chambers. (E) TRONQUÉ, en termes de Blafon , {e dit des arbres coupés par les deux bouts. _ TRONQUER, v. a@. ( Gram.) c’eft Ôter à une chofe confidérée comme un tout une portion qui la défigure , dépare ou rend incomplette. Un morceau de poëfie sronqué, un pañlage sronqué, un livre sron- qué , un arbre tronque. TRONSOND, ( Géog. mod, ) nom d’une contrée, d’un cap & d’un détroit de la Norwege. La contrée de Tron/ond eft dans la partie fepten- trionale de laNorwege,au gouvernementdeWardhus. Le cap & le détroit font auf fitués dans le même lieu; le cap eft couvert de plufeurs îles, à l’occi- dent, au nord & à lorient. ( D. J.) TRONTINO LE, ( Géog. mod. ) riviere d'Italie; au royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure. Elle arrofe Teramo , & fe perd dans le golphe de Venife. On croit que c’eft le Juyantius des anciens. D. J. s TROÈHAÆ AN Géog. anc. ) où ad Tropæa, ville d'Italie , chez les Brutiens , au voifinage du port. d’'Hercule. Etiennele géographe place cette ville dans la Sicile : cela vient de ce que de fon temsles auteurs donnoient à cette partie d'Italie le nom de Sicice. Dans les aétes des conciles, cette ville eft fimple- | ment nommée Tropæz ,nom qu’elle conferve encore aujourd’hui. (D. J.) TROPÆA AUGUSTI , ( Géogr. anc. ) ville de la Ligurie. Ptolomée, Z. LIL. c. j. la donne aux Mar- feillois, & la met entre le port d'Hercule & celui de Monæchus, Quelques-uns veulent que cefoit aujour- d’hui Torbia ou Turbia, & d’autres Villa-Franca, (DE) TROPÆA DRUSIT, (Géog. anc.) ville de la Ger- manie , felon Ptolomée, Z, ZI. c. 1j. Élle étoit à moi- tié chemin entre la Sala &c le Rhin, dans l’endroit où Drufus, felon Ortelius , qui a cru mal-à-propos que cette ville étoit l'endroit dont Dion-Caflius, Z XV. a voulu parler fousle nom de Trophées de Dru- Jus. n’étoit point queftion alors de ville dans ce lieu-là. Les Romains après leur viétoire y firent un retranchement où ils éleyerent un trophée desarmes des vaincus , & mirent au-bas les noms de toutes les nations qui avoient eu part à la défaite. Dans la fuite 1l put s’y former une ville, puifque Ptolomée y en marque une. (D. J. TROPAIRE, f. m. (terme de Rubrig. ) le ropaire, dans léglife greque, étoitun verfet qutfe chantoit après les heures, & qui pour ordinaire étoit àl’hon- neur du faint dont on fafoit la fête ce jour-là. On chantoit en certains jours des canons, c’eft-à-dire , _ des hymnes compofés de trente sropaires, & quel- quefois plus. Les sropaires fe chantoient fur le ton des hymnes qui en faïfoient la premiere partie, & leur fer voient d’antienne, Antimus & Tymoclès avoient compoié la plüpart des sropaires. Voyez, fi vous vou- lez, le gloffaire de Meurfius & le sréfor eccléfiaftique de Suicer. (D. J.) TROPATAINE, ( Géog. arc. ) contrée d’Afie ; dans le Moëfie. Prolomée, /. WI. «, ij, Pétend depuis le pays des Geli-Margafi jufqu’à celui des Amariaci, Ce mot Fropatèneeft corrompu d’Atropatène. (D. J.) TROPE, f. m. (Gram,) « Les sropes, dit M. du » Marfais € Trop. parc, L. arc. iy.), font des figures par » lefquelles on fait prendre à un morunefignification » qui n’eft pas précifément la fignification propre de » ce mot... Ces figures font appellées sropes , du » grec pers, converfio, dont la racine ef sperw, ver » to. Elles font ainfi appellées, parce que, quandon » prend un mot dans le fens figuré , on le tourne, » pour ainfi dire , afin de lui faire fignifier ce qu'ilne » fignifie point dans le fens propre. Voyez SENS. » Voiles , dans Le fens propre, ne fignifie point vaif: » Jeaux , les voiles nefont qu’une partie du vaiffeau: » cependant voiles fe dit quelquefois pour vaifféaux. » Par exemple, lorfque, parlant d’une armée nava- » le , je dis qu’elle étoit compofée de cent voiles : » c’eft un srope, voiles eft là pour vaifleaux : que fi » je fubflitue le mot de vaiffeaux à celui de voiles, » J'exprime également ma penfée, mais il ny a plus » de figure. » Les éropes font des figures, puifque ce font des » manieres de parler qui, outre la propriété de faire » connoïtre ce qu’on penfe , font encore diftinguées » par quelque différence particuliere , qui fait qu'on » les rapporte chacune à une efpece à part. Voyez » FIGURE. » Îl ÿ a dans les sropes une modification ou diffé- » rence générale qui les rend sropes , & qui les diftin- » gue des autres figures : elle confifte en ce qu’un » mot eff pris dans une fignification qui n’eft pas pré- » cifément fa fignification propre... Par exemple, / . » ny a plus de Pyrénées, dit Louis XIV... lorfque fon * petit-fils le duc d'Anjou, depuis Philippe V. fut » appellé à la couronne d’Efpagne. Louis XIV. vou- » loit-il dire que les Pyrénées avoient été abimées ou » anéanties ? nullement: perfonne n’entendit cette » éxpreffion à la lettre & dans le fens propre ; elle » avoit un fens figuré... Mais quelle efpece particu- + liere de srope ? Cela dépend de la maniere dont un » mot s’écarte de fa fignification propre pour en pren- » dre une autre. L. De /a fubordination des TROPES & de leurs cara- Éleres particuliers. ( Ibid. part. IL. art. xxj.) « Quinti- » lien dit que les Grammairiens , aufli-bien que les » Philofophes , difputent beaucoup entre eux pour » favoir combien il y a de différentes clafles de sro- » pes , combien chaque claffe renferme d’efpeces par- » ticulieres , & enfin quel eft l’ordre qu’on doit gar- » der entre ces clafles & ces efpeces. Circa quem # (tropum ) érexplicabilis | & graminaticis inver zp/os » & philofophis, pugna ef! ; que Jint genera, que fpe- » cles , quis numerus , quis cui fubjiciatur. Inft. orat. » Gb. VIIL, cap. vj.... Mais toutes ces difcufñions » font affez inutiles dans la pratique, & il ne faut » point s’amufer à des recherches qui fouvent n’ont #aucun objet certain ». L11 me femble que cette derniere obfervation de M. du Marfais n’eft pas aflez réfléchie. Rien de plus utile dans la pratique , que d'avoir des notions bien préciles de chacune des branches de l’objet qu’on em- brafle ; & ces notions portent fur la connoiffance des idées propres & diftinéives qui les cara@térifent : or cette connoïflance , à l'égard des sropes, confifte À favoir ce que Quintilien difoit n’être encore déter- miné ni par les Grammairiens, ni par les Philofo- phes, quæ fint genera, que fpecies , quiS numMmerus, quis cui fuiciatur : & loin d'infinuer la remarque que fait à ce fujet M. du Marfais , Quantilien auroit dû répandre la lumiere fur le fyfième des sro- pes, t ne pas le traiter de bagatelles inutiles pour l'inftitution de l’orateur , omiffes que mihi ad infiituen- dum oratorem pertinent cavillationibus. Une chofe fin- guliere & digne de remarque, c’eft que ces deux grands hommes , après avoir en quelque forte con- damné les recherches fur Paffortiment des parties du fyftème des sropes, ne {e font pourtant pas contentés de les faire connoître en détail ; ils ont cherché À les grouper fous des idées communes , & à rapprocher ces groupes en les liant par d. s idées plus générales: témoignage mvolontaire , mais certain, que l’efprit de fyftème a pour les bonnes têtes un attrait preique irréfftible , & conféquemment qu'il n’eft pas fans utilité. Voici donc comment continue le gramimai- rien philofophe. Ibid. ] | « Toutes les fois qu'il y a de la différence dans le * rapport naturel qui donne lieu à la fignification » empruntée,on peut dire que l’expreffion qui eft fon- # dée fur ce rapport appartient à un trope particulier. » C’eft le rapport de reflemblance qui eft le fonde- »# ment de la catachrèfe & de la métaphore; on dit »# au propre re feuille d'arbre, & par catachrèfe une » feuille de papier, parce qu’une feuille de papier eft » à-peu-prés aufli mince qu'une feuille d'arbre. La » Catachrèfe eft la premiere efpece de métaphore ». [ Cependant M. du Marfais , en traitant de la cata- chrèfe, part. I. ars. j. dit que la Langue, qui eft le prin- cipal organe de a parole, a donné fon nom par mé- tonymie au mot générique dont on fefert pour mar- quer les idiomes , le langage des différentes nations, langue latine , langue françoife ; & il donne cet ufage du mot langue, comme un exemple de la catachreie. Tome XVI, OO | © Voilà donc une cata chrèfe qui n’eft point une efpece de métaphore, mais une métonymie. Cette confu- fion des termes prouve mieux que toute autre chofe la néceflité de bien établir le fyflème des sropes. ] « On a recours à la catachrèfe par néceflité, quand » on ne trouve point de mot propre pour exprimer » ce qu’on veut dire ». [ Voilà, fi je ne me trom- pe , le véritable carattere diftinétif de la cata- chrèfe : une métaphore, une métonymie, une fy- necdoque, &c. devient catachrèfe, quand elle eft employée par néceflité pour tenir lieu d’un mot pro- pre qui manque dans la langue. D’où je conclus que la catachrèfe eft moins un srope particulier , qu’un afpeét fous lequel tout autre srope peut être envifa- gé. ] « Les autres efpeces de métaphores fe font par d’autres mouvemens de l’imagination , qui ont tou- jours la reffemblance pour fondement. » L'ironie au contraire eft fondée fur un rapport » d’oppofition, de contrariété, de. différence, &, » pour ainfi dire, fur le contrafte qu’il y a ou que » nous imaginons entre un objet & un autre ; c’eft » ainfi que Boileau a dit (fac. ix.) Quinault eff ur » Virgile. [T1 me femble avoir prouvé , arzicle IRo- NIE , que cette figure n’eit point un srope, maïs une figure de penfée. | | » La métonymie & la fynecdoque, aufi-bien que » les figures qui ne font que des efpeces de l’une ou » de l’autre, font fondées fur quelqu’autre forte de »rapport , qui n’eft ni un rapport de reflemblan- » ce, n1 un rapport du contraire. Tel eft, par exem- ple, le rapport de la caufe à l'effet ; ainfi dans la » métonymie & dans la fynecdoque , les objets ne » font confidérés ni comme femblables ni comme » contraires; on les regarde feulement comme ayant » entr'eux quelque relation, quelque liaïfon , quel- » que forte d'union : mais 1l y a cette différence, que, » dans la métonymie, l’union n’empêche pas qu’une » chofe ne fubfite indépendamment d’une autre ; au » lieu que, dans la fynecdoque, les objets dont l’un » eft dit pour l’autre ont une liaifon plus dépendantes » l'un eft compris fous le nom de Pautre ; ils forment » un enfemble , un tout...» [Je crois que voilà les principaux carafteres géné: raux auxquels on peut rapporter les sropes. Les uns {ont fondés {ur une forte de fimilitude: c’eft la mé- taphore, quand la figure netombe que fur un mot ou deux; & l’allégorie, quand elle regne dans toute l'étendue du difcours. Les autres font fondés fur un rapport de correfpondance : c’eft la métonymie » À laquelle 1l faut encore rapporter ce que l’on défigne par la dénomination fuperflue de métalepfe. Les au- tres enfin font fondés fur un rapport de connexion : c’eft la fynecdoque avec fes dépendances ; & l’anto- nomafe n’en eft qu’une efpece, défignée en pure perte par une dénomination différente. " Qu'on y prenne garde; tout ce qui eft véritablement trope eft compris fous l’une de ces trois idées généra» les; ce qui ne peut pas y entrer n’eft point érope , comme la périphrafe,’euphémifme, l'allufion, la lito- te, l'hyperbole, l'hypotypofe, 6:c. Pai dit ailleurs à quoi fe réduifoit l’hypallage , &c ce qu'il faut penfer de la fyllepfe. La métaphore , la métonymie, la fynecdoque ; gardent ces noms généraux, quand elles ne font dans le difcours que par ornement ou par énergie ; elles font toutes les trois du domaine de la catachrèfe, quand la difette de la langue s’en fait une reffource inévitable : mais , fous cet afpeët, la catachrèfe doit être placée à. côté de l’onomatopée; & ce font deux principes d’étymolosie, peut-être les deux fources qui ont fourni le plus de mots aux langues : ni l’un ni l’autre ne font des sropes. | IL. De l'utilité des TRoPEs. C’eft M, du Marfais qui va parler. Part, I, art, vi. $,. 2. te TTtti 700 TRO 4°. « Un des plus fréquens ufages des sropes, cet “» de réveiller une idée principale, par le moyen de ‘#» quelque idée accefloire : c’eft ainfi qu'on dit , cent » Voiles pour cent vaiffeaux , cent feux POUY cent mai- » fons, il aime la bouteille pour 4 aime le vin, le fer » pour l'épée , la plume ou le flyle pout la maniere d'é- D» crire, Etc. 2°.» Les sropes donnent plus d'énergie à nos ex- # prefions. Quand nous fommes vivement frappés » dé quelque penfée, nous nous exprimons rare- » ment avec fimplicité; l’objet qui nous occupe fe » préfente à nous avec les idéés accefloires qui Pac- » compagnent; nous prononçons les noms de ces » images qui nous frappent : ainfi nous avons natu- » rellement recours aux sropes, d’où il arrive que _ nous faïfons mieux fentir aux autres ce que nous » fentons nous-mêmes. De-là viennent ces façons » de parler, {eff enflamimé de colere, il ef? tombe dans » une erreur groffiere, flétrir la réputation, S’enivrer de » plaifer, Gc. [ Les sropes , dit le p. Lamy (rhér. div. IT. ch.vy.) font une peinture fenfble de la chofe dont on parle. Quand on appelle un grand capitaine v2 foudre de guerre , l'image du foudre reprélente fenfiblement la force avec laquelle ce capitaine fubjugue des pro- vinces entieres, la vitefle de fes conquêtes & lebruit de fa réputation &r de fes armes. Les hommes, pour l'ordinaire, ne font capables de comprendre que les thofes qui entrent dans Pefprit par les fens : pour leur faire concevoir ce qui eft fpirituel , il fe faut fervir de comparaifons fenfibles, qui font agréables, parce qu’elles foulagent Pefprit , & lexemptent de l'application qu'il faut avoir pour découvrir ce qui ne tombe pas fous les fens. C’eft pourquoi les ex- preffions métaphoriques prifes des chofes fenfibles , font très-fréquentes dans les faintes Ecritures. Lorf- que les prophetes parlent de Dieu, ils fe fervent continuellement de métaphores tirées de chofes ex- pofées à nos fens... ils donnent à Dieu des bras , des mains, des veux; ils l’arment detraits, de carreaux, de foudres ; pour faire comprendre au peuple fa uiffance invifñible & fpirituelle , par des chofes fen- fibles & corporelles. S. Auguñtin dit pour cette rai- fon... Sapièntia Dei, que cièm infantid noftré parabo- lis € femilitudinibus quodammodo ludere non dedignata eff, prophetas voluit humano more de divinis loqui; ur hebetes hominum antmi divina & cæleflia , cerreféritm Jémilitudine, intelligerent. | oz 3°. « Les sropes ornent le difcours. M. Fléchier # voulant parler de inftruétion qui difpofa M. le duc » de Montaufier à faire abjuration de l’héréfie , au » lieu de dire fimplement qu'ilfe fit inftruire, que les » miniftres de J.C. lui apprirent les dogmes de la re- » ligion catholique , & lui découvrirent les erreurs » de Phéréfie , s'exprime en ces termes : zombez, rom- » bez, voiles importuns qui lui couvrez la vérité de nos >» myfleres : & vous, prêtres de J. C. prenez 1e glaivede s» la parole, & conpez fagement jufqu'aux racines de » l'erreur, que la naïffance & l’éducarion avoient fair s croître dans fon ame, Mais par combien de liens ésour- » il rerenu ? » Outre Papoftrophe, figure de penfée, qui fe # trouve dans ces paroles, les sropes en font Le prin- » cipal ornement : combez voiles , couvrez , prenez le » glaive, coupez jujqu'aux racines ; croitre , liens, re- » rènu ; toutes ces expreffions font autant de sropes > qui forment des images ; donr l'imagination eft + agréablement occupée. [ Par le moyen des sropes, dit encore le p. Lamy ( loc. cit.) on peut diverfifier le difcours. Parlant Jong-tems furun même fujet, pour ne pas ennuyer par une répétition trop fréquente des mêmes mots, ileft bon d'emprunter les noms des chofes qui ont de la haifonavec çelles qu'on traite, & de les fisnifier ati £, par des #ropes qui fourniflent le moyen de dire une même chofe en mulle manieres différentes, La plè- part de ce qu’on appelieexpreffions choifies, sours élé: gans, ne font que des métaphores, des #ropes, mais fi naturels & fi clairs , que les mots propres ne le {e- roient pas davantage. Auff nôtre lanoue, qui aimé la clarté êc la naïveté, donne toute liberté de s’en fervir ; &t on y eft tellementaccoutumé, qu’à peiné les diftingue-t-on des expreflionspropres, comme il paroît dans celles-ci qu'on donne pour des expreffions choifies : Z/ faur quela complaifance ôte à la Jévérisé ce qu'elle a d'amer, G que la févérité donne quelque chofë de piquant à la complaifance , &tc. La fageffe la plus auflere ne tient pas long-tems contre les grandes laroeffes, & les ames vénales fe laïflenr éblouir par l'éclat de l'or. Ces métaphores font un grand ornement dans le difs cours, | | 4°. « Les rropes rendent le difcours plus noble: les » idées communes , auxquelles nous fomimes accou- » tumés , n'excitent point en nous ce fenriment d’ad- » nuration & de furprife qui éleve l’ame : en ces oc- » Cafions on a recours aux idées acceñfloires , qui prê- » tent, pour ainfi dire, des habits plus nobles à ces » idées communes. Tous les hommes meurent égale- » ment; Voilà une penfée commune : Horace a dit » (1. 0d. 4.) : Pallida mors œquo pulfat pede parperum » cabernas regumque turres. On fait la paraphrafe fim- » ple & naturelle que Malherbe à fait de ces vers : » La mort a des rigueurs a nulle autre pareilles: » On a beau la prier, | » La cruelle quelle eff fe bouche Les oreilles » Et nous laiffe crier. » Le pauvre en [a cabanne , où le chaume Le couvre, » Eft fujes a fes lois ; » Et la garde qui veille aux barrieres du louvre, » N’en défend pas nos rois. » Âu lieu de dire que c’eft un phénicien qui 4 ix- » venté les caraëteres de l'Ecriture, ce qui feroit une » exprefñon trop fimple pour la poëfe, Brébeuf a dit: » Pharfale, 1, TEL. | » C'eft de lui que nous vient cet art ingénieux, » De peindre la parole & de parler aux yeux, » Er par les traits divers des figures tracées » Donner de la couleur 6 du corps aux penfees. [ Ces quatre vers font fort eftimés ; dit M. le car- dinal de Bernis ; ( difc. à la tête de fes poëfies diverfes,) cependant, ajoute M. Pabbé Fromant (jappl. de Ja gramm. gén. part. I. ch. j. ) le troïfieme eft très-foi- ble, & les regles exaétes de la langue ne font point obfervées dans le quatrième : il faudroit dire , de do ner de la couleur, & non pas donner. Cette corredtion eft très-exatte; & l’on auroit encore pu cenfurer dans le troifieme vers, les sraits divers des fivures, ainfi qu’on le trouve dans la plûpart des leçons de ce paf . fage : j'ai fous les yeux une édition de la Pharfale, faite à Rouen en 1663 , qui porte, comme je l'ai déjà tranfcrit, par les traits divers des figures ; ce que je crois plus régulier. Cependant M. l'abbé d'Olivet a confervé de dans la correëétion qu’il a faite des deux derniefs vers , en cette maniere. | Qui par les traits divers de figures sracées, Donne de la couleur & du corps aux penfees. Lucain avoit ennobli à fà maniere la penfée fim- ple dont il s’agit, & l’avoit fait avec encore plus de précifion : ib. III. 220. Phanices primi , fame fi creditur, auf Manfuram rudibus vocem fignare fieuris, 5°. « Les sropes font d’un grand ufäge pour dé- » guifer les idées dures, defägréablés ; triftés , où » contraires à lamodeftie | . \ TRO 6°. « Enfin les sropes enrichiflent une langue, ef » multipliant lPufage d’un même mot; 1is donnent » à un mot une fignification nouvelle, foit parce » qu’on l’unit avec d’autres mots auxquels fouvenit » il ne fe peut joindre dans lé fens propre , foitpar- » cequ'on s’en fert par extenfion & par reflermblan- » ce, pour fuppléer aux termes qui manquent dans # la langue». ['On peut donc dire des sropes en gé- héral, ce que dit Quintilien dé la métaphore en par- tculier: (Z2f. VIII. v7.) Copiam quogte fermonis au- . et, permutando aut muruando quod non habet : qudd- que dificillimum eff, préflat ne ulli rei romeèn deefle vi- dearur |. * « Maïsilne faut pas croïre avec quelques favans, » (M. Rollin, raié des études, rom. 11, pag. 426. # Cicéron, deoratore, n°, 155, alir. xxxvuy. Vof- » fus , Znff. orar. lib. TV. cap. v]. n. 14 ). queles » rropès n'aient d’abord été inventés que par néceffité, » a caufe du difant & de la diferre des mots propres | & » qu'ils aient consribué depuis à la beauié & à l’orne- » sent du difiours , de méme &-peu-près que les vête- ÿ» mens ont éve ermployés dans le commencement pour » couvrir le corps & le défendre contre le froid , & enjui- » ze ont fervi à l'embellir & a l’orner. Je ne crois pas » qu'il y ait un affez grand nombre de mots qui fup= # pléent à ceux qui manquent , pour pouvoir diré »# que tel ait été le premier &c le principal ufage des ÿ zropes. D'ailleurs ce n’eft point là, ce me femble, # la marche, pour aïnf dire, de la nature ; l’imagi- # nation a trop de part dans le langage & dans la # conduite des hommes, pour avoir été précédée en » cepoint par lanécefliré. - Je penfe bien autrement que M. du Marfais à cet égard ; cen’ef? point la , dit-il , La marche de la natu- re: c’eft elle même ; la néceffité eff la mere des arts, êt elle les a tous précédés. Il n’y à pas, dit-on , un e Tez grand nombre dé mots qui iuppiéent à ceux qui manquent, pour pouvoir dire que le prémier & le principal ufage des sropes ait té de completter lano- menclature des langues. Cette affertion eft hafardée, ou bien l’auteur n’entendoit pasafléz ce qu'il faut en- tendre ici par la difette des mots propres. - Rien ne peut, dit Loke, nous approcher mieux dé l’origine de toutes nos notions & connoïflances, que d’obferver combien les mots dont nous nous fervons dépendent des idées fenfbles | & comment ceux qu'on emploie pour fignifier des aëtions & des no- tions tout-à-fait éloignées des fens , tirent leur ori- gine de ces mêmes idées fenfbles, d’où 1ls font tranf: férés à des fignifications plus abftrufes pour exprimer des idées qui ne tombent point fous lésfens. Aïnfi les mots fuivans, imaginer, comprendre, s'attacher , con » feétation &c le défaut de convenance. Moliere, >» dans fes précienfes , nous fournit un grand nombre # d'exemples de ces expreffions recherchées & dé- » placées. La convenance demande qu’on dife fim- » plement à un laquais , donnez des fieges, fans aller » Chercher le détour de lui dire, voiturez-nous ici Les » commodités de la converfation, ([£.ix.) De plus les . # idées accefloires ne jouent point , fi jofe parler # ainfi, dans le langage des précieufes de Moliere , » Ou ne jouent point comme elles jouent dans l’ima- >» gination d’un homme fenfé , [ parce qué les idées 5 comparées n’ont entr’elles aucune liaifon natu- s telle |: Ze confeiller des graces ( [G. vj.) , pour dire, le miroir : contentez l'envie qu'a ce fauteuil de vous # embraffer ( [ç. ix. ) pour dire, afféyez-vous. »# Toutes ces expreffions tirées de loin & hors de # leur place marquent une trop grande contention » d’efprit, & font fentir toute la peine qu’on a eue # à les rechercher : elles ne font pas , s’il eft permis » de parler ainfi, à Puniflon du bon fens , je veux » dire qu’elles font trop éloignées de la maniere de » penfer de ceux qui ont l’efprit droit &cjufte, & # qui fentent les convenances. Ceux qui cherchent » trop l’ornement dans le difcours, tombent fouvent # dans ce défaut s’en s’appercevoir ; ilsfe favent bon # gré d’une expreflion qui leur paroît brillante & * qui leur acouté , & fe perfuadent que les autres » doivent être aufi fatisfaits qu'ils le font eux- >» mêmes. | » On ne doit donc fe fervir de sropes que lorf- » qu'ils fe préfentent naturellement à l’efprit ; qu'ils » font tirés du fujet ; que les idées accefloires les »# font naître, ou que les bienféances les infpirent : » ils plaifent alors ; mais il ne faut point les aller » chercher dans la vue de plaire. _» Il eft difficile, dit ailleurs notre grammairien » philofophe » Part. IT, art. 23. en parlant & en » écrivant, d'apporter toujours l'attention & le dif # cernement néceflaires pour rejetter les idées ac- # cefloires qui ne conviennent point au fujet , aux » circonftances 7 aux idées principales que l’on » met en œuvre : de-là il eft arrivé dans tous les #5 temsique les écrivains fe font quelquefois fervis » d’exprefñons figurées qui ne doivent pas être pri- # fes pour modeles, » Les regles ne doivent point être faites {ur l’ou- # vrage d'aucun particulier ; elles doivent être pui- » fées dans le bon fens &z dans la nature ; & alors » quiconque s’en éloigne , ne doit point être innté + r TRO 793 » en cé point. Si l'on veut formet le goût des jeunes » gens, on doit leur faire remarquer les défauts » aufli-bien que les beautés des auteurs qu'on leur » faithre. Il eft plus facile d’admiter, j’en conviens : ». mais une critique fage , éclairée , exempte de paf. » ions & de fanatifme, eft bien plus utile. » Ainfi Pon peut dire que chaque fiecle 4 pu avoif » fes critiques & fon diéhionnaire néologique. Si quels » ques perfonnes difent aujourd’hui avec raifon où » fans fondement , ( dif. néol. ) qu'il regne dans Le » langage une affectation puérile ; que le fEyle frivole € » recherché pale jufqu'aux tribunaux Les plus graves : » Cicéron a fait la même plainte de fon tems, (Orars # 7. 00. aliter xxviy.) eff enim quoddam eriam infigne » C' florens oratiomis, piéfum € expolitum genus » 2 * quo omnes verborüm, omnes féntentiarum illisantur » lepores, Hoc rotum à fophiflarum fontibus defluxic ir » forum, &c. » Au plus beau fiecle de Rome, felon le p, Sanas # don, (Poëf. d'Horace, tome II. p. 254.) c’eft-à-dire » au fiecle de Jules-Céfar & d’Augufte, un auteur à » dit infantes flatuas | pour dire des ffatues nouvelles » ment faites : un autre , que Jupiter crachoit la neige » fur les Alpes ; Jupiter hibernas canä nive confpuit » Alpes. Horace fe moque de l’un & de l'autre de » ces auteurs, ZI. far, verf. 40, mais il n’a pas été » exemt lui-même des fautes qu’il a reprochées à fes » contemporains ». [Je dois remarquer qu'Horace ne dit pas, Jupiter, maïs Furius ( qui eft Le nom du poète qu’il cenfure) hibernas canä nive confpuit Alpes. | « Quintilien, après avoir repris dans les anciens » quelques métaphores défedtueufes , dit que ceux » qui font inftruits du bon & du mauvais ufage des y figures ne trouveront que trop d'exemples à re- » prendre : Quorum exempla nimièm frequenter rez » prehendet, qui fciverit hec vitia. (Infhir. viij, 6. ) » Aurefte, les fautes qui regardent les mots, ne » font pas celles que Pon doit regarder avec Le plus » de foin : 1l eft bien plus utile d’obferver celles qui » pechent contre la conduite, contre la juftefle du _# raifonnement, contre la probité, la droiture & les » bonnes mœurs. Il feroit à fouhaiter que les exem- » ples de ces dernieres fortes de fautes fuffent plus » rares , Ou plutôt qu’ils fuffent inconnus ». ( 8. £, R, M. TROPÉA , ( Géog. mod.) en latin Tropez , ad Tropæa, ville d’Itahe , au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure , fur le fommet d’un rocher, à 12 milles de Mileto., 40 de Meffine, & 45 de Reg gio. Son évêché eft fuffragant de Reggio. Long. 33, 40. latit, 38. 40. (D. J.) TROPES, sAINT-, (Géog. mod.) ville de France, en Provence, au diocèfe de Fréjus , fur la Méditers ranée, où elle aun port, à 24 lieues au levant de Mar: feille , &r à 6 au fud-oueft de Fréjus. Long. 24. 20, latit. 43 17. (D. J,) TROPHÉE, fm, (Arclur.) c'étoit chez les anciens un amas d'armes & de dépouilles des ennemis, éle- vé par le vainqueur dans le champ de bataille, & qu'on a enfuite repréfenté en pierre ou en marbre , comme les srophées de Marius & de Sylla au capitole, &c dont on fait ufage en archite@ure , pour décorer un bâtiment avec des attributs militaires. Les rophées antiques font formés d'armes greques GT romaines ; ceux qu'on emploie aujourd’hui font compofés d'armes de diverfes nations de notre tems, On voit de ces srophées folés À Parc de triomphe du fauxboutg S. Antoine , &c fur la baluftrade du ch4- teau de Verfailles. On en fait auf en bas-relief, come me à la colonnetrajane, & à l’attique de la cour du Louvre. La beauté des uns & des autres confifte principalement dans le choix , la difpofition & le rapport qu'ils doivent avoir au deflein général de l'édufice, Il y'en a de différentes efpeces. Nous allons 704 TRO “définir dans les articles fuivans les principaux. Trophée de Marine. Trophée compofé de poupes & proues de vaifleaux, de becs & éperons de ga- ‘leres., d'ancres , de rames, de flammes, pavillons, Ée. A … Trophée de mufique. Trophée compofé de livres &c “d'inftrumens de mufque. | | Trophée des Sciences. C’eftun trophée formé de livres “de fcience, de fpheres , de globes, & d’inftrumens à “obferver les aftres. Re. 2 6 … Trophée ruflique. Trophée compofé d’'inftrumens ervant au labourage & au ménage rüuftique. Le mot srophée vient du latin #rophœum, qui vient, Telon Voflius, du grec srope, fuite de l'ennemi. Du- viler. ( D.J.) | TROPHÉE, £. m. ( Antig. greg. 6 rom.) trop@um, ‘en grec rpoœndsoy de spoæn, fuite. Un trophée n’étoit dans fon origine qu'un tronc de chène dreffé > T re- ‘vêtu des déporulles ou armes des ennemis vaincus, ‘comme d’une cuirafle, de boucliers, de javelots &r d'un cafque. De-là vient le nom de crunci , que Vit- gile donne à ces srophées, dans la defcription qu'il en fait , zrdurofque jubet truncos hoflilibus armis ; &C felon que la forme s’en voit aflez fouvent dans les mé- daïlles. C’eft d’où l’on recueille que ce n’étoit pas feule- ment une coutume romaine , comme quelques fa- vans le prétendent, mais c’étoit auffi un ufage grec ‘de faire les srophées d’un tronc de chêne revêtu des armes des ennemis. On peut le voir entrautres au revers de la médaille d’Agathocles , roi de Sicile; & dans deux autres médailles, Pune d'Alexandre, l’au- tre de fon pere Philippe, qui ont chacune au revers la feure d’un homme nud devant un srophée, de la façon de ceux dont je viens de parler , c’eft-à-dire non d’une colonne de pierre ou de marbre, mais d’un chêne paré des dépouilles des vaincus ; que f Philippe & Alexandre ne fe font point fait dreffer eux-mêmes des srophées , parce que ce n’étoit pas la coutume des Macédoniens, comme Paufanias le pré- tend dans fes héoriques, néanmoins les villes de Grece ou d’autres n’ont pas laiflé d’en élever à leur hon- neur, & de les faire graver dans leurs médailles. Ce n’eft pas cependant que les Grecs n’ayent fait auffi des trophées d'autre forte , &c quelquefois d’airain pour plus de durée, felon le même Paufanias. Quant aux ornemens ajoutés quelquefois à ces srophées, & qu'on remaïque aufl fur les médailles, nous en di- rons un mot dans la fuite. Les srophées portoient d’ordinaire les noms'des en- nemis Ou peuples vaincus , 2rimicaque nomina figi, comme dit Virgile, &c les exemples en font fréquens dans les hiftoriens , les poëtes & les anciennes mé- dailles. Ces srophées mêmes fe multiploient felon Île nom- bre des peuples vaincüs par le général , fuivant lexemple de Pompée, que Dion rapporte en par- lant d’un magnifique rrophée de ce conquérant qui portoit la faftueufe infcription, non d’un peuple vain- cu , mais de orbe terrarum , Où du monde fubjugué. Paufanias, /. IF. parle d’un srophée qu'Epaminon- das , par ordre de l’oracle, fit drefler avant la jour- née de Leuctres, c’eft-à-dire avant les Lacédémo- miens vaincus êc à leur vue. Le nom grec rpomeu' yo, Où qui porte des srophées donnés en premier lieu aux dieux, comme on peut voir dans Pollux , fut dans la fuite des tems confacré entre les autres titres des empereurs, ce qui paroït en particulier par la médaille de Peflennius Niger avec l'infcription, z2vié0 imp. tropæa ; cette coutume de dreffer des sropñées pañla des Grecs aux Romains, &t même y fut d'abord introduite par Romulus, gomme les hiftoriens de fa vie le remarquent. _ Les vainqueurs drefloient à leur gloire un srophée TR O des vaincus. Les Grecs montrerent l'exemple , &ils avoient coutume de le faire après la viftoire au lieu même de la bataille & de la défaire des ennemis, L’hiftoite de Thucydide en fournit pluféurs exem- ples. Pour Îles Romains, 1l$ ne fe contenterent pas de cet honneur , ils firent porter ces srophées en triom- phe, comme Dion entrautres le remarque de Pom- pée, au retour de la ouerre contre Mithridate, C’eft ce qui fe voit encore à l’œil des deux médaïllons; l’un du cabinet du roi, qui repréfente letriomphe de Marc-Aurele ëc de L. Verus, après les exploits de ce dernier dans l’Armenie & contre les Parthes, où on voit un srophéc porté devant le char destriomphans, L'autre médaillon eft de Caracalla , où non-feulement il y a un srophée avec deux captifs attachés, porté dans une efpece de char avant celui du triomphant , mais de plus on voit un foldat quimarche au-devant, portant un autre srophée fur l'épaule , à Pexemple de Mars ou de Romulus, | On peut y ajouter l’ufage de drefler ces srophées en des places publiques & fur le capitole, de les con- facrer à leurs dieux , & entr’autres à Jupiter Féré- trius, ou à Mars, témoin Virgile, sibi rex gradive tropæum ; pout ne pas parler de la coutume d’orner les veftibules ou portiques de leurs maifons, des ar- mes ou autres dépouilles des ennemis vaincus , c’eft ce qui donna lieu à cette harangue de Caton l’ancien, citée par F eftus , qui avoit pour titre , defpoliis, ne figerentur , rifr quæ de hoflibus capta effent ; la chofe eft connue ; en cela même les Romains ne firent que fuivre l’exemple d’autres peuples, & en particulier de leurs premiers fondateurs , témoin Virgile , par lant du palais du roi Priam, barbarici poffes auro [po liifque fuperbi. Nous avons une médaille de Romulus à pié, por- tant fon srophée fur l’épaule ,ce qui arriva auffi à Cor- nelius Coflus & à Claudius Marcellus , qui porte- rent eux-mêmes leurs srophées, d’où vient que Vir- gile dit : , Induilo[que jubet truncos hoflilibus armis Tpfos ferre duces, Mars & la Viétoire font encore repréfentésavecun trophée fur épaule , & les autres dieux font chargés pareillement fur l’épaule des marques de leurs digni- tés ou de leur diflintion , comme Diane d’un car- quois, Apollon d’une lyre ou d’un are, Hercule de fa maflue, Jupiter de la foudre, Bacchus d’un thyrfe, &t Vulcain d’un marteau qu'il tient levé au-deflus de l'épaule, & qui eft prêt à battre l’enclume. Onen voit pluñeurs échantillons dans les médailles. Il y en a auf de Trajan, qui Le repréfentent tenant fur les épaules les rophées des viétoires qu’il avoit rem- portées fur les Getes & les Parthes. Jai dit ci-deflus qu’un srophée n’étoit ordinaire- ment qu’un tronc de chêne ; de-là viennent les mots de quercus ou sruncus , dont les poëtes latins {e {er- vent d'ordinaire pour défigner des srophées, Ainfiles trophées n’étoient quelquefois qu’un tronc de chêne avec un bouclier au-deflus, ou un tronc revêtu d’une curafle , au-haut d’un cafque &c aux deux côtés d’un. bouclier, comme font d'ordinaire les srophées que Mars-Gradivus porte fur Pépaule , ou qui fe voient dans les médailles de Trajan, ou mêmeavecune cui- raffe fans bouclier. | ) Les srophées {ont aufi fouvent accompagnés de javelots, outre les boucliers, le cafque & la cui- rafle, Enfin Pon voit dans les anciens monumens des trophées ornés 87 embellis d’un amas de toutes fortes d'armes ou de dépouilles des ennemis vaincus, coma me de cuirafles , de boucliers de différentes façons, d’épées , de javelots , de dragons ou enfeignes mili- taires, taires, de tmaillets , de carquois, avec des fleches; c’eft ce qui eft {culpté dans des srophées de la colonne de Trajan & de Marc-Aurele. M. Spanheim,, dans fon bel ouvrage des Céfars , de Pempereur Julien, nous donne la repréfentation gravée pat Picard, d’un de ces magnifiques srophées, qui fe voit encore aujourd’hui à Rome au capitole, & qu'on attribue à Trajan , attendu le lieu d’où il a été tiré. C'’eft-là que l’on voit ce tronc, ce trophée ‘fuperbe., ou ces zz1effina tropæorum , comme parle T'ertullien, tout couvert d’un cafque ouvragé, & d’ail- leurs revêtu d’une vefte ou chlamys , avec quantité d’ornemens , de carquois , de fleches , de boucliers foutenus par des figures ailées, & autres embellife- mens de {phinx, de tritons , de centaures, &c. on en a gravé des eftampes, Le but des srophées étoit de les drefler comme des monumens durables des viétoires remportées fur les ennemis. Il étoit fi peu permis de les arracher, que les Athéniens crurent avoir un fujet fufifant de re- nouveller la guerre aux Corinthiens, fur ce que ceux- ciavoient enlevé un de leurssrophées, comme Ariftide le remarque dans fon oraïfon à la louange d’Athènes, in Panathèn. p.209. c’eft encore ce qui nous eft fpé- cifié bien clairement dans une médaille romaine, qui nous repréfente Mars portant un srophée , avec linf- criprion remarquable , ærerniras. Les foldats romains avoient auffi Le pouvoir & la coutume d’étaler dans la partie de leurs maifons la plus remarquable, les dépouilles qu’ils avoient prifes {ur les ennemis, comme Polybe le remarque. Enfin les srophées devinrent des types de mon- noies ou de bas-rehefs , tels qu’on en voit encore plufieurs fur l’efcalier du capitole ; c’étoient auffi des figures de métal ou de marbre ifolées & pofées fur une bafe, & lon fait qu’un grand nombre de cette efpece faifoient un des ornemens de la ville de Rome. Tels furent les changemens qu’on fit aux srophées. Dans les fiecles héroïques & chez les Grecs, les trophées , comme nous lavons dit , n’étoient qu’un tronc d'arbre revêtu des armes des vaincus. Enée, après fa premuere bataille où il avoit tué Mezence, éleve un srophée, Æneid. Z. XI, verf. 5. Ingentem quercum , decifis undique ramis, Confhisuic sumulo , fulgentiaque induit arma , Mezenti ducis exuvias ; tibi, magne, tropæum, Belli potens : aptat rorantes fanguine criftas Telaque trunca viri, © bis fex thoraca petivum Perfoffumque locis ; clypeumque ex ære fniftræ Subligat , atque enfém collo fufpendit eburnurm. On les drefloit fur le champ de bataille auffi-tôt après la viétoire ; il étoit d’abord défendu de les faire d'aucune matiere durable, comme de bronze ou de pierre ; ce fut fans doute par privilege qu’on permit à Pollux, après la viétoire qu'il remporta fur Lyncée, d’en ériger un de cette efpece, & ce trophéefe voyoit encore à Lacédémone du tems de Paufanias. | L'infcription des srophées étoit fimple , noble & modefte , ainfi que toutes les infcriptions des beaux fiecles de la Grece ; il n’y avoit que deux mots, le nom des vainqueurs & celui des vaincus, Othryadès refté feul après la fuite des Argiens , fe traîne percé de coups fur le champ de bataille , recueille les ar- mes, drefle un srophée avant de mourir, & écrit de fon fang fur fon bouclier : J'ai vaincu. Ces monumens expofés à toutes les injures de l'air périfloient bientôt , & on s’étoit fait une loi de les faifler tomber d’eux-mêmes fans Les réparer. Plu- tarque, dans fes queftions romaines , quef. xxxvj. de- mande pourquoi entre toutes les chofes confacrées aux dieux, 1l n’y à que les rophées qu'il foit d’ufage de laïffer dépérir : « Efl-ce, dit-il, afin que les hom- # mes voyant leur gloire pañlée s’anéantir avec ces Tome XVI, s TT RO 5 monumens, s’évertuent fans cefle à en acquérir » une nouvelle ? ou plutôt parce que le tems efa- » çant ces fignes de difcorde & FA ; Ce feroit » une opiniätreté odieufe de vouloir, malgré lui, en » perpétuer le fouvenir, Auffi, ajoute-t-il, n’a-ton » pas approuvé la vanité de ceux qui, les premiers » entre les Grecs , fe font avifés de drefler des sro- » phées de pierre & de bronze ». Peut-être ces peu- ples qui mériterent la cenfure de cette nation douce & polie, font les Eléens ; du-moins je trouve dans Paufanias qu’il y avoit à Olympie un srophée d’airain, dont l’infcription portoit que lesEléens lavoient éri- gé après une victoire gagnée fur Lacédémone. Le même aüreur nous apprend encore, que ce n’étoit pas la coutume des Macédoniens d’ériger des trophées après leur viétoire. Caranus fondateur de leur monarchie, ayant vaincu Cifée prince voifin, avoit dreffé un srophée : un lion fortant du mont Olympe renverfa ce monument , &c le détruifit ; le roi de Macédoine tira une lecon de cet événement ; il fit réflexion qu'il avoit eu tort d’infulter aux vain- cus, Ôc de fe priver lui-même de lefpérance d’une réconciliation, auf, ajoute Paufanias, dans la fuite nice prince, ni aucun de fes fuccefleurs, ne drefa jamais de trophée, pas même Alexandre, après fes éclatantes viétoires fur les Perfes & fur les In- diens. Les Romains , dont la politique fe propofoit d’ac- coutumer au Joug les peuples vaincus, & d’en faire des fujets fideles, furent long-tems fans reprocher aux ennemis leur défaite par des srophées , & Florus ne manque pas de leur faire honneur de cette modé- ration, Dornitius Ænobarbus & Fabius maximus ipfes quibus dimicaverant in locis | faxeas erewere € rurres , @ defuper exornata armis hoffilibus trophæa fixere ; quim hic mos inufitatus fuerit noffris : nunquam enime populus romanus hoflibus domitis , viéloriam fuam ex- probrawvir, | Le premier dont l’hiftoire romaine fafle mention (car on ne doit pas regarder comme de vrais sro- phées, ni les dépouilles opimes, ni celles des Curia- ces que le vainqueur fit porter devant lui) le pre- miet srophée, dis-je, fut celui que drefla C. Flami- mius en l’honneur de Jupiter, après avoir vaincu les Infubriens lan de Rome 530. il étoit d’or & placé dans le capitole. Cent ans après C. Domitius Æno- barbus , & Q. Fabius Maximus Allobrogicus, dref- ferent fur les bords de l’Ifere ceux dont il eft parlé dans le pafflage de Florus que nous venons de citer. Après la prile de Jugurtha, Bocchus étant venu à Rome, érigea dans le capitole des #ophées en l’hon- neur de Sylla; ce qui piqua vivement Marius, & alluma de plus en plus dans fon cœur cette jaloufie meurtriere qui fit couler tant de fang. Sylla en dreffa 4 705 deux lui-même dans les plaines de Chéronée, après la défaite de Taxile, lieutenant de Mithridate. Pompée ayant terminé la guerre contre Sertorius, drefla des srophées fur les Pyrénées avec des infcrip- tions faftueufes. Cette vanité déplut aux Romains ; êt ce fut pour y oppofer une apparence de modeftie, que Céfar traverfant les Pyrénées après la guerre d’Afranius, fe contenta de conftruire un autel auprès des srophées de Pompée. Un pañlage de Xiphilin, dans la vie de Néron; nous fait connoître que les srophées dont nous venons de parler, ne font pas les feuls qui ayent été élevés à Rome fous les confuls. Lorfque cet auteur repré- fente le ridicule infamant dont Néron chargeoit les fénateurs mêmes , en les forçant de faire le rôle de comédiens , ou de combattre contre les bêtes ; il don- noit, dit-1l, en fpe@acle fur le théatre & dans l’arè- ne, les Furius, les Fabius, les Porcius, les Valé- riens, ces illuftres familles dont le peuple voyoit encore les srophées, VV yy 706 TRO Mais Les plus célebres qu'il y ait eu à Rome du tems de la république , font les deux srophés de Ma- rius, en mémoire de fes deux viétoires ; l’une rem- portée fur Jugurtha, l’autre fur les Cimbres & les Teutons; ils étoient de marbre dans [a cinquieme région, dite E/quiline, élevés fur deux arcs de bri- que qui pofoient fur un refervoir de l’agua rarcia ; Properce’les appelle Zes armes de Marius, Jura dare flatuas inter & arma Mari. Sylla les renverfa contre l’ancien ufage, qui ne permettoit pas de détruire, ni même de déplacer Les crophées. Céfar dans fon édilité, les releva ; le quar- tier de Rome oùilsétoient, en conferyela mémoire; on l’appelle encore aujourd’hui 27 Cémbrico, entre l’é- glife de faint Eufebe & de faint Julien, fur le mont Efquilin ; cette tradition n’a pas été interrompue. Pétrarque, dans la feconde épitre de fon fixiéme livre, parlant de ce lieu dit, hoc Mari: cimbriurm fuir, Nardini penfe que ces srophées furent depuis tranfpor- tés dans le capitole, & il cenfure Ligorius qui croit mal-à-propos que les srophées du capitole font de Do- mitien, Les monumens de ce prince furent, felon Suétone & Xiphuhin, abatus par ordre du fénat auff- +Ôt après fa mort. D’autres antiquaires prétendent cependant que les srophées de marbre qui fe voyent au capitole, né font pas ceux de Marius, mais qu’ils appartiennent à Trajan ; cette queftion nous importe fort peu. Après la deftruétion de la liberté publique, à pro- ‘portion que la vertu diminua, les récompenfes de la vertu & les marques d'honneur, fe multiphierent dans la perfonne des empereurs. Augufte en donna comme le fignal par le #rophée qu’il fit ériger à fa gloi- re furles Alpes, & dont l’infcription fe lit dans Pline, 1, DIT, ç, xxiv. Ce ne fut plus en Italie & dansles pro- “vinces, que sophces de pierre, de marbre, de bron- ze ; Les colonnes trajane & antonine, qui font des tours rondes avec un efcalier pratiqué en-dedans, font de vrais srophées ; Xiphilin raconte que Néron ayant Ôté la vie à Domitia fa tante paternelle, em- ploya une partie des biens de cette dame, à drefler de magnifiques érophées, qui fubfftoient encore du tems de Dion, c’eft-à-dire, fous Alexandre Sévere. “Xiphilin dit qu'après la prife de Jérufalem , on dé- cerna à Vefpañen & à Titus des arcs de triomphes chargés de srophées. Comme le tems & les accidens endommageoient fans cefle ces fortes demonumens, quelques-uns furent réparés, & c’eft ce qu’on voit par des médailles. . Quant aux s#rophées élevés par les modernes en Vhonneur des rois conquérans, 1ls me paroiflent aflez femblables à ceux des empereurs dont je viens de parler ; ce font autant de monumens de defolations, de defaftres, &c de vaine gloire. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) TROPHÉES D'EMILIEN, ( Géovr, anc.) en latin trophæum Q. Fabii Maxim: Æmiliant ; Strabon, bb. IV, nous apprend que près du lieu où l’Ifere fe jette dans le Rhône, Q. Fabius Maximus Æmilien, dont l’armée n’étoit pas de trente mille hommes, défit deux cens mille gaulois, .& éleva fur le champ de bataille un #rophée de pierre blanche, ( D. J.) TROPHÉES DE POLLUX , ( Géog. anc.) ces tro- phées étoient dans la ville de Sparte; quand on a pañlé le temple d’Efculape, dit Paufanias, on voit les sro- phées que Pollux , à ce qw’on croit, érigea lui-même après la viétoire qu'il remporta fur Lyncée. (D. J.) TROPHÉES des Romains 6 de Sylla, (Geog. anc.) on voit, dit Paufanias, /, IX, c, xxxix. dans la plaine de Chéronée en Béotie, deux srophées qui ont été éri- gés par les Romains & par Sylla, pour une viétoire remportée fur Taxile, général de l’armée de Mithri- date. (D. J.) T RO. TROPHÉE , er Peinture & Sculpture | étoit ancien< nement limitation des srophées que les anciens élez voient des-dépouilles, de leurs ennemis vaincus; ce n'étoit qu’un amas d'armes & d’armures, ou autre attirail de guerre. Maintenant l’on fait des srophées généralement de tous les inftrumens qui fervent aux fciences , aux arts, & au luxe , & chacun de cessro= phées porte le nom de la fcience ou de art auquel les inftrumens qui le compofent font utiles ; srophée d'Afironomie , de Mufique , de Jardinage, &c. On fait des srophées bacchiques qui repréfentent des treils les, des pots, des verres, des bouteilles, &c. on en fait de bal, où l’on repréfente des mafques, des ca= ftagnetes, des tambours de bafques, des habits de caractere ou de fantaife, Il y a des srophées de modes qui réuniflent tous les ajuftemens d'hommes & de femmes que le caprice peut fugsérer, On fait des sro- phées defolhe, compolés de marottes, de fonnettes, de grelots, de papillons, de fumée, ou brouillards,, éc. Enfin, on fait des srophées de tous les êtres phy- fiques où moraux qui font fufceptibles de fignes qui les caraétérifent, TROPHÉE, argent de, (Jurifp.) eft un droit que paient tous les ans les locataires des maifons dans les provinces d'Angleterre, pour fournir à la milice, des harnoiïs, tambours, drapeaux , éc. | TROPHONIENS, EUX, (Licrérar.\ jeux publics qui fe donnoient un jour de l’année, en l'honneur de Frophonius, & dans lefquels la jeuneffe de la Grece venoit étaler fon adrefle. Il eft vrai qu'aucun auteur peut-être, ne parle de ces jeux, outre Julius Polluxs encore ne dit-il point en quelle ville on les célébroit. Mais on lapprend d'un marbre qui eft à Mégare,, & qui porte qu’on les faifoit à Lebadée ; cette ville de Grece en Béotie, étoit d’ailleurs.très-célebre par lo- racle même de Trophonius. (D. J. TROPHONIUS, (Mychol.) fils d'Erginus roi des Orchoméniens, eft bien célebre dans lhiftoire par fon oracle en Béotie , lequel fe rendoit ayec plus de cérémonies que ceux d'aucun dieu, & qui fubfifta même affez longtems après que tous ceux de la Gre- ce eurent cefle. Foyez donc ORACLE DE TROPHO- NIUS. TROPHONIUS, bois facré de, (Géog. anc.) le bois facré de Trophonius étoit dans la Béotie, à une pe- tite diftance de la ville de Lébadée. On difoit, felon Paufanias, Z 1% 6, xxxix, qu’un jour Hercine jouant en ce lieu avec la fille de Cérès, lala échapper une oie qui faifoit tout fon amufement ; Proferpine ayant couru apres , attrapa cette oie qui s’étoit allé ca- cher dans un antre fous une groffe pierre, de deffous laquelle on vit aufi-tôt couler une fource d’eau, d'où fe forma un fleuve qui, à caufe de cette ayan- ture, eut aufli nom Merci. On voyoit encore du tems de Paufanias, fur le bord de cé fleuve, un tem- ple dédié à Hercine, & dans ce temple la ftatue d’une jeune fille, qui tenoit une oie avec fes deux mains, L’antre où ce fleuve avoit fa fource, étoit orné de deux ftatues qui étoient debout, & quitenoientune efpece de fceptre, avec des ferpens entortillés à len- tour, de forte qu’on les auroit pris pour Efculape & Hygéia. Mais peut-être que c’étoit Trophonius & Hercine, car les ferpens ne font pas moins confacrés à Trophonius qu'à Efculape. On voyoit auffi fur le bord du fleuve le tombeau d’Arcéfilas, dont ondifoit que les cendres avoient été apportées de Troie par Léitus. Dans le bois facré de Trophonius voici ce qu’il y avoit de plus curieux à voir ; premierement le tem- ple de Trophonius, avec faftatue qui étoit de Praxitele, Cette flatue , auffi-bien que la premiere dont il a été parlé, reffembloit à celle d’Efculape ; en fecond lieu, le temple de Cérès furnommée Europe, & une fta- tue de Jupiter le pluvieux, qui étoit expofée auxin- TRO jures du tems, En defcendant , & fur fe chemin qui conduifoit à loracie, on trouvoit deux temples; lun de Proferpine confervatrice , l’autre de Jupiter roi: ce dernier étoit demeuré imparfait, foit à caufe de {fon exceflive grandeur, foit à caufe des guerres qui étoient furvenues, & qui navoient pas permis de Pachever ; dans l’autre on voyoit un Saturne, un Ju- piter &c une Junon; Apollon avoit auffi fon temple dans ce bois. . Quant à l’oracle de Trophonius, on en trouvera Particle a-part, au mo! ORACLE. (D. J,) TROPHONIUS, oracle de , (Hiff. des oracles.) oracle fameux dans la Béotie, lequel {e rendoit avec plus de cérémome que ceux d’aucun dieu, &t fubffta mé- me aflez long-tems après que tous ceux de la Grece eurent cefe. | Trophonius d’ont l’oracle portoit le nom, n’étoit cependant qu’un héros , 8 même fuivant quelques auteurs, un brigand & un fcelérat. Il étoit fils ainf qu'Agamede, d'Erginus roi des Orchoméniens : ces deux freres devinrent de grands architeétes. Ce fu- zent eux qui bâtirent le temple d’Apollon à Delohes, &t un édifice pour les tréfors d'Hyriëus, En conftrui- fant ce dernier bâtiment, 1ls y avoient pratiqué un fe- cret, dont eux feuls avoient connoïffance : une pier- re qu'ils favoient ôter & remettre fans qu'il y parût, leur donnoit moyen de voler chaque nuit Pargent d’Hyrièus, lequel le voyant diminuer fans qu’on eût ouvert les portes, s'avila de tendre un piege au-tour des vafes qui renfermoient fon tréfor , & Agamede y fut pris. Trophonius ne fachant comment le déga- ger, Ôt craignant que $l Étoit mus le lendemain à la queftion', il ne découvrit le myftere, lui coupa la tête. Sans entrer dans la critique de cette hiftoire, qui femble être une copie de celle qu'Hérodote raconte au long d'un roi d'Egypte, & de deux freres qui lui voloient {on tréfor par un femblable ftratageme, je dois obferver que Paufanias ne nous apprend rien de la vie de Trophonius , & awrl dit feulement que la ter- re s’étant entr'ouverte fous fes piés , 1l fut englouti tout vivant dans cette fofle, que l’on nomma Za foffe d’Agarmede, 8t qui fe voyoit dans un bois facré de Lébadée, avec une colonne que lon avoit élevée au-deflus. | Son tombeau demeura quelque tems dans l’oubli, lorfqu’une grande fécherefie afiligeant la Béotie, on eut recours à l’oracle de Delphes; maïs Apollon qui vouloit reconnoitre le fervice que lui avoit ren- du Trophonius en bâtiflant fon temple, répondit par fa Pythie que c’étoit à Trophonius qu'il falloit avoir recours, & l'aller chercher à Lébadée. Les députés s’y rendirent en effet, & en obtinrent une réponfe qui indiqua les moyens de faire cefler la fférilité. Depuis ce tems on confacra à Trophonius le bois dans lequel 1l étoit enterré, & au milieu de ce bois on lui éleva un temple où 1l recevoit des facrifices, & ren- doit des oracles. Paufanias qui avoit été lui-même confulter oracle de Trophonius, nous en a laiflé une defcription fort ample, dont voici labregé. Lébadée, dit cet hiftorien, eftune ville de Béotie au-deflus de Delphes, & auffi ornée qu'il yen ait : dans toute la Grece : Le bois facré de Trophonius n’en eft que fort peu éloigné , &c c’eft dans ce bois au’eft le temple de Trophonius, avec fa ftatue de la main de Praxitele. Lorfqu’on vient confulter fon oracle , il faut pra- tiquer certaines cérémonies. Avant que de defcendre dans l’antre où l’on reçoit la réponfe, 1l faut pañer quelques jours dans une chapelle dédiée au bon Gé- nie & à la Fortune. Ce tems eft employé à fe purifier par l’abftinence de toutes les chofes illicites, & à faire ufage du bain froid, car les bains chauds font défendus ; ainfi on ne peut fe laver que dans l’eau du Tome XVL, ln TRO 107 fleuve Hercine, On facriñie à Trophonius & À toute fa famille, à Jupiter furnommé Ro: , à Saturne, à une Cérès Europe, qu’on croyoit avoir été nourrice de Trophontus;, & on ne vit que de chairs facrifiées. Il falloit encore confulter les entrailles de toutes les viétimes, pour favoir fi Trophonius trouvoit bon qu’on defcendit dans fon antre; fur-tout celles du hé- her, qu’on immoloit en dernier lieu. Si les aufpices étoient favorables, on menoit le confultant la nuit au fleuve Hercine, où deux enfans de douze ou treize ans lui frottoient tout Le corps d'huile. Enfuite on le conduifoit jufqu’à la fource du fleuve, & on l’y faxloit boire de deux fortes d’eau; celle de Léthé qui effaçoit de l’efprit toutes les penfées profanes, ë& celle de Mnémofyne qui avoit la vertu de faire retenir tout ce qu’on devoit voir dans lPantre facré, Après tous ces préparatifs, on faifoit voir la flatue de Trophomus, à qui il falloit adrefler une priere: on étoit revêtu d’une tunique de lin, ornée de bande- lettes facrées ; enfuite de quoi on étoit conduit à lo- racle. Cet oracle étoit fur une montagne, dans une en- ceinte de pierres blanches, fur laquelle s’élevoient des obélifques d’airain, Dans cette enceinte étoit une caverne de la figure d’un four , taillée de main d’hom- me. Là s’ouvroit un trou aflez étroit , où l’on ne def- cendoit point par des degrés, mais avec de petites échelles. Lorfqu’on y étoit defcendu , on trouvoit encore une petite caverne, dont l’entrée étoit aflez étroite : on fe couchoïit à terre ; on prenoit dans cha- que men certaines compofñtions de miel, qu'il fal- loit néceflairement porter : on pañloit les piés dans l'ouverture de cette feconde caverne, & aufli-tôt on fe fentoit entrainé au-dedans avec beaucoup de force & de vitefle. C’étoit-là que l'avenir fe déclaroit, mais non pas à tous de la même maniere; les uns voyoient, les autres entendoient. On fortoit de l’antre couché à terre, comme on y étoit entré; & les piés les pre- muers. Aufi-tôt on étoit mis dans la chaife de Mné- mofyne , où l’on demandoit au confultant ce qu'il avoit vu ou entendu: de-là on le ramenoit, encore tout érourdi, dans la chapelle du bon génie, & on lui lafloit le tems de reprendre fes fens; enfin il étoit obligé d'écrire fur un tableau , tout ce qu'il avoit vu ou entendu, ce que les prêtres apparemment inter- prétoient à leur maniere. Ce pauvre malheureux ne pouvoit fortir de l’antre qu'après avoir été extrèmement effrayé ; aufli les anciens tiroient de la caverne de Trophonius, la com- paraïfon d’une extrème frayeur, comme 1l paroit par plufeurs paflages des Poëtes, & entr'autres d’A- rifophane, Ce qui augmentoiït encore l'horreur de la caverne, c’eft qu'il y avoit peine de mort pour ceux qui ofoient interroger Le dieu fans les préparatifs né- ceffaires. Cependant Paufanias aflure qu'il n’y avoit jamais eu qu'un homme qui füt entré dans l’antre de Tro- phonius, & qui n’en flit pas forti, C’étoit un efpion que Démétrius y avoit envoyé, pour voir s’il n’ avoit pas dans ce lieu faint quelque chofe qui füt bon à piller. Son corps fut trouvé loin delà ,& il y a apparence que fon deïffein étant découvert, les prêtres le maflacrerent dans Pantre même, & le f- rent fortir par quelque iflue, par laquelle ils en- troient eux-mêmes dans la caverne fans qu’on s’en apperçüt. Paufanias ajoute à la fin: « ce que j'écris » 1c1, n'eft pas fondé fur un oui-dire ; je rapporte ce » que j'ai Vu arriver aux autres, & ce qui m’eft ar- » TriVé à moi-même ; car pour m’aflurer de la vérité, j'ai voulu defcendre dans lPantre, & confulter Po- racle ». Il faut terminer ce récit par les réflexions dont M. de Fontenelle l'accompagne dans fon Hffoire des ara- : VVyvi YO Y 708 TRO cles, Quel loïär, dit-il, n’avoient pas les prêtres perdant tous ces différens facrifices qu'ils faifoient faire, d'examiner f on étoit propre à être envoyé dans Pantre? Car aflurément Trophonius choïfifloit fes gens, ê ne recevoit pas tout le monde. Combien toutes ces ablutions, ces expiations, ces voyages nocturnes, & ces paflages dans des cavernes étroites &t obicures, rempliflotent-elles l’efprit de fuperfti- tion , de frayeur & de crainte? Combien de machi- nes pouvoient jouer dans ces ténebres ? L’hiftoire de Pefpion de Démétrius nous apprend qw'il n’y avoit pas de fureté dans l’antre, pour ceux qui n’y appor- toient pas de bonnes intentions ; & de plus qu'ou- tre ouverture facrée, qui étoit connue de tout le monde, l’antre en avoit une fecrette qui n’étoit con- nue que des prêtres. Quand on s’y fentoit entraîné par les piés, on étoit fans doute tiré paf des cordes, &t on n’avoit garde de s’en appercevoir en y portant les mains, puifqwelles étoient embarraflées de ces compofitions de miel qu’il ne falloit pas lâcher. Ces cavernes pouyoient être pleines de parfums & d’o- deurs qui troubloient le cerveau; ces eaux de Léthé ©t de Mnémofyne pouvoient aufli être préparées pour le même effet. Je ne dis rien des fpeëtacles & des bruits dont on pouvoit être épouvanté ; & quand on fortoit de-l tout hors de foi, on difoït ce qu’on avoit vu ou entendu à des gens qui profitant de ce défordre, le recueilloient comme il eur plaifoit, y changeoïent ce qu’ils vouloient , ou enfin en étoient toujours les interpretes. (Le Chevalier DE Jau- COURT. | TROPIQUES, £. m. serme d’Affronomie , ce font deux petits cercles de la fphere, paralleles à Péqua- teur, & pañlant par les points folfliciaux, c’eft-à-di- re par des points éloignés de l'équateur de 23 degrés - environ, ME & N£ repréfentent ces cercles dans les Planches d’Aflronomie , fig. 52. Les sropiqies font les cercles paralleles à léqua- teur, que le foleil atteint lorfqu’il eft dans fa plus grande déchinaïfon , foit feptentrionale, foit méridio: nale. Voyez ECLIPTIQUE & OBLIQUITÉ, Er. Celui de ces deux cercles qui pañe par le premier point de cancer s'appelle sropique du cancer. Celui qui pañle par le premier point du capricorne eff le tropique du capricorne, Voyez CANCER & CAPRI- CORNE. | | Tropique vient de rporn qui fignifie sour ; on l’a nommé ainf à caufe que le foleil, après s'être écar- té continuellement de l'équateur, fe rapproche de ce cercle lorfqu’il a atteint le sropique. Si ND exprime lobliquité de Pécliptique , EN fera la diftance des deux tropiques , laquelle eft dou- ble de fa plus grande déchinaïfon , ainfi la diftance des deux zropiques eft d'environ 47 degrés, & c'eft auffi la largeur de la zone torride ou brûlante, que ces deux sropiques renferment. Le foleil eft vertical aux habitans du sropigue du cancer le jour du folftice d'été, & le jour du folftice d'hiver, aux habitans du sropique du capricorne. Les sropiques ont divers ufages confidérables ; 1ls renferment la route du mouvement du foleil dans l'écliptique ; ce font comme deux barrieres que cet afire ne pañle jamais. C’eft dans les mêmes cercles que le foleil fait le plus long & le plus court jour de l’année, de même que la plus longue ér la plus cour- te nuit. Ils marquent les lieux de l’écliptique où fe font les folftices , &c auxquels le foleil a fa plus gran- de déclinaifon , fa plus grande & fa plus petite hau- teur méridienne. [ls montrent dans l’horifon les plus randes amplitudes orientales & occidentales du fo- feil , &t dans le méridien fa plus grande &r fa plus pe- tite diftance du zénith pour les habitans de la fphére oblique. Ils renferment lefpace de la terre, que l’on nomme zone torride oubrélée, parce queles rayons pe du foleil tombant à plomb fur cette zone, y caufent d’exceffives chaleurs. Ils marquent fur lhorifon quas tre points coïlatéraux , Porient & Poccident d'été, lorient & l’occident d’hiver ; & la diftance de ces mêmes points au lever & au coucher équinoxial, montre les plus grandes amplitudes du foleil, dont on vient de parler. Enfin, ils déterminent-les limites de la zone torride &c-des zonés temperées: fuivant les obfervations , toute la variation dé Pobliquité de Pécliptique ne va pas au-delà de 24 min. Copernic Va obfervé de 23 deg. 28 min. Tycho Brahé, de 23 deg. 31 min. & elle eft à préfent moindre que 23 deg. 29 min, M. Formey. On a cette diftance par chfervation, enretranchant la hauteur méridienne du foleil dans le folftice d’hi- ver, de fa hauteur méridienne dans le folffice d’été, Voyez ECLIPTIQUE, SOLSTICE, Fc. Tropique eft auf adjeéhf. Année tropique. Voyez ANNÉE. | TROPIQUE , oifeau du, (Hiff. rat, Ornithol.) c’eft un Oïfeau que lon ne trouve, foit en mer, foit vers les côtes, que vers les sropiques, Il eft de la groffeur d’un pigeon , 1l a la forme d’une perdrix. Son plu- mage eft tout blanc, à l’exception de quelques plu- mes des aïles qui font d’un eris clair; fon bec qui eft court eft d’une couleur jaune ; il a fur le croupion une longue plume ou un tuyau d'environ 7 à 8 pou- ces de long, qui lui tient lieu de queue. Telle ef la defcription qu’on donne de cet oïfeau dans la nou- vélle Efpagne ; mais il y a apparence que l’on en trouve de différentes efpeces , ils font connus fous les noms de paille-en-cu ou fètu-en-cu. Voyez PAILLE- EN-CU. TROPIQUES, f. m. pl. ( AMF, eccléf. ) nom d’une feéte ancienne d’hérétiques. S. Athanafe dans fa lettre à Serapion, appelle ain- fi les Macédoniens qu’on appelloit autrement dans lorient preumatomaches | 8 il leur donne ce titre, parce qu'ils expliquoient par #ropes &t dans un fens figuré les paffages de Ecriture, où il ef fait mention du S. Efprit, pour prouver, comme ils le préten- doient, qu'il n’étoit qu’une vertu divine, & non pas une perfonne. Voyez MACÉDONIENS. Quelques controverfiftes catholiques ont auffi don- né le nom de Tropiques ou de Tropifles aux facramen- taires qui expliquent les paroles de Pinftiturion de l’Euchariftie, dans un fens detrope ou de figure. Foy, EUCHARISTIE. TROPITES, f. m:pl. (AY. ecclef.) feëtes d’héré- tiques , qui, felon Philaftre, foutenoient que le Ver- be avoit été converti en chair ou en homme, & par conféquent qu'il avoit ceflé d’être Dieu en s’incar- nant. Voyez INCARNATION. Ils fondoient leur opinion fur ce paflage de S. Jean, le Verbe à été fair chair, qu’ils entendotent mal, com- me fi ces paroles fignifioient, que Le Verbe avoit été converti en chair, & non pas que le Verbe fe füt re- vêtu de la chair & de la nature humaine. TROPEZ , ( Mythol.) farnom donné à Junon , parce qu’elle étoit cenfée préfider aux triomphes ; & que dans ces fortes de cérémonies, on lui offroit tou- jours des facrifices. (D. J TROPŒOLUM , f. m. (Æ1/. nar. Bot.) c’eft dans le fyftême de Linnæus le nom du genre de plante ap- pellée par Tournefort, cardamindum ; & par Bauhin, naflurtium indicum, En voici les caraéteres: le calice eft formé d’une feule feuille, divifée en cinq fegmens, droits, déployés, pointus, colorés, & dont les deux inférieurs font plus étroits que les autres; ce calice tombe. La fleur eft à cinq pétales arrondis, inférés dans les divifons du calice ; les deux pétales fupé- rieurs font fendus aux bords , les trois autres font velus & très-alongés ; les étamines font huit {lets Courts, Inégaux, AE en en pointe aiguë ; les bof= TRO fettes des étamines font droites, oblongues &z à qua- tre loges ; le germe eft arrondi, fillonné & formé de trois lobes ; le flile eft fimple , droit, & de la lon- gueur des étamines ; le ftigma eft aigu & fendu en trois; le fruit eft compofé de trois capfules conve- xes , fillonnées d’un côté, & angulaires de l’autre ; les graines au nombre de trois, font aufi boffelées d’un.côté, 8 angulaires de l’autre ; mais cependant en quelque mamere arrondies fur le tout, & profon- dement fillonnées, Linnæi, ge. plant, pag. 158, CD) « À TROPŒUS , (Mythol.) furnom donné À Jupiter, par la même raifon que celui deTropæe à Junon; il y a des auteurs qui font venir ce mot du grec rpéro, Je change, comme qui diroït , Jupiter qui change, qui renverfe les états à fa fantaiñe. (D. J.) TROPPAU , (Géog. mod.) en latin moderne, Op- Pavia , Ville d'Allemagne, dansla Siléfie, capitale du duché de même nom, fur la riviere d'Oppa, & fur celle de Mohr, dans une agréable plaine, à 30 lieues au fud-eft.de Breflau. Les Danois prirent cette ville en 1626 ; les Impériaux , en 1627; les Suédois, en 1642. Long. 35.44. lat. So. 6. (D. J.) FROQUE, f. f. (Gram. & Comm.) terme de com- merce, qui n'eft guere en ufage que dans les colonies françoifes du Canada, où il fgnifie la même chofe que sroc Ou échange. Aller faire la sroque avec les ha- bitans de Quebec, de Mont-Real, 6. c’eft porter des matchandifes d'Europe pour échanger avec les pelleteries & autres chofes, qu’on tire de cette par- tie de l’Amérique feptentrionale, Did. de Comm. TROQUER , faire un troc, échanger une chofe contre une autre. Dans la nouvelle France, on dit faire la troque. Voyez Troc & TROQUE. Id. ibid. TROQUER es aiguilles | terme d'E pinglier ; c’eft les faire pafler les unes après les autres fur un mor- _ceau de plomb, pour faire fortir avec un poinçon un petit morceau d'acier qui eft refté dans la tête après qu’elles ont été percées. Savary. (D. J. TROQUEUR, celui qui eft dans l'habitude de troquer. Foyez FROQUER. TROQUEUR, f. m. er terme de Cloutier, faifeur d'arguilles courbes ; c’eft une efpece de poinçon, dont on fe fert pour faire le trou de l'aiguille qui n’étoit que marqué & pour le rendre quarré, en frappant l'aiguille des deux côtés fur le srogzeur. TROSCULUM, ( Géog. anc.) ville d’Afie, dans l'Etrurie, au voifinage du pays des Volfques. Un corps de cavalerie romaine s'étant emparé de certe Ville, on donna aux cavaliers le nom de Troffuli ; mais felon Pline, Zy. XXXIIT, ch. ij, qui rapporte la même chofe , ce titre d'honneur devint bien - tôt un titre d'ignominie, dont les cavaliers eurent honte à caufe de léquivoque du mot; car dans ce tems-là troffulus fignifioit un homme délicar 6 efféminé ; le nom moderne eft Zroffulo , felon Léandre. (D.J.) TROSLY , (Géog. mod.) en latin du moyen âre , Trofleium & Drofleium , village de France ; au dio- cèle de Soiflons. Je ne parle de ce village, que parce qu'il s’y eft tenu des conciles en 009 , O21, 924, êc 927. Comme on connoït aujourd’hui deux Trofly dansAe diocèfe de Soiffons , l’un fur la rive gauche de la riviere d’Aifne, en allant de Soiffons À Compie- gne; l’autre voifin de Couci, & à l'extrémité du dio- cele de Soïflons, en allant à Blérancourt ; on ignore lequel des deux Trofly a été celui de la tenue des conciles, dont nous venons d'indiquer Les époques. M. de Valois , eft pour le premier Trofly : dom Ma- billon & dom Germain tiennent pour le fecond. Dans le dernier Trofly, il y a encore deux églifes paroïffiales , & entre ces éclifes , on voit les veftiges d'un ancien château ; c’eft à-peu-près toutes les con- jeétures que l’on peut apporter en faveur du fenti- ment de dom Mabillon & Dom Germain. (2. J,) TR O 7069 TROSSÉ DE RACAGE , terme de Marine ; c'eft un palanquin formé de deux poulies, une double & Pautre fimple. LE TROT , £ m: er terme de Mange | eft un des pas naturels du cheval, qu'il forme en élevant deux jam bes en l'air, & em pofant les deux autres À terre dans le même tems, 8 en forme della croixdesS. André; de forte qu’en marchant il leve alternativement la jambe de derriere d’un. côté, & en même tems la jambe de devant de Pautre côté, en laïflant l’autre jambe de derriere & l’autre jambe de devant à terre jufqu’à ce qu’il ait pofé les deux premieres. Moins un cheval leve fes piés deterre, plus il a le trot franc, court &c égal ; quand il leve les jambes lentement, c'eft un figne qu’il bronche on qu'il eft eftropié; quand il ferre où qu'il croife le pas, cela marque qu'il eft fautif ou qu'il s’entre heurte les jambes, 87 qu’il eft fujet à fe donner des atreintes ; sil alonge le pas, c’eft un figne de nerf-ferrure; & lorfqu'il a le pas inégak, c’eit une marque de fatigue êt de lafitude, | TROTER , v.n. ( Maréchal.) c’eft aller le trot, troier des épaules , fe dit d’un cheval qui srote pefam- ment. Troter léoerement, c’eft le contraire. Troter an= tour. du pilier, C'eft un exercice qu’on fait faire aux poulains pour les débourrer. l TROTER, rerme d'Oifélerie | il fe dit du marcher des oïfeaux de marécages, lequel eft différent des autres, qui ne vont qu’en fautant, Trévonx. (D,J.) FROTEUR oz TROTEUX, en terme d°Acadis aie, fignifie un cheval qui ne peut aller que le trot, Voyez TROT. | TROTOIR, fm. ( Gram. ) chemin élevé, qu’on pratique le long des quais & dés ponts, pour la com- modité de ceux qui vont à pié. TROU, f. m. ( Gram.) c’eft en général toute ou- verture pratiquée naturellement ou par art à quelque chofe que ce foit. | Trou, (Architeë.) nom général qu’on donne à toute cavité en pierre & en plâtre, creufée quarré- ment, dans laquelle on fcelle des pattes, sonds, bar: reaux de fer, Gc. & que les tailleurs de pierre & les maçons marchandent par nombre à chaque croifée, porte, vitrail, &c. Les srous fe font en menuiferie avec des inftrumens pointus , comme poincons, fo- rêts, vrilles, &c. En maconnérie avec des tarieres, des pinces, des marteaux, des pics, &c. (D. J.) TROU, ez Anatomie, eff un nom qui fe donne à des cavités qui percent d’outre en outre; on s’en fert aufi quelquefois pour exprimer l’onifice d’un canal. Foyez CANAL. Le trou de la membrane du tympan. C’eft une fente qui fe trouve à la membrane du tympan ou du tam- bour de l'oreille, qui permet à Pair, à la fumée, &e: de pañler de dedans la bouche dans le tambour par la trompe d’Euftache. Voyez OREILLE. Cette fente eft très-petite ; elle part cbliquement de la partie fupérieure de la membrane du:tympan, proche lapophyfe du marteau, On prouve mieux l’exifience de ce srou quandil y a quelque ulcere au palais &r que le malade fe bouche le nez & la bouche, & qu'il oblige ainf l'air de fe porter dans les oreilles & de fortir par la fente du tympan, que par aucun examen anatomique. Voyez TYMPAN. Trou ovale ou trou botal, ou trou qui fe trouve dans le cœur du fœtus, & qui fe ferme après fa naiffance. Voyez nos Planches anat. & leur explic, W oyez FŒTUS: Il naït au-defus de la veine coronaire, proche de l’oreilletre droite , & pañle dire“tement dans l’oreil- lette gauche du cœur. Voyez Cœur. Le srou ovale eft une des chofes particulieres au fœtus , & par oùil differe de l’aduite ; il fert à la cir« culation du fang du fœtus jufqu’à ce qu'il puifle ref: gro €T RO pirer &cque/les poumons fotent dilatés. Voyez Respr- RATION. 1. “Je Leon Botal, d’Afti en Piémont, a le premier décrit exattement, en 1562, l’ufage de ce srou. Lorfqw'il décrit la circulation du fan, ilaflure que le sroz ovale eft une des voies par où le fang ; dans le fœtus , eft porté du ventricule droit dans le ventricule gauche. Les anatomiftes modernes approuvent cette dé- couverte, & regardent tous le so ovale comme ab- folument néceflaire pour la circulation du fang dans le fœtus. Voyez CIRCULATION. À l'ouverture du: srox il y a une efpece de mem- brane flottante qui reflemble à une valvule, mais elle n’en fait point l'office, car elle ne peut point empêcher le fang de paffer d’une oreillette dans l’au- tre. Suivant M. Winflow cette membrane ne fert qu’à fermer le sou lorfque le fœtus eft né. C’eft un fentiment unanimement reçu, que le #roz ovale peut quelquefois refter ouvert, même dans les adultes ; nous en avons beaucoup d'exemples rappor- tés par difiérers auteurs. 50 Le doéteur:Connor aflure qu'il a trouvé un srox botal à demi-ouvert dans une fille âgée de quatre ou cinq ans, & 1l le trouva aflez grand dans une fille qu’il ouvrit à Oxfort pour laifler pañler une tente. Differt. médic. & phyf. de Stap. off. cou. L’exat M. Cowper ajoute, qu'il a fouvent trouvé le srou botal ouvert dans les adultes. Axa. app. f. 3. Des anatomiftes de Paris obfervent, que le #rou ovale refte toujours ouvert dans le veau marin , c’eft pour cela qu'il peut refter pendant fi long-tems fous ’eau, | Ceux qui ont été rappallés à la vie après avoir refté long -tems fous les eaux, ou après avoir été pendus, étoient peut-être dans ce cas. Voyez Nové. mais M. Chefelden rejette fans héfiter toutes ces au- torités, & 1l foutient que ni dans les animaux adultes, Toit terreftres , foit amphuibies, ce srox n’eit jamais ouvert. fl dit que quand il commença à difléquer qu’il pen- Toit comme les autres auteurs au fujet du #ro4 botal, mais qu'il s’apperçut par la fuite qu'il avoit pris Pori- fice de la veine coronaire pour le sou ovale, & il penfe que les autres auteurs qui aflurent qu'il eft tou- jours ouvert dans les amplubies, ont donné dans la même méprife que lui, parce qu'après nombre de recherches faites avec exattutude , 1l n’a jamais trou- vé ce trou ouvert dans ces animaux. Voyez AMPHI- BIES. Et il ne peut pas croire que l’ouverture de ce trou püt mettre ces animaux en état de vivre fous Peau comme le fœtus vit dans la matrice, à - moins que le canal artériel ne füt aufli ouvert. Chefeld. Ap. phyf. hefl, I. IV. 0. viy. On vient de voir que le srou ovale a une valvule, qui dans le fœtus laifle pafler le fang d’une oreillette du cœur dans l’autre , & qu'après la naiffance de l’en- fant elle fe colle peu-à-peu à la circonférence de ce trou, Èt ne permet plus cette communication qui étoit entre les deux oreilles ; cependant M. Hunauld a fait voir à l'académie le cœur d’un fujet de soans, où cette valvule collée exaétement comme elle de- vroit être, à la circonference du srou ovale, étoit percée dans fon milieu d’une ouverture d'environ trois lignes de-diametre , & par conféquent donnoit âu fang un paflage d’une oreillette dans l’autre , aufi libre qu'avant la naïffance, fi elle avoit toujours été collée, & prefque auf libre , f. elle ne Pavoit pas toujours été. L'ouverture de la valvule m’avoit été produite ni par un déchirement, ni par une fuppura- tion, & cela {e reconnoifloit facilement à {on rebord. H eft néceffaire que le srou ovale foit ouvertdans le fœtus qui ne refpire pas, mais il n’eft peut-être pas: également néceflaire qu'il {oit fermé quand on T RO tefpire, En 1740 M. Duhamel a Iù à Pacadémie une feconde chfervation de M. Aubert, médecin de Îa marine à Breft, qui confirme exaétement celle de M. Hunauld ; toute la différence eft que le fujet de de M. Hunauld avoit cinquante ans, & celui de M. Aubert trente. La valvule que nous avons dit fe coller quelque tems après la naiffance au bord du row ovale, paroit une partie bien néceffaire à la circulation du fang dans le fœtus; cependant M. Lieutaud dit lavoir vù manquer entierement dans un fœtus de neuf mois. (D.J.) - TROUS DU CRANE , ( Anatomie.) comme dans une grande ville il y a différentes portes, au moyen def- quelles les habitans de la campagne communiquent avec ceux de la ville pour les befoins réciproques; de même dans Le crâne il fe rencontre différens srous, au moyen defquels il entre, par divers canaux, la’ nourriture pour le cerveau , & 1l en fort par d’autres les efprits préparés dans cet organe, & qui font né- ceflaires pour exécuter les mouvemens du corps; Keill a fait l’'énumération de tous ces srous , mais il importe encore plus de favoir qu'ils offrent, comme les autres parties du corps, des jeux & des variétés de la nature; j’en citerai feulement deux ou trois exemples. Le On rencontre quelquefois, contre l'ordinaire , un trou ou canal à la partie inférieure & antérieure des Os pariétaux , par lequel pañle une branche de la ca- rotide externe, qui va difiribuer fes rameaux à la dure-mere. | Les temporaux ont communément cinq srous ex- térieurs ; l’un d’eux ef fitué de chaque côté derriere Papophyfe maftoide ; ce srou , quoique confidérable, ne fe rencontre dans quelque fujet que d'un côté, &t d’autres fois point-du-tout. L’occipital a d’ordinaire fept srous, au nombre def- ee il y en a deux confidérables qui répondent aux offes jugulaires , & cependant ils ne fe trouvent quel- quefois que d’un côté ; M. Hunaud, Mém. de l'acad. 1730, a remarqué au fujet de ces deux zrous, que celui du côté droit eft ordinairement bien plus grand que celui du côté gauche ; 8: comme le diametre du finus latéral droit eft aufli d'ordinaire à proportion plus grand que celui du gauche , cet académicien en conclut que la faignée de la jugulaire du côté droit eft différente par fon effet de celle du côté gauche; mais il falloit conclure feulement, qu’en ce cas le fang s’'évacuoit plus promptément du côté droit dans le même tems donné. ( D. J. Trous D’AMURES, ( Marine, ) voyez AMURES. TROUS D'ECOUTES, ( Marine. ) trous ronds per- cés en biais dans un bout de bois , en maniere de. dalots, par où pañlent les grandes écoutes. Trou, ( Horlogerie, ) outil à rapporter des trous : c'eft un inftrumenr repréfenté dans nos Planches de l Horlogerie , dont les Horlogers fe fervent lorfqu'ils ont befoin de refaire un trou dans une platine ( ou comme ils difent de le reboucher ), dans le même en- droit précifément où il étoit avant. Ce qu’il y ad’ef fentiel dans cette opération, c’eft de déterminer deux points fixes fur la platine dont on connoiïffe la diftan- ce au centre du trou, Voici comment on les détermi- ne avec cet outil. La piece #7 o mobile fur les deux pivots TT eft continuellement pouflée à-travers le trou V de m verso , au moyen du reflortr qui appuie deflus en #7 , de façon que la pointe o de cette piece deborde toujours les autres P P ; ainf faifant entrer cette pointe dans le sro4 que l’on veut reboucher, on abaïfle enfuite les deux autres PP, & on les prefle un peu contre la platine , au moyen de quoi elles marquent deux points; le so étant rebouché, on repréfente l’outil fur la platine en élevant la poin- teo, de façon qu'il n'y ait que les deux autres qua portent deffus cette platine, & on les fait rentrer bien précifément dans les mêmes points ou perits trous qu’elles avoient marqués ci-devant ; cela étant fait, on lâche la pointe o dont l'extrémité fort aiguë marque un petit point dans le même endroit précifé- ment où étoit le centre du #roz avant de l’avoir bou- ché, puifque la diftance entre ce centre & ces points a été prife d’une maniere invariable par ces trois pointes O & PP. Dans cet outilla pointe @ commu- ñément n’eft ni mobile, comme elle eft ici, ni dans une même ligne; elle eft feulement un peu plus lon- gué que Les deux auttes , & forme avec elles une efpece de triangle. Cette difpoñition lui donne un grand défaut, parce que les zrous que Pon rehouche, étant plus ou moins grands, la pointe o y entre plus Ôu moins avant; d’où il arrive que le point que cet éutil donne { en s’en fervant de la même maniere approchant que du précédent) , n’eft point au cen- tre du sroz que l’on a bouche , mais dans Parc du cer: cle décrit par la pointe O dans ces différentes fitua- tions; pour peu qu'on y fafle attention , on en con- cevra la raïfon facilement, & pourquoi on a donné à cet outil la difpoñition repréfentée dans la figure; cet inftrument eft en général fort utile en ce quil épargne beaucoup de pemmeà Pouvrier, TROU DU TAMPON, les Fondeurs appellent ainf le srou par lequel le métal fort du fourneau pour en- trer dans l’écheno. Il eft fait en forme de deux enton- noirs joints l’un contre l’autre parleurs bouts les plus étroits, On bouche celui qui eft du côté du fourneau, avec un tampon de fer de la figure de l’ouverture u’il doit remplir, & que lon met par le dedans du Pet avec de la terre qui en bouche les joints; de forte que le tampon étant en forme de cône, le métal nè peut le poufler dehors. Voyez FONDERIE 6: Zes Planches de la fonderie des figures équefres. Trou, ( Jardinage.) eft ouverture que l’on creu- fe pour planter les arbres proportionnément à leur force ; on les fait de fix piés en quarré pour les plus grands arbres; ordinairementils ne font que de trois ou quatre piés en quarré , & leur profondeur fe re- gle fuivantla qualité de la terre, Voyez PLANTER, TRoU, serme de jeu de Paume , c’eit un petit sou d’environ un pié en quarré, pratiqué au-bas d’un des murs du bout d’un jeu de paume au niveau du payé. Lorfqu’une balle entre dans le sou de volée ou du premier bond , le joueur qui Pa pouflée, gagne ‘quinze, TROU-MADAME, f. f, ( Jeux. ) efpece de jeu où l’on joue avec des petites boules ordinairement d’i- voire, qu’on tache de poufier dans des ouvertures en forme d’arcades marquées de diffiérens chiffres. Jouer au trou-madame, c’eft, dit Richelet, jouer à une forte de jeu compofé de treize -portes &c d’au- tant de galeries , auquel on joue avec treize petites boules. On appelle du même nom l’éfpece de machi- ne ouverte en forme d’arcades, dans lefquelles on poufie les boules. l TROUBADOURS o4 TROMBADOURS, f. m, { Listérar, ) qu’on trouve aufli écrit srouveors, trou- veours , trouverfes & trouveurs , nom que l’on donnoit autrefois, & que l’on donne encore aujourd’hui aux anciens poëtes de Provence. Voyez POÉSIE. Quelques-uns prétendent qu’on les a appellés trombadours, parce qu'ils fe fervoient d’une trompe ou d’une trompette dont ils s’'accompagnoient en chantant leurs vers. D’autres préferent le mot de #roubadours qu’ils font venir du mot srouver , inventer , parce que ces poë- tes avoient beaucoup d’invezrion, & c’eft le fenti- ment le plus fuivi. . Les poéfies des roubadours confiftoient en fonnets, pañtorales , chants , fatyres , pour lefquelles ils avoient le plus de goût, &z en ser/ons ou plaidoyers qui étoient des difputes d'amour. TRO Titi Jean de Notre-Dame ou Noftradamus qui étoit procureur au parlement de Provencé, eft entré dané un orañd détail fuï ce qui concerne ces poètes. Pafquier ditqu'ilavoit entre les mains l'extrait d’un ancien livre qui appartenoit au cardinal Bembo, & qui avoit pour titre : les noms d'aquels firent tenons & Jyrventes. Is étoient au nombre de 96 , & il y avoit parmieux un empereur, favoir Frédéric I. deux rois; Richard [. roi d’Angleterre, & un roi d’Arragon, un dauphin de Viennois & plufeurs comtes, &a non pas que tous ces perfonnages euflent compolé des ouvrages entiers en provençal, mais pour quel- ques épigrammes de leur façon faites dans le goût de ces poëtes. Les pieces mentionnées dans ce titre & nommées /yrventes, étoient des efpeces de poëmes mêlés de louanges & de fatyres , dans lefquels les troubadours célébroient les viétoires que les princes chrétiens avoient remportées fur les infideles dansies guerres d'outre-mer. | Pétrarque au iv. chapitre du triomphe de l'amour, parle avec éloge de pluñeurs srobudours, On dit que les poètes italiens ont formé leurs meilleures pieces fur le modele de ces poëtes provençaux, & Pafquier avance poñtivement que le Dante & Pétrarque font les vraies forraines de la poéfie italienne, mais que ces fontuines ont leur fource dans la poëfñe provençale, Boucher , dans fon hifloire de Provence, raconte que vers le milieu du douzieme fiecle les sroubadours commencerent à fe faire eftimer en Europe, & que la réputation de leur poéfe fut au plus haut deoré vers le milieu du xiv. fiecle, Il ajoute que ce fut en Provence que Pétrarque apprit Part de rimer, qu'il ptatiqua & qu'il enfeigna enfuite en Italie. En effet outre les différentes fortes de poéfies que compoferent les sroubadours , même dès la fin du xj. fiecle , ils eurent la gloire d’avoir les premiers fait fentir à oreille les véritables agrémens de la rime, Jufqu’à eux elle étoit indifféremment placée au com- mencement , au repos ou à la fin du vers ; ils la fixe rent où elle eft maintenant, & il ne fut plus permis de la changer. Les princes de ce tems-là en attirerent plufieurs à leurs cours , &c les honorerent de leurs bienfaits. Au refte ces sroubadours étoient différens des conteurs , chanteurs &c jongleurs qui parurent dans le même tems. Les conteurs compofoient les profes hiftoriques 8 romanefques; car il y avoit des romans rimés & fans rimes ; les premiers étoient l’ou- vrage des sroubadours , & les autres ceux des con= teurs. Les chanteurs chantoient les produ&tions des poètes, & les jongleurs Les exécutorent fur différens inftrumens. Voyez JONGLEURS. « Les premiers poëtes, dit M. Pabbé Maffeu dans » fon hiftoire de la poëfe françoife, menoient une » vieerrante, & reflembloient du-moins par la proportion entre les légions des citoyens & » ne. alliés. Les empereurs ayant néghgécette # proportion , elle fut perdue de vue & s'évanouit 3 » avec l'empire. | » Unétat, continue le mémeianteur, qui auroit » de grandes villes dontles terres devroient être né- ” Starter cultivées ,.oùal yauroit beaucoup » d'employés , d'artifans , de célibataires, de ma- .» giftrats, d’eccléfiaftiques, de fabrigquans, de Et- # térateurs, & qui contiendroit vinpt millions d’a- » mes, ne pourtoit pasentretenir plus de deux cens » -muille hommes fous lesarines , c’eft-à-direen arra- » cher un plus grand nombre à da culture des terres, # aux arts 8 auxprofefhons néceflaires à l'intérieur » de létatencorefaudroit-ilque cetératn’efluyAtpas » delonguesguerres, & ft fondé fur des lois qui en- » courageafient la population. Sans ces deux con- » ditions on auroïtipeine à.en entretenir cent mille. » Il faut confidérer les homimes qui compofent da # milice, comme vivant beaucoup moins que les »# autres, comme céhbataires, cles plus vigoureux » dentreux, comme incapables de faire la guerre » avec l’aétivité réauife dès qu’ils ont fait vingt cam- ». pagnes. Otez de ces vingt milliosis d’amesles fem- # mes les vieillards, les enfans , les hommes hors » d'état de fervir par leurs infrmités &r leur défaut » de force ou de courage; ceux qui font mal con- » formés ; les gens exempis du fervice par leur aifan- » ce, les charges & les emplois ; les eccléfaftiques, # les magiftrats &c gens de lois, & les hommes en » Ctat de travailler dontlesprovinces ont befoin, & # vous verrez qu'il ne vous enxeitera pas davantage Torre XVI, : 753 » pour portera guesreaulehors & pour l'entretez » mir. Plus.un état eft étendu, moins il eft peuplé » à proportion d’un-petit ; plus il eft urbanité , && » moins il contient de foldats, rai »1Romeme senfermoit aucun cultivateur. Les ef: » slaves yicompofoient la claffe des domeftiques & » selle des artitans. Le célibat y étoit regardé avec # 1gnominie;ilesicitoyens , à l'exception d’un très- » petitinombre de prêtres & d’augures , n’étoient » deftinés qu'aux armes, êelles étoient unies’ aux » charges dugouvernement, Sur la fin du regne d'Au » gufke gertercapitale-contenoit quatre millions cent » trente-feptinulle:citoyens infcrits dans le dénoms # brement,ër d'âge être admis aux charges ou ans » da imilices le total dupéuple de tout Age & de tour » fexe toit de tréize millions éinquante-un mille » cent foixante-dix-“huit ames, La milice compofée » de citoyens n'étoit que de cent quatre-Vinot-fept » mille deuxicent cinquante, tant infanterie que ca- » valerie, endorte que le nombre des ames étoit À celui desfoldats, comme 75-ou 76 eftà x ; il au: » roit été au-moins de 150 à r, fi l’ancienne Rome + eût ewemcitoyens le-nombre de domeftiques & de » céhbataires detoute condition qu'on trouve dans » les villes modernes ». Tableau militaire des Grecs imprunc à la fuite du commentaire fur Enée le tai œ + -ICiEn- Ce n’eft pas tant le grand nombre de sroupes qui faitlasürete desétats, que des troupes bien difcipli: nées, commandées par des chefs confommés dans l'art dela guerre. Les Romains firent toutes leurs conquêtes avec de petites armées, mais bien exercées dansitoutesles manœuvres militaires. « Car üne ar- » née formée & diiciplinée de longue main, ditun » grand capitaine , quoique petite, eft plus capable » de fe défendre 8c même d'acquérir, que ces ar: » nées qui ne s’aflurent que far leur grand nombre, » Les grandes conquêtes fe font prefque toujours # faites par les armées médiocres, comme les srands |» empires fe {ont toujours perdus avec leurs peuples » innombrables; & cela parce que ceux qui avoient » à combattre ces armées fi nombreufes , Ont voulu » leur oppofer une exaéte difipline & un bon or- » dre, &les autres ayahtnégligétoute bonne difci- » pline & ordre , ont voulu récompenfer ce défaut * » par le grand nombre d'hommes, qui leur a caufé » toute confufion, & n’a fervi qu’à les faire perdre » plus honteufement ». Traité de la guerre par M. lé duc de Rohan. Que Pexaëte difcipline puife fappléer avantageu- fement au nombre des soupes, c’eft ce que les Grecs. ét enfuite les Romains oût fait voir dans le degré le plus évident. Les premiers avec leurs petites ar: mées furent vaincre celles de Xercès & de Darius afiniment plus nombreufes ; & les autres celles de Mithridate &c des autres princes de l’Afie qui avoient armé des peuples entiers contre eux. Les anciensbien perfuadés que le nombre de srompes fans une bonne diféipline ne fait rien à la guerre, ne négligeoient rien pour mettre les leurs en état de ne rien trouver d'impofüble , & quels que fuflent leurs foldats, ils favoient en faire de bonnes soupes, Lorfque Scipion |_eut le commandement de l’armée romaine en Éfpa- gne, les sroupes étoient mauvaifes & découragées , parce qu’elles avoient fotivent été battues fous les au- tres géncraux. Ce grand homme s’appliqua d’abord à les remettre fous les lois de la difcipline, & il trou- va bientôt enfuite le moyen de prendre Numance, qui jufque-là avoit été l’écueil de la valeur romaine, C’eft par-là que Belifaire fe diffingua fous Juftinien, &t qu'il fut le boulevard de Pempire. Avec un géné ral qui avoit toutes les maximes des premiers Ro: . mains il fe forma, dit l’illuftre auteur de l’efpris des lois | une armée telle que les anciennes armées ro XXxx 7i4 DRO . maines. Voyez DISCIPLINE MILITAIRE & EXERCI: CAC OI mar el TROUPEAUX des bétes a laine, (Econon. ruflig.) la confervation , la multiplication & la beauté des troupeaux dépend prefquetoujonrsdesagneaux qui en inaiflent. S'ils font bien alaités &nourris, ilsfont gras, vigoureux & de durée ; ils périflent ordinairement par une vie différente: ceux qui réfiftent en font pe- tits, maigres & languiflans, Cette forte de loi natu- relle eftcommune à beaucoup d’efpeces d'animaux ; 1l faut donc s'attacher à avoir des srompeaux bien con: formés, où, ne pouvant changer CEUX que nous avons lorfqu'ilsne le font pas; faire en forte queleurs defcendans ne leur reflemblent pas au moyen des foins & des précautions qui dépendent de nous. Nous allons fuivre les différens états par où pañlent les agneaux avant qu'ils parviennent à cet état de vi- gueur qui les met ordinairement à l'abri des maux du bas âge, pendant lequel ils font fi délicats &c pé- riflent afément , en parcourant en même tems ce qui concerne les brebis &les moutons à-miefure que cela s’enchainera; | 7 | : Il en eft de lamaniere d'élever ces animaux en dif- férens climats, comme dela culture des plantes pour lefquelles chaque climat a fes pratiques différentes ; en forte que ce qu’on pratique pour les sroupeaux dans ‘un pays ne doit pas être fuivi dans les autres. Ceux des pays méridionaux, par exemple, ne-doivent pas être traités comme ceux des feptentrionaux. Enceux- c1 les sroupeaux reftent pendant tout l'hiver fans fortir des bergeries. Dans les autres il eft aflez rare qu'ils reftent enfermés pendant quelques jours de fuite. Il pleut ; if neige , Gt. fouvent ou pendant long-tems dans les feptentrionaux ; il eft rare qu'il pleuve long- tems de fuite dans les méridionaux ; il eft plus rare encore qu'il y neige,& quelaneige couvre long-tems de fuite lafurface de la terre. D’un autre côté les pays méridionaux font ordinairement expofés à la fechez refle vers le printems & l'été, tandis que les fep- tentrionaux jouflent alors d’un tems favorable aux produéhons de laterre. D’où s’enfuit en général que les éroupeaux des pays froids ont befoin pour l'hiver d’une abondante provifion de nourriture dans les bergeries , & que éeux des pays chauds en deman- . dentheaucoup moins, puifque ceux-ci ont l'avantage de manger alors une nourriture plus fucculente & de leur goût , la prenant eux-mêmes fur Les plantes ;au- lieu que ceux des pays froids vivant enfermés , ne peuvent fe nourrir que des plantes qui ont perduune partie de leurs fucs par le defféchément qu’exige le moyen de les conferver. Au contraire les sroupeaux des pays méridionaux trouvant vers la fin du prin- tems,& plusencore vers l’été lesarbuftes durcis & les herbes defléchées par les ardeurs du foleil, & par conféquent fans cette fraicheur falutaire à leur em- bonpoint , dépériflent , tandisique ceux des fepten- trionaux jouiflent alors de la fraicheur des plantes, de leur abondance, & font à l’abri des ardeurs du foleil. Par où l’on voit que les foins & les précau- tions doivent être différens dans ces différens climats, &t que les climats intermédiaires exigent des foins qui participent de ces deux extrèmes, ce qu’il n°eft pofhible de fixer que par des obfervations faites en chacun d’eux par des perfonnes intelligentes, & non par des bergers,dont la pläpartne fuivent que la rou- tine. C’eft pourquoi n'ayant été à portée d’obferver que les ufages de mon climat, je me renfermerai À ne parler que de ce coin de la terre fi privilégié par la nature à cet égard , felon de très-anciennes obfer- vations, pour donner quelques réflexions qui peu- vent être de quelque utilité, parce que peu de chofe en cette matiere peut produire des grands biens à l'état, les laines du Roufillon & du diocèfe de Nar- bonne , fur-tout celles de la montagne de la Clape, étant les feules, de l’aveu des fabricans & de l'infpe: éteur général des manufaétures de la province de Lan- guedoc , propres à remplacer celles d’Efpagne dans la fabrique des Londtins pour les échelles du Levant. Les plus grands sroupeaux de ce climat font parta: gés en trois parties. Dans l’une font les brebis ; dans l'autre les moutons, & lätroifieme n’a que lesagneaux lorfqwils font févrés. L'on y referve du terroir defti- né à ces troupeaux la partie la plus fertile en pâtura- ges &t la moins pénible pour les brebis, fur-tout quand elles font avancées dans la grofleffe , ou qu’- elles alaitent, ou quand elles approckient du temé d'entrer en chaleur, Laipartie la plus rtide eft defti- née pour les moutons, Les apneaux févrés partici: pent fouvent aux avantages des brebis, & de moins en moins à mefure qu'ils devighnent forts , pour prendre le fupplément de leur nourriture fur ce qui eft le moins rude qu’on deftine aix moutons. Onmèêle Les béliers avec les brebis dès les premiers jours date d'Août, & nous voyons ordinaîte- ment que les premiers agneaux näiflent au commen: cement du mois de Janvier fuivant , & qu'il en naît plufieurs encore dans le mois d'Avril. Voici ce qui s’enfuit. | Quand l’automine & hiver font doux, &c les plans tes humeétées de tems-en-tems, les arbres ; les ar- brifleaux ; & les aromates en font plus touffus ; Les brebis fe portent bien , & les agneaux naïffent avec de lembonpoint; ils fontalaités tendrement & abon- damment ; ils croiffent vite : on les voit caracoler & bondir er troupes dans les bergeries, peu de jours après leur naïflance ; dès que leurs meres font aux champs, où ellesreftent chaque jour huit, neuf, dix, jufqu'à douze heures de fuite ; les agneaux enfermés pendant la foiblefle de leur âge, mangent alors deg provifions délicates; ils préférent avec avidité deg feuilles d’olivier ; delyeufe, qu’on leur coupe À'me- fure ; ils ne paflent ouere au-delà d’un mois à vivre de cette façon ; ils fuivent enfuite leurs meres pour commencer à paître avec elles, [ls font difpofés ainf à foutenirles épreuves de la fécherefle quand le prin- tems &c l’été en affeéte les plantes. Les chofes changent quand l'automne & l'hyver fontrudes , parce que les plantes étant alors dans une efpece d’engourdiffement , Les brebis n°y trouvent qu'une foible nourriture ; elles perdent peu-à-peui lembonpoint que la tranfmigration , dans des pays gras pendant l'été , leur avoit donné; certaines avor- tent., & les agneaux qui naïffent des autres {ont la plûpart maigres, les meres les rejettent (il n’y a que la violence qui Les fait accueillir }, le laitleur man- que, malgré lesfecours artificiels desprovifions qu’on leur donne ; enfin les agneaux fouffrent, ils en de- viennent plus foibles & languiffans ; il eft rare deles voir jamais , à quelques-uns près , dans un état heu- reux , 6c ilen eft peu de ceux qui naïflant Les der- niers, & trop avant dans le printems, réfiftent à [a fécherefle de cette faifon ; le lait leur manque alors, ils ne trouvent pas, quand ils peuvent manger , de quoi brouter fur nosplantes déjà défléchées, de-forte que la chaleur venant les aflaillir, & étant fevrés en même-tems que les premiers nés , ils ne’peuvent les fuivre qu'avec peine dans les campagnes, ils S’épui- fent & périflent ayant que d'arriver à l'automne pro- chaine, Nous venons de direque flesbrebisrejettoient leur agneaux : on les contraint de les accugillir en les en- fermant dans une petite cafe faite exprès avec des claies, & en les y attachant avec une corde qui les embrafle au milieu du corps : on y met l'agneau qu’el- le reçoit enfin , ni l’unni l’autre ne pouvant s’échap- per, C’eft là où il faudroit foulager la mifere & exci- ter latendrefle par des avoines, des orges , des her= bes fucculentes , &c, c’eft-là auf où Les bergers infi= TRO deles contraignent de mème les beaux agneaux de leurs maîtres à prendre leurs brebis qui en ont eu de miférables , ou quiles ont perdus. | _ Tout ce qui précéde , nous prefcrit qu'il faut que les brebis fe portent bien , autant que cela dépendra de nous , eu égard à leurs defcendans , indépen: damment de tous les autres avantages, & que cet état eft à rechercher , fur-tout dans le tems de leurs penchans à la génération, parce qu’il amene vite à celui de s’accoupler, &c fait devancer par conféquent dans larriere-faifon pour mettre bas leur fruit ; de cette façon les premiers nés fe fortifient mieux, & les derniers ne périfent pas. Quels font les moyens qu’onemploie pout fe pro- curer cet état favorable des brebis ? les uns ont ac- coutumé ou de faire pañler leurs sroupeaux dans les montagnes verdoyantes en tout tems, &c la plüpart pendant l'été, dans les plaines fertiles pour y faire manger les herbes qui naïflent dans les champs , les épis échappés aux glaneufes, & le chaume. Voici les effets funeftes & ordinaires , quand les bergers fans la moindre prudence, & {ous le prétexte d’en- graïler vite leurs troupeaux, les larflent paître à leur gré. Ces animaux venant de fouffrir la faim & fouvent la foif dans les lieux de leur demeure ordi- naire, à caufe de la fécherefle qui y deflèche les her- bes & les autres plantes dont ils font leurnourriture, & n'ayant pu quitter des lieux fi incompatibles alors avec leurs befoins , parce que les moiflons font en- core répandues dans Les champs où1ls doivent fe ré- parer : ces animaux, dis-Je, {e jettent avec avidité fur cette efpece d’abondance , & s’en rempliffent; un orand nombre creve d'indigeftion., fur-tout là où les épis n’ont pas été bien ramaflés, parce que le gran, en s’enflant dans leftomac, leur caufe fans- doute une efpece de fuffocation d’autant plus promp- te, que la foif, fuite ordinaire, enles faifant boire immodérément fans oppoñtion des bergers , aug- mente l’enflure des grains. Il eft encore un autre dan- ger dont la mort eft auf la fuite, mais dont les effets font plus lents. Les pâturages gras font fouvent fujets à l'humidité, elle s’y conferve plus avant dans le jour , felon qu'ils font enfoncés & privés des rayons du foleil ; de maniere que fi nos sroupeaux y païffent avant l’évaporation de l'humidité qui affecte les plan- tes, ils en contraétent une maladie qui femble tenir de la pulmonie, qu'on appelle dans le pays 4 gam, & dont ils meurent après avoir langui pendant plu- fieurs mois, Tous ces endroits feroient bien moins dangereux aux sroupeaux fous des bergers fages & vi- gilans ; mais prefque tous parefleux, ne comptant pour rien le danger , &c auffi avides de les engraifler que ces animaux font voraces, s’y laïflent tromper. Il faut doncfe garantir de ces lieux dangereux, étant plus raifonnable de fe retirer fans perte, & avec moins d’embonpoint, que de périr en l’acquérant. Revenons à la naïflance des agneaux. Mêler trop- tôt les brebis avec les beliers , c’eft hâter la concep- tion des plus vigoureufes , tandis que celles d’un tempérament foible , quoique également ou plusem- preflées, ne concoivent que trois ou quatre mois plus tard ; de forte que les agneaux premiers nés ont déjà profité des fourrages enfemencés, & de l’étalage des feuilles des plantes de nos guérets & de nos monta. gnes, quand les autres naïffent : il ne refte prefque aux derniers nés, pour être nourris, que le lait de leurs meres toujours infuflfant alors : on les livre à fuivre bientôt leurs meres pour allerpaître enfemble comme les autres fuivent les leurs ; il faut parcourir beaucoup d’étendue, à caufe des confommations an- térieures, pour fournir à la nourriture de tous ; les plus jeunes manquent de force & reftent les derniers du sroupeau ; les preiniers nés en profitent , ils man- gent , ils dévorent prefque tout , & ne laiflant cha- _ Tome API, ; TRO 715 que jour aux trameurs que les parties les plus groffie- res, CeUXx-Ci ne pouvant fournir à ces marches trop longues pour eux, s’épuifent pour attraper une fois ble fubfiftance ; ils fuccombenr enfin. On vit dans cette efpece d’indifféreñce pou ces animaux , & l’on n'a d'autre reflource que celle de les hafarder , quandonne veut ou l’on ne peut pasles vendre. Il ÿ a cependantun moyen bien fimple d’é. viter ou du moinsde diminuer cette perte : féparons ces derniers nés & leurs meres du sroupeau , pour les faire paître fans partage dans la meilleure partie & la moins éloignée de nos pâturages; nousdevons mé: me leur ménager, s’il efk poffible, des fourrages ten- dres , leur donner des provifions enfermées, foit des foins les plus fins , des luzernes , des efparfets , foit des avoines ou des orges , afin de hâter leur bonné conftitution ; la réuflite dédommagera de ces frais. Il feroit peut-être plus avantageux d’avoir des moyens de les alaiter abondamment ; je me fuis bien trouvé plufieuts fois d'avoir des chevrés pour fuppléer à la difette de laitdes brebis, mes agneauxles plus foibles ayant refifté, tandis que la plñpart de leurs contem: porains , manquant de cette reflource, ont péri: on ne peut être détoufné decette pratique, que par la vue d'économie & pour éviter les ravages des che» vres par-tout où elles broutent. On trouve un autre moyen pour n’avoir pas des foibles agneaux, ou d’en avoir beaucoup moins; en mêlant plus tard les beliers avec les brebis, les plus ardentes conferveront leur penchant, quoique fatif- fait plus tard , &c celles à qui le leur aura fait porter” le plus loin la conception , acheveront de rendre plus court l'intervalle des premiers nés aux derniers; de cette maniere Les premiers nés étant plus jeunes, & ayant moins de confiftence, auront moins dévoré la nourriture deftinée pour les uns & les autres s cette nourriture d’ailleurs fera plus abondante, par- ce qu’elle commencera à être dévorée plus tard ; Les plus jeunes en trouveront encore affez , que lespre- miers nés n'auront pas eu le tems de manger, & nos campagnes moins dévorées cauferont moins de fatis gues aux derniers nés pour trouver leurfubfftance, Ces précautions cependant peuvent bien ne pas fufiire, en fuivant la pratique ordinaire de fevrer en même-temstous lesagneaux malades comme lesfains, les-derniers nés comme les premiers : on manque ainfi contre la pratique la plus naturelle: on devroit par analogie faire.pour ces animaux qui méritent nos foins à tant d'égards, comme nous faifons pour nos enfans : on les alaite pendant un tems affez limité poux ceux d’un bon tempérament ; mais on le prolonge fe- lonles circonftances, quand les enfans font valétudi- naires. N’auroit-on pas raïifon de blâmerune mere qui faifant deux enfans de neuf à dix mois de terme l’uri de l’autre, s’aviferoit de les feyrer tous deux le mê- me jour , dans les climats même où l’onalaite jufqu’à l’âge de deux ans les enfans bien conftitués ? & fi ce procedé eft blâmable , combien ne l’eft pas celui des bergers qui ayant des agneaux nés au commencement du mois de Mai, les fevrent le même jour que ceux du mois de Janvier , vers le commencement du mois de Juillet? ( car il faut que les brebis commencent dés-lors à s’engraifler pour accueillir les beliers dans le mois d’Août fuivant ): on a par-là dés agneaux ; les uns âgés de fixmois, les autres feulement d’envi- rondeux, quand on les fevre. Eniquel tems d’ail- leurs-fefait cette cruelle féparation d’avec leurs me+ res? pendant les grandes chaleurs fi propres à caufer des épuifemens mortels aux plus foibles , & lorfque les fubfiftances diminuent chaque jour. Il faudroit donc fe garder de priver de leur mere ces dermers nés & relerver, ainfi que nous l’ayons dit ci-deflus, un coin de gras pâturage à ces meres &c à leurs petits, | 1 XXxx i] 716 TRO Nous avons une reflource plus füre, & dont 1l faut tâcher d'accompagner les autres, pour n’avoir pas de ces derniers nès troptard ; ne gardons pas des vieilles brebis ; la nature en elles, queique bien déchue de fa vigueur , ne leur ôte pas le penchant à la génération , elles le fatisfont en même-tems que les autres, mais elles engendrent plus tard, quoiqu’on leur ait départi avec abondance pendant hiver &c le printems précédent , de cette nourriture refervée pour toutes les brebis: onen perd beaucoup malgré ces-praces particulieres. -Suivons maintenant les agneaux fevrés, jufqw’à ce que ceux de l’année fuivante prennent leur place ; c’eftune année bien dangereufe pour eux ; il en périt fouvent , & la perte s'étend jufque aux vigoureux ; ce n’eft que par des foins aflidus & des fecours de nourriture artificielle , & des pâturages choifis , que nous pouvons diminuer leurs dangers. Préfervons Les du froid & des pluies, ménageons leur, contre les tems rudes, des pâturages où ils foient abriés ; neles fatisuons pas ; donnons leur quelque brebis vigou- reufe pourleur fervir deguide dans leur marche; leur ftupidité en a befoin pour aider la voix du berger qui les mene ; elle feule ne pouvantréuffr, il y joint les mauvais traitemens toujours dangereux ; ayant ménagé ainfi leur foibleffe jufqw’à la faifon prochaine des nouveaux agneaux qu’on va fevrer , on fépare alors les mâles des femelles, pour rémetre celles-ci au berger des anciennes brebis , & les mâles en paf- fant au sroupeau des moutons , fubiflent bien-tôt le même état de mouton ; on ne referve pour refter be- lierpourtouteleur vie, que quelques-uns des mieux faits &c des plus vigoureux, de laine fine &c blanche, ayant des oreilles longues , en vue d’en avoir des pa- reils pour y pouvoir avec un emporte-piece, y 1m- primer le {ceau du maître. Sil en eft parmi les uns &t les autres , certains dont l’état foit valétudinaire, on lesaflocie aux nouveaux venus ou aux brebis, pour vivre mieux à leur aife & fe fortifier. Le tems de renouvellerles galanteries de nos sroupeaux étant ar- rivé , on voit quelquefois des jeunes brebis que nous ayons incorporéesavec lesanciennes , certaines dont le tempérament vigoureux 8 comme anticipé leur permet d'accueillir les beliers ; la prudence &c l’ex- périence condamnent cet ufage, parce que devenant pleines , elles affoibliffent leur tempérament , & la plüpart durent peu. Il'eft des. bergers qui par cette raïfon , {éparent toutes les jeunes brebis d’avec les vieilles, lorfqu’on veut meler les beliers avec Îes an- ciennes, pour ne les livrer toutes enfemble que quand elles ont atteint l’âge de trois ans. Toutes les brebis, même lesjeunes , ne donnent pas des agneaux tous les ans ; certaines font ftériles pour une Ou deuxannées , & d’autres pour toujours ; elles aideroient, reftant mêléesavec les fécondes , à confommer les bonnes nourritures deftinées à celles- ci:on les fépare chaque année , à mefure qu'on les reconnoît , pour les réunir au sroupeau de moutons deftinés à fe nourrir des autres pâturages, Les pâturages oùfe trouvent nos plus grands #rou- peaux lont dans les campagnes entremêlées de terres pour le labourage , deterres incultes, & de monta- gnes ; en celles-c1 croiflent des arbriffeaux, à l'ombre & autour defquels végetent des herbes douces, aflez verdoyantes pendant l'hiver & une bonne partie du printems , fe defféchant pendant le refte de Pannée plus ou moins, felonla qualité du terroir êc le degré defécherefle. * . Leschamps, après la moiflon, pouffent aufli des herbes dès que la pluie y tombe ; 1ls peuvent quel- quefois fufiire à nourrir les sroupeaux , avec le foible fecours des arbuftes qu’elle fait revivre , & que les chaleurs avoient épuifés. Quand ces pluies nous man- quent avant ou peu après la recolte, il faut (on le fait pat précaution pendant les étés ) faire wanfimi- grer nos sroupeaux dans les montagnes éloignées , où l’humidité 87 le tems frais entretiénnenr des pâtura- gés toujours verdoyans , ou bien fe contenter , fans les changer de climat, de les faire defceñdre dans les plaines fertiles, pour les y noüfrir pendant l’été :on conferve atnfi pour leur retour à là demeure ordinat- re , des herbages propres à leur conferver l'embon- point acquis dans ces plaines ; les pluies d'automne furvenant, elles augmentent ces pâturages des champs &t des montagnes , & faifant développer de nouvel- les graines, nos guérets donnent ainfi des herbages pour l’hiver , fervant comme de régal chaque jour, partie par partie pendant quelques heures , aux bre- bis & aux agneaux, tour-à-tour jufqu'à la fin du pre- mier lebour de ces guérets : on referve pour une partie du printems quelque coin deterte le plus Aerbz, pour fubvenir à entretien des meres & de leurs def- cendans, quand les fourrages enfemencés pour les nouveaux agneaux Où pour les bêtes malades , font mangés, Les terres incultes & es montagnes fup- pléent à tout le refte pendant certaines années ; au- lieu quil fe confume beaucoup de provifions quand elles fontrudes, Nous avons des terres , des montagnes dont {a qualité & l’expofñtion produifent des arbrifleaux & des aromates toujours verdoyans, fafant le fond principal de la nourriture des roupeaux ; tels font le Kermès , appellé vulgairement garrouille , dont ils mangent les feuilles quoique hériffées de pointes fur leur contour, & les glands qu'ils aiment beaucoup ; tels font aufli les romarins , dont les feuilles & les fleurs leur font fi agréables, & dont la confervation contribue par leurs parties dont ils fe dépouillent an nuellement comme le kermès, à fortifier , en fe ré- duifant en terreau , toutes les herbes qui les environ- nent. Il eft d’un dommage infini pour nos sroupeaux, que certains feigneurs de la montagne de la Clape, permettent à tous les habitans de plufeurs villages de détruire à grand force ces arbuftes indifpenfables & prefque l'unique reflource pendant Phiver pour la nourriture de ces animaux ; l’objet de ces permif- fions eft de retirer la plus fotble des retributions des payfans qui tranfportent fans cefle a Narbonne ces plantes , pour entretenir le feu des pauvres familles ; feu qui aufñ peu utile que celui delapaille, & aufñ facile à s’enflammer , augmente leur pauvreté en la {oulageant dans le moment par la modicité du prix : on travailleroit pour leur intérêt, & en même tems pour la confervation & l'augmentation dessroupeaux, fi Von interdifoit ces permiffions qu’un foïble intérêt aintroduites depuis peu, & qui frappe direftément contre la partie la plus précieufe des manufaétures de Languedoc, & en même tems contre l’asricultu- re. Il eftaifé de voir que cela diminue les engrais né- ceffaires aux terres cultivées de ces montagnes qui, toutes légeres , ne donnent que des pauvres récoltes & peu d'herbes dans les guérets, fi indifpenfables dans hiver pour fournir , comme nous vénons dé expliquer , des nourritures aux brebis & à leurs agneaux. C’eftici le lieu de parler des abeilles, La fleur des romarins dure , en fe renouvellant, pendant huit à neuf mois de l’année. C’eft celle que les abeilles re- cherchent par préférence à toutes les autres; c’eft auf celle qui donne le miel le plus parfait; c’eft perdre tous ces avantages en arrachant ces plantes, comme c’eft détruire vifiblement les sroupeaux | au lieu de faire les derniers efforts pour les conferver. L’expoñtion des bergeries n’eft pas indifférente pour y concourir; on cherche pour leur emplacement des monticules qui ne foient pas dominées de trop près par d’autres hauteurs pour en détourner apparem- ment l'humidité qui y feroit produite par Les tranf- -pirations , & pour y conferver un air fain ; on paroît d'ailleurs aflez indifférent à lexpoñition quant au fo- leil. Var remarqué cependant que les agneaux qu'on tient enfermés pendant que leurs meres font aux champs, vont toujours fe placer vis-à-vis les ouver- tures par lefquelles Le foleil échauffe les berseries, cherchant le plus grand jour , &c furtout une chaleur bienfaifante propre à les défendre des rigueurs du froid qui les tient engourdis, couchés &irnmobiles, Cela nous indique l’expoñition à donner aux berge- ries. Il faut tourner les longues faces aù midi, y pra- tiquer Les portes &c les fenêtres, les abajours, & n’en Faire aux autres faces que les indifpenfables , furrout -en celles qui fonttournéesaux vents, dont il faut tA- cher de fe garantir, foit par-là, foit er plaçant les bergeries de façon à en être à l'abri. Il vaut mieux faire les bergeries longues &c étroites pour remplir ces deux conditions à l'avantage des troupeaux, & on diminuera ainii la hauteur des pignons, & par -conféquent la grandeur fans diminuer l'étendue du fol; la tranfpiration , les excrémens & le fouffle des animaux échauffera mieux les berseries, On fera bien, quand ces pignons feront trop hauts, de lesre- trancher par un plancher qui fera propre À y dépo- fer des fourrages en provifion, & à intercepter les frimats qui fe font fentir à-travers les toits. . ILeft donc néceflaire de procurer la chaleur à nos bergeries pendant l’hiver, au lieu qu’elle eft dange- -reufe pendant le tems chaud. On y refpire alors un air échaufté, piquant & mauvais, toujours nuifble aux troupeaux qu'on y enferme pendant la nuit : ce qui nous doit porter à les faire parquer, indépen- damment des avantages réfultans pour nos terres; il eft fâcheux que la parefle de nos bergers l'emporte fur une raifon aufli forte. Les moins indolens {e con- tentant de parquer vers le mois de Mai, au lieu de commencer vers le mois de Mars, & {ouvent plu- tôt, felon {a cenftitution favorable de l’année. On fe fonde fur ce délai à parquer , en ce que l’on craint que la pluie furvenant dans la nuit , il faudroit que des troupeaux, quelque grande qu’elle füt, la fup- portaflent , & qu'il en périroit beaucoup ; on en eft fi prévenu , que nos bergers la redoutent pendant le Jour en toute faon, au point qu'ils fe rapprochent des bergeries dès que le tems leur paroît un peu mé- naçant. Il eft pourtant vrai que les troupeaux desen- virons de Montpellier où la température de l’air dif. fere peu de celle du climat dont il eft queftion, par- quent prefque toute l’année fans qu’on en reffente de plus grands inconvéniens. Les qualités deslainesren- droient-elles différens les effets de cette bonne pra- tique, & feroit-elle feulement pernicieufe pour les troupeaux à laine fine ? Il eft du-moins certain que l'humidité qui les imbibe , y dure plus long-tems, parce que les poils en font plus fins & plus ferrés , donnantpar-là plus de dificulté À l'air de pénétrer dans l’épaiffeur de la toïfon , & à l’eau de s’en écou- ler. Il s’enfuit cependant, en ne parquant que tard, un autre defavantage. Les fols des bergeries deviennent humides, à mefure qu’on avance dans la belle faifon, -parce que les troupeaux fenourriflant beaucoup des herbes fraiches , font des excrémens & rendent des “urines à proportion : cela produit comme une efpece .de glu qui s'attache à la laine des flancs, &c plus en- core à celle des feffes fur laquelle ils fe couchent. On -voit alors du crotin arrondi pendre au derriere & groflir comme des noix jufqu’a tems de la toifon, -matiere mufble fans doute aux parties qui en font affeêtées , rendant la laine plus courte & d’une cou- leur brûlée, au point qu'on la met À part, & au’an ne la vend guere au-delà de la dixieme partie du prix de celle du refte de l'animal. La plus belle eft celle qui fe trouve vers le milieu des flancs elle diminue TRO 717 de beauté à mefure qu'elle fe trouve à la partie que les excrémens âtteignent; celle qui couvre le dos, vaut moins que celle des flancs , foit À caufe que le funt ÿ abonde moins ,'foit parce que la poufiere qu'élevent les troupeaux en marchant, ÿ tombant, fe mêleàdemeure avec elle en defcendant jufque fur la peau, &c caufe beaucoup dé peine aux tondeurs , quand les cifeaux parviennent à ces endroits. La laï- ne des flancs n’eft pas fujette à retenir cette poufiere à caufe de la direétion des poils de la laite en ces parties qui eft de haut vers le bas, au lieu qu'ils vont prefque verticalement en remontant vets l’échine, Cette pouiliere qu’on ne peut empêcher de s’éle: ver fous les troupeaux, d'autant plus abondamment que la terre eft feche , à fait naître À certains bergers l'envie d’en augmenter levolurme fr leurs troupeaux au téms de fa toifon, afin que pefant davantage & là * vendant ên fuint, ils ayent plus d'argent. Ils cher: chent pour cela un champ labouté dont la terre {oit légere, feche & d’un fable extrèmement fn: ils ÿ reflerrent leurs troupeaux, &z les forçant de courir ou marcher vite en cetétat, il s'éleverun tourbillon de poufliere qui les couvre & fe dépole deflus d’au- tant plus abondamment , qu’un vent arriere favorife: Jeurcourfe, Il eft encore une autre malverfation moins con- noïffable & bien fouvent pernicieufe au maître -du troupeau! elle confifte à l’enfermer la veille du jour qu'on veut les tondre , dans la bergerie oh l’on le contraint d'occuper beaucoup moins de place qu’à ordinaire, afin qué fuant avec abondance pendant la nuit , le fuint rempliffe mieux les vuides des fils - de la laine & la rende plus pefante, Cette tranfpira= tion eff fi abondante quelquefois, qu'il périt siufieurs de ces pauvres bêtes fur la place. Il eft pourtant ef- fentiel d’enfermer les troupeaux pendant cette nuit là, parce que s'ils parquoient , la fraîcheur empêche- roit la tranfpiration fufifante , & les tondeurs le len- emain matin ne trouvant pas la laine affez humide pour la tondre légerement, la befogne feroit mal faite, plus difficile , & fouvent les animaux bleffés avec les cifeaux; on verroit fur la peau comme des fillons de laine trop éminens en pure perte ; 1l faut donc enfermer les troupeaux, mais les laïfler dans la bergerie avec la même aïfance qu'auparavant. La tran{piration qui en refulte , eft reconnue fi néceffai. re, qu'on préfere de les laiffer enfermés & à jeun pendant tout le jour de la toifon, pour la conferver Ou la produire , afin qu'ils ne fentent pas l'air exté- rieur avant que d’être tondus. Le jeûne cruel ne fnit cependant que vers le coucher du foleil, tems au- quel la journée des ouvriers finiffant auffi, laiffe en- core un tems fufifant pour faire paître frugalement ces animaux ; sil étoit plus long, le jeûne cauferoit lindigeftion. Cette pratique eft une efpece d'épreuve dont les effets peuvent nuire. Les bêtes moins Vigou» reufes devroient être tondues les premieres, afin dé . les faire paître en sroupeau d'abord après, Je finis en expliquant comment on peut connoitré laqualité de noslaines en les voyant {ur l'animal. Elle y ef crevañlée fur tous,y formant fur le dos des bar des diftinétes dans le fens dela tête à la quete, & des efpeces de zones ceignant les flancs 8e le cou dans une diteétion verticale ou à-peu-près, féparées en- tr'elles par des fillons ou crevafles ouvertes À la fur face de la laine fe réduifant à rien fur la peau. Cha- que zone eft entrecoupée de-près-en-près par des petits fillons en tous les autres fens. Tous ces fillons font plus où moins ouverts, felon la pofture de Fant- mal ; 1ls font plus grands quand il marche où qu'il eft couché, que quand'il eft debout en repos , ou qu'il regarde. [ls font plus étroits & plus nombreux fur l'animal à laine fine que {ur celui qui l’a moins eo fine 8 plus grofüere , parce qu’en celui-là Ja laine ÿ ’ 718 T R O eft plus courte. IL'en eft de ces différentes largeurs des fillons comme de la grandeur des degrés de deux différens cercles, les plus grands degrés fe trouvant dans celui dont le rayon eft plus grand. Ils font plus nombreux, parce que les fils en font plus fins, &c qu'il y ena un plus grand nombre à étendues égales de la peau de l’un & de l’autre, enforte qu'ayant Moins de vuide fur l’animal à laine fine entre les fils pour fe rapprocher & s'unir , il faut néceffirement qu'ils fe mettent, pour ainf dire, en plus petits floc- cons qu’en l’animal qui les a plus gros & plus diftans entr'eux. Le plus de fineffe des fils &t leur plusgran- de proximité étant plus propre à arrêter la tranfpira. tion appellée le /xinr ; la laine en eft plus pefante, quoique moins longue. Ce fuint eft fi abondant, fur- tout dans le printems, qu'il fe diftingue finguliere- ment fur lanimal à laine fine vers la jointure de fes épaules; on le voit alors comme couler le long de la laine qu'il réduit là en une forme appellée par les bergers des aiguillestes, reflemblante aflez à la frifure que les Perruquiers appellent ez héquille. Article de M. BARTHES le pere, de la fociété royale des Sciences de Montpellier. j TROUSSE, £f. (.4rt milir, ) efpece de carquois où les arbalétriers &cles archers mettoient leurs fle- ches. Le pere Daniel rapporte, dans Phiftoire de la milice françoife, un mémoire du tems de Louis XI, concernant l’armutre des francs archers, par lequel on voit que leurs srouffés devoient être garnies au- moins de dix-huit traits. Voyez CARQuOIS. (Q) TROUSSE, ( Are milir, ) grofle & longue botte de fourrage verd du poids de cinq à fix censlivres, aw’- on fait dans les fourrages en campagne pour lanour- riture des chevaux dans le camp. Chaque cheval qui revient du fourrage , eft char- gé d’une troufle &c du cavalier quile mene , qui eft aflis ou achevalé deflus. Foyez FOURRAGE. (0) TROUSSES DE QUEUES DE CHEVAL , er terme d’Aiguillerier , ef un ruban de laine fendu en deux, dont chaque partie fe termine par une touffe de laine éfilée & d’une autre couleur , qui eft attachée au ru- ban par un fer à embraffer. Voyez FER AEMBRASSER. TRoUSSE, {. f. ( rerme de Barbier. ) efpece d’étui de cuir ou d’étoife à deux , à trois ou à quatre divi- fions, dans l’une defquelles on met lesrafoirs, dans une autreles peignes, dans une autre les cifeaux, éc, (D. J.) … Trousses, f. £. pl. ( Charpems. ) ce font des cor- dages de moyenne grofleur dont on fe fert pour le- ver de perites pieces de bois &c autres médiocres far- deaux. (D, J.) Trousse, f. f. (Fendrie.) c’eft ainf qu’on appelle chaque aflemblage de taillans ou de couteaux de la machine à fendre le fer. Trousses, f. f. ( terme de mode. ) efpece de haut- de-chauffes qui ne pend pointen-bas , &r qui ferre les fefles & les cuiles ; elles font partie de l’habit de cé- rémonie des chevaliers de l’ordre; c’étoit-là lehaut- de-chaufle qu'on portoit au feizieme fiecle. (D. J.) TROUSSEAU , f. m. ( Gram. ) nippes qu’une mere donne à fa fille, quand elle la marie , au-delà de fa dot. On en ufe de même avec celles qui en- trent en religion. On dit un srouffeau de clés, pour un paquet de clés enfilées dans une corde ou un anneau qu’on ap- pelle clavier. Y sb TROUSSEAU, f. m. ( serme de Fondeur. ) longue piece de bois taillée en cône, c’eft-à-dire, plus me- nue pat un bout que par Pautre, fur laquelle on for- me les moules des pieces de canon. (2.J.) TROUSSEAU , ( serme d'ancien monnoyage.) figni- foit, lorfque l’on monnoyoit au marteau, le coin où étoit l'empreinte de l'effigie, laquelle fut longtems précédée par une croix. TRO Le ærouffrau étoit long d'environ fept à huit pou: ces ; après avoir pofé le flanc fur la pile avec la man gauche, on pofoit Le srouffeau fur le flanc à plomb des empreintes , &c le tenant perpendiculairement de la main droite:, on donnoit plufieurs coups fur ce sroufc Jeau avec une efpece de marteau où maillet de fer: en conféquence le flanc fe trouvoit monnoyé des deux côtés; mais fi quelque endroit étoit mal em- preint , on réitéroit les coups de marteaux jufqu'à ce que le flanc fût monnoyé, autant bien que cette mauyalfe manutention le pouvoit permettre. Voyez PILE. TROUSSE-QUEUE,, fm. ( Maréchal.) on ap- pelle ainfi une efpece de fac ou d’enveloppe dans la- quelle on enferme la queue des chevaux de carroffe qui ont tous leurs crins , pour que la queue ne fe crotte ni ne fe faliffe point. On met auffi un srouffe- queue aux chevaux fauteurs pour la tenir en état, & empêcher qu'ils n’en jouent. Il eft auffi long que le tronçon de la queue, &c s'attache par des contrefan- glots au culeron de la croupiere & à des courroies qui pañlent entre les cuiffes du cheval & le long des flancs jufqu’aux contrefanglots de la felle. TROUSSEQUIN , f. m, (serme de Seller. ) piece de bois cintré qui s’éleve fur l’arcon du derriere d’u- ne felle, & qui fert à en affermir les battes, (D. J.) TROUSSER, v. act. ( Gram. ) relever, replier, remonter plus haut. On sroujfe ou mieux rerrouffe un habit trop long ; une femme srouffée eft plus immo- defte qu'une femme nue, TROUSSER, terme de galere, ( Marine. ) c’eft fe courber en-dedans. TROUSSER , (Maréchal) fe dit d’un cheval qui a des éparvins fecs qui lui font trop lever les jarrets, à quelque allure que ce foit. TROUSSER , en rerme de Cuifins , c’eft appliquer les pates d’un animal fur fa cuifle,, ou Les pafler dans un trou qu’on fait près de chacune d'elles, & amener le bout des aïles fur fon dos en Les retournant. TROUTE, voyez TRUITE. TROUVAILLE, 1. f (Gram. & Jurifprud. ) dan®: l’ancienne coutume d'Orléans fignifie épave, Voyez ÉPAVE. Droit de trouvaille, dans les coutumes de la mer; eft la part qui appartient à ceux qui ont trouvé ou fauvé des marchandifes perdues. (4) TROUVER, RENCONTRER, ( Syroz. ) nous trouvons ; dit l'abbé Girard, les chofes inconnues, ou celles que nous cherchons. Nous rezcontrons les chofes qui font à notre chemin, ou qui fe préfentent à nous, & que nous ne cherchons point. Les plus infortunés srouvent toujours quelques ref- fources dans leurs difgraces. Les gens qui fe lient ai- fément avec tout le monde , font fujets à rézcontrer mauvaile compagnie, | Trouver fe dit dans un fens très-étendu au figuré; il fignifie quelquefois inventer, Newton a frouvé le calcul des fluxions; d'autrefois 1l figmifie donner fon jugement fur quelque chofe: MM. de Port-Royal srou- vent que Montagne eft plein de vanité. ( D. J:) TROUVERE, f. m. (Poëf: pro.) vieux mot fran- çois , fynonyme de sroubadour, Voyez TRoUBA- DOUR. | C’eft le nom que l’on donnoit autrefois, &c que l'on donne encore aux premiers poëtes! provençaux, inventeurs des fyrventes, fatyres & chanfons , que les menétriers alloient chanter chezles grands, On appelloit aufi les trouveres srouvours &t trouveurs. Le préfident Fauchet nous apprend qu’il y avoit autrefois en France des perfonnes qui divertifloient le public fous les noms de srouveres , chanteres, con- teurs, jougleurs où jugleurs, c’eft-à-dire srenefiriers chantant avec la viole. Les srouveres compofoient les chanfons, & les autres Les chantoient ; ils s’aflem- _ bloient & alloient dans les ‘ER Îls Venoient; dit Fauchet, aux grandes aflemblées & feftins don- ner plaïfir aux princes , comme al eft expliqué dans ces vers tirés du rournoiement de l’antéchrift, compo- fé au commencement du règne de $. Louis, par Huon de Mery.: Quand les tables oitées furent, C1 jugleur enprès eflurent ; Sont vielles & harpes-prifes Chanfons, lais jvers 6 reprifess Et de pefle chanté nos ont. Et efcuyer, antéchrift font Rebarder par grand deducir, Ils ne chantoient pas toujours ; fouvent ils réci- toient des contes qu’ils avoient compolés , & qu’ils appelloient fabliaux, Voyez FABLIAU. (D. J.) TROYE; ( Géogr. anc. ) Troja, Îlium, voyez LRO NE DQTUE" N | TROYE-GEWICHT , {. m.(Commerce.) on nom- me ainfi en Hollande ce qu’on appelle en France poids de marc; Voyez Porns & Marc. Didionnaire - de Commerce. ER TROYES, (Géog. mod.) ville de France en Cham- pagne, dont elle eft capitale, fur la Seine, à 26 lieues au midi de Rheims ; & à 35 au fud-eft de Paris. Troyes à quatorze paroles , deux abbayes d’hom- mes & une de filles, un féminaire gouverné par les prêtres de la mifion , & dont le revenu eft de . rante-cinq mille livres. Il y a dans cette ville élec- tion , maréchaufée & fiege préfidial, Il y à auffi une commanderie de Malte ; dont Le revenu eft de douzé mille livres ; enfin on ÿ voit plufieurs couvens de religieux & de religieufés. Son commerce 4 été au- trefois très-floriffant. Il confifte aujourd’hui entoiles; en blanchiffage de cire, en chandelle & en vin. Les ftatuts des Communautés de cette ville doivent être reétifñés à plufeurs égards ; fur-tout en fait de maï- trife & de reglemens impoffibles dans l’exécution. Troyes manque de bonne eau à boire, & auroit efoin de fontaines publiques tirées de fources d’eaux vives. Son terroir produit des grains, des vins &c des fruits en abondanée, | Son préimer évêque, S. Amatre , vivoit l’an 346, L'évêché eft compofé de 372 paroïfles & de 98 an- nexes , divifées en huit doyennés fous cinq archi- diacres. Cet évêché vaut vingt à vingt-quatre mille livres de rente. Long. fuivant Caflini, 21, 31!. 30", latit, 48.151, ; san Troyes a pris fon noi des peuples Celtes, Tricaffes ouZrecal[es, que Céfar n’a point connus, mais qu’Au- ufte a dû établir en corps de peuple ou de cité, puif qu'il eft le fondateur de leur ville principale, qu'il, âppella Aaguflobona du Auguflomana, nom qui a été en ufagejufqu'au eiñquieme fiecle. Pline faitmention des Tricanes parmi les Celtes ; fans nommer leur ville Auguflobona ; mais Ptolomée la nomme. Enfuite le nom du peuple a prévalu , 8 Tricaffes a été corrom- pu en Trecæ, enforte que les écrivains qui font venus depuis Grégoire de Tours appellent toujours Troyes, Treca. Après la chüte de l’empite romain , cette ville pañla au pouvoir des Francs ; & après la divifion de la France en Auftrafie & Neuftrie ; Troyes fut de la Neuftrie ; enforte que les rois de la Neuftrie en ont toujours eu la propriété ou la fouveraineté. Lorf- qu’on inftitta une quatrieme lyonnoife fur le déclin de l'empire romain , la ville de Troyes fut mife fous cette province, voilà pourquoi les évêques de Troyes ont toujours jufqu’à préfent reconnu celui de Sens pour leur métropolitain. Jarchiou Jarhi(Salomon), autrement nommé 1/44- cites | rabbin célebre du xi. fiecle , étoit de Troyes ; felon R, Ghédalia & la plüpart des autres chronolo: TRO 55 gtftes juifs. Il commença à voyager à l'âpé dé trente ans. Il vitl’Italie ;enfuite la Grece, Jérufalem & toute la Paleftine; puis il alla en Egypte, &s’abouchaavec le rabbin Maimonides; Il pañla en Perfe, en Tartarie, en Mofcovie , en d’autres pays feptentrionaux, & enfin en Allemagne , d’où il revint dans fa patrie; ayant employé fix années à ce grand voyage. Il fe maria ; & eut trois filles , qui épouférent de favans -rabbins. Les commentaires de Jarchifür Ecriture font fort eftimés des juifs ,| &c quelques-uns ont été traduits en latin par des chrétiens, Genebrard a publié à Paris en 1563 la verfion du commentaire für Joël , & en 1570 celle du commentaire fur le cantiqué des can- tiques. Arnaud de Pontac éft l’auteur de [a traduétion latine des commentairés de Jarchi fur Abdias, fur Jonas & fur Sophonie , qui ont été imprimés à Paris Pan 1566, :z-4°, Henri d’Aquiti publia dans la même ville en 1522 le commentaire de Jarchi fur Efther ; avec des notes. On a inféré finalement tous les com: mentaires de ce rabbin fur lEcriture dans les biblés de Venife & de Bâle. Enfin on à imprimé, avec lé Corps du thalmud ; fes gloffes fur ce grand livre. Oñ met fa moft l’an 1173. Il eft bon de remarquer que lé rabbin Jarchi ; Jarhi; Ifaaki, Ifaacites & Rafci font le feul 8 même homme. Parlons à préfent de quelques-uns de nos faväns chrétiens nés à Troyes, Cauffin (Nicolas }, jéfuite & confeffeur dé Louis XTIT. s’eft fait de la réputation par un ouvrage qu'il intitula , /2 cour fainte, imprimé en 1625 , :7-8°. en- fuite en 1664 en deux volimes :2-4°. enfin en 1680 en deux volumes :7-fo1. On a traduit cet ouvrage en latin, en italien, en efpagnol, en portugais, en alle- mand & eh anglois. Le p. Cauffin favorifa la liaifon du roi pour mademoïfelle de là Fayette, liaifon qui pouvoit fervir à faire rappeller la reine-mere, &dif- gracier le cardinal de Richelieu ; mais le minifire l’emporta fur la maitrefle & fur le confefleur, Made- motfelle de la Fayette fut obligée de fe retirer dans un couvent ; & bientôt après en 1637 le p. Cauffin fut arrêté , privé de fon emploi, & relégué en bafle Bretagne, Il ne revint à Paris qu’après la mort de fon éminence , & mourut dans la maïfon-profefle en 1651; âgé de 71 ans. * Cointe ( Charles le); prêtre de l’oratoire ; naquit en 1611, mourut en 1681, à 70 ans, après ayoir publiéren latin les annales eccléfiaftiques de France, en huit volumes z7-fo/. imprimés au Loüvre par or- dre du roi, Ces annales commencent à lan 235, & finiffent à l’an 83. Elles contiennent les decrets des conciles de France , avec des explications , le cata- logue des évêques & leurs vies, les fondateurs, les privileges des monafteres, les vies des faints , les queftions de doétrine & de difcipline. C’eft un ou- vrage d’un prodigieux travail , d’une recherche fin- guliere , mais dénué de tout ornement , & qui ne fe fait point lire avec plaifir. Le premier volume parur en 1666 , & M. Colbert protégéa l'auteur tant qu’il vécut. | Henrion (Nicolas), né en 1663, mort en 1710, s’attacha à l’étude des médailles, & à la connoïffance des langues orientales. IL füt agorégé en 1701 à l’a- cadémie des Infcriptions ; cependant il #y a rien fous foi nom dans les mémoires de cette académie, & fort peu de chofes dans fon hiftoire. Noble (Euftache le ) naquit en 1643 ; &c fit quan: tité de petits ouvrages en profe & en vers, qui eu- rent un grand cours, Il devint procureur général au parlement de Metz, où fa mauvaife conduite luiayant attiré des affaires fâcheufes , il fut détenu plufeurs années en prifon ; & perdit fa charge. Il mourut à Paris en 1711, à 68 ans, fi pauvre, que la charité de la paroiffe de S, Severin fut obligée de le faire enter- “20 Ts RAC ter. Brunet ,libraire, a recueilli fes œuvres, :&c les a imprimées en vingt volumes 2-1 2.c’efkun mélange d’écrits facrés &profanes, d'hiftoriettes &.de pieces graves , de fables , de contes, & de traduétions en vers des pfeaumes, de fatyres.de Perfe, de comédies, & d’épitres.morales. Pafférat (Jean) , néen 1534, fe rendit très habile dans les Belles-Liettres,.& joignit une rare politefle,ä beaucoup d’érudition. [l fuccéda à Pierre Ramus dans la chaire d’éloquence, & mourut en 1602, à.68 ans. On a de lui, des commentaires {ur Catulle , Tibulle & Properce ,unilivre decogratiene/ierarmm, des no- tes fur Pétrone, & despoélies latines dont les vers marquent beauconpide pureté defiyle. On ne fait pasle même ças.gde ceux de FahbéBou- tard, compatriote de Paterat, néunfiecle après, 8e mort à Paris en1720, âge de 75 ans. Get abbé ayant compofe envers datnsléloge.de M. Bofluet cepré- lat luuconfeilla d'en çompoler une autre à la gloire de Louis IV. 8e chargea de lepréfenier lnimême, Lerourécoppenfa l'auteur par une penfon le mille livres, & M.-Bofluet bu procura des bénéfices qui le mirent fort à fon aife.L'abbé Boutard fe trouvant , la poëfie. -omnoit de des vers tous les :monwmens érigés en l'honneur de fa majefté, & fe croyoit.obl- gé parétat. de ne.laïfler pafler aucun événement te- marquable du regne de ce prince , fans le célébrers cependant le public méptifale poëte , fa verffication commune. fes expreflionsimpropres , êcfes penfées obfcures. 4 \y Mais MM. Pithou freres ont fait un honneur im- mortel à Ja ville de Troyes leur patnie.Pishau (Pierre), célebrejurifconfulte.& lun des-plus favyans hommes du xvj.fecle, naquit en 1539, & mouzut à Nogent- fur-Seine en 1596, à s7.ans, MONT . Perfonne, dit M. de Thou, n'a jamais mieux fu fes affaires domeftiques , qu'il favoxt lhifioire de France 8 des étrangers. La mort de cet homme in- comparable, ajoute-t-il, ayec.lequel je parsageoïs mes foins., &t à qui jé communiquois mes Études, mes defféins ,18c les affaires d'état ,me fut fi fenfble, que je ceflai entierement l'hifiowre que j’avois com- mencée; &y’euffe-tout-à-fat abandonne cet ouvrage, f je n’avois pas cru devoir cette marque de refpeét à {a mémoire ,que d'achever ce quej'avois entrepris par fes.confeils. ù Dans le grand nombre d'ouvrages qu'ila compoié ou quifontAortis defa-bibhotheque , on eflime fin- gulierement fon traité des libertés. de PEghie.galh- cane , qui fert de fondement à fout ce que lesautres en ont qui l’empé- che de pañler facilement au moulin, & qui en géné- ral la rend peu fufceptible de fe prêter à toutes leurs manipulations, | Il paroit donc que toutes les qualités requifes par nos ouvriers pour la matiere du blanc font ; ro. qu’ elle foit très-blanche; 2°. qu’elle foit tendre & fria- ble; 3°. qu’elle ne foit point vifqueufe ; 4°, qu’elle foit exempte de toute terre ou pierre étrangere , tels que les petits graviers où molécules ferrugineufes ; les ouvriers prétendent qu'il ne faudroit qu'un grain de gravier gros comme une tête d’épingle pour ar- rêter l'ouvrage du moulin & les obliger à le démon- ter ; la craie de Villeloup réunit toutes ces qualités; | | FYyy 722 TRO elle donne le plus beau blanc, elle eft fans aucun mélange , & fe prête à tous les procédés effentiels dont nous venons de donner les détails, Ces confidérations nous conduifent naturellement À faire mention du blanc quife façonne au Cavereau village à 9 lieues au-deffous d'Orléans, fur la Loire, & dont M. Salerne, médecin à Orléans, & corref: pondant de l'académie des Sciences parle, dans un difcours inféré, rom. II. p. 5: des mémoiïres préfen- tés À cette académie ;il nous apprend que cette craie de Cavereau eft grafle & liée, propre à fe détacher en mafle comme la marne, & que les habitans de Cavereau la mêlent par petits tas, qu’ils pétriflent à piés nuds en Ôtant toutes les perites pierres & en y jetrant de l’eau à différentes repriles. Après cette pre- miere préparation ils en forment des rouleaux oros comme le bras, puis ils les coupent au éouteau par morceaux de la longueur d’environ quatre à cinq pouceswpour les mouler quarrément êc uniment en les rapant fur une petite planche. Tel eft, ajoute-t4l, le blanc d'Efpagne qu'ils nomment grard blanc ou blanc quarré, à la différence d’une autre forte qu'ils appellent perit blanc ou blanc rond ; le dernier eft effedivement arrondi en forme de mamelle, il eft plus fin & plus parfait que le précédent, parce qu’é- tant façonné à la main, il contient moins de gravier ou de pierrettes. Ce travail dure jufqu’a la vendan- ge, ou jufqu'au commencement des froids & des mauvais tems, alors ils le ceflent, parce qu'il faut un beau foleïl pour fécher Le blanc. J Après ces détails de la préparation du blanc au Cavereau, on peut fe convaincre aifément que les différences {ont à l’avantage du blanc façonné à Troyes; il paroit d’abord que la vifcofité eft très- marquée dans la craie de Cavereau, ainfi que lesra- vier & autres pierres dures, &T grumeaux ferreux, ochreux , &c. J'ai vû moi-même dans ce village la. matiere du blanc, c’eft une marne blanche, douce au toucher, qui boit l'eau avec avidité, &c fe réfout en pâte qui fe paitrit aifément; je l'ai trouvé mêlée pour-lors de petits débris de cos & de filex qui cou- pent quelauefois Les doigts des ouvriers qui la pai- triflent ; cette propriété qu’elle a de fe patrir &r de {e réduire en une pâte molle qui s’alonge fous les piés, femble indiquer une qualité argilleufe qui he les parties, & permet de fécher les pains au foleil fans qu’ils fe gercent; en un mot elle a tous les cara- Atcres de la marne, les pains d’ailleurs fe féchent très-aifément, parce que la marne quitte l’eau plus facilement que la craie ; en conféquence de ces 1m- perfeétions dans la matiere premiere, les manipula- tions ne s’y exécutent pas avec les attentions fcru- puleufes dont on ufe à Troyes; on voit bien que le mélange des petites pierres ne permettroit pas de faire ufage du moulin; les différentes qualités du blanc d'Orléans dépendent, à ce qu'il paroit, du lus ou moins de gravier qui s’y trouve mêlé ; au- je qu’à Troyes tout eft égal, à la trifuration près; enfin les ouvriers de Troyes évitent le foleil, & y fuppléent par un procédé très-ingénieux , qui n’eit peut-être pas néceflaire au Cavereau, vû la vifcofité de la craie, car Paétion du foleil qui féche les pains du Cavereau, feroit gercer ceux de Troyes. Je foupconne que le nommé Wignereux, qui le premier a façonné le blanc au Cavereau , & qui y a laiflé beaucoup de fes defcendans, comme le rap- potte M. Salerne, eft un homme forti de Troyes, car il y a encore dans un fauxbourg de Troyes une famille de ce nom; cet homme aura reconnu une certaine analogie entre la matiere marneufe du Ca- Yereau & le #lanc de Troyes, maïs ou il nétoit pas inftruit du procédé des artifans de Troyes, owplu- tôt il aura trouvé une matiere, peu fufceptible de leurs préparations par les raifons que nous avons dé- faillées, : Inftruit de tous ces faits, j'ai été curieux de cora parer enfemble les effets du blanc de Troyes avec ceux du #lanc d'Orléans, & d’après la plus légere infpeétion & les ufages les plus communs ,ilny a pas lieu d'héfiter à donner la préférence à celui de Troyes, les couches du Banc de Troyes font plus uniformes, plus brillantes, plus blanches, parce que les molécules en font plus fines &c fans aucun mé lange de grumeaux pierreux , tels qu’on les découvre aifément à l'œil dans les pains d'Orléans; enfin fi Pon emploie le blanc de Troyes comme terre ablor- bante, il y a tout lieu de croire que la matiere n’ayant aucune vifcofité , & étant d’ailleurs réduite’ en molécules plus fines que celles du #/anc d'Orléans, doit avoir des effets beaucoup plus complets &r beau coup plus prompts, car les terres abforbantes agif= fent en proportion de la divifion de leurs parties ;! d’ailleurs les petites pierres &c filex du blanc d'Orléans’ peuvent déchirer les étoffes &r les parties ochreufes, les tacher, lorfqu'on emploie le blanc pour les de- grailler. | Depuis quelque tems on débite à Parié des pains de blane encore plus groffier que celui d'Orléans, fous le nom abuff de blanc d’'Efpagne; la matiere de ce blanc fe tire proche de Marly &t au-deffous de Meudon , on la détrempe dans des tonneaux ; on la brafle, & l’on tire Peau chargée des molécules craieu- fes qu’on laïfle repofer enfuite, & on forme les pains du fédiment qu’on fait fécher comme ceux du Cave- reau, la craie paroit fort grafle au toucher, mêlée de matiere ochreule. L’ufage du blanc eft affez connu, on en blanchir les appartemens ; il fert, comme nous Pavons dit de terre abforbante pour dégraïffer les ferges , les draps, les couvertures, au “lieu de les blanciur aw foufre; on en met aufli une premiere couche avec de la colle fur lesmoulures qu’on fe propofe de dorer ; il fert auf de bafe pour étendre certaine préparation terreufe colorée. FE La matiere brute voiturée à Troyes vaut 4 à 5 fols le boïffeau du pays; les ouvriers prétendent qu'il en ‘ faut trois boifleaux pour un cent pefant, rifais on em peut douter, fi on confidere que le boïfeau de ‘Troyes contient 20 pintes du pays, qui cortefpon- dent à 24 pintes de Paris; & comme on mefure com- ble la matiere brute du blanc, il eft à préfumer que le boïifleau contient alors 26 pintes de Paris; il ne paroït pas vraiffemblable qu'ils emploient 78 pintes de blanc pour un cent pefant; quoi qu’il en foit , le blanc d’une médiocre qualité fe vend aétuellement 25 à 30 fols le cent; & le plus parfait quelquefois jufau’à 40 & 45 fols Le cent pefant pris en gros. Cette marchandife eft plus chere en tems de paix. Le blanc brut augmente auf de prix à proportion. Les vinaï- griers de Troyes en font des envois dans tout le royaume, &cmême en Allemagre. Foyer Mémoires de latadémie des Sciences, arnée1754,èles Ephé: mérides troyennes, année 1759. Article de M. DEs- MARAIS, | 4 TRUAGE, (Jurifp.) Voyez ci-devant FREU: TRUAND , f. m. (Langue franç.) truand, truan: de , truander ; truandaille, font de vieux mots qui étoient autrefois fort en ufage, comme il paroït par le roman de la Rofe, Villon, l’auteur della comédie de Pathelin, &c autres. | Truand fignifioit un mendiant valide qui fait mé tier de gueufer ; sruander, demander l’aumône par fainéantife, par libertinage ; sruanduille, nom colle Gif pour dire de la gueuferie, des gueux, des vau- riens: ce mot fe trouve, dans la vieille bible des noëls. 2h Vous n'êtes que truandaille , Vous ne logerez point céanss D, ENG … Trüande s’eft dit encore dans le dernier fecle a figuré, pour une falope, Vars TRU Æh] truande, as-tu bien le courage , Al À c De me faire cocu 4 la fleur de mon àge. Mol, Ces mots pourroient donc bien venir de sillon, qui, en langage celtiqué ou bas-breton, fignifie gue- alle. Nicod prend auf le mot de sand pour un ba- teleur. Boreladit sualré pour geuferie. Il ajoute querruand, truande, truandaille , {e prennent pour des {ouillons : des fouillones, 8 comme qui diroit, tripiers, tripie- res, sriperta, d'où vient la rue de la Truanderie, qu'on appelloit anciennement par cette raifon, vicus Tru- cerarie ,felon le chartulaire de S. Lazare. (D. J.) TRUAU , f. m. (Mefure de continence.) cette me- fure tient un boifleau & demi; elle eft d’ufage en cer- fains cantons du royaume. Didionnaire des arts. TRUBICE , LA, (Géogr. mod.) riviere de Polo- gne, au palatinat de Kiovie. Elle fe jette dans le Bo= tyfthène, à deux mulles germaniques au-deffous de Péreflaw. ( D. J.) TRUBLE, foyez PALETTE. TRUBLE 04 TROUBLE, qu’on appelle en quel- ques endroits éxiguerte, (Péche.) c’eft un petit filet de pêcheur, qui a à-peu-près la figure d’un grand capuchon à pointe ronde, dont l’ouverture eft atta- chée à un cerceau , ou à quatre bâtons fufpendus au bout d’une perche: on s’en fert pour pêcher les écrevifles , & aufli pour d’autres poiflons. On amor- ce la sruble avec une poignée de vers de terre, qu’on enfle par le milieu du corps, & qu’on lie pour pen- dre au haut de ce filet, de forte qu’ils foient à demi- pié du fond du filet quand on le plonge dans l’eau. TRUBRIDGE , (Géog. mod.) bourg à marché d'Angleterre, dans le Wiltshire, Il eft renommé par fes ouvrages de laine. (D. J TRUCHEMENT , f. m. (Gramm.) interpete com- mun entre deux perfonnes qui parlent des langues différentes. TRUCHEMENT, (Æ%f. rom.) en latin £nrerpres. Quoique prefque tous les Romains entendifient & parlaffent le grec, cependant les gouverneurs de pro- vince avoient toujours avec eux un srzchément , mê- me dans les provinces où on parloit grec, comme dans la Sicile, dans PAfe mineure, dans la Macédoi- ne, parce qu'il leur étoit défendu de parler une au- tre langue que la latine, lorfqu’ils étoient en fonc- tion. On peut citer pour preuve Cicéron, à qui Pon reprocha d’avoir parlé grec dans le fénat de Syracu- fe , pendant qu’il étoit quefteur en Sicile. La répu- blique entretenoit auffi des sruchemens dans les villes de commerce, & fur-tout dans les ports de mer, pour la commodité des étrangers de différentes na- tions qui y abordoïent. (D. J.) TRUCHEMENT, (Æif. mod.) dans les contrées du Levant fignifie un Zzerprere ; ce font ordinairement des Grecs où des Arméniens qui rempliflent cette fonétion à la cour du grand-feigneur. Voyeæ Droc- MAN. , | TRUHSES,f. m.(AÆif. 2104.) nom d’une des qua- tre anciennes & principales charges de empire de Conftantinople, & de celui d’Allemagne. On appel- loit autrefois celui qui en étoit revêtu, prepofisus menfe regiæ : on l’a nommé enfuite archi-dapifer. La fonétion de Parchi-sruchfes en Allemagne , au cou- ronnement de lPempereur, confifte aujourd’hui à potter fur la table de ce prince, entre deux plats d’ar- gent, une piece du bœuf qu’on rôtit tout entier à cette folemnité. Autrefois les empereurs donnoient cet emploi, felon leur choix, à quelque prince de l'empire , jufqu’à ce que cette charge fût attachée à la maifon Palatine, qui la perdit ainfi que l’éleorat en 1623 ; mais elle lui fut rendue en 1708, & de- puis elle repafñla à la maifon de Baviere en 1714. La Tome XVI, ; T RU 723 chatge de #chfes héréditaire de l'Empire fous Las. chi-sruchfes, appartient aux comtes de W aldeboure. Voyez ARCHI-DAPIFER. Codin, de offic. aulæ Conf- tantinopol, Fauchet, de l'orig. des dignités, Supplèm. de Moreri , tome IT. TRUDEN, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans le: cercle de Weftphalie, au diocèfe de Liege, entre Tongres &c Tirlemont: L’évêque de Liege en eft co-feigneur avec l’abbaye des Bénéditins, que $. Trudo fonda dans cette place, l'an GA. TRUEC, (Géog. mod.) en latin du moyen âge Truccia; bourg de lile de France. Landry maire du palais , gagna à Truec en $o3 , la bataille donnée en tre l’armée de Clotaire Il. roi de France, & l’armée de Childebert roi d’Auftrafie. Mais quel eft l'endroit où s’eft donnée cette bataille, & où pat conféquent doit-on placer le bourg de Truccia ? La plupart des : modernes, entr’autres M'. de Valois, de Cordemoi, êt le P. Daniel, croient que Truccia eft Trouci ou : Dior, fur la Demete ; cependant Trouci eft dans le : Laônois, & l’hiftoire dit que Truccia étoit dans le Soiflonnois, au royaume de Neuftrie. M. Robbe a aflez bien prouvé dans une differtation {ur ce fujet, que Truec étoit dans le Soiffonnois, fur la rive gauche - de lAtfne, & qu'il fe nomme aujourd’hui Prefle Le corrrmun, (D. J.). . TRUELLE , £ f (Maçonn.) outil de fer poli y O de cuivre, emmanché dans une poignée de bois, qui fert à un maçon pour rendre unis les enduits de plà- tre frais, &c à prendre le mortier dansle baquet. Il y a des sruelles triangulaires, dont deux côtés font trane : chans pour grater & nettoyer les enduits de plâtre : au fas , & dont l’autre côté eft breté ou brételé, c’eft- a-dire a de petites hoches en maniere de fcie > pour faire des brétures, gravures, ou raies quiimitent cel- : les de la pierre de taille en badigeonnant. (2.7) TRUELLE BRETÉE , {. f. serme de Maçon, {orte de : cruelle particuliere qui a des dents, & qui fert aux ‘ maçons pour nettoyer le plâtre, lorfque le mur eft : enduit. (D. 7.) TRUELLE, er rerme de Raffinerie de fucre, eft un outil femblable à celui des maçons, excepté que ce- lu-cia le coude bien plus long. On s’en fert pour : faire les fonds , Voyez FONCER ; pour ramafler dans : les poëlettes ce qui fe répand par-deflus les bords des chaudieres. Voyez Poërerres, & les firops qu’on renverfe fouvent par accident. Voyez les PL, de Raffinerie du fucre. | TRUENTUS, (Géog. anc.) riviere d'Italie, dans : le Picenum. La ville 4/culum-Picenum (Afcoh }, ca- pitale du pays, étoit bâtie fur fes bords, dans len- droit où elle reçoit le fleuve Caftellanum. A fon em- bouchure étoit un lieu fortifié nommé cafirum Truer- num. Pline, . LT. c. xiüij. qui nomme le château Trueñtum , parle auffi de la riviere qui lui donnoit fon nom. Strabon, Z. W. p. 241. fait mention de la riviere fous le nom de Thesyriyos Torauos, Îruentinus amis, Gt y met une_ ville de même nom. Le nom moderne de cette riviere eft Tronso. (D.J.) FRUFFE, £ £ (Æf. nat. Bo.) tuber ; genre de plante qui ne fort pas hors de terre, & qui n’a ni ra- cines, nitiges, ni feuilles. La truffe eft ordinairement arrondie, & couverte d’une écorce inégale, rabo- teufe 8 hériflée de tubercules en pointes de diamant. Sa fubftance eft dure, calleufe & interrompue par un grand nombre de fentes finueufes, de forte qu’el- le paroît divifée en plufieurs parties, comme la noix mufcade ; elle eft remplie de capfules molles, en for- me de veflies, arrondies & très-petites, qui renfer= ment chacune deux, trois ou quatre femences ron- des où arrondies, & dont la furface eft inépale, Mi- chelli nova plant. amer. genera. V. oyez PLANTE. TRUFFE, (Boran.) genre de plante dont voici les caraéteres connus ; Les truffes font dune fuftance YYyyi 72A TRU chaine , forigueufe , de forme itréguliere:, crorflant £n terre; elles font quelquefois féparées, & quelque- “fois réuries enfemble. . ï. S'ily a des animaux, qui ont peu l'air d'animaux, “1 ne‘fut pas être furpris qu'il y ait aufi des plantes “qui n’en ont pasda mine. Lessrujfes font de ce nom- “bre ; elles n’ont ni racines, ni filamens qui en tien- nent lieu, nitiges, ni feuilles, n1 feurs apparentes, “8 nulle apparence de graine. Il faut pourtant qu'elles jettent des femences pour fe multiplier, En un mot, àl faut que ce foit des plantes. Elles méritent bien par Jeur fingulatité, qu’on recueille ici ce qu'en ont écrit -quelques.phyfciens, & M. Geofroy entrautres ,;qui a faitun mémoire fur leur nature. Tous les corps qui paroïffent végéter, fe peuvent battager généralement en deux clafles. La premiere, -de ceux à qui il ne manque rien de tous les caraéteres -des plantes. La feconde, de ceux à qui ilen manque “quelques-uns. Parmi ces derniers les uns manquent de fleurs apparentes, comme le figurer dont-on croit a fleur renfermée au-dedans du fruit. D’autres man- -quent de fleurs & de graines apparentes, comme la plupat des plantes marines dont on foupçonne les “Æemences renfermées dans des véficules particulie- res. D’autres'n’ont que des feuilles fans tige, comme e Kchen., le Zaduca marina, & le noftoch. D’autres ont des tigés fans feuilles, comme les euphorbes, la prefle,lelitophyton, 6. D’autres enfin, n’ont pour ainf dire, aucune apparence de plantes, puifqu’on n’y diftingue ni feuilles, ni fleurs, ni graines. De ce genre font la plupart des champignons, les éponges, les morilles & fur-tout les suffer , qui de plus n’ont ‘point de racines, Les Botaniftes Les ont rangées dans Vordre des plantes, parce qu’on les voit croître &c multiplier ; ils ne doutent point qu’elles n’aient du- moins les parties eflentielles des plantes, f elles n’ont pas les apparentes , de même que les infeétes ont la partie eflentielle à animal, quoique la firuétu- re apparente en foit différente. Cette forte de plante eft une efpece de tubercule charnu, couvert d’une enveloppe ou croûte dure, raboteufe , chagrinée , & gercée à fa fuperficie, avec quelque régularité, telle à-peu-près qu’on l'apper- coit dans la noix de cyprès. Elle ne fort point de ter- re; elle y eft cachée à environ un demi-pié de pro- fondeur. On en trouve plufieurs enfemble dans le même endroit, qui font de différentes groffeurs. IL s’en voit quelquefois d’aflez groffes pour être du poids d'une livre ; & ces dernieres font rares. Il ne paroïît pas que les anciens aient connu notre truffe, car ils décrivent la leur de couleur rougeûtre, & d’une furface lifle ; efpece de srwffe qui eft encore commune en Italie, & qu’on appelle rruffe fauvage , mais dont on ne fait aucun cas. Il eft vrai cependant que les Romains recevoient quelquefois une sruffe blanche d'Afrique, qu'ils eftimoient fingulierement pour fon odeur ; ils la nommoient sruffe de Lybie, êc les Grecs fort peu au fait de toutes les produétions africaines , appelloient celle-ci /y cyrénaique. . Avicenne met au rang des meilleures sruffes ; cel- les qui font en-dedans de couleur blanchâtre , ou pour mieux traduire le terme qu’il emploie, de cou- leur de fable, faifant allufion au fable grifâtre qui étoit en ufage de fon tems. Pline dit avec peu d’exac- titude, que les sruffes de Lybie étoient plus charnues que les autres. Theophraîte s'exprime bien mieux, en difant que leur chair étoit d’un excellent parfum, pour les difnguer des suffes de la Grece qui étoient anfipides. Comme les uffes de Lybie venoient dans les fables brûlans de cette région, on les appelloit truffss fablonneufes ; & Martial y fait allufion, lor{- qu'il décrit les meilleures suffes , comme faifant des crevañles fur la furface du terrein. Il eft vrai, que mous ne voyons point que la terre le fende dans les ÎTRU endroits’où elle porte des s#ruffes; 8 Pline lui-même aflute que les:sruÿfes font enfouies en terre, fans don: nér ancune indication de leur place ; il a fans doute raifon pour les sruffes romaines, &c le fait eft égale ment vrai pour les nôtres ; mais puifque Martial par: le des sruffes de Lybie, 11 faudroit avant que de le cenfurer, favoir fi les sruÿfes d'Afrique fendent ou non, le terrein des endroits où elles fe trouvent; & c’eft furquoi nous avons par hazard le témoignage de Léon lAfricain. Get auteur qui eff fort exa@ dans fon détail dessruffes de Lybie, rapporte qu’on recon- noit les endroits qui produïfent des zuffes, par la fur- face de la terre, élevée en petites mottes, & fendue en un grand nombre de crevafñles ; mais laïflons les rruffes d'Afrique , pour parler de celles de l'Europe qui font fous nos veux , & de caraëtere bien diffé= rent. Les bonnes font communes en Italie, en Provens ce, en Dauphine, dans le Languedoc, PAngoumois, & le Périgord , où elles font les meilleures. Il en croît auf en Bourgogne & aux environs de Paris. I en vient dans le Brandebourg, & en d’autres endroits d'Allemagne; M. Hatton a le premier découvert les truffes de Northampton, province d'Angleterre, & Morton les a décrites dans fon hiftoire naturelle du pays. On remarque que les sruffés viennent plus ordinai- reïñent dans des terres incultes, de couleur rouge4- tre & fablonneufe, quoi qu’un peu grafles. On les trouve au pié & à l’ombre des arbres ; on les trouve aufñ quelquefois entre des racines, des pierres, & quelquefois en pleine terre. Teur arbre favori eff le chène ou le chène-verd, ou le chène blanc, comme l’orme eft celui de la morille. On commence à voir des sruffes au premier beau tems qui fuit les froids, plutôt ou plus tard, fuivant que Le tems eft doux , mais à la fuite du grand hiver, elles ont été très-rares, Elles ne paroïffent dans leur naiffance , que comme de petits pois ronds, rouges au-dehors , & blancs en-dedans; ces pois groffflent peu-à-peu. C’eft depuis ce tems-là, qu’on commence à tirer de la terre celles qu’on nomme sruffès blan= ches. Elles font infipides d’elles-mêmes , & on les fait fécher pour entrer dans Les ragouts, parce qu’el- les fe gardent mieux féches que les marbrées, C’eft l'opinion commune , que les suffes qui ont été une fois déplacées ne prennent plus de nourritu- re, quand même on les remettroit dans la même ter re d’où on les a tirées ; mais fi on les y laïfle jufqu’à un certain point fans les déranger, elles groffiflent infenfiblement ; leur écorce devient noire, chagri- née, ou inégale, quoiquw’elles confervent toujours leur blancheur au-dedans ; jufqu’à ce point, elles ont très-peu d’odeur &t de faveur, & ne peuvent encore s’employer qu’en ragoût ; & c’eft toujours ce qw'on appelle premieres sruffes blanches , dont il ne faut point faire une efpece différente des marbrées & des noires, que l’on recueille depuis l'automne jufque en hiver après les premieres gelées, car ce ne font que les mêmes à différens points de maturité, La sruffe blanche eft dans fon premier état, com= me une plante qui eff tout-à-la-fois racine, tige & fruit, dont le parenchime fe gonfle de toutes parts, & dont les parties fe développent infenfiblement. A mefure que la sruffe fe gonfle , l'écorce fe durcit, fe verce , en différens endroits pour donner plus de nourriture à la maffe qui eft plus grofle; alors la sruf fe change de couleur , & de blanche qu’elle étoit, on la voit infenfiblement fe marbrer de gris, '& on n’apperçoit plus le blanc que comme un tiflu de ca- naux qui fe répandent dans le cœur de la sruffe , 8 qui viennent tendre aux gerces de l'écorce. La matiere grife qui eft renfermée entre ces ca- _ maux, étant confidérée au microfcope, paroït être ur, parenchi mè traniparent , compoté de véficnlés. At miliéu de cé parenchime , on voit des.points noirs, ronds, féparés les uns des autres, qui ent tout l’aif d’être des graines nourties dans ce parenchine dont elles ont obfcufci la couleur, & où il n’y à que les vaifleaux & quelques cloifons qui font reftées blan- €hes. e Lotfque les sruffes font venuëès à ce point de ma- tutiré, elles ont une très-bonne odeur & un très-bon goût. La chaleur & les pluies du mois d’Août les font mürit plus promptement; c’eft ce qui peut avoir don- né lieu à quelques auteurs de dire que les orages & les tonneres Îes enfantoient. En effet, on ne com- mence à fouiller les bonnes sruffès, que depuis le mois d'Otobre jufqu’à la fin de Décembre, &c quel- quefois jufqu’au moîs de Février, où pour lors elles #ont matbrées ; au lieu que celles que l’on ramafñe depuis le moiïs d'Avril, jufqu’au mois de Juillet & d’Août, ne font encore que Blanches, Si on manque à ramafler les sruffes lorfqu’elles font à leur point de maturité, elles fe pourriflent: c’eft alors que lon peut obferver la reproduétion de la zfR, parce qu’au- bout de quelques tems, on trouve plufeurs amas d’autres petites zraffes qui occupent la place de celles qui font pourries. Ces jeunes srufes prennent nour- ritute juiqu'aux premiers froids, Si la gelée n’eft pas forte, elles paffent l'hiver, & forment de bonne heu: te les 2ruffes blanches du printems. Le grand froid de 1709-eft encoré une preuve de te qu’on vient d'avancer, puifqu’on n’a yû des sraf- es que dans automne de la même année ; les plus avancées qui auroient dû paroitre au printems, ayant péri par la rigueur de la fafon, au lieu que Pannée précédente, elles avoieñt été très-communes. _ On ne remaraue ni chevelu , n1 filamens de raci- Cines aux sruffes qu’on tire de terre. Elles en font en: veloppées de maïiere, qu’elles y impriment les tra- ces de leur écorce, fans y paroître autrement attas chces. Elles font fujettes comme les autres racines,à être percées de vers; celui qui s'attache à la sruffe eft un ver blanc affez menu, &c différent de ceux qui haiflent de leur pourriture : par la fuite, il forme une / A nl . r e féve renfermée dans un nid tiflu d’une foie blanche Fort délice. Il en fort quelque tems après une mouche bleue; tirant fur le violet, qui s’échappe de la truf- fiere, par des gerçures qu’on y obferve. Dès qu’on apperçoit de ces fortes de mouches, on les regarde æomme tn indice certain qu'il y a des sruffes dans l'endroit autour duquel on les voit voltiger; mais ñous ferons un article à part du ver de sruffe. | Quañd une éruffe cuite a été piquée du ver, on s’en apperçoit à l’amertume qu’elle a au goût ; & en y fai- fant un peu d’attention , on reconnoit que l’endroit de la piquure eft plus noir que le refte, & que c’eft de-là que vient cette amertume, le refte de la sruffe ayant un bon goût. Si on l’ouvre crue à l'endroit de la piquure, on y découvre aifément le nid du ver, & un efpace autour fans marbrure, d’une couleur difé- æente du refte de la sruffe, & qui approche de celle du bois pourrns | el _ On a obfervé avec Île mmicrofcope la fuperficie des éruffes, & ona remarqué que certains points blancs qui s’y trouvent, étoient autant de petits infeétes qui les rongent. Ils fuivert les fillons de l'écorce pour ouvoir tirer plus de nourriture; ées infeétes font Fe & tranfparens, de figure ronde à=peu-près comme les mittes, Ils n’ont que quatre pates & une fort petire tête, 1ls marchent même aflez prompte- iment, s : . Ces infeè@tes fe nourriffent du fuc nourricier de la truffe ; la preuve eft qu’on en a trouvé qui s’étoient retirés dans le canton qu’avoit habité un ver , ils étoient devenus quoique tranfparens , d’une couleur de café, telle que celle de l’endroit où le ver avoit niché. I eft à remarquer que la terre Qui produit la truffe ne porté point d’autres plantes au-deffus de 14 truffiere ; la safe en fouftrait Le fuc nourricier, où peut-être par {on odeur fait périr, & empêche les herbes d'y poufler. Cette derniere raïton paroït aflez probable, d'autant que la terre qui porte la truffe feat la sruffe. Lies payfans en certains endroits font un tel profit fur le débit des sraffes , que celà les rend fois gheux de découvrir les truffieres ; enforte qu'ils des viennent très-habiles en ce métier, 1 \ Ils connoïfient l'étendue d’une trufiere à 8 qu'il n’y croit rien, & qué la terre eft nette de toute her: be. En fecond lieu, fuivant la qualité de la terres lorfque la trufiere eft abondante, elle fe berce en différens endroits. Ils la reconnoïflent encore, À cé qu’elle eft plus légere ; ils la reconnoifent enfin , à ces petites mouches bleues & violettes dont j’ai pars lé, &c à une autre efpece de groffes mouches noires; longues, différentes des premieres, qui fortent des vers qui s’engendrent de la pourriturede la truffe , & tout femblables à ceux qui naïflent de toute autré matiere pourrie. Il y a une habileté à fouiller les truffes, {ans les cous per,fur-tout lorfqu’elles fontgroffés, Pour lestirer, les payfans ont une efpece de houlette ; dans d’autres endroits , ils ne s’en rapportent point à eux-mêmes pour cette recherche, maisilsontrecoursäun moyen dont parle Pline & d’autres auteurs, Il faut favoir, que Les porcs font fort ffiands de éruffes ; on fé fert donc d'un dé ces animaux qu’on dreffe à les cherchers ët à les rer. Il faut être prompt à leur Ôter les srxfà fes qu'ils découvrent , & leur donner quelque chofé à la place pour les récompenfer , fans quoi ils fe res buteroient, & laferoient-là une chaflé qui leur fes roit infruétueufe. Dans le Montferrat, ils ont des chiens dreilés à cette chañle ; il en eft de même ert Angleterre, & cette derniere méthode a fes avan tages. FT . Voilà en général les obférvations de M. Geofrof fur la sruffe. Je vais préfentement en déterminer leg efpeces d’après Tournefort; il en compte deux, qu’il diftingue par leur figure. La premiere, eft la ronde ; dont on voit la figure dans fes éléments de Botanique; la même que celle qui eft dans Mathiole & dans les autres Botaniftes. Cette efpece eft celleque l’on mans ge en ce pays, & qui eft connue de tout le mondes La feconde efpece eft celle que Mentzelius nomme dans fon pugrllus rariorum plantaruni,truffes d’Allema- gné , tubéra fnbterranea tefliculorum forma. Cette srufà | fe eft différente des autres par fa figure, & par fa couleur interne, qui, au rapport de cet auteur, eft d’un roux tirant fur le verdâtre, fémblable à la cou leur interne des vefles de loup de nos bois: peut-être que s’il les éût otivertes en d’autres rems, il les eût trouvées d’une autre couleur. Illes compare même à une matiere qui change de couleur comme elles. Mentéelius découvrit cette efpece dans les moig d'Aôût & de Septembre, qui eft le tems oùelles ne font pas encore müres,. & en un certain canton de là marche de Brardebourg.. | Sur ce pié-là, nous n'avons encore en Europe que deux efpeces de #ruffes qui different par le port extérieur , & nous ne devons point prendre les as riétés de couleurs internes, n1 les différentes grofs feurs pour des caraéteres de différentes efpéces, puifs que les racines ou les pierres qu’elles rencontrent ert orofhflant , leur peuvent donner différentes formes: La sruffe et donc une plante & non poirit une mas tiete conglomerée , ou ün excrémerit de là tetre ; comme Pline la penfé, en rapportant pour preuve une hiftoire d’un gouverneur de Carthagène , qui eri mordant une #uffe , trouva fous fes dents un deniers Cette preuve n’eft point fufhfante , puifque le hafard peut avoir fait que la ézfe eñ grofMifant ; ait énves +26 TRE loppé ce demier, comme on voit arriver pareilles chofes à certains arbres, de la végétation defquels on eft perfuadé. Il me paroït mème que Pline ne fa- voit à quoi s’en tenir, puiquil rapporte enfuite, que l’on obfervoit que les rruffes ne venoient auprès de Mételin dans Pile de Lesbos, que quand le débor- dement des rivieres en apportoit les femences d’un endroit nomimné Tiures , dans la terre ferme d’Añe, où1l y avoit des truffesen quantité. | ec 1 Peut-être que lon pourroit mulfipher Îes sruffes en tentant différensmoyens, puifque nous les voyons multiplier dans la terre. Cette reproduétion nous confirmeroit l'opinion que les graties font renfer- mées dans l’intérieur de la sruffe, & que ce font ces graines & ces points ronds qui forment le parenchi- me de lasraffe\Ce parenchime eft foutenu par des f- bres qui vont irrésulierement de la cifconférence au centre, & fout traverfé par des canaux blancs qui forment la marbture de la sruffe. Quelquefois ces ca- naux s'étendent en formant des plaques blanches, compofées de véficules tranfparentes plus déliées que les autres; en forte que vues de côté, elles for- ment une furface unie, blanche; confidérées perpen- diculairement, elles larfent difcerner à-travers elles, des points noirs; fi ces points font les graines de la _æraffe, eff probable que les plaques blanches en {ont comme les fleurs, y ayant toute apparence que les fleurs doivent être renfermées dans la suffe avec les graines. | Quoique les fibres de [a sruffe foient fort délices, elles nelaïffent pas toutes enfemble:, d’avoir aflez de force pour téfifter quelque tems à Pefort que l'on fait en Les tirant enlons. On les obferve mieux dans une sruffe pañlée que dans une autre, parce que le tiflu charnu étant flétri, laifle appercevoir les locu- les qu’elles occupoient, & qui rerii en les exprimant, le fuc donteelles étoient chargées. Si'au contraire on tire ces fibres de côté, elles te déchirent en fe fépa- rant en plufeurs lames dans le fens des fibres. Une preuve que ce 10nt des fibres ; c’eft due l’endroit qui a été sûâté parléwver, étant vu au microfcope, paroît être femblable à du bois pourti; en forte que ce ne {ont plus. que des fibres ou des lames fans fuc, fans véficules, &c fans les points qui font peut-être les graines, On les trouve comme criblées aux endroits où ces matiefes auroient dû être ; d’où l’on peut con- jeéturer que les vers ou les infeétes ont fouftrait le fuc nourricier, puifque les infeétes de la srufe ont la même couleur que la #xffe dans endroit qu’ils ont piqué. | Au refte, tout ceci n’eft que pure conjettüre ; car nos phyficiens étant rarement à portée d’une truffe- re, n’ont point encore cherché, comme il convien- droit , à approfondir tout ce qui concerne la végéta- tion de lasruffe. Ce ne font pas les payfans qui dé- couvriront ce myftere , moins encore ces perfonnes voluptueufes qui font leurs délices de ce mets, & qui, comme difoit Juvenal de leurs femblables, Libidinis alimenta per omnia querunt. (Le chevalier DE JAaucoOURT.) TRUFFE, ( Ditre. ) quoique la rufe contienne une aflez bonne quantité de matiere alimenteufe, cependant fon goût très-relevé eft caufe qu’on Pem- ploie principalement à titre d’aflaifonnement ou d’ir- ritamentum pulæs La confiftence naturelle de la sruffe qui eft d’un tiflu dur & ferré , n'empêche point qu’elle ne foit de facile digeftion. On n’obferve point dans les pays où elles croiflent abondamment, & où on en mange beaucoup, qu’elle caufe des indigeftions | ni même qu’elle fatigue l’eftomac. Le véritable inconvénient de leur ufage ft d’échauffer confidérablement, mais cependant fans exciter la foif qui eft Le plus impor- TROUS tu de tous, les. accidens de Péchaufement propre- ment dit. + | La vertu d’exciter l’appétit vénérien qu’on leur attribue eft très-réelle ; elle s’y trouve même en un degré fort énergique. Ainf elles ne conviennent cer- fainement point aux fempéramens fanguins, vifs, bouillans , portés à l'amour , n1 à ceux qu font obli- gés par état à s’abftenir de l’aête vénérien, | … Une obfervation rapportée à l’article POULE DIN DE ( diete ) , voyez cet article, femble prouver que le principe aromatique de la sruffe eft anti-fceptique où affaifonnant. (8) » TRUFFÉ DE CERF, ( Boran. ) efpece de champi- gnon nommé swber cervinum , OU cervi bolerus, par J. B. 411. 831. Lycoperdaftrum tuberofum , arrhizon , fule Vu, cortice duriore, craffo, & granularo ; medullé ex aibo purpurafcente ; femine nigro, craffiore, Mich. rov. pen, plant, 220. n°. 10. tab. 99. fig. 4. Cette efpece de champignon ou de sraffe, eft de la groffeur d’une noix, quelquefois d’une noïfette , &même plus petite, arfondie, raboteufe, inégale; d’une fubftan- ce qui n’eft ni dure, ni molle, & d’un noir pour- pre; elle eft couverte d’une écorce femblable à du cuir, grife ,roufle, femée de petits grains par-deflus, renfermant en-dedans une fubftance fongueufe, d’un blanc tirant fur le pourpre ,/#ubdivilée & diftribuée en des cellules cotonneufes & molles, remplies de très-petites graines, qui font une mañle, & qui font attachées par des filamens. Cette même fubftance ayant donné fa graine mûre, fe reflerre, & forme un petit globule. | Lorfque cette zruffe eft récente, elle a un goût & une odeur forte & muriatique ; mais lorfqw’elle eft feche & gardée depuis quelque tèms, elle n’en a prefque point de fenfible. Elle naït fous la terre com- me les autres sruffes , fans racines , au-moins vifbles. On latrouve dans les forêts épaifles & les monta- gnes efcarpées d’Allemaone & de Hongrie; les cerfs en font friands ; étant attirés par fon odeur, ils erat- tent la terre où elle eft cachée pour la découvrir &c la manger, (D. J.) TRUFFE vers des, ( Hiff. nat. ) efpece de vers qu£ sfe transforment en mouches , & qui avant leur méta- morphoie, vivent dans lessruffes, 8t s’en nourriflent. Ces fortes de vers qui vivent dansles truffes, {ont fou- vent cauie qu’elles nous arrivent à Paris très-cor- rompues; Car ils logent dans la #zffe comme d’au- tres vers dans la viande. S’ilsne donnent pas toujours à la truffe le premier degré de corruption , au-moins, enaccelerent-ilsles progrès.Lorfqu’on en prefle quel- qu’une entre les doigts, qui eft trop avancée, on y fent des endroits qui cedent, qui {e font ramollis; qu'on ouvre ces endroits, ordinairement on y trou= vera des vers. [ls font aflez petits, & de ceux dont _ le bout poftérieur eft plan comme celui dun cylin- dre, Ce bout a deux tubercules bruns, placés fur læ même ligne, plus près de la partie fupérieure que de: linférieure , qui font les deux ftigmates poftérieurs. Ces vers font blancs & tranfparens ; auf lorfqu’on resarde le defflus de leur partie antérieure , on voit diftinétement les deux tiges noires des deux crochets noirs dont ils font armés. Is piochent la suffé avec ces crochets, comme d’autres vers piochent la viande avec les leurs ; leur. anus quieft aïfé à trouver, eft en-deflous du ventre, près du bout poftérieur; il jette une matiere blanche. & gluante, qui aide peut-être à faire corrompre la truffe ; chaque ver eft toujours entouré de cette li-, queur épaïfle. Quand ils ont pris tout Leur accroïie- ment, &cils l’ont pris en peu de jours , 1ls quittent la sruffe comme les autres quittent la viande , &c pour. la même fin; je veux dire pour chercher un lieu pro= pre à leur transformation ; ils entrent en terre, &c au bout de douze heures, ils font transformés dans letir coque , qui eft de couleur de marroñ:. a coque du ver des sruffes, comme celle de tous lés vers de leur clafle , eft faite de leur peau, &a de même, à-peu-près la forme d'un œuf. Ce qu'elle à de particuhér , c’eft que fon bout antérieur eft un peu applatt, il à moins dé diämetre de deflüs en- deffous, que d’uri côté à l’autre. Dans l'étendue de cette portion applatie, chaque côté éft bordé par une efpéce de cordon, analogue à celui des coques des vers de la viande, mais qui dans celle-ci, va ju£. qu’au bout. Le cordon finit pourtañt à ün des ftigma- tes antérieurs ; mais ces {tigmates font fui la ligne droite par laquelle le bout plat &ft terminé. Au mi- Heu de ce bout, paroiflent des plis difpofés comme ceux d’uñe bouffe, qui entourent l'ouverture pat laquelle le premier añnéau eft rentré en-dedans. L’efpece de ver dont nous venons de parler, n’eft pas lä feule qui mange les z74ffe5 ; elle done encore de la nourritute à d’autres vers fernblablés à ceux qui mañgent les champignons ; ce font des vers fans jambes, qui ont le corps jaune, & là tête noire & écailleufe, Reaumur , Æ44/?, des infeëles ; tone IF. pagë a. (DE) sd Fe | TRUFFETTE, ff. (Tozlerie.)iom que l’on donne à certaines toiles blanches faites de Un , qui appro- chent affez de la qualité de celles qu’on nomine soiles demi-Hollande. (D. J.) RAT CT, TRUFFIERE, £ f. do c’éft ainfi qu'’of nomine däns les pays chauds, commiée en Languedoc, en Provence, en Péngord, un tefrein particulier où viennent les truffes; on connoît ce terrein par ex- périence, & parce qu’il n’y croît deflus prefque point d'herbe, (D.J.) À Au . TRUGUE o4 TUGUE, f. f. (Marine.) elpece de faux tillac où de couverte, qu’on fait de caillebotis, & que l’on éleve fur quatre ou fix piliers au-devant de la dunette, pouf fe garantir du foleil où de la pluie. Il eft défendu de faire cette couverte de plan: ches | & le roi veut qu’elle foit faite avec des tentes fouténues par des cordages. | TRUIE, (Myshol.) cet animal étoit la vidime la plus ordinaire de Céres & de la déefle Tellus. On facrifoit à Cÿbelle une srwie pleine. Lorfqu’on juroit quelque alliance, où qu'on failoit la paix , elles étoieñt confirmées par le fang d’une értie ; c’eft ainfñ que Virgile repréfente Romulus &c Tatius, fe jurant une alliance éternelle devañt lautel de Jupiter ; en immolant une truie , cæfé porcé. (DJ. TRUITE, TRUITTE, TRUITE DÉ RIVIERE, -TROUTTE, Lf. (Hifi. nas. Ichehiol.) tructa, poiflon d’eau douce que lon pêche dans lès étangs, les ri: vieres , les ruifleaux , c. & qui varie un péu pour la coülett, felon les différens pays. | La rruite eh général reflemble beaucoup au fau- mon; elle a la tête courte & arrondie, l'ouverture de la bouche grande, & Le bec obtus ; le corps eft épais & terminé par une queue large , lés mâchoires dont qu'un fimple rang de dents , mais il y en a fur le palais. Les côtés du corps ont des tâches d’un très-beau rouge, le dos eft brun & marqué de taches noires, parmi lefquelles il s’en trouve quelquefois de rouges. Ce poiffon fe plait dans les petites rivie- res où 1l ÿ 4 beaucoup de pierres, & dont les eaux font claires &c froides ; i1 fe noutrit dé poiffons &r de vers ; fa chair eft ferme , ur peu dure & excellente. Raï, Jyn0p. rhéth. pifaium. Rondelet, dés poiffons de riviere , chap. y. Voyez POISSON. TRUITE SAUMOXNÉE, poiflon d’eau dotice , quine differe du faumon qu’en cé qu'il eftplus petit, & qu'il n’a pas la queue fourche. Voyez SAUMoOX. La cruiré faumonée a ratement plis de 26 poucés de longueur, fa chair n’eft pas rouge comme celle du faumon , & elle a un goût défagréable. Gefner & Aldrovande font mention fous ie nom de trmeca la- | TRU 7 éuffris ; d’une efpece de sruire faumonee bien diffétenté de la précédénte ; ces auteurs difent qu’on en pêche. dans le lac de Genève, qui pefenttrente-cinq À qua< rante livres, & Même qu'on en trouve dahs lelac dé. Lago de l’état de Milari,qui pefent jufqu’à cent livres: | Le dos de ces éruiies Jaumonces eft d’un beau verd bleuâtre ; la nageoïre du dos 4 beaucoup de taches noires , & la querie eft fourchue ; leur chair eft rouge ét de bon goûr. Raï, fÿnop. mech, pifcitim. Voyez Poxs: SÔN. À VU RES: TRUITE , (Dicre.) là chair de ce poiflon elt d'un goût exquis, délicieux, & fort nourriflante , elle eff meilleure en été qu’en toüte autre faifon. . La graiffe eft adoucifante , diflolvante ; téfolu: tive, bonne pour les taches, les roüfleurs du vifage , pour les taches de petite verole, pour la furdité, les bruiflemens d’oreille,pour les taches & les cataraétes, des yeux; elle foulage dans les hémorrhoiïdes, les ragades , les gerçures de l'anus , dans les ulceres du fein & les fiflures du mamelon. Lemeri ; di, des droa gues. | 2 | Truite , (Péche.) on la pêché avet uhe feine qui traverfe la riviere: on halle ce filet d’un bord & d’au: tre; 1l n’y a que trois honimes employés à cette ma4 nœuvre ; un hoinme de chaque côté, & un dans uni. bateau pour mieux gouverner le filet, qui a deux brafles de hauteur, & environ 40 de long. Foyez SEINE. Pet VAE TRUITE ; (Braff.) eft uné efpece de cage quattées, placée fur la cheminée du fourneau de la touraille 3 elle eft à carneaux tout-au-tour , & couverte en coma ble ; elle fert à recevoir la fumée qui fort par les car: ñeaux & fe répand dans toute la touraille, Il yen a qui {ont faites de fer & d’autres de brique: TRUITE, adj: serrne de Manege ; épithete di ches val;qui fur un:poil blanc a des marques de poil noir; bai ou alezan, particulierement à la tête & à l’enco=: lure, (D:9,) *” ï À TRUITÉE ; PIÉRRE ; (Hi. hat.) nom donné paï quelques naturaliftes allemands à une efpece de pierré femblable à de l’albâtre ; remplie de taches noitâtres &t luifantes , qui font que éette pierre reflemble à la peau d’une truite faumonée. C'eft la même pierre que d’autres ont nommé pierre igrée, Voyez Brucks manc , epiffol. itinerariæ centuria LL TRUELE , f f #zriné de Pêche ; forte de grand haz venet dont on fe fert dans le Garonne ; cet inftru+ ment eft aflez femblable aux prands bouts de quié: vres ; 1l eft monté de même {ur deux longues pérches _croifées, tenues Ouvertes au moyen d’une petite tra- verfe de boïs ; le fac eft amarré aux deux côtés deg perclies, &e à une traverfe de corde qui eft à l’extré- nuté de Ces perches; il forme une efpece de poché dans le fond ; les mailles de l'entrée peuvent avoir énviron 15 lighes; on ne fe fert de cetinftrument que durañt le printems , 8 de marée montante ; les pês cheurs les traînent, & pouflent devant eux à-peua près de la même maniere que ceux qui fe fervent dé bouteux & de bout de quievres ; pour faire la pêche des chevrettes. | | Avée des mailles auf férréès; &c la inañœuvré que font ceux qu pêchent avec cet inftfument , tien ne peut être plus abufif ; puifque toùt ce qui monté avec larmarée, eft arrêré & pris, à caufe de la petiz tefle des mailles de la trulle, dont rien ne peut éva: der: : , er : TRUËLE , 4; (Géog. mod.) ou la Trotille ; petite riviere des Pays parle duc de Wirtem- berg, Eberard /e barbu, qui y avoit établi en 1477 une umiveffité à laquelle ilaccorda de grands privile: ges. Le territoire de cette ville eftdiverfifié par quel- ques vignobles , des prés, des terres labourables, des aolfines &c des vallées. org. fuivant Caffini, 26, 36. 15. latit. 48. 34. Long. fuivant Sickard, 26. 46. 3 0. latit, 48,34. (D. J.) | TUBULAIRE , £. £ ( Æf£ ner, Bor. ) Tournefort fait un genre de plante de cette efpece de madrepore, qui croît fous l’eau, imitant le corail par fa dureté, & qui eft compofée d’un grand nombre de petits tu= bes placés à côté les uns des autres, Boerhaave carac- térile ce corps maririme , coral/us affénis , aleyoniumt Jiflulofum , rubrum ; c'eft d’après J. B, 3. 808. (D.1.) TUBULAIRE, {. £ ( Hiff nat. Lithol.) mibularia à nom qu'on donne à une efpece de lithophyte ou de corps marin cannelé & celluleux , qui forme comme un amas de paille d'avoine & rempli d’articulations ou de jointures. Voyez TUBULITE. | TUBULIFE , L.f. (Æif£ nat. Litholog. ) efpece de litophyte ou de corps marin, quin’eft qu’un amas de tuyaux qui font ou droits ou entortillés comme des vers , &C que pour cette raifon on nomme aufh sxyaux vermiculaires, On entrouve dans le fein de la terre qui font pétrifiés ;-on en rencontre auffi dans la-mer,, ce font des loges d’animaux.. Les #bulires font compo- fées de tuyaux qui font ou placés régulierement les uns à côté des autres, comme des tuyaux d'orgue, ou arrangés confufément; ces tuyaux font où cylin- -driques , où hexagoônes , où pentagones , Où qua- -drangulaires, ou en chainette & pararticulation. TÜBURBIUM., ( Géog. du moyen âge. ) ville d’A- frique. IL y avoit en Afrique deux villes appellées Tuburbium, Vune furnommée la grande Tuburbe, êc l'autre La petite ; toutes deux voifines, ét toutes deux de la province proconfulaire ; mais la notice des évé- chés d'Afrique n’en connoît qu’une épifcopale , dont “elle nomme l'évêque Benenarus tuburbitenfis. (D.J.) TUCCI, ( Géog.anc. ) ville de lEfpagne bétique, Ptolomée, Z. IT. c iv. la donne aux Turdules, Phne , 1. LIL. c. J. la furnomme Augufla-gemella. Strabon, L. LIL. p. 141. nomme fimplement cette ville Twcis. (2. J.) TÜCHÉ , ( Mythol.) Tuun eft le nom qu'Homere a donné à la Fortune , & dont les Grecs fe font tou- jours fervi depuis ; cependant bien-loin d’en créer uné déefle toute puiflante, qui exerce fon empire fur les chofes humaines & les fait réuffir à fon gré, 1l ne luiattribue aucune autorité , aucune fonétion ; tandis qu’il déclare que Pallas & Enyo préfidoient aux com- bats, Vénus aux nôces, & Diane aux accouche- mens. Maïs Bupalus, grand architeéte & grandfculp- teur, ayant fait le premieruneftatue de fuchë, pour | la ville de Smyrne, s’avifa de larepréfenteravec une étoile polaire fur latête, & tenant de la main gau- che la corne d’abondance, comme des fymboles de fon pouvoir. À Egine onrepréfenta cette déefle ayant à fes côtés l'Amour avec des aîles. Sa ftatue à Ath:- nes tenoit entre {es bras le dieu Plutus, fous, la forme d’un enfant ; idée ingénieufe de mettre Le dieu des ri- cheffes entre les bras dela Fortune , comme fi elle étoit fa mere & fa nourrice ! enfin les Romains, à l'exemple des Grecs, révérerent cette divinité fous quantité d’épithètes magnifiques. Voyez FORTUNE. TUCKÉA ,4 m.( Poids de Turquie ) on s’en fert à Mocha , ville d’Arabie. Quarante suckéa font un maun, dix mauns font le trefell, & quinze trefells font le hahars qui eft un poids de 420 livres. (D. J.) TUCUMAN , LE, ( Géog. mod. ) provincede l’A- mérique méridionale. Elle eft bornée à lorient par la province de Chaco, & celle de Rio-de-la-Plata; au couchant par les montagnes du Pérou & du Chili; au notd par la province de Santa-Cruce de la Sierra; au midi par Les pays de Cuyo-Chimito & des Pam- pas. Cetre contrée eft habitée par trois nations de fauvages ; les Efpagnols y ont pluñeurs bourgades, comme Saint-Salvador, Saint-Musguel, Sant-Jago ou Eftero. Le pays abondeen cire , en miel, enco- ton & en pañtel, (D.J.) - TUCUYO , (Géog. mod.) ville de PAmérique, dans la terre ferme, au gouvernement de Vénézuela, &t dans la vallée de même nom. Sa richeffe confifte entroupeaux, en coton, & en cannes de fucre. Long. Su. Go.dlartit,7,32 (CDI) TÜDELA , (Géog. mod.) ville d'Efpagne dans la Navarre, capitale d’une merindade, à la droite de VEbre qu’on y pañle fur un pont, à 4 lieues de Tar- ragone, à 15 au midi de Pampelune, & à 6o au nord-eft de Madrid. On y compre dix paroïfles, mais dépeuplées, & plufeurs couvens. Alphonfe LE. roi de Navarre & d’Arragon, la prit furles Maures éc lui accorda des privileges. Son terroir eft fertile & pro- duit d’excellent vin. Long. 16. 20. latit. 42. 6. __ Benjamin de Tudelle , ainfi nommé de Tudele,, lieu de fa naïflance, étoit un célebre rabbin du douzieme fiecle , qui voyagea d'imagination dans la plûpart des pays du monde, pour y vifiter les fynagogues des juifs , & connoître à fond leurs rits êr leurs coutu- mes. On a publié fous fon nom ce voyage fabuleux, imprimé d’abord à Anvers en 1575. in-8°, mais il faut lire ce même ouvragetraduit en françois, avec des éclairciflemens curieux, par M. Baratier ; Amy. 1734. en 2 vol. in-8°. (D.J.) | TUDER , (Géogr. anc.) ville d'Italie dans PUm- brie citérieure, felon Strabon, Z. #. p. 227. Pline, 1. LIT. c. xiv. & Silius ftalicus, Z VI. v. 645. Paul Diacre, Z. IF, c. vi. & quelques autres aéteurs du moyen âge, écrivent Tudertum. Ses habitans font ap-. pellés Tudertes par Pline, 2. IT. c. lyij.&t Tudertini dansune ancienne infcription rapportéepar M.Spon, p.183. Lenom moderne de cette ville eft Tod. Fron- tin lui donne le titre de fe colonia Tuder. (D.J.) TUDESQUE LANGUE, ( Æiff. des langues mod. } langue que l’on parloit à la cour après l’étabhffement des Francs dans les Gaules. Elle fe nommoit auffi Franëlheuch, Théotifle, Théorique ou Thivil. Mais quoi- qu’elle fût en regne fous les deux premieres races , elle prenoit de jour en jour quelque chofe du latin ê£ du roman, en leur communiquant âuffi de fon côté quelques tours ouexpreffions. Ces changemens mé- me firent fentir aux Francs la rudefle & la difette de leur langue ; leurs rois entreprirent de la polir , ils. l’enrichirent de termes nouveaux ; 1ls s'apperçurent auf qu'ils manquoient de caraéteres pour écrire leur languenaturelle, & pourrendre les fons nouveaux qui: s’y introduifoient. Grégoire de Fours & Aimoin par- lent deplufieurs ordonnances de Chilperic, touchant la langue. Ce prince fit ajouter à Palphabet les quatre lettres greques o. x. z, N, c’eft ainf qu’on les trou- ve dans Grégoire de Tours. Aimoin ditque c’étoient @, &, X, 0. & Fauchet prétend fur la foi de Pithou , & fur celle d’un manufcrit qui avoit alors plus de cinq cens ans, que les caraéteres qui furentajoutés à Valphabet , étoient lo des Grecs, len, leu, &len des Hébreux ; c’eft ce qui pourroit faire penfer que ces caraëteres furent introduits dans le Franétheuch pour des fons qui lui étoient particuliers, & non pas pour le latin à qui fes caraéteres fufhifoient. ILne fe- roit pas étonnant que Chilpéric eût emprunté des caractetes hébreux, fi l’on fait attention qu'il y avoit beaucoup de Juifs à fa cour, êc entre autres un nom-. mé Prifc qui jouifloit de la plus grande faveur auprès deceprince, | En effet , il étoit néceffaire que les Francs en enri- chiffant leur langue de termes &t de fons nouveaux, empruntaflent aufli les caracteres qui en étoient les fignes , ou qui manquoient à leur langue propre, dans quelque alphabet qu'ils fe trouvafent. Il feroit à de- frer , aujourd’hui que notre langue eft étudiée par tous les étrangers qui recherchent nos livres, que nous euflions enrichi notre alphabet des caraéteres quinous manquent, fur-tout lorfque nous en con- {ervons de fuperflus, ce qui fait que notre alphabet peche à la fois par les deux contraires , la difette êr la furabondance ; ce feroit peut-être unique moyen de remédier aux défauts & aux bifarreries de notre ortographe , fi chaque fon avoit fon caraétere propre & particulier, & qu’il ne fût jamais poffible de l’em- ployer pourexprimer un antre fon que celui auquel il auroit été deftiné. | Les guerres continuelles dans lefquelles les rois furent engagés, fufpendirentles foins qu'ils aurotent pu donner auxlettres, & à polir la langue. D'ailleurs les Francs ayant trouvé les lois, & tous les aétes pu- blics écrits enlatin, & que les myfteres de la religion {e célébroïent dans cette langue, ils la conferverent pour les mêmes ufages , fans étendre à celui de la viecommune ; elle perdoitau-contraire tous lesjours, &c les eccléfaftiques furent bientôt Les feuls qui len- tendirent ; les langues romane &z sudefque, toutes imparfaites qu’elles étoient , lemporterent , &c fu- rent TUE rent les feules en ufage jufqu’au regne de Charlera gne. La langue sxdgfque fubffta même encore plus long-tems à la cour , puifque nous voyons que cent ansaprès, en 948 , les lettres d’Artaldus , archevé- que de Rheims, ayant êté lues au concile d’Ingel- heim , on fut obligé de les ttaduire en théotifque , afin qu’elles fuflent entendues par Othon roi de Ger- manie, &c par Louis d'Outremer , roi de France, qui fe trouverent à ce concile. Mais enfin la langue ro- mane qui fembloit d’abord devoir céder à la rudefque, Femporta infenfiblement , & fous la troifieme race elle fut bientôt la feule & donna naïffance à la langue françoife. Voyez ROMANE. Mémoire dès Inftriptions , som. XV. (D. J.) TUE-CHIEN , f. m. ( Æiff. nar. Bo.) nom vuigai- ze de la plante nommée par Tournefort apocynum ægyptiacum , floribus fpicatis, & en françois apocyr, Voyez Apocyn. (D.J.). . TUE-LOUP , {. m. ( Æiff. nas. Bot.) c’eft la plan- ‘te nommée par Tournefort, aconitum foliis platani, flore luteo pailefcente , en françois acoñir. (D. J.) TUER , v. aét. ( Gram.) faire mour” de mort violente; les {oldats sert juftement dans üne guerre jufte ou injufte; c’eft le fouvetain qui emploie leur bras , qui eft un meurtrier : on dit que le grand froid ‘à tué les infeétes , que l’on fe rue à travailler , que les ‘péchés sens l'ame , qu’une couleur en se une autre, qu'une liqueur {e pañle ou fe sue | 6 qu'on tue le tems. Tuer, DÉTRUIRE, (Peinrure.)lorfque dans untaz bleau il y a divers objets de même couleur, & frap- pés de lumieres également vives, ces objets fe sent ôt je détruifent, en s’empèchant réciproquement de briller & de concourir à l'effet total qui doit réfulter de leur union. Voyez TOUT-ENSEMBLE. On dit en- core que les couleurs d’un tableau font sxées, lorfque limpreffion de la toile fur laquelle on les a mifes , les à fait changer , ou lorfque changeant la difpofition d'un tableau, on place des parties lumineufes fur celles qui étoient ombrées , les deflous sxezc ou dé- éruifent les deflus. | TUERE, DUCHÉ DE, (Géogr. mod.) provinèe de Pempire ruffien. Elle eft bornée au nord 8 au cou- chant par le duché de Novogorod ; au levant par le duché de Roftow , & au midi par le duché de Mof- cou, & par la province de Rzeva. Elle a eu long- tems fes princes particuliers ; mais le czar Jean-Bafile Ha réunit à fes états en 1486. _ TuERE, (Géog. mod.) ville de l'empire rufien, ca: qe du duché de même nom, au confluent du Wolga & dela Tuertza. Long. 53. 50. lat, 56, 15. TÜERJOCK,, ox TERSOK, ( Géog. mod.) ville de Mofcovie, dans le duché de Tuere, près delari- viere de Tuertza , à 1e milles polonois de la ville de Tuere. | 10 TUEROBIUS , où TUEROBIS , ( Géog. an.) fleuve de la Grande-Bretagne. Ptolomée, Zv, IT. c. si. marque fon embouchure fur la côte occidentale , entre celle du fleuve Stuccia & le promontoire O&ta- pitarum. Le nom moderne de'ce fleuve eft Tixy , fe- lon Cambden. (2.J.) = : TUERTA , LA, (Géog. mod. ) riviere d'Éfpagné, au‘royaume de Léon. Elle a fa fource dans les mon- tagnes des Afturies , & va fe perdre dans le Duero au-deflous de Zamora. | | | _ TUERTZA , LA, (Géog. mod. ) riviere deRufle, Elle a fafource dans le duché de Novogorod , & fe jette dans le Volga, près de la ville de Tuere , à la- quelle elle donne fon nom. TUESIS , ( Géog. anc. ) ville de la Grande-Bre- tagne , felon Ptolomée, Zy. II. c. iij. qui la donne aux Vocomagi. On croit que c’eft aujourd’hui Bar- wick, dans le Northumberland. TUE-VENTS, (serme de Tailleur d’ardoife.) petites Tome XV. 14 TUF 737 cabanes mobiles faites ën forme de ouérites, fous lefquelles les fendeurs &taïlleurs d’ardoife femettent | à couvert. (D. 7.) TUEF , fm. (if. nur. Litholog, ) cophiis, lapis 102 phaceus ; c'eftrainfi qu’on nomme une pierre légere, fpongieufe, & communémentremplie detroüs , dont la couleur varie’ainfi que la confiftence par les pari ties étrangeres qui s’y tiouvent mêlées. Cés pierres font formées par le limon entraîné par le courant des eaux, qui s’eft dépofé lorfque les éaux font deve- nues plustranquüilles,& qui après qu’elles fe font re: tirées tout-à-fait, a pris une confiftence durecomme celle d’une pierre, | On fent aifément que le z#4f doit être très - varié ämf que le mon dont il éft formé , voyez article LIMON ; tantôt il eft fiftuleux, fpongieux & poreux comme de la pierre ponce ; tantôt 1l eft compadé comme de la pierre à bâtir; quelquefois il eft épais, d’aurresfois il eft très-mince ; il eft tantôt plus , tan t0t moins mêlé de cailloux , de fable 8z de gravier ; fouvent il eft coloré par l’ochre &t par des parties fer- rugineufes ; tantôt il eft calcaire , tantôt 1l eft argil- leux ; 1 varie auffi pour la figure & pour le tiflu $ fouvent on y remarqué des empreïntes de plantes qui ont té détruites, 87 qui n’ont laiflé dans la pierre ou dans le zfque les trôus dans lefquéls elles {e font moulées ; c’eft ce qui fe voit fur-tout dans le zuf dé Langenfaltza , décrit par M. Schober , dont il parlé dans laiic/e TOURBE, auquel on renvoie le leéteur, Comme c’eft fur-tout aux débordemens des rivie= tes que le suf doit fon origine , on voit que cetté pierre doit former des couches qui s'étendent fous ter: re dans les endroits qui ont été aurrefois inondés. Il y a quelquefois plufeurs couches de zuf les unes au: deflus des autres ; les intervalles qui font entre elles font remplis de terre ou de pierres d’une nature diffé- rente de la leur ; cela vient de ce que les déborde: mens qui les ont produits fe font quelquefois fuccé= dés à desintervalles de tems très confidérables, D’au- tresfois Les rufs ou dépôrs fe touchent immédiatement, & fe diftinguent paf leurs différentes couleurs , parce que les rivieres ont en différens tems chärrié des terres ou un limon diverfement coloré. Les endroits anciennement inondés par les rivies tes , @& où le zuf s’eft formé , fe font recouverts dé terre par la fuite dés tems, & l’on en a fait des terres labourables ; mais pour qu’elles rapportent, on eft obligé de brifer le s1f, parce qu’il empêcheroit la érorffance des racines , fur-tout lorfqu’il eft proche de la furface ; mais lorfqu’il eft profondément en ter: re, ou lorfque la couche de terre qui eft par-deflus eft fort épaïfle , on éft difpenfé de ce travail, On voit par ce qui précéde , que le zuf fe forme de la même maniere que les incruftations , c’eft-à- dire par un dépôt des particules terreufes fablonneu- fes & groflieres que les eaux avoient détrempées & entraînéesavec elles. 7oyez INCRUSTATION. Le r4f quand il eft folide, eft une pierre très-bon- he pour bâtir, fur-tout pour Les voûtes, parce qu’elle eft fort légere ; comme elle eft raboteufe & poreufe elle prend très-bien le mortier. (—) Tur, (Draperte.) grofle étotte de très - bas prix ; qui a environ demi-aune de large, &t dont la chaîne eft de fil d’étoupe de chanvre ; &c la trème de ploc ou poil de bœuffilé. Cette étoffe fert ordinairement aux tondeurs de drap à garnir les tables à tondre. Di, da Comm. (D, J.) TU-FAN, ( Géog. mod.) vafte pays de la Tartas tie cmnôile. Voyez SI-FAN. | TUFFO ,f. m.( Hif. nas. Botan. exor. ) nom dons ñé par les peuples de Guinée à une plante de leur pays, dont ils fe fervent en décoétion pour fe laver les yeux enflammés ; c’eft une efpece de corona folis, Ou leur de foleil, nommée par Le > flos folis gars AA aa 73% TUG meenfis ,folio glabro , flore minore. Elle reflemble beau- coup à quelques fleurs du foleil d'Amérique , dont les fauvagés mangent les graines, & tirent une huile propre à différens ufages. Philofop. tranfaët. n°.23 2, (D. J.) | TUGTA, (Géog. anc.) ville d'Efpagne , entre Ca- ftulo & Traxinum. Elle donne fon nom à la montagne que Pline nomme Tugienfis faltus, & qu’on appelle préfentement Sierra-di-Alcaray. TUGMA , ( Géog. anc, ) ville de l’Inde au-delà du Gange. Ptolomée, Zv. ZT. c. vij: qui lui donne le titre de métropole ; la place près du Gange. TUGUC , o4 TEUGUC, L.f. ( Marine. ) c’eft une efpece d’auvent placé au - devant de la chambre de poupe où de la dunette d’un vaiffeau. On appelle encore de ce nomune forte d’impériale fupportée par fix où-bien huit fourchettes de fer pla- cées fur la partie de derriere des canots paflagers qui font communément le trajet du fort Saint-Pierre de la Martinique au fort Royal de la mêmeile. Ces su- pucs {ont conftruites d’un chaflis de menuiferie un peu cintré dans fa largeur , & couvert d’une grofle toile gaudronnée; elles font fi bafles qu’elles neper- mettent pas à ceux qui font deflous de fe tenirautre- ment qu'aflis ou couchés. | TUGUS, f.m. ( ff. nat. Boran, exos.:) plante d'un doux aromate , fort eftimé en Orient, & que le pere Camelli croit être le véritable amomum des an- ciens. Le fruit de cette plante qui vient en bouquet, fa forme oblongue & le goût aromatique de fes grai- nes, femblent appuyer fortement l'opinion du fa- vant botanifte d’Italie. Le rugus s’éleve à la hauteur de huit ou neuf cou- dées. Ses feuilles répandent une odeur aromatique des plus fuaves ; elles font de forme oblongue, tra- verfées denervures & de groffles veines, & couver- tes en-deflous d’un fin duvet blanc. Les fleurs croif- ent en bouquets rouges de la largeur de la main, ayant quelque chofe de plus en longueur , & for- tent de la racine , où de la principale tige de la plañte. Le fruit qui fuccede aux fleurs n’eftautre cho- fe que leur calice groffi , & contenant les femences, Comme ce calice ne forme qu’une couverture très- tendre & très-mince , & que les femences qu'il ren- ferme font délicieufes, les infeétes & les oïfeaux les dévorent avant leur maturité, en forte qu’on n’en peut cueillir que très-peu fur Les lieux mêmes. Cha: que fruit du zugus contient fix ou fept graines, qui - font de forme oblongue, rougeâtres , & d’une faveur aromatique également douce & flatteufe. Les naturels du pays font auffi fous de ces graines, que les anciens étoient de lamomum ; & les jeunes dames les enfilent & les portent en bracelets; quel- quefois elles mêlent les graines alternativement avec des perles, ou des grains de corailrouge; ellesnom- ment ces bracelets czropi. Elles croient qu’un collier de ces graines eft un préfervatif contre le mauvais air , &c contre la morfure des ferpens ; maïs,dans ce dernier cas, elles défont leur collier, & mangent les graines du 4gus qui le formoient. Le bouquet du fruit du sugus reflemble beaucoup avant fa maturité au faux amomum de Gareias, ref- femblance qui s’'évanouit quand le fruit eft entiere- ment mür. Le pere Camelli a joint à ce détail dans les sran/a- ions philofophiques , la figure de la plante tirée dans le pays. Du premier coup d’œil elle ne paroît point être l’amomum des anciens ; car Diofcoride & Pline nous difent que les feuilles de la plante amomum font femblables à celles de la grenade , & la figure du P: Camelli les repréfente beaucoup plus larges &c beau- coup plus grandes. Mais cette dificulté paroîtra bien foible fi l’on confidere que Diofcoride , Pline & les autres ançiens auteurs s’intérefoient fort peu à la planté qui donnoit ce fruit précieux , & qued'al- leurs 1ls ne l'ont jamais vue ; les feuilles dont ils par- lent ne font point les grandes & belles feuilles de la plante même , ce font de petites & courtes feuilles aflez femblables en réalité à celles de la grenade , mais qui font toujours adhérentes aux bouquets des fruits, que l’on envoyoit de cette maniere à Rome: Philof:tranfaë, n°, 248. p.2.( Le chevalier D £ J'AU- COURT.) TUIAPUTEJUBA , {. m. ( Hiff. nat. Ornihol.) efpece de perroquet du Bréfil, tout verd, mais de nuances différentes ; fon verd eft foncé fur les ailes, pâle-jauniffant fur le ventre , & clair fur le refte du corps. Il eft de la groffeur d’une hirondele ; fa queue eft très-longue ; fes yeux font gros , noirs , & ont tout-au-tour ainfi que le bec, un cercle d’un verd jaunâtre ; fon bec eft noir & crochu ; fa tête eft mar- quetée d’une tache de plumes d’unjaune doré.Marg- graviüi 47. Brafil, ( D. J.) TUIËTÉ , fm. ( Hifi. nat, Ornithol. ) nom d’une efpece de perroquet du Bréfil de la grofleur d’une alouetre, &t qui eft d’un verd-pâle mêlé de bleu ; le commencement & le bout de fes aîles eft bleu ; fon croupion eftaufli marbré d’une tache bleue ; fa queue eft fort courte ; fon bec eft petit, crochu & d’un rou- ge pâle ; fes jambes &c fes piés font gris. Marggravii if. Brafil, (D.J.) TUILAGE , f.m, (rerme de Tondeur de draps. ) c’eft la derniere façon que les tondeurs donnent aux draps après qu’ils ont fait paffer le cardinal & la brof- fe par-deflus l’étoffe. Ils appellent le suilage , le défi: nitif de leur ouvrage. (D. J.) | TUILE , 1. f, (Are méchanig.) matiere à bâtiment; c’eft une forte de pierre mince, artificielle & larmi- née , dont on fe fert pour couvrir les toîts des mai- fons; ou pour parler plus proprement, c’eft une for: te de terre glafe, pétrie 8 moulée dans une jufte épaifleur, féchée & cuite dans un four, comme la brique, deftinée à couvrir les maifons. Voyez Bri- QUE , COUVERTURE, Ce mot eft françois, & dérive du latin sega, qui fignifie la même chofe. j M, Leybourn dit que les suiles fe font d’une terre qui vaut mieux que celle de la brique, & qui approche davantage de la terre des Potiers. Suivant Pordonnance dix-fept d’Edouard IV. la terre à euiles doit être béchée, ou tirée avant le pre- mier de Novembre, taillée, moulée & retournée avant le premier Février ; & on ne peut en faire des tuiles , ou leur donner la derniere façon, ayant le pre> nuer de Mars. Il faut auf lépurer & en ôter les pier- res , la marne &c la chaux. Pour ce qui eft de la ma- nmiere de cuire les suxles, voyez l’article BRIQUE. À l'égard de lufage qu’on fait des suilés après la cuiflon, quelques-uns les mettent fécher en fortant du four, fans les couvrir de mortier, ni d’autre cho- fe. D’autres les mettent dans une efpece de mortier, fait de torchis & de fiente de cheval. Il y a des én- droits où on les met dans la moufle, comme dans le comté de Kent. . Il y a des suiles de différentes façons, fuivant les différentes manieres de bâtir, Savoir, les suiles pla= tes Où à crochet , faitieres , cornieres, de gouttieres, cour= bes Ou flamandes, lucarnieres , affragales , traverfieres & hollandoifes. Les ruiles plates ou à croches, font celles dont on fe fert ordinairement pour couvrir les maifons, & qui pendant qu’elles étoient encore molles , ont été jet- tées dans un moule. Elles font de figure oblon- gue, & fuivant l’ordonnance dix-fept d’ÉdouardIV. chap. iv. elles doivent avoir dix pouces, & demi de long, fix pouces & un quart de.large, un demi:pou- ce & un demi-quart d’épais. Mais ces dimenfions ne s’obfervent point à la rigueur dans toutesilés tuile- 2 COR ‘sand TUI. Les tuiles faiterès, de toft ou courbes ; fervent à touvrir les faïtages des maifons; leur forme eft cir- culairé, & large comme un demi-cylindre. Pline les appelle Zarerculi, 8& fuivant l'ordonnance elles doi- Vent avoir treize pouces de long, & leur épaiffeur doit être la même que celle des siles pleines ou unies. RL : Les zuiles cornieres ou gironnées fe mettent fur les angles , arrêres ou encoignures des toits. À l'égard de leur formation, on les faconne d’abord pendant qu’elles font moiles, comme les sziles Diet: on leur donne une figure quadrangulaire , dont les deux côtés font des lignes droites , & les deux extrémités des arcs circulaires, l’une des extrémités étant un peu concave, & l’autre un peu convexe; de forte due fi l’on en Ôtoit un angle, elles deviendroient triangulaires. Mais avant de les faire euire, on les plie fur un moule en large, comme les swiles faîtie- res. On leur fait un trou à l'extrémité étroite, pour y pañler le clou en les attachant, & on les pofe de fa- Son que leur extrémité étroite fe trouve attachée par le haut. Suivant l'ordonnance elles doivent avoir dix pouces & demi de long, avec une largeur & une épafleur proportionnée. | Les suiles dè gouttieres où creufes fe mettent dans les gouttieres ou defcentes des toits, On les fait com- te les suiles angulaires, fi ce n’eft que les angles de l'extrémité large fe rétournent en forme de deux aî- les. On ne leur fait point de trou, mais on les pofe l'extrémité large en-haut , fans les attacher avec des clous. Elles fe font fur Le même moule que les suies angulaires, &z elles ont les mêmes dimenfons de leur côté convexe: chacune de leurs aîles ont quatre pou- ées de larges, fui huit pouces de long. Les suries courbes où de Flandres, fervent à cou- Vrir les angars, appentis & toutes fortes de bâtimens plats. Elles ont la forme d’un parallélograme oblong, comme les siles plates. Mais elles font pliées par leur largeur en avant & en arriere , en forme d’une S , êt l’une de fes deux arches a pour le moins trois fois l'épaifleur de l'autre Cette arche épaïfle fe pofe toujours par-deflus, & l'arche mince d’une autre tuile couvre la carne de l’arche épaifle de la premie- re. Elles ne font point percées pour des clous , mais elles font pendues aux lattes par un bouton de leur propre terre. Elles ont pour lordinaire quatorze pouces & derni de long, & dix pouces & demi de large. | Quand elles font cuites, elles ne peuvent avoir moins de treize pouces & demi de long, fur neuf & demi de large, & un demi-pouce d’épais. Les #iles lucarnieres confiftent dans une swile plate, êt une piece triangulaire d’une même #wile, dreflée en rettangle fur un côté de la swile plate, & contour- née en arche d’un autre côté qui fe termine en pointe. Ces iles font de deux fortes ; dans l’une la piece triangulaire fe leve du éôté droit, & dans l’au- tre du côté gauche de la sile plate. Ces deux fortes ont.chacune deux efpeces, quelques-unes ayant une zuile plate én entier, & d’autres n’ayant qu’une de- mi-suile plate. Mais dans toutes ces efpeces la sue plate a deux trous pour des clous, du côté où eft le large bout de la piece triangulaire. On les met dans les gouttieres , entre le toit & les côtés des lucafnes, la partie plate étant pofée fur le toit, & la partie triangulaire étant dreffée perpendi- culairement aux côtés de la lucarne. Elles {ont excei- lentes pour garantir les chambres de l'humidité, & cependant l’ufage n’en eft peut-être connu que dans le Comté de Suflex. Les dimenfions de la partie plate font les mêmes que celles de la suile plate; la partie triangulaire eft de la même longueur ; une de fes ex- trémités a fix pouces de large, & l’autre n’a point de largeur, étant terminée en pointe, Tome XVI, : b} TUI 739 Les iuile$ 4ffragales reflémblent à tous égards, aux tuiles plates, fi ce n’eft que leurs parties inférieures font en forme d’aftragale ; c’eft-à-dire en demi-cer- cle, avec un quarré de chaque côté, Les euiles traverfieres {ont des efpeces de iles irré: gulieres , dont on a rompu les trous, où l’un des bas angles. On les pofe par le bout rompu; en-haut, fur les folives auxquelles on ne fauroit pendre des siles. Lesuiles hollandoifes ou flamandes font anciennes ou modernes ; les premieres fervoient à gatnir ow paver les âtres , eftrades & coins des cheminces: el- les étoient peintes, & repréfentoient des figures an- tiques, &c le plus fouvent des foldats, Quelques-unes étoient en compartimens , & quelquefois avec des devifes morefques ; mais leurs deffeins & leurs cou: leurs n’approchent point de la beauté des modérnes. En Angleterre les âtres font élevés d’un, deux où trois piés, fur-rout dans les cuifines ; &z la plupart des cheminées des chambres n’ont point de manteau où chambranle : ces fortes de sviles s'appellent à Paris des carreaux de fatance. | Celles-ci fe maçonnent communément dans les jambages des cheminées, au-lieu d’y mettre des pier- res angulaires. Elles font bien vernies, quelques- unes font toutes blanches; mais celles qui font pein- tes font infiniment mieux deflinées & colorées qué les anciennes, L'une & l’autre efpecé fémblent être faites de la même argille que notre poterie de terre blanche &c vernie. Quelques-unes des anciennes ont quatre pouces êc un quart en quarré, & plus de trois quarts d’un pouce d’épais ; quelques-unes des mo dernes ont fix pouces & demi en quarré, & trois quarts d’un pouce d’épais, | TuILE , terme de Tondeur, les Tondeurs de draps appellent ainfi une forte de petite planche ordinaires ment de bois de fapin, d'environ deux piés & demi de long , & large de quatre pouces, fur un côté dela: quelle eft étendue & appliquée une efpece de mañtic, compofé de réfine , de grès & de limaille de fer paf fée au fas. (D. J.) , sl . Tue, en terme d'Orfevre en grofférie, c’eft une ef- pece de lingotiere compofée de deux plaques de fer, montées fur un chaffis de même, environnées d’un lien d'une feule piece, dans lequel on les prefle plus où moins avec des coins, felon que l’on a plus de matiere à y jetter. Cette machine paroît d’a- bord plus commode qu'une lingotiere , parce qu’elle rend la matiere, d’une forme qui @Bproche plus de celle qw’on veut, lui donner; maïs elle la rend ven: teufe. Voyez les PI. @ les fig. Tuire dont les Faëleurs d’orgue fe fervent pour pofer la foudure & la poix-réfine avec lefquelles ils foudent les tuyaux d’eétain & de plomb, eft une de ces zuiles communes dont on couvre les maifons. On étend les fers à fouder en les frottant plufieurs fois fur la foudure qui eft fur la suile, lorfqu’ils font chauds &c non ardens. Voyez SOUDURE 6 FERS À SOUDER. TUILEAU, f. m. ph (Zilerie.) les ruileaux font des morceaux de tuiles caflées, dont on fait les voû- tes des fours, & les contre-cœurs des âtres de chemi- née. On s’en fert auf pour fcellér en plâtre des cor- beaux, des gonds & autres preces de fer : on en fait encore du ciment. | TUILÉE, COQUILLE, (Conchyliol.) concha imbri: cata ; coquille dont les cavités font faites en forme de tuiles creufes, en latin #rérices, (D. 3.) TUILER, c’eft parmi les Tondeurs, polir & luftrer létoffe quand elle a êté tondue, couchée & brofée, pour en Ôter Le duvet s’il y en avoit encore par ha- fard. A TUILERIE, £. € (Archive. ruflig.) grand bâti- ment accompagné de fours, & d’un hâle où l’on fait la tuile. Le hâle eft un lieu couvert & percé de tous côtés de plufeurs embrafures par où le vent pafle AAaaaï 740 d CE pour donner du hâle, & faire fécher à l'ombre Îa tuile, la brique & le carreau, avant que de les met- tre au fout. On ne peut point {e fervir pour cela des rayons du foleil, parce qu'il les gerce & les gauchit. Où donne aufl à la smilerie le nom de briqueterie. (D. 4.) - TUILERIES, (Æüff. mod.) le jardin du Louvre porte le nom de jardin des Tuileries, patce que c’é- toit autrefois une place où l’on fanoit des tuiles, Ce- pendant fous le nom de Tuileries on n’entend pas feu- lement ce jardin, mais auf un palais fuperbe dont la façade répond à toute a largeur du jardin. Ainf l’on a dit pendant la minorité du roi régnant, que fa majefté logeoit aux Tuzleries. Le palais des Tuileries eft joint au Louvre par une longue êc large galerie qui fegnele long du bord fep- tentrional de la Seine, & qui a vüe fur cette riviere. . Ce magnifique édifice fut commencé en 1564, par Catherine de Médicis veuve d'Henri I. 8 du tems de fa régence pendant la minorité de Charles IX. Il fut fini par Henri IV. 8e orné par Louis X{V,. Louis XHIL avoit aufli beaucoup embelli le jardin des Tuile- ries; mais ce fut fous Louis XIV. que le fameux le Nôtre en dirigea les nouvelles plantations, 8c qu’on y plaça la plupart des grouppes & des flatues qu’on voit aujourd'hui, TE TUILIER, {m. un artifan qui faconne &c cuit les tuiles : chez les Anglois on appelle #xilier, lartifan qui les emploie, ou le couvreur en tuiles. Les tuiliers &t briquetiers, ou pofeurs de tuiles &c de briques, fe formerent en corps la dixieme année de la reine Elifabeth, fous le nom de rafrres 8 gar- des de La focièté d'hommes libres du fecres 6: de Part de uilerie & de briqueterie. Voyez BRIQUE. TUISTON, 1. m. (Myzholog.) les anciens cer- mains le regardoient comme l’auteur de leur nation, & difoient qu'il étoit fils de la Terre, c’eft-à-dire qu'on ignotoit fon origine. Îl donna des lois aux Ger- mains, Les poliça, établit des cérémonies seligieufes parmi eux, & 1l s’acquit de la patt de fon peuple, tant de vénération, qw’après fa mort il fut mis au rang des dieux. Une des principales cérémonies de {on culte étoit de chanter fes louanges qw’on avoit mifes en vers. Céfar croit que c’étout Pluton qu’on hono- roit fous Le nom de Tzifon. ( D.J. TUITIRICA , { m0. (AHiff, nat. Ornichol) perro- quet du Bréfil, un peu plus gros que lefpece ordi- naire. Il eft par-tout d’un très-beau verd, feulement plus foncé fur le dos &c fur les aîles qu'il n’eft ail. leurs. Son bec eft extrèmement crochu, 8 d’un rou- ge-pâle ; fes yeux font noirs ; fes jambes font bleues; fa queue n’eft qu'un peu plus longue que les aïîles fermées. Cette efpece de perroquet eft fort recher: chée au Bréfil , parce qu'il apprend aïfément à parler qu’on les apprivoife jufqu’à manger dans la bouche. Marggravn , Æ5/£. brafil, (D. J.) TULBENTOGLAN, f. m. rerme de relation, nom que porte celui d’entre les pages du grand-feigneur qui a foin de fon turban ; cet honneur appartient au -cinquieme page de la cinquieme chambre. Dx Loir. TULIPE, £ £ CAf. nas, Bor.) tulipa; genre de plante à fleur liliacée , compolée de fix pétales dif pofés de façon'aw’eile reflemble à un vafe par fa for- me.. Le piftil occupe le milieu des pétales, 8c devient dans la fuite un fruit oblong qui s'ouvre en trois par- ties, &c qui eft divifé en trois loges. Ce fruit renfer- me deux rangées de femences plates, & placées les unes fur les autres. Ajoutez aux caratteres de ce gen- re, que la racine eft compofée de plufieurs tuniques, &c qu’elle eft fibreufe à fa partie inférieure. Tourne- fort. Z. R, H. Voyez PLANTE. Perfonne n’ignore que le nom de #ulipe {e donne -également à la plante &c à fa fleur ; mais les Botani- fles, laiflant aux curieux de plaïfir de cultiver lafleur, s’attacheht à cara@térifer la plante entiere, & ils ont bien fu le faire d’une mañiere aufli nette que folide. La sulipe, difent=ils, eft un genre de plante bul- beufe , qui pouffe une feule tive à la hauteur d’envi- ron un pié, ronde, moëlleufe , accompagnée de deux ou trois feuilles longues, affez larges, épaifles, dures , ondoyées à leurs bords, terminées en pointe. Cette tige porte en fon fommet une feule fleur, gran- de, belle, à fix pétales , peu évafés, formant fouvent un ventée plus large que louverture, ornée de cou- leuts ques. jaune, ou blanche, ou purpurine, ou rouge, ou variée. Lorfque cette fleur eft pafée il paroit un fruit oblong & triangulaire, divifé en trois loges, remplies de femences orbiculaires, rougeä- tres, fort applaties. La racine de la rwlipe eft une grofle bulbe jaunâtre ou noirâtre , compofée de plu- leurs tuniques qui s’emboitent les unes dans les au tres, & cette bulbe eft garnie de fibres en fa partie inférieure. On voit clairement par cette defcription les cara- Éteres de la sipe ; fa fleur eft en forme de lis exa- pétale, en godet, nue, feule au fommet de la tige, droite, garnie de fix étamines; eile embraffe l'ovaire qui dévénere en un fruit oblong, chargé de femen- ces applaties, coucnées les unes fur les autres, for- mant un double ranv; ce fruit eft garni d’un tube fenfiblement velu ; la tige de la plante eff environ- ñée de feuilles larges; fa racine eft bulbeufe, & re- êtue d’une tunique ; fa partie fibreufe le divife en filets. ; Ce genre de plante eît des plus étendus en efpeces. Tournefort en compte quatre-vingt-treize, qui pro- duifent tous les jours quelques nouvelles variétés de couleur. Gefner a décrit la premiere ru/ipe qui fut apportée de Conftantinople en Europe en 1500. Auf le nom ulipe paroit turc. Ménage dit que cette plante s’appelle en Turquie rulibenr, à caufe de la reffem- blance qu’elle a avec la figure du tulbent, que nous appellons 1c1 swrban ; mais une remarque plus cu- rieufe, c’eft qu’on obferve dans le mois d'Otobre au fond de l’oignon des zulipes, une s#ulipe entiere: fur la tige de cette #lipe qui n’a pas encore trois li- enés de haut, on découvre déjà la fleur qui nedoit paroître que dans Le mois d'Avril fuivant: on compte les fix pétales de cette fleur, les étamines, les fom- mets, le piftil ou Îe jeune fruit , les capfules, & les femences qu’elles renferment. Qui ne croiroit après tout cela, que toutes ces parties étoient renfetmées dans un efpace encore plus petit, qui n’a pù fe ren- dre vifble qu’à mefure que le fuc nourricier en a dilaté les moindres parties? (D. J.) TuLIPE, (Jardin des Fleurifles. \ les curieux ne confiderent la #4/ipe que comme fleur, &c difent qu'il ne lui manque qu’une odeur agreable pour en fare la plus belle fleur du monde, qui en déployant fes variétés infinies, efface toutes les autres depuis le mois de Mars jufqu’à la fin de Mai. Les caraéteres des bonnes slipes confiftent felon les Fleuriftes, dans leur nouveauté, la beauté de leurs couleurs, la force & la hauteur de leur tige, la forme de leur fleur qui doit être ovoide, fans finir en pointe ; une belle rulipe doit donc avoir : 1°, Une forte tige, qui ne foit ni trop haute ni trop baïfe ; la portée ordinaire du plus grand nombre des belles s1/pes regle la taille de fa tige, elle doit être aflez forte dans fa hauteur, & cependant n’être pas trop grofle. 2°. La fleur doit être compofée de fix pétales, trois dedans & troïs dehors ; les pétales de dedans doivent être plus larges que ceux de dehors, autre- ment ce feroït un défaut. 3°. Le fond de Îa fleur doit être proportionné au fommet , &r les bords des pétales doivent être arron- dis & non pointu, | TU - 40, On n’eflime point la wfipe dont la forme eft belle en entrant en fleur, mais qui deux ou trois jours après s’alonge &c fe gâte. | 5°. On dédaigne celles qui étant fleuries renver- {ent leurs feuilles par-dedans ou par-dehors, qui fe gaudronnent ou confinent. 6°, Le pétale de la fleur doit être épais 87 étofé pour durer long-tems en fleur ; une sxlipe qui dure peu n’eft point confidérée, quelque beauté qu’elle ait ; &clessulipes dont les pétales font minces, grillent par l’ardeur du foleil avant que d’être fleuries. 7%. Quoique toutes les supes aient du dos, celles qui en ont le moins font le plus eftimées. 8°, Les couleurs bifarres paflent pour les plus belles; les plus nuancées font les plus beaux pana- ches. Plus leurs couleurs s’éloignent du rouge, plus elles font à prifer, parce que les fleurs font de plus beaux effets, avec cette exception néanmoins que Les rouges à fond blanc ontleur mérite. Parmi les rouges, les couleurs de feu &c de grenade font Les plus belles, Les dortes bifarres à fond rout blanc, & les grifes à fond tout jaune font fort recherchées. Plus le coloris eft fatiné, plus il eft eftirné ; s’il eft terne, c’eft un très- orand défaut. Les slipes qui étant fleuries ne con- iervent point leurs belles couleurs pendant dix ou douze jours, ne doivent guere être prifées; celles qui les gardent jufqu’à la fn de la fleur le {ont beau- coup. 9°. Les plus petits fonds font les meilleurs pour faire de beaux panaches. Les fonds qui panachent le mieux font d’une même couleur, tant dedans que dehors. Il faut bien comprendre cette regle ; c’eft tout le fin de la connoïflance pour le jugement le moins incertain de ce que doivent faire les couleurs. Le dehors du fond font les plaques cerclées ou étoilées, qui font au-bas des feuilles dans le vale; Le dedans du fond , c’eft Pépaiffleur même du bas des feuilles qui eft couverte par la plüpart, de forte que fi les plaques font blarches, &c qu’en Les levant avec l’ongle , ce dedans qu’elles couvrent foit jaune, ce jaune en montant dans le panache, s'éteint en paflant par le blanc de la plaque. 10. Les étamines doivent être brunes & non pas jaunes, mais il importe peu de quelle couleur font les pivots. On divife généralement les su/ipes en deux clafies, prifes du terns qawelles fleurifient. La premiere clafle eft compofée des sylipes printanieres , & la feconde des sulipes tardives. Il fe trouve d’autres {pes qu'on appelle méridionales , parce qu’elles fleurifient entre les printanieres & les tardives , mais il n’eft pas be- foin d’en faire une clafle féparee. Les sulipes printanieres ne font ni f belles, ni fi hautes, n1 aufh diverfifiées que les tardives, car les fleuriftes qui les élevent d'oignons de Flandre & de Hollande, les bornent à quarante & une, qui font connues chacune par un nom du pays. La claffe des sulipes tardives eft finombreufe, qu’il n’eft pas pofflible d'en faire une lifte; il s’en trouve de fi diverfement colorées, quleft impofññble aux Peintres d’enimuter la variété ; & quoique leur cou- leur, comme couleur, foit des moindres en beauté, néanmoins ce font les plus eflimées, comme feules capables de fe changer en mieux, & comme les meilleures pour cuerllir les graines. On diftingue auffi diverfes fortes de sulipes pana- chées, auxquelles on a donné les noms de pa/sodi, -morillon , agathe, marquetrine, 6e. cette derniere emporte le prix fur les autres, fur-tout quand fes panaches détachés fans aucune diminution, naïffent en leurs couleurs, & font arrêtés par un petit bord, comme un filet de foie. Il fe trouve auffi des slipes jafpées, c’eft - à - dite dont les diverfes couleurs font mélangées enfemble, TUÜUI it comme dans le jafpe, Il fe voit des fuhipes qe Von peut dire doubles, parce qu’elles portent jufau’à plus de vingt pétales. Il s’en voit qui ont les pétales. de la fleur de deux couleurs. Les parangonées font celles qui reviennent tous les ans nettement pana- chées. | Les slipes panachées doivent avoir les mêmes qualités que les fimples couleurs, quant au verd, à la tige, à la forme, & au fond. Le premier panache eft celui qui vient par grands traits , de différentes figures, bien coupées, & féparées de leurs couleurs, & qui ne prend point de fond. Le fecond eff le pa: nache qu'on nomme 4 yeux, qui eft par de grandes pièces emportées nettement ; &t qui ne vient point du fond. Le troifieme eff celui qui vient en grande broderie bien détachée de fes couleurs, & qui ne prend point du fond. Il eft parfaitement beau quand il vient fur des bifarres bien nuancés. Le quatrieme eft celui de petite broderie; quand il eft net &c qu’il perce bien fes couleurs, il eit agréable; maïs il ne left que fur les bifarres qui ont plufeurs nuances , quand 1l vient fur les autres couleurs il reffemble r0p au drap d’or ou au drap d'argent. Les autres pa- nachées, dont le panache prend du fond , ne laïfient pas d’être quelquefois aflez belles, quand ellés font bien nettes , 7 partagées de leurs couleurs. Toutes les panachées qui font également partagées &£ entre- coupées de panaches & de couleurs font les plus agréables, chacune en fon efpece,. _ Je n’entrerai point dans a culture des sylipes, ce Stail me meneroit trop loin, & d’ailleurs il à été épuifé par Miller dans fon Difionaire du jardinage, &c par Morin dans fon livre de la culture des fleurs, imprimés à la fin des ouvrages de la Quintimie. Je ne parle point des traités publiés en flamand &c en hollandoiïs, les deux peuples du monde les plus cus rieux eh ce genre, On fait en particulier avec quel amour les Hollans dois ont autrefois cultivé les s/ipes, avant leur goût por les œillets & les oreilles d'ours. Dans l’année 1634, &t les cinq fuivantes, on vit en Hollande, & particulierement à Harlem , un trafie de sulipes fi fins gulier, quil reflembloit aflez à celui qu’eurent les aétions en 1719 èt en 1720. On fitmonter le prix de ces fleurs à des fommes fiexorbitantes, que s’il nén reftoit des monumens indubitables, la poftérité au- roit peine à croire une pareille extravagance. Plu: fieurs bourgeois quitterent leur boutique &c leur commérce pour la culture des sv/rpes. Munting nous a laiflé les détails d'un marché fait par un particu: ler pour une feule su/ipe nommée Le yice-roi ; Vache teur nayant point d'argent, donna pour cette raré tulipe deux lafts de froment (trente -fix feptiers me- fure de Paris}, quatre lafts de riz, quatre bœufs gras, douze brebis grafles , huit cochons engraiflés, deux muids de vin, quatre tonneaux de bierre, deux ton- neaux de beurre, mille livres pefant de fromage, un lit, des habits, & une grande taffe d'argent, le tout eftimé à deux mille cinq cens florins , c’eft-à-dire à plus de cinq mille livres de notre imonnoïie. Dans le même tems, un autre particulier offrit 12 arpens de bonnes terres pour un oignon de wipe, qu'on ne voulut pas lui céder. On fit dans une vente publiqueneuf mille florins d'une colleétion de swipes d’un fleurifte. Un habitant de Bruxelles avoit un pe- tit jardin, dans lequel , par une vertu finouliere (apparemment celle de gravats bien pilés ) les s4/:- pes fimples fe changeoient en belles s4/ipes pana- chées ; on apporta à cet homme des racines de tou- tes parts en penfon à un très -haut prix, pour être élevées chez lui. Enfin la folie des slipes fut fi gran- de , que les Etats - généraux prirent cette affaire en confidération, & ayant trouvé qu’elle étoit égale- ment mfible aux particuliers & au commerce engé- — 742 TUL néral, ils arrêterent cette folie par des lois exprefles des plus férieufes. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) TULIPIER, {. m. (Æiff. nat. Boran.) genre de plante dont voici les caraéteres. Ses fleurs fonr com- potées de plufñeurs feuilles, rangées , à ce que quel- ques auteurs difent, comme dans la tulipe ; fon piftil part du centre; il eft environné d’un grand nombre d’étamines, & 1l dégénere en un fruit écaillé , ou en cône droit. On peut ajouter à ces carateres, que fes feuilles font pour la plüpart angulaires, concaves dans la partie fupérieure, & terminées par deux pointes, comme fi l'extrémité avoit été divifée avec des cifeaux. Miller en nomme deux efpeces ; 1°, sxbi- pifèra arbor virginiana , H. L, tulipier de Virginie; 2°, tulipifera virginiana, laurinis foliis averfà parte rore cœruleo tinttis, coudi baccifera, Pluk.Phyt, sulipier à feuilles de laurier. La premiere efpece eff fort commune en Ameri- que, où elle s’éleve à une grande hauteur ; mais de tous ceux qu'on cultive en Angleterre, 1l y en a très-peu qui aient pris quelque force; on le tient dans des caifles, & on ferre les caifles avec beau- coup de foin pendant l'hiver : malgré tous ces foins il profite peu, & ne produit point de fleurs, [y a une cinquantaine d’années qu'on en planta un dans un lieu champêtre , au milieu des jardins du comte Peterborough, à/Parfons-Gréen, proche Fulham; les progrès prodigieux qu'il fit en quelques années, détromperent les curieux fur la maniere dont 1ls cul- tivoient cet arbre; il ne tarda pas à produire des fleurs ; 1l fubftte encore, & produit tous les ans en grande quantité. Si quelques -unes de ces branches commencent à fe fécher, il y a tout lieu de croire que cela provient de ce qu'il eft trop ferré par d’au- tres arbres qui l’environnent , dont les racines s’en- trelacent avec les fiennes, & qui le privent d’une partie de fa nourriture. Il donne auf des cônes, mais qui ne font pas aflez parfaits pour que les fe- mences qui y font contenues foient fécondes. Il y a encore quelques autres zzlipiers qui ont pro- duit des fleurs pendant pluñeuts années , maïs ils ne font pas devenus fort gros ; le plus haut de tous ceux que j'ai vus, excepté à Parfons-Gréen, n’avoit pas plus de vingt-cinq piés ; au-lieu que celui de nulord Peterborough s’eftélevé à cinquantepiés, & ale tronc d’une orofleur proportionnée à fa hauteur. Ce tronc eft nud; ce n’eft qu’au-deflus de quarante piés qu'il commence à pouñler, ce qu'il faut peut-être attri- buer, ainfi que je lai dit, au voifinage desvautres arbres dont 1l eft trop ferré ; car J'ai remarqué que par-tout où le swlipier avoit la liberté de s'étendre, 1l poufloit promptement des branches, & s’élevoit moins. Îl en eft de cet arbre, ainfi que du plane, il part de fon milieu un rejetton droit, qui croît à-peu- près de la même maniere dans Pun &t l’autre de ces arbres. I] ne faut pas s’imaginer que ces fleurs foient fort femblables à la tulipe , comme ont fait quelques perfonnes peu attentives , &t {ur-tout les habitans de l'Amérique, qui ont nommé cet arbre, auquel les Européens ont confervé le nom qu'ils lui ont trouvé. Je n’ai point entendu dife que le sulipier fleurifle en aucune contrée de l’Europe qu’en Angleterre. M. Catesby dit dans {on hiftoire naturelle de la Caroline, qu'il y a des slipiers en Amérique, qui ont jufqu’à trente piés de tour; que leurs branches font inévales, irrégulieres, & font un grand nombre de coudes; ce qui rend cet arbre reconnoiflable à une grande diftance, même lorfqu'il eft dépouillé de fes feuilles. On le trouve dans la plüpart des contrées de l'Amérique méridionale, depuis le cap de Florida, jufqu’à la nouvelle Angleterre, où fon bois eft d’un grand ufage. Le sulpier à feuilles delaurier eft maintenant très- fare en Anpleterte ; il y avoit jadis plufeurs dé ces arbres dans les jardins de l’évêque de Londres à Fuls ham, & dans ceux de la duchefle de Beaufort à Chelfea : mais ils font tous péris; en forte qu'il n’en refte plus qu'un dans les jardins de M. Pierre Collin- fon à Peckam ; il a donné les trois dernieres années ua grand nombre de fleurs, On trouvera une fort bonne figure de la plante di tulipier , qui avoit ce nom lorfqu’on l’apporta en An- gleterre, dans la troïfieme partie de Phiftoire natu relle de la Caroline de M. Catesbi, fous le nom de magnolia , lauri folio , fubus albicanre. Wdit que c’eft un petit arbre qui s’éleve rarement à plus de feize piés de haut; que fon boiseft blanc’, fpongieux, & couvert d’une écorce blanche; que fes feuilles ref= femblent à celles du laurier commun ; qu’elles font d’un verd pâle en-deflus, &c blanches en-deflous; que fes fleurs commencent à paroître en Mai; qu’el- les font blanches & odoriférantes, qu’elles durent pendant la plus grande partie de été, & rempliflent les bois de leur odeur ; qu'après la chûte des fleurs, leur putil dégenere en un fruit conique, de la grof- feur d’une bonne noix, tout couvert d’éminences, &c plein de femences groffes comme des feves fran- coues, qui ont une amande couverte d’une: peau mince & rouge ; que ces femences fortent de leurs cellules, fans tomber à terre; qu’elles demeurent fuf pendues par de petits filamens blancs, d’environ deux pouces de long. Ce qui forme un fort beau fpe- Etacle, c’eft que fon fruit quieft verd d’abord, de- vient rouge en müriflant, & finit par être brun ; que cet arbre nait dans des lieux humides, & des terres bourbeufes ; mais, ce qu’il y ade fingulier, c’eft que fi on le tranfplante dans des lieux fecs, il devient plus beau, plus régulier , & donne plus de fleurs &c de fruits; qu'il {e dépouille ordinairement de fes feuil- les enhiver, à-moins qu’il ne foit fort doux. On en a découvert une autre efoece, nommée par le pere Plumier , wagnolia ampliffima , flore albo, fra: élu ceruleo. C’eft un des plus beaux arbres qu'il y ait en Amérique , où 1l croit dans les lieux humides & marécageux : 1l s’éleyve quelquefois à la hauteur de foixante piés & davantage ; {es feuilles font beau- coup plus larges que celles du laurier commun ; elles font d’un verd léger, fort larges, blanchâtres , &c odoriférantes. Son fruit reflemble à la premiere ef- pece de sulipier, mais il eft plus grand; il porte fes femences de la même maniere ; en forte que cet ar- bre n’eft jamais plus beau à voir, que depuis le mois de Maijufqu'au mois de Décembre. Cependant com- me il eft toujours verd , 1l forme un aflez bel afpe&, même en hiver; fes feuilles croiflent promptement, & font placées fur des pédicules droits; ce qui les fait paroître avec avantage, notre climat n’étant pas trop froid pour lui; je ne doute point que dans quel- ues années on ne le voye avec plaifir chargé de Le dans les jardins de quelques curieux, où on le cultive, où il a fupporté le froid des trois der- niers hivers, & où1l profite admirablement tous les ans. (D. J.) TUIN , ( Géog. mod.) petite ville des Pays-bas., d’entre Sambre & Meule, au bord méridional de la Sambre. Quoique cette petite ville ou bourg foit fituée dans le Hainaut, elle appartient au diocèfe de Liége. ( D. J.) TULINGIENS, Les, ( Géog. anc.) Tulingi, peu- ples de l’ancienne Gaule. Céfar, Z. I. ce. y, les met dans Le voifinage des Helvétiens; ils habitoient , {e- lon quelques-uns , le pays nommé aujourd’hui la Lorraine; &, {elon d’autres, c’étoient les habitans des comtés de Stulingen & de Nellenburg. (D. J.) TULLE , f. f. (Commerce. ) efpece de dentelle commune qui fert à faire des manchettes , mais plus! communément çe qu'on appelle excoilage, Il y ena %XUL ‘én foie & en fil; celle en foiea le même emploi que celle en fl. TULLE, (Géog. mod.) en latin du moyen âge Turela, ville de France, capitale du bas Limoufin, au confluent des rivieres de Correfe & de Solan, à 15 lieues au fud-eft de Limoges, &à 118 au midi de Paris, dans un pays rempli de montagnes & de précipices. C’eft auffi par cette raifon, que d’anciens moines sy établirent, pour y former dans le x. fiecle un monaftere qui procura la fondation de la ville de Tulle, Les princes qui ont poflédé le Limoufin, s’at- tribuerent le haut domaine de cette ville, & les rois dè France leur‘ont fuccédé, US Tulle eft aujourd’hui décorée d’un évêché, d’un préfidial, & d’une éle&ion: l’évêché fut érigé par le pape Jean XXIL.en 13 17 ; il n’a que huit lieues d’é- tendue, & le revenu eft de douze à quatorze nulle livres; l'évêque eft auf feigneur de la ville, qui porte le titre de vicomté, Long. 19. 20. Latit. 45. 15. Cette ville a été fort illuftrée par M. Baluge (Etienne ) qui y naquit èn 1630. C’eft un des plus favans hommes du xvij. fiecle, & un des auteurs qui a rendu Le plus de fervices à l'Eglife & à la républi-. que des Lettres, parles foins qu’il prit de recherche de tous côtés les anciens manufcrits, de les conférer avec les éditions , & de les donner enfuite au public avec des notes pleines d’érudition. On lui doit le recueil du capitulaire de nos rois, les œuvres de S. Cyprien, les conciles de la Gaule narbonnoïfe, la concorde du facerdoce & de l'empire de M. de Mar- ca, édition des épîtres d’Innocent III. en 2. vol. :7- fol. qui parurent en 1682. Outre cela, il à mis au jour fix volumes 1-89, de différentes piecés , intitu- les Mifcellanea. C’eft encore lui qui a formé le re- cueil des manufcrits de la bibliotheque de Colbert. [la travaillé jufqu'à l’âge de 88 ans, qu'iltermina par fa mort à Paris, en 1718. M. Baluze écrivoit bien en latin, & étoit très- verié dans l’hiftoire eccléfiaftique & prophane. Il donna.en 1708, l’huftoire généalogique de la maïfon d'Auvergne , & fut exilé pendant quelque tems, pour avoir foutenu dans cet ouvrage les prétentions du cardinal de Bouillon, qui fe croyoit indépendant du roi, & qui fondoit fon droit fur ce qu’il étoit né d’un prince fouverain, dans le rems que Sedan ap- partenoit encore à ce prince. j Le jéfüite Jarrige ( Pierre } n’à pas fait beaucoup d'honneur à la ville de Tz/2 fa patrie. Il étoit un des fameux prédicateurs de fon ordte, mais un mal-hon- nête homme, qui pour fe venger dé ne pas obtenir les emplois dont il fe croyoit digne, vint én Hollan- de, abjura fa religion , & mit au jour un livre qu'il Antitula, es jéfaires mis fur l'échaffaud , livre dans le- quel il les traita d’une maniere fi outrageante, que jamais il n’étoit arrivé à leur fociété rien de fi mor- tiflant, dit un auteur calvinifte. Le pere Pontheliet ramena cet efprit fougueux ; il rentra en 16so dans la communion romaine, s'établit chez les Jéfuites d'Anvers, & publia fa rétra@tarion. M. Melon (N.) mort à Paris en 1738, étoit na: tif de Tulle ; la cour l’'employa dans des affaires très- Hnportantes ; fon principal ouvrage eftun Æ ffai politi- que für le Commerce, dont la feconde édition eft meil- leure que la premiere. (D. J. À TULLUM , ( Géog. anc.) montagne de l’Illyrie, felon Strabon, 2. 15. p. 207. Lazius dit que le nom moderne eft Delez, & que les habitans du pays la nomment Ze/ez. ( D. J.) TULN , (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans fa baffle Autriche, proche la riviere de même nom, à quatre milles de Vienne ; fon terroir pro- duit du blé &c du vin. Long. 34. G. latic. 48. 22. Left à Tuln que fut inhumé le comte de Habs- [es “ti | à A à = : I UM 743 bouts, devenu empereur fous le node Rodolphe LE pour avoit , dit-on, prêté fon cheval à un curé. Sà fortune étoit finguliere par plus d’un endroit ; il avoit été grand-maitre-d’hôtel d’Ottocare roi de Bohème; dès qu'il fut fur le trône impérial, äl prefla ce roi de lui rendre hommage : le roi répondit qu’il ne lui de- voit rien , qu'illur avoit payé fes gages: (D...) TULN LA , ( Gébgr. mod. ) riviere d'Allemagne, dans la bafle Autriche ; elle a {a fource au quartier du bas Vienner-Wald, arrofe la ville de Tw/» ; & fe jette dans le Danube. ( D. Da) TULONIU M, ou TULLONIUM , (Gédg. arc. ) ville de lEfpagne tarragonoife ; Ptolomée qu la Marque dans les terres, la donne aux Zarduli. L- tinéraire d’Antonin la met {ur la route de lEfpagné dans l'Aquitaine ou d’Afturica à Bordeaux , entré Suiflatium & Alba, à fept milles du premier de ces lieux, & à douze milles du fecond. (D.J. TULSK , (Géog. mod.) petite ville d'Irlande , dans la province de Connaught, au comté de Rofcomon; elle eft environ à trois milles au fud-oueft d'Elphin, & à treize milles au fud de Rofcomon. Elle envoie deux députés au parlement de Dublin, (SAIS ‘TUMBE , voyez Vive. - TUMBEZ , ( Géog. mod. ) vallée de PAmériqué méridionale , au Pérou , dans le gouvernement de Quito. Quoique cette vallée foit traverfée par uné riviere qui lui donne fon nom , fon terroir eff très peu fertile, parce qu’il n’y pleut jamais. (2.7) TUMEFACTION, £. f. eft l’aétion de s’enfler ; OÙ de s'élever en tumeur. Voyez Tumeur. Il arrive fouvent dans la gonorthée des inflam- mations & des sumefuélions des tefticules » Joit par la foiblefle des vaifleaux, les mouvemens violens ; Pufage indifcret des aftrinsens, le défaut de purga- tion , foit par Guelqu’autre caufe femblable, Voyez GONORRHÉE. VE TUMEN, ( Géog. mod. ) ville de l'empire rufien ; dans la Sibérie, für la riviere de Tuca > à 50 lieues au fud-oueft de Tobolskoi. Ses habitans font prefque fous tartares , 6e payent leur tribut au czar en pelle: teries. (D. J.) | | ; TUMEUR , umor, oris, {. f. terme de Chirurgie , c’eft une élévation contre nature qui furvient à quel- que partie du corps. Ce mot vient du latin mere A s’enfler , fe gonfler. Les fumeurs {ont formées 1°, par l'accumulation & le féjour de quelque humeur; ce font alors des LL rneurs hüumorales, nommées apojlèmes , lorfqu’elles attaquent les parties molles , voyez APOsTÈmE ; € EXOSTOSE , lorfqu’elles affectent les parties dures ; voyez ÉXOSTOSE. Il y à des tumeurs qui font caufées par le déplacement de quelques parties organiques: Ce font des kernies lorfque la zumeur eft faite par des parties molles, voyez HERNIES ; & des luxations, lorfque les parties dures ont {ouffert quelque déran- gement. Voyez LUXATION. La troifieme clafle de #meursteconnoît pour caufe là préfence de quelque corps étranger. On entend par corps étrangers toutes les chofes qui n’entrent point actuellement dans la compoñtion de notre corps. Les uns font formés au-dedans de nous , les autres vien nent du dehors ; les uns & les autres peuvent être animés Ou inanimés. Ceux qui font formés chez nous font de dix efpe: ces. Les uns fe font formés d'eux-mêmes : telles {ont la pierre dans les reins ; dans les ureteres , dans la vefhe, dans la veflieule du fel , ou dans toute autré pattie du corps ; la molle dans la matrice, les vers ët autres infetes dans les inteftins , ou dans quel: qu'autre partie. Les aires font devenus corps étran: gers, parce qu'ils ont féjourné trop long-tems dans le corps : tel eft un enfant mort dans la matrice ; où 744 TUM parce qu'ils fe font féparés du tout , telles font les ef quilles des os , une efcharre, &c, Les corps étrangers venus de dehors , font entrés dans le corps en faïfant une divifion , ou fans faire de divifion. Un dard, une balle de fufil, un éclat de bom- be, & tous les corps portés avec violence font dans le premier cas. Ceux qui entrent fans divifon , font les corps de toute efpece qui s’introduifent dans les ouvertures naturelles ; telles que le nez, les yeux, le gofier , les oreilles, Panus , le vagin , l’uretere , la veflie. Quelques-uns mettent au rang des corps étrangers Pair qui, en s’infinuant dans l’interfuce des parties, forme des tumeurs qui tirent différens noms , fuivant les différentes parties qu'il occupe. Voyez EMrHy- SÈME, Tous les corps étrangers doivent être tirés dès + eft poffible de le faire , de crainte que ceux qui {ont engendrés dans le corps , tels que les pierres de Ja vefle, n’augmentent en volume , ou queceux qui {ont venus de dehors n’occafionnent, par leur pref- fion, des accidens qui empêchent leur extraétion, ou qui la rende difficile. Il y a différentes manieres d'extraire les corps étrangers. On ne peut tirer Les uns que par une où- verture qu’on eft obligé de faire, comme la lytho- tomie, pour l’extraétion de la pierre urinaire. Voyez TaAïLLE. On peut tirer Les autres fans faire aucune divifion. Si on tire un corps étranger par l’endroit par le- quel il eft entré , cette mamiere s’appelle arrraëhion ou expulfion, Si au contraire on le fait fortir par une ouverture oppofée à celle où il eft entré, cette ma- niere s’appelle ëmpalfion. La diverfité des corps étrangers qui peuvent entret les différens endroits où ils fe placent, les moyens _ finguliers qu'il faut quelquefois inventer pour en faire l’extration,, enfin les accidens que ces corps étrangers occafonnent , demandent quelquefois de la part des chirurgiens beaucoup de génie & d’adreffe, On trouve, dans le premier volume des mémoires de d'académie royale deChirurgie, un grand mémoire très- intéreffant {ur Les différens moyens de procuref la for- tie des corps étrangers de l’œfophage, par M. Hevin, fecrétaire de cette académie pour les correfpondan- ces, & premier chirurgien de madame [a dauphine. Avant que de faire l’extraétion d’un corps étran- ger de quelque efpece qu'il foit, on doit fe rappeller la ftruéture de la partie où il eft placé ; s’informer & s’aflürer, s’ileft pofible, de la groffeur , de la gran- deur, de la figure, de la matiere, de la quantité, de Ja fituation du corps étranger, & de la force avec la: quelle il a été pouffé dans le corps, s’il eft venu de dehors : il faut outre cela mettre le malade ër la pat- tie dans une fituation commode , & telle que Îles mufcles foient dans un état de relâchement , &t enfin faire choix des inftrumens lés plus convenables pour en faire l’exrration. Les corps étrangers entrés & engagés dans quel- que ouverture naturelle, doivent être tirés prompte= ment. On doit auparavant faire des injeétions d'huile d’amande-douce pour lubrifier le paflage , 6e facili- ter par ce moyen la fortie du corps. Quant aux corps étrangers qu’on ne peut tirer fans faire de divifion, ou fans agrandir ouverture déja faite par le corps, voyez INCISION , CONTRE-OUVERTURE 6 PLAIE “vec corps étranger. | Lesinftrumensdontonfefertpour fairel’extration des corps étrangers font les curettes, pour tirer ceux qui font engagés dans l'oreille ou dans l’'urethre ; les différentes efpeces de repoufloir & de pincettes pour tirer ceux qui font corses dans le gofier ; les tenet- tes , les pinces dé différentes efpeces pour tirer les pierres , les balles, & autres corps femblables, Foyer TUN Tinesazze. Lorfaue le corps étranger peut être fait avecles doigts, ils font préférables à tout autre inftru- ment. Voyez Corps ÉTRANGERS, t {ur ceux qui font dans la trachée artere, l’article TRACHÉOTOMIE. (F7) TUMULTUAIRE , TUMULTUEUX , (Syzon.) il femble qu'il y ait au propre quelque différence en- tre ces deux mots, le premuer fignifiant ce qui fe fait à la hâte, avec trouble, fans ordre ; rumultueux dé- fignant plus ce qui fe fait avec {édition ; une affem- blée sumuliuaire, une aflemblée #muliueufe, ne difent donc pas précifément la même chofe. Les mutins for tirent smulruairement du camp ; les rebelles s’affem- blerent cumulsmeufement. Mais tmultueux au figuré veut dire confus , ému, en defordre, & il s'emploie mieux que smultuaire. I eft difficile d’appaifer une paflion auffi smulrueufe que la vengeance, Si la naif- fance de l'amour eft swmultmeufe , fes progrès le font encore davantage. ( D. J. | TUMULTUS , (Langue latine.) les Romains don- notent le nom de s#multe aux guerres les plus dan- gereufes, &c qui mettoient la république en péril, Dans la révolte des alliés, le péril parut fi grand aux Romains, qu'il fut déclaré qu'il y avoit «mure, On publia que la guerre des Gaulois étoit tumulte, mul | vus. (D. J. TÜNERIDCE , (Géograph. mod.) bourg d’Angle- terre, dans le comté de Kent, à quinze milles de Ro-- chefter, & à vingt-cinq milles de Londtes, fur la Medway. Il y aun château qui fut bâti par Richard de Clare, qui avoit eu Terbridge par échange pour Brion en Normandie. Ce bourg eft fort renommé par fes eaux minérales, & par l’afluence de gens de qua- lité qui viennent les boire , samufer, &c y prendre de l’exercice dans une faifon convenable. _ C’eft un plaifir, dit Pavillon dans une lettre à ma- dame Péliffari , que d’être malade dans ce pays, car fitôt qu’on left, ou qu’on croit l'être, ou qu’on veut l'être, on vous envoie aux eaux de Tunbridge ; or ce Tunbridge eft la plus charmante médecine que lon puiffe prendre ; c’eftune fontaine au bout d’une foire auf magnifique que celle de S. Germain. Il faut avoir la complaifance de croire que ceux qui ÿ vont boi= vent de ces eaux, & qu'ils en ont befoin. Ce qui m'en fait douter , c'efl que ceux qui les pren» heñls Sont à jouer affiduement ; Caquerent fans ceffe , ou toujours fe promenent , Erne pilent que rarement: Mille fraîches beautés parent la promenade, Et l'on trouveroit en ce lien Plus malaifément un malade Qu'un homme fain à l’Hétel-dieu. - Comme j'étois furpris de voir tous ces préténdus talades en fi bonne fanté , jé demandai avec empref: fement , continue Pavillon, de quel al certe fon- taine guériffoit ; mais je n’en pus être éclaire. Pour toute réponfe , Les uns haufloient Les épaules, les au- tres me rioient au nez, &c. Il finit en difant à madame Péliffari : « Enfin, madame , ce pays eft fi beau êc f » bon, que fi par hafard quelque magicien , felon » l’ancienne coutume, me détient ici enchanté du= » tant deux ou trois mille ans, je vous prie de neme » plaindre point, & d'attendre patiemment mon re= # Lour ». Ces lieux font pour moi pleins d'appas, Je n’y vois ni procès, ni moine , ni mifere On y fonne rrès-peu ; l’on n'y travaille gusre, Er l'on y fait de longs repas. (D. 1) TUNDES , £. m. (Æiff: mod. fuperftir.) les Japonoiïs défignent fous ce nom des prêtres revêtus d’une dis gnité eccléfiaftique de la religion de Budsdo, qui “# pond TUN pond à celle de nos évêques. Ils tiennent leurs pou- voirs & leur confécration du fouverain pontife de leur religion appellé /£aka , voyez cet article ; c’eft l'empereur féculier du Japon qui nomme ces sundes, le fiaka confirme fon choix, & leur accorde le droit de difpenfer dans les cas ordinaires | 6 d'appliquer aux vivans & aux morts les mérites des dieux € des faints. _ Les surdes ne communiquent point fans reftric- tions, un pouvoir fi étendu aux prêtres ordinaires. Ils ont communément la direétion de quelque riche monaftere de bonzes , qui leur fourniffent les moyens de foutenir avec fplendeur la dignité de leur état. Voyez SiAKA. : TUNEBRIUM, (Géog. anc.) promontoire d'Ef- pagne, dans le royaume de Valence , entre les villes Altea &t Denia. Les anciens Pappelloient Arcemifium, ‘du nom de la ville la plus célebre du voifinage, & Ferraria , à caufe des mines de fer qui s’y trouvoient. On lui donne aujourd’hui Le nom de capo Martino ou punta de l'Emperador. (D.J.) | TUNER, TUNAGE , TUNES, ( Hydraulique.) ce {ont des harts, compofés de trois brins ou verges de 15 piés de long, pour ferrer les tiers de fafcines qui le pofent les uns fur les autres, de maniere qu'ils forment un lit de 18 à 20 pouces d’épaifleur. Ces ures S’attachent autour des piquets de 12 piés de long verticalement , & enfoncés à coup de maillet pour les ferrer les uns contre les autres, afin d’af- faifler le fafcinage, on remplit l'intervalle que Les #- nes laïffent entr’elles de pierres plates & dures po- fées de champ. (Æ) | . TÜUNG, f. m. (if. des infedles.) nom qu’on don- ne chez les Guaranis, peuples de l'Amérique méri- dionale , à un petit infeéte qui les défole, & qui s’infinue peu-à-peu entre cuir & chair, principale- ment fous les ongles; là il fait fon nid & dépofe fes œufs, qui venant à éclore, rongent toutes les par- ties voilines, & produifent de fâcheux ulceres. On eft averti de l’endroit où ils font nichés , par une violente démangeaifon qu’on y fent. Le meilleur re- mede, eft d’ouvrir la partie avec la pointe d’une lan- cette, d’en tirer la vermine, de deflécher enfuite la plaie, & la cicatrifer ; c’eft le même infeéte que les Efpagnols nomment pico , & les François , chique. Voyez CHique. (D. J.) j TUNGRI, (Géog. anc.) peuples dela Gaule beloi- gique, felon Ptolomée, Liv. II. ch. ix, qui leur donne _ Atuacutum pour capitale. Tacite, Æf£. Liv. IF. G F. fait auffi mentionffie ces peuples. Ce font les mêmes que les Eburones , ce qui fait que Céfar ne fait point mention des Tongres, parce qu’il ne les connoït que fous le nom d’Eburons ; & Pline, iv. IF. c, xvij, au contraire , nomme les Eburons Tongres. Ils font communément appellés Germains par les Gaulois, des mots gerra, guerre , & de mar, hom- me , c’eft comme qui diroit homme de guerre. Les Tungri habitoient les pays de Liése , de Colo- gne, de Juliers, de Limbourg, de Namur , & partie du Luxembourg. Du tems de Céfar, ces pays étoient occupés par les Condrufens &cles Segniens auprès du Rhein. Les Caréfens &£ les Poœmanes étoient à l’oc- cident: les Eburons étoient entre les Segniens & la Meufe. Dans la fuite les Ubiens, Ubi, les Suniques Sunict, les Aduaticiens Aduatict, pofléderent entr’- eux toute cette étendue de pays. Les Vbir occuperent le territoire de Cologne, & partie de Juliers. Leurs villes étoient Agrippina Col. aujourd’hui Cologne; 4ra ubiorum, aujourd’hui Bonn; Novefium, Nuys; & Gelduba, Geldub , village qui a retenu l’ancien nom. Les Sunici habitoient Limbourg, & partie de Ju- lers , ils avoient deux villes. Theuderium , à préfent Tudder, & Coriovalum qu'on nomme maintenant Yael. genboure. Nr 3E 20E dome APT, T'UN 745. Les Aduarici tenoïent le comté de Namur, & par- tie du Brabant. Ilsavoient pour villes principales Ge miniacum, aujourd’hui Gemblours, 8 Perviclacum village qu'on nomme à préfent Pervis. (D. J.). TÜNGRIENS , f. m. pl. ( Æif. anc. ) peuple de l’ancienne Gaule, qui du tems de Céfar, habitoit la partie du pays de Liëge où ef la ville de Tongres. TUNGRORUM FONS , (Géog. anc.) eaux miné- rales dans la Gaule belgique, au pays des Tongres, felon Pline, Z. XX XI. c. 1. qui en parle en ces ter- mes : Tungri civitas Galliæ , fontem habet infignem plu- rimis bullis fhllantem , ferruginei faporis ; quod ipfum non rifc in fine potus intelligitur. Purgat hic corpora , tertianas febres difcutir, calculorumque viria. Eadere aqua igniadmota ; turbida fit, ac pofiremo rubeftir, Per- fonne ne doute que Pline ne parle de la fontaine fi connue aujourd'hui fous le nom d’eaux de Spa, & qui fe trouve dans le diocèfe de Liége, pays qu'ha- bitoient les anciens Tongres. (2. J.) TUNGSTEEN , f. m. (Æf. nar, Minéral.) les Sué- dois donnent ce nom à une pierre ferrugineufe ow mine de fer, qui reflemble à la mine d’étain en cryt- taux de la forme du grenat. Cette fubftance eft très- pefante & très-difficile à réduire, cependant on en a tiré jufqu'à trente livres de fer par quintal: on a de la peine à la faire entrer en fufion, en y joignant du borax ou du {el alkali fixe ; mais le {el fufible de lu- tine la fait fondre très-promptement, alors on ob- tient une fcorie noire. On trouve différentes varié- tés de cette fubftance , il y en a de rougeâtre ou cou- leur de chair, de jaune, & de couleur de perle; elle varie auf pour le tiflu, on en trouve qui eft très- compaëte & d’un grain très-fin, il y en a d’autre qui reflemble à du fpath & qui a un coup d’œil gras à fa furface. Voyez l'Effai d’une nouvelle minéralogie, pu- bliée en Suédois en 1758. (— TUÜNJA , (Géog. mod.) ville de PAmérique, dans la Terre-ferme, au nouveau royaume de Grenade , capitale de la province de même nom , fur le haut d’une montagne, à 20 lieues de Santa-Fé. Larir, 3, D'J. | HER POPELLUS, (Lis) c’eft le peu- ple & les efclaves, qui ne portoient que la tunique fansrobe : car la robe étoit l’habit des hommes libres, un homme de condition n’auroit ofé paroître en tu- nique fans robe ; d’où vient que Céfar punit un offi- cier qui ayoit manque à {on devoir, en le faifant te- nir debout tout le jour en tunique & fans ceinture, devant la tente du général. (D. J.) TUNIQUE, f. £ (Bosan.) les Botaniftes appellent tuniques , les différentes peaux de certaines plantes , telles , par exemple, que celles d’un oïgnon , qui font emboîtées les unes dans les autres; ils fe fervent auffi quelquefois du mot de sunique, pour fignifier fimple- ment une enveloppe. (D. J,) rit TUNIQUE, ez Anatomie, eft un nom qui fe donne aux membranes , qui enveloppent les vaifleaux & différentes autres parties des moins folides du corps. Voyez les Planches d’ Anatomie, Les yeux font principalement compofés d’un cer- tain nombre d’humeurs qui font contenues dans des uniques , rangées l’une fur l’autre, comme la unique albuginée , la cornée, la rétine, &c. Voyez ŒrL, AL- BUGINÉE, Cc. TUNIQUE VAGINALE , voyez VAGINALE. TUNIQUE ACINIFORME, eft la même que la mem- brane uvée de l'œil. Voyez Uvée. Le TUNIQUE VITRÉE , (Anatom.) c’eft la même que la unique arachnoïde ou cryftalloide, ou capfule du cryftallin. Voyez ARACHNOÏDE. M. Petit s’eft fort étendu fur cette surique, à la- “quelle il a donné un mémoire entier, dont voici le précis. I C'eft une membrane qui enveloppe tout le cryf= nc jé BBbbh + tallin, mais une membrane fi délice, que d’habiles anatomiftes en ont nié l’exiftence , ou du moins en _ ont douté. Elle n’eft efeüivement guere moins fine dans l'homme qu’une toile d’arignée ; auffi quelques- uns l’appellent-ils erachnoïde. Elle eft une fois plus épaifle dans le bœuf que dans l’homme , & encore plus dans le cheval. Elle feroit par conféquent moins dificile à démontrer dans ces animaux , & ce feroit une affez forte préfomption qu’elle devroit fe trou- ver dans l'homme ; mais on l’y démontre aufli, & même fans injedtion, quoique ce füt d’ailleurs une chofe aflez furprenante, qu’une membrane fi fine püt être injcétée. Elle peut l’être cependant, &c Ruyfch y eft parvenu ; elle reçoit quelquefois une injeétion naturelle, c’eft-à-dire qu'il s’y fait une inflammation, que ces vaifleaux plus remplis de fang ou de la li- queur qu'ils portent, deviennent viñbles , & qu’on apperçoit leur diftribution &c leurs ramifications. Le cryftallin de Phomme, revêtu de fa membrane ou capfule , paroit moins tranfparent à fa partie an- térieure qu’à la poftérieure ; mais s’il en eft dépouil- lé, fa tranfparence eft égale des deux côtés. Le ligament cihaire fe termine & s'attache à la par- tie antérieure de la capfule par des fibres qu'il y jet- te, & par les vaifleaux qu'il y fournit, ces vaifleaux ne font que des lymphatiques. Quand il paroïît du fang dans cette membrane, c’eft par quelque acci- dent particulier, comme lorfaue dans un accouche- ment difficile, la tête de RAA a été violemment comprimée au pañlage, &c que le fang a été obligé de s’infinuer dans des canaux qui ne lui étoient pas deftinés. La tunique vierée fe nourrit donc de cette lymphe, qui lui eft apportée par les vaifleaux qu’elle reçoit du ligament ciliaire. On voit qu'il s’eft épanche une partie dans la cavité de la capfule, entre cette mem- brane & le cryftallin. M. Petit l'a toujours trouvée tranfparente , tant dans l'homme que dans les animaux, même dans les fujets qui avotent des cataraétes. Lacornée & la mem- brane hyaloïde trempées dans Peau bouillante , dans les efpritsacides, @c. y perdent leur tranfparence , la membrane vitrée y conferve la fienne, elle ne la erd que dans lefprit de-nitre, encore s’y diflout-elle le plus fouvent, plutôt que de la perdre. if. 6 mé. de l'acad. 1730. (D. J.) Tunique, L À ( Arrig. rom. ) efpeces de chemi- fe des hommes &z des femmes romaines. La sunique étoir un habillement commun aux hom- mes &c aux femmes, mais la formeenétoit différente. Les femmes avoient accoutumé de les porter beau- coup plus longues que les hommes , & lorfqw’elles ne leur donnoient pas toute la longueur ordinaire , c’étoit fortir de la modeftie de leur fexe, & prendre un air trop cavalier; £rfra mulierum , Jupra centu- TLOTLELTTII. _ Juvenal, en parlant d’une femme qui fe pique à- tort & à-travers de bel efprit, qui au commence- ment du repas fe jette fur les louanges de Virgile, pefe dans la balance lemérite de ce poëte & la gloire d'Homere,trouve des excufes pour Didon lorfqu’elle fe poignarde, décide la queftion du fouverain bien: Juvénal, dis-je , ajoute que puifqwelle affeéte ainf de paroître favante, il feroit jufte qu’elle retrouffät fa runique jufqu’à demi-jambe, c’eft-à dire, qu’elle ne fe montrâtalors que dans l'équipage d’un homme. Cruré tenus medio tunicas fuccingere debet. Non-feulement les suniques des dames étoient dif- _tinguées par la grandeur , elles Pétoient auffi par des manches, quil n’étoit permis qu’à elles de porter. C’étoit parmi les hommes une marque de mollefle dont les tems de la république w’avoient point mon- tré d'exemple. Céfar ne put pas même fur cela fe : mettre à l'abri des reproches; maisfes mœurs éroient auffi efféminées que fon courage étoit élevé ; &c nous ne devons point tirer à conféquence l’exemple d'un homme, que Curion le pere dans une de fes haran- gues avoit non-feulement nommé le mari de toures les femmes , mais auf la femme de tous les maris. La tunique prenoît fi jufte au cou , & defcendoit fi bas dans les femmes pleines de retenue, qu’on neleur voyoit que Le vifage. Catia n’étoit point du nombre de ces fortes de femmes , à ce que dit Horace: Marrone pr@ter faciem nil cernere polfis , Catera , ni Catia eff , demiffé vefle regentis. Elle laifloit à découvert cette partie des épaules qui eft jointe au bras; Ovide difoit que cet étalage féyoit aux femmes blanches , & qu'il autorifoit les émanci- pations. | Hoc ubi vidi, Ofcula ferre humero, qua patet ufque liber. Lorfque le luxe eut amené l’ufage de l'or &c des pierreries , on commença impunément à montrer encore la gorge ; la vanité gagna du terrein , & les runiques S’échancrerent davantage ; fouvent les man ches, au rapport d’Elien, n’en étoient point coufues, & du haut de l'épaule jufqu’au poignet, elles s’atta- choient avec des agraffes d’or ou d'argent, de telle forte qu'un côté de la swriqu? pofant à demeure fur l'épaule gauche, l’autre côté tomboit négligemment fur la partie fupérieure du bras droit ; ainfi les suni- ques étoient ouvertes par Les côtés , à-peu-près com- me nos chemifes d'hommes. Leur nombre s’augmenta chez les Romains , d’a- bord parmi les hommes dont les femmes fuivirent l'exemple; mais le goût en forma la différence; la premiere étoit une fimple chemife , la feconde une efpece de rochet, & la troifieme , c’eft-à-dire celle qui fe mettoit par-deflus , fe nommoit Jfole. Voyez STOLE. Du tems de Séneque la sznique des dames romai- nes étoit très-fine. Voyez-vous, dit-il, ces habille- mens de foie que portent nos dames; qu'y décou- vrez-vous qui puifle défendre ou le corps ou la pu- deur? Celle qui peut les revêtir, ofera-t-elle jurer qu’elle ne foit pas nue? On fait venir à grands frais de pareilles étoffes d’un pays où le commerce n’a ja- mais été ouvert , & tout cela pour avoir droit d’éta- ler en public des objets qu’en particulier on n’ofe montrer À fes amans qu'avec quelque réferve. Il ne manquoit plus à Séneque qu'à nous inftruire de la couleur de la rique des dames romaines ,felon ce même efprit de galanterie & de volupté qui cor- rompoit les mœurs de fon fiecle, & dans lequel Ovi- de ne recommandoit que la convenance avecleteint. La sunique noire, dit-il, fied bien aux blanches, & la blanche fied bien aux brunes. Nous ne marions pas volontiers de même ces deux dernieres couleurs. Eft-ce que la fantaifie régloit le goût des Romains , ou qu’elle détermine le nôtre? Ceft tous les deux; car en tout tems la fantaifie a décidé des goûts, des modes & de la beauté. (D. J.) Tunique, f. f. (rerme de Chafublier. ) vêtement dont les diacres & foûdiacres fe fervent en oficiant. - La sunique ne differe de la dalmatique quepar les man- ches qui font plus longues. La sunique eft aufi une. forte de vefte dont les rois de France font revêtus à, leur facre fous leur manteau royal. (D. 7.) TuniQuE, furtout, ou cote d’armes pour être por« tée fur l’armure du corps. Voyez COTE D’ARMES. La tunique eft proprèment un petit furtout de taf- fetas, court &c fort large , fur lequelon a peint ou brodé des armes, comme en portent leshérauts d’ar- mes ; autrefois les officiers généraux multaires en portoient auffi fur leurs armures pour fe difinguer de leursfubalternes. Voyez ARMES. ar TUNIS rar DE, ( Géog. mod, ) état d'Afrique ; dans la Barbarie , fur la côte de lamer Méditerranée, quile baigne au nord & à lorient. Il aau midi divers peuples arabes, & au couchant le royaume Alger êc le pays d’'Effab. Cet état répond à-peu-près à l’an- cien état de Carthage, tel qu'il étoit avant les gran- des conquêtes qu'il fit dans la fuite ; mais 1l s’en faut bien quelles Tunifiens ne foient les mêmes que les Carthaginoïs, On divife aujourd’hui cet état en huit contrées, qui comprennent chacune diverfes bourgades , qui pour la plüpart ont été ruinées par les Arabes. De ces bourgades les unes font furdla côte, & les autres dans les terres. Le terroir de l’état de Tunis eft un peu plus fertile _que celui de Fripoli ; mais fon gouvernement eft à- peu-près le même. Il eft avantageux à la régence de Tunis d’être toujours en bonne intelligence avec la régence d'Alger, qui manque rarement de profiter de tous les troubles qui arrivent dans la régence de Tx- ris. Il femble que les Maures forent un ennemi auffi dangereux ; mais ces peuples partagés entre divers fouverains ne fongent qu’à jouir en paix de leurs pays, & ne remuent que quand on les chagrine par les impots & autres vexations. La régence de Tripol ne s’avilera point d'attaquer celle de Tunis ; les for- ces {ont trop inégales en pareil cas; mais fi Turis vouloit fe reffaifir de l’ancienne domination qu’elle a eue fur Tripoli, il {eroit dificile qu'elle réuflit, parce qu’alors elle ne feroit pas plutôt embarraflée dans cette guerre, que fes voifins fondroient fur elle, À parler généralement, Pétat de Tunis n’eft nulle- ment propre à faire de grandes conquêtes. Les digni- tés de dey , de bey & de bacha partagent trop l’au- torité quand elles font divifées ; & fi quelqu'un les réunit, il peut compter d'attirer fur lui l'envie de tous fes fujets. Le gouvernement tel qu'il eft établi, eft expo à un flux & reflux perpétuel, & à desora- ges qui renverient les plus hautes fortunes. Sinan bacha après avoir fait la conquête de l'état de Tuis, le mit fous la proteétion du grand-féigneur, & y éta- blit un nouveau gouvernement , avec une milice de cinq muile turcs divilés en plufieurs compagnies ; mais le gouvernement fondé par Sinan bacha a aufli éprouvé un grand nombre de viciflitudes. ( D. J. ) TUNIS royaume de , ( Géog. mod, ) royaume d’A- frique, dans la Barbarie, dont 1l étoit le quatrieme, & le dernier du côté de l’ortent.il comprenoit autre- fois les provinces de Confiantine, de Buglie, de Tu- zis , de Tripoli &t d'Effab , & avoit plus de fix vingt lieuès de longueur le lons de la mer ; mais Effab n’eft plus aujourd’hui de fes dépendances ; Tripoli faitun royaume à part ; & Buglie & Conftantine {ont incor- porées au royaume d’Alser ; ainfi Tunis a confervé feulement les villes du reffort de fon état. Voyez Tu- NIS état de, &t TUNIS ville de, ( D. J.) Tunis, ville de, (Géos. mod, ) anciennement Tu- zes, Ville d'Afrique en Barbarie , capitale du royau- me du même nom , dans une plaine , fur le lac de la Goulette, à 4 lieues de la mer , 8 à 145 au nord-eft d'Alger. . Les rues êtes places de cette ville font fort bien ordonnées ; mais {a plus grande force confifte dans le nombre defes habitans , pour la plüpart artifans, entre lefquels fe diftinguent les tiflerans, qui font la meilleure toile d'Afrique. Il n’y a dans cette ville aucun moulin à vent ni à eau, poiñt de fontaines, point de ruifleaux, point de puits, mais feulement de grandes citernes où fe rendent les eaux de pluie, tant pour boire que pour le fervice de chaque mai- fon. | Il ne manque pas de mofquées dans Tunis ; les an- ciens colleges qui y étojent , font la plûpart ruinés, Tome XVI, es TUN #7 i Les maïfons n'ont qu’un étage, & font toutes en ter- rafle, afin de fure mieux écouler l'eau de pluie dans: les citernes. Les veftibules font frais &propres, par- ce que les hommes y demeurent la plûpart du tems à faire Jeur négoce, pour empêcher leurs ämis ou leurs gens d’entrer dans l'appartement de leurs fem mes. Les fauxboures , au nombre de trois, font ex- trèmement peuplés, & renferment deux à trois mille’ mailons. Les dehors de la ville contiennent d’amplés jardins ou vergers remplis de citfonniers, d’orangérs & d’o-’ Lviers , qui font foigneufement cultivés. Près du lac’ eft un arfenal , avec un chantier pour la conftru&tion des galeres. De lautre côté du lac, fur le bord de la mer; eft la forterefle de la Goulette , & le canal' par où l’eau entre dans le lac. Longs, 28, 25, Lacie, 8642: Tunis éft ancienne, & Le pays qui en dépend, ré- pond à l’Afrique proconfulaire des Romains. Elle fut poflédée par les Carthaginois, par les Romains, en- fuite par lès Vandales qui la faccagerent du tems de S. Auguftin. Les Arabes mahométans relevetent cette ville , &z l’embellirent de plufieurs édifices, quoi- qu’ils aient été depuis fixer leur demeure trente lieues plus loin dans le pays, où ils bâtirent Carvan. Les Almohñades devinrent alors maîtres de Tunis; dont ils furent dépoflédés par Abu Férez, qui par fes conquêtes prit le titre glorieux de roi d'Afrique êz de Tunis. Après la mort de fon fils, les rois deFez fe rendirent f puiflans , qu'ils fe firent reconnoître pour fouverains par tous les mahométans d'Afrique; cependant les rois de Tzris{e maintinrent dans leurs états jufqu'à Muley Hafcen , qui en fut chaflé par! Barberoufle IT. lorfqu'il reprit cette ville fur les EL pagnols en 1535. LUS | Barberoufle étoif un homme étonnant ; il mourut chargé d’années en 1547, après avoir ravagé à plu- fieurs reprifes toutes les côtes d'Italie. À l’âge de 80 ans 1l s’occupoït encore à Conftantinople à mettre fa flotte en mer, fans que fon âge, la groffeur & la. pefanteur de{on corps euflent pu le suérir de amour des femmes. | Ên 1570, Aluch Ah, gouverneur d’Alver , s’em- para de Tunis au nom du grand-feigneur; mais quel= que tems après dom Juan d'Autriche débufqua les turcs de cette place, & établit pour gouverneur de la ville Gabriel Villon , & Petro Catrero eut le com- mandement de la Goulette. Enfin le faltan Amurat que l’agrandiffement des Efpagaols inquiétoit, équi- paune flotte des plus formidables fous la conduite de amiral Ochiali, 8e leva une puiffante armée deterre fous les ordres du bacha Sinan. Les Tures emporte=. rent de vive force la Goulette & la citadelle de la ville dont ils font demeurés en pofleflion depuis ce tems : ce qui mit fin au royaume de Tanis qui avoit duré trois cens foixante-dix ans. C'elt devant Tunis que S. Louis finit fes jours en 1270 , à $6 ans. Aucun roi de France ne fit paroître plus de valeur, plus de juflice & plus d'amour pour {on peuple. Les ftatuts de ce prince pour le commer- ce, une nouvelle police établie par lui dans Paris. fa pragmatique fanétion qui aflura la difcipline de lé: glie gailicane, l'érection de fes quatre grands baillia= ges auxquels reflortifloient les jugemens de fes vaf- faux, & qui paroïflent être l’origine du parlement de Paris, fes réglemens & fa fidélité fur les monnoies ; tout indique que la France eût été floriflante fous ce monarque, fans le funefte préjugé des croifades qui caufa fes malheurs , & qui le fit mourir fur Les fabies d'Afrique. Voyez {a vie &c fon caraétere au #0: Pors- SY, Géog, mod. ( D. J. TUNNOCELUM, ( Géog. anc.) ville dela grande: Bretagne. Il en eft parlé dans lanotice des diomtés da l'empire , fect, 63 ,oùon lit, sriburus cohortis primæ BBbbbà 748 TUN Aclie clafice Tunnocelo, Cambdem dit que c’eft pré: fentement Tirnmouth. (D. I.) | TUNQUIN LE, (Géog. mod.) royaume d’Afie , dans les Indes. Il eft borné au nord & au levant par la Chine , au midi par le solfe & le royaume de la Cochinchine ; au couchant par le royaume de Laos. Tunquin eft un des plus confidérables royaumes de l'Orient, par fon étendue, par fa population, par fa fertilité &c par les richefles du monarque qui le gouverne. On lui donne trois cens lieues de longueur, & cent cinquante de largeur. La plus grande partie de ce pays confifte en de fpacieufes plaines , entou- rées de montagnes qui produifent de l’eau, des lacs, des étangs & des rivieres en abondance ; de-là vient qu’on y fait dé grandes récoltes de riz , quine croît & ne parvient à fa maturité qu’à force d’eau. Les Tunquinoisfont en général de moyenne taille; :]s ont le teint bafané comme les Indiens, mais avec cela la peau f belle & fi unie , qu’on peut s’apperce- voir du moindre changement qui arrive fur leur vi- fage lorfqw'ils pâliflent ou qwils rougiflent : ce qu’on ne peut pas feconnoître fur le vifage des autres in- diens: Îls ont communément le vifage plat &c ovale, le nez & les levres aflez bien proportionnés, les che- veux noirs , longs & fort épais ; ils fe rendent les dents aufi noires qu'il leur eft poffible. La chevelure noire , déliée &négligée eft celle qu'ils eftiment da- vantage; mais leurs bonzes , qui font leurs prêtres, fe rafent la tête. . Le peuple va prefque nud la plus grande partie de année. Les plus riches portent au lieu de chemife, une foutanelle de foie qui leur pend jufqu’aux ge- noux, & par-deflus une longue robe légere. Les bon- zes portent par magnificence une forte de pourpoint à rézeaux, &c leurs femmes, au lieu de bonnet, ont une demi-mitre ornée tout-au-tour d’un rang de grains de verre ou de cryftal, de différentes couleurs, enfilés avec quelque fymmétrie. | Les maifons des Tunquinoïs font toutes de bois & de chaume ; les cloïfons font de rofeaux nommés bambu , goudronnés enfemble ; le plancher eft de terre bien battue, & le toit eft couvert de paille. Tout eft réglé chez les Tunquinoïs, comme chez les Chinois, jufqu'aux civilités qu'ils fe doivent les uns aux autres; 1l n’eft pas permis de fe préfenter chauflé chez le roi ; il faut y aller piés nuds fansfou- liers ; lui feul fe fert de pantoufles ; &c fon fils même, quand il va lui rendre vifite , fe déchauffe à la porte, où il trouve un page avec de l’eau qui lui lave les piés. Il eft encore défendu à qui que ce foit de fe fer- vir de fon éventail en préfence du roi; & quoique la chaleur foit extrème, tout le monde metfon éven- taïl dans la manche , tenant fes mains en repos dans une des manches de fa robe, toutes deux couvertes êt appliquées fur la poitrine. Lorfqw’on entre dans la falle d'audience, avant que de joindre le roi pour le faluer , on eft obligé de faire quatre génuflexions , les deux genoux enterre ; après la quatrieme on fe leve , &c joignant les mains avec les doigts entrelacés l’un dans l'autre,ët couver- tes des manches de la robe de deflus, on les porteen cette pofture jufque fur la tête; alors après une pe- tite inclination qui eft la derniere, on falue le mo- narque, en difant « vive le roi l’efpace de deux mille »-ans ». Lorfque les grands mandarins , après avoir eu au- dience, prennent congé de ce prince, ils fortentavec eñpreflement de fa chambre, &c s’en retournent chez eux en courant ; s'ils en ufoient autrement, ce feroit une incivilité inexcufable, Au Turquin,tousles man- darins civils & mihtaires font eunuques , & c’étoit autrefois la même chofe à la Chine pour les souver- neurs des villes. On ne fe fert point de fieges dans le Turquinpour = la cofivetfation ; on s'y contente d’une ñatte que : l’on étend fur laterre. Les perfonnes diftinguées s’en- tretiennent fur une efpece d’eftrade élevée d’un pié &t couverte d’une belle natte au lieu de tapis: Si quel- qu'un de leur même condition leur rend vifite , ils lui donnent place fur la même eftrade, & s’il eft infé- rieur , ils Le font affeoïr plus bas fur une natte dou- ble , la donnant fimple aux perfonnes de médiocre condition ; & ne laifflant que la térre fans natte à ceux qui font de la populace. Ils ne traitent jamais d’affaires en fe promenant , maistoujoursaflis ou de- bout, fans remuer les mains. Si un tunquinois en rencontre un autre qui hu foit égal, 1l le falué , en difant: je me réjouis avec vous, & s'ille regarde comme étant d’un rang au-deflus de lui , il lui donne la main gauche par honneur, pour lui témoigner que: s’il fe conferve la liberté de la droite , c’eft pour le. défendre contre ceux qui le voudroïent infulter. Leurs feflins font fur des tables rondes comme ur tambour pour les gens de qualité, mais fi bafles que pour y manger commodément il faut être affs à ter- re, & avoir les jambes croifées. La chair de cheval ne leur déplait pas , non plus que celle du tigre, du chien, du chat , de la taupe, de la couleuvre , de la chauve-fouris, de la civette & autres. Ils mangent indifféremment les œufs des cannes, d’oies, de pou- les, fans s’embarrafler s’ils font couvés ou frais. Ils font fort fales dans leurs repas , & ne fe lavent ja= mais les mains devant ni après, à caufe que tout ce qu’on fert fur leurs tables , eft coupé par morceaux, &c que pour les prendre , ils ont deux petites baguet- tes d'ivoire ou de quelque efpece de bois folide , de la longueur d’un demi-pié ; ils s’en fervent au lieude cuilleres & de fourchettes. C’eft pour cela que Pon ny voit ni ferviettes, ni nappes, & qu'il leur fufit que leurs tables rondes foïent peintes de ces beaux vernis rouges & noirs, que l’on tâche inutilement d’imiter ailleurs. Ils boivent beaucoup; & quoique leur vin ne fe fafle ordinairement que de riz, il eft auff violent que l’eau-de-vie. s à la Chine ; Les procès font examinés, comme dans differens tribunaux de mandarins ; mais les man darins lettres ont le pas fur ceux d’épée; ils devien- nent confeillers d'état, gouverneurs de province & ambaffadeurs. Quoique l’on puifle appeller des grands tribunaux au tribunal de la cour ; on en ex- clud ceux que des crimes énormes, comme Paflafi- nat, font condamner tout de fuite à mort. La mai fon du mandarin fupplée aux prifons publiques dans les provinces ; il s’y trouve des chaînes, des meno= tes , & d’autres femblables inftrumens de fer. Tous les fupplices font dans le Turquin d’une bar- barie recherchée, excepté pour les nobles qu’on fe contente d’etrangler, parce que c’eft dans ce pays-là le genre de mort le moins infame. On affomme les princes du fang d’un coup de maflue de bois de fan- tal qu’on leur décharge fur la tête. Er Dans les maladies où le mal augmente malgré les remedes , on a fecours au magicien qui invoque le fecours du démon , en obligeant Le malade de lui of frir des facrifices , dont lui magicien prend toujours la premiere part. Lorfqu'il abandonne le malade, on s’adrefle à quelque forciere pour en avoir foin. Le malade étantmort , les parens approchent de fon lit, une table chargée de viandes fuivant leurs fa- cultés , & l’invitent à en manger avec eux. Enfuite les prêtres des idoles viennent réciter leurs prieres d’un ton fi languiflant & fi rude, qu'on croiroit en- tendre des chiens qui hurlent. Enfin les devins indi- quent l’heure êc le lieu de lenfeveliflement. La dépenfe en eft incroyable pour les grands ; mais rien n’eft au-deflus de la magnificence avec la- quelle fe font les obfeques du roi de Trnquin ; tous les vaflaux du royaume font obligés de portér 1e deuil vingt-fept jours, avec défenfe de plaider, de faire des noces & des feftins pendant tout letems du deuil. Il ef défendu de même pendant trois ans d’ac- compagner aucune fête même les plus folemnelles , d'inftrumens , de chanfons, de danfes & de toutes marques deréjouiflance, … … M -22 . Ï ya dans ce royaume dés munes d’or, d'argent & d’autres métaux; mais Le roi ne permet pas qu’on ouvre celles d’or. Ontire du pays des foies, du mufc, des bois de fantal, d’aloës, &c. Les Hollandoïs y por- tent en échange de ces marchandifes, des épiceries ; des draps & d’autres étoffes. | er" _ eff inutile d’entrer dans de plus grands détails fur ce royaume; On peut confulter, mais avec une foi réfervée, les lettres édifiantes & la relation du royaume de Tunquin donnée par le p. Marigni. ( Le ‘chevalier DE JAWCOURT. : TUNTOERIGA , ( Géog. anc. ) ville de l'Efpagne tatragonoïfe. Ptolomée , Zy.11. c, vj. la donne aux Callaiques bracariens , & l’on croit que c’eft au- jourd’hui le village de Bargua de Regoa, dans la pro- vince de Tra-los-montesen Portugal. - FUNUPOLON, fm. ( Æiff. ner. Ophiolog.) nom d'une petite efpece de vipere des Indes orientales, connue principalement dans Pile de Ceylan ; fa peau imite le fatin finluftré , &c richement ombré de brun. Rai, fyropf. animal. | TUNZA, (Géog. mod.) petite riviere de la Tur- quie dans la Romanie. Elle fe décharge dans l’Ar- chipel près de la ville d’Eno , du côté de lorient. Tunya et le nom moderne du fleuve Tenarum des anciens. | | L TUOLA , (Géog. anc. ) fleuve de Pile de Corfe: Ptolomée , {v. ZIL, c. 1j. marque fon embouchure fur la côte orientale de File, entre Tutela-Ara & la ville Mariana. C’eft aujourd’huile Goo. ( D. TJ.) TUPINAMBAS, Les, ( Géogr. mod.) nation de PAmérique méridionale , autrefois dominante dans une partie du Bréfil , aujourd’hui réduite à une poi- gnée d'hommes, fous le nom de Topayos, fur le bord d’une grande riviere qui vient du Bréfil, & fe dé- charge dans l'Amazone. , TUPUTA, L in. (Bi. nat. Ornithol,) oïfeau d’A- mérique de la groffeur du fafan , 8 qui vit dansles brouflailles. Le pere Nieremberg ditabfurdement de cet oïfeau, qu'il n’a point de chair, & que tout fon corps n’eft qu'un affemblage de vers vivans entre fa peau & fes os; ce bon pere aura pris l’état maladif d’un de ces oïfeauxpour être fon état naturel, & en- fuiteil à exagéré cet état. (D.7,) - TURA, LA, ( Géog. mod.) riviere de Sibérie dans Vempire ruffien. Elle a fa fource dans cette partie du mont Caucafe qui fépare la Sibérie de la Ruflie, à 59 degrés 30 minutes de Zztisude , au nord du royau- me de Cafan , & courant de-là à l’eft-fud-eft , elle va fe joindre à la riviere de Tobol, à 57. 40. de Zariu- de. Cette riviere eft fort poiflonneule , & fes rives abondent en toutes fortes de gibier. TURANO, Le, ( Géop. mod. ) riviere d'Italie au royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure. Elle a fa fource près de Fagliacozzo , & va fejetter dans le Velino , un peu au - deflous de Rieti. On prend cette riviere pour le Te/onus des anciens. -TURBA ,( Géog. ans. ) ville d'Efpagne , felon Ti- te-Live, Z. XX XIIT. c. Ixjv. Ce pourroit bien être, dit la Martimiere , la même ville que Ptolomée, y. TT. c. vj. nomme Turbulz , & qu’il donne aux Bafti- tans. (D.J.) , TURBAN, f. m.( Æift. mod.) c’eft la coïffure de fa plüpart des orientaux &c des nations mahométanes. TIlconfifte en deux parties, favoir le bonnet & Le bour- let ou la bande qui eft de linge fin , ou de taffetas ar- tiftement plié & entortillé au-tour de la partie infé- tieuredubonnet. | « … Ce mot vient de l'arabe dar où dur, dat où du, qui fignific ertowrer , & de bond où bérd, qui veut dire #ande, boureles où écharpe; de forte que dur- band ou turband ou tulbend | ne fignifie autre chofe qu’une écharpe , ou bande liée enrond , &rc’eftce bout- let qui donne la dénomination à tout le surban. Le bonnet elt rouge où verd , fans bord ; toutuni, & platpar deflus , mais arrondi par les côtés, & pi- qué ou fourré de coton, maisilne couvte point les oreilles , une longue piece de linge ou de coton très- fin Penveloppe depuis le milieu de fa hanteut jufqu’à fa naiffance fur le front , &c forme une infinité de plis fur le bourlet. | Il y à beaucoup d’art à donner bon air au urban; &t parmuiles orientaux c’eft un commerceouune pro= feffion particuliere , comme eft parmi nous [a fabri: que des chapeaux , ou plutôt le métier de coiffeufes. Les émirs qui fe prétendent de la race de Maho- met, portent leurs surbans tout-à-fait verds, &c eux feuls parmi lesturcs ont le privilese de lavoir entie- rement de cette couleur , qui eft celle du prophete: Ceux dés autres turcs font ordinairement rouges avec un bourlet blanc. Les gens de qualité, & ceux qui aiment la propreté font obligés de changer fou- vent de surban. M. de Tournefort remarque que Le svrban eft ätous égards une coïffuretrès-commode, elle eftmême plus avantageufe à la guerre que nos chapeaux,parce qu’- elle tombe moins facilement, & peut plus aifément parer un coup-de tranchant. Le urban du grand - feigneur eft auffi gros qu’un boiffeau ; & les Turcs Pont en fi grande vénération qu'à peine ofent-ils y toucher. Il eft orné de trois aigrettes , enrichi de diamans & de pierres précieu- {es..Il y a un officier appellé su/bent-oglan | chargé expreflément de le garder & d’en avoir foin. Le sur ban du srand-vizir n’a que deux aigrettes , aufli-bien que ceux dé plufieurs officiers qui les portent plus petits les uns que les autres. Quelques-uns ne por- tent qu'une digrette, d’autres n’en ont point du tout. | 4 | Le surban dés oMciers du divan eft d’uné forme particuliere, & on l'appelle mégenezek. Nous avons Obfervé que !e bourlet du srban des Turcs eftde toile blanche , celui des Perfans eff de laine rouge & de taffetas blanc rayé de rouge , & ce font-là les mar: ques diftinétives de la relision différente entre ces deux peuples: Voyez MANDIL, | Sophi roi de Perfe, qui étoit de la fe@te d'Al , fut le premier qui adopta cette couleur , pour fe diftin- guer des turcs qui font de la fete d’Omar, & que les Perfans regardent comme des hérétiques. Voyez KINIBASCH. TURBAN , ( soilerie de coton.) les turbans font des toiles de coton rayées , bleues &z blanches, qui fe fabriquent en divers endroits des Indes orientales ; On leur donne ce nom parce qu’elles fervent à cou= vrir ou faire l'habillement de tête qu’on nomme un turban. Elles font propres pour le commerce de Gui- née ; leur longueur n’eft que des deux aunes fur une demi - aune de large. Leur véritable nom eft des brauls, Di&. du Com. (D. JT.) TURBE, £ €. (Gramm. 6 Jurifp.) du latin surba y ui fignifie soupe ou attroupemement de perfonnes ; d’où l’on a fait en françois surbe , &t quelquefois zour: be, tourbiers. La turbe, où enquête par iurbe , étoit une enquête que l’on faifoit anciennement pour conftater quelque fait ou quelque ufage ; on convoquoit les habitans d’un lieu, ou autres perfonnes ; que lon entendoit. pour avoir leur avis ou témoignage fur ce qui faifoit l’objet de l'enquête , & leur avis ou dépoñition étoit: rédigé colle&ivément, à la différence des enquêtes ordinaires où les témoins font entendus féparéméntr., 759 TUR &t leur dépoñtion rédigée de même. La confufion qui s’élevoit ordinairement dans l’affemblée des sur- biers &t les autres inconvéniens que l’on y a reconnus, ont fait que lufage de ces fortes d’enquêtes a été abrogé par l’ordonnance de 1667. te À ces enquêtes ont fuccédé des attes de notoriété que l’on demande aux officiers d'uxfege , aux avo- cats , procureurs ou autres perfonnes , felon là na- ture de l'affaire. Voyez ACTE DE NOTORIÉTÉ , EN- QUÊTE , NOTORIÉTÉ, (4) an Turse, ff (Hif. mod.) c'eft ainfique les Furcs nomment une efpece detour ou de colonne qu'ils élevent fur les tombeaux. On les laifle commune- ment ouvertes par le haut ; certe ouverture fert à re- cevoir la pluie qui arrofe les fleurs ct les plantes odoriférantes dont ces tombeaux font ornés, & l’on y met une grille de fer ou de cuivre pour empêcher les oifeaux-d’y faire leurs nids ou de s’y loger. Joyez Cantemir , #1/f4. ottomane. TURBIER , fm. (Gramm. & Jurifp.) étroit celui qui donnoit fon avis ou déclaration dans une enquête ar turbe. Voyez ci- devant ENQUÊTE 6 Ze 7nor UREE, ( 4 TURBINE, ff. (cerme de Menuifrer. ) efpece de jubé qui eft élevé dans les églifes, &z où fe placent pour chantér quelques religieux. On le dit aufli des lieux deftinés pour Les orgues & pour des chœurs de muficiens, (2. J.), TURBINÉE coqQuiree, (Corchyliol.) on appelle ainfi toute coquille dont la figure tourne au - moins une fois dans fon étendue, & s’éleve en fpirale. Les turbinées ne font point f pointues que les vis ;' ils ont le corps gros, la-bouche large, & fouvent très-alongée. De plus les coquillages srbinées ont cela de particulier , que les, parties bafles de leurs coquilles prennentle contour de la tête, & qu'elles remuent leuts couvertures , en-dedans très-égales & très-polies, en-dehors fouvent très-raboteufes ; leur chair eft moins attachée à la coquilie que celie de tous les autres poiflons ; elle n’y tient que par un point au fommet. CS. Lés parties extérieures font ordinairement compo- fées d’une tête & de deux cornes qui fe couchent & s'étendent feulement le long du mufeau. Ils portent par le même mouvement la nourriture en-dedans. Deux trompes femblables à celles des mouches leur tiennent lieu de langue ; ces trompes en ont la figure, ê& font fi fermes qu’elles percent de meme que Pai- guillon des mouches , ce qu'il y a de plus dur. Leurs yeux font de petits globes charnus placés à chaque côté de la tête ; mais qui n’ont pas plus d'effet que les yeux cachés de la taupe. Il faut encore remarquer que les srbinées fvent aflez le contour &r les régularités de leurs couvertu- res ; leur corps devient raboteux, ftrié, cannelé fur l'extrémité du contour ; 1l n’atteint jamais le fommet intérieur de leur vis ; quand ils font âgés,cette partie fe remplit d’une maniere pierreufe , pareille à celle qui a formé la coquille ; leurs mulicles leur tiernent lieu d’offlemens, &z au-lieu de fang ils ont une hu- meut baveufe. (D.J.) Le TURBINITES , (ff. nat.) ce font des coquilles univalves , longues 8 en volute , que l’on nomme auf quelquefois f/rombites. Elles font très-commu- nes. On les appelle auffi vourites. TURBITH , fm. ( Botan, exot. ) turbedh par les Arabes, &t Sep: 6 par les Grecs modernes; c’eftune racine des Indes orientales, ou l’écorce d’une racine féparée de fa moëlle ligneufe , defléchée , coupée en morceaux oblonss , de la groffeur du doigt, réfineux, bruns ou gris en-dehors , blanchâtres en-dedans, d’un goût un peu âcre & qui caufe des naufées. On doit choifir celle qui eft un peu réfineufe, nou- velle , erife en-dehots , unie, non ridée , blanche en-dedans , non cariée , & qui n’eft pas trop coù- verte en-dehors de somme ou de réfine ; car les im- poiteutfs ont coutume de frotter à Pextérieur avec de la gomme ou de la réfine , les morceaux de cette ra- cine, afin qu’elle paroïfle plus gommeufe. La piante s’appelle convolvnlus indicus, alatus , maïinus, foliis ibifco non nihil finulibus , anguloles, turbith offécinarum , Hort. Lugd. Bat. wrpethum re- penis , ihdicum , foliis alth@æ , C. B. P. Cette racine qui a plus d’un pouce d’éparfleur, fe plonge dans la terre à trois ou quatre coudées en ferpentant beaucoup : elle eft fgneufe , partagée en quelques branches, couverte! d’une écorce épafle & brune ; cette écorce érant rompue, life échap- per un fuc laiteux., gluant, qui defiéché devient une réfine d’un jaune pale , d’un got douçâtre d’abord, enfuite piquant , &c excitant des envies de vomir. Du collet de cette racine partent des tiges farman- teufes, branchues, garnies de quatre feuillets mem- braneux , différemment entoruilés, ligneufes à leur origine , de la grofieur du doist, roufftres , lon- gues de fix ou {ept aunes'; quelques-unes font cou- chées fur terre , & d’autres en s'élevant fe lient par difiérentes circonvolutions aux arbres & aux arbrif- feauxvoifins. . Ces tiges portent des feuilles qui ont chacune une queue aïlée , & creufée en gouttiere ; elles font aflez femblables à celles de la gumauve, molles, couvertes d’un peu de duvet court & blanchätre , anguleufes, crenelées fur leurs bords, & un peu pointues. De Paiflelle des feuilles qui fe trouvent près de lextré- mité desrameaux, naifent des pédicules plus longs que les queues des feuilles, plus fermes, qui ne font point ailés , ni creufés en gouttiere, & qui portent trois ou quatre têtes oblongues & pointues. Chaque tête eft un bouton de fleur dont le calice eftcompoié de cinq petites fouilles vertes,panachées de rouge, duquel fort une fleur d’une feule piece, blanche , femblable pour la figure &z la grandeur à celie du grand liferon ordinaire. L'intérieur de cette fleur eft rempli de cinq étamines pâles , & d’un file porté fur la tête de l'embryon. La fleur étant pañée, embryon groffit, devientune capfuleà trois loges , féparées par des cloifons membraneufes & remplies de graines noirâtres , arrondies fur le dos, anguleu- fes d’un autre côté, 6 de la groffeur d’un grain de poivre, Cette plante pullule dans les lieux couverts , hu- mides , {ur le bord des foffés , derriere les buifons, &c dans les autres endroits champêtres loin de lamer, dans l'ile de Ceylan & le Malabar. Pour en faire ufage en médecine , on recueille les arofles racines pleines de lait & de beaucoup de ré- fine ; les racines qu’on nous envoie font tirées de Gu- zarate où 1l y en aune grande abondance. | Ce puffanthydragogue paroït avoir été inconnu à Diofcoride 8 aux anciens Grecs. Les arabes font les premiers qui en ayent fait mention, quoiqu'ils fem. blent fort incertains fur fon origine, Serapion a tel- lement ignoré cette origine,qu'l tranfcrit mot-poutr- mot l’hiftoire du sipolium donnée par Diofcoride , à laquelle il joint enfuite celle qu'il a tirée des Ara- bes , qui ont déernit le vrai surbirh. W'eft cependant évident que le szrbith des boutiques 8c des Arabes , n’eftpasle tripolium de Diofcoride , parce que le sur bith dont on ufe communément , n’a aucune odeur, & qu'il ne laïfle pas une fi grande âcreté après qu'on. Pa goûté. … | | Avicenne , felon l'interprétation de Saumaie , écrit qu’on trouve dans les boutiques , fous le nom de #urbirh, des morceaux de bois , plus ou moinsgros, apportés des Indes, gris, blancs, longs, unis en-de- hors, creux en-dedans , comme des morceaux de rofeau, faciles à broyer, & qui étant écrafes, ne: laffent aucune nervure ; rl eft aflez vraiflemblable , par cette defcription , qu'Avicenne connoiffoit le surbith des Indes , mais il ne dit rien de fon origine. Selon Méfué, le zrbirh eft la racine d’une plante qui a les feuilles de la férule , & qui eft pleine de lait. Il établit deux surbiths , Punfauvage, autre cultivé ; & parti ces deux efpeces, il diflingue le grand , le petit, le blanc, le jaune & le noir ; mais nous ne connoiïflons pointtoutes ces différentes efpeces de surbirh. Méfué confond le surbith indien avec les autres racines des plantes férulacées. Aëtuarius nomme deux fortes de surbirh, lunnoir, &t Pautre blanc, que quelques-uns croient être l’a- Iypum de Diofcoride ; quelques modernes ont pré- tendu que le tithymale myriénifte eft le swrbish des Arabes; d’autres la fcammonée d’Antioche ; d’autres les différentes efpeces de thapfe. Enfin Garzias a trouvé dans l’orient la racine qu’on emploie tous les jours dans les boutiques pour le véritable surbirh , & ilen a découvert l’origine ; enfuite le fameux Her- man, qui a rendu des grands fervices à la Botanique, adécrittrès-exaétement cette plante dans fon catalo- gue des fimples du jardin de Leyde; c’eft auf fa def- cription que nous avons empruntée, Le curbith eft regardé comme un cathartique ef- cace dans la paralyfie , l'hydropifie & autres mala- dies chroniques qui dépendent d’une furabondance d'humeurs épaifles & gluantes ; on le donne alors en fubftance depuis quinze grains jufqu’à une drachme , & en infufion depuis une drachme jufqu’à trois. Ce- pendant c’eft un remede fufpeët , parce qu’il excite des coliques , qu'il agite l’eftomac , & qu'il atténue le corps par fon aétion ; on tâche en vain d’y remé- dier par des aromariques & des ftomachiques , on diminue par-là la force du remede, fans corriger fes efets ; on n'eft guere plus avancé en le mêlant avec d’autres purgatifs ; mais ceux-la font encore moins fages qui Pont banni de la pratique médicinale, pour lui fubftituer les racines de certaines plantes dange- reufes , telles que font Le Zaferpisium foliis ovatis de Morilon , qui eftle shap/ia offic. apium pyrenaicum thapfie facie, 1. R. H. chapfia , five turbith gargani- cum, femmne latiffimo , J. B. & {emblables. Il eft fou d'employer ces fortes de racines qui enflamment par leur acreté la gorge, Peftomac , les inteftins , & qui font des purgatifs beaucoup plus violens que le sur- bizh dont on peut du-moïns tempérer l’aion avec sûreté, (D. J.,) TursirE bérard, ( Boran. ) c’eft la même plan- te quelathapfe. Voyez THapsie. (D. J.) TurBiTH minéral , ( Chimie & Mar. méd. ) cette préparation chimique deftinée À l'ufage médicinal, eft auffi connue fous le nom de précipité jaune | & elle eftun fel neutre formé par l’union de l'acide vi- triolique & du mercure, vraiflemblablement au point de faturation. Woyez MERCURE Chimie, & Mer- CURE Mar, méd. (b) FURBOT , RHOMBE , ROMBO , BERTO- NEAU, fm. (Æif, na. Ichthiolog. ) rhombus ; poif- fon de mer plat, dont Rondelet décrit deux efpeces; il nomme la premiere surbor piguanr, parce qu'il a des aiguillons; & la fecondezswrbor fans piquans, par- ce qu'il eft Wffe: | Le surbot piquant a la figure d’un lozange ; il ef plat, il refte fur les côtés, 1l a des aiguillons fur tou- te la face fupérieure du corps , & principalement fur la têre; cetre face entiere eft brune & a une ligne noire qui s'étend depuis la tête jufqu’à la queue; la face inférieure eft blanche ; les nageoires font noires en-deflus & blanches en-deffous;.la bouche eft gran- de & dépourvue de dents; il y a deux barbillons à la mâchoire inférieure ; le corps eft bordé de chaque cÔtÉé par une nageoire qui s'étend jufqu’à la quéue ; elle a plus de hauteur au milieu de fa longueur qu'aux ‘ fez généralement qu'ils tiroïent leur FUR pis extrémités. Ce poiflon ef fort goulu, il fe nourrit d’autres poiflons & principalement de crabes ; fa chair eft un peu dure & caflante, c’eftun mets très délicat. Les surbors de l'Océan font plus grands que ceux de la Méditerranée ; on en pêche qui ont Juf= qu’à cinq coudées de longueur, quatre de largeur , &t un pié d’épaifleur. Le turbot fans piquans ne difere du précédent qu’en ce qu'il n'a point du tout d’aiguillons , & qu'il eft plus large & plus mince : on lui a donné le nom de 4r> bus, dans plufieurs provinces de France, & celui de panfar en Languedoc. Voyx BARBUT. Rondelet, Riff. nat, des poiffons, premiere partie, Liv. XI. c. j. x]. Voyez POISSON. TURBOT, ( Lürérar. ) Juvenal, fer. 4. nous a laif. fé la defcription très: vive & très - fatyrique d’une féance de confeil, qui fut tenue dans le château d'Albe, aufujet d’unzrbormonftrueux, donton avoit fait préfent à Domitien. Falloit:l Couper ce poiflon ou le faire cuire tout entier? c’eft le fujet de la dé- libération ; il fut conclu que l’on feroit {ur le champ un vafe de térre aflez grand pour le contenir, & qu'il ÿ auroit déformais des poriers à la fuite de la cour. Heureux les Romains, fi dans le confeil de Pempe- reur On n’eût décidé que des queftions de cette ef- pece !'mais on y condamnoit à mort les plus illuftres citoyens , ou l’on y prenoit la réfolution de les fire condamuier par le fénet. Le château d’Albe , dit Ta- cite, étoit regardé comme la citadelle du tyran (Do- mitien ) La Bleterie , far Tucire, (D. J.) TURCÆ , (Géog. anc.) peuples qui habitoïent aux environs des Palus Méorides, felon Pomponius Mé- la, ZI c. xix. &t Pline, Z PI. c. vi. Danslhiftoire Mifcellanée, ils font placés au voifinage dés portes cafpiennes. Les Hans , dit Euftathe , font appellés Turcæ par les Perfes. Il ÿ en a qui veulent que ces peuples foient les Cyrri de Strabon. On convient af. éraleme originedes Scyaæ. thes qui habitoient les monts Caucafe > entre le pont- Euxin & la mer Cafpienne, Si nous nous en rappor- tons à Chalconayle , leur nom fignifie des Lommes qui menenrt ure vie champétre. Ainfi cé pourroit être là l’o- rigine du nom des Tures & des Turckmans. (D. J.) TURCIE , 1 £ ( Archit. hydraul.) éfpece de die gue ou de levée en forme de quai , pour réfifter aux inondations. On difoit autrefois ruroie, du latin = gere, enfler, parce que l'effet de la surcée elt d’'em- pêcher le débordement des eaux enflées. ( D. J. TURCKHEIM, (Géog. mod.) petite ville de Fran- ce , dans la haute Alface, près de Colmar, Elle étoit libre dans fon origine. L’éleéteur palatin l’a pofledée par engagement, enfuite les archiducs d'Autriche ; enfin elle fut cedée à la France en 1648 , & M. de Turenne remporta fous fes murs une grande victoire furles impériaux, en1675. (D. J. TÜRCKMANNS, LES, (Géog. mod.) peuple d’A- fie , 1flus des anciens habitans du pays de Turquef- tan, qui quitterent leur pays natal vers le onzieme fiecle , dans l’intention de chercher fortune ailleurs. Is fe partagerent en deuxbranches; les uns paflerent au nord de la mer Cafbienne , & vinrent occuper la partie occidentale de l'Arménie, aw’on appelle en- core prélentement /e pays des Turcomanns » & les peu- ples qui l’habitent Turckmanns. occidentaux. Les au tres tournerent tout droit au fud, & vinrent s’établir - vers les bords de la riviere d’Amu , & versie rivage de la mer Cafpienne , où ils occupent encore un grandnombre de bourgades & de villages dans le pays d'Aftrabath, & dans celui de Charafin. Ce {ont là les Turckimanns orientaux. Les defcendans des Turckmanns occidentaux {e rendirent fort puiffans dans les fiecles pañlés, & fu- rent même pendant quelque tems les maîtres de la Perfe ; mais depuis que les fophis fe font emparés de 752 TUR cetrône,-& que les Turcs fe font rendus maîtres de tout le pays qui eft à l'occidentdu Tigre, les Turck- manns occidentaux ont perdu leur puiffance , & une parûe de leur liberté ; ils occupent encore à heure qu'il eft les plus belles campagnes aux environs de l'Euphrate. Ils n’ont aucune demeure fixe, vivent fous des tentes d’un gros feutre, &c ne fubfiftent ab{olument que de leur bétail, dont ils ont des troupeaux fans nombre ; ils font d’une taille haute , ontle teint ba- fané ; mais le fexe chez eux a le fang aflez beau. En hiver ils portent de longues robes de peaux de brebis, & dans l'été des veftes de toile de coton, à la façon des caftans des Turcs. Ils profeflent groffierement le mahométifme , & ont leurs chefs particuliers aux- quels ils obéiflent. Ils font fouvent aux prifes avec les Curdes , leurs voifins à l'orient, &c avec les Ara- bes qui confinent avec eux au fud, parce que ces deux nations voifines viennent fréquemment écorner Jeurs troupeaux, & enlever leurs femmes &c leurs filles. Les Turckmarns orientaux font plus bafanés que les occidentaux , & reffemblent davantage aux Tar- tares. Ceux d’entre eux qui font établis dans le pays d’Aftrabath , fuivent pour la plüpart la feéte d'Ah, 8z ceux qui habitent dans le pays de Charafs’m, fe con- forment aux pratiques des Tartares Osbeck, fur la religion; cependant les uns & les autres s'en mettent fort peu en peine, outre qu'iis font braves & re- muans. Le chef de chaque tribu jouit chez eux des mêmes prérogatives que chez les autres Tartares. Les Turckmanns tant occidentaux qu’orientaux, peuvent armer quarante à quarante-cinq mille hommes. TURCOCHORI, ( Géog. mod. ) lieu de la Liva- die, au nord du mont Parnafle , & où 1l y a un kan. Avant que d'arriver à Turcochor:, en venant de Li- vadia, on paffe trois rivieres qui fe joignent &r fe ren- dent dans le marais Copaide, appellé préfentement étang de Livadia | où de Topoglia. Une de ces rivie- res eft le Cephiflus qui prenoit fa fource vers Lilæa ; ces rivieres arrofoient le territoire d’Elatée , dont 1l ne refte pas même le nom. Twrcochori paroît néan- moins avoir été anciennement quelque chofe d’aflez confidérable : car on y voit beaucoup de fragmens , de colonnes , & de marbres antiques. Ce lieu n’eft prefque habité que par des Turcs qui y ont une mof- uée, &il y a hors du village une chapelle pour les ee (D. I.) TURCOPOLIER , £ m. (if. de Malse, ) di- gnité dans l’ordre de Malte, quine fubfifte plus de- puis que l’Angleterre a fecoué le joug de Rome. Avant ce tems-là , le surcopolier étoit le chef de cet- te langue. Ilavoit en cette qualité le commandement de la cavalerie & des gardes de la marine. Turcopoli fignifioit anciennement dansle levant wxcheyau-léger; aujourd’hui les fonétions de xrcopolier font déférées places y.eft plus prompte : c’eft-là, ce mefemble, pratiquerieflicacement le précepte du Sauveur , qui ordonne d’avoir foin des malades & des prifonniers: On:a encore-étendu l’ufage de ces mêmes zvyaux juiqu'aux appartemens qui font ordinairement rem- plis de monde, les falles d’aflemblée, les maifons des Ipeétacles, &c. en faifantévaporer par leurmoyen, le mauvais air que l’on y refpire, & en y introdui- fant fans cefle un/air plus pur &c:plus frais; le même fuccès s’eft auffi fait fentir dans les fonderies des mé: taux , dont les exhalaïfons font fi nuifibles. L'ingénieux M. Yeoman eftle premier qui en aît fait l’eflai à la chambre des communes, & la don: né à ces 4yaux neuf pouces de diametre ; mäis il n’en a,donné que fix à ceux-qu’il a placés au + déflus de la prifon du banc du roi dans Wefiminfter-Hall : on les fait quelquefois plus larges 8 quelquefois plus - étroits ; mais plus ils ont de largeur, & plus doivent- ils être longs pour faire frtir d'autant plus prompte- ment les exhalaïfons corrompues qui s’y élevent. On a remarqué qu’en tenant au-deflus d’un suyau placé fur la chambre des communes, l’un des baffins d'une balance, lequel avoit que deux pouces de diametre, la force de l'air qui en fortoit le faifoit élever de quatre grains au-deffus de fon équilibre, lorfqu'il n’y, avoit perfonne dans cette chambre; mais quand il y avoit beaucoup de monde, ce bain s’élevoit de plus de douze grains au-deflus de fon équilibre , & toujours davantage à proportion du nombre de gens qui s’y trouvoient. Il paroït par-1à combien ces suyaux font rafraîchiflans & falutaires , puifqu'ils ne ceffent d’emporter les vapeurs conti- nuelles qui s’exhalent d’un grand nombre de corps différens & refferrés ; ces exhalaifons fe-montant pour chaque homme en Angleterre au poids de 36 onces en vingt-quatre heures, felon l’eftimation qu’en a faite le doûteur Keïl de Northampton. M. Yeoman a fait l'épreuve de ces syaux dans plufieurs hôpitaux, maifons de corre&tion, prfons, & lieux d’aflemblées publiques, & il a trouvé qu’on en a retiré de très - grands foulagemens ; c’eft pour en rendre témoignage, & pour l'intérêt du public, que Je crois devoir tran{crire ces divers faits du Jour- zal encyclopédique, Février 1761. (D. J.) Tuyaux, (Hydraul,) les ruyaux font des canaux ou conduites qui peuvent feuls fervir aux eaux for- cées & les conduire où l’on en a befoin; ils fe font ordinairement de fer fondu, de plomb , de terre, de bois, & decuivre. | Les r4yaux de fer {e fondent dans les fonderies & forges de fer ; il y en a à manchons & à brides, ces derniers font les meilleurs. Leur épaïfleur eft pro- portionnée à leur diametre, qui ne pañle pas dix-huit pouces ou deux piés, leur longueur eft de trois piés & demi, ayant à chaque bout des brides avec qua- #TTENT tre vis &t.quatre écrous ok l’on met des tondelles de cuir.entre deux & du'maftic à froids ces siyaux réf ftent à des élévations deirso piés, 8 fe caflent dans les rues d'une villé à canferdu fardeau dés voitures. Les tuyaux de grès, deterre, ou-de porërie {étit bons pour les eaux à boirés leuts-troncons font'de deux piés de-long'qui s’emboitent par leurs viréts'avec du mafhic chaud &c de Jarflaflé à -leurs jointures far lourlet; onten faitide fix pouces de diametre, & quandils fervent anxeaux jailliffantes onles entoure d'une chemife de chaux &z ciment defixià fept pou- ces d’éparfleur. } 2e 24 0 Les siyaux de bois fe font de chêne, d’orme, & d’aulne; percés avec de grandes tarrieres de diffé rentes groffeurs & figures, qui fe fuccedent les unes aux autres ; les prenñêres tarrieres font pointues en. fer de pique, les autres {ont faites en cuiller, atipmen= tant de diametre depuis un pouce jufqu'à fix; toutes ces tarrieres fe tournent avec une forte piece de bois femblable aux bras destarrieres ordinaires. Les plus gros euyaux de bois ne pañlent pas huit pouces de dia- metre ; On les fretre de fer par un bout & on les af. fute par l’autre pour les émboîter, & ces joints font recouverts de poix ou de maftic à froids ces fortes de suyaux ne téfiftent long-tems que dans les pays marécageux, Les z4yaux de plomb font les plus commodes de tous, pouvant defcendre monter, 8c{e couder {ans être endommagés ; ils fontou moulésou foudés. Les foudés-font des tables de plomb pliées & dont les bords revenant l’un fur Pautre fe joignent ‘parfaite- ment ; on les arrondit fur des rondins ou rouleaux de bois:de la groffeur & longueur à diferétion qu£ {ervent comme d’ame ou de noyaux aux #yaux > que lon en tire lorfqu'ils font bien arrondis. On ré- pand enfuite fur leur joint de la foudure aire Pon ap- platit avec le fer chaud; ces ryaux fe font f grands &t Hi gros que l’on veut; les syyaux moulés font jet. tés dans un:moule dé la longueur de deux à trois piés qui pourroient en avoir douze fi l’on vouloit enfaire la dépenfe; on Les fait plus épais que les foudés à caufe des foufflures ;ils font meilleurs, mais ils coû- tent davantage ; les moulés ne pañlent pas ordinaire- ment fix pouces de diametre, cependant-on.en fait de dix-huit pouces, ils s’emboiîtent & fe joignent l'un à autre par des nœuds de foudure. Les s1yaux de cuivre ou de chauderonnerie dont 1a _compofition s'appelle poriz , qui n’eft autre que des lavures qui fortent de la fabrique du laiton, auquel on mêle du plomb ou de l’étain pour le tendre plus doux au travail, environ fept livres de plomb pour cent ; les ouvriers Pappellent pots gris où arcor il coûte moins que le potin jaune; on y emploie fou- vent du cuivre rouge qui eft le meilleur. Ces xyaux font des tables de cuivre étamées &c bien battues que Pon plie en rond & dont on foude les morceaux emboîtés l’un dans l’autre par des nœuds de foudure plus fine que celle qui fert à joindre le plomb ; une crafle verte femblable au verd-de-gris les ronge, f lon n’afoin de les nettoyer ; ils font d’une longue durée, mais ils coûtent plus que tous les'autres. On dit encore un #xyau montant © defcendant, qui font ceux que l’on emploie pour conduire l’eau dans un réfervoir & l’en faire defcendre pour les jardins, ce qui fe pratique dans les machines hydrauliques, ainfi que les z4yaux d’afpiration. Voyez MACHINE HYDRAULIQUE. (X) Tuyau, (Hydr.) Proportion des tuyaux. C’eft de la proportion des tuyaux avec les réfervoirs &les ajutages que dépend la beauté des eaux jailliffantes ; il convient encore de regler cette proportion, & la grofleur que doivent avoir les tuyaux ou conduites par rapport à la quantité de fontaines qu’on a def- {ein de conftruire dans un jardin, Plus Plus les conduites font groffes,8cplus les jets d’eau s’élevent ; une‘autre maxime certaine ef que les“cir- conférences des cercles font entr’elles en même rai- on que les quarrés de leurs diametres : ces regles fervent infiniment dans toutes les formules hydrau- diques. … a to Cette proportion dépend de a hauteur des réfer- voirs & de la fortie des ajutages , afin que la colonne d’eau puifle mieux furmonter la colonne d'air qui lui réfifte avec tant de violence ; le trop de frotte- ment dans les conduites menues par rapportaux gros ajutages, & aux bords des petits ajutages par fapport . aux profles conduites , a fait tenter des expériences fur lefquelles on a établi les deux formules fuivan- es. - Premiere formule : connoftre le diametre d’une conduite proportionnée.a la hauteur du réfervoir 6: à la fortie de l'ajutage, pour que le jet monte à la hauteur qu'il doit avoir, L'expérience que l’on a faite,qu’un jet venant d'unréfervoir de 52 piés de haut demandoit une con- duite de 3 pouces de diametre & un ajutage de 6 li- gnes., a fervi de regle à cette formule. On veutfavoir quel diametre aura la conduite d’un jet venant d’un réfervoir de 20 piés de haut, & dont l'ajutage aura 12 lignes de diametre. Cherchez r°. une moyenne proportionnelle entre le nombre ÿ2, hauteur du réfervoir donné par l'expérience , & le nombre 20 hauteur duréfervoir dont on cherche le dia- metre de la conduite, vous trouverez par le calcul 32 environ; mettez.52 au premier terme de la regle, 32 au fecond en néoligeant le refte de la racine, puis pre- nez le quarré des 3 pouces de la conduite de l'expé- rience qui eft 9 que vous mettrez au troifieme terme, êt la régle faite, 1l viendra au quatrième terme 522, qui font $ + environ, ce qui s'écrit ainfi $2, 32::9, a | . 2°. Les ajutages étant connus Pun de 6 lignes ve- nant de 52 piés de haut , l’autre de 12 lignes, venant ‘de 20 piés de haut, on prendra leurs quarrés, qui feront 36 & 144, que vous mettrez aux deux pre- muers termes de la feconde regle, & au troifieme $ = trouvé dans la premiere regle, écrivez 36, 144:: 5+, +; multiphez $ + par 144, vous aurez pour pro- duit 792, qui, divifé pat 36, vous donnera au quo- tient 22 pouces quarrés dont vous tirerez la racine ; êc par la plus grande approximation VOUS aurez 34, en négligeant un refte de 71, & vous direz, le plus grand quarré contenu dans 34 eft 25, dont la racine eft ÿ ; ainfi vous aurez 5 pouces pour le diametre de la conduite du jet propofé de r2 lignes d’ajutage ve- nant d’un réfervoir de 20 piés de haut. Seconde formule, Quand on veut tirer plufieurs jets d'un même réfervoir, iln’eft pas néceflaire de faire autant de conduites que de jets ; une ou deux fuffi- ront, pourvu qu’elles foient affez grofles pour four- nir à toutes les branches de ces jets , de maniere qu’- ils jouent tous enfemble à leur hauteur, fans faire baïfler Les autres. | Plufieurs branches ou s4yaux étant déterminés pour leur diametre, trouver celui de la maïîtreffe conduite où ils doivent être foudés , enforte qu’il pañle la même quantité d’eau dans Les uns que dans les autres. | Si quatre conduites de 3 pouces de diametre font néceflaires pour diftribuer l’eau aux fontaines d’un jardin , fans être obligé de tirer du réfervoir quatre tuyaux {éparés , on réunira l’eau qui doit pafler dans les quatre en une principale conduite , & on ne fera que fouder deflus des branches ou fourches vis-à-vis des baflins qui doivent être fournis ; il s’agit de fa- voir quel diametre on donnera à cette maîtrefle con- duite. Suppofé que vous ayez quatre fourches de 3 pou- ces chacune, quarrez les diametres qui font 9 pouces Tome XVI, LE TUY 769 en fuperficie , ajoutez la fomme des quatre fuperf- cies, qui font 36, 1l faut en extraire la racine quat- rée qui eft 6, ce fera le diametre de la maîtrefle con- duite fur laquelle feront foudées les quatre fourches de 3 pouces chacune, & il pañlera autant d’eau dans la groffe que dans les quatre autres. On peut encore diminuer la groffe conduite proportionellement après chaque fourche, ce qui épargnera la dépenfe, Si On avoit à fournir un rang de jets, que l’on ap- pelle grilles d’eau, onlaïferoit la groffe conduite dans toute fa longueur fans la diminuer, afin que les jets montent à la même hauteur : on ne cherche dans ces fortes de fontaines qu’à former de gros bouillons peu élevés. (4) TUYAU de cheminée, ( Archiveët.) c’eft le conduit par où pañle la fumée depuis le deflus du manteau dune chemiuée , jufque hors du comble, On appelle tuyau apparent le z4yax qui eft pris hors d’un mur ; êc dont la faillie paroît de {on épaiffeur dans une pie- ce d'appartement; z4yau dans œuvre, le syau qui eft dans le corps d’an mur ; s4yau adoffé , UN ya qui eft doublé fur un autre, comme on le pratiquoit anciennement ; & suyau dévoyé, un ya qui eft détourné de fon à-plomb, & à côté d’un autre. Les £uyaux de cheminée fe font de plâtre pur , de brique ou de pierre de taille. Lorfqw'ils font joints contre les murs, on y pratique des tranchées, & on y met des fentons de fer de pié-en-pié , & des équer- res de fer, pour lier les sxyaux enfemble, Daviter. TuYAU, fe dit auf, dans lEcriture, de ja partie inférieure de la plume faite en forme de tube. Il en eft detrois fortes, les gros, les moyens & les petits. Les gros ne font pas ordinairemeut bons , les pe- tits font les meilleurs, . mais leur forme irréguliere , jointe à leur petitefle , les font manier avec peine, de-là la néceffité de fe fervir des moyens plus mania- bles, &c plus propres à répondre à l’adion des doigts fur eux. Tuyau, (Jardinage.) c’eft ainfi que l’on nomme la tige d’une plante lécumineufe. Ces syaux n’ont pas la confiftance auffi forte que le tronc des arbres, ce qui fait que la nature leur a donnéfort peu de grof- feur pour fe foutenir , mais les a fortifiés d’efpace en efpace par des nœuds appellés gerozx. Voyez GE- NOUX. : TUYAU, cerme d'Organifle, fe dit des canaux dans lefquels entre le vent, qui produit le fon & l'harmonie de l'orgue. On les fait la plüpart d’étain , tels que font ceux dé la montre , quelques-uns de plomb , comme le nazard, quelques-uns de laiton comme ceux à anches, & plufieurs de bois, comme ceux du bourdon & des pédales. Le syau eft compofé de quatre parties. La pre- miere eft fon porte-vent, fait en forme de cône ren- verfé & tronqué, dont la bafe eft le corps, & l’ou- verture du suyau &t de la languette ; & le fommet et ce qui entre dans le trou du fommier par où le vent du foufflet fe communique jufqu’à la languette. La feconde partie eft le corps du z4yau. La troifieme eft la languette , qui eff cette partie qui eft taillée en bi- feau ou en talus, qui s'incline du quatt d’un angle droit vers le corps du s4yau. C’eft elle qui coupe 8 fend le vent, & elle eft ainfi nommée, parce qu’elle fert de langue à la bouche des s4yaux pour les faire parler. Elle doit avoir le tiers de la hauteur de la bou- che. La languette qui couvre le concave du demi-cy- lindre des z4yaux à anche s'appelle échalore. L’ouver- ture du s4yau qui donne libre entrée au vent, s’ap- pelle la bouche ou la Zumiere. Elle doitavoir le quart de la largeur du syau , 8 aux r1yaux ouverts la cin- quueme partie. Le morceau de boïs qui bouche le tuyau, s'appelle :armpon, EEeee 77C FUY On apelle oreille de petites lames de plomb qu on fonde aux côtés des s4yaux bouchés, afin de les abaïfler , ou de les relever, pour ouvrir ou ombra- ser léur bouche, & pour rendre les fons plus graves, où plus aigus, On les appelle ainf, parce qu'il fém- ble qu'elles écoutent fi Les :4ÿaux font d'accord. Îly à des syaux de quatre fortes ; les uns font ou= verts, les'autres font bouchés. Ceux-ci rendent les {ons deux fois plus graves, ou plus bas. Les #ryaux à anche font de laiton avec une anche au milieu. Les tuyaux à cheminée font des suyaux bouchés , fur lef- quels on appliqueun petit cylindre dont la circonfé- rence eff la quatrieme partie du #yau. La hauteur d’un ruyau doit être quadruple de fa largeur où cir- conférence, # - Quand les twyaux font longs fans s’élaroir enhaut, on les appelle cromornes , &t quand ils s’élargiflent, on les nomme srompettes Ou clairons. On appellela partie du yen , noyau orgue , celle où l'on fait rentre l’anche avec fon échalote, ou bien l'endroit où il change de grofieur ,commeilarrive au cromofne. Les plus grands suyaux parlent plus aïfément êc avec moins de vent que les petits , parce que leurs bouches font plus bafles & plus étroites, & les trous de leurs piés , beaucoup moindres à proportion. Traire de l'orgue. (D. J. Tuyau, (Plombier. ) canal ou conduit qui fert à faire entrer dans quelqu’endroit ou à en faire fortir l'air, le vent, l’eau, & autres chofes liquides. Il y à des uyaux d’étain , de plomb , de bois pour monter les orgues. * Les s4yaux qui fervent pour la conduite & pour la décharge des eaux fe font de fer, de plomb, deter- re, où de bois. Les 4yaux de plomb font de deux fortes, il y en a de foudés , & d’autres fans foudure. On ne parle ici que dés suyaux foudés, parce que on a expliquée ail- leurs la fabrique des suyaux de plomb fans foudure. Voyez PLOMBIER. On prend une table de plomb de la largeur , épaif- feur &c'longueur convenable aux #4yaux qu'on veut faire, & après l’avoir bien débordée,on l’arrondit fur un tondin de bois, avec des hourfeaux &c des maïl- lets plats. Quand les deux bords font approchés Pun contre l’autré & bien joints, on les gratte avec un orattoir, & ayant frotté de poix-réfine la partie qu’- on a grattée, on y jette par-deflus la foudure fon- due , &r on l’applatit enfuite avec le fer à fouder. Pour les petits suyaux où la foudure ne s’emploie pas fort épaifle , on la fait fondre avec le fer à fouder à mefure qu’on Papplique. Comme il y a des suyaux qui ont tant de diametre & d’épaifleur, qu'il ne feroit pas facile de les fouder fans les échauffer en-dedans, Les plombiers ont pour cela des polaftres, qu’on emplit de braïfe, &t avec un long manche de bois qu’elles ont à un bout,onles infinue dans la cavité du sx;ax aux endroits qu’on veut chauffer pour les fouder. TuYAU, (Soierie.) ce font des rofeaux pour les étof- fes unies , & de petits canaux de buis pour les étof- fes façconnées. C’eft là-deflus qu’on met la dorure ou la foie à employer dans Pétofte. TUYAU de mer, {Conchyliolog.) genre de Han univalve dont voici les caraëteres. Elle eft de figure oblongue, terminée en pointe , & creufe en-dedans comme une corne. On nonwme en latin cette coquille subulus marinus, canalis marinus , parce qu’elle ref- femble à un tuyau, On l'appelle encore dentale, à caufe de fa prétendue reflemblance à la dent d’un chien, & antale, par rapport à la courbure en forme de croiffant qu’a quelquefois cette coquille ; cepen- dant pour plus de convenance, nous referverons ces deux noms au coquillage. Ah: Dans la famille générale des suyaux de mer, on y met quatre clafles; 1°. les syyaux rayés ; 2°, les tuyaux polis ; 3°. les tuyaux droits; 4°. les tuyaux lemblables À une corne peu courbée ; 5°. les suyaux petits, polis fur lafurface, & faits en croïffant: quel- ques auteurs nomment ces derniers aztales. | Nous ne connoiflons qu’une feule efpece dezuyaux rayés ; mais comme cette efpece varie beaucoup en groffeur & en couleur , on la multipliée en plufieurs efpeces, aui ne font que des variétés. D'ailleurs cette efpece de s1yau prend une forme différente dans les cabinets des curieux, ce qu vient du poli qu’on lui donne , lequel en élevant ces raies êc ces canelures, fait paroître cette coquille totalement différente de ce qu’elle eft naturellement. | Nous ne connoiïflons auffi qu’une feule efpece de uyaux droïts, quoique variés par différens accidens. Mais il y a plufieurs efpeces de syaux ou de den- tales courbés ; on diftingue dans ce nombre, 1°. le tuyau cornu, il prend exaétement la forme d’une cor- ne modérement courbée; 2°. le 4yau fait en forme de racine ; 3°. le suyau qui a la figure d’une racine de biftorte ; 4°. le suyau en forme de raye;. 5°, lé tuyau appellé communément dezs de chien; 6°. le ruyau nommé dent d’élephant ; 7°. le tuyau courbé de couleur blanchâtre ; 8°. le svyau courbé verdâtre; 9°, le purpurin ; 10°. le noirâtre. On ne connoïît que deux efpeces de suyaux de la clafle de ceux qu’on appelle asales; favoir, 1°.Pan- tale blanc, & 2°. lantale jaune : lantale eft plus pe- tit que le dentale, & fes cannelures font moins pro- fondes ; les plus eftimés viennent des Indes orien- tales. 1 L’arrofoir ou le pinceau de mer eft de tous les syanx le plus diftinoué : on doit le regarder comme ayant un carattere fpécifique , non pas feulement à caufe de fa forme toute droite, mais par la fingularité de fa têre percée en arrofoir. C’eft cette efpece de tuyau que quelques auteurs appellent pha//us. Ilne faut pas confondre les suyaux de mer avec les vermifleaux de mer, qui fontfiintimément joints en- femble , qu'ils ne paroïfent qu’une mafle confufe. Voyez VERMISSEAUX de mer. Ïl me refte à parler de l'animal habitant de la co- quille , que je nommetai dentale & antale , pour plus srande commodité. Ces animaux font toujours folitaires , & onne les voit jamais adhérens &c collés les uns contre les au- tres. Ils peuvent faire fortir de leur étui une partie de leur corps qui ne tient à rien , & même fortir en- tierement eux-mêmes , ainf ils ont certainement ur mouvement progrefüif. Le vermifieau folitaire eft de même. Ceux qui font en mañle toujours adhérens &c collés enfemble , ou attachés à quelque corps étran- ger , ne fortent jamais de la place , où le hazard qui a porté leur frai les fait naître, à moins qu'on ne les détache. Ces animaux font fortir de leur 4ye# une partie fupérieure, & enfuite 1ls la retirent d’envi- ron ; à 6 lignes. Le suyau de mer nommé le pinceau, l’arrofoir , le phallus, a la tête garnie d’une fraife & d’un gland percé de petits trous remplis d’une infinité de filets, quireflemblent affezaux poils d’un pinceau. Sitôt que ce poifon eft hors de l’eau, tous les filets tombent ; & vous voyez alors un suyau blanc, mince 6z creux, qui va en diminuant jufqu’à l’autre extrémité, for- mant quelques replis d’efpace en efpace. Comme il eft percé dans le gros bout d’une infinité de trous, il peut fort bien s’appeller l’arrofoir, mieux du-moins que Ze brandon d'amour , qui eft d’ailleurs un terme impropre & obfcene, | _ Aucunsteftacés ne fe détachent plus facilement de leur coquille, quand ils le veulent, que ces animaux qui y font flottans :.cela eft.fi vrai, qu’en introdui- TWE . fantunñe ffilet pat un des bouts des fubulaires , ôn leg fait {ortir par l’autre. Peut-être que dans cette opé- ration le ligament qui les retient eft fi fragile qu’on n’y apperçoit aucune rupture. Leur forme tortueufe fait aflez foupconner qu’ils font libres entierement dans leur étui, 8 qu’à exemple de la teigne, ilsfor- ment leur fourreau indépendant de leurs corps. La plus grande partie du corps du dentale eft cou: verte d’une teinte blanche, au-travers de laquelle percent plufeurs petits vaifleaux intéftinaux d’un jaune foncé, Lorfque ce teftacé eft caché dans fon étui ,1l fe ramañle du côté de la têté; mais lorfqw'il s’alonge, cette mafle fe développe: alorsil fe forme un bouton pyramidal qui fe trouve enveloppé d’un capuchon ; à l’extrémité du bouton eft une très-pe- tte ouverture par où le dentale prend la nourri- ture. | Comme le dentale refte préfque toujours enfablé dans une attitude verticale ou perpendiculaire , il s’alonge de côté & d’autre jufqu’à la furface du ter- rein, fans que Les flots des la mer puiflent l’ébran- ler. 19% - Lorfqu'il eft à fec fur la greve, & qu'il craint de fuccomber à fes efforts, il fait fortir de la pointe tron- “quée dé fa coquille (j'entends de celle oppofée à la tête) une efpece de filament ou jambe, dont l’éten- due n’a que 5 à 6 lignes, & qui va un peu en ferpen- tant, fouvent en forme d’une petite poire, Ilenfonce cette jambe dans le terrein, ce qui affermit fa co< quille : 1l la termine dans uné plage ronde, dont les rebords préfentent Le calice d’une fleur à $ pans: Cette partie, qui peut avoir un demipouce, & par laquelle il eft à croire que pañfent les alimens, .eft très-blanche, & ne paroît en-dehors dans toute fon étendue, qu'autant que la tête ne jouit pas de toute fa liberté. 1e BLUE DETTE -1Le dentale n’a point d’opercule!, & pour fe fouf traire à ce qui-pourroit extériéurement le blefler, il s'avance fi avant dans un étui, qu'iln’eft guere pof- fible de le pouvoir atteindre. *Lantale qwu'on'ne trouve que rarement dans la plû- part des ports de mer, eft-préfumé avoir la même conftruétion & les mêmes habitudes; Panalogie len- feigñe ainfi : on a déja dit quäl étoir moins gros que le déntale; & c’eft la feule différence qu’on. y peut trouver. #oyez Aldrovand , Jonfton, mém: de l'aca- démie des Sciences | & furtout la conchyliogie de M. Dargenville. (D. J.) APT TUYAUX D'ORGUE , y0yez ORGUE DE MER. - TUYAU CHAMBRE ox CLOISONNÉ , ( Æifé nac.) zu bulus concameratus , polythalamium ; orthoceratires , c’eftune coquille de forme conique, dont l'intérieur eft féparé par des cloïfons comme la corne d’ammon. Cette coquille ne fe trouve que pétrifiée. Voyez l’ar- ticle ORTHOCERATITÉ, | TUYERE, L£( Mérallurgie.) c’eft ainfi qw'on nomme dans les fonderies, une efpece de tuyau de cuivre , de fer fondu ou de tôle, dans lequel on ajufte le bec.des foufilets qui doivent faire aller le feu dans les fourneaux où l’on traite les mines & les mé- taux. La suyere fe place à la partie poftérieure du four- neau dans untrou quarré pratiqué pour la recevoirs on fui donne toujours un peu d’inclinaifon de haut- en-bas, afin qu’elle dirigé Le vent des foufllets fur la mine en fufñon; cetté difpofition eftune chofe eflen- tielle pour que-la fufion fe faflel convenablement. Lorfqu’on fe fert de deux foufilets à la fois , il faut auf que la süyere foit double, | .. TWEDE , 14, (Géo. mod. ) riviere qui fépare FAngleterre de l'Ecofle. Elle fe jette dans la mer au- près de Berwick, fur les frontieres d’Ecoffe. (D. 7.) … TWENTE,, (Géog, mod.) canton des Pays-bas, dans la province d'Ovérifel fur les confins de la ::Weftphalie, Oldenfel en eft le chef-ieu, (D. J, ). . Tome XPL, + £ CT Y À 771 TWESDALE, (Gdog. mod.) provincé de fÉcofe méridionale, qui preñd fon nom de la riviere de Twede qui la traverfe, Elle a environ 28 milles-de longueur fur 18 de largeur. Ses montagnes font cous vertes de pâturages , où l’où nourrit de nombreux troupeaux ; fes rivieres &c fes lacs abondent en poif= fon. Peebles eft la capitale, (D: J.) EUR TUXIU_M , ( Géog. anc. ) ville d'Italie, & la ca= pitale des Samnites, felon Plutarque, paräll.p. 314 Il dit que Fabius Fabricianus en pillant cette ville ; enenleva la Vénus vidorieufe qui y étoit adorée , & la fit porter à Rome. ( D. J.) ty TUY, ( Géog. mod. ) ville d'Efpagne dans la Ga lice ; fur une montagne , au pié de laquelle coule lé Minho, vis-à-vis & tout proche de Valence , à 24 lieues au midi de Compoftél, & à roo au nord-oueft de Madrid. Elle a titre de cité, avee un évêché fuffra2 gant de Compoftelle , & fon évêque jouit de Quatre milles ducats dé revenu. Comme c’eft une placé frontiere, "on y tient toujours bonne garniion. Son territoire. eff très-agréable 8 très-fertile , outre que l'air y eft tempéré, Long. 8. 55. lasit, 41, 54. (DJ ) TX TYAHILLAUD), cri de chaffe , d’ufage lorfque lé. cerf commence à dreffer par les faites , & que le ve: neur en eff certain; c’eft ainfi qu'il crie jufqu'à ce. que les Chiens foient arrivés à. lui, & c’eft ainf que crient les piqueurs lorfqu'ils voyeñt ce cerf: TYAN, (Géog. mod.) petite ville d’frlande, dans. la province d'Ulfter, au comté d'Armagh, fur les frontieres du comté de Tyrone & de Monaghan. TROT ES UE TYANE, (Géog. anc.) Tyana , ville de la Cap, | padoce, dans la préfeéturé tyanitide ; felon Ptolo= mé, 2... cv, Strabon, 4 XTI.p. 537, en fait la feule ville de cette préfe@ure..Pline , /. Wei. 8e. Arrien, I. Peripl.connoiffent auff cette ville. Ce der: nier dit qu'on la nommoit Thyara pour Thoana,nom qui lui avoit été donné par Thoas , toi de Cherfon: Ê nèfe taurique. Ceïte: ville eft principalement connue poir avoir donné la naïflance à Apollonius, furnommé par cette raifon, de Tyañe , l'un des hommes du monde dont on à dit les chofes les plus étranges ; & en effet il mena une vie fort extraordinaire. [| naquit vers le commencement du premier fiecle, & dès l’âge dé feize ans il fe montra un obfervateur rigide de la regle de Pythagore, renonçant au vin, aux femmes, ne portant point de fouliers , laiflant croître fes che | veux, & ne s’habillant que de toile. Ilfit éledion de domicile dans un temple d'Efculape, où bien des ma- lades alloïent lui demander leur guérifon. I paña cinq ans fans parler, & enfuite après avoir donné uhe partie de fon bien à un frere aîné & à des parens pauvres. 1} fe mit à voyager prefque dans toutes les parties du monde, condamnant dans {à route le luxe êt les plaïfirs , & recommandant les œuvres de chaa rité. | 3 Il avoit coutume de dire qu’il étoit convenable de. bien parler de tous Les dieux quels qu'ils fuflent, & il répétoit cette maxime principalement à Athènes , où plufieurs autels étoient dédiés À des dieux même inconnus. S’étant préfenté à Eleufis pour être initié dans les myfleres , l'hyérophante le refufa d’abora, fous prétexte qu'il étoit magicien, & qu'il fe vantoit de connoître les penfées des hommes. Vaincu néan- moins par le mécontentement général que fon refus excitoit , 11offrit de Pinitier: Je Le ferai , lui répondit Apollonius , mass ce fera par un autre que vous: ce qui arriva, felon Philoftrate, au bout de quatre:ans. Il mourut fortâgé, fans qu'on ait pu favoir ni où ni de quellemanieres m1 | OEM LE ÉEeeei WC “Savie à étéamplemént décrite par Plnloftrate; lé- “dition que Morel en a donnée, ef recherchée; Vi- genere en a faitune tradu&ion françoife. Quoique 4 -cette-vie -contienne“mille ‘chofes fabuleufes, on ne speut nier qu'Apollonius n'ait reçu de très-grands 1 “honneurs, 8 que faréputation-n’ait duré autantque | ‘le paganifme. Titus eut grande enviéides’entretemir | “ayecéephilofophe ; car ayant pris Jérufalem-Pan de Rome 823, & layo®:année de Pere chrétienne, 1l ‘pañla en Grece, & donnarendez-vous dans Arsos à L mdr: *'Dans'cefyffème,, ainfi que dans celui de Ptolo- mée , latérre eft fuppofée au-centre &c ñxe, le foleil ‘& la une tournent autour de la terre chacun dans leur orbite; mais les cinq autres planetes font fup- polées tourner autour-du foleil. Par ce moyen les trois orbites des planetes fupérieures renferment | cellés de laterre ; au lieu qu’il n’en eft pas de même des deux inférieures dont les diftances au foleil font moindres que celle du foleil à la terre. Ce fyflème fuppofe les cieux fluides, & compofés de trois diffé- entes fpheres ; la premiere eft mobile, &c fait fa ré- volution en vingt-quatre heures ; la feconde eft la fphere des planetes ; la troifieme eft le frmament ou la région des étoiles fixes. Voyez la difpoftion des corps céleftes dans cette hypothèfe à la fig. 45 de la Planche de l'Aftronomie, | | Quelques aftronomes modernes n’ofant pas füp- pofer de mouvement à la terre, trouvant d’ailleurs que le fyftème de Prolomée ne s'accorde point avec les phénomènes, & ne pouvant pas goûter cepen- dant la fuppoñtion de Ticho des deux centres ; ont imaginé un fyflème qui tient en partie du {yffème de Ptolomée, & en partie de celui de Ticko, non-feule- ment ils ont imaginé que Le foleil &c la lune fe mou- voient autour de latérre, mais encore Saturne, Ju- piter & Mars, en leur faifant parcourir à la vérité des épicycles. Quant aux planetes inférieures, 1lsles ‘nt toujours fuppofées tourner autour du foleil, à caufe que leurs phafes & leurs phénomènes ne per- mettent point dutout de les rapporter à la terre ; mais où voit aflez que cette correction aufyftème de Ticho fuppofe toujours deux centres; & dès qu’on en admet deux, peu importe de faire tourner toutes Fes planetes autour du foleil, ou deux feulement ; cette fuppoñition des deux centres eftuné des prin- cipales difficultés qu’on puiffe faire contre le fyftème de Ticho, rien n’étant plus tontraire à l'harmonie gé- nérale qu’on obferve dans les corps céleftes, &ca la k : oi.de Kepler.! Poyez SysTèMe, Soïbins Lunez . Pranete, 6c. Chambers. (D: JAP : TYCOKSIN, (Géog. mod) ville dePologne, dans Ha Poidalquie:, fur la rivière de Narew ,avecunchäs teau-fortifié énenvironné ‘de marais. Log. 4r. 24ë lat 5247: (D) : | # TYDÉE LE TOMBEAUDE , (Géop. anc.6 Lirrér} ‘ée tombeau étoit dans la Béotie, entre Thèbes & | Chalcis. Près du tombeau de Mélanippus , dit Paufas nids, 4 LAC. xviij. on voit trois grofles pierress Ceuxqui croyent connoïître les antiquités du pays, . 4 2 £ 12, LEE à joe Er 2 difent que c’eft Le lieu de la fépulture de T}ydée, que fut inhumé dans cedieu par Méon:êc ils fe fondent fur un vers de l'iliade d'Homere, quiditquece guerx rier trouva fa fépulture dans les campagnes de Thè= bes. Tydée fut tué de la main de Mélanippus:, quand les Argiens affiégeoient la ville de Thèbes. (D, J TYKIRAT ,1£ m.(Calend: des Mores, ) nom que les Mores donnoient au deuxième mois de l’année Hicommencoit lé 28 Septembre de l’année julienne: «TYLANGIT M, (Géog-anc.)ville de Péloponèfe, dans la Tryphilie, felon Polybe, 4 17% qui dansle mêémerendroit appelle cette ville sruisyitr, Séylan- sum, qui éft felon les: apparences’, la véritable or: thographe. (D.%) « 2° -r FYLEHURST;, (Géog. mod.) bourg d'Ançgleter: te,'en Berckshire, où naquit en 1627 (Guillaumet} Lloyd, très-favant écrivain, qui de'degréten degré devint évêque de S. Afanh, enfiterde Isichtfeld'& Coventry en 1692, & finalement de Woïcefter en 1699. »C’eft en occupant ce fiege qu'ilteft mort en 1717, dans la orannée de fon âge, C’étoit un grand critique des auteurs grecs*êc latins, maïs plus enco= re de nos livtes facres, : Profondément verié dans j’hiftoire & dans la chronologie, il'a trouvé peu de maîtres à ces deux égards. Les matériaux qu'ilavoit récueillis fur toutes fortes de fujets', avec un difcer- nement délicat ,rempliflotent plufieurs volumes , où tout étoit difpoié avec tant de méthode, qu’il en au roit peu coùté d’en faire des livres intéréflans. 11 feroit trop: long de donner icile catalogue de fes ouvrages, c’eft affezide dire què la: blupart rou= lent! fur des matieres théolosiques!, qu'il a traité d'ordinaire en fermons peu connusides étrangers: Son effai fur les foixante-douze femaines de Daniel, eftun livre très.curieux quoiqu'il ne mérite pas, cé me femble; l'éloge qu’en à fait M. Marshal, én di= fant qu’il lui paroït infiniment meilleur qu'aucun au= tre qu’on ait jamais donné ;. c’eit pourquoi jé mé flatre qu’on fera bien aife de trouver ici les obfervaz tions du chevalier Newton fur Pouvrage de l’évêqué de Worcefter: « J’ailu, dit cegrand homme, lécrit que mylords »évêque de Worcefter, a envoyé au doéteur Pris » deaux, & je l'ai trouvé plein d'excellentes remar: » ques fur l’ancienne année ; mais 1l ne prouve pas » qu'aucune nation ancienne fe foit fervie de l’annéé » de douzé mois.& de trois cens foixante jours, fans » la corriger de tems en temis fur le cours des aftres; »-pour faire correfponäre les moïs au cours de læ » lune, & l’année à celui du foleil; & pour régler lé » retour des faifons & le tems des fruits de la terre, » Les premiers peuples, avant qu'ils fe ferviflent » de cycles artificiels, régloient leurs calculs du tems » par le cours du foleil & de la lune, Gene. c. xiv. 8é » pour favoir quels jours de chaque mois de l'année »ils devoient célébrer leurs fêtes | 8 à äuelle divi= » nité, ils avoient befoin d’un calendrier; & il étoit ÿ le plus naturel de donger dans ce calendrier trente » jours à chaque mois lunaire, & douze mois lunai- » res à l’année folaire, parce que ce font là les noms » btes ronds, qui approchent le plus du cours du f0+ » leil & de la lune. C'eft ce qui fit que les anciens » comptoient que les anaées luni-folaires étoient de po CN, ER Ÿ É »doure-mois, ou dé 360 jours , & qu'ils diviferent + » l’écliptique en douze fignes, 8 en 360 parties éga- À » lesyiquircorrefpondoient aux douze mois & aux ! ‘» 360jduts qu'ils croyôtent que ie foleil emplôyoit | # à faire fon tour dans le ciel: » Maïs jemietrouve point, que par rapport aux À » affaires civiles, aucuns peuples aient fuivi ce calen- ‘ndrier‘luni-folaire; lorfqu'ils trouvoient qu'il diffé- | »roit durcôurs du foleil & de la lune, ils lecorri- | » geoient de terms en tems, fetranchènt uñ jour où ndeuxdu mois routes les fois qu’ils le trouvoient plus long que le tems-de la révolution de là lune, # êt ajoutant un mois à Pannée auf fouvent qu'ils » S'appercevoient que douze mois n’atteignoient pas ‘» le tems du retour des quatre faifons & des fruits » de latterre. Ainf la correction du éalendtier luni- » folaire étoit l'affaire des prêtres. "C’eft À cette ré » forme durcalendrier primitif, & pour le mettre de » plus en plus d'accord avecles révolutions du foleil .1#&'de la lune, & n’être pas obligés d’y revenir fi {ou- » vent, queitous les différens cycles d'année inventés »depuis; doivent leur origines 0 » Après qu'ils eurent remarqué que douze mois blunaires ne fufifoient pas pour atteindre le point » duretour du foleil & des faifons, ils ajouterent un # mois à chaque feconde année, & formerent leur »triétéfide,-rfommée plus proprement diééride, Et » quand ils trouverent le cycle biennal trop long, # & qu'ilavoit befoin de‘correftionune fois en huit »ans ils retrancherent un mois intercalaire une fois #tous les huit ans, & formerent l’oftoëtéride dont » la moitié étoit leur tétraëtéenide, Cescytles étoient n'auffi-ancièns chez les Grecs que le tems de Cad- » mus, de Minos, d'Hercule idéen, & du grand Bac. » chus' ou Ofiris, ce qui femble indiquer qu'ils Hravoïent été apportés en Grece par les colonies des # Egyptens & des Phéniciens, & par l’armée de ÿ Bacchus. 21m LEA » Dans lafuité, quelques grecs changètent la ina. » niere deplacer. lès mois intercalaires, ayant dé- » couvert à la longue, quedo@toëtéridé n’atteisnoit » pas le point du retour des faïfons, & ne répondoit pas exattement au Cours du foleil Sc de la lune, # mais qu'elle avoit befoin d’être corrigée de tems » en tems fur le cours du foleil, pour conferver la » régularité des faifons. 0 Len # Méton inventa le cycle de dix-neuf ans, dañe h lequel on ajoutoit fept mois en dix-neuf äns, & »# c'eft ce cycle quieftencore en ufage. A égard de » la lohgueur des mois, quelques-uns des grecs les » fafoient alternativement de 29 & de 30 jours, & # par le moyen de ce cycle ils étoient en état de b compter exatement, fans avoir beloin de le cor- » riger qu'une feule fois dans l’efpace d’un an ou à deux. APRES = | | » Les Chaldéens téduifoient l’année luñi-folaire À 5un cycle de douze ans; ainfi ils femblent avoir b ajouté un moïs à la fin de chaque troïfieme année, c avoir à la fin de chaque révolution de douze # ans ; corrigé leur cycle fur le cours du foleil & de » la lune: çar tous les cycles d'année fervoient à ré- » gler Pintercalation des mois, | AAA SAR » L’année luni-{olaire étant d'une longueur incef: htaine, & par cette raïfon peu propre aux ufages » aftronomiques , les Egÿptiens , lorfqu'ils s’appli- # querént à obferver les étoiles par rapport à la na- » vigation; mefuretent la jufte longueur de l’année ÿ folaire parle lever héliäque &z le coucher des étoi- # les; & abandonnant l’année du calendrier, ils # adopterent l’année {olaire ; qu'ils firent de 365 # jours. Cette année futrecue des aftronomes de Ba: # bylone , par les mages de Perfe; & par les Grecs » dans leur ère de Philippe; & elle devint l’année » des Romains après la corre@ion de Jules-Céfar, # qui ajouta un jour intercalaire tous les quatre ans: UV LE 113 D MBA le Pape Giégoie at, y al ts lle corréMon 47 | dat . » Mais les habitans de Arabie heureufé, fe fervant 5» de l’añcienne année de douze mois lunaires, fans là » corfisér für le cours du foleil, ont trAñfimis aux nà. » tions Mmahamétanes', une année proprement lunai- » ré, en réglant leurs mois für le cours de falune, Vous voyez donc que toutes les nations ont t4. » ché dé régler leur année fur le cours du foleil & de » la lune, ou de Puñ des deux ; par Conféquent of » ne pentadmettre fans bonne preuve, qu'il yaiteu » quelque peuple qui fé foit fervi d’une année de 36 » Jours, fans égard aû cours d'aucun de ces deux lu- # minaires. Simplicius dit dans fon commentaire fur » le premier livre d’Ariflote intitulé, Phyf£ex Acroas » fs, apud Theodorur Gagam de menfibus : nous mets tons Le Éommencement de l’année ou au folftice » d'été, Comme le peuple de l’Attique ; du à léquis » nôxe de l'automne, comme les babitans de l'Afies » où au folftice d'hiver, comme Les Romains ; ou à » l'équinoxe dû printems ; comme les Arabes & ceux: % qui” habitent du côté de Damas; & nous méttoné 5 le commencement du mois ou à 1a pleïñe-fune, où » à a nouvelle lune: I nous dit que l’ancienne anncè » des Romains, des Grecs, des Afiatiques , des Sy- » Hens & des Arabes étoit luni-folaire, & s’accor- # doit avec le cours du foleil & de la lune. | _» C'eft ainfi qué l'année que les Ifraélites äppor: 5 terent d'Egypte étoit luni-{olaire, & commençoit »enautomne, Moyfe en mit le commencement au » printéms;, & le preétnier mois fut nommé 44;4 , pat- » ce que le blé fe formoit en épi dans ce moislA. Dio- » dore de Sicile nous dit auf qu’Uranus, ancien rot » d'Egypte & de Libye; fe férvoit de l’année lun?e » folaire, De mêmé encore l’année que les Samari= # tains apporterent des proÿinces de l’empire afly- » rien, &c les Jufs de Babylone, étoit luni-folaire L » ÉTcoMmmencoitauprintems. Les Chaldéens étoient »un peuple arabe, &c les années arabiques étoient » luni-folaires, Scaliger & d’autres nous apprénnent » que l'année ancienne, en ufage en Perfe ; aux In- » des, à la Chine & dans les îles voifines ; étoit Pan- » née luni-{olaire. L’effence de cette efpece d'année, » Et d'être compofée de mois lunaires; & de pério- » des folaires, he » Géminus nous dit que’ tous les ariciens grées ÿ » füivänt lautorité de leurs lois, & les décifions de » leurs oracles, faïoient accorder leur année avec » le cours du foleil; & leurs mois & les joûrs du » mois avec le cours de la lune; afin que les mêmes » facrifices tombaffent toujours dans les mêmes fai: fons dè l’année, & furles mêmes jours du mois lu: » naire; &c qu'ils prétendoient que cela étoit agréa- » ble aux dieux, & conforme aux inftitutions & aux # coutumes de leur pays... » Cicéron aflure que les Sicilhièns & les autres ÿ grecs retranchent quelquefois un jour où deux du » mois (ceft-à-dire au. mois du calendrier de 30 »jours), & quelquefois lalongent d’un joùr ou » deux, pour faire correfpondre leurs jours & leurs ÿ mois avec le cours du foleil & de la lune. Cenfotin » dit que les anciens peuples d'Italie avoient tous » leurs différentes années, mais toutes corrigées fur # année naturelle, par lintercalation de leurs mois | 5 qui fe failoit différemment, # Par ce moyen; les añcienties fêtes & les folert: ÿ nités des peuples de la Grece, dela Sicile & de l'E » talie, qui fe célébroïent à de certains jours de cer- ÿ tains mois (telles que les jeux olympiques & Dy= » thiques’, les bacchanalés, les céréales , &c.), tom- # boïent toujours dans la même faifon de l’année; & » l’année d'Héfiode commençoit dans l'été après le » lever des Pléfades ; & fon mois lénæon étoit un # mois d'hiver ; à en juger par la maniere dontil le » repréfente: De la même façon , les mois dés Afratts” 774 VF UYEL # ques tomboïent auf dans ies mêmes fafons; car » Galien dit : Quod rempus Rome efl Sepsembris , Per- » gami apadnos Hyperhereræus, Achenis vero myfferte, » ca ramque erant Boëdromione. La même chofe avoit » lieu par rapport aux jours 8 aux mois des Juifs. » Le fanhédrin publioit les nouvelles lunes, dès » que la nouvelle lune paroïfloit; 8z lorique le blé fe » trouvoit affez mûr pour en offrir les premiers fruits » au milieu du 13° mois, ils ajoutoient ce mois à la » vieille année, & commençoient la nouvelleau 14° » mois. C’étoit par quelque arrangement pareil que » Les mois des années des Chaldéens tomboient auff » toujours dans les mêmes faïfons; car comme la » diétéride, latétraétéride & l’oétoétéride des Grecs » tiroient leur origine de l’intercalation dès mois, la » dodécaétéride des Babyloniens venoit du même » principe ; & le but de ces intercalations étoit d’a- » jufter l’année au cours du foleil, & d'empêcher les » mois de s'éloigner de leur faifon propre. » Suidas nous dit que 120 fares font 2220 ans; » felon les Chaldéens, le fare contenant 222 mois » lunaires, qui font ?8 ans & fix mois. Dans ce cal- » cul, douze mois lunaires font l’année des Chal- » déens , & 18 de ces années & fix mois (je crois » qu'il parle de mois intercalaires), font Île fare. » Âthénée, 4h. XIV. nous dit d’après Bérofe, que » les Babyloniens célébroient annuellement la fête » nommée /zcæa, le feizièeme joùr du mois de lous ,. »c’eft-à-dire le 16 du mois lunaire appellé los par » les Macédoniens. Cette fête tomboit donc toujours » dans la même faifon de l’année, de même que le » mois babylonien où elle fe célébroit. » Lors donc que Cléobule, un des fept fages , # Hippocrate , Hérodote , Ariftore , Plutarque, » Manethon , repréfentent lancienne année des » Grecs, des Romains ou des Egyptiens, comme » compofée de douze mois égaux , ou de 360 jours ; # que Cyrus par allufion à ce nombre de jours , fit » couper la riviere de Gyndes en 360 canaux, & # que les Athéniens ayant égard à ce même nombre » de jours, dreflerent 360 ftatues à Démétrius ; tout » cela doit s'entendre de l’année du calendrier des » anciens, avant qu’elle fût corrigée fur le cours du » foleil & de la lune. Et lorfqw'ils avoient à Athènes # quatre quAss, défionant les quatre faifons de lan- » née; douze œalpiac uai mprrrûs, felon le nombre » des mois ; & chaque ourma, trente yen; 1ls corri- » geoient de tems en tems l’année fur le cours des » aftres, pour tenir les faifons dans leur ordre na- » turel. - | » Quand Hérodote intercale un mois de 30 jours # tous les deux ans, cela doit être entendu de la dié- » téride des anciens continuée pendant 70 ans, fans » correttion fur le cours de la lune. Et quand Moyfe » calcule la durée du déluge par des mois de 30 » jours , cela doit s'entendre de mois vulgaires, non » redifiés fur le cours de la lune, à caufe de la pluie » continuelle qui l’empêchoit de fe montrer. » Quand David établit douze départemens de: » gardes , un pour chaque mois de l’année , il eut » épard qu'aux mois vulgaires de Pannée mofaique, » fans pourvoir aux mois intercalaires , parce qu'ils # étoient incertains , & qu'ils pouvoient être rem- » plis par les douze départemens; celui qui auroit » dû être de fervice le premier mois de l’année fui- » vante, entroit en fonétion dans le mois interca- » laire quand il arrivoit, &c le fecond département » fervoit alors le premier mois de l’année fuivante. _ #-Quand les Babylomiens difoient, au rapport de »# Diodore de Sicile , qu’il y avoit douze dieux prin- » cipaux, affignant à chdtun d'eux un mois & un ‘» figne dans le zodiaque, & que le foleil parcouroit » ces douze fignes chaque année , &r la lune tous les # mois , ils font connoiître que l’année chaldéenne # étoit folaire, qu'elle étoit compofée de douze mois FPE .» lunaites ésaux, correfpondans ‘aux dourefignés &c » à leurs devrés, & ils parlent des mois &c des jours » de l’année du calendrier, n'étant point: corrigée » pat le cours du foleil&c dela lune ; en faifant cor- » refpondre ces mois aüx douze fignes , alsiles fixe- » rent aux faifons de l’année, au moyen.des correc- » tions inventées pour cet ufage: à » Les Juifs, pendant leur féjour à Babylone, fe {er- » virent de cette année dans leurs contrats & dans » leurs affaires civiles, &c ils en rapporterent l’ufage » avec eux à leur retour de Babylone à Jérufalem, _» ayant toujours depuis donné à leurs mois les noms » babyloniens, ce qu'ils n’auroient pas fait fi leurs » mois lunaires n’avoient pas été les mêmesque ceux » des Babyloniens, » ILeft donc évident que l’année luni-folairé avec » fon calendrier étoit fort ancienne & d’un ufage » univerfel ; Noé s’en étoit fervi; elleavoitpaflé de » lui à fa poftérité, & avoit donné lieu à la divi- » fion du zodiaque en douze fignes , & à l'invention. » de la diétéride, tétraétéride &c des autres anciens » cycles, pour éviter la peine de la corriger tousles »# mois fur la lune, & chaque année fur le foleil; » cette année a continué à être en ufageen Egypte, » jufqu’à l’établifflement de leur année folaire de 365 » jours; en Chaldée & chez les nations voifines, » jufqu'à l’expéditionde Cyrus au-delà du Gyndes, » 8 jufqu’à la prife de Babylone par ce prince; en » Grece jufqu'au tems des fept fages &c de l’empire » des Grecs &c des Perfes ; en Italie jufqu’au regne » des Latins, & jufqu’à ce qu’enfn les Arabes en ont » formé leurs années lunaires, » Je ne trouve point, conclut Newton ; chez les # anciens, d'année qui ne füt Inni-folaire , ou folai- »re, ou lunaire, non plus que d’autre calendrier .» que ceux de ces années-là. Une de 360 jours n’eft » aucune de celles-là. Le commencement de cette » année auroit parcouru toutes Fes faifons dans lef- » pace de 7o ans. Une révolution fi remarquable au- » roit été marquée dans l’hiftoire, &ne doit pas être » fuppofée fans en donner de bonnes preuves ». (Le Chevalier DE JAUCOURT.) TYLEINUS, m. (Mychol.) dieu des Breffans en Italie, & dont la figure a été déterrée dans le dernier fiecle près de Brefle. Le Roff qui l’a fait graver dans fes mémorie braffiane, dit quela ftatue de cette divinité fut mife en pieces l’an 840 , par Rampar évêque de Brefle, & qu’elle n’avoit pour infcription que le nom du dieu à qui elle, étoit confacrée. Cette ftatue étoit de fer., la tête couronnée de lau- rier, appuyant le pié droit fur le crâne d'un mort, &c tenant de la main gauche une pique de fer , termi- née en haut par une main ouverte, fur laquelle on voyoit entre l'indice & le pouce un œuf qu'un fer- pent entortillé dans la main venoit mordre : ce font- là des fymboles auffi obfcurs que myftérieux. Ce pié appuyé fur une tête de mort & de laurier , mar- quoient-ils, comme le conje&ure le pere Montfau- con , que Tillynus triomphoit de la mort? Mais qui fera l'antiquaire , ou le mythologifteaffezhardi pour expliquer ce que fignifie le ferpent qui fe jette fur l'œuf que tient la main qui eft au haut de la pique? Avouons que principalement parmi les dieux topi- ques qui n’étoient gueré connus que dans quelques villes particulieres qui les avoient choïfis pour leurs patrons , il{e trouve toujours des fymboles inexpli- cables, (D. J.) TYLOSIS, L.f. ( Médec.) rôrome, callofité, dar- tre calleufe des paupieres, en latin ca/lofftas palper- bre ; efpece de dartre des paupieres dans laquelle leur partie intérieure eft ulcérée , avec desfentes &c des duretés calleufes. | Cette maladie commence rarement par le borddes paupieres , quoique dans la fuite ce bord vienne à | s’ulcerer ; mais elle commence d'ordinaire par une chaleur 8 un prurit qui.augmente dejour à autte ; jufqu’à les rendre inégales &c âpres , & finit enfinpar y caufer des ficofités , fentes, duretés & petits ul- ceres ; c’eit alors une maladie très-opimiâtre &c très- difficile à guérir. Sa cure demande les remedes gé- héraux, un régime de vivre doux & rafraîchifant , la faignée, s’1ly a pléthore, ainfi que la purgation, quand.le mal.eft habituel. Pour ce qui eft des reme- des topiques , on ufera d’abord de ceux qui hume- étent , amolliflent & temperent lacrimonie de l’hu- meur contenue dans les paupieres ; on vient enfuite à ceux qui détergent &r defféchent les ulceres, Voyez Maitre-Jan. ( D.J.) TYLUS, (Géog. anc.) les géographes connoïffent une ville & deux iles de ce nom, favoir : 1°. Tylus , ville du Péloponnefe fur le golfe de Mefénie , entre les iles Tyrides & la ville de Leu- Étrum, felon Strabon , Z, VIII, p. 350. qui dit que quelques-uns la nomment Œxus. Paufanias, Z. III. c. xxy. eft de ce nombre. 2°. Tylus ,le du golfe Perfique. Arrien la place à deux jours de navigation de Pembouchure de l’Eu- phrate; fon nom moderne eff Queximi ou Queixome. 3°, Tylus minor, ile du golfe Perfique , {elon Pli- ne ,_Z. XII. c. x. qui la met à 10 milles de la grande Tylus; cette ile eft nommée Arados par Strabon, & Arathos par Ptolomée. ( D. J. TYMBALE LA, f. f ( Are. mile, ) eftune efpece de tambour dont le cuir eft tendu fur une caïfie d’ai- rain. Il étoit autrefois en ufage à la guerre chez les Sartafns ; 1l pafla enfuite chez les François & chez les Ancloïs. [n’y a pas long-tems que cet inftrument militaire eft en ufage dans nos armées , au-moins le pere Da- niel prétend qu’on ne le trouve point dans nos hi- floires fous le regne de Henri IV. & fous celui de Louis XIT, La synibale nous eft venue d’Allemagne.Jufte-Lipfe qui eft mort en 1606, dit dans fon traité de la lice romaine , Que les Allemands s’en feryvoient de fon tems. On en prit dans le combat aux Allemands en quelque occañon ; &c ilne fut permis d’abord à aucun régiment françois de cavalerie d’en avoir qu’à ceux qu1 en avoient pris fur l’ensenu. Depuis on en a mis dans les compagnies de la maifon duro1;ilny a que les moufquetaires qui n’en ayent point. La gendar- merie & les régimens de cavalerie légere en ontauf dans la compagnie du meftre-de-camp, & dans les autres compagnies qui en ont enlevé aux ennemis. Les symbales font deux efpeces de grands bains de cuivre rouge ou d’airain, ronds par le fond & cou- verts par-deffus d’une peau de bouc qu’on fait tenir par lemoyen d’un cercle de fer, & plufeurs écrous attachés au corps delasymbale , & d’un pareil nombre de vis que l’on monte & démonte avec une clé. Les tymbales fe tiennent enfemble par le moyen d’une courroie que l’on fait pafler par deux anneaux qui font attachés l’un devant & l’autre derriere le pom- meau de la felle du tymbalier. Les tymbales font garnies de deux tabliers de da- mas ou de fatin , aux armes du colonel, du prince, ou du meftre-de-camp à qui elles appartiennent. Quand il fait mauvais tems, on les couvre d’ordi- naire d’un cuir de vache noir. | Le tymbalier bat avec des baguettes de bois de cornier ou de buis, longues chacune de 8 à 9 pou- ces. Elles ont chacune au bout une petite rofette de la grandeur d’un écu. C’eft de l'extrémité de ces petites rofettes que l’on frappe la symballe, ce qui lui fait rendre un fon plus agréable que fi elle étoit frappée d’une baguette detambour. Le tymbalier, aufli-bien que le trompette, dans les marches & dans les routes , eft à la tête de l’efca- dron, trois ou quatre pas devant le commandant ; TYM 773 mais dans les combats ils font fur les aîles dansles in- tervalles des efcadrons pour recevoir les ordres du major ou de Paide-major. Le tymbalier doit êtreun. homme de cœur qui doit défendre fes symbales au pé- ril de fa vie, comme Île cornette & le guidon doivent faire pour leur drapeau. Æifloire de la milice fran- gotfe. TYMBALE, (serme de Paumier.) efpece de raquette de bois couverte de parchemin des deuxcôtés, dont on fe fert pour jouer au volant. TYMBALIER , Lm, (Are milis. ) le rymbalier bat avec des baguettes de bois de cornier ou de buis, longues chacune de huit à neuf pouces ; ‘elles ont chacune au bout une petite rofette de la grandeur d'un écu; c’eft de l’extrémité de ces petites rofettés que l’on frappe la tÿmbale, ce qui lui fait rendre un fon plus agréable , que fi elle étoit frappée d’une baguette de tambour. dé] Le symbalier, aufli-bien que le trompette; dans les marches & dans les revues, eft à la tête de l’efcas dron, trois ou quatre pas devant le commandant. Dans les combats, les symbaliers font fur lesaîles dans les intervalles des efcadrons pourrecevoir les ordres du major ou de Paide-major. Le symbalier doit être un homme de cœur, qui doit défendreles tymbales au péril de fa vie , comme le cornette & le guidon doivent faire pour leurs drapeaux, (D. J) TYMBRE ,f. m.er Mufique, on appelle ainfi cette qualité du fon par laquelle il eft aigre on doux, fourd ou éclatant. Les fons doux ontiordinairement peu d'éclat com- me ceux dela flûte ; les fons éclatans font fujets à Paï- ereur, comme les fons de la vielle ou du hautbois. Il y a même des inffrumens, tels que le clavecin, qui font à-la-fois fourds &c aigres , & c’eft le plus mauvais £ymbre. Le beau symbre eft celui qui réunit la douceur à Péclat de fon ; on en peut donner le violon pour exemple. Woyez Son. (S TYMBRE , er termes de Blafon, fignifie la crére où le cimier d’un écuflon , ou rout ce qui fe met au-def- fus des armoiries, pour diftinguer les degrés de no- blefle ou de dignité eccléfiaftique ou féculiere. Voyez CRETE 6 CIMIER. _ Telle eft latiare papale ;'le chapeau de cardinal, la crofle, la mitre, lacroix , les couronnes, les mor- tiers, & fur-tout les cafques & héaumes , que les anciens appelloient plus particulierement symbres, parce qu'ils reflembloient une efpece de cloche fans battant, qui en françois s’appelle un symbre, ou parce qu'ils raifonnoïent comme les syzbres quand on les frappoit ; du-moins c’eft-là l’opinion de Loifeau , qui. dérive ce mot de #ntirnabulum. Voyez CASQUE & HEAUME. TYMBRÉ , on appelle dans Le Blafon, armessym- brées , celles qui n’appartiennent qu'aux nobles ; & Pécu symbré,celui qui eft couvert d’un cafque ou d’un tymbre. Voyez TYMBRE. TYMPAN,f m. ez Anatonie | la membrane du smpan eft une peau mince & délicate, entiere, feche , tranfparente, qui ferme l'extrémité du ca- nal auditif, defcend en - devant de la partie fu- périeure vers l’inférieure, de façon qu’elle fait un angle obtus avec lune , 82 aigu avec l’autre , fur- tout dans l'adulte ; car dans le fœtus elle eft prefque horifontale. Sa figure eft elliptique, mais elle envoie une appendice obtufe fupérieurement dans la fiflure de l'anneau. Elle n’eft donc ni ovale, comme l’ont voulu Cafferius & Valfalva , & encore moins circu- laire,comme le prétend Vieuflens & Duvernny. Son milieu avance comme un bouclier, eft tiré tellement au-dedans , qu'il eft cave du côté du canal , & coni- que vers la cavité du £ympan. La peau & l’épiderme fe féparent fans peine l’une de l’autre même dans la- dulte par la maçération ; après quoi on trouve çette 770 T YM membrane feche, extérieurement couverte d'une lame fournie par le périofte du syrpan , comme le démontre évidemiment l’adhéfion du manche du mar- teau; ce périofteeft au milieu de cette feche mem brane, & cela paroït plus manifeftement dans le foœe- tus. Viéuflens qui exclut cettetunique, & n’en ad- met que deux, n’a donc pas raifon , non - plus que Valfalva , de rejetter le périofte auditif. Morgagni foutient ces trois lames ; Winflow prétend qu'on en peut diflinguer quatre ou cinq. Les vaiffeaux de cette partie inetés reffemblent.à des branches d’ar- bres, & iln’eft pas difficile de les injeéter à la faveur de leur'tronc qui vient par le canal auditif, & avec le mufclerexternede Fabricius, comme le penfent Ruyfch &Cafflebohmius. ‘On le voit eneffetfouvent venir des vaifleaux du périofte du syrpan êt de lad- héfion du manche du marteau , fe reprendre de tou- tes parts; 1l eft probable qw'il y a deux couches de vaifleaux dont l’une appartient à la peau -extérieure- mentcollée à la membrane dusyrpan, &c l'autre fert au périofte du £ympan rampant intérieurement fur la même membrane, Puifque la membrane du 2ympan eft cave en fon milieu , & qu’ainfi le fac borgne du canal de Pouie fe termine enfin en un tube comique , 1l ne peut au- cunement être douteux qu'il fe fafle de nouvelles réflexions dans la pointe même du cône, Les ondulations de l’air externe doivent fe com- muniquer, 8 au périofte de la cavité Gu zympanr 6c au marteau, & à l’air interne, le périofte 8 le mar- teaw étantcontinus à lamembrane du ympan que cet air touche deprès. Le zympan, appellé vulgairement Le rambour , eft fitué cbliquement eu égard à la pofture droite ‘du corps, & regarde en-bas : de-là vient que nous en- tendons mieux les fons qui viennent d’en-bas, que ceux quiviennent d’en-haut. Voyez TAMBOUR. La face externe du syrpan eftun peu enfoncée dans le milieu 5 il eft compofé-de deux outroislames. Ila un trou , où du-moins une portion qui n’eft pas attachée au cercle offeux , & qui laïfle pañfer l'air , &t dans quelques fujets la fumée du dedans de la bou- che en-dehors. #oyez TROU. Derriere la membrure duzyrmpan eft une cavité dans los pierreux , appellée caiffe du tympan, êt quelquefois fimplement syxpar. On y remarque quatre petits os ; favoir,, le marteau , lenclume, l’é- trier & l'os orbiculaire, Voyez - les chacun fous fon article particulier MARTEAU. Au-dedans de la caïfle du syrpar , Vieuflens a dé- couvertune membrane très-mince, qui fert à former da porte du labytinthe, & à empêchertoute commu- nication entre l’air interne & l’air externe. La mem- brane dusympar a une branche confidérable de nerfs, qui pañle fur la face interne entre le marteau & len- clume, & qui eft appellée corde du 1ympar. Voyez CoRpDe. Willis regarde la membrane du zympar comme une efpece d'inftrument préparatoire de l’ouie; 6c il _ croit que fa fon@tion eft de recevoir les premieres im- preflions des fons , & de les tranfmettre au cerveau duement modifiées & proportionnées à fa difpofñ- tion. Voyez SONS ; SENSATION , &c. Eneffet , la fonétion de lamembrane du sympan par rapport.à l’ouie, femble être la même que celle de la prunelle de l'œil par rapport à la vue. La pru- nelle empêche qu'il n’entre dans Pœil une trop gran- de-quantité de rayons de lumiere ; elle les tempere, les adoucit, & les proportionne , pour ainfi dire, au fenforium , auquelelle les tranfmet. La membrane du y npan fait-la même chofe à l'égard des rayons fono- re; ; carfi lesuns & les autres tomboient immédia- tement furle fenforium , ils pourroient afément blef- der {a déhçatefle, Voyez PRUNELLE, TYM La membrane du s#mpan à la vérité n’eft pas l'or: gane propre de louie ; mais elle fait que l’on entend mieux. Pour celail eft néceflaire qu’elle fe tende où fe reliche dans le befoïn, comme la prunelle ; & c’eft à quoi fervent les quatre offelets dont nous avons parlé ci-deflus , qui ont le même ufage pour tendre ou relâcher la membrane du syrpar , que les cordages d’un tambour à l’égard de cet inftument. Par le moyen de cette tenfion & de ce relâch®ment, la membrane du syr#pan s'accommode à tous les fons, violens ou foibles , de même que la prunelle à tous les degrés de lumiere. Voyez Our. _ L’ingénieux doéteur Holder a perfeétionné cette théorie. Il conçoit que ation du mufcle qui tend ou relâche la membrane du sympan, le tient toujours dans un état de tenfion modérée. Mais lorfqu’il s’agit d'écouter , & de faire une attention particulieré à quelque fon, alors laétion de ce mufele eft plus forte, & la membrane du £ympan plus tendue qu’à l’ordi- naire, afin de faciliter le paflage du fon. Voyez ArT- TENTION. | Sur ce fondement le même auteur ayant entre fes mains un jeune homme fourd de naïffance, ét remar- quant que fon mal venoit d’un défaut de tenfion dans la membrane du zyrpan , il dit à {a mere de conful- ter les médecins pourfavoirs’iln’y auroitpas moyen par quelques fumées aftringentes ou autrement , de rendre à cette membrane fa tenfion néceflaire. _ Enattendant , 1l s’avifa d’un moyen paflager, qui fut d'employer quelque fon violent, comme de bat- tre du tambour auprès du malade. Un pareil fon tant qu'il continue, doitnéceffairement diflendre lamem- brane du sympan , en le pouflant & le fafant enfler en-dehots , comme un vent frais enfle les voiles d’un vaifleau. L'expérience réuffit felon l’efpérance du do= teur ; car tandis qu'on battoit fortement du tambour près du jeune homme, celui-ci entendoitles gens qui étoient près de lui, & qui l’appelloïent doucement par fon nom ; mais lorfqu’on cefloit de battre du tambour , 1l n’entendoit plus les mêmes perfonnes, quoiqu’elles l’appellaffent à haute voix, Voyez Sur- DITE. Ce qui montre néanmoins que la membrane du : tympan n’eft pas fi néceflaire, c’eft qu'ily a desexem- ples de gens qui entendoient parfaitement fans le {e- cours de cette membrane.M.Chefelden rapporte qu'il rompit lamembrane duzyrpanr des deux oreilles d’un chien, qui ne laiffa pas d'entendre. Il eft vrai que quelque temstems après les fons violens lui faifoient beaucoup de peine. Le même auteur ajoute que M. S. André l’avoit afluré qu’un de fes malades ayanteu cette membrane détruite par un ulcere qui avoit même fait fortir les offelets , ne laïffa pas néanmoins de conferver l’ouie, Corde du TYMPAN , voyez CORDE. TymPAN, {. m. ( Archireë&. ) mot dérivé du grec tympanon , tambour. C’eft la partie qui refte entre les trois corniches d’un fronton triangulaire , ou les deux d’un fronton ceintré. Elle eft quelquefois life , & quelquefois ornée de fculptureen bas-relief, com= me au temple de Caïtor & de Pollux , à Naples, & au portail de Peslfe des peres Minimes , à Paris, Tympan d'arcades ,table triangulaire , placée dans lesencoignures d’une arcade.Les plusfimples sympans de cette efpece n’ont qu’une table renfoncée, ornée quelquefois de branches de laurier , d’olivier, de chè- ne, &c. ou de trophées, feftons,&c.comme au château de Trianon ; & 1ls conviennent aux ordres dorique & ionique. Les syrmpans les plus riches font décorés de figures volantes, comme des renommées, ainf qu'on en voit aux arcs de triomphe antiques ; ou de figures aflifes , telles que font des vertus, comme | -dans Péghfe du Val-de-Grace ; ou des béatitudes., ÇOTINE TYM comme dans celle, du collése Mazarin + à Paris. Daviler, (D..J.) TE ue? TyYMPAN de machine , (Mécan. ) roue creufe. qu’on nomme auf roue à tambour ; dans laquelle un Ou plufieurs Rommes marchent pour la faire tourner, ë&c qui fert aux grues , aux calandres , & à ceftains, moulins, (2.7) are | TYMPAN, ({riprimerie.) grand &t petit. syrpar piéces d’une prefle d'imprimerie; le premier eit fait d’une feuille de parchemun collée fur le chafis de bois ; attaché au bout du coffre par deux couplets ; c’eft fur ce syripan après qu'il a été ramoiti avec une éponge.trempée dans l’eau, que fe marge ou fe pointe la feuille de papier prête à pañfer fous prefie : le:pe- titsympar eftaufliunefeuille de parchemin collée fur ua plus petit chaffis, de bois ou de fer, qui s’enclave au revers.du premier; entre ces deux peaux où £ym- pans {e mettent les blanchets , &r le carton. Voÿez POINTURES , BLANCHETS, CARTON, 6 Les fig. & PI. d’Imprimerte. | TYMPAN de menuiferie. ( Menuif. ) panneau dans Paflemblage du dormant d’une baye de porte ou de croifée qui eff quelquefois évidé , & garnt d’un: treillis: de fer ; pour donner du jour. Cela fe pra- tique aufli dans les éympañs de pierre: (D. I. ) TyMpan de l'oreille, ( Anaiom.) Voyez mem- Branne-du tambour , au mor Tamzour. (D.J.) TYMPANA, (Hifi des füppl. des Grecs)rourave fupplce chez les Athéniens , par lequel un criminel étoit condamnérà être attaché ä un poteau.pour y re- cevoir la baftonade jufqu’à ce qu'il expirât. Potter: Archeol. Grec. Liv. À. ©. xxv. tom. 1. pag. 134, FN | | C5 APT ) ( Geog. anc. ) ville du Péloponnèfe, en Elide : Ptolomée, /. I, c. xyj:la marque danses terres. Leshabitans de cette ville font appeilés sypanei par Pline, Liv. IV. cap. wj. mais il les place dans l'A- chaïe. Ce pourroit être lamême ville que Polybe, liv. IV. nomme cympanæa , & qu'il met dans la. Triphyle ; & il y a apparence auf que c’eft la ville typaneæ d'Etienne le géographe , qui la met pareille- ment dans {a Triphilie. ( D. 7.) TYMPANITE , f.f. ( Médec. ) c’eft ainfi que l’on appelle une maladie où le bas-ventre eft confidéra- blement enflé & réfonne comme un ballon, loriqw’on lefrape ; on l'appelle auffi kydropifis feche | mais fort mal-ä-propos , car cette hydropifie eft fans eau; s’ileft permis dé parler ainf ; c’eft ce que confirme ouverture des cadavres en qui on ne trouve pas une feule goutte d’eau dans la cavité dubas-ventre, ni dans le canal inteftinal: bien des gens attribuent cette affe£tion à la tenfion fpafmodique du genre nerveux dans cette cavité à l’accumulation du fuc nerveux dans les nerfs de fes vifceres qui diftendant les membranes , y fait amañler l'air dans certains endroits , & Pempêche de cireuler par les étranglemens qu'il caufe dans certains endroits du canal; mais cette idée eft bien fyftématique , Pefprit animal y joué un trop grand rôle, pour qu’on la croie: Nousne nions cependant pas que les fpaf- mes convulfifs des nerfs ne concourent à cette ma- ladie , & il eft vraiflemblable qu’elle dépend de la tenfion de fes parties , foit par l’obftruétion du foie &t de la rate qui retient le fang dans le bas-ventre, foït par les enfpations des nerfs qui caufenrdes étran- glemens dans différens points du canal inteftinal : mais la tenfion feule ne fuffit pas; l'air y entre pour quelque-chofe , le réfonnement ke bruit que rend la cavité du bas ventre quand on le frape., font. des preuves palpables de ce que nous avançons. L'air fera. différentes explofions, il fera produifpar Les humeurs quifont-en ftagnation dans les vaifleaux obftrués il s’échappera des aliumens , il diftendra les, parois dé leflomac , il.roulera. dans le çanalintef: Tome XFL | dit Ÿ M 777 tinals, par l'étroitefle que produit dans. les diférens rephs du canal la confiriétion ow.la tenfion des membranes. Ainf l'air s'amaflant de plus enplus dix ffendrailes cavités, 8 augmentera la capacité du bass ventre ,jufqu’à lui donner une élevation énorine, Les cadavres morts de cette maladie ont les cavités remphes d'air , les vaifleaux obfrués chargés d’un fans noirôtre. fl id 18% bai Cette maladie arrive dans tous les Âges , elle eft commune aux femmes après l’acouchement ; elle at- taque les jeunes géns., les vieillards :, les convalef: cens & fur-tout les hypochondriaques,, tous. ceux qui mangent beaucoup & qui digerent peu, fur tout après de grandes évacuations , comme il arrive aux femmes éféouches, & aux convalefcens, tous ceux en qui les'réflerremens éonvulfifs des vifcerés re- tiennentilair exprimé des àlimens-dans les cavités des inteflins, ce qui arrive aux gens vaporeux ; 4 ceux -que l'application: continuelle de l’efprit :&c le chagrin empêchent de digérer commeil faut. Pour peu que l’on confidere encorela fituation des malades à qui la sympanise furvient; on verra qu’elle eff la fuite de beaucoup de maladies aiguës & chroni- ques, elle fuccede aux viéilles obftruétions du me- fentere , elle accompagne lecarreau ou l’état. ‘skir- rheux du mefentere dans les enfans qui font à la ma- melle , elle fuit les.-devoymens opiniâtres., les difa fentertes ulcéreufes , elle eft l'effet de l’'afeétion hi- pochondriaque invétérée , elle finit les maladies de confomption ; il eff notoirequeidansces malades les humeurs font en diflolution , les folides à demi pu- tréfiés, & l’air échappé des molecules des uns & des autres occupe les cavités. . Les fignes de cette maladie , font les fuivans : il furvient une tenfion dans la région des lombes &. une conflipation opimiâtre, enfuite de laquelle le bas ventre eft confidérablement diftendu., le-malade: ft fujet aux rapports, le pouls eft inégal , l’appetit, languiffant & la foif excefhve; l’on fent dans les hy-- pochondres & dans la région du nombril une ‘dou- leur poignante , mordicante, & une tenfion accom- pagnee de chaleur , on ne peut demeurer couché far les.côtés &z la tumeur ne diminuepoint;lorfqx’on eft couché fur le dos, | La {ympanite fait une maladie dangereufe ; elle eft abfolument incurable | lorfqu’elle accompagne ou. qu’elle fuit Phydropifie , à caufe que la diftention. violente desinteftins & desmufcles épigaftriques , en comprimant les veines retarde la circulation du fang, produit la conftipation , fupprime la tranfpiration ;, la cympanite fimple , lorfqw’elle eft invétérée ; 8& qu'on n'a pas foin d'y remédier fur le champ, dé- genere dans les femmes & dans les enfans en uné maladie chronique opiniâtre dont la mort efttoujours. la fuite. | Le traitement s'exécute en employant lesremedes: cardiaques &c flomachiques de même que les amers de tous genres ; après avoir fait précéder la faisnée & les autres évacuans préliminaires | on peut em- ployer les remedes aromatiques, TYMPANO, f. m.(Mufrq. étal,) les Italiens fe fer- vent de ce terme pour, défigner une paire de syrnba- les d'une grandeur inégale, &c accordées à la quarte. jufte. La plus petite exprime le fon de c-fo/:ur, & la: plus grande celui de g-re-fol, une quarte au-deflous. C’eft infirument fert ordinairement dé bafle aux trompettes. Di. des B: A, (D. 1.) TYMPANOTFRIPA 3 f. m: (Lirrérar.) TUUBANOTpI= Bis s'un joueur de smparnum.; mais ce terme défi- gnoit au figuré chez Icsanciens une perfonne efférmi. née ; plongée dans la molleffe! (D. J.) ne 1164 TYMPANUMdes Hébreux, (Mufiq: des Hébreux.) cetinftrument de mufique eft défigné en hébreu.fous, le nom général de sop4, quicomprenoïit.diverfes for: 779 TYN tes detambouts. Celui-ci reffémbloit à un crible en- touré de fonnettes , à-peu-près comnie atix tambours de bafque. On s’en fervoit dans les occafions de Té- joûiffance , après une viétoire ; dans les feftins , les noces, & pour célébrer les louanges de Dieu. Le sympanum des Romains éroit un cuir mince, étendu fur un cercle de‘bois ou de fer, que l’on frap- poit à-peu-près de la même maniere que font encore à préfent nos bohémiennes. Quelques auteurs déri- vent ce mot de #lœu, frapper ; Voflius le tire de {hébreu r0p4. Il eft du-moins certain que l'invention des zympanum vient de la Syrie, felon la remarque de Juvenal. : | Jampridem Syrus in Tyberim defluxit orontes E: linguam 6 mores & cum tibicine chordas Obliquas., nec nor gentilia tympana fecum Vexir, = Ils étoient fort en ufage dans les fêtes de Bacchus 8z de Cybele , comme on voit par ces vers de Ca- tulle. Cybeles Phrygie ad nemora deze , Ubi cymbalum fonat, ubitympana roboant, Hérodien, parlant d'Héliogabale , dit qu'il lui pre- noit fouvent des fantaifies de faire jouer des flûtes, & de faire frapper des £ymparum , comme s’il avoit célébré les bacchanales. Le leéteur trouvera la repréfentation de divers gmpanim 8 cymbales des anciens dans Île Mufeum romanum de Spon , Z. LI. feëf. 4. tab. 7. 6 8. & dans Apofhini Gemme Antiche, part. I. p. 30. (D. J.) TYMPHÆA , ( Géog. anc.) ville de la Thefpro- tie , {lon Etienne le géographe. Strabon, 2. VII. pagés 326 & 327, ne connoit que les peuples qu’il Homme Tymphei, & qu'il place vers les fources du Pénée. Selon Pline’, Z. IF. c. ij. les peuples Tymphei étoient du nombre de ceux qui habitoient l'Etolie ; mais ; 2. IP: 6: x: il met encore des Tymphæi dans la Bifaltie , où du-moins entre le Strimon &c l’Anius ; cé qui oblige d’en faire deux peuples différens. DT: 13 ; LYMPHÉR | GYPSE DE , tyrphaicum gyplum , ( Hif. nar.) nom donné par les anciens naturaliftes à une terre qui, fans avoir été calcincé, prenoit corps avec l’eau , comme fait le plâtre ou le gypfe calciné. Ils l’appelloient auffi ærrz symphaica. Pline dit: Cognata cali res gypfum ef?; plura ejus genera ; Ram à lapide coquitur, ut in Syria ac Thurüs : É è ter- ra foditur, ut in cypro 6 perrhibais ; è fummä cellure Étymphaicum ef ; üb. XXXVT. ce, xx. - TYMPHRESTUS., (Géog. anc:) montagne de la Théfäalie. Strabon, 4 LX, p.433. la met au voifi- nage du pays des Dolopes. (D: 7.) TYNDARIDES, £ £ (Mychol.) on nommoit ainfi Caftor & Pollux, énfans de Léda &:de Tyndare, roi de Laconie: Caftor fe diftingua dans la courfe &c dans l'art de drefler les chevaux , Poilux dans l’exercice de la lutte. Aux jeux funebres de Pélops , la tradition des Eléens, fuivie par Paufanias , fait remporter le. prix dela courfe à pié à Caftor , &r celui du pusilat à Poliux. Jupiter, felon quelques poëtes, donna lim- mortalité à Pollux qui la partagea avec Caftor , en- forte qu'ils vivoient & mouroient alternativement. Couple de déires bifarre, Tantot habitans du Ténare Ettantôt citoyens des cieux. - Selon d’autres, il furent placés au ciel, fous le fi- gne des Gemeaux ; dont la découverte fe fit peut- être environ (ce tems-là ; ce qui a donné lieu à la premiere fable de la mort ëe de la réfurreétion alter- native de Caftor & de Pollux, c’eft que ces deux étoiles ne fe montrent jamais enfemble, (D. J.) “TYNDARIUM, (Géog. anc.) villé de Sicile , fur la côte feptentrionale. Ptolomée, Z. JET. c. iv. la mar- que entre les embouchures des fleuves Hélicon & Tyméthus. Elle eff nommée Ty#daris par Strabon, A VI. p.266, & par Pline , ?, ZE. c, viij. Qui lin donne le titre de colonie. ; rer Dans une ancienne inferiprion , fes habitans font nommés Tuvdemtie, Jyndarienfes, &c-dans plus d’un endroit des verrinés'de Cicéron , Tyndaritani. Diodore de Sicile, excep. leg. ex. Lib. XXIT, dit que Denys le tyran donna ce terrein aux Mefléniens, qui y bâtirent la ville de Tynduris. Cicéron , ver, 3. l'appelle zobiliffima civisas : il la met au nombre des. plus confidérables de la Sicile, &c il ajoute : fes Ha- bitansétoient les ainis &c les alliés du peuple romain. Pline, 2. II. cxcij. nous apprend que la mer avoit englouti la moitié de cètte ville. Le‘refte eft aujout= d’hui détruit : on n’y voit plus qu'une églife, appel- lée Santa Maria in Tyndaro. (D.J.) TYNDARIUM PROMONTORIUM', ( Géog. anc.) | promontoire de l'ile de Sicile , fur fa côte fepten« trionale. Il tiroit fon nom de la ville de Tyndaris. (D. J.) TYNNA, ( Géog. anc.) 1°. ville d'Afe, dans la petite Arménie. Prolomée , Z. W. €. sir. la marque parmi les villes de la préfeéture de Cataonie. »°, Fleuve de l'Inde, en-decà du Gange, Ptolo- mée, 2. VII. c. j. met fon embouchure dans le pays des Arvares, ( D. J.) TYPE, fm. (Gramm. & Théolog.) c’eft la copie, l'image , ou la reflemblance de quelques modeles, Voyez MODELE ; IMAGE. | Ce mot eft formé du grec, ruæos , forme, figure. Le terme ype eft moins en ufage que fes compo- {és prototype & archétype ; qui fignifient les orsginaux qui n’ont été faits d’après aucun modele. Voyez AR- CHÉTYPE , PROTOTYPE , ECTYPE. Type eft auf un terme fcholaftique, dont les Théologiens fe fervent fouvent pour fisnifier un fy#- bole, un figne ou une figure d’une chofe à venir. Dans ce fens, on emploie ordinairement le mot type relativement au mOt aztitype, avrrruæce , qui eft la chofe même dont une autre chofe eft le sype ou la figure. Voyez ANTITYPE. | C’eft ainfñ que le facrifice d'Abraham, Pagneau pafchal , 6rc. étoient les pes ou figures de notre ré DS Le ferpent d’airain étoit lesype de là croix, Ce Les sypes ne font pas de fimples conformités où analogies que la nature fait naître entre deux chofes d’ailleurs différentes, ni des images arbitraires, qui n’ont d’autre fondement que la reflemblance cafuelle d’une chofe à une autre. Il faut outre cela que Dieu ait eu une intention particuliere de faire un £ype, & qu'il ait déclaré expreflément que ce sype en eftun; ou que l'autorité de Jefus-Chrift &c des apôtres , ou celle d’une tradition conftante ayent décidé que telle ou telle chofe eft sype par rapport à telle ou telle autre, autrement, & s'il étoit libre à chaque parti- culier de mettre des sypes où il veut & où il juge à propos » PEcriture deviendroit un livre où l’ontrou- | veroit tout ce qu’on voudroit. M. Gale diftingue les sypes en hiftoriques &c en prophétiques. Les derniers font ceux dont les an- ciens prophetes fe font fervis dans leursinfpirations. Les premiers font ceux dans lefquels des chofes ar- rivées ou descérémoniesinftiruées fous l’ancienT efta- ment ont figuré d’avance, pronoftiqué ou annoncé Jefus : Chrift, ou des chofes qui ont rapport à lui dans le nouveau Teftament. Les anciens peres de l'Eglife , aufli-bien que les critiques modernes , font extrèmement partagés fur la nature & l’ufage des sypes , &c fur les repréfenta- tions typiques qui fe trouvent dans l’ancien Tefta=. TYP ment; &c c’eft ce qui fait une des grandes difficultés que l’on a à entendre les anciennes prophéties , 8z à concilier l’ancien T'eflament avec le nouveau. Foyez PROPHÉTIE. . Onne peut difconvenir en effet qu’il n’y ait eù.des sypes inflitués par la fagefle divine, pour être les om- bres & lés figures des chofes à venir ; & quoique les hommes foient tombés , à cet égard , dans bien des excès, & que plufeurs fe foient imaginés voir des types pat-tout, comme Origene, qui trouvoit des myfteres jufque dans les chaudrons du tabernacle , on doit fe contenter des plus fenfbles & des plus frappans ,ou de ceux dont l'application a déja été faite par une autorité fupérieure en fait de religion. Mais 1l n’en faut point propoier fans les prouver au- tant qu'ileft poflble , &c fans faire voir que ce font en effet des sypes , afin de jufüfier la folidité du rai- fonnement des apôtres qui en ont tiré des argu- mens. | Un autenr moderne foutient que non-feulement les peres de l’'Eglife, mais auffi 5. Paul lui-même, étoient d'opinion que toute la religion chrétienne étroit contenue dans l’ancien T'eflament, & accom- plie dans l’hifoire &t dans la loi des juifs , & que ce teftament & cette loi ne devoient être regardes que comme les rypes& les ombres du Chriftianifme. Dans cette vue 1l cite l’épitre aux Hébreux, chap, vi. 3. chap. x. 1. 8 celle aux Coloffiens , chap, j. verf. 16. & 17. il ajoute que les lois rituelles de Moïfe n'étant que des sypes &t des ombres des chofes réelles à ve- nir, doivent être confidérées comine des prophéties accomplies. C’eft aufli le fentiment de M. Whifton & d’autres. Et le premier auteur, pour appuyer da- vantage fon raifonnement, cite Jefus-Chrift lui même qu,ensS. Matthieu, chap. x. verf. 13. confirme les propheties légales, en difant qui eff venu accomplir £a loi. Mais c’eft abufer vifiblement de Ecriture que d'employer ces pañlages à prouver que tout y eft rype & figure ; car lorique S. Paul dit que Jefus-Chrift ef la fin de la loi, féris legis Chriflus, il ne s’agit pas de favoir fi Jefus-Chrift y eft figuré & prédit ; il eft fimplement queftion de montrer qu'il eft le feul au : teur de la juftice que la loine pouvoit donner. Quand xi dit aux Colofiièns , que tout ce qui a été fait, n’a été fait que pour Jefus-Chrift, omnia in ipfo conftans, èt ne fubfifle qu'en lui, 1l établit la divinité de Jefus- Chrift , & il en donne pour preuve que tout ce qui exifte , n’exifte que par l’opération de fa toute-puif- fance. De même quand Jefus-Chrift dit qu'il eft vera accomplir la loi, cela s'entend des vérités de prati- que qu'il venoit confirmer par fes exemples & par fa . doûtrine, & non fimplement des figures qu’il venoit accomplir , comme fi tout eût été sypefous l’ancienne loi. Cette affe@tation des figuriftes a donné lieu à quel- ques écrivains peu favorables à la religion , d’obfer- ver que files anciens & les modernes partifans du fens typique euffent formé le deffein de décrier le Chrifaniiine, ils n’auroient pû mieux y réuffir qu’en travefliflant ainfi toutes chofes en rypes & en pro- phéties. Ikne faut pass’éronner, ajoutent-ils, que les athées &g les déiftes infultent à la crédulité des chré- tiens , & qu'il rejettent des preuves fondées fur de pareilles abfurdités. Mais on peut répondre à ces écrivains ,que l’exem- ple des figuriftes ne peut tirer à conféquence contre la folidité des véritables preuves de la religion. Car il n’eft pas difficile de reconnoître, à-moins qu’on ne veuille s’aveugler foi-même, la réalité de ce qu’on appelle types. Al .eft évident qu'il y en avoit beau- coup fous l’ancien Feftament. Tels-étoient les facri- fices, la perfonne du grand-prêtre, l’arche de Noé, &e. tels étoient les deux verges ou bâtons, dontil eft parlé dans Zacharie, c.x7. verf. 7, 10, & 14 telle étoit Tome XVI, TTYP 779 la femme adultere.d'Ofée , «, 7. verfoa: fes enfans, verf. 46. Par ces types 8 par d’autres femblabless, Dieu & le prophete ont deflein d'annoncer des évé- nemens futurs, mais il faut-obferver oui-querlepro- phete avertit en même tems le lefteur: dé, prendre ces chofes pour £ypes, qu'ille met en état:deles en tendre de cette maniere,).qu'il ne l’abandonne pas à fes propres conjeétures après l’'événementiou lac. compliflement de ces prophôties ; ou-que-les apôtres ontexplique.ces types conformément à la-tradition des juifs ; & qu’en montrant qu'ils avoient été-ac- complis en Jefus-Chrift, ils en ont tiré des argumens viétorieux en faveur de la religion. sh j En effet les apôtres ont cité, en parlant de Jefus- Chrift & des myfteres de la loi nouvelle: un grand nombre de paflages de l’ancien Teflament dans leurs écrits, mais ils ne les ont pastous cités dans le même fens. lis en ont cité quelques-uns dans le fensique la fagefle divine avoit intention d'exprimer en didant les livres-faints , mais 1ls en ont cité aufi, fans qu'ils paruflent avoir une déflinationparticuliere &dire@te de Dieu, pour les vérités auxquelles ils les appli= quoient. On en trouve plufieurs qu'ils n’ont appli- qués à Jefus-Chrift qu'à caufe des traits de convenan- ce & de reflemblance quienautorifoient Pallufon & application , & qui avoient donné lieu aux Juifs de les entendre du Meffe : c’eft le fentiment deiplufieurs peres , &c entr'autres de $. Cyrille contre Julien s Paulus autem, dit ce pere , valde fapiens artifex ad zrtroducendim divine, etiam illa que de aliquibus aliis in féripturis ditla funt , aliquoties ad manifeflandum Chrifli facramentum inducis, Verumtamen non 11la fepa- rat ab iis perfonis in quas difa effe cognovimus, fed ne- que omnia illorum ad Chriflum redigic, verum aliquam partem minimam aliquoties fufcipit quam ipfe pojfit fene ullo periculo artificiofe ad fuumreferre propolium, Le favant Maldonat admet le même principe, & s'explique ainf très-nettement furce point: « Quand » les apôtres, dit il, remarquent que quelque pro: » phètie de l’ancien teftament s’eft trouvé accoms » plie par ce qu'ils rapportent, 1ls ne Pentendentpas » toujours de la même maniere ; cette expreflion » peut être prife en quatre fens différens. » Le premier, qui eft l'immédiat & le plus pro: » chain, a lieu lorfque la chofe s’accomplit propre » ment êcaàlalettre, felon qu’elle eft prédite, com » me quand S. Mathieu remarque, ch, 7. que cette » prophétie d'Ifaie, ch. wij. une vierge enfantera | &c, » a été accomplie dans la Vierge Marie. » Le fecond qui eft quelquefois plus éloigné, mais » qui n'eft pas moins direét & moins abfolu dans » lintentiondu S. Efprit, a lieu lorfque la chofe sac: » complit dans la chofe figurée par le sype, comme » quand S, Paul applique à Jefus-Chrift, ÆHébr. ch. 7, » verf. vj. ces paroles du premier livre des rois, » chivij, dites immédiatement de Salomon, je ui » tiendrai lieu de pere | & Je Le traiterai comme mon » fils, parce que Salomon étoit la figure du Meffie; »-ou quand S. Jean obferve, ch, xix, qu'on ne rom » pit point les os de Jefus-Chrift à la pafñion, pour » accomplir ce qui étoit dit de l'agneau pafchal, » Exod. XII. vous n’en briferez aucun os, » Le troifieme qui n’eft qu'un fens accommoda: » tice, a lieu lorfqu'on applique une prophétie à ce » qui n'eft ni l’objet immédiat de la prophétie, ni » de zype figuré par la prophétie , mais à une chofe » indifférente, parce qu’elle quadre aufli-bien à cet- » te chofe, que fi elle avoit été faite pourelle , & » qu'il y eût des preuves que le S. Efprit l’eût dirr » gée à fienifier cette chofe. Haïe, par exemple , » ch, xxix, femble borner lereproche que Dieu fait » aux Juifs, de l'honorer du bout des levres, à » ceux qui vivoient de fon tems ; mais Jefus-Chrift » Papplique , Marrh, y. à ceux qui vivoient du FFfffy oc TYP » fien,1parcéqu'ils ne valoïent pas mieux que leurs gr perésr -: »vLe quatrième fens dans lequel les apôtres difent #-qu'inerchofe s’accomplit, c’eftlorfque une chofe slétant déjarfaite en partie, elle s’achevetout-à-fait, + defortesqu'iln’y a plus rien à defirer pour fon ac- + compliflement ». Maldonat ; 7 ÿ. 15, cap: 1j. S:Marrher: Ainfrileft certain que plufeurs des interprétations typiques &'allégoriques de la loi, de Phiftoire , & des cérémonies des Juifs, peuvent être rejettées fans _:donnertaucun tour forcé, ni aucune atteinte au tex- te facré de l’Ecriture’, qui peut être expliqué par des principes plus naturels, plus intelligibles, êc plus ‘conformes aux regles de la grammaire, que ceux des figuriftes modernes. | Le mot rurts, comme nous l'avons obfervé, ne fignifie autre chofe qu'une copie où une imprefhon de quelque-chofe. Les Anglois dans leur verfion de la bible , l'ont rendu tantôt par le terme d’impreffon ouvcflampe, tantôt par celui de figure , quelquefois par le mot deforme , & quelquefois par pelui de fa- gon OU #ariere. C’eftdelà auffi quele même terme s'emploie au fi- guré, pour fignifier un modele moral, &t dans ce fens- Àà 11 ne fignifie autre chofe qu’un exemple où une femi= litude. De même le mot favrirumos dans l’'Ecriture fi- gnifieune chofe faite d’après un modele,ëc c’eftainfi que dans l’épitre aux Hébreux , le tabernacle & le Saint des faints ayant été faits après le modele que Dieu avoit montré à Moyte, ils font appellés azs- sypes, où figure des vrais lieux Jainrs. Ceft encore dans le même fens que S. Pierre, en parlant du de- luge & de latche de Noé, qui fauva huit perfonnes, appelle le baptème un ansitype de cette arche, & par-là il n’exprime autre chofe qu'une fimilitude de circonftances. Les autres termes dont l’Ecriture fe fert quelque- fois pour marquer qu’un évênement a été figuré d’a- vance par quelque chofe quiaprécédé, font urodryux que l’onrend par émitation &t exemple , & cure , om- bre. S. Paul fe fert fouvent de ce dernier mot, & Papplique aux lois &c aux cérémonies des Juifs, qu'il repréfente comme de fimples ombres des chofes à venir, ou des chofes fpirituelles & céleftes. Ces ex- reffions générales ont induit des auteurs à prêter à S. Paul un deflein qu'il navoit point en fafant ces comparaïfons, & à conclure de-là que tous les rits de la loi de Moyfe étoient autant de sypes, ou de chofes deftinées à fignifier des événemens futurs, & que l’on doit trouver PEvangile dans le pentateuque, tandis que S. Paul ne paroît avoir eu d'autre inten- tion que de faire connoître les grands avantages que l'Evangile a fur la loi ancienne à différens égards , où l'un a autant de prééminence fur l’autre, que le corps ou lafubftance en a fur ombre. Voyez AccOMMoO- DATION. Y Si Pombre des chofes à venir ef la figure ou Le +y- pe des événemens futurs , quels font les événemens auxquels puiffent avoir aucun rapport , les nouvelles lunes, oule boire & le manger des Juifs ? ou com- ment la loi de Moyfe compofée de commandemens pour des perfonnes , tems , lieux, facrifices , &c. pouvoit-elle fignifier une difpenfe des mêmes cho- fes fous l'Evangile , où ces mêmes chofes, loin d’a- voir été enjointes, ontété déclarées au contraire inu- tiles &cfuperflues ? Voilà toutes les obfervations que lon peut faire fur toutes les figmificatiors des ter- mes dont fe fervent les auteurs du nouveau Tefta- ment, & par lefquels ils femblentavoir voulu expri- mer quelque figure ou £ype d'événements futurs, fous PEvangile: d’où nous pouvons conclure 1°, que d’ar- gumenter des £ypes , c’eft argumenter très-fouvent d'exemples ou de fimilitudes ; Le but des fimilitudes ou des comparaïfons eff fimplement d’aïder & de ren- dre quelques idées plus claires &c plus fortes, de for- te qu'ibeft abfurde de tirer des conféquences d'une fimilitude , ou d’inférer de quelque partie d’une fimi- litude, autre chofe que ce qui eft abfolument fem- blable. 2°, Que l’on ne fauroit prouver que toutesles cérémonies de la loi mofaique ayent jamais été def- tinées à fignifier des événemens futurs fous le regne du Meflie. Les auteurs de Pancien Teftament n’en fontaucune mention, quelques notions que puiflent avoir eû là-deflus les écrivains qui les ont fuivis 1m- médiatement : on convient que les apôtres ont ar- gumenté des rits de linftitution mofaique, mais il paroït que fouvent ils ne l'ont fait que par forme d’illufttation & d’analogie, AE et Affurément il y a une fimilitude générale dans tou- tes les opérations ou diftributions de la Providence, ‘& une analogie des chofes dans le monde naturel, aufi-bien que dans le monde moral ; d’où il eft aifé d’argumenter par forme de parité, & même il eff très-jufte & très-commun de le faire; mais de dire aw’une de ces opérations ou diftributions ait toujours été faite pour en marquer ou fignifier une autre qui devoit avoir lieu dans la fuite, c’eftce qu’on ne pour- ra jamais prouver , à moins que Dieu ne l'ait revélé. Nous favons que la terre promife étoit un lieu où les Juifs devoient jouir d’un doux repos, après tou- tes leurs peines & fatigues. Dieu fe repoña lui-même le feptieme jour après l'ouvrage de la création; ce- pendant quelqu'un a-t-il jamais imaginé de prétendre que le repos de Dieu après la création, fignifie le repos des Juifs dans la terre promufe ? &c n’eft - 1l pas auffi fenfé de dire que le repos que Dieu prit le feptieme jour, fignifie l'entrée des Juifs dans la terre de Canaan , que de dire que Le repos des Juifs dans | cette terre , fignife le repos dont David fait mention dans fes pfeaumes? Onne prouvera pasnon plus que tous ces événemens qui fe fuccedent dans ordre de la providence , & quireffemblent à quelques événe- mens qui ont précédé, foient deftinés à être figurés d'avance. Si on peutle prouver, on fera bientôt d’ac- cord que le repos des Juifs étoit le zype du repos des chrétiens. C’eft de lamême maniereque nous devons entendre S, Paul, lorfqu’l dit, Jefus-Chrifl norre pé- que a êté immolé pour nous , &S. Jean Baptifte , lorf- qu’ilappelle notre Sauveur l'agneau de Dieu, [y avoit là cette fimilitude de circonftances que Jefus-Chrift fat immolé le même jour qu’on immoloit &c qu’on mangeoit l'agneau pafchal, qu'il mourut äà-peu-près à la mêmeheure du jour où les prêtres commençoient leurs facrifices, & qu’on ne brifa aucun des os m1 de l’un ni de l’autre; & comme l’agneau pafchal devoit être fanstache, de même Jefus-Chrift étoit fans fouil- lure. C’eft par rapport à ces circonftances, & d’au- tres femblables, que S. Paul applique à Jefus-Chrift le nom de Päque. C’eft encore ainf. qu'on explique ce que S. Paul appelle le baptême des enfans d’liraël , ans la nue & danslamer , & lacomparaïfon qu'il fait du grand prêtre qui entroit tous les ans dans le lieu faint , avec Jefus-Chrift qui eft entré dans le ciel. Il eft donc certain qu'il y a des sypes dans Pancien Teftament, mais il left également que tout n’y eft pas £ype, & que plufieurs de ces 4ypes ne font que des fimilitudes ou des allufons , & n’ont été employés que dans ce fens par les apôtres. Type, £ m. ( Théolog. ) eftauflilenom que lon a donné à un édit de l’empereur Conftans IL. publié en 648. pour impofer un filence général aux ortho- doxes , auffi-bien qu'aux Monothélites, fur la quef- tion qu’on agitoit alors , s’il falloit reconnoître en Jefus-Chrift deux opérations ou volontés, comme le foutenajent les Catholiques , ou s’il falloit n’y en T'Y P admettre qu’une feule , comme le vouloient Les Moa nothélites. Voyez MONOTHÉLITES, 4 ‘On l’appella sypeparce que c’étoit une efpece de formulaire de foi ou plutôt un reglement auquel tout le monde devoit conformer {a conduite , en s’abftenant. de parler des matières controverfées. … Le véritable auteur du 4ype étoit Paul, patriarche de Conftantinople, & monothélite, qui crut a4ez fer- virfon parti en forçant par autorité les catholiques à n'ofer publier leur foi , efpérant que l'erreur fe- roïit aflez de progrès , tant qu’on ne la combattroit pas. En’confequence, 1l infinua à l’empereur Con- fans de fupprimer Pecthèle d'Héraclius , & de pu: blier un édit pour impofer filence aux orthodoxes & aux monothélites ; mais fur-tout aux premiers qui fe plaignoient vivementde le&thèfe, comme favorable aumonothélifme ; mais on fent que cette prétendue voie de pacification étoit injufte, & qu’elle oppri- moit la vérité, fous prétexte d'éteindre les difputes: on ctoit cependant que Conflans avoit donné cette loi à bonne. intention , puifque dans le sype même ; après avoir ordonné le filence aux deux partis ; 1l or- donne qu’on s’en tienne aux faintes Ecritures, aux cinq conciles œcuméniques, & aux fimples paflages des peres, dont la doétrine eff la regle de l’Eglite, fans y ajouter ,.en ôter, ni les expliquer felon des fentimens particuliers, Mais quelles que fuflent les intentions de l’empereur , il eft certain que celles des monothélites étoient d'en abufer & de s’en pré- valoir contre les catholiques. Auff le pape Théodore ne tarda:t-1l point à prononcer la fentence de dépo- fition contrele patriarche Paul, Le sype fut examiné dans le concile de Latran , tenu en 640, & l’on y prononça: anathème contre tous ceux qui admet toient l'impiété du sype &t de l’eéthèfe, Poyez Ec- THÈSE. : ro . Type, fom.( Are nurmifinarique. ) terme généri- que par lequel lesmédailliftes entendent l'empreinte qui eft marquée fur la tête &r le revers des médailles , comme fymboles, figures de divinités | de génies, d'hommes , de femmes, d'animaux, & de chofes infenfbles. On explique toutes ces chofes en detail au mot TÊTE & SYMBOLE, arc numifinar. (D. J.) . TYPÉE, ( Géogr. anc. ) montagne du Pélopon- nèfe, dans l'Elide. En allant de Scillunte à Olym- pie, dit Paufanias, Z. Fc. »j. avant que d'arriver au fleuve Alphée, on trouve un rocher fort haut, qu'on appelle le or sypée. Les Eléens, ajoute:til ; Ont une loi par laquelle 1l eft ordonné de précipiter du haut de ce rocher, toute femme qui feroit furpri- {e aflifter aux jeux olympiques, ou qui même auroit paflé PAlphée les jours défendus; ce qui n’étoit ja- mais arrivé qu'à une feule femme nommée Callipa- tire, felon quelques-uns, & Phérénice, felon d’au- tres. Cette femme étant devenue veuve , s’habilla à la façon des maîtres d'exercice, & conduifitelle- même fon fils Pifidore à Olympie. Il arriva que le jeune homme fut déclaré vainqueur: auffi-tôt {a me- retranfportée de joie , jette fon habit d'homme , & faute par deflus la barriere qui la tenoir enfermée avecles autres maîtres. Elle fut connue pour ce qu'el- le étoit, mais onne laifla pas de l’abfoudre en con- fidération de fon pere , de fes freres | & defonfils, qui tous avoientété couronnés aux jeux olympiques. Depuis cette aventure, il fut défendu aux maîtres dexercice, de paroitre autrement que nuds à ces fpetacles. (D: J.) _ TYPHO, forte d'ouragan. Voyez OURAGAN. TYPHOËÉE, f. m. ( Myrholog. \ monftre né de l'alliance de la Terre avec le Tartare. Il avoit cent têtes de ferpent ; fes langues étoient noires ; un feu ardent partoit de tous fes yeux, & de toutes fes bou- ches fortoient des fons inéfables, tantôt intelligibles pour les Dieux, & tantôt femblables aux mugife- FYP: #81 [mens dés taureaux, ou aux fügiflemens des ions, & qui faoient retentir les montagnes de fifletnens'ef froyables, + CON ANNTSFAREE) I nenaquit qu'après là défaitedes Titans sec fe roit le maître des dieux, fi] üpiter-hoñoré par! F6? lympe de lafouveraineté, n’eûe prévenu té tarriblé monfire. Armé de fon tonnerré, ce diéh, dit HE fiode , fait retenir la terre cles cieux la mer ga gite, ct lesflots fe pouflant impétueufement 18 ne lesautres, viennent fe brifer contre les côtes 4 later re gémit, le ciel s’enflamme 5 Platon efttroublé däns les enfers, 8 le bruit des carreaux de Jüpiter va por: ter la terreur jufque fous letartare, dans la ténébteua fe demeure des Titans; 1l!s"élance de l'olyrape, 8 (RNEELTAT . Ent» V brûle toutes les têtes du moriftte qui tombant fous fes coups redoublés, eftfur le champ précipité ju ts qu'au fond du tartare ; le feu dont fes têtes font em: brafées, fe communique à laterre, qui fond comme de létain dans les fourneaux. LI RAAAUT Zi 3 De Typhoëe font nés les vents nuifibles aux mor: tels, & différens de Notus ; de Borée , &de ZLéphr re. L'origine de ceux-ci eff divine , &7 leur utilité répond à l’excellence de cette origines miais les au tres, foufflant fur la face de la mer, y font pétir na- vires & nautoniers; rien ne peut garantir de leur ragé ceux qui ont le malheur d’en être furpris ; äls fe ré: pandent avec une égale fureur fur la terre, & leurs tourbillons impétueux renverfent &.détruifent tous les ouvrages des mortels, Voyez TypHon. (2. JT.) TYPHOMANIE, ff. em Médeëine , eft une malar die du cerveau, dans laquelle ceux qui en font atta- qués ne peuvent dormir, quoiqu’ils en aient grande envie; 1ls font couchés ayant les yeux fermés, difent des chofes abfurdes, &z jettent lès membres de côté &t d'autre ; fon les touche , ils ouvrent d’abord les yeux, regardent de travers, & retombent.dans une elpece d'afloupiffement , qui eit interrompu par une foule d'idées ficheufes. La cyphomanieelt uneefbece de frenéfie & de 16- thargie compliquée , on l’appelle auf coma vil. Voyez COMA, FRENÉSIE & LÉTHARGIE. Le mot eft formé du grec syphos, fumée, 8 ma- zia, folie. | TYPHON, (Phyfig. générale.) un-ryphon eft un vent vif, fort, qui fouffle de tous les points, varie de tous les côtés, 8: communément vient d’en-haut. Il eft fréquent dans la mer orientale, fur-tout dans celle de Siam, de la Chine, du Japon, & entre Ma- lacca 6 le Japon, Il fort avec violence le plus fous vent du point de l’oueft, & parcourant tout l’horifon avec beaucoup de rapidité, il fait le tour en vinot heures ; il'accroît de force de plus en plus; il éléve la mer à une grande hauteur avec festournans, & cha- que dixieme vague s’élevant plus que les autres, fait perdre aux gens de mer tout-efpoir de fe:fauver; c’eft pourquoi la navigation de l'Inde au Japon eft fort dangereule, de forte que f de trois vaifleaux il .en arrive un à bon port, on regarde cet événement comme un voyage heureux. Le syphon régne le plus ordinairement en été, & ileff plus terrible | qu'on ne peut imaginer fans l’a voir vi; de forte qu'il n’eft pas étonnant, que les cô: tés des vaiffeaux Les plus forts & les plus gros n'y téfiftent pas; on croiroit que le ciel & la terre vont fe replonger dans leur ancien cahos. Il'exerce fa furie fur terre comme fur mer, ren- verfe les maïfons, déracine les arbres, & emporte de gros vaifleaux jufqu’à un mille de la mer: Il dure rarement plus de fix heures ; dans l'Océan Indien, la mer eft d’abord unie, mais il s'y éleve en- fuite des vagues terribles. Ainf près de la ville d’Ar- bel en Perle, ce syphon éleve tous les jours à midi à _ dans les mois de Juin & de] uillet, une grande quan- tité de poufliere, & dure une heure, 792 EY P -La caufe de.ce ryphon vient peut-être de ce que le Vent foufflant vers un-certain point, eft arrêté &t revient {ur lui-même , & qu'ainf il tourne en rond, comme nous voyonsique!l'eau forme un tourbillon, quand elle rencontre un obftacle; ou bien cela peut venir, des vents furieux qui fe rencontrent Pun l’au- tre qui rendent-la mer unie, &t cependant s’élancent contre, les vaifleaux qui fe trouvent entr’eux. Quand ce.vent vient d’en-haut, on l'appelle casægis. ….Lewyphon, dit le peintre des faifons; tournoie d’un tropique à l’autre, épuife la fureur de tout le £rma- ment, _& le.terrible eëtreplica regne. Au milieu des cieux fauffement fereins, un puiflant orage {e prépa- re; comprimé dans,une petite tache de nuée, que l'œil .connoïffeur peut feul apperçevoir : le fatal &c imperceptible préfage plein de feu & de mahgnes in- fluences, .eft fufpendu fut le fommet du promontoi- re & raflemble fes:forces.. Le démon dé ces mers le fait précéder d’un calme trompeur, propre à en- gager.le matelot à confier fes voiles au zéphir qui Pac- compagne. Tout-à-coup des vents rugiffans, desflam- mes & des flots combattans , fe précipitent & fe con- fondent. en mafle. Le matelot demeure immobile ; fon vaïfleau, dont les voiles font déployées, boit la vague, s'enfonce & fe cache dans le fein du fombre abime. Le redoutable Gama combattit contreunfem- blable syphon, pendant plufieurs jours & plufieurs nuits terribles, voguant fans cefle autour du cap ora- geux, conduit par une ambition hardie, &c par la foif de l'or encore plus hardie. (2.7. TYPHONIS INSULA ; ( Géogr. anc.) ile de la Méditerranée, aux environs de la T roade; quelques- uns l’ont nommé Calydna. (D. J.) TYPHOS, (Médec. anc.) rogos ; maladie décrite par Hippocrate, & dont il diftingue cinq efpeces dif- férentes. ; | La premiere eft une fievre continue, qui affoïblit les forces, & qui eftaccompagnéedetranchées, d'une chaleur extraordinaire dansiles yeux, &c de la difi- culté de parler. La feconde efpece de £yphos, commence par une fievre tierce Ou quarte, qui eft fuivie de maux de té- te, de fputations, & de déjeétions de vers; lervifage eft pâle, les piés, & quelquefois tout Le corps s'en- flent ; le malade fent de la douleur , tantôt dans la poitrine, &c tantôt dans Le dos ; il a des boborygmes, les yeux hagards, la voix foible &c tremblante, La troifieme efpece de syphos, fe montre par des douleurs aiguës dans les articulations, fouvent même dans toutes les parties du corps, &t ces douleurs pro- duifent.quelquefois l'immobilité dés membres. La quatrieme efpece de #phos, efl accompagnée detenfon, d’enflure, & d’ardeur extraordinaire dans le bas ventre,laquelle eft fuivie d’une diarrhée qui dé- génere en hydropifie. La cinquieme efpece de #yphos, fe manifefte par une extrème pâleur fans aucuneenflure. Au contrai- re, le corps eft exténué, fec &t affoibli. Le malade a les yeux creux, arrache le duvet qui tient à {a cou- verture, & eftfujet, foit qu'il veille ou qu'il dorme, à des pollutions fréquentes ; ces fymptomes réunis {ont fort extraordinaires ; nous ne connoïffons point ce dernier genre desyphos, &c nous douterions beau- coup de lexattitude du récit, fi nous ne le tenions d'Hippocrate. (D./.) | TYPIQUE, (Lirurg.grecq.) romior de rûmos, forme, regle ; livre eccléfiaftique des Grecs, qui contient la forme de réciter l'office pendant toute l’année ; mais comme les Eglifes ont beaucoup varié fur ce point, les sypiques font fort différens les uns des autres ; on peut confuiter Allatius;dans fa premiere differtation fur leslivres eccléfiaftiques des Grecs. (2. J.) TYPIQUE, fevre, (Médec.) febris typica ; on appel- le fevres typiques , celles qui font bien çaraétérifées par la régularité de leurs accès, de feur accroiflex ment, de leur rémiffion &c de leur période; on les nomme ainfi, par oppoñtion aux flevres erratiques , qui ne fuivent point de régle dans leurs cours; rûros elt l’ordre que tient une maladie. (DJ) TYPOGRAPHE, fm, (Gram.) Imprimeur, Woyez ce mot. Des + - TYPOGRAPHIE, { £ (Gram.) art de lImprimez tie, Woyez IMPRIMERIE. FYPOLITES ox PIERRES À EMPREINTES, ( Hip. nat, Minéral,) impreffa lapidea , typolitus , c’eft ainf que quelques naturahftes nomment des pierres fut lefquelles on voit des empreintes de fubitances du regne végétal on du regne animal. | Ontrouve dans plufeurs pays des pierres fur lef: quelles on remarque diflinétement des empreintes de plantes ; c’eft ordinairement dans des pierres feuillerées qu’on les rencontre ; les ardoifes ou pier- res fchifteules qui accompagnent communément les mines de charbon de terre, font très-fréquemment remplies de différentes plantes, & furtout de celles qui croiflent dans les forêts, relles que les fougeres, les capillaires , les rofeaux, la prêle que lon y dif: tingue parfaitement. Scheuchzer ê7 d’autres natura< liftes nous ont fait de longues énumérations des plan: tes qui fe trouvent de cette maniere. Maïs une ob- fervation très-digne de réflexion, c’eft que les plan- tes dont on trouve les empreintes fur des pierres de nos contrées , font fouvent tout-à-fait étrangeres à nos climats, & leurs analogues vivans ne fe ren- contrent que dans d’autres parties du monde. M. de Juffieu ayant eu occafion d’obferver des pierres em- preintes qui fetrouvent à Saint-Chaumont en Lyon- nois , trouva que les plantes qu'il y voyoit, reffem- bloïent fi peu à toutes celles qui croiffent dans cette province & dans celles des environs, qu'il crut her- borifer dans un monde toutnouveau. Voyez les me- moires de l'académie roÿale des Sciences , année 1718. Les naturaliftes qui attribuent au déluge univerfel tous les changemens arrivés à notre globe , n’ont pas manqué de le regarder comme lauteur des pierres empreintes que l’on rencontre dans le fein de la terre. Scheuchzer a été plus loin ; ayant trouvé des pierres chargées des empreintes de quelques végétaux fem- blables à des épics de blé dans l’état où ils font au printems , il a cru devoir en conclure que le déluge étoit arrivé dans cette faion; mais il fera très- difficile d'expliquer par le déluge la raïfon pourquoi la plûpart des plantes que l’on trouve empreintes, font exotiques ou étrangeresau climat oùon les ren- contre aujourd’hui ; il faut pour cela fuppofer que les climats ont changé, ainfi que les plantes qu'ils produifoient autrefois; d’ailleurs le peu de durée du déluge ne permet point de croire que les eaux aient apporté ces plantes d’Alie ou d'Amérique, vi aquwelles n’auroient point eule tems de faireunauffilong voyas ge, & que les végétaux ne flottent point avec beau- coup de rapidité. Les feuilles & les plantesdont on voit les emprein- tes, font ordinairement détruites & décompofées , & l’on ne trouve plus que le Himon durci qui a pris leur place, & à qui elles ont fervi de moules. Ea pli- part de ces feuilles empreintes font étendues ; il eft rare d’en voir quifoient roulées ou plées, d’où quel- ques naturaliftes n’ont pas manqué de conclure qu’- elles avoient dû nager fur l’eau ; mais cette raifon n’eft rien moins que décifive, vù qu’une eau agitée peut aément rouler & plier des feuilles ou des plantes. Il ne faut point confondre avec les sypolises ou pier- res empreintes dont nous venons de parler, celles qui fe trouvent dans-le tuf, & qui ne font produites que par incruftation,, c’eft-à-dire, par le dépôt qui s'eft fait des parties terreufes contenues dans des | aux di fonttombées fur des feuilles oudes plantes. A l'égard des #ypolires ; où piértes qui portent dés empreintes d'animaux, les plus ordinaires font celles fur lefquelles onvoit des poiffons , telles que celles Qui fe trouvent fur une pierre feuillerée blanchâtre À Papénheim. Voyez! PAPENHEIM pièrre de. On doit aufli-plâter däns ce nombre la pierre {chifteufe char- gée d'empreintes de poiffons, qui fe trouvé près d'Efleben , dans le comté dé Mansfeld, qui eft une Vraié mine de cuivre. Voyez MANSFELD, pierre de. . TYR, ( Géog. ane.) villé d’Afe, dans la Phénicie, fur le bord de la met, au midi de Sidon. Cette ville auf célebre dans l’hiftoire facrée , que dans l'hiftoi- te profane, eft des plus anciennes, foir qu’elle aitla même ancienneté que Sidon , comme le prétend Quint-Curcé, foit qu’elle ait été bâtie depuis Sidon, comme le'penfe Juftin, 4 X PTIT ec 5j. - Quelques critiques prétendent quil y avoit deux villes de Ty, lune plus ancienne connue fous lenom de Palæ-Tÿyros, & l’autre plus nouvelle nommée fimplement Zor où Tyr. La premiere étoit bâtie fur le continent, à trente ftades de la feconde, felon Strabon, 2. XP, C’eft dans la premiere qu'étoit lé temple d'Hercule , dont les péêtres de Tyr vantoient avec exaosération l'antiquité à Hérodote; & €eftdans ce temple que les Tyriens répondirent à Alexandre qu'il pouvoit venir facnifier, lorfqu’il léur fit dire qu'il fouhaitoit fe rendre dans leur ville pour ÿ of- frir des facrifices à Hercule. L'autre Tyr étoit dans une île vis-à-vis de l’ancienne, dont elle n’étoit fépa- tée que par un bras de mer aflez étroit. Pline VIP - xx. dit qu'il n’y avoit que fept cens pas de diftan: ce de l'ile à la terre ferme. Alexandre le grand com- bla tout cet efpace pour prendre la ville , & l'ile étoit encore jointe à la terre ferme du tems de Pline. Dans le:même chapitre cet auteur donne dix-neuf mille pas de circuit au territoire de Tyr, &ül yren- ferme la vieillé Tyr. = Le nom de cette ville en hébreu eft Zor où Sor ; fuivant une autre dialecte, c’eft Syrou Sar ; les Ara- méens qui ont coutume de changer la lettre fenr, difent Tor, Tar où Tyr, & en ajoutant la terminai- fon greque ; on afait rdpce, Tyrus. De Sara été formé le nom national farrarus , qui dans les poëtes fignifie la même chofe que wyrius. Virgile, Z IL, Georg. v. 306, s'en eft fervi dans ce fens : | Ur gemma bibar , & [arrano dormiar offro, Les Tyriens pafloient pout être les inventeurs du commerce 6 de la navigation, & ils l’étoient en ef fet. Pendant que dans les autres empires il fe faifoit uncommerce deluxe, les T'yriens faifoient par toute la terre un commerce d'économie. Bochard a em- ployé le premier livre de fon Chanaun à lénuméra- tion des colonies qu'ils envoyerent dans tous les pays. quifont près de la mer; ils pafferent les colon- nes d’Hercule, & firent des établiflemens fur les cô- tes de l'Océan. Dans ces tems-là , les navigateurs étoient obligés de fuivre les côtes, qui étoient » pour ainfi dire, leur bouflole. Les voyages étoienr longs & pénibles. Les travaux de la navigation dUlyfe ont été un fu- jet fertile pour le plus beau poème du monde , après celui qui eft le premier de tous. Le peu de connoïffance que la plüpart des peuples avoient de ceux qui étoient éloignés d'eux, favori- foit Les nations qui faifoient le commerce d’écono- mie. Elles mettoient dans leur négoce les obfcurités qu'elles vouloient; elles avoient tous les avantages que les nations intelligentes prennent fur les peuples ignorans. L'Egypte éloignée par la religion & par les mœurs, de toute communication avec les étrangers , ne fai- TYR 783 foit guere de commerce au-dehofs ; elle jouifoit d’un terre fertile & d’une extrème abondance, C’étoit le Japon de ce tems-là ; elle fe fuifoit à élle-même. Les Epyptiens furent fi peu jaloux du corimerce du dehors, qu'ils laïiflererit celüi de la mer Rouge à toutes les petites nations qui ÿ eurent quelque part: Ils fouffrirent que les Juifs & les Syriens Y éuflent des flottes. Salomon employa à cette navigation des tyriens qui connoifloient ces mers, * | Jofephe dit que fa nation uniquement occupée de l'agriculture connoifloit peu là mer; auffi ne fut- ce que pat occafñon que les Juifs négocierent dans la mer Rouge. Ils conquirent fur les Iduméens Elath &c Afiongaber, qui leur donnerent ce commerce ;1ls perdirent ces deux villes, & perdirent ce commerce auf, NET ER ETS | I n’en füt pas de même des Phéniciens où dés Ty- fiens ; ils ne négocioient point par là conquête ; leur frugalité, leur habileté , leur induftie, leurs périls, leurs fatigues les rendoïient nécefläirés à tou tes les nations du monde. Ce font les excellentes ré. flexions de l’auteur de lefprir des lois. LesT yriens vendoient à tous les peuples de la ter- re les étoffes teintes en pourpre & en écarlate , dont ils avoient le fecret ; & cette feule branche de com- merce leur valoit un gain immenfe. Ulpien, fameux jurifconfulte, & né lui-même à Tyr, nous apprend quelempereurSevere accordaaux Tyriens de grands privilèges qui contribuerent eñcore à leur agran* different, ls peuplerent les villes de Biferte, de Tripoli de Barbarie & de Carthage. Ms fonderent Tartèfé, & s’établirent à Cadix, Mais pour parler de plus loin, l'Ecriture appelle Tyr dans fon ftyle oriental , une vi/le couronnée de gloire € de majeflé | remplie de princes & de nobles qui avoient tant d’or 8 d’argéent , Qué ces métaux y étoient aufh communsaue la terre. Elle y eft dite par faite en beauté, & elle -eft comparée à un navire foyal quia été conftruit pour être un chef-d'œuvre digne d’admiration. La religion chrétienne y fit dé grands progrès du tems des empereurs romains ; cette ville aeuletitre de métropole , & celui du premier fiege archiépif- copal fous le patriarchat d’Antioche : ce qui fait qu’on l'a nommé Prosorhronos , où premier fiege. Tyr eft aujourd’hui entierement ruinée, au point même qu'on trouve à peine dans fes ruines de foi- bles traces de fon ancienne fplendeur, dans un fi grand nombre de fes palais abattus , de fes pyfani- des renverfées & de fes colonnes de jäfpe & dé por: phyre rompues. Ses fortes murailles font détruites , les boulevards applanis , & les débris qui enreftent, ne fervent plus qu’à étendre & à fécher les filets de quelques pauvres pécheurs. Enfin on ne trouve plus dans les mafures de l'ancienne capitale de Phénicie, qu'une douzaine de maïfons habitées par quelques turcs ou quelques arabes. Cette ville à té affiégée deux fois par les chré- tiens ; la premiere en 1112, par Baudoin I, fans fuc: cès , & la feconde en 1124 ; cette derniere fois les Chrétiens la prirent , & en demeurerent maîtres ju qu’en 1188, que Saladin l’attaqua , s’en empärä , & la démolit de fond-en-comble, Le port de Tyréftfort vafte & à l’abri des vents du midi. Il refte ouvert à la tramontane ; mais fa tenue eft bonne & fon fond nef, Recapitulons en peu de fnots les vicifitudes dé Tyr. Bâtie fur les côtes de là Phénicie, dahs une île éloignée de quatre ftades du bord delà mer ; peu dé villesanciennes ont joui d’une plus grande célébrité. Reine des mers, füivant l’éxpréflion des écrivains fa crés, peuplée d’'habitans dont l'opuléncé ésaloit celle des princes, elle fembloit embrafler l'univers par l'étendue de fon commerce; fes vaifleaux pars 754 TYR couroienttoutes les côtes de l'Afrique &:de l'Euro: pe, celles de la mer Rouge & au golfe Perfique, Par terre, fes népocians trafiquoient au-delà de l’'Eu- phrate, qui fut longtems Le terme des connoïffances géographiques des anciens. Le nombre de fes colo- nies l’a mifeau rang des métropoles Les plus 1lluftres. Plufieurs , comme Utique & Carthage, ont joué de grands rôles ; d’autres, comme Cadix, fubfiftent en- core avec éclat. Tyr n’étoit pas moins guerriere que commerçante; cet immenfe négoce qui fit fa gloire, & dont l’ingé- nieux auteur de Télémaque nousoffre un magnifique tableau, étoit foutenu par des troupes nombreufes de terre & de mer. De fréquentes révolutions firent fuccéder plus d’une fois à fes profpérités les plusaf- freux malheurs. Salmanafar Phumilia , Nabuchodo- nofor la détruifit prefque. Rétablie fous Cyrus , & plus brillante que jamais fous les rois de Perfe , elle paya chérement l'honneur d'arrêter Alexandre dans fa courfe ; un fiege meurtrier en fit un monceau de ruines. _ De la domination des rois de Syrie, fuccefleurs de ce conquérant , elle pañla fous celle des Romains. Leur empire doux &c tranquille favorifoit le com- merce; Tyr en profita pour fe relever; on la vit re- paroître avec honneur, & devenir la principale ville de Syrie. Dans les fiecles fuivans elle éprouva fous les Sarrafins & les princeschrétiens, la même alter- native de revers & de fuccès. Enfin aujourd’hui elle a le fort de toutes les villes anciennes tombées au pouvoir des Turcs. Feucer de Cyzique avoit pouflé l’hiftoire de cette ville jufqu’à fon tems ; nous avons perdu fon ouvrage, & perfon- ñe ne l’a ni recommencé ni continué. Le’ chevalier Newton, Marsham & Perizonius ont établi la-fon- dation de Tyr fous le regne de David ou de Nabu- chodonofor ; &c il faut avouer qu'il eft bien difficile de renverfer leur fyftème. Porphyre , célebre philofophe platonicien, naquit à Tyr dans le troifieme fiecle, & mourut fous le reone de Dioclétien. Difciple de Longin , il fut l’ornement de fon école à Athènes ;, de-là 1l pafla à Rome, & S'attacha au célebre Flotin, dont 1l écrivit la vie, & auprès duquel il demeura fix ans. Après la mort de Plotin , 1l enfeigna la philofophie à Rome avec une rande réputation ; 1l fe. montra très-habile dans les belles-lettres, dans la géographie, dans Paftronomie &t dans la mufique. IL nous refte de lui un livre en grec fur labftinence des viandes, & quelques.autres écrits. Sontraité contre la religion chrétienne futre- futé par Méthodius , évèque de Tyr, parEuiebe , par Apollinaire , par S. Auguftin , par S. Jérôme, par S. Cyrille & par Théodoret. Voilà bien. des réfuta- tateurs ; mais l'ouvrage même n’eft pas parvenuju- qu’à nous; l’empereur Théodofe le fit brüler en 388, avec quelques autres livres dumême philofophe. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) Tyr, (Calend. éthyopien. ) nom du cinquieme mois de l'année éthyopienne. Ilcommencele2s Dé- cembre de l’année julienne. _ Tye, (Myrhol.) nom d’unedivinité invoquée par les Celtes qui habitoient les royaumes du nord. C’é- toit un dieu.ouerrier qui protégeoit les. hommes vaillans & Les arhietes, & difpentoit les vidtoires. Le troifieme jour de la femaine lui étoit confacré , &z il s'appelle encore aujourd’hui £yrs-dag, le jour de Tyr, ce qui répond au mardi, .qui.chez les Romains étoir confacré au dieu Mars. Il ne faut point-confondre le dieu dont nous parlonsavec celui que les. peuples. du nord appelloient Thor. Voyez fon article. TYR marbre de, ( Hiff. na.) syrium marmor , mat: bre blanc , fort eftimé des anciens , & qui n’étoit point inférieur au marbre de Paros lorfqu'l.étoit par- fatement pur. Quelquefois il avoit des veinés d’un gris noiräire. | TYRAN,f m. ( Poluique & Morale.) pat Le mot riperes , es Grecs défignoient un citoyen quis’é- toit emparé de l'autorité fouveraine dans un état libre, lors même qu'il le gouvernoit fuivant les lois de la jufice & de l'équité ; aujourd’hui par éyram lon entend , non-feulement un ufurpäteur du pouvoir fouverain , mais même un fouverain lé= gitime , qu abufe de fon pouvoir pôur violer les lois, pour opprimer fes peuples , & pour faire de fes fujets les viétimes de fes paflions & de fes vo- lontés injuftes, qu'il fubftitue aux lois. | De tous les fléaux:qui affligent l'humanité jf n’en eft point de plus funefte qu'un syrar ; uniquement occupé du foin de fatisfaire fes paflions, &c celles des indignes miniftres de fon pouvoir , il ne regarde fes fujets que comme de vils efelaves | comme des.êttes | d’une éfpece inférieure , uniquement deftinés à | affouvir {es caprices , & contre lefquels tout hu fem- | ble permis; lorfque Porgueil &s la flatterie Pont rém- pli de ces idées , ilne connoît de lois que celles qi'it impofe ; ces lois bizarres diétées par {on intérêt 6& {es fantaifes , font injuftes, & varient fuivant les | mouvemens de fon cœur. Dans limpoffibilité d’exer- cer tout feul fa tyrannie , & de faire plier les peuples . fous le joug de {es volontés déréglées, 1l eft forcé de | s’aflocier des miniftres corrompus; fon choix ne tome | be que fur des hommes pervers qui ne connoïflent la | juftice que pour la violer, la vertu que pour lou | trager , les lois , que pour les éludér, Boni quammali | fufpeitiores funt , femperque his aliena virtus formidolofeæ ef. La guerre étant, pour ainfi dire, déclarée entre | Jesyran & fes fujets il eft obligé de veiller fans ceffe | à fa propre confervation , il-ne la trouve que dans la violence., il la confie à des fatellites., 1l leur aban= | donne fes fujets &c leurs pofleffions pour aflouvit ! leur avarice & leurs.cruautés , & pour immoler à fa | sùreté les vertus-qui lui font ombrage. Curda ferir, | dum cunita timet, Les miniftres de fes paflions deviens nent eux-mêmes Les objets de fes craintes, il nignoré pasque l’onne peut fe fier à.des hommes corrompus. | Les foupçons , les remords, lés terreurs l’afliégent de toutes parts ; il ne connoit perfonne digne: de fa | confiance , il n’a que des-complices , 1l n’a point d’a- | mis. Les peuples épuifés , dégradés, avalis par le tyran , font infenfibles à fes revers, Les lois qu'ilà violées ne peuvent lui prêter leur fecours; en vain réclame-t-1l la patrie, en.eft-1l une où règne un y ran ? Si Punivers a vu quelques syra7s heureux jouir | päifiblement du fruit de leurs crimes ; ces exemples font rares, & rien n’eft plus étonnant dans lhiftore qu'un syran qui meurt dans fon ht. Tibereaprèsavoit inondé Rome du fang des citoyens vertueux, de: | vient odieux à lui-même ; il n’ofe plus contempler | les murs témoins de fes profcriptions , il fe bannit: de | Ja fociété dont ila rompu les liens ,1l n’a pour coms | pagnie que la terreur, la honte &c les remors. Tel | eft le triomphe qu’il remporte fur les lois ! Tel eftle | bonheur que lui procure fa politique barbare ! Il me: | ne une vie cent fois plus affreufe que la mort la plus cruelle. Caligula , Néron , Domitien ont fini par groïlir eux-mêmes les flots de fang que leur cruauté avoitrépandus ; la couronne du syraz eft à celui qui | veut la prendre. Pline difoit à Trajan ;« que par le » fort de fes prédécefleurs,, les dieux avoient fait » connoiître qu'ils ne favorifoient que les princes | ». aimés.des hommes». TYRANS, LES TRENTE , ( Aifé. greg.) on appelloït | ainfi les trente hommes que les Lacédémoniens éras blirent dans Athènespour la tenir:en fervitude;mais | Thrafbule forma le généreux deflein de les chafler | d'Athènes, & y réuflir. C’eft là-deflus que Cornelius : Nepos a dit cebeau-imot de ce grand homme : « Plu- | ». fieurs ont defiré ; peu ont eu le. bonheur de déli- » Viet # vret leur patrie d’un feul tyran, Thräfibule déli- » vra la fienne detreñte». ( D.J.) TYRANNICIDE , £ m. CLang. franç.) tyrannici- da , dans les auteurs latins, fgnifie le renrrrier d'un tyran, M. d'Ablancourt à dit le premier syrannicide dans fa belle traduétion dé Lucien, & 1l doit être approuvé paf tous ceux qui ont du goût. ( D. J. ) TYRANNIE , 1. f. (Gouvern. politige) tout souver- nement injuflement exercé {äns le fréin des lois. Les Grecs & les Romains nommoient ryrannie le deffein de renverfer le pouvoir fondé par les lois, & fur-tout la démocratie: il patoît cependant qu'ils dif tinguoient deux fortes de syrannie ; une réelle, qui confifte dans la violence du gouvernement ; & uné d'opinion, lorfque ceux qui gouvernent établiflent des chofes qui choquent la maniere de penfer d’une nation. AN 4 . Dion dit qu'Augufte voulut fe faire appeller Ro- mulus ; mais qu'ayant appris que le peuple craignoit qu'il ne Voulût fe faire roi, Augufte changea de def fein. Les premiers romains ne vouloient point de roi, parce qu’ils wen pouvoient foufitir la puiffance : les Romains d'alors ne vouloient point de roi , pour n’en point foufftit les manierés ; car quoique Céfar, les triumvirs, Aupgufte ; fuffent des véritables rois ; ils avotentparde tout l’extérieur de légalité, & leur vie privée contenoitune efpecé d'oppoñtionavec le fafte des rois d'alors ; & quand les Romains ne vouloient point de fois, cela figniñoit qwils vouloient garder leurs manieres , & ne pas prendre celles dés peuples d'Afrique & d'Orient. Dion ajoute que le même peuple romain étoit in- dighé contre Aupufte , à caufe de certaines lois trop dures qu'il avoit données; maïs que fitôt qu’il eut rappellé le comédien Pylade, chaflé parles fations de la ville ; le mécontentement cefla ;:un pareil peu- ple fentoit plus vivement la #yranrie lorfqu’on chaf- foit un baladin , que lorfau’on li ôtoit toutes les fois ; 1l falloit bien qu'il tombât fous l'empire de la tyrannie réelle, & cet événenient ne tarda pas. * Comme Pufurpation eft Péxefcice d’un pouvoir auquel d’autres ont droit; nous définiflons la srennie lPexercice d’un pouvoir également injufte & outré au quel qui que ce foit n’a auctn droit dans la riature : ou Pien la syrannieeft Pufage d'un pouvoir qu’on exerce contre Les lors au détriment public,pout fatisfaire fon ambition particuhere, fa vengeance. fon avarice, & autres pafhons déréglées,nuifbles à l’état. Elle réunit les extrèmes ; & fur la tête d’un million d'hommes qu’elle écrafe , elle éleve le colofle monftrueux de quelques indignes favoris quila fervent. Cette dégénération des gouvernements eft d'autant plus à craindre, qW’elle eft lente &c foiblé dans fes commencemens , prompte & vive dans la fin. Elle ne montre d'abord qu'une main pour fecourir, & opprimé énfuite avec uné infinité de bras. Je dis cette dégénération , cétté corruption des gouvernemens, & non pas comine Puffendorf de la fimple monarchie , parce que toutes les formes dé ouvérnémént font fujettes à la yranrie. Partout où ik pérfonnes qui font élevées à la fuprème puiflancé pour la conduite du‘peuple , & [4 confervation dé ce qui lui appartient en propre, emploïent leur pou- voir pour d’autres fins;.8c.foulent des gens qu'ils font obligés de traiter d’une toute autre maniere, [à certainement eft la syrarmie ; doit qu'un ieul homme revêtu du pouvoir agifle «de la forte , {oit qu'il y en ‘ait plufieurs qui violent les droits de la ration. Aïnfi Fhifioire nousparle de trente tyrans d’Athènés, auf. bien que d’un à Syracufe: & chacun fait que là domti- nation des décemvirs dé Rome, n’étoit qu’une vérita- ni 62/02 4 A en Se "TEE | - Partout où les loïs ceffent ,-où font violées par le Tome XVI, TYR 795 brigandage ; la #yrannie exerce fon empire : quicon- querévêtu de la puiffance fuprème, fe {ert de là force qu'il a en main, fans avoir aucun égard pour Îés lois divines & humaines, eft un véritale tyran. Il nè faut point d'art ni de fcience pour manier la tyran nie. Elle eft ouvrage de la force, & c’eft tout en- femble là maniere la plus grofiere, & Ia Plus horri- ble de gouverner. Oéerinr dm mettant ; C’eft la de- vife du tyran ; mais cette exécräble entence n’étoit pas celle de Minos , ou de Rhadamante. ; Plutarque rapporte que Caton d'Ütique étant en- core enfant & fous la férule, alloit fouvent , Tais toujours accompagné de fon maître , Chez Sylla le di- Étateur , à caufe du voifindge & de la parenté qui étoit entr'eux: Il vit un jour que dans cet hôtel de Sylla , en fa préfence, ou par fon ordre > Of empri- fonnoit les uns, on condamnoit les autres à diverfes peines : celui-ci étoit banni, celui-là dépouillé de {és biens, un troïfieme étranglé. Pour couper court, tout s’y pañoit, non comme chez un maviftrat ) Mais Comme chez un tyran du peuple; ce n’étoit pas un tibunal de juflice , c’étoit une caverne de tyrannie, Ce noble enfant indigné fe tourne avec vivacité vers fon précepteur. & Donnez-moi > dit-il, un poi- » gnard ; je le cacheräi fous ma robe ; j'entre fouvent # dans la chambre de ce tyran avant qu'il {e leve ; # je le plongerai dans fon fein, & je délivrerai ma » patrie de ce monftre exétrable. Telle fut l'enfance » de ce grand perfonniage , dont la mort couronna la » vertu, | Thalès interrogé quelle chofe lui paroïfloit la plus furprenante , c’eit , dit-il, un vieux tyran, parce que les tyrans ont autant d’enrremis qu'ils ont d'hommes fous letir domination. | Je ne penfe pas qu'il y ait jamais eu de peuple, quiait été affez barbare & aflez imbécille pour fe fou- mettre à la #yrañnie par un contrat originel ; je fai bièn néanmoins qu’il y a dés nations fur lefquelles la tyrannie s’eft introduite ou impefceptiblement , ou par violence, où par prefcripfion. Je ne m'érigerai pas en cäftufte politique fur les droits de tels fouve- rains, &t fur les obligations de tels péuples. Les hom- més doivent peut-être fe contenter de leur fort ; fout- frir les inconvéniens des gouvernemens , comme ceux des climats , & fupporter ce qu'ils nè peuvent pas changer. Mais fi Pon me parloït en pañticulier d’un peuple qui a été aflez fage 8 aflèz heureux , Pour fonder & Pour conferver une libre conftitution de gouverne- ment, comme ont fait par exemple les pêuplés de la grahde-Bretagne ; C’eff à eux que Je dirois librement que leurs rois fonc obligés par les devoirs les plus facrés que les lois humaïnes puflent créer , & que les lois divines puiffent autorifer , de défendre &z de Maintenir préférablément À toute confidération [a li- . berté de la conffitution » à la tête de laquelle ils font placés. C’étoit-là l'avis non-feulement de [a reine Élifäbeth, qui n’a jamais tenu d’autre langage, mais du roi Jacques lui-même. Voici de quelle maniere il s’énonca dans le difcours qu'il ft au parlément en 1603. « Je préférérai toujours en publiant de bonnes "loi &t dés conflirütions utiles Le bien public & la- » vantage de tout l'état, à mes avantages propres, ” Ôt à mes intérêts particuliers, perfuadé que je fuis # que le bien de Pérat éft ma félicité temporelle, & » que cC’eft en cé point qu’un véritable roi diffère » d'un tyran. | On démande fi le peuple , c’éft-à-dire, non pas la canaillé , mais la plus faine partie des fujets de tous les ordres d’un état, peut fe fouftraire À l'autorité -d’ün tyran qui maltraiteroit fes fujets, les épuiferoit par des impôts éxceflifs, négliseroit les intérêts du MEET. > & rényérferoit les lois fondamenta- JEU Lu 1 20 GRENIER Fe ROGUE ŸY GGggg 756 TYR Je réponds d’abordà cette queftion , qu'il faut bien diflinguer entre un abus extrème de la fouveraineté, qui dégénere manifeftement & ouvertement en £y- rannie, & qui-tend à la ruine des fujets ; & un abus médiocre tel qu’on peut lattribuer à la foibleffe hu- maine. Au premier cas, il paroït que les peuples ont tout droit de reprendre la fouveraineté qu’ils ont confiée à leurs conduéteurs, & dont ils abufent exceflive- ment. Dans le fecond cas, il eft abfolument du devoir des peuples de fouffrir quelque chofe , plutôt que de s'élever par la force contre fon fouverain. Cette diflinétion eft fondée fur la nature de l’hom- me & du gouvernement. Il eft jufle de fouffrir pa- tiemment Les fautes fupportables des fouverains , & leurs légeres injuftices, parce que c’eft-là un jufte fupport qu'on doit à l'humanité; mais dès que la &y- rannie eft extrème, on eft en droit d’arracher au ty- ran le dépôt facré de la fouveraineté. C’eft une opinion qu’on peut prouver 1°. par la nature de la syrannie qui d'elle-même dégrade le fou- verain de fa qualité qui doit être bienfarfante. 2°. Les hommes ont établi les gouvernemens pour leur plus grand bien ; or il eft évident que s'ils étoient obligés de tout fouffrir de leurs gouverneurs, ils fe trouve- roient réduits dans un état beaucoup plus fâcheux , que n’étoit celui dont ils ont voulu fe mettre à cou- vert fous les aîles des lois. 3°. Un peuple même qui S’eft foumis àune fouveraineté abfolue, n’a pas pour cela perdu le droit de fonger à fa confervation , lorf- qu’il fe trouve réduit à la derniere mifere. La fouve- raineté abfolue en elle-même, n’eft autre chofe que je pouvoir abfolu de faire du bien ; ce qui eft fort contraire au pouvoir abfolu de faire du mal, que jamais aucun peuple, fuivant toute apparen- ce, n’a eu intention de conférer à aucun mortel. Suppofé, dit Grotius, qu'on eût demandé à ceux qui les premiers ont donné des lois civiles, s'ils pré- tendoient impofer aux citoyens la dure néceflité de mourir, plutôt que de prendre les armes pour fe dé- fendre contre linjufte violence de leur fouverain ; auroient-ils répondu qu’oui? Il y atout lieu de croire qu'ils auroient décidé qu’on ne doit pastout foufirir; fi ce ce n’eft peut-être , quand les chofes fe trouvent tellement difpofées , que la réfiftance cauferoit in- failliblement les plus grands troubles dans l’état, ou tourneroit à la ruine d’un très-grand nombre d'inno- cens. En effet, il eft indubitable que perfonne ne peut renoncer à fa liberté jufque-là ; ce feroit vendre fa propre vie , celle de fes enfans, fa religion; en un mot tous fes avantages, ce qui certainement n’eft pas au pouvoir de l’honime. 3 Ajoutons même qu’à parler à la rigueur, les peu- ples nefontpas obligés d’attendre que leurs fouverains aient entierement forgé les fers de la syrannie, & qu'ils les aient mis dans Pimpuiffance de leur réfifter. 11 fufit pour qu’ils foient en droit de penfer à leur confervation,'que toutes les démarches de leurs con- ducteurs tendent manifeftement à les opprimer, & qu’ils marchent , pour ainfi dire, enfeignes déployées À l'attentat de la syrannie. Les objedions qu’on fait contre cette opinion ont été fi fouvent réfolues par tant de beaux génies ; Ba- con, Sydney, Grotius, Pufendorf, Locke &z Bar- beyrac, quil feroït fuperflu d'y répondre encore ; cependant les vérités qu’on vient d'établir font de la derniere importance. Il eft à-propos qu'on les con- noïfle pour Le bonheur des nations, & pour l’avan- rage desfouverains qui abhorrent de gouverner con- tre les lois. Il eft très bon de lire les ouvrages qui nous inftruifent des principes de la syrannie, & des horreurs qui en réfultent, Apollonius de Thyane fe TYR rendit à Rome dù tems de Néron pour voir une fois, difoit-il, quel animal c’étoit qu'un tyran. Il ne pou- voit pas mieux tomber. Le nom de Néron a pañléen proverbe, pour défigner un monftre dans le gouver- nement; mais par malheur Rome avoit plus fous lui, qu'un foible refte de vertu; & comme elle en eut toujours moins, elle devint toujours plus efcla- ve; tous les coups porterent fur les tyrans ; aucun ne porta fur la cyrannie. ( Le Chevalier DE Jau- COURT.) TYRAS , (Géog. mod.) fleuve de la Sarmatie eu- ropéenne. Hérodote, Z. IV. c. lj. met fept fleuves en- tre le Danube & le Tanaïs, Le premier eft Le Tyrés; car C’eft ainf qu'il écrit. Pomponius Mela , Ptolomée, Scymnus de Chio, & Ovide, Z. IF. ex. Ponto, epifi. 10. y. 50. difent Tyras : ..... Nullo tardior amne Tyras. Selon Strabon, du fleuve Tyras à la derniere em» bouchure du Danube, il y avoit environ trois cens ftades ; ce qui fait conclure que c’eft aujourd’hui le Niefler où Dniefler, nom qui paroît avoir été formé de celui de Danafler, dont fe fert Jornandès , de re. gesic. c. y. Ptolomée , 2, III. c. x. nous apprend que : Le fleuve Tyras fervit de bornes entre la Dace &c la Sarmatie. Sur le bord de ce fleuve , 1l y avoit une ville de même nom , appellée auparavant Ophiufz, felon Pline, iv. IV. ch. xij. ce qui eft confirmé par le témoignage d’Etienne le géographe. ( D. J.) TYRBÉ, (Ant. greg.) supBn; fête que célebroient les peuples d'Achaie en lhonneur de Bacchus. Le mot rupBn , trouble , confufion , indique aflez que l’or- dre ne regnoit pas beaucoup dans cette fête. Pot- ter, archeol. græc. L. IL. c. x. 1. I. p.434. (D. J.) TYREDIZA , ( Géog. anc. ) ville de Thrace, fe- lon Etienne le géographe. Hérodote, Z. WII. écrit Tyrodizga | & la place fur la côte des Périnthiens. (D, J. TYRIMNUS, {. m. ( Mychol.) divinité de Thya- trie, ville de Lydie. Il avoit fon temple devant la ville pour la garder; on faifoit des jeux publics en fon honneur, mais c’eft tout ce que nous apprend ; ce dieu une infcription rapportée par M. Spon. D. J. ae ( Géog. anc.) ville de la Macédoine. Ptolomée, Liv. LIL, chap. xüij. la marque dans PEma- thie ; le nom moderne eft Ceref, felon Mercator. Les PDT) font appellés Tyrifei par Pline, /. IF, c. x. D.J. TYRISTASE, (Geog. anc.) Tyriffafis où Tiriftafis, ville du Cherfonnèfe de Thrace,vers la Propontide, au voifinage de la ville Crobyle, felon Pline, z. IF. c. ie CD) TYRMIDÆ , (Géog. anc.) Etienne le géographe & Suidas donnent ce nom à une partie de la tribu Oéneïde ; & la lifte de PAttique publiée par M, Spon en fait un bourg de cette mème tribu. Il en eft fait mention dans une ancienne infcription, avec cette différence qu'il y a un e à la feconde fyllabe ; auf ce nom s’écrivoit-il de plus d’une maniere, puifque Harpocration l'écrit avec un &. L'infcription dont il vient d’être parlé fe trouvoit à Florence chez le marquis Richardi: voici ce qu’elle porte. Toidh Xpésn Eœitows Zeheunos ZoxparoTeunty Em: Iepcoc AyonÀeous Tou AromAeou Tuued'or. Ceft-à-dire, 1fidi concidenti, obfequenti | Seleucus Socratis filius, votum pofuit, fub pontifice Diocle, Dio- clis filio Turmedo. (D. J.) TYROMORPHITE, f. m. ( Æiff. nat. Litholog.) nom que quelques naturaliftes ont donné à une pierre femblable à du fromage pourri. TYRONE oz TYR-OWEN, ( Géog. mod.) comté d'Irlande, dans la province d’Ulfter. Ce comté a Lough- Neagh & Armagh à left; Londonderry au nord &t nord-oueft; Monagham & Fremanagh au fud x fud -oueft : on donne à ce comté quarante - fept milles de longitude, fur trente-trois de large ; c’eft un pays montagneux; il n’a point de ville qui ait droit de tenir un marché public , maïs il en a quatre qui envoient leurs députés au parlement de Dublin ; ce font Straban, Omagh , Dungannon, & Agher. (2.J1.) TYROSIS, ex Médecine, eft une coagulation de lait caillé dans Peftomac, en forme de fromage. Voyez COAGULATION, CAILLÉ ; ce mot eft formé du grec rupos , cafeus , fromage. Voyez FROMAGE. TYROTARICHUS , ( Lurérat.) c’étoit chez les Romains un mets fort sroflier dont fe nourrifloient les gens de la campagne, & qui étoit compofé de fromage & de drogues falées, étymologie lindi- que. Cicéron, dans fes lettres à Atticus, emploie plufieurs fois ce mot pour défigner une table frugale. Ainf, Liv. XIV. épir. xvj. il dit à fon ami: « Je vais » aujourd’hui fouper frugalement chez Pœtus». /pfe autem eo die in Pœti nofri tyrotarichum imminebam. Voyez aufh Epifl. xvj. xvij. 6 xx. 1. IX. fam. (D. J.) TYRRHENES, ( Géog. anc.) Tyrrheni ; le nom de Tyrrhènes où de Tyrrhéniëns, paroït dans l’origine avoir été celui des habitans d’une partie de la Macé- doine, qui s’étendoit jufqu'au Strymon, & qu'Hé- rodote appelle Creffonie, à caufe de fa capitale Cref° tona. Infenfiblement il reçut cette acception plus gé- nérale, il devint fynonyme du nom Pélafge ; Thucy- dideles confondoit enfemble, & quelques vers de So- phocle cités par Denis d'Halicarnafle, nous donnent lieu de penfer que cette confufon étoit ordinaire chez les Athéniens. Des Pélafges de la Grece il pafla bien-tôt à ceux d'Italie, c’eft-à-dire aux peuples d’origine grecque, plus anciens que les colonies hel- léniques ; on les nommoiït tantôt {raliotes, tantôt Tyrrhènes, & c’eft ce qu’on peut remarquer dans Denis d'Halicarnafle, qui voulant prouver aux Grecs que les Romains n’étoient point Barbares, attribue fans réferve aux Pélafges d'Italie tout ce que les an- ciens ont débité fur ceux de la Grece. Par une fuite de ce fyftème , qui le jette quelquefois dans de fauf- {es interprétations, 1l a changé le nom de Creffona en celui de Cortona, & confond les Tyrrhènes de la Creftonie avec ceux de la Tofcane, malgré la pré- caution qu'Hérodote avoit eue de défigner ces der- niers par leur voifinage avec l’Ombrie. Cette erreur de Denis d’'Halicarnafle a fait illufion à tous Les critiques, &c produit des faux fyftèmes {ur lorigine des Tofcans. Comme par une fuite de la premiere méprife on avoit donné le nom de Tyrrhe- niens à tous les Pélafses répandus en Italie , & qu'il fe trouvoit fur Les côtes de Tofcane plufieurs de ces cités pélafgiques, entre autres celle des Agylliens, - très-connue des Grecs; les Grecs peu-à-peu s’accou- tumerent à défigner tous les Tofcans fous le même nom. Ils les regarderent comme des Tyrrhéniens, & par conféquent comme des Pélafges ; parce que ne les connoïffant pas eux-mêmes, il éroit naturel qu’- ils les confondiifent avec des peuples enclavés dans leur territoire , &c qui ne cefloient d’entretenir quel- que relation avec la Grece. Mais ni les Tofcans, ni même les Romains n’ont jamais connu ces dénomi- nations : fi quelques poëtes latins s’en fervent, ce n’eft que pour imiter les Grecs , & par la même li- cence qui rend les termes d’Awfonie & d’Hefpérie communs dans nos poëtes françois. Les Agylliens font fouvent appellés Tyrrhènes par les écrivains grecs. Hérodote leur donne indifférem- ment ces deux noms. Pindare en parlant des pirates qu troubloient le commerce de l'Italie & de la Si- T ZA 787, cile, défigne aufli fous ce nom deTyrrhères les Argyl- liens qu'ilaffocie aux Carthaginoïs. L'auteur deshym- nes attribués à Homere dit la même chofe, & Thu- cydide parle du fecours qu’ils envoyerent aux Athé- niens dans la guerre de Sicile, la dix -neuvieme an- née de celle du Péloponnèfe, un peu avant la ruine de Veies par les Romains. (D. J. TYRRHENICA STAGNA, ( Géogr. arc.) on trouve ce nom {ur une ancienne infcription, & on croit qu'il eft queftion de la partie de la mer Médi- terranée, vers embouchure de lEbre. Aufone, ad Paulin. epifl. xxiij. appuie ce fentiment, car il don- ne à la ville de Tarragone le furnom de Tyrrhenica : - « .« . Tyrrhenica proprer Tarraco & offrifero fuper addita Barcino ponto. (D.J.) TYRUS , ( Géog. anc.) île que Strabon, Zv. FT. pag. 776. met dans le golfe Perfique. Euftathe & Etienne le géographe connoïflent cette île, &le der- nier dit qu'Artémidore la nomme Tyfos. Plutarque fait mention dans plufieurs endroits d’une île nom- mée Tylus, & qu'il place dans la mer Rouge, qui s’étendoit jufque dans le solfe Perfique ; de cette façon Tyrus , Tylus, ou Tylos font la même île. Tyrus eft encore le nom d’une île fur la côte de la Syrie, tout près du continent, felon Ptolomée, Z. C. XV. Etienne le géographe met une ville nommée Tyrus dans la Laconie , une autre dans la Lydie, &une troi- eme dans la Pifidie. (D. J.) TYSHAS, f. m. (Calend, échyop.) c’eft chez les Ethyopiens le quatrieme mois de l’année ; il com- mence le 27 Novembre de l’année Julienne. (D. J.) TYSON, GLANDE DE, ( Anatom.) Tyfon, mem- bre de la fociété royale d'Angleterre, médecin de l'hôpital de Bethléem, & profefleur d’Anatomie , a pubhé & nous a laifié différens petits traités ; il y a des glandes auxquelles on a donné fon nom. Voyez GLANDE. TYSTED, (Géog. mod.) petite ville de Dane= marck, dans le Nord-Jutland , au diocèfe d’Albore, dans le Hundborg, à trois lieues de la mer, fur le bord duLymford. (D. J.) EUZ TZANATL, {. m. (Hip. rat, Ornith.) nom d'un oïfeau d'Amérique décrit par le pere Nierembereg. Il dit que cet oïfeau eft couvert de grandes & belles plumes d’un verd admirable, & aufli luftré que dans le paon ; le deflus de fes ailes eft noir, le deffous eft d’un verd opaque ; fa tête eft ornée d’une très - belle crête ; fon gofier & fa gorge font d’un rouge écarlate ; les groffes plumes des aïles font fort longues, & bril- lantes par l’agréable variété de leurs couleurs. Les Indiens emploient ces grofles plumes à décorer les flatues de léurs dieux. Ray, Orrirhol. pag. 303. TZANGÆ, (Lirrérat.)nom donné par les anciens à des fouliers faits en forme d’aigle, enrichis de pier- | res précieufes, &c deftinés à Pufage des feuls empe- reurs. (D. J.) TZANIENS, ( Géog. anc.) Tzani , peuples voifins de PArménie. Procop. ædif. L. TITI. c. yj. dit que ces peuples étoient autrefois indépendans, qu’ils me- _noient une vie farouche, & adoroient des animaux. Ils habitoïent dans des montagnes, voloient au-lieu de travailler, & n’étoient point accôutumés à l’agri- culture. Il ne faut pas s’en étonner, leur terroir étoit ftérile, toujours couvert de neige, & comme con- damné à un hiver éternel. ( D. J.) TZANPAU, fm. (Hiff. nar. Ornithol.) nom d’un otfeau d'Amérique, que les Efpagnols tiennent en cage à caufe de la beauté de fon chant ; 1l eft de la 788 TZE groffeur d'un étourneau; fa poitrine & fon ventre | {ont diaprés de blanc, de noir, &t de gris ; fon dos eft bigarré de blanc , de noir, &c de brun. Ray, Orni- æhologie. (D: 1.) | TZAULE, {.m. (Hiff. du bas empire. ) nom d’ofh- ce à la cour des empereurs de Conftantinople. Le grand æaule étoit Pofiicier que l’on appelloit aupa- ravant le grand-courier ,e premier courter , parce qu'il portoit les ordres de empereur dans les provinces, 8 remplifloit alors quelquefois la charge de com- miflaire impérial. ( D.J.) TZCHALATZRI Les, @& Les TZUKTZCHT, { Géog. mod.) nom de deux peuples barbares & al- liés qui habitent la Sibérie, à la pointe du nord-eft de l’Afie, & vers le cap Suétoi-Nos ; ils font les plus féroces de tout le nord de l’Afe, (D. J.) TACHOPPAU , ou ZSCHOPPÀ , ( Géogr. mod.) | petite ville d'Allemagne, dans la Mifnie , fur lari- | . viere de même nom, proche d’Anneberg, dans une contrée fertile. (D. J.) TZÉLAFÉE, (Calendr. perfan. ) ere où époque des Perfans ; elle commença le 14° jour de l’année 1079, & fut fubflituée par l'ordre d’Alba-Aftalan, farrafin, roi de Perfe , à l’ere de Jezdégerdique, dont ce peuple s’étoit fervi depuis l’an 632, que commen- ça le regne d’'Ifdégerde IL. le dernier de fes rois de Ja tace des Saflanides. Le mot de szélafee figmifoit ere augufle ; mais aujourd’hui cette époque ne fubfifte “plus, & les Perfans fe fervent du calendrier arabe. D.) TZÉNOGAR , ou TZORNOGAR, ( Géog. mod.) petite ville de l’empire ruffien, dans le royaume -d'Aftracan, à trois werftes de la ville d'Aftracan, à la droite du Wolga , fur une montagne. Elle fut bâtie en 1627, & on y tient garnifon, pour s’oppofer aux courfes des Tartares. (D. J. TZERKA LA, ou TZIRCHO, ( Géog. mod.) ri- viete de l'empire ruffien en Jugorie ; elle prend fa fource d’un lac voifin de Plavonicka, reçoit la Nor- biga , & enfuite la Szilma, dans laquelle elle fe perd pour aller groflir la Pétsora. (D. J.) TZETLAN , îLe DE, ( Géog. mod, ) petite île de la mer Cafpienne , à huit lieues de Terki. C’eft une ile ftérile pour la plus grande partie, marécageufe, ” { ss . &c feulement couverte de coquilles fur le rivage. Latis. 43.5. (D. I.) | , TZICATLIN , £. m.(Ophologie. ) nom d’un très- beau ferpent de l'Amérique méridionale; felon le ré- cit du pere Nieremberg, Z IL. c. vij. il eft long de neuf à dix pouces, gros comme le petit doigt, mar- queté alternativement de bandes rouges & blanches quife croifent; ce ferpent ne fait de mal à perfonne; fon nom fignifie Le férpent des fourmis, parce qu'il vit avec les fourmis, & peut-être en vit-il. (D. J.) TZINITZIAN, { m. (if. nat. Ornirhologie. ) nom d’un oifeau d'Amérique, fuperbe par la variété & la richefle de fes couleurs. Il eft de la groffeur d’un petit pigeon, dont 1l a la tête & le cou ; fon bec eftcourt, crochu, & d’une couleur pâle; fa gorge & une partie du ventre, font rouges; maïs le bas du dos près de la queue ,, étale un mêlange éclatant d’un beau bleu d'azur , & d’un blanc de fatin; la queue eft verte en-deflus, & noire en-deffous ; fes aîles font nuées de noir & de blanc; fes épaules font d’un verd admirable ; fes jambes &r fes piés font oris. Cet oïfeau eft fort commun fur les bords de la mer du Sud ; il vit de végétaux, ne chante jamais ; mais fa beauté fait qu'on veut en avoir en cage : les Indiens fe fer- vent de fes plumes à diverfes fortes d'ouvrages, dont ils fe parent. Ray, Orzithol, (D. J.) CROATE TZTACFZON, fm. ( Hiff. nat. Ornithologie. ) nom d’une efpece de canard d'Amérique, remarqua: ble pat le beau mélange des couleurs de fa tête, qui offre aux yeux le pourpre , le bleu, le verd, & le blanc, d’un luftre de fatin; fon corps eft peint de blanc, de noir, & de gris; fes jambes font rouges; fes piés font plutôt faits pour nager que pour mar- cher; aufli fe trouve-t-1l communément fur les lacs du Méxique. (D. J.) É À TZURULUM, où ZURULUM, (Géog. anc. } ville, ou plutôt, comme dit Zonare, château de Thrace ; à moïtié chemin, entre Conftantinople & Andrinople; les fayans croyent que le nom moderne eft Ziorlo, ou Zorli. (D, J.) ASS ES Subft, mafc, ( Graw.) c’eft la £ vingtieme lettre de l'alphabet latin; elle avoit chez les Ro- É ee U 45 mains deux différentes fignif- 4 2Ë € À cations, &c étoit quelquefois a Déseurs 4 voyelle, & quelquefois con- ë PAL AT, fonne. Netartuteptee#ut [L Lalettre T étoit voyelle; ë alors elle repréfentoit le fonoz, tel que nous le faifons entendre dans 04, loup, nous ; vous, qui eft un fon fimple, & qui, dans notre alphabet devroit ayoir un caractere propre, plutôt que d’être repré- {enté par la faufle diphtongue oz. . Deé-lvientquenous avons changé en 6x la voyelle z de plufieurs mots que nous avons empruntés des Latins, peignant à la françoife la prononciation la- tine que nous avons confervée: fourd, de furdus : court, de curtus ; couteau , de culter four, de furnus ; doux , de dulcis; bouche, de-bucca ; fous, & ancien: nement foub, de fub ; genou, de;genu ; bouillir, & anciennement boullir, de bullire, &c, , Il. La même lettre étoit encore confonne chez les Latins, & elle repréfentoit l'articulation {émila- biale foible, dont la forte eft F ; le digamma 7, que l’empereur Claude voulut introduire dans Palpha- bet romain, pour être le figne non équivoque de cette articulation , eftune preuve de analogie qu'il y avoit entre celle-là &r celle qui eft repréfentée par F: (Voyez L. ) Une autre preuve que cette articula- tion eft en effet de l’ordre des labiales, c'eft que lon trouve quelquefois pour B ; velli pour belli ; Da- nat de [é an: à TE CEE ET 1 | as Da % ZUVIUS, pour Danubius, À En prenant l'alphabet latin, nos pertes n’y trou- verent que la lettre L pour voyelle & pour confon- ne; & cette équivoque a fubfifté long-tems dans no- tre écriture : la révolution qui à amené la difinéion entre la voyelle © ou z, & la confonne Ÿ ou v, eft f peu ancienne , ‘qüe nos diétionnaires méttent én- core enfemble les mots qui commencent par Ü & par #7, ou dont la différence commence par l’une de ces deux lettres; ainfi l’on trouve de fuite dans nos vocabulaires, wrilité, vue, wvée, vuide, ou bien aug- ment aVant le mot avide ; celui-ci avant axlique, au- lique avant le mot evocar, &c. C’eft un refte d’abus dont je me fuis déjà plaint en parlant de la lettre Z, & contre lequel je me déclare ici, autant qu'il eft poffble ; en traitant féparément de la voyelle 7, & de la confonne 7. _ U, 1. m. c’eft la vingt-uniéme lettre de l’alphabet françois, &t la cinquieme voyelle. La valeur pro- pre de ce caractere eft de repréfenter ce fon fourd &t conftant qui exige le rapprochement des lévres & leur projeéhon en-dehors ; & que les Grecs 4p- pelloient vpftlon, Communément nous ne repréfentons en françois le fon z que par cette voyelle, excepté dans quel- ques mots , Comme J’aieZ, tu es, que vous euffrey, ils eutent , Euftache : heureux {e prononcoit kureux ilny a pas long-tems, puifque l'abbé Régnier & le pere Bufñer Le difent expreflément dansleurs gram- maires françoïes ; & le diionnaire de l'académie françoife la indiqué de même dans fes premieres éditions : l’ufage préfent eft de prononcer le même fon dans les deux fyllabes hez-reux. Nous employons quelquefois z fans le prononcer après les confonnes c & g, quand nous voulons leur donner une valeur gutturale; comme dans euezillir, que plufieurs écrivent cuer/lir, & que tout le monde prononce Keuillir ; figue, prodigue, qui {e prononcent Tome XVI, bien autrement que ge, prodige, pat la feule raifon de lz, qui du refte eft abfolument muet s IL eft auffi prefque toujours muet après la lettre g : comme dans qualité, querelle, marqué, marquis , Guo- libet , queue, &tc. que lon prononce kaliré ; Kerelle, marké, markis, kolibet, keue, Dans quelques mots qui nous viennent du latin > eft le figne du fon que nous repréfentons ailleurs par 0 ; comme dans équdteur, aquatique, quadrature , Je dragéfime, que l’on prononce ékouateur ; akouarike Konadrature, kouadragéfime , conformément à la pro- nonciation que nous donnons aux mots latins zqua- t0F, aqua, quadrim, quadragéfimus. Cependant lorf- que la voyelle; vient après. gx, lv reprend fa valeur naturelle dans les mots de pareille origine , & nous difons, par exemple kuirkouagéfime pour quinqua- géfme, de même que nous difons Kuinkouagefimus pour gin1qu40e LINUS, 1 . La lettre eft encore muette dans vide & fes compoiés, où l’on prononce vide : hors ces mots, elle fait diphtongue avec l2 qui fuit, comme dans lui, cuit, muid, êtc. | VF, L.m. c’eft la vinet-deuxieme lettre ; & la dix- feptieme confonne de notre alphabet. Elle repréfen- te, comme je l'ai déjà dit, l'articulation fémilabiale foible , dont la forte eft F : (voyez F. ) & de-là vient qu’elles fe prennent aïfément l’une pour l’aûtre : ze4f devant un nom qui commence par une voyelle, fe prononce zeuy, &t l’on dit zeuv hommes ; neuv arti- cles, pour zeuf hommes, neuf articles : les adje&ifs terminés par f, changent f en ve pour le féminin ; bref, m.bréve, f. vif, m:vive, f, veuf, mm. veuve, £. Déjà avertis par la Grammaire générale de P. R: de nommer les confonnes par le muet, nos peres n'en ont rien fait à l'égard de celle-ci quand Pufage s'en introduit; & on l'appelle plus communément RS QUENEE Ne | * Hparoït que c’étoit le principal caraétere ancien pour repréfenter la voyelle & la confonne. Il fét-voit. à la numération romaine ; où #7, vaut cing ; IV. vaut cinq moins un, Où quatre ; VI, VII, VIII, valent cinq plus un, plus deux ; plus trois, Où fix, fepe, huis : F= 5000. Celles de nos monnoies qui portent la lettre F7 fimple, ont été frappées à Troyes : celles qui font marquées du double W, viennent de Lille, (B.E.R. M.) | KE _V ,en Mufique. Cette lettre majufcule fert à indi? quer les parties de violons ; 87 auand elle eft double V V ,elle marque que le premier & le fecond def- fus de fymphonie font à Puniflon. (S) | V, dans le commerce. Cette lettre fuivie d’un petit ? &t ainfi figurée V°. fignifie verfo. Cette même voyelle ou fimple V ou W double barré par le haut; comme dans ces caraëteres V ou W , fignifie écz ox écus de foixante fols ou trois livres tournois, Did. de commerce. Voyez ABRÉVIATION. V,Y,V; (Æcriture.) ces trois v dans leur figure font compofés d’une ligne mixte, & delas ,6, 7 6 8 partie d'o. Ils fe forme du mouvement mixte des doigts & du poignet. Vôyez Je vol, des PI, à la ra ble delEcrimure. | eu © U ,ü, 4, quant à leur figure, font deux : fans point liés enfemble , ils fe forment du mouvement mixte des doigts & du poignet dans leurs partiesiafé: rieures & du fimple mouvement des doigts dans leur premieres parties. Voyez le vol, des PI, à la 1äble de l'Écriture. VA ;f. m. (Jeu, ) abréviation de vade ; ainfi on HHbñkh ps 78 PR 70e VC “dit fepr & lé va ,'pour levade., où la premiere mife -8t fept fois autant. | VA HORS DE JOUR ,.02 VA À DIEU, ( Jurif- “prudence. ) en Angletere font les termes dans lefquels les juges prononcent ce que nous appellons ici un hors decours. Voyez HÔRS DE COUR. VAALI , fm. ( Hiff. mod. ) ce font des princes Æortis des maifons royales, dont les rois de Perfe ont -conquis les états, Ils font demeurés vice-rois ; gou- yerneurs , Ou rois tributaires des états de leurs an- cêtres. VAATRIMON , f m. (Hp nat. Botan. ) efpece -de citron de l'iflede Madagafcar, qui vient dela grof- . eur de latète d’un enfant & dont l'écorce confite dans le fucre eft un manger excellent. - VABAR:, ( Géog. anc, } ville de la Mauritanie, -céfarienfe , felon Ptolomée , 2. JF c, i. Caftald dit que c’eft aujourd’hui Bifmeo. ( D. J. ) VABRES , ( Géog. mod.) en latin du moyen âge, Fabrinum., & vabrenfe caftrum ; elle a dans nos géo- -sraphes-le titre de petite ville de France, dans le Rouéroue , à ro lieues de Rhodès , à 51 d’Alby , & -au confluent de deux petites rivieres, quife jettent “un peu plus bas dans le Tarn. Elle doit fon ori- ‘gine à une abbaye de bénédiétins , fondée pat Raï- mmond [, comte de Toulonfe , & elle fut érigée en 1317, par le pape Jean XXII, en évèché aujour- -d'huifuffragant d’Alby. Cet évêché vaut environ vingt mille livres de revenu ; & n’a que foixante &r neuf paroïfles ; mais Vabres ne doit qu’au fiége épif- -copallenomde ville, car ce n’eft qu’un vrai village dépeuplé. Longir. 20. 30. lait. 42. 53. ( D: JT.) | VACANCE , L£ ( Gram. 6 Juri[.) eftl’état d’une chofe ‘qui n’eft point remplie-ou occupée. La vacance du fiége d’un prélat ,ou d’un juge :ou d'un office-en général , c’eft lorfque perfonne n’eft] pourvû du bénéfice, office ou autre place. On entend quelquefois par vacance le cas qui à fait vaquer l’ofüice ou Le bénéfice , comme la vacance | par mort: Woyez les articles ci-après. VACANCE: par APOSTASIE , Voyez APOSTAT, APOSTASIE , RELIGIEUX. | . VAGANCÉ fe prend aufli quelquefois pour la cef- fatiorÿ dé certains exercices , comme dans les col- leges , les vacances données'aux profefleuts &c étu- dians, les vacances que prennent les chanoines fe- Tonles flatuts de leur chapitre ; & les vacances ou vacations des tribunaux. Poyez VACATIONS.( 4) VACANCE PAR DÉMISSION. Voyez DÉ- MISSION. : l _ VACANCE PAR DÉVOLUT. Voyez DÉVOLUT. VACANCE PAR INCAPACITÉ. Voyez INCAPA- CITÉ. à VACANCE PAR INCOMPATIBILITÉ. Voyez BÉNÉ- FICE & INCOMPATIBILITÉ. VACANCE PAR INTRUSION. Voyez INTRU- SION. VACANCE PAR IRRÉGULARITÉ. Voyez IRRÉGU- LARITÉ. VACANCE PAR MORT o% per obitum eft la va- cance d’un office ou d’un bénéfice, par le décès du titulaire, VACANCE PAR PERMUTATION.}0ye;PERMUTA- TION. VACANCE PAR RÉSIGNATION. Voyez RÉSIGNA- TION , BÉNÉFICE , OFFICE. VACANCE PAR SIMONIE. Voyez SIMONIE. V'ACANCE 27 curié ,'on {ous-entend roman, cet la vacance d'un bénéfice, dont le titulaire meurt dans le lieu où le pape tient fa cour , ou à deux journées aux environs ; les papes fe font réfervé la collation de ces bénéfices. Voyez BÉNÉFICES VACANS 27 Eurid. Li . Vacances , ( Jurifprudence. ) Voyez VACA-. TIONS,. VACANT , adj. ( Gram. & Jurif.) Le dit de ce qui n’eft point rempli ou occupé. Le faint fiége eft vacant | lorlqu'il n’y a point de pape ; on dit de même que le fiége épifcopal ou abbatial eff vacant , lorfqu'il n’y a point d’évêque ou d’abbéx x La chancellerie eft vacante lorfqu’il n’y a point de chancelier ; en général un office eft vacant lorfque perfonne n’en eft pourvi. t&i a Un bien yacanr , eft celui qui n’eft occupé par per- fonne, Une fucceflion vacanre , eft celle qui eft abana donnée, & pour laquelle il ne fe préfente point d'héritier. Voyez BIEN , CHANCELLERIE , HÉRr- TIER+, OFFICE , SIEGE, SUCCESSION. (4) VAGANT Le, ( Hiff. de Malte. } on appelle Le vas cant dans l’ordre de Malte , le revenu entier de chaque commanderie après la mort du commandeur, c'eft-à-dire l'année qui fuit le mortuaire, Le yzcant appartient au tréfor de l’ordre. Le commandeur nom- mé à la commanderie ; eftobligé de y faire tenir. VACARME , TUMULTE ,L m.(Syron. ) vacars me emporte par fa valeur Pidée d’un plus grand bruit, & turmulre celle d’un plus grand defordre. | Une feule perfonne fait quelquefois du vacarme ; mais le s4multe fuppofe toujours qu'il ÿ a un grand nombre de gens. | | Les maifons de débauche font fujettes aux vacar- mes. Il arrive fouvent du smulte dansles villes mal policees. | Vacarme ne fe dit qu’au propre ; mule {e dit au figuré du trouble & de l'agitation de l'ame. C’eft pour cela qu’on tient malune réfolution qu'on a prife dans le sumulte des paflions. ( D. J. | : VACATION , ff. (Gram. & Jurifprud.) eft lorf- qu’une chofe vient à vaquer , comme quand il arrive vacation d’un bénéfice, ou office par le décès du ti tulaire. Woyez VACANCE. Vacations au plurier {e prend pour le tems où une jurifdiétion vaque , c’eft-à-dire, où la juflice ny eft point exercée ; il y a dans lé cours de l’année diffé- rens jours auxquels Les tribunaux vaquent ; mais on entend ordinaire par -les vacarions ou vacances qu'un certain efpace de tems qui eft donné aux ofü- ciers pendant l'automne pour vaquer à leurs affaires rurales ; 1l y a des tribunaux dont le tems des vaca- tions efk reglé autrement ; quelques-uns ont deux différentes vacances dans l’année. Voyez VACAN- CES. 32 Vacation dans un fens tout oppofé, fe prend pour : Paétion de vaquer à quelque chofe, c’eft-à-dire , de s’y employer de s’en occuper. On appelle premiere, feconde , ou autre vacation d’un inventaire ou d’un procès-verbal les différentes féances où l’on a travaillé à ces aëtes. Voyez INvEN- TAIRES, PROCÈS-VERBAL, SÉANCE, JOURNÉE. Onentend quelquefois par vacation le droit qui eft dù à un officier pour avoir vaqué à quelque chofe. Les juges ont des épices & vacations.. Les vacations font pour ceux qui ont vu le procès de grand ou dé petit commiflire , au-lieu que les pieces font pour ceux qui ont afhité au jugement. | L’écu de vacation eft ce que l’on paie à chaque commiflaire pour une vacation. Voyez ÉCU QUARTA (4). | . VACATION, (Anriq. rom.) fafpenfon des affaires au barreau. Il y avoit de deux fortes de vacations. chez les Romains , l'ordinaire & lextraordinaires L’ordmaire avoit lieu un certain nombre de jours de année, qui étoient connus de tout le monde, L’ex- traordinaire n’arrivoit que quand, dans des tems de * tumulte & de guerres civiles , le fénat ftatuoit que toutes les affaires ceffaffent , & qu’on ne rendit point la juftice , jufqw’à ce que latranquillité ft rétablie. C'eft ainfi que le fénat ordonna, lorfqu'il apprit que Céfar étoit.entré avec fon armée én Italie. Cette fufpenfion des affaires s’appelloit rerxm prolatio ou Judiciorum indidio, & c’eftce qu’on ne pratiquoit que dans les grandes extrémités. (DJ. ) , FACCA., ( Géog. anc.) ville-de la Nunidie , l'en- trepôt des états de Jugurtha ; mais cette ville ne fut heureufe ni dans fon zèle pourfon prince, puufque ce. zèle, la. ft périr fous Métellus.,.n1 dans fon infidé- hté pour fon roi. caf ayant voulu fe donner à Cé- far, dans le.téms qu'il faifoit la guerre en Afrique, J uba qui,en fut averti s’en rendit maître , & la ruina de fondien comble. (D. J.) Vacca où VAGcrA, (Géog. anc.) fleuve de la Lufitanie, felon Pline , /. IV. €. xxj. c’eft aujour- d’hui le Vouga, qui fe jette dans l'Océan près d’A- Vexo, .! ‘ … VaccA, ile, (Géog. mod.) ou île Bnccina ; Île de la Méditerranée, fur la côte méridionale de la Sax: daigné, à deux milles, &cvis-à-vis de la pointe Bé- ta en tirant. vers le nord oriental de l’île Toro. , FACCÆI,; (Géog. anc.) peuple de l'Efpagnetar- ragonoïfe., que Tite - Live met au nombre de ceux que L.Lucullus-8r Cl: Marcellus fubjuguerent. ;: VACERRES, {.m. pl: Hifi: des Gaulois. ) nom d'une des claffes de druides: Les yacerres étoient les prêtres ; comme les eubages étoient les augures , les bardes. les poëtes,, les chantres les farronides, les juges les théologiens & profefleurs de la religion. (DJ). :. VACEHE ,£ f (Hiflinar.) vacez, c'eft la femelle d'un taureau. Voyez TAUREAU. , | VACHE , (Diete & Mar. méd.) n’y a que les pay- fans & les gens du peuple qui mangent la chair dela vache at-lieu de celle du bœuf: la premiere eft com- munément plus dure, plus maigre, & par conféquent plus feche ; cependant les bouchers envendent quel- quefois pour du bœuf, même à Paris ; & commeils ontfoin dechorfr.des vaches jeunes & grafles, peu de perfonnes s’apperçoivent de la fraude qui dés-lors devient indifférente. Voyez BŒUF. Layache eft proprement un objet médecinal en ce qu'elle fournit un aliment médicamenteux qui tient un rang diffingué parmi les fecours médecinaux ; fa- voir, don lait qui a auffi mérité à ce titre un article particulier.‘ Voyez Lait, Chimie, Diese € Mat. méd. Secondement , par un remede aflez bifarre qu'on re- tire de fa fenté:en la diftillant au bain-marie, & qui eft connu fous le nom d’eau de mille fleurs, qui pañle dans Pufage intérieur pour un antipleurétique excel- lent, & pour un bondiurétique , &: même litontrip- tique, & dans l’ufage extérieur pour un excellent cofmétique: au refte, c’eft-là un remede fort propre &t fort élégant en comparaïifon du fuc même dela fente de vache récente , que les payfans avalent dans quelques contrées pour fe guerir des fievres, & qu'Eftmuller recommande non-feulement pour cet ufage,mais même contre la pleuréfie, appliquée exté- rieuremént en guife de cataplafme : elle pañle pour un très-bon remede contre les brûlures, contre les douleurs des membres, les tumeurs œdémateufes, Éc. L’urime de vache récente & fournie furtout par une vache noïre , a été aufli un remede interne con- tre Phydropifie , la goutte & la paralyfe, qui a été connue auff fous le nom d’eau de mille fleurs ; Jean Becler obferve dans fa continuation de la cynofure d'Herman, que la manie pour ce remede ridicule qu'il avoit vu très en vogue dans fon pays, ne dura pas long-tems, parce que ce remede purseoit jufqu’au fang,, & abattoit confidérablement les forces, ce que la plupart des fujets ne pouvoient fupporter. (2) Tome XVI, pes VA C 7Ox VACHE ROUSSE, (Crisig. Jacrée.) la vache roule , ou la genifleroufle , étoit la vitime d’expiation pour les impüretés que les Juifs contratoient par la pré- fence où l'attouchement d’un mort, On prenoit une génifle fans défaut, & qui n’avoit point porté le jous: On la livroït au grand-prêtre., qui l’immoloit hors du camp en préfence de tout lépeuple, 11 trempoit fon doigt-dans le fang de l'animal, 8 en faifoit fept fois lafperfon contre le devant du tabernacle ; Eniuite on brüloit la géniffe toute entiere. Le grand-prètre jettoit dans le feu du bois de cedre, de l’hyflope, 8 de l'écarlate teinte deux fois. Un homme recueilloit les cendres de la géniffe, & les portoit dans un leu pur hors du camp ; enfuite on les mettoit en réferve pour l'afflemblée des enfans d’Ifraël , afin qu'ils en fiflent de l’eau d’expiation pour fe purifier des impu- retés légales : tout cela fut ordonné par Motte, & eit détaillé dans Le livre des nombres > LE Vel): 22 6.6 9. [n’y avoit que le prand-prêtre qui eût droit d’of frir le facrifice de la vache rouffe; mais tout ifraëlite , pourvu qu'il füt pur , pouvoit faire les afperfions de la cendre mêlée avec de l’eau, parce qu’il auroit été trop incommode de venir au temple, pour expier une impureté que la mort des proches pouvoit ren dre très-fréquente, (D. J.) VACHE, (Corroyeur.) de tous les animaux qui font’ fut la terre ; il n’y en aguere dont les hommes tirent plus d'utilité que de la vache; car indépendamment des veaux qw’elle produit , fa chair, {on lait, fes cor- nes, {es os, fa graifle, fon poil & fa peau , font d'u- fage foit pour la nourriture de l’homme , foit pour le commerce. Les peaux de vache qu’on appelle ezirs, fe vendent en poil, vertes , falées ou feches, & fans poil, tan-. nées, pañlées en coudrement ou en croutes, cour- royées où apprêtées de diverfes façons qu'on trou- vera expliquées dans les article Cuir, PEAU, TAN- NER & COURROYEUR. Le long poil de la queue.des vaches fournit aux {el: lers une partie du crin qu'ils emploient, & le poil. court donttoute la peau de la vache eft couverte, fert à rembourer les felles des chevaux, les bâts des-mu- lets , &c. VACHE-DURE, (Corroyerie.) c’eft une peau de va- che où le corroyeur n’a mis du fuifque du côté de Ja fleur, & n’a mis ni fuif, ni huile du côté de la chair. (D.J.) | VACHE DE RUSSIE , ( Corroyerie. ) forte de cuir F ou peau de vache qui vient toute aprêtée de Mofco- vie , où elle fe prépare d’une maniere toute particu- here , qui n’eft ouere connue que de ceux qui s’en mê- lent dans le pays. Savary. VACHE EN GRAIN, (Tannerie.) peau ou cuir de vache, dont la fuperficie eft devenue grenue par les différens apprêts qu’on lui a donnés, & dont on fait les empeignes des fouliers. (D. J. VACHE DE SEL, (Saline.) on appelle vache de fe! en Poitou, ces monceaux de plufeurs milliers de muids de fel, qu'on éleve en forme de meule de foin , pour achever de le fécher, en attendant la vente. , VACHES, serme d’Imprimerie ; ce font les cordes qui tiennent au berceau & au train de derriere d’une preffe : elles aflurent l'endroit jufqu’où doit aller le coffre fur le derriere , & empêchent qu'il ne recule plus qu’il ne faut. Voyez Les PI. € Les fig. de lImpri- TI2ETTE. | VACHE ARTIFICIELLE, (Chaffe.) c’eft la toile faite en forme de vache, dont on fe fert pour approcher les canards,& dont fe fervent auffi ceux qui chaffent à la tonnelle. | VACHE DE BARBARIE, (Hi. nat, Ichrhiolog.) on a donné ce nom dans les mémoires pour Jervir a Phiff, HHhhh; | 792 VAC nat, des anim. dreffes par M. Perrault, à un animal à-peu-près de la grandeur d’une vache, 8€ d'un poil roux, un peu plus court que celui des vaches, pref- qu'aufñ gros vers la pointe que vers la racine, &c de couleur plus foncée vers la racine que verslapointe. Cette vache de Barbarie reflemble plus au cerf qu'à fa vache par l'habitude du corps,par les jambes & par fencoiure. Les cornes font de même nature que cel- les de Îa vache, mais-elles en different par plufeurs cara@teres ; elles prennent leur naïflance fort près June de l'autre ; elles font longues d’un pié, fort groffes, recourbées en arriere, noires & torfes, com- me une vis. La queue eft courte & terminée par un bouquet de crins longs de trois pouces; les yeux font placés fi près des cornes, que la tête paroit m'avoir prefque point de front. Cet animal n’a quel deux ma- mellons. Les épaules font fort élevées , 8 forment une boffe entre l'extrémité du col & le commence- ment du dos : il y a une callofité au bas du fternum. On a préfumé que cette vache de Barbarie,a plus de rapport au bubale des anciens, qu’au petit bœuf d’A- frique. Mémoires pour fervir à Phifloire naturelle des ariTIAux. VACHE MARINE 04 BÊTE À LA GRAND-DENT, odobemus, ahimal amphuibie qui a beaucoup de rap- port au lamantin & au veau-de-mer, fur-tout pour la forme du corps & des piés , 6. Voyez LAMANTIN. La vache-marine a la tête grofle & écrafée fur le de- vant , le mufeau entouré de gros poils , &c la peau épaife de près d’un pouce , &c couverte d’un poil court, ferme , & de couleur brune-jaunâtre. Les oreilles ne font apparentes à l'extérieur que parun orifice qui fe trouve de chaque côté de la tête. Il y a huit dents molaires à chaque mâchoire, & deux grandes dents canines à la mâchoire fupérieure , re- courbées en-bas , & longues de deux piés : l’animal s’en fert pour fa défenfe , & pour trainer différentes chofes fur la glace &c fur les rivages , car il ne peut pas refter long-tems dans l’eau. La vache-marine eft un animal du Nord , elle a jufqu’à feize piés de lon- gueur , & huit piés de circonférence. Payez Briflon, reg. anim. p. AS. VACHER., f[. m, VACHERE, . £ (Econ. ruflig.) le vacher eft un garçon qui garde les vaches ; la ya- chere eft une fille aura la même occupation. VACHERIE, £ f. (Ecor. rufl.) pe de la baffe- cour dans les grandes fermes ; c’eft l’étable où lon tient les vaches, & le lieu oùonlestrait. VACILLANT , VACILLATION, VACILLER, (Gram.) termes correlatifs, &t oppoñés de ferme, fixe, f'able, affuré, conflant. On les prend au fimple &c au figuré ; on dit le srouble lui rendoit la voix embarraf- fée & la prononciation vacillante ; C’eft un efprit va- cillant ; ce juge étoit vacillant. La vacillarion d'un vaifleau fur les eaux , des réponfes d’un criminel, Cette machine eft mal aflemblée ; la plüpart des pie- ces qui devroient être fixes vacillent. Il vacrlle dans fon opinion, dans fes projets, fes réfolutions. L'im- pulfion la plus légere fuffit pour jetter un homme in- _ certain & vacillant dans le parti le plus contraire à {es intérêts , & il eft rare qu'il ne trouve quelque méchant attentif à lui donner cette impulfion. VACOMAGI, (Géog. anc.) peuples de la grande Bretagne , felon Ptolomée , Z. T. c. üj. qui les place au midi des Calédoniens. Il y en a qui croient qu'iis habitoient la province de Sterling en Ecofle. (2. J.) VF ACORIUM, (Géog. anc.) ville du Norique ; au midi du Danube, fuivant Ptolomée, Z. IT. c. xuij. fe- lon les uns, c’eft aujourd’hui Villac , dans la Carin- thie fur la Drave ; & felon Lazius , c’eft Straesburg {ur le Gurck. (D. J.) VACOS, ( Hit. nat. ) c’eft ainfi que les habitans de l'ile de Ceylan nomment des fourmis blanches. Elles font d’une grandeur médiocre ; leur corps eft blanc , &r leur tête eftrouge. Ces infeétes dévorent tout ce qu'ils rencontrent , fans épargner même le bois des maifons. Ils fe forment le long des murs une efpece de chemin couvert , en faifant comme une voûte avec de la terre ; lorfqu’elle s’eft rompue en quelque endroit , ces animaux ont grand foin de la réparer. Ces fourmis , dans les champs, forment de petits monticules avec une terre très-fine ; ces but- tes ont cinq ou fix piés de hauteur , & font d’une grande folidité. Lorfque les ailes font venues à ces fourmis, elles s’envolent en fi grand nombre , que le ciel en eft quelquefois obfcurci ; alors elles s’êle- vent à perte de vue, & continuent à voler jufqu’à ce qu’ellesfoient entierementépuifées ; elles finiflent par tomber mortes, & fervent denourriture aux oïfeaux, &c fur-tout aux poules qui en font très-friandes. VACUAC , (Géog. mod.) nom d’un pays qui con- fine avec celui qui fe nomme Sofalarirh, la campa- ane & vallée de la poudre d’or. I ya dans ce pays deux villes , Daduah & Jananeh. (D. J.) VACUNE, f. f. vacuna , ( Mythologie. ) divinité des Romains , déefle des vacations; elle étoit par- ticulierement honorée par les gens de la campagne, & préfidoit fur ceux qui étoient , pour ainfi dire, en vacances , & qui fe repofoient de leurs travaux. Les Latins formerent fon nom du verbe vacare , qui figmife fe repofer, être de loiftr. Sa fête fe célébroit au mois de Décembre. Les laboureurs lui adrefloient leurs prieres pendant qu'ils cultivoient leurs terres; & lorfque la faifon de lhiver venoit à leur donner du repos , ils s’acquittoient de leurs vœux par les facrifices que leur permettoit leur état. Cet ufage n’étoit point encore aboh du tems d’Ovide qui en fait mention dans le FI, Liv. de fes faftes.” Nam quoque cèm fiunt antique facre Yacunæ, Ante vacunales flantque , fedentque focos. Aujourd’hui même, dit-il, quand on célebre la fête de l’ancienne vacune, les villageois font affis de- vant le foyer de cette déefie. Le culte de vacuna étoit très-ancien dans llrahe, & s’y étoit établi chez les Sabins long-tems avant la fondation de Rome. Elle avoit un temple fur le mont Ficellus, aux confins de Picenum,, vers les fources du Nar. Elle en avoit une autre entre Cafpérie & Ocricule, avec un bois & une ville du même nom, qui fubfifte encore en partie. Pline, 4v. III. «, xy. nous parle des bois magnifiques qu’on lui avoit con- facrés dans le territoire de Rüeti. | Les uns prennent la vacuna des Sabins pour Diane, Vénus ou Cérès , d’autres pour Bellone ou la Viétoi- re. Varron prétend que c’étoit Minerve , parce que l'étude de la fagefle demande un grand loifir ; mais cette idée n’eft qu’un jeu d’efprit. (D. J.) VADAVERO , (Géog.anc.) montagne d’Efpagne, dans la Celtibérie. Martial, Z. L. epigr. $o. ad Licinia= num, eft le feul des anciens qui en faffe mention : Sterilemque cannum nivibus , 6 frailis Jacrum Vadayeronem montibus. Jérôme Paul de Barcelone, dans fon livredesfleurs & des montagnes d'Efpagne, dit, en parlant de ka montagne de Vadavero, que plufeurs croient avec | affez de fondement que c’eft une montagne de la Cel- tibérie ; qwelle eft féparée des autres, dontondiroit qu’elle a été arrachée ; qu’elle forme commeuneîle, & qu’on la nomme préfentement par corruption Va- daricore, (D, J.) | VADE, £. f. ( Commerce de Mer. ) ce mot fignifie l’intérée que chacun a dans un vaifeau à proportion de Pargent qu’il y a mis. Je fuis pour un fixieme de yade dans l'armement de l’amphitrite, c’eft-à-dire, j'ai un fixieme. Il fe prend dans le même fens au jeu où la vade eft ce qu’on a mis d’abord, Di, du Comm. VADE-MECUMou VENI-MECUM,{.m.(Gram.) phrafe latine & familiere, pour exprimer une chofe que l’on a toujours à la main, 6 que l’on porte or- dinairement fur foi : on l'applique le plus fouvent à quelque livre favori ; quelques-uns font leur vade- mecum de Virgile, d’autres d'Horace, d’Epitete, de Thomas à Kempis, Gc. c’eft ce que les Grecs appel- loïent eyœsprder | 8 que nous appellons autrement manuel, Les Arabes ontune phrafe pour dire la même chofe , favoir habib al feir, compagnon de voyage. VADIARE DUELLUM, ( Hifi. mod. ) efpece de cartel ou de défi pour s’engager dans un combat, qui devoit fe donner à jour nommé, c’eft- à-dire lorf- qu’une perfonne provoquoit quelqu'un pour décider une difpute par un combat ou duel, & qu'il jettoit à bas {on gantelet, ou faifoit quelque figne femblable de défi ; fialors l’autre ramañloit le gantelet ou ac- ceptoit la provocation, onappelloit cette aétion y4. diare duellum , donner &c prendre un gage mutuel du combat. Dans Paffaire des templiers, le grand-maître Jac- ques de Molai ayant comparu devant l’archevêque -de Narbonne & d'autres commiffaires eccléfiafti- ques , leur dit que s’il avoit affaire à des juges laïcs, les chofes ne fe pafleroient pas comme on les trai- toit, donnant à entendre qu’il provoqueroït au com- bat & Les accufateurs & les juges, pour foutenir fon innocence & celle de fes chevaliers. L’archevêque lui répondit : Nous ne formes pas gens à recevoir un gage de bataille, Et en effet les eccléfiaftiques étoient difpenfés de cette forte d’épreuve. Voyez ÉPREUVE, COMBAT, CHAMPION, Éc. VADICASSII, (Géog. anc.) peuples de la Gaule celtique ou Iyonnoïfe, felon Prolomée, Z. I. c. vii. Ce font les Vadicaffes de Pline , ZIP. c, xyiÿ. Le p. Briet, p. 355. fans appuyer fon fentiment par au- cune preuve, dit que ces peuples faifoient partie des Ædui, & ii] leur donne pout ville Noviodurum Æduo- zum, Où Nivernimm , aujourd’hui Nevers. ( D. J. VADIGAMUS, (Géog. anc.) vallée d'Egypte. C’eft une vallée étroite entre deux montagnes, qui font auffi hautes l'une que l’autre & plates au fom- met. Cette vallée reflemble À un bufle, & le mot de yadi-gamus veut dire là vallée du bufle. Elle s'étend vers le fud-eft jufqu’à une demi-heure de chemin, puis elle s'éleve peu-à-peu entre les deux montagnes jufqu’à leur fommet. | Il y a à chaque côté de ces deux montagnes qui s’entre-regardent, deux rangs de carrieres, dont quel- ques-unes font fort hautes, vaftes , & irrégulieres en-dedans ; ce font ces carrieres que plufieurs vOya- geurs ont prifes pour des grottes, Voyez THÉBAÏDE, grottes de la, (D. J.) VADIMONIS-LACUS , ( Géog. anc. ) lac d’Ira- le, dans l'Hétrurie , au voifinage d’Améria , & près de la maifon de plaïfance de Calpurnius Fabatus, ap- pellée Amerina-Prædia, Pline le jeune , Z. FIII. epiff. 20. nous a donné la defcription de ce lac. Ileft, dit-1l , dans un fond , & fa figure eft celle d’une roue couchée. Il eft par-tout égal , fans aucun recoin, fans aucun angle ; tout y eftuni, compañlé, & com- me tiré au cordeau. Sa couleur approche du bleu, mais tire plus fur le blanc & fur le verd. Ses eaux fentent le foufre ; elles ont un goût d’eaux minérales, & font propres à confolider les fraîtures. Ce lac n’eft pas fort grand , continue Pline, mais 11 Peft affez pour être agité de vagues quand les vents foufflent. On n’y trouve point de bateaux , parce qu’il eft confacré : mais au-lieu de bateaux , vous y voyez flotter au gré de Peau plufieursilotes chargées d’herbages, couvertes de joncs, &r de tout ce qw’on a coutume de trouver dans les meilleurs marais & aux extrémités d'un lac, Chaque île a fa figure & {à gran- deur particuliere ; chacune a fes bords abfoiument V AD 793 fecé & dégarnis , parceque fouveñt élles fe heurtent l’une l’autre, & heurtent le rivage. Elles ont toutes une égale légereté , une égale profondeur ; car eiles font taillées par-deffous , à-peu-près comme la quille d’un vaifleau. Queiquefois détachées , elles fe mon- trent également de tous côtés, & fortent autant hors de l’eau qu’elles y entrent. Quelquefois elles fe raft- femblent, {e joignent, & forment une efpece de con- tinent. Tantôt le vent les écarte ; tantôt elles flot: tent féparément dans le lieu où lé calme les à {ur- prifes ; fouvent Les plus petites fuivenit les plus gran- des , & s’y attachent comme de petites barques aux vaifleaux de charge. Quelquefois vous diriez que les grandes & les petites luttent enfemble, &c{e livrent combat. Une autre fois pouflées au même rivage, elles fe réuniflent & s’accroiflent : tantôt elles chaf- fent le lac d’un endroit , tantôt elles l’y ramenent , fans lui rien ôter quand elles reviennent au milieu, Il eft certain que les beftiaux, fuivant le pâturage , entrent dans ces îles comme fi elles faifoient partie de la rive, & qu’ils ne s’apperçoivent que le terrein eft mouvant que lorfque le rivage s’éloignant d'eux, la frayeur de fe voir comme emportés & enlevés dans l’eau qu'ils voient autour d’eux Les faifit. Peu après 1ls abordent où il plaît au vent de les porter, & ne fentent pas plus qu'ils reprennent terre, qu'ils avoient fenti qu’ils la quittoient. Ce même lac, ajoute Pline, fe décharge dans un fleuve, qui, après s’être montré quelque tems, fe précipite dans un profond abîme. Il continue fon cours fous terre, mais avec tant de liberté, quefi, avant qu'il yentre , on y jette quelque chofe , äl la conferve &c la rend quand il fort. dcr Divers autres auteurs ont parlé de ce lac, entr’au- tres Polybe, £. IT. c.xx:quilenommeod fus, Tite- Live, IX cxxxix, Florus, Z. I. c. xnij. &Pline, L. If, c.xcy.Onlappelle aujourd’hui Lagodi Beffaneilo,felon le p.Hardouin,quile metdansle patrimoine deS.Pierre environ à trois milles du Tibre. (D. J. FADIMONICM, {. m. (Jurifprud. rom.) ce mot fignifie ajournement , obligation de comparoître en juftice au jour affigné ; ül faut donc favoir que dans les affaires d’injures le demandeur demandoit contre fa partie l'aétion ou le jugement au préteur, €eft-à- dire qu’il le prioit de pourfuivre fa partie, &c le dé- fendeur de fon côté demandoit un avocat. Après ces préliminaires , le demandeur exigeoit par une for- mule prefcrite que le défendeur s’engageât fous cau- tion à fe repréfenter en juftice un certain jour, qui, pour lordinaire , étoit le fur-lendemain ; c’eft ce qu’on appelloit de la part du demandeur reumvadari, demander une caution , un répondant ; & de la part du défendeur vadimonium promittere | promettre de comparoître en juftice : s’il ne paroifloit pas , on di- foit qu'il avoit manqué à laflignation, qu’il avoit fait défaut , ce qui s’exprimoit par les deux mots latins, vadimonium deferere. Trois jours après , fi les parties n'avoient point tranfigé , le préteur les faifoit appel- ler , & pour-lots le demandeur ayant propofé fon aétion dans la formule réglée , le préteur lui donnoit un tribunal ou un arbitre. S'il lui donnoit un tribu- nal, c’étoit celui des commiflaires, qu’on appelloit recuperatores , où celui des centumvirs. Les mots vadimonium & vadari {e trouvent f fré-' quemment dans Cicéron, Horace , Plaute, &les hif toriens , qu'on ne fauroit trop les expliquer pour pouvoir entendre leurs écrits, &e les allufions qw’ils y font. Ainfi dans Cicéron vadimonia conflituta figni- fient les jours affignés pour comparoître ; a&io vadi- monit deferti , eft le défaut qu’on accordoit pouravoir manqué à l’ajournement ; obire vadimonium , Jiffere vadimonium , veut dire, fe préfenter au jour & lieu marqués ; debere vadimonium cuipiam , fignifie être tenu par promefle de fe trouver à l’aflignation prife 794 VAG “avec Fat uñ; ÿdifferre vadimonium cum aliquo , don ner délai à fa parte ; vadimonium promitrere pro ali- quo dans Varron , promettre de comparoïtre en Juf- ice pour un autre; miffum facere vadimonium , dé- “charger fa partie de l’ajournement donné. "On ne trouve pas moins ouvent le verbe sadaris À dans fes le@üres des auteurs romains. Wadart reum tot vadibus ,fignifie dans Tite-Live , obliger-un accufé à donner un certain nombre de répondans. Vadari gternpianres aliquo loco: ad locum aliquem, c'eft tirer quelqu'un de fa jurifdiétion pour venir donner cau- tion en un lieu où il ne reflort point. Ce même mot fe trouve émployé au figuré dans les poëtes comi- ques ; on lit dans Plaute ; qwi abire nullo paëto poffim, _févelim, ita me vadatum E vindum attinès. « Je ne 5 puis m échapper quand je le voudrois., étant enga- » gé, lié 8 garotté comme je le fuis avec vous ». Ho- race a dit, far. LX,1.1 ver 36. 6" cafu tune refpor- dere vadato debebar : « & heureufement pour moi, # c’étoitle tems où mon homme devoit comparoître » en qualité de cation pourun ami». Horace a jugé à propos de mettre 101 vades pour prædes ; car vades étoit pour Le criminel, & prædes pourle civil. (D: 21) VADO , ox VADIL, petit port d'Italie, fur la côte de Gènes!,-à trois milles de Savonne,, ‘dur côté de Poccident méridional, 8tä QE milles au nord orien- tal deNol. (D.J.) VADROUILLE , {.m. (Marine. ) c’eftila même chofe que guifpont, Foy GUISPON!:: VAFERINELA ; o4:LA VAUFERAU , (Géog. mod.) riviere quifépare la Savoie d'avec le pays deMichail- de. Elle fort dela vallée Chañrg dansle Bugey , & va £e jetter dans le Rhône. (D. 7) VAG,LE , ( Géog.imod..) AR deila haute Hon- grie., Elle: a fa fource dans le mont Rabahora , aux confins de:la Pologne, &craprèsavoir Fee les cornités d’Arava ;-de Tauroezi,; de Tranczin., de Néitra ,. & de Comore ; elle tombe dans le Danu- be, au-deffous de la ville de Comore, (D. J.) VAG, pays de, ( Géog. mod.) nom d’un pays que les géographes orientaux comprennent dans PEpyp- te; c’eft cependant ‘une contrée qui en eft entiere- ment féparée , & qui s'étend entre V’'Eo gypte d le pays de Barca en Afrique. En un mot, c ’eft la Per- sapolis des anciens, ainfi nommée , parce qu’elle rénfermoit cinq villes; favoir Barça, Faran, Caï- rouan ou Cyrène, Tripoli de Barbarie, & Afrikiah, ville qui a donné le nom à laprovince d’Afri ique pro- prement dite, d’où l’Afrique a tiré lefien. (D. J.) VAGA, (Gddÿ anc.). ville d'Afrique. Ptolomée, 1. IV. c. ii. féparant de fa nouvelle Numidiele pays voifin de la de Cirta , & lui donnant le nom de contrée des Cirtéfiens , y metentre autres la ville Vaga , fituée dans les terres, à lorient de Cirta. C’eft de cette ville dont parle Sihus Italieus , Z. ZZI. V, 259, dans ce vers: Tum Vaga , & antiquis dileülus regibus Hippo. Ptolomée écrit O'uaya ; & Plutar que ; in Mario, Baye, Baga, Ce que ce dernier en dit ; fait voir que C’eft la même ville que Sallufte nomme Vacca, au- fieu de 7’aga , Pline, LP. c. iv. dit Vagenfe LUE (2.3) VAGA , ( Géog. mod.) province de Pempire rut- fen, qui fe aujourd'hui la partie méridionale de celle d Archangel. Elle eft toute couverte de forêts: onlui-donne 150 werftes d’étendue du midi au nord, &c 120 du levant au couchant. Là riviere de Faga ou Wara , latraverfe du midi au nord. (D. J. VAGABOND ; adj. ( Gram. & Jurifprud. ) qui erre çà & là, & qui n’a aucune demeure fixe, Sous ce nom font compris , fuivant les déclarations du roi , tous ceux qui n’ont ni profeffion , ni métier, ni domicile certain, ni bien pour fubfifter , &c qui d’ail- V AG leurs ne peuveñt être avoués ni certifiés de bonne vie & mœurs, par petfonnes dignes de foi; comme auff les mendians valides qui font pareïllement fans aveu; ces vagabonds doivent être ‘arr Êtés &c punis finvant les reglemens faitsicontre les BEEN V op MENDIANS 6 PAUVRES. On repute aufuvagabond ceux Lie he ëts te roi qi vont en pélérinage, à as. Jacques ,. à notre-dame de Lorette , &r autres lieux hors:du royaume, fansune permiflion exprefle de fa majefté,, fignée. par unfe- crétaire d'état, \&tfur P approbation de l’évêque dio- céfain. La déclatatron der738.enjointaux magiftrats, prevots des marchands, exempts maires , Tyndics des villes, deles arrêrerfurles frontieres , 87 veut qu'ils foientcondamnés par les juges des lieux en pre- miereinitance , & par appelaux cours de parlement: favoir les hommes à à la peine des galeres à perpétuité, les femimes à telle peine afiéaye quiferaeftiméecon- venable par les jugesosr > L’ordonnance des eaux & forêts enjoint à iousies vagabonds & gensinutiles defe retirer à deux lieues des forêts , & en.cas qu ls reparoïffent, les officiers des re ont droit de les faire arrêter & de: pro- noncercontre eux lapeine des galeres.!Woyez le si. 27. de l'ordonnancede 1669. 411.135. 6 fav. (4): VAGENT, ( Géog. anc.) peuples de laLiguriei, vers la fource du P6. Pline les nomme Vagienni li gures y cles furnomme Montani. Leurcapitales ’ap- pelloit augufla vagiennorum: C’eft de ce peuple va parle Silrus ftalicus dans ces vers, 4 WHIE ». 60783 Tünc pernix lions , Gfparfi per fax Vagenni - . In decus Due duros mifere nepotes. RE Cluvier,, Tral, ant. L Iveiix. Les Vageñi habitoient à la fource du Pô , ‘entre la rive droite de cefleuve, 8 la riviere Stura. (D: 7.) | VAGIN ; {, m. (Anar. G Chirurg.) le vagin ein canal ample , quin’eft pas fort différent d’uninteftin grêle ; il eft plus fort, marche entre la veflie & le retum, & s'étend del’orifice externe juiqu'à la ma- trice ; .. il faut yremarquer : + La longueur qui eftde fou ou fept doigts. . La capacité, qui eft comme celle d’un inteftin a mais qui change.en divers cas, comme dans Paccouchement ; ; fon orifice eft plus étroit que le refte. 3°. La fubftance qui eft membraneufe, ridée en dedans, couverte de houpes ou mammellons » fui- vant l’obfervation de M. Ruyfch, de-là vient qu’elle eft fort fenfible. 4°. Les rides qui ne font pas circulaires , maïs qi fe es comme dans le jéjunum ; ; elles font fort grandes dans les vierges, fur-tout à la partie anté- rieure ; dans les femmes quiapprochent fouvent des hommes , elles font petites &cufées, pour ainfi dire, elles s’effaçent prefque entierement après plufeurs couches. s°. Les lacunes qui È trouvent repanduées par- tout au vagin, &t au col de lamatrice, de même qu’au- tour de l’urethre : ; On peut duelqueri y introduire des foies ; les glandes avec lefquelles communiquent ces lacunés ; filtrent une humeur muqueufe. 6". Le mufcle conftriéteur du vzgi7 , eftun aflem- blage de fibres mufculeufes , qui embraffent en par- tie Le vagin , 8 qui s’y inférent dans le clitoris ; il y a au même endroit un corps celluleux , & unlacis de vaifleaux qui environnent l’orifice du vagin. Mais il eft à propos de pañer à la Fees fuivie de ce canal membraneux qui s'étend depuis orifice interne de la matrice jufqw’à la vulve. I eff fitué dans le in de l’hyposaftre , au-def- fous des os pubis , entre la veffie & l’inteftin droit. Il eft fi étroitement attaché à cette derniere partie, qu’ilfemble que leurs membranesfoient confondues; V'AG de forte que fi l’un d'eux vient à être percé où déchi- ré dans'un accouchement laborieux, dans l’opéraz - Hon que l’on faït à la fflule de Panus, où par Péroz fon de quelque ulcere , lés éxcrémens pdflent facis fement du redtum au vapir, & la femme ne peut plus les retenir: C’eft dans ce cas qiil faut {6 férvir d’un péflaire en forme de globe, ovale, percé de deux trous oppofés , que l’on introduit dans le agir, & qui bouche fi bien Fouverture de communication, quel’on remédiepar-là , avec aflez de fuccés , à cet inconvénient fi defagréable. | re! La figure du vagir eft ronde & longitudinale : 1l peut fe reflerrer de toutes parts; il peut aufi beau- coup s'étendre & fe dilater au tems de l’accouche- ment ; fes parois s’afflaiflent, & il reffemble à un boyau lâche dans les filles qui vivent chaftement, Dans les femmes quin’ont pas encore eù d’enfans, ce congduit eft à-peu-près de la longueur de fx à fept travers de doigt, &c de la largeur d’untravers & de- mi ; mais dans celles qui ont eu des enfans , on ne peut pas trop bien déterminer fa grandeur; fa lon- gueur &c fa largeur varient felon l’âge, felon les fu: jets &c leur tempérament. | R Vers le dermer mois de la groffefle, le vagin fur- | chatpé du poid du fœtus, s’äccourcit tellement, | qu'en y introduifant le doigt, on peut toucher l’ori- fice interne de la matrice, | La fubflance intérieure du vagiz paroît être tou- tenerveufe ; M. Ruyfch y a découvert plufieuts pa- pilles qui nous apprennent d’où vient que lé vagir eft tres-fenfible, [Left exténieurement revêtu d’une mem- brane afez épaifle , fous laquelle fe trouvent , dans toute fa longueur , des fibres charnues , par le moyen defquelles il s'attache aux autres parties voifines. La membrane interne du vagir eft quelquefois tel- lement relichée par des humeurs fuperflues qui l’a- breuvent, qu’elle defcend plus bas que le conduit de la pudeur, & qu'elle fe montre au-dehors ; c’eft-là ce que les anciens ont pris pour une defcente de ma- trice, On peut voir à cefujet les obfervations chirur- gicales de Roonhuyie , & celle de van-Meckeren, qui ont fait l’amputation de ces excroiffances. L'entrée du yagiz ef fituée prefqu’au milieu de la vulve, tirant néanmoins un peu plus vers l’änus. Cet orifice, avant l’âve de puberté, ef beaucoup plus étroit que le vagir même ; & c’eft, felon de Graaf, I marque la plus certaine que l’on puifle avoir de la virginité. “db Îl y a fur lafaceintérieure du vagin, desrides cir- culaires , plus marquées à fa partie antérieure, du côte du canal de l'urine, que vers la partie poftérieu- re ; elles font aflez femblables à celles que l'on voit au palais d’un bœuf, hormis que ces rides n’y font pas difpofées fur une ligne auf réouliere : aux vier- ges , à la partie antérieure du vagin, on rencontre quantité de ces rides ; mais dans les femmes quiont eu plufieurs enfans , ou qui fe livrentau libertinage, ces rides, s’évanoufient promptement , de forte que, la face interne de leur 42/7, devient life & polie. * Le tffu de la membraneinterne du vagin, eft par- femé de petites glandes , 82 les émbouchures de leurs conduits exCréteurs , s’apperçoivent tout le long de ce canal ; mais elles font en plus grand-nombre près de l'entrée de l’urethre, & à la partie antérieure du vagin, Tous les conduits excréteurs fourniffent par leurs embouchures, plus ou moins grandes , une li- queur féreufe qui humeéte ce canal; cette liqueur coule en abondance dane Le tems de l'amour, Lorfque cette liqueur s’augmente excefivement, ‘elle caufe l'écoulement qu’on nommé ffzrs-blanches, état très- difficile à guérir. Ettmuller a nommé cet écoulement catharre uterin. - | On remarque au vagin un fphinéter fitué fur le chi- fOriS , qui a trois travers de doigt de largeur, & qui VAG 795 partant de celui de l'anus, monte latéralement aie tour du v4g/2, l'embrafle & fert à le fermer, afin d'empêcher Viir extérieur d'y entrer, Jules- Céfat Aranthius a, fait le premier mention de ce mufole or: biculaire, si Were. . … La -confttidtion de Vorifice du vagin eft aidée paf dés corps que l’én apperçoit à {a partie inférieure, aux deuxcôtés de la vulve. Leur fuübftance extérieus re eft compofée d’une membrane très-déliée ;.& l’ins térieure, qué l'abondance du fang coasulé rend nois râtre, ef tiflue de plufieurs petits vaidfeaux ,. & de fibresentrelaflées; ce qui aporté de Graaf, qui alé premier réconnu ces corps, à lesnommer plexns rés tiformes : ils fervent à retrécir l'entrée du vagin, On trouve quelquefois à cet orifice, dans les jet nes filles, une éfpece de membrane, tantôt fémilua naife , tant0t Grculaite, nommée parles anatomiftes hymen, Voyez HYMEN. | : Les Caroncules dites xyraformes, font des teftes de cet hymen déchiré, quiaprès s’être icicatrifés N forment de petits corps charnus &c membraneux ; els les, ne font point la marque dû pucelage , elles le 62 roient plutôt de la défloration.. Voyez CARONCUs LES MYRTIFORMES. So | È Il y a des fémmes qui ont ,. dès la premiere con< formation , l’orifice du vagin plus dilaté que beaux coup d’autres, & plus dipofé à fe dilatér à mefure qu’elles avancent en âge : de forte qu’étant nubiles S. elles fouffrent moins de lufage du mariage, que cel les quifont naturellement fort étroites: füur:tout biere tôt après l'écoulement de leurs menftrues , dont la feule acrimonie, dans les filles qui ne jouiffent pas d’une bonne fanté, peut ronger les fibrilles ou les membranes déliées qui uniffent les caroncules : Ou tre que le flux menfiruel, en humeétant cet orifices le rend beaucoup plus fufceptible de dilatation, De Graaf dit qu'il ne connoit point d'autre mat= ques de la virginité , que cette étroitefle de orifice du vagin; où l’on obferve plus ou moins de. rugoftés ou caroncules qui fe manifeftent depuis le premief âge jufqu'à envifon vingt ans ; dans toutes les feme mes, qui font encore vierges : cet auteur ajoute que Pabfence de ces caroncules n’eft point un figne cer: tain pour convaincre une fille d'impudicité ; d'autant qe par une infinité d’accidens qui n’ontdonné aucu- ne atteinte à la virginité de la nouvelle époufe., cet orifice peut fe trouver aflez large pour fouffrir la confommation du mariage fans effufion de fan: L’orifice du vagir eft quelquefois fi fort retréci par une membrane qui le bouche prefque totalement ; qu'il n’y refte qu’un petit trou par où les regles s’é- coulent ;, cet obftacle empêche la confommation du mariage , quand lorifice eft fermé par une membra- ne; l’on ne peut rémédier à ces deux inconvéniens qu'en incifant & retranchant cette membrane, | _ Dans le premier cas, il faut avecuñbiftouri droit; faire quatre petites incifionsen forme de lalettreX ; & dans le fecond, ayec une lancete montée , l'on fait une feule ouverture longitudinale à cette membrane ; telle que la fit Fabrice d’Aquapendente à une fille qui n'étoit point percée ; pour donner iflue aux menf= trues retenues par cette membrane, … Les ulcérations qui fuccédent à un accouchement laborieux , font quelquefois caufe qu'il fe fait une cohérence entre les parois du vagin; cet accident ar: rive aufh quelquefois par la faute du chirurgien, qui néglige dans Les panfemens d’interpofer quelque cho- fe qui tienne les parois du canal féparés; de forte que lon eft obligé de féparer de nouveau cette cohérens ce, & d'en empêcher la réunion par des foins plus attentifs, (D, J.) VAGIN, ( Maladies particulieres du vagin.) ce conduit eft fujet à des maladies qui lui font propres, telles font les hémorrhagies , la chute ou défcente , 796 V AIG. qui n’eft autre chofe que la prolongation de la mem- brane interne du v+gi; lés excroiflances, qu’on di- ftingue en faréomes’, fungus où chambignons , & la clôture pat vice de conformation ou par accident, I, Les vemés du vagiz font fujettes à là dilatation variqueufe , comme les veines du fondement : Les femmes erofles,, & les filles nubiles | en qui les vait- feaux de la matrice ne fe font pas encore ouvertsfont particulierement attaquées de cette maladie 3 ainfi due les femmes qui ont le corps de la matrice ob- ftrué; parce que dans toutes ces circonftances , le fang qui doit fervir à la menftruation , ne pouvant s’amaller dans les vaifleaux propres à cette fon€ion, engorge ceux du agir avec lefquels ils. communi- quent.-Lorfque ces vaïfféaux exceflivemenit diften- dus par la plénitude viennent à fe crever, 1l en réfulte un flux hémorrhoïidal, diftingué du menftruel , en ce que l’effuñon du fang ne fe fait pas en fems mar- qué, mais parintervalle fans regle & fans ordre. La dilatation des veines du v4pz7 elt auf fort fouvent une fuite dés maladies propres de cet organe, telles que lés inflammätions, rhagades ou excroïflances. Les auteurs qui Gifent généralement & vasue- ment que le traitement des hémorrhoïdes du 2817 eft le même que de celles du fiege , n’ont pas affez confulté les différentes caufes dé ces maladies. Les fomentations faites ayec la décoétion de gaines de lin , des racines d’althéa, de feuilles debotulfon, peu: vent bien calmet dans lun & Pautre cas la tenfion inflammatoire ; on peut être foulagé par l’ufage des linimens prefcrits contre le gonflement des hémor- rhoïdes; tels que l’onguent populeum, Îés huiles de pavot, de hénuphar , d'amandes douces battues long- tems en-un mortier de plomb , avec laddition d’un jaune d’œuf& d’un peu d’oprum: Mais on ne par- wiendra jamais à la guérifon radicale du mal fecon- daire awaprès avoir détruit Le primitif : ainift il fau- dra , dans le cas d'obftruction de la matrice, obtenir la défopilation de ce vifcere, ayant que de pouvoir employer efficacement des remedes contreles hémor- rhoides de vagin qui feroient leffet de cette obftru- étion. Nous en fm autant des autres caufes. II. La defcente du v2977 n’eft jamais une chute où relaxation‘ dé latotalité dece conduit : la tumeur à la= quelle on donne ce nom , eft fimplement un alonge- ment d’une portion de la tunique intérieure du vagin, Ces-prolongarions viennentle plusfouvent après des accouchemenslaborieux, difficiles ou trop fréquens, fur-tout dans les femmes d’une conftitution délicate, & font effet de la trop grande diftenfon que le va- gin a foufferte. La tunique externe reprend fon reflort ; &c l’interne qui eft naturellement ridee ne fe rétablit pas fi aifément ; & s'il y a quelque pli trop alongé , il formeune expanfon qui fort dela vulve, comme on voit la tunique intérieure du reétum for- mer la chute de cet inteftin, maladie aflez fréquentée aux enfans. Woyez CHUTE DU FONDEMENT. Il n’eft pas difficile de diftinguer la chute du vagin de la defcente de matrice; pour peu qu’on connoïffe par Panatomie la difpofition naturelle des parties , on ne pourra tomber en aucune méprife fur ce point ; Vintrodu@tion du doist fuffra pour s’en aflurer. La defcente de matrice préfente un corps d’un certain volume, ferme , life, & où l’on peut aïfément re- connoître l'ouverture tranfverfale de fon orifice qui $’avance antérieurement, & qui eff la partie la plus étroite; dans la prolongation de la tunique inté- rieure du vagin, le doigt fe porte plus haut que la tumeur , qu’on fait n'être qu’un corps flexible formé par un pli membraneux. Cette maladie eft plus mcommode que douloureu- fe ; elle caufe une malpropreté qui exige des foins habituels , faute defquels il réfulteroit des inconve- niens ; Les malades font aufli moins capables de rem- V A G plir les devoirs du mariage, D'ailleurs par {a néoii- gence des moyens curatifs, Ces alongemens peuvent devenir skirrheux , & former des tumeurs fpon- gieufes ; qui donnent lieu à l’engorgement variqueux des vaifleaux, d’où réfultent des écoulements fangui- nolens , &c quelquefois des pertes de fang. | L’'indication curative eft de fortifier la partie relä- Chée par l’ufage des aftringens,capables par leur effet dé là réduire à fon état naturel. On fé fert avec fuc- cès d’une éponge fine , ou d’un peflaire fait avec du linge roulé & trempé dans une décoëtion de fleurs de fumach , de balauftes, de noix de galle faite avec du gros vin , ou de Peau de forge de maréchal, où rendue ftyptique par l'addition d’un peu d’alun. On peutaufh recevoir avec fuccès fur une chaife percée, & par le moyen d’un entonnoir , la fumigation des rofes de provinis feches, d’encens, de maftic, de laudänum en poudre, &c. IT. Les excroiffances ont aufh leur fiege dans la tunique interne du vagiz; 1l y en a de molles, de du- res ; les unes font flafques & fpongieufes, les autres pleines de vaifleaux variqueux : les excroiflances qui {ont fans ulcération font des efpeces de farcomes ; fr elles font produites par une végétation charnue à Poccafion d’un ulcere fongueux, onles nomme char- pignons. Voyez HYPERSARCOSE. Parmi les excroiflances il y en a à bafe large, d’au- tres qui ont une racine ou pédicule grêle; les unes font bénignes , c’eft-à-dire qu’elles dépendent d’un vice purément local ; les autres font malignes , & Viennent ofdinairement du vice vénérien: celles-ci demandent d’abord le traitement qui convient à la caufe qui les a produites. La cure locale confifte dans la deftruftion des excroiffances : tous lesauteurs onf prefcritavecraifon de ne pas irriter par des mé- dicamens âcres & caufliques, les excroïffances skir- rheufes & douloureufes , de crainte qu’elles ne dégé: ñerent plus promptenient en cancer. La ligature, fi elle eft pofible ; eft préférable , ou lextirpation par l'ufage des cifeaux eft le moyen le plus für. On ar- rête facilement le fang avec de la charpie trempée dans de l’eau alumineufe. Ambroife Paré confeilloit lufage d’une eau cathérétique pour confumer les ra- cines des excroiflances du vagir , & empêcher leur. teproduion. Elle aura lieu principalement pour les exctoiflances charnues, fuites de Pulcération. Prenez éau de plantaiñn, fix onces ; verd-de-gris &c alun de roche de chacun, deux gros ; fel commun, deux on. ces ; vitriolromain & fublimé , de chacun demi-gros: mêlez le tout pour s’en fervir au befoin, On fe fervira enfuite d’injeétions avec le vin blanc miellé, &c de médicamens deflicatifs, Quelques auteurs prefcris vent le jus de pourpier avec ün peu de poudre de fabine , Comme un remede excellent pour faire tom- berles verrues du ag17. 1 IV. La clôture du vagin fe borne ou à [a fimple im- perforation de la vulve , voyez IMPERFORATION, où le vagin eft fermé dans une grande étendue , par des brides & cicatrices qui font des fuites des ulceres de cette partie. Le vagin fermé contre l’ordre naturel peut nuife à quatre fonétions enfemble, ou féparé- ment ; ce font la menftruation , l’ufage du mariage , la conception & l'accouchement ; il n’y a dereflource que dans Popération pour détruire ces obftacles, Paul d'Ægine & Fabrice d’Aquapendente ont confeillé cette Opération, qué M. Aftruc a décrite plus ample- ment dans fon sraite dès maladies des femmes , tome I. (F) | | . VAGINALE TUNIQUE, ez Anatomie, eft la même qué celle qi’on appelle autrement c/ysroïde, Voyez CLYTROIDE. VAGISSEMENT , f. m. (Gramm.) mot que nous avons emprunté des Latins, qui avoient vagzsus pour défigner le cri des enfansnouveaux-nés, & dont nous avons AV MG avons fait vagiffement, qui fignifie la même chofe. Il ne s'emploie guere que dans les traités de fcience. VAGNIACÆ , ( Géog. anc.) lieu de la grande- Bretagne. L'itinéraire d’Antonin le marque fur la route de Vallum à Portus- Ripis, entre Novima- gum & Durobrivæ , à dix-huit milles du premier de _ ces lieux , & à huit milles du fecond. Plufieurs met- tent ce lieu à Maidflone, d’autres à Frocham, & d’au- tres à Morthfleer. (D. J.) ù . FAGORITUM , ( Géog. anc.) ville de la Gaule Jyonnoife. Ptolomée, Zv. 11. ch. vüy. la donne aux peuples Æruvii ; Ortélius croit que c’eft Faugiron. VAGUES , f.f. effet du mouvement imprimé à la furface des eaux, ou fur la mer, ou fur les rivieres. Voyez LAMES. VAGUES, f. f. pl. (zerme de Braffeur. ) autrement Braffoirs ; ce font des efpeces de longs rabots de bois aflez femblables à ceux avec lefquels les Limoufins courroyent leur mortier. Les brafleurs de biere s’en fervent pour remuer & braffer leur bière , {oit dans les cuves à matiere où1ls la préparent , {oit dans Les chaudieres oùils a font cuire. (D.J.) VAGUE, adj. (Gramm. ) qui n’eft paslimité, cir- confcrit, déterminé. On dit le vague de l’air, le vague d'une idée , d'un difcours , d’une propoñtion, d’un deffein. : _. VAGUE , e7 Anatomie, nom dé la huitieme paire de nerfs qu’on appelle auf /yrpathiques moyens. On lui a donné ce nom parce qu’elle fe diftribue à différentes parties du corps. La huitieme paire de nerfs naît de la partie pofté- rieure de la moëlle alongée de la protubérance an- nulaire , & de la partie antérieure des éminences ofivaires par plufieurs filets , qui en s’uniflant , for- tent du crâne par le trou déchiré poftérieur ; le nerf ‘accefloire de la huitieme paire, ou nerf fpinal Sy unit avant fa fortie. Voyez ACCESSOIRE. Cette paire de nerfs fe divife enfuite en deux par- ties principales, dont la plus petite fe diftribue aux mufcles voifins de la langue, à ceux du pharynx, &c. & va enfuite fe perdre dans la langue en communi- quent avec le grand & le petit hypogloffe. Foyez HyPOGLOSSE. | La grande portion de [a huitieme paire aprèsavoir communiqué avec la neuvieme paire & le nerf in- tercoftal, paroït former une efpece de ganglion, d’où il fe détache un filet qui fe diftribue au larynx, à la glande thyroïde, &c. qui communique avec le nerf récurrent; elle defcend enfuite avec la veine jugu- laire interne , l’artere carotide, en leur donnant des rameaux &c à lélophage; en entrant dansla poitri- ne , elle produit le nerfrécurrent qui embraffe à droite Vartere fouclaviere , & à gauche l’aorte, & énvoié ‘des branches à léfophage, à la trachée artere & au larynx. Les différens filets que la huitieme pairejette de chaque côté, forment par leur rencontre muruelle &z leur communication avec les filets du nerf inter- z. coftal , différens plexus ; dont les principaux font le _plexus pulmonaire , & le plexus cardiaque. Le plexus cardiaque produit quantité de filets qui vont {e diftribuet au cœur ; le plexus pulmonaire en p'oduitde même quife diftribuent au poumon. Y’oyez Cœur & Poumon. | Ê La huitième paire gagne peu-à-peu l’eflomac, & _ jette chemin faifant différens rameaux à l’éfophage , après cela tous les autres filets forment par leur en- trelacementle plexus coronaire ftomachique, duquel naïflent plufieurs filets de nerfs qui fe difiribuent à le- ftomac. Voyez Estomac. : Le plexus coronaire produit dès fa naïffance deux cordons-particuliers , qui-en s’uniflant avec le nerf imtercoftal, forment le plexus hépatique ; le plexus ”Aplénique, les plexus méfentériques & les plexus rei- naux qui diftribuent des filets au foie, à la rate au Tome XVI, V' AG 797 méfentere 87 aux reins. Yoyez Fote, RATE, €. .Onaremarqué.dans ouverture d’un cadavre mort paralytique dans l’hôpital de la Charité de Paris, une tumeur gangho-fofnie de la groffeur du doigt dans a huïtieme paire un peu avant qu’elle produite le nerf récurrent. ravundi | VAGUE année, (calend. de Cappadode.) année des Cappadociens un peu-plus courte que l’année julien= ne; en. voici lhiftoire, &les faifons peu connues. : * Les Cappadociensavoientune année qui leur étoit propre, & qui différoitab{olument de l’année folaire des Romains , ainfi que de l’année luni - folaire des Grecs de l’Afie mineure & de la Syrie, foit pour la grandeur ,-foit pour les noms des mois pour leur du- rée , & pour le lieu de l’année folaire auquelils ré» pondoient. | | Cette année cappadocienne étoit compofée de 12 mois de trente jours chacun, auxquels on ajoutoit cingépagomenes ; ainfi c'étoit une azrce vague, plus courte d'un quart de jour que l’année julienne, dont le zourous où le premier jour remontoit d’un jour tous les quatre ans dans l’année folaire | & ne reve- noit au même jour qu'au bout de 1460 ans. -! Nous ne conñoïfloris que:deux nations chez lef- quelles Paznée vague ait. été employée: dans: lufage civil, les Égyptiens & les Perfes. La Cappadoce n’a jamais rien eu à démêler avec les Égyptiens, f ce n'eft peut-être au tems de l'expédition de Séfoftris ; &c d’ailleurs les noms des. mois cappadociens n’ont aucun rapport avec ceux des mois égyptiens : mais voiciune raifon plus forte. L'année fixe ou julienne n'a té établie dans la Cappadoce que quand le nou: rous, où premier jour de l’année vague répondoit au 12 Décembre ; or le premier jour de l’année vague égyptienne, celui quifuit lesépagomenes , à répondu au 12 Décembre depuis lan 304, jufqu’à l'an 307 avant Jefus-Chrift, &long-tems avant que l’on eût penfé à établir ufage d’une année folaire fixe, qui ajoutoit un 366° jour tous Les-quatre ans; car Jules- Céfar en eft le premier auteur. : De-plus, les noms cappadociens de la plüpart des mois {ont formés fur ceux des Perfans, & non fur ceux des Egyptiens. Ce-pays a été long-tems foumis aux Medes Gt aux Perfes, qui avoient à-peu-près la même religion , & qui l’avoient portée dans la Cap- padoce ; de-l il faut conclure que c’etoit aufli d'eux que les Cappadociens avoient emprunté leur arrée vague de 365 jours. Ï.es Arméniens {e fervent aujourd'hui d’une année compoféecomme celle des anciens perfans , de douze mois de trente jours chacun, & de cinq épagomenes ; cette année eit abfolument vegze , fans aucune inter- calation , & elle remonte tous les quatre àns d’un jour dans l’année julienne. Elle fert dans ie pays pour les aétes & pour la date des lettres ; mais en même tems elle emploie une autre année , qui ef propre- ment l’année eccléfiaftique , & qui fert dans la litur- gie pourrégler la célébration de la pâque 8 des fe- tes, le tems des jefines , &c tout ce qui a rapport à la religion ; cette année eft £xe au moyen d’un fixie- me épagomene qu'on ajoute tous les quatre ans. Les noms des mois font les mêmes que ceux de l’arnée vague; mais Le nourous , où premier jour de l’année qui commence avec le mois de navazardi, eft fxé depuis long-tems au onzieme du mois d’Août de l’an- née julienne, &r il ne s’en écarte plus. Le premier du moïs navazardi, ou le:nourous de l’année vague ; répondoit en 1710 au 27 Septembre julien, c'eft le8 Oétobre grégorien , & par confé- quent 1l précédoit de 318 jours le nourous de l’an- née fixe fuivante , ou le onzieme d’Août 1711. Ce préces de 318 jours n’a pu fe faire qu'en 1278 ans vagues égaux à 1277 juliens & 47 jours ; Otant ce dernier nombre de 17o9ans RASE 270 jours, 111 798 V AH il reftera 492 ans 223 jours après l'ére chrétienne , ou le onzieme d’Août de l’an 433 de Jefus - Chrift, Ce fut fans doute alors qu’on établit en Arménie Pü- fage d’une année fixe , femblable à l'année julienne. ? Les Arméniens avoient ceflé en 428 ou 429 d’a- voit des rois, & 1ls étoient gouvernés par des fatra- pes perfans. Comme les rois de Perfe leur défen- doient d’avoir aucun commerce avec les precs , & même d’en garder les livres, & qu'ils n’en avoient aucuns écrits dansleur propre langue , pour laquelle ils n’avoient pas même de caracteres, 1ls fe propofe- rent d'en inventer un qui en exprimät les fons , êc dans lequel ils puffent écrire une traduétion de la bible, des fermonaires, 6c. Moife de Khorenne fut employé à cet ouvrage avec d’autres favans , & ce fut alors qu’on penfa à établir une liturgie propre aux évlifes arméniennes ; mais comme 1l étoit très- dificile d'avoirun calendrier qui donnât dans l’année vague le jour de Pâques , & la célébration des fêtes aux mêmes jours que les autres églifes chrétiennes qui fe régloient fur l’année julienne , ce fut fans doute par cette rafon qu’on établit lufage d’une année li- turgique fixe. Dans la fuite , lorfque les Arméniens fe réconci- lierent avec l’Eolife iatine, & qu’une partie d’entre eux reconnut les papes de Rome , dans une efpece de concile tenu à Kerna, au x. fiecle , ils admirent la forme de l’année julienne, que le commerce avec les Francs avoit rendue néceflaire depuis les croifa- des. Les a@tes du concile des Sis joignent l’an 756 de l’ere arménienne avec Pan 1307 del’ére vulgaire, & datent dans l’une & l’autre année par le 19 de Mars. Dans le concile d’Adena, tenu en 1316, oùil fut que- ftion du calendrier , on'ne fe fert que des mois ju- liens & de l’ere vulgaire, & encore aujourd’hui lorfque les arméniens traitent avec les occidentaux, ils emploient les mois juliens. Une lettre ou bulle du patriarche arménien de Valarfchapad , publiée par Schroder, porte la date du premier Décembre 1153 de l’ére arménienne , c’eft lan 1702. Le diétionnaire arménien de Riucola donne le nom de plufeurs mois rapportés aux mois juliens ; mais ce rapport eft très-différent de celui qui fe trou- ve dans les liturgies & dans les calendriers entre l’année julienne & l’année arménienne fixe. Riucola avoit fans doute copié des calendriers réglés au x]v. fiecle, pour donner le rapport qu’avoit alors l’aznée vague avec l’année julienne. Mérm. de l’acad,. des Infc. come XIX. (D. J.) VAGUE MESTRE GÉNÉRAL , LE, (Fortific.) eft dans une armée un officier qui a foin de faire char- ger , atteler &t défiler les bagages d’une armée. Il va tous les foirs prendre l’ordre du maréchal des logis de armée, pour favoir la route que les équipages doivent tenir, & enfuite fe pourvoir de bons guides. Il fait avertir les bagages de chaque brigade, de fe trouver dans un endroit marqué pour les faire défi- ler , felon le rang des brigades. Elles avoient autre- fois chacune un étendard de ferge qu’on appelloit fz- non , mais il n’eft plus d’ufage. Il y a plufieurs autres vague-meffres qui font fubor- donnés au vague-meftre général , & qui prennent lor- dre de lui. Ils font choïfis dans les brigades de caya- lerie & d'infanterie , & ils ont des aides : ils mar- chent à la tête des colonnes & des brigades. (0) VAGUER , v. neut. (Brafferie.) c’eftremuer l’eau êcla farine, ou le grain bruifiné. FAGUM , (Géog. arc.) promontoire de l'ile de Corfe. Ptolomée, Z, ZIT. c. 1. le marque fur la côte orientale de l'ile, entre Mariana-civitas & Mantinum- civitas. Cluvier dit, que c’eft le promontoire qui eft : à l'entrée de l'étang de Brigaglia. (D. J.) VAHALAÏ, {. m. (Æ1/. nat. Botan.) racine de l'ile de Madagafcar ; elle vient de la groffeur de la tête d’un homme ; fon goût approche de celui d’une poi- re ; on la mange ou crue, ou cuite, Elle fait la nour- riture la plus ordinaire des habitans. VAHALIS, (Geop.anc.) Tacite écrit Vahalis, & Céfar Valis ; fleuve du pays des Bataves. Le Rhein étant arrivé à lentrée de leur pays, fe partagea de tous tems en deux bras, dont le gauche coula vers la Gaule, & le droit après avoir fervi de bornes entre les Bataves & les Germains, fe rendit dans l'Océan. Le bras gauche fut appellé Fahas. La Meufe, dit Céfar , L'IF7. c. x. prend fa fource au mont Vosefus, aux confins des Lingones ; & après avoir recu une certaine partie du Rhein nommé le Vz4a7, elle for- me Pile des Bataves. On croit que Le nom de ce fleu- ve venoit du mot germanique wzaler , di fienife détourner ; &C qu'on l'aura appellé w44/, parce que cette branche du Rheïn fe détournoit vers la Gaule. VAHATS, f. m. (Fernture.) le vahars eft un arbrif- feau de l’île de Madagafcar , dont la racine eft pro- pre pour la teinture. Lorfawon veut fe fervir de cette racine , on enleve l’écorce qui peut feule don- ner de la couleur ; & après en avoit réduit une par- tie en cendres, dont on fait une efpece de leflive, on met bouillir dans cette leffive avec l’autre partie d'écorce qu’on a refervée ,les matieres qu’on veut teindre , auxquelles il faut prendre garde dé ne pas donner un feu trop vif. La couleur que produit cet- te teinture, ef un rouge couleur de feu , ou un jau- U ie fi l’on y ajoute un peu de jus de citron. D. J, VAHIA , 1. f. (if. nat. Botan.) plante de l’île de Madagafcar. Elle rampe comme le lierre terreftre, & répand une odeur très-aromatique. VAHON-RANOU, £. m. (ff. nat. Boran.) plan- te de l’île de Madagafcar; elle vient d’un gros ai- gnon ; fa racine eft très-forte, on en mêle dans les alimens des enfans , afin de chaffer les vers. Cette plante croit fur le bord des étangs , fa fleur eft fort belle. Ses feuilles broyées & battues ayec de l’eau la font écumer comme du favon, auff s’en {ert-on pour fe nettoyer le vifage. | VAJAROU , (Géog. mod.) riviere des Indes ; elle a fa fource au royaume de Maduré, &: tombe dans la Marava. Les gens du pays la faignent'tant qu'ils peuvent, pour la culture de leur riz, qui veut tou- jours avoir le pié dans l’eau, jufqu’à ce qu'il ait ac quis fa parfaite maturité. (D.J.) VAIGRES oz SERRES, f. f. pl. rerme de Marine: ce font des planches qui font le bordage intérieur du vailleau , & qui forment le ferrage ; C’eft-à- dire la laïfon. Voyez encore les articles fuivans. Vaigres de fond. Vaigres les plus proches de la quil- le , elles n’en font éloignées que de 5 à 6 pouces; on ne les joint pas entierement à la quille, afin de laïffer un efpace pour l’écoulement des eaux, jufqu’à Parchipompe ; cet efpace eft fermé par une planche qui fe leve felon le befoin. Vaigres d'empéture. Ce font les vaigres qui font au- deflus de celles du fond, voyez VAIGRES DE FOND, &t qui forment le commencement de la rondeur des côtes. Waigres de pont. Ce font des vaigres qui font le tour du vaifleau , & fur lefquels font potés les bouts des baux du fecond pont. | Vaigres de fleurs. Vaigres qui montent au-deflus de celles d’empâture, & qui achevent la rondeur des côtes. Voyez FLEURS. VAIGRER , v. neut. serme de Marine ; c’'eft pofer en place les planches qui font le revêtement inté- rieure du vaïfleau. Voyez VAIGRES. | VAILA , terme de Chaffe ; c’eft le terme dont un valet de limier doit ufer, quand il arrête fon limier qui eft fur les voies d’une bête, pour connoître s’.l eft dans la voie, | AV AN x pm naturelle de l’homme qui ne dépend point de la vo: lonté, mais du méchanifme des organes , lefquels {ont extrèmeiment variables; ainfi l’on peut diré feu- lement dé l’homme vaillant, qu'il fat brave un tel Jour, mais celui qui fe le promet comme une chofe certaine, ne fait pas ce qu'il fera demain; & tenant pour fiènne une vaillance qui dépend du moment, 11 lui arrive de la perdre dans. ce moment même où il le penfoit le moins. Notre hiftoire m’en fournit un exemple bien frappant dans la perfonne de M. Pierre d’Oflun, officier général , dont la vaiflance reconnue dans les guerres de Piémont, étoit paflée en prover- be; mais cette va///ance Vabandonna à la bataille dé Dreux, donnée en 1562, entre l’armée royale & cel. le des proteftans ; ce brave officier manqua de cou- rage à cette aétion, & pour la premiere & la feule fois de fa vie, 1l prit la fuite. Il eft vrai qu'il en fut honteux, fi furpris & fi affligé ; qu'il fe laifla mourir de faim , & que toutes les confolations des autres Officiers généraux, fes amis, & du duc de Guife en patticulier, ne firent aucune impreffion fur fon ef- prit; maïs ce fait prouvé toujours que la Yai//ance eft momentanée , & que la difpoñition de nos organes corporels la produifent ou l’anéantiflent dans un mo- ment. Nous renvoyons les autres réfléxions qu'offre ce fujet aux #015 COURAGE , FERMETÉ, INTRÉPI- DITÉ, BRAVOURE, VALEUR, &c. (D.J.) . VAILLANT, adj, quia de la vaillance. 76yez VAILLANCE, VAILLANT, ferme de Maréchal, cheval vaillant, On appelle ainf un cheval courageux & vigoureux. VAIN, adj. ( Gram.) ce mot a plufeurs accep- tions fort différentes. On dit d’un homme qu'il ef vain, C'eftà-dire quil s’eftime lui-même ; aux yeux des autres, & plus qu'il n’eft permis, de quelque qualité qu'il a ou quil croit avoir, Voyez Particle VA- NITÉ. On dit d’une fcience que fes principes font vains , lorfqw'ils n’ont aucune folidité., On dit de la gloire & des plaifirs de ce monde qu’ils font vains , parce qu'ils paflent : de la plüpart de nos éfpérances qu’elles font vaires, parce qu’elles nous trompent. On dit encore de prefque toutes les chofes qui ne produifent pas l’etfét qu’on en attend , qu’elles font yaines ; des prétentions vaires , une parure vaine , la pompe vaine d'un maufolée, d’un tombeau.Un tems vain eft celui d’un jour de chaleur quiaccable, étouf- fe , réfout les forces; & rend incapable d’occupa- tion. . | VAIN PATURAGE, ( Jurifprud. ) eft celui qui fe trouve fur les terres 8 prés après la dépouille, fur les terres en gueret où en friche , dans les bruyeres , haies, buiflons & bois non défenfables. Voyez PRÈS _ & PATURAGES, PATURE. (4) VAIN , ( Maréchal. ) cheval vain ; c’eft celui qui eft foisle par trop de chaleur, ou pour avoir pris quelques remedes , ou pour avoir été mis à l'herbe, enforte qu'il n’eft plus guere en état de travailler. VAINE PATURE, ( Jurifprud. ) eft la même chofe que vain pâturage. Voyez ci-devant VAIN PATURA- GE les 77015 PATURAGE, PATURE & PRÉs. (4) _ VAINES , ( Véner. ) il fe dit des fumées légeres & mal preflées des bêtes fanves. VAINCRE , SURMONTER, ( Syrom ) vaincre fuppofe un combat contre un ennemi qu’on attaque &z qui fe défend. Surmonter fuppofe feulement des efforts contre quelque obftacle qu’on rencontre , & qui fait de la réfiftance. On a vaineu {es ennemis, quand on les a fi bien battus, qu'ils font hors d'état denuire. On a furmon- Tome XFL, VAT. 799 re fes adverfaires quand on eft venu à boutde fes def feins , malgré leur oppoñition, | Il faut du courage &c dela valeur pOur vaincre, de la patience & de fa forte pout Jérmonier, _ On fe fert du mot de vaizcre À l'égard des paffions, ét de celui de /érmonser pour les difficultés. De toutes les pafions l'avarice eft là plus difficile à vaincre, parce qu'on ne trouve point de fécours conti’elle, ni dans l'âge, ni dans la foiblefle du tem pérament, comme on en trouve contre les autres, &c que d’ailleurs étant plus refletrée qu'enfreprenan: te, les chofes extérieures ne lui oppofent aucune difficulté à furmonser, Synonym: de l'abbé Girard. . VAINQUEUR, {. m. ( Gram. ) hômme fignalé pat une viétoire. Il fe prend au fimple. & au figuré : 1l fut moins difficile à Alexandre de vaincre les Per: fes & les Afiatiques ; que fes pafons. : VAIR, fm. (cerme de Blafon, ) cell une fourrure faite de plufieurs petites pieces d'argent êc d'azur à= peu-près Comme un Ü voyelle, où comme une elo- che de melon. Les vairs ont lapointe d'azur oppofée à la pointe d'argent, & la bafe d'argent à celle d'azur. | | On appelle vair affiohré, lorfque les vairs ont leurs pointes tendantes au cœur de l’écu, & vair appoinré Ou var en pal, quand a pointe d'un yair eft oppofée à la bafe de l’autre. . On appelle var contre vair, lorfque les vairs ont le métal oppofé au métal, & la couleur Oppofée à la couleur : ce qui eft contraire à la difpoñition ordinai- te du vair, | Vairé fe dit de l’écu, ou des pieces de l’écu chars gées de vairs : quand la foutrute eft d’un autre émail que d'argent &c d'azur, alors on dit vairé de telle cou: leurou métal. Senecé porte vairé d’or & de gueules, On appelle auf des pieces honorables de l’écu vai- rées, quand elles font chargées dé var. (D. J.) VAIRON , fm. ( Æif. nat. Ichehiolop. ) Varius ÿ Jeu phoxinus Levis , poiflon de riviere du double plus petit que lé goujon; il a le corps un peu mince &long d'environ trois pouces; il eft couvert de fi petites écailles qu’on les diftinpiie à peine, & il n’a point de barbillons. Il ÿ a fur les côtés du corps une ligné de couleur d’or , qui s'étend depuis la tête jufqu’à la queue; la couleur qui eftau-deflous de cette ligne; varie dans différens individus; car quelques-uns ont le ventre rouge, d’autres blancou bleu ; énfin il yen a quiont fur les côtés du cofps du bleu & dé la cou: leur d’or. Ce poiflon fe plait dans les eaux peu pro= fondes & qui coulent rapidement. On le trouve ora dinairement dans les gués couverts de pierres ou dé fable, Ray , Jynop. meth. pifeium. Voyez Poisson. , VAIRON, ( Marésial,) {e dit de l'œil du cheval dont la prunelle eft entourée d’un cercle blañchître, Où qui à un œil d’une facon, & l’autre d’une autre. Il fe dit aufi d'un cheval de pluüfieurs couleurs , SE dont les poils font tellement mêlés, qu'il eft difiicile de diftinguer les blancs d'avec les noirs , Gt les roux d'avec les bais, On l’appélloit autrefois vair. VAISON, ( Géog. mod.) petite ville, où bicoqne de France , en Provérice, àu comitat Venaiflin, pro= che la riviere d'Ouvèfe , à douze licués au rord-eft d'Avignon ; dont fon évêché eff fuffragant, Long, 22; . 47 lailt, 44. 17. Le nom latin de Vaifon éft Vafco, ou plutôt 7 afioz Vafiorunt civisas , Vafio Vocontiorum , autrefois la ca- pitale dés Vocontiens, lune des grandes villes des Gaules ; & du nombre de celles qu'on appelloit fz- deratæ , c'eft-à-dire alliées dés Romains, comme nous: l’apprenons de Pline. Elle étoit dans la plaine , ainfi qu'on le voit par fes ruines. Elle reçut debonne heu+ re le chriftianifme ; car un de fes évèques nommé Daphnus ; epifcopus vafionen/is , envoya un députéauw . concile d'Arles tenu Pan 3r4 | Iliii ij 800 V'AI Cette ville fut ruinée fur la fin du fixieme fiecle, Soit par les Sarrafins , doit par les Lombardsd'Italie, qui ayant pañé les monts, ravagerent les pays qui {ont éntrele Rhône &c les Alpes. À la place de cette ancienne ville de ’aifon, on a bâti dur une montagne ‘la nouvelle ville, qui n’eft, à proprement parler, awune méchante bicoque dépeuplée,de la dépendan- ce du pape, fans fortifications , & dont Pévèque a moins de revenu que plufieurs curés ordinaires. { D.J.) | | VAISSEAU , £. m.( Gram. ) ilfe dit en général de tout uftenfile propre à contenir quelque chofe de fluide ou.de folide. La capacité du vaiffeau eft indé- terminée ; il y en a degrands., de petits, de toutes fortes de formes, & pour toutes fortes d'ufage; le tonneau, la carafle, le verre , la tafle , le calice, &c. {ont des vaiffeaux. | VAISSEAU SANGUIN , ( Phyfiol. ) Les vaiffeaux fanguins font diftingués en arteres 8: en veines. On nomme arreres les vaiffeaux qui reçoivent le fang du -cœur, pour le diftriduer dans toutes les/parties du corps. On appelleweines les vaiffeaux qui rapportent de toutes les parties au cœur une portion de fang qui avoit été diftribué dans ces mêmes parties par les arteres. Ces fortes de vaiffeaux {e diflinguentaifément dans le corps vivant;/les premiers, c’eft-à-dire les arteres, ayant deux mouvemens que les veines n'ont pas , ou du moins quine s’y montrent pas d’une maniere auf Âenfible. Dans l’un de ces mouvemenslesarteres{ont dilatées, & dans l’autre elles fe refferrent. Onnom- me le premier diaflole, &c le fecond fyffote. Les anatomiftes font partagés fur le nombre des tuniques des arteres ; les uns les ont multipliées, les autres les ont diminuées. D’autres ont difputé fur leur nature, Sans entrer dans cette difcuffion , nous en reconnoïtrons trois avec la plüpart des écrivains. La plus extérieure vafculeufe, la feconde mufculeuÿe, dont les fibres font annulaires, & la troifieme zer- veufe. Ruyfch en ajoute une quatrieme qu'il nomme cellulaire. Toutes les arteres commencent par deux troncs principaux,dont l’un fort du ventricule droit du cœur pour aller fe diftribuer aux poumons ; on le nomme artere pulmonaire : le fecond qui eft appellé aorre, prend naïflance du ventricule gauche, pour aller fe diftribuer généralement à toutes Les parties, fans en excepter même les poumons n1 le cœur. Les veines commencent où les arteres finiflent, de forte qu’on les confidere comme des arteres con- tinuées. Elles ne font dans leur origine que des en- duits d’une petitefe indéfinie, & de Punion de plu- fieurs rameaux les uns avec les autres, 1l fe forme destroncs d’une groffeur plus confidérable, laquelle augmente d'autant plus qu'ils s’'éloignent de leurs origines, & qu'ils approchent du cœur. Les veines’ n’ont point de mouvement apparent ; :1 fe rencontre dans leur cavité des membranes di- vifées en foupapes ou valvules, quifacilitent le cours du fang vers le cœur, & empêchent fon retour vers les extrémités. Voyez VALVULE. Les veines ont moins d’épaifleur que les arteres: ce qui a donné lieu aux anciens de croire que les veines n’étoient formées que d’une feule membrane ou tunique, & que les arteres en avoient deux ; mais les modernes ont découvert que les veines font compofées à-peu-près des mêmes tuniques que les arteres, avec cette différence néanmoins qu'elles y font plus minces , & n’ont point le même arrange- ment. La premiere de ces tuniques eft membraneu- fe, n'étant faite que de plufieurs filets , qui s’éten- dent pour la plüpartduivant la longueur de la veine; la feconde eft vafculeufe ; la troifieme glanduleufe , & la quatrieme eft faite de plufieurs fibres anaulai- res, que quelques-uns difent wuféulenfes ; car ilregne la même variété d'avis fur la tunique des veines que fur celle des arteres. On doit obferver en général que toutes les arteres font accompagnées dans leurs difiributions d’autant de veines , & qu'il fe trouve le plus fouvent deux veines pour une feule artere. Il n’en eft pas ainfi des veines ; car on en rencontre plufieurs quine font ac- compagnées d'aucune artere ; telles font pour Pordi- naire les veines extérieures des bras &c des jambes, Gc. On juge de-là que les ramifications des veines font plus nombreufes que celles des arteres. On obferve auffi que les troncs & les principales branches tant des arteres que des veines, confervent ordinairement la même fituation dans tous les fu- jets, mais qu'il n’en eft pas ainfñ de leur ramification, principalement à l’égard des veines ; car leur fitua- tion varie beaucoup, non-feulement dans plufeurs fujets , mais même à l'égard des membres d’un même fujet ; les jeux de la nature font très-fréquens fur cet article. Voyez V AISSEAU fanguin ,(Angiol.) (D, J,) VAISSEAU SANGUIN, (Angiolog.) Les vaiffeaux Janguins {ont de deux fortes, nommés arteres &c ver- nes. L'origine, le décours &r les ramifications de ces deux genres: de vaiffeaux , offrent des variétés fans nombre; nous expolerons feulement les principales. 1°. Jeux de la nature [ur les arteres. Chaque ven- tricule du cœur produit une maïtrefle artere; l’anté- rieur jette la pulmonaire; le poftérieur donne naïf. fance à l'aorte. L’artere bronchiale, devenue fameufe par la def- cription de Ruyfch, & par les injeétions de 1es rami- fications que j'ai vu fouvent dans fon cabinet, a une naïflance fort incertaine; tantôt elle vient de la crofle de l’aorte, ou des environs de cette courbure; quelquefois d’une intercoftale, & quelquefois quoi- que plus rarement, d’un tronc commun avec l’œfo- phagienne. M. Winflow a vu une communication de lartere bronchiale gauche , avec la veine azygos ; &c il la vu une autre fois s’anaftomofer dans Le corps de cette veine. L’aorte jette comme on fait, les deux coronaires du cœur, les intercoftales & les œfophagiennes. Ce- pendant quelquefois les coronaires font triples; les intercoftales au nombre de dix de chaque côté, au- lieu de fept ou huit qui eft le nombre ordinaire; &c on ne rencontre quelquefois qu’une artere œfopha- gienne, au-lieu de deux. De plus, les œfophagien- nes naïflent très-fouvent des intercoftales. La laryngée eft aflez fouvent double. Lesmufculaires du cou varient beaucoup ennom- bre. La ftylo-maftoidienne vient fouvent du tronc de loccipitale. : L’artere orbitaire qui naît de la maxillaire, eft le plus ordinairement double. Les fous-clavieres & Les carotides ont quelquefois deux troncs communs. Les trachéales, les médiaftines & la thymique ; ont leur nombre & leur origine incertaine, & qui varie dans tous les füjets. Les trachéales viennent tantôt de la thymique, tantôt de la fous-claviere , tantôt dela carotide, &c. Les médiaftines &c les pé- ricardines viennent de plufeurs endroits ; la thy- mique, la mammaire interne, les diaphragmatiques, l'aorte & les intercoftales les produifent. La thymi- que-eft quelquefois double, & naît quelquefois du tronc commun de la fous-claviere & de la carotide. Les médiaftines manquent affez fouvent. La mammaire externe donne des rameaux dont le décours & la diftribution varient dans divers fujets. Les artefes cervicales fortent fouvent de la partie fupérieure de la fous-claviere ; mais fouvent les ver- tébrales & les carotides les produifent : quelquefois elles viennent d’un feul tronc. L’artere bañlaire fe divife quelquefois de nouveau vers l'extrémité de l’apophyfe baflaire, en deux branches latérales. L’artere intercoftale fupérieure a une origine très- incertaine; quelquefois elle naît de l'aorte, d’autres fois de la fous-claviere, & d’autres fois de la cervi- cale. . | _ La mammaire interne eft fouvent double; & les thorachiques inférieures naïflent fouvent d’un feul tronc. | | . L’artere brachiale fe divife quelquefois au milieu du bras , & quelquefois plus haut ; & fa diftribution préfente divers jeux de la nature en divers fujets, . L’artere cubitale fe termine dans la paume de la main, pat une arcade qu'on nomme palmaire, qui n’eft pas également bien formée dans tous les fujets. Paflons à la diftribution de l’aorte dans le bas-ven- ire. L’artere cæliaque fe divife quelquefois tout-à- coup près de fon origine, en trois branches , ä-peu- près en maniere de trépié ; enfuite elle offre plufeurs variétés dans Les ramifications de fes branches. Elle fournit dans fon cours l’artere gaftrique ; mais celle- ci fort quelquefois de même que l’hépatique, de la méfentérique fupérieure ; & quelquefois elle eft double. ; | _ L’artere méfentérique fupérieure , que produit Paorte dans le bas-ventre, n’eft pas moins confidé- rable que la cœæliaque, & a de même fes variétés dans fes anaftomofes. . Les arteres rénales où émulgentes font quelque- fois doubles de chaque côté; mais leur grofleur eft alors proportionnée à leur nombre. - Les capfulaires viennent tantôt du tronc de l’aor- te, tantôt des arteres rénales, fouvent des diaphrag- matiques , & quelquefois de la cæliaque. Les arteres fpermatiques, qui font les deux plus petites que produife Paorte, varient beaucoup dans leur origine & leur décours; quelquefois l’artere droite pafñle fur la veine-cave, & quelquefois der- riere ; variété qui trouble ceux qui difflequent. Les mêmes arteres {e divifent avant que d’arriver aux te- ficules, tantôt en trois, tantôt en quatre, & tantôt en cinq branches: rien n’eft moins fixe. Fi Les arteres lombaires fortent quelquefois par pai- res, & non pas féparément, d'un petit tronc com- mun. | Les arteres facrées font quelquefois folitaires, quelquefois au nombre de trois & de quatre. Elles naïflent tantôt de laorte, tantôt des 1haques , plus rarement des lombaires. . L’artere hypogaftrique, qui paroïît dans le fœtus auf confidérable que le tronc de Pihaque qui la pro- duit , n’en eft qu’une branche dans l’adulte ; fa divi- fon varie fi fort. qu’on n’en fauroit donner une def- cription qui puifle convenir à un nombre même mé- diocre de fujets. L’artere honteufe interne eft beaucoup plus con- fidérable dans le fexe, à caufe de la matrice & du va- gin qu’elle arrofe. Elle eft quelquefois double dans un &c l'autre fexe, mais plus fouvent dans les fem- mes; c’eft peut-être de-là que dépend dans quelques- unes, Pabondance de leurs regles. D'ailleurs lartere honteufe interne communique tant avec la honteufe externe, qu'avec la moyenne; & leur réunion porte ar conféquent dans les parties de la génération, la force & la chaleur du tempérament. _ Voilà les jeux des principales arteres. Un détail pouifé plus loin des petits rameaux artériels , n’offri- roit que femblables jeux, dont il feroit difficile de ti- rer quelque ufage ; quoique ces variations aient leur utilité particuhere , en offrant au fang de nouvelles V AI (ele) à routes, lorfque quelques arteres ceflent de faire leurs fonétions. 2°. Jeux de la nature [ur les veines, Le cœur ne produit que deux arteres ; mais 1l recoit plufieurs grofles veines pulmonaires. +4 La veine bronchiale varie non-feulement dans fon origine, mais quelquefois même elle manque, au- heu qu’ordinairement elle eft double. | La veine azygos eft très-confidérable, & double dans quelques fujets ; quand elle eftfort grofle,, alors la veine-cave inférieure eft très-étroite ; elle fe ter- mine par anaftomofe, tantôt avec la veine émulgen-1 te, tantôt.avec une veine lombaire, tantôt immé- diatement avec le tronc de la veine-cave inférieure, &c tantôt autrement ; car il {e trouve ici cent jeux de la nature. Elle reçoit communément les interco- ftales inférieure, fupérieure, les œfophagiennes, fou- vent les lombaires, .&c les diaphragmatiques. Mais quelquefois les intercoftales inférieures naïflent de deux petits troncs communs, & quelquefois d’un _feul. Les veines péricardines, droites & gauches, ont femblablement beaucoup de variations dans leur origine, | : Les veines jugulaires externes naïfent quelque- fois de laxillaire, & quelquefois de l’union de la fous- claviere & de laxillaire. Elles font quelquefois en plus grand nombre que deux de chaque côté. Tou-. tes les branches des jugulaires externes communi- quent non-feulement enfemble , mais encore avec les branches de la jugulaire interne. De-là vient la difficulté que les Chirurgiens rencontrent fouvent dans la faignée du col; les ligatures ordinaires ne faifant point gonfler les vaiffeaux qu’on doit ouvrir, à caufe de l’iflue que le fang trouve vers la jugulaire interne, . La veine vertébrale eft quelquefois double dans.fa partie inférieure ; la veine occipitale en vient quel- quefois, & d’autes fois de l’axillaire. La veine gutturale gauche fort quelquefois de la veine axillaire , comme M. Winflow l’a vu. : - La veine axillaire jette quelquefois une branche de communication à la bafilique. | La veine porte & la fplénique reçoivent un grand nombre de vaifleaux qui viennent du ventricu- le, du duodénum, de la véficule du fel, du pan- créas, & de l’épiploon ; mais ces veines varient in- finiment dans chaque fujet, pour leur nombre & leur diftribution. La naflance des veines [lombaires fe trouve dans divers fujets, varier de différentes manieres. . La veine facrée eft quelquefois double, & enfuite fe réunit en un feul tronc; elle eft encore quelque- fois une branche de Phypogaftrique. Ce court détail des jeux de la nature fur les aif2 feaux fanguins de notre machine, doit fufire. Ceux qui examineront ces vaif/eaux dans un grand nombre de cadavres, feront peut-être furpris d’y rencontrer des jeux infinis; chaque fujet préfente un arrange- ment nouveau. Quand on n’a pas eu l’occañon, ow habitude des nombreufes diffeétions, on croit affez fouvent faire des découvertes importantes, lorfqu'il arrive d’obferver quelques variétés en ce genre, tandis que les grands anatomiftes, à qui ces variétés font familieres, en gardent le filence dans leurs écrits, ou fe contentent d’en avertir une fois pour toutes. 3°. Obfervation générale fur les jeux des vaifleaux Janguins. Comme entre les exemples de ces Jeux, on parle principalement de ceux qui concernent l'aorte & les arteres émulgentes, on pourroit peut- étrepropoferune conjeéture, quiferviroitàexpliquer pourquoi 1l fe trouve quelquefois plufeurs arteres émulgentes, 803 VAI : Suppolons que dans un embryon qui comrneñce à £e développer, un feul petit tronc d’artere forte de : Paotte, 8c qu'avant d'arriver au rein, il fe divife-en plufieurs branches, ainf qu'on le voit dans la plu- part des cadavres. Dans cët embryon: le petit tronc de l’arteré émulgente weft pour ainf dire qu'un point 3 files branches croiffent, tandis qte-le petit tronc ne croît pas, & fi en même tems les petites pañties qui font dans l'angle d’où parteñt les bran- éhes, vont Xaugmentet, voilà le petit tronc partagé en deux oi trois petits troncs, qui auront chacun leurouvérture patticuliere dans Paorte, Avec le tems ces dett oitrois petits troncs, pourront devenir fort éloignés les uns des autres ; parce que Péfpace qui éft entr'eux, croîtra À proportion que Paceroif- fement deVaorte augmentera!” Le 7 On peut 'aufi comprendre comment un de ées troncs ; owune branche de l’artere émulgente ; n’eñ- tre pas dans lé rein à l'endroit de la finuofité, & qu'il perce ailleurs la dubftance-du rein. Ile peut faire que la fubftance du rein fe développe fur le chemin-par où cette artere doit entrer ; alors éette artere aura dans le rein une entrée plus haute ou plus bafle que de coutume. | - Ordinairement l’aorte foufnit ün/tronñc commun pour la fous-claviere &c la carotide droite; elle don- ne enfuite fa earotide gauche ,'& enfin la fous-clé- viere-gauche. Quelquefois la carotide &c la fous-cla- viere du côté droit, ont chacune une origine diflin- guée. 13 : La conje@ture que l’on vient depropofer, peut en- core ici être appliquée; & elle fourniroit la raïfon de cette variété. En effet, il eft aifé de concevoir que fi dans l’em- bryon, le trone communde la carotide &c de la fous- claviere droite manque à fe développer, tandis que l’üne& l’autre de ces arteres prennent leur accrorf- fement, elles -paroîtront par la fuite partir immédia- tement, & chacune féparément, de la courbure de l'aorte. Si la petite portion de Paorte qui eft entre la carotide gauche & le tronc commun de fa caro- tide & de [a fous-claviere droite, ne‘croît pas, ilwÿy aura qu’un tronc pour la fous-claviere droite &c les deux carotides ; c’eft ce qu'on trouve auffi quelque- fois. | | On peut faire l'application du même principe, à l'égard dés petits troncs qui fortent de lartere 1lia- que interne , dans lefquels on rencontre beaucoup de variétés. On verra facilement qu'il peut y en avoir , car ce font cinq ou fix petits troncs naiflans de liaque interne, dans un efpace qui dans Padul- té n’a qu'environ un pouce d’étendue; ainfi ces pe- tits troncs étant placés, pour ainfi dire l’un fur Pau- tre dans l'embryon, la moindre variété dans Le dé- veloppement, peut produire de la varièté dans leur arrangement &c leur difiribution. oyez es Méi, de l’acad, des Scienc. ann. 1740. (D. J.) VAISSEAUX DU CORPS HUMAIN, ( Phyfiologie.) l'exilité , la molleffe, & la délicatefle de plufieurs vailleaux du corps humain, furpafle Pidée que Pima- gination s’en forme, & leur derniere divifion fe perd dans la nuit de la nature, La plus petite artere, rouge ou fänguine, qui eff le plus grand de tousles petits vaiffeaux , ne paroit pas furpañler en épaifleur un dixieme de fil d'araigncé, & c’eff une gtofle artere comme l'aorte, relative- ment à une autre pareille artériolle de la fubftance corticale du cerveau. Les vaiffeaux de cette partie font , fuivant Leuwenhoeck, cinq cens douze fois plus fins qu'un globule rouge, qu'il prétend n'être pas plus épais qu'un centième de fil d’'araignée ; c’eft donc un prodige continuel que des vaiffeaux , dont l'exiguité &c la fineffe font immenfes, puiflent réfi- fter aux feuls mouvemens, qui font abfolument né- ceflaires à la vie & à la fanté. , VAI Qué dis-je | ils réfiftent aux fievres les plus terrta bles ; mais les tuyaux par lefquels commence la fils tration des efprits font infiniment plus fins, jamais Part de Ruyfch-n'a ph y pénétrer. Quelle prodi- gieufe petitefle ! Pimagination fe-perd dans linfint que la nature offre par-tout. Ces mêmes vaiffeaux, qui {ont l’objet de notre étonnement dans l’adulte, étoient autant de fois plus petits dans le fœtus, que l'adulte eft plus grand que le fœtus , 8c le nombre en étoit par conféquent au- tant de fois plus confidérable ; car bien-loin qu'uni nouveau-né manque d'aucun vaiffeau qui fe trouve dans les adoléfcens ; il'en a d'autant plus, qu'il eff plus près de fon origine, comme Ruy{ch l’a remar- qué, en imjeétant de jeunes fujets de différens âges & comme la raifon le démontre; e’eft l’efet de la continuation de la vie de racourcir, de boucher , d'ofifier, de détruire tous les vxif/caux de notre mas chine. (CAN) Pr | VaIssEAUXx, ( Boran.)1l y en a de capillaires ; ce font les plus perits vaiffeaux des plantes ; ils changent &t varient les combmaifons des premiers principes auxquels il n’eft pas aifé de remonter, malgré l’ana= lyfe des Chimuftes, Les vaifleaux capillaires font la partie la plus déliée qui compofe le deflus des feuil les ; ils fuccent & attirent la pluie, la rofée, l'air, & les atômes aériens dont les plantes ont befoin pour leur confervation. | Des excreroires ;les Canaux qui vuident les fucs qui fefont pas propres à la nourriture des plantes, & qui ont été filtrés dans leurs vifceres, fe nomment excrétoires ; les poils même qui couvrent les feuilles des arbres, font autant de vaiffeaux excréroires qui rejettent le fluide fuperfln. Des longitudinaux ; ce font les canaux perpendicu+ aires qui montent le long de la tige d’un arbre, & qui portent le fuc dans les parties Les plus élevées , en-forte que ces deux termes deviennent fynony= mes, 8 expriment dans un végétal les tuyaux qui montent le plus droit. Des latéraux ; ce Yont les vaiffeanx féveux , qui au fortir des vaiffeaux perpendiculaires s'étendent hori- fontalement dans les branches des végétaux pour les nourfir en partie, le refte étant réfervé aux feuilles dont les véhicules & les vaiffeaux capillaires imbi- bent l'humidité de Pair: VAISSEAUX DE CHIMIE ; ces vaiffeaux font la par- tie des meubles chimiques, fupellettilis chimica, qui fervent à contenir certains fujets de l’art; non pas pour les conferver, pour en approvifionner le chi- mifte, mais pour qu'il puifle les expofer par leur moyen aux divers agens chimiques, & principale= ment au feu, ou diriger, ramafler, retenir les pro duits de diverfes opérations ; car les vaifeaux que les Chimiftes emploïent aux ufages les plus com- muns , favoir à ferrer, à conferver diverfes matieres, tels que les bouteilles, les pots, les poudriers, les boëtes, &c. ne font pas proprement des vaiffeaux de chimie, & l'attention fcrupuleufe que les Chimiftes doivent avoir à ce que la matiere du vaiffean dans léquel ils enferment chaque fubftance ne puiffe point être attaquée par cette matiere, n’a rien dé particu- lier lorfqu'ils Pappliquent à cette derniere efpece; on a cette attention à propos de l’ufage économique des vaiffeaux , &c de celui auquel on les emploie dans tous les arts. il faut convenir cependant que cet ob jet mérite une circonfpeétion particuliere lorfqu’if s’agit de matieres chimiques deftinées à des procédés de chimie philofophique, ou à des préparations pharmaceutiques. Au refte, cette confidération re- garde de la même maniere les inftrumens (voyez INSTRUMENS DE CHIMIE ), maïs le choix de la ma- tiere des vaiffleaux chimiques proprement dits eft bien d’une autre conféquence , & n’eft point infpiré com- VAI me le précédent, par une prudence & par une ex- périence vulyaire; car il ne fufiit pas que l’artifte ‘connoïfle l’éneroie d’une feule fubftance, qu'il a ac- tuellement fous les fens, il faut qu'il prévoye tous les produits 8 les événemens divers de l’opération qu'ilvaexécutet , & qu’il emploie des vaiffeaux telle- ment conftitués, s’il eft permis de s’exprimer ainfi, &c tellement appareillés, qu'ils reçoivent êc retiennent ces produits, qu'ils fupportent & qu'ils moderent même ces événemens de la maniere la plus avanta- geufe qu'ileft poffible. Au refte, il y a fur ceci une efpece de tradition dans l’art, 8 même des lois écri- tes qui laiffent rarement l’artifte dans le cas de médi- ter ou de tenter beaucoup pour imaginer où pour choifir la meilleure matiere des vaiffeaux êt le meil- leur appareïl. Ce n’eft que dans les expériences nou- velles où il pourra avoir ce foin, dont il fera exempt encore, moyennant l'habitude des travaux chimi- ques &c un peu de fagacité de talent, par la confidé- ration dés travaux analogues fur des fujets analo- gues ; & il n’arrivera point à un chwnifte de diftller, comme M.Hales, du vitriol dans un canon de fufil, fur-tout pour eftimer l'air qui fe dégorgera de ce corps par ce moyen, parce qu'il fe fouviendra que Paci- de vitriolique, qui s'échappe dans cette opération, attaque le feravec effervefcence, c’eft-à-dire émif- fion d'air, & par conféquent porte néceffairement de l’erreur dans l’eftimation de l’air répute entiere- ment fourni par la fubflance difüllée. On trouvera dans différens ersicles de ce Dictionnaire, & nommé- ment dans les articles particuliers deftinés aux diver- fes opérations chimiques , les principales connoif- fances de détail néceflaires pour diriger convenable- ment cette partie de la pratique ou du manuel chi- mique. Il feroit inutile de répéter ici l’'énumération de tous ces différens vaiffeaux , dont on trouvera d’ailleurs un tableau , une diftribution réguliere dans fes planches de chimie. Voyez les Planches avec leur exphcation :on trouvera encore un arsicle particulier pour chaque vaifleau. Les Chimiftes fe font des vaiffeaux de terre cuite de poterie, comme les creufets, les têts à rôtir , des cornues, des cucurbites , &c. de verre, tels que des cotnues , des alembics, toutes Les ‘efpeces de réci- piens les plus employés , &c. de fer fondu, favoir des baflines & des cornues de diverfes efpeces; de cuivre, comme grands alambics les plus ordinaires, des baflines, des réfrigérants, &c. de plomb, qui fournit Les tuyaux des {erpentins ; d’étain, favoir les cucurbites pour le bain - marie avec leur chapiteau, Ec. d'argent, des cucurbites, des baffines, 6:c. qu'on fubftitue avec avantage aux vaiffeaux de cuivre qui font beaucoup plus expofés que ceux d'argent à être entamés par divers fujets chimiques qu'on traite dans ces vaiffeaux. Il y a telle opération pour laquelle les vaiffeaux d’or feroienttrès-commodes, par exem- . ple, une cloche à retenir l’acide du foufre, un fer- pentin pour la diftillation des acides minéraux, &c, mais j'ai obfervé déjà dans quelque autre endroit de ce Diéionnaire , que la pauvreté chimique ne per- mettoit pas qu'on employât au - moins une fois ce précieux métal à un ufage déduit de fes propriétés réelles ; enfin les varffeaux de boïs peuvent fervir à traiter les fujets chimiques même par l'application du feu ; le tonneau diftillatoire repréfenté dans les tables de chimie, & dont il eft fait mention à larricle DisTILLATION, en eft Pexemple &c la preuve. Outre la confidération principale qui détermine le choix de la matiere des vaiffeaux , & dont nous avons parlé plus haut, favoir leur infolubilité par les matieres à l’action defquelles ils font expofés dans chaque opération ; outre cette confidération , dis-je, il y en a deux autres très-cénérales pour les opéra- tions qui s’exécutent par le moyen du feu, favoir que V' ANT 803 Îe vaiffean réfifte au feu, qu'ilne s’y fonde ni éclate, ni fe fêle, 6e. êc 2°. qu’il purfie fuporter l'alterna- tive du chaud & du froid qw’occafionnent lPabord lie bre de Pair, ou l'application faite à deflein d’un corps froid; voyez RÉFRIGÉRANT 6: DISTILLATION, Les vaiffleaux de bonne terre font ceux qui réfiftent le mieux au feu, &c fur-tout lorfqu'ils font lutés ; voyez Lur. Le célebre M. Potte à donné lur cette partie importante de manuel chimique , une differtation dont tous les objets de détail font trop intéreffans pour qu’elle foit fufceptible d’extrait, Les artiftes'ne peuvent fe difpenfer de la connoître toute entiere ; elle fe trouvé dans Le quatrieme volume de la col- le&tion françoife de fes diflertations , fous: ce titre + Effai fur la maniere de préparer des vaifleaux plus folr- des qui puiffers foutenir le feu le plus violent, & qui foient les plus propres à contenir Les corps en fufron. Les vaiffeaux de métal font éminemment propres à fupporter le rafraichiflement. Les vaiffeaux de fer fondu fupportent quelquefois le plus grand feu. Les yaiffeaux de verre ont beloin d’être lutés pour réfi: fier au grand feu, & 1ls doivent être raffraichis avec beaucoup de circonfpeétion ; enfin il y a encore une coufdération particuliere déduite de leffort que des matieres très-expanfbles , eau & Pair principa- lement , font quelquefois au - dedans des vaiffeaux , qu’elles peuvent brifer , faire fauter en éclat. Pour prévenir cet inconvénient on donne iflue à cette matiere expanfive, comme on le pratique dans les diftillations , au moyen du petit trou du balon; voyez DisTiLLATION.Ou on emploie des vaiffezux capables de réfifter aux eflorts de la vapeur engendrée au- dedans d'eux, comme lorfqu’on emploie un matras vigoureufement cuiraflé, à la préparation de l’éther nitreux (voyez ÊTHER NITREUX ); ou un vaiffeam d'un métal fort épais, comme la machine ow digef- teur de Papin. Voyez DiGEsTEUR. (4) Vaisseaux , ( Marine, ) c’eft un bâtiment de charpente conitruit d’une maniere propre à floter & à être conduit fur l’eau. On difingue vaiffeaux de guerre & vaiffeaux mar: chands ; la force &c la sroffeur des vaifleaux | & le nombre de canons qu'ils portent , diftinguent les vaifleaux de guerre , des vaifleaux marchands. Pour connoître enfemble & les principales par- ties d’un vaifleau , 1l faut voir la pZ. J. de la Marine ; fig. 1.6 fig. 2. qui font fufifantes , pour toutes les parties antérieures, & la PZ. IF, fig. 1. pour les parties intérieures. Voyez aufli les mors CONSTRUCTION E& RANG. On ajoutera cependant 1ic1 quelques remar- ques particulieres fur la conftruétion des vaiffeaux en général. Méthode générale des confirutteurs. L'expérience -eft la bafe de toute les regles des"conftruéteurs. Cette expérience confifte à comparer la bonté de différens bâtimens de divers gabarits , & à choifir une moyenne forme qui réunifle les diver- fes qualités de ces bâtimens. Ils fe reglent encore fur les poiflons , & ils s’imaginent que de tous les poif fons , celui qui va le mieux , doit avoir la forme convenable à un parfait yaiffeau. Ce poiffon eft felon eux le maquereau : ce font les portions de cet ani: mal que l’on doit fuivre. Ainfi la du-moins fait un des plus fameux conftruéteurs françois : c’eft M. Hendrick ; & tel eft fon raïfonnement. Le maque: reau eft cinq fois plus long que large , & fa partie la plus groffe eft aux deux premieres parties de fa lon- gueur, & les trois autres vont en diminuant jufqu’à la queue , d’où 1l conclud que les vaiffeaux ayant cette proportion , doivent avoir la même légereté. Comme ce poiflon eft rond &c aflez épais , 1l veut aw’on n’épargne pas les façons aux vaifleaux ; qu'on tienne fon eftime ronde , & qu’on lui donne beaucoup de hauteur, L'avantage qu’on retire de-là, felon lui, 804 VAI eft que le fillageen.eft plusgrand , parce que l’eau pafñle au-deflous des façons, & ne les choque pas. Ou- tre cela, le plat & la rondeur des étains empêche un -grandtangage ou roulis; ce qui eftune qualité effen- tielle à Ja bonté d’un bâtiment. Ceux qui font les fa- -, &c fa hauteur de 24 pou- ces À en-avant, & de 18 + en-arriere. L’étrave aura 25 piés 3 pouces de hauteur, & 18 piés + de quête, re L'étambord aura 27 piés trois pouces de hauteur, ê£ 3 piés 3 pouces de quête. La longueur de l’étrave à létambord par haut de- dedans en-dedans fera de 133 piés. La largeur du maître couple de-dehors en-dehors, fera de 38 piés 4 pouces. | La longueur de la life de hourdi fera de 25 piés & quelques lignes. Quinze piés quatre pouces font la hauteur du fond de cale. La varangue de fond aura de hauteur 16 pouces Z2 piés 8 pouces d’acculement , jufqu'’à la premiere lifle, & 12 pouces &t quelques lignes d’épaiffeur. Et le ban du premier pont fera de 16 pouces zen quarré, | "sde Comme tout l’art de la conftruétion proprement dite confifte à bien placer la premiere life, M. Hen- drick donne une regle particuliere à cet égard; c’eft de partager la longueur de l’étrave en-dedans en trois parties égales, dont il prend la premiere, où1l cloue la life qu'il conduit jufqu’au bout de la maîtrefle varangue , .8c qu'il fait fuivre jufqu’au bas de l’eftive. &f, | Ce conftruéteur ne manque:pas de raifons pour appuyer ces regles; il prétend que les vaiffeaux ainf proportionnés, portent bien la voile;. qu'ils fillent bien; qu’ils ont un grand fond de cale, capable de contenir beaucoup de vivres, &c par-là propres aux “voyages de long cours; que les batteries étant fort élevées au-deflus de l’eau, rendent le tangage plus doux, enfin qu'ils ne craignent pointant léchoue- ment que les autres vaiffeaux. Ces qualités font fans doute excellentes; mais pour favoir fi elles font réunies par les regles ci-deflus prefcrites , il faut lire les articles CONSTRUCTION 6 TANGAGE. | | Mais quelle eft la grandeur que doit avoir un vaif Jeau ? C’eft fur quoi M. Hendrick n’a pas jugé à-pro- pos de s'expliquer. La proportion que j'ai fuivie danscet ouvrage, eff celle que les confiruéteuts ont adoptée d’après l’ex- périence qui eft la moins fufceptible des fautes qu’on peut faire dans la conftruétion. Un grand bâtiment a pourtant des avantages dont ne jouit pas un vaiffrau médiocre. Premierement, 1l porte une grande char- ge, & ce qu'on y met eft plus affüré que ce qu’on embarquedans un vaiffeau médiocre. Enfecondilieu, il réfifte mieux à la tempête; 87 par ces deux rai- fons , il efttrès-utile pour les voyages de long cours. Enfin, dans un combat:1l peut , & par fon équipage, & par fon artilierie, qui font nombreux, écarter ai- fément l'ennemi. Ainfi 1left en état de fe défendre: quand un gros tems l’a féparé des autres vaiffeaux, avec lefquels il formoit une flotte, Voilà fon beau côté : fes inconvéniens font, 1°. d’être difficile à loger, parce qu'il y a peu de hävre où 1l puifle entrer & y demeurer à Pabri, des vents, & hors de l’infulte & des ennemis; 2°. d’être plus fenfible à une mauvaife conftruétion,, les fautesaug- mentant à proportion de la grandeur du bâtiment; 3°, de tirer une grande quantité d’eau ; de forte qu'il eft dangereux de filler la nuit près des côtes/ou dans des lieux inconnus. Auffi les Anglois, les Hollan- dois, &c. qui eftiment les grands vaifleaux, ne les ramenent jamais chez eux qu’en été, terns où les nuits font courtes, & où l’on peut par conféquent recon- noître de loin lesterres. A tout prendre, je ne-fe- rois pas partifandes grands varffeaux : quelques avan- tages qu'ils ayent , l’architeëture navale eft encore trop imparfaite, pour s’expofer aux périls d’une mauvaife conftruétion , qui eft inévitable, comme on l’a éprouvé dans lufage qu’on a fait de ces waif. Jeaux. | Des rangs des vaiffeaux. On diftingue les vaiffeaux fuivant leur grandeur, le nombre de leurs ponts, leur port, la quantité de canons dont ils font mon- tés, &c on les divife par rangs. Il y en a cinq en Fran- ce : par deux ordonnances du roi de 1670 & de 1688 , ces vaiffeaux font caraétérifés de la maniere fuivante. bats - _Vaiffeaux du premier rang. Vs ont depuis 130 juf- qu’à 163 piés de long, 44 piés de large, & 20 piés | | 4 0 cs dE 4 pouces dé creux. Ils ont trois ponts entiers, dont le troifieme eft coupé, avec deux chambres l’une fur Pautre ; favoir celle des volontaires ou du confeil, & celle du capitaine | outre la fainte-barbe & la dunet- te. Leur port eff de 1 500 tonneaux, & ils font mon- tées depuis 7o jufqu’à 120 pieces de canon. Vaifleaux du fècond rang, Ces vaiffeaux ont depuis 10 juiqu'à 120 piés de quille, trois ponts entiers, dont le troifieme eft quelquefois coupé, avec deux chambres danseur château de pouppe, outre la fain- te-barbe & la dunette. Leur port eft de 11 à 1200 tonneaux ,.& 1ls font montés depuis so jufqu’à 70 pieces de canon. Vaifleaux du rroifieme rang. Is ont 1 10 piés de quil- le, deux ponts, & n’ont dans leur château de poup- pe que lafamte-barbe, la chambre du capitaine & la dunettes maisils ont un château fur l'avant du fecond pont, fous lequel font les cuifines. Leur port eft de 8 à 900 tonneaux, & ils font montées de 40 à so pieces de canon. _Vuiffeaux du quatrieme rang. La longueur de la quil- le dé ces vuffeaux eft de 100 piôs ; 1ls ont deux ponts courant devantarriére , avec leurs châteaux de proue êc de pounpe, comme les vaiffeaux du troifieme rang: Leur port eft de s à 6oo tonneaux, &1ls font montés de 30 à 40:canons. | Vaifleaux du cinquieme rang. Ces vaiffeauônt So piés de quille & même moins, & deux ponts courant devant arriere, fans aucun château fur l'avant. Les cuifines font entre deux ponts dans le lieu le plus commode; le port eft de 300 tonneaux, & ils font ‘montés de 18 à 20 pieces de canon. On appelle ces varffeaux , vaifleaux de ligne , parce que quoique plus petits que les autres, ils font en- core afez forts pour fervir dans un corps d'armée. VAISSEAUX des anciens, (Archit. navale des anc.) tous les varffeaux armés en guerre chez les anciens, alloient à la voile & à la rame ; mais dans les com- bats , on abattoit le mât, on plioit les voiles, & on ne fe fervoit que des rames: les vasffeaux guerroyoiïent alors comme les oifeaux avec leur bec; leurs rames leur tenoient lieu d'ailes, &z ils tâchoïent réciproque- ment de brifer les ailes du vaifleau ennemi; c’étoit donc dans la rame que confiftoit toute la force d’un navire, aufli tiroit-1l {a dénomination du nombre des rames. Les vaiffeaux de charge n’alloient qu’à la voile , fans rames , pour épargner les frais de tranfport. La largeur des vaiffeaux de charge étoit ordinairement le quart de la longueur , c’eft pour cela qu’on les ap- pelloit +poyyuaawñec, rorunde naves ; les vaiffleaux de guerre au contraire fe nommoïient paxpas rass | longæ zaves , ils étoient au moins huit fois plus longs que larges. Hiéron, roi de Sicile, ft conftruire des vaif Jeaux de tranfport d'une grandeur extraordinaire, dont le plus confidérable pouvoit porter 2000 ton- neaux, chaque tonneau pefant 4000 livres. Au refte, on doit à M. Wit{en (Nicolas) un des plus célébres magifirats d'Amfterdam, dans le der- nier fiecle, un traité curieux de larchiteéture nava- le des anciens, & c’eft fans contredit ce que nous avons de meilleur en ce genre ; le leéteur y trouvera les lumieres d’un homme de Part fur les vaiffeaux de guerre des anciens, tant à la voile qu’à la rame, leurs vaiffeaux de charge , & leurs saiffeaux de tranfport ; mais les modernes ont bien renchér1i dans cette tac- tique ; Céfar feroit bien furpris sil revenoit à Lon- dres , qu'il vit larchiteéture navale des Anglois, & les bateaux de Civita-Vecchia. (D. J. Liha Gerardi a donné d’après Maxime de T'yr, la defcription d’un vaiffèau d’un roi phénicien, qui s’en fervit pour faire un voyage à Troye; c’étoit un pa- lais flottant , divifé en plufieurs appartemens riche- ment meublés. Il renfermoit des vergers aflez fpa- Tome XVI, ( VAI 80; cieux , remplis d’orangers , de poiriers, de pom= miers , de vignes & d’autres arbres fruitiers. Le corps du bâtiment étoit peint de diverfes couleurs , & l'or &t l'argent y brilloïent de toutes parts. Les ve de Caligula étoient encore plus ma- gnifiques que celui-ci. L'or & les pierreries enri- chiflôtent leurs pouppes. Des cordes dé foie de dif. férentes couleurs en formoient les cordages ; & la grandeur de ces bâtimens étoit telle, qu’elle renfer- moit des falles &e des jardins remplis de fleurs, des vergers & des arbres. Caligula montoit quelquefois ces vaiffeaux ; & au fon d’une fymphonie formée de toutes fortes d'inftrumens ; il parcouroit les côtes de Pitalie. Suétone, :2 Cali, Cetempereur aencore fait conftruire des bâtimens qui ont été célebres dans lantiquité par leur énorme grandeur ; tel a été celui dont il fe fervit pour faire venir dEgypte l’obélifque qui fut pofé dans Le cir- que du vatican , & que Suétone appelle le grand obe- lijque ; Ga été le plus grand vaiffean qu’on ait vû fur mer jufqu’au tems de Pline. On dit que quatre hom- mes pouvoient à peine embrafler Le fäpin qui lui fer- voir de mât. Depuis ce naturalifte, on a efflayé de conftruire de pareils bâtimens ; & ceux qu'on comp- te font le grand yave, qui parut au fiege de Din, lequel avoit fon château de pouppe plus haut que la hune des meilleurs vaiffeaux de Portugal; le cara- quon de François I; le grand jacques & le fouverain d'Angleterre , du port de 1637 tonneaux, & dont la quille ne pouvoit être tirée que par vingt-huit bœufs & quatre chevaux ; la fortune de Danemarck & la nonpareille de Suéde, portant deux cens pieces de canon ; enfin, la cordeliere & la couronne. La lon- gueur de ce dernier étoit de 200 piés ; fa largeur de 46 ; fa hauteur de 75 ; & toute la mâture de fon grand mät, en y comprenant le bâton de pavillon, étoit de 216 pieces. On peut voir la defcription de ces deux. derniers vaifleaux dans l’hydrographie du p. Fournier, pag. 45. G fuiy. VAISSEAUX CHINOIS , ( Marine de la Chine, ) les vaiffeaux chinois pour naviger fur mer, & qui diffe- rent de leurs bateaux & de leurs barques, font ap- pellés /oma où fommes par les Portugais. Ces vaiffeaux ne peuvent pas fe comparer aux nô- tres; Les plus gros ne fonrque de 250 à 300 tonneaux de port ; ce ne font , à proprement parler, que des barques plates à deux mâts ; ils n’ont guere que 80 à 90 piés de longueur. La proue coupée & fans épe- ron, eft relevée en-haut de deux efpeces d’aîlerons en forme de corne, qui font une fisure aflez bizarre; la pouppe eft ouverte en-dehors par le milieu, afin que le gouvernail y foit à couvert des coups de mer. Ce gouvernail qui eft large de cinq à fix piés , peut s'élever & s’abaiffer par le moyen d’un cable qui le foutient fur la pouppe. - Ces vaiffeaux n’ont ni artimon , ni beaupré, ni .mât de hune. Touteleur mâture confifte dansle grand mât 8 mâts de mifaine, auxquels ils ajoutent quel- quefois un fort petit mât de perroquet, qui n’eft pas d'un grand fecours. Le grand mât eft placé aflez près du mât de mifaine, qui eft fort fur l’avant. La propor- tion de l’une à l’autre eft communément comme 2 à 3 , & celle du grand mât au vaifféau ne va jamais au- deffous, étant ordinairement plus des deux tiers de toute la longueur du vaiffeau. Leurs voiles font faites de nattes de bambou , ou d’une efpece de cannes communes à la Chine , lef- quelles fe divifent par feuilles en forme de tablettes , arrêtées dans chaque jointure par des perches qui font aufli de bambou. En-haut & en-bas font deux pieces de bois : celle d’en-haut fert de vergue : celle d’en-bas faite en forme de planche, & large d’un pié & davantage, fur cinq à fix pouces d’épaifleur, Te= k KKKkK 06 VAI tient la voile lorfqu’on veut la hiffer, ou qu’on veut la ramañer. Ces fortes de bâtimens ne font nullement bons voiliers ; ils tiennent cependant mieux le vent que es nôtres : ce qui vient de la roideur de leurs voiles qui ne cedent point au vent; mais aufli comme la conftruétion n’en eft pas avantageufe,, ils perdent à la dérive l’avantage qu’ils ont fur nous en ce point. Ils ne calfatent point leurs vaiffeaux avec du gau- dron, comme on fait en Europe. Leur calfas eff fait d’une efpece de gomme particuliere, &c il eft fi bon qu’un feul puits ou deux à fond de cale du vaiffèau fuffit pour le tenir fec. Jufqu’ici ils n’ont eu aucune connoïflance de la pompe. l \ Leurs ancres ne font point de fer comme les nô- tres; elles font d’un bois dur & pefant,qu'ils appellent bois d: fer. Ils prétendent que ces ancres valent beau- coup mieux que celles de fer, parce que, difent-ils, celles-ci font fujettes à {e faufler : ce qui n'arrive pas à celles de bois qu’ils emploient ; cependant pour Por- dinaire elles font armées de fer aux deux extrémités, Les Chinois n’ont fur leur bord ni pilote , ni mai- tre de manœuvre ; ce font les {euls timonniers qui conduifent le vaifleau, & qui commandent la ma- nœuvre;1ls font néanmoins afflez bons manœuvriers, mais très-mauvais pilotes en haute mer. Ils mettent le cap fur le rumb qu’ils éroyent devoir faire, &c fans fe mettre en peine des élans du vaiffeuu, ils courent ainfi comme ils le jugent RU Cette négligence vient en partie de ce qu'ils ne font pas de voyages de long cours. Maïs le leéteur fera bien aife de trouver ici la def- cription détaillée d'un grand naiffeau chinors, faite par cinq miflionnaires jéfuites pendant leur traverfe de Siam à Canton en 1687. Sa mäture. Cette fomme qu’ils monterent fuivant la maniere de comptet , qui a cours parmi les portu- gais des Indes, étoit du port de 1900 pics : ce qui à raifon de 100 catis ou 125 livres par pic, revient à rès de 120 tonneaux ; la pefanteur d’un tonneau eft évaluée à deux mille livres. Le gabarit en étoit aflez beau , à la réferve de la proue qui étoit coupée, pla- te & fans éperon. Sa mâture étoit différente de ceile de nos vaiffeaux , par la difpofition, par le nombre &7 par la force des mäts; fon grand mâtetoit placé, ou peu s’en falloit, au lieu où nous plaçons notre mât de mifaine, de forte que ces deux mâts étoient affez proche l’un de l’autre. Ils avoient pour étai& pour haubans un fimple cordage, qui fe tranfportoit de bas-bord à tribord, pour être toujours amarré au- deflus du vent. Elle avoit un beaupré & un artimon qui étoient rangés à bas-bord. Au refte ces trois der- niers mâts étoient fort petits, & méritoient à peine ce nom. Mais en récompenie le grand mât étoit ex- trèmement gros par rapport à la fomme , & pour le fortifier encore davantage, 1l étoit faifi par deux ju- melles qui le prenoient depuis la carlingue jufqu’au- deffus du fecond pont. Deux pieces de bois plates fortement chevillées à la tête du grand mât , & dont les extrémités alloient fe réunir fept ou huit pies au- .deflus de cette tête, tenotent lieu de mât de hune. Sa voilure. Pour ce qui efl de la voilure, elle con- fiftoit en deux voiles quarrées faites de nattes, fa- voir la grande voile & la mifaine. La premiere avoit plus de 45 piés de hauteur fur 28 ou 36 de largeur ; la feconde étoit proportionnée au mât qui la portoit. Elles étoient garnies des deux côtés de plufieurs ” rangs de bambous, couchés fur la largeur de la voile, à un pié près les uns des autres en-dehors , &c beau- coup moins ferrés du côté des mâts dans lefquels elles étoient enfilées par le moyen de plufieurs cha- pelets , qui prenoient environ le quart de la largeur de la voile, en commençant au côté qui étoit fans écoute , de forte que les mâts les coupoient en deux VAT parties fort inégales, laïffant plus des trois quarts de la voile idu côté de écoute, ce qui lui donnoit le moyen de tourner fur fon mât comme fur un pivot, fur lequel elle pouvoit parcourir fans obftacle du cô- té de la pouppe au moins 26 rumbs, quand il falloit revirer de bord ; portant ainfi tantôt fur le mât, & tantôt y étant feulement attachée par les chapelets, Les vergues y fervoient de ralingue par le haut; un gros rouleau de boïs égal en groffeur à la vergue , faifoit le même office par le bas ; ce rouleau fervoit à tenir la voile tendue; & afin qu’il né la déchirât pas , il étoit foutenu en deux endroits par deux ais, qui étoient fufpendus chacun par deux amarres, lef- quels defcendoient du haut du mât à cer effet. Cha- cune de ces voiles n’avoit qu’une écoute , un couet, êt ce que les Portugais nomment aragnée, qui eftune longue fuite de petites manœuvres qui prennent le bord de la voile depuis le haut jufqu'au bas, À un ou deux piés de diftance les unes des autres, & dont toutes les extrémités s’amarrolent fur l'écoute, où elles faifoient un gros nœud, ; Sa manœuvre. Ces fortes de voiles fe plient & fe déplient comme nos paravents. Quand on vouloit hif- fer la grande voile, on fe fervoit de deux virevaux &t de trois drifles, qui pañloient fur trois rouets de poulies enchâflées dans la tête du grand mât. Quand il eft Sueftion de l’amener, ils y enfoncoient deux crocs,de fer, & après avoir largué les drifles,, ils ex ferrotent les différens pans à diverfes reprifes, enha- lant avec force fur les crocs. Inconvenient de certe manœuvre. Ces manœuvres font rudes , & emportent beaucoup de tems, Auñi les Chinois , pour s’en épargner la peine, laifloient battre leur voile durant le calme. Il eff aïfé de voir que le poids énorme de cette voile joint à celui du vent qui agifloit fur le mât, comme fur un levier, eût dû faire plonger dans la mer toute la proue, files Chinois n’avoient prévenu dans l’arrimage cet incon- vémient en chargeant beaucoup plus arriere que l’a- vant, pour contrebalancer la force du vent, De-là vient que quand on étoit à l’ancre, la proue étoit toute hors de l’eau, tandis que la pouppe y paroif- foit fort enfoncée. lis tirent cet avantage de la gran- deur de cette voile & dela fituation fur Pavant, qu'- ils font un grand chemin de vent arriere; mais en échange, de vent largue & de bouline, ils ne peuvent tenir , & ne font que dériver, fans parler du danger où ils font de virer, quand ils fe laiffent furprendre d’un coup de vent. Dans le beau tems, on portoit outre une civadie- re, un hunier, un grand coutelas qui fe mettoit au côté de la voile, laquelle étoit fans écoute, des bon nettes & une voile quarrée à l’artimon, Toutes ces voiles étoient detoiles de coton. Di/pofition de la pouppe. La pouppe étoit fendue par le milieu, pour faire place au gouvernail dans une efpece de chambre qui le mettoit à couvert des coups de mer dans le gros tems. Cette chambre étoit formée par les deux côtés de la pouppe, qui laiffant une large ouverture en-dehors , {e rapprochoient peu-à-peu en-dedans, ou ils faifoient un angle ren- trant dont la pointe étoit coupée , pour donner au jeu du gouvernail toute la liberté. Du gouvernail, Ce gouvernail étoit fufpendu par deux cables, dontles extrémités éroientroulées fur un vireveau placé fur la dunete, afin de le baïfler êc de lelever à-propos. Deux autres cables , qui après avoir pañlé par-deflous le vaiffeau, venoïent remon- ter pàr la proue à l’avant , où on les bandoit à l’aide d’un vireveau, quand ils étoientrelâchés, renoient la place des gonds quiattachent les nôtres à l’eflam- bort.Il y avoitune barre de fept à huit piés de long fans manivelle & fans poulie , pour augmenter la force dutimonier, Quatre manœuvres attach£es deux à chaque bord du vaifsez, 8 dont une de:chaque côté faifoit quelques tours fur le boutide la barres fervoient au timonnier à le tenir en.état, A Tnconvénient derce gouvérnail, Un gouvernail de cette mamere nefe peut faire fentir que foiblement à un vaiffeau , non-feulement parce que les cables, pat le moyen defquels il lui communique fon-mouve- ment, prêtent beaucoup & s’alongent aifément; mais principalement à caufe dès élans continuels qu’- ils lui donnent par le trémouflement où il eft fans cefle ; d'où naîtun autre imcdnvément, qui.eft qu’on a toutes les peines du monde à tenir conftamment le même rumb dans cette agitation continuelle. De la bouffole. Le pilote ne fe fervoit point de com: pas de marine ; il régloit fa route avec de fimples boufloles , dont: le Hmbe extérieur dela boëteétoit partagé-en vingt-quatre parties égales, qui mar- quoient les rumbs de vent; elles étoient placées fut une couche de fable, qui fervoit bien moins à les af- feoir mollement &: À les garantir des fecoufles du yaiffean (dont l'agitation ne laïifloit pas de faire per- dre à tout moment l'équilibre aux aiguilles),qu’à por- ter les bâtons des paftilles dont on les parfumoit fans cefie. Ce n’étoit pas le feul régal que la fuperftition chinoïfe faifoit à ces boufloles, qu'ils regardoient comme les guides affürés de leur voyage, ils en ve- noient jufqu’à ce point d’aveuglement , que de leur Offrir des viandes en facrifice. Le pilote avoit grand foin fur-tout de bien garnir fon habitacle de-clous: ce quifaitconnoître combien cette nation eft peu entendue en fait de marine. Les Chinois, dit-on, ont été les premiers inventeurs de la bouffole; mais f cela eft, comme on l’aflure, il faut qu'ils aient bien peu profité de leur invention. Ils mettoient le cap au rumb où ils vouloient porter, par le moyen d’un filet de foie, qui coupoit la fur- face extérieure de la bouflole en deux parties égales du nordau fud ::ce qu'ils pratiquoient en deux! mas meres différentes; par exemple pour porter au nord: eft, ils mettoient ce rumb parallele à la quille du vaifleau, & détournoient enfuite le vaifféau jufqu’à ce que l'aiguille füt parallele au filet, ou bien, ce qui revientau même, mettant lefilet parallele à laquille, ilsfaifoientporter aiguille fur le nord-oueft.L’aiguil- le de la plus grande de ces boufioles n’avoit pas plus de trois pouces de longueur. Elles avoient toutes été faites à Nangazaqui: un bout étoit terminé par une efpece defleur de lys, & l’autre partn trident, Du fond de cale. Le fond de cale étoit partagé en cinq ou fix grandes foutes féparées les unes des au- tres par de fortes cloifons de bois. Pour toute pom- pe ; il y avoit un puits au pié du grand mât, d’où fans autre artifice, on tiroit l’eau avec des feaux. Quoique les mers fuflent extrèmement hautes & la 1omme exceflivement chargée, cependant parla for- ce de fes membrures & la bonté de fon calfat, elle ne fit prefque point d’eau. Compofirion du calfar. Ce calfat eft une efpece de compoftion dechaux, d’une efpece de réfine qui dé- coule d’un arbre nommé rong-yeon , & de filafle de bambous. La chaux en eft la bafe ; & quand tout eft {ec , on diroit que ce n’eft que de la chaux pure & fans aucun mélange. Outre que le bâtiment en eft beaucoup plus propre , on ne {ent point , comme dans nos vaifleaux, cette odeur de gaudron infup- portable à quiconque n’y eft point accoutumé ; mais al y a encore en cela un avantage plus confidérable, c’eft que par-là ils fe garantiffent des accidens du feu, auquel notre brai de gaudron expofe nos vaiffeaux. Defcript. de la Chine parle p. du Halde. (D. 7.) VAISSEAUX TAPONOIS, (Marine du Japon.) tous les vaiffeaux japonoïis qu’on voit fut mer, font faits de bois de fapin ou de cedre, qu’on trouve en abon- «lance dans le pays. Ils font conftruits différemment, Tome XV1, VIAM ‘o fuivant le but qu'on fepropofe, & les Lieux bourtef. quels on les define. ns LETTRE Les bateaux de plaïfir, qui font une efpece à part, &t dont.on fe fert feulement pour remonter &1deli cendre les rivieres, où pour traverfer de! petites baies, different encore beaucoup dans leur frudure! felon la fantaifie de ceux à qui ils appartiennent, Or: dinarreméntuls font faits pour aller à à rame le prei mier pont eftplus bas ; fur celui-là on en conftruit un autre ; qui a des fenêtres ouvertes, & qu'on peut avec des paravents, divifer comme l’on veüt , en plufieurs petites chambres ou loges. Le deffus & plu leurs autres parties de ces bateaux font artifte: ment ornces de diverfes banderolles, & d’autres embeliffemens, Les plusgrands bâtimens que l’on aït au J apon; {ont les vai/feaux marchands, qui s’expofent aux dan: pers de la mer(quoiqu'ils nes’éloisnent jamais beau coup des côtes ), 8 qui fervent à tranfportér d’une île ou d’une: province à l'autre. IIS méritent une def. cription particuhere, puifque! c’eft par leur moyen que le commerce s'étend dans toutes les parties de l'empire. | Li Lgrl Ils ont pour lordinaire quatorze toifes de longueur fur quatre-de largeur, & ils font faits pour allér à voiles &t à rame, Ils vont en pointe depuis le milieu jufqu’à l’éperon ; les deux bouts dé la quille s’élevent confiderablement au-deflus de l’eausle corps du #zif- Jeaun'eftipas convexe, comme celui de nos vaiffearin européens ; maïs la partie qui eft fous l’eau s'étend prefqueen droïte ligne du côté de la quille.La poup- pe efblarge &:-plate, ayant une grande ouverture dans le-muliew, qui va prefque jufqu’à fond de cale, &t life voir tout l'intérieur du bâtiment, On avoit d’abord inventé cette ouverture, pour conduire plus aifémentle gouvernail : dépuis que l’empereur à fer: mé l'entrée de-fes états à tous les étrangers, il a ot- donné expreflément qu'on ne. bâtit point de »2:fe24 fans y faireune pareille ouverture; & cela pour'em- pêcher fes fujets d’aller!en haute-mer à quelque def: fein que ce foit. k Le tillac s'éleve un peu vers la pouppe; il eft plus large fur les côtés ; &.dans cet endroit il eft plat 8 uni: 1l eff fait féulement de planches de fapin, qui ne {ont point fermes, ni attachées enfemble; il eft fort peu au-deflus de la furface de l’eau, quand le vaiffeau.a toute fa charge. Une efpece de cabane de la hauteur d’un hommelarcouvre prefque tout-à-fait: 1l y a feulement un petit efpace vers léperon qu'on laïfle vuide; pour yferrerles ancres & les cordages; cette cabane avance hors du vaiffèau environ deux piés de chaque côté, & tout-atour il y a des fené- tres qui fe brifent, & qu’on peut ouvrir ou fermer comme l’on veut: Dans lé:fond il y a dé petités chambres pour les paflagers, féparées Les unes des autres par des para: vens & des portes , & dont les planchers font cou: verts de nattes artiflement travaillées ; la plus recu- le de ces chambres pafle toujours pour la meilleuà re , &c par cette raïfon elle eft deflinée au plus appai rent des paflagers. Le deflus ou le pont le plus élevé eftun peu plat ; &t fait de planches fort propres & parfaitement bien jointes : quand. il pleut on amene le mât, & on le met fur ce pont , & par-deflus on étend la voile, afin que les matelots puiflent y être à couvert, & y pal fer la nuit. Quelquefois pour le garantir encore mieux de la pluie, on le couvre de nattes de paille, qu’on à tou- tes prêtes pour cetufage. Le vaiffeau n’a qu'une voile faite de chanvre, &êz fort ample, & n’a qu’un mât placé environ urie toïfe plus avant que le milieu, du côté de la pouppe: On éleve ce mât, qui eft aufü long que le vaiffeau | avee à. j KKEKK 808 VAI des poulies, & on Pamene de même fur le pont quand on vient à mouiller. he | Les ancres font de fer, & les cables de paille cor- donnée font plus forts qu'on ne s’imagineroit. Ces vaiffeaux ont communément 30 Qu jo rameurs pour tirer à la rame, lorfque le vent tombe : ces ra- meurs s’afleient fur des bancs qui font placés du côté de la pouppe ; ils rament en cadence fur Fair d’une chanfon, ou fur le ton de quelques paroles, ou fur un fon qui fert en même terms à regler leur manœu- vre,.& à les animer. | Hs n’étendent pas leurs rames à la maniere des Eu- ropéens , droit en ayant, & fendant juftement la fur- face de l’eau ; mais ils les laiffent tomber prefque per- pendiculairement , & puis ils les relevent : cette ma- niere de ramer a hon-feulement tous les avantages de la nôtre, mais elle donne moins de peine , & pa- toit beaucoup meilleure , fi on confidere que les vaiffeaux n’ont quelquefois que très-peu d’efpace , comme lorfqw'ils paflent par des détroits ; où à côté les uns des autres ; & que les bancs des rameurs font fort élevés au-deflus de l’eau: d’ailleurs leurs rames font faites précifément pour cet ufage , car elles ne font pas toutes droites comme les nôtres, mais un peu recourhées , avec un joint mobile dans le milieu, lequel cédant à la violente preffion de l’eau, fait qu’- on peut les relever plus aifément. Ty Les diverfes piéces de la charpente de ces bâti- mens , & les planches font attachées enfemble dans les joints & dans les extrémités avec des crampons &c des bandes de cuivre. L’éperon eft orné d’un nœud de franges fait de petits cordons noirs & longs. Les perfonnes de qualité, dans leurs voyages, font tendre leurs cabanes de drap , auquel leurs armes font cou- fues; & ils mettent leur pique,qui eft une marque de leur autorité fur l'arriere du väifleau , à l’un des cô- tés du gouvernail ; de l'autre côté1l y a une girouette pour l’ufage du pilote. HS Dans les petits bâtimens , aufli-tôt qu'on a jetté l'ancre, on Ôte le souvernail, & on le met à terre ; enforte qu’on peut pañler au-travers de l’ouverture de la pouppe, comme par une porte de derriere, & mar- chant fur le gouvernail, comme fur un pont , aller à terre. Kæimpfer, kif. du Japon. (D. JL) VAISSEAU SACRÉ, (Aniq. greg.) on appelloit ainf le vaiffeau que les Athéniens envoyoient tous les ans . à Délos, pour faire des facrifices à Apollon, & l’on prétend que c’étoit le même fur lequel Théfée avoit mené en Crete les quatorze jeunes enfans que les Athéniens payoient de tribut à Minos. Foyez NAVIRE facré. (D. J.) Voici l'explication de quelques façons de parler à l'égard des vaiffeaux. Vaiffeau à la bande; Cet un vaiffeau qui cargue, &z qui fe couche fur le côté, lorfqu'il'eft fous les voiles , & qu'il fait beaucoup de vent: Voyez encore BANDE. Vaiffeau a l'ancre; c’eft un vaiffeau qui a jetté l’an- cre à la mer. Vaiffeau a fon pofte; c’eft un vaiffeau qui fe tient au lieu qui lui eft marqué par fon commandant, .… Waiffeau beau de combat , Ou qui eff de beau combat ; yaiffeau qui a fa premiere batterie haute, & fes ponts aflez élevés, ce quieft un avantage pour bien manier Le canon. Waifleau corfaire; voyez CORSAIRE. Vaiffeau démarré; c’eft un vaifleau qui a levé ex- près les amarres qui le tenoient, ou dont les amarres ont rompu. Vaifleau gondolé; vaifleau qui eft enfellé, ou qui cft relevé de l'avant & de Parriere; enforte que fes précemtes paroiïflent plus arquées que celles d'un autre vaiffeau, | Kaifleau qui a le côté droit comme un mur; cela veut VAI dire que le côté du vaifféau n'efb päs aflez renflé, ou qu'iln’y a pasaflez de rondeur dänsfonfort. V'aiffeau qui a le côté faible; c’eftun vaiffeau dont le côté eft droit, & qui n’eft pas bien garni de bois. Vaiffeau qui a le côté fort; vaiffeau dont le côtéa de larondeur. | Vaiffeau qui cargue ; vaifleau quife couche lorfqu'l ef fous les voiless FOUT Faiffeau qui charge à frer; vaiffean qu eftà louage: Voyez FRET. Vaiffiau qui fe manie bien; c’eft un vaiffean qui gou- vernebien. | À MU S Vaiffeau qui fe porte bien à La mer; vaiffeau qui a les qualités néceflaire pour bien filler , &c pour être doux au tangase. î Vaifleau ralongé; c'eft un vaiffèau qui avoit té conk firuit trop court, & qu’on a ralongé pour remédier à ce défaut. | el | | Vaifleaux de bas bord; ce font des bâtimens qui vont à voiles & à rames, tels que les galeres , les brigantins , &. ls ne font prefqu'en ufage que fur la Méditerranée, | | | Vaiffeaux de haut bord; vaifleaux qui ne vont qu’à voiles’, & qui peuvent courir toutes les mers. Vaisseaux, (Mytholog.\ Vufage très-ancien de donner aux vaiffeaux le nom des animaux qui étoient reptéfentés fur’ la proue, a enrichi la mythologie, Ælle ne dit point que Perfée voyageoit fur un vaiffeau, mais qu'il étoit monté fur un cheval aîlé. Dédale s'enfuit de Crete fur un paiffeau à voiles, qui alloit * plus vite que le vaiffeau à rames qui le pourfuivoit: voilà les aïles avec lefquelles il s’envola. Minerve en conftruifant le vaiffeau des Argonautes avoit em- ployé au gouvernail ün des chênes de la forêt de Do- done qui rendoit des oracles; & cette fable neft fon- dée que fur un mot phénicien qui eft équivoque , &g qui fignifie également la parole ou un gozvernaïl. Vix- gile na garde de dire groffierementque Furnusbrüla là flotte de fon héros dans le port. Il transforme les vaifleaux d'Enée en des déefles immortelles ; on voyoit déjà , nous dit-il, voler Les tions ardens &e les torches enflammées de Turnus; déjà une épaiffe fumée s’élevoit jufqu'aux aftres, lorfqu’une voix re: doutable fe ft entendre : Froyens , dit-elle , ne vous armez point pour la défenfe de mes vaiffeaux ; Tur- nus embrafera plutôt les mers, que cette flotte fa- crée : galeres, nagez & devenez déefles de l'Océan, c’eft la mere des dieux qui lordonne. Auñitôt cha- que galere brife fes cables | & comme des dauphins fe plongeant dans le fein de l’onde,elles reparoiffent à linftant, & offrent aux yeux autant d’'océanides. Ces nouvelles déefles fe fouvenant des dangers qu'elles avoient couru , prêtent depuis lors unemain fecou- rable à tous les vaifféaux menacés du naufrage , ex- cepté aux vaiffeaux des Grecs... Que d'idées inge- nieufes & brillantes dans ce feul endroit de PEnéide, CPE) VAISSEAUX A FOULER , 2r/frument de Manufaiture, autrement pilles ou pots, ce font, pour Pordinaire ; particulierement du côté d’Amiens, de gros troncs d'arbres que l’on a creufés en façon d’anges ou man- geoires d’écuries , où l’on a eu foin de laïfler des fé= parations de diftance en diftance. C’eft dans ces vaifr Jeaux que Pon mer les étoffes que Pon veur fouler ou dégorger, ce que lon appelle reviquer dans les manu- faéturés d'Amiens. + | À chaque vaffeauil y a deux pilons ou maillets qui battent alternativement fur les étoffes , & parle moyen defquels elles fe tournent comme-d’elles-mê- mes'dans les piles quand on Les foule où qw’onlesre- viqueé, Comme les pilons ont leur mouvement par le moyen d’un moulin à eau, ceux qui conduilent ces moulins {e nomment meuriers-foulons. (D. J.) VAISSELLE , L.f. (Gram.) terme colleétif; on VAI eprmprend fous. ce nom tous Les vaifleaux deflinésau fersice de la table, pots , plats, affietres , falieres, Éc. en argent, en or, en terre, en fayance ;'en por- céline. Pour défigner les affietes & les plats, on 60 ajoute le mot de paie. | ACT VAISSELLE d'argent d'Amérique , (Oxfévrerie d’ A: à ra ÿ7 lésain.  Arr —sii 3 amot fe dit de la quantité d’étoffes de lame, qui eft VAIVODE, {. m. (Æif. mod.) eft proprement un NO Su à fat . Les Polonois ont auffi donné le nom de vaivodes aux princes de Valaquie & de Moldavie, parce qu”- ils ne les regardent que comme des gouverneurs, prétendant que la Valaquie & la Moldavie font dés Roues que leurs gouverneurs ont foufiraites à l’o- bétlance de la république de Pologne ; à qui elles étoient autrefois founufes ; partout ailleurs on ap- pelle ces princes o/podar. Foyez HosPODAR. ucange prétend que le nom de vaiyode ne fignife autre chofe dans la Dalmatie , la Croatie & la Hon- .grie, qu'un général d'armée. Léunclavius dans fon Hi- re intitulé pardeëtes des Turcs, dit que cenom figni- ne communément un capitaine Où commandant. M. Fabbé Fourmont dans la relation de fon voyage de V AK 809 VAIVRE oz VOIVRE, (Géog. mod.) petit pays de France, au duché de Bar, entre la Meufe &cla Mofelle. Le principal lieu. eft le bourg nommé us cor le-châtel, (D. J.) VAKEBARO, (Géog. mod, ) vallée du royaume d’Efpagne dans PAfturie. C’eftune des cing vallées qui compofent la petite province de Liebana. Elle eft fertile en froment, en vin, en bétail, &elle eft miférable avec tous ces avantages. VAKHSCHAR, LE; (Géog, mod, ) riviere de la province de Eranfoxane, qui donne fon: nom à la ville de Vakhschah qu’elle traverfe. (D. J. ) VAKIE., { m.( Comm.) poids qui revient à une once, poids de marc. Foyez BATMAN, Dion, dx commerce. VAL, (Gram.) efpace ou terrein bas , ren- fermé entre des montagnes , ce que nous eaténdons aujourd’hui par vallée ; car val n’eft plus d'ufage. VAL, f.m. ( Poids étranger. ) petits poids , dont on fe fert dans les Indes orientales pour pefer les piaftres ou réales de huit. Chaque réale doit être du poids de 73 vais ; autrement celui qui les vend, doit en fuppléer le prix. (2. J.) | VAL-AVERSA, (Géog. mod.) jurifdiion du pays des Grifons, dans la ligne de la Maïfon- Dieu, & Pune des dépendances de la communauté de Stallen. Cette vallée eff fituée au pié du mont Septimer, dans un Leu rude & fauvage. On y compte {ept paroif= fes, Les habitans ont eu des feigneurs particuliers, vaflaux de l'évêque de Goire ; mais ils ont acheté leur hberté deprus long-tems; & c’eft une acquifi- tion qu’on ne peur trop payer. VAL-BREGNA , 04 VAL-BREUNA , ( Géog. mod. } bailliage d'Italie, dans la dépendance des pétits can- tons de la Suifle ; ce bailliage n’eft qu’une vallée qui contient un petit nombre de villages & quelques mines de cuivre &c de plomb. Le nom de fa/:Byèn= na, en allemand Breuner Thal, lui vient des Breu- nes, ancien peuple dont Pline fait mention entre les Alpes ; ce nom vient de la riviere Breuna qui arrofe la vallée. (D. J.) VAL DE GRACE, ( Æiff, eccléf.) abbaye de béné- diétines, au faubourg S. Jacques , fondée au vu. fe- cle, réformée en 1618, & transférée en 1621 de la paroïfle de Biron-le-châtel, fituée à trois lieues’ de Paris, dans la capitale par Anne d’Autriche, L’éghfe qui eft belle eft de Gabriel Leduc ; elle eft remar- quable par fon dôme & par le baldaquin élégant du maitre autel. Mignard a peint le dôme; Moliere a chanté ce morceau de peinture. Le morceau de peine ture &t le poëme font des ouvrages médiocres ; Fun d’un grand poëte , l’autre d’un peintre ordinaire. VAL-DES-CHOUX, ( Théo!.) prieuré dans le dio- cèfe de Lanores , à 4 lieues de Chatillon, fitué dans une affreufe folitude. C’eft un chef-d’ordre, mais peu confidérable , & qui n’eft qu'une branche de celui de S. Benoit. On dit dans le payS qu'il doit fon ori- gine auncettainfrere Wiart ou Viard,convers de la chartreufe de Lugny,qui ne trouvant pas l’ordre des chartreux affez auftere , fe retira dans cette fobtude; & y aflembla des difciples. Ce qui peut confirmer cette tradition , c’eft que les religieux du F4/-des- choux avoient l'habit des chartreux.dans le commen cement de leur infltut, & qu'ils portent encore au jourd’hui Phabit blanc : mais ils y ont changé quel- que chofe, Ils prennent un chaperon , au-lieü!du! ca= puchon , qui tenoit autrefois à la cucule ou fcapu- laire. | L'auteur du fupplément de Morery , de qui nous empruntons cetarticle, remarqueque cette tradition 810 VAL eft infoutenable , & il le prouve entr’autres taifons: 1°. parce que Jacques de Vitri, auteur contempo- rain, dit que les moines du 74/-des-choux fuivoient les ufages de citeaux & non ceux des chartreux:: 2°. parce que le premier prieur du V’al-des-choux ne fut point le frere Wiard, mais un nommé Gi, qui eut pour fucceffeur Humbert, ainfi que le porte cette infcription de leur tombeau qu’on voit encore dans Péclife de ce monaftere. 2. Hic duo funt fraires » caput ordinis, € prothopa- tres, : Guido & Humbertus : ft Chriflus arrifque mifertus, 3°. parce qu'une autre infcription qu'on lit dans la même églife, montre que le frere Wiardne fe retira au Wal-des-choux qu'environ 100 ans après la fondation du monaftere lan 1293 , anro Domini M. CC: XCIIT. quarto nonas Novernbris intravitifrater Wiardus in chorum Vallis-caulium. On convient ce- pendant que le premièr ‘prieur du Va/-des-choux eft venu de la chartreufe de Lugny : les conftitutions le difent poñtivement. Voyez le fupplément au diflion. de Morery. ; VAL-DES-ÉCOLIERS ,-( Théol.) abbaye dans le diocèfe de Langres , & autrefois chef-d’ordre d’une congrégation de chanoines réguliers fous la reole de S. Auguftin vers l'an 1212. Guillaume Richard 8e quelques'autres doéteurs de Paris , perfuadés de la vanité des chofes du ‘monde, fe retirerent dans cette {olitude avec permifion de l’évêque diocéfain , ils y furent bientôt fuivis de’grand nombre d'écohers de la même univerfité ; & c’eft de-là que leur foli- tude prit le nom de Wal-déstécoliers. Leur établiffe. ment s’augmenta avec tant-defuccès que, fuivant la chronique d’Alberic , en moins de vingt ans ! ils eurent feize maïfons.-Saint Louis fonda celle de'Ste Catherine à Paris, 8C'en établit’ d’autres en France &c dans les Pays-bas. Clément Cornuot, prieur gé- néral de cette congrégation, obtint du pape Paul IT. la dignité d’abbé pour lui & pour fes fuccefleurs. De- puis l’an 1653, cet infututa été unr à la congrégation des chanoïnes réguliers de Sté Génevieve de France: Albéric, in chron. Ste Marthe, &. IV. Gall. Chriff. Du Molinet, defcriprion des habits des chanoines régu- diers. | Le continuateur de Morery dit que le premier en. droit que les fondateurs du Wa/-des-écoliers choïfirent pour leur demeure, étoit f inaccefble par les bois & les rochers qui Penvironnoient , qu’on fut obligé, trente ans après , de tranfporter l'habitation à une demi-lieue du premier monaftere, dans un lieu en- core fort folitaire , mais moins defagréable, On y tranféra les ofemens de ceux qui étoient déja morts, êc fur-tout des quatre fondateurs , qui font fous ane belle tombe au nulieu du chœur , fur laquelle on lit ces quafre Vers: Gallia nos genuir., docuir Sorbona , recepit … Hofpirio præeful , pavit eremus inops. Jufla pius Jolvis Chrifo,, quer ereximius Oro ; Offa que jam V'allis noftra fcholaris haber. Les pp. dd. Martenne 8 Durand , bénédiéins, ont fait imprimer les premieres conftitutions de ce monaitere , qui font également inftructives &c édi- fantes dans leur voyage Wirtéraire , tome I. pare, 1, & fispplém. de Morery. - Vax-MaprA où VAL-MAGrA , ( Géog. mod.) par les Allemands Mayn-Thal ; petit bailliage d'Italie, dans ladépendance des douze anciens cantons fifles. Ce bailliage n’eft qu’une longue vallée étroite, fer- rée entre de hautes montagnes, &t arrofée ‘dans fa longueur par une riviere de mêmenom , &c qui-de-là coule à Locarno. (D.J.) * VAL-OMBROSA., (Géog. mod.) monaftere , chef VAL d'ordre d'Italie, dans la Tôfcane, aux montagnes dé l’'Apennin , fondée dans le x. fieclé par S:Guaibert: - VAETELLINE, ( Géog. mod.) les écrivains latins du moyen âge l’appellent Va/lis-Télina; 8nomment lès habitans Vofsureni, Les Allemands ont corrompu le nom de Vullis-Telinaen celti de Pelyÿns 1 "Seigneurie des Grifons', à l'entrée de l’Italie', aw pié des Alpes, près du comté de Bormio. La vallée qui compofe certe feigneurie ft fort lôngte , mais d'une largeur très-inévale. L’Adda la traverfe & la partage en deux parties, Elle éft divifée en trois tiers, qui forment cinq petits baïlliages. Le prémier tiers a Tirano pour capitale} fe fecondtiers a Sondrio ; 8€ le troifieme qui eft partagé en deux gouvernemens,. a Frahona & Morbegno. Le territoire de Teglio fait ün gouvernement à part, ! ! SEE + Les'cing gouvernefnens decette vallée ont chacun leur éonferl & leurs chefs, qui font élus par toute la communauté. Ils ont aufli leurs officiers militaires, leurs fyndics qui veillent à l’obfervation des lois, & leurs confuls de juftice qui ont foin des orphelins: Où fait des aflembléës générales pour lés affires qui regardent tous les habitans ; ces affemblées' fe tiens nent à Sondrio. LE * Plufeurs puiflances ont tenté tour-à-tour de $’em2 parer de cette petite province au commencement du dernier fiecle , lorfqu’elle appartenoitaux ligues Grilés réformées. On vit en 1610 -éclore lé projet de mafläcrer tous les:proteftans du pays. On en évor gea environ cingcens, & ce fut le fruit desintrigues. de la matfon d'Autriche. Elle s’empara des comtés de Bormio &c de Chiavenne, d’où elle chaffa les pro- teftans. Les Efpasnols vouloient joindre la aËTel- line aux Milanez. Le pape Urbain VIIL. avoit obtenu qu'on-la féqueftrât entre fes mains, & ne defefpéroit pas de la garder. LaFranee jaloufe affranchit ce pays de l’invañon autrichienne ; mais les miniftres autri- , Chiens engagerent finalement les Grifons à s’allier avec l’empereur fous des conditions favorables. La capitulation fut conclue à Milan en 1639, & la relie gion proteftante a été bannie du pays. François L. roi de Francé ,/s’étant mis en poffeffion du duché de Milan en 116, céda aux Grifons la con- quête qu’ils avoient faite de la Va/Telline, & des comtés de Chiavénne & de Bormio; cependant quoi- que ce pays foit beaucoup meilleur que celui qu'ils babitent , ils n’ont point voulu s’y établir, IS préfe- rent le féjour de leur prémiere patrie aux beautés d’une térre étrangere., & l'amour de la liberté les porte à croire qu'ils font plus en füreté dans leurs montagnes , dont aucune puiflance ne tentera jamais de lés débufquer. (D: J.) | VAL-VERD , ( Æiff: eccléftaff. ) monaftéère de cha- noines réguliers. Ce ne fut d’abord qu’un hermitage, où Jean de Bofco, defcendu des anciens dues de Bra- bant , fe retira au commencement du xiv. fiecle. L'hermitage fut fucceflivement habité par deux ou trois hermites , &'continua d’être pauvre jufqu'à ce qu'il eut une chapelle , une maifon, des revenus, un habit, une regle , & devint chef de maïfon. Alors il s’unit avec d’autres , & perdit fon nom. | VALABLE , adj. (Gram.) qu’on peur füre valoir devant les tribunaux , au jugement des hommes ; ainfi on dit, ce titre eft ya/able ; ce teftament eff va- lable ; c’eft un contrat très-valable ; c’eft un excufe valable. On dit aufñ en deniers comptans & valables. Alors il s’oppofe à de mauvais aloï , manquant de cours, G'c. VALACHIE ox VALAQUIE , (Géog. mod.) prin- cipauté de l'Europe, poffédée pour la meilleure par- tie par le Turc , & pour le refte par l'empereur. Elle a environ 80 lieues du levant au couchant, & 40 du midi au feptentrion. Elle eft bornée au nord partie VAL pèr la Moldavie, partis par la Tranfilvanie ; au mi. | ‘di, parle Danube ; au levant, par ce même fleuve ; & au couchant, par la Tranfilvanie. La partie de ‘cette province qui dépend de l'empire turc, eft gou- “vernée par un hofpodar ou vaivode. Cette province fut anciennement nommée Æwc- cie, du nom de Flaccus , que Trajan y envoya avec une colonie de trénte mille hommes pour cultiver le “pays, qui fournit à l’armée romaine une bonne par- tie des vivres pendant la guerre contre les Scythes “&c les Sarmates. La J’alachie & la Moldavie ne com- pofoient autrefois qu'une feule province des Daces, ‘nommée fimplement Fa/achie ; mais ayant enfuite “té divifée en haute & bafle, à éaufe de la riviere “qui la partageoit , la derniere a toujours retenu le ‘nom de FPalachie , & autre a pris celui de Moldavie, Elle avoit autrefois fes princes particuliers , dépen- dans & tributaires des rois d'Hongrie ; mais tout a changé depuis que Selim I. s’eft emparé de cette pro- vince en 1574. | | Elle eft divifée en treize comtés , qui font habités indifféremment par les Saxons , par les Hongrois &c pat les naturels du pays. L’hofpodar qui la gouverne tre une grofle fomme de la dixme de la cire & du miel, dont les peuples font leur principal trafic, anfi que du blé & du vin qu’on porte en Rufhe, L'hofpodar paye de fon côté un argent confidérable à la Porte , pour être maintenu dans fon gouverne- ment. Il n’y a que trois villes dans là Valachie , favoir Tergovitz, où demeure l’hofpodar , Briël & Treffort. Le terroir feroit fertile, files habitans le cultivoient ; raais la plus grande partie eft en friche , & les terres ont au premier qui veut les labourer &'enfemencer, Cette province elt en quelques. endroits traverfée d’épaifles forêts , & dans d’autres elle manque tota- lement de bois. On en tire des chevaux, des bœufs &z des bêtes à laine. Les maifons des habitans ne font bâties qu’en terre grafle, & couvertes de rofeaux. La langue du pays a un grand rapport avec la latine; mais dans Les cérémonies de la religion qui eft celle des Grecs, on fe fert de la langue franque. (D. 7.) VALANEÏINE , (Marine. ) voyez BALANEINE. VALANTIA , {. f. ( Hiff. nar. Boran.) genre de plante dont les fleurs font des baffins partagés ordi- nairementen quatre parties, quelquefois en trois. Le calice devient un fruit membraneux , femblable en Quelque maniere au pié d’un oifeau qui tient dans fes ferres une graine de la forme d'un petit rein. Tour- nefort , Mem. de l’acad. roy. des Sciences | an. 1706. Voyez PLANTE. VALCUM, ( Géogr. anc. ) lieu de la bafle Panno- nie, entre Sifacenfis & Mogeriana, à 28 milles de l’un, & à 30 milles de Pautre. Ce lieu n’eft pas Wolcowar fur le Danube, comme le penfoit Lazius ; ce feroit plutôt Veltz, bourgade de Hongrie, dans Efclavo- nie. (D.J.) | VALDANUS , (Geogr. anc.) fleuve de la Panno. ie , felon Pline, /. 1F1, c. xxv. qui met fon embou- chure dans le Danube , au-deflus de la Save : on Yappelle préfentement 74/0 où Walpo. Cette riviere a fa fource dans l’Efclavonie ; & après avoir arrofé Ja ville de Valpo , elle fe rend à Wolkowar où elle fe jette dans le Danube un peu au-deffous de lem- bouchure de la Drave. (2. J.) | VALDEPEGNAS, ( Géosr. mod. ) village d’'Efpa- gne , dans le diocefe de Tolede. Il a donné la naif- iance en 1560 à Balbuena ( Bernardo de ), Pun des meilleurs poëtes efpagnols, qui devint évêque de Puerto-Rico en Amérique, On a de lui 1°. des bu- coliques intitulées , Ze f£ecle d’or dans Les bois d’Eri- phile ; 2°.un poëme héroïque fous le titre de eZ Ber- nardo ; 3°. la grandeur du Mexique, mourut en 1627. (2.7) VAL S11 . VALDERAS , ( Géog. mod.) vallée del’Amérique feptentrionale , dans la nouvelle Efpagne, fur la côte de la mer du fud, au fond d’une profonde baie, Cette vallée a au-tour de trois lieues de largeur. On y trouve des guaves, des orangers , deslimonsenabon- dañce ; les pacages gras font pleins de bœufs & de vaches ; ce font-là les {euls habitans de ce beau val= lon où perfonne ne s’eft encore établi, | VALDELVANGE, ( Géog. mod.) en allemand Valderfringen ; les François craignant des’écorcher la langue, écrivent & prononcent Paudevrange ; ville _runée de France, en Lorraine dans le bailliage alle mand , fur la rive gauche de la Saare, Louis XIV. a détruit cette ville, & a fait conftruire au-deflus une fotterefte qu’on a nommée Saar-Louis, & qui eft de ce côté-la le boulevard de la France. (D. J.) VALDIC , 1. £ (Hiff, nat, Botan.) valdia ; genre de plante à fleur monopétale en forme d’entonnoir, & découpée le plus fouvent en trois parties ; cette fleur.a deux calices , elle eft enveloppée par lun de ces calices & foutenue par l’autre ; celui-ci devient dans la fuiteun fruit rond 8: mou , qui contient pouf l’ordinaire deux femencesoblongues, Plumier , z20va plant. amer. genera. Voyez PLANTE. VALDIVIA , o4 BALDIVIA , (Géog.mod.) petite ville d'Amérique méridionale , au Chili, fur la côte de la mer du fud, avec un port de même nom , le- quel port eft le plus beau & le plus fort de toute la côte de la mer du Sud. © - VALENA, (Géog.añc.) ville de la haute Panno- nie, Ptolomée, Zi. 11..ch.-xy. la met au nombre des villes qui étorent éloignées du Danube. Cependant Villeneuve & Mollet veulent que cefoit aujourd’hui la ville de Gran, êc felon Lazius c’eft V’albach, VALENCA, (Géog. mod.) par les François Va- lence , petite ville d'Italie , dans le Milanez, capitalé de la Laumeline , fur la rive-droite du Pô, près de fa jonétion avec le Tanaro. Long. 26. 17. lat. 44, 55. (D.J.) qe SV VALENÇA D'ALCANTARA, (Géog. mod.) ville d'Ef: pagne , dans l’Eftramadure,, fur les frontieres de Portugal, à 7 lieues au fud-oueft d’Alcantara. Elle eft bâtie fur un roc avec un vieux château. Long. 114 3Oulats 39 410. L VALENÇA DO MINHO, (Géog. mod.) ville de Por: tugal, dans la province d’entre Duero-e-Minho, fur les frontieres de la Galice , au bord du Minho, vis- à-vis de Tuy. Log. 8. 56. las, 41. 54. (D. JT.) VALENCE , ( Géog. mod. ) province d’Efpagne avec titte de royaume. Elle eft bornée au nord par Aragon & la Catalogne; au midi & au levant par la mer Méditerranée ; au couchant par la nouvelle Ca: fille, & par le royaume de Murcie. Elle tire fon nom de fa capitale, & s'étend du nord au fud dela longueur d'environ 66 lieues fur 2$ dans fa plus grans de largeur. Elle.eft arrofée d’un grand nombre de rivieres ; dont les principales font la Segura , le Xucar , le Guadalaviar , le Morviedro & le Millas ou Millares, Cette province eft une des plus peuplées de EL pagne. On y compte 7 cités, 64 villes oubourgs , & A ports de mer, entre lefquels eft Alicante, Valence eft auffi l’un des plus agréables pays dela monarchie. On y jouit d’un printems prefque continuel. Les cô- teaux abondent en excellens vins ; les vallées & les plaines font couvertes d'arbres fruitiers chargés de fruits ou parés de fleurs dans toutes les faifons de l’année; on y recueille du r1z, du lin précieux , du chanvre , de la foie, de huile , du miel & du fucre. La mer y fournit abondamment de poiflons , parti- cullerement des alofes & du thon ; les montagnes, uoique rudes & ftériles pour la plüpart, y cachent leurs entraulles des mines fécondes en alun & en 812 VAL fer, ainfi que des carrieres d’albâtre , de chaux, de plâtre &c de calamine. C’eft le pays qu’habitoient anciennement les Cel- tibériens , les Conteftains &r les Lufons. Il fut érige en royaume l'an 788 par Abdalla qui en étoit le gou- verneur, Dans le x. fiecle , fous le regne de Ferdi- nand , fils de Sanche roi de Navarre &c d'Aragon, le ciddon Rodrigue, à la tête de fa chevalerie , fubju- gua le royaume de Falence, Sans être roi, 8t fans en prendre letitre , foit qu'il lui préférât celui de cid, oit que lefprit de chevalerie le rendit fidele au roi Alphonfe fon maitreil gouverna néanmoinsie royau- me dé Valence avec l’autorité d’un fouverain , rece- vant des atibafladeurs, 8 fe faifant refpelter de tou- tes les nations. Corneille a trouvé l’art de neus inté- reffer pour lui, &cileft vrai qu'il époufa depuis Chi= ! méñe dont l'avoit tuéle pere. Après fa mortarrivéel'an 1096, les Maures repti: rente royaume de Walence , 8t l'Efpagne fe trouva toujours'partagée entre plufieurs dominations ; mais Jacques , le premier des rois d'Aragon à a les états ayent prêté le ferment de fidélité , reprit furles Mau- res en 1238, le beau royaume de Valence. Ils fe fou- mirent à lui, & continuerent de le rendre floriffant. C’étoit encore dans ce pays favorifé de la nature qu'habitoit la plus grande partie des Maures qui fu- rent chaflés de l’Efpagne pour toujours en 1610. Leurs defcendans qu'on appelle Mauriques , font bons laboureurs , robuftes, fobres & laborieux. Le royaume de Valence avoit ci-devant de grands privileges, dont Philippe V. le dépouilla en 170$ , pour avoir embraflé le patri de l’archiduc , & en mêmetems il réunit ce royaume à celui de Caftille, pour en être deformais une province. ( D. J.) VALENCE , ( Géog: mod. ) ville d'Efpagne , capi- tale de la province de mêmenom , à 65 lieues au fud- oueft de Barcelone , à 45 de Murcie , &c à 67 de Madrid. Cette ville eft fituée à 3 milles de la mer , au bord du Guadalaviar, dans une campagne admirable, où la nature femble avoir répandu tous fes dons à plei- nes mains, pour fervir aux befoins & aux délices de la vie. Indépendamment de la beauté du lieu, des asrémens de fa fituation , de la douceur de Pair, de la fertilité du terroir , la mer y forme dans le voifi- nage un lac de trois lieues d’étendue & d’une lieue de largeur ; c’eft ce lac que les Romains nommoient amænum flagnum , & qui produit divers poiflons des plus délicats. . La ville eft grande , & contient environ douze mille feux dans fon enceinte ; les habitans y font égayés par la température de l'air, & les femmes y aflent pour être les plus belles du royaume. Entre édifices publics fe diffingue par fa beaute Péglife cathédrale, dont Le tréfor eft très-riche ; le grand-au- tel de cette églife efttout couvert d'argent, & éclairé de quatorze candélabres de même métal , fufpendus au-devant. On vante aufñli en fait de bâtimens pro- fanes les palais du vice-roi, de la ciuta & de la dépu- tation , l’arfenal , la bourfe &c l’hôtel-de-ville. On compte à Valence douze portes, dix mille puits ou fontaines d’eau vive, & cinqponts fur le Gua- dalaviar ; ils ont quinze pas de largeur, & environ trois cens de longueur. L’incommodité de cette ville eft de n’être point pavée, ce qui la rend fort fale en hiver, & remplie de pouffere en été. Elle eft le fiege d’une umverfité & d’un archevé- ché, qui y fut fondé en 14092 par le pape Innocent VIT. L’archevêque jouit de trente à quarante mille ducats de rente, &crevêt l’habit de cardinal dans les cérémonies de l’églife. Les canonicats de la cathé- drale valent chacun trois mille écus derevenu, _ Cette ville eft habitée par une grande partie de la ñobleffe du royaume, amfi que par un grand nom- bre de négoctans , qui profitent de la quantité de mû- riefs du territoire pour y fabriquer toutes fortes de foiries | & en faire fleurir le commerce. Il ÿ à dans Valence" un gouverneur qui fe nomme correpidor. La noblefle fait un corps à part, & a une chambre pat- À ticuliere qu'on nomme la ca/x de la dépuration. Lonp, fuivant Caffimi, 16, 40, 15. lat, 39. 30... 2" Je ne dois pas oublier de dire, à la gloire de Fæ Llence, qW'on y trouve divers monumens d'antiquité, ‘parce que c’eft en effet uné ancienne ville. Elle fut donnée l’an de Rome 616, près de deux cens qua rante ans avant Jefus-Chrift,, à de vieux foldats qui avoientfervi fous lé fameux Viriatus, de-là vient que les habitans prenoient le nom de vezeres , où de vere- rani, Comme 11 parOît par l’infcription fuvante qu’on a trouvée: C, Valenu hofilliano. Meflio. Quinétio.no- biliffmo. C&f. principi juventutis Valentin, verra, €. veitres. Pompée détruit cette ville dans le tems de la guerre de Sertorius ; mais elle fut rétablie dans la fuite, Les Maures qui s’en étoient faifis , la-perdirent: dans le xj.fiecle, par la valeur de Rodrigue dias de 1 Bivar , furnommeé le c:4, [ls la reprirent après fa mort, arrivée lan 1096, & s’y maintinrent jufqu’en. 1238,que Jacques. roi d'Aragon, la leur enleva pour toujours, … C’eft dans cette ville que naquit le pape Alexan- are VI. mort à Rome en 1503, à VPâge de 72 ans, laifant en Europe , dit M. de Voltaire, une mé- moire plus oieufe que celle des Nérons & des Cali: gula , parce que la fainteté de fon miniftere le rendoit plus coupable. Cependant c’eft à lui que Rome dut fa grandeur temporelle, &cce fut lui qui mit fes fuc- cefleurs en état de tenir quelquefois la balance de PE talie. . Furius | (Fridéric) furnommé Seriolanus, à caufe qu'il étoit né à Valence, dont les habitans écotent ap- pellés vulgairement Seério/s, mourut à Valladolid Pan 1592. SOn traité du confeiller, de/ conceio y confciero, a été fort eftimé , 1l y en a une traduétion latineim- primée à Bâle , i1-6°. en 1563, & enfuite à Straf- bourg, 7-12. On lui fit des affaires pour avoir mis au jour en latin un fort bon traité intitulé Boronix, dans lequel il foutenoit qu'il falloit traduire l’Ecri- ture-fainte en langue vulgaire. Il ne fallut pas moins que la protettion de Charles-quint pour préferver l’auteur de l'orage qu’on éleva contre lui, mais la leéture de fon livre a été défendue par l'index du concile de Trente. Miniana, (Jofeph-Emmanuel ) naquit à Valence en 1572, entra dans l’ordre des religieux de la ré- demption des captifs , & mourut en 1620. Il eft au- teur de la continuation del’hiftoire d'Efpagne de Ma- riana , & il y travailla douze ans. Quoiqu'il promette dans fa préface la plus grande impartialité, perfonne n’a efpéré de la trouver dans une hiftoire écrite par un religieux efpagnol , qu doit raconter tant de cho- fes concernant des troubles de religion arrivés fous Charles-quint & fous Philippe Il. auffi n’a-tl puifé tout ce qu'il dit fur cette matiere , que dans des au- teurs remplis des mêmes préjugés que lui; & pour ce qui regarde les troubles des Pays-bas , il n’a fait qu’a- breger le jéfuite Strada. En parlant de la mort tragi- que du prince d'Orange Guillaume I. 1l loue extrè- mement, 4v. VIII, ch, xüj. p.341. col. 1. la conftance avec laquelle l’aflaffin Balthazar Gérard foufrit {a mort ; & loin d’infinuer que ce parricide la méritoit, il remarque que latête de Gérard expofée au bout d’une pique, parut beaucoup plus belle qu’elle n°’é- toit quand 1l vivoit. Il traite en même tems de mon- Îtres & d'hommes déteftables, des gens illuftres qui n’ont eu d’autres défauts que de ne pas penfer comme PEolife romaine. Le pere Miniana auroit dû fe fou- venir de la difpofition où 1l dit lui - même que doit être un bon hifforien : « de fe regarder comme ci » ioyen » toyen du monde, de tout pefer à la balance de » Théaus avec la derniere exaétitude, & fur-tout » avec un amour dominant de la vérité». Au refte , fon ftyle n’eft point auf net & auf dévagé que ce- dut de fon modele. Il s’eft propoé mal-à-propos d’i- miter Piaute, c quelquefois fes phrafes par leur con- ciion font obfcures &t embarraflées. : Vives (Jean-Louis) naquit à Valence en 14092, & mourut à Bruges en 1540 , à 48 ans. Il a beaucoup écrit, &t avecpeu d'utilité pour Le public; cependant Les ouvrages recueillis & imprimés à Bâleenr$$s5en deux vol, 1n-fol. ont êté recherchés dansle xvj:fecle. N'oublions pas Ferrier (Vincent) dominicain, qui fleurifloit vers le milieu du xjv. fiecle. Bénoît XI. le choifit pour fon confeffeur ; & comme il avoit un talent peu commun pour la prédication, 1l'fe rendit bien-tôt fameux. Il fit auffi desmiracles en nombre, &t fut canomié. Ce faint thaumaturge., dir le pere d'Orléans, n’avoit pourtant rien de farouche & d’em- barraflé lorfque fon miniftere le mettoit dans ie com- . merce du monde & à la cour des princes. On tâcha de attirer dans l’aflemblée du concile de Conffance, par deux raïfons, Pune pour qu’il aidât par fon crédit à terminer les affaires épineufes qui occupoient les peres, & l’autre pour l’'empêcherd’autorifer les Fla: gellans , dont la fe@&e avoit fait de grands progrès malgré les édits desempereurs & les bulles despapés. Vincent Ferrier Les favorifoit extrèmement par fes maneres & par fes a&tions qui refflentoient beaucoup - le fanatifme : il marchoit fouvent à la tête d’une foule prodigieufe de pénitens , qui fe fouettoient jufqu’au fans, & qui couroient par-tout après lui pour len- tendre prècher. On peut juger que le faint voyoit fans chagrin les fruits de fa prédication, & que fi les Flagellans aimoïient à Pentendre ; il n’étoit pas fiche d'en être fuivi. Le concile de Conftance eut beau s’y prendre avec dextériré pour ramener le do- minmcain ;1lne voulut point fe rendre à Paflemblée, malgré les follicitations empreflées du roi d'Aragon mème. Il mourut à Vannes en Bretagne le $ d'Avril 1419, jour auquel on célebre fa fête dans lÉclife ro- maine depuis fa canonifation. On a de lui quelques ouvrages dont on ne fait aucun cas, ou plutôt qu’on méprife beaucoup aujourd’hui. (Le chevalier pe Jau- COURT.) VALENCE, ( Géog. mod.) ville de France dans le Dauphiné , capitale du Valentinois, fur la rive gau: che du Rhône , à 7 lieues au nord-oueft dé Dié, à 9 lieues de Viviers , à 12 au midi de Vienne, & à +20 de Paris. JE: -. Les maifons de Falence {ont fort vilaines ; mais le palais épifcopal eft bien bâti. L’évêché établi dès le 11. fiecle eft fuffragant de Vienne. Cet évêché vaut environ 16000 liv. de revenu, & a dans fon diocefe une centaine de paroiïfles , deux abbayes d'hommes, & deux de filles. | | L’univerfité avoit d’abord été fondée à Grenoble par le Dauphin Humbert I. & fut transférée à Va- lence par Louis XI. lanr454. Elle eft compofée de trois facultés , & n’a pas foutenu fa premiere répu- tation. Long. 22. 28. larit. 44. 55. -. Valence eft une des plus anciennes villes des Gaules ; car elle étoit déjà colonie romaine du tems de Pline le naturalifte. Après l’inftitution des nou- velles provinces, elle demeura fous la premiere viennone ; &c après la ruine de empire romain, elle fut foumife aux Bourguignons , 8 enfuite aux Fran- çois Mérovingiens ; fous les Carlovingiens elle fut du toyaume de Bourgogne & d'Arles, & reconnut ceux quin’étant pas de la race de Charlemagne, jouirent de ce royaume. - Baro ( Balthazar ) né à Valence en 1600 , &re- ça à l’académie françoife en 1633 , fut gentilhom- me de mademoïfelle Anne-Marie-Louife d'Orléans, Tome XVI - de fille de Gafton. H mourut en 1650. L'ouvrage qui lui a fait Le plus d'honneur, eft le cinquieme tome d'Afirée , qui en formoit la conclufion , &c qui né fut guere moins bien reçu que les quatte autres vo- lumes donnés pat M, d'Urfé , dont Baro avoit été fecrétaire. Le grand fuccès dé ce roman produifit ceux de Gombervillé ; de la Calprenede , de des-Ma- rais , &c de Scudery. Que de différence entre les ro= mans de ce téms-là, & ceux de Richardfon! Baroft auflineuf pieces de théatre imprimées, dont la moins mauvaife eft Parthénietragédie, | Jouberr (Laurent Ÿ, médecin ordinaire duroi, naë quit à Valence en 1530, & fe rendit célebre par fes leçons. On étoit fi prévenu de fes lumieres, qu'Hen- ri HI. fouhaitant avec pañlion d’avoir des enfans, le fit venir à Paris, dans l’efpérance que l’habileté de ce médecin leveroït tous les obftacles qui rendoient fon mariage ftérile ; mais fon efpérance fut trompée. Joubert avoit cependant traité cette matiere dans fes erreurs populaires , &7 même il l’avoit fait avec une indécence inexcufable ; cet ouvrage devoit contenit fix parties , divifées chacune en cinalivres ; maïs le public n’en a vu que ldpremiere , & quelque chofe de la feconde ; les ouvrages latins forment deux vo= lümes £7-fol. dans les éditions de Francfort, 1582, 1599, 6 1645. Il mourut à Lombez en 1582, à ÿz ans. Sautel (Pierre-Jufte).,'jéfuite, né en 1613, à Valence, s’eft diftingué par {es petites pieces en vers latins , lefquelles font délicates & ingénieufes, On ef- time fon élégie fur une mouche tombée dans uneter- rine de lait; fon effain d’abeiïlles diftillant du miel dans le carquois de l’Amoür ; fa querelle des mou- ches:; fon oïfeau mis en cage; {on perroquet qui parle, 6c. I] mourut à Tournon, en 1662 , âgé de 50 ans, (D. J.) | VALENCE , ( Géograph. mod. ) petite ville, difons mieux, bourg de France dans lAgénois , fur la rive droite de la Garonne, vis-à-vis d'Aurignac, (D. J.) VALENCE , ( Géog. mod.) nos géographes difent petite ville de France dans l’Armagnac , à fix lieues au nord d'Auch , fur la Blaife; cette place ne vaut pas un bourg, (D. J) : VALENCE, (Géog: mod!) petite ville de France ; dans le haut Languedoc, au diocefe d’Alby, & Pu- ne des douze principales préfeétures de ce diocèfe. VALENCE » golphe de, (Géo. mod, ) golphe for mé par la partie de la mer Méditerranée qui baigne les côtes du royaume de Valence. Il s'étend depuis embouchure de l'Ebre , jufqu'au cap nomméla pur- ta del Ermporador: (D. J.) VALENCE , douane de, ( Finance. ) la douane de Valence eft un droit local deftru&if du commerce, & qui fatigue à la fois fix ou fept provinces, dontil anéantit les communications. Re Cette douane fut établie en 1625. par baïl, pour la fomme de quatre cens mille livres , à des traitans, pendanttrois ans; fon érendue , quant à la percep= tion des droits , eft exceflive; la maniere de les per= cevoir n’eft pas moins onéreufe, {on effet eft de dé« truire le commerce des beftiaux, autrefois fi conf- dérable en Dauphiné, d’occafonner des tours & dé= tours aux marchandifes des provinces limitrophes . de diminuer les confommations intérieures & exté- rieures. La forme du tarif de cette douane-eft contre toute bonne politique, en ce qu’elle eft fufceptible d’une infinité de furprifes ; enfin elle a acquis entre lès mains induftrieufes des résifleurs , une propriété fingulrere , c’eft celle de pouvoir être perçue deux fois fur lamême marchandife. Confid. fur les finances. CDS) Es VALENCE ou VALENCEY , ( Géog. mod. ) pe= tite ville de France , dans le Berry , fur la rive sau- éhe du Nahon , au midi de Selles, Fe es L 31% \ 814 VAL qui n’eft point achevé, & qui cependant aautrefois mérité d’être regardé comme une des belles maions de France. Long. 19.16. lat. 47. 7. ( D.J.) VALENCIENNES , (Géog. mod.) viile de France, ‘dans le Hainaut , fur le bord del’Efcaut, entre Con- -dé 8 Bonchain, à huit lieues au nord-eft de Cam- brai, à fix au fud-oueft de Mons, & à cinquante de Paris. Les rois de France avoient un palais à Walencien- nes, fous Clovis IH. qui y tint une affemblée des grands du royaume , va/entiniantis in palatio noflro, dit la patente de ce prince ; cependant Wa/encrennes n’étoit encore qu’une bourgade ; mais fa fituation avantageufe la rendit avec le tems une bonne ville. L’Elcaut qui la coupe par le milieu, & où 1l y a de belles éclufes , y porte bateau. Comme cette ri- viere la divife en deux , la ville-eft auffi de deux dio- cefes , de Cambrai & d'Arras; c’eft ce quifait qu’el- le a été attribuée par divers auteurs au Hainaut , & par d'autres à la Flandre. Les empereurs de quiCam- brai & le Hainaut relevoient, prétendoient avoirla fouveraïneté de toute la ville ; mais cette prétention leur étoit difputée par les comtes de Flandre , & par Les rois de France de quices comtes relevoient. Louis XIV. prit Valenciennes en 1677. & elle lui fut cédée Vannée fuivante par le traité de Nimegue, ” Cette ville, dontHenri Oultreman a donné l’hif- toire imprimée à Anvers , en 1590. ir 4°. contient à-peu-près quatre mille maïlons, & environ vingt mille habitans; les rues font étroites , mal percées, & toutes tortues ; {es fortifications &c la citadeile ont été réparées , & confiruitesen partie par le ma- xéchalde Vauban ; la citadelle eft une des plus irré- gulieres qu’on puïfle voir, mais les redoutes font bel- les & bien revêtues. _ Hya dans cette ville un gouverneur, un lieute- nant de roi, & bonne garniion ; la citadelle a fon gouverneur particulier ; les membres dela magiftra- ture fort nommés tous les ans par le gouverneur de la ville, 8z par l'intendant de la province. La juftice royale qu’on appelle la prévdre-le-comte, s'étend fur les ving-quatre villages dela prévôté, & connoît des cas royaux dans la ville ; l'appel des jugemens eft porté au parlement de Douay. Le commerce de Fa- Lenciennes confifte en camelots , bouracans, toiles fi- nes appellées hazilles, &c belles dentelles. Long, 21, 45. latit, 50. 22. Froiflard ( Jean ), prètre, hiftorien & poëte , na- quit à Valenciennes vers l'an 1337. & montra dès fa jeunefle un fond de diffipation naturelle, qui exerça fouvent la patience de fesmaîtres. Il aimoit la chañle, les affemblées , les danfes, la bonne chere , le vin, & les femmes. Tout cela paroït par un morceau de fes poéfies , où 1l fe dépeint ainf lui-même : Et fi defloupe mes oreilles , Quand j'oi vin verfer de bouteilles, Car au boire prens grant plaifer , Auffi fais en beaus draps vejtir, En viande frefche & nouvelle. Violertes en leur faifons, Æ rofes blanches & vermeilles Voi volontiers, car c’eff raifons, ÆErchambres plaines de candeilles, Jus & dances, & longes veilles, Et beaus lis pour li rafrefchir , Es au couchier pour mieulx dormir Efpeces , (épices) clairet , Grocelle: En routes ces chofes veir Mon efperit fe renouvelle. Le goût pour l'hiftoire remplitun peu le vuide que Famour des plaifirs laifloit dans fon efprit & dans fon cœur. Ilavoit à peine vingt ans lorfqu’il entre- prit d'écrire l’hiftoire des guerres de fon tems , par- VAE ticuhierement de celles qui fuivirent a bataille de Poitiers. Quatre ans après, en 1356, étantallé en Angleterre , 1l en préfenta une partie à la reine Phi lippe de Haynaut, femme d’'Edouard IT. Quelque jeune qu’il füt alors, 1l avoit déja parcouru routesles provinces de la France. L'objet de. fon voyage en Angleterre étoir de s’arracherau trouble d’une pafñon qui le tourmentoit depuis long tems; mais maloré les amufemens qu’on lui procura, & les carefles dont on Paccabla , rien ne put charmer l'ennui qui le dévoroit ; il réfolut de fe rapprocher ; cependant fes afliduités & fes foins auprès de fa maïîtrefle ayant été encore fans fuccès, il s’éloigna d’elle une feconde fois ; il retourna em Angleterre, & futnommé clerc , c’eft-à-dire fecre- taire ou écrivain de la chambre de la reine. Elle pre- noit fouvent plaifir à lui faire compofer des poëfes amoureufes ; mais ce n’étoit là qu’un amufement qui ne préjudicioit point à des travaux plus férieux, puifqu'il fit aux frais de cette princeffe , pendantles cingannées qu’il pañla à fon fervice, plufieurs voya- ges dont l’objet paroit avoir été de rechercher tout ce qui devoit {ervir à enrichir fon ouvrage. Après la mort de cette reine, qui l’avoit comblé de biens, 1l s’attacha à Vinceflas de Luxembourg , duc de Brabant, enfuite à Gui, comte de Blois, Ce dernier prince lui donna des lettres de recommanda- tion pour Gafton Phœbus , comte de Béarn , ce qui lui procura le moyen de s’inftruire à fonds des pro- vinces du royaume les plus éloignées , où 1l favoit qu'un grand nombre de guerriers fe fignaloient tous les jours par de merveilleux faits d'armes. En 1395. il fit une courfe en Angleterre , où il n’ayoit pasiété depuis vingt ans ; le roi le gracieufa beaucoup , &c le oratifia à ion départ de cent nobles dans un gobelet d'argent doré, pefant deux marcs. I|mourut fix ans après , âgé d'environ 64 ans. Son hiftoire eftun ouvrage précieux. Elle com- prend tout ce qui s’eft paflé en France , en Efpagne , -êt en Angleterre, depuis 1326, jufqu’en 1400. En- guerrand de Monftrelet continua cette befogneqjuË ” quen 1467. On a plufieurs éditions de la chronique de Fro:ffard ; les premieres font à Paris , chez Jean Petit, & chez Antoine Vérard, en caraéteres gothi- ques. Denys Saulvage la réimprima à Lyonen1s$9. la quatrieme édition parut à Paris en 1574; mais comme les François accufent Froiffard de partialité pour la nation angloife , ils ont par-c1 par là , tron- qué fon hiftoire dans toutes leurs éditions. On dit qu’on garile dans la Bibliotheque de Bref- law , un manufcrit complet dela chronique de Froif- fard ; c’eft fur ce manulcrit qu'elle mériteroit d’être réimprimée, Il faudroit y joindre dans ce cas le mé- moiïre fur la vie de l’hiftorien , par M. de Sainte Pa- laye, inféré dans le recueil de l'académie des Inf- criptions, som. X.in-4°. p. 564. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) VALENGIN , (Géog. mod.) comté joint à celui de Neuf-Châtel, & compris parmi les alliés de la . Suiffe, dont ces deux comtés occupent une partie des quartiers occidentaux. Le comté de Faknpin a eu divers feigneurs. Il tire fon nom d’unebourgade con: tenant à peine vingt maifons , & dans laquelle étoit autrefois un château bâti fur un rocher. Les états de Neuf-Châtelinveftirent en 1707, le roi de Prufle de leur comté & de celui de Valengin ; cette poffeffion lui fut confirmée par le traité d’Utrecht. ( 2. J.) VALENTIA , ( Géogr. anc.) 1°. contrée de la grande-Bretagne , felon Ammien Marcellin , qui en fait le détail fuivant. Les Piétes, dit-il, les Scots, & quelques autres peuples du pays, s'étant jettés fur la province ro- maine, fous l'empire de Valentinien L. ce prince en- yoya contre eux Théodofe l’ancien, quirepoufla ces peuples, s’empara d’une partie de leurs terres, & fit conftruire deux forts fur l’ifthme qui fépare les deux mers, afin de les tenir plus éloignés. Par-fà, les terres des Romains fe trouverentaugmentées d’un grand pays, dont Théodofe fit une cinquieme pro- vince , à laquelle il donna le nom de Valeria , pour faire honneur à Valentinien. | Ce pays faïfoit partie du royaume des Piétes, qui par ce moyen fe trouva confidérablement diminué. Cette province comprenoit la meilleure partie de l'Ecoffe ; auffi cette invafion nouvelleirrita tellement des Calédoniens , que jamais ils ne ceflerent depuis de harceler les Romains & les Bretons leurs fujets. Tant que l'empire romain eut aflez de force pour fe foutenir, leurs efforts furent inutiles ; mais d’abord qu'il vint à chanceler , c’eft-à-dire dès le commence- | ment du cinquieme fiecle , les Calédoniens reve- nant à la charge avec une nouvelle fureur, franchi- rent toutes les barrieres qu’on leur avoit oppofées, & firent de grands ravages dans la province des Ro- mains : ceux-ci les repoufferent quelquefois , mais ayant afez à faire chez eux , 1ls fe retirerent de la province de Valentia , Gt bâtirent de groffes pierres la muraïlle que l’empereur Sévere avoit élevée deux. cens trente ans auparavant , entre l’embouchure de la Tyne & celle de Eden. 2°. Valentia, ville 8 colonie de la Gaule narbon- noife. Prolomée , Z IZ. c. x. la donne aux peuples Segalauni. L’itinéraire d’Antonin marque cette ville fur la route de Milan à Lyon, entre Augufle & Ur- fole ; c’eit aujourd’hui la ville de Valence. 3°. Valentia , ville de PEfpagne tarragonoife. Pli- ne , 2. IT. c. 17. lamet dans le pays des Edétains , à trois milles de la mer , & lui donne le titre de colo- nie, C’eftaujourd’hui Valence , capitale d’un royau- me demêmenom. | 4°. Valentia , autre ville d'Efpagne. Le conful Ju- nius donna cette ville avec des terres , aux foldats qui avoient combattu fous Viriatus. Cette vilie, fe- lon Martana , étoit fur Le Minho , & {on nom s’eft confervéjqufqu'à préfent. C’eft aujourd’hui Valença, bourg de Portugal, dans la province de Tra-los-mon- tes, fur faæive gauche du Minho , vis-à-vis de Tuy. 5°. Walentia, ville d'Itahé dans la Mefläpie ou la Calabre; c’eft apparemment le Vaerium de Pompo- nius Méla , Z. I. c. iv, qui étoit à l'embouchure du fleuve Patius. 6°. Valentin, ville de l'ile de Sardaigne, dont les habitans font nommés Vufensiri par Pline, Zy. III, cviÿ. (D.J.) | VALENTIANÆ , ( Géog, du moyen ge.) nom de la ville de Valenciennes, dans le Hainaut, fur Le bord de l’Efcaut, Eginhard ; 42 annum 771, dit que le roi Charles tint une afflemblée générale 27 villa Valen. tianä. M. de Eonguerue prérend que le fondateur de Valenciennes fut Valentinien [. ou fon plus jeune fils; &t que le nom de V’alentiane eit corrompu de Faler- ziniane : mais Cellarius regarde l’origine de Valen- ‘ciennes comme fort incertaine,& penfe qu’elle a pris le nom A de fon fondateur nommé Valens. (D. J. pes VALENTIN , (Géog. mod.) maifon de plaifance | ‘du roi de Sardaigne, dans le Piémont, fur le bord du PÔ, au- deflus. de Turn. Elle eft enrichie de belles | peintures, &c ornée de beaux jardins. (D. J.) , VALENTINE , (Géog. mod.) petite ville dé Fran- "ce, dans le haut Languedoc , au diocefe de Commin- | ges, proche la rive droite de [a Garonne, vis-à-vis ‘Saint-Gaudens ; on attribue la fondation de cette pla- | ce, entierement dépeuplée, à Philippe-le-Bel ; c’eft un grand paflage pour entrer en Catalogne & en Ara- pon. (D. J.) | - VALENTINIENS, fm. pl (Æifecclf)ancienne | & fameufe feéte de Gnofñiques , ainft appellés de | “Tome XVL, VAE 81s lhéréfiarque Valentin leur chef, qui vivoit dans Îe onzieme fecle. Voyez GNOSTIQUES. Le fonds du {yflème des Falentiniens étoit de vou- loir expliquer l'Evangile par les principes du plato- nifme ; c’eft pourquoi ils avoient imaginé une généa- logie d’éons ou d'éones au nombre de trente, mâles &z femelles qui compoñoient le pléroma ou la divi- nité. Voyez l’expoñition de ce fyflème fous le mor ÉOss. , Outre cela Valentin & fes fe@ateurs difoient que les Catholiques, qu'ils appelloïent Pfychiques, étant incapables d’arriver à la fcience parfaite, ne pou- voient fe fauver que par la foi fimple &r les œuvres; que c’étoit à eux que convenoit la continence & le martyre, mais que les fpirituels (c’eft le nom que fe donnoïient les Valentiniens ) ,n’avoient pas befoin de bonnes œuvres, parce qu’ils étoient bons par nature & propriétaires de la grace qui ne pouvoit leur être Ôtée. Ils fe comparoienr à l'or qui ne fe gâte point dans la boue; c’eft pourquoi ils mangeoïent indiffé- remment des viandes immolées aux idoles, & pre- noient part aux fètes des payens & aux fpéétacles mê- mes des gladiateurs. Quelques -uns s’abandonnoient fans mefures aux plaïfrs les plus infâmes, difant qu'il falloit rendre à la chair ce qui appartient à la chair, & à l’efprit ce qui appartient à l'efprit. Ils fe moquoient des Catholiques qui craignoïent les péchés de parole & même de penfée, Les traitant de fimples & d'igno- rans, fur-tout 1ls condamnoient le martyre, &,di- foient que c’étoit une folie de mourir pour Dieu. Pour initier à leurs myfteresil y en avoit qui pré- paroïent une chambre nuptiale, êz avec de certai- nes paroles célébroïient un mariage fpirituel, à l’imi- tation de Punion des éones ; d'autres amenoient leurs difciples à Peau & les baptifoient au nom de l’in- connu pere de tout, en la vérité mere de tout, & en celui quieft defcendu, en Jefus, en l'union, larédemp- tion , & la communauté des puiffances ; d’autres di- foient que le baptême d’eau étoit fuperflu, &z fe con: tentoient de jetrer fur la tête de l'huile &r de l’eau mêlée & d’oindre de baume ; d’autres rejettoient toutes les cérémomes extérieures, difant. que le myftere de la vertu invifble & ineffable. ne pouvoit s’accomplir par des créatures fenfbles & corrupti- bles; que la rédemption étoit toute {pirituelle , & s’accomphfoit: intérieurement par la connoïffance parfaite. Les Valentiniens fe diviferent en plufeurs branches connues fous les noms de Carmes, d'Ophi- tes, & de Sethiens. Voyez CAINITES, OPxires , & SETHIENS. Fleury, Æijf. ecclef. om. 1.1, 11L. n°, 29, 6 30. VALENTINOÏS, ( Géog. mod.) pays de France, : dans le Dauphiné. Il eft borné au nord parle, Vien: nois , au midi par le Tricafhinois, au levant par le Diois, & au couchant par le Rhône, qui le fépare du Languedoc, comme l’Ifère le fépare du Viennois, Les peuples du f’a/errinois font nommés, par Pline Segovellauni, par Ptolomée Sesalaunt ; 87 dans la notice de l'empire Sepaulauni. Te e On ignore les noms des premiers comtes de Va lentinoïs ; on fait feulement que vers la fa du xi. fie: cle, Raymond, comte de Touloufe, donnale Diois & le Valenninors à Aymar de Poitiers. En 1446, ces deux comtés furent incorpores au Dauphiné, Louis XII. en fit un duché,en 14098. Henri Ïl, gratifia Dia- ne de Poitiers, fa maitrefie, de l’ufufruit de ce du- ché. Louis XIIL. l’érigea en duché-pairie, dont il fit la donation à Honoré de Grimaldi, prince. de Mona: co, qui avoit reçu dans fa ville garnifon francoife, Valence eft la capitale de ce duché. (2. 7.) VALERIA, (Géog. anc,) 1°. contrée de la Ger- manie, & qui comprenoit une portion de la Panno- nie. Elle eft appellée en conféquence Waleria Pare noniæ, par Ammien Marcellin, Selon cet auteur, LLIIli 816 VAL Galere Maximien ayant abattu des forêts immenfes & fait écouler le lac Peizon dans le Danube, donna à cette »rovince le nom de fa femme Valérie, fille de l’empereur Dioclétien. La Falérie de Pannomie étoit renfermée entre le Danube & la Drave, 2°, Valeria , province d'Italie, felon Paul, diacre, qui dit que la Nurcie lui étoit annexée, &r qu'elle étoit entre l’'Ombrie, la Campanie , & le Picenum. 3°. Valeria , ville d'Italie, felon Strabon qui, , F. p.239. la place dans le Latium , fur la voie Valé- rienne. : 4°. Valeria, ville de l’Efpagne tarragonoife ; c’étoit, felon Prolomée, /. II, e. yr. une des villes des Celti- bères, Ses habitans font nommés Valerienfes par Pli- ne, 2 IT, c. üiy, qui les met au nombre des colonies. Cette ville étoit bâtie fur une colline; les Maures la ruinerent, & felon Vafeus, Cuença fur le Xucar dans la nouvelle Cafüille, s’eft élevée des débris de Valeria. (D. 1.) VALÉRIANE, Lf. (Æf. nat. Bor.) valeriana, genre de plante à fleur monopétäle, en forme d’en- tonnoir, profondément découpée &t foutenue par un calice qui devient dans la fuite une femence, le plus fouvent oblongue, prefque plate, & garnie d’une ai- grette., Tournefort, Inf£. rei herb. Voyez PLANTE. VALÉRIANE, ( Bo. ) dans le fyftème de Linnæus, le calice de ce genre de plante n’eft qu’une efpece de bordure feuillée qui entoure le germe; la fleur ft d’un feul pétale en tuyau, contenant un fie miel- leux , & fe divifant dans les bords en cinq fesmens obtus; les étamines font des filets droits, pointus, de la même longueur que la fleur ; leurs boffettes font arrondies; le piftl a fon germe au-deffous du réceptacle ; le füle fin comme un cheveu eft auffi long que les étamines ; le fruit eft une capfule qui s'ouvre & tombe; les graines font oblongues; les efpeces de ce genre de plante offrent de grandes variétés, & prefque toutes, cultivées, fauvages, aquatiques , font employés en maladies. La grande vulériane des jardins, sa/eriana horten- Jés, 1. R. H. 132, a la racine groffe comme le pouce, ridée, fituée tranfverfalement & à fléur de terre, fibreufe en deflous, de couleur jaunâtre ou brune en deflus , d’une odeur à-peu-près comme celle de la racine du cabaret, fur-tout quand elle eft feche, & d'un goût aromatique. Elle pouffe des tiges hautes d'environ trois piés, grêles, rondes, lifles, creufes, rameufes, garnies d’efpace en efpace de deux feuilles oppofées, lifles, les unes entieres, les autres découpées profondé- ment de chaque côté, comme celles de la fcabieufe. Ses fleurs naïffent en ombelles aux fommités des tiges & des rameaux, formant une efpece de giran- dole, petites, de couleur blanche, tirant fur le pur- purin, d’une odeur fuave, qui approche un peu de celle du jafmin. Chacune de ces fleurs eft un tuyau évafé en rofette, taillée en cinq parties avec quel- ques étamines à fommets arrondis. Quand la fleur eft pañlée, il lui fuccede une femence applatie, ob- longue, couronnée d’une aisrette. Cette plante fe multiplie afément ; elle fleurit en Mai & Juin, VALÉRIANE, ( Mar. médic.) grande valériane, & petite ou valériane fauvage, c’eft la racine de ces plantes qui eft d’ufage en Médecine. La grande va/ériane & la valériane fauvage difte- rent beaucoup entre elles quant au degré d’aétivité. La derniere eft beaucoup plus efficace que la pre- miere, quoique plufieurs médecins aient recom- mandé l’une ou l’autre prefque indiftin@tement; ce n’eft prefque plus que la valériane fauvage qui eft ufuelle aujourd’hui. La racine de cette plante a, lorf- qu’elle eft feche ( état dans lequel on a coutume de lemployer }, une odeur forte, pénétrante, defa- VAL gréable, 8 une faveur amete , acerbe, dégoûtantes Elle tient un rang diftingué, peut-être le premier rang parmi les remedes anti -épileptiques tirés du règne végétal. Plufieurs auteurs dont le témoignage et très- grave, rapportent des obfervations d’épi- lepfe guérie par l’ufage de cette racine, à plus forte raifon eft-elle recommandée & employée avec fuc- cès contre les autres maladies convulfives, & prin- cipalement dans l’afthme convulfif 8e la pañlion hyfté- rique. Cette racine eft auffi un emmenagogue éprou- vé; on l’ordonne en fubftance à la dofe d’un gros juf- qu’à deux dans une liqueur appropriée, & à celle de demi-once jufqu’à une once en déco&ion., Ce remede donné à haute dofe , & continué pen- dant quelques jours, a coutume de produire des fueurs abondantes ; on pourroit par conféquent l’em- ployer avec fuccès toutes les fois que cette évacua- tion eft indiquée, & fur-tout dans les maladies chro- niques , telles que le rhumatifme, certaines maladies de la peau, l’'afthme humide, &c. La racine de la grande ya/ériane entre dans la thé- riaque, le mithridate, l’orviétan , & les trochifques hedichroi ; & celle de la petite valeriane dans l'eau thériacale, Peau épileptique, l’orvieranum preflan- tius, la poudre anti-fpafmodique & les trochifques de myrrhe de fa pharmacopée de Paris, l’onguent martiatum , &c, La racine & les feuilles entrent dans l’emplâtre diabotanum , l'extrait dans la thériaque célefte. (2) VALERIANE GREQUE, polemoniwm , gente de plante décrit fous le nom de polemonium. Voyez Po- LEMONIUM. | | VALERIANELLE, f. f, (ÆLfA nat. Bot.) Tourne- fort compte dix efpeces de valérianelle, dunombre defquelles la principale a été décrite fous le nom vul- gaire dé #éche qu'on lui donne en françois. Voyez Macs. (D. JT.) VALERIANELLOIDE, ff. (Hiff. nas. Botan, exor.) genre de plante dont voici les caracteres : fa ra- cine eît fibreufe, vivace , &r le produit d’une femen- ce de couleur cendrée oblongue, pointue, petite, femblable à celle du petit cumin. Sa tige eft rameu- fe, cendrée, couverte d'un petit duvets & fertile. Ses feuilles font conjuguées, arrondies, inégales , dentelées, foutenues par un pédicule long & fillonné. Il fort d’entre leurs aïffelles , d’autres feuilles conju- guées , femblables aux précédentes, & au nombre de quatre. Les fommets des tiges & des branches font terminés par un épi long & mince, entouré de cali- ces d’une feule piece, découpés en cinq parties, & fortement attachés aux côtés de l’épi. Ces calices foutiennent une fleur d’une feule piece, faite en for- me d’entonnoir, divifée en cinq quartiers, &c d’un bleu pâle, du dedans du piftil de laquelle s’élevent deux étamines. L’ovaire eft au centre du calice, & contient une femence cylindrique, d’où fort un tuyau qui foutient un fommet demi-fphérique. Boërhaave. (D.J.) : -VALERY , SAINT, (Géog. mod.) ville de France en Picardie, dans le Vimeux , à l'embouchure de la Somme , à 4 lieues d’Abbeville. Elle eft divifée en haute & baffle ; il y a une abbaye de bénédiétins & un port. Les habitans font prefque tous commerçans. Long. 19. 30. lar. 50, 9. (D.J.) VALERY EN CAUX, SAINT, ( Géog. mod.) petite ville de France, en Normandie, au pays de Caux, à 7 lieues de Dieppe, & à 1; de Rouen, avec un pe- tit port. Long. 19.20. lat. 40. 48. | VALESIENS, f. m. pl. (Æf. eccléffafl.) ancienne feéte d’hérétiques, ainfi nommés d’un certain Vale- fus leur chef, inconnu à S. Epiphane , qui faifant mention de cette feéte, kéréf. 38. avoue que lon en favoit peu de particularités , fi ce n’eft que ces héré- tiques n’admettoient dans leur fociété que des eunw- tes; ou s'ils recevoient quelqu'un qui ne le füt pas, ils Fempêchoient de manger de la viande, jufqu’à ce qu'il fe fût conformé à leur volonté, & alors ils lui en permettoient l’ufage, parce qu’il n’étoit plus , di- foient-ils, fujet aux mouvemens déréglés de la chair. S. Epiphane place cette héréfie entre celle des Noc- tiens & celle des Novatiens, ce qui fait conjeéturer qu’elle eft du troifieme fiecle. On ajoute que les 74- leftens étoient dans les principes des Gnoftiques tou- chant les anges, &t qu'ils rejettoient la loi & les pro- phetes. Baronius, ad ana. chr. 249. Dupin, Biblior., des ant. eccléf. des trois prem. ffecles. VALET ,f.m. ( Leng. franç. ) le terme de vales a été autrefois un titre honorable, Les fils des empe- reurs étoient appellés varlers où valers ; Villehardouin s’en (ert en plufieurs endroits de fon hiftoire de Con- ftantinople. Fauchet & Pafquier nous apprennent, que les écuyers tranchans étoient appellés verless, Duchène dans l’hiftoire de la maifon de Richelieu, rapporte un titre de lan 1201. dans lequel Guillau- me Duplefis fe qualifie de vale , qui fignifie, dit l'hiftorien , écuyer ou damoïfel ; & il ajoute cette par- ticularité, que les nobles qui s'intituloient vadees , donnoient à connoître par-là, qu’étant iflus de che- valiers , ils prétendoient à l’ordre de chevalerie ob- tenu par leurs peres. Il cite enfuite plufeurs titres anciens , où un particulier qualifié pales, fe dit fils d’un chevalier. Gafle, ancien poëte, parlant du jeu- ne Richard, duc de Normandie, dit : Ni ère mie chevalier | encor ere valeton , N'ayoir encor envis ne barbe, ne guernon, &c. Le pales au jeu de cartes, fignifie le fils du roi & de la reine. Voyez M. du Cange fur Villehardouin , pag. 162. (D.J.) . VALErT, LAQUAIS, (Synon, ) le mot de valer a un {ens général , qu’on applique à tous ceux qui fervent, _Celui de laquais a un fens particulier, qui ne con- vient qu'à une forte de domeftiques. Le premier dé- figae proprement une perfonne de fervice ; & le fe- cond un homme de fuite. L'un emporte une idée d’u- tilité, l’autre une idée d’oftentation. Voilà pourquoi il eft plus honorable d’avoir un /aquais que d’avoir -un valet, & qu’on dit que le Zaguais ne déroge point à fa noblefle, au lieu que le vz/er-de-chambre y dé- roge, quoique la qualité & l'office de celui-ci {oient au-deflus de l’autre. Les princes & les gens de bafle condition n’ont point de laquais ; mais les premiers ont des valers de pié, qui en font la fonétion & qui en portoient même autrefois le nom; & les feconds ont des ya/ers de labeur. Le mot /aquars eft moderne, & veut dire unhom- me fervant à piés le mot va/er eft ancien, & fe don- na d’abord à des officiers honorables, comme va/ers _tranchans., valers échanfons: les écuyers portoient ce nom. Woyez-en l’article. (D. J.) VALETS D’ARTILLERIE, (Ars milir. ) ce font des garçons qui fervent les canonniers , chargent le ca- non ,; y mettent le feu, le nettoyent, & apportent aux canonniers tout ce qui leur eft néceflaire, VALET, {. m rerme de Marine , peloton fait de fil de carret fur le calibre des canons, pour boutrer la poudre quand on les charge. (D. J.) VALET, serme de Maréchal , voyez POINCON. Falet d’écurie ; eft celui qui a foin de panfer, de nourrir & d’accommoder les chevaux. VALETS DE CHIENS, serme de Venerie, ce {ont ceux qui ont foin des chiens. " VWalets de limiers ; ce font ceux qui vont au bois pour détourner les bêtes avec leurs limiers, & qui doivent en avoir foin & les drefler. Valets de levriers ; ce font ceux qui ont le foin des levriers , qui les tiennent & les lâchent à la courfe, VAL 817 VALET 07 VARLET, { m. (Oui! d'oitvriers,) ya plufieurs ouvriers qui fe fervent d'outils & d'infliu- mens qui Ont Ce nom , quoiqu'ils ne fe reflemblent point, Ils font tous néanmoins appellés de cette for te, parce qu'ils tiennent lieu de va/ers ou férvireurs, pour tenir les ouvrages fermes, & dans la fituation qui convient pour y travailler, (D. J,) VALET, fm. zerme d’Arrificier : c’eftun cylindre de bois folide, chargé de poudre & percé en plufieurs endroits, où Fon met des pétards. (D. J.) VALET, serme de Corroyeur ; c’eft ainfi qu’on ap= pelle un inftrument de fer avec lequel on attache le cuir fur la table, quand on veut Pétirer ou lui don- ner quelqu’autre façon. Voyez CORROYER , 6 la Je Planche du Corroyeur, VALET, ez terme de Doreur, eft un morceau de fer courbé à un bout prefqu’en maniere d'$, dont on fe fert pour contenir l'ouvrage fur établi, Foyez ÉTA- BL1; voyez la figure &t ces outils en particulier, PJ, dm Merusfrer. VALET ou SAUTOIR , terme d’ Horlogerie : c’eft une petite piece d'acier, qui dans la quadrature d’une montre ou pendule à répétition, contient l'étoile & par conféquent le limaçon des heures dans une fitua- tion fixe, Cette piece eft mobile fur une tige qui en- tre dans un canon, fitué vers fon extrémité £. Elle porte deux talus formant entr’eux un angle que le pe- tit reflort poufle toujours entre les rayons de l’étoi- le. Voyez E à a, fig. & PI. de l Horlogerie, … Effet du valet, Lorfque par Pa@tion du rouage le bouton S de la furprife qui fait fon tour en une heu re, rencontre un des rayons de l'étoile, il la fait tour ner, 6c la pointe S bandele petit reflort&, au moyen du talus s. Cette pointe en tournant toujours > Par vient enfin au-delà de angle formé par les deux ta- lus ; pour lors le vz/e: agiflant avec toute la force qui lui eft communiquée par le reflort, poule la pointe par l'autre talus #, jufqu’à ce que les rayons SX 6 de étoile, fe trouvent dans la fituation où étoient avant les rayons 6 & 7; ilen eft de même des au- tres rayons de l'étoile. Voyez Eroie, QuADrATu- RE, RÉPÉTITION, &c, VALET, f. m. serme de Manege, bâton qui à Pun de fes bouts a une pointe de fer émouflée; on s’en fert pour aider & pincer un cheval fauteur. (D. J.) VALET, (Ouril de Menuifier.) c’eft une forte piece de fer, ronde, de plus d’un pouce de diametre , Gen tout à-peu-près de trois piés de longueur. Cette pie- ce eff pliée par un bouten forme d’équerre, non pas à angles droits, maïs un peu aigus. (D. J.) VALET, les Miroitiers appellent ainfi ce morceau de bois qui eft attaché derriere un miroir de toilette, & qui fertà le foutenir quand on le pofe fur la table. VALET, (Serrur.) batre de fer qui fert à appuyer le battant d’une porte. Quand une porte a deux bat- tans, 11 faut que Pun d’eux foit afluré par un v24 , fi Von veut qu’elle ferme bien. (D. J.) VALET, (Soierie.) efpece de litéau, garni d’une cheville pour arrêter le battant en arriere quand on broche, &t faciliter le paflage des efpolins. Il yaen- core le yaler de l'arbalete du battant ; c’eft un mor- ceau de bois fervant à tordre la corde qui forme l’ar- balete ; &c le vaier de derriere qui fert à foutenir le poids, ou la bafcule quitient la chaine tendue. VALET A PATIN, ({nffrumenr de Chirurgie.) pin- cettes dont le bec alongé reflemble à celui d’une ca- ne, qui fervoient aux anciens pour faire la ligature des vaiffeaux après l’amputation. Cet inftrument eft compofé principalement de deux branches; l’une mâle & l’autre femelle. On peut divifer chaque branche en trois parties, qui font le corps, l'extrémité antérieure & la poftérieure. Le corps de la branche mâle a en-dedans une avan- ce plate, arrondie dans fon.çontour, de quatre lignes 818 VAL de faïllie, large d’un demi-pouce, &r épaïfle d’une ligne & demie, Cette éminence eft percée dans fon milieu, & on remarque à chaque côté de fa bafe, ume échancrure fémi-lunaire ou ceintrée, creufée fur le ventre de la branche. Le corps de la branche femelle porte intérieure- ment deux avances, dont les dimenfions font les mê- mes que celles de la branche mâle; elles font percées dans leur milieu; elles font fur les côtés & laiffent entre elles une cavité où mortaile , qui reçoit l’avan- ce de la branche mâle, pour compofer une charnie- re. La jon@tion des deux pieces eft fixée par un clou rivé fur les éminences de la branche femelle. L’extrémité antérieure de l’inftrument, eff la con- tinuation des branches ; elles fe jettent légérement en-dehors de la longueur d’ur pouce quatre lignes, puis formant un coude très-mouffe, elles diminuent confidérablement d’épaifleur pour former Le bec, qui a près d’un pouce de long, & qui eft garni intérieu- ment de petites rainures & éminences tranfverfales, qui fe reçoivent mutuellement. #. Ja fig. 4. PL. XVII. L’extrémiré poftérieure eft la continuation des branches qui fe jettent beaucoup en-dehors ; ces branches diminuent d’épaifleur & augmentent en largeur , depuis Le corps jufqu’à l’extrémité, afin de préfenter une furface plus étendue, 8&c d’être empoi- gnce avec plus d'aifance: l'extrémité eft un peu re- courbée.en-dedans. Enfin il y a un double reflort, formé par un mor- ceau d'acier plié en deux, dont la bafe eft arrêtée par une vis fur la branche femelle, tout auprès de la charniere, & dont l’ufage eft d’écarter avec forceles branches poftérieures de l’inftrument , pour que le bec pince fans rifque de manquer prile. On recommandoit de faifir avec le valer à patin, l'extrémité du vaifleau qu’on vouloit lier; de laifler enfuite pendre l’infirument, & de faire la figature avec le fil &c l'aiguille, comme nous l'avons dit à Par- ticle AMPUTATION. Voyez aufft LIGATURE. On ne fe fert plus de cet inftrument, du moins pour Le cas en queftion. J’en ai donné la defcription, parce que je crois que cette efpece de pinces n’eft point inutile en Chirurgie. L'avantage qu’elle a fur toutes nos pincettes, c’eft qu'au moyen de fon ref- fort on eft difpenfé du foin de ferrer, & que l’on peût être afluré que ce quia été bien faifi avec le valet a patin, n'échappera pas. ( F) VALETTE , a cité de la, (Géog. mod.) c’eft la plus grande des trois parties , qu’on entend commu- nément fous le nom général de ville de Malte. Les Italiens lappellent Terra-nuova, & les François Villèneuve. Elle tient fon nom de fon fondateur Jean dela Valette, grand-maitre de l’ordre de Malte. La cité de 4x Valette eft fituée fur une péninfule, battue:des flots de la mer par trois endroits; c’eft une forte place, entourrée de foflés taillés dans le roc , & défendue par de bons baftions, & autres ou- vrages à la moderne. Le dedans eft orné de rues lon- gueséc droites. Il y a fept églifes , & fept palais qu'on nomme az- berges , & où peuvent manger tous les religieux, foit chevaliers ou freres fervans, tant les profès que les novices des fept langues. Les commandeurs qu’on fuppofe aflez riches pour fubfifter des revenus de leurs commanderies , ne s’y préfentent guere ; cha- que chef ou pilier de auberge, y occupe un appar- tement. Le tréfor de l’ordre [ui fournit une fomme, {oit en argent, foit.en grains, ou en huile, pour les alimens des religieux de fon auberge. Sa table parti- culiereeft fervie avec abondance, qui fe répand fur les tables voifines ; mais avec tout cela, les religieux feroïient fouvent mauvaife chere, fi le pilier de Pau- berge ne fuppléoit de fes propres fonds à ce qu'il tire dutréfor, Comme ceux qui tiennent l'auberge VAL ont droit à la premiere dignité vacante dans leur fan- gue, chacun cherche dans fes épargnes, ou dans la bourfe de fes amis, de quoi foutenir avec honneur cette dépenfe. L’arfenal n’eft pas éloigné du palais du grand-mat- tre, & eft fous l’infpeétion d’un des chevaliers de l'ordre. Le château S. Elm eft bâti fur la pointe de la cité de /a Walete, dont il n’eft féparé que par un foflé taillé dans le roc. Entre ce château & la cité il y a des magafins à blé, qui font auf taillés dans le roc. VALETTE , LA, (Géog. mod.) anciennement Vi//e- bois ; petite ville de France dans l’Angoumoïis, à qua- tre lieues au midi d'Angoulème, érigée en duché-pai- rie en 1622. Long. 17.40. las. 45.41. (D. J) VALÉTUDINAIRE, f. m. (Médecine.) ce terme eft plus en ufage parmi les sens qui ne font pas pro- feffion de médecine , que parmi les Médecins même; cependant il a rapport à la Médecine, & eft employé pour fignifier une perfonne dont la fanté eft ou chan- celante, ou délicate , ou fouvent altérée par diffé- rentes maladies qui lui arrivent par intervalles. En général les femmes , les enfans , les vieillards, & parmi les adultes les pléthoriques, les mélanco- liqués, les hypocondriaques, & enfin les phthif- ques font généralement ya/érudinaires ; de forte que valétudinaire peut s'appliquer à tous ceux qui ont quelque maladie chronique , ou qui font fort fujets aux maladies chroniques. Le régime des valétudinaires doit êtrefort différent de celui que l’on prefcrit, ou que l’on permet aux gens qui jouiflent d’une fanté égale & conftante; on doit employer toutes les précautions imaginables pour foutenir leur délicatefle &c leur foibleffe contre toutes les maladies quiles menacent. 1°. Les alimens doivent être eupeptiques , aifésà digérer, pris en petite quantité , fuivis d’un exercice modéré ; la boiflon fera différente felon les circon- ffances : mais on évitera l’ufage des liqueurs, & en- core plus leur abus. 2°, Les pafñions feront tranquilles & calmes; le chagrin & les autres excès de l’ame feront défendus. 3°. Le fommeil fera prolongé , & on défendra lu- fage de tout ce qui pourra le troubler. Les remedes feront appropriés, maisonfe gardera d’en faire une habitude &c une coutume ; & comme les remedes demandent un régime convenable, on aura foin de régler le régime pendant leur ufage. VALEUR , PRIX, ( Syronym.) le mérite des chofes en elles-mêmes en fait la valeur, &c l’eftima- tion en fait le prix. ET La valeur eft la regle du prix, maïs une regle affez incertaine , & qu'on ne fuit pas toujours. | De deux chofes celle qui eft d'une plus srande v4- leur, vaut mieux, & celle qui eft d’un plus grand prix, vaut plus. de | I femble que le mot de prix fuppofe quelque rap- pott à l'achat ou à la vente : ce quine fe trouve pas - dans le mot de vaZeur. Ainfi l’on dit que ce n’eft pas être connoïffeur que de ne juger de la va/exr des cho- fes que par le prix qu’elles coûtent. Girard. (D. J.) VALEUR DES NOTES, ez Mufique, outre la pofi- tion des notes qui en marque le ton, elles ont toutes quelque figure déterminée qui en marque la durée ou le tems, c’eft-à-dire qui détermine lavz/ezrdela note. C’eft à jean de Muris qu’on attribue Finvention de ces diverfes figures , vers l’an 1330. Cependant le pere Merfene , qui avoit lu les ouvrages de cet au- ‘teur, aflure n’y avoir rien vu qui püt appuyer cette opimon. De plus , l'examen des manufcrits de mufi- que du quatorzieme fiecle qui font à la bibliotheque du roi, ne portent point à juger que les diverfes fi- gures de notes qu’on y voit, fuflent de fr nouvelle 1n- vention. Enfin c’eft une chofe qui me paroit difficile à croire que durant trois cens'ans & plus quife font VAT écoulés entre Gui Aretin & Jean de Muris, Ja mufi- que ait été entierement privée du rhythme & de la mefure , qui en font lame le principal agrément. Quoi qu’il en foit, left certain que les différentes valeurs des notes font de fort ancienne invention, J’en trouve dès les premiers tems de cinq fortes de figu- res, fans compter la ligature & le point. Ces cinq {ont la maxime , la longue, la breve, la femi-breve & la minime. Toutes ces différentes notes font noi- res dans les manufctits de Guillaume de Machaut ; ce n'eft que depuis l’invention de Imprimerie qu’on seit avifé de les faire blanches, & ajoutant de nou- velles notes, de diftinguerles ya/eurs par la couleur, aufli bien que,par lafigure. Les notes, quoique figurées de même, n’avoient pas toujours une même valeur. Quelquefois la maxi- me valoit deux longues , ou la longue deux breves ; quelquefois elle en waloit trois, cela. dépendoit du imode. Woyez MODE. Il en étoit de même dela breve par rapport à la femi-breve, & cela dépendoit du tems.. Voyez TEMS ; & de même enfin de la femi- breve par rapport à la minime, &t cela dépendoir de la prolation. Voyez PROLATION. Îl y avoit encore beaucoup d’autres manieres de modiñer les différentes valeurs de ces notes par le point, par la ligature & par la poñtion de la queue. Voyez LIGATURE , POINT, QUEUE. Les figures qu’on ajouta dans la fuite à ces cinq premueres, furent la noire, la croche, la double- croche, la triple & même la quadrupie croche ; ce qui feroit dix figures en tout : mais dès qu’on eut pris a coutume de féparer les mefures par des barres, on abandonna toutes les figures de notes qui valoient plufieurs mefures, comme la maxime qui en valoit “huit, la longue qui en valoit quatre, & la breve ou quarrée qui en valoit deux ; la femi-breve ou ronde, qui valoit une mefure entiere, fut la plus longue va- deur de nôte qui demeura en ufage , & fur laquelle on détermina les valeurs de toutes les autres notes; & comme la mefure binaire qui avoit pañlé longtems pour moins parfaite que la mefure à trois tems, prit enfin le deflus, & fervit de bafe à toutes les autres mefures, de même la divifion foñdouble lemporta fur la divifionfoûtriple qui avoit auffi paflé pour la plus parfaite; la rondene valut plus que quelquefoistrois blanches, mais toujours deux feulement ; la blanche deux noires, la noire deux croches, & ainf toujours dans la même proportion jufqu’à la quadruple cro- che, fi ce n’eft dans quelques cas d'exception où la divifion foûtriple fut confervée & indiquée par le chiffre 3 placé au-leflus ou au-deflous des notes. Voyez Planches € fig. les figures & les valeurs de toutes ces différentes efpeces de notes. Les ligatures furent en même tems abolies, du- moins quant aux changemens qu’elles produifoient dans les valeurs des notes. Les queues, de quelque maniere qu’elles fuflent placées, n’eurent plus qu'un fens fixe & toujours le même; & enfin la fignifica- tion du point fut auffi bornée à valoir exaftement la moitié de la note qui eff immédiatément avant lui. Tel eft état où les figures dés notes ont été mifes par rapport à la va/eur, & où elles font a@tuellement. L'auteur de la différtation fur la mufique moderne trouve tout cela fort mal imaginé; nous avons expo- 1 au m0: Note quelques-unes de fes raïfons. (S) VALEUR, f. f. ( rerme de lettre-de-change. ) ce mot fignifie proprement la nature de la chofe , comme de- miers comptans, marchandifes, lettres-de-change , dertes, 6c. qui eft donnée pour ainfi dire, en échan. ge de la fomme portée par la lettre dont on abefoin. Ricard. ( D, J.) VALEUR INTRINSEQUE, ( Monnoie. ) ce mot fe dit des monnoies qui peuvent bien augmenter ou baïffer fuivant la volonté du prince, mais dont la vé- VAL 819 ritable valeutne dépend que de leur poids &c dutitre du métal, C’eft toujours fur cette v4/eur intrinféque des efpeces qu’elles font reçues dans les pays étran- gers , bien que dans les lieux où elles ont été fabri- quées , & où l'autorité fouveraine leur donne cours elles foient portées dans le commerce fur un pig bien plus fort ; mais c’eft un mal de plus dans l’état. (2. J.) VALEUR, f. £. (Hydr.) la valeur des eaux eftl'efti- mation de ce qu’elles peuvent produire enun certain tems. L'expérience y eft plus néceffaire que la dé- monftration ; c’eft elle qui a fait connoître ce que fournit par minute un ruifleau, une riviere > Un pou- ce d’eau ; une ligne ; c’eit par fon moyen qu'on fait qu'un muid d’eau contient 288 pintes mefure de Pa- ris , &c qu'on peut l'évaluer à 8 piés cubes valant chacun 36 pintes 8° de 288. (X) | VALEUR, ( Morale. ) la valeur eft ce fentiment que lenthoufiafme de la gloire & la foif de la renommée enfantent , qui non content de faire affronter le dan- ger fans le craindre, le fait même chérir & chercher. C’eft ce délire de l’héroïfme qui dans les derniers fiecles forma ces preux chevaliers, héros chers à l’hu- manité , qui fembloient s’être approprié la caufe de tous les foibles de l'univers. C'eft cette délicateffle généreufe que l'ombre d’un outrage enflamme, & dont rien ne peut défarmer la vengeance que l'idée d’une vengeance trop facile. Bien différente de cette fufceptibilité pointilleufe,, trouvant l’infulte dansun mot à double fens, quand. la peur ou la foibleffe le prononce , mais dont unre- gard fixe abaïfle en terre la vue arrongante, fem- blable à lépervier qui déchire la colombe ,; & que l'aigle fait fuir. La valeur n'eft pas cette intrépidité aveugle & mo- mentanée que produit le defefnoir de la pañion, va- Zeurqu’un poltron peut avoir, & qui par conféquent n'en eftpas une; tels font ces corps infirmes à qui le tranfport de la fievre donne feul de la vivacité , Ê& qui n’ont jamais de force fans convulfons. La valeur n’eft pas ce flegme inaltérable, cette ef. pece d’infenfibilité, d’oubli courageux de fon exif- tence , à qui la douleur la plus aigue & la plus fou- daine ne peut arracher un cri, ni caufer une émo- tion fenfible: triomphe rare & fublime que lhabitu- de fa plus longue, la plus réfléchie &la mieux fecon- dée par une ame vigoureufe, remporte difficilement fur la nature. La valeur eft encore moins cette force extraordi- naire que donne la vue d’un danger inévitable, der- nier effort d’un être qui défend {a vie ; fentiment in- féparable de l’exiftence, commun , comme elle, à la foiblefle , à la force, à {a femme, à lenfant, feul courage vraiment naturel à l’homme né timide. À votre afpeét, que fait le fauvage votre frere? il fuit. Ofez le pourfuivre & l’attaquer dans fa grotte, vous apprendrez ce que fait faire l'amour de la vie. Sans fpeétateurs pour l’applaudir, où au-moins fans efpoir d’être applaudi un jour , il n’y a point de valeur. De toutes les vertus faétices c’eft fans doute la plus noble & la plus brillante qu’ait jamais pu créer l'amour propre ; mais enfin c’eft une vertu fadice. C’eft un germe heureuxque la nature met en nous, mais qui ne peut éclore, fi l'éducation & les mœurs du pays ne le fécondent. Voulez-vous rendre une nation valeureufe , que toute ation de va/eur y foit récompenfée. Mais quelle doit être cette récompenfe ? L’éloge & la célébrité. Faites conftruire des chars de triomphe pour ceux qu auront triomphé, un grand cirque pour que les fpéétateurs , les rivaux & les applaudiffemens foient nombreux; gardez-vous fur-tout de payer ayec de Por ce que lhonneur feul peut & doit acquitter. Ce- lui qui fonge à être riche , n'eft ni ne fera jamais va- #o VAL s . e re Jeureux. Qu'avez-vous befoin d’or? Un laurier re compenfe un héros. | Il s’agiloit au fiege de ** * de reconnoitre un point d'attaque ; le péril étoit prefque inévitables cent louis étoient aflurés à celui qui pourroit en re- venir; plufieurs braves y étoient déjà reftés; un jeu- ne homme fe préfente; on le voit partir à regrèt ; il refte longtems ; on le croit tué; maisilrevient,, & fait également admirer l’exaditude &c le fang froid de fonrécit, Les cent louis luifont offerts; vous vous mocquez de moi, mon général, répond-il alors, va-t-on là pour de l'argent ? Le bel exemple ! Que l’on parcourre dans les faftes de lhftoire, les fiecles de l’ancienne chevalerie, où tout jufqu’aux jeux de l’amouravoit un ait martial; où les cou- leurs & les chiffres de la maitreffe ornoient toujours le bouclier de l'amant ; où la barriere des tournois ouvroit un nouveau chemin àla gloire; oùle vain- queur aux yeux de lanation entiere recevoit la cou tonne des maïns de la beauté ; qu’à ces jours d’hon- neur l’on compare ces tems d’apathie & d’indolen- ce ; où nosouerriers ne fouleveroient pas Les lances que manioient leurs peres, on verra à quel pointes : mœurs & l'éducation influent fur la valeur, La valeur aime autant la gloire qu’elle détefte le carnage ; cede-t-on à fes armes, Les armes ceffent de frapper ; ce n’eft point du fang qu’elle demande, c’eft de l'honneur; & toujours fon vaincu lui devient cher , fur-tout s’il a été difficile à vaincre. Du tems du paganifme elle fit les dieux, depuis elle créa les premiers nobles. C’eft à elle feule que femblera appartenir la pom- pe faftueufe des armoiries , ces caiques panaches qui les couronnent, ces fañceaux d'armes qui fervent de fupport aux écuflons , ces livrées qui diftinguoïent les chefs dans la mêlée, & toutes ces décorations guerrieres qu’elle feule ne dépare pas. n. © Ces fuperbes priviléges, aujourd’hui f prifés & f confondus , ne font pas le feul appanage de la va- Leur ; elle poffede un droit plus doux &c plus ilatteur - encore, le droit de plaire. Le valeureux fut toujours le héros de l'amour ; c’eft à lui que la nature-a par- ticulierement accordé des forces pour la défenfe de ce fexe adoré, qui trouve les fiennes dans fa foi- bleffe ; c’eft lui que ce fexe charmant aime fur-tout à couronner comme fon vainqueur. Non contente d’annoblir toutes les idées & tous les penchans , la va/eur étend également fes bienfaits fur le moral & fur le phyfique de fes héros, c’eft d'elle fur-tout que l’on tient cette démarche impo- fante & facile; cette aifance qui pare la beauté ou: prête à la diforace un charme qui la fait oublier; cette fécurité qui peint l’afurance intérieure; ce regard ferme fans rudefle que rien n’abaifle que ce qu'il eff honnête de redouter; &t la grandeur d’ame, & la fen- fibilité que toujours elle annonce , eff encore un at- trait de plus dont toute autre ame fenfble peut mal- aifément fe défendre. Il feroit impoflhble de définir tous les caraëteres de la valeur felon ceux des êtres divers que peut échauffer cette vertu ; mais de même que l’on peut donner un fens définitif au mot phyfonomie , maloré la variété des phyfionomies, de même peut-on f- xer le fens du mot vazeur , malgré toutes ces modif- cations. Pour y parvenir encore mieux, l'on va comparer les mots bravoure , courage, 8&T valeur, que lon atou- jours tort de confondre, Le mot vaillance paroît d’abord devoir être com- pris dans ce parallele; maïs dans le fat c’eft un mot qui a vieilli, & que valeur a remplacé ; fon harmo- nie & fon nombre le fait cependant employer en- core dans la poëfie. Le courage eft da ns tous les événemens de la vie; VAL la bravoure n’eft qu’à la guerre ; la valeur par-tont où il y a un péril à affronter , &c de la gloire à acquérir. Après avoir monté vinot foisle premier à l’afaut, le brave peut trembler dans une forêt battue de l’o- rage, fuir à la vue d’un phofphore enflammé, où craindre les efprits ; le courage ne croit point à ces rêves de la fuperthition & de Pignorance ; la valeur peut croire aux revenans , mais alors elle fe bat con- tre le phantome. ai à | La éravoure fe contente de vaincre Pobftacle qui hu eft offert; le courage raonne les moyens de le détruire’, la valeur le cherche , & fon élan le brife ; s'il eft pofiible. ed 4 La brayoure veut être guidée ; le covrage fait com- mander, &même obéir; la yaZeuf fait combattre. Le brave bleflé s’enorgueillit de lêtre ; le cours geux raïlemble les forces que lui laifle encore fa blef= {ure pour fervir fa patrie; le valeureux fonge moins à la vie qu'il va perdre, qu'à la gloire qui lux échappe. La bravoure victorieufe fait retentir arène de fes cris guerriers; le courage triomphant oublie fon fuc- ces, pour proñter de des avantages ; la yafeur cou- ronnée foupire après un nouveau combat. Une défaite peut ébranler la #ravoure ; le courage fait vaincre &c être vaincu fans être défait ; un échec defole la valeur fans la décourager. 14 L'exemple influe fur la ravoure ; (plus d’un fol- dat n’eft devenu brave qu’en prenant le nom de gre- nadier ; exemple ne rend point va/eureux quand on ne l’eft pas) mais les témoins doublent la vafeur ; le courage n'a befoin ni de témoins ni d'exemples; L'amour de la patrie & la fanté rendent braves : les réflexions, les connoïffances, la Philofophie, le malheur, & plus encore la voix d’une confcience pute, rendent courageux ; la vanité noble, & l’ef- poir de la gloire, produifent la valeur. des : Les trois cens Lacédémoniens des Termopiles ; { celui qui échappa même } furent braves: Socrate buvant la cigué, Regulus retournant à Carthage, Fitus s’arrachant des bras dé Bérénice en pleurs, ow pardonnant à Sextus, furent courapeux : Hercule terraffant les monftres ; Perfée déliyrant Androme- de; Achille courant aux remparts de Troie sûr dy périr, étonnerent les fiecles paflés par leur valeur. à De nos jours, que lon parcourre les fafles trop mal confervés, & cent fois trop peu publiés de nos révimens, l’on trouvera de dignes rivaux des braves . de Lacédémone ; Turenne & Catina furent cozra- geux ; Condé fut vzleureux & left encore. : Le parallele de la bravoure avec le courage &la valeur, doit finir en quittant le champ de bataille; Comparons à préfent le courage & la valeur dans d'au- tres crconftances de la vie. Le valenreux peut manquer de courage ;.le coura- geux eft toujours maitre d’avoir de la vx/eur. La valeur fert au guerrier qui va combattre ; le courage à tous les êtres qui jouiflant de l’exiftence, font fujets à toutes les calanités qui l’accompa- gaent, Que vous ferviroit la valeur , amant que lon a trahi; pere éploré que le fort prive d’un fils; pere plus à plaindre, dont le fils nef pas vertueux? Ô fils défolé quiallez être fans pere &c fans mere ; ami dont l’'aini craint la vérité ; Ô vieillards qui allez mourir, infortunés , c’eft du courage que vous avez befoin! Contre les pañlions que peut la ya/eur fans cowra- ge? Elle eft leur efclave | & le courage eft leur maitre. ï La valeur outragée fe vange avec éclat, tandis que le courage pardonne en filence. Près d’une mattrefle perfde le courage combat Pa- mout , tandis que la #4/er combat lerival. 4 A. La valeur brave les horreurs de lamort ; le courage plus grand brave la mort & la vie. Enfin, l’on peut conclure que la bravoure eft le devoir du foldat; le courage, la vertu du fage & du héros ; la valeur, celle du vrai chevalier. Arricle de M. DE PEZAY , capitaine au répiment de Chabot ; dragons. de | VALHALLA , f. m. ( Mythologie. ) c’eft le nom que la Mythologie des anciens Celtes, Scandinaves ou Goths, donne à un féjour dedélices , deftiné pour ceux qui périfloient dans les combats ; v4/ha/la étoit le palais du dieu Odin ; les plaïfirs dont on y jouif- foit étoient conformes aux idées guerrieres de ces peuples avides de combats. Ils fappofoient donc que ceux qui étoient admis dans le va/hallz | avoient tous les jours le plaïfür de s’armer, de pafler en revue, de fe ranger en ordre de bataille , & de fe tailler en pie- ces les uns les autres ; mais dès que l’heure du feftin étoit venue , Les héros retournoient dans la falle d’O- din, parfaitement guéris de leurs bleflures ; là ils fe mettoient à boire & à manger; leur boiflon étoit de la biere & de l’hydromel, qu'ils buvoient dans les crânes des ennemis qu'ils avoient tués, & qui leur étoit verlée par des nymphes appellées va/kyries. On voit combien une pareille doétrine étoit propre à infpirer le courage & le defr d’une mort glorieufe dans les combats, à ces peuples qui ont conquis: la plus grande partie de l’Europe, L'entrée du va/halla n’étoit promife qu’à ceux qui périfloient dans les combats, toute autre mort étoit regardée comme ignominieufe ; & ceux qui mou- roient de maladie ou de vieillefle, alloient dans le niflheim ou dans l’enfer defliné aux lâches & aux {cé- lérats. Voyez l’Introduëtion à Phifloire de Danemarck ; par M. Mallet, @ voyez NiFLHEIM. VALT, 1. m. ( A4. mod. ) c’eft le titre que l’on donnoit en Pere avant les dernieres révolutions HA des vice-rois ou gouverneurs établis par la cour d’I- pahan, pour gouverner en fon nom des pays dont leurs ancêtres étoient Les fouverains avant que d’être foumis aux Perfans. La Géorgie étoit dans ce cas, ainfi qu'une partie de l'Arabie ; les vice-rois de ces pays s’appelloient vai de Géorgie, yali d’Ara- bie, &c. | VALIDATION , f. £ (Gram. € Jurifprud. ) eft Paétion de faire valoir quelque chofe qui fans cela ne feroit pas valable, Validation de criees ; ce font des lettres accordées en chancellerie , pour confirmer les crices , lorfqu’il y manque quelque défaut deformalité. Dansles cou- tumes de Vitry , Château-Thierry, & quelaues'au- tres, les Praticiens font dans lufage lorfqu’il eft que- ftion de certifier des criées, d’obferver fi toutes les fignifications ont été faites parlant à la partie faifie ; cette formalité y eft tellement de rigueur, que pour en couvrir le défaut, on a recours à des lettres de validation de criées ; Vadrefle de ces lettres fe fit au juge devant lequel les criées font pendantes. Voyez de fly le des lettres de chancellerie | par M. de Pimont. Validation de mariage ; on trouve dans le ftyle de la chancellerie de Dufault, la formule de lettres de validation de mariage pour des gens de la religion pré- tendue réformée, qui s’étoient mariés, quoique il y eût parenté au degré de ordonnance, entre la pre- miere femme & la feconde, à leffet d’aflurer létat des conjoints & celui de leurs enfans nés & À naître, Valiaation de payement ; font des lettres que le roi accorde à un comptable pour qu’on lui alloue à la chambre des comptes un payement fur lequel elle pourroit faire quelque difficulté. Voyez Le fiyle de chancellerie de Dufault, page 70. VALIDE, adj. (Gram. & Jurifprud.\ fignifie ce qui eft valable felon les lois ; un aéte eft valide en la for- me , lorfqu’il eft revêtu de toutes les formalités né- Tome AVI, VAL 821 ceffaires, & il eff valide au fond lorfque les difpofi= tions qu'il renferme n’ont rien de probibé, Voyez ACTE, FORMALITÉ , FORME, VALABLE, VALI- DITÉ. (4) VALIDÉ, ( Hifl. mod. ) nom que l’on donne chez les Turcs à la fultane mere de l’empereur qui eft fur le trône. La filtane validé eft toujours très- ref. peétée par fon fils , & prend part aux affaires de Pés tat, fuivant le plus ou le moins d’afcendant qu’elle fait prendre fur fon efprit. Elle jouit d’une liberté beaucoup plus grande que les autres fultanes qui font dans le ferrail , & peuvent ÿ changer & ÿ in- troduire ce que la fantaïfie leur fuggere, La loi veut que le fultan obtienne le confentement de fa mere pour coucher avec quelqu’une des femmes qui {ont renfermées ; ainfi la validé lui amene une fille choïfie pour attirer fes regards ; elle trouveroit très-mauvais & fe croiroit déshonorce , fi fon fils ne s’en rapportoit à fon choix. Son médecin nom- mé hekifts efféndi , lorfqw’elle tombe malade, ef introduit dans font appartement, maisils ne lui parle qu'au-travers d’un voile dont fon lit eft environné, &t ne lui tâte le pouls qu’au-travers d’un linge fin, qu'on met fur le bras de la fultane validé, Elle a un revenu particulier , que l’on nomme Paschma= lyk ; il eft de mille bourfes ou d’environ quinze centmille francs, dont elle difpofe À fa volonté. VALISE , f £ (zerme de Coffretier. ) uftenfile de cuir uni où à poil, fervant À mettre deshardes & autres chofes, pour porter en voyage fur la croupe d’un cheval , ou autrement, (D.J. VALKYRIES , f £ pl. ( Mythologie. ) C’eft le nomque les anciens Scandinaves ou Goths donnoient à des Nymphes , qui habitoient le va/halla, c’eft- à-dire paradis des héros, ou la demeure d'Odin; ce dieu Les emploie par choifir ceux qui doivent être tués dans les combats. Une de leurs fonétions étoit de verfer à boire aux héros qui avoient été admis dans le palais d’Odin ; c’étoient auñi elles qui pré- fentoient à ce dieu ceux qui mouroient dans les ba- tailles." Joyez lEDDA des rlandois, VALLADOLID , ( Géog. mod.) en latin Pincium j ville d'Efpagne dans la vieille Cafille , fur la riviere de Pifuerga , près de fon embouchure dans le Dte- 10, à 20 lieues au fud-oueft de Burgos , à 25 aunord- eft de Salamanque , & à 35 au nord de Madrid. Valladolid eft une des plus grandes villes d’Efpa- gne. Elle contient foixante & dix couvens de lun & de l'autre fexe, & des églifes à proportion ; d’ail- leurs Pétendue defes places publiques y eft très-con- fidérable. On donne fept cens pas de circuit à la feule place du marché nommée e/ campo ; les maifons de cette place font égales, & à quatre étages, L’univer- fité n’efl compofée que de quelques collèges. On a fondé dans cette ville en 1752, une académie des fciences & des arts; mais cette académie ne fe prefle pas de répandre fes lumieres , car elle n’a point en- core publié d'ouvrages. L’évêché de cette cité eftfuf= fragant de Tolede , & a été fondé en 1505. Son re- venu eft évalué à quinze mille ducats. Cette ville a été la réfidence des rois de Caftille jufqu’à Charles- quint. Les dehors en font très-agréables ; c’eft une belle plaine couverte de jardins , de vergers, de prés êt de champs. Long, 13. 35. lar, 41. 43. Valladolid eft la patrie de quatre ou cinq jéfuites, dont les noms ne font connus qu'en Efpagne ; mais ilnen eft pas de même de Mercado ( Louis de) en latin Mercaius , un des favans médecins du xvj. fiecle ; toutes fes œuvres ont été recueillies & imprimées Francofurti 1654, cinq vol. in-fol, Il mourut en 1593, à 53 ans. Nuaney (Ferdinand }, furnommé Pincianus, du nom latin de fa patrie , a eu la gloire d'apporter le prenuer lufage de la langue greque en Elpagne. La , M m m m ne. Nr | 82 À V À E inoblefe de fonextraltion lui proeura l'honneur d’e- tre fait chevalier deS. Jacques ; mais quoiqu'il fat “en même téms intendant des fnancesde Ferdinand de catholique , il n’employa fa fortune qu'à devenir e propagateur des belles-lettres dans fa patrie; fourd eux promefles les plus magnifiques, & intenfible aux “efpérances de la cour les plusflaiteufes, il eonfacra “on loir fludieux à communiquer aux autres les lu- mieres qu'il poflédoit. Il ft pour la plus grande par- ‘tie la verfon latine des feptante, imprimée dans la polyglotte du cardinal Ximenès. Emale d'Hermo- aus Batbaro, il publia des commentaires fur Phre, Pomponius Méla & Séneque , tous trois fes compa- #riotes ; enfin, il mérita les éloges des plus favans “hommes , dejufte-Lipfe, d’Ifaac Voffius & d’autres critiques. Ilmouruten 553 , âgé de plus de 8oans. € Lechevalier DE JAUCOURT.) \ VazLaboLiD,(Géog. mod, j ville de Amérique méridionale , au Pérou , dans l'audience de Quéto , entre Loxa au nord, & Loyola au-midi, fur la riviere de Chinchipé. Cette ville autrefois opulente , n’eft plus qu’un petit Hameau habité par quelques indiens cou métifs, Long. 301. 40.let, mérid. 4. 31: ( D:1J.) : VALLADOLID où VALLISOLETO ,: ( Géog. mod. ) ville de l'Amérique feptentronale, dans lanouvelle ÆEfpagne; au gouvernement de Méchoacan, prôche d’un grand lac, avec un évêchée fuffragant de Mext- co. Batit.a1.19. (D.J.) 0 FE | VALLADOLID , (Géopr.moa.) ville de l'Amérique feptentrionale, dans la rouvélle-Efpagne , au Yuca- tan, environ à 30 lieues au midi orental dé Mérida, rès de la côte du golfe de Honduras. Lasitade 19. VALLADOLID , ( Géogr. mod. ) ville de PAméri- que feptentrionale , dans le gouvérnement de Hon- duras , fur les confins de Paudience de Nicaragua, dans üne belle plaine. Il y a des peres de la Merci, &c un évêche. VALLAGE , 1e, (Géog. mod.) petit pays de Fran- ce , qui fait partie du gouvernement de Champagne. I eft borné au nord par le Chälonoïs &r le Pertoïs, au midi par le Bafligni, au levant par le Barroïs, &c “au couchant par la Champagne propre. Ileft arrofé par l’Aube êr la Marne. Vaufly ef la capitale ; fes autres villes font Joinville &: Bar-{ur-Aube. (D...) - VALLAIRE, adj. (Æif4 nur) nom que donnoïent les Romains À la couronne que Pétat ou le général décernoit à tout officier ou foidat qui dans l'attaque d’un camp avoit le premier franchi les paliffades &z pénétré dans les lignes ou retranchemens des enne- mis. Ce mot eft dérivé de vallum , pieu garni de quel- ques branches qu’on plantoit fur la crête du retran- chement, pour former l'enceinte du camp que les an- ciens nommoient Lorica. Ils donnoient aufli à cette touronne le nom de caffrenfis , du mot caflra , camp. Aulugelle affure que cette couronne. étoit d'or, & néanmoins, au rapport de Pline, 2, A XIT. c. uy. elle m’étoit pas tant eftimée que la couronne obfidionale quin’étoit que d’herbeoude gafon. Les Romains pen- foient 8 avec raifon qu'il étoit plus glorieux &e plus utile à l'état de délivrer & de conferver des citoyens, ‘que dé vaincre des ennemis. Voyez COURONNE. VALLAIS, LE, (Géog. mod.) en allemand Walif- ferland; pays voïfin &c ailié des Suifles. Il eft borné au nord par le canton de Berne, au midi par le val d’Aoîfte, au levant par le canton d'Uri, & au cou- chant par la république de Genève ; de ce dermer côté, il fait face à la Savoie. Ce pays eft une vallée étroite , dont la longueur eft d’enviton 34 lieues ; fa largeur eft fort inégale. Le Rhône traverfe le Fz/- dais dans toute fa longueur ; du levant au couchant. On le divife en haut 8c bas V'allais , qui font lun &r Pautre très-peuplés. Le haut Valais eft partagé en fept communautés, départemens où jurfdiétions , que lon nonimé dixaines en françois , 6g zebnden en VAL allemand, Le bas Vallais eff divié en fix gouverie. . ienS Ou banrieres. H wy à peut-être point dans la Surflé de contrée fi bien éntourée de monragnes que le Valais, nf bien foftifiée par là nature ; mais quoique ce pays foit une vallée environnée de hautes montagnes cou vertes de neiges, c’eft cependant le quartier le plus chaud'de fa Suiffe. M produit de très:bons vins, dont les vignes font fur des rochers ; le terroir rapporte aufli{ufifatmment de blé ; de feigle & d'orge pour la nourriture des habitans: ils font accoutumés à la fa- tigué, éndurcis au travail; & comme ils vivent fru- galément,& refpirent un air pur; ils parviennent fans maladies à une vieillefle vigoureufe ; ïls paroïfient ‘être expofés qu'à la difformité du goitre , qui peut venir de {a mauvaile qualité des eaux ; mais ce mal même n’eft pas univer{el, tout Le pays eft cultivé &c planté d'arbres fruitiers. Le haut Vallais, où eft la fource du Rhône, étoit autrefois occupé par les Seduni qui ont laifié leur nom à la ville de Sion, appellée enlatin Sedurz , êtle bas Vallais par les Veragri, dont la fituation a été exaéte- ment marquée pat Céfar dans le Zy. IIT. defes com- mentaires, où il nomme par ordre les Narruates , les Veragri, & les Sedani, qui occupoient le pays depuis les Allobroges , le lac Léman &c le Rhône jufqu’aux hautes Alpes, w/que ad fummas Alpes, où eft la fource du Rhône. | | Le Vallais fit partie du royaume de Bourgogne fous les Mérovingiens & les Carlovingiens. Les fuc- cefleurs de Rodolphe, élu Pan 886 roi de la Béurgo= gne transqurane & feptentrionale, jouirent parfble- ment de ce même pays jufqu’à Rodolphe HT. fous le- quel lesofficiers nommés comes, s’érigerent en prin- ces, &c les évêques auf, ce qu'ils avorent commencé à faire dès le tems du roi Conrad le Pacifique , pere &c prédéceffeur de Rodolphe, nommé le Zche, parce qu’il fouffrit & autorifa ces ufurpations. Les empe- reurs allemands, qui fuccéderent à Rodolphe, mi- tent le gouvernement de la Bourgogne transjurane entre les mains des ducs dé Zéringue, quiattaquerent les Vallaïfans, mais avec divers fuccès , &c ils furent obligés enfin de les laifler vivre dans leurs montagnes enkhberté, | La plus ancienne alliance que les Vallaïfans aient faite avec quelques cantons de la Suifle , eft celle qu’ils contraéterent pour dix ansavec les Bérnois l’an 1250, qu'ils renouvellerent en 1448, & qu'ils dé- clarerent ftable & éternelle en 147$. Ils avorent fait une pareille alliance en 1473 avec les cantons de Lu- cerne, d'Ury & d'Underwald; & en 1529, ils fu- rent admis par tous les cantons dans l'alliance helvé- tique. Il fut cependant ajouté dans l'aéte une claufe, qui portoit que cette alliance feroit renouvellée tous les 25 ans. Enfin en 1533, l’évêque & la république de 77/- lais renouvellerent leur alliance avec les trois can- tons catholiques , Lucerne, Ury & Underwald; & les quatre autres ; favoir, Schwitz, Zoug, Fribourg & Soleure y acquiefcerent. , Ce renouvellement fat en quelque maniere une nouvelle alliance; car du côté des Suifles tous les cantons catholiques y flipulerent, & du côté des Vallaifans , qui {ont fort attachés à l’'églife romaine , tout l’état y entra paretllement. Les Vallaifans voulant conferver leur liberté inté- rieure,pratiquent depuis long-temsunufage fingulier pour réprimer les grands qui tenteroient de la leur ravir par leur crédit & leur puñflance. C’eft ce qu'ils appellent la #affe, en allemand #arzen , &t quifient quelque chofe de loftracifine des Athéniens, Le peu- ple prend un tronc d'arbre où de vigne, fur lequel il pofe une figure de tête d'homme, femblable àuñe tête de Médufe; chaque mecontent fiche un clou à cette mafle; 8 quand elle eft chargée de cious , on porte la mafle dans l'affemblée des jurifdiétions avec le nom de l’homme qu’on redoute, & l’on demande fon ban- niflement. Cette maniere extraordinaire d'obtenir juflice dans ce pays-là, y produit beaucoup de bien &t peu de mal. (Le chevalier DE JAUCOURT.) VALLATUM, (Géog. anc. ) lieu de la Vindélicie. L’itinéraire d’Antonin le place entre Abafina & Sum- memtorium. On croit communément que le nom mo- derne eft Willenbach. (2. J.) VALLÉE, (Géogr.mod.) petite ville d'Italie, dans l’Ttrie, à 7 milles de la mer, & à 14 au nord de Po- la ; elle eft ceinte de murailles , & foumife aux Véni- tiens. , VALBÉE , VALLON , (Syrzonyme. ) vallée femble fignifier une efpace plus étendu ; vallon femble en marquer un plus refferré. Les poëtes ont rendu le mot de vallon plus ufité ; parce qu’ils ont ajouté à la force de ce mot une idée de quelque chofe d’agréable ou de champêtre, tandis que celui de vallée n’a retenu que Pidée d’un lieu bas, & fitué entre d’autres lieux plus élevés. On dit la vallée de Jofaphat, où le vulgaire penfe que fe doit faire le jugement umiverfel; & l’on dit fouvent en poéfe Le facré vallon, où la fable établit une demeure'des mufes, À entendre nos aimables dé- cider d’un ton léger du mérite des poëtes anciens & modernes, On diroit qu’ils ont feuls Poreille d” A pollon, Qu'ils difpofent de tout dans le facré vailon. (2.1.) - VALLÉE, (Géop. facrée.) il eft parlé dans Ecriture de plufieurs vallées de la Judée ; nous n’en citerons ici que quelques-unes , dont les noms fe hfent le plus fouvent : telles font la vallée des artifans , fur les con- fins destribus de Juda & de Benjamin ; la vallée des bois, dans laquelle étoient bâties Sodome & Gomor- the ; la vallée de Save ou Royale, ainfi dite parce que Melchifédech y rencontra Abraham; la vallée de bé. édition, près de Jérufalem , ainfi nommée, parce que les Juifs y remercierent Dieu de la viétoire qu'il avoit accordée à Jofaphat, ZI. Paral, xx. 26, la vallée de Gad , fituée au-delà du Jourdain, le long de PAr- non, LL rois, xxiv. 5. la vallée de vifion, figmife Jé- rufalem dans le ftyle prophétique ; & par antiphrafe, parce qu’elle eft fituée fur une montagne ; la vallée graffe, étoit aux environs de Samarie qui la dominoir; {a fertilité lui fit donner ce nom ; la vallée des paf[ans marque le grand chemin qui étoit au pié du mont- Carmel, pour aller du levant vers la mer. Ezech. æxxix. 114 la vallée des montagnes, défigne les vallées aui étoient autour de Jérufalem , où les habitans de cette ville fe fauverent , lorfqu’elle fut affiégée par les Romains ; la vallée du carnage fut ainfi nommée, parce que Jofaphat y défit un grand nombre d’enne- mis; c’eft la même que la vallée de Jofaphat ou du ju- gement, dont parle Joël, äy. 14. (D. T0) ue VALLÉE, ( Géog. mod. ) mot françois qui fignifie la defcenre d’une montagne rude, efcarpée, roide 51 fignifie auffi une/pace de terre ou de pays, fitué aupié de quelque montagne ou côte. On difoit autrefois val; mais il n’eft plus en ufage que dans les noms propres : le v4/ de Galice , le va/ des Choux , Le val Suzon. L'un & l’autre mot eft formé du latin va/lis, dont les Italiens ont fait leur mot v4/ ou valle, &les Efpagnols leur mot vale, On entend ordinairement par une vallée une efpe- ce de plaine, le plus fouvent traverfée par une ri- viere, bornée à fes côtés par des collines ou des mon- tagnes, & qui a une longueur plus ou moinsgrande, fans largeur confidérable. Il y a des pays fort vaftes nommés vallées, comme dans la Sicile, qui eft divi- fée en trois vallées , valle di Mazzara, valle di Demo- Tome XVI, VAL 833 na, & valle di Noto. Comme, felon le proverbe, il n’y a point de montagnes fans vallées, le mot de val | lée eft commun dans les montagnes, par exemple, dans la Suiffe , chez les Grifons, dans une partie dela Lombardie & dans les Pyrénées. ( D. J.) VALLÉE DE VISION , la, (Crisique facrée.) la val- lée de vifion dans le ftyle figuré, fignifie Jerufalem. Elle eft nommée vallée par antiphrafe , parce qw’elle eff fituée fur une montagne; & on lui donne le fur- nom de #07, parce qu’elle eff le fujet de la prophé: tie d'Ifaie, ou parce que le temple de Jérufalem fut bêti fur le mont Moria , qui eft la montagne de vifion. VALLÉE DE CLUYD , (Géog. mod.) vallée d'Angles terre , dans le comté de Denbie. Elle s'étend du {wd- eft au nord-oueft jufqu’à POcéan , de la longueur de 17 milles, fur 5 de largeur. Elle eft de toutes parts environnée de hautes montagnes, excepté le long des côtés, où elle eft toute ouverte. La riviere de la Cluyd la traverfe par le milieu, depuis fa fource juf- qu’à fon embouchure. | VALLÉES, pays des quatre ; ( Géog. mod.) pays de France , dans la Gafcogne, fur la gauche de la Ga- ronne , partie dans le diocèfe d’Auch , & partie dans celui de Comminge. Il renferme les vaZ/ées de la:Bar= the ou Neftes, Aure, Magnoac & Baroufle. (D. I.) VALLI, ( Botan. exot. ) arbrifleau des Indes que M. Commelin nomme frutex filiquofa ; indica, flore papilionaceo,. féliquis planis, brevibus ; duo aur trie Jemina iflhmia continentibus. Hort. Malab. Cet arbrifleau s’attache à toutes les plantes de fon voifinage. Ses feuilles reffemblent à celles du frêne, & ont quelque âcrimonie. Ses fleurs font papilo- nacées & fans odeur. Ses gouffes ont un pouce de long , fur un pouce de circonférence ; elles font pla- tes, & contiennent deux ou trois {emences féparées par une cloifon étroite ; fes feyes {ont d’un goût ex- trémement défagréable. Cette plante fleurit au mois d’Aoùût , & fon fruit eft mûr dans ceux de Décembre &t de Janvier. (D.J.) VALLUM , AGGER, VINEÆ , TURRES, (Arc. milir, des Romains.) vallum étoit un retranche- ment que l’on faifoit avec des pieux, une paliffade. Agger, élevation pour dominer la ville , que l’on fai- {oit avec des poutres & des branches d'arbres qu’on couvroit de terre. Winez , machines qui couvroient ceux quitravailloient à la fappe du mur. Twrres, les tours, étoient de bois, & l’on y mettoit des ma- chines pour lancer des pierres, des feux d'artifices, Gc. (D. J.) VALLUM ÂDRIANT, ( Géog. anc. ) dans la r24°. année de J. C. l’empereur Adrien paffa dans lagrande- Bretagne pour y appaïfler un foulevement, & après avoir battu les rebelles , il ft tirér pour la premiere fois, dit Spartian à Hadriani viré, c. xj, une muraille de 80 milles de longueur, pour empêcher les peuples fauvages du nord, de fe jetter fur les fujets des Ro- mains. Cette muraille, ou ce retranchement, tenoit toute la largeur de l'ile, depuis une mer jufqw'à l’autre ; c’eft-à-dire , depuis le bord de la Tyne, au voifinage de New-Caftle, jufqu’au bord de Eden, près de Car- lfle , dans le Cumberland , & de Carhfle jufqu’à la mer. L'auteur des délices de la grande-Bretagne , page 1140, dit : « L’hiftorien qui nous apprend cette cir- » conftance, ne marque pas en quel endroit étoit » cette muraille : mais Les Ecoflois ne doutent nulle- # ment, que ce ne füt entre les golfes de Glotta & » de Bodotria, dans les mêmes endroits où Agricola » avoit mis des garnifons 40 ans auparavant ; & ils » font perfuadés que c’eft la même muraille dont il » refte des veftiges affez confidérables, entre les gol- » fes dont il vient d’être parlé, qui font ceux de la » Cluyd & du Forth, ù M M m m m 1} 84 VAT Maïs il paroîtroit plutôt que c’eft le allume de Sé- vere ; dont nous ferons l’article ,. qui doit être placé entre ces deux golfes, & non celui d'Hadrien: car Spartian, üz Hadriani viré, c.xj. dit pofitivement que le Vallum de Sévere fut bâti bien loin au-delà de celui d’'Hadrien. D'ailleurs, f le mur de ce dernier avoit été entre les solfes de Cluyd & de Forth , il n’auroit pas eu 80 mille pas de longueur, mais feule- ment3 2 millepas,mefure qu'Aurehus Viétor. Epigorn. hifi. Augulle, & Eutrope, in Severo, 1. VIT, c, xixs donnent au Vallum de Sévere. Quoi qu’il en foit, les reftes de ce grand &T mer- veilleux ouvrage font voir qu'il étoit digne de la puif- fance des Romains. D’abord Hadrien ne le fit faire que de gafon; mais dans la fuite on l’a bâti de gros quartiers de pierre. Cette muraille étoit haute de 15 piés, & en quelques endroits large de 9 , comme on le peut encore voir par les débris qui en reftent. Elle comprenoit un efpace d’environ cent milles de lon- gueur à-travers des plaines , des vallées, des monta- ones & des forêts: de-forte qu’elle devoitavoir coùté des peines & des dépenfes infinies. lle étoit flanquée de tours , à la diftance de mille pas les unes des au- tres : & tout du long, on avoit bâti une infinité de boutgs & de châteaux. Les Anglois lappellent she Piéts wall, c’eft-à-dire, la muraille des Pidles ; parce que les incurfions des Piétes furent la caufe qui ft que les Romains penferent à un ouvrage de cette na- ture. | A Walvich, que l’on croit être l’ancienne GaZ/ana, on voit des veftiges d'anciennes fortifications, 6t par- ticulierement les ruines d’une grande forterefle. Près de cetendroit , la Tyne coupe la muraille, pañlant par une voute qu'on eut foin d'y confiruire ; &c à quelque diftance de la muraille, les deux Tynes fe joignent, pour-ne faire plus qu'une feule riviere. VaLLumM ANTONII Prr, (Géog. anc.) retranche- ment ou muraille élevée par l'empereur Antonin Pie, dans la grande-Bretagne , pour arrêter Les incurfons des Calédoniens. On n’eft pas d'accord fur l'endroit où fut fait ce retranchement. Camden prétend qu'il pañoit par la ville de Brumeria , aujourd’hui Bramp- son ; & felon la carte du pere Briet, il commençoit auprès de Berwick , à l'embouchure de la Twede, &c entroit dans les terres vers le fud-oueft, en fuivant à-peu-près les mêmes limites qui féparoiïent l’Ecofle de l'Angleterre. ( D.J.) | _ VALLUM SEVERI, ( Géog. anc. ) l'empereur Sé- vere étant paflé dans la grande Bretagne avec fes deux fils, environ l’an 207 de Jefus-Chrift ; repouffa les Calédoniens ; 8 pour les empêcher de revenir dans la province des Romains ; il fit élever une mu- raïlle qui tenoit toute la largeur de Pile d’une mer à l’autre, entre les golfes de Glotta &t de Bodotria, aujourd’hui les golfes de Cluyd &de Forth. Cette muraille ,ou plutôt ce retranchement, pruf que Spartien & les autrés auteurs anciens lui don- nent le nom de va/Jum, fut apparemment forcé par Les Calédoniens : car, fous Pempire de Dioclétien, Ca- raufius , qui dans la fuite eut la préfomption de pren- dre la pourpre impériale, dépouilla les Calédoniens de leurs terres, & alla rétablir les bornes de Pem- pire romain entre les golfes de la Cluyd & du Forth: &c foixante ans après ou environ, Théodofe , pere de l’empereur Théodofe le grand, marchant fur les brifées de Caraufius, téduifit en forme de province tout le pays qui eft entre l'Angleterre & les deux golfes en queftion. Il l’appella Valentia , du nom de l'empereur ; & pour en aflirer la poffeffion aux Ro- mains, il rétablit la muraille de Sévere entre les mé: mes golfes. Foyez VALENTIA, Géog. anc. (D. J.) VALLUM - STILICONIS ou MURUS -STILICO- NIS, ( Géog. anc.)noiû d’une muraille ou d’un re- tranchement , qu'on croit que Stilicon-fit tirer dans la grande Bretagne le long durivagé ; dans ün efpace d'environ quatre milles , depuis l'embouchure du Darwentjuiaqwà celle del’Elne, afin:de défendre ces côtes contre l’irruption des Scosi, qui fortoient de l'Irlande pour fe jetter fur ce.pays-à. (D.-J.) VALNA ,(Géog. mod.) petite méchante ville où bicoque d’'Efpagne , dans l’Andaloufie; furune mons tagne , au midi du Guadalquivir: TATE : VALOGNE ox VALOGNES , (Géog. mod.) en las tin moderne Y’alonie ; yillede France ; dans la bafle Normandie , au diocèfe de Coutances , fur un petit ruiffeau , à 3 lieues de la mer. Il ÿ a un bailliage ,une fénéchauflée, une maïîtrife des eaux & forêts , une collégiale, &c quelques-coùvens. Long. 16.15. larir, 49-27. hi C’eft au village de Valdéfie, près de 7’a/ogne ; qu’eftné , au commencement du dernier fiecle, Jean de Launoï , en latin Launoius, prêtre &t célebre doc: teur en Théologie dans l’univerfité de Paris, favant d’un ordre fupérieur , infatigable dans le travail , & critique intrépide. Homme d’un defintéreflement à toure épreuve, infenfible à toute ambition , 1l réfufa tous les bénéfices qu’on lux offrit , content de fes lis vres & de fa fortune qui étoit très-médiocre. Sa vie fat fimple , & fon ame toujours bienfaifante. La préface de fonteftament eft remarquable. Après les paroles ordinaires, ax nom du Pere, &tc.ilyavoiti & J'aurai bientôt fait ,.car je n’ai pas beaucoup de » biens, ayant détourné mon efprit de leur recher- » che par de plus nobles foïns , & m’étant convain: » cu de bonne heure qu’un chrétien a beaucoup plus » de peine à faire un bon ufage des richefles qu’à » s’en pañlet ». On peut dire qu'ileft mort la plume à la main: cat non-feulement 1l avoit un livre fous la preffé ( défenfe des intérêts du roi) , pendant fa derniere maladie, mais mêmeilen corrigea les épreus ves un jour avant fon décès. Ii mourut à l’hôtel d’Etrée lan 1678, âge de plus de 77 ans. Le cardinal d’'Etrée n’étant encore qu’é- vêque de Laon, s’étoit en quelque maniere appro= prié M. de Launoiï. « Et certes ayant un tel perfon- » nage auprès de lui , 1l ne le pouvoit conferver ni » chérir avec trop de foins», dit M. de Marolles. Il fut enterré aux minimes, comme il l’avoit ordon< né par fon teftament ; mais on n'eut pas la liberté de mettre fur fon tombeau lépitaphe qu’on lui avoit préparée ; parce que cette épitaphe attribuoït au dé: funt Ja louange d’avoir foutenul’orthodoxie ; &c quel: quetems après, les minimes déclarerent que les deux puiffances, la royale & l’ecciéfiafhiquée , leur avoient enjoint denefouffrir aucune infcription à la gloire de M. de Launoi. | Ses œuvres ont été recueillies par l'abbé Granet, & imprimées à Genève en r73 1, en dix volumes iz- folio.. Ses lettres ; qui en font la partie principale ; avoient déja paru à Cambridge en 1689, 27-fol. Tous les ouvrages de ce favant font remplis de lecture 6£ de fcience eccléfiaftique. Il y défend'avec force les droits du. roi, les libertés de l’églife gallicane, & la jufté autorité des évêques. Son ftyle n’eft pas aflez orné, &c fes raifonnemens ne font peut-être pas tous jours juftes ; maison eft amplement dédommagé en le lifant, par la variété dés fujets qu'il traite, l’éten- due de {on érudition, & quantité de ‘traits ingé= nieux. Le public lui a certainement de grandes obliga: tions, Quand il n’auroit publié que le hivre de aurori- rate negantis argumenti,, à auroit rendu fervice à la république des lettres ; car 1l a donné, par cet ou- vrage , de belles ouvertures, pour difcerner le vrat & le faux dans les matieres hiftoriques. | Il'attaqua, dans fes écrits , plufeurs fauffes tradi« tions, entr'autres l’arrivée de Lazare & de Magde- VA L einen Provence; l'apoftolatdes Gaules de Denys l'aréopagite la caufe de la retraite deS. Bruno, fon- -dateur des chartreux ; la vafñon de Simon Stoch:; dés »privileges de la bulle fabbatine sc. 1H crut aufirde- | -voir.démontrer la fauftetéides prétendus privileses | “des moînes , en vertu defquelsalsne vouloient pas . -reconnoître lajurifdiétion des: évêques ; 82 1 réfuta | -les raifons qu'iis alléouoient pours’attribuer Padmi- | niftration du facrement de pénitence. « Ceux qui ai- » mentla vérité, dit M.:de Marolles, lui furent au- » tant degré de fes belles recherches, qué les sens à quifontincapables d'honorer la raifon, crurent >» avoir de fujet de {e plaindre de ce favant pour » avoir fat detelles conquêtes ; & fi la fuperftition » s'en affige , l’Eglife pure doit s’en glorifier ». M. de Launoï étendit encore da critique fur le trop grand nombre de faints canonifés dans le calendrier, & les abus qui en réfultent. Vigneul Marville rap- porte que le curé de S. Euftache de Paris difoit: # Quand je rencontre le doëteur de Launoiï, je le » falue julqu’à terre, &cne lui parle que le chapeau #» à la main, & avec bien de Phumilité, tant j'ai peur » qu'ilne mÔtemons. Euftache qui ne tient à rien». Il avoit raifon, dit M. de Valois, car la vie de S. Eu: tache eft un tu de fables entaflées les unes fur les autres; & je fuis fort furpris ; continue-t-il, que la plus oroffe paroïffe de Paris ait quitté le nom d’une des pluscélebres &illuftres martyres que nousayons pour prendre celui d’un faintinconnu & fort fufpe&. Godefroi lhiftoriographe étant forti de fon logis de grand matin le premier jour de l’an, rencontra dans la rue de la Harpe M. de Launoi qui s’en alloit “en Sorbonne, Il Paborda , 8c lui dit en lembraflant : x Bon jour & bon an , monfieur; quel faint déni- » Ccherez-vous du ciel'cette année » ? M: de-Launoi, furpris de la demande, luirépondit : « Je ne déniche » point du ciel les véritables faints que Dieu & leur » mérite y ont placés , mais bien ceux que l'igno- » rance & la fuperftition des peuples y ont fait ghif- » fer fans qu'ils le méritaffent, & fans l’aveu de Dieu » & des favanss. C’eft là-deflus que Ménage fit une bonne épigram- me greque , dans laquelle 1l compare M. de Launoi au Jupiter d'Homere , qui chafla du ciel toute la ra- ‘caille des faux dieux qu s’y étoit gliflée parmi les véritables, & qui leur donnant du pié au cul, les fit tomber du haut de fon trône & des étoiles en terre: \ € à e ’ - 2 TN Toy Aæupoioy opots ; oc cupélor O'upærraWir L \ ! 2 \ (2 ÿ Pile , modos rélayowy «wo BnAc0 Oecæesicios Rome cria contre l’entreprife de M. de Launoi , comme contre un horrible facrilege ; elle le déclara un deftrutteur de la religion , & mit tous fes livres à linquifiion, ne pouvant y faire traîner l’auteur ; mais l'hifloire de l'Eglife de Baînage , publiée lan 1699, _en deux volumes #7-fo/. a bien dû autrement émou- voir la bile des inquifiteurs. C’eft-là qu’on trouve la deftruétion de tant de faux faits & de tant de faux martyrs, qu'en comparaifon de cet océan lentre- prife de M. de Launoï n’eft qu'un petit ruiffeau. Il étoit cependant difficilé que ce doéte théologien de Sorbonne écrivit beaucoup de chofes contre les maximes des flatteurs du pape, contre les fuperfti- tions &c contre les prétendues exemptions des moi- nes, fans s’attirer beaucoup d’ennemis. Il éprouva fut fes vieux jours qu'ilavoitchoqué un parti fort redou- table. Onlui défendit dettenir des aflemblées dans fa chambre, quoiqu’elles fuflent très-innocentes, puif _ qu'il n’y recevoit que des amis, & qu’on n’y conver- {oit que de fciences ; enfin on fit des affaires à fon li braire qui imprimoit fon livre de la fémonie ; où en- trautres chofes il attaque les annates & réfute le jé- fuite Azorius, FU. M. de Lauñoi fupporta patiemment éette efpece de perfécution, &c fe trouvant d’ailleufs protégé par des gens dû prémier mérite, il continua de travailler pour PEglife , pour fon prince & pour le plus grand bien deda religion, Ia éclairé lefprit d’une infinité dérgens’, fans que tous les abus ayentété corrigés; c'eft parce que tropide perfonnes font intérefltes à les maintenir. Il y a bien de la différence entre les particuliers & le public, Hvient destems où la plûü- part dés particuliers fe trouvent défabufést ee néan- moins la pratique du public deméure la même. Enfin 11 {emble que la cour de Rome ait adopté la rehgion du dieu Termus de la république romaine, Ce dieu ne cédoit à rien , non pas même à Jupiter. ( Le chevalier DE JAUCOURT. | VALOIR , v.aét, (Gram.) avoir une valent, un certain prix, {oit intrinfeque , foit arbitraife : uné marchandife doit valoir moins quand elle eft com- mune , que quand elle eff rare, Voyez VALEUR. On ditauffi dans le commerce faire valoirfon argent, pour dire ez tirer du profs ; le mettre à intérér. Voyez INTÉRÊT. VALOIS, ( Géog. mod.) pays de France, dans le souvernement de l'ile de France. Il eft borné au nord par le Soiflonnois ; au midi, par la Brie ; au levant, pat la Champagne ; 8£ au couchant, par le Beauvoi- fs. Il prend fon nom d’un vieux chapitre appellé 73. dum en latin, & Véenfrançois. Ce n’étoit autrefois qu'un comté , que Philippe-Augufte réunit à la cou- ronne ; c’eftà-préfentun duché qui fut donné en apa- nage au frere de Louis XIV. & que la maifon d’Or- léans,pofiede, C’eft un pays de plaine abondant en blé. Crépi eft la capitale. (D. J.) | VALOISE ox LUQUOISE, f. f (Manuf.en foie.) étoffe montée à huit liffes, autant de lifles pour ra- battre que pour lever; à chaque coup de latire, on baïfle une life de rabat, & l’on pañle la navette de là même couleur ; ce quiproduitun diminutif de la luf- trine, La chaîne & la trame font très-minces. VALON , ( Géog. arc.) fleuve de la Mauritanié ‘ tingitane. Ptolomée,Z.Z{L. c. 7. place fon émbouchure entre les villes Tingis & Exiliffa, c’eft-à-dire envi= ron au milieu de la côte du détroit de Gibraltar, (D. 1.) 4 À VALONE ; ( Géogr. mod. ) ville de ’empireturc, dans l’Albanie, fur le bord de la mer, près des mon: tagnes de la Chimere, à 70 milles d’Otrante, avec un port & un archevêché grec. Les Vénitiens la prirent en 1690, & l’abandonnerent quelquetems après ,en ayant ruiné les fortifications: VALOUVERS, f. m. (Æ5ff. mod, ) c’eft ainfi qué l’on nomme les idolâtres de l’Indoftan , les prêtres de la dermere des tribus , appellée parreas ou poulias, qui eft l’objet du mépris de peuple, Il y a parmi une famille facerdotale ; appellée des va/ozvers, qui pré tendent avoir occupé anciennement dans les Indes un rang auf difingué que les bramines ou prêtres aétuels. Les ya/ouvers s'appliquent à l'Affronomie & lAfirologie ; ils ont des livres qui contiennent des préceptes de morale très-eftimés. On dit qu'ils por: tent un filèt de pêcheur autour du collorfqu'ils font leurs facrifices. + VALPARAISO oz VALPARISSO , ( Géog. mod.) bourgade dé PAmérique méridionale, au Chili, fur la côte de la mer du fud , dans un vallon , avec un port défendu par une citadelle, Cette bourgade eft compofée d’une centaine de pauvres maïfons , dont la plus grande partie n’eft habitée que des noirs, de mulâtres &t de métifs , qui font des matelots & gens de cet ordre ; cependant cette bourgade a pour fa défenfe deux forterefes ; l’une commande l'entrée u portavec des batteries rafantes ; l’autre a une bat- terie de vingt pieces de canon de bronze, Quoique Let Eu 826 VAL Valparaifo foitle principalport du Chili, il ny entre «guere néanmoins que vingt-cinq bâtimens par an. .C’eft dans ce port que François Drake enleva en 1570 un gros navire efpagnol chargé de marchan- _-difes précieufes, & entr’autres de douze mille cinq cens. livres d’or de Baldivia, le plus pur des Indes occidentales. Long. fuivant le p.Fewillé, 305. 19. 30. dati. 33.2 (D. 7.) VALREÉAS, ( Géog. mod.) petite ville de France, dans lecomtat Venaiflin , & l’une des dépendances du papes cette petite ville toute dépeuplée eff la plus confidérable partie du comtat qui confine avec le Dauphiné ; jugez par-là du refte. (D. J.) . VALROMEY , (Géog. mod.) petit pays de France, dans le Bugey , entre les mandemens de Seyffel &c de Michaille. C’eft un de ceux qui furent cédés à la France en échange dé Saluces, par le traité de Lyon de lan 1601. Iln’a pas vingt paroïffes, donr Château- neuf eft la principale. Louis XII. érigea l’an 1612 la feigneurie de Vatromey en marquifat en faveur d’Ho- noré d'Urté. (D. J.) VALS , EAUX DE, ( Hifl. nat. des eaux minérales.) eaux minérales de France en Languedoc. On les va prendre dans les mois de Juin , de Juillet & d’Août, &t la mode capricieufe eft aujourd’hui venue de les prefcriré fréquemment , &t d'en tranfporter à Paris ét ailleurs. Le petit bourg qui donne fon nom à ces eaux mi- nérales eff dans le Vivarais , à $ lieues du Rhône, & près du torrent de la Volane , au fond d’un vallon. Ce bourg eft environné de côteaux fertiles en blé & en vignes. Les fontaines minérales font à deux portées de moufquet du bourg près du torrent. L’une de ces fources ; appellée la Marie, eft du côté du bourg. Les autres, appellées la Marquife, la S, Jean, la Ca- mufe & la Dominique , font de Pautre côté du ruif feau. L'eau de fa Marie eft froide, limpide, aigrelette & diurétique. Elle donne une teinture orangée à la noix-de-galle , & une couleur de vin rouge à la tein- ture de tournefol. Le fel qu’on en retire par évapo- ration à la quantité d’environ une drachme fur douze onces d’eau , eft nitreux & fermente avec les acides. L'eau de laMarquife eft plutôt falée qu'aigrelette. La teinture qu’elle fournit à la noïx-de-galle , appro- che affez de celle que lui donne la Marie, mais elle donne la teinture de vin plus paillet à l’eau colorée par letournefol. Le réfidu eft de même nature que celui de la Marie , feulement en plus grande quantité, La fource de cette eau fort entre des fentes de ro- cher, & eft peu confidérable. L'eau de la fontaine S. Jean ne differe de [a pré- cédente que par un goût un peu plus füptique. - La fource Camufe, découverte par un médecin nommé le Camus, femble avoir encore moins d’aci- dité & plus de falure. La rouille qui eft dans fon ca- nal d'écoulement eft aufli plus rougeâtre , du refte elle fait les mêmes changemens avec la noix-de-palle & la teinture de tournetol. Les fels de ces quatre fontaines, foit le naturel qui fe trouve fur les rochers, {oit l’artificiel qui fe tire par l’'évaporation , étant diffous dans un peu d’eau , font une grande effervefcenceavéc lefprit de vitriol. Jis ne pétillent point fur Les charbons allumés , & ne changent point de couleur ; mais ces fels jettés dans Le firop violat, le rendent aufli verd que fait le fel de tartre. La fource Dominique , ainfi nommée d’un jacobin qui l’a découverte, eft la moins abondante de toutes. Élle eft âpre, vitriolique & defagréable à Peftomac. Le réfidu qu'on en tire eft en petite quantité ; une ivre d'eau ne produifant que huit ou dix grains d’un fel VAL -grisâtre, & qui femble un vitriol légerement calci- né. La noix-de-galle procure à cette eauune couleur bien différente de celle que lui donnent les eaux des autres fontaines , {avoit une couleur bleuâtre & fort peu foncée. Elle rougit auffi la teinture du tourne- fol d’un rouge beaucoup plus opaque, & le fel de tartre à de la peine a faire revenir cette teinture dans fa couleur de pourpre. Cette eau opere par les vo- miflemens. ( D. J. VALSARA , MUSCLEDE , ( Anatom.) Valfarad’I- “mola , doéteur en médecine & en philofophie , pro- feffa l'anatomie dans l’univerfité de Boulogne, & fut chirurgien de l’hôpital des Incurables. Il nous a laiflé un traité fur l'oreille qui renferme plufieurs chofesneuves. Il y a un mufcle de Poreille qui porte {on nom, qu’on appelle auffi Ze mufcle antérieur. VALTELINE , ( Géogr. mod, ) voyez après le 04 VAL, l’arucle VAL-TELLINE. VALVERDE , ( Géog. mod, ) ville de Amérique méridionale , au Perou, dans l'audience de Lima, dont elle eft à 35 lieues. Ses habitans qui font efpa- gnols , font riches; fon port qui en eft à 6 lieues , fe nomme Puerto quémado. Lat, mérid. 14.( D. J.) VALVÆ, (Archit. anc.) valve, genit. valvarum , f. £. pl. indique , dans Vitruve , une porte fimple, 8 qui n’a qu’un battant , puifque dans les auteurs elle eft oppoñée à celle qui a deux battans, que les Ro- mains appelloient Zzfores. Quoique valve défigne communément les deux battans d’une porte, ileftsûr que ce mot n’a cette fignification qu'à caufe qu’il eft au pluriel ; & encore n’a-t-il pas fembié à Ovide que le pluriel füt fufhfant pour cela quand il dit , argem bifores radiabant lumine valvæ, car ila jugé que va/væ fans bifores n’auroit pù figmifier une porte à deux bar- tans, ( D. JT.) VALUE , £. £. ( Gramm. & Jurifprud.) eftlamême chofe que valeur; mais ce terme n’eft ufité que quand on dit plus value, la moins value; la plus value eft ce que la chofe vaut de plus que ce qu’elle a êté eftimée ou vendue ; la moins value eft ce qu’elle vaut de moins. La crue a été introduite pourtenir lieu de la plus value des meubles, Voyez CRUE,ESTIMATION, PRISÉE , VENTE. (4) VALVE , (Conchyl.) en latin valva, c’eft l'écaille ou l’une des pieces de la coquille, VALVULE , {. f.( Méchan. ) eft la même chofe que foupape, Voyez SOUPAPE. Ce mot vient du mot latin valve, porte à deux battans, parce que les 4/- vules s'ouvrent & fe ferment à-peu-près comme ces fortes de portes. VALVULE , ( Phyfrologie. ) petite membrane atta- chée à la paroi intérieure des veines, pour faciliter le cours du fang vers le cœur ; & empêcher fon re- tour vers les extrémités. La ftruûture des yalvules eft une méchanique fort confidérable entre lesorganes qui fervent à la difiri- bution des humeurs. Expofons cette méchanique. Les valyules font le même office à l'égard des hu- meurs contenues dans le corps des animaux, que font dans les machines hydrauliques , les foupapes , ow les autres machines équipollentes à des foupapes,que l’on emploie pour laïffer couler Peau d’un fens , &c lui fermer le paflage , en l’empêchant de retourner d’où elle eft venue. Orcomme on fe fert de trois fortes de foupapes, il y a aufi de trois fortes de va/- vules qui empêchent que les humeurs qu’elles ont laïffé pañer dans les canaux ne puiflent retourner. Les trois efpeces de foupapes font la foupape à clapet, la foupape en cône &t la foupape en maniere de porte à deux battans. La foupape à clapet eft une lame plate & quarrée, qui étant attachée par un de fes côtés, peut, étant abattue & appliquée fur un trou, Le boucher ou ledéboucher lorfqu’elleeftlevée. L’efpece de valyule qui a rapport à ce clapet , eft VAL V,A E ba? at ln LE -iet à 1: ST SEEN UT CRE LE M ne Le OO TT CE lt moins ordinairesiôn enirouveà l'embouchure des: 1° les barbes de l’épi en entbas, quoique la frudure dé ureteres dansdla veflie, où la tumique interne de la vefke couvre letrou par où laretere;apfès s'être cou: lé entre les deux menibranes dont la veflie eft come polée, Éüit pañlér l'urinedans la capacité de la veflie; car cette membraneque l'urine leve pourentrer, eff rabattue par de mêmeurine, qui la colle contre les bords du trowaprès quellereft pañiée.. 1-4 On atrouvé une pareille pa/vule dans la véficule du foie d’un bœufau milieu de la partie de fon fond, où celle eflattachiée au foie. Cette va/rule étoit une membrane qui couvroitun trou faifant embouchure d'un rameau de la bile, qi ayant pluñeurs racines répandues dans tout le foie ; apportoit cette humeur dans la véficule. A MET La feconde efpece de foupape qui eft en cône, agit d'une autre maniere ; car la partie faite en cône laifle pañler l’eau qui vient du côré de la pointe du cône, parce qu'elle eft pouflée par l’eau &c levée, en forte qu’elle ouvre en partie le trou rond du cer cle, aweile fermoit entierement lorfqu’elle étoit abaifiée ; mais elle empêche que l’eau ne retourne ; parce que venant vers la bafe du cône , fapefanteur fait rentrer Le cône dans le trou ducerele qu’elle bou- foupape eft appellée figmoide, parce que le bord de tunique de la veine , il arrive néceflairément que lorfque le fang monte dans la veine, il pouffe la par- tie détachée, & la collant contre la tunique de la veine, il fe fait pañlage; au contraire, lorfque le fang vient à defcendre, il fépare la partie détachée d’avec la tunique de la veine contre laquelle elle étoit collée, 8: empliffant lefac, Parrondit , & lui donne la figure conique dont la bafe emplit toute la rondeur du con- duit de la veine , de même que la bafe du cône de la foupape remplit la rondeur du cercle qui la fou- tient, | Il fe trouve dans quelques poiffons , comme dans la raie , que ces va/yules , au-lieu d’être des faces com- pofés de membranes , font des chairs folides qui dot- vent apparemmentenfe sonflant& enfe rétréciflant, faire l’effet que la va/vule figmoide fait en s’empliflant êt en fe vuidant de fang. Et il faut fuppofer que ces chairs ont des pores ouverts vers le côté où le fang doit couler, & qu'ils font fermés vers celui d’où il vient ; en forte que lorfque le fang fait effort pour pañler , il comprime ces chairs, & en exprime le fang; & lorfqu’il fait effort pour retourner , il les remplit, &c les faifant gonfler, 1l bouchéle pañage, y ayant apparence que ces va/vules charnues ne font effedivement autre chofe qu’un amas d’une infinité de petits facs remplis de fang. Ces valvules figrmoides le trouvent prefque dans tous les vaifleaux ; 1l y en à dans les veines & dans les canaux lymphatiques , pour empêcher le retour des humeurs que ces vaiffeaux contiennent, & pour aider au cours qu’elles doivent avoir : car les hu- meurs ne pouvant retourner lorfqu’elles ont paflé au- deflus des wa/vules , la moindre compreffion que les veines ou vaifleaux Iymphatiques fouffrent par Le mouvement dé larefpiration & des mufcles de toutle corps , leur fait pouffer le fans &c la lÿmiphe vers les endroits où les va/vules leur donnent le pañlage libre. Cela fe fait par la même raifon qui fait monter un épi de bléle long du bras, quand 1l eft mis entre le bras & la manche de la chemife la queue en haut,& cette machine foit différente decelle des vafviles; car l'épi monte lorfqw’on remue le bras, parce qu'il nè peut ailer en en-bas, & qu'il va aïifémentenen-haut, attendu que rien nelen empêche, & que le mouve: - ment du bras agiflant fur Pépr, l’oblige à ne pas des: meurerenunepiace. -. SUN 1 #0 due - Ilyaaufli de cesvalvules dansle Cœur; favoitttois qui ferment laorte à la fortie du ventricule gauche ; êt empêchent que le fang n’y rentre;ëc trois qui de là même maniere forment la veiné artérieufe , & qui : empêchent que le fang , qui pour pafler dans le pou: mon eft forti du cœur, n’y rentre: Lesoros rameaux de veines ont ordinairement deux ya/yules vis-à-vis Pune de l'autre, &c les perits n’en ont qu'une: quand les valvules doubles {ont-enflées par le fang qui les emplit, elles ont la figure d’un demi-cône ; &cellé dutiers d’un cône quand elles font triples. | La troifieme efpece de foupape n’a point encore lé nom, mais M. Perrault a cru qu'il lui en etoit dû un à caufe qu’elle agit de même que les foupapes. Ces fou: papes de la troifieme efpece font ordinairement fans compara{on plus grandes que les autres, qui ne paf: fent guere quatre ou cinq.pouces de diametre , aü- lieu que celles-là ontjufqu’à deux ou trois toifes ; on s’en fert pour les éclufes. Ce font deux battans dé porte que l’eau ferme en les pouffant & en les faifant approcher lun de l’autre ; & elles demeufenten cet état, tant à caufe qu’elles font retenues par des chaï:: nes, que parce qu'ellesfe foutiennent d’elles-mêmes, étant appuyées l’une contre l’autre, & faifant un an* gleoppofé au cours de Peau. Il y a dans le cœur des va/yules qui agiflentpat une même raifon : on les appelle #icufpides ou tricufpida= les, parce qu’elles ont trois pointes étant de forme triangulaire : car quoique ces petites portes du cœur ne foient pas quarrées, elles fontnéanmoins le même effet que Les portes des éclufes qui Le font en ce qué s’approchant & fe joignant par leurs côtés elles fers ment le pafage au fang , & l’empêchent de fortir des ventricules du cœur,quandil y efl'entré par la veine cave ou par l’artere veineule, Et de même que les yalyules tricufpides fe touchent par deux côtés étant attachées au cœur par le troifieme , les portes des éclufes fe touchent auffi par un côté , & touchent au fond de Péclufe par un autre, letroifieme étant attas ché à la muraille, | Or parce queces va/vulesne font pas d’unemiatière ferme , comme les portes qui réfiftent à limpulfon de l’eau lorfqu’elles font jointes lune contre l'autre, la nature leur a donné un autre moyen de réffter à limpuifon du fang , &c celafe fait par un grand noms bre de ligamens , qui font comme autant de petites cordes attachées aux deux bords de chaque va/vule ; de même que les portes des éclufes font retenues par des chaînes : car ces ligamens empêchent que Jorfque le fang a fait approcher les membranes qui font Le corps de la valyule elles ne foient pas pouflées plus avant ; fi cela arrivoit , elles ne pourrotent em pêcher le fang de pañler &c de retourner d’où il ef venu, IL y a de cette efpece de yalvules dans le éœut à lextrémité des vaifleaux qui apportent le fang dans chaque ventricule , favoir la veine cave, qui le rap- porte de tout le corps dans le ventricule droit, &clar- tere veineufe qui eft proprement une veine qui rap= porte dans le ventricule gauche le fang que la veiné artérieufe a répandu dans le poumon. La veine cave a trois de ces valyules ; mais l’artere veineufe n’en à a que deux , parce qu’elle ne rapportepastant defang -dans le ventricule gauche , que la veinecave en rap= -porte dans le droit; une partie du fang que la veine cave rapporte dans lecœur, & que la veineartérieufe .difiibue dans le poumon,étant confumée pour noux= 826 VAL iture de cette partie, qui.en difipe beaucoup. Toutes ces valvales , tant les figmoides, que les #rcufpidales , e trouvent dans le cœur de prefque tous les animaux terreftres qui font un peu grands: dans lesoifeaux elles font autrement, êc les anfrattuo- Sités des ventricules font aufü différentes;les ventricu- les même ne font pas en même nombre ; Ceux d’entre les poïffons qui nerefpirent point,n’ont qu'un ventri- cule dans le cœurs mais ce ventricule a deux facs, qui font comme fes oreilles : dans Pun de fes facs, que j'appelle l'oreille droite, la veine cave porte le fang par deux troncs : de l’autre fac, qui eft comme l’o- reille gauche, Paorte tort faifant un feul tronc. Les vaivules font dans le cœur à l'entrée de chaque 1acs elles font figmoides , deux à chaqueentrée. Celles -qui empêchent que le fang ne retourne dans la veine cave font mieux fermées , & doivent avoir plus de force pour le retenir , que celles qui empêchent de retourner de l'aorte dans Le cœur. Jacques Sylvius, le grand admirateut de Galien, & l'ennemi juré de Vefale ,ale premier découvert les yalvules qui font à orifice de la veine azigos , de la jugulaire , de la brachiale ; de la crurale, &c du tronc de la veine cave qui part au foie. Il les nomma épi- phifes membraneufes ; Fabricius ab Aquapendente re- vendique à tort lhonneur de cette découverte ;1ln a que celui d'en avoir donné une plus exatte defcrip- tion, & de jeur-avoirimpoié lenom devalyvules, qu’- “elles retiennent encore aujourd’hui; nom qui leur convient en elfet, tant par rapport à leurs ufages , qu’à l'égard de leur ftrutture. Euftachins apperçut le premier la salyule placée à l’orifice de la veine coro- naïre dans le cœur. Il prétend encoreavoir découvert Ja valyule que quelques auteurs appellent va/yu/a no- ils, placée dans la veine cave , tout proche de l'o- reillette droite du cœur. Cependant Jacques Sylvius paroit avoir remarqué cette va/yule avant Euftachi ; mais ce dernier l’a bien mieux décrite, ( D. J.) VALVULES du cœur, ( Anatom., ) efpeces de foupa- pes qui font aux orifices des ventricules du cœur. Ces Yalvules ou foupapes font de deux fortes ; Les unes permettent au fang d'entrer dans le cœur, &c empêchent d’en fortir par le même chemin ; les au- tres le laiflent fortir du cœur , & s’oppofent à fon re- tour. Celles de la premiereefpeceterminent lesoreil- lettes, & celles de la feconde occupent les embou- chures des grofles atteres. On a donné à celles-ci Le nom de valvules femi-lunaires où valvules figmoides , 8x aux autres celui de eréglochines ou sricufpides ou snitrales. | Les valvules triglochines ou tricufpides du ventri- cule droit font attachées à l’orifice auriculaire du ventricule , & s’avancent dans la même cavité de ce ventricule. Elles font commetrois languettes fort po- lies du côté qui regarde l'embouchure de loreillette, garnies de plufieurs expanfons membraneufes &c ten- dineufes du côté de la cavité ou furface interne du ventricule, & elles font comme découpées ou den- telées par leurs bords. Les valyules de l’orifice auri- culaire du ventricule gauche font de même forme &c ftruêture ; mais il n’y en aque deux, & on les a nom- mées valvules mitrales à caufe de quelque reflem- blance À une mitre qu’elles repréfentent aflez grof- fierement. Ces cinq valvules font très-minces, 6€ elles font attachées par plufieurs cordes tendineufes aux co- Jonnes charnues des ventricules. Les cordages de chaque va/yule font attachées à deux colonnes. Il y aentre ces valvules d’autres petites de la même figu- re.Onpeut auff appeller toutes ces valvules tricufpi- desen général valyules auricuaires où valyules veineu- Jes du cœur. Les valyules femi-lunaires ou valvules figmoides | VAN font aunombre de fix, trois à chaque ventricule , &c à l’embouchure des grofles arteres. Le nom de va/vu- les artérielles leur convient aflez. Elles {ont faites à- peu-près comme des paniers de pigeon. Leurs con- cavités regardent la paroi ou concavité de l’'artere, &c leurs convexités s’approchent mutuellement. En examinant ces valvules avec le microfcope, ontrou- ve des fibres charnues dans la duplicature des mem branes dont elles font compoées. Elles font vraiment femi-lunaires, c’eft-à-dire en forme de croiïflant , par les attaches de leurs fonds; mais elles ne le font pas par leurs bords flottans; car ces bords repréfentent chacun deux petits croiflans , dont deux extrémités {e rencontrent au milieu du bord, & y forment une efpece de petit mamelon. Winslow. (D. J.) VALVULES desinteffins ; « dans le jejunum & l'i- » leum, la tunique interne ayant plus d’étendue que » l’externe, eft fort ridée. Ona cru que les plis ta » chés qu’elle forme, faifoient en quelque maniere » la fonétion des valvules ; c’eft pourquoiils ont été » nommés valvules conniventes , en latin valvulæ con- » zuventes. : VALVULES des vaifleaux laités; « les vaifleaux lac- » tés qui s’ouvrent dans les inteftins, reçoivent la » partie du chyle qui eft préparée & fluide, & pa- » roiflent par intervalles comme s'ils étoient liés & » ferrés. Quand on les comprime , ils ne laiflent pas » refluer la liqueur versles inteftins, quoïqu’elle foit » aïfément pouflée vers Les glandes : ce qui montre » qu'ilya des valvules dans les vaifleaux laétés, mais » qui {ont trop petites pour être vihbles. Zd, 5bid, P, 36 VALYULE du colon, le colon a une grande valyule pour empêcherles excrémens de rentrer dans l'ileon; il a auff plufieurs autres yalvules pour retarder la def- cente des matieres.Voyez COLON 6 EXCRÉMENT. Conftantin Varole , boulonois , médecin du pape Grégoire XII. & qui mourut en 1 570, fut le premier qui obferva les valvules du colon. Bart. Euftachi, natif de San-Severino en Italie, découvrit vers ce même tems la valvule qui eft à orifice de la veine coronaire , & cette va/vule remarquable qui eft à l’o- rifice du tronc inférieur de la veine cave, près de, l'oreillette droite du cœur. Il eft vrai qu'il ne la prit pas pour une va/vule, mais feulement pour une mem- brane, Lancifi, médecin du pape Clément XI. & qui a publié le premier les œuvres d’Euftachi, croit que l'ufage de cette valyule eft d'empêcher Le fang de la veine cave fupérieure de frapper avec trop de vio= lence contre celui de l’inférieure. M. Winflow qui a examiné cela avec beaucoup de foin, eftà-peu-près de même fentiment. Mém. de l’acad. des Sciences. Mais comme cette ya/vule diminue peu-à-peu dans les enfans, de même que le trou ovale, & qu’à la fin elle difparoit entierement dans les adultes, il fem- ble qu’elle a quelque autre ufage qui regarde princi- palement la circulation du fang dans le foetus, En effet, par le moyen de cette va/yule, M. Winf- low concilie les deux fyftèmes oppofés de la circu- lation du fang dans le fœtus, qui font expliqués dans l'article CIRCULATION. Voyez CIRCULATION du Jang, & F@TUS. VAMPIRE, f. m. ( ÆHiff. des fuperflir.) c’eft le nom qu’on a donné à de prétendus démons qui tirent pen- dant la nuit le fang des corps vivans , &r le portent dans ces cadavres dont l’on voit fortir le fang par la bouche, le nez & les oreilles. Le p. Calmet a fait fur ce fujet un ouvrage abfurde dont on ne lauroit pas cru capable , mais qui fert à prouver combien l’efprit humain eft porté à la fuperfüition. ( D. J.) VAN, f. m. ( Lisrérat.) on connoit cet inftrument à deux anfes, courbé en rond par-derriere , &c ee e VAN le creux diminue infenfiblement fur le devant ce : qui lui donne la forme d’une coquille; voilà Ja con: que icélebre des Epyptiens, des Grecs & des Ro Mains; nousallons dire pourquoi. | L'enfantichéri d'Ofiris & d’ffis, 8&c le ferpent qu’- on y joignoit, pañlerent d'Egypte à Athènes, qui étoit une colonie venue de Sais, & de-là furent por- tés bien loin ailleurs. Telle eft vifiblement l'origine de lufage qu'avoient les Athéniens de placer les en- fans dans un van auflitôt après la naïflance , & de les coucher fr un ferpent d’or. Cette pratique étoit fondée fur la tradition, quelanoutrice de Jupiter las voit fait pour le dieu, & Minerve pour Eridhonius, De frgrands exemples ne pouvoient qu'accréditer dans Ja Grecelufage de mettre furun var les enfahs nouvellement nés, C’eft pourquoi Callimaque nous dit que Néméfis attentive À toutes les bonnes pratis ques , pofa le petit Jupiter fut un sax d’of; cétoit en même tems une cérémonie fort ordinaire chez les Athéniens , fur-tour dass les familles diftinguées, dé. tendre les petits enfans fur des ferpens d'or, Tout le monde fait encore quele var étoit confa- cré au dieu du vin; 6 myffica vannus Lacchi , dit Virgile, Les conimentateurs apportent deux raifons de cette confécration du van myflérieux voué à Bace chus , qui font toutes deux plaufibles : l'une » parce qu'[fis avoit ramaflé dans un vaz les membres épars d'Ofiris , qui eft le même que Bacchus, & que T1- phon avoit mis en pieces, L’autre raifon eft prife de ce que les vignerons offroient à Bacchus dans un yen les prémices de la vendange. (D. J.) | VAN, fm. (tre de Vanniers.)inftrument d’ofier à deux anfes,courbé en rond par-derriére qu’il à un peu relèvé, dont le créux diminue infenfiblement juique fur le devant. Les vans fervent à vanner les grains pour en féparér la menue paille & la poufñere. Ils font le principal objet du métier dés vanniers-clotue riers. (D. J.) VAN, (Géog. mod.) ville & château de la grande Arménie, vers les fourcesdelEnphrate, fur les cons fins des deux empires turc & perlan, à 70 lieues au fud-oueft d'Erzeron. az eft aujourd’hui fous la do- munation du grand-feisneur, & à fon château ou fa forterefle fur une montagne voiïfine ; les habitans font pou la plpart arméniens. Tout près de la ville, eft un lac du même nom, l'un des plus grands de PA- fie, & qui peut avoir so lieues de circuit. C’eft Le Müntiana palas de Strabon, L. XI. p. 32 9. Ce lac de Van eft auffi nommé Zac d'Afamar ; On n'y trouve qu'une forte de poiffon qui eft un peu plus gros que nos fardines, & dont il fe fait tous les ans un grand débit en Perfe & en Arménie, (D. 28 VANANTE, ady. ( rerme de Papeterie. Ÿ la pâte de moyenne qualité, ou celle qi eff faite avec des vieux chiffons & drapeaux de toile de chanvre ou de lin : qui ne font pas de la plus belle qualité, fe nomme pâte vanante. C’eft avec cette pâte qu’on fabrique le papier de la feconde forte, Voyez Papier. VANAS, ( Commerce. ÿterme corrompu du latin, que quelques teneurs de livres mettent d’efpace én efpace à la marge de leurs écritures, pour marquer qu’ils annullent les articles qui font vis-kvis de ce mot, & qu'ils ont mal portés, foit dans le journal ; foit dans le grand livre. oyez Anwuiter. Didionn, de Cornrnerce. VANCOHO , £. m. ( Fiff rar. ) efpece de fcor- pion fort dangereux qui fe trouve dans l'ile de Ma- dagaicar; il reflemble à quelques égards à une arai- gnée. Ha le corps oule ventre noir, rond & fort gros ; fa piquure eft extrèmement dangereufe; elle caufe un évanouiffement foudain qui dure quelque- fois deux jours, pendant lefquels on a tout le corps froid comme de la glace. On donne dans ce cas au malade les mêmes remedes .que contre les poifons., Tome XVI, V AN 829 & one tientie plus chautdementqu'it ef pothible: VANDABANDA , ( Géog. ane, } conttée de la Sogdiane, Elle eft placée par Ptolomée, 4 Te, &i, entre le mont Caucafe & le mont Imaüs, { D, A) VANDALES, f. m.pl. ( Hiff, añcienne. ) ñation barbare faïfant partie de celle des Goths, & qui, comine Cette derniere, étoit vénue de Scandinavie, Le hoim des Véndales vient, dit-on, du mot gothique vandelen Qui fignifie encore aujourd'hui en allemand éfér ; parcè Qüe ce peuple changea très-{otivent de deméure, Au fortir du dotd les Vanñdales s’établirent dans les pays connus aujourd'hui fous le nom du Brandebourg & du duché de Meklenbourg. Sous l’em- pire d’Augufte, une Partie de ces barbares vintent s'établir fur les bords du Rhin ; chaflés pat Tibere ils allerént s'établir vêrs l'Orient entre le bofphore crmmérien & le Tanaïs, d'oùils chañletent les Scla- vés , dont ils prirent le pays & le nom ; une partie alia s’établir für Les bords Danube , & oCcuperent les pays connus aujourd’hui fous le nom de Tranfyls vañie, de Moldivie & de Valachie; ils Le rendirent maîtres de la Pañnonie, d’où ils furent chaflés par lémpereur Marc-Auréle en 170. Ils firent en 271 de nouvelles irruptions fur les terres de l'empire ro- main, &t furent défaits par Aurélien, par Probus. L'an 409 , les Vañdules accompaghés des Sueves & des Alaïns fe rendirent maîtres d'une pattie de l’Efpagne qu'ils partageréntavec ces barbares; delà fous la cons duite de leur roi Genferic ; ils paflerent en Afrique en 428, Après plufeurs vidoires remportées fur les Romains, ils les forcerent à leur céder la plus gran. de partie des. provinces que l'empire pofédoit dans cètte partie du monde. En 455, Genferic vint en ltalie où il prit & pilla la ville de Rome: il infefta lés côtes de Sicile & de Grece , 6t continua à haraf fer les Romains jufqu’à ce qu’il força l’empereur Zé- nôn à lui céder tous fes droits fur l'Afrique, qui refta aux Vandales jufqu'au rene de Juftinien, qui réunit de nouveau à fon empire les provinces dont ces bar- bâres s’étoient emparés, FANDALICI MONTES, ( Géog. ane. ) Dion Caflus /, LY, donne ce nom aux montagnes dans lefquelles PElbe prend fa fource. Par conféquent ce font les montagnes qui féparent là Bohèine de la Lu- face & de la Siléfie. (D. J.) - VANDALIE, ( Géogr.mod.) plufeurs géographes Ont donné ce nom à une partie de la Poméranie du cale & du duché de Mecklenbourg en bañle Saxe, Ea Vandalie prife pour une contrée de la Poméra nie ducale , eft bornée par la mer Baltique au nord, le defert de Waldow au midi, les feigneuries de Bu- tow & de Louwenborck au levant , & par la Caffa- bié au couchänt, On lui donne environ quatorze lieues de longueur & autant de largeur. Sa capitale eft Stolpe, La Vandalie regardée comme une contrée du dus chéde Meclenboutg énbañle Saxe, eft entre l'évêché &t le duché de Swerin, la feigneurie de Roftock & celle de Stutgard, la Poméranie royale & le mar qui- fat de Brandebourg. Ce pays pent avoir environ trente lieues du couchant au levant , & dix du nord au fud. On ÿ voit pluficurs petits lacs, Sa cäpitaleeft Guftrow. ( D. J.) VAND'ŒUVRE , ( Géogr. mod.) petite ville de France, dans la Champagne , fur là riviere de Bar fe , à fix liéues au levant de Troyes. Longit, 22, 4, latit, 48. 12, Cette petite ville eft {a patrie de Nicolas Bourbon, poëte latin qui vivoit fous le regne de François L Marguerite de Valois le donna pour précepteur À Jeanne d’Albret de Navarre fa fille , & mete d'Henri IV. Il mourut à Condé, vers l'an 1550. Il a laifté huit Livres d'épigrammes, fous le titre de #2ge, bäga NNann 830 VAN telles, au fujet duquel du Bella fit ces deux jolis VETS: Paule, tuum infcribis | Nugarum zomine librum, In toto libro nil melius titulo. C'eft un bon mot , maïs qui ne doit point détruire le mérite de l'ouvrage même, dont Erafme faifoit grand cas. Bourbon étoit fils d’un riche maïtre des forges, ce qui lui donna lieu de publier fon poëme de la forge en latin ferraria. Il décrit dans cet ouvra- ge tout le travail de la forge, & de l'occupation des ouvriers qui coupoient Le bois, qui faifoient le char- bon, qui fouilloient la mine, qui la nettoyoient , qui la voituroient au fourneau pour le fondeur, & pour les forgerons ; il les met tous en a€tion, &z1l ne laifle à {on pere que Le foin de les payer &t de veiller fur le produit. Il eut un petit neveu, nommé comme lui Nicolas Bourbon , & comme lui très-bon poëte latin. Ce neveu fut de l'académie françoife, 8 mourut com- blé de penfons en 1644. âgé d'environ 7o ans. Ses poëéfies parurent À Paris l’an 1630. ëz-12. On fait grand cas dans ce recueil de la piece intitulée : #7- precation contre le parricide d'Henri IF. Les deux beaux vers en l'honneur de ce prince , qui font à la porte de l’arfenal de Paris, font encore du même poëte ; les voici, quoique tout le monde les fache par cœur, ou fi vous voulez , par cette même raïfon: Ethna hec Henrico vulcania tela miniflrat, Tela gigantæos debellatura furores. (DIS ( VANDOISE , f. m.(Hif£. rar. Ichthiolog.) poiffon de riviere , quieft une efpece de muge que l’on nom- me Juiffe à Lyon, & darden Saintonge &c en Poitou ,: parce qu'il s’élance avec une viteffe femblable à cel- le d’un dard; ila le corps moins large que le gardon, & le mufeau plus pointu ; 1l eft couvert d’écailles de moyenne grandeur, & il a plufieurs petites lignes longitudinales fur la partie fupérieure des côtés du corps ; fa couleur eft mêlée de brun, de verd, & de jaune ; ce poifion devient fort gras, il a la chair molle & d’un aflez bon goût. Rondelet , ff. des’ oiffons de riviere, chap, xiv. VANG , f. m. (Hiff. mod.) ce mot fisnifie perit roi ou roitelert : l'empereur de la Chine le confere aux chefsou kans des T'artares munguls qui font fou- mis à fon obéifflance , & à qui il ne permet point de prendre le titre de kan, qu'il fe réferve; ces vangs ont fous eux des peir-fe 8 des kong , dont les titres répondent à ceux de ducs &c de comtes parminous. YANGERON , f. m,(Æiff. nar. Ich.) poiflon qui fetrouve dans le lac de Laufane ; 1l reffemble aux muges par le mufeau, & à la carpe par la forme du corps & par la qualité de la chair ; ila deux nageoi- res de couleur d’or près des ouies , deux jaunes fous le ventre , une au-delà de l'anus, &c une fur le dos ; la queue eft fourchue & revêtue à fon origine , par des écailles peu adhérentes. Rondelet, 21/£. des poif- ons des lacs , chap.ix. Voyez POISSON. VANGIONS , Les, (Géog. anc.) Vangiones ;peu- ples de la Gaule belgique , &c originaires de la Ger- manie. Céfar, dansfes commentaires , bel. Gall. 2. I. dit qu’ils étoient dans l’armée d’Ariovifte, avec les Tribocci êcles Nemetes ; & Pline , Z. IF c. xvy. nous apprend qu'ils s’emparerent de la partie du pays des Médiomatrices , le long du rivage du Rhin. Cluvier , Germ. anr. L. IT. c.x. croit que ces peu- les étoient établis dans les Gaules avant la guerre d'Ariovifte, parce que les Marcomans , les Sédu- fiens, les Harudes, & les Sueves, que ce prince avoitamenés avec lui, ou qui l’avoient joint depuis fon arrivée, furent tous chaflés de la Gaule, après que Céfar Les eut battus : au-lieu que les Németes , VAN . les V’angions, & les Tribocci demeurérent toujours dans leurs terres , fur la rive gauche du Rhin. Il patoït que ces trois nations n’étoient point fou- miles à Ariovifte , puifqu'elles demeuroïient dans la Gaule belgique. Elles pouvoient être feulement en allianceavec lui , ou peut-être même fous fa protec- tion ; ce qui les engagea à lui donner du fecours con- tre les Romains, tagml rit . On nefait point en quel tems les Jz79/0ns pafle- rent le Rhin pour s’établir dans les Gaules: Ils occu- _perent une partie des terres de Mayence ê&c du Pa- latinat. Borberomagus où Borgeomagus jaujourd’hui Worms, étoit leur ville capitale, (D..J.) : VANILLE, f. m.(Æif£. nat. Bor. ) vanilla,, genre de plante à fleur polypétale , anomale & compofée de fix pétales, dont cinq font femblables & difpofés prefqu’en rond ; le fixieme occupe le milieu dela fleur , & 1l eft roulé en forme d’aiguiere.; le calice devient dans la fuite un: fruit en forme de corne mol- le & charnue , qui renferme de très-petites femen- ces. Plumier , zova plant. amer, gen. Voyez:-PLANTE. VaniLLe, { f. (Botan. ext.) goufleamériquaine qui donne la force,, Podeur , &c le goût.au chocolat; cette boiflon dont les Efpagnols font leurs délices; & qu'ils n'aiment pasmoins que l’oifivetés Quoiqu'ils tirent ce fruit depuis près de deux fiecles, des pays qu’ils ont fi cruellement ravagés ; ils ne favent pas même aufli-bien que nous, ce.quiconcerneles ef- peces, la culture, la multiplication, -& les proprié- tés de la varille. Nous ne leur devons point le peu de lumieres que nous en avons ,, 8 fur tout lerefte, ils nous ont bien dégagés de la reconnoiffance. La vanille eft dunombre de ces drogues dontionufe beaucoup, & que l'on ne connoir qu'imparfaitement. On ne peutpas douter que ce ne foitüune goufle , ow filique, qui renferme la graine d’une plante , & de- là lui vient le nom efpagnol de vayrilla, qui figaifie petite guaine ; mais On ne cConnoit n1 lenombre des: efpeces , ni quelles font les efpeces les plus eftima- bles de ce genre de plante, en quel terroir.elles vien- nent le mieux , comment on les cultive , de quelle maniere onles multiplie, &c. on n’a fur toutcela que: des détails peu fürs & peu exaéts. Meffieurs les aca- démiciens qui ont été au Pérou, ne nous ont point fourni les inftruétions qui nous manquent {ur cette: plante. Les Amériquains font feuls en poffeffion de la v4- rille, qu’ils vendent aux Efpagnols, êculs confervent foigneufement ce tréfor qui-leur eft du moins refté, apparemment parce que leurs maîtres n’ont pas fu le leur ôter. On dit qu'ils ont fait ferment entr’eux de. ne révéler jamais rien aux Efpagnols , füt-ce la plus. grande detoutes les bagatelles; c’eft en ce cas une convention tacite dont ils ne rendroient que de trop. bonnes raïfons ; &t fouvent ils ont fouflert les plus cruels tourmens , plutôt que d’y manquer. | D'un autre côté, les Efpagnols contens des richef- fes qu'ils leur ontenlevées,de plus accoutumés à une: vie pareffeufe, & à une douce ignorance, méprifent les curiofités d’hiftoire naturelle , & ceux quiles étu- dient ; en un mot, fi l’on en excepte les feuls Her- randez , & le pere Ionatio , efpagnols, c'eftaux cu- rieux des autres nations, aux Voyageurs aux né- gocians, & aux confuls étælis à Cadix, que nous fommesredevables du petit nombre de particularités que nous avons fur cette drogue précieute, ëc qui formeront cet article. L Noms & d:fcriptions de la vanille. Elle eft nommée des Indiens mécafubil, êt par nos botaniftes varilla, vaniglia, vayniglia, vanillias, piperis arbori jamaïcen= fs innafcens, Pluk. mag. 301. C’eit une petite goufle prefque ronde , un peu ap platie, longue d’environ fix pouces, large de quatre lignes, nidée, roufâtre , moilafe , huileule , grafle. VAN cependant caflante, & comme coriace à l'extérieur: La pulpe qui eft en dedans, eft rouffâtre , remplie d’une infinité de petits grains , noirs; luifans; elle eftun peu âcre, grafle, aromatique, ayant l’odeur agréable du baume du Pérou: on nous l’appotte du Pérou & du Méxique; elle vient dans les pays les plus chaux de l'Amérique, & principalement dans la nouvelle Efpagne; on la prend fur des montagnes acceflibles aux feuls Indiens, dans les lieux où il fe trouve quelque humidité, Ses efpeces. On difingue trois fortes principales de vanilles ; la premiere eftappellée parles Efpagnols; pomponra où bova, c’eft-à-dire enflée ou boufie ; cel- le de Zg , la marchande ou de bon aloi ; la fmarona ou bâtarde ; les goufles de la pompona font srofles &c courtes ; celles de la vanille de deg, font plus dé- hées & plus longues ; celles de la farona font les petites en toute façon. La feule vazille de Leg eft la bonne ; elle doit être dun'touge brun foncé , ni trop noire, nitrop rouf- fe, ni trop gluante, nitrop defléchée ; il faut qué fes gouffes quoique ridées , paroïffent pleines, & qu’un paquet de cinquante pele plus de cinq onces ; celles qui en pefe huit eft la fobrebuena ; l'excellente. L’odeur en doit être pénétrante & agréable ; quand on ouvre une de ces goufles bien conditionnée & fraiche, on la trouve remplie d’une liqueur noire, huileufe & balfamique , où nagent une infinité de petits grains noïrs, prefque abfolument impercepti- bles | & il en fort une odeur fi vive , qu’elle aflou- pit, & caufe une forte d’ivrefle. La pompona a l’o- deur plus forte |, mais moins agréable ; elle donne des maux de tête, des vapeurs, & des fuffocations. La bqueur de la pompona eft plusfluide, & fes grains plus gros, 1ls évalent prefque ceux de la moutarde. La /imaronz apeu d’odeur ; de liqueur & de grains. + Onnevend point la pompona , & encore moins la fimarona , fi ce n’eft que Les Indiens en gliffent adroi- tement quelques goufles parmi la vazzlle de Z4, On doute fi les trois fortes de vanilles en queftion , font trois efpeces ; ou fice n’en eft qu'une feule , qui va- rie felon le terroir, la culture & la faifon où ellea été cueille. fr, .. Danstoute la nouvelle Efpagne., on ne met point de vanille au chocolat; elle le rendroit mal fain, & même infupportable ; ceneft plus la même chofe quand elle aété tranfportée en Europe, Ona envoyé à nos curieux des échantillons d’une varille de Caraca êt de Maracaybo , villes de l'Amérique méridiona- le; elle eft plus courte que celle de 47, moins grof- {e que la pompona , & paroït de bonne qualité; c’eft apparemment une efpece différente : on parle aufü d’une vazille du Pérou , dont les goufles fechées font larges de deux doigts , & longues de plus d’un pié; mais dont lodeur n’approche pas de celles des au- tres, êt quine fe conferve point. 2. Lorfque les venilles font mûres; les Méxiquains les cueïllent, les lient par les bouts , & les mettent à l’ombre pour les faire fécher ; lorfqu’elles font fé- ches & en état d’être gardées ; ils les oïgnent exté- rieurement avec un peu d'huile pour les rendre fou- ples ; les mieux conferver , empêcher qw’elles ne fe 1échenttrop , & qu’elles ne fe brifent. Enfuite ils les «mettent par paquets de cinquante , de cent , ou de cent cinquante , pour nous les envoyer. — Prix & choix de la vanille. Le paquet de vanille -compofé de cmquante goufles, fe vend à Amfterdam depuis dix jufqu’à vingt florins , c’eft-à-dire depuis wingt & une jufqu'à quarante-deux livres de notre monnoie , fuivant larareté , la qualité , ou là bonté: -ondonne un pour cent de déduétion pour le prompt payement. Onchoifit les varif/es bien nourries ,grof- fes , longues , nouvelles, odorantes, pefantes , un -peu molles, non trop ridées ni trop huileufes à l’ex- Tome AVL VAN 8i térieur ; il ne faut pas qu’elles ayent été mifes dans un lieu humide , car alors elles tendroient à fe moifir, ou le feroient déjà; elles doivent non-fenlement être exemptes du moiñ , mais être d’une agréable odeur, graftes&cfouples. Il faut encore prendre garde qu’el- les foient égales, parce que fouvent le milieu des paquets neft rempli que de petites vanilles feches & de nulle odeur ; la graiñe du dedans qui eft extré- mement petite, doit être noire & luifante : onne doit pas rejetter la vanille qui fe trouve couverte d’une fleur faline , ou dé potes falines très-fines , entierement femblables aux fleurs de benjoin : cette fleur n’eftautre chofe qw’un fel effentiel dont ce fruit. eft rempli, qui fort au-dehors quand on apporte dans un tems trop chaud. | Quand on laifie la vanille mure trop long-tems fur la plante fans la cueillir, elle creve , & il en diftille une petite quantité de liqueur balfamique , noire & odorante , quife condenfe en baume : on a foin dela ramafler dans de petits vafes de terre, qu’on place fous les soufles : nous ne voyons point en Europe de ce baume, foit parce qu'ilne fe conferve pas dans le tranfport , foit parce que les gens du pays le re- tiennent pour eux , foit parce que les Efpagnols fe le réfervent: k , Falfffication de la vañille. Dès qu'il n’en fort plus de Hiqueur bälfamique ; il y a des Méxiquains qui connoïffant le prix qu’on donne en Europe à la yaxil. le , Ont foin, après avoir cueilli ces fortes de goufles ; de les remplir de paillettes 8 d’autres petits corps étrangers , & d’en boucher les ouvertures avec un peu de colle , ou de les coudre adroitement ; enfuite ils les font fécher ; &t les entremêlent avec la bonne vanille, Les goufles ainfi falfifiées, n’ont ni bonté ni vertu ; @t nous ne manquons pas d’en rencontrer quelquefois de telles, avec les autres bonnes fi- liques. | Ti . Noms botaniques de la plante a vanille, Cette plante a Les noms fuivans dans les livres de botanique. . Woiubilis, filiguofa ; mexicana , folits plantaginis ; Rau ; hf, 1330. NU y dut | | Aracus aromaticus. .: Tiixochutl , feu flos niger , me- &icanis dilus | Hermand 38. fn du": Lathyrus mexicanus, féliquis longiffemis ; mofchatis ; rigris, Ammon. char. plant. 436. aà Lobus oblongus ; aromaticus. Cat. jam. 70. . Lobus, aromaticus ; fubfufcus ; rerebenthi corniculis Jférnilis. C.B.P. 404. .… Lobus oblongus , aromaticus ; odore ferè belyuini ; J. B. I: 428. ‘ sh Er Defcriptions de cette plante. Nous n'avons point en- core de defcription exaéte de la plante qui fournit la vanille du Méxique , de fes caracteres ; & de fes ef= peces: st 4 à Les uns la rangent parmi les lierres ; felon eux, fa tige a trois ou quatre lignes de diametre, & n’eft pas tout-à.fait ronde. Elle eftaflez dure, fans être pour cela moins liante & moins fouple ; l'écorce qui la couvre eft fort mince, fortadhérente, & fort ver< te ; la tige eft partagée par des nœuds éloignés Les uns desautres de fix à fept pouces; c’eft de ces nœuds quefortent les feuilles toujours coupléés ; elles ref- femblent beaucoup pour la figure à celles du laurier ; mais elles font bien plus longues , plus larges , plus épaifles , &c plus charnues ; leur longueur ordinaire eft de cinq à fix pouces, fur deux & demi de large ; ellesfontfortes & pliantescomme un cuir, d’un beau verd vif, & comme vermiflées par-deflus:, & un peu plus-pâlesipat-deflous.ue, ne à 5 Hermandez ; dont.le témoignage paroït être ici d'un grand poids , prétend que cette herbe eft une forte de Hiferon , qui grimpe Îe long des arbres, & qui les embraffe ; fes feuilles.ont, fuivant lu, onze pouces de longueur où de largeur , font de la figure F NNaonnÿ 332 V AN dés fouilles de plantin , mais plus groffes , plus ion- ques , &c d'un verd plus fonce ; elles naiflent de cha-, que côté de la ligne alternativement; fes leurs font noirâtres. Plufeurs autres botaniftes foutiennent que la plan- te dela vanille reflemble plus à la vigne qu’à aucune autre; du moins, c'eft ce qui a été certifié par le pére Fray Ignatio de fanéta Therefa de J efus , carme déchauflé, qui ayant long-tems réfidé dans la nou- velle Efpagne , arriva à Cadix en 1721, pour pafer à Rome ; ce religieux plus éclairé & plus curieux en phyfique que fes compatriotes, fe fit apporter par quelques valets indiens un grand fep de la plante où croit la vanille. Comme il avoit déjà quelques connoïffances fur cette plante , il appliqua fon fep à un grand arbre, & entrelaca dans les branches de cet arbre tous les rejettons ou pampres du fep. [ en avoit laifé le bout inférieur élevé de 4 ou $ doigts de terre, &t Pavoit couvert d’un petit paquet de mouffe feche pour le défendre de Pair. En peu de tems la feve de l'arbre pénétra le fep, & le fit reverdir; au bout d'environ deux mois il fortit à travers le paquet de moufle, s ou 6 filamens qui fe jetterent en terre : c’étoient des racines qui devinrent groffes comme des tuyaux de plumes au plus. Au bout dé deux ans le fep pro- duifit des fleurs , & puis des varilles qui mûrirent. Les feuilles font longues d’un demi-pié, larges de trois doigts, obtufes, d’un verdaflez ob{eur; les ileurs font fimples, blanches, marquetées de rouge &c de jaune. J . Quand elles tombent, les petites goufles ou vari- les, commencent à poufler ; elles font vertes d’abord, ë& quand elles jauniflent on les cueille, 1] faut que la plante ait trois ou quatre ans pour produire du fruit. Les farmens de la plante rampent fur la terre com- me ceux de la vigne, s’accrochent de même, s’entor- tillent aux arbres qu'ils rencontrent, & s’élevent par leurs fecours. Letronc avec le tems devient auff dur que celui de la vigne : les racines s'étendent & tra- cent au Icin dans la terre; elles poufent des rejet- tons qu’on tranfplante de bouture au pié de quelque arbre, & dans un lieu convenable : cette plantation fe fait à la fin de l'hiver, & au commencement du printems. ” Ce qu'il y a de fingulier, c’eft que, comme on a déjà vu que le pratiqua le P. Ignatio, on ne met pas le bout du farment en terre, il s’y pourriroit. La plante reçoit affez de nourriture de l’arbre auquel elle eft attachée, & n’a pas befoin des fucs que la ter- re fourniroit. La feve des atbres dans ces pays chauds de l'Amérique, eft fi forte & fi abondante, qu'une branche rompue par le vent & jettée fur un arbre d’efpece toute différente, s’y collera &t s’y entera elle-même comme fi elle avoit été par tout l’art de nos jardiniers ; ce phénomène y eft commun. C’en eft un autre commun auffi, que de gros ar- bres qui de leurs plus hautes branches, jettent de longs filamens jufqu'à terre, fe multiplient par le moyen de ces nouvelles racines , & font autour d'eux une pétite forêt, où le premier arbre, pere on aieul de tous les autres, ne fe reconnoît plus; ces fortes de générations répétées, rendent fouvent Les bois impraticables aux chaffeurs. Deftription de la plante de vanille de S. Dormirnoue. Cependant la plante de lavanille qui croît dans l'île de S. Domingue , que le R. P. Plumier décrit dans fa Botanique M. S.C. d'Amérique, n’eft pas différente de celle dont Hermandez fait la defcription; mais celle du botanifte françois eft auffi bien détaillée que Pautre left mal. Ce pere lappelle vaxilla flore viridi & albo, fru- élu nigrefcente , Plum. mov. plant. amer, 25. Lesrac- VAN nes de cette plante font prefaue de la grofeur du petit doigt, longues d'environ deux piés, plongées dans la terre au loin & au large ; d’un roux-pâle ; tendres & fucculentes ; jettant le plus fouvent une feule tige menue , qui comme la clématite, monte fort haut fur les grands arbres, & s'étend même au- deflus. Cette tige eft de la groffeur du doigt, cyhin- drique, verte, & remplie intérieurement d’une hu- meur vifqueufe ; elle eft noueufe , & chacun de fes nœuds donne naïflance à une feuille. Ces feuilles font molles, un peu âcres, difpofces alternativement, & pointues en forme de lance; lon- gues de neuf ou dix pouces, larges de trois , lifles, d'un verd-gai, creufées en gouttiere dans leur mt1- lieu , & garnies de nervures courbées en arc. Lorf- que cette plante eft déjà fort avancée, des aiflelles des feuilles fupérieures 1l fort de longs rameaux gar- nis de feuilles alternes ; lefquels rameaux donnent naiffance à d’autres feuilles beaucoup plus petites. De chaque aïflelle des feuilles qui font versWex- trémité, 1l fortun petit rameau différemment genouil- lé; & à chaque genouillure fe trouve une très-belle fleur, polypétale, irréguliere ; compofée de fix feuil- les, dont cinq font femblables &c difpofées prefqu’en rofe. Ces feuilles de la fleur font oblongues, étroi- tes, tottillées, blanches en-dedans , verdâtres en- dehors. La fixieme feuille, ou le reéarium, qui oc< cupe le centre, eft roulée en maniere d’aiguier- re, & portée fur un embryon charnu, un peu tors, femblable àune trompe. Les autres feuilles de la fleur font auf pofées fur le même embryon, qui eftlong, verd, cylindrique, charnu. Il fe change enfuite en fruit, ou efpece de petite corne molle, charnue, prefque de la groffeur du perit doigt ; d’un peu plus d'un demi-pié de longueur; noiïrätre loriqu'il eft mûr, & enfin rempli d’une infnité de très-petites graines noires. Les fleurs & les fruits de cette plante font fans odeur. On la trouve dans plufeurs endroits de Pile de S. Domingue : elle fleurit au mois de Mar. Cette vas nille de S. Domingue ne paroit différer de celle du Mexique , dont Hermandez a fait la defcription, que par la couleur des fleurs, & par l'odeur des goufles: car la fleur de celle-là eft blanche & un peu verte, & la goufle eft fans odeur ; mais la fleur de celle du Mexique, fuivant la defcription d'Hermandez, eft noire , & la gouffe d’une odeur agréable. Defcription de la plante de vanille de la Martini- que. Le P. Labat aflure dans fes voyages d’Améri- que, qu'il a trouvé à la Martinique une autre efpece de vanille, qu'il décrit ainfi. La fleur qu’elle produit eft prefque jaune, partagée en cinq feuilles, plus longues que larges, ondées & un peu découpées dans leur milieu. Il s’éleve du centre un petit piftil rond & aflez pointu, qui s’alonge & fe change en fruit. Cette fleur eft à-peu-près de la grandeur & de la confiftance de celle des pois; elle dure tout au plus cinq ou fix jours, après lefquels elle fe fanne, fe fe- che , tombe & laifle le piftil tout nud, qui devient peu-à-peu une filique de cinq, fix & fept pouces de long, plus plate que ronde, d'environ cinq lignes de large , & deux lignes d’épaiffeur , de la figure à-peu- près de nos cofles d’haricots. Cette filiqueeft au commencement d’un beau verd, elle jaunit à mefure qw’elle mürit, & devient tout-à- fait brune lorfqu’elle eft feche; le dedans eft rempli de petites graines rondes, prefque imperceptibles 8&c impalpables, qui font rouges avant d’être mûres, & toutes noires dans leur maturité, Avant-ce tems-là elles n’ont aucune odeur fort fenfible, que celle de fentir le verd; mais quand elles font mûres &c qu’on les froiffe entre les mains, elles rendent une petite odeur aromatique fort agréable. Le même fait a été mandé à l'académie des Scien- VAN ces en 1724, par un des correfpondans de cette aca- démie demeurant à la Martinique, qui ajoute qu’il en avoit trois piés venus de bouture, qu'il avoit ti- rés de la nouvelle Efpagne , & qui réufffloient par- faitement. Lieux où crofs la bonne vanille. Malgré ces fortes d’atreftations, la varille de la Martinique n’a point pris faveur fur les lieux, ni dans le commerce ; on continue toujours de la tirer de la nouvelle Efpagne & du Pérou. Les endroits où l’on trouve la vezille en plus gran- de quantité, font la côte de Caraque & de Cartha- gène , l’iflhme de Darion, & toute l’étendue qui eft depuis cet ifthme & le golfe de S. Michel, jufqu’à Panama, le Jucatan & les Honduras. On en trouve auf en quelques autres lieux, mais elle n’eft ni fi bonne, ni en fi grande quantité qu’au Mexique. On dit encore qu'il y en a beaucoup & de belle, dans la térre ferme de Cayenne. Comme cette plante ai- me les endroits frais & ombragés, on ne la rencon- tre guére qu'auprès des rivieres, & dans les lieux où la hauteur & l’épaiffeur des boïs la mettent à cou- vert des trop vives ardeurs du foleil, Sa récolte, [a culture & fes vers. La récolte com- mence vers la fin de Septembre; elle eft dans fa for- ce à la Touflaint, & dure jufau’à la fin de Décembre. On ignore fi les Indiens cultivent cette plante, & comment ils la cultivent ; mais l’on croit que toute la cérémonie qu’ils font pour la préparation du fruit, ne confifle qu’à le cueillir à tems; qu’enfuite ils le mettent fécher 15 à 20 jours pour en diffiper lhu- ._ midité fuperflue, ou plutôt dangereufe, car elle le feroit pourir ; qu'ils aident même à cette évapora- ion , en preffant la vanille entre les mains, &c l’ap- platiffant doucement, après quoi ils fimifient par la frotter d'huile de coco ou de calba, & la mettent en paquets qu'ils couvrent de fèuilles de balifier ou de cachibou. La vanille contient une certaine humeur huileufe, réfineufe , fubtile & odorante, que l’on extrait faci- lément par le moyen de l’efprit de vin. Après avoir tiré la teinture, la goufle refte fans odeur & fans fuc. Dans l’analÿfe chimique elle donne beaucoup d'huile eflentielle, aromatique , une aflez grande portion de liqueur acidé, & peu de liqueur urineufe & de fel fixe. Hermandez lui attribue des vertus admirables, mais Hermandez eft un mauvais juge ; cependant les auteurs de matière médicale n’ont prefque fait que Le copier. [ls prétendent qu’elle fortiñie l’eftomac, qu'elle aide la digeftion, qu’elle difipe les vents, qu’elle cuit les humeurs crues, qu’elle eft utile pour les maladies froides du cerveau, & pour les catharres ; ils ajoutent qu’elle provoque les regles, qu’elle facilite Paccouchement, qu’elle chaffe l’ar- riere-faix : tout cela eft exagéré. La vanille peut par fon aromate chaud, être un bon ftomachique dans les Gccafions où il s’agit de ranimer les fibres de l’ef- tomac affoibli; elle deviendra quelquefois par la même raifon emménagogue & apéritive ; fon huile balfamique , fubtile & odorante, la rend fouvent re- commandable dans les maladies nerveufes, hyftéri- ques & hypochondriaques ; c’eft pourquoi quelques anglois Font regardée avec top de précipitation, comme un fpécifique dans ce genre de maladies. On la donne en fubftance jufqu’à une drachme ; & en infufon dans du vin, de l’eau, ou quelqu’autre liqueur convenable, jufqu’à deux drachmes. Il faut confderer qu’elle échauffe beaucoup quand on en prend une trop grande dofe , ou qu’on en fait un ufa- ge immodéré ; & cette confidération doit fervir pour indiquer les cas où il ne faut point la mettre en ufa- ge. Nos médecins françois lemploïéent rarement, la laiflent feulement en valeur dans la compoñition, où VAN 333 chocolat dont elle fait l'agrément principal. On s’en fervoit autrefois pour parfumer le tabac; mais les parfums ont paflé de mode, ils ne caufent à-préfent que des vapeurs. Je ne connoïs aucun traité particu- lier fur [à vanille. (Le chevalier DE JAUCOURT.) VANITE, ff ( Morale. ) le terme de vamig eft confacré par l’ufage , à repréfenter également la dif pofition d'un homme qui s’attribue des qualités qu'il a, & celle d’un homme qui tâche de fe faire honneur par de faux avantages : mais ici nous Le refteignons à cette derniere fignification, qui eft celle qui a le plus de rapport avec l’origine de l’exprefion. Il femble que homme foit devenu vain, depuis qu'il a perdu les fources de fa véritable gloire, en perdant cet état de fainteté & de bonheur où Dieu Pavoit placé. Car ne pouvant renoncer au defir de fe faire eftimer, & ne trouvant rien d’eftimable en lui depuis le péché ; ou plutôt n’ofant plus jetter une vue fixe 8 des regards allurés fur lui-même, depuis qu'il 1e trouve coupable de tant de crimes, & objet de la vengeance de Dieu; 1l faut bien qu’il fe répande au- dehors, & qu'il cherche à fe faire honneur en fe re- vêtant des chofes extérieures : & en cela les hommes conviennent d'autant plus volontiers qu'ils fe trou- vent naturellement auffi nuds & auffi pauvres lesuns que les autres. | C'elt ce qui nous paroîtra, fi nous confidérons que les fources de la gloire parmi les hommes fe rédui- . fent, ou à des chofes indifférentes à cet égard , ou fi vous voulez, qui ne font fufceptibles ni de blâme, ni de louange, ou à des chofes ridicules, & qui bien loin de nous faire véritablement honneur, font très- propres à marquer notre abaiffement, ou à des cho- fes criminelles, & qui par confequent ne peuvent être que honteufes en elles-mêmes, ou enfin à des chofes qui tirent toute leur perfection & leur gloire du rap- port qu’elles ont avec nos foibleffes & nos défauts. Je mets au premier rang les richeffes, quoiau’elles n’aient rien de méprifable, elles n’ont auff rien de glorieux en elles-mêmes. Notre cupidité avide & in- téreffée ne s’informe jamaïs de la fource , ni de l’u- fage des richefles, qu’elle voit entre les mains des au- tres , 1! Lui fufht qu'ils font riches pour avoir {es pre- miers hommages. Mais, s’il plaïfoit à notre cœur de pafler de l’idée diftinéte à l’idée confufe, il feroit fur- pris affez fouvent de ’extravagance de ces fentimens; car comme il n’eft point eflentiel À un homme d’être riche , 1l trouveroit fouvent qu'il eflime un homme, parce que fon pere a été un fcélérat, ou parce quila été lui-même un fripon; & que lorfqu’il rend fes hommages extérieurs à la richefle, il falue Le larcin, ou encénfe linfidélité & l'injuflice. Il eft vrai, que ce w’eft point-là fon intention , it fuit fa cupidité plutôt que fa raifon : mais un homme à qui vous faites la cour éft-il obligé de corriger par toutes ces difinétions la bafleffe de votre procédé à Non, il réçoit vos refpeéts extérieurs comme un tri- bur que vous rendez à fon excellence, Comme vo- tre avidité vous a trompé, fon orgueil auffi ne man- que point de lui faire illufion ; fi fes richefles n’aug- mentent point fon mérite, elles augmentent l'opinion qu'il en a, en augmentant votre complaïfance. Il prend tout au pié de la lettre, & ne manque point _de s’aggrandir intérieurement de ce que vous lui don- . nez, pendant que vous ne vous enrichiflez guere de ce qu’il vous donne. J'ai dit en fecond lieu, que l’homme fe fait fort fouvent valoir, par des endroits qui le rendent ridi- cule, En effet, qu'y a-t-il, par exemple, de plus ri- dicule qué la vazité qui a pour objet le luxe des ha- bits ? Et n’eft-ce pas quelque chofe de plus ridicule que tout ce qui fait rire Les hommes, que la dorure & la broderie entrent dans la raifon formelle de leftime , qu’un homme bien vêtu foit moins contre sa VAN dit qu'un autre ; qu'une ame immortelle donne fon eftime & la confidération à des chevaux, à des équi- pages, Ge. Je fais que ce ridicule ne paroït point, parce qu'il eft trop général; les hommes ne rient ja- mais d'eux-mêmes , 6 par conféquent ils font peu frappés de ce ridicule univerfel, qu’on peut repro- cher à tous, ou du- moins au plus grand nombre ; mais leut préjugé ne change point la nature des cho- fes, & le mauvais aflortiment de leurs aétions avec leur dignité naturelle, pour être caché à leur imagi- nation, n’en eft pas moins véritable. | Ce awil y a dé plus fâcheux, c’eft que les hom- mes ne fe font pas feulement valoir par des endroits qui les rendroient ridicules, s'ils pouvoient les con- fidérer comme il faut, mais qu'ils cherchent à fe fai- re eftimer par des crimes. On a attaché de Foppro- bte aux crimes malheureux, & de l’eftime aux cri- mes qui réufiflent. On méprife dans un particulier le larcin &c le brigandage qui le conduifent à la po- tence ; mais On aime dans un potentat les grands lar- cins & les injuftices éclatantes qui le conduifent à l'empire du monde. La vieille Rome eft un exemple fameux de cette vérité. Elle fut dans fa naïflance une colonie de vo- leurs , qui y chercherent l'impunité de leurs crimes. Elle fut dans la fuite une république de brigands, qui étendirent leurs injuftices par toute la terre. Tandis que ces voleurs ne font que détrouffer les paffans , bannir d’ün petit coin de la terre la paix &c la füreté publique , & s'enrichir aux dépeñs de quelques per- fonnes ; on né leur donne point des noms fort hon- riêtes, & ils ne prétendent pas même à la gloire, mais feulement à l'impunité. Mais aufli-tôt qu’à la faveur d’une profpérité éclatante, ils fe voient en état de dépouiller des nations entieres, &t d'illuftrer leurs injufhces & leur fureur, en trainant à leur char des princes &c des fouverains ; 1] n’eft plus queflion d’im- unité, ile prétendent à la gloire , ils ofent non-fen- ME jufifier leurs fameux larcins , mais ils les con- facrént. Ils affemblent, pour ainfi dire , l'univers dans la pompe de leurs triomphes pour étaler le fuc- cès de leurs crimes; & ils ouvrent leurs temples, comme s'ils vouloient rendrele ciel complice de leurs Prigandages & de leurfureur. Îly a d’ailleurs un nombre infini de chofes que les hommes n’eftiment , que par le rapport qu'elles ont avec quelqu’une de leurs foibleffles, La volupté leur fait quelquefois trouver de l'honneur dans la débau- che: les riches font redevables à la cupidité des pau- Vres, de la confidération qu'ils trouvent dans le mon- de. La puiffance tire fon prix en partie d’un certain pouvoir de faire ce qu’on veut, qui eft le plus dan- gereux préfent qui puifle jamais être fait aux hom- mes. Les honneurs & les dignités tirent leur pri cipal éclat de notre ambition; ainfi on peut dire à coup für que la plüpart des chofes ne font glorieu- fes, que parce que nous fommes déreples. 7 VANITÉ, VAIN, (Critiq. facrée.) ces mots dans l’E- criture fignifient ce qui n’a rien de fohde, Æccéef. 7. 2. la faufle gloire, 2. Pier. ij. 18. le menfonge, PJ. æxxvi. 13. les idoles , Jérém. viiy. 19. (D.J.) VANNE , f. f. (Hydr.) ce font de gros ventaux de bois de chêne, que l’on haute ou que lon baïffe dans des coulifes , pour lâcher ou retenir les eaux d’une éclufé, d’un étang, d’un canal; on appelle encore yannes les deux cloifons d’ais, foutenus d'un fil de pieux dans un batardeau. (X) 40 | T'IVANNES, erme de Rivieres ; ce font encore les dof- ‘fes dont'on fe fert pour arrêter les terres à un batar- “deau , derriere la culée d’un pont de bois. VANNES, er Fauconnerie , ce {ont les grandes plu- ‘mes des'aîles des oifeaux de proie. pk VANNEAU, f m. (Hif£. na.) c’eft un oïfeau gros _à-peu-près comme un pigeon; il a fur la tête une ef- ! péce decrète , oblongue & noire, le col verd 8 te refte du corps de differentes couleurs, où on remar- que du verd, du bleu &c du blanc ; fon cri a quelque rapport à celui d’une chevre, il fe jette {ur les mou- ches en lair, 1l eft prefque toujours en mouvement. vole rapidement, on diroit que fon cri exprime dix- huit. Il habite ordinairement les lieux marécageux3 on le chafle depuis la Touflaint jufqu’à la fainte Ca- therine; ils vont feuls l’êté,& par bande lhiver; onen prend jufqu’à foixante d’un coup de filet ; lorfqu’on tire aux vanneaux &t aux étourneaux, il eft bon d’a- voir deux fufils chargés, car fi l’on en tue quelqu'un du premier coup &t que les autres le voient, 1ls y vo- lent tous & tout-autour de la tête du chaffeur , ce qui fait qu’on y a ordinairement bonneichafle, fur- tout en les tirant en l'air, plutôt qu’à terre. On man- ge les varneaux fans les vuider , comme la grive, la bécafle , le pluvier & l’alouette, VANNEAU, (Diete.) tout le monde connoïit ce proverbe populaire, qui n'a pas mangé d’un vanneau n'a pas mangé d'un bon morceau: mais ce proverbe n’eft vrai que du varzneau gras , car les varneaux font ordinairement maigres, fecs, durs, & par confé: quent fort mauvais, Ce qui n’empèche point que lorf- qu’on en rencontre de gras ils ne foienttendres, fuc: culens, & d’un goût que beaucoup de perfonnes trouvent exquis. Cependant on peut obferver de cet oïfeau comme de la bécafle, de la bécaffine, du pluvier, &c. qu'il faut que leur fuc alimenteux ne foit pas #ès-accommode a notre nature, car beaucoup de perfonnes, & fur-tout celles qui n’y font point ac: coutumées, Ont un certain dépoût pour cette viande, à laquelle ils trouventune faveur fauyage &rendante à la corruption, à l’état que Boerhaave appelle a/ka= lefcence. Si cette obfervation eft vraie, favoir queiles animaux carnivores ne fe nourriflent point naturel- lement des chairs d’autres animaux qui vivent eux- mêmes de matieres animales, on trouveroit dans ce principe la raifon du fait que nous avons avancé; car le varneau fe nourrit de vers & de différentes autres efpeces d’infectes. IL faut avouer cependant, que les vers & les infeétes font de toutes les fubftan- ces animales les moins animalifées , s'il eftpermis de s'exprimer ainfi. Voyez SUBSTANCE ANIMALE, Chim. Mais aufli on n’a pas naturellement tant de dégoût pour un vazreau où pour un pluvier que pour la chair d’un animal véritablement carmivore. Voyez ViANDE , Diette. (b) VANNER, v.aét. ( Gram.) c’eft en général agiter dans un van la graine pour la nettoyer. Voyez VAN. VANNER LES AIGUILLES, ( Aiouillier. ) c’eft les faire refluyer dans du fon chaud un peu mouillé, après qu’elles ont été lefcivées ou lavées dans de l’eau avec du favon : voici comme on vanne les aï- guilles. On les enferme avec du fon dans uneboëte . ronde de bois qui eft fufpendue en lair avec une corde , & on agite cette boëte jufqu'à ce que le fon foit entierement ec, &.les aiguilles fans aucune hu- midité. Foyez AIGUILLE, & la machine à vanner les aiguilles, fig. & PI. del’ Arpuillier, ù \ VANNER , er terme d’Epinglier ,c’eft féparer le fon d'avec les épingles en les remuant fur umplat de bois, comme on remue le froment dans un van, excepté que l’un fe fait aux genoux, & l’autre avec les mains feulement. _ … e | VANNERIE ,f.£( Art mechan.) Vart de faire des vans, des paniers, des hottes, à jour jou. pleins, en clôturé, mandrerie ou lafferie , de toutes grandeurs & à toutes fortes d'ouvrages, . Cet art eff fort ancien & fort utile, Les peres du défert & les pieux folitaires l’exerçoient dans leurs retraites , & en tiroient la plusigrande partierde leur fubfiftance ; il fournifloit autrefois. des ouvrages très- fins pour fervir fur latable des grands où l’on n'en voit plus guere, les'vafes de cryftal ayant pris leurs place. * La vannerie fe divife en quatre fortes d'ouvrages principaux ; la mandrerie , la'cloferie ou clôture, la faiflerie , &t la lefferie; on verra ces termes à leur article. 24 m0 jo | VANNES, ( Géog. mod, ) ville de France dans la Bretagne, à deux lieues de lamer, avec laquelle elle communique par le canal de Morbihan , à 20 lieues de Nantes, à 22 dé Quimper, à 23 de Rennes, & à une centaine de Paris, Cette ville’ eft arrofée par deux petites rivieres qui rendent fon port capable de contenir plufieurs vaifleaux. Le faubourg de Vannes furpañle la ville en étendue ;ilen eft féparé par des murailles & par un large foflé;il a fes paroiïfles, fes couvens , fes pla- ces, & un hôpital. Vel : Saint Paterne eft le premier évêque de Vannes qui nous foit connu; cet évêche vaut environ 25000 li- vres de revenu , & l’évêqueeft en: partie feigneur de Vannes. On ne compte dans fon dioéefe que 168 pa- roifles. “mme #9] WALES Le principal commerce de Vannes eff en blé &en feigle pour l’Efpagne. On y trafique auffi en fardines & en congres. Les marchands achetent les fardines au bord de larmer , les falent & les arrangent dans des barriques, où on les prefle pour en tirer huile, qui fans cela les feroit corfompre. Long, fuivant Caf-. fini, 14.35. dar. 47: 40. J Vannes, aujourd’hui le ‘chef-lieu d’une recette, dun préfidial, & d’une jurifdiétion de juges-con- fuls, tire fon nomides anciens peuples Jexer, qui L co FA + étoient des plus célebres des Gaules du tems de Jules Céfar. Ptolomée la nomma civitas Dariorigum. Lorfque les Bretons s’établirent dans l’Atmori- que, ils n’occuperent pas cette ville qui demeura à fes anciens häbitans romains ou gaulois. Elle vint enfuite au pouvoir des Francs’, lorfau’ils fe rendi- rent les maîtres de cette partie des Gaules. L’an $77 Varor, prince des Bretons, s’én empara fur Gon- tran , lun des rois françois. Pepin s’en rendit maître Van 553 ; mais Numénoius, prince des Bretons, la reprit enfuite ; enfin elle a pañlé à la couronne avec lerefte. de la Bretagne. Cette ville avoit été érigée en comté par fes anciens fouverains, & réunie à leur domaine par Alain furnommé Ze Grand. (D. J.) VANNES, LA, ( Géog. mod. ) petite riviere de France dans le Sénonois. Elle prend fa fource à trois heues de Troyes, & fe jette dans l'Yonne au fau- bourg de Sens. (D.J.) VANNES, f{.m.pl. (Péche.) ce font des rets qu'on tend en différentesmanieres fur la grève que le flux de la mer couvre; ils doivent avoir leurs mail- les de la grandeur marquée par les ordonnances de 1681 8 1684. | . VANNETS,, ( Blafon. ) on appelle ainfi en termes de Blafon , les coquilles dont on voit le creux, à caufe qu’elles reflemblent à un van à vanner. VANNETTE, f. f er Vannerie, eft une efpece de corbeille ronde & à bord , faite de clôture: on s’en fert fur-tout pour époufter l’avoine qu’on donne aux chevaux. | VANNIA , ( Géog. anc.) ville d'Italie, Ptolomée, Ziv. TT. ch. 7. la donne aux Bechuni; quelques - uns croyent que c’eft aujourd’hui Frans , bourg de l’état de Venife; d’autres prétendent que c’eft Loyiro, &t le si Briet dit que c’eft Cévedo ou Cividado, D. J. VANNIANUM REGNUM, (Géo. anc.)rOyau- me de la Sarmatie européenne, dont Pine, Av. 17. ch. xij. fait mention ; c’eft le royaume de Fannius, que Drufus Céfar avoit donné aux Suèves, non à toute la nation des Suèves, mais à ceux que Drufus avoit envoyés fixer leur demeure au-delà du Danu- ee VAN 835 be , entre le Marus & le Cufus, Ce toyatime ne fut pas de longue durée. Vannius lui-même fut chaflé de fes états par Jubilius , roi des Hermunduriens, & par Vangion & Sidon, fils de fa fœur. Ces deux der‘ mers partagerent entre eux le royaume de leur on- cle qui alla s’établir dans la Pannonie avec ceux dé fes fujets qui lui étoient demeurés fideles. Tacite, Ann. liv, XII. (D.J.) | VANNIER , £ m. (Corps de Jurande.) celui qui fait ou qui vend des vans , ou tous autres ouvrages d’ofier, comme paniers, hottes, clayes, cages, co beilles, charrieres , verrieres, &c, pelles, boifleaux, foufflets, fabots, échelles , &c, | I'y a à Paris une communauté de maïîtrés vanniers: quinquailhers , dont les flatuts font de 1467, confirs més par lettres-patentes de Louis XI. & réformés fous le regne de Charles IX. par arrêt du confeil du mois de Septembre 1561, enregiftrés au parlement la même année, Ep | Les différens ouvrages qui diftinguentles yaziers, font ceux dela mandrerie, de la clôture ou cloferie, & de la faiferie, La mandrerie dont les maîtres font appellés vanriers-mandriers , comprend tous les ou= Yrages d’ofier blanc & d’ofier verd qui ne font point à claire: voie, à la réferve des vans à vanner les grains, & des hottes à vin qui font réfervés à la clô- ture, dont les maitres fe nomment varniers- cloturiers, À Pégardide la faiflérie , qui eft la vannerie pro= prement dite, fon partage confifte dans tout ce qui fe fait d'ouvrages à jour de quelque forte d’ofier que ce foit, Cette partie du métier des varzriers donne à ceux qui s’y occupent le nom de vanniers - faiffiers. Malgré cette efpece de diflinétion d'ouvrages & de métier, les maîtres vanriers ne s’y aflujettiflént pour- tant pas tellement, qu'il ne s’en trouve qui travail: lent tout-à-la fois aux uns &c aux autres. Comme les ouvrages de:clôture font les plus diffi- | ciles & demandent les plus habiles ouvriers, & qu'il faut d’alleurs des outils à part, les clôturiers s’oc- cupent rarement à la mandrerie &r à la faiferie; mais au-contraire les mandriers &c les faiffiers , convenant en quantité de chofes , & fe fervant des mêmes ou- tils, 1} eft rare que ceux qui exercent la faïferie, né travaillent pas auffi à la mandrerie. Les outils 8 inftrumens communs aux trois fortes de vanniers , {ont la {cie montée & la fcie à main, le couteau à travailler, divers villebrequins, entré autres le villebrequin à hottriäu , lépluchoir, le poinçon de fer, les fers à clore, le-maillet, le che+ valet, l’établi, la fellette, les moules, & le faudoir, Outre ces outils , les clôturiers ont encore la batte de fer, le vilebrequin à menuiflier, la bécafle, le crochet, & la trétoire, (D.J.) | VAN-RHECDE, f. m. (fe, sat, Botan.) van- rhecdia, genre de plante à fleur en rofe, compofée de plufieurs pétales difpofées en rond : le piftil fort du milieu de cette fleur & devient dans la fuite un fruit qui a la forme d’un citron; ce fruit eft membra- neux ou charnu, & 1l renferme deux ou trois femen: ces ovoides & charnues. Plumier, zova plant. amer, . gencra. Voyez PLANTE. VANS , (Géog. mod.) petite ville, ou plutôt bourg . de France, dans le bas Languedoc, diocèfe d'Ufez, VANTAIL, f. m.( Menuiferie. ) manteau ou bat- fant d’une porte qui s'ouvre des deux côtés. Il y a aufli des vaztaux de fenêtres , ou des volets qui ne ment une fenêtre du haut en bas; on appelloit autre- fois de ce nom la patrie de l'habillement de tête par laquelle le chevalier refpiroit. VANTER , LOUER , (Syronymes.) on vante une perfonne pour.lui procurer leflime des autres, où pour lui donner de la réputation; on la loue pour témoigner l’eftime qu'on fait d'elle, ou pour lui ap: . plaudir. ! Î 836 VAP Vanter, s'eft dire beaucoup de bien des gens, 8e leur attribuer de grandes qualités , foit qu'ils les ayent ou qu'ils ne les ayent pas; louer, c'eft approu- Ver ayec une forte d'admiration ce qu'ls ont dit ou ce qu'ils ont fait, foit que cela le mérite ou ne le mérite point, ” On van les forces d’un homme , on Joue fa éon- duite. Le mot de vazter fuppofe que la perfonne dont on parle, eft différente de celle à qui la parole s'a- drefle, ce que le mor de louer ne fuppofe point, Les charlatans ne manquent jamais de Îe varer; ils promettent toujours plus aus ne peuvent tenir, ou fe font honneur d’une eftime qui ne leur a pas été-accordée, Les perfonnes pleines d'amour propre fe donnent fouyent des louanges ; elles font:ordinat: tement très-contentes d’elles-mêmés, [Left plus difigile, felon mon fens, de fe Zoer foi- mêm que de Le verser, car on fe vante par un grand debr être eftimé, c’eft une vanité qu'on pardon- ne, mais on fe Joue par une grande eflime qu’on a de foi, c’eft un orgueil dont on {e moque. Girard. D, J.). ( re TILLER,, v, a@. ( Charpent.) ’eft mettre des doffes où bonnes planches de deux pouces d’épaif- {eur pour retenir l’eau. Dion. de Charpenr. (D.1J.) _ VA-OUTRE, (Ce) c’eft le terme dont ufe le valet de Hmier lorfqu'il eft au bois & qu'il alonge le trait à {on limier ,&. le met devant lui pour Le faire quêter. | À VAPEURS, f. f (Phyfiqe) c’eft l’afemblage d’une infinité de pentes bulles d'eau où d'autre matiere h= quide ; remplies d'air raréfié par la chaleur & élevés ar leur légéreté jufqu’à une certaine hautçur dans MER après quoi elles retombent, foit en pluie, foit en rofée, foit enneige , &c, Les mafles formées de cet affemblage, qui flot- tent dans l'air , font ce qu’on appelle zuages. Voyez NUAGE. | Quelques perfonnes fe fervent indifféremment du mot de vapeur pour exprimer les fumées qu’envoyent les corps humides & les corps fecs, comme le fou- fre, rc. mais M. Newton avec plufieurs autres an- teurs, appellent ces dernieres exhalaïfons & non vapeurs. | Sur la matiere dont les vapeurs font élevées & en- fuite précipitées vers la terre, voyez EVAPORATION, LOSÉE, PLUIE, 6c, Sur la formation des fources par le moyen des va- peurs , voyez FONTAINE, 6e, N° La quantité de vapeurs que le foleil fait élever de deflus la furface de la mer , eft inconcevable. M. Hal- ley à fait une tentative pour la déterminer. Par une expérience faite dans cette vue & décrite dans les Tran{a@ions philofophiques, il a trouvé que de eau dont la chaleur eft égale à celle de l’air en été, per- doit en vapeurs dans He de deux heures la quan:- tité que demande un abaïflement dans la furfaçe de la cinquante-troifieme partie d’un pouce ; d’où on >eut conclure que dans un jour où le foleil échaufte A mer pendant douze heures , l’eau qui s’évapore, monte à un dixieme de pouce fur toute la furface de la mer. | _ Dans cette fuppoñition, dix pouces quarrés en furface donnent d’évaporation environ un pouce cu- bique d’eau par jour , & chaque pié quarré par con- féquent environ une demi-pinte ; chaque efpace de quatre piés quarrés donnera deux pintes; chaque mille quarré 6914 tonneaux ; chaque degré quarré fuppoté de 6omilles d'Angleterre, donne 33 mullions . de tonneaux. Or fi on fuppofe la Méditerranée d’en- viron 40 degrés de long & de 4 de large, en prenant ün milieu entre les endroits où elle eft le plus large, &t ceux où elle l’eft le moins, ce qui donne 160. de- grés pour l’efpace qu’occupe cette mer, on trouvera V AP - par le calcul qu’elle peut fournir en évapotations dans un jour d’été $280 millions de tonneaux. . Mais cette quantité de vapeurs quoique très-gran- de , n’eft qu’une partie de ce que produit une autre caufe bien plus éloignée de pouvoir être calculée. qui eft celle de ’évaporation produite par le vent, ëc que tous.ceux qui Ont éxaminé la promptitude avec laquelle les vents deflechent ; favent être extrèmes ment confidérable, Chambers, … . TER : De plus, la partie folide de la terré eft prefque par-tout couverte de plantes, &.lesplantes envoyent une grande quantité desapeurs ; car füivantlesobfer- vations de M. Hales,, dans la flatique des végétaux un tournefol haut de 3 piés + tran{pire du-moins de 1 ivre + dans l’efpace de 12 heures ; ce qui eftpref- que autant que ce quis’évapore en un jour d’un bac d’eau expofé au foleil, & qui auroit trois piés quar= rés de diametre. Par conféquent fi on fuppofoit que toutes les plantes tranfpiraflent également, il ne s’é« leveroit pas moins de vapeurs dés parties {olides de la terte qu'il s’en éleve de la mer, 18, D'ailleurs il fort auffi du corps des hommes êr des animaux une grande quantité de vapeurs, & duivant les obfervations de M. Hales , ce qui s’évapore du corps d'un homme, eft à ce qui s’évapore du tours nefol comme 141 à 100; fi nous joignons à cela les exhalaïfons des plantes quifefechent ou qui fepour- riflent, celles qui proviennent de la fumée de toutes les matieres qu’on brüle, enfin les exhalaifons quit s’élevent du fein déla terre même; nous conclurons que l'air eft rempli d’une prodigieufe quantité de va- peurs, & que fa fubftance doit en. être comme pé« nétrée. 15 À l'égard du méchanifme de l'élévation des va- peurs, ceux qui defireront un plus grand détail fur ce fujet, peuvent avoir recours aux articles cités ci-defa fus, & à l'effai de phyfique de M. Muflchenbroeck, article des météores, d'où nous avons tiréien partie ce qui précede. | VAREUR, VAPOREUX, fe dit ez Peinsure, lorfque la perfpeétive aérienne eft bien entendue dans un ta bleau , & qu'il y regne un très-léger brouillard qui rend les objets tendres & flous. On dit il regne une belle vapeur Gans ce tableau : ces objets font tendres & vaporeux. Vauvermans & Claude Lorrain excele loient en cette partie. VAPEURS, er Médecine, eft une maladie appellée autrement #a/ hypochondriaque & mal de rate. Elle eft commune aux deux fexes , & réconnoit deux diffé rentes caufes. On croit qu’elle provient d’une vapeur fubtile qui s'éleve des parties inférieures de l’abdomen , fur- tout des hypocondres ,& de la matrice au cerveau, qu’elle trouble & qu’elle remplit d'idées étranges 8e: extravagantes,mais ordinairement defagréables. Cets te maladie fe nomme dans les hommes afedion hypo- chondriaque, Koyez AFFECTION HYPOCHONDRIA- QUE, 4 Les vapeurs des femmes que lon croit venir de la matrice , font ce qu’on appelle autrement affééion ou /Affocation hiflérique ou mal de mere, Cette maladie provient également des hypocon- dtes , comme de la matrice, L'idée du public ou du vulgaire fur la fumée quis’éleve du bas-ventre au cerveau, paroit d’abord vraiflemblable, mais elle eft faufle & combattuepar lathéorie & l'anatomie. Cette prétendue fumée n’eft rien autre chofe que l’irrita- tion des fibres nerveufes des vifceres contenus dans, le bas-ventre, tels que le foie, la rate, l’eftomac 82 la matrice, qui affe@te fympathiquement le cerveau par la communication de la huitieme paire de nerfs avec le grand nerf intercoftal ; cette communication qui eft étendue. dans toutes les cavités, eft la caufe prochaine & unique de ces maladies 8 des étranges: ëe Pa VAQ &t bifarrés lymbtomes qui l'accompagnent ; die -breuve de ceci eft que les remedes qui peuvent deé- tourner les efprits animaux ailleurs, ou caufer uñé frritation différente, en produifant une fenfation defagréable, font excellens dans ces maladies; or d’où peut provenir un tel prodige , finon que les ef- prits font déterminés ailleurs? Mais on doit remar- quer Que les vapeurs attaquent fur-tout les gens oï- #iB de corps, qui fatiguent peu par le travail manuel, mais qui penfent & rêvent beaucoup: les gens am- bitieux qui ont lefprit vif , entreprenans, & fort amateurs des biens & des aïfes de la vie, les gens de Aettres,, les perfonnes de qualité, leseccléfattiques, es dévots, les gens épuifés par la débauche ou lé trop d'application , les femmes oifives & qui man: gent beaucoup , font autant de perfonnes fujettes aux vapeurs, parce qu'il y a peu de ces gens en qui exercice &un travail pénible du corps empêche le uc nerveux d’être maleficié, Bien des gens penfent que cette maladie attaque l’efprit plutôt que le corps, “êc que le mal gît dans Pimagination, Îl faut avouer “en effet que fi premiere caufe eft l’ennui & une folle pañion , mais qui à force de tourmenter l'ef. prit oblige le corps à fe mettre de la partie; foitima- gination, foit réalité, le corps en eff réellement aflli- gé. Ce mal eft plus commun aujourd’hui qu'il ne fut Jamais, parce que l'éducation vicieufe du fexe y dit- pofe beaucoup, & que les jeunes gens fe Hvrent où à la pafion de l’étude, ou à toute autre avec une éga- le fureur, fans mefure & fans difcernement ; Pefprit “s’affoiblit avant d’être formé, & à peine eft-il né, qu’il devient languifant, La gourmandife , la vie où five, les plaïfirs habituels entretiennent cette mal- ‘heureufe pañion de paffer pour bel efprits & les va- peurs attaquent le corps, le ruinent & le font tomber “en comfomption, Voiciles remedes les plus efhcaces ‘pour ce mal qui devient contagieux, & qui eft l’op- ‘probre de [a médecine, 1°, Un régime exatt, ne manger qu'avec faim & nañger peu ; éviter les alimens de haut goût, les li- queurs , les paflions violentes, les veilles, les jeux & les pertes que lon y fait ,; la débauche de toute “efpece ; defirer peu, ou des chofes juftes & poflibles, travailler beaucoup & plus qu’on ne mange, font “des moyens plus fürs que toutes les potionscordiales, 2°, Se former une rdée véritable de fon peu de fa- “voir & de fon petit mérite , {e croire toujours favo: rifé, foit de la fortune , foit du prince , foit de la na ture, au-delà de fes talens, écouter la raifon & fe faire ‘de bonnes mœurs, font des préfervatifs contre les VApeurs, ; _ Cependant comimie ces femedes ne plairont pas à ceux qui flattés de leurs faux talens , fe croiront réel- ‘lèment malades, & avoir befoin de la médecine qui ne peut guere les foulager , nous les renvoyons aux articles du /pa/me , des convulfions ; de la cenfton, de l'épilepfie , du vertige, de la fureur utérine, de laffec= £ion hyponcondriaque & hyflérique, &t nous leur en- ‘joignons d’ufer des remedes pureatifs, des amers, des apéritifs combinés avec les toniques: la teinture decaftor, le firop de karabé , les pilules de cachou, de Wildeganfius & la liqueur minérale d’Hoffman ont leur reffource. VAPINCUM où VAPINGUM , ( Géog. anc.) Ville de 1a Gaule narbonnoïfe , fur la route de Medio- Tanum à Arles, entre Caturigæ & Alabonte, felon l'itinéraire d’Antonin. C’eft la ville de Gap. (Z. J.) VAQUER , v. neut. (Graz.) être vuide , non oc: cupé. Cét appartement eft vacant; 1l vague dans cette “maifon un corps-de-losis en entier; fl ce bénéfice Vient à Yaquer, tâchez de l'obtenir. Maïs voici une ac- Ception de ce verbe très-différente de la précédente : 1l vaque à la prédication ; il vague à la converfion des “hérétiques ; 1l vague à deux ou trois fonétons à la : Tome XVI, VAR 83? fois : fignifie alors fauisfatre, remplir, Exercèr. Vaquer fe prend auf pour cejfér fes fonitions : le parlement vaque certains jours; les colleges vaguens lorfqu’il y à procefhon du reéteur, VAQUETTES, f. f. pl. (Commerce.) peaux de pés tites vaches, dont 1l fe fait un affèz grand commercé à Smirne. Savary. ( D. J.) | à VAR, LE, ( Géogr. mod. j'en latin Varus ; riviere ‘qui fait la féparation entre l’Italie & la France. Elle eft aufi maïquée par tous les anciens géographes; pour une des limites qui féparent la Gaule narbon- noïfe de lItalie. Cette riviere prend fa fource dans le mont Cema où Acema, qui fait partie des Alpes maritimes près du château de S. Etienne. Cette mon: tagne s'appelle auf Cérélion ; c’étoit Le nom d’uné ancienne ville bâtie au-deflus , dont il ne refte au: jourd’hui que des mafures , & qui étoit de la Gaule narbonnoïle. Du mont Cema, le Var vient arrofer lé territoire de Glandeve & celui de Nice, où il fe dé- charge dans la mer Méditerranée , à une demi-lieue à Poccident de Nice. Ce n’eft point cependant la ri> viere du Var toute entiere qui formoit la féparation de la Gaule d’avec l'Italie , C’en eft feulement la fource placée dans les Alpes maritimes 5 le comté dé Nice qu’elle traverfe, faifoit partie de la Gaule nar: bonnoife , comme 1l Le fit enfuite de la Provence: (D. JT.) VAR, voyez LOUP MARIN: ag À VARA , (Géogr. des Arabes.) ce mot eft ärabe ;, & fignifie dans cette langue derriere & au-dela, Ainfi Vara-Gihoun , dans la géographie des Arabes , défi- gne la Tranfoxane (en arabe Maonaralmahar ), qui eft au-delà du fleuve , car ils qualifient du nom dé Juve par excellence le Gihon; que les Perfans nom- ment eh leur langue Roud. Vara-Sihoun , c'eft-à-dire ce qui eft au-delà de Sihon ou Jaxartes. C’eft le Tur- queftan , appellé auffi des Arabes par la fnême raifon Vara-Khogend, à eaufe qu'il s'étend au-delà de la ville de Khogend, qui eft bâtie fur le fleuve Sihon, D: JS ARHANCA > C € (AP, nar.) réfine qui fe trous ve danslile de Madagafcar ; & qui a l'odeur de Pen- cens. | FA VARAIGNE , f. f. (Saline.) on appelle varaigne dans les marais faïns l’ouverture par laquelle on introduit l’eau de la met dans le premier réfervoir de ces marais, qui s'appelle 7as. La varaige s'ouvre & fe ferme à-peu-près comme on fait avec la bondé des étangs : on ouvre fa varaigne dans les grandes marées de Mars , puis on la referme quand la mer vient à baïfler , afin de tenir les jas pleins d’eau: VARALLO , (Géog. mod.) petite ville d'Italie, au duché de Milan, dans le val de Seffia , fur la rivieré qui donne fon nom à cette vallée, A demi-lieue dé cette ville , fur une montagne délicieufe, qu'on nom: me la moñtagne de Varallo , eft un lieu d’une grande & ridicule dévotion , appellé la rozvelle Jérufaleni, (D. J. V LRAMBON , (Géogr. mod.) voyez VAREMS BON. “VARAMUS ;, (Géog. ane.) fleuve d'Italiechezles Vénetes. Plinedit, Z 111.c. xvüj. qw'il fe jettoit dans P'Arafus. Léander prétend que fon nom moderne eft Calor CD à A fil VARANGUAIS, £ £. (Marine. ) Ceft ainfi qu’oû appelle les marticles dans le levant. Voyez MARTIS CLES, VARANGUES, £. f. ( Marine.) ée {ont deschevrons de boïs ; entés & rangés de diftance en diftance , à angles. droits & de travers , entte la quille & la car lingue , afin de former le fond du vaifleau, Voyez CONSTRUCTION. A On appelle maftreffle varangue la varanpue qui de pofe fous Le maître ban, On lui donne auffi le nom OOooùe 336 VAR de premier vabarit: Les maîtrefles varangues de Vavant & de l’arriere font celles qui font partie des deux srands gabarits. Foyez GABARIT, voyez PL. I. fig. 1. Yes varangues, n°. 13.14. & 15. Varangues acculées. Varangues rondes en-dedans , ‘qui fe pofent en allant vers les extrémités de la quille, proche les fourçats, & au-dévant &c au derriere des varangues plates. Woyez CONSTRUC- TION., voyez PL. IV. fig. 1. lesvararigues acculées cot- Fées 14. | Varangues demi-acculées. Varangues qui ont moins de concavité que les varangues acculées, & qui fe pofent vers les varangires plates, de forte que les va- rangues plates font au milieu ; les varangues demi- acculées viennent enfuite, & les varangues acculées font les bouts. Voyez PI. IP, fig. 4. n°.18. Varangues plares où varangues de fond. Ce fontles yarangues qui font placées vers le milieu de la quille, 8 qui ont moins de rondeur que les varangues accu- lées. oyez CONSTRUCTION. On dit qu’un vaifleau eft à plates varangues , lorf- qu'il a beaucoup de varangues Qui ont peu de ron- deur dans lemilieu , 8 par conféquent qu'il a le fond plat. Voyez PL IV. fig. s. les varangues de fond , ravañit.l.. où cc Lebre 1Q Les obfervations faites pendant les voyagés des Indes orientales fembloient confirmer cefyftème, car aux Acôres ladéclinaïfon étoit en effet nulle , enfuite ( VAR S4i allant vers le cap de Bonne-Efpéränce , a variation étoittonjours à left; mais loH{qu'on étoit au cap des Aiguilles qui fépare l'Afrique en deux parties égales, on ne trouvoit aucune variation, jufqu’à cê qu’en avançant après pour laïfer lés côtes de l’Affique à l’oueit, la déclinaifon devenoit occidentale. Mais cette loi n’a point lieu généralément ; & le grand nombre d’obfervation; faites de tous les côtés, & faflemblées par le doûteur Halley, renverféntens tictement cette théorie, D’autres phyficiens ont recours à la contexture de l'intérieur de la terre ; qui étant pleine dé fines, rochers, c. placés en plus grand nombre vers les poles qu'ailleurs, mais rarement dans la direion du smétidien , obligent l'aiguille à téñdré ën général vers les poles , mais avec des variations, Quelques-uns veulent que les différénites parties de la terre ayent différens. degrés dé vértu mdgnéri- qué ;, à raifon de ce que ces parties contienneht plus ou moins de matiere hétérogene , 8 propré à di- minuer l’effet de celles qui ont la vértü magnétique. . Plufieurs attribuenttoute la déclinaifon aux mines d’aimant & de fer ; qui ayant plis de vert mäpnéti- qué que le refte de la térte ; attirent Päisuille avec plus de force. Enfin1l y a des phyficiens. qui ont iñäginié que les tremblemens de terre ; ou-les grandes märées ont pu déranger plufieurs parties éoffidérables de laterre , & en changer l'axe Magnétique qui étoit riginaire= met le même que laxe de la terre. Mais toutes ces hypothèfes font détruites par la variation de là variation, c’éft-à-dife par lé change- ment continuel de la déclinaifon dans lé mémè lieu, phénomene fi fingulier & cependant démontré par toutes Les obfervations modernes. C’eft ce qui a engagé M. Halley à dôfinér uh nou- veau fyftème qui eft.le réfultat d’uné infinité d’ob- fervations , & de plufeurs srands voÿa£es 6rdonnés à ce fujet par la nation angloife. Cettethéôfié deman- de donc un: détail plus ample. Les Ghfervatiôns fur lefquelles elle eft fondée ; fe trouvent dans les Tran- Jaülions philofophiques dé la mäñieré fivañte. Sx2 VAR Obfervations des variations de l'aiguille, faites en divers lieux € en divers tems. Longicudes depuis Londres. Noms'des lieux, 1 Londres, { Uranmibourg, . . ,..: j Copenhague, . .. .., A Dantzicks ak ue mate he emo | Montpellier, Bayonne, | Baie d'Hudfon., | Détroit d'Hudion, À En mer, ’ Cap Saint-Auguftin , 35 . |. En mer, à l'embouchure de.la Plata, . | $ | Cap Frio, ‘ 41 | Entréeorientale du détroit de Magellan, | 68 | Entrée occidentale, 7S Raeas | 73 | À Cap des Aiguilles, . 16 I 20 : L-Enmer,... Lhassa: sur ro e ra | Sainte-Hélene, 1... .. Henri ase to il Le | L’Afcenfon, À Anjouan, (Johanna chez (s'0h ENEN j … Amzuan, chez les Hollandois), 421.0 | Monbafa, | Zocatra, } Aden, à l’entrée de la mer Rouge, . . Cap Comorin, 1 Ballafore, | Fort Saint-Georges, | Pointe occidentale de Java, | En mer, | Ile Saint-Paul, { À la terre de Van Diemens, | À la nouvelle Zélande, | À l’île des Trois-Rois, dans la Nouvelle | Zélande, | Ile de Rotterdam, dans la mer du Sud, | À Ja côte de la Nouvelle Guinée , . . . | À la pointe occidentale de la Nouvelle | Guinée, UE tôps De toutes ces obfervations notre favant auteur conclut 1°. que par toute l’Europe la variation pour le préfent eft occidentale, & qu’elle left davantage dans les lieux orientaux que dans les occidentaux , {on augmentation fe faifant du côté de lorient. 2°. Que fur les côtes de l'Amérique la variation eft occidentale 8 augmente à mefure que l’on vaau nord le long des côtes. Dans la Terre-neuve à environ 30 desrés du détroit \ 5 4 LU G pi . | Année : À = Laticudes. | Pobfetva-{ Variation obfervée, à rion. À phare i EU DURE ON DE 1 LG Le 30 30 O * O Es (5397 9 10 45 NO : ‘20 1 30 0 39 1430 40°. LTIOLS 139 10 | x à Gi "10 28 10: tusads Or ON NI OO HE 1 RE NY 04 D, D -O © À D EG nOPOVHRZZ22Z22222ALRZ LES] ©. Hi tri PH mmmmE. ©OOO!i HOCOoooo0ocOocoO0HOmmEE Hnnn OOmmmmmmmOOOOO00000mO00 mOOmE LES] 0.0 O0 0 0 © 0.0 © © 0 0 0 © © © = Wow wuwnn AZ ZZun A2 04. vu 6 DE |H Hhm ml O0000000000000 h à ; Pl è d'Hudfon , cette variation eft de plus de 20 degrés ; & n’eft pas moindre que 57 dans la baie de Bafins ; mais lorfque l’on cingle à l’eft de cettecôte, la va=- riation diminue. D’oùiks’enfuit , fuivant lui, qu’en- tre PEurope &c le nord del Amérique , il doït y avoir une variation à left , ouau-moins une variarion nulle. 3°. Que fur la côte du Bréfil la variarioneft à left, en augmentant à mefure qu’on va vers le fud ; au cap Tno elle eft d'environ 12 degrés. De 20 + degrés à VAR’ Pembouchure de la riviere de la Plata ; de-1à en cin- glant au fud-oueft , vers le détroit de Magellan , elle m’eft plus que de r7 degrés à fon entrée orientale, & de 14 à fon entrée occidentale. 4°. Qu'à l’eft du Bréfil cette variation à Veit dimi- nue , en forte qu’elle eff très - peu de chofe à l’île Sainte-Helene , & à celle de lAfcenfion , & qu’elle je ne trouve point qu'elle furpañfe en coloris cette tendrefle langoureu+ fe, cette mélancolie d'amour, & cette vivacité de fentimens qui regnent avec tant d’art, de finefle & de naïveté , dansla defcription poétique de la même fontaine par madame Deshoulierés. Que j'aie tortou raion , je vais tranfcrire ici cette defcription fans aus cun retranchement. Ce ne font que les chofes en- nuyéufes qu'il faut élaguer däns un ouvrage. « Quand vous me pteflez dé chanter une fameufe » fontaine , dit notre mufe francçoife à mademoifellé » de la Charce fon amie, Peut-être croyez-vous que toujours infenfible, Je vous décrirai dans mes vers , Entre de hauts rochers dont l’afpeét eft terrible , Des près toujours fleuris, des arbres toujours verds ; Une Jource orgueilleufe & pure, Dont l'eau fur cent rochers divers D'une mouffe verte couverss, S’eépanche, bouillonne, murmure : Des agneäux bondiffans fur la sendre verdure ; Et de leurs contufteurs les rufliques concerts, De ce fameux defert la beauté furprenante , Que la nature a pris Join de former, Amifoit autrefois mon cine indifférente. Combien de fois, hélas, rma-t-elle [u charmer | Ces heureux rems nef} plus : languiflante, attendrie ; Je regarde indifféremment Les plus brillantes eaux , la plus verte prairie ; Er du foin de ma bergerie Je ne fais même plus mon divertiffement ; Je pale tou le jour dans une réverie Qu'on dit qui m'empoifonnéra : A tout autre plaifir mon efprit Je refufe, Et fi vous me forcez à parler de Vauclufe, Mon cœur tout [eul en parlera. Je laifférai conter de fa fource inconnie Cequ'elle.a de prodigieux ; Sa fuite, for retour, € La vafte étendue Qu’arro{e fon cours furieux. Je fuivraë le penchant de mon ame enflammée ; Je ne vous ferai voir dans ces -aimables lieux , Que Laure tendrèment aimée, Er Pétrarque vidtorieux, ©: Anffé bien de Vauclufe %s font encore la gloire : Le vems qui détruit tout, refpeëte leurs plaiférs : Les ruiffeaux , les rochers, les oifeaux | les véphirs, - Fontuous les jours leur tendre hiffoire. . Oui, cetté vive fource énroulant fur ces bords , Semble nous raconter les towriens , Les tranfpores ; Que Pétrarque féntoit pour la divine Laure Ilexprima fe bien Je peine | fon ardeur, Que Laure malgré [a rigueur 369 Vi À U L'écouta , plaigni: [a lanoueur, Et fit peur-étre plus encore. | Dans cet antre profond', où fans autres témoins Que la nayade& lozéplhure, Laure fut par de zeridres Joëns, De l’amoureux Pétrarque adoucir de martyre: Dans cet antre où l'amour tant de fois furvainqueur 2 Quelquie frerté dort on fe pique, Cn fent élever dans fon cœur Ce srouble dangereux par qui l'amour s'explique, Quand. il allarme la. pudeur. Ce reft pas feulement dans cer antre écarte Qwil refle de leurs feux nnè riarque immorrelle : Ce fertile vallon dont on a'tant vanté La folitude& la beaute, Vois mille fois le jour dans la faifon nouvelle, Les roffignols , les férins, les pinçons , Répeter fous un verd ombrage, Jerne fais quel doux badinege, | Dont ces heureux amans leur donnoient des lecons. Leurs noms [ur ces rochers peuvent encorefe bre, L'un avec l’autre ef? confondu ; Et l’ame à peine peur fuffrre Aux tendres mouvemens que leur mélange infpire. Quel charme eff ici répandu ! A nous faire imirer ces amans tout confpire. Par les foins de l'amour leurs foupirs confervés Enflamment l'air qu'on y refpire ; Er les cœurs qui fe font fauvés De fon impitoyable empire, A ces déferts font réferves. Toutce qu'a de charmant leur beauté naturelle, Ne peut m'occuper un moment. Les refles précieux d’une flamme fi belle Font de mon jeune cœur le feul amujement. Ah! quilaentrerient tendrement Dubornheur de la belle Laure! E:.qwa parler fencerement , IL Jeroit doux d'aimer ; fe l’on trouvoir encore Urcœur comme le cœur de fon 1llufire amant ! (Le chevalier DE JAUCOURT. ) VAUCOULEURS , (Géog. mod.) petite ville de France , dans la Champagne | au Bafigny , fur le bord de la Meufe, à $ lièues au couchant de Toul, à 8 au fud-oueft de Nanci, & à 65 au levant de Paris. | Comme la vue de ce lieu eft belle, & qu’elle don- ne furune vallée ornée de'fleurs naturelles detoutes fortes de couleurs , la ville en a pris le nom de va//ee des couleurs où Vaucouleurs. Elle faifoit autrefois une petite fouveraineté poflédée par les princes de la maïfon de Lorraine; mais à caufe de l'importance de fon paflage , Philippe de Valois en fit l’acquifition de Jean de:Joinville en 1335. On y voit une collé- giale, un couvent de religieux , un monaftere d’An- nonciades & un prieuré. © En Vaucouleurs eft le fiege dune prevôté compofée de vingt-deux patoïfles qui font du diocèfe de Foul. Long. 23.18. larir, 48, 34 Lepays-de Vaucouleurs eft connu pour avoir don- né la naiffance dans le village de Domrémy, à cette fameufe fille appellée Jeanne d'Arc &c furnommée Ze pucelle d'Orléans. C’étoitrune fervante d’hôtellerie , née au commencement. du xv. fiecle:, .« robufte, +» montant Chevaux à poil, comme dit Monftreler, s# 8 failant autres apertifes.que fillesn’ont point ac- #'coutimé de faire ». On la fit pafler pour.une ber- ere de x8 ans.en 1429, & cependant par fa propre AUX- quels on pañle les négligences, pourvü que les vers en foient chantans, &c qu'il y aît du naturel & de la faillie, Defpréaux dans fon art Poëtique , a confacré plu: fieurs beaux vers à rechercher l’origine, & à expri= mer le carattere libre, enjoué & badin, de ce petit poëme , enfant de la joie & de la gayetc. Sion l’en croit, le vaudeville a éré en quelque forte démembré de la fatyre ; c’eft un trait mordant & ma: lin , pläfamment enveloppé dans un certain nombre de petits vers coupés, & irréguliers, plein d’agré- ment & de vivacité: Voici comme il en parle, après avoir peint l'efprit du poëme fatyrique. D'un trait de ce poëme , en bons mors ff fertile Le François ne malin , forma le yaudeville Agréable, tndifcret , qui conduit par le chant Paffe de bouche en bouche, & s’accrois en marchant, La liberté françoife en ces vers fe déploïe; Cer enfant de plaifér veut naître dans La Joie: Cependant le vandeville ne s’abandonne pas tou- jours à une joie boufonne, il a queiquefois autant de délicatefle qu’une chanfon tendre, témoin le veu. deville fuivant qui fut tant chanté À la cour de Louis XIV , & dont Anacréon poutroit s’avouer l’auteur, Si 7'avois la vivacité Qui fit briller Coulange ; S2 j'avois la beauté Qui fee régner Fontanpe ; Ou fe j'étois comme Conti | Des graces Le riodele à Tout cela féroit pour Érequi , Däc-il m'être infidele ! On dit qu'un Foulon de Vite, petite ville de Nor: mandie , inventa les vazdevilles , qui fürent d’abord nommés vædevires ; parce qu'on commença à les chanter au Vau de Vire, André du Chefne, après avoir parlé de ce pays, dans fes antiquités des villes de France, dit que « d’i- » celui ont pris leur origihe ces anciennes chanfons »* qu'on appelle communément vaudevilles pour vau- » devires, delquels, ajoute-t-il ; fut auteur un Ol= » vier Baflelin, ainfi que l’a remarqué Belleforeft. M. Ménage, qui a cité ces paroles, cite auf cel- les de Belleforeft, qui fe trouvent au II. Vol. de fa cofmographie; & il conclut dé ce paflage, & de quel- ques autrés qu'ilrapporte, quéceux -là fe font trom- pés, qui ont cru que ces chanfons font appellées y11- deyilles ; parce que ce font des voix de ville, où qu’elles vont de ville en ville. De ce premier fenti- ment ont été Jean Chatdavoine , de Beaufort , en Anjou, dans un livre intitulé : Recreil des plus belles G des plus excellentes Chanfons, én forme de voix de ville ; &c Pierre de Saint-Julien, dans fes mélanges | hiftoriques. M, de Caïlierëèt eft pour le fécond fenti- RRrtrr sea MANU ment ,car.il fait dire.à fon commandeur dans fes mots à la mode, que-les Efpagnols appellent paffe- caille, une compoftion en mufique, qui veut dire pallè-rue, comme. dit-1l, nous appellons en France des vaudevilles., certaines chanfons qui courent dans le public. | | M. d’Hamilton, f connu par les mémoires du com- te de Grammont, s’eft amulé à quelques vawdevilles, dans lefquels régnent le fel, l'agrément, êc la viva- cité. Haguenier (Jean) bourguignon, morten 173 3 en a répandu dans le public qui font gais &tamulans; rnais Ferrand (Antoine) mort en 1719, âgé de qua- rante-deux ans, a particulierement réufli à faire des yaudevilles fpirituels, & pleins de la plus fine galan- terie, La plûpart ont été mis fur Les airs de claveffin de la compofñtion de Couperin. On trouve dans les vaudevilles de M. de Chaulieu , comme dans fes au- tres poéfies négligées , des couplets hardis & volup- tueux; tous ces poëtes aimables n’ont point eu de fuccefleurs en ce genre. Je crois cependant que notre nation emporte fur les autres dans le goût & dans le nombre des vaude- villes ; la pente des François au plaifir , à la fatyre, &c fouvent même à une gaieté hors de faifon, leur a fait quelquefois terminer par un vaudeville les affai- res les plus férieufes, qui commençoient à les laffer ; & cette niaiferie les a quelquefois confolés de leurs malheurs réels. Au refte, dit l’auteur ingénieux de la nouvelle Hé- loïfe ; quand les François vantent leurs vaudevilles pour Le goût & la mufique, ils ont raïfon; cependant à d’autres égards, c’eft leur condamnation qu’ils pro- noncent ; s'ils favoient chanter des fentimens , ils ne chanteroient pas de Pefprit ; mais comme leur mufi- que neft pas exprefñve, elle eft plus propre aux vau- devilles qu'aux opéra ; &t comme litalienne eft tou- te pafionnée , elle eft plus propre aux opéra qu'aux vaudevilles. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) : VAUDEVRANGE, ( Géog. mod. ) ville de Lor- raine, dans le baillige allemand , fur la Saare. Foyex VALDERVANGE. (D.J.) VAUDOIS , £m. pl. ( Aiff. eccléf. ) feétaires qui parurent dans le chriftianifme au commencement du douzieme fiecle; nous ne pouvons mieux tracer en peu de mots leur origine, leurs fentimens , & leurs perfécutions, que d’après Pauteur philofophe de lef- fai fur l'hiftoire générale. Les horreurs, dit-il, qui fe commirent dans les .croifades ; les diflenfions des papes &t desempereurs, les richefles des monafteres , l’abus que tant d’évé- ques faifoient de leur puiffance temporelle, révol- terent les-efprits, & leur infpirerent dès lecommen- cement du douzieme fecle , une fecrere indépendan- ce , & laffranchiffement de tant d’abus. Il fe trouva donc des hommes dans toute l’Europe, qui ne vou- lurent d’autres lois que l'Evangile, &t qui précherent à-peu-près les mêmesdogmes que les Proteftans em- ‘braflerent dans la fuite. On les nommoit Wandors, parce qu'il y en avoit beaucoup dans les vallées de Piémont; A/bigeois, à caufe de la ville d'Albi ; Bons- hommes, pat la régularité 6c la fimplicité de leur con- duite; enfin Manichéens , nom odieux qu'on donnoit alors en général à toutes fortes d’'hérétiques. On fut étonné vers la fin de ce même fiecle, que le Lan- guedoc fût tout rempli de ’audois. Leur feéte étoit en grande partie compoée d’une bourgeoïfie réduite à l'indigence,, tant par leleng ef- clavage dont on fortoit à peine, que par les croifa- des enterrefainte.. Le pape Innocent LIL délegua en 1198. deux moines de Citeaux pour juger les heré- tiques, &c nommaun abhé du même ordre pour faire _à Touloufe les fonétions de l’évêque. Ce procede in- digna le comte de Foix &c tous les feigneurs.du pays, quiavoient déja goûté les opinions des réformateurs, V A U * &z qui étoient également irrités contre la couf de Rome. L'abbé de Citeaux parut avec l'équipage d’un prince; ce qui ne contribua que davantage à foule- ver les efprits. Pierre de Caftelnau, autre inquif- teur , fut accufédefe fervir des armes qui lutéroient propres, en foulevant fecrétement quelques voifins contre le comte de Touloufe, & en fufcitant une guerre civile ; cet inquifiteur fut affaffiné en 1207, & le foupçontomba fur le comte. | Le pape forma pour lors lacroifade contre Les Wau- dois ou Albiseois ; on en faitles événemens. Les croi- {és Écorgerent les habitans de la villede Béziers , rc- fugiés dans une églife ; on pourfuivit par le fer &c le feu les Vardois qui oferent fe défendre ; au fiege de Lavaur on fit prifonmiers quatre-vingt gentils-hom- mes que l’on condamna tous à être pendus; mais les fourches patibulaires étant rompues , on abandonna les captifs aux croifés qui les maflacrerent ; on jetta dans un puits la fœur du feigneur de Lavaur, & on brula autour du puits trois cens habitans, qui ne vou- lurent pas renoncer à leurs opinions. Les évêques de Paris, de Lizieux , de Bayeux, étotent accouru au fiege de Lavaur pour gagner des indulgences. Rien n’eft fi connu des amateurs de recherches , que les vers provençaux fur les Waxdors de ce tems- là. Que non volia maudir, nejurar, ne rmentir, N'occir, ne avourar , ne prenre de altrur, Ne flavengar de li fuo ennemt, Los dizons qu'és Vaudez , & los fezyonsmorir. Ces vers font d'autant plus curieux , qu'ils nous apprennent les fentimens des Vaudois, Enfin la fureur de la croifade s’éteigmit , mais la feête fubffta tou- jours , foible , peu nomhreufe , & cachée dans l'obi- curité, pour renaître quelques fiecles après, avec plus de force êc d'avantage. Ceux qui refterent ignorés dans les vallées mcultes qui font entre la Provence & le Dauphiné, défriche- rent cesterres ftériles, & par des travaux incroya- bles, les rendirent propres au grain &c au pâturage. Ils prirent à cens les héritages des environs, & en- richirent leurs feigneurs. Ils furent pendant deuxie- cles dans une paix tranquille, qu'il faut attribuer uni- quement à la laflitude de l’efprit humain , après qu'il s’eft long-tems emporté au zèle affreux de la perfé- cution, Les Faudois jouifloient de ce calme, quand les ré- formateurs de Suifle & d'Allemagne apprirent qu'ils avoient des freres en Languedoc, en Dauphiné, & dans les vallées de Piémont ; auffi-tôt ils leur en- voyerent des miniftres , on appelloit de ce nom les deffervans des églifes proteftantes : alors ces Faxdors furent trop connus, & de nouveau cruellement per- fécutés, malgré leur confeffion de foi qu'ils dédierent au roi de France, ET Cette confeffion de foi portoit qu'ils fe croyoient obligés de rejetter le baptême des petits-enfans, par- ce au’ils n’ont pas la foi; de penfer qu’il ne faut point adorer la croix, puifqu’elle avoit été l’inftrument de la pañlion de Jefus-Chrift; que dans leuchariftie Le pain demeuroit pain après la confécration, 6c que lon fait tort à Dieu quand l’on dit que le pain eft changé au corps de Chrift; qu'ils ne reconnoïfloient que deux facremens , favoir le baptême &c la cêne,; qu'ils ne prioient point pour les morts; que le pa- pe niles prêtres n’ont point la puiflance de lier & de délier ; qu'il n’y a d’autre chef de la foi que notre Sauveur; qu’ileft impie à tout homme fur laterre de -s’attribuer ce privilege; enfin qu'aucune églfe n’a le droitde maîtrifer lesautres. cn La réponfe qu’on fit à cette confeffion de foi fut den traiter les feétateurs d’hérétiques abftinés,, & de les condamner au feu. En 1540, le parlement de ur Provence décerna cette peihe contre dix-neuf des pfincipaux habitans du bourg de Mérindol, & ordon- na que leurs bois feroient coupés, & leurs maifons démolies. LE AR QUE. d Les Vautlois effrayés députerent vers le cardinal Sadolet évêque de Carpentras , qui étoit alors dans fon évèche. Cetilluftrefävant ; vrai philofophe puit qu'ilétoit humain , les récut avec bonté & intercéda pour'eu*; Langeai, Commandant en Piémont , fit furfeoirl’exécution; Francois L. leur pardonna à con- dition qu'ils abjureroient; ‘on n’abjure guere une re- ligion fucée avec le lait, & à laquelle on facrifie les biens de ce monde ; leur réfolution d'y perfifter irrita le parlement provençal , compofé d’efprits ar- dens, Jean Mevynier d'Oppede , alors premier préf- dent, le plus emporté de tous, continua la procé- dure. Les Faudois enfin s’attrouperent ; d'Oppede asgra- va leurs fautes auprès du roi, & obtint permiflion d'exécuter Parrèt ; il falloit des troupes pour cette exécution ; d'Oppede , & avocat général Guerin, en prirent. [lparoït évident que ces malheureux Yaz- dois , appellés par le déclamateur Maimbourg , une canaille revoltée , n’étoient point du tout difpofés à larévolte , puifqu'ils ne fe défendirent pas, & qu'ils fe fauverent dé tous côtés, en demandant miféricor- de ; maïs le foldat égorgea les femmes, les vieillards, “êt les'enfans qui ne purent fuir aflez tot. On compta vingt-deux bourgs mis en cendres ; & lorfque les flammes furent éteintes, la contrée auparavant flo- riflante , fut un defert aride. Ces exécutions barba- tes donnerent denouveaux progrès au calvinifime ; le tiers de la France en embrafla les fentimens. £ffai Jür l'hift. génér. tom.Il. DT. & IV. (2.J) VAUTOUR , VAUTOUR CENDRÉ, GRAND VAU- TOUR ; fm. ( Mif/nar. Ornitholog.) vultur cinerens, Wil. oïfeau de proie plus gros que Paigle ; il atrois piés fix pouces de longueur, depuis la pointe du bec jufqu'à Pextrémité de la queue , & trois piés deux “pouces &c demi jufqw’au bout des ongles ; la longueur -du bec eff de quatre pouces trois lignes, depuis fa pointe jufqu’aux coins de la bouche; & la queue a un peu plus d’un pié ; l’envergure eft de fept piés neufpouces; lesaîles étant pliées s’étendentjufqu'aux trois quarts de la longueur de la queue; la tête, la gorge, & le haut du cou, font couverts d’un duvet brun ; 1l y a de plus fur la gorge plufeurs longues plumes minces qui reflemblent à des poils ; le bas du cou, le dos , le croupion, les grandes plumes des épaules , les petites plumes de la face inférieure & de la face fupérieure des aîles, les plumes du deflus -&t du deflous de la queue, celles de la poitrine, du ventre, des jambes & des côtés du corps, font d’un brun noirâtre ; les grandes plumes des aîles & celles de la queue ont la même couleur mêlée de cendré ; les piès font couverts de plumes brunes jufau’à lo rigine des doigts dont la couleur eft jaune : les ongles font noirs: on trouve cet oïfeau en Europe; il refte fur les hautes montagnes, & il fe nourrit par préfé- rence de corps morts. Orrir. de M. Briflon , som. L, Voyez OISEAU. VAUTOUR DES ÂLPES , vultur alpinus , oïfeau de proie de la grandeur de Vaigle; ila la tête & le cou dégarnis de plumes & couverts d’un duvet blanc; la peau qui eft de chaque côté de latêre , entre l'œil & le bec, n'a point de duvet , ellé eft d’un cendré bleuâtre ; 1l y a au-deflous du cou de longues plumes blanches qui forment une efpece de collier ; lesplu- tes du dos , des épaules, du croupion, du deffus de la queue, dela face fupérieure des aîles, ont une cou- leur de rouille claire ; celles de la poitrine, du ven- tre, des jambes, &'du'deffous de la queue, font d'un pris fale, & ont quelques taches de couleur de rouille ; la face intérieure des jambes eft blanche ; Tome XVI, VAU 863 les gtandes plumes des aîles & celles de la queue font noires ; l'iris des yeux à une couleur de noïfette qui tire fur le rouge, la peau qui couvre la bafe du bec eft noire; le bec a la même couleur noire, à l’excep- tion de la pointe qui eft blanchâtre ; les piés font de couleur livide où plombée, & les ongles noirs : on trouve cet oifeau fur lés Alpes, & fur lés autres mon: tagnes élevées. Ori, de M. Briflon , rome I. Voyez OtsEAU. VAUTOUR À TÊTE BLANCHE, Yultur albns , Wil, oïfeau de proie de la groffleur d’un coq; il.a deux Piés trois pouces de longueur depuis la pointe du bec jufqu'à l'extrémité de la queue ; la longueur du bec eft de deux pouces depuis fa pointe jufqu'aux coins de a bouche, & l’envereure a cinq piés neuf pouces; la tête &c le cou font d’untrès-beau blanc & ont des taches ou de petites lignes longitudinales bru- nes ; les plumes du dos , du croupion , du deflus de la queue &c de la face fupérieure des aîles, font d’un noir couleur de fuie, & ont des taches de couleurde marron, fur-tout celles du deflus des aîles; il yalfur la poïtrine une très-prande tache en forme de bou- clier , de couleur de maron rougeñtre , qui s'étend jufqu'aux ailes ; les plumes du ventre, des côtés du corps & du déflous de la queue, font d’un blanc mé- lé d'une teinte de rouge obfcur, & elles ont quel- ques taches de couleur de marron; les jambes & les piés font couverts jufqu’à l’origine des doigts de du- vet & de très-petites plumes d’un jaune obfcur ) AVEC des taches longitudinales; les plumes de la face infé- rieure des ailes , ont une très belle couleur blanche : les grandes plumes des ailes font blanches depuis leur origine jufque vers la moitié de leur longueur, le ref. te eff noirâtre ; les plumes de la queue {ont blanches à leur origine, enfuite brunes, & elles ont l’extrém:- té blanche; ia peau qui couvre la bafe du bec eft d’um jaune couleur de fafran ; le bec a une couleur bleuâ- tre, à l’exception de la pointe qui eft noirâtre : on trouve cet onfeau en Europe fur les montagnes ; il fe nourrit de petits oifeaux & de rats. Orrir. de M. Brif- fon , some Î. Voyez OISEAU. VAUTOUR DU BRESIL, vulrur brafilienfis , oifeau de proie, à-peu-près de la sroffeur du milan royal > fon bec a deux pouces & demi de lonoueur , depuis fa pointe Jufqu’aux coins de la bouche , & les aîles étant pliées, s'étendent un peu au-delà du bout de la queue. La tête & le cou font couverts d’une peau, dont la furface eftinégale, & quia plufieurs couleurs mêlées enfemble, du bleu, du jaune couleur de {1- fran, du blanchâtre & du brun roufftre : cette peatt eftnue , il y a feulement quelques poils noirs. Les plumes des aîles, de la queue &z de toutes les autres - patfies du corps font d’un beau noir, qui change à certains afpeéts , qui paroît d’une belle couleur pout- ve prée ou d’un beau verd, L'iris des yeux ef rouveûtre, ëc les paupieres font d’un jaune de fafran : la peau nue qui couvre la bafe du bec, a une couleur jaune mêlée d’une teinte de D! &c 1 ce d'une teinte de bleu , &le bec eft blanc; les piés font de couleur de chair & les ongles noirs. Cet Oeau fe nourrit de corps morts; il mange auf des ferpens ; il paffe la nuit fur des arbres ou fur des ro- chers. On le trouve à la Jamaique, au Méxique , à S. Domingue , au Brefil, dans toute la Guiane & au Pérou. Orrir. de M. Brion, some I, PA oyez OT- SEAU. | ‘ VAUTOUR BRUN, z/ur fufcus, oifeau de proie, qui tient le milieu entre le faifan & le paon pour la gtoffeur ; ii a un peu plus de deux piés de lonoueur, depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue , & un pié dix pouces jufqu’au bout des on- gles. La longueur du bec'eft de deux pouces & de- mi, depuis fa pointe jufqu’aux coins de la bouche les aïles étant phiées s'étendent jufqu’aux trois quarts de la longueur de la queue. Le deflus de la tête eft | RRrrri 304 V AU couvert d'un duvet brun, &c le cou a des plumes éttoites d’un brun foncé ou noïrâtre. Les plumes du dos, di éroupion, de la poitrine , du ventre, des “côtés du corps, des jambes , &z celles du deflus & du deffbus de la queue font brunes : les petites plumes des alles ont une couleur brune plus foncée , avec quelques taches blanchés ; les gfandes plumes des îles font d'un brun noirâtre, à l'exception de lex- ‘ttémité des déux ou trois premieres qui eft blanche & qui a quelques taches brunes : les plumes de la queue ontune couleur gtife brune. Le bec eff noir; les piés font jaunatres , &c les ongles noirâtres. On trouvé cet oïfeau à Malte. Orris, de M. Briflon , £. 1. Voyez OISEAU. VAUTOUR DORE , vultur bœricus |, Wil. oïfeau de proie, plus grand &z plus gros que Paigle ; il a envi- ron quatre piés huit pouces de longueur , depuis la pointe du bec jufqu'à l'extrémité de la queue , &r feu- lement trois piés fept pouces jufqu’au bout des on- gles ; la longueur du bec eft à-peu-près de fept pou- ces , depuis fa pointe jufaw’aux coins de la bouche : les plus longues plumes des aîles ont près de trois piés de longueur. La tête, la gorge, &c le haut du cou {ont couverts de duvet d’un blanc rouflätre ; le bas de la face füpérieure du cou & la partie antérieure du dos ont des plumes entierement noires, à lex- ceprion du tuyau qui eff blanc ; les plumes de la par- tie poftérieure du dos, celles du croupion &z du def- fus de la queue font noirâtres. Les plumes du bas de da face inférieure du cou, de la poitrine, du ventre, “des côtés du corps , des jambes, du deflous de la queue & celles de la face inférieure des ailes font d’un doux plus foncé vers la tête, & plus clair vers “la queue ; les petites & les moyennes plumes'des ‘aîlés ont une couleur noire, &ily a quelques taches fur l'extrémité des plumes moyennes, à des taches lanchâtres fur les petites ; la couleur des grandes plumes des aîles &c de celles de la queue eft brune. Les piés font couverts jufqw'à l’origine des doigts de plumes d’un roux clair, &t les ongles ont une couleur brune. On trouve cet oïfeau fur les Alpes. Orrur. de M. Briflon , rome I. Voyez OISEAU. VAUTOUR D'ÉGYPTE , vulrur ægyptius, otfeau de proie , de la groffeur du milan royal, il eft en en- tier d’un roux qui tire fur le cendré , avec des taches brunes. Ti y a beaucoup de ces oifeaux en Egypte, ëc on en trouve aufli en Syrie & en Caramanie. Or. de M. Briflon , tome I. Voyez OISEAU. VAUTOUR FAUVE, vultur fulyus , oïfeau de proie, plus erand qu’un aigle ; il a trois piés huit pouces de longueur , depuis la pointe du bec jufqu’à l’extré- mité de la queue, & trois piés fept pouces &t demi jufqw’au bout des ongles ; la longueur du bec eft de quatre pouces trois lignes, depuis la pointe jufqu’aux coins de la bouche , & l’envergure eft de huit piés : lesaîles étant pliées, s'étendent prefque jufqu’au bout de la queue. La tête, la gorge &c le cou font couverts d’un duvet blanc qui eft très-court, & rare fur le cou, de fofte que le cou paroît être d’un gris-brun &c bleuä- tre qui eft la couleur de la peau. Il y aau bas du cou une eéfpece de collier compofé de plumes longues de trois pouces fort étroites, & d’un très-beau blanc ; les plumes du dos, du croupion, du deflus de la queue, & les petites de la face fupérieure & de la face infe- trieure des aîles font d’un gris roufâtre : 1l y a quel- ques plumes blanches parmi celles des aîles. Les plu- mes ke la poitrine , du ventre, des côtés du corps, & celles du deffous de la queue font d’un blanc mé- lé de gris-rouflâtre ; la face extérieure des jambes eft de même couleur que Le dos ; la face intérieure &t la partie fupérieure des piés font couverts d’un duvet blanc, Les grandes plumes des aîles 8 celles de la queue ont une couleur noire. Il y a au milieu de la poitrine une cavité aflez grande , &c garnie de lon- V AU gues plumes épaiffes , & couchées fur. la peau êc diri- aées vers le milieu de la cavité ; ces plumes font un peu plus brunes que celles du dos.. Le bec eft noir à {a racine &c à fon extrémité, le milieu a une,couleur grife-bleuâtre ; les piés font cendrés &t les ongles noirs. Ornit. de M. Briflon ,.rome I. Voyez OISEAU. VAUTOUR HUPÉ , valeur leporarius germanis,; Wil. il eft plus petit que le vausour doré , .& il.a plus de fix piés d'envergure ; il eft d’un roux notrâtre, à l’ex- ception de la poitrine qui n’aprefque pas de noirâtre. Ce vautour a une hupe qui reffemble aflez bien à des cornes lorfqu'il la drefle ; elle n’eft.pas apparente quand il vole ; ila le bec & les ongles noirs, êtles piés jaunes. Il marche très-vite, chacun de.fes pas a eux palmes de longueur ;1l attaque & mange toutes fortes d’oifeaux , & même des lievres., des lapins, des renards & des faons ; il fe nourrit auffi de poif- {on & de cadavres. Il pourfuit fa proie non-feule- ment au vol, mais auf à la courfe. Il fait fon nid {ur les arbres les plus élevés.des forêts, Orric. de M. Brif- fon, rome 1. Voyez OISEAU. VAUTOUR DES INDES , voyez ROI DES vAu- TOURS. VAUTOUR NOIR, vultur niger, Wil. oïfeau deproie, plus grand & plus gros que le vaurour doré ; il eften- tierement noir, à l'exception des plumes des ailes & de la queue qui font brunes ; les piés ont des plu- mes jufqu’à l’origine des doigts. On,trouve cet oi- feau en Egypte. Orrir, de M. Brion, tome 1. Voyez OISEAU. VauTouRr , ( Mar, méd. ) beaucoup de matières retirées de cet oifeau ont été mifes au rang. des reme- des comme bien d’autres, & principalement. fa fien- te. Mais nous ne rappellons tant de fois ce vain fatras des anciens pharmacologiftes,, que pour donner une étendue convenable au tableau des fauffes richeffes, que les modernes ont fagement abandonnées. (4) VAUTRAIT , £. m. (Wénerie.) c’eft lachafle qui fe fait aux bêtes noires ; les grands feigneurs entretien- nent pour courre les bêtes noires un équipage com- plet, qui fe nomme vaurrais ; il eft compoté de lévriers d’attache & de meutes de chiens courans. La chafle du vaurrais doit commencer au mois de Septembre, lorfque les bêtes noires font en bon COIPS. VAUVERT , ( Géog. mod.) bourg que nos géo- graphes nomment peste ville de France, dans le bas Languedoc, diocèfe de Nimes, Ce bourg na pas mille habitans. ( D. J.) VAUX, LA , (Géog. mod.) pays de Suifle, dansile canton de Berne. C’eft le quartier de pays qui fe trou- ve entre Laufanne & Vevay. Il a trois lieues de lon- gueur , &c une lieue de largeur. Ce paÿs ft fort ra- boteux, C’eft proprement une chaîne de collines. dont la pente eft rude , & qui s’éleve dès le bord du lac de Geneve l’efpace d’une lieue de largeur. Au- deflus de ces collines , on fe trouve dans un pays fo- litaire, entrecoupé de bois, de champs & de prés. C’eft l'extrémité du Jurat, qui eft une forêt de 3 à 4 lieues de longueur , 8 de deux lieues de largeur, fur une montagne , entre Laufanne & Moudon ; on la traverfe dans fa largeur, quand on va.de l’une de ces deux villes à l’autre. C’eft-là lagranderoute de France en Allemagne. Le pays de la Faux n’eft, pour ainf dire, qu'un feul vignoble , qui porte le meilleur vin.que produife le canton de Berne. Il eft partagé en quatre paroïfles, nommées Lutry, Cully , S. Saphorin &t Corfier. On voit dans le temple de S. Saphorin une colonne an- tique , avec l’infcription fuivante , faite à l'honneur de l’empereur Claude l'an 46 de Jefus-Chrift, Tir. Claudius Drufi F.Cef. Aug. Germ. Pons. Max. Trib. ca D Imp. XIL, P, P.Cof. LUI, F. 4, XX XVII. D. J.; k -VAXEL, £ m.( Saline. Yefpece de boiffeau dent on fe {ert dans les falines de Lorrame pour mefurer les fels. Le vaxel pefe trente-quatre à trente-cinq li- vres. Il faut feize vaxels pour le muid. Voyez Muin 6 SEL. Dit, de Commerce, _ VAX-HOLM , ( Géog. mod.) petite ile de Suede , à trois lieues du port de Stockholm. Il y a dans cette île un fort avec une garnifon, pour vifiter tous les vaifleaux qui veulent entrer à Stockholm , ou qui en fortent. | _FAX-VILLA-REPENTINA, (Géog. anc.) lieu de l’Afrique propre, fur la route de Carthage à Alexandrie. On trouve dans le trélor de Gruter, p. 390. n°. 2. l'infcription fuivante : P. Claudiï, Pal- lanti. Honorar. Repentini. Lec. Pr, Pr: Provinciæ Afris ce. Peut-être que le Repentinus de cette infcription étoit le fondateur du lieu. (2. J.) VAYE LA RADEDE , ( Géog. mod. ) raded’ltalie, {ur la côte de Gènes. C’eft une grande anfe de fable formée au moyen d’une grofle pointe qu’on appelle le cap de Vaye, qui s'avance en mer, paroïflant de loin blanchâtre , & fur le fommet de laquelle il y a quelques vieilles ruines de fortifications. VAYVODES, ox WOYWODES, £ m. pl. (-Æift. mod.) c’eft le nom qu'on donne en langue {clavone aux gouverneurs des provinces de Valachie &z de Moldavie. Woyza dans cette langue fignifie guerre, & woda ; conduéteur , dux bellicus. Les Po= lonoïs défignent aufhi {ous le nom de woywodes ou vayvodes, les gouverneurs des provinces appellés plus communément palauns. Ce titre eft pareïlle- ment connu dans Pempire ruffien ; on le donne aux gouverneurs des provinces dont le pouvoir ef très- étendu. La Porte ottomanen’accorde que le titre de vayyodes ou de gouverneurs aux fouverains chrétiens de Moldavie, de Valachie qui font établis par elle, qui font fes tributaires , & qu’elle dépofe à volonté. VAZUA , ( Géog. anc.) ville d'Afrique propre. Ptoiomée, 2. 1. c. 7. la marque au nombre des vil- les fituées entre la ville Thabraca & le fleuve Ba- gradas. U B- UBAYEL L’, ( Géogr. mod. ) petite riviere de France dans la Provence: elle prend fa fource près de PArche êc de l’Argentiere , traverfe la vallée de Bar- celonnette , 8 fe rend dans la Durance, (D. J.) UBEDA , (Géog. mod.) cité d'Efpagne, au royau- me de Jaën, dans l’Andaloufe , à une lieue au nord- eft de Bacça , dans une campagne fertile en vin, en blé & enfruits. Long. 15. 4. latir. 37. AG. UBERLINGEN , (Géog. mod.) ville d'Allemagne, dans la Suabe , fur une partie du lac de Conftance, à cinq heues au nord-oueft de Lindaw. Elle eft libre & impériale. Il s’y fait un bon commerce de blé, Long. 28. 50. lat. 47: 33. UBIENS Les, ( Géog. anc, ) Ubi ; peuples de la Germanie, compris originairement fous le nom gé- néral des Srævones. Is habitoient premierement au- de-là du Rhin. Leur pays étoit d’une grande éten: due. Il confinoit du côté du nord au pays des Sicam- bres, ce qui eft prouvé par la premiere expédition de Céfar dans la Germanie tranfrhénane ; car lorfqu'il fut arrivé aux confins des Ubiens , il entra dans le pays des Sicambres ; &z le Segus pouvoit fervir de bornes entre ces deux peuples. Du côté de lorient, les£/Pierstouchoientau pays des Cattes, comme le prouvent encore les expédi- tions que Céfar , Z. IV. c. xvy. 6 xjx. 1. VI. c. x E x. fit au-delà du Rhein, & il eft à croire que les fources de l’Adranaëc de la Longana , étoient aux confins des deux peuples. | Au midiils étoient limités par le Mein , qui les fé- paroit des Helvétiens, des Marcomans & des Sédu- U BI 86; fiens. Enfin on ne peut point douter que les Liens du côté du couchant ne fuffent bornés par le Rhein; car aux deux fois que Céfar paña le Rhein , il entra d’a- bord dans le pays des Ubiers : outre que le pont qu’il fit à la feconde expédition , joignoit le pays de ces peuples à celui des Treviri. Spener, zos, Gerre, ant, L IP cj. @ L IP. ci. Les Ubiens vivoient dans uné perpétuelle inimitié avec les Cattes , dont ils devinrent même tributai- res ; ce qui fit que les Tres furent les premiers des peuples au-delà du Rhein qui rechercherent l’allian- ce & la protettion des Romains. Maïs ils ne trouve- rent pas dans cette alliance & dans cette protedion tout le fecours dont ils avoient befoin pour £e défen- dre contre des peuples à qui cette démarche les rens dit odieux ; &1ls couroient rifque d’être entierement exterminés , fi le conful M. Vipfanius Agrippa ne les eût transférés fur la rive gauche du Rhein, où ils prirent le nom du fondateur de leur colonie, quil’an 716 de Rome, & 35 ans avant Jefus-Chrift , leur bâtit une ville qui fut appellée colonia Apgrippina , & Tacite donne le nom d’ÆAgrippinenfes à toute la nation. Il ne paroït pas que les Thiers enflent des chefs , duces, ou des rois pour les commander. Le commer- ce qu’ils avoient avec les Gaulois leurenavoientfait prendre quelques manières ; & à l'exemple ce ces peuples , ils avoient un fénat qui géroit les affaires générales ; auf voyons-nous que les ambafladeuts des Teneteres s’adreflerent au fénat de la colonie pour expofer lacommiffon dont ils étoient chargés, & non à aucun prince nichef, Lorfqu'ils eurent pañlé le Rhein, ils ne changerent point la forme de leur gouvernement,du-moins n’en a-t-on aucune preuve, Quant aux bornes du pays qu'ils occuperent.en- deçà du Rhein, aucun ancien ne les a déterminées, Cluvier prétend qu'ils avoient le Rheïnà lorient; du côté du nord ils étoient bornés par une ligne tirée depuis embouchure du Roer dans la Meufe , jufqu’à l'endroit ou une autre riviere appellée aufi Roer , fe jette dans le Rhein, ils confinoient de ce côté-là au pays des Merapis & des Gugerni ; le Roer, qui fe jette dans la Meufe, les bornoït au couchant, & Îles. féparoit du pays des Tongres ;.& du côté du midi, l’Aar faifoit la borne entre leur pays & celui des Tre- viri. (D. J.) UBIQUISTES , ox UBIQUITAIRES, {. m. pl (Hiff, eccléf.) feête de Luthériens qui s’éleva êr fe ré- pandit en Allemagne dans le xyj. fiecle, & qu’on nomma ainfi, parce que pour défendre la préfence réelle de Jefus-Chrift dans l'Euchariftie , fans foute- nir la tranfubftantiation, ils imaginerent quele corps deJ.C. eft par-tout, whique ,aufh-bien que fa divinité. On dit que Brentius , un des premiers réforma- teurs , fit éclore cette héréfie en 1560, qu'immédia- tement après Mélanéthon s’éleva contre cette erreur, difant que c’étoit introduire , à l'exemple des Euty- chiens , une efpece de confufon dans les deux natu- res en Jefus-Chrift ; & en effet 1l la combattit jufqu’à fa mort. D'un autre côté, Andrew , Flaccius Illyricus ; Otiander , &c. épouferent la querelle de Brentius, & {outinrent que le corps de J. C. étoit par-tout. Les univerfités de Leipfc & de Virtemberg & plu- fieurs proteftans s’oppoierent en vain à cette nou- velle doëtrine. Le nombre des Zbiquiftes augmenta. Six de leurs chefs , favoir Schmidelin , Selneur , Muf- culus , Chemnitz , Chytræus & Cornerus s'étant af femblés en 1577 dans le monaftere de Berg , ils ÿ compoferent une efpece de formulaire où lubiquité fut établie comme un article de foi. Cependant tous les Ubiquiftes ne font point d’ac- cord. Les Suédois , par exemple , penfent que le corps de Jefus-Chrift pendant le cours de fa vie mot- 866 UDI telle étoit préfent par-tout;d’autres foutiennent que ce m'eft que depuis fon'afcenfron qu'il a cette propriété. Hornius n’attribue à Brentius que la propagation “de l'ubiquifme , &cil en rapporte l'invention à Jean ‘de Weftphalie, qu’on nomme autrement Wefiphale, miniftre de Hambourg en 1552. UBIQUISTE , £. m. dans l’univerfité de, Paris , f- : ‘gmifie un docteur en Théologie, qui n’eft attaché à aucune maïfon particuliere ; c’eft-à-dire , qui n’eft ni ‘de la maifon de Sorbonne, ni de celle de Navarre. ‘On appelle fimplement les wbiquifles , doëteurs en “Théologie , ou doëteurs de Sorbonne, au-lieuque les autres fe nomment doffeurs de la maifon 6 fociéte de | ; - Ë Sorbonne, doëteurs de la maifon & fociéré royale de Na- : yarre. Voyez SORBONNE, DOCTEUR, 6. UBITRE , f. m.( Æiff. ar.) poiflon qui fetrouve dans les mers du Bréfil ; il a, dit-on, la queue fort longue , & femblable à celle d’une vache, & 1 la re- leve demême. UCCELLO , ( Géog. mod. ) montagne des Alpes, lune des croupes du mont Saint-Godard.On l'appelle autrement Vogelsherg | c’eft-à-dire, la montagne de L’oifean, Voyez VOGEESBERG. U D UDENHEIM, ( Géog.mod.) ville d'Allemagne , dans l’évêché de Spire , à la droite du Rhein. Elle a été fortifiée dans le dernier fecle , & a pris depuis ce tems-là le nom de PAiisbourg. Voyez PHILISBOURG. UDESSE , ( Géog. mod. ) province des Indes, au royaume de Bengale, à lorient de Daca, furles fron- tieres du royaume de Tipra. (D. J.) UDINE , ( Géog. mod.) en latin Una, Urinam, ville d'Italie | dans l’état de Venife , capitale du Frioul , entre le Tajamento & le Lifouzo , à 8 milles au fud-oueft de Cividad di Friuli , & à 20 milles au couchant de Garitz. L’air y efttempéré, & le ter- roir fertileen grains, en vin & fruits délicieux. Log. 30:45. 1at. 46. 10. Léonard de Utino , ainfi nommé parce qu’ilétoit né à Udine entra dans l’ordre de S. Dominique, &c fut un des plus célebres prédicateurs de fon tems. Ses fermons écrits en latin , ont eu un débit prodigieux dans le xv. fiecle ; cependant quelques éloges qu’on en ait fait, ils tenoient beaucoup ducaraétere de ceux de Barlette, de Maillard & de Menot ; & fi on n’y trouve pas desturlupinadesfemblables aux leurs, du- moins y rencontre -t-on des plaïifanteries peu di- gnes de la gravité de la chaire ; telle eft celle-citirée du fermon xluy. Fœrnina corpus, animam , vlm , lumina, vocem, Polluit , annihilat , necat, eripit, orbat, acerbaz. On a publié les fermons de ce dominicain fous le titre de férmones aurei, & Bayle dit qu'ils furent im- primés pour la premiere fois l'an 1446. A la véritéil produit fes garans , mais il devoit au-contraire cen- furer une femblable erreur , puifque l’Imprimerie n’a pointété connue , ni pratiquée dans aucun pays du monde, avant Pan 1450. La premiere édition des fermons d’or du dominicain d’T/direeftde lan 1473, fans nom de ville ,. ni d’imprimeur , en 2. vo/. in-fol. … Æmafeus (Romulus.), un des favans de Rome qui brillerent le plus fous le pontificat de Jules HIT. étoit natif d'Udine. I] a fait paroître fon intelligence de la langue greque par la traduétion de Paufanias, & par celle de l'ouvrage de Xénophon, qui concerne l’ex- _«pédition du jeune Cyrus. Il naquit en 1489, 8 mou- rut vers Pan 1550: …“Robortello (François), autre critique du xvj. fie- cle , naquit à dire , & mourut à Padoue en: 1567 à 1 ans. On:a de lui un traité de lhiftoire , .des.com- imentares fur plufñeurs des poëtes grecs & latins, 8 des ouvrages polémiques pleins d’aigreur & de vio- lence,, en particuliercontre Alciat, Sigonius & Bap- tifte Egnatius , qui lui répondit finalement lépée à la main , ce quitermina la difpute, (2. J.) UDINT, ( Géog. ant. ) ancien peuple de la Scy- thie, Pline, Z FE ch. xy. qui en parle , le met à la droite, à lentrée du détroit, par lequel on croyoit anciennement que la mer Cafpienne communiquoit avec la mer Chromienne. : UDNON, f. m. (Bof. exor.) nom donné par Théo- phrafte & Diofcoride, à la truffe qu'on mangeoir communément à la table de leur tems. Diofcoride dit qu’elle étoit lifle en-dehors, rougeätre en-dedans,. qu'on la tiroit de terre, où elle étoït enfouie à une Kgere profondeur, & qu’elle mavoit ni tige, ni fleurs, ni feuilles. Cette même truffe fe trouve en- côte de nos joufs en ltalie. Les Grecs connoïfloient une autre efpece de truffe d'Afrique; & qu’ils nom- moient éyrénaique ; cette derniere truffe étoit blan- che en-dehors , d’un excellent goût, & d’une odeur charmante. (2: J.) UDON, (Géog. anc.) fleuve de la Sarmatie afiatie que, Son embouchure dans la mer Cafpienne , eft marquée par Ptolomée, Z. F. c.1x. entre les embou- chures de lÆ/onias &t du Rha, (D. 1.) UDSTET oz YSTED , (Géop. mod.) ville de Sue- de, dans la Scanie, fur la côte méridionale de cette province , à neuf lieues de Lunden, à deux de Maf- moc , & à trois de Chrifliamftad. (D, J.) VE :VÉ où VAY , (Géog. mod.) en latin Fadum, nom qu'on donne en Normandie à des gués qui font à l'embouchure des rivieres de Vire, d'Oure, & de Tante dans la Manche. ( D. J. ): VÉADAR ,{. m. ( Calend. judaïque.) nom du trei- zieme mois dans le calendrier judaique, dont les Juifs font l’intercalation entre le fixieme &c le feptie- me mois, fept fois dans dix-neuf ans; favoir à la troi- fieme, à la fixieme, à la huitieme, à la onzieme, à la quatorzieme , à la dix-feptieme, &z à la dix-neuvie- me année, (2.9) | VEAMINT, ( Géog. anc.) peuples des Alpes. Pit ne, /. IIT, c. xx. les met au nombre de ceux qui fu- rent fubjugués par Augufte ; leur nom fe trouve dans linfcription du trophée des Alpes. Selon le P. Har- douin, les Veamini occupoient le pays qui formeau- jourd’hui le diocèfe de Sènez.( D. J.) VE ASCIUM, ( Géog. anc.) ville d'Italie, felon Diodore de Sicile, Liv. XIV. ch. cxviij. qui dit que les Gaulois, après être fortis de Rome, attaquerent cette ville, qui étoit alliée des Romains ; mais que Camille étant furvenu , les defit entierement. Orté- lius, qui prétend mal-à-propos que cette ville fut pillée par les Gaulois , n’eft pas mieux fondé à croire qu’elle étoit dans l’Etrurie, Plutarque , 22 Camitlo, nous apprend que les Gaulois avotent pris une route toute oppofée , puifqu’ils avoient été camper à huit milles de Rome , fur le chemin de Gabies, par con- féquent dans le Latium , &t à l’orient de Rome. Cela donne lieu de foupçonner que la ville J’eufciim de Diodore de Sicile , pourroit bien être la ville de Ga- bies, Gabu. ( D.J.) VEAU, f. m.( Économ. ruff.) le petit de la vache: VEAU , (Diese & Mat. méd.) la chair du veau très- jeune eft médiocrement nourriflante. Elle.eft resar- dée comme humettante & raffraïchiflante ; & c’eit à caufe de ces deux dernieres qualités qu’on enem- ploie la déco&tion ou le bouillon à demi-fait pour tifane ou boiflon ordinaire dans les maladiesinfiam atoires: cette boiflon eft connue fous le nom d'eux de veau, elle eft très-analogue à l’eau de poulet. À VE A La chair du veau, & fur-tout du jeune vezx qui tete encore, a le défaut de la plüpart des chairs des autres animaux très - jeunes, elle lâche le ventre, & purge même quelques fujets. On corrige ces qualités par divers aflaifonnemens, foit acides, foit aromati- ques &c piquans, comme l'ofeille, le vinaigre, le poivre, &c. Mais comme ces affafonnemens font. défendus par eux-mêmes aux fujets délicats 8 aux conyalefcens , ce n’eft pas une reflource pour eux, &z comme d’ailleurs le veau ne fauroit être regardé comme une viande abfolument faine, le mieux eft de la leur refufer ; quant aux ufages dictétiques des piès de vez, du foie de veau, G'c. voyez ce qui eft dit du pié, du foie, c. des animaux à Parsicle aëné- tal VIANDE. (v) | VEAU, ( Corroyerie.) on tire du veaz deux fortes de marchandifes pour le négoce, favoir la peau & le poil. Les peaux de veau fe préparent par Îles Tan- neuts, Mégifiers, Corroyeurs & Hongrieurs, qui les vendent aux Cordonmers, Selliers, Bourreliers , Relieurs de livres, & autres femblables artifans qui les mettent en œuvre; les peaux de veaz corroyées : qu fe tirent d'Angleterre font les plus eftimées. Le vélin, qui eft une efpece de parchemin, fe fait de la peau d’un vez mort-né, ou de celle du petit veau de lait: c’eft le mésiflier qui commence à le préparer, & le parcheminier qui lacheve. Le poil. des veaux fe mêle avec celui des bœufs & des vaches, pour faire la bourre qui fert à rembour- rer. les felles des chevaux, les bâts des mulets, & les meubles de peu de valeur. Les marchands Libraires, les Rehieurs de livres, difent qu’un livre eft relié en veau-fauve, pour faire entendre que la peau de veau ui Le couvre eft blanchâtre & toute unie, fans avoir êté marbrée, ni rougie, mi noircie. (D. J.) VEAU PASSÉ EN SUMAC, ( Corroyerie. ) c’eft du veau corroyé en noir du côté de la fleur, auquel on donne avec le fumac une-couleur orangée du côté de la chair; ce font les maîtres ceinturiers qui em- ploient cette forte de cuir. (2. J.) _. VEAU-FAUVE; les Relieurs appellent une relieure en veau-fauve celle dont la peau n’eft point jafpée, &c dont on a confervé la couleur naturelle qui eft blan- che en fon entier. Pour relier en veau-fauve, il faut que les peaux foient belles , fans taches n1 autres dé- eétuofité ; 1l eft fâcheux que la délicatefle de ces peaux en Ôte promptement la propreté ; au-refte, cette reliure fe fait tout-comme les autres. Voyez RELIURE. | | VEaAU, (Charpenr.) les Charpentiers appellent ainfi le morceau de bois qu’ils ôtent avec la {cie du dedans d’une courbe droite ou rampante, pour la tailler. (2.J7.) VEAU, (Critique facrée.) cet animal a fervi dans lEcriture à plufieurs métaphores, où il s'emploie dans des fens différens. [l fe prend pour un ennemi en fureur dans le pf. xxj. 13. plufñeurs ennemis furieux, vituli multi mont environné ; ailleurs des perfonnes fimples & douces font défignées fous le nom de ces animaux, comme dans If x7. 7. l'ours &'le veau pai- tront enfemble, c’eft-à-dire que des gens foibles & fimpies ne craindront plus ceux qui leur paroïffent fi redoutables. Ailleurs encore, comme dans Malach. iv. 2.des perfonnes qui font dans la joie font compa- tés à des veaux qui bondiflent dans la prairie; mais les veaux des levres dans Ofée, x1V. 3. reddemus virulos labiorum noftrorum, eft une exprefion métaphorique bien bifarre pour marquer les louanges, les hymnes, les prieres que les captifs de Babylone adreflotent au Seigneur, parce qu'ils n’étoient plus à portée de lui offrir des facrifices dans fon temple. (D. J. . VEAU D'OR, (Cri. facrée.) idole que les Hraëlites adoroïient au pié du mont Sinaï ; l'hiftoire en eft rap- portée dans l'Æxode chap, xxxij, Ce fut à limitation VEB 867 des Egyptiens qu’Aaron fit le year d’or dans le dé- fert , & Jéroboam ceux qu’il drefla à Dan &c à Béthel pour y être adorés des enfans d'Ifraël, comme les dieux qui les avoient tirés du pays d'Egypte. Les Hraëlites fe familiariferent peu -à -peu avec la nou- velle religion de Jéroboam. Ils furent enchantés de laifance de ce culte, & l’exercerent jufqu’à la ruine de Samarie & la difperfion des dix tribus ; mais pour ce qui regarde le veau d'or d'Aaron, Moïfe outré de voir le peuple danfer tout-autour, brifa les tables dela Loi, prit le veau d'or, le fit fondre , & le rédui- fit en poudre d'or, par une manipulation qui n’eft point décrite, mais qu'il eft fort fingulier qu’on con- nût déjà ; 1l Jetta cette poudre dans le torrent, pour anéantir à jamais ce monument de l’idolâtrie des Hébreux. (2. J.) VEAU MARIN , ( Æ/£ nat.) phoca, animal amphi. bie, qui a beaucoup de rapport à la vache marine & au lamantin pour la forme du corps & des piés, &e. Sa longueur eft d'environ quatre piés depuis le bout du mufeau jufqu’à l’origine de la queue, qui n’eft longue que de trois pouces ; il a les yeux grands &. enfoncés dans les orbites, Le cou oblong, & la poi- trine large; on ne voit qu’un trou à l'endroit de cha- cune des oreilles. Le poil de cet animal eft court, ferme, & de couleur grife luifante, avec des taches noires fur le deflus du corps ; le deflous eft d’un blanc fale & jaunâtre ; 1l y a des chiens de mer qui font noirs en entier. Regn. anim, pag. 230. Voyez QUADRUPEDE. Siles veaux marins peuvent refter Iong-tems fous l’eau par Le fecours du trou ovale dont on.a parlé, ils font auf un furieux vacarme quand ils fortent de la mer pour fe retirer dans des cavernes, & fe livrer à l'amour; c’eft alors, dit M. de Tournefort, qu'ils: font des cris fi épouvantables pendant.lainuit que l’on ne fait fi ce font des animaux d’un autre monde. Quelques commentateurs de Pline font partagés fi ces animaux crient en veillant ou en dormant; on voit bien que ces gens-là ne font pas fortis de leur cabinet ; nos matelots qui vont dans le Levant font bien mieux inftruits, pour avoir vû les veaux marins dans le tems de leur rut,.&z en avoir tué dans: leurs réduits. | VEBEHASOU, f. m: (if. mar. .Bor.) arbre du Bréfil, dont les feuilles reflemblent à celles dutchou. Son fruit eft d'une grande douceur, qui fait que les abeilles en {ont tres-friandes. VECCHIADOS, terme de Relation, c’eftainfi que! les Grecs d'Athènes moderne nomment les, vingt- quatre vieillards qu'ils choififfent dans es meilleures familles chrétiennes, pour régler les affaires quidur- viennent de chrétien à chrétien. j VECHW, ( Géog.. mod.) petite ville d'Allemagne. en Weftphalie, dans Pévèché de Munfter, fur la ri- viere de fon nom. or VECHT, 4, (Géog. mod.) 1°. riviere d'Allemagne, en Weftphalie ; elle prend fa fource dans l'évêché de Munfter, à cinq mulles de la ville de ce nom; elle entre dans l’'Over-Yfel, & {e perd dans le Zuy- …derzée. 2°, On nomme Jechs, la partie.du Rhein, qu fortant d’Utrecht, arrofe plufieurs lieux, comme Marfen, Breukelen, Nieuwerfluis, Wefon, Muyden, & fe perd enfin dans le Zuiderzée. à :: Et VECTEUR , RAYON, adj. ez Affronomie, eff une lhgne qu'on fuppofe tirée d’une planete aui. fe, meut autour d’un centre on du foyer d’une ellipfe,à ce cen- tre ou à ce foyer ; ce mot vient du latin where, pot= ter. Voyez PLANETE, Gc. Chambers. : ve 5 On appelle ainfi cette ligne , parce que c’eft celle par laquelle la planete paroit être portée, & au moyen de laquelle elle décrit des aires proportion- nelles au tems autour du foyer de fon orbite que. le foleil occupe, | | 868 VED VECTIS, ( Géog. anc. )ile de la mer Britannique. Ptolomée; Zv.11. c, 1. la marque au midi du orand | port; mais quelques exemplaires, au-lieu de Yedis, lifent Vidlefis, g'inréois. Pline, L 19. c. xyj. la connoit fous le nom dé Fechis ; & Eutrope, aufli-bien que le panégyrifte de Maximilien, écrivent V2d4. Je juge- rois, dit Ortélius, que ce feroit l’J&4 de Diodore de Sicile ; mais je n’adopteroïs pas les fables qu'il dé- bite par rapport au reflux de la mer ; le nom moder- ne de cette île eft Wighr. ( D. J.) VEDAM, £ m.(Æiff. Juperft.) c’eft ua livre pour qui les Brammes où nations idolâtres de lIndoftan ont la plus grande vénération, dans la perfuafion où ils font que Brama leur léciflateur l’a reçu des mains de Dieu même. Cet ouvrage eft divifé en quatre par- ties à qui l’on donne des noms différens. La premiere que l’on nomime rogo, roukou où ouroukou, Vedam traite de la premiere caufe &t de la matiere premie- re; des anges; de lame; des récompenfes deftinées aux bons, des peines réfervées aux méchans; de la produétion des êtres & de leur deftruétion ; des pé- chés , & de ce qu’il faut faire pour en obtenir le par- don, &c. La feconde partie {e nomme 7adara ou iffu- révedam, €’elt un traité du gouvernement ou du pou- voir des fouverains. La troifième partie fe nofme Jfama-vedam, c’eft un traité de morale fait pour infpi- rer l'amour de la vertu & la haine du vice. Enfin la quattieme partie appellée addera-vedam, brarma-ve. dam, ou latharyana - vedam | a pour objet le culte ex- térieur, les facrifices , les cérémonies qui doivent s’obferver dans les temples, les fêtes qu'il fant célé- brer, &c. On aflure que cette dermiere partie s’eft perdue depuis long-tems, au grand regret des bra- mines ou prêtres, qui fe plaignent d’avoir perdu par- là une grande partie de leur confidération, vû que fi elle exiftoit, 1ls aurotent plus de pouvoir que les rois mêmes; peut-être font-ce ces derniers qui, jaloux de leur autorité, ont eu foin de fouftraire Les titres facrés fur lefquels celle des prêtres pouvoit être établie aux dépens de la leur. On voït par-là que le veZam eff le fondement de la théologie des Brames,, le recueil de Leurs opinions fur Dieu, Pame & le monde; on ajoute qu’il con- tient les pratiques fuperftitieufes des anciens pénitens &t anachoretes de l'Inde. Quoi qu'il en foit, la lec- ture du vedam n'eft permife qu'aux bramines ou pré- tres & aux rajahs ou nobles, le peuple ne peut pas même le nommer ni faire ufage des prieres qui y {ont contenues , non - feulement parce que ce livre con- tient des myfteres incompréhenfbles pour le vul- gaire, mais encore parce qu'il eff écrit dans une lan- ‘gue qui n’eft entendue que des prêtres; on prétend même que tous ne l’entendent point, & que c’eit tout ce que peuvent fire les plus habiles doéteurs d’entre eux. En effet, on affure que le vedam eft écrit dans une lanoue beaucoup plus ancienne que le f7ns- krir quieft eft la langue favante connue des bramines. Le mot wedam figniñie fcience. Les Indiens idolâtres ont'encore d'autres livres fur qui la religion eft fon- dée ; tels font le shuffer &r le pouran. Voyez ces deux ariicles, Lé réfpett que les bramines ont pour le ve- dam-éft caufe qu'ils n’en veulent communiquer des copiés à perfonne; malgre ces obftacles les jéfuites miffionnaires font parvenus à obtenir une copie du - yedam par le moyen d’un bramine converti; le céle- bre dom Calmet-en a enricht la bibliotheque du Roi en 1733. Voyez l’Hifloire univer/elle d’une [ocréré de Javars d'Angleterre, kiff. mod. tom. VT.in-8°. _ VEDE, LA, (Géog: mod. Y pétite riviere de fran- ce, dans là Poufame, Elle paffe à Richelieu , & fe jette däns fa Vienne, près de Chinon. (D. J.) VEDETTE, {. £ (Art milir.) C’eft dans le fervice de la cavalerie ce qu'on appelle /exsinelle dans celui de lPinfanterte, Les vedertes fe placent dans les lieux les plus favorables, pour découvrir Le plus d’éténdue de terrein qu'il eft poflible dans les environs du camp ; elles font tirées des grand-gardes ou gardes ordinai- res. Voyez GARDE ORDINAIRE. ( VEDIANTIT, (Géog. arc.) peuples d'Italie, dans les Alpes, feion Pline, 4v. ILE, c. y. qui nomme leur ville Cemelium Vedantiorum civitas. Ces peuples, dit le P. Hardouin, faïfoient partie des Liguriens Capil- latr. Ptolomée, /, LIT. c, nomme leur ville Cerrelenum vendiontiorum , & la place dans les Alpes maritimes : c’eft aujourd’hui Cimiez, près de Nice. (D. 7.) VEDRA, ( Géogr, anc.) fleuve de la grande Bre- tagne. Ptolomée, Z. IL. c. 1j, marque l'embouchure - de ce fleuve , entre celle de l’Ælaunus & Dunurn Jfinus, fur la côte orientale de l’île; cette riviere fe nomme préfentement Weere. (D. J. VEDRO, fm. ( Commerce.) mefure de liquides ufitée en Ruffe, qui contient environ 25 pintes. VEERE , (Géog. mod.) Voyez WEERE. VÉHEUR , f. m. (Jurifprud.) vieux terme de pra= tique, qui n’eft ufité qu’en Normandie , où il fe dit _des témoins qui afliftent à la vue ou vifite d’un hér& tage. Voyez VIsiTE. VEGA-RÉAL, ( Géog. mod, ) grande plaine de l’ile Hifpagnola. Cette plaine a environ foixante-dix lieues de long du nord au fud , & dix dans fa plus grande largeur. Elle eft arrofée de quelques grandes rivieres aufh larges que l'Ebre ou le Guadalquwir, 8 d’un nombre prodigieux de petits ruifleaux, d’une eau pure &c fraiche. La plus grande partie de cette plaine formoit autrefois un royaume, dont la capi- tale étoit au même lieu, où les Efpagnols bâtirent depuis la ville de la Conception de la Vega. (D. J.) VEGEL, VEGER , & BEGE 07 BEGER, (Geog, mod.) dans quelques cartes ; petite ville d’Efpagne, dans l’Andaloufe, à Pentrée du détroit de Gibraltar, fur une colline, près du rivage de l'Océan , à7 lieues au midi de Cadix, dans un terroir fec & aride, Long. 11. 30. latit. 36. (D, J.) VEGESE LA , (Géog. anc.) l'itinéraire d'Antonin marque deux villes de ce nom en Afrique, Pune dans la Numidie, & l’autre dans la Byzazene ; la derniere étoit un fiege épifcopal. (2. J.) VEGE’TABLE , adj. er Phyfrologie, eft un terme qu’on applique à toutes les plantes, entant qu’elles font capables de croitre, c’eft-à-dire à tousles corps naturels qui ont les parties organifées pour la géné- ration & pour laccroïflement , mäis non pas pour la fenfation, Foyez PLANTE. On fuppole que dans les végétaux il y aun prin- cipe de vie, que l’on appellecommunément l'ame vé- gétative. Voyez VEGÉTATIF & VÉGÉTATION. Boerhaave définit fayamment le corps végeérable , un corps engendré de laterre , à laquelle il adhere ou tient par des parties, nommées racines, par le canal defquelles 11 reçoit la matiere de fa nourriture &r de {on accroiffement, &cformé de fucs & de vaiffeaux dif- tingués fenfiblement les uns des autres ; oubien, c’eft un corps organife , compoié de fucs &c de vafleaux que l’on peut toujours diftinguer les uns des autres, & auquel croiflent des racines ou des parties, par lequelles 11 adhere à quelqu'autre corps dont il tire la fatiere de fa vie & de fon accroiffement. Cette définition nous donne une idée juite & par- faite du corps végérable ; car en difant qu’il confifte en fucs êr en vaifleaux, on le difcérne du fofzle ; &c en difant qu’il adhere à quelqu’autre corps & qu'il en tire fa nourriture, on le diflingue parfaitement d’un animal. Voyez FOSSILE, ANIMAE, , Onle définit un corps organifé, parce qu'il eft formé de différentes parties, lefquellés concourent enfemble à l'exercice des mêmes fonctions. ’oyez ORGANISÉ. Il adhere par quelques-unes de fes parties à un au- tré corps ; puifque nous ñe connoïfons point de plante plante fur la terre fi vague & fi flottante qui pe foit toujours adhérente à un corps tel qu'il foit, quoique ce corps foit de différente nature , comme eft [a terre à l’égard de nos plantes communes, la pierre à égard ‘des plantes de roche, comme l’eau à l’écard des plan- tes de mer, & enfin comme l’air à l'égard de quelques mucilages. | Pour ce qui eft d’un petit nombre de plantes qui femblent flotter fur l’eau, leur maniere de croître eft un peu anomale ouirréguliere. M. de Tournefort a fait voir que toutes les plantes ne naïffent point ab- folument des femences , mais il y en a qui, au-lieu de jetter de la femence , dépofent ou font tomber une petite goutte de feve , laquelle , en s’enfonçant dans Peau , atteint par fa pefanteur naturelle jufqu’au fond de la mer , ou rencontre en chemin quelque rocher où elle s'attache , prend racine &c jette des branches : telle eft, par exemple, l’origine du corail. Ajoutez à cela qu'il eft indifférent de quelle ma- mere une plante jette fa racine, foit en-haut, {oit en-bas ; par exemple, laloës , le corail, la mouffe &c les champignons ont fouvent la racine en-haut & croiflent vers la terre. La fruêture vafcuiaire des vépérables a été rendue fort fenfble par une expérience de M. Willugby : on coupe quelques branches des plus épaifles de bou- leau , on applique à leurs extrémités une efpece de baflin ou réfervoir de cire molle ; on l’emplit d’eau, & on tient les branches droites : dans cet état , l’eau defcend en peu de minutes dans les vaiffeaux de bois, & s'écoule entierement à-travers la longueur des branches en tombant goutte-à-goutte & très-promp- tement, ce qu'elle continue de faire tant que lon verfe de Peau dans le bain. La même expérience réuflit dans le fycomore & le noyer , mais l’écoule- ment n’eft pas fi copieux. Voyez les Tranfaëtions phi- Zofophiques , n°..70. Il y a des fecrets pour hâter Paccroiflement des végétables d’une maniere furprenante. M. Boyle fait mention d’un favant qui, à la fin du repas, régala fes amis d’une.falade de laitue qu'il avoit {emée en leur rélence immédiatement avant de fe mettre à table, Les Chinuftes nous fourmifient auffi une forte de végétaux fort extraordinaires, comme l'arbre de Dia- ne, l'arbre de Mars, &tc. En effet de l'or, de l'argent, du fer & du cuivre ayant été préparés dans de l’eau- forte , 1l s’en éleve une efpece d’arbre qui végete & croit à vue-d’oœil, & étend {es branches & fes feuilles de tonte Ja hauteur de l’eau jufqu’à ce qu'il ait épuifé &t dépenié toute la matiere qui eft au fond. Voyez ARBRE DE DIANE, &c. Cette eau eft appellée par les Chimiftes fes warer, ët c’eft Rhodocanafles, chimifte grec, qui en a cam- muniqué le fecret. Huile pégétable , voyez HUILE. VEGE’TAL, adj. & fubft. (Gram.) c’eft le terme le plus étendu de la Botanique. Il fe dit de toute Jante &t dertout ce qui croit par la végétation , ou à lasmaniere des plantes. Voyez VÉGÉTAUX. VÉGÉTAL, (Chimie où analyfe végétale. ) une fubflance végétale , une matiere végécale eft pour le chimifte un corps quelconque provenu du regne vé- gétal , foit queicé corps foit orgamié , tel que les vé- géraux entiers, où leurs différentes parties, tiges, racines, fleurs. &c..ou qu'il foit non-organifé, com- me divers fucs concrets ou liquides , tels que Les bau- mes, les rêfines , da gomme, Gc. & enfin les pro- duits quelconques des travaux chimiques fur les fub- ftances végétales , tels que l’efprit-de-vin, l’alkali fixe, diverfes huiles, &c, font encore des fubftances végétales. L : Les matieres végétales organifées, ou tiflues , tex- ta, (voyez T ISSU, Chimie, ) ne different chimique- ment des matieres yégéra/es non organifées, que par Tome XVI, | E VE:G 869 leur ordre refpedifide compoñtion ; elles font eñtre elles comme le compofé eità fes principes; car lé tiflu végéral eft chimiquement formé pat le concours de plufeurs de ces matieres végétales non organifées, foutenues par une charpente terreufe plus où moins renforcée ,& dans laquelle réfide principalement l’or- ganfation , dont les Chimiftes ne fe mettent point en peine , ou ce qui eft la même chofe, qui n’eft pointun objet chimique. Les fubftances vépérales de [a premiere efpecé , les végétaux proprement dits, font offerts immédiate ment par la nature ; les fubftances véoérales non or- ganifées qui font, comme nous venons de l’obferver, les principes communs des végétaux , fe préfentent aufh quelquefois d’eux-mêmes , comme la gommé vulgaire , les baumes, les bitumes, que les Chimi= ftes regardent avec beaucoup de probabilité, com- me ayant une origine vepézale. ( Voyez CHARBON DE TERRE , Gc. ) Mais plus fouvent ils ne font manife- ftés que par l’art qui les a fucceflivement tirés des vé gétaux pour divers ufages. If eff clair par le fimplé énoncé que les fubftances végésales de la troifiemé efpece, favoir les produits des opérations chimi: ques , font toujours des préfens de l’art, L’énumération des différentes fubflances oroanmie fées, fur lefqueiles les Chimiftes fe font exercés, eff aflez connue; elle renferme les tiges foit ligneufes , foit herbacées, les racines lisneufes, charnues, bul- beufes, &c. les écorces, les feuilles, les calices des fleurs , les pétales , les piitils, les éramines, &: mê- me leurs poufleres , les femences , Ôt toutes Jeurs différentes efpeces d’enveloppe, parmi lefquelles on doit compter les pulpes des fruits & leurs écorces ; toutes leurs efpeces de plantes moins parfaites ou moins connues, comme champienons , moufles, &. vraiflemblablement toutes les efpeces de fleurs ou moifflures , Gc. Les fubitances végéiales de la feconde efpece, c’eft- a-dire , celles qui proviennent foit naturellement, foit par art, des fubftances précédentes, font une eau aromatique où nor aromatique; le principe aro: matique , Pacide fpontané, l’alkali volatil {pontané, le principe vif, piquant, indéfini, tel que celui de | l'oignon, de la capucine, &c. l’huile effentielle , dif férentes efpeces d'huiles grafles , le baume, la réfine, la gomme où le mucilage, la gomme réfine, Pextrait, la réfine extrait, le corps muqueux, le {el eflentiel ; acidule, la partie colorante verte, &plufeurs autres matieres colorantes, Nous énoncerons dans la fuite de cet article tous tes les fubftances végétales de la troïfieme efpece, c’eft-à-dire véritablement artificielles. pou Les Chimiftes ont procédé à l’analyfe des végé- taux entiers ou de leurs parties , c’eft-à-dire, des fub: ffances végétales de notre premiere efpece, par deux moyens différens ; favoir par la diftillation analyti- que, c’eft-à-dire exécutée à la violence du feu, & . intermede ; (voyez DISTILLATION.) & par l’ana- lyfe menftruelle, &c, Foyez MENSTRUELLE , ana: be. Toutes ces fubftances ont fourni affez générale: ment par le premier moyen, les produits fuivans ; 1°. une eau on flegme lirapide, quelquefois aroma- tique, quelquefois inodore, felon .que la matieré traitée eff aromatique,ou inodore; mais dans le der- nier cas même, annonçant Jufqu’à un certain point Ja fubftance particuliere qui l’a fourmi; & toujours trés-diftinétement le regne auquel appartient cette fubfance , le regne végéral ; 2°. un flegme coloré &t légerement empreint de l'odeur empyreumati: que; 3°: un flegme plus coloré, un peu trouble, & chargé d’une petite quantité d’efprit falin, quelque fois acide mais plus fouvent alkali; une petite quan- té d'huile jaunâtre & aflez limpide, un peu d'air; ÉSsss 870 VEG 9. üné liqueur plus line, trouble, de Phuile plus abondante, plus denfe & noirâtre, de Pair; 5°, le plus fouvent de l’alkali volatil concret; une huile qui devient de plus en plus denfe &r noire, de l'air; 6°. il reéfte enfin un réfidu charbonneux, qui étant brûlé ou calciné à l'air libre, donne par la Hxivia- tion de l’alkali fixe 8 quelques fels neuttes ; favoir du tartre vitriolé ou du {el marin, ou bien lun & l’autre. Pels font Les produits communs êc à-peu-près uni- verfels d’un végétal traité par la difillation analyti- que : ce font ceux qu'ont obtenus conftamment les . premiers chimiftes de Pacadémre des Sciences , MM, Dodart, Bourdelin, Tournefort, Boulduc ,6c. ceux ui font expolés dans un livre tres-connu ; la matiere médicale de Geoffroy, &c. Mais la doëtrine chimi- que dominante fur les produits caraétériftiques ê refpeétifs de la diftillation analytique des végétaux & des animaux, n'en eft pas moins que l'acide eff ce produit fpécial & propre aux végétaux , & que Palkali volatil eft ce produit propre & fpécial aux animaux ; fur quoi il eft obfervé dans un mémoire fur lanalyfe des végétaux, imprimé dans le fecond volume des mémoires prélentés à l’acad. royale des Sciences, par divers favans, 6c. qu’on a toujours lieu d’être étonné fans doute de voir des erreurs de fait qu'une feule expérience doit détruire, fe répandre &c fubfiter; que létabliffement de l’opinion particulie- re dont ils’agitici, & qui eft moderne, eff d'autant plus fingulier , que tous Les chimiftes qui ont fait une. mention exprefle des difüllations analytiques des ve- oétaux , ont dénommétrès-exprefément parnu les produits de ces difüllations ,'les efprits & les fels'al- ‘kalis volatils ; que la préfence de l'acide mentionné par tous ces chimiftes eft prefque toujours fort équi- voque, tandis que celle delalkali volatil eff toujours très-évidente ; qu’on diftingue très-vainément par ce produit les plantes de la famille des ernciferes de Tournefort , dont l’alkali volatil fsontane qui fe dé- gage de quelques-unes au plus léger degré de féur, ne doit étreici compté pour rien, puilque ces plantes n’ont rien de particulier quant au produit alkali vo- latil de leurs diftillations analytiques; puifqw’au Con- traire on retire par cette diftillation, de plufieurs pläntes'des autres clafles plus d’alkali volatil, même concret, que des plantes cruciferes qui Contiennent le plus d’alkah volatil fpontané; par exemple, de la laitue & de l’ofeille plus que du cochlearia; &c enfin que ce n’eft qu’à la difillation des bois, & principa- lement à celle des bois durs êt réfineux,que convient la doétrine que nous combattons ; car ces bois don- nent en effet abondamment de lacide, & fort peu d'alkali volatil : & il eft prefque hors de doute que c'eft de leur analyfe particuliere, qu’on a déduit par une conféquence prématurée, ce qu’on à AVanCé top généralement fur la diffillation des végétaux. | Il éft obiervé dans le même écrit que cette ancien- ne maniere de procéder à lar décompoñition des vé- gétaux, eft imparfaite &r vicièufes parcé qu'une ana- lyfe réguliese doit attaquer par râng le$ différens or- dres de connailon qui concourent à la formation du corps examiné ; 8 que lanalyfe par la violence du feu atteint tout-d’un-coup au contraire les der- niers ordres de combinaifon dont elle fimphñe les principes trop brufquement ; car, eftilajouté , c’eft avoir une idée très-faufle de l’analyfe chimique, que de prétendre qu'on doive poufier immédiatement _cellé d’un corps quelconque jufqu’aux produits exa- | étement fmples, comme fembloïent Pexiger les phy- ! ficiens, quirejettoientla doétrine.des Chimuftés , par- | cecque les produits de leurs'analyfes, qu'ils appel- loient es principes chimiques, n'étoient pas des corps fimples; tandis qu'au contraire le vice réel de leurs opérations confiftoit précifément en ce qu'elle fim- plhfioit trop'ces principes, On conclut de ces obfervations qu'il faut abfolus ment {ubftituer à cette maniere de procéder, la mé- thode nouvelle de l’analyfe menftruelle ou, par com- binaïfon, par le moyen de laquelle on retire des vé- gétaux les principes immédiats & évidemment inal- térés deleur compofition; chacun defquels peut être fucceffivement & diflinétement foumis.à une analyfe ultérieure. Il eft dit aufhi dans ce mémoire que les Chimiftes n’ont encore que des connoïfances fort imparfaites fur l’analyfe particuliere de chacune des fubftances qu’on retire des végétaux par l'application de diverfes menftrues, & qui font celles dont nous avons fait mention plus haut, fous le nom de fecorde efpece de fubfiance végétale ; favoir le baume , V’extrait, la gomme, 6. & que ce n'eft prefque que fur la ré- fine & les matieres analogues , favoir les baumes, les bitumes , 6. que les Chimiftes ont des notions diftinétes. \e Les fubftances végérales artificielles, dont nous avons annoncé plus haut l’énumération, font outre les produits de la diftillation analytique ci-deflus dé- taillée, les produits fpéciaux des trois fermentations proprement dites ;. favoir l’efprir-de-vin, lé tartre, la lie du vin, le vinaigre, laikahi volatil, Pefprit fo- tide putride, abfolumentindérerminé jufqu’à préfent, & enfin la fuie végétale. | On trouvera dans ce Diétionnaire des articles par- ticuliers pour toutes les fubftancés végésales de la fe- conde & de la troifieme efpece ; pour extrait, la gomme, la réfine, les principes odorans , fous le 70 OporanT ; l'huile eflentielle , & l'huile grafle, l'ef: prit-de-vin fous le os Vin ; le vinaigre, le tartre, la fuie, &c. 8 dans ces articles, la maniere d’obtenir , de préparer, d'extraire, Ou de produire la fubftancé particuliere qui en fait le fujet. Les procédés nécef- faires à cet objet font, par exemple, expofés avec beaucoup de détail à l’article EAU DISTILLÉE , à l’ar- ticle HUILE, à l’article EXTRAIT , 6c. Celui-ci a êté fpécialement deftiné à la fubftance végéraletrès-com- pofée, ou proprement dite au TISSU VÉGÉTAL. (2) VÉGÉTAL , acide, (Chimie & Médec.) l'acide vépé- tal eft le quatrieme & defnier acide fimple connu: C’eft le plus volatil de tous ; c’eft celui qui eft le plus fréquemmentenufage , puifqu'il entre dans une gran- de partie de nos mets. Voyez acides en général à l’a ticle Sec. Une faveur aftringente , une odeur aflez agréable, le caratérifent aflez pour que non$ne nous arrêtions pas davantage fur cet africle. ne On le”retire par la diftillation de quelques végé- faux, comme la canne à fucre, du tartre (voyez TARTRE), & des fubftances qui ont fubi une fermen- tation acide, après avoir été fucceflivément du moût &cdu vin. La différence des fels que donnent ces dif- férentes fubftances doit bien nous convaincre que tous les corps font compofés des mêmes élémens, & que ladifférentecombinaifon, unpeu plus owun peu moins ,en font toute la diférence.C’eft par les Voies 165 plus fimples que la nature operetant de merveïlles: Notre admiration augmentera lorfqué noûs confidé= térons que ce moût qui précédemment avoit été aci- de’, n’a fait que revenir à fon ancien état, Qloique, à dire le vrai, cé n’eft que par conjedure que nous foupçonnons que le verjus eft, À quelqte différence près, lé même acide que le vinaigre, encore qué leurs faveurs ne fe reflemblent pas'exa@tement, M: Gellert va plus loin ; il prétend que tous les végétaux contiennent le même acide, ce qui nous paroit brett éloigné de lalvérité , prifqu'avec l'acide vitriolique & un peu d’effence de citron on fait une limoñacé femblable à cellé que produifent les citrons, cequ'on n’obtiendroit jamais avec le vinaigre diftilé. | + Dans l’état ordinaire , le vinaigre contient un prin- ‘cipe huileux & tartareux, qui, en le privant d'une ‘partie de fon'aétivité , empèche de faire ayéc ce ù uk Vin SION VEIG nienfttue toutes les diffolutions dont il eft capable. La Chimie fe fert de deux moyens, pour l'avoir dé- gagé de cette terre & de,cetté huile. Le premier eft de le diftiller. On a par cette opération une liqueur tranfparente beaucoup plus. acide que n’eftle vinai- gre ordinaire, mais ençore bien affoiblie par la gran- de quantité de phlegme qu’elle contient. On a donc imaginé.une feconde méthode , qui confiffé à pren- dre un felneutré, dont l'acide eff le vinaigre, à le def- fécher, & en le décompofant diftiller l'acide à un feu violent. Le vinaigre radical qui en réfulte ne cede peut-être en rien aux autres acides pour fa force; communément c’eft du verdet qu’on le retire. Lorf- qu'on veut concentrer le vinaigre fans le débarraffer de la terre & de l'huile-dont la difiillation le dé- pouille, on Pexpofe à uneforte gelée : la partie phleg- matique fe gele , tandis que lacide confervant fa fluidité, s'écoule à-travers les lames de la place. Homberg 8 Neumann ont calculé que du fort vi= haigre ne contient qu'une foixantieme païtie d'acide, Boerhaäve ne luien accorde pas une quatre-vingtie- me : nous {ommes perfuadés que fi on débarrafloit encore cette quatre-vingtieme partie de tout le phleg- me fuperflu , elle fe réduroit à beaucoup moins. - Quoique les Chimiftes ayent fait plufieurs expé- riences avec le vinaigre fimple ou difillé ; ïls en ont peu fait avec le radical. Il refte donc encore bien des chofes à éprouver & à découvrir fur cet acide, au- œuel les Chimiftes n’ont peut-être pas donné toute l'attention qu'il méritoit. Geoffroy ne lui a accordé aucune colonne dans fa table des rapports; M. Gel- lert omet plufieurs métaux & plufeurs terres dans la fienne: Il place l’or, Pargent, Pétain & le mercure comme indiffolubles dans l'acide du vinaigre, &c ce- pendant le contraire vient d’être démontré au fujet du mercure; il ne fait pas mention des terres calcai- rès : enfin 1l prouve combien peu on a fait de recher- ches fur un fujet auffi inféreflant. En général on peut dire, que cet acide eff Le plus foible de tous, que les fels qu'ilforme avec les alkalis & les métaux font dé: compolés parles acides minéraux. Quoique cet acide nepuifle pas difloudre un grand nombre de métaux étant appliqué à nud , cependant il Les diflout pref- que tous lorfqu'ils ont été précipités de leurs diflol- vans propres; On peut le dulcifier avec l’efprit-de- vin, & en retirer.un éther, fuivant Le procédé & la découverte de M. le comte de Lauragais.- Le vinaigre pris en petite quantité , délayé dans beaucoup d’eau, eft, comme les autres acides, un tempérant propre à calmer la foif & la fievre ; mais il a une propriété finguhere ; c’eft qu’en même tems qu'il eft un violent aftringent , rafraichiflant & diu- rétique , il excite abondamment la tranfpiration , & par ces raons 1l peut, étant pris immodérément, conduire à un defléchement , à un marafme général. L’aflemblage de ces qualités le rend d’un très-srand fecours dans les maladies peftilentielles, oùil faut en même tems corriger la corruption de Pair infeété par la pourriture des cadavres , tempérer le mouvement du fang êc exciter la tranfpiration, Il fert dans les tems de contagion à purifier Les viandes, les habits, les appartemens , &c. Pour augmenter {a vertu , on le rend aromatique par Pinfufñion de quelques végé- taux : les formules en font fans nombre. Il eft d’un très-srandufage dans la Pharmacie ; on en fait l’oxy- crat, médicament fouvent auf utile que fimple. On en compofe l’oxymel, dont les anciens médecins fai. foient.un bien plus grand ufage que nous ; extérieu- rement c’eft unrafraichiffant , répercufhf, aftringent très-fort. | Lorfque dans les mets on emploiele vinaigre, on en compofe toujours une efpece de favon , puifque c’eft avec des graïfles ou des huiles & du {el qu’on le mêle. Quand le favon n’eft ni trop huileux, nitrop TONER ES 0 NI | VE G 871 acide!,1l-eftà fon point dé perfe@ion; &le mers pré paréeft au goût de tout le monde : les partieshuileu- les qui entrent dans la compoñtion du vinaigre , fact litent le mélange fayonneux, : | L#y VÉGÉTALE , rérre (| Efnas.) humms ; humus ve getabilis 3 c'eft la terre qui fe trouve à la furface , elle eft plus où moins noire-ou-jaune ; c’eft cette térte qui contribue à la croufance des plantes qui, par leurs racines qui pourriflent «lui rendent continuel: lement une portion de ce qu’elles en ont reçu. On voit par-là que la serre véoéraleeit bien éloignée d’être une térre fimple; élle doit êtreun mélange-d’aroille, deterre calcaire , de fable, de gravier ; derparties ferrugineufes, 6c. auquel s’eft joint une portion dé la partie terreufe, huileufe &faline, des vépétaux quis’y pourrifient & s’y décompofent. Une des prin: cipales qualités, de cette terre eft d’être bien divilée ; “ d’être propre à fe prêter, pour ainf dire, aux racines jeunes encore des plantes, pour:cela il fut quelle ne foit n1 trop compaëte , ni trop fponisieufe. Quand elle eft trop denfe, elle ferre trop fortement les racines des plantes & empêche de s'étendre ; joi gnez à cela qu’elle retient les eaux qui-ne pouvant point la traverfer aflez promptement ,. ou y féjour- nant trop long-tems , pourriflent & endommagent les pégéraux, Une terre trop grafle &c trop chargée de glaife eft dans ce cas. Voyez GLAISE. H ru D'un autre côté, fi la serre végésale eft trop po= reufe &c trop légere., l’eau, finéceflaire pour la vé: gétation & qui eft le véhicule qui doit-porter le fuc nourricier aux plantes, n’y {éjourne point affez pour produire cet effet, elle pafle comme au-travers d’un crible. Telle eft une serre végétale, qui feroit tropfa- blonneufe ou trop remplie de craie. Pour remédier à ces inconvéniens danse premier cas, C'eftà-dire lorfque la terre fera trop grafle , il faudra la divifer & la rendre plus légere , en Y JOi- gnant foit de la craie, foit du gravier , foit du fable, Quant au fecond inconvénient , c’eft-à-dire lorfque la serre végésale fera trop maigre, on pourra y joindre une terre plus grafle , du fumier de la marne aroil- leufe , éc. L'on voit donc que tout le myftere de la fertilifa tion des terres dépend de rencontrer la jufte propor- tion qui eft néceflaire | pour que les terres foient dans un état de divifion qui facilite la circulation des eaux, 8t qui ne les arrête ni trop ni trop peu. Voyez les ar ticles GLAISE 6 MARNE. | | | La serre végérales’appelle auf serreau , rerrefranche, terre des Jardins. | VÉGÉTATION MÉTALLIQUE, ( Chimie) quoi que le mot de végération ne convienne proprement qu'aux végétaux, cependant il eft en ufage parmi les Chimiftes pour exprimer certaines cryftallifations particulieres , ou un arrangement de quelque ma- tiere que ce puifle être , dont la figure extérieure re£ femble affez fenfiblement à celle des plantes ; c’eft en ce fens que les Chimiftes appellent arbre de Diane ou arbre philofophique une végétation d'argent , & ar- bre de Mars une autre végétation chimique , qui a de lanalogie avec la premiere; cette derniere végétarion eft une diflolution de fer faite par le moyen de l’ef- prit-de-nitre. | Peu de chimiftes ont travaillé avec plus de fuccès fur les végécations métalliques que M. Homberg. On a de lui, dans les mémoires de Mathématique & de Phy- Jique, année 1692, une obfervation , dans laquelle non-feulement 1l donne une maniere plus prompte que la commune.de faire l’arbre de Diane, maïs il enfeigne encore de nouvelles méthodes pour la pro- duchon d’autres végétationsfemblables, & il explique la formation de ces yégérarions par des raifons aflez claires, Toutes ces végérations, à l'exception d’une pour laquelle il ne faut qu’une fimple amalgamation 7 a. Hit ls d TISSU 872 V £ G d'or ou d'argent, avecdu mercure , fans addition d'aucune autre liqueur; toutes ces yépésasions, dis-je, {e forment au milieu d'un liquide &r au fond du vaif- feau. Le feul arbre de mars fe forme au-deflus du Hi- quide , qui eftmême enlevé tout entier au haut du väifleau, & quelquefois en très-peu de tems. Ainfi il doit être regardé comme une efpece de vépérarion métallique, différente des autres. Celles dont parle M. de la Condamine dans les rrémoires de l'académie des Sciences, font encore des végérations d’une autre efpece , & méritent le nom de vépétation par la ma- mere dont'elles fe forment. Il amis fur une agate.polie , ou fur un verre pofé horifontalement , un peu de folution d'argent , faite à l'ordinaire par l’efprit-de-nitre , ët au milieu de cette liqueur épanchée qui n’avoit que très-peu d’épaif: feur , il a placé un clou de fer par la tête. Dans lef- ‘ pace de quelques heures , il s’eft formé autour de cette tête-de-clou un très-orand nombre de petits filets d'argent , qui, à mefure qu’ils s’éloignoient du centre commun, diminuoient de groffeur &c fe divi- foient en plus petits rameaux. C’eft-là ce qui avoit Pair de vévétarion. M. de la Condamine juge avec beaucoun de vraïf- femblance , que la caufe générale de ce fait eft le principe établi en Chimie , qu'un diffolvant qui tient un métal diflous l’abandonne des qu’on lui préfente un autre métal qu'il difloudra plus facilement. [ei le nitre a abandonné l'argent pour aller difloudre du fer ou la tête du clou. On peut conclure de ce principe qu’on fera la même expérience fur tous les autres métaux, en fubfituant à la folution d’argent une folution d’un métal quelconque , & au fer un métal plus aife à difloudre par le difflolvant du métal qu’on aura choi- fi ; & c’eften effet ce que M. de la Condamine a trou- vé par ün grand nombre d'expériences différemment combinées. | [l a eu des végérations horifontales , des arbriffeaux plats avec plufieurs variétés , foit en ce que les ar- brifleaux ont demandé plus ou moins de tems , {oit en ce qu’ils ont été plus ou moins toufflus de ramifi- cations. On a fuppofé jufawici que le verre fur lequel fe faifoit l'expérience étoit pofé horifontalement , mais il peut auffi être incliné. Toute la différence fera qu’il y aura plus de ramifications , que l’arbriffleau fera plus touffu au-deflus du centre , ou à la tête du clou qu'au-deflous. La raïfon en eft qu'entre les courans qui doivent tous aller vers ce centre, les inférieurs y trouvent plus de difficulté, puriqu'ils n’y peuvent aller qu’en remontant. Les végérarions de cette efpecé fe font également bien fur des verres ou glaces de toutes couleurs , & l’éfprit s’'amufe volontiers à ces fortes d'artifices. ( D. J.) VÉGÉTATION, (Hiff. nat. Botan.) voyez cet article a La fin de ce volume, VEGÉTATIF, (Jurdinage.) s'emploie en parlant de Pefprit végérarif, de lame végétarive des plantes. Voyez VÉGÉTATION. VÉGÉTAUX, (Jardinage.) font tous les êtres qui vivent de la fubftance de la terre. On entend par ce mot toutes les plantes en général que lon peut ren- fermer fous deux efpeces, les arbres & les herbes. Le terme de végéral a été donné aux plantes, parce qu'on a cru devoir appeller végérationl’attion par la- quelle les plantes croïffent, veperans dicitur ab anima vepetartte. Les végétaux fe diftinguent en arbres, arbuftes ,ar- brifleaux oufizrex , fous-arbrifleaux ou fufrusex , her- bes, légumes ; oignons , rofeaux & chiendents. Ils fe peuvent encore divifer en plantes terreftres &t aquatiques ; les terreftres font celles qui croiffent fur la terre, au-lieu que les aquatiques ne s’élevent ien que dans Peau, VEG Les unes & les autres fe fubdivifent en plantes li= gneufes ou boïfeufes, en bulbeufes & en fibreufes , ou ligamenteufes , qu’on peut encore appeller her: bacées. Les plantes ligneufes ou boifeufes font tous les ar- bres dont la confiftance , tant dansles branches que dans la tiges & les racines, eft affez dure pour former du bois ; elles fe divifent en arbres fauvages & en do- meftiques. sé Les fauvages font ceux qui viennent fans culture, dans les bois &t les campagnes. | Les domeftiques fe cultivent dans les jardins , & font proprement les arbres à fruit. Fe Les plantes bulbeufes renferment toutes les plan- tes qui ont des oignons, foit légumes ou fleurs. Les plantes fibreufes ou ligamenteufes n’ont que dés racines très-menues , ou de petits higamens ; cela regarde les fleurs les plus délicates, les blés & autres chiendents , les plantes médicinales cultivées, les herbes fauvages , que l’on appelle fmples , les légu- mes & les herbes potageres. | Il y a encore les plantes annuelles, les pérenelles &c les parañites. | Les plantes annuelles ne durent qu’un an , les pé- renelles ou vivaces durent plus long-tems. Les plantes parafites vivent aux dépens des au- tres , tels que lagaric & le gui de chêne ; elles vé- getent fur les autres , & leurs racines fe nourriflent fur l’écorce de ces plantes auxquelles elles font atta- chées. Les parties des végétaux font la graine, la racine ; la tige ou le tronc, l'écorce, les yeux , les bour- geons , les branches , les feuilles ; les fleurs & les fruits. | De expliquera toutes ces parties différentes à leur article. VEGGIA oz VEGLIA, ( Géograph. mod.) ile du golfe de Venife , fur la côte de la Morlaquie , au voifinage de Pile de Cherzo. On lui donne environ cent milles de tour. C’eft la plus belle ile de cette côte. Elle produit du vin, de la foie, & des petits chevaux eftimés. Sa capitale qui porte le même nom, eft fur Le bord de la mer, du côté du midi, où elle a un port capable de contenir dix galeres & quelques vaifleaux. Cette ville eft honorée d’un évèêché. Log. 32-27. latit. 46, 12. L'île de Veggia eft nommée Xar par les Efclavons, & ce pourroit être la Curica de Ptolomée. Après la décadence de l'empire , elle fe gouverna quelqu tems par fes propres lois , ayant des princes particu- liers, dépendans des rois de Dalmatie. L’un d’eux la céda, à ce qu’on croit, à la république de Venïife en 1480 , du-moins depuis ce tems-là les Vénitiens en ont joui tranquillement, Ils y envoyent pour la gou- verner un noble avec titre de provédireur, (D. J. VEGIUM , (Géog. anc.) ville maritime de la Li- burnie, felon Pline, Z. III. c. xxj. Ptolomée, Z. II. c. xvij. qui la marque entre Orsopla 8 Argyrutum , la nomme Vegia. (D. T5) | VEGLIA , ( Géog. mod. ) île du golfe de Venife, Voyez VEGGIA. VÊGRE, LA, ou LA VESGRE , ( Géogr. mod.) petite riviere de France, dans le Hurepoix. Elle a fa fource au-deflus de Houdan où elle pañle , & vient couler dans PEure, un peu au-deffous d’Ivry. (D.J.) _ VÈÊGRES, voyez VAIGRES. VEGUER , £. m. (Jurifprud.) terme de palais ufité feulement dans le Béarn, où il fe dit de certains huif- fiers qui ont fpécialement le droit de fignifier des ex- ploits aux gentilshommes , à la différence des bayles qui n’en peuvent fignifier qu'aux rôturiers. Voyez BAYLE. VÉHERIE , (Jurifprud, ) veheria feu vicaria, vict= VEH dognatus, vice-dominatus, Vicairie , Office , jurifdic- tion ou diftriét du véhier , viguier ou vicaire. Ce termeeft ufité en quelques provinces , & no- tamment en Dauphiné. Voyez ci-après VÉMIER. (4) VÉHÉMENT, adj. ( Gram. ) ilfe dit d’un mou- vement, d’une ation violente, forte, ipétueule: “La véhémence des flots & des vents ; un oratéür, un difcours véhement. L'HErN VÉHICULE , f. £. (Gram.) dans fon {ens Hittéral, figniñie une chofe qui en charrieoù porte une autte avec elle ou fur elle. Voyez VOITURE, CHARIOT, Rover. C’eft dans cefens-là que les anatomiltes difentque : lé ferumeft lé véhicule qui voiture les globules du fang. Voyez SANG. + En Pharmacie, une liqueur qui fert à délayer une autre , ou dans laquelle on détrempe une médecine : pour la rendre moins defagréable âu goût d’un mala- de, eft appellée auf ün véhicules | L'eau eft le véhicule de la matière nutritive des vé- gétaux. Voyez VÉGÉTATION 6 Eau. - VEHIER, L ra. (Grem. 6 Jurifprud.) veherius ,uce- rius, viguerius feuyicarius, le même officier qu’on ap- pelle ailleurs vigier, & qu’en Dauphiné on appelle vehier, C'étoit le lieutenant du feigneur , & l’on croit ! qu'il rendoit la juftice en fon nom, Il y avoit deux fortes de veuers : les uns eccléfafti- ques , les autrés laïques. Le vehier ou vicaire eccléfiaitique de Romans “étoit ordinairement un chanoine de l’églife de S. Bernard, que larchévêque de Vienne’, abbé de cette ! églife collégiale ; nommoit à cet ofite ou bénéfice. Jean XXII. fupprima les charges de mitral de Vienne &t de viguier de Romans pour les réunir à la menfear- chiépifcopale. Le mitral de Vienne & lereier de Romans avoieñt ! les mêmes fonétions ; l’un & l’autre avoit droit d’é- tablir un juge dans la ville, qui avoit jurifdiétion fur les habitans, ainfi qu’onl’apprend d’une fentence ar- bitrale de lan 1274, par laquelle on voit que ce vi- caire ou vehier, outre la nomination du juge, avoit encore celle de plufieurs autres officiers qui prêtoient tous fermens entre fes mains. Quoiqu'il pût fubroger à fes fonétions de judicature , il lu étoit libre de les exercer en perfonne, fur-tout en certainés caufes dont il {e réfervoit ordinairement la connoïfflance, & auxquelles Parcheyêque ne pouvoit pas commet- tre un autre juge. Le vehier laïque étoit un officier prépofé par le #eigneur à la recette des deniers provenant de fa juf- tice. Une reconnoïffance de 1318 jufifie qu'’outre le vehier de archevêque de Vienne , il y avoit à Ro- mans un ofhicier du dauphin, que l’on appelloit du même nom. Sa recette étoit compolée des amendes &c condamnations dequftice , des émolumens du fcéau, du tribut qui fe levoit fur les mariages pour le plat ou mets du feigneur , & autres droits femblables. La plüpart des veheries ayant été inféodées , ont -confervé leurs droits; mais elles ont entierement perdu leurs fonétions. Dans le tems qu’elles fubff- toient , le vehier avoit pour fa part le tiers de fa re- cette, ainfi qu'il en eft fait mention dans plufieurs anciens hommages rendus pour ces veheries. Suivant un rapport fait par les sens des comptes en 1494, 1l y avoit dans Grenoble trois veheries, favoir celle de Giere , de Portetroine & de Clérien ; ces veheries avoient retenu ces noms des premiers feioneurs auxquels elles avosent été inféodées. Ceux de Portetroineë& de Clérien n’avoient cha- MAUS, glabrum , qui parut fur plus de deux cens arpens de terre , où l’in- cendie s’étoit étendue. Ce fait fingulier prouve bien 8 la grande multitude de femences de plantesrépan- -dues.par-tout , & la nécefité de certaines circont- -tances pour les faire éclorre. La terre eft donc plei- ne d’une infinité inconcevable de végétaux parfaite- ment formés.en petit, & qui n’attendent pour:parot- ‘tre en grand, :que certains accidens favorables ; & l’on pourra imaginer de-là ; quoique très-imparfai- tement , combien de différentes richefles la nature renferme dansfon fein! ( D.J. ) : VÉLAR, o4 TORTELLE, ( Mar, méd. 6 Pharmac») -cette plante.eft de la, clafle des cruciferes de Tourne- #ort 3-elle eft.dans un état moyen outempéré relati- vement au principe mobile, c’eft-à-dire à Palkali vô- ‘Jatile fpontané , qui eft propre à toutes les plantes de «getteclaffe:.La plante entiere eft d’ufage : on pet Pemployer VEL l'employer comme anti-féorbutique , avec les autres matieres végétales analogues; c’eft fur-tout fa graine _ qui eft recommandée contre cette maladie ; elle ap- _ proche beaucoup pour la faveur de celle de roquette & de moutarde. Les auteurs la recommandent aufli à la dofe d’un gros en fubftance, dans la fuppreffion d'urine, & dans les ulceres des poumons. Mais la vertu la plus célébrée du ve/uar, c’eft celle que les médecins lui ont aflez généralement recon- nue de guérir l’afthme , la toux invétérée, & fur- tout lPenrouement & l’extin&ion de voix ; qualités qu'on a attribué cependant auffi aux navets & aux choux , qui à la vérité font fort analogues au vézar. Rondeler qui a mis le premier cette plante en ufage, Va fpécialement employée pourrétablir la voix ; & on dit qu'il Pa rendue par ce feul remede à plufieurs chantres de tout âge qui l’avoient entierement per- due; c’eft de cette tradition que vient fans doute Le nom de /zrop du chantre, qu’on donne communément à un firop de vé/ar compolé , qui eff fort ufité contre Penrouement. Voici la préparation de ce firop, felon la pharmacopée de Paris. Siropcompofé devélar, ou f£rop du chantre. Prenez orge entier, raifins fecs mondés, réglifie feche ra- pée & pilée , de chacun deux onces; bourrache &c chicorée,de chacune trois onces ; faites bouillir dans douze livres d’eau commune jufqu’à la diffipation de la quatrieme partie ; paflez avec expreflion ; d'autre. part prenez vélar frais trois livres , racine d'’aulnée & de pas d’äne récente, de chacune deux onces,, ca- pillaire de Canada une once, fommités feches de ro- marin & de ffhæcas,de chacun demi-once ; femences d'anis, fix gros; fleurs feches de violette, debour- rache , & de buglofe, de chacun deux gros: ayant haché ou pilé ce qui doit être haché ou pilé, verfez fur toutes ces matieres la précédente décottion en- core bouillante ; macerez pendant vingt-quatre heu- res dans un alembic d’étain ou de verre, alors reti- rez pat la diftillation au bain marie, huit onces de liqueur, de laquelle vous ferez un firop en y fondant le double de {on poids de beau fucre à la chaleur du bain marie. Prenez le réfidu de votre difillation , pañlez-le avec une forte expreflion, clarifiez-le au blanc-d’œuf avec trois livres de fucre 8 une livre de beau miel , & cuifez-le en confiftence de firop que vous mêle- rez , lorfqu’il fera prefque réfroidi, avec le pré- cédent. La dofe de ce firop eft d’une ou de plufieurs onces dans une déco@ion ou une infufion convenable, telle que l’eau-de-vie , l’infuñon de thé, de pi de chat, de coquelicot, &c. On trouve auff dans les boutiques un firop de ve- lar fimple , qui n’eft pas inférieur à celui-ci, ou du moins qui lui feroit fort analogue quant aux principes fournis parle vélar, fi on le préparoit par la diftilla- tion, comme le firop compofé. On ne devine pas trop pourquoi la pharmacopée de Paris néglige de retenir dans le firop fimple , le principe mobile du vélar qu’elle ménage dans le firopcompofé. Le vélar entre dans le firop compoféde rofolis. (4 VELAUDORUM , ( Géogr. anc. } ville des Sé- quamiens; l'itinéraire d’Anronin la marque {ur larou- te de Milan à Strasbourg ;: en prenant par les Alpes graiennes. Elle eft entre Wefuntio & Epamantadurum, à vingt-deux milles du premier de ces lieux , & à douze milles du fecond. ( D: 7.) VELAW , LE, o1 LE VELUWE, ( Géogr. mod. ) quartier de la province de Gueldre ; il contient cet- te partie de la Gueldre-hollandoife, renfetmée entre le Rhin, PIfel!, & le Zuiderzée, & confine au cou- chant à la province d’Utrecht.. C’eft un pays de lan- des & debruyeres. Le Jélaw a.êté lons-tems un ar- rieré-fief de l'églife d'Utrecht ; mais le duché de | Tome XP, VEL 877 Guéldre étant tombé entre les maiñs de princes très puiflans, les évêques n’eurent plus aucune féigneus rie directe mi utile , dans le duché de Gueldre, Les principales places du Félaw font Arnheim & Hara derwick. (D. J.) | VÉLAY, LE, ( Géog. mod.) contrée de France ; dans le gouvernement militaire de Languedoc. Ellé eft bornée au norc par le Foréz, au midi par le Gé vaudan, au levant parle Vivarais, & au couchant paÿ la haute Auvergne. C’eft un petit pays de montagnes couvertes de neige uhe partie de l’année , & dans lefquelles cependant on nourrit des beftiaux qui font fubfifter le canton. Il fe tient dans le F42y de petits états particuliers, auxquels préfide l'évêque du Puy, capitale du Vélay, nommée Rovefo par Ptolomée, & dans la carte de Peutinger; mais ellé quitta ce nom peu de tems après, pour prendre celui dés peuples Velavi. | Céfar dit que ces peuples éroient dans la dépens dance des Auveronats , 4n chenteli Arvernorum. Ils étoient du nombre des Celtes, qui furent joints par Augufte à l’Aquitaine. Le Fay, après la divifion ae l’Aquitaine en deux provinces, fut mis fous là premiere dans le quatrieme fiecle ; il tomba dans lé cinquieme fous le pouvoir des Vifgoths ; &c dans le fixièeme ,-après la mort d’Alaric , fousla domination des Francs. Ceux du ’é/ay étoient comme les Auverz gnats leurs voifins , fujets des rois d’Auflrafie, qui tenoient une partie de PAquitaine. Le duc Eudes fe rendit maître du FX/2y , & fon petit-fils en fut dépouillé par Pepin, dont les defcers dans jouirent de ce pays jufqu’au regne de Louis d’Ou tremer. Ce roi donna le Vélay à Güillaume Tétes d’é- toupes , comte de Poitiers 8: duc d'Aquitaine. Ses fuccefleurs donnerentune partie du Fay enfef, && l’autre partie à l'évêque de la ville du Puy, dans la- quelle on avoit établi le fiege épifcopal du Péay. (D.J.) 4 VELCERA , ( Géog. anc.) ville de l'Illyrie. Pto- lomée, Z. TE. c. xwj, la marque fur la côte, entre l'embouchure du fleuve Oënus 8 la ville Seni. The- vet dit que le nom moderne eft Bacharin. ( D.J. )! VELCY-ALLÉ , ( Vennerie. ) cri dont doit ufer Le valet de limier en parlant à fon chien, pour obliger à fivre les voies d’une bête quand il en a rencontré; ce cri peut fervir auffi pour faire guéter & repuéter les chiens courans. Velcy-va-avant , cri que doit dire le valet de li- miers en parlant à fon chien , lorfqu’il court'une bête qui va d'aflurance , & quandil en revient des voies, & quand ce font des foulées ou des portées, il doit. dire , velcy-va-avant par les foulées , où portées ; où par les fumées ; S'il S'en trouve & que c’en foir la faifon. rh} Velcy-revary-volcelers, fe dit d’un cerf qui rufe & qu'on voit revenir {ur les mêmes voies. VELDENTZ , ( Géog. mod. ) château d’Allema- gne au cercle du bas Rhin, près de la Mozelle, chef- lieu d’un comté énclavé dans larchevêché de Treves, trois milles au-deflus de Fraerbach. Longis. 24, 33. lati. 49. 51. (D. J.) VELDIDENA., ( Géog. anc.) lieu de la Germa- nie , à 33 milles de F’ipsrenum , {elon l'itinéraire d’An- tonin. On croit que c’eft aujourd'hui Wilten , ab baye de l’ordre de Prémontré, au voifinage d’Inf- pruck. (D. J.) . VÉLESCY-ALLÉ , ( Vennerie. ) eri dont on doit ufer quand on voit des fuites de loup , de fanglier, &t de renard. VELETTE , f. f. ( Jchrhiolog. ) nom que donnent les Provençaux à un petit poiffon fort fingulier, qui flotte par milliers fur la furface de la Méditerranée. Je ne fache que M. de la Condamine qui l'ait déérit.. Ce petit poiflon eft de forme ve à-peu-près de Tttt 88 VEL la grandeut d’une moule, mais fans colle, fott plat, mayantpas une ligne d’épaifieur ; a longueur eft depuis fept à buit lignes jufqu’à un pouce & derni, & {a largeur à peu-près la moitié de fa longueut ; quelques marins ont rapporte en avoir vu conime la main vers nos iles d'Amérique , & d’une autre elpe- ce fur nos rivieres. Quoi qu'il enfoit , le corps de ceux dont il eft ici queftion.. eft une fubftance molle , vifqueufe, de couleur d’indigo foncé ; les bords font plus minces ê plus tranfparens ; le milieu eft couvert de quantité de petits filets de relief argentés , qui forment des ova- les concentriques & paralleles, léfauelles fe perdent & deviennent imperceptibles , en approchant des bords. Toutes ces ovales font traverfées de plufieurs lignes qui partent de leur centre commun , comme dans les toiles d'araignées de jardin ; Le. centre qui forme une éminence pointue, eft l'endroit le plus relevé du corps de l’animal ; le deffous vers Le bord, eft hériflé d’une prodigieute quantité de filamens bleus, de trois à quatre lignes de long, qui paroif- {ent être les pattes ou les nageoires de ce poiflon, & qui ne fe diflinguent bien que dans l’eau. fl nage , ou our nueux dire, il flotte fur la furface de la mer fe- e fa longueur , mais ce qui l’aide à s’y foutenir , &c qui lui fait donner le nom de welette , eft une efpece de crête qui s'éleve verticalement {ur la furface fu- périeure. Cette crête lui fert pour-ainf dire de voile, que les Provençaux nominent vé/e ; elle eft à-peu-prés aufli haute que l'animal eft large ; elle le traverfe en bgne droite, obhiquement ; l’obliquité de la voile eft toujours du même fens, c’eft à-dire de gauche à droite, en pafant de la partie antérieure à la poité- rieure; {on contour eft à-peu-près demi-circulaire , excepté qu'il fe termine au fomimet par un angle fail- lant. Cette crête, voile, ou cartilage , comme on voudra la nommer , eft très-mince, tranfparente & femblable à du ralc ; en la resatdant de près , on la voit traverfée d’un nembre infini de rameaux déliés qui formentune efpece de rézeau ; elle a-au toucher quelque folidité , à-peu-près comme dela corne très- mince, mais elle eft bordée d’une membrane plus dé- liée , plus molle & plus tranfparente , quife flécrit & s'afaifle aufirôt que l'animal eft hors de Peau , d’où l’on peut à peine le retirer fans le blefler. M. de la Condamine a mis plufeurs de ces infec- tes de mer dans un vaifleau rempli d’eau, où1ls n’ont pas paru vivre plus d’uneheure. On reconnoit qu’ils ne font plus vivans, lorfquw'’ils-ne le foutiennent plus fur l’eau, comme dans leur fituation ordinaire, qu'ils enfoncent plus d’un côté que de l'autre, où qu'ils font tout-à-fait renverfés la voile en bas, Mémoire de Paca 1, des Sciences , ann.1732. p. 320. ( D. J. ) VELEZ pe Gomere, ( Géog.mod. ) petite ville d'Afique, au royaume de Fez., fur la côte de la Mé- diterranée, à quarante lieues de Malaga. Il:y a un méchant arfenal, & un château où réfide le gouver- neur. Son port eft capable de contenir quelques petits vaifleaux. Le pays ne produit qu’un peu d'orge , &c n'offre par-rout que roches. C’eft le port de la Médi- terrance le plus proche de Fez. Longitude 13: 32. latis. 35. (D. JT.) VELEZ-MALAGA , ( Géogr. mod, ) ville d'Efpagne, au royaume de Grenade ,, dans une grande-pleine , À deux milles de lamer , & à quatorze milles de Ma- Jaga. Long. 13.52. lait. 36.27. (D:1.) | VELIA ,(Géog. anc.) ville de la Lucanie , dans le golfe Eléate , vis-à-vis des iles Oënétrides., {ur le | Héles , ou l’'Hales ; cette ville fe nomme aujourd'hui © Pifciota, & la tiviere l’Alerre. Les iles OEnétrides fonr Poncia &c Hfacia. Félia eft appellé par les Gres Elea; & d'abord qu’elle fut fondée par les Phocéens, elle s’appella Aye ; Strabon , 4 FI. dit qu'auprés _fionnaire. VEL du golfe Pœftanus , il y enaune autre quiluieftcons tigu, où lon voit une ville qui fut appellée Hycla, parles Phocéens fes fondateurs , Æ//a par d’autres, du nom d’une certaine fontaine, &c que de fon tems on la nommoit ÆZ/ea, | Selon Etienne le géographe, la ville d’Eléa avoit pris fon nom d’une riviere qui la baïgnoit, & de fon teims cette ville fe nommoit /£/éa. Cette riviere eft l’'Héles , d’où on appella la ville Hééa, & dans la fuite l’afpiration fut changée en la lettre V. Pline, LITE, 6, v, Cicéron, L. PEL, diff. xix. & Velléius Paterculus, Z ZL 6. Uxxix difent 7éka, Le nom des habitans varie comme celuide la ville, les anciens écriventquelquefois Æféares , quelquefois Velienfes , & Virgile, Æneid, L. WI, vers 366, dits Portufque require Velinos, Ses médailles fe connoïflent par cé mot, YEAHON, Cette ville a été la patrie de Zénon Eléate , l’un des principaux philofophes de l'antiquité, & qui florif {oit dans la foixante & dix-neuvieme olympiade. Il fut difciple de Parménide , & lun des plus beaux hom- mes defontems, en quoiil reflembloit à Apulée , à Pythagore, & à plufieurs autres philofophes. Zé: non elt nommé 2 Palamzde, d’Elé , dans le fophifte de Platon; c’étoit un plulofophe qui renverfoit beau- coup d'opinions, & qui en gardoit très-peu pour lui, Ses fentimens étoient à-peu près les mêmes qué ceux de Xénophanes & de Parménides, touchant Punité, l'incompréhenfbilité , & limmutabilité de toutes chofes; vois en trouverez l’expofñtion dans ce Dic- On a eu foin à l’article SIDON , de diftinguer les différens philofophes qui ont porté le nom de Zénon, car iln: faut pas les confondre; celui-ci eft non-feu- lement connu pour être l'inventeur de la dialeëtique la plus captieufe , mais fur-tout pour avoir entrepris de redonner la liberté à fa patrie opprimée par un tyran, Son projet ayant été découvert , il fouffrit avec une fermeté extraordinaire lés tourmens les plus rigoureux. Voyez ce qu'en rapporte Diogene Laërce, lv. LX, avec le commentaire de Ménage. MOINE : VELIA , (Géog. anc.) lieu de la ville de Rome, felon Denys d'Halicarnafle , 2. We. xix. C’étoitune éminence efcarpée, qui commandoit le marché de Rome & les comices; ou plutôt c’étoit la croupe du mont Palatin, du côté où cette montagne dominoït le marché de Rome. (D.J) VELIATES ,(Giogsanc.) peuples d'Italie. Pline, 1, LIT, c, xv. quiles met dans la huitieme région, les furnomme Veëleri. Ce font les mêmes Weiases qu'il place dans la Ligurie; ear la Ligurie étoit dans la hui- tieme région, & ce font les FeZeares de Valerius Flac: cus. VÉLIE , (Topogr. de Rome.) c’étoitune éminence fur le mont Palatin, expofée au foleil levant, & qui avoit vûe fur la place romaine. Cette éminence, dit Vatron, fut nommée Vélie, à velendä lang, parce qu’on. y conduifoit les moutons, pour leur arracher la laine’, avant qu'on eût l’ufage de les tondre, Vale: rius Publicola bâtit d’abord fa maifon au haut de cet- te éminence ; mais comme on crut qu'il afpiroït à la royauté}, & qu'il vouloit s’en faire un lieu de défen- fe, parce que la fituation naturelle de fa maifon avoit l'air d’une forterefle, il la démolit & en bâtit une autre au pié de la colline, afin que du fommet , ainfi qu'iks’en expliqua lui-même dans fon apologie, le peuple püt l'accabler plus aifément de pierres, fi ja- mais il trahifloit fes devoirs, (2.7) | VELIK A, (Géog, mod.) petite ville de Hongrie, dans l'Efclavonie , au-deflous du confluent des rivie- res Velika & Pakra.Îly a des géographes qui pren- nent Wélika pour l’ancienne Fariona, VELTRA, LA, (Géog. mod.) riviere de Hongrie en Efclavone, Elle prend fa fourte dans la partie fep- fentrionale du Corte de Greits, & fe perd dans la Save, à quelques lieues au-deflous de Siffek, (D. J.) VELIKIE-LOURKI o1 VELIKUTOUKI, (Géog. mod.) ville de Pempire rufäien, dans la partie occi- dentale du duché de Rzeva, entre Rzeva la déferte & Nevel, avec un château fur la riviere pour fa defenfe. Le nome cette ville en langue du pays veut dire Zes grands pres, Long. 49.15, le, 56. 33. (D.1.) _ VELIN, L m. forte de parchemin plus fin, plusuni &t plus beau quele parchemin ordinaire : il eft fait de peau de Veau , d’où lui vient fon nom. Voyez l’article PARCHEMIN G PAPIER, S. Jérôme place la découverte du vélir fous le re- gne dAttalus ; 1l n’eft pas le feul de ce fentiment. Fzezès avance la même chofe, ainfi qu’un écrivain anonyme dont Saumaïfe rapporte les paroles dans les exercitations fur Pline. l’un & l’autre font hon- neur de cette invention à Cratès le grammaifien, contemporain d'Attalus, & fon ambafladeur à Rome; il y arriva l’année même de là mort d'Ennius, à ce qué prétend Suetone, quoique fans aucun fonde- ment ; Mais nous avons indique plus particulierement Fépoque du vélir au srot PAprER. ( D. J. ) VELIN, (Doreurs.) les maîtres peintres & doreurs du pont Notre-Dame & du quai de Gèvres, nom- ment ainfñ des bordures de bois uni, qui fervoient autrefois à encadrer des images de vélin d’une certai- ne grandeur, qi ont fervi depuis de modele déter- nur pour toutes les eflampes de leur volume. VELN ; (Wanufail.) c’eil ce qu'on appelle com- mMmunément post royal où point de France, La manu- fa@ture de ce vé/in a été inventé dans la ville d’Alen- LA çon, & seit communiquée dans quatre villes éircon- voifines, où l'on ne le nomme point autrement que velin, quoique ce terme foit inconnu à Paris & ailleurs, On appelle f/ à vélin 8 aiguilles à vélin, les fils Ans 87 les petites aiguilles dont fe fervent les vé- Hneufes. Quoique cette forte d'onvrage foit inventé dans le dernier fiecle, on ne fait pourtant pas ce qui à À jen à À. lux a donné le nom de v#47. Peut-être eft-ce le véin effettuif ou le parchemin, fur lequel les ouvrieres travaillent, & qu’elles appellent parches. Savary. VELINO Le, ( Géog. mod. \riviere d'Italie ; elle a à fource au royaume de Naples dans l’'Apennin, à environ 45 milles de l'endroit où elle fe jetre dans la Nera, êt à 4 milles au-deflus de Terni La cafcade du Felino, nommée la cafcata del Marmore, eft pré- férable à celle de Tivoli, & ne cede qu’à celle de Niagara , dans l'Amérique feptentrionale. Cette caf- cade confifte en ce que le Zero, grofli de plufieurs eaux , court rapidement à un rocher uni, & large de Go pas, taillé à-plomb par la nature, & élevé d'environ 300 piés au-deffus d’un autre rocher que la chûte continuelle des eaux a ereufé comme un _vañte gouffre; ce dernier rocher eft femé de pointes inégales, où l’eau qui tombe de f haut fe brife en une infinité de païties, qui jaillflant en l'air, fait comme une btuine ; les rayons du foleil en tombant deffus, fe refléchiflent diverfement, & forment des milliers d’arcs-en-ciel qui changent & qui fe fuc- cedent les uns aux autres d’une maniere admirable, (2.7) VELINUS LAcus,(Géog. anc.)lac d'Italie chex 1 s Sabins, au nord de Cafperia, & préfentement ap- pellé Lago di Riesi, Lorfque lon aflembla à Rome les députés des villes & des colonies , qui avoient inté- rêt au projet que l’on avoit propolé de détourner le cours des rivieres &z des lacs qui caufoient les iron- dations du Tibre; les habitans de Réate empêchez rent, felon Tacite, An. LI, c. lxtix, qu'on ne bou- chât le paffage par où le lac Frñins Le déchafge dans Ja Néra. M 1 Tome XFI, VEL 8+9 Pline, 2 ÊIT, c. xis. dit que les Sabins habitoient fur les bords des lacs Félini, parce que ce lac eft di: vifé en plufieurs partiès qui font formées par le fleus Ve #eltaus, dont partie Virgile au vers $14 de VE« néid. Z. FIL, Sulfure& Noralbus agué fontefque V elini, Ce fleuve Velinus étoit accru de la riviere T'élonia, fameufe par la défaite de Rutilius, {elon Orofe, 4 7 <.xviÿ, On VOyoit autout du lac Felinus, des champs fertiles & de gras pâturages que Virgile, Æneid, 2 Pa Ÿ. 712, appelle ro/ea rura Velini, (D. J.) VBLITES, f. m. pl. (Ar: milir, des Rom.) les vélires _étoient l’une des quatre fortes de foldats qui compo- foient les légions. On prenoit les plus jeunes & les plus pauvres, pour en formér des vélires ; leur paie étoit moins forte que celle des autres foldats, & on les armoit à la légere, On les nommoït quelquefois antefgnart, parce qu’on les plaçoit fouvent avant les enfeignes aux premiers rangs, & qu’ils commen- çorent le combat, Ils avoient pour armes défenfives, un petit bou= chier rond, d’un pié & demi de diametre ; une efpece de petit calque, d’un cuir fort, couvert de quelque peau de bête fauvage , comme de loup ; mais fans ar- mure, afin d’être plus difpos, Leurs armes offenfi- ves étoient l'épée, le javelot ; d’un bois de la groffeur du doigt, long de trois piés, avec une pointe longue de huit pouces , mais f fine que ce javelot ne pou- voit Être tourné contre celui qui l’avoit lancé. Les velires armés de frondes, ne fervoient que pour efcarmoucher ; auf leur étoit-il permis de fuir, n'ayant point d'armes défenfives pour en venit aux mains. Ils fe rangecient d’abord à la queue des trou pes, & delà ils S'avançoient aux premiers rangs; quelquefois on les plaçoit dans les intervalles de la premiere ligne, d’où ils efcarmouchoiïent entre les deux armées; quand le choc commençoit , ils fe re: tiroient derriere les autres, d’où ils lançoient leurs traits, ou des pierres avec la fronde, par-deflus la tête de ceux des premiers rangs; c’eft ce qu’ils pou- voient faire avec d'autant plus de facilité, qu’on don- noit peu de hauteur à ces premiers rangs. Avant l’in- fitution de cette milice, la premiere ligne de la lé- gion fervoit d'infanterie légere. Enfin on employoit louvent les velifes pour accompagner la cavalerie dans les promptes expéditions. Leur étabhffementnefe fit que danslafeconde guer- re punique, felon Valeére Maxime , Z. JL. c, y. qui fait l'honneur de cette idée à un centurion nommé Quinius Mavius. Is étoient également diftribués dans chaque corps, wayant point de commandant partis culier. Selon T'ite-Live, il y en avoit 20 dans chaque manipule ; ce qui fafoit 60 pat cohorte, & 660 par légion quänd elle étoit de 6000 hommes. Avant qu’il y eût des vé/ires , les tréupes qui formoient l’infante= rie légere s’appelloient roraris 8 accenff, Voyez Lé= GION 6 MILITAIRE, difcipline des Romains. Pajouterai feulemeñt que pour bien entendre les hifforiens romains qui parlent fouvent des vélires, il faut favoir que cés fortes de foldats armés à la lége… re ; fe divifoiént en frondeuts qui jettoient des piéra res ; en dardeurs qui lançoient le javelot , & en ar chérs qui tiroient des fleches. Sous les empereurs Trajan, Adrien & Antoñin le pieux, les vé/izes portoient ün corcelet de fer, ou une cuirafle à écailles de poiffon; mais les frôndeurs en particulier, #’étoient vétus que de leurs habits à pans du bas retrouflés. Les archers où tireurs d’arc avoient le pot en têté, uñe côtte-d’armes à écailles, nn carquois garni de fleches, & du côté gauche une épée. Enfin 1ls portoïent à la main l'arc avec léquiel ils tiroient des fleches. (D, JS.) VELITLÆ , (Géog. anc.) ville d'Italie. Feflus, de 7 MFEETI 880 VEL verbor, fgnif. en fait mention au mot 10ye curiæ , en | ces termes: Pelisia res divine fiunt in veteribus curiis. Elle tiroit fon nom des peuples Pefisienfes, dont par- le Pline, quoique la plüpart des exemplaires impri- més de cet ancien hifent 7e/licenfes, au lieu de Fe/i- rienfes. (D. J.) VELITIS, (Hit. nas.) nom que les anciens don- noient à une efpece de fable, dont ils faifoient ufage pour la compofition du verre ; ils choififloïent pour cela le fable le plus pur qui fe trouvoit fur Le bord des rivieres, & ils le méloient avec Le marroz ou fel alkali minéral, Cefable fe nommoit auffi Lyalisrs du mot grec danos, qui fignifient verre, VELITRÆ , (Géog. anc.) Vélitres, ville d'Italie, dans le Hattum , &c la capitale des Volfques , aujour- d'hui Pélirri ou Vellerri. Ancus mit le fiége devant cette ville, & la prefla tellement, que les habitans réduits à l'extrémité, firent fortir de leurs murs leurs vieillards en état de fupplians. Ceux-ci promirent de réparer au gré du roi, les torts que leurs concitoyens pouvôient avoir faits aux Romains, &c de livrer les coupables. Ancus fe laïfla gagner par cette foumif- fion, 8 mit les habitans de Verre au nombre des alliés. L'an 259 de la fondation de Rome, Virgimius ayant battu les Volfques , entra pêle-mêle dans la ville de Felitræ avecles fuyards, 8 n’épargna qu'un petit nombre d’habitans qui mirent les armes bas. Trois ans après , la pefte y fit de fi grands ravages, qu'àipeine 11 refta dans cette ville la dixieme partie des citoyens. Ceux qui échapperent furent con- traints de fe donner à la république de Rome, & de la fupplier d’énvoyer chez eux des habïtans pour re- peupler leur ville ; les Romains y envoyerent une colonie. * | Environicent cinquante ans'après , les habitans de Vélitres, quoique colonie romaine, s’allierent avec les ennemis de Rome: On ufa d’une grande févérité à leur égard , leur ville fut rafée. Son fénat fut tranf- porté ailleurs, &c l’on ordonna à tous fes habitans , d'aller fxer leur demeure de l'autre côté du Tibre, Si quelqu'un entreprenoït de le repañler, on lobli- geoit à payer mille as d’airain &c l’on avoit droit d'exiger cette fomme de lui ,'enlefaïfiflant au corps. Les campagnes de leurs fénateurs furent diftribnées à une nouvelle colonie. La ville de Félirre reprit enfuite fon ancienne for- me. Suétone nous apprend que Ja famille d’Auvufte étoit une des principales de cette ville. Les habitans font appellés Velisernus populus, par Tite-Live , Liv. VIT. ch xwij. & Veliterni, par Pline, iv. LIT. ch. v. On voit dans Gruter, p. 297. une ancienne infcrip- tion ; où il eft parlé d’une vidoire remportée fur ces peuples. Moœenius.... de Weliserneïs, predie k, Où. D, J. VELLA , . f, (Æifl. nat. Botan.) nom d'un genre de plante dont voici les caraëteres, felon Linnæus ; le calice eft cylindrique, droit, compofé de quatre feuilles obtufes, minces, 8& quitombentavec la fleur; la leur'eft à quatre pétales’, difpofés en croix, de forme ovale , & de la longueur du calice ; les étami- nes font fix filets, dont il:y en a deux oppotés lun à l'autre, & qui font plus courts que les quatre au- tres; les boffettes font fimples ; le germe du piftil eft ovale ; le ftyle eft conique ; Le ftigmaeft fimple ; le fruit eft une souffle ronde, à crète pendante, con- tenant deux loges, & divifée par une pellicule deux fois aufi confidérable que la gouffe même ; les fe- meñces font rondelettes. Linnæi, gez. plant. p. 317. (2.7) VEzLA , (Géog. mod.) ville de la haute Ethiopie, au royaume de Dancali, à 20 lieues du détroit de Babelmandel, à 774 du premier méridien ,8z à 3 de latie, feptentrionale, (D. 1.) VELLA, la, (Géog. mod.) ou la Verra, riviere.d’I- talie, dans la partie orientale de l’état de Gênes. Elle prend fa fource dans l’Apennin , & fe jette dans la Magra , à 4 milles au-deflus de Sarzana, On croit que c’eft le Boaïfus des anciens. (D. J.) | VELLANIS , ( Géog. anc. ) ville de la haute-Moæ- fie. Ptolomée, 2. LET. c. x. la marque parmi les villes qui étoient éloignées du Danube. Si nous en croyons Lazius , le nom moderne eft Larzy. (2D.J.) ; VELLATES, ( Géog. anc.) peuple de la Gaule aquitanique, felon Pline, Z 197 c. xx. Ces peuples, dit le p. Hardouin, font les Velzuni de Ptolomée, Z. IT. c. vi. &z ils habitoient entre les Aufeur &c les Rhu- cent. (D,J.) VE LLAVI ou VE LAUNI, ( Géog. anc.) peuples de la Gaule celtique. Ptolomée leur donne une ville nommée Ruefum ou Rueflum, Quelques-uns veulent que cette ville foit la même qu’Aricium ou Podium , Pui-en-Vélay ; cependant la ville 7e//ava étoit, felon Grégoire de Tours, 2. Ac, xxv. à quelque diftance d’'Anicium, (D.J.) VELLAUNODUNUM, ( Géogr. anc.) ville de a Gaule celtique, ou lyonnoïfe. Céfar, de Bell, gall. 1, VIT. dit que c'étoit une ville des Senones , dont if s’empara. On ne s'accorde point fur Le nom moder- ne de cette ville des Sénonoïs : M. de Valois a cru que c’étoit Montargis ; mais cela ne fe peut, parce ue Montargis eft une ville du moyen âge. Vigenere a ouvert le premier! avis, que ce pouvoit être Chä- teau-Landon, à 4 eue de Montargis, fur le grand chemin de Paris à Lyon. Il fe trouve en effet quel- wafinité entre Landon & Laudurum, car pour le mot de chärcau , C’eft une épithete moderne ; ce- pendant M. Lancelot eflime, que c’eft plutôt Sevi- mere, qui eft à une ou deux lieues de Châtillon-fur- Loin , environ à moitié chemin de Sens à Orléans. André Duchefne veut que ce foit aujourd’hui Ville- neuve-le-roi, lieu dépendant du reffort de Sens; mais lé plus grand nombre des géographes françois s’en tient à l'opinion de Vigenere. Ce quily a defür, c’eft que Vellaunodunum w'étoit pas éloignée d’Agez- dicum , Sens , puifque Céfar en partant de cette der- niere ville, fe rendit le lendeman devant YeZ/auno- durum. (D. J) VELLEIACIUM, (Géog. anc.) ville d'Italie, dans la Gaule cifpadane , aux environs de Plaïfance , au milieu des colines. Pline, 2. WII. c. xlix, dit qu’on y avoit vû fix hommes de cent dix ans’, quatre de fix vinet ans, & un de cent quarante ans. (D. 7.) VELLEIEN , adj. ( Gramm. & Jurifprud. jou Je- natus-confulte velleien, eft un decret du fénat , aïnfi appellé parce qu'il fut rendu fous le confulat de M. Sillanus & de ’elleius Tutor, du tems de l’empereur Claude, par lequelon reftitua les femmes contre tou- tes les obligations qu’elles auroient contraétées pour autrui, & qu’on auroit extorquées d’elles par violen- ce, par autorité & par furprife, pourvu qu'il n’y eût eu aucune fraude de leur part. On entend auffi quelquefois par le terme de yeZ- leïen fimplement , le bénéfice accordé par ce fénatus- confulte. Les lois romaines n’avoient pas d’abord porté les précautions fi loin que ce fénatus-confulte en faveur des femmes & filles. La loi julia permettoit au mari de vendre les biens _dotaux de fa femme , pourvu qu’elle y donnât fon confentement ; il lui étoit feulement défendu de les hypothéquer , du confentement même defafemme , parce qu’on penfa qu'elle fe prêteroit plus volon- tiers à lhypotheque de fes fonds qu’à la vente. Cette loïin’avoit portéfes vues que fur le fonds do- tal, & non fur les meubles & chofes mobiliaires mê- me apportées en dot, elle ne concernoïit d’ailleurs que les fonds dotaux fitués en Italie ; mais quelques- V EL uns tennent que la femme qui étoitfur le point de fe marier ; pouvoit prendre certainés précautions par rapport à fes fonds dotaux qui étoient fitués hors PI- LANCER AN ER | Quoi qu'il en foit , elle avoit toute liberté de dif pofer defes paraphernaux, & conféquemment de s’obliger jufqu’à concurrence de fes biens , bien en- tendu que l'obligation fût contraëtée par la femme pour'elle-même , & non pour autrui, | En effet ; il fut d'abord défendu par des édits d’Au- gufte & de Claude, aux femmes de s’obliger pour leurs maris, à" Cette défenfe ne fut faite qu'aux femmes mariées, patce que dans l’ancien droit que l’on obfervoit en- core en ces tems-là, toutes les perfonnes du fexe fe- minin étoient en tutelle perpétuelle , dont elles ne fortoient que lorfqu’elles pañloient fous l'autorité de leursmaris ; c’eft pourquorla prohibition de cäution- ner ne ponvoit concerner que les femmes mariées: Mais fous l'empereur Claudius, les filles &les veu: vés ayant été délivrées de la tutelle perpétuelle , tont le fexe feminin eut befom du même remede,, la pratr- que s’en introdifit fous le confulat de M, Silaaus & de Velleïus Tutor , & elle fut confirmée par l’auto- rite du fénat. pi Le decret qu'il fit à cette occafñon eft ce que Pon appelle le fénarus-confulre velleien. Îl fut ordonné par ce decret que Pon obferveroit ce qui avoit été arrêté parles confuls Marcus Silanus & Velleius Tutor, fur les obligations des femmes qui fe feroient engagées pour autrui; que dans les f- déjuflions où cautionnemens &c emprunts d'argent que les femmes auroient contraétés pour autrui, l'on jugeoit anciennement qu’il ne devoit point y avoir d’aGion contre Les femmes, étant incapables des off- ces virils, & de fe lier par detelles obligations; mais le fénat ordonna quelesjuges dévantlefquelsferoient portées les conteftations au fujet de ces obligations, auroient attention que la volonté du fénat füt fuivie dans le jugement de ces affaires. Le jurifconfulte Ulpien, qui rapporte ce fragment du fénatus-confulte ve//eiez, applaudit à la fageffe de cette loi, & dit qu’elle eft venue au fecours des fem- mes à caufe de la foiblefle de leur fexe, & qu’elles étoient expolées à être trompées de plus d’une ma- niere; mais qu’elles ne peuvent invoquer le bénéfice de cette loi s’il y a eu du dol de leur part, ainfique Pavorent décidé les empereurs Antonin ie pieux & Sévere. | Cette lor, comme l’obfervent les jurifconfultes , ne refufe pas toute ation contre la femme qui s’eft . obligée pour autrui ; elle lui accorde feulement une “exception pour fe défendre'de fon obligation, ex- ception dontle mérite & lapplication dépendent des circonftances. Le bénéfice ou exception du vel/eien a lieu en fa- veur de toutes les perfonnes du fexe, foit filles, fem- mes ou veuves, contre toutes fortes d'obligations verbales où par écrit ; mais il ne fert point au débi- teur principal, ni à celui pour qui la femme s’eft obligée. | . Plufieursjurifconfultes tirent des annotations furle ‘fénatus-confulte ve//eien ,'ainfi qu’on le peut voir “dans le titre du digefte 47 S. C. velleianum. - L’émpereur juftinien donna auffi deux lois en in- terprétation du ve//eien. La premiere eft la loi 22. au cod. ad $. C. velleia- num , par laquelle il ordonne que fi dans les deux années du cautionnement fait par la femme, pour au- tre néanmoins que pour fon mari, elle approuve & ratifie ce qu’elle a fait, telle ratificationne puiffe rien opérer, comme étantune faute réitérée , qui n’eft que la fuite & la conféquence de la premiere. Mais cette même loi veut que fi la femme ratifie es y DE à V- ru E 68 après deux ans , fon engagement foit valable, ayañe en ce cas à s'imputer de lavoir raufiée abfès avoir eu un tens fufifant pour la réflexion. LES Cette lot de Juftinien ne regardoit que és intercef- fions des fémmes faites pour autres que nour leurs maris; Cat par rapport aux Obligations faites pour, leurs maris, Juftinien en confirma [a nullité par fa novelle 1341 chap. vi, dont a été formée lauthenti- que ff jue mulier , inférée au code ad fenatusconfulr, vellezarum. La difpofition de ces lois a été long-tesns fuivie dans tout le royaume. 232 Le parlement de Paris rendit le 59 fullet 1804, ur arrêt en forme de réglement , par lequel il füt en- joint aux notaires de faite entendre aux femres qu’- ellés ne peuvent s’obliger valablement pour autrui, furtout pour leurs maris, fans renoncer expreflés ment au bénéfice du ve//eiez , && de l’autentique [ quæ& imulier,, & d'en faire mention dans leurs minutes , à peiné d'en répondre en leur nom, &c d’être condam= nés aux dommages &7 intérêts des parties, Maïs comme la plupart des notaires ne fävoient pas eux mêmes la teneur de ces loissounelesfavoient pas expliquer , que d’ailleurs ces fortes de renoncia: tion n'étoient plus qu'un flyle de notaire , le roi Henri IV: par un édit du mois d’Août 1606 , fait par e chancelier de Sillery, abrogea la difpoñtion du fénatus-confulte velleier de lautentique f que ru lier, ft défenfes aux notaires d’en faireimention dans les contrats des femmes, &t déclare leurs obligations bonnes & valables, quoique la rénonciation au e/ leierr &t à l’autentiquie n’y fuflent point inférées, Cet édit, quoique généralhipour tout le royaume ñe fut enregiftre qu’au parlement de Paris. Il eft ob fervé dans le reflort de-ce parlement , tant pour le pays de droitécrit, que pour Les pays cotimiers. Il y acependant quelques coutumes dans ce parle= ment , ottles femmes ne peuvent s’obliger pour leurs maris; telles font celles d'Auvergne, de la Marche & du Poitou, dont les difpofitions font démeurées en vigueur, l’édit de 1606 n'ayant dérogé qu'a la dif= pofition du droit, & non à celle des coutumes. - La déclarationidu mois WA vril 1664 déclare, qu’à la vérité les obligations pafées fans force ni violence par les femmes mariées à Lyon & dans les pays de Lyonnoïs, Mâconnois,, Forès & Beäujolois, feront bonnes & valables , & que les femmes pourront obli= cer tous leurs biens doïaux où paraphernaux mobi liers & immobiliers, fans avoir égard à la loi julie 5 que cette déclaration abroge à cer égard. On tient que cette déclaration fut réndue À la fol'i2 citation du fieur Perrachon, pour-lors fermier oéné= ral de a généralité de Lyon, qui la demanda pouf avoir une plus gfande sûreté fur les biens des fous< fermiers, en donnant à leurs femmes la liberté d'en gager leurs biens dotaux, & en les farfant entrer dans les baux. Cette déclaration n'ayant été faite que pour les pays du Lyonnois , Forès , Beaujoloïs & Mâcon- nois , elle na pas lieu dans Auvergne, quoique cette province {oit du parlement de Paris, la coutu- me d'Auvergne ayant une difpofition qui défend l’a. liénation des biens dotaux, L'édit de 1606 qui valide les obligations des fem- mes , quoiqu’elles n’ayent point rénoncé au ve/leier &t à lautentique 7 quæ rmulter ,'eft obfervé au parle- ment de Dijon depuis 1609, qu'il y fut enreniftré. Les renonciations au ve//eïer & à Pautentique ont auffi été abrogées en Bretägne par une déclaration de1683 , & en Franche-Comté par un édit de 1703. Le fénatus-confulte veeïen eft encore en ufage dans tous les parlemens de droit écrit; mais il Sy pratique différemment. Au parlement de Grénoble la femme n’a pas be- 8832 VE L foin d’avoir recours au bénéfice de reflitution pour être relevée de fon obligation. Dans les parlemens de Fouloufe & de Bordeaux, elle à befoin du bénéfice de reflitution, mais le tems pour Pobtenir eft différent. Fa: | Au parlement de Touloufe eîle doit obtenir des lettres de fefcifon dans Les dix ans , on y juge même qu'eéllene peut renoncer au fénatus-confulte vellerer , ce qui eft contraire à la difpofition du droit. Au parlement de Bordeaux , le tems de la reftitu- tionne court que du jour de la diflolution du maria- ge ; néanmoins f l'ebligation ne resardoit que les pa- rapheïnaux , que le mari n’y fût pas inréreflé, les dix ans courroient du jour du contrat. En Normandie , le fénatus - confulte ve//eren n’a feu qu’en vertu d’un ancien ufage emprunté du droit romain, & qui s’y éft confervé ; car lédit de 1606 n’a point été régiftré au parlement de Rouen ; le f€- matus-confulte ve/leien y eft même obfervé plus rigou- reufement que dans le droit romain ; en effet, la ré- nonciation de la femme au bénéfice de cette loi , n’y eft point admife , & quelque ratification qu’elle puifle faire de fon obligation, même après Les dix an- nées , elle eft abfolument nulle, & on la déclare telle , quoiqu’ellé n’ait point pris de lettres de ref- cifion. Le fénatus-confulte velleien eft confidéré comme un ftatut perfonnel ; d’où il fuit qu’une fille , femme, ou veuve domiciliée dans un pays où cette loi eft ob- fervée, ne peut s’obliger elle ni {es biens pour autrui, en quelque pays que l'obligation foït paflce , &c que lesbiens foient fitués. Foyez au digefle & au code, les sir. ad fenatus-confultum velleianum , la novelle 134 cap. vi. Paufus, ÿ. 11: Eucius, Fillau, Du- perier , le Brun, Stokmans , Coquille, Lapeyrere, Heévin, Brétonnier, Froland, Boulenois, &c les amots FEMME , OBLIGATION, Dor, Lor JULrA. bre | VELLÉITÉ , ff. dans les écoles de Philofophie, eft définie communément , #ne volonté foible , froide € languiflante. D’autres difent qu’elle emporté impuiffance d’ob- tenir ce qu'on demande. D’autres prétendent que c’eft un defir pañlager pour quelque chofe dont on ne fe foucie pas beaucoup , & qu’on ne veut pas fe don- ner la peine de chercher: comme, Carzsamat pifcem, _fed non vule tangere limpham. Si on examinoit bien toute fa vie, on trouveroitque la caufe pour laquelle on a eu fi peu de fuccès, c’eft qu’on ma prefque point éu de volonté ; mais qu’excité parle deñr de da chofe , retenu par la parefle, la pufllanimité , la vue des difficultés , on n’a eu que des demi-volon- tés. Les Italiens ont un proverbe qui contient le fe- cret de devenir pape; & ce fecrer c’eft de le vouloir. VELLELA , c’eft le terme qu’on doit dire quand on voit le lievre , le loup & le fanglier. VELLETRI, VELETRE, o4 VELITRI , (Géog. mod.) en latin Vélirre , ancienne ville d'Italie, dans a campagne de Rome, près de la mer, fur une hau- teur, à 6 milles d’Albano ; à 8 de Marano , à 14 de Sepgni , &7 à 20.de Rome. Cette ville, autrefois la capitale des Volfques , eft aujourd’hui la déeure des doÿens du facré college. Elle a infiniment fouffert dans les révolutions de l’em- pire, & dans les guerres civiles qui ont mis tant de fois l'Italie -en feu ; fes rues font encore belles, &c fes maifons ont quelque apparence , mais elles font prefque fans habitans , excepté des religieux &t des religieufes. Le palais Ginetti, élevé par l’architeéte Lunghi, pañle pour un ouvrage de magnificence &c de goût ;.c’eft la feule chofe curieufe à voit dans cette ville. Le prince Lobkowitz fit fur Pélérri en 1744, la même entreprife qui le prince Eugene avoit faite fur Crémone en 1702, & elle eut le même fuccès, Long. ! go. 36 das, 41, 40, (D, J.) VELLICA , ( Géog. anc.) ville de Cantabrie vers les fources de l’'Hebre, aujourd’hui la Gerdia , où Dedina del Pomar. Peut-être que cette ville étoit cé- lebre par le culte du dieu Endovellicus,,. & que c’é- toit Le lieu où il avoit pris naïflance , ce qui l’avoit fait nommer Ærdo-Vullicus, VEndo de Vellica, com- me PApollon de Delphes , l'Hercule dé Tyr. Ce fut fous les murailles de cette ville que les généraux d'Augufte battirent les Cantabres ; au rapport de Flo- rus, 4 ÎV. c. xy. (D. J VELEICATION , £. f, chez les Médecins , eft a- &ion de piquotter , de pincer. Ce mot fe dit plus par- ticulrerement d’une forte de convulñons foudaines qui arrivent aux fibrés de mufcles, Ÿoyez FIBRE € CONVULSION. | | VELLACASSES , (Géog. anc.) ce nom eft auf écrit elocaffes dans Céfar, Bel. Gall: 1. IL. cap. xiy. Pline , Z. 1V. cap. xvüj. écrit Vellocafles | & met les Vellocaffes dans la Gaule narbonnoïfe : Lugdunenjis Gallia , dit-il, haber Loxovios, Vellocafles , Gala tas | Venetos. En effet , Augufte tira ces quatre peu ples de la Gaule belgique pour les mettre dans la Gaule lyonnoïfe. (D. J.) | VELLON, £ m. ( cerme de Monnoie.) ce mot e- pagnol fignife , en fait de monnoie, ce awonappelle en France hillon ; il{e dit particulierement des efpe- ces de cuivre. VELOCITE, 1.f. (Phyf.) eft la même chofe que vérefle ; ce dernier mot eft plus ufité. VELOUR , ( Géog. mod. ) ville des Indes, au royaume de Carnate, à l’oueft de Cangi-Vouran & d’Alcatile. Il y a toujours un gouverneur dans cette ville, & la forterefle eft une des principales du pays. VELOURS ,( Æoffe de foie. }le velours uni fe fait avec une chaîne par le tiflu\ communément appellé soile ; une feconde chaîne communément appellée poil, & de la trame ; on fortifie la feconde chaîne de plus où moins de brins, fuivant le nombre de poils dont on veut le qualiñer. | La quantité de poil augmente la qualité & la force du velour ; on en défigne le nombre par les barres . jaunes qui font aux hfieres; on fabrique depuis un poil & demi juiqu’à 4 poils ; ils fe font ordinairement de 11 24° d’aune. Voyez ÉTOFFE DE SOIE. Il fe fait aufi des velours frifés, des velours coupés & frifés , des velours à la reine, des velours à quar- reau tout coupé, des velours ras, des velours canne- lés , des vufours chinés ; on à pouflé ce genre d’étoffe jufqu'à faire des velours à deux endroirs , & de deux couleurs oppofées l’une {ur un côté, l'autre de l’au- tre ; mais cela n’a pas été fuivi. Cette étofle fe fabri- que en divers endroits, comme Lyon, Gènes &t au- tres lieux. Voyez ÊTOFFE DE SOIE. eur Maniere dont on travaille le velours cifelé. Comme nous avons rapporte à ce genre d’étoffe prefque toute la fabrication des autres, nous allons en traiter au long ; enforte que celui qui fe donnera la peine de bien entendre cet article , ne fera étranger dans au- cune manufaéture d’ourdiffage, n'ayant jamais qu'à paffer du plus compofé au moins compoñé. Nous tä- cherons d’être exaût & clair; & s’il nous arrive de pécher contre l’une ou l’autre de ces qualités, ce fera ou par la dificulté même de la matiere, ou par quel- qu'autre obftacle infurmontable. Car nous ayons fait conftruire & monter un métier complet fous nes yeux; nous l’avons enfuite démonté, & nous nous fommes donnés la peine de travailler. | Nous avons enfuite jetté fur le papier les chofes; puis nous avons fait revoir Le tout par d’habiles ma- nufaéturiers. Ce mémoire a deux parties. Dans la premiere, on verra l’ordre que nous avons fuivi dans notre eflai; dans la feconde, ou dans les notes , on verra l’ordre que l’on fuit dans uñe manufaëture réglée. VEL pe 7 7 : Noustraiterons 1°, des parties en bois du métier ; & de leur affemblage. | 2°, Des parties enfil, en foie, en ficelle, & au- tres materes, de leur difpofition & de leur ufage, . 3°, Des outils, de leurs noms & de la maniere dé SÉRIE VIT. | 4°, De la main d'œuvre, du deflein, de la leûture, &c de la maniere de travailler, Du bois du mérier, Les parties AB, ab, qui ont mê- mes dimenfions, mêmes façons & même fituation , ont depuis 4,#,jufqu'à 8, 2, 6 piés de longueur ; leur équarriffage eft de 6 à 7 pouces ; elles s’aflems blent par des tenons de dimenfionsconvenables avec les pieces CD, cd. Elles font perpendiculairesau plan & paralleles entre elles, On les appelle Les piliers de devant du métier. Les parties £ Æ, ef, qui ont mêmes dimenfons , mêmes façons, & même fituation entr'elles, qui font paralleles l'une à Pautre, & aux parties 42, 46, qui s’aflemblent par des tenans aux pieces GD, cd, s’ap- pellent les pidiers de derriere. Les parties CD, cd, qui ont mêmes dimenfons, mêmes façons, même difpofition , qui font paralle- ‘| les entr'elles , qui reçoivent dans leurs mortaifes C, £, les tenons des piliers de devant, & dansleurs mor- toifes D, d, les tenons des piliers de derriere , ont 12 piés de longueursfur 6 à 7 pouces d’équarriflage, &t s'appellent les effafes ou éraverfes d’en-haut. Les eftafes ont à chacune de leur extrémité une ouverture quarrée ou oblongue GA, gh ,' qui reçoi- vent les tenons des deux pieces de bois Ge, Hh. Ces tenons font percés, & peuvent admettre un petit coin de bois. Les pieces de bois fervent , à l'aide des coins, à tenir les eftafes fermement à la même dif- tance &t {ur le même parallélifme ; & on les appelle par cette ranon les clés du metier. On a pratiqué à l'extrémité inférieure de chacune des pieces 4B , ab, une ouverture oblongue ZX ; la piece de bois ZÆ a deux tenons qui rempliffent les ouvertures { & Æ, & chacun de ces tenons éft percé, & peut admettre un petit coin qui fert , avec la piece IX , à tenir les piliers de devant fermement à la mé- me diftance , & fur le même parallélifme. Il y a encore aux extrémités des quatre piliers quatre mortaifes LM, Zn , qui fervent à recevoir les tenons de deux barres de bois LM, /m , paralleles en- trelles & aux eftafes, & fervant à tenir paralleles entr'eux les piliers. | Ces barres LM, 1m, ont, à une diftance con- venable, des piliers de derriere, chacune une on- verture Ghblongue NO, La piece NO a deux tenons qui entrent dans les mortafes N, O , & elle fert à lufieurs uiages. Le premier eft de tenir les barres LM, lim, paralleles & à la même diftance. Le fecond eft de foutenir les marches. Les pieces P Q', PQ=, PQ, & qu'on voitici au nombre de fept, percées par Leur extrémité Q, tra- verfées des pieces de fer rs, & foutenues au-deflus de la barre 70, par deux pitons plantés dans cette barre, s'appellent les marches. Il n’ÿ-en a que fept ici, mais il peut y eñ avoir da- vantage ; c’eft felon louvrage que l’on travaille, Par exemple, dans le velours à jardin , en fuppoñfant qu'il y ait cinq marches de pieces, il y a certainement quatre marches de poil. Les barres Lm, lim, ont à leur extrémité L, /, cha- cune une mortaie. Cette mortaife reçoit l'extrémité de la piece TY, zu, dont le côté parallele au pilier de devant s’applique exattement contre ce pilier , & Vautre côté taillé en confole à un autre ufage , dont nous parlerons ci-après. | Elle eft échancrée à fa partie fupérieure ; & c’eft dans cette échancrure circulaire que fe plaçe lamous VEL 883 lue pratiquée à l’un des bouts de Penfuple. Cette pie- ce TV, ru, s'appelle rexon. a 0e Avant que d'aflembler avec les piliers les barres Lm, lm, & la traverfe ZX ; on pañle les deux piliers de devant dans les ouvertures des morceaux de bois parallélosrammatiques Æ Ÿ, xy; ils embrafent les piliers , & les tenonsles tiennent fermement applis qués l’un à l’autre, & c’eft fur leur extrémités XF, que ouvrier pole fes navettes, On les appelle a. ques, | Le pilier de devant, qui eft à droite, eft percé circulairement en Z. Cette ouverture reçoit un mor Ceau de fer ou broche , dont l’extrémité cachée par le pilier eft en vis , & s’arrête par un petit écrou de fer. Cette broche dans l’autre extrémité a uné tête, pafle ä-travers une efpece d’S de fer ou cro- chet , & fixe ce crochet au côté du pilier ; comme on le voit. Ce crochet s'appelle chez. On voit la bro- che en Z, avec le chien. L’éxtrémité recourbée du chien eft ouverte par le milieu , ou plutôt évidée, On verra dans la fuite l’ufage de cette cORfigura tion. | ; On a attaché parallélement entreux ; Aux deux pi= liers de derriere , deux morceaux de bois, fäits coma me deux valets, excepté que leur partie fupérieure eft échancrée circulairement ; cette échancture Cit= culaire reçoit la moulure de l’enfuple de derriere. Poyez ces morceaux de bois ou tafleaux de derriere, 1, 2. On les appelle orellons. On voit à la partie antérieure des eftafes deux pe: tites tringles de bois placées intérieurement & paral: lélement de chaque côté, à chaque eftafe, Ces trin: gles font dentelées. On les appelle acocars, Elle fer= ventäavancer ou reculer Le batant à difcrétion: Voyez les acocats 34, 324: Entre les deux piliefs de devant eftune planche fupportée par ces deux piliers ; elle fert de fege à ouvrier, & s'appelle la hargreste. Voilà ée que l’on peut appeller la charpente ou la cage du métier, Cette cage eft compofée de toutes les parties dont nous venons de parler aflemblées, com: me on les voit dans la premiere fioure, où Pon apperà cevra encore fous les banques une caïffé où coffre ss pour recevoir l’ouvrage à mefure qu'il fe fait , & en- tre les piliers de devant, les extrémités du derriere du fiege de louvrier. Pour tenir l’enfuple fermement apphquée & con: tre l’échancrure circulaire des tenons , & contre la partie eminante de ces tenons au-deffus de la banque, on met un petit coin 6 entre le pilier & Ja moulure de lenfuple. On appelle ce petit coin une saque. Il y a encore à la furface intérieure des piliers de derriere parallélement à l'enfuple, deux broches de fer quitiennent deux bobines , qu’on appelle re/lierss Ces reftiers font montés de fils , qu’on appelle corde: lines. Il part du pilier de devant pour aller au pilier de derriere une corde , qu'on appelle corde de jointe. [y a dans cette corde un roquet ou roquetin , qu’on appelle roquet de jointe, | De la cantre, Imaginez un chaffis 4ABCD, dont la forme foit parallélogtam matique,qui foit divifé longi- tudinalement par une tringle de bois quicoupe fes deux petits côtés en deux parties égales, 8c qui foit par conféquent parallele aux deux grands côtés ; que les grands côtés êr la tringle de bois foient percés de trous correfpondans , capables de recevoir des pe- tites broches de fer, & de les tenir paralleleslesunes aux autres, Ô£ aux petits côtés du chafis ; que cé chaflis foit foutenu fur quatre piliers aflemblés deux: à deux, les deux de devant erifemble , pareillement les deux de derriere, par deux traverfes, dont l’une pale de lextrémité d’un des piherside devant , à l’autre extrémité du pilier de devant; & l'autre gras ] FT 884 VEL verfe pafle de l'extrémité d’un des piliers de derriere À l’extrémité de l’autre pilier de derriere, que ces quatre piliers foient confolidés par une traverfe qui Saflemble d’un bout avec la traverfe des piliers d’en- haut, & de l’autre bout avec la traverfe des piliers d’en-bas; que les deux piliers d’en-haut où les plus grands, foient de même hauteur; que les deux piliers d’en-bas foient auf entr'eux de la même hauteur, maïs plus bas que les piliers d'en-haut ; que toutes ces parties foient aflemblées les unes avec lesautres, &c leur aflemblage formera la cantre. La cantre en deux mots n’eft donc autre chofe qu” un chaflis oblong , foutenu fur quatre piliers, dont les deux derniers font plus hauts que les deux de de- gant , & partagé en deux parties égales par une tra- verfe percée d’autant de trous qu’on veut à égale dif- tance, dont chacun correfpond à deux autres trous pratiqués aux grands côtés du chaflis , capables de recevoir de perites broches de fer, & de les tenit paralleles aux petits côtés. ILeft néceffaire de donner plus d’élévation à la can- tre d’un côté ou d’un bout que d’un autre. Cette dif- férence d’hauteur empêche les branches des roque- tins de fe mêler; &c on peut à chaque inftant apper- cevoir quand il y en a quelques-uns de cafés, ce qui ne pourroit pas paroître , fi la hauteur étoit égale par-tout. Nous fuppoferons ici les côtés de la cantre percés de 25 trous feulement. La cantre fe place entre les piliers de derriere du métier , & s’avance prefque jufqu'à la traverfe qui {outient les marches. On a de petites broches toutes prêtes, avec des efpeces de petites bobines , qu’on appelle de rogue- Lis. Les broches font fort minces , elles fervent aux roquetins d’axes fur lefquels ils peuvent fe mou- voir. | Il faut diftinguer dans ces roquetins deux moulu- res principales ; une garnie de foie, & l’autre d’un fil, à l'extrémité duquel pend un petit morceau de plomb. La foie &r le fil étant dévidés chacun fur leur moulure, en fens contraire , ileft évident que fi l’on prendun bout de la foie, &c qu'on le tire, ilne pourra Le dévider de deflus fa moulure, qu’en faifant mon- ter le petit poids quiréagira contre la force qui tirera lé bout de foie. Cette réaétion tiendra toujours le fil de foie tendu, & ne l’empêchera pas de fe dévider, la bobine entiere ou le roquetin pourront fe mou- voir fur la petite broche de fer dans laquelle il eft enfilé par un trou qui le traverfe dans toute fa lon- sueur. On charge chacune des petites broches d'un nom- bre égal de roquetins , tous garnis de leur foie & de leur plomb ; ce nombre de roquetin eft partagé fur chaque broche en deux parties égales par la traverfe du chaffis de la cantre , il faut obferver en enfilant les roquetins dans les verges du chaffis , de tourner le plomb de maniere que la foie fe dévide en-deflus &t non en-deflous, La foie eft de la même ou de différentes couleurs fur tous les roquetins, felon l’efpece de velours qu'on fe propofe d'exécuter. C’eft le deflein qui fait varier Le nombre des roque- tins. : Nous fuppoferons ici que chaque verge portoit 8 roquetins. La cantre étoit compofée de 200 roquetins ; elle Peft ordinairement de huit cens & de mille. On voit maintenant l’ufage de la traverfe qui divife le chaffis én deux parties égales , & qui met dans la fuppofñ- tion préfente cent roquetins d’un côté , &c cent de l'autre, ou quatre roquetins par broche d’un côté, ët quatre de l’autre. | VEL Des maillons, des mailles de corps 6 des aigu i!les de plomb. Après qu’on a formé la cage du métier , partit la cantre de fes roquetins , & place cette cantre en- tre les piliers de derriere du métier, de maniere que la chute de l'inclinaifon du chaffis foit tournée vers Les marches. | On fe pourvoit au-moins d'autant de petits anneaux de verre, tels que nous lesiallons décrire, qu'il y à des roquetins. Je dis au-moins ; car à parler exatte- ment, on ne fe regle pointfurles roquetins de la can: tre pour la quantité de maillons, aiguilles, 6. Au- contraire , on ne forme la cantre que fur la quantité de cordages dont on veut monter le métier, parce qu'on fait des velours à 800 roquetins & à 1000, fuivantla beauté qu’on veut donner à Pétoffe , les ye- lours à 1000 étant plus beaux que ceux de 800. Dans ce cas, le métier eft la premiere chofe qu’on difpofe, après quoi on fe conforme à la quantité convenable des roquetins , ou à-proportion du cordage. Ces pe- tits anneaux font oblongs ; ils font percés à leur ex- trémité de deux petits trous ronds; & au milieu, ow entre ces deux petits trous ronds, d’un troifieme beaucoup plusgrand, & à-peu-près quarré ; les bords de ces trois trous font très-polis & très-arrondis. On appelle ces petits corps ou anneaux de verre , mail lons. Il faut avoir autant d’aiguilles de plomb qu'il y a de roquetins ou de maillons. Ces aiguilles de plomb font percées à l’une de leur extrémité d'un petit trou, ont environ 3 lignes de longueur , & pefent à-peu- près chacune 2 onces. On prend un fil fort, on en pale un bout dans un des trous ronds d’un maillon ; on ramene ce bout à l’autre bout, & on fait un nœud ordinaire avec tous les deux: on pañle un autre fil dans l’autre trou rond du même maillon qu’on noue, comme on l’a prefcrit pour le premier trou. On garnit de la même maniere tous les maillons de deux fils doubles, paffés chacun dans un de leurs trous: ronds. Puis on prend un maillon avec ces deux fils dou- bles ; on pañle le nœud d’un de ces fils doubles dans le trou de l'aiguille , on prend le nœud de lautre fil. double , on le pale entre Les deux brins defil qui font unis par le premier nœud, & l'aiguille de plomb fe trouve attachée à l'extrémité nouée du premier des fils doubles. On en fait autant à toutes les aiguilles , & l’on a quatre chofes qui tiennent enfemble. Un premier fil double, dont les deux extrémités font nouées enfem- ble, & qui forme une boucle dans laquelle Pun des trous ronds d’un maillon eft enfilé;le maillon; un fe- cond fil double, dont les deux extrémités font nouées enfemble , & qui forme une boucle dans laquelle Vautre trou rond du maillon eft enfilé , & laiguille qui tient à l’extrémité nouée de ce fecond dou- ble fl. Le premier fil double s’appelle maille de corps d'en: haut. Le fecond fil double s’appelle maille de corps d'en bas. Il y a donc autant de mailles de corps d’en-haut que de maillons ; autant de maillons que de mailles de corps d’en-bas; autant de mailles de corps d'en bas que d’aiguilles , 8 autant d’aiguilles de mailles de corps d’en-bas , de maillons, de mailles de corps d’en-haut,'que de roquetins. Après ces premieres difpofitions, on commence à monter le métier, ou à faire ce que les ouvriers ap- pellent remettre. | Pour cet effet, on prend une tringle de boïs, on la pafle entre les fils des mailles de corps d’en-haut , de maniere que tous les nœuds foient à côté les uns des autres; on fuppole cette tringle aux deux eftafes, en- forte forte üéles maillons foient à la portée de la main LES OUVTICPANIS- QUE D QU QUE CA, 3 ,:. On ne paffe point de tringle de bôis pour fufpen- dre les maillons & les aiguilles. Dans le bon ordre, On attache chaque maille de corps d’en-haut à l’ar- çade qui-doit la retenir; l’arcade étant attachée à là corde de rame, tout lé corps compofé dé mailles, fnaillons & aiguilles fe trouve fufpendu , comme 1l doit l'être lorfque le métier travaille. Nous expli- querons mins 11 comment les chofes S’exécutent Üans une manufa@ture touté montée, & où l’on n’a tien à deftrer du côté des commodités, que dans un lieu où tout manque, & où lon fe propofe de mont terunmétien SP à | Il s’affied.le dos tourné vers.le devant du métier, la tringle & les mailles de corps font entre lui & la cantre. Alors un autre ouvrier placé vers la cantre, prend le fl de foie du premier roquetin de la pre- miere rangée d’en-haut à gauche, & le donne au pre- mier ouvrier qui ie pañle dans l’ouverture du milieu du premier maillon qu’il a à fa gauche; on lui tend le fil de foie du fecond roquetin de la même rangée pa: rallele au grand côté gauche de la cantre, qu'il pañle dans le trou du milieu du fecond maillon à gau- che; on lui tend le fil du troifieme roquetin dela pre- miere rangée , parallele au grand côté gauche de la cantre, qu'il pañle dans le trou du milieu de la pre: miere rangée parallele au grand côté gauche de la cantre , & ainfi de fuite jufqu’à la fin de cette pre- miere rangée. Il paîle à la feconde , fur laquelle il opere de la même maniere, en commencant ou par {on premier roquetin d’en-haut ,.ou par fon premier roquetin d’en-bas. Si lon commence par le premier roquetin d’en-haut , on defcendra jufqu’en-bas, & il faudra obferver le même ordre jufqu’à la fin des ran- gées, commençant toujours chaque rangée par les -premiers roquetins d’en-haut ; au-leu que fi après avoir commencé la premiere rangée par fon premier roquetin d’en-haut,on commence la feconde par fon premier roquetin d’en-bas ; il faudra commencer la troifieme par fon premier roquetin d’en-haut , la qua- trieme par {on premier roquetind’en-bas, & ainf de- fuite. On verradans la fuite la raifon de la liberté qu’on a fur cet arrangement, qui n’influe en rien fur l’ou- vrage, mais feulement fur le mouvement de certains roquetins de la cantre , qui fourniffent de la foie, & qui fe repoferoient, fi l’on avoit choifi un autre ar- rangement , lorfqu'on vient à tirer les cordes du fample, Les fils de foie des roquetins font collés au bord des roquetins, afin qu'on puifle les trouver plus commodément ; il faut que l’ouvrier qui les tend à Pautre ouvrier , ait l'attention de bien prendre tous les brins ; fans quoi la foie de fon roquetin fe mêle: ra ; 1] faudra la dépañler du maillon, & chercherun autre bout, ce qu’on a quelquefois bien de la peine à trouver, au point qu'il faut mettre un autre roque- tin à la place du roquetin mêlé. Les 00 fils de ro- quetin de la cantre fe trouveront donc pañlés dans les 200 maillons ; le premier fil de la premiere rangée à gauche du haut de la cantre, dansle premier mail: lon à gauche , & ainfi de fuite dans l’un ou l’autre des ordres dont nous avons parlé. Il faut obferver que celui qui reçoit & pañelesfils des roquetins dans les maillons, les reçoit avéc un petit infirument qui lui facilite cette opération, Ce petit inftrument n’eft autre chofe qu’un fil-de-laiton aflez mince, dont l’ouvrier tient un bout dans fà main; fon autre bout eft recourbé , & forme une ef -pece de petit hameçon; 1l pafle cet hamecon dans le ‘trou du milieu du maillon, accroche & attire à foi le fil de foie qui lui efttendu, & qui fuit fans peine le Tome XVL., VE by 08 bec de linftrument A-travers le maillon, Cet inftru- inent s’appelle une paffètie, k À L'ouvrier a à côté de foi, à fa gauche , une autre tringle de boïs placée berpendiculairement & pofée contre lés fufpenfoirs de la premiere tringle , qui fou tient léS mallés de Corps; cette fi éconde tringle foutient une navette qu'on yaattachee, & l'ouvriet paffe derriere cette navette les fils des roquetins, 4 meluré qu'il les amene avec la pañlette à-ttavers les maillons ; 1ls font arrêtés là entre le dos dé la navette & la tringle, 8 ne peuvent s'échapper, Lorfqu'il y én a un certain nombre de paités à-traz vers les maillons , & de retenus entre latringle & 14 havette, 1l les prend tous, & forme un nœud com- mun à léur extrémité; Ce nœud les arrête & les em pêche de s’échapper, comme ils en font effort en vertu des petits plombs qui pendent des foduétins, & quitirent en fens contraire, | aux Ces paquets de fils de foquetins nouës & pañés paï les maillons , s'appellent des Zerlins. Ainf faire un berlin , c’eft nouer un paquet de fils de roquetins pañlés par les maïlons , Afin de les empêcher de s’é- Chappér, 4 F | Après qu’on à pañlé tous les fils de roquetins pat lesmaillons, on placé le caffin. me ‘4 Pour procéder méthodiqueméent, lé éaflin & tout te qui en dépend, peut & même doit être placé avant que dé placer les branches des roquetins dans les maillons. | | Imagiez deux morceaux de bois de quatre piés dé loñguéur fur trois pouces d'équarriffäge,afflemiblés pa rallélement à un pié & démide diftance l’un de l’autre pardeux petites traverfes enmortaifées à deux pouces de chacüne de leurs extrémités ; éoncevéz fut Cha Cu de ces déux morceaux de bois ün trianglé ré@an: gle, conftruit de deux morceaux de bois, dont Pur long de quatre piés fur trois pouces d'équarrifflage , faile la bafe, & l’autre long de deux piés fur trois pouces d'équarriflage , faffe le côté perpendiculaire, Ces deux côtés s’emmortaifent enfemible par leurs extrémités qui forment l’angle, & par leurs deux autres extrémités avec l’une dés deux pieces dont nous avons parlé d'abord. Imaginez enfuité une pe: tite traverfe quitienne les deux extrémités destrian- glés fixes dansla même pofition, enforte que les deux : triangles placés patallelement ne s’inclinent point lun vers l’autre, & une autre traverfe placée pa- rallelement à la précédénté de l’une à l’autre bafe des triangles , à une diftance plus ou moins grande de celle du fommet, felon l'ouvrage que l’on à à exé: Cuter. | . Soit cet mtervalle parallelogtammatique formé par deux parties égales des bafes, & deux traverfes paralleles , dont l’une va d’un des fommets des trian: gles à l’autre, & l’autre coupe les deux bafes; foit, dis-je, cet intervalle rempli de petites poulies , nous fuppoférons ici qu'il y en à cinq rangées dé dix cha- cuñe , paralleles aux ttaverfes, où dix rangées dé cinq chacune, paralleles aux parties des bafes où aux deux autres côtés de l’efpace pärallelostamima- tique. Cet aflemblage des deux morceaux de bois fixés parallelement par deux traverfes, & fur chacun defquels on conftruit un triangle, qu'on tient pa- ralleles par deux autres traverfes, & où céstraverfes forment avec les parties des bafes qu’elles coupent , ne efpace parallelogrammatique , ‘un efpace rempli de poulies rangées parallelément, eft ce qu’on ap: pelle un caffin. | + A On poie cétte machine fur les deux eftafes dir métier , de maniere que les caflins dé fa bafe foiént perpendiculaires aux effafés’, & que les bafes des triangles foient tournéés vers quelque mur voifin. Il faut auffi laïfler entre le caffin & les piliers de de- vant du métier une certdine diftancé, parce que certe VVvyvv 830 VEL diffance doit être occupée par plufeurs fifles , pat lenfuple, Fixez le caflin fur les eftafes avec de bon- nes cordes qui le tiennent immobile, & même en état de réfifter à quelque effort. C’eft pour lui facili- ter cette réfiftance, & par une autre raifon qu'on concevra mieux dans la fuite, je veux dire de laiffer de l'intervalle & un jeu plus libre aux ficelles qui paflent fur les poulies , qu’elles ont été difpoféesfur les bafes, & non fur les côtes des triangles ; car il femble d’abord qu’on etit pu s’épargner les bafes , en plaçant les poulies fur les côtés perpendiculaires des triangles. | Cela fait, cherchez contre le mur qui regarde les devants du caffin, un point un peu plus élevé quele fommet du caffin, mais répondant perpendiculaire- ment au tilieu de la traverfé d’en-haut du caffin, Plantez en ce point un piton de fer qui foit fort ; paf- {ez-y une corde à laquelle foit attaché par le milieu un gros bâton: ce bâton s'appelle héron des cramal- lieres du rame. sc Attachez à chaque extrémité de ce bâton deux cor- des doublées, afin que le bâton puiffe tenir dans la boucle d’un des doubles, & qu’on puifle fixer un autre bâton dans l’autre boucle. On appelle ces cor: des cramailleres du rame ; 8t l’autre bâton qui eftre- tenu pat cramailleres, qui eft tourné, &c auquel on a pratiqué deux moulures, une à chaque extrémité, dans lefquelles font placées Les bouclés des extrémi- tésdes cramailleres, s’appelle béton de rame, Sur ces bâtons font montées autant de cordes qui Penvironnent par un bout , &c d’une longueur telle que leur autre extrémité pañlant fur les poulies du caflin , pue defcendre jufqu’entre les eftafes. On commence par enverger ces cordes , afin qu'on puifle les féparer facilement , &cles faire paler chacune fur la poulie qui leur convient. Pour enverser ces cordes & tout autre paquét de cordes , on les laifle pendre, puis on tient lindex dela main gauche & le pouce paralleles.; on prend la premiere , on la place fur l'index, &c on la fait pafler fous le pouce. On prend la feconde corde qu'on fait paffer fous index & fur le pouce ; la troifieme qu’on fait pafler fur l'index & fous le pouce; la quatrieme qu’on fait pañler fous l’index & fur le pouce, &c ainfi de fuite. Il eft évident que toutes ces cordes fe trou- veront rangées fur les doigts de la même maniere que fur le bâton de rame, & qu’elles feront angle entre les doigts, c’eft-à-dire qu’elles feront croifées ; on prend enfuite une ficelle dont on pañfe un bout le long de l'index, & l’autre bout en même fens le long du pouce; on prend enfuite les extrémités de cette ficelle , & on les noue : ce qui tient les cordes de rame croifées. La totalité de ces cordes pañlées fur les poulies du Caffin s’appelle Ze rame. Il y a autant de cordes de rame que de pouliesau caffin, par conféquent dans lexemple que nous avons choïf, il y a cinquante cordes de rame. La premiere corde de rame à gauche pañle fur la premiere poulie d’en-bas de la premiere rangée pa- rallele au côté gauche du caffin; la feconde corde pañie fur la feconde poulie en montant de la même rangée ; la troïfieme corde fur la troifieme poulie en montant de la même rangée; la quatrieme corde fur la quatrieme poulie en montant de la même rangée; la cinquieme corde fur la cinquieme poulie en mon- tant ; la fixieme corde fur la premiere poulie d’en- bas de la feconde rangée; la feptieme corde fur la fe- conde poulie en montant de la feconde rangée; la huitieme corde fur la troïfieme poulie, & ainfi de fuite en zigzag de rangées en rangées. _ Quand onapañlé toutes les cordes du rame furles poulies du caflin dans l’ordre que nous venons d’in- diquer , on en fait un berlin, cC’eft-à-dire qu’on les lie toutes en paquet par le bout , afin qu’elles ne s’£: chappent point. EE [l'y à dans chacune de ces cordes du rame un petit anneau de fer enñlé. On appelle cet anneau æ1/ de pPerdrix. | , Les cordes du rame pafñlées furles poulies, ona des ficelles qu’on plie en deux; on prend une, deux ou trois dé ces ficelles, on les plie toutes enfemble en deux, & on y fait enfuite une boucle, d’où il ar- fivé qu'il part du nœud de chaque boucle deux, quatre, fix , huit & dix bouts; on prépare de ces petits faifceaux de cordes, autant qu’on a de poulies au caflin : 1l ên faut donc cinquante ici. Ce font ces faifceaux de cordes pliées en deux & jointes enfem- ble par le nœud d’une boucle , une-ä-une, ou deux- ä-deux, où trois-à-#rois, qu'on appelle arcades. Il faut qu’il y ait autant dé bouts de ficelles aux arcades que dé roqüetins À la cantre, que de maïllons, que de mailles de corps, & il faut qu'il y ait à chaque bou cle des arcades , autant de bouts que l’on veut que le deffein foit répeté de fois fur la largeur de Pétoffe. Dans l’exeñple propofé ; nous voulons que le def- fein foit répeté quatre fois ; il faut donc prendre deux ficelles, les plier en deux, & les unir par une boucle, au-delà du nœud, de laquelle il partira quatre bouts: Après qu’on a préparé les ficelles ou faifceaux, où boucles , qui doivént former les arcadés ,'on a une planche percée d'autant de trous qu’il y a de bouts de ficelles aux arcades , ou de mailles de corps, ou de maillons , ou de fils de roquetins , ou de roquetins à la cantre. dog. - Les trous de cet ais percé font par rangées ; 1 a autant de trous fur la largeur de la planche qu'il a de poulies dans une rangée du caffin parallele au cô- té du caflin. On peut confidérer ces rangées, ou relativement à la longueur de la planche, ou relativement à fa largeur. Je vais les confidérer relativement à la lar- geur & relativement à la longueur. Commençons pat la longueur. Il eft évident que les quatre ficelles qui partent d’un fafceau d’arcades, étant deftinées à rendre quatre fois le deffein, par conféquent defti- nées à lever chacune la pretmiere de chaque quart du nombre des mailles de corps, puifque toutes les mailles de corps font deftinées toutes a former toute la largeur de l’étoffe, & que le defiein doit être ré- peté quatre fois dans toute la largeur de Pétoffe; or il y a 200 mailles de corps : donc les quatre brins du premier faifceau d’arcades répondront à la premiere corde de maïlle de chaque cinquantaine ; en deux cens il n’y a que quatre cinquantaines. Enfuppofant donc quarante trous felon la longueur de Ja planche par rangées, & cinq trous par rangées felon la lar- seut , il eft évident quela planche fera percée de deux cens trous, & qu’en faifant pañler la premiere ficelle du premier faïlceau d'arcade dans le premier des dix premiers trous de la premiere rangée longi- tudinale , la feconde ficelle du même faifceau dans le premier trou de la feconde dixaine ; la troifieme dans lé premier trou de. la troïifieme dixaine, &c la quatrieme dans le premier trou dela quatrieme dixai- ne ; ces quatre brins répondront à la premiere de chaque quart des trous; car puifqu'il y a quarante trous fur chaque rangée longitudinale , &t cinq trous fur chaque rangée latitudinale, on aura cinq fois dix trous Où cinquante trous, avant que d’en venir au fecond brin, cinq fois encore dix trous, avant que d’en venir à la feconde ficelle du même fafceau ow cinquante autres trous, & ainfide fuite. Ces trous fur là planche font à quelque diftance les uns des autres , & font percés en tiers point , oune fe correfpondent pas. On a fuivi cet arrangement pour faciliter le mouvement de toutes cés cordes. On pañle la premiere ficelle du premier faifceau VE JL d'arcade dans le premier trou en commencant à gauz che de la premiere rangée latitudinale : la premiere du fecond faifceau dans le fecond trou de la même rangée : la premiere du troifiemé faifceau dans le troïfñieme trou de la même rangée: la premiere du quatrieme faifceau dans le quatrieme trou de la mé- me rangée : la premiere du cinguieme faifceau däns le cinquieme trou de la même rangée. On pañle la, premiere ficelle du fixieme faifceau dans le premier trou en commençant à droite,de la feconde rangée latitudinale ; ia premiere du feptiemefaifceau dans le fecond trou de la même rangée ,ainfide fuite jufqu’à cinquante ; quand on eft parvenu à cinquante”, il éft évident qu'on a épuifé toutes les ptemieres ficelles de tous les faifceaux d’arcades, & qu’on rencontre alors les fecondes. On pañle les cinquante fecondes comme les cinquante premieres, les cinquante troie flemes comme les cinquante fecondes!, les cinquante. | quatriemes comme les cinquante troifiemes ; &ciles { deux cens cordes d’arcades fe‘trouvent pañlées dans les deux cens trous de l’ais percé. Voyons maintenant ce que deviendra cet ais per: À cé de fes cinquante trous, dans lefquels paffent deux cens fils dans l’ordre que nous vénons de dire, de maniere qu'ils fe meuvent tous quatre-à-quatre ;'les quatre du premier faifceau par les quatre premiers trous. .de, chaque cinquante, les quatre du fecond faifceau par les quatre feconds trous de chaqüe tin- : quantaine, les quatre du troifieme faifceau par-les autre troifièmes trous des quatre cinquantaines, & ainfi de fuite. On fait un berlin de, tous ces bouts de f ficelle afin qu’#s-ne s’échappent point des trous de | Fais, & l’on enfile dans une broche de fer tous les faïceaux, en faifant pañler la broché parles bou- "1 “eles de Chaqüé faifceau. | | à à On fufpend enfuite cet ais percé par deux ficelles — qui Pembraflent aux. ‘eftafes ; fa longueur tournée” * vers le devant du métiér. Les boutsides ficelles” qui pañlent par fes-trous, s’étendentversles mailles de “corps: êtes faifceaux enfilés dans la broche font. | tournés vers le caflin. LT PE On prend la premiere mailie.de Corps , & on l’At- de corps à la feconde ficelle qui pafle par le fecond irou de la même rangée ; la troifieme maille, à latroi- © ‘fième ficelle dela même rangée ;“aiquatrieme maille à la quatrieme ficelle de la mêmetangée; la cinqnie- me maille à la cinquieme ficelle dela même rangée ; & la fixieme maille à la premiere, ficelle qui pafle par le premier trou à droite de la feconde rangée, pa-. | rallele à la précédente ; la feptieme maille à la fecon- à de ficelle du fecond trou de la même rangée, & ainfi de fuite, te dr L’ufage eft d’attacher les arcades aux cordes de ra! me, avant que d'attacher les niäilles de corps aux arcades. Car comment feroit fouténue l’arcade fa maille du corps y étant attachées fi Parcadé même: | n’eft pas attachée à quelque chefe? D'ailleurs quel * embarras ne feroit-ce pas de maiér toutes éés maïl- les de corps dont le maillon feroït rempli de foie ?..| Convenons donc que la maille de corps & le mail- | lon, feront plus aïfés à manier quand ils feront vui- pañle fur la premiere poulie d’en-bâs de la rangée de 72 À Tome XVI. ViEJL Cinq poulies paralleles au côté sauche du caffin, & Von y attache le premier faifceau d’arcades , oule fafceau dont le premier bout pafle dans le premier trou à gauche de la premiere rangée latitudinale, On prend la ficelle qui pañle fur là feconde poulie, en |, montant de la même rangée, & l’on y attache le fe. " £' &f ht " . S “cond fafceau d’artades, ou celui dont le premier boutcpafle dansile fecond trou de la même rangée latitudinale. On prend la ficelle qui pañle fut la trois fieme poulie En montant dé la même rangée, & on y attache le troifieme faifceau d’arcades, ou celui dont le premier bout paffe par le troifieme trou de la prémieré rangée latitudinale. On prend le quatrie- the failceau,d’arçades y Ou celui dont le premier bout pañle par le quatrieme trou de la premiere rangée las - tindinale , &on l’attache à la ficelle qui pañe fur là Si A en montant dela même rangée, On prend la ficelle de la cinquieme poulie en montant dela même ‘rangée , & on y attache le cinquieme faifcean darcades, ou le fafceau dont le premier bout pañle par le cinquieme trou de la premieré rans - géelatitudinale. On prend la ficelle qui pañle fur la premiere poulie d’en-haut de la feconde rangée, êc on ÿ attache le fixieme faifceau d’arcade, ou celui . dont lecprenmmer bout pañe dans le premier trou à droite de la feconde rangée latitudinale, & ainfi de fuité pouf les autres ficelles & les autres faifceaux d’arcades. + Il s’enfnt de cet arrangement, qu’il y a autant de “cordes de fame$ que de poulies au caffin, que de faif- . ceaux d’arcades , ‘ou quatre fois plus que de ficelleg .darçades, ou quatre fois moins que de trous à la plan “che j"ou quatré fois Moïns que‘de mailleS de corps! * que de’maillons, que de fils de roquetins, que de mailles de corps, d’en -bas’, & que d’Aguillestde lomb. “+ Les mailles dé corps, maillons, mailles detcorps £ - 4... Jeet . & les mailles d’en-bas, forment donc avec une partie Cu 4 Fe COR d e" , Ca = L -desarcades queit au-défous dé la planche ,uñé efpes cede parallelepipede de ficelles, dont la hauteur eft de quatre à cinq piés, dont IE$ faces tourrites (vers ler Dre! devant &ccderriere du métier font faites de quarante tache au premier bout des ficelles d’arcades a affe . (| ; n Pr qe A par le premier trou à! gauche de! 14 rangée fatitudi- “| rnale ;ouwdécing trous ; oh attache la fecondemäille. | ficelles &z-celles qui font paralleles aux côtés du pe» +4 me p< métier, font faites de cinq ficelles, & dont la mafle. eft de deux cens ficelles, Voici uñe table qui repréfente à merveille les rap ports &leséorrefpondances des roquetins, des fils de roquetins dfimaillons, des mailles de corps, des arçades,, dela planche percée, des poulies du cafün,; &£ du âme + Les ficélles'd’arcades qui font au-deflus de lais percé, formentune efpece de pyramide à quatre fa- ces, dant lefommet eit tourné vers le caflin, & eft x placé aux nœuds des arcades des cordes de rames ,! _&t dont léS facés qui regardent le devant & le der- riere du mébier ont quarante ficelles , & celles qui | regardent-les eôtés ont cinq ficelles. La partie dés cordes de rames qui va des arcades aux poulies-du caflin, eft une autre pyramide à qua- tre côtés ;oppolée au fommét à la précédente incli= “inéefür lé‘plar”-dans lequel font placées les poulies du caflin ; {es faces tournées vers le devant & der- …riere du métier n’ont que cina ficelles, & fes faces q q ; Nr \ |‘‘toufhéesvers'les côtés du métier en ont dix. Cela des , que quand ils feront pleinss Î æ De-là on pañle au caflin ; on‘btend a ficelle qui 3 eft évident Bour quiconque a bien entendu tout cg |, que.nouçavons dit jufqu’à préfent, te vd és LT ds VVvvvi 887 e— VEL 888 4 GRR er PERS ie 1.2.3.4.5.6. Éc.—25. )) 4 5 A\B 12 TI 19 20 B|C 21 22 12 IT [A B Cadet Los Eh ca x fi ï I ï 1 ) I I 1 x 2 2 2 2 à 2 2 2 2 3 3 3 3 , 3 3 3 3 4 4 4 4 ° 4. 4 4 : 5 ° )) SEE) È ÿ ê 6 ; 6 6 6 G | | l il . | | { Î DE 2S D23. 2; : DV IS 2% 2 LT TS Pi D TS DE NT) A B C D QE F G H C\D D|\E E|F 16 17 18 19 29 CD 25 UE 24 « » 2 23 5 22 s« 2 2I » D | Cantre. Maillons ou mailles de Corps. je) Planche percée. 21 20 11 10 4 25 16 15 6 5 20 ÿ 21 19 4 22) 18 3 23 17 2 24 16 I 25 D). «EE, Du en D co cu en Ca = tm oc el pl Re en À. «a ea en EN CO a A ré et & ce E bel e (sa) ei el Caflin. . 6 7 Bet O 24 17 I4 3 4 22 19 129 2 HEFDB.215 16 15 6 ÿ 21 20 11 10€ I À 16 14 17 13 18 12 19 Ir 29 22 « ZE « JS LA La 1.2.3.4.9.6. É p HRSTRES a fassss. Bai SAR 10 D 20 22 « 2E G\H S- a34eÿ 6e 25, 17 16 : H x 26 «x 26 % x 26 x 26 Voilà {a cantre avec fes roquetins. 2 27 2 27 , 2 27 2 27 ‘Lesfils desroquetins répondent g 28 3 28 , 3 28 3 28 aux maillons de même chiffre 4 29 4 29 4 4 29 4 29 à dansle mêmerang. 5" 90,5: 30) à © à 5048 ÿ #30 à E 4 6:31. 161,344 6: 87 6 51 TD ATEN SET SLT 8:33 S 33 … 8 35 :8.33 9e 4. ROSE + C9: 34 29 34 5 HO 3ÿ 40 3$ + 10 35 T0 33 ea de AE NE EE ne 25 .$0 25 J0- + 2ÿ FO 525 "50 AS Br CD E FF :G H Aiguilles, mailles de corps d’en-bas, mailles de corps d’en“haut. 2:23 .4.546:7.8.9.10.1142.13.14. G'c. — $0.]1.2.3.4.5.6.7.8.9.10.11.12.13.14. &c. — 50.11.23 .4.5.6:7-8.9.10.11.12.13.14 É0, —50.1.2.3.4.5.6:7.8.9.10.11,12.13.14. 66, — 504 RES 204 &.:95 : -45 | Sr 4e d'age 3e > 45 De RATS LAS DS, 45 5 IS DE Des diz … 6 16 26 36 46 6 16 26 36 … 46 6 16 26 36. 46 Fe 6 CAG 5 26 36 46 M Cat 24 [54 44 4 À 14e: 241 34 44 4 D A4. 24 4 44 d | 14: 48 348 44 RER TEE ILES ER. Pi SAIT © DRASS A ee 47 TL TI ES ER AT 7 CAT. Le PIS A 8 © A7 DE-I9 29 3: 43 3 23 23 33 43 3 13 23 34e #3. 3 13 23 33 43 8 13 28 : 38 48 8 18 28 38 48 DRE 28 38 AGE 8 18 28 38 48 2 A2 DIR RO AR DE PISE 122 ETES 2 F2. 22e 9e à A2 2 NE MENT D 429 20 798 0 49 9 LOS, 2207259, 2497. DE 29,» 39% 449 EE 19 29 39 49 a TI 21 31 41 I 11 21 212 AI I 11 21 31 AI ï 11 21 31 41 10 20 30 40 50 10 20 30 AO 50 10 20 30 A9 so 10 20 30: 40 50 A B re D E EVE G -H Aïis ou planche percée, fa figure, fes trous, leurs difpoñitions , ou celle des fils d'arcade , ou la nouvelle forme que prennent les mailles de corps. On voit les mailles de corps partagées en cinquantaine. La cinquantaine G A des mailles de corps répond à la cinquantaine GX, & ainfi de fuite ; & les mailles de ST DS po NE e Sr quatre roquetinss d'A Ÿ en ON 4 a 1 M NN a n 4 EN 4 œ «a EN 4 a a em. mm 4 a 4 si A. | : le) Je ‘Ô {et sx es C2 en C a Ll CI 4 … : «met fur lestafleaux échancrés. 890 TRE Cela fait, on peut tirer la tringle de bois attachée aux eftafes, & qui foutenoit les mailles de corps ; elles tiennent maintenant aux arcades , les arcades aux ficelles du rame, & les cordes.du rame au bâ- ton de rame , le bâton de rame aux cramaïlleres, & les cramailleres à leur bâton, leur bâton à deux cor- des, & ces cordesà un point fixe. CO Il faut obferver qu’en attachant les mailles de corps aux arcades, & les arcades aux cordes de rames., -on a fait d’abord des boucles & non des nœuds afin: de pouvoir mettre toutes les ficelles dé longueur convenable , tenir les maillons à-peu-près de.niveau les uns aux autres, partant les nœuds des mailles de corps tous dans un même plan horifontal', dé même que les nœuds des arcades & des cordes de rame. ‘nds | C’eft ici le lieu d'apprendre à faire un nœud fort commode, à l’aide duquel fans rien dénouer-en ti- rant l’un ou l’autre des côtés du nœud , on fait def- cendre ou monter un objet. Voici comment on S'y prendra : prenez un bout de ficelle de telle longueur qu'il vous plaira; attachez-en un bout à un objet f-. xe ; faites une boucle à un pouce de cet objet ; que cette boucle ne foit ni grande ni-petite; prénez Le bout qui refte de la ficelle après la A pale fez-le dans la boucle, en forte que cela forme une feconde boucle :/prenez Pextrémité du bout pañlé dans la premiere boucle ; pafñlez ce bout dans la fe- conde boucle, de maniere que vous en.ayez-même une troifiemez; vous arsêterez cette troifieme bou- €le, en nouant le bout de [la ficelle, avec la partie _ qui forme la troifieme-boucle, & laïffant fubffter cette ffoifieme boucle. | re | « Cela fait, «on prend Fenfuple dé derriere fur la | quelle eft difpofée la foie croifée furle dévidoir, & - + tenue croifée par le moyen d’un petitcordon de foie dont on pafñe un des bouts ledong des angles que — “ füntlesfils-croifés ; rarttenant le même ‘bout-le long , des autres angles oppofés au fommet des mêmes fils croilés enouant-enfuite les deux bouts enfemble. L’enfuple de derriere ef ün rouleatw-de bois au- quel ona pratiqué à chaque lextrémité, une moulure® , dans laquelle s'applique, les deux tafleaux échancrés attachés-aux piliers decdétriere dit métier. On dif pofe la foie fur l’enfuple, en la faifant pañler ästra-" vers un rateau ou une efpece de peigne : au fortir * des:dents du peigne, on prend les bouts de foie; on - ädeux petites baguettes rondes, entre lefquelles'on les ferre; on enveloppe d’un tour "ou deux ces ba- - guettes avec la foie ; 1l y a une ranurerdans-l’enfu- Onicontinue d’envelopper enfuite la foie fur l’enfu- ples à mefure qu’elle fort du peigne, jufqu’à ce qu’on : or la fin. C'eft dans cet état qu’eft l’enfuple, lorfqu’on Ja AY Ê Pour achever le montage du métier. ; * ® On eft deux : Pun entre le corps de mäilles & l’en- fuple de derriere , & l’autre entré l’enfunle de de-. vant ou les deux piliers de devant, & Le côtps. F On commence par fubflituer des envérjurés à fa ficelle, qui pañloit formé par les fils. | Ces enverjures font des bâtons :peréés pât leur qu'ils tiennent les fils de foie croifés, on‘les atrête®® chacun d’un petit cordon de foie qu’onfnoué, afin que s’ils venoient à s'échapper d’entre les foies, elles me fe mélaffent point, mais qu'on pût totffour$ re-"| placer les bâtons, les féparer , &e Îles tenir croi- fs. Cela fait, celui qui eft entre l’enfuple de derriere 8 les mailles de corps, divife les fils de foie par ber- ins qu’il tient de la main gauche; de la droite, 1l fe- | une-même ve lé; on enferme ces deux baguettes dans latraimgire ; 1 VAETE. pare les fils avec le doigt par le moyen des enverju< res, Pour concevoir cette féparation, imaginez deux : filsieroifés & formant deux angles oppolés au fom- met où 1ls font appliqués l’un contre l’autre. Il eft évident quefi ces deux fils font tenus croifés par : deux bâtons pañlés'entre les deux côtés d’un angle d’un côte, & les deux côtés d’un angle de l’autre, | léfommetde langle fe trouvera entre les bâtons ; de plusque fi la partie d’un des fils quiforme un côté d’un des angies , pafle deflus un des bâtons , la partie qui . formele côtédelautre angle paffera deflous, & qu’en « fuppofant que la partie du fil que l’ouvrier adefoncô- téquiforme Je côté de l'angle qui eft à gauche, pañle . fous, le bâton qui eft à gauche, l’autre paflera deffous le bâton qui eft à droite, & qu’en preflant du doigr cette dermere partie , on féparera très-diftinétement un des fils de Pautre; & que s’il y en avoit un troi- fieme-qui croisât le dernier, c’eft-à-dire , dont la partie qui fait le côté de l'angle qui eft à sauche, ….pañlät fur le bâton , & Pautre deflous, en preffant du _ doigt la premiere partie de ce fil, on la feroit fortir ou l’écarteroit du {econd fl. :_ left encore évident qu’on fait fortir de cette ma- _niere les fils les uns après les autres , felon leur vraie difpofition , 8 que s’il en manquoit un qui fe füt rom- “ pu son connoitfoit toujours fa placer” re ,, Caril faut pour faire fortir les fils preffer du doit alternativement la partie dé fils qui paflent defliis & |-quipaflent deffous;les bâtons; au lieu que s’il man- quoit un fil, il faudroit prefler -deux fois du même côté. S’1l manquoit un fil, 1l s’en trouyeroit deux fur une rge ; ce quis'appelle en tefrhe de’art Joratre, LE ES h 14e «Louvrier qui tient(la laîné de 4 mañt gaitche ; fépare Les fils les'uns après les autres , parle moyen de leur encroifement &c dés enverjutes, avec Pun des doigts de la droite; obfervant.bien de ne pas |: prendre”än brin pour un fl, cela eff fort fâcile, Comme ily a beaucoup plus de fils à la chaîne que | de fils de poil ou de roqüetins, où de Maillés de “ corps, êc que l’opération que je décris confifte à di- ffribuet également tous les fils de la"chaîne entre les « mailles de corps, il eft évident quil pañlera entre | chaque maïlle de corps fn nômbre plu$ ou moins ogtands de fils de chaîne, qu'il y aura moins de ro- |. quetins & plus de fils de ‘chaine. Îci nous avons fuppoié deux éens roquetins, & par cofféquént deuxtéens-mailles de corps; nous allons maintenant fuppofer-douxe cens fils à la chaï- “ne "fans compter ceux de ladifiere qu’on fait ordi- néirement d’une autrécouleur. Pour {avoir combien il faut placer de fils de chaîne entre chaque fil de ro- auretin-Ou maille de corps, il n’y a qu'à divifer le nombre des‘fils.de chaîne paf celui des mailles de corps, & diré par confédüentäici, en 1200 combien de fois,200 ,:ou en 12) combièn de fois deux; on tfouvé’6 , c’eft-à-dire, qu'il faut diftribuer entre cha- [ quemaille dé.corps, fix fl de) chaîne. . Mais en diftribuant entre chaque maïlle de corps fix fils-de chaine , il y aura une maille de corps qui “fe tfouvera librè, que la chaîne n’embraflera pas; ar les angles oppofés au fommet .. D da df 4 mais la chaîne faifant le fond de Pétoffe, & les mail- les de Corps ne fervant qu'au mouvement des fils de ['roqétins qui font deitinés à figurer fur le fond de longueur ; lorfqu’ils font à la plaëe du cordon, &. létofe,, 1l faut que tous ces fils de roquetins foient emibraflés pañ les fils de chaîne. Comment donc faire ? car voici deux conditions qui femblent fe contredire ; lune que les mailles de corps Hoïent toutes prifes dans la chaîne, & l’autre que la chaîne foit également diftribuée entre les mail les de corps. Voici commentons’y prend. Par exemple dansle cas préfent on commence par mettre trois fils de chaï- ne {ur la premiere maille de corps, ou hors du corps, VEL on metenfuite fix fils de chaine entre la prémiere & la feconde maille de corps, fix entre la feconde & la troifieme, &c ainf de fuite. D'où il arrive qu'il refte à la deuxcentieme maille de cotps , trois fils de chaîne qui font fur élle & hors du corps, & que lon fatisfait à toutes les conditions, ainfi l’ouvrier qui eft entre le corps & l’enfuble de derrieré, commence dans le cas dont il s’agit, pat féparer avec un des doigts de la main droité, trois fils de chaîne, qu’il donne à louvrier qui eft entre le corps'ét l'enfuble de devant ; cet ouvrier les prend & lés metentre unenavette attachée à unetringle de bois fixée à fon côté gauche, à l’eftafe, owaucafin. Le premier ouvrier fépare fix fils de chaînes , qu'il tend'aufecond , qui les pafle entre la première & la feconde maille de corps, & ainfi de fuite jufqu’à la fin de la chaîne &c des maïlles de corps. Lés mailles de corps & les maillons ou fils de to- quetin font placés de maniere que la chaîne pafle au deffus des maillons ou fils de roquetins , à-peu-près de la hauteur de trois ou quatre pouces. | 1 faut obferver deux chofes, c’eft qu'il y a fut la premiere & la dermere maïlle de corps,outre les trois fils dechaînedontnousavons parlé, les fils qui doivent compofer la lifiere, quifont en plus où moins grand nombre , felôn que l’on veut que la lifiere foir plus Où moins grande, ou forte ; ic11}y a de chaque côté du corpspour faire la lifiere, Quarante fils; ces fils de la biere font placés fur l’enfuble de derriere avec la chaine , & envergés comme elle. Après cette premiere diffribution, on prend le chârelet, où autrement dit la petite carette, & on la place fur les éftafes à côté du caffin ; où plutôt tout cela doit être placé avant aucune opération. La belle & bonne méthode pour montérun métier, foit velours, foit broché, eff de bien ajufter & atta: cher le rame, lesarcades & le corps, les ayant pañlés ainfi qu’il vient d’être expofé; après quoi on envergé lès mailles de corps felon l’ordre qu’elles ont été pai- fées , & on pafle dans l’envergure deux cannes ou baguettes aflez fortes pour rendre le corps parallele à lenfuple de devant ou de derriere : on fait defcen- dre les deux cannes ou baguettes , près des aiguilles, à quatre pouces énviron de diftance l’une de l’'autré, &t quand il s’agit de pafler les branches de roquetin dans les maillons, on n’a béfoin que de fuivre l’énver- geure du corps. Ordinaifement on pañle la chaîne du velouts entre les maillons, & après que la chaîne eff pañlée , ontire l’envergure qui devient inutile, par- ce que chaque maille de corps eft fuflifamment fépa- rée par les fils de la chaîne, qui ont précédé cette opération. Lesroquetins font toujours pañtés les der- Mers , au-lieu qu'ici c’eft la premiere chofe par la- quelle on a débuté pour plus de clarté. Pour fe former une idée de la carette, imaginez, comme au caflin, deux morceaux de bois paralleles , de même groffeur, longueur , & tenus À quelque dif- tance Fun de l’autre, & parallelement par deux peti- tes traverfes. Sur chacun de ces morceaux ,Onenafe femble deux autres perpendiculairement , à quelque diftance de l’extrémité des premiers qui fervent de bafe à la carette ou au chatelet ; ces deux derniers ont plus ou moins de hauteur ; ils font percés par leur extrémité chacun d’un trou corefpondant qui puifle recevoir une verge de fer. Perpendiculairement à l'extrémité des piéces qui fervent de bafe, & parallèlement à ces morceaux petpendiculaires & percés, on en éleve deux autres qui s’aflemblent avec la piece de bafe , qui font un peu plus bas que les morceaux petcés ; & qui font af- femblés par leur extrémité par. une traverfe, On a autant de petits morceaux de bois plats, & allant un peu en diminuant par les boats , de la lon- gueur dé trois piés , & percés tous pat le milieu, VEEL S9f qu'il ya delifles À l'ouvrage: on enfile css iorceaux de bois dans la verge de fer : on meténtre chacun & les deux pièces perpendiculaires de la catette qui doit leur fervir d'appui , en recevant dans les trons faite à leur extrémité ; la broche qui les traverfe., des pe* tites roulettes de bois pour temir ces efpeces de petits leviers féparés, qui outre les trous qu font au mi- leu, en ont encore chacun un à chaque extrémité r dans une direétion contraire à celui du milieu : car ces trous des extrémités font percés de bas en haut , ët ceux du milieu font percés horifontalement;on ap- pelle ces petits leviers a/eirons ; la vérce de fer leur fert de point d'appui, & leur queue eff foutenue fur la traverfe des petites pieces perpendiculaires à l’ex- trémité des deux pieces qui font paralleles aux mot- ceaux percés qui reçoivent la broche ou fil de fer. Cet afflemblage des aleirons , des morceaux de bois parallelement tenus par des traverfes, des deux pie- ces percées par Le haut & fixées à quelque diftance des pièces paralleles de bafes, 8: des deux autres moin. dres pieces, moins hautes que les précédentes, & affemblées par une traverfe qui joint leur bout & pla- cés tout-à-fait à l’extrémité des pieces de bafe & moins haute que les piecés percées ; cet affemblage s'appelle la caresse ou le chéreles ; on lé met à quelque diftance du cafin , furles’eftafes , les extrémités dur devant des alerons répondans à l'endroit où doivent être placées les lifles , &c les extrémités de derriere des aleitons ; ou ceux qui portent fur latraverfe & qui font plus bas, débotdant l’efltafe : on fixe le chatelet ou la carette dans cet état. La carette fixée , on prerd des ficelles qu’on pafle par l’extrémité de derriere dés aleirons, & on atta- che à ces ficelles des contrepoids capables de faire relever les extrémités de devant des aleitons lotf- qu'ils feront tirés,il y a un contrepoids à chaque alet- ron ; les ficelles qui joignent des extrémités de der- riere des aleirons, aux contrépoids, font paflées au- paravant dans un petit morceau de bois plat percé d'autant de trous qu’il y a de ficelles; ces petits mor- ceaux de bois empêchent les contrepoids de fe mé. ler,& tiennént les ficelles dansune dire@ion toujours parallele : on appelle les contrepoids carreaux ; en- fuite on prend des ficelles qu’on plie èn quatre ; il faut qu’ellés aient, pliées en quatre, environ un pou- ce & demi de longuéut ; ces ficelles pliées en qua- tre, forment deux boucles à l’une de leur extrémité: on faitungros nœud à l'autre, de maniere qu’en paf- fant les quatre brins par le trou fait à l'extrémité de devant des aleirons , ils ne s’en échapañfent pas ; ces quatre brins formant deux boucles, pañlées pat letroix des aleirons, font tournées en bas vers les marches: & le nœud eft en-deffus des aleirons : on prend autant de ces ficelles phées en quatre, qu’il y a d’aleirons , &t on les en garnit tous comme nous venons de dire. Puis à chacune de cesboucles, onpratiquelenœud coulant que nous avons appris à former, ce nœud à laide duquel un objet monte ou defcend à difcrétions il part donc deux boucles de l'extrémité de chaque aleiron , & de chacune de tes boucles , un nœud coulant. Ces nœuds coulans font deflinés à tenir les liffes fufpendues à la hauteur convenable; il faut que les mailles des liffes de chaine ou de piece , foient pa- ralleles à la partie fupérieure de l’enfuple de devant &t de derriere , enforte que les fils de chaîne, Les mailles de remifle, ou de toutes les lifles de piece ou de chaine , & la partie fupérieure des enfuples , font toutes dans un même plan horifontal. On fufpend enfuite les Hffes de chaînes aux nœuds coulans qui partent des extrémités des aleirons , & on les tient dans la fituation que nous venons d’indiz que: Boà VEL Maïs pour-biën entendre ceci, il faut favoir ce Qué c’eit qu'une life, + DE: ” Il faut diftinguer dans la life plufeurs parties les prémieres foht deux petits morceaux de bois plats, d’environtunpouce & derni delargeus, fur quatre à cing lignes d'épaifreur., | Ces petits morceaux font façonnés en queue d’a+ ronde àleur.extrémité, & percés felon leur épaifieut d’untrouà chaque extrémité, àquelque diffance de la queue darondé: on appelle.ces petits morceaux de bois-lifférons : ily a deux lifferons à chaque liiles, On a-enfuiteune ficelleaflezlongue pour aller d’un bout à l’autre du-lifferon, &pour pouvoir s'attacher fermément aux trous des deux queues d’aronde du lifferon, & fe tenir couchée fur lépaifeur du leron: on ptendur cette ficelle une diftance égale à celle de l'intervalle des deux trous qui traverfent lépaif- . {eur du lifferon , ou mêmetégaie à la diftance entiere du lifferon ; excepté les queues d’arondes. Onfixe fur cette partie! de la ficelle des bouts de fils pliés en deux , & formantune boucle: ona dans cet intervalle au-moins autant de boucles qu'il ya d'unités au quotient dunombre des fils de la chaîne & de la lifiere:, divifés parle nombre des lifles de pieces: car les liffes de pieces augmentent ou dimi- nuent en nombre, felon laqualité de l’étoffeque on “veuttravailler ; cette ficelle armée de fes morceaux de fils formant des boucles qui feront partie de ce qu'on appelle sailles de-lifles , s'appelle la craffelle. : L'autre lifferon a fa queue d’aronde, fa criftelle, fes boucles, comme celui-qui fe vient de décrire, mais il faut obferver que:quand on a armé la criftelle de fes boucles, il a fallu les pañler dans les boucles de l’autre ;. ce font ces boucles pañlées Pune dans l’autre, qui forment ce qu'on appelle /a maille de life. Les deux diflerons , les deux criftelles, avec les mailles de lifles , font ce qu'on appelle we life. Lorfque les criftelles font faites , on les finit fur Pépaifleur des liflerons, en pañant le lifleron fous la criftelle , pour le lifferon d’en-haut, &c {ur la criftel- le pour celui d’en-bas , &c attachant enfuite ces crif- telles aux queues d’aronde des lifferons. Quand on a les lifles, on prend les nœuds coulans qui defcendent des alewons , on les pañle dans les trous percés dans l’épaifleur des lifferons ,,8 on fait ‘un nœud qui les empêche d’en fortir , &les liffes font Jufpendues. | = Oncommence par fufpendté les liffes de pieces. Il doit y avoir dans l'exemple que nous avons choïfi, cinq lifles de pieces ; & puifqu'il y à quatre-vingt fils de lifiere , & douze cens fils de chaine, 1l faut divifer mille deux cens quatre-vingt par cinq, pour favoir combien il doit y avoir de mailles de lifles à chaqueliffe: or mille deux cent quatre-vinot, divilé par cinq. donne deux cens cinquante-fix , c’eft-à- dire qu’il doit y avoir à chaque liffe de chaîne, deux cens cinquante-fix mailles. L’aflemblage des cinq lifles de pieces , s’appelle remifle. Dans les métiers montés comme 1l faut , on ne met point d’arbalête aulifferon d’en-bas, on y atta- che feulement à deux pouces de diftance , un autre lifferon beaucoup plus court, auquel on donne le nom de faux lifferon , lequel eft percé dans le milieu du dos ; de la quantité de trous néceflaires pour la quantité d’eftrivieres , dont chacune eft pañlée dans un trou du faux lifferon. Cette façon de placer les eftrivieres , rend'la marche plus douce, êtufe moins de cordes." : _ On pafñle par les trous des lifferons d’en bas des lifles ; depetites ficelles qu'on appelle arbaléres., par- ce qu’en effetelles font avec lelifferon, la figure d'une arbalète dont la corde feroittournée vers Le manche; on attache à chaque arbalète une ficelle qui va trou- vérufémarche à laquelle elle s’attaché.} Éciqu'elle tient fufpendue ; cette ficelle s’appelle.efriviere,. D’où lon voit qu’en appuyant le -pié furda mar- che ;-.ontite l’eftriviete: qui tire l’arbalête , l’arba- lête tire le Lfferon ; le lifferon tire ka hffe,-la life tire les -nœuds coulans qui font defcendre les extré- mité des aleirons , qui font lever leur. autré,extré- mité ; & monter les carreaux qu femettent.-la liffe dans fon, premier état}, fon ôte le pié de deflus la marcher ; fo. A dan dès | Lorfque les cinq lifles de pieces font fufpendues , il s’agit de diftribuér.entr’elles les fls:de.poils, ou de roquetins, &ciles.fils detchaine,, de lifiere,, ou dé PEEC Se QUTE 72 23: ENTREE _. La lifierene fe pafle ordinaitementique quand les autres fils font paflés, Voïcicomment on s'y prend, pl tai … On commence parles fls.de chainés ou de pieces,' ou plutôt-par ceux.de lifiere. | | À fin de’les pafler plus commodément, & les pren: dre bien dans l’ordre qu'ils doivent être pris, 1l faut faire pafler l’envergure au-delà du corps. .: Voici comment.on sy prend. On approche le plus près du corps que l’on peut., les deux verges; puis on.pañle fa main le long de la verge La plus pro- che du corps ; onécarte le plus que l’on peutlesdeux patties de la chaîne, de maniere qu’elles paroiifent féparées au-delà .du.corps.; alors on infere la main gauche entre elles, obfervant bien de ne pas laiffer à l’une un fil qui appartienne à Pautre, & de lagau- che on tire la verge la plus voifine du corps,.8 on la mer à la place.de la main droite: cela fait, on _ preffe-le plus. qu’on peut vers le corps., celle qui re- fte , & l’on éloigne le plus qu’on peut celle.qu'on a déplacée ; il arrive de-là que l’endroit où les:fils fe croifent , s’avance au-delà du corps ; lorfqu’on. s’en appercçoit , on infere la) main droite entre les côtés des angles oppofés au fommet , on tire,de la gauche l'autre verge, & l’on la fubftitue à la mainidroite. Il eft évident qu’en s’y prenantainfi, l’envergurefe trouve entre le corps &c les lifles. Cela fait, on continue l'opération à deux, un des ouvriers fe place à côté des lifles , l’un eft placé derriere iles liffes à côté de envergure, l’autre eft placé devant. ; | Les berlins de la chaîné font attachés lun après l’autre à une corde qui prenant à un pié de devant d’un côté, vient s'attacher à unpié de devant de lau- tre, &c forme une efpece d'arc ; l’autre eft placé vis-à-vis de lui, il prend les berlins de la chaîne &c de la lifiere , &1l commence par féparer un fil de li- fiere à l’aide de l’envergure ; 1l ie tire enfuite du ber- lin, & le préfente au premier quile prend &r le pañfe dans lä premiere maille de la life la plus voifine des liffes de poils; pourla pafler, voici ce qu'il fait. On fait que cette maille eft compolée de deux boucles qui fe coupent à angles droits; oril prend la boucle d’enbas, il y pañle les doigts de la main gauche , en écarte les fils, l’éleve un peu au-deflus de l'extrémité de la boucle d’en-haut , dont il écarte pareillement les fils qui laforment , en avançant les mêmes doigts & s’aidant de la.droite,.&il fe fait une ouverture entre ces fils, dans laquelle il pañle le fil delifiere qui lui eft préfenté, puisil rerirefes doigts, les boucles qui forment la maille fe rapprochent par le poids des lifferons & des marches ; il ne faut point de marches quand on remet, ellesembarrafleroient & chargeroient trop les lifles; le fil de lifiere fe trou- ve pris entre les boucles ou dans lamaille, & ne peut plus ni defcendre ni baïfler ,: fans .que la Jifle defcende ou baïfle , quoiqu'il puifle. fort. bien gliffer horifontalement. EM Ce fil pañé, l’ouvrier qui l’a pañléle met derriere la navette attaché à latringle qui eftplacée à fa an” | A L ché VEL che où il eft arrêté ; cependant l’autre fépare un fe. cond fil de lifiere qui fort enfuite du berlin, qu'il tend à louvrier qui le pafle , commenousavonsdit , dans la premiere maille de la feconde lifle en defcen- dant vers le corps ; il pañle le troifieme fl dans la pre- miere maille de latroifieme lifle , en s’avançant vers le corps ; le quatrieme fil dans la premiere maille de la quatrieme life , en s’avançant vers le corps; Le cinquieme fil dans la premiere maille de la cmquie- me lifle ou derniere vers le corps , du moins dans louvrage que nous nous propofons de faire , où nous n’avons que cinq lifles de piece. Lorfqu’il a pañlé le cinquieme fil dans a premiere maille de la cinquieme liffe, ou de la life la plus voi- fine du corps , il pafle le fixieme fil dans la feconde maille de la premiere life de piece la plus voifine des lifles de poil ; le feptieme dansla feconde maille de Ja feconde life , en s’avançant vers le corps, c’eft- à-dire qu'il continue & reprend fon opération tou- jours de la même maniere, jufqu'à ce qu'il foit à la fin de lalifiere, Quand il en eft à {a chaine , 1l fuit un ordre ren- verfé, c’eft-à-dire qu’il pafle Le premier fil de piece dans la premiere maille vacante de la life la plus voi- fine du corps , c’eft la neuvieme maille, car il y a quarante fils de lifiere qui divifés par cinq , donnent huit , c’eft-à-dire qu'ils occupent huit mailles de cha- que liffe, Il pafle Le fecond fil de piece dans [a neuvieme maille de la life qui fuit la plus voifine du corps, & anf de fuite jufqu’à la cinquieme ; à la cinquieme, il revient à la life la plus voifine du corps; cela fair, il recommence jufqu’à ce qu'il ait épulé les fils de piece, c’eft-à-dire qu'il ne refte plus huit mailles vacantes dans chaque liffe ; pour remplir ces hui mailles vacantes, des quarante autres fils de lifiere, 1l abandonne Pordre des fils de chaine, & il reprend pour les pafler l’ordre de hffes qu'il a fuivi en pañlant les quarante premiers. Cela fait, tous les fils de piece & de life fe trou- vent paflés; mais dans cette opération le remetteur a eu foin d’en faire des berlins , à mefure qu’ils aug- mentoient en nombre , afin de les empêcher de s’é- chapper, & celui qui les lui tendoit , avoit grand foin de les lui tendre en entier, c’eft-à-dire bien fé- parés & avec tous leurs brins. On diftribue enfuite les fils de roquetin ou de poil, c’eftprécifément dans cette occafion qu’on doit commencer à pañler les branches de roquetin dans les mailles de corps, enfuite entre celles du remif. fe, & après fur les deux lifles qui leur font deftinées. La diftribution des fils de roquetin ne fe fait pas comme celle des fils de piece. Les fils de poil feront diftribuésentre les mailles de corps , tandis que les fils de roquetin pafleront dans les maillons ; ici c’eft le contraire, les fils de piece paflent dans les mailles de life, & les fils de roquetin ou de poil paffententre elles; maïs voyons commentils s’y diftribuent. Il y a mille deux cens qua- tre-vingt mailles de life, & il n’y a que deux cens fils de roquetin. De ces mille deux cens quatre-vingt mailles de life, comme il ne doit point y avoir d'ouvrage dans la Bffe, 1l eff évident que le fil de roquetin n’y devant point entrer, on commencera donc par en Ôter qua- rante de chaque côté, ce qui les réduit à douze cens, c’eit dans ces douze cens que les fils de roquetin doi- vent être contenus ; il eft donc évident que c’eft fix mailles de Life pour un fil de roquetin ; mais en s'y prenant ainf, le premier ou le dernier fil de roque- tin ne ferotent pas compris dans les douze cens mail- les de Hife ; pour cet effet après les quarante mailles d'un côté accordées aux fils de life, on en ôte en- çore trois. c’efl-à-dire la neuvieme de la premiere PARIS 0 en | VEL 893 Effe , ou de la plus voifine du corps, la neuvieme de la Life fuivante, & la neuvieme de Pautre, puis on pañle un fil de roquetin; on continue enfuite à diftri- buer un fil de roquetin entre les mailles de kiffe, en comptant de fix en fix mailles il eft évident qu’il refte après les neuf cens fils de roquetin diftribués entre les mailles de hffe, comme nous venons de prefcrire, trois mailles de life , plus les quatante deftinées aux fils de lifiere. On obferve à mefure qu'on pañle un fil de roque- tin , de le fixer derriere la navette, & de faire des berlins quand il y en a un certain nombre de pañlés. Cela fait, on place les deux liffles de poil; nous al: lons voir comment les fils, tant de chaîne que de roquetin les occupent. Ces deux liffes font conftruites & attachées aux aleirons comme les premieres; maïs c’eft encore ici l'ordre renverté; les fils de poil ou de roquetinétoien difiribués entre les mailles des autres lifles & les fils dé piece ou de chaîne pafloient dans les mailles, ici ce font les fils de roquetin qui pailent dans les mails les, & les fils de chaîne ou de piece font diftribués entre elles. | Pour ceux de lifieres , ils font tous au-dehots de ces deux liffes , & vont droit au peigne fans les tra- verfer, On commence par pañler les fils de roquetin dans les mailles ; ceslifles de poil n’ont pas plus de mailles chacune, qu'il y a de fils de roquetin, c’eft:à-dire deux cens dans l’exemple que nous avons choïfi, Loù l’on peut conclure qu’un fil de roquetin paffe dans deux mailles de life; car chaque liffe ayant autant.de mailles qu’il y a de fils de roquetin, les deux liffes enfemble auront deux fois plus de mailles qu'il n’y a de fils de roquetin. | | Pour pafñler le premier fil de roquetin dans les deux liffes, on commence par tenir une de ces lifles plus haute que l’autre ; la premiere ou la plus voifine de Penfuple de devant. Il arrivera de-là que les mailles de ces Hiffes ne fe trouveront plus dans le même plan, ne fe correfpon- dront plus; mais que les boucles d’enbas de celles de devant s’ouvriront dans les boucles d’enhaut de celles de derriere ; & que fi l’on prend un fil de ro- quetin & qu’on le conduife horifontalement à-travers les fils des deux premieres marches de ces lifles, ce fil de roquetin fe trouvera entre les fils de la boucle d’enhaut de la derniere lifle, &c entre les fils de la boucle d’enbas de la premiere, & cela d’un bout à l'autre des liffes. D'où l’on voit que ces fils peuvent fe mouvoir {t- brement en montant dans la life de dertiere, & li- brement en defcendant dans la life de devant; mais que la life de devant fera defcendre tous les fils de roquetin, en defcendant, & que la liffe de derriere les fera tous monter avec elle ; voila pour le paflage des fils de roquetin dans les liffes de poil. Quant à la diftribution des fils de piece dans ces lifles, c’eft la même que la difiribution entre les mailles de corps. Il y a ici autant de mailles de liffe de poil que de maillons ou que de fils de roquetin, & il y a fix fois plus de fils de piece; c’eft donc fix fils de piece pour un fil de poil ou de roquetin. Mais comme il faut toujours que les fils de roque: tin foient enfermés dans Les filsde piece à caufe de leur deftination , qui eft de former le deffein dans la piece, & que fi l’on commençoit par mettre 6 fils de chaîne puis un fil de roquetin, &z ainfi de fuite, le dernier fil de roquetin fe trouveroit hors de la chaine ; on com- mence au contraire à laifer les trois premiers fils de chaîne , puis on prendunfl de roquetin, puis fix fils de chaîne, puis un fil de roquetin, & ainfi de fuite; X Xxxx 894 VEL “d’où il'arrive que le dernier fil de roquetin a fur trois fils de chaine. | Il faut obferver qu’on n’a pas béfoin de faire pañler aci les enverjures pour la diftribution des fils ; car on ft dirigé par les mailles des Hifles précédentes pour les fils de chaîne, & par les maillons pour les fils de roquetin. On a foin detenir ces fils arrêtés à mefure qw’on lespañle, & d'en fare toujours des berhns. On tient les liffes de poil ou de roquetin un peu plus haut que les autres, afin que les fils de poil ou “de roquetin fe féparent davantage de la chaîne en- deflus, & que l'ouvrier puifle travailler plus com- modément, foit avec les navettes, foit avec les fers de frifés & de coupés. «t Cela fait, il ne s’agit plus quede diftribuer dans le peigne tous ces fils. , Le peigne eft compoié de petites lames fort min- ces, añez proches les unes des autres, fixées paral- eles les unes aux autres, dans deux petites traverfes rondes. On choifit dans ce peigne une quantité de dents ‘proportionnée à la quantité de fils qu'on a à y diftri- buer, & à la grandeur de P'étoffe qu'on veut faire ; fi Von prenoit trop de dents pour la quantité de fils, “alors Le tiflu feroit rare &c Pétoffe mauvaife, Le defflein “mal exécute. Si au contraire onen prenoit trop peu, il fe trou- ‘veroit trop de fils dans chaque dent du peigne, la féparation s’en feroit difficilement , 1l y auroit un frottement qui ufercit les foies & les feroit caffer, es fils fe trouveroient les uns fur les autres, l’étoffe feroit trop compaéte, mauvaife, & mal faite. On a ici à diftribuer dans les dents du peigne, quatre-vingt fils de lifiere, quarante de chaque côté de la chaîne, douze cens fils de chaine, & “entre eux deux cens fils de roquetin. On peut prendre d'abord quatre dents poux les quarante fils de lifiere d’un côté, dix à chaque dent, cent dents pour les fils de chaîne & de roquetin, c’eft-à-dire douze fils de chaïne, &c deux fils de ro- -quetin à chaque dent. . Prenez quatre dents pour les quarante autres fils ‘de lifiere, dix à chaque dent. Si on baïfle les lifles de roquetin, alors on never ra que les fils de piece ou de chaîne s'élever, tous les autres fils de roquetin feront en-deflous, Si au-contraire on baïfle le remifle ou toutes les Liffes de chaîne, on ne verra que les fils de roque- tin , toute la chaîne fera en-deflous. . Mais on demandera peut-être comment il fe peut faire que n’y ayant que deux fils de roquetin fur ‘douze de chaîne, ces deux fils de roquetin fuffifent pour couvrir toute la chaîne, quand en baiflant les lifles de chaîne on la fait pafleren-defious, Cela fe fait par deux caufes; par le peu d’inter- valle des dents qui font fort ferrées les unes contre les autres, & qui raflemblent deux cens fils dans un aflez petit intervalle ; &c la féconde caufe, c'eft que les deux cens fils ont beaucoup plus de brins que les fils de piece. Les deux cens dents du peigne ne doï- vent contenir que quatre pouces, puiique les velours ordinaires ne font compofes que de loixante- quinze portées de chaine faifant à quatre - vingt fils chaque portée, fix mille fils, & que la largeur ordinaire de étoffe n’eft que de vingt pouces environ ; douze cens fils par conféquent ne font que la cinquieme partie de fix mille fils. Cela fait, on arrête les fils devant le peigne en en fafant des berlins , & l’on place le battant. Imaginez un morceau de bois auquel » par fa par- tiefupérieure , on a pratiqué une rainure ; foieñt aux extrémités de ce bois, deuxautres morceaux affem- hblés comme on voit, foit dans ces deux morceaux parallelés , un troifieme morceau de bois mobile, 8e cannelé à fa partie inférieure; on place le peigné verticalement dans la: cannelure de ces deux mor- ceaux de bois, dont celui de deflus eft mobile; on approche celui de deffous , de maniere que le peigne puifle jouer fans toutefois s'échapper. d Les deux morceaux de bois dans lefquels là piece placée au-deflus du peigne , femblable &r parallele à ceile du deflus, eft affémblée verticalement, s’ap- pellent Pare du battant. | : Il y à de chaque côté attaché à cette ame deux petites tringles de bois encochées ; ce font les fupen: tes du battant. . Quant au porte battant, c’eft un morceau de bois quarré, à l'extrémité duquel il y a deux tenons ronds dans lefquels on place deux efpeces de viroles de bois, mobiles fur les tenons. On attache le porte-battant aux battants par des cordes qui pañlent dans les coches dés füpentes du ttant, & qui Pembraflent par - derriere le porte- battant. | C’eft à l’aide de ces coches qu'on monte ou def- cend le battant, en faifant defcendre ou monter les cordes qui lattachent au porte-battant, d'une, de deux, ou de plufieurs coches. pr y, Les extrémités du porte-battant, où plutôt les deux vireles mobiles de bois placées dans Les tenons ronds de fes extrémités, font placés fur deux autres tringles de bois, encochées & placées contre les e£ tafes , &c parallelement à ces précédens ; on appelle ces tringles acocats, L’ufage des acocats eft de foute- mir le battant, & de Papprocher ou dé l’éloigner à difcrétion, en faifant mouvoir les viroles de bois ow roulettes dans les coches des acocats. Quand on a placé le battant, on prend lenfüpie de devant, & on la met fur les tafleaux, où entre les tenons & les piliers de devant; cet enfuple ou enfu- ble de devant eft à-peu-près femblable à celle de derriere ; elle a pareïllement deux moulures à fes extrénutés , avec une cannelure tranfverfales ces : moulures font pour la facilité du mouvement de l'en fuple fur elle-même, dans l’échancture des taffleaux ou tenons, &t la cannelure fert à placer Le compof- teur. , | Le compcfteur eft fait de deux petites bagtetres rondes, égales, dont les diametres pris enfemble font plus grands que celui de la cannelure ; d’où il arrive que fi l’on attache des ficelles à l’une de fes baguettes & qu’on la place dans la cannelure; qu’en: fuite on prenne l’autre baguette & qu'on la mette auffi dans la cannelure, de maniere qw’elle porteen partie fur Ja premiere baguette placée & contre les parois d’enhaut dela cannelure, & qu’elle foit em braflée à l'extérieur par les ficelles de là premiere baguette, on aura beau tirer les ficelles de la premiere baguette autour de l’enfuple; on ne la fera pas {ortir pour cela, car elle ne pourroit fortir qu’en déplaçant la baguette placée fur elle; mais elle né peut la dé- placer, car les ficelles paflant fur cette baguette la retiennent dans l’état où elle eft, & le tout demeure immobile, | | Be ce le On prendtous les berlins qu’on a faits pour empé- cher tous les fils de s'échapper à-travers le peigne ; on les traverfe d’une broche dé bois, de mamiere que partie des fils pafle au-deflus de la broche , partie en ‘déflous, On prend de bonne ficelle, qu’ôn pañle en double dans les extrémités 8x les autres parties découvertes dela broche; on attache ces ficellés à une des ba- guettés du compofteut ; on difpofe cette baguette 8 celle: qui lui eft tout-à-fait femblable, dans la cane- lire de lenfuple: puis on fxe l’enfuple dans cet état, c'éft-à-dire la cannelure un peu tournée én-deflous êt la ficelie un peu enveloppée autour de l’enfuple. * VEL Pour fixer l’enfuble, on a adapté à l’une de fes ex: trémités un morceau de fer, dans lé milieu duquel l'extrémité de l'enfuble s’emboîte quarrément ; cette boîte quarrée de fer eft garnie par une de fes ou- vertures d’une plaque ronde de fer, ouverte auffi dans {on milieu pour laïffer pafler l'extrémité de l’enfuble dans la boite , & dentelée par les bords. Ce morceau de fer s’appelle roulerre. Le chien eft une efpece d’S de fer dont nous avons déja parlé, dont l’extrémité s’engraine dans les dents de la roulette, &c tient l’enfuble en arrêt. On acheve de finir Penfuple, en plaçant entr’elle contre le pi- lier de devant , un petit coin de bois que l’on appelle une saque. | Cela fait, on va à l’autre enfuble,, à celle derrie- re; 1l y a au bas de chaque pié de derriere du mé- tier , deux morceaux de bois percés de trous, felon leur longueur, attachés aux piés parallelement l’un à Pautre. ‘On peut pafler dans ces trous une broche de fer, êt cette broche de fer fixe une corde qui lui eft atta- chée, & qui paffe entr’eux longitudinalement. Cette corde vient chercher la moulure de l’enfu- ble , & s’entortille autour d’elle; on appelle corde du vale : après qu’elle a fait plufieurs tours, trois ou quatre feulement, & pas davantage ; on a une efpece de morceau de bois échancré parun bout, & percé ; le trou reçoit la corde de valet , & l’échancrure s’ap- plique fur la moulure de l’enfuble ; l’autre bout de ce morceau de bois eft encoché. On pend un poids à cette extrémité encochée, ce poids tire cette extré: mité , & fait tourner l’autre fur la moulure ; l’autre ne peut tourner fans tirer la corde , là corde ne peut être tirée, fans tirer l’enfuble; & lenfuple ne peut être tiree, fans que la chaîne ne foit tendue ; on ap- pelle ce morceau de bois qui fait l'office de levier À l’extrémité de l’enfuble, #7 valer. UM y a un valet à Vautre extrémité, fi le valet tiretrop, on raccourcit le levier, en rapprochant Le poids d’une coche ou de deux plus près de l’enfuble. En $’y prenant ainfi, on bande la chaîne & la lie fiere à difcrétion ; quant aux filets de roquetin , ils {ont tendus à difcrétion auffi ; par les petits poids de plomb qui tiennent à chaque roquetin, & qu’on fait toujours aflez pefans pour le fervice qu’onten at- tend. he Voilà maintenant le métier tout arrangé , il n’eft plus queftion que d’une petite opération dont nous allons parler ; pour qu’il foit ce qu’onappelle monse. Mais avant que de pañfer à cela , il ne fera pas hors de propos de direunmot de cette multitude de liffes, de pieces ;, oude.chaînes. : Nous en avons.cinq,,. & on:en emploie quelque- fois beaucoup davantage. sb &fe lit On voit évidemment qu’elles partagent ici la chat ne.en cinq parties égales: a £ : Que quand on:en baïfe unes on ne fait baïfler que le cinquieme-de la chaîne , & que pour baiffer toute la chaîne, il faut les faire baifler toutes: : QiEe. Il eft encore à propos de faoirsique fi la premie: re hé ouda-plus-voifine du corps répond à la pre- miere marche à droite, il n’enceft pas ainf des aus tres. Ë 3 à YO 153.254 Æ- Voici l’ordre que l’on fuit, la premiere marche ti: re la premiere lifle; lafeconde:marche la quatrieme life ; la trorfieme marche la fecondelifle ; la qua- trieme marche, lacinquiemediffe ; la cinquieme mar: che, la troifieme fe : ainfi de fuite pour cinq lifes , comme pour un plus grand nombre; c’eft-là ce que les ouvriers appellent paffe de deux endeux. L’ouvrier en travaillant fait jouer ces marches’ les unes après les autres; quand il fait le fatin. Lafxieme marche tire la premiere liflede poil, : à La troifieme marçhe tire la feconde life de poil. Tome XFI, F VEL . Dans le cas donc qu’il y ait douze cens fils À chai- ne, & que lon ait cinq marches, &c qu'il y ait dou- ze fils de chaîne à chaque dent; ke Voici comment fe fait le fatin , ou plutôt une pe- tite table de la combinäifon des marches , des liffes & des fils. | ; Avec un peu d'attention fur cette table, on s’ap- Percevra tout d’un coup que ce qu fe pafle dans foi- xante fils, Où dans l'intervalle de cinq dents, fe paf fe dans tout Le refte. | *OJJI] SUOIOIT : no.‘ oyoseu ,bur “apr; owornburs no ‘221 ,17ENC} "afJI] 2PUOI2F NO foU2IeU oWoIOI ‘ouoseu 9puossç- SOUDIEU 2J0NU9I4 "aproworenb no "OA 270 Id no CLLILEE 4 (. | | | |. | | | | | 69 | | | | | | PRE CEE NES à CO Ce perse T qe | | + ET 208000009800 I Er AA, SR US € dt | *o:L 1I] ll 200950 OT LL I“OI sous | tuosvone OR X to |s0vos COL re 180, QU 40 QCCR ddl | el | SO ee QUE ° o-ls0/0es9cecse- | : | 25 06000090 I I 6e 8 2010-9 m'Étes serie “0 Berg ee QUIL PIC Axe £ h | vetarentrites es sesesoseovos (Gone 4 covenefzeree | | | : O1" #6 CN : ovelsioo |secseos|oe dogs |csve vc0480n QU" bé PU DS spvoelerfyesos £ Ce . “o°|* 9 | | | sorsooes 000660 ce Geen GI tosossessnre ( ag LED ignte: eopoavsstoseneese fers une Er e LOSETHOLOÈ TO ODOESLS Gsrsose ssveo tres one oue0touoes I fPoprrer Trio CT à 0 LL lassve T La à Voici comment fe fait le fatin dans l'étoffe dontil: XXxxx ij s’agit ici, 8c qu'on a pris pour exemple; ÿ ayant cinq marches, la chaîne eft divifée en cinq parties égales, il n’y a qu'un cinquieme quitravaille à chaque marche dans l’ordre repréfenté par la table. La premiere marche étant attachée à la premiere life, quand on la prefle, on baïfle la premiere life &c on en fépare de la chaîne le cinquiemes; 16, 114, 02,712, 510,3 8; quand on prefle la feconde arche , la quatrieme hffe {e baïfle ; 8x on fépare le cinquieme , 49, 27,12$,10 3,81, 6 11, & -ainf des autres, comme on voit par la table, Paflons maintenant à la partie la plus importante “du métier, je veux dire, le fample. On a un bâton , tout femblable à celui de rame ; il ‘a une moulure à chaque bout; l’entre-deux def mou- Tures eft rempli de cordes ou ficelles, il y en a au- tant qu’au rame ; elles font croifées comme celui de rame Pétoit. Les ficelles doivent être aflez longues pour atteindre à celles du rame. Ce bâton s'appelle £éton des cordes du fample. Le bâton armé de fes ficelles croifées s’appelle ample, Il nya de différence entre Le fample & le rame, que dans la longueur des cordes, & les yeux de per- -drix qui font au rame. Pour placer le fample, on s’y preñid comine par le rame; on fixe à terreun bâton, vis-à-vis du devant du caflin qu’on appelle bäion de fample ; on pañle à fes deux extrémités deux cordes qui font boucles étant nouées chacune par leurs bouts. On peut les appel- ler les cramailleres du bâton des cordes de fample: on fixe à ces deux cordes Les moulures du bâton des cor- des du fample. | On prend toutes ces cordes à poignées, & à l’aide de leur“crofement ou enverjure, on les fépare les unes d'avec les autres, & les unes après les autres. On pañle la premiere corde de fample dans l’oœ1l de perdrix de la corde de rame qui pafle fur la pre- “miere poulie d’en-bas de la premiere rangée nec que l’ouvrier aà fa gauche & l’y attache, en faifant um nœud. Obfervant que fa corde de fample ne foit pas lâche ; mais au contraire, bien tendue; pour ceteffet, il faudraque celle de rame fafle angle à l’endroit où elle ferdtireé par l'œil de perdrix; cet angle eft or- dinairement très-obtus. | Il pafle la feconde-corde du fample dans lœil de iperdrix de la corde duframe , qui pañle fur la feconde poulie en montant de la même rangée & l’y attache. La troifieme corde de fample dans l’œil de perdrix de la corde qui pañfe fur la troifieme poulie de la mé- me rangée. La quatrième dans l'œil de perdrix de la corde qui pañle fur la quatrieme poulie en moñtant de la même rangée. La huitieme corde dans l'œil de perdrix de la corde qui païle fur la cmquieme pou- Lie de la même rangée. La fixièéme corde dans l’œil de perdrix de la corde qui paîfe fur la ptemiere pou- ie d’en-haut de la feconde rangée verticale ; la fep- tieme corde dans l’oœil de perdrix , de la corde qui pañle fur la feconde poulie en defcendant de la mê- me rangée; & ainfi de fuite rempliflant les yeux de perdrix,' de chaque corde, de chaque ‘rangée, fui- _ “vant les rangées en zigzag ; d’où 1l s’enfuit que. cha- que corde de fampie tire les mêmes arcades, les mê- mes mailles de corps,les mêmes maillons, les mêmes ils de rôquetins que chaque corde de rame. Aïnfi la premiere corde de fample tire dans lexem- le propofé ,- les quatre premiers fils de chaque qua- ‘tre cmauantaine de fiis de roquetin; la feconde cor- de de fample, les quatre fecondsfils de chaque quatre cinquantaine de fils de roquetin , & ainf de fuite; ‘d’où l’on’ voit que par le moyen de cés ficelles du ample ,.des cordes de rames correfpondantes , des arcades, des maïlles de corps, des maillons, des mail- es de corps d’en-bas, & des aiguilles ; on a la faci- lité.de faire paroiître entelendroit de la chaîne que lon Voüdra tel fl, & autant de fils de roauetin qu'on le defrera. Et par conféquent , on a le moyen d'exécuter à Paide de la trame, de la chaîne , & de ces fils de ro- quétns qu’on peut faire paroître dans la chaîne & fur la trame , quelque figure donnée que ce foir, Il ne s'agira plus que de favoir quelles font les fi: celles du fample qu'il faudra tirer. Or nous allons mainteñant parler de la maniere de déterminer ces ficelles. Après avoir obfervé que là chaîne peut être d’une couleur, ou le fond , & les figures tracées dans la chaïne fur la trame , ou fur les fils des navettes qui courent entre les parties féparées, foit de la chaîne, foit des fils de roquetin, & qui les tiennent fépa- rées, d’une autre couleur, En travaillant ainf à l’aide de la chaine feulemenr, de la life, des cordes du fample, & des fils de roque- tin; On voit évidemment qu’en fuppofant la faculté de déterminer Les cordes de fample à tirer pour une figure + , on exécuteroit {ur la chaîne cet- te figure; on feroit alors ce qu’on appelle re étof: fe a fleur. | Nous venons de monter un métier, e”eft-à-dire de le mettre en état d'exécuter tout deffein qui ne de= mande pas plus de cordes que nous en avons em- ployé ; & même de repéter quatre fois ce deflein dans la largeur de létoffe: ce qui feroit 20 fois dans la largeur de l’étofe ordinaire, s’il ny avoit que so cordes. Car on a pu remarquer que chaque ficelle de fample tirant une ficelle de rame, & chaque fi: celle de rame tirant un faifceau d’arcades, 4 bouts d’arcades, ou 4 maillons, & les 206 maillons fe trouvant divifés en cinquantaines, & les 4 maillons tirés paroïflant toujours fur la chaîne dans des en- droits femblables de chaque cinquantaine ; car ce font ou les 4 premiers de chaque cinquantaine, ou les 4 trentiemes, 6. Qn doit repéter le deffein dans la chaîne , à chaque cinquantaine de fils de roque- tin , où chaque douze dents & demie du peigne, parce qu'il y a deux fils de roquetin dans chaque dent ; partant 24 fils en-12 dents, & 25 en 12 dents & demie. Cette façon de dire & demie n’eft pas tout à fait jufte ; car les fils de roquetin ne partagent pas également les fils de la dent, & ne font pas à égale diftance l’un de l’autre, & de l’extrémité de la dent pour qu’on puufle dire une demie-denr. Je veux dire feulement qu'il faut vinet-quatre dents, & un fil de la vingt-cinquieme pour avoir une cinquantaine de fils de roquetin. Jai oubliéde dire en parlant des piliers de derriere du métier, qu'il y avoit à la face intérieure de cha cun,‘un peu au-deflus de la chaîne, deux broches pa- ralleles à l’enfuple dans laquelle font paflées deux ef- peces.de bobines ; qu'on appelle r/rs. | Autre chofe encore à ajouter. C’eft une corde at- tachéé par fes deux bouts à deux murs qui fe regar- dent, & parallele à celles des rames, mais beaucoup plus forte, & placée: à côté du caflin!, du côté du: chârelet ; qu’on appelle 4rbalere, 2 : 0 L’arbalete fert à foutenirla gavafliniere ; elle fert auffñ à foutenir un! petit bâton qui flotte fur le fam= ple: les cordes qui foutiennent ce bâton s'appellent cordes de gance, &t le bâton, from de gance. La gavafñiniereeft une:longué corde pliée en deux, dans la bouclede daghelle paffe Parbaletes Les deux bouts de cette cordel font noués au bâton de rame. Elleieft bien rendue; 8&/comme elle ne peut être bien tendue qu’elle ne tire@z ne faffe faire angle à la cor- de qui la foutient ;c’eftpar cette raïfon qu'onappelle cette corde rbalese. Nous dirons raïlleurs pourquoi on appelle Pautre dont les brins font paralleles aux ficelles du fample,gavaffiniere.s 1 #2 Il ne nous refte:plus à parler quédu deflein, de [a -s VEL - leQure, du travail, & des outils qui y fervent. Pour le defiein, ‘on a un papier réglé, divifé en petits carreaux par des lignes horifontal es & verti- cales. Il faut qu'il y at dans la ligne horifontale au- tant de petits carreaux, que de cor rdes au fample. Pour faciliter la lc@ure du deffein , on divife là hi- “1 horifontale par dixaines, c’eft-à. dire que’ de dix en dix divifions de l'honifontale , a verticale ef plus forte que fes voifines, & fe fair remarquer. Il y a auffi des horifontates plus fortes les unes que les autres : on divife la verticale en certain nombre . de parties égales, & par chaque partie de cette ver- ticale on tire des horifontales paralleles. Il y a de ces horifontales un plus grand ou plus petit nombre, & elles font plus longues felon que le deffein eft ou "plus courant, Où plus s long &t plus lar- ge; &il y a des verticales un plus grand nombre, & Aa font plus longues > {elon que le deffein eft plus large &c plus long. . On divife pareillement le nombre des RE les en parties égales, &c on fait l’horifontale de cha- que partie égale, plus forte que les autres. Si l’horifontale eft divifée de dix en dix, & la ver- ticale de huit en huit, on a cé que les ouvriers appel- dent un deffein en papier de dix en hit. On trace fur ce papier un deflein, Comme où voit dans nos PI. Les quarrés Éorontaux repréfentent les coups de navette, qui doivent pañler pour fairé le corps de l’étoffe ; & les quarrés verticaux repré- fenteht lés cordes de fample. Les quarrés horifontaux repréfentent auffi les fils de roquetins. ” Les quarreaux qui feftent blancs marquent les fils de roquetih, qu'il ne faut point faire paroitre fui TPétoffe. Les autres quarreaux colorés marquent les fils de roquetins qu'il faut faire paroitre. Ces fils peuvent être de différentes couleurs ; maïs pour plus de fimplicité nous les fuppoferons ici tous "de fa même couleuf , bleus par exemple. SiTénport le bleu de différente couleur, c’eft que ce defféineft deftiné à faire du velours cielé, Le bleu-ciair marque le frifé, &c le bleu fort noir inardue le coupé. il faut obferver en faifant un deffein , que le fre foit toujours en plus grande quantité que le coupé, parce que comme on verra, le coupé ñe fe fait que fur le frié ; & le frife fert à empêcher le poil du cou- pé de tomber, il le tient élevé & l'empêche detom- Per, Les autres PEER ne fe tracent pas autrement, & 1] ny a guere de différence dans la maniere deles fre. Pour direun deflein, on METRE par énverger, ou plutôt encroifer le fample ,aën de ne pasie trom- per en comptant fes cordés. Puis on fixe à l’eflafe, à chaque côté du fmple, deux barres de bois ; oninfere entre ces barres & le fample, deux autres morceaux de bois qui le tirent -enarriere ,.& le tennent plus-tendu; l'un en:- haut & autre en- bas. Les verses qui appuient en-devant{ur des barres de bois, empêchent qu’il n'aille tout en arriere. I eft donc tenu par haut &t par bas, en ar- riere, par les bâtons placés entre lu &c les barres, & tenu en-devant par | les verges de fon enverure. Puis au-deflousdu premier morceau de bois & de la premiere verge, on place un inftrument que nous allons décrire, entre le fample & les barres de bois, contre léquel Left preflé pardefample qui eft ici en arsiere. Cet inflrument confifte en trois morceaux de bois plats, aflemblés par un bout par une chevil- le de bois, autour de laquelle 11 fe meut hbrement, dont le dernier eff divifé à fa furface extérieure, ps un certan nombre de crans larges & profonds, à égale diffance les uns des autres; les deux autres s'appliquent fur cehu-ci,ê le couvrent quand il en V'ELL 897 eft befoin, & peuvent auffi s’aflembler pat l’autre bout, au moyen d'une autre cheville de bois. Cet infrument $ ie un efcaleste, &t {on ufage princi- pal eft de faciliter encore la leéture du deflein, en fa- cilitant le compte des cordes. Pour cet effet, lorfqu’on la appliqué comme J'ai dit, oninet dans ‘chaque cran dix cordes de fample, c’eft-à-dire autant de cordes de fample , qu'il y a de divifions dans la ligne horifontale du Rein Cela fait, on met fur cette lame de bois divifée; là feconde qui la couvre; on applique fur cette fe- conde la feconde ; on pale fur cette feconde & fur le deflein la troifieme, &t on les fixe toutes trois pat l’autre bout. On voit que par ce moyen, le deffein fe trouvé pris entre les deux lames reftantes ; la lifeufe le dif- pofe entre fes lames, de maniere qu’il n’y ait que fà premiere rangée de petits quarreaux qui débordent les lames, foit par en-haut, foit par en-bas, Alors elle prend à côté d'elle des ficelles; toutes prifes d’une certaine longueur; elle examine fur le deffein , ou on lui dit combien si y a de couleurs au deffein; elle attache chacune des couleurs à un de fes doigts ; c’eft-à-dire que cette couleur , ou les ficelles qui luicorrefpondent, au femple, doivent pañler fous les doigts auxquels elles les a attachées , & fous tous les autres : ainfi des autres couleurs. Quand il ya plus de couleurs que de doigts, elle en attache au poi- gnet, au milieu du bras, ou bien elle prend le parti de lier chaque couleur féparément ; mais ce n’eft pas la maniere des habiles lifeufes, Mais pour éviter toute confufon, nous fuppofe- Tons feutement deux couleurs, comme on voit au deflein dans nos PI. Elle commence par la premiere ligne. Je fuppofe qu’elle ait attaché le verd-clair ou de frife au doigt du milieu, & le gros verd ou coupé à l'index. Elle voit que les fix premiers quarrés, ou les fix premueres divifions font blanches; elle pañlé fix cor- des du fample , ou les fix premieres cordes de la pre- miere dixaine, contenue dans la premiere coche de l’efcalette à gauche. Puis elle prend lé refte de cette dixaine qw’elle pafle fous l'index , fur le doigt du mi- lieu & fousles autres doigts; elle y joint la prémiere corde de la feconde dixaine , parce qu’ellé eft auf verd-clair ou frifé, & qu’elle a attaché le verd- clair au doigt du milieu. Elle prend enfuite les fix cordes fuivantes de cette feconde dixaine qu’el- le pafle fous l'index & fous les autres doigts. Elle prend la huitieme corde de la même dixaine aw’elle pafle fous l’index , fur le doigt du milieu & fous les autres doigts; puis les deux cordes reftantes de la même dixaine, qu’elle pafle fur l'index &r fous es autres doigts; & ainf de fuite jufqu’au bout de la ligne. S'il Y avoit eu plufieurs couleurs ; elle les eût atta= chées à à d’autres parties de la main; & les auroit fépa- rées toutes en les plaçant fur ces parties, à mefure qu’elles fe feroient préfentées. Puis elle auroit prisdes ficelles qui font à fa gau che, autant qu’elle eût eu de couleurs ; elle n’en prend donc que deux ici. Elle eût avec une de ces f- celles pliée en deux, & dontelle auroit, fubftitué à l'index Pun des bouts , renfermé & féparé dans la boucle tous les verds découpés, pour avec l’autre qu’elle eñt pareillement phée en deux, & dont elle eut auffi fubftitué un des bouts à l’autre doigt ; elle eñt renfermé & féparé dans la boucle les verds-clairs, Puis elle eût un peu tordu enfemble ces bouts , 8 les auroit fixés à côté d’elle à fa droite, en leur fai- fant faire un tour autour d’une corde, attachée par un bout à l’eftafe , & par l’autre bout À un des bà- tons de lenverjure : on l'appelle corde des embarbes. Elle eût enfuite pañlé à la ledture de la feconde bia 898 VEL gne, qu'elle eüt expédiée comme [a précédente, & eût été de fuite jufqu’à la fin de la leéture du deffein. Les ficelles dont elle fe fert pour féparer les cou- leurs s’appellent des embarbes, Il eft facile de favoir le nombre des embarbes, quand on fait le nombre des lignes du deflein; celui de fes dixaines, &c celui des couleurs. Lorfque toutes les embarbes font placées, ou que la le@ure du deffein eft achevée, on travaille à faire les gavañlines &e les lacs; & voici comment on s’y prend. | _ On plante à un mur, ou à quelqu’autre partie {o- lide, placée immédiatement derriere le fample , un piton, un anneau, auquel on attache une corde aflez forte; puis on pafle derriere le fample ; on prend une petite ficelle qu’on fait pañler fur la premiere corde du fample , que l’on enferme dans une boucle ; on enferme la feconde dans une boucle encore , on en. fait autant à toute la ficelle du fample ; puis on tire fortement toutes ces ficelles ou boucles formées de la même ficelle , en arriere, vers la groffe cordeat- tachée au piton; on la fixe à cette corde : cette corde, avecl’affemblage de toutes ces boucles formées d’une feule ficelle | dans chacune defquelles eft féparée & renfermée une corde du fample, s’appelle Ze Zac a Pangloife ; il fert à féparer facilément les cordes du fample , & à ne pas fe tromper dans le choix qu’on en doit faire pour former les lacs. Cela fait , on prend des ficelles de mêrne longueur, qu’on Joint deux-à-deux ou trois-à-trois , felon qu'il y aun plus grand nombre de couleurs au deflein : ici une feule ficelle phiceen deux {uffit; car nous n'avons proprement que deux couleurs , ou qu’une feule fé- parée en deux. On plie cette ficelle en deux ; on renferme entre ces deux brins , ou dans fa boucle , la partie de la ga- vafliniere que lon a le plus à droite ; puis on arrête la boucle par un nœud, en forte que la partie de la gavañliniere foit , pour ainfi dire, enfilée dans la bou- cle faite avec de la ficelle, & n’en puiflefortir; on fait avecla gavafliniere autant de ces boucles qu'il ya des lignes au deffein ; & ces ficelles bouclées, & tenues par leur boucle dans la partie la plus à gauche de la gavafliniere qui les enfile toutesles unes après lesau- tres , s'appellent des gavaffines. Après cette premiere réparation, on prend du fl fort ; on fe faifit de la premiere ou derniere embarbe; placée,on la tire à foi;on voit quelles font les cordes de fample qu’elle embrafle; on fait en zig-zap avec le fil deux fois autant de boucles qw’il y a des cordes de famiple féparées par l’'embarbe;toutes ces boucles font du même filcontinu; on enfile de ces boucles celles que Pon a de fon côté dans un defes doigts , les autres embraflent chacune une des cordes du fample fépa- rées par l’embarbe ; on les égalife , & on leur donne une certaine longueur , puis on coupe le fl, & on attaché ces deux bouts enfemble par un nœud. Cela fait, on prend undes bouts de la gavafline qu’on pañle fous l’autre partie parallele à la premiere, à la place à droite de la gavañfiniere ; on pañle ce bout à la place. du doigt dans lequel on tenoit les boucles énfiléés : on fixe toutes ces boucles à ce bout de la gavafline par un nœud , & l’on à formé ce qwon appelle un Zac. "On Ôte enfuite lembarbe, car elle ne fert plus de rien; les fils ‘qu’elle féparoit font tenus féparés dans “les boûcles du lac. Ontire énfuite la feconde embarbe ; on prend du fil, & Von forme des boucles toutes femblables à “celles dit prémier lac ; on attache ces boucles par un nœud à l'autre bout de la gavaffine , obfervant feule- mentqué la partie de la gavañliniere qui eft Ia plus à gauche, foït prife entre les deux bouts de la gavaff- ne ; & partant que f: celui qui fénoit le premier lac pañloit fous cette partie de gavaffine , l’autre pafsât deflus. Sila gavafline étoit compofée d’un plus grand nom- bre de bouts & de lacs , il faudroit obferver la mé: me chofe. | Cela fait, c’eft-à-dire les émbarbes étant épuifées par la formation des lacs, de même que les bouts de gavañline (car il n’y a pas plus de bouts à la gavaffine, que de lacs, n1 de lacs que d’embarbe) , on peut commencer à travailler. J’ai oublié de dire qu’à me- fure qu’on formoit les lacs , & qu’on garnifloit les ga: vaflines , on les tenoït féparées & attachées en haut à un empêcher ou autre arrêt, afin d'empêcher la confu- fon: voilà donc le bois du métier monté ; la cantre placée , les fils de roquetin pañlés dans les maillons entre Les remiffes,dans les mailles des liffes de poil & dans les dents du peigne , les enfuples placées, & la chaîne difpofée comme il convient , le deffeinlu , en un mot tout difpofé pour lé travail ; vôyons main tenant comment on travaille, 8 comment , à l’aide de là difpofition & de la machine précédente, on execute fur fa chaîne le deffein fur le femple. Voici ce qui nous refte à faire; car à cette occafon nous parlerons &c des outils qu’on emploie, & de quelques autres opérations qui n’ont point encore pu avoir lieu. Voici donc la maniere de faire le ye- lours cifelé. Celui qui a bien entendu ce que nous venons de dire , fera en état defe faire. mans un métier & de le monter ; & celui qui entendra bien ce que nous allons dire, fera en état dé faire du ve lours cifelé &e de travailler. | Travail ox opération par laquelle on exécutera en ve- Jours cifelé Ze deffein qu’on vient de lire fur le femple. Il faut commencer par avoir à fes côtés deux petites navettes , telles qu’on les voit, PJ. de foirie ; ici faites en bateau, dans lefquelles font fur une petite branche de fer qui va de l’un à l’autre bout ,une bobine garnie defoie, dont le bout pafle parune ouverture faite la- téralement , & tournée vers l’ouvrier ; ces navettes font placées fur les deux bouts de la banque. Premiere opération. On enfoncera en mêmé temsla premiere marche de piece du pié droit, & les deux marchés de poil du pié gauche. On pañlera une des navettes, On enfoncera la feconde marche de piece feule du pié droit. On pañlera la même navette, On enfoncera là troifieme marche de piece du pié droit , & les deux de poildu pié gauche, On pañfera la navette. | On enfoncera la quatrieme marche de piece feule du pié droit. On pañfera la navette , & ainfi de fuite, C’eit ainf qu’on formera le fatin &c le fond:; & ce que l’ouvrier appelle / zirelle, Seconde opération ,| où commencement de l'exécution du deffein. Il faut avoir tout prêts des fers de deux ef- peces ; des fers de frifé , & des fers de coupé. Les fers de frifé font des petites broches rondes , de la largeur de létoffe , armées par un bout d’un petit bouton de bois fait en poire;dans le nœud de laquelle ce fer eft fixé ; ces fers font de fer véritable. On en trouve partout ; il n’y a aucune difhculté à les faire. Son petit manche en poire s’appelle pedonne. Les fers de coupés ne font pasronds, ils font, pour ainfi dire, en cœur ; ils ontune petite cannelure ou fente dans toute leur longueur ; il'eft plus difficile d’en avoir de bois : ils font de laiton. 11n°y a qu’un feul homme en France qui y réufiffe ; c’eft un nommé Rouffilloz de Lyon. Ces fers ont auffli leurs pedonnes , mais mo- biles;on ne lesarme de leurs pedonnes ou petits man- ches en poire, que quandil s’agit de les pañler. L’ufage des pedonnes ou manches en poire , c’eft d’écartet les fils, & de faciliter lepañfage des fers tant de coupé que de frifé. + Il faut avoir , pour l’ouvrage que nous allons exé- cutér, quatre fers de frifé , & trois fers de coupé. On diftingue dans le travail du velours cifelé cinq fuites d'opérations à-peu-près femblables, qu’on ap- pelle zz courfe, & chaque fuite d'opérations un coup; ainfi un courfe eff la fuite de cinq coups. Premier coup. On met un fer de frifé entre la chaîne & le poil qu’on fépare l’un de l’autre , en enfonçant les cinq marches de piece dupié droit, fans toucher à celles de poil;ce qui fait paroïtretoutlepoilen-deflus. On enfonce la premiere marche de piece du pié droit, & les deux de poil en même tems du pie gau- che. Coup de battant. On pañle la navette qui va & vient. Coup de battant. On lâche les deux hiffes de. poil, & l’on enfonce la feconde marche de piece du pié droit. Coup de battant. On pañle la navette qui va &c vient. Coup de battant. Onenfonce les deux mar- Ches de poil,pié gauche, & latroifieme depiece, pié- droit. Coup de battant. On pañle l’autre navette, qui va feulement. Coup de battant. En le donnant, on laifle aller les marches de poil, & l’on tient feulement celle de piece, qui eft la troifieme du pié droit. On fait pafler enfuite cette troifeme marche fous le pié gauche , on y joint la quatrieme & la cinquieme ; on les enfonce toutes trois du pié gauche , & en mê- me tems on enfonce du pié droit la premiere & la feconde ;.ce qui finit le premier coup. Second coup. Il y a vis-à-vis du fample une fille, qu’on appelle une sireufe de fon emploi, qui eft de tirer les gavafäines les unes après les autres à mefare qu’elles fe préfentent. La tireufe tire la gavafüine, là gavafline tire Le lac, & le lac amene les cordes qui doivent opérer la figure ; la tireufe prend les cordes amences par le lac, & les tire. Une. gavañline eft.. comme on fait, compolée de deux lacs. On tient lés deux premieres marches fous le pié droit,.on. conferve lestrois fuivantes fous le pié gauche , on y joint la premiere depoil. Coup de battant. On pañle un fer de frifé. La tireufe larfle éléver ou defcendre. les deux lacs. Coup de battant. La tireufe reprend le lac de deflous ou de coupé &x le tire feul. On arme le fér de coupé de fa pedonne, & on le pañle. La tireufe laifle aller.le lac de coupé. Coup de battant, ou mê- me plufieurs , ufau’à ce que le fer de coupé foit. P » Juiq q PE monté fur celui de frifé. On laiffe aller les deux pre- müieres marches. On enfonce la troifieme du nié. droit, quieft celle par laquelle on a fini le coup pré- cédent ; on laife aller en mémeitems du pié gauche les quatre &t cinq marches de piece ; mais l’onenfon- cé de ce pié les deux de poil. Coup de battant, On: pañe la navette qui va & vient. Coup de battant. On pañle le pié droit fur la quatrieme marche, tenant toujours les deux de poil enfoncées du pié gauche. Coup de battant. On laiffe.aller les deuxide poil , en. donnant un coup de battant, On enfonce les deux jours la cinquieme de piece enfoncée du pié droit On la pañle fous le pié gauche, & du pié-droit.on enfon. ce les quatre premieres, tandis.que du pié gauche on tientla cinquieme ‘enfoncée.. On bat-trois coups. & davantage , & l’on finit par-là le fecond coup. Troifieme coup. La tireufetire lagavaffñne fuivante. On enfonce la premiere de poil.du pié gauche; ain Fona le pie droit fur lesquatre premieres de piece, & le gauche fur la cinquiemeide piece., & la premiere de poil. On pafñle un fer de frifé.. Coup. de battant. La tireufe layfe aller les deux lacs, & reprend celui. de deflus ou de coupé, & Le tire. Coup de battant. VEL 399 On pañle unfer de coupé; latireufe laïffe aller fon lac de coupé. Coup de battant. On laïffe aller les quatre premieres de piece ; onpañle le pié droit fur la cin- quieme, ou fur celle qui a fimi Le coup précédent ; en même tems on enfonce du piégauche lesdeux de poil. Coup débattant. On pouffe la navette qui va êc vient. Coup de battant. On life aller les deux marches de poil, & la cinquieme de piece, & on revient à la premiere de piece. Coup de battant. On pañle la navette qui va & vient. Coup de battant. On enfonce les deux marches de poil du pré gauche; on quitte la premiere de piece, & on prend la feconde du pié gauche, On pañfe là navette qui va feule. On laifle aller le poil, & on fait pañfer Ja feconde de piece: fous le pié gauche; on y joint les trois autres, & on enfonce la premiere de piece du pié droit, Coup de battant , & fin du troifieme coup. Quatrieme coup. On tire la gavaffine fuivante. On tient la premiere enfoncée du pié droit , & l’on joint aux quatre autres que l’on tient du pié gauche, la premiere de poil. Coup de battant. On pañle un fer de ff. On laifie aller les deux lacs ; on reprend cehu de coupé ou de deflus, & on le tire. Coup de battant. On pañle le fer de coupé. On laifle aller le lac de coupé. Coup de battant. On laïffe aller fa pre- miere marche, on paffe le pié droit fur la feconde , qui eff celle qui a fini le coup précédent, & l’on en- fonce du gauche les deux marches de poil. Coup-de battant. On pañle la navette qui va & vient. Coup de battant. On laïffe aller la feconde ; on prend latroi- fieme., & on laifle aller le poil, en donnant un coup de battant. On pañfe la nèvette qui va &c vient. Coup de battant. On enfonce les deux marches de poil du pié gauche, & on prend la quatrieme du pié droit. Coup de battant, On-pañle la navette qui va feule. Coupde battant. On: laiffe aller les deux marches de . poil 5: on 'pañle la quattieme & la cinquieme fur le pié gauche ; on enfoncedu pié droit les trois premie- res. Frois coups de-battant plus ou moins, & fin du. quafrieme, coup. Cinquieme coup. L'ouvrier retire le premier fer de frifé ; la tireufetirela gavaflinefaivante, Onjoint à la quatrieme & cinquieme de piece qu’on tient du pié gauche,la premierede poil, tenant lestrois premieres duspié droit. Coup de battant ; on paffe le fer de frife : coup.de battant; ondaiffleles lacs, 8 on reprend'celui de coupé fans le titer. On prend alors un petit inftru- ment , formé d’un petit morceau.d’acier plat quarré, tranchänt,par un de fes'angles-,, & fendujuiqu’à fon nulen,,& même plus loin , afin que, parle moyen de:cette fente, louvrier-:puiflerécarter à difcrétion la partie tranchante ,: tandis qu'ils’en fert : on ap- pélle cet infframent une raiflerole. On prend'donc la taillerole, & lon applique fon angletranchant dansia ranure dufer.de coupéjtous lesfils de roquetin qui la couvrentfont coupés, & c’eft:làce qui forme le poil, Cela fait, la tireufe tire le lac de coupé ; on pañle le fer.de.coupé ;.la tireufe life aller le lac de coupé : on laïffesles trois marches qu’ontenoit du pié‘ droit , on pañle.ce pié fur la. quatriemer: on läiffe: aller la ptemiere de poil, &r la cmquieme de piece qu’on tenoit encore. du pié gauche; onenfonce de ce pié les deux .de poil. Coup.de battant: coup dé navette qui vaëtvient. Coup de-batantson laïfle aller les mar- ches.de poil, êc la quatrieme de piece ; on pañle à la cinquieme; coup de battant; on pañle la navette qui va & vient : coup de battant ; on enfonce lesideux de poi-du pié gauche ; &c la premiere de piece, pié droit: coup.de battant; on pañle lainavette qui va feule: coup de battant; on-laifle aller Le:poil 8&zla: premiere de piece ; on enfonce du pié ‘gauche les cinq premieres de piece, trois coups de battant plus - ou moins, fin du cinquieme coup, &de ce qu’on appelle un courfe. Il ners’agit plus que de:reçom- : mencer. 900 VEL On continue louvrage de cette maniere. Lorf- qu’on ena fait une certaine quantité , on prend une barre de fer pointue par un bout & fourchue par l'autre, on enfonce le bout pointu ou aminei dans des trous pratiqués à lenfuble, ce qui la fait tourner fur elle-même ; Le velours s’enveloppe , & l’on peut continuer de travailler ; mais lorfqu’il y a aflez d’ou- vrage fait pour que lenfuble ne puifle être tournée fans que Le ve/ours ne s’appliquât fur lui-même, il faut recourir à un nouveau moyen ; car le velours s’appli- quant fur le velours , ne manqueroit pas d’en affaifler le poil & de fe gâter. Voici donc ce dont il s’agit, c’eft d'éviter cet in- convénient, de ne pas tomber dans un autre, & de faire tenir le velours à l’enfuble. On avoit jadis des enfubles avec des pointes qui æntroient dans le velours & l’arrêtoient , mais on a trouvé que fi les pointes rempliffoient le premier ob- jet , elles ne répondoient pas tout-à-fait au fecond , car elles laifloient des trousau velours, le mâchoient &z le piquoient. On a tout naturellement abandonné les enfubles à pointes, & imaginé ce qu’on appelle un enLaguage. Les velours cifelés ou à fleurs, frifés & coupés , ne font point entaqués. De l'entaquage. Voici ce qu’on entend par un en- taquage. Imaginez trois pieces liées & jointes enfem- ble, dont la premiere s’appelle lersaguage, c’eftune lime des plus groffes , un morceau de bois pareil à la lime , avec un morceau de fer femblable aux deux autres ; un boite de fer les tient unis , mais non contigués ; elles laiffent entr’elles de l'intervalle. On pañle le velours entre le morceau de bois & celui de fer ; la lime refte derriere, l'envers du ve/ozrs repofe fur elle ; on fait faire un tour à lentaquage , le ve- lours fait aufñ un tour {ur lui ; on le met en pente dans la boite qui l’applique fort jufte aux bouts de l'entaquage ; mais comme ces bouts de l’entaquage font plus gros , que les trois pieces jointes qui arrê- tent les velours , fes parties ne touchent point le ve- lours. On met la boîte & l’entaquage dans la chanée de l’enfuble ; on couvre le tout avec une petite ef- pece de coulifle, qui ne ferme pas entierement la chaîne , 1l refte une petite ouverture par laquelle le velours fort & s’applique fur lenfuble, en fortant en- tre l’enfuble & le bord de la chaîne &z'celui de la coulifle fans y toucher ni autre chofe , c’eft-à-dire garanti de-tout inconvénient. Le canard fe met devant l’enfuble ; entr’elle & louvrier ; ilempêche que l’ouvrier ne sâte fon ou- vrage en appuyant fon effomac deflus ; 1l-faut un ca- nard pour toutes les efpeces de ve/ours. De la machine a tirer. J| y a quelquefois un fi grand nombre de fils de roquetin , que la tireufe ne pour- roit venir à bout de lestirer, fur-tout fur la fin d’un jour que fes bras feroient las, que pour l’aider en a imaginé une efpece finguliere de levier, -ILatroisbras, tous trois dans le même plan, mais dont deux font placés: Pun au-deflus de l’autre pa- rallelement:, & laifflententr’eux de la diftancé; de ces deux leviers paraileles celui d’en-hauteft fixé dans dèux pieces de bois perpendiculaires & paralleles que traverfe feulement celui d’en-bas, tout cet affem- blage-eft mobile fur deux rouleaux, qui font retenus entre deux morceaux de bois placés parallelement, à l’aide defquels les leviers paralleles peuvent s’avan- cer & fe reculer. , Lorique-latireufe.veut tirer. ; elle fait avancer les deux leviers paralleles , elle pafle entre ces leviers le paquet deficelle de fampleqw’elle veut tirer ; de ma- niere.que.ce paquet pañle deflus le leviér d’en-haut, & deflous:le levier d’en-bas. Il y-a un troifieme levier appliqué perpendicu- laire à celui d’en-haut; elle prend ce levier, elle l’en- traine, & avec lui les ficelles du fample qui font fur lui. | | Il eft encore d’autres outils qu'il faut avoir. Il faut avoir une fourche pour tirer les fers de frife : cette fourche eft un morceau de fer recourbé par le bout, & la courbure eft entr'ouverte ; on met la pedonne dans cette ouverture, &c on la tire. Des forces pour couper les nœuds de la foie, ce qui s’appelle remon- der ou éplucher la foie. Un montefer , C’eft une forte pince, plate & quarrée par le bout, avec laquelle on tire Les fers de frifé qui caflent quelquefois, & pour faire tirer le fer de frifé à la pedonne. Des pinces pour nettoyer l'ouvrage, c’eft-à-dire en ôter les pe- tits brins de foie cafés, qui font un mauvais effet, Il n’y a qu'une certaine quantité de foie montée fur lenfuble de derriere. Quand cetre quantité eft épuifée & qu’une piece eft finie, s’il s’agit d’en mon- ter une autre ; voici comment on s’y prend. On approche la nouvelle piece que l’on veut mon< ter de celle qui finit : cette nouvelle piece eft toute envergée ; On fépare, par le moyen de l'envergure, de petits fils que l’on trempe dans de la gomme, & qu'on tord avec le premier fil de la piece qui finit, &t ainfi des autres fils : cela fait, on Ôte les envergu- res de la nouvelle piece qui fe trouve toute montée êt toute jointe à l’autre ; & l’ouvrier continue de tra- vailler. Celui qui fait ces opérations s’appelle 107- deur, & l'opération s'appelle sordre. Il faut encore avoir un devidoir pour le fi] des lacs qu’on devide dans un panier, d’où il vient plus aifé- ment quand on fait fes lacs. Obfervarions. Les caffins ordinaires ont huit rangs de cinquante poulies ; & par conféquent les rames 400 cordes , les famples 400 ; les arcades 800 brins, & partant la planche percée 800 trous , c’efti.dire 100 rangées de 8 trous , ou 8 rangées de 100 trous. En fuppofant encore qu'il n’y ait que deux brins à chaque arcade , & qu’on ne veuille que répéter une fois ce deflein. Il faut un rouet à cannettes. On entend par can nette cette efpece de petite Pobine , qui eft enfermée dans la navette. Ce rouet eft une afez jolie machine, & qui vaudra la peine d’être décrite , & que nous décrirons auffi. Il faut avoir une efpece de coffre ou de çaïffe à chauffrette, elle fert à relever le poil du ve/ours, en la fafant pañler fur cette caïfle dans laquelle on a allumé du feu. Il faut un temple : c’eft une machine qui fert à te- nit l'ouvrage tendu, Imaginez une petite tringle de bois plate , fendue par un bout, & percée de trous felon fon épaifieur , qu'il y ait dans la fente une rai- nure ou couliffe , dans laquelle puifle fe mouvoir un petit morceau de bois ou bâton. Affémblez dans la fente de ce morceau debois, un autre qui ait l'air d'une petite pelle, dont la queue foit percée de trous ; capable de recevoir une bro- che qui traverfera en même tems les trous pratiqués dans Péparffeur du premier morceau ; que cette pelle | foit percée de pointes | de même que l'extrémité auffi fendue de l’autre morceau. Fixez l’épaifleur de lune & de l’autre de ces parties dans la life ; faites mouvoir l’une êt autre partie jufqu’à ce que toute la machine foit droite , il eft évident que les parties de cette machine peuvent fe redreffer, & la queue de la partie faite en pelle fe loger dans la fente de l’autre fans tendre l'ouvrage. On arrêtera enfuite la queue de cette partie par le bâton mobile dans la rainure, dont nous avons parlé. Velours a fond or. Pour faite le velours cizelé à fond orou argent, on ajoute à la chaîne & aux roque- tins un poil de la couleur de la dorure , quatrelifles à grand coliffe pour le poil, fi on veut accompagner la dorure , ce quu ne fe pratique guere; on pañe la | çchañne | VEE Ehaîte dans les maillons avec les roquetins , & tou- tes Les fois qu’on paile Les deux fers, on pañle deux coups dé navette de dofure à deux bouts, cé qui fait œuatre bouts de dorure entre les fers. On fait tirer les lacs de frifé &c de coupé aux coups de dorure ; äfin qu'elle fe trouvé à l'envers de Petofle ; & quañc il eft qucltion de pañler les fers fous les läcs de frité ëx de coupé, cotine la chaîñie qui eit pañlée dans les roquetins eit tirée comme eux, On a foifi de faire bäifer avec une Life de rabat fous laquelle la chaine éftpañée, cette mênie chaine; afin qu'il ne fe trou- ve que {a foie des roquétins de levée, fous laquelle on pale les fers à l'ordinaire. | * Ceux qui fe piquent de faire cette éroffe comme ilfaut, fe mettent dué deux liffes de poil à grand colifle, 6 fix portées & un quart üe poil pour Les E0go roquctins. Felours ani. Le velours uni eft la plus beile & la plus riche de toutes les étoffes fisurées; on donne le nom d’étofs fourée à toutes celles dont la chaine ou JE poil fait une figure, fans que latire où la navette ÿ ait aucune part. Le velours uni eftcompoié de quarante portées doubles pouf la chaîñe, où Guatre-vingt portées, où de foixante portées fimples , & de 20 portées de xl, inotté fur dés 10 de peigne; c’eit là façon PPPSETS Les velours de quarante portées doubles font mon- tés fur quatre Hiiés de fond, &c Ceux de foixante portées fimples, fur fx liffles. Ce font les meilleuts ; & on ne les fair pds autrement à Gènés. * Cnne détaillera peint ici la façon dont la foie eft difribuce dans les poils de velours, étant fufifam- ment éxphicuée dans tur aufre afticle ; on ne pai- fera que du travail de cette étoile. Elle eff montée fur fix Hffes de chaîne , comme il a été dit, & deux de poil, parce qu'une géneroit trop. Les fils ont pañiés dans Les Hifes deffus & def- fous fa boticle , où entre les deux bouclés de la mail- I, comme dans fes taffetas unis. Ce qui s'appelle palfes à coup tors. | Eé vélozrs doit avoir une lifiere qui indique fà qualité, ou qui le caraûérite. Le velours à quatre poils doit avoit quatre chainettes de foie jaune entre guatte attres de rouge ; le véfours à trois poils & derni, quatte chaînettes d’un côté, & trois de Pau- re : le velours À trois poils trois chatnettés de cha- ge côté, ainfi des autres. | Le velours à fix hflés doït avoir quatré marchés pour la chaîne, & uñé pouf lepoil. ” Quand ia fête du véloérs eft faite, & qu’on com- fénce à le travailler, on enfonce la prémière mar- che du pié droit qui fait baifier une Hfie, & celle du poil qui eft du pie gauche, & on pañle ün coup dé navette garnie dé trame, de la couleur de la chaîne & du poil. Au deuxieme coup On pafie la même na- vette, & on enfonce la deuxiémé inarché du pié éroif du fait baifleér deux Hffés, Au troïfiéme coup on énfonce la froifième marche & celle du poil qui fair baitter une Hffe , & on päfle un froifieme coup d'une feconde navette. poil, & on les enfonce toutes les deux, & on re- prend la premiere navette pour la paffer. On baiffe enfuite la quatrieme marche du côté droit qui fait baïffer deux hffes, & on pañfe un fecond coup de la même navette. On reprend enfuite la premiere mar- che du pié droit qui fait baifier une he, & enfon- Tome XVI, | VEL go1 çant celle de boil, on pañle un troifieme coup avec la feconde nävette ; ce coup pañlé, on met Le pié fur les quatre marches de chaïne ; & on pañle le {econd fer. Le fecond fer étant pañlé, on recommence à la premiere marche, comme il a été.dit plus haut; on paie les trois coups de navette, &t on coupe le fer qui eft pallé enfuite de la même façon que ies deux premiers. C’eft la façon dont on travailie le velours à fix lies”; les autres tant petits que gros, font travail- lés à-peu-près de même. Il taut obferver que les velours font montés d’une façon différente des autres étoffes; dans les autres étoffes 1l faut faire lever les lies pour les travailler; dans les velours il faut les faire baiïffer. Le velours à quatte liffes {e travaille comme celui à fix. Démonfiration de l'armure du velours à fx liffess x Fe TE « = # V0 E Live À Prend © AIS à spediop SoJIT Lodep ur Ÿ ‘OUT y? : 2p. 59724 VIN L’armure d’un vélours À quatre marches pour la chaîne eft celle du ras de S. Maur. Velours cifelés. 11 fe fabrique aujourd’hui à Lyon des velours cifelés fi beaux ; qu’il n’eft pas poflible qu'on puifle en augmenter la perfeétion. | Lorique ce gente d’étoffes fut commenté à Lyon, lès ouvriers ne mettoïent pas plus de 8oo roquüetins pour compofér où remplir les 800 mailles de corps que contient chäque métier de 400 cordes ; dont l’arcade tire les 800 mailles fufdites. Pour augmenter éette brânche de commerce, un imagritrat de la ville de Lyon ;( M. Perrichon ; qui feul a té pendant dix années prevôt des marchänds & commandant de la ville ; dont la mémoire fera à jamais aufli chere aux Lyonnois qu’elle leur eft refpec- table ) ; obtint un arrêt du confeil(1718 )quiaccor- - doit aux marchands-fabriquans de la ville une grati= XYyyy 902 VE L fication de 4 liv. 10 fols fur chaque aune de velours qu'ils faifoient fabriquer en foie feulement , & 7 hv. 10 fols pour chaque aune de ceux qui étoient en do- rure. Les fommes deftinées à payer cette gratifca- tion étoient tirées de la caiffe de la recette des droits fur les marchandifes étrangeres. Cette gratification excita tellement l’émulation des marchands fabriquans de la vilie de Lyon qu'ils firent venir des ouvriers d'Italie , où ce genre d’é- toffe étoit auf brillant que l’eft auellement le ve- lours uni : ces ouvriers en formerent d’autres ; ils furent recompenfés de Leurs foins : on fit pour-lors des velours cuelés auffi parfaits que chez l'étranger ; la gratification accordée les fit donner à meilleur prix, de forte que la perfeétion & le bon marché leur faifant accorder la préférence , les fabriques Étrangeres tomberent totalement , & n’ont jamais pû fe relever. Une fabrique tombée une fois, fe releve difficilement. On auroit fait tomber les velours unis, fi on avoit fuivi le même fyftème. La ceflation des travaux dans la fabrique s'étant fait reflentir par les diminutions confidérables fur les efpeces(1725 & 1726), le nombre des pauvres ayant confidérablement augmenté dans l'hôpital - général de la Charité de Lyon, les magiftrats de la ville firent accorder des fommes confidérables pour fubvenir au befoin des pauvres, lefquelles furent prifes fur la recette des droits fur les marchandifes étrangeres, ce qui obligea le miniftere à fupprimer l’année fui- vante (1727) la gratification ordonnée, & engage les fabriquans de la ville de Lyon à augmenter la per- feétion des velours pour fe conferver la préférence fur les étrangers. Les fabriquans entreprirent pour-lors à augmen- ter les velours de deux cens roquetins , c’eft-à-dire de le faire avec mille au-lieu de huit cens ; les ou- vriets trouverent cette augmentation extraordinaire, parce qu’il fallut faire augmenter les caffins de cent poulies , de même que les rames, les femples &c les planches pour les arcades ; ils eurent même peine à s’y réfoudre , mais la ceffation des travaux ou la mi- fere l’emporta fur la répugnance. Il fe fabrique aujourd’hui à Lyon des velours de 3200 roquetins, c’eft-à-dire de quatre cantres com- pofées de 800 chacune , dont une de ces cantres fait le fond de l’étoffe, quand elle n’eft pas en dorure, parce que pour-lors les quatre cantres font difpofées pour faire les fleurs. | Les cantres qui font difpofées pour faire les fleurs de l’étofle, foit qu'ily en atrois, foit qu'il y en ait quatre, font compofées' de vingt couleurs différentes plus ou moins, fuivant la difpofñition du deffein , con- féquemment 1l faut que l’ouvrier ait un grand foin de conduire les couleurs par dégradations lorfqu’il monte le métier , c’eft-à-dire de la plus obfcure à la plus claire, ce qui n’eft pas un léger embarras, & cela afin que la fleur puifle acquérir la beauté que le deffinateur s’eft propofé de lui donner. Les métiers qui font montés de 3200 roquetins, vulgairement appellés srente-deux-cens, doivent avoir un pareil nombre de mailles de corps ; puifque cha- que branche de roquetin doit avoir fa maille, ce corps eft divifé en quatre parties égales de 800 mail- les chacune , ce qui compoferoit 1600 cordes de rame & de femple ; mais comme les beaux velours, -ou-ceux de cette efpece font tous à petits bouquets, fuivant le goût d’aujourd’hui , 8 que chaque bouquet eft répété au-moins huit fois dans l’étoffe, chaque corde de rame tirant quatre arcades qui levent huit mailles , il s'enfuit que quatre cens cordes font lever les 3200 mailles , ce qui n’augmente ni ne diminue le cordage ordinaire. Si les bouquets font répétés dix fois dans la largeur de l’étoffe ; pour-lors il ne faut que 80 cordes chaque cantre , qui tient cinq ar- cades, ce qui fait 320 cordes, tant pour le rame que pour le femple , ainf des autres plus ou moins. Les beaux ve/ours ont encore un corps particulier pour le poil compofé de 800 mailles. Si la répétition eft de huit fleurs , il faut cent cordes de femple ci- deflus , & à proportion fi elle eft de dix fleurs ; on fait lire les cordes du poil pour donner à la dorure le liage que lon defire, foit droit, foit suilloché ou autrement. Il eft des ve/ours qui n’ont pas de poil, parce que pour-lors l’ouvrier pafle la dorute fous une life de la chaîne de l’étoffe , ce qui fait un fond de dorure égal , mais plus ferré & moins beau que ceux qui ont un poil. Les 800 mailles de poil com- pofent dix portées. Tous les velours font montés à s lifles & 75 portées de chaine , ce qui fait r$ por- tées ou 1200 fils pour lier la dorure. Tous les velours en 3200 , dont les bouquets font répétés huit fois , n’ont que 400 roquetins au-lieu de 3200 , à l'exception néanmoins des ouvriers qui, ayant fuflifamment de cantres & de roquetins , ne jugent pas à propos ou ne font pas en état d’en faire la dépenfe. Les velours qui ont dix bouquets n’ont befoin que de 320 roquetins , ainfi des autres, Il s’a- git maintenant d'expliquer de quelle façon peut fe faire une chofe auff belle & aufi bien inventée. Pour expliquer une chofe auffi bien concertée , il faut faire attention qu’on vient de dire que dans l’é- toffe où les bouquets font répétés huit fois, chaque corde de femple ou de rame tire huit mailles ; de même que dans celle oh1l y en a dix, chaque corde tire dix mailles. On charge , pour cette opération, le roquetin , qui eft plus gros que les ordinaires, de huit branches , pour l’étoffe où les bouquets font répétés huit fois, & de dix pour celles où ils font ré- pêtes dix fois ; & on a foin que chaque branche du roquetin foit paflée dans chaque maille tirée par la même corde ; &c afin que les branches du même ro- quetin pufient fe féparer aïfément pendant le cours de la fabrication , on a foin de les enrouler fur le ro- quetin de la même façon , & avec la même précau- tion que l’on obferve quand on ourdit une chaine ; c’eft-à-dire , que fi une branche eft de quatre fils d'organfin , on pañle quatre fils dans une feule bou- cle de la cantre à ourdir ; & les huit ou dix bran- ches pañlées , on les enroule eénfemble fur le roque- tin ; lequel étant chargé de la quantité néceflaire , on enverse les branches, ou on les encroife , pour que chaque branche foit pañlée de fuite dans la maille qui lui eft deftinée. Il paroit par cet arrangement , que chaque corde tirant les huit mailles , ou dix, dans lefquelles font pañlées les huit ou dix branches du roquetin , chaque branche doit avoir la même ex- tenfion, par conféquent faire un velours parfait. Afin que le roquetin foit plus gai pour le mou- vement de la tire, & qu'il puiffe tourner aifément en avant & en arriere , il n’eft point enfilé par une baguette de fer comme ceux desautres métiers; ceux- ci ont dans le centre deux pivots très-minces , qui font placés dans une mortoife de pareille ouverture, & conféquemment ne font pas tant de frottemens ; ils ont en outre deux poids proportionnés à la quan- tité de branches dont ils font garnis , un de chaque côté, placés de façon que quand l’un eft monté, l’au- tre eft encore à moitié de fa hauteur ; afin que fi, par événement , l’un fe trouvoit deflus la cannelure du roquetin , celui-ci qui eft pendu donnût l’exten- fion continuelle ; ce qui ne peut durer le tems d’une feconde ; parce que les poids étant ronds, il n’eft pas poffble qu’ils puiffent fe foutenir fanstomber, fur une furface aufli unie que celle de la circonférence de ce roquetin , continuellement en mouvement , & qui eft d’une rondeur parfaite. À obferver que l’on ne pourroit pas faire un ve/ours à grand deflein avee des rodufetins déicette efpece , parce que pour lors la corde ne doit tirer que deux mailles , quelquefois même qu’une : ce qui a été pratiqué lorfqu’on a fait dés habits pour homme à bordure ; mais il ne s’en fait plus aujourd’hur, | Etoffe a la broche. Quoique la façon de faire les velours cifelés, chargés de roquetins , femblable à celle que l’on vient de démontrer , foit aufli fingu- liere qu’elle eft bien imaginée , 1lfe fabrique encore à Lyon des étoffes riches auxquelles les ouvriers ont donné le nom d’éroffes à la broche, qui cependant dans le commerce n’ont d’autre dénomination que celle de fond or ou argent riches ; 1l faut en don: ner explication. Toutes les étoffes riches de la fabrique dont la dorure eft liée parles liffes, foit par un ie , Toit par la chaîne, ont un liage fuivi qui forme des lignes dia- gonales, lefquelles portent à droite ou à gauche, fui- Vant la façon de commencer ou d’armer ce liage ; en commencant par la premiere du côté du battant , &c finiffant par la quatrieme du côté des lifles ; ouen commençant par cette derniere , & finiffant par la premiere du côté du battant, Cette façon d’armer le liage eft générale , & pourvu que la life ne foit pas contrariée , elle eft la même , & produit le même effet. Outre cette facon de lier la dorure dans les étoffes riches, elles ont encore une dorure plus groffe qui imite la broderie appellée vulgairement dorure Jans liage, parce que pour lors on ne baïffe point de life pour lier cette dorure qui n’eft arrêtée que par la corde ; c’eft-à-dire , que dans les parties de do- rure qui font tirées & qui ont une certaine largeur, le deffinateur a foin de laiffer des cordes à fon choix, lefquelles n’étant pas tirées, & fe trouvant à une dif- tance les unes des autres , arrêtent la dorure , & lui donne plus de relief , parce qu’elles portent plus d'éloignement que le fl ordinaire qui la lie. La dif- tance ordinaire des cordes qui ne font point tirées, afin d’arrêter la dorure , eff de treize à quatorze ; au lieu que dans les liages ordinaires , elle ne pañlepas, pourles plus larges, à ÿ ou 6 cordes. Outre le bril- lant que le hagepar la corde donne à la dorure, le def- finateur qui le marque au deflein, a encore la liber- té de diitribuer ce liage à fon choix, tantôt à droite, tantôt à gauche, dans une partie de dorure en rond, en quarré, ou ovale, comme il lui plait, dans une feuille de dorure ; à former les veines des côtés, ce qui ne peut point fe faire avec la life ordinaire. Cette façon de lier la dorure étant peinte fur le defléin , il n’eft pas de doute que le deffinateur ne la diftribue d’une façon à faire briller davantage l’étoffe , & qu'il ne la repréfente comme une broderie parfaite. Objervarion fur l’article viy du utre 8 du réglement du 10 Juin 1744, qui déclare que dans le cas où les ve- Tours unis feront fabriqués avec de l’orsanfin | monté à srois brins , chagiie fil de poil fera compté pour un fl & dem, 6 le velours pourra étre marqué [ur ce pié à la difiere | 6 vendu pour velours à trois poils , quoiqu'il ne Joit qu'a deux. On n’entrera point 1c1 dans le détail dela façon dont eft monte l’organfin à deux , trois & quatre brins, ni dans la façon donteft fabriqué le velours, pour démontrer le ridicule de cet article; on ne s’at- tâchera qu'a la façon dont cette étoffe.eft montée & fabriquée chez les Génois & les Piémontois pour faire voir que fi leurs velours ont plus-de réputa- tion que les nôtres, ces étrangers le méritent à tous égards. - Les fabricateurs du réglement de 1744 , qui eft aujourd hui attaqué de toutes parts, même par les or- dres du confeil ; pour éblouir ceux qui ne connoif- fent pas la manufatture, ont fixé laune de laitoile pourles velours à trois ',trois & demi & quatre poils, foitdefoixante portées fimples , foit de quarantepor- Tome XVI, VER 9 tées doublés léfdites portées de quatre-vingt fils, à vingt-deux deniers poids de.marc , comme sil étoit d’une grande conféquence de ne lavoir pas porté à une once , & qu'il füt bien intéreflant qu’unechai- ne , qui ne paroit en aucune façon, fût plus où moins pefante , fur-tout lorfqu'il eft impoffble de faire l’é- toffe avecun organfn plus léger, parce qu’ilne pour- roit pas réfifter au coup du-battant, qui doit.être proportionné au genre d’étoffe pour laquelle il eff deftiné. | WE C’eft une pure bavarderie de la part des infga: teurs de ce réglement, que cette fixationillufoire de vingt-deux deniers chaque aune de toile ourdie des: velours àtrois poils & au-deflus ; parce que quandil feroit pofible de fabriquer des velours de femblable efpece ou qualité avec des organfins plus légers de 6 den. chaque aune , la différence ne feroit pas de fix liards , puifque lorganfn fin ef infiniment plus cher que le gros , 8 qu'il faut fuppléer par la trame au défaut de la chaîne dans des étoffes de cette: qua- lité , pour qu’elles foient parfaites & fortes. Le poil de tous les velours eft compolé de vingt portées , afin que tous les deux fils , dans la chaîne de quarante portées doubles, il y en ait un de poil de même que tous les trois fils, dans celles de foi- xante portées fimples. Le peigne pour fabriquer le velours doit contenir vingt portées, à quarante dents chaque portée du peigne , de façon que chaque dent doit avoir deux fils de poil de deux boucles différentes. On appelle velours à quatre poils , celui dont Île poil eft compofé de vingt portées à quatre fils par boucle à l’ourdiffage ; c’eft-à-dire , qu'au lieu d’un filil yenait quatre enfemble; ce qui vaut autantpour la quantité de foie que contient le poil , que s’ily avoit quatre-vingt portées féparées. Les velours à trois poils & demi , ontune boucle de quatre fils, &c une detrois ; c’eft-à-dire , une huitieme partie de foie moins que les velours à quatre poils. Les ve- lours à trois poils ont trois fils par boucle ; c’eft-à- dire , un quart de foie moins que les velours: à quatre poils. Ceux à deux poils & demi ,-ont une boucle de deux fils , & une detrois, ainf des autres. Chaque dent du peigne doit contenir deux bou- cles de quatre fils chacune,, pour le velours à quatre poils ; ce qui compofe huit fils féparés. Une boucle de quatre fils & une de trois pour les velours à trois poils & demu, ce qui compofe feptfls. Enfin , deux boucles de trois fils chacune pour ceux à trois poils: ce qui compofe fix fils, ainfi des autres. Le velours ne tire fa beauté que de la quantité de fils qui compofent le poil , &de leur féparation, lorfque l’ouvrierle coupe en le travaillant ; de façon que srl étoit poffble de fabriquer un velours à qua- tre poils avec les huit brins féparés qui compoñfent les quatre fils d’organfin , 1l en feroit infiniment plus beau ; il.n’eft pas un fabriquant , pour peu qu'il {oit habile qui ne convienne de ce principe. Selon le fyftême nouveau des fabricateurs, du ré- glement de 1744 , ils veulent qu'un fil d’organfin monté à trois brins, foit compté pour un fil & de- mi; conféquemment qu'un velours fabriqué. avec deux fils d’organfin , monté à trois brins, puifle être marqué, & vendu pour un velours à trois poils ; quelle abfurdité., ou plutôt quelle fupercherie ! Sur ce pied, un velours fabriqué avec deux fils d’organ- fin montés à quatre brins ; pourra.donc être marqué & vendu pour un velours à quatre poils de même qu'un velours fabriqué avec un fil d’organfin monté à huit brins, pourra auffi être marqué &c vendu. pour un velours-à quatre poils ! A-t-6n pü; avancer une femblable impofture ? on le demande aux plus habi- les fabriquans de l’Europe, principalement aux Gé- nois , qui fabriquent mieux que nous ce genre. d'é: | YYyyyi 4 VEL toffe , pour convaincre les auteurs de cet article de da plus infigne fourberie. | AS La facon dont eft préparé l'organfin , foit à deux , trois & quatre brins étant connue , le velours ne tirant fa perfedion qu'autant qu'il eft garni par le poil , afin que la toile ne paroïfle pas au travers , il s’agit d’examiner fi un fl à trois ou quatre brins fe féparera fufifamment , pour qu'il doit parfait , atten- du le tors: c’eft ce qu’on défie à tous. les fabriquans enfemble de foutenir , encore moins de prouver; M. Fagon difoit que fi on pouvoit fabriquer à Lyon Les velours & les damas aufh bien qu’à Gênes, il faudroit bâtir une nouvelle ville , tant cet objet lui paroïfloit important ; VOYONS donc fi la méthode contenue dans-ce nouvel article augmentera leur perfeétion : c’eft ce qu'il eftimpoftble de perfuader ; 1left clair äu contraire qu’elle la diminue. On a déja obfervé que fi on pouvoit fabriquer Le velours à quatre poils avec les huit brins féparés qui compofent les quatre fils d’organfin par boucle, ilen feroit infiniment plus beau; il faut le prouver. Les quatre fils d’organfin étant tordus 8e retordus dans le premier & fecond apprêt du moulin, il n’eft pas pof fible qu’ilsne confervent dans la fabrication une par- tie de ce même tors que les huit brins féparés n’au- roient pas; il eft encore plus difficile que les deux brins qui compolent le fil, tellement unis par le fe- cond apprêt, qu’il eft impoflble de les féparer, puif- {ent produireun effet femblable à deuxbrins qui n'au- ront aucune préparation de cette nature, Si les fabriquans étrangers n’avoient pas été con- vaincus par une longue expérience de la néceffité de féparer les fils qui compoñent le poil des velours, il y a long-tems qu'ils auroient introduit chez eux la nouvelle découverte des fabricateurs du réglement de 17445 maisils ont reconnu importance de la ma- tiére, & qu’une nouveauté fi dangereufe ne ten- droit rien moins qu'à la deftruétion de leurs ma- rufadures; c’eft pourquoi ils ont voulu qu'un fil d’organfin àtrois brins ne tint lieu que d’un fl ordi- maire, mais encore que leurs ve/ours ne fuffent fa- briqués qu'avec des fils de cette efpece ; que répon- dront à cela les fabricateurs du réglement de 1744, lefquels moins fcrupuleux que ceux des fabriques étrangeres , n’étendent pas la fpéculation jufqu'à ce point? [’outeront-ilsde ce qu’on avance Nil fautle deur prouver. Le réglement de la manufaêture de Turin du 8 Avril 1724 fait fur le modele de celui de Gènes, précédé des ordonnances des 11 Juin 1711, 4 Juil- let 1703 8x 17 Mai 1687, ordonne précifément (ar- cicle 3 ) que chaque fil de poil fervant à la fabnica- tion des velours unis , {era compoié d’un'fil d’organ- fin fuperfin à trois brins. Il faut citer l’article. Tali veluti dovranno fabbricarft, cioè li veluii , come anche Le panne, con organfini travaglati di jére filate di 18 in 12 cochetti ; il pelo di cocherti 5 in 70 pure d’or- ganzino foprafino atréjilé, e contrame di fesa de fecon- da forte. Ces étrangers ne portent pas feulement la délica- tefle jufqu'au point de faire leurs velours avec des organfins {uperfins à trois brins, ils veulent encore que chaque qualité d’organfin qui compofe tant la toilerque le poil, foit'tirée à un certain nombre de œocons pour que le we/ours foir plus parfait. : : ! =: rSides fabriquans de Turin , Genes, Pile’, Lucques &c Florence portent la délicatefle jufqu’au point de ne fefervir que d’organfin à trois brins pour le poil des velours ,'afinide les faire plusparfaits,s'ils veulent ‘que des mêmes velours ne {oïent fabriqués qu'avec des ‘tranes de feconde forte, à quels feproches me doivent pas être expolés ‘les: mftigateurs du régle- -ment de‘1744, de vouloir qu'un il d’organfin de femblable efpéce 1oït reputé tenir lieu d’un fil écide: VET mi? N’eft-ce pas facrifier là fabrique de Lyon à leur intérêt propre ou à leur aveuglement? Le confeil n’a point été inftruit de cette façon de fabriquer leve dours ; ce ne feroïit point un mal que le Ditionnaire encyclopédique fit corriger ce défaut. i Pour achever de confondre les fabricateurs du ré- glément de 1744, on leur obfervera encore que lars ticle o du même titre ordonne que dans toutes les étoffes autres que le velours, chaque fil d’organfin , à quelque nombre de brins qu’il foit monté , ne foit compte que pour un fil, "- _ Siunfil d’organfin à trois brins fait un velours par- fait, étant compté pour un fil & demi, comment fe peut-il faire qu’il ne produife pas le même effet dans une étoffe moins délicate, & qu’on veuille qu'ilne foit compté que pour un fil ? ce contrafte paroît des plus fingulrers. C'eft un fait certain que toutes les éroffes unies, même façonnées toute foie, il n’en eft pas une plus belle ni plus riche que le velours, ni qui demande tant de foin & d’application pour la rendre parfaite ( ce qu’on n’a pas encore pu faire en France); or puifque la beauté du velours ne tire fon origine que du poil, qui feule en fait la figure , comment donc ofent foutenir les inftigateurs du nouveau réglement de 1744 qu'un fil d’organfin à quelques brins qu'il foit monté, ne fera compté que pour un fil dans tou- te autre étoffe que le velours, où ilfera compté pour plufieurs, ou un & demi, s’il eft monté à trois brins; c’eft-à-dire , qu’il fera la perfeétion de cette dernie- re étoffe , tandis qu'il fera défeétueux danstoute au- tre. C’eft ce qu’il eft pofhible de concevoir. Quoique la perfe&tion de toutes les étoffes en gé- néral ,tantunies que façonnées, exige qu'elles foient compofées d’un certain nombre de portées pour en rendre la bonté certaine , néanmoins le défaut des portées ou fils prefcrits parles réglemens ne fauroit produire la même défetuofité ( principalement dans celles qui font faconnées ), qu’il peut apporter dans le velours. Il importe peu qu'un fatin ou taffetas ait quelques portées ou fils de moins , l’étoffe ne fera ni moins belle , ni moins parfaite; les réglemens mêmes anciens & nouveaux n’ont jamais aflujetti les fabriquans à un nombre fixé, ni pour l’une ni l’autre étoffe dans celle qui eft façonnée; mais ils fe font toujours expliqués pour le velours, même juf- qu’à un demi-fil, pour en faire connoître l’importane ce. Que les fabricateurs du réglement de 17445s’ac- cordent donc avec eux-mêmes fur Particle 7 & fur l'art. 9 du titre 8; pour lors on ne leur fera aucun reproche. Ce ne feroit pas affez d’avoir démontré limpoff- bilité de faire les velours unis en France auf bien que chez l’étranger, fi on vouloit fe conformer à l'article 7 du tit. 8 du réglement de 1744; il faut faire voir encore que fi on manque ea France du côté de _ Ja matiere, le défaut de la main-d'œuvre ou fabrica- tion de l’ouvrier n’apporte pas plus de perfetion à ce genre d’étoffe que l’exécution de l’article cité ci- deflus. un On n'entre point dans le détail de la façon dontle métier eft monté, {ox par la quantité des liffes 8 leur mouvement , foit par la façon dont eft pañlé le fer, celle de couper le poil quiforme fe velours ; on fera feulement l’analife du poil des ve/owrs de Gènes, ou autres qui fe fabriquent en Italie, avec celle de ceux qui fe fabriquent en France; après quoi on fera ua parallele de la maniere dont ces derniers font tra- vaillés, avec celle qu eft en ufage chez les étrans gers, pour démontrer qu’il eftampoñlble de faire le velours parfait, fi on ne les imite pas;:on démontrera enfuiteique la façon de faire le noïr en France eftto: talement différente de celle d'Italie , laquelle étant plus belle 8 plus fre , augmente éncote la perfec- tion de ce genre d’étoffe. | Il n'eft pas fürprenant fi les velours qui font fabri- qués en France , ne font pas auffi beaux que ceux qui fe fabriquent à Turin, Gènes & autres villes d'Italie ; la raifon de leur défe&tuofité ne vient que de ce qu'un velours fabriqué en France êt marqué pour quatre poils, contenant quatre fils par boucle d’organfin à deux brins , 1l ne fe trouve que huit brins au lieu de douze que contient chaque bouclé de ceux qui font fabriqués chez les étrangers, Le velours de France à quatre poils contenant 80 portées d'organfin à deux brins, compofé dé 6400 fils; chaqué coup de fer contient par conféquent 12800 fils, attendu la jon@ion des fils fur le même coup, qui fe trouvent élevés, de facon qu’à chaque coup de fer 1l fe trouve 25600 brins, lorfque l’or- ganfineft monté à deux bouts ou brins. Les velours d'Italie de même à quatre poils con- tiennent après la coupe 12800 fils ; mais l’organfin étant à trois brins, cette quantité compofe un total de 38400 brins : ce qui fait une différence de 12800 brins de plus que ceux de France, à quoi il faut ajou- ter encore que les veZours d'Italie étant plus étroits d’un pouce que ceux de France , il n’eft pas difficile de croire qu'ayant plus de couverture ( c’eft le ter- me), & étant plus garnis , ils ne foient plus parfaits. C’eft pour cela que les velours de France ne paroïffent pas auf garnis , quant à ceux en couleur, que ceux d'Italie, ni aufli beaux quant à ceux qui font noirs. La raïfon de cette différence n’eft autre que celle de la quantité fupérieure des brins qui forment le ve- lours, laquelle étant tirée d’un organfin plus tendre & plus fin, reçoit plus facilement les imprefñions de la belle teinture , puifque les organfins qui font em- ployés dans les poils des veours d'Italie , font inf- niment plus légers que ceux qu’on emploie en France. À la qualité plus belle d’organfin 1l faut encore ajouter la façon de teindre les {oies pour les ve/ours & autres étoftes , dont les étrangers fe fervent pour les noirs. C’eft unufage établi principalement à Gènes, Flo: rence, Naples, 6e. que Les reinturiers de foie ne peu- vent teindre chez eux ou dans leurs ouvroirs , aucu- ñe foie en noir ; ils ont feulement Ja liberté de les faire cuire , de les engaler , & enfin de leur donner toutes Les préparations ufitées pour Les paffer fur les bains , cuves ou piés de noirs; les vaiffeaux deftinés pour leur donner cette couleur, font dans des lieux qui'appartiennent aux villes où ces opérations font en pratique ; on les nomme ordinairement /éraglio. Ces vaifleaux ou cuves font entretenus aux dépens de la ville , & Pendroit ou le lieu où 1ls font placés ; n’eft ouvert qu’une fois par femaine, & dans un jour régulierement fixé, Les teinturiers inftruits du jour de l'ouverture du feraglio, tiennent leurs foies pré- parées pour les pafier fur les cuves ou bains, & payent une rétribution fixée pour chaque Hvre de foie qu’ils paffent. Cette rétribution fert à l’entretien des cuves, &t lorfau’rl arrive que l'entretien eft au- deflus de la rétribution ordonnée , la ville fait le fur: plus des frais ; & dans le cas où la rétriburion or- donnée excede la dépenfe (ce qui arrive rarement), le bénéfice demeure à la ville’; c’eft à la fin de cha- que année que cette vérification eff faite. _ Cette façon de temr les cuves ou bains de ñoir dans des lieux cachés eft tellement néceflaire ; qu'il n'eft pas unteintufier qui ne fache qu'ils font extrè- mement délicats, & que peu de chofe peut Les trou- bler , même que l'entrée du feraghio eft interdite à toutes les femmes , crainte de bouleverfement dans des tems critiques de la part de ce fexe. Une raifon plus importante encore donne lien à cet ufage, parce qu'ileft peu de perfonnes qui-ne fachentque plusun VEL 90$ bain de ioir eft vieux, meilleurileft: ce qui fair qu'il fe trouvé des cuves dans les feraglio qui font pofées depuis quatre cens années & plus; ces cuves d’ail: leurs font prefque toutes de cuivre ; 1l yen a quel: ques-unes de fer: cette matiere foit cuivre, foit fers contribue à la bonté du noir, puifque l’une & Pau: trene peuvent produire dans l’humide que du verds de-gtis ou tle la rouille, que le verd de-gris où ver- det forme une partie de la compoftion du noir, & que la rouille ne fauroit produire d’autre effet que celui de faire mordre la couleur à la matiere prépa« rée pour la recevoir, | Tout ce qui vient d’être dit touchant la matieré qui entre dans la compofñtion du velours uni, doit faire connoître qu'il n’eft pas poffible que tous les velours ; principalement les noirs, ne foient plus beaux que ceux qui fe font en France; il ne refte plus à démontrer que l’imperfeétion qui fe trouvé dans la main-d'œuvre de ceux qui fe font à Lyon; bien différente de ceux d'Italie ; ce qui occafñonne des défauts fi fenfibles , qu’il n’eft pas befoin d’être fabriquant pour les concevoir: Tous les velours de Lyon étoient fabriqués an< ciennement avec des peignes compofés de dents ti= rées du dos ou écorce de rofeaux , ce qui a fait don: ner le nom de ro£ aux peignes dont on fe fert dans les manufaétures de draperie & toilerie. Depuis13 années environ , on ne fe fert que de peignes com= pofés de dents de fer qui font polies & difpofées de façon que létoffe puiffe être fabriquée comme il faut, & que la dent ne coupe pas le fil de la chaîne; ces peignes qui font communément appellés peignes d'a: cier | font éxcellens pour les étoffes riches ; mais ils ne valent rien pour le velours ni aucune autre étoffe unie ; ils occañonnent trois défauts effentiels aux= quels 1! n’eft pas poflible de parer; peut-être même que les fabricateurs du réolement de 1744 ne les onf pas mieux prévus que ceux qu'entraine après foi l’é- xécution de l’article 7 du titre 8; Il faut en donner l'explication arr Le premier défaut du peigne d’aciet dans le ve lours uni, eft que la dent du peigne ayant plus de confiftance, 8 étant plus dure que celle du rofeau, 1l n'eft pas poffible que le mouvement continuel du battant quite fait tantôt en avant, tantôt en arriere, afin de ferrer la trame, & faire drefler le fer, ne life & racle le poil’, & ne détache une partie du noir qui couvre le fil, lequel'n’eft pas déjà affez beau, Ôt qui par ce moyen devenant plus luifant, lui fait perdre une partie de la couleur foncée que le tein: turier lui a donnée; ce qui ne fçauroit arriver avec une dent aufli douce que celle du rofeau. Le fecond défaut, auff effentiel que le premier ; eft qu’étant moralement impoñlible de faire un peigne avec cette égalité qu'exige un ouvrage de cette ef: peèce, fur-tout dans larrangement des dents ; cette inépalité forme des rayeures dans le selours ; aux= quelles 1! eft imipofhble de parer, & qui ne fe trou= vent pas ; quand on fe fert de peignes de rofeau. La raifon en eft fenfble ; l’inégalité de la dent du peigne d'acier caufe une femblable inégalité dans l’étoffe fabriquée ; parce que la dent d’acier ayant plus de force &c de confiftance que celle de rofeau., en vain donne:t-6n une certaine extenfion à la chaîne qui fait la toile , elle ne fçauroit ranger la dent trop fer rée fur celle qui ne left pas autanit; au lieu que l4 dent de rofeau étant plus flemible , cette même exs tenfion de la. chaine la range dans fa jufte place ; & il s'enfuit de-là que la dent d'acier conduit la chai- ne, & que celle de rofean eft conduite par cette même chaine, ce quieft un des plus grands avantas ges , parce que dans toutes les étoffes unies lx chaîne doit cominañder à la dent pour qu’elles foïent par. faites ; aw lieudue dans le cas où la dent commande: 906 VEL à laschaîne, il en refulte toujours une imperfeétion marquée, | | Leétroifieme défaut plus effentiel même que les eux précédens, fe tire de ce que Le peigne d'acier étant compofé de dents faites avec un fimple &i de ferécrafé fous une meule d’acier , comme le fil d’or ou:d’argent, dont on fait une lame, cette dent n’é- tantpomt trempée, même ne pouvant l'être, pour l'empêcher de couper la baguette ou virgule de laiton qui pafle fous le poil pour former le velours, les grands coups de battant que ouvrier eft obligé de donner , tant pour faire joindre la trame, que pour faire drefler la baguette de laiton , afin que la rainure qu'elle contient fe trouve deflus, cette ba- guette tant d’une compoftion dure, pour que la rainure ne fe fafle pas plus profonde lorique la tail- lerolle ou la pince entre dedans pour couper lepoil qui forme le velours; ces grands coups de battant, dit-oi, font que la dent fe carie contre la baguette de laiton. Or comme il faut faire incliner le peigne par le moyen du battant brilé pour faire drefler ja baguette, il n’eft pas poflible que le mouvement que l’ouvrier eft obligé de faire pour parvenir à cette inclinailon qui fait un frottement de toutes les dents du peigne fur le poil, n’écrafe & ne déchire la fu- perficie de ce même poil, fur-tout dans les ve/ours à trois où quatre poils , parce que le coup étanr plus violent, & chaque dent plus garnie de foie, ces mé- ‘ mes dents étant cariées, il en refulte une défeétuo- fité qui ne fe trouve pas dans les velours fabriqués avec un peigne de canne ou de rofeau. De-là vient qu'on voit beaucoup de nos velours couverts d’un duvet ou bourre que le rafoir ne fçauroit lever, parce que ce même duvet étant dans la racine de la partie du poil qui forme le velours , plus .on le rafe pour le lever, plus le velours paroït défeéhieux, &t plus on approche du fond, qui étant découvert, ne montre enfuite qu’une toile de. poils très-mal ar- rangés ou difpofés. Il eft vrai que le peigne d’acier étant plus coulant,. le travail du ve/ourseft un peu plus aifé, &t que ce même peigne dure davantage; mais on n’a pas tou- jours eu des peignes d'acier , & puifque ces péignes font plus mal le velours, 1l feroit d’une néceffité abfo- lue de les fupprimer, fon vouloit faire des velours parfaits. sine Les Genoiïs travaillent encore Îes velours d’une fa- çon différente de celle qu'onfuit en France; ils pla- cent jufqu’à dix fers avant que.de couper le ve/ours, tandis que Les François n’en placent que. deux; la façon de travailler des Génois, fait qu'ils font obligés. de couper avec un outil qu'on nomme rabot auquel eft atraché le pince , à la diftance des dix fers placés, ce-qui s'appelle couper fur drap ; cette façon de cou- per eft beaucoup plus fure que celle dont on fe fert en France, attendu que fi-par hafard le fer fe trouve paf ous quelques fs de la chaîne , iln’eft pas poffi- ble que ces fils fe dépaffent, attendu qu'ils font liés pat les trois coups de navette qu’il faut pafler à cha- que fer , au-lieu qu’en ne pofant que deux fers, fi par bafard il fe trouve quelques fils de la chaîne furle fer, ces fils n’étant pas fufifamment liés, ils paflent der- riere le peigne, ce qui n'arrive pas chez les Génois. Cette même méthode fait encore , que fi par hafard l'ouvrier détourne la main, & que le pince forte de la rainure du fer pour {e porter fur le premuer, pour lors le pince coupant tout ce qui fe préfente ,.1l fait ce qu’on appelle, en terme de fabrique; #7 chaple, c’eft-à-dire , qu'il-coupe chaîne.& poil, &ctout ce qui eft coupé pañle derriere le peigne,ër faitun trou à l'é- toffe , ce qui ne fauroit arriver en coupant fur drap ou fur le dixieme fer du côté de l’ouvrier, attendu que le rabot retient. le pince par la façon. dont il eft monté; 8c qu’à la façon de Francé la tallerolle dont. on fe fert n’étant qu'une fimple plaque dirigée feule- ment par la main de l’ouvrier , pour peu qu’elle s’é- carte du canal ou de la räinure du fer, elle caufe du defordre. Ona vu quelquefois couper le quart, mé- me la moitié de la chaîne, par le défaut d'attention ou de füreté de la main de l’ouvrier. .. La quantité des fers que les Génois laifent fur drap , outre qu’elle pare aux inconvéniens que lon vient de citer , procure encote aux velours une légé- reté qui ne fe trouve pas dans ceux qui fe font en France. | Cette quantité de fer, fait qu'il faut tramer plus fin, parce qu'ils retiennentle. coup de battant ; de-là vient que les velours de Gènes font tous apprêtés , ê£ fe coupent moins que ceux de France ; l’'apprêt qu'- on leur donne procure une qualité plus brillante que les nôtres n’ont pas , laquelle jointe à la légereté de l’étoffe, fait qu’elle revient à meilleur prix que les nôtres, par la moindre quantité de trame , dont ils font garnis. Ce font les Génois qui les premiers ont établi la manufadture de Lyon , dont les fondemens furent jettés en l’année 1536 , fous le regne de Fran- çois premier, le reftaurateur des lettres & des arts, par les foins des nommés ÆErienne Turquertt &t Bar- thelemy Narris , tous les deux génois de nation. Le commerce des velours eft immenfe chez les Gé- nois, ils en fourniflent toute l’Europe ; files François ne peuvent pas leur Ôter cette branche de commer- ce, au-moins devroient-ils s'attacher à fe fournir eux- mêmes cette marchandife, dont la quantité qu'ils ti- rent de ces étrangers, fuivantles reciftres de la doua- ne.de Lyon, monte à près de trois millions chaque année ; la modicité de la main-d'œuvre, jointe au prix revenant des foies qu'ils cueillent chez eux, ne contribuent pas peu à l'étendue de leur commerce, ainfi que celui du damas pour meubles ; ce font des payfans qui travaillent ces fortes d’étoffes. Il faudroit pour que l’ouvrier pht vivre à Lyon , que le velours fût payé au-moins 4 liv. même 4 liv. 1of. Paune de \ façon, tandis que les Génois les font faire à $o f. dif- férence trop confidérable pour le prix qui fe paie à Lyon, qui eft feulement de 3 liv. à 3 iv, 10 f & qui fait que louvrier quitte le velours pour s'attacher à une autre étoffe ; les droits qui fe perçoivent en France fur cette marchandife, ne balancent qu’à pei- ne la différence qui {e trouve fur le prix des foies, attendu que ceux que nous payons fur la foie grcfe, tant pour la fortie des foies de Piémont, la voiture, la commifion , entrée du royaume , que la diminu- tion par le défaut de condition, eft équivalent, êc même fupérieur à celui qui fe pare fur la marchandife fabriquée, puifque tous ces droits réunis fur une li- vre de foie gréfe de 15 onces , fe trouvent enfemble fur 11 onces , même moins, lorfque la foie eft tein- te, & qu’en conféquence nous les payons en entier fur une marchandife dont Le quart s’évapore quand elle fort de la teinture. Ce feroit un beau champ pour les auteurs ou édi- teurs de l'Encyclopédie, fi après avoir perfeétionné ie velours en France, ils pouvoienttrouver le moyen de faire enforte que l’on pût fe pañler des Génois pout la confommation du velours qui fe fait dans le royaume ; &c ce feroit le cas d'appliquer ce qu j'ai dit, article ART, qu'il faudroit qu'il fortét du féin des académies quelqu'homme qui defcendit dans les ateliers, pour y recueillir Les phénomenes des arts ; € qui Les expofér dans un ouvrage qui déterminät les areifles a lire, les philofophes à penfer utilement, & les grands à faire enfis ur ufage utile de, leur autorité G de leurs récom- penjes. Examen du prix différent des foies de Piémont d'avec . celui de France. th . Un ballot organfin de Piémont de 1561 | poids du pays, qui font 108 liv. poids de Lyon, paie pour la fortie du Piémont ros 1. qui font, argent de France . . . . . . . . . 126liv. Pour la voiture & douane .de Turin à ÉOGREME RRTRS P slt, 00 Provifion au commiflionnaire, en fuppo- fant la foie à 24 liv. la livre, elle en vaut DOS SONT ES ET Ce 40 + 100 Les foies qui viennent du Piémont en France ne pañent point par la condition pu- blique, cette opération étant contre l'intérêt du propriétaire , de façon que la diminution qui s’y trouve eft, l’un dans l’autre, de 100 liv. au-moins fur chaque bailot . . , . 100 Total . . . . 406 liv. Un ballot d’organfin teint, la diminution fur la foie gréfe comprife, ne rend au plus que 75 liv. net poids de foie. Ces 75 liv. fupportent donc les frais de 406 liv. ce qui fait 5 Liv. 4 £ chaque livre que la foie revient plus chere en France qu’à Turin, Gènes, &c. Le tranfport de la marchandife coute environ 2 f. la livre , à diminuer des $ liv. 41. Les étoffes teintes ne payent que 50 f. par livre pour tous droits, même moins. Obférvations fur un échantillon de velours noir com- pofé de fil & coton, fabriqué par le [teur Fonrobert , fa- briquant de Lyon, préfenté au bureau de commerce, le Jeudi 28 Janvier 1751, par le fieur Pradier, infpeëteur général des manufaëtures. Quelques foïns que fe foit donné le fieur Fonrobert pour perfe&tionner l’échan- tillon de velours noir, compofé de fil & coton , qui a été préfenté au bureau de commerce , le 28 Jan- vier dernier , il n’a pas été médiocrement furpris d'apprendre quon avoit commencé à fabriquer en bles. La crainte de ne s’être acquis que la réputation de fimple copifte, lui a fait prendre le parti de faire écrire en Angleterre pour vérifier ce fait. Efedive- ment , 1l a été informé que depuis trois années en- viron , on fabriquoit dans la province de Manchef- ter des étoffes de même efpece. Une pareille décou- verte ne Pa point rebuté, quoiqu'il lui en eût déjà couté des fraix confidérables pour parvenir à ce point prétendu d'imitation , au-contraire, elle n’a fervi qu'à exciter fon zèle. Informé que cette étoffe n’étoit fabriquée qu’en blanc , & enfuite portée à la teinture pour y recevoir les couleurs defirées ; con- vaincu d’ailleurs par une longue expérience, du peu defolidité de la teinture, lorfqu’elle eft donnée à une étoffe fabriquée , principalement au coton , il s’eft déterminé à faire téindre les matieres avant que de les mettre en œuvre, tant pour aflurer folidement da teinture , que pour les rendre plus parfaites ; c’eft ce qui a été démontré par les échantillons qu’il a foumis à l'examen du confeil. Comme il pourroit fe faire que des perfonnes. qui n’ont pas une connoïflance parfaite des étoffes , pour- roient confondre celle-ci avec Le velours appellé com- munément velours de gueux , attendu légalité de ma- tiere dans la compoñition de l’une & de l’autre ; ona cru devoir donner une explication claire de la façon dont chacune eft travaillée. _ Le velours de gueux ne differe de la toile ordinaire qu'en ce que toutes les deux duites ou jets de trame _on en pañle une de coton très-sroffier. Cette duite de coton eff pañlée dans une ouverture de fil, difpofée à faire la figure qui ne fauroit être qu’un carreau. Les parties de coton , qui ne font arrêtées par aucun fil, compofent cette figure, qui eft achevée au moyen d’un canif, dont on fe fert pour couper le coton dans les endroïts oil n’eft pas arrêté , lorfque la piece eft finie, Angleterre depuis quelque-tems des étoffes fembla- . VEL 907 La grofñereté de la matiere qui entre dans la com- pofition de cette Étoffe, tant en fil qu’en coton; la façon dont elle eff travaillée, qui eft la même que la toile ordinaire, font qu’elle ne fauroit revenir à un prix excefñf, aufh n’eft-elle pas chere, & encore moins belle. Il n’en eft pas de même de cette derniere étoffe ; outre les choix des plus belles matieres, tant en fil qu’en coton, il faut encore les préparer de façon qu’elles puiffent fupporter les fatisues du travail, qui eft d’autant plus difficile que la teinture ne contribue pas peu à rendre la fabrication pénible ; le métier ne doit point être monté , comme les métiers ordi- naires à faire du velours , parce qu'il ne feroit pas poffble de le travailler, Le coton ayant infini- ment moins de confiftance que la foie, il faut donc une plus grande délicateffe pour travailler le velours en coton que celui en foie. Le velours de gueux eft compoté feulement d’une chaîne de fil très-groffiere , celui-ci eft compofé de deux ; favoir, une chaîne de fil très-fin , & une de coton, à laquelle on donne le nom de poiZ, ainf que dans le velours tout foie. Dans le velours de gueux,, c’eft la trame qui fait la figure ; dans celui-ci c’eft le poil, à l’aide des petites virgules de laiton, auxquel- les on donne le nom de /£rs fervant à couper le poil, fur lefquelles on le fait pañler. Enfin, À la délicateffe près, infiniment au-deflus de celle des velours tout foie , 1l n’y a pas de différence pour le travail, La durée de cette étoffe ne fauroit être conteftée, elle fe tire de la qualité de la matiere dont elle ett compofée; le réplement du 1$ Août 1736 pour les peluches qui fe fabriquent à Ainiens , fixe Les fils de la chaîne des peluches à 720 fils, & ceux du poil à 390 pour celles appellées trois poils qui font les plus belles ; celle-ci contient Le double des fils, tant pour la chaîne que pour le poil, conféquemment il faut , que la matiere foit très fine & très-belle, fans quoi l'étoffe ne pourroit pas fe travailler, Or , fi la bonté d’une éroffe n’eft tirée que du choix des matieres qui la compofent, celle-ci doit l'emporter fans contredit fur toutes celles qui ont été faites en France jufqu’à ce jour. | Les matieres dont cette étoffe eft compofée font toutes du cru de la France ; la Flandre, la Bretagne, Éc. peuvent fournir du fil. Nos colonies & la com pagnie des Indes peuvent fournir du coton ; il n’eft donc pas néceflaire d’avoir recours à l'étranger pour fe procurer les matieres qui conviennent ; il n’en eft pas de même des peluches, il faut tirer d'Afrique tout le poil qui en fait la figure, conféquemment cette étoffe eft plus avantageufe à l’état que les pelu- ches , puifqu’on ofe aflurer d’avance , qu’outre l’a- vantage de pofléder les matieres qui la compofent, elle aura encore celui-ci de la durée qui fera infini- ment au-deflus de tout ce qui a été fait en Francejuf= qu'à ce jour. VELOUTÉ, adj. (Gram.) il fe dit de tout ce qui a , foit à l’œil, foit au toucher, l’apparence du ve- lours. VELOUTÉ , (Joaillerie.) il fe dit des couleurs des pierreries qui font brunes & foncées , particuliere.. ment des rubis & des faphirs , quand les uns font d’un rouge-brun, & les autres d’un bleu -foncé. (C2) VELOUTÉ, ce qui eft fait en maniere de velours, Le velouté d’un gallon eft la laine ou la foie qui en forment les compartimens , quand elles font cou- pées , comme au velours, avec la regle cannelée de cuivre. VELOUTÉE(, Arar.) eftle nom qui fe donne en par- ticulier à une des membranes de l’eftomac : laquelle fe nomme enlatincru/fa villofz. Voyez les PL, d’Anas, Splanch. Voyez aufh ESTOMAG, 908 (VAL. Elle tire fon nom d’une multitude innombrable de poils ou fibriles, dont fa furface interne eff garnie, &t qui forment comme une efpece de velours. Foÿez CRUSTA vilofa. VELOUTÉE , {nique des cnteflins ,( Añaromie.) Va tu- nique veloutée des inteftins eft la premiere tunique interne des inteftins grèles , dans laquelle le chyle eft renfétmé. On la nomme unique veloutée où turi- que villeufe, à caufe de certains poils femblables à ceux du velours, dont elle paroït couverte ; ces poils font plutôt des mamellons latéralement applatis, en partie fimples & unis, en païtie compos & comme branchus , felon Pobfefvation de M. Helvétius, in- férée dans les mémoires de lacadémie des Scien- ces , année 1721. Quand Oh examine ces poils dppa- rens avéc uñe bonne loupé, on y découvre une 1n- finité de pores, & ils paroïflent comme de petites éponges. La tunique velourée eft vafte, de couleur cendrée, remplie, comme nous venons de lé dire des mamel- lons ou papilles ; elle eft percée de tuyaux aqueux & ruqueux,de vaiffleaux la@tés, de grands pores dif- tingués des autres conduits, qui s’ouvrent au même endtoit 3 elle eft hümedtée & lubréfiée continuelle- ment d'humieurs aqueufes & glutineufes. Elle eft trois fois plus longue que la tumiquie ner- veufe , qui eft immédiatément couchée fur elle, fur- tout dans l’inteftin nommé /e/érum, où elle fe replie, s'éleve , forme des välvules , êc en conféquence eft fort ridée , principalement où la tunique vafculeufe, glanduleufe & nerveufe , eft attachée au méfentere, par fa partie convexe. De-là le chyle &c les excré- mens {ont partout fans-cefle arrêtés, les matieres les plus épaifles font contiuellement déläyées , furtout vers la fin de l’ileum ; les éxerémens qui s’y épaiffif- fent , font enduits d’humeurs onétueuies ; les chofés âcrès y produifent un fentiment trés-doutoureux ; elle éprouve en conféaténee une irritätion vive, duand la nature veut les expulfer, 8 un refferrement dans les vaifleaux abfofbans ; qui empêche ces ma- ticres âctes de pénétrer dans les parties intérieures du corps. La membrane veloutée des inteftins, fe trouvant plus expofée à l’action des liqueurs aqueufes eft four- nie d’une plus gfände quantité de fucs néceflaires pour la défendre de leur aétion, & fe conferve dans ün état naturel, tant qu’elle eft enduité dé fa uco- fité; toutes les fois que cette mucofré eft emportée trop rapidement, comme 1l arrive dans les diarrhées &c les diffentériess ou lorfqw’elle n’eft pas féparée en une firfifante quantité, comme il artive dans fes in- flammations 8€ Les aütres obftruétions des varffeanx des intéftins, il eft aifé de juger des furiés que peut avoir un accident de cette cfpece , & combien Îles médecins doivent s'attacher à fuppléer par le moyen de l'art à ce qui manqué alors à la nature. Mais le phénomene le plus furprerant ; & celui dont on parle le mois, ét lépaffiffement qui arfive quelquefois à la tunique velo des inteflins, lotf- qu’un corps dur eft logé pendant un tems confidéra- ble dañis quelqu’endroit particulier de ce conduit, Foyer à ce fujet Les obférvation de médec. d'Edimboure, some 1. | Comme nous ne pouvons entrer dans ce détail, nous nous contenterons de finir par indiquer en deux mots l’ufage dé la fünique velourée des intefns. Elle fert à couvrir les orifices des vaifleaux , à les dé- fendré contfe les effets nuifibles des matieres qui peu vent pafler où Être contenues dans le conduit intéf- tinal , & à tranfmettre fes impreflions à. la tunique nerveufe. ( D. J.) : VELOUTER., v. a. (Rxbanrerie. Ÿ c’eft donner à la foie où à la laine dont où fait des galons, un poil femblable à celui du velours, (D: J.) 2 53 VEL VELSBILLICH , ( Géog. ane. ) pétite ville d’Alle- magne , dans Pélettorat de Trèvés , à deux lieues au ñotrd de Trèves, fur une petite riviere. Longir. 24. 12. lab, 49. 30. (D. J.) | VELTÆ , ( Géogr. ani.) peuples de la Sarmatie européenne. Ptolomée, Zv. III. ch. v.les place fur l'Océan , dansune partie du golfe Vénédique. (D. J.) VELTAGE , f m. crime de Jaugeur , melurage qui fe fait des bariquies , tonnes , tonneaux , pipes ;, &c autres telles futalles, avec linftrument que l’on appelle Velte. (D. J.) VELTE , f. f. (Jaugeape. ) infirument qui fert à velter, c’eft-à-dire à jauser & miefurer Les tonneaux, pour en connoître la continence. La ve/e eft une ef- pece de jauge dont on fe fert en quelques villes & provinces de France, comme en Guienne , à Bor- deaux, dans Pile de Ré, à la Rochelle, à Bäyonne, à Coïgnac, &c. & dans quelques pays étrangers , comme à Amfterdam, Lubec, Hambourg, Embden, Ééc. La velre a différens noms, fuivant les lieux où elle eft d’ufage ; dans quelques-uns on l’appelle verge, dans d’autres verle , &t dans d’autres encore verte, vier- tel & viertelle, (D. J.) | VeLTE, {. f. ( Mefure de liquides. ) la velre eft une mefure des liquides, particulierement des vins & des eaux-de-vie ; elle a autant dé noms, & fert dans les mêmes lieux que la ve/re à jauger. La velie meïure, contient trois pots, le pot deux pintes, & la pinte pefe à peu-près deux livres & demié, poids de marc. (2.1) | | VELTER , mefurer avec la velte. Voyez JAUGER. VELTEUR , officier ou commis qui mefure avec la velte; c’eft ce qu’on appelle ailleurs Jaugeur. Voyez JauGEuUR. Dit. de Comm. 10m. III. lert, V. p. 553. VELTZ, (Géog. mod.) boutrgade de a haute Au- triche, près de Lintz; c’eft dans cefteé boufgade que mourüt en 1690 à l’âge de quarante-fept ans révolus, Charles V. duc de Lorraine, ün dés plus grands éa- pitaines de fon fiecle, & qui rendit le plus de fervices à Pempereur. On dit qu’il lui écrivit en mourant la lettre fnivante : « Sacrée majefté, fuivant vos ordres, » jé fuis parti d’Infpruk pour me fendre à Viérne, » thdis je fuis arrêté ici par un plus grand maitre; » jé vais lui rendre compte d’une vie que Je vous # avois confacrée toure entiere ; fouvenez-vous que » je quitté une époufe qui vous touche, des enfans » à qui jé ñe laifle que mon épée, & des fujets qui # font dans l’opprefhion». (2. J.) | VELU , adj. (Gramm.) qui ft couvert de poil. La péau de la plüpart des animaux quadrupedes eff ve/ue; il y'a des plantes dont la feuille,écmême lécorce font véluss. Il y a des hommes qui font prefque aufli ve/us que des animaux. VELUE, f. f. cerme de Chaffe ; c’eft la peau qui eft fur latête des cerfs, des daims & dés chevreuils lor£ qu'ils la pouflent. PELUM ;{. m. (Liserat.) MM. Menard & de Ca- véifac fe font trompés, en expliquant le mot ve/um par éapifléries ; ls aufoïent dû rapporter quelque paf- fage des anciens auteurs , qui nous apprit que les an- ciens étoient dans l’ufage de faprifer leuts temples & prouver par quelque autorité bien précife, qu'ils ont employé le mot veu pour exprimer une piece dé tapiferie. Jela n’étoient certainement autre cho- fé qué des rideaux ou des portieres , & pour s’én convaincre on n’a qu'à jetter les yeux fur ce qu'ont dit les favans interprètes du nouvéau Teftäment fur cés mots de l'Evangile, ve/um empli fciffum eff, &c. CR Te ne _VELVOTE, (Bosar.) efpece de linaife , félon Tournéfort, qui lappelle Zraria fegemum, I. R.. 169. Voyez LINAIRE. (D. J) VELVOTE FEMELLE 04 VÉRONIQUE FEMELLE, (Botan.) VEN ( Botan.) ce font deux noms vulgaires donnés à Pef : pece de linaire , que Tournefort appelle en Botar- que Ânaria figeium, nummumularie folio ; villofo. Voyez LinaIRE. (D. J.) su y #7 21 … VELVOTE 04 VÉRONIQUE FEMELLE, (Mar. med.) les feuilles de ye/vose font fort ameres, un peu afirin- gentes, @ ont une certaine odeur d'huile. Cette plante eff fort vulnéraire, tempérante, & déterfve, apéritive , & rélolutive. Son infufon , fa décottion, ou fon eau diftllée font employées à la dofe de qua- tre à fix onces ; & fon fuc depuis trois onces jufqu'à “cinq; deux ou trois fois le jour. On la loue dans le ‘cancer, la goutte, les dartres, la lepre , l'hydropi- fie &z les écrouelles. Pena & Lobel rapportent qu’un garçon barbier guérit un ulcere carcinomateux qui dévoroit {é nez d’une perfonne, & qui devoit être coupé, Il difluada de l’amputation., il fit boire du fuc de cette plante & en fit faire des linimens, de forte qu'il suérit le corps entier qui avoit de la difpoñ- tion à devenir lépreux ; 1l avoit appris ce remede de fon maître barbier. Le fuc de cette plante répandu dans les ulcères fordides & cancéreux les déterge, les arrête , & les guérit. On en fait un onguent que Tournefort vante pour les ulcères, les hémorrhoi- “des , les écrouelles , & tous les vices de la peau: Quelques-uns emploient encore utilement la ve/- vote dans les layvemens pour les cours de ventre & Ja diflenterie; les feuilles de cette plante entrent dans le baume vulnéraire, Geofroi , Mar. méd, . VEMIUM ou WEHEMIUM. Voyez article TRIBUNAL SECRET DE WESTPHALIE,; c'eft un bri- gandage, femblable à celui de linquifition, qui fubffta long -tems en Allemagne, dans des tems de fuperftition & de barbarie. VEMPSUM, ( Géog. anc.) ville d'Italie , dans le Latium, felon Ptolomée, Z. LIT. c. y. quelques-uns veulent que ce foit préfentement. Val - Montone. - VENABULUM, f{. m.( Armes des Rom. ) efpece de demi-pique , dont le fer étoit fort large; c’eft pour: quoi Virgile a dit : /aro venabula ferro ; on s’en {er- voit à la chaffe des bêtes fauves. (2.J.) | VENAFRE, (Géog. mod.) en latin ’exafrum, ville d'Itahe, au royaume de Naples, dans la Terre de Labour, près du Volturne, avec titre de principauté, !| & un ancien évêche fuffragant de Capoue ; elle eft à vingt milles au nord de cette ville, & à quelques milles du comté de Molife. Long, 31: 44. lai. 41. 30. (2.J.) VENAFRUM, ( Géog. anc. ) ville d'Itake, dans la Campanie, fur le Vulturnus , & la derniere ville de cette province vers le nord; fon territoire s’avanz çoit fur les frontieres du Latium & du Samnium, L'iti- néraire d’Antonin la marque fur là route de Rome à Benevent, en prenant par la voie Préneftine ; & il la place entre Cafinum & Theanum, à feize milles du premier de ces lieux, & à dix-huit milles du {e- cond. Cette villé qui retient fon ancien nom, car on Ja nomme aujourd'hui Vezafro, {e trouve appellée caf: trum Benafranum; civitas Benafrana, urbs Benafro, Venabris. É — au à Pa Venafrum , felon Pline, Z. LIT, c. y. eut le titre de colonie romaine ; elle étoit célebre anciennement par la bonté de fon huile d'olives, ce qui a fait dire à Horace , div. II, ode y]: ss ons 5 4 sUbr non Hÿmerto Mella deceduns, viridique certat Bacca Venafro. . Pline ; Zy. XTIT. ch. ÿ. après avoir dit que l'Italie l'emporte fur tout le refte du monde, ajoute, que Phuile de Vezafrum emporte fur celle du refte de Fltalie. C’eft de-là que, parnu les Romains , pour dire de l’Auile excellente, on difoit fimplement veru- Tome XVE, | ue. MEN 9e5) franums Onlit dans Juvénal, favyre V: vers SG: ip[e venafrano pilèem perfundi. (D, J.) | NV VENAISON, £ f. c’eit ia graïflé de cerf qu’on et . ” A x E : : appelle de même aux äutres bêtes, c’eft le. tems où left le meilleur à manger & qu’on le force plus afement,, ce iontles cerfs de dix cors & les vieux qui en ont le plus ; on appelle éres de oroffe veraifor: les bêtes fauves : cerfs, dains &t chevreuils avec leurs femelles & faons, &c Les bêtes noires, fançliers | de ni D & marcafäns : on appelle baffe venaifon, lelieyre & le lapin. Lai. VENAISSIN, LE COMTAT, où LE COMTAT VENAISCIN, (Géog. mod.) pays fitué entre la Pro- vence, le Dauphiné, la Durance & le Rhône, & qui dépend du faint fiége ; on l'appelle en latin. du « A d, PA ; FA e moyen âge Verdafcenfis Ou lendaufcenffs comisarus : &c il a ptis fon nom de la ville de Vélafque. Le comiat Venaiffin., poflèdé depuis le onzieme fiecle par les comtes de Touloufe, fut confifqué & conqus dans le treizieme fur le comte Räimond le- Vieux, durant la guerre des Albiseois. Raimond-le- - \ 1 - #2- s Jeune le larffa à fa fille Jeanne, & à fon gendre Al- phonfe, qui en jouirent jufqu’à leur mort, Philippe: le-Hardi, roi de France, héritier de fon oncle & de la comtefle de Touloule, céda l'an 1273 le coreai Venaifjrn au pape Grégoire X. & depuis ce terms - là les papes l'ont gouverné par des officiers nommés reitesurs, Suarez a donné en latin la defcription du comzar Venaiffin & de la ville d'Avignon; cet ouvrage qui È : u ABS. S A s de eft aflez, eftimé , a été mis au.jour à Rome en 1658, 1n=-4°, (D. J.) VÉNALITÉ DES CHARGES, (Æifi: de France.) il ÿ a trois fortes de chaïges en France , des char ges militaires, des charges de finance ; & des char: ges ou ofices de judicature ; tout cela eft vé7d/ dans ce royaume. On ne difpute point fur la vérzaliré des charges militaires & de finance; mais il n’en ef pas de même de celles de judicature; les uns mettent cette époque plutôt , & d’autres plus tard. Mézerai, Varillas,, le pere Daniel décident qu’elle fut établie par François [. à Poccafion de la guerre d'Italie; enfin le préf: Henauit a difcuté cette queftion dans fon abrégé de l'hifloire de France ; & comme c’eft un mor- ceau également court, précis, & judicieux, je crois devoir l’infèrer 101 pour Pinftruétion des leéteurs. À commence par rapporter à ce fujet ce qu'a écrit Loyfeau dans fon chapitre de la véralisé des offices: Loyfeau eft mort en 1628; le témoignage dece ju= riconfuilte en pareille, matiere a plus de poids que celui des hiftoriens qui fe font copiés les uns les au- tres. Louis XT, dit-il, rendit les offices perpétuels par fon ordonnance de 1467; donc-auparavant on ne les achetoit pas. Charles VIII. par fon ordon- nance de 1493 défendit de vendre les offices de ju- dicature; cette loi s’étoit fi bien maintenue avant ces deux rois, que Pafquier rapporte deux arrêts de la chambre des comptes de 1373.8& de 1404, par lef: quels des officiers qui avoient payé pour leurs: offi- ces, furent deftitués: Louis XIT. commença à mettre en vente les off: ces, mais ce ne fut que ceux de finance. Nicole, Gilles & Gaguin difent à ce fujet , « Que ce fnt pour » s'acquitter des grandes dettes faites par Charles » VIIL: {on prédécefleur, pour le recouvreinent du » duché de Milan , & ne voulant furcharger fon peu: » ple, qu’il prit de Pargent des offices, dont ilirira » grandes pécunes. Loyieau, rorn. LIT, chap. y. n°, 8G: » D'ailleurs il défendit par un édit de 1508, la vente » des offices de judicature ; mais comme en France » une ouverture pour tirèr de l'argent, étant une » fois commencée , s'accroît toujours », le roi Fran: çois L. étendit la vente des offices de finance à ceux de judiçature: L. di ZZ 222 910 VEN Ce n’eft pas que long-tems auparavant il n’y eût une maniere indiredte de mettre les offices à prix d'argent, comme il paroït par la chronique de Flan- dre, c xxxuiy, oùil eft dit que le roi Philippe-le-Bel, « pourfuivant la canonifation de faint Louis, en fut » refufé par le pape Boniface VIIL parce qu'il fut » trouvé qu'il avoit mis fes bailliages 8 prevôtés ».en fermes ». C’eft qu’on fe fervoit alors du prétexte d’affermer les droits domaniaux, & on baïlloit quant &c quant à ferme l'office de prevôt, vicomte, Éc. parce qu'ils adminiftroient tout-à-la-fois la ferme & la juflice ; mais ce w’étoit point vendre les offices, comme On le fit depuis, & l’on pouvoir dire que ce n’étoit que la terre que l’on affermoit. Ainf donc le regne de François. eft l'époque qui paroït la plus vraiflemblable de la vena/iré des char- ges, parce awalors il y en eut de vendues en plus grand nombre ; mais y a-t-1l une loi qui fixe cette époque ? &t comment peut-on exphquer ce qu'on hit par -tout d’offices, même de judicature, qui fu- rent vendus long-tems avant ce regne, &c de la dé- fenfe qui en fut faite depuis? Pour répondre d’abord aux exemples de la vente de quelques offices de judicature, antérieure au re- ne de François L. il paroit certain à M, le préfident Pénault, que la véralisé de ces fortes d’offices m’étoit pas même tolérée ; les ordonnances de Charles VIT. de Charles VIIT. & de Louis XII. en fourniflent la preuve ; cette preuve fe trouve encore antérieure- ment. Voyez le dialogue des avocats intitulé Pafquier. Voye le vol VII. du recueil des ordonnances ; on y lit dans les lettres du 19 Novemb. 1393, concernant les procureurs du Châtelet de Paris, pour caufè de ladite ordonnance, ledit office de procuration étoit ac- courumé d'être expofé en vente, € par titres d'achar, aucuns y avoient êté ou étoienr pourvés. On voit des plaintes des Etats-généraux à Louis XI. dans le re- cueil de Quênet, {ur ce que l’on avoit vendu des charges de judicature ; Philippe de Commines rap- porte la même chofe. Les exemples de ces ventes font en grand nom- bre, mais ces exemples nous fournifflent en même tems la preuve, que ces ventes n’étoient point au- torifées, par les plaintes que l’on en portoit au fou- verain ; cela n’empêchoit pas que ce trafic ne conti- nuât par les grands ou les gens en place, qui ven- doient leur crédit fans que le roi en füt informé, ou fans qu'il parût s’en appercevoir ; c’eft dans ce fens qu’il femble que l’on doit entendre tous les pañlages qui dépofent de la veéralite des charges ; c’é- toient des abus, & par conféquent ce ne font ni des autorités ni des époques. Nous reftons toujours au rene de François I. fans que ce prince ait cependant donné des lois au fujet -de [a vénalité ; loin de-là, pour fauver le ferment que l’on étoit obligé de faire au parlement, de n’a- Voir point acheté {on office; ce trafic étoit coloré du titre de prêt pour les befoins de l’état, & par confé- quent n’étoit pas une vente : à la vérité Henri IT. fe contraignit moins ; on lit dans un édit de 1554, qui regle la forme fuivant laquelle on devoit procéder aux parties cafuelles pour la taxe & la vente des of- fices que ce prince ne fait aucune diftinétion des : offices de judicature à ceux de finance, & qu'il or- donne que tous ceux qui voudroient fe faire pour- voir d'office, foit par vacation, réfisnation, ou créa- tion nouvelle, feroient enresïftrer leurs noms cha- que femaine , & que le contrôleur - général feroit des notes contenant les noms & qualités des offices qui feroient à taxer, &c. Le peuple qui croyoit que la vénaliré des charges entraïnoitcelles delajufice, ne voyoit pas fans mur- murer ce fyftème s’accréditer ; les grands d’ailleurs n’y trouvoient pas leur çompte , pufqu'ils ne pou- 1 voient mettre en place des hommes qui leur fuffent dévoués >, ce fut par cette double raïfon que Cathe- ne de Médicis, lors de l’avénement de Francois IL. à sa Couronne , voulut faite revivre l’ancienne for: me des élettions. _Ce n’eft pas que leséleétions n’euffent leur incon- vément;, Ca OUn y eh a-t-il pas ? Elles étoient ac- compagnées de tant de brigues, que dans Pédit don né par François [[, il fut dit que le parlement préfen- teroit au roitrois fujets , entre lefquels le roi choif- rOit : les chofes n’en allerent bas mieux : tous les 0€. fices ès furent remplis de gens dévouéstantôt au connétable » tantOt aux Guifes, tanrôt au prince de Condé, & rarement au roi, en forte que l’elprit de parti devint le mobile de tous les corps bien plus que Pamour du bien public , & vraflemblablement une des caufes des guerres civiles. Sous le regne de Charles IX. le fyflèmé de la vé naliré reprit le deflus, &t peut-être-eft-ce-là la véri- table époque de celle des offices de judicature ; ce ne fut pas toutefois en prononcçant directement que les offices de judicature feroient déformais en vente de He Re En Le roi permit à ous les pofefieurs de chars 1, dans être vé de leur AU ) Étoient unes dre “a He F à caufe des Hinances payées pour les obtenir, de les téfigner en payant le tiers denier ; les charges de judicature qui étorent dans CE CaS, entrérent comme les autres aux parties cafuelles ; le commerce entre les particuliers en devint public,ce quine s’étoit point vujufqu’alorss ët quand elles vinrent à tomber aux parties cafuel les faute par les téfignans d’avoir furvécu quarante Jours à leur réfignation, on les taxa comme les autres ët on donna des quittances de finance dans la forme ordinaire, On comprend que ce commerce une fois autorifé ; les éleétions tomberent d’elles-mêmes y &t qu'il n'é- toit pas befoin d’une loi pour les anéantir, Ainft on peut regarder les édits de Charles IX. à celujet, qui font des années 1567 & 1 568, comme les deftructeurs de cet ancien ufage de l’éledion, qui n'a pas reparu depuis , malgré l'ordonnance de Blois de 1579 , quià cet égard n’a point eu d’exécution. Les difpoñtions de ces édits furent renouvellées en différentes fois par Charles IX. lui-même , & enfuire par Henri II]. Enfinlédit de 1604, qui a rendu hé- réditaires tous les offices fans diflinétion , même ceux des cours fouveraines , a rendu à cet égard les offices de judicature de même nature que tous les autres, & depuis il n’a plus été queftion de charges non-vérzales. | 2 On Pourroït conclure avec raïfon de ce qui vient d'être dit, que le regne de François I. ne doit pas être l’époque de la véralitédes charges : ce n’en eft pas en effet l’époque, fi }’ofe dire judiciaire, mais c'en eft la caufe véritable, puifque ce fut fous fon regne qu’une grande partie de ces charges s’obtint pour de l'argent. I rétulte donc de ce détail que Charles IX. a étas bli pofitivement parfes éditsla yéraliré des offices de judicature; celle des charges de finance avoit été par Louis XI. &z nous lifons dans les mémoires de Du pleffis Mornay , rom. I. pag. 456. que ce furent les Guifes qui mirent les premiers en vente les charges militaires fous le reone d'Henri IIL. Telles font les époques de la véralité de toutes les charges dans ce royaume, Cette véralitéa-telle des inconvêéniens plus grands que fon utilité ? c’eft une queftion déja traitée dans cet ouvrage. Foyez CHaR- GES, OFFICES, Ex. | Nous nous contentetons d'ajouter ici qu’en regar= dant la véraliré & l’hérédité des charges de finance & de judicature comme utiles , ainfi que le prétend le teftament politique du cardinal de Richelieu,on con- viendra fans peine qu’il feroi: encore plus avanta- geux d'en reftreindre lenombre effréné, Quantaux Charges militaires , comme elles font le prix defliné à la nobleffe , au courage , aux belles a@tians, la fap- preffion de toute véraliré en ce genre ne fauroit trop tôt avoir lieu. (D. J.) | | . VENA-MEDENI, { Médec. des Arabes, ) le vena- medeni delauteurs arabes n’éft autre chofe, fuivant toute apparence ,.que la maladie caufée par les petits infeétes nommés dragoneaux, qui S’enfoncent dans les chairs , &t y excitent des ulceres ; ce qu'il y a de firgulier , c’eft qu'Agatharchidele cnidien, quifleu- tifloitfous Ptolomée Philometor , en aparlé le pre- mier. Cet homme celebre eft connu par plufeurs an- ciens écrivains qui fontune honorablemention delui. M. le Clerc le range parmi les médecins de fon tems, quoique ce ne fut pas fa profeflion, mais parce que dans fon hiftoireil parle d’une maladie dont Hip- pocrate m fes prédécefleurs n’ont rien dit. _ Plutarque nous informe , fur l'autorité de cet hi- ftorien , que les peuples qui habitent autour de la mer Rouge , entr'autres maladies étranges aux- quelles ils font fujets, font fouvent tourmentés de certains pétits infeétes qui fe trouvent dans leurs jambes ou dans leurs bras, &c leur mangent ces par- ties. Ces animaux montrent quelquefois un peu la tête, mais fitôt qu'on les touche, 1ls rentrent & s'enfoncent dans la chair, où s’y nichant de tous côtés ,ils y caufent des inflammations infupporta- bles. Plutarque ajoute qu'avant le tems d’Agatar- chide, ni même depuis, perfonne n’avoit rien vu de femblable en d’autres lieux. Le mal des contrées bor- dées par la mer Rouge , &t que produit cet infeéte, eft certainement le eza-medemi des Arabes, Le mê- me infelte caufe encore aujourd’hui les mêmes maux, non-feulement aux peuples dont il eft ici parlé, maïs à ceux qui habitent les côtes de la Guinée , & les parties méridionales de la Perfe. Vous en trouverez la preuve dans l’hiftoire naturelle de la Meque ; & quant à cet infedte qui fe loge entre cuir & chair voyez fon article au 7108 DRAGONNEAU. (D. J. VENANT sAINT , ( Géog. mod.) petite ville de France, dans l’Artois, fur la Lys , à 2 lieues au le- vant d’Aire , & à 12 au fud-eft de Dunkerque. Elle a des éclufes , & quelques fortifications pour fa dé- fenfe. Long. 20. 15. larit, 50, 37. (D.J.) VÉNASQUE , (Géog.mod.) 1°. en latin du moyen 2 âge Vendafca ou Vendaufta ; ville des états du pape : dans le comtat Venaiffin dont elle a été autrefois la capitale , & auquel elle a donné fon nom ; c’eft au- jourd’hui une petite place miférable , Carpentras lui ayant enlevé fes prérogatives , & en particulier fon épucopat. 2°, Vénafque , ou plutôt Benafca , eft encore le rom françois d’une petite ville d’Efpagne , au royau- me d'Aragon , fur la riviere d'Eflera, avec un châ- teau où on tient garnifon. Son terroir produit d’ex- cellent vin. (D.J.) . | VENCE, ( Géog. mod.) en latin Vencium ; ville de France , dans la Provence , à 2 lieues au nord-eft d'Antibes, & à 3 de Grafle, avec évêché fuffragant d'Embrun. C’eft un très-petit évêché qui n’a que 23 . paroïfles , 6 dont le revenu peut aller à dix mille livres. On a tenté plufieurs fois fans fuccès d’unir cet évêché à celui de Grafle. Il a en partie la fei- gneurie temporelle de la ville Fence. Cette ville f chetive aujourd’hui , appartenoit autrefois aux peu- bles Nérafens , & Ptolomée enfait mention. Elle fut attribuée par les Romains à la province des Alpes matitimes. Long. 24.406. lat. 43. 44. (D. J.) VENCU , fm. (Æff. nat. Botan. exo1.) nom chi- ñois d’un excellent fruit fort commun dans leur pays & dans les Indes orientales; c’eft Le jambos d’Acofta, le pompebinos des Hollandoiïs de Batavia , le jam- Boa, ou jambeïrodes Portugais. Voyez JAMBEIRO. Tome XVI, VEN o1x VENDANGE, { f VENDANGER,, ( Ecorom, rufé, ) c’eft faire la récolte des vignes , des Mmufcats chaflelas, bourdelais, veus, pommiers, poitiers 4 cormiers dont on fait différentes Hqueuts!, telles que du vin , du verjus, du poité, du cidre & du cormié, VENDANGER, ( Cririg. facrée.) larécolte des vins ; chez les Hébreux , étoit accompagnée de feflins & de réjouiflances , If. xxv, 6, mais Vendanser a dans l’Ecriture des fignifications métaphoriques tirées du dépouillement qu’on fait de la vigne ; ainfi ce mot fe prend pour ravager , &c lés Hébreux fe fervent aflez iouvent de cette métaphore, (D. J.) VENDÉE La , ( Géog. mod.) petite tiviere dé France en Poitou. Elle a fa fource près des bois du Pays-de-Sérre, 8 tombe dans la mer vis-à-vis de Marans, (D.J.) VENDENIS , (Géog. anc.) ville de la haute Mcs fie, Elle eft marquée par Ptolomée , Z. ZIL, €. je, au nombre des villes qui étoient éloignées du Danu be. Le nom moderne eft Ravenirgen , felon Lazius. VENDEUR , £ m: (Gramm, & Comm.) celui qui vend. Voyez VENDRE. Ce terme fe dit en général de toute perfonne qui cede & livre à une autre quel- que chofe, foit héritage, foit contrat , foit marchan: dife , pour un prix convenu entre elles, Celui qui vend ce qui ne lui appartient pas s'appelle faux vex- deur Où flellionataire. Voyez STELXIONATAIRE. VENDEUR , en faitde marchandifes , ne {e dit guere que de celui qui vend de petites denrées ou des frian- difes. Un vendeur d’allumettes, un verdeur de petits pâtés, 6c. On le dit aufi des femmes qui font ces fortes de petits négoces. Une vendeufe de pain d’é- pice , de pommes, d’oranges,, 6. VENDEURS, fe dit aufli de certains officiers du ch4 telet de Paris, inftitués pour crier , prifer & vendre les meubles faifis qui fe vendent publiquement aw plus offrant & dernier enchériffeur par ordre de ju= füice, ou volontairement après le décès des proprié- taires. Les fergens à verge du châtelet de Paris pren- nent le titre de yurés-prifeurs , crieurs , 8c vendeurs de meubles, Voyez PRISEUR. Diéionn. de Comm. VENDEUR ,Juré-vendeur , c'eft en Francewn officier établi par le roi pour ce qui concerne la vente de cer taines efpeces de marchandifes, On les appelle ;zrés , à caufe du ferment qu'ils font lorfqu’ils font reçus à. cet office, &c aufliparce qu'ils font quelques-unes des fonétions de ce qu’on appelle yurés dans les corps des marchands êc les communautés des arts & métiers. Il y a à Paris plufieurs }wrés-vendeurs | entr’autres des }urés-vendeurs de vin, des jurés-vendeurs de cuirs, des jurés-vendeurs de marée ou poiflon de mer, & desyurés-vendeurs de volailles | & quelques autres moins confidérables. Ces officiers font établis pour payer comptantaux marchands forains lorfqu’ils font convenus avec les acheteurs , les fommes auxquelles fe monte Ja vente de leurs marchandifes , defquelles ces verdeurs fe chargent à leur propre compte, & en font À leurs rifques , périls & fortunes le recouvrement fur les acheteurs. Pour faire ces avances , les verdeurs fonttenus de faire un certain fonds ordinairement réglé par les édits & déclarations deleur établiffement, qui encas de mort eft rembourfé à leurs héritiers , & femplacé par le nouveau verdeur qui eft pourvu de l’office vacant. Chaque communauté de vezdeurs doit avoir {on bureau pour s’aflembler , & fon regiftre pour y en- regiitrer les ventes &c prix des marchandifes, les noms des marchands forains & ceux des acheteurs. Ils ont aufh leurs officiers qu'ils élifent tous les ans, fa- voir un Ou deux receveurs , deux où plufieurs fyn- dics ; quelques-unsn’enont point, mais des caiffers & des commis. = ZZzz1i 912 VEN Pour les peines des vendeurs & les intérêts de Par- sent qu'ils avancent, ils reçoivent certains droits qui leur font attribués, lefquels leur doivent être payés par-les marchands forains , &c déduits fur le prix des marchandifes qui ont été vendues. Enfin, ceux qui ont acheté , 8 pour qui le prix de la vente aétéavancé auxforains par les vendeurs peuvent être contraints au payement fans qu'ilfoit befoin d'aucune fentence ou jugement qui les'y condamne. Chaque communauté de ywrés-vendeurs a outre cela de certains droits & fonétions qui leur font propres, & dont on trouvera un détail très-circonftancié,aufli- bien que de leur création, nombre, augmentation, privileges , @c. Di&. de Comm. VENDEUR d’eau-de-vie, VENDEUSE d’eau-de-vie, ce font à Paris de pauvres gens qui gagnent leur vie en débitant à petites mefures , depuis quatre deniers jufqu'à un fou au plus, l’eau-de-vie qu'ils ont ache- * tée au pot ou à la pinte des détailleurs. L’ordonnance de 1680 défend aux commis des aï- des , de faire payer ni exiger aucuns droits de cespe- tits regratiers, revendeurs d’eau-de-vie à porte-col, ou au coin des rues, à peine de concuffion. Diëf. de Comm. VENDICATIONS La cour DES, (if. d'Ang.) la cour des vendications où prétentions , et un tribu- nal particulier qui n’a lieu qu'une feule fois fous cha- que regne à l’occafion du couronnement. Les pré- centions des perfonnes qui doivent fairealors quelque {ervice , fe fondent fur une ancienne poffeffion , & font portées à ce tribunal particulier , pour y être Fait droit ; on a foin de tenir un regiftre des décifions de cette cour à chaque regne , qu’on nomme regiffre de la cour des vendications | au couronnement de tel & tel roi. Cette cour n’eft au fond qu'une pure for- malité ; les décifions en fonttoujours à-peu-près les mêmes. | Onpeut voir à ce fujet,dans Phiftoire d'Angleterre de Rapin , un extrait détaillé des regiftres de la cour des vendications, au couronnement du roi Jacques1l. &c de la reine Marie fon époufe. En voici quelques articles pour exemple. I. Le lord grand-chambellan vendica , c’eft-à-dire réclama, au fufdit couronnement , le droit d'aller porter ce jour-là la chemife &z les habits au roi, & d’habiller fa majefté ; d’avoir quarante verges de ve. lours cramoiïfi pour une robe , comme aufl Le lit du roi & ce qui en dépend ; la garniture de la chambre où il avoit couché la nuit précédente , avec les ha- bits qu'il portoit la veille, & fa robe de chambre ; de préfenter de l’eau à fa majefté avant &c après diner, & d’avoir les baffins , les efliemains , & la coupe d’effai. Accordé, à la referve de la coupe d’eflai. I] recut les quarante verges de velours , & le refte des profits fut eftimé à deux cens livres fterlings. II. Le comte de Derby contre-vendiqua lefñcier du lord grand-chambellan , avec les avantages , 6. Refufe. {il. Le champion du roi vendiqua fon office , en qualité de feigneur de Scrivilsbi , fief du comté de Lincoln, de s'acquitter des devoirs de fa charge, & d’avoir une coupe & lecouvert d’or, avec le cheval que monte fa majefté , la felle, les armes , les har- nois, & vingt verges de fatin cramoifi. Accordé , à la referve du fatin. IV. Le même office fut contre-vendiqué par une autre branche de le même famille. Refufe. Y. Le lord feudataire de Lyfton, en Eflex, ven- diqua Le droit de faire des gaufres pour Le roi & pour la reine, & de leur fervir à table ; d’avoir tous les inftrumens d'argent & d’autres métaux quifervoient à cet ufage, avec le linge, &c des livrées pour lui és pour deux valets. Accordé ; mais le fervice fe fit,avec fon agrément, par les officiers du roi, & les profits V. EN furent évalués à 30 livres fterlings. VI. Le lord maire avec les citoyens de Londres, vendiqua le droit de fervir du vin au roi après le di- ner, dans une coupe d’or, & de garder la coupe & le couvercle pour fa peine;avec douzeautres citoyens qu'ils avoient choïfis d’entr’eux, d’affifter le grand fommelier d'Angleterre dans{on office,& davoirune table à main gauche de la falle, Refufé, fous le regne du roi Jacques, parce que ce prince s’étoit emparé alors des libertés de la cité. Malgré cela ils firent l'of- fice par grace ; ils dinerent dans la falle , & ils eurent: la coupe pour leurpeine. VIL. Le même lord maire & les citoyens de Lon- dres vendiquerent le droit de fervir la reine dela même maniere, Refufé dans ce tems-là par la même raifon. VIIL. Le maire & les bourgeois d'Oxford , vendi- querent en vertu d’une patente, le droit de fervirle rô1 dans Poffice de fommelerie, conjointement avec les citoyens de Londres, avec tous les profitsquien dépendent ; entr’autres trois coupes d'érable pour leur falaire ; comme aufli, par la grace du roi, une grande jatte dorée avec fon couvercle. Accords. IX. Le feigneur feudataire de Bardold’Addinoton , en Surrey, vendiqua le privilege de trouver un homme qui fit un mets de gruau dans la cuifine du roi, & pour cela demanda que le chef de cuifine de fa majefté en fit l'office. Accordé, & le fufdit feioneur feudataire l’apporta fur la table du roi, &c. La cour des vendications s'établit par proclamation. avant chaque couronnement, décide les différentes prétentions , & fait inférer dans les resiftres les ver- dications qu’elle a accordées ou refufées. (2. 7.) VENDITION, £. f. (Jurifprud.) eftlamême cho- fe que vente. Voyez ci-après VENTE. VENDOME, (Géog. mod.) ville de France, dans la Beauce, capitale du Vendômois, fur la droite du Loir, à fept lieues au nord-eft de Blois, à quinzeau nord-eft de Tours, &c à trente-feptau fud-oueft de Paris. Il y a bailliage , éleétion , maréchauflée, gre- nier-à-{el, & plufeurs couvens, entr’autres de cor- deliers, de capucins , d’urfulines, &c. Les écrits qui ont été faits dans le dernier fiecle pour prouver la fainte larme de Vendôme, ne font ni philofophiques , ni raïfonnables. Je fus fâché dy trouver celui du p. Mabillon en réponfe à la differ- tation de M. Thiers, qui démontroit la faufleté de cette relique , & en conféquence il en avoit deman- dé la fappreffion à M. l’évêque de Blois. Lozg, de Vendôme 18, 44. latit., 47. 40. Cette ville a la gloire d’avoir eu d’auguftes fei- gneurs dont defcendoit Henri IV. Louis, prince de Condé, frere du roi de Navarre; naquit à Vendôme en 1530, & fut tué en 1569 à la bataille de Jarnac, près d’Angoulème. Voyez JARNAC (Géog. mod.) Il eut pour fils Henri de Bourbon I. du nom, prin- ce de-Condé, fur lequel voyez JEAN D’ANGELr, Saint , ( Géog. mod.) Souchay { Jean-Baptifte ) peut être regardé com= me né à Vendôme ; mais 1l a br fes études à Paris, où il mourut en 1746, à $9 ans; il fut reçu de l’acadé: mie des Infcriptions en 1726 , profefleur d’éloquen- ce au college royal en 1732, & deux ans après 1l ob- tint un canonicat. On a de lui 1°. une édition d’Aufone , 2°, une tra- duétion françoife de la Pfeudodoxia epidemica du fa vant Thomas Brown, médecin, en deux vol. z-i2 , fous le titre d’effai fur Les erreurs populaires, 3°. une édition des œuvres diverfes de M. Péliflon en trois vol. ir-12 , 4°. des remarques fur la traduétion de Jo- fephe, par M. d’Andilly, Paris 1744, fix volumes in-12, 9. une édition des œuvres de Boileau en 1740, deux vol. i2-4°, 6°, une édition mal conçue de l'A VEN trée d’'Honoré d’Urfé , Paris 1733 , en dix volumes 47-12 , 7°. plufieurs differtations dans les mémoires de l’académie des Belles-Lettres. (2. J.) VENDOMOIS, (Géog. mod.) petit pays de Fran- ce, borné au nord par le Perche,au midi parla Tou- raine, au levant par le Blaifois , & au couchant par le Maine. On le divife en haut & en bas V’endômois. Le haut comprend Vendôme , capitale , 8&: quarante- fix paroïfles. | | L'ancien nom de V’endômois étoit Vendocinum ; il faifoit dès le tems de Charles-le-chauve, un pays fé- paré qu'on nommoit pagus Vendocinus ; il étoit ci- devant de l'évêché de Chartres; mais aujourd’hui il eft de Pévèché de Blois. Ce pays a eu dès la fin du dixieme fiecle{es comtes héréditaires qui devinrent aufli comtes de Caftres en Languedoc. C’eft d'eux que defcendoit Charles de Bourbon , crée duc de Vendôme par François [. Antoine de Bourbon, fils de Charles, époufa l’héritiere de Na- varre, & laifia fon fils unique Henri IV. qui fut pre- imierement roi de Navarre & enfuite roi de France. Ce prince donna le duché de Vendôme fon ancien patrimoine, à Céfar fon fils naturel, qu'il avoit eu de Gabrielle d’Eftrée. Céfar époufa Françoïfe de Lor- raine en 1609, & laïfa Le duché de Vendôme à Louis fon fils. Louis époufa en 1652 Viétoire Mancini, niece du cardinal Mazarin , de laquelle il eut Louis Jofeph duc de Vendôme , marié en 1710 avec Ma- rie Anne de Bourbon-Condé, & mort en Catalogne en 1712, fans laifler de poftérité. Ronfard (Pierre de) poëte françois du xv]. fiecle, naquit dans le Vendémois en 1525. Il devint page du duc d'Orléans , & ayant pañlé au fervice de Jacques Stuart , roi d’'Ecofle , il demeura deux ans dans. ce royaume, De retour en Franceil fe livra tout entier à la poëñie, & y acquit uneréputation extraordinai- re. Les rois Henri Il. François IL. Charles IX. & Hen- ri IL. le comblerent de faveurs. Marie Stuart lui fit préfent d’un buffet fort riche, où étoit un vafe en forme de rofier, repréfentant le Parnafle & un Pé- gafe au-deflus, avec cette infcription: 4 Rozfard l’A- pollon de la fource des mufes. La ville de Touloufe lui envoya une Minerve d’ar- gent maflif pour le prémier prix des jeux floraux qu’- elle lui décerna, & le préfent fut accompagné d’un decret qui déclaroit Ronfard le poëte françois par ex- cellence. On peut juger par tous ces faits de la gran- de réputation dont jouifloit ce poëte. Il mourut en 1585, âgé de Go ans. Du Perron qui fut depuiscar- dinal , prononça fon oraifon funebre. Ronfard avoit véritablement la forte de génie qui fait le poëte. Il y joignoit une érudition aflez vañte. Il s’'étoit familiarifé avec les anciens , & fur-toutavec les poëtes grecs, dont il favoit la langue. Mais le manque de goût de fon fiecle, & le peu qu'ilen avoit lui-même, au lieu de perfeétionner en lui la nature, ne firent que la corrompre. Imitateur fervile des Grecs qu’il adoroit avec rarfon, il voulut enri- chir notre langue de leurs dépouilles. Il remplit fes ouvrages d’allufions fréquentes à leurs hiftoires , à leurs fables, à leurs ufages. Il admit dans fes vers le mélange de différens dialeétes de nos provinces. IL habilla même à la françoife une quantité prodi- gieufe de termes grecs ; il en devint inintelligible, Ainfi malgré tous fes talens fa réputation ne lui fur- vécut guere; & depuis Malherbe fes ouvrages ne font plus. lus. Il fupprima dans fon édition de 1 s8$, unfonnet qu'il avoit fait en 1557, & que Binet, auteur de fa vie, a transformé en fatyre contre Philibert de Lor- - me, ajoutant que cette fatyre fut caufe que l’archi- teéte ferma la porte des tuileries au poëte. Quoique lanecdote de Binet me paroiïfle une fable , je vais tranferire ici le fonnet dont il s’agit, d'autant mieux qu'il eft peu connu, FRE VEN 923 Penfes-t1, mon Aubert, que l'ëmpire de France. Soit plus chèr: du ciel que celui des Médois , Que celui des Romains, que celui des Gréseois , Qui Jont de leur grandeur tombés en décadence à Notre empire mourra , imitant linconftance De soute chofe née, 6 mourront quelquefois Nos vers 6 nos écrits, Joit latins ou françois : Car rien d’humain ne fait à la mortréfiffance. Ah, ilyandroit mieux étre architeëte où maçon Pour richement timbrer Le haut d’un écuflon D'une croffe honorable, en lieu d'une truelle. Mais de quoi fers l'honneur d'écrire tant de vers, Puifqu'on ren [ent plus rien quend la parque cruelle ; Qui des mufesra foin, nous a mis à l'envers. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) VENDRE, v. aût. ( Gram, 6 Comm. en général fignifie aliéner, tranfporter à un autre la propriété d’u- ne chofe quinous appartient, & que nous lui cédons &c livrons moyennant un certain prix ou fomme d’ar- gent dont on demeure d'accord, | Les marchandifes ouautres effets mobiliers feven- dent ou de gré-à-gré par une fimple tradition, ou par force à Pencan, par autorité de juftice. Voyez EN- CAN. Les immeubles, comme terres, maifons, mou- ins, &c. fe vendent aufli ou volontairement par un fimple contrat ou par un contrat qui doit être fuivi d’un decret volontaire, ou forcément par un decret précédé d’une faifie réelle, Foyez Contrrar, DE- CRET , SAISIE RÉELLE. Tout ce qui fe vend par force, marchandifes ; meubles & immeubles, doit être crié & adjugé pu- bliquement au plus offrant & dernier énchérifieur , en payant par lui le prix de la chofe adjugée. Foyer ÂADJUGER 6 ENCHÉRISSEUR. Il y a cependant des chofes quife vendent & s’ad- jugent à cri public, quoique la vente n’en foit pas forcée ; tels font les bois, les domaines, & autres chofes appartenantes au roi, les marchandifes venues par les vaifleaux de la compagnie des Indes , &e, Diütionn. de Commerce. VENDRE des marchandifes , fignifie précifément s°ex défaire , les débiter , les Lyrer , pour un certain prix, ou à certaines conditions ; il y a différentes manieres de vendre les marchandifes, que nous allons rappor- ter & expliquer d’après l’auteur du diétionnaire de Commerce. Vendre en gros, c’eft vendre tout-d'un-coup & en une feule fois une partie confidérable de marchan- difes. Vendreen dérail, c’eft débiter par petites parties les marchandifes qu’on a achetées en gros. Vendre comptant, c’eft recevoir le prix de la mar- chandife vendue dans le moment qu’elle ef livrée. Vendre au comptant où pour comptant , ne fignifie pas la même chofe que l’expreflion précédente, mais que le vendeur accorde quelquefois à l’acheteur ju£ qu'à trois mois de tems pour payer un argent qu'il regarde comme comptant. Vendre a crédit ou a serme, c’eft vendre à condition d’être payé dans un tems dont le vendeur convient avec l’acheteur. Vendre partie comptant & partie 4 crédir où à terme ; c’eft recevoir fur le champ une partie du prix de la chofe vendue, & donner du tems pour le refte, Vendre a crédit pour un tems à charge de difcompteou d'excompte, , 7 > 2e Fouilloux s étend davantage fur l’origine des chiens , . . 1 , courans. Iltire de bien plus loin leur généalogie. Il dit qu'un certain Brutus defcendant d’un roi des La- tins, étant à la chafle , tua fon pere croyant tuer un : cerf. Son peuple voulut fe foulever contre lui, ce qui l’obligea à s'enfuir dans la Grece d’où il vint en Bretagne avec fon fils Turnus & un bon nombre de - chiens courans. Ce font les premiers qui aient paru en France. Le premier chien blanc fut donné parun pauvre gentilhomme à Louis XII.qui en fit peu de cas, 4 / LA (4 IL s les chiens dont fa meute étoit compoñée, étant gris ; C1 À 4 \ {lle donna au fénéchal Gafton qui en fit préfent à fon tour au grand fénéchal de Normandie , lequel le don- “na en garde à un veneur nommé Jacques Brefé; celui- :@ lui ft couvrir des lices & en tira race. L’année d'après Anne de Bourbon, qui aimoit fort la vére- rie, envoya une lice appellée #azde, pour être cou- "verte par ce chien nommé fouillard ; Von en tira deux | ou trois portées dont il fortit quinze ou feize chiens. cleraud, joubard, miraud, marteau, briffaud , hoife, rc. depuis la race s’en eft toujours augmentée; &r elle fut renforcée par François [. qui fit couvrir les lices qui en étoient {orties , par un chien fauve nom- mé miraud, quel’amiral d’Annebaud luiavoit donné, Ge. Les chiens fauves defcendent de la meute d’un feigneur breton appellé Mue: de Nanves… Suivant Charles IX. les chiens gris dont fe fervoient ancien- nement les rois de France &c les ducs d'Alençon, étoient connus fous le regne de S. Louis. Il y a trois fortes de chiens courans , felon le rapportde Charles IX. dans fon livre de la chaffe royale , ch. viy. Les pre- fiers quiaient été ennotre Europe ont été la race des &hiens noirs, & celle des blancs; mais cette derniere \ / VEN fut depuis confondue avec celle des chiens greffterg blancs. Toutes les deux font venues de S. Hubert. Dans la fuite S. Louis qui aimoit foft la chafle, étant allé à la conquête de la Terre-fainte , envoya ache- ter en Tartarie une meute de chiens qu’on difoit ex- cellens ponr la chafle du cerf ; il les amena à fon re- tour en France; c’eft la race des chiens eris, la vieille & ancienne race de cette couronne. On dit que la rage ne les prend jamais. Les chiens gtisfonterands, hauts fur jambes & d'oreilles, Ceux de la vraie race font de couleur de poil de lievre , ils ont l’échine large & forte, le jarret droit , le pié bien formé ; mais ils mont pas le nez fi bon que les chiens noirs, ce qui fait que leur façon de chaffer efttoute différente ; car les autres chaffent dans la voiejuffe ; ceux-ci au- contraire étant extrèmement vites chaflent à grandes randonnées, loin des voies & à la vue les uns des autres. Le plus fouvent au partir de la couple, ils s'en vont comme s'ils chafloient fans avoir rien de- Vant eux, & leur furie feule les tranfporte. Comme ils n’ont pas le nez excellent, ils ne chaflent que se l'animal eft près d'eux, & raretnent ils font ages dans le change ; s'ils y tournent on ne peut pas les rompre, il faut fe rompre le ceu & les jambes pour les tenir, Si un cerf s'enfuit droit devant luifans retour ni change , ils le prendront bien vite ; maïs s’il rufe, on peut les coupler & les ramener au chenil, Voici ce que dit Salnove , ch, 17. des chiens gris. Üs formoient les premieres meutes de nos rois depuis 5, Louis, Ils étoient fort confidérés des nobles, pourvu qu'ils fuflent vrais chiens courans & non corneaux , c’eft-à-dire chiens engendrés d’un mâtin & d’une chienne courante, ou d’une mâtine & d’un chien courant. Ceux-ci font plus vîtes que les autres, ils coupent, ñe retournent point , ne requêtent , ne crient que rarement, & {ont très-nuifibles dans une meute, Les chiens gris peuvent chafler plus fouvent que les autres, ils s’entretiennent en bon corps, font peu pillars, moins fujets aux maladies que les autres chiens, ils chaflent tout ce qu’on veut fans fe rebu- ter dans l'hiver comme dans l'été, n’appréhendant ni le chaud ni le froid, & criant bien. La derniere meute des chiens gris dont Salnove parle , apparte- noit à M. le comte de Soiflons, fous Louis XIL De- puis ce tems il n’eft plus fait mention de cette efpece de chiens. Il nous eft venu dans l’équipage de Louis XV. deschiens de Normandie à poil gris ; ce font des limiers qui ont le nez excellent ; ils font vigoureux, mais pillars comme des mâtins, &£ s’étranglant fou- vent les uns les autres ; peut - être eft ce un refte de cette ancienne race de chiens gris que $. Louis fit ve- nir de Tartarie; mais ceux-c1 ont des qualités &des défauts que les autres n’avoient pas : il n’eft pas pof- fible de trouver de meilleurs limiers. Les chiens blancs grefliers, felon le rapport de Charles IX. ck. x. ont tant de bonté, qu’on n’en fau- roit dire aflez de bien : ils réuniffent toutes les qua- lités des chiens noirs & des gris, fanstemir rien dece qu'ils ont de mauvais ; ils ont le chafler brave & en vrais chiens courans ; ils font plus vites que les gris, &c plus fages que les noirs ; ils n’appellent jamais qu'ils n’aient le nez dans les voies ; quand le change bondit, c’eft alors qu'ils fe glorifient en leurchañler, s'ils font bien conduits; ce font vrais chiens de roi. On les nomme greffiers, parce que fous le rene de Louis XIT. on fit couvrir par un chien blanc-de la race de S, Hubertune braque d’Iralie quiappartenoit à un fecrétaire du roi, que dans ce tems onappelloit gref- fier. Le premier chien qui en fortit fut tout blanc, hors unetache fauvequ’il avoit fur l'épaule; ce chien étoit fi bon qu'il fe fauvoit peu de cerfs devant lui; il fit treize petits tous auffi excellens que leur pere , & pew-à-peu la race s’éleva, de forte que quand Fran: gois |. monta fur le trône , fa meute n’étoit compo fée que de ces chiens, La maïfon & le pare des lo: ges de Saint-Germain ne furent faits que pour y ele- ver les chiens de cette race. | Les chiens noirs font ceux qu’on appelle chrensde S. Hubert, dont les abbés de $. Hubert ont toujours confervé la race en mémoire de leur faint. Ceux qui font de la vraie race ont des marques de feu fur les. yeux &c aux extrémités ; ils vont doucement , n’ont 5 grand’force , font timides dans le change & nul- ement entreprenans ; ils ont le nez bon, mais ils font meilleurs à la main que pour chafler. Chartes 1 X. Les chiens noirs, ainfi que le rapporte Salnove , c4. x, font inférieurs aux blancs. M..le cardinal de Guife en avoit une meute, & M: le duc de Souvrai, l'un des meilleurs chafleurs de fon tems, en avoit une autre; c’étoient de grands chiens , beaux & bien tail- ls, & qui prenoient des cerfs dans Les pays oùil y avoit force changes, Ligniville, dans fon manufcrit, parle d’une race de chiens qui fe nommoïent rer/ans; ils étoient en gran- de réputation en Lorraïne ; ils gardoient le change naturellement.Sonalteffe le duc François de Lorraine, en préfenta à Henri IV, qui Les trouva fort bons. Le même auteur dit avoir vu couvrir une lice par un loup , & que les chiens qui en fortirent ne valoïent rien. Xénophon rapporte que de fon tems il avoit vu deux races de chiens , des caftors &c des renardiers. « Tous chiens courans, dit Charles IX. chap. xj. # d'autre poil & race que ceux dont j'ai parlé, font » chiens bâtards de l’une & l’autre race mêlées en- » femble , comme les chiens fauves qui fortent des # gris & des blancs ; de ce poil font venus les chiens # dela Hunaudaye. D’autres que l’on appelloit Dz- # bois, qu’un gentilhomme du pays de Berry a don- # nés aux rois mes prédéceffeurs. On peut faire état » defdits chiens quant à la vitefle, mais ils ont faute » de nez, Il y a d’autres races de chiens blancs & de » chiens de S. Hubert; mais ce font communément # gros chiens pefans qui ne font à eftimer. » Il y a une autre efpece de chiens qu’on appelle » chiens de la Loue, que j'eftime & prile beaucoup; » ce font petits chiens qui font poil blanc, qui chaf- » fent aufli joliment bien ; comme ils font gentils &c » beaux, on les appelle chers de la Loue , parce que » cétoit un gentilhomme du Berry qui porte cenom- » là, qui, du tems du feu roi mon grand-pere, prit » la peine de les élever. Le roi les voyant fi beaux » & fi gentils , les donna au feu roi mon pere fon »# fils qui pour lors étoit dauphin. Quant à ceux qui » ont deux nez, ce font chiens courans fans courre , » car ils font de race de chiens courans:; mais tou- » tefois jufqu’à prefent on ne leur a fait faire autre » métier que de limier, & y font fort bons & ex- »/cellens. Et afin que je dife ce que c’eft queles deux » nez qu'ils ont, ce n’eft pas qu'ils ayent quatre # nazeaux , mais c’eit que le bout de leur nez & » mufle eft fendu, de façon qu'entre les deux na- # rines il y aunefente jufqu’aux dents ; ils’entrouve » de tout poil ». | Chiens anglois. Fouilloux n'en parle point dans fon traité de verrerie , ni Charles [X.dans fon livre de La chafle royale, Salnove en fait mention dans {on ch, «17, De fon tems ils étoient en ufage en France; il leur trouvoit une obeïffance qu’ils n’ont pas aujour-, d’huï : ilsavoient le nezbon , s’attachant bien à la voie, ne la quittant pas,y étant jufte, &c ils chafloïent avec plus de régularité que les chiens francois. Au- jourd'hui ces chiens font bien changés , ils font lé- gers comme des levriers, percent dansles fourrés & dans les pays clairs ; ont toujours la tête des chiens françois , chaflent bien , font vigoureux , tenant {ur pié toute la journée ; quand ils fe {ont faits fages , il n'y en a pas de meilleurs ; mais ils ne crient pas fi VEN 9» » EL SPAS MERS \ 5. LPS LEP bien que les chiens françois , parnculierement ceux du noïd , qu'on nomme chiers du renard | lefaucls ont 22 pouces de hauteur, la queue & les oreilles raccourcies. Les veneurs ne peuvent pas les tenir dans les enceintes , tant ils ont de vitefle & de lé gereté, Il y a une autre éfpece de chiens en Angles terre, Qu'on nomme chiens du cerf, qui font un peit plus grands ; ils font environ de 24 pouces, & n’ont point les oreilles ni la queue coupées ; ils chapent bien, crient de même ; font vigoureux, mais moins vites que Les précédens ; ils vont du même pié que les chrens françois , & font bien plus obeiffans que les autres anglois ; 1ls ont lenez excellent, & fe font fages bien plus vite. Ce font ceux que je defirerois qu'il y eût dans la meute du roiavec les chiens ftan çois ; pat-là la meute feroit plus enfemble, il n”y au toit pas toujours une tête de chiens en avant bien loin des autres, ce qui à la vérité fait prendte des cerfs ,; mais fait faire aufli des chafles bien défa gréables. Il y à auffi une troifieme efbece de chiens qu’on nomme brcles , pour chaffer le lievre, ils ont 14 r< pouces. Une petite meute de cette efpece eft char: mante pour la chafle du lievre & du chevreuil. La petite meute du cerf de S. M, Louis XV. a été com- mencée en 1726 par des chiens de cette éfpece , aux- quels on faïfoit d’abord chafler le lievre , on les mit enfuite au chevreuil, puis au dain , & enfin au cetf où elle eff encore aétuellement, Elle eft compofée de prefque tous chiens anglois du Nord, M. de Ligniville fait bien l'éloge des chiens anglois ,: ilsont, dital, le fentimentexcellent, puifqu'ilsdémé: lent & s’approchent ce qui eft fort longé; la voix bonne &x forte, ils chaflent à grand bruit; ils font fi vites , que peu de chevaux peuvent les tenir, à moins que ce foient des chevaux anglois, barbes ou turcs , ët en haleine ; enfin ils font de grande force à chaf- fer, tiennent long-tems fur pié, & il feroit extraor- dinaire de trouver un cerf qui les fit rendre. Avec ces quatre qualités, on peut les regarder comme la meil- leure race de chiens, quands ils font bien dreflés & ajuftés par les meilleurs veneurs. Chiens françois. La meute du roi Louis XV. eft compofée pour la plus grande partie de chiens fran- çois, qui ont été élevés au chenil que S. M. a fait conftruire exprès à Verfailles. Il y en a de la premiere beauté, la plüpart bâtards anglois qui font moulés , vigoureux & chaflent bien ; s'ils étoient réduits & fages , ils feroient la plus belle meute du monde ; mais la quantité de jeunes chiens qu'on ÿ met tous les ans, fait tourner la tête à ceux qui font fages & à ceux qui commencent à le devenir ; l’autre partie de la meute eft de chiens angloïis, moitié du nord, & moitié chiens du cerf: il y en a environ = d’anglois dans la meute qui eft de 140 chiens. [n’y a plus dans la vénerie de tace ancienne; toutes les efpeces de chiens d’aujourd’hui ont été croifées de lices nor- mandes, de chiens françois, d’anglois, tout celaa été confondu; on tire race des plus belles lices & desplus beaux chiens de la meute, angloïs ou françois :on t4. che de proportionner la taïlle qui eft pour la grande meute de 24 à 25 pouces françois , je dis pouces françois qui ont 12 lignes, car le poucé angloïs n'en a qu'onze, c’eft à quoi l’on doit prendre garde quand on fait venir des chiens d'Angleterre, | M. de Selincourt, dans fon parfait chafleur, ck. 12, dit, qu'il y a trois fortes de chiens courans en France, aufli bien qu’en Angleterre, Les chiens pour le cerf, font de la plus grande race, que l’on appelloit an- ciennement royale. Leur naturel étoit de chafler le cerf, & de garder le change dès la feconde ou troï= fieme fois qu'ils chafloient ; mais, depuis que les races angloïfes fe font confondues avec les françcoi- fes , Fon'n’y connoït plus tien : ces belles races da 372 VEN chiens fe font évanouies , & de ces mélanges de ra- ces il n’eft refté que là curiofité du pelage: lon a choïfi pour courre le cerf, les chiens blancs les plus grands que l’on peut trouver de race mêlée, parce qu’on a remarqué , que de ce poil , ils font de plus hautnez, gardent mieux le change , font plus fermes & tiennent mieux dans les chaleurs que les autres. Les Anglois font de même que les Françoïs, &c ne fe fervent que des plus grands chiens blancs qu'ils ont, pour courre le cerf. [ls font très-vites & crient peu ; ils font mêlés avec des levriers, qui, naturellement rident (terme que je ne trouve pas).Les Anglais ont, outre cela, de trois fortes de chiens ; les plus grands & les plus beaux font dits de race royale; ils{ont blancs, marquetés de noir. Ils gardent fort bien le change, & font dreffés de telle forte, qu'ils chaffent tous en- femble fans ofer fe jetter à l’écart, de peur du châti- ment que les valets de chiens anglois , qui font très- rudes , leur donnent avec de grandes gaules qu'ils portent exprès : les feconds font appellés eaubrs, &c les troifiemes bigles, dont il y en a de deux fortes, de grands & de petits, on a confondu toutes ces ra- ces avec les françoies. Figure & taille des chiens courans. Aucun auteur n’a défigné la taille des chiens courans ; mais ils déeri- vent bien leur figure. Voici le tableau que Fozilloux en fait. Il faut, dit-il, ck. y. qu’un chien courant pour être beau , ait la tête de moyenne groffeur, plus longue que camufe, les nazeaux gros 8&c ouverts, les oreilles larges de moyenne épaifleur, Les reins courbés, le rable gros , les hanches grofes près des reins, & le refte grêle jufqu’au bout , le poil de def- fous le ventre rude, la jambe grofle , la partie du pié feche & en forme de celle d’un renard, lesonglesgros. Onne voit guere unchien retrouflé, ayant le derriere plus haut que le devant, être vite. Le mâle doit être court & courbé, & la lice longue. Les nazeaux ou- verts fignifient chien de haut nez. Les reins courhés &z le jarrêt droit, fignifient vitefle. La queue groffe près des reins, longue & déliée au bout, fignifient force aux reins, & que Le chien eft de longue haleine, Le poil rude au-deffous du ventre, dénote qu'il eft vi- goureux, ne craignant pas les eaux. La jambe & les ongles gros , le pié de renard, démontrent qu'il n’a point Les piés foibles, qu'il eft fort fur les membres pour courre long-tems fans s'engraver. S'ainove,c. iv. dit qu'il faut qu'un chien courant ait la tête plus longue que groffe, quele fronten foitlarge, l’œilgros & gai, qu'ilaitau milieu dufrontun épi, qui foit de poils plus gros & plus longs, fe joignant par le bout à l’oppoñite l’un de l’autre. Je ne dis pas, conti- nue-t-il, qu'il le faille à tous , mais quand il s’y ren- contre, c’eft un figne évident de vigueur & de force. Il faut auffi que le chien foit bien avalé, les oreilles paflant le nez de quatre doigts au plus, & non comme ceiles qui le paffent d’un grand demi pié; nous appel- lons les chiens qui les ont ainfi c/abors , à caufe qu'ils demeurent à chafler dans trois ou quatre arpens de terre ou de bois, où ils retournent & rebattent Les voies plufieurs fois; ce quiles y oblige, c’eft qu'ils ont naturellement peu de force. Il faut aufli que les chiens courans aient s’il fe peut une petite marque à la tête quinedefcende pas au-deffous des yeux , qu’ils n'aient point les épaules larges ni trop étroites, que les reins en foient hauts en forme d’arc & larges, la queue groffe auprès des reins, en aménuifant jufqu’au bout, qui fera épié & relevé en s’arrondiffant fur les reins, 8c nontournée comme une trompe, ce qui eftmarqué de peu de force & de viteffe ( mais l’on en peut faire des limiers ). La cuiïffe en doit être trouflée, le jarret droit & la jambe nerveufe, le pié petit & fec, les on- gles gros & courts, qu'ils ne foient pas ergotés , au moins pour courte, cela nimporte; c’eft la taille & Jes fignes qu'il faut aux chiens courans & aux lices, pour Être affurément bons. Le rein gros & la chaw fort dure fur les reins, font deux qualités qu’exige M. de Ligniville dans le choix des chiens. Nous avons , dit le même M. de Ligniville de deux tailles de chiens courans ; des efclames ( terme de fauconnerie, Didionnaire de chaffe par M. Langloïs, p- 81.) approchant de la taille des levriers à hevres ; d’autres plus gouffeaux & mieux fournis comme le- vriers d’attaches. Les chiens efclames font bien faits, arpés, c’eft-à-dire ayant les hanches larges & étrignes comme levriers. Ces chiens doivent êtrevites pour les vues , de grandes jambes, force & vitefle pour un jour ; les chiens d’autres tailles harpés, mais plus goufleaux 8 mieux fourmis des reins, &t larges, plus enfemble , fans excès en.leur taille , ne le doivent point céder à la fin du jour & des chaîffes à leurs compagnons , même s’il eft queftion de charper trois jours de fuite, comme on fait quelquefois. Je tiens que les chiens mieux fournis ne fe rendent pas fitôt que les autres. Le chien efclame doit avoir la tête plus longue que le gouffeau , & celui-ci plus courte, toutes Les deux doivent être proportionnées à la taille ; le refte leur fera commun fans excès à leur grandeur &taille, la tête feche, nervenfe, le deflus du front plein de petites veines, les yeux élevés, noir-clair, grand ë&z large front, les tempes creufes, plutôt courtes oreil- les quetrop longues, fans poil au-dedans , le colaffez long & délicat pour être prompt au mouvement la poittine large & groflette, les aïffelles un peu dif- tantes des épaules , les jambes de devant petités, droites, rondes & fermes, le pli des cuiffes droit, les côtés non creufés, maisun peu relevés, les reins charnus, ni trop longs ni trop courts, les flancs entre le mol & le dur & bien trouflés, les cuiffes potelées , charnues en bas, larges par le haut, retirées en-de= dans, le ventre avec ce qui en dépend bien vuidé, la queue remuante, droite, grofle près des reins plu- tôt que déliée, 8 venant à proportion à diminuer , déliée vers le bout , venant aboutir au nœud du jar- ret, s’il la tourne le long du tour &t creuxdela cuifle, les jambes de devant beaucoup plus hautes que celles de derriere, & les piés petits, ferrés & ronds. Voilà la taille d’un chien robufte, agile , léger & beau à voir, convenable aux efforts , tels qui font choifis dans la meute de Xenophon & dont Cyrus & Ale- xandre fe fervoient. Il n’y a rien à ajouter au tableau que M. de L- gniville fait du chien courant ; il le peint comme font aujourd'hui nos plus beaux chiens françois &c bä- tards anglois qui font moulés ; il n’en marque point la hauteur , finon celle du levrier pour lievres. La taille de ces beaux chiens qui font aujourd’hui dans la grande meute du roi, eft de 24 à 25 pouces de hauteur. Les Anglois, dit M. de Selincourt, obfervent ré- guliérement ce qu'il faut faire pour avoir de bons chiens courans, &c pour en avoir quantité; car ils gardent des lices exprès , qui ne vont jamais à la chafle , de toutes les meilleures races qu'ils aient , pour leur fervir de lices portieres , lefquelles ils laif- {ent libres dans leurs bafles-cours, comme les mâti- nes, qui n’avortent jamais, qui leur font tous les ans deux portées, dont ils n’en gardent jamais plus de fix de chaque portée ; fi bien qu’il n’y a point de lice qui ne leur donne tous les ans, l’un portant l'autre, une douzaine de chiens ; & comme ils abon- dent en laitage, & que leurs lices font toujours en liberté, ils les nourriflent mieux que tous autres, & pouffent leurs petits chiens jufqu’à l’âge de cinq mois , qu'ils ont fait leurs gueules à force de lait; en telle forte qu'ils deviennent beaux , grands &c forts, &c font plus prêts à chafler à un an, que les autres à dix-huit mois ; & ainf font-ils de toute autre race de chiens. Siles françois imitoient les angloïs , qui font nour- rir tous leurs jeunes chiens enfemble , &c dès l’âge de fix mois, les menent à la campagne pour leur ap- prendre à être obéiflans , ne leur permettant pas que jamais ils fe {éparent les uns des autres ; ils auroïent des chiens fages & obéiflans , qui chafferoïient tou- jours enfemble ; car les chiens françois ont des qua- lités plus relevées que les chiens anplois. Ils ontles voix plus hautaines, chaffent plus gaièment, la queue plus haute, tournent mieux, requêtent incompara- blement mieux , rentrent mieux dans les voies, trouvent mieux les retours , & fe font plus enten- dre de deux lieues, qu'une meute angloife ne feroit d’un quart de lieue, parce qu’ils chafient le nez haut à plus d’un pié de terre ; au lieu que les anglois chaflent le nez bas & d’une voix étouffée contre terre. Tous les avantages des chiens françois s’éva- vanouiflent par la mauvaife nourriture qu’on leur donne , les faifant nourrir féparément; les uns par des laboureurs, & les autres par des bouchers, en plein libertinage jufqu’à un an ou quinze mois ; pen- dant lequel temps 1ls acquierent des qualités fi vi- cieufes, qu'avant d'entrer au chenil, 1ls font incor- rigibles, & que Pobéifflance & la crainte ne peuvent plus rien fur leurs vicieufes habitudes, & que ce n’eft qu’à force de coups qu’on les peut réduire, encore n’en peut-on venir à bout : fi bien qu'une meute ne devient fage qu’à force de vieillir. La Briffardiere , zouveau traité de pénerie , c, xxxv], dit peu de chofe fur Les races de chiens courans : il donne aux chiens blancs la préférence fur tous les autres poils, & fur ceux d’une taille médiocre , qui font plus vigoureux & courent plus long-temps que les chiens élancés & de haute taille : ces derniers n’ont que le premier feu, & après le premier relais, ils ne fauroient plus fuivre les autres : 1l propofe, quand on a une meute de chiens blancs , de les faire chafler le lievre deux fois la femaine, & que les pi- queurs n’épargnent pas les coups de fouet, pour les rendre attentifs & douiles, pour leur apprendre à s’ameuter avec les autres, s’y rallier & tourner où Von voudra: après, leur faire chaffer le cerf ou le chevreuil, & en peu de temps ils feront formés : quand les lices deviennent en chaleur , les faire cou- vrir-par les meilleurs chiens, comme il eft dit ci- devant ; les féparer de la meute douze jours avant de mettre bas , 6. Phœbus, dans fon chapitre xxuy. du Chenil , dit comme les chiens doivent demeurer & comme ils doivent être tenus. De fon temps il y avoit un préau qui étoit conftruit exprès , avec une porte de derriere, pout que les chiens allaffent au foleil , qui y. donnoit tout le jour ; les chiens pouvoient y aller quand ils vouloient: 1l prétend que cette conftruc- tion de chenil avec un préau , les empêchoit de de- venir galeux fi. {ouvent ; ( je ferois bien de fon fen- timent, que le grand air ne peut faire que du bien aux chiens , fur-tout dans les beaux jours. ) Il faifoit fi- cher des bâtons en terre, environnés de paille, hors les bancs où 1ls fe couchoient, pour que les chiens y. vinflent pifler ; 7 ex faifoit meitre jufqu’à fix. Si lon frottoit quelqu'un de ces bâtons avec du ga/ba- num , tous les chiens iroient pifler contre, La mé- thode n’étoit que très-bonne; cela les empêchoit de piffer fur les bançs où ils fe couchoïent, ce qui faloit que leurs lits ‘étoient toujours fecs : l’on n’a plus cette habitude ; prétendant que des chiens , en jouant ou en fe battant, ou en fortant de vitefle pour l’ébat ou pour manger la mouée, qu'ils pour. roient s’étrufler , fe bleffer de différentes façons ; je laïfle la chofeà décider. Il y avoit de fon tems, des cheminées dans les chenils, pour les réchauffer dans l'hiver & quand ils reyenoient de la chañle, ayant eu Ja pluie quelquefois toute la journée fur le VEN 923 corps; avoir battu l’eau dans des étangs où des ri vieres , la boue, la crotte, Fouilloux parle de lufage des cheminées. Il faloit bouchonner les chiens apres la chafle, pour faire tomber la boue & la crotte, L’on avoit confervé cet ufage jufqu’au regne de Louis XIV. j'ai vu de grandes cheminées | environnées de grillages de fer, dans les chenils de Verfailles ; je crois que c’eft la peur du feu qui les a fait déc triure ; je les approuverois cependant, pour le bien &t la confervation des chiens : à l’ésard du feu , on peut prendre des précautions comme on les pre- noit dans ce tems-là, où il n’eft point mention qu'il foit arrivé d’accident. Phœbus, dans fon chap. xxiy, dit , qu’il faifoit mener {es chiens à l’ébat deux fois le jour , le matin &c le foir , au foleil , en beau &c grand pré; on les y peignoit & bouchonnoïit tous Les matins, on les me- noit dans des lieux où 1l y avoit des herbes tendres ou blé verd, pour qu'ils fe purgeaflent; on leur donnoit de la paille fraiche une fois Le jour , & celle de deflus les bancs on la mettoit deffous les piés. Charles IX. leur faifoit donner de l’eau fraiche deux fois le jour , les faifoit rendre obéiffans à l’ébat ; il vouloit qu’on ne les laïflär pas écarter, qu’on les fit rentrer dans la meute, en les corrigeant & les nom- mant par leurs noms, qu’on les tint en crainte & obéiffance le plus qu'on pourroit ; qu’on les pansât deux fois le jour: c’étoit la méthode du regne de Charles IX, êc de Salnove ; ils ajoutent, fars y man- quer , fe on les veut avoir beaux , vigoureux , 6 soujours en bon corps. Il y avoit deux petits valets de chiens ordi naïires, qui couchoiïent au chenil. Ligniville dit qu'il faut des planches le long des muraïlles où couchent: les chiens , pour les garantir de l’humidité des murs contre lefquelsils s’appuient. La précaution eft très- bonne ; onles farloit panfer le matin à fix heures en été , & à cinq le foir , en hiver à huit heures du ma- tin &àtrois du foir ; on les faifoit promener & me- ner à l’ébat après leurs panfemens, Les y laiffant une heure dehors. M. de Selincourt recommande la mê- me chofe, difant que fi les chiens ne font bien pan- fés & tenus proprement , qu'il en arrivé toujours deux accidens fort grands & fâcheux, qui font la 7 galle & la rage; 1l recommande de même des chemi- nées dans les chenils & grand feu au retour des chaf- fes froides & huinides en hiver. On ne peut rien ajouter pour la propreté deschiens: à l’ufage que les anciens en avoient ; je fuivroisavec plaïfir leur méthode; aujourd’hui on s’eft relâché fur bien des bonnes chofes qu’on a abolies pour en in- troduire d’autres qui ne les valent pas, comme de laver les chiens le lendemain des chafles en hiver avec de l’eau glacée dans un grand chenil qui n’a de chaleur que ce que les chiens lui en donnent ; cela doit leur être bien contraire. On ne les panfe plus; ou on nele fait que très-rarement ; quand ils ont été. lavés, en voilà jufqu’à la prochaine chafle fans qu’on les peigne ni qu’on les brofle ; je ne defaprouveras pas qu'on les lave dans l’êté, dans les jours de cha- leur le lendemain des chaffes : cela les délafle , &ne peut que leur faire du bien ; mais cela n'empêche roit point qu'ils ne fuffent panfés avec le peigne & la broffe tous les jours une fois jufqu’au jour de la chaffe. En lavant les chiens en hiver avec de Peau froide, vos vieux chiens qui à peine font réchauftés de la veille , fe mettent les uns fur les autres pour trouver de la chaleur, fe fallifent autant qu'ils és toient auparavant , ne peuvent {e réchauffer qu'avec bien de la peine, ils maigriflent à vue-d’œil, & ne durent pas long-tems. Les auteurs anciens difentque leurs chiens courans duroient en bonté & force neuf ans dans leufs meutes ; aujourd’hui quandils en du- rent fix, c’eft beaucoup. Si Les chiens, dit Fowulloux, avoient des poux &s 924 V EN puces, pour y remédier, ilfant les faver une fois la femaine avec un bain fait de creflon fauvage, autant de feuilles de lapace , de marjolaine fauvage , de la fauge , du romarin & de la rue, faire botullir Le tout jufqu’à ce que les herbes foient bien cuites & con- fommées, les Ôter de deffus le feu , les laifler refroi- dir jufqu’à ce qu’elles foient tiedes , puis bien laver les chiens ou les bien bouchonner , ou les baigner l'un après l’autre: cela fe doit faire dans les grandes chaleurs trois fois le mois au-moins , une poignée de chaque herbe pour un feau d’eau, fuivant la quanti- té plus ou moins. M. de Selincourt , dans {on ch. xüy. des équipages, donne de très-bons confeils que j’ai tranfcrit mot-à- mot. Ilya, dit-il, deux faifons de l’année auxquelles il faut donner plus de foin au maintien d’une meute pour la garantir de toutes les maladies qui regnent en ces deux faifons, l’une eft le printems , l’autre l'automne. En celle du printems, parce que le foleil remonte & donne vigueur à toutes chofes, qu’en ce tems les animaux font en leur plus grande force, & principalement les cerfs ; & qu'aux chafles qui fe font en Avril , les chiens font plus d'efforts en une qu’en plufeurs , en tout tems de l’année ; c’eft pour- quoi il faut purger les chiens, les faigner , les panfer, &t les tenir plus nets qu’en toute autre faion, & leur donner une meilleure nourriture, ayant foin de ceux qui font maigres, & par conféquent plus fufceptibles des maux qu'ils peuvent communiquer à tous les autres, leur donner de la foupe, &c les re- mettre en état. Quant à l'automne qui rend tous les corps des animaux plus débiles & plus lâches , c’eft en cette faifon qu’il en faut avoir un foin plus particulier. Quand on en a grand foin & qu'on tient les chiens proprement, on ne voit guere de meutes attaquées d’aucunes maladies générales qui les ruinent ; &r ce ne font jamais que les grands excès des curées trop fréquentes 8 des grands efforts que fait une meute qui leur caufent la rage de glai ; grande rage qui in- fete l’air des chenils &c qui fe communique, La pre- miere fe guérit, fi elle arrive au printems, par des remedes rafraîchifans ; la feconde qui n’eft que par- ticuliere , fe guérit par des faignées & par des pur- gations de fené ; la troifieme fe guérit par des bains falés, ou par le bain de la mer, & en féparant les chiens les uns des autres le plus promptement que faire fe pourra. Salnove , ch. xij. rapporte qu'il y avoit une an- cienne coutume dans la yénerie du roi, que les chiens mangeoient du pain de froment, du plus blanc & du meilleur ; les valets de chiens en prenoiïient pour leur nourriture fans en abufer. Il faut faire une très -exatte vifite des grains & farines dont on noutrit les chiens, lefqueiles font quelquefois échauffées par la quantité ou épaiffeur de grains qu’on met dans les greniers , &t quelque- fois auffi on fait le pain avec de l’eau puante , par la négligence, parefle, & faleré des boulangers, qui ne fe donnent pas la peine de vuider tous les jours leur grande chaudiere , dans laquelle la vieille eau a croupi & formé du verd-de-gris ; 1ls remettent de Veau par-deflus, la font chauffer, & font le pain avec , ce qui eft très-contraire aux chiens, & peut leur donner des maladies qui commencent par des dégoûts , fuivis de cours de ventre, de flux de fang, &t même de la rage, à laquelle aboutiflent tous ces maux; une feule fournée de pain mal cuit rend toute la meute malade une femaine entiere, &c principale- ment les chiens les plus voraces, & qui mangent ordinairement le mieux. Il faut mettre le boulanger fur le pié de vuider & nettoyer fa chaudiere tous les jours, cela ne peut faire qu’un très-bon effet pour garantir du verd -de- VEN gris, qui eff un poifon, quand même la chaudiere 1eroit étamee. Le boulanger doit auffñi examiner la farine qu’on lui livre, &c fi elle n’étoit pas bonne ne la pas rece- voir : celui qui a la direétion de l'équipage doit y être bien attentif, & s’en rapporter pour l'examen à lui- même , & sil étoit abfent qu’on recûüt de mauvaife farine, faire punir celui qui l'a livrée & celui qui la reçue; au moyen d’une pareille exaftitude le fervice pour la nourriture des meutes fera toujours bien fait, On donne aujourd’hui du pain d’orge pur aux chiens du roi, cela leur tient le corps frais & en embon- point ; la nourriture en eft bonne ; ils en mangent deux fois le jour: les jours de chaffe on doit leur donner à déjeüner, mais le quart de ce qu'ils ont coutume de manger, pour ne les pas trop remplir, mais feulement les foutenir tout Le jour que la chaffe dure, car fouvent ils ne rentrent que bien avant dans la nuit ; ces jours-là on leur prépare une bonne mouée, qu’on leur fait manger après la chafle; & après qu’ils ont mangé leur foupe ou mouée, on leur fait faire la curée. Service du chenil. Voici ce qui eft en ufage pour les meutes du roi fa majefté Louis XV. pour Le fer: vice du chenil. | Dans l'été, les valets des chiens doivent fe trou- ver au chenil à cinq heures du matin, pour fortir & promener les limiers, les lices en chaleur, & les boi- teux où malades ; le valet de chien qui fort de garde &t qui a paflé la nuit dans le chenil avec les chiens, et chargé de bien nettoyer & balayer chaque che- nil, de mettre la paille de deflus les bancs par terre, &c de la paille blanche neuve fur les bancs , de net- toyer & vuider Les baquets où Pon met leur eau; le valet de chien qui prend la garde eft chargé d’aider à fon camarade à nettoyer &t enlever les fumiers, & e mettre de l’eau fraiche dans tous Les chenils. A fix heures on promene la meute; on les tient enfemble le plus qu'il eft poflible, à [a réferve de ceux qui fe vuident ou prennent du verd ou de l’herbe pour les purger, ce qu'il faut leur laifler faire, & laifer un homme pour refter auprès d’eux jufqu’à ce qu'ils aient fini ; pendant ce tems on promene les autres. Il faut que celui qui a la direétion de la meute exas mine les chiens boiteux, ceux qui paroiffent n’avoir pas la gaieté ordinaire, qu'il voye s'ils ont la gueule bonne, c’eft-à-dire fi un chien eft malade. Pour cela on lui lave les levres, & f on lui remarque une pâ- leur qui n’eft pas ordinaire , on eft sûr qu'il eft ma- lade ; on lui tâte les côtes vis-à-vis le cœur; quand il a la fievre on en fent les battemens bien plus vifs & plus fréquens que d'ordinaire ; on le fait féparer fur-le-champ, & on le traite fuivant la maladie aw’on lui trouve; il faut avoir du papier, un crayon, & écrire chaque chien boiteux ou incommodé, pour le panfer fuivant fon mal, &g ne Le point mener à la premiere chaffe , jufqu’à ce qu’il foit bien refait & rétabli; par ce moyen on fait le tems de fon incom- modité, le genre de fa maladie ou accident , & celui qui eft en état d’être mené à la chaffe ou non. Après les avoir fait promener trois quarts d'heure ou une. heure, on les ramene au chenil, que les deux valéts de chiens ont bien balayé , nettoyé, renouvellé de paille blanche & d’eau fraîche ; il faut les faire panfer, les bien peigner & brofler, ce qui fe fait. en cette maniere : chaque valet de chiens eft. obligé d’avoir une étrille, broffe, peigne, cifeaux & une couple : chacun prend un chien avec: fa couple, lui met les deux piés de devant fur le bord du banc où couchent les chiens, commence à. le bien peigner , à rebroufler fes poils d’un bout à: : autre 8 après on le broffe bien par tout le corps 5 on doit leur pafler larmain fois le ventre , entre les” cuifles , VEN étufles , les épaules, voir s’il n’y 4 point de crotté feche , &c l’ôter s'il s'en trouve; à châque chien on doit bien nettoyer la brofle avec l’étrille; en les panfant on doit examiner s'ils n’ont point de dentée de la nuit; s'ils en ont, il faut leur couper le poil; de même sil y avoit quelques daftres qui vouluflent venir on.leur coupe le poil pour les panfer fuivant le mal. Quand on a fini de panfer les chiens & qu'il ne s’entrouve plus par Pappel qui en eff fait par les valetsde chiens, chacun {erre {es uftenfiles ; on met au gras, c'eft-à-cire qu’il doit y avoir un petit che- nil à côté du grand, qui aït communication par uné porte l’un dans Pautre, &'on met dans [e petit les ‘chiens qui lont trop gras (pour bien chafler); quand Yon y a mis ceux que l’on juge à propos, le premier valet de chiens examine s’il y en a ine grande quan- tité, on y fait refter le dernier valet de chiens, après ‘quoi on entre les auges dans lefquelles on cañfle le pain ; on les laifle manger environ une heure; on examine ceux qui ne mangent pas,s’ils n'ont point Pair trifteoufatigué de lachañle, ou mal au ventre, fuivant ce qu’on leur remarque on les fépare ou on leur donne du lait ou du bouillon, de la foupe où -de la viande, ce qui paroït à propos; quand on voit qu'ils ne mangent plus & qu’il fe trouve aflez de pain pour que les chiens gras & gourmands n’en mangent trop, on leur ouvre la porte, après quoi on finit le refte des autres, on Ôte les auges & l’on panfe les boiteux & les malades : on les laïfle tranquilles juf- qu’à quatre à cinq heures du foir qu’on recommence, la même cérémonie, à la referve du panfement , du peigne, .êt de la brofle , qu'on ne doit faire que le matin : dans l’hiver on ne les doit fortir qu’à huit “heures &c le foir à trois. Le premier valetde chiens eft chargé du panfemenit des boiteux, malades, ou bleflés ; il a quatre fols par jour de plus que fes camarades; ces panfemens {e font toujours fous les yeux & les ordres de celui -qui a la direétion de la meute & qui en rend compte “au commandant ; il lui fait partaufñ detousles détails qui concernent le fervice de la meute & prend fes ordres pour les chafles , les départs , les chiens à mettre aux relais, ceux qu'il faut reformer, généra- lement tout ce qui eft du détail de la meute, & des valets de chiens. + < Quand la meute doit chafler , celui qui en a la die rection doit avoir un petit état de tous les chiens boi- teux de la derniere chafle , des malades , fatigués, maigres, enfin de tous ceux qu'il ne croit point en état d’aller à la chafle ; arranger en conféquence le tout, par ordre de meute & de relais ; ayant Ôté tout ce qui ne doit point marcher, il voit d’un coup d'œil ce qui lui refte de chiens pour la chafle, fuivant Fheure du départ de la meute; fi c’eft le matin, on “avance l’heureordinaire pour les fortir à l’'ébat qu’on fait moins long ce jour là qu’un autre; après qu'ils {ontrentrés on met au gras, & on leur cafe le quart du pain qu'ils ont coutume de manger, comme il a déja été dit; un momentaprès on laifle venir les gras, quand ils ont fim, ce quieft bientôt fait, on fépare tous ceux que l’on amarqués ne devoir point aller à Ja chafle, relais par relais ; quand cela eftärrangé -de cette façon, & la féparation faite | on les fort dans la cour , &c on les fait rentrer la porte entre- baillée pour les compter un à un; vous devez trou- ver le compte que vous avez arrangé fur votre bil- let ; 51 fant panfer les boïteux qui reftent , & après vous faites préparer les couples pour le nombre des Chiens au vont à la chafle ; celui qui eft de garde de- -meure au chenil pour avoir foin de ceux qui reftent, & les autres vont fe prépärer, & doivent fe trouver au chenil pour coupler ; il faut, en couplant les chiens , les égalifer autant qu’il eft poffble, tant du poil quede la tailie, & sil y ades chiens querelleurs Tome XVI, | VEN 925 & de inauvaife humeur , il faut les mettre avec une lice, fans que cela dérange les places que les chiens tiennent à chaque relais: On couple une demi-heure avant celle du départ: quand l'heure dite eft arrivée, on fait partir Les chiens accompagnés de celui quien a la direétion ; c’eft le premier piqueur qui ne va plus au bois, & à qui on donne deux chevaux pour conduire l'équipage au rendez-vous , fe promerier pendant la chafie , &c fe rendre utile fuivant fon {a- voir ; 1ldoit y avoir deux valets de chiens à pié à latête des chiens , & l’on donne des chevaux aux autres pour contenir les chiens, afin qu’ils ne s’écar: tent pas de la meute. Un d'eux va devant, pour fair re arrêter & ranger les voitures ; fi l’on doit féparer des relais en chemin, le valet de chien à pié, du re: laï$ qu’on fépare , prend les chiens dudit relais; fon camarade à cheval étant au rendez-vous, & ayant été au bois, ne peut point les accompagner ; il les conduit à l’aide des palfreniers dudit relais à l'endroit qu'on luianommé , où fon compagnon va le rejoin: dre après avoir fait fon rapport au commandant, Les chiens étant arrivés au rendez-vous , dans une pla- ce éloignée des chevaux; à l'ombre dans l'été & au foleil dans Phiver, le rapport étant fait; celui qui à la conduite de l’équipage prend Les ordres du com- mandant pour la difiribution des relais qui font ve- nus au rendez-vous, les envoie aux endroits nom- més, & fe tient prêt avec les chiens de meute, pour les conduire où lon doit attaquer fitôt que le roi eft arrivé, ou qu'il en reçoit l’ordre ; étant à l'enceinte on fait prendre la meute avec les contre hardes, c’eft une double couple aumilieu de celle qui tient les deux chiens couplés enfemble ; chaque homme en prend huit ou dix, plus où moins fuivant le nombre de chiens qu'il y a de meute, & les hommes qui font pour cela; on fait un détachement d’une harde de fix vieux chiens, avec lefquels on va fouler l’encein- te pour faire partir le cerf ; l’ufage des vieux chiens eft très-bon pour cela ; 1lfe pratique à petite meute, &t ils s’en trouvent bien. Sitôt que le cerf eft lancé, & qu'il s’eft fait voir, on mene les chiens de meu- te fur la voie, on les découple, &c ils chaflent : les valets de chiens à pié fuivent la chañle, ramaflenr les chiens traïneurs , les menent doucement pout les donner dans un befoin , ou à la fin d’un cerf Quandun cerf fe fait prendre bien loin du féjour de l'équipage, qu'il eft tard quand la chaffe eft finie, on doit coucher au plus prochain endroit commo- de; le lendemain on part du matin pour rentrer au féjour : on envoieles valets de chiens à cheval, dans tous les endroits où la chañle a paflé | pour ramener les chiens qui n’ont pas pu fuivre , ou qui fe font écartés apres du change. L'ufage de la vérerie eft que fa majefté défraye hommes ; chiens , & chevaux : quand les retraites font longues, & qu'il y a aflez de jour pour rentrer au logis , on doit faire manger un pain ou deux aux chiens en route ; cela les met en état de faire le chemin plus à leur aïfe; on fait rafraîchir de même l'équipage fur le compte du roi. On donne à chaque vaiet de chiens qu’on oblige à coucher dehors, vingt iols, & on leur rend-le dé- bourfé qu’ils ont ‘aits pour leurs chevaux, … Curée. Deretour de la chaffe on attend que les va- lets de chiens à cheval foïent rentrés; en attendant on dépouille le cerf, on leve les morceaux, le com- mandant prend ce quljuge à propos , celui qui ala direétion du chenil difpofe du refte : enfuite on tient les membres, la carcafle , le cimier , & la pance vuidée & lavée , enfermés ou éloignés de l'endroit où.on fait manger la mouée verfée dans des auges : on ouvre la porte du chenil: il faut avoir la précau tion qu'il y ait un homme à chaque porte en lou: vrant , & qu'il s'y tienne jufqu’à ce que les chiens foient tous pañlés, de crainte qu'ils ne s’y heurtent, BBBbbb 926 VEN 8 ne s’étrufient 3 41 feroit à propos elles s'ouvrif- {ent en-dehors, il y auroït moins de danger: quand ls ont mangéleur mouée, on difpofe la curée dans Vendroit qui eft choïfi pour cela > s’il étoit pofhble que ce füt fur l'herbe , cela n’en feroit que mieux: -on y difperfe le cerf, ét on tient les chiens fous le fouet en les laïffant crier; ce .qui fait un bruit mélo- dieux pour ceux qui aiment lachafle; quandonles. :a tenu quelques minutes dans cette poñtion , on leur = nr ) , 2 ‘abandonne le cerf difperfé, &c ils font la curée , on leur crie halaly , pour les animer davantage; l’on s’eft relâché de même fur les trompes dont les valets de. -chiens devroient toujours fe fervir à la curée ;11ce qu'on ne pratique plus qu’à Fontinebleau, cependant cela ne peut faire qu'un très-bon effet , en animant les chiens , & accoutumant les jeunes à connoitre la trompe &c à y venir quend ils font M la meu- te ; d'ailleurs la meute du roi doit être diffinguée par Les plus brillantes operations, on n’auroit pas du laïf- fer abolir cet ancien ufage. Il ya encore une métho- de qui s’eft introduite depuis un tems , qui eft de mettre les chiens au gras les jours de chafle ; je ne ‘comprens pas comment l'on n’en reéconnoit point l'a bus , il en refulte diférens inconvéniens : 1°, les chiens qui font dans l’embonpoint , fouvent font les plus vigoureux , les meilleurs, & ceux qui ont le plus travaillé, foit pour chaffer ou avoir battu des eaux froides, ce qui les a mal menés; vous leur don- merez pour leur peine le refte des autres, dont la pli- part n’ont fervi de rien à la chafle, cela me paroît ‘contraire au bien de la chofe. 2°. En voulant mettre au gras la nuit comme ilarrive prefque toujours , les valets de chiens ouvrent la porte des gras, & à grands coups de fouet dans le chenil, crient aux gras ;ilen entre des gras, des maigres, des Jeunes, des vieux , des craintifs , tous pêle-mêle : on ferme la porte , & l’on vient annoncer qu’on a mis aux gras ; C’'eft un ouvrage très-mal fait, 8 une méthode qui eftbeaucoup plus nuifible qu'utile au bien du fer- vice. Anciennement on donnoït aux chiens'quand le cerfétoit pris, lefoie, le cœur , le poulmon, &x le fang mêlés avec du lait , dufromage &t du pain , le tout bien mélangé & coupé: on mettoit Le tout fur la nape du cerf, ce qui a fait conferver le nom de nape à la peau du cerf. Il n’y avoit pas un figrand nombre de chiens dans les meutes qu'aujourd'hui : on donnoit le forhu après. On a auffi fupprimé le forhu, qui avoit été de tous les tems enufage, 87 qui faifoit ün bon effet ; quand les chiens avoient fait la curée, &c qu'il ny avoit plus que les os , un valet de chien qui tenoit le forhu au bout d'une fourche, crioit 4yoo , les chiens quittoient les os fans peine , &c s’aflembloient autour de lui: pendant ce tems on ramañloit les os , “on les jettoit dans Pendroit deftiné pour cela : on approchoit les chiens du chemil, & on leur jettoit ie forhu , en attrappoit qui pouvoit; voici le bon effet de cette pratique : elle les farfoit quitter fans peine les os du cerf, ce quine fe fait qu’à grands coups de fouets redoublés , étant animés ils fe laïffent cou- per le corps, & ne quittent qu’à force de coups ; ces pauvres animaux qui un inftant avant étoient ca- reflés & animés , l’inftant d’après vous les écrafez de coups de fouets pour les faire quitter; c’eft un contrafte qui ne doit pas faire un bon effet : Le forhu prévenoit cela; fi-tôt qu'ils entendoient crier #y00, ils quittoient les os pour fe raflembler au forhu: on avoit peu de peine à les y faire aller, au premier coup de fouet ils partotent, & cela leur en épargnoit beaucoup d’autres; en fecond lieu cela les accoutu- moit à connoître un 24ÿ00 , & à s’y porter, ce qui peut faire encore un très-bon effet à la chafle ; des chiens fans voies qui l’entendoient crier , s’y por- foient, VEN ne Le-forhr, terme ancien. eff en ufage pärini tous les auteurs qui ont écrit de lachafle; c’eft la pance du cetf bien vuidée, nettoyée &êr lavée qui éroit mife au bout d’une, fourche avec les boyaux;unuyvalet de-chiens des plus grands & des plus forts tenoitla fourche; quand les.chiens avoient fini lalcurée, il fe mettoit au milieu d'eux en criant t2y00,1squit- toient aifément les os pour fe raflembler au-tour du valet de chiens ; il y en avoient plufieuts :qui faw- toient en l’air pour l'attraper, quand ils étoient tous raflemblés., en les rapprochant du chenil, one jet- toit au milieu d'eux, celd n’étoit pas long à être dif fipé; on les menoit aprèsià la mouée, ceux qui n'en avoient pas aflez mangé avant la curée achevoient de e remplir, quand als avoient fini, onles farfoiït rentrerau.chenti: quand les chiens rentrentau chenil, _la porte doit être ténue entre-baillée pour les: comp: ter, &cvoir s’il en manque; quand cela arrive on met un poëflon de mouée dans un petit chenil avec dela paille blanche & de l’eau, on recommande delaiffer les portes de la cour du chenil entre-ouverte, pour qu'ils pruflent entrer &t aller daus le chenil où ils trouvent ce dont ils ont befoin ; le lendemain, s’ilen manque , on les appelle tous par leurs nomsavec la life ; on connoit ceux qui manquent, de quels relais is font, & on enyoye deux valets de chiens les chercher; fi la chafle a fait une grande refuite, il faut envoyer un homme à cheval: Comment: voulez- vous qu'un homme qui a fait toute la chafle à pié . la veille, qui eft rentré tard &c a fatigué, puifle faire dix à douze lieues, l'allée, le revenir, & le che- min que la chafle a fait ? 1l le promet, mais il n’en fait rien ; avec un cheval l’on feroit afluré qu'il fe. roit le chemin; il ne faudroit qu'un vieux cheval pour cela, qui épargneroit peut-être bien des acci- dens, car des chiens: qui manquent deux ou trois jours &c quelquefois plus, peuvent être mordus ‘par des chiens enragés , fans qu'on le fache,, ils font re- mis avec les autres, au bout de quelque tems ils de- viennent malades au milieu de la meute; voilà com- me la plûpart des malheurs des meutes arrivent : fi elle a fait peu de pays, un homme à pié fufüt; le lendemain des chafles s'ils ont les piés échauftés, fans être deflolés, on peutles leur faucer dans de l’eau & du fel, cela les rafraichit; s'ils font deflolés, on les fauce dans du reftrainéhif. Pour les voyages &c routes, Salnove dit que la marche ordinaire des chiens courans doit être par jour de fix lieues, qu’on en faïfoit quatre le matin en êté, qu’on les faifoit ‘diner, & quand le grand chaud étoit pañlé ; on fai- foit les deux lieues pour aller à la couchée, ch. ÿ. Ligniviile dit que rien ne gâte nin’eflropie tant que les grandes retraites : le bon veneur fait retraite par- tout. Marche de l'équipage en route. Quand le rot veut chaffer dans les forêts de Fontainebleau , de Com- piegne, de Senart, Saint-leger, &c. il donne fes or- dres au grand veneur qui les donne au commandant; celui-ci fait affembler les officiers de fervice à qui il donne l’ordre qu'il a recu pour le jour du départ de l'équipage , & lendroit où il doit aller ; 1l regle l’'heuret& l’endroit où l’on doit aller coucher; sil y a plufieurs jours de marche , on choïfit un valet de limier des plus intelligens pour aller devant la veille du départ de l'équipage où il doit aller coucher, pour marquer grange où écurie pour loger les chiens commodément, que l'endroit ferme bien, que les fenêtres ne foient point trop bafies, afin que les chiens n’y puifient fauter , la faire bien nettoyer, la rendre propre, y faire faire une belle paille blanche & de bonne eau fraiche , prendre du monde pour cette opération, & chercher pareillement des en- droits plus petits pour y mettre les limiers, les lices en chaleur &c les boiteux, y faire pareillement met- tre de belle paille & de Peau fraiche, qu'il y ait une cour qui ferme bien, de crainte qu'il ne forte quel- œues chiens; on fait porter ordinairement le pain jour lé fouper des chiens, on le leur fait cafler dans de vanettes, & on le leur porte dans l’endroit, on leur en donne autant qu'ils en veulent manger; il my auroit pas grand mal quand on leur cafleroit le natin quelques pains {ur la paille un peu avant de les coupler , ils en feroient miéux la route. Pouf ne pastetarder la marche de l’équipage, il faut faire me- ner doucement les vieux chiens. Les limiersfont con- duits par un valet de limier, un valet de chien à cheval & un valet de chien à pié, quand il y ena beaucoup, s’il y en a peu , un valet de chiens à che- val, & un à pié fufifent : en pañlant des forêts, fi l'on fait bien, on les prend à [a harde de peut qu'ils néchappent, parce qu'ils font moins dociles que les chiens de la meute; on prévient encore par-là bien d’autres accidens. Les lices font menées par un va- let de chien à pié la veille du départ : le boulanger part deux jours avant l'équipage, pour préparer le pain, la mouée, & tout ce qui concerne fon état, afin que rien ne manque à l’arrivée de la meute. Le roi donne les voitures néceflaireslpour porter dans les voyages les uftenciles du fourmi, du chenil, & les bagages des officiers &c autres de fervice. Tous les officiers de la vererie doivent accompa- gner la meute en habit d'ordonnance, il doit y avoir un valet de limier devant léquipage avec un fufil chargé pour tirer fur les chiens qui fe trouveroient feuls fans maître, & qui auroient mauvaïfe mine, ou avertir ceux à qui les chiens appartiendroient. de les prendre, les attacher, & s'éloigner du chemin; de même avertir les voitures de s’arrêter avant d’ar- tiver à la meute: quand la route eft longue, & qu’il n’y a point de bois à pafler, on'doit laifler les vieux Chiens &c les plus fages en liberté, & les autres doi- vent être couplés en arrivant ; à l’entrée de quelque forêt il faut tout coupler , & que les chiens foient bien environnés de cavaliers, Le fouet haut de crainte qu'ils n'éventent ou n’aient connoïflance de voyes qui ne feroient que pañler, ou des animaux; on ne fait fure à l’équipage que huit à dix lieues par jour, quelquefois douze , quand on va de Verfailles à Compiegne ; on a été coucher à la Chapelle, partir à minuit, rafraichir à Garche , donner ‘du pain & de l’eau aux chiens, envoyer les vieux chiens quatre heures devant la meute, le lendemain faire dix lieues, & tout arriver en bon état: cela s’eft pratiqué dans les chaleurs du mois de Juin en 1764. A la moitié _de la route, on fait rafraichir les valets de chiens, & donner du pain aux chiens ; ceux de l'équipage qui veulent boir un coup, le font : tout cela eft fur le compte du roi. Meutes. Les meutes n’étoient pas fi confidérables anciennement, en nombre de chiens, qu’elles le font aujourd’hui. Phoœbus faifoit mener à la chaffe plu- fleurs efpeces de chiens, outre les chiens courans, il avoit des levriers, des allans qui fervoient à arrè- ter 8 terrafler les animaux, apparament qu'il les faifoit donner avec les levriers dans des détroits, plaines ou futayes, Fouilloux, &t Charles IX, ne difent rien de poñitif fur le nombre des chiens dont les meutes étoient compofées ; on faifoit fix relais chacun d’environ fix chiens, ils étoient conduits chacun par un gentil- homme & fon domeftique à l'endroit qu’on leur def- tinoit : 1l y avoit, felon lés apparences, autant de meutes de chiéns que de relais, ce qui pouvoit aller environ à foixante chiens à la chafle; fuivant cet état , il falloit que la meute füt compofée de quatre- vinot chiens ; il y en a toujours de boiteux d’une chafle à l'autre, des malades, fatigués, & lices en chaleur; c’eft auf le nombre que Sa/noye donne à- Tome XVI, VEN 927 pèu-près aux meutes de fon tems; on faifoit de mè- me fix relais, I dit, c4. 9. qu'il a vu plufieurs an- nées dans la meute du Roi jufqu’au nombre de trente chiens découplés ou laiflés courre , n’y ayant qu'un feul valet de chien devant eux qui tenoit deux houf. fines en fes mains, fuivant celui qui laifloit courre avec fon limier qui chafloit de gueule, en renouvel- lant de voies lancer le cerf 8: fonner pour donner les chiens qui pourtant ne pañoient pas que le valet de chienne fe füt détourné à droit ou à gauche, & qu’il n’eût laiflé tomber ces houffines à terre, ou au-moins fort bas. Du tems de Sa/rove on menoit donc à la chaffe environ 6o chiens, puifqu’il y en avoit trente de meute, & fix relais qui ne doivent pas moins être que de cinq ou fix chiens chacun. Ligniville dit que le nombre de vingt-cinq chiens fufät pour forcer ce qu’ils ameutent & chafent. Le même dit aufli avoir dreffé &c ajufté des meu- tes de cinquante à foixante chiens par les regles de vénerie qui étoient très-bien au commandement & obéiffans à la voix des veneurs.: Toutes les meutes bien dreflées dont il parle, n'étoient que de cinquante à foixante chiens, en- tre autres celle de M. le prince de Conti, & celle du cardinal de Guife, qu'il avoit vues les premieres, & qui chafloient fi quite qu’elles prenoient par tout pays un cerf, Les meutes de M. de Soiffons &c de M. le duc de Vendôme, qui avoient été dreflées par meflieurs de S. Cer, & M. de Carbignac, veneurs d'Henri IV. prenoient quelquefois ÿo à 6o cerfs fans en manquer un, Il a vu en Angleterre les chiens de fa majefté bri- tannique prendre un cerf qui fe mêloit avec plus de 2 où 300 dains, & avec plus de 100 cerfs, defquels les chiens Le féparoïent partout, & pas un chien ne tournoit au change. Ils féparoient l'animal qu’ils chaf- foient également à vüe, comme par les voies. Avec les mêmes chiens, il a vu le lendemain atta- querun dain, le chañler , fe mêler avec des hardes de cerfs &c de dains, le féparer partout, & le prendre. - Ils chafloient tous les jours, hors le dimanche, le cerfou le dain. [ls ne faifoient point de relais; on at- taquoit avec toute la meute, fans en manquer un. [ls avoient la précaution en Angleterre de les faire potter où le roi vouloit chafler, dans des carroffes faits exprès; on les rapportoit de même. Lesyeneurs en Anpleterre, n’alloient point aux bois pour y dé- tourner le cerf; 1ls ne s’appliquoient point à avoir les connoïflances du pié , nides fumées, & ne fe fer- voient point de limiers ; ils menotent leur meute dans les parcs; attaquoient un cerf ou un dain dans les hardes d'animaux , où Le gros des chiens tournoit les autres, s’y rallioient & ne fe féparoient plus. Le roi Jacques demanda à Henri IV. de lui en- voyer des plus habiles de fes veneurs,.pour montrer aux fiens les connoïffances du pié ducerf, 8 la ma- niere de Le détourner & le laiffer courte avec le li-- nier, afin quil püt courre dans les forêts de fes états, & plus dans des lieux fermés comme fes parcs, où jufque-là 1l avoit toujours couru, & n’avoit pu connoiître les cerfs qu’en les voyant. Le roi y en- voya meflieurs de Baumont, du Mouftier, &r quelques valets de limiers : dépuis de S, Ravy & plufeurs au- tres bons chafleurs, y font allés. | Les veneurs que Ligniville a connus en Angleter- re, étoient des plus habiles pour drefler des meutes; il en fait un grand éloge, & fi les jeunes veneurs fai- foient quelques fautes volontaires, où par ignoran- ce, que.le roi en eût connoïflance , 1l donnoit auffi- tôt des ordres pour y remédier. Il aflure avoir beau- coup appris en ayant vu chaffer la meute du roi d’An- gleterre pendant 4 où $ mois, avec tout. Pordre & regles de chaffes poffibles, &c que les veneurs anglois diftinguoient le cerf qu’ils avoient attaqué, quand Fu | BBBbbbi - 028 VEN 11 fe mêloit dans des hordes d’autres cerfs, à ne s’y ‘Pas tromper. | Mae Salnove, ch. ix. dit que là meute du roi étoit de ‘chiens blancs, qui étoient d’une fageffe & hardiefle admirables; que dans les forêts de S. Germain , de Fontainebleau &c de Mouceaux, où il y avoit une quantité de cerfs innombrable ; ils chafloient un cetf quatre ou cinq heures. Quand il fe mêloit avec $ ou 600 cerfs, ils le {éparoient , le maintenoient parmi tout ce change jufqu'à ce qu'ils leuflent porté par *erre. | 7. Aucun auteur n’a écrit avec tant de détail pour fot- mer de bons veneurs & drefler les meutes, que M. ‘de Ligniville: ce qu’il en dit eft très-inftruétif. Pour faire une bonne meute , 1l obfervoit de n’4- ‘voir que 50 à 60 chiens, tous du même pié. Quand il avoit un chien qui étoit trop vite, qui avoit tou- jours la têre bien loin devant les autres, il lui faifoit mettre un collier avec trois plates longes trainantes, ‘fur lefquelles le chien en courant mettoit les piés de derriere; à1l lui faifoit baïfler le col, & arrétoit fa grande vitefle, & le faifoit aller du même pié que Yes autres. Il y en a eua qui l’on à mis des colliers de plomb detrois à quatre livres ; mais cela fatigue trop ‘un chién (j'adopterois plutôtla plate longe). Quand un chien coupoit par ambition pour être à la tête, 1l me le gardoït pas dans fa meute; il vouloit que fes ‘chiens chaffaflent toujours enfemble : pour peu qu'il “remarquât qu'ils fffentune file, ilfafoitarréterlatète, & attendoit les autres jufqu’au dernier, céla arrive ouvent dans la chafle, comme quand le maître étoit éloigné, ouâattendreunrclais qui avançoit.il vouloit que fes veñeurs fuflent toujours collés aux chiens,fans les preffer ; qüand les chiens étoientäboutde voieàun “retour , ils remarquaffent s’il n’y en avoit pas quel- qu'un qui trouvât le retour plutôt que le pros de la “meute, & qui s’en allât ; pour lors il envoyoit lar- rêter jufqu'à ce que tous fuffent ralliés. Il y a des chiens qui fentent la voie double, qui ne fe donnent -pas la peine d’aller jufqu’au bout du retour, quiabre- gent par ce moyen, & s’en vont feuls. Mais pour faire de belles chaffes 11 faut que tous les chiens foient ‘enfemble, ils en chaîlent bien mueux &r à plus grand bruit; & jamais ne chaffeñt fi bien quand ls fentent la voie foulée par d’autres qui font de- ‘vanteux, cela les décourage. Le veneur étant bien “à fes chiens, remarqüe quand le cerf eft accompa- ‘gné, les boñs chièns balancent, les timides demeu- rent ; c'eft pour lors qu'il doit les laiffer faire, fans trop les échauffer, ni intimider, jufqu’à ce que le cerf foit féparé du change, ce qu'il remarquera à fes bons chiens qui renouvellent de gaieté, &c crient “bien mieux. | Si le cerf étant accompagné, poule le change &z ‘fait un retour, les chiens qui ne font point encore fages percent en avant, & emmenent les autres ; mais le veneur attentif au mouvement de fes chiens, ‘obfervera que les bons chiens tâtent les branches, ‘piflent contre, fi on ne les anime pas trop, croyant que le cérf perce; vous les verrez reveñir chercher a voie de leur cerf, Pour Lors il faut envoyer rom- pre les chiens qui s’en vont en avant après le chan- ge. Pendant ce tems vous retournez dans vos voies quite, jufqu’à ce qu'avec vos bons chiens vous ayez trouvéla voie, ouayez relancé. Quand vos chiens #ont bien jufte dans le droit, vous les arrêtez pour attendre qu'on vous rallie ceux qui ont tourné au change; & quand tout eft bien rallié, vous, laiffez chafler vos chiens bien enfemble ; on les appuie; on ‘parle auxbons; on fonne : cela fait la chaffe belle, &c accoutumeles chiens à chaffer enfemble, les rend obéiffans , les fait fages., & les drefle. Les vieux &c les bons apprennent aux jeunes, à bout de voie, à retourner dans les chemins, routes ou plaines; à À VEN 2 mettre le nez à terre pour être jufte à la voie. Je dis que Les vieux apprennent aux jeunes, c’eft quand la meute eft à bout de voie: les vieux retournent la chercher dans les chemins, mettent le nez à terre & crient, les jeunes vont à eux; apprennent que quand on eft à bout de vore il faut retourner pour la retrouver, l'ayant vu faire aux bons chiens, & dans les routes ou chemins qu’un cerf aura longé, les vieux s’en rabattent, chaflent & crient, les jeunes mettent auf le nez à terte, & S’accoutument à chaf- {er dans tous les endroits, & fe forment ainfi. Il faut une diftance convenable pout parler & ap- puyer les chiens, les tenir en obéiflance, les faire chafler enfemble; ne jamais attendre qu'ils foient trop éloignés ; il les faut tenir dans la juftefle de vé- rerie ; ne les pas trop prefler ; les appuyer à côté de la voie. Siles veneurs vont dans la voie du cerf, ils courent rifque de pafler fur le corps des derniers chiens, de les rouler &c de les eftropier ( ce que j’as vu arriver.) ; & les chiens qui viennent derriere dans la voie, ne chaflent plusavèc le même plaifr, fentant la voie foulée par les cavaliers. : Il faut obferver que quand on découple la meute dans la voie du cerf, il y faut être bien jufte; car au-deflus ou au-déflous, les chiens s’en vont de fou- gue, fans voie, & attaquent tout ce qui leur part, & l’on a de la peine à les y remettre. Cela fait le com- mencement d’une vilane chafle, les veneurs ne fe doivent mettre à la queue de leurs chiens qu'après que le dernier fera-découplé. Ligniville dit qu’il a été plus de dix ans à avoir peu. de plaifir à la chaîle, pour trop mettre de Jeunes clnens dans fa meute, & qu'il s’eñ revenoit fouvent fans rien prendre. Le tems, l'expérience & Texer- cice lui ont deffillé les yeux; depuis il n’en a mis que ce que la nécefité exige, & lefquels ont été mieux dreftés &c ajuftés à ceux du petit nombre: la quantité nuit beaucoup. | Il en mettoit tous les ans la fixieme partie de fa meute ; dans une meute compofée de 60 chiens, ‘en meftoit 10 delamêmetaille, même race & même vitefle. | Il dit encore que pour forcer un cerf il falloir fcien- ce de veneur & force de chiens ; qu’il ne faut pas laifler fouftraire fa meute en donnant par trop fes chiens, fous efpérance d’avoir force jeunefle à mettre au chenil; ne jamais fe défaire de la tête de la meute, ni des chiens de confiance : il faut peu de chofe pour mettre une meute en défordre. // faut l’âge, la vie, de foin 6 le travail d'un vrai bon veneur pour la rendre excellente. Il ajoute qu'il faut exercer les chiens deux ou trois foïs la femaine; que ceux qui ont befoin de repos doivent être à la difcrétion du veneur; combien de jours de‘repos il leur faut pour être en corps ratfon- nable, pour avoir force, haleine & fentiment dans les chaleurs. S’ils font par trop défaits , 1ls n’ont pas aflez de force; s'ils font trop pleins, ils manquent d’haleine & de fentiment. por Dis lices ouvertes pour en tirer race. Si vous voulez avoir de beaux chiens, dit Fouilloux, ch. vij. ayez une bonne lice qui foit de bonne race, forte & pro- portionnée de fes membres , ayant les côtés & les flancs grands & larges. Pour la faire venir en cha- leur ; prenez deux têtes d’aulx, un demi rognon du dehors d’un caftor, avec du jus de creflon alénoïs, une douzaine de mouches cantharides ; faites bouil- lir le tout enfemble dans un pot tenant une pinte, avec de la chair de mouton, & faites-en boire deux ou trois fois en potage à la lice , elle deviendra en peu de tems en chaleur, & faites-en autant au chien pour le réchauffer ; il faut tâcher de la faire couvrir s’il eft poffible, dans le pleins cours de la lune Le même auteur prétend, que f l’on donne pendant neuf #4 Ps. 2770 = VEN jouts à une lice qui n’a point encore porté , neuf grains de poivre dans du fromage , elle ne deviendra point en chaleur. Dans toutes les portées , il y aura des chiens qui refembleront à celui par lequel la li- ce aura été couverte la premiere fois ; fi c’eit un mâ- tin , levrier, baflet, &c. toutes les portées en tien- dront un peu. Il faut obferver de donner à la lice un jeune chien , plutôt qu’un vieux; les jeunes chiens en feront bien plus légers & plus vigoureux. Il ne faut pas baigner les lices dans le tems de leur cha- leur , cela leur eft contraire, leur glace le fang , leur donne des rhumatifmes, des tranchées &c autres ma- ladies. Quand les lices font pleines, il ne faut pas les mener à la chafle , mais les laffer en liberté dans une cour; quand elles ont conçu, elles font ennuyées, dégoutées ; 1l leur faut faire du potage, au-moins une fois le jour. EH ne faut pas faire couper une lice quand elle eft en chaleur, elle feroit en danger de mourir , & autant qu'il eft poflible , qu’elle n'ait point rapporté quand on la coupe: en le faifant, il faut prendre varde de couper les racines. Quinze jours après fa chaleur , elle eft bonne à couper, quand même elle auroit été couverte, mais le plus fage eft qu'elle ne l'ait point été. Onne doittenir, feion Salnove, ch. xy. dans une meute de cinquante à foixante chiens, que cinq ou fix lices ouvertes, que lon appelle portieres ; on ne doit s’en fervir que pour porter des chiens. Elles doivent être choifies hautes, longues & larges de coffre, qu’elles foient de bonne & ancienne race, & de vrais chiens cou- rans fans aucun défaut. Pour en être plus afluré , 1l faut que celui qui a le gouvernement des chiens tien- ne un état généalogique de tous ceux qui font dans la meute, afin de mieux connoître les races; favoir fi dans les portées d’où elles font , il n’y en a point qui tombent du haut-mal, ou qui foient fujets à la gout- te, querelieurs, pillars, méchans, obftinés à la chaf fe, &c. & ne tirer race que de ceux où l’on ne con- noiît aucun défaut. Avec ces précautions, on ne peut avoir que de beaux & de bons chiens. Pour faire de- venir la lice en chaleur, on peut lui donner deux ou trois fois une omelette avec de l'huile de noix, une demi douzaine d'œufs, &c de la mie-de-pain de fro- ment, à laquelle étant prefque cuite, on ajoutera - une douzaine de mouches cantharides ; & fi c’eft une lice qui n'ait jamais porté , on ne la provoque- ra point par ce moyen à la chaleur, qu’elle n’ait qua- torze à quinze mois, âge où elle peut porter de beaux chiens & les nourrir. Néanmoins fi elle devient plu- tôt en chaleur d’inchination d’un mois ou deux, vous ne laïflerez pas de la faire couvrir, & non pas de- vant qu’elle ait paflé fa plus grande chaleur; vous la tiendrez enfermée pour empêcher qu’elle ne foit couverte par d’autres chiens , que par celui que vous lui deftinez. Salnove eft à cet égard du fentiment de Fouilloux; il a remarqué que toutes les portées jufqu’à la troi- fieme, tiennent de la premiere. Si vous avez la cu- riofité de conferver les couleurs de poils dans votre meute , il faut tenir la lice dans un endroit où elle ne voie que des chiens de la couleur que vous de- mandez. [] faut que fa plus grande chaleur foit pai- : fée pour la faire couvrir, afin qu’elle retienne mieux; vous devez choïfir lun de vos meilleurs chiens, l’un des plus beaux, des mieux faits, des plus vigoureux, criant bien & de bonne race. Si c’eft une lice qui n'ait jamais porté, 1l la faudra tenir avec un couple dont vous lui aurez bridé la gueule, pour l'empêcher : de vous mordre vous & le chien , autrement elle au- roit de la peine à fouffrir celui-ci. S1 l’un d’eux étoit ou plus petit, ou plus grand , il le faudroit foulager au befoin , en choïfiffant un lieu ou plus haut ou plus bas. Mais fi c’eft une lice qui ait déja porte, 1l fuf- ira que vous la faffiez enfermer avec le chien, fai- VEN 929 fant obferver par la fente de la porte où par une fe- nêtre , pour être afuré qu’elle eft couverte, &il faut qu’eile le {oit jufqu’à deux fois ; vous la tien- drez enfuite enfermée comme auparavant , jufqu’à ce qu’elle {oit tout -à- fait refroidie ; vous jugerez qu’elle le fera, quand vous lui verrez le bouronen- tiérement retiré comme avant fa chaleur ; cela étant vous la remettrez avec les autres dans le chenil & la pourrez faire chafler , jufqu’à ce que fes mamelles groffiflent & s’avalent ; mais avant cela , VOUS con- noîtrez qu’elle eft pleine par la dureté du bout de la . mamelle ; c’en eft aufi une marque certaine fi elle bat les chiens, & qu’elle ne puifle les fouffiir, Lorf qu’elle fera avalée, vous la fortirez du chenil pour la meitre en liberté. Il la faut bien nourrir de po- tage & de lait, quand il en fera befoin lui donner du pain de froment , & non de feigle qui relâche ; f& elle eft dégoutée, donnez-lui du lait récemment tiré, Sainove , ch. xv. | Voici ce que Charles IX, dit fur le même fujer. Il faut être curieux de choïfir une lice qui foit grande de corps, qui ait le coffre large, le jatret droit , le poil court & gros, fans être gras, qu’elle foit har- pée, & ait l'échine large. Ii faut que le chien qui doit la couvrir foit fembiable , d'autant que les petits tiendront toujours du pere & de la mere; il faut auf qu'ils ayent le nez bon & foient vites. Après avoir choïf chiens & lices de pareille beauté & bon- té, ai faut les accoupler enfemble. Pour faire entrer une lice en chaleur , afin d’en avoir plus promptement de la race, il faut la mettre z tenir avec des lices en chaleur , l’enfermer dans un tonneau qui {oit barré afin qu’elle n’en puiffe {or tir ; 1l faut au-travers des bärreaux lui montrer de petits chiens , Les lu faire fentir ; f malgré tout cela elle ne devient point en chaleur, 1l faut faire cou vrir d’autres lices devant elle, & alors elle ne tarde- ra pas à être en chaleur. Quand elle y lera , il faut attendre qu'elle commence à fe refroidir pour la fais re couvrir, car dans fa grande chaleur, elle netiens droit pas; il ne la faut faire couvrir que deux fois, & depuis qu’elle eft couverte il la faut laifler en H- berté, car la nature lui a bien donné le jugement , que poursconlerver ce qu’elle a créé dedans fon corps, elle {e garde foigneufement ;, vous diriez qu’elle eft gouvernée par quelque raifon ; jamais elle ne s’alonge & s’efiorce de peur de fe bleffer; f elle eft obligée de-pafler par quelque endroit étroit & mal aifé, elle fe ménage &t fe conferve fort curieu- fement. Pour la nourriture , # on lui donne fon faoul à manger, elle ne fe portera pas bien; le bon trai- tement l’engraifleroit de forte qu’elle ne pourroit aifement faire {es petits, elle les rendroït morts où en mauvais état ; au contraire , il n’y a point de danger dela tenir un peu maigre. Il ne faut pas lux donner de potage falé ni de viande crue, car cela la feroitavorter ; c’eft pourquoi on ne donne jamais la curée aux lices pleines ; on reconnoît qu’une lice left, quand les mammelles fe nouent, le coffre s’e- largit, & que le ventre s’abaifle ; cela ne s’apperçoit que quinze Jours après qu’elle a été couverte. M. de Lipniville s'étend peu fur cet arricle: voici ce qu’il en dit. Il demande que la lice ait le rable fort gros, la chair dure &t les côtés ouverts, fans avoir le ventre avalé, les flancs larges qui provien- nent des côtés ouverts, comme lévriers & tous chiens harpés qui en font plus vites 8cont plus de force & de reins que les autres. M faut que-le chien .& la lice aient quatre qualités pour en tirer race, Ces qualités font, un. {entiment exquis, la voix, belle, de la vitefle , & beaucoup de force. noi M. de la Briffardiere ne dit rien de plus. Les = ces portent foixante- trois à quatre jours plus ou moins, &-font jufqu’à douze petits ; ce qui n’eit pas 930: AR: E à fouhaitet,, car dans cette grande quantité ils ne font jamais fi beaux, fi grands, fi bien formes , que quand il y en a la moitié de moins. : L'on obferve aujourd’hui une partie de ce qui ef dit ci-deflus, pour le choix & les qualités du chien & de lalice. On laïfle à la nature le foin de mèttre cette derniere en chaleur : fitôt quelle À eft, & que les chiens vont après , on la fépare ; & au bout de 12 jours, on lui donne le chien deftiné pour la couvrir; le furlendemain on la fait couvrir par le même chien une feconde fois. ( Il y a bien des meu- tes où on ne les fait couvrir qu'une fois, (ie elles re- tiennent de même.) On laïfle toujours un Jour entre les deux couvertures; on laïfle auffi repoler Le chien une chafle après qu'il a couvert la lice. Quand cel- le-ci paroît pleine, on l'envoie au chenil deftiné pour cela. On obferve auf de ne point faire cou- vrir une jeune lice à fa premiere chaleur ; on attend à la feconde; elle eft alors bien plus formée, &c mieux en état de porter; &cles chiens qui en for- tiront feront bien plus beaux &c plus visoureux, Il arrive auffi qu'une lice qui devient en chaleur à un an ou quinze mois, fi elle eft couverte & qu'elle ait une portée, cela leffile, la rend foible & délicate pour toujours. Ilne faut pas faire couvrir les lices par de vieux chiens; pañlés fix ans ils ny {ont plus propres. On doit choïfir le chien bien fan, fur-tout qu'il ne tombe point du haut mal; ne pas lui faire couvrir trop jeune de lice; Re ans il eft dans fa force; avant ce temps, cela Pefleroit. I faut laifler pafler une chaleur après que la lice aura mis bas, avant de la faire recouvrir, afin qu’elle ait le tems de fe rétabhr. | Phoœbus dit que les lices viennent en chaleur deux fois l'an, qu’elles n’y viennent qe quand elles ont au-moins un an; que leur chaleur dure vingeun jours, quelquefois vingt-fix; que fron les baigne dans une riviere, elles feroñt moïns de tem;en chaleur; ce qui, comme le remarque Fowloux, leur eft tres- contraire ; qu’elles portent neuffemaines ; 6e: Une lice coupée chafle toujours , & dure autant que deux lices ouvertes dont on tire des portées. Si l’on veut faire couler une lice ,1l faut la faire jeuner un-jour, & lui donner, mêlé avec de la graïfle, le lait de tithymale ; touresfois cela eft péril- leux , fi les chiens font formés, Le fuc de fabine dans du lait donné le matin à jeun à la lice, pendant deux ou trois jours de fuite, fait le même effet. On les fait couler auffñi en leur donnant Le matin du plomb à lievre dans un verre d'huile. | 2 Si l’on ne veut pas qu'une chienne nourrifle, on peut lui faire perdre le lait avec de l'eau de forge, dans laquelle les maréchaux éteignent le fer rouge & leurs outils, en lui frottant matin &c foir.le bout des mamelles avec cette eau pendant huit jours. Pen ai fait plufieurs fois l'experience. Du foin qu'on doit avoir des lices lorfqu’elles font leurs chiens | € quand elles les rourriflent, & des joins que demandent les petits. Quand on s'apperçoit (Char- les IX. ch. x.) que la Hce veut mettre bas, il faut que ceux qui en ont foin, {otent attentifs à ce que “des petits fortent les uns après les autres fans ie ter- rer; jufqu’à ce que le dernier doit forti. Orquand la lice eft délivrée, il fautlu1 changer fa nourriture, lui en donner plus qu'auparavant & de meilleure , corn- ‘me potages, viandes, & autres chofes: qui la peu- vent éngraitler & retablir. Sielle a plus de chiens qu’elle n’en peut nourrir , il faut ne lien laïier que -trois, 8&z donner les autres'à d’autres chiennes qui aient des petits du même âge, fur-tout des levrettes, fi l’on peut en avoir; elles font meilleures pour cela que lesautres, pour deux raïfons; 1°: à caule de leur grandeur & force, ce qui fait qu’elles ont plus de ait que les chiennes plus petites, & plus d'étendue : VEN de forte que les petits font plus à leur aïfe, 2°, c’eft que les chiens qui en font nourris retiennent la vi- telle du levrier. Pour fire que lefdites levrettes ou autres chiennes, à qui Pon veut faire nourrir d’au- tres petits, ne faflent difficulté de les recevoir au lieu des leurs il en fauttuer un & frotter de fon fans ceux que vous mettez fous cette noufrice; en les voyant ainfi couverts du fang du leur, elle les lé- chera , èc les prendra comme f elle en étoit la vraie mere, (Aujourd’hui on n’eft plus dans cetufage. On mêle avec les petits de la matine les étrangers qu’on veut qu'elle nourrifle ; on refte auprès, on Les remue enfemble, afin qu'ils prennent l'odeur des fiens qu’on lu Ôte à mefure qu’elle s’accoutume avec les autres fans leur faire du mal.) {l y a des lices qui à force de lécher leurs petits, les mangent; & fi on le craint, il faut les emmufeler quand on les quitte, juiqu’à ce qu'on revienne auprès d’elles pour les faire manger, Ce danger n’eft plus à craindre au bout de neufjours, On doit laifler teter les petits pendant deux mois, Le lieu où l’on tient la lice tant qu'elle a fes petits, doit Être chaud, fans feu ; fi on peut les mettre au bout d'une écurie ou étable à vache, ils y feront bien fur-tout en hiver; mais il ut leur faire faire une féparation avec des clayes, de peur que les animaux n’en approchent & ne les écra- fent. Cette chaleur eft douce & tempérée. Les lices qui mettent bas au mois de Janvier, ont communément des chiens plus beaux que les autres, parce que tandis qu'il fait froid , ils demeurent tou- : Jours ious la mere qui les en garantit; vient enfuite Je printems, &c. Les petits chiens , dit Phœæbus, naiflent aveugles , & ne voient clair qu’au bout de neufjours ; ils com- mencent à manger au bout d’un mois; il faut ne les retirer de deffous leurs meres, qu’au bout de deux ; leur donner du lait de chevre ou de vache avec de la mie de pain matin & {oir; pour le foit, on peut leur donner, à caufe que la nuit eft froide , dela mie de pain trempé avec du bon bouillon gras, & les nourrir an jufqu'à ce qu'ils aient fix mois; alors leurs dents de lait étant tombées, on peut leut ap- prendre à manger du pam fec avec de l’eau peu à peu, car les chiens nourris de graïffe &c de foupe de- puis les fix premiers mois, font de mauvaife garde, & n'ont pas aufli bonne haleine que quand ils vivent de pain à d’eau. Îl'y x, au rapport de Fouilloux, Ch. vi. des fai- fons où les petits chiens font difficiles à élever. Or- dinairement ils font fans force & fans vigueur, quand ils naïfient fur la fin d'Oétobre , à caute de Phyver qui commence à regner, & parce qu’alors les laita- ges dont on les nourrit n’ont pas une bonne qualité. Une autre mauvaife faon eft en Juillet & Août, à caufe des grandes chaleurs, des mouches & des pu- ces qui les tourméntent. La vraie {aifon eft en Mars, Avril & Mai, que le tems efttempéré, que les cha- leurs ne font pas fortes, &c que c’eft le tems'que la nature a marqué principalement pour la naïffance des animaux fauvages, ainfi que des vaches, des chevres, des moutons, &c. Si une lice met bas en hyver, il faut prendre un muid ou une pipe bien {e- che , la défoncer par un bout, puis mettre de la paill dedans ; coucher le muid ou pipe en quelque lieu où l’on faffe ordinairement bon feu, & mettre le bout défoncé du côté de la chemihée, afin qu'ils aient la chaleur du feu. Il faut que la mere foit bien nourrie de bons potages de viande de bœuf & de Mouton, péndant-qw’elle allaite. Quand les petits commenceront à manger, 1l faut Les accoutumer aù potagé qu'on ne falera point, mais dans lequel on “mettra beaucoup de fauge & d’autres berbes chau- dés; & fi l’on voyoit que le poil leur tombât, 1faue droit Les frotter d'huile de noix © de miel mêlés enfemble, en les tenant proprement dans {eur tons neau, & changeant leur paille tous les jours, Quand ils comsmenceront à marcher, al faut avoir un gros. filet laflé à maiiles de prefle, & attaché avec uncer- ele an bout.du tonneau, pour les empêcher de for tir, de peur qu'on ne leur marche dur Le corps , 6e Îeur donner à manger fonvent &c aflez dans leur tonneau, Ceux qui naïlent en été, doivent être mis en lieu frais où les autres chiens n’aillent pas; on! | doit mettre fous eux quelques clayes ou ais avec de fa paille par-deflus qu'il faut changer fouvent , de: crainte que la fraicheur de la terre ne leur fafle du. mal. 11 faut les. placer dans.un endroit obfcut pour qu'ils ne foient pas tourmentés.des mouches; on. dit auff les frotter deux fois la femaine au noins: avec un mélange d'huile. de noix & de faffran en poudre, ce qui fait mourir toutes fortes de-vers, PER la peau & les nerfs des chiens, &r empêche, que les mouches, puces & punaifes ne lestourmen+, | ent. On peut auf frotter la lice de même, en y ne porte des puces à fes petits : quand ceux-ci au ront trois fémaines , il leur faut -Ôter un nœud ou deux de la queue avec une. pelle rouge fur une plan- che, Quand ils commenceront à boire & à manger, il leur faut donner du bon lait pur tout chaud, foit. de vache, de chevre ou de brebis, On ne doit les mettre aux villages qu’à deux mois pour plufeurs raifons , dont la premiere eft que plus'ils tettent, plus ils tiennent de la complexion &t du naturel de. la mere; & ceux qui feront nourris par leur mere propre, feront toujours meilleurs. l’autre raifon eft que , f: vous les féparez avant deux mois , ils feront frileux, étant accoutumés à être échauffés par la. mere. * Les anciens ont prétendu qu’on connoïfloit les meilleurs chiens en les voyant tetter; que ceux qui tetrentle plus près du cœur font Les plus vigoureux, parce quele fang eff en cet endroit plus vit & plus délicat. D’autres ont dit lesreconnoître deffous la sor- ge, à un certain figne du poil, en forme de poireau; - lés bons en ont un nombre impair, les mauvais un nombre pair; il y en a qui ont regardé deux ergo- tures aux jambes de derriere, comme un mauvais figne , ue ou point comme une bonne marque. D’autres veulent que les chiens qui ont le'palais noir foient bons; que ceux qui l'ont rouge-{oient mauvais, & que s'ils ont les nafeaux ouverts, cela prouve qu'ils font de haut nez. Un auteur aflure que pour connoître les meilleurs chiens d'une portée , il faut les Ôter de deflous leur mere , & les éloigner de leur lit; &c que ceux qu’elle reprendra les premiers pour les y reporter, feront afüirement les meilleurs. Quoi qu’ilen foit,ceux qui ont les oreilles longues, lar- ges & épaifles,le poil de deflous le ventre gros & rude iont les meilleurs ; Fouilloux aflure lavoir éprouvé. : Quand les petits chiens auront été nourris deux. mois fous la mere , qu'on verra qu'ils mangeront bien , il les faut envoyer au village, en quelque lieu qui foit près des eaux, & loin des garennes. S'ils manquoient d’eau , quand ils viendroient en force, 1ls pourroient étre fujets à la rage, parce que leur ang feroit fec &T ardent ; 8e s'ils étoient près des 5a- rennes, 1ls pourroient fe rompre & s’éfiler après les lapins. On doit les noutriraux champs de laitage, de pain, & de toutes fortes de potages ; cette nourriture leur eft beaucoup meilleure que celle des boucheries, d'autant plus qu'ils ne font point énfermés, & qu'ils fortent quandiis veulent, qu'ils apprennent le train de la chafle, mangent de l'herbe à leur volonté, s’ac- coutument aufroid , à la pluie , en courant après les animaux privés nourris parmi eux. Au contraire , fi On les nourriloit aux boucheries, le fang & la chair djoutant du fuc de creflon fauvage, de peur qu’elle, VEN 921 les échauferoient tellement, que quand ils feroient grands dès.les deux ou trois premieres courfes qu’ils feroient à là pluie , ils fe morfondroient, devien- droient plutôt galeux , feroient fujets à la rage , & à courir après les animaux privés pour en manger le fang,, fans apprendre ni à quêter , ni À chafler en aucune maniere. . On doit retirer les petits chiens du village à dix mois, & les faire nourrir au chenil tous énfemble , afin qu'ils fe connoiflent &..s’entendent. Ily.a une grande différence entre une meute de chiens nourris enfemble & de mêmeäse., & une de chiens amafléss après que vous les aurez retirés au chenil, il leur faut pendre des billots de bois au col, pour leur appren- dre à aller aux:couples. Le pain qu’on leur donne, doit être untiers d’ors ÿe,, un fiers, de feigle, &un tiers de froment; ce mélange les entretient frais & gras, & les garantit de plufñenrs maladies. Le feigle feul les relâcheroir trop , Le froment feul les conftipéroit ; en hiver on leur donnera des carnages,, principalement à ceux qui font maigres & qui courent le cerf, maïs non à ceux qua courent le hevre. Les meilleures chairs & celles qui les remettroient le plutôt font celles de cheval, d'âne, de mulet. On peut mêler quelques fois un peu de fouffre dans leur potage pour les échauffer. Et Voici ce que dit à ce fujet Charles IX, c. iv. &xv, après que les petits chiens ont tetté deux mois, il les faut tiret de deffous la mere, & les mettre dans um endroit où 1ls foient bien nourris de pain de gruau, lait &r autres chofes femblables , fans qu'ils en aient faute ; on doit les laïfler en liberté dans la maifon d’un lâbouteur ; & afin qu'ils s’accoutument au chaud &c s’endurciflent les piés, 1l faut que le laboureur qui lés a en garde, les mene avec lui quand il va aux : champs : juiqu'à l’âge de fix mois ils ne penfent qu’à jouer; mais quand ils entrent au feptieme , on ne doit point les perdre de vue , de peur qu’ils ne chaf- fent les lapins, les lievres , & autres animaux fau: vages, ce qui ne peut leur fervir de rien; mais au- contraire 1Îs s’effilent, n'étant point encore aflez for nes. k ? Quand {e laboureur les a nourris jufqu'à huit mois, comme ilef} dit ci-deflus., il faut qu'il les change de façon de vivre, & qu'il leur-donne du pain tout fec, le meilleur qu'il peut trouver. Depuis cet âge juf- qu'au bout de l’an qu’ils doivent demeurer chez lui, il eft befoin qu'il leur attache des bâtons au col pout les apprendre à aller au couple, & qu'il les. mene parmu le monde & les animaux, afin qu’ils ne foient point hagards quand ils entrent au chenil. ,- Dès que les chiens ont un an accompli, il eft né- ceffaire de les tirer d'avec le laboureur, & s'il. y a quelque gentilhomme qui ait une meute de chiens pour lievres , on doit Les lui donner, & laifler pour quatre mois, car il n’y a rien qui leur fafle fitôt le . ñez bon que de chaffer avec de bons chiens ; ils ap- prennent à requêter, & d'autant que le fentiment d’un lievre n’eft fi grand que celui du cerf, & qu'il tufe plus fouvent, cela leur fait le fentiment meil- leur, plus délié & plus fubtil ; 1l faut que le gentil- homme les fafle chaffer avec fa meute deux fois la femaine, qu’il les tienne fujets & obéiflans, & pour ce faire, qu'il ait quelques valets de chiens à pié avec la gaule, qui les faflent tirer où ils entendent fon- ner. Il faut auffi ne jamais fonner à faute, c’eft-à- dire, que la bête ne foit paflée , ou que ce ne foit pour faire curée, car cela leur feroit perdre toute créance. Tandis que le chien eft chez le gentilhomme , on doit le nourrir de pain fec, & le bien traiter de la main, Ce qui lui profte autant que toute autre nour- riture : l’endroit où on le-tient:doit être fouvent re- #32 VEN nouvellé depaille fraiche, &tenu proprement. Après qu'il aura demeuré quatre mois chez le gentilhom- me, 1l l’en faut tirer & le mettre au chenil. Iln’ap- partient à nul de nommer cher! le lieu où.lon met les chiens, qu'à celui qui.a meute royale de chiens, qui peut prendre le cerf en tout tems fans autre aide que de fes chiens. - Salnove, ch, æyj. dit à-peu-près la même chofe fur les lices 8 les jeunes chiens ; feulementil ajoute qu'il faut mettre peu de paille les deux ou trois premiers jours après la délivrance dela lice, de peur que le trop ne fit étouffer les petits, & qu’on doit les chan- ger tous les jours de paille pour les garantir des pu- ces & de la galle; que s’ils en étoient atteints, 1l fau- droit les frotter d’huile de noix 8e de lait chaud. Quand la lice eft'en travail , on doit lui donner du potage, du lait, & même des œufs frais ; s’il étoit long , ‘ln faire avaler feulement les jaunes , retirer le premier chien de deffous elle, & ainf des autres , de crainte qu’elle ne les étouffe pendant fon travail. Pour la pre- miere portée , 1] faut demeurer près de la lice deux ou trois jours, afin d'empêcher qu’elle ne tue fes pe- tits par imprudence ou par malice, où qu’elle ne les mange; car fi elle prenoit cette mauvaife habitude, il feroit enfuite mal-aifé de l’en empêcher ; fi cela arrivoit, 1l faudroit la faire couper pour s’en fervir à la chafe. Pour les petits que vous mettez fous la matine, 1l faut obferver ce qui eft dit dans Charles IX. avoirun état bien en regle de la couverture , du nom du pere &c dela mere, du jour de leur naïffance, du nombre des mâles , & de celui des femelles , afin que la race s’en connoïfie à avenir , & aufli pour favoir quand il les faudra retirer de deflous la mere pour les fe- vrer, le tems qu'il les faudra faîre nourrir chez le la- boureur, quand il faudra les en retirer pour les met- tre au chenil; & quand on voudra en tirer race, vous en fachïez l’âge, ainfi que pour les fairé cou- Vrir à-propos, & qu'ils ne foient pour cela ni trop jeunes, m trop vieux, ce qui ne doit être qu'a deux ans pour les mâles , plutôt cela les affoibliroit ; & pañlé quatre ans ils feroient des chiens fans force &z fans vigueur; 1l faut donner aux petits chiens pendant cinq à fix jours du lait fortant du pis de la vache, on bien le faire chauffer , fin de leur empêcher les tran- chées qui ne manqueroient pas de venir fans cette précaunion, ce qui pourroit les faire maigrir. Lorf- que vos petits auront un mois, vous leur donnerez deux fois le jour du lait, ou une fois feulement, avec un peu de mie de pain; fi les meres en ont aflez d’ail- leurs pour les tenir en bor état: finon, vous les fe- vrerez à fix femaines , après quoi il faudra les tenir encore un mois au-moins chez vous, pour les ac- coutumer àämanger du potage de lait que vous leur donnerez, pour les rendre plus forts, avant que de les faire nourrir chez le laboureur. Eyérer ou énerver les chier:s. Pour faire cette opéra- ton , 1l faut un rafoir ou un biftouri bien tranchant, un poinçon fort aigu, ou une petite branche de bois en forme de foffet. On fait prendre le chien ou la chienne (car cette opération leur eft commune ) avec une couple, on lui ouvre la gueule, dans la- quelle on pafle un mouchoir qu’on tient des deux cô- tés pour la maintenir ouverte; on prend la langue avec la main qui doit être envelopée d’un mouchoir, pour que lalangue ne pliffe point pendant l’opération, on la renverfe pour voir & fentir un petit nerf long comme la moitié du petit doigt, & gros comme un ferret d’aiguillette , formé comme un ver , ayant les deux bouts pointus. C’eft ce corps qui pique le chien lorfqu’il eft ému parle fans qui bout dans fes veines lors de Paccèsdela rage, de-forte qul croit qu’il fera foulagé toutes les fois qu'ilappuyera cenerfou ver for- VEN tement cohtre quelque chofe en la mordant. Ce nerf groflit en proportion de l’âge & de l’accès de la ra- ge. Après avoir fait tirer la langue du chien, il la faut tendre le long de ce nerf feulément , pour y pañler par-deflous Le bout du poinçon , & l'ayant pris, vous l’enleverez en mêmetemsavec aflez defacilité ; pat- ce qu'il na aucune adhérence, après quoi vous laif: ferez aller le chien, qui fe guérira de fa falive. On fait cette opération à l’âge de trois où quatre mois ; elle prévient tout accident dans les meutes & les cheniis, puifque les chiensauxquels on l’a faite , s’ils | deviennent entagés, ne mordent jamais , & meurent de la rage, comme d’une autre maladie, cela peut aufli détourner le mal, où du-moins [e rendre plus facile à guerir. Sälnove, c. xvz. : Phoœbus faifoit évéter fes chiens courans. Gafton de Foix dit qu'il faut ôter un ver quele chien a fous la langue, lui donner après du pain avec dé la poudre de chélidoïne, mêlés dans de la vieille. graifle ; ajoutant que cela eft contre la rage quandun chien a été mordu. S'il y a plaie, il veut qu'on y applique de la feuille de rhue,, du fel, de la graifle de porc , le tout mêlé avec du miel. Claude Gaucher Damartinoy , aumônier de Charles IX. auteur d’un poëme intitulé, /es plailérs des champs, dans le chapi- tre de la chafle, dit qu'il faut faire éverer les chiens quand ils ont atteint quinze mois. Fouilloux fans rien dire de pofitif fur cela rapporte feulement que plu- fieurs ont prétendu que ce ver que les chiens ont {ous la langue eft la caufe qui les fait devenir enra- gés, ce qu'il me, quoiqu’on dife que le chien éverré eft moins fujet à cette maladie. Quoi qu'il en foit, ilne rejette, ni n’approuve cette opération. Nous avons vu ce que penfe Salnove à ce fujet. M: de la Briffardiere dans fon nouveau traité de yénerie , p. 371, à loccañon de la rage, dit que c’eft une fage _ précaution d’énerver Les chiens à qui il n’en arrive jamais aucun inconvénient. Elle eftfi utile , qu’on ne devroit jamais la négliger ; car jamais les chiens éner- vés ne courent , ni ne mofrdenht quand ils font enra- gés. On prétend même que les jeunes chiens en viennent mieux, & fe tiennent plus gras, Onne devroit donc jamaïs mettré des chiens dans des meutes, qu’ils n’euffent été auparavant éverrés. La meute du roi a été gouvernée par un veneur nom- mé /2 Quére , pendant quarante ans, & il n’eft arrivé pendant ce tems aucun accident de rage dans la meute de fa majefté, parce qu’il n’y entroit aucun chien qu'il ne fit éverrer. Depuis lui on a négligé cette opération ,auffi voilà cinq fois que les deux meutes du cerf de 8. M. ont été attaquées de larage. Je me fuis trouvé àun voya- ge de Saint-Leger en 1764, de fervice pour celui qui a la conduite de l'équipage. V’ai fait énerver toute la meute , qui étoit compofée de 82 chiens & r1 li- miers , avec l'approbation du commandant ; letems nous apprendra quel en fera le réfultat, &c autant qu'il y aura des chiens à qui on n’aura pas fait l’opé- ration, je la leur ferai faire , elle n’eft fuivie d’au- cun fâcheux accident; le chien énervé le matin, mange à l’ordinaire du pain le foir. On a toujours dit éverrer, quoique ce foit un nerf & non un ver que le chien a Le la langue. M. de la Briffardiere nomme lopération éxerver , & ce doit être fa vraie dénomi- nation. Après lopération, continue Salnove , vous met- trez vos chiens chez des laboureurs , qui feront en pays defroment & non de feigle, dont la nourriture ne vaut rien pour de jeunes chiens , parce qu’elle paile trop promptement, & ne nourrit pas affez, pour leur faire le rable large, &c toutes les autres par- ties à-proportion, comme 1l faut que les chiens cou= rans les aient pour être forts; 1l ne faut pas non plus qu'ils VEN qu'ils foient près des forêts ou des gärenries, en y chaflant ils s’éfileroient ou fe féroient prendre par des loups ; ou même par des pafläns. Il faut doncaue cette nourriture fe fafle où 1l y ait des pleines, prai- ries ou pâturages ; où l’on nourrifle des vaches , afin que le lait , qui eft la principale nourriture des chiens à cet âge, ne leur manque pas, On récompenfera le maître pout l’obliger à en nourrir d’autres avec le même foin. Salnove & Charles IX. recommandent, pour rendre les petits chiens plus beaux , de donner aux filles de quoi les rendre jolies, Mais furtout qu’on ne les fafle pas nourrir à des bouchers, cela les rend trop gras, trop foibles, trop pefans , & les accoutu- me tellement à la chair , que fi on ne leur en donne fouvent, ils deviennent maigres ; fans vigueur ; ne voulant pas la plüpart du tems manger du pain. . Leur nourriture doit être jufqu’à fept mois, felon le même auteur , de pain de froment mêlé avec du lait , & enfuite de Porge: L'eau & la paille frai- che ne doivent point leur manquer : à 10 ou 12 mois on les retire pour les mettre au chenil , les accoutu- mer avec les autres, & les rendre obéiffans. Salnove condamne les billots ; felon fui la meilleure & plus füre méthode c’eft, après avoir mis dans le chenil les jeunes chiens avec ceux qui font dreflés, de les me- ner à l’ébat avec eux deux fois Le jour; coupler un jeune chien avec un vieux, après avoir choifi les plus doux, les plus patiens , les moins querelleurs , afin qu'ils les fouffrent quelques jours fe mouvoir &c fauter autour d’eux fans les mordre; & qu'il y ait dés valets de chiens attentifs pour les déharder, les faire fuivre & marcher 'avecles vieux, en les careffant de tems-enitems, & lui démélant les jambes qui fe pren- nent dans Les couples ; on continuera ainfi fept à huit jours. C’eft le tems qu’il faut à un jeune chien pour aller au couple. Les valets des chiens de garde doi- vent être plus exaëts & plus attentifs au chenil quand on a mis de jeunes chiens ; jufqu’à ce qu'ils foient ac- coutümés avet les vieux, Tout ce que Salnove dit dans ce chapitre des jeu: neschiens mis au chenil eft en ufage aujourd’hui, Cet auteur blâme qu’on nomme , qu’on fonne au chenil. Fouilloux eft d’un fentiment contraire. Je crois qu'il eft néceflaire que les chiens connoïffent la trompe pour fe rallier , & pour y venir quand ils font égaréss Ufage qui fe pratique préfentement pour élever les jeu- nes chiens. ai rapporté le précis de touslesfentimens des auteurs qui ont écrit fur la chafle en françois, fur l’origine des chiens courans, leurs figures ; celles des liffes deftinées pour rapporter, leurs couvertures ; quand elles mettent bas, les foins qu’on doit en pren- dre, la quantité de petits qu’on doit leur laiffer pour lesnourrir, du tems qu’on doit les laifler fous leurs meres., ce que lon doit obferver pour les fevret, * pour les accoutumer à manger, le tems qu'il faut les mettre à la campagne chez les laboureurs , celui de les retirer & de les mettre au chenil , & les accoutu- mer à aller aux couples. Je vais donner l’ufage qui fe pratique aujourd’hui pour les meutes du roi, Sa majefté Louis XV. a fait conftruire un chenil à Verfailles pour les éleves des jeunes chiens ; la dif- tribution des logemens , chenils, cours, baflins, ne laifle rien à defrer pour toutes les commodités né- ceffaires, &t chaque âge des jeunes chiens qui n’ont nulle communication les uns avec les autres, Ce que je croirois à-propos,feroit d'y joindie une bafle-cour, & qu’il y eût des vaches & autres ani- maux pour plufieurs raifons. La premiere, c’eft que les petits chiens que l’on accoutume à prendre du lait au bout de fix femaines ou deux mois qu'ils ont tetté,l’auroient pur & tout chaud fortant du pis de la vache; on feroit für qu’il n’auroit point étébaptifé, Tome XVI, VEN 033 comime ef celiu de la plûpart des laitieres qui l’ap- pottent de la campagne, & qui mêlent celui du foir avec celui du matin. Une feconde raifon eft que dans l'écurie ou étable où feroient les animaux ; je ferois faire au bout une fépatation de claie , dans laquelle fépatationil y auroït des petits compañtimens de treil- lage pour y mettre les petits chiens de différens âges & leurs nourfrices ; cette chaleur douce & naturelle fe communiqueroit à eux, & pour l'hiver cela feroit un très-bon effet; ils ne maigriroïent nine dépéri- roient point comme ils font, la plüpärt dans les froids qui leur font très-contraires, rien n’étant plus frileux que les petits chiens, & on feroit à portée de leur difiribuer le lait avant qu’il eût le tems de fe reë froidir. Quand ils commenceroient à fe promener, jeleus ferois voir les animaux en rentrant & en fortant j afin de les enhardir à tout, & qu'ils ne fuflent ni hagats ni effrayés pour la moindre chofé, comme ils le font tous en fortant du chenil des éleves. Nourriture des jeunes chiens. Le pain qu’on eft dans lufage à-préfent de donner aux chiens du roi ;eft de farine d'orge ; je demanderois que pour celui qu'on donne aux petits chiens jufqu’à l’âge de fix mois , on fit bluter la farine d'orge avec moitié farine de ro: ment , afin qu'il n’y eüt ni {on ni paille dans le pain qu'on leur donneroit , pour qu'ils le mangeaflent mieux, qu'ils ne trouvañlent rien de rude ni piquant à leurs petites gueules & petits gofers, &e qu’ils euflent moins de crainte en mangeant; je leur ferois mettre de la mie de ce pain dans du lait foir & matin, &T pendant la journée toujours des petits morceaux de ce même pain dans quelque chofe de propre & où ils puffent atteindre pour en manger quand ils au= roient faim. Comme ces petits animaux ont l’eflomac chaud , & que leur digeffion fe fait promptement; ils ne fouffiroient pas la faim filong-tems, & quand on leur donneroit à manger leur pain trempédans du lait, 1ls le mangeroïient moins avidement ; & n’en prendroient pas à fe faire devenir le ventre comme des tambours:ce qui eff bien contraire à un chien courant. Salnove dit qu’on leur donnoit autrefois du pain de froment avec du lait jufqu’à fept mois. Je leur donneroïs donc ; commieil aété dit, le matin, du pain trempé dans le lait, dans la journée, du pain à ceux qui auroient faim , & le foir, fi l’on veut, au lieu de lait avec du pain, je leur donnerois de la mouée:; Cette mouée ; comme elle fe fait aujourd’hui , n°6 toit point en ufage autrefois : c’eft une très-bonne nourriture ; On la fait avec les iflues de bœuf , c’efté a-dite, piés, cœur, mou, foie, rate & pance bien lavés & bien nettoyés ; on les fait cuire on trempe du pain dans le bouillon, & la viande eff coupée par petits morceaux, qu'on mêle avec le paiñ trempé 4 ce qui fait un mélange trèsinourriflant, On prepor: tionne la quantité d’iflues de bœuf au nombre dé chiens qui doivent en manger ; pour vingt grands chiens il faut uneiflue ; ainfi on peut fe régler furla quantité de grands & de petits chiens; il faut li don ner à une chaleur modérée , c’eft-à-dire , qu’on ÿ puifle fouffrir Le doigt fans fe brûler , & Rire man: geraux petits chiens le foir: cela lesfoutiendrämieux que le lait êtle pain pour leurs nuits qui font fouvent, froides & longues. On doit continuer cette nourriture jufqu'à fix mois qu'il faut commencer à leur faire manger du pain tel qu’on le donne aux autres chiens de la meu: te , leur donner pendant quelque tems une fois dela mouée par jour , la leur diminuer peu-à-peu & les accoutumer à ne manger que du pain, afin que quand on les met dans le chenil avec les autres , ils y{oient faits , & n’y maigriflent point: Quand on leut feroit manger de tems-en-tems de la chaïr de cheval crue, fur-tout dans Fhiver, depuis fix mois jufqu’à un an, CCCece 934 LAS cela ne peut faire qu’ün bon effet; il faut dbferver, fi on leur donne dé cette viande, que l’animal ne foit mort que de malforcé, comme tours de reins, jambe caflée & autres accidens qui font tuer les chevaux fans être malades. Il y a des exemples à rapporter fur cela : la plà- part deschiens anglois ne font nourris que de chair de cheval; nousavons éu dans la meute duroïdes chiens d’unnommé Mai/oncelle, qui élevoit des jeuneschiens aux environs de Paris ; il ne les nourrifloit que de chair de cheval ; nous n'avons point eu de chiens françois plus vigoureux ; ils avoient 26 pouces ; &c étoient très-beaux. M. le duc de Gramont avoitun équipage avec lequel 1l chafloit le cerf ê&c le chevreuil; il ne faïfoit vivre fes chiens que de chevaux morts ; à la réforme de fon équipage onena mis énvironune douzaine dans la meute du roi, qui étoient très-bons êt vigoureux. | À un an on les doit mettre au chenil: c’eft l’âge pour les accoutumer avec les autres à aller aux cou- ples ; pour les y faire peu-à-peu , il faut d’abord les mettre avec des vieux chiens doux & fages, les ma- les avec leslices , & les lices avec des mâles, lesac- coutumer à manger le pain fec avec lesautres, à faire les curées , à apprendre leurs noms & l’obéiflance ; connoître les valets de chiens & la trompe. À quinze mois on fait chafler les lices ; &c à dix-huit les mâles : c’eft l'ufage qui eft obfervé dans la vénerie du roi, Quand on les mene à la chafle les premieres fois, ils vont couplés avec les autres aux brifées jun valet de chiens les prend à la harde, à laquelleil ne doit y en avoir que fix pour pouvoir Les menef plus aifé- ment; il fe promene pendant la chafle; s’il la voit paffer, il fe met fur la voie , afin de donner de lému- lation auxjeunes chiens en leur faifant voir pañler &c crier les autres, & tâcher de fe trouver à la mort d'un cerf pour les faire fouler ; à la feconde chañle , fi celui qui en eft chargé peut fe trouver à la fin d'un cerfquine doive pas durer long-tems, il peut les dé- coupler, après en avoir demandé [a permiflion à ceux qui peuvent la lui donner , &c à la mort du cerf les laïfler fouler ; & quand on dépouilleroit un peu du col , leur laiffer manger de la venaifon toute chaude : c’eft une petite curée qui doit.faire untrès-bon effet ; aux chafles fuivantes , on les peut découpler avec les autres, & avoir foin que les valets de chiens à pié les reprennent quand on les verra trainer derriere les autres ou dans les routes. Si lon veut courre un fecond cerf, il faut les faire recoupler & renvoyer au logis, &c obferver céla jufqu'à ce qu'ils ayent atteint toute leur force, qui eftà deux ans ; fans cela fi on les laiffe chaffer tout Le jour , & un fecond cerf, l'ambition des jeunes chiensétant de fuivre les autres, quand on donne un relais frais, 1ls ñe peuvent plus atteindre , ils s'efforcent , s’efilent, maigriflent , orit de la peine à prendre le deflus , & fouvent ne re- viennent point, périflent de maigreur, & ne peuvent plus prendre de force. Jeunes chiens dans La meute pour les mener à la chaffe. Quand on met une grande quantité de jeunes chiens dans la meute, & que l’âge exige de les faire chafler, onpeut en mettre deux à chaque relais de ceux qui ont déja été à la chafle & découplés jufqu’à ce qu'ils aient pris aflez d’haleine & de force pour fuivre les autres ; fur feize à vingt chiens qu'il y a ordinaire- mentà chaque relais, Les deux jeunes chiens ne peu- vent y faire aucun tort; les vieux les maitriferont toujours; fi la chafle prenoït un parti contraire au relais, & qu'on lenvoyât chercher, on fait dehar- der le relais, afin qu'ils aillent plus à leur aife deux- à-deux qu'à la harde; on les emmene au petit galop; le valet de chien à pié doit prendre les deux Jeunes qui avoient été mis au relais, les mener doucement, & les faire boire quand ils trouvent de Peau; s'ilre- VEN joint la chafle, & qu’elle äille bien, 1lles décou* plera, afin qu'ils chaffent avec les autres. Il feroït à-propos de les promener dans les forêts où l’on veut les faire chaffer, pour qu’ils apprennent à connoître les chemins, afin que quand 1ls fe trou- veroient égarés &c feuls , 11s reconnuffent les routes pour revenir au chenil, &t cela plüfieurs fôis avant de les découpler, & changer de promenade chaque fois, pour leur apprendre à connoîïtre tous Les can- tons de la forêt. di. Lä meute de S. M. Louis XV étoit compoiée de éeñt quarante chiens ; en 1764, le foi en a réduit le nombre à cent. L’on mene ordinairement cent ow quatre-Vinot-dix chiens à la chaffe partagés en quatre parties ; les chiens de meute qui font les plus jeunes & lesplus vigoureux font découplés lés premiers au nombre de 40 à 50 ; les trois autres relais font com- pof£s du refte. À mefure qu’un chien dé meute fe tait fage , il eft deftendu à la vieille meute ; ceux de la vieille meute qui baïffent un peu de vigueur & de vitefle , font mis à la feconde vieille meute ; & quand ceux-ci baiflent , ils font deftendus de même aux fix chiens, qui font lé tfoifieme & dernier relais ; les trois relais font ordinairement de dix-huit à vingt chiens chacun, menés par un valet de chiens à cheval, &c un à pié, qui ont à leur harde huit à dix chiers , & l’on n’en peut pas mener davantage ; (quand 1l n’y en auroit que huit à chaque harde, cela n’en feroit que mieux quand il faut avancer , & fur-tout au galop , ce qui arrive aflez fouvent ) en Les tenant , le grand nombre les gène beaucoup; ainf, il refte toujours environ quarante à cinquante chiens au chenil les jours de chafle ; ce font les liffes en chäleur ; celles qui font pleines , les malades , les maigres, les boiteux &e les fatigués de la dernieté chafle, cela fait que le nombre eft toujours à*peu-près égal à la chäffe ; pour cela on a réglé tous les relais fur a lifte au nombre de vingt-quatre ; pour que chaque relais fe trouve rempli du nombre ci-deflus ; quand même ils fe trouveroient tous en état, l’on n’en mene pas davantage à chaque relais pour la rai- {on déja dite. ie. Maladies & rofi des chiens en l’année 1763. En 1763 , lé nombre des chiens qu’on menoît à la chafle diminua bien par la maladie épidémique qui s’ett jettée fur les chiens dans toute l’Europe , & dont la plus grande partie font morts ; on a été réduit dans la grande meute du roi à ne mener à la chafle que quarante à cinquanté chiens au plus : cette maladie a commencé en Anpleterte ; eft venue en France, en Piémont ; en Itakie, en Allemagne , & dans pref- que toutes les provinces du royaume: Toutes les meutes du roi ; des princes, feisneurs & gentilshom- mes en ont été attaquées ; & la plüpart font morts ; les chiens de bafle-cour , de metümiers , bouchers ; bergers & de chambre n’en ont pas été exempts: Les'limiers de la grande & petite meute dü rot ; font prefque tous morts ; on a été obligé ; les jours de chaffe, d’aller chercher à voir ur cerf; les pis queurs & valets de lxtniers alloient à cheval pareou= rir dans les endroits où le roi voutoit courre , ils cherchoïérit à voir un cerf quelques momens avant Pheure d'attaquer , & eñ venoient faite Le rappoft ; on y alloit avec ce qu'il y avoit de chiens de meuté au nombre de dix à douze qui s’étoient découplés , &c autant à chacun des trois relais ; S. M2 étoit obli- oce de chaffer avec ce petit nombre, L'on n’a pas encore pi trouver de rernéde à ce malheureux mal ; on en effaie tous les jours de nou- veaux fans qu’on puifle trouver le véritable : la moi- tié des chiens des meutes du roi font morts de cette maladie, Les chaffes que l’on fait avec ce petit nombre de chiens font des plus belles ; en voilà plufieurs où * VEN tout le nombre des chiens menés: la cha fe trou vent à la mort du cerf, qui fe monte depuis qua-' des chafles plus, &c. rante jufqu'àfoixante chiens d’autres moins. | Le grand nombre de chiens ne fait pas faire de plus belles chafles , au contraire , quand on attaque plu- fleurs cerfsenfembleavec quarante cinquante chiens de meute, que cela fe fépare en quatre ou cinq par- tes , on cherche l’occafñon-d’en trouver un féparé leul pour y faire découpler la vieille meute , Mais cela n'empêche pas les autres chiens de chafer fé- parément ; On fait ce qu’on peut pour les rompre & les enlever ,ils en entendent d’autres, ils échappent êt y vont; plufeurs cerfs {e trouvent échaufés en- femble , les voies fe croifent , les chiens tournent au plus près d’eux ; fi ce n’eft pas le cerf à quoi ils ont fourné qu’on veut chaffer , On rompt les chiens, pendant ce tems quelques chiens forlongent le cerf, On remet les autres fur la voie qui eft foulée par ceux qu font en avant ; ils chaflent mollement , la plipart de l'équipage eft difperié , & cela fait faire de très-mauvailes chafles.. Je feroïs du fentiment de M. de Ligniville , de m'avoir à la chafle que foixante àfoixante & dix chiens ; vingt à vingt-deux de meute , & feize à chacun des trois relais ; quand les chiens de meute fe fépareroïent, le nombre. étant moindre, il {e- roit bien plus aifé de les arrêter & de les rallier À l voie du‘cerf qu'on veut chaffer, & de les accou- tumer à Pobéiflance , ce qui feroit faire toujours de bien plus belles chafes ; lés veneurs & les chiens fe: roient bien plus enfemble , & l’'amufement dümaître plus complet. Je fuivrois encore le confeil dé M. de Ligniville, de ne pas mettreun trop grand nombre de jeunes chiens à la fois dans la meute ; il n’en met- toit par an que la fixieme partie du nombre dont fa meute étoit compofée. IL dit Les inconvéniens du grand nombre ;1l faut faire réformer tous les chiens inutiles , comme les vieux qui ne peuvent plus tenir avec les autres, Ceux qui au bout de fix mois ne veulent point chafler, & ceux qui font lourds , épais &t mal faits ; je ne voudrois que des chiens qui chafaflent bien.enfemble , & autant qu'il feroit poffi- ble qui fuffent du même pié , criant bien ;.c’eftun bel ornement à la chaffe qu'un beau bruit de chiens. On pourroit garder fix ou huit chiens avec les vieux qui ne peuvent plus tenir comme les autres ; ceux qui font lourds , épais, pour en faire une harde qui ferviroit pour fouler l’enceinte où on feroit rap- port , &c faire partir le cerf, + Si lon mene le nombre de foixante-dix chiens à la chaîle , & comme il e& dit ci-deflus, qu'ilfaille encore trouver fx chiens de la meute pour fouler l'enceinte, il eft aifé d’en prendre le nombre fur les chiens de meute &c ceux de relais ; qu'il y en ait dix- huit ou vingt de meute pour découpler dans la voie du cerf que les vieux chiens auront lancé, il y en aura aflez pour foutenir jufqu’à la vieille meute , dans les deux bas relais ; quand 1l n’y en auroit que quatorze ; cela fait très-peu de différence ; c’eft celui qui a le détail de l'équipage qui doit arranger le plus ou le moins fuivant l’état de la meute de cha- que chafle ; mais dans les fécherefles , les refuites des cerfs dans des plaines &c terres labouréés , il fe trouvera quelquefois la moitié de la meute defollée: la chañle d’après ces chiens-là ne peuvent y aller, 1l faut quinze à vingt jours pour que la peau de deffous les piés {oit aflez revenue & ferme pour qu’on les puiffle mener à la chafle ; fi la chañle d’après 1l s’en trouve encore un certain nombre de deflolés : il en refte peu pour latroifiemée chafle; en cela on mene ce qu’on peut ; quand le nombre feroit réduit À quarante , cela n’empêcheroit pas de chafler : on Tome XFI, .” ds Dr à Î fleurs autres animaux carnafiers. VEN 55 | doit faire force ufage de reflraih@tif, dontilférà parlé aux remedes des maladies’ des chiens. Nous croirions faire un larcin À l'Encyclopédie f nous m'inférions dans cet arécle le précis des idées de M. de Buffon fur le chien ; le cerf, & la chafle : nous nous permettrons aufh de remarquer quelques | inadvertances qui ontéchappéà cet illuftre écrivain, Les chiennes produifent fix, fept, &'quelquefois | Jufqu'à douze petits ; elles portent neuf fémaines, Là vie des chiens eft bornée à quatorze ou quinze ans, quoiqu'on en ait gardé quelques-uns juiqu'à vingt. La durée de la vie eft dans le chien ; Comme dans les autres animaux, proportionnelle au terns de Paccroit. fement; il eft deux ans à croître il vit auf fept fois deux ans ; lon peut connoître fon âge pat les dents’, qui dans la jeunefle font blanches , tranthantes , &" pointues, & qui à mefure quil vieillit deviennent noires, moufles, & inévales; on le connoit auff par le poil, car il blanchir {ur le mufeau , fur le front, & autour des yeux. - Le chien, lorfqu'il vient de naître, n’eft pas en-” core entierement achevé. Les chiens nafffent- com munément les yeux fermés:; les deux päupieres ne font pas fimplement collées, mais adhérentes par une membrane qui fe déchire lorfque le mufcle de la paupiere fupérieure eft devenu aflez fort pour la relevér & vaincre cet obftacle, & Ja plüpart des chiens n’ont les yeux ouverts qu’au dixieme ou dou- zieme jour. Dans ce même tems les os du crâne ne font pas achevés , le corps eft bouff , le mufeau son: fé, & leur forme n’eft pas encore bien deflinée ; mais en moins d’un mois ils apprennent à fire ufäge de tous leurs fens, & prennent enfuite de la force _. & un prompt accroïflement. Au quatrieme mois ils perdent quelques-unes de leurs dents, qui, comme dans les autres animaux, font bien -tôt remplacées par d’autres qui ne tombent plus ; ils en ont en tout quarante- deux ; favoir fix incifives en haut & fx en bas, deux canines en haut & deux en bas , Quatorze machelieres en haut & douze en bas ; mais cela n’eft pas confiant, til fe trouve des chiens qui ont plus ou moins de dents machelieres. Dans ce premier âge les mâles comme les femelles s’accroupiflent pour pif fer , ce n’eft qu’à neuf ou dix mois que les mâles &’ quelques femelles commencent à lever la cuifle ) À c’eft dans ce même tems qu’ils commencent à être en état d’engendrer. Les chiens préfentent quelque chofe de remar- quable dans leur ftrudure ;ils n’ont point de clavi- cules, 82 ont un os dans la verge ; leur mâchoire eff armée d’une quarantaine de dents , dont quatre cani: nes font remarquables par leurs pointes & leur lon gueur, que l’on obferve de même dans le lion & plu: On reconnoit la jeuneffe des chiens à la blancheur de leurs dents, qui jauniflent & s’émouflent à mefure que l'animal vieillit, & {ur-tout à des poilsblanchâtres Qui com mencent à paroître {ur le mufeau :la durée ordinaire de la vie des chiens eft environ de quatorze ans; ce" pendant on a vi un barbet vivre jufqu'à lâge de dix fept ans, mais il étoit décrépit, fourd, prelque muéts- & aveugle. He Les mâles s’accouplent en tout tems; la chaleur des femelles dure environ quatorze jours: ellés ne fouffrentl’approche dumâleque vers fafindece tems; ê elles entrent en chaleur deux fois par an. Lemâle’ &t la femelle font liés 8 retenus dans lPaccouplement par un effet de leur conformation & par le gonfle-- ment des parties ; ils fe féparent d'eux-mêmes après un certain tems, maïs on ne peut les {éparer de force fans les blefler | fur-tout la femelle. Celle-ci à dix mamelles , elle porte cinq à fix peritsA-laifois >quel- quefois davantage ( on en a vû en avoir jufqu’à douze- & quatorze ); le rems de fa portée dure. deux mois’ | , ECCeccci 936 VEN &tdeux.oultroïs jours::on dit qu'elle coupe avec fes dents le cordon oumbilieal & qu’elle mange l'arriere- faix : le nouveau-né s'appelle peris chier. . Les yeux de ces petits animaux ne commencent à s'ouvrir qu’au bout de quelques jours. La mere leche fans cefle fes petits &avaleleur urine êt leurs excrémens pour qu'il n’y ait aucune odeur dans fon lit ; quand on li enleve fes petits ellewvales cher- cher &c les prend à fa gueule avec beaucoup de pré- caution ; on prétend qu’elle commence toujours par le meilleur , & qu’elle détermine ainf le choix des chaffeurs , qui le gardent préférablement aux autres, On ne peut réfléchir fans admuration fur la force digeftive de l’eftomac des chiens; les os y font ramol- lis & digérés, le fuc nourricier en eft extrait. Quoique l’effomac des chiens paroiïfle aflez s’accommoder de toutes fortes d’alimens, 1l eftrare de leur voirmanger des végétaux cruds; lorfqu'ils fe fentent malades ils broutent des feuilles desgramen, qui les font vomir êt les guériffent. Les crottes ou excrémens que ren- dent ces animaux font blanchâtres, fur-tout lorf qu'ils ont mangé des os; ces excrémens blancs font nommés par les Apothicaires magnefic animale ou album gracurr ; & la Médecine qui ne fe pique pas de fatisfaire le goût par fes préparations, fe Peft ap- proprié comme médicament: cependant on eft re- venu, à cequwil paroit, de Pufage de cette fubftance prife intérieurement pour la pleuréfie, on en fait tout-au-plus ufage à l'extérieur dans lefquinancie, comme contenant un fel ammoniacal nitreux. On prétend que ces excrémens font ft âcres qu’ils dé- truifent entieremeet les plantes,excepté la renouée, le polygonum, & le fophia des Chirurgiens, & que leur caufticité eft telle qu'aucun infede ne s’y atta- che. Tout le monde a remarqué que lorfqu'un chien veut fe repofer, 1l fait un tour ou deux en pivotant fur le même lieu. Les chiens ont mille autres petites allures diftinétes qui frappent trop les yeux de tout le monde pour que nous en parlions. L’attachement que quelques perfonnes ont pour cet animal va juf- qu’à la folie. Les Mahométans ont dans leurs prin- cipales villes des hôpitaux pour les chiens infirmes, &t Tournefort aflure qu’on leur laïffe des penfionsen mourant, & qu’on paye des gens pour exécuter les intentions du teftateur. Il arrive quelquefois aux chiens de rêver en dormant : ils remuent alors les jambes &c aboïent fourdement, Quelques auteurs prétendent que les chiens con- trattent les maladies des perfonnes avec qui on les fait coucher, &c que c'eft mêmeun excellent moyen de guérir les gouteux ; mais comme un homme qui prend la maladie d’un autrene le foulage pas pour cela, il y a toute apparence qu’un malade ne peut recevoir de foulagement d’un chien qu’on lui appli- que , que dans le cas où la chaleur de l'animal atta- queroit la maladie, en ouvrant les pores , en facili- tant la tranfpiration, & en donnant iffue à la matie- re morbifique. Quoi qu'il enfoit, comme les chiens, en léchant les plaies qu'ils ontreçues, les détergent ten hâtent la confolidation, on a vu des perfonnes guéries avec fuccès, de plaies & d’ulceres invétérés, en les faifant lécher par des chiens. C étoit la mé- thode de guérir d’unhomme que l'on a vu fong-tems à Paris, &t. que l’on nommoiït /e médecin de Chaudrai , du lieu où il faifoit fon féjour. Rage. De tous les animaux que nous connoïffons, les chiens font les plus fujets à la rage où hydropho- bie, maladie caufée à ces animaux par la difette de boire &c de manger pendant plufeurs jours , ou quel- quefois par la mauvaife qualité de matieres corrom- pues dont ils fe nourriffent affez fouvent ({uivant M. Mead , médecin anglois), ou encore par le défaut d'une abondante tranfpiration, après avoir lons-tems couru. Cette maladie terrible rend le chien furieux 5 il s'élance indifféremment fur les hor mes & fur les ammaux, 1l les mord, & fa morfure leur caufe la’ même maladie , fi on n’y porte un prompt remede. Cette maladie gagne d’abord les parties du corps les plus humides, telle que la bouche , la gorge , le tomac; elle y cauf: une ardeur, un déffechement, &t une irritation f grande, que le malade tombe dans une-aliénation de raifon, dans des convulfions, dans une horreur & une appréhenfon terrible de tout ce qui eft liquide : auffi ne faut-il pas s'étonner files animaux , anfi que les hommes, dans cet état de fureur , ont une averfion infoutenable pour l’eau. Cet effet, ainfi qu'on Papprend des malades , dé- pend de l'impoñlibihté où ils font d’avaler les liqui- des : car toutes les fois qu'ils font effort pour lé faire, il leur monte alors , à ce qui leur femble , quelque chofe fubitement dans la gorge qui s’oppofe à la def- cente du fluide. Les fimptômes de cette maladie font des plus terribles , 8 malheureufement les remedes connus ne font pas toujours des effets certains. On emploie le plus communément les bains froids & les immerfions dans la mer , quelquefois fans fuccès : on a imaginé aufh de faire ufage de lapommade mer- curielle qui , à ce qu'il paroït, n’eft pas non plustou- jours infaillible. Comme cette maladie paroit être vraiment fpafmodique, on y a employé avec fuc- cès les calmans , tels que lopium &c les antifpafmodi- ques ; ainfi. qu'onle voit dans la differtation du doc- teur Nugent , médecin à Bath. Lemery confeille en pareil cas, l’ufage fréquent des fels:volatils , 6e. Comme il arrive fouvent dans pluñeurs maladies des hommes, que la crainte & l’inquiétudeinfluent plus fur un malade que le malréel, M, Petit, chi- rurgien, offre dans l'hiftoire de Pacadémie, an. 1723. un expédient pour favoir fi le chien dont on a été mordu, & que Ponfuppofe tué depuis , étoit enragé ounon ;il faut, dit-1l,, frotter la gueule , les dents, & les gencives du chien mort, avec un morceau de chair cuite que l’on préfente enfitite à un chien vi- vant ; sil le refufe en criant &c heurlant , le mort étoit enragé, pourvu cependant qu'il ny eût point de fang à fa gueule ; fi la viande a été bien recue & mangée, 1l n’y a rien à craindre. Les chiens font encore fujets à plufieursautres ma- ladies. Dans l’Amérique méridionale les chiens font'atta- qués d’une efpece de maladie vénérienne qui reflem- ble à la petite vérole. Les habitans du pays l’appel- lent peffe. Le chien courant que M. de Buffon a fait defliner, a été@hoïfi par M. de Dampierre , qui a autant de connoïflance que de goût dans tout ce quiconcerne la chafe. Les chiens courans ont le mufeau auffi long & plus gros que celui des mâtins ; la têteeft grofle & ronde, les oreilles font larges & pendantes, les jambes lon- gues & charnues , le corps eft gros & alongé, la queue s’éleve en-haut & fe recourbe en-avant , le poil eft court & à-peu-près de la même longueur fur tout le corps , Les chiens courans font blancs ou ont des taches noires ou fauves fur un fond blanc. Il yena de trois fortes : favoir , les chiens fran- çois , les chiens normands ou baubis, & les chiens anglois. | . Defcription du chien couranc. I] faut que les chiens courans françois aient les nafeaux ouverts ,le corps peu alongé de la tête à la queue, la tête légere & nerveufe, le mufeau pointu ; l'œil grand, élevé, net, luifant, plein de feu ; l'oreille grande ; fouple & pendante ; le col long, rond & flexible; la poi- trine étroite fans être ferrée , les épaules légeres , Ja jambe ronde , droite &c bien formée ; les côtés forts, le rein court , haut, large , nerveux, peu charnu; le ventre avalé,"{ceftun défaut qu'on n’a pas fait remarquer 4M, de Buffon; il ne doit être nitrôp retrouflé , nitropavalé, alfautun miliea ) ; la cuii- fe ronde & détachée, le flanc fec & décharné:, le jartetcourtiêc largé, là queue forte à lon origine, vélue:( il lufaut à poilras } ; lonoue, déliée , mobi le, fans poil à l'extrémité ; le poil du ventre rude Ja patte feche: ; peu alongée; & l’ongle gros | a Les chiens normans où baubis ont ie corfage phis épais , la tête plus courte, & les oreilles moïns lon: gues. Les chiens anglois ont la tête plus menue, le mufeau plus long.êr plus efhlé', le corfage , les oreil- Jes &c les jarrets plus courts ; lataille plus légere., &c les prés mieux faits : ceux de la race pure font ordi nairement de poil gris moucheté. ps Le chien qu'on aprefenté à M. de Buffon à l’équi- page du daim, pour le faire defliner pour un limier , n’eit pas aflez beau; 11-le nomme bien un mieris de race de. baffer 8t: de manr; 1 y en avoit À la vénerie de bien plus beaux & de vraie race de limiers de Normandie ; qui auroient mieux rempli fon objet. Chiens de Calabre, Ces chiens font très-grands par: ve qu'ilsyiennent de très orands danoïs mêlés avec de grands épagneuls; il yaquelques années qu’on'en fit peindre à Verfailles deux très-beaux, de la haute taille du danois , fort courageux, & très-ardens à la chafle du loups'1l$ participoient des caracteres des danois & des épagneuls pour la forme dif corps & pour Le poil ; les Chiens ont cinq doigts y compris ongle, qui eff un peu au-deffus du pié en-dedans, &c que M. de Buffon compte pour Le pouce. Le chien courant que M. Buffon a fait deffiner ; avoit deux piés neufpouces , depuis Le bout du néz jufqu'à l'anus. Hauteur du train de devant, 1 pié 9 pouces 9 lig. Hauteur du train de derriere, 1 pié ro pouces, | : Longueur des oreilles , 6 pouces 6 lignes. A Les chiens pañlent pour avoit dix mamelles, cinq de chaque côté , favoir quatre fur là poitrine , & fix fur le ventre. - Les chiens ont neuf vraies côtes, trois de-chaquie côtés, & quatre faufles. ? Les vertebres de la queue du chien font au nom bre de vingt. | - M. de Buffon ne dit rien du ver que les chiens ont fous la langue, ni de l'opération de couper les lices, &c de ce qu’on leur Ôte pour empêcher la génération, fort teflicules owautres chofes, on leur Ôte deux pe- tites glandes. Il y a dans les mémoires de l’académie des Scien- ces , l'hiftoire d’une chienne qui ayant été oubliée dans une maïfon de campagne , a vêcu quarante jours pd fans autre nourriture que Pétofe ou la laine d’un matelat qu’elle avoit déchiré. Epreuve de M. de Buffon. I] éleya une louve prife à l’âge de deux mois dans la forêt ; il Fenferma dans une cour avec un jeune chien du même âge ; ils ne connoifoient l’un 8c l’'autreaucun individu de leur ef- pece ; lapremiere année cesjeunesanimauxjouoient petpétuellement enfemble , & paroïoient s'aimer. À la feconde année ils commencerent à fe difputer la nourriture & à fe donner quelques coups de dents ; la querelle commençoit toujours par la louve. A la fin de latromieme année ces animaux commencerent à fentir les impreffions du rut, mais fans amour : car loïn que cet état les adoucit ou les rapprochât l’un de l'autre , ils devinrent plus féroces., ils maïgrirent tous deux, & le chien tua enfin la louve , qui étoit devenue la plus foible & la plus maigre. M. de Ligniville a fait une expérience pareille, mails qui a mieux reufh, puifqu'il en eft forn des chiens, mais qui ne valoient rien pour la chafle. Dansle même tems M. de Buffon fit enfermer avec une chienne en chaleur, un renard que l’on avoit pris au piege. Ces animaux n’eurent pas [a moïndre quefelleenfemble ;1fe: renard s’approchoit même af. lez famiierement 7 inéis dès qu’il avoit flairé de trop prés fa compagne, lé figne dû defir difparoifloit, & ils’en rérournoit triftemeñt,dans fa hutée! Lorfque la chaleur de cetté chienne fur pañlée, 6 lui en fubk fituatqufqu'à trois autres fuéceffivement, pour lef. Quels il'eutlamièmé doniceut!} mais la même indifée rence :’enfi On lui amena une femelle de fon éfpecè qu'il couvrwdès le même jour, mopesldan E4 Onpritdoncconclure de ces épreuves Faites das prés la nature, que le renard & lé long font des ef pécesnon-feulement différentes du chien ) Mais'{é- parées &ttafléz éloignées pour ne pouvoir les rap: précher;dufioins dans'ces climäts. ei Xénophonidit qu'il avoit des chiéns Qu'il noms MOI rexardiers eh efpece. ‘1 2BE Lecerf. Me Buffon, 0714 XI pi85. Voici luündes animaux innocens, doux &c tranquillés qui ne femi blent être faits que pour embellir; animer la folitus de des forêts, & occuper loin denous les retraites paifibles de cesjardins de lañarure. Sa forme élésante Èt légere, fa taille auf fvelte qué-bienprilé, fes membres flexibles 8 nerveux, fatète paréeplutôt qu'armée d’un bois vivant, ëêt qui, corime la cime des arbres, tous les ans {8 reñouvelle {a grandeur, fa légéreté, fa force , le diftingient afferides autres habitans des bois ; 8 commeil ef le plus noble d'en tr'eux, il nefert-qu'aux plaifirs des plüs nobles deg hommes ;1l a id&ns tous Les tés éccupé lé loifir des héros; l’exercice de! la chäffe: doit fuccédet aux tra2 vaux de la guerre, 11 doit même les prétéder : {az voir manier les chevaux & les afmes font des talens communs au chafleur & au guerrier ; Phabitude au MOUVEMENT 3- à k fatigue ; Padreffe j'la'lépéreté dû corps ; ft nécéflaites pour foutemir , & même pour feconder le courage, fe prennent À la chafle, & fe portent à Ka guerre; Ceft l’école agréable dun-art nécéflaire, c’eit encore le {eul amufement qui faffe divésfion eñfièreaux affaires, le feul délaflement fins molefle, le feul qui déane un plafié vif fans lan gueur , fans mélange & fans fatiété. j Que peuvent faire de feux les hommes qui par état font fans cefle fatigués delà prélence des autres hommes ? Toujours environnés, obfédés& SÈnÉS , pourainfr diré, pat le nombre, toujours en butte À leurs demandes, à leur empreffèfnent, forcés de s’oc- : cuper des foins étrangers &T d’affaires, dpités par de grands intérêts , &t d'autant plus contraints , qu'ils font plus élevés; les grands ne fentitoient que le poids de la grandeur ; & n’exifteroient que pour les autres, Sus ne fe dérobotent pat inffans à la foule même des flatteurs. Pour jouir de foi:même, pout rappeller dans lame les affections perfonnellés , les defirs fecrets, ces fentimens intimes miile fois plus précieux que les idées de la grandeur, ils ont befoin de folitude; & quelle folitude plus variée , plus ani- mée que celle de la chafle ? Quel exercice plus fain pour le corps;quelrepos plus agréable pour Pefprità Il feroit aufft pénible de toujours repréfenter que de toujours méditer, L'homme n’eft pas fait par la na ture pour la contemplation des choles abftraites : & de même que s’occuper fans relâche d’études difici- les, d’affaires épineufes , mener une vie fédentaite ; &z faire de {on cabinet le centre de fon exiftence, eft un état peu naturel, il fenble que celui d’une vietu: multueufe, agitée; entraînée , pour ainfi dire, par le mouvement des autres. hommes, & où l’on ed obligé de s’obferver , de fe contraindre & de repré fenter continuellement à leurs yeux, eft encore une fituation plus forcée, Quelque idée que nous vou- lions avoir de nous-mêmes , il eft aïfé de fentir que repréfenter n’eft pas être, & auffi que nous fommes moins faits pour penfer que pour agir , pour raifon- . ner que pour jouif. Nos vrais plaifirs confiftent dans 038 V EN le libre ufage de nous-mêmes ;.hos vrais biens. font ! ceux de la nature :'c'eft lecciél,-c’eftdlaterre; eelont ces campagnes, ces plaines. ces forêts dont.ellenous offre lagouwffance utile, inépuifable, Auffi le goût de la chañle,} de. la pêche: des jardins, de l’agriculture eft un goût naturel à-tons.les hommes; & dans les dociétés plus fimples que la-nôtre, 1ln’yaguereque deux ordres, tous deuxrelatifs à ce.genre de vie; les nobles dont le métier eft.la,chañle &:les armés, les hommes.en fous-ordre-qui-ne font-ôccupés:.qu'à la culture de la terres ul x +. Et comme dans les fociétés:policées:on agrandit, on perfeétionne tout ,:pour reñdre Je plait de. la chafle plus vifêt pluspiquant:; pour ennoblirencore cet exercice. le plus noble,del tous ; on. ena.faitun art. La chafle du cerf demande des connoiïfflances qu'on,ne- pent acquérir que:par, l'expérience,; elle fuppofe, un appareil royal, ;des hommes, des. che- vaux, des-chiens, tousexercés, flylés, dreflés, qui par leurs mouvemens, leurs recherches & leurintel. ligence, doivent aufli concourir au même but, Le veneur doit juser l’âge 8 lefexe; il doit favoir dif. tinguer & reconnoître.fi le cerf qu'il a détourné (4) avec fon limier (4) ,.eft un daguet (c) , un jeune cerf (d), un.cerf de dix-cors, jeunement (e), un cerf de dix cors(f);-ouun vieux cerf(g), & les-princi- paux indices qui peuvent donner cette connoïffance, fontle-pié (4) &c-les fumées, ().Le pié du cerf eft mieux:fait que cehu.de la biche, fasjambe eft.(k) plus grofle & plus,près du talon, fes voies (4) font mieux tournées, & fes allures (7) plus grandes; al marche plus régulierement; il porte le pié de derriere dansicehui de devant, au lieu que la biche à.le pié plus mal fait les allures plus courtes, à ne pole pas régulierement lepié.de derriere dans latrace de celui du dévant. 1. y né | Dès que le cerfeftà fa quatrieme tête (2), 1l eft aflezreconnoïffable pour ne s’y pas méprendre ; mais il faut de l'habitude pour diftinguer le pié du jeune cerf de celui de la biche; & pour être für, on. doit, regarder.de près & enrevoir (0) fouvent & à:plu- feurs endroits. Les cerfs de dix cors jeunement , de dix cors, &c. font encore plus aifés à.reconnoître ; & à juger, ils ont le pié de devant beaucoup plus gros. que celui de derriere; & plus ils font vieux, -plus les côtés des piés font gros & ufés: ce qui: {e juge aifément par les allures qui font aufli plusré- gulheres que celles des jeunes cerfs, le pié de derrie- re pofant toujours aflez exaétement fur Le pié de de- vant , à.moins qu'ils n’aient mis bas leurs têtes; car alors les vieux cerfs fe méjugent (p) prefque autant que les jeunes cerfs , mais d’une maniere différente (a). Détourner le cerf, c'elt tourner tout-autour de l'en- droit où un cerf eft entré , & s’aflurer qu'il n’eft pas Lorti. (8) Limier, chien que l'on choilit ordinairement parmi les “chiens courans , & que l’on drefle pour détourner Je cerf, le chevreuil , le fanglier , &c. (c) Daguet , c’eft un jeune cerfqui porte les dagues, & les dagues font la premiere tête; oule premier bois du cerf qui lui vient au commencement de la feconde année... (d) Jeune cerf, qui eft dans la troifieme , quatrieme ou cinquiéme année de fa vie. -(e) Cerf de dix corps feunement , cerf qui eft dans la f- xieme année de fa vie. (f) Cerf de dix corps, quieft dans la feptieme année de fa vie. | (g) Vieux cerf, cerf qui eft dans la huitieme , neuvieme , dixieme é:c. année de fa vie. (4) Le pié, empreinte du pié du cerf fur la terre. (i) Fumées, fentes du'cerf. | (#) Onappelle jambes les deux os qui font en«bas à Ja partie pottérieure , & qui font trace fur la terre avec le pié, (4) Voies, ce font les pas du cerf. (m) Allures du cerf, diftance de fes pas. (z) Tête, bois ou cornes du cerf. | (o) En revoir, c'eft d'avoir des indices du cerf parle pié. (p) Se méjuger, c'eft, pour le cerf, mettre le pié de der- riere hors de la trace de celui de devant. Écavec une-orte de répularité que n’ontnt les ere nes cerfs; ni-les biches; ils pofent lepié de derriere aCôté de celui de devant, & jamais au-delà ni ens décemkdash Moss! 2nellsl , cor state .« Lorfque le. yeneur, dans les fécherefles de l'été, ne peut juger par le pié, il-eft obligéde fuivre le contrepié (4) de la bête pour tâcher de trouver des fumées. -.& de la reconnoître par cet indice qti-de- mande autant & peut-être plus d’habitude no con: norffance du pié ; fans cela iline lui feroit pas poflible de faire un rapport jufte A l’affemblée des chafleurs ; & lorfque fur ce rapport l’on aura conduit les chiens a es brifées(r)1l doit encore favoir animer fon limier & le faire appuyerfur les voies jufqu'àcequele cerf foit lancé; dans cet inftant celui quilaifle courre(f} Con ne fait plus uifage de lancer à trait de limier, on découple dans l’enceinteunedemi-douzaine de vieux chiens pour lancer le cerf, 8 les veneurs foulent l'enceinte à cheval en faïfant du bruit pour le faire: partir) , fonne pour faire découpler (2) les .chiens, &z dès qu'ils Le font, il doitles appuyer dela voix.& de la trompe ; 1l doit aufli être connoiffeur.& bien remarquer le pié de fon cerf , afin dele reconnoitre. dans le change (x) ou dans le cas qu'il foit accom- pagné. Il arrive {ouvent alors que les chiens fe 16. parent & font deux chafles; les piqueurs (x) doivent: {e féparer auffi & rompre (y) lesichiens qui fe font” fourvoyés, (7) pour lés ramener & les rallier à ceux: qui chaffent le cerf de meute, Le piqueur doit bien accompagner {es chiens | toujours® piquer à côté d'eux , toujours les animer fans trop les prefler , les aider dans le change (quandun cerfeftaccompagné), les farerevenir furun.retour pout ne fe pas mépren- dre , tâcher de revoir du cerf auf fouvent qu'il eft poffble, car il ne manque jamais de faire des rufes ; il pafle &c repañle fouvent deux ou trois fois fur fes voies ; il cherche à fe faire accompagner d’autres bêtes pour. donner le change, & alors il perce , il s'éloigne tout-de-fuite, ou bien il fe jette à l'écart, fe.cache & refte fur lé ventre; dans ce cas lorfqu’on eft en défaut (4) , on prendles devants, on retout- ne-fur les derrieres; les piqueurs & les chiens tra- valent de concert ; f lon ne retrouve pas la voie du,cerf, on juge qu'il eft refté dans l’enceinte dont on vient de faire le tour ; on la foule de nouveau; & lorfque le cerf ne s’y trouve pas, il ne refte d’autres moyens que d'imaginer la refuite qu’il peut avoir faite, vü le pays où l’on eft, & d’aller y chercher: dès qu’on fera tombé fur les voies, & que les chiens auront relevé le défaut (2), ils chafferontavec plus. d'avantage, parce qu’ils fentent bien que le cerf et. déja fatigué ; leur ardeur augmente à mefure qu'il (4) Suivre le contre-pié , c'eff fuivre les traces à rebours. (r) Brifées, endroit où le cerfeft entré, & où l’on a rom< pu des branches pour le remarquer. Nota. Que comme le pié du cerf s'ufe plus ou moins, fui- vant la nature des terreins qu'il habite , ilne faut entendre ceci que de la comparaifon entre cerf du même parc, & que par conféquent il faut avoir d’autres connoïffances, parce que - ns le tèms du rut, on court fouvent des cerf venus de oin. (f) Laïfler courre un cerf, c'eft le lancer avec le limier , c'eft-à dire le faire partir. : (:) Découpler les chiens, c'elt détacher les chiens Fun d’avec l'autre, pour les faire chafler. (4) Change, c’eft lorfque le cerf en va chercher un autre, pour le fubftituer à fà place, R : (x) Les piqueurs font ceux qui courent à cheval après les chiens ,. :& qui les accompagnent pour les faire chafler. | (y) Rompre les chiens, c'eft les faire quitter ce qu'ils. chaflent , & les rappeller.. (x) Se fourvoyer , c’eft s'écarter de la voie , & chaffr quelqu'autre cerfque celui de la meute. - … (2) Etre en défaut , c'eft lorfque les chiens ont perdu la: voie du cerf, | Le LS | (b)-Relever le défaut , c'eft retrouver les voies du cerf, & le lancer une feconde fois, : me Sa - Es sÈ s’affoiblit, & leur féhtiment eff d'autant plus difhne- tif & plus vif, que Îe cerf eft plus échaufié ; auffi re: doublent-ils de jambes &c de voix ; & quoiqu'il fafle alors plus derufés que jamais, éommeil ne peut plus courir auffi vite ; ni pr éonféquent S’éloigner beau- coup des chiens ; fes rufes &c fes détours font inüti- les ; il n’a d'autre reflource que de fuir la tèrre Gui le trahit ; 8c de fe jetrer à l’eau pour dérober fonfen- timent aux chiens. Les piqueurs tournent autour & remettent enfuite les chiens fur la voie ( s’il eñ éft {orti ). Le cerfnepeut aller loin, dès qu'l à bättü l’eau (ec); quand il eft fur fes fins (4) (abs), où:1l tâche encore de défendre fa vie, & bleffe fouvenit les chiens de coups d’andouillers ; & mêmé les che- vaux des chafleurs tfop ardens, jufqu’à ée qu’un d’eri- tr'eux lui coupe le jaret pour le faire tomber , & la- cheve enfuite en lui donnant un coup dé couteau-de- chatle au défaut de l'épaule. Depuis duelque tems ôn porte une cärabiné, pour empêcherle déférdre qu'il fero dans la meute étant aux abois. On célebre er même tems la mort du cerf pär des fanfäres ; on le laiffe fouler aux chiens, & on les fait jouit pleinie- ment de leur viétoire en leur faifant faire cutrée (e). Toutes les faifons, tous lesteins he font pas égalé- ment bonspour courre le cerf (f). Au printems, lorf- que les feuilles naïflantes commentent à parerles fo-. rêts, que la terre fe couvre d’hérbes notivelles & s’é- maille de fleurs ; leur parfuin rend moins für le fen- timient des chiens: & comme le cerf eft alors dans fà plus grande vigueur ; pour peu qu'il ait d'avance , ils ont beaucoup de peine à le jointire. Aufli les ehaf- feurs conviénnent-ils que lafaifon où les biches font prêtes à mettre bas , ef celle dé toutes où la chaffe eft la plus difficile, que dans ce tems les €hiens quit- ‘tent fouvent un cerf mal mené pour touftner à une biche qui bondit devant eux; & de même äu com- mencement de l’automne lorfque le cerf eft en rut - (g), les limiers quêtent fans ardeur; l'odeur fortedu rut leur tend peut-être la voie plasindifférente,peut- être auf tous les cerfs ontals dans ée teins à-pèu- près la même odeur: En hiver pendanit la neige on ne peut pas courre le cerf ; les chiens n’ont pointde fen- timent; on voit les limiers mêmes fuivre la voie plu- tôt à l'œil qu’à Fodorat. Dans cette faifon comme les cerfs ne trouvent point à viander (2) dans les forts, ils en fortent, vont & viennent dans les pays décou- verts, dans les petitstaillis , & même dans les terres enfemencées ; ils fe mettent en hardes (:) dès le mois de Décembre, & pendant les grands froids ils cher- chent à fe mettre à abri des côtes où daris des en- droits bien fourrés où ils fe tiennent ferrés les uns contre les autres, & ferechauffent de leur haleine ; à la fin de l’hiver ils gagnent les bordages desforêts, &c fortent dans les blés. Au printems 1ls mettent bas (A) ; la tête fe détache d'elle-même ; où par üñ pétit efott qu’ils font en s’accrochant à quelque branche; il eft rare que les deux côtés tombent précifément en même tems (cependant cela n’eft pas fans exem- ple ; j'aitrouvé les deux côtés de tête d’un cerf dix cors jeuneément dans la forêt de Saint-Leger-aux- Plainveaux, qui n’étoient pas à trois piés de diftance lun de l’autre), & fouvent il y a un jour ou deux d'intervalle entre la chûte de chacun des côtés dela (c) Battre l'eau, battre les eaux , c'eft traverfer; aprèsavoir été long-tems chaffé , une riviere ou un étang. (4) Abois, c'eft lorfque le cerf eft à l'extrémité & tout à- fait épuilé de forces. | _(e) Faire la curéé , donnef là curéé , c'eft faire manger aux chiëns le cérf où la bête qu'ils ont ptite. | (f) Courre le cerf, chafler le cerf avéc dés chiéns cou- ÉADS +, sfr Ua Lulde LIL TENUE. (g) Rut , chaleur , ardeur ; d'amour. (2) Viander, broutér, manger: (2) Harde ; troupé de cerfs. , . ) Mettre bas, c'eft lorfque le bois des ceffs tombe. - Fo ee ue. VIENT, 58 tête Les vieux cerfs {ünt ceux qui mettent bas les premiers ; vers la fin de Février ou au commence ment de Mars, les cerfs de dix cors ne mettent bas que vers le milieu où la fin,de Mars: ceux de dix cots jeunement dans le mois d'Avril ; les jéunes cerfs au commencement ; & les daguets vers le milieu. & la fin de Mais mais il y afur tout cela beaucoup de va- riétés , & l’on voit quelquefois de vieux cérfs mettre bas plus tard que d’autres qui font plusjeunes, Aw rèfte la mue de la tête des cerfs avance lorfque l’hi- ver eft doux ; & retarde lorfqu'il eft rude &c de lon: gué durée. TO PURE PRE TORTUE Dès que les cerfs ont mis bas , ils fe féparent les uns des âutres , &z 1] n’y a plus.que les jeunes qui de- meurent énfemble ; 1ls ne.fe tiennent pas dans les forts, mais ils gagnent le beau pays , les buiflons , les taills, & fourrés; ils y demeurent tout l’été pour y refaire leurtête , & dans cette faifon ils marchent la tête baffle, crainte de la froiffer contre les bran- ches ; carelle eft fenfble tant qu’elle, n’a pas prisfon. entier accroïflement, La tête des plus vieux cerfs n’eft encore qu’à moitié refaite vers le milieu du mois de Mai: on dit en proverbe, 4 /a mi-Mai mi-tére } a la mi-Juin, mi-graifle & n’eft tout-à-fait alongée & eñdurcie que vers la fin de Juillet ; celle des plus jeunes cerfs tornbant plus tard; repoufle & fe refait auf plus tard ; mais dès qu’elle eft entierement alon- gée ; 6 qu'elle a pris de lafolidité, les cerfs la frot- tent contre les arbres pour la dépouiller de la peau dont elle eft revêtue, & comme ils continuent à la frotter pendänt plufeurs jouts de fuite ; on prétend qu’elle fe teint de la couleur de la fève du bois auquel ils touchent ; qu’elle dévient roufle contre les hêtres & lesbouleaux, brune contre lés chênes, & noirâ- tre contre les charmes & les trembles. On dit auffi que les têtes des jeunes cerfs qui font les & peu perlées , ne fe teisnent pas à beaicoup près autant que celles des vieux cerfs, dont les perlures font fort près les uñes des autres, parce que ce font ces per- lüres qui retiennerit la fève qui colore le bois ; mais je ne puis me pérfuader que ce foit la vraie caufe de cét effet; ayant eu des cerfs privés & enfermés dans des enclos où il n’y avoit aucun arbre, &c où par conféquént ils n’avoient pü toucher au bois , def- quels cependant la tête éroit coloréè comme cellé des autres: me AUS: Li a Mise) SA _ Peu dé tems après que les cerfs ont bruni leur tè- te, ils commencent àreflentir les impreffions duruts les vieux font les plus avancés : dès la fin d’Août &c le commencement de Septémbre , ils quittent les buiflons ; reviennent dans les forts, &-comméncent . à chercherles bêtes *i . . . . PE ren Da . Quand les cerfs touchent aux bois pour néttoyer leur tête de la peau qui eft deflus ; le premier petit baliveai ou petit atbre qu’on apporte du rendez-vous auquel le cerfa frotté fa tête ; 8 qui eft dépouillé de fon écorce ; fe nomme frayoir, il eft prefenté au commandant, à qui l’on fait rapport du cerf qui l’a fait ; le Commandant le préfente au grand veneur , le grand veneur au roi; il y a un droit établi dans la vé- nerie pour le premier frayoir. Salñove,, dans fon cha: pitre vij: dit que quand un gentilhomme de la vézerie apportoit lefrayoir, il avoit un cheval ; & à un va- let de limier un habit ; à préfent le roi donne pour le premier frayoir huit cens livres, qui font parta= gés aux huits valets, de limiers, & Îe g'and veneur leur donne auff cent livres ; qui leur fait à chacun cent douze-hvres dix {ols,; & fouvent ce ne font pas eux qui apportent le prenner frayoir : c’eft le regle“ ment qui eft en ufage aujourd’hui dans la vênerie ; 8 c’eft toujours le premier valet de limier qui Le tient quandle commandant le préfente au grand veneur ; * Les bêtes, ex rérmé de Chafe » fignifient les Piéhés: 940 VEN & lé grand veneur au roi. Voyez le nouveau traité de la vérerie , Paris 1750. p. 27. Rut: ils raient (Z) d’une voix forte, le col ëc la gorge leur enflent, ils fe tourmentent , ils traverfent en plein jour les guérets & les plaines , ils donnent de la têté contre les arbres & les {épées, enfin ils paroïf- fent tranfportés , furieux , &c courent de pays en pays, jufqu’à ce qu'ils ayent trouvé des bêtes, qu'il ne fuffit pas de rencontrer , mais qu'il faut encore pourfuivre, contraindre, aflujettir: car elles évitent d’abord, elles fuient , & ne les attendent qu'après avoirété long-tems fatiguées de leurs pourfuites.C’eft auffi par les plus vieilles que commence le rut, les jeunes biches n’entrent en chaleur que plus tard ce lorfque deux cerfs fe trouvent auprès de la même, il faut encore combattre avant que de jouir ; s’ils font d’égale force, ils fe menacent , ils grattent la terre, ils raient d’un cri terrible , & fe précipitant l’un fur l’autre , ils fe battent à outrance , & {e don- nent des coups d’andouillers (77) fi forts que fouvent ils fe bleffent à mort ; le combat ne finit que par la défaite ou la fuite de l’un des deux , &c alors le vain- queur ne perd pas un inftant pour jouir de fa vic- toire & de fes defirs, à moins qu'un autre ne furvien- ne encore, auquel cas 1l part pour l’attaquer & le faire fuir comme le premier. Les plus vieux cerfs font toujours les maîtres, parce qu'ils font plus fiers & plus hardis que les jeunes qui n’ofent approcher d’eux ni de la bête, & qu’ils font obligés d'attendre qu'ils aient quittée pour Pavoir à leur tour ; quel- quefois cependant ils fautent fur la biche pendant que les vieux combattent , & après avoir jou fort À la hâte, ils fuient promptement. Les biches préfé- rent les vieux cerfs, non parce qu’ils font plus cou- rageux , mais parce qu'ils font beaucoup plus ardens & plus chauds que les jeunes ; ils font aufli plus in- conftans ; ils ontfouvent plufeurs bêtes à la fois ; & lorfqu’ils n’en ont qu’une , ils ne s’y attachent pas, ils ne la gardent que quelques jours, après quoi ils s’en féparent & vont en chercher une autre auprès de laquelle ils demeurent encore moins, &c pailent ainfi fucceffivement à plufeurs , jufqu'à ce qu'ils foient tout-à-fait épuifés. Cette fureur amoureufe ne dure que trois femai- nes ; pendant ce tems ils ne mangent que très-peu , ne dorment mine repofent , nuit &z jour ils font fur ié, & ne font que marcher, courir , combattre & jouir ; aufü fortent-ils de-là fi défaits, fi fatigués , fi maigres , qu'illeur faut du tems pour fe remettre &c reprendre des forces : ils fe retirent ordinairement alors fur les bords des forêts , le long des meilleurs gagnages où 1ls peuventtrouver une nourriture abon- dante , &ils y demeurent jufqu’à ce qu’ils foient ré- tablis. Le rut pour les vieux cerfs commence au pre- mier Septembre, & finit vers le vingt; pour les cerfs dix cors ; & dix cors jeunement , 1l commence vers le dix Septembre, & finit dans les premiers jours d'O&tobre; pour les jeunes cerfs c’eft depuis le vingt Septembre juiqu'au quinze Oëétobre; & fur la fin de ce même mois 1l ny a plus que les daguets quifoient entut, parce qu'ils y font entrés les derniers detous: les plus jeunes biches font de même les dernieres en chaleur. Le rut eft donc entierement fini au com- mencement de Novembre, & les cerfs dans ce tems de foibleffe font faciles à forcer. Dans les années abondantes en glands, ils fe rétabliflent en peu de tems par la bonnenoùrriture, 8e l’on remarque fou- vent un fecond rut à la fin d'Oftobre, mais qui dure beaucoup moins que le premier. Les biches portent huit mois & quelques jours ; elles ne produfent ordinairement qu’un faon (2), (1) Raïire, crier. (m) Andouillers, cornichons du bois de cerf, (z) Faon, c'eft le petit cerf qui vient de naître, VEN ttès-rarement deux ; elles mettent bas au mois de Mai &t au commencement de Juin , elles ont grand foin de dérober leur faon à la pourfuite des chiens elles fe préfentent & fe font chafler elles-mêmes pour les éloigner , après quoi elles viennent le rejoindre. Toutes les biches ne font pas fécondes , il yena qu'on appelle Brehaignes, qui ne portent jamais ; ces biches {ont plus graffes & prénnent beaucoup plus de venaifon que les autres, auffi font elles les premie- _ res enchaleur. On prétend auffi qu’il fe trouve quel- quefois des biches qui ont un bois comme le cerf ; & cela n’eft pas abfolument contre toute vraïflem- blance, | Dans le nouveau sraité de vénerie, 1750. ch. xiv. des têtes bifarres , pag. 40. il eft dit qu’au château de Malherbe, on y voyoit lafigure d’une biche qui por- toit un bois qui avoit huit andouillers , qui fut prife par les chiens du roi Charles IX. Depuis on a ap- porté cette tête à fa majefté Louis XV. à Fontaine- bleau. M. de Ligniville, grand veneur de Lorraine ; qui a écrit fur la chaffe , dont le manufcrit eft à la biblio- : theque du roi , rapporte qu’étant en Angleterre , le. roi Jacques [. lui fit voir dans fon park de Pilbokune biche qui avoit fon faon , & qui portoit une perche. fort longue, & une petite, qu'il y avoit long-tems qu’elle y étoit connue, _ Le faon ne porte ce nom que jufqu’à fix mois en. viron, alors les boffes commencent à paroître , & il prend le nom de herre jufqu’à ce que ces boffes alon- gées en dagues lui faflent prendre le nom de daguer. Îl ne quitre pas fa mere dans lespremierstems, quoi- . qu'il prenne un aflez long accroiffement , il la fuit: pendant tout l'été ; en hiver les biches , les frerres, les daguets , & les jeunes cerfs fe raflemblent en har- des , &c forment des troupes d’autant plus nombreu- fes que la faïfon eft plus rigoureufe, Âu printems ils fe divifent , les biches fe recelent pour mettre bas, & dans ce tems il n’y a que les daguets & les jeunes cerfs qui aillent enfemble, En général , les cerfs font portés à demeurer les uns avec lesautres, à marcher de compagnie , & ce n’eft que la crainte ou la né- ceflité qui les difperfe ou les fépare, Le cerf eft en État d’engenürer à l’âge de dix-huit mois , Car on voit des daguets, c’eft-à-dire des cerfs nés au printems de l’année précédente , couvrir des biches en automne, & lon doit préfumer que ces accouplemens font prolifiques ; ce qui pourroit peut- être en faire douter , c’eit qu'ils mont encore pris alors qu'environ la moitié ou les deux tiers de leur accroiflement ; que les cerfs croïflent & erofhffent. jufqu’à Pâge de huit ans, & que leur tête va tou- Jours en augmentant tous les ans jufqu’au même âge; mais il faut obferver que le faon qui vient de naître fe fortifie en peu de tems , que fon accroiffement eft prompt dans la premiere année , & ne fe ralentit pas dans la feconde ; qu'il y a déja furabondance de nourriture , puifqu’il poufle des dagunes, 8: c’eft-là le figne Le plus certain de la puiffance d’engendrer ; mais ceux qui ont un tems marqué pour le rut , ou pour le frai, femblent faire une exception à certe loi. Les poiffons fraient & produifent avant que d’a= voir pris le quart, ou même la huitieme partie de leur accroiffement : & dans les animaux quadrupe- des ceux qui, comme le cerf, l'élan , le dain, le renne ,le chevreuil, 6c. ont un rut bien marqué, engendrent aufh plutôt que les autresanimaux. Il y a tant de rapport entre la nutrition, la pro- duétion du bois , le rut & la génération dans ces ani- maux , qu'ileft néceffaire, pouren bieniconcevoir les effets particuliers, de fe rappellerici ce que nous avons établi de plus général & de plus certain au {u- jet de la génération : elle dépend en entier de la fur- abondance”’de la nourriture : tant que l’animal éroît, c'eit VEN c'eft toujours dans le premier âge que laccroiffe- ment eft le plus prompt , la nourriture eft entiere- ment employée à l’extenfion , au développement du corps , il n'ya donc nulle furabondance » par conié- quent nulle produétion , nulle fecrétion de liqueur féminale , & c’eft par cette raifon que les jeunes ani- maux ne font pas en état d’engendrer ; maisiorfqu’ils ont pris la plus grande partie de leur accroïffement, la furabondance commence à fe manifefter par de nouvelles produ&tions. Danslhomme, la barbe, le poil,le gonflement desmamelles, lépanouiflement des parties de la génération, précédent la puberté. Dans les animaux en général, & dansle cerf en particulier, la furabondance fe marque par des effets encore plus fenfibles ; elle produitla tête , le sonflement des dain- tiers (0) , lenflure du col & de lagorge, venaifon(p). ( M. de Buffon nomme venaïfon /a graiffe du cerf; dans la vénerie, c'eft fa chair & non fa graïfle ; quand la chair eft bien vermeille, on dit que la venaifon eft belle, & quand elle eft pâle, on dit que la venaïfon n'eft pas belle ) ; & comme le cerf croît fort vite dans le premier âge, il ne fe pafle qu’un an depuis fa naif- fance , jufqu’autems où cette furabondance commen- ce à fe marquer au-dehors par la produétion du bois : s’il eft né au mois de Mai, on verra paroître dans le même mois de l’année fuivante, les naïflances du bois qui commence à pouffer fur le t@&( 4). Ce font deux dagues qui croïfient (fur deux pivots, qui font deux bofles, fur lefquelles le bois fe forme fur le maflacre _ducerf), s’allongent & s’endurciflent à mefure que Panimal prend de la nourriture ; elles ont déja vers la fin d’Aoûtpris leur entier accroiflement & aflez de folidité, pour qu'il cherche àles dépouiller de leur peau en les frottant contre Les arbres; & dans le même temsil acheve de fe charger de venaifon, qui eft une graifle abondante , produite auf par le {u- perflu de la nourriture, qui dès-lors commence à fe déterminer vers les parties de la génération, & à ex- citer le cerf à cette ardeur du rut qui le rend furieux. Et ce qui prouve évidemment que la production du bois &c celle de la liqueur féminale dépendent de la même caufe.; c’eft que fi vous détruifez la fource de la liqueur féminale, en fupprimant par la caftra@ion les organes néceflaires pour cette fécrétion , vous fupprimez en même tems la produétion du hais; car {: Pon fait cette opération dans Le tems qu’il a mis bas fa tête , il ne s’en forme pas une nouvelle; & fionne la fait au contraire que dans le tems qu’il a refait fa tête , elle ne tombe plus , l'animal en un mot refte pour toute fa vie dans état où 11 étoit, lorfqu'il a fub1 la caftration; & comme il n’éprouve plus les ar- deurs du rut, les fignes qui Paccompagnent difpa- roïffent auf ,1l n’y a plus de venaïfon, plus d’enflure au col ni à la gorge, & il devient d’un naturel plus doux 8 plus tranquille. Ces parties qu’on a retran- chées étoient donc néceflaires , non-feulement pour faire la fécrétion de la nourriture furabondante , mais elles fervoient encore à l’animer, à la pouffer au-de- hors dans toutesles pafties du corps, fous la forme de la venaïfon , 8 en particulier au fommet de la tête , où elle fe manifefte plus que par-tout ailleurs par la produétion du bois. Il eft vrai que les cerfs cou: pés ne laïffent pas de devenir gras , maisils ne pro- duifent plus de bois, jamais la gorge nile col ne leur enflent, & leur graifle ne s’exalte ni ne s’échaufe comme la venaifon des cerfs entiers qui, lorfqw’ils font en rüt, ont une odeur fi forte, qu’elle infeéte de loin; leur chair même en eft fi fort imbue & pénétrée, (a) Les daintiers du cerf font fes teflicules. (p)_Venaifon, c’eit la graifle du cerf qui augmente pen- dant l'été, & dont il eft farchargé au commencement de l’au- tomne ; dans Le tems du rut. : Ÿ Le têct eff la partie de l'os frontal , fur laquelle appuie le bois du cerf. | Tome XVI, - VEN 9AT qu'on ne peut ni la manger ni la fentir, 8ciqu'elle fe Corrempt en peu de terms , au lieu que celle du ceri coupé fe conferve fraîche, & peut {e manger dans ous les rems. Remarque fir la cafirarion. M. de Buffon eff du fen- timent de tous les naturaliftes & auteurs tant anciens que modernes, & même de la tradition dans la vérez rie du roi, que dans les cerfs à qui on a fait la cafira- tion, dans quelqu’état que les têtes fe trouvent ,elles y reftent, c’eft-à-dire, quefi Popération fe fait après qu'ils ont mis bas, il ne leur pouflera pas un nouveau bois; que fi un cerfa fa tête formée dans l'opération j elle ne tombera point; enfin que dans tel état que fa tête fe trouve à la caftration, elle y refte, Voici ce qui paroît détruire ce fentiment, M. l’abbé de Sainte-Aldégonde, aumonier du roi, dit qu'on lui a apporté deux faons mâles , qu'il a fait élever; après les fix mois de faon, ils font devenus herres; À l’en- trée de leur feconde année , daguets ; à l'entrée de leur troïfieme année, ils ont mis bas leurs dagues ; M. l'abbé a profité de l’occafon pour les faire cou- per, de crainte que par la fuite leur bois ayant re- pouflé ils ne bleffañlent quelqu'un , étant perfuadé qu'ils ne leur repouferoit rien fur la tête , à{Gn srand étonnement leur bois a cru, comme fi on-ne leur avoit pas fait l’opération, &c il eft parvenu à la hau- teur, grodeur, & garni d'andouillers, commeil en auroit pouflé à des cerfs de leur âge ; mais la difé- rence qui s’y eft rencontrée, c’eft qu'ils n’ont point _ eù la tête parfaitement dure, que la peau eft encore deflus, & que les bouts des andouillers font mous, tendres & fenfibles; voici la feconde année depuis l’opération, & qu'ils fe trouvent dans cet étar : ce fait a été rendu à S. M. par M. l'abbé , qui m'a fait lhonneur de m’en faire le dérail, comme il eft écrit. En Bretagne, on avoit apporté un fon à un pat- ticulier , qui Pavoit éleyé avec du lait 8: beaucoup de foin , il eit devenu herre au bout d’ua an, il hu eft pouffé des dagues qu'il a gardées un an fuivant ’ufage; après ce temsil les a mis bas, ilayvoit deux ans ,1llui eft venu un bois qui éroit fa feconde tête. qu’il a gardé de même & a mis bas, il avoit alors trois ans accomplis ; 1l lui eft pouflé un autre bois qui faifoit fa troïfiemetête, qu'il a mis bas de même & toujours dans le mois de Mai, ii lui en eft poufé un autre qui lui faifoit fa quatrieme tête , il avoit pour lors cinq ans ; Le particulier l’a donné à un marchand de bois à Paris, chez lequel jai été le voir au mois d'Ofobre 1764, Ce cerf étoit dreffé à tirer ; on lui avoit fit faire une petite voiture qu’il menoit ; celui à qui il avoit été donné voulut l’amener à Paris avec {à voi fure ; après avoir faitenviron quarante lieues , l’ant mal fe trouva f fatigué qu'il ne pouvoit plus mar- cher , on le mit dans une voiture bien lié & gatotté, il a été amené, mais dans un très-mauvais état, il s’é- toit débattu , les cordeslui avoient fait des découpures à plufieurs endroits, on l’a traité avec foin , ils s’eft bien rétabli, 1l a mis bas {a quatriemetête, toujours dans lemois de Mar, il lureft pouffé fa tête de cerf dix COrs jeunement, quieft yenu à {a maturité, comme les autres , dans Le mois de Septembre ; fa tête étant. prefque tout-à-fait nettoyée de fes lambeaux , {on maître Jui a fait fire l'opération de la caftration 3 ME bout de trois femaines dans le mois d'Ofobre , fon bois efttombé , il a -été remplacé par deux dagues fans andouillers de la hauteur d’un demi-pié, avec la peau qi les couvre; ces deux dagues ne {ont point venues en maturité, elles fontreftéesmolles, velues confervant la chaleur naturelle ; ii ÿ avoitun an qu'il avoit mis bas fa tête de dix cors jéunement ) par conféquent il avoit féptans, & devoit être cerf de dix cors ; mais par l'effet de opération , il n’avoit pouité que deux dagues , menues comme’ celle d'un daguet,.Il y. a une obfervation à faire, c’eft que DDDddd 942 VEN quelque tems après lopération , il a eu la jambe gauche caffée entre lejarret & la jointure du derriere, on a voulu la lui remettre fans avoir pu réuflr ; la jambe lui efttombée en pourriture,cela pouvoit avoir contribué par les fouffrances qu’il a éprouvées, à empêcher qu'il n’eùt pouflé un autre bois que Îles dapues. J'ai vu fes mues de feconde tête , celle de fa troi- fieme , un côté de fa quatrieme; celles de dix cors jeunement ont été perdues, jene les ai pas vues ; ces mues n'étoient pas fñ hautes ni fi grofles que celles des cerfs des forêts, elles étoient blanches comme de lPi- voire, fans souttiere n1 perlures. Cet exemple &c celui rapporté par M. l'abbé de Sainte - Aldégonde, détruifent ce que les auteurs af- furent , & ce que les anciens ont tous débité, que dans quel état qu’un cerf fe trouvât quand on lui fai- foit la caftration, il y reftoit, c’eftä-dire , qu’un cerf à qui on faifoit cette opération, s’il avoit fa tête ou fonboisfait, cebois reftoit dans cet état fans tom- ber, que s’il n’en avoit point, 1] n’y en poufloit pas; le cerf du marchand de bois prouve le contraire du premier cas, puñfqu'il a mus bas trois femaines après l'opération ; êc le deuxieme cas démontré par Pexem- ple que rapporte M. de Sainte-Aldégonde , que ces cerfs ont poufé après l’opération un bois, mais qui n’a point durci, purfqu'il y a plus d’un an que l’opé- ration leur a été faite, Voici un autre fait qui a quelque rapport à cela. En 1750 le roi chaffant dans la forêt de Fontaine- bleau , vit un très-sros cerf qui n’avoit pas touche au bois, quoique ce füt à la fin de Septembre, cela parut étonnant, on raflembla un nombre de chiens, 1l fut chaflé &c pris; à la mort fa tête fut trouvée ce qu’elle avoit paru, c’eft-à-dire couverte de la peau que les cerfs ont deffus, jufqu’à ce qu'ils aient touché aux bois ; on examina sl avoit des daintiers, ils ne fe trouverent point, nm en-dehors ,nien-dedans, caron en fit l'ouverture ; apparemment queles loups ,ou un coup de feu, ou un chicot, lui avoit fait l'opération depuis qu'il avoit mis bas, fa tête étant revenue & n'ayant pu toucher au bois par la même raifon des jeunes cerfs de M. l’abbé de Sainte-Aldésonde. Ce- pendant il avoit le ventre noir, & fentoit le rut, il pouvoit s’échauffer dans la faïfon & faillir les biches, comme On a vu faire à des chevaux honcres fur des jumens. Un autre preuve que la produétion du bois vient uniquement de la furabondance de la nourriture, c’eft la différence qui fe trouve entre les têtes des cerfs de même âge, dont les unes font très-srofles, très-fournies, & les autres grêles & menues ; ce qui dépend abfolument de la quantité de nourriture : car un cerf qui habite un pays abondant , où il viande à fon aife, où il n’eft troublé ni par les chiens, ni par les hommes, où après avoir repu tranquillement il eut enfuite ruminer en repos , aura toujours la tête belle , haute, bien ouverte, lempaumure (7) large & bien garnie , le merain (s) eros & bien perlé avec grand nombre d’andouillers forts & longs; au-lieu que celui qui fe trouve dans un pays où il n’a nire- pos, m nourriture fufffante , n’aura qu’une tête mal nourrie, dont l’empaumure fera ferrée , le merain grêle, &c les andouillers menus & en petit nombre; en forte qu'il efttoujours aifé de juger par latête d’un cerf s’il habite un pays abondant & tranquille, & sl a été bien ou mal nourri. Ceux qui fe portent mal, qui ont été bleflés ou feulement qui ont été inquié- tés & courus, prennent rarement une belle tête, & _(r) Empaumure , c'eff le haut de la tête du cerf qui s'élar- git comme une main, & oùilya plufeurs andouillers rangés ‘négalement comme des doigts. (f) Merain, c’eft le tronc, la tige dubois de cerf. une bonne venaifon ; ils n’entrent en rut que plus tard ; il leur a fallu plus de tems pour refaire leur tête, &t ils ne la mettent bas qu'après les autres; ainfi tout concourt à faire voir quece bois n’eft comme la liqueur féminale , que le fuperflu, rendu fenfble , de la nourriture organique qui ne peut être employée toute entiere au développement, à l’ac- croiflement , ou à l’entretien du corps de animal. La difette retarde donc l’accroïfflement du bois, & en diminue le volume très-confidérablement; peut- être même ne feroit-il pas impofhble ,en retranchant beaucoup la nourriture, de fupprimer en entier cette production, fans avoir recours à la caftration: ce qu'il y a de sûr, c’eft que les cerfs coupés man- gent moins que les autres; & ce qui fait que dans cette efpece, auffi-bien que dans celle du dain, du chevreuil, & de Pélan, les femelles n’ont point de bois, c’eft qu’elles mangent moins que les mâles, &t que quand même il y auroit de la furabondance, il arrive que dans le tems où elle pourroit fe manife- fter au-dehors, elles deviennent pleines; par confé- quent le fuperflu de la nourriture étant employé à nourrir Le fœtus, & enfuite à allaiter le faon, iln’y a jamais rien de furabondant; & l'exception que peut . faire 1c1 la femelle du renne , qui porte un bois com- me le mâle, eft plus favorable que contraire à certe explication; car de tous les animaux qui portent un bois , le renne eft celui qui, proporrionnellement à fa taille, Pa d’un plus gros & d’un plus grand volu- me, puifqu'il s'étend en-avant êt en-arriere , fouvent tout le long de fon corps ; c’eft auffi de tous celui qui fe charge le plus abondamment ( :) de venaïfon; & d’ailleurs le bois que portent les femelles eft fort pe- tit en comparaïfon de celui des mâles. Cet exemple prouve donc feulement que quand la furabondance eft fi grande qu’elle ne peut être épuifée dans la ge- ftation par l’accroiflement du fœtus, elle fe répand _au-dehors & forme dans la femelle, comme dans le mâle , une produétion femblable , un bois qui eft d’un plus petit volume , parce que cette furabondance eft aufli en moindre quantité. Ce que je dis ici de la nourriture ne doit pas s’en- tendre de la mafle ni du volume des alimens, mais uniquement de la quantité des molécules organiques que contiennent ces alimens : c’eft cette feule ma- tiere qui eft vivante, a@tive & produétrice ; le refte n’eft qu'un marc, quipeut être plus ou moins abon- dant, fans rien changer à l’animal. Et comme le Li- chen, qui eft la nourriture ordinaire du renne, eft un aliment plus fubftantiel que les feuilles, les écor- ces , ou les boutons des arbres dont le cerf fe nour- rit ; 1l n’eft pas étonnant qu’il y ait plus de furabon- dance de cette nourriture organique , & par confé- quent plus de bois & plus de venaifon dans le renne que dans le cerf, Cependant il faut convenir que la matiere organique qui forme le bois dans ces efpeces d'animaux , n’eft pas parfaitement dépouillée des parties brutes auxquelles elle étoit jointe, & qu’elle conferve encore, après avoir pañlé par le corps de lanimal , des caraéteres de fon premier état dans le végétal. Lebois du cerf poufle, croît, &fe compofe comme le bois d’un arbre : fa fubftance eft peut-être moins offeufe que ligneufe ; c’eft, pour ainf dire, un végétal greffé fur un animal, & qui participe de la nature. des deux, & forme une de ces nuances auxquelles la nature aboutit toujours dans les extrè- mes , & dont elle fe fert pour rapprocher les chofes les plus éloignées. Le cerf qui n’habite que les forêts , & qui ne vit (:) Le rangier ( c'eft le renne) eft une bête femblable au cerf, & aa tête diverfe , plus grande & chevillée ; il porte bien quatre-vingt cors , quelquefois moins ; fa tête lui couvre le corps , il a plus grande venaifon que n’a un cerfen fa faifon. Voyez la chaffe de Fhebus, | | VEN ee ainfi dife, que de bois, porte the elpece de bois qui n'eft qu'un réfidu de cette nourriture : le caftor qui habite les eaux & qui fe nourrit de poif fon , porte une queue couverte d’écailles : la chair de la loutre & de la plüpart des oifeaux de riviere, eft un aliment de carême, une efpece de chair de poifion. L’on peut donc préfumer que des animaux auxquels on ne donnereït jamais que la même efpece de nourriture s’affimileroient en entier à la forme de F1 nourriture, comme on le voit dans le bois du cerf &z dans la queue du caftor. Ariftote, Théo- phraîte, Pline , difent tous que l’on a vu du lierre s'attacher, poufler, & croitre fur le bois des cerfs lorfqu'il eft encore tendre. Si ce fait et vrai, il {e- roit facile de s’en aflurer par l'expérience; il prou- veroït encore mieux l’analosie intime de ce bois avec le bois des arbres. . Le cerfn’eft pas feulement tourmente par les vers des tumeurs , 1l l’eft encore par des vers d’une autre efpece qui naïflent dans fon gofier, & qui font fauf- feinent accufés d'occafonner la chûte des bois du cerf. ( La mouche , qu’on nomme souche de la gorge du cerf, fait qu'auprès de la racine de la langue des cerfs , 1l y a deux bourfes qui lui font affedtées pour le dépôt de fes œufs ; elle connoît auf la route qu'il faut tenir pour y arriver. Elle prend droit fon chemin par le nez du cerf , au- haut duquel elle trouve deux voies, dont l’une conduit au finus fron- tal, &t l’autre aux bourfes, dont nous venons de parler. Elle ne fe méprend point ; c’eft par celle-ci qu’elle defcend pour aller chercher vers la racine de la langue les bourfes qui en font voifines. Elle y dé- pofe des centaines d'œufs qui deviennent des vers, êc qui croiflent & vivent dela mucofité que les chairs de fes bourfes fourniflent continuellement. Lorfqu'ils font arrivés à leur groffeur , ils fortent du nez du erf & tombent à terre, s’y cachent & y fubiflent leur métamorphofe qui les conduit à l’état de mou- che. Didiionnaire de M, Valmont de Bomare ,: arricle mouche, p. 403. Les mouches des tumeurs des bêtes à cornes font éxtrèmement velues, comme les bourdons ; elles font, comme eux , un grand bruit en volant, maïs eiles n’ont que la bouche & deux aîles ; c’eft fur Les taureaux, les vaches , les bœufs , les cerfs que cette mouche hardie va dépofer fes œufs. Les daims, les chameaux , & même les rennes n’en font point exemts : elle fe gliffe fous leur poil , & avecun inf. trument qu’elle porte au derriere & qu’on pourroit comparer à un biftouri , elle fait une ouverture dans Ja peau de Fanimal , & y introduit fes œufs ou fes vers , Car on 19nore fi elle eft ovipare ou vivipare. Ce biftouri ou cette tarriere eft d’une ftru@ure très- curieufe : c’eft un cylindre écailieux compofé de quatre tuyaux qui s’alongent À la maniere de lunet- tes ; le dernier eft terminé par trois crochets, dont la mouche fe fert pour percer le cuir de l’animal ; le per fouvent cette piquure ne paroît point inquiéter e moins du monde ces animaux ; mais fi quelquefois la mouche perçant trop loin, attaque quelque filet nerveux, alors la bête à cornes fait des gambades , fe met à courir de toutes fes forces , & eñtre en fu reur, Aufhi-tôt que l'infeéte naïflant commence À lucer les liqueurs qui rempliffent la plaie, la partie piquée s’enfle ; s’éleve comme une bofle ; les plus groffes ontenviron 16 à 17 lignes de diametre à leur bafe, écun pouce & un peu plus de hauteur. Apeine ces bofles {ont-elles fenfbles avant le commence- ment de l'hiver, & pendant l'hiver même, quoi- qu'elles ayent été faites dès l'automne précédent. Il paroît que les vers qui habitent ces tumeurs ne font point de mal à leur hôte, car l'animal ne s’en porte pas moins bien, ne maigrit point, & conferve Tome XPFL, | 943 tout Ton appétit ; 11 y à même des paÿfans qui prés ferént les jeunés bêtes qui ont de ces boffes à celles. qui n'en ont pas, l'expérience leur ayant appris qu'elles éritent cette préférence, On peut penfer que toutes ces plaies font fur l’animal l'effet de cau teres, qui font plus utiles que nuifibles en füifant couler les humeurs extérieurement. Lorfque le ver éft arrivé à fon état de perfeétion , il fort par l’ou- verture de la boffe, & fe laifle tomber à terre ; il eft digne de remarque que c’eft toujours le matin qu'il prend fon tems, après que les fraîcheurs de la nuit font pañlées , & avant que la grande chaleur du jout foit arrivée, comme s'il prévoyoit que la fraîcheur de Pair Pengourdiroit , & que la chaleur le defféche toit, 1 elle le trouvoit en route. Le ver fe fourre fous quelque pierre ou fous quelque trou , où il fus bit fa métamorphote. M. de Buffon ne dit rien dés taons vivans qu fe trouvent entre cuir & chair des cerfs, biches, daims, c. dans lhiver, qui font prefque gros comme le bout du peut doigt, dont on trouve beaucoup à la fn de l'hiver &t au commencement du printems autour de la tête du cerf, | M. de Valmont ne dit tien fur ce fujet. Les auteurs anciens donnent au cerf une bien plug longue vie que les modernes, . Oppien , dans fon poëme de la vénerie, Liv. IT, dit qu'il cherche &e combat les ferpens, les tue, les mange ; & après va chercher dans les fleuves des cancres qu'il mange, ce qui le guérit aufli-tôt, & qu'il vit autant que font quatre corneilles. Modus ne dit rien de la durée de la vie des cerf. Phœbus , dans fon prèmier chapitre, dit que le éerf vit cent ans ; que plus il eft vieux, plus il eft beau de fon corps 87 de fa tête, & plus luxurieux il eft, mais qu’il n’éft pas fi vite, fi léger ni fi puifs fant ; que quand le cerf eff très-vieux, il bat du pié pour faire fortir les ferpens courroucés , & qu’il en avale & mange , &c puis va boire , courre çà & là 4 Peau & le venin fe mêlent enfemble, & il jette tou tes les mauvaifes humeurs qu’il a au corps, &c lui revient chair nouvelle, Fowlloux , chap. xyj. rapporte le fentiment d'IG: dore, que le cerf eft le vrai contraire du ferpent ; ët que quand 1l eff vieux , décrépit & malade , il s’en va aux fofles &e cavernes des ferpens , puis avec les narines fouffle 8 pouffe fon haleine dedans , en- forte que par la force & ia vertu d'icelle il contraint le ferpent de fortir dehors ; lequel étant forti , ile tue avec le pié , puis le mange & le dévore ; après il s’en va boire, alors le venin s’épand par tous les conduits de fon corps ; quand il fent le venin , ilfe met à courir pour s’échauffer. Bientôt après il com- mence à fe vuider, & purger tellement quil ne lui demeure rien dans le corps, fortant par tous les conduits que la nature lui a donné, & par ce moyen le renouvelle & fe guérit, fafant mutarion de poil. Charles IX. chap. vj. rapporte qu’ Oppien dit qu'un cerf peut vivre quatre fois plus que la corneille, com- me il eft écrit ci-deflus ; 1l donne cent ans de vie à chaque corneille , cela feroit quatre cens ans. . Pline donne un exemple de leur longue vie, it écrit que cent ans après Alexandre le grand on a pris des cerfs avec des colliers au col , qu’on leur avoit attaché du tems dudit Alexandre ; étant lefdits col- hiers cachés de leur peau, tant ils avoient de venai- fon. Quand ils font malades, Ambrofius dit qu’ils mangent des petits rejettons d’olivier , &c fe guérif- fent ainf. | Pline écrit qu'ils n’ont jamais de fievre , qui plus eft qu'ils remédient à cette maladie, qu’il y a eu des princefles qui ayant accoutumé de manper tous les matins un peu de chair de cerf, ont vécu fort long-tems, fans jamais avoir eu aucune fevre, pour- DDDdddi 944 VEN vu que les cerfs ayent été tués d’un feul coup. Salnove ne dit rien de pofñitif fur la longue vie des cerfs ; voici comme il s'explique. Salnove ne doute pas que la nature enfeigne aux cerfs les fimples pour les guérir lorfqu’ils font mala- des ; le cerf peut vivre long-tems fans accident, il s’entrouve peu de mort ; mais d’en favoir l’âge, cela ne fe peut, ou bien de connoître s’il eft jeune cerf, ou cerf dix cors ou vieux cerf. M. de Selincourt ne dit rien dans fon parfait chaf- feur fur la longueur de la vie des cerfs. Il n’eft pas aifé de décider de la durée de la vie des cerfs. Les Naturaliftes font partagés à cet égard. Quelques-uns prétendent qu'ils peuvent vivre deux cens ans. L'auteur du livre dit: « Pour moi, fans en- » trer dans aucune difcuflion à ce fujet, mon fenti- » ment eft que les cerfs ne peuvent vivre plus de » quarante ans». Il feroit aifé d’en faire lexpérien- ce, en mettant dans un parc un jeune cerf avec quel- ques biches , ils y tiendroient le rut , & il faudroit en retirer les faons qui en proviendroient, de peur qu'ils ne fe battiflent entr’eux, & qu’à la fin ils ne tuaflent le vieux cerf, Nouveau traité de vénerier 750, p.140. Le poëme des dons des enfans de Latone ne dit rien fur la vie des cerfs. Dans l’école de la chafle de M. le Verrier de la Contrie, I. part. au chap. j. de la chaffe du cerf, p.80. l’auteur cite Phœbus, qui fixe la durée de fa vie à cent ans, il le réfute , en difant que les meilleurs na- turaliftes ne donnent aux cerfs que quarante ou cin- quante ans de vie, & non cent. Il eft toujours conf- tant qu'il eft de longue vie , quoique fujet à deux grandes incommodités, ce que l’auteur a remarqué dans deux qu'il a élevés : la premiere eft une reten- tion d’urine ; la feconde, eft une démangeaifon vive &t douloureufe, caufée par de gros vers blancs, ap- péllés saons, qui s’engendrent & proviennent pen- dant l’hiver de la mauvaïife nourriture, dont il eft obligé de faire fon viandis ; comme la nature pouffe au-dehors tout ce qui lui eft contraire, ces vers che- minent entre cuir & chair pour trouver par où fortir: les uns vont le long du dos, lesautres le long du cou, maisne pouvant pañleroutre lesoreilles, ils defcendent fousla gorge, oùils s’amaflent &r y féjournent jufqu’à ce au’ils ayenttous pü fortir par labouche êcles nari- nes. Quand on vient à lever la têre d’un cerfpris dans cette faïfon , onentrouve quelquefois dans legavion gros comme les deux poings; ces fortes de vers affoi- bliffent & font maigrir extraordinairement les cerfs, mais ils fe guériflent de cette maladie aux mois de Mars & d'Avril ; en Mars , en mangeant le bouton qui précede Le nouveau bois, &c le bourgeon des ar- bres fruitiers; en Avril, avec Le nouveau bois même, les blés verds , &c autres herbes tendres & nou- velles. Quant à leur rétention d'urine , ils s’en guériffent fingulierement : ils tuent à coups de pié un crapeau ou une vipere, la mangent , &c fe mettent enfuite à courir de toutes leurs forces, puis fe jettent à l’eau; ceci n’eft point un conte fait à loifir (c’eft toujours l'auteur de Pécole de la chafle qui parle), j’en ai la preuve de mes yeux: Ifidore eft de plus mon garant, &t nombre de perfonnes qui, en ouvrant des cerfs, ont trouvé dans leur panfe de ces fortes de reptiles. Le cerf s’épuife f fort pendant le rut, qu'il refte tout l'hiver dans un état de langueur ; fa chair eft même alors fidénuée de bonne fubftance, & fon fang fi fort appauvri , qu’il s’engendre des vers fous fa peau , lefquels augmentent encore fa mifere, êtne tombent qu’au printems lorfqu'il a repris, pour ainf dire, une nouvelle vie par la nourriture aétive que lui fourniflent les produtions nouvelles de la terre. . Toute fa vie fe pañle donc dans des alternatives + VEN de plénitude &7 d'inanition, d’embongpoint &r de mai. greur, de fanté , pour ainfi dire , & de maladie, fans que ces oppoñitions fi marquées & cet état toujours exceffif alterent {a conftitution , 1l vit aufli lono-tems que les autres animaux qui ne font pas fujets à ces viciflitudes. Comme il eft cinq à fix ans à croître , il vit auf fept fois cinq ou fix ans, c’eft-à-dire trente- cinq ou quarante ans (x). Ce que l’on a débité fur la longue vie des cerfs, n’eft appuyé fur aucun fon- dement ; ce n’eft qu’un préjugé populaire qui régnoit dès le tems d’Ariftote , & ce philofophe diravec rai- fon que cela ne lui paroïît pas vraiflemblable, atten- du que le tems de la geftation & celui de l’accroifle- ment du jeune cerf n'indiquent rien moins qu’une trés-lonoue vie. Cependant , maloré cette autorité, qui feule auroit dû fuflire pour détruire ce préjugé, il s’eft renouvellé dans des fiecles d’ignorance par le cerf qui fut pris par Charles VI. dans la forêt de Senlis qui portoit un collier , fur lequel étoit écrit, Cafar hoc me donavit, êt l’on a mieux aimé fuppofer mille ans de vie à cet animal & faire donner ce col- ler par un empereur romain , que de convenir que ce cerf pouvoit venir d'Allemagne où les empereurs ont dans tous les tems pris le nom de Cz/ur. - Il eff très-certain que ce cerf a été repréfenté dans la faille du préfidial à Senlis ; j’ai été pour ly voir, mais 1l n’y étoit plus, Pinfcription étoit encore fur la muraille , & je lai tranfcrite mot à mot, comme la voici, dans l’année 1756 , le 30 Juin, en allant à Compiegne. « En lan, &c. effacé, le roi Charles VE » chaffant dans la foreft de Hallatte prit le cerf dont » vous voyez la figure, portant un collier d’or, où » étoit écrit, hoc me Cæfär donavit, de ce lieu en # Pendroit où il fut relancé ». | La tête des cerfs va tous les ans en augmentant en groffeur & en hauteur depius la feconde année de leur vie jufaqu’à la huitieme ; elle fe foutient toujours belle, & à-peu-près la même pendant toute la vi- gueur de l’âge ; mais lorfauils deviennent vieux, leur tête décline auf. Il eft rare que nos cerfs por- tent plus de vingt ou vingt-deux andouillers lors- même que leur tête eft la plus belle ( depuis qua- rante-fix ans que je fuis dans les chafles du cerf, je n’en ai vu qu’un à Fontainebleau qui en portoit vingt- fix, attaqué à Maflory, 6z pris à la riviere dans le mois de Juillet, 1l n’avoit pas touché au bois il y a40 ans), & ce nombre n’eit rienemoins que comtant ; car il arrive fouvent que le même cerf aura dans une année un certain nombre d’andouillers, & quel’année fui- vante ilenaura plus oumoins, felon qu'il aura eu plus ou moins de nourriture & de repos; &r de même la grandeur de la tête ou du bois du cerf dépend de la quantité de nourriture, la qualité de ce même bois dépend aufli de la différente qualité des nourritures; il eft comme le bois des forêts, grand, tendre , & aflez léger dans les pays humides & fertiles ; 1l eft au contraire court, dur & pefant dans les pays fecs & ftériles. Il en eft de même encore de la grandeur & de la taille de ces animaux , elle eft fort différente, felon Les lieux qu'ils habitent : les cerfs de plaines, de vallées ou de collines abondantes en grains ont le corps beaucoup plus grand , &c les jambes plus hautes que les cerfs des montagnes feches, arides & pierreules ; ceux-c1 ont le corps bas, court & trapu, ils ne peuvent courir aufli vite, maïs ils vont plus long-tems que les premiers ; ils font plus méchans, ils ont le poil plus long fur le maflacte , leur tête eft ordinairement bafle & noire , à-peu-près comme un arbre rabougri, dont l'écorce eft rembrunie , au-lieu que la tête des cerfs de plaine eft haute & d’une cou- leur claire-rougeâtre , comme l’écorce des arbres (u} Pour moi, fans entrer dans aucuns difcuffion à ce fujet, mon fentiment eft que les cerfs ne peuvent vivre plus de qua- rante ans. Nouveau traité de la Vénérie, p. 147. N° VEN qui croïffent en bon terrein, Les petits cerfs trapus habitent guere les fatayes, & fe tiennent prefque toujours dans les tallis, où ils peuvent fe fouftraire plus aifément à la pourfuite des chiens ; leur venai- fon eft plus fine, & leur chair eft de meilleur goût que celle des cerfs de plaine. Le cerfde Corfe paroît être le plus petit de tous ces cerfs de montagne, il n’a guere que la moitié de la hauteur des cerfs ordi- dinaires , c’eft, pour ainf dire, un baffet parmi les cerfs ; 1l a le pelage (x) brun, le corps trapu, les jambes courtes ;& ce qui m’a convaincu que la gran- deur &r lataille des er en général dépendoit abfolu- ment de la quantité & de la qualité de nourriture, c'eft qu'en ayantfait élever un chez moi, & layantnourri largement pendant quatre ans, il étoit à cet âge beau- coup plus haut, plus gros , plus étoifé que les plus vieux cerfs de mes bois, qui cependant font de la belle taille. Le pelage le plus ordinaire pour les cerfs eff le fauve ; cependant il fe trouve même en aflez grand nombre, des cerfs bruns , &c d’autres qui font roux : les cerfs blancs font bien rares. Mgr. le Duc, pere de M. le prince de Condé, avoit dans fa ménagerie à Chantilly, des cerfs blancs , il en a fait pafler dans les forêts voifines, 1ls ont communiqué dans le tems du rut avec les biches , il eneft forti des faons mar- qués de blanc & de fauve , qui fe font élevés & ré- pandus dans les forêts des environs , il y en a eu un dans la forêt de Montmorenci qui avoit la face & les quatre piés blancs, il eft venu dans le tems du rut aux environs de Verfailles à Fautferpaufe , il a laiffé de fon efpece , plufieurs faons en font venus très-reflemblans ; ils fe font élevés, en ont fait d’au- tres de leur efpece, &c fe font répandus dans les fo- rêts yoifines, à Scenart, à Saint-Leser, aux Alluets, 6c. Ce premier cerf à nez blanc eft venu à Faufler- paufe pendant plus de fix à fept ans, toujours dans la faïfon du rut, & il s’en retournoit, à lafinila difparu, mais il y en a encore de très-reffemblans , il en eft entré un de fon efpece mais bien plus blanc, dans la forêt de Marly par une breche, celui-ci fera desfaons fauves & blancs, quifemblent être des cerfs devenus domeftiques, mais très-anciennement ; car ÂAriftote & Pline parlent des cerfs blancs, & il pa- roit qu'ils n’étoient pas alors plus communs qu'ils ne le font aujourd’hui. La couleur du bois comme la couieur du poil , femble dépendre en particulier de l’âge & de la nature de l'animal, & en général de Pinprefion de l'air: les jeunes cerfs ont le bois plus blanchâtre & moins teint que les vienx. Les cerfs dont le pelage eft d’un fauve clair & délayé , ont fouvent la tête pâle & mal teinte ; ceux qui font du fauve vif, Pont ordinairement rouge; & les bruns, fur-tout ceux qui ont du poil noir fur le col, ont auf la tête noire. Il eft vrai qu'à l’intérieur le bois de tous les cerfs eft à-peu-près également blanc, mas ces bois different beaucoup les uns des autres en folidité & par leur texture, plus ou moins ferrée; il y en a qui font fort fpongieux 8: où même il fe trouve des cavités aflez grandes : cette différence dans la texture fufit pour qu'ils puiffent fe colorer différemment, &z il n’eft pas néceflaire d’avoir re- cours à la feve des arbres pour produire cet effet, puilque nous voyons tous les jours ivoire le plus blanc jaunir ou brunir à l'air , quoiqu'il foit d’une matiere bien plus compaéte & moins poreufe que celle du bois du cerf, Le cerf paroïît avoir l’œilbon, Fodorat exquis, & loreille excellente; lorfqu’il veut écouter, il le- ve la tête, dreffe les oreilles , & alors il entend de fort loin ; lorfqul fort dans un petit taillis ow dant quelqu’autre endroit à demi découvert , il s'arrête F Pelage , C'eft la couleur du poil du cerf, du däin , du chevreuil. us TA rt … VEN pas fr 2 745 pout regarder de tous côtés, & cherche enfuite le deflous du vent pour fentir s'il ny a pas quelqu'un qui purfle Pinquiéter, Il efft d’un naturel aflez fimple, 6z cependantul eft curieux &c rufé ; lorfqu’on le file ou qu'on lappelle de loin, il s'arrête tout court &- regarde fixement & avec une éfpece dadmiration, les voitures , le bétail, les hommes, & s'ils n’ont ni armes, n1 chiens, 11 continue à marcher d’aflurance (y) & pañle fon chemin fierement & fans fuir: à par roit aufli écouter avec autant de tranquillité que de plaifir , le chalumeau ou Le flageolet des bergers , & les veneurs fe fervent quelquefois de cet artifice - pour le raflurer, Ce qui ne s’eft jamais pratiqué dans la vérerie. En général, il craint bien moins l’homme que les chiens , & ne prend de la défiance & de là rufe ; qu'à mefure 8 qu'autant qu'il aura été inquié- té : 1l mange lentement, il choïfit {a nourriture; & lorfqu'il a viande, il cherche à fe repofer pour rumi- ner à loifir, mais il paroît que la rumination ne fe fait pas avec autant de facilité que dans le bœuf; ce n’eft pour ainf dire, que par fecoufles que le cerf peut faire remonter l’herbe contenue dans fon pres. mier eftomac. Cela vient de la longueur & de la di- reélion du chemin qu'il faut que l'aliment parcoure + le bœuf a le col court &r droit, le cerf l’a long & arqué ; il faut donc beaucoup plus d'effort pour faire remonter l'aliment, êc cet effort fe fait par une ef- pece de hoquet, dont le mouvement fe marque aus dehors & dure pendant tout Le tems de la rumina- tion. LE Il a la voix d'autant plus forte, plus groffe &c plus tremblante, qu'il eft plus âgé ; la biche a la voix-plus foible & plus courte, elle ne rait pas d'amour, mais de crainte : le cetf rait d’une mamiere efrayable dans le tems.du rut , il eftalors @ tranfhorté, qu’il ne s’inquétenm ne S’effraie de rien, on peut donc ie furprendre aifément , & comme il eft {urchargé de venaïlon, il ne fient pas long-tems devant Les chiens, mais il eft dangereux aux abois, & il fe jette fur eux avec une efpece de fureur, all ne boit suere.en hiver , 8 encore moins au printems; l'herbe tendre & chargée de rofée hu fnfit ; mais dans les chaleurs &t {écherefles de lété ; il va hoire aux ruifleauxs aux marres , aux fontaines, & dans le tems du tut, il eff fi fortéchaufté qu’il cherche l’eau partout, non: feulement pour appaifer la foif brûlante, mais pour fe baigner 8 fe rafraichir le corps. H nage parfaitez ment bien, &c plus légerementialors que dans tout autre tems , à caufe de la venaifon dont le volume eft plus léger qu'un pareil volume d’eau : on en a vû traverfer detrès-grandes rivieres ;.on prétend même -qu’attiré par Podeur des biches, les cerfs fe jettent À da mer dans le tems du rut , & pañlent d’unerîle à une autre, à des diftances de plufieurs lieues ; ils fautent encore plus Léserement qu'ils nenagent, car Jlorfqu’ils font pourfuivis , ils franchiflent aïfémence une haie, 8 même un palis d’une toile de hauteurs leur nourriture eft différente fuvant les différentes faifons ; en automne, après le rut, ils cherchentles boutons des arbuites verds, les fleurs de bruyeres, les feuilles de ronces, 6, en hiver lorfqu'il neige, ils pelent les arbres & fe nourtiffent d'écorces, de moufle , &c. &c lorfqu’il fait un tems doux , ils vont viander dans jes blés au commencement du prine- tems ; ils cherchent les chatons-des trembles, des marfaules , des coudriers, les fleurs 8 les boutons du cornouiller, 6. en été ils ont dequoi choifir À mais ils préterent les feigles à tous les autres grains, & la bourgenne à tous les autres bois. La chair du faon eft bonne à manger, celle de la biche & du da- guet n'eft pas ablolument mauvaife, mais celle des (y). Marcher d'aflürance, aller d'afürance ; c'eft loraue le cerf va d’un pas réglé & tranquille. 946 VEN cerfs a toujours un pot defigtéable & fort*; ce que «et animal: a de plus utile, c’eft fon bois &z fa peau; -on la prépare, & elle fait an cuir fouple &x tres. du- æable; le bois s'emploie par les Coutehers,, les Four- :biffeurs , &c. & l'onen tite par la chimie des efprits ‘alkali-volatils ; dont la Médecine fait un fréquent ufage. Lorfque le faon a environ fix mois, alors il change de nom, il prend celui de ere : les boffettes croïf- dent & s’alongent, elles deviennent cylindriques, & -dans cet état on leur donne le nom de couronne ( en “termes de chafle on les nomme pivots ) ; ils font ter- #minés par une face concave , {ur laquelle poie lex- +trémité inférieure du bois. | | Le premier que porte le cerfne fe forme qu'après Ya premiere année ; il n’a qu’une fimple tige fur cha- que pivot fans aucune branche, c’eft pourquoi on donne à ces tiges le nom de dagues, ét au cerf celui de dagnet , tant qu'il eft dans {a feconde année ; mais à la troifieme année , au lieu de dagues 1la un bois “dont chaque perche jette deux ou trois branches, que lon appelle ardouiilers. | Alors FPanimal eft nommé cerf a La feconde téte: ce nom lui refte jufqu’à ce qu’il ait mis bas fa feconde ‘tête ; celle qui lui repoufle à la quatrieme année lui fait prendre le nom de cerf a fx sroifieme sére, qu'il conferve jufqu'à ce qu'il ait mis bas cette troifieme tête, & celle qui lui fepouffe à la cinquieme année, ui fait prendre le nom de cerfa fa quatrieme tére, qu’il conferve de même jufqu’à ce qu'il ait mis bas cette quatrieme tête, celle qui lui repoufle lui fait prendre de nomde dix cors jeunement qu'il conférve pen- dant fafixieme année ; quand 1l met bas cette tête, à Celle qui ii repoufle à fa feptieme année, il prend le nom de cerf dix cors | après 1l n’y a plus de terme que celui-degros 8t vieux cerfs ; dans ces âges le nombre des andouillers n’eft pas fixe ; 1l y a plufieurs “exemples de daguets qu'on a pris avec les meutesdes. M. lefquels portoient desandouillersfur leurs dagues, qui étoient chaflés pour des cerfs à leur feconde tête, -& qui à la mort ne fe trouvoient que daguéts, parce qu'ils n’avoient point de meule, les daguets n’en “ayant jamais ; les meules font une petite couronne -en forme de bague , qui croit au bas du merain des cerfs, &celles ne prennent cette forme qu'après que les dagues font tombées , &c qu’il leur pouffe leur fe- conde tête, les daguets n’ont point de meule, mais feulement de petites pierrures détachées à l'endroit où les meules fe forment à l’accroiflement de leur fe- conde tête; quand le nombre des andouillers eft au ombre pair, &c qu'il y en a autant d’un côté que de Vautre,& particulierement ceux qui forment l’empau- mure, c’eft-à-dire, andouillers de chaque côté à lem- paumure,cela fe dit porter douge,parce que lon compte de cetre façon; landouiller qui croit le plus près des meules, fe nomme premier andouiller,celu qui fuit /ur- “andouiller, & celui d’après chevillure; ot il eft à préfu- “mer que tous les cerfs doivent avoir ces trois andouil- * M. de Buffon va point mangé de la chair du cerf dans la Æaifon qu'elle eft bonne, puifqu'il latrouve d'un goût defagréa- ble & fort; il eft vrai qu'elle eft telle dans le tems du rut, mais quand il eft pañlé , & que les cerfs font refaits & rétablis, elle Æft très-bonne à manger, quand on fait bien l'accommoder. Ælle étoit fi peu mauvaile , qu'anciennement on portoit à Ja bouche du roïles petits filets, la langue , le mufle & les oreil- es : j'ai encore vu de mon teins y porter les pecits filets & la langue ; on ’eft relâché far cela ; tis n’ont point été redeman- dés, &'on ne les y a plus portés ; an les portait à la bouche juf- qu'à ce que les cerfs fuffent en rut, pour-lors on cefloit jufqu'à Ja S. Hubert qu'on les reportoit. J'ai vu aufli porter quelque- fois la hampe du cerf, qui eftla poitrine, à la bouche de fa -majefté qui les demandoit, Le roi mange actuellement les din- tiers, & mêmedans letems.du rut par régal. Depuis qu'onne porte plus à la bouche les petits filets & la langue, ces mor- ceaux font pris par ceux à quil’affemblée en pain, vin & viande “æombe les jours que l'on chafle ; foït valets de limiers ou valets de chiens. & VEN = a % n | Le lets le long du Mérain,quetouslesandowillers eut font au-deffus doivent être compris de l’empaumure, ainf ayant trois andouillers le long du merain , & trois à lempaumure , cela fait fix, autant de l’autre côté, fait douze, qu'on dit que le cerf qui aïe même nom: bre doit porter,& s’il n’y avoitque deux andouillers à lempaumure d'un côté & trois de l’autre,on dit porter douze mal femée : quand un cerf n’auroit qu'un pre- mier andouiller , point de für-andouiller , ‘ni de che- villure , & qu'il auroit trois andouiliers à l'empau: mure de chaque côté, on doit toujours dire porter douze , comme je l'ai déjà dit, qu'il n’y a que lesran- dotullers de lempaumure que l’on compte en fuppo- fanttoujours les andouillersau-deffous, qu'ils y foient eu non ; un cerf qui a les trois premiers andouillers, &t quin’en a point à l’empaumute, il eft dit porter huit; S'il ÿ a un andouiller à l’empaumure , f petit qu'ilpuifie être, pourvu qu’il déborde le marain à y accrocher la bouteïlle ,'on le compte, & on ditper= ter dix ; S'il ÿ en a autant de l’autre côté, s’il n’y en a qu'un d'un côte & point de l’autre, il eff dit pors ter dix mal ferrée ; aïinfi du plus grand nombre comme celui-ci, p. 143. | L’extrémité inférieure de chaque perche eft entou- rée d’un rebord en forme d’anneau , que l’on nomme la meule : ce rebord eft parfemé de tubercules appel- lés pierrurts | &t 1l ÿ a fur les perches ou mérain, &t fur la partie inférieure des andouillers d’autrestu- bercules plus petits appellés perlures : ceux-ci {ont féparés les uns des autres dans quelques endroits par des fillons qui s'étendent le long du merain & des an- douillers , & que l’on nomme goutriere : À mefure que le cerf avance en âge le bois eft plus haut, plus ou: vert, c’eft-à-dire , que les perches font plus éloi- gnées l’une de Pautre ; le merain eft plus eros , les andouillers font plus longs, plus gros & plus nom- breux, les meules plus larges , les pierrures plus grofles, & les gouttieres plus grandes. Cependant à tout âge 1l arrive dans ces parties des variétés qua dé- pendent de la qualité des nourritures & de la tempé- rature de Pair, Lorfque le bois eft tombé , la face fupérieure des prolongemens de l'os du front refte à découvert (en terme de vérerie il fe nomme pivor ); mais bientôt le périofte & les tégumens qui embraflent chaque pi- vot en l’entourant s’alongent, leurs bords fe réuni fent fur la face fupérieure, & forment fur cette face une mafle qui a une confiftance molle, parce qu’elle contient beaucoup de fang, & qui eft revétue de poils courts à-peu-près de la même couleur que celui de la tête de l’animal : cette maffe fe prolonge en-haut, comme le jet d’un arbre devient la perche du bois, &t poufle à mefure qu’elle s’éleve des branches la- térales qui font les andouillers. Ce nouveau bois , qu'on appelle un refrais , eft de confiftance molle dans le commencement de fon accroiflement: la réac- tion qui fe fait contre les pivots,formeles meules par la portion de matiere qui déborde autour de l’extré- mité inférieure de chaque perche. Le bois a une forte d’écorce qui eft une continuation destésumens de la tête; cette écorce ou cette peau eft velue, & renfer- me des vaiffeaux fanguins, qui fourniffent à Paccroif- fement du bois; ils rampent &c fe ramifent Le long du merain & des andouillers. Les troncs & les principales branches de ces vaif- feaux y creufent des impreffions en forme de fillons longitudinaux , qui font les gouttieres. Les petites branches & leurs ramifications tracent d’autres fillons plus petits , qui laiffent entr’eux fur la furface du bois des tubercules , des pierrures &c des perlures ; ces tubercules font d’autant plus larges & plus élevés que les vaifleaux entre lefquels ils fe trouvent , font plus gros , & par conféquent plus éloignés les uns des autres à l'extrémité du mérain & des andouillers, VEN les ramifications font très-petites ; il n’y à point de perlures, ou elles feroient fi petites, qu'elles fe détrui- fotent par le moindre frottement, La fubflance du nouveau bois de cerf fe durcit par le bas , tandis que la partie fupérieure eft encore tuméfiée & molle ; mais lorfqu'il à pris tout {on accroïflement, l’extré- mité acquiert de la folidité, alors il eft formé en en- tier, quoiqu'il ne foit pas auf compaét qu’il le de- vient dans la fuite ; la peau dont il eft revêtu fe dur: cit comme un cuir , elle fe deffeche en peu de tems, & tombe par lambeaux, dont le cerf accélere la chute en frottant fon bois contre les arbres. Il y a au-deflus de l’angle antérieur de chaque œil du cerfune cavité dont la profondeur eft de plus d’un pouce : elle s'ouvre au-dehors par une fente large d'environ deux lignes du côté de l'œil , & longue d’un pouce , elle eft dirigée en ligne droite du côté de la commiflure des levres ; cette cavité a, pour Por- dinaire , un pouce de longueur, & environ huit li- gnes de largeur dans le milieu : la membrane qui la tapile , eft pliflée dans le fond & très-mince ; elle renferme une forte de fédiment de couleur noire,de fubftance grafle, tendre & légere ; on donne à ces cavités le nom de Zarmiers , & à la matiere qu’elles contiennent celui de Zarmes, ou de bezoard de cerf; mais le premier fembleroit être plus convenable que l'autre. Ces cavités font dans tous les cerfs & dans- toutes les biches ; mais on ne les trouve pas toujours pleines de matiere épaifie ; fouvent il n’y en a qu'une petite quantité, & fa confiffance eft très- molle. | Le cerf a de chaque côté du chanfrein, près de la fente dont il vient d’être fait mention , le poil dif- poié en épi, comme celui qui eft fur le front du cheval, Il fe trouve fur la face extérieure de la partie fu- périeure du canon des jambes de derriere ) un petit bouquet de poil auquel on a donné le nom de broffe , parce qu'il eft un peu plus ferré & un peu plus long que celui du refte du canon. Le faon en naïffant eft moucheté , il perd fa livrée à l’âge d'environ neuf mois. Le cœur du cerf eft fitué comme celui du bœuf à il a auf deux os femhlables à ceux du cœur du bœuf par leur pofition & leur figure ; la biche a un os dans le cœur; maïs à proportion beaucoup plus petit que dans le cerf. En terme de vénerie on nomme l’os du cœur du cerf croix de cerf. Les tefticules des cerfs font pofés dans le milieu du fcrotum , l’un en avant, & l’autre en atriere ; dans quelques fujets, le tefticule droit {e trouvoit en avant ; dans d’autres c’étoit le gauche ; dans tous, les deux tefticules fe touchoient par le côté intérieur, & ils adheroiïent l’un à l’autre par un tiflu cellulaire aflez lâche , pour qu’on püt le remettre l'un à côté de l’autre , mais dès qu'on donnoït quelque mouve- ment au fcrotum ou aux cuifles de l'animal , on re- trouvoit les tefticules dans leur premiere fituation. En terme de vérerie, on nomme les tefticules dair- tiers. La biche a deux mamelles commela vache , &c cha- que mamelle a deux mamelons. Les dentsincifives du cerffont au nombre de huit à la mâchoire inférieure. Le cerf &c la biche ont de plus que le taureau deux crochets dans la mâchoire fupérieure ,un de chaque Côté ; ils ont rapport par leur pofition aux dents ca- nines, & 1ls leur refemblent encore par leur racine, mais au-lieu d’être pointus, ils font arrondis à leur : extrémité, & ils font lifes ; quand il ya une ef- pece de larme noire dans le blanc life de la dent F elles font belles , & on les fait monter en bague , fa majefté &c le grand veneur prennent fouvent les plus belles. VEN 947 I ya fix dénts mâchelieres de chaque côté de cha= cune des mâchoires : ces dents reflemblent à celle du taureau par leur pofition & leur figure, éomme par leur nombre: Le béyoard de cerf. Il eft de figure ovoide aplatié; & de couleur jaunâtre au-dshors , & blanches au-des dans ; 1l a deux pouces une ligne de longueur, un pouce dix lignes de largeur, & quinze lignes d’épaif feur ; fa furface eft lille & polie, il pefe trois onces cinq gros & demi, &. | N Le bézoard, pierre précieufe , qui naît dans l’ef. tomac d’un animal des Indes. Il s’entrouve aufli dans leftomac de quelques bœufs & de quelques cerfs: Il y a en Guinée une efpece de petits cerfs qui pa* roït confinée dans certaines provinces de l'Afrique, des Indes orientales ; l’on en avoit apporté un male ë une femelle à M. de Machault , pour lors miniftré de la marine; le mâle mourut dans le voyage, & la femelle arriva en bon état ; j’ai été la voir à l'hôtel du miniftre à Compiegne, elle étoit en liberté wa mangeoit pour lors des feuilles de laitue ; elle étoit formée dans toutes les parties de fon corps comme les biches de ce pays-ci, mais elle n’étoit pas plus grofle qu’un chat de la moyenne efpece; elle n’a- voit pas un pié de haut, par le volume à-peu-près elle ne devoit pas pefer cinq livres ; elle étoit lefte autant que par proportion de fa taille elle devoir Pêtre, 4% Grand -vereur | M. Langlois , procureur du roi. en la varenne du Louvre , fiege de la grande-vé- nerie, a donné un pétit traité dont nous allons done ner un précis, | L'office de grand-veneur eft ancien, maïs le titré n’eft que du tems de Charles VI. Il ÿ avoit aupara- vant un maître-Veneut ; Geoffroy eff le veneur qui foit connu fous le regne de S, Louis ren t2 31. Plu- fleurs de fes fuccefleurs eurent la même qualité jointe à celles de maître ou enquêteur des eaux & forêts. { Le grand-veneur étoit autrefois appellé le grande foreflier. Quand ils perdirent cette qualité, ils eurent celle de maïtre-veneur & gouverneur de la vénerie du roi. Louis d'Orguin fut établi le 30 Oétobre 1413; grand-veneur & gouverneur de [a vénerie, fous le regne de Charles VI, | Jean de Berghes , fieur de Cahen & de Margtillier en Artois , fut le premier qui fut honoré du titre de grand-veneur de France par lettres du 2Juin 1418. M. de Gamache a été grand-veneur fous le même repnes L'école de la chaffe par M, Levertier de la Conte- rie ,p. 8, p. 80. I n’eft plus mention du nom des grands-veneirs à depuis Charles VI. jufqu’aux regnes d'Henri IV. qu'on nomme ceux qui l'ont été, Louis XILL. Louis XIV. & Louis XV. Salnove nomme M. le prince Guimené & M. le duc de Montbazon, grands-veneurs fous Henri IV. & Louis XIII. #61 Dans le nouveau traité de vénerie par M. de la Briffardiere , dans fon inftru@ion À la vénerie du ro; 3 page 20. dit que fous le regne d'Henri le grand, le duc d’Aumale étoit grazd-veneur ; après lui, le duc d'Elbœuf fut revêtu de cette charge : & depuis le re- gne de Louis XIIL. on a vu la charge de grand-veneur exercée fucceflivement par M. le prince de Condé M. le duc de Montbazon, M. le prince de Guimené ; M. le chevalier de Rohan. | Jai lu dans un endroit, fans pouvoir me fouvenir dans quelauteur, que M. de Saucourt avoit été grand= véreur, apparemment entre M. le chevalier de Rohan & M. le duc de la Rochefoucauit. À la mort de M. le duc de la Rochefoucault, M; le comte de Touloufe ena exercé la charge; à fa mort, \ + 048 VEN M. le. duc de Penthievre fon fils, ena été revêtu; d'or er È G pendant fa minorité M. le prince de Dombes la exercé ; à fa majorité, il l’a exercé lui-même, & en a revêtu M. le prince de Eambale fon fils, & il en fait encore les fonétions jufqu’à fa majorité. Salnove & M. de la Briffardiere ne font pas d’ac- cord des grands-veneurs {ous les regnes d’Henri IV. & de Louis XII. Salnove dit que M. le prince Gui- mené & M. le duc de Montbazon, étoient grands-ve- neurs fous Henri IV. & M. de la Briffardiere les met fous le regne de Louis XIE. Je crois qu’on peut s’en rapporter à Salnove qui a fervi dans la vénerie fous Louis XIIL 1l étoit à portée de le favoir au jufte. Edit du LOGE EE O&obre 1737 qui fapprime partie des charges de la grande venerle, Arr, premier, Des quarante-quatre charges de gentilshommes , il y en a trente-huit de fupprimées : plus, toutes les charges de fourriers, valets de chiens ordinaires à cheval, & ceux fervant par quartiers; les valets de himiers, autres valets de chiens fervant par quartier; les pe- tits valets de chiens, maréchaux ferrans, chirur- $, A . giens, boulangers , &r châtreurs de chiens. Il y avoit anciennement fous les ordres du grand- veneur quatre lieutenans qui fervoient comme de ca- pitaines, chacun dans leurs quartiers, & qui en fon abfence recevoient les ordres du ro1, pour les don- ner à route la vénerie. Nouveau traité de vénerte, p. 20, inÉrodittiont. | Commandant. Les places de commandant de la vé- nerie du roi, font établies depuis que les lieutenans en charge n’ont plus fait de fonétions. Il yaun commandant qui prend les ordres du grand-veneur, Ôt en fon abience du roi, qui les lui donne pour, les chafles qu'il Juge à propos de faire; il diftribue lés ordres, comme il en a été déjà parlé. Dans le premier volume de l’écoe de la chauffe, par M.Leverrier de la Conterie, p. 2, il eff dit qu’un prince, amateur de la chafle, doit choïir un com- mandant qui ait de la naffante, qui lentende, qui l'aime, & penfe affez jufte pour préférer à tout le plaifir de fon prince. Ces quatre qualités font ab{o- ]ument néceflaires. Un commandant eft refponfable de ce qui fe pafe au .chenil & à la chafle par la faute des officiers & autres du fervice; 8z il doit fe faire un point d’hon- neur d’amufer fon prince. Du choix du commandant dépend la bonté de l'équipage, &c le bon ordre dans lequel il doit être tenu. Il faut un gentilhomme né . avec le goût décidé pour la chafle, & qui ait blan- chi avec fruit dans le métier ; qu’il ait des mœurs, humain envers ceux qui lui font fubordonnées, poli avec tout le monde. M. de Ligniville. Celui qui commande, s’il n’eft par- faitement inftruit , on.lui en fera bien accroire, Il ya des veneurs.f ambitieux, qu'ils demandent fouvent beaucoup plus de quête qu'ils n’en peuvent faire, Il en aaufh à qui on donne des quêtes qui font tou- jours mal faites par l'ignorance &t la parefle de ceux- ci; c’eft au commandant à connoitre l'ambition des uns &c larnégligence des autres, pour réprimer lun, &t réveiller lémulation des autres. Le-commandant doit {e rendre le protecteur & le peredes veneurs. Lesplus grands princes êc feigneurs ont donné le titre de compagnon de venerie à ceux avec lefquels ils prenoient le plaïfir de la chañfe. Quand un commandant a fait monter un veneur au grade, pour faire chaffer les chiens, il ne laura pas fait avancer, qu'il n'ait vu des preuves de fon favoir parles beaux laiflés-coutre qu'il aura faits; Vintelli- gence, l’âge , la conduite, les talens qui font nécef- {aires dans cette. partie: d’après cela, 1lle doit trai- ter avec bonté & amitié. Si c’eft un homme de fen- thhent, il ne-fe dédira fürement pas; mais { on lui fait efluyer des défagrémens,, ce pauvre veneur de- vient trifte, mélancolique, fe dégoûte du fervice, ne le fait plus que par honneur ; le plaifir eft banni de lui. Get exercice demande qu’on foit décasgé de toute autre chofe étant à la chaffe; qu’on ne penfe & agifle que pour remplir les devoirs de la place qu’on occupe; qu'on foir à l’abri des craintes ; que le plaïfir feul d’amufer fon maître foit toutes les pen- fées 87 les aétions du veneur à la chañle. Les répri- mandes publiques, les mortifications qu’on fait fou- vent fubir à d’honnètes gens par pur caprice, font bien à craindre pour ceux quife font un principe de ne point manquer dans leurs fervices. Il peut arriver des fautes en croyant bien faire; fi-10t qu'un habile & zélé veneur s’en apperçoit , 1l ef aflez puni de l'avoir commile ; il en fera tout honteux & conf- terné, Qui eft-ce qui ne commet point de faute C’eft celui qui n’a rien à faire, &c qui n’eft chargé de rien. : Les mauvais fujets doivent être traités comme ils le méritent après les fautes réitérées ; il les faut pu- nir; & s'ils né fe corrigent pas, que les réprimandes 8t menaces n’y fafflent rien, les redefcendre à leur premier état, &c fi cela n’y fait rien, les renvoyer avec du pain:le roi êz les princes ne voudroient pas voir des malheureux , qui auroient eu Phonneur de les fervir dans leurs plafirs, être des miférables. II ne faudroit qu'un pareil exemple à celur d’être def- cendu, pour exciter & réveiller lPémulation. Il faut que le commandant foit comme le pere de famille, attentif aux befoins de ceux qui lui font fubordonnés. S'ils n’ont pas de quoi vivre de leurs appointemens &c revenus de leurs places, qu’il foi- licite pour eux des fupplémens ; qu'il fache faire ré- compenfer les anciens &t bons ferviteurs qui fe font expofés, facrifiés pour leur fervice. Les bontés du maître doivent couler fur eux par le canal du com- mandant ; de même ceux qui ont de groffes familles, qui ont peine à vivre &c qui n’ont pas d’autres ref fources, n’en doivent point être abandonnés; il faut fecourir les malheureux dans la peine. La place de commandant eff la plus honorable de la vénerie, après le grand.veneur. Ses appointemens fur l’état de ceux de la vénerie, font de quinze cens livres; ila en fus fur la cafferte trois mille livres payés par quartiers ; c’eft-ä-dire, en quatre payemens. | Le roi leur donne en fus des penfons fur le tréfor royal & des gratifications, qui ne font accordées qu’autant qu'ils ont d'ancienneté &c qu'il plait à 5. M. de leur faire du bien, Ils ont un carrofle &c une chaife entretenus aux dépens du roi, quatre chevaux, un cocher &c un poftillon de même. Pour l’habillement de l'ordonnance, il eft pareil à celui du roi du grend-veneur ; 1ls ont des trompes. Voilà l’état des commandans de [a vererie du roi. ; Ecuyer, Celui de l'écuyer eft de mème. Gentilshommes. Celui des gentilshommes eft de trois mille livres payées fur la caffette. S. M. leur donne des penfons & gratifications fuivant leur an- cienneté & la volonté de S. M, Ilsn’ont rien fur l’état des appointemens dela vézerie ; leur habillement eft pareil à celui du commandant ; leur fervice eft d’al- ler au bois, de piquer à la queue des chiens, ils ne font pastenus d’autres fervices ;ils avancentau grade de commandant : ils font deux dans la vénerie. Pages. Les pages font au nombre de deux; on les prend fort jeunes fuivant l’ufage; ils apprennent à * connoître les chiens, à aller au bois; ils ont deux chevaux à la chaffe, pour apprendre cet art. Leur fervice eft d’aider à aller rompre ; d’être fur les aîles à voir ce qui fe pafle , pour fe rendre utiles. Ils par- viennent au grade de gentilhomme. Leurhabiilement eft pour la chaïñle le furtout des pages de [a grande écurie, VEN mi écurie , & l’habit de grande livrée dela petite écurie, chapeau bordé, bourdaloue, &*c. Ils ont ceinturon, couteau de chafle, bottes, trompe, bas, fouliers, quarante fois par jour, 6 une gratification fur la caffette pour leur bois & chandelle. Piqueurs. L'état de la vérerie efl de cinq piqueurs; le premier & le plus ancien eft chargé du foin & du détail de la meute ; les quatre autres font pour aller aux bois & piquer à la queue des chiens, les bien connoître, pour en diftinguer la fagefle, Ja bonté &t la vigueur, afin de les remarquer & avoir de la confiance dans les occafions aux plus faces. Il faut, pour être bon piqueur , avoir pañlé les grades du fervice de la vérerie, pour en connoître les détails, avoir été au bois avec un bon maître pen- dant deux ans, cela ne feroit qu’une perfedion de plus pour lécolier. Toutes les faifons {ont différen- tes pour le travail du bois ; il faut les avoir fuivies avec attention &c goût ; à vingt & vingt-cinq ans eft âge pour les faire monter à ce grade , pour en tirer du fervice ; il le faut choïfir dans les éleves , qu’il aime la chafle par goût & non par intérêt, ou pour avancer; qu'il foit d’une bonne fanté , vigoureux, ne craignant m1 le froid ni le chaud, ni la pluie , nei- ge, gelée, que tout luifoit égal; au'ilne craigne point de percer les enceintes, fourées ou non, à la queue de fes chiens , n1 de franchir un fofié ; il faut qu’un bon piqueur foit collé , pour ainfi dire , à fes chiens, pour les remarquer manœuvrer, & favoir quand :l arrive du défordre par le change ou par la fécherefle , afin de leur aider dans ces occañons ; connoître les chiens timides dans le change , les chiens fages &c hardis , & ceux en qui lon n’a point encore de confiance , afin de favoir à quoi s’en te- nir , & prendre fon parti fuivant les occurences ; fa- voir retourner à propos & prendre gatde de Le faire trop promptement dans les fecherefles au bord d’une route ou chemin, ou fi des cavaliers auroient pañlé dans l’un ou l’autre , pour lors les chiens peuvent demeurer court , & le cerfs’en aller : chofés À pren- dre garde dans une pareille incertitude , les uns re- tournent dans les voyes, les autres prennent avec des bons chiens au-deffus & au-defous. Il faut pa- reillement qu’il s'applique à connoître fon cerf par latète, fi elleeft brune, blonde ou rouffe ; fi elle eft ouverte , rouée ou ferrée ; fi le pelage eft brun , blond ou fauve ; fi c’eft un pié long ou rond ; creux ou paré , les pinces grofles ou menues , la jambe lar- ge ou étroite , haut ou bas jointe , les os gros ou menus ; de même la figure du pié de derriere, sil y a quelque remarque à y faire, en revoir avec atten- tion fur le terrein ferme, comme dans le terrein mol Ou fableux , ce qui fait un changement au revoir. D'après toutes ces obfervations, le piqueur fe diftin- guera dans tous les momens de la chafle , & fera peu de fautes : il faut prendre garde que le trop d’ardeur ne l’entraîne pour fe faire voir un des premiers aux chiens, fans fe donner la peine de mettre l’œiläterre de crainte que cela ne Parriere ; il arrivera du change , les chiens fe fépareront , il tournera à une partie, il reverra d'un cerf devant eux fans favoir fi c’eft Le cerf de meute, il eft long-tems à fe décider s’il rom- pra ou appuyera, cela le-met dans lPembarras , & connoïffant fon cerf, il appuye ou arrête. S’il peut avoir une bonne voix & une belle trom- pe , cela fait un ornement de plus à la chañle. Il faut qu'il foit fage fur le vin & le refte ; un veneur qui seit trop adonné à l’un ou à l’autre vice , fait mal fon fervice , il fe trouve affommé par la débauche, & ne peut pas les jours de chafle remplir le fervice du bois où il va pour y dormir au coin d’une en- ceinte , & fa quête fe fait tout d’un fomme ; & à la. chañle il ef mou, fatigué, & ne remplit point les devoirs de fa place , pour lors il y faut mettre ordre; Tome XVI, VEN 949 il y a toujours une intervalle de trois Jours d’une chaffe à l’autre, c’eft aflez pour fe repofer & répa- rer la fatigue de chaque chafle. Les piqueurs ont cinq chevaux chacun à a chafle ainfi que les commandans & gentils-hommes: le pre- mier eff pour attaquer de meute, le fecond à la vieille meute , le troiieme à la feconde, le quatrieme aux fix chiens , & le cinquieme au relais volant, où il n'y a que des chevaux & point de chiens. Le premier piqueur n’a que deux chevaux pour accompagner l'équipage au rendez-vous , & aux bri- fées où l’on attaque , & fe promener ; il n’eft tenu d'aucun autre fervice que de fe trouver, s’il peut, à [a fin de la chaffe pour ramener les chiens au logis : 1l a de plus que les autres 300 livres pour le foin des chiens , 300 livres pour les têtes des cerfs qui lui ap- partenoient , que le roi prend; il eft chauffé & éclai- ré toute l’année. | L’habillement des piqueurs ne differe des premiers que par les bordées, boutons , boutonnieres , galons fur les coutures, bord de chapeau, le bordé, & bou tonniere de la vefte qui font d'argent, & aux pre- miers 1ls font or ; les grands galons font les mêmes 5 ceinturon &c couteau de chafle de même , paremens & collet de velours, la même poñition des galons pareille, on leur donne une trompe à l’habillement comme à tous ceux qui en doivent avoir. L’habit eft bleu , doublé de rouge , paremens de de velours, & collet de même ; vefte & culotte écar- late , l’habit bordé , boutons & boutonniere d’at- gent , un grand galon or & argent travaillé enfem=. ble , l’or dans le milieu , & les deux bandes chaque côté , large de plus de deux pouces ; un de ces grands galons eft poié à côté des boutonnieres , à chaque côté du haut en bas ; deux de ces grandsgalons fur le velours de chaque manche , un en bande’, Pautre enpointe, & forme deux petits fers à cheval deflus &t en dedans , & une bande de ce grand galon qux prend fous le premier galon qui couvre toute la cou= ture du parement, & rentre en-dedans la manche ; il y a de même deflous un même galon qui fait lé’ même effet , la poche eft bordée d’un petit galon ; êe un grand qui couvre prefque la poche , qui eft en grande patte longue ; un autre grand galon qui eft pofé fur la poche au-deffous de la patte, remonte aux hanches, eft plié de façon qu’il forme une pointé qui gagne la fourche de lhabit par derriere , où il Y. a encore un autre grand galon de chaque côté de la- dite fourche croifé par en haut , qui gagne les deux pointes du galon qui remonte de la poche, le tout lié enfemble ; en outre il y a deux bordés dans les plis , & deux grands galons chaque côté ; fur tou- tes les coutures un galon d’argent large de deux pou- ces. Le ceinturon eff couvert du même grand galon ot &z argent ; le bord de chapeau, le bourdaloue , bou- ton & ganfe eft pareïllement donné. Les habits com plets tels qu'ils fontdits, fe montent à près de 700 li- vres : ceux du grand-veneur & commandant , &c. paflent au-deflus à caufe de l'or. Æppointernenrs des piqueurs. Is ont chacun 1 100liv: fur l’état des appointemens de la vérerie ; ils font payés ,ainfi que tous ceux qui font fur l’état de la vé: nerie , tous les mois ; ils ont enfuite chacun une pen- fon fur le tréfor ; il y en a de plus fortes les unes que les autres , depuis 300 liv. jufqu'à 480 ; il ny en à point eù de 5oo liv. S. M. donne à la S. Hu- bert à chaque piqueur 200 livres ; hors Verfailles ifs ont 10 fols par jour : le roi leur donne des penñons êc gratifications fur fa caflette , aux uns plus , & les autres moins. Valers de limiers. Les valets de limiers fur l’état de la vérerie, font au nombre de huit, dont deux à che: val, pour faire avancer les relaïs ; les autres À pié, pour garder les: cerfs détournés le matin, jufqu’àce EEE6ee 5e VEN qu’on viemeattaquer:,ou que Pon chañe. | Pour faire un bon valet de Jimier , il faut choïfir parmi les dix valets de chiens, celui qui alle plus de “bonne volonté ,-de goût pour la chafle, de bonne ‘fanté , vigoureux, intelligent ; le mettre entre les mains d’un maître habile ,:& lPy laffer deux ans _pour qu'il connoïfle chaque façon de travailler au “bois dans les différentes faifons , &c à juger les cerfs “dans les différentes forêts , dont les piés ne fe reflem- -blent point ; d’après cela lui confier un limier &t une ‘quête :s’ilne fe dédir pas après qu'il aura l'habit gaion- mé, sila de la voix, delatrompe, qu’il fachemener “un cheval, & qu'il ait de la conduite , on peut après “Pavoir éprouvé étant valet de chien à cheval, f lon en a té content, le faire monter à cheval pour faire “avancer les relais ; c’eft-là Pécole pour faire un pi- queur ; & tous les fuffrages fe réunifient en fa faveur, on peut lui donner la premiere place qui viendra à “vaquer dans cette partie , & l’on feroit des cleves ; par ce moyenil y auroit toujours des fuets prêts à remplacer ceux qui manqueroïent, fans s'arrêter aux ‘rangs; ce n’eft pas que je confeille l'injuftice, au con- traire à chaques fujets qui auroient les qualités fufdi- tes , il y en auroit une bien grande de leur faire des :pafle-droits à leurs rangs ; mais je parle de ceux à qui la nature n’a pas donné les dons néceffaires pour la chaffe ; il faut leur trouver des places à quoi ils puiffent être bons, qu’elles foient à-peu-près équi- valentes à ce qu'ils perdroient , afin qu'ils fe trou- “vent dédommasés du tems quals auront pañlé à faire leur poffible pour atteindre aux ralens qu'ils n’ont pas. pù acquérir ; cela feroit des heureux , des con- tens , & l'équipage du roi fe trouveroit rempli de fujets capables; bannir lesivrognes, les hbertins, les parefleux,, & faire faire un noviciat de fix mois ou un an à ceux fur lefquels on jetteroit les yeux pour les recevoir dans le fervice; 1l ne faudroit pour cela ni proteéteurs , ni recommandation, que les difpo- fitions feules. Falers de limiers. L'habillementdes valets de limiers ft pareil à celui des piqueurs fans nulle différence. Les appointemens font de 360 liv. par an, payés fur l’état de la vérerie; on leur a donné du vivant de monfeigneur le comte de Touloufe , grand-veneur , par fupplément qui eft enregiftré à la chambre des comptes, à chacun 150 liv. qu'ils reçoivent tous les ans ; une.partie ont des penfons de 300 liv. chacun. Le roi leur donne à la S. Hubert à chacun 24 Liv. Le grand-veneur 10 livres , aux étrennes chacun 48 Liv. Sa majefté leur donne au freowet à chacun 100 liv. &x le grand-veneur 12 lv. 10 fols. Ils ont chacun en- viron fix afflemblées par année qui font compofées de trente bouteilles de vincommun, pris à léchan- fonnerie du roi ; vingt livres de viande au grand commun, & vingt livres de pain à la panneterie , ce qui peut valoir en argent environ 72 iv. Te Ïls ont du grand-veneur 5 liv. ro fols par chañle, & chaque fois qu'ils vont au bois pourreconnoïtre par ordre.qu’il leur fait , environ 5o liv. Ils ont rofols par jour en campagne hors de Ver- failles , ce qui leur fait 100 liv. Cela leur fait environ 3200 liv. avec penfon; ils ont encore en fus les. débris de leur habillement 100 liv. qui leur fait 1300 liv. Chaque veneur qui va au bois doit avoir deux limiers , afin que s’il arrive accident à un, l’on ait pour reflource un autre qu'on aura dreflé, ce qui mérite être expliqué. Affembiées. Les aflemblées autrefois étoient les dé- jeunés de chaffe que lon faifoit porter aux rendez- vous, compolfées comme il eft dit ci-deflus , de la quantité de pain, vin & viande ; depuis un tems dont je netrouve nulle part la date, on a réglé les 8 ll À VEN aflemblées à deux par fémaines ; Les valets de fimiers en ont une, & des valers de chiens Pautre ; que la meute du roi chaffe ou ne-chafle pas, elles font dé- livrées fur le certificat du coinmandant , deux par femaine commeil eft dit à la louveterie; ils en ont pa- reillement deux, & au vautrait, qui eft l’équigage du fanglier , la même chofe , & même quantité de l'un & de l'autre. ‘ Le jour de S. Hubeït, elle eft donnée double à Ia Venere. vd! Valeis de chiens. Pout le fervice des chiens il ya dix valefs de chiens dans la vérerie, dont trois à che- val 8 fept à pié. Les trois à cheval vont au bois, & menent chacun un relais pour la chafle. Le premier eft ja vieille meute ; Le deuxieme la feconde; letroi- fieme les fix chiens : ils ont chacun un valet de chiens à pié. Chaque relais eft compofé de 16 à 18 chiens en deuxhardes , une pou le valet de chiensà cheval, &c une pour celui à pié: ainfi des deux autres relais. Le valet de chiens à cheval étant arrivé à la place oidoit être fon relais, êzavoir mis fes chiens à om bre dans l'été, & au foleil dans l’hiver, à l'abri des mauvais vents & pluie, il laifle auprès d’eux le valet de chiens à pié pour prendre garde qu'ils ne fe mor dent, ne fe hardent, & qu'ils ne coupent point leurs couples ; & Les attacher de façon à pouvoirfecoucher. Le valet de chiens à cheval doit aller en avant aux écoutes, du côté que doit venir la chaffe ou qu’on vienne l’avertir, afin de n'être point furpris de lun ou de l'autre. Il y a encore quatre valets de chiens à pté, dont un reite au chenil les jours de chafe ; ordinairement c’eft celui qui fe trouve de garde ce jour-là, pour avoir Poœil aux chiens qui ne vont point à la chañle ; tenir le chenil bien propre, bien net , de belle paille blanche, & de bonne eau fraiche pour le retour de ceux qui ont chafé; faire manger les limiers , les li- ces en chaleur, les boîteux, & panfer les malades, Il refte trois valets de chiens à pié, à qui on donne deux chevaux à deux, pour aider à mener les chiens au rendez-vous ; & le troifieme va à pié à la tête des chiens, pour les mener pareillement en route, com- me à la chaffe, Leur habillement eftun habit de gran- de livrée du roi; une vefte bleue avec boutons &z boutonnieres d'argent ; une culotte de panne bleue, ou de drap comme ils la veulent; un bord de cha- peau, bourdaloue, gance & bouton d'argent. Les trois à cheval ont d'augmentation un furtout bleu, bordé de livrée, & une feconde culotte. Ils onten fus une fouquenille de coutil, pour le fervice du che- nil : l’on habille ordinairement la vérerie tous les ans; cela a varié pendant quelques années. Leurs appointemens font de 20 fols par jour; ils ont en fus to {ols à tous les endroits hors de Verfailles ; ils ont environ chacun deux afflemblées par an, c’eft- à-dire 30 bouteilles de vin, 20 livres de pain, & 20 livres de viande , qu’on leur délivre au grand-com- mun,à l’échanfonnerie & à lapanneterie pourchaque affemblée. A la S: Hubert le roi leur donne 400 div. pour la brioche qui lui eft préfentée, 8 en fus qua- tre louis pour leur fouper. Toute la fanulle royale. le grand-veneur , princes &c feigneurs à qui l’on pré- fente des brioches de S. Hubert, donnent chacun, & cela fait mafle. Ils ont au partage 50 à 6o livres environ. Le premier a 4 fols par jour pour le panfe- ment des chiens, de plus que fes camarades. += Appointemens, 360 iv: Augmentation, 100 Affemblée, 24 S. Hubert, 60 544 Liv. Ils ont en fus les nappes des cerfs, Les fuxfs dans la faïfon, Les fumiers, & 1olivres pour leurs uftenfi- ET” xe + les, coïnme cifeaux, peignes, brofles, étrilles , tous Les ans. | Le roi donne fes ordres'au grand-veneur pour en: “voyer les équipages où 1l veut chafler ; le jour &c Tendroit de la forêt où il jugé à-propos de faire fon rendez-vous; le grand-veneur donne l’ordre au com: mandant ; le commandant aux officiers & autres, fait . la diftribution des quêtes. L'heure du départ de l’é- quipage fe dit à celui qui en a la direétion, qui eff le premier piqueur à qui lé commandant dit de méme la difiribution des relais, f elle fe doit faire avant arrivée de la meute au rendez-vous. Le plus ancien piqueur a le détail de équipage, ‘ce qui concerne feulementla meute, pour avoir Vœil que les valets de chiens faflent bien leur devoir ; ‘que rièn ne manque pour la propreté des chenils ; fi la nourriture, fi les farines, le païn, les mouées font bonnes & fraîches ; fi la paille n’a pas de mauvaife odeur; s'ils font bien peignés, bien broffés ; fi l’on n'en paffe pas légérement quelques-uns, &f on “en oublie pas ; fi à l’ébat 1l ne s’en trouve pas de malades, de boîteux, de triftes, afin de les faire examiner & traiter fuivant le mal, & les faire {é- parer. Ve | Le boulanger de la véherie eft habillé de drap bleu ; parement rouge, bordé, boutons & boutonnieres “argent, vefte bordée & culotte rouge, bord, bout- daloue, bouton & gance. Il a 30 fols par jout, & ro ols hors de Verfailles ; il eft logé, chauffé, éclairé, c’eft-ä-dire une chandelle par jour ; il a à fon profit la braïfe & la cendre. | Diffinifions accordéés aux officiers de la Yénerie d ror, (M. de la Briffardiere.) Nos rois ont accordé de tout tems de grands privileges aux officiers de leur Yénerte, I y a uñé Ordontance de Philippe Augufte, ten- due en 1218, qui donne aux officiers de la vénerie différentes exemptions & privileges; & en 1344, Philippe le Bel les exémpta de toutes contributions de tailles, fubfides , d'emprunts, de guet, de gardes, de péages, paflage &r logement de guerre. Ces exemptions & privileges furent confirmés de- puis fucceflivement en 1547 par Henri I. en 1594 pat Henri le Grand, en 1639 par Louis XIII. qui “déclare en outre tous les.officiers de la vénerie & fau- connerie commenfaux de {à maifon , & en cette qua- lité exempts de taille & de tout autre fubfide, … Enfin par la déclaration rendue à Poitiers par le feu roi, en l’année 1652, en faveur des officiers de la vénerie, il eft dit expreflément : « Nous confirmons par ces préfentes, tous les pri- » vileges, franchifes, libertés & immunités , exem- » ptions & affranchiffemens accordés aux officiers » de nos maïfons royales ; employés aux états de la # cour des aides; & à leurs veuves durant leur Vi- » duité, voulant qu’elles foient quitres de toutes # Contributions #. | Sous le regne d'Henri le Grand, le duc d’Aumale Étoit grand-veneur ; après lui le duc d'Elbœuf, & depuis le regne de Louis XIIT. jufqw’à préfent ; on a vu la charge de grand:veneur exercée fucceffivement par M. le prince de Condé, M. le duc de Montbazon, M. le prince de Guimené, M, le chevalier de Rohan, M. le duc de la Rochefoucaut, M. le comte de Tou.- loufe; après la mort de M. le comté de Touloufe : M. le prince de Dombes a fait les fonétions de grand- véneur juiqu’à la majorité de M. lé duc de Penthie- ÿre, qui l’a exercée jufqu’à la majorité de M. le prin- ce de Lambale, qui a eu la furvivance de M. le dué de Penthievre. Art | Ecurie pour le fervicé de la vénerie. Après avoit dé. taillé le nombre d'officiers qui font fur l’état du fer- vice de fa vérerie, je vais faire celui de l'écurie pour Je même fervice. | Tome XVI, VEN oi Ïl y a un écuyer qui a Phabit complet éomme lé commandant, de mème 1500 liv. {ur l’état des ap= pointemens , 6€ auffi 3000 liv. fur la caffette. Sa ma- Jefté lui donfe en füs des penfions & gratifications uivant fa volonté ; il a un carroffe, deux chevaux ; pour le mener ; ila une chaife bour aller au rendez: | VOus & voyage, avec plufeurs chevaux pour res layer, un cocher, un poftillon payés & habillés fur Pétat de la vérerie. Un fous-écuyer pour lacquifition des chevaux à ui a 1000 frañces fur l’état ; il a des penfions & gra- tifications fuivant la volonté du grand-veneur, On lui paye fon habillement, &ç à chaque voiture de che: vaux anglois quil achete, il a une gfatification & tous fes frais payés, … Î y a en fus un piqueur, habillé avec le même uni: forme que ceux de équipage; il à de plus une redin- gotte bleue, bordée d'argent , avec boutons & bou tonnieres : mais cela ne fe donne que tous les trois habillemens ; il a une culotte rouge de plus. Ses ap- pointemens {6nt de 1606 francs; il a des penfions & gratifications en fus. Son fervice eft de drefler les chevaux, & les propofer à l’écuyer pour être don- nés fuivant ceux à qui ils peuvent fervir; d’avoir l'œil que rien ne leur manque pour la nourriture À les foïns ; & les jours de chafe ; placer pour chacun aux relais, les chevaux deflinés au fervice, & en état de marcher. Il ÿ a de plus un aide à moñter.à cheval pour le foulager à dreffer les jeunes chevaux & réduite Leg fougueux, qui a un furtout bleu bordé d'argent ; avec boutons & boutonnieres de même: il a pareil: lement la redingotte de même que le piqueur, la vefté eff rouge bordée d'argent, boutons & boutonnieres &t deux culottes, les paremens de habit font de drap rouge, ainfi que la doublure qui eft de la même cou- leur en ferge. | [l'y a un délivreür pour les fourrages, qui a le mê: me uniforme que l’aide à monter à cheval. . [y a un maréchal, qui a le même uniforme que l’aide à monter à cheval. Il a So fols par mois pour chaque cheval, pour leur fournir les fers , les mé dicamens , 6%. on lui pafle un garçon fur l'état de là Verierie. Le fellier eft habillé de même uniforme ci-deflus: On lui pale un garçon fur l’état; on lui fournit tout ce qui concerne fon état. Les palfreniers font habillés d’un Habit de orandé livrée, vefte bleue , bordée d’un galon de foie, uné culotte de drap ou panne, un manteau tous les trois habillemens , bord de chapeau ; bourdaloue , bouton & gance ; ils ont 20 fols par jour, & to fols d'aug- mentation hors Verfailles : ils ont chacun quatre chevaux à panfer; on leur donne 25 liv. pour les bottes, | 1 y à en fus des furnuniéraires, qui ont furtout de bouraean, vefte , culotte de drap; bord de chapeau comme les palfreniers ; ils n’ont point de manteau ; &t on leur donne la même paie. fl y en a à-peu-près autant comme de palfreniers à la grande livrée, c’eft-à-dire de trente-fix à quarante ; cela feroit de foïxante-douze à quätre-vingt pour les deux parties, Mais ceux de la petite méute font compris dans cé même nombre de palfreñiérs & fufnuméraires, & les autres détaillés ci-devant , ne font que pour lé fervice de la grande meute: on leur donne 25 livres pour les bottes. | _ Le grand-venetr n’a point dé nombre de chevaux mafqué pour lui ; il en fait mettre à fon rang ce qu'il juge à propos. * Le commandant en à fix à fon rang, & toujours inq à la chafle; un de meute, un de vieille meute ; un de feconde vieille meute, un de fix chiens , & un de relais volant: | EEEeéeï 952 VEN Les deux gentilshommes en ont autant & même pofñition. ru Chaque piqueur autant, hors celui qui a le détail de la meute, qui n’en a que deux. Les pages en ont chacun deux à la chafle, &c un ‘qui fe repole à lécurie. ‘ Les deux valets de limiers à cheval ont chacun troïs chevaux à leur rang , dont deux à la chafle, &c an qui fe repofe pour chacun. Les trois valets de chiens à cheval en ont chacun un.à chaque chafle;, s'il s’en trouve un de boîteux, ou malade d’une chafle à l’autre , on en prend un dans les chevaux de fuite, dont 1l y en a un certain mombre pour monter les'palfreniers qui font defti- nés à relayer ceux pour qui on leur donne des che- vaux à chaque relais. L'on fait monter Le nombre des chevaux pour le Lervice des deux meutes du cerf; les chevaux neufs, ceux du fervice, ceux de carrofle &c de chaïfe, ceux de fuite , au nombre de 300 chevaux. La nourriture des chevaux de la vézerie eft un boif- feau d'avoine par jour, en deux ordinaires, mefure de Paris, une botte de foin, & une botte de paille, du poids chaque de 10 à r1 livres. La grande vézerie du roi étoit .compofée fous le regne de Louis XIII. d’un grand veneur, quatre lieu- tenans, quatre fous-lieutenans, quarante gentilhom- mes de la vérerie qui fervoient, favoir un lieutenant 8c un fous-lieutenant 8 dix gentilhommes par trois mois. Il y a-encore huit gentilhommes ordinaires qui ont été choifis de tout tems parmi les fufdits nommés pour fervir aétuellement dans la vénerie ou le tems qu’il plaitau roi, qui font ceux à qui lon doit avoir plus de créance quand le choix en a été bien fait. I y a auf deux pages de la vénerie, quatre au- moniers, quatre médecins, quatre chirurgiens & quatre maréchaux, un boulanger, douze valets de limiers fervant trois par trois mois, & deux ordinai- res que l’on appelle de Zz chambre , quatre fourriers fervant auffi un par quartier, quatre maiîtres-valets de chiens à cheval & un ordinaire , douze valets de chiens à pié fervant par quartier, quatre ordinaires qui {ont deux grands &c deux petits valets de chiens qui doivent demeurer auprès des chiens jour & nuit. … La-venerie du roi eft compofée en 1763 d’un grand veneur, Mer.le prince de Lamballe: d’un comman- dant, M.de Lafmartre: d’un écuyer, M. de Vaude- lau : deux gentilhommes, deux pages , quatre pi- queurs , huit valet de limiers, dont deux à cheval : dix valets de chiens, dont trois à cheval, un boulan- er, un châtreur. Sa Majefté a enfus une feconde meute pour le cerf fous les ordres du même grand veneur, qui eftfervi par une partie des officiers du grand équipage: un commandant , M. Dyauville, d'augmentation: le même écuyer de la grande meute, un gentilhomme de la grande meute & un d'augmentation, jun des deux pages de la grande meute, trois piqueurs d’aug- mentation, deux valets de limiers de la grande meu- te, dix valets de chiens d’augmentation , un boulan- ger d'augmentation, un maréchal d'augmentation , un aide-à-monter à cheval d'augmentation , un gar- con délivreur d'augmentation, & environ 120 chiens fans les limiers, un aumonier , un médecin, un chi- rurgien, un tréforier en charge, un argentier en char- ge, un contrôleur, un fous-écuyer, un piqueur pour l'écurie , un aide-à-monter à cheval , un déhvreur,un {ellier ,.un maréchal, environ 300 chevaux pour. le fervice des deux meutes , plus de trente-fix palfre- niers avec l’habit de grande livrée, & environ un pareil nombre avec des furtouts 8&c la même paie, Sous les regnes précédens la vexerie étoit bien plus confidérable ; & prefque tous les employés étoient en charge, Salnoveë la Briffardiere en font le détail. Louis XIII. créa fix officiers ordinaires qui de- meurent dans la vénerie fans en fortir, pour faire chafler 8 piquer à la queue des chiens; ils font ré. duits aujourd’hui à quatre,, qui font les quatre pi- queurs qui avoient fur l’état le titre de gentilhomme, qui ne leur eft pas continué fur l’état de diftribution des appointemens fous ce repne-ci. . La plûpart des charges de la vénerie ont étéfuppri- mées à la mort de Mgr. Le comte de Touloufe, grand veneur, en 1737; 11 ÿY en a encore quelqu’une de lieutenant, dont ceux qui fervent, ne font pas pour- vus: une de tréforier , une d’argentier ; voilà celles. qui font à ma connoïffance ; toutes les autres places qui font occupées dans la vénerie, le font par des of- ciers & autres que le grand veneur propofe au roi , &c. qu'il reçoit , fuivant les talens, le mérite ou l’an- cienneté. ; Les charges ci-deflus dépendent du grand veneur; elles font à fon profit. En 1764 j'ai fait le relevé des charges de la vére: rie chez M. le grand veneur à l’hôtelde Touloufe à Paris. Voici ce qu'on m’a donné, Un lieutenant ordinaire, quatre leutenans par quartiers. Le roi nomme 6 donne ces places & char- ges, | Quatre fous-lieutenans par quartier , fix gentil- hommes. M.le grand veneur donne ces places &z charges. Compagnie des gardes à cheval, Un lieutenant, un fous-lieutenant , fix gardes. Ordre pour la chaffe. Quand le roi veut chafferavec fon équipage de la vénerie, il en fait part au grand veneur, de l’endroit, du jour, du lieu de Paflemblée, &c de l’heure qu’il fe rendra au rendez-vous; le grand veneur le dit au commandant de la yérerie, qui fe rend au chenil à l’heure du fouper des chiens ; tous les gentilshhommes , officiers &c autres du fervice s’y trouvent, là 1l fait la diftribution des quêtes à chacun fuvant leur rang ; leur dit le rendez-vous & lheure que le roi s’y rendra; il dit auf l’heure qu'il faut que les chiens partent du logis pour le rendez-vous, & fi l’on féparera des relais en chemin; le premier piqueur prend fes ordres fur tout cela. Dans le par- tage des quêtes 1l met ordinairement un valet de Li- mier à pié dans chaque quête avec un des officiers ci-deflus à cheval; celui qui eft à pié, refte pour garder les cerfs qui fe trouvent dans leurs quêtes, &c celui quieft à cheval, fe rend au rendez-vous pour faire le rapport & conduire à fes brifées; fi lon va à lui,il prend un peu devant pour demander à fon com- pagnon .fi le cerf n’eft pas forti de l'enceinte où 1l étoit détourné ; s’il y eftencore, au carrefour aupié de l’enceinte l’on fait prendre les chiens ; on envoie du monde tout-au-tour de ladite enceinte ; on vaaux brifées avec une demi-douzaine de chiens , qui font découplés derriere le valet de limier dans la voie aux brifées; le valet de limier prend la voie avec fon lis mier , & croïfe l’enceinte pour lancer Le cerf. Les pi- queurs entrent à cheval, font du bruit, foulent l’en- ceinte jufqu'à ce que le cerf foit parti, fitôt qu'ila été vu, on crie tayoo; fi c’eft à une route ou à un chemin, on fait avancer les chiens de meute & on les découple dans la voie jufte, &z on chaffe. Si dans l'endroit que le roi juge à-propos de chaf- fer, il faut que les veneurs aillent coucher dehors ( c’eft-à-dire à portée de leurs quêtes ), le comman- dant fait avertir, & à fon retour du château 1l dif- tribue l’ordre & les quêtes, afin qu’on ait le tems d'arriver de bonne heure à l'endroit qui eff ie plus prochain village de leur quête, &t l’on n'attend pas à l’heure du fouper des chiens pour donner l’ordre ces jours-là. Depuis plufeurs fiecles que les chaffeurs ont re- connu S, Hubert pour leur patron, il n°y a point de “ royaume , fouveraineté ni principauté où 1l y ait des meutes êc vezeries , qui n'en célebre la fête par une grande chafle qui fe fait ce jour-là, qui arrive le 3 Novembre, même les princes proteftans en Alle- magne. La famille royale ce jour-là accompagne fa mayefté à la chafle, les princes &c feigneurs s’y joi- gnent, & cela fait un concours bien brillant, ce jour- là on dit une mefle du grand matin, où les veneurs qui vont aux bois , {e trouvent; l’on y rend unpain beni au nom du roi pour la venerie ; c’eft le premier piqueur qui en eft chargé ; le commandant porte le cierge , & va à l’offrande. On donne un écu pour la mefle & un morceau de pain beni au prêtre; le refte eff partagé aux officiers du fervice. Les valets de chiens de 4 vénerie y font bémir pareillement les brioches qui doivent être préfentées au rot, à la rei- ne, à la famille royale, au grand veneur, à tous les princes & feigneurs de la Cour ; fa mayefté donne pour la brioche des valets de chiens 400 liv. &c qua- tre louis pour leur fouper ; le chirurgien de la vezerie a 400 liv. chaque piqueur 200 liv. chaque valet de limiers 24 liv.le boulanger 48 liv. le châtreur 150 lv. Sa majefté donne en-fus pour l’écurie une fomme. Le grand veneur donne à l'équipage du roi roo, pour les piqueurs, 8ol.pour les valets de limiers, 40 liv. pour les valets de chiens, & 16 pour le boulan- VEN 953 ger. La reine donne auf à la S. Hubert pour la ve- nerie 800 liv. dont 400 liv. pour les piqueurs , 200 1. pour les valets de Himiers, & 200 liv. pour les valets de chiens. | Sa majefté donne auf ce jour-là l’aflemblée dou- ble, c’eft-à-dire que chaque chafle, ou deux fois la femaine, 1l eft donné fur le certificat du comman- dant vingt livres de pain à la panneterie, trente-deux bouteilles de vin à l’échanfonnerie , & vingt livres de viande de boucherie au grand commun , pour chaque aflemblée ; & le jour de S, Hubert il eft dé- livré 40 livres de pain, 64 bouteilles de vin & 40 li- vres de viande : le tout eft doublé ce jour-là ; cela appartient aux valets de limiers & valets de chiens, qui Pont chacun leur tour , c’eft-à-dire , un valet de limiers Pa au commencement de la femaine, & un valet de chiens à la fin. Ces affemblées étoient autre- fois les déjeunés de chafle que le roi faifoit porter au rendez-vous pour les veneurs; depuis un terms qui m’eft inconnu, il a été réglé comme il ef dit ci- deflus; j'en ai parlé ailleurs. Arricle de M. VINFRAIS l’ainé, de La venerie du roi. LE. VÊNERIE ROYALE, (Géog. 704.) maifon de plaifan- ce des rois de Sardaigne, entrele Pô, la Sture & la Doria, à 3 milles de Turin. Les François incendie- rent ce beau palais en 1693. Long. 25. 14. las. 45.56. ÉGÉTATION , phénomene de la nature qui confi- fte dans la formation , l’accroiflement , &la per- feétion des plantes , des arbres , & de tous les autres corps de la nature, connus fous le nom de végétaux. _ La vie & FPaccroiflement font les carafteres dif- findtifs de ces corps, différens des animaux en ce qu'ils n’ont pas de fentiment ; & des minéraux, en £e qu'ils ont une véritable vie, puifqw’on les voit naître, s’accroître , jetter des femences, devenir fu- jets à la langueur , aux maladies, à la vieillefle, & à la mort. La végétation eft quelque chofe dé difin& de la vie dans les plantes. Quoiqu'une plante morte cefle auf devégéter, néanmoins il ya beaucoup de plan- tes qui vivent fans qu’elles donnentila moindre mar- que de vépération. La plüpart des plantes aquatiques confervent la vie dans les tems de fécherefle , & ne recommencent à végéter que lorfque l’eau revient dans les mares ou dans les ruifleaux. Une graine qui n'eft point expofée à la chaleur ni à l'humidité, eft vivante, & ne végete pas, & peut même demeurer très-long-tems dans cet état de non-végérarion : on a Vu certains haricots rouges de l'Amérique tirés du cabinet de l’empereur, où ils étoient confervés de- puis plus de 200 ans ,germer & végéter par les foins d’un habile jardinier. Quelquefoïs la végérarion eft fi foible , qu’elle n’eft prefque point fenfible ; bien des arbres de la zone torride reftent long-tems dans nos ferres fans faire de progrès ; & la plüpart de nos arbres qui fe dépouillent de leurs feuilles enhiver ne paroïffent végéter qu'aux yeux des obfervateurs attentifs ; enfin,les oignons des plantes bulbeufes paflent un tems confidérable de année dans un état de non-vépérarion. Maïs lorfque dans le printems & dans l’automne, tous ces êtres vivans pouffent de nouvelles feuilles & de nouveaux bourgeons, & que la nature fe pare de toutes les nuances de leur verdure & de l'éclat de leurs fleurs, c’eft alors que le phénomence de la vévérarion eft bril- lant, & qu'il fe laïfle voir dans toute fon étendue. .… La vie des végétaux eft variable en durée, fuivant la nature de chaque efpece ; il y a des plantes quine durent pas plus de deux à trois mois ; il y a des ar- RENFVOT d la page 872. bres ; comme ladanfonia du Sénéoal, quivivent plus de 500 ans; quelle que foit cette durée ,on peut tou- jourS diflinguer quatre âges dans Le cours de la vie des végétaux; celui de leur naïflance, c’eft-à dire, de leur germination ; celui de leur accroiffèment ; ce- lui de leur perfeélion ; & enfin, celui de leur décrépi= tude, Nous examinerons les différentes circonftances du phénomene de la veégérarion dans tous ces âges, en confidérant en même tems les effets de la chaleur, de l'humidité, de l'air, & des autres inftrumens qui y contribuent; &.nous tâcherons de rapprocher chaque phénomene particulier des lois de Phyfique qui nous font connues. La femence mûre & parfaite de tout être végétal, propre à repréfenter un jour l’efpece dont elie dé- rive, eft compofée effentiellement d’un germe, c’eft- à-dire, du rudiment de la plante qui doit naître: . d’une autre partie qu’on appelle lobe ( qui quelque- fois eft fimple , le plus fouvent doublé, 8 multiplié dans un très-petit nombre d’efpeces ), enfin des en- veloppes qui fervent à conferver la femence, & à attirer de la terre lhumidité néceflaire à la germina- tion : ces dernieres font fimples, doubles, triples, feches, fucculentes, coriaces ou ligneufes , & de dif- férentes figures , comme on le voit dans Les différens fruits. Choïfiflons , par exemple, la femence d’un aman- dier, & fuivons les progrès de fa germination. Lorfqwuune amande a refté pendant l'hiver dans de la terre médiocrement humide , elle fe renfle aux premieres chaleurs du printems ; fa membrane s’é- païfit , paroît toute abbreuvée d'humidité , & bien- tôt par le gonflement de fes lobes, elle fepare les deux coques lisneufes qui la couvroient : alors la membrane déchirée laifle fortir la radicule, qui fait la plus groffe partie du petit germe qu’on voit à la pointe de amande : Ze plume qui eft l’autre partie de ce germe & qui doit former la tige, refte encore pliée & renfermée entre les lobes. Infenfiblement la radicule s’alonge, fe courbe, jufqu’à ce qu’elle parvienne à s’enfoncer perpendicu- lairement dans la terre ; les parties de la plume s’é- tendent pareillement & fe développent; les lobes fe 054 VEG féparent; la petite plante fort de terte, prend une fituation verticale, & s’éleve en gardant pendant “quelque tems fes lobes, dont elle continue de tirer { fubfiftance, jufqu'à ce que la petite racine fe foit aflez étendue & ramifiée pour pomper de la terre Les fucs néceflaires à l’accroiflement de la plante, Le germe refte attaché aux lobes par le moyen de deux anfes ou appendices qui fortent de fa partie moyenne, & qui ne font autre chofe que deux pa- quets de vaifleaux qui vont fe diftribuer dans la fub- ftance des lobes : il paroït que lufage de ces lobes eft abfolument néceflaire à la jeune plante, & qu'il s'étend encore aflez long-tems après qu’elle eft for- mée , & qu’elle s’eft élévée hors de terre, ils con- tinuent de lui procurer une nourriture plus parfaite & moins crue que celle que tirent fes radicules; en effet, la quantité d'huile que renferme la fubftance farineufe des lobes, &c que leur mucilage rend mif- cibles avec l’eau , forme une efpece d’émulfon très- propre à nourrir cette plante délicate ; du-moins eft- il vrai que toutes celles à qui on rétranché les lobes de très-bonnt heure, périffent en peu de tems , ou languiffent , & ne prennent jamais un entier accroif: fement. 2 - Le fuc préparé dans les lobes pafle donc immé- diatement dans la radicule, & la fait croître avant la plume ; éar celle-ci ne commence guere à fe déve- lopper, que lorfque la radicule eft fixée , & qu’elle a acquife une certaine longueur. Cette ftru@ure & cette obfervation fur Pallongement de la radicule an- térieur au développement de la plume, ñe prouvent- elles pas que les racines font de tout tems deftinées à recevoir & à préparer la nourriture de la tige & des autres parties ? Lorfque les racines font affez alongées ; multi- pliées, formées, pour donner à la nourriture qw’el- les tirent de la terre les qualités néceflaires à lac: croiflement de la jeune plante , le fecours des lobes devient inutile ; 1ls tombent après s’être flétris & defféchés , ou bien ils fe changent dans quelques ef- peces en feuilles féminales. pe | La fruéture de la nouvelle plante ne préfente en: core rien de bien organifé; la radicule, ainfi que la plume , ne paroïffent compofées que d’une fubftance {pongieufe , abreuvée d'humidité, recouverte d’une écorce plus épaïfle dans la radicule que dans la plu- me, mais dans laquelle on diflingue à peine quel- ques fibres longitudinales. . Il eft difficile d’affigner le premier ferme de la ger: mination ; C’eit un mouvement infenfible excité fans doute par la chaleur delaterre, quand la femence eft fufifamment pénétrée d'humidité. On fait plus cer- tainement que l'humidité & la chaleur font abfolu- ment néceflaires à cette aétion : aucune graine ne germe dans un endroit parfaitement fec, n1 dans un milieu refroidi au terme de la glace : mais les degrés: de chaleur & d’humidité fe combinent à l'infini dans les différentes efpeces de plantes. Il y a des plantes, comme le mouron , Paparine, la mäche, qui germent au folftice d'hiver, pour peu que le thermometre foit au-deflus de la congellation ; il y a des haricors & des rimofes à qui il faut 35 ou 40 degrés de cha- leur : quantité de graines ne germent que dans l’eau ou dars une terre ablolument humide ; les amandes &t les femences huileufes fe pourriflent dans une terre trop mouillée, & ne réuffflent jamais mieux que dans une couche de fable & à couvert, comme dans un cellier. | L'air contribue prefque autant que la chaleur & l'humidité au fuccès de la germination : plufieurs graines ne germent point dans le vuide; celles qui ÿ serment périflent en peu de tems : mais lorfqu’on Le rentrer lair dans le récipient, celles qui n’ont pas germé , levent aflez vite, & prennent un.prompt VE G accroifement, Beaucoup de graines ne gefmenñt point quand elles font trop enfoncées dans la terre, fur- tout fi elle n’a pas été labourée, & que l'air ne peut pas ÿ pénétrer; plufieurs y périflent pendant les chaleurs de l’été ; d’autres, comme celle des r4i- forts, &c des autres cruciferes , s’y confervent pen: dant 20 ans , & ne germent que lorfque la terre ouverte par un labour les ramene près de la furface, &c leur rend la communication avec Pair. On doit encore regarder le fluide éle@rique com- me une des caufes qui favorifent la germination : des graines de moutarde, & d’autres éleétrifées plu- fieurs jours de fuite pendant l’efpace de ro heures, ont germé trois jours plutôt que de pareilles graines qui étoient pas éléétrifées, &c au bout de huit jours les premieres avoient fait une crue de plus du dou- ble, Peut-être ce fluide qui eft fi abondamment ré pandu fur la terre quand lé tonnerre éclatte, contri- bue-t-1l beaucoup aux progrès rapides de la végéra- tion que l’on obferve après les tems d'orage. Les gelées blanches ; les pluies froides, &c les ar: rofemens à contre-tems, font périr bien des plantes dans le tems de la germination; les vents du nord les deffechent; l’ardeur du foleil les épuife, & tous lés extrèmes leur nuifent. Les circonftances les plus fa: vorables à la germunation font une chaleur douce, humide & graduée, un lieu un peu ombragé, dans lequel Pair s’entretienne chargé de vapeurs hu mides. - À mefure que la räcine s’alonge , la petite tige croit auf ; les premieres feuilles fe développent & s’éten: dent fucceflivement ; toutes ces parties ne paroïflent abord formées que par untiflu cellulaire, qui n’eft qu'un amas de véticules très-minces, remplies d’un fuc très-aqueux , contenues par Pépiderme , ( mem- brane extenfible &z élaftique déjà formée dans la fe- ‘ mence),qui fe multiplient prodigieufement dans l’ac: croifflemient des végétaux. 4 Bientôt on commence à diftingher pluñeurs faif: Ceaux de fibres longitudinales , dont le nombre au- gmente chaque jour ; ces faifceaux fe lient entr’eux par des paquets de fibres tranfverfales, le tout for- Me un réfeau à mailles, par lefquelles la fubftance cellulaire du centre communique avec celle qui eft fépandue entre ce premier plan de fibres & l’épider- me : 1l fe formeräpar la fuite dans la concavité de ce plan circulaire un fecond flan tout-à-fait femblable,& enfuite un troifieme, êc ainf fucceflivement ; la fub{= tance cellulaire remplira toujours l'intervalle entre Chaque plan ; & la communication de toutes ces cel- lules refte libre par les mailles de tous ces diffé- rens réfeaux, qui font à-peu-près les uns vis-à-vis des autres. | C’eft ainfi que fe forme la couche corticale de la premiere année, & qui fera toujours la plus près de Pépiderme tant que l'arbre fubfiftera , elle eft com- pofée ; comme l’on voit alternativement du corps réticulaire fibreux , & de la fubftance cellulaire. Toute Pécorce s’appelloit anciennement Ze ävre ; parce qu’on peut la fendre en autant de feuillets qu’elle a de plans fibreux ; & que dans cet état elle repréfente Les feuillets d’uà livre : aujourd’hui on en: tend par le livre ou Zber feulement, la plus intérieure des couches fibreufes de la fubffance corticale, celle qui eft immédiatement contiguë au bois. Nous regarderions volontiers le Ave, comme un ofsane particulier , diftinét du bois & de l'écorce : formé dès la naiffance de l'arbre , & deftiné à former le bois par les produéions de fa face interne ,-& lé: corce par celle dé fa face extérieure : fon organifa- tion paroît moyenne entre celle des couches Higneu- fes & celle des couches corticales ; on n’appercoit guere autre chofe qu'un vaifleaux fbreu traverfé de Vaifleaux, & rempli de fubftances cellulairés : mais VEG onobferve que ces vaifleaux font danstous lestems plus abreuvés de feve; qu'ils’étend, qu'il s’accroit & qu’il fe repofe dans tous les fens,quand 1la êté coupé ou déchiré, aulieu que lesplaies du corps ligneux ne fe reparent jamais, non-plus que celles des couches corticales extérieures : enfin le livre eft comme fé- paté du bois dans le tems que la feve eft abondante, masilrefte attaché à l'écorce, ce qui la fait regarder comme une partie de cet organe, Lorfque l’écorce d’un jeune arbre a acquis un peu d'épaifleur, fi on coupe fa tige tranfverfalement , on apperçoit vers le centre un petit cercle de fibres blanches, plus dures, plus folides, plus droites & plus ferrées que celles de la couche corticale: ce font kes premiéres fibres du bois, celles qui formeront la charpente de l’arbre , & qui feront le principe de fa folidité. Les plans de fibres ligneufes {e forment & s’enveloppent fucceflivernent., comme ceux de la fubftance cortirale, avec cette différence que la pre- imiere couche fera toujours la plus près du centre à la dermere formée la plus pres de l’écorce , au-lieu que le contraire arrive dans la formation des cou- ches corticales. Il y a encore cette différence que le tiflu cellulaire eft bien plus rare & bièn plus mince entre les couches ligneufes qu'entre celles des fibres corticales , ce qui fait qu’elles font bien plus difhci- les à féparer par le déchirement; cependant par da macération & l’ébullition , on vient à-bout deles fé- parer par feuillets, comme ceux de l’écorce. FL eft très-difficile de déterminer l’origine de la pre- mere couche ligneufe ; mais 1l y a toute apparence qu’elle eft formée comme toutes celles qui la recou- vrent.»& qu'elle eff uné produétion du livre , c’eft- à dire, delaicouche corticale la plus intérieure. . .H fe forme chaque jour un anneau de vaiffeaux Léveux:à la partie interne du her, quife durcit peu- à-peu., & forme lefecond plan de la couche ligneu- e,après celui-ci il s'en forme un troifieme,&c ainf fuc- ceflivement juiqw’à l'hiver; cette couche ligneufe de la premiere année devient toujours & plus dure & plus denfe , à mefure que l'arbre vieillit : ainfi donc la couche annuelle qui forme.quelqu'un des cercles concentriques qu’on obferve furda coupe horifontale d’un tronc d’arbre eft compofée detoutes les couches journalieres qui fe font formées pendant le tems fa- vorable à la végétation , c’eft-à-dire , depuis le prin- tems jufqu'à l’hiver. Au même tems que le livre fournit à la produétion du bois par fa face intérieure, 1l difiribue aufli quel- ques vaïfleaux féveux à l'écorce, & forme une nou- velle couche corticale, qui fera le livre de l’année fuivante: mais les produétions ligneufes font beau- | coup plus abondantes que celles de la partie corticale, comme on en peut juger en comparant toute la mafle Hgneufe avec la mañle corticale: dans un vieux noyer la proportion du folide ligneux au folide corticalétoit | de 5 à r ; dans un jeune noyer elle étoit de 3 à 1 : il : eftvraiflemblable que cette proportion varie un peu : dans les autres arbres. Ce que nous venons d’expofer touchant la forma- tion des couches ligneufes & corticales, nous mon- tre de quelle maniere fe fait l’accroiflement des ar- bres en groffeur : la premiere couche corricake qui s’eft formée, refte toujours la plus extérieure; elle eft continuellement forcée de fe dilater à mefure que Farbre groffit , & cette dilatation produit les grandes mailles qu'on obferve fur les vieilles écorces des grands arbres ; il en eft ainfi des autres couches qui fe forment fucceflivement dans l’intérieur de la pre- miere. La premiere couche figneufe refte toujours au- contraire la plus petite; &c fi elle change, c’eft plu- tôt pour fe retrécir & fe condenfer ; il y a du-moins lieu de le croire par la‘ diminution continuelle,& l’é- VEG 955 | vanotiffementtotal dunoyau méduüllaite dansletrone des vieux arbres, auffi-bien que par la dureté &c la denfité du cœur. À mefure que lès touches ligneufes s’éloignent du centre, elles font moins dures & moins compaëtes ; les plus nouvelles, qui font aufü les plus blanches & les-plus légerés, reftent tendres & molles pendant quelque tems,, &t font connues dans cet état fous le nom d’aubier. Voici quelques expériences & des ob- fervations qui confirment ces vérités. S1 on fait une incifion fur le tronc d’un: jeune ar bre , & qu'après avoir mefuré l’épaifleur, de fon écorce ,on enfonce une épingle dans la derniere cou- che de celle-ci, immédiatement fur lélivre , & qu’- on bandé enfuite exaétement la plaie, on.vetra au- bout. de quelques années, qu'il s’eft formé de, nou- velles couches corticales entre l’épingle & le livre J & que l’éparfleur de Pécorce n’a pas changé : donc l’accroiffement de l’écorce fe fait par la formation de nouvelles couches vers l’intérieur. Si on enleve fur le tronc d’un jeune arbre une pie- ce d’écorce de deux ou trois pouces én quatré, fans endommager le livre , & qu’enfuite on couvre exac- tement la plaie, pour prévenir le defléchement, il fe formera {ur le livre une nouvelle couche corticale, qui s'elevant & croiffant peu-à-peu , formera enfin une cicatrice : après quelques années on verra en fciant l'arbre qu’il s’eft formé de nouvelles couches corticales , entre Le fond de la plaie & le livre, d'où lon peut conclure que Pécorce qui a rempli la plaie, & les couches qui fe font formées depuis fous {on fond , lont des produétions du livre. Onobferve que les caraéteres gravés fur l'écorce des jeunes arbres croiflent & s'étendent dans toutes leurs dimenfons;mais cependant beaucoup plusen lar- ! geur ( &ul en eft de même de toutesles cicatrices des plaies qu’ils ont fouffertes ); n’eft-ce pointune preu- ve queles couches extérieures continuellement pouf- fes par celles qui fe forment intérieurement , ainf , que par les nouvelles couches du bois, font forcées à à . 3 Li 4 . , : fe dilater | & à élargir fucceflivement les mailles de leur réfeau , & par conféquent que Pextenfion de leur circonférence'eft continuelle ? ,; Si on enleve fur le tronc d’un arbre vigoureux une bande d’écorce circulaire de $ à 6 pouces de long, & de 2 à 3 pouces de largeur, & qu’on applique ce médiatement fur le bois une plaque d’étain fort min- ce, ou-bien un feuille de papier ; qu'enfuite on aflu- jettifle cette bande (qui doit tenir au refte de l’écor- ce par une de fes extrémités ), de maniere que la plaie puifle fe cicatrifer ; on s’appercevra en fciant l'arbre au bout de quelques années , qu’il fe fera for- mé plufñeurs couches lipneufes par-deflus la plaque d’étain ; or on ne fauroit dire que ces nouvelles cou- ches ligneufes foient produites par celles qui font fous la plaque d’étain , elles ont donc été formées du côté de l'écorce, c’eft-à-dire , par le livre, On a fendu l'écorce jufqu’au bois aux deux extré- mités du diametre horifontal du tronc d’un jeune ar- bre, & on a enfoncé dans le bois deux clous d’épin- gle jufqu’à la tête, ayant enfuite mefuré avec um compas d'épaifleur , l'intervalle entre Les deux têtes des clous, on a fermé & cicatrifé la plaie, Au bout de quelques années on a reconnu en fciant l’atbre qu'il s’étoit formé de nouvelles couches de bois pat- deflus la tête des clous, & lintervalle mefuré entre ces deux têtes , a été trouvé exaétement le même, donc les parties du bois qui font une fois formées ne grofüflent plus , & l'augmentation du corps ligneux vient des nouvelles couches qui fe forment fuccefñi- ment par le livre. Les écuflons du pêcher appliqués fur le prunier ; & ceux du faule fur le peuplier , font voir au-bout de quelque tems (par la différente couleur des deux 056 VE G bois), qu'il s’eft formé fous ces écuffons des lames +rè5-minceside bois , qu'on reconnoît aifément pour être du pêcher ou du faule: or ces petites lamesn’ont pu être formées que de la fubftance de leurs écuf- fons, c’eft-à-dire, de la petite portion de Zber qu'ils renfermoient. | EEE Le De plus, fon laïffe exprès un peu de bois de pê- cher ou de faule fous de femblables écuflons , la gref- fe, qui réuflit alors bien plus dificilement , [aiffera voir qu'il s’eft formé une couche de bois route nou- vellé, entré celui qu’on avoit la êc le livre de Pé- cuflon, parlequel cette greffe s’eft unie avec le fujet, tandis que l’ancien bois meurt où languit fans jamais fe coller au‘boïs du fujet. La formation des couches corticales &c ligneufes nous a-condiit À exaininer-d’abord comment les ar- brés'croiflent én groffeur ; reprenons notre arbre nouvellementgermé,pour confiderer comment il s’é- leve ,-& comment fe fait l'allongement de fa tige. Nous ne fommes pas plusinftruits fur lacaufe de la- longement des fibres & des vaifleaux ; que fur celle de leur formation : ces myfteres dépendent d’un mé- chanifme trop fubtil pournosfens, & deslois qué le Créateur a impofées à chaque ofganifation qu'il a créées, tout cé que nous pouvons appercevoir, C’eft que ces fibres croiflenrpar la formation de nouveaux oryanes ; ÔT Que l’accroiflement cefle quand ces orpa” nes ohtacquis la perfeétion qu'ils doivent avoir, | Tant que les fibres du germe fe confervent tendres &z fouples, elles s’alongent par ladmifion des #ou- veaux fücs , & par les principes folides qu'ils y dé- pofent ; les véficules cellulaires fe gonflent & fe mul- tiplient , 8 fourniflent au livre la matiere de fon ac- croiflement : à mefure que fon organifation fe per- fe&ionne , il forme à fon tour les fibres corticales du côté de l'épiderme, & les fibres ligneufes du côté du centre. ° A peine donc la tige du jeune arbre eft-elle redref- fée & fortie d’entre les lobes, qu’on apperçoit dans fa tige les premiers fibres de Pécorce & du livre déjà formées au-deflus des lobes : tant que celles-ci font molles & fouples , elles font capables d’alonge- ment ; dès qu’elles font endurcies, elles ceflent de croître : comme elles fe forment d’abord vers-le bas de la tige, c’eft-là précifément qu’elles s’endurcif- fent le plus promptement , &c c’eftauffi par cette par- tie qu’elles croiflent le moins ; & comme le jeune arbre tire chaque jour plus de nourriture en grañ- diffant , auffi l'allongement de la partie tendre 6e her- bacée de fa tige augmente-t-1l de jour-en-jour, tant que la fafon favorite la végétation. Enfin aux appro- ches de l'automne l’accroiflement diminue, & s’ar- rête tout-à-fait, par un ou plufieurs boutons qui ter- minent la jeune tige. | À Si on arrache ce jeune arbre, & qu’on le fende fui- vant fa longueur depuis le bouton jufqu’à la racine, on obfervera dans le centre un noyau médullaire cylindrique qui s’étend depuis la racine jufqu’au fom- met du bouton; & sl s’eft formé des feuilles & des boutons le long de la tige, il y aura pareïllement des produétions de la moëlle qui iront s'y difiribuer: ce noyau médullaire paroîtra accompagné d’une cou- che ligneufe fort éparfle vers le bas, &c qui fe termi- ne en une lame très-mince au haut de la tige, ex- cepté qu’elle s’épaiflitun peu vers Le bouton: le livre eft alors tellement uni au bois, qu’onne peut les dif- tinguer que par la blancheur &c le brillant de fes fi- bres; enfin on verra les différentes couches de lé- corce plus épaifles aufli vers la bafe , & qui vont fe perdre dans Les écailles du bouton; tâchons de con- firmer ces vérités, & de les rendre plus claires par quelques expériences. nl Lorfque la tige d’un arbre nouvellement formé n’a- voit encore qu'un pouce & demi de hauteur, on l'a VE G divilée en dix parties, &c on a enfoncé jufqu’au cens tre de petits fils d'argent très-fins à l’endroit de chaque divifion : au bout de l’année tous ces fils s’étoient écartés les uns des autres, maïs inégalement : l’écar- tement de ceux qui étoient vers le bas étoit le moins confidérable , mais ceux qui étoient vers le haut's'és toient fort éloignés : tout étant demeuré en cet étar, Pannée fuivante le bouton forma une nouvelle poule; lorfqu’elle eut 4 à s lignes, on la divifa de même en dix parties, & on y piqua d’autres fils d'argent ; ces fils s’éloignerent les uns des autres à-peu-près dans la même proportion que ceux de l’année précédente, mais ceux de cette premiere année ne s’écarterent prefque point. On a enfoncé deux clous jufqu’au bois dans la tige d’un jeune arbre très vigoureux à la diftance d’une toife exaétement: on a remarqué au bout de plufieurs années que cet intervalle étoit refté le même , quoi- que l'arbre eût grandi confidérablement , &z qu'il füt auffi beaucoup groffi. On obferve que les branches latérales qui fortent du tronc d’un jeune arbre étêté reftent toujours à la même hauteur tant que l'arbre eft vivant, ainfi que les nœuds 8 les plaies qui ont pénétré jufqu’au bois: il paroît donc clairement établi que les jeunes tiges, ainfique lés nouveaux bourgeons, s'étendent dans toute longueur , mais beaucoup plus vers leur extré: mité fupérieure où la tige refte tendre pendant plus long- tems : mais que cet alongement dimunue à mefure que le bois fe forme , & qu'il ceffe abfolu- ment quand les fibres ligneufes font une fois endur- cies. On peut appliquer aux branches & aux racines tout ce que nous venons de dire touchant la ftruêture & l’exténfion des parties du tronc en longueur & en grofleur , le mécanifme étant abfolument le même : on obfervera feulement quant aux racines que leur alongement ne fe fait point dans toute leur longueur} même lorfqu’elles font les plus tendres , maïs feule- ment par leur extrémité : on en voit la preuve dans les filets que l’on divife en parties égales avec un fi d'argent: les intervalles entre ces fils demeurent ab- folument les mêmes, quoique la racine continue à croître par fon extrémité : & fi on vient à couper feulement 3 ou 4 lignes de fon extrémité ; fa lon- sueur eft bornée , & elle ne. deviendra jamais plus grande , elle ne s’étendra plus: que par des ras meaux. Le Les feuillés font les premieres produétions de la tiges les: premieres de toutes font déjà formées dans la plume (je ne parle pas des feuilles féminales , qu ne font que les iobes de la femence qui s’étend quel: quefois, & prennent la couleur verte des feuilles } : on y reconnoît leur figure &c leur proportion: elles fe développent auffi-tôt que la grame eft germée, èz elles s'étendent en croïflant dans toutes leurs dimen= fions : elles accompagnent un bouton, pour lequel el- les femblent deftinées ; car elles ne tardent guere à fe flétrir & à tomber , lorfque ce bouton a acquis tout ce qui lui eft néceffaire pour produire um bourgeon. Les feuilles font formées des mêmes fubf- tances que le tronc: une portion des vaiffeaux li gnaux , enveloppée des produétions de l'écorce &z de l’épiderme, femble fe prolonger en s’écartant du tronc : ce faifceau détaché & alongé en mamiere de queue, s’amincit enfuite en s’élargiflant pour former le corps de la feuille : les fibres ligneufes avec leurs vaifleaux forment la principale nervure, & jettant des rameaux à droite & à gauche , elles font un ré- feau à grandes mailles , dont l'intervalle eft remplx par la fubftance cellulaire : Pécorce couvre des deux côtés ce réfeau ligneux; onla diffingue aïfément par la finefle de fes vaifleaux , par la petitefle de fesimail- les, & par la délicateffe de fon parenchime : des PME VEG plus grand nombre des plantes & des arbres ; cette écorce eft parlemée de glandes & de poils de toutes fortes de figures, qui font autant de canaux par lef- quels la feuille abferbe ou tranfpire une grande quan- tité de vapeurs. Cette écorce eit reétouverte de l’épiderme à la- quelle elle eft intimement adhérente: c’eft une mem- “brane tranfparente très-ferrée &c très-élaftique , prés cédée d’une infinité de pores pour laifler païler les -vaifleaux excrétoires où abfoïbans de Ja feuille : au refte cette épiderme eff très-aifément affeétée par la chaleur & par l'humidité : elle fait éprouver à la feuille différens mouvemens , fuvant que les diffé- rentes qualités de l'air alterent fon reflort. On ne fauroit douterque les feuilles ne contribuent beaucoup à la perfeétion des bourgeons. Les arbres qu'on dépouille de leurs feuilles dans le commente- ment du printems périlent ou ne font que despouf- fes languiffantes : les bourgeons de l’année fuivante font petits & maigres, & ne portent point de fruit, c’eft ce qu’on obferve aifément fur la vigne lorfque a gelée du printems en détruit les feuilles &c les jeu- nes poufies, | _ L’abondance & la vigueur des feuilles entrètient pulanment le cours de la feve, & contribue par-là à l’accroiflement de larbre: fi on dépouille un jeune arbre vigoureux dans Le fort de fa fève, & lorfque on écerce fe détache aifément du bois, on obfervera que la feve ceflera de monter , & qu’en un jour où deux l'écorce fera tout-à-fait adhérente au bois, Les’boutons qui fe trouvent dans les aiffelles des Feuilles , ainfi que celui qui termine la tige, doivent ‘être regardés comme les germes des bourgeons , c’eft- à-dire., des nouveaux arbres qui fe formeront l’an- -née fuivante: 1ls font formés par une expanfon de Âa fubftance médullaire , enveloppée de fibres ligneu- es du livre d'écorce, & enfin de plufieurs écailles enduites fouvent d’une matiere réfineufe qui les pré- {erve de l’humidité 8 de la gelée: on pourroitles re- :sarder comme des efpeces de ferres, dans lefquelles \ces jeunes arbres trop tendres font défendues des ri: gueurs de lhiver : on obferve que les boutons des :arbres qui croient entre les tropiques , font dépour- vus de ces enveloppes dures, qui ne font néceflaires qu'à ceux qui vivent dans des climats où ils ont à ef- _fuyer de violentes gelées. | | Les feuilles {ont toutes formées dans le bouton, comme elles l’étoient dans la plume : elles fe déve- Joppent & s’alongent de la même maniere que cel- les de la tige, êc le corps du bourgeon s’accroît aufli de lamême maniere que Le jeune arbre nouvellement forti de fa graine, Enfin, lorfque larbre a acquis un certain degré d’accroiflement , 1l fe fait fur le dernier bourgeon une produttion d’un nouvel ordre, & qui femble être la perfeétion de tout l'ouvrage de la végération : c’eft celle des parties qui doivent fervir à multiplier lefpece, & dont nous donnerons le détail, lorfque nous aurons parlé des liqueurs & des mouvemens de le feve danses végétaux : il nous fuffit d'annoncer préfentement que l'écorce de l’extrémité du bour- -geon fe dilate dans toute la circonférence pour for: mer le calice de la leur : que la corolle paroît formée -de même par le livre, les étamines par le corps li- gneux, & le pifhl qui renfermera le femences, par la fubflance médullaire, Nous n’avons resardé jufqu’ici les fibres des cou- ches ligneufes &r corticales que comme des parties -folides qui entrent dans la compoñtion des vécétaux; nous devons les confidérer maintenant comme des vaifleaux aui contiennent des fluides, & tâcher de déterminer leurs fonétions & leurs ufages. Le plus ample de tous ces vaifleaux ef fans con- tredit le tiflu cellulaire ; {on étendue immenfe depuis Tome XVI, VE G 957 4. RU tnt v4 3 el HD. vérprss à PE 3 D. .+ 14 Le gens rs # là racine juf@u’au foret dés plus grands afbrés, fa _préfence au centre; éfitre les couches ligneufes & dans prefque tôute l’écorce, dans la plus grande par: tie des feuilles , des fleurs & des fiuits, mais priñci- palement dans l’arbre naïffant &c dans toute l’éteridue des bourgeons , doit lé faire régarder core un rés fervoir où la nature dépofé les fucs qu'elle deftine à là nourtiture &c à Paccroiffement des végétaux; il ft vraiflemblable que les cellulés de ce fn cothmiuris quent avec les vaifleaux qui le travérfent, & aux: quels il eft toujours étroitement uni : c’eft du-tioins ce qu’on doit conclure de la facilité avec laquelle une planté hâlée fe rétablit dans fon état de fraîcheur après une pluie d'orage ou bien quand oû l’arrofé ; & aufñ de différentes teintes que ce tiflu tecôit lorf: | qu’on fait tremper les racines ou des rameaux de plantes dans dés liquenrs colorées. Au refte cé tiffx renferme différens fucs fuivant la nature des vaif: feaux auprès defquels il eft fitué ; ainfi fous l’épider- me des feuilles le parenchÿme eft rémpli du füc qui doit s’exhaler pat la tranipiration dans les racines; il recoit lés fucs de la terre, & les tranfmet aux vaif: feaux du bois; autour du livre il contierit éette hu ineur gélatineufe qui fert à la nutrition immédiate dés parties. "Ju: VE si \ Après le tiflu cellulaire ; les vaifleaux les plis ré< | -marquables par leur grandeur font les vaifleaux pro pres & les trachées ; les vaifleaux propres contien< nent des fucs tout-a-fait différens de la {eve & barti= culiers à chaque plante ; on lés obferve dans toute la fubftance des végétaux; quelquefois, mais rarement, dans la moëllé, on en voit entre les couches du bois; mais c’eft dans l’épaifleur de l’écorée qu'ils fe trou- vent le plus Grdinairement ; ils s'étendent en ligne droite fuivant lä longueur de la tige & dés branches, depuis les racines juiqu’aux feuilles. La couleur, l’odéur & lé goût de ces différens{ucs les font aifément récennoitre ; ainfi dans le figuier le tithymale &c les campanules, ils contiennent um fuc laiteux; dans l’éclaire il eft jaune, dans quelques efpeces de /apathum 1l eff rouge, dansles pruniers & les abricotiers c’eft un fuc gommeux, dans les pins, les térébinthes & les fumachs, e’eft une réfine claire &z inflammable, Ce jont ces différens fücs contenus dans les vaifs feaux propres qui donnent aux plantes le soût, l’o- deur &x les autres qualités qu’elles poffedent ; on re- connoit par l’âcreté que l’on fent en mâchant, l’és claire & le tithymale ; foit peu de tems après leur naiflance, foit que leurs vaiffeaux propres foient déja formés dans le germe, & il ya lieu de croire qu’ils s’accroïflent par une Orgamfation particuliére, Aw refte l’intérieur de ces vaïfleaux, qui font aflez gros dans les arbres réfineux, lorfqu’on a nettoyé lés fucs qu'ils contiennent, laifle voir au microfcope des floccons cellulaires très-fins ; qui pourroient biem être l'organe fécrétoire des fucs propres. Nous né connoïflons guere de quelufage font ces fücs dans là végétation ; nous voyons feulement que les fucs gom= meux &c réfineux fervent à enduire les écailles des boutons & à les défendre de l’humidité qui pourroit y pénètrer , & les faire périr pendant l’hiver, Lorfqu'on coupe avec prétaution l'écorce d’uñ très-jeune arbre, &c qu’on rompt doucement fa tige en la tordant un peu, on apperçüit à l’endroit de l& fraéture des filets blancs , brillans, élaftiques , qu& paroïffent au microfcope comme un rüban toütné em maniere de tire bourre ; & qui forment un vaifleau fpiral & cylindrique. On n’apperçoit point ces fortes de vaïfleaux dans Pécorce ni dans la moëlle ; ils ne font bien fenfibles que dans le jeune boïs de l’arbre naiffant & des our geons ; à mefure que le boiss’éñdurcit, on les décou- vre plus dificilement ; & ils font tellement adhérens di. à FFFÉ£S 958 V EG au vieux bois, qu'il n’eft plus poflible de les en fe. parer; c’efl fur-tout dans les petales des feuilles & le long deleurs principales nervures, qu'ils {e trou- vent en plus grand nombre ;on les obferve auffi dans les pédicules des fleurs, dans l’intérieur des calices, dans les petales & dans toutes les parties de la fruc- tification. La reflemblance de ces vaifleaux avec les trachées des infectes leur a fait donner le même nom par Malpighi, qui les regardoït effeétivement comme es organes de la refpiration dans les plantes. Des expériences faites avec la machine pneuma- tique ont fait voir depuis long-tems que les végétaux ne fauroient fubffter fans air, & qu'ils périffent bien- tôt ou languiffent quandils en font privés ; elles ont encore démontré que les arbres &c les plantes & les fruits contiennent aétuellement une aflez grande quanuté d’air femblable à celui que nous refpirons, D'un autre côte M. Hales afait voir parles expé- riences analytiques, que les végétaux contiennent une aflez grande quantité d’air fixé,c'eit à dire qui ne réagit pas par fa vertu élaftique, à moins que cette propriété ne lui foit rendue par l’aétion du feu ou de la fermentation. Par exemple,le cœur de chène ê&les : petits pois contiennent l’un 256, & l’autre 396 fois leur volume d’aif> auquel la difillation rend la vertu élaftique ; or les expériences fuivantes prouvent que cet air a pu être introduit dans les vésétaux par la voie des trachées. On a fcellé au haut du récipient d’une machine neumatique des bâtons de différens arbres dont un nee étoit à l’air , & l’autre trempoit dans une cu- vette pleine d’eau dans le récipient; on a remarqué, après avoir pompé, quantité de bulles d’air qui for- toient d’entre les fibres ligneufes, &c fur-tout des vaifleaux les plus vorfins du livre, & quitraverfoient l’eau de la cuvette. On a coupé une branche de pommier à laquelle on a confervé toutes {es feuilles ; on l’a fait entrer arle gros bout dans un long tuyau de verre blane, & on a fcellé la jointure avec un mélange impéné- trable à lair,on a placé auflitôt l’autre extrémité du tuyau dans une cuverte pleine d’eau, & on a vu l’eau s’y élever, à mefure que la branche pompoit l'air dont le tuyau étoit rempli. Onaenfermé dans un matras les racines d’un jeu- ne pommier , & onaintroduiten mêmetems la plus courte branche d’un petit fiphon de verre ; on a bien cimenté la tige de l’arbre & le fiphon à l’orifice du matras, & tout-de-fuite on a plongé l’autre branche du fiphon dans un vaiffeau rempli d’eau; Peau s’y eft élevée de quelques pouces : ce qui prouve que les racines ont afpiré une partie de l’air du matras. Il eft donc certain que l’air pénetre librement dans les arbres & dans les plantes au travers de leurs ti- ges, de leurs feuilles & de leurs racines, indépen- damment de celui qui y arrive avec l’eau qu'ils afpi- rent,fur-tout l’eatt de la pluie qui en contient toujours beaucoup, & aw’elle ne laiffe échapper que dithcile- ment ; & 1l paroit également certain que ce fluide n’y fauroit pénétrer que par les trachées. Malpighi regardoit les trachées comme des vaif- feaux uniquement deftinés à recevoir de l'air. Grew a prétendu qu’elles recevoient auf de la lymphe, &s M. Duhamel a obfervé en hiver les groffes trachées des racines d’ormes toutes remplies de liqueur qui s’écouloit librement lorfque la racine étoit dans une poñition verticale, quelle que füt l'extrémité que l’on mit en bas. Mais les expériences qui ont été faites par M. Reichel fur différentes plantes auxquelles ila fait pomper de l’eau colorée avecle bois de Ferrim- bouc , ne permettent plus de douter que les trachées ne reçoivent & netran{mettent la feve lymphatique depuis la racine juique dans les fruits, & même dans les femences; en eSet loifyw’on plonge dans cette VE eau colorée, foit une plante arrachée avec toutesfes racines, foit une branche féparée du tronc, on voit bieniÔt la liqueur s'élever dans les vaiffeaux de la plante ; & en examinant ces vaifleaux avec atten- tion, On reconnoit qu'il n’y a guere que les trachées & un peu du tifiu cellulaire qui la reçoivent. Les ex- périences qui fuivent confirmeront cette vérité, Lorfqu'on a fait geriner des feves & des lupins dans Peau colorée, .on a vu qu'elle avoit #énétré par les vaiffeaux fpiraux qui naïient de toute la circon- férence des lobes, & fe portent en-dedans , Les uns jufqu'au bout de la radicule fous l'écorce , l:s autres jufque dans la plume &c fur Les nervures des feuilles. Ayant fait tremper dans la même liqueur une bran- che de balfamine feinelle , on a vu au bout de deux heures, & fans le fecours de la loupe, des lignes : rouses qui s'étendoient dans toute la longueur de la branche & fur les principales nervures des feuilles; la fedtion tranfyerfale de cette brancheafait voir que le tu cellulaire de Pécorce n’éroit point changé de couleur : que l’orifice des trachées les plus près du livre étoit teint de rouge, ainfi que le tiffu cellulaire qui avoiline ces vaifleaux : que la plüpart des tra- chées, quoique teintes, étoient vuides ; mais qu'il y en avoit cependant plufieurs remplies de liqueur colorée, Où a vu dans une balfamine chargée de fleurs 8 de fruits & mile avec fes racines dans l’eau colorée, des Âlets rouges quis’étendoient depuis le bas de la tige jufqu’à l'extrémité des branches ; au bout de 24 Rèures on les appercevoit fur les nervures des feuil- les, & jufque dans la membrane qui tapiffe les cap- fules 1éminales ; en fendant les branches {uivantieur lonoueur, on voyoit qw’outre les vaiffeaux fpiraux qui étoient teints en rouge, le tiflu cellulaire paroif- foit aufli teint d’un jaune orangé. La même expérienceaété réitérée avec une bran- che de fframonum à fleurs blanches &c une plante en- tiere de /framonium avec fes racines ; 1l a paru bien- tôt des lignes rouges qui s’étendoient jufque fur les pétales , & que le microfcope a fait reconnoître pour des vaifleaux fpiraux ; cette liqueur pénétroit auf dans le calice , aux étamines , au ftile, mais fur-tout à la partie inférieure du calice & dans la cloifon qui fert de placenta aux femences. L’ufage des trachées eft donc auffi d'élever &c de conduire la feve depuis les racines juique dans les feuilles, dans les fleurs 8z dans les fruits. 1 y a bu de croire que les autres vaifleaux ligneux font defti- nés au même ulage, quoiqu'avec le fecours des meil- leurs microfcopes on n'ait encore pu découvrir de cavité dans les petites fibrilles higneufes; carau prin- tems dans le tems des pleurs, la feve fe porte avec tant d’abondance dans tous ces vaïfleaux, qu’on la voit iortir fur la coupe d’un tronc d’orme,de bouleau ou de vigne , non feulement des trachées, mais auf de tous les points du corps ligneux. On comprend aflez fouvent fous le nom de /eve deux liqueurs bien différentes qu'il eft néceffaire de diftinguer , favoir la lymphe ou la feve aqueufe, qui eft pompée par les racines , &t qui montant par les vaifileaux du corps ligneux jufque dans le paren- chyime des feuilles, fournit à leur abondante tranf- piration, celle en un mot que tout le monde apper- çoit couler d’un cep de vigne taillé dans la farfon des pleurs; l’autre liqueur qu’on peut regarder com- me la /ève nourriciere | eft moins limpide, & eft en quelque forte gélatineufe ; elle differe de la précé- dente autant que la lymphe differe du chyle dans les animaux ; elle réfide dans les parties qui prennentun accroiflement aûtuel, comme dans les boutons, dans les bourgeons, dans l'organe du livre & dans {es der- nieres produétions, depuus les racines juiqu’à Pex- trémié des feuilles; les jardiniers jugent de la pré- fence de cette feve par le développement fenfble des boutons, par Pextenfon vifble des parties herbacées, & par la facilité qu'ils ont alors de féparer le bois d'avec l'écorce. nn La plus grande partie de la lymphe qui eft afpirée par Les plantes, n’eft que de l’eau pure qui fert de véhicule à une très-petite quantité de matiere propre ànourrir les végétaux: cette matiere confifte 1 °. dans une terre extrèmement fubtilifée , telle que Peau la peut entrainer avec foi fans perdre fa tranfparence ; & l’expérience journaliere prouve qu'il n’y en a pas de meilleure que celle qui eft tirée des débris des végétaux, lorfque la fermentation ou la pourriture a fait une parfaite réfolurion de leurs parties. À cette terre fe joignent des fels, & peut être par leurs moyens quelques fubftances huileufes : ces matieres fe combinent quelquefois avec des fucs qui fe dépo- fent pendant l'hiver dans l’intérieur des vaifleaux fé- veux : par exemple, celle qui découle au printems ar les incifions profondes que l’on fait aux érables lancs du Canada, quoiqu’elle paroïfle femblable à de l’eau la plus pure & la mieux filtrée, contient néanmoins un quarantieme de vrai fucre dont elle fe charge fans doute en s’élevant dans les vaifleaux fé- veux, ou bien peut-être l’eau pafle-t-elle toute fucrée dans les racines, après s’être chargée de cette fub- flance fur les feuilles qui font tombées à l'automne, _ & qui fe font confervées fous la neige pendant l'hiver. | | Il nous fufiit ici d’obferver que l’eau qui doit por- ter les fucs nourriciers dans les fecrétoires , forme la plus grande partie de la fymphe qui eftafpirée par les racines, & qu'après avoir fervi à cet ufage , elle fort par les pores des feuilles fous la forme d’une va- peur infenfble. Cette tranfpiration étant à-peu-près la dépenfe journaliere des végétaux, hous fert de mefure pour déternuner la quantité & les mouvemens de cette feve aqueufe que les racines doivent tirer de la terre pour y fuppléer : examinons donc d’après les expé- riences de M. Hales, les phénomenes de cette tranf- piration. On a pris un grand foleil de jardin helianthus annuus , Quiavoit été élevé exprès dans un pot; on a couvert le pot d’une plaque de plomb laminé per- cée de trois trous, favoir l’un au centre pour laifler pañfer la tige de la plante; l’autre vers la circonfé- rence afin de pouvoir arrofer, &c le troifieme vers le milieu auprès de la tige, pour recevoir un tuyau de verre par lequel Pair püt communiquer fous la platine : on cimenta exaétement toutes les joïintures, ëêt le trou deftiné aux arrofemens fut bouché avec un bouchon de hège. On pefa le pot matin & foir pen: dant un mois à-peu-près tous les deux jours; dédu- éHion faite de deux onces par jout , pour ce qui s’é- vaporoit par les pores du pot, il réfulta qu'en 12 heures d'un jour fort fec & fort chaud, la tranfpira- tion moyenne de ce foleil montoit à vingt onces, & à près de trois onces pendant une nuit chaude, {e- che, & fans rofée: elle étoit nulle lorfquil y avoit eu tant-foit-peu de rofée ; mais lorfque la tof étoit aflez abondante, ou que pendant la nuit il tomboit un peu de pluie , le pot & laplante augmentoient du poids de deux à trois onces. Ayant mefuré exaétement la furface de toutes les feuilles des racines & la coupe horifontale de la ti- ge, on a trouvé que la hauteur du folide d’eau éva- poré par la furface de toutes les feuilles, étoit — de pouce en 12 heures, + de pouce par celui qui a été aipiré par la furface totale des racines, & de 34 pouces pour celui qui a pañlé par la coupe horifon- tale de la tige. On a trouvé par de femblables expé- riences répétées fur différentes plantes , que les foli- des d’eau tranfpirés en 12 heures de jour par la fur- Tome XVI, VEG face de chacune de ces plantes, font de rer de pouce pourle foleil, 37 de pouce pour un cep de vigne, +7 de pouce pour un chou, rex de pouce par un pommier , is de pouce pour un citronnier: | | On a arraché au mois d'Août un pomtier nain, & après l'avoir pefé on à mis fes racines dans un bacquet qui contenoit une quantité d’eau connue ; elles attirerent 15 livres d’eau en dixheures de jour, & larbre tranfpira dans le même tems 15 livres huit onces ; c’efl-à-dire, huit onces de plus que fes raci- nes n’avoient attiré, On a mis dans des caraffes pleines d’eau & bien jaugées , des branches de pommier , de poirier , d’a- bricotier , & de cerifier ; on avoit coupé de chaque arbre deux branches à-peu-près égales , à l’une def quelles on conferva toutes fes feuilles, au lieu qu'on les arracha à Pautre : les branches qui avoient con- {ervé leurs feuilles, tirerent àraifon de 15,20, 25, &t même 30 onces d’eau en 12 heures de jour; & lorfqu’on les pefa le foir, elles étoient plus légeres que le matin. Celles qui étoient dépouillées de leurs feuilles, n’avoient tiré qu’une once , & fort peu tranf.: piré; car elles étoient plus pefantes le foir que le maätin. | Des branches d'arbres verts traitées de la même maniere ,tirerent très-peu, & tranfpirerent auffi fort peu. | On a qjufté une branche de pommier garmie de toutes fes feuilles à un tuyau de verre de neuf piés &t d'un demi-pouce de diametre ; Payant enfuite rempli d’eau & renverfé la branche , elle pompa l’eau du tuyau à rafon de trois piés dans une heure : en-' fuite on coupa la branche à 55 pouces au-deflous du tuyau , 8 on mit tremper la partie retranchée dans: une caraffe pleine d’une quantité d’eau connue, On: recuellit avec précaution l’eau qui continua à fortif ! du bâton, & il n’en pañla que fix onces en 30 heures, quoiqu'il y eût toujours dans le tuyau de verré une colonne d’eau de fept piés de hauteur, Dans le même tems le refte de la branche garnie de feuilles , tira 18: onces d’eau de la caraïfe : la force qui a fait tranfpr- rer l’eau par les feuilles, en a donc faït élever trois fois davantage dans le mêmre tems que le poids d’une colonne de feptepiés n’en a pu faire defcendre. Cette force avec laquelle Peau eft afpirée contre {on propre poids, eftbien plus grande encore qu’elle 959 .ne paroït dans cette expérience ; car lorfqu’on a aju« fté une pareille branche depomimier garnie de toutes” fes feuilles à un tuyau de verre aflez gros pour con< tenir avec la branche une ou deux livres d’eau, &: qu'à l’autre extrémité de ce tuyau on en afoudé exa-! tement un autre de deux piés de long, & d'un quart de pouce de diametre; & qu'après avoir rem<: pli d’eau tout cet appareil, & mis le doigt fur Pou- verture du petit tuyau, on la renverfé & plongé fon extrémité dans une Cuvette pleine de mercure : on 4° obfervé que l'eau fut afpirée par la branche avec: aflez de viîtefle & aflez de force, pour faire élever le mercure à 12 pouces dans le petit tuyau ; ce qui eft équivalent à une colonne d’eau de 54 piés; &il n’eft pas douteux que le mercure ne fe fût élevé en core davantage fans les bulles d’air qui fortoient de la branche, êc qui s’élevant au-deflus de Peau, fais {oient néceflairement baïffer le mercure, Cette expérience ne réuffifloit jamais mieux que quand le foleil frappoit vivement fur Les feuilles : le mercure baifloit de quelques pouces vers le foir ; & quelquefois même tout-à-fait ; mais il remontoit le lendemain dès que le foleil frappoit labtanche. Cette force au refte eft proportionnelle à celle qui anime la tranfpiration : dans l’éxpérience faite avec une branche de pommier privée de fes feuilles , le mer= SF FFfffi 960 VE G cure ne monta pas dutout : dans toutes. celles qui furent faites avec les arbres qui tranfpirent peu, il s'éleva très-peu ; ainfi les arbres verts ne le Font point monter. On a remarqué danstoutes les expériences qu’on a faites fur la tranfpiration, que la plus abondante étoit toujours dans un jour fort fec & fort chaud ; M. Guettard a obfervé de plus qu'il eft néceflaire que la plante foit frappée immédiatement du foleil : parexemple, lorfqu'on enferme deux branches d’un même arbre, & à-peu*près égales, chacune dans un ballon de verre pour recevoir laliqueur qw’elletranf- pire, celle qui reçoit immédiatement les rayons du {oleil tranfpire plus que celle qui eft dans l’autre bal- lon couvert d’une ferviette, dans la proportion de 18 gros trois quarts à 4 gros &c demi. Parcillement lorfqu'il a enfermé trois branches à-peu-près égales d’une même planté , chacune dans un ballon, dont l’un étoit entierement expofé au foleil, l’autre om- bragé par une toile pofée fur quatre pieux à quel- ue diftance du ballon , & le troifieme couvert 1m- médiatement d’une ferviette , la premiere a plus tranfpiré à elle feule que les deux autres enfemble ; & celle dont le ballon a été couvert immédiatement a. tranfpité Le moins. Enfin, il a encore éprouvé que deux branches de grenadier enfermées chacune dans un ballon , l’un expofé au foleil, mais fous un chaflis de verre fermé, & dans un air plus chaud que Pau- tre, qui recevoit immédiatement les rayons du fo- leil : la branche enfermée dans celui-ci a néanmoins plus tranfpiré que celle qui étoit fous Le chaffis dans un air plus chaud. . Ces. obfervations font conformes à celles qu’on a faites fur les pleurs de la vigne au printems, & für la liqueur qui s'écoule des érables en Canada. La vigne ne pleure jamais enplus grande abondance que quand elle eft.expofée.à lation vive du foleil. Dans les premierstems les pleurs ceflent à fon coucher, ét ne reparoïfent que quelques heures après fon lever , & ilen eft de même de la feve des érables ; lorfque cet écoulement eft bien établi & que les nuits font tempérées, il fe fait jour & nuit, mais bien plus abondamment pendant le jour : s’il furvient des nua- ges, ou fi Pon intercepte les rayons du foleil, les pleurs diminuent auffñi-tôt, ou bien s'arrêtent. En Canada dans les tems de gelée, la feve coule. dans les érables du côté du midi, & l'arbre eft fec du côté du nord. _ On apperçoit dans le phénomene des pleurs un exemple bien frappant de l'efficacité des rayons du {oleil fur les parties des plantes; puifqu'ils donnent aux vaifleaux féveux non-feulement la puiffance d’at- tirer de la terre une fi grande quantité d’humidité, & de l’élever dans les tiges, mais auf celle de la pouifer. dehors avec une grande force: car M. Hales ayant un jour ajufté une jauge mercurielle à un!cep de vigne qu'il avoit coupé à la-hauteur de deux piés, 8 demi , il obferva.que la féve en fortoit avec tant de force, qu’en 12 jours de tems elle fit élever le mercure-dans la jauge à plus de 32 pouces, & à 38 dans une autre expérience. Ainfi la force avec la- quelle la lymphe des pleurs.eft chaffée dans la vigne, eftau-moins égale au poids d’une colonne d’eau de 36.43 piés. Cette expérience prouve bien auff la, necefñité des valyules, du-moins dans les racines. Lors donc qu’on réfléchit fur la grande influence: queles rayons du foleil ont fur la tranfpiration des plahtesiéc fur Pécoulement de la lymphe dans lesar- bres qui pleurent, on ne fauroit douter qu'ils ne {oient-la principale-caufé de l'élévation de la féve dansles végétaux ; mais en examinant en particulier l'action de cet aftre fur chacune des parties d’un ar- bre ou,d'une plante, ,on ne fauroit s'empêcher de reconnoitre que c’eft lui qui les met en mouvement, [1 # &c qui leut imprime le pouvoir qu’ellesont d'élever la feve & de la diftribuer dans touslestréfervoirs où elle doit aller : rappellons-nous donc à cét effet les obfervations fuivantes. ’ Lorfque le foleil remonte fur notre horifon, lafève lymphatique qui paroïfloit arrêtée pendant l'hiver, commence à s'émouvoir ; elle s’éleve avec plus da- bondance , à mefure que la chaleur du foleil augmen- te, &c c’eft aux environs du folftice que s’eft fait la plus grande dépenfe ; elle diminue alors infenfble- ment ju{qu'à l'hiver, tant par la diminution de la du- rée des jours, que par l’obliquité des rayons du foleil qui croit alors de plus en plus. * La même influence fe remarque dans les effets journaliers : au tems des pleurs, c’eft dans la plus rande ardeur du foleïl que les vignes, les bouleaux, les érables, répandent le plus abondamment leur lymphe. Ces écoulemens ceffent ou diminuent au coucher du foleil , ou bien lorfqu’un nuage intercep- te.fes rayons. C’eft dans les mêmes circonftances que les feuilles tranfpirent le plus abondamment chaque jour, & que les racines auxquelles on a fixé des tuyaux de verre attirent l’eau avec le plus de viva- cité. | De toutes les parties qui font expofées à lation du foleil, iln’y en a pas qui reçoivent ce mouvement de tranfpiration & d’afpiration d’une maniere plus fenfible que les feuilles; à mefure qu’elles fe dévelop- pent, on voit croître la quantité journaliere de la tranfpiration ; &c un arbre bien pourvu de feuilles, tire toujours plus que celui qui en eft dépouillé. Après les feuilles, les boutons qui font à leur ori- gine , & que les jardiniers appellent les yeux , font les parties les plus propres à élever la feve : ces boutons {ont unraccourci des bourgeons de année fiuvante; ils font compofés pour la plus grande partie , de pe- tites feuilles qui n’attendent que le moment de fe dé- velopper ; or c’eft par l’a@tion du foleil fur ces bou- tons que la feve lymphatique s’éleve au printems avant le développement des bourgeons. Un bouleau à qui on a coupé latête en hiver, ne pleure point à la nouvelle faïfon, comme ceux à qui on a confer- vé toutes leurs branches &leurs boutons ; & celui à qui on retranche les branches dans Le tems même des pleurs , cefle bientôt d’en répandre avec la même abondance que lor{qu'il étoit entier. Les arbres qui font dépouillés de leurs feuilles au commencement de l’été, par les infeëtes ou autre- ment, tirent encore aflez de feve pour s’entretenir par l’a@ion du foleil fur leurs boutons: 1l y en a plu- fieurs dont les boutons fe deflechent par la trop granr de ation du foleil , & l'arbre périt fans reflource : dans d’autres les jeunes boutons s'ouvrent & déve- loppent leursnouvelles feuilles , alors l’arbre reprend fa {eve avec la mêmeabondance qu'auparavant, mais fes produétions, l’année fuivante , fe reflentent de cet effort anticipé. | | + L'aétion du foleil fur l'écorce peut aufli, pendant quelque tems , faire élever la feve, comme on le voit dans les jeunes arbres. à qui on a coupé la tête: mais l'écorce ne paroît recevoir cette aétion qu’au- tant-qw’elle contient des germes de boutons qui doi- vent bientôt fe développer: car lorfque.ce dévelop- pement eft tardif, fur-tout dans les arbres qui tranf- pirent beaucoup naturellement , l'écorce ne fauroit juffire , & larbre périt. à . Enfin lation du foleil fur les racines contribue auffi à élever la feve:: cependant cette puiffance des racines eft encore plus foible que celle de l'écorce: car fi l’on voit les fouches des arbres qui font coupés à ras de terre poufler en peu de tems des rejettons très-vigoureux ; on doit plutôt attribuer cet effet à laétion des boutons qui fe forment au bourrelet du tronc coupé, ou fur Pécorce de quelque racine fort + VEG prés de l’aïr , qu’à la puiffance immédiate des raci- nes, puifque fi l’on détruit cette fouche , ou qu'on enleve fon écorce avec le bourrelet , les racines cef fent de tirer, & périffent bien-tôt après. Cette ob- fervation ne regarde pas les arbres dont les racines courent horifontalement , & qui par leur communi- cation avec l’air extérieur font difpofés à faire beau- coup de rejettons. Fondés fur les obfervations que nous venons de rapporter , ne pourroit-on pas hafarder les conjettu- res fuivantes fur les caufes de l’élevation de la feve dans les végétaux? 1°. Que les racines attirent par leurs extrémités capillaires , qui font d’une très-srande étendue & d’un tiflu fort fpongieux , l'humidité de la terre que le foleil entretient continuellement autour d’el- les, 2°. Quelles tran{mettent cette humidité aux vaif feaux du bois par l’élaflicité de leur écorce, fans lui permettre de rétrograder, puifqu’on voit dans les expériences de M. Hales fur les pleurs de la vigne, que fes racines ont foutenu fans être forcées , le poids d’une colomne d’eau de plus de quarante-trois Lot À piés. 3°. Que l’adion du foleil fur toutes les parties des Végétaux, & particulierement fur les feuilles, ex- citent dans les fibres fpirales des jeunes trachéés, des vibrations qui s'étendent jufqu’aux racines, en vertu defquelles la lymphe eft déterminée uniformément vers le haut. 4°. Que ce mouvement eft favorifé par l’a qui s’infinue par les pores de lécorce, & furtout par toutes les cicatrices du petale des feuilles qui font tombées les années précédentes, 5°. Enfin que ce mouvement eft encore aidé parla ftrudure particuliere des vaïffleaux {éveux, par leurs anafiomofes fréquentes dans toute forte de fens, par la communication perpétuelle avec le tiflu cellulaire, dont les cavités forment autant de réfervoirs & de points de repos. Les mouvemens de la feve nourriciere font dificiles à déterminer que ceux de la feve lyÿmpha- tique; cette feve, bien plus obfcure dans fon Origi- ne, & pluslente dans fa marche, ne préfente pas des phénomenes aufli frappans que ceux de la tranfpira- tion, & des pleurs , dont on peut pefer & mefurer la quantité. Il eft croyable que la feve nourriciere ef le produit de la lymphe, dont les parties propres à l’organifation ont été féparées dans des vaifleaux fécretoires , dont la ftru@ure nous eft encore incon- nue,tandis que la lymphe fuperflue eft diffipée par la tranfpiration. Le livre paroït être l'organe où réfide cette ma- tiere propre à la nourriture &c à l’accroïflement des Végétaux : nous avons vu que c’eft de cet organe que partent d’un côté les nouvelles couches des fibres li- gneufes , & de l’autre la nouvelle couche corticale toujours plus mince que celle du bois. Lors donc que l’aétion du foleïl a fait élever une quantité fufifante de feve lymphatique ( dont un ar- bre peut perdre une certaine quantité fans aucun pré- judice }, les extrémités du livre qui fe terminent aux boutons commencent à s’alonger par l’arrivée des nouveaux fucs , préparés apparemment dans le tiflu cellulaire, qui fe prolonge auffi en même tems par la formation de nouvelles cellules. Ce développe- ment fenfible des bourgeons eft le premier figne du mouvement de la feve nourriciere : peu de tems après le tiflu cellulaire , qui unit le livre à la derniere cou- che du bois, commence à s’imbiber de la feye qui lui eft fournie par le livre dans toute l’étendue du tronc; &t comme 1l eft encore fort tendre , c’eft en ce mo- ment qu'on peut le féparer du bois fort aifément. Mais comme dans cet intervalle les bourgeons fe font aflez étendus pour tranfpirer promptement la lym- plus. VEG 961 phe qi monte pat les vaifleaux du bois : cette fève neparoît plus fous d'autre forme que {ous celle d’une vapeur qui ne fe répand plus comme les pleurs, lorfi qu’en taille le bois. ny I paroît donc par ces obfervations que la feve nourriciere commence à fe mouvoir dans le livre qui forme les boutons aux parties les plus élevées de l'arz bre , qu'enfuite elle fe manifefte dans les autres paf tes du livre en defcendant peu-à-peu juiqu’à la racis ne : car fi On juge de fon mouvement par la facilité qu'a l'écorce à fe féparer du tronc, il eft certain que cette féparation eft poffble fur les jeunes branches , avant que de l’être au bas du tronc : il en eft de mêa me dans les derniers tems de Ja feve , À la fin d’Août l'écorce du tronc & du vieux bois eft déjà fort adhé: rente, quand elle peut encore fe féparer dans les jeunes branches, comme fi cette feve n’étoit plus produite en aflez grande quantité pour s'éloigner du lieu de fon origine. Ce mouvement de la feve nourriciere obfervé paf les jardiniers , & l’obfervation des bourrelets qui fe forment toujours plus gros au-deflus des lisatures qu’on fait autour du tronc d’un arbre qu’au-defflous, ont fans doute fait naître l’idée de la circulation de la feve , qui fans être femblable à la circulation du fans dans les animaux, a cependant quelque réalité dans le fens des obfervations que nous venons de raps porter. Lorfque la feve nourriciere eft plus abondante qu'iln’eft néceffaire par lalonsement des bou rgeons, êt la produétion des couches lisneufes, elle fe porte du côté de l'écorce vers les endroits où elle trouvele moins de réfiffance , & là percant peu-à-peu l'écorce & fe formant une enveloppe de la portion du livre ; DER : qu’elle a dilaté, elle forme infenfiblément un bouton dans lequel, par leffet de Porganifation du livre , il doit fe former un bourgeon avec toutes les parties qui en dépendent, Il n’y a pas d’endroit dans toute l'étendue du li2 vre où il ne puife fe former une femblable éruption; mais l’expérience fait voir que toutes ne font pas de même nature, & que quelques-unes de ces produc« tions font organifées pour devenir des boutons à feuilles, d’autres des boutons À fleurs , d'autres enfin des boutons de racines, ce fera la circonftance dans laquelle fe trouvera quelque jour chaque par- tie du livre qui déterminera s’il en doit fortirun bou- ton à feuilles ou uneracine; ainfi lorfaue dans un tems de repos (par rapport à la feve noutriciere), on coupera une branche d'arbre ou un bâton, quelle que. {oit l'extrémité qu’on enfoncera en terre , toutes les éruptions du livre formeront des racines , Hten- dront toujours naturellement vers le bas ; & les éruptions qui fe feront dans les parties de la branche qui fera à Pair, deviendront des boutons à feuilles c êt tendront toujours à s'élever. ) L’organe du live fait encore une forte de produc- tion bien plus compliquée que les précédentes : mais fi parfaite , qu'il femble que ce foit fon dernier ef. fort : j'entends celle des parties de la frudtification ; deflinées à produire des femences capables de mul- tiplier les efpeces, & de les repréfenter jufqu’à la fin du monde telles que Dieu les a créées au commence ment. Les botaniftes diftinguent fept fortes de parties qui concourent à la fruétification ; favoir, le calice, la corolle, les étamines, le piftil, le fruit , la femencé & le fupport , ou la bafe de toutes ces parties. Le calice eft une expanfion de l'écorce qui s'évafe à lPextrémité d’un bourgeon ; il eft doublé d’une membrane, qui ef une produétion du livre, & dans laquelle les liqueurs colorées font découvrit des tra- chées : on peut le regarder comme une enveloppé deftinée à défendre les parties eflentielles de la fruc- tification , & aufli à faire tranfpirer la lymphe qui 962 VE G furahonde dans ces parfes: ïl en eft de même des pé. tales, autre efpece d’enveloppe , qui different du cakce «+ ce qu’elles n’ont rien de commun avec lé- corce que leur épiderme , & qu’elles font privées de glandes corticales dans leur parenchyme : elles font auf beaucoup plus fournies de trachées : les pétales ont fouvent à leur partie interne des lacunes ou ca- vités melliferes , ou bien la nature forme exprès des cornets de différente forme, dans laquelle elle ra- mañle cette liqueur dont les abeilles compofent leur miel. Les calices &c les pérales ne font pas des parties effentielles de la frudification : elles manquent ab- folument dans quelques plantes; dans beaucoup d’au- tres il n’y en a qu’une des deux, cependant le plus grand nombre en efl pourvu. Les étamines font des parties effentielies de lafruc- tification ; elles contiennent le principe de la fécon- dation des femences, &c fans leur fecours, les em- bryons ne feroient qu’avorter. On les regarde com- me une produétion du corps ligneux ; mais leur fubf- tance toujours herbacée , le grand nombre des vaif- £eaux fpiraux qui les traverfe, & leur difpofition à s'étendre & à devenir monftrueufe dans les fleurs dou- bles , fait voir qu’elles appartiennent plus particulie- rement au livre. Leur figure varie & auffi leur fi- tuation ; elles naïflent quelquefois fur le piftil mê- me, quelquefois à fa bafe, affez fouvent dans l’inté- rieur des pétales, quelquefois fur Les bords du calice, & enfin fur des organes particuliers & fort éloignés des pifüls. Elles font communément compofées d’un filet portant à fon fommet une double capfule où font renfermées des pouflieres qui paroiïffent au mi- crofcope autant de petites capfules de différentes figu- res ; elles fe rompent dans l’eau avec éclat, & répan- dent une liqueur fpiritueufe , qui eft le vrai principe de Îa fécondation. Du centre de la fleur s’éleve le piftil ou Povaire, organe auf eflentiel à la fruétification que les éta- mines : ils eft compoié du germe , d’un file & d’un fligmate , corps fpongieux &t humide , propre à re- tenir les pouflieres des étamines , & à s'imbiber de da liqueur fpiritueufe qu’elles contiennent. La prin- cipale de toutes ces parties eft le germe qui renferme les embryons des femences, & qui ne commence à croître qu'après la fécondation. Cette fécondation s’opere par l’a@ivité de la li- queur fpifitueufe des poufferes, qui pénètre par le tiflu fpongieux du fligmate , & le long du ftile juf- qu'aux embryons, & vivifie leur germe à-peu-près Comme fait la femence du mâle dans les animaux. Dans le plus grand nombre des végétaux les éta- mines font avec les piftils , fous les mêmes envelop- pes, enforte que les pouflieres font portées immé- diatement {ur le fligmate , le matin -quand la fleur s’épanouit : dans les plantes qui ont fur le même pié des fleurs mâles , féparées des fléurs femelles , les capfules des étamines ont beaucoup d’élafticité , & répandent fort loin leurs poufleres , c’eft ce qu’on peut obferver fur la pariétaire : enfin dans les plan- tes & dans les arbres qui n’ont que des fleurs mâles ou femelles fur chaque individu , les pouflieres qui font alors très-abondantes , font lancées avec effort &c portées fort loin par le vent : de plus ces pouffe- res confervent aflez leng-tems leur vertu prolifique au point qu’on peut tranfporter à 30 ou 40 lieues des rameaux de fleurs de palmier mâle , & opérer la fé- condation en les attachant fur des palmiers femelles. Mais f les individus femelles font trop éloignés de £